^% IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) /. 4r z 1.0 M liÇ 1^ Véi ■22 II 2.2 2.0 IL25 i 1.4 II l.ô 7 Hiotographic Sdenœs Corporation •^ \ ^^ :\ \ -:'^ >> ^ % N^ ^> >i. '^^rlX 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716)872-4503 ^ CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVi/ICIVIH Collection de microfiches. Canadian Instituts for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques <\ 6^ Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques The Institute has attempted to obtain the best original copy available for filming. Features of this copy which may be bibliographicaliy unique, which may alter any of the intages in the reproduction, or which may significantly change the usual method of filming, are checked below. D D D D D 0 D 0 Coloured covers/ Couverture de couleur I I Covers damaged/ Couverture endommagée Covers restored and/or laminated/ Couverture restaurée et/ou pelliculée □ Cover title missing/ Le titre de couverture manque I I Coloured maps/ Cartes géographiques en couleur Coloured ink (i.e. other than blue or black)/ Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire) Coloured plates and/or illustrations/ Planches et/ou illustrations en couleur Bound with other matériel/ Relié avec d'autres documents Tight binding may cause shadows or distortion along interior margin/ La re Mure serrée peut causer de l'ombre ou de la distortion le long de la marge intérieure Blank leaves added during restoration may appear within the text. Whenever possible, thèse hâve been omitted from filming/ Il se peut que certaines pages blanches ajoutées lors d'une restauration apparaissent dans le texte, mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont pas été filmées. 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Les détails de cet exemplaire qui sont peut-être uniques du point de vue bibliographique, qui peuvent modifier une image reproduite, ou qui peuvent exiger une modification dans la méthode normale de filmage sont indiqués ci-dessous. □ Coloured pages/ Pages de couleur n Pages damaged/ Pages endommagées I I Pages restored and/or laminated/ Pages restaurées et/ou pelliculées Pages discoloured, stained or foxed/ Pages décolorées, tachetées ou piquées □ Pages detached/ Pages détachées "~7 Showthrough/ ^ Transparence I I Quality of print varies/ Qualité inégale de l'impression Includes supplementary matériel/ Comprend du matériel supplémentaire Only édition available/ Seule édition disponible D Pages wholly or partially obscured by errata slips, tissues, etc., hâve been refllmed to ersure the best possible image/ Les pages totalement ou partiellement obscurcies par un feuillet d'errata, une pelure, etc., ont été filmées à nouveau de façon à obtenir la meilleure image possible. Tl te Tl P< o fi O b< th si ot fil si< or Tl sh Tl w M dil en be rifi rei Les pages froissées peuvent causer de la distorsion. This item is filmed at the réduction ratio checked below/ v De ce qui eft contenu dans ce Volume. JLj£ Surmulet é «w ^ • » • • • Page i^ La MarmoHe •.••».••••• â. L'Ours..... . 18 Le Caftor. . . • • . • • • 3p Le Ratoth yf. Le Coati* • •• • . 80 L'Agouti •.^. • • 87 Le Lion . .; pj Les Tigres* 128 Animaux de l'ancien Continent, • • 134. Animaux du nouveau Monde* ... 174. Animaux communs aux deux Conti- nens . 153 Le Ttgre* 239 r hà Panthlre, tOme & h Léopards Le Jàguàt, • • . • . \ 4 ...•. * 289 Le Couguan •«••.«•••«•# i^ Lynx ou L(7/^ -cervien . • • . 303 Z^ CaracaL,', • 320 34a 36j> La Genette*. . # • • . r • • , »\ 1 » HISTOIRE HISTOIRE NATURELLE. LE SURMULOT {^J. NO u $ donnons le nom de SurmuFct à une nouvelle efpèce de mulot, qui n'eft connue que depuis quelques années. Aucun Naturalifte n'a parlé de cet ani- mal, a l'exception de M. Briiïbn qui, le comprenant dans ie genre des rats , l*a appelé Rat des bols. Mais comme if diffère autant du rat que le mu4ot ou la fouris, qui ont leurs noms propres, il doit avoir auffi un nom pardculier , fur- mulot , comme qui diroit gros, grand mulot , auquel en effet il reffcmble plus ((f) ^at tics bois. Mus cauJil lons[jJ[ima , fuprâ dilure fuh'us, infrà alùicans AUs J^îvejîris, Briflon* Megn, animaL pdg. //#« Tome VIII. 4 > Hïflotre Nûturene q ;u*au ;at par la couleur & par les fiabîy tudes naturelles. Le furmulot e(l plus fort & plus méchant que le rat, il a là poil roux , la queue extrêmement longue ëL (ans poil , l'épine du dos arquée comme i*écureuil , & le corps beaucoup plus ^pais, des mouftaches comme ie chat. Ce n'cd que depuis neuf oik dix ans que celte eipèce efl répandue dans les en- virons de Paris : 1 on ne (ait d*où ces animaux font venus , mais ils ont pro- digieulement multiplié , & Ton n'en fera pas étonné , lorfqu'on faura qu'ils pro- duifent ordinairement douze ou quinze petits, (bavent (èize, dix-(êpt, dix-huir, êi même jufqu'à dix- neuf. Los endroits où ils ont paru pour la première fois , & où ils (è font bientôt fait remarquer par leurs dégâts , font Chantilly, Marly- la- ville & Verfailles. M. le Roy, Infpec- teur du Parc , a eu la bonté de nous en envoyer une grande quantité , vivans & inorts, il nous a même communiqué les remarques qu'il a faites fur cette nouvelle efpèce. Les mâles font plus gros , plus hardis & plus méchans que les femelles : lorfqu'on ks pourfuit & qu'on veut les Ju Surmulot* 3; faifir, Ils fè retournent & mordent le bâton ou la main qui les frappe ; leur inorfure eft non- feulement cruelle, mais dangereulc , elle eft promptement fuivic d'une enflure aflèz confidérable , & la plaie, quoique petite eft long- temps à îè fermer. Ils produisent trois fois par an ) ainfi deux individus de cette efpéce en font tout au moins trois douzaines en un an; les mères préparent un lit à leurs petits. Comme il y en avoit quelques- unes de pleines dans le nombre de celles qu'on nous aVoit envoyé vivantes , & que nous les gardions dans des cages, nous avons vu les femelles deux ou trois jours avant de mettre bas, ronger la planche de la cage, en faire de petits copeaux en quamiië , les difpolcr, les étendre & en* fuite les faire (êrvlr de lit à leurs petits. Les furmulots ont quelques qualités naturelles qui femblent les approcher des rats d'eau ; quoiqu'ils s'établiffent par- tout , ils paroiffent préférer le bord des eaux; les chiens les chaffent comme ils chafTent les rats d'eau , c'eft- à-dire, avec un acharnement qui tient de la fureur. Lprfqu'ils fe fentcnt pourfuivis & qu'ils If Tiiflohe Nctttirene ont le choix de fc jeter à I*eau ou de fê fourrer cfaiis un biiinon d'cpines , à égale diilancc, ils choififlcm ! eau , y entrent fans crainte, & nagent avec une mcrvcil- Icufe facilîid. Cela arrive fur-iout lorf- qu'ils ne peuvent regagner leurs terrîersj car ils fe creufent, comme les mulots, des retraites fous terre , ou bien ils fc gîtent dans celles des lapins. On ]^eut, avec les furets , prendre les funnulots dans leurs terriers , ils les pourfuivent comme les lapins , & fêmblent même les chercher avec plus d'ardeur/ Ces animaux pafîcnt IVté dans fa cam- pagne , & quoiqu'ils (è nourriHcnt prin- ci parlement de fruits & de grain , ifs ne laifTcnt pas detre auiîi très- carnaflicrs : Sis mangent les lapereaux , les perdreaux, la jeune volaille, & quand ils entrent dans un poulailler , ils font comme le putois » ils en égorgent beaucoup plus qu'ils ne peuvent en manger. Vers ie mois de no- vembre les mères , les peths & tous les Jeunes furmulots quittent la campagne & vont en troupe dans les granges , où ils font un dégât infini , ils ihachent la paille ) confomment beaucoup de grain , 1 ' elle lîTonie entre deux parois de rochers , entre deux murailles voi/ines , Sa c'cfl des marmottes, dit-on, que les Savoyards ont appris à grimper pour ramoner lès cheminées. Elles mangent de tout ce qu'on leur donn?, de la viande, dupaia des fruits , des racines , des herbes pota- gères , des choux , des hannetons , des iautereiles ,' «5cc. mais elles font plus avides de lait ^ de beurre qvie de tout autrç \ tJîmffnt. Quoique moins en .:ies que le chat à dérober, elles cherchent à entrer dans iei endroits où l'on renferme le lait , & elles le boivent en grande quantité en iiLinnottant , c'efl - ù - dire , en faifant comme le chat une efpèce de murmure de contentement. Au rcfle , îc lait e(t la feule ii(^ueur qui leur plaife; e'ies ne boivent que très - rarement de l'eau, ai. refufent le vin. La marmotte tient un peu de l'ours 8c un j)eu du rat pour la forme du corps; ce n'cfl ce|:)cndant pas Varâomys ou le Tût-ours des Anciens, comme l'ont crU quelques Auteurs, & entr'autres Perrault, Elle a le nez , les lèvres & la forme de la têie comme le lièvre , le poil & les ongles du blaireau , les dents du cailor, la moufiache du chat, les yeux du loir, les pieds de l'ours , la queue courte 6c les oreilles tronquées. La couleur de fou poil iur le dos ell d'un roux-l)ri!n, plus ou moins foncé ; ce poil cW nfîez rude , mais celui du ventre eft rouGâtre , doux & touffu. Elle a la voix & le murmure d'un petit chien lorfqu'elle joue ou ([uand PU la careflcj mais lorfqu'on l'irrite ou [lo • Hiflotre Naturelle qu*on l'effraie y elle fait entendre un' fifîlct fi perçant & fi aigu , qu'il blefîe ic tympan. Elle aime la propreté, & fe met à l'écart, comme le chat, pour faire fes befoins ; mais elle a , comme ie rat , fur-tout en été, une odeur forte qui f»^ rend très-défagréable; en automne, elle cft très- grade : outre un très-grand épi- ploon , elle a, comme le loir, deux feuillets graiffeux fort épais ; cependant elle n'ell pas également graffe fur toutes ics parties du corps ; le dos & les reins font plus chargés que le refte. , d'une graine ferme & folide , afîez fèmblabje à la chair des tétines du bœuf. Aufii la marmotte fèroit aflez bonne à manger Jfi clic n'avoit pas toujours un j^eu d'odeur, qu'on ne peut mafquer que par des affai- fonnemens très- forts. Cet animal, qui fe plaît dans la régioq de la neige & des glaces , qu'on lie xrouvc que fur les plus hautes montagnes, cfl cependant fujct plu^ qu'un autre à s'engourdir par le froid. C'ell ordinaire- ment à la fin de feptembre ou au com- mencement d'odobre qu'elle fe recèle dans fa retraite pour n'ea fonir qu'au (Je la Marmotté* r r comnvnccment d*avril : cette retraite cfl faite avec précaution , & meublée avec art ; elle efl d'abord d'une grande capacité , moins large que longue , & très- profonde; au moyen de quoi elle peut contenir une ou piufieurs marmottes iàns que l'air s'y corrompe : leurs pieds & leurs ongles paroiflènt être faits pour fouiller la terre , & elles la creufent en efïèt avec une mcrveîlîeuie célérité ; elles jettent au dehors , derrière elles , les dé- blais de leur excavation : ce n'cfl pas un trou , un boyau droit ou tortueux , c'eft une cfpèce de galerie faite en forme d'Y grec , dont les deux branches ont chacune une ouverture , & aboutifTent toutes deux à un cul-de fac qui eft le iieu du féjour. Gomme le tout cft pra— tiqué fur le penchant de la montagne ^ H n'y a que le eut -de -fie qui foit de niveau ; la branche inférieure de l'y grec efl en pente au-dcfTous du cul-de-iàc, & c'eft dans cette partie , la plus baflé du domicile, qu'elles fonj mens , dont l'humidité au dehors; la branche/iuTveneure grec efl aufll un peu ij: Jjijloke Naturelle élevée que tout \t refte; c'efl: par -fi qu'elles cnucnt & qu'elies fortent.- Le iieu Ju féjour cft non- feulement jonché, mais tapidé fort épais de moufle & de foin , elles en font ample provifion pea- dant l'été : on aflure même que cela (e fait à frais ou travaux communs , que les unes coupent les herbes les plus fines , que d'autres les ramaflent , & que tour à tour elles fervent de voitures pour les tranlporter au gîte; l'une, dit -on, (e couche fur le dos , fe laifl'e charger de foin , étend fes pattes en haut pour lervir de ridelles , & enfuite (è laiflic traîner par les autres qui la tirent par la queue , & prennent garde en même temps que la voilure ne verfè. C'eft , à ce qu'on prétend , par ce frottement trop fouvent réitéré , qu'elles ont prefque toutes le poil rongé fur le dos. On pourroit cependant en donner une autre raifonj c'eft qu'habitant (bus la terre , & s'occu- pant fans cefîe à la creufer , dfela feul fuffit pour leur peler le dos. Quoi qu'il en foît, il eft fur qu'elles demeurent en cnfembfe & qu'elles travaillent en commun à leur habitati&xi ; elles y, parlent Ie& trois ^fe la Marmotté: l j' quarts cîe leur vie , elles s'y fetirelit pendant i'orage , pendant la pluie , ou dh qu'il y a quelque danger; elles n'en ibrtent même que dans les plus beaux jours, & ii€ s'en éloignent guère; lune fait le guet, affile fur une roche éfevée , tandis que les autres s'amu^^nt à jouer fur Ic\^azon, ou s'occupent à le couper pour en faire du foîn; & iorfque celle qui fait (èniinelle aperçoit un homme , un aigle , un chien , &c. elle avertit les autres par un coup de fjfflet > & ne rentre elle-même que la dernière. Elles ne font pns de provifions pour l'hiver, H feaiblc qu'elles devinent qu'elles icFoient inuiiles ; mais ïorfqja 'elles lèntent les premières approches de la falfon qui doit les engourdir , cHes travaillent à fermer les deux portes de leur domicile, ik elles le font avec tant de foin & de foliditc , qu'il eft plus aile d'ouvrir îa terre »par-tout ailleurs que dans l'endroit qu'elles ont muré. Elles (ont alors très- graflcs , il y en a qui pèfent jufqu'à vingt' livres ; elles le font encore trois mois après, mais peu à peu leur embonpoint diminue ^ & elles font maigres fur la fia t4 'fî^Jfoke Naturelle de i'hîver. Lorfqu'on découvre leur re- traite , on les trouve reflèrrc'es en boute & fourrées dans le foin, on les emporte tout engourdies , on peut même les tuer fans qu'elles paroifîcnt le (cniir ; on choifit les plus grades pour les manger» & les plus jeunes pour les apprivoiler. Une chaleur graduée les ranime comme les loirs , & celles qu'on nourrit à la maifon , en les tenant dans des lieux chauds, ne s'engourdiflènt pas, & font même aufli vives que dans les autres temps. Nous ne répéterons pas , au fujet de rengourdiflêment de la marmotte , ce que nous avons dit à l'article du loir ; le refroidi/Teracnt du fang en eft la lèule caufe , 9l l'on avoit obtèrvé avant nous, que dans cet état de torpeur la circulation étoît très-lente auffi-bien que toutes les fecrétions ,. & que leur (àng n'étant pas renouvelé par un chyle nouveau , étoit fans aucune férofité. Voyez Tranjac^ tions Pliilofophiques , n.'* /^j. Au relie, il n'eft pas lur qu'elles Ibient toujours & conftamment engourdies pendant fcpt ©u huit mois , comme prefque tous les Auteurs le prétendent. Leurs terriers font ;.<■ Je h Alar motte. T j; profonds, elles y demeurent en nombre,, il doit (Jonc s*y conferver de la chaleur dans les premiers temps , & elles y peuvent inanorer de l'herbe qu'elles y ont amafTée. M. Altmann dit même, dans (on Traité fur les animaux de Suifl^, que les Chaf- fcurs laifFent les marmottes trois femaincs ou un mois dans leur caveau avant que d'aller troubler leur repos; qu'ils ont foin de ne point creufcr lorfqu'il fait un. temps doux , ou qu'il foufïïe un vent chaud ; que fans ces prtfcautions les marmottes iè réveillent, & creufent plus avant; mais qu'en ouvrant leurs rctrairesdans le temps des grands froids , on les trouve tellement afl'oupics qu'on les emporte facilement. On peut donc dire qu'à tous égards elfes font comme les loirs , & que fi elles font engourdies plus long- temps , c'efl qu'elles habitent un climat ou l'hiver eft plus long. Ces animaux ne produîlent qu'une fois Tan; les portées ordinaires ne font que de trois ou quatre petits, leur ac- croiflement ell prompt , & la durée de leur vie n'eft que de neuf ou dix ans ; au(fi l'efpèGe n'en eft ni nombreuïê, ni I!f. ■sJ^' bien répandue. Les Grecs ne fa cott* noifTcvieiu pas, ou du moins IL n'en ont fm aucune meniion. Clîez fes Latins , Piine eft h premier qui l'ait indique'e fous le nom de mus Alpinus , rat des Aipes; & en effet, quoiqu'il y ait dans les Alpes plufieurs autres efpèces do rats , aucune n'eit plus remarquable que la niarmotie , aucune n'hubtrc comme elle les fommets des plus hautes mon- tagnes ; les autres fe tiennent dans les vallons , ou bien fur la croupe de$^ collines & des premières montagnes, mais il n'y en a point qui monte aufïi haut que la marmotte; d'ailleurs, elle ne defcend jamais des hauteurs, & paroît être paruculièrement attachée à la chaîne des Alpes, où elle femble choifir l'ex- pofition du midi & du levant de pré- férence à celle du nord ou dia couchant. Cependant il s'en trouve dans les Apen- nins , dans les Pyrénées & dans les plus hautes montagnes de l'Allemagne, heùoùûk de Pologne fcj auquel M. Briflon f^J, (c) Vide Auéluariùtn Hijf» Nat, Polonia t nutfk Rzaczynski, jf/izo', ^-27. '/lun. nn. 1. K s irjtMlT I.OÏ . /^/ /. Bf,/. tO' LA ALAnMOTTE Je la Mfirntottr» 1 7 & d*.iprè$ îur M/' Arnault de NobIcvHfc Il Salcrnc fi) ont donné le «nom de marmotu , diffère de cet animal, non- fêiiieinent par les couleurs du poil , mais au(Ii par le nombre des doigts , car il a cinq doigts aux pi'.ds de devant ; Fongle du pouce paroît au dfeljors de la peau , Se l'on trouve au dedans les deux phalanges de ce cinquième doigt qui manque en entier dans la marmotte* Ainfi !e bobak ou marmotte de Pologne, le mouax ou marmotte de Cnnada , le tavîa ou marmotte de Buhama > & le cricet ou marmotte de StralLourg font tous les quatre <\€S efpèces diiîérenies de ia marmotte des Alpes. (e ) Hiftofrc Naturelle àt& aniinaux^ par M.** Arnault de Noblcvillc & Saferne. Paris, tj;6. Ouvrage utile, & où les faits font ranèniblés ayc« ^tant de foin t|ut de difcerncment» « ■ W ^\ ^v '1 8 Hîflolre Naturelle * L OU RS (a), IL n'y a aucun animal , du moins de ceux qui ("ont aflez généralement con- nus, fur lequel les Auteurs d'Hiftoire Niiturelk areni autant varié que fur l'Ours; leurs incertitudes, & même leurs con- trarJi Orfus, Briflbn ^ J?£giu atiimal. pag, 2J^.. ns , tant 'Je TOurfi i<> poiirîa forme du corps, que poUr Tes ha- bitudes naturelles : en fuite il faut diilin- guer deux efpèces dans les ours terreflres, les bruns & les noirs (b), ielquels n'ayant pas les mêmes inclinations ,. les mêmes appétits naturels, ne peuvent pas être regardés comme des variétés d'une feule & même cfpèce, mais doivent être con- iidérés comme deux efpèces diftindes & féparées. De plus , ii y a encore des ours de terre qui font bkncs , & qui , quoique refTetnblans par ia couleur aux Durs de nier, en diffèrent par tout le reflc autant que les autres ours. On trouve ces ours blancs terrellres dans la grande Tariarie fc), en Mofcovie, en Lithuanie uri brun.' ift? ïOurs: >f Sanc, pnrce que les neiges qui couvrent «c Jes icrres du nord, l'empccliant de trou- c< ver fa nourriture, le chafïent des piiys <ç fepientrionaux; il vitdelruiis, cntr';mtres 3 cours qui n'ctoient pas bien fermées « » iis y tf ouvoient des viandes cxpofées au >5 frais; ils n'y touchoient point, & nian- 5> geoient fcufemcnt ics grains qu'ils pou- >j voient rencontrer. C'e'toit afrurcment » dans une pareille occufion , & dajis » un befoin aulîî preflant, qu'ils auroient » dû manifeflcr leur fureur carnaflière, >5 fi peu qu'ils euffent été de cette na- » tur€. Ils n'ont jamais tué d'animaux » pour les dévorer, & pour peu qu'ils » fiiflènt carna^fiers , ils n'abandonne- » roient pas les pays couverts de neige, » où iis trouveroient des hommes & des 33 animaux ;i difcrétion , pour aller au » loin chercher des fruits & des racines, >» nourriture que les bêtes carnaflières rcfulent de manger w. M. du Pratz ajoute dans une not« , que depuis qu'il a écrit cet article , il a appris avec certitude que dans les montagnes de Savoie il y a deux fortes d'ours , les uns noirs , comme ceux de la Louifiane , qui ne font point car- jiaiïiers; les autres rouges, qui font aufïï carnafTiers que les loups. Le baron de la Hontan dit (tome 1 de fes voyages , page 86 ) que les ours du Canada font «xtrêmement noirs , & peu dangereux ; qu'ils n'attaquent jamais les hommes , à inoins qu'on ne tire deHus Se qu'on ne Jes bleffc. Et il dit aufli ftome II, p. ^ q) que les ours rougeâtrcs font méchans, qu'ils viennent effrontément attaquer les Chafleurs , au lieu que les noirs s'ea^ fuient. Wormius a écrit (f) qu'on connoît trois ours en Norvège : le premier (Brejfdiur) très -grand, qui n'efl pas tout-à-fait noir, mais brun, & qui n'eft pas fi nuifible que les autres , ne vivant que d'herbes & de feuilles d'arbres ; le fécond ( lldgierfdiur ) plus petit , plus noir, carnafîier, & attaquant fou vent les chevaux & les autres animaux , fur-tout en automne ; le troifième (Myrebiorn) qui eft le plus petit de tous, & qui ne laiflc pas d'être nuifible; il iè nourrit, dit- il, de fourmis , & fe plaît à renverfer les fourmiiîières. On a remarqué (ajoute -il fans preuve ) que ces trois efpèces fè mêlent , & produisent cnfemble des ef- pèces intermédiaires; que ceux qui font carnaffiers attaquent les troupeaux , fou- (f) Vide MuJ. Wom» pag. ^ 1 8^ * ^i. il 2/Ç Hîjfohe Naturelle lent toutes Jts bêtes comme le loup , et n*en dtvcrcnt qu'une ou deux ; que quoique carnafliers ils mangent des fruits fîiuvages , & que quand il y a une grande quantité de (orbes, ils font plus à craindre que jamais , parce que ce fruit acerbe leur agace ii fort les dents , qu'il n'y a que l(j fiing & la graiflè qui puifle leur ôter cet ag'^cemeni qui les ena pêche de manger. Mais ia plupart de ces fliits rapportés par W^ormius jne paroifîènt fort équivoques, carîl n'y a point d'exemple que des animaux dont les appétits font conrtamraent différens , comme dans les deux premières efpèces, dont ies uns ne mangent que de l'herbe & des feuilles , é^ ies autres de la chair & du fang , fe iMclent cnfemble Se produifcnt une elpèce intermédiaire;, d'aiileuis ce font ici les ours noirs qui font carnafîîers, & les bruns qui font frugivores, ce quieft ab- folument contraire à la vérité. De pîuj , le P. U/aczynski Polonois fgj, & M. Klein de Dantzic flj, qui ont parlé des ours de leur pays, n'en admettent que /s ) •^'/^"'J''* ^'^'(^' ^''^' }'''o' J ^' deux 't de l'Ours, * i 5 lîcux efpèccs , les noirs & les bruns ou roux , & parmi ces derniers . des grands & des petits; ils difent que ces ours noirs font les plus rares; que les bruns font au contraire fort communs ; que ce font les ours noirs qui font les plus grands & qui mangent les fourmis , & enfin que les grands ours bruns ou roux font les plus Muifibles & les plus carnafîiers. Ces té- moignages, aufli-bien que ceux de M. du Pratz & du baron de la Hontan , font , comme l'on voit, tout- à- fait oppofés à celui de Wormius que je viens de citer. En effet, il paroît certain que les ours rouges , roux ou bruns , qui fc trouvent non- feulement en Savoie, mais dans ies hautes montagnes, dans les vaftcs forêts, éc dans prefque tous les dcferts de ia terre , dévorent les animaux vivans , & mangent même ies voiries les plus infedlées. Les ours noirs n'habitent guère que les pays froids , mais on trouve des purs bruns ou roux dans les climats froids & tempérés , & même dans les régions du midi. Ils étoicm communs chez les Grecs ; les Romains en faifoient venir de Libye (i) fi) Herodoti Solin, Crinit. O" ali'h Quod frerlf %i!)yci (ienianmr wft , dit Martial, Tome VIII. B Il: iS Eiflotre Nattirelk pouK («rvir à leurs rpe les animaux font gros , plus ii faut de temps pour les former dans le fêin de la mère : 2.* parce que les jeunes ours croifTem afTez lentement ; ils fuiveni leur mère, & ont befoin de fes fecours pendant un an ou deux : 3 ." parce que i'ours ne produit qu'en petit nombre, uni, deux ) irob , quatre , & jamais plus de cinq ; propriété commune avec tous les gros animaux , qui ne produi(ènt pas beaucoup de petits, & qui les portent long-temps : 4.* parce que l'ours vit vingt ou vingt-cinq ans, & que le temps de la geftatfon & celui de raccroiflement font ordinairement proportionnes à la durée de la vie. A ne raifonner que Ç\xt (([) AriftoiC| ////?. mimaU Uh% VI i ca^* xxx^ vr .\ de TOuTS. 3 II ces analogies , qui me paroi fTent aflcz fondées , je croirois donc que le temps de la geflation dans l'ours e(l au moins de quelques mois; quoi qu'il en (bit, il paroi c que la mère a le plus ^and foin de les petits : elle leur prépare un lit de moufTe & d'herbes dans le fond de fa caverne, & les allaite jufqu'à ce qu'ifs puiflTent foriir avec elle : elle met bas en hiver, & Çq% petits cotnmencent à la fuivre au printemps. Le mâle & la femelle n'ha- bitem point enfembie , ils ont chacun leur retraite féparéc, & même fort éloi- gnée : lorfqu'ils ne peuvent trouver une grotte pour fe gîier , ils caffent & ramalîcnc du bois pour (ë faire une loge qu'ils re- couvrent d'herbes ou de feuilles , au point de la rendre impénétrable à l'eau. La voix de l'ours eft un grondement , un gros murmure , fouvent mêlé d'un frémiflement de dents qu'il fût fur-tout entendre lorfqu'on l'irrite ; il eft irès-fuf- ceptible de colère , & fa colère tient tou- jours de la fureur, & fouvent du caprice : quoiqu'il paroiïïe doux pour fon maître, & même obéiUant lorfqu'il eft: apprivoifé , il faut toujours s'en dciier; & ie traiter * B iii; '|! I, Hitl ^1 '3 2 Hijlolre Naturelle avec cîrconfpcdion , fur-tout ne Te pas frapper au bout du nez ni îe toucher aux pariies de la géne'raiion. On lui apprend à (e tenir deljout, àgeflicuier, à danfcr; jl fcmbîe même écouter le Ton de»» in(l ru- mens, & fuivre groiîièrcment la mefure; mais pour lui donner cette efpèce d'éduca- tion, il fiiut le prendre jeune , & le con- traindre pendant toute fa vie; l'ours qui a de l'âge ne s'apprivoife ni ne fe con- traint plus, il eft naturellement intrépide, ou tout au moins indifférent au danger» L'ours fauvage ne fe détourne pas de fon chemin , ne fuit pas à Tafpcd: de i'homme ; cependant on prétend que par un coup de fifflet fr) on le furprend , on l'étonné au point qu'il s'arrête & fe lève fur les pieds de derrière. C'efl: le 'temps qu'il faut prendre pour le drer , & tâcher de !e tuer ; car s'il n'cft qur blefle , il vient de furie fe jeter fur le tireur , & l'embrafTant des pattes de devant , Il Tétoufferoit (f) s'il n'étoit fecouru. On chafTe & on prend les ours de (y) Voyages de Regnard , tome I, pages ^j if ^ S, (j) Id. ih'uL Hilloire de la Louifiane , par M. 1§ page du Fratz, miuUf ^a^e Sit {Je l'Ours* 33' plufieurs façons, en Suède, en Norvège, en Pologne, &c. La manière, dit- on , fa moins dangereufe de les prendre ^(^ cft de les enivrer en jetant de l'caii-de-vie fur le mief qu'ils aiment beaucoup , Ce qu'il:» cherchent dans les troncs d'arbres. A la Louifiane & en Canada , où les ours noirs font très-communs, & où ils ne nichent pas dans des cavernes, mais dans de vieux arbres morts fur pied, & dont le cœur eft pourri , on les prend en mettant Te feu dans leurs maifons (u): comme ils montent très-aifémcnt fur les arbres , il s'établiflent rarement à rez de terre , <& quelquefois ils font nichés à trente & quarante pieds de hauteur. Si c'cft une mère avec Ç^s petits , elle deÇ-^ cend la première , on la tue avant qu'elle foit à terre ; les petits defcendent enfuite , on les prend en leur paffant une corde au cou , & on les emmène pour les élever ou pour les manger , car la chair de (t) Voyages de Regnard, tome I , pnge /^, (u) Mémoires fur la Louifiane, par M. Dumonf* JPitris , lyS^, page 7/ & fuiViVites. Ilifloire de îa Louifiane, par ^\% le Page du Pratz , tome 11^ Bv 34 Hîpîre Naturelle l'ourfon cft délicate & bonne ; celle Je l'ours eft mangeable, mais comme elle cft mêle'e d'une graidè huileule , il n'y a guère que les pieds , dont ia fubf lance cfl plus ferme , qu'on puifTe regarder comme une viande délicate. La chafTe de l'ours , fans être fort dan- gercufe, cfl très- utile lorfqu'on la fait avec quelque fuccès ; la peau eft de toutes les fourrures groffières celle qui a le plus de prix , & la quantité d'huile que Ton tire d'un (cul ours eft fort conlidérable. On met d'abord la chair & la graifte cuire enfemble dans une chaudière, la graiflc fc fépare; « enfuiie, dit M. du Pratz fx), » on la purifie en y jetant , iorfqu'elle efl 3» fondue & très-chaude , du felen bonne 30 quantité & de l'eau par afperfion : ii » fc fait une détonation , & il s'en élève » une fumée épaiflc qui emporte avec y> elie la mauvaiie odeur de la graiffe : la » fumée étant paflée , & la graifîè étant ?» encore plus que tiède , on la verfè dans yy un pot où on la laifîe rcpofer huit ou » dix jours ; au bout de ce temps on voit 99 nager dcHus une huile claire , qu'on (x^ Tom l/f pages Sj ^ ^o$ de l'Ours. 3 J enlève avec une cuiller ; cette huîîc eft ce aufîibonneque la meilleure huiled'olive, ce & lèrt aux mêmes ufages. Au-deflbuscc on trouve un faindoux aufli blanc , ce mais un peu plus mou que le faindoux ce de porc ; il fert au belbin de la cuifiiic & ce il ne lui refte aucun goût délligréab'e, <« ni aucune mauvaife odeur. » M.Dumont, dans Tes Mémoires fur la Louifiane , s'ac- corde avec M. du Pratz , & il dit de plus , que d'un feul ours on tire quel- quefois plus de cent vingt pots de cette huile ou graiflc ; que les fiuvages en traitent beaucoup avec les François ; qu'elle eft très-bc!Ie, très-(aine & très- bonne ; qu'elle ne fe fige guère que par un grand froid , que quand cela arrive, elle eft toute en grumeaux , ^ d'une blancheur à éblouir ; qu'on la mange alors fur le pain en guife de beurre. Nos Épiciers- Droguiftes ne tiennent point d'huile d'ours , mais ils font venir de Savoie , de SuifTç ou de Canada de la graiflë ou axonge qui n'eft pas purifiée. L'Auteur du Di3 fur une branche , s'y tiennent avec une 33 de leurs pattes , & fe fervent de Tautre, x> pour plier les autres branches & appro- 33 cher d eux les plaquemines ; ils fortent 33 aufli trcs-fouvent des bois pour venir 3> dans les habitations manger les patates & le mahis 3>. En automne , lorfqu'iis fe font bien cngraiiTés , ii^ n'ont prefque pas la force de marcher (i)t ou du moins ils ^) Mémoire fur la Louifiane , jpage yS^ il) Voyage du Baron dç la Hontan , i^i^s 8f^ de t Ours* 37 ne peuvent courir (a) aufli vite qu'un homme. Ils ont quelquefois de dix doigts d'epaifleur (b) de graiiïc aux côtes & aux cuifTes ; le defFous de leurs pieds e(l gros & enflé; lorf((u'on le coups, il en fort un lue blanc & laiieux : cette partie paroît compofee de petites glandes qui font comme des mamelons , 6c c'ell ce qui fait que pendant l'hiver , dans leurs retraites , ils fucent continuellement leurs pattes. L'ours a les fens de la vue , de l'opïe & du toucher très- bons, quoiqu'il ait l'œil très -petit, relaiivenient au volume de fon corps, les oreiilcs courtes, la peau épaiffe de le poil fort touffu : il a l'odorat excellent , & peut- être plus exquis qu'au- cun autre animal , car ia furface inté- rieure de cet organe fe trouve extrême- ment étendue : on y compte (c) quatre (a) Hiftoirc de la lx>uifiane, par M du Pratz^ ^age 8 s. (h) Extrait d'un Ouvrage Danois, cite par M/' Arnault de Noblevillc &. Salerne. Hifloire Naturelle des animaux. Paris , iyS7 > ^^^^ ^^ > F^S^ S 7-^' (c) Etienne Lorentinus , Éphém, d'Allem. Décur, /, 'Am. IX & X , pag, ^o^ , cité par M/' Arnauft de NobleviUe & Sàkrnc » H/floirc Naturelle des aniniuUXf l «. 