'^. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) // /> ^. 1.0 l.l 1.25 ■£ IM |2.2 1.8 U 11.6 Photographie Sdences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 873-4503 \ LV ■<^ <^ ^ ^ ^M A.V CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVI/ICMH Collection de microfiches. Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques The Instituts has attempted to obtain the best original copy available for filming. 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'^^î^^^-^^'^ ^^Ut-^ace RIS, E L'IMPRIMERIE ROYALE, M. DCCLXIX. . Il <■» ■ ^vChtz Tan c;kou CK e , Litoire, .tf /'Aç^f/ ^/ip T/wuj rue des Paitevlns, .quartitrSûint'Anâré'^a^Âres. '-f \ ^. ">•««•■ .ê^ ^ -vl 1 /x ./•*. ^'^,1 ■ <^' •«■ ■ r.-**.-.* T.-"- »iiln»'iilM»«illllil|i»«; * i ' * "«« T A B L E >c ce qui eft contenu dans ce Volume. lRTIGLE IX. Sur les inégalités Ae ta jurface de la Terre, Page I 38 RT. RT. X. Des Fleuves, XI. Des Mers & des Lacs.^ lOI RT. Xîl. Du Flux & du Reflux. „,,„-..-... 179 RT. XIII. Des inégalités du fottd de la Mer & des Cour an s, i p 8 iRt. XIV. Des Vents réglés, 224. lRT. XV. Des Vents irrémlïets ^ .^:des Ouragans, des ^ de quel- ■'}^lfyT'^\\ Trombes _ ques autres pli eno- r ■ mines caufés par fd* gitation de la mer & Je l'air. 254 Art. XVI. Dès Volcans à' des Tremblemens déterre. Art. XVII. Des Jjles nouvelles , :|. £ V wf;:y ^ /^rrfj. 410 Conclusion. ;/X 455. ton n^-, t...-. ■fSieiSfciiSf J^frn 1 < fl^B-M -ij\«iV>^ Vf' Ao v,-^^ . HISTOIRE Mon ilSTOlRÊ HISTOIRE NATURELLE. PREUVES DE LA [théorie de la terre, ARTICLE IX. Sur les inégalités de lafurface delà terre. E S inégalités qui (ont à la furface de la terre , qu'on pourroit regarder [onime une imperfedlion à la figure du jlobe , forit en même temps une difpo- [lion favorable & qui étoit nécefTaire lour conferver ia végétation & la vie ir le glpbe terreftre : il ne faut, pour ;n affurer , que fe prêter un infiant à mcevoir ce que fcroit la terre fi elle [oit égale & régulière à fa furface , oi| Tome IL A 1 Jl % Hifloire Naturelle. verra qu'au iieu d€ ces collines agréabfés' d'où coulent des eaux pures qui eni re- tiennent la verdure de la terre , au lieu de ces campagnes riches & fleuries oà les plantes & les animaux trouvent aifé- jnent leur fubfiilancc , une trille mer couvriroit le globe entier , & qu'il ne refleroit à la terre de tous (es attributs , que celui d'être une planète obfcure, abandonnée, & dedince tout au plus à l'habitation des poiiTons. Mais indépendamment de la nécelîité pnorale, laquelle ne doit que rarement faire preuve en Philofophie , il y a une néceiîité phyfique pour queJa terre foit trréguiièrc à fa furface , & cela , parce qu'en la fuppofànt même parfaitement régulière dans fon origine , le mouve- ment des eaux, les £eux fbuterrains, les vents ÔL les autres caufes extérieures au*- roient nécclTairement produit à la longue des irrégularités femblabies à celles que jnous voyons. Les plus grandes inégalités font lesi Îjrofondeurs de l'océan comparées à l'é- 1 évation des montagnes , cette profon-, K^ur de i'océan eft tort diâeremei même ée par la hauteur énorme des mon- tagnes & par ia profondeur affreufe des mers, n'eft cependant , relaùvemem à fon volume , que très - légèrement fillonnéc d'inégalités fi peu fenfibles, qu'elles ne peuvent eau fer aucune différence à la figure du globe» Dans les coniinens , les montagnes font continues & forment des chaînes; dans les îles elles paroifîent être plus inter- rompues & plus ifolces, & elles s'élèvent CMrdinairemcnt au-^ieffus ,< ^'* ■1 y «# « : 1 1 Ut/Iotre Naturette. & qui ne peuvent avoir été formées que par les eaux , c'cft la compofiiion des ma- tières même les plus dures , comme de la pierre & du marbre , à laquelle on recon- noît clairement que les matières étoient réduites en poufîière avant la formation de ces pierres & de ces m^irbres , & qu'elles le font précipitées au fond de l'eau en forme de fédiment ; c'efl: encore l'exac- titude avec laquelle les coquilles font ïîioulées dans ces matières, c'eft l'inté- rieur de ces mêmes coquilles, qui eft abfolument rempli des matières dans lef^ quelles elles font renfermées; & enfin ce qui le çlémontre incontellablement , ce font les angles correfpondans des mon- tagnes & éts collines qu'aucune autre caufe que les courans de la mer n'auroit pu former, ceft l'égalité de la h^iuteur des collines oppofées & les lits des diffé- ycnies matières qu'on y trouvai à la même hauteur , c'eft la diredion des montagnes , dont les chaînes s'étendent en longueur dans le même fcns, comme l'on voit 5'eiendre les ondes de la mer* A l'égard f\es profondeurs qui font à lu furfcice de ia terre ^ les plus grande^ k -t , . »-■■■ Tliêorie Je la Terre, Tt 3 Ibnt , (ans contredit , les profondeurs dé la mer, mais comme elles ne fe pré- sentent point à Toeil , & qu'on n'en peut juger que par la fonde, nous n'entendons parler que des profondeurs de terre ferme , telles que les profondes vallées que l'on voit entre les montagnes , les précipices qu'on trouve entre les.rochers , les abymes qu'on aperçoit du haut des montagnes , comme l'abyme du mont Ararath , les précipices des Alpes, les vallées des Pyrénées, ces profondeurs font une fuite naturelle de rclcvation- des montagnes, elles reçoivent les eaux & ks terres qui coulent de la montagne , le terrein en eft ordinairement très- fertile èi fort habité. Pour les précipices qui font entre les rochers , ils fe forment par l'afîàiflement des rochers, dont la bafe cède quelquefois plus d'un côté que de l'autre , par l'adion de l'air & de la gelée qui les fait fendre & les fépare, & par la chut€ impétucule des. torrens qui s'ouvrent des routes & entraînent tout ce qui s'oppofe à leur violence; mais ces abymes, c'ell-à-dire, ces énormes & "yaid^s précipices qu'on trouve au fominsi ;>i Ji ' . il ! ! JiK s ^4 Hifîolre Natureïïe, des montagnes, & au fond dcfqucTs ît lî'eft quelquefois pas^ poffibie de des- cendre y quoiqu'ils aient une demi- lieue ou une lieue de tour , ont été formés par ie feu : ces ahymes étoient autrefois les foyers des volcans » & toute la madère qui y manque , en a été rejetée par i*ac» tion & l'explofion de ces feux , qui depuis fê font éteints faute de matière com- Ludible. L'abyme du mom Ararath y dont M. de Taurnefort donne la def- criptbn dans fon voyage du Levant^ eft environné de rochers noirs & brûlés^ comme feront quelque jour les abymes de r£tna, du Véfuve, & de tous les autres volcans , lorfqu'ils auront confumé toutes les matières cosnbuftibies qu'ils lenferment. Dans l'hiftoÎFe naturelle de îa province de Stafford en Angleterre, par Plot, il eft parlé d'une efpèce de goufre qu'on a fondé jufqu'à la profondeur de deux mille fix cents pieds perpendiculaires y fans qu'on y ait trouvé d'eau , on n'a pu même en. trouver ie fond, parce que fa corde n'étoit |:)as affez iongue. Voye-;^ le* Journal des^Smans, mnét i é^l Q,page iz^ Théotte de ta Terre» ï j. Les grandes cavités & les mines pro-«. fondes iont ordinairement dans les mon-^ tagnes, & elles ne defcendem jamais» à beaucoup près, au niveau des plaines; ainfi nous ne connoilTons par ces cavités que l'intérieur de la montagne, & point du tout celui du globe. D'ailleurs, ces profondeurs ne font pas en effet fort confidérables ; Rihy affure que les mine:> les plus profondes n'ont pas un demi- mille de pro^fondeur# La mine de Cotteberg, qui du temps d'Agricola pafToit pour la plus profonde de toutes les mines connues, n'avoit que 2500 pieds de profondeur perpendicu- laire. Il eft vrai qu'il y a des trous dans certains endroits , comme celui dont nous venons de parler dans la province de StafTord, ou le Poolshoie dans la province de Darby en Angleterre, dont la profondeur eft peut-être plus grande ; mais tout cela n'eft rien en comparaifon de l'épaifleur du globe» Si les Rois d'Egypte, au lieu d'avoir fait des pyramides, & élevé d'aufll faf- tueux monumens de leurs richefles & de kur Ysuûtéjt euiTçiu f^t Ig même d^p^i^e 16 • Jitijioire Nature fie. pour fonder la terre & y faire une pro- fonde excavation, comme d'une lieue de profondeur , on auroit peut-être trouvé des matières qui aiiroient dédommagé ée la peine & de la dépenie , ou tout au moins on auroit des connoiflances qu'on n'a pas fur les matières dont le globe e(l compof€ à l'intérieur , ce qui leroit peut- être fort uiile. Mais revenons aux montagnes ; les plus élevées ibnt dans les payb méridio- naux , & plus on approche de Téquuteur , plus on trouve d'inégalités l'ur la furface du globe ; ceci eft ailé à prouver par une courte énumération des montagnes & des lies. En Amérique, la chaîne des Cordil- lères , les plus hautes montagnes de la ferre , eft précifément fous l'équateur , & elle s'étend des deux côtés bien loin au- delà des cercles qui renferment la zone lorride. En Afrique les hautes montagnes de là Lune & du Monomotapa,, le grand & le petit Atlas font fous l'équateur, ou fi'en font pas éloignés. En Afi€ le mont Caucafe^ dont in w i H I I ;-V_ Théorie Je la Terre. 17 cliaîne s'étend fous differens nonis juf- qii'aux montagnes de la Cliine, eft dans toute cette étendue plus voifin de l'équa- teur que des pôles. En Europe les Pyrénées , les Alpes & les montagnes de la Grèce, qui ne font que la même chaîne, font encore moins éloignées de i'équateur que des pôles. -^ Or ces montagnes dont nous venons de faire l'énùméraiion , font toutes plus élevées, plus confidérables & plus éten- dues en longueur & en largeur que les montagnes des pays feptentrionaux. A l'égard de la direiorvtge; mais la partie du monde où cela le voit le plus évidemment , c'cft au Pérou & au Chili; la longue chaîne des Cordillères eft coupée trts- rapidement du côté du couchant, le long de la mer pacifique, au lieu que du côté du levant elle s'abaide par degrés dans de valtcs plaines arrofées par les plus grandes rivières du monde. Voy. Tranfaéh philof, Abrig'd, voU VI, part, 2, page i j 8, ; » M. Bourguet , à qui on doit cette feelle oblervation de la correfpondance des angles des montagnes , l'appelle avec railpn , la clef de la théorie de la terre ; cependant il me paroît que s'il en (Êtit (ènti toutç i'iinporiancc , il l'auroit employée jHM r les vafteft iple , & le d'arriver à u que le té \ers le . La même )lus rapide nidi & du ord ou du les mon- , celles de monde où it, c'cft au chaîne des rapidement y de la mer é du levant de valles grandes ifûÛ, philof, doit cette fpondance , l'appelle Xéorie de la Ique s'il en il Tauroit employée s is Théorie de ht Tcne, ^ 5 employée plus heureu(ement en la liant avec dei faits convenables, & qu'il auroit donné une théorie de la terre plus vrai- femblable , au lieu que dans fon Mémoire, dont on a vu ï'cxpofé , il ne préfente que le projet d*un fyftème hypothétique dont la plupart des confequences (ont faufTes ou précaires. La théorie que nous avons donnée , roule fur quatre faits principaux , defquels on ne peut pas douter après avoir examiné les preuves qui les conflatcnt, le premier efl , que la terre eft par-tout , & jufqu'à des profondeurs confidérables , corn- pofée de couches parallèles & de ma- tières qui ont été autrefois dans un état de moilefle; le fécond, que la mer a couvert pendant quelque temps la terre que nous habitons; le troifième, que les marées & les autres mouvemens des eaux produifent des inégalités dans le fond de la mer ; & le quatrième , que ce font le^ courans, de la mer qui ont donné aux montagnes la forme de leurs con- tours , & la diredion correfpondajacjs dont il eft quedion. ? On Jugera, après avoir lu les preuyj^s Tome IL 'è ' a 6 Hijlotre Naîtirelk: que contiennent les articles fuîvans , fr j'ai eu tort d'afTurer que ces faits folide- ment établis , établilîent aufli la vraie théorie de la terre. Ce que j'ai dit dans le texte au fujet de la formation des mon- tagnes , n'a pas befoin d'une plus ample explication; mais comme on pourroit ni'objeder que je ne rends pas raîfon de la formation des pics ou pointes de mon- tagnes , non plus que de quelques autres faits particuliers, j'ai cru devoir ajouter ici les obfervations & les réflexions que j'ai faites fur ce fujet. J'ai tâché de me faire une idée nette & générale de la manière dont font ar^ rangées les différentes matières qui com^ pofent le globe, & il m'a paru qu'on pouvoit les confidérer d'une manière différente de celle dont on les a vues jufqu'ici, j'en fais deux clafîès générales auxquelles je les réduits toutes; la pre- mière eft celle des matières que nous trouvons pofées par couches, par lits, par bancs horizontaux ou régulièrement inclinés; & la féconde comprend toutes îcs matières qu'on trouve par amas, par fiions, par veines pcrpendiçulairçs & ns, (i folide- i vraie dans le ; mon- amplc ourroit îfon de c mon- s autres ajouter )jis que éc nette font ar^ ui con> 1 qu'on manière a vues rénéraies la prç- ue nous par lits, îèrement d toutes lias, par aire$ ôi Tliéorle Je la Terréi ly Irrégulièrement inclinées. Dans ïa pre- mière ciaflé font compris les fables, ies argiles , les granités ou le roc vif, les cailloux & les grès en grande mafîc, les charbons de terre, les ardoifès , ies fchifls , &c. & aufîi ies marnes , ies craies , les pierres calcinables, ies marbres, &c. Dans ia féconde , je mets ies métaux , ies minéraux, ies criftaux, ies pierres fines, & ies cailloux en petites maiîès ; -ces deux claiTes comprennent généralement tomes les matières qiie nous connoilTons : les premières doivent leur origine aux fédi- mens tranfportés & dépofés p^r les eaujc de ia mer , & on doit diftinguer celles qui , étant miles à l'épreuve du feu , fè calcinent & fc réduilènt en chaux, de celles qui (e fondent & (è réduiiènt en verre ; pour ies fécondes, elles ie rédui(eat toutes en verre , à l'exception de celles que ïe feu confume entièrement par l'inflammation. Dans la première claflè, nous diftin- guerons d'abord deux efpèces de fable , l'une que je regarde comme ia matière la plus abondante du globe, qui eft vitri- fiable, ou plutôt qui n'eft qu'un com- pofé de fragmens de verre; l'autre don» B ij "2 8 ■ N'iflvhe Naturelle. Jaf quantité e(l beaucoup moindre , qiiî €fl calcinablc & qu'on doit regarder comme du débris ou de fa poufliére de pierre, & qui ne diffère du gravier que par la grofîèur des grains. Le fable vi- trifiable cft en général pofé par couches comme toutes les autres matières, mais ces couches font fouvent interrompues par des mafles de rochers de grès, de roc vif, de caillou , & quelquefois ces matières font aufTi des bancs & des lits d'une grande étendue. En examinant ce fable & ces matières vitrifiables , on n*y trouve que peu de coquilles de mer, & celles qu'on y trouve ne font pas placées par lits , elles n'y font que parfèmées & comme jetées au hafard ; . par exemple, je n'en ai jamais vu dans les grès , cette pierre qui eft fort abon- dante en certains endroits, n'eft qu'un compofé de parties fablonneufès qui ic (ont réunies, on ne fa trouve que dans les pays où le fable viirifiabie domine, & ordinairement les carrières de grès font dans des cMlines pointues, dans des terres fablonneu(es , & dans des émi- xiences entr^-coupées ; on peut attaquer e, qiii î garder 1ère de icr que ible vi- :ouches s, mais DiTipues rès, de fois ces tics lits matières peu de y trouve iVy fot\t [ hafard ; . dans les abon- qu'un qui ic ue dans domine , de grès dans des les émi- attaquer Théorie de la Tetre» 2^ ces carrières dans tous les fens, ôc s'il y a des lits ils font beaucoup plus éloi- gnés les uns des autres que dans les carrières de pierres calcinables, ou de marbres : on coupe dans le maHif de la carrière de grès des blocs de toutes (brtes de dimenfions & dans tous les fens , (èlon fe befbin & la plus grande c-ommodité ; ôc quoique le grès foit difficfle à travailler , il n'a cependant qu'un genre de dureté , c'eft de ré/ifter à des coups violens lans s'éclater; carie frottement rufe peu à peu & le réduit aifément en fable, à l'excep- tion de certains clous noirâtres qu'on y trouve & <|ui font d'une matière fi dure que les meilleures limes ne peuvent y mordre. Le roc vif eft vitrifiable comme le grès & il eft de la même nature, (èule- ment il eft plus dur & les parties en font mieux liées; il y a audi plufieurs clous iêmblables à ceux dont nous venons de parler, comme on peut le remarquer aiféiaent fur les fommets des hautes mon- taejnes, qui font pour la plupart de cette eipècÇ de rochen, & fur lefquelles on ne peut pas marcher un peu Je (éîMpS l^ny s'apercevoir que cci clous f-oupeai ôa B il; I ^ 1 l ■I t ' H ' .'m 30" 'Hiftoire Naturelle. déchirent le cuîr des fouliers. Ce roc vif qu*on trouve au-deffus des hautes monta- gnes, & que je regarde comme uneefpcce de granité, contient une grande quantité de paillettes talqueufes , & ii a tous les genres de dureté au point de ne pouvoir ctre travaillé qu'avec une peine infinie. J'ai examiné de près la nature de ces clous qu'on trouve dans le grès & dans le roc vif, & j'ai reconnu que c'cfl une matière métallique fondue & calcinée à un feu très-violent , & qui reflemble par- faitement à de certaines matières rejetées par les volcans , dont j'ai vu une grande quantité étant en Italie, où l'on me dit que les gens du pays les appeloient Jchiarrî : ce font des mufles noirâtres fort pcfantes , fur lefquelles le feu , l'eau , ni la lime ne peuvent faire aucune imprefllon , dont la matière eft différente de celle de la lave ; car celle - ci elt une efpèce de verre, au lieu que l'autre paroît plus mé- tallique que viirée. Les clous du grès & du roc vif reHèmblent beaucoup à cette première niaiièrc, çç qui feinblç prouver encore que toutes ces matières ont été autrefois liquéliées par le feu. !• ï .i -I Théorie (Ht h Terré» ^t On voit quelquefois en certains en-» droits, au plus haut des montagnes, une prodigieufe quantité de blocs d'une gran- deur confidérable de ce roc vif, mêlé de paillettes talqueufes; ieur pofition cft \\ irrégulière , qu'ils paroiflent avoir été lancés , , On verra de même qu'en Allemagne il n'y â que le Rhin qui , comme le Rhône, a la plus grande partie de fon cours du midi au nord, mais que les autres grands fleuves, comme le Da- nube , la Drave & toutes les grandes rivières qui tombent dans ces fleuves, vont d'occident en orient fe rendre dans ia mer noire. - On reconnoîtra que cette mer noire , que l'on doit plutôt confldérer comme ne con- ue c'eû au nord i fleuves y'eux fur a que iç m midi , é de Ton julqu a ers Toc- toirs les a Loire , nême la rient en Ilemagne omme ie e de Ton que les le Da- grandes fleuves , idre dans sr noire , r commc^ Théorie Je la Terre. '41 un grand lac que comme une mer, a prelque trois fois plus d'étendue d'orient en occident que du midi au nord, & que par conféquent fa pofition eft femblabie à la diredion des fleuves en générai ; qu'il en eft de même de la mer médi* terranée , dont la longueur d'orient en I occident eft environ fix fois plus grande que fa largeur moyenne , prife du nord au midi. A la vérité, îa mer Cafpienne , fuivant I la carte qui en a été levée par ordre du I Czar Pierre I , a plus d'étendue du midf i au nord que d'orient en occident , au lieu que dans les anciennes cartes elle étoit prefque ronde , ou plus large d'orient en occident que du midi au nord ; mais fi l'on fait attention que le lac Aral peut être regardé comme ayant fait partie de la mer Cafpienne, dont il n'ed féparé* que par des plaines de fable , on trouvera encore que la longueur depuis le bord occidental de la mer Cafpienne jufqu'au bord oriental du laç Aral, eft plus grande que la longueur depuis le bord méri- dional jufqu'au bord fêpientrional de la jnêmc mer. - * M-, h. i m . î: ■ 42 Jllfiolre Naturelle: ^ On trouvera de même que l'EuphratÔ & le golfe Perfjque font dirigés d'occi- dent en orient, & que prefque tous les fleuves de la Chine vont d'occident en orient; il en eft de même de tous les fleuves de Tintérieur de i* Afrique au-delà de fa Barbarie , ils coulent tous d'orient en occident , & d occident en orient , il n*y a que les rivièrea de Barbarie & le Nil qui coulent du midi au nord. A ia vérité H y a de grandes rivières en A fie qui cou- lent en partie du nord au midi , comme ie Don , le Volga, &c. mais en prenant la longueur entière de leur cours, on verra qu'ils ne fe tournent du côté du midi que pour fe rendre dans la mer noire & dans la mer Cafpicnne , qui font des iacs dans l'intérieur des terres. On peut donc dire en général que dans l'Europe, i'Afie & l'Afrique les fleuves & les autres eaux médiierranées «'étendent plus d'orient en occident que du nord au fud ; ce qui vient de ce que les chaînes des montagnes (ont dirigées pour la plupart dans ce fcns , & que cl ailleurs le continent entier de l'Europe & de l'A fie eA plus large dans ce fens que Théorie de h Terre. 43 î'autre ; car il y a deux manières de con- cevoir cette direélion de» fleuves : dans un continent iong & étroit, comme e(l ce'ui de l'Amérique méridlv^nale , & dans lequel il n*y a qu'une chaîne principale de montagnes qui s'étend du nord au lud , les fleuves n'étant retenus par aucune autre ciiaîne de montagnes, doivent couler dans le fens perpendiculaire à celui de la direction des montagnes, c'eft-à-dire, d'orient en occident, ou d'occident en orient; c'efl en eflèt dans ce fens que coulent toutes les rivières de l'Amérique, parce qu'à l'exception des Cordillères, il n'y a pas de chaînes de montagnes fort étendues , <& qu'il n'y en a point dont les direcHiions (oient parallèles aux Cor- dillères. Dans Pancîcn continent , comme dans le nouveau, la plus grande partie à^% eaux ont leur plus grande étendue d'occident en orient , & le plus grand nombre des fleuves coulent dans cette diredion , mais c'eft par une autre raifon, c'eft qu'il y a plufieurs longues chaîner de montagnes parallèles les unes aux autres , dont la iliredion eft d'occident «n orieotv & que les fleuves ^ ks autres 44 Hijlelre Naturelle. eaux font obligés de fuivrc !es întérvalJes qui féparcni ces chaînes de montagnes; par conféquent une ^ule chaîne de mon- tagnes , dirigées du nord au fud , pro- duira des fleuves dont la direélion fera là même que celle des fleuves qui forii- roient de pludeurs chaînes de montagnes dont fa direction commune feroit d'o- rient en occident, ôc c*eft par cetie raifon parriculière que les fleuves d'Amérique ont cette diredion comme ceux de l'Eu- rope , de l'Afrique & de l'A fie» Pour l'ordinaire les rivières occupent le milieu des vallées, ou plutôt la partie la plus baflè du terrein compris entre les deux collines ou montagnes oppofées ; ïi les deux collines qui Ibnt de chaque côté de la rivière ont chacune une pente à peu près égale , ia rivière occupe à peu près le milieu du vallon ou de ia vallée intermédiaire : que cette vallée foit large ou étroite , ii la pente des collines ou des terres élevées qui font de chaque côté de la rivière, eft égale, la rivière occupera le milieu de la vallée; au contraire, (i l'une des collines a une pente plus rapide que n'ell la penie de la ç©lline oppofée | Thcorie de la Terre, 45 la rivière ne fera plus dans le milieu de la vallée, mais elle fera d'autant plus voi- fiiic de ia colliac la plus rapide que cette rapidité de pente fera plus grande que celle de la pente de l'autre colline ; l'en- droit le plus bas du tcrrcin dans ce cas, n*efl plu» le milieu de la valle'e , il cft beau- coup plus près de Li colline dont Li pente cfl là plus grande, & c'eft par cette rai- fon que la rivière en eft aufîî plus près. Dans tous les endroits où il y a d'un côté de la rivière des montagnes ou des col- lines fort rapides , & de l'autre côté des terres élevées en pente douce , on trou- vera toujours que la rivière coule au pied de ces collines rapides, & qu'elle les fuit dans toutes leurs direélions, fans s'écar- ter de CCS collines, jufqu'à ce que de l'autre côté il (e trouve d'autres collines dont la pente foit aflTez confidérable pour que le point le plus bas du terrein (è trouve plus éloigne qu'il ne l'étoit de la colline rapide. Il arrive ordinairement qu^par la fucceffion des temps la pente de ia colline la plus rapide diminue & vient à s'adoucir, parce que les pluies entraînent les terres en plus grande (juajci- 4^ Uijfolre Nciturelle» tiié & îcs enlèvent avec plus de vio- lence fur une pente rapide que fur une pente douce, la rivière eft alors con- trainte de changer de lit pour retrouver Tendroit le plus bas du vallon, ajourez à cela que comme toutes les rivières grof- fiflent & débordent de temps en temps , elles tranfportent & dépofcnt des limons en différens endroits, & que fouvent il s'accumule des fables dans leur lit, ce qui fait refluer les eaux & en chan/;e !a diredion; il eft afïèz ordinaire de trou- ver dans les plaines un grand nombre d'anciens iits de la rivière , fur - tout fi elle eft impétueufe & fujetie à de fré- quentes inondations, & il elle entraîne beaucoup de fable & de limon. '■- • Dans les plaines & dans les larges val- le'es où coulent les grands fleuves , le fond du lit du fleuve eft ordinairement l'endroit le plus bas de la vallée ; mais fouvent la furfacc de i'eau du fleuve eft plus élevée que (es terres qui fort^dja- centes à celles des bords du fleuve. Dup- pofbns, par exemple, qu'un fleuve foit a plein bord, c'eft-à-dir^, que les bords &L Teau du fleuve fbieiit de niveau g Théorie de la Terre, 47 de vîo- fur une )rs con- etrouvcr ijourcz à es grof- o 1 temps , limons )uvent il lit, ce Je trou- nombre - tout fi de fré- entraîne ges vaî- ives , lo iirement e ; mais euvc cfl p.t^dja- e. oup- uve foit 2s bords niveau I ft que l'eau peu après corimence à dc'- border des deux côtés, ia plaine fera bientôt inondée iufqu'à une largeur confidérable , & Ton obfèrvera que des deux côtés du fleuve les bords feront inondés les derniers, ce qui prouve qu'ils font plus élevés que le refle du terrein , en forte que de chaque côté du fleuve, depuis les bords ji^fqu'à un cer- tain point de la plaine, iS y a une pente infènfible, une efpècii de talus qui fuit que la furface de l'e«iu du fleuve efl plus élevée que îe terrein de la plaine, fur- tout lorfque le fleuve efl à plein bord. Cette élévation du terrein aux bords des fleuves provient du dépôt du limon dans les inondations ; l'eau eft communément très-bourbeufè, dans les grandes crues des rivières \ lorfqu'elle commence à débor- der , elle coule très lentement par-defTus les bords , ôc elle dépofe le limon qu'elle contient, & s'épure, pour ainfl dire, à mefure qu'elle s'éloigne davantage au large dans la plaine, de même toutes les parties de limon que le courant de la rivière n'entraîne pas , font dépofées iUr les bords I ce qui les élève peu à H: s -fd I 48 Hiflotrc Naturelle. peu au - deffus du refte de ia plaine. L€s fleuves font i' conune toujours plus larges à leur embouchure; à inefure qu'on avance dans les terres & qu'on s'éloigne de ia mer, ils diminuent de largeur; mais ce qui eft plus remar- quable & peut - être moins connu , c eft que tfans l'intérieur des terres, à une diftance confidérable de la mer, ils vont droit & fuivent la même diredion dans théo- latière : rivière ,u en la même , wit qui biement qui cft e groffit gcs , ou rapidité i rivière )ù cft le rme une d'éiéva- lus haut lit ;. celte [confidé- ngénieur avoir un niveau de celle e fleuve, ffcrcncc, Thé on e ^ ta Terre: j r en forte que le milieu de l'Aveiron éioit de trois pieds plus élevé que ieau du bord. Cela doit en effet arriver toutes les fois que Teau aura une très -grande rapidité; la vîteflfe avec laquelle elle eft emportée , diminuant Tadion de la pe- fmteur, l'eau qui forme le courant ne (q niet pas en équilibre par tout fon poids ^vec Teau q^i cft près des bords , & ç'eft ce qui fait qu'elle dempure plus élevée que celle-ci. P 'autre côté lorfque les fleuves approchent de leur embouchure , il arrive aftez ordinairement que l'eau qui fft près des bords eft plus élevée que çç\h ' milieu, quoique le courant foit rapid . , h rivière paroît alors former une courbe concave dont, le point le plus bas cft dans le plus fort du courant; ceci arrive toutes les fois que l'adion des ma- jées fe fait (èntir dans un fleuve. On fait que dans les grandes rivières le mouve- ment des eaux ocçafionné par les marées jcft fenfible à cent ou deux cents lieues de la mer , on fait auffi que le courant du fleuve confcrve fon mouvement au milieu des eaux de la mer jufqu'à des diftanccs confidérablesf il y a donc dans ji Hi/Iolre Naturelle* ^ ce cas deux mouvemens contraires JanJ leau du fleuve, ie milieu qui forme le courant*, fe précipite vers la mer , 3c l'adion de la marée forme un contre- courant , un remous qui fait remonter l'eau qui efl voifine des bords , tandis que celle du milieu defcend ; Sa comme alors toute i'eau du fleuve doit pafler par le courant qui efl au milieu , cel(e des bords defcend continuellement vers le milieu , & defcend d'autant plus qu'elle cft plus élevée & refoulée avec plus de force par l'adion des marées. Il y a deux efpèces de remous dans les fleuves , le premier , qui ell celui dont nous venons de parler, eft produit par une force vive telle qu'eft celle de j'eau de la mer dans les marées , qui non- fèulement s'oppo(e comme obflacle au mouvement de l'eau du fleuve , mais Comme corps en mouvement , & eil mouvement contraire & oppofé à celui du courant de l'eau du fleuve ; ce remous fait un contre - courant d'autant plus fênfible que la, marée eft plus forte: l'autre efpèce de remous n'a pour cauie qu'une force morte , comme eft celle d'un cbftac lie da remou un coi cepenc même bateau: de rem courar que le morte, ne COI rivière j que qu il faut e les en f fort (êr pides ai j'eau ai ponionl où ellef poufîè d'une ri d'un p« fomme geur toi auginei Théorie de la Terre» 5 3 obflacle , d'une avance de terre , d'une lie dans la rivière , &c. quoique ce remous n'occafionne pas ordinairement un contre-courant bien fenfible , ii i eft cependant aflez pour être reconnu , & même pour fatiguer les conducteurs de bateaux fur les rivières ; fi cette efpèce de remous ne fait pas toujours un contre- courant , il produit néceffairement ce que les gens de rivière appellent une morte t c'ell- à-dire, des eaux mortes , qui ne coulent pas comme le refle de ia rivière, mais qui tournoyent de façon que quand les bateaux y font entraînés , ii faut employer beaucoup de force pour les en faire fortir. Ces eaux mortes font fort (ëntibles dans tomes les rivières ra- pides au pafFage des ponts ; la vîterfc de î'eau augmente , comme l'on fait, à pro- portion que ie diamètre des canaux par où elle pafl'e , diminue , la force qui !a poufîe étant fuppofée la même; la vîtefle d'une rivière augmente donc au paffage d'un pont , dans la raifon inverfe de la /bmme de ia largeur des arches à la lar- geur totale de la rivière, & encore faut-il augmenter cette raifon de celle de la 11; "54 Hifloire Nûturelle. longueur des arches , ou , ce qui eft \t même , de la largeur du pont ; i'augmen- tation de la vîtefTe- de l'eau étant donc très-confidérable en fortant de l'arche d'un pont , celle qui eA à côté du courant cA poufTée latéralement & de cété contre les bords de la rivière , & par cette réac- tion il fc forme un mouvement de tour- noiement quelquefois très - fort. Lor(- «ju'on paflc fous le pont Saint-Efprit, les condiK5teurs font forcés d'avoir une grande attention à ne pas perdre le fil du courant de l'eau , même après avoir pafle le pc^nt; car s'ils laiflbient écarter îe bateau à droite ou à gauche , on fe- roit porté contre le rivage avec danger de périr, au tout au moins on feroit entraîné dans le tournoiement des eaux mortes , d'où l'on ne pour roit fortir qu'avec beaucoup de peine. Lorfque ce tournoiement caufé par le mouvement du courant & par le mouvement oppofé du remous efî fort confidérable , cela forme une efpèce de petit goufre, & i'on voit fouvent dans les rivières rapides à la chute de l'eau , au-delà des arrière- tecs des piles d'un pont; qu'il fe forme ï cle ces d'eau, < former autour rapidité drique force ce de s'élc centre ( noiemer Lorft d'eau , doivent qu'ils r que la r que l'ea vfte qu' augmen fond de Ion eux ment de des eau encore fur les rivière, vement confidc Théorie dé ta Terf^, 55» Je ces petits goufres ou tournoîcmcns d'eau, dont ie milieu paroît être vide «Sc^ former une efpèce de cavité cylindrique autour de laquelle l'eau tournoie avec rapidité ; cette apparence de cavité cylin- drique e(l produite par i'adion de la force centrifuge , qui fait que l'eau tâche de s'éloigner & s' '' gne en effet du centre du tourbulon jfé par Je toi." » noiement. Lorfqu'il doit arriver une grande crue fii 1 d'eau , les gens de rivière s'en aper- çoivent par un nipuvement parûculier qu'ils remarquent dans l'eau , ils dilent que la rivière mouve de fond , c'eft-à-dire, que l'eau du fond de la rivière coule plus vîte qu'elle ne coule ordinairement : cette augmentation de vîtefFe dans l'eau da fond de la rivière annonce toujours , fé- lon eux , un prompt & fubit accroifle- ment des eaux. Le mouvement & le poids des eaux fupérieures qui ne font point encore arrivées , ne iaiffent pas d'agir fur les eaux de la partie inférieure de la rivière, Ôc leur communiquent ce mou- vement ; car il faut , à certains égards , confidérer un âeuve qui efl contenu 6c iiij 5 6 Hifloire Naturelle, qui coule dans Ton lit , comme une co- lonne d'eau contenue dans un tuyau , & le fleuve entier comme un très - iong canal où tous les mouvemens doivent le communiquer d'un bout à l'autre. Or indépendamment du mouvement des eaux fupérieures , ieur poids feul pourroit £iire auamenter la vîtefle de la rivière, & peut-être la faire mouvoir de fond; car on fait qu'en mettant à l'eau pluficufs bateaux à la fois , on augmente dans ce moment la vîtefTe de la partie infé- rieure de la rivière en même temps qu'on retarde la vîteflê de la partie iiipe'rieure. La vîtefle des eaux courantes ne fuît pas exà<^ement, ni même à beaucoup près, la proportion de la pente: un fleuve dont la pente feroit uniforme & double de la pente d'un autre fleuve , Ile dcvroit , à ce qu'il paroît , couler qu'une fois plus rapidement que celui- ci , mais il coule en effet beaucoup plus vite encore : fa vîtefle au lieu d'être double, eft ou triple , ou quadruple , &c, cette vîtefle dépend beaucoup plus de la quantité d'eau & du poids des eaux 'I Théorie de la Terre, 57 fupérîeurcs cjue de la pente , & lorfqu'on veut creuier ie lit d'un fleuve ou celui d'un égoût , &c. il ne faut pas diilribuer ia pente également fur toute la longueur, il ell néceffaire, pour donner plus de vîteffe à l'eau , de faire la pente beau- coup plus forte au commencement qu'à l'embouchure, où elle doit être prefque infenfible, comme nous le voyons dans les fleuves ; lorfqu'ils approchent de leur embouchure la pente eft prefque nulle, & cependant ils ne laiffent pas de con- ferver une rapidité d'autant plus grande que le fleuve a plus d'eau, en forte que dans les grandes rivières , quand même le terrein lèroit de niveau , l'eau ne laiffe- roit pas de couler, & même de couler rapidement, non-(èuIement par la vîtefle ^cquife (a), mais encore par l'adion & le poids des eaux fupérieures. Pour mieux faire fentir la vérité de ce que je viens de dire , fuppofons que la partie de la Seine fa) C*e(l faute d'avoir fait ces réflexions que M. "^'.r in dit que ia fotirce du Danutie efl au moins de jùyi milles d'Allemagne plus élevée que Ton em- boucliure ; que la mer méditcrranéejft de 6 -^ mille.? d'Allemagne plus baHè que les foufoes du Nii^ que C y 5 8 Hifloire Naturelle; qui cfl entre le Pont- neuf & le Pont- royal fût parfaitement de niveau , & que par- tout elle eût dix pieds de profon- deur ; imaginons pour un indant que tout d'un coup on pût mettre à fec le lit de la rivière au-dcflbus du Pont-royal & au-defîus du Pont-neuf, alors l'eau qui fèroit entre ces deux ponts , quoique nous l'ayons fuppofée parfaitement de niveau , coulera des deux cotés en haut 6 en bas , & continuera de couler juf« qu'à ce qu'elle fè foît épuifée; car quoi- qu'elle foit de niveau , comme elle eft chargée d'un poids de dix pieds d'é- paifTeur d'eau , elle coulera des deux côtés avec une vîtelTe proportionnelle à ce poids, &. cette vîtefic diminuant tou- jours à mefure que la quantité d'eau di- minuera , elle ne cefîera de couler que quancT elle aura baiffé |ufqu*au niveau du fond: le poids de l'eau contribue donc fa mer Atlantique eft plus bafTe d'un (îemî-miUe que la mer mcditerranéc, &c. ce qui eft abfolunaent con- traire à la vérité : au refte , le principe faux dont M. Ku'n lire toutes ces conlequences , n'eft pas ia feule erreur qui l't trouve dans cette pièce fur l'origine des fon- aines, |gui a remporté le Prix de l'Asadcmie de £u« ieaux en 17^1» . . ^ ^auco pour o telTe di l'eau, 1 le niilie qu'elle de l'eai réadioi chofe d acquis 1 non-fèi un terr( en état fe répa ou du inondai On( les Iev< établit dérable l'eau , peiiie contre élévati( foh po couran les pil( Théorie Je la Terre, la vîtefTe de i eau 59' & c'eft ^aucoup pour cette railbn que ia plus grande vî- tefTe du courant, n'efl ni à ia furface de i'eau , ni au fond , mais à peu près dans le milieu de ia hauteur de l'çau , parce qu'elle efl produite par l'aiflion du poids de l'eau qui eft à la furface , & par ia réaiîlion du fond. II y a même quelque chofe de plus , c'eft que fi un fleuve a voit acquis une très-grande vîteffe, il pourroit non- feulement la confèrver en traverfant un terrein de niveau , mais même il feroit en état de furmonier une éminence fins fe répandre beaucoup des deux côtés , ou du moins (ans caufer une grande inondai ion. On (êroit porté à croire que les ponts, les levées & les autres obllacles qu'on établit fur les rivières, diminuent confi- dérablement ia vîtefTc totale du cours de l'eau , cependant cela n'y fait qu'une très- petite différence. L'eau s'élève à ia ren- contre de i'avant-bec d'un pont, cette élévation fait qu'elle agit davantage par foii poids, ce qui augmente la vîtefîè du courant entre les piles, d'autant plus que les piles font plus larges & les arches plus C vj 6o ITiJIoke Naturelle* étroite? , en forte que le retardement que CCS obAacles caufcnt à la vîtefTe totale du cours de l'eau , eft prefqu'infenfible. Les coudes , les fniuorncs , les terres avancées, les îles ne diminuent aufïi que très-peu la vîtefTe totale du cours de l'eau : ce qui produit une diminution très- confidcrable dans cette vîteflè , c'eft ï'abaifTement des eaux , comme au con- traire l'augmentation du volume d'eau augmente cette vitelle plus qu aucune autre caufè. Si les fleuves étoîent toujours à peu près également pleins, le meilleur moyen de diminuer. !a vîteiïè de l'eau & de les contenir , (croit d'en élargir le canal ; mais comme prefque tous les fleuves font fujets à grofllr & à diminuer beau- coup , il faut au contraire pour les con- tenir, rétrécir leur canal, parce que dans les baffes eaux, fi le canal efl fort large, i'eau qui paffe dans le milieu , y creufe un lit particulier , y forme des fmuofités , & lorfqu'elle vient à groffir , elle fuit cette diredion qu'elle a prife dans ce lit parti- culier ; elle vient frapper avec force con- tre les bords du canal , ce qui détruit les levées pourn la furc en dift c'eft -I i'un d tance petits I ces, il des fil courar dans Cl la vite fort b( ponts pofîibl pont; poids venon ainfi te le mêi de la La tions lorfqu l'eau a jufqu' -* page 126 & fuivantes, > II réfulte de ce calcul, que îa quan- tité d'eau que l'cvaporauon enlève de la furface furfic portci tes ru viron ou de ou d'< par joi ration, OU trij I eaa qi pas trai Net l\ tiens ph ^videmi peurs fj & que I Tont fu rivières ibnt à fa Apre 'c plus < yant, & a la me tonnes & au-del car en Haïfey , Tome man- [de la Irface 7%corte (Je la Terre* ^^ furfkcc de ia mer, que les venis tranf» portent fur la terre, & qui produit tous les ruiflfeaux & tous tes fleuves, efl d'en- viron deux cents quarante-cinq lignes, ou de vingt à vingt- un pouces par an , ou d'environ les deux tiers d'une ligne par jour; ceci efl une très-petite évapo- ration, quand même on la doublr oit OU tripleroit, afin de tenir compte de i'eaiî qui retombe fur la mer, &. qui n'eft pas tr»infporte'e fur la terre. Voye^ fur ce fujet l'Ëcrît de Halky dans les Trnnfac- tions philofoph, nmn. i ç 2 , o\x'\\ fait voir évidemment & par le calcul , que les va- peurs qui s'élèvent au - defFus de la mer & que les vents iranfportent fur ia terre , > font fufîfifantes pour former toutes les rivières & entretenir toutes ics eaux qui font à ia fu r face de la terre. Après le Nil, le Jourdain efl îe fleuve le plus confidérabfe qui foit dans le Le- vant , & même dans la Barbarie, il fournît*^ à la mer morte environ fix millions de tonnes d'eau par jour; toute cette eau,- & au-delà , efl enlevée par i'cvaporation , car en comptant , fuivant le calcul de Halley , 69 i 4. tonnes d'eau qui fe réduit J'orne IL 7-4 HiJIoire Naturelle. - en, vapeurs fur chaque mille fup - t'ic'd» on. trouve qiie la mer niorie qui a 72 milles de long fur 18 miUes de ^lrge, doit perdre tous les jours par l'evapo- raiion près de neuf millions de tonnes d'eau, c'eft-à-dire, non-(cuicmcnt toute Teau qu'elle reçoit du Jourdain, mais encore celle des petites rivières qui y arrivent des montagnes de Moab & d'ail- leurs, par conféquent elle ne commu- nique avec aucune autre mer par <\qs canaux fouterrains. Voye^ les voyages de ShaWt voL II t page yi. Les fleuves les plus rapides de tous font le Tigre , Tlndus , le Danube , J' Yrtis en Sibérie, Je Malmiftra en Cilicic, &c. Voye^ V^renii Geogr, page i y8 ; mais, comme nous lavons dit au commence- ment de cet article , la mefure de la vî- telTe des eaux d'un fleuve dépend de deux caufes , la première eft la pentes, ,& la fé- conde le poids & la quantité d'eau; en examinant fur le, globe quels font les fleuves qui ont Ic^ plus de pente, on trouvera que le Danube en a [>caucoup , îîioins que le Po , le Rhin & le Rhône, puifque tirant quelques-unes de fes ^.L . • .'iV v.i:< '\'^\ ^urccî nube a qu'auc qu'il t( plus élc être pfu Tous beaucot 1 étendu par exen de deux mais en ] confidér on trou^ trente ou trente- de ou /ix, le JDuine o .A fie Je I trente- cin plus de fleuve Ail ou fleuve trente, U phrate di: Sénégal Nil ne r^ »i Théorie de hi Terre. 