IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) ''/. 4 a"^ ^^^' .^ * /. <• > '^ î^ V %"îi^" V y /^ Photographie Sdences Corporation 23 WlST main STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 m a>^ #^ V ;v \\ <6 V 6^ 0 i/.x V"0 CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVI/ICIVIH Collection de microfiches. Canadien Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions hisxiriques Technical a id Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques The Institute has attempted to obtain the best original copy available for filming. Features of this copy which may be bibliographically unique, which may alter any of the images in the reproduction, or which may significantly change the usual method of filming, are checked below. D D D D n D D 0 Coloured covers/ Couverture de couleur I I Covers damaged/ Couverture endommagée Covers restored and/or laminated/ Couverture restaurée et/ou pelliculée I I Cover title missing/ Le titre de couverture manque Coloured maps/ Cartes géographiques en couleur Coloured ink (i.e. other than blue or black)/ Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire) I I Coloured plates and/or illustrations/ Planches et/ou illustrations en couleur Bound with other matériel/ Relié avec d'autres documents Tight binding may cause shadows or distortion along interior margin/ La reliure serrée peut causer de l'ombre ou de la distortion le long de la marge intérieure Biv:/ik leaves added during restoration may appear within the text. Whenever possible, thèse hâve been omitted from filming/ Il se peut que certaines pages blanches ajoutées lors d'une restauration apparaissent dans le texte, mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont pas été filmées. Additional comments:/ Commentaires supplémentaires: Irregular paging. L'Institut a microfilmé le meilleur exemplaire qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails de cet exemplaire qui sont peut-être uniques du point de vue bibliographique, qui peuvent modifier une image reproduite, ou qui peuvent exiger une modification dans la méthode normale de filmage sont indiqués ci-dessous. D D D 0 D 0 D D This item is filmed at the réduction ratio checked below/ Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous. 10X 14X 18X 22X Coloured pages/ Pages de couleur Pages damaged/ Pages endommagées Pages restored and/or laminated/ Pages restaurées et/ou pelliculées Pages discoloured, stained or foxed/ Pages décolorées, tachetées ou piquées Pages detached/ Pages détachées Showthrough/ Transparence I I Quality of print varies/ Qualité inégale de l'impression Includes supplementary matériel/ Comprend du matériel supplémentaire Only édition available/ Seule édition disponible Pages wholly or partially obscured by errata slips, tissues, etc., hâve been refilmed to ensure the best possible image/ Les pages totalement ou partiellement obscurcies par un feuillet d'errata, une pelure, etc., ont été filmées à nouveau de façon à obtenir la meilleure image possible. 26X 30X y 1 12X 16X 20X 24X 28X 32X lire détails ues du : modifier ger une I filmage The copy filmed hère has been reproduced thanks to the generosity of : Library of the Public Archives of Canada The images appearing hère are the beat quality possible considering the condition and legibility of the original copy and in keaping with the filming contract spécifications. L'exemplaire filmé fut reproduit grflce à la générosité de: La bibliothèque des Archives publiques du Canada Les images suivantes ont été reproduites avec le plus grand soin, compte tenu de la condition et de la netteté de l'exemplaire filmé, et en conformité avec les conditions du contrat de filmage. / jées Original copies in printed paper covers are filmed beginning with the front cover and ending on the last page wi". a printed or illustrated impres- sion, or the back cover when appropriate. AH other original copies are filmed beginning on the first page with a printed or illustrr ^ed impres- sion, and ending on the last page with a printed or illustrated impression. Les exemplaires originaux dont la couverture en papier est imprimée sont filmés en commençant par le premier plat et en terminant soit par la dernière page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration, soit par le second plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires originaux sont filmés en commençant par la première page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration et en terminant par la dernière page qui comporte une telle empreinte. The last recorded frame on each microfiche shall contain the symbol — ^-(meaning "CON- TINUED"), or the symbol V (mean.ng "END"), whichever applies. Un des symboles suivants apparaîtra sur la dernière image de chaque microfiche, selon le cas: le symbole — ► signifie "A SUIVRE ", le symbole V signifie "FIN". lire Maps, plates, charts, etc., may be filmed at différent réduction ratios. Those too large to be entirely included in one exposure are filmed beginning in the upper left hand corner, left to right and top to bottom, as many frames as requ./ed. The following diagrams illustrate the method: Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être filmés à des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir fie l'atigle supérieur gauche, de gauche à droite, et de haut en bas, en prenant le nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrent la méthode. by errata led to ant jne pelure, açon à 1 2 3 32X 1 2 3 4 5 6 ^m HISTOIRE N A T Urfl E L L E Des peuplés^ des Animaux^ des Arbres ôc Plantes de T Amérique Septentrionale , & de fes divers Climats. 'jivec une Defcription exaïle de la. Pefche des Moluès , tant fur lu Grand' Banc quà la Cofie j ^de tout ce qui s'y f rat i que de fluê^ particulier ^ ^r. Par Monfieiir DEN YS, Gouverneur Lieucenanc General pour le Roy , tc Propriétaire de pouces les Terres & liles qui font depuis le Cap de Camp feaux^ jufques au Cap des Roziexs. Tome Second. A PARIS, Chez Claude Barbin , au PalaiSj^ fur le Perron de la iainte Chapelle. M. DC. LXXII. tAviC ^nvilegc du Âoj^ « i *■• F, t 1 \ • î . • 5 HISTOIRE NATURELLE DE L'AMERIQUE Septentrionale. Chapitre Premier.. ^i traitte de ta différence ^ du rai?^ort qt^'iljy a entre les climats de la nouvelle France c;^ de l'ancienne^ 4- ^ec les raijons pourauoy ces Pays là peuvent produire tout ce qui croît en France. A Près avoir fait voir re- tendue de la coftede la nouvelle France, dçpuis la ûou- Aij [f !»■' ! i If 1. >« ^ Hifioire naturelle Velle Angleterre jufqu^i Tcn-^; trce de la grande rivière de faint Laurent , ôc marqué k tout de port en porr , de havre en havre , & de rivière en ri- vière ^ ce qui eft contenu en chaque endroit , à^s efpeces , des arbres, leurs grandeurs & grofTeurs, la quaiitc ôc bonté 3e k terre. Il eft niainren^nc a propos de niontrcr qu*elle elt capable de porter tout ce que la France peut produire,pui? qu'el- le eft fituée fous les mefnies cli- mats. ,/i c V.: La rivière de Pantagoiieç eft fltuce par les quarante^ trois de- grez oc demy de latitude , Fau^ tre bout joignant la grande ri- vière de faint Laurent , 8c par les <}Uîarante-neuf degrez auflî jde latitude. Toute cette épej^ \ • . eft derkmerique Seftentrianaie. j duc de la nouvelle France ne contient donc que cinq degré/, en toute fa lo: igueur de code y qui eft environ de deux cens cinquante lieues. Et Bayonne qui eft le bout des coftes de France du coftc du Midy eft par les quarante- trois degrez quarante- cinq minute;: -, Se Ca- lais qui eft le cofti du N ^^d eft par \qs cinquantè-un degrez- partant les eoftes de France doivent eftre bien plus froides que celles dala nouvelle France puis qu'elles foitt deux degrez \xn quart plus Sud du cofté du Mi- dy, & le cap Breton eft parles quarante- cinq Se deux tiers , qui fait la grande entrée de lagran- ae baye de faint Laxu-ent , entre ' luy 8c le cap de Rayes : Depuis ledit cap Breton jufques à Ten- A lij ♦ a Hifioirc naturelle trée de la grande rivière , il ne le trouve que deux degrez cin- quante minutes de différence plus Sud que la France : Puis que la rivière de Nantes qui eft par les quarante - fept degrez vingt-quatre minuttes , Se Ca- lais qui eft l'autre bout du cofté du Nord eft par les cinquante- un degrez qui ont de différen- ces trois degrez trente- fix mi- nuttes 5 ainu toutes Peftenduë des terres qui font depuis Nan- tes jufques à Calais , doivent donc eftre auflî froides , & plus que celles qui font depuis le cap Breton jufques à la grande riviè- re de faint Laurent , & mefme tout le refte du pais , puis que le Soleil qui eft le maiftre de tous les Aftres ,* & de qui ils dé- pendent tous y doit faire le mef- 11 [j l ■ * detkmeriqui Sepuniriônaîe. ^ me effet en un lieu qu'il fait en • l'autre pc jr la chaleur. Mais il a des accidens qui détournent es effets de fa puiflànee , com^ me il fe void que fous un mefme climat il fe trouve des terres qui font bien meilleures les unes que les autres • un endroit n'aura que des roches, un autre rie pro-^ duira que des brandes , en un autre endroit il n'y aura que des montagnes , dans les vallons il n*y aura que des marefcages ôc prairies , entre tout cela il fe trouve de bonnes terres qui font propres aux bleds , aux fruits ê£ à toutes autres bonnes plantes : ce n'eft donc pas k faute du Soleil fi toutes les terres qui fe rencontrent fous un mefme de-î-' gré de chaleur n'ont pas un mefme effet. La nouvelle Fran^ t '' JHtifipire naturelle ce en eft de mcfme , il s'y trou- ve des montagnes , des rochers ^ des marefcages , des prairies , des brandes , & de bonnes ter- res qui peuvent tout produire auflî bien qu*en France. Il s'y trouve encore un autre accident par le froid que Ton dit y eftrc plus grand qu'en France & plus de neges , il eft vray , pourveu^ que ce foie fans changer de cli- mat j car fi je changeois d'un climat à l'autre tout mon rai- fonnemcnt ne vaudroit rien , je demeure donc en la mefme c- tcnduë que j'ay fixée cy-defiRis. Premièrement je vais donner ma raifon du froid Se des- neges de la nouvelle France , ôc je dis que la quantité des neges qui s'y trouve vient de ce que toute la terre eft couverte de b( Ci i Cl p de t Amérique Septentrionale ^ bois , ôc que les ncges qui tom- bent en ces quartiers- là , qui commencent comme en France^ quelque fois à la fin de Septem- bre ou à la my-0 V ' 1, 'n i »? \ iM . ! i Sf 1^ 1 I 14 Mifloire naturtÏÏe ^utre , quoy que la diftance cf un lieu à l'autre ne foit pas confia derable. Pour le contenu des autres terres qui font depuisle cap Bre- ton qui eftpar les quarante cinq degrez deux tiers jufques à la ri- vière de Pàntagouct y qui eftpar quarante trois degrez ôc demy , ce qui fait environ cent cinquan- te lieues de coftes , dont les cli. mats font bien plus chauds que ceux dont je viens de parler, rui font à peu prés comme ceux le Nantes à Bayonne. Nantes cft par les quarante-fept degrés vingt^quatre minutes, & Bayon- ne par les quarante- trois degrez quarante - cinq minuttes j c'èll peu de difïerence. Je conclud donc que tout ce qui peut venir en France en cette étendue de terre ,, del'Am^ri^ueSepiântri&naie 15 terre , peut venir en celle de la nouvelle France , par les raifons que j*ay alléguées cy^deflus , les accidens levez ainfique j'ay dit; pour ce qui eft du fel , il s'y peut Faire auflî beau & auflî bon qu'en B rouage ^ je le fçay par expérience , P épreuve en aefté faite, j'ay veu du fel qui a efté fait en des marefts faits exprés qui furent rompus (î-toft après- l'on s'eft contenté de fçavoir qu'il s'y pou voit faire : je conJ nois un peu le bon fel & la qualité qu'il doit avoir pour eftre bon, c'eft encore une preu- ve dé ce que je dis , que ce qui fe produit en un pais fe peut pro- duire en Tautreeftant tous deux fous un mefme climat , quelque diftan ce qu'il y ait de l'un à l'au- tre. Il me fcmble que tout ce C I l\ > I I '' M i m %6 Hifioire naturelle que je viens de dire eft plus que fuffifant pour defabufer ceux qui ont conceu une (î mauvaife opi- nion de la nouvelle France. Ce n*eft pas pour obliger perfonne de ceux qui font en un bon païs a le quitter , y ayant dequoy fub- fiftcr^ mais tant de pauvres mal- heureux qui ont la lanté qui ?)ourroient bien travailler , ne croient-ils pas plus heureux en ces païs^là , qu'icy à demander leur vie. i ! * / n JetAmerifHàSepientrionale. tf Chapitre IL JLe récit des profits quon mire Cîr qfêon peut retirer du pays jpour la pefche des Alolues ^vertes ou blanches ainfiqueU les fè mangent à Paris ; U manière de lapefcher ^habiU 1er & f aller. Apres avoir fait voir que ce païs-là fe peut habiter & produire comme celuy-cy pour la fubfiflance ^ il vous faut faire Connoijftre ce qu*il a de plus que la France , les profits que Ton peut tirer , & que l'on tire de chaque chofë lune après l^autre. Commençons par la Cij A A. u t% Hijioife naturelle moluë fi connue en France , & dont le débit fe fait par toute l'Europe, & principalement à Paris. Vous fçaurez donc que la moluë verte ou blanche, &k moluë feche ou merluche n'eft qu'une mefme efpecedepoiflbn, dont la dénomination n'eft dif- férente que par les diverfes ma- nières dont elle eft accommo- dée, les différends lieux où la pefches'en fait en ces païs-là, & leur diverfes grandeurs: la plus grande fe trouve ordinairement fur le grand Banc , & n'eft pas propre à fecher , comme la pe- tite qui fe pefchc à la Coftc , & fe fale & fe feche à terre comme je Texpliqueray çy- après. Toute cette pelche fe fait aux coftes de la nouvelle France, tout ce qui s'en pefche ailleurs .„^.-.i^ H » (c nce , & r toute îment à c quela e, & la le n'eft )oifron, eft dif. es ma- ommo- : où Ja >aïs-là, :1a pi us rement eft pas la pe. ftc, & ommc lit aux rance , ilkurç de l*kmeriqne Septeniriànale. x^ n'eft pas corifîderable ^ bien que ce poiflbn foit une efpece de manne intariflable ^ je ne puisi m'empefcher de m'cftonner de ce qu'elle fe vend (î peu /eue- gara à la peine que Ton y a , aux rifques que l'oi\ y court , allant & retournant^ qui font (î grandsi qu'à peine le pourra- on croire^ Je talcheray de vous rapporter icy le plus exademeat; qtie je pourray , tout ce qui fe pratique •enlapefchedes moluësderune & de l'autre forte. Ceux: qui fçaventceque c'èft s'en moCp queront , mais ceux: qui n'ert font pas informés feront-pcut-, eftre bien-aifes de l'apprendre ,* & le nombre en eft affurémenc plus grand que des autres. Je commenceray parlamoluë verte qui eft celle que l'on man< C iij 3 m II 'Il li \ »i ■i-r ! i jcf Hifioire natnreîU je à Paris ^ oc qui fè pefche (mt ie grand Banc de Terre^neufVe. Le Banc qui s'appelle ainfl eft tihe grande montagne qui eft dans la mer & fous l'eau diftantc de vingt, cinq lieues ou environ: de llfle de Terre neufve, d'où: la moluc verte prend fon nom; Ce Banc a environ cent cin- quante lieues d'un bout à l'au- tre,& quelques cinquante lieues en fon plus large.. Cette mon- tagne qui eft en la mer a au def- fus d'elle en fon plus haut vingt-^ cinq brafles d'eau , & en d'au-^ très endroits trente,trente cinq^ quarante, cinquante, & foixan- te brafles d^eau. Tout autour el- k eft coupée quafî tout droit ^ & en ce tour^là on ne. trouve point de fonds a douze & quin- ze cens brafles de cordages j par fchc fur -neufve^ ainfi eft qui eft diftantc environ ?, d où: nt cin^ 'iieucs mon. lude/L. d'au, cinq, ixan. >ureL roit^ ouve [uin- ipar de r Amérique Septentrionale. Jt là vous pouvez juger de la hau- teur de la montagne qui cft de roehc, tout le hauteneft plat quoy qu'elle aille en baiflant, c'eft où fe pefche la moluë qui y trouve pour fa nourriture for« ce coquillages de plufîeurs for- tes & autres poifToiis. Celuy^cy cft fort glouton ^ Çc fa gour- mandife s'étend fur tout , meC me fur ceux de fon efpece , & fou vent on en pefche qui ne laif- fent pas depuis qu'ils font pris à rhameçôn, dans le temps que l'on les tire en haut d*avaler à demy un de leur femblable fi il fe rencontre ^on chemin j il ne. trouve rien de trop dur, quelques-fois les pefcheurs laif- fent tomber leurs couteaux j leurs mitaines, pu autres chofès, fi une moluë le rencontre elle C. . •• li y ' , ,>■( ! > tt qui lera tombé & Je r«»rr«., vent dan, foneftoml'-J-^^^ mareJots appellent gau f? Poiflon a encore unepSeS qui eftque ce on M o , P"v^> fe Deur «. j^ " avaiequine ^ peut pas djgerer , ij le fa,v revenir de Ton |au qu'i rej!" -ehorsfague^.fe,^^,,^^^^^^;- tir tout ce qui J„v r..,-. , WilleXe'^Sa,:^^^ ravalle cet eftomac CV.fv'^ vont ordinaireme^'; p^S cette perche Çor,t Je? Nor ^andsduWedeHon£ Wes de Normandie , mS de Boulogne & de Ca a^^ bien L L ' î ^°"f «la fait bxen le nombre de deux cem de P Amérique Septentrionale, j} à deux œns cinquante navires pefcteurs tous les ans, Ôc tou- te leur pefche n'eft quafî que pour Paris , du moins les trois quarts : il y a tel navire qui rap- porte jufques à trente^ quaran- te & cinquante milliers de hk)- lucs , ôc un navire de cent ton- neaux, par exemple, n'aura en comptant mefmele Capitaine^ que quinze ou dix-huif hom- mes au plus d*cquipage, & il raportera vingt & jufqu'à vingt- cinq milliers de poiflbn. Il faut qu un Capitainie qui part de France pour cette pef- che fafle provifîon de viftuailles pour fix^mois dvi moins pour tout fon équipage qui eft de plus ou moins d'^homme* felon la grandeur de fbn vaifïeau : a- prés cela ils vont prendre leuE 1 l i 54 itiftoire naturelle fel en Brouage, Oleron ^ Ré, ou Bretagne, qui vaut dix,unze, & douze livres le muid , qui eft de vingt -huit minots de fel comble & en penne, quafî tout le refte de ce que peut porter fon navire. Cette pefche-là dé- pence beaucoup de fel ^ il faut de plus à^s lignes groffes corn- nie àits tuyaux de plumes de quatre^ingts-braffes de long, il en faut huit à di^^ pout chaque homme , & quelduefois jufques à douze -, il leur faut beaucoup plus d'âins ou hameçons, car il s'en perd que la moluc emporte^ il luy faut encore pour chaque homrne douze à quinze; plombs de fîx livres pefant chacun, qui s'attachent au bout de la ligne pour la faire aller a fonds , des couteaux pour ouvrir la molucy 1 M de r Amérique Septeniriûna/e.^f & d'autres pour l'habiller ^ qui eft la fendre jufques à la queue , comme on la void à Paris , apré$ qu'il eft équipé de Ja forte , il met à la voille & va à la grâce de Dieu pour trouver le grand Banc,oii eftant arrivé l'on ployé toutes les voilles ic accommode fon navire pour cette pefche ^ l'on attache la barre du gou- vernail d'un cofté y en forte que' le navire demeure quafi comme s*il eftoit à l'ancre , bien qu'il né laiffe pas de dériver lors qu'il y a du vent. Apres cela les tins jettent d'abord les lignes i Iz mer pour voir (î Je poiflbn mord^ & les autres travaillent à faire? un échafiaut le long d*un dc^ coftefc du navire par le dehors,* i moins que le beau-temps n 'ait permis a Tcquipage de le Êûre il ll i\ m î! ., i il \>: il ti If il' I V. J^ mfioire naturelle pendant la route ou en appra*^ chant du Banc^ fur cet cchaffauc l'on met des barils qui font de- my muids qui vieniient à hau- teur de la ceinture , chaque pef. cheur fc met dedans le fien , ils ontauflî un grand tablier de cuir qui leur va depuis la, gorge ju/1 ques aux genoux , le bas du ta-^ blier fe met par deflus le baril en dehors ,. pour faire que l'eau que la ligne apporte avec elle en tirant la moluë du fonds de l'eau n'entre en fon baril , & le pefcheur ayant fonde le fond?; attache fa ligne au baril dans ïe^ quel il eft , en forte qu'il s'tw iïaut environ deux brafles que le ©Ipmb ne touche au fonds , & il 's'en faut aufïi une brafTe que le bout de ligne où eft l'ha^ meçon , & qui eft attachée pro^ de l Amérique Septentrionale. 37 che du plomb n*y touche auflî j il ne fe pefche qu'une moluë \ la fois , ôc pour fçavoir le nom- bre qu'il s'en pefche , chaque pefchcur a un petit fer pointu proche de luy , & au mcfmc temps qu'il defFait l'hameçon de la moluë il en couppe la langue & lapafle en ce fer j chaque pef- cheur a deux Hgnes , & pendant qu'il en tire une en haut il jette l'autre qui defcend en bas quand il y a abondance de poiflbn au lieu où eft le navire. Un bon pefcheur en peut prendre jufques à trois cens cin- quante & quatre cens, mais cela lafTe beaucoup les brasj la mplufi eft pefante , outre ce qu elle refîfte , & puis trente , quarante & fuivant la profon- deur jufques à foixante brafles ^î » 5S Hifioire naturelle de lignes ne font pas j(î-toft ti- rées j s'ils faifoicnt tous les jours cela ils n'y pourraient pas durer^ il fe trouve bien des jours qu'ils n'en trouvent point , d*autre^- fois ils n^en pefcheront que vingt - cinq , trente , quarante^ un cent , ou deux cens chacun par jour, tout cela eft au hazard 5 f)our la boite de la moluë c'eft 'apaft que Ton met à Hxame,p ^on^fur la pointe duquel il pique iin morceau de harang , dont la peau a un certain éclat qui reluit en la mer , & lors que ïa moluc Papperçoit elle y court : outre cela ils garnifE^nt entieremewit rhameçon des tripailles de la -moluë gros comme les deux poings 5 mais quand ilsTrouvent dans le Gau ou cftomac de U woluë des coquillages ou autfÇî» 'de l'Amérique Septentrionale. 59 poifTons qui ne font pas confom- mez ils stti fervent au lieu de harang. ^ * Il y a tel navire, qui fera aflez heureux pour faire fa pefclie en un mois ou fix femaines , pen- dant qu'un autre fera trois, qua- tre bc cinq mois à l'achever : ce- la dépend du bbn-heur. Tous îes navires pefcheurs ne mouil- lent jamais Tancre fur le banc j le jour ils ont une petite voille quarrée fur le cul de leurs vaif. féaux qu'ils appellent tapecul, pour les foûtenir au vent & em- pefcher la dérive ou que le navi- re n'aille de cofté ^ s'il y alloit îes lignes s'cloigneroient trop du navire , 8c ne pourroienit; pas prendre le fonds où eft la moluc. Pour la nuit ik mettent leur ^ il h .^1 :i i ! • 1 ■' il»! il fi \ !lf . 4.0 Hifioire naturelle grande voile , & tous ceux qui font fur le banc la mettent tou- jours d'un mefme coftc, afin que les vaifleaux faflent leur dérive toute femblable , & par ce moyen éviter la rencontre les uns des autres , parce qu'autre- ment ils courroient rifque de fe perdre , en ce que les vaifleaux le pourroientaborder avec fra- cas. De plus il faut fçavoirqucle grand Banc eft rarement fans une brune oubrouillard,& quel- quefois fi épaifle que Von ne void pas d'un bout du navire a l'autre, c*eft ce qui les obligea prendre cette précaution pour cviter le naufrage. ^ Quand les pefcheurs qui font fur ce grand Banc voyent que le Careinie approche , ceux qui ont M Ih âe bkmerique Septentrionale. 41 ont la moitié ou les deux tiers de leurs pefche s'eii vont pour tâclaer d'arriver des premiers pour la vente qui eft meilleure qu'en un autre temps. Le Printemps ils partent en- core avec moins de charge, car ceux qui arrivent des premiers trouvent encore la vente meil- leure , le débit en eftant bien: affèuré à Paris , c'eft ce que Toa y appelle la moluë nouvelle. Cette diligence leur procure encore un autre avantage , qui eft d'entreprendre un fécond voyage en la mefme année dés qu*ils font déchargez , & s'ils font bonne rencontre de pef^ che furie Banc, ils peuvent eftre encore arrivez affez-toft pour la veate du Carefme , mais tous ces avantages-là font cafuels ^. D r lia '^î Hifieire naturelle heureux celuy qui les rencon- tre , encore y a-il bien de la pei- ne 6c du mal à foufFrir ^ en» ce que fur le grand Banc il fait plus froid au mois de Juin , qu'il n# fait en France au mois de Sep^. membre. C*eft tout ce qu*il y peut a- voir que trois mois d^Efté qui font quafi toujours pleins d'u- ne grofle brune aflèz froide. Cette grande froidure du Prin- temps provient des glaces qui viennent du coftë du Nord ti- rant vers la Suéde & Danne- marc , où la mer glace fort é- JîaifTe , & comme la tourmente a fait rompre par morceaux^ que la marée emporte au lar- ge , & que le vent au Nord qui eft commun en ce tempsJà les amené vers le grand Banc. Pen- àe l'Amérique Seffenirtonaïe. 45^ dant leur voyage la mer qui bat contre &qui monte deflus fe gla- ce,ce qui la rend toujours plus é- paifle , oc lors que le deflus eft plus chargé que le deffbus , elle tourne le haut en bas ^ ainfi elle va toujours profitant ^ il s^^n voit quelques-fois de plus haul tes que les tours Noftre- Dame de Paris , quand le Soleil donne deflus on les void de dix-huit à vingts lieues-, fi un navire les ren- contre & qu'il foit au deflbus du vent il les fent bien d^auflî loin ar le moyen du froid qu'el- es rendent 8c du vent qu'il porte. Lors que Ton va fiir le grand Banc ou en la nouvelle France au mois de May , Juin iiC Juillet^ il faut faire k^ quart toutes les^ nuits y un name qui rencontre^ Dij f, 44 Miftoire naturelle. roit une glace fe briferoit ea pièces comme s*i^ Jonnoit con- tre une roche , & point de fal- vation en ces rencontres : à cin- quante ou foixante lieues en mer au deçà du Banc quelques fois, plus proche du Banc, quelques- fois deflus , quelques-fois par dflà , elles vont félon les vents- qui régnent , il s'en trouve quel- guefois un ii grand nombre en fuite les unes des autres eftant conduites tout d'un mefme vent,, qu'il s'eft trouve des navires al- lant à terre pour le poiflbn fec qui en ont rencontre de cent cinquante lieues de longueur encore plus , qui les ont cot- toyées un jour ou deux avec la nuit, bon frais portant toutes voiles fans en troij^er le bout, ils vont comme ce|lTO)ut le long, de l'Amérique Septentrionale. 45 pour trouver quelques ouvertu- res a pajGTer leurs navires.-s'ils ea rencontrent ils y paflènt com» me par un détroit , autrement il leur faut aller jufques au bout pour y paflery car les glaces bar- rent le chemin. Ces glaces Jà ne fondent poinr que lors qu*elles attrappent les eaux chaudes vers le Midy, ou: bien qu'elles foient pouflees par le vent du cofté de la terre, il en échoue jufques à vingt-cinq & trente braffes d'eau , jugez de leur hauteur fans ce qui eft fur l'eau : Des pefcheurs m'ont af- feuré en avoir veu une échouée fur le grand Banc à quarante- cinq brafles d'eau qui avoir biea dix lieu es de tour , il falloir qu'el- le euft une grande hauteur i les. f». 46 ïiifioitendtltrette navires n'approchent point de ces elaces-la l'on appréhende ou'elles ne tournent d'un cofté fur Tautre , à mefure qu'elles fe déchargent du cofté où elles ont plus de chaleur^ ainfî le plus pefant l'emporte: ces glaces- là lont la caufe en partie , de ce que l'on croit le Canadas fï froid. Les percheurs fur le Banc ont prés de fix mois que l'^eau gelé fur leur ligne à mefure qu'ils Ta retirent en haur,cela leur donne bien du mal Se une grande fati- gue : je ne |çay comment il fe trouve dû niondepour cette pef- che, ôc 0\x ils ont {i peu de profit : quand un pefcheur ga- gne pour fon voyage trente à trente - cinq ou quarante écus il n*eftpas mal ^ & ces voyages 'det Amérique Septeyttrionaîe. 47 font de cinq, fîx & fept mois y compris le temps de la charge & de la décharge du navire y pendant cjuoy ils ne gagnent rien. Revenons à la façon dç faller la moluë. Ayant couppé la lan^ gue ils jettent la moluë fur le i)ont du navire , ou des garçons» a donnent à ceux qui rhabil- lent r ce qu'eftant fait l'on la donne au faleur qui la range en fonds de cale tefte contre queue , en ayant fait une cou- che longue d'une brafle ou deux: félon qu'il void la pefche donner** {►our contenir le tout en une piU e : le premier rang fait on la couvre toute de fel tant qu'elle en puiffe prendre ^ comme on' dit tout fon faoul, puis on fait une autre couche deflus qu'on 4^ Hifioire naturelle ' ' fale de mefme , ainfî contu nuant toute la pefche d'un jour, car on ne met que très- rarement celle d'un jour fur l'autre , ayant demeuré ainfî trois ou Guatre jours tant que foii eau foit égouttée & qu'elle ait pris fon fel, puis on la releve&onluy ofte tout ce qu'elle a de fel de refte , 6c puis on fait une autre couche en*un autre endroit du fonds du navire , ôc on la recou- vre encore de nouveau fel, lit pour lit, après quoy l'on n'y touche plus & Ton continue toujours de mefme jufquei à ce que le navire ait fa charge , fi on les changeoit encore une au- trefois de place , il y faudroit en- core remettre de nouveau fel. Il convient encore de fçavoir que fur le Banc qui eftà vingt- cinq âe 1^ Amérique Septentrionale. 4^ tinq licuës de la plus proche terre il s'y void une fi grande quantité d'oifeaux que cela n^eft pas croyable,commehappefoye, croifeurs, poules de mer, penne- goins & beaucoup d'autres for- tes. Je parleray feulemêt de ceux-cy.' Les happefoye font des oyfeaux fort gourmands , ils s'appellent ainfi, parce qu'ils vivent de foye demoluë^ôc s'ils voyët un navire qui pefche , il s'y en aflemble un fi grand nombre autour de luy pour attraper les foyes qui tom- bent en la mer,qu'aufli-toft qu*il s*en jette un, plus d'une cin. quantaine de ces oy féaux fon- dent deflus £: s'entrebattenr, pour l'attraper^ ils viennent tout proche le bord du navire, & quelques-fois on les peut tuer f ■ jo Hifti^ire naiureUt avec une perche , leur gcmr, tnandife fait que Ton les prend nifément^ a>vee àts hameçon^ qu'on attache au bout d'une petite ligne dont Içfi pçfçjicuf j le fourniflènt exprés : cette li^ gne eft fupportëe fur Teau par un morceau de liege,& Ion meta Vhameçon un morceau de foyc: i'on jette cela le plus au large que l'on peut , auflî-toft ces oy féaux ^battent à qui l'actraperaj & a- prés s'eftre bien battus, à la fia un l'attrape qui fe prend par le bec , on le tire à bord -, il faut bien prendre garde qu'il ne vous attrape la main , fon bec de deC fus eft crochu qui pafle beau^ coup fur l'autre , s'il mordoit il {)erceroit le doigt ou la main 5 ors qu'on l'a depris de Tha^ tneçon & qu'on le laifle aller W.ll— I dethmerique Septentrionale. 51 fur le tillac il ne s'envole point, il ne fçaur^it s'élever a moin$ qu'il ne foit dans l*eau : cette pefche donne un grand diver^ tiflement. Les Croifeurs font des oyfeaux 3ui viennent audî pour manger es foyes , mais ils ne s'appro- chent pas de (î prés 5 ils s ap- pellent Croifeurs, parce qu ils croifent toujours en mer d'un cofté & d'autre : leur vol eft dif* ferenc' de ceux des autres oy- féaux , en ce qu'ils volent pour ainfî dire de travers , ayant une aifle qui regarde vers le Ciel , & une autre vers la mer , en for^ te que pour fe tourner ils met^ tentl'aifle dedeffiis deflbus : il s en trouve toujours depuis, qu'on eft en mer à cent lieues de terre jufques à la nouvelle Fran^ Eij jt ^ Hifioife naturelle et : il ne fe pafle journée que Ton n'en voye quelqji'un qui va croifant d'un oord à l'autre, c'eft pour chercher quelques petits poifTons à manger qui vont à fleur d'eau, comme le poiffon volant , le harang , la Jardine Se autres dont il vit. La Poule de mer s'appelle ain- lî par la refTemblance qu'elle a avec cet animal terreftre : elle vitauflî de petit-s poiflbns 8c de foyes 3 ellen'eft pas gourmande, mais plus privée que les autres ^ elle eft toujours volante autour du navire, fi elfe aperçoit quel- ques tripailles elle ie jette def- fus. > Le Penneecfm eft un autre çy- fcau martelé de blanc & de noir, il ne vole point, il n'a que deux moigijons d'aifles dopiC àe hAràifique Septentrionale. 55 \\ bat fur Tcau pour fuïr ou pion* ger : on tient qu'il plonge juf^ ques au fonds pour trouver fa proyefurlc bancj il s'en trouve a plus de cent lieues de la terre^ ôii il ne laifle pourtapt pas d'y venir pondre commç les atr- tres j lors qu'ils ont fait leurs petits ils le mettent à l'eau & leurs petits fe mettent fui* leur dos , & les portent comme cela jufc^ës fur le BariC , où on en void qui ne font pas plus gros que des poulçts, qUoy qu'ils viennent gros comme des oyes : tous ces oyfeaux-là font bons à manger par des pefcheurs 5 pour moy je n*y trouve point de gouft, ils fentent l'huile à caufe de la quantité du poifibn & des foyes qu'ils mangent, & qui fervent à faire Thuile de poiflcn, E iij 54 Hiflûin natnrelU les pefcheurs les amaflent pour^ cet effet 5 il y a telle navire qui en a fait jufqu a dix & douze J)oinçons : Ceft à peu prés tout ce qui fe pratique en la pefche de la moluë verte fur le gran<{ Bâ^nc. de /' AmitrifW SepMHtiûnale. ff -I ■» „x - Chapitre Ilf. JL^ manière de pefcher la wnr- luë quon apj)elle merluche ^^ de t habiller, de lafaler^^^ de la faire féchety & detotê^ tes les utencilles necejfaires four cela. PArlo^s à prefent de la pêchcf dupoiflbn fec qui eft toé-i purs comme nous avons dit au précèdent Chapitre la mefme tnoluë fous le nom de merluche^ elle eft plus petite que la verte^ ce qui la rend plus aifée à con- fervcr , le fcl la pénétrait da-^ vantage que la moluë verte qui E uij 1^6 Hift0ire naturelle cft plus grande & par confc- quent plus cpaiflè , & qui fc- roit mangée des vers avant qu elle fût feche à caufc de fon epaifleur , ce qui n'arrive pas à la petite qui'eftde garde & ferc aux victuailles des plus longs voyages 6c arx climats les plus chauds, ce n'ell pas qu'il ne s'en pefchent de grandes à la Terre & plus grandes qu'au Banc^mais Ton ne la fait point fecher^ on la met au verd , c*eft à dire on la fale , comme on fait fur le Banc. Entre tous ceux qui d ordi- naire font cette forte de pefche y les Bafques font les plus habile les , ceux de la Rochelle ont le premier rang après eux , & les Infulaires qui font aux environs, enfuitc les Bourdelois , & puis del* Amérique Septentrionale, fj les Bretons : De tous ces en-, droks-là il y peut aller, cent^ lîx- vingt , & cent- cinquante vaifleaux tous les ans , s'il n*y a point d'empefchemcnt par la neceffité des riiatelo ts qui font retenus pour les vaifleaux du Il faut poiîr cette pefche beau-i coup plus de dcpenfeque pour c^lle du Banc, a laquelle il tie faut que des plombs , des lignes des couteaux , du fel & d'autres utencille^ dont nou^ avons |>ar- iç j un navire de deux cens ton^ neauxau Banc n'aura que vingt-> cinq hommes , & pour la le- cherieilen faudra cinquantedu moins avec des viduaîlles pour huit à neuf mois : Pour ce qui eft du fel il luy en faut plus de la moitié moins , outre que fî un ,:^ H a H 11 is i! ''1! Il V ,1 11 \ 5g ' îiifioife ndiUYtlU ' »aviredu Banc porte cjuaranife-; cinq i cinquante milliers de poiC* fôn Tautre en portera deux ceni milliers defec. A l^é^rdde leui!' équipage de pefche K rtôurrinri re il cft bien différend^ leui» principale viduaille eft de quàti tre quintaux ou quatre cens pe- fant àt bifcûit pour hommes tant grands que petits -, & une pipe de vin omi deux barique^ ^ outre dû lard , ijt% pois , des fè- ves , de la moluë ^ du harang , ^ beure^ de llMile ^ du Vinaj^i gre & autres petites commodt- tez à cîbaque navire à proportiott du nombre des pefcneurs. Pour leurs conditions ellei font difïèrentes -, les Bafqueé s'accommodent à la charge dt* navire , l^'on eftime le navire ctf qu'il peur porter de quintaux éà 'de rAmiriqMt Seftenffhnale. 