38 Hîfioke Naturelie, érc. rangs de plans de lames ofTeufês , f^par^s les uns des autres par trois pians perpen- diculaires, ce qui multipiie prodigicufe- ment les fur faces proj)res à recevoir les imprefllons des odeurs. Il a les jambes & les bras charnus comme l'homme, i'os du talon court 6c formant une partie de la plante du pied , crncj, orteils op- pofés au talon dans les pieds de derrière , ies os du carpe égaux dans les pieds de devant ; mais le pouce n'eft pas féparé , & le plus gros doigt c!î en dehors de cette efjjè c de main, au lieu que daqs celle de l'homme il cil en dedans ; fès doigts font gros , courts & ferrés I*un contre i autre , aux mains comme aux pieds ; les ong'es font noirs & d'une îubûancé hom >gène fort dure. Il frappe avec (es poings , comme l'homme avec îes fiens ; Tia!S ces reflemblanccs grof- fières avec i'homme, ne le rendent que plus difforme, «St ne lui donnent aucune iiipérlorité fur les autres animaux. '^k m V. ; , (épzîés is perpen- odigicufe- ccevoir les les jambes l'homme , une partie orteils op- derrièrc, es pieds de )as réparé , dehors de u que (l\\[\s Jcdans ; fès ferrés i'un :omme aux rs & d'une e. Il frappe fomme avec anccs grof- endent que lent aucune • naux. I/o IT us BRITN «/.•..' .//,'..■ To,n. rm. Ptiflf-i Pa.j -Mi I. OURS BIvAXC yîvv'.v//*»' . Î9 LE CASTOR (a), AUTANT i'homme s'cft élevé au- deffus de l'état de nature , autant les animaux fe (ont abaifTés au - dedous ( fournis & réduits en fervitude^ ou traités comme rebelles & difperfés par la force, leurs fociétés (e font évanouies , leur in- duilrie eft devenue ftériîc, leurs foibles arts ont difparu , chaque efpèce a perdit fes qualités générales , & tous n*oni con- fervé que leurs propriétés individuelles , perfe(flionnée dans les uns par Texcmple, rimitation , l'éducaiioii , & dans les autres (a) LcCaftoro»fe Bièvre; en Grec t Xttfup; en Italien, Bivaro, Bti'tro ; en Efpagnol, Bm'oro ; en Allemanc! , Bibtr ; en Anglois, Bnaftr; en Suédois» Bar^Wtr ; en Poion(MS, Bobr, Cajlar» Gefncr, Hi^ fuaèntp, jtag, jo^» hon» grimai, (fuadrt^. yag. 8^, Caflor five per, Ray , Sjnopf, animal, ftadruf^ fag. 2 0^. Ca^«t caudû ot^atâ ylanà , fier, Linnceus. Ca^or , fib(r, Klein , de quadmp, pagj f tè Caflor caflanei coloris , ctaulA horifontaliter pfoitâ^ Caflor fve fbtr, Briflbn, Re^n, animal. ^ag, /j/. 4(5 Hiflake Naturelle par la crainte ure nature dénué de lumières & de tous fies (ecours de la ibciétc , ne produit rien , n'édifie rien. Toute focfétc , au Contraire, devient néccflaîrememfécondc; V .. 4> 42 Hîfloîre Naturelle quelque fortuite , quelqu'aveugîc quVîïe puilfe être , pourvu qu'elle foit compofée d'êtres de même nature : par la (eule né- ceflité de fe chercher ou de s'éviter, H s'y formera des mouvemens communs, dont le réfultat fera (buvent un ouvrage qui aura Tair d'avoir été conçu , conduit & exécuté avec întellfgence. Ainfi l'ou- vrage des abeilles qui , dans un lieu donné , tel qu'une ruche ou le creux d'un vieHx arbre , bâiiflent chacune leur cellule ; l'ouvrage des mouches de Cayenne , qui non- feulement font aufli leurs cellules , mais conftruifênt même la ruche qui doit les contenir , font des travaux purement mécaniques qui ne fuppofènt aucune intelligence , aucun projet concerté , aucune vue générale ; des travaux qui n'étant que le produit d'une nécefîlté phyfique, un réfultat de mouvemens communs (b )y s'exercent toujours de la même façon , dans tous les temps t ie goût leurefl fort agre'able, car ils pré- fèrent i'écorcc fraîche & le bois tendre à la plupart des alimcns ordinaires ; ifs en font ample provifron pour fe nourrir pendant l'hiver (fj; ils n'aiment pas le Lois fec. C'eft dans l'eau & près de leurs ^ ff) La provifron pour huit ou dix caftors eft Je vinjTt-cinq ou trente pieds cri carré, (ur huit ou dix pieds de profondeur ; Us n'en apportent dans leurs cabnncs que quand ils font coupés menus, & tout prêts à manger; ils aiment mieux le bois frais que le tiok flotte, ii vont de temps en temps pendant l'Iiiver C iiij '/ ^5 6 Hifioire Naturelle habitations qu'ils étahiiiïent leur magafin ; chaque cabane a le fien proportionné au nombre de Tes habiians, qui tous y ont un droit commun , & ne vont jamais piller leurs voifins. On a vu des bour- gades compofe'cs de vingt ou de vingt- cinq cabanes ; ce^ grands établiflèmcns font rares , & cette efpèce de rcbublique cft ordinairement moins nombreufe, elfe n'efl le plus fouvent compoft'C que de dix ou douze tribus , dont chacune a fon quartier , Ton magafin , fon habi- tation réparée ; ils ne Ibuffrent pas que des étrangers viennent s'établir dans leurs enceintes. Les plus peiiies cabanes con- tiennent deux , quatre , fix , & les plus grandes dix -huit, vingt, ôi, même dit- on , jufqu'a trente caftors , prefque tou- jours en nombre pair, autant de femelles que de mâles ; ainfi , en comptant même au rabais, on peut dire que leur fociété cft; fouvent compofée de cent cinquante ou deux cents ouvriers afTocics, qui tous ont travaillé d'abord en corps pour élever ic grand ouvrage public , & cnfuiie par en manger dans le bois. Mémoires de l* Académie dtl Sciences f anne'eiyo^* Mémoire de M* Sarrnjin» Compagnie pour édifier des habitations particulières. Quelque noinbreufc que luit cette fociéié , la paix s'y maintient fans altération ; le travail commun a re(^ ferré leur union ; les commodités qu'ifs ie font procurées, l'abondance des vivres qu'ils aniadènt & confomment enfemble, fervent à l'entretenir ; des appétits mo- dérés, des goûts fim[)Ies , de l'averiion pour la chair & le faiig , leur ôtent juf- qu'à l'idée de rapine & de guerre : ils jouirent de tous les biens que l'homme ne fait que defircr. Amis entrcux, s'ils ont quelques ennemis au dehors , ils favent les éviter, ils s'avertilîènt en frap- pant avec leur queue fur l'eau un coup qui retentit au loin dans toutes les voûtes des habitations 5 chacun prend foii parti, ou de plonger dans le lac, ou de fe re- celer dans leurs murs qui ne craignent que le feu du ciel ou le fer de l'homme, & qu'aucun animal n'o^ entreprendre d'ouvrir ou renverfer. Ges afiles font non- feulement très-fûrs, mais encore très- propres & très- commodes; le plan- cher eft jonché de verdure, des rameaux de buis & de fapia leur fervent de tapis C V * 58 Bi/loire Naîîtrelk fur lequel ils ne font ni ne (biiffrent jamais aucune ordure : la fenêtre qui regarde fur l'eau leur fèrt de balcon pour (ê tenir au frais & prendre le bain pendant (a plus grande partie du jour; ils s'y tiennent debout , la tête & fes parties antérieures du corps élevées, & toutes les parties poftérieures plongées dans l'eau, cette fenêtre cfl percée avec précaution, l'ouverture en eft aifez éle- vée pour ne pouvoir jamais être fermée par les glaces , qui dans le climat de nos caflbrs , ont quelquefois deux ou trois pieds d'épaiflèur ; ils en abaiflent alors la tablette, coupent en pente les pieux fur lefqueis elle étoit appuyée, & (c font u«e iffue jufqu'à l'eau (bus la glace. Cet élément liquide leur eft fi nécefTaire, ou plutôt leur fait tant de plaifîr qu'ils fem- blent ne pouvoir s'en paffer, ils vont quelquefois aflèz loin fous la glace, c'eft alors qu'on les prend aifémcnt en atta- quant d'un côté la cabane , & les atten-» dant en même temps à un trou qu'on pratique dans la glace à quelque dif- lancc , & où ils font obligés d'arriver ' pour refpircr* L'habitude qu'ils ont de iiffrent re qui balcon le bain jour; & les ées, Ôc ongées e avec ez éle- fc rméc de nos )U trois it alors pieux fe font ice. Cet lire, ou 'ils fêm- Is vont :c, c'eft en atta* is atten* i qu'on |ue dif- l'arriver ont de du Cû/lon 59 tenir contînueîlemeni !a queue & toutes ics parties poflérieures du corps dans i'eau, paroît avoir changé la nature de leur chair; celle des pariics antérieures jufqu'aux reins a la qualité , le goût , la coniiftance de la chair des an'Miaux de la terre & de l'air ; celle des cuifles & de la queue a l'odeur , ia faveur & toutes les qualités de celle du poifTon : cette queue longue d'un pied , épaiflTe d'un pouce , & large de cinq ou fix , eft même une e>ctréniité , une vraie portion de poifTon attachée au corps d'un qua- drupède ; elle eft entièrement recou- verte d'écailîes & d'une peau toute fem- blable à celle des gros poifToiis : on peut enlever ces écailles en les raclant au cou- teau , & lorfqu'eiles font tombées , l'on voit encore leur empreinte fur ia peau, comtne dans tous nos poiflTons. C'efl au commencement de Feié que ies caftors fe ralfemblent ; ils emploient les mois de juillet & d'août à conflruire leur digue & leurs cabanes; ils fç)nt leur providon d'ccorce & de bois dans le mois de feptembie , enfuite ils jouiflTent de leurs travaux, ils goûtent ies douceur% C v; H 66 'Hifiolre Naturelle domeflîques ; c'eft îe temps du repos, c'eft mieux , c'efl la faifon des amours. Se connoinant , prévenus l'un pour Tautre par l'habitude, par les plaîfirs & les peines d'un travail commun, chaque couple ne fe forme point au hafârd , ne fe joint pas par pure ncceflité de nature, mais s'unit par choix & s'afîbrtît par goût : ils paflent enfembîe l'automne & l'hiver; contens l'un de l'autre ils ne fe quittent guère ; à l'aifè dans leur domicile , ils n'en fortent que pour faire des prome- nades agréables & utiles», ils en rap- portent des tcorces fraîches qu'ils pré- fèrent à celles qui font sèches ou trop imbibe'cs d'eau , les femelles portent , dit- on , quatre mois, elles mettent bas furia fin de l'hiver & produifènt ordinai- rement deux ou trois petits ; les mâles les quhtent à peu près dans ce temps , ils vont à la campagne jouir des douceurs & des fruits du printemps; ils reviennent de temps en temps à la cabane , mais ils n'y féjournent plus : les mères y de- meurent occupées à allaiter, à foigner, à élever leurs petits , qui font en état de les fuivre au bout de quelques femaincsj m cîî«s vont à leur tour fe promener , (è rétablir à i*air, manger du poidbn, des ccrcviflcs , des écorces nouveifes , & pafTent ainfi l*éié fur les eaux, dans les bois. Ils ne fe raffcmblent qu'en automne, à moins que les inondations n'aient ren- verfé leur digue ou détruis: leurs cabanes, car ak rs ils (ë r^uniffent de bonne heure pour en réparer les brèches. Il y a des iieux qu'ils habi'ent «le pré- férence , où l'on a vu qu'après avoir détruit plu fleurs fois leurs travaux , ils ^ venoient tous les étés pour ies réédificr, jufqu'à ce qu'enfin fatigués de cette per- fécution & afFoibiis par la perte de pfu- fieurs d'enir'eux, ils ont pris le parti de changer de demeure & de fe retirer &u loin dans les folitudes les plus profondes. C'eft principalement en hiver que les chafîèurs les cherchent , parce que leur fourrure n'efl: parfaitement bonne que . dans cette faifoix; & iorfqu'après avoir ruiné leurs établinemens , il arrive qu'ils en prennent en grand nombre , la fo- ciété trop réduite ne (e rétablit point, fe petit nombre de ceux qui ont échappé à Ja mon gu à la captivité le dirperic^ • m' 61 Hipolre Ntitiirelle ils deviennent fuyards , leur génie fîetrî par la crainte ne s'épanouit plus , lis s'enfouifTent eux & tous leurs tafens dans un terrier , où rabaiHe à la condition des autres animaux , iis mènent une vie ti- mide, ne s'occupent pfus que des bcfoins preffans , n'exercent que leurs facultés Individuelles , & perdent fans retour les qualités fbciaies que nous venons d'admirer. Quelque admirables en tf^ti , quel- que mcrveilleufes que puîfTcnt paroîire les chofes que nous venons d'expofer au fujet de ia fociété & des travaux de nos caftors , nous ofons dire qu'on ne peut douter de leur réaliié. Toates les relations fai.es en diâ^érens temps par un grand nombre de témoins oculaires (g), (g) Voyer fur l'hiftoire des caftors , Ola'us A^aguut dans fa dcfcription des pays ièprentrionaux ; les •voyages du baron de la Hojuan, tome II, y âge /// & fuiv, le Aiufaum Wormianum , yage ^ 20 ; T'hiftoire de l'Amérique feptcntrionale , par BacqueviUe de ia Poterie, Rouen, 1^22, rome I, fas^e i J Jl : Mémoire fur le caftor , par M. Safrafîn , inféic dans K> Mé- moires de l'Académie Ae'> Sciences, < nne'c ly, ^; la relation d'im voyage en Acadie, par Diervi!lc, Rouen, sjoS, rage 126 & fuiv> Ls ncuveilts dt couvertes dans l'Amérique feptentrioaale , Paris , 1 é<^/, pa^t "f-^iA K pai grr fh ca s'accordent fur tous les faits que nous avons rapportés; & fi notre récit diffère de celui de quelques-uns d*entr'eux, ce n'cft que dans les points où iîs nous ont paru enfler le merveilleux, alier au-delà du vrai , & quelquefois même de toute 'vrailemblance. Car on ne s'eft pas borné â dire que les caflors avoîent des mœur» fociales & des talens évidens pour Tar- chite ^06 ; fhifïoite naturelle du P. Rzaczyniki, à i article dit caftur, &.C. &c. // î?4 Ilijloke Natureik traitoicnt de même les parefTeux J*cnfr'cux qui ne vouloieiit , & ies vieux qui ne pouvoicm pas travailler ; qu'ils les ren- verfoient fur le dos , les faifoient fervfr de charrette pour yoiturcr leurs maté- riaux ; que CCS républicains ne s'afTem- bloient jamais qu'en nombre impair , pour que dans fcurs confcils il y eût toujours une voix prépondérante; que la fociété entière, avoit un préfident ; que chaque tribu avoit fon intendant; qu'ils a voient des fentineilcs c'îabl'cs pour la garde publique ; que quand i's étoient pour fui vis , ils ne manquoienî pas de s'arracher les teflicuîes pour fatisfaire à !a cupidité des chalTcurs ; qu*ils fe mon- troient ainfi mutilés pour trouver grâce à leurs yeux, &c. «&c. (h). Autant nous fommes éloignés de croire à ces fables, ou de recevoir ces exagérations , autant il nous paroît difficile de fe refufer à adiîicttre des faits confiâtes , confirmés , & moralement très- certains. On a miHe fois vu , revu , détruit , renverfé leurs , (h) Voyez /Çlien & tous les Anciens, à 1 exception de Pline, qui nie ce fait avec riiilon. Voyez ;iuffi fur les autres faits la plupart des auîeurs cj^uc nous avons iiités dans la note précédente. \ sus avons ouvrages ; ©n les a mcfurcs , dcfijnés , gravés; enfin, ce qui ne lai/Te aucun doute, ce qui eft plus fort que tou«s les témoignages palTés , c'efl que nous en avons de récens & d'aduels ; c'eft qu'if en fubrifte encore de ces ouvrages fin- guliers qui , quoique moins communs que dans les premiers temps de la dé- couverte de l'Amérique fcpientrionale > fe trouvent cependant en aflcz grand nombre pour que tous les Mifîionnaircs, tous les Voyageurs , même \ts plus nouveaux , qui fe font avancés dans les terres du nord, afîurcnt en avoir rencontré. Tous s'accordent à dire qu'outre les carters qui font en fociété, on rencontre par- tout dans le même clim?t des caftors folitaires, icfquels rejetés, difent-ils, de la fociété pour leurs défauts , ne parti- cipent à aucun de fes avantages , n'ont ni rnaifbn , ni magafin , & demeurent comme fe blaireau dans un boyau (bus terre , ©n a même appelé ces eaftors foliiaires , cnJiQrs terriers ; ils font aifés à reconnoître , ier.P robe eft faie , le poif ert: rongé fur re dos par le frottement de la terre; ils habitent comme les autres ^6 HtJIoke Naturelle afîcz voîoniiers au bord des eaux , oi quelques- uns même crcufent une foflc de cjuelques j^icds de profondeur, pour former un petit étang qui arrive jufqu'à l'ouverture de leur terrier qui s'ciead quelquefois à plus de cent pieJs en lon- gueur , & va toujours en s'tlevani afin qu'ils aient la facilité de (e rciiitr en haut à mcfure que l'eau s'élève dans les inondations ; mais il s'en trouve aufll , de CCS caflors foliiaires , qui li.ibi;ent afîcz loin des eaux dans les terres. Tous nos bièvrcs d'Europe font des ciftors terriers & lolitaires, dont la fourrure n'eft pas à beaucoup près auffi belle (|ue celle des caftors qui vivent en fociété. Tous dif- fèrent par ia couleur, fuivant le climat qu'ils habitent : dans les contrées du nord les plus reculées ils font tous noirs , & ce font les plus beaux ; parmi ces caîlors noirs il s'en trouve quelquefois de tout blancs, ou de blancs tachés de gris, & mêlés de roux fur le chignon & fur la croupe (i), À mefure qu*on s'éloigne du nord , la couleur s'éclaircit & iê mêle ; (i) Ca{lor alius couda hmfmtaliter flatta* Bridôni Htgn» animai, pag. 94- & Suivantes. \ «/// Capor. 6j îTs font couleur de marron dans îa partie feptentfionale du Canada , châtains vers la partie méridionale, & juunes ou couleur de paille chez Ici Illinoi:. fk). On iniuvc des caflors en Amérique depuis le tren- tième degré de latitude nord jufqu'au foixantième & au-delà ; ils font très-com- muns vérole nord, & toujours en moindre nombre à mefure qu'on avance vers le midi : c'cfl la même chofe dans l'ancien continent; on n'en trouve en quaniité que dans les contrées les plus fepientrio- nales , & ils font très- rares en France, en Efpagne, en Italie, en Grèce & en Egypte. Les Anciens les connoifloient ; il ét(;it défendu de les tuer dans la religion des Mages; i's étoient communs fur les rives du Pont-Euxia; on a même appelé le cador , canis pontîcus , mais apparem- ment que ces animaux n'étoient pas affez tranquilles fur les bords de cette mer, qui en effet font fréquentés par les * hommes de temps immémorial , puif- qu'aucun des Anciens ne parle de leur fkj Hiftoirc de la Nouvelle - France , par I< P. Charicvoix, Pdiris , //f^, toai£ II, ^tigt ^^f, ir Juivmui% • ^8 Hljtohe Ncuunlie focii'té ni de ïcurs travaux. ^Y\en Tiir- tout , qui marque un fi grand foiblô pour fe merveilleux, & qui, je crois, a écrit le premier que le c;iilpr fe coupe les tcfticuîcs pour les laifTer ramafler au chafTeur (l), n'auroit pas manqué de parler des merveilles de leur république, mi exagérant leur génie & leurs talens pour rArchite<5ture. Pline îui-mêmc, Pline dont l'efprit fier, trifle & fublimc I, déprifc toujours Thomme pour exalter fa Nature, fe (erolt-il abllenu de comparer les travaux de Romuîus à ceux de nos caflors î II paroît donc certain qu'aucun des Anciens n'a connu leur induniie pour bâtir, & quoiqu'on ait trouvé dans les derniers fié des des caftors cabanes ' en Norvège & dans les autres provinc«»s les plus feptcntrionaîes de l'Europe , & qu'il y ait apparence que les anciens caflors bâtilToicm auffi-bien que les caftors modernes; comme les Romains n'avoient pas pénétré jufque-là , il n'efl pas fur- prenant que leurs Ecrivains n'en failent aucune meniiori. " ''*'r Plufieurs Auteurs ont écrit que k (l) JJiJÎ. animal, iib. VI, cap. xxxiVj du Ctiflon 6^ cador étant un animal aquatique , il ne pouvoit vivre fur terre &. Tans eau: cettç opinion n'eft pas vraie , car le caflor que nous avons vivant, ayant été pris tout jeune en Canada, & ayant étc toujours élevé clans la maifon , ne connoinoit pas l'eau lorfqu'on nous l'a remis, il craignoit & refufoit d'y entrer ; mais l'ayant une fois plongé & rcicnu d'abord par force dins un bafTin , il s'y trouva ii bien au bout de quelques minutes , qu'il ne cher- choit point à en fortir, & lorlqu'on le laiflbit libre, il y reiournoit trcs-lbuvcnt de lui-incme; il fe vautrolt aufii dans la boue & fur le pavé mouillé. Un jour il s'échappa, & dcfcendit par urj efcalier de cave dans les voûtes des carrières qui font fous le terrcin du Jardin- royal ; il s'enfuit aflèz loin , en nageant fur les niares d'eau qui font au fond de ces carrières; cependant, dès qu'il vil la lu- niière des flambeaux que nous y fîmes porter pour le chercher, il revint à ceux qui Tappeloicnt , & le laifTa prendre aifé- jncnt. Il cft funilier fans êire careffànt, il demande à manger à ceux qui font à lablej fes infiances iunt wn petit cri plaintif 7© Hlflolre Naturelle & quelques geftes de la main ; dès qu'on lui donne un morceau , il l'emporte , & fc cache pour le manger à fon aife ; i{ dort aiïez fouvent , & (c repofe fur le centre ; il mange de tout , à Texception de la viande qu'il rcfufe conflammenf , cuite ou crue ; il ronge tout ce qu'il trouve, les étoffes, les meubles, le bois, A Ton a cié obligé de doubler de fer- blanc k tonneau dans lequel il a éic tranfporté. Les caflors habitent de préférence fur les bords des lacs , des rivières ^ des autres eaux douces ; cependant il s'en trouve au bord de la mer, mais c'cfl principalement fur les mers feptenirio- nales, & fur- tout dans les golfes inédi- terranés qui reçoivent de grands fleuves, & dont les eaux font peu falces. Ils font ennemis de la loutre, ils la chafîcnt, & ne lui permettent pas de paroître fur les eaux qu'ils fréqi'cnient. La fourrure du caftor efl encore plus belle & plus fournie que celle de la lou-re : elîe efl compofée de deux fortes de poils; l'un plus court, mais trcs-touffu, fin comme îc duvet , impénétrable à Teau , rcvet nce fur fi des il s'en is c'cft tenirio- niédi- îeuves , Ils font fênt, & lire fur burrure & ptiis elle eft s ; l'un (fu Ca/Ior. 71 Immcdîatcmcnt la peau ; Tautrc pîusiong, plus ferme, plus luftré , mais plus rare, recouvre ce premier vêtement, lui fcrt, pour ainfi dire de furtout , le défend àes ordures , de la poufllère , de la fange ; ce fécond poil n'a que peu de valeur, ce n'cft que le premier que l'on emploie dans nos manufadures. Les fourrures les plus noires font ordinairement les plus fournies , & par ccnféquent les plus cftimces ; celles des caflors terriers font fort inférieures à celles des caftors cabanes. Les caftors font fujets à la mue pendant l'été, comine tous les autres quadrujîèdcs; auffi la fourrure de ceux qui font pris dans cette faifon n'a que peu de valeur. La fourrure des caflors blancs eft cili- mée à eau le de (a rareté, Si les parfai- tement noirs font prefque aufli rares que les blancs. Alais indépendamment de îa fourrure qui eft ce que le cador fournil de plus précieux ; il donne encore une matière dont on a fait un grand ufigc en Mé- decine. Cette matière, que l'on a appelée eafloreum, efl: contenue dans deux grolFes véficulcs que les Anciens a voient prifes .7 7 2 Hîflolre Nciiurelle pour les tcfticules de l'animal : nous n'en donnerons pas la dcfcription ni les ufagcs (m), parce qu*on les trouve dans toutes les Pharniacope'es fnj» Les Sau- vages tirent, dit-on, de la cjueuc du caf- tor une huile , dont ils fe fervent comme de topique pour difFe'rens maux. La chair du callor, quoique grafle & délicate, a toujours un goût amer afîèz défligreable : on afTure qu'il a les os excefiivcmcnt durs , mais nous n'avons pas été à portée de vérifier ce fait, n'en ayant difféqué qu'un jeune : Tes dents font très- dures, & fi tranchantes qu'elles fervent de cou- teau aux Sauvages pour couper, creufer & polir le bois. Ils s'habillent de peau de caftors , & les portent en hiver le poil contre la chair : ce font ces fourrures Imbibées de la fueur des Sauvages que (m) Voyez le Traite du caflor, par Marius & FrancLis. Paris, t^^6, in-i 2. (n) On prétend que les caftoK font fortir fa liqueur de leurs véficulcs en les prefTant avec le pied , qu'elle leur donne de l'appétit lorfqu'ils font dégoûtés , <& que les Sauvages en h'otteni Ie5 piégps qu'ils leur tendent pour les y attirer. Ce qui paroît plus certajn, c'efl qu'ii fe iert de cette liqueur pour (c graiflèr le poil, iîu Caflor, ^yy Ton appelle cafiors gras, dont on ne (c fcrt que pour les ouvrages les plus grolîiers. Le caftor fc fert de Tes pieds de devant comme des mains , avec une adrcfle au moins égale à celle de l'écureuil ; les doigts en font bien fcparés , bien divîfés , au lieu que ceux des pieds de derrière font réunis cntr'eux par une forte membrane; ils lui fervent de nageoires & s'élargiffent comme ceux de l'oie, dont le caflor aaufll en partie la démarche fur la terre. II nage beaucoup mieux qu'il ne court : comme il a les jambes de devant bien plus courtes que celles de derrière , il marche toujours la tête baiffée & le dos arqué. Il a les fcns très-bons, l'odorat très -fin, & même fufceptible ; il paroît qu'il ne peut fup- porter ni la malpropreté, ni les mau- vaifes odeurs: iorfqu'on fe retient trop long-temps en prifon, & qu'il (e trouve forcé d'y faire (es ordures, il les met près du feuil de la porte , & dès qu'elfe cft ouverte , il les poufle dehors. Cette habitude de propreté leur e(l naturelle , & notre jeune caflor ne manquoit jamais de nétoyer ainfi fa chambre. X l'âge d'un an, il a donné des figne* de chaleur, ce Tome VIIL D t yé^ fil/foiré NdtitréTle, '&c: flui paroît indiquer qu'il avoit pris dans ,cet cfpace de temps la pius grande partie jfic Ton accroiiîèment ; jiinfi la durée de jla vie ne peut être bien. longue, & c'ed peut-être trop que de l'étendre à quinze ou vingt ans. Çje caftor étoit très-petit pour Ion âge, & i'on i^e doit pas s'cu .^tonner, ayai}t prefqiicdès fa naifTance toujours é\é contraint, élevé pour ainfï jdireà iec, ne connoiflTant pas l'eau, juf- jqu à l'âge de neuf mois , il n'a pu ni croître » ni fe développer comn^e les gutres , qui jouiflçnt de leur liberté & de ^et élément qui paroît leur être prefque ^lU^i néce/Taire que i'ufage de la terre. I ! i ! '».:t. s.> -ft, 7f LE RATON (a), QUOIQUE 'pîu fleurs Autenxs aient indiqué fous le nom de coati l'ani- mal dont il cft ici queftion , nous avons cru devoir adopter ic nom qu'on Ijui a donné en Angleterre , afin d'ôter toute (équivoque , & de ne le pas confondre avec le vrai coati, dont nous donnerons la defcription dans l'article fuivant , noa plus qu'avec le coati- mondi , qui cepen- dant ne nous paroît être qu'uiie variété de i'efpèce du coati. Le raton que nous avons eu vivant , /'rf/Le Raton, du mot Anglois Rattoon, ou Rachon; nom que l'en a donné dans cette langue à cet animal j Aldpach dans quelques endroits de l'Amérique. Vulpi affinis Americana , Raîton fen Racoort. Rajr» 'Syfifj'jf- oMifftat» quadrup. pag.. ryp, Vulpes Americana AJapach, {iiâa Atiglici. Rat/90ni ÇhîiAct, png. //. r.accoon, Sioane, HîJÎ, de fa Jam, tom£ U,page ^ 2^^ Urfus caitrÙi ehfigata. Linnseus. Cvati Brafj'lenfiwn, Riein , de qua^p. png. yz» lJrfu$ cauda nnnniatim vnriegatfi Le Coitt, BniKHi , Rce:t:, animal, pag, jzC//, y 6 HîJIoire Naturelle & que nous avons gardé pendant pîu$ d'un an , étoit de la grolTeur & de la forme d*un petit blaireau; il a le corps court & épais , le poil doux , long , touffu , noirâtre par la pointe , & gris par - dcffous ; la tête comme le renard , mais les oreilles rondes & beaucoup plus courtes ; les yeux grands , d'un vert Taunâtre ; un bandeau noir ôk tranfveriCil au-deffus des yeux ; le mufêaueffiié, le rez un peu retrouHe , la lèvre inférieure rrioins avancée que la fupérieure ; les dents comme le chien , fix înclfives & deux canines en haut & en bas ; la queue touf- fue , longue au moins comme le corps, marquée par des, anneaux alternativement noirs & blancs dans toute fon étendue , les jambes de devant beaucoup plus courtes que celles de derrière, & cinq doigts à tous les pieds armés d'ongles fermes & aigus; les pieds de derrière portant affcz fur le talon pour que i'animal puiiïc s'élever & foutenir fon corps dans une fituatîon inclinée en avant. Il ^ fèrt de (es pieds de devant pour porter à fa gueule, mais comme (es doig? font peu £exiLles, ii ne peut; pour ainfi dire ; rien fai^r d'une 'J! *^ du Raîon^ ^'^ (êuîe maîn , H fc fcrt des deux à îa fois , & \qs joint enfemblc pour prendre ce qu'on lui donne. Quoiqu'il foit gros flc trapu , il eft cependant fort agile ; ks ongles pointus comme des épingles, lui donnent la facilité de grimper aifément fur les arbres ; il monte légèrement juf- qu'au-deffus de la tige , & court jufqu'à l'extrémité des branches ; il va toujours par fàuts , il gambade plutôt qu'il ne marche , & fes mouvemens , quoiqu'on biiques , font tous prompts & légers. Cet animal eft originaire des contrées méridionales de l'Amérique, on ne le trouve pas dans l'ancien continent, au moins les Voyageurs qui ont parlé des animaux de l'Afrique & des Indes orien- tales , n'en font aucune mention ; il eft au contraire très-commun dans le climat chaud dé l'Amérique, & fur -tout à la Jamaïque (b) où il habite dans les mon- tagnes , ôc en defccnd pour manger des cannes de fucre. On ne le trouve pas en Canada , ni dans fes autres parties (cpten- (h) Voyez i'Hifloire naturelle de fa Jamaïque, par Hans Sloanc. Londres, ij2^, in-folio, tome Uf yci^e ^2^^ en Anglois, Piij y 9 ' Hifioire Naturelle trionales de ce continent ; cependant 9 ne craint pas cxcelfivcmcnt le froid 3 M. Klein (c) en a nourri un à Dant- zick , & celui que nous avions a pafîé une nuit entière les pieds pris dans de la glace , fans qu'il en ait été incommodé. li trempoit dans i'cau ou plutôt il détrempoit tout ce qu'il vouloit manger ; il jetoit fon pain dans ia terrine d eau , êa ne l'en retiroit que quand il le voyoit bien imbibé, à moins qu'il ne fût prefle par la faim; car alors il prenoit la nour- riture sèche, & telle qu'on la lui pré- fentoit ; il fuietoit par -tout, mangeoit aufîi (Je tout , de la chair crue ou cuite , du poiflon , des œufs , des volailles vi- vantes, (\^s gruins, des racines, &c. ii mangeoit autii de toute forte d'infedes ; il fe plaifoit à chercher les araignées , 5ç ïorfcju'il é:oit en liberté dans un jardin , il prenoit les limaçons , les hannetons , ' ies vers. Il aimoit le fucre , le lait & les autres nourritures douces par-deffus toute choie, à l'exception des fruits, auxquels il prcféroitia chair & fur-tout le poiflbn. Il fe retiroit au loin pour faire fes befoiftj ; (c) KlçÂn j de ([uadruiu ^ng, ^<2 » ^ ê ndant 9 froid î h Dant- a pnfl'é ins de la imodé. plutôt il nanger ; e d'eau , e voyoit ût prefle la nour- lui pré- inangeoit )u cuite , ailles vi- , &c. il 'infedes ; [iie'es , & n jardin , nnetons , lait & les (Tus toute auxquels r poiflon. befoijii^ i I,K KA'IOX //// ïlûîotu J^ îfti reflc il etûit fîunilicr , & même car^f^ fâtiCy fautant fur les gens qu'il aiinoit| jouant volontiers & d'adèz bonne grâce, lefte , agile , toujours en mouvement ; ji m'a paru tenir beaucoup de la nature du maki ^ U UA peu des qualités du €hien. 1? •V'ik Diiijl éjf ^ .0^ ^ C IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) ^ ^# 4 ^r «f Mi? 1.0 i.i ■- la M 1.8 1.25 1.4 ^ ^ 6" - ► V] <^ /J :^^' '^^.