7 y (biirccs des mêmes montagnes, le Da- nube a un cours beaucoup plus long qu'aucun de ces trois autres fleuves, & qu'il tombe dans la mer noire qui efl plus élevée que la méditerranée, & peut- être plus que l*océan. Tous les grands fleuves reçoivent beaucoup d'autres rivières dans toute ' l'étendue de leurs cours ; on a compte , par exemple, que le Danube reçoit plus de deux cents, tantruiflèaux que rivières; mais en ne comptant que les rivières a/Tez confidérables que les fleuves reçoivent, on trouvera que le Danube en reçoit trente ou trente-une, le Volga en reçoit trente-deux ou trente-trois , le Don cinq ou fix, le Niéper dix- neuf ou vingt, la Duinc onze ou douze; & de même en A fie le Hoanho reçoit trente-quatre ou trente-cinq rivières, le Jénifca en reçoit plus de foixante, l'Oby tout autant, le fleuve Amour environ quarante , ie Kiain ou fleuve de Nanquin en reçoit environ trente, le Gange plus de vingt, l'Eu- phrate dix ou onze, &c. En Afrique ie * Sénégal reçoit plus de vingt rivières, le Nil ne reçoit aucune rivière qu'à plu& ^"6 Nijîoh'â Naturelles : de cinq cents lieues de (on çmboucïiiirf ,' ia dernière qui y tombe cft le Moraba , & de cçt endroit jtifqu'à fa fource ii jreçoit environ douze ou treize rivièrps; en j^mcrique le fleuve des Aniazones en l'eçoit plus de foixante^ & toutes fort çonfidérables ; )e fleuve Saint- I^aurent environ quarante, en comptant celles qui tombent dans des iacs , le fleuve Mifîiflipi plus de quarante, le fleuve de ia Platî^ plus de cinquante , &c. II y a fur la furface de la terre dps con-* trées clevt'es qui paroifl^nt être des points de partage marqués p^r la Nature pour ia çliftribîation des eaux, Les environs du Tnont Saint-Godard font un de ces points ftn Europe j unautrepointeftlepaysdtjjq entre les provinces de Pelozera & de Vo- logda en Mofcpvie , d'pù defçendent des rivières dont les unes vont à la mer blan- phe , d'autres à la mer noirç , & d'autres à Iî| iT)er Cafpienne; en Afie le pays des Tor^ tares Alogoîs, d*QÙ ii coule des rivière^ (dont Ips unes vpnt le rendre dans fa mer -f ranquiifc ou mer de la nouvellç Zemble , d'autres au golfe Linchidolin , d'autre^ g Iti mçr de Çorce, d 4uirç5 è ceilç de i^ Chîn< les eai \cts le Cainb rique des eai nord iii; 8 6 Hijloîre Naturelle. eft chargée iorfqu'elle arrive à la mer, . & qu'en fupputant la quantité d'eau que tous les fleuves y portent , on viendroit à connoître l'ancienneté du monde par le degré de la falure de la jner. Les plongeurs & les pêcheurs de perles afliirent , au rapport de Boyle , que plus on defcend dans la nier, plus l'eau eft froide ; que le froid eft même fi grand à une profondeur confidcjable , qu'ils ne peuvent le foufîiir, & que c'eft par cette xaifon qu'ils ne demeurent pas aufîi long- temps fous l'eau , lorfqu'ils defcendent à une profondeur un peu grande , que quand ils ne defcendent qu'à une petite profondeur. Il me paroît que le poids de l'eau pourroit en être la caufè aullî-bien que le froid , fi on defcendoit à une grande profondeur , comme trois ou quatre cents brades \ mais à la vérité les plongeurs ne defcendent jamais à plus de centr pieds ou environ. Le même auteur rapporte que dans un voyage aux Indes orientales , au-delà de la ligne , à envi- ron 3 5 degrés de latitude fud, on laifîà tomber une fonde à quatre cents braffes de profondeur^ & qu'ayant retire ceu^ ionde q environ îiue fi t morceau voyaget cendent de profc ies defce Tous mer qu( fbnd qu' témoigne cxpérien des vafes certaine j laquelle r celle de \ droits oij l'eau du doit arriN des fontai fbnd de à Ormu Naples , dans le f( II y a piarqué Tliéorie Je la Terre, 8 r. fënde qui étoit de plomb & qui pefoit environ 30 à 3 ; livres, elle étoit deve- nue (i froide , qu'il (èmbloit toucher un morceau de glace. On fait auffi que les voyageurs, pour rafraîchir leur vin, def- cendent ies bouteilles à plufieurs bralfes de profondeur dans la nier , & plus oa les defcend, plus le vin- eft frais. Tous ces faits pourroient faire préfu- mer que l'eau de la mer eft plus falée au fond qu'à la furface ; cependant on a des témoignages contraires , fondés fur des expériences qu'on a faites pour tirer dans des vafes, qu'on ne débouchoit qu'à une certiiine profondeur , de l'eau de la mer, laquelle ne s'eft pas trouvée plus falée que celle de la furface ; il y a même des en- droits où Teau de la furface étant falée , i'cau du fond fe trouve douce , & cela doit arriver dans tous les lieux où il y a- des fontaines & des fources qui fortent au fond de la mer, comme auprès de Goa, à Ormuz & même dans ia mer de Naples , où il y a des fources chaudes dans le fond. ' Il y a d'autres endroits où l'on a re- inarqué des four<;€ar de grands fleuves font (ujeLs à des inonda- tions périodiques , fur- tout les pays bas & voifins de leur embouchure , & les fleuves qui tirent leurs fources d^ fort loin font ceux qui débordent le plus légixàèrcment. Tout le monde a entendu té de Al / mêle il y a le des itume dans mêlée car le dans illeurs lèrent l'àu de es des ers en ;au de en des ie Ton t ame- par de londa- Lys bas & les ie fort le plus ntendu Théorie Je la Terre» ^8r parler des inondations du Nil , II con- îerve dans un grand efpace, & fort loin dans la mer, la douceur & la blancheur de les eaux. Strabon & les autres anciens auteurs ont écrit qu'il avoit fept embou- chures , mais aujourd'hui il n'en refte que deux qui foient navigables; il y a ihuroifième canal quidefcend à Alexan- drie pour remplir les citernes , forte catara defcendre , & c'eft à quoi ces voya- » geurs paroifîênt n'avoir pas fait auez » d'attention. Comme on ne peut appro- y» cher la cafcade que de côté ni la voir y> que de profil, il n'eil pas aiféd en me- 33) furer la hauteur avec les inftrumens; ovL s> a voulu le faire avec une longue corde y> attachée à une longue perche , & après a> avoir fbuvent réitéré cette manière \ » on n*a trouvé que cent quinze ou cent "» vingt pieds de profondeur , mais U » n eit pas pollible de s'afTurer fi la y> perche n'a pas été arrêtée par quelque a» rocher qui avançoit , car quoiqu'on » l'eût toujours retirée mourlîée aufii-* 3» bien qu'un bout de la corde à quoi die 3> étoit attachée, cela tit prouve rien, » puifque l'eau qui fe précipite de la » montagne, rejaillit fort haut en écu-» A> inant ; pour moi , après l'avoir confî- ;d dérée 46 iou» ks endroit d'où on peut l'exan ne fa quara Q" cheva pas de dans 1 deux demi- 4 abouti ne tar( étoit d que d< avance en fac( délai vient fonte vienne ravine II d'AIba velle pieds cette c lard da «tt-cid Théorie de la Terra» f^ l'examiner à ion ai(e , |*eilime qu'on «e ne fauroic lui donner moins de cent à un banc de glace qui avoît 3 6 braflès » de profondeur dans Teau , & environ 9» I 6 brades au-deflfus , fî bien quNI avoit >» 5 2 brafTes d'épaiflTeuf. . . . » Le I 0 d'août les glaces s^étant (^pa- » rées , les glaçons commencèrent à flot- » ter, & alors on remarqua que le gros >» banc » que tous les autres paflbicnt au long 3c 9* le heurtoient (ans l'ébranler; on crai- » gnit donc de demeurer pris dans les , » glaces , & on tâcfia de fortir de ce jp» parage, quoiqu'en pafîànt on trouvât ^y> déjà l'eau prife, le vaifTeau fai(ant cra- ^ >» queT la glace bien loin autour de lui ; » enfin on aborda un autre banc , où l'on ^» porta vite l'ancre de toueî, & l'on s'y *> amarra jufqu'au foir. » Après le repas, pendant le premier » quart , les glaces commencèrent à (è > rompre avec un bruit fl terrible, qu'il » ii'eft pas pofîible de l'exprimer. Le >• vai/îèaw avoit le cap au courant qui >9 charioit flfiai filer plus qui J'eau deux E autre brade Dès < "n au droit-/ tout d cher , on s'av qu'il a i'eau, dedus. Le wn auti de proi de l'eai Le avant wieurèrJ ^ kndl ■rentl TomX Théorie ik la Terre, ^y fcTiarioit les gîaçons , fi bien qu'il fallut c« filer du cabie pour (e retirer ; on compta ce plus de quatre cents gros bancs de glace, ce qui enfonçoient de dix brafïès dans ce Teau & paroifToient de ia hauteur de ce deux braffes au-defTus. << Enfuite on amarra le vaifl^eau à un ce autre banc qui enfonçoit de fix grandes ce brafTes, & i*on y mouilla en croupière, ce Dès qu'on y fut établi , on vit encore ce un autre banc peu éloigné de cet en- ce droit-là, dont le haut s'éîevoit en pointe, ce tout de même que la pointe d'un c!a- ce cher , & il touchoit le fond de la mer; ce on s'avança vers ce banc, & l'on trouva « qu'il avoit vingt brafïès de haut dans ce l'eau , & à peu près douze brades au- ce deflus. ' i i ' . ce Le I I août , on Aagca encore vers ce tin autre banc qui avoit dix- huit brafles ce de profondeur & dix brafTes au-deflus ce de l'eau • -' .-^.,^, Le 2 1 les Hoîfandoîs entrèrent afîèz ce avant dans le port des glaces, & y de- ce meurèrent à l'ancre pendant la nuit ; c<î le lendemain matiii ils fe retirèrent & ce ilièrent amarrer kur bâtiment à un banc xx. Toms IL j&: 'p8 Hifloke Naturelles >3 de glace , fur lequel ils montèrent éb 7» dont ils admirèrent la figure comme ?» une chofètrès-fingulière; ce banc ctoit » couvert de terre liir le haut, & on y ,>5 trouva près de quarante oeufs ; la cou- 9> leur n*en etoit pas non plus comme 9> celle de la glace , tllc étoit d'un bleu •yy célefle. Ceux qui étoicnt là raifon- yy ncrent beaucoup fur cet objet ; les uns ce difoient que c'ctoitun efTet de la glace, >B & les autres foutenoient que c'étoit » une terre gele'e. Quoi qu'il en fût , ce 7> banc étoit extrêmement haut , il avoît yy environ dix- huit braiïes fous Feau de dix brafles au - defTus. ^ P^ge 4 6 , &c» Urne 1 1 troifième Voyage des Hollandoîs par le Nord. W^afèr rapporte que près de la terre de Feu il a rencontre plulieurs glaces Hot<- tantes très - élevées , qu'il prit d'abord pour des îles: Quelques-unes , dit- il , paroiflènt avoir une lieue ou deux de long , f& la plus groflè de toutes lui parut avoir quatre ou cinq cents pieds de haut. Voyeik Voyage de Wafer, imprimé à la fuite de ceux de Dampier, tome IV, p. ^ ûjf. Toutes ces glaces , comme je l'ai dl^ lîani qui la mi de V Ves i du d de r fleuv delà auflra de Ja celles gats, ioit pi les ri Vf golfe c la mei formej lèvent I nier , qui fo celer ont q| pour pieds peuvei 4^1 V Théone de la Terre» ' pp -' « * • ^' t}»'^'' '■•'>;. •i^'r} ::?i.'H ? 1 1 y » »''v ' ' s '^ - '' ?i ■''' - ■' ( ?* a ^"^lip' KjI :i.: ; jf;>> •irj (1 .i. ni Théorie de la Terre. Ibtl PREUVES PELA THÉORIE DE LA TERRES ARTICLE XI. Des Mers ir des Lacs. » L'océan environne de tous côtés les contincns, il pénètre en pluficurs endroits dans l'intérieur des terres, tantôt par des ouvertures affèz larges , tantôt par de petits détroits; il forme des mers méditerranées , dont les unes participent îramédiatement à (es mouvemens de flux & de reflux , & dont les autres (èmbient n avoir rien de commun que ia conti- nuité des eaux : nous allons fuivre rocéaii dans tous Tes contours , & faire en même temps rénumération de toutes les mers méditerranées ; nous tacherons de les diftinguer de celles qu'on doit appeler golfes ^ & aufli de celles qu'on devroit regarder comme des lacs. ' * - ; - £ 11) # «. .'/ [I o 2 Hifîoire Naturelle* La mer qui baigne les cotes occiden*' taies de la France , fait un golfe entre les terres de l'Efpagne & celles de la Bre- tagne i ce golfe que les Navigateurs appellent îe golfe de Bifcaye , eil fort ©uvert, 3l la pointe de ce golfe la plus avancée dans les terres efl entre Bayonne ôi Saint-Sébaftien : une autre partie du golfe, qui efl: auffi fort avance'e, c'ell celle qui baigne les côtes du pays d'Au- nis à la Rochelle & à Rochefort, ce golfe commence au cap d'Ortegal & finit à Breft, où commence un détroit entre la pointe de la Bretagne & le cap Lézard ; ce détroit, qui d'abord eft aflez large, fait un peut golfe dans le terrein de la Normandie , dont la pointe la plus avan- cée dans les terres eft à Avranches; le détroit conti.iue fur une afTez grande largeur jufqu'au pas de Calais où il eft fort étroit, enfuite il s'élargit tout-à- coup fort confidérabiement , & finit en- tre le Texel & la côte d'Angleterre à ÎNorwch ; au Texel il forme une petite mer méditerranée cju'on appelle Zuider- :^ée f & plufieurs autres grandes lagunes » dont les eaux .ont peu de profondeur, <:■. J» Thème J& >V Terréi '103 t iuflî - bien que celles de Zuiderzée. Après cela l'océan fofme un grand • golfe qu'on appelle ia mer d' Allemagne , éi ce golfe pris dans ioute fon étendue^ commence à la pointe feptentrionale de i'Écoffe , en defcendam tout le long des côtes orientales de rÉcofTe & de l'An- gleterre jufqu'à Norwich, de-là au Texel totit le long des côtes de Hollande & d'Allemagne, de Jutland & de la Nor- vège jufqu'au- deflus de Bergucn ; on pourroit même prendre ce grand golfe pour une mer méditerranée , parce que ies îles Orcades ferment en partie fon ouverture , & femblent être dirigées comme fi elles étoient une continuation des montagnes de Norvège. Ce grand golfe forme un large détroit qui com- mence à la pointe méridionale de la Nor- vège, & qui continue fur une grande largeur jufqu'à Hle de Zélande, oCi il fe rétrécit tout- à- coup, & forme entre les côtes de la Suède , les îles du Dane- niarck & de Jutland , quatre petits dé- troits, après quoi il s'élargit comme un petit golfe , dont la pointe la plus avancée çit à Lubec; de-là il continue fur une £••• • m; fio4 ' .Hiftoire Naturelk.y aiïez grande largeur jufqu'à rextremîté méridionale de la Suède, enfuite il s'é- largit toujours dç plus ^n pJus , & forme la mer Baltique, qui eft une mer niédi-' terranée qui s'étend du midi au nord dans une éiendue de près de trois cents lieues, en y comprenant le golfe de Bothnie, qui n'eft en effet quç la continuation de la mer Baltique; cette mer a de plus deux autres golfes, cçkii de Livonie, dont la pointe la plus avancée dans les terres eft auprès de Mittau & de Riga , & celui de Finlande qui eft un bras de la mer Bal- tique, qui s'étend entre la Livonie & la Finlande jufqu'à Péterfbourg, & com- munique au lac Ladoga, & même au lac Onega, qui communique par le fleuve Onega à la mer blanche. Toute cette étendue d'eau qui forme la mer Baltique, le golfe de Bothnie, celui de Finlande & celui de Livonie , doit être regardée comme un grand iac qui eft entretenu par les eaux des fleuves qu'il reçoit en très grand nombre, comme l'Oder, la Viftule , le Niémen , la Droineen Alle- magne & en Pologne, plufieurs autres rivières en Livonie & en Finlande ^ de conti â la met T/ieone de la Terre. \ôf d*autrcs plus grandes encore qui viennent des tçrrjes de Lapponie, comme le fleuve deTorneao, les rivières Calis, Luia, Pi- tha, Uma, & plufieurs autres encore qui viennent de la Suède ; ces fleuves qui font afTez confide'rables, font au nombre de plus de quarante, y compris les rivières qu*ils reçoivent , ce qui ne peut manqueir de produire itne très -grande quantité d'eau, qui eft probablement plus que fuffifante pour entretenir la mer Baltique ; d'ailleurs cette mer n'a aucun mouve- ment de flux & de reflux , quoiqu'elle foit étroite , elle eft auffi fort peu falëe ; & fi l'on confidère le gifement des terres & le nombre des lacs & des marais de la Finlande & de la Suède , qui fom prefque contigus à cette mer , on fera très-porté à la regarder, non pas comme une mer, mais comme un grand lac formé dans l'intérieur des terres par l'abôn-dunce des eaux , qui ont forcé les paflTages auprès du Danem-arck pour s'écouler dans l'océan ^ comme elles y coulent en effet a« rap-^ port de tous les Navigateurs. -,*; Au fortir du grand golfe qui forme fa met d'Allemagne & qui finit au- d^rt» E V i I 106 MJloire Naturelit; u terre avancée où habitent les peuples Schelates; cette pointe c(l l'extrémité la plus feptentrionale de la Tartarie la plus orientale , & elle eft fituée fous le 72"*' degré environ , de latitude iior^ : dans cette longueur de plus de 500 lieues l'océan ne fait aucune irrup- tion dans les terres, aucun golfe, aucun bras, il forme feulement un coude con- fidérable à l'endroit de la naiiïançe de cette péninfule des peuples Schelates, à i'eiubouchure du fleuve Korvinea; cette M fii Hifloire Naturelle: pointe de terre fait aulTi rcxtr^mîtë orientale de la côte feptentrionaie du continent de Tancicn monde , dont l'ex- trémité occidentale, e(l au Cap- nord en Lapponie, en forte que l'ancien conti- nent a environ 1700 Heues de côtes fep- tentrionales , en y comprenant les finuo- fités des golfes, en comptant depuis le Cap-Nord de Lapponie jufqu'à la pointe de la terre des Schelaies , & il y a envi- ron II 00 lieues en navigeant fous le même parallèle. Suivons maintenant les côtes orien- tales de l'ancien continent , en commen- çant à cette pointe de la terre des peuples Schelatcs, & en defcendant vers Te'qua- teur : l'océan fait d'abord un coude entre ]a terre des peuples Schelates & celle des peuples Tfchutfchi, qui avance confi- dérablement dans la mer ; au midi de cette terre il forme un petit golfe fort ouvert , qu'on appelle le gol^e Suélo'éret , &. cnfuite un autre plus petit golfe qui avance même comme un bras à 40 ou 5 o lieues dans la terre de Kamtfchatka ; après quoi l'océan entre dans les terres ]f>ar tin large déttoit rempli de plufieur» par du . H»* . \ Théorie tle la Terre* ï i 3 petites îles, entre In pointe méridionale lie la terre de Kamtfchaïka & la pointe feptentrional* de la terre d'Yeçt. , & il forme une grande mer méditerranée dont il ell bon que nous fuivions toutes les parties : fa première e(l la mer de Kamtfchaïka dans laquelle fe trouve une île très-confidérable qu*on appelle \iU Amour; cette mer de Kamtfchatka pouffe un bras dans les terres au nord - eft, mais ce petit bras & la mer de Kamtf* chatka elle-même pourroient bien être, au moins en partie, formés par l'eau des fleuves qui y arrivent, tant des terres de Kamtfchaïka-, que de ceHes de la Tar- tarie. Quoi qu'il en foie, cette mer de Kamtfchatka communique par un très- large détroit avec la mer de Corée, qui fait la féconde partie de cette mer médi-* terranée, & toute cette mer qui a plus de 600 lieues de longueur, eft bornée à l'occident & au nord par les terres de Corée & de Tartarie , à l'orient & au midi par celles de Kamtfchatka, d'Yeço & du Japon , funs qu'il y ait d'autre com- munication avec Tocéan que celle du détroit dont nous avons parlé, entre 'ï 14 Hîjlôtre Naturelle. Kamtfchatka & Ycço; car on n'eft pas afluré Ç\ celui que quelques canes ont marqué entre le Japon & la terre d'Yeço , cxifte réellement, &i quand même ce détroit exilteroit, la mer de Kamtfchatka & celle de Corée ne laifTeroient pas d'être toujours regardées comme formant en- fenible une grande mer méditerranée , féparée de l'océan de tous côtés , & qui ne doit pas être prife pour un golfe, car elle ne communique pas diredement avec le grand océan par fon détroit mé- ridional qui elt entre le Japon & la Co- rée ; la mer de la Chine à laquelle elle communique par ce détroit, eft plutôt encore une mer méditerranée qu*un golfe de l'océan. Nous avons dit dans le difcours pré- cédent, que la mer avoit un mouve- ment confiant d'orient en occident, & cjuc par conféqucnt la grande mer paci- fique fait des efforts coniinuels contre les terres orientales : l'infpeclion attentive du globe confirmera les conféquences que nous avons tirées de cette obferva- tion; car fi i'on examine le gifemcnt des terres, à commencer de Kamtfchatka jufqu' en l'y ou 5 on fè] ronoré o une pi lieues ; orients reculé beau ce marqu Kamtf avanct méridi terres Kamtf i6o l pointe gnée ] par la nons c direcn:i< de mo former aufîi de plu mer & / i Théorie de h Terre» 1 1 j jufqu'à la nouvelle Bretagne de'couverte en 1700 par Dampier , & qui eft à 4. ou 5 degrés de l'équateur , latitude fud, on fera très-porté à croire que l'océan a ronoré toutes les terres de ces climats dans o une profondeur de quatre ou cinq cents lieues ; que par conféquent les bornes orientales de l'ancien continent ont été reculées , & qu'il s'étendoit autrefois beaucoup plus vers l'orient , car on re- marquera que la nouvelle Bretagne & Kamtfchaïka , qui font les terres les plus avancées vers l'orient, font fous le même méridien ; on obfervera que toutes les terres font dirigées du nord au midi, Kamtfchatka fait une pointe d'environ 160 lieues du nord au midi, & cette pointe, qui du côté de l'orient eft bai- gnée par la mer pacifique , & de l'autre par la mer méditerranée dont nous ve- nons de parler , eft partagée dans cette direcflion du nord au midi par une chaîne de montagnes. Enfuite Yeço &. le Japon forment une terre dont la diredion eft auffi du nord au midi dans une étendue de plus de 400 lieues entre la grande mer & celle de Corée^ « Avant que de quitter la meç ?s Théorie Je la Terre* î2^ toiige , D. Jean examina quelles peu- « vent avoir' été les raifons qui ont fait ce donner ce nom au golfe Arabique par ce les Anciens, & fi cette mer efl: en effet ce différente des autres par la couleur ; il ce obfêrva que Pline rapporte plufieurs ce fentimens fur l'origine de ce nom, les ce uns le font venir d'un Roi nommé ce Erythros qui régna dans ces cantons, ce & dont le nom en grec fignifie rouge ; ce d'autres fe font imaginé que la réfle- ce xion du foieil produit une couleur ce rougeâtre fur la furface de l'eau , & ce d'autres que l'eau du golfe a naturelle- ce ment cette couleur. Les Portugais qui ce avoient déjà fait plufieurs voyages à ce l'entrée des détroits , affuroient que ce toute la côte d'Arabie étant fort rouge, ce le fible & la poulîière qui s'en déra- ce choient , & que le vent pouffoit dans la ce fner , teignoient les eaux de la même ce couleur. . «c D. Jean qui, pour vérifier ces opi- ce nions, ne ceffa point jour & nuit de- ce puis fon départ de Socotora, d'obfer- le fable ou la poulîière n'ayant rien » de rouge non plus, ne donnent point y> cette teinte à Teau du golfe. La terre , 3> fur les deux côtes , eit généralement D> brune , & noire même en quelques y> endroits ; dans d'autres lieux elle efl :>5 blanche: ce n'eft qu'au-delà de Sua- •» quen; c'efl-à-dire , fur des côtes où les 35 Portugais n'avoient point encore péne'- y> tré , qu'il vit en effet trois montagnes 5> rayées de rouge, encore étoienf- elles D> d'un roc fort dur, & ïe pays voifin -» étoit de la couleur ordinaire. •Si La vérité donc eft que cette mer, y> depuis l'entrée jufqu'au fond du golfe, yi efl par -tout de la même couleur, ce 53 qu'il efl facile de fè démontrer à foL- y> même en puifàntde l'eau à chaque lieu ; » mais il faut avouer aufîi que dans quel- » ques endroits elle paroît rouge par yy accident , & dans d'autres verte & blan- y> che , voici l'explication de ce phéno- ls mène. Depuis Suacjuen jufqu'à Koflir, >3 c'efl- à-dire pendant refpace de 136» » lieues ; la mer çft remplie de bancs ^ Théorie de la Terre. \\\\ de rocliers de corail ; on leur donne ce c< nom , parce que leur forme & feur cou- c< leur les rendent fi femblables au coraii, « qu'il faut une certaine habileté pour ne ce pas s*y tromper ; ils croiflent comme ce des arbres, & leurs branches prennent ce la forme de celles du corail ; on en dif- ce tingue deux fortes , Tune blanche & ce l'autre fort rouge ; ils font couverts ce en p)Iufieurs endroits d'une efpèce de ce gomme ou de gluc verte , & dans d'au- ce très lieux, orange-foncé. Or l'eau de ce cette mer étant plus claire &: plus tranf- ce parente qu'aucune autre eau du monde, « de forte qu'à 20 brades de profondeur ce l'œil pénètre jufqu'au fond , fur-tout c< depuis Suaquen jufqu'à l'extrémité du ce golfe, il arrive qu'elle parcs t prendre ce ia couleur des chofes qu'elle couvre; c< par exemple , lorfque les rocs font ce comme enduits de glue verte , l'eau « qui pafTe par-deffus , paroît d'un vert ce plus foncé que les rocs mêmes , & lorf- ce que le fond eft uniquement de fable, ce l'eau paroît blanche ; de même lorfque ce les rocs font de corail, dans le (ens que ce j'ai donné à ce terme , & que la glue « F vj ' ■h 132 Hîfloke Naturelle, >3 qui les environne , eft rouge ou rou» 33 geâtre , i'eau fe teint , ou plutôt fembfe » le teindre en rouge ; ainli comme les 35 rocs de cette couleur font plus fre'- » quens que les blancs & ies verts , Doni yy Jean conclut qu'on a dû donner au w golfe Arabique le nom de mer rouge >» pl\itôt que celui de îner verte ou blan^ » che ; il s'applaudit de cette découverte 33 avec d'autant plus de raifon , que la 10 me'thodepar laquelle il s'en ctoit afïuré -n ne pouvoit lui laifîèr aucun doute. II » fàifoit amarrer une flûte contre les rocs y> dans les lieux qui n'avoient point aflez w de profondeur pour permettre aux y> vaifîeaux d'approcher , & fouvent les » matelots pouvoient exécuter (es ordres » à leur aifc, fans avoir la mer plus haut •» que Teftomac à plus d'une demi -lieue 33 des rocs ; la plus grande partie des 33 pierres ou des cailloux qu'ils en ti-- 33 roient , dans les lieux où l'eau paroiffoit 33 rouge, avoientaufjj cette couleur; dans 33 l'ei\u qui paroifToit verte , les pierres 33 étoient vertes , & fi l'eau paroifloit blan- 33 che , le fond étoit d'un fable blanc, 33 oii Pqn n'apercevoit point d'autre nié- ange. 33 Théorie Je la Terre* Tj 3 Depuis l'entrée de la mer rouge au cap Guardafu jufqu'à la pointe de l'A- frique au cap de Bonne - efpérance , l'océan a une direction aflez égale, <5c i[ ne forme aucun golfe confidérable dans l'intérieur {\qs terres ; il y a feulement une efpècc d'enfoncement à la côte de Mélinde , qu'on pourroit regarder comme faifant partie d'un grand golfe , fi l'île de Madagafcar éioit réunie à fa terre ferme; il eft vrai que cette île , quoique féparée par le large détroit de Mozambique, pa- rojt avoir appartenu autrefois au conti- nent , car il y a des fables fort hauts & d'une vafte étendue dans ce détroit , fur- tout du côté de Madagafcar; ce qui refle de pafTage abfolumem libre dans ce dé- troit, n'efl pas fort confidérable. En remontant la côte occidentale de FAfrique depuis le cap de Bonne-efpé- rance jufqu'au cap Négro, les terres font droites & daiis la même direction , & ii femble que toute cette longue côte ne foit qu'une fuite de montngnes ; c'efl: au moins un pays élevé qui ne produit, dans une étendue de plus de 500 lieues, aucune rivière confidérable^ à l'exception . l I ^34 Hijloire Naturelle: d'une ou deux dont on n'a reconnu que l'embouchure ; mars au - delà du cap Négro la côte fait une courbe dans les terres qui , dans toute l'étendue de cette courbe , paroiflent être un pays plus bas que le relie de l'Afrique, & qui ell arrofé de plufieurs fleuves dont les plus grands font le Coanza & le Zaire ; oiî compte depuis le cap Négro jufqu'au cap Gonfalvez vingt-quatre embouchures de rivières toutes confidérables , & l'efpace contenu entre ces deux caps eft d'en- viron 420 lieues en fuivant les côtes. On peut croire que l'océan a un peu gagné îur ces terres baffes de l'Afrique, non pas par fon mouvement nciturel d'orient en occident, qui eft dans une dire^ion contraire à celle qu'exigeroit Tefïèt dont il eft queftion , mais feulement parce que ces terres étant plus balîès que toutes les autres , il les aura furmontécs & mi- nées j^refque (ans effort. Du cap Gonfal- vez au cap des Trois - pointes , l'océan forme un golfe fort ouvert qui n'a rien de remarquable , fnion un cap fort avancé & fitué à peu près dans le milieu de l'éten- due des côtes qui forment ce golfe, on I Tlîéone de h Terre, 135' î*nppelle le cap Formofa; il y a niifîi trois lies dans ia partie ia plus méridionale de ce golfe , qui font les îles Fernandpo , du Prince & de Saint-Thomas ; ces îles paroiflcnt être la continuation d'une chaîne de montagnes fituee entre Rio del Rey & le fleuve Jamoer. Du cap ^ç% Trois- pointes au cap Pal m as , l'océan rentre un peu dans les terres, & du cap Palmas au cap Tagrin il n'y a rien de remarquable dans le gilement des terres ; mais auprès du cap Tagrin l'océan fait un très-petit golfe dans les terres de Sierra- Liona, & plus haut un autre encore plus petit où font les îles Bifagas ; enfuite on trouve le cap Vert qui eft: fort avancé dans la mer , & dont il paroît que les îles du même nom ne font que la conti- nuation , ou , fi l'on veut , celte du cap Blanc qui eft une terre élevée , encore plus confidérable & plus avancée que celle du cap Vert. On trouve enfuite la côte montagneufe & sèche qui com- mence au cap Blanc & finit au cap Baja- dor; les îles Canaries paroi/îènt être une continuation de ces montagnes ; enfin entre les terres de Ponugat & de l'Afrique, / '1 3 5 Hiftoke NcWirelle; i*ocean fait un golfe fort ouvert , ait milieu duquel efl: le fameux détroit de Gibraltar, par lequel l'océan coule dans la médiierrîinée avec une grande rapidité ;. cette mer s'étend à près de poo lieues dans l'intérieur des terres, &: elle a plu- sieurs chofes remarquables ; première- inent elle ne particij)e pas d'une manière ienfible au mouvement de flux & de reflux , & il n'y a que dans le golfe de Venile où elle fe rétrécit beaucoup , que ce mouvement fe fait (entir; on prétend ,, aulîi s'être aperçu de quelque petit mou- vement à Marfcille & à la côte de Tri- poli : en lecond lieu , elle contient de grandes îles , celle de Sicile , celles de Sardaigne, de Corfe , de Chypre, de Majorque, Ô^c. & l'une des plus grandes prefqu'îles du monde, qui efl f Italie; elle a aufîi un archipel , ou plutôt c'cfl de cet archipel de notre mer méditcrranée que les autres amas d'îles ont emprunté ce nom ; mais cet archipel de la méditcrra- née me paroît appartenir plutôt à la mer noire , & il femble que ce pays de la Grèce ait été en ])artie noyé par les eaux iuiabondantes de la mer xioire ; qui ert, ait ftroit de lie ciuns apidité;. o lieues î a plu- emitre- nanièrc & de olfe de P ) que )rétend t mou- c Tri- ent de . Iles de e, de randes 'Italie ; cftde ranée |)runté iterra- a mer de la eaux qui Théorie de la Terre. 137 coulent d?ns la merde Marmora, & de-Ià dans ia iner méditerranée. Je fais bien que quelques gens ont prétendu qu'il y avoit dans le détroit de Gibraltar un double courant , Tun fu- périeur qui portoit l'eau de l'océan dans la méditerranée, & l'autre inférieur , dont i'efïèt , di(ent-ils , eft contraire ; mais cette opinion eft évidemment faufTe ôc contraire aux loix de l'Hydroftatique : on a dit de même que dans plufreurs autres endroits il y avoit de ces courans inférieurs , dont la direction étoit oppo- fée à celle du courant fupérieur , comme dans le Bofphore , dans le détroit du Sund , &c. & Marfilli rapporte même àçs expériences qui ont été fiiiies dans le Bofphore & qui prouvent ce fait ; mais i[ y a grande apparence que les expériences ont été mal fuites, puifque la chofe eft impoflible & qu'elle répugne à toutes les notions que Ton a fur le mouvemem des eaux : d'ailleurs Greaves dans fa Pyrami- dographie, pages 101 & 102, prouve par des expériences bien faites , qu'il n'y a dans le Bofphore aucun courant inférieur dont la diredlion foit oppoféc 1 3 8 fJiplre Naturelk. au courant fupéricur: ce qui a pu trom- per Marfilli & les autres , c*eft que dans îe Bofphore, comme dans le détroit de Gibraltar & dans tous les fleuves qui coulent avec quelque rapidité , il y a un remoys confidérabîe le long des rivages, dont fa diredion eft ordinairement diffé- rente , & quelquefois contraire à celle du courant principal des eaux. Parcourons maintenant loutes les cotes du nouveau continent, & commençons par le point du cap Holdwith-hope , fi tué au ji ^^ degré latitude nord , c efl la terre la plus lèptentrionale que l'on con- noifîè dans le nouveau Groenland , elle n'eft éloignée du cap nord de Lapponie que d'environ i 60 ou i 80 lieues; de ce cap on peut fuivre la côte du Groen- land jufqu'au Cercle polaire; là Tocéari forme un large détroit entre i'Iflande & les terres du Groenland. On prétend que ce pays voifin de Tlflande n'efl: pas l'an- cien Groenland que les Danois pofîé- doient autrefois comme province dépen- dante de leur royaume ; il y avoit dans cet ancien Groenland des peuples policés & chréiieias, des évêqucs, des églifes, des] inei veii poi enci des| pa] >u trom- |uc dans troit de ves qui y a un rivages, it diffe- celle du °s côtes ençons j fitué :ea Ja 1 con- ^ponie de ce îroen- océan ide Se d que i Tan- 30fl'é- épen- dans olicés ;li(ês, ' Théorie Je la Terre* 135) des vîHes confidérablcs par leur com- merce; les Danois y alloicnt aufîi fou- vent & au(îi aifément que les Efpagnols pourroient aller aux Canaries : il cxille encore, à ce qu*on alTure, des titres & des ordonnances pour les afîàires de ce pays, & tout cela n'eft pas bien ancien; cependant , fans cpi'on puifle deviner comment ni pourquoi ce pays eft abfo- ïument perdu , l'on n'a trouvé dans le nouveau Groenland aucun indice de tout ce que nous venons de rapporter , les peuples y font fauvages, il n'y a aucun veflige d'édifices , pas un mot de leur langue qui refTcirible à la langue Danoife ; enfin , rien qui puiiïè faire juger que c'eft le même pays , il eft même prefque défert & bordé de glaces pendant la plus grande partie de l'année : mais comme ces terres font d'une très-vafle étendue, & que les côtes ont été très-peu fréquen- tées par les Navigateurs modernes, ces Navigateurs ont pu manquer le lieu où habitent les defcendans de ces peuples policés , ou bien il fe peut que les glaces étant devenues plus abondantes dans 4::ette mer^ ellci empêchent aujourd'hui \ 140 Hiftoire Nuturetle, d'aborder en cet endroit ; tout ce pa/s cependant , à en juger par les cartes , a été côtoyé & reconnu en entier , il forme une grande prefqu'île à l'extrémité de laquelle font les deux détroits de Forbif- her & l'île de Frifland , où il fait un froid extrême, quoiqu'ils ne foient qu'à ia hauteur des Orcades, c'e(l-ù-dire, à 60 degrés. Entre la côte occidentale du Groen- land & celle de la terre de Labrador l'o- céan fait un golfe , & enfuite une grande mer méditerranée , la plus froide de toutes les mers, & dont les côtes ne font pas encore bien reconnues ; en fuivant ce golfe droit au nord, on trouve le large détroit de Davis qui conduit à la mer Chriftianc, terminée par la baie de Baf- fin , qui fait un cul-de-(àc doni il paroît qu'on ne peut fortir que pour tomber dans un autre cul-de-fac qui efl la baie de Hudfbn. Le détroit de Cumberland qui peut, aufîi-bien que celui de Davis , conduire à la mer Ghrirtiane, ell plus étroit & plus fujet à être glacé ; celui de HudfoM, quoique beaucoup plus méri- liional, efl uuflj glacé pendant une partie Thcmc ck la Terre, l^t de l'année, & on a remarqué c/ans cq% détroits & dans ces mers méditeiranées un mouvement de flux & reflux très- fort, tout au contraire de ce qui arrive dans les mers méditerranées de l'Europe , foit dans la médiierranée , foit dans la mer Baltique où il n'y a point de flux Ôc reflux , ce qui ne peut venir que de la différence du mouvement de la mer, qui ic faiiànt toujours d'orient en occident, occafionne des grandes marées dans les détroits qui font oppofés à cette direc- tion de mouvement, c'eft- à-dire , dans les détroits dont les ouvertures font tournées vers l'orient , au lieu que dans ceux de l'Europe, qui prélenient leur ouverture à l'occident, il n'y a aucun mouvement ; l'océan par fon mouve- ment général entre dans les premiers & fuit les derniers , & c'eft par cette même raifon qu'il y a de violentes marées dans les mers de la Chine , de Corée & de Kamtfchatka. '-. - ^ En defcendant du détroit de Hudibn vers la terre de Labrador , on voit une ouverture étroite, dans laquelle Davis, en I ^ B 6 ^ remonta jufqu'à trente lieues , ft4^ HiPoire Naturelle. ôi fit quelque petit commerce avec Ie5 habitans ; mais perfonne , que je fâche , n'a depuis tenté la découverte de ce bras de mer, & on ne coHnoît de la terre voifine que le pays des Eskimaux , ie fort Ponchartrain efl: ia feule habitation & la plus feptcntrionale de tout ce pays, qui n'ed féparé de l'île de Terre - neuve que par le petit détroit de Bcllifîe , qui n*eil pas trop fréquenté ; & comme la côte orientale de Terre-neuve eft dans ia même diredion que la côte de Labrador , on doit regarder l'île de Terre - neuve comme une partie du continent , de même que l'île -royale paroît être une partie du continent de l'Acadie; le grand banc & les autres bancs fur lefquels on pèche la morue ne font pas des hauts fonds , comme on pourroit le croire , ils font à une profondeur confidérabïe fous l'eau, & preduifent dans cet endroit des courans très - violens. Entre le cap Breton &. Terre - neuve efl un détroit alTez large par lequel on entre dans une petite mer méditerranée qu'on appelle le £Oijè de Saint- Laurent , cette petite mer ^. un bras qui s'étend d0èz confidérablç-» Théorie de la Terre» 14J' ment dans les terres , & qui fenible n'être que l'embouchure du fleuve Saint- Lau- rent; le mouvement du flux & reflux efl: exirêmcment renfible dans ce bras de mer , & à Québec même qui efl plus avancé dans les terres, les eaux s'élèvent de plufieurs pieds. Au fonir du golfe de Canada, <5c en fuivant la cote de l'Aca- die , on trouve un peik golfe qu'on appelle la baie de BoJIon, qui fait un petit enfoncement carré dans les terres ; mais avant qwe de fuivrc cette côte plus loin, il efl bon d'obfêrver que depuis file de Terre -neuve jufqu'aux îles Antilles les plus avancées , comnie la Barbade & Antigoa, & même jufcju'à celle de la Giiiane , rocéan fait un très-grand golfe qui a plus de 500 lieues d'enfoncement jufqu'à la Floride; ce golfe du nouveau continent efl: femblable à celui de l'an^ cien continent dont nous avons parlé , & tout de même que dans le continent oriental l'océan après avoir fait un golfe entre les terres de Kamtfchatka & de la nouvelle Bretagne , forme cnfuite une vafle mer mcditerranée , qui comprend h mer de Kan>tfchaika , celle de Corée , 144 Hipoire Naturelle, celle de la Chine , &c. Dans ie nouveau continent , l'océan après avoir fait un grand golfe entre les terres de Terre- neuve & celles de la Guiane , forme une très-grande mer méditerranée qui s'étend depuis les Antilles jufqu'au Mexique ; ce qui confirme ce que nous avons dit au fujct des effets du mouvement de Tocc'an d'orient en occident ; car il femble que i*océan ait gagné tout autant de terrein fur les côtes orientales de l'Amérique, qu'il en a gagné fur les côtes orientales de l'A fie , & ces deux grands golfes ou enfoncemens que l'océan a formés dans ces deux continens font fous le même degré de latitude, & à peu près de Ja même étendue , ce qui fait des rapports ou des convenances fingulièrcs , & qui paroiflent venir de la même caufe. Si l'on examine la pofiiion des îles Antilles , à commencer par celle de la Trinité qui eft la plus méridionale , on ne pourra guère douter que les îles de la Trinité , de Tabago , de la Grenade , les îles des Grenadilles , celles de Saint- Vincent , de la Martinique , de Marie- Galande , de la Dcfirade , d'Antigoa , de la rme une Tlîéone de la Terre: '14 y îa Barbade , avec toutes ies autres îles qui les accompagnent, ne fàdènt une chaîne de montagnes dont la direAion eft du fud au nord , comme eft celle de l'île de Terre-neuve & de la terre des Eskimaujc, Enfuite la direction de ces îles Antilles eft de i'eft à i'oueft en commençant à l'île de la Barbade, pafTant par Saint- Barthéiemi , Porto - Rico , Saint - Do- mingue & l'île de Cube, à peu près comme les terres du cap Breton, de l'A- cadie, de la nouvelle Angleterre; toutes CCS îles font fi voifines ies unes des autres, qu*oi. peut les regarder comme une bande d' re non interrompue , <& comme les pcutœs les plus élevées d'un terrein fubmergé : la plupart de ces îles ne font en effet que des pointes de mon- tagnes, & la mer qui eft au-delà , eft une vraie mer méditerrance , où le mouve- ment du flux & reflux n*eft guère plus fenfible que dans notre mer méditerranée, quoique les ouvertures qu'elles prélèn- tent à Tocéan, foient dircdement oppo* fées au mouvement des eaux d'orient en occident, ce qui devroit contribuer à rendre ce mouvement fenfible dans le Tome II, G \i 4Ô Hifloire Naturelle: golfe du Mexique; mais comme cett^ mer méditerranée eft fort large, le mou- vement du flux & reflux qui luied com^ muniqué par i'océan, fe répandant fur un auiO grand efpace, perd une grande partie de fa vîtefîc & devient prefque infenfible à la côte de la Louinane & dans plufieurs autres endroits. jL 'ancien & le nouveau continent pa- roiflènt donc tous les deux avoir été rongés par Tocéan à la même hauteur & à la même profondeur dans les terres , tous .deux ont enfulte une vaile mer méditer* ranée & une grande quantité d*îles qui font encore fi tuées àpeu près à la même hauteur ; la ièule différence eft que l'an- cien continent étant beaucoup plus large que le nouveau, il y a dans la partie oc- cidentale de cet ancien continent une mer méditerranée occidentale qui ne peut pas fc trouver dans le nouveau continent^ mais il paroît que tout ce qui eft arrivé aux terres orientales de l'ancien monde , cft auffi arrivé de même aux terres orien- tales du nouveau monde , & que c'eft à peu près dans leur milieu & à la même hauteur c|u,€ s eft faite la plus grande deftruAion cctt^ mou- com" u fur grande refqup i. dans nt pa- )ir été ur &à ; , tous léditer- es qui même le Taii- s large tic oc- e mer ut pas tinent, arrive onde, oricn- à peu auteur uâion nearle de la Temt: i^f^ 3es terres, parce qu'en eflèt c*cll dans ce milieu & auprès de i'équateur qu'eft ic plus grand mouvement de l'océan. Les côtes de la Guiane , comprifês en- tre l'embouchure du fleuve Oronoque & celle delà rivière des Amazones , n'offrent rien de remarquable ; mars cette rivière > la plus large de l'Univers, forme une étendue d'eau confidérable auprès de Coropa , avant que d'arriver à la mer par deux bouches différentes qui forment l'île de Caviana. De l'embouchure de la rivière des Amazones jufqu'au cap Saint- Roch la côte va prefque droit de l'oueft à l'efl, du cap Saint- Roch au cap Saint- Auguftin elle va du nord au fud , & du cap Saint-Auguftin à la baie de tous les Saints elle retourne vers l'ouefl ; en forte que cette partie du Brefil fait une avance confidérable dans la mer, qui regarde direderaent une pareille avance de terre que fait l'Afrique en fens oppofé. La baie de tous les Saints eft un petit bras de l'o- céan qui a environ cinquante lieues de profondeur dans les terres , & qui efl fort fréquenté des navigateurs. De cette baie jufqu'au cap de Saint-Thomas la côte va G ij ( î >' t4S Hifîoke NdUinfle, droit du nord au midi , & enfuîte 6iin§ une dire(flion fud-oueft juiquà l'embou- chure du fleuve de la Piata, où la mer fait un petit bras qui remonte à près de cent lieues dans les terres. De- là à l'ex-» trçmité de rAmérique l'océan paroît faire un grand golfe terminé par les terres voifines de la terre de Feu , comme Tilç Falkland , les terres du cap de l'AfTomp-^ tion, l'île Beauchêne, & les terre^ qui forment le détroit de la Roche, décou- vert en I (S7 1 : on trouve au fond de ce golfe le détroit de Magellan , qui eft le plus long de tous les détroits, & où le flux & reflux çfl extrêmement fenfible; au-delà eft celui de le Maire, qui eft plus» court ^ plus commode, Ôa enfin le cap Horr> qui eft la pointe du continent de l'Amérique méridionale. , On doit remarquer au fujet de ces ppîntes formées par les continens, qu'elles font toutes pofées de la même ftçon , elles regardent toutçs le midi , Ôc, la plupart font coupées par de$ détroits qui vont de l'orient à l'occident ; 1^ première eft celle de l'Amérique mcri^ llipiialç qui fçgarde le ml4i ou fe pôIç h I? l il I — ■i^».iH»i«. j.