5^ poiflbn ^ les Bourgeois accor^ dent avec l'équipage qui font deux ou trois cens parts félon le nombre , £c donnent au Capî« taine un certain nonvbre de parts fuivant la réputation qu'il a eiï cet exercice , au Maiftre degra^ ve tant, au Pilote tant , ks Ha^ biileurs tant , tes Maif«,res des^ chalouppes tan trieurs Arimier^ ScBofToints à chacun tant^auic Garçons i chacun tant de parts ^ au retour du navire s'ils n'appor- tent le nombre des quintaux àont Ton eft convenu, l'on rabat à un chacun de ce qui manque au prorata de ce qu'il dcvoit avoir , mais s'il apporte phis on leur augmente auffî tout dr mefme. La plufpart des Bourdelois font au tiers de la charge , c'effi h. i , 1 ^o H ijiaire Naturelle \ à dire que fi le navire rapporte dix-huit milliers de poiflbn , il y en a fîx mil pour Tcquipage qui s*accordent auflî à la part ^ mais c*eft le Capitaine qui fait l'équipage , & promet à fon Vu lotte & Maiftre de grave qui fouvent n'eft qtfun qui fait les deux charges à tant de parts , ai un chacun enfiiite félon fa char- ge -, te Capitaine fe taxe auflî y mais tous les garçons luy ap- partiennent , à qui il ne donne que des trois, quatte , cinq & fix cçus pour tout leur voyage &* prend leur part : il y a quelques^, fois des quatre y cinq , fix- & dix, garçons félon la grandeur du. ndyire , en forte qu\l y a tou- jours un garçon pour ch^loup-. pe. Ceux de la Rochelle & des e rapporte nSbn , il y «page qui la part ^ equi fait t à fon Pi.< ;rave qui ui fait les parts, à n fa char- xe auffi . iuy apJ îc donne inq&fi3C 3yage &! uelques^, îx'&dix, dcur du. ' a toû. Il^loup-: & des '^^ Pj4merique Septentrionale. 6i Ifles font autrement , ils n*ont que le quart de la pefchc , de vingt mil livres , cînq mil ^ c'eft auffi le Capitaine qui fait fon équipage ; & font tous à la part également, le Capitaine & les, garçons, comme les autres, pour chaque chalouppe un garçon , les Bourgeois' du navire qui font les propriétaires font les yiduarlles comme je vousay dit, & donnent au Capitaine cent écus pour chalouppes , à cha- cunes defquelles il y a toujours cinq hommes y compris les gar- çons-, A fous ces gens-là il leur taut un pojc de vin à chacun fé- lon fa charge -, ç'eft a quoy font employez les cent écus pour compenfer la différence qu'il y a du quart de ceux qui fonjc au tiers j de ceuXrCy le Pilottc aura I* 1: l| ù 5| if il €^ Hifioire nafurelle gar exemple cent cinquante vres ou deux cens livres, le Maifl:re de grave àpeu prés au^ tant fî un feul fait les deux charges il aura trois cens livres ^ ^les Maiftres de clialouppes cent vingt ou cent trente livres félon qu*ils vallent : il faut que ces Officiers-là fçachent habiller le poifTon : les Arimiers vingt-cinq ;a trente ccus ^ les Bofïbints, vingt-cinq^ trente & quarante livres^ tous félon leur capacité 5 le Capitaine gagne quelques- fois fur ces centécus, quelques- fois auflî il y perd , en ce que les Capitaines fe piquent d'a^ voir de bons hommes qu^ils con- noiflenr tous , & cela ne s*em« porte qu'à force de pot de vin & à les faire boire , & à boire «lefme fouvent avec eux pour }>i *Î5 .% dt tkmefiqueSepuntrionale. 6j fâcher de les avoir & leur don- ner le denier à Dieu, après cela ç*eft un homme afTeuré , quel- ques-fois les Boilbints les re- çompenfent , ce fer^ un bon {rarçon fort qui veut apprendre e métier de Matelot , car c'eft^ là leur apprentifage, auquel il ne donnera que la valeur de fou pot de vin , pour fon voyage , & retire fa part j le Canomer peut eftre aufli un homme de eha^ louppe , en ce cas on luy aug^ mente fon pot de vin , pour les Charpentiers ils ont aufÈ un pot de vin de trente & quarante ccus, le maiftre valet de mefme^ c'eft celuy qui a le foin des vic- tuailles : pour le Chirurgien il ^ fon coffre pour pot de vin , pour lequel ron luy donne des .deux ou trois cens livres , fur !! il i II > h f ■ II 64 Hifloire naturelle ^ quoy il doit fournir des médi- caments , inftruments , ôc de tout ce qu'il luy faut pour pen- fcr & medicamenter tout Tequi- Eage, & au retour fon cofFré ly demeure , il a auflî vingt fols de chaque homme pour leur fai- re le poil , & fa part à la pcfche comme les autres, mais il doit auflî fervir k la terre , c'eft luy qui eft un des décoleurs , &: por- te le boyart comme le moindre des Matelots , ce que j'explique- ray en fon iieu. Le Capitaine ayant tout fon équipage travaille à faire em- barquer fon fel , fon vin , & tout ce qui luy eft neceflaire pour la pefche, '& le vent luy eftant pro- pre il met à la voile j ayant fait environ cent ou cent cinquante lieues ôc qu*il eft hors à^s ter- res W r. de P kmeriqne Septentrionale. 65. res il fonge à faire préparer une bonne partie de ce qui eft ne- cefTaire pour la pefche , il don- ne à chaque Maiftre de chaloup- )es de la toille pour faire fa voil- e & du fil tant qu'il luy en faut, puis il donneàctiacun fon^ri- mier & Boflbin , car bien que tous foient aflurez en partant de France de Tcmploy qu'ils au- ront fur les lieux , neantmoins peu fçavent certainement avec qui ils ferviront , fî ce n'eft lors que le Capitaine leur déclare, & quelques.fois il les fait tirer au fort : ces chalouppes-là font appareillées comme celles de la Rochelle,elles n*ont qu'un maft, la drifle n'en partage pas la ver- gue également, elle eft attachée en fon tiers & n*a qu'un bras qui eft un cordage attaché au plus h II '06 Hifieirt ndturelU . long bout de la vergue, & de l'autre coftc , le bout de la ver- gue eft une fois plus gros que du coftç du bras ^ afin, de faire le contre- poids, le bras fert pour tallex la voile , lors que le vent vierft de l'arriére ôc lefcoute qui cft attachée au coin de la voile, de l'autre cofi:c par embas fert à haller la voile , lors que le vent vient de Tavant pour que la voi- le reçoive plus de vent , à quoy fert encore le fccours d*une per- che aver laquelle on poufle la ralingue, plus en avant pour que le vent donne encore mieux dans la voile • cette perche s'ap- pelle un Vallefton, &pour lors s'il y a du vent la chalouppe eft tellement couchée fur le coftc que l'eau entre dedans par def- fus le bord 5 c'cft en ces occa- detknrèri^êèSépientfiéftaîe. 6j fions où le maiftre xle la cha- louppe a befoin de toute fon a^ drefle à bien gouverner, & qu'il eft neceffâire qu*il aye Tccoil- te à la main pour Talonger ou la retirer, pour faire dreflcr I^ chalouppe quant elle fe couché trop , ou qu'il vient des rafial* les , * ayant un bon Gouverneur r 4/- il n'Y a pas de rifquc, il y en ar^'*^'** I •' ^ I ^ / ' n font plus quant le vent vient jultc^^^, ment par derrière -, Ton fouhai- r*- te plus ccluy-la que l'autre , en^^f ce que la chalouppe eft toujours /«^i- droite, neantmoins il en périt ''*^* 1 , I ^ , -vent» plus de vent arrière que de celuy de devant , en ce que la cha-^ louppe eft plus mal-aifée à gou- verner , & plus fujette à virer. Continuons à dire ce qui eft neceffaire à l'appreft des clia- louppes de pefche ^ le Capi- Fi] char^ 68 Hifioire naturelle taine donne encore à chaque Maiftre de cbalouppe un câ^ bleau, c'eft un cordage un peu plus gros que les grofles cannes que Toix porte à la main , il a loixante à quatre-vingts brades, il en faut garnir un bout de dou- ze à quinze braffcs de long, cet- te garniture fe fait des filets d'un' vieil cable , & cela s'appelle fil de carret, avec lequel Ton en- toure le câbleau le plus ferré que l'on peut de la longueur que j'ay dite : on le godronne à me- fure qu'on le garnit, on leur donne eilcore un grappin de fer 3ui eft l'ancre de la chalouppe , eft fait comme un crocnet à pendre de la viande , à la referve qu il eft plus grand , & que la verge ou eft la boucle a une bon- ne demie brafle de longueur 8c de l'Amérique Sepùniriemale. 6^ au bout des pointes ^ on foude un morceau de fer plat large comme la main qui vient en pointe fur le bout du grappin qui pefe cinquante à loixante livres : le cableau n'eft pas atra- chcàr^neau colnme ron fait aux ancres ^ mais aux pattes, te- nant feulement à Panneau par un fil de carrct y afin que fi le grappin eftoit engagé dans quel-» ques roches , le fil de carret ve- nant à rompre par TefFort que Ton fait à Tclever , le grappin fïuifïe plus aifément fe dégager, 'effort ne fe faifant plus que far les pattes ou le cableau efl: attache. Le Capitaine donne encore pendant le voyage à chaque cha^ louppes fîx lignes , fçavoir deux à chaque homme ôc une dou- 7Ô ' Hifioire naturelle zaine d'ains ou hameçons , Se deux barres de plomb qui fait i chacun trois calles de trois ^ quatre livres pièce ^ cela fait^ chacun travaille à préparer (on aâàire pour cftre preft à s*cni fervir lots qu'il cft queftion d*aL Icren pcfche dés qu'ils font ar- rivez à terre, oà ils n*auroienc pas le loifîr à caufe de leurs é- chafFauts & logemens. Pour préparer leurs lignes qu'on leur donne en un paquec il les faut détordre & les éten- dre: pour ce faire ils attachent un morceau de bois à un bout de- la ligne qu'on jette à la me^r, à mefurequele navire vat ce bout demeure derrière jufques à ce qu'ils Tayent toute démêlée , & cftant au bout ils y mettent un autre morceau de bois , que ron jette auflî à la mer de Tau- tre cofté du navire, & tirent Ir premier bout pour le détordre , & le dernier bout va aufl\ de l'arriére du navire ^ à mefure que Ton tire le premier -, ils la' tire comme cela d'un bord i l'autre, des fept, huit & dix fois , tant qu'elle foit toute detorfey & puislaployeat furuntravouil qui font quatre morceaux d^ bois, dont deux les plus* longs d'environ un pied , font plats ar les bouts & percez , & dans^ es trous on met un bafton rond 4 chaque'bout , qui fait un quar- ré un peu plus long que large ^ k-^efliis Ton tourne les lignes ^fin qu'elles fechent plus facile- ment qu'en un bouchon , 8£ qu'elles ne fe meflenr peint, Enfuite ils enchappellent les -^r m fioire naturelle zins ou hameçons y c eft à dire qu'ils mettent environ un pied de lignes en double fiir le bout de rain d'enhaut qui eft un peu apkty Se le lient en forte qu it ne fe peut deffaire , car c'eft dans la pointe de ^hameçon- que fe met la boitte ou Tap- paft, c*eft à dire un morceau de tarang ou de la tripaille de moluës gros comme le poing que prend la moluë , & en la tirant en haut elle emporteroic Taiiï s'il n*efltoit bien lie. De cet ain au plomb que Ton meta la ligne , il y a une bonne brafïe' de ligne d'intervalle. Pour ces plombs-là on coup^ pe là barre de plomb en trois ou quatre morceaux félon ce quel- le eft, chaque morceau fait fon plomb, les uns le font rond, les autres de P Amérique Sepienirhnale 73 aatxes le font en quarré , ôc bien plus gros d'un bout que de Tautre , le plus menu s*^pplatit un peu par un bout : on le per- ce, 6c en ce trou-la l*on mec aufli de la ligne en double de la mefme longueur qu'à Pain , on les lient avec du fil de voi- le , en forte que cela n'échapu. pe point j les uns y font plus (d'enjolivements que les autres Î)our faire voir leurs addref. es , cela s'appelle garnir le plomb. ïQuand ils travaillent il fem-^ ble qu'il y a plus de cinquan- te Marefchaux à battre fur l'enclume au bruit qu'ils font, les uns battent fur les an- cres , les autres fur les ca- nons , cela dure trois ou qua.* ifre jours. . / V. 74^' ' 'Hifhifi nahtrtiU \ Parlons à prefcnt deréquipâ.^ ce des Pefcncurs qui fert à la yefchc j pour cela les Maiftres xle chalouppes de totis leurs ;ens ont cnacim une paire de lortès, fortes & krges , çii for- te que l'on fe débotte en fe- couant la jambe : elles n*ont mre k tige fans genouillères , Il ne faut point qu'elles pren^- ncnt l'eau-, ils ont encore un grand garderobbc de peau d€ roouton paflcc avec la laine . le colle du cuir eft bien huile ^ ea forte que l'eau ne païfë point au travers ^ ce garderob- be va plus bas que la botte, ils ont encore u«i jufte-au- corps de la mefme étoffe à l*éprc0vc de l'eau qui vient plus bas que la ceinture qui couvre ce garderobe, 6c c« î:: WtiU ^i fert à k es Maiftrtt totis ieoi-s ne paire de ;es, ai for. )tte en fe- elles n'ont noaiileres , | elles prenj. encore im e peau M : ia laine . 3ien huité ^ ne païfë rrderob- botte, i jufte-au- ëroflfe i tlui vient nture qui âe l'AmeriifUi SeftimrhnaU.j^ jutfte^ au- corps a un capuchoa qui fe met uir la tefte j outre x:ela il y a un grand tabelier de jnefmc étoffe , qui prend de- puis le col jufques a my-janv-' be. Voilà l'équipage ^ ciia-' xun des trois hommes de la ^halouppe lors qu ils vont ea mer pour pefcher la moluc^ du moins ceux qui (e veUf lent coqferver de la /l'^ye ôc de Teau en tirant leurs lignes* Il fe trouve peu de BaC. ques qui n'ayent te ut cet é- quipage, & mefmes plufieurs l'ont double en cas qu'ils foient mouillez ^ ils en pren^ ncnt un fec le lendemain pouic retourner en pefche peîpdanj;. que l'autre feche , quand il* quittent ces habits là ^ ils ne iont non plus mouille:^ que w 76 Hiftoire naturelle «ils n*avoient bougé d'une chambre Quelque pluye qu'il fafle. Les Rochelois , Bourdelois & Iflois , ou Matelots à^s Ifle^ Dieu , d'Olleron & autres ne font pas (1 bien équipez , il s'en trouve quelques - uns qui en ont , mais rarement de re^ change , pour l'ordinaire la plufpart fe contente de leurs petits capots de drap qui leur vient un peu plus bas que la ceinture , avec le capuchon , le tabelier de peau cle mou- ton comme les autres , des manches de cuir ou de toille goudronnée , pour des bottes les Pefcheurs en ont tous gencrallement. Voila leur é- quipage de pefche ^ ils achep- p^r\t tout cela à leurs dépens. U M- ;|l* l*kfntrique Septentrionale. 77. |.-i- 1' II .Chapitre IV. . \ \Contenant ce qui fe pratique lors }ue les navires approchent dn \ieu où lapefchefe doitfairey la manière d'avoir leur place ^ ce qui fe fait à U dejcente^ e^r comme l'on met le monde en hejongne. PENDANt que tous ces préparatifs de pefche fe font dans lenavire il ne laifle pas d'a- vancer chemin , & eftaqt proche de terre & du Ueu oii ils prcten-; dent aller faire leur pefche il fc rencontre quelquefois dcuxoil trois navires enfcmble qui ont defTein d'aller tous en vn mefme G. •• ,' 1 ^ Hi^oire nainrelU havre & chaque Capitaine d'y eftre Admirai ^ pour avoir cette Admirauté lors qu'ilsfont à huit, dix, ou douze lieues de terre ils mettent la nuit vne chalouppe àTeauavec leurs meilleurs hom- ijrxes de rames équipée de bons avirons , s'ils ont bon vent qui les porte plus vifte que l'avi- ron ils fe fervent de la voile , fî att jour ils apperçoivent que d'autres y envoyent auffi j ils n*ont point peur de tourner, ils portent delà voille à l'envie les vns des autres pour gagner le devant , quelquesfois Peau pafle par deflus Itf bord de la chafoup- pe , perfonne ne remue crainte d'en faire perdre Taire excepté celay qui jette l'eau 5 peu de monde voudroit eftre de leur compagnie , s'il n'y a point de j 'de rA fiim^M SepnmH^nate. jf, tnent il faut ramer , c'cft U oà ils allongent bien les bras j il n'y a point de galériens qui tirent \Çi fort à la rame au'cuxj Ton ne parle point de boire ny de manger crainte de retarder \ il yen a toujours quclqu'vn qui arrive quelque moment plûtoft que les autres j le premier qui faute à terre acquiert le droit d' Admirai pour Ion Capitaine, c'cft à luy à prendre fa place ou bon luy femble , tant poujç faire fon écnafFaut que pour placer fon navire,$'ilfetrchiveàlacoiL> fte du bois des échaâkux qui auroient eftc rompus rhyveir que la mer y aura jettex il ,te prend & tout ce qu'il y tiputci fa comodité par preferancéL Le navire y eftant arrivé ils changent tousd'emiploy horsle^ G. . •• ta Hifiàire namrelk ' ^ Capitaine, & chacun d'eux prend celuy auquel il a eftc deftiné fuivant ion engagement, avant que de partir , en Ibrte que tel n eftoit que matelot pendant la route qui devienir Maiftre de chalouppe 5 lors qu'il eft arrive au lieu de ' la pefche , à mef me temps le Capitaine envoyé tous ces Charpentiers à terre {)our virement préparer (q% cha- ouppes, s'il en a à luy à terre •, mais ils vont peu en vn lieu qu'ils n'en ayent ou qu'ils n'y en portentjs'il y en manque quel- qu'une 6c qu'il en trouve à la cofteillcs prend par préféren- ce y moyennant toutefois que les chalouppes n'ayent point de Maiftre & qu'il n'y ayent aucun pefcheur qui les reclame, ou comme propriétaires , ou par [■ -•! de t Amérique Septentrionale iï procuration d'eux , ou la mar- que des chaloupjpes foit expri-' mce j ce droit d' Admirauté ne' donne rien fur les chalouppes dVn autre j mais feulement fur* celles qui le trouvent comnie épaves , dont il fe peut préféra-^ blementfervir, après quoy s'il y en a fufKfament , les navires qui font arrivez dans 'le mefmtt havre ont après luy fucceflîve- m'' nt le meime droit fuivant le rai.^ de leur arrivée, à la referve de Plaifance qui eft vn havre en TifledeTerre-neufve où nombre de navires vont faire leur pêche, dans lequel,quand TAmiral s'efl: pourveu fuffisament des chalou- pes , il donne le furplus à qui ' bon luy femble de ceux qui en ontbefoin , à la referve toujours* âiQs propriétaires ou porteurs de Procurations. ti ïiifioiré natàreÙé Les Charpentiers eftant \ terre, le Capitaine travaille à i^e placer fon navire le mieux qu'il peut ôc le bien faire amarer, puis laifTeleContre-maiftreavec lept ou huit hommes pour le dégarnir , tout de me/me que s^ileftoitdansun havre en Fran- ce pour y paflèr fon hy ver, il ne luyreftede cordage que les au- tans qui fervent a tenir les mâts debout y ces ordres donnez tout le monde va a terrev Y eftas les uns vont pour travail- ler à terre au logement des pef- cheurs qui eft comme une halle couverte d'une voile du navire, les cotez du bas tout autour font garnis de branches de fapin Qn^ trelacez dâs des piquets ou pieu?j; fichez en terre de quatre à cinq pieds de haut &c ovt finit la voi- "de î* Amérique Septentrionale. i$: le des deux coftez , à l'égard des deux bouts qui font comme les deux pignons de cet édifice To» y met des perches de fapin di- liantes d'vn pied Tvnc de l'au- tre , on les entrelafle auffi de branches de fepin que l'on fer- te le plus prés les vnes des au- tres que Ton peut , en forte qu*à {yeine le yent y pafiè-, dans le mil- ieu au dedans l'on met de grafles perches de bout, diflan-^ tes i'vne de l'autre de la lon- gueur d'vn» hcHume qià fuppor^ tejit le faifte ,f on met d'autres perches par le travers que l'on elouJJ à chaque diftancc le tout en forte que cela ne branfle {>o'at , & en font deux efta^es 'vn fur l'autre où ils dreflTent leurs lits ôc Couchent deux ^ 4€u* ^ le fonds de leurs lits eft > ; L M i « , n .1 <4 ïlifioiré ndfurêUê de cordages qu'ils înailleni: comJ me vne raqueti;c ^ aiai^' les ou- vertures bien plus laigcs , & à chaque largeur de lit l'on met vne perche qui fait la feparatiofl des deux fiommes ôc qui em- pefchent qu'ils ne s'incomoJ dent la nuit par leurs poids, qui autrement les feroit tomber IVri fur l'autre lî les corder qui' eri compofent le fond nVftoient roidies par cette perche du mi- lieu,. leur lit eft vne paillafle d^herbe feche , leur couverture elTk telle qui leur plaift d'appor- ter, car beaucoup n'ont pour cela que leurs cappocs. Pour leurs coffres ilsjes mettent le long V . la paliffade &: de leurs lits j voilà le logement des pef- cheurs, à l'égard à^s dimentions de ce logement il dépend pour c< à d( àcV Amenjque Septentnonale.%^ Tordiriaite de la grande voile du navire qui le couvre. Pendaut que Toîi cravaiile l ce logement d'autres travaillent à celuy du Capitaine qui fe fait delà mefme forte ^ mai^ il y a au milieu une cloifon de percher les vues contre les autres , où Von fait une porte qui ferme à clef , un coftéfert pour mettre les viduailles^ ôc Vautre là ou eft; ià table & fon lit , à cofté ou au deflus fait de -cordages comme les autres, quelquefois il le fon- ce de planches , il a paillafle Sj; matelats. njun autre coftc le Maiftre-< yalIRvec une partie à^s gar- çons travaille à taire la cuifîne, quicft couverte de grands ga- lons de terre arrengcs comme ^çs tuilles les ujjs furies autres^ •1 1 6 Hifioire natufdle ^n forte qu'il n*y pleut pointage jde la couverture en bas , il y * tout autour des branchages de fapins entrelacez comme les ao. ^res que les garçons apportent int couvert cft auiîî environ le qmtt de /a longueu: ,&fe termi- ne quelquefois en pointe 8cquel- quefois en quarré , & avance en la mer,en forte que les chaloupes y puiflènt toujours aborder. Pour commencer la conftru- dion de Tëchafl^ut Ton plante là quinze, vingt, ou vingt-cinq pieds en mer , vn gros pieu de oix-huit à vingt pieds de haut , pour cet efFet trois ou quatre hommes fe mettent à la mer eftanr baffe le plus avant qu'ils peuvent, le pieu eftant dreffc J*on y met jufques à trois &: qua- *tre arboutans, dont les bouts font au fonds de Tcau , & les ombre des rtion , fa le tiers de itquin'eft environ le &fe termi- te &queL avance en chaloupes 5order. a conftru- 'on plante /ingt.cinq >s pieu de de haut , ^u quatre à la mer ant qu'ils tit dre/Tc is &: qua- !es bouts det'km&ifne Stj^untrionale.^i autres bouts contre le pieu^auffi haut qu'un homme peut toucher pour lesclouer d'un clou gros co- rne le doigt : Ce pieu eftant bien arreflé deboutt , on en plante vn autre de mefme à terre ôc tout vis à vis un fécond , en forte onc ces deux derniers font h lar- geur de TcchafFaut , ce qui fait vn triangle quand le bout dePc- chaflaut ou avant bec fe finit en pointe. Entre ces deux derniers pieux bc celuy qui eft à la mer , l'on plante encore des pieux de braf- îe en brafle des deux coftez , en forte que cela forme le trian- gle dont la pointe eft à la mer, tous ces pieux-là eftant dreflez avec des arboutans bien clouez à chacun defquels l'on cl oiie trois 6c qiutre de ces grofles Hij ^>. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) 1.0 l.l isyi 12.5 |50 ■^™ llHIi làâ mil 2.2 "^ Uâ 12.0 M^ 1.25 1.4 1^ ■^ 6" — ► V] <^ /2 / >' *^v y M I%otographic Sciences Corporation m i\ \\ V 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. M580 (716) 872-4503 Q* % m¥ il! 91 H iji^iire naturelle > Eerches depuis le bas jufcjues en aut^dediftanceen diftance,en forte que cela fert d'cchellepour monter fur rëchafFaut j pour fortifier cette pointe l'on met encore fous toute Tétenduë de ce triangle nombre de pieux de- bout bien ctayés , après quoy Ton met quantité de grofles perches qui traverfent des uns aux autres,d'autres qui prennent du haut en bas en croifant,cn for- te que cette pointe eft tellement garnie de bois fi folide ôc fi bien clouée , qu'elle eft capable de refifter aux plus rudes vagues , & au choc des chalouppes qui y abordent toutes continuelle- ment lors qu'elles reviennent de la pefche : le Pilotée de cette pointe eftant ainfî planté, l'on pofe des traverfe de groffes pie- i de l* Amérique Septentrionale. 93 ces de bois à la hauteur de dix- huit à vingt pieds du fonds , de ce premier pieu qui fait la poin- te : ôc les traverfes font propre- ment les folives qui foutiennent le plancher , qui de haute mer eft élevé de cinq pieds ou envi- ron delà fuperficie de l'eau à la f>ointe de Téchafaut. Cela fait 'on continue l'échafaut de U largeur de ces deux pieux qui font en terre , qui font auffi la largeur de cette pointejaquelle largeur Ton continue trente- cinq ou quarante pas toujours de plain pied, en forte que les pieux que l'on plante debout pour fou- tenir le planché de l'échafaut ail- lent toujours en diminuant de longueur, à caufe que la cofte va s'élevant vers la terre comme un théâtre de Comédie. Tous il H :!l P !!f Pé \u 514 Mifioire natùretle ces pieux font auflî bien étaycï & fortifiez 'cle perches en tra- vers que l*avant bec de Técha- faut î on continue à mettre deflus des traveffes de brafles en brafles pour parachever le plan- ché de r échafïaut : dans le mi- lieu de ces traverfes Pon met de grofes perches de bout de \4ngt-cinqou trente pieds pour fupporter le faifte de Tcdince , dont le plus gros bout porte fur terre & font clouées à ces tra- verfes de deux en deux ^ depuis la bafe du triangle allant vers la terre. Tout cela eftant achevé, Ton a de petites perches les plus longues que Pon peut trouver, que Ton couche d!e leurs longs fur ces traverfes où on les a- ranges le plus prés que Ton peut les unes contre \qs autres depuis ^i I 'de l* Amérique Septtnirianate. 9 jf la pointe jufques au bout devers terre ^ ce qui fait proprement le planché de Téchafaut. Depuis ces deux pieux de lar f)ointe qui font la largeur de 'cchafaut en allant à terre^ de ces deux coftez Ton met de Eetites perches ^ qui vont depuis L terre toutes droites,& paflent audeflus du plancher d'en virort 3 uatre pied, aillantes d'environ eux pieds les unes des aut res^ au bout d'enhaut de ces petites perches qui font des deux coftez de l'cchafaut ., Pon cloiie une autre grofle perche au defT'^s qui les prend de travers d un bout à l'autre. Deffus ces grofles perches de bout qui font clouée au milieu^ des traverfes , Ton met d'autres perches que l'on cloiie fur les 9 6 Hifioire naturelle. bouts d'enhaut d'un bout à l'au- tre , lefquelles perches font le faifte -, enfuite on met d'autres perches , qui viennent aboutir ou tomber fur ces autres per-* ches qui font élevées de quatre pieds aux coftez de Téchafaut, & fervent de chevrons : cela fait on met une grande voile du na- vire deflus, dont les coutures vont comme les chevrons , afin que Teau coule plus facilement 5 {)our cet effet l'on roidit la voi- e le plus que Ton peut avec àcs cordes que l'on paflè à ces perches ^ fur quoy portent les chevrons : fi la voile n'eft aflez grande pour couvrir tout Té- chafaut , on laifle le bout de vers terre découvert^ car le prin- cipal eft le bout oppofîte , oùfe fait le plus fort du travail. Pour deV Amérique Septentrionale. 97 Pour fermer les deux pignons ôcles deux coftez de quatre pieds de haut , Ton commence au pignon de la pointe qui eft à ces deux gros pieux qui font la. largeur de PéchafFaut, l'on cloue pour cela une grofle perche d'un, pieu à lautre , à la referye de la largeur d'une porte que Ton laifle d'un cofté pour aller du dedans fur la pointe : cett^lçer-' che que Ton cloiiç en bas eft élevée au defTus du plancher de deux pieds , & delà en haut juf^ ques au faifie l'on met d'autres perches à tm pied l'une de lauJ tre clouée en haut & en bas qui diminuent comme la pen^te de la voile, l'on en fait autant au piJ gnon oppofé , où neantmoins les perches vont depuis le bas jufques en haut , après q uoy Ton V..* 58 - Hifioire naturelle ;arnit les bouts & les coftez de iranchages entrelacez entre ces f>crches 6c les plus ferrez que 'on peut. Pendant que tout ce travail fe fait , le Capitaine ne laifTe pas d'envoyer des chaloupes à la pefche fi-toft que les Charpen- tiers les ont mifes en eftat d^y pouvoir aller, & le poiflbn qu'ils rapportent tous les foirs s'ha- bille fur des planches , que l'on met fur des bariques , qui font desefpeces d'établis volans dont ils fe fervent en attendant que TëchafFaut oc ce qui en dépend foit en fa perfe Aion : ce poijQTon fe fale ôc fe met en pile , ainfî que fî tout eftoit en eftat de le rece.\ oir , comme je vous diray dans la fuite: |L'cchafFaut n'eft pas plûtoft h' de Vkmerique Septenttionale 99 fait que l'on travaille à accom- moder le dedans , où on fait une table de quatre pieds de large d*environ trois pieds de haut , éloignée de trois pieds de la cloifon dont je viens de par- ier : cette table s'apelle Téta- bly 3 dans Tefcace qui eft entre cet étably &: la cloifon fe met- tent les picqueurs & decoleurs^ de l'autre cofté font les habil- leurs , & ces habilleurs font cinq , fix ou fept félon la gran- deur du navire 5 chaque habil-' leur a un picqueur éc un de- coleur s les habilleurs ont à leur cofté droit une efpece d'auget ou quaifle de bois d'environ un pied & demy de large & un peu plus de long dont le fonds eft incliné d^environ demy pied vers le plancher , tirant en deJ In Pi II! ; ■ ^ ioo Hijîoiu naturelle dans , & œ qui ferme le coftc vers lequel le fonds s'incline eft une couliflc qui fe levé &: fe baifle entre deux tringles , afin que le poiflbn tombe de luy- mefme & tout d*un coup dans les brouettes, <:omme je l'expli- ijueray plus au long; lors que je parlera'y de l'habillage du poif- lon. A cinq ou fix pieds en ar- rière tirant vers la terre , danslc milieu de Tedifice , l'on fait une efpece d'enceinte pour mettre le fel qui fert à faller le poiiïbn, cette enceinte s'^appelle lafali- îic & eft fituée juftementfousle faifte, en forte que les pieux qui le foûtiennent pafTent tout au travers de cette faline , qui peut avoir vingt à vingt-cinq pieds de longueur &: plus , félon îa grandeur du navire auquel - detAmeHqne Septentrionale, wïr elle eft proportionnée , ôca en- viron quatre pieds de largcj ce réduit eft fait de longs pieux couchez les uns fur les autres jufques à la. hauteur d'un pied êc demy ou environ : des deux coftez de cet édifie? il y a deux portes ^lefquelley fervent à dé- charger réchafaut du poiflba lors qu'il le faut porter à la mer pour le laver. Voila à peu prés tout ce quife peut dire, de Té-. chaffauty pour en donner Vin- telligence. - ^1 tiij Aj «fi 1' * . .4:; 'Il l'f \ jbi Hiftoire naturelle mmifmmÊmmmm ny Chapitre VI. "1 f . ( Contenant la manière de . tirer l'huile desfoyes de moine ^a^ n)éc la dejcription des inBru-- mens ^^ utencilUs cjuijer- njent à habiller y Jaller ^ laver le poijpn ; ce que ce fi . (jutnjignaux & grave , leur conftruélion & l^^r ufage. PENDANT que ce travail fe fait , d^autres font em- ployez à préparer ce qui eft ne- ceflaire pour Faire l'huile, ce qui fc pratique de trois façons: La première eft une forme de met comme celle d'un pref- i! de t kmerique Septentrionale. 105 foir ou Ton foule la vendante, dont les coftez font bien plus hauts tout autoùrj il y a trois planches & quatre (x elles font étroites, Tune fur l'autre , bien jointes , bien calfetées, & bien brayëes ^ tant au fonds qu'aux coftez , en forte que l'huile ne coule point , cela peut avoir fix à fept pieds en quatre : à l'un des coftez l'on met une clifle ou claye delà hauteur & de la lar- geur de la met, avec des nattes de paille en dedans le long d'un coftc du preflbir : entre cette clifle 8c natte , & le bord du preflbir il y a une petite efpace de vuide , cela fe fait pour em- pefcher que tous les foyes de moluc que Ton jette tous les jours dans cette grande efpace qui refte de vuide ne pafle , & I» • • • s ii ■n J r !i^ ; ' '^ ii ro4' H ifioire naturelle qu'il refte une efpacepour Thui- le à mefure qu elle fe fait , ce qui n'arrive que par la force du So- leil qui fait fondre les foyes , car cette met ou efpece de prefToir fe place hors Téchafaut en un endroit le plus commode qu'il fèpeutj Miuile va toujours au deflus du fang que les foyes ren « dent , & Teau qui tombe quand il pleut décend plus bas que Hiuile qui eft au milieu de l'eau & des foyes que l'on y met tous les jours qui flottent fur l'huile 5 lors qu on la veut tirer on fait wn trou dans le bord du preflbir, à environ un pied du ronds du coftç de la cliffe , & l on fait un autre trou plus bas poiirvuider Teau Se le fang- à ces trous Ton met une bonne cheville ou une canellc ,; ôc l'huile fe tire' à me- 'ielkmerlque SeptenMonaU. lof fure qu'ellefe fait Scie met dans des banques : tous les foyes ne fondent pas entièrement, & il fe fait fur lliuile beaucoup de vilLanies qu'il faut vuiderôc jet-* ter de temps en temps, autre- ment cela feroit une croufte a force de fe€her,quiempefche- roit que le Soleil ne fift fondre les foyes qu'on y met tous les jours : il n'y a prefque que les Bafques qui faiTent ces fortes de preflbirs , encore faut il que ce Ibit de grands navires, les au- tres fe fervent d'une chaloup- pe bien calfetce , dont Ton met Un bout quelque peu plus Haut que l'autre , & au bout d'en bas Ton met une clifïe ic des nattes Gommeà la met oupreflbir pour empefcher les foyes de pafTer r i ce bouc on y.fait deux trous , io6 Hijioire naturelle. Tun pourvuider l'eau, &raiïl tre pour tirer l'huile qu*on vuide de temps eu temps , le deflus ôcll le deflbus comme à la met ou preflbir, à faute de chalouppe ou de preflbir Ton fe fert de bonnes barriques deffoncëes d'un cofté , qu on met debout fur des chantiers aflez élevez , Ton met une chfle dedans , du bas en haut , avec des nattes qui font une efpace vuide d'environ demy pied cîe large du haut en bas de. la banque 5 on fait auffi au bas deux trous pour vuider Tcau & l'huile , & l'on vuide auffi toute Tordure ou le marc qui fe fait deflus de temps en temps-, labariquede cette hui- le vaut jufques à vingt ôc vingt- cinq écus : toutes ces trois for-^ tes de vaifleaux dont l'on fe fert le tAmeriq. SeptentrUnale. lo^ )ont faire Thuile s'appelle un )harni6r par tous les pefchcurs ^ ^ lareferve des Bretons qui rap- pellent un Treuil. Comme tout le monde ne traJ [vaille pas à la fois à une feul be-. [fogne , & que chacun a fôn tra- vail. Voyons ceux qui font em-r ployez aux utencilles qui fer. 