^> / V^ '/ Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. HS80 (716) 873-4503 86 Hiftolre Naturelle : LE COATI (a). PLUSIEURS Auteurs ont appelé coati mondi l'animai dont il e(l ici quef> tion ; nous l'avons eu vivant , & après i'avoir comparé au coati indiqué par Thevet, ôl décrit par Marcgrave nous avons reconnu que c'c'toit le même ani- mal qu'ils ont appelé coati tout court , & il y a toute apparence que le coati^ mondi n'ed pas un animal d'une autre' efpèce , mais une (impie variété de celle- ci ; car Marcgrave , après avoir donné la delcription du coad, dit précifément fa) L« Caitî , Cuat't. Sirrgularîtés de la France an- tardique , par André Thevet. Paris, t j^j 8, pages pj 4y p6» - Coati, Marcgrav. Htfl^mt^Brafih pag, 228, Coanmondi, Hift. de i'Acad» tome III, partie 11 , fage ly, Vtdpes minoY, rijtro fuperiori longiafcuh , cauda annu» latim ex nlgro & rufo variegatù. Ëarrère , Hifi, tie ta fronce EqtmoxiaUt page i 6y, Urfus najh produélo & tttobili , caudCt annulatini varie' gatfi. Le Coati- mondi à (][ueue annelée» Brilibn. Regn^ animal» p^g» 2(^j^ . 'Ju Si qu^il y a «Tautres coati qui font d'un brun-noirâtre y que l'on appelle au B refit €oati'mondi pour les diftinguer des autres ^ if n'admet donc d'autres différences entre le coati & le coati - mondi » que celle de la couleur du poil; & dès -lors on ne doit pas les conftdérer comme deux ef- pècesdiflinâesy mais tes regarder c(Mnme 4^ variétés dans la même cfpèce. Le coati eil. très- différent du ratoif que nous avons décrit dans l'article^ précédent^ \\ eft de plus petite taille» il a le corps & le cou beaucoup plus alongés , la tête auflî plus longue , ainfî que ie mufêau , doiu la mâclioire fupé- rieure efl terminée par une efpèce de groin mobile qui déborde d'un pouce ou d'un pouce & demi au- delà de i'ex-* trémité de la mâchoire inférieure , ce groin retrouffé en haut, joint au grand aiongeinent des mâchoires, fait paroître le muleau courbé & relevé en haut. Le coati a atilfi les yeux beaucoup plus petits que ie raton , les oreilles encore plus courtes, le poil moins long, plus Jttde ^ moins peigné, les jambes plus Dv 82 fJipkâ NahfrâlTe courtes, îes pieds plus longs âc pîm appuyés fur le talon ; il avoit , commo le raton, la queue annelée^^^^ &. cinq doigts à tous les piedSé Quelques perfonnes penfênt que le blaireau - cochon pourvoit bien être ie coati , ai Von a rapporté fcj à cet aniraal le taxus fuiUus , dont Aldrovandè donne la figure ; mais flf l'on fait attention que le blaireau - cochon dont parlent les chadèurs eft fuppofé fê trouver ert France y &• même dans des cUmats plus froids de notre Europe , qu'au contraire le coati ne fe trouve que dans les climats méridionaux de l'autre continent , on rejettera aifément cette idée , qui d'ail- leurs n'eft nullement fondée (d), car la (i) If y a auffi des Cmii, tlônt îa queue cfl d*une feule couleur ; mais comme ifs ne di fièrent ^t% autres que par ce feu! cara<îlèrc' , cette différence ne nous paroît pas fuffire pour en faire deux efpèces, & nous- <>.ftimons que ce n'e/l qU'Une variété dans la mtme cf^ièce. (c) Vide Brîflôn^ ^^g»* anîmah pag, 26^» (d) Voyez ce que nous avons dit du Bfaireai*-; cochon, volumt Vil ' cet Ouvrage, à rariisif U; S^ L 'Au Coati îy figure donnée par AIdrovancIe n'efl autre choie qu'un blaireau , auquel on a fait un groin de cochon. L'auteur ne die pas qu'on ait defliné cet animal d'après na- ture, & il n'en donne aucune defcription. Le mufèau très-alongé & le groin mobile en tout (ens, fuftilênt pour faire diftin- guer le coati de tous les autres animaux ; it a, comme l'ours, une grande facilité à (è tenir debout fur les pieds de der- rière, qui portent en grande partie fur le talon , lequel mêiiicell terminé par de grofTes callornésqui femblent fe prolon- ger au dehors & augmenter l'étendue de- i'afîiette du pied. Le coati elt fujet a mangef fa queue , qui , lorfqu'elle n'a pas été tronquée , eft* plus longue que fon corps ; il la tient ordinairement élevée, la fléchit en tout fens , & la promène avec ficilité. Ce goût fmgulicr , & qui paroît contre- nature , n'eft cependant pas particulier au coati ; les finges , les makis , & quel-, ques autres animaux à queue longue >, rongent le bout de leur queue , eiî» mangent la chair Sa les vertèbres , & la' raccQurclifeiu peu à peu d'un quart ou. D Vf 54 'Rijloire Naturelle d'un tiers. On peut tirer de -là uneîn- /dui^ion générale , c'eil que dans des parties très-alongcVs y & dont les extré* mités font par conféquent très- éloignées des (èns & du centre du (êntiment , ce même femiinent e(l foibic , & d'autant plus foibleque la diQance efl plus grande it la partie plus menue : car fi l'extrémité de la queue de ces animaux étoit une partie fort (ènfibie , la fenfaiion de la douleur fèroit plus forte que celle de flota. On trouve dans te feptieme voîume de l'A- cadémie royale des Sciences de Suède, un Mémoire' de M. Linnaeus fur le Coati-mondi. Nous croyons devoir rapporter ici l'extrait que l'jititeur de la Biblio- thèque raifjnnée a tait de ce Mémoire, (ans prétendre garantir les faits qui y font rapportés. «•'M. Linnaeus donne dans un Mémoire , l'hinoirc a» naturelle du Coati-mondi. Cet animal le trouve /ga- nt Ununt dans l'Amérique méridionale Sa dans la fep' ■» tentrionale. îl approche de l'ours par la longueur de 5» fes jambes de derrière, (à tête penchée, fon poil 9» éoais, & par {t!> pattes; mais il efl pctii & familier, -» Ci i^L queue eft tort longue , 6c rayée de diRérentes » couleurs. M. Je Prince luccefltur de Suède , avoic > fait préfent d'un de ces animaux à M. Linnaeus, 3» qui l'a entretenu aflèz long- temps dans (à mai Ton aux » dépens des douceurs qu'il pouvoit îittrapcr, & quel- » qiiefois de ceux de fa baflrc«^C()ur , où !c Coati mondi a» malgré le droit dhofpiialité , cmportoit des têtes à coup » de deais, e*te de leurs a?ufs , qui font leur prin- •• cipaîe nourriture » Bthliothèque raifonnée , tome XLl, partie 7/', pc^e 2j, (i) Vi'c Marcarav. flîfi. Brafih pag, 228* (f) Voyez les Singularités de U< France antaiûwjuiii par Tlieyct ^ page ^ è^ ♦ 96 fJiJIoire Naturelle, S'c: blement par cette conformité de naturel ,• plutôt que par la refTeinbfance dé ia> fouine, qu'on a regardé le coati comme une efpècc de petit renard (g), • c (■g) Vu/pus mhPT, iTf, Barrère, Nifl, Nau de lé^ prance é^uinoxiakf 4 / '■.. \; .-^ . 8/ L'AGOUTI (a).' CE T animal eft de la groficur d'un lièvrer, & a é\é regardé comme une cfpèce de lapin ou de gros rat par la plupart des Auteurs de nooiencîature en Hifloire Naturelle ; cependant il ne leur (a) \J Agouti , nom Indien ; au Brcfil vulgairement Cotia, ftloiî Pifbn & Marcgrave, Acuti ou Agouti, Wirtoire du nouveau Monde , par Jean de Laët. Lev Pi du l)9ï\x^FariSf i6S/f tome II ^ page 2^4\ — -wipiijwmiiwfwwi de l'Agouti J I anmiatix eft afi'ez court, & par confequent leur vie nVIl pas bien longue. II paroic que l'agouti eft un animal particulier à l'Amérique; H ne fc trouve pas dans Fancien continent ; il femble être originaire des parties méridionales de ce nouveau monde; on le trouve très-com- munément au Brefit, à fa Guiane, à Saint - Domingue , & dans toutes Tes fies ; il a befoin dHin climat chaud pour fubriAer & fc multiplier ; il peut cepen- dant vivre en France » pourvu qu'on fc tienne à l'abri du froid dans un lieu fec fi. chaud', fur-tout pendant* l^hi ver, audi n'habite- 1- il en Amérique que les con- trées méridionales , & il ne s'ed pas- ré- pandu dans les pays froids & tempérés» Aux îles il n'y a qu'une efpèce d'agouti , qui e(l celui que nous décrivons ; mais à Cayenne , dans la terre ferme de la Guiane^e entier eft fon domaine , il (èmble que fa nature fe (bit prêtée à toutes les fituations ; fous les tcux du midi, dans (û) Le Lion; en Crée, Atav; en Latin, Léo; en Italien, Leone; en Efpagnol, Léon; en Aliemand |, Ltw / en Angiois , Lion ; en Suédois , Leyon, Léon, GcTner^ Hifl» animal» fiutéruy, pag, jy^» icon» {juadrup* pag, 6 S» Léo , Ray, Synopf. animtit qûaârup, pag, 1 62 , Felis cauda ehmgataficccojâ , thorace juùato, Linnseufr LeOt Klein, de quadrup. pag. St* Felis caudfi in fioccum defmmtt * % , Lto , Brii!bOj ]Regn, aiiimah pag^ 2ifyr, ^4 Hiftoke Naturelle les gTaces du nord il vit, il muFnpIfe, il (e trouve par-tout (i anciennement ré- pandu , f(u'il ne paroît affei^er aucun climat particulier. Dans Us animaux au I contraire, l'influence du climat eft plus forte & fe marque par des cara<5lère$ plus (ènfibles , parce que Jes efpèces font di- verses & que leur nature efl infiniment moins pcrfedioi^nee , moins'étendue que celle de l'homme. Non - feulement les variétés dans chaque efpèce font plus II nombreufcs & plus marquées que dans i'cfpèce humaine, mais les difFérenccà même des efpèces (cmblent dépendre des différens climats ; les unes ne peuvent fç . propager que dans les pays chauds , les / autres ne peuvent fubfifter que dans des , cihnats froids; le lion na jamais habité les régions du nord, le renne ne s'elt ; jamais trouvé dans les coiitrées du midi, & il n*y a peut-être aucun animal dont l'elpèce foit , comme celle de l'homme , généralement répandue fur toute la fur- fàçe de la terre; chacun a fon pays , ià patrie naturelle dans laquelle chacun eft retenu par néceiïiié phyfîque, chacun cft fils de la terre qu'il habite , & c*elt V Er aucun i/// Liofli 9 5 Jans ce (ens qu'on doit dire que tel ou tel antmal e/l orighiairc de tel ou tel climat. . Dans les pays chauds, les aniiiiaux ter- rcflfcs font plus grands & plus forts «que dans ics pays froids ou tempères , ifs font aufli plus hardis, plus féroces; toutes "leurs qualités naturelles fëniblent t^ir de l'ardeur du climat. Le lion né fous le fokîi brûlant de l'Afrique ou des Indes , eft le plus fort , le plus fier, le plus terrible de tous: nos loups, nos autres anim^px carnafljcrs, loin d'être fcs rivaux , (croiqç^t à peine dignes d'être (es pourvoyeurs |*i^)î. Les lions d'Amérique, s'ils méritent ce nom , font, comme le climai ,>infinim€nt plus doux que ceux de l'Afrique ; Si ce qui prouve évidemment que l'excès de leur férocité vient de l'excès de fa chaleur, c'eft que dans le -même pays, ceux qui haljJtentles -hautes montagnes où l'air eft plus tempéré , font d'un naturel différent de ceux qui demeurent dans les plaines on ia chaleur efl extrême. Les lion« du mont Atlas fcj, dont la cime eft quelquefois {hj H y a une cfpece de Lynx qu'on appelle le Pourvoyeur du Lio:u (c) Voyez l'Afrique d'Ogilby , /w^« t ^ if i6* C ■Jl. riijloin Naturelle couverte de neige , n'ont ni la hardieiïè ^ n; la force , ni la férocité des lions du Biledulgerid ou du Zaara, dont les plaines font couvertes de (âbles brûlans. C'ed fur-tout dans ces défèrts ardens que fe trouvent ces lions terribles , qui font Teffroi des Voyageurs & ie fléau des provinces voifines ; hcureufcment Tef- pèce n*en cfl pas très- nom breufc , il paroît même qu'elle diminue tous les jours, car de laveu de ceux qui ont parcouru cette partie de l'Afrique , il ne s*y trouve pas a^ueilemcnt autant de lions , à beaucoup près qu'il y en avoit autrefois. Les Romains, ditM.Shaw^^/^, tiroient de la Libye , pour i'ufage des fpetflacleSi cinquante fois plus de lions qu'on ne pourroit y en trouver aujour- d'hui. On a remarqué de même , qu'en Turquie , en Perfe & dans l'Inde , les lions font maintenant beaucoup moins communs qu'ils ne l'étoient anciennement; & comme ce puidànt & courageux animai & l'hiftoirc générale its voyages, par M. l'abbé JPrevôt, tome V, page 8é, (d) Voyez les voyages de M. Shaw» Lu Heyt, * #£/ Llofi, 57 fiift fa proie de tous tes autres animaux ^ éc n^efl lui - même ia proie d'aucun » on ne peut attribuer la diminution de quantité dans fonerpèce, qua l'augmentation du nombre dans celle de l'homme; car ii faut avouer que ia force de ce roi des animaux ne tient pas contre l'adi^dè d'un Hoitentot ou d'un Nègre, quifouvent ofent l'attaquer tête à tête avec des armes afTez légères. Le lion n'ayant d'autres enfiemis que l'homme , & Ton efpèce fc trouvant aujourd'hui réduite à la cin- quantième , ou, fi l'on veut, à la dixième partie de ce qu'elle étoit autrefois , ii en réfulte que l'efpèce humaine , au lieu d'avoir fouifert une diminution conil- dérable depuis Je temps des Romains ( comme bien des gens le prétendent )p s'eil au contraire augmentée , étendue & plus nombreulèmem répandue , même dans les contrées , comme ia Lif>ye , où la puiflànce de l'homme paroît avoir été plus grande dans ce temps , qui étoit à peu près ie fiècle de Carthage , qu'elfe ne l'eft dans le fiècIe préfent de Tunis ^ d'Alger. - . '^ . L'induflrie de rhomme augmente avec <)8' Hjloire Naturelle ^ le nombre ; celle ûts animaux reflc toiI-> jours ia même: toutes les efpèces nui- fjblc3 ) comme celle du lion , paroifTent être reléguées & réduites à un petit nombre , non - feulement parce que riiommceft par-tout devenu plus nom- breux , mais aufîi parce qu'il eft devenu plus habile & qu'il a fu fabriquer des armes terribles auxquelles rien ne peut réfjdcr : heureux s'il n'eût jamais com^* biné le fer & le feu que pour la dcf- trudion des lions ou des tigres î Cette fupériorité de nombre & d'in- duflrie dans l'homme, qui brifc k force du lion t en énerve auffi le courage : cette quftlité, quoique naturelle, seyaite ou fe tempère dans l'animal fuivant l'u- fage heureux ou malheureux qu'il a fait de (a force. Dans les vaftcs défcrts du Za^ra, dans ceux qui femblent féparer deux races d'hommes très- différentes, les Nègres & les Maures, entre le Sénégal & les extrémités de la Mauritanie , dans les terres inhabitées qui (ont au- defliis du pays des Hotieniots, & en général dans toutes les parties méridionales de l'AffifJwe ^ de TA fie, où l'homme a . .1 J- Jk...rj^ dédaigné d'habiter , les lions font encore cil allez grand nombre , & font tels que la Nature les produit : accoutumés à mefurer leurs forces avec tous les ani- maux qu'ils rencontrent , l'habitude de vaincre les rend intrépides &. terribles ; ne connoifTant pas la puifFance de l'homme , ils n'en ont nulle crainte : n'ayant pas éprouve la force de fes armes , ils femblent les braver ; les blef- furcs les irritent , mais fans les effrayer ; ils ne font pas même déconcertés à l'af- pedl du grand nombre ; un feul de ces lions du défert attaque fou vent une cara- vane enûcre : & lorfqu'après un combat opiniiitrc & violent il le fênt afFolbii , au lieu de fuir il continue de le battre en retraite , en fiûfant toujours face & fans jamais tourner le dos. Les lions au contraire qui habitent aux environs iies villes & des bourgades de i'J nde & de la Barbarie ^ej ayant connu l'homme fie , . li force de fes armes , ont perdu leur courage au point d'obéir a fa voix ffj Voyez f Afrique de Marmoî, tomt II, p, 2 rj ; & ta relation du voyagç de Thevenot, tomt il ^ vasi 1 1 2m * E i; joo Hiflotn Naturel^ . ^nenaçaiitCy de n*o(€r l'attaquer , étr\tît jeter que fur -le menu bétait , 48c enfin de s'<:nfuir en fe lailTant pourfuivre par des /eiiimes ou par des enfans (f), qui leur font , à coups de bâtons quitter prife & jilcher indignement leur proie. Ce changement , cet adoucifîèment .dans le naturel du lion, indique adez ^u'il eid fufceptible des impreflions qu'on lui donne, & qu'il doit avoir aiïez de qui eft elle même longue d'en- viron quatre pieds ; ces grands lions ont quatre ou cinq pieds de hauteur. Les lions de pciiie taille ont environ cinq pieds &. demi de longueur, fur trois pieds & demi de hauteur , & la queue longue d'en- viron trois pieds. La lionne ti\ dans toutes les dimenfions d'environ un qu^rt plus petite que le lion. Arilloie fi) diftingue deux efpèccs de lions' ^ les uns grands , les autres plus petits; ceux-ci, dit-ii, ont le corps plus court à proportion , le poii plus crépu, & ils font moins courageux que ies autres ; il ajoute qu'en général tous les lions font de la même couleur , c'eft- à- dire de couleur fauve. Le premier de ces faits me paroît douteux ; car nous ne connoilTons pas ces lions à poil crépu , aucun voyageur n'en a fait men- tion ; quelques relat ons , qui d 'ailleurs- ne me paroiflent pas mériter une con- ftance entière , parlent feulement d'un fnir fervîr à l'hifioire dts animeaik, Paris, té^6f fage 6. . -, (i) Vide Arift, Hiji, aiim^, cap. XLiv. ■ . ^ E* vj «R ^ï 0 8 Hfîoîre Naturelle tigre à poil frifé qui fe trouve au cap de Bonne- efpcrance (k), mais prcfqu* tous les témoignages paroiiïcnt s'accor- der fur i'unité dé la couleur du iion , qui e(l fauve fur le dos , & blanchâtre fur les côtes & fous le ventre. Cepen- dant ^iien & Oppiea ont dit qu'en Ethiopie les. lions étoient noirs comme les hçmmes , qu'il y en avoit aux Indes de tout blancs, & d'autres mar- qués ou rayés de différentes, couleurs, rouges , noires & bleues ^ mais crf a ne jfious paroît confirmé par aucun témoîr gnage qu'on puiffe remarquer comme authentique, car Marc- Paul, Vénitien, ne parie pas de ces lions rayés comme les ayant vus , & CefneE (l) remarque avec railbn qu'il n'en fait mention que d'après yElicn. II paroît au contraire qu'il y a trcSrpeu ou point de variétés dans cette efpèce ; que les lions d'Afrique ôc les lions d'Afie (è reffemblent en tout, ^ que fi ceux des montagnes différent de ceux des pla'nçs , c'eft moins par les . (k) Voyez les Mémoires Je Koibe , daris lefqucîs % appelle cet aiiimal Loup-tigre, fâ I couleurs de la robe que par la grandeur de la taille, r. . ^ ^ Le lion porteunc crinière , oaplutôtun long poil qui couvre toutes les parties an- térieures de fou corps CmJ, & qui devient toujours plus long à mefure qu'il avance •n âge. La lionne n'a pas ces longs jDoik, quelque vieille qu'elle Toit. L'animal d'Ar* mérique. que les Européens ont appeli JLion , & que les naturels du Pérou ap* peJlent Puma^ n'a point de crinière , n eft auffi beaucoup plus petit, plus foibIc.& plus poltron que le vrai lion. IJ ncferoit pas impofEble que la douceur, du climat de cette partie de rAmérique méridionale, eût aflTez influe fur la nature du lion, pour Ic; dépouiller, de fa crin' ère , lui ôtcr fort courage 5c réduire fa taille ;, mais ce qui paroît impofTible ^ c'cft que cet animal , qui a'habite que. les climat: fjtués entre les tropiques, & auquel la Nature paroît avoir fcrmi tous les chemins du nord, ait pafTé des parties méridionales de TAfie ou de l'Afrique en An éri(|ue.> puifque ces continens, font féparés vers le midi par des mers immenfes ; c'efl (m ) Cette crinière nVfl pas du crîn , maistiif po^ ^cz doux ÀsUnTâf cpmjne cdui du^rglta dueotpSji !l 1 6 'Hîflotre T^amélle ce qui nous porte à croire que le Puma lî'cft point un lion , tirant fon origine des irons de l'ancien continent, & qui auroit enfuite dégénéré dans le climat du nouveau monde ; mais que c'efl un animai particulier à l'Amérique, comme fë font aufn la plupart des animaux de ce nou- veau continent. Lorfque les Européens en firent la découverte , ils trouvèrent cq effet que tout y éioit nouveau , les ani- maux quadrupèdes, les oiièaux , les poii^ fons , les infère:. , les plantes , tout parut inconnu , tout fe trouva différent de ce qu'on avoit vu jufqu'ators. Il fallut ce- pendant dénommer les principaux objets de ceue nouvelle Nature ; les noms du pays étoient pour la plupart barbares, très- difficiles à prononcer & encore plus à reienir , on emprunta donc des noms de nos langues d'Europe, & fur- tout de i'Efpagnole & de la Ponugiile. Dans cette (|i^t^c as. dénomination^, un petit rapport dans la forme extérieure , une légère reffèmbiance de taille & de figure fuffirent pour attribuer à ces objeis in- connus les noms des choies connues^ de-là les incertitudes , l'équivoque , la confufion qui s'eil eacorc augmentée: ^Ju Uoti: IX t parce qu'en même temps qu'on donnoit aux produ<îlions du nouveau monde les dcnominations de celles de l'ancien con- tinent , on y tranCportoit continuellement ^ & dans le même temps , les efpcces d'a- nimaux & de plantes qu'on n'y avoit pas trouvées. Pour (étirer de cette obfcurité & pour ne pas tomber à tout inllant dans Terreur , il eft donc nécefTaire de diftin- guer foigneufcment ce qui appartient en propre à l'un & à l'autre continent, & tâcher de ne s'en pas laiflcr impofer par les dénominations adueiies , lelqueiles «oot pre(que toutes été mal appliquées ; nous ferons fèntii toute la néceflitc de cette diflin ces lions d'Amérique ne refîcmblent point à cei^x d'Afrique, qu'ils n'en ontui la grandcuî*,, ni la fierté , ni la couleur ; qu'ils ne font m rouges , ni. fauves, ni gris ; qu'ils n'ont point de crinière , & qu'ils ont l'habitude de monter fur les arbres ; ainfi ces animaux diffèrent du lion parila^tuillo, par fa couleur , par la forme de la lêtC), par la longueur delà queue., par le maa- (n) Voyez îe Voyage de l'Amérique méridionale; (a) Voyez le Voyage de Freficr à la mer du fud, Taùs, tji 6 , page 1^2, (y) Voyez i'hiftoire naturelle des InJcs.de Jofeph Afcofla , tradition dé Robert il«naud. /V/j^ 1 69^ ^ ■i ; iquc de cnnîère , & enfin par îes YiakitudeS' naturelles; caraélèrcs afFez nombreux Se afTez tdeiiiieU pour faire ceffer l'équi*» voque du nom, & pour que, dans la fuiie , Ton ne confonde plus le Puma d'Amérique avec le vrai lion > le lion de l'Afrique ou de TA fie. Quoique ce noble animal ne (e trouve que dans les climats les plus chauds , ii peut cependant fubfifter & vivre afliez long - temps dans les pays plus tem- pérés, peut-être mêine avec beaucoup- de foin :pt>urroit-il y multiplier. Gefner rapporte qu'il naquit des lions dans ia ménagerie de Florence ; \Ç^ilkig.by dit qu'à N.ples une lionne enfermée avec; un lion dans la même tanière , avoit produit cinq peiits d'une feule portée: CCS exemples font rares, mais s'ils font vrais, ils fuffifcm pour prouver que les lions ne font pas abfolument étrangers au climat tempéré; cependant il ne s'ea trouve aéluellement dans aucune des parties méridionales de l'Europe, & dès ie temps d'Homère il n'y en avoit point dans le PëlopOTièfe, quoiqu'il y ça eût alor$| & même encore du tQm£& 1 1 4 Hipoke Nnturelk d'Ariflote, dans la Thrace , fa Macé* doinc & la Thtflalie : il paroît donc que dans tous les temps ils ont conflam- nit'iit donné la préférence aux climats les plus chauds, qu'ils le font rarement habitués dans le> pays tempérés, & qu'ils n'ont jamais hahiiédans le.»* terres du nord. Les Naturalises que nous venons de citer ,' & (|ui ont parié de ces lions néi. à Florence & à Naples , ne nous ont rien appris fur le temps de la geftation de la lionne , fur la grandeur des lionceaux lorfiju'ils viennent de naître, fur les de» gros de leur accroifltment. vt^lien (q) cJii que la lionne porie deux mois, Phi- lollra e & Edoward Wuot (r) diient au contraire qu'elle pore ilx mois ; s'il falloit opter enire ccb deux o])inions , je (erois de la dernière ; car le lion efl un animal de grande taille , & nous fav cas qu'en général dans les gros animaux , la durée de la geftation eft plus longue qu'elle ne l'eft dans les petits. Il en ell de même de raccroiflement du corps; les Anciens & les modernes conviennent que les lions (q) Vide Gefner, Hift.f]ua(Irup»ip^g, 575 & fuir, (rj Vide lil;» de diff, mmûh cap. LXXX» '^ Ju I.ton, * ' 5 nruvfaux - nés font fort petits , de fa grnndcur à peu près d'une belette (f) c'eft-àdirc de fix ou fcpt pouces de lon- gueur ; il leu; faut «lonc au moins qucU qucs années pour grandir de huit ou neuf pieds : ils difent auHi que les lion- ceaux ne font en état de marcher que deux mois après leur naiflancc. Sans don- ner une cniière confiance au rapport de CCS faits , on peut préfumer avec affcz de vraifeinblance que le lion, attendu b grandeur de fa taille, efl au moins trois ou quatre ans à croître , & qu'il doit vivre cnvin n fept fois trois ou quatre ans, c'eltà-dirc , à peu près vingt-cinq ans. Le S/ de Saint- Martin , maître du Com- bat du Taureau à»Paris, qui a bien voulu me communiquer les remarques qu'il avoit rail es fur les l>ons qu'il a nourris , m'a fait affurer qu'il en avoit gardé quelques- uns pendaut feize ou dix- iept an^, & il croit qu'ils ne vivent guère que vingt ou vingt-deux ans; il en a gardé d'autres pendant douze ou quinze ans , & ron îèiit bien que dans ces lions captifs le manque d'exercice , la coîttrainte & l'en- (fj VUc lié, di dî^, animéd. cap. LXXX, * rï6 Hiptre Naturelle , Auf , ne peuvent qu'affoiblirieur fanté éi abréger leur vie. Ariftote aflure en ckuî^ endroits dtffé- rèns de fon ouvrage fur la génération (t)^ q(ue là lionne prt)du'i' cinq ou fix petits de la première portée, quatre ou cinq de la féconde, trois ou quatre de la troi- fième , deux ou trois de la quatrième , un ou deux de la cinquième , & qu'après cette dernière prônée qui cft toujours la moins nombicuie de toutes, la Ii©nne devient ftérile. Je ne croi» point cette aflertion fondée , car dans tous les ani* maux ies premières & lej dernières por- tées font moins nombr€u(e> que les portées intermédiaires. Ce Phi'o bphé s'efl encore trompé, & tous ies Natura- liftes tant anciens que- modernes , fe font trompés d^a,)rès' lui, lorfqu'iis ont dit que la lionne n*avoit que deux mamelles; il eil ^rès-îûr qu'elle en a quatre , & il eftrfifé de s^eil affurer parla (euleinfpec- tioii ; il' cHi auffi fu) que les lions , les ours ,• ies renards naifient informes , ' (i) Vide Arift. dt g/nei-atione , lib. III > «p. l! & X. J ''du Lion* il/ prefque în articulés , &. l'on fait , à n'en pas douter qu'à leur iiaiffince tous ces animaux font au (Fi fonnés fjue les autres, & que tous leurs membres lont diftinds & développés ; enfin il aflure que les lions s'accouplent à rebours {xj, tandis qu'il eft de même démontré par la feule Hifj)edion des parties du mâle & de l^ur diredion , iorfqu'elles font dans Fétat propre à l'accouplement , qu'il Ce fait à îa manière ordinaire .des autres quadru- pèdes. J'ai cru devoir faire jnepticn en détail de ces petites jerrcurs d'Ariflotej parce que Tauiprité de ce grand homme a entraîné prefque tous ceux qui oi\t écrit après lui fur l'hidoire naturelle des animaux. Ce qu'il dit encore au fujet du cou du lion , qu'il prétend ne contei;iir qu'un fcul os , rig'de , inflexible & fans divifion de v^rièlir^s, a été démenti , par l'expérience qui même nous a donné tfur cela un fait très- générai» c'eft que dans tous les quadrupèdes , fans en exceptei: fjcj Vicîc Arifl. Hi/I. anima/» lib, V^ cap. II. . ,ï Linnœus, Sy/i, nat, dit, X, ^ag, ^/, X«> retrê^ î I i HiJIotre Naturelle aucun, & même dans l'homme, Fe cou cfl compoié de fcpt vertèbres, ni plus, ni moins , & ces mêmes {c\n vertèbres fe trouvent dans îc cou du lion, comme dans celui de tous les autres animaux quadrupèdes. Un autre fait encore , c'cft qu'en gtncral les animaux carnaflicrs ont ic cou beaucoup plus court que les animaux frugivores, & fur- tout que les animaux ruminans ; mais cette différence de longueur dans le cou des quadru- pèdes, ne dépend que de la grandeur de chaque vertèbre <& non pas de leur nombre , qui cft toujours le même : on peut. s'en aflurer, en jetant les yeux fur rimmcnlè colledion de fquclettes qui fc trouvent maintenant au Cabinet du Roi; on verra qu'à commencer par l'cicphant & à finir par la taupe , tous les animaux q-iadrupèdes ont fept vcric»bres dans le cou , & qu'aucun n'en a ni plus ni moins. A l'égard de la folidité des os du lion, qu Anftote dit être fans moelle & fins c.ivitc, de leur dureté qu'il compare à celle du Citiilou , de leur propriété de faire feu par le frottement ; c efl une erreur qui i: mcii i, comme ' 'Ju LtOffi ' \ t r^ n'aiiroh pas Jô être répétée par Kdbe fyj; ni même parvenir julqu'à nous , puUque dans