-n r ,1 I,, 1::; Théorie de h Terre. Î49 tiuilral , & qui cft coupée par le de'troit de Maorellan ; la féconde eft celle du iSroeniand , qui regarde auffi direélement le midi , & qui eft coupée de même de l'eft à l'ouefi par ies détroits de For- bisher ; la troifième eft celle de l'Afrique^ qui regarde auffi le i^- ii qui a au- delà du cap de Bonne - ei^crance des bancs & des haut-fonds qui paroiflènt en avoir été féparés; la quatrième eft fa pointe de la prefqu'îJe de l*Inde , qui eft coupée par un détroit qui forme l'île de Ceylan, & qui regarde le midi, comme toutes ies autres. Jufqu'ici nous ne voyons pas qu'on puifle donner la raifon de cette fingularitc, & dire pourquoi les pointes de toutes les grandes prefqu*îles font toutes tournées vers le midi, & prcfque toutes coupées à leurs extrémités par des détroits. En remontant de la terre de Feu tout k long des côtes occidentales de FAmé- rique méridionale , l'océan rentre aftei conftdérablement dans les terres , & cette côte (èmble fuivre exactement la direc- tion des hautes montagnes qui traver- |€i;t du inidi au nord toute l'Amérique Gii; fi j o Hîjlme Ndturelle. méridionale depuis i'équateur jufqu'à fa terre de Feu. Près de l'équateur l'océan fait un golfe aflez confidérable , qui com- mence au cap Saint- François & s'étend jufqu'à Panama, où eft le fameux ifthme qui , comme celui de Suez , empêche la communication des deux mers, & fans iefqueis il y auroit une féparation en- tière de l'ancien & du nouveau conti- nent en deux parties ; de-ià il n'y a rien de remarquable jufqu'à la Californie, qui eft une prefqu'île fort longue entre ies terres de laquelle & celles du nouveau Mexique l'océan fait un bras qu'on ap- pelle la mer Vermeille, qui a plus de 20a iicues d'étendue en longueur. Enfin on Si fuivi les côtes occidentales de la Cali-» fornie jufqu'au 43'"'' degré, & à cette ïaùtude , Drake , qui le premier a fait la découverte de la terre qui eft au nord de la Californie , & qui l'a appelée nou^ velle Albion, fut obligé à caufe de la rigueur du froid, de changer fa route, & de s'arrêter dans une petite baie qui porte fon nom , de forte qu'au-delà du 43 "''^ ou du 44'"^^ degré les mers de ces climats n'ont pas été reconnues, non plus qu^ i d( m d< ic v< e( u Théorie de la Terre, ï 5 i; ïcs terres de T Amérique (èptentrîonale , dont les derniers peuples qui font con- nus, font les Moozoemki fous le 48'"* degré , & les Affiniboïls fous le 5 1 '"*", & [es premiers font beaucoup plus reculés vers l*oueft que les (econds. Tout ce qur cft au-delà , foit terre , (bit mer , dans une étendue de plus de 1000 lieues en longueur , Sa d'autant en iargeur , eft inconnu , à moins que les Mofcovites dans leurs dernières navigations n'aient , comme ils l'ont annoncé, reconnu une partie de ces climats en partant de Kanuf- chatka qui ed la terre la plus voifine du côté de l'orient. L'océan environne donc toute la terre ians interruption dé continuité , & on- peut faire ïe tour du globe en pafTant à la pointe de rAmérique méridionale , mais on ne fait pas encore 11 l'océan en- vironne de même la partie feptentrionale du globe , & tous les navigateurs qui ont tenté d'aller d'Europe à la Chine par le nord-f ^' ju par le nord-oueft, ont égaler ment échoué dans leurs entreprifcs. Les lacs diffèrent des mers méditerra- néen en ce qu'ils ne tirent aucune eau de G 111; *i 5 2 Hifloire Naturelle* l'océan , & qu'au contraire s'ils ©nt com- munication avec les mers , ils leur fournif- fent des eaux , ainfi la mer noire que quel- ques Géographes ont regardée comme une fuite de la mer méditerranée , & par conféquent comme un appendice de i'océan, n'efl qu'un lac, parct qu'au lieu de drer des eaux de la méditerranée elle "lui en fournit, & coule avec rapidité par le Bofphore dans le lac appelé mer de Marmot a, & de- là par le détroit des Dardanelles dans la mer de Grèce. La nier noire a environ 250 lieues de lon- gueur fur I 00 de largeur , & elle reçoit un grand nombre de fleuves dont ies plus confidérables font le Danube , le I^Jiéper, le Don , le Boh , ie Donjec, &c. IjC Don qui fe réunit avec le Donjec , forme , avant que d'arriver à la mer noire, un lac ou un marais fort confidérable , qu'on appelle le Palus Aléotide , dont l'étendue eft de plus de 100 lieues en longueur, fur 20 ou 25 de largeur. La mer de Marmora, qui eft au-deffous de la mer noire , eR un lac plus petit que le Palus Méotide , & il n'a qu'environ 5 o ikues de longueur fur 8 ou ^ delargeufn à m com- fournif- [ue quel- comine î, & par dice de u'au lieu anée elle idité par mer de roit des èce. La de lon- e reçoit lont les ube , le jecj&c. )onjcc , r noire, Icrable , , dont îues en eur. La fous de que le ron 50 argeur, *. théorie de la Teire, i 5 3' Quelques anciens , & entr'autrcs Dio- dorc de Sicile , ont écrit que ie Pont- £uxin ou la mer noire , n etoit autrefois que comme une grande rivière ou un grand lac , qui n*avoit aucune commu- nication avec la mer de Grèce ; mais que ce grand lac s'étant augmente confidé- rabiement avec le temps par les eaux des fleuves qui y arrivent , il s etoit enfin ouvert un paflage , d'abord du côté des îles Cyanées , & enfuite du côté de l'HelIerpont. Cette opinion me paroît afîèz vraifemblable , & même il cil facile d'expliquer le fait , car en fuppolant que le fond de la mer noire fût autrefois plus bas qu'il ne i'cft aujourd'hui , on voit bien que les fleuves qui y arrivent, auront «levé le fond de cette mer par le limon & les fables qu'ils entraînent , & que par conféquent iî a pu arriver que la furfàce de cette mer fe foit élevée affez pour que l'eau ait pu ie faire une iffue ; & comme les fleuves continuent toujours à amener du fable & des terres , & qu'en raêmc lemps ia quantité d'eau diminue éàm les Heuves, à pjroportion que les nioniagncs idoot iiâ iii£at ieuri fources; s'abaif^t^ i j 4 Hiflohe Nciîtirelk: * U peut arriver par une longue fuîte Je iiècles que le fiofphore fe rempliffc ; mais comme ces effets dcfpendcnc de plu- fleurs caufes, il ncft guère pofîjble de donner fur cela quelque chofe de plus que de fimples conjcdlures. C'eft fur ce témoignage des Anciens que M. de Tour- nefort dit dans fon voyage du Levant , que ia mer noire recevant les eaux d'une grande partie de l'Europe & de l'A (le, après avoir augmenté confidcrablement, s'ouvrit un chemin par le Bofphore , & cnfuite forma la méditerranée , ou l'aug- menta fi confidérablement , que d'un lac qu'elle étoit autrefois , elle devint une grande mer, qui s'ouvrit cnfuite elle- même un chemin par le détroit de Gi- braltar, & que c'eft probablement dans ce temps que i'ile Adantique dont parle Platon , a été fubmergée. Cette opinion ne peut (e foutenir , dès qu'on cft affuré que c'eft l'océan qui coule dans la médi- terranée , & non pas la méditerranée dans l'océan; d'ailleurs M. de Tournefort n'a pas combiné deux faits effentiels , & qu'il rapporte cependant tous deux , le pre- ixiier ^ c'eft que la mer noire reçoit neuf T/kvric Je la Tare, l j f ou dix fleuves , dont il n!y en a pas un qui ne lui fourniflc plus d'eau que le Bofphore n'en iaiffe Ibriir ; le fécond y c'elt que la mer incditerrance ne reçoit pas plus d eau par les fleuves que ia mer noire, cependant elle cil ièpt ou huit fois plus grande , & ce que le Bofphore lui fournit ne fait pas la dixième partie de ce qui tombe dans ia mer noire ; com- ment veut-ii que cette dixième partie de ce qui tombe dans une petite mer, ait formé non - feulement une grande mer , mais encore ait fi fort augmenté ia quan- tité des eaux , qu'elles aient renveric les terres à l'endroit du détroit, pour aller enfuite fubmerger une île plus grande que l'Europe! il eft aifé de voir que cet endroit de M. de Tournefort n'eft pas affez réfléchi. La mer méditerranée tire au contraire au moins dix fois plus d'eau de l'océan , qu'elle n'en tire de la mer noire, parce que le Bofphore n'a que 800 pas de largeur dans l'endroit le plus étroit^ au lieu que le détroit de Gibraltar en ^ plus de 5 000 dans l'endroit le plus ferré, & qu'en fuppofam les vîteflès égales; dans l'un & dans l'autre détroit , celui ^ G v| ^5^ Hiflolre Ndtîiretlè. ' Gibraltar a bien plus dé profondeur* M. de Tournefort qui plaifànie fur Polybe au fujet cle i opinion que le Bos- phore fè remplira , & qui la traite de fàudè prédidion , n*a pas fait aflez d'at- tention aux circonftances , pour pro- noncer comme il le fait , fur l'impofïi- biiité de cet événement. Cette mer qui reçoit huit ou dix grands fleuves, dont !a plupart entruînent beaucoup de terre , de fable & de limon, ne (e remplit-elle pas peu à peu ! les vents & le courant naturel des eaux vers le Bofphore , ne dpi vent- ils pas y tranfporier une partie de ces terres amenées par ces fleuves ! il eft donc au contraire très-probable que par la fucceflion des temps le Bofphore iè trouvera rempli, lorfque les fleuves qui arrivent dans la mer noire auront beaucoup diminué : or tous les fleuves diminuent de ^our en jour , parce que tous les jours les montagnes s'abaiflènt ; }e$ vapeurs qui s'arrêtent autour des moivtagnes étant les premières (burces Ides rivières, leur groflèur & leur quantité d'eau dépend de la quantité de ces va* pvur$2 ^^ ^^ F^ut xnai^uer de diminuer TJiéorh de la Te&è: l^'^ ^ mefure que les montagnes dimînueni de hauteur. Cette mer reçoit à \S vérité plus d*cau par les fleuves que la médiierranée , & voici ce qu'en dit le même auteur : les appellent navires , me paroiffent ^3 plus petits que nos tartanes ; ils font y> fort hauts de bord , enfoncent peu dans Vf l'eau , & ont le fond piat ; ils donnent » auffi cette forme à leurs vaiiTeaux , non- » feulement à caufe que ia mer Cafpienne 3> n'eft pas profonde à la rade & fur les » côtes , mais encore parce qu'elle efl » remplie de bancs de fable , & que les » eaux font baffes en plufieurs endroits ; 3> tellement que fi les vaiffeaux n*étoient 3> fabriqués de cette façon , on ne pour- 35 roît pas s'en fervir fur cette mer. Cer- 3> tainement je m'étonnois , & avec quel- 35 que fondement , ce me (emble, pour- 35 quoi ils ne pèchoient à Ferhabad que 35 des fàumons qui (ê trouvent à l'embou- 3> chure du fleuve, & de certains eflur- 35 geons, très-mal conditionnés, de même » que plufieurs autres fortes de poiflbns 35 qui îè rendent à l'eau douce , & qui » ne valent rien ; & comme j'en attribuoi* ^ la caufe à l'infuiëfance qu'ils ont (ta Tliéorie Je la Terre. i (?J Tart de naviger & de pêcher, ou à la ce crainte qu'ils avoient de (è perdre s'ils ce pèchoient en haute mer, parce que je c« fais d'ailleurs que les Perfans ne font c< pas d'habiles gens fur cet clément , & ce qu'ils n'entendent prefque pas la navi- l'un auprès de Guatimapo , & l'autre à quel- ques lieues de Réalnuevo, tous deux dans ie Mexique; mais dans rAmërique mé- ridionale au Pérou , il y a deux lacs con- fécuiifs , dont l'un qui eft le lac Titicaca , eft fort grand , qui reçoivent une rivière dont la iburce n'efl; pas éloignée de Cufco^ & defquels il ne fort aucune \ Tlicàne de la Terres 16/ flutre rivière; il y en a un plus petit dans le Tucuman qui reçoit la rivière Salta, & un autre un peu plus grand dans le même pays , qui reçoit la rivière de San- tiago, & encore trois ou quatre autres entre le Tucuman & le Chili. Les lacs dont il ne fort aucun fleuve & qui n'en reçoivent aucun» font en plus grand nombre que ceux dont je viens de parler ; ces lacs ne font que des efpèces de mares où Ce raflèmblent les eaux pluviales , ou bien ce font des eaux fouterraines qui fortent en forme de fon- taines dans les lieux bas , où elles ne peu- vent enfuite trouver d*écoulemens ; les fleuves qui débordent, peuvent auflî IgifTer dans les terres des eaux (lagnantes , qui fe confèrvent enfuite pendant long- temps, & qui ne le renouvellent que dans le temps des inondations ; la mer , par de violentes agitations, a pu Inonder quelquefois de certaines terres & y for- mer des lacs falés , comme celui de Har*- lem & plufteurs autres de la Hollande ^ auxquels il ne paroît pas qu'on puiiïe attribuer une autre origine , ou bien la mer en abandonnant par ibn mouvement ft'69 Hifiotre Naturelle: naturel, de certaines terres, y aura îaîfic des eaux dans les lieux les plus Las , qui y ont formé des lacs que Teau des pluies entretient. Il y a en Europe plufieurs Î petits lacs de cette efpèce , comme en riande , en Jutland , en Italie , dans le pays des Grifons, en Pologne, en Mof- covie , en Finlande, en Grèce; mais tous ces lacs font très-per .confide'rables. En A fie il y en a un près de l'Euphrate, dans le dclërt d'Irac , qui a plus de i 5 lieues de longueur, un autre aufli en Perfc , qui elt à peu près de la même étendue que le premier, à fur lequel font fiiuces les villes de Kéla , de Tétuan , de Vaftan & de Van, un autre petit dans le Choraffan auprès de Ferrior, un autre petit dans la Tartarie indépendante, qu'on appelle le lac Lévî, deux autres dans la Tartarie Mofcovitc, un autre à la Co- chinchîne, & enfin un à la Chine, qui eft afîe? grand, & qui n*eft pas fort éloigné de Nankin; ce îac cependant commu- nique à la mer voifine par un canal de quelques lieues. En Afrique il y a un petit lac de celte efpèce dans le royî^^umc lie Maroc 1 un autre près d'Alexandrie , qui Théorie de h Terre, 1 d^ qui paroît avoir été laiiïe par la mer , un autre afTez confidérable, formé par les eaux pluviales dans le défert d'Azarad, environ fous le 3 o""^ degré de latitude , ce lac a huit ou dix lieues de longueur ; un autre encore plus grand, fur lequel cfl fituée la ville de Gaoga, fous le 27'"" degré; un autre, mais beaucoup plus petit, près de la ville de Kanum fous le 3 o"' degré, un près de l'embouchure de lu rivière de Gambia, pluficurs autres dans le Congo, à 2 ou 3 degrés de lati- tude fud, deux autres dans le pays des Cafres, l'un appelé le lac Rufumbo, qui efl médiocre, & l'autre dans la province d'Arbuta, qui eft peut-être le plus grand lac de cette cfpèce , ayant 25 lieues environ de longueur fur 7 ou 8 de largeur ; il y a auflx un de ces lacs à Madagafcar près de la côic orien- Itale, environ fous le ^p""' degré de [latitude fud. En Amérique , dans le milieu de Fa pcninfule de la Floride il y a un de ices lacs , au milieu duquel efl une île appelée Serrope;'\^ lac de la ville de [Mexico e(l auili, de cette efpèce, de Tomu Jlt H "m 1 1 'tjo Hijloke Naîtirelie, ce lac, qui «fl à peu -près rond^ a envi' DU %o lieues de diamètre; ii y en a un autre «ncor« plus grand dans i;^ nouvelle Ëfpagnc, à 25 lieues de dif- tance on environ de la côte de la baie de Campèche, & un tutre plus petit dans Ja même contrée près des côtes de la -mer du fud. Quelques Voyageurs ont prétendu qu*il y avoit dans Tinte- rieur des terres de la Guiane un très- grand lac de cette cfpèce , ils l'ont ap- pelé le lac d'Or ou le lac Parime, &. ils ont raconté des merveilles de la richefTe des pays voilins & de l'abondance des paillettes d'or qu'on trouvoit dans l'eau de ce lac ; ils donnent à ce lac une éten- due de plus de 400 lieues de longueur; & de plus de 125 de largeur; il n'en fort, dilènt-ils, aucun fleuve, & il n'y en entre aucun t quoique pluiieurs Géo- graphes aient marqué ce grand lac fwi leurs canes, il n'eft pas certain qu'il iCxifte, & il l'eft encore bien moins qu'il exifte tel qu'ils nous le repréientent. Mais les lacs les plus ordinaires & lesl plus communément grands, font ceux €iv\, ajprès avoir reçu un autre fleuvei ou rond, a ; il y en i dans h 5S de diff ie la baie plus petit ;s côtes de SToyageurs lans l'inté- e un très- s l'oni ap- irime, & iis î la richeffe ndancc des t dans l'eau kC une éten- le longueur; eux; il n'en , ôciln^yen' ficurs Céo- rand lac ftu ;ertain q^% moins qu'il ffcntent. linaires & les , font ceux cfieuvej ou Théorie de la Terre, 171 plufieurs petites rivières, donnent nai(^ (ânce à d'autres grands fleuves; comme le nombre de ces lacs eil fort grand, je ne parler^ii que des plus confidcrables , ou de ceux qui auront quelques (ingu- Iarités« En commençant par l'Europe^ nous avons en Suifle le lac de Gtnkve^ celui de Confiance, &c. £n Hongrie celui de Balaton , en Livonie un fac qui cil aflèz grand & qui fépare les terres de cette province de celle de la Mofcovic; en Finlande )e lac Lapwert qui efl £ert long , & qui fe divifè en plufieurs bras ^ ié lac Oula qui efl de figure ronde ; en Mofcovie le lac Ladoga, qui a plus de 2 5 lieues de longueur fur plus de i 2, de largeur, le lac Onega qui efl aufli long , mais moins large , le lac Ilmen » celui de Béiofero, d'où fort Tune des fourccs du Volga, Tlwan-Ofcro duquel fort Tune des fources du Don : deux autres lacs dont ie Vitzogda tire fon origine ; en Lapponie le lac dont fort le fleuve de Kimi , un autre beaucoup plus grand qui n'efl pas <;lolgné de la côte de Wardhus, plufieurs autres defquels fortem les fleuves de Lula, de Pitha>| Hij ~> \lji Htftotre Ndturene» < d'Uma , qui tous ne font pas fort con-- fidérables : en Norvège deux autres à peu près de même grandeur que ceux de Lapponie : en Suède ie lac Véner , qui efl grand , aufîi - bien que le làc Mêler fur lequel eft fîtué Stockôlm, deux autres lacs moins confîdérables , dont l'un eft près d']£lvédal de l'autre de Lincopin. Dans la Sibe'rîe & dans la Tartane Mofçovite & indépendante , il y a un grand nombre de ces lacs , dont les prin- cipaux font le grand lac Baraba qui a plus de 1 0 0 lieues de longueur, & dont les eaux tombent dans rirtis,le grand ïac Eftraguel à la fource du même fleuve Irtis , plufïeurs autres moins grands à la fource du Jénifca, le grand lac Kita à la fource de l'Oby , un autre grand lac à la fource de l'Angara, le lac Baical qui a plus de 70 lieues de longueur, & qui eft forme' par le même fleuve Angara, le iac Péhu , d'où fort le fleuve Uracfc , &c. à la Chine & dans la Tartane Chinoife le lac Dalai d'où fort la grofle rivière d'Argus qui tombe dans le fleuve Amour, îe lac des Trois- montagnes d'où fort h - Théorie de la Terre, 17J' rivière Hélum qui tombe dans le mêmci fleuve Amour, ies lacs de Cinhal, de Cokmor & de Sorama , defquels fortent les fburces du Heuve Hoamho, deux autres grands lacs voilins du fleuve de Nankin , &c. dans le Tonquin le lac de Guada^r qui e(l confîdérable , dans l'Inde le lac Chiama , d'où fort le fleuve Laquia & qui eft voifin des fources du fleuve A va, du Longenu;, &c* ce lac a plus de 40 lieues de largeur fur 5 o de longueur, un autre lac à i'^origine du Gange, un autre auprès de Gachemire à Tune des fources du fleuve Indus , &c. ^ En Afrique , on a le lac Cayar & deux ou trois autres qui font voifins de Tem- bouchure du Sénégal, le lac de Guarde & celui de Sigifme, qui tous deux ne font qu'un même lac de forme prefque triangulaire, qui a plus de 100 lieues de longueur fur 7 5 de largeur , & qui con- tient une île confidérable ; c'eft dans ce lac que le Niger perd Ion nom , & au foriir de ce lac qu'il traverfe , on l'appelle Sénégal ; dans le cours du même fleuve, en remontant vers la fource, on trouve un autre lac confidérable qu'on appelle le H iij 41 1/4 Hifloire Naiurelk, lac Bournou, où le Niger quitte encore fbn nom , car la rivière qui y arrive , s'appelle Gamhcm ou Combarow. En Ethiopie, aux Sources du Nii, efl le , grand lac Gambéa qui a plus de 5 o lieues de longueur ; il y a aufli plufieurs lacs fur la côte de Guinée, qui paroi(îènt avoir été formés par h. mer , & il n*y a que peu d'autres lacs d'une grandeur un peu confldérable dans le reile de l'Afrique. H ï L'Amérique fèptentrîonaîe eft le pays des lacs ; les plus grands font le lac fupé- fieur, qui a plus de 1 2 5 lieues de lon- gueur fur 50 de largeur, le lac Huron qui a près de 1 00 iieues de longueur fur environ 40 de largeur, le lac des . Illinois qui , en y comprenant fa baie des Puants , eft tout auffi étendu que le iac Huron, le lac Érié Ôl le lac Ontario, qui ont tous deux plus de 80 iieues de ton- fueur fur 20 ou 25 de largeur , le Jac lidafin au nord de Québec, qui a environ 50 iieues de longueur, le lac Champlain au midi de Québec , qui eft à peu près de la même étendue que le lac MiAadn , le lac Alemipigon & le lac Théorie de h Terre ^ 175: àt% Chriflinaux, toas deux au nord du lac fupérieur , font auffi fort confidé- rables , i#Iac des Afliniboils qui contient pfufieurs îles ^ & dont- l'étendue en longueur eft de plus de 75^ lieues; il y en a aufli deux de médiocre grandeur dans le Mexique, indépendamment de celui de Mexico, un autre beaucoup plus grand , appelé le lac Nicaragua y dans la province du même nom , ce lac a plus de 60 ou 70 lieues d'étendue en longueur, £nfîn dans l'Amérique méridionale il y en a un petit à la fource du Mara- gnon , un autre plus grand à la fource de la rivière du Paraguaî , le lac Tiiicares dont les eaux tombent dans le Heuve de la Piata^ deux autres plus petits dont les eaux cou^ lent aufli vers ce même fleuve , & quel- ques autres qui ne (ont pas confidérables dans l'intérieur des terres du Chili. ' Tous les lacs dont les fleuves tirent leur origine , tous ceux qui fè trouvent dans le cours des fleuves ou qui en font voifins & qui y verfent leurs eaux , ne font point falés; prefque tous ceux au contraire qui reçoivent des fleuves, fans qu'il en forte d'autres fleuves, font H iiij Il y 6 Hifloire Naturelle: falés, ce qui lemble favorifèr ropîrîon que nous avons expofée au fujet de la faiure de la mer , qui pourroit bien avoir pour caufe les fels que les Heuves détachent des terres ,. & qu'ils tranfportent conti- nuellement à la mer; car l'évaporation ne peut pas enlever des Tels fixes , & par conféquent ceux que les fleuves portent dans la mer , y reftent , & quoique l'eau des fleuves paroifTe douce , on fait que cette eau douce ne laiiïe pas de contenir une petite quantité de fel, & par ia fuc- ceflion des temps la mer a dû acquérir un degré de fîilure confidérable , qui doit toujours aller en augmentant. C'eft ainfi , à ce que j'imagine , que la mer noire , la mer Cafpienne , le lac Aral , la mer morte, &c. font devenus falés ; les fleuves qui Çç jettent dans ces lacs , y ont amené fucceflïvement tous les ièls qu'ils ont détachés des terres , & l'évaporation n'a pu les enlève. : à l'égard des lacs , qui font comme des mares, qui ne re- çoivent aucun fleuve & defquels il n'en fort aucun . ils font ou doux ou falés , fuivant leur différente origine ; ceux qui font voilins as ia mer, fout ordixiairemeat Ihéorte de h Terre* \yj BIcs, & ceux qui en font éloignés, font doux , & cela parce que les uns ont été formés par des inondations de la mer , & que les autres ne font que des fon- taines d'eau douce , qui n'ayant pas d'é- coulement , forment une grande éten- due d'eau. On voit aux Indes plufieurs étangs & réfervoirs faits par l'induftrie des habitans > qui ont jufqu'à :i ou 3 lieues de luperficie , dont les bords Ibnt revêtus d'une muraille de pierre; ces ré- fervoirs fe rempliflent pendant la faifon des pluies , & fervent aux habitans pen- dant l'été , lorfquc l'eau leur manque abfolùment, à caufe du grand éloigne- nient où ils font des fleuves & des fon- taines. Les lacs qui ont quelque chofè de particulier , font la mer morte , dont les eaux contiennent beaucoup plus de bitume que de fel ; ce bitume qu'où appelle bitume de Judée , n'eft autre chofe que de rafphalie , & auffi quelques Au- teurs ont appelé la mer morte , lac af" phaltîte. Les terres aux environs du lac contiennent une grande quantité de ce bitume ; bien 4es gens fe font perfuadés H V 1/8 Hîjloire Naturelle. au fujet de ce Iac> des chofes femblablès à celles que les Poëies cm écrites du lac d^Averne, que le poinbn ne pou voit y vivre y que les oifeaux qui padbicnt par« deffus étoient fufîbqués, mais ni Tun ni l'autre de ces lacs ne produit ces fu- nefles effets, ils nourriffent tous deux du poiiïbn , les oifèaux volent par-defius , Sa les hommes s'y baigneit fans aucun danger. li y a , diVon , en Bohème , dans la campagne de Boleflnw , un lac où il / a des trous d'une profondeur fi grande qu'on n'a pu la fonder , Su il s'élève de ces trous des vents impétueux qui par- courent toute la Bohème, & qui pen- dant fhiver élèvent fbuvent en l'air des morceaux de glace de plus de i oo livres de pe(anteur. Voye^ Aâ, Lipf, anno i 6 8 2^ page 2^6, On parle d'un lac en Iflandc qui pétrifie, le lac Néagh en Irlande a aufli la même propriété ; mais ces pétri> fications produites par r«au de ces lacs ne font fans doute autre chofe que des incruflarions comme celles que fait i'eau «l'Arcucil. ThéorU de la Terre, 179 PREUVES DE LA * THÉORIE DE LA TERRE. A RTIC L E XII. Du Flux à' du Reflux. L'e a u n'a qu'un mouvement naturel qui lui vient de fa fluidité; elle def-- cend toujours des lieux les plus élevés dans les lieux les plus bas, lorfqu'il n^y a point de digues ou d'obdacies qui ia retiennent ou qui s'oppofènt à fon mou- vement, & lorsqu'elle ell arrivée au lieu le plus bas, elle y refte tranquille & (luis mou- vement, à moins que quelquecaufe étran- gère & violente ne l'agite & ne l'en fade fortir. Toutes les eaux, de l'océan fontraf- . femblées dans les lieuxvles plus bas de la fuperficie de la terre; ainfi les mouvemens delà mer viennent de eau (es extérieures. Le principal mouvement eft celui du» flux ôc du reflux qui fe faif alternativemerit; H Vj; 'i8o Hiftoire Naturelle. en fens contraire, & duquel il reTuIte un mouvement continuel & génér.ii de louies les mers d'orient en occident ; ces deux iTiouvemens. ont un rapport confiant «Se régulier avec les mouvemens de la lune : dans les pleines & dans les nouvelles lunes ce niowvement des eaux d'orient en occi- dent efl plus fenfible, aufll-bien que celui du fiux & du reflux : celui-ci fe fait ientir dans Tiniervaile de fix heures & demie fur 1 ; plupart des rivages, en forte que le flux arrive toutes les fois que !a lune eft au-deflus ou au-deflbus du méri- dien , & le reflux fuccède toutes les fois cpie la lune eft dans Ton plus grand éloi- gnement du méridien, c'eft - à - dire , toutes les fois qu'elle eft à l'horizon , foit a fon cowcher, foit à fon lever. Le mou- vement de la mer d'orient en occident eft continuel & confiant, parce que tout Tocéan dans le flux fe meut d'orient en occident , & poufl^ vers l'occident une très-grande quantité d'eau , Sa que le re- flux ne paroît fe faire en fens contraire qu'à caufe d< la moindre quantité d'eau €\\x\ eft alors poufl^ée vers l'occident ; car le aux doit plutôt être regardé comme '^y, r.gy*" Théorie de la Terre. lit une întumefcence , & le reflux comme une décumefcence des eaux , laquelle au lieu de iroubler le mouvement d'orient en occident , le produit & le rend conti- nuel , quoiqu*à la vérité il Ibit plus fort pendant i'intumefcence , & plus foible pendant fa déiumefcence, par la raifon que nous venons d'expoier. Les principales circonflances de ce mouvement , font i ." qu'il eil plus fen- fible dans les nouvelles & pleines lunes que dans les quadratures ; dans le prin- temps & l'automne il e(l au(fi plus vio- lent que dans les autres temps de Tannée , & il ed le plus foibie dans le temps des folftices , ce qui s'explique fort natu- rellement par la combinaifon des forces de Tattraiflion de la lune & du (oieih Voye-^ fur cela les démonftratîons de Nejv- ton. 2." Les vents changent fou vent la dire»5Uon & la quantité de ce mouve- ment , fur - tout les vents qui foufflent condamment du même côté; il en eft de même des grands fleuves qui portent leurs eaux dan» la mer , & qui y pro- duisent un mouvement de courant qui s'étend fouyem à plufieur» lieues i^ â; t> ^>. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 7± 1.0 l.l 2.5 2.2 2.0 18 1.25 1.4 1.6 ^i — 6" ► y] 7 ""^^ ;> 7 /^ ^yw'^ Photographie Sciences Corporation \ & elles ont un mouvement plus Théorie de la Terre, i S7 ■ réglé & qui efl toujours alternativement dirigé de la même façon. De ce mouvement alternatif de flux & de refliix, H rëfulte, comme nous l'a- vons dit , un mouvement continuel de la mer de Porient vers l'occident , parce que Taflre qui produit l'imumefcencc des eaux , va iui-même d'orient en occi- dent , êa qu^agifTant fuccefDvement dans cette direcTion , les eaux (uivent le mou- vement de l'aflre dans la même direction» Ce mouvement de la mer d'orient en occident efl très - (ènfible dans tous les détroits, par exemple, au détroit de Ma- gellan le flux élève les eaux à près de 20 pieds de hauteur , & cette intumefcence dure fix heures, au lieu que le reflux ou la détumefcence ne aure que deux heures (voye^ le Voyage de Narbrough) , ôc l'eau . coule vers l'occident, ce qui prouve évidemment que le reHux n'ed pas égal au flux , & que de tous, deux il réfulte un mouvement vers l'occident , mais beau- coup plus fort dans le temps du aux. que dans celui du reflux ; & c'efl pour cette rarfbn que dans les hautes mers éloi- gnées de toute terre > les marées ne font * 8 8 Hijlotre Nature/le. iènfibles que par le mouvement génétui tjui en rc fuite , c'eft-à-dire, par ce mou- vement d'orient en occident. Les marées font plus fortes & elles font haufïèr & baiflèr les eaux bien plus confîdérablement dans la zone torride entre les tropiques, que dans le refle de Tocéan ; elles font aufli beaucoup plus iênfîbles dans les lieux qui s'étendent d'orient en occident , dans les golfes qui font longs ôc étroits , Se fur les côtes où il y a des îles & des promontoires ; le plus grand flux qu'on connoiflè , eft , comme nous l'avons dit dans l'article précédent , à l'une des embouchures du fleuve In- dus , où les eaux s'élèvent de 3 o pieds ; Il efl auili fort remarquable auprès de Malaye, dans le détroit de la Sonde, dans la mer rouge, dans la baie de Nel- fon ,355 degrés de latitude (eptentrîOi- Baie, où il s'élève à 1 5 pieds, si i'em- bouchure du fleuve Saint- Laurent, fur les côtes de la Chine, fur celles du Japon, à Panama; dans le golfe de lîengale, &c. : * ! Le mouvement de îa mer d'orîertt en accident cA très-fènfible dans de certains Théorie de h Terré: i8jf fcncïrous, les Navigateurs I*ont fouvent obfervé en allant de l'Inde à Madagafcar & en Afrique; il (è fait fentir aufïi avec beaucoup de force dans la mer paci- fique, & entre les Moluques & le Brcfil; mais les endroits où ce mouvement éft le plus violent, (ont les détroits qui joignent l'océan à l'océan , par exemple , les eaux de la mer (ont portées avec une (i gra«de force d'orient en occident par le détroit de Magellan, que ce mouve- ment eft (èniible , même à une grande diflance dans l'océan Atlantique, & on prétend que c'eft ce qui a fait conjedurer à Magellan qu'il y avoit un détroit par lequel les deux mers avoient une com- munication. Dans le détroit des Manilles & dans tous les canaux qui féparent les îles Maldives, la mer coule d'orient en occident , comme aufîi dans le golfe du Mexique entre Cuba & Jucatan; dans le golfe de Paria ce mouvement eft (i vio- lent, qu'on appelle le détroit la gueule du Dras^on; dans la mer de Canada ce mouvement eft auffi très- violent , aufïï- bien que dans la mer de Tartarie & dans k détroit de ^('^aigats , par lequel Tocéait •* ipo HiJIolre Naturelle^ «n coulant avec rapidit<^ d'orient en occident , charie des maiïës énormes de places de la mer de Tartarie dans la mer du nord de l'£urope. La mer pacifique coule de .même d'orient e^i occident par les dëtrcâts du Japon, la mer du Japon coule vers Ja Chine, l'océan i ndien coule vers i'occicknt c)ans le détroit de Java & par les détroits des autres îles de l'Inde. On ne peut donc pas douter que la uier n'ait un mouvement confiant ^ & génériil d'orient 'Cn occident, &. Ton «A arïuré que l'océan Atlantique coule vers l'Amérique , êç que la mer pacifique s'en éloigne, comme on le voit évidem- înent au cap des Courans entre Lima & Panama. Voye^ Vdrenii Geogt. gênerai page I ip. Aurefle, les alternatives du flux & du reflux font régulières & le font de fix heures & demie en fix heures & demie fur la plupart des côtes de la mer , quoiqu'à différentes heures , fuivant le climat & la pofition àes côtes; ainfi les côtes de la mer font battues continuellement des vagues , qui enlèvent à chaque fois de petites parties de matières qu'elles tranf- Tliéone de la Terre. ip i portent au loin & qui (è dépofènt au fond , & de même les vagues portent fur Jes plages baffes des coquilles , des fables qui relient fur les bords , & qui s*accu- jmulant peu à peu par couches horizon- tales , forment à la fin des dunes & des hauteurs audj élevées que des collines « & qui font en efïet des collines tout-à- fait (èniblables aux autres collines, tant par leur forme que par leur corapofition intérieure; ainfi la mer apporte beau- coup de produdions marines fur les plages bafies, 6c elle emporte au loin toutes les matières qu'elle peut enlever des côtes élevées contre lefquelles elle agit, foit dans le temps du flux, foit dans le temps des orages & des grands vents. Pour donner une idée de Teffort que fait la mer agitée contre les hautes côtes , je crois devoir rapporter un fait qui m'a été alTuré par une perfbnne très-digne de foi, & que j'ai cru d'autant plus facile- ment , que j'ai vu moi - même quelque chofè d'approchant. Dans ia principale des îles Orcades il y a des côtes corn- pofées de rochers coupé$ à-plom(^ Ql ipi Hifloire l^aiureïïel perpendiculaires à la furface de la mer, en lone qu'en (è plaçant au - defluj de ces rochers, on peut laiïïer tomber un plomb jufqu'à la furface de i'eau, en menant la corde au bout d'une perche de p pieds. Cette opération , que Ton peut faire dans le temps que la roer e(t tranquille, a donné la mefure de la hauteur de la côte , qui eft de 200 pieds. La marée dans cet endroit eft fort confidérable, comme elle l'efl ordinairement dans tous les en- droits où il y a dés terres avancées & ^t% \\q% ; mais lorfque le vent efl fort , ce qui efl très-ordinaire en ÉcoiTe, & qu'en même temps la marée monte, le mou- vement eft fi grand & l'agitation fi vio- lente, que l'eau s'élève jufqu'au fommet des rochers qui bordent la côte , c'eft-à^ dire, à 200 pieds de hauteur, & qu'elle y tombe en forme de pluie; elle jette même à cette hauteur , des graviers & à&% pierres qu'elle détache du pied des ro- chers, & quelques-unes de ces pierres , au rapport du témoin oculaire que je .cite ici , font plus larges que la main. J'ai vu moi-même dans le port de Livourne^ où la mer eft beaucoup plus tranquille^ i mcff de ces plomb Liant la pieds, re dans ille, a icôie, ans cet comme ies en- » Ôi des ce qui qu'en ; mou- fi vio- fommet c'eft-à^ qu'elle lie jette s & des des ro- Merres , que je .. Dort de jp plus iquUle ^ Tliéone de hi Terre. lp| tnnquiilc, & où il n'y a point de marcc, une icmpetc au mois de décembre 173 i . où l'on fut obligé de couper les mâts de quelques vairTèaux qui étoicnt à la rade , dont les ancres avoient quitté ; j'ai vu, dis- je, l'eau de la mer s'élever au'ddfus des fortifi cations , qui me pa- jurent avoir une élévation très-confi- dérable au-defTus des eaux; & comme j'étois fur celles qui (ont les plus avan- cées , je ne pus regagner la ville fins être mouillé de l'eau de la mer beaucoup plus qu'on ne peut l'être par la pluie la plus abondante. < Ces exemples fu^fent pour faire en- . tendre avec quelle violence la mer agit contre les côtes ; cette violente agiuuioa détruit > ufc (b)^ ronge & diminue peu à (h ) Une chofe aîTez remarquable fur les cotes cfe Syrie & de Phénicie, ceft qu'i! paroît que les ro- chers qur ibnt le long de cette côte , ont été aricien« nement taillés en beaucoup d endroits en forme d'auges de deux ou trois aunes de longueur , & larges îi proportion, pour y recevoir l'eau de la mer & en ^ faire du fél par i'évaporation , mais nonobilant \^ dureté de la pierre , ces auges font à Theure qu'il efi prefqu'enticrcment ufées & aplanies par le battement continuel des vagues, P^fj /a Voyages de Shiiw,^ vçf, 11, jtage ép, ^ .;. . J.J _ . , . . ,, l T$me Ih 1 "194 Hifloire Naturelle» peu (e terrein des côtes ; ia mer emporte toutes ces matières & les IcTiflè tomber dès que le calme a fuccédé à i*agiiaiion. Dans ces temps d'orage l'eau de la mer, qui efl ordinairement ia plus claire de toutes les eaux , eft trouble & mêlée des différentes matières que le mouvement des eaux détache des côtes & du fond; &. la mer rejette alors fur les rivages une infinité de chofes qu'elle apporte de loin , & qu'on ne trouve jamais qu'après les grandes tempêtes , comme de Tambre gris fur les côtes occidentales de Tir- lande , de l'ambre jaune fur celles de Pomcranie, des cocos fur les côtes des Indes , &c. & quelquefois des pierres ponces '& d'autres pierres fingulières. Nous pouvons citer à cette occafiou un feît rapporté dans les nouveaux voyages aux îles de l'Amérique : c< Étant à Saint- vy Domingue , dit l'auteur , on me donna » cntr'autres chofcs quelques pierrjES lé- 33 gères que ia mer amène à ia côte quand y> il a fait des grands vents de fud , il y y> en a voit une de 2 pieds & demi de 3? long fur 1 8 pouces de large & envi- 20 ron i pied d épailFeur , qui ne pefoit ■^ii. [.. TJidorîe Je la Terre} 9f pas tout- à- fait cinq livres; elle étoit ce blanche comme ia neige , bien pius ce dure que les pierres de ponce , d'un ce grain An , ne paroifTint point du tout ce poreufè , & cependant quand on la ce jetoit dans l'eau , elle bondiiïbic comme ce un ballon qu'on jetce contre terre ; à ce peine enfonçoit - elle un demi - travers ce de doigt ; j'y fis faire c[uatre trous de ce tarrière pour y planter quatre bâtons tome V, page 2(fo, Cette pierre devoit être une pierre ponce d'un grain très-fin & iêrré, qui venoit de quelque volcan, «Se que la mer avoit tranfportée, comme elle tranfporte l'am- , bre gris , les cocos , la pierre ponce ordinaire , les graines des plantes , les rofeaux , &c. on peut voir fur cela les Difcours de Ray , c'eil principalemeu^ l! ii^6 .Hijfolre Naturelle. * - iur ies côtes d'Irlande & d'Ecoiïe qu'on a fait des oblervations de cette efpèce. La mer, par Ton mouvement général d'orient en occident doit porter fur les «côtes de l'Amérique les produdions de nos côtes , & ce n'eft peut - être que par des mouvemens irréguliers, & que nous ne connoiflbns pas , qu'elle ap- porte fur nos rivages les produélions des Indes orientales & occidentales, elle apporte aufîi des produ<^ion5 du nord: il y a grande apparence que ies vents entrent pour beaucoup dans les caufes de ces effets. On a vu fou vent dans les hautes mers & dans un très- grand éloir gnement des côtes , des plages entières couvertes de pierres ponces, on ne peut guère foupçonner qu'elles puifîènt venir d'ailleurs que des volcans des îles ou de la terre ferme, & ce font apparemment ks courans qui les tranfportcnt au milieu des mers. Avant qu'on connût la partie roéridionale de l'Afrique, & dans k temps où on croyoit que la mer des Indes n'avoit aucune communication avec notre océan , on commença à la ibupçonner par un indice docette nature. ; Théorie de laTem. ip/. Ile mouvement alternatif du îx & da reflux, & le mouvement coiiiîumde la nier d'orient en occident, offrent dijfFé- rcns phénomènes dans les difFérens cli-*- mats; ces mouvemens (ê modifient dif^ féiemment (uivant le gilement des terres & la hauteur des côtes : il y a des endroits où le mouvement général d'orient ea occident n^'cft pas leafible , il y en a d'autres où^la mer a même un mouvement contraire , comme fur ia côte de Guinée , mais ces mouveiiiens contraires au mou- vement général font occafionnés par les vents , par la pofîtion des terres , par les eaux des grands fleuves, & par h. difpo- fition du fond de ia mer ; toutes ces caufès produiient dès courans qui akèrciît' * changent fou vent tout- à- fait la diredioii (lu mouvement général dans plufieurs endroits de ia mer ; mais comme ce mou- vement des mers d'orient en occident efl le plus grand , le p(us générai & le plus confiant , il doit auflî produire les plus grands efîèts , & , tout pris enfêmble , fa mer doit avec le temps gagner du terreia vers l'occident & en laiuer vers l'orient, quoiqu'il puiflè arriver que fur les cô»es 1 ii; Il 198 H'îfîotre NaUirelle. ©ù le vent d'oueft (buffle pendant fa pTuj grande partie de l*annce , comme en France , en Angleterre , la mer gagne du terrein vers Torient, mais encore une fois ces exceptions partkrîières ne dé- truijfènt pas l'effet de la caufe générale. PREUVES ^ V DE LÀ THÉORIE DE LA TERRE, ^^ ARTICLE XIII. Des inégalités du fond de la Mer, ir des cour ans* :<. «7 ON peut diAinguer les côtes de k mer en trois elpèces , i .