'venta apprefter la moluë , com- me la galaire qiii eft une efpece de petit cchaffaut que l'on fait à terre fur le bord de la grave^ pour cela ^ on fait un fonds de pieux plantez tous droits com- me ceux de deflous réchafFaur, qui vpnt toujours en haufïant allant vers la mer , afin que le planché foitde niveau ^ il fefait de la mefme manière que l'é- chafïàut , tant le fonds que le plancher de petites perches^ à la # *. C/:Vf W - 111 i il ! i îoS ïlijioire naturelle referve qu'il n'a que douze ou 3uinze pieds tant de long que e large ^ celuy.là efb double ^ les fimples ont la niefme lon- gueur le long de la grave , Se k moitié de la largeur allant vers la mer. Il s*en fait de trois ou quatre eonmie cela , félon la grandeur du navire,& tou- jours plus que moins , crainte que le mauvais temps ne per- mette pas de mettre le poiflbn au fee : cette gàlaire eft cou^ verte par dcfTus de perches en forme d'une treille yiur lefquels l'on met force branchages pour empefcher que le Soleil en don- nantfurk poiflbn nePëchaufFe, ce qui le gateroit. 11 faut auffi des boyars que nous appelions en France des iivieres a bras y tout le monde l '4f! l'jimefiq. Septentrionale. 105^' fçait ce que c'eft 3 il y a auffî des clayes qui font plartes , fai- tes avec de longues baguettes grofles d*un pouce , entrelacées comme une claye à nettoyer diQs habits , mais elles font bien lus grandes gc plus fortes, eL es fervent à jetter la moluë defTus lors qu'elle eft lavée ,afîn quVlle ne prenne point de fa- ble : l'on en fait une autre grande d'environ une braffe gc demie en quarré 5 elle eft faite comme une cage hors qu'elle n'eft point fermée deflus, les baftons en font gros comme le pouce , elle eft foncée de plan- ches ,- cela fe met dans Teau , l'on jette le poiflbn dedans pour le laver , Ôc s'appelle un Tim- bre. Les brouettes ne font autre !! h ii'i H •'il né Hifioire naturelle chofe que deux morceaux de bois ccarris gros cojïime le bras ou environ , de quatre à cinq pieds de long, de figure de crof- ïe par un bout ^ fur lefquels Ton cloue des douves d un pied & demy de longueur ^ dont les bouts font clouez fur la ron- deur de ces bois px)ur faire un fonds , afin que cela foit creux ?on met encore des douves auy deux coftez , dont un bout de la douve eft clouée contre le bout delacrofle, ScPai^trebout de la douve au milieu de ces bâ- tons, où il commence à perdre fa rondeur , en forte que ta ron- deur deces baftons eftantainfî acommodez faitungrandcreu? comme à une civière roulante, & au lieu d*une roue Pon met ^n gros rouleau de bois , poin- de l'Anteriq. Septentrionale, iii :ii des deux bouts que Ton pafle (en deux bpulons de fer qui fonç attachez au deffous de cette brouette ^ en forte que lors que l'on la traîne ce rouUeau fert de roue, ce qui la rend plus fa- cile à mener ^ fon ufage eft de tranfporter le poiflbn des augets dont i'ay parlé qui fervent aux habilleurs. L'on met cette brouette fous ces augets , & on n'a pas pluftoil levé la couHfle que le poiflbn tombe dedans (ans y toucher , ce qui fe fait pour épargner le temps & ex- pédier befognc. Pendant que tous ces travaux fefont le Chirurgien avec par- tie des garçons travaillent à faire des vignaux , pour cela on a quantité de petites perches que 1 on coupe par morceaux d'en,- \} w n \-i hl 'I i .\h> ,u ail Jrlifioire naturelle viron cinq à fix pieds de long] -pointus d'un bout que l'on en- fonce en terre , en forte qu'il en refte environ de trois pieds & demyou quatre pieds hors de| terr^ ^ ces piquets-là font di- sant les uns des autres d'envi- ron une brafïe tous arangçz flirj vne mcfme ligne , & tous d'une mefme hauteur d'environ vingt- cinq ^ trente ou quarante pas de longueur félon l'eflenduë de la place, qui oblige quelquesfois de les faire plus long & plus ■courts ^ cette première ligne de piquers eftant faite l'on en fait une autre du mefme fens,dont la diftance d entre les deux li- gnes a environ- cinq pieds , peu plus ou moins • en fuitte l'on met de longues perches que l'on lie au bout d'en haut de ces piJ quets de ^Amérique Septentrionale, iiy quers, dVn bout à l'autre des deux cr ftez ^ la ligature dont on fert ce font des fils de car- rer, toutes ces perches cftantpo^ fées on en met d'autres en tra- vers dont les bouts portct fur ces perches des deux coftez ^ 8c liée de chaque bout à ces perches de diftances d'environ un pied Ijs vnes des autres , cela fait on couvre toute cette longueur & largeur de branchages, aufquels l'on ofte tout le feuillage afin que l'air doniic auflî bien par defTous que par dciTus, lors que la moluë eft fur ces vignaux pour fecher. Il faut à vn navire environ de trente , quarante ou cinquante de fes vignaux félon la grandeur du vaiiîeau , & qui eft auifî félon Teftenduc de la place qui eft quelquefois des K / Il *^^l i! 8î m^ii^ .i'h^i' : f Jl: LUI i5 J 114 liifioÎY^ naturelle trente , de cinquante , & jufques à cent pas de longueur. DVn autre codé ^" pi^iftre valet a vne partie* des garçons qu'il fait travailler à la grave ^ ' s'il n'a pas d'autre befongne plus preffee ^ mais voyons le travail delà grave, &puis je diray ce qu'il fait en failant faire cette rave. Ce qu'on appelle grave font de petits caiîlôus que la mer jette à la cofte , lefquelsôn applanit le plus également que l'on peut s'il y en a trop en vn endroit on l'ofte pour remplir les fonds eil d'autres endroits, ou bien les garçon^ en vont qué- rir à la cofte avec des mannes, ( c'eft vne eipece de panier rond fans ance ) & la portent où il en faut , fi la grave eft vieille qu'elle n'aye point çfté gâ- 'de l'Amérique Septentrionale, iij (cc rhy ver par la mer , il fi trou-, ve de l'herbe qui vient parmy ces caillous , il faut que les gar J çons l'arachente tout brin à brin en forte qu'il n en refte point. Ce que le Maiftre- valet d outre le travail de la grave, il a le foin de donner tout ce qu'il faut pour la cuifîne , tous les jours pour tout Tcquipage, dea- ler avec fes garçons dans vnc chalouppe qu'il a, de terre au navire , tantoft quérir du vin , du bifcuit , du lard , du heure ^ de rhuile,ôc tout autre provi- fîons ., il va à la fontaine cher- cher de l'eau avec des banques pour faire fon brevage , & pour la chaudière , il va encore au bord du navire avec fa chaloup- pe quérir du fel, le fait apporter à terre où il le fait mettre en Kij i t ^ Hifioire naturelle un petit monceau parTesgarços^, jufques à ce que TechafFaut foit faitôc lafaline prefte aie rcce. voir : ce fel là que Ton apporte ainfî eft pour faller la moulue que Ton pefche pendant le tra- vail par ces chalouppes qui vont çn pefche comme j*ay dit à me- fure que les Charpentiers les rendent prefte, & c*eftcepoi- fonJàquej ay dit cyldevant que l*on habille fur ces planches que Ton met fur des banques.. Jie l' kmerique Septentrionale, in ^. Chapitre VII. Contenant la mamere dont on conflruittes Chaloupées au on doit cmhartiuer par quartiers pour porter à laPefçhe: 1E cfoy qui! ne fera pas hor^ de propos de décrire auffi le travail des Charpentiers , quoy qu'ils ayent eftré mis à terre les premiers pour commencer la oefogne eiicore qu'ils achèvent les derniers. Pour rendre les chalouppes preftes pour aller en pefche l'on commence par le charpentagc qu'il y a à faire aux chalouppes neufves qu'on porte de France , elles fe mettent par •t'.^f 1 1 8 Hiftoîre naturelle quartiers r^ans le navire, IVne a la quille entière , à d'autres on la coupe par la moitié félon la place qu*il y a dans le navire pour les y mettre) cette quille eft le fonds de la chalouppe , & le fonde- ment de tout le baftiment 5 fur cette quille on met les varangues qui font de bois cca|Vis d'environ trois poucesj-de trois pieds & de- niy ou environ de longueur^quî relevé vn peu par les bouts , en allant du milieu de la chaloup- pe aux deux bouts , elles vont toujours en diminuant, parce que la chalouppe n'eft pas fî large par les bouts que dans le milieu, principalement dans le fond j, à caufe des façons qu elle a afin que le devant couppe plus facilement l*eau lors que la chalouppe va à la voile ou à la / ^ie t kmeriqw Septentriùnale.ii^ tame^ le derrière n^'a pas la fà- çon fi haute que le devant^ ce que Ton appelle façoii^c'eft que le bordage ou planche qui raie Tenceinté de fa chalouppe fe joignent quafî toute par le devac depuis la quille jufques au haut de la chalouppe pour coupper Teau, & derrière n'a cette pin- ce que par le bas , afin qup Teau lors que le baftiment va â la voille , ou à la rame rencon- tre le gouvernail , & qu ea donJ nant contre il la èifle venir d'vn cofte ou de Pautre pour, aller droit ou Ton veut. Au deffous de ces varangues Ton cloiie deux bordages on deux planches dVn bout de la- quille à Tautre de chaque coftcî voilà le premier quartier j a ces varangues Ton cloue des mem- "Il i II 1(1111 mil II fifmm» tio H ifioire naturelle bres à éloux perdus , ces mem- bres font de Dois ccarris de la groflèur des yarangues^quifont courbe2i en bas ^ en montant tour droit jufques à la hauteur <|Ue l*on veut donner à la cha- louppe , chaque varangue a^fbn membre à chaque bout qui va toujours eîî acourfifTant vers les deux bouts, pour faire ces fa- ft)ns dites cy^deflus y tous ces membres eftant pofez des deux coftez d*vft bout de îa quille à l'autre , à cette quille l'on cloue vnè eftrave furie devant, qui eft vne pièce de bois denviroïi^x pouces d'ecarriflage, qui fait vn rond en montant du bout de la quille en haut de la hauteur de lachalouppej iràutrebout delà quille au derrière ^l'on met vne autre pièce de bois écarriede la • nicfme de r Amérique S eptentrionale.iix niefipe grofleur de l'eftrave la- quelle eft droite , mais elle va un peu en penchant en dehors , Se qui va auffi haut que doit eftre la chalouppe , ôc cette pièce s'ap- pelle TEtambot , à laquelle Von a fait des fetiilleures d'un pouce de profondeur des deux coftez en dedans pour cloiier le bor- dage que Ton met pour fermer le tour de la chalouppe , l'eftra- . ve a une feiiilleure auflî de mef- me pour clouer le bout des planches, l'eftrave &: Tctambot & tous les membres eftant po- fez félon la façon ou la forme que doit avoir la chalouppe ^ il la faut border , border c'eft met- tre Ats planches tout autour^ qui s'appellent bordage. En pofant le bordage depuis ^ le bas delà quille nllanten haut Kl Il 12.1 ' lïîfiotrt naturelle . Ton prend garde que les bouts ne finiflent dans le milieu l'un contre l'autre j il faut qu'il pafTe d'un pied & demy ou deux les uns fur les autres pour rendre la liaifon plus forte , tant à Tc- gard des pièces' de bordage, qui vont de Tavant à l'arriére , qu*i Tcgaîd de celles qui vont de Tarriere en avant , a la manière des pierres que l'on laifïe fur- paffer les autres en la conftru- âion d'une maifon , 8c que les Maçons appellent mordansj ce- la fe pratique depuis le bas juf- qucs au haut des deux coftez de la chalouppe en mettant toû^ jours les bordages les uns fur îçs autres , ce qui ne fe fait d^or- dinaire que pour ces chaloup- pes-U que l'on eft obligé de porter en quartiers , ne les oou-^ de f Amérique S€pttntrUnalex%% vant mettre entières dans le na- vire : ayant eft<é ainû afTemblees en France on les démonte pour les mettre en quartiers ^ tous les bordages que j'ay dit paflèr les uns fur les autres dans le milieu ne font clouez en cet endroit qu'à doux perdus ^ tout le refte eft cloué a demeure â la referve d'un cofté qui tient à l'eftrave & l'autre codé à Té- tambot , en forte que Tétrave Sc l'étambot ne tiennent que d'un cofté à l^uA àts quartiers 5 pour faire ces quartiers l'on coup-r^ pe la quille par la moitié,* mais fi le navire la peut porter entière ^ Ton démanche les membres des varangues où jç, vous ait dit qu'ils eftoient clouez à eloux perdus ^ Ton demandée auffi tous ces bouts de bordages^ L ij 1'' I ■ .1 if ■■1 114 Hiflûire naturelle '^ '^ ^ du milieu qui vont les uns fur' les autres, ainfî la chalouppe de- m::;ure partagée en quatre quar- tiers quand on la Gouppe , & en cinq quand la quille demeu- re entière. Après avoir parlé de la conf- trudion des chalouppes & de la manière de les mettre en quartiers , il faut maintenant dire comme l'on les remonte ou r'aflemble dans le païs , le tout eftant mis à terre les quar- tiers de chalouppes à part , car chaque chalouppe à les quar- tiers marquez a vne marque & du cofté qu'ils doivent eftre, afin que les bouts du bordage qui fe doivent rapporter au mi- lieu fe trouvent juftes ^ tout le triage des chalouppes eftant jfeit Ton pofTe fa quille d'une de l'Ktnerique Septentrionale:!^ fiir des tins , qui font des efpe- ces de chantiers oii gros mor- ceaux; de bois pour l'élever de terre, puis on poie le quartier où tient l'étambot à un bout & Te- tra vc qu'on cloue à Tautre bout de la quille , & enfui te les memr bres aux varangues , àc puis lofi pofe les deux autres quartiers , Tun d'un cofté en avant , & Tàutrê de l'autre coflé eh arriè- re , en forte que les bouts des bôrdages fe retrouvent dans le milieu jufte comme ils doivent eftre 5 eftant ainfî pofée Tojti cloue les membres aux varan- gues à demeure , &: les bouts deg bordages fur les membres auffi à demeure, & pareillement à l'e- ftrave & l'étambot 5 vdilà la chalouppe remontée , il y man- que une lifTe qui eft faite d'un^ • L iij tié Tii^oite naturcUe planche fiée de fa longueur paf morceaux ^^'environ quatre & cinq pouces de iarge ^ Ton en met une tout autour de la cha- louppe clouée eri dedans I un dcmy pied ou environ du bord^ cela fert à renforcer la cha- louppe & à tenir les membres en cftat , & à fuporter les baux ou toutes qui ont demy pied delar- \€bc d'vn pouce d'épaifleur, les laux ou toutes font proprement les bancs furlefquels s'affientles ïameurSyil y en a fîx comme ce- ia d'un bout de la chalouppe à rautre-, ces toutes eftant chacu- ne en leurs places , fçavoir trois en avant & trois en arrière a environ deux pieds les uns tles d^utres ^ & entre deux on làiflfe une efpace de cinq pieds ou environ qui eft Je milieu j. res toutes-U font polées lur "îun cofté à l'autre , à cha- ^ ^P ces bouts de toute l ort ,^rreâu de bois fait en equef- eft cloilé fur la toute , & l autre côté furie bord delà chalouppe, cfsô cestoutes-làquitiénentla chdouppe en étatôc empêchent tenant il Y faut mettre an car- reauTcxtautourdelachaloup- pe ce carreàueft un morceau de Poisdedeuxbonspoucesoude deux ôc dcmy en quarré que 1 on tec tout'aulour de la chaloup- pe Jar deffus le dernier bordage Llhaut,6cquerondoueau bout des mêbres qui P^^^^P^^ aude{rusdubordage,apré^^uoy i" iig ' Hiftoire naturelle Ton rongnc les membres au ni- veau du carreau. Il faut en fuite galfeter cette chalouppe ^ galferter c'eft met- tre de rétoupe dans les joints qui eft l'ouverture qui fe fait en- tre deux bordages j cette ctou- pe eft faite de vieux cables que l'on coupe par morceaux , pui« l'on defFait les fils de carret que Ton fait bouillir dans l'eau, puis on les bat avec un maillet ou autre chofe pour les rendre ma- niables 8c pour feparer mieux le chanvre en brin , ce qui s'apeL le décharpir ou mettre en filaf- fe , eftant feparé l'on le file gros comme le pouce , dont Ton fait des quenoiiillées grofles comme le bras, de la longueur de la moi- tié du bras , voilà l'étoupedont l'on fe fert à galfeter les navire? I Jle l'Amérique Septentrionale.ii^ & chalouppes , pour faire en- trer rette ecoupe dans les join- tures du bordage,ilfaut avoir un fer qui eft fait comme un cizeau large de deux doigts & long d'un bon demy pied, un bout eft plat, &: l'autre tout rond Se plat deC fus où Ton cogne avec un mail- let pour faire entrer Tétoupe à force , en forte qu'elle devienne auflî dure que le bois , le fer s'a*, pelle un galfet, & le travail gai- ' ferter , ôc la befogne la coutu- re. La chalouppe eftant bien galfetée d'un cofté l'on la tt)ur- ne fur l'autre pour y en faire au- tant -, le galfetaee eftant achevé l'on fait bien chaufer un cofté avec de la brande ou branchage de fapin dont l'on fait de petits fagots que l'on emmanche au bout d'un bâton^ pour les alla- f» 1 tjô I-tifipire naturelle mer & les porter tous flambans à la chalouppe pour faire bien chaufFer le borclage , quand un fagot eft bruflcon en allume un autre tant qu'elle foit bien chau- fée , & pour lors on a du bray dans vn grand pot de fer que Ton fait bien chaufFer ^ ce bray c'eft ce que les joueurs de vio- lon appellent colofhanne dont ils frottent leur archet , le- quel eftant bien chaud Tony met deTliuilede poijÛTon pour le rendre plus gras & empef- cher qu'il ne s'écaille quand il eft fec ^ le bordagc eftant bien chaud Ton a un bouchon de lai- ne emménché au bout d'un ba^ ton que l'on appelle un guipon. Ton le trempe dans cette chau- dière où eft le bray que' Ton em- ployé le plus chaudque l'on peut. Mi ^ I \r de l'Amérique Septentrionale .itt & l'on paflc ce guipon par deflus hs coutures &le bordage mêmc^ afin que le tout foit bien brayé, cecoftë-là eftant fait l'on tour- ne la chalouppe pour en faire^ autant de lautre cofté, eftant bien brayée l'on travaille au de- dans de la chalouppe , les intcr- vales qui font entre les toutes font feparez les uns des autres par des plâches ou douves de ba- nques , que Ton cloiîe d*un bout aux toutes ^ & Tautre bout cft cloué au bas delà chalouppe à une barre de bois qui travcrfe le fond, & cette (eparation s'a. pellent rums , chaque pefcheur en a deux , dont Tun fert à mè- tre la moluë I mefure qu^'il k pefche , & Tautre luy fert de pla- ce à fe mettre pour pefcher^ ijuand fôn rums eft plainTôn le 13 z mftoire naturelle vuide dans cette grande efpact qui eft au milieu de la chaloujk- Î)e qui s'appelle le grand rums , es autres pefcheurs vuident auffi leurs rums dans €e grand quand il eft plain, 6cles petits ceft lors que Ton dit la chalouppe eft chargée , Se pour lors elle a bien cinq à fîx cens de moluë. Il faut encore des fargues à la chalouppe pour eftre toute prcfte a aller en pefche, ces far« gués font une bande de toik forte bien gaudronnée d'envi- ron un pied de largeur, que Ton cloue fur le carreau que j'ay dit que Ton mettoit par deflus lé haut du bordage 5 cette fargue fe cloue par vn bord tout au- tour de la chalouppe , & lelon<^ de l'autre bord de la fargue il y a des œuillets par le moyen deC de l* Amérique Septentrionale. 135 quels on y attache avec des fils de carrets une perche de cha- que cofté , qui va d'un bout à^ Tautre de la chalouppe , fi une perche ne fiiffit on en met deu5f ou trois jil y faut encore des bois ronds ou carrez d'une demie braflè de long que Ton fourre en tre le bord de la chalouppe 6c cette lifTe fur quoy portent les baux^ces bâtons paflent au deC fus du bord,de la chalouppe de la^^^ largeur de la fargue, &font àde- mie brafle de diftance les uns des ' autres, & p/ercez par le haut pour paffer une ficelle qui eft atachée a cette petite perche de la far^ jue qu'on levé, & dont l 'on ne fe lert que quad les pefcheurs trou- vent mauvais temps en mer, ou bien quand la chalouppe eft trop chargée , pour lors l'on met ces 154 Hifioire naturelle bois & Ton levé les fargues par le moyen de ces petites cordes qu'on lie & qu'on arrcfte en fui- te a ces bouts de bois appeliez cfpontilles , par ce moyen la far^ gue fert d'un bordagc qui em- pefche Peau d'entrer dans la chalouppc ,& après que la pef« che eft faite on ofte les fargues des chalouppes qu'on laifle dans le païs , ceux qui s'en fervent l'année d'après font obligez d y ^djoûter ces fareues ^ pour les rendre d'ufagc à la pefche , ou- tre le radoube qu'on eft obligé d^y faire félon l'eftat où Von les trouve. * û de l'Anicri^ue Septentrionale 13J Chapitre VIII, l)e la di^ibution qui Je fait des chaloHppes aux Alaises Pejcheurs &du moyen dont onfefert pour les mettre en feuretê pendant la nuit. POvR fçavoir qui montera les chalouppes à mefurç qtfilyen aura depreftes, tous les Maiftres de chalouppes ti- rent au billet , dans lequel eft écrit , premier , fécond , troifîc^ me , ainfi du refte : celuy à qui arrive la première , prend la. première appreftce par les Charpentiers, ainfi des autres chacun en fon rang : ce font les ! 13 6 Hifioire natu'/elle Maiftres Ôc leur équipage qui font les rums , les fargues , le maft, Scia vergue, pour la y ou le , les ains , les plombs , les lignes, tout cela eft apprefté pendant le voyage ainfi que j*ay dit 3 ce choix par billet fe fait pour éviter la difputei(|^ querelle entr*eux afin qu'ils ne fe puifïetat plaindre fi l'un a une chalouppe meilleure que l'autre , parce que lés Charpentiers accommodent d''ordinaire toutes les meilleures les premières y ayant moins de travail à faire , ôc afin qu eîles puifTent toujours aller en pef- che pendant que les autres s'ap- preftent , 6c à mefure qu'il y en a une accommodée , celuy à qui elle appartient met tout fon e- quipage de pefche & tous fés iicmmes demefme, &c puis s'en vont de 1^ jifneriqui Septentrionale. 13-7 vont en pefche, leur poiflTon s*iia bille comme j'ay dit Gy-devantj j'en feray le récit amplement Jors que toutes les chalouppeç feront en eftat & que îe travail fera achevé. Maintenant il faut travailler à mettre toutes les chalouppes en feureté lors qu'elles revien-r nent le foir de la pefche , crain- te que le mauvais temps ne les furprcnne la nuit, ce qui les {)ourroit faire perdre j pour cc- a on a un câbleau gros com- me le bras ou plus félon lagran^ deur du navire, car il le faut plus fort ayant plus de chaloupJ pes qu'à un qui en a moins : De ce cable on en porte un bout a la mer le plus au large que V on peut qui eft de toute fa lonJ gueur, il eft amarc ou attaché i M m . f4 i 13? Mifloire natureïïe une bonne & forte ancre que Ton jette au fonds de la mer^ puis Ton prend le bout qui eft à terre que l^on ha fie ou tire à force dlxommes^ 6c s'ils font plufîeurs navires en un mefme îiavre ils s^èntr'^aident les uns les autres : ce cable eftant bien roi- dy 1 on le tourne autour d*un pieu fort gros qui eft enfoncé bien avant en terre, ce bout là tftant bien amarc l*on met en- cote un pieu au defTusdc eeluy- îâ à cinq ou frx braffës qui eft encore bien enfoncé en terre ^ & à ce pieu-là I*on amarè un autlre cordage qui tient à la tcfte \ car d^'une barique de vin Ton ea fait quatre & quelquesfois cinq ,, fans autre rrdracle que de l*eaUy elles font à l'abandon chacun en prend tant qu'il veut ^ le Maiftre.valetale foin de cette multiplication œconomique, & les garçons vont quérir Keau em une ciialouppc avec des bari- ques , quelquesfois loin ,. quel- ./ ji44 Jiiftoire naturelle quefois prës/elon que la fontai^ ne eft htuée : c'eft là toute la provifion que les pefcheurs ont tous lors qu'il vont fur le fonds ^ qui eft le terme dont ils fe fer- vent pour dire aller à la pefche. Le lendemain dés la pointe du jour on les fait lever , ils vont prendre les chalouppes du Vaf tu Vienf-tu pour aller aux leurs qui font amarez fur ces boyons^ yeftant embarquez ils mettent à la Voile , s'il y a du vent , car ils vont où le vent les porte , ou bi,cn s'ils ont deflein d'aller en quelque endroit , ils rament au vent3 d'autrefois qu'il n'y a point de vent ils vont tous a la rame, ils n'ufent point de ce mot , c'eft aller à la nage ^ ils difent qu'il n'y a que les galériens, qui tirent à la rame , il n'y a guère de ha- vre de îkmeri^ue Septenirhnale. 145 vres où il n'y ait plus d'un navire, 8c tous les matins Ton void des trente, quarante 8c cinquante chalouppes à la voile ou à la na- ge dont les unes vont d*un cofté^ 6c les autres d'un autre j chaque Maiftre de chalouppe eft libre d'aller où bon luy femble , & où il croit trouver plus de moluë 'y lors qu'ils font à une lieuë ou une lieue ôc demie ils amènent leur voile bas ou ceflent de na- ger s'ils vont à la nage : ils jet- tent la ligne hors toute aboît^ tée, c'eft à dire avec la moluë ou apaft qui eft pareille à celuy du grand Banc , à ^exception que la ligne, l'ain & la boitte ne font pas (î gros icy. La* ligne eftant jettée s'ils trouvent de la moluë.qui morde à l'hameçon , qui eft l'ain & la N 14(5 y Hifiùire réaturelle boitte enfemble , pour lors tous ceux de la chalouppe jertent leurs lignes , & le Bofloin qui eft celuy de detant jette le grap^ pin à la mer,c*eft fa charge ^ a- prés cela ils travaillent à tirer la moluë haut tant qu'ils peuvent, >& ont chacun deux lignes , l'u- i^ d'un bord de la chalouppe & Tautre de l'autre , fi-toft que la moluëefl haléehaut on la dé- croque de Tain & on la jette en fonriiin comme j*ay dit cy-de- vant , & (î la boitte eftoit em- portée^ il yen met preftement d^utrCj qu'il prend aans le gau de la mol'ië -, s'il y trouve quel- que chofe qu'il ne foit coniom- mé il le met à la pointe de fon ain , puis rejette la ligne on la mer, pendant qu^elle va au ÎFôhds il fe tourne à l'autre bord h de Pkmniq, Septentrtûnale. 147 ^ haie l'autre ligne s*il y fent une nK>lu8 prife, te qui manque rarement : tant qu'ils trouvent du poiflbn ils ne bougent pas de là , tous les autres font dé mefme, quand le rciflùn leut manque ils lèvent le grappip & vont en un autre endroit, mais quand la moluë donne, c*eft un plaifîr que de les voir agir des bras 8c du corps , comme ils* fe tournent d'un oord fur Tau^ tre y ils ne font que tirer la li- gne & au mefme temps la rejet- tent,car elleeft bien-toft décro- quce^ & il eft bon de fçavoir que les lignes font amarces fur le bord de la chalouppe , & ne peuvent aller jufques au fonds,' il s*cn faut toujours une bonne braflfe que Tain ne touche à ter- re, ôc deux brafïes pour le plombJ >T ij # j^g H tfioire naturelle. ils travaillent à lenvie, c*eft à qui en haîera le plus , ils ne re^ viennent point que le foir. ^ En attendant leur retour, voyons ce que font ceux qui font à terre , le Capitaine va vi- fîter (es vignaux, regarde s'ils font bien faits , s il y a aflez de branchages deflus , s'il en au-, ra fuiïîfamment pour cparer çout fon poiflbn ( c'eft à dire l'é- tendre aQ{(\xs ) s*il croit^ n'en pas avoir aflez & qu'il ait enco- re de la place de refte, il donne ordre pour en faire encore ^ il vifîte la grave , regarde fi elle eft bien accomodce , le Maiftre de grave eft avec luy , fi luy mefme ne l'eft, car beaucoup font l'un éc Tautre : ils vi/îtentles boyars, les clayes, & tout ce que j ay npmmç pour Je fervice de terre , ^ti T^^I^H^^^V-' ^•Us trouvent qalny tomentde jo«t^J^ ^^^ « temps de s a"™"' ^g la rlans le commencement ac r u« «n'il fl'v a pas encore P'^'t%^de Aë pefchée, ih nombre de momc y^ ,..„^ii\er Xnt\u bord du na^re .v« -ïî%tefdsr. S^td^^cVdtnrceUps-là.les ^tte\«sKl«g«ff,r;«.^, I jo * Hifi^re naturelle chargée on la mené à terre perh- dant que 1 on charge l'autre, fl leur feut bien cinq ou fix voya- ges de chalouppes pour emplir [a ialine. Lors que lé^ fonds ou l'ancrage permet que le navire foit proche.de l'échafFaut, il n'y demeure perfonne , ny nuit ny jour l'on n'y va point que l'on n'y aye affaire, mais lors qu'il eft ancre loin de Tcchaffaut l'on y envoyé coucher deux ,trois, ou (Quatre matelots pour le garder. Pendant que IcCapîtaine 5c le Maiflre de grave font leur vifî- tes & donnent leurs ordres pour tout ce qui refteàfaire, & que la iàline s'emplit de fel , les pefcheurs qui ont fait îeur de- voir fur le fonds paroiflènt à la voile y qui eft environ les quatre heures du foir qu'ils commen- cent à lever le 5^\L, faut au «e ^ ^* Twe 6c demie & moins ^ une heur . ^sfois deux be«'^^^ Ae deffus le fonds «^^^îTrtfeîorqWsenfont de fi^ ulî^nuope arrive a l e-- ^■^''^ ^^ts aStres fuiventqui chaffaut lesau" .^l,eure, arrivent à pre de ^^eure £C de trois f^^'l^^^ ils fe fuirent quelqvaesfois plus,^ ^ , i^ ^^""'^dfaXget lés uns k. ^'"^1^' Lantmol^s quelquefois autres , ^^"fZviX ou trois i 1» ilyen*'^"!^trarrivéeam^^ fo s î i«Pr"''!!\ cette <)<»»*« la mer , 8^ "^^; ce pointe , o^ tout autour dt-^ttc^ f m iyï H ifio ire naturelle les pefcheurs jettent leur poif- fon deflus à mcfurequ'ilsarrivent pour décharger la chalouppe, &pour le jerterhaut ils ont un trc ou daguet qui eft une poin- te de fer longue d'un demy pied ou environ qui va un peu en courbant vers la pointe , il eft enimanché au bout d'un bafton de quatre à cinq pieds de long , ils mettent ce fer en la tefte de la moluë & la jettent en haut5 fi la moluë eft trop grande & qu*unhommenela puifle met- tre fur réchafFaut , un garçon qui eft deflus a une gafFe , c'çft encore un fer qui eft crochu , de la erofleur d un doigt, pointu d'un bout , & l'autre qui eft af- fez long pour amancher au gros bout d'une grande perche , que '"^e garçon qui eft fur la pointe de 'de Pj4meri^ue Septentrionale, i jj réchafïaut donne à la chaloup- pe & tient toujours le petit bout : ceux de la chalouppe paG fent la tefte de cette groflè mo^ lue dans le croc de cette gaffe^ & celuy d'en-haut la tire à luy j il y a quelques-fois des moluës fi grandes qu^à peine deux garl cens les peuvent-ils niettrent haut.Quant les Maiftres de cha- louppes habillent, ilsnes'amu- fent point à décharger , ils vont viftement quitter leur equipa- ;e de pefche à la refervc àm )ottes, pendant que les arimicrs &les boflbins déchargent leurs chalouppes , ôc fî-toft qu'elle eft dé^argée Tarimier monte fur réchaffaut pour aller au tra-» vail,&le BofToin ofte fa cha- louppe de làj^nour faire place a une autre qui en fait autant^ ty4 Mifioire naturelle & va auffi-tôft Tamarer àccca.' ble au boyon , là il lave & net- toyé fa chalouppe le plui pro. prcment qu'il peut , fur tout les baux que la moluë engtaifle , & qui deviennent iî gliflans qu'on pourroit tomber en marchant deflus s*ils ne les dégraiflbient à force de les laver & nettoyer; cela fait ils fe repofent en at- tendant que Ton les aille quérir tous enfemble avec la chaîcup* pe de fervice , à moins que quel- <|u*une de celles qui reviennent de 'a pefche ne les prennent en pafTant quand leur befogne eft faite. jietkmeriqui Seftgntrionalc, 155 Chapitre X. J)e la manière d'habiller ^ far- ter là moine, défaire t hui- le qui s'en tire , & comme on apprefie les rabbes, a que cefi ^leurufa^e^^ç. DEs lors qu'il y a deux ou trois chalouppes déchar- gées , qu*il y a Cl u poifïbn fur cette pointe ou av^nt-bcc , & des Maiftres de dbalouppes 6c des arimiers â PéchafFaut-, cha« cun félon fa charge commence â fe préparer pour aller a Tétai ^ c*eft prendre (à place autour de l'étably j pour cela les habil- leurs commencent par leurs 1^6 Hiftoire naturelle coufteaux, qui leurs font fournis par leCapitaine^ils les aiguifent, & leur éguflbire , c'eft un morceau de bois p it de quatre doigts de large ^ Je trois d'é- peffeur & long comme le bras, furquoy ils mettent le marc d'u- ne meule à éguifer ^ ce marc ce fait par le moyen des Charpen- tiers , qui à force d'aiguifer leurs feremens fiir une grande meule de pierre quis^ufeaforcedefer. vir, & ce qui s'en mange tombe dans l'auget où eft l'eau j ils ont foin d'amafler cela , & mefme quelques - uns en portent de France avec quoy ils affilient leurs couteaux qui couppent comme 6,t% rafoirs , ils en ont deux chacun 5 dés qu'ils font é- ^uifez ils mettent un grand ta- belier de cuir qui leur prend au del'Ameriq. Septentrionale. 