le fièclc même d'Ariftote, Épicurc sVtoit moqué de cette alîêriion. Les lions font très-ardtns en amour; ïorfque la fcmelic cft en chaleur, e!Ie eft quelquefois (uivic de huit ou dix mâles ^^J qui ne ccffént de rugir autour d'elle & de fe livrer des combats furieux, jufqu'à ce cjuc l'un d'entre eux , vainqueur de tous les autres, en detncure paifible pof- felïcur ôi s'éloigne avec elle. La lionne met bas au printenip'» faj & ne produit qu'une fois tous les ans ; ce qui indique encore qu'elle e(l occupée pendant plu- fieurs mois à foigncr & allaiter fes petits, t'k que par conléquent le temps de leur premier actroifiement , pendant lcc|uel ifs ont beluin des lécours de la mère , cil au ? moins de quei(|ucs mois. Dans ces animaux , toutes les paflions ^ même les [)lus douces, font excefîives, & l'amour maternel cft extrême. La h'onnc (yj Voyci les Mémoires de Kolbc, Amjiercltim i jy^r , towf III , juiges ^ ir y, (l) Vide Gefner, HiJÎ, quadmp, pag. 575 & fuîv# (a) Idem, ibidem, ^ ., ., ; , fliS "Blftcire "Naturelle naturellement moins forte, moins coirrif^ geu(è & plus tranquille que le lion , ^e* vient terrible dès qu'elle a des petits'; elle fè montre alors avec encore plus de iiardiefîè que le liou , elle ne connoît poim le danger , elle fê jeite indifïerem- jnent fur les hommes & fur les animaux qu'elfe rencontre , ei!e les met à mort , iè charge enfuite de (a proie,, la porte âc la partage à fês lionceaux , auxquels elle apprend de bonne heure à fucer le fang & a déchirer ia chair. D'ordinaire elle met bas dans des lieux très- écartés & de difficile accès , & lorCqu'elie craint d-étre découverte, elle cache iès traces en re- tournant plufieurs fois fur fes pas, ou bien elle les efface avec (à queue; quel> quefois même, lorfque i'inquiétude eft grande , elle tranfporte ailleurs (es petits, 4& quand on veut les lui enlever, elle devient furieufê & les défend jufqu'à la dernière extrémité. ^ 1^4 1 On croit que le lion n'a pas Todorat aufli parfait ni les yeux aurfi bons que la plupart des autres animaux de proie; on a remarqué que la grande lumière du jfolcil paroît i'iACommoder , qu'il marche rarement ns cami^ lion , vd|p« ;$ petits; f e plus de ; connoît idiffiérem- s animaux t à mort , ' [a porte & xquels elle :er le fang linaîre elic :artés & de raint d-êire iccs en rc- ;s pas , ou leue; quel- Liiétude eft s Ces petits ilever, elle jufqu'â u > du LîOti, \ Ml rarement dans le milieu du jour , que ç'oft pendant la nuit qu'il fait toutes Tes ciourfes, que quand il voit des feux allu- més autour des troupeaux , il n'en ap- proche, guère, ôic. on a obfcTvé qu'il n'évente pas de loin l'odeur' des autres animaux , qu'il ne les chafle qu'à vue & non pas en les fuivant à la pifte , cojume font les chiens & les loups dont l'odorat cfl plus fin. On a même donné le nom de Guide ou de Pourvoyeur ihi l'ion à une cTpèce de lynx auquel on fuppolè la vue perçante & l'odorat exquis , & on pre'tend que ce lynx accompagne ou précède toujours le lion pour lui indi- quer fa proie : nous ccSinoiffons cet ani-: mal , qui (è trouve comme le lion , en Arabie, en Libye, &c. qui , comme lui, vit de proie , & le fuit peut-être quelque- fois pour profiter de fes relies, car étant foible & de petite taille , il doit fuir le lion plutôt que le lervir. ^^ Le lion , lorfqu'il a faim , attaque de face tous les animaux qui fe préfentent; mais comme il efl très-redouté , & que tous cherchent à éviter fa rencontre , il eiV fou vent obligé de fc cacher & de les 7 orne VI IL F y 11 JJIJfoire NatursHe attendre au palîàge ; il fe tapit fur le ventre dans un endroit fourré, d'où il s'clance avec tant de force, qu'il les (arfit fouvcnt du premier bond : dans ies délcrts & les forêts , fa npurriture !a plus ordinaire font ies gazelles & les finges, quoiqu'il ne prenne ceux - ci que lorfqu'ils font à terre , car il ne grimpe pas fur les arbres comme le tigre ou le puma (b); il mange beaucoup à la fois & fe remplit pour deux ou trois jours ; il a les dents fi fortes qu'il brifc aifément les os , & il les avale avec la chair. On prétend qu'il fupporte long- temps la fiim , comme fon tempé- rament eft exceffivement chaud , il fup- porte moins patiemment la foif , & boit toutes les fois qu'il peut trouver de l'eau , ÎI prend l'eau en lapant comme un chien ; mais au lieu que la langue du chien fe courbe en defTus pour laper , celle du lion fe courbe en deflbus , ce qui fait qu'il eft long- temps à boire & qu'il perd beaucoup d'eau ; il lui faut environ quinze livres de chair crue chaque jour; H préfère la chair des animaux vivans, de ceux fur -tout qu'il vient d'égorger, (bj Vide Klein , de qaadrup, pag» 82 . ■'ï i ;e ventre s'élance fouvcnt rts & les laire font iqu'U ne is font à les arbres il mange pUt pour s fi fortes l les avale l fupportô )n tempé- \ , il Tup- f, & boit : de l'eau , un chien ; chien fc celle du e qui fait qu'il perd |t enviroiï .que jour; lx vivans, 'égorger , W ne fe jette pas volontiers fur des ca- davres infedls , i& il aime mieux chafîcr une nouvelle proie que de retourner chercher les reftes de la première : mais quoique d'ordinaire H fe nourriffe de chair fraîche , fon haleine efl très- forte & fon urine a une odeur infupportable. Le rugiffement du lion eft fi fort que quand il fe fliit entendre , par échos , la nuit dans les défèrts , il relTemble au bruit du tonnerre fcj; ce rugiffement efl fà voix ordinaire , car quand il efl en colère il a un autre cri , qui efl court & réitéré fubi- tement ; au lieu que le rugiflement ell un cri prolongé, une efpèce de grondement d'un ton grave, mêlé d'un frémifîcmcnt plus aigu : il rugit cinq ou fix fois par jour, & plus fou vent lorfqu'il doit tomber de la pluie fdj. Le cri qu'il fait lorfqu'il cil en colère , efl encore plus terrible que le rugifîèment ; alors il fc bat les flancs de la queue , il en bat la terre , il agite fa fcj Voyez les voyages de ia Boullaye - le - Gouz , ( d) C'cft du fieur de Saint - Martin , Maître du I Combat du Taureau , qui a ntuirri plufieurs lions. c^ue :ious tenons ces dQinicrs faits« Fij ;i 24 HiJIohr Naturelle crinicre, fait mouvoir la peau de fa fiice, rtnuie les gros foiircils, montre ckb dcius ïiicn:iage 1 12, !•;-'■! lit; 12 8 Hiflolre Natureïïe -\: LES TIGRES.^ C'OMME le nom de Tigre, efl un • nom générique qu'on a donné à plufieurs animaux d'efpèccs diffërenies, il faut commencer par les diflinguer ics ur.s des autres. Les léopards & les pan- thères que Ton * fou vent confondus cnfemble , ont tous deux été appelés îigres par la plupart des voyageurs ; l'once ou l'onça qui cft une petite efpèce de panthère qui s'apprivoife aifément, & dont ics Orientaux (ê fervent pour la chaiïe , a été prife pour la panthère , & défignée comme elle par le nom de tigre. Le lynx ou loup-cervier , le pourvoyeur du Kon , que ies Turcs appellent karac- koulak & les Pcrfans fiyahgush , ont quel- quefois aufli reçu le nom de panthère ou iïonce. Tous ces animaux font communs en Afrique & dans toutes les parties méri- dionales de l'A fie; mais le vrai tigre, le fêul qui doit porter ce nom , cft un ani- mal rare, peu connu des Anciens, & niai décrit par les Modernes. Ariftote^ ''^. 'des Tigres", ^. ti^ quî eft en Hilloire Naturelle le guide des uns & des autres , n'en fait aucune mention ; Pline fa) dit feulement que le tigre clt un animal d'une vîtefle terrible ; îremendœ velockatîs animal , & il donne à entendre que de fon temps il étoit bien plus rareque la panthère : puifqu'Augufle fut le premier qui préfenia un tigre aux Romains pour la dédicace du théâtre de Marcellus , tandis que dès le temps de Scaurus , cet Edile avoit envoyé cent cinquante panthères (l?) , & qu'enfuitcr Pompée "a avoit fait venir quatre cents dix, & A j'fte quatre cents vingt pour ics fped:,.' ::, de Rome; mais Pline ne nous donne aucune defcription , ni même ne nous indique aucun des caractères du tigre. Oppien (c) & Solin qui ont écrit après Pline, paroiffent être les premiers qui aient dit que le tigre étoit marqué par ^V Vide Pliii. Natwaî. Hift. lib. VIÏT , cap. XYlII. (b) Ibidem, îbid, lib. VIII, cap. XVli. (c) Vide Oppian. lib. 1 , de Venatione- , ubi ait : Otyngts nlios aecorari rartiis oblongis tigrimn inflar , alios ver,} roiundis ut panthera. — Tigres { ait Solinus) beftias infignes macidis nota & pcrniritas memonibiles reddide- runt , fuï'0 nitent , hoc fulvum nigricantibus fegmentis mer uuduiian^ 5' I » fi 3 0 Hifiolre Naturelle des bandes longues , & la panthère par des taches rondei. ; c*e(l en efîct l'un des caraiîlères qui dillingue le vrai tigre , non- fculemerit delà panthère , mais de pluficurs autres animaux qu'on a depuis appelés tigres, Strabon (d) cite Mégafthène au fujet du vrai tigre , & il dit d'après lui , qu'il y a des tigres aux Indes qui font une fois plus gros que des lions : le tigre elt donc un animal féroce, d'une vittljè terrible , dont le corps ci\ marqué de bandes longue», & dont la taille lurpafle celle du lion» Voilà les (èulcs nouons c|uc les Anciens nous aient données d'un animal aulii remarquable; les Modernes, comme Gcfner & les autres Naturalilles qui ont parlé du tigre , n'ont prcfque rien ajouté au peu qu'en ont dit les Anciens. Dans notre langue , on a appelé ^f^wjf de tigres ou peaux tigrées toutes les peaux à poil court, qui fe font trouvées variées par des taches arrondies & féparées : les voyageurs partant de cette faufle déno- iriination , ont à leur tour appelés tigres »ous les animaux de proie dont la peau €toit tigrée , c'eft - à - dire , maxc^uéc de (d) Vide Strab. lit, ÀV, 9^T^* des Iigrcs, \ 131 «elles fcparccs. M/* de l'Académie des Sciences ont fuivi le torrent, & ont auiîi aj)pclé tigres les animaux à peau tigrée qu'ils ont dideques , & qui ccj)cndaut lont très-différens du vrai tigre. La cal' Te la plus générale des équi- voques & des incertiiudes qui fc font (1 fort mul'i|)liées en llilloire Naiure'le, c'efl , comme je l'ai incliqué dans i'ariic'e précédent , la néccffitéoù l'on s'eft trouvé de donner des noms aux produdions in- connues du nouveau monde. Les ani- maux , quoique pour la plupart d'efpèce & de nature très-différenics de ceux de l'ancien continent , ont reçu les mêmes noms dès qu'on leur a trouvé quelque rapport ou quelque rcflemblance avec ceux-ci. On s'étoit d'abord trompé ea Europe en appelant tigres tous les ani- maux à peau tigrée d'Alie & d'Afrique : ceue erreur tranfportée en Amérique y a doublé ; car ayant trouvé dans cette terre nouvelle des animaux dont la peau étoit marquée de taches arrondies & féparées , on leur a donné le nom de tigres , quoiqu'ils ne fàifTent ni de i'ef- |f)èce du vrai tigre, ni même d'aucune F vj 'Iji Hîfloke Naturelle de cclîcs des animaux à peau î'igrée de l'A fie ou de l'Afrique, au^cquels on avoit déjà mal- à.- propos donné ce même nom : & comme ces animaux à peau tigrée qui fe font trouvés en Amérique iont en aiïez grand nombre , & qu'on n'a pas laifTé de leur donner à tous le nom com- mun de tigre , quoiqu'ils fuflent très- différens du tigre & différées entre eux ; il fè trouve qu'au lieu d'une feule efpèce qui doit porter ce nom , il y en a neuf ou dix, & que par conféquem riiifloirc de ces animaux eft très-embarrafTée, très- difficile à faire , parce que les noms ont confondu les chofes , & qu'en faifant mention de ces animaux l'on a fou vent dit des uns ce qui devoit être dit dc3 autres. Pour prévenir la confufion qui ré fuite de ces dénominations mai appliquées à la plupart des animaux du nouveau Monde , & en particulier à ceux que l'on a fauf- fement appelés tigres, j'ai penfé que (e plus fur étoit de faire une énumération comparée des animaux quadrupèdes , dans laquelle je diftilSI^ue , i.° ceux qui font JOaturels & propres à l'ancien continent ; i tigrée cTe îls on avoit ême nom : tigrée qui « iont en »n n'a pas nom com- fTent très- :ntre eux ; ule efpèce en a neuf u riiifloirc ifîee, très- noms ont en faifant a fbuvent re dit des qui ré fuite iquécs à la Li Monde , 3n a fauf- ifé que (e umération èdcs , dans : qui font gniiiient ; 'des Tw'cs* îjj cVfl-â-dirc à i'Europe , TAfrique & l'A fie, &L qui ne fe font point trouvés en Amérique iorfqu'on en fit la décou- verte ; 2." ceux qui font naturels &: pro- pres au nouveau continent , & qui n,'é- toient point connus dans l'ancien; 5. "ceux qui (è trouvant cgaf ic ^ians les deux coniiaens , fans avoir été uanfporiés par les hommes, doivent être regardés comme communs & à Tun & à l'autre. Il a fîlHu pour cela recueillir & ralTemMer ce qui le trouve épars au fujet des animaux, dans les voyageurs & dans les premiers hifto- riens du nouveau Monde: c'efl le précis de ces recherches que nous donnons ici avec quelque confiance, parce que nous les croyons utiles pour l'intelligence de toute l'Hifloire Naturelle, & en particulier de i'Hilloire des Animaux. \ ■: '«34 m AN I MA U X DE L'ANCIEN CONTINENT. ê. L\ . E S plus grands anînaaux font ceux qui font les mieux connus , & fur Icfquels en général il y a le moins d'équivor|ue ou d'incertitude; nous les fu-ivroiis donc dans cette énumération , en les indiquant à peu près par ordre de grandeur. \ Les élépbans appartiennent à l'ancien continent , & ne fo trouvent pas dans le nouveau; les plus grands font en A fie, les plus petits en Afrique ; tous font originaires des climats les plus chauds , ôc quoiqu'ils puiflent vivre dans les contrées tempérées, i!s ne peuvent y multiplier; ils ne multiplient pas même dans leur pays natal lorfqu'ils ont perdu leur li- berté ; cependant l'efpèce en e(l alTcz nombreufè, quoiqu'eniièrement con^finc^î aux feuls climats H>éridionaux de l'ancien continent; «Se non -feulement c!!e n'efl point en Amérique, mais il ne s'y trouve même aucun animal qu'on puilTe lut comparer , nî pour la grancJcur , ni pour la Hgure. On peut dire la même cho(ê du rhi- nocéros , dont l'efpèce eft [)eaucoup moins nombrcufc que celle de Télcphant ; il ne fe trouve que dans les déicrts de l'Afrique ôc duns les forêis de l'A fie mé- ridionale , & il n'y a eti Amérique aucun animal qui lui reflemble. L'hippopotame habiie les rivages des grands fleuves de l'Inde & de l'A trique ; refpèce en ei\ peut-être encore moins nombreufc que celle du rhinocéros , & ne fe trouve point en Amérit(ue , ni même dans les climats tempérés de l'an- cien continent. Le chaiv.eau & le dromadaire dont les efpèces, quoique très-voifines, font dif- férentes , & qui fè trouvent fi commu- nément en A fie , en Arabie & dans toutes les parties orientales de l'ancien continent , ctoient aufll inconnus aux Indes occi- dentales que l'éléphant , Thipuopotame & ie rhinoiéros. L'on a très- mal- à-propos donné le nom de ch;zg. 2^^^ '-!'■''' — ■' ■ fc) Voyez "Hrftoirc Naturelle des Tncîes de Joseph Acofla, traduit par Robert Renaud. Paris, 1600. depws la page ^^ j^f']'^'riiiL' p;ii)(h(. rc )* l-c 1 i^teil'Amcru[UC. Brillon, iv.v,"f. «4fl.V/;.;?. p.\g, Î70. (h ' (7u.'^rt,uit-tn',:, Pif'on , ffifl, N,;f, huf, par;, ic.fâ — 1..C 'liotr roii>;r. l^ivrèic , //'//. fr.inc, «y-v/Vi jvi;;. 165. — Le Tigre rouge, Biiiron, /v'*.^;;. «wW, tîc rdih ]cn Covtiiicnt. i ; ik les rclitioM , A ricii (le fcre aufli u corps, s taclies, du poil , ' , cSc f|iii :lui de h c par le s fuivngc C'cs dil* it pus que le plus J mimai de cil celui r)nr con~ c> Uk'OU'illil ; >d'tn;ir'c[i.u:; , uc. .JBrilKni, /, pncf. T c.^. r.tnc, (' — -Le 'l'igic noir, iiiidwn , /\r^n, dmma/$ 14-2 Animaux peut leur comparer & qui me pnroît avoir été mieux dénommé , c'efl fe chat- pard , qui tient du chat & de la panthère , & qu'il eft en effet plus ailé d'indiquer par cette dénomination compofée que par Ton nom mexicain tlacoofclotl ( k): \\ eft plus petit que le jaguar , ie ja- guarète & ie couguar , mais en même temps il efl plus grand qu'un chat fau- vage, auquel il refTemble par la figure ; il a feulement la queue beaucoup plus courte & la roPje femée de taches noires , longues fur le dos & arrondies fur le ventre. Le jaguar , le jaguarète , le coU" guar & le chat-pard font donc les animaux d'Amérique auxquels on a mal-à-propos donné le nom de ùgre» Nous avons vu" vivant le couguar & le chat- pard; nous nous fojnmes donc affurés qu'ils font chacun d'une efpcçe différente entr*eux , & encore plus différente de celle du tigre & de la panthère; & à l'égard du (k) Vide Hernandez, Hlflor. Mexïq. yag. Jtii —Chat-pard. Hiftoire de i'Acadcmie des Sciences, ou M*''noires pour fervir à i'Hifloire des Animaux, t(mie m, jHirtie J , page lo^^ — Chat-pard, Briflbn , Rtgn, anitnali pag, iy^. iJ e paroît le chat- :\nthère , indiquer )Çéc que 'oti (k)t , le ja- n même chat fau- i figure; ►up plus î noires, :s fur le , ic COU" animaux à- propos vons vu d; nous 'ils font bntr'eux , celle du îgard du j'ag. ;i2» :s Sciences , ; Animaux, r Jt Briffon , ele l'ancien Comment. 143 puma & du jaguar , il eft évident par les defcriptions de ceux qui les ont vus, que le puma n eft point un lion , ni le jaguar un tigre ; ainli nous pouvons pro- noncer fans fcrupule que le lion , le tigre & même la panthère , ne fe font pas plus trouvés en Amérique que l'cléphant , le rhinocéros , l'hippopotame , la giraffe & le chameau. Toutes ces cfpèces ayant befoin dun climat chaud pour fe pro- pager & n'ayant jamais habité dans les terres du Nord , n'ont pu communiquer ni parvenir en Amérique : ce fait général, dont il ne paroît pas au'on le fût feule^ ment douté , eft trop important pour ne le pas appuyer de toutes les preuves qui peuvent achever de^le conftater : conti- nuons donc notre énumération comparée des animaux de Tancien continent avec ceux du nouveay, Perlbnne n'ignore que les chevaux , non - feulement causèrent de la furprife , mais même donnèrent de la frayeur aux Américains lorfcju'iis les virent pour la première fois ; ils ont bien réulfi dans prefque tous les climats de ce nouveau continent, ôc ils y font aduellemciit pref- le .rl m r [144. Animaux de trente ans j'ai vu bœufs bretons, Ixi^ufi indien.-., bilons , il e(l trcs-iifliurc que ce (ont des animaux de iTitme efpcce, mais de races dirtérentc-s, qui s étant mêlées depuis ce temps, ont prt duit de.-, intlividus qui en ont eux nicmes produit d'autres, dcuit nos favancs (ont adutllement couvertes. J'ai eu entr'autrcs une vache b'ttonne ciui a étcchcz moi la louche de plulkurs géne'rations, &. jç Ci; '148 Animaux datée ds Tifc de Bourbon du 9 octobre 1759, que le bifon ou bœuf à boJTe de i'île de Bourbon produit avec nos bœufs d'Europe, & j'avoue que je regardoîs ce bœuf à bofle des Indes pluiôc comme un bifon que comme un bœuf. Je ne puis trop remercier M. de la Nux de n'ai jamais eu de taureaux întiicns ni bretons, mais feu- ieincnt des bifons entiers. Les premiers bâtards du mé- lange âcs bifons avec fcs races bretonnes, ont leur loupe ou bofîè fort petite: il y en a même qui n*cn ont pref- que pas , feulement le dediis des omoplates cft plus charnu que dans les bœufs br<^ tons ou indiens ; encore après plufieurs mélancres de î ois races bâtardes, tout difparoît ; & j'ai aduellemcnt plufieurs jeunes bêtes qui n'ont pas la moindre apparence des boffes cl; loupes très - diminuées que portent les mères qu'elles tettent. Nous nous (èrvons ici des boeuf-î, de quelque races qu'ils foient , pour porter les grains ik autres denrées: i'âpreté de nos montagnes ne permet ni la charrue , ni les charrois. Cet objet rend ici la race des bifcuis plus recomnfiandable ; & la p'upart de rus anciens Colons voient avec «rrand regret la diminution progrcfTive des loupes ou bofTes , ils font ce qu'ils peuvent pour confervcr les fouches les plus boflucs , en effet , dans les defcentes aflèz roides , cette bofTe retient la charge ; malgré cela , j'ai l'expérience , & depuis bien àts années , que la privation de la boffc ne rend pas nos boeufs moins propres à ce fervice. Il y a huit mois que je me fuis défait d'un bauf portant ou bauf de charge, né chez moi très- métis, qui a vois Jc< octobre bofTe de os boeufs ardoîs ce ; comme f. Je ne Nux de -iS, maisfeu- ards du me- ^l leur loupe i*cn ont pref- lates eft pï"s liens; encore àtardes, tout jeunes bêtes îes bofTes eu nèi-es (qu'elles s, de quelque lins ti autres permet r.i la nd ici la race ,'upavt de nos la diminution ont ce qu ils plus bofTucs , . cette bofTe cpérience , & 3n de la boffc i ce fer vice. Il 1 huf ponant jtis , qui avoit i?e l'i-wcicn Couthicnî. obfc 49 m'avoîr lait part de cette oblcrvatiGn , & il fcroit bien à defircr qu'à fon exemple les pcrfonnes habituées dans les pays loin- tains fiflent de feniblabics expériences fur les animaux : il me femble qu'il fèroit facile à nos habitans de la Louifiane d'cfîaycr de mêler le bilon d'Amérique avec la vîiche d'Europe, &: le taureau d'Europe avec la bifonne; peut-être produiroient- ils enfemble , & alors on (eroit afluré que le bœuf d'Europe, le boeuf bofTu fcrvî pendant plus de quatre ans , & qui n'avoit pas la moindre app;irence de hoffe; j'ai encore fa mère qui a boffc, & qui, âgée de dix-lcpt à dix-huit ans, donne encore lies veaux bien ctofFés. Ces bœufs de charge iont conduits & gouvernés par le nez qu'on perce entre les narines; on pafTe dans l'ouverture un fer courbé en croiflant, un peu ouvert aux deux extrcmitcs , aux- quelles font attaches deux anneaux ; cetie elpècc de bridon eft fupportc par une têtière qui palfe derrière îes cornes & les oreilles. La corde ou longe de con- duite, longue de quinze à feize pieds, eft attachée à l'un à&s anneaux : ordinairement le bœuf devance le condudeur. J'oubliois de vous ol>rerver que les bifons entiers ont toujours été trouvés ici plus foibles, non- feulement que les taureaux bretons , mais encore que les bâtards de la race bretonne , je fens bien qu'on voudroit favoir fi cela cft égal dans les individus pro- \enus d'un taureau ou d'une vache bifonne, & dans ceux provenus d'un bifon» Je ne fuij pas en état de répondre, &c, G ii; l I ' 3 1 5 o - Ammnux de rîîe cîc "Bourbon , le tnurcau des Incîes oiienta'es & le hilon d' A nitrique ne fë- roitni tous qu'une feule «5i niêinc erpècc. On voit pur les cxpciiences de M. de la Nux , que la boîîe ne fait point un caradère efTcniel, puTqu'elle ilil'paroît après quei(|uei gc'nérati.'n^ ; & d'ailleurs j'ai reconnu moi- même par une autre oblerva.ion , que ccae b.^lle ou loupe que l'on voit au chaineau comme au hifon, cft un c;iradère qui, quoique ordinaire n'efl pas confiant , & doit être regardé comme une diflTérence acciden- telle dépendante peut être de 1 embon- point du corps; car j'ai vu un chameau maigre & ma'ade qui n'avoii pas même l'apparence de Ii boiïe. L'autre carac- tère du bifon d'Améri((ue, qui eft d'a- voir le poil plus long en bien plus doux que celui de notre bœuf, paroît encore n'être cju'une différence qui pourroit venir de l'inHuence du climat , comme on le voit dans nos chèvres , nos chas & nos lapins , lorfqu'on les compare aux chèvres , aux chats & -aux lapins d'Angora, qui, quoique très- différens par le j)oil , fout: ccj^cndaat de la même M es IncTes ne fè- : efpècc. ; M. de oint un .lifparoît d'iiiileurs ne autre u loupe mine au quoique doit être acciden- l'embon- chameaa ias même •e carac- i eft dV ilus doux )ît encore pourroit , comme nos cha*s compare ux lapins - difFérens \ h même fie /'ancien Conîhicnl. i<^t efpècc: on pourroit donc iin:igincr avec cjuelque forie de vraileiuMance ( fur- tout fi le bifon d'Amérique produiloit avec jios vaches d'Euro])C'), (jue notre hœuf îiuroit autrefois j)airc par les terres du Nord cont'gucs à celles de l'Anicric|'ie fcptentrionale, ^ qu'enfuie ayant des- cendu dans les régions tempérées de ce nouvcaa monde , il auroit pris avec le temps les imprefFions du c'imat, & de Lœuf fcroit dc\enu bifon. Mais, jufqu'à ce que le fait eflentiel , cMl-à-dire la faculté de produire enfemble , en foit connu , nous nous croyons en droit de dire que notre bœuf efl un animal a})partenant à l'ancien continent , & qui n'exiftoit pas dans le nouveau avant d y avoir éié tranfporté. 11 y avort encore moins dfe brebis fr) que de boeufs en Amérique : e'Ies y ont été tranfportées d'Europe, & eiles ont réuffi dans tous ies climats chauds & tempères de ce nouveau continent: mais quoiqu'elles y forent afîez proliliques (f), (r) Voyez l'Hiftoire des Incas. Tans, ly^^»- icme II , page ^22, (Jj Voy. J'Hill.Ju Brefil, par ri.biî& Marcgravc*' 0 lllj 1 5 2' Ammmis elles y font communément plus maîgici , & les moutons ont en générai (a cluiit moins fucculentc & moins tendre qu'tn Europe ; le climat du Brefil cft appa- remment celui qui leur convient le mieux, car c'cft le fcul du nouveau monde où ili deviennent cxceflivement gras ft), L*on a tranfportc à la Jamaïque , non-lculcment dis brebis d'Europe, inaisaulli des mou- tons de Guinée (uj, qui y ont également réufli : ces deux efpèccs , c[ui nous pa- roifTcnt être différentes l'une de l'autre , appartiennent également & uniquement à l'ancien continent, II en cfl des chèvres comme des brebis, elles n'exiftoient point en Amérique , & celles qu'on y trouve aujourd'hui & qui y font cji grand nombre , viennent toutes des chèvres qui y ont été tranf- portées d'Europe, Elles ne fe font pas autant muhiplices au BrefiI (x) que les ft) Voyez l'Hiftoire du nouveau Monde, par Jean de Laèt. Ltydt , i 6^0, lib, XV, clutp, XV, { u) Oi'is Guiiiccnfis feu /Ingolenfis. Marcgravii, /'/). VI, cap. X. Ray, S^nojfis , p,ig, 7/, Voyez i'Hiftoire de la Jamaïque, par Hans Sloane. Loudns, lyoy, vol, 1 , pnge y^ de i'introduâion, (x) Voy. l'Mift, du nouv. Monde , lib, XY, Ct xv% laigrcs , la chair qu'iii \ appa- mieux, e où ils . L*on a ulcnicnt es mou- jalcmeiit sus pa- l'autre , luement s brebis, lérique , •d'hui (5c irienncnt té tranf- (bnt pas que les e , par Jean ^arcgravii , 7j. Voyez \e. Londres, XV, c, xv% de ïamien Conûnettt* i j 5 brebis; dans les premiers temps, lorf- que les £fpagnols les tranrportcrcnt au Pérou , elles y furent d'abord fi rarej qu'elles fc vcndoient jufqu'à cent dix ducats pièce (y); mais elles s'y multi- plièrent enfuite il prodigieufement qu elles k donnoient prcfque pour rien , & que i on n'ellimoit que la peau ; elles y pro- duifcnt trois , quatre & jufcju'à cinq che- vreaux d'une leule portée , tandis qu'en Europe elles n'en j:)orient qu'un ou deux» Les grandes & les petites îles de l'Amé- rique font au(fi peuplées de chèvres que les terres du continent ; les Elj)a- gnols en ont porté jufque dans les îles de la mer du Sud ; ils en avoient jeuplc i'île de Juan - Fernandès ("i^J où elles avoient extrêmement muliiplié ; mais comme c'étoit un fecours pour les Fii- builiers, qui dans la fuite coururent ces mers , les Efpagnols réfolurent de dé- truire les chèvres dans cette ile, & pou|r cela ils y lâchèrent des chiens qui s'y étant multipliés à leur tour , déiruifirent (y) Voyez i'Hirtoire des Incas, topie II , j'age ^220. (l) Voyez le voyage autour du Monde, par Anfo^ ]W>iI ♦ U, ^U^& 1 Oly G ¥ o y '' fSi fl 54 'Aiiimaiik îes *chèvrcs dans toutes les parties acccf- iibles de l'ile; & ces chiens y font deve- nus fi féroces , qu'adueilcmcni ils 'atta- quent fes hommes. Le fanglîer, le cochon domeftique , le cochon de Siam ou cochon de la Chine , qui tous trois ne font qu'une Jëule & même efpcce , & qui fè mulii- jjlient fi facilemei.it & fi nombreufêinent en Europe & en A fie , ne fe font point trouvés en Amérique : le Tajacou (a) , qui a une ouverture fur ie dos , eft l'a- ïiim li de ce continent qui en approche Je plus ; nous l'avons eu vivant, & nous avons inuiilcdient efîayé de le faire pro- duire avec le cochon d'Europe ; d'ailleurs il en diffère par un fi grand nombre d'autres caractères , que nous fommes Lien fondes à prononcer qu'il eft d'un* cfpcre différente. Les cochons tranlpor- tés d'Eu,rope en Amérique , y ont encore mieux réuifi & plus multiplié que ks 1, : ■ fa) Tajncu. Pifon , Imi. pag. 98. — Tajacn] 'av^r Mcxicanus itwjchi férus, Ray , SynoyJ. (juadriip, jMig. ^7' — Le Sanglier du Mexique. Les François ie la Guiaue l'appeltent Cof^n wir, ^riiTon, J^egn, e ;s accer-i )nt dcve- ils*atta- cftique , )n de la qu'une mulii- ufejnent )nt point cou (a) , eft l'a- ipproche & nous aire pro- d'ailleurs nombre ; fommes eft d'un« tranfpor- nt encore i que les — Tajacu ; \if. guadriip, ..es François iffçn, Rfp\ (k Tdimeti Continent 155 Brebis & les chèvres. Les premières truies, dit Garcilaiïû fùj, Ce vendirent au Pérou encore p'us cher que les chèvres. La chair du bœuf & du mouton , dit Pifon fcj, n'efi pas ù bonne au Brefil qu'en Eu- rope ; les cochons feuls y font meilleurs & y muliiplrent beaucoup; ils font aulli, félon Jean de Laët f{IJ, devenus meilleurs à Saint-Domingue qu'ils ne le font en Europe. En général , on peut dire que de tous les animaux domefliques qui ont été tranfportés d'Europe en Americjue, le cochon efl celui qui- a le mieux l 156 Animaux Canada; il faut faire venir de temps en temps d'Europe des boucs & des chèvres pour renouveler l'efpèce, qui par c^n^ raifon y eft très-peu noinbreufe. L'âne , c|ui multiplie au Brefil , au Pérou , &c. n'a pu multiplier en Canada ; l'on n'y voit ni mulets , ni ânes , quoiqu'cn diffe- rcns temps l'on y ait tranfporté plufieurs couples de ces derniers animaux auxquels le froid femble ôter cette force de tem- pe'rament , cette ardeur naturelle , qui dans ces climats les diftinguc fi fort des autres animaux. Les chevaux ont à peu près également multiplié dans les pays chauds & dans les pays froids du conti- nent de l'Amérique; il paroît feulement qu'ils font devenus plus petits (e); mais cela leur efl: commun avec tous les autres animaux qui ontététranfportés d'Europe en Amérique ; car les boeufs , les chèvres, les moutons , les cochons , les chiens , font plus petits en Canada qu'en France ; &, ce qui paroîtra peut-être beaucoup plus finguliër, c'eft qu^tous les animaux d'Amérique, même ceux qui font naturels (e) Voyez l'Hifloîre de fa Jamaïque^ par Hana Sioane. Londres , ijoy iX, ^7^ S* 11 !i.l I] ;^ de T ancien Contmenu ienips en > chèvres par cetie ane, ou, &c. Ton n'y l'en difFé- plufieurs auxquels I de tem- elle , qui i fort des Diit à peu ies pays du conti- feulement Je); mais les autres d'Europe s chèvres, î chiens , 1 France ; beaucoup 5 animaux it naturels 1^ par Bani climat font b( plu! Î7 )caucou[ général que ceux de l'ancien continent, La Nature fembic s'être (êrvie dans ce nouveau monde d'une autre échelle de grandeur ; i homme ell le feul qu'elle ait mefuré avec le même module: mais avant de donner les faits fur leff juels je fonde cette obfervation générale, il faut achever notre énumération. Le cochon ne s'efl donc point trouvé dans le nouveau monde , il y a été tranf~ porté ; & non-feulement il y a multiplié dans l'état de domefticité , mais il cft même devenu fauvage en plufieurs en- droits (f), & il y vit & multiplie dans les bois comme nos fangliers, fans le fècours de l'homme. On a aulfi tranfporié de la Guinée au Brefil^-^ une autre efpèce de cochon différente de celle de l'Europe , qui s'y eft multipliée. Ce cochon de (f) Les cochons d'Europe ont beaucoup multiplie dans toutes les Indes occidcHtaics ; ils y font deventis fauvages , & on les chafTe comme le Canglier dont il: ont pri:> le naturel & la férocité. Hijkire Naturel!: iâs Indes, par Jofqé Ac^Jîa» Palis, i6oo, page ^^ Ù" fuivantes, (g) Vie Eifon , /:///?, iVrjr, Brafil, mi app, MavCi gravii, 'ï 5 8 Animaux Guinée plus petit que celui d'Europe, a les oreilles fort longues & irès-poiniues, ia queue aufFi fort longue & traînant prciqu'à terre; il neft pas couvert de îoie^ longues , mais d'un poil court , & n piiroît faire une efpèce diftindte ôc féparée de celle du cochon d'Europe ; car nous n'avons pas appris qu'au Brcfil , où l'ardeur du climat favorife la propa- gation en tout genre , ces deux efj)èces le foient mêiéts , ni qu'elles aient même produit des mulets , ou des individus fe'conds. Les chiens , dont les races font ù variées & fi nombreufement rc^pancJucs , ne fe font, pour uinfi dire, trouvés en Amérique que par échantillons difficiles à comparer & à rapporter au total de i'efpèce. Il y avoit à Saint- Domingue des petits animaux appelés ^ï?