° les cotes «levées qui font de rochers & de pierres dures , coupés ordinairement à-plomb à une grandeur confidérabie , & qui s'é- lèvent quelquefois à 7 ou 800 pieds; a.* les bafîès côtes , dont les unes font unies & prefque de niveau avec la furfacc ^. Théorie de la Terre, 15? 9 Je ïa mer , & dont les autres ont lîWe élévation médiocre & font fouvcnt bor- dées de rochers à fleur d'eau , qui forment des brifans & rendent i'approche des terres fort difficile; 3.** ics dunes, qui font des côtes formées par ies fables que la mer accumule , ou que les fleuves dépofent , ces dunes forment des collines plus ou moins élevées. Les côtes d'Italie font bordées de marbres & de pierres de plufieurs efpèces, dont on diflingue de loin les différentes carrières ; les roch||(s qui forment la côte, paroiffent à une très - grande diflance , comme autant de piliers de marbres qui font coupés à-plomb. Les côtes de France depuis Breft jufqu'à Bordeaux font prefque par-tout environnées de rochers à fleur d'eau qui forment des brifans ; il en e(l de même de celles d'Angleterre, d'Efpagne & de plufleurs autres côtes dc„ l'océan & de la méditerranée , qui font bordées de rochers & de pierres dures; à Texcepiion de quelques endroits dont on a profité pour faire les baies, ies ports & les havres. La profondeur de l'eau le long des iiij 300 Hifloire Naturelle. etJtes, eft ordinairement d'autant plus grande que ces côtes font plus élevées, & d'auiant moindre qu'elles font plus baffes ; l'inégalité du fond de la mer le long des côtes correfpond auflî ordi- nairement à l'inégalité de la furfàce du terrein des côtes , je dois citer ici ce qu'en dit un célèbre Navigateur. ce J*aî toujours remarqué que dans les » endroits où la côte eft défendue par des >3 rochers efcarpés, la mer y eft très- 3> profonde , & qu'il eft rare d'y pou- 33 voir ancrer , & aviicontraire dans les 33 lieux où la terre penche du côté de >5 la mer*, quelqu'élevée qu'elle foit plus » avant dans le pays, le fond y eft bon, »& par conféquent l'ancrage ; à pro- 3> portion que la côte penche ou eft ef- yy carpée près de la mer , à proportion » trouvons - nous auffi communément » que le fond pour ancrer eft plus ou 53 moins profond ou efcap^é , auffi moulU >3 Ions- nous plus près oà'plus loin de la y> terre , comme nous jugeons à propos , >3 car il n'y a point, que je fâche, de 33 côie au monde , ou dont j'ai entendu 7> parler, qui foit d'une hauteur égale & Tlieorie Je la "Terre, 20 il 'qtii n'ait des hauts & des bas. Ce font ce ces hauts & ces bas , ces montagnes acieufès entre ces «e rochers; mais dai^ies lieux où la pente ce d'une montagne ou d'un rocher n'eft ce pas à quelque diftance en terre d'une ce montagne à l'autre, & que, comme fur ce la côte de Chili & du Pérou, fe pen- ce chant va du côté de la mer, ou eft de- ce dans , que la côte eft perpendiculaire ce ou fort efcarpée depuis les montagnes €c voifines , comme elle eft en ces pays-là ce depuis les montagnes d'Andes qui » » modes aux vairfeaux. Les côtes de y> Galice , de Portugal , de Norvège , » de Terre- neuve, &c. font comme la y> côte du Pérou & des hautes îles de » l'Archipélague , mais moins dépour- » vues de bons havres. Là o\\ il y a de *> petits efpaces de terre > il y a de bonnes » baies aux extrémités de ces efpaces » dans les lieux où ils s'avancent dans la 39 nier, comme fur la côte de Caracos, » &c. les îles de Jean Fernando , de » Sainte- Hélène , ^. font des terres » hautes dont la côte eft profonde. Gé- » néralement parlant , tel efl le fond qui *> paroit au-deffus de l'eau , tel ell celui » que l'eau couvre , & pour mouiller fu- a> rement , il faut ou que le fond (bit au » niveau , ou que (à pente foit bien peu » /ênfîble ; car s'il eft efcarpé l'ancre 30 glifle & le vaifTeau «ft emporté. De- là '» vient que nous ne nous mettons jamais »> en devoir de mouiller dans les lieux où ^a> nous voyons les terres hautes & dts » montagnes efcarpées qui bornent la a» mer : au (fi étant à vue des îles ilz% Ji» États , proche fa terre del Fuega^ Y i - ■• i vi- Tliéork de la Terre. 203 Bvant que d entrer dans les mers du fud , ce nous ne fongcaoïes feulement pas à c< mouiHer après que nous eûmes vu la « côte, parce. qu'il nous parut près de c< la mer des rochers cfcarpés: cependant i terres baiïes , peut (ê confirmer par » plufieurs exemples. Au midi de la baie y> de Campèche , les terres font bafles w pour la plupart , auffi peut- on ancrer i» tout le long de la côte , & il y a dc^ y> endroits à l'orient de la ville de Cam- >3 pèche , où vous avez autant de brafTcs » d'eau que vous êtes éloigné de la terre, » c'efl-à-dire , depuis p à lo lieues de » diftance, jufqu'à ce que vous en foyez >» à 4 lieues y & de-ià jufqu'à la côte la 53 profondeur va toujours endîmfnuant. >3 La baie de Honduras efl encore liii » pays bas , & continue de même tout le » long de-Ià aux côtes de Porto-belîo ôc » de Cartagène , jufqu'à ce qu'on foit à » la hauteur de Sainte- Marthe ;de-iil le >> pays efl encore bas jufque vers la côte » de Caracos , qui eft haute. Les terre* » des environs de Surinam fur ïa ntêmrf » côte , font bafles & l'ancrage y efl bon ; >^ il en eft de même de-Ià à la côte de » Guinée. Telle efl auffi la baie de Pa- » nama , & les livres de pilotage or- » donnent aux pilotes d'avoir toujours » la fonde à la main ôa de Vie pai appro- » cher d'une telle profondeur; foit' ai Tliéorie âe la Terre» ioj' nuit, foît de jour. Sur les raêmes mers dira ièulcincnt en général , qu'il ell » rare que les côtes hautes foicnt Hins »> eaux profondes , & au contraire les » terres balles & tes mers peu crcufes , fc trouvent prefque toujours enlcmbie. » Voyages de Dampier autour du monde t tome II , page ^y6 & fuiv. On eft donc alTuré qu'il y a des iné- galités dans le fond de la mer , & des montagnes très - confidérables , par les obfèrvations que les navigateurs ont faites avec la fonde. Les plongeurs afTurem auffi fju^il y a d'autres peiiics inégalités formées par des rochers, & qu'il fait fort froid dans les vallées de la mer ; en gé- néral dans les grandes mers les profon- deurs augmentent , comme nous Tavons dit , d'une manière aflèz uniforme , en s'éloignant ou en s'approchant des côtes. Par la cane que M. Buache a dreffée de la partie de l'océan comprifè entre les côtes d'Afrique & d'Amérique , & par les cou- pes qu'il donne de la mer depuis le cap Tagrin jufqu'à la côte de Rio- Grande, il paroît qu'il y a des inégaiicés dans tout l'océan comme . fur la terre ; que Tliéorie lie h Terre» 'toy fes Abrolhos où il y a des vigies & où l'on volt quelques rochers à fleur d'eau , rc font que des fommcts de très-grofTcs & de très-grandes montagnes, dont l'fle Dauphine eQ une des plus hautes pointes; que les îles du cap Vert ne font de luêinc que des fonuiiets de montagnes; qu'il y a un grand nombre d'écucils clans ce; te mer , où l'on eft oblige de inetire des vigies , qu'enfuite le terrein tout autour de ces Abrolhos, defcend jufqu'à des profondeurs inconnues, Ôc au (Ti autour des îles. A l'égard de la cjualité des differens tcrreins qui forment le fond de la mer , co;Tjme il eft impofijble de l'examiner de pr^s , & qu'il faut s'en rapporter aux plongeurs & à ia fonde, nous ne pou- vons rien dire de bieii précis ; nous favons feulement qu'il y a des endroits couverts de bourbe & de vafe à une grande épaiflcur, & fur letquels les ancres n'ont point de tenue, c'eft probablemem dans ces endroits que fe dépofe le limon des fleuves ; dans d'autres endroits ce font des fables (embfables aux fables que nous connoifToiis ^ &. qui fe trou veut de '2 o 8 Hïfioire Naturelle; même de différente couleur & de difFe'- rente grofTeur , comme nos fables ter- reftres ; dans d'autres ce font des coquil- lages amoncelés , des madrépores , des coraux & d'autres produdions animales, lefquelles commencent à s'unir , à prendre corps & à former des pierres ; dans d'autres ce font des fragniens de pierre, des graviers , & même Ibuvent des pier- res toutes formées & des marbres ; par exemple, dans les îles Maldives on ne bâtit qu'avec de la pierre dure que l'on tire fous les eaux à quelques brafîès de profondeur ; à Marfeille on tire du très- heau marbre du fond de la mer , j'en ai vu plufieurs échantillons, & bien loin que la mer altère & gâte les pierres & les jnarbres , nous prouverons dans notre difcours fur les minéraux , que c'eft dans ia mer qu'ils fe forment & qu'ils fe con- fervent , au lieu que le foleil , la terre , i'air & l'eau des pluies les corrompent & ies déiruifent. ' Nous ne pouvons donc pas douter que le fond de la mer ne foit compofc comme la terre que nous habitons , puif- qu'en effet on y trouve les wêmç5 ;*! Théorie de la Terre. 2op matières, & qu'on tire de ia furface du fond de la mer les mêmes chofes que TOUS tirons de la furface de la terre ; Ôc de même qu'on trouve au fond de ia mer de vaftcs endroits couverts de coquiliagcs , de madre'pores , & d'autres ouvrages des infedcs de ia mer , on trouve aiifli fur ia terre une infinité de carrières & de }:)ancs de craie & d'autres matière» remplies de ces mêmes coquillages , de ces madrépores, &c. en forte qu'à tous égards les parties découvertes du gïoije refîemblcnt à ccHes qui font couvertes par les eaux, foit pour la compofition & pour le mélange des matières, foit par les inégalités de la fuperficie. G'elt à ces inégalités du fond de la mer qu'on doit attribuer l'origine des courans : car on fent bien que fi le fond de l'océan étoit égal & de niveau , il n'y auroir dans ia mer d'autre courant que le mouvement général d'orient ea occident , & quelques autres mouvemens qui auroient pour caufe l'aélion des vents & qui en fuivroient la dire<5lion ; mais une preuve certaine que la pîupnrt des courans font produits par le flux & le iio Uifoire Naturelle, refîux , & dirigés par les Inégalités dit fond de la mer , c eft qu'ils fuivent ré- gulièrement les marées & qu'ils changent de direction à chaque flux & à chaque reflux. Voyez fur cet article ce que dit Pieiro délia Valle, au fujet des courans du golfe de Cambaie, voL VI, page ^ 6 ^, & le rapport de tous les navigateurs, qui aiïurent unanimement que dans les en- droits où le flux & le reflux de la mer cfl le plus violent & le plus impétueux, les courans y (ont auflî plus rapides. A in fi on ne peut pas douter que le flux & le reflux ne produifent des cou- rans dont la direction fuit toujours celle ÙQs collines ou des montagnes oppofées entre lefqueîles ils coulent. Les courans qui font produits par les vents, fuivent auflr fa diredion de ces mêmes collines qui font cachées fous Teau , car ils ne font prefque jamais oppofés direcElement au vent qui les produit, non plus que ceux qui ont le flux & le reflux pour eau le, ne fuivent pas pour cela la même diredion. Pour donner une idée nette de la pro- dudion des courans; nous obferverons Théorie de la Tene* i 1 1 d'abord qu'il y en a dans toutes les mers, que les uns font plus rapides & les autres plus lents, qu'il y en a de fort étendus, tant en longueur qu'en largeur, & d'au- tres qui font plus courts & plus étroits; que îa même caufe, foit le vent, foit le flux 5: ie reflux, qui produit ces Cou- rans , leur donne à chacun une vîteflTe & une dire(5lion fouvent très - différentes ; qu'un vent de nord , par exemple , qui devroit dontier aux eaux un mouvement général vers le fud , dans toute l'éten- due de la mer où il exerce fon action, produit au contraire un grand nombre de courans féparés les uns des autres & bien difîerens en étendue & en direc- tion; quelques-uns vont droit au fud, d'autres au fud - efl , d'autres au fud- ouefl ; les uns (ont fort rapides , d'autres font lents, il y en a de plus & moins forts , de plus & moins larges , de plus & moins étendus , & cela dans une va- riété de combinaifbn {\ grande, qu'on ne peut leur trouver rien de commun que la caufè qui les produit ; & iorf- qu'un vent contraire fuccède , comme cela arrive fouvent dans toutes les mcrS| I 21 z Hijloire Naturelle. & régulièrement dans l'océan Indîcn> tous ces courans prennent une diredion oppoft'e à la premièpc , & fuivcnt en fcns contraire les mêmes routes & le mêine cours , en forte que ceux qui alloient au fud , vont au nord, ceux qui couloient vers le fud - efl , vont au iiord-ouefl , &c. & ils ont Li même éten- due en longueur & en largeur , la même Vïteiïe, &c. & leur cours au milieu des autres eaux de la mer , fe fait précifé- ment de la même façon qu'il (è feroit fur la terre entre deux rivages oppofés & voifjns ; comme on le voit aux Mal- dives & entre toutes les îles de la mer des Indes, où îes courans vont, comme les vents, pendant fix mois dans une dîrcdion, & pendant fix autres mois dans la diredion oppofée : on a fait la même remarque fur les courans qui font entre les bancs de fable & entre les haut- fonds, & en général tous les courans, foit qu'ils aient pour caufè le mouvement du flux & du reflux, ou Tadion des vents, ont chacun conftamment la même étendue, la même largeur & la même diredion dans tout leur cours , . & ils font très^ Théorie de la Tene. 2;ij' dîfférens les uns des autres ca longueur, en largeur, en rapidité & en diredioa, ce qui ne peut venir que des inégaruës des collines, des montagnes & des val- lées qui font au fond de ia mer , comme l'on voit qu'entre deux îles le courant fuit la direction des côtes auffi-bien qu'entre les bancs de fable , les écueils & les haut-fonds. On doit donc refrar- o der les collines & les montagnes du fond de la mer , comme les bords qui contiennent & qui dirigent les courans, & dès- lors un courant efl un fleuve, dont la largeur eft déterminée par celle de la vallée dans laquelle il coule , dont la rapidité dépend de la force qui le produit , combinée avec le plus ou le moins de largeur de l'intervalle par où il doit paffer , & enfih dont la dire<îlion eft tracée par la pofition des collinas & des inégalités entre Icfquelles il doit prendre fôn cours. Ceci étant enteiKlu, nous allons don- ner une raifon palpable de ce fait fin- gulicr dont nous avons parlé , de cette correfpondance des angles des mon- lagaes & des collines , qui fe trouve iT4 Hijloire Naturelle. par-tout, & qu'on peut obferver dans tous les pays du monde. On voit en jetant les yeux fur les ruifleaux , les ri- vières & toutes les eaux courantes , que les bords qui les contiennent , forment toujours des angles alternativement op- pofiés; de forte que quand un fleuve fait un coude , l'un des bords du fleuve forme d'un côté une avance ou im angle rentrant dans les terres , & l'autre bord forme au contraire une pointe ou un angle faillant hors <\ts terres , & que dans toutes les finuofiies de leur cours, cette correfpondance des angles alter* Hâtivement oppofés fe trouve toujours; elle eft en eflèt fondée fur les ioix du mouvement des eaux & Tégaliié de l'ac- tion des fluides, & il nous feroit facile de démontrer ia caule de cet effet , mais il nous fuflit ici qu'il foit général & univerfellement reconnu, & que tout le monde puifle s'aflurer par fes yeux que toutes les fois que le bord d'une rivière fait une avance dans les terres , que je fuppole à main gauche , l'autre bord fait au contraire une avance hors des terres à jnain droite. dans it en s ri- que ment t op- e fait îeuvc angle bord lU un i que :ours , aller- 1 jours; Dix du le Tac- t facile t, mais éral & tout le ux que rivière que je e bord ors des Théorie de la Terre, i i j Dcs-lors ies courans de la mer qu*on doit regarder comme de grands fleuves ou de:> eaux couraïue» , fujettes aux mêmes loix que les fleuves de la terre , formeront de même dans l'éiendue de leur cours, plufieurs llnuofités dont les avances ou les angles feront rentrans d'un côté & faillans de l'autre côté, & comme les bords de ces courans font ies collines & les montagnes qui fe trouvent au- def- fous ou au-deflîis de la furface des eaux, ils auront donné à ces éminences cette même forme qu'on remarque aux bords des fleuves , ainfi on ne doit pas s'éton- ner que nos collines & nos montagnes, qui ont été autrefois couvertes des eauK de la mer & qui ont été formées par le fédiment des eaux , aient pris par ie mouvement des courans cette figure régulière , & que tous les angles en foient alternativement oppofés ; elles ont été ies bords des courans ou des fleuves de ia mer , elles ont donc néceflTairement pris une figure & des diredlions fèm'- blables à celles des bords des fleuves de la terre , & par çonfcquçnt toutes ies fois que ie bord à main gauciie aura Îl6 Hijloire Ndturelk. formé un angle rentrant , le bord à main droite aura formé un angle faillant, comme nous l'obfêrvons dans toutes les collines oppofées. Cela feul, indépendamment des autres preuves que nous avons données, fuf- fîroit pour faire voir que ia terre de nos coniinens a été autrefois fous les eaux de la mer; & l'ufage que je fais ■ de cette obfervaiion de la correfpon- dance des angîes des montagnes & la caufe que j'en afljgne , me paroiiïènt être des fources de lumière & de dé- monftration dans le fujet dont il eft queftion ; car ce n*étoit point affez que d'avoir prouvé que les couches exté- rieures de la terre ont été formées par les fédimens de la mer , que les mon- tagnes le font élevées par rentaffement fuccefllf de ces mêmes fédimens, qu'elles font compofécs de coquilles & d'autres productions marines , il falloir encore rendre raifon de cette régularité de figure des collines dont les angles font correfpondans , & en trouver la vraie caulè, que perfonne jufqu'à préfent n'a- voit même feupçonnce, & qui cependant étant Théorie dans is en- )bligés lemcat :nt des é vers :ourans eues de matra il lient du iblement Malaye ans fcm- terre de mds cou- •rance & ut fur la c Kntal & ;, fur les i.mérique, d , & il y e midi qui lurans : on t du nii^i fil, depuis ju*aux îles détroit dcî T/icoric Je la Terre. ll^ Manilles , aux Philippines &. au Japon dans le port de Kibuxia. Voye^ Varen» Ceograph. gêner» page i^o» 11 y a des courans très-vioîens dans la mer voifine des îles Maldives, & entre ces lies ces courans coulent , comme je l'ai dit, conftamment pendant fix mois d'orient en occident, & rétrogradent pendant les fix autres mois d'occident en orient ; ils fuivent la dircdion des vents ïTiouffons, & il eft probable qu'Hs font produiîs par ces Vents qui, comme l'on l'ait, feùfflent dans cette mer fix mois de l'eft à Toucft, & fix mois en fêns contraire. • '-' /• > Au fefte, nous ne faifbns Ici mention que des courans dont Tétendue & la raj)idiié font fort confidérables : car H y a dans toutes les mers urie infinité de cou- rans que les navigateurs ne reconnoifïent' qu'en comparant la route qu'ils ont faite avec celle qu'ils auroîent dû faire , & ils font fouvent oWigés d attribuer à l'àiflion de ces courans la dérive de leur vaideau. Le flux & le reflux , les vents & toutes les autres caûfès qui peuvent donner de l'agitation aux eaux de la mer, doivent Kij '2Z0 mpoire Nui u relie* produire des coiirans, lefciuels (cronf pljis Qu moins (êndhles dans les différens ■endroits. Nous avons vu que le fond de la iner ci\, comme la furface de la terre , hérifTé de montagnes « fem« d'inégalités & coupé par des bancs de fabie; dans tous ces endroits niontueux & entre- coupés, les courans feront viokns; dans les lieux plats où le fond de la mer le trou- vera de niveau, ils feront prefqumlen- ilbleSjla rapidité du courant augmen- tera à proportion des iobRacIes que les eaux trouveront, ou plutôt dt^rétrécif- fement des efpaces par lefquels elles tendent à palTer. £ntre deux chaînes de inontagnes qui feront dans la mer , il fe formera néceffairement un courant qui liera d'autant plus yiolent que ces deux montagnes ferpnt pliis voi fines : il en fera 4e même «lure deux bapcs de fable ou «ntrc deux î(e^ vpifînes,; aiifli remarque- t-on dans Tpçéan indien, qui eft entre- coupé d*^ne infinité d'îles & de bancs, qu'il y a par- tout ç{es courans très- japides qui rendent la navigation de cette mer fort périileufè ; ces courans ont en jgénéral des diredipns femblables à çeliies feront Fcrens iid de terre, galiiés ; dan$ cntre- ; dans e irou- l'infen'- igmcn- que les étréclf- Is elles aines de zt , il Te rant qui ;es deux il en fera fable ou îmarque- ;ft €ntre- e bancs, ,ns très- i de cette is ont en ;s à çell^^ Thcone Je lu Terre. lit {ÎC5 vents ou du flux & du reflux qui les produifcnt. Non-fculcin la mer ,- mais ce mouvement n'eft rieni en comparaifon des agitations, de l'air: qui font produites par la raréfadion car il ne faut pas croire que l'air , parce? qu'il a du.reflort & qu'il eft huit cents> fois plus léger que l'eau , doive rece- voir par Taétion de la lune un mouve- ment de fîux fort confidérable ; pouf peu qu'on y réfîéchiffe, on verra que. ce mouvement n'elt guère plus confi- dérable que celui du flux & du reflux des • eaux de la mer; car la diflance à la lune- étant fuppofte la même , une mer d'^eau* ou dtiir , ou de. telle autre matière- t" 21 6 HiJIolre Néiîtirelk* fluide qu'on voudra imaginer , aura â peu-près le même mouvement , parce que la force qui produit ce mouvement pénètre la matière , & eft proportion- nelle à fa quantité ; ainfi une mer d'eau , d'air ou de vif-argent s'élcveroit à peu- près à la même hauteur par l'adion du foleil & de la lune , & dès- lors on voit que le mouvement que i'attradion des altres peut caufer dans l'atmofphère , n'eft pas affez confidérabie pour pro- duire une grande agitation (cj; & quoi- qu'elle doive cauièr un léger mouve- ment de l'air d'orient en occident, ce mouvement eft tout-à-fait infenfible en comparaifon de celui que la chaleur du foleil doit produire en raréfiant l'air; & comme la raréfadion (èra toujours plus grande dans les endroits où le fo- leil eft au zéniih , il eft clair que le courant d'air doit fuivre le foleil & former un vent confiant & général d'orient en occident : ce vent fouffle (c) L'effet de cetfc caufe a été déterminé géomc- Iriquement dans différentes hypotlièfes , & calcule par M. d'Alembcrt. Voyei Réflexions Jur ta caufe gem iskéf rmit Paris, ty^j* aura à parce /ement ortion- d'cau , à peu- tion du on \oit ion des rphère , Lir pro- & quoi- mou vê- lent, ce ifible en laleur du un Tair; toujours )ii Je fo- r que le foleil & général it Ibuffie lûné géomc- , ti calculé fa caufe gài-^. TIléorte (te h Terre, iij continuellement fur la mer dans la zone torride, Ca dans la plupart des endroits de ta terre entre les tropiques, c'eft ie même vent que nous fentons au lever du foieii ; & en général les vents d'efl font bien plus fréquens & bien plus impétueux que les vents d'oueft ; ce vent général d'orient en occident s'é- tend même au-delà des tropiques , & il fouffle fi condamment dans la mer pacifique que les navires qui vont d*A- capulco aux Philippines , font cette route, qui eft de plus de 2700 iieues fans aucun rifque, & pour ainfi dire, ians avoir befoin d'être dirigés; il en eft de même de la mer atlantique entre l'Afrique & le Brefil, ce vent général y fouille conflamment; il fe fait fentir auiïi entre les Philippines & l'Afrique, mais d'une manière moins conftante , à caufe des îles & des différens obf- tacles qu'on rencontre dans cette mer , car il fouffle pendant les mois de jan- vier , février , mars & avril entre la côte de Mozambique & l'Inde , mais pen- dant les autres mois il cède à d'autres vents : & quoique ce vent d'ell foît Kvj i -228 Hijioïre NatuKelk* moins fenfible fur les côtes qu'en pleînt mer, & encore moins clans le milieu des coniinens que fuc les côtes de la mer; cependant il y a des lieux où il loufïïe prcîque continuellement, comme lUr les cêiCi orientales du Brefil, lur les côte:> de Loaiigo en Afrique, &c. Ce vent d'eil qui foufïïe coniinuel- lement fous ia Ligne, fait que lorfqu'on part d'Europe pour aller en Amérique, on dirige le cours du vaifTeau du nord au fud dans la direction des côtes d'R^" pagne & d'Afriq.ue jufqu'à vingt degrés en-deçà de la Ligne, où l'on trouve ce •vent d'eft qui vous porte diredement fur les cotes d'Amérique, & de même dans Ja mer pacifique Fon fait en deux mois le voyage de Calkio ou d'Aca- pulco aux PhiJipincs à la faveur de ce vent d'eft qui eft continuel ; mais le retour des Philippines à Acapulco eft plus long & plus difficile. À 28 ou 30 degrés de ce c6te'-ci de la Ligne, on trouve des vents d'oueft'afî'ei conftans, & c'eft pour cela que les vaift'caux qui i:^viennent des Indes occidentales en Europe ne prennent pas la même loiite Triéorie de la Tare» ii^ pour aller & pour revenir , ceux qui viennent de la nouvelle Efpagne font voile le long des côtes & vers le nord jufqu'à ce qu'ils arrivent à la Havane dans l'îïe de Cuba, & de- là ils gagnent du côté du nord pour trouver les vents d'oueft qui les amènent aux Açores & enfuite en Efpagne ; de même dans la nî«r du fud ceux qui reviennent des Philippines ou de la Chine au Pérou ou au Mexique, gagnent le nord fufqu'à la hauteur du Japon, & navigent fous ce* parallèle jufqu'à une certaine diftance de Californie, d*où ^ en fuivant la côte de la nouvelle Efpagne, ils arrivent' à Acapulco. Au relie, ces vents dVft ne foufflent pas toujours du même pomt , mais en général ils font au fud - eft depuis le mois d'avril jufqu'au mois de novembre, ôt ilâ font au nord-eft depuis novembre jufqu'en avril. Le vent d'eft contribue par fbn adlion- à augmenter le mouvement général de la mer d'orient en occident , il produit aufîî des cou-rans qui font conftans & qui ont leur dircâion, les uns de i'eft' à l'ouell^ les autres de l'eA au fud-otiefi i 3 O Ht flaire Naturelle, ou au nord-oudl, fuivant la diredîon ôts éininenccs & des chaîiies de mon- tagnes qui font au fond de la mer , dont les vallées ou les intervalles qui les fépa- rent , fervent de canaux à ces courans ; de même les vents aUernaiifs qui foufflent tantôt de l'cfl & tantôt de l'oueft , pro- duifent aufli des courans qui cliangent de direélion en même temps que ces vents en changent aufîi. Les vents qui foufflent ccnftam'ment "•pendant quelques mois , font ordinaire- ment (uivis de vents contraires, & les navigateurs font obligés d'attcp«dre celui qui leur eft favorable; lorfque ces vents viennent à changer, il y a plufieurs jours, ôi quelquefois un mois ou deux de calme ou de tempêtes dangereules. Ces vents généraux caulés par la ra- réfaction de i'iitmcfphère fe combinent différeniment , pur différentes caules dans diffère s climats; dans la partie delà mer atlantique, qui ell fous la zone tempé- rée , It \ eiii du nord foufîle prefque conflammcnt pendant les mois dovflo- hre , novembre, décembre & janvier, c'ell pour cela qui ces mois font les plus Théorie de la Terre* 231' favorables pour s*embarqucr Iorfc|u*on veut aller de l'Europe aux Indes , afin de pafler ia Ligne à (a faveur de ces venî^ & l'on fait par expérience, que les vaif- feaux qui panent au mois de mars d'Eu- rope n'arrivent quelquefois pas plus lot an Brefil que ceux qui partent au mois d'odobre fuivant. Le vent de nord règne prelque continuellement pendant i hi- ver dans la nouvelle Zemble & dans les autres côtes fej)tcntrionales : le vent de midi fouffle pendant le mois de juillet au cap Vert , c'efl alors le temps des pluies , ou l'hiver de ces climats ; au cap de Bonne-efpe'rance le vent de nord-oueft fouffle pendant le mois de fepiembrc ; à Pâma dans l'Inde , ce même vent de nord- oueft /buffle pendant les mois de novem- bre , dcceinbre & janvier, & il j^roduit de grandes pluies : mais les vents d'efl fou ment pendant les neuf autres mois. Dans l'océan indien, entre l'Afrique & l'Inde, & jufqu'aux îles Moluques , les vents mou (Tons régnent d'orient en occident depuis janvier jufqu'au com- mencement de juin , & les vents d'oc- cident commencent aux mois d'août ^ '232 Hîjloire Naturelle, de fêptembre, & pendant l'intervalfe de juin & de juillet il y a de très - grandes tempêtes , ordinal reineiK par des vents de nord , mais iur les côtes ces vents varient davantage (|u'cn pleine mer. Dans le royaume de Guzaratc & fur les cotes de la mer voifine , les vents de nord foufflent depuis le mois de mars jiifcju'au mois de icptembre, & pendant les autres mois de l'anne'e il règne prefque toujours des vents de midi. Les Hol- kndois , pour revenir de Java , parient ordinairement aux mois de janvier & de février par un vent d'eft qui fe fait fentir jufqu'à 18 degrés de latitude auftrale , & enfkihe ils trouvent des vents de midi qui les portent jufqu'à Sainte - Hélène. Voye^ Varen, Geograph, gêner, cap, 2 0. Il y a des vents réglés qui font pro^ duits^ par la fonte des neiges ; les anciens- Grecs les ont obfervés. Pendant l'été lès vents de nord-oueft, & pendant Thi ver ceux de fiid-eft le font fèntir en Grèce, dans la Thrace, dans la Ma- cédoine, dans la mer Egée, & jufqu'en Egypte ôc en Afrique; on remarque des jents de même elpècc dans le Congo ^ î r val le de grandes es vems es vems ler. iic & fur vents de de murs pendant e prefque es Hol- , partent vier & de fait fentir auftrale , 3 de midi ; - Hélène, ap. 2 0» • font pro- ies anciens- [idant l'été: c pendant t fentir en ns ia Ma- % jufqu'en narquc des le Congo y I , Théorie de la Tene, 2 3 j li Guzarate , à l'extrémité de l'Afrique , qui font tous produits par la fonte des neiges. Le flux & le reflux de la mer produifcnt auffi des vems réglés qui ne durent que quelques heures , & dans plufieurs endroits on remarque des vents qui viennent de terre pendant la nuit , &de la mer pendant le jour, comme Çwt les côtes de la nouvelle Efjwgne , fur celles de Congo, à la Havane, &c. Les vents de nord font alTez réglés dans les climats des Cercles polaires ;. mais plus on approche de l'Equateur , plus ces vents de nord font foibles , ce q,ui eft commun aux deux pôles. Dans l'océan atlantique & éthiopiquc H y a un> vent J'efl général entre les tFOî)iques , qur dure toute l'année fans aucune variation confidérable , à l'ex- ccpiion de quelques petits endroits où il change fuivant les circonftances & la pofition des côtes; 1.° auprès de la côte d'Afrique , aufli-tôt que vous avez paflif les îles Canaries , vous êtes fiir de trou- ver un vent frais de nord-eft à environ 28 degrés de latitude nord , ce vent paflè rarement le nord-eft ou le nord- ^34 Hipolre Naturelk. lîord-eft , & il vous accompagne juf- qu'à 1 o degrés latitude nord , à envi- ron ICO lieues de la cote de Guinée, où l'on trouve au 4*"' degré latitude nord les calmes & tornados ; 2.* ceux qui vont aux îles Caribes trouvent, en approchant de l'Amérique, que ce même vent de nord-eft tourne de plus en plus à left, à mefure qu'on approche davantage; 3." les limites de ces vents variables dans cet océan font plus gran- des fur les côtes d'Amérique que fur celles d'Afrique. Il y a dans cet océan lun endroit où les vents de fud & de fud-oueft font continuels; (avoir, tout !e long de la côte de Guinée dans un cfpace d'environ 500 lieues, depuis Sierra- Leona jufqu'à , l'île de Saint- Thomas ; l'endroit le plus étroit de cette mer eft depuis la Guinée jufqu'au Brefil , où il n'y a qu'environ 500 lieues; ce- pendant les vaiHTeaux qui partent de la Guinée, ne dirigent pas leur cours droit au BreHl, mais ils defcendent du côté du fud , fur-tout lorfqu'ils partrnt aux mois de juillet & d'août, à caute ^(i.% vents de fud-eA qui régnent dans cej Théorie Je la Terre, 235 temps. Voyei Jranf.phil, Abrig'd. îom, II, pûg. 12 p. Dans la mer mécliterranc'c , le vent fouffle de la terre vers lu mer au cou- cher du foleil , & au comrairc de la mer vers la terre au lever, en forte que le jnatin c'eft un vent du levant, & le fo>r Uii vent du couchant; le vent du niidi fjui efl pluvieux , & qui louflle ordi- râiiciiicnt à Paris, en Bourgogne & en Champagne au commcnceM.ent de novembre, & qui c^dc à une bile douce & tempére'e , produit le beau temps qu'on appelle vulgairement l'été de ia Saint- Martin. Voye^ le Traité des eaux de M, Mariotte, ^ Le Dodeur lifter, d'ailleurs bon Obfcrvateur, prétend que le ven: d'eu gcne'ral qui fe fait lëntir entre les tro- piques pendant toute l'année, n'eft pro- duit que par la refpiration de la plante appelée lentille de mer, qui eft extrê- mement abondante dans ces climats » & que la différence des vents fur la terre ne vient que de la difïérenie dif- pofition des arbres & des forêts, & il donne très > férieufement cette ridicule 1^6 HiJIoire NdtureÏÏe, imagination pour caufe des vents, en difant qu*à l'heure de midi le vent eft pins fort, parce que ies plantes ont plus chaud & refpirent Tair plus fouvcnt, & qu'il fouffle d'orîènt en occident, parce que toutes les plantes font un peu le tournefol , & refpirent toujours du côté du foleil. Voyei^ Tranf,phUof.n' î ^ 6* D'autres auteurs , dont les vues étoient plus Ciines , ont donné pou-r caufe de= ce vent confiant, ie mouvement de b terre fur fon axe , mais cette opinion ii*eft que fpécteufe, & il efl facife de £aire comprench'e aux gens , même les moins initiés en me'canique, que tout fluide quienvironncroit la terre, ne pour- jrort avoir aucun mouvement particulier en vertu de la rofation du globe ; que i'atmofphère ne peut avoir d'autre mou- vement que celui de cette mêine rota^ tion, & que tout tournant enfemble & à la fois, ce mouvement de rotation efl aufîi infeiïfible dans l'i^tmolphère qu'il feft à la furface delà terre. La principale eau (c de ce mouvement conftant ell , comine- nous Pavons dit , la chaleur du foleii; on peut voir fur TJicorie Je la Terre, 13/ cela îe Traité de Halley dans les Tranf* fhilofoph. ai en général toutes les caufes qui produiront d:ins i'air une raréfadion Gu une condeiifation confidérable , pro- duiront des vents dont les diredions feront toujours dircdes ou oppofées aux lieux où (èra la plus grande raréfadion ou la plus grande .condeniatioa. La prellion des nuages , les exhalaifonç de la terre , l'inflammation des météores , la réfolution des vapeurs en pluies, &c, font aufîi des caufes qui toutes pro- duisent des agitations confidérables dans l'atmolphère, chacune de ces caufes fe combinant de différentes feçons , produit des effets différens; il me poi'oît donc qu'on tenteroit vainement de donner une théorie des vents ; &. qu'il faut fè borner à travailler à en fair^e l'hifloire , c'eft dans cette vue c|ue j'ai rafîèmblé des faits qui pourront y fièrvir. Si nous avions une fuite d*obferva- lions fur la dirpdion, la force & la variation des vents dans les différens climats, Ci cette, fuite d'obfervations étoit cxade & aflèz «tendue pour qu'on pôt voir d'un cpup d'çeil le réfultat de ces 1*3 8 Hifloke Naturelle.' ' . viciffitudes de l'air dans chaque pays, je ne doute pas qu'on n'arrivât à ce degré de connoifîance dont nous fom- mes encore fi fort éloignés , à une méthode par laquelle nous pourrions prévoir & prédire les différens uJtats du ciel & la différence des faifons ; mais il n'y a pas aflez long - temps qu'on fait des oblèrvations météorologiques , il y en a beaucoup moins qu'on les fait avec foin , & ii s'en écoulera peut - être beaucoup avant qu'on fâche en em- ployer les réfuhats, qui font cependant îes leuls moyens que nous ayons pour arriver à q-ùelq"^ connoifFance pofuive fur ce fujet. Sur la mer, les vents font plus régu- liers que fur la terre, parce que la mer cft un efpace libre, & dans lecJUll rien ne s'oppofe à la diredion du vent : fur la terre au contraire les montagnes, les forêts, loc' villes, &c. forment des ohf- tacles qui font changer la diredion é^^ vents, & qui fou vent produifent des vents contraires aux premiers. Ces vents réfléchis par les montagnes le font fentir dans toutes les proviiice3 qui en font Théorie de la Terre* ^jcjf yoi fines , avec une impétuonté (buvent suffi grande que celle du vent diredl qui les produit; Us font auHi irès-irré- guliers parce que leur dircdion dé- pend du contour , de la hauteur & de la fituaiion des montagnes qui ies jféfic- chifîent. Les vents de mer foufflent avec plus de force & plus de cominuité que les vents de. terre , ils font aufli beau- coup moins variables & durent plus long' temps ; dans les vents de terre, quelque violens qu'ils foient, il y a des momens de rémifîion & quelquefois des inftans de repos , îans ceux de mer le courant d*air eft liant & continuel fans aucune intCw UJ^Jlion , la différence de ces effets dépend de la caufe que nous venons d'indiquer. En général j fur ia mer les vents d*eft & ceux qui viennent des pôies , font plus forts que ies vents d'oueft & que ceux qui viennent de l'équateur; dans les terres au contraire les vents d'oueft & de fud font plus ou moins violens que les vents deft & de nord, fuivant la fiiuation des climats. Au printemps '& en automne les vents font plus violent 240 Hïflmre Naturelle, qu'en été ou en hiver , tant fur mer que^ fur terre; on peut en donner plufieurs raifons , i .* le priniemps & l'automne font les faiibns des ])lus grandes marées, & par conféquent les vents que ces marées produKênr, font plus violens dans ces deux faifons ; 2.° ie mouvement que i'adion du foleil & de ia lune produit dans l*air , c'efl - à - dire, le flux & le reflux de l'atmofphère , eft auffi plus grand dans la faiibn des équinoxes; 3.° ia fonte des neiges au printemps, & la réfolution des vapeurs que le (oleil a élevées pendant l*été , qui retombent en pluies abondantes pendant l'automne, produisent, ou du moins augmentent les vents; 4.*' le paflàge du chaud au froid, ou du froid au chaud, ne peut fb faire (ans augmenter & diminuer con- fidérablement ie volume de l'air , ce qui ièul doit produire de très*grands vents. On remarque fou vent dans l'air des courans contraires, on voit àe^^ nuages qui (ê meuvent dans une diredion , & d'autres nuages plus éievés ou plus bas que les premiers, qui le meuvent cjlaxis une diredion coiiirairc \ mais cette contrariété Théorie de la Terre. 