157 deflbus du menton, & va ju(- ques au genouil , ils ont auffi deS manches de cuir ou de toile go- dronnee 3 en cet eftat ilsfe vont mettre en un baril qui leur vient jnrgues à my euifle , ces barils- là font entre ces petits cofFrets qui tiennent à Pëtably donc *ay parle cy-devant, ils mettent 1 eur tablier en dehors ou par deflus ce baril pour empefcher l'eau Je fang, & autres vilenies d*y entrer. Voila les habilleurs )lacéspreft à bien faire , mais il eur faut un picqueur Se un dé- coleur à chacun , lefquels ont aufli unt grand tablier & des manches comme les au très, mais ik n'ont point de barils , outre cela ceux de mer ont leurs bot- tes qu'ils lie quittent que pour dormir j ceux de terre qui fonç 158 Hifioire naturelle ce mctier-là , n'en ont point, le dccoleur n*a point de coû. teau , mais le piqueur en a , dif. ferend de ceux de rhabilleur , celuy de l'habilleur eft quarré par le bout, ik fort épais par le dos pour luy donner de la pefan« teur y afin qu'il aye plus de coup à couper l'arefte de la moluc , celuy du picqueur eft plus long & pointu, la pointe en arorfdil- fant du coftc du tailland , les pi- queurs & dccoleurs font de l'au- tre coftc de l'étably proche la cloifon qui eft du coftc de la mer, joignant cette pointe où Ton décharge la molui , eftans tous ainfî diipofcs , les garçons & d'autres encore, font fur cet- te pointe de l'cchafFaut avec leur trc ou daguets, avec lef- quels ils picquent la moluc dans de l'kmeriqne Septentrionale 159 la tcfte , U pouflcnt proche de l'ctably par dcflbus cette cloi- fon ou pignon que j'ay dit cy* devant , où l'on avoit laiflc une ouverture d environ deux pieds de haut-, l'ayant pouffce là, d'au- tres hommes qui font entre les piqueurs 6c dccoleurs prennent k moluc , la met>*ent Fur Téta-. bly proche du piqueur , qui au mefme temps la prend luy cou- pe la gorge , puis luy fend le ventre jufques au nombril , qui eft proprement par oii elle jfe vuide , puis pafïe fon coufteau tout proche des oiiyes pour fe- parer un os qui eft entre l'oreille Si la tefte , & tout d'un temps poufïe la moluc à fon voifin le dccolcur, qui luy arrache les tri- pailles du ventre , au mefme inf. tant il met en deux mannes >', :/« m ^<:i Miftoire naturelle qu il a devant luy , dans Tune les foyes & dans Tautre les rabbes, qui font les œufs de la moluë , & plis tout d'un temps il renverfc la moluë le ventre fur l'étably, & prend la tefte à deux mains , la r en ver fe fur le dos de k mo. lue ôc luy romp le col, il prend k tefte d une main la jette dan^ un trou qui eft à fes pieds par où el- le tombe dans la mer , & del'au. tre main pou fie la moluë à Tha. billeur, qui la prend par To- reilleavec une mitaine qu*il a a la main gauche , autrement il ne la pourroit pas tenir ferme, luy pôle le dos contre une tringle de bois de la longueur de la moluë, cpaijGTe de deux doigts,& cloûce vis à vis de luy furTétably , afin de tenir le poifTon ferme & Pem. pefeher de glifler pendant Pope- xation i ie h Amérique Septentrionale, i^i ration , à caufe de la graifle , ôc- uijavec fon couteau décharné c gros de 1 arrefte du cofté de Toreille qu*il tienta la main, OC commençant à Toreille & ve- nant jufques à la queue , & au mefme temps donne un coup de codtcau fur l'arrefte & la coupe à l'endroit du nomtril, & puis pfTe fon couteau par deflous larrefte allant vers tes oreilles y coupe toute ces petites arreftes ^ qui fervent de cxi^Q au pôifTon ^ jette cette arrefte derrière luy , & du couteau jette la mûluc dans ce petit cofFret ou aftgct qui eft à (a droite ^ ce cTu*ils font avec une telle dextérité & vîteC^ fe , tant les piqueurs , décoleurSy qu'habilleurs , que ceux, qui ne font autre choie que d'amafier les mol u es ôc Its mettre fur ïé- o i6i Hifime naturelle tably ont peine i les fournir } A cette arrefte qu'ils jette derrière eux fe prend , ce qu'on apjpel. le en France trippe de moluc, que les pefchenrs â|)pellent des noues, qui n'eft autre chofe que la peau ou membrane qui en- veloppe les inteftins , tous 'les poifibtxs en om de mefine les uns plus grandes, les autres plus pecitejtfdom lagrandeur du poif- ion , jc'diray cy^aprés comme ces £»)«€$ fe ïmit & s^accomo- dent. La moluë eftantr habillée ain- fi qd^ je viens de dirCy on la {al- lé, ce qui fe faic fur le mefine ëchaiïaut à couvert de la voilk y le long de ces p^flades de bran- clwiges ,^ quifbttc aax deux cô- tt^ de réchajfl&uir, la faltne eftant au milieu afin que Ton -\ 'de thmwrique SepteritpUnale.% tf 5 fjuifTe prendre le fel plus foci-. cment d'un cofté & de Tautre^ pour cekil y a des hommes qui ont chacun mie de ces brouet- tes , que j'ay d'ccritces qui vont mettre fous ces petits coffrets, puis ils lèvent la coulifle & tou-. tes les moluës tombent dedans d'elles-mêmes à caufe que le cof- fret eft en pente , puis remet- tent la coulifle en fa place^trai- nent k brouette au lieuojÏL Toni iale lamoluc, Ty renverfent Se retournent en quérir d'autres , deux ou trois hommes pren- nent cette moluë par les oreiL lesj'arangêt tefte contre queue,, en font une couche de la lon- gueur qu^ils jugent à peu prés^ pour contenir toute la pefche de cette journée, car pour rendre la falaifon égale on ne nat jau Ma'' 164 Hiftoire naturelle :\ \ mais l'un fur r^utre du poiflbn fallc en diiFerends}ours.,car c'eft une maxime inviolable que tout k poiflibn qui fe pefchc en. un jour a (es; autres façon de fuitte; la longueur de deux molucs mi* les bout à bout fait toujours la largeur de la pille, & la hauteur dépend auflî bien que la lon^ gueur de la quantité dupoifibn qui aura efté pefclié pendant la joutnée & Ton met toujours la peau de la moluë en bas ^ de cet- te première couche eftant ainfî faite de la longueur qu'ik I*ont jugé à propos , le fàlleura une Îjrande pelle toute plate avec aquelle il prend dufel en la ia^ line qui elt derrière luy & en fallelamoluc 5 lefalleur y eft fî adroit qu'encor que ià pelle foit chargée defelil lejettefurcet- de iAmifiq. Septentrionale. i6f te moluc à plus d'une grande braffe de luy,de la largeur de fa pelle fans en mettre qixafi plus en un en droit qu'à l'autre, s'il y a quelque endroit oh il n'y en air pas afiez il y en remet , & n'en fort de defllis fa pelle que ce qu'il en veut mettre ^ cette mo-^ luëfe falle fort peu j quand il y a trop de fel il la brûle , & n'eft jamais fi belle que l'autre , c'eiV pourquoy il faut que le ialleur foit adroit à jetter Ion fel,quand cette première couche eft faite Ton en fait vne autre defïus de la mefme façon , & puis Ton la. falle de mefme l'autre ^ ce qui fe reïtere jufques à ce que tout le poiflbn foit habillé.. Pour cette grande moulucr que j'ay dit avoir befoin d'un homme ôc quelquesfois de deux i66 Hipirt naturelle. pour la mettre haxit avec une gafFe , elle s'appelle moluë de gafie , & s'abille & fe falecom. jne celles du grand Banc ^ c^eft pourquoy Ton ne la mcfte jkis avec l'autre J'on/ en faiit unepiL le a part au bout de la fàline^ ou acoftév&c pour la Êiler oti la couvre de Tel 8c principalement ail haut de la queue ou. le gros os a efté couppé ^ car c*eft U Tendrdit oùeUe fe gafte le plû. toft quand iln*y a pas a£cz de fel, & tout le long de la <|ueuë, s*il eftoit fendu comme lecorps iln*y faudroit pas tant de fel. Voyons à prefent cequehon fait de ces mannes où le decol. leur met les foyes & les rabbes, qui font comme jUy déjà cHtles cfiufs de la moluë j un garçon ou un honunc les vont vuiderà ielUkmniqne Se^énirhnale. x6y mefure qu'elles s*tmplifïent/ça- voir les rabbes fe mettent au bouc de la ialine dans laquelle on fait une petite efpace de vuide oùr Ton les jette , & la on les fille à mefure que l^on les arrange les unes fur les autres^ il n'y faut pas beaucoup de fel, on porte les foyes au cbamier qui eft hors l'cchafTaust ^ & on les y met tous les jours à mefure que la pefche en fournit -, Y^j déjà d'écrit ce charnier , mais il eft bon de remarquer icy que tout ce qui fert à tirer l*huile ^ des foyes s'appelle charnier^ foit preflbir y met , chalouppe ^ ou banques. '^ - Je reviens à nos Bofibins que ; *ay laifïH aller amartir leurs cha- ouppes à leurs boyons qui tien- nent à ce gros cabJe y, après •^ ï68 Hifi(^ire nature tU ' • les avoir bien netroyez ôc lavez^- ilsployent leur voille , la met- tent tout le long d\m des cô- • tez de la chalouppe y arrangent auflî tous leurs avirons,puis mét^ terit leur mafts bas , les corda- ges tour 11 rz tout autour , & puis {jaflcL Iv gros bout qui eft ce. uy d emba^ par defïlis la pre- mière toute du grand rum , qui eft en arrière^ & le font paner par vn trou qui eft fait dans la cloifon ou réparation du grand rum en avant , 8c afin que lepe« tit bout du mâts qui porte fur le derrière de la chalouppe, n*em. pefche point de nager lors qu'il n'y a point de vent , ny mefme à manier les lignes lors de la pefche j Ton a une grofie four- che dont le bout d*embas qui a trois pieds ou environ , eft apla- ty de l'Amérique Septentrionale,! 69 ty pour la faire entrer entre la lifle 8c ie bord de la chalouppe où Ton met ks pontilles ou bâ- tons qui tiennent les fargues , eftant là pofez à l'endroit du petit rum qui joint le grand en arrière, l'on met le maft fur cet- te fourche qui élevé le bout d'en- haiit,en forte qu'il ne peutinco- moder,cette fourche s'ofte&met quand on veut ^ ils demeurent iadans leur chalouppes jufques à ce que l'on les aille quérir , qui eft lors que la fin du travail cefï^ à réchafFaut , un àts gar^ çons avec une des chalouppes de terre les va prendre les uns après les autres, & viennerit avec leur barils & corbillons qu'ils vont emplir des qu'ils font décendus à terre, afin d*eftre tout preftle lendemain à la pointe du jour P â 170 Hiftoire naturelle pour retourner fur le fonds. Lors que le travail de rëchaf- faut eft finy chacun va quitter fon équipage d'échafFautjd'ha. biliage te de pefche , a la refer* ve des couteaux d'habillage & , àfçavdjjlumaquereau ôcdii ha- rang-5 dans le; commencememil s*en pêche per,5cce qu'il y en a le Capitaine les partae;e le loir aux chalouppes de pe/che . après que Ton a quitc Tétai , c*eft à dire que toute la moluë eft ha- billée,falée, les foyes ôc lesrabes m de t Amérique Sepientrionale.iy^ ferrez , Zl que tout le travail de h journée eft £^it , cJ^^que cha- iouppfî 4 » :^ parfois, des quinze^ vingt ^ trente, & que^ues-fois plus ou moins de cepoiilon félon qu'il donne , c'eft pour faire la boitte de leur ain , qui eft garny de tripaille de moluë plus gros que le poing , 6c fur la pointe de Tain Ton met un morceau de maquereau ou de liarang , qui jette un certain éclat dans Teau après lequel la moiuc court dés^ qu'elle le voit , cajr elle eft friaifc:^ gj^ parce rthfm les p^càttti^' font meiUaiBe pifçl^jp^^ là moluë eft extrêmement gour- mande Se fe mançe l'une l'autre^ & n'eft jamais faoule,mais cet éclat fait qu'elle y court plûtoft qu'aux autres rencontres de poiflbns qui fe prefentent devant ijiHfi -m: y .%: y;:^}f^^0';i- ,. V m' h igo H ifioire nature lie elles, & fi par hazàrd une pe^^ tite moluë court à l'ain bc qu'el- le le prenne , Se qu'une grofle moluë l'apperçôive elle engou^ lera la petite moluë avec Tain , ce qui arrive afîez fouvent / & meunc une grande moluë com- me celle de gafFe,auoy qu'elle foit prife à Tain à la mâchoire d'en haut , & que le pefcheiir ne le hafle pas aflèz prompte- ment , (î elle rencontre encore une petite moluë elle l'engoule en chemin faifant , & fouvent jl fe rencontre des moluës eife^ *| haflceshâut, de la gueule dell quels fortiront encore les queues étQs moluës qu'elles n'auront peu achever d'avaler. Comme la moluë eft gourmande , auffî a- elle la propriété de revirer fon itomac^que les pefcheurs appeL .a àe l'Ameriq. Septentrionale. i8i lent gau, & quand elle a quel- que chofe dedans qui rincom- mode elle le fait revenir à la gueule, comme qui tourneroic là pochette , & puis la remettre, & par ce moyen jette tout ce quejle^ie peut digérer, ou qui l'incommode 5 pour preuve de cela , c'eft qu^il y a des molues qui avalent Tain ôc Tapaft fi gou- lûment que Pain entre dans leur gau , les pefcheurs appellent cela eftre engottc, 8c de celle-là qui font engottces , il s'en ren- contre qui ont leur gau a la gueule , tout devirc ou retourne lors qu'elles font haut, & e*efi: qu elles vouloient vomir Pain qui les incommodoit , mais il n'en fort pas comme une autre chofe qu'elles ont avalé. .. Revenons à nos nwquereaux. •:-L %! •Hm i8i Hiftoire naturelle lors qu*ils viennêt à la côtc,ils ne voyent goûte, ils ont une mail, le fur les yeux qui ne leur tombe cjue vers la fin de Juin , §c pour lors ils voyent & fe prennent à la ligne , en ce temps -. là tout le monde en mange: car quoy qu*ils voyent ils ne laifîènt pas de fe E rendre la nuit aux filets , &: a- >rs Ton n'en donne plus aux pef. cheurs , ils en prennent tant qu'ils veulent, en allant fiir le fonds le matin , 8c le foir en rc* venant , avec de petites lignes que Ton porte exprès pour cela, & le Capitaine en donne une à chaque pefcheur, 8c des petits ains.j pour la boitte on y met un petit morceau de la peau de molucdela largeur 8c longueur du petit doijBjt , ou un petit mor- ceau d'étoffe rouge , tout cela rt ^:. de t Amérique SeptentrionaU.i%i c'eft manque de maquereau, dont Ton prend une boitte de la mefme longueur 6c largeur que Ton couppe du ventre , & qui eft la meilleure. Pour bien peC chel-l^ maquereau il faut que la chalouppe aille à la voile ou à la nage,pour cela ilsamarent la li^ gne fur le bord de la chalouppe , car ils ne la peuvent pas tenir à la main comme quand Ton va à la voile ^ lors que le maquereau mord à l'hameçon ils donnët une fecouffe à la Iigne,il y a quelques matelots qui y mettent un gre-» lot ou fonnette pour avertir, les autres fe contentent de la fe- couffe que le maquereau donne 5 fi-toft qu'ils Tapperçoivent ils mettent le bout de leur aviron foLiS une de leur jambe,& haflent la ligne 6c décroquent le maque- 1^4 m poire naturelle • reau & rejettent k ligne en mer, qui n*eft pas long. temps fans en prendre un autre -, ils vont toujours prenant da maquereau, tant qu'ils ibient fur le fonds, & pour lors ils ne manquent pt>int de boitte ny de faire bonne pef che de moliië. ChA' de l'kmeriq. SeptentrionaU. îgj ^MW ChapiT're XII. te départ desAIaifires des cha^ loHpfes pour aller fur le fonds^ ^ ce qui sy J)rati(iHe. ZVx- flication du marigot^ l'avan^ tage des pefcheurs. Qe que e^efi que degrat , comment il fefait, la caufepourquoy;^ autres raijons Jur le mejme fait. LE lendemain dés la petite pointe du jour , le Capitai- ne Se le Maiftre de grave réveil- lent tout le monde.chacun va à fon travail y mais pour ce^x^dè^ • • y>% IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l ui m |25 2.0 1.8 ^|J4 m 4 6" — ► V] <^ /2 /: '/ Photographie Sciences Corpol'ation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 é a>^ V iV 'our porter le fel du navire à 'ëchafFaMt, Ion le charge de fel ic de planche pour faire un étably fur des banques , que Ton porte auflî -, la chalouppe porte du bruvage , du pain, &: tout ce qui eft neceffaire pour rhabillage du poiflon^il y va auf. Il une partie du mo: le de terre pour cela^avec le pilotte ^ eftant arrivé au degrad l'on décharge tout à terre , &: pour coucher le monde on fait une petite ca- banne à la hafte que Ton couvre d'une voile portée exprès^ Ton accommode les planches dont Ton fait un étably fur lequel l*oa habille le poiflbn comme à Té-. chafFaut, on le fale de mefme ; chacun fe met au travail après que les pefcheurs font venus , Se R "■MP» 1 I i - I .'1 it à "h 194 mfioire naturelle un garçon prépare le fouper pendant que l'on habille le poif- 10 n j ayant achevé ils vont foupé, & puis fe coucher , les boflbins vont auflî remplir leurs barils ôc corbillons pour partir le lende- main du matin , pour retourner à la mer à l'ordinaire . Le degrad durera quelquefois huit, dix, ou quinze jours avant que lepoiflbn aille en un autre endroit , tous les pefcheurs font fujets à ce degrad 3 s'il y a plu- fîeurs navires en un havre , ifs ne vont pas toujours faire ce de- grad ci'un mefme cofté, cela dé- pend de la fantaifîe du Capitai- ne s*il a de l'expérience , ou bien félon que les anciens Maiftres de chalouppes luy confeillent , qui difent la bonne rencontre qui leur cft arrivée en cette mê- ~^ ce l'Amérique Septentrionaleli^^ me heure, ayant cfté obligez de faire ^egrat -, il y a bien du ha* zard à cela , à moins que d*avoir une grande routine à la pefche ^ &: avoir bien fréquenté la cofte ^ ic tous les havres où Ton fe pla- ce pour faire fa pefche , car la moluë ne va pas tous les ans d'un mefme coftë ^ celle qui fera une année fur une batturc, la depeu. plera par le grand nombre qui y vont en bande , ainfi Tannée fuivante elle eft obligée d'aller chercher une autre batture^où la moluë n'aura pas donné Tan- née d'auparavant ^ il y a encore le maquereau & le harang, qui {^rendra une autre route queceU e de Tannée paflce , cela vient quelquefois des vents qui ont régnez Thy ver , . ou de la fardi- ne , de Téperlan , du lançon ôc R ij ; I ! ! 'Ijk 'f » 796 \ ^Hiftoire naturelle /^ ^i^ autres petits poifTons qui vien*. nent au Printemps jettcr leurs œufs à la cofte, qui avancent ou retardent félon THy ver , ce qui eft la nouriture du maquereau ou du harang , 8c le maquereau &:leharang eft celle de la mo. lue -j j'ay remarqué plu (leurs fois que où donne ce petit poifTon le Printemps, que la pefche y eft toujours meilleure que aux au- tres endroit -, j*ay fait encore fur cette pefche beaucoup d'autres remarques que je pafleray icy fous filencepour n*eftre propre qu*aux pefcheurs en faveurs def- quels je n*ay point entrepris dé^ crire tout cecy , puis qu'ils en font ou doivent eftre fuffifamr tnent informez. C- ! 4 I de lkmefiqu9 Septenirionaîe.i^j 'i* G H A^P rTRE XIIL'jqr. ;[ '^i ce que ton en' i fait; la ma-^ ni ère de- laver fa n^olue 0* de la mettre en ^-^//^zr^ ; 7e qui ont quatre groflcs mèches CBti nombre fuffifant pour : éclairer par tout le dedans de réchafc tout , mi^is à l'érably ^ ils onti de gtos tiions de Dois cbieaf fec , & au bout d'enîbas du tt^j zôn on fait trois trous en triah. gle , oà on met trois chevilles^ qui /ont un pied pour le . tenir» debout, le bout d'en haut s!a- lume , & tout au deffus on met unfabot plein d'huile, il y a un petit trou au bas par où. Thuile: ■I de l' kmrique Septenlfionale. 105 tombe goûte àigoute fur le feu du tizoïi qui Pentretient tou- jours flambant, qui rend plus de lumière qu'un flam.beau , il y en a deux ou trois de la for- te fur l'ctably : Comme le tra- vail eft de longue durée , le Capitaine fait apporter du vin pur, leur en fait boire un ou deux coups au plus , autrement cela les gafteroit : quand ils fortent de là pour aller fouper ils font fi fatiguez qu'ils s'en- (forment en mangeant , quoy qu'ils ayeriit bpn appétit -, je croy que Ton ne doutera pas de cela , eflant d'âge pour bien manger , & mefme après tout cela ils ne font pas fî- toft couchez que Ton les fait lever pour aller fur le fonds: ceux de terre fe lèvent aufïi h ^^11^ i :5j li .i t ;J ï :| :ê ïo6 Mifioire naturelle matin , mais ils attrapent fur le jour quelque heure pour re- pofer. I âelkmeriqui Sepuntrionale.xoj Chapitre XÎV. Du travailde terre qui Je fait 2 laver la molùé\ la porter à la galaire, aux vitaux ^ a la ^ave , la tourner c2r r^- tourner^&la mettre en pi^^ le. TL faut maintenant faire tra- X vailler ceux de terre -, eftant levés la première chofe qu'ils font tous les jours eft d'aller à réchafFaut prendre la pille de moluë qui eft à laver, la porter à Teau dans ç^ timbre , la laver ôc de là la porter à la galaire : il y en a aufli tous les jours à la ga. .» r in ,_ ri ii I 1 : M *^r 108 ' Hiftoirt naturelle kire qu'il faut porter fur les vi- gnaux : celle-là fe charge fur d'îs boyarts , on la porte aux \ laux : ceux qui la portent l'a- rangent fur les vignaux queues contre tcfte , la peau en haut : quand un vignau en eft tout cou- vert on commence à en mettre fur un autre : quand il eft que- ftion de porter le boyart il n'y a perfonne d'exempt, ny mefme le Capitaine, fi ce n*eft quelque vieux Capitaine qui a eu côman- dement 6c qui a veu le loup : pendant ce temps- là ceux qui ont de l'eau de vie en boivent un petit coup à la dérobée fans perdre leur rang , ayant demeu- ré comme cela jufques fur les neuf heures que ]$, peau a eu le temps de fecher , on va la re- tourner la chair en h^ut, &c y demeure f » I V L fmârié/pt SfpiéUn^ale. 1051 jufc|l|||irur les qurtre le Von la va retournei; peau en haut pour pafïer ain« il la nuit : on ne laiflè jamais la chair en haut pendant la nuit ^ à caufe de l'humidité : cela fe fait tous les matins ^ la laver , la {)orter fur la galaire ^ de la ga- aire fur les vignaux , & toute la moluc qui eft fur les vignaux ^ tant celle du jour que celle des précédents, on la va retourner la chair en haut tous les matins,fur les neuf heures ou environ , que le Soleil a eu la force de fecher la rofce & rhumidité d^ la nuit , Se on la laifle ainfî environ jufques fur les quatre heures après midy, fi ce n'eft qu'il arrive de la pluye ou apparence de pluye : car de puis que la moluë a efté une fois mifç au fcc il ne faut plus qu'eU S fîlfî ' ■•I !l S M»' ; 1 it H ■■,: i 1 1 le fMOilte , êdftefrne tontinuë on la lâifle toi rau en haut ^ 8c celte qui eft f^# eaiaire y deftieure auffi ^ di celte qui tk au fet fans la laver , il arrive quelquefois des fix, fept tl huit jours fans que l'on puilie mettre fur des vignaun , laver ^ ny retourner 5 quand cela arri- ve , qui eft rarement , la motuS court grand rifque de s'échauf- fer ^ & fi cela arrivoit cm feroit obligé de la jetter ^ Ôc mefme quand cela arrive pour deu^ ou trots }ours la moluë n'en eft ja- mais fi belle & eft quafi toujours €Îe rebut à k vente , dont il faut cîonncr rfeux quintaux ou deux cens pefent pour un. Quand ceïle qui â eftc h pre- mière mîfe fur îes vignaux côiW- mence d!*cflre un peu fecltie , de f^ tAmiriq. SefUintrUnale. m qac le Maiftre de grave juge qu'elle foit en eftat aeftre mife en mouton , au lieu de la retour- ner le foir à l'ordinaire la peau en haut^il an fait mettre jufques à huit ^ Se dix âc douze queues contre tefte y les unes fur les au- tres ^ la bafe de cette petite pille n'cftant eue de deux molucs qui s'appellent Mouton -^ on les met ainfî afin qu^elles confer- vent leur chaleur y ce qu'elles ne pourroient pas faire n'eftant que retournées feules ^ en ce que la; nuit eft toujours fraiche qui les humcAroit trop avec le grançt air , & le vent humide qui les prendroient par deffbus fur ces vignaux 5 on augmente tous les foirs ces moutons , jufques à quinze , vingt , & vingt-cinq molucs t quand elles ont eftc *» •• lïi Hi/ioire naturelle mifes de la forte en gros mou-' tons , le foir au lieu de les re- mettre fur les vignaux on les por- te fur la grave pour décharger les vignaux & faire place à d'au- tres, & de deux moutons on» n'en fait qu'un fur la grave , 8c pour lors on n*en ofte tous les loirs de deffiis les vignaux que Ton met fur la grave , &tous les jours on en met fur les vignauxi on en ofte & on en met fur la grave jufques à la fin de la peC, chérie. Ayant ainfî tous les vignaux & la grave garnie de moluc,tous ks matins après l'avoir lavée & porté celle de la galaire fur les vignaux , & retourné toute Pau^ tre la chair en haut , on va re^. tourner de mefine celle qui eft iurla grave, & celle qui y eft^ de^ kmerique SepÊentrhnale. 115 en moutons •on la pare une k une , la peau en haut ^ Se puis on va retouraer celle que l'on avoit apporté de la galerie le matin la chair en haut comme aux autres, en fuite de jquoy on revient faire la mefme chofe qu'on a fait à celle de la grave , qui eftoit en gros moutons ^ que l'on avoir ehoifie & mife la peau en haut y prefentement toute la moluë des vignaux Se de la gravé a toute la chair en haut. Voila le travail que Ton fait tous les jours le matin avant le dîner , je ne doute pas qa*ils n*ayent bon appétit pour y bien faire leur devoir , Se fi pendant le temps du dîné il arrivoit à paroî- tre quelqudiftuage ou il y cuft apparence cÈ pluye ^ il leur faui* droit tout quiter ÔC courir vîtetl li Il m s- (Il t-t ' 214 '" Mifi^n naturetie snentàlâtnoluë pour ta tourner la peau en haut crainte que la chair ne moiliiley cela fait ils i^ont achever leur dîner y & ft ce nuage U ne donne point de pluyeoapeu ^ que le Soleil vien^ titk reparoiftre beau ^il fautqul- tcr fon dîner encore une fois ôc jretouraer mettre la moluë com^ me elle eftoit , oà elfe demeure jufques a quatre heures du fc»ir 6tt eiîtiron. Depuis te dîné jufques à ce ^*^it faille retourner la moluë le Capitaine vifîte par tour^çher- ché s'il n*^y a rien i faire ^ va faire changer fa moluC de gaflfe de ^taée ^ fait rei&Iler la plus vieille felée, la fait mettre en quelqœf endroit de Téchalfeut qu*elle tt'îâcommôde pas , « li en fait ftirtûAc jille y & y denwùjrejufl • <-ni # qœryu w Seffenfriônale. ii j " la faille embar^ fois il fera racôm^ be$ ou oeufs de mo4^ lues qaeion fale tou» les jours à un des bouts de ht faline^ com^ me j^ay dit ^ il les fait lever, de là les fait porter i un coin de l*é* diafiaut ^ au bout du cofté de terre ^ & là les fait refaller , les arrange en pille les unes fur les autres , la pille eftant grolïe il les fait mettre en des banques où on les refalle encore, maà légèrement eflant bien pleines^ on les enfonce & demeurent là jufques a ce que ron embarque toutrÙnc autre fois il vifîtera fe* charniers oh fe fait Thmle^ s*ils font plains il la hix threr &: met. tre en banques q!«i demeure auffi là jufqfjes à rembarque- ment ; une autsefoîsiiÉPx&vatf Il ^ '•{! i,f ii6 Hipire^atâj^v der (es charniers hIw^c^ tir leau 8c le fanefHpRr tcmte la vilannies qui le fait au defïH des foyes qui ne fondent pas , it trouve toujours de quoy s'occu- per & à faire travailler les autres, de cfainte que les havives ne les prennent -, le Maiftre-valet eft au bord du navire pour faire ap- porter des provi fions à terre à mefure qu'il en faut , où ri va chercher de Teau pour faire fon breuvage, il a foin que les 2a.r- jqons fâfïènt ce qui eft de leur charge qui eft d^obeyr à tout le monde en toutes chofes^ & avoir foin que les tabliers des habil- leurs & leurs manches foicnt bien lavées & fechces , que ks couteaux des piqueurs foient nets & éguifez , que Péchaflàut •foitlavé&nctde tous ces os de moluc ^ deTAmeriq. Septentrionale, nj^ moluëqueles habilleurs jettent derrière eux ^ & des tripailles qui tombe d'un cofté & d'autre, que le tablier foit net & bien lavé , la moindre chofe de toitf cela qui manque tous les garçons ont le fouet , il n'y a point d'excufe à prendre les uns fur les autres, d'autres matelots avec le pilotte ont foin d'aller chercher du fel à bord pour entretenir la falinej le Chirurgien travaille à fon jar- din , ou va à la chaflepour la ta- ble du Capitaine, le Maiftre de grave fe promené autour de fes vignaux ôc de fa grave , vifîte fa moluë d'un bord & d'autre , re- garde celle qu'il faudra mettre en moutons grands & petits tant aux vignaux qu'à la grave , vifîte aufli celle des petites pilles, pour voir s'il eft temps d*en faire de ,:! ■i' ' ' î 118 Mifivire naturelle plus grandes , il vifîte auflî les grandes pilles pourvoir s'il y en a qui ayent belbin d'eftre mifcs le lendemain au Soleil , perfon- ne ne naanque d'occupation -, fur les deux heures après niidy ils ont une heure pour collation- ner , prendre du tabac ou dor. mir j comme les quatre heures approchent le Maiftre de grave le Capitaine & le Pilotte font à regarder de temps en temps fî les chalouppes de pefche ne re^ viennent point fî-toft que Ton les apperçoit le Maiftre de gra- ve commence à appeller le mon- de , qund il parle il faut quiter toute forte de befogne & aller à luy , puis il envoyé les uns tour- îier les vignaux, & leur dit vous mettrez cela en petits moutons , cela en grands , celle-là vous la >'ï de Ikmeriq. Stptentrionate. 119 porterez fur la grave & envoyé les autres à la grave faire la mé- nie chofe. La moluë qui fe doit mettre en pille le Maiftre de grave & le Pilotte fe la font apporter par brafTce & en font des pilles , les unes grofles & les autres petites, félon qu'ils juKnt à propos, pendant que cela fe fait les pefl çheurs arrivent à TcchafFaut qui déchargent leurs moluës , & ckacun fe va préparer pour rha- biller comme à l'ordinaire, ry^ Quand la moluë a efté mife plufîeurs fois en gros moutons, f on la met en pitites pilles , ôç une a,utre fois de c^s petites pil- les Toia en fait une plus grande ^ ainfi Ton va tous les jours iÇflt. augmentant ces pillés ,. jufques a ce que la molue foit entiere- Tij i i «' -'■ u * IBP Il ^ 110 Hifioire naturelle tnent feche , dont Ton fait une groflè pille où l'on ne touche plus de douze ou quinze jours , puis l'on la remet encore en pil- le pour un mois ians y toucher, C'efttous les jours la mefme befogne d^habiller 6c faler, tous les matins Taver ôc mettre en pille dans les galaires , des galai- res les porter fur des vignaux , Aqs vignaux fur la grave , de la grave les foirs en mettre en peti- tes pilles^des petites pilles en fai- re de grandes 5 pour cela :1 y a tous les matins des pilles à met- tre flir la grave jufques à ce que la moluë foit bien feche, pour en faire une pille qui demeure un mois ou cinq femaines fans que Pony touche-, au bout de ce tem.ps.la on luy donne en- ^Qrie un Soleil , puis on la remet detAmertifue SeptentrUnate. ni en pille pour autant de temps , cela fe fait de crainte que la pille n*aye pris quelque humi- dite , & pour tenir toujours I0 pôiiîbn fechemônt. ce que , pour [neure 5 fans mtde e en- remet t iij "kf^:,. n ti\ liii Mil i ^1 1 f rà ' ' ■ "■Mis ' 'kl Ai •% mi iii Hifioite naturelle ■*■— 1^« I ■ « Chapitre XV. La manière de faire les filles de moine : tout ce qui sy pratique à l' embarquement, tant pour la molue que vic^^ tuaiiles ^autres cloofes. LEs pilles de poiflbn fe font toutes rondes, c'eft le Maî- tre de grave & le Pilotte d'ordi- naire qui les font j pour cela Ton fait un fondement de roches que Ton arrange les unes contre les les autres tout en rond , de fix huit , dix Se douze pieds de dia- mettre, félon le nombre du poif- fon que Toay veut mettre , elles fe font aux lieux les plus cfle-^ de l'Amérique Septentrionale» iij vez de la grave, & ces roches ne font que pour eflever , afin ique la piue ne nloaille par le clef- fous y enfuite L'on apporte la-mo-. iuë par bralTe a celuy qui fait la pille , il couvre toutes ces ro- ches de moluës tout en rond la peau en bas , puis il met toutes ces brafïès de moluës les unes contre les autres, la moluë fur le cofté tout en rond les queues en dedans , & les teftes en dehors , tellement arrangée qu'une tefte ne paflfe pas l'autre. Se remplit le milieu de moluê à mcfure que le tour hauffe qui eft fait com- me une tour de moulin à vent, non fi eflëvce, feulement pour ce qu'il y a de moluë à mettre en la pille. L'on choifît la grande qui eft pour la couvrir , & cette couver- T» . . • lUJ II!-: -, ' 114 mftoire naturelle ture va toute en pointe comme celle d'un moulin à vent où la moluë fert de tuille ou de bar- derau, arrangée. de mefme les unes fur les autres , en forte que le dedans de la pille ne peut mouiller 5 il y a telle pille qu'il faut une échelle pour la couvrir, outre cette couverture on met encore des voiles defïus pour cmpefcher que Fhumidité ne la pénètre. Quand toute la pefcfae efl fai- te , que les pefcheurs ont quité les lignes, il faut encore du temps pour" faire fecher le der- nier poifïbn , pendont quoy on va au bois chercher des bran- chages, qu^on porte au navire pour mettre par deflus le lefte , qui font des roches ou caillota- gc qu'on met au fonds du vaif- ietkmeriq. Septentrionale. 115 feau pour le tenir en affiete^ & empefcher que le vent ne le puiffe coucher d'un bord ny d'autre , ce qui fait que le navi- re en porte mieux {q% voiles^ Se fes branchages qu'on met def* fus, c*eft pour unir le fonds & f)our le haufïer , en forte que 'eaunepuifTe toucher à lamo^ lue y Ton garny auffi tous les coftez du navire de mefmes branchages que le fonds, afin que la moiuë ne fente point Tho. midité du bord j^tout cela eftant prépare Ton charge le navire ^ pour cela Ton prend de ces gran- des pilles de poiflbn le premier fec , à qui il faut encore donner un Soleil fur la grave de deux ou trois heures , &pourhenle- ver on la met par quarterons de trente-trois raoluës , qui foruz ^ :^p1 tié Hijiùife natureiU cent trente deux molues au cent, c^eft le compte des pcfcheurs à caufe qu*à la vente il s*cn trou. ve de gaffcée & de rompues , & dont on donne deux cens pour un y attendu que c'eft du poifTon de rebut & non marchant, fi c*eft au poids , deux quintaux • pour un y & c'eft pour cela que les pefcheurs font leur cent de cent trente deux , afin de trou- ver leur compte à la vente ^ lors qu'il arrive du decliet qui eft prefque inévitable- Pour l'embarquer^ ctacun prend fori quarteron qu'il porte dans le charoy ^ à faute de cha^ roy Tonfe fert d'une chalouppe, 6c a mefure qu'ils paflent le Ca- pitaine ou le Maiftre de grave eft là qui met une petite pierre dans fon chapeau pour fçavoir "âet Amérique Septentrionale .iij le nombre de la moluê que ion embarque tous les jours ^ pour- vcu que le temps foit beau & fec, car la moluë fe gafterôit fi elle eftoit mottillée ^ & mefme Ç\ elle eftoit humide. Eftant portée au bord du na- vire, on la met entre les deux: ponts pour là donner à ceux qui font en bas , qui Tarrangent fur ces branches cefte contre queue j on commence à charger par le devant ou par le derrière ^ félon la commodité du navire, les unes fur les autres , tant qu'elles viennent à toucher le pont, fie à mefure qu'elle s'affaifTe on remplit toujours le vuide , tant que le navire foit plein de de- vant en arrière ^ à la referve du milieu devant le grand maft , qui eft pour mettre cette gran- « ■-!'■■ .'f m'\ !l 1 ii8 Hifioire naturelle de moluë de gafFe que Ton à falëe au vert. Et la plus belle & la plus grande du fec on la tryeàpart, a chaques fois que Toii met des pilles au Soleil , & cela ce met dans la fouttc , c'eft où eftoit le f)ain ou bifcuit comme eftant le ieu le plus fec , & ce qui refte de bifcuit pour le retour, il fe met entre deux ponts y auflî bien que tout le refte des boiflTons^ vivres, & bagages des matelots. pendant que l'^on fait tout ce- la, le Contre maiftre eft à bord avec quatre ou cinq hommes qui travaillent, à remetre le na- vire en funins , qui eft de re- mettre tous les maneuvres , & cordages en leurs places^mftneuw vres fe font tous les cordages , a- prés cela il accommode ks voi^ de Ir Amérique Septentrionalcit^ les & les en vergue , enverguer e'eft attacher les voiles aux ver- gues. Le Maiftre valet travaille aJ vec les garçons à faire du breuvage pour le retour , & de Veau pour la chaudière , les Charpentiers font à bord pour mettre des aitances ou eftais, qui font des bois de bout, qui prennent de deffiis Iç pre- mier pont à celuy •d'en haut tout le long du navire 6çs deux coftez j c^eft pour em- pefcher que les barriques de vin , breuvage , & l'eau qui fe mettent là n'aillent d*un bord fur l'autre, en cas de rencontre de mauvais temps , on laifïe la place des canons libre pour s'en fervir au be- foin , ôc toutes chofes fe por^ Al •" ià^ -■ ijo Hifiâire natuuUe v tçnt à bord à meforc qu'elles s'^ppreftent & s'arrangent à mé. me temps -, il n'y a que la mo- lue à qui il faut du beau temps {>our rembarquer jôcfitoft qu'eU e eft embarquée, tout le refte eft bien-toft preft, il n'y a plus* que le vent qui les puiue em^ pjefcher de partir , leur eftant cpntraire. Ils n emportent d'ordinaire qu'une charouppe» ils cachent les autres dans le bois , à trois au quatre lieuBs, ou plus Ipia, U où ils croyent que Ton va le moins ^ s*ils y a un étane quel- que part, ils les mettent deaans, ils les font emplir d'eau à force déroches qu'on met dedans, les coullent bas en forte qu^^elles ne paroiflent jon les cache le mieux qu'on peut pour n'eftrç prifés c. de Vkmeifiq. Septentrionale. 