/^w/j-^ (em- blabies à des petits chiens; niais il n'y avoit point de chiens lémblables à ceux d'E.:ropc, dit Garcilafîb, &. il ajoute fhj que lc> chiens d'Europe qu't)n avoit ti an' portes à Cuba & /i Saint-Domingue, ^/ij Voyez l'Hiftoire des Incas, Paris, //-/f/ Europe, )ointues> traînant uvert de ourt , & tinde & Europe ; u Brefil , a propa- : efpèces MU même individus s font fi panducs , rouvés ca k difficiles n total de Domingue ués , iem- lais il n'y les à ceux ajoute (h) ['on avoit ^omingue, iris, //^f/ Je rûfiàen Continent, i j^ ^tant devenus fauvages , diminuèrent d.ins ces îles la quantité du béiaii aufft devenu Hiuvagc; (jue ces chiens marchent par troupes cic dix ou douze «& font aufli méchans que des loups. 11 n'y avoii pas de vrais chiens aux Indes occlJtncaies, dit Jole])h Ki:oi\,\f(J, m;iis feulement des animaux femblabiei à de peiits chiens, qu'au Pérou ils appcloient alco , ^ ces alcos s'attachent à leurs maî.res ik ont à peu près aufli le naturel du ch'en. S\ l'on en croit le Père Charicvoix ("k), (jui fur cet article ne ci;e j)as tes garans, « les gcjchis de Saint-Domingue ciuient de ce petits chiens muets qui fcrvoicnt d'amu- ce iement aux dames ( l) , on s'en iervoit ce auffi à la chalîe pour éventer d'à res c< animaux ; ils ctoient bons à manger fmj, cç (i) Voyez l'Hiftoire Naturelle des liui">, par Jofeph Acolla, jaga ^6 tr fuivdntts. Voyez, auili l'Hiitoire du nou\cau Monde, par Jean du Li?t. Le^de , i6^f.o, l'r'. X, chap. v. (k) Voyez rHilloire de l'île Saint - Dominniie, par le Veto, Charievoix. Farh, //j- o, t:mc J, f, ^ f & Juiu, (I) Y avoit -il des Dawes à Sûnt-Domingue iorC- iju'on tn fit la décou\erte? (inj La chair 4^ chien n'cft pas benne à manger,' '4 i: I ^o A m maux M & furent d'une grande rcfTourcc Jani » les premières famines que les Efpagnols » effuyèreni : l'efpèce auroit manqué dans 3> Tile , fi on n'y en avoit pas rapporté de 35 plulîeurs endroits du continent. Il y en 3> avoit de plufîeurs fortes; les uns avoient n h peau tout- à-fait lifFe , d'autres avoient 33 tout le corps couvert d'une laine fort >3 douce ; le plus grand nombre n'avoit w qu'une cfpèce de duvet fort tendre & » fort rare : ia même variéié de couleur » qui fe voit parmi nos cliiens fe rencon- 53 trpit aufîî dans ceux-là , & plus grande M enèore , parce que toutes les couleurs s'^y tronvoient, & même les plus vives. » Si l'efpè^des goithis a jamais exifté avec ces finguiarités que iui attribue le Père Charlevoix , pourquoi les autres Auteurs n'en font- ils pas mention l & pourquoi <;es animaux qui, (èlonlui, étoient répan- dus non - feulement dans l'île de Saint- Domingue, mais en plufîeurs endroits du continent , ne fubfiitent-ils plus aujour- d'huf î ou plutôt , s'ils fub fi lient , com- ment ont-ils ] lerdu toutes ces belles fingu- larités ! i- efl: vraifemblabie que le gofchis ûu Père Charlevoix ^ dont ii dit n'avoir 1!% -t rcc Jhni fpagnols {ué dans porté de . Il y en avoient avoicnt aine fort n'avoit endic & couleur rencon- s grande couleurs vives. 33 :iflé avec le Père Auteurs Pourquoi nt répan- le Saint- droits du 1 aujour- t , corn- as fingu- î gofchis t n'avoir ile rathkn Corît'tncnt. lût trouvé le nom que dans le Père Pers , cft le gofqués de Garcilafîb ; il fe peut aufli que le gofqués de Saint-Domingue «îk i'alco du Pérou ne foient que le même animal; il paroît certain que cet animal dl ';elui de TAme'rique qui a le plus de rapport avec le chien d'Europe. Quelques Auteurs l'ont regardé comme un vrai chien: Jean de Lact (n) dit expreffément, que dans le temps de la découverte des Indes il y avoit à Saint-Domingue une petite efpéce de chiens dont on fe fervoit jjour la chalTc , mais qui étoient ahfolu- ment muets. Nous avons vu dans l'hif- toire du chien (o), que ces animaux perdent la faculté d'aboyer dans \qs pays chauds ; mais Taboicment efl remplacé par une efpècc de hurlement, & ils ne font jamais, comme ces animaux trouvés en Amérique, abfolumcnt muets. Les chiens tranfportcs d'Europe ont à peu près également réufîi dans les contrées les plus chaudes &. les plus froides (n) Voyez i'FIiftofre du nouveau Monde, par Jean de Lat-t, liv. XV, chny. XV. (() Voyez \e fixième volume de cette Hifloire Ni* lurdle, article du Q/kii, .;««'■ 'j6 Ammdux i\ ij ,n d'Amérique , au Brefil & au Canada, & ce font de tous les animaux ceux que les Sauvages eilinent le plus ("p); cepen- dant ils paroincnt avoir change de nature, ils ont perdu leur voix d.ms les pays chauds , la grandeur de la tai.le dans les pays froids , & iU ont pris prefque par - tout des oreilles droites ; ils ont donc dégénéré , ou plutôt remonté à leur cfjîèce primitive, qui eft celle du chien de berger , du cliien à oreilles droites, qui de tous efl celui qui aboie le moins. On peut donc regarder les chiens comme appartcnans uniquement à l'anc'cn continent , où leur nature ne s'cft développée toute entière que dans les légii»ns tempérées, ^ où elle paroît s*être variée & perfectionnée par les foins de l'homme, pulfque dans tous les pays non policés & dans tous les climats ex- ceiïivcfnent chauds ou froids, ils font également petits. laids & prefcjue muets. L'hiaîne (q), qui cil à peu près de la (p) Voyez i'Hiftoire du nouveau Monde, par Jean de l act , liv, XV, cha-p, XV, y âge S ' S' (q) Hyc^na, Arillotdis, Hill aiiiinal, — Dùùuli 'Aratiim. Charleton , E,ur, pag. i ) . mada, & eux que ; ce[)eii- e nature, les pays i.Ie dans prefque ils ont monté à celle du à oreilles- c|ui aboie arder kî ucnient à e ne sert dans les mît s'être ► foins de les pays limats ex- , ils font muets, ^rcs de (a /[onde , par {Je tatiàen Conthient. 1^3 grandeur du loup, eft un animal connu des Anciens , & que nous avons vu vivant; il efl finguîier par l'ouverture & les glandes qu'il a fiLuc'es comme celles du blaireau, defqnelies il fort une hu- meur d'une odeur très-forte: il ell aufli trt's-remarquable par fi longue crinière, qui s'étend le long du cou us cette même du que la civette Efjagnc , nous int la civette de pag. y 6. — Cemttû* larleton , Exei: p. io, > animal» pag. 252, ^le yanàcn Confinent, i ^ j rAfriquc & des Indes, dont on tire le nulle que l'on mcie «Se prépare avec celui que l'on tire aulli de l'aiiiinal ap- pelé h'uim à la Chine, & nous regardons la vr:)ie civette comme un animal des parties méridionales de l'ancien con- tinent, qui ne s'cfl pas répandu vers le Nord, & qui n'a pu palfer dans le nouveau. Les chats étoient , comme les chiens tout-à-fait étrangers au nouveau monde, & je fuis maintenant perfuadc que VtÇ- pèce n'y exifloit point , quoique j'aie cite un pafTage (tj, par lequel il paroît qu'un homme de l'équipage de Chrif- tophe Colomb avoit trouvé & tué fur la côte de ces nouvelles terres un chat fauvage; je n'étois pas alors aufîi inilruit que je le fuis aujourd'hui , de tous les abus que Ton a fait des noms, & j'avoue que je ne connoiffois pas encore aflez les animaux pour diftinguer nettement dans les témoignages dts voyageurs lej noms ufurpés , les dénominations mai appliquées , empruntées ou fadices ; & (t) Voyez lefxiéme volume àt cette Hirtoire Natu- «die , article du Chat, IMAGE EVALUATION TEST TARGET (AAT-3) O m w A ^^ ^ % 1.0 l.l S.25 If 1^ 2.5 — 6" 120 1.8 U il.ô V] (^ 7. e^.. .^. -^ M '/ Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 4^ % ikr û dont ies recherches fe bornent à ce feul point- de-vue, loin d'avoir éclairci la matière, l'ont encore embrouillée par d'autres dénominations & des phrafcs relatives à des méihodes arbitraires, toujours plus fautives que le coup-d'œil & l'infpcc- tion. La pente naturelle que nous avons à comparer les chofcs que nous voyons pour la première fois à celles qui nous font déjà connues , jointe à la difficuhé prefqu'invincible qu'il y avoit à pro- noncer les noms donnés aux chofes par les Américains , (ont les deux caufes de cette mauvaife applicanon des déno- minations , qui depuis a produit tant d'erreurs. Il cft , par exemple , bien plus commode de donner à un animal nouveau le nom de fanglier (u) ou de cochon noir, que de prononcer Ion nom mexicain quauh-coyamelt: de même, il (u) Voyez le voynge <^c DermarcFiaîs , rome III , fdgt 112; & l'Effai fur i'hifbire naturelle de fa France équinoxiale , par Barrcre. Paris , t J'^o / avec ï'Hiftoire du Mexique, par Hernandès , jhioe ^^7; & l'Hiftoire de la nouvelle El'pagne, par Fcrnanîcs^ f les ônne ^ nt les point- Il ière , 'autres ives à s plus nfpcc- avons soyons i nous filiculté i pro- fcs par afes de (Jéno- it tant , bien animal ou de n nom lie , il orne m , e de fa o ; avec mandes , àe t ancien Contwent, i6'f ^toît pïus aîfé d'en appeîer un autre renard Américain {xj, que de lui conferver (on nom brafilien tamandua - guacu ; de nommer de même mouton ou chameau du Pérou (y )i des animaux qui dans cette langue fe nommoient^f/pw ichlath- oquitli : on a de même appelé cochon^-deau f^J (e câbla ou cabîonara, ou capybara, quoi- que ce foit un animal très-différent d'un cochon , ie carigue'ibeju s'eft appelé loutre. Il en e(l de même de prefque tous les autres animaux du nouveau monde , dont les noms étoient fi barbares & fi étrangers pour les Européens , qu'ils cherchèrent à leur en donner d'autres par des reG- fcmblances , quelquefois heurcules , avec les animaux de l'ancien coniitient; mais fouvcnt au(fi par de fimples rapports, trop éloignés pour fonder l'application de ces dénominations. On a regardé comme des lièvres & des lapins cinq ou fix efpèces de petits animaux , qui n'ont guère d'autre rapport avec la lièvres & les lapins que d'avoir, comme eux, la {xj Voyez Defmarchais, totne III , page ^oji (y) Voyez Hernandès, Hlfl, du Mexique , p, ^ /immaux'' >'. appelle temnmaçame , que Seba défignc par le nom de cervus , Klein par celui de trngidus , *5c M. BrilTon ^'prochoient beaucoup plus que les noires de celles des beies , il n'y eût au- cune ibcié'ié , ni même aucune habitude entre ces hommes lauvagcs <3c le^ animaux qui les cnvironnoicnt ; puirque l'on n'a trouvé des animaux domelliques que chez les peuples déjà civiltlés: celi ne j)rouve-t-il pas que l'homme dans l'état de fauvage , n'elt qu'une clpèce d'animal iiicaj able de commander aux autres, & qui n'ayiiul coiiimc eux que les faculléii' il ïli'j 176 AflilNJllX incJividucIîcs , s'en fcrt de nit-mc pour chercher {\\ liih fi fiance A: pourvoir à fa fùrcié en ai(;iv|iuiiu les iuiljcs, en évitant les f(^rts, & fans avenir nucune idcc de i\\ puiuiincc réelle Jk de (a fiiperioriic de nature Tup^tous ces êtres, qu'il ne cherche point il fc lubordonncr î En jetant un coup d'œil fur tous les peuj^ies enticrc- jnent , ou même à demi- polices , nous irouvcrons j)ar-tout des animaux doincf- tiqucî ; chez nous, le cheval, l'anc , ic i)œuf, la brebis, la chèvre, le cochon, ïe chien & le chai ; le huille en Italie, le renne chez les Lappons ; ic lama , le pacos & l\;ico chez les Pèruviciis; le drc^ma- daire , le chameau & d'autres cfi^èecs cfe ixeufs , de brebis <5c de chèvrci chez les Orientaux ; l'clepiiant même chez Ici peuples du MiJi; lous ont été fournis au joug, réduits en It^rviiudc ou bien adm;s a la tocieic , tandis que le Sauvage cherchant ;\ peine la ibciéie de la Icmclîe, craint ou dédaigne celle des animaux. 11 c[\ vrai que de toutes les efpèces que nous avons rendues domeiliqucs dans ce continent, aucune n'exifloit en Amt'rique; maii fi les hointiics fauvagcs dont elle du uotivcmt Monde, ijy ^toît peuplée , fc fufTcnt anciennement réunis, & qu'ils fe fuflcnt prêté les lu- mières & les fccours muiucli cfe la fociétc , ils auroient fubjugué 6c fait Icrvir à leur uliige la plupart des animnux de leur pays : car ils lont prefciue tous d'un naturel doux , docile & timide; «?c il y en a peu de mal-failans & prefqu'aucun de redou- table. Ainfi ce n'cft ni par fierté de na- ture , ni par indocilité de caradlcre que ces animaux ont confcrvé leur liberté , évité Tefcavage oit b domefliciié; mais par la feule impuiffance de l'homme , cjui ne peut rien en effet que par les forces de la lociété , fa propagation même , fa multiplication en dépend. Ces terres îmineiifcs du nouveau monde n'étoient , pour ainfi dire , que parfemées de quel- ques poignées d'hommes , & je croîs qu'on pourroi. dire qu'il n'y avoit pas danh toute l' Amérique, lorfqu'on en lit la découverte . iuiant d'hommes qu'on eu coinp e aélueliemehc dans la moitié de rturope. Cette difetie dans l'efpèce hjnuiine fiubit l'abondance, c'cft-à-dire, le grand nombre dans chaque efpèce des auanaux naïuicls au pays ; ils avoicivt ^il :i78 11 An} maux beaucoup moins d'ennemis & beaucoup plus d efpace , tout flivorifoit donc leur ïnuItij)lication , (Se chaque efpcce éioit relativement très- nombreufe en individus : mais il n'en étoit pas de même du nombre ûbfulu des efpèces , elles étoient en petit nombre , <5c fi on les compare avec celui des efpèces de l'ancien continent , on trouvera qu'il ne vu peut-être ])as au quart , & tout au plus au tiers. Si nous comptons deux cents efpèces d'animaux quadrupèdes (b) dans toute la terre ha- bitable ou connue , nous en trouverons plus de cent trente efpèces dans l'ancien continent, & moins de ibixante-dix dans le riouvcau ; & fi l'on en ôtoit encore les efpèces communes aux deux continens, c'tft à dire celles feulement qui par leur nature peuvent fupporter le froid, & qui ont pu comnuinifjucr par les terres du nord de ce continent dans l'autre, on H {h) M. Linnreus, cfiins fa derniève édition, Holms, >7/«y. n'en com^.tc cjue ont (oixantc- (ept. M. Brifîon , dans Ton Règne animal , m indique deux cents loixante ; n\\\s il en fant retrancher peut - être plus de foixantc, qui ne (ont que Av^ v.'^iiéics &. ncn |«s n/j, j j p. Les Portugais l'appellent Arra. iSo Aîiimaus ^^ parc à l'un «?c à l'autre de ces animaux , c|U()i<:|u'il ne leur reflcnible en rien, ii'eiant ni foiipcdc, ni pied -fourchu , mais fiHi])cde irréguiier , ayant quatre doigts aux pieds de devant & trois à ceux de derrière : il a le corps à peu près de la forme de celui d'un cochon , la tétc cependant beaucoup plus grofle à pro- portion , point de défenfes ou dents ca- nines, la lèvre fupérieurc fort alongée & mobile à volonté. Le lama dont nous avons parlé , n'eft pas fi gros que le tapir, & ne paroît grand que par l'alongement du cou & la hauteur des jambes. Le pacos cft encore de beaucoup plus petit. Le cabiai ( d) qui ell après le tapir, fe plus gros animai de l'Américjuc méri- dionale , ne Teft cependant pas plus qu'un cochon de grandeur médiocre ; il diffère autant qu'aucun des précédens de tous ies animaux de l'ancien continent ; car quoiqu'on Tait appelé cochon de marais (c) (d) Cajfhra Brafdknfhus. Marcgravii , Hijl, BrafU pag. 230. fc) Sus max'imus ynluflris. Barrcre , Hifl. Fr. etjniK, p. \Co. — Cochon d'eau. Voyages de JDefciarchaii', élu îîotiveau Monde, 1 8 t ou cochon d'eau i diffère du cochon par des carav^ères efTentiels & très - ap- pareils ; il cft fifîipède, ayant, comme le tapir , qiuitre doigts aux pieds de déviant ou bic/ie des nuirais ou des Paléiuviers , qui ert conridér»il)lemenl plus j etiie cpie ia première, & dam lac^ueile k mâle n'a [104 ^Ammûux ■■■ point de bois: j'ai foupçonné, à caufe de la rcflemblance du nom , que !e cariacou de Cayennc pou voit êirc le cuguacu (k) ou cougouacou-aparadw Biefil; & ayant confronte le* notices que Pifon Ôi Marcgravc nous ont donnce:> du cou- gouacou , avec les carat^ères du caria- cou , il nous a paru que c'éioii le même animal , qui cepend-unt eft afTcz différent de notre chevreuil pour qu'on doive le regarder comme faifant une elj^èce dif- fcrenie. Le tapir, le cabiai, le tajacou , le four- miller , le parefîeux , le cariacou , le lama, îe pacos , le bilon , le puma, le jaguar, le couguar , le jaguarète , (e chat- pard , &c. font donc les plus grands animaux du nouveau continent , les médiocres & les petits font les cuandus ou gouandous (l), (k) Cuguacu ete. Cupi'tcu - npara, Pifon, HiJÎ, nal4 pag, gj. — Marc^r. A/T//. Brajll jtag, 2/ /. — Bicfie des Pa,lctu\iers. Biche des bois. Barrère, Milh l'U é'iuifi, page 151. (l) Ciiandu Brafilienfihus, Pifon, Hï(l. nat. vng* pf* — - Marcgravii , Hijl, Brnfil, p:icT. 2^5. — G>u.n!m% Barrère, HijL Fr. l'juin. pag, tj^, — Chat - épiiieiix, Dcfmarch.\is , tome lll , page ^ o^- — Le Porc-cpic d'Amcritjue, Brilîoii, Regu, animal, pag. izj, fin nouveau Mou Je* 185' ies agoutis fmj, les coatis , les pacas fn), les philandres (oj, les cochons d'Inde (pj, les aperça Cq), ôc les tatous {'rjj que je crois tous originaires & propres au nouveau monde, quoique les Nomenclateurs les plus ré- cens jiarlent d'une cfpèce de tatous des Jndcs orientales, & d'une autie cfpèce rn Afrique. Comme c'eft feulement fur ie témoignage de l'Auteur de la dGC- cription du Cabinet de Seba , que l'on a fait mention de ces tatous Africains & Or'eniaux , cela ne fait point une auto- rité fuffifante pour que nous puiflions y ftn ) Voyez dans ce volume i'articfc de ï Agouti & cdm dw Coati, (nj Paca, Pi (on , M)?, nat^ pag. i ai . Paca Brafilimu finis , Marcgr. FUJI. Brafil. pag. z2J^»-^ûurafta Pak% Jiai'fcre, HiJÎ, Fr. éqvinox, Y>^g. \ ^z* (0) Cargmya Brafi/îenfilms, Marcgravii, Hi(î. BraftU par/. 2 2 2. — Ofojfiim, Jean de Laët , page 82^ — Le Pliilandre. BriiTon , Regn, animal» page 28 S, if Jui rames, (p) Voyez dans le fcptième voîumc de cette Hif- toirc natiircKc l'article du Cochon d'Inde, > (q) Aperça Brajîlicnfiluts. Marcgravii, FJîJî. Brajih pag. 22^. — Le Lapin du Breïil. Criflbn , Regti, animil, pag. i ^6» (y) Ta'ou, Armadilbi Ajûmhtli, Hcrnandài, lli(l, Alex, pag, jif* l'i ajouter foî ; car on fuit en gén^rol com- bien il nnive de ces peii es trreiirs , de ces qiiij)ro(|uo de nom> <^ de pay^ lorf- qu*on fouille une colkdion d'HKloire nati?relle : on athcife i:n animal lous le nom de ehûvve 'fovris di Ternate ou CC A- tnérique , & un auire louj> celui de îaiou des Indes orientales ; on Icb anucrxc en- fu'tc (v)'i ces no'.n^ dans uu ouvr-n^e où l'en fut la delcripnon de ce Cabinet , & de- U ce> no.ns parfeiit dans les lilits de Jios Nomenclaicurs , tandis; qu'tij exa- mina, t de pljus pi es , on trouve- rpic ces chauve- fou lis clt Tcrna'e ou '^'Ainciifjuc fbnr des ch.n; ve-louri de FriKC ^, cSc que CCS ta.Ous des InJes ou j'A r'cp'c pourroi'^nt bien é^rc auiii des taious d A- Ijiéiique. Jn i|u'<"ci nous n'avons pis parlé des fingcs , \\AVce r^.e Itur hilloire dcrnan.'e une d Ic'.fiKM pariicultèic. Co.ninc le H>ot fin^e cft un moi gcnériciue (|?e (f) Voyez au fep'tève volume t^c ceîte l^lloirc îiaturelle i'a-tic!e fies LfuMits fimni, \^yc^ anffi la "dcfo iptioij du C.'abiiKt de bcLa , r->L J . pr.gt ^7 , ow ii dornc ks fî>j;ai'cs de l'aiin.uiillc d'Afrique , & la ;v;^v ^2 f OÙ il donne celle de l'unruiddic Oii'-vi> talcj '3u nctmau Monfie. ij?^*, Ton appîîr|ue à un grand nombre d'ef- pcces d.fi^érentes les unes des autres, iî n'eil .pas étcnniuu que \'on ait dit cpi'il fc irouvoir des finges ew grande quantité d:His les pciys mériciionaux de \\\\\ Se de l'autre continent; mais i^ s'pgit de iavoir {i les animaux qtie l'on 7{[àptiiç Jinges ea* Ari.e<^ en Afrique, (cntles niL'ines que les anin^'UX aux(|uels on a donné ce m<>:ne nom en A mériqiie ; il s'.ig't même de vorr & d exaininer fi de pius ch. trente elpèccs de Iniges que nous avons tu vivan», une fiu!c de CCS elpèces (c trouve cgalemen^t dans les deux condnens. Le ùtyre frj ou l'homme des bois , qui par la conk^rmaiion paroît moins dif- férer de l'homme que du fingc , rc ic trouve qu'eu Afrique ou dans i'Afie mtridionalc, & n'cxiftc point en Amé- rique. ' Legibbon ^u) dontles Jambes de devant /f) Satyrus Indicus , Oimivggutang huiis , «Çr hmo [ylvefi, diâ, Lharlffon , Exerc. pag. i 6, — L'homme dej bois, BrilTon, Regn. animal, fing. 2 S(^, (u) Qt fmce que nous avons vu vivant, & que M. Dupieix avoit amené de Pondichiiy j n'eft iat ^^(i d:^n$ aucune nomciiçUturÇ] Tr53 À/jlmaux ' . * eu. les bras font aufli iongs que tout î!o0 Chai'lcton , Excr, pag. 1 6 — Ctlnis - fhijùo, Bçil'oon» J-iy^g' 19a. les cfpèces qui ont de longues queues, prefque tous les grands fe trouvent en Afrique; il y en a peu (|ui fuient même d'une taille médiocre en Amérique, mais ies animaux qu'on a défignés par le nom générique de petits fmges à longue queue ^ y font en grand nombre ; ces elpèces de petits finges à longue queue font les fapajous , les lagouins, les tamarins, &c. Nous verrons dans i'hilloire particulière que nous ferons de ces animaux , que tous ces finges d'Amérique font différens des finges de l'Afrique Ôc de l'A fie. Les makis (iJ dont nous connoifTons trois ou quatre cfpèces ou variétés , âc qui approchent aflcz des linges à longue queue, qui comme eux ont des mains, mais dont le mufeau cft beaucoup plus alongé & plus pointu , font encore des animaux particuliers à l'ancien continent, & qui ne (e font pas trouvés dans le nouveau. Ainfi tous les animaux de l'A- frique ou de l'A fie méridionale qu'on a défignés par le nom ûq fmges , ne fe fj^) Simiafcitmtsîamiginofus fufcus , «i^f, GazopIiH. Pttiver. Taù, i /^ , fg- V, — Projimia . fujca, Lc nwki. Briflbn, Regn»animah]iag,22o i/juivé 'du muvcnu Afon^le. \ ç t trouvent pas p!us en Ainciii|uc que les clq)hans , Ici rhinocéros ou les ligres, Plus on fera de rcclicrihcs & de coin- paraifons cx;i(5lcs à ce lujct , plus en fera convaincu que les unjmuux dti juriies méridioniiles de chacun des con.iueris n'cxifhjient |)oint dans l'aufrc, ik c|mc le petit nombre de ceux qu'on y trouve aujourd'hui ont étti iranlj^ortés p;'r les hommes, comme la hrel;is de Guintç qui a cLc ponée au Brefil ; le cochon d'Inde, qui au contraire a été por'é du BaTil en Guinée , & peut - être encore qiielques autre, elpèccs de pciiis animaux, delquels le vo((in;igc ik le commerce de CCS deux p)ariies.du monde ont favorifé le tranlport. H y a environ cinq cents lieues de tncr entre tes côtes du Brelil Ôc celles de la Guinée, il y en a plus de deux mille des CÔIC3 du Pérou à celle? âçs Indes orientales : tous ces animaux qui par leur nature ne peuvent fupporter le climat du nord , ceux même qui pouvant le lupporicr, ne peuvent produire dans £e même climat , font donc confinés de deux ou trois côtés par des mers qu'ils ne peuvent travcrfer, & d'autre côté par [I p 2 Animaux cln nouveau MojkJc» des terres trop froides qu'ils ne peuvent habiter llins périr ; ainfi l'on doit ccfîcr d'être étonné de ce fait général, a», //» S/ZY ^îeus Conîhettsi ip j» JîflVrente ; & à IVgard du karibou dont on ne trouve nulle part de dcfcription exa6le, nous avons cependant jugé par toutes les indications que nous avons pu recueillir, que c'étoit le même animal que le renne. M. Brifl'on (b) a cru devoir en faire une efpèce différente , & il rap- porte ie karibou au cervus Burgimdicus de Jonfton ; mais ce cervus Burgundkus cil un animal inconnu , & qui fiuemenr n'exifte ni en Bourgogne ni on Europe: c'ell fimpicment un nom que Ton aura donné à quelque tcie de cerf ou de daim dont le bois éioit bizarre ; ou bien il fc pourroit que la tête du karibou qu'a vue M. Bridon , & dont le bois n'éioit compote de chaque côté que d*un feul Biérain droit, long de dix pouces, avec im andouillcr près de la baie tourné en ?.vant, foit en effet une itie de renne femelle , ou bien une jeune tête d'un« première ou d'une leconde année : car on (ait que dans le renne la femelle porte un bois comme le mfile, mais beaucoup plus petit , & que dans tous deux la diredion des premiers andouillers efl en (h) Briflbn, Ri^n, animal, }m§, pi» f I p 6 Ammaux communs - avant ; & enfin que dans cet animal retcndue«»& ies ramificaiions du bois, comme dans tous les autres qui en por- tent , fuiveiu exadement la progreffion des années. Les lièvres, les écureuils , les hc'rifîbns, les rats mulqués , les loutres , ies mar- mottes , les rats , les mufaraignes , les çhauve-fouris , les taupes font aufïï des cipcces qu'on pourroit regarder comme communes aux deux continens, quoique dans tous ces genres il n'y ait aucune efpècc qui (oit parfaitement (cmblable en Amérique à celles de l'Europe; ou feulement des variétés de la même cfpèce, qui ne font devenues confiantes que par l'influence du climat. Les caftors de l Europe paroifîent être ï^s mêmes que ceux du Cfinada ; ces animaux préfèrcni les piys froids , mais ils peuvent aufii lubfiiler & fc muLij^licr dams les pays tempérés, il y en a encore quelques-uns en P'rance dans les îles du ïlhôncj il y en ayoit autrefois en hïça eux Jeux conùnens, 197 plus grand nombre, & il paroît qu'ifs aiment encore moins les pays trop peuple» cjue les pays- trop chauds: ils n'ciablifîënt leur fociéié que dans des défërts éloignés de toute habiiaiion ; & dans le Canada même , qu'on doit encore regarder comme un valte défert , ils fe (ont re- tirés fort loin des habitations de toute la Colonie. Les loups & les renards font aiiffi des animaux communs aux doux continens: on les trouve dans toutes les parties de l'Amérique fêptentrionale , mais avec des variétés; H y a fur- tout des renards & des loups noirs , & tous y font en gé- néral plus petits qu'en Europe , comme le font aufîi tous \qs autres animaux, tant ceux qui font naturels au pays, que ceux qui y ont été tranfportés. Quoique la belette & l'hermine fré- quentent les pays froids en Europe, elles font au moins très-rares en Amérique; il n'en eft pas abfolument de même des martes, des fouines & des putois. La marie du nord de l'Amérique paroît être la même cfue celle de notre ^ord ; le vifon de Canada relTemblc liij ipS 'Ammmix communs beaucoup à la fouine, & le putois rayé de l'Amérique (êpicntrionale, n'efl peut- être cju'uiie variéic de refpèce du putois de l'Europe. Le lynx ou Joup-cervier qu'on trouve en Amérique, comme en Europe, nous a paru le même animal; il habite les pays froids de préférence, mais ii ne iaifl^e pas de vivr-î & de multiplier fous les climats tempérés , & il fe tient ordinairement dans les forêts & fur les montagnes. Le phoca ou veau- marin paroît con- finé di.ns les pays du nord, hc fe trouve cgnlcmcni fur les côtes de l'Europe & de l'Amérique feptentrlonale. Voilà tous les anitriaux , à très- peu près, qu'on peut regarder comme com- muns aux deux continens de l'ancien cette différence de (empe'raturc fous la même latitude dans fa zone tempérée, quoique très- grande, i'cft peut-être en- %tout en friche di couverte dans louie foa étendue d'hcrhes groflières, cpaiilès & touffues, elle ne s'échaufiè^. 