241 contrariéié de mouvement ne dure y)as long-temps , & n'eft ordinairement j)i o- duiie que par la réfiflance de quelque nuage à l'adion du vent , & par la répul- fion du vent dirccfl qui règne feul dès que l'obflacle eft diffipé. Les vents font piiis violcns dans les lieux élevés que dans les plaines, & plus on monte dans les hautes moniagncs , plus la force du vent augmente juiqu'i ce qu'on foit arrivé à la hauteur ordi- naire des nuages, c'efl- à-dire, à environ un quart ou un tiers de lieue de hau- teur perpendiculaire; au - del,\ de cete hauteur le ciel eft ordinairement fercin , au moins pendant Tété , «Se le vent diiiii- nue : on prétend même qu'il efl lout-à- faii infenfible au fommet des plus hautes inontagnes, cependant la plupart de ces fommets, & même les plus élevés, étant couverts de gîaces & de ne'ges , il efl raturel de penfer que cette région de l'air eft agitée par les vents dans le temps de la chiite de ces neiges; ainfi ce ne peut être que pendant l'éié que les vents ne s'y font pas len-ir : ne pourroit-oii pas dire qu'en été les vajeurs légères Tom9 IL \à 2^1 Hipoire Naturelle, ' qui s'clèvent au fommet de ces mon- lagncs , retombent en rofée , au lieu qu'en hiver elles fe condenfent, (ê gèlent, rciombent en neige ou en glace, ce qui |jeut produire en hiver des vents au-deflus de ces montagnes , quoiqu'il n'y en ait point en été. Un courant d\air augmente de vîtcfle comme un courant d'eau lorfque i'efpacc de fon pafTage fe rétrécit, le même veut, qui ne fe fait fentir que médiocrement dans une plaine large & découverte, devient violent en palfant par une gorge de montagne, ou feulement entre deux batimens élevés, & le point de la plus violente adion du vent efl: au - delTus de ces mêmes batimens ou de la gorge de Ja montagne; i'air étant comprime pnr ia réfiftance de ces obftaeles a plus de maffe , plus de denfité, & la même vîtefîc fubfiftant, l'effort ou le coup du vent, \t momentum en devient beaucoup plus fort. C'eft ce qui fait qu'auprès d'une cglifè ou d'une tour les vents femblenti être beaucoup plus violens, qu'ils ne le fo^t à une certaine diftance de ces édi-i fices. J'ai fou vent remarqué que ie vent h Théorie fie la Terré, 24.31 réfléchi par un bâtiment ifolé ne laiiïbit pas d'être bien plus violent que le vent direct qui produifoit ce vent réfléchi, & lorfque j'en ai cherché la raifon, je n'en ai pas trouvé d'autre que celle que je viens les vents de nord occupent les zones froides ; & à l'égard des zones tempé- rées , les venis qui y régnent ne (ont , pour ainfi dire, que des courans d'air j dont ic mouvement e(l compofé de ceux de ces deux vents principaux qui doivent produire tous les vents dont la diiedion tend à l'occident; & à l'écrard (les vents d'oueil dont la direction tend à l'orient, & qui régnent fou vent dans Il ?one tempér'^'î, foit dans la mer paci- fi(]ue, foit < is l'océan atlantique , on Ipeut les regarder comme des ven's ré(îc- |chis par les terres de l'Aile & de l'Anié- L iij '^2.^6 Hifloire Nûturetle» Tique, mais dont la première origine eft due aux vents d'efl & de nord. Quoique nous ayons dit que , ge'né- ralemcnt parlant , le vent d'eit règne tout autour du globe à environ 2 5 ou 3 o degrés de chaque côté de l'équateur, il efl cependant vrai que dans quelques endroits il s'étend à une bien moindre diftance , & que fa direcflion n'eft pas par-tout de l'ell à l'oueft ; car en deçà de Téquaieur il ell un peu efl-nord - eft , & au-delà de l'équateur il eft efl - fud - eft, & plus on s'éloigne de l'équateur , foit au nord, foit au Tud , plus la direcHiion clu vent efl oblique, l'équateur eft la ligne fous laquelle la direélion du vent de l'eft à l'oueft eft la plus exaéle; par exemple , dans l'océan indien le vent général d'orient en occident ne s'étend guère au-delà de 15 degrés : en allant de Goa au cap de Bonne -cfpérance on lie trouve ce vent d'eft qu'au - delà de l'équateur, environ au 12,"'* degré de latitude fud, i il ne le fait pas feniir en - deçà de l'équateur ; mais lorfqu'on eft arrivé à r.e 1 2"^' degré de latitude fud; on a ce vent juf^^u'au a 8"" degré The une ilc ht Terre, 247 (ïc latitude fuJ. Dans îa nier qui ft'jwre i'Afiiquc de l'Amérique, il y a un intcr- v.ille qui eft depuis ie 4""^ degré de lati- tude nord, jufqu'au i o""* ou i i""^ degré de latitude nord , où ce vent général Hcll pas ienfible; mais au-delà de ce 1 c'"'' ou II*"' degré , ce vent règne & s'étend jufqu'au 30""^ degré. II y a aufij beaucoup d'exception -t faire au fujct des vents mouflons, dont le mouvement ell alternatif; les uns durent plus ou moins long - temps , les autres sV':endent à de plus grandes ou à de moindres diftances, les autres font plus ou moins réguliers, plus ou moins violent. Nous rapporterons ici d'après Varénius, Icii principaux phénomènes de ces vents. « Dan^ i*océan indien , entre l'Afrique & rinde jufqu'aux Moluques , les « vents d'eft commencent à régner au f< mois de janvier, & durent jufqu'au « commencement de juin ; au mois d'août «€ ou de feptembre commence le mouve- ce ment contraire , & les vents d'oueft ce régnent pendant trois ou quatre mois ; c€ dans l'intervalle de ces mouflTons, c'elt- c< il -dire, à la iin de juin, au mois de <* L iiij. 248 Hiflatre Naturelle* 5' juillet & au commencement d'août il 3î n'y a fur ceiie mer aucun vent fait, in " on éprouve de violentes tenij^CLCs qui » viennent du (è])tcniiion. » Ces vents font fujets îi de plus w grandes variations en approchant des 3J terres , car les vaifleaux ne peuvent >5 partir de la côte de Malabar , non pîus 5> que des autres ports de la côte occi- »> dentale de la prefqu'île de l'Inde, 53 pour aller en Afiicjue, en Arabie, en 35 Perfè , &c. que depuis le mois de 35 janvier jufqu'au mois d'avril ou de » mai ; car dès la fia de mai, & pendant 33 les mois de juin , de juillet & d'août 55 il fe fait de fi violentes tempêtes par 35 les vents du nord ou du nord-eft , ([iie 33 les vaifTeaux ne peuvent tenir à la mer ; » au contraire, de l'autre côté de cette 33 prefqu'île, c'ell- à-dire fur la mer qui 33 baigne la côte de Coromandel, on ne 33 connoît point ces tempêtes. 33 On part de Java , de Ceyian & de 33 plufieurs endroits au mois de (eptembrc » pour aller aux îles Moluqiies , parce 33 que le vent d'occident commence alors »> à fouffler dans ces parages ; cependant l^gr ote occi- Th carte de la Terre. 149 lorfqu'on s'tloigne de l'ccjuateur à i 5 ce tlcvres de laiitudc audrale , on perd ce c< vfiu d'ouclk & on reirouve le vent ce géncrnl , qui eft dans cet endroit un c< vent de fud-eft. On part de même de ce Cochin, pour aller à Malaca, au mois ce 5 nord- efl ; à Madngafcar depuis le milieu » d'avril jufqu'à la fin de mai on a des >5 vents de nord & de nord-oueft , mais » aux mois de février & de mars ce font y> des vents d*orient & de midi ; de Ma- » dagafcar au cap de Bonne -efpérance o3 le vent du nord & les vents collatéraux 33 foufflent pendant les mois de mars & » d'avril; dans le golfe de Bengale le vent >3 de midi fe fait fentir avec violence après 3> le 20 d'avril, auparavant il règne dans 33 cette mer des vents de fud-ouefl: ou D> de nord-oueft: les vents d'oueft font 33 auflî très-violens dans la mer de la x> Chine pendant les mois de juin & de 33 juillet, c'eft auffi la faifon la plus con- 33 venable pour aller de la Chine au 33 Japon ; mais pour revenir du Japon 33 II la Chine ce font les mois de février 33 & de mars qu'on préfère, parce que >3 les vents d'eïl ou de nord-eft régnent 33 alors dans cette mer. 33 II y a des vents qu'on peut regarder 1 33 comme particuliers à de certaines côtes, 33 par exemple, le vent de fud eft pref-l 3> que continuel fur les côtes du Chili & ^ du Pérou ; il coramçuce jiu 4^6*"' degïé Théorie de h Terre* 25 t eu environ , de latitude fud , & il s'é- « tend jufqu'au-delà de Panama , ce qui ce rend le voyage de Lima à Panama ce beaucoup plus aifé à faire & plus court vents de fud-eft: qui y régnent tous les ans dans la même (aifon, & qui font toujours fui- vis de vents de nord - oueft. A Saint- Domingue, il y a deyx vents differens qui s'élèvent régulièrement prefque chaque jour, l'un qui eft un vent de mer, vient du côté de l'orient & il commence à i o heures du matin , l'autre qui eft un vent de terre & qui vient de l'occident , s'é- lève à () ou 7 heures du foir & dure toute la nuit. Il y auroit pïufieurs autres faits de cette efpèce à tirer des Voyageurs , dont la connoifTance pourroit peut-être nous conduire à donner une hiftoire des vents , qui fcroit un ouvrage très - utile pour la Navigation & pour la Phyfique. 44 12 54 Hiflolre Natirrelk, PREUVES DELA THÉORIE DE LA TERRE. ARTICLE XV. Des vents îrrégulîers , des Ouragans , des Trombes , & de quelques autres phéno^ menés caufés par l'agitation de la mer & de l'air,^ LES Vents font plus irréguliers fur terre que fur mer, & plus irrégu- liers dans les pays élevés que dans Ico pays de plaines. Les montagnes non-feu- îement changent la diredlion des vents, mais même elles en produifent qui font ou conftuns ou variabiës fuivant les diffc*- rentes caufes ; la fonte des neiges qui font au-deffus des montagnes, produit ordi- nairement des vents conftans qui durent quelquefois afTez long-temps; les vapeurs qui s'arrêtent contre les montagnes & qui s'y accumulent , produifent des >ciî£s variables, qui font très-fréqueiis Théorie de h Tare. 1 5 ~'f dans tous les climats, & il y a autant de variations dans ces mouvcinens de i'air , qu'il y a d'inégalités fur la furface de la terre. Nous ne pouvons donc donner fur cela que des exemples , & rapporter des faits qui font avères , &. comme nous manquons d'obfervations fuivies fur la variation des vents , & même fur celle des failbns dans les différens pays , nous ne prétendons pas expliquer toutes les caufes de ces différences, éc nous nous Lornerons à indiqu«r celles qui nous pa~ roîtront les plus naturelles & les plus probables. Dans les détroits , fur toutes les côtes avancées , à l'extrémiié & aux environs (le tous les promontoires , des prefqu'ïles & des caps , & dans tous les golfes étroits les orages font fréquens ; mais il y a outre cela des mers beaucoup plus ora- geufés que d'autres. L'océan indien, la jiier du Japon , la mer Magellanique , celle de la côte d'Afrique au - delà des Canaries , & de l'autre côté vers la terre de Natal, la mer rouge, la mer ver- meille font toutes fort lujèies aux tcm- {)êic$> i'gç^au atlajiitiquc cil auJOQ plu$|. 1^6 fJijîoire Niitiirelle, orageux que le grand oc tan , qu*on a aj^peié , à caufe de fa tranquillité , AJer pacif(]ue: cependant cette mer pacifique 11 cil: ahfolument tranquille qu'entre les tropiques , & jufqu'au quart environ des zones tempére'es , & plus on approche des pôles , plus elle efl fujète à des vents variables dont ie changement fubit caufe fou vent des tempêtes. Tous les continens terreftres font fujets à tbs vents variables qui produilent (bu- vent des effets finguliers ; dans le royau- me de Kachemire , qui cil environne des montagnes du Caucalê, on éprouve à la montagne Pire-Penjale des chan- gemens foudains ; on pafîè , pour ainii dire , de Téie à l'hiver en moins d'une heure : il y règne deux vents direde- ment oppofcs , l'un de nord , & l'autre de midi , que félon Bernier , on fent fucceffivement en moins de deux cents pas de diftance. La pofuion de cette montagne doit être fingulière 8l méri- teroit d'être obifervëe. Dans la prefqu'ile de l'Inde qui eft traverféc du nord au fud par les montagnes de Gâte , on a i'hiver d'un côté de ces montagnes , ^ Tlu'one de la Terre» ly/ ' l'e'tc cîe raiure côte cl;ins le même temps , en ior c que fur la côte de Coromaiidel l'iiir dt ierciii & tranquille , & fort chaud , tiiiclls qu'à celle de Malabar , quoique fous la même latitude , les pluies , les Of:)ges , les tcmpêies rendent l'air aufli fioid qu'il peut l'être dans ce climat, & au contraire lorl'qu'on a l'été à Ma- Ijbur, on a l'hiver à Coromandel. Ceite mcmc différence (è trouve des deux côtés du cap de Rofalgaie en Arabie, dans la partie de la mer qui eft au nord du c;ip il règne une grande tranquilliié , tandis que dans la partie qui eM au fud on éprouve de violentes tempêtes, if en eit encore de même dans file de Ceylan , l'hiver & les grands vents (e f(uit fentir dans la partie leptentrionale de l'île , tandis que dans \e% parties méri- dionales il fait un très- beau temps d'éid , & au contraire quand la partie fepten- trionale jouit de la douceur de l'été , la partie méridionale à fon tour eft plongée dans un air fombre , orageux & pluvieux : cela arrive non- feulement dans plufieurs endroits du continent des Indes , mais stuin dans plufieurs îles ; par exemple y 1 3 8 Hiptre Nature/le. à Céram, qui eft une longue île dans fe voifinagc d'Amboine , on a l'hivtr dans la partie fcptcntrionale de l'île, & l'été en même temps dans la partie mé- ridionale , 6t l'intervalie qui fépare les deux faifons n e(l pâs de trois ou quatre lieues. En Egypte il règne fouvent pendant l'été des vents du midi qui font fi chauds, qu'ifs empêchent h refpiration , ils élè- vent une fï grande quantité de fable, qu'il femble que le ciel eft couvert de nua- ges épais ; ce fable eft fi fin & il eft f;h:ifré avec tant de violence , qu'il pé- iletre par-tout , & même dans les coffres Jes mieux fermés : lorfque ces ven;s durent plufîeurs jours ils caufent des maladies épidémîques , & fouvent elles font fuivie» d'une grande mortalité. Il pleut très-rarement en Egypte, cepen- dant tous les ans il y a quelques jours de pluie pendant les mois de décembis, janvier & février , il s'y forme auffi des brouillards épais qui y font plus fréquens que les pluies, fur -tout aux environs ^u Caire , ces brouillards commencent au mois de novembre & continuent pciv v>, Théorie (h la Terre. a j f> Jant Thivcr , ils s'élèvent avant le lever du foleil; pendant toute l'année il tombe une rofée fi abondante, iorfque le ciel cft ferein, qu'on pourroit la prendre pour une petite pluie. Dans la Perfe l'hiver commence ea novembre & dure jufqu'en mars, le froid y eft aiïez fort pour y former de ia glace, & il tombe beaucoup de neige dans les montagnes & fouvent un peu dans les pLiines ; depuis le mois de mars jufqu'au mois de mai il s'élève des vents qui foufflent Avec force & qui ramènent la chaleur ; du mois de inai au mois de iêpteinbre le ciel eft ferein , & la cha- leur de la faifon cft modérée pendant la nuit par des vents frais qui s'élèvent tous les foirs & qui durent jufqu'au len- demain matin , en eu automne il {è fait des vents qui, comme ceux du prin- temps , foufflent avec force ; cependant quoique ces vents foient alTez violens , il eft rare qu'ils produjfent des ouragans & des tempêtes : mais il s'élève fouvent pendant l'été le long du golfe Per fi que , un vent très-dangereux que les habitans îippçliçAt Samyelf ôi cpi eft encore plus 2 6o Hijloire NûîureUe, chaud & plus terrible que celui d'E- gyj):c dont nous venonî» de parler ; ce vent ell luffoquant & moricl , fon ac- tion cft prefque leinhlablc à celle d'un tourbillon de vapeur cnflanimte , & ou re peut en évier les e^cts lorfiu'oa s'y trouve mull.eureiifcirent envcloj^pé, Il s'élève aufîî fur ia mer rouge , cil été & fur les terres de l'Arabie, lin Ycnt de même cfpCce qui fLifFovjue les hommes & les animaux & qui tranf- porte une ^^ grande quantité de fabie, cjiîe bien des gens prétendent que cet:e mer (e trouvera comblée avec le temps par rentaflement fuccefîjf des Cbles qui y tombent. Il y a fou vent de ces nutcs de (àble en Arabie, qui obrcurcifîent Tair & qui forment (\es> tourbillons dan- gereux, A fa Vera-Cruz lorfque le vcm de nord fouffle, les maifons de la ville font prefque enterrées fou.^ le fable qu'un vent pareil amère : il s'élève aufli des vents chauds en été à Ncgnpatan dans la prefqu'iîe de l'Inde, auffi bien qu'à Péiapouli & à Mafulipaian ; ces vents brîilans qui font périr les hommes , ne font hcurcufement pas de longue durée ; Tluvrie de hi Terre, 261 mais ils font vio'ens, & plus iîs ont de vîtc(îe & pi LIS) ils Ibm brûlans, au lieu cjiic tous les aurci venis rafraîchifTcnt d'au ant plus (ju'iis om plus de vîidle; ceie difteiCiKC ne vient que du degré (le ch .leur de l'air , tant que la chaleur (le i air cit moindre que telle du corps (les animaux , le mouvement de l'air cil rairaîcliidant , mais fi la chaleur de l'air elt plus grande que celle du corps , alor«> le mouvcrncni de lair ne peut quéchaufter ôl brûler; à Goa l'hiver, eu plutôt le temps des pluies & des tem- pe es , ett aux mois de mai , de juin & de juillet , fans cela les chaleurs y feroient inri!l)j)ortables. Le cap de Bonne- efpérance eft fîi- nieux par lèi teaipêtes & par le nuage fjngulier qui les produit; ce nuage ne paroît d'abord que comme une petite tache ronde dans le ciel , & les maiciots l'ont appelé (Zil de Bœuf, j'imagine que c'cft parce <}u'il le fouiient à une trcs- grande hauieur qu'il paroît fi petit. De tous les Voyageurs qui ont parlé de ce nuage, Kolbe me paroît être celui qui h (^xaïuiiié avec le plus d attention | 2. 6 2 • TU flaire Naturelle» Toici ce qu'il en dit, tome I , page iii ^ fuiv, ce Le nuage qu'on voit fur les >5 montagnes de la Table, ou du Diable, 35 ou du Vent, ell compofe , fi je ne ujç 55 trompe , d'une infinité de petites par- as ticulcs pouflecs , premièRMnent contr? » les montagnes du cap , qui font à i'efi, n par les vents d'eft qui régnent peu- » dant prcfque toute l'année dans la zone 53 torride ; ces particules ainfi poufltes >î font arrêtées dans leur cours par ces y> hautes montagnes & fe ramafîent fur » leur côté oriental; alors elles deviennent 3> vifibles & y form-ent de pedts mon- 55 ceaux ou afTcmblages de nuages , qui 53 étant incelTamnient pouffes par le ventl 53 d'eft, s'élèvent au fommet de ces mon- 55 tagnes; ils n'y relient pas long-temps j3 tranquilles & arrêtés , contraints d'a- 55 vancer, ils s'engoufFrent entre les col- 55 Knes qui font devant eux, où ils fontl 55 (erres & prcfles comme dans une ma- 55 nière de canal, le vent les prefTe au- 5> deflbus, & les côtés oppofés de deuxl 55 montagnes les retiennent à droite & 5> à gauche ; lorfqu'en avançant toujours » ils parviennent au pied de quelque Théorie Je Ui Terre, 26 j^ tnontagnc où la campagne eft un peu 3 baifle eniièreineiu lorfque le nuage ne 3> paroît plus, parce qu'il n*y vient plus >3 de l'elt de nouvelles particules ou qu'il » n'en arrive pas afîèz ; le nuage enfin »> ne fe dillipe point, ou plutôt p-aroîi y* toujours à peu près de même grofleur >^ parce que de nouvelles matières rem- •>-> placent par- derrière celles qui (é difli- » pent par- devant. 35 Toutes ces circonftances du phe'no- » mène conduifent à une iiypothèfe qui » en explique fi bien toutes les parties: >5 I ." Derrièic la montagne de la Table ow 35 remarque une elpèce de ieatier ou une » traînée de légers brouillards blancs, qui >3 commençaiit iur ia defcente orientaie » de cette montagne, aboutit à la mer & » occupe dans Ion étendue les monia- » gacs de Pierre. Je me fuis très-fouvent >î occupé à contempler cette traîne'e qui, » iuivant moi, éioit caufee par le pallàgej » rajiide des particules dont je parle, de- » puis les jT^ontagnes de Pierre jufqu'àj » ce! c de la Table, .^»*i >< . ; - .î;.î ,, » Cc\s particules, que Je fuppofè, doi-l »> vent être extrêniCHient embarraflecj dajij '< s lerrîèrc; \\ nuage ne vient plus es ou qu'il lagc enfin itôi p-aroît le grofleur tières rem- ^ui (e tlifli- du phéno- :)Othère qui les par lies: :UTableo\-[ nier ou une blancs, qui ite orientale à la mer & les monta- très-rouveiit traînée qui, ar le partage e parle , de- ierre jufquà ppofe, dol- îmbarrafTécs dauj Théorie de la Tene, 16^ dans îcur marche par les fréquens cïiocs ce & contre-cbocs caufés non- feulement du - l'ion de petits nuages 'lîoirs qui la » couvrent ; ces nuages font , fuivant »mdi, compofés des particules dont 53 j'ar parlé ; fi le vent de nord - oueft » règne encore lorfqu 'elles arrivent, elles » font arrêtées dans leur courfe , mais >5 elles ne font jamais chaflces fort loin >3 jufqu'à ce €jue le vent de (ud - eft commence.» xv :.? i^ Les premiers Navigateurs quî ont approché du cap de Bonne -efpérance îgnoroient les effets de ces nuages fu- neftes , qui femblent (è former lente- ment , tranquillement & (ans aucun mou- vement fenfible dans l'air, & qui tout d'un coup lancent la tempête & caufent un orage qui précipite les vaiflèaux dans ie fond de la mer, fur-tout lorfque lesl voiles font déployées. Dans la terre de Natal il fc forme auffi un petit nuage! fêmblable à l'œil de bœuf du cap del Bonne-cfpérance, & de ce nuage il fortj un vent terrible & qui produit les mêmes! effets ; dans la mer qui eft entre l'Afriquel & l'Amérique, fur-tout fous l'équateurh/pérancl eSc dans les parties voifines de réquateur,§ Tomt Théorie de la Teire, ^^7, il s'élève très- (bu vent de ces efpèces de tempêtes; près de la côte de Guinée ii fc fait quelquefois trois ou quatre de ces orages en un jour , ils font caufés & annoncés, comme ceux du cap de Bonne- efpérance , par de petits images noirs ; le refle du ciel efl ordinairement fort ferein , & la mer tranquille. Le premier coup de vent qui fort de ces nuages e(t furieux , & feroit périr les vaifTeaux en pleine mer , fi l'on ne prenoit pas aupa- ravant la précaution de caler les voiles; c'eil principalement aux mois d'avril, de mai & de juin qu'on éprouve ces tem- pêtes fur la mer de Guinée , parce qu'if n'y règne aucun vent réglé dans cette faifon ; & plus bas , en defcendant à (^awx dansËLoango , fa faifon de ces orages fur la lorfciue lesl"cr voifine des côies de Loango , e(l \ terre dcfcll^ ^^s mois de janvier , février , mars . nuagefc avril. De l'autre côté de l'Afrique, au j r-on deBcapde Guardafu, il s'élèvedecesefoicces du cap "''■[/ « ' . j • o I il fortBe tempêtes au moTS de mai , & les nuages 1. 1^. mêmeSMui les produifent font ordinairement au y^fjiqueBiord, comme ceux du cap de Bomie- sVéqûateutlpérance. i.. . .^ . réquateurË Toutes ces tempêtes loxit donc pro- * ■ M ij qui la fuivant :s dont i - oueft ;nt, elles fe , mais fort loin fud - eft qu\ ont efpérance uages fu- net lente- icun mou- l qui tout êi. caufent J2i68 Ht jloh'c Naturelle, cluîies par des vents qui (brtént d*un nu'.tge & qui ont une direélion , t'oit du Jiord au fud , foit du nord-e 11 au fud- ouefl:, &c. mais ii y a d'autres efpèces de tempêtes que l'on appelle des ouragans, qui font encore plus viclenies que celles- i'i , & dans le(c[uel;es les vents femblein Venir de tous les côtés , ils ont un mou- vement de lourlyiilon Ôl de tournoiement iiuqucl rien ne peut réflfter. Le caliric Joréctde ordinairement ces horribles tem-l pêics , & la mer paroît alors auffi unici qu'une glace; mais dans un inflant la ^reur des vems élève les vagues juf. iqu'auk nues. Il y a des endroits dans la jfyier où Ton ne peut pas ahorcier, parce iqu*alternativement il y a toujours ou dejl calmes ou des ouragans de cette efpèce; les Elpagnois ont appelé ces endroiiJ t aimes & tornadùs , les plus confidértiLle ïont auprès de la Guinée à 2 ou ]| 'x!cgrés iadiude nord , ils ont environ 300 011 350 lieues de longueur fur au] *tant de largeur , ce qui fait un efpace da plus de I 00 mille lici-es carrées ; le calmj ou les orages font prefque coniiiiiielj fur cette cofé tle Gutnt^e, & il y a de Théorie de la Terre» 16^ vaîfleaux qui y ont été retenus trois .mois fans pouvoir en fortir. '" • * '" * Lorfque les vents contraires arrivent à la fois dans le même endroit, comme à un centre , ils produifent ces tourbil- lons & ces tournoiemens d'air par la con- trariété de leur mouvement , comme les courans contraires produifent dans leau des gouffres ou des tournoie, nens ; m:\is lorfque ces vents trouvent en oppofitioii d'autres vents qui contrebalancent de loin leuradion, alors ils tournent autour d'un grand efpace dans lequel il règne un calme perpétuel , & c'eft ce qui forme les calmes dont nous parlons, & delquels ii eft fou vent impoliible de fortir. Ces endroits de ia mer font marqués fur les globes de Senex , aulîi-bien que les dircdions des différens vents qui régnent ordinairement dans toutes les mers. A la vérité je ferois porté à croire que la con- trariété feule dc& verus ne pourroit pas produire cet effet , fi la diredion des côtes Se la forme particulière du fond de la mer dans ces endroits n'y contri- buoicnt pas; j'imagine donc que les cou- rans cauiés en effet par les vents, mai* Miij lye Hijloire Naturelle i- diriges par la forme des côtes &l de% înc- galitcs du fond de la mer, viennent tous aboutir dans ces endroits , & que leurs direiîlîons oppofées & contraires forjivem les tornados en queftibn dans une plaine environnée de tous cote's d'une chaîne de montagnes. Les gouffres ne paroi/fent être autre chote que des tournoicmens d'eau cau- fés par i'atfiion de deux ou de piufjeurs courans oppofés; i'Eurîpe fi fameux par ia mort d'Ariftote , abforbe & rejeue alternativement les eaux (èpt fois en vingt- quatre heures : ce gouffre cit près des côtes de la Grèce. Le Carybde qui cft près du détroit de Sicile , rejette & abforbe les eaux trois fois en vingt- quatre heures; au refle on n'efl pas trop fur du nombre de ces alternatives de mouve-l jncnt dans ces gouffres. Le Dodeur Placentia , dans Ion traité qui a pour titre VEgeo redivivo , dit que i'Euripe 3| des mouvemens irréguliers pendant dix- huit ou dix-neuf jours de chaque mois,. «& des irou' cmens réguliers pendant! onze jou ' , qu'ordinairement il ne groflitl que d'un pied & rarement de deux piedi;| ITîéorte de la Tehe» TjV fldit aufli que les Auteurs ne s'accordent pas fur ie flux & le reflux de i'Euripo, que les uns difent qu'il fe fliit deux fois, d'autres fept , d'autres onze , d'autres douze , d 'autres quatorze fois en vingt- quaire heures, mais que Loîrius l'ayant examiné de fuite pendant un jour entier, il l'avoit obfervé à chaque fix heures d'une manière évidente & avec un mou- vement fi violent, qu'à chaque fois il pouvoit faire tourner alternativement les roues d'un moulin. Le plus grand gouffre que l'on con- noiflc eft celui de la mer de Norvège, on afl^ure qu'il a plus de vingt lieues de circuit; il abforbe pendant fix heures tout ce qui ell dans fon voifinage, l'eau-, leî baleines, les vaifleaux , & rend enfuite pendant autant de temps tout ce qu'il a abforbé. Il n'efl pas nècefl^iire de fuppoier dans le fond de la mer des trous & des abymes qui engloutiflent continuelle- ment les eaux , pour rendre raifon de ces gouffres ; on fait que quand l'eau; a deux dirc^ions contraires , la compo- fition de ces mouvemens produit un M. iiij ■^■•># 272 Hijloire NiTttn-elfe» tournoleniem circulaire & femblé formfr un vide dans le centre de ce mouve- ment, comme on peut l'eblërver dans plufieurs endroits auprès des piles qui fouticnncnt les arches des ]:ion's , lur- tout dans les rivières ra}}ides ; il en cft de même des gouffres de la mer^ ils font produits par le mouvement de deux ou de plufieurs courans contraires , & comme ie fîux ou le reflux font la yrin- cipale caufe des courans , en forte (^ e pendant ic flux ils font dirigés (ïvw côté , et que pendant le reflux ils vont en (ens contraire, il li'eft pas étonnant que les gouffres qui réfutent de ces courans , attirent & englouiilîènt pen- dant quelques heures tout ce qui les environne , & qu*ils rejettent enfuite pendant tout autant de temps tout ce qu'ils ont abforbé. . ' > Les gouffres ne font donc que des tournoiemens d'eau qui font produis 1 par des courans oppofés , flc les oura- gans ne font que des tourbillons oui tournoiemens d'air produits par de» vents contraires ; ces ouragans font communs dans la mer de la Chine & Théorie Je la Terre, 177 du Japon, dans celle des îles Antilles Se . en plufieurs autres endroits de la mer , fur - tout auprès des terres avancées & des côtes élevées , mais ils font encore plus fréquens fur la terre , & ks efîlts en font quelquefois prodigieux. « J'ai, vu, dit Bellarmin, je ne le croirois ce pas fi je ne l'euiïc pas vu , une fofle « énorme creufée par le vent , & toute ce la terre de ceiie foiïe emportée fur un ce village , en forte que l'endroit d'où ce la terre avoit été enlevée , paroifToit ce un trou épouvantable, & que le viU te lage fut entièrement enterré par cette ce terre iranfportée. » Bellarmîmis de qfcenfii mentis in Deum. On peut voir dans l'Hiftoire de l'Académie des Sciences & dans les Trandiélions Philofophiques, le détail des effets de plufieurs oura- gans qui paroilîent inconcevables , 6< cju'on auroit de la peine à croire , fi les fiiits n'étoient attelles par un grand nombre de témoins oculaires, véridiques k intelligens. II en clt de même des trombes que les Navigateurs ne voient jamais fi»>ns crainte & fans admiration ; ces t^romb«s M V ^74 H[(lotre Naturelle, font fort fréquenies auprès de certaîucs cotes de la niédîtcrranée , fur-tout f .rf- que le ciel efl *fort couvert & que ie Ycnt fouffle en même temps de plu- fieurs côtés ; elles font plus communes près des caps de Laodice'e, de Grccgo &. de Carmel que dans les autres parties de la méditcrranèe. La plupart de ces trombes font autant de cylindres d'eau c|ui tombent des nues, quoiqu'il femble quelquetois , fur- tout quand on eft à quelque diftance , que i eau de la mer s*élève en haut. Voyelles Voyages de Shaw, vol, II, page j- 6, Mais il faut diflinguer deux cfpèces de trombes ; la première , qui eft la trombe dont nous venons de parler, û'eft autre choie qu'une nuée épaiiïe, comprimée , refîèrrée & réduite en un petit efpace par des vents oppofés & con- traires , lefquels foufflant en même temps de plu fleurs côtés , donnent à la nuéç la forme d'un tourbillon cylindrique, & font que l'eau tombe tout-à-la-fois fous cette forme cylindrique; la quantité d'eau eft fi grande & la chute en eft fi précipi- tée , que jfi malheureufement une de C€S Théorie de la Terre: 275* tïombes fomI)oit fur un vaifTeau , elle le briferoit & le fubmergeroit dans un inf- tanu On prétend , & cela pourroit être îo\\\é , qu'en tirant fur la trombe plu- fieurs coups de canons charges à boulets , on la rompt, &l que cette cop motion de Tailla fait ceiïèr afTez promptement; cela revient à l'effet des cloches qd'on fonne pour e'carier les nuages qui portent ïc tonnerre & la grêle. L'autre efpèce de trombe s'appelle Ûyphon, ôc pfufieurs Auteurs ont con- fondu ie thyphon avec l'ouragan , fur- tout en parlant des tempêtes de la mer de la Chine , qui eft en effet fujette à tous deux , cependant ils ont des eau les bien différentes. Le ihyphoq ne (kC-^ cend pas des nuages comme la pre- mière efpèce de trombe , il n'éft pas uniquement produit par lé tournoiement: des vents comme i'ouragan , il s'élève de la mer vers lè ciel avec une grande violence y & quoique ces thyphons refFemblent aux tourbillons qui s'élè- vent fur la terre en tournoyant , ils ont une autre origine. Oh voit fouvcnt lorfque le^ vents font vioiens & contraires,, M v; IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) h /- /^ 1^ Il 2.2 1.8 1.25 1.4 II 1.6 ^ 6" ► Photographie Sdences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N. Y. I4S80 (716) 872-4S03 27^ Kîfloke Ndîureïïe. les ouragans élever des tourbillons dfe fable, de terre, & (bu vent ils enlèvent & tranfporfcnt dans ce tourbillon les ihaifons , les arbres , les animaux. Les Ihyphons de mer au contraire reftent dans la même place , & ils n*ont pas d*autre caufè que celle dès feux fou- terrains , car la mer e(l alors dans une grande ébiillition , & Tair cft fi fort rempli d'exhalaifons fulfureufes , que le ciel paroît caché d'une croulé couleur de cuivre , quoiqu'il n*y ait aucuns nuages & qu'on puî/Te voir a travers ces vapeurs le foleil & les étoiles : c'eft à ces feux (buterrains qu'on peut attri- buer la tiédeur de la mer de la Chine en hyver, où ces thyphons font très- fréquens. Voye^^ Aâà erud, Lipf. Suppkm, tome 1 1 page jf oj , Nous allons donner quelques exem- ples de la manière dont ils le pro- duilènt : voici ce que dit Thévenot dans fon voyage du Levant. « Nous » vîmes des trombes dans le golfe Per- \]» fique entre les îles O^éfomo , La- *» réca & Ornius. Je crois que peu de 3> perfonncs ont confideré les tromLes les exem- ThéorU de la Tenv. 2jj «vec toute l*attemion que j'ar faite , « dans la rencontre dont je vrcns de ce parler , i& peut - être qu'on n^^a |;imais ce fait les remarques que le hafird m'a ce donne lieu de faire; je les exjxîferai ce avec toute ia fimpfîcité dont je fais pro- «c feffion dans tout le récit de mon voyage, c< afin de rendre les choies plus iènfîbles ce & plus aifées a comprendre. àt La première qui parut à nos yeux ce ttoit du côté du nord ou tramon- a une, entre nous & Tfle Quéfomo, à la ce portée 4' un fufrl da vaiffeau , nous u avions alors la proue à grec levant ou ce nord - eft. Nous aperçûmes d'abord ce ca cet endroit l'eau qui bouilloniioit ce & étoit élevée de la Turfacè de la ce nier d'environ un pied .f elle étoit ce blanchâtre , & au *- denfus parorflbit ce comme une fumée noire un peu ce épai/fe , de manière que cela refîèm- ce bloit proprement à un tas de paille ce où l'on auroit mis Je ftu, mais qui ce lié feroit encore que fumer ; cela ce faifoît un bruit fou rd femblablc à celui c< d'un torrent qui couVt avec beau- ce Coitp dé viôlehce dans un profond ù 578 Hifldtre Naturelle: » vallon ; mais ce bruit étoit mêle d'un y autre un peu plus clair (êmblable à un y fort fîfflement dé ferpens ou d'oies ; ?> un peu apris nous vîmes comme un y canat obfcur qui avoit aflez de re(^ M feniblance à une fumée qui va mon- >3 tant aux nues en tournant avec beaur- » coup de- vîieflc , & ce. canal paroif- » foit gros comme le doigt, & ie même » bruit contiiiuoit toujours. Enfuite la » lumière nous en ôta la vue, & nous » connumes^ que celte trombe étoit fî- 59 nie, parce que nou? vîmes que cette » trombe ne s*éIevoit plus , & ainfi là 53 durée n'avoit • pas été de plus d'un w demi-quart d'heure. Celle-là finie nous » en vîmes une autre du côté du midi, » qui commença de la même manière 5» qu'avoit fait la précédente ; prefque » aufli-tôt il s'en fit une lembiable à » côté de celle-ci vers le couchant, & » incontinent après une iroifièmc à côté » de cette (econde , la plus éloignée » des trois pouvoit être à portée du ,55 moufquet loin de nous; e'W paroif- » foicnt toutes trois comme ^ s tas de » paille haut^d'un pied & demi ou de Tltéoiie âe la Terre, ^7^ (deux , qui fimioient beaucéup , & c< faifoient même bruit que la première. c< Ënfuiie nous vîmes tout autant de c< canaux qui venoient depuis ies nues ce fur ces endroits où i'eau étoit éle- « vée , & chacun de ces canaux étoit ce large par le bout qui tenoit à la nue, ce comme le large bout d'une trom- « pette , & faifoit fa même figure ( pour « î'expliqjucr intelligiblement ) que peut cç faire la mamelle ou la tette d*un a ni- c< mal tirée perpendiculairement par quel- ce que$ poids. Ces canaux paroiflbient c< blancs d'une blancheur blafarde : & c< je crois que c*ctoit i'eau qui étoit c< dans ces canaux iranfparens qui les « faifoit pmroure bJancs; car apparem- c< ment ils étoient déjà formés avan* c< que de tirer l'eau, félon qu'on peutcc juger par ce qui fuit ; & iorfqu'ils ce étoient vides , ils ne paroiflbient pas , ce de même qu'un canal de verre fort ce clair expofé au jour devant nos yeux ce à quelque diftance , ne paroît pas s'il ce n'efl rempli de quelque liqueur teinte, ce Ces canaux n'étoient pas droits , mais ce courbés en quelques endroits , même a a8o Hiflotre Naturelle* yy its n*étoient pas perpendiculaires , au yy contraire depuis les nues où ils pa- » roiflbicnt entés jufqu'aux endroits où >5 ils tiroient l*eau ils éioient fort incli- >3 nés, & ce qui eft de plus particulier, -» c*eft que la nue où éioit attachée ia » féconde de ces trois, ayant été chaffée 33 du vent , ce canal la fuivit (ans fe 33 rompre & fans quitter le lieu où il 35 tiroit l'eau , & paffànt derrière le ca- 35 nal de la première , ils furent quel- 33 que temps croifés comme enfautoir 33 on en croix de Saint-André. Au com- 33 mencement ils étoient tous trois gros » comme le doigt , fi ce n^eft auprès 33 de la nue qu'ils étoient plus gros , 33 comme j'ai déjà remarqué ; mais dans 33 fa fuite celui de la première de ces 33 trois fc grofllt confidérablement : pour » cfe qui ell des deux autres , je n*en ai 33 autre chofc à dire , car la dernière 33 formée ne dura guère davantage qu'a- 33 voit duré celle que nous avions vue 33 du côté du nord. La féconde du irt côté du midi dura environ un quart 33 d'heure, mais la première de ce même ^3 côté dura un peu davantage , & cï Théorie Je la Terre, 281 fut celle qui noui donna le plu$ de «c crainte ; & c'eil de celle - là qu'il me ce relie encore quelque choie à dire. « D'abord Ton canal étoit gros comme » de la mer commençoit à s'abaifler, » & le bout du canal qui lui touchoit, » s'en fépara & s'étrécit , comme fi on >9 l'eût lié, & alors la lumière qui nous » parut par le moyen d'un nuage qui » le déiourna , m'en, ota la vue ; je ne » laifTai pas de regarder encore quçl- » que temps fi je ne le reverrois point, » parce que j'avois remarqué que par » trois ou quatre fois le* canal de \% y* féconde de ce même côté du midi >* nous avoit paru fê rompre par le mi- » lieu , & incontinent âpre» nous le re- » voyions entier , & ce n'étoit que !a » lumière qui nous en cachoit la moitié, » mais j'eus beau regarder avec toute » l'attention poffible , je ne revis plus » celui - ci, & il ne (e fit plus de y» trombe, &c. ^ » Ces trombes font fbrt dàngereufes » fur mer; car fi elles viennent fur un n vaiiTeau, elles fè mettent dans les voil% THéorte Ae la Tem: 283^ en forte que quelquefois elles Ten- ce lèvent , & le laiiïknt enfuite retomber ce elles le coulent à fond, & cela^ arrive ce particulièrement quand c'ed un petit c< naifîèau ou une barque; tout au moins «c fi elles n'enièvent pas un vaifFeau , elles «c rompent toutes les voiles , ou bien « liiifTent tomber dedans toute l'eau «c qu'elles tiennent , ce qui le fait fouvent ce couler à fond. Je ne doute point que œ ce ne foie par de femblabies accidens ce que plufieurs des vaiiîèaux dont on n'a ce jamais eu de nouvelles, ont été perdus , ec puifqu'ii n'y a que trop d'exemples de «e ceux que l'on a fu de cerdtude avoir ce péri de cette manière. » Je foupçonne qu'il y a plufieurs îlfu.