131 l*annce fuivante par d'aptrcs pcfcheurs , qui les emmcnncnt d'un cofté & d'autre où ils en ont belbin , & leurs pefches d- tant faites ils les laifïent là ca- chéeSjfî à deux ou trois ans de là ils reviennent , ils les trouvent, finon ils les vendent à un autre , qui viendra faire fa pefçhe en celieu-làp Voilà la manière & pratique de la pefcKe de la moluë feche la plus intelligible que je Tay peu faire , vous excufèrez un pefcheurs : fi j'avois autant em- ployé de temps à l'étude que j-ay fait à m'inflruire & à re- chercher les moyens de fuivre la moluë , & connoiftre les en- droits où elle donne , tant au Printemps qu en TAutonne, &: Q^ eft rçndroit pour y çhar-^ . /• t^z mfioire naturelle ger plus preftement qu'en un autre lieu , je vous aurols don- né plus de r.tisfadion en tout cfi récit que je n*ay fait, \ M Cha- Je t'Antifi^ue Seftentriân4lf.iyy Cha- Chapitre XVL . J^ecit gênerai de la pefche Sc'^ dentaire de la moine ; lespro^ fits (juenom retiré ceux qM l^Offt entreprije ; les avanta* 'es hu'on^ en peut faire i *étamjfemènt ,. fuj^^oje que le pays Je peuple en j en^ voyant des Colonnies. î Apres avoir expliqué le àé2 tail de fè qui fe pratique ^ la pefche du poiflbn fec ou mer- luche, par lespefcheurs qui par-^ rent tous les ans des coftes de France pour celai J'ay pen/ay^ (jii*il ne feroit pas horsîcfe pro^ ^>-à f i 'Il im ii m 1. «"■ '^(h )^a t 'iif m. L^f'f 134 Hijloîre naturelle ' ■ pos de vous entretenir de la peC che Sédentaire du mefme poif- fon^ j*ây nommé ainii celle qui fe peu faire par les habitans ou coiôncsqùiy fèro«t établis ^ 8c )e4:6mmençay à la pratiquer dés le temps que j'entrepris cle m*ha- hituer en la nouvelle France avec le Commandeiir de Ra- iilly, dont j^ay parlé au éom- mencemenc de mon Livre, . & fait çonnoiftre les raifbns qui mont cmpefché d*en faire l*é- tablifïement , mais comme je l'ay toujours jugée avantageu- fe pour ceux qui feroierit fe- dentaires dans le pays : cela m^a donné occafîon d*en parler dans les entretiens que j*ay eu avec plufieurs perfonnes fur ce fujet qui en ont entretenu d*autres 5 ce qui a donné envie a plufieurs "I de lAmifiq. SepuntfionaU, 135 de l'entreprendre , outre que Ton ma veu perfifter nonobftanc toutes mes pertes, à mctablir au pays & y faire des logemens, mais je n'ay jamais»fait connoî- tre comme il fe falloit prendre à rétablifïement , ny par oii i! falloit commencer 1. j*ay feule- ment fait voir des profils fonder liir la pefche ordinaire , afïez a- vantageux pour donner envie d'entreprendre cette pefclie Sé- dentaire. Le premier qui la comment cceaeflcun nommé Rivedou , au cap de fable , qui y vint s'é- tablir aveçfâ femme, fous com- miflîon du Gouverneur de la nouvelle Angleterre : il fît fon embarquement à la Rochelle, il amenna avec luy nombre de pefl cheufs , tant pour la moluiî que Vy -yl' 3^»', .11 II * ,, ^'^ iii *mi m 13 6^ Mijkoire naturelle pour les loups marins , dont la pefche fe feit aux Ifles de Touf- guet^ 8c au cap de fablcoùil fit wn logement ^ envoya fes pef. cheurs en pefche qui ne luy fuft pas avantageufe , auffi y eftoit-il arrivé un peu t^rd : X renvoya fon navire en France porter ce qu'il avoit de poiffon, pour re- venir Tannée fui van te y efperant jpeuflîr : THyver il envoya à la^ pefche des loups marins une partie des hommes qui luy ë- toientreftez , dont il n'euft pas non plus grand profit ^ les An- glois ayant ruiné les Ifles de Toufauetoù lapefehesen fait: l'année d'après fon navire re- vins de bonne heure avec de bonnes viM m ■fi 'I 1ii 118 II f * Ihl «1 I I x5g Hifi^ire ndtufiUê Doublet de Normandie, qui croyoit eftre plus habile que tous les autres : il eft vray qu*à l'entendre parler , il eft capable de beaucoup de chofes ^ il avoit entendu parler de la pefche i des pefcheurs du pais j comme l'on y travaille ^ & ce qui s*y pra- tique : Voila un homme fçavanc par ouy dire, il s'imagine eftre capable d'entendre cette pefche Sédentaire j 1 va â Rotien ^ en parle à plufieurs, 6c ^it tant par fes raifonnemens , qu'il forme une compagnie pour fe venir c- tablir aux Ifles de la Magdelai- ne^ par le moyen de (es afib- çiez , il obtint de la Compagnie antienne de la nouvelle Fran^ ce, une conceffion àts Ifles de k Magdelaine , à condition dene bxK aucune traite ou négoce^ de l'Amérique Septentrionale.!^^ avec les Sauvages : en fuite il fit un embarquement de deux vaif- féaux avec tout ce qu'il crut eftre neceflaire pour leur cta-^ bliflement ^ il arrive à Tlfle per- cée ^ &c apprend* aue ces Iflcs m'appartenoient , dont il ne fît pas grand eftat : il fut à la Mag^ delaine oh il fait fon ëtablifle. ment ^ inet tous lespefchcurs en befogne, Bafqiies & Normandsj tout cela eftant en train d'allçr, il me vint trouver à faint Pierre iflc dte cap breton avec grand équipage ,^ me dit qu'il me ve- noit fîgnifier fa conceilion de la Compagnie ^ il me fît le récit de fon deflèin , les moyens qull tiendroit pour faire valoir fon afïaire , 6c tous les grands pro- fits prétendus : en fuite jeluy de- manday s'il n'avoit point d au- Mil % . m ^^w^ Î40' Mifiérd naturelle^ très moyens que ceux-là , il mé répondit crue cela eftoit infailli* ble, que Ton n*y pouvoir pas parvenir autrement : Je fuis bien aife, luy djs-je,de fçavoir vos in- tentions : je fuis k prefent hors d'inquiétude, je n'auray point la peine de vous aller chaflcr , d'une conceffion que la Compa. gnie n'a peu vous accorder^ puis Qu'elle m'en a mis en poflemon il y a plus de dix ans r dans trois ans vous en (or tirez condamnez aux dépens , ÔC vos aflbciez y perderont tout ce qu'ils y met- tront : je pris congé de luy & le laiflay faire : il en partir au bouc de deux ans comme je luy avois prédit , fa compagnie s'eftant re- butée des pertes où le galand homme l'avoit engagée. Tout ce difcours n'eft que pour faire àe hknuri^ue Septentrionale, làJi faire voir, que tous ceux qui ont entrepris cette pefche y ont perdu , Ôc ces derniers icy fUln ont pas eu meilleur marckc : tout ce qui m'en fâche , eft que tods ces ignorans-là avec leur babil font tort aux autres, & d ordinaire on fe fie pluftoft à ces grands difeurs de rien , qui pro^ mettent quatre fois plus qu'ils ne peuvent tenir, ôc Remportent, fur ceux qui ne voudroient pas tromper , 6c qui cependant ne font pas creus , parce que leur expérience n'eft foutenuë que par leur lîncerité : il faut mentir pour faire quelque chofe., & eftre fourbe pour engager en de nouvelles entreprifes , y faire bien valoir tous les profits & avantages , diminuer les dcpen- fes en forte qu'ils ne rebutent X : '^^;f ■■ 'iipll h i : ■) #'fi ,sv\ I i4t H ifloire naturelle point : & comme il auroit efté naturel de fe deffier plûtoft de lélÉpeu d'expérience, que d'a- jouter foy à leur difcours vains & vagues : il eft auflî vray de di- re , que s'il y a du profit à faire en la pefchc des moluës , &c des moyens pour multiplier ce pro- fit-là -, ces moyens-là feront plû- toft trouvez par une perfonnc confommëe par des expériences de trente Se quarante années, que par ceux qui s'avifent fubi- tement de fe mettre en tefte des chofes dont à peine avoient ils ouy parler , & qui cependant ne laiflent pas d'embarquer les crédules en des entreprifes, dont le mauvais fuccez eft capable de rebuter dans la fuite les mieux intentionnez , & donner 4esdefKançes de ceux qui n'onc de l'Amérique Septentrionale. iji^t befoin que de fçcour ^ pour reufr fir. Revenoni^ à noftrc pefche. Il eft confiant qu'à moins que d'a- voir un moyen extraordinaire pour multiplier la force & Tin- duftrie des hommes , ceux qui iront la faire tous les ans à l'or- dinaire , y trouveront mieux leur compte, que ne feront pas ceux qui entreprendront la pefl chc fedentaire , comme Tont entrepris ceux dont nous avons parlé , attendu qu'on trouvera peu de pefcheurs qui veulent a- bandonner pour cela leur fa- mille qu'ils ont en France , & quand mefme ils le voudroient bien faire , ce qui n'eft pas im- poflîble , en leur y faifant trou- ver leur compte , il faudra qu'ils fbient à charge pendant quatre Xij ^44 Hifioire naturelle ^ ou cinq mois de Tailnée à ceux oui les employeront , & qu'ils demeureront tout ce temps-là à ne rien faire , au lieu qu'en la pefche ordinaire ils ne font pas plûtoft de retour en France qu'on en eft quite , ce n'eft pas qu'ils ne Aiflferit bien aife d'eftre employez , & de gagner toute Tannée, mais cela ne fe peut, ny par la pefche ordinaire , ny par la pefche Sédentaire , corn, meelleaeftc entreprifejufques à cette heure ^il faut donc avoir un moyen par lequel on lespuif- ies employer continuellement, & leur donner dequoy gagner toute Tannée 3 & c'eft a quoy perfonne n'a reûflîjufques à cet- te heure, parce que perfonne peut-eftre n^y a fait reflexion, ku moins n'en avons nous point de fAnieTÎq. Septentrionale, t^^ encore veu d'effets-^ quoy qu'on nous en propofè depuis quelques années ^ mais ce ne font que des projets qui n'ont encore abouty à rien ^ pour moy qui ay eu tout loifirde m'y appliquer, dy fai- re reflexion , & d'éprouver di- verfes fois un moyen par lequel dix hommes peuvent pefcher plus de paiflx)n en un jour, que cinquante ne fauroient faire par les voyes communes &c ordinai- res.^ En la mefme manière que par les machines qu'on a introdui- tes depuis peu , tant pour les bas de foye,les rubans,&lesfoyes,en quoy l'on a multiplié Tindurtrie de* hommes fans en multiplier le nombre. Je croy n'avoir pas tout à fait perdu mon tëps'', bien qu'il ait eftc trâverfé de mille . " Xiij 146 Jrlifioite naturelle difgraces , puis que outre le moyen d'établir feurement la pefche fedentaire, qui eft Tuni- que moyen à mon avis qui la puifle faire reuffir avec utilité : j*ay encore trouvé en cela l'ex- pédient de faire habiter le païs, îuivant l'intention du Roy par les grands avantages que pour- ront retirer les habitans ^ que le gain rendra pefcheurs ^ ôc les pefcheurs que les grands profits rendront habitans , le profit êftant le premier mobile de toutes les conditions des hom- mes : le Roy outre cela y trou- vera encore un avantage très- Confîderable , en ce que la pef- che du poiflon fec^fe faifantà l'avenir avec le tiers moins de matelots qu'elle n'avoit accou- tumé , le furplus ne pouvant àe l*Ameriq. Septentrionale. 147 s'employer qu a la mer , fera obligé de prendre party ^ ou dans (qs armées navales, ou dans les voyages d'Orient, ou d'Oc- cident ^ ou fur les autres navires Marchands , ce qui facilitera le commerce maritime, rendra les matelots plus fouples ^ & les ré- duira à la neceifité de chercher de l'employ , au lieu qu*on les recherche- Le Roy tirera enco- re d*autres avantages plus confî- derables de cet «ablifîèment ? mais n'éftant pas icy le lieu de les dire , je coucîus feulement en aflurant qu*il eft impoflîble que Ton trouve fon compte à la pefche fedentaire , qu'on ne le fafle trouver en mefme temps à ceux qui y travailleront , depuis le premier jufques au dernicf^ & que ce compte ne s*y pôutra Xiiij \w\ 148 Mifioire naturelle trouver , fî Tonne ménage & le temps, oc le lieu , ôc fi Pon n'a Tartde tourner àfon profit tous les avantages qu'on peut tirer , & de la terre , & de l'indurtrie ^ & des expériences, réitérées par le choix des havres , des faifons , & des dégradations diveriès du poiflbn. Avant que d'achever ce Cha- pitre\ difons encore pour prou^ ver ce que j*ay avance de la pell che Sédentaire à la manière ar- dinaire, 6c de tous ceux qui Ten- treprendront , que les navires^ qui partent tous les ans de Frah- ce pour la pefche , ont plus d'a- vantage que ceux qui la feront fedentaire ^ à moinsqued'eftre habitans comme j'ay dit , d'au- tant que le poiffbn ne donne point en toutes les coftes de la demeurer fur le fonds ^ ôc pef- V'V 150 tîiftoire naturelle cheronr cinquante ou foixante moluës à chaque voyage : ce n'eft pas qu'il n*y ait de la mo. I lue à la cofte, mais le temps ne permet pas aux pefchcurs de demeurer fur le fonds avec le grappin^ & principalement un îî petit baftiment qu'une cha- louppe : ainfi la charge ou non ^ le mois de Septembre pafTc il s'en faut retourner , outre que ladcpence qu'ils feroient, fe monteroit à plus que la pefche ne pourroir valoir :de plus en ce cemps-là les pefcheurs ne veu- lent pas aller dehors, quoyquô leur avantage foit de bien char- ger : mais r excez de la peine^ jointe au defîr de revoir leurs femmes 6c leurs enfans, rem- porte alors fur J'efpoir du gain. Dites moy donc quel avanta- ie lAfneriq. Septentrionale, ip. ge auront les fedentaires , der plus que ceux qui partent de France tous les ans, au contraire ils en auront moins : car les au- tres eftant arrivez en France font déchargez de leurs pef- cheurs,au lieu qu'il faudra nour- rir hc payer le? fedentaires de leur gages tout l'Hyver. Je veux qu'on les fafle travailler ^ mais voyons fi leur travail vau-^^ dra k dcpence & les gages. Dans THyvcr ils ne peuvent faire que de la planche^ & abbattre du bois &: le débiter pour bruflen Je fçay par expérience qull s'en: faut beaucoup qu'ils ne puiflent: gagner leurs dépens^ ce qui n'a-. Tive pas lors qu*ils travaillent Îïour eux & leur petite famil- e , car alors ils le font d*^incli- nation , & le gain quHs troti- a .1 Sji Hijioire naturelle. vent en la pefche les rend indufj trieux pour s'établir commodé- ment au lieu où Us rencontrent tant d'avantages : ainfî pour en- treprendre une pefche Sedentai. re avec des profits confîdera- blés, il faut faire habiter le païs . mais auflî pour rendre le païs habité y il ^ut faire en forte que la pefche produife un profit fi extraordinaire , que le monde, comme j'ay déjà dit^ veule bien y venir avec leurs familles; pour habitans , & que les habi- tans veulent bien s'y faire pet chcurs. I •^ lielkmerique Septentrionale i^^ f I ■ j. "Il" <» Chapitre XVII. • Pes autres Pmjfons de mer : de ceux qui approchent de terre; leurs combats; la ma-- niere de les pefcher 0* leurf qualiteT. t - IL refte maintenant à parler de la pefche des loups ma- rins , il y en a deuxefpeces ^ j*ay parle delà première aux ïfles de Toufquet, la féconde forte eft bien plus petite fonds de fable lors que la mer efl: baflc ^ J pour la prendre on fe< fertd*un bâton & un fer pointu an bout avëcune petite dent qûi^ Tempefcbe deTorrir^ lors qu*eL Z ij i6È Hifioire naturelle. k eft picquée, elleeft bien meilJ leùre à manger que celles àiQs rivières , eftant plus ferme ôc de meilleur gouft. Il fe prend encore Aqs Hom^' mars, qui font des Ecrevifïèsde mer j il s'en voit qui ont la patte ou mordant iî gros qu'elle peut tenir une pinte de vin : on les prend à la cofte autour des ro- ches 5 ils viennent au Printemps, & durent jufques à PHyver ^ ils le prennent du mefme fer que les plaifes, c*eft un fort bon manger à toutes fortes de fauces j îlous les avons nommez perdrix de mer pour leur bonté. L'Efpadon eft un poiflbn gros comme une vache, de fîx ^ huit pieds de longueur qui va en di- minuant vers la queue : il a fur Je ne? un efpadon dont i\ prçnd f^\''\ ii> 'de thi^eriq. Septentrionale. i6^ le nom ^ qui eft long d'environ trois picd.i, large d'environ qua- tre bons doigts : il y a des deux coftcz de cet efpadon des poin- tes longues d'un pouce ^ de pa^ reille diftance les unes des au- tres , & va étraiffiflant vers le bout , il ne plye point & eft dur ôc fort roide : il s'en eft échoiié une fois un proche du Fort , c'cft un très- excellent manger , Se à toute fauce^ la tefte en eft auflî bonne que celle d*un veau ^ quoy que plus groiïe Se plus car- rée j les yeux en font gros com- me les poings-, ce poifTon là eft lennemydela Balene, s*ils fç rencontrent il faut fe battre;: je m'y fuis une fois rencontre j 3*en euft le divertiflement prés d'une heure fans en approcher que de trois ou quatre cens pas^ Z iij m. w R* -i i .1^ |ii il â il' 11 i i ((.'y ' t vJÏ ! m m^' m |i^,... i m WnÊ Fr^ra""^fW im B^B?^ ■^' hI) 170 mfloire naturellele. îir*ayânt qu'une barque pour lors qui n*euft pas pu refîfter aux coups de queue de la balenej 3e les voyois afïez , c*eft Tefpa- don qui attaque efcaiir plus agil- le que la balene : ils eftoient deux efpadons contre une ba- lene , l'efpadon s'élance fur Peau plus que de fa hauteur : é- ftanten l'air il fe tourne le nez ^n bas & tâche de donner en tombant de fon efpadon dans le ôur- roit fâuver. Il s*etï rencontre par toute la mer & aux coftes : La peau en eft fort rude. Ton s*en peut fervir pour po» '- àxi bois j je n'en ay jamais m^. ngé , ny veu perfonne qui en euft m ae- gé, ny qui ait eu envie d'en man- ger, le^ matelots les ont en kor-, reiur. Il m 11! [i i % ^"k^ké- 1 ' i K ; Ij i I Il fe trouve auflî des Chiens de mer, qui font faits de mefme que le Requiem, mais ils ne font Î)as plus gros ny plus longs que e bras , ils ne mordent point le monde, aufïï n*ont.ils pas tant de dents , & ils font bons à manger. Pour du poiflbn de rivière ou d'étang, j'en ay veu fort peu^ nous avons tant de poiflbn (k mer tout proche les Forts , que l'on ne prend pas la peine d'alletr icherchcr les étangs , outre qu'il •faudroit avoir des tramails pour cela 'y la cenne n'y peut fervir ,y ayant trop d'heroiers & des bois dedans, en quelques rivières on Eeut faire cenner^ j'y ay pris des arbeaux , des petits barbilloes j& du goujon. L'Hyver me$ gens font allez ^1 i de l^AmariqueS^ptentrionaleaj^ en quelques étangs , on fait un trou dans la glace, & avec une petite ligne & un petit ain , ont pefçjié de petites truites fau- monnées d'environ vni pied de long , Ton en prend bien un cent en une aprefdifnce , elles font tres-bonnes, dans les mefmcs étangs Ton prend de la tortue^ il s*en trouve d^auflS grandes^que le tour d*un chappçau j récail- le de deflus eft rayée de cou- leur rouge, blanches & bleues: c'eft un tres-bonpoiflbn , étant bouilly on ofte Técaille, puis on la 'pelle ^ on le couppe par morceaux, le metâl'étuvée ou ^fricafle avec une fauce blanche, il lï'y a point de poulets qui val- lent cela. J'ay parlé àes huiftres au pre- mier Livre, mais je n^-vousay z-jè Hiftoire naturelle pas dit que c'eft une grande man, ne pour THyver que le temps ne ocirmet pas d^aller à la pef- che*: elles lont dans le$ arices ou à la cofte proche de terre: pour les avoir on caflTe la glace, on fait une grande ouverture, puis on a de petites perches af. lez longues pour toucher au fot%ds de Teau: on en lie deux enfemble par là moitié , puis on ouvre & ferme cela comme des tenailles , l'on les tire de Teau & les jette fur la glace ^ on ne va point ï cette pefche que Ton ne foit plufieurs , les uns pefchent, un autre fait du feu , l'autre c- calle pour en fricalïer^ d'autres les mettent fur lescharbôsdeux ou trois en une grâ\nde coquille, avec leur eau, de îa mie de pain, & un peu de poivre ou mufcade^ te tAmêriq. SeptentHonale. 177 m les fait cuire comme cela, 6c :'eftun bon manger^&quand on ift bien raflafiic chacun empor- :e fa charge , Se les chiens en- [rainent chacun une fâchée a- rec un petit traineau que Ton leur fait fort l^ere , attelez ;omipe un cheval , ils vont toû^ jours courant fur la glace, ou la leige , ce font eux qui portent :out l'équipage des chafleurs : juand on va THyver coucher lehors,on en fait moins de diffi- Iculté qu'en France quoy que l'on die le pays fi froid , j'y ay moins fouffert de froid qu'à Pa-r ris , fur tout lorsqu'on eft dans le bpis àl'abry du vent, ir a M 178 Hifiùire naturelle Chapitre' XVIII. Defcription des poijfons d'eau douce à quatre pieds ; leurs formes & qualite'zjcurs in- . dufiries & manière d'agi A ^ tenailler. • IL y a encore en ce païs-Ià, trois fortes de poilTons d'eau douce qui ont quatre pieds ^ le Rat mufquc, le Loutre, & le Caflor, il eft permis d'en man- ger pendant le Garefme, corn- me le Lourre en France: Le Rat muftjué efl: un peu plus gros& plus long que le Rat d^eau de France , fon élément eft Teau, mais il ne laifTe pas d'aller quel- jj' Ue l*kmeriq. Septentrionale. 179: qurfois à terre j il a la queue pla- te,, longue de huit à dix pouces de la largeur d'un doigt , cx>u-> verte de petites écailles noires^ lapeauroufle couleur de mini- me brun , le poil en eft fort fin , aflez long, & porte des rognons proche les tefticules, qui ont^ i odeur du mufque tres-agreai ble , & n'eft point incommode à tous ceux à qui le mufque donne des incommoditez : fi onlei tue THyver pendant que la peau eft bonne pour fourrer, les rognons ne fentent rieii : au Printemps ils commencent à prendre leur fenteur qui durç-ju^ques à l'Au- tomne î cftatis tuez en la bonne faifon , leurs rognons fentent toujours, & pour entretenir leur bonne odeur , il les faut humec- ter d'un peu d'huile , autrement :-K n: '* IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) z 1.0 l.l UiUS |2.5 |J0 "^" ■■■ u Iéi 2.0 1-25 1 1.4 II 1.6 6" ► m e /à /a % ^ y *'^i ^J^ l>^' ^' y /À Photographie Sdences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 873-4503 'V' ''r /. i/.A l/. \ i8o Hifioire naturelle les portant fur foy ils fechent, & la mitte s'y met qui les gafte, la peau eft bonne à faire fouru, re,fur la fin de l'Automne où eL le a peu de fentiment : pour la chair elle n*a point de gouft de mufque , elle eft excellente à manger , roftie , ou fricaflce a- vec une fauce îblanche. X.e Loutre eft un poiflbn con- nu en France^ beaucoup de pcr- fonnes y en mangent ^ le gouft eft à peu près de mefme , mais elles différent de celles de Fran^ ce en cç qu'elles font plus lon- gues &plus noires , toutes com- munément 5 il s'en trouve qui le font bien plus les unes que les autres, il y en a dauffi noires que du jay • lors qu*elles ont valu de i argent , eftant tuées en bpïjne faifon^ il s'en eft yendu jufques de bAmeriq. Septentrionale. z%i jufques à huit^dix Scdouze Loiiis d'or la pièce j ces belles-là font ,encore recherchées ^ mais ne font plus (1 chères. Le Caftor eft vn poifïbn com J mêle Loutre , iln*cft pas fi long^ il eft à peu prés de la longueur Se grofïeur d'un mouton, les pieds plus courts,ceux de derrie-' re toillés ainfî quunoye^ ceux de devant font en forme de mains, la queue en eft faite comJ me une folk couverte de petites écailles noire?^ ; le dedans eft une graiffe ferme , femblable à àQ^ tendrons de veau^ qui eft un très J bon mangé botiilly & fricafle j la chair fe mange auflî bouillie,; mais les cuiflTes & les épaules font beaucoup meilleures rofties Se femblent à une épaule 8c à un membre de mouton rofty, les Aa c h (1 i H if ( \ ■f lît Mifloift naturelle arreftes font de mefme , & la cha;ir defemiblable coulcjur^pour le gouft ^ quelque différence, autrement il ne feroit pas poif- -fon 5 pour leur couleur ils font 4^ordinairc d^un minime brun , tirant &r le noir oia bien roux , il s«n trouve quelquefois de noirs , & mefme de blancs , ces ^ea^ix-U ont e^i autrefois grand cours lors des chappeaux de <:aftors , il ne l*bnt pas tant à prefent , l'^on s^en fèrt pourtant %our fourure en Alemagne, Po- logne . Mofcovie , ou autres lieux froids où on les envoyé, quoy qu'il ven ait en Mofcovie, mais le poil n*ën eft pas fi beau, ny fî long ^ outre qu'ils ont un fecret en ce pays- là que nous n'avons point encore enprancc, de tirer de deCus une peau de de r kmerique Septentrionale. iS^ caftor, tout le duvet fatis ôffen- cer le grandi poïl , ainfî la peaii leur fert peut: fourure avec le grand poil^ôc ils envoyent le du- vet en France, qui eftcequ*oa appelle Laine de Mofcovie. En France on coupe le poil fur la peau po*i ravoir le duvet ^ &l6 grand poil eft perdu , mais la peau fert à faire des pantoufes ou mulles du Palais à Paris : c*eft là tout ce que l*on peut dire de la peau 8c de la chair , qui n'eft pas ce qu'il y a de plus remarqua* ble en cet animal , mais fon na- turel laborieux &difciplinabl rnîe e bois , ils font un étage haut par dedans, le deflbus en eft partagé en deux ^ par use cîcî. Ton dont une partie du four ou logement eft dans Teau , & Tau- ire à terre j tout le deflîis & les coftez font maflbnnez de terre de mefme qu*un nid d'y rondelle. Le logement fait , ils font leur pf ovifîon d*Hy ver , car le caftor 'âe tkmeri^. Septentrionale. ^95 iie mange point de poifTon , il Vit d'écorce de tremble qui efl un bois fort léger 3^ il abat un ai-, fcre ^ k couple par ti^onçoa^ de longueur pour ranger en Ton lo- gis^ puis chacun porte fon mor^ ceau & entrent par l'ouverture de terre , empîiflent tout le h^xxt de ce bois &auflî le bas qui n'eftpointàreau, l'^arrangeauflï proprement que font les bûches de bois flotte dans un chantier y ayant tout remply a la refervç d'un trcni qu*il faiiffe pour aller à terre t il abat de gros arbre* qu'il fait tomber tout autour &: deifus fon Idgendent tout en con- fufïôrt y âfîn que fa maifon ne pa- foifle pas , & ne puifïe eftre ap^ proehée fans faire de bruit. Chaque mafle & femelle a fk tnaifott avec leurs enfans , qu*ils Bb iiij rM ■■ il 2.96 Hifioirenatùretté gardent d'une portée â Tautre ] aui n'arrive qu'une fois l'année 'ordinaire, & mettient bas au Printemps 5 ces petits tettent & ne mangent pas qu'ils n'ayent deux ou trois mois , quoy qu'ils mangent ils ne laiflent pas de tetter jufques à ce qu'ils foient ;rands : lors que la mère a mis las 5 tous les petits de Tannée précédente font chafïèz de la maifon , & alors ils s'^accoupîcnt & vont chercher place pour bâ- tir un logement , s'ils n*en trou- vent queiqu un de tout fait . Quand ils font dans leurs loge- mens qui eft THy ver,ils ont tous lederriere à l'eau&la tefte à l'air, car ils ne peuvent pas demeurer long- temps fans refpirer^ pour leur nourriture ils prennent une de ces branches ou morceau de 'de ÎAfnerl^. Septentrionale, i^j bois ou deux félon la groideut dont ils font , mangent la peau, mettent le bois tout net^ & enU fuite pouffent ce bois à l'eau par le trou ou eft leur derrière pour ne point émbarafler leur logis : leur bois qui eft leur nourriture, eft à couvert crainte qu'il ne fe mouille ^ s'il femoûilloit la peaiir fe gafteroit & ne vaudroit plus rien a manger, c elr pourquoy ils maflbnnent leurs logis. Pour TEfté ils ne font poiniT de provifïons , ils vont manger à terre , & fe tiennent ireau la; plus grande partie du temps^ mais PHyver lors qqe leur étan™ gelle ils font contraints de de- meurer a la maifonj s*ils aIïoie§t à Teau comme ils le peuvent fai- re, par defïbus la glace ils n*y pourroient pas vivre , eflant pri- w i^i Hifioire MtûreUi fe par tout , & o*y ayant autù2 fie ouverture pour reipirer, après tout cela je tous laiflc à juger, Il l^inftinft qu*on attribue au refte des ahini«.ux eft fort diffé- rend en ceux-cy de la raifonôc du bon fens. Pour moy je fi;ay bien qu'ail y a beaucoup d*hom- mes, mefmes babilles en beau- coup de chofes, qui feroient fort embarafïcz s'^il leur falloit faire eux-mefmes leurs logements, fur toMt s*il y avoit autant de Précautions à prendre^ & auffî importantes à la confcrvation de leur vie , conime le font aux îlPàftors la. refpiration , les ali- metts,reau&ïe foin de fe dçrober ila ccmnoiflance di^s chaâèurs^  del'Am«Hf,SiptentHtnaie. x^f mi « ■ I. Il » Il II. »i iiii»— ^iÉ I III—— i^— ^i— Chapitre XIX. X)e5 ûjjidux de mer ^ de leurs pro^riete:(,. IL nie refte à faire cofïnoiftre les oyfeaux de mer , je veux dire les principauît , car le nom- bre eft trop grand pour me fou- venir de tous ^ le premier effe r04itarde,elle eft de la grofleur d'un coq dlridc , le plumage en eft gris brun ie la manière de teiuy a i|iiét)yé , lé aeiious de la orge blanc , Jes Sauvages en :ont des robes ^ elles ne pond point que de deux ans en deux ans. Tannée qu*elle ne pond pmnt elle fe déplume. Les jeunes outardes ne pon- dent point qu^ellesnayentqua^ n ,1 ri 1 II l îjcô Hifioilre naturelle tre ans , leur ponte eft de quà. torze , quinze & feize œufs^ elles font leurs nids dans des Ifles, ou tSes marefcages à plat de terre pour Pôrdinaire ^ neantmoins il en a qui les font dans à^s ar- res^ôc lors que leurs petits font éclos , ils fe mettent fur le dos du père ou de la lïiere , qui les portent à l'eau à une ou à deux fois 5 celles de terre les mènent auflî à Teau ft-toft qu'ils font é^ clos ; la nuit la fnere les re^ mené à terre pour le^ nriettre fous elle ^& toujours dans quel- ques Ifles ou marécages , à caufe des renards qui leur font iâ guerre* IL y en à une autrîe efpecé qui font plus petites, pour ce qui eft du refte c*eft la mefme chofe y la chair en eft bonney de rPimertq. Septentrionale. 301 Se très-excellente à manger rô- tie ôc boûllie, font de tres^ Non potage , le bouillon en eft blaiic , elle eft encore bonne fa- lée , le gouft en eft autrement bon que d'un oye , ôc n'eft pas de fî mauvaife digeftion , celles qui n*ont point encore pond , ont bien meilleure gouft que les autres, leur mangeailk n'eft que derherbe -, elles vont paiftreen des marécages ou des prairies qui font fur le bord de la mer j ' Il elles fe rencontrent en de? lieux de fable vazeux, où il croît des herbes de la longuenr d'une brafTe 8c plus , qui lont fort ér troittes &. montent jufques à fleur d'eau , c'eft la pâture qu'el- les ay ment le mieux : en ces en- droits-là on ne manque jamais d'y en trouyer , outre qu'elles 50t Hifleir$ ndiMYelli, aiment mieux eftre k l*eau qu'i cerre crainte de la furprifc. En quelaue lieu qu'elles foient il y en a toujours une ou deux , fî «lies font grai * nombre, qiii font le guet & ne mangent point fe promenant d*un cofté & d'au- tre regardant par tout : fi elles voient ou entendent quelque chofe dans le l>ois ^ au mefmç temps elles font un cry , tous les autres lèvent la tefte ^ de- meurent comme cela un temps, fi la fentinelle ne dit mot elles Te remettent à manger, mais fi cet- te fentinelle entend ou apper- içoit quelque chofe elle fait un autre cry , s'enlève , & au mef- me temps toute la fuite. Le Cravan n'cft gueres moins gros que la petite outarde , le gouft en eft bien ^wAî friand, ■1 • • 1 - de l* Kmerique Septentrionale. 505 rofty & boUilly , non falc j il eft plus brun de plumage ^ le col plus court, 8c point de bknc tous la gorge : c'eft un oyfeaii pafTager , il ne vient dans le païs que l'Eftc , il s'en va l'Hyyer , on n*a point de connoiflance d'où il vient, ny oii il va : on n'a jamais veu qu'il ayc fait des petits : (i ceneftoitle gouft qui eft autrement . bon que la macreufejedirois que s'en font, le plumage en approche beau- coup , mais d*en manger le Ca- rcfme il y%uroit trop de délices j ils vivent auffi d ^herbes, de quel- ques petits coquillages, ou vers qui fe trouvent dans le fable. Les Canars font tous comme en France , pour le plumage & la bonté : ceux qui ont laifle hlpxp f^ le pied rouge font les y t I 504 m fiûire naturelle meilleurs ., les pieds gris qui ont auflî Taifle bleue ne différent guère en bjontc : il y en a d'une autre forte qui n'ont point d'aîle blcuë qui ne font pas fi bons ; il s'en void auflî d'une autre ef. pece,qui ont le plumage minime clair , de cette efpece le mafle eil blanc , a le bout de l'aifle noir : le mafle & la femelle ne font jamais enfemble , & ne s'aC femblent qu'au Printemps qu'ils entrent en amour ; Se quand les femelles commencent à faire leurs nids ils fe feparent 5 les mafles vont en bandes à part , & les femelles de mefme j fi on tire fur les femelles, à moins que de lestuer tout roide on les perd, lî^toft qu'elles font bleflees elles plongent, & la moindre herbe qu'elles trouvent elles la pren- nenf de 1^ Amérique Septentrionéele.'^of nent avec le bec , meurent là Ô6 ne reviennent point fur Teau ^ elles ne font point autrement bonnesjçlles fentent l'huile conL- me la macreufe. Pour la Sarcelle elle eft com^ mune en France , on en fçait la valeur comme du Plongeon , 6c de la Poule d'eau , c'eft pour- quoy je n'en parleray pas daJ vantage : il s'y void encore quantité d'autres fortes d'oyJ feaux de la grofleur des canards comme la palonne ^ qui a le bec long d'environ un pied^rond par le bout en pelle de four-, laigrai- te qui porte trois petites plumes toutes droites fur la tefte : le bec de fcie , en ce qu'il a le bec fai^: en forme de fcie ^ le Cacaoûy^ parce qu'il prononce ce mot pour fon ramage j Marionn©(5- Ce ^ 'V 3oft Hifi^ire fuHitrelU tes, parce qu'ils votic fautant fur l*eau : la Gode , c eft un oy- feau cjui vole auflî vite qu'une âcche , le bknc 2c noir eft Ton plumage ; le Cormorant qui fe dreâea la pefchedu poifibn , on iuy He le coï proche Teftomac - ^ répefche d'avaler^eftant pri. vé il apporte fa pefche à terre. Il y a des Alfoiicttcs de trois fa^onSyles plus groiïes^ font de la grofleur d\in gros merle gri- fette, eHes ont les pieds longs : d'autres qui ne font gueres moins groÔès ont le Bec plus long , d'autres comme dte moi- neaux, & de petits pinçons^ tour ce gibier-la va en bande roû. jours furie bord de TeaUyOuil y a de la grever les Chevalliers, font une efpece de beccafRs qui #nt le bec fort long, ïh vivent âe l'Amerif. SepféntrUnaîe. 305^ de récites & autres chofes qu'ils trouvent dans le fable ^ fur le bprd dç la meç^ ils iont de la fliefmegreifiettr, ottt les jambes auffi longues ^ & leplumagep W roux que la becçîiiune. LesEfterlais^ font d'autresoy- feauxj gros côn^ un pigeon^qui ^ivêt de ppiâbn^Viplent toujours enTair s'il app^çpit fit proye il tombe dc0us ainfi qu*une pierre^ la prend avec le bec §c TàvaHe. Le Goiflan eft beaucoup plus gros,vit de poiflon & de foye, ou tripailledemoluc, maisn'atrap- pe que ce qui flotte fur Teau • il y en a encore nombre d'autres ^ dont je ne mç fouviens pas -, tou- tes ces fortes d'^oife^x-là font bons à manger , èCSKÊfcne tous leurs œufs , licrmyceluy du Cormorant t en tout le pays , 01^ c 1| .