2 1 f Amntatix £ommunJ ne fe sèche jamais ; la traiifpîratïon de tant de végétaux, prefTcs les uns contre les autres, ne produit que des exhalaifons humides & mai faines ; la Nature, cachée fous les vieux vêiemcns, ne montra ja- mais de parure nouvelle dans ces triftes contrées , n'étant ni carefîée ni cuhivée par l'homme, jamais elle n'avgit ouvert fon fcin bienfaifant; jamais la terre n'avoit vu (a furface dorée de ces riches épis qui font notre opulence & fa fécondité. Dans cet état d'abandon, tout ianguit, tout (è corrompt, tout s'étouffe; l'air & la terre, furchargce de vapeurs humides & nuifibles, ne peuvent s'épur'^r ni pro- fiter des influences de l\iftre de la vie ; le foleil darde inutilement (es rayons les y)lus vifs fur cette mafîé froide , elle efl hors d*état de répondre à fon ardeur; elle ne produira que des êtres humides , des plantes , des reptiles , des infedcs , & ne pourra nourrir que des hommes froids & des animaux foibles. C'eft donc principalement parce qu'il y avoit peu d'hommes en Amérique, & parce que la plupart de ces hommes, menant la vie des animaux , laiiroient la aux deux Conthetis* "2 1 f I^atiire brute & négligeoient la terre, qu'elle eft demeurée froide , impuiflâmc à produire les principes aélifs , à dcve- lop}.cr les gernies des plus grands qua- drupèdes auxquels ii faut, pour croître & fe muliipier, toute la chaleur, toute l'adiviié que le foleiï peut donner à la terre amoureule ; & c'eft par la raifon contraire que les infedes , les reptiles & toutes les efpèccs d'animaux qui fe iiaînent dans la f jnge , doiit le fang eft de l eau , & qui pullulent par la pour- riture , font plus nombreufes & plus grandes dans toutes les terres balles , humides & marécagcufes de ce nouveau continent. ' "> Lori qu'on réfléchit fur ces différences» fi niurquées qui fè trouvent entre l'ancien ^ le nouveau mon Je, on fcrcit tente de croire (jue celui-ci eft en effet bien plus nouveau , & qu'il a demeuré plus long- temps que le rcQe du g'obe fous les eaux tle la nier ; car à l'exception des énormes montagt^.es qui le bornent vers l'outil , /c de la nouvelle EJpagne, Cuiindit ou g ou, IV doit , animal qui rcffcmbic ciuiMe au porc-cfiic^ que l'on a nomme porctjk du Bnj;/, Si qui peut-cire tfl le mcmeque le prcccdcnf , 7^i y e maxilnton au Mexique, tikirjguao ou wiinicùa au Piefil. — le marac. Cei animal a la pcui mar- quée comme celle d'une panthère; il eft de la fortne & de la gi'ofTcur d'un chat; on l'a appelé mal-à prrpi 5 cluit tigre f>u cfuit jnuvcgc tigre , puifqiie fa rwLc cit niinjuee comiUv telle de la panthère & non p;is CvMi'imc celle du ti^re. Qumhtjckdlhtl thlikic ou ilihcotctjuillin , aniinal CjUl jWro- digicufemcnt exagéré le nombre de leurs ennemis: ces hift®riens pourront- ils pcr- fuader à un homine fenfc , qu'il y avoit des millions d'hommes à Saint-Domin- gue & à Cuba, lorl'qu'ils difentcn même temps qu'il n'y avoit parmi tous ces Ihomipçs ni monarchie, ni république, ]fti prefcjue aucune ibciété j & quand ou \ï I 'I /f //v fhi:i Conîhûns: 1 1 (^ fût J'aîllcurs c(ue dans ces deux grandes îles voifines l'une de l'autre , & en même temps peu éloignées de la terre ferme du coniinent , il n'y avoit en tout que ciiuf cfpcces d'animaux quadrupèdes , dont la plus jgrande éioit à peu près de !:i grofTeur d un écureuil ou d'un lapin. Rien ne prouve mieux que ce fait , combien la Nature étoit vide & dé(erte clins cette terre nouvelle, « On ne trouva dans i'île de Saint-Domingue, dit Antmaiix communs ., aujourd'hui il y a fort peu de tous ces animaux , parce que les chiens d'Eu- rope les ont détruits (e), « Il n'y avoit, » dit Acofta, aux îles de Saint -Do- 5> mingue & de Cuba, non plus qu'aux » Antilles, prefque aucuns animaux du » nouveau continent de i'Amérique, & » pas un feul des animaux femblables à » ceux d'Europe (f)» . . . Tout ce qu'il » y a aux Antilles, dit le Pcre du Tertre, >3 de moutons, de chèvres, de chevaux, 5> de bœufs , d'ânes , tant dans la Guade- » loupe que dans les autres îles habiiccs » par les François, a été apporté par eux, >3 les Efpagnols n'y en mirent aucun , a> comme ils ont fait dans les autres îles, >? d'autant que les Antilles étant dans ce 3> temps toutes couvertes de bois, le bétail iî*y auroit pu fubfifter fans herbages (g)^^. (e) Voyez l'Hirtoirc du nouveau Monde , par Jean de Laët, Ltyde , té^o, liv, /, chap, IV, page /. Voyez aufll i'Hiftoire de l'île Saint-Domingue, pac le P. Charievoix. Paris, Jyjo, tome 1, p^g£ Jj' (f) Voyez l'HIftoire naturelle des Indes, par Jofeph Acofla , traducflion de Renaud, Paris, i doo, f)age t^/f. & fuivantcs, (s) ^^^y^' rHiftoire générale à.ti Antilfc,«, par le ^, du Tertie. Paris, i66y, tome 11, page 28^ V: I aux Jeux Conûnens, 22 t\ M. Fabry, que j'ai déjà eu occafion de citer dans cet ouvrage, qui avoit erre' pen* dant quinze mois dans les terres de i'oueft de rAmcrique, au-delà du fleuve Miffif- iipi , m'a afTuré qu'il avoit fait fou vent trois & quatre cents lieues fans rencontrer un fcul homme. Nos Officiers qui ont été de Québec à la belle rivière d'Ohio , & de cette rivière à la Louiiiane , con* viennent tous qu'on pourroit louvent faire cent & deux cents lieues dans la profondeur des terres fans rencontrer une feule famille de Sauvages : tous ces témoignages indi(ijuent afiez jufqu'à quei point la Naïuie eil déferie dans les con- trées même de ce nouveau continent , OH la température ell la plus agréable ; mais ce qu'ils nous apprennent de plus particulier & de plus uiiie pour notre objet, c'eftà nous défier du témoignage portérieur des Defcripteurs de Cabinets ou des Nomenciateurs , qui peuplent ce nouveau monde d'animaux , lefquels ne fe trouvent que dans l'ancien, & qui ea défjgnent d'autres comme originaires de b" fuiv, où l'on doit obfêrver qu'il y a pluficurt choies emjiruntces de Jofeph Acolta. K iij 211 Animaux commtws certairiCs contrées , où cependant jamais ils n'ont cxiflé. Par exemple, il efl clair & certain qu'if n'y avoit origina'rvment dans l'île Saint- Dojningue aucun animal quadrupède plus fort qu'un lapin ; il dl encore certain que , quand il y en auroit eu , les chiens Européens , devenus fàuvages & méohans comme des loups, ies auroient détruits : cependant on a appelé chat- tigre ou chat -tigré (h) cîe Saint- Dominguc le marac ou maracala du Brefif, qui ne (c trouve que dans la terre ferme du continent. On a dit que le lé:{ard écûilkux ou diable de Java fc trouvoit en Amérique , & que les Bra- filicns Tappeloient tatoé (i), tandis qu'il ne fe trouve qu'aux Indes orientales: on a prétendu que la civette (k), qui eft un animal des parties méridionales de l'an- cien continent , (c trouvoit aufli dans fe nouveau, & fur -tout à la nouvelle Bfpagne , fins faire attention que les civettes étant des animaux utiles , & qu'on (h) Felis Siiveflris; Tîgrinus en Hiffonhld, Sebaj fol I, yiig, 2j8t iJH mtx deiiK Conmèîis. 223 élève en pîuficurs endroits de l'Afrique, du Levant & des Indes comme des* ani- maux domeftiques pour en recuiliir le paffuin dont il fe fait un grand com- merce ; fes Efpagnols n'au relent pas manqué d-'en lirer le même avantage &; de fiire fc même commerce, fi fa civette fe fût en effet trouvée dans ia nouvelle Efpagne. De la même manière que îes Nomen- chteurs ont quelquefois peuplé mal - à- propos le nouveau monde d'animaux qui ne fe trouvent que djns rancieii contiiici ' . ils (î)nt aufli tranfponé dans celui- c » % X de l'autre; ils ont mis des philandres aux Indes orientales, d'autres à Amboine (l), des j)arcfîeux à Cey- lan (m), ôc cependant les philandres & les parefleiBc font des animaux d'Amérique fi remarquables, l'»n par l'cfpèce de (àc qu'il a fous le ventre & dans lequel if porte fes petits , l'autre par l'exccfîive lenteur de fa démarche & de tous fes mouvcmens, qu'il ne fcroit pas po(fl,ble, s'ils eufîent exilté aux Indes orieniales , f/J Stha, voL î , piges 6 1 if ^^% (m/ Us m, iùki, pa^e 54, K il7 'a 24* Ammaux communs que les Voyageurs n'en euflcnt fait mention. Seba s'appuie du témoignage de François Valentin, au fujet du phi- landre des Indes orientales , mais c^itc autorite' devient, pouraiiifi dire, nulle, puifque ce François Valentin connoifluit il peu les animaux & les poilîons d'Am- boine , ou que fes defciiptions font fi mauvaifèsv qu'Artedi lui en fait le re- proche , & déclare qu'il n'efl pas pofTjblc de les reconaoître aux notices qu'il en donne. • ^ *; ;^. .i: r- ^ Au refte , nous ne prétendons pas aflurer affirmativement & généralement, que de tous les animaux ((ui habitent les .climats les plus chauds de l'un ou de l'autre continent, aucun ne fe trouve dans tous les deux à la fois ; il faudroit , pour en être phyfiquement certain , fes avoir tous vus ; nous prétendons feulement en être moralement fûrs, puifque cela dt évident pour tous les grands animaux , lefquels feuls ont été remarqués ôi bien dcfignés par les Voyageurs ; que cela cft encore ailez clair pour la plupart des petits, & qu'il en refte peu fur (efquefs lious ne puiiîloiis prononcer. D'aiiicurj aux Jeux Conîmens, 21^ quand U fe trouveroit à cet égard quel- ques excepùons évidentes ( ce que j'ai bien de ia peine à imiiginer ), elles ne poricroient jamais que lur un très -petit nombre d'animaux , ôc ne détruiroient pas la loi générale que je viens d'établir, & qui mt paroît être ia feule bouflble qui puifTe nous guider dans la connoif^ lance des Animaux. Cette loi qui fe ré- duit à les juger autant par le climat &, par le naturel , que par la figure & la con- formation, fe trouvera très- rarement en défaut, & nous fera prévenir ou rccon- lîoitre beaucoup d'erreurs. Suppofons, par exemple , qu'il foit queltion d'un animai d'Arabie , tel quel'hysene; nous pourrons aiTurer, fans crainte de nous tromper, qu'il ne fe trouve point en Lapponie, & nous ne dirons pas, comme quelques-uns de nos Naiuraiiftes , que r.hyoene fnj & le glouton font le même ani- mai. Nous ne dirons pas, avec Kolbe (oj,. (n) Voyez le Règne animal, par M. BrilTon^ page 2S^, . (0) Voyez la (iefcription du cap de Bonne efpé- rance, par Koibe, Anijîmiam , '7i-J, eome IJI,. " i". li I IM i 2 6 Amwdus communs que le renard croifé , qui hakrte les parties les plus boréales de l'ancien & du nouveau continent , fc trouve ea même temps au cap de Bonr.e-efpérance, & nous trouverons que l'animal dont il parle n*eft point un renard , mais un chacal. Nous reconnoîtrons que i'animal du cap de Bonne- efpérance, que fe même auteur défignc par le nom de €ochon de terre , & qui vit de fourmis , ne doit pas êire confondu avec les four- miliers d'Amérique , & qu'en efîèt cet animai du Cap efl: vrai(ènib!al)lement le lézard écailleux (p), qui n'a de commun avec les fourmiliers , que de manger ét^ fourmis. De même s'il eût fait atten- tion que l'élan efl un animal du nord (q)y il n'eut pas appelé de ce nom un animal d'Afrique, qui n'eft qu'une gazelle. Le phoca qui n'habite que les rivages des mers feptentrionales , ne doit pas fe trouver au cap de Bonne- efpérance (r), >/p) 'VoycL la derciîption du fapde Bonnc-efpcrance, par Kolbc. Anijîerdam , 1/41, tome lU , jftige -f j". ('(f) Uem , ib'ul, pag, 1 2S. Voyei auflTi le Règne aniiTwl , &c, (rj Voyfz le Règne animal ^ par M. Briffon^ aux deux Conîhcns, iiy ta genctte qui cfl un animal de l'ETpagne, dei Afic mineure, t, animal, pag. 140 & i^ii (y) y'ié Linn.TÎ, Syft, /^ai, Hgimiaî, 17)?^ tom, I , pag, 1 8 & I <^, aux (Jeux Cotithens, 231 l'autre , & ic tout n*a de mérite que pour des écoliers ou des enfans , toujours dupes du myftèrc , à qui l'air métho- dique paroît fcicntifiquc , & qui ont enrtn d'autant plus de refped pour leur maître , qu'il a plus d'art à teur prcfentcr les chofes les plus claires & les plus aifees , fous un point de vue le plus obfcur & ic plus difficile. En comparant îa quatrième édition de l'ouvrage de M. Linnaeus, avec la dixième que nous venons de citer , l'homme (^) n'efl: pas dans la première clafle ou dans le premier ordre avec îa chauve- fouris , mais avec le lézard écail- leux ; l'éléphant , le cochon , le rhino- céros , au lieu de fc trouver le premier avec le lézard écailleux , le fécond avec ia taupe , & le troifième avec le rat , fe trouvent tous trois cnfcmîjle Ca) avec la muliiraigne : au lieu de cinq ordres ou claOes principales (h), antropomorpha, ferœ, glires , jumenta , pecora , auxquelles il (l) Vide iiîem, ibid. edit, IV, Parlfds , iy^/}.\ pag, ^4.. (a) I(iem, ihid. fng, ^p> (h) idem; ibid. img^ éj ir fetjuent^ , \ %■ a32i Ammaux communs avoit réduit tous les quadrupèdes , l'Au'* teur, dans cette dernière édition, en a fuit fept fcj , primâtes , brutœ , ferœ , bejlia, glires t pecora , belliiœ. On peut juger par ces changemens effcntiels & très- généraux , de tous ceux qui (c trouvent dans les genres; & combien les efpèces, qui font cependant les feules cholb réelles , y font balottécs , tranfponées & mal mi Tes enfemble. Il y a mainienam deux efpèces d'hommes , l'homme de jour & l'homme de nuit (d), homo diurnus fapîens ,; homo noâurnus troglodites ; ce font (ej, dit l'auteur , deux efpèces trés- dillin//. nat» cdit X, p-Jg. i^- **7^griS^ Briffon, Regn^ animah pag. a 68. 34^; Biflotre Naturelle le plus grand & fou vent le meilleur ; îe fécond efl ordinairement le plus nie'cham de tous. A ïa fierté , au courage , à la force, le lion joint la nobicfle, la clt- mence , la magnanimité , tandis que le tigre efl bafi^èment féroce , , cruel fani juftice, c'eft-à-dire, fans néceffité. 11 en eft de même dans tout ordre de chofcs où lès rangs font donnés par la force ; le premier , qui peut tout , efl moins tyran que Tauire, qui ne pouvant jouir de la puiffance plénière , s'en venge en abufant du pouvoir qu'il a pu s'arroger. Aufîi le tigre cft-il plus à craindre que ie lion: celui-ci fouvent oublie qu'il eil le roi, c'cfl-àdîre, le plus fort de tous les animaux ; marchant d'un pas tran- quille, il n'attaque jamais l'homme, à moins qu'il ne foit pi-ovoqué ; il ne . précipite Tes pas , il ne court, il ne chaffe que quand la faim le prefTe. Le tigre au contraire , quoique rafîàfié de chair, fembic toujours être altéré de fang , fi fureur n'a d'autre intervalle que ceux du temps qu'il faut pour dreOer des embûches ; il faifit & déchire une nouvelle proie avec la même rage qu'il vient la WcuY ; le méchant ige , à la la clt- que k ruel ùmi effité. II de chofcs force ; îfl moins vant jouir venge en s'arroger. indre que e qu*il e(l rt de tous pas tran- lomme , à né ; il ne urt, il ne preiïe. Le raflafié de altéré de ervalle que >ur drefi'er ichire une rage qu'il vient C il l aiv II fci mi l.UYA',KV Ju Ti^re. 241 vient d'exercer, & non pas d'aflouvir, en dévorant ia première ; il défole le pays qu'il habile , il ne craint ni i'afpejfl ni les armes de l'homme , il égorge , il dévafte les troupeaux d'animaux domel^ tiques, met à mort toutes les bêtes fau- vages , attaque les petits élcphans , les jeunes rhinocéros, & quelquefois même ofe braver le lion. La forme du corps efl ordinairement d'accord avec le naturel. Le lion a l'air noble, la hauteur de Çqs jambes eft pro- poriionnce à la longueur de fon corps, l'ëpaifTc & grande crinière qui couvre fes épau'es & ombrage fa face, fbn re- gard alTuré , fa démarche grave , tout îemble annoncer fa fière & tnajedueufe inrrépidiié. Le tigre trop long de corps» trop bas fur fes jambes, la lêie nue, les yeux hagards, la langue couleur de (àng., toujours hors de la gueule , n'a que lei caradères de la bafîè méchanceté & de l'inGtiable cruauté ; il n'a pour tout inllind qu'une rage confiante , une fu- reur aveugle, qui ne connoît, qui ne (iiflingue rien , & qui lui fait fouvent dévorer fes propres cnfans, & déchirer Tomi VI IL L *%^ ^ 242 Hifloire Naturelle leur iTière lorfqu'elle veut les défendre. Que ne l'eût- il à l'excès cette foif de Ton Tangl ne pût -il réieindrc qu'en déirui- Ihnt dès leur naifTance , la race entière de:) monfties qu'il produit 1 Heureufcment pour le refle de la Na- ture, l'cfpèce n'en eft pas nombreufe, & paroît confinée aux climats les plus chauds de l'Inde orientale. Elle fe trouve au Malabar , à Siam , à Bengale , dans les mêmes contrées qu'habiient l'éléphant & le rhinocéros ; on prétend même que fouvent le tigre accompagne ce dernier (b)i & qu'il le fuit pour manger la fienic, qui lui (èrt de purgation ou de rafr aîchifle- ment: il fréquente avec lui les bords des fleuves & des lacs; car comme le fang ne fait que Taltérer, il a fouvent befoin d'eau pour tempérer l'ardeur qui le con- fume ; &i d'ailleurs il attend près des eaux les animaux qui y arrivent, & que la chaleur du climat contraint d'y venir (h) Vide Jac. Bontii , Hijl. Natur» Ind, or. Amrt. 1658, }> a 44 Hiflolre Naturelle Quelques voyageurs lont compare , pour la grandeur, à un cheval (d), d'autres à Un buffle Ce) , d'autres ont Iculemcnt dit qu'il étoit beaucoup plus grand que le lion (fj. Mais nous pouvons ciicr clés témoignages plus récens & qui méritent une entière confiance. M. de la Liindc^ Magon nous a fait afFurer qu'il avoit vu îiux Indes orientales un ligrc de quinze pieds , en y comprenant làns douic ia longueur de la queue ; fi nous la lup- polons de quatre ou cinq pieds , ce tigre avoit au moins dix pieds de longueur. Il eA vrai que celui dont nous avons la dépouille au Cabinet du Roi , n'a qu'en- viron fcpt pieds de longueur depuis l'ex- (dj Voy. les Voyages de DcHon y ju t o^f. if fuiv, (e) Les tigres ^t% Indes, tiii ia Boiillaye-le-Gouz, font prodigleiifemcjit grgnds; j'en ai vu des peaux plus longues ^ plus larges que celles àe% bœufs; Ils ^'adonnent quelquefois à manger les hommes , h ca pluficurs endroits à^î, Indes il n'y va point de voy,i- |rcurs <âns être hien nrmés, parce que cet animal f'tant de ia figure d'un chat /il le hauffe fur les pieds de derrière pour fauter fur celui qu'il veut aiïàillir. Voyages de la Boultqye - le • Cou^f Paris, ><557» faees 2^f> & 2^j, CfJ Vide Profper Aip. hîfl, nnt. j^gypt» Lugd. Bat, : - 1 . ■ • - - ' ■ du Tigre» I45 tft^mîte <îu mufcau jufcju'à i'orîgînc de la queue i niais il avoit ctc pris, amené tout jeune, Àenfuite toujours enferme dans une loge étroite à la Ménagerie, où le défaut de mouvement & le manque d'efpace , l'ennui de la prifon , la contrainte du corps , la nourriture peu convenable ont abrégé fa vie & retardé le développement, ou même réduit l'accroifTement du corps. Nous avons vu dans i'hiftoire du cevî (g), que ces animaux pris jeunes & renfermés dans des parcs trop peu fpacieux , non- feulement ne prennent pas leur croiffance entière , mais même (è déforment & deviennent rachitiques & baflets , avec des jambes torfès. Nous favons d'ailleurs par les différions que nous avons faites d'animaux de toute efpèce^élevés & nourris dans des ménageries, qu'ils ne parvien- nent jamais à leur grandeur entière ; que leur corps & leurs membres qui ne peuvent s'exercer, reftent au-deiïbus des dimenfions de la Nature; que les parties dont l'ufage leur eft abfolument interdit, comme celles de la génération , font fi (g) Voyez le feptièmt volume de cette Hiftoiré Naturelle, article du Qrf lu llj A 4 6 Hijloke Nciiirrelle petites & a peu développe'es dans (ouj CCS animaux captifs & célibataires , qu'on / a de la peine à les trouver, & que (ou- jycnt elles nous ont paru prefqu^entière- iwent oblitérées. La fcuîe différence du climat pourroit encore produire les mêmes ei^is que le manque d'cNercice & la captivité : aucun animai des pays chauds ne peut produire dans fes climats froids , ' y fûi-il mêrne très-libre Ôc très-largement liourri; & coname ïa reprodu<îlion n'cft qu'une fuite naturelle de la pleine nutri- tion , il efl évident que la première ne pouvant s'opérer , ia féconde ne fe fait pas complètement , & que dans ces , $tnimaux„ le fi'oid feul fultit pour ref- ireindre la puifîànce du moule intérieur, ÔL diminuer ie!s facultés t^^fviBS du déve- loppement, puifqu'ii détruit celles de h reproducflion. Il n'eft donc pas étonnant que ce tigre dont le fqueiette ^ la peau lious (ont venus de la Ménagiede du. Roi, ne foii pas parvenu à fa juiie grandeur,; cepen- dant fa feule yMG de cette peau bourte donne encore l'idée d'un animal fornii- clable; & i*examcn du fqueiette ne permet rlu Tigre. 2:47 pas d'en douter. L'on voit fur les os des jambes des rugofités qui marquent des attaches de muCcIes encore plus fortes que celles du lion ; ces os font auffi folides, mais plus courts, & comme nous l'avons dit , la hauteur dts jambes dans le tigre n'efl pas proportionnée à la grande lon- gueur du corps. Ainfi cette vîtefTe terrible dont parle Pline, & que le nona (rj \x\tme du tigre paroit indiquer , ne doit pas s'en- tendre des mouvemens ordinaires , de îa démarche , ni même de la célérité des pas dans une courfe fuivie ; il eft évident qu'ayant les jambes courtes , il ne peut marcher (f) ni courir auffi vite que ceux (r).Tigris vocahuîum efî îingua Armem pour combattre le tigre. Ils avoîent lire y> efpèce de grand plaftron , en forme de » mafque qui leur couVroit la têre & une 55 partie de la trompe. Dès que nous fumes 35 arrivés fur le lieu , on fit foriir de la loge » qui étoit dans un enfoncement, un tigre » d'une figure & d'une couleur qui pa- » furent nouvelles aux François qui afîjf- 3> toient à ce combat ; car outre qu'il étoit ^3 bien plus grand, bien plus gros & d'une h taille moins effilée que ceux que nous »> avions vus en France, fa peau n'étoit yy pas mouchetée de même; mais au lieu » de toutes ces taches femées fans ordre, >5 il a voit de longues & large.; bandes en >3 forme de cercle ; ces bandes prenant » fur le dos fè rejoignoient par-deflousie 30 ventre, Sl continuant le long de la queue, 33 y faifoient comme des anneaux blancs >3 & noirs placés alternativement dont elle 33 étoit toute couve, v*. La tête n'avoit rien » d'extraordinaire, non plus que les jam- 33 bes, hors qu'elles étoient plus grandes 33 ôc plus groHes que celles des tigres coni- 33 muns , quoique celui-ci ne tût qu'un 33 jeune tigre qui a voit encore à croître, » car M. Confiance nous a dit qu'il y en >. ...il, t. avoît dans îe royaume de plus gros trois c< fois que celui-là; & qu'un jour étant c< à la chafic avec le Roi , il en vit un de « fort près qui étoit grand comme un ce inulet. li y en a aufii de petits dans le c< pays , (èmblables à ceux qu'on apporte ce d'Afrique en Europe, & on nous en ce montra un le même jour à Louvo. ce On ne Jâcha pas d'abord ie tigre ce qui devoit combattre , mais on le tint ce attaché par deux cordes, de forte que ce n'ayant pas la liberté de s'élancer , le ce premier éléphant qui l'approcha lui ce donna deux ou trois coups de fa trompe ce fur le dos : ce choc fut fi rude que le c< tigre en fut renvcrlé & demeura quel- ce que temps étendu fur la place fans mou- ce \emcnt , comme s'il eût été mort; ce cependant dès qu'on l'eût délié, quoi- ce que celte première attaque eût bien ce rabattu de fa furie, il fit un cri horrible ce & voulut fe jeter fur la trompe de Télé- ce phant qui s'avançott pour le frapper ; fil faire un grand faut en Faîr ; cet » animal en fut li étourdi qu'il n'ol'a plus i? approcher. Il fit plufieurs tours le long 33 de ia palilTade, s'élançant quelquefois 33 vers les perfonncs qui parollfoicnt vers y> les galeries : on pouftà en fuite trois yi élcphans contre lui, qui lui donnèrent » tour à tour de fi rudes coups qu*ii fit » encore une fois le mort , & ne peu fa >? plus qu'à éviter leur rencontre: ilsTeiif- 5> fënt tué (ans doute , fi ion n'eût fîtit finir le combat «. Il ell clair par la éd- cription même du Père Tachard , que ce ligre qu'il a \u combattre des éléphatis, elT le vrai tigre; qu'il parut aux François iin animal nouveau , parce que probable- ment , ils n'avoient vu en France dans les Ménageries que des Panthères ou des Léopards d'Afrique, ou bien des Jaguars d'Amérique, & que les petits tigres qu'il ■vit à Louvo n'étoiem de même que des Panthères. On fent auffi par ce fi m pie récit , quelle doit être la force & la fureur de cet animal; puifque celui-ci , quoique jeunr ?nc( re , & n'ayant pas pris tout fon accroiifement , quoique réduit en cap- tivité ^ quoique retenu par des liens ; Jti Tigre-. .253" quoique (eul contre trois , étoît encore afe redoutable aux coloiîës qu'il coni- baiioii , pour qu'on fût obligé de les couvrir d'un pîaflron dans toutes les parties de leur corps, que la Nature n'a :)as cuiraflces comme les autres d'une enveloppe impénétrable. Le tigre dont le Père Gouie (x) a^om- muniqué à l'Académie des Sciences une dcTcription anatomique , faite par les Pères Jéfuites à la Chine, paroît cire de l'efpèce du vrai tigre, auîfi - bien que celui que les Portugais ont appelé tigre (x) On ne connoît guère crr Europe que fcs tigres dont la peau efl mouchetée de taches ; mais dans ia Tartarie & dans ia Chine , on en connoîl aiilfi dont la peau efl rayée de bandes noires ; & même en ces pays- là , on prétend t|ue ce lont deux efpèces ditfcrciitcs , quoi4|u'ils ne paroiiTcnt pas avoir d'autres ditîcreiices que celle-là. Le tigre rayé que. les Jéiuites de la Chine diflequèrent, & qui avoit été tué à la chaffe par l'Empereur , avec quatre autres, ne pefbit que deux cents loixante-cinq livres, aufTi nctoit-il pas ^c% plus grands : un àt% autres peloit quatre cents livres. Celui qui fut difTéqué avoit un tiers de l'cftomac plein de vers, & l'on ne pou- voir pas dire qu'il f.^t corrompu. Quelqu'un qui ctoit piclént , dit qu'on avoit trouvé la même ch(^fe à un autre tigrf; qu'il avoit vu ouvrir à Macan. Hipoire de CAcadcmk d(S Scùnc^s, année t (ç^ , page j i. j 'i-St.. V 154 Hiflolre Naturelle royal, duquel M. Perrault (y) fait mention dans Tes Mémoires fur les animaux , & dont il dit que la defcripiion a été faite à Siam. Delion (^), dans (es voyages, dit exprc/ft'ment que le Malabar elt le pays des Indes où il y a le plus de tigres, qu'il y en a de plufieurs efpèces , mais que le plus grand de tous , celui que les Portugais appellent Tigre royal, cil ex- trêmement rare , qu'il cR grand comme un cheval, &c. Le tigre royal ne paroît don pas fliire une efpèce particulière & difFérenie de celle du vrai tigre; il ne fe trouve qu'aux indcs orientales , & non pas au Biefil, comme l'ont écrit quelques-uns de nos naturalises (a). Je fuis même porté à croire cjue le vrai tigre ne fe trouve qu'en A lie & dans les parties les plus méridionales de l'Afrique dans l'intérieur des icrrcs ; car ia plupart des voyageurs qui oni fré- quenté les côtes de l'Afrique, parlent i la vérité de tigres, & difent mêirpe (|u ils (y) Mémoires pour (crvir à i'Hiftoire des animaux, jfartie II, page 2 8 y. (X,) Voyage de Delion , page 10-^, (dj ^xidon, Eegti,. anima/, i>ag. zX}<). du Tigre, ^ ' 255 y font très-communs ; néanmoins , il efk aifé de voir par les notices mêmes qu'ils doniKnt de ces animaux , que ce ne font pas de vrais tigres, mais des léopards, des panthères ou des onces , &c. L,« Docteur Shaw (b), dit exprefTcmcnt qu'aux royaumes de Tunis & d'Alger, le lion & la panthère tiennent le premier rang entre les bêtes féroces^ mais que le tigre ne fe trouve pas dans cette partie de la Barbarie : cela paroît vrai , car ce furent des AmbafTadeurs Indiens (c), Si non pas des Africains, qui prérentèrent à Au- gufte, dans le temps qu'il étoit à Samos, le premier tigre qui ait été vu des Ro- mains; & ce fut auffi des Indes qu'Hé- iîogabale fit venir ceux qu'il vouloit atteler à fon char pour contrefaire le dieu Bacchus. / , L'efpèce dw tigre a donc toujours été plus rare & beaucoup moins répanduç que celle du lion :, cependant la tigrefie produit , comme la lionne , quatre ou flij Voyage de Shaw. La Haye, JJ^}, tome ], (c) Voyez k defcription àth îles de iArcIiipeij par Dappcr. Amjkrdam, tye^, l IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) // 1.0 1^ lâ& lllllOO l.l UUI. Il II 1.8 1.25 II» Il U II 16 Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 ^ N55 \ iV \\ % V ^ %x ^ <> ^'h'- ^"^^ a 6^ 238 Hijloirt Naiurelk , &c; pour les animaux ; mais c'eit afTez da mal très -réel qu'il fait de Ton vivant, iàns chercher encore des qualités ima- ginaires & des poifons dans fa dépouille ; d'autant que les Indiens mangent de fa chair & ne la trouvent » ni mal faine ni mauvaife ; & que fi le poil de fa mouf- tache pris en pillule, tue, c'ed qu*étant dur & roide, une telle piilule fliit dans i edomac le même effet qu'un paquet de petites éguiiles. w, • ■ xxi'. vivnnt, tés ima- pouille ; ne de fa iàine ni a mouf- qu*érant ait dans iquet de \ - I.K TITrllK p ëv les do il ne ce trc L et ie; fc q el n 2Î5> ■*•- La PANTHERE, l'ONCE ET iB LÉOPARD. •\ JTouR me faire mieux entendre, pour éviier le faux emploi des noms, détruire les équivoques À prévenir les doutes; j'obferverai d'abord, qu'avec les tigres dont nous venons de donner i'hlAoire » il fe trouve encore dans l'ancien conii- nent, c'e(l-à-dire en A fie & en Afri- que, trois autres efpèces d'animaux de ce genre, toutes trois différentes du tigre, & toutes trois différentes entr'eiles. Ces trois efpèces font la Panthère , VOnce & Ic^ Léopard , M<^\xé\GS non - feulement on^ été pri fes les unes pour les autres par ies Naturaliftes , mais même ont été con- fondues avec les efpèces du même genre qui fe font trouvées en Attiérique. Je mets à part pour le moment prêtent ces efpèces que l'on a appelées indiftincfle- ment tigres, panthhjs » léopards , ^^ns le nouveau monde , pour ne parler que de celles de l'ancien continent , & afin de i6o Hi/foire Naturelle '- ne pas confondre les chofes ,• & <]*e«- ' pofer plus nettement iti ubjetti qui y font relatifs. La première efpèce de ce genre & qui fe trouve dans l'ancien continent , efl la grande panthère que nous apellerons amplement Panthère,, qui étoit connue des Grecs fous le nom de Pardalis , des anciens Latins fous celui de Panthera, cnfuiie fous fe nom de Par dus , & des Latins modernes fous celui de Leopardus, Le corps de cet animai ^ Jorfqu'il a pris fon accroifTement entier , a cinq ou fiK pieds de longueur en le mefurant depuis l'extrémité du mufèau jufqu'à l'origine de la queue, Inqueife eft longue de plus de deux pieds; fa peau eft pour le fond du poil d'un fauve plus ou moins foncé fur le dos & fur les côtés du corps, & d'une couleur blanchâtre fous le ventre; elle eft marquée de taches noires en grands anneaux ou en forme de rofe ; ces anneaux' font bien féparés les uns des autres fur les côtés du corps, évidés dans leur milieu, & la plupart ont une ou plufieurs taches au centre de la même couleur que le tour de l'anneau ; ces mêmes anncawx , Je la Panthère, à^è, 261 <îonl les uns font ovales & Içs autres cir- culaires ont Tou vent plus cjç trois pouces de diamètre , il n'y a que des taches pleines (ur la tête, fur la poitrine, fur le ventre ^ fur les jjmbes. ■• - • '' •> La ibconde efpèce efl la petite pan- thère d'Oppien (a), à laquelle les Anciens n'ont pas donné de nom particulier ; mais que les Voyageurs modernes ont appelé Onu, du nom corrompu Lynx^MW. Lunx, Nous conierverons à cet animal le nom d'Once, qui nous paroît bien appliqué, parce qu'en effet il a quelque rapport îivec le lynx ; il eft beaucoup plus petit que ia Panthère, n'ayant le corps que d'environ trois pieds ôl demi de longueur, ce qui eft à peu près la taille du iynx ; ii a le poif plus long que la panthère, la queue beaucoup plus longue , de trois pieds de longueur & quelquefois davan» tage, quoique le corps de i'once foit en tout d'un tiers au moins plus petit que celui de la panthère, dont la queue n'a guère que deux pieds ou deux pieds & (Jcjni tout au plus ; le fond du poil de fonce eft d'un gris blanchâtre fur le (aj Oppianus, rtt venatioiie, iïh, Uî, .