*- itons d'optique dans les phénomènes que ce Voyageur nous raconte : mais j'ai été bien ai(e de rapporter les faits tels qu'il acru les voir, afin qu'on puirtc ou les vérifier , ou du moins les com^ parer avec ceux que rapportent les autres Voyageurs : voici la defcription qu'eiV donne le Gentil dans fon voyage autour du monde, ce A. onze heures du matin, l'air étant chargé de nuages , nous viines >« a 84 Hiftohe Naturelle. » autour de notre vaiiïeau , à un qunn » de lieue environ de di fiance , dx » trombes de mer qui (c formèieni avec » un bruic fourd , lemblnl)1e à celui que » fait l'eau en coulant dans des canaux » fouterrains ; ce bruit s'accrui peu à peu, » & redêmbloit au fifflement que font » les cordages d'un vaifîeau lorl'qu'un » vent impétueux s'y mêle. Nous remar- y> quames d'abord i'eau qui bouillon- » noit & qui s'éievoit au - defîus de la >3 furface de la mer d'environ un pied » & demi ; il paroiiïbit au-defTus de ce >» bouillonnement un brouillard , ou plu- » tôt une fumée épaiflTe , d'une couleur >> pâle, & cette fumée formoit uneefpcce >3 de canal qui mont oit à la nue. » Les canaux ou manches de ces » trombes fè plioient félon que le vent » emportoit les nues auxquelles ils éioient » attachés , & malgré l*impulfion du » vent , non- feulement ils ne fe dt^ta- » choient pas , mais encore il fcnvbloit » qu'ils s'alongeaflcnt pour les fuivre, » en s'éiréciliànt & fc grofîiiïimt à » mefure que le nuage s'clevoic ou fè >> baiflbit. TJiéorie Je la Terre, 28 j Ces phénomènes nous causèrent moindre cliftaoce , nous vimes que les >» canaux s'éxréciiïoient peu à peu, qu*iis »3 fe détachèrent de la fuperticic de la mer , & qu'enfin iis fe diflipèrem. « tome 1, page i g i . Il pareît par la .defcription que cei deux Voyageurs donnent des trombes, (ju'clles font produites , au moins en partie , par l'adion d'un £cu ou d'une fumée qui s'élève du fond de la mer avec une grande violeiice , & qu'elles ibnt fort différentes de l'autre efpècc <]e trombe ^ui «d produite par l'avion des vents contraires , & par la compredion forcée & la réfoludon fubiie d'un ou (de pluûjeurs nuages ^ comme les décrit M. Shaw , tome II, page y6* «Les »3 trombes, dit -il, que J'ai eu occafion »3 de voir, iTf'ont paru autant de cylindres » d'eau qui tomboient des nuées , quoi- >3 que par la réflexion des colonnes qui 93 dcfcendent ou par les gouttes qui (è >3 détachent fur-tout quand on en eft à quelque 93 diilance , que l'eau s'élève de la mer »>en haut. Pour rendre iraifon de çç Vv il' Théorie de la Terre. x9/ ithéttomcne on peut fuppofèr que les li refte beaucoup de fait6 à acquérir avant qu'on puiiïe donner une expli- cation complète de ces phtiiomènes; il nie paroît feulement que s*il y a fous lies eaux de ia mer des terreins mêlés (lefoufre, de bitume & de minéraux, comme l'on n'en peut guère douter, en peut concevoir que ces matières venant à s'enflammer , produifent une [grande quantité d'air fi/J comme en Iproduit.de la poudre à canon; que cettef {quantité d'air nouvellement généré 48c prodigieulèment raréfié , s'échappe 6c monte av^c. rapidité, ce qui doit élever & peut produire ces trombes qui s'élè- vent de la mer vers le ciel; & de même fi par L'inflammauon des matières ful- Ifurcufès que contient un nuage , il (q forme un courant d'air qui defcende fJ) Voyez rAnalvfc de l'Air de M. Halcs,> le Traite de l'Artillerie de M. Rubiiu, "288 Ht flotte Naturelle. perpendiculairement du nu?gc vers îjl tner , toutes ies parties aqueufes que contient le nuage, peuvent fuivre le Courant d*air & former une trombe qui tombe du ciel fur fa mer; mais il faut avouer que iexplication de cette efpècc de trombe, non ptus que celle que nous avons donnée par le tournoiement des vents & la comprefîion des nuages, ne fàiisfait pas encore à tout, car on aura raifon de nous demander pourquoi l'on ne voit pas plus (bu vent fur ia terrel comme fur la mer de ces efpèces (lej trombes qui tombent perpendiculaire" ment des nuages. L'Hiflofre de i* Académie, année ' 72j,\ fait mention d*une trombe de terre qui parut à Capeftan près de Bcziers ; c*étoit wr.e colonne affèz noire qui de^endoit d'une nue jufqu'à terre , & dimînuoit toujours de largeur en approchant de la terre où elle iè terminoft en pointe; elle obéifloFt au vent qui -fbijffloit del l'oucrt au fud-oueft ; elle étoit accom- pagnée d'une efpèce de fumcc fort épaifle & d'un bruit pareil à celui d'une nier fort agitée , arrachant quantité de rejcions vers h\ fes que .livre le nbc qui s il faut e efpècc [ue nous! nent des âges, ne on aura juoi l'onl la terre] pèces (Ici dicuiairc- terre qui s; c'étoit (ncendoit diminuoit chant de| pointe ; iffloit de accom- Tîée fort ilui d'une lanïitc de Théorie cle la Terre: 285? fejetons d*olivicr, de'racinant 6ts arbres & lufqu^à un gros noyer qu'elle tranf- porta jufqu'à quarante ou cinquante pas , & marquant Ton chemin par une large trace bien battue, où trois car rodes de front auroîent pafle; il parut une autre colonne de la même figure, mais qui fe joignit bientôt à ia première , & après que le tout eut difparu,ii tomba une grande quantité de grêle. Cette efpèce de trombe paroît être encore différente des deux autres; il n*cft pas dit qu'elle contînt de Teau , & il ièmble, tant par ce que je viens d'en rapporter, que par l'explication qu'en a donnée M. Andoque lorfqu'il a fait part de l'obfervation de ce phénomène à l'Académie, que cette trombe n'étoit jqu'un tourbillon de vent épaifli & rendu ifible par ia poufîière & (es vapeurs ;ondenfces qu'il conienoit. Voye:^ l^fi'fl» kl'Acad. an, ty2y, page ^ & Juiv, ans la même Hiltoire , année 1 7^ / , |1 eft parlé d'une trombe vue fur le lac le Genève , c'étoit une colonne dont la lartie fupéricure aboutiflbit à un nuage "'' &. doni la partie inférieure ^ (Te z noir re;cion$| Xome II. N ^ ♦• li^o Hifloire Naturelle: qui çtoit plus étroite , fc termînoît lut peu au deffus de l'eau. Ce météore ne dura que quelques minutes, & dans le moment qu'il fe diflipa on aperçut une vapeur épalfle qjui montoit de l'endroit où il avoit paru, ^ là même les eaux du lac bouillonnoient & (èmbloienit faire effort pour s'élever. L'air étoit fort calme pendant le temps que parut cette trombe, & lorfqu'elle le diAjpa il ne s'enfuivit ni vent ni pluie* « Avec tout M ce que nous (avons déjà, dit l'Hif- » torien de l'Académie, fur les trombes « marines , ne (êroit-ce pas une preuve >3 de plus qu'elles ne fe forment point >i par le fèul confliél des vents , & qu'elles ^3 font prefque toujours produites par » quelqu'éruption de vapeurs fbuter- ?> raines , ou même de volcans , dont 7> on (ait d'ailleurs que le fond de la mier >> n'eft pas exempt î Les tourbillons d'air >3 & les ouragans qu'on croit commu- » nément être la caufe de ces (brtes de 35 phénomènes , pourroient donc bien » n'eii être que Tefîèt ou une fuite acci- dentelle, f» Voyei l'HiJloire de fÀcai mnée 1 7^ / , page 2 o, ,. , THI Des LES Vc le foufi /crvent dont V\ la pou( temps défolé fj d'un v< a fouvei large b( fumée bitume dès nu< «luclquel %'. TTieorte Je la Terre. ipi) le ie PREUVES DE LA THÉORIE DE LA TERRE; ARTICLE XVI. ^ Des Volcans ér des Tremblemens \ de terre, .-^ • ■ LES montagnes ardentes qu'on appelle Volcans, renferment dans leui (eiii le foufre, le bitunie & le matières qui fervent d'aliment à un feu fouterrain, dont l'cfïet plus violent que celui de- là poudre ou du tonnerre, a de tout temps étonné, effrayé les hommes, & (léfoié la terre ; un volcan eft un canon d'un volume immenic, dont l'ouvertufe lafouvent plus d'une demi-lieue; cette I large bouche à feu vomit des torrcns de fumée & de flammes , des fleuves de bitume, de foufre & de métal fondu., jdfes nuées de cendres & de pierres, & qudquefois elle lance à pluficurs iieue^ Ni;| ^5? 2; jnjlçh^ Natmlle; de dillance des mafTes de rochers enof^ ines , ôç que toutes les forces humaiiies réunies ne pourroiçnt pas mettre ei^ rnouvement ; l'enibrafcmcm eft fi terrible, ^ la quantité des matières ardentes , fon- dues, calcinées, vitrifiées que la mon-* tagne rejette, eft fi abondante, qu'elles enterrent les villes, les forêts, couvrent les campagnes de cent & de deux cents pieds d'épaifîèur, & forment quelque^ fois des collines & des montagnes quj ne (ont que des monceaux de ces ma- tières entaffées. L'a<îlion de ce feu eft fi grande, la force de Pexplpfion eft fi violente, qu'elle produit par (à r^adlioiii des fecoufles afiez fortes pour ébranler & faire trembler la terre , agiter la mer , renverfer les montagnes , détruire les villes ^ les édifices les plus folides , à ^^i difianççs même très>confidérabIes. Ces effets, quoique naturels, ont été regardés comme des prodiges, & quoi- qu'on voie en petit des effets du feu aflez femblî^bles à ceux des volcans, le grand, de quelque nature qu'il foit, a il fort le droit de nous étonner, que je |)q Aii^ pas furpris c^^ quelques ayteuifs Théorie de la Terte. IpJ iitwi pfîs ces montagnes pour les fou*- piraux d'un feu central, & ie peuple pour ies bouches de l'enfer. L'eionne- xnent produit la crainte , & la crainte fait naître ia fuperflition; les habitans de l'île d'Iflande croient que les inugifTe- mens de 4eur volcan font ies cris des d;imnés , & que leurs éruptions font ies effets de la fureur & du dérefpoir de ces nialiieureux. Tout ceïa n'cft cependant que du bruit, du feu & de la fumée, il ffe trouve dans une montagne des veines de foufre, de bitume & d'autres ma- tières inflammables i il s'y trouve en Diême temps des minéraux , des pyrites qui peuvent fermenter & qui fermen* tent en effet toutes les fois qu'elles font expofécs à l'air ou à l'humidité, il s'en trouve enfèmble une très - grande quan* tité , le feu s'y met & caulè une cxplo* fion propordonnée à la quantité des matières enflammées, & dont les effets font auffi plus ou moins grands dans la même proportion : voilà ce que c'eft qu'un volcan pour un Phyficien, & il Iw eft facUe d'imiter i'adion de ces feux. ]2 94 Hijloke Naturelle» fouterraîns , en mêlant enièmble une certaine quantité de foufre & de limaille de fer qu*on enterre à une certaine profondeur, & de faire ainfi un peiii \olcan dont les effets font les mêmes , proportion gardée, que ceux des grands, car il s'enflamme par la feule fermen- tation , il jette la terre & les pierres dont il eft couvert, & il fait de la fumée, de la flamme & des explofions. Il y a en Europe trois fameux volcans; le mont Etna en Sicile , le mont Hccla en Iflande, & le mont Vcfiive en Italie -| près de Naples. Le mont Etna briile depuis un temps immémorial , fes érup- tions font très-violentes, & les matières qu'il rejette fi abondantes, qu'on peut y creufcr juf([u'à 68 pieds de profon- deur, où Ton a trouvé des pavés de marbre & des vefiiges d'une ancienne ville qui a été couverte & enterrée fous cette épaiffeur de terre rejetée , de la même façon que la ville d'Héraclée a cté couverte par les matières rejettes du Véfuve. Il s'eft formé de nouvelles bouches de feu dans l'Etna en 1650, .3 66^ & en d'autres temps ; on voit les ^." Théorie Je la Terre 2pj flammes & ies fumées de ce volcan depuis jVl^ilte , qui en efl à foixantc lieues , ii s'en élève continuellement de la fumée , & il y a des temps où cette montagne ardente vomit avec impétuofité des flain- jnes & des matières de toute efpcce. En 1537, il y eut une éruption de ce volcan qui caufa un tremblement c!e terre dans toute ia Sicile pendant douze jours, & qui renverfa un très -grand nombre de maifons & d'édifices , il ne ceffa que par l'ouverture d'une nouvelle bouche à feu qui brûla tout à cinq leiies aux environs de la montagne; les cendres rejetées par le volcan étoient fi abondantes & lancées avec tant de force , qu'elies furent portées jufqu'en Italie, & des vaifTeaux qui étoient éloignés de la Sicile , en furent incommodés. Fareîli décrit fort au long les embraie- mens de cette montagne , dont il dit que le pied a 100 lieues de circuit. Ce volcan a maintenant deux bouches principales , l'une cfl plus étroite que l'autre ; ces deux ouvertures fument toujours, mais on n'y voit jamais de feu que dans le temps des éruptions : o£ N iiii ^9<5 Hijlolre Naturelle, prétend qu*on a trouvé des pierres qu'il a lancées jufqu'à foixante mille pas. En 1683 il arriva un terrible trem- blement en Sicile, caufé par une vio- lente éruption de ce volcan , il détruifu entièrement la ville de Catanéa , & fit périr plus de 60 mille perfonnes dans cette ville feule, flms compter ceux qui périrent dans les au 11 es villes & villages voiijns. L'HécIa lance fès feux à travers les glaces & les neiges d'une terre gelée; ies éruptions font cependant aufu vio- lentes que celles de l'Etna & des autres volcans de^ pays méridionaux. II jetic beaucoup de cendres , de pierres pon- ces, & quelquefois, dit -on, de i'eau bouillante; on ne peut pas ivabiter à fix lieues de diflance de ce volcan , & toute i'île d'Iflande efl fort abondante en foufre. On peut voir i'hiftoire des vio- lentes éruptions de l'Hécla dans Dithniar Bleffken. Le mont Véfuve , à ce que difent les Hiftoriens , n*a pas toujours brûlé , & ÎI n*a commencé que du temps du fep-, jlfme confulat de Tite Yefpafien & dJ TTiêorie Je la Terre* ^^7 flavîus Domitieii : le fomniet s'étaitt ouvert , ce volcan rejeta d'abord des pierres & des rochers , & enfuite du feu & des flammes en fi grande abondance , qu'elles brûlèrent deux villes voifinès, & des fume'es fi épaifles , qu'elles obfcur- ciflbient la lumière du fuie i. Pline vou- lant confidérer cet incendie de irop près, fut éioufFé par la fume'e. Voye^ l'EpUre de Pline le jeune à Tacite» Dion Calfius rapporte que cette irruption du Véfuve fut fi violente, qu'il jeta des cendres 5c des fumées fulfurcufes en fi grande quan- tité & avec tant de force , qu'elles furent portées jufqu*à Rome, & même au-delà de la mer méditerranée en Afrique & en Egypte. L'une des deux villes qui furent couvertes des madères rejettes par ce premier incendie du Véfuve , clt celfe d'HéracIée , qu'on a retrouvée dans ces derniers temps à plus de 60 pieds de profondeur fous ces matières , dont ïa iurface étoit devenue par ia fuccefîion du temps , une terre labourable & cultivée, La relation de la découverte d'HéracIée eft entre les mains de tout le monde , il ièroU «feulement à defirer que quclq^i'mi N V ipg 'Hifohc Naturelle. vcrfé dans l'Hifloire Naturelle & Î3 Phyfique , prît la peine d'examiner lies différentes matières qui compofeni cette épaiflèur de terrcin de 60 pieds , qu'il fît eti même temps attention à la difpo- fition & à la fituation de ces mêmes matières , aux altérations qu'elles ont produites ou fouffèrtes elles-mêmes , à in diredion qu'elles ont fuivîe , à la dureté qu'elles ont acquilè , &c. Il y a apparence que Naples eft fitiié iur un terrein creux & rempli de miné- / raux brûlans , puifque le Véfuve & la Solfatare Icmbicnt avoir des communi- cations intérieures ; car quand le Véruve brûle , la Solfatare jette des flammes , ôc lorfqu'il cefTe , la Solfatare cefTe auffi, La ville de Naples efl à peu près à éga!c diftance entre les deux. Une des dernières & des plus vio lentes éruptions du Véfuve, a été celle de l'année 1737; la montagne vomiflbit par plufieors bouches de gros torrensde matières métalliques fondues & ardentes, qui (e répandoient dans la campagne & s'àlloient jeter dans la mer. M. clej Montealègre , qui communiqua cetif Théorie de la Terre. 2.Cf^ yeîaiion à l'Académie des Sciences , ob- ferva avec horreur un de ces fleuves de feu , & vit que Ton cours étoit de é ou 7 milles depuis fa fource jufqu'à la mer, fa largeur de 50 ou 60 pas, fa profondeur de 2 5 ou 30 palmes , & dans certains fonds ou vailt-cs, de 220; la matière qu'il rouioit étoit femblable à Técume qui fort du fourneau d'une forge , &c. Voye-^ ^'Hijl, de l'Académie ,■ année 1 7^ 7, pages j & i» ^ En Afie , fur-tout dans les îles de l'océan indien, il y a un grand nombre de volcans , l'un des plus tameux ed le mont Albours auprès du mont Taurus , à huit lieues de Hérat , fon fommet fume coniinueKement , & il jette fréquemment des flammes & d'autres matières en Ç\ grande abondance , que toute la cam- pagne aux environs eft couverte de cendres. Dans l'île de Ternaie il y a un volcan qui rejette beaucoup de matière femblable à la pierre ponce. Quelques voyageurs prétendent que ce volcan eft plus enflamme & plus furieux dans le temps des équinoxes que dans les autres faifoas de l'année ; parce qu'il rjoo Hijîokâ Naturelle^ règne alors de certains vents qui con- tribuent à embrafer Li matière qui nourrit ce feu depuis tant d*ann<5es. Voye^ Us Voyages d'Argenfola, tome I, page 2t, L'île de Tcrnate n'a que fcpt lieues de tour & n'efl qu'un l'ommet de mon^ tagne ; on monte toujours depuis le rivage jufqu'au milieu de l'île, ou le volcan s*dève à une hauteur très-con* fidérable & à laquelle ii eA très-difiiicife de parvenir. Ii cotile plufjeurs ruif- féaux d'eau douce qui defcendent fur la croupe de cette même montagne, & lorfque l'air ell calme & que la faifon eft douce , ce gouffre cmbrafé eft dans une moindre agitation que quand ii fait de grands vents & des orages. Voye^ k Voyngt de Schouten, Ceci confirme ce que j'ai dit dans le difcours précédent, & (èm- ble prouver évidemment que le feu quil confume les volcans, ne vient pas de la profondeur de la montagne, mais du fommet , ou du moins d'une profon- deur afîcz pettie , & que ie foyer del l'embralèment n'eft pas éloigné du fom- tnet du volcan; car fi cela n'étoit pas aiafi; les graiids vents ne pourroicnt pas T7ié6ne Jt fa Terre» '30Y contribuer à leur embrafement. Il y a quelques" autres volcans dans les Molu» qucs. Dans l'une des îles Maurices, à 70 lieues des Moluques , il y a un vol- can dont les effets font aufTi vioiens que ceux de la montagne de Ternate. L'île de Sorca, Tune des Moluques , ttoit autrefois habitée ; il y avoit au milieu de cette île un volcan , qui étoit une montagne très- élevée. En 1693, ce volcan vomit du bitume & des matières enflammées en fi grande quantité , qu*il fe forma un lac ardent qui s'étendit peu à peu , Ôc toute l'île fut abymée âc difparut. Voyei PhiL Tranf» Au. vol, II, pûg, S p r* Au Japon il y a aufli plu- fieufs volcans , & dans les îles voi fines du Japon les navigafteurs ont remarqué plufieurs iQontagnes dont les fommets jettent des flammes pendant la nuit & de la fumée pendant le jour. Aux îles Philippines , il y a aufli plufieurs mon- tagnes ardentes. Un des plus fameux vol- cans des îles de ^l'océan' Indien, & en même temps un des plus nouveaux , eft celui qui eft près de la ville de Pana- tucan diim l'ile de Java ; ii s'eil ouvert ^02 Hkfloïre Naturelle, ♦ en iy%6y on n*avoit pas mémoire qu'lî eût brûlé auparavant , & à i» première eruptran ii'pouflà une énorme quantité de foufre, de bitume & de pierres. La même année le mont Gounapi , dans Fîle de Banda, qui brûloit (èulementi depuis dix-fept ans, s'ouvrit & vomit avec un bruit affreux des /ochers & deJ matières de toute efpèce. II y a encore quelques autres volcans dans \&s Indes, comme, à Sumatra & dans le nord de l'A/îe au-deià du fleuve Jénifcéa & de la rivière de Péfida ; mais ces deux derniers volcans ne font pas bien re-{ connus. '* £n Afrique, il y a une montagne, | eu plutôt une caverne appelée Béni- gua^eval , auprès de Fez , qui jette tou- jours de la fumée , & quelquefois desl flammes. L'une des îles du cap Vert, appelée Vtle de Fuogue , n'eJfl qu'une] groife montagne qui brûle continuelle- ment ; ce volcan rejette ^ comme le$| autres, beaucoup de cendres fait iiiemion de deux \ ¥ |:64 Uifloke Naturelle: volcans, !*un appelé Cotopaxî, ôl ï*autrf Pich'mcha ; ïe premier ell à quelque didance & l'autre eft très - voifin de la ville de Quito ; il a même été témoin d'un incendie de Cotopaxi en 1742, & de i'ouverture qui ie fit dans cetie inontagne d'une nouvelle bouche à feu ; cette éruption ne fit cependant d'autre mai que celui de fondre les neiges de ia montagne & de produire ainfi des! torrens d'eau fi abondans, qu'en moins | de trois heures ils inondèrent un pfiyi de 18 lieues d'étendue, & renversèrent | tout ce qui fe trouva fur leur pafîage. Au Mexique, il yaplufieurs volcans! dont les plus confidérables font Popo- champèche &. Popocaiepec , ce fut au-l près de ce dernier volcan que Cortés pafîà pour al'er au Mexique , & il y eut des- Efpagnols qui montèrent jufqu'au fommct où ils virent la bouche du vol- can qui a environ une demi -lieue dcl tour. On trouve aufli de ces montagnes de (bufrc à la Guadeloupe, a Tercère &| dans les autres îles des Açores; & lî oui youloit mettre au nombre des volcansl toutes les inoniagnes qui fument oill t^ .i Tiléone cle la Terre, "i^^ |3erquelles il s*éiève même. des flammes, ou pourroit en compter plus de foi- xante; mais nous n'avons parié que de ces volcans redoutables, auprès defquels on n'ofe habiter , & qui rejettent des pierres & des matières minérales à une grande di (lance. Ces volcans qui font en {\ grand nom- bre dans les Cordillères caufènt, comme je l'ai dit , des tremblemens de terre prefque continuels , ce qui empêche qu'on y bcitilTe avec de la pierre au-defTus du premier étage , & pour ne pas rifquer d'être écrafés , les habitans de ces parties du Pérou ne conftruifent les étages fu- périeurs de leurs maifons qu'avec des rofeaux & du bois léger. Il y a aufli dans ces montagnes plufieurs précipices & de larges ouvertures dont les parois font noires & brûlées , comme dans le précipice du mont Ararat en Arménie , qu'on appelle VAhyme; ces abymes font les bouches des anciens volcans- qui fe Ifont éteints. II y a eu dernièrement un tremblement I de terre à Lima, dont les effets ont été tQïnbk$', la yiUe de jLûna ôl k port de 1 (jo6 ffiJfoJre Naturelle, Calfao ont été prefquentiè rement aByJ mes , mais le mal a encore été plu; confidérable au Callao. La mer a cou> vert de Tes eaux tous ies édifices, & pan conféquent noyé tous les habituiis, il ji'ell relié qu'une tour ; de vingt-cinq vaifTeaux qu'il y avoit dans ce port , ji y en a eu quatre qui ont été portés à une lieue dans les terres, & le refte a été englouti par la mer. X Lima , qui eft une très-grande ville , il n'eft refté que vîngt-lèpt maifons fur pied , il y a eu un grand nombre de perfonnes qui ont' é;é ccrafees , fur - tout des Moines & des Peligieufes , parce que feurs édifices font plus exhaufles, & qu'ils font conflruits de matières plus folides que les autres maifons : ce malheur efl arrivé dans Ici mois d'o<5tobre 1746 pendant la nuitj la fecoufTe a duré i 5 minutes. Il y avoit autrefois près du port del Pifco au Pérou une ville célèbre fituéel fur le rivage de la mer , mais elle h\ prefqu'entièrement ruinée & défolée pa( le tremblement de terre qui arriva le id octobre 1682; car la mer ayant quitté] fcâ bornes ordinaires , engloutit cette i . Théorie Je la Terre, 307 lalheureufe , qvi'on a tâché de rétablir lun peu plus loin à un hoïi quart de llieuc de la mer. Si l'on canfulte les hiftoriens & fes lyoyageurs, on y trouvera des relations |{le ptufieurs trcmbJemens d^ terre & Id'cruptiops de volcans, dont en effets Ion été auiîi terribles que ceux que nous menons de rapporter Poildonius, ciié par Srrabon dans fan premier iivre^ fapporie qu'M y avoit une ville en Pbé- licie , fituée auprès 4^ Sidon , qui fut rnglouiie par un tremblement de terre ^ \ avec elle le territoire voifin & les jeux tiers même de la ville de Sidon, que cet effet ne (e fit pas fubitement , Je forte qu'il donna ic temps à la plu- part des habitans de fuir; que ce trem- blement s'étendit prefque par toute la iyrie & jufqu'aux îles Cyclades, & b Eub'ée où les fontaines d'Arétule arirent tout-à-coup & ne reparurent |ue plufieurs jours après par de nou-» irclles fources éloignées des anciennes, ce tremblement ne ceffa pas d'agitec [île, tantôt dans un endroit, tantôt [ans un autre , jufqu'à ce que la terre -Ons. i i r3 0 9 Hiftoke Naturelle» fe fût ouverte dans la campngnë tîi Lépante & qu'elle eût rejeté une grand quantité de terre & de matières enflim înées. Pline, dans fon premier livre th. 8^ , rapporte que fous le règne d Tibère il arriva un tremblement de tetr qui rcnverià douze villes d'Afie; &. dan fon fécond livre, ck. 8 ^ , il fltit mentio. dans les termes fuivans d'un prodigi caufé par un tremblement de terre Fnâum ejl fewel ( quod equidem in Etrujc dîfc'ipl'mœ volmninibus inveni) ingens trm rum portentum Lucio Marco. Sex. Juk Cojj, in (igro Aîutinenfi. Namque monU\ duo inter Je concurrerunt crepitu maxh adfultantes , recedentefque , inter eos flamm fumoque in cceluin exeunte interdiu, fpu' tante è via j£.milia magna eqmtum Rom norum , famdiarumque ù* viatorum ma titudine. Eo concurfu villes omnes elifi animalin permulta , quœ intra fuermt exanimata fint , &c. Saint-Auguftin lib. 2, de AiiracuHs , chap. ^ , dit que pai Un très -grand tremblement de terre il] eut cent villes renverfées dans la Lybie, Du temps de Trajan ia ville d*Antioclii ^ une grande partie du pays adjace Théorie âe h Terre: 36(^ iifcnt abymées par un tremblement de erre; & du temps de Juftinicn , en [28, celte ville fut une féconde fois Séiruite par la même caulê avec plus de ^0 mille de Ç^s habitans , ^ foixante ans ircs, du temps de Saint Grégoire, elle llfuya un trolfième tremblement avec erte de 60 mille de (es habitans. Du Ups de Saladin, en 1182., la plupart es villes de Syrie & dif royaume de [érufalem furent détruites par la même lufe. Dans la Fouille » d'eau, une île qui avoit plus d'une] lieue & demie de long & pius de 60 1 toiles de haut. » Voye:^ les Voyages di\ Mandeljlo, ce li s*en e'toit feit un autre! » en 1591, qui commença le 26 de yi juillet , & dura dans i'îie de Saint- » Michel jufqu'au 12 du mois fuivant;! y> Tercère & Fayai furent agitées le len- »3 demain avec tant de violence, q^i'çH^s » paroiflbient tourner, mais ces aftreufes 33 fècoufTes n'y recommencèrent quel » quatre fois , au lieu qu'à Saint- Michel | -n elles ne cefsèrent point un moment 1 y> pendant plus de quinze jours; les îniu- ?> laires ayant abandonné leurs ma!>on$| 53 qui tomboient d'elles-mêmes à leurs 1 5> yeux, pafsèrent tout ce temps cxpofés yy aux injures de l'air. Une ville entière yy nommée Villa-franca fut renverfée juf- y> qu'aux fondemens, & la plupart de les » habitans écrafés fous les ruiiies. Dansi » plufieurs endroits les plaines s'élevè-i » rent en collines, & dans d'autres quel- » ques montagnes s'aplanirent ou chan- w gèrent I vingt an un dans V, lO as d'une s de 60 )yage5 dt un autre e 26 de le Saint- i fuivant; es le len- , mi'clles s anrcufts rent que t- Michel , moment ; lesînfu- s mai'ons :s à leurs )S cxpofés le entière /erfée juf- )ait de les les. Dans ;s s'cievè- itres c[ael- ou chan- 3> gàeiit Tliéone Je la Terré. 3 i 3' gèrent de fituation ; il fiji-tic de la terre j fouffrit encore \x\\ autre : les vieux » Indiens dirent qu'ii's étoient nuire.'ois * >3 plus terribles, & qu*à cauie de cela on 93 ne baiinbit les maiîbns que de bois, ce » que font aufli les Efpagnols , depuis D> le premier étage. 3> La quaniité des volcans qui fè trou- 35 vent dans l'île , confirme ce qu'on a yy dit jufqu'à préfcnt; parce qu'en cer- 3> tains temps ils vomiflent des flammes, 33 ébranlent la terre & font tous ces 33 effets que Pline attribue à ceux d'Italie, 3> c'eft-à-dire de faire charger de lit aux 3> rivières & retirer des mers voifjnes , de 33 remplir de cendres tous les environs 33 & d'envoyer des pierres fort loin avec un bruit fcmblable à celui du canon. )> Voyei le Voyage de Gemelli Cûreri , page i2p, Mf ce L'an I 646, la montagne de l'île dcl . ^ *"^j 33 Machian (c fendit avec des bruits &Br^'^î^,^ > 33 un fracas épouvantables, par un ter-B 5^ ^P^ 33 riMe tremblement de terre , accidentï'^"* ^ 33 quied fort ordinaire en ces pays-là,R'^^f "^"^i 33 il fbrtit tant de feux par cette fente,^^ ç P^ 33 qu'ils confumèrent plufieurs négreriesB ^ouy p avec les habitons & tout C4i qui y éioit:E^^°'"P^ on vj prodii tl/e il I ormen defcen lagnc < été cre fo't êin de la C page j» , VH ûon dan hkmcns Italie en ^j/e/nens inoisd'qi jusqu'au qui en Thcork de la Terre, 5 ' 5 on voyoît encore l'an i68j , cette ce nrocligieule fente , & apparemment ce die (wbfirte toujours ; on la iiommoit ce [ornière^ de Alachian , parce cju'elle ce defcendoit du haut au bas de ia mon- ce tagnc comme un chemin qui y auroit ce tié creufé , mais qui de loin ne paroif- . r L'Hirtoire de l'Académie fait men- tion dans les termes fui vans , des trem- hieinens de terre qui £è font faits ea Italie en 1702 lôc 1703 : ce Les trem- blemens coimnehcèrent en I.alie au ce luois d'pcElobre oi 702 , Ai.coniinuèrent ce jufqu'au mois de juillet 1703 ; les pays ce qui en ont le plus foufFert , & qui « ' font aufiî ceux par où ils commen- ce cèrent , font; la iville de Norcia avec ce bruus «H^çj dépendances dans l'État Eccléfiaf- ce \r ^'^/^'^'■lique àc la province de l'Abrufle: ces ce acciocnn^j^y^ font cohiigus & fuués au pied ce e l'Apennin du côté du midi. ce , Souvent Jes tremblemcns ont été ce cçompagnés de bruits épouvantables ce lans l'air, & fouvem auili on a en- ci vieux lue'.ois :ela on ois, ce depuis fe trou- qu'on a 'en cer- lammes , tous CCS d'IiaVie , le lit aux fines , lie environs loin avec canon. » Cûreri , de Vîle de pays- là, lettc fente, négreries' ui y «î^olti 0 5 1 6 . Hifloh-e NaiureVc: >3 tendu ces bruits fans qu'il y ait eti cfe ■» tremblemens , le ciei étant même fort 33 ferein. Le tremblement du 2 février >3 1 703, qui fut le plus violent de tous, >3 fut accompagné , du moins à Rome , yy d'une grande férénité du ciel & d'un » grand calme dans l'air; il dura à Rome 3î une demi-minute, & à Aquila, capi- 03 taie xje i'Abruffe, trois heures. II ruina 55 toute la ville d'Aquila, enfévelit 5 mille » perfonnes fous les ruines , & fit un 33 grand ravage dans les environs. d> Communément les balanccmens de | 33 la terre ont été du nord ,au fud , oui 35 à peu près , ce qui a été remarque 35 par le mouvement des lampes des 33 égliies. >3 II s'eft fiiît dans un champ deux! 33 ouvertures , d'oii il eft forti avec vio-l 33 lence une grande quantité de pierres! 33 qui l'ont entièrement couvert & renduf 33 flérile, après les pierres il s'élança ciel 33 ces ouvertures deux jets d'eau qui! 33 furpafToient beaucoup en hauteur IcJ 33 arbres de cette campagne, qui durérentl »3 un quart d'heure , & inondèrent jufJ >9 qu'aux câmpxignes voifines ; cette eaiil V v^ V Théorie de h Terre, 3 1 7 è(l blanchâtre , fèmblable à de Teau de <:c favon & n'a aucun goût. ce Une montagne qui efl près de ce Sigilio , bourg éloigné d'Aquila de ce vingt-deux milles , avoit fur Ton fom- ce met une plaine afTez grande environ- ce née de rochers qui lui fervoient comme ce de murailles. Depuis le tremblement ce (lu 2 février , il s'eft fait à la place de ce cette plaine un gouffre de largeur iné- «e gale , dont le plus grand diamètre eft c< de 2 5 toifès, & le moindre de 20 : on ce n'a pu en trouver le fond , quoiqu'on c< ait été jufqu'à 300 toi(ès. Dans le ce temps que (e fit cette ouverture on en dans le baflin que dans le fofle. En ;» pluncurs endroits de la plaine appelée » le Tefime , il y avoit des fources & » des ruiffeaux d'eau qui formoient des •» marais impraticables , tout s'eft féché. » L'eau du tac apjîeié ^ Enfer a diminué » auffi de trois pieds en hauteur : à la •» place des anciennes fources qui ont » tafi qu'il y a apparence que ce • font îles mêmes eaux qiii ont changé de rouie. » Armée i yo^, page i o . Le même tremblement de 'terre , qui «n ï 5 ^ S forma le Afonte di Cenere au près de Pouzzol, remplit en même temps k bc Lucrin de pierres , de terres & de cendres, de forte qu'adluellement ce lac eft un terrein marécageux. Voye^ Ray* s Dîfcourfes , page 12, Il y a des trembicmens de terre qui iè font fèntir au loin dans la mer. Ai. Shaw rapporte qu'en 1724, étant à bord de la Gabelle, vaifîèau Algérien de 50 canons, on femit trois violca;ei Théorie de la Terre. 3 i p fccouffes l'une après l'autre, comme fî à chaque fois on a voit jeté d'un endroit fort élevé un poids de 20 ou 30 ton- neaux fur le icft , cela arriva dans un endroit de la méditerranée , où il y avoit plus de 200 braiïes d'eau; il rapporte aufli que d'autres avoient fcnti des trem- blemcns de terre bien plus confidérables en d'autres endroits , (k un emr'autres à 40 lieues oueft de Lilbonne. Voye^ Us Voyages de Shaw, vol. 1 , page s ^ 3* Schouten , en pariant d'un tremble- ment de terre qui (e fit aux îles Molu- ques, dit que les montagnes furent ébran- lées, & que les vaiffejux qui étoient à l'ancre fur 30 & 40 braffes fe tourmen- tèrent comme s'ils le fuflfent donné des culées fur le rivage , fur des rochers ou fur des bancs, ce L'expérience, coniinue- til , nous apprend tous les jours que la ce même chofe arrive en pleine mer où ce l'on ne trouve point de fond, & que ce quand la terre tremble, les vailfeaux ce [viennent tout d'un coup à fe tour- ç menter jufque dans les endroits uù lace imer étoit tranquille. » Voyei(^ tome VI, m^e I oj» Le Gentil, dans Ton voyage Oiiij' 310 Hiftoire JNaturellc. Autour du monde , parle des trcmblemens de terre dont il a été témoin, dans les termes fuivans. « J'ar, dit-il, fait quel- » ques remarques fur ces trembiemens » de terre ; ia première ell qu'une demi- »j heure ayant que ia terre s'agite , tous » les animaux paroiflënt faifis de frayeur, » les chevaux henniflent, rompent leurs J3 iicois & fuient de l'écurie, les chiens » aboient , les oifeaux épouvantés & 3> prefque étourdis entrent dans les mai- » fons , les rats & les fouris forient t!e M leurs trous, &c. la féconde eft que hj » vaifîèaux qui font à l'ancre font agites » fi violemment, qu'il femble que toutes » les parties dont ils font compofés, » vont fè défunir , les cahons fautent fur » leurs affûts , & les mâts par cette agi- » lation rompent leurs haubans, c'eft ce » que jaùrois eu de la peine à croire, >3 fi plufieurs témoignages unanimes ne 3> m'en avoient convaincu. Je conçois >î bien que le fond de la mer efl: une » continuation de la terre, que ii cette » terre eft agitée, elle communique fon » agitation aux eaux qu'elle porte, mais » ce que je ne conçois pas, c'eft cel l^heorïe cJe la Terre. 3211 tnouvemcnt irrégulier du vaifleau dont ce tous les membres & les parties pri fes c< féparément participent à cette agita- «c tion, comme fi tout Je vaifTeau faifoit « partie de la terre & qu'il ne nageai pas ce dans une matière fluide, Ton mouve- ce ment devroit être tout au plus fem- ce blable à celui qu'il éprouveroit dans ce une tempête ; d'ailleurs , dans l'occa- ce fion ou je parle, la furface de la mer ce ctoit unie, & lès flots n'e'toient point ce élev^ , toute l'agitation étoit inté- ce rieiirc, parce que le vcàit ne fe mêla O v) 3^4 Hiftoire Nûttirelte', on pourroît trouver qu'un tremblement de terre aflèz viofent pour élever les plus hautes montagnes , ne le feroit pas aiTez pour déplacer le refte du globe. Car ruppoCons pour uxi'inftant qu« h. chaîne des hautes montagnes qui ira- verfç l'Amérique méridionale depuis la pointe des terres Magellaniques jus- qu'aux montagnes de la nouvelle Gre- nade & au golfe de Daricn , ait été élevét tout- à- la- fois & produite par un trem- blement de terre, & voyons parle calcul l'effet de ectic explofion. Cette chaîne de montagnes a environ 1700 iieues dt longueur, & communément 40 lieues de largeur, y compris les Sierras, qui font des montagnes moins élevées que les Andes; la furface de ce terrein eA donc de 68 mille L'eues carrées; je fuppofe que l'épaiiïèur de la matière déplacée par le tremblement, efl d'une iieue , c'eft-à-dire, ique la hauteur moyenne de ces montagnes, priic du fommet jufqu'au pied^ ou plutôt, ju/qu'aux cavernes qui dans cette hypo- ihèfe doiventles fupporter, n'eft que d'une lieue, ce qu'on m'accordera facilement; alors je dis que la force de i'expIoCofi Tfiéone Je la Terre, 325 ou du tremblement de. terre aura élevé à une lieue de hauteur , une quantité de terre égaie à 6 8 mille lieues cubiques : or l'adion étant égalé à la réadion , cette explofion aura communiqué au refte du globe la même quantité de mouvement; mais le globe entier efl de 12 milliards 310 millions 523 mille Soi lieues cu- biques » dont ôtant 68 mille, il refle 12 milliards 3 i o millions 4 5 5 mille 801 lieues cubiques, dont la quantité de mçu- vement aura été égale à celle de 68 mille lieues cubiques élevées à une lieue ; d oii l'on voit que la force qui aura été afl'ez grande pour déplacer 68 mille lieues cu- biques & les pouflcr à une lieue , n'aura pas déplacé d'un pouce le refte du globe. Il n'y auroit donc pas d'impofllbilité abfolue à Tuppcfer que les montagne? ont été élevées par des tremblemens de terre, fi leur compofition intérieure auHi- bien que leur forme extérieure, n'étoient pas évidemment l'ouvrage des. eaux de la mer. L'intérieur efl cômpofé de couches régulières & parallèles, remplies de co- quilles; l'extérieur a une figure dont les j angles font par - tout corrcrpondan&j '3 2 5 Hïjloire Naturelle» efl-il croyable que cette compofition uni- forme & cette forme régulière aient été produites par des fecoufles irrcgulicrcs & des explofions fubitesî Mais comme cette opinion a pré- valu chez quelques Phyficiens, & qu'il nous paroît que la nature & les effets des trembiemens dé terre ne font pi$ bien entendus, nous croyons qu'il eft ne'ceflaire de donner fur cela quelques idées qui pourront fervir à éclaircir cette matière. | La terre ayant fubi de grands chan- gemens à fi furface , on trouve , mêine à des profondeurs considérables , des trous, des cavernes, des ruifîèaux fou- terrains & des endroits vides qui (e com- muniquent quelquefois par des fentes & des boyaux. Il y a de deux crj)èces, de cavernes, les premières font ceileS| qui font produites par i'a^ion des feuX| fouterrains & des volcans; Tadlion ilui feu foulé ve, ébranle & jette au loin ies matières fupérieures , & en même temps elle divife , fend & dérange celles qui font à côté, & produit aiiifi des cavernes, des grottes, des trouj TIléorie Je la Terre. 327 t8( Jcs anfraéluofitts , maïs cela ne Ce trouve ordinairement qu'aux environs tles hautes montagnes où ibnt les vol- cans , & ces efpèces de cavernes pro- duites par l'aâion du feu font j)lus rares que les cavernes de la féconde efpèce, qui font produites par les eaux» Nous avons vu que les difFérentes cou- ches qui compofent ie globe tcrreftre à fa furface, font toutes interrompues par des fentes perpendiculaires dont nous explifjuerons l'origine dans la fuite; les eaux des pluies & des vapeurs, en clefcendant par ces fentes perpendicu- bires , f© ralfembient fur la giaife , 4 qui prouve que le feu du volcan vientl plutôt du fommet que de la profondeu{ intérieure de la montagne. Boreili eft dol •même fèntiraent, & il dit préciféiTient| municaiion de l'air fuffit pour produire! cet effet, mais ces feux qui (e font allu- mes dans ces mines, ne produifent que de le'gères cxplofions, & ils ne formei^ pas des volcans, parce que tout tumt iblide Si plein dans ces endroits, le feu ne peut pas être excité, comme celui des volcans dans ïefquels il y a des ca- vités & des vides où l'air pénètre, ce qui doit nécefTairement étendre l'embrafe-l ment , & peut augmenter Tadlion du feu au point oii nous la voyons lorfqu'ellel produit les terribles efïèts dont nou& aYOiu| parlé. . p Théorie de la Terre* 343 PREUVES THÉORIE DE LA TERRE, ARTICLE XVII. Des IJIes nouvelles , des Cavernes , des Fentes perpendiculaires , ire, LES Ifles nouvelles fe forment cîc deux façons , ou fubitement par l'aâion des feux fouterrains, ou lente- ment par le dépôt du limon des eaux. Nous parlerons d*abord de celles qui doivent leur origine à la première de ces deux caufès. Les anciens Hifloriens & les Voyageurs modernes rapportent à ce fujet des faits de la vérité defquels on ne peut guère douter. Sénèque aflTure que de Ton temps l'île de Thé- rafic (e) parut tout d'un coup à la vue des mariniers. Pline rapporte qu'autre- (e) Aujourd'hui Samorini ^ ^ Iiij '%. 