^ y 308 Hifioire naiuréite trouve nombre de Hérons , qui font toujours fur le bord de la mer ou des étangs ^ vivent de petits poifK>ris qui le trouvent datis des troys , où f eau demeu- re lors que la mer fe retire ^ ou au bord de Teàu dans les étangs^, ils font leur nids dans de grands bois, qui le trouvent en des lues: ils font bons à manger , & ont fcpt fiels , & toujours maigres ^ pour les petits ils font meilleure & toujours gras^ ii t 'de tAmeri^. Septenirîonaïe. 305 Chapitre XX. . La defcription de tomes lés ej^ peces dû bois qui font dvant dans les terres; leurs proprier te7^9 Ù^ 1^5 àvmtages cpiotr tnpeut tirer. A Près avoir décrit la plus grande partie des poi (Tons ^ & des oyfeaux de mer, il faut parler de la terre y, de la plus {grande partie des bois qu*el- e porte , & les profits que Ton en peut tirer : ce que j'en ay déjà dit ne concernant que les coftes, ce quin'eft rien au prix de ceux qui font avant dans les ffô Mifimtê natûreîU terres & au haut des rivières J. félon le rapport des Sauvages dontj-ay cocuiu fa vérité en un endroit où j'ay traverfé vingt- cinq o4 trente lieuës 4e bois, ce qui me i&it aJQâtf r fby aux récits qu*iis nt'en ont fdt : en wuc le -pa?s oîi trouve grand ïWDmbrr dearraies Ôtd'çtaâgs : it% arbres bien plus beauic en hauteur & grolfeur^ & rartânt plus clairs Ce moins confus : on y pourroit courir un orignax: à cheval r il n'y a que de vieux arbres qui font tombez d^'un cô- té & d'autre qui puifîent y ap- porter de l'empefchement, fâu. te de monde pour les ofler^ com- me font les pauvres gens dans les fbrefts de France : tes terres y font auiïî beaucoup meilleures , & plus facilles à ^frieher que de ^Amérique Sepfentrhnale* jir fur les bords de k mer : le païs y cflplus beau. Ton y trouve des hâiftres confîderabfes, tantpour leur hauteur que leur groflfeur y dont on peut faire des avimns et galaires de otiarante Ôç cin- ijuante pieds de long, & d'autres^^ pour les pefelieurs â qui il en faut nombre & qu^rls feair obligez d'apporter de France, Pbn en^ peut faire de beaux & bons bor- dages pour les fonds de navires qui vaudroient bien le chefiie ,, car il ne pourit point dans Teau y êc n'eft pas moins fort nyfî fu- je t à fendre & aux jarces , ce qui arrive fou vent aux chefnes & fait- dés voyes d*eau qui font maLai- fëeà bien ctanclier. Le Mignogon eft une efpecede bouleau , mais le bois en eft plus roiTge , Ton enpeutfeire aufff de Ml 11: ■ 't^^^HH 'ii^ ''^i^^H ' mtf. .fl^^H t^Ril' '-' V'^H '^ fp! .'^^^H . ■Wi 'H^^^^hI f^ÊtÊai- ^^^H ippl ^^^^^^^^H ^^M ^' jfi Mifioire natureîte bons bordagcs, & n'eft pas tro|f* fendant : on s'en fert pour la monture des fuzils^il feroitbon à mettre à la fleur d'un navire , pdur les prefîeintes & pour les hauts, le bouleau y fëroit aufS fort bon , il eft plus léger , il ne fend ny ne jarce au Soleil , ou bien peu: j'eh ayfait cpnftruire quelques Daftimentf qui fe font bien confervez quoyqu*on les cchouc THyver : ils demeurent au froid & au chaud fans fe gâ- ter : l'on n*y manquera point de bois, pour faire des membres, varangues, genoueilles & allon- ;es,quoy qu'il fe trouve peu d'ar- )res tortus : les membres diffici- les à trouvei: font ceux de revers pour les façons , & les étraves: pour les fourches Ion en trou- vera^&les courbaftons d*équaire y font éehkmenque Septentrionale, t^i^ y font rares , mais j'ay un moyen feur d en avoir quantité^de très- bos & de toutes les autres fortes. Parlons du Chefne que Ton dit ne rien valoir pour les navi- les , ce qui n'eft pas mon fenti- ment, quoy qu'il ne foit pas bon à faire des bariques pour contenir des chofes liquides , mais feulement pour mar- chandifes feches , parce qu'il eft trop gras bc que le grain par confequent en eft trop gros , ôc fi a une pièce de chefne de vingt-cinq à trente pieds, on crache à un bout , &c que l'on ibufle à l'autre le crachat enfle- ra , cela eft pour le fil du bois , mais non pas par fon travers : quand j'ay dit que des bariques de ce bois ne tiennent pas les \i^ queurs , c'eft que pour faire une Dd f 5^14 , Uiftoire naturelle barique , il y faut un jable pour l'enfoncer ^ ce jable eft entaillé dans les douves , & couppe le fil du bois par le travers , fi bien que la liqueur dont la barique eft pleine entre dans ce jable, 6c trouvant le fil du bois couppe , pafTe tout le long des douves, ce qui fait que la barique dégout- te par les bouts , bien qu elle ne paSè point au travers des dou- ves ny des joints , &: partant le chcfne de la nouvelle France n'ayant que ce defFaut , il ne Faiïlè pas pour cela d'eftre bon à baftir des navires. De plus , fi un navire ne fe pouvoit faire que de chefhe, comment font donc ceux qui en batifTent de fi beaux , &: de fi bons dans les Indes où il n-y a point de chefne : fi j'y fuis une de l kmerique S^ptentrionale.'^i^ fois bien etably je feray voir que Ton y peut faire de bonr na- vires , & d'aufli bonne durée que ce\ix de France, en ayant déjà fait répreuve diverfes fois. Il y a aulîî du pin pour faire de? {planches , bonnes à faire les tiL ads , 6c le fapin pour les orne-' mens 6c œuvres mortes, 6c douJ bler les chambres • il fe trouve encore dans le pays des forefts de petits pins , prufles , ôcfapins qui me fourniront le bray ôc le g^auldron , àts qualitez duquel j^ay déjà parlé : j'ay un moyen certain pour en rendre la mâture encore meilleure qu'elle n*eft. Pour la toille de voile 8c du eordage , le pays n*en fournira que trop quand on s*y voudra appliquer , il ne merefte que le fer6cle cuivre pour avoir tout ce Ddij 5 1 6 Hifioire naturelle qu'il faut pour rendre un vaif, feau accomply , & je crois quefî le pais eftoit bien habitéje trou^ yerois le fer &le cuivre auflî bien que la pierre à chaux , qui n'y eftoit point connue que depuis quinze ans que je l'ay trouvée auflî bien que le plalxre. Pour les affûts des Cjanons , il y a de très- beaux ormes , pour taire les eflleux, les roues ôc tout le refte : TErabe eft encore un bon bois qui y pourroit auflî fer- vir: cet arbre, là a la févedifFe- rente de tous les autres , on en fait une boiflfon tres-agreable à boire^de la couleur de vin d'£f- pagne , mais non fi bonne j elle a une douceur qui la rend d*un fort bon gouft, elle n'incommo- de point Peftomac , elle paflè ^ii>flî promptement que les c^ujj: Je hkmèfiq. Septenitîonale. ^\j de Pougue ^ je croy qu'elle fe- roit bonne pour ceux qui ont la pierre : pour en avoir au Prin- temps & l'Automne que Tarbre eft en fève , Ton fait une entail- le profonde d'environ un demy }>ied , un peu enfoncée au mi- ieu pour recevoir Peau , cette entaille a de hauteur environ un pied , 6c à peuprcs la mefme lar- geur j au deflous de l'entaille à cinq ou fîx doiets on fait un trou avec un ville- brequin ou foiret, qui va répondre au milieu de l'entaille oti tombe l'eau : ort met un tuyau de plume ou deux bout à bout fî un n*eft affez long^ dont le boutd^en bas répond en quelque vatfïeau pour recevoir Teau j en deux ou trois heures il rendra trois à quatre pots de li^ queurs 5 c'eft la boiflbn des Sau* Dd iij yiS ' 'Hifioire naturelle vages & mefmedes François qui en font friands. Pour le Frefne , il s'y en void de beaux & bien droits : on s'ta fert pour faire les piques en bif quaye, on pourroit en faire pour fournir toutes les armées du Roy : fi ceux qui commandent ou commanderont en ces pays- la ont du génie pour les méca- niques, ôc Tefprit inventif, trou- veront encore bien des chofcs à faire valoir & de quoy employer leurs talents , outre le négoce & lapefche qui font les meil- leurs moyens de faire peupler le pays. -^m ' 'de tkmefique Seftentrîmale, 319 * Chapitre XXI, u ^i traite des animaux :, oj^ féaux & reptiles j de Uurs emaltte';^ , & delà maniè- re de les prendre. A Prés avoir parlé des foreftsi ôc des efpeces différentes des bois qui les Gompofent , il ne fera pas hors de propos de dire deux mots de divers animaux qui les habitent, qui font l'Orignac autrement Eflan, T Ours noir, le Loup fervier, le Porc efpic , les Renards, la Marthe , le Quiqca- jou, les Efcureuils, PErmine , le Pitois,la Foiiinne &: les Serpens. Ddiiij 4 w ^ïo 'Hifi^ire naturelle UOrignac eft auffi puifTant qu*un mulet , la tefte à peu prés de mefme , le col plus long , le tout plus déchargé, les jambes longues fort feches , le pied four- chu , un petit bout de queue, les «ns ont le poil gris- blanc, les autres roux & noir , & quand ils vieilliflent le poil eft creux, long d'un doigt bc bon à faire des matelats , & garnir des fcel- lès de cheval ^ il ne fe foule pas & revient en le battant ^ il porte un grand bois fur fa tefte plat & fourchu en forme de main : il s'en void qui ont environ une brafle par le haut de largeur , ôc qui pèlent jpfques à cent & cent 50. livres , il leur tombe corn- me au cerf , il eft fujet à tomber du haut mal ^ les Sauvages di- fent que lors qu'il le fent venir ^lle I de l* Amérique Septântrîonàîe. ^t il s'arrefte , & que du pied gau- ehe de derrière il fe gratte der- rière Toreille tant qu'il en forte du fang , ce qui le guarit : Ton en voidde vieux qui ont la corne ou fabot d'un pied de long & plus , tout en en: boni manger* lemafle eft gras TEfté, 6c la fe- melle THyver : lors qu*elle eft pleine elle porte un & quelque- fois deux petits , on en mange de rofty & boiiilly, fait bon po- tage, on en falle p our la garder, elle n'eft point incommode â l'eftomac 5 on en peut manger tout fon faoul, & puis une heu- re après on en mangeroit encore autant , elle n*incommode ja- mais ^ pour le gouft elle fent un peu la venaifon , & eft du moins auffi agréable à manger que le Cerfj dans le cœurilfe trouve fii Hifioirénaturetîè un petit os dont les femmes dés Sauvages fe fervent pour aider à leur accouchement , le mettant en poudre & Tavallent dans de Teau ou du bouillon de la befte. UOurs eft tout noir, eft de la hauteur d'un grand porc, tîon 11 long mais plus gros de corps , le poil grand , il a une grofïe tefte platte , de petites oreilles, point de queue , ou fi peu qu'elle ne paroift quafi point , il a les griffes grandes ôc monte dans les arbres, vît de gland , mange peu de charon- gne, va le long des bords de la mer , où il mange des hommars, & auçres poiflons que la mer jette à la cofte : il ne court point fur Thomme àmoins que d'eftrc blefle , la chair en eft bonne à manger^ Manclie comme le > 'de l* Améfiq. Septmtrionate. 5^5 veau & d'auffî bon gouft , meH me plus délicat 3 il eft fix mois dé rtyver caché dans un creux d'arbre^ pendant tout ce temps- là il ne fait que lefcher Tes pat- tes pour tout vivre , & c'eft le temps qu'il eft le plus gras': les petits de cinq à fix mois font d'un tres- - ^^H ■ \ BÉbAs "^^1 B I^HW .^^^^1 1 w 318 Hijioire naturelle après , la fuit &ne l'abandonne point,s'il la peut joindre une fois il faute fur fa croupe & le vaat. tacher à fon col oc le ronge fi bien qui le met bas,pour s*en fan. ver. L'Orignac court à l'eau tant qu'il peut, fe jette de dans , mais avant que de s'y jetter leQuinca- jou quitte prife &: faute à terre, car il nefe veut point mettre à l'eau 5 il y a quatre ans qu'il m'â- trapa une grande gcnifTe de trois ans , êc luy couppa le col , le len- demain matin nous mifmes nos chiens fur fa pifte , nous la trou- vâmes 5 il n'avoît encores mangé que les yeux & la langue. Les Renards & le Quincaiou font la chafle enfemble^e Quin- cajou n'a pas le fentiment bon comme les renards qui battent le bois pour trouver la pifte dç l'Orignac ie VAmerîq. Septâritrtonale. 519 l^Orignac & chaflent fans faire de bruit ^ s'il la rencontre ils la fuivent tant qu'ils ayent trouvé la befte ^ s'ils la trouvent^paifïànt ou couchée ils ne luy font rien-, mais ils vont au large & cher- chent l'endroit le plus commode à faire paflfer leur proye , à lors le Quincajou qui les fuit fe met fur une branche d'arbre en cm- bufcade,eftant placé,lesRenards retournent trouver la befte , fe^ mettent dans le bois au large , i ces deux coftez , un autre Re- nard va derrière pour la faire le- ver en jappant tout doucement , fi la befte va droit ou eft le Qm n- cajou , ceux qui font à ks co- tez ne difent mot ^ fi elle n'y va pas , ceux qui font du cofte oà elle va jappent pour la faire dé- tourner j ils font fi bien qu'i Is Is Ee 550 Mifiùire naturelU. font pafïèr où cft le Oiâncajou, qui ne manque point ion coup, & fe jette à ion col ôc luy ronge, cftant tombée bas , ils îe met- tent a prés ôc en font bonne clie. re enlêmble tant que la bcfte dure. Pour la Marthe elle eft afTez <:onnuë, il s*en voit ^n France , mais elles font bien pliîs irougey que celles de ce païs-là& n'om . pas le poil il fin, elles fe tiennent Les quatre Saifons de Pannée ne font point égales en cespaïs- la non plus qu'en Fraoce j le Printemps yeft un peu plus tar- dif,ôc ne commence qu'au mois d' Auril du cofté du Nord : le # 54^ Hiftoire naturelle \ cofté plus Méridional de l'Aca. die commence au vingt ou vinot cinq de Mars ^ les copnmence. mens du Printemps font d'ordi, paire pluvieux^ ce n'ejpp pa^ qu'i( n'y ait des intervalles ae beau. temps, le mois de May venu , les pluycs n'y fontpas fi communes, iTiais il fait des bruines les ma- tins jufques fi^ir les neuf à dix heures que le Soleil les furmon- te, &C tout le refte du jour le temps eft beau & ferain. L'Efté d ordinaire eft toujours beau & fort chaud , il fait quel. que pluyc de peu de durée & en- cores quelquefois le matin delà brune , ellenepafle point feptà huit heures , tout le refte de laj journée il fait beau Soleil fansi nuage, il y a des années que la brune dure jufques à dix heu- ï detAmeriq. Septentrionale. ^j{,f\ res Se quelquefois tout le jour 5 ' elles ne font point mal.f aines. Pour r Automne, il fe trouve eu d'années qu'elle nefoit bel- e : j'y ay veu baigner du monde àlaTouflliint , le froid ne com- mence qu'a la my- Novembre,. & par de petites ne^es fondues qui ne durent point fur la terre. L'Hyver efl: agréable en ce' qu'il n'eft: point pluvieux ny remply de brouillards ny fri- mats 3 e'eft un froid toujours fec ôc beau Soleil , on ne void pas un petit nuage au Ciel , il y nege rarement plus de vingt- quatre heures de fuite , 6c d'or- dinaire il n*en tombe que durant vui jour ou une nuit, on cft des huit & quinze jours & mefme trois femaines fans voir neger^ pendant quoy il fait toujours 348 Hifioire naturelle beau- temps. Cela n*enipefche pas qu'il n'y ait des cîoups de vent quelques. fois furieux qui arra- chent àcs arbres , ils ne font pas de durée t pour des tremble. mens de terre , je n'ay point ouy dire qu'il y en euft eu de connoif. fance d*homnie , qu'un quej*ay veu il y a environ neuf à dix ans/ encore ce fut fi peu de chofe qu'à peine s*en apperçeut-on. II n*y euft que trois petites fecouiTcs^ Scfans quelques batteries de oui- fine & vaifTelle on ne ^'en fût point apperceu ^ il y euft quel- ques Sauvages qui le fentirem, cela ne les étonna pas feule- ment y il fut terrible à Kebec , où apparament il commença , mais je ne parle pas de ce pays- là, & j'en lai fie le récit à ceux qui en ont relTenty les effets. de h Ameriq. Septentrionale. 349 Depuis la fin du Printemps , & pendant TEftc & l'Automne, il s'y trou ve fouvent des orages, mais ils ne durent pas ^ neant- moins le tonnerre tombe quel- ques-fois en feu & fe met dans le bois , où tout eft fi fec qu'il y demeure àts trois femaines & un mois , & à moins qu'il n*y vienne des pluyes fufBlamment pour l'éteindre , il brûlera par fois des dix , douze, & quinze lieues de pays • lefoir & lanuit on en void la fumée de dix & douze lieues. Du cofté que le vent Ja porte , elle fe void bien d auffi loin : aux cantons où ce- la arrive toutes les beftes en fuyent quinze &: vingt lieues , oc fi c'eft fur le bord de la mer que l'eau des pluyes y puiflent içouler , tout le poiflbn en fuit , 35© H iftoire naturelle &c 11 y aura point de pefche Tan- née enfuivant , ny de gibier à la cofte , en forte que les navires pefcheurs peuvent bien cher. cher d'autres endroits, autre, ment ils ne feroient rien, ce que j*ay veu arriver non par le feu du Ciel , mais par le hazard d'un canonnier, qui faifantfe. cher fes poudres à Mifcou y mit le feu en prenant du tabac , & le feu ayant mis en cendre une bonne partie du bois de Pifle, fît que l'année fuivante il n'y a- voit point de mokiëàla cofte, en forte que les pefcheurs furent obligez d'aller chercher du poit fon ailleurs, A Pégard des fruits qui fe trouvent dans lepaïs , il y a des feriziers fauvages , le fruit n'en eft pas gros ^ pour le gouft il de Iki^eriq. S eptéhif tonale. 551 tient d€ la cerife : Ton y void en- core d'autre arbres , tout le fruit en eft fort menu, il y a des franir boifés en tous les lieux décou- verts des bois, bc mefme en nos défrichemens , fi on çR: une an - née fans les labourer ils fe rem- plifTenttout de framboi fiers, les rramboifes font fort gro fies d'un gouft tres-bon & plus excellent que celles de France, on a peine à en dégarnir la terre ^ fi après les avoir bien arrachées on laifife encore la terre lans Pavoir la- bourée & la femer, elle produit des noizilliers dont les noifettes font bonnes 5 arrachez les noû fettes & ne labourez point en- core la terre , elle produit des bois comme auparavant , la ter- re y eft fi bonne qu'elle ne peut dmeurer fans produire quelque ï . ' f ' «i 351 H ivoire natwelle chofe , joint qu*il s*y trouve ra« remeht des épines , des ronces, & des chardons. L*on y void encore de plufieurs fortes de grozelliers : il y a de ces grofïès grofeilles vertes de France qui ne font bonnes que lors qu'elles font choppes , il y en a qui ne font bonnes que lors qu^elles font violettes 5 la gro* zeille rouge qui vient fembkble à celle de France n'eft pas com- mune j il y en a d'autres pareil- les qui font velues : il s'en void encore de blanches & de bleues^ cette efpece ne fe trouve pas communément, toutes ces for- tes de grofeilles.là font bonnes à manger. Les Pommiers de ce pays-la rempent fur la terre , ils ne croifTent que d'un demy pied, & ont de l'Amérique Septentrionale. 353 ont la feuille femblable à du mirthe , le fruit en eft gros com- me àts noifettes , il eft d'un cô- té tout rouge , & de l'autre blanc : c*eft le petit lapis , elles ne viennent qu'en l'Automne ,, & ne font bien bonnes à manger qu'au Printemps & TEfté, lors que la nege Se THy ver ont pafTé defTus. Il fe trouve une racine qui jet- te un petit brain d*herbe, Sem- blable à la veillée ou lifette , qui s'ientortille à ce qu^elle rencon- tre 6c ne monte pas fi haut , la rencontrant fi vous fouillés au pied vous trouvés la racine, qui a des grains gros comme des châtaignes enfilées, femblables a des chapelets, les grains diftans Iles uns des autres d'environ un [demy pied j il y a de cts racines. G g %' 3J4 Hifioire naturelle la qu'on lèvera des dix a douze pas toujours garnies , l'une man. quant vous en trouvez une au. trerles Sauvages en font friands, elles ont le gouft de châtaigne lors qu elles font bouillies , & s'appellent des Chicamins. i^ik \ de l'ktneri^. Sepimtrhmle. jjj Chapitre XXIII. Concernant les mœurs des S au^ ^agesj leur police^ &coh^ tûmes ^ leur manière devir i;re, leur inclination y celle de leurs enfanSj de leurs ma- riages ^ leur manière de hâ-^ tir ^ Je ^eftir :^ haranguer^ O loutres particularité:^ IL me refte maintenant à faire voir les mœurs des Sauvages^ leur compledion y la manière de vivre , les mariages , les en- terrements, leur travail, les dan- ces , leurs chafFes , & comme ils fe gouvernoient par le paflc , 5y^ Hijhire nature % ainfi que je l'ay pu apprendre d*eux, & la manière dont ils agiflbient il y a trente fept à trente huit ans que je fus en ce païs-Ià , ils a voient encore peu changé leurs Coutumes, mais ils fe fervoient déjade chaudière, de hache, de coufteaux , & de fi ponr leurs flèches , il y en a. vojlc ei .•ore peu qui euflentdes armes à feu-. Ils vivoient encore longtemps^ j*ay veu des Sauvages de fîx à fept- vingts ans qui alloient en- core àla chafle à TOrignac, les Elus vieux qui approchoiènt de uit- vingt ans,felon leurs comp- tes n*y alloient plu^, ilîs comp- tent par Lunes. Avant que de parler die leur manière d'agir d'aprefent, il faut examiner le pafTé : leur nourri- ie l'Ameriq;. Septentrionale. 557 tmt eftoit de poiflbn ôc de vian- de roftye 8c bouillie : pour faire roftir la viande ils la coupoient f)arroîlelles,fendoientun bâtony a mettoient dedans , puis pi- quoient le bafton devant le feu , chacun y avoit les fîens ^ lors qu'elle eftoit cuite d'un cofté & à mefure qu'elle cuifoit , ils la mangeoient mordant à mefhie, & coupoient le morceau avec un os qu'ils aiguifoient fur àits ro^ ches pour les faire couper , ce qui leur tenoit lieu de coufteaux de fer,&: d'acier dont nous le^r avons introduit l'ufage depuis. Ayant mangé tout ce qu'il y avoit de cuit ils remettoient la viande devant le feu , prenoient un autre bâton & faifoient de mefme , avoient-ils mangé tou- te la viande d'un bafton ils en. 358 Hifiaire naturelle remetcoient toujours d*autre$ en continuant tout le jour. Ils avoient une autre manière c!e faire roftir avec une corde d'écorfç d'arbres,attachée à une perche, qui traverfoit le haut de leur cabanne^ ou d'un arbre a Tautre , où fur deux fourches pi- quées en terre Ton attachoitla viande au bout d'^en bas de la corde, au travers de laquelle on mettoit un bâton , avec lequel on luy faifoit tourner plufieurs tours y après on le laiffoit aller , ainfi la viande tournoit long- temps d'un cofté , puis de l'autre devant le feu : ne toumoit-elle plus , on tournoit encore la cor- de avec le bafton du milieu , on le laiflbit encore aller ^ le defTus de la viande eftant cuit, ilsmor- doient le dellus y ôc coupoient le del'kmerique Septentrionale 359? morceau tout ras delà bouche y continuant tant que le tout fut mangé : ils en faitoient auflj rô- tir fur les charbons. Pour le poiflbn, il le faifoienf roftir avec des baftons fendus^ fluifervoientde grille, ou bien uir les charbons , mais il falloir c](uil fut tout cuit avant que d'en manger 5 tous les enfans failbient leur rotifTerie comme les autres , avec àt% baflons fen- dus & fur les charbons. Toutes ces fortes de rofty' n*eftoient que Tentrée pour re- veiller Pappety , il y avoit la chaudière d'un autre cofté qui bouilloit : cette chaudière eftoit de bois , faite comme une gran- de auge ou timbre de pierre : pour la faire ils prenoient le pied d'un gros arbre qui étoit tombé, }6cr Hifioire naturelle. ils ne le tranchoient point n'aynt pas d'outils propres pour cela y cle les porter il n'y avoit pas de moyen j ils en avoient fait quafi en tous les endroits où ils alloient.. Pour les faire ils fe fcrvoient de haches de pierre bien égui- fces , amanchces au bout d'un bafton fendu y bien liées , & a- vec ces haches ils coupoient un peu le defUis du bois de la lon- gueur qu'ils vouloient la chau^ dîere ^ cela fait ils mettoient du feu deflTus , faifoient brûler lar- bre^ eftant brulë d'environ qua- tre doigts de profondeur , ils oftoient le feu , puis avec des fûerres & des gros os pointus arges d un pouce, ils creufoient de leur mieux en oftant tout le cliarbon , puisy remettoientdu de tAmeriq. Septentrio'hale. jiîi feu , & ayant encore brûlé , ils oftoient tout de dedans , & re- commençoient d'en feparer le charbon , faifant toujours de mefme julques à ce que leur chaudière fuft aflez grande à leur fantaifîe , mais plutoft trop grande que trop petite. La chaudière eftant faite , il s'en faut fervir, à cet efFet ils lempHAToient d*eau,&mettoient dedans ce qu'ils vouloient faire cuire : pour la faire bouillir , ils avoient de grofles roches qu'ils mettoient dedans le feu rougir ^ eftans rouges ils les prenaient avec des morceaux de bois , les mettoient dans la chaudière, el- les faifoient bouillir l'eau j ÔC pendant que celles-là eftôient dans la chaudière, les autres rouçinbient, puis oftoient celles 3 6t Mifioire naturelle •qui iftoient dans la chaudière y en mettoient d'autres : conti. nuant toujours tant que la vian- de fut cuite. Il y avoit toujours force boûiL Ion qui eftoit leur plus grand breuvage , ils beuvoient peu d'eau crue pour lors auflî bien qu'a prefent : leur plus grand traviiil c'eftoit de bien manger ôc d'aller à la chafle , ils ne man- quoient pas de beftes n*en tuant u'amcfure qu'il en avoîent be- oin ^ & mangeoient fouvent du poiffbn , fur tout du Loup ma- rin pour avoir l'huile , tant pour fe craifler que pour boire, & de la balcnc qui s'échoue fouvent à la code , du lard de laquelle ils faifoient grande chère 5 leur plus grand ragouft eft de la graifle , ils la mangent comme i de fkmeriq. Septentfionaîe. 3^3 on fait le pain & la boivent fon- due. Il y avoit pour lors Hen. plu$ grand nombre de Sauvages qu^à prefent : ils vivoient fans foucy^ ôc ne mangeoient nyfalény é- pifle, ils ne beuvoient que de bon bottillon du plus gras 3 c'é> toit ce qui les faiioit vivre long- temps & peuploient beaucoup : ilsauroient bien plus peuplé, fi ce n'eftoit que les femmes fî-toft qu'elles (cnt accouchées lavent leurs enfax.s quelque froid qu'il faiTe, puis les emmaillotent dans des peaux de marte ou caftors, fur une planche oùils les lient, fi c'eft un garçon, ils luy paflent la verge par un trou,par où fort lurinc , & à une fille ils mettent tme petite écorfe en goutierç entre fes jambes qui porte Turi-» Hh ij V ^^4 HifioiYB naiurelU' ne dehors j & fous leur derrière ils mettent du bois pourry fec, 5c réduit en pouffierepourrece. voir les autres excréments, en forte qu'ils ne les dcmaillottent que tous les vingt- quatre heures, mais comme ils leurs laifTent à Tair pendant la gelée la partie de leur corps la plus fenfîble, cette partie leur gelé , ce qui en fait mourir beaucoup , principa- lement des garçons qui font plus expofez à l'air par cet endroit- là que les filles : à cette plan. che eft attachée une couroye en haut par les deux bouts , en for- te qu'en la mettant fur leiir front la planche leur prend der- rière les épaules, & de cette manière la mère n'en a point les bras embarafTez , & ne les em- pefche nydc travailler n'y d'air âe HAmeriq. Septentrionale. 3^5 1er dans les bois , fans que 1 ea- fant puifle eftre ofFencc des branches aux paflages : ils ont trois ou quatre femmes & quel- ques-fois plus -, s'il stn trou voit quelques-unes fterilles, ils la peuvent répudier iî bon leur îemble, &:en prendre une autr^, & ainfi ils peuveiK avoir force enfans , mais fî une femme de- meuroit grofle, pendant qu'elle nourrit un enfant elle fe fait avorter j ce qui les ruinent en- core, elles ont une certaine dro- gue dont elles fe fervent pour cela qu'elles tiennent feçrettes entr'elles-, la raifon pourquoy elles fe font avorter, c'eft difent- elles parce qu'elles ne peuvent pas nourri»* deux enfans enfem- ble , d'autant qu'il faut que l'en- fant quitte.la mamelle de luy- Hh iij I '^ê6 Hifio ire naturelle mefme, & tette des deux ou trois ans 5 ce n*eft pat qu'elles ne leurs donnent â >iîr.:;ger de^ €e qu'elles ont , Se qu*cn ma. chant un morceau elles ne leurs mettent eala bouche,6c l'enfant Tavale. Leurs enfens ne font point opiniâtres en ce qu'elles leurs donnent tout ce qu'ils deman. dent, fans les laiiler jamais crier après ce qu ils fouhaitent , les {)lus grands cèdent aux petits, e père & la mère :> oftent le morceau delà bouche fi un en- fant le demande ; ils ayment beaucoup leurs enfans ^ ils n'ap- prehenr^'^nt jamais d'en avoir trop^ca. refont leurs richelTes ; les garçons foulagent le père aU ïant àlachafTe 5c nourrifTentla famille^ les filles travaillent, yiV "".1 % ■de tAmerîq. Sepuntrion^je-^^^ 1 ^ u tvipre vont au oo*»,? ioulagentlamere von à l'eau , £f ^'"«^ Ssau el- î-^fte dans les bms > après quei. 1 a r;ie ils la portent à 1 ?- ca- Weii; a toujours quelque les conduire Se leur ^PP/^"^^ ot^rlc^q o^^.; lieues ae Ucabanne.ôciln'yapomtde chemins battus. , j^ L'Homme dira feulement la ^iftance du çhemia , les bois tXut Paffer, les montagnes, s: res Juiffeaux e. prames s'U Y en a fur le chermn & fpe- rfilrarendroitoàferalabefte, foTi aura rompu trois ou qua. fre tranches d'arbres pour U re- trouver , en forte ^ ^ .... la la 7m^s. \.^^fK aH| w^m.:* l#^^l K'^ i'K: j^JH K. n,^ ' î* î 5 § H|i jég Hîfioire nafurelU manquent jamais & rapportent: quelques-fois elles couchent où eftlabefte, elles font grillades reviennent le lendemain. Quand ils ont demeuré quel- que temps en un endroit, qu^ils ont battu tout le tour de leur cabanne , ils vont cabanner à quinze ou vingt lieues de là 5 pour lors ils faut que les fem. mes & les filles emportent la ca- banne , leurs plats & leurs facs , les peaux , les robes , & tout ce qu'ils peuvent avoir,car les hom- mes 8c les garçons ne portent rien^ce qi^*ils pratiquent encore àprcfent. Eftant arrivez au lieu où ils veulent demeurer , il faut qu'el- les baftifTent la cabanne , cha- cune fait ce qu'elle doit faire ^ Tune va chercher des perches le rknierta. Septentrionale. 3^9 [ans le bois , l'autre va rompre fcJés branches de fapin , les pe- [tites filles les apportent , la mai- :re{Ie femme , qui eft celle qui eu le premier garçon comman- Ide ôc ne va rien quérir dans le pois , on luy apporte tout , elle Lccommode les perches pour Faire la cabanne , arrange le fa- pin pour faire la place fur laquel- le cnacun fe met , c'eft leur ta- ds de pied , & la plume de leur fit j fi la famille efl grande elles lia font longue pour faire deux feux, fînon elles la font ronde, toutes femblables aux tentes de guerre , fî ce n*eft: qu'au lieu de [toilles font des écorfes de bou- [leau , qui font fî bien accommo- dées qu'il ne pleut point dans leurs cabannes : la ronde tient dix à douze pcrfonnes , Ja Ion- ^*' 37a Hifioire naturelle gueur le double , les feux fe font dans le milieu de la ronde ^ ^ aux deux bouts de la longue. Pour avoir de ces ccorces, el les choififlent tous les plus gros bouleaux qu'elles peuvent trou. ver de la grofleur d*un muid, elles couppent Wcorce tout au. tour de Varbre , le plus haut qu*elles peuvent avec leurs ha- ches de pierre, puis la coupent en bas auflî tout autour : après cela la fendent du haut en bas, & avec leurs coufteaux d'os la lèvent tout autour de Tarbre^ qui doit eftre en fève pour la bien lever : lors qu'^ellcs en ont fuffifamment elles les coufent bout à bout, quatre à qur.tre, eu cinq à cinq : leur fil ei ; fait de racine de lapin qu'elles fen- dent en trois de melme que l'o- |"?:||'--^ '*<*i' Me l'Amérique Heptentrionak'^ji kier Honton lie les cerceaux des banques , elles le font aùflî fin ['■ !| le iif 38 1 Hifloire naturelle ▼oit à^s Sauvages qui ont des deux ou trois femmes grofles tout à la fois , ôc c'eft toute leur joyc que d'avoir grand nombre d'enfans. En toutes ces rcjouiflances de nopces & de feftins, ils fe parent de leur plus beaux habits ^ l'Efté les hommes avoient des robes de peaud'Orignac bien paflces, blanches y paflementées de paf- fèment large de deux doigts du haut en bas ^ tant plein que vui- de , d'autres ont trois rangs par le bas , les uns en long^, & lès au- tres en travers,d'autres en che- vrons rompus, ou par fem ces de figures d'animaux félon la fan- tai{îedel*ouvriere. Elles faifoient toutes ces fa- çons-là ^ de couleur rouge, vio- lette Ôc bleue, appliquées fur la de hkmerique Seftenirionalej^y peau avec delà colle de poiflonj, ils avoient des os Caçonnez de. plufieurs fortes qulls paffbient tous chauds fur les couleurs de* la manière à peu prés dont on' dore les couvertures des livres t: quant ces couleurs font une fois appliquées elles ne s'en vont pointa Teau. Pour pafïer leurs peaux on les mouille & on les étend au Soleil les faifant bien chauffer du cofté du cuir pour aracher lé poil , puis les tendent & ara- chent le poil avec des os faits ex- prés, comme ceux qui prépa- rent une peau à mettre en par- chemin , & enfuitc ils la frotent defoixd*oyfeau,& de quelque peu d'huiflc , puis Payant bien frotée entre leurs mains la paf- fcnt fur un bois poly fait en dos Il I 384 Hifioire naturelle draine ^ ainfî que l'on fait pour pafler les peaux à faire des gans lur un fer , la frotent tant qu'eL le foit fouple , Ôc bien maniable enfuite la lavent & la tordent avec des bois plufieurs fois, tant qu'elles rendent Teau blanche puis l'eftcndént pour la faire fe- cher. Pour \qs peaux paflees avec lepoil , ils nefe fervent que de foixdont ils les frotent bien avec la main , & les paflent encores fur leurs bois pour les bien cor- royer, s'ils elles ne font aflez molettes ils y mettent encores dufoix & recommencent à les froter tant qu'elles foient ma- niables puis les font fecher, toutes ces robes-U font faites comme une couverture foit pour hommes ou pour fe mmes. Les de l* Amérique Septentrionale.'^î^ Les hommes les mettent fur leurs ëpaulles lient les deux bouts avec des cordons de cuir defTous le menton , tout le refte n'eft point fermé ^ ils montrent tout leur corps , à la referve de leurs parties qui font cachées par le moyen d'une peau bien fouple bc fort mince , laquelle pafle en- tre leurs jambes & eft attachée par les deux bouts , à une cein- ture de cuir qu ils ont autour deux , &: s'appelle un brayer. Les femmes mettent cette robe en façon de Bohémiennes, l'ouverture eft au cofté , elles l'attachent avcG des cordons en deux endroits , diftans Tun de Pautre , en forte que leur tefte puifle pafïer dans le milieu Se les bras aux deux coftez , puis doublent les deux bouts l'un K w^ § m 518 Hifiùift naturejle lur Tautre , & par deflus elles mettent une xieinture qu'elles lient bien (erréé ,en forte qu'el- le ne puiffe fê 4efFaire par ce moyen elles font toutes cachées, elles ont des manches de peaux qui fontatta-chées l'une à l'autre par derrière , elles ont auïïî des chaufles de peau en écrier qui n'ont point de pied ies hom- mes les portent de mefiiic. Elles font auffi des fouliers de leurs vieilles robes d'Orienac , qui font engraiiées 6c meilleures que àcs neuves, leurs fouliers font arrondis pardevant , & la femelle redouble fur le bout du pied qui eft froncée auflî menu qu'une chemife , delà ^il T it fort proprement, les filles en font pour elles enjolivez de cou- leurs & les couftures garnies de V-- i de l'kmeriq. Sefténtrianale. 