-: j i>'.>t 261 ""'fîïfloire Naturelle dos & fur les côtés du corps, & d*un gris encore plus blanc fous le ventre, au lieu que le dos & les côtés du corps de la panthère font toujours d'un fauve plus ou moins foncé , les taches font à peu près de la même forme & de la même grandeur dans l'une & dans l'autre. La troifième efpècc, dont les Anciens ne font aucune mention , eft un animal du Sén^al , de la Guinée & des autres pays méridionaux que les Anciens n'a- voient pas découverts ; nous l'appelle- rons léopard, qui eft le nom qu'on a mal- à- propos appliqué à la grande panthère, & que nous emploierons, comme l'ont fait plufieurs Voyageurs, pour défigner l'a- nimal du Sénégal, dont il efl ici qucftion. Il eft un peu plus grand que l'once, mais beaucoup moins que la panthère, n'ayant guère plus de quatre pieds de longueur; la queue a deux pieds ou deux pieds & demi; le fond du poil, fur le dos & fur les côtés du corps , eft d'une couleur fauve plus ou moins foncée, le deflbus du ventre eft blanchâtre, les taches font en anneaux ou en rofe, mais ces anneaux font beaucoup plus petits que ceux de n de la Panthère t &c, ' 16 1^ b panthère ou de l'once , & la plupart font compofés de quatre ou cinq petites taches pleines : il y a auHi de ces taches pleines difporces irrégulièrement. Ces trois animaux font, comme Ton voit , très-différens les uns des autres , & font chacun de leur efpèce ; les mar- chands fourreurs appellent les peaux de la première efpèce , peaux de panthère; ainfi nous n'aurons pas changé ce nom puifqu'il eft en ufage; ils appellent celles de la féconde efpèce , peaux de tigres ^Afrique, ce nom eft équivoque & nous avons adopté celui i\*pnce ; enfin , ils appellent impcopremcnt peaux de tigre , celies de l'animal que nous appelons ici léopard. Oppien (b) connoiffoit nos deux pre- mières efpèces, c'eft-à-dire, la panthère & l'once ; il a dit le premier , qu'il y avoit deux efpèces de panthère; les unes plus grandes & plus gfoffes , les autres plus petites , & cependant femblables par la forme du corps , par la variété & la dif- pofition des taches, mais qui difFcroient par la longueur de la queue que les (1>J Oppianus« de veaatioae, lib. III« s i ^ * II 1 ($4 H'ifloke Naturelle petites ont beaucoup plus longues que Tes grandes. Les A rabes ont incliqué la grande panihtre par le nom al Nemer ( ISemer^n retranchant l'article ) , & la pciiie par le nom al Phet ou al Fhed ( Phet ou Fhed en retranchant l'anicle ) ; ce dernier nom, quoiqu'un peu corrompu fè reconnoît dans celui de Fiiadh , qui eft le nom at^uel de cet aninr.iï en Barbarie. « Le y> Faadh, dit le D. Shaw (c)t reffeinbleau » le'opard ( il veut dire la panthère ] , en ce » qu*il efl tacheté comme lui; mais il en >3 diffère à d'autres égards, il a la peau » plus obfcure & plus grofîière, & n'eft pas fi farouche, m Nous apprenons d'ail- leurs par un pafHige d'Albert, commenté par Ccfner (d), que le Phet ou Fhed (e) ôiÇ.?i Arabes s*efl appelé en Lalien & dans quelques autres langues de l'Europe, Leun-^d ou Lonja, On ne peut donc pas (c) Voyages de Shaw. La Hayt, ly^J, tome II, paerc x6 Nota. Qu'en Anglois \a le prononce comme ai , Si. t|iie ie Dcxi^eur Sfiaw en écrivant J-aar^/t , prononvoit /v:/V/A , ce, qui approche encore plus de /'Ard'. , , f/ij Gefner, ////?. quéidrup. pag. Zz^» : (e) Alphed id efl Leoj'tirtlus tniuor, Albcrtus. » : ] douter^ Tom.nir. 1. 10 ZIBK T /y y .V. r,*.; . .Vv l.A C'I\'l,TTFi . IJe la Panthère, éré, '2$f douter , en rapprochant ces indications , que îa petite panthère d^Oppien , le Phec ou le Phed des Arabes , ie FaaéfA de la Barbarie , VOnie ou VOnce des Européens ne foient ie même animal. II y a grande apparence auffi que c'eft ie Pard ou Par Jus des Anciens, & la Panthera de Pline; puifqu'ii dit, que ie fond ffj de Ion poil eft blanc , au iieu que celui de la grande panthère efl , comme nous rayons dit , d'une couleur fauve pius ou moins fonce'e : d'ailleurs, il e(l très- pro- bable que ia petite panthère s'cfl appeiée fjniplcment Pard ou Pardus , & qu'on efl venu enfuite à nommer ia grande panthère, Léopard ou Leopardus , parce qu'on a imaginé que c'étoit une eîpèce métive qui s'étoit agrandie par ie (ècours & le mélange de celle du iion ; mais comme ce préjugé n'eft nullement fondé , nous avons préféré ie nom ancien & primitif de Panthère , au nom compofé & plus nou- veau, Léopard) que nous avons appliqué à un animal nouveau qui n'avoit encore que des noms équivoques. (f) Pantheris in candido brèves macularum oculU PiiiiJ ////?. A'd/.lib. VIII, cap. XVU. Tgme VUL M SI ■'là :i66 • Ifljîohe Ndttircllè Aiiifi l'once diffère de fa pantîicrè, en ce qu'il ell bien plus petit , qu'il a ia queue beaucoup plus longue , le poil plus long auflî & d'une couleur grife ou blanchâtre, & le léopard diffère de la panthère & de l'once en ce qu'il a la robe beaucoup plus belle , d'un fauve ■vif & brillant , quoique plus ou moins fonce avec des taches plus petites, & la plupart dirpofccs par groupes , comme ii chacune de ces taches cioit formée de quatre taches réunies. Pliiie (g), & plufjeurs autres après lur, ont écrit que dans les panthères , la femelle avoit la robe plus blanclie que le mâle: cela pourroit être vrai de l'once ; mais nous n'avons pas obfervé cette diffé- rence dans les panthères de la ménagerie de \ crliiilles qui ont été deflinées vi- vantes ; s'il y a donc quelque différence dans la couleur du poil entre le mfile & Ja fcmcHe de la panthère , il faut (jue cotte différence ne foit pas bien confiante ni bien lenlible. On trouve à la vérité des nuances plus ou moins fortci dans plufieurs peaux de ces anim^iux que nou5 (^) Plinii, IIiJî, Kit* lib. VJII , cap, XVH, Je la Patiîlicre, &c, z6j tivons comparces ; mais nous croyons que cela dépend plutôt de ia difTcrencç de 1 âge ou du climat que de celle des fèxcs. r > Les animaux que M/* de i' Académie dcs Sciences ont décrits fhj, & diffiéque's fous le nom de Tigres, ôl i'animal décrit par Caïus dans Gciner (i), fous le nom iXUncia , font de même efpèce que notre léopard ; on ne peut en douter , en comparant la figure & la defcripiioii que nous en donnons ici avec celles de Caïus fcrvatîon que nous ne pouvons nous difpenfer de faire , c'cft que des trois animaux dont nous donnions ici la defcripiion fous les noms de Piin- thcre , d'Once & de Léopard , aucun m peut fe rapporter à l'animal que les Naiuraliftcs ont indiqué par le nom de parc/us ou de lecpûrJus* Le pardus de M, Linnaeus & le léopard de M. Briflon, qui paroifTent être le même animal, fom déiigaés par ies phrafcs fuiyanies: 'de h P/wtlwre , &c. 2.73V Pardus , felis caudâ elongatâ, corporis ma- (ulis fuperîorïbus orbîculatls , injmonhs , virgûtis» Syft. nai. cdit. X , pag. 41.... Le léopard , Fâlis ex albo favicans , ma- culïs nîgrîs in dorfo orbiculatîs , m ventre bngls , varîegata. Regn. anim. pag* 272. Ce caradlère des taches longues fur le ventre , ou alongées en forme de verges fur les parties inférieures du corps , n''ap- partient ni à la panthère , ni à l'once , ni au léopard , dcfquels il efl ici queftion^ Cependant il paroît que c'eft de la pan- thère des Anciens ; du panthère, pardal'is ^ pdrdus , leopardus de Gefner ; du pûrdi/s y pant liera de Profper Alpini ; dupanthera, varia , Affricana de Pline ; de la panthère , en un mot , qui fe trouve en Afrique (m) & aux Indes orientales que ces Auteurs ont entendu parler , & qu'ils ont défignée par les phrafes que nous venons de citer. Or , je le répète , aucun des trois animaux que nous décrivons ici , quoique tons trois d'efpèce différente, n'ont. ce carac- tère de taches longues & en forme de verges fur les parties inférieures , & en même temps nous pouvons a/Turer par (mj'Qxi^Qnf Regn, amml, '^^g<^ zjlf' l'^N 274 'HiÇioirc Nciturellé les recherches que nous avons faîtes, que CCS trois cfpèccs & peut - être une quatrième cl()nt nous parlerons dans la fuite , & qui n*a pas jjIus que les trois premières , ce cara(5lèrc des taches lon- gues fur le ventre , font les feules de ce genre (jui fc trouvent en A fie ik en Afrique; en iorie, que nous ne pouvons nous empêcher de regarder comme dou- teux ce caradcre, qui fait le fondement des phr^fês indicafives de ces Nomeii- clateurs. C'efl tout le contraire dans ces trois animaux , & |)eut - être dans tous ceux du mêHie genre ; car non - feule- ment ceux de rAfricjue & de l'Afie, mais ceux même de l'Amérique , lorf- qu'ils ont des taches longues en forme de verges ou des iraîne'es , les ont tou- jours fur les parties fupérieures du corps, iur le garrot, fur le cou , fur le dos k jamais lur les parties inférieures. Nous remarquerons encore , que l'a- nimal dont on a donné la defcription dans la troifième partie des Alémoircs pour fervir à l'hifloire des animaux, fous le nom de panthère fn), cfl un animai (nj Mcm, pour içrvir àl'hill. dei anim./^ïr/» II), ;'. / ) de lu Panîhcrc t &c, 275" lîi'ffcrcnt tic la panihùc , de l'once ;ird, dfjnt i.ous uniiors ici. Enlin nous ohlcrverons qu'il »ie f;iij( fjas confondre, en li. j • les /\ncicns, e panther avec la p milicrc. La pantlur' eii i'aiiimal dont il cil ici ([utflion ; le panther du Scholiallj d'iloiacic & des auircs Auteurs , cft une clpèce de loup tiiniJc tjuc nous croyons eire le chacal, comnie nous l'exj>liqucroni) lorfciue nous donnerons l'hiiloire de cet anitnal : au relte le mot pantalis , cft l'uncicn nom grec de la panthère, il le donnoit in- diftindcment au inâfe & à la fcMnelle. Le moi pardus eft moins ancien , Lucaiii & Pli ne , font les premicfis qui l'aient cmpioyé, celui de leopardus , ell encore plus nouveau , puifqu'il paroît que c cil Jule Capitolin qui s'en efl (crvi ie premier ou l'un des premiers : & à l'égard du nom même de panthera ; c'efl un mot que les anciens Lutins ont de'rivé du grec , mais que les Grecs n'ont jamais employé. Après avoir dif7]pé , autant qu'il eft en nous, les té. cbres dont la nomeiî- damre ne ceflc d'obfcurcir la Nature j M vj zy6 'Htftoire Naturelle après avoir expofé, pour prévenir toute cquivoquc, les figures cxacî^cs des trois animaux dont nous traitons ici; paffbns à ce qui les concerne chacun en parti« çulier. La panthère que nous avons vue vr- vante , a l'air féroce , i'œil inquiet , le regard cruel , ies mouvcmens brufques , & ies cris femblablcs à celui d'un dogue en colère ; elle a même la voix plus forte & plus rauque que le chien irrité , elle a la langue rude & très-rouge, les dents fortes & pointues , les ongles aigus & durs , la peau belle , d'un fauve plus ou jnoins foncé , ^mée de taches noires arrondies en anneaux , ou réunies en forme de rofes , le poil court , la queue marquée de grandes taches noires au- de/Tus & d'anneaux noirs &. blancs vers Textrémité. La panthère cft de la taille & de la tournure d'un dogue de forte race^ mais moins haute de jambes. Les relations des Voyageurs s'accor- dent avec les témoignages des Anciens au fujet de la grande & de la petite pan- thère, c'eft- à-dire, de notre pamhcrc ^ de notre once. li paroît qu'il exifl^j ' (-1 !mr toute des trois pafTons en parti- vue VÎ' quiet , le ^rufques, jii dogue plus forte •riié, elle les dents aigus & plus ou les noires ,^ unies en , la queue loires au- lancs vers la tailie & X)rte raccj s s'accor- 5 Anciens etite pan- pamhcrc u'il exifl^} $ ck la Pmîhère , 'érc: ijf'^ aujourd'hui, commedu temps d'Oppien^ . dans la partie de l'Afrique qui s'étend le îong de la mer mcditerranée , & dans les - parties de l'A fie , qui ctoient connues des > Anciens, deux efpèces de panthères , la ' plus grande a été appelée panthère ou '• Uepard & la plus petite once t par ia plu- - part des Voyageurs. Ils conviennent tous ^ que l'once s'apprivoife aifémcnt , qu'on ' k drelTe à la chalTe (o) & qu'on s'en fert à - (o) Les Perfans ont une certaine bête appelée - Onci, qui a i.i peau tachetée comme un tigl-e, mais ' qui eft fort douce & fort privée. Un Cavalier la • porte en troufTe à cheval, & ayant aperçu la razelie , il fait defcendre l'once , qui ert fî légère ' (jn'en trois fauts clic faute au cou de la gazelie , quoi- qu'elle coure d'une vîtefle incroyable. La gazelle ti\ une efpèce de petit chevreuil , dont le pays eft rempli 3 l'once l'étrangle auflltôt avec k^ dents aiguës ; mais • fi par malheur elle manque fon coup & que fa •• gazelle lui échappe , elle demeure fur la place hon- teufe 6c confure, & dans ce moment un-«nfant fat -' pourroit prendre fans qu'elle fe défendît. VojAiges dt Taucmicr, Rouen , l'/i ^, tome 11 , jmge 26 . .. ,, ■ Pour fcs grandes chaffes on 4è fcri de bêtes féroces drelfccs à chafTer, lions, léopards, tigres, panthères, ■ onces \ les Perfans appellent ces dernières bêtes ' Yc^llf. Elles ne font point de mal aux hommes ; un Carvalier en porte une en croupe , les yeux bandés ^ avec un bourrelet, attachée par une chaîne, 6c fe ♦içjpst JtUc la route des bêtes qu'on j-çlancç .& quQ»; * ^78' ïiijîohe Naturelle ..^ cet ufage en Perfe & dans plufieurs autres provinces de l'A (le ; qu' ' y a des onces afTez petits pour qu'un Cavalier puifîe les porter en croupe , qu'ils font a(iez doux pour fe laifler manier & carelTer avec la fui fait pafler devant elle le pTus près qu'on peut] quand le cavalier en aperçoit quelqu'une , il débande les yeux de ranimai , & lui tourne la tcte du côte de la btte relancée; s'il l'aperçoit il fait un cri, se- lance à grands fauts, fe jette deffus la bote & la fcrrairc ; s'il la manque après quelques fauts , il fe rebute d'ordinaire , & pour le conloler on le carc^Te. . . J'ai vu cette forte de chaffe en Hircanic, ïm .j666 11 y a de ces bttes dreffées qui font (a chafl'e finement , fe traînant fur le ventre le ion« des haies & des buiffons jufqu'à ce qu'elles foient proches de la proie, & alors elles s'élancent defîiis. Voyc^ges (k Chardin en Pcrfc , iTc. Amfterdam , lyii, urne II , P'tgts ^2 iy ^ ^ : Voyez, aufti le \^oyûgc amout du monde de Ganelli Careri. Piiris , i 6 1 ç , tome 11 , pages ç 6 if 2 1 2 , où cependivnt l'auteur parort avoir eptiprunté plufieurs choies de Chardin Qm tempore perveni Akxandriani duos yardos. , . . l'idi apud Amonium Cakpium , , , , Vfque adeô cicitres amt ^ manjueti , ut femper in leéluHs decumbcntes dormïc- tant .... Carne eos nuiriekit : fajte à rioùis cwv parât ibatur ad vftiandas gaiçllas , & pugnam innr iffos put- theyritnam qucc jiebat admiraluimur , prcxjtnim g>i7jlU artifaiwn curn pardo corni/'us dur/jj^mis armant piiçr>i<.ndù , fed eam lam midto jidigntam atque ex pugiui nd-mium defefcim interimcbat, Cairi pojha vidimiis tjuundar,. i/iulte- Ifm »iuintiae cutulos rcccnics à panthcra e^ujos , a A/tik fauts , il fe n le carcfTt. . . lircanic, fus £s qui t'ont (a 'entre le iona qu'clfe5 (okni lancent defllis. e Voyage amow ' I p , tome il, auteur parojt jrdin rdos. . . . l'iJi 'ô cicures erant écntes domàc- ibis cum paré huer iffus pul- ftriim gdTflU uuv piicrn.mb , igna (i( h no,! uni mandair. viulit- fos, ex 4)'^ "de la Panthère , érc. lj§ maîn. La panthère paroît être d'une na- ture plus fière & moins fîexibîe ; on la doiiipte plutôt qu'on ne l'apprivoifc, jamais clic ne perd en entier fon caradlère féroce, & iorfqu'on veut s'en fervirpourla chaflc (p) il faut beaucoup de foins pour comité wjque ut felcs alu'iffe Erant onmînif vi/îi mlchcrrimi , albkahant cvlore macuHs pands rotumlis îûto corpcrc evariati Paru m qui de m diffcrcnitiZ inter pardum quideni iT pamhcram obferi'civimus intcrcedire ,' punihera quidcm ninjor & toto corpore ejl ir" capite atqut piuito fmicior, Fr oip. A\p'm, Hiji. y£gypt. part. I, Lugd, J3:ttav. 1755, pag- 2.y'S Accepi à quodam ocu' îaio icjle in aida, régis Galliaruin , Itopnrdos duorutn gfneyum ait ; rriéignitudine taniuni diffircntcs ,. majores vituli corj'uhuiia ejfe , humiliores , obhngiorcs ; alteros mifwrcs ad caitis nwlcm açcedere , & unum ex niinoribus ûliquandi) ad fpeéîaculum régi exhiben'fum , a bcjliario aitt venatore , eqwj injidcnie à tcrgo ftiper (îragido aut fulvino vchi , alligatum cafeita &" h porc cbjeâo dimittt pm iUe fahlbus ait quoi bene tftagnis ajjecutm jugukt, Gefner, /////, qiiadriip, pag. 851 E manuel , roi de Portui^ul , envoya à Léon X , une panthère dreffée à la chafFe. Hif^oire des conquêtes des Portugais , far le P, Lajiteau. Paris, 17S 3 > ^'^^"^ ^ » T^S^ /-2/r Cette panthère étoit une once , car l'auteur dit auffi qu'on (e fert en Perfe de l'once ou panthère pour chafTcr les gazelles ; qu'on fait venir ces animaux d'Arabie, ^ qu'ils font afTez privés pour qu'on puiiïc ks porter en croupe à cheval. (p) Tigres ex Ethiopia in Â^gyptnm coHvfflas vidi- vnis , etji niilio m>d9 (kumjK /i^ manfuefunt , nc(itie. I 1+ % 8 o "^' H'ifîoire Naturelle la drefîer, & encore plus de précautions pour la conduire & l'exercer. On ia mène ftfr une charrette enfermée dans une cage , dont on lui ouvre la porte lorfque ie gibier paroît ; elle s'clance vers la bêie , i'atteint ordinairement en trois ou quatre unquam ferinam naturcm reïïmptwtt ; Junt lectnis (ju.vn fimiles & forma if colore aUncame , rotmdis viacuHs fulve/ceatibiis evnriaut feJ kanis longe majores junt, Profp. Alpin. Hifh ^gyft.yng» 2^y». , . Quaiui un a découvert quelques gazelles , on tâche de les fiire apercevoir au léopard , que l'on tient enchaîne fur une petite charrette ; cet animal rufé ne Te met pas incontinent à courir après , comme on pourroit fi- maginer, mais il s'en va tournant, fe cachant & fe courbant pour les approcher de près & les furprcndre ; & comme il efl; capable de faire cinq ou fix fauts ou bonds d'une vîtefïè incroyable, quand il fe fent à portée , il s'élance deffus , les étrangle & fe foiile de leur (img, «fil cœur & de leur foie; & s'il manque Ton coup, ce qtii arrive afTez fouvent , il en demeure Jà ; aufti feroit - ce en vain qu'il prétendroit de les prendre à la couife , parce qu'elles courent bier. mieux & plus long - temps que lui : le maître s^-i gouverneur vient cnfuitc bien doucement autour de lui, ie flattant & lui jetant des morceaux de thair, & en l'amufànt ainfi , il lui met dçs lunettes qui lui couvrent les yeux, l'enchaîne & le remet fur Ir, charrette. Voyage de Bernier dans le Alogui. Af/i/lcrdar:, jjro , tome II, page 2^^ iT" fuiiantcs, 11 p.iroîî que c'ed de la grande panthère dont il s'agir ici, parce qu'on n'eft pas obligé de prendre tant "de pré- cautions avec l'once, îrccautîons Dn ia mène une cage , iorfque !e rs fa bête , ou. quatre otufidîs inacu!h majores junt, . . . Quatui \:jk\ le de les fiire enchaîne fur ne fe met pa: n pourroit 'l'i- I cachant k fe es furprcnclre ; )U fix fauts ou il fe feiit \ le & fe foLi!e & s'il manque il en deiîicure tendroit de les courent Mer. le maître >y snt autour de 'aux de ch;!;i', mettes ijui ki; remet iur Ir r/. Amjlcrdûi;:, ^n's. Il p.iroîj il .sa^ir k'i, ) tant tie pr-i- V/e h Panthère, &c, i^it fâuts, la terrafTe & Tctrangle: mais fi elle 3nanquc Ton coup , eile devient furieufe & fe jette quelquefois fur fon maître , qui d'ordinaire prévient ce danger en portant avec lui des morceaux de viande ou des • animaux vivans, comme des agneaux, des • chevreaux, dont il lui en jette un pour' calmer fa fiireun Au refte , I efpèce de l'once paroît être ' plus nombreufc & plus répandue cjue celle de la panthère ; on la trouve très- coinmunémcnt en Barbarie , en Arabie & dans toutes les parties méridicmales de l'Afie, à l'exception peut-être de' l'Egypte (fj ); elle s'eft même étendue jufqu'à la Chine, où on l'appelle Hinm'* pao (r). Ce qui fliit qu'on fe fert de l'once pour la chaiïe dans les climats chauds de (q) Il n'y a point de lions, ni de tiofres , ni de lîopards en Ét^ypte. Defcription de l'Egyjite , par Mdfcrier. Ld Haye, ly^o , tome )I, page i^J» (y) Ifinen-pao. C eft une efpcce de léopard ou de panlhàx que l'on voit dans la province de Pékin ; ii > VLt{\ pas (i féroce cjne Ic5 tigres ordinaires. Les Chinois • en fi)nt rrrand cas. Relation de la Chine, jw Th(lxnoU' i S 2 Hijloire Ndttire^e TA fie , cVfl que les chiens y font très- rares (f); il n'y a, pour ainfi dire, que ceux qu on y tranfporte, & encore per- dent - ils en peu de temps leur voix ^ leur inflind ; d'ailleurs ni la panthère , ni l'once , ni le léopard ne peuvent fouf- fiir les chiens , ils fcmîiîent ics chercher & les attaquer de préférence fur tomes îcs autres hcics (t). En Europe, njs chiens de chalie n'ont pas d'autres en- nemis c[ue le loup ; mais dans un jjays rempli de tigres , de lions, de panthères, de léopards & d'onces , qui tous font plus forts 6'L plus cruels que le loup , il ne feroit pas pofîlbîc de conl'ervcr des chiens. Au reite , l'once n'a pas l'odorat aufli fin c[uc le chien , il ne fuit pas les bêies à la ff) Comme îcs Maures , à Surate &. fur les o'tcs de Malabar , n'ont point de chîtn.<; pour cliaffcr les gazelles ^L Ici d.iims , ils tficîitnt àc fupplccr à ce ncfiUit par le moyen dfs léopards apprivoilts qu'ils drelTent à cet exercice. Ces animaux fc jettent aJroi- lement fur la proie, 6>: qu.ind ils l'ont attrapée ils ne (;i quittent point & s'y tiennent fermement attachés. Voy^^t île Jean Ovin g ton. Paris , j y2 f , loire I , page 2- S. (t) Le? léopards fonr ennemis mortels ào.'i ciiicns, en ils en dévorent autant ( u'jis peuvent en rcncoiilrci: V<,>ya»c de U Mdirt ^ ' ^^ S > i'^i^ 99^ h ne kiue laus; noii la tèt large fc \ aufî] ne 1 rouri souri âe h Panthère , &c. font très- lire, que core ptr- r voix (^ panthère, ^ent fouf- cherclier ur tomes ope, nos mires en- ) un |>ays :)anthcrcs, s font plus il ne feroit :hiens. Au fil fin (-(ue bêics à ia i fur le.<; côtes ur cl M (Ter k'S fiipplccf il ce rivoilts qu'ils jettent aJroi- rapce ils ne fa taches. Voya^^i , page 2 7 S. h des clii'.ns, en ixncoiUiU! il ne lui fe roit pas p fîlblc faille plus de les atteindre dans une fiiivie ; il ne chafTc qu'à vue , ôi ne fait non courfe ifi di i: & fc pour iiinii une , «.|uc a cianccr llir le i^ibicr ; il f^iuie fi légèrement , qu'i[ franchit aifément un folFé on une mu- raille de jolufieurs pieds ; fouveni il grimpe fur ic5 arbres pour attendre les animaux au pafFage & le laifîe tomber defFus , cette manière d'attraper la proie efl com- mune à la panthère , au léopard & à l'once. Le léopard (ii) a les mêmes moeurs «5c (:.} Le iéop;ii\i de Guinée eft d'ordinaire de la }i:iiueur & <\c la arofleur d'un fjros chien de i)ou- clier; il efl: féroce, fàuvnr^e (?*< incapable d'ctre nppri- \(!i(c ; il le jette avec furie fiir touies fortes d'animaux', nu me kir io; hommes , ce que ne font pas les lions h les tigres de cette côte de Guinée , à moins qu'ils ne leitnt extrêmement prefîés de la faim. 11 a (|uel- ijne cliolc du lion 6c quelque chofe du grand chat Taïuagc ; ia peau efl toute mouchetée de tache.s rondes , noires de diiFércntes teintes fur un fond m-isâtre : il a la tète médiocrement arofre, le mufeau court , la i^utufe large , bien armée de dents dont les femmes du pays fc font des colliers 11 a la langue p< ir le moins aufli rude que celle du lion. Ses yeux l'ont vifs 6c tiins un mouvement continuel , fon regard cruel ; il ne refpire que le carnaffc : fcs oreilles rondes & afltz courtes (ont toujours droites ; il a le cou gros 6c «ourt , Iw cuides^miK^,, les pieds larges, ciuq doigts i84 f^ijloîre Naturelle le même naturel que la panthère, ^ j^ ne vois nulle part qu*on Tait apprivoifé comme l'once; ni que les Nègres du Séncgal ou de Guinée , où 11 cfl très- commun , s*cn foicnt jamais fer vis pour la chaflTe. Communément , il efl: plus grand que l'once & plus petit que la paiilhère ; il a la queue plus courte que î'oncc , quoiqu'elle foit longue de deux pieds ou deux pieds & demi. à ceux de 'levant , Si quatre à ceux de derrière , îc; uns. 6c les auu'es armés de griffes fortes , aiguës (\ tr.i menantes ; il les ferme comir.e les doigts de h main , &. lâche rarement fi proie qu'il déchire avec les oncles autant qu'avec les dents : quoiqu'il (bit for: rarniiilier & qu'il mange beaucoup , il cfi: toiijour: n>aic;re; il peuple bcratcoup , miis il a pour ennemi îc tigie , qui ét:uît j>lus fort C< plus alerte en ilciriiii un gr md nombre. Les Nègres prennent le tiare , le IcopanI , le lion dans <\çs folTes proiondes recouvertes de rofeaux oc d'un peu de terre fur lac|ueHe ils mettent quelques bétes mortes pour appât. Voyages de Dcf- :narcha!s , tome l , yngi ^02.,.,» Le tigre du 5t- ncgal cil plus furieux que le lion -, fi hauteur à là Jo^igueur eft prcfque comme celle d'un lévrier : ii attaque indifféremment les hommci «5c les bêtes. Le; Nègres le tuent avec leurs zagayes & leurs flèches, afin d'en avoir la peau : quel(|ue percé qu'il foit de leurs coups, il fe défend tant qu'il a un relie de vie, 6c il en tue toujours quelques-unSf Voyage à^^Ae Mdn{ Faris ^ 1 6 Cy > l^^^ pp*, --''' ■nerc, Bc j<. apprivoifé "^^tgres du ii cfl très- "ervîs pour efl: plus etit que la courte que e de deux s derrière , h tes , aigLië,< k doigts de k \ déchire avec )i4iul (oit for: il cil: toijjour: i pour ennemi erte en détruit it !e tigre , le les rt-'cou vertu elle ils incttci;!; yugfs (Je Dcj- ■ tigre du Sé- hauteiir & lii m lévrier : ii les hc'tes. Le: icur.s flèches, ■ c|LrH foit de relie de vie, 'Je la Pantlîhe ] 'ère: 1 85 Ce îtopard du Sénégal ou de Guinée , auquel nous avons appliqué particuiic- rement le nom de léopard , cft probable- ment l'aMinial que l'on appelle à Congo engoi (x); c^eft peut-être aufli \antamba de Madagafcar (y); nous rapportons ces noms, parce qu'il feroit utile pour la ccnnoiflance des animaux , qu'on eût la iifle de leurs noms dans les langues des pays qu'ils habiient. L efpèce du léopard paroît être fujette à plus de variétés que cetie de la panthère & de l'once : nous iivons vu uh grand nombre de peaux de ce léopard qui ne laifîènt pas de différer les unes des autres, Toit par les nuances du fond du poil , foit par celle des taches dont les anneaux (x) Les tiqrcs de Conco s'appeîlent Engoi , dans fe pays. Voyc^e de François Drack. Paris, 16^1» ]\i«c i 0 y . . , , Recueil àes voy acres qui ont lervi à Icî'MilTement de la Compagnie des Indes. Amjl, iyo2 , iome IV , fage ^z6. (y) L'antamba de iMadagafcar cft une bête grande comme un chien , qui a la tête ronde ; & au rapport des Nègres , elle a la refTembiance d'un léopard : flic dévore, les hommes & le bétail , iSi ne fe trouve que dans les endroits les plus dclerts de l'île. Voyage de Alai/cigafcar , par Ilaccvwd Paris , i 66 1 ^ lomc if. 286 HtJIohe Niiturelh ou rofcs font ])lus marques <5c plij«; fej<. minés dans les unes que clans les autres' mais CCS anneaux font toujours de beau. coup plus peiits que ceux de la panihirc ou de l'once. Dans toutes les peaux du léopard , les taches font chacune à peu près de la incnie grandeur, de la même figure, & c'ell plutôt par la force de I3 teinte qu'elles diffèrent, étant moins for- tement exprimées dans les unes de ces peaux «îk beaucoup plus fortement dans les autres. La couleur du fond ù\x poil ne diffère qu'en ce qu elles font {\\\\\ fauve plus ou moins foncé ; mais comme toutes ces peaux font à très- peu près de la même grandeur, tant pour le corps que pour la queue, il tll 'rès vraifcmîylaLle qu'elles apparne.-inent ivAues à fa nicnie cfpèce d'animal , & non pas à des aniiiiuux d'çfjiècc différente. La panthère, l'once & le Icopnrd n'ha- bitent que l'Afrique & les clima;s Ici plus chauds de l'A fie ; ils m fe font j;iinais répandus dans les ]>ays du Nord , ni iiu'ine (\m^ les régions tempérées. ArifK 'e narlc de la pajiihère comme d'un animai de rAiiiquc ai. de l'Aiic, & il dit çxpid- 7î»/// rj/7 l. O XI) Al' HA /v io P iOtry h éoparci n'ha- ina.s ici plus font juiiiais rd , ni Jiu'ine irifK 'e parle i anima, de dit çxpici- 4 Iiiv-r5v._ ^^ \AÙ 1>KSMAIVT ^êe h Pdfîîlière » &c: 287 /e'mcnt qu'il n'y en a point en Europe. Ainfi CCS animaux, cjui font, pour aiiili dire , confines dans la zone lorridc de l'ancien continent , n'ont pu pafîcr dans le r.ouveau pur les terres du Nord, & l'on verra par ki dcllription que nous allons donner des animaux de ce genre qui fc trouvent en Amérique, que ce font des efptces difïcrcnies <|ue l'on ji'auroit pas dû confondre avec celles de l'Afrique ^ de l'A fie, comme l'ont fait Ja plupart des Auteurs qui ont écrit la nomenclature. Ces animaux en général fc plaifent (lins les forcis touffues , & fréquentent fouvcnt les bords des iieuves & les en- virons des habitations ifolccs , où ils cherchent à furprendrc les animaux do- mcfliques & les bites fauvngcs qui vien- nent chercher les eaux. Ils le jettent ra- rement fur les hommes , quand même ils •croient provoqués ; ils grimpent aifément fur les arbres , où ils fuivent les chats fiuvages & les autres animaux qui ne peuvent leur échapper. Quoiqu'ils ne vivent que de proie & qu'ils foient or- dinairement furt maigres , les Voyageur^î •î;!?! i- :2. 