344 Hifloke Nûturelle* fois il y eut treize îles dans la mer méditerranée qui ror^îrcnt en même temps du fond des eaux » & que Rhodes & Délos font les principales de ces treize îles nouvelles ; mais il paroît par ce qu'il en dit , & par ce qu'en difeni aufîi Ammîan Marccliin, Philon, &c. que ces treize îles n'ont pas été pro- duites par un tremblement de terre, ni par une explofion fouterraine : elles 1 étoient auparavant cachées fous les eauxJ & ia mer en s'abairïant a laiiTé , difert- ils, ces îles à découvert; Délos avoit même le nom de Pelagîa, comme ayant autrefois appartenu à ia mer. Nous ne favons donc point fi l'on doit attribuer l'origine de ces treize îles nouvelles à i'adion des feux fouterrains ou à quel. qu'autre caufè qui auroit produit uni abaiflèment & une diminution des eaux dans la mer méditerranée ; mais Pline rapporte que l'île d'Hiéra près de Thé| rafie, a été formée de maffes ferrugi- neules & de terres lancées du fond del la mer ; & dans le chapitre 8 p , il parle de plufieurs autres îles formées de IJ même façon ; nous avons fur tout cà Théorie Je la Terre, 34 j Jes faits plus certains & plus nouveaux. Le 23 mai 1 707, au lever du foleil, on ■vit de celte même île de Thérafîe ou de Santorin, à deux ou trois milles en mer, comme un rocher flottant ; quelques gens curieux y allèrent, & trouvèrent que cet écueii, qui étoit forti du fond (le la mer , augmentoit fous leurs pieds ; & ils en rapportèrent de la pierre ponce & des huîtres que le rocher qui s'étoit élevé du fond de la mer y tenoit encore attachées à fa furface. II y avoit eu un petit trembleinent de terre à Santorin deux jours auparavant la naiiïance de cet écucil : cette nouvelle île augmenta confidérablement jufqu'au 1 4 juin , fans accident , & elle avoit alors un demi- mille de tour, & 20 à 30 pieds de hau- teur ; la terre étoit blanche , & tenoit un peu de Targile , mais après cela la mer fe troubla de plus en plus , il s'en éleva des vapeurs qui infedoient Tile de San- torin, & le 16 juillet on vit 17 ou iS I rochers fortir à la fois du fond de la mer , ils fe réunirent. Tout cela fe fit avec un bruit affreux qui continua plus de deux niois; & des âammes qui s'élevoient de 1 ; 34^ Ht foire Natureïlel la nouvelle île ; elle augmentoît ton^ Jours cil circuit & en hauteur, & les ex- plofîons lançoiem toujours des rochers & des pierres à plus de fept milles ds diftancc. L'île de Santorin elle-même, a pafle chez les Anciens pour une pro- > ce qu*on apprit d'un pilote du port. » La nuit du 7 au 8 décembre 1720, 5> il y eut un grand tremblement de terre M dans ia Tcrcère & dans Saint- Michel, >3 didantes i'une de l'autre de 28 lieues, » & l'île neuve foriit : on remarqua en 5> même temps que la pointe de l'île de y> Pic , qui en étoit 330 lieues & qui » auparavant jetoit du feu , s'étoit afFaif- » fée ÔL n'en jetoit plus ; mais l'île neuve y> jetoit continuellement une groflè fn. » mée ; & effedivement elle fut vue du » vaiflèau où étoit M. de Montagnac, » tant qu'il en fut à portée. Le pilote af- » fura quil avoit fait dans une chaloupe » le tour de l'île, en Tapprocbant le plus >? qu'il avoit pu. Du côté du fud il jeta » la fonde & fila 60 b rafles fans trouver » fond ; du côté de Toueft il trouva les » eaux fort changées, elles étoient d'un 39 blanc bleu & vert , qui fembloit du bas- 33 fond , & qui s'étendoit à deux tiers de » lieue, elles paroiffoient vouloir bouil- » lir ; au nord-oueft , qui étoit l'endroit » d'où fortoit la fumée , il trouva 1 j ^ braflès d'eau fond de gros fable ; il jeu Théorie de la Terre, 349 une pierre à la mer, & il vit à i endroit ce où elle étoit tombée , l'eau bouillir & ce fauter en l'air avec impétuofité ; le fond ce étoit fî chaud , qu'il fondit deux fois ce de fnite ie fuif qui étoit au bout du ce plomb : le pilote obferva encore de ce ce côté-ià que la fumée fortoit d'un petit ce lac borné d'une dune de fable ; l'île efi ce à peu près ronde & aflez haute pour ce ctre aperçue de 7 à 8 lieues dans un ce temps clair. ce On a appris depuis par une lettre ce de M. Adrien conful de la Nation ce françoife dans l'île de Saint- Michel, ce ea date du mois de mars 1722 , que «c l'île neuve avoit confidtrableraent di- ce minué , & qu'elle étoit prefque à fleur ce d'eau, de forte qu'il n'y avoit pas d'ap- ce parencc qu'elle fubfiftât encore long- ce temps. !» Page 1 2 , On eft donc affuré par ces faits & par un grand nombre d'autres femblables à ceux-ci , qu'au-deffous même des eaux de la mer les matières inflammables renfer- mées dans le fein de la terre , agiflènt & font des explofions violentes. Les lieux où cela arrive» font des efpèces de volcans- 3 5^ H'ifloîre Naturelle i qu'on pourroit appeler foumams , îef-i quels ne clifFèrent des volcans ordinaires que par le peu de durée de leur a<5lion, & le peu de fréquence de leurs effets; car on conçoit bien que le feu s'étantune fois ouvert un pafîage , l'eau doit y pé- nctrcr & i'e'teindre : l'île nouvelle laifTc néceflairement un vide que l'eau doit remplir, & cette nouvelle terre , qui n'elt compofe'e c|uc des matières rejete'es par ic volcan marin, doit rcffembler en toiit| au Moîite dï Cenere, & aux autres cni- îicnces que les volcans terreftres ontl forme'es en plufieurs endroits ', or dans le temps du déplacement caufé par ia violence de î'explofion , & pendant ce mouvement, l'eau aura pénétré dans la plupart des endroits vides , & elle aura cteint pour un temps ce feu fouterrain. C*eft apparemment par cette raifon qw ces volcans foumarins agiflfènt plus ra« rement que les volcans ordinaires , quoi- que les caufès de tous les deux foient les mêmes , <3c que les matières qui produi- fênt & nourriflent ces feux fouterrains,| puiiïènt fè trouver fous les terres cou- yenes par la mer; en auilj graa^ quantité Théorie ck la Terre* 35! ique fous les terres qui font à découvert. Ce font ces mêmes feux fouterrains ou foumarins, qui font la caufe de toutes ces ébullitions des eaux de la mer, que les voyageurs ont remarquées en plu- fieurs endroits , & des trombes dont nous avons parlé ; ils produisent aufli des orages & des iremblemens qui ne font pas moins fenfibles fur 4a mer que fur ia terre. Ces îles qui ont été formées par CCS volcans foumarins , font ordi- nairement compofées de pierres ponces & de rochers calcinés , & ces volcans produifent , comme ceux de la terre , des tremblemens & é&s commotions très- violentes. On a auffi vu fbuvent des feux s'éle- ver de la furface des eaux ; Pline nous dit que le iac de Thrafimène a paru enflammé fur toute fa furface. Agricola rapporte que lorfqu'on jette une pierre dans ie iac de Denflad en Thuringe, il femble , lorfqu'elle defcend dans l'eau , que ce (bit un trait de feu. Enfin, la quantité de pierres ponces que les voyageurs nous affurent avoir jfeacoi^trécs dons plufieurs cadroks de 1 1 '35^ Hifloire Naturelle. l'océan & de la mcdiierranée , prouve qu'il y a au fond de la mer des volcans ièmblables à ceux que nous connoifTons, & qui ne diffèrent , ni par lés matières qu'ils rejettent , ni par la violence des explofions, mais (culemcnt par la Fireté & par le peu de continuité de leurs effets; tout , jusqu'aux volcans , (e trouve eu fond des mers> comme à la furface de la terre. Si même on y fait attention , on trouvera piufieurs rapports entre les vol- cans de terre & les volcans de mer ; les uns 6c les autres ne fe trouvent que dans les fommets des montagnes. Les îles des Açores & celles de l'Archipel ne font que des pointes de montagnes , dont les unes s'élèvent au-dcffus de l'eau , & les autres font au-deffous. On voit par la re- lation de la nouvelle île des Açores, quel î'endroit d'où fortoit la fumée n'étoiti qu'à I 5 braffes de profondeur fôusTeau,! ce qui étant comparé avec les profon- deurs ordinaires de l'océan , prouve quel cet endroit même efl un fommet de montagne. On en peut dire tout autan: du terrein de la nouvelle île auprès dt Théorie Je la Terre, 353 Santorîn , il ii'étoit pas à une grande profondeur fous les eaux , puifqu'il y avoit des huîtres attachées aux rochers qui s'élevèrent. II paroît auffi que ces volcans de mer ont quelquefois, comme ceux de terre , des communications fou- terraines, puifque le fommet du volcan du pic de Saint- George, dans l'île de Pic, s'abaiflà lorfque la nouvelle île des Açores s'éleva. On doit encore obfcr- ver que ces nouvelles îles ne paroifîènt jamais qu'auprès des anciennes ,^& qu'on n'a point d'exemple qu'il s'en foit élevé de nouvelles dans les hautes mers: on doit donc regarder ie terrein où elles font, comme une continuation de celui des îles voifmes , & lorfque ces îles ont ^ts volcans , il n'eft pas étonnant que le terrein qui en eft voifin, contienne des matières propres à en former, & que ces matières viennent à s'enflammer , foit par la feule fermentation , foit par l'adion des vents fouterrains. Au refte, les îles produites par l'ac-^ tîon du feu & des tremblemens de terre font en petit nombre , & ces évènemens font rares ; mais il y a un nombre infini ' \ 3 54 H}/!ohâ Naturelle: d'îles nouvelles produites par les lîmon^^ les fables & ics terres que les eaux dej fleuves ou de la mer entraînent & iranfJ portent en diffcrcns endroits. A rem-j bouchure de toutes les rivières il fe formel des amas de terre & des bancs de fahlc dont l'e'iendue devient fou vent aflèzl confidérable pour former des îles d'iiiJ grandeur médiocre. La mer en fe reii-l rant & en s'éloignant de certaines côiesJ Liiffè à de'couvert les parties les plus tle- vées du fond , ^e qui forme autant d'ÎIesl nouvelles , & de même en s'éiendant fur de certaines plages , elle en couvre les parties les plus bafles & laifTe pa- roître les parties les plus élevées qu'ellel n'a pu furmonter , ce qui fait encore autant d'îles, & on remarque en con- féqucnce qu'il y a fort peu d'îles dansl ie milieu dQ$ mers , & qu'elles font pref- [ que toutes divns le voifinage des con* tinens où la mer les a formées , foit en i s'éloignant, foit en s'approchant de ces différenies contrées. L'eau & le feu, dont la nature ell fi différente & même fi contraire, pro- dulfent donc des effets femblobleS; oui Hiéorie âe h Terre* 3 5 j' |du moins qui nous pnroiflent être tels, lindependaminent des produirions par- Iticulières de ces deux éleinens , dont Iquelques - unes fe refTcmblent au point [de s'y méprendre , comme ïc crillal «Se Ile verre , l'antimoine naturel <& l'anii- Imoine fondu , les pépites naiu relies des Lines, & celles qu'on fait artificiellement par la fufion, &c. II y a dans la Nature une infinité de grands effets que l'eau & le feu produilent , qui font aftez fcni- tliibîes pour qu'on ait de la peine à ks diftinguer. L'eau , comme on l'a vu , a produit les montagnes & formé la plu- part des îles , le feu a tievé quelques collines & quelques îles ; il en eft de même des cavernes , des fentes , iS^s ou- vertures , des gouffres , &c. les unes ont pour origine les feux (buterratns , &: les autres les eaux y tant foutçirainei que fuperficiclles. Les cavernes fe trouvent dans les montagnes , & peu ou point du tout dans les plaines ; il y en a licaucoup dans les îles de l'Archipel & dans plu- [ fleurs autres îles, & cela parce que les h% ne f^nt eii général que des deûTus ,rf.7 3 $6 Hifloire Naturelle, de montagnes ; les cavernes fe formenfl comme ies précipices, par raffaifrcmenj des rochers, ou, comme ies abymcs, par l'a<îlion du feu ; car pour faire d'ur précipice ou d*un abymc une cavcrnej il ne faut qu'imaginer des rochers coi> trebutés & faifànt voûte par - defTus , cJ cjui doit arriver très - fouvent lorfqu'ilj viennent à être ébranlés & déracincsJ Les cavernes peuvent être produitcj par les mêmes caufes qui produifcni Icsl ouvertures , les ébranlemens & ies afràifJ fcmcns des terres , & ces caufes font Icsl expiofions des volcans, l'adlion des va-l peurs (buterraines ôl les tremblemens de terre ; car ils font des boule verfemcnsl & des éboulemens qui doivent nécefTai- rement former des cavernes, des trous,! des ouvertures & des anfraifluoiités de| toute efpèce. La caverne de Saint - Patrice en Ir-I lande n'eft pas auffi confidérable qu'elle eft fameufe , il en eft de même de la grotte du Chien en Italie , & de celle C|ui jette du feu dans la montagne de Béni - guazeval au royaume de Fez, Dans la province de Darby ^n Anglcicrre Tlu'onc de hi Terre. 3 57, y a une grande caverne fort confi- Icrablc, & beaucoup plus grande que kfiuncufè caverne de Bcauman auprès V la forêt noire dans le pays de Brunf- Lick. J'ai appris par une perfonne aufli lefpcdabic par fon mérite que par fon Un ( M y lord Comte de Morton ) , que kctic grande caverne appelc'e Devers- lé , pré(cnte d'abord une ouverture lort confidérabie , comme celle d'une ks-grande porte d'églifc ; que par cette Werture il coule un gros ruijfleau , nu'en avançant , la voûte de !a caverne le rabaifle n fort qu'en un certain en- droit on eft oblige , pour continuer route , de (ê mettre fur l'eau du luKTeau dans des baquets fort plats, où on (è couche pour pafTer fous la voûte de la caverne , qui eft abaiflee dans cet endroit au point que l'eau louche prcfque à la voûte , mais après poir paflTé cet endroit la voûte fe re- lève , & on voyage encore fur la rivière Ijurqu'à ce que la voûte fe rabaiffe de Inotiveau & touche à la fuperficie de pu, & c'eft-là le fond de la caverne la fource du ruiiTeau qui en fort ; 35 8 Hîl!oh'e Nattivené: II grofîit confidérablemcnt dans Je c(fr- , tains temps , & il amène & amoiacelfel beaucoup de fable dans un endroit de la caverne qui forme comme un cul-de-fac dont la diredion eft différente de celle! de la caverne principale. Dans ia Carniole il y a une caverne 1 auprès de Potpéchio , qui efl fort fpa- cieule , & dans laquelle on trouve un grand lac foutcrraîn. Près d'Adelfperg il y a une caverne dans laquelle on peut faire deux milles d'Allemagne de chemin, & où l'on trouve des préci- pices très - profonds. Voye:^ Aâ. erul\ Lipf, anno i68p, page Jj8» II y a auflj de grandes cavernes & de belles grottes fous les montagnes de Mendipp en Galles , on trouve des muies dei plomb auprès de ces cavernes, & des chênes enterrés à i 5 brafTes de profon-l deur. Dans la province de Clocefter îl y a une très -grande caverne qu'on apY^eWe Pen-park-ho/e , au fond de laquelle on trouve de l'eau 332 bradés de pro- fondeur , on y trouve aufîl des filons dçi mine de plomb. ^ Qn voit bien que la caverne de Théone de la Terre, i^f levers- hoïc & les autres dont il fort de yrolTes fontaines ou des ruiflTeaux , . ont l^té creufe'es & formées par les eaux lui ont apporté les fables & les ma- nières divifées qu'on trouve entre les rochers & ies pierres, & on auroit tort je rapporter l'origine de ces cavernes aux ébdulemens & aux trcmblemens de jcrre. ' Une des pîus fingulicres & des plus ïraiidcs cavernes que l'on connoifîè > fil celle d'Antiparos dont M. de Tour- befort nous a donné une ample de(^ cription. On trouve d'abord une caverne iftique d'environ trente pas de largeur, partagée par quelques piliers naturels , entre les deux piliers qui font fur la iroite , il y a un ter rein en pente iouce , & enftiite jufqu'au fond de la même caverne une pente pîus rude i'eiiviron vingt pas de longueur , c'eft le laflage pour aller à ia grotte ou caverne intérieure, & ce pafTage n'efl qu'un trou fort obfcur , par lequel on ne (àuroit entrer qu'en fe baiflant , & au (ecours [des flambeaux ; on defcend d'abord dans m précipice horrible à l'aide d'un cablg 2^o Uijîoke Naturelle» que Ton prend ia pre'caution d'attacherl tout à Fentre'e , on (ê coule dans un autre bien plus effroyable dont les bords font fort gliflans , & qui répondent fur la gauche à des abymes profonds. On place fur les bords de ces gouffres une c'chelle , au moyen de laquelle on franchit, en tremblant, un rocher tout- à-fait coupé à- plomb , on continue â gliffer par des endroits un peu moins dangereux ; mais dans le temps qu'on fe croit en pays praticable , le pas le plus affreux vous arrête tout court, & on s'y cafîèroit la tête , fi on n'étoit averti ou arrêté par (es guides ; pour le franchir il faut le couler fur ie dos le long d'un gros rocher, & defcendrc une échelle qu'il faut y porter exprès; quand on cft arrivé au bas de l'échelle on fe roule quelque temps encore fur des rochers, & enfin on arrive dans ia grotte. On compte trois cents braffes de profondeur depuis la furface de la terre , la grotte paroît avoir quarante braffès de hauteur , fur cinquante de large ; elfe eft remplie de belles & grandes flaladites de diiTcrentes formes, tant I Théorie de ta Terre* 3 d i tant au-defîus de la voûte que fur le tcrrein d*en bas. Voye-^ le voyage du Levant , page i 8 8 & fuîv. Dans la partie de la Grèce appelée tivadie (Achaia des Anciens/^, il y a une grande caverne dans une montagne, qui étoit autrefois fort famcufè parles oracles de Trophonius, entre le lac de Livadia ' & la mer voifine qui , dans l'endroit le plus près , en efl: à quatre milles ; il y a quarante paflages fouterrains à travers le rocher fous une haute montagne , par où jies eaux du lac s'écoulent. Voye-^ Géo- \ graphie de Gordon, édition de Londres, Dans tous les volcans, dans tous les pays qui produifent du foufre, dans toutes les contrées qui font fujètes aux tremblemens déterre, il y a des cavernes; le terrein de la plupart des îles de l'Ar- chipel eft caverneux prefque par - tout ; cdui des îles de l'océan indien, princi- palement celui des îles Moluques, ne paroît être foutcnu que fur des voûtes & des concavités; celui des îles Aço- rcs, celui des îles Canaries, celui des îles div cap Vert, & en général Iç Tome IL ' Q ^6i Hifloke Naturelles terrein de prefque toutes les petites îles , <îfl à l'intérieur creux & caverneux en plufieurs endroits, parce que ces îles ne font, comme nous l'avons dit, que des pointes de montagnes où il s'eit fait des éboulemens confidérables , foit par i'adlbn àts volcans, foit par celle dts eaux , 6ts geiées & des autres in* jures de i'air. Dans les Cordillères, ou il y a piuHeurs volcans, & où ies trem- bicmens de terre font fréqucns, il y a auffi un grand nombre de cavernes , ce Au mois de juin 17 14, une partie 53 de la montagne de Diableret en Valais >> tomba fubiter vint 5: tout-à-Ia-fois entre » deux & trois heures après midi, le cid » étant fort le; c in , elle étoit de figure j I» conique, elle renverfa cinquante- cinq j TIléone de la Terfe» J^j' cabanes de payfâns , écrafa quinze et perfonnes & plus de cent bœufs & ce vaches , & beaucoup plus de menu et bétail, & couvrit dé (es débris une u bonne lieue carrée; il y eut une pro- «c fonde obfcurité caufée par la poufîière, c< les tas de pierres amafTés en bas font <« hauts de plus de trente perches, qui c< font apparemment des perches du c< Rhin de dix pieds; ces amas ont ar- « rêié des eaux qui forment de nouveaux et lacs fort profonds ; il n'y a dans tout et cela nul vertige de matière bitumineu(ë et ni de foufre, ni de chaux cuite, ni par ce conféquent de feu fouterrain , appa- et remment la bafe de ce grand rocher ce s'étoit pourrie d'elle-même & réduite ce en poulîière jj* Hiftoîre de P Académie des Sciences', année i yi y , page ^, On a un exemple remarquable de ces afFaifîèmens dans la province de Kent, auprès de Folkftone, les collines des environs ont baifle de diftance en diftance par un mouvement infenfible & fans aucun tremblement de terre. Ces collines font à l'intérieur des rochers de pierre & de craie, par cet affaiflement Qiij -•is» M J^66 Hipoire J^atureUe: elles ont jeté dans b mer des rochers & des terres qui en étoient voifines; on peut voir la relation de ce fait bien atteHé dans les Tranfadions Pliilofopk, Abrig'd, vol, 1 V, page 2jo. En I 6 1 8 , la ville d€ Pleurs en Val- teline fut enterrée fous les rochers, au pied defquels elle étoit (ituée. £ri i 678 il y eut une grande inondation en Gaf- cogne, caufce par i'afFaiflcmcnt de quel- ques morceaux de montagnes dans les Pyrénées, qui firent fortir les eaux qui étoient contenues dans les cavernes fou- te rraines de ces montagnes. £n 1680, ii en arriva encore une plus grande en Irlande, qui avoit aufll pour caufe rafFaiiïèmcnt d'une montagne dans des cavernes remplies d eau. On peut con- cevoir aifément la caufe de tous ces effets; on fait qu*ii y a des eaux fou- terraines en une infinité d'endroits; ces eaux entraînent peu- à-peu les (ables & les terres à travers lefquelles elles paffent , & par conféquent eHes peuvent détruire peu- à- peu la couche de terre fur la- quelle porte une montagne , & cette couche de terre qui lui fert de bafe, Théorie de h Terre, 3 ^7 venant à manquer plutôt d'un côté que de l'autre, ii faut que la montagne (e rcnverfe , ou fi cette bafe manque à peu près également par-tout, la mon- tagne s'affaifle (ans fc renverfer. Après avoir parlé des afFai/remens , des éboulemcns , & de tout ce qui n'ar- rive, pour ainfi dire, que par accident dans la Nature , nous ne devons pas pafler fous fiience une chofe qui eft lus générale , plus ordinaire & plus ancienne, ce font les fentes perpendi- culaires que l'on trouve dans toutes les couches de terre. Ces fentes font (cn- fibles & aifées à reconnoître, non- feu- lement dans les rochers , dans les car- rières de marbre & de pierre y mais encore dans les argiles & dans les terres de toute efpècc qui n'ont pas été remuées , & on peux les obferver dans toutes les coupes un peu profondes de terreins, & dans toutes les cavernes & les exca- vations ; je les appelle fentes perpendi-' dïculaîres , parce que ce n'ell jamais que par accident lorfqu'elfes font obli- ques, comme les couches horizontales ne font inclinées que par accident. ( / 368 Hipoire Ntit tire Ile. "Woudward & Ray parlent de ces fen- tes , mais d'une manière confufe , ti ils ne les appellent pas fentes pcrpen- dicuLires, parce qu'ils croient qu'elles peuvent être indifféremment obliques ou perpendiculaires, & aucun Auteur n'en a expliqué l'origine ; cependant il eft v'iible que ces fentes ont été produites, comme nous l'avons dit dans le difcours précédent , par le defscche- ïiîent des matières qui compofent les couches horizontales; de quelque ma- nière que ce deflechement foit arrive, il a dû produire des fentes perpendi- culaires ; les matières qui compofent les couches , n*ont pas pu diminuer de volume , fans fe fendre de diflance en diitance dans une diredion perpendicu- laire à ces mêmes couches. Je comprends cependant fbus ce nom de fentes per- pendiculaires toutes les féparations natu- relles des rochers , foit qu'ils fc trouvent dans leur pofîtion originaire, foit qu'ils aient un peu gliffé fur leur baie, & que par conféquent >.s fe foient un peu éloignés les uns des autres; lorfqu'il eft arrivé quelque i4;iouY<^meat confidéiable Thème rie la Terre* 3^9 \ des mafTes de rochers, ces fentes fè îiouvcnt quelquefois pofées oblique- ment , mais c'efl parce que fa maffc eft elle-même oblique , & avec un peu d'attention il eft toujours fort aifé de rcconnoître que ces fentes font en général perpendiculaires aux couches horizontales, fur -tout dans les carrières de marbre , de pierre à chaux , & dans toutes les grandes chaînes de rochers. L'intérieur des montagnes eft prin- cipalement compofé de pierres & de rochers, dont les différens lits font paral- lèles ; on trouve fouvent entre les lits horizontaux de petites couches d'une matière moins dure que la pierre , & les fentes perpendiculaires font remplies de fable , de crifiaux , de minéraux , de métaux, &c. Ces dernières matières font d'une formation plus nouvelle f{ue celle des lits horizontaux dans leîquels on trouve des coquilles marines. Les pluies ont peu-à peu détaché les fables & les terres du deffus des montagnes, & elles ont laifïé à découvert les pierres & les autres matières lolides , dans lefquelles on didixigue aiiémexit les couches horif Qv. t.' r-^^w IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 II 1.25 ■-121 |5 0 "^ !" m ^ tiS, 1.4 IM 2.2 2.0 1.8 l.ô Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14SB0 (716) 872-4503 ^: -b SSS \ c\ \ % 4^ # 6^ 3*i^d Hiftotre 'Naturelle* zontaies 3c îes fentes perpendiculaires , dans les plaines au contraire les eaux des pluies & les fleuves ayant amené une quantité confidérable de terre, de (àblC) de gravier & d'autres matières divifées , il s'en eil formé des couches de tuf» de pierre molle & fondante , de fable & de gravier arrondi , de terre mêlée de végé- taux ; ces couches ne contiennent point de coquilles marines , ou du moins n'en contiennent que des fragmens qui ont été détachés des montagnes avec , îes graviers & les terres; il ^ut diflingucr avec (bin ces nouvelles couches des an- ciennes, où l'on trouve prefquè toujours un grand nombre de coquilles entières & pofées dans leur fituation naturelle. Si l'on veut oblcrvcr l'ordre & fa dif- tributton intérieure des matières dans une montagne compofée , par exemple , de pierres ordinaires ou de matières lapi- difiques calcinables, on trouve ordinal* lement fous la terre végétale une couche de gravier ; ce gravier eft de fa nature i& de la couleur de la pierre qui domine dans ce terrein> & fous le gravier on Houve de la pierie^ lorfque U montagne (' % Théorie de la Terre. 371 |e(l coupée par quelque tranche'e ou par quelque ravine profonde , on diftingue aifément tous les bancs » toutes les cou- ches dont elle efl compofée ; chaque couche horizontale e(l féparée par une efptce de joint qui efl aufli horizontal , & l'épaifleur de ces bancs ou de ces couches horizontales augmente ordinai- rement à proportion qu'elles font plus baffes, c'e(l-à-dire , plus éloignées du fommet de la montagne; on reconnoît auffi que des fentes à peu-près perpen- diculaires divifènt toutes ces couches & les coupent verticalement. Pour l'ordi- naire la première couche, le premier lit qui (e trouve fous le gravier, & même [ le fécond , font non-feulement plus min- ces que les lits qi^i forment la bafè de la montagne , mais ils font aufli divifés par des fentes perpendiculaires ^ fi fréquentes- qu*ils ne peuvent fournir aucuns mor- ceaux de longueur, mais feulement du moellon ; ces fentes perpendiculaires qui font en fi grand nombre à la fuperficie , & qui reffemblent parfaitement aux gerr cures d*une terre. qui fe feroit dcfféchée,. jie paryienjient p^s toutes à beaucoup^ ^^ji ' Hiflotrt Naturelle > près, jufqu'au pied de la montagne,! la plupart dirparoiflent inlenfiblemem àl inefure qu'elles defcendent , & au bas ill ne refte qu*un certain nombre de ccs| fentes perpendiculaires , qui coupent en- core plus à -plomb qu'à Jà fuperficic| [es bancs inférieurs, qui ont aufti plusl d'épaiiïèur que les bancs (lipérieurs. Ces lits de pierre ont fouvent, commcl je i'ai dit , plufieurs lieues d'étendue fans interruption; on retrouve auffi prefque toujours la même nature de pierre dans la montagne oppofée, quoiqu'elle en loit ieparée par une gorge ou par un vallon, éi les lits de pierre ne difparoifîènt en- tièrement que dans les lieux où la mon-l tagne s'abaifïè Sl fè met au niveau de quelque grande plaine. Quelquefois en- tre la première couche de terre végétale 1 & celle de gravier, on en trouve une de marne, qui communique (à couleur | & fes autres cara, , , m.; ,* ,^.^ /..^-iu.' Le caillou , malgré fon extrême dureté & fa grande denuté , a aufli , comme le marbre ordinaire & comme la pierre dure, (es exudations, d'où réfultent des ftaladites de différentes efpèces , dont jlcs variétés dans la tranfparence , les couleurs &. la configuration, font rela- Itives à la différente nature du caillou [qui les produit, & participent auffi des différentes madères métalliques ou hété- rogènes qu'il contient; le criftal de roche, toutes les pierres précieu fes , blanches ou colorées , & même le dia- mant , peuvent être regardés comme des ftaladlites de cette efpèce. Les cailloux en petite maffc, dont les couches font ordinairement concentriques, font aufîî des Italacîtiies & des pierres parafjtes du caillou en grande maffe, & la plu- part des pierres fines opaques ne font Rij . 588 Bjloh-e Naturelle-, ^l que des efpèccs de caillou ; les matières du genre vitrifiable produifem, comme i'on voit, une aufTi grande variété de concrétions que celles du genre calci- nable , & ces concrétions produites par les cailloux font prefque toutes des pierres dures & précieufes, au lieu que celles de la pierre calcinable ne font que des matières tendres & qui n*ont aucune valeur. îr î^Mrjr'i v> iTîf-ni. '?T. rui-tr On trouve les fentes perpendiculaires dans le roc & dans les lits de caillou en grande maiTe , aufll-bien que dans les lits de marbres & de pierre dure , fou- vent même elles y font plus larges , ce qui prouve que cette nwiière , en pre- nant corps , s*eft encore plus defféchée que la pierre ; l'une & l'autre de ces collines dont nous avons obfervé les couches , celle de matières calcinables & celle de matières vitrifiables font Ibutenues tout au - deffous fur l'argile ou fur le fable vitrifiable, qui font les matières communes & générales dont le globe eft compofé , & c|ue je regarde comme les parties les plus légères , tomme les.fcorl^s de la matièrç viirilicç Théorie de la Terre» 389 ioni il eft rempli à i'iiitérieiir , aiiift toutes les montagnes & toutes les plaines ont pour bafe commune l'argile ou le fable. On voit par lexeinple du puits d'Amfterdam , par celui de Mariy- la- ville , qu'on trouve toujours au plus profond du Hible vitrifiable , j'en rap- porterai d'autres exemples dans mon difcours fur les minéraux. On peut observer dans la plupart des rochers découverts , que ies parois des fentes perpendiculaires (e corref- pondent aufli exadement que celles d'un morceau de bois fendu , & cette correfpondance le trouve auiïi - bien dans les fentes étroites que dans les plus iarges. Dans ies grandes carrières de l'Arabie, qui font prefque toutes de granit , ces fentes ou Réparations perpendiculaires font très - fenfibles & très - fréquentes , & quoiqu'il y en ait qui aient jufqu'à vingt & trente aunes de large , cependant les côtés fc rappor- tent exaL^iement & laifTent «ne profond^ cavité entre les deux. Voye^ Voyages de Shaw, vol. II, page 8^» Il eft afTez ordinaire de trouver Jwis les fentes per- Rii; 3(?o Hifioire NatitrelTe, "" pendiculaires des coquilles rompues en deux , de manière que chaque morceau demeure attaché à ta pierre de chaque côié de la fënie ; ce qui fait voir que ces coquilles étoiem placccs dans le folide de ia couche horizontale lorf- qu'eile étoit continue, & avant que la fente s'y fût faite. Voyt:^ Voodvvard, page 2p 8, 11 y a de certaines matières dans Icf- queiles les fentes perpendiculaires font fort larges , comme dans les carrières que cite M. Shaw , c'eft peut-être ce qui fait qu'elles y font moins fréquentes : dans les carrières de roc vif & de grunlt les pierres peuvent fe tirer en très- grande maffe, nous en connoifTons des mor- ceaux , comme tes grands ohéiifques & les colonnes qu'on voit à Rome en tant d'endroLs , qui ont plus de 60, 80, ioo & 150 pieds de longueur fans au- cune interruption ; ces énormes blocs font tous d'une (èule pierre continue. Il paroît que ces mafles de granit ont été travaillées dans la carrière même , & qu'on leur donnoit telle épaiffeur que l'on vouloit, à peu près comme nous voyons Tliéorie de la Terre. 391; tjue Jans les carrières de grès qui font un peu profondes, on tire des blocs de telle épaifleur que Ton veut. Il y a d'au- tres matières où ces fentes perpendicu- laires font fort étroites ; par exemple ^ elles font fort étroites dans i'argilè , dans Li marne , dans la craie ; elles font au con- traire plus larges dans les marbres & dans la plupart des pierres dures. Il y en a qui font imperceptibles & qui font remplies d'une matière à peu près (embiable à celle de la maiïe où elfes (e trouvent , ôl qui cependant interrompent la continuité des pierres , c*cft ce que ics ouvriers ap- pellent des poils ; iorfqu'iis débitent un grand morceau de pierre & qu'ils le ré- duifent à une petite épaiffeur, comme à un demi-pied , la pierre (e cadè dans la, dire^ion de ce poil ; j'ai fou vent remar- qué dans le marbre & dans la pierre que ces poils traverfênt le bloc tout entier , ainfi ils ne diffèrent des fentes perpendi- culaires que parce qu'il n'y a pas folution totale de continuité. Ces efpèces de fentes font remplies d'une matière tranfparente , & qui eft du vrai fparr. Il y a un grand Boiiibre de fentes coufidérables entre les R iii j 3^2 Hifloire Nuturelk: différens rochers qui compofent les carJ Tières de grès, cela vient de ce que ces rochers porient Ibuvcnt i\ir des bafes moins folides que celles des marbres ou des pierres calcinables , qui portent or- dinairement fur des giaiies, au lieu que les grès ne font le pius fouvent appuyt's que fur du (àble extrêmement fin : aufli ■y a-t il beaucoup d'endroits où l'on rie trouve p»ns les grès en grande mafîè; & dans la plupart des carrières où l'on tire le bon grès, on peut remarquer qu'il clt en cubes & en parallélépipèdes polt's 'es' uns fur les autres d'une manière allez irrégulière , comme dans les collines de JFontaineblcau , qui de loin paroifTem' être des ruines de bâtimens; cette difpo. fition irrégulière vient de ce que la bafe de ces collines efl de fable, & que les inafTes de grès fe font éboulées, renver- fées & afFaiifées les unes fur les autres , fur-tout dans les endroits où on a travaillé autrefois pour tirer du grès, ce qui a for- mé un grand nombre de fentes & d in- tervalles entre les blocs ; & i^i on y veut faire attention, on remarquera dans tous les pays de fable & de grès, qu'il y a des Théorie fh la 'Terre. 35)3 jnoi'ccaux de rochers & dé girofles pierres Idans le milieu des vallons ik des pLiines Ifn très-grande quantité , au lieu que dans Iles pays de marbre & de pierre dure, ces Imorceaux difperfe's ôr qui ont roulé du Ideffus des coilines , & du haut des mon-^ Itagnes , font fort rares, ce qui ne vient Ique de la différente' folidité de la balô fur laquelle portent ces pierres , & de l'étendue des bancs de inarbre & des pierres calcinabtes , qui eft plus conft- tlérabie que celle des grès.^ '| I^^^ - ^> ^'iiiiù ;. j|ii;:l ic; j^-^no ■ ■•n!-»il » PREUVES ' I>E LA Ithéorie D£ la terre. * ARTICLE XVIII, , t II \Dt l'effet des pluies * des Marécages, des Bois fouterra'ms , des Eaux fouterraines, NOUS avons dit que les pluies & lesf eaux courantes qu'elles produifcnt , Idéuchent contihuclleuient du fommct & Il V 3P4 Nifloire Naturelle. ** de la croupe des montagnes les fnLfesJ les terres, les graviers, &c. & qu'elles les entraînent dans les plaines, d*oii les ri vitrts | & les fleuves en charient une partie dans les plaines plus baffes, & fouvi^mj lufqu'à la mer ; les plaines fc remplif. fent donc fuccefTivement & s'élèvent 1 peu à- peu, & les montagnes diminuent tous les jours & s'abaifTeny continuelle- ment, & dans plu/icurs endroits on s'elll aperçu de cet abaiHement. Jofeph Bian-' canus rapporte fur cela àti faits qui létoient de notoriété publique dans fon ttmps, & qui prouvent que les mon- tagnes s'étoient abaifTccs au point quel i*on voyoit des villages & des châteaux ife plufîeurs endroits, d'où on ne pou- rvoit pas les voir autrefois. Dans la pro- vince de Darby en Angleterre, le clo- cher du village Craih n'étoit pas vifible en 1 572 depuis une certaine montagne, à raufe de la hauteur d'une autre mon-| tagnc interpofée , laquelle s'étend en Hopton & Wirkworih , & 80 ou loo ans après on voyoit ce clocher, & même une partie de l'églife. Le Doreur Plotl donne un exemple pareil d'une moniagiiQ eaux, toja Théorie de la Terre* J95 intre Sibbcrioft ôl Ashby dans la pro- Ivince de Northampton. Les eaux en^ Itraîneiit non - feulement les parties les Iplus légères des montagnes, comme !a terre, te (Iible, le gravier & les petites Ipierres , mais elles roulent même de lires- gros rochers, ce qui en diminue Iconfidérablement la hauteur; en général, plus les montagnes font hautes & plus leur pente efl roîde , plus les rochers y font coupés à pic» Les plus hautes mon* lagnes du pays de Galles ont des rochers extrêmement droits & fort nus , on volt ks copeaux de ces rochers ( fi on peut le fervir de ce nom) en gros monceaux à leurs pieds ; ce font les gelées & les eaux qui les féparent & les entraînent; ainft ce ne font pas feulement les montagnes- de fable & de terre que les pluies rabaif- |fent , mais , comme Ton voit , elles atta-- quent les rochers les plus durs , & ei^ entraînent les fragmens jufque dans les vallées. Il arriva dans la vallée de Nant- phrancon en 1685, qu'une partie d'uiîi gros rocher qui ne portoii cjue fur une bafc étroite , ayant été minée par les eaux, to^nba & fe rompit en plufieuj^ 31 v) ^C)ê HiJJolre Naîiirelle. morceaux avec plus d'un millier d'au- tres pierres , dont la pIusgrofFe fit en dcf-! cendant une tranchée confidérabie jul- qiîe dans la plaine , où elle continua à| cheminer dans une petite prairie , &| travcrfa une petite rivière de l'autre côté! de laquelle elle s'arrêta. C'cft à de pareils accidens qu'on doit attribuer l'origine dej toutes les grofTes pierres que l'on trouve ordinairement çà & ià dans les vailéesl voifines des montagnes. On doit fe fou- "vcnlr, à l'occafion de cette obfervation, de ce que nous avons dit dans l'article précédent , favoir, que ces rochers & ces grofîès pierres dirperfées (ont bien plus communes dans les pays dont les mon- tagnes font de (àble & de grès , que dans ceux où elles font de marbre & de glaife, parce que le lâble qui fert de bafe au rocher, eft un fondement moins foiide que la glaifc. * - Pour donner une îdce de la quantité de terre que les pluies déiachent des montagnes & qu'elles entraînent dans les vallées, nous pouvons citer un fait rapporté par le Dodeur Plot : il dit «bns foa Hiftoire Naturelle de Sîafford, Théorie Je la Terre, ^97 t|u'on a trouvé dans la terre, à i % pieds de profondeur, un grand nombre de pièces de monnoie frappe'cs du temps d'Edouard IV, c'eft-à-dire, 200 ans auparavant , en forte que ce terrein , qui eft marécageux , s'efl augmenté d'environ un pied en onze ans, ou d'un pouce & un douzième par an. On peut encore faire une obfervation femhlible fur des arbres enterrés à 17 pieds de profondeur, au-defibus defqueis on a trouvé des médailles de Jules Céfar , ainfi ies terres amenées du deffus des montagnes dans ies plaines par les eaux courantes , ne laiiTent pas d'augmenter trcs-conffdérablement l'élévation du ter- rein des plaines, -^^n- * r *^** Ces graviers , ces fibîes & ces terres' que les eaux détachent des montagnes* & qu'elles entraînent dans les plaines , y forment des couches qu'il ne faut pas confondre avec les couches anciennes & originaires de la terre. On doit mettre dans la clafle de ces nouvelles couches , celles de tuf, de pierre molle, de gra- vier & de fable dont les grains lont lavés & arrondis î on doit y rapporter ' ^98 Hi/Iotre Naturelle; aufli les couches de pierres qui fe font faites par une cfpèce de dépôt & d'in- cruftation , toutes ces couches ne doi- vent pas leur origine au mouvement ôç aux lediniens de> eaux de ia mer. On trouve dans ces tufs & dans ces pierres nioiies & imparfiiites une infinité de végétaux , de iëuiiies d'arbres , de co- quilles terredres ou âuviatiles , de petits os d'animaux terreftres , & jamais de coquilles ni d'autres produdions ma- rines ; ce qui prouve évidemment, auffi- biien que leur peu de folidité , que ces couches fe font formées fur la fur face de la terre sèche , & qu'elles font bien plus nouvelles que les marbres & les autres pierres qui contiennent des co- cju'lles, & qui fè font formées autrefois «ians la mer. Les tufs & toutes ces pierres nouvelles paroiffent avoir de la dureté & de la folidité iorfqu'on les tire , mais a on veut les employer, on trouve que l'air & les pluies les difîblvent bientôt ; leur fub flan ce eft même fi différenie de la vraie pierre , que lorfqu*on les réduit en petites parties , & qu*on en yeut faire du fable j^ elleâ fe conv^J^tUiciil Théorie de la Terre, 599' |f)ientôt en une efptce de terre & de boue ; les ftalatlites & les autres con- crétions pierreulès que M. de Tour- ncfort prenoit pour des marbres qui avoient végété , ne font pas de vraie» pierres , non plus que celles qui font formées par des incruftations. Nous 'avons déjà fait voir que les tufs ne font pas de l'ancienne formation, & qu'on ne doit pas les ranger dans la claffe des pierres. Le tuf eft une matière impar-» faite y différente de la pierre & de iil terre, & qui tire fon origine de toutes deux par ie moyen de Teau des pluies » comme les mcruflatrons pierreufes tirent la leur du dépôt des eaux de certaines fontaines , ainfi les couches de ces ma* tières ne font pas anciennes & n'ont pas été formées comme les autres , par le fédiment des eaux de la mer ; les cou- ches de tourbes doivent être auffi re- gardées comme des couches nouvelles ({ui ont été produites par i'eniafTement fucceillf des arbres & des autres ve'gé- laiix à demi- pourris , & qui ne fe loni con(èrvés que parce qu'ils fe font trou» ves dans .dei tierres bicuinineufes , c^ui - 'Tsaetan 400 Hïfloire I^aturelle, Jes ont empêché de fe corrompre en entier. On ne trouve dans toutes ces nouvelles couclies de tuf, ou de pierre molle , ou de j^ierre formée par des dé- pôts , ou de tourbes , aucune produc- tion marine , mais on y trouve au con- traire beaucoup de végétaux , d'os d'a- nimaux terrellics , de coquilles fîuvia- tiles & terreflres , comme on peut le voir dans les prairies de la province de Nonhampton auprès d'Ashby , où Ton a trouvé un grand nombre de coquilles d'efcargots, avec des plantes, des herbes & plufieurs coquilles fîuvia- tiles , bien conlervées à quelques pieds de profondeur fous terre , làns aucunes coquilles marines. Voyt^ Tranf, Phil, Abr, voL JV, pûge 2yj, Les eaux qui roulent fur la iiirface de la terre, ont formé toutes ces nouvelles couches eii changeant fôuvent de lit ôl en fe ré- pandant de tous côtés ; une partie de ces eaux pénètre à l'intérieur & coule à travers les fentes des rochers & des pierres; & ce qui fait qu'on ne trouve point d'eau dans les pays élevés , non plus qu'au ► defTus deà-^oUincs^-, c'tft Théorie Je la Terré. 401 I parce que toutes les hauteurs de ia terre font ordinairement compofées de pierres & de rochers, fur-tout vers le fommct. Il faut, pour trouver de Teau , creufer dans la pierre & dans le rocher jufqu'à ce qu'on parvienne à ia bafe , c'cft- I à- dire à ia glaife ou à ia terre ferme Ifur iaquelle portent ces rochers, & on |ne trouve point d'eau tant que i'épaif- feiir de pierre n'eft pas percée jufqu'au defTous , comme je l'ai obfervé d.ins plufieurs puits creufés djns les lieux élevés; &l lorfque la hauteur des rochers, c'efl-à-dire l'épaifTeur de la pierre qu'ii faut percer, eft fort confidérable, comme dans les hautes montagnes , où les ro- chers ont fouvent pius de miife pieds d'élévation , il cil impoffible d'y faire des puits , & par conféquent d'avoir de l'eau. II y a même de grandes étendues de terre où i'eau manque abfolument , comme dans l'Arabie pétrée , qui efl un défert où il ne pleut jamais , où des fables l^rûlans couvrent toute ia fiirface de ia terre, où il n'y a prefquc point de terre végétale , où le peu de plantes qui s'y trouvent , languiiîent , 40 2 Hiftoire Naiurelké les fources & les puits y font /i rares J que l'on n'en compte que cinq depuis ie Caire jufqu'au moni Sinaï, encore l'eau en eft-elle amère & faumâtre. Lorfque les eaux qui font à la fur- face de la terre ne peuvent trouver d'é- coulement , elles forment des marais Se des marécages ; les plus fameux marais de i' Europe , font ceux de Mofcovie à la fource du Tanaïs, ceux de Finlande, où font les grands marais Savolax & Enaflik; ii y en a aufîî en Hollande, en Wcflphalie & dans piufieurs autres pays bas ; en A fie on a les marais de i'Euphrate , ceux de la Tartarie , iç Palus Me'oiide; cependant en géné- ral il y en a moins en Afie & en Afri- que qu'en Europe , mais l'Amérique n'efl , pour ainfi dire , qu'un marais continu dans toutes fes plaines ; cette grande quantité de marais , efl une preuve de la nouveauté du pays & du petit nombre d'habiians , encore plus que du peu d'indufliie. Il y n de irès - grands marécages en Ang'ererie dans la province de Lincoln près de h mer , qui a perdu r Théorie Je la Terre, 403' [}eaucoiip de terrein d'un côté & en a Igagné de l'autre. On trouve dans l'an- Icien terrein une grande quaniiic d'ar- Ibres qui y font enterrés au-deflbus du Inouveau terrein amené par les eaux ; Ion en trouve de même en grande quan^ liité en ÉcolTe , à Tembouchure de la Irivière NeflT. Auprès de Bruges en Flan- dre , en fouillant à 40 ou 50 pieds de Iprofondeur, on trouve une très-grande (quantité d arbres aufïi près les uns des autres que dans une foret, les troncs > les rameaux & les feuilles font fi bien confervés qu'on didingue aifément les Idifférentes efpèces d'arbres. Il y a 500 ans que cette terre où l'on trouve des arbres étoit une^mer, & avant ce temps- là on n'a point de mémoire ni de tra- diiion que jamais cette tene eût exiflé : cependant il efl néceffaire que cela ait |été,ainfi dans le temps que (ces arbres ont crû & végété, ainfi le terrein qui Idans les temps les plus reculés étoit une terre ferme couverte de bois, a été enfuite couvert par les eaux de la [mer qui y ont amené 40 ou 50 pieds d'épailTeur de terre, & enfuiie cci came '.