387 poil de Porc-épy qu*elles tei- gnent en rouge bc violet. Elles ont .de fort belles teiîa- tares , fur tout le ir couleur de feu qui pafle tout ce que nous voyons icy en ce genre-U^ ce qui fe fait avec une petite racine groflc comme du fîl^pour la feuille elles ne la veulent point faire voir , cela eH: rare entre elles*, c'elloit.fà à peu prés leurs habirs d'Efté 5 pen- dant THyver leurs robes font de Caftor , de Loutre , de Mar- te, de Loups ferviers , ou d*E- cureliils, toujours martachées c'eftà dire peintes. Mefmes leur vifage lors qu'ils vont en cérémonie avec leurs beaux habits font peint de rou- ge ou de violet , ou bien ils fe Kk ij ^i>.u,^ï# 388 Hijloire naturelle font des rayes longues & courtes & de couleur félon leur fan- taifîe , fur le nez , fcfur les yeux, le long des joues , & fç graiffent les cheveux d'huiles pour les rendre luifans , qui font les plus beaux entre eux , ils femblent à des mafcarades, ce font leurs pa- rades aux jours de rejouifïances. ^1i T.! §fl) ' i de l'krrieriq. Septentrionale. 385 Chapitre XXVL De leur Coijfure^ de leurs orne^ mens j^ ^ de leurs braveries. Du régime au ils ohfervent fendant leurs maladies^ de leurs divertijjemens ^ con* 'Verjations. Du travail des hommes c^ des femmes , ^. de leurs f lus ordinaires ofc«- parions. Ourdiftinguerle^ hommes •. &c les femmes d'avec les garçons & les filles par les or- nemens y les premiers ont les cheveux coupez au deflbus des •eilles y les garçons les portent KKiij p or ■*;î' .W-^%- ,'H:aS ''■*" '♦ > 59a Uifioire naturelle tous longs ,les lient en moufla- ches des deux codez avec des cordons de cuir j les curieux les ont garnis de poil dePorcépic de couleurs , les filles les ont auffi tout longs , mais les lient par derrière de mefme cordons, mais les galantes qui veulent paroiftre jolies & qui fçavent bien travailler, fe font des garnitures de la largeur d'un pied ou huit polices en quarré toute brodée de poil de Porc- ëpic de toutes couleurs fait fur le meftier, dont la chaîne eft de filets de cuir d'Orignaux mor- dez qui eft fort délicat , le poil dePorc-cpic eft la tramc,qu*eL les paflentâu travers de ces filets ainfî que Ton fait la tapifleriejce cjui eft bien travaillé j tout au- tour ils font une frange des mefl noufta- rQc des ieux ks rcëpic es ont îs lient >rdons, veulent javent t des c d'un îuarrc Forç- ait fur eftde mor- epoil ^u'eL : filets rie^ce tau- me/I. de l'Ameriq. Septentrionale 391 mes fillets qui font entoures aufli de ce poil de Porc-épic niêlez des coukursj en ccttQ frange ell^ mettent de ïa porcelene blan- che ôc violette y elles s en font auflîdes pendans d'oreilfes,qu*eL les ont percez en deux ou trois endroits. Cette porcelene n*eft autre cho/e que des dents d'un certain, poiffon qui fepcfchepar les Saun vages delà nouvelle Angleterre, qui leur eftoit bien rare , ôc en ce temps-là valoit beaucoup entre eux , ce qui eft conimun à prefent, chaque gr^in eftlosg de la moitié d-un travers dis doigt, c'efttout leur enjolive- ment en toute forte de travail où il falloit coudre à Péguille, qui eftoit cette alaine dontj'ay déjà parlé ou un poinijon d*os Kk iiij ^m 391 mfioire naturelle bien pointu pour faire un petit trou,Ôc y pafloient leur fil,qui eft fait d'un nerf d'Orignac qui fe trouve au long de Tcpine du dos 5 quand il eft bien battu il fe levé par filets auflî fin que l'on veut , c'eft avec cela qu'elles coufent toutes leurs robes , qui ne fe dccoufent jamais : voilà l'enjolivement des filles, fi-toft qu'elles font mariées , la mère les livran*- à leur mary luy cou- pe les cheveux , qui eft la mar- que du mariage, pareillement au marié. . La Loy qu'ils obfervoient an« ciennement eftoit celle de ne faire à autruy que ce qu'ils fou- haitoicnt leur eftre fait 5 ils n'a- voient aucun culte: tous vivoient en bonne amitié & intelligence, ils ne fe refufbient rien les uns vreî t an« î ne fou- »ient tice, uns de rAmeriq. Septentrionale. 39 j aux autres , fi une cabanne ou famille n'avoit pas de vivres ruffifamment {^s voifins luy en cionnoient, quoy qu'ils n enflent que ce qui leur faloit , ôc de tou- tes autres chofcs de mefme ^ ils vivoient dans la pureté , les fem^ mes eftoient fidelles à leurs ma- ris , Ôc les filles fort chafl:es ^ point fiijettes à maladies j ne connoiflbientpointdefiévre,s*il . leurarrivoit quelque accident , par chûtte , par brûlures , ou en coupant du bois y manque de bonne haches, qui vacilloient faute de bien couper , il ne leur faloit point de Chirurgien , i\s^ connoifl[bient des herbes , dont ils fe fervoicnt &fe gueriflbient fort bien , ils n*eftoient point fujets à la goûte, gravelle, fiè- vres ny rumatifmes , leur remeJ .!;-...^, •IfW^. i m 394 H ifioire naturelle de général eftoit de fe faire fuer, ce qu'ils pratiquoient tous les mois & rnefme plus fouvent, je dis pour les hommes ^ car je n'ay point eu connoiflance que les femmes fe fîflent fîjer , pour cet effet ils faifoient une petite cabanne en rond pour tenir au nombre de quatre,cinq, fix/ept, ou huit au plus , elles eftoient couvertes d'ëcorllè de haut en bas , bien bouchées à la referve d*une petite ouverture pour en- trer,le tout fe recouvroit encore de leurs robes,&pcdantque cela jfèfaifoit Pon avoit de grofïes roches que l*on metoit dans le feu , & que Ton faifoit bien rou- {çir , après quoy ceux qui vou- oient fuer , fe mettqient tous nuds dans la cabane afïîs fur le cul tous en rond , eftant U 'le fc faire ent tous fouvent, I car je nce que "^ ï pour petite enir au fix/ept, "ftoienc laut en refèrve our en- encore |ue cela grofïès ians le en rou- ii vou- t tous fîîs fur ant iâ ie Vkmenque Septentrionale, -^ï)^ leur femme ou àts garçoi^sleur donnoient de ces roches toutes rouges, avec un grand plat tout plain d'eau , &", un autre petit pour verfer de Teau fur les ro- ches qui étoient au milieu d'euxj cette eau que Ton verfoit fur ces roches faifoit une fumée qui rempli {Toit la cabann & Tc- chauffoit fi bien que cela les faifoit fuer^ lors qu'ils commen- çoient à iuer ils ne jcttoient plus d'eau que de temps en temps , les roches eftant rroides ils les mettoient dehors , on leur en donnoit d*aurres toutes rouges : ils ne fe preflbient pas de mer , s'cchauffoient petit à petit , & fi bien que l'eau leur couloit de toutes parts laquelle ils abatoient de temps en temps avec la main > ils y demeuroient Wl f 1 B* -V h j iii|Hm(iM iS ■ WÊiL ] ■ !' ift 1 ' ;■«■ I t K •» «,'! tl' 3 9 5 mjloire naturelle tant qu'ils pouvoient , & s*y tenoient une heure ôc demie 8c deux heures. Pendant ce temps- là , ils chantol -\t des chanfons^ faifoient desconces pour fe fai. re rire : vouloient-ils fortir , ils abatoient Teau tant qu'ils pou- voient du haut en bas , Se puis {)renant leur courfe ils s'en al- oient Te jetter dans la mer ou rivière , eftant rafraîchis ils mettoient leurs robes fur eux ,& puis s'en alloient en leur cabane aullî pofez qu'auparavant. Nos François fe font fuer comme eux , & ils fe jettent à Teau de mefme & n'en font point in- commodez j l'eau de ces païs- là n'incommode point la fantér l'Hy ver que nos gens vont à la chafïe, quelquefois ils n'ont point de chiens & tuent du gi- i.ii defkmerique Septentrionale. ^^j hier , ceux qui fçavent nager fe mettêcà Teau pour l'aller quérir ôc s'en reviennent au logis pour changer d'habits & n'en reçoi- vent aucune incommodité , 6c n'en font jamais enrhumez. S'ils eftoient malades à mourir de vieillefle, ou quelqu'autre ac- cident d'arbres, ou autre chofç quitomboitfur eux & où il ne paroifîbit rien , il y avoir des vieillards qui difoient parler au manitou , c'eft à dire au diable, qui les venoient foufler , ces gens-là leur mettoient force Icrupules enl'efprit, dont j'ay parlé de plu(îeurscy-devant,c'e- toient des gens qui auoient quel- que fubtilité plus que les autres, qui leur faifoient croire tout ce qu'ils vouloient &l paiToient pour leurs Médecins, Ces gens* fi 39 s 'H ivoire naturelle, - là venoicnc voirie malade, luy demandoient où eftoit Ton mal après s'eftre bienenqiiis de tout il promettoient guerifon en le foiiflant , ôc pour cela ilsfemet- toient à danfer parlant à leur manitou , ils danfoient avec telle furie qu'ils écumoicnt gro^com. me les poings des deux coftez de la bouche , pendant ce temps, là ils alloient de fois à autres trou- ver le malade , 8c Tendroit où il avoit témoigne fentir le plus de douleur ils pofoîent la bouche deiïus &: y louffloicnt de toute leur force quelque temps,& puis commençoient à danfer, en fuite deqaoy ilsretournolêtatt malade faire tout de mefme qu aupara- vant,puis ils difoient que c'eftoit le manitou qui le tenoitlà qu'il avoit pafle en quelques endrois xm die. ' t Ton mal, is de tout fon en le ils fe met. iit à leur tvec telle ;roçcom. codez de temps, là res trou- oitoù il ' plus de Douche le toute s^&puis en fuite malade uipara- c'eftoit a qu 11 ?ndrois ie tj4meriq. Septentrionale. 399 où il n'avoitpas fatisfait à l'hom- mage accouftumé ou quelque autres folies femblablcs , ôc qu'avec le temps i'scfperoicnt le faire fortir, cela duroit quel- quesfois des feptàhuitjours^ôc à la fin ils faifoict femblant deluy arracher quelque chofedu corps parfubtilitc quils montroient, endifant le voilà, le voilà, il eft forty , maintenant il efl: guery, & en efFet fou vent il s'en guerif- foit par imagination,6c s'ils n'en gucrifoient ils trouvoient quel- que autre excufe , à fçavoir qu'il y avoir plufieurs manitous qu'ils n'avoient pas voulu forrir, & qu'ils les avoient tropmeprifez^ ils faifoient toujours leur caufe bonne^onnelaifloitpas de leur donner quelque chofe^ non pas tant que s'il cuft efté entière- 400 Hiftoire naturelle ment ^;uery , ces Medecins-Ia ejfloieiit vieillards parefleux qui ne vouloient plus aller à la chafle , & qui avoient d'eux tout ce qui leur faloit^s'il y avoit qucL queS belles robes pu autre cho- fe de rare en une cabane, c'ë> toit pour Monfieur le Médecin, quand on tuoit des beftes on luy envoyoit tous les meilleurs morceaux, quand ils avoient guery trois ou quatre perfonnes ils ne manquoient plus de rien ce qui ne leur eftoit pas mal aifé de faire,en ce que la plus grande maladie des Sauvages , ne ve- noit que defantaifîe-, leuroftant cela de l*efprit tout auflî-toft ils eftoient guéris. Les Sauvages aimoient fort ces tours de fouplefles & à en- tendre des contes , il y avoit de ces de bAmeriq. Septentrionale. 401 ces vieillards qui en compo- foient comme on faifoit aux eji- fans du tëps des Fées, ou de peau d*afne , ou autres femblables , mais eux les compofoient fur les Orignaux, fur les Renards & au J très animauXjleurs difoient qu'ils en avoient veu d^aflez puilïants pour avoir apris à travailler aux autres , comme font les Caftors, bc ouy d'autres qui parloient : ils faiioient des contes ^ui c- toient agréables & d'efprit , quand ils en difoient quelqu'un^ c'eftoit toujours par ouy dire de leur grand père, ce qui faifoit paroiftre qu'ils avoient eu con- noiflance du Déluge, &: des cho J ks de l'ancienne Loy .Lors qu'ils faifoient des feftins de réjotiiC fance, après eftre bien repeus^, il y en avoit toujours quelqu'un^ 4\ Wi 401 - Mifioire naturelle qui en faifoitun fi long qu'A en avoit pour toute la journée ôc foirée avec les intervalles de rû re , ils eftoient grands rieurs , fi un faifoit un conte , tousTècoû. toient avec un grand filence,s'ils fè mettoient à rire s'eftoit un ris gênerai j pendant ce tempsJà ils ne laifoient pas de petuncr , ils avoient un certain tabac verd , dont la feuille n'ctoit pas plus longue que le doigt ny plus lar- ge , ils le faifoient fecher & le ^nettoient en pain , fait en galet- te , ëpaifle de quatre doigts , la ftimce n'eftoitpas forte , le ta- bac bon & fort doux : ces fai- fcurs de contes qui paroiflbient plus fubtilsque les autres, quoy que leur fubtilitez ne fufïent que des badineries, nelaiflbient pas d'abufer ceux qui prenoiçnt dehAmeriq. Septentrionale. 405 plaifirà les écouter. , Pour le travail des hommes , il cpnfiftoit à faire leurs arcs qui eftoient d'Erable tout de brin^ pour le façonner ils fe fervoient de leurs haches & coufteauxj pour le polir ils fe fervoient de coquilles d'huiftres ou autres co- quilles qu'ils poliflbient comme peut faire le verre j leurs flèches font de cèdres, qui fe fend droite & quiavoiët près de demie braC fe de longueur : ils les emplu. moient de queues d'Aigles • au lieu de fer jls y mettoient des os : leur bois de raquette eftoient de haiftre de la groflcur de cel- les à jouer à la paulmç , plus lon- gues & plus larges , & de la me- me forme fans manche,leur hau. teureftoit d'ordinaire à un cha- cun de la ceinture en bas , ils y Llij P. M»! 404 Mifioire naturelle mettoient deux bois qui traver- foient , diftant l'un de l'autre de la longueur du pied , elles é- toient cordées de peau d'Ori^ gnac , paffee en parchemin, que Ton coupoitparéguillettes fore longues grofles & menues ^ la grofle fe mettoit dans le milieu de la raquette où Ton met le pied entre ces deux baftons^Sc la plus menue aux deux bouts ^ tout joignant le bafton de de- vant , on laiflbit une ouverture au milieu de cette raquette pour y pafïèr le (bout du ,pied en che- minant , afin que la raquette ne levé point du derrière , & qu'el- le ne faffe que traifner,c'eftoienc d^ordinaire les femmes qui les cordoient. Leurs bâtons à darder, étoient ^uffi de heftre y au bout defquels ie l' AmeriqueSeptentrionalc^o^ ils emmanchoient un grand os pointu , ils s'en fervoient pour darder les beftes lors quiJL ya- voit beaucoup de negcs.. Pour faire leurs canots ils cher- choient les plus gros bouleaux qu'ils pouvoient trouver , ils . le voient Técorce de la longueur du canot qui eftoit de trois à quatre brafles & demie ^ la kr* ' geur d'environ deux pieds par le milieu, & toujours en dimi- nuant aux deux bouts venant à rien -, la profondeur eftoit d'un homme affis à venir jufques aux aiflelles y la garniture du dedans pour le renforcer eftoit des lattes de la longueur du canot, lâr?;es de quatre doigts en appe- tiflant par les bouts , afin qu'el- les fe puiffcnt joindre ^ le de- dans du canot en eftoit garny u % (s; H»4'. 406 Hifioire naturelle. Ear tout , & tout autour d un out aTautre -, ces lattes eftoient faites de cedrc qui eft léger , & qu ils fendoient auffi long qu'ils vouloienr & auffi mince qu'ils leurs plaifoit ^ ils faifoient enco- re du mefnie bois , des demy cercles pour fervir de membres, & leurs donnoient la forme au feu. Pour coudre le canot ils pre- noient des racines de fapin de la grofleur du petit doigt Se plus petites encore , elles eftoient fort longues, ils fendoient ces racines en trois ou qi(;iatre les plus grofles, cequife fend plus facilement que Pozicr à faire des paniers -, ils faifoient des pa- quets de cela que Ton mettoit dans l*eau de peur qu'ils ne fe chaflent , il falloit encore deux N, de l'kmeriq. Septentrionale, ^o-j baflons de la longueur du canot^ tout rond, &: de la groffcur d u- ne grofle canne , &: quatre au- tres ballons de haiftre plus courts: tout cela eftant près ils prenoient leurs éçorces , la plioient & drefToient en la for- me que doit eftrele canot , puis mettoient ces deux grandes per- ches tout autour, coufuësfurle bord en dedans avec cqs raci- nes. Pour coudre ils perçoîent Té- corce avec un poin çon d*os poin- tu Se pafToient dans le trou un bout de Tozier , le tiroient 8c ferroicnt le bafton contre Té- corce tant qu'ils pouvoient tou- jours en tournant le bafton de l*ozier , en forte qu*ils fe tou- choient Tun l'autre^ les baftons eftant bien coufus , tout autour. f "*! '4^0 Hifioire naturelle • ils en mettoient auflî de petits dehaiftrede travers, Tun dans le milieu qui entroit des ^ deux bouts , en des trous qui étoient aux baftons dont le canot éftoit bordé , 6c trois autres en avant, diftantes de demie brafïe les unes des autres, qui alloienten diminuant comme la forme du canot , &c trois autres aufïî qui fe mettoient en arrière en mef. me diftancej tous ces baftons entrent auflî par des bouts dans des trous qui eftoient faits en ces baftons qui font coufus tout autour du canot , auquel ils eftoient fi bien attachez des deux coftez que le canot ne fc pouvoit élargir ny étreflîr. En fuite on mettoit ces gran- des lattes , dont on garnifïbit tout le dedans du haut en bas^ qui de Vkmenq. Septentrionale 409 qui fe tou choient toutes : pour les tenir ils mettoient par^deflus ces demy- cerceaux , dont les bouts venoient joindre d'un cô- té ôc de l'autre ^ au deflbus de ces baftons qui eftoient coufus tout autour par le haut, qu'ils y fa ifoient entrer de force & en garnifToient tout le canot d un bout à l'autre , ce qui rendoit le canot ferme ^ en forte qu'il ne plioit ^oint par aucun endroit. Il y avoir des coutures, car pour l'étreflîr des deux bouts ils fendoient Técorce du haut en bas , ils doubloient les deux bouts lun fur lautre qu'ils coû- fbient,mais pour empefcher que les coutures ne priflentreau, les femmes Se les filles mafchoient de la gomme de fapin tous les jours tant qu'elles devint en Mm Kî'-T i 4.1 0 Hiftoiu nature lie onguent , qu'ils appliquoient avec du feu tout le long des coutures , ce qui eftanchoit mieux que du bray ^ tout cela eftant fait le canot efloit ache. vc, qui eftoit fi léger qu*un hom- me (eul le pouvoit porter fur fa tefte. Les avirons ctoient de haiftre, la palle de la lôgueur du bras Jar* ;e d'un dcmy pied ou environ, Se manche un peu plus long que la palle le tout d'une pièce, trois, quatre ôccinq perfonnes, tant hommes que femmes ramoient enfemble , cela alloit extrême- ment vifte , ils alloient auifî à la voile, qui ctoit autrefois d'ccor- ce , mais le plus fouvent d une peau d*un jeune orignac bien .paflee ^ s'ils avoient le vent fa- vorable, ils alloient auffî vifte âenc des hoit cela chc. lom- ir fa iftre, Tque trois, tant oient cme- Fiàla écor- dune bien îtfa- vifte de tAmeriq. Siptemriênate. 411 que le jet d'une pierre , & un canot portoit juiques à huit ou dix perfonnes. Le travail des femmes eiloic d'aller chercher la befte après qu'elle eftoit tuée , Tccorcher , la touper par morceaux pour la faire cuire : pour cet effet elles faifoient rougir les roches*, les mettoient & oftoient de la chau^ diere , amaflbient tous les os des orignaux , les piloient avec des pierres fur une autre bien large , les reduifoient en poudre, puis les mettoient en leur chau- dière 8c les faifoient bien bouil- hr, ce qui rendoit une graifle qui venoit fur l*eau,qu'ils amaflbient avec une cuillierdebois, &Ies faifoient tant bouillir qu*à la fin les os ne rendoient plus rien ,en forte que des os d'un orignac , Mm ij \¥ 1*1 '4IZ ' Hifioire naturelle fans compter la mouelle, ils en tiroicnt cinq à fîx livres de graif.. fe blanche comme nege , ferme comme de lacire-c'ëtoit dcquoy ils faifoient toute leur provifion pour vivre allant à la chafle ^ nous rappelions du beurre d'O- rignac , ôc eux du Cacamo. EMes faifoient leurs plats d'é- corccs grands & petits , les cou- foient avec ces racines de fapin, fi bien qu'ils tenoient Teau , el- les en garni{ïbient quelqu'uns de poil de Porc- épie, faifoient des facs de jonc aplaty, qu'elles treflToicnt les uns dans les autres, alloiêt aux bois chercher du bois fec, qui ne fume point pour fe chauffer & brûler à la cabane j |:outautre forte de bois ctoit bô pour la chaudière, attëdu qu'elle çtoit toujours hors de la ciabane. de rAmeriq. Septentrionale. 413 elles alloierit chercher de Teau, fjafToient les peaux ^ faifoient es robes , les manches , les bas , Se les fouliers , cordoient les ra- quettes ^ faifoient 8c defaifoient les cabannes ^ alloient chercher le fapin dont elles garniflbienc tout le dedans de la cabaiine de répaifleur de quatre doigts, à la referve du milieu ou fefaifoit le feu , qui n'eftoit point garny , elles l'arrangeoient fi bien qu 011 1 auroit levé tout d une pièce , ce qui leur fervoit auflî de pail- lafle & de matelats à fe coucher. La plume eftoit une peau d'ours ou d'urt jeune Orignac , dont le poil eft»fort long & é- pais : lors qu'ils fe Couchoient ils defaifoient leurs robbes qui leurs fervoient de couvertures, ils avoient tous les pieds au feu^ Mm iij €} ni ^14 Hifioifi naturelle qui ne mouroit point , Tcntre- tenant toujours & y mettant du bois dont la provifion eftoit à^la porte. Si on cHangeoit de lieu pour aller cabanner en un autre en- droit les femmes portoient tout: leurs filles grandes & petites portoient aum félon leurs for- ces, on les accoûtumoit pour cela déjeune âge au travail , 6c atout ce qu'il y avoit à faire , mefme à mâcher de la gomme de fapin, auffi n'a voient- elles jamais mal aux dents , qu elles a., voient bien arrangées 6c blan. ches comme de la nege : il les Dames de France fe fervoicnt de cette gomme , je ne doute point qu'elles n'en tirafïent les mefmes avantages : car il eft bon (k remarquer icy que les hom- de fkmeriq. Septentrionale. 415 mes qui vivpient d'un mefme fe- mme n'avoient pas neantmoins les dents fi belles que les fem- mes qui eftoient obligées de ma- cher la gomme de fapin pour caifetter leurs canots. Le travail des hommes eftoit de iaire leurs bois de raquettes ^ les plier, les polir, mettre les deux bois de travers , les rendre tout preft à eflxe cordées , ils faifoient leurs arcs^leurs flèches, \cs bois pour emmancher leurs grands os dont ils tuoient les orignaux, les caftors, & tout ce qu'ils dardoient : ils faifoient én« core les planches furquoy les femmes mettoient leurs enfans ^ & toutes autres fortes d'ouvra- ges de bois. Ils faifoient aufll leurs pipes 1 prendre du tabac,ils en faifoient M m my f 'H \. 4x6 mfioire naturelle de bois , d'un poucç du hom- mart qui eft proprement Tc- crevifTe de mer , ils en faifoient aufli d'une certaine pierre verte , & d'un autre qui eft rouge ^ a- vec le tuyau , le tout d'une pie- ce. Pour creufer & percer le tuyau ils fe fervoient de leurs os dont la pointe eftoit un peu platte & tranchante , ôc à force de tour-, ncr &: virer ils creufoient la pier- re ôc perçoient le tuyau,de mef- me & À force de temps en ve- noient à bout , tout leur travail ^ n'étoit jamais bien prefle , & ce qu'ils en faifoient eftoit feule- ment pour leur divertiftèmenr. Pour leurs autres fortes de pi- {)es elles croient de deux pièces , es tuyaux eftoient faits d'un certain bois que nos matelots mefi] ble en ai parc cett tenc dut toui dou tore chc def gro cer del'kmeriq. Septentrionale. 417 nomment du bois de Calumet , ils en faifoient des tuyaux d*un pied & d'un pied & demy de longueur j pour les percer ils fai- foient un cerne à un pouce prés du bout dont ils oftoient le bois tout autour jufques au milieu, qu*ils laiflbient gros comme la mefche d'une chandelle quifem- bledèla raoifle, quoy qu'il n'y en ait point ou fî peu qu'elle na paroift quafî pas j ils prenoient cette mèche avec les dents qu'ils tenoient ferme , & tout le refle du bafton avec les mains qu'ils tournoient petit à petit & fort doucement s & cette mèche fe tordoit fî bien qu elle fe déta- choit du dedans du bafton^eftant deprife d'un bout à Tautre de fa ^roffeur -, on la tiroit tout dou- cement en tournant toujours le m m 4t8 Hifioifft naturelle bafton , qui de cette manière fc trouvoit perce j enfuite ils le po. liflbient Se le rendoient de la groflèur qu'il le falloit pour en. trer dans le trou de la pipe , qui eftoit quelquefois de bois dur , 3uelquesfois d'os d'orignac , u pouce debomart, oud*ëcre- vifle de mer , & de toutes autres chofes félon la fantaiiîe qui leur prenoit d'en faire. ie u ie fkmmq. Septentrionale. 419 Chapitre XXV/ La chajfe des Orignattx , des OurSj des CaSiorSj^ des Loups fermiers c2r autres animaux^ pion IcurféLifin. LA chafle des Sauvages an- ciennement leur eifoit fa- cile, ils ne tuoient des beftes qu'à memre qu'ils en avoient befbîn | efVans las d'en manger d'unefor- te ils en tuoient d'une autre ^ ne youloient ils plus manger de ▼iande^ ik prenoient du poif- fon ^ ils ne faifbient point d'a- mas de peaux d'orignac, caflors ^ loutres ny autres qu^autant qu'il :>our les dents elles font plus ongues & plus afiUées que cel- les des mâtins , ces chiens fer- vent pour la chafle de TOri- gnac comme j'ay dit, le Prin- temps, TEfté ,J' Automne , & 1* H y ver lors que les neges les peuvent porter 5 il n'y a pas de Chaffeurs qui n'en ayent des fept à huit : ils les cheriflent beaucoup 5 s'ils ont des petits que la mère ne puiffe nourrir , les femmes les font teter t fonc ils grands ils leurs donnent du bouillon , eftant en eftat de fer- vir on ne leur donne plus rien 430 Hiftoin naturelle que les cripailles des beftes que Ton tuëj s*ils font huit jours fans îaer des beftes , ils font autant iàns manger^ pour des os on ne leur en baille point crainte de gafter leurs dents, ny mefipc ceux de Caftor^ s'ils en man- geoient cela empefcheroit les Sauvaees d*en tuer , mefme iî on les faifoit brûler , car il elt bon de remarquer icy, que les Sau- vages avoient la deflus des fu- !)erftitions dont on a eu bien de a peine à les dcfabufer : sWs a. voient fait roftir une anguille ils croyoiét auffi que cela les em« pefcheroit d'en- prendre une au- trefois : ils avoient ancienne- ment plufieurs fcrupulles de cette forte qu'ils n*ont plus à prefent , & dont nous les avons defabufez. de iAmeriq. Septentrionale. 431 Ceftoit leur richefle que leur chiens , & pour témoigner à un amy Teftime qu'ils faiioient de luy, ils luy donnoienr à manger le chien qu'ils eftimoient le plus en témoignage d'amitié : on dit que c'eft un excellent manger: ils le font encore, & les François en mangent quand ils fe trouvent aux feftins , dont ils font grand récit', & Taymenc plus que le mouton ; celanem*a pourtant jamais donné envie d'en manger. Lors qu'ils^ menoient leurs chiens à la chafle del'Orignac ^ le Printemps , TEfté, & TAu- tomne , les chiens alloient quel- que temps les uns d'un codé , les autres de l'autre : celuy qui rencontroit quelque pifte la fui- voit fans faire bruit , sll attra- m ^m. 43^ Miftoire naturelle f)oit la befte il gagnoit le devant uy (autant fur le nez ; pour lors il hurloit, l'Orignac s'y amu- foit & luy vouloit donner du pied de devant 5 tous les autres chiens qui Tentendoient y cou- roient Se l'attaquoient de tous les coftez -, il fc défend de fes pieds de devant , les cniens tâ- chent de luy attraper le meufle ou les oreilles : pendant ce temps-là le Sauvage arrive qui tâche fans fe faire voir de l'abor- der a portée 6c au deflbus du vent , car fî la befte l'apperçoit ou ré ventent, TÔrignac prend la fuite & fe moque des chiens , finon le Chafleur luy donne un coup de flèche^ eftant blefféil a peine de fe fàuver dits chiens qui le fuivent toujours ^ & le Sauvage auifi > qui le ratrappe &le vant lors .mu- r du atres cou- rous ; fes is tâ- leufle it ce Tçoit irend de l*kmeriq. Septentrionale. 435 6c le tire encore , mais quelques fois les chiens qui l'ont attrapé aux oreilles ou au mufle le cou- chent bas avant que le Sauva^ ge r^ye ratrapé ^ ils n*ont garde de l'abandonner , car bien fou- vent il y a fept à huit jours qu'ils iVont mangé, IdlSauvage arri- vé, l'achevé de tuer , luy fend le ventre, donne toutes les tripail- les à ks chiens qui font grand curée, c'eft ce qui rend leurs chiens afpres à la chafle : pour l'Hy ver lors qu'il a pieu fur la nege & qu'elle peut porter les chiens , ils s'en Icrvoient com- me j'ay déjà dit, parce qu'ils, n'ont pas pour îors tant de peine à attraper les Orignaux,ne cou- rant pas fi vifte,étant plus lourds que les chiens ils enfoncent dans la nege , & ne peuvent Oo im i 434 ^ifioire naturelle plus aller que par (auts. Pour celle du Caftors elle fe faifoit auffi THyver avec les chiens,mais ils ne Tervoient qu'à trouver le logement où ils fen- toient les caftors au travers de la glace, les ayant trouvés les Sau- ges couppoi^Ék la glace & fai- foient un trou affez large pour pouvoir paiïèr le Caftor, cnluit- te ils en faifoient un autre à vingt-cinq bu trente pas de là, fur le lac au large 5 en ce lieu- là fe mettoit un Sauvage ou deux avec Tare & la flèche qui a un harpon d'os au bout fait en cra- mailliere, comme celuy dont on fefervoit à la pefche de i'ëtur- geon, mais plus petit, qui a auffi une corde où il eft attaché d'un bout , &: le Sauvage tenoit l'autre 5 tout cela eftant fait , un ti C fu de Te ils le Jes dir Ca Jeî dot plu pet de ■ j bras noit quai quei :lle fe ec les t qu à Is leu- rs de la îs Sau- & fai- e pour cniuit- lutre à de là, :e lieu- )u deux ui a un : en cra- ont on rétur- qui a Lttaché tenoit fait , un de J^kmeriq. Septentrionale 435 autre Sauvage alloit à l'autre trou proche du logement àts Caftors , fe couchoit le ventre fur la glace , mettoit fon bras dedans le trou pour chercher l'ouverture àts Caftors , par où ils mettent leur queue dans Teau • là ils font arrangez tous les uns contre les autres , c'eft à. dire tous ceux d'une famille Caftorienne 3 les ayant trouvez le Sauvage paflbit la main tout doucement fur le dos d un par plufîeurs fois , & approchant petit à petit de la queue tafchoit de la prendre, ; J ay oiiy dire à des Sauvages, qu'ils ont efté fî long-temps le bras dans l'eau que la glace pre- noit tout autour de leur bras; quand ils ten oient une fois la queue ils tiroient le Caftor tout Oo ij % P 43^ Hifioire naturelle d'un coup de l*eau fur la glace , & en mefme temps luy don. noient de la hache iur la tefte, 8c Taflommoient de crainte que le caftor ne les mordit, car où ils mettent les dents ils emportent la pièce ^ en ayant tiré un ils tâ- choienr d'en avoir un autre , au- quel ils faifoient de mefme, les frottant doucement cela ne les fait pas fuïr , s'imaginantfe tou-^ cher les uns les autres,mais pour- tant en ayant enlevé trois ou quatre le refte prend la fuite & fe jette à l'eau, n*y pouvant de- meurer longt-temps fans refpi- rer j le jour qui donne fur le trou qui eft au large les y fait venir pour prendre l'air ^ les autres Sauvages qui font là en embuf- cade , fi-toft qu'ils paroiflent leurs donnent un çpup de flèche, -^ de ÎAmeriq. Septentrionale. 437 le harpon qui* des dents prend à quelque endroit du caftor qui l*empefche de fortir j on tire donc la corde, on ramené le caftor au trou , puis l'enlèvent fur la glace & TafTomment, quelque temps après il en vient un autre que l'on prend de mê- me, il s'enr fauve peu d'une ca. bane, ils attrapoient tout.L'hu- meur des Sauvages eft de ne par- donner non plus aux petits qu'aux grands ^ ils tuoient tout de quelque forte de befte que ce fuft quand ils les pouvoient attraper : il eft bon de ren^ar- quer icy qu'ils eftoient plus friands des petits que des grands de quelques efpeces de beftes que ce fuft , en forte que fou- vent lors qu'ils couroient deux E flans mafles & femelles ,- ils Ooiij m 43 8 Hifioire naturelle quittoient lemafles*ils apperce- voient que la femelle fuft plei. ne afin d'avoir ks petits ^ car d*ordinaire r!les en portent d'eux 5 & c'eft^our eux un grand régal. Pour les Ours, s'ils en tuoient l'Hyver il falloir qu'ils les ren- contraflent en allant à la chafïe^ rencontrant quelques gros ar- bres ils regardaient s'il fortoit de l*haleine en forme de fumée de dedans , s'ils en apperce- voient s*eftoit un figne que l'Ours y eftoit, ils montoient deflus l'arbre & tuoient l'ours avec leurs dards , puis ils le ti- roient de dedans j l'Eftë ils en rençontroient dans le bois qu'ils fuivoient à la pifte^ où le tuoient quelquesfois fur un chefhe où ils mangeoiêt dugland Jors un coup ie l^Amcri^. Septentrionale 43 gr defleche les faifoit bicn-toft dc^ cêdre,& (î-toft qu i) eftoit à bas, ils rcdoubloient d une autre flè- che^ puis l'aflbmmoient à coups de hoches^ s'ils le rencontroicnt à terre Pc qu'ils tirent defliis , fe^ Ion que Tours eft blefle il fuit , ou vient à rhomme , qui ^ bien- toft une autre flèche parée -, s'il ne le fait demeurer, l'ours Tem- brafle , & Tauroit bien-toft mis en pièces avec fes grifs , mais le Sauvage pour l'éviter fe jette la facccontre terre, Tours le fent, & (I Thomme ne remue point , il le tourne & luy porte le nez fur la bouche pour connoiftrc s*il refpire ^ s*il ne fent point fon hâlaine, il met le cul fur fon ventre , le foule tant qu'il peut, & en mefme temps re- porte fon nez fur fa bouche, sxï c? Oo iiij # i 44^ JF///?^/>^ «^//«r^//f. n*y fent point fon halaine, & que rhommc ne remue point il le laiflelà, & s'en va à quinze où vingt pas , puis fe met fur le cul % & regarde (i Ion ne remue point,quel*on demeure quelque . temps immobile il s'en va, mais s'il void remuer , il revient à rhomme,luy foulera encore fur le ventre aflez long-temps , puis ilretournelefentiràla bouche, s'il s'apperçoit qu'il refpire, il le foulera comme cela tant qu'il croye l'avoir étouffé , (î pendant ce temps-la les blelTures ne le font tomber bas j pour s'en ga- rantit il faut bien prendre gar- de de refpirer ny de remuer qu'il ne foit très-cloigné , ils ne font point d'autre mal , & lors qu'on a des chiens on fe garantift de tout cela. peti qui 'de t jimerlq. Septentrionale. 441 Pour les Loups ferviers , fi les Sauvages les rencontrent Ôd qu^ils les pourfuivent ou leurs chiens , cet animal monte dans un arbre où il eft facille à tuer , pendant que les chiens Tépou- vanient de leurs cris j tous les autres animaux ne forît pas bien mal aifës à tuer, oc il n y en a point qui foit capable d'atta- quer rhommc à moins qu'il n'en foit attaqué le premier 5 ils ne tuoient qu'à la flèche toutes for- tes de gibier d'eau 6c de terre , foit en volant ou à terre j pour récureuil , la perdrix & autres petit gibier , ce font les enfans qui s'amufent à cela. b' ^ 1 '(H : t'I il ) Il n J 7 1 M m 1 il 4-4^ Mifi^ire naturelle Chapitre X XVI. La chajje des Ojjeaux ^ des PoiJJons ^ tant de jour que de nuif y ^ la cérémonie de leur Enterrement^ ce qui s y pratiquait lors que l'on les mettait en terre ILs avoient encores i ^e autre chafle de nui" qui eft afftz })laifante en de certains cul de acs qui font à labry du vent, les Outardes , les Cravans & les Canards s'y retirent pour dor- mir fort au large , car à terre ils ne feroient pas en feureté à caufe àcs Renards , en ces lieux àe Vkm^nq. Septentrionale. 445 là Its Sauvages alloient deux ou trois dans un canot avec des torches qu'ils faifoient d*ccorfe de bouleau qui flamboient plus clair que des flambeaux de cire eftans au. lieu où font tous ces oyfeaux ils fe couchoient dans le canot qu'ils laiflbient al- ler à la dérive ians paroiftre > la marée les portoit droit au milieu de tous ces oyfeaux qui n en ont point de peur , s^imagi- nant eftre quelque pièce de bois que la mer tranfporte d un collé & d'autre comme cela ar- rive fouvent , ce qui fait qu'ils y font accoutumez, lorsque les Sauvages eflioient au milieu d'eux ,ils allumoient leurs flam- beaux tout d'un coup ce qui les furprenoît , les obli^eoit tous au mefme temps de le lever en lieux I ^^ niefme temp! \ If !444 Hifioire naturelUi Tair , la nuit qui eft brune fait beaucoup paroiftre cette lumie- re,foit qu'ils s'imaginent que ce foitle Soleil,ou autre chofe,iIs fe mèttoient tous à tourner en confufîon tout au tour de ces flambeaux qu un Sauvage te- noit en s*approchant toujours du feu & il proche qu*avec un bafton que les Sauvages te- noient ils les aflbmmoient en paflant,outre qu'à force de tour- ner ces oyfeaux s'etourdiflbient il bien qu'ils tomboient comme morts, & pour lors les Sauva- ges les prennoient & leur tor- [oient le col , en forte qu'en une nuit ils empliflbient leur canot. Les Sauvao-es fe fervoient en- cores de (qs flambeaux pour la pefche du Saumon 5c de la truite de tkmeriq. Septentrionale. 44 j faumonée qui eft auflî puiflante que le Saumon , il y a de deux ef. peces de Saumon , les uns fem- blables à ceux de France, les autres ont la mâchoire de deC fousplus pointue bc vin crochet au bout qui relevé au haut , je crois pourtant que c*eft ce que nous appelions en France Be- cars,ilsne font pas moins bons que les autres ^ tout cela vient de la mer & montent dans les rivières au printemps, il s'y ren- contre force fofles dans ces rivières ou le Saumon s'cgaye a- {)rés avoir monté, à quoy il a de a peine à caufedes faults qui s'y trouvent, il y a des endroits ou Teau tombe de huit , dix , douze & quinze pieds de haut oii le Saumon monte , il fe darde dans la cheute de Teau en cinq pu f "! iifP 44^ Hifioire naturelle iix coups de queue il monte haut , ce n'eft pas qu'il y aye des fauts en toutes ces rivières, mais en certaines rivières feu- lement , après avoir monte ils fe divertiflent en ces foffes , y ayant demeure quelque temps ils montent encores plus haut , en ces lieux de repos les Sauva- ges allcient la nuit avec leurs canots & leurs flambeaux 5 où il y a des fofTes ils y portoient leurs canots par dedans le bois, &ies mettoient o\x efloient les fau. monsyou les truites qui rarement fe mettent en une mefme fofïe, eftant là,ilsallumoientun flam- beau : le faumon ou la truite voyant le feu qui fait lueur fur Teau , viennent faire des cara- colles tout le long du canot j ce.. luy qui eft debout le harpon à k A^ monte y aye vieres, feu. itc ils ÎS,y temps haut, auva. leurs où il : leurs &les /au, ment bflè, lam- ruite r fiir :ara- ce.- de l'kmeriq. Seftentrionale.^^j main, qui eft le mefme du caf- ftor auîlî emmanché au bout d'un grand bafton , fi-toft qu il voyoit pafler un poiflbn il le dar- doit & en manquoit fort peu , mais quelquesfois le harpon ne tenoit pas manque d artraper quelque arefte , ainfii ils per- doient leur poiflbn -, cela n'em- pefche pas qu'ils n'en prennent des-cent cinquante & deux cens par nuit. lis fe fervent encore d une au- tre invention au plus étroit des rivières où il y a le moins d'eau, ils font une paliflade de bois tout au travers de la rivière pour ^mpefcher le poiflbn de pafler, &: au milieu ils laiflent une ou- verture, en laquelle ils mettent «des naffes faites comme celles ii plus Me Tautre ; ha , difril , Çf^ %M*mç eft inorte, Ôc qv e ion ^rae éft allée au pàïs oii ont accoiâ^jpîé d'âiïer les âmes dçs cha4a4i it s'ils Roy î ier des Loyau^ tte pe- )ublicr nir ce , que î telle del^Ameriéj. Septentrimàle. 2,55 qu'elle foit qui ne peut plus fer- vir , ils difent qu'elle eit morte, par exemple quand leur canot eft rompu , ils difent qu'il eft mort. Se ainfi de toutes autres chofes hors de fervice^ aq ij 460 Mifioire naturelle il Chapïtrb XXVîL La, différence c^uilj a entre les coujhimcs anciennes des San- nja^es ^ & celles d'aprejent. LEs Sauvages ^ujourd'huy pratiquent encore Tenter- rcment ancien en toutes chofes, excepté que Ton ne met plus rien dans leurs fofles dont ils font entièrement defabufez , ils fe fcnt deffàits aufîl de ces of- frandes fi fréquentes 2k, ordinai- res qu'ib faifoient comme par homniai!;A? à leur maniiou^en paf. fant par des endroits où il y a- voit quelque hazard à eflTuyer , ou bien où il eftoit arrivé queL d :à^:Jfe^ detAmeriq. Septentrionale, j^&i aues difgraces, ce quils fai- ioient pour en détourner autant de deflus eux ou leyr familles ? ils fe font encore corrigez d'au- tres petites fuperftitions qu'ils avoient , comme de donner à^s os aux chiens, de faire roftir des anguilles , & plufieurs autres de cette manière qui font entière- ment abolies , autant par un efl prit d*intereft que par aucune autre raifon , car ils y donnoient ^ fouvent ce qu'ils avoient de plus précieux 6c de plus rare , mafs comme ils ne pourroient* pas recouvrer maintenant les cho- ies qui viennent de Nous avec tant de facilite qu'ils en avoient à trouver des robbes de marte, de loutre ou de caftors , àes arcs, des flèches, Ôc qu'ils fe font apperçeus , que les fuzils &: \ ; .1 .,' -Ht^^n 4Ô2 Hiftoire naturelle autres chofes ne fe trouvoient ny dans leurs bois, ny dans leurs rivières, ils font devenus moins dévots y ou pour mieux dire, ihoins fuperfticieux dés que kurs ol&andes leurs ont trop coufté 5 mais ils pratiquent en- core toutes les mefmes manières delà chafiè , avec cette diffé- rence neantmoins ^ qu^au liçu qu*ils armoient leurs flèches & leurs dards avec des os debeftes^ pointus te aiguifez,ils les arment aujourd^huy avec des fers qu^on fait exprès pour leur vendre , & leurs dards font faits mainte* nant d*une cpëe emmenchce au bout d*un bafton de fept à huit pieds de long, dont ils fe fer- vent l'Hy ver quand il y a de la negc , pour darder Torignac, ou pour la pefche du faumon ^ de \' de fAmeriq. Septentrionale, 4^3 la truite £c du caftor ^ on leur fournit auffi des harpons de fer , de l'ufage defqueis nous avons parlé cy-deflus. m^-t^ ^y*\h 7 \.. : Le fyizW leur fert plus que tout cela à leurs chafTes du Prini temps , dePEftc & de 1* Autom- ne, tant aux beftes qu'aux op ieaux : d'une flèche ik ne tuent qu'une outarde , mais d'un coup de fuzil ils en tuent des^ cinq où {ix : pour la flèche il falloir ap« {)rocher là beftc de prés , avec e fu^il ils tirent la befte de loin avec une balle ou deux : les ha- ches, les chaudières, les cou- teaux 6c tout ce qu'on leur Son- ne leur eft bien plus commode êcplus portatif que ce qu'ils a- voient le temps pafle lors qu'ils eftoient obligez d'aller cabaner auprès de leurs moi^ftrueufès I M t ■ 4^4 Mifiêinn4turelle%^ ' chaudières au lieu qu aujour^ il*huy ils ont la liberté d'aller camper où ils veulent, &: on peut dire qu'en ce temps, là les chaudières immobiles eftoient la principale règle de leur vie , puis qu'ils ne pouvoient vivre quaux lieux où elles croient. A regard de la challe du caf. tor pendant iH-yver, ilslafont de mefme qu'ils la faifoient au«^ trefois, quoy qu'ils ayent néant- moins aujourd'huy plus d'avan- tage avec les flèches & harpons, armez de fer, qu'avec les autres dont ils fe (ervoient ancienne- ment, & dont ils ont abandon- né to|it à fait l'ufage. Pour leurs feftins , ils les ont comme ik faifoient anciei:ne^ ment , les femmes n'y entrent pG^t j ceux qui ont ti^ursmois fol t< C( bl di U ^, ..O^C 1^'" *. ietkmiriq. SepUntrionale. 4^ font toujours à parc ^ ils y font toujours des harangues^des dan- ces , niais Tiflue n'eft pas fem- blable, depuis qu'ils boivent du vin & de Veau de vie , ils font fiijets à fe battre j leur querelle vient d'ordinaire fur leur con- dition , car eftant faouls , ils fe difent tous grands Capitaines , ce qui engendre des querelles entre eux, dans les commence, mens il leur falloit peu de vin ou eau de viepour les faoulen Mais à prefent ils boivent bien d*une autre façon depuis qu'ils ont hanté les navires pefcheurs , ils ne tiennent plus compte du vin & ne vcuUent plus que de l*eau de vie ^ ils n*appellent pas boire s'ils ne fe faoulent, & ne croient pas avoir teu s'ils ne fè battent & ne s'afTommentj 466 HifiairendtnreUi lîcantmoins lors au'ils fe met- tent àboire^leurs femmes oftent de leurs cabannes , les fuziis , les haches ^ les é^éts emmanchées , les arcs , les neches , & mefmes jufques à leurs coufteailx, que les Sauvages portent pendus au col , elles ne leurs kâiïènt rien dont ils fe puiflent tuer , & eux fouffrent cela fans dire mot fi c*eft avant que de boire , autre^ ment les femmes n'oferoient cn^ trer dans les cabanes^ ^ tout auffi.toft qu'elle leurs ont ofté tout ce dont ils k pourroient blefler , elles l'emportent dans le bois au loing où elles ie vont cacher avec tous leurs en fans : après cela ils ont beau fe battre s*airommer&: fe tuei?\ les' fem-' mes n y viennent point, jufques au lendemain qu'ils font dëfaou- de Ikntinq. Septentrionale. 4^7 lez , pour lors leur combat ne fe fait que des perches de leurs ca- bannes qu*ils mettent en pièces pourlesavoir^ après cela il faut que les pauvres femmes aillent chercher d'autres perches & d*autres écorces pour faire leur logement ^ 5c fi il ne faut pas gronder, autrement elles fc- roient battues. S'il fe trouve quelqu'un de l>lefré entr'eux , celuy qui Tai^râ fait luy demande pardon , en di« fant qu'il eftoit yvre , il en eft quitte pour cela., mais s'il y en a quelqu'un de rué , il faut que le meurtrier, outre l'aveu defon y vrogncrie 8c le pardon qu'il de- mande , fafle quelque prefent à la vefve, à quoy cous les autres le condamnent ., & pour faire la paix entière il faut qu'il paye IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) 1.0 M teâlM |2.5 ■ 50 "^ ■■■ 2.2 lai 1.8 1-25 1.4 II 1.6 ■« 6" ► V] Va /: > '^ > 7 y^ Photographie Sciences Corporation •s^ \ «^ c\ \ lV 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 ^^f^ /.^v'^ i(.^8 H ifioire naturelle encore à boire , s*il n'a point de peaux j c'eft comme quidiroit je n'ay point d'argent: pour ache^ ter de Teau de vie pour lors faut qu'il vende fon fuzil/a couvertu- re ou autre chofe pour en avoir , ce qui leur coûtera des cinq à (îx peaux ils le donneront aux pef- cheurs pour une bouteille ou deux d'eau de vie, ils recommen- cent à boire ^ fi l'eau de vie qu ils ont eue n eft pas capable de les cnyvrçr ils donneront tout ce qu'ils auront pour en avoir enw core , c'eft adiré qu'ils ne cefle- ront de boire tant qu'ils auront quelque cliore,ainfîles pêcheurs les ruinent entièrement. Car aux habitations l'on ne leur en veut pas tant donner qu'ils en puiffent boire au point de fe tuer,Ôc on leur vend davan^ de tAmeriq. Septentrionale. 46^ tage qu'aux navires, ce font les Capitaines Se les matelots qui leurs en donnent , aufquels il n'en coufte que l*achapt, furi quoy ils ne laiflent pas de ga- gner beaucoup , car tous les dé- pens ôc frais du navire fe font par les bourgeois , outre que l^c- quipage traite ou négocie avec les Sauvages , du bifcuit , dès plombs , des lignes toutes neu2 fes , des voiles & de beaucoup d'autres chofes aux dépens del- dits bourgeois , cela fait c^As donnent aux Sauvages deak oti trois fois plus que Von^ne leur donne aux habitations , où il n*y a rien dont le fret ou le portage feul ne coûte foixan te livres pour tonneau fans l*achat & le coula- ge, outre qu'on donne aux Saot^ vages toutes les fois qu'ils vien- I ! ^ ' u i 470 Hifioire naturelle nent aux habitations un coup d*eau de vie^un morceau depain^ & du tabac en entrant, quelques nombre qu*ils foient^hommes & femmes : pour les en fans on ne leur donne que du pain , on leur €n donne encore autajit quand ils s'en vont , joint qu*il faut en- tretenir bien du monde à gage outre la nourriture j toutes ces gratifications-là avoient eftc in- troduites parle pafTc pour attirer Its Sauvages aux habitations ^ afin de les pouvoir plus facile- ment inftruire à la foy & Re- ligion Chreftienne , ce que l*on isivoit fait déjà d'uh grand nom*- bre, p ^ ^ les foins des Révérends P. Jefuites qui s'en font" retirez voyant qu'il n*y avoit plus rien^ ' faire avec dci gçns que la fre^ quentation des navires entrete- de rkmeriq. Septentrionale, 471 noit dans une perpétuelle y vro. gnerie. , A prefent, fî-toftque les Sau- vages fortent du bois au Prin- temps , ils cachent toutes leurs jxidlteures peaux , en apportent quelqu'unes aux habitations pour avoir leur droit de boire, manger & fumer, ils payent une partie de ce qu*on leur a prefté pendant r Automne pour fubfl- fter^autrementils mourroientde faim : ils àflurent que c'efl tout ce que leur ont produit leur chatte pendanrtout THyver, fi* tofl: qu'ils font partis ils vont re- prendre les peaux qu'ils ont ca^ ch^s dans les bois, & ypijt fuç les paflages des vaiffçéttx pell cheurs faire fentinelle : s'ilap- perçoivent quelques navires ils font de groflfes iumées pour ïu -I 1 I 47 3t Mifioire nature 'k vertir qu*ils font-là^ au mefmc temps le navire approche la ter- re , ôc les Sauvages prennent quelques peaux & le mettent en canots pour aller au navire , où ils font bien receus , on leur baille à boire & à manger tant qu'ils veulent pour les mettre en train , & on s'enquefte d'eux s*ils ont beaucoup de peaux, s'il n'y a point d'autres Sauva- jcs qu'eux dans le bois , s'ils di- [entqu*il y en a & qu'ils ont des peaux , tout à l'heure on fait tirer un coup de canon de la plus grofïe pièce pour les aver- tir qu^ils viennent, à quoy ils ne manquent pas auffi-toft qu'ils entendent le canon & apportent leurs peaux , pendant ce temps, là le navire amené fes voiles , pafle un jour où deux à courir bord de l^kmefiq. Septenrianale. 475 bord fur bord , en attendant les Sauvages qui leurs apportent une ou deux peaux , & (ont rc^ ceus avec la niefme chère que les Î)remiers qui ont encore part à a bonne réception que l'on /ait aux derniers venus, & reboivçnc tous enfemble fur nouveaux frais : il eft bon d'obferver que quand on dit peaux, fimplement ians autre adition , c'eft a dire peaux d'orignac dont fe font les meilleurs buffles.» Le foir eftant venu ils fe retu rent à terre avec quelques barils d*eau dévie, & fe mettent à boire , mais peu*, crainte de fe faouUer, ils renvoient feulement des femmes au navire qui pprr tenr une peau & rapportent dç Teau de vie , & renvoient com- me cela dç temps en temps des Rr ■' A\ /■ ^r 474 Hiftoin naturelle femmes afin d'avoir leur boiu teille d*eau de vie : mais fi vous defirez fçavoir pourquoy ils ne {)rennent pas tout ce qu'ils veu- ent boire tout d'un coup , c*efl: que les femmes ne font point de voyages aux navires qu'elles ne rapportent vingt-cinq ou trente galettes dé bifruit cie prefent que chacun leur ft't, pour queL ques plats d*ccorce Se des des- pefchipoty. Je croy avoir déjà dit que ces pefcîiipoty font è^ bourfes de cuir enjolivées pour mettre du tabac , qui eft un tra- vail des femmes afiez propre^ ment fait. ^ ^n pefchîpoty c*eft tout ce ijiti fe ferme- par un lien ou fer- rant côrtiiïieune bourfe , moyen- liant que tout cela ne palîe point la grandeur d*un- Tac a de tkmeriéi. Septentrionale, ^y^ mettre des heures, on en fait de martes , d'ccureuih, de ijats mufquezi ou autres petits ànu maux , d'autres de peaux' d'ô- rignac , de peaux de loup ma- rin, ceux-là font de la largeur de la main & un peu plife longs j un cofté tourne fur rautrê avec une petite couroye qui f fait plu* ifieurs tours pour la ierrtiei^, là'Ià manière de ces porte papierésdè cuir t^ceux de peaux ont des ti- tans cpbi^ les bôUriqs ; & tous ces pelHiipoty i \i (èfvetit k ftiiettte^u tabac ôû d^ ploîtij^ }>our la chaflç : les Sauvagefles es font valoir aux pèfcheurs fe^ lôii la peau Se' f^joliyèÉhciit hipuèté ^ qtf ij^ af^ipeliepft' ftiàr mMezr^^ ùt qtfi #^IÉt àvèt ÉùftM ^e^i^iépitbfclnev rbuu gô Bi Vtokt V- ^ic|uekjttçs^Î5 a^ Rr ij 47^ Hiftoire naturelle > yc^ de leurs pourcelcnes , dont j*ay déjà! parlé, avec cela elles tirent, beaucoup d(^ choies des matelpts, il n*y a cekiy qui n'en vueille avoir aux dépens du cor- billon , c'eft à dire du bifcuit du navire & de la : boifTon j cUes portent dç$ martes , à^s efcui reuiîs , pour cmvattes ou au- tres bagatelles que les femmes font 5 ce n*eft pas qu'elles debi-^ tent à chaque voyage tout ce qu*elles pojrtent,^ elles fçavent bien ménag^t leur feît , mats feulement pour ikire montrcfic donner de 1^'envie -, elles: promet^ tent â Tun & à' l^autre & ne don- tient rien ^pes(t m^v^ po^rfai re leur pefche Jc^e qn^el- ^i dt l'kmmq. Septentrionale 4^ les font efperer j après qnoy chaque matelot leur donne en cachette les uns àts autres des galettes de bifcuit , prennent toujours , en les aflurant de les aller trouver, mais elles n'y vont l^sfi-tofV , & demeurent enco- re à terre en attendant que d'au- tres navires viennent à palïer ^ il n'en pafle point dont elle? n*ayent par la qiefme méthode deux ou trois quintaux de bif- puit &de bons barils d'eau de vie, pour deux ou trois peaux 3 u'ils donnent , 6c ce qu'il y a e certain, c'c/l que tant qu'ils ? meuvent aller aux navires ils ne ë faou^ent jamais , car ils né çèurroient pas conferver |e ju- gement q»i leur eft neceflaire rfçmt prendre/les > thatçlots & lc$ C«f itaines poni'duppes & attra- 1, '478 Hifi^in natureUi . per leur pain , outre que tant qu'ils peuvent aller de fang froid ils boivent fans ou'il leur ^n coufte rien , tant hommes que femmes, Scfont pourtant fi bien qu a la fin ils k faouUent aux di« pens d*autruy avant que d'avoir touché i Teau dévie qu'ils ont traittce, tant ils font adonnc!2 à leur intereft 8c à leur plaifîf^ôc habiles à tromper ceux qui s*y fient. f> Les navires les ayant qoitez, ils commencent i boire tçut de bon à terre 5 s'il y demeure quel- ques femmes avec eux qui ay- ment à boire , quoy qu'elle fbient afiurez d'e^i'e Nf n bâti tués ^ elles ne fe m^crcrit point etv i peine pouirvai qu'elles ^ €c fàouHenti \ celles qui ne veukiv pas boi^e fi clM^i:«»^ent. ^ j^^ r ^L •<^l î tant g froid ?ur en 'S que fi.bien LÎXd<{- l'avoif ils ont onnear ifîr,ÔC ui s'y ..itM iitez^ »utde queL t'ell^ bâti >OJIX|C » iknp: içetii i/^ l'Amen^. Septentrionale. 479 rent avec leurs enfans dans les bois & ne reviennent point que toute l'y vrognerie ne (oit paflëe qui durera queiquesfois des deix ou trois jours fans défaouller ^ après quoy il fe trou e bien des teftes , des bras ^ des jambes fort endommagées & force cheveux: a;rrachez , ainfî il n*y a point de fibumiflîon à faire ^ chacun efl: itîàrquë & ne fongc qu'à fe pen- fer^ leur plus grand remède c'eil de la gomme de fapin qui eft fou- veraine comme le baume pour les playes n*y ayant point d'os cafTez , s^il y en a ils les fçavent fcien rabiller & les remettre en leuf eftat- tout cclafiiit, il four ittburner où les pefchcurs fonn là ils recommencent la mefitre vie tant qu'ils ont dequ^oy boire, ÔC fe dépouillait tous nuds^ ceft il » 480 Mifloire naturelle 44iitiju*ik vendent tout Stboû Wit^nf , cônfervant feulement ^ibS^l^p^rleur H f il^t ainfi tout l'Efté & par^ tie ^feil'Àutomne , tant qu'il y a des n^ire^ à la cofte , ^ il ne fe I^^Sk fK:é:it d*année ' qu'il né ie lui é^ fiX - f^ & huit SaùVà- 1^^ tatîieia &rftè par Pyvrè, gn^e. Les femmes ^Jcs grandes fil- les birivcnt bien auffî à la déro- ba 1%^ vont cadier dans les boit^pur^a. les matelots %a- Irent fcfâi k& rende^-rous , ce font eux quiiburniffênt Peau de vie| ô&ks mettent «é lî bon I^Ée qto^péuvent faire àt^hs %Wi^ «I qé^ veràent. Tô^es f es i^ii^l^Hriaii des naviresl^ Ipt eniieitrria^t példuas^ & ne leipudeiit |4us de la ReligkHi, elles de l'kmmq. Septentrionale. 475 elles] urent le nom deD ieu, font larronefTes Se fourbes, & n*ont plus la pureté du pafFc , ny fem me ny filles , du moins celles qui boivent : ce n'eft pas un crime à une fille d*avoir des enfans , elle en eft plutoft mariée , parce qu'on eft affuré qu'elle n'efl point fterile : ceiuy qui Tépoufe prend les enfans j ils ne repu^ aient pas à prefent côme ils ont fait par le pafTé , & n*ont plus tant de femmes, n'eftans pas bons chafleurs à caufe de leur yvrognerîe , & que les beftes n'y- font plus fi abondantes : outre toutes les méchancetez dont j*ay parlé , les pefcheurs leurs ont aprisàfe vanger les tinsdes^ autres : celuy qui voudra mal àl fon compagnon le fera boire eft compagnie tant qu*il Paye feiç Ss ,uk A.j6 Hifioire naturelle laouller pendant qu*il fe refer-^ ve, il fait femblant d'cftre faoul comme les autres & fait une querelle j la batterie eftant com- mencée , il a une hache ou au- tre ferement qu'il a caché de- vant que de boire qu'il prend & dont il aflbmme fon homme -, il continue de faire Pyvrogneôc c*eft le dernier reveillé : le len- demain on luy dit que c*eft luy qui a tué l*autrç , dont il fait le fafché, & dit qu'il eftoit y vre ^ fi le mort eftoit marié, ce faux y vrogne fait ou promet de faire prefent à la veufve , & H c*eft un garçon il témoigne les mef- mes regrets au père & à la mère, avec promefle auflî de leur faire des prefens : fi le deffunt a des frères ou des parens qui l'aiment jBcluy qui a tué eft afTuré qu'on TABLE DES CHAPITEIES 1 contenus en ce .premier Tome. C H À j:pt rE Pue mi e r.' V», \h^ vi... >' f ^^ .». ^ "ç Fï /^m/Ve ^e toutes les coJlês j ijlés ^ ri'vieres ^ . àç la bonté: de, la terre, : de U analité ..desjÂqis^ maux. & autres chofes con- TABLE tenues dan$ toute l étendue des cofles, depuis la rhierç de Pantagoiiet jufaues à cel-- le de faint Jean j aueç I4 redition au en ont fait les yingloiSj c!^ ce qui j ejl ar- riva jt ï Auteur. page / Chàp. II. êlui traite de U rivière de Jaint Jean^ des . mines du Pçrt royale de toute la 'Baye Françoije^ de la terre j des bois^ de la çhajp ^ C2r de tout ce qui sj efi pajfê. 3S Chai», lu. DefcripHonde U ' ctfie depuis UfU longue juf- crues à la H aive, des rivières, des iJleSi de la chajfe, de U TABLE » pefche 3 de la terre ^ ^ de diverjes Jortes de bois , teta-^ yiijjement d'unepejchefeden^ taire j comme elle a efié de- ■ trmte ^ ^ amm f articula-' \ rite'Z^ jS ChAp. IV. Suite dé la cofie d'Acadie depuis la Mai've jufques à (^ampfeauxoù elle finit ^ où font décrites toutes les ri'viereSj lesijles^ les bois ^ la bonté de la terre^ les di^ vcrfes efpeces de chajjes ^ ' de pefcheSj & des rencon-- très eir avantures qui font arrivées à l'Auteur. loj Çhap. V. Defcription de :\4:Çjimpfèmxj de la Baye cîr TABLE petit pajja^f de Camp/eaux jujaucs an capdefaint LoUis, des rivières , des ijles^ des h(tnjres , des bois, de la chaf- fe, de la pefchej ^ de ce qui y ^ft de plus particHÏier^ iz6 Chàp. VI. <^i décrit deïljle du Cap Breton , des ports ^ ha^vres ^ jes rimeres (^ les ijîes qui en dépendent ^ la nature de la terre , des efpe^ ces des boisj de la ptfche^ de la chajje ^ de tout ce quel- le contient^ i^f C H A P. VII. Contenant la Defcription de la grande ' Baye de faint Laurent j dt^ "\j Puis le cap faint J^iiis^juf- de l'Ameriq. Septentrionale. 477 luy en fera autant, Se toft ou tard ils fe vengeront. Voila une grande différence entre Icuii mœurs prefents a ceux du pafle ^ s'ils ont tou- jours la liberté de fréquenter les navires ce fera encore pis à l'a- venir, car leurs peaux ne vallent pas t||«jjqu'elles ont vallu ^ pour avoirTKquoy boire comme ils ont eu il leur en faudra donner de force, comme ils ont déjà obligé les navires qu'ils ont trouvez feuls , ce qui arrive af- fez fouvent • ils en ont déjà menacé , & mefme a un petit navire qui eftoit feul à un havre, ils lont forcé à leur en donner, & ont pillé des chalouppes qui. ëtoient au degrat , c'eft la re- compenfe de tout ce qu'ils leurs ont appris , 6c les Sauvages quje Ssij ^4.7'^ iY /^c^ir^ naturelle les pefcheurs ont amené en France y ont encore contribue par la trequentation des blâ- phemateurs , des cabarets & des îicux infâmes où on \çis a me- nez ; enfuite les guerres que les François ont eu les uns contre les autres pour fedepofleder par leur ambition & renvk|^avoir tout: ce que les Sauvl^s fça- vent bien dire , quand on leur reprefente qu'il ne faut pas dé- rooer ny piller des navires , car ils répondent auflî-toft , que nous le faifons bien entre nous : Ne vous prenez vous pas vos habitations les uns aux autres : nous difent-ils , & ne vous tuez vous pas pour cela , ne vous a- vons nous pas vcus faire,& pour- quoy ne voulez-vous pas que nous le faffions ^ fi on ne nous 1 le en Iribuë blâ- des mê- le les lontre ïrpar .avoir [S fça- leur is dé- !, car » que nous: Ls vos itres : s ruez )us a- pour- s que nous de rAmeriq. Septentrionale. 479 en veut point donner nous en prendrons, c*eft ce qu'ils difenc a prefent , à quoy )p ne vois Î)oint de remède qu'en peuplant e païs , ôc pour y parvenir que fk Majefté maintienne un cha- cun en ce qui Iny appartient/ans le donner a un autre après qu'on l*atira mis en bon eftat, comme Ton a prefoue toujours fait juf- tjues à prelent ^ & ruiné ceux qui avoient bonne volonté de peupler , pour y mettre ceux qtii n*y cnerchoient que de grands profits de traitte , ce que n'ayant pas trouvé auffi abon- damment qu'ils fe l'eftoient ima* ginez, ont tout abandonné & perdu bien du temps avec tou- tes leurs avances , mefme ruiné le païs qui feroit à prefent en eftat de fe maintenir , & de con^ 480 Hificin naturelle ferver au Roy les grands pro^ fits qu'il en a retiré , comme il feroit le^païs cftant auflî bon qu'il eft, s'il eftoit habité com- me il devroit eftrcj furquay je fouhaite que Dieu infpire ceux 3ui ont part au gouvernement e TEftat , toutes les confide- rations qui les peuvent porter à l'exécution d'une entreprife auffi glorieufe au Roy , comme elle peut-eftre utile & avantageufeà ceux qui y prendront intereftj ce que je fouhaite qu'ils faflent , principalement pour la gloire de Dieu FIN. ■J^ Table des Chapitres contenus au fécond Tome. -Chapitre Premier, V^Vi traite de la différence & rap- porc qu'il yaentie les climats de la nouvelle France & de l'ancienne»^ avec les raifons pourquoy ces pays- là peuuent produire tout ce qui croîc en France.. \ Chap. II. Le récit des profits qu'on retire & qu'on peut retirer du pays pour la pefche des :'noluës vertes ou blanches ainfî qu'ellesfe mangent à Paris 5 la manière de \\ p^fcber , ha « biller & falcr. 27 Chap. m. La manière de poTcherla molue qu'on appelle merluche, de rhabiller de la laler , & de la faire fecher , & de toutes les utencilles necefTaires pour cela. 3J Chap. ly. Contenant ce qui fe prati- que lors que les navires approchent du lieu où la pefche fedoMFaire, la manière d'avoir lear place ^ ce qui fe TABLE fait ï la décente , & comtnc l'on met U monde en befognc. 77 Chap. V. De la manière de faire l'é- chafTautpout l'habillage de la mo« lue , & du travail qu*ily a à le con- ftrùire. 91 Chap. vi. Contenant la manière de tirer Thuile des foycs de molue, a- ▼ce la defcrrption des inftrumens 6c ntencilles qni fervent à habiller, falcr & laver le poilfon I cequec'efl; que vignaux & grave » leur conf- tru^tion & leur olage. lot Chap. vu. Contenant la manieic dont on conftruit les chalouppes qu'on doit embarquer par quartiers pourportcràlapefche. 117 Chap. viii. De la diftribution qni fc fait des chalouppes aux Maiftres f^efcheurs, & du moyen dont on fe ert pour les mettre en feureté pen- dant la nuit. 15/ Chap. IX. Les préparatifs des cha* louDoes pour aller en pefchcsce qui fc pRbiqueeftant fur le fonds pour pcfcherj ce quife fait à terre > du met 77 cl'é- IÏI0« con- re de e, a- mens illcr, ec'eft conf- lot anieic uppes artiers 117 m qui aiftres on fc ëpen- s cha* ce qui ; pour e> da TABLE ' tetoui' des pefchcurs , & leur ma« nicre de décharger leurs chaloup« pes & de les meure en feureré. ^41 Chap. X. De la manière d'habiller ÔC faleria moluè, de faire l^huile qui s'£n cire, & comme ou ^pprefte les rabbes, cequec^eft&leurufagc. i// Chap. XI Le gouvernement des vic- tuailles ^ comme on en ufe pendant la pefcb^'j) comme la boitte ou ap- {^aft fe perche> & delà propriété de a molue&du maquereau. 171 Chap. xii. Le départ des Maiftrcsd^ chalouppes pour aller fur le fonds, & ce qui s'y pratique, l'ifxplication du marigot , ce que c*eft que de« grat, comme il fe fait , la caulc pour* quoy : & autres raifons fur le mctfme fujet. 18/ Chap. xiir. L*appreft dupoKTonda degrat,ce que Ton en lait, la ma*' nicre de laver la rooluè,& de la met* tre engalaire^ le grand travail à l'é- chafFaut quand lamoluë donne , & des lumières dont l*on fe fert. 1^7 Chap. xiy. Du travail déterre qui i^ i TAPL E fait à laver la moluë, la porter \ la galaire, auxvignau^t à la grave, lai tourncr& la mettre en pile. Z07 Chap.xV. La manière de faire les pil- les de molues,tout ce qui s'ypratique à rembarquement i tant polir la moIue que viâiuailles ôc autres cho« fes^ m Ch AP. XV L Récit gênerai de la pefchc fedcntairc de la moloe; les profits qu'en ont tiré ceux qui Tont cnirc- prifcjles avantages qu'on en peut faire îrétabliflement, fuppofé que le pays fe peuple en y envoyant des Colonies. i}; Chap. xvii. Des autres j^oifTons de n)er,de ceux qui aprochent de terre, leurs combats y la manière de les pefcher &leursqnalitez. ijf Chap* xvtii, Difcriptijn des poiit fons d'eau douce ï quatre pieds Jeurs formes & qualitez, leurs induftries & manière d'agir & travailler. 278 Chap* xix. Des oyfeaux de mer & de leurs proprietez. 29/ Chap. %x. La defcription de toutes rtcr ^ la rave, lal les pi U pratique polir la escho« 111 apefchc profita t entre- en peut ofé que t^ant des ions de le terre, i de les -s poill dsjeurs duftries r. 278 mer & Coures T A B L E , ques à l'entrée de U %aye des Chaleurs ^ aojec toutes les rivières (^ ifles qmjont le long de la cofie de Terre ferme & de tifte faint Jean^ la qualité des terres^ les ejl yeces des bois ; de la^efche ^ de U chajje , & quelque c \ cho/e de U conduite ^Mi maur s des Sauvages;. 164. Chap. VIII. Defiriptim de tljle faim lem c2r d^s an- tres if es ^ùi font dans U u grande Baye de faint LatA^ .\^\ rem jufqu'à fon entrée, mef me de Itjlede Sable , ^ de tout ce qui les concerne; ^ • • • i TABLE des hois , & de U pejchcj <»yifhajfej riiierrs, ^autres particularité^^. ip^ Cmap. IX. Defcription de la ^aye des Chaleurs ^ cy de tout le rMle de la cofle de la grande Baye jujquc'à l'en- trée de la grande rinjiere de faint Laurent , y compris toutes les rivières , Ports , 0* havres^ Us c^uaUtev^ des terres, des bois , des ej^eces dechajje. 20^ lérticles arrefie::^^ entre le feur l^vak Chevalier & Am^ haffadeur du Roy de la n'ande Bretagne, député i duàt Sci^eurJ^oyj 0* les autres ion de O'de de U 1ère de mifris ^orts , re:^ des ej^eces ^ 204. efiettr ' Am- de la, débuté ty les u ecretatre Ces Qommandemens t Corn- jnijfaires- deputeZ par Jk j\4ajeflé mur la reflimtiçrk des cho/ês qtti ont efiê frU Ces depuis le traité fait entrç les deux Couronnes, le vingt- quatre Avril mil fx cens vingt-neuf. Z3S Bnfuit la teneur du Pouvoir dudit peur Jfaaç Vvak Chevalier , Amhajfadeut 4u Roy de la grande Bret4^ T ABt E Mnfiiit h teneur du l^ou^njpir V defittf Jkurs' de J^jifUion eJr Bouthillier Commiffaires de- : putex, par fa Majeflé très- '. Chrefiennç.-^. v >ô.#<^â •u.. V j . 'i -' '■> Hi\> m'im> \ t. » L'Auteur prie le ledleur de fupïéet aux fautes qui fe pourront rcntontr^r %ù 1^ prefcmç iroptcflîpn^ ; , ' J . ^ u.i dt I TABLE tes efpeces de bois qui font avant dans les terres i leurs proprietez, 8c Us avâtages qu*on en peut tirer. 309 Chat* xxi. Qui ttaite des animaux, oyfeaux & reptiles, de leurs qualicez, & de la manière de les prendre. 31P Chap. xxn. Qui traitede la diverfitc desfaifons de l'année» & des diffé- rentes efpeces de fruits, 34/ Chap. xxiii. Concernant les mœuis des Sauvages, leur police &coiita- nie> leur manière de vivre, leur inclination, cell«: de leuis enfans , de leurs mariages, leur manière de baftir, fe veftir^ haranguer, & au« très patticularitcz, 3J/ Çhap. xxiv. De leur coiffure, de l«:urs ornemens, de leurs braveries; du régime qu'ils obfervent pendant leurs maladies, de leurs divcrtilTe- mens & converfations, du travail des hommes & des femmes, & de leurs plus ordinaires occupatiôs. 389 Çhap. xxv. La charte de orignaux,de$ ours,des cafl;ors,des loupsferviers SC autres animaux félon leur faifon.419 TABLE Chap. XXVI. La chafle des oifeaux^des poifTonsi tant de jour que de nuit , & la cercmoniede leurs enterremcns, ce qui s'y pratiquoit lors que l'on les mectoit en terre. 441 Chap. xxvii. La différence qu'il y a entre les coftumes anciennes des Sauvajges, Sc celles d'apiefcnt. 4/4 eauxjdes :nuic,&: :rcmenS) que l'on p'il y a ncs des int. 4J4