-=»■:;«%■ 404 Hiflolre Naturelle* \ fc font retirées. On a de même trouvi une grande quaniité d'arbres fouteri ainsi à Youlc dans la province d Yorck , à] douze milles au-de(îbus de la ville, iurl la rivière Humhcr , il y en a qui font fi gros qu'on s'en lert pour bâiir, & on affure, peut être mal- à-propos , cjue ce bois cft auffi durable & d'auffi bon (èrvice que le chêne, on en coupe en petites baguettes & en longs copeaux que l'on envoie vendre dans les villes | "voifines , & les gens s'en fervent pour allumer leur pipe. Tous ces arbres pa- roiffent rompus , & les troncs font fépa- ?és de leurs racines , comme des arbres que la violence d'un ouragan ou d'une inondation auroii calTés & emportes ; ce bois refîêmble beaucoup au fapin , il a la même odeur lorfqu'on le briiIe , & fait des charbons de la même efpèce. Voyei Tranf. PhiL n," 228. Dans l'ile de Man, on trouve dans un marais qui a fix milles de long & trois milles de large , appelé Curragh , des arbres fou- terrains qui font des fapins , & quoi- qu'ils foient à i 8 ou 20 pieds de pro- fondeur, ils font cependant fermes fur Théorie de In Terre, 4^5' leurs racines. Voye^ Ray* s Dïfcourfes , 'd^e 2^2. On en trouve ordinairement [dans tous les grands marais , dans les fondrières & dans la plupart des endroits Imarécageux , dans les provinces de Som- merfeï, de Cheftcr , de Lancaflre, de Stafford. II y a de certains endroits où l'on trouve des arbres fous terre, qui ont été coupés , fciés , équarris & travaillés par les hommes : on y a même irouvé des coignces 6c des ferpes , & entre Bermingham & Brumiey dans la province de Lincoln , il y a des col- tines élevées de fable fin & léger que les pluies & les vents emportent & tranlportent en laifTant à (èc & à dé- couvert des racines de grands lapins , où rimpreflion de la coignée "paroît en- core aulîî fraîche que fi elle venoit d'être faite. Ces collines (e feront fans doute formées comme les dunes , par des amas de fable que la mer a apporté & accumulé , & fur lefquels ces fapins auront pu croître , cnfuite ils auront été recouverts par d'autres fables qui y au- ront été amenés comme les premiers , par des inondations ou par des vents \> '406 Hijloîrc Ndturclte. viofens. On trouve aulli une grand qiiamitc de ces arbres fouterrains dans les terres marécageufes de Hollande dans la Friiè & auprès de Groningue & c'cft de- là que viennent les tourbes qu'on brûle dans tout le pays. On trouve dans la terre une infinitt •d'arbres grands & petits de toute efpèce, comme fapins, chênes, bouleaux, hêtres, ifs, aube'plns, faules , frênes; dans lesl marais de Lincoln, le long de la rivicrel d'Oule , & dans la province d'Yorckl en Hatfield-chace , ces arbres font droits & plantés comme on les voit dans une forêt. Les chênes font fort durs , &| on en emploie dans les bâtimens , où ils durent (f) fort iong-temps , les fren.s Ibnt tendres & tombent en pcuflière.,| auffi-bien que les faules ; on en trouve qui ont été équarris , d'autres fciés ,! d'autres percés , avec des coignées rom- pues, & i\QS haches dont la forme ref- (f) Je doute beaucoup de la vérité de ce fait, tous les arbres qu'on tire de ia terre, nw moins tous ceux que j'ai vus, foit chênes, foit autres, perdent en ie deiréchant, toute la fbiidtté qu'ils paroiifent avoir d'abord , & ne doivent jamais être employés dan$ les bâtiraifns, Théorie Ae In Tare* 407 k'iriMc H celle des couteaux de (acrificc. lOn y trouve aulii des noifeties , des jglands & des cônes de ilipins en grande ïjuantiié. Plufieurs autres endroits maré- Icageux de l'Angleterre &: de l'Irlande |font remplis de ironcs d'arbres, aufli- jien que les marais de France & de ISuifle, de Savoie & d'Italie. Voye^^ Tranf, ^h'iL Abr» vol, IV, page 2. i 8, S'c, Dans la ville de Modène & à quatre yiies aux environs , en quelqu'endroit Iqu'oîi fouille , lorfqu'on eft parvenu à lia profondeur de 6^ pieds , & qu'on a Ipercé la terre à 5 pieds de profondeur Ide plus avec une tarrière , l'eau jaillit ïvec une fi grande force que le puits fe remplit en fort peu de temps prefque jufqu'au - defTus , cette eau coule con- tinuellement & ne diminue ni n'augmente Ipar la pluie ou par la féchcrefiè ; ce qu'il y a de remarquable dans ce ter- rein , c'eft que lorfqu'on eft parvenu à 14 pieds de profondeur , on trouve les décombremens & les ruines d'une ancienne ville , des rues pavées , des plan- chers , des jnailbns , différentes pièces de , mofaïque , après quoi on trouve li 408 H'ijlolre Ndturelle, une terre aflez folicle & qu'on croîroîtl n'avoir jamais c:ié remiite , cependant au-dcfîous on trouve une terre humide ÔL mciée de végétaux ; & à 26 pieds des arbres tout entiers , comme des nol- feticrs avec les noifettes defl'us , & unel grande quantité de branches & de feuilles d'arbres ; à 28 pieds on trouve une' craie tendre mêlée de beaucoup d<îj cofjiiiilagcs , «ît ce lit a 11 pieds d'c-j paiHeur, après quoi on retrouve cncorel des végétaux , des feuilles & des bian-| ches , & ainfi alternativement de laj craie & une terre mêlée de végétaux jufqu'à la j^rofondeur de 63 pieds , à laquelle profondeur eft un lit de fijjfe mêlé de petit gravier & de coquilles] fèmblables à celles qu'on trouve fur les côtes de la mer d'Italie : ces lits fuc- cefTifs de terre marccngeufe & de craîe ie trouvent toujours dans le même ordre , en quelqu'endroit qu'on fouille , & quelquefois la tarrière trouve de gros troncs d'arbres qu'il faut percer , ce qui donne beaucoup de peine aux ou- ■yriers ; on y trouve au fil des os , du charbon de terre , des cailloux & ^es morceaux :roiroit )cndam humide ) pieds les noi- ôi. une feuilles vc une lup d<; ds d'é- tncore ?s bian- de la égéiaux îieds , à de fcible 'oquillcs l'ur les ts fuc- de craîe même buille , de gros cer , ce \ux ou- os , du & lies orccaux Théorie des ancres de vaifTeaux & des coquilles marines. Or il efl très - vraifembfable que k mer peut former de nouveaux terreina en y apportant les fables , Fa terre , fa vafe, &c. car nous voyons fous nos yeux, que dans Tile d'Okney , qui cft adja^ ce{ite 4 i«k cète jnafécageufè de Rompe; il \\'' !■'•' sass-aw 42 2 Hi flaire Naturelle, y avoit lin terrein f^as toujours en danger d'éirc inonde par \à rivière Roiher, niais en moins de foixantc ans la mer a élevé ce terrein confidérablement en y amenant à chaque flux & reflux une quantité confidérable de terre & de vafe , & ca même temps elle a creufé fi fort le canal par où elle entre, qu'en moins de 50 ansia profondeur de ce canal cft devenue afTez grande pour recevoir de gros vaif- feaux , au lieu qu'auparavant c'étoit un gué où les hommes pouvoient palFer. La même chofe efl: arrivée auprès de la côte de Norfoick , & c'eft de cette façon que s'eft formé le banc de fable qui s'étend obliquement depuis la côte de Norfoick vers la côte de Zéknde ; ce banc cft l'endroit où les marées de la mer d'Allemagne & de la mer de France fe rencontrent depuis que i'iflhme ^1 été rompu , & c'eft - là où fe dépoftnt les terres & les fables entraînés des côtes ; on ne peut pas dire fi avec le temps ce kanc de fable ne formera pas un nouvci îfthme, &c. Voyei Tranf, Ph'iL Abrig'd* yoL IV, page ^ly, II y agrandie apparence ; dit Ray, quç T/îcone {Je la Terre. 42 j l'île de la Grande-Bretagne étoit autre- fois jointe à la France & failoit partie du continent ; on ne (ait point fi c'ert par un tremblement de terre, ou par une irruption de l'océan , ou par ie travail des hommes , à caufe de l'utilité & de la commodité du pafîàge , ou par d'autres raifons ; mais ce qui prouve que cette île faifjit panie du continent, c'efl que les rochers & les côtes des deux côtés font (Je même nature & c^mpofés des mêmes matières, à la même hauteur , en forte que l'on trouve le long des côtes de Douvre lés mêmes lits de pierre & de craie que Ton trouve entre Calais & Boulog'ie ; la longueur de ces rochers le long de ces côtes eft à très -peu près la même de chaque côté, c'eft-à-dire, d'environ fix milles ; le peu de largeur du canal qui dans cet endroit n'a pas plus de vingt- quatre milles anglois de iargeur , & le peu de profondeur , eu égard à la mer voifine, font croire que l'Angleterre a été réparée de la France par accident ; on peut ajouter à ces preuves, qu'il y avoit autrefois des loups & même des purs, dans cette île, & il n'eA pas à I ■ i t I i! ^2 4 Hijloire Naturelle* prcfumer qu'ils y foient venus à la nage, ni que les hommes aient tranfporté ces animaux nuifibles ; car en géne'ral on trouve les animaux nuifibles des conti< nens dans toutes les îles qui en (ont fort voifînes , & jamais dans celles qui en font fort éloignées , comme les Efpagnols i'ont obfervé iorfqu'ils font arrivés en Amérique, Voye:^ Ray' s Difcourfes, page jstoS. Du temps de Henri I , roi d'Angle- terre, i! arriva une grande inondation dans une p^trtie de la Flandre , par une irrup- tion de la mer; en 1446 une pareille irruption fit périr plus de i o mille per- sonnes fur le territoire de Dordrecht, Ôs plus de 100 mille autour deDuilart,en Frife & en Zélande , & il y eut dans ces deux proviiices plus de deux ou trois cents villages de fubmergés , on voit en- core les fommets de leurs tours & les pointes de leurs clochers qui s'élèvent un peu au- de/Tus des eaux. Sur les côtes de France , d'Angleterre, de Hollande , d'Allemagne , de Prufle ^ la mer s'eft éîoîgiie'e en beaucoup d'en^- jjroits. Hubert Thomas dit dan^ fa (kSr s- ■ 1 Théorie Je la Terre, 4^5 Icriptîon du pays de Liège, que !a mer environnoit autrefois les murailles de la ville de Tongres , qui maintenant en e(t éloignée de 3 5 lieues, ce qu'il prouve par plufieurs bonnes raifons, & entre autres il dit qu*on voyoit encore de fon temps les anneaux de fer dans les murailles auxquelles on attachoit les vaifîcaux qui y arrivoicnt.On .peut encore regarder comme des terres abandonnées par la mer , en Angleterre les grands marais de Lincoln & Tîle d*Éli, en France la Crau de la Provence , & même Ja mer s'eft éloignée afl^z confidérablement à l'embouchure du Rhône depuis l'aimée 16^5. Eh Italie, il s'efl formé de même un terrein confidérable à l^embouchure de l'Arne, .& Ravenne qui autrefois étoît un port de mer des Exarques, n*eft plus une ville maritime ; toute la Hollande paroît être un terrein nouveau , où fa furfàce de la terre eft prefque de niveau avec le fond de la mer , quoique le pays fe foit confidérablement élevé & s'élève tous les jours par les limons & les terres que le Rhin, la Meufè, &c. y amè/ienr; car autrefois on comptoit que le terrein 42 6 Hîfîoîre Naturelk. de la Hollande étoit en plufieurs endroits de 5 o pieds plus bas que ie fond de h mer. Qn prétend qu'en I*année 86o, lal mer , dans une tempête furieufe , amenai vers fa côte une ii grande quantité del fables qu'ils fermèrent l*embouciiure du Rhin auprès de Catt , & que ce fleuve inonda tout le pays, renverfa les arbres & les maifons, & fe jeta dans le lit de la Meufè. En 1421 ii y eut une autre) inondation qui fépara la ville de Dor- drecht de la terre ferme, fubir.ergea foi- xante & douze villages , plufieurs châ- teaux , noya i 00 mille âmes , & fit périr une infinité de beftiaux. La digue de ilfTel fè rompit en i 63 8 par quantité' de glaces que le Rhin entraînoit , qui ayant bouché le paflage de l'eau , firent une ouverture de quelques toifes à la digue, & une partie de la province fut inondée avant qu'on eût pu réparer la brèche; en 1682 il y eut une pareille inondation dans la province de Zélande, qui fubmergea plus de trente villages , & caufa la perte d'une infinité de monde & de beftiaux qui furent furpris la nuit \ Théorie de la Terre» 427 Ipar Tes eaux. Ce fut un bonheur pour fa Hoilande que le vent de fud-eft gagna fur celui qui lui étoii oppofé ; car la Ijner étoit fi enflée que les eaux étoieiit de I 8 pieds plus hautes que les terres les Iplus élevées de la province, à la réferve des dunes. Voye^ les Voyages hiftoriques de a Europe , tome V, page yo. Dans la province de Kent en Angle- terre , il y avoît à Hiih un port qui s'cft comblé malgré lous les foins que l'on a pris pour l'empêcher , & malgré la dé- penfe qu'on a faiie phil '^wxs fois pour le vider; on y trouve u .. iiultitude éton- nantes de galets & de coquillages apportés par la mer dans l'étendue de plufieurs milles, qui s'y font amoncelés autrefois, & qui de nos jours ont été recouverts par de la va(e & de la terre fur laquelle font aétuellement des pâturages ; d'autre côté il y a des terres fermes que la mer avec le temps vient à guigner & à couvrir, comme ' les terres de Goodwin qui appartenoient à un feigneur de ce nom , & qui à pré- fent ne U)nt plus que des fables couverts par les eaux de la mer; ainfi la mer gagne en plufieurs endroits du terrein , & en 428 ^ fit flotte Naturelle, perd dans d'autres , cela dépend de hj différente fîtuation des côtes de des en-| droits ou ie mouvement des marées s'ar- rête , où les eaux tranfporient d uni endroit à l'autre les terres , ies fables , les coquilles, &c. Voye^ Trarif PhiL Abrîg'd} vol. IV i page 2^^. Sur la montagne de Stella en Portu- gal il y a un lac dans lequel on a trouvé des débris de vaifTeaux, quoique cette mbntagne foit éloignée de la mer de plus de douze lieues. Voye-^ la Géographù de Gordon, édit» de Londres, ' JS S > F' ^49' Sabinus, dans fês Commentaires fiir les Métamorphofcs d'Ovide, dit qu'il paroîi par les monumens de i'Hiftoirc, qu'en Tannée 14^0 on trouva dans une mine des Alpes un vailFeau avec lès ancres. -Ce n'eft pas feulement en Europe que nous trouverons des exemples de ces changemens de mer en terre & de terre en mer, les autres parties du monde nous en fourniroient peut-être de plus remar- quables (& en plus grand nombre, fi on les avoit bien obfervées. ». - Caiccut a été autrefois une ville célèbre & la capitale d'un royaume de même Théorie de la Terre: 4^9 [nom, ce n'efl aujourd'hui qu'une grande ■bourgade Hial bâtie & aHèz défene ; la mer qui depuis un fiècle a beaucoup gagné fur cette côte, a fubmergc la meil- leure partie de t'ancieniie ville avec une belle fortereffe de pierre de taille qui y étoit; les barques mouillent aujourd'hui fur leurs ruines, Si le port cft rempli d'un grand nombre d'écueils qui paroilTent dans les baflès marées, & fur iefquels les vaiflcaux font afTez fouvent naufrage. \Voyei Lett, éd'if. Recueil 11, page i 8 y,. La provbice de Jucatan , péninfule iJans le golfe du Mexique, a fait autre- fois partie de la mer ; cette pièce de terre s'étend dans la mer'à loo lieues en longueur depuis le continent, & n'a pas plus de 25 lieues dans fa plus grande largeur; la qualité de l'air y eft tout-à- fait chaude & humide; quoiqu'il n'y ait ni ruiflcaux ni rivières dans un fi long efpace, l'eau eft par-tout ï\ proche, &, Ton trouve en ouvrant la terre, un fi grand nombre de coquillages , qu'on eil porté à regarder cette vafte étendue comme un lieu qui a fait autrefois partie de la mer.- ,, ^ ••»• V-- »- 1,, 43® Hijloire Nat tir elle i Les habitans de Malabar prétendent qu'autrefois les îfcs Maldives ctoiem attachées au continent des Indes , éc que la violence de la mer les en a répa- rées; le nombre de ces îles eft fi grand, & quelques - uns des canaux qui les réparent , font Ç\ étroits que les beau- prés des vaiiïeaux qui y pafFent , font tomber les feuilles des arbres de l'un & de l'autre côté , & en quelques endroits un homme vigoureux fe tenant à une branche d'arbre peut fauter dans une autre île. Voye^^ les voyages des Hollan- dois aux Jndes orientales, "page -27^. Une preuve que le continent des Mal- dives étoit autrefois une terre sèche, ce font les cocotiers qui font au fond de ia mer, il s'en détache fouvent des cocos qui font rejetés fur le rivage par la tempête ; les Indiens en font grand cas & leur attribuent les mêmes vertus qu'au bézoard. l&ji . On croit qu'autrefois l'île de Ceyian ctoit unie au continent & en faifoit partie , mais que les couraris qui font extrêmement rapides en beaucoup d'en- droits des Indes, l'ont féparée, & en tiw Théorie Je la Tirre. 4 j i [ont fait une île ; on croît fa même Ichofe à i'ëgard des îles de Ramma* Ijiakoîel & de plufîeurs autres. Voye^^ les Voyages des Hollandois aux Indes oneth pies, tome VI, page 48 y. Ce qM*H de certain c'eft que l'île de Cc^in . :rdu 30, ou 40 licwes de terrein du (ôtc du nord- oued , que la nier a gagné Ifucceflivement. - II paroît que la mer a abandonné liepuis peu une grande partie des terres avancées & des îJes de rAmérique ; on ^lent de voir que le terrein de Jucatan rt'eft compofé que de coquilles , il \xi eft de même des baflès terres de Martinique & des autres îles An- kilies. Les habitans ont appelé le fond de leur terrein la chaux , parce qu'ils font de la chaux avec ces coquilles , Idont on trouve les bancs immédiate- lent au - deflbus. de la 'terre végétale; [nous . pouvons rapporter ici xe rjui eft Idit dans les nouveaux voyages aux îles Ide l'Amérique. « La chaux que l'on Itrouve pnr toute la gitande terre de la » celle que l*on pêche à la mer , il cfîl >> difficile den rendre ralifon. Seroit-ii| » poflible que toute Tctendue du ter-l » rein qui compofe cette île ne fût,! 3> dans les fiècles paffés , qu'un haut-j » fond rempli de plantes de chaux , quil >3 ayant beaucoup crû & rempli les :>\ vides qui étoient entr'elles occupés par x> Teau , ont enfin hauiïe le terrein à\ y> obligé l'eau à fe rétirer & à laifTer à » fèc toute la fuperficie ! Cette conjec- 3>ture, toute extraordinaire qu'elle pa- D> roît d'abord , n'a pourtant rien d'im-| » pofllble , & deviendra même- affezi >» vraifêmblable à ceux, qui l'examine- j » f ont fans prévention; car enfin, en| 3i fuivant ie commencement de ma fup- » pofition , ces plantes ayant crû & y^ rempli tout l'efpace que l'eau occu- 31 poit ,; fè (ont enfin étouffées l'une 3> l'autre; les parues fupérieures fè font » réduites en pouffière Sa en terre, les :»:oi(èaux y ont lainTé tomber les graines » de quelques arbres qui ont germé & >3 produit ceux que nous y voyons , & 53 la Nature y en fait germer d'autres qui »^e (ont pas d^ine efpèce ..commune , aux The or) e Je la Terré: 433' 5uy autres endroits , comme les Lois c< jnarbrés & violets , il ne fcroit pas ce indigne de fa curiofité des gens qui ce! y demeurent , de faire fouiller en dif- ce Iférens endroits pour connoître quel ce en eft ie foi, jufqu'à quelle profon- ce cleur on trouve cette pierre à chaux , ce; en quelle fituation elle' cft répandue ce Ifous l'épairTeur de ia terre, & autres ce circonftances qui pourroient ruiner ou ce I fortifier ma conjecHiure. >•> Il y a quelques terreins qui tantôt font couverts d'eau , <^ tantôt font dé- couverts, comme plufieurs îles en Nor- vège , en Écoiïè , aux Maldives, au golfe de Cambaye, &c. La mer Bal- tique a gagné peu à peu une grande partie de ia Poméranie , elle a couvert & ruiné le fameux port de Vineta : de même la mer de Norvège a formé plu- fieurs petites îles , & s*efl: avancée dans le continent; ia mer d'Allemagne s'eft avancée en Hollc; de auprès de Catt, en forte que le. iuines d'une ancienne citadelle des Romains, qui étoit autre- fois fur ia pôte , font aduellement fort avant dans ia mer. Les marais de l'îlq Tome IL T .::;.am.:UÊk 434 Hijîolre Naturelle i d'EIy en Angleterre, la Crau en Pro- vence, font au contraire, comme nous l'avons dit , des terreins que la mer a abandonnés; les dunes ont été formées par des yenis de mer qui ont jeté fur le rivage & accumulé des terres , des iàbles , des coquillages , &c. par exem- ple, fur les côtes o v€iTieni; , détache de ibn feîa uu^ Tliconc (le lu Terre. 437 fnfinîté de planies , tic coquillages , ce de vafc, de fible que les vagues j)ouf-ec fcnt coiuinuellejnent vers les bords , ce & c(ue les vciits impétueux de jner ce aident à poulîcr encore ; or lous ces ce différens corps ajoutés au premier oc atierriflement , y forment pîufieurs ce nouvelles couches ou monceaux, qui ce ne peuvent fcrvir qu'à accroître le lit ce de \\ terre , à l'élever , à former des ce dunes, des collines, par des fables, ce f\Q^ terres, des pierres amoncelées, en ce un mot à éloigner davantage le baflln ce de la mer , & à former un nouveau e« continent. «c Il ell vifibîe que des alluvions ou ce des atterrilTemens fucceflifs ont été ce faits par le même mécanifme depuis ce pluficurs fiècles, c'eft-à-dire, par des c< dépofitions réitérées de différentes ma- ce tièrcs , atterridèmcns qui ne font pas ce de pure convenance, j'en trouve les ce preuves dans la Nature même, c'ell- ce à dire, dans difFércns lits de coquilles ce foffdcs & d'autres produirons ma- ce rines qu'on remarque dans le Rouf- c< filluu auprès du vili^£c de Nafifiac , c^ Tii; - \ 4j8 Hijloke Naturelle. >> éloigne de ia mer d'environ fèpt oit yy huit lieues ; ces lits de coquilles qui ■>:> font inclines de l'oueft à i'cfl fous ?> difTcrens angles, font féparc's les uns . y> des autres par des bancs de fable éc 3> de terre , tantôt d'un pied & demi , y> tantôt de deux à trois pieds d'épaif- :» feur ; ils font comme faupoudrés de »» fel lorfque le temps eft fcc, & forment 30 enfcmbie des coteaux de ia hauteur D3 de plus de vingt- cinq à trente toifcs: •>i or une longue chaîne de coteaux fi 35 élevés n*a pu fe former qu'à la longue , y> à différentes reprifes & par la fuccef- y* fion des temps , ce qui pourroit être 33 auflj un e^t du déluge & du boule- 33 verfcment univerfèl qui a dû tout 3» confondre ; mais qui cependant n*aura 31 pas donné une forme réglée à ces 33 différentes couches de coquilles fofiiles 33 qui aur oient dû être afTemblées fans aucun ordre. 33 Je penie fur cela comme M. Barrère, . feulement je ne regarde pas les atterrîfïè- xnens comme la feule manière dont les montagnes ont été formées, & je crois pouvoir aflurci; aji contraire 1 que b •^- Théorie de la Terre. 43^ plupart des eminences que nous voyons à la furface de ia terre , ont été formées dan^ la mer même , & cela par plufîeurs raifons qui m'ont toujours paru con- vaincantes; premièrement, parce qu'elles ont entr'elies cette correfpondance d'angles faillans & rentrans, qui fuppofe néceflairement ia caufè que nous avons aflignée, c'eft-à-dire, ie mouvement des courans de la mer ; en fécond lieu , parce que les dunes & les collines qui (e for- ment des matières que ia mer amène fur fès bords , ne font pas compofées de marbres & de pierres dures , comme les collines ordinaires , les coquilles n'y font ordinairement que folfiles , au lieu que dans les autres montagnes la pétrificadon efl entière; d'ailleurs, les bancs de co-, quilles , les couches de terre ne font pas audi horizontales dans les dunes que dans les collines compofées de marbre & de pierre dure, ces bancs y font plus ou moins inclinés, comme dans les collines de Naffiac , au lieu que dans les collines & dans les montagnes qui fe font formées fous les eaux par les fédimens de la mer ^ Jes couches font toujours parallèles &' np • • • • T 111; I 440 HiJIoire Naturelle* très - fbuvent horizontales, les matières y font pétrifiées auffi - bien que les co- quilles. J'efpèrc faire voir que les mar- bres & les autres matières calcinables , qui prcfque toutes font compofées de jiiadre'pores , d'aflroïïes & de coquilles , ont acquis au fond de la mer le degré de dureté & de perfedion que noii^s leur connoilTons; au contraire, les tufs, les pierres molfes & toutes les matières pierreuses, comme les incruftations , les iluludies, &c. qui font anfli calcinables & qui fè font formées dans ia terre idepuisque notre continent cfl découvert, ' re peuvent acquérir ce degré de dureté . t& de pétrificaiion (\ts marbres ou des pierres dures. On peut voir dans l'hifîoire de l'A- cadémie, année i y o y , les obfcr varions de M. Saulmon avi fujet des galets qu'on trouve dans plufieurs endroits, ces galets =font des cailloux ronds & plats &i tou- jours fort polis, que la mer poufle lur les côtes. A Bayeux & à Brutel , qui ell: • â une lieue de fa mer , on trouve du galet . en creufànt des caves ou des puits; les montagnes de Bo^iaeuii; de Broie ^ du ♦ • Hîéorie de h Terre, 441 Qucfiîoy , qui font à environ dix - huit lieues de la mer, font toutes couvertes de galets, il y en aaufîi djns la vallée de Clermont en Beauvoifis. M. Saulmon rapporte encore qu'un trou de feize pieds de profondeur, percé diredeiiient & horizontalement dans la falaiie du Trefport, qui eft toute de moellon, a difparu en trente ans , c*eft-à-dire , que la mer a miné dans la falaife cette épailTeur de feize pieds ; en fuppofmt qu'elle avance toujours également , elle mineroit mille toifes , ou une petite demi-iieue de moellon en douze mille ans. Les mouvemens de la mer font donc les principales caufes des changement qui font arrivés & qui arrivent fur la furface du globe; mais cette caufe n'eft pas unique , il y en a beaucoup d'autres moins confidérables qui contribuent à ces changemens, les eaux courantes, les fleuves , les ruifleaux , la fonte des neiges, ies torrens , les gelées , &c. ont changé confidérablement la furface de la terre., les pluies ont diminué la hauteur des montagnes , ies rivières & les jruilTeaux put .élevé ies ^aiaes , \q% fleuves oin^ '44- Hijlolre Naturelle, rempli la mer à leur embouchure, fa fonte des neiges & les torrens ont creufé des ravines dans les gorges & dans ks vallons, les gelées ont fait fendre les rochers £c les ont détachés des montagnes : nous pourrions citer une infinité d'exemples i&s différens changemens que toutes ces caulês ont occafionnés. Varenius dit que les fleuves tranfportent dans la mer une grande quantité de terre qu'ils dé- pofent à plus ou moins de didance des côtes ^ en raifon de leur rapidité ; ces terres tombent au fond de la mer & y forment d'abord de petits bancs qui s*aug- mentant tous les jours » font des écueiis , & enfin forment des îles qui deviennent fertiles & habitées : c'eft ainfî que ce font formées les îles du Nil , celles du fleuve Saint- Laurent, i'île de Landa fituée à la côte d'Afrique près de l'embouchure du fleuve Coanza, les îles de Norvège, &c. Veyei Varenii Geog, gêner, pag. 21^» On peut y ajouter l'île de Tong-ming à la Chine, qui s'eft formée peu à peu des terres que le fleuve de Nanquin en- traîne & dépofe à fon embouchure ; cette Se eil fort confidérable ; die a plus de Théorie de la Terre. 443 [vingt lieues de longueur fur cinq ou fix de largeur. Voye^^ Lettres édîf. Recueil xi , {page 2^4. Le Pô, le Trente, TAthéfis & les I autres rivières de i*Iialie amènent une grande quantité de terres dans ies lagunes de Venifè, fur-tout dans le temps des inondations, en forte que peu à peu elles fe rcmplifTent, elles font déjà sèches 'en plufieurs endroits dans le temps du reflux , & il n'y a plus que les canaux que [Ton entretient avec une grande dépenfê^- qui aient un peu de profondeur. A l'embouchure du Nil, à celle du' Gange & de i'Inde, à cîlle de la rivière de la Piata au Brefil, à celle de la rivière de Nanquin à la Chine, & à l'embou- chure de plufieurs autres €euvcs oiii trouve des terres & des fables accumulés» La Loubère dans fon voyage de Siam dit que les bancs de fable & de terre aug- mentent tous les jours à l'embouchure des grandes rivières de l'A fie, par les limons & les fédimens qu'elles y appor- tent, en forte que la navigation de ces rivières devient tous les jours plus diffi- cile } & jdeviendra un jour impofîlble ; T v; li il 1 444 Hifiok^ NdiureJle, on peut dire ia même chofe des grancîe rivières de l'Europe, & fur - tout di Volga, qui a plus de 70 embouchuiesl dans la mer Cafprenne , du Danube quil «n a fept dans la mer noire , &c. Comme il prfeut très - rarement en] Egypte, l'inondation régulière du Nil vient des torrens qui y tombent dans l'Ethiopie , il charie une très *• grande quantité de limon, & ce fleuve a non- ïèuiement lipporté fur le îerreiii de] l'Egypte plufieurs milliers de couches annuelles, mais même il a jeté bien avant dans la mer les fonderaens d'une alluvioii «juî pourra former avxc le temps un ïiouveau pays; car on trouve avec la Ibridc , à plus de vingt Ikues de diilancc dit qu'à l'embouchure de c'ô ^uve, au- deflous de la nouvelle Or- léans, le terreîn forme une pointe de terre qui ne pareît pas fort ancienne, car pour peu qu'on y crcuft , on trouve de l'eau, de que la quantité de pedtes îles qu'on a vu (è former nouvellement à toutes les embouchures de ce fleuve, ne laiiïênt aucun doute que cette langue de terre ne (e foit formée de là même manière. II paroît certain , dit - il , que quand M. de la Salle defcendit (g) le Miiîiffipi jufqu'à la mer , l'embouchure de ce fleuve n'ctoît pas telle qu'on la voit aujourd'hui. Plus on approche dé la mer^ ajoute-- t^il plus cela devient (ênfible, la barre n'a prefque point d'eau dans la plupart ÛQS petites ifFues que le fleuve s'efl ou'- vertes, & qurne (e font (i fort muldpliées , que par le moyen des arbres qui y (ont entraînés par le courant, & dont un feui arrêté par iès branches ou par (es racines dans un endroit où il y a un peu de pro- fondeur, en arrête mille, j'en ai vu , dit-il^ (g) II y a des Géographes qui prétendent quci "^i de lii galle n'a jamais defcendu !• Miin0ipi| V ^ Théorie Je la Terre. ij.47 \ 100 lieues d'ici (h), des amas dont un feul auroic rempli tous les chantiers de Paris, rien alors n'eft capable de les détacher; le limon que charie le fleuve leur fert de ciment & les couvre peu à peu; chaque inondation en iaiffe une nouvelle couche, & après dix ans au plus les lianes & les arbri(Ièaux commencent à y croître ; c'eft ainfi que fe font for- mées la plupart des pointes & des îles qui font Çi fou vent changer de cours au fleuve. Voye-^les Voyages du P* Charkvdx, tome III , page 440, Cependant tous les changemens que les fleuves oecafionnent , font aflez lents, & ne peuvent devenir confidé- rables qu'au bout d'une longue fuite d'années , mais il efl arrivé des chan- gemens brufques & fubits par les inon^ dations & les tremblemcns de terre. Les anciens Prêtres Egyptiens , fix cents an» avant la naifïànce de Jéfus - ChriA ailu-* roient , au rapport de Platon dans le Timée , qu*autrcfois ii y avoit une grande île auprès des colonnes d'Hercule , plus grande que l'Afie & la Lybie prifes (i^) De la Douveile OEléansj • ^ li'i, ' ii !S«>I 1^4 s Hifloire Ncitureîle: cnfembîc , qu'on appeloit Atlantide } que cette grande île fut inondée dfc abyme'c fous les eaux de la mer aprcs Un grand tremblement de terre. Traditur Athenknjîs' cïvîtas rejlitîjfe olim innumerh lojîium copîîs quœ ex Atlantico mari pro' fe✠, propè cunélam Europam Afiamque obfedefunt ; tune enim fretum illud nav'h gabilc , habens in ore & qiiafi vejîibuk ejus infulam quas Hercidis columnas cog- vominant : ferturque infula îlla I.ybiâ Jîmul ù" Ajia ma^ ' fuijfe , per quam ad alias proximds infulas pat ébat aditus t at- que ex infulls ad omnem continentem è confpeâu jacentem vero mari vicinam ; fcd întrà os ipfam portus angujlo finit traditur, pelagus illud verum mare , terra qiwque illa vere erat continens ^ ù*c^ Paji hœc itigenti terrce motu jugique diei unius & noâis illuvîone faâum Jjl , ut terra dehifcens omnes illos\belHcofos abforberet , Ù* Atlantis infula fub vafto gurgite mergeretur» Plaio m Timœo, Cette ancienne tradition n'eft pas abfolument contre toute vrailem- bîance , les terres qui ont été abforbécs par les eaux font peut-être celles qui |oignoieiit i'Irlaixde aux Aboies, ô; ■ j Théorie (le la Terre. 449' Ccîlcs-ci au continent de l'Amcriquc; car on trouve en Irlande les mêmes fofliles, les mêmes coquillages & les mêmes productions marines c(ue l'on trouvecn Amérique, dont quelques-unes font différentes de celles qu'on trouve d.uis le relie de l'Europe. Euaèbe rapporte deux témoignages au fujet des déluges, dont Ttin ell de Melon, qui dit que la Syrie avoit été autrefois inondée dans toutes les plaines ; l'autre efl: d'Abydenus, qui dit que du temps du roi Sifithrus il y eut ua grand déluge qui avoit été prédit par Saturne. Plutarque de folertîa anbnalîum , Ovide & les autres Mythologiftes par- lent du déluge de Deucalion , qui s'ell fait, dit-on, enThefîalie, environ 700 ans après le déluge univerfel. On pré- tend aufli qu'il y en a eu un plus ancien dans TAttique , du temps d'Ogigès, environ 230 ans avant celui de Deu- calion. Dans l'année 1095 il y 'eut un déluge en Syrie qui noya une infinité d'hommes. Voye^ Alfled, Chron. ch, ^ /. En I I 65 , il y en eut un fi confidé- rabk dum la Erîfe ; que toutes ie§ c6ie$ :' ' I ,/ 450 Hiflotre Naturelle* maritimes furent fubmergées avec plu. fleurs milliers d'hommes. Voye"^ Krmk} iib, V , cap. ^. En I 2 1 8 , il y eut une! autre inondation qui fit périr près de 100 mille hommes, aufïï-bicn qu'eu I 5 3 G. Il y a plufieurs autres exemples de ces grandes mondations , comme celle de I 604 en Angleterre , &c. Une troifiènie eau le de changement fur la furface du globe font les vents impétueux, non - feulement ils forinent des dunes & des collines fur les bords de la mer & dans le milieu des con- tinens, mais fouvent ils arrêtent & font rebrouffer les rivières, ils changent la direction des fleuves , ils enlèvent les terres cultivées, les arbres, ils renvcr- fem les maîfons, ils inondent, pour ainfi dire , des pays tout entiers ; nous avons un exemple de ces inondations de (lîble en France fur les cotes de Bretagne , rhidoire de l'Acade'raie , année ijzi^ en fait mention dans les termes fuivans. ce Aux environs de Saint- Pol-de » Léon en bafle Bretagne , H y a fur » la mer un canton qui avant l'an iGGd ^ étoit habité; & ne i'ed plus à caufc Théorie Je la Terre» 4 S *^' Fun fabîe qui le couvre jufqu'à une cc lauteur de plus de 20 pieds, & cjui « Id'annt'c en année s'avance & gagne <€ Idu tcrrcin. A compter de l'époque c< arquée il a gagné plus de fix lieues u il n'ed plus qu'à une deini-Iieue ce |dv' Saint - Pol , de forie que lèlon les « apparences il faudra abandonner cette u Iville. Dans le pays fubmergé on voit « lencore quelques pointes de clochers & c< [quelques cheminées qui fortent de ce Icctte mer de fable ; les habitans des ce [villages enterrés ont eu du moins le c< loifir de quitter leurs maifons pour aller ce |mendier. Page 7. h C'eft le vent d*e(l ou du nord qui ce hvance cette calamité , il élève ce fable ce qui e(l très- fin , & !e porte en fi grande ce quantité & .avec tant de vîteffe , que noiiïènt au couieau aimanté. 33 L'endroit de la côte qui foumitl 3> tout ce fable , cft une plage qui s'é- to tend depuis Saint- Pol jufque vers >» Plouefcat , c'efl-à-dire , un peu plus! >i de quatre lieues, & qui eft prefqu'au' » niveau de la mer lorfqu'elle eft joleiiie. » La difpofition des lieux efl telle cju'il » n'y a que le vent d'ell , ou de nord-efts x> qui ait la direélion nécefîaire pour » porter le fable dans les terres. Il eft 30 aifé de concevoir comment le fable y> porté & accumulé par le vent en ua >e endroit, eft repris enfuiie parle même ■» vent & porté plus loin , & qu'ainfi y> le fable peut avancer en fubmergeant » le pays , tant que la minière qui le *> fournit , en fournira de nouveau ; p cor im% cela le fubic en avançant ^ Thcone (Je la Terre: 45^1 [dîmnnieroit toujours de hauteur , & a IcefTjroit de faire du ravage. Or il n'cR c< que trop poflible que la mer jette ce pu dépcfe long-icnips de nouveau cr fable dans cette plage d'où ïe vent « l'enlève , il efl: vrai qu'il fliut qu'il ce folt toujours aufîi fin pour être aifc- ce iBient enlève-, ' <ç Le défaftre efl nouveau, parce que « lia plage qui fournit le fable n'en a voit . ^, 5haw nous dit que les ports de ,1 w 15:54 'Hiflotre Naturelle: Xiaodicée & de Jcbilée , de Tortofiê , de Kowadfe, de Tripoly, de Tyr, d'AcreJ de Jaffa, font tous remplis & comblésl des fabtes qui ont été chariés par les] grandes vagues qu'on a fur cette côte de] la méditerranée îorfque le vent d oueft fouffle avec vioknce. Voye:^ Voyages dc\ Shaw, voL II, Il e(l inutile de donner un plus grandi nombre d'exemples des altérations qui! arrivent fur ia terre ; le feu, i'air & l'eauj y produifènt àts changemens continuels, & qui deviennent très-confidérables avec le temps : non-fèukmcnt ii y a des cavfes générales dont les effets font périodiques & réglés , par lefquels la mer prend fuc- ceffivemcnt la place de la terre & aban- donne la fienne , mais il y a une grande quantité de caufes particulières qui con- tribuent à ces changemens, & qui pro- duifent des bouleveriemens, des inonda- tions , des affaiflemens , & la furface de )z terre, qui efl ce que nous connoiiTons de plus lolide , eft fojète , comme tout le reftc de la Nature, à des viciilitudes perpétuelles. Tliéone Je la Terre', 4.5 * CONCLUSION. JL paroît certain par les preuves que nous avons données (Art, vil & VII i) , que les continens terreftres ont été autre- fois couverts par les eaux de la mer ; il paroît tout aulfi certain (Art, XI i) que le flux & le reflux , & les autres mouvemens des eaux , détachent con- tinuellement des côtes & du fond de la mer , des matières de toute elpèce , & des coquilles qui fe dépolcnt enfuite quelque part , & tombent au fond de l'eau comme des fédimcns, & que c'ell là l'origine des couches parallèles & horizontales qu'on trouve par - tout. Il paroît (Art, IX ) que les inégcilités du globe n'ont pas d'autre caufe que celle du mouvernent des eaux de la mer , & que le» montagnes ont été produites par i'amas fucceffif & l'cmaflement des fé- dimens dont nous parlons , qui ont formé les différcns lits dont elles font corapofées. Il eft évident que les cou- rans qui ont fuivi d'abord la diredion de ces inégalités , leur ont donné enfuite J^^C Hifloirc NûturelUi à toutes la figure qu'elles confcrvenf encore aujourd hui ^J^r/". XIll) , c'efU à-dire, cette correfpondance alternative des angles (Iiillans toujours oppofcs aux angles rentrans. II paroît de même (An. VIII & XVlIl) que la plus grande partie des matières que la mer a détachées de Ton fond & de Tes côies , étoient en poulîière lorfqu'elfcs fe font précipitées €11 forme de fédimens , & cjue cette poufîière impalpable a rempli lintérieur des coquilles abfolument & parfaitement, ïorfque ces matières ie font trouvées ou de ïa même nature des coquilles, ou d'une autre nature analogue. Il cil certain ( Art. XV II ) que les couches horizontales qui ont été produites fiic- ceffivement par le fédiment des eaux & qui étoient d'abord dans un état de molleffe , ont acquis de la dureté à mefure qu'elles fe font dcflechées , & que ce defsèchement a produit des fentes per- pendiculaires qui traverfent les couches horizontales. Il n'efl pas pofllbîe de douter après avoir vu les faits qui font rapportés dans les articles X , XI , XIV , XV, XVI} t.!J>- Théorie fie la Terre. 457 JCVJt XV JJ, XVIII & XIX, qu'il ne foit arrivé une infinité de révolutions, de bouïeverfemens , de changemens particu- liers de d'altérations fur la furface de la terre , tant par le mouvement naturel des eaux de la mer que par l'adlîon des pluies, des gelées , des eaux courantes , des vents, des feux fouterrains , des tremblemens de terre , des inondations, &c. & que par conféquent la mer n'ait pu prendre îucceffivcment la place de la terre , fur- tout dans les premiers temps après la création, où les matières terreftres étoient beaucoup plus molles qu'elles ne le font aujourd'hui. Il faut cependant avouer que nous ne pouvons juger que très- imparfaitement de la fuccelfion des ré- volutions naturelles ; que nous jugeons encore moins de la fuite des accidens, des changemens & des altérations ; que le défaut àit% monumens hiftoriqucs nous prive de la connoiffance des faits ; il nous manque de l'expérience & du temps ; nous ne faifbns pas réflexion que ce temps qui nous manque, ne man- que point à la Nature ; nous voulons Tome IL V il y 4=5 8 Hifloire Naturelle, &c, rapporter à l'indaiit de notre exîftcnce les fiècles pafTés & les âges à venir , fans . conficlLTcr que cet Inilant , ia vie hu- maine iitendue même autant qu'elle peut i*être par rhiftoire, n'efl qu*un point dans la durce, un feul fait d^m l'hilloira des faits de Dieu. '-M-. ^ . r , • ". .«, y Fin du fecçnd y&lumu . ^ • -H : . .. . \ f ■i < ■« f ■-v3 :ta 'ï'.ïâ^' im^^sm