8 8 'Hipoké Naturelle ; érc; prétendent que leur chair n'efl pas mau^ vaife à manger; les Indiens & les Nègres :Ia trouvent bonne, mais ii cfl vrai qu'ils trouvent celle du chien encore meilleure, & qu'ils s*en régalent comme fi cetoit un mets délicieux : à l'égard de leurs peaux , elles font tomes précieufes <5c font ide très-belles fourrures ; la plus belle & la plus chère , eft celle du léopard ; une ieule de ces peaux coûte huit ou dix louis, îorfque le fauve en eft vif & brillant, & que les taches en font bien noires & bien terminées. LE JAGUAR, ; érci l'eft pas mau^ & ies Nègres cil vrai qu'ils ore meilleure, ime fi ccioiî jard de leurs cieiifes & font plus belle & la léopard ; une t ou dix louis, f & brillant, bien noires h ^^àL^ 1. A PAÎ^THEllE f.'//' 77II. I/ONCK . P/.O Pn,/. ■Jti.'i. Ï.K I.KOl»ARI> ■■«a»»»**- Mi H<' 289 LE JAGUAR (a), i LE Jaguar refTcnible à rOncc par Fa grandeur du corps , par la forme de la plupart des taches dont ia robe eft fer- mée , & même par ic naturel ; il cfl: moins fier & moins féroce que le léopard & la panthèfe. Il a le fond du poii d'un faj Le Jaguar ou Jaguttra, nom de cet animal âu Brefil , que nous avons adopté pour le diflinguer' di! tigre , de la panthère , de l'once &. du léopard avec icfcjuds on l'a fouvent confondu: les premiers birtoriens du nouveau monde appeloicnt cet anima:! Janou-sr& ou Janouar ; ce font Pifon & Marcgravc qui , les premiers , ont écrit Jagunra au lieu de Jnmuara, Les Mexicains Pappeloîen t. 77a//d«//;/»/(7a/i7r/, félon Hernandès , page ^cfS* Les Portugais l'ont ap- pelé Onçdt parce qu'en etîèt il rcflemble à l'once à quelques égards. Jagiuira, Pifon, I-îijL Nat- pag. 103, Jaguara BrajilUnfibus. Marcgravius , Hijit BrajîL pag.i3 5. ^ Pardus an lynx Brafïlmfs jaguara (Héla Marcgrav'iU Kay. SjynopJ, quadrup, pag. 168. Tigris Anuricana. jaguara Brafilietifts, Klein, de quadrup, pag, 80. Tigre de la Guianc, Voyage de Defmarchais; mulU, page 2<^p, ...„,,.,,_. Toms VIIL N * ipo liipoh'c Naturelle teau fiîiive comme le iéopard , & non pas gris comme l'once ; il a la qutue plus courte que l'un & l'autre , le poil plus long que la panthère & plus court que l'once ; il Ta crêpé lorfqu'ii eft Jeune, & liffe lorfqu'il devient adulte. !^Jous n'avons pas vu cet animal vivant, pliais on nous Ta envoyé bien entier h biçn confervé dans une Ijqueur préparée, & c'cft fur ce fujet que nous en avons fait le dcfîin & la dçfcriptioa : il avoit été pris toutpent, & élevé dans la mai on jufqu'à l'âge de deux ans , qu'on le rit îuer pour nous Tenvoyer (h); il n'avoit (h) Cet anirnaî nous a été envoyé fous le nom h Chai-i'ig}'e t par M. Paires Médecin du Roi au cap, dans nie Saint-Domingue, Il irjc marejue, par l,i lettre c|ui étoit jointe à cet envoi , que cet animal étoit arrivé à Saint-Domingue par un vaifltau Etp3- gnol qui l'avoit amené de la grande tei're où i! cil très-commun : il ajoute qu'il avoit deux ans quand il l'a fliit tuer, qu'il n'étoit pas fi gros, ti qu'il s'tfl renlié dans i'elprit de tafia; qu'il buvoit , mangeoit (ii failoit le même cri qu'un chat qui n'cfl p:is prive; qu'il miauloit , & qu'il mangeoit plus voloiuicu encore le poilFon que la viande. Pifon & Maic<;i;i\e flifent de mcme que les jaguars du l^refii aiment hc.iu- coup le poilfon. Le nom de C7iai-t/[>re que lui dcnne M. Pages , ne nous a pas empêchéi de le recoiin;'itrc pour |e jaguar, parce (jue ce |iom du lirefil iVîll 3n Jaguar: i^f iîonc pas encore acquis toute l'étendue de (es diinenfions naturelles ; mais il n'en crt pas moins évident par la feule inf- pedion de cet animal, âgé de deux ans, qu'il eft à peine de la taille d'un dogue ordinaire ou de moyenne race, lorfqu'il a pris Ton accruiiiement entier. C'efl: cependant Tanimal le plus formidable , le plus cruel , c'ell en un mot le tigre du nouveau monde , dans lequel lu Nature lèmble avoir rapeiiffé tous les genres d'animaux quadrupèdes. Le jaguar vit de proie comine ie lig e, mais il ne faut, pour le hire tuir, que lui prcfcnter un tilon alluiiié , & même ioriqu'il cft repu , il perd rout courage & toute vivacité , un chien Icu! iuftit pour lui donner la chadé ; il fe refltnt en tout de Tindo- leiice du climat; il n'efl: léger, agile., pas en ufagc parmi les François des Colonies, & qu'ils appellent indilliiidetnent Chats-tigres les chat- pards h les tigres. Le chat -tigre, dit Dampier, torm IJl, page )o6, qui dt très commun dans la baie de Campèchc , a les jambes courtes & le corps ramalTc comme un m4.tin; mais par la tête , le poil ^ la manière de guetter fa proie, i! refTemble au iJgre. î^i| *l 292 Hi flaire Kitinrlle alerte que quand la fiiiiii le prefTe (c). Les Sauvages, naturellement poltrons, ne Iai(îènt pas de redouter fa rencontre ; ils prétendent qu'il a pour eux un goût .de préférence, que quaod il les trouve .endormis avec des Européens , il refpeifle ceux-ci , <5c ne fe jette que fur eux (d), (c) \\ y ^ des tigres au .BrcTiI , tefqueïs étant agîtes par la rage de famine, font courageux, mais étant repus deviennent fi lâches qu'Us s'adonnent inconti- nent à fuir de peur des chiens. Defcrifitm des Inàs orientales t par Herrera, Ainji, ij22, jmge 2j2.: .— II y a une grande quantité de tigres au Brefil, que la faim rend très-légers & très à craindre; mat étant ralTiifiés , ce qui eft admirable, ils (ont (i poltrons & fi pcfans que le moindre chien de berj^or leur donne la fuite. Hijîoire des Indes jutr AJcfi, Paris, j 66^, page 6^» — Il y a des tigres autour de Porto-bello , dont les environs font aflTez dcfcrt'; , ap- paremment que ce font des tigres de petite cfpèco, puifqu*un homme feul en vient à bout avec une lance ou une autre arme blanche , 6c lui CQupe les pattes l'une après l'autre quand l'animal (è drefîèpour \m\- CLicr. Voyage de Don Juan & Don Antoine de L'k', Extrait de la BiùliotMque raifonne'e , tome XL l V, (d) J'ai ouï quelquefois conter que ces tigres étoicnt animés contre les Indiens, 6c qu'ils n'afTiitloieiit poin: •les Efpagnols, ou bien peu ; qu'ils alloicnt quclqucinis prendre gu choifir un Indien endormi au mjiieu d«; h fh Jaguar, 253 Ôi\ compte la même chofc du Itopard (e) , on dit qu'il préfère les homn .• noirs ;tiix blancs , qu'il femhie les connoitie à i'oJeur , & qu'il les choifit la nuit comme le jour. Les Auteurs qui ont écrit Thiftoire du- nouveau monde , ont prefque tous fait mention de cet animai , les uns fous le nom de tigre ou de lîopard , lès autres fous' les noms })roprcs qu'il portoit au Brefd, au Mexique, j^c. Les premiers qui en aient donné une dcfcription détaillée , font Pifon & M:\rcgr;«ve; ils l'ont appelé ]a^uara au lieu de jûnouara , qiii ctoit Ton nom en lar.gue Brafiliennc (f)^ ils Kfpagnols oc qu'ils l't-inporto'ent. llifloire NiitureUe Indts , par Jojeph Aiojh, Riris ], iCûOi 1(^0» (e) La province de Eamba au royatime de Congo a des tiares ti'tii n'attaciuenl jamais les hommes blanc,<^i mais qui fe ruent fouvent fur les noirs, tellement que quelquefois trouvant deux hommes, l'un blanc, h Tiiutre noir qui dorment l'un près dé l'autre, ces animaux vont de furie contre le noir fans offenfër le blanc en aucune forte. Voyagt amour du monde , pat frunçoîs Drack, Paris, i6^i, page loj* ( f) \\ y 7L au Brefil une bête raviflânte que fe$ Sauvajîes appellent Janou-arn , laquelle cft prefque aufTi Iiiiutc de jambes qu'un lé>rier , mais avant de grands 'N iij ip4 I^iJIoh'e Néiturelîe ont aufîl indiqué un autre animal cîa même genre & peut-être de la mêtne elpcce luus le nom de jaguarele, Noos l'avons clillingué du jaguar dans noue cnuiiicration , coiiime l'ont fîiit ces deux Auteurs , parce (ju'il y a qiieUju'appa- rence qi;e ce j)euvcnt être (\zh animaux ti'e(pcce différente ; cependant comnm nous n'avons vu que l'un de ces deux animaux, nous ne pouvons pas décider fi ce font en effet deux ei'jjèces dKUndes, ou fi ce n'eft qu'une vaiiétcde la inëjns cfpèce. Pilon à. Marcgrave difcnt (jue le jaguarcte diiître du jaguar en ce ((u il a le ])(;il court , plus iufh'é & d'une couleur toute différente, étant noir, femé de taches encore plus noires. Mais au refte , il reHemble fi fort au jaguar poils autour du menton, ( il entend les poils de b ITiouliache ) i;i peau fort belle & biœirte comme celle d'un once, elfe lui rcfremble aulii bien l.rt en tout le relie, l '(>}'. >ge jyir Jean ik Lery. IWis , ' 57^ > }''^S^ : 62, — Le janomr e(l une elpcce d'once gratuie comme un dogue d'Angleterre, ayant la peau fort riche & toute nKU't|ucicc A'iijfum ai Ctijmcins , par le Pèfe ri'Abl'c'vilk. Paris, i^r.-t, j'ûge 2j-r. — Le janoura du Brefll ne vit (.|ue lîe proie; ii eft de la taille d'un icviitr, il a la pcU Udicice, l^oya^e (ie Coréal, tome J , ih^Q£ 1 jj ♦ du Jaguar: 2»p5 pnf II forine du corps , par le naturel fit par les habitudes , qu'il fc pourroit que ce ne fût qu'une variété de la même erj)èce ; d'autant plus qu'on a dû re- marquer, par le témoignage même de Pilon , que dans le jaguar , la couleuï' du fond du poil & celle des taches dont il cfl marqué , varient dans ics dîffércns individus de cette même efpèce. I! dit que les uns font marqués de taches noires, éi les autres de taches rouffes ou jaunes ; & à l'égard de la différence totale de la couleur, c'efl- à-dire, du blanc, du gris, ou du fauve au noir, on la trouve dans plufieurs autres efjïèces d'animaux, il y a des loups noi/s, des renards noirs , des écureuils noirs , &c. Et fi ces variations de la Nature font plus rares dans les animaux fèiuvages que dans ies animaux dotiiciliques , c'eft: que \t nombre deâ haHirds , qui peuvent les produire , eft moins grand dans les premiers , dont la vie étant plus uniforme, fa nourriture moins variée , la liberté plus grande que dans les derniers, leur nature doit être plus confiante, c'eft-ji-dire , moins fu- jette aux changemens ^ à ces variations In iiij i()6 HiJIûhe l^iiturclle qu'on doit regarder comme accîcIcntcUfs, quand elles ne tombent que fur la couleur du poil. Le jaguar fc trouve nu Brcfil , au Para- ^y^^y(g)> auTucumani (h), à laGuiane (i), au pays des Amazones ( k), au Mexi- que (l)^ & dans toutes les contrées nie- lidionales de l'Amérique ; il cft cependant plus rare h. Cayenne que le conguar, qu'ils ont appelé tigre rouge ; & le jaguar eft maintenant moins commun au Brclil, qui paroît être Ton pays natal , qu'il ne /^gj Hiftoirc du Paraguay, par le Père Charicvoix-, tome i , pjgcs j> / iT I yi, Voyc^ auffi idem, tome JV, (h) y oyez i(hm , ih'ukm, (i) Voyage de la France cquinoxîalc , par Piiicr, Paris , I 6 6^t page ^^J ; & Dcrmarchais, tome IJJ, page 2pp, (k) On trouve le janouar dans (es terres du Mar.v gnon. Hijhi'ne de la ttiijfwn des Capucins dans l'ik du Aianiguon, par U P. d'AùùevilU, Paris , j6i^t page2ji, (l) On voit dans Tes montagnes da Mexique un animal féroce qu'on appelle \\\\ Once, qui cft de la forme & de la taille d'un Loup -cervicr, mais ijui a des ferres , & dont la tctc reirerable davantage \ celle d'un tigre. Voyage de Vooitcs Roger s , traduit à VAnghii, Awjl, lyi 0, tome II, page *^2, •*' (hi Jaguar, ' ip7 ïVtoît autrefois : on a mis fa tête à prix ; ow en a beaucoup détruit , & ii s'efl retire \u\i\ (m) des côtes dans la profondeur des terres. Le jaguarète a toujours été plus rare , ou du moins il s'éloigne encore plus des lieux habités (n), & le petit nombre des Voyageurs qui en ont fait iiiention, paroifîènt n'en parler que d'a- prcs Marcgrave & Pifon. (m) Voyage de Dampier. Rouen , i /J j, tome IV, • (aj Voyage de Dcfmarchais , tonte JJI , jxigc ^ o 9ê' , K V 2^^ Hiflotre Ndttirelk LE COUGUAR (a). LE Couguar a la taille aufîi longue, mais moins éioftéc que le Jaguar ; i! c(l plus levreté , plus effilé de cheval, eur chair, d'un fumet «oi« font bom, en eftimcnt ia >ire fc la neuvdlt 7^^, tome î, y 3 0, tome HJ^ TiE COVCUAK, '^n. LE LYNX ou LOUP-CERVlER(a). MESSIEURS de l'Académie deS S ieiices nous t . ^ «lé une très- boi.ne defcripiion du Lynx ou Loup" (a) Le Lynx ou Loup - cervîer. kvy"^. NJàmu Chaus , lupus cervonus, Pliiiii Raj'hius vd nifns apud Giillos Plinio rejlc, en ItalieiT, Lupn cm-eiro , Lufypo gatto ; en Elpianoi , Lynie ; en Allemand, Luchs^ ; en PoloMois, Rys , Ojirowiili; en Anglois , Omiçe ^ félon Kay ; Lumme, fdon Caïus ; en Suédois ,j WiDx'o, it\on Linnaeus. Lupus cervarius , lynx , Chaus raphim, Gefner , H'tjl^ ^uadrup. pig. C'yd't ' Lynx, AWrov. île quadrup» fiig» mvîp. p. 90 & 924 Lynx» Ray, Synopf. quadrup* pag. \C6, Fdis caudâ mmcatii , corpore rufefcente maculûtoi Linn. S.yft. nut. cdit. IV^ pag. 64, &. edlt. Vli pag. 4. — FéV/j ç<'/«^<7 nhreviiuCi / c/yw? â/r^/ twyiculi'i apice ùur/hitis, Linn. JV/''» «^'« cdit. X, pag. 43. Lynx, Jonfton , de (juadrup» pag. 8|. Loup-cervitr. Alémoires pour fervir à l'HljIoire (ùi fnhiuiux , partie i , page 1 2y, Lynx. Aldrovandi, Kleu ou poiiu de blanc, (pi'ils font plutôt roux avec des taches br'^ui lées ou cumulées f/nûculis (on/I'iintiùus , é^c.J Sans vouloir nier abfo- iumciit ce que dit ici M. Klein, j'avoue que je n'ai irou\é nuMe pan ailleurs, qui- le Ivnx hahi âr les pays cha^^d^ de i'Afriquc & de l'A fie. Kolbe fJ) eft le feul qui die qu'il e/t commun au ca,) de Bouiic-el-'érance, c'^c qu'il refltmble par- faisaient à ce'ui d'i H andtbourg en Al- Icmjgne; mais j'ai reconnu tant d'autres rnéprilcs diuisle-j Mcîmoiresde cet Auteur, que je tfa .. 1 e presque aucune foi à Ion {rj Klein , qui t'toit it i lur (es ^ norain- uiïècSt des O'it moins u poiiit de X avec des Ei finaculis r nier ablo- n , - j'avoue m ailleurs, cha!»(J> de l'y e/t le feul au ca.) de cmble par- Jrgen A(- int d'autres :et Auteur, e foi à ibn (lu Lynx ou Loiip-cemer. 307 fcmoîgnage , à moins qu'il ne s'accorde avec celui des autres. Or , tous les Voyageurs difent avoir vu des Lynx ou Loups- cerv'urs à peau tachée dans le nord de i'Ailemagnc, en Liiluanie , ea Mofcovie , eii Sibérie, au Cunrida & dans les autres parties Icpientriunnlcs de l'un & de l'autre continent; mai. aucun, du moins de tous ceux c|ue j'ai iûs, ne dit avoir rencontré cet animal dans les climats chauds de l'Afrique & de l'A fie: îc lynx du Levant, de la Barbarie, de l'Arabie & des autres pays chiuJs, font, comme nous l'avons dit ci-de/Tus, d'une couleur uniforme & fans taches ; ce ne font donc pas ceux dont parle M. Klein , qui félon lui font bien mouchete's , ni ceux de Kolbe , qui reiïêmblent, dit- il, parfaitement à ceux du Brandebourg. Il feroit difficile de concilier ces témoignages avec ce que nous favons d'ailleurs : le lynx ell cer- tainement un ani;nal plus commun dans ics pays froids que da^s les piys tempé- rés, & il eft au moiijs très ra>e d^ns les pays chauds. Il ctoU à la vciit« couaa i' Il l 308 Hijîoin Nattireile des Grecs (e) S<. ôcs Latins, maïs cela ne fuppofc pas qu'il vînt d'Afrique ou des provinces mtridionaîcs de l'A fie; Pline dit au contraire que les premiers qu'on vit à Rome du temps de Pompée, avoient été envoyés des Gaules. Main- tenant , il n'y en a plus en France , li ce n'cfl peut- erre quelques-uns dans les Pyrénées & les Alpes; maïs nuiii Ibus le nom de Gaules , les Romnins coniprenoient beaucoup de pays Icpiin- îrioiiaux, & d'ailleurs tout le monde (ait qu'aujourd'hui la France cft bien moins froide que ne Tétoit la Gaule. Les plus belles peaux de lynx viennent de Sibé- rie //) fous le nom de loup - cervîer , k de Canada (gj fous celui de chat-ccrvki; (c) Les Grec5 qui dans leiirs fivflions, ne 'iiifTuicn: pas de confuAcr Ic5 vraifèmWanccs, & Au- - tout I« circonrtance? ^c?, temps ^ des iieux , ont dit ciiic c'étoit un Kcji de Scythïe qui avoil ctc changé v\ lynx , ce qui paroît indiquer que le lynx étoil un animal de Stythic. (f) On trouve en Ruflle beaucoup de loup'; cer- viers qui ont l;i peau belle , quoiqu'ils ne vaitiu pas o.ux de Sibérie. Nouveau Ak'moire fur lu grande Rn\ju, Parh , i/2j,iofve 11, J'aide jj. (gj Le loup - tcr\ ici- de l'Amérique feptcntrionale Ju Lynx ou Loitp-ccmcr. 309 parce que ces animaux étant comme tous les autres plus petits dans le nouveau que dans l'ancien continent , on les a compares au loup pour !a grandeur en Europe , & au chat fauvage en Amé- rique (h). Ce qui paroît avoir déçu M. Klein , & qui pourroit encore en tromper beaiu- coup d'autres moins habiles cjuc lui ; c'cil 1." que les Anciens ont dit que l'Inde ave>it fourni dt$ lynx au dieu eft une efpèce de chat , mai.'; bien plus i*ros i il monte auin fur les arbres , vit d'animaux qu'il attrape ; le poil eu efl grand, d'un giif,- blanc, c'efl une bonne tnurrure ; la chair en cft blanche éi très -bonne à minger. Dcfcription des cotes ik t Ame'riqueJepitmrîonaUt Paris, I 6 y 2 , tome U , j}age ^f/. (h) Il y a dans les bois du Canada , beaucoup de îoups ou plutôt Acs, .clia'is-cerviers , car ils n'ont du loup (|u'une efpèce de hurlement, en tout le rcfte ils (ont, dit M. Sarrafin, ex génère felino. Ce font de vrais chalfeurs «jui ne vivent que du gibier qu'ils peuvent attraper & qu'ils pourfuivent jufqu'à la cime des plus grands arbres; leur chair efl blanche 6c bonne à manger; leur poil & leiw peau font fort connus en France , c'efl une f^ti plus belles fourrures de ce pays & qui entre le plus dans le commerce. ilHhiff ke Li nouvelle franco, par le Père Charlevffix,, iJint UI, page ^jj» li '*B '3 t o HiJIoire Naturelle Bacchus Y/y, 2" que Pline a mis cïci fynx en Ethiopie /Xy'^ Ôt a dit qu'on eu préparoii le cuir & le^ ongles à CarpatlwSf aujourd'hui Scnipantho ou Zerpanto, île de la Méditerranée, entre Rhodes & Candie; 3.'' que Geliicr ^/^ u fait un article par- ticulier du lynx d'Afie ou d'Afrique, lequel article coniicnt l'extrait d'une lettre d'un Baron de B.ilicze : Vous n'ûve^pns (i) Viéïti, racemifero (yncas dédit India Bucchh Ovid. Métamoq>h. ■(k) Plinii, ////. fiât, lib, VUl , cap. XXI ; h' m, XXVlll, cap. VI lié — On obrervcra que Pline ne parle ici que du /ynx &. non pas du iupui cervarius-, que toutes les vertus & propriétés du puii , des ongles, de l'urine , &c. n'ont rapport qu :i l'ani- mal qu'il appelle lynx , 6i qu'il cite comme un ani- mal extraordinaire, un monltre d'Ethiopie ; & qu'il n'ell pas ici quellion du I .up-ccrvier , puilqu'ii aliutc politivtnient que celui-ci avoit été envoyé des Gaules aux Ipedacles de Rome. La Icule choie qui pourrait iairc loupçonner que le L'haus ou lupus lennr.w; cJe Pline ne leroit pas /lOtre loup-cervier , céll qu'iUlit qu'il a la figure du iwup & les taches de la panihcic; mais ce doute s'cvanouira lorlquon confidértr.i loiites les circonlbnces , 6t qu'on ("e rappellera d'ailitiiriquc de tous les anunaux de proie qui le trouvent d.iii> 1(3 pays l'eptentrionaux , le loup ctrvier elt le (cul doiij là robe loil tachée comme celle de la panthère. /IJ Gefuefi //'^. ^nadru^i, pag. 68^, éJu Lynx ou Loup-cemer. 3 r xi fait w en t ion , dit -il à Gcfner, dûns votre ^ livre des animaux , du lynx Indien ou Afri^ (ain; comnic Pline en a parlé , l'autorité de ce grand homme m'a engagé à vous envoyer k dt'jjin de cet animal , ajin que vous en mrih'-^ ... lia été deJJIné à Conjlantinople , il ejf fort différent du loup - cervier d'Alle- magne , // ejt beaucoup plus grand, il a le if où beaucoup plus rude & plus court , &c. Gfcfncr , laiis faire d'autres réflexions iur ctue lettre ie comenie d'en rapporter la fuhrtance , & de dire })ar une parenthèfe que le defOn de i'animal ne lui eft pas parvenu. Pour que l'on ne tombe plus dans la même méprife , nous ob(erverons , 1 .* que ks Poëies & les Peintres ont attelé le char de Bacchus de tigres , de panthères h de lynx, félon leur caprice, ou plutôt parte que toutes ces bêies ferotes , à peau tachée, étoient également confacrces à ce Dieu; 2.° que c'efl le mot lynx qui fait ici toute i'équivoqiie , puifqu'ii cft évident, en comparant Plipc avec lui- même (m) , que i'animal qu'if appelle (tv) Pùwpeti mngni pr'nmm luS oflçultrunt Chaum ; m à 312 Hijloke Naturelle Lynx, éc qu'il dit être en Ethiopie, n'cft nullement celui qu'il appelle Chaus ou LupuS'Cervarîus qui venoit des pays fcp- tentrionaux ; que c'ed par ce même nom mal appliqué , que le baron de Balicze a été trompé, quoiqu'il regarde le lynx Indien comme un animai différent du Luchs d'Allemagne , c'eft - à- dire , de notre lynx ou loup-cervier : ce lynx Indien ou Africain, qu'il dit être beau- coup plus grand & mieux taché que notre loup-cervicr , pourroit bien n'êire qu'une lone de panthère. Quoi qu'il en vmcuUs, Piinîi, lib. VIII, cap. XfX. — J}/«/ m ta gfnere (fcilicet lupcrumj, qui cervnr'n vocantur , (juakui è C allia in Pomytii îniigni harena fpcâatum dixiima. PJinii, lil\ Vill, cap. XXII. — Lyncas vu!go ficfja:- tes if fyhiiigai , fiifco pilo , tuammii in peâore gcnwùs, ^^thiopia gcncrii: , multaijue a/ia monflm Jîmiiia, Pl'mï, lib. VilI, cap. XXI. — Il efl clair en comparan: ces trois paffagcs que le CAtius & le /upus rmww font le même animal, & que le (yttx en c(l un autre. La (culc cbofc qu'on puiirc reprocher ici à Pline, c'cilque, trompe apparemment parle nom, il dit que cet aniinal a la figure du loup {fffigie lupi ). I .e loiip- cer\ icr e(l comme le loup commun , un animai de proie , il en approche encore par la grandeur du corps il a o iiinie lui une cfpèce de hurlement ou de cri prolongé , mais pour tout le rcltc il en ditiire abloluincnt. Toit €hi Lynx ou Loi/p-cemen 315" (dit de cette dernière conjedure, il paroît que le lynx foiip - cervier, dont il d\ ici queftion, ne fe trouve point dans les contrées méridionales , mais feulement dans les pays feptentrionaux de l'ancien & du nouveau condnent. Olaiis ("îij dit qu'il eft commun dans les forêts du nord de l'Europe : Oléarius ^oj affure la même chofe en parlant de la Mofcovie; Rofinus Lintilius dit que les lynx font communs en Curlande , en Lithuanie , & que ceux de la CafTubîe ( province de la Poméranie ) font plus petits ('pj Se moins tachés que ceu". de la Pologne & de Lithuanie : enfin , Paul Jove ajoute h ces témoignages , que les plus belles peiux de loup -cervier viennent de la Sibérie fçj, & qu'on en fait un grand commerce à Uftivaga, ville didante de fix cents milles de Mofcou. Cet animal qui , comme Ton voit 5 fn) HlJÎ. ile gentihus feptent» ab Olao magno» An- tucipiae, 1558, lib. XVIII, pag, 139, (ùj Rel.ition d'Adam Oitarius, tome I, page 1 2. ta (p) Auduariiim hijï. nat, Polonia Gaùrieie Riuci^nsku Gcdani, 1742. (^7' \'iik kWow. Je quacfrup» (îigit, pag. 9*^. Tome VliL O > 'M 3 1 4 Hljlolrc Naturelle hahiie les climats froids plus volontiers que les pays tcmpt'res , cil du noinhre (ic ceux (|ui ont pu pnlltr d'un coniinent à l'autre par les terres du Nord , auiii i'a-t-on trouvé dans rAinérique fcptcii. trionalc. Les Voyageurs (r) l'ont indi([UL- d'une manière à ne s'y pas mcprendre, & d'ailicurs on fait que la peau de cet animal fait un objet de commerce cje i'Ame'rique en Europe. Ces loups- cer- viers de Canada font feulement, coinme je l'ai déjà dit, plus petits & plus blancs que ceux d'Europe; & c'efl cette (\.9ii.~ rence de grandeur qui les a fait ripj c'cr | (r) On voit encore chez les Gaffitficns troi; fi^m; <îc loups. Le loup-ccrvier c(l d'un poil argenté, li a deux cornichons à la tCtc ( il \cut dire aux tiieilb' <]ui. ("ont de poil tout noir. La \ iande en cft aile bonne, quoiciueile l'ente un peu trop le fauvageoii cet animal tfl plus affreux à N'oir que cruel ; la peau en elt très bonne pour en fiiirc des fourrures. AW velle relation de la Cafjn'fîe , jar le Père Chrétien Lal^'t;, Paris , I t! p r , p^gr ^^o. — Au pays de.'; Huiom ios loups-ccrvier;^ lont plus fréquens que les lou:^ communs , qui y l'ont aHlz rares. Voyagi de Stu^ùi 7'hcodaî . Paris, i6j2 , juige ^ o y, — En Aiix , rique le vount bttcs raNiffantes comme léopards K kmps - ccrviers , mais de lions nullement. Snifiilnriw de la Imnce ivnarâi(iue , lar TtKvei, Pam , ijjiii 'du Lynx ou Loujxcmer. j r ç' cliâtS'Cerviers, & qui a induit les Nohicji - thiieurs (f) à les regarder comme des animaux d'elpèce diiïércnie ft). S jus vou- loir prononcer décifivement fur cette quedion , il nous a paru que le cha:- ccrvicr de Canada & le loup-cervicr de Mol'covie font de la même cfpèce , i ." parce que ia différence de grandeur n'eit (f) M. Linnnciîs, qui Jcrncure à Upfal & qui cîoît conuoùre cet animal , piiiKurii le trouve en Suède & livins les pays circonvoifm.s avoit d'abord didin- oiié le loup - ceivier du chat- ccrvicr. Il iiommoit le premier, yî/zî cauda jrwicnta , corpore nifefccnie ma- culnto, vSyft. r,:it. edit. IV, p,ig. 6^; & edit. Vf, j'^ig. ^, H noiTjmoit le iccond , fl-'is caud't 'rtmcaut , corforc ailio mnciilnia. Syll. îiat. hkmihidav. Il nomme mcme en iucdois ie premier Warglo , &. le l'cconcf Krat/o, l'iiutka Suec. j\jg. j>, Mais dans (à dernière édition i! ne diftingue plus ces animaux , & il ne fait mention que d'une feule elpèce qu'il iic.di(]ue par ia pliral'e fuivante , feiis caudn (dibreviaia . riji'.ce nira nurhidii npict' bavhati^ , &. dont il donne U!ie couriez & bonne defcription. Il paroït donc que cet Auteur, ijui d'ajbord difiinf^uoit le loup-cervier du cbal-cervier, ti\ venu à peniei- comme nous, que tous deux n'é- toieiit que le même animal. ('tj Fchi albn maciil'is tùgris variegafa , caudfi hrvi ,. . ,' CiJtus cemirius , le chat cervier. — fn'is miïicu'irjmt aptcibiis l'ilis /o!ifl:'lfiniis jredîn'^ , caud,'} lnr:r. . ♦ Lyrrx, ie ioup-cei'vier. JBriflon, lù'gn, û'ii^mi!. pag. zr-j- ôc i 1 3 I 6 Hifloire Naturelle pas fort confiderabîe, & qu'elle eft à peu près relativement la même que celle qui Çt trouve entre les animaux communs aux deux continens. Les loups , les renards, &c. étant plus petits en Amé- rique qu'en Europe, il doit en être de même du lynx ou loup - ccrvîer ; 2.° parce que dans le nord de l'Europe même , ces animaux varient pour la grandeur , & que les Auteurs (u) font mention de deux efpèces , l'une plus petite & l'autre plus grande ; 3 ." enfin p^rce que ces animaux afFedlent les mêincs climats &. étant du même naturel, de fa même figure , & ne différant entr'eux que par la grandeur du corps & quel- ques nuances de couleur , ces caradlcrcs ne me paroiffent pas fuffifans pour les réparer & prononcer qu'ils foient de deux crj)èces différentes. Le lynx dont les Anciens ont dit que la vue étoit aiîez perçante pour pénétrer les corps opaques, dont l'urine avoii la fu) Lyrrces nmhce ( mag^ia. if pan'it ) corporh f^m f nuit s fum , & ftmiiiicr utrifque cculi fuavhcr fulgim , f.zrics tcriff^fie cla€m perlucct, juirvuni utrifque capt , iXit 'Oppianiis. I i/// Lynx ou Loup-^ccmer, 3 \j )ncTVcilIeurc propricfté de devenir un corps (olide , une pierre precicule ap- pel ce Lapis lyncurïuSi efl un animal fahu- jeux, aulli-bien que toutes les propriétés qu'on lui attribue. Ce lynx imaginaire n*a d'autre rapport avec ie vrai lynx que celui du nom. Il ne faut donc pas ^ comme l'ont fait ia plupart des Natu- ralilles , attribuer à celui-ci , qui cft un erre réel , les propriétés de cet anima! imaginaire , à l'exiftence duquel Piine lui-même n'a pas l'air de croire ; puis- qu'il ï\cn parle que comme d'une bcte extraordinaire , & qu'il le met à la tête des fphynx , des pégafcs , des licornes & ùts autres prodiges ou monltres qu'en- fante l'Ethiopie. Notre lynx ne voit point au travers les murailles, mais il efl vrai qu'il a les yeux brillans , le regard doux , i'air agréable &i gai ; fon urine ne fait pas des pierres precieufes, mais feulement il la recouvre de terre , comme font les chats , auxquels il refîeiiible beaucoup , & dont il a les mœurs & même la propreté. Il n'a rien du loup qu'une efpèce de hurlement cjuî k faifant emendre de loin a dû tromper Oiii 3 î 8 Hifloh'e NnturcJk les chineurs, & leur f-.ire croire qii'hs cntcijifoicnt un I', iip. Ccîa (èul a jHut- êtrjî fiiffi pour lui fiiire donner le nom de loup, au(|uel pour le diflingucr du !( :h.:rî vrai Icup , les ch.alcurs auront ajoute ï epiiheîe de cerner, j)arce qu lî aiiaquîï' î ies cerfs , ou pluiôt [)arce que la peau ^ft elt variée de lâches a peu près comme celles d»?s jeunes cerfs, lorfqu'ils ont la 1 ivree. Le i y ?fi nx elt moins sfros gros c[U( le ioup fxj, ÔL plus bas fur fes jambes; il c(l com;nunément de la grandeur d'un re- nard : il diffère de la panthère & de l'once ])ar les caraélèrcs fuivans; il a le puil lus long, les taches moins vtves &: mal rminces , les oreilles bien plus grandei furinoiîx'es à leur extrémité d un piih V \c ceau de poils noirs II I )îus cour:e & noire à C[U< l eue neaucoui) lext remue, le tcai des veux blancs, & l'air de la face plus iiprreable & moins féroce. La robe du 'g ma le en mieux marquée nue celle de f:i femelle : il ne coure j)as de fuite comiiu." le Ituip , il marclie & faute coimric !c chat : il vit de chafic & pourluii Ion ilu Lynx ou Lotip-ccrvicr. 3 i p gi[);cr jufqirà la cime des arlîrts ; Jcs cliais fauvnges, les maries, les licrmincs, iL> écureuils ne peuvent lui échapper ; il (aifi! aufil les oifenux ; il nitend les cerfs, les chevreuils , les lièvres au j)aflage & s'élance defî'us , il les prend à la gorge; & lorfqu'il sert rendu maître de fa vic- time, il lui fuce le fsng <5t lui ouvre ia» w\L pour manger la cervelle, après quoi (ouvent il l abandonne pour enC chercher une autre ; rarement il retourne à fa pre- mitre proie, & c'eft ce qui a fuit dire^ ([uc de tous les animaux , le lynx étoic celui qui avoir le moins de mémoire. Son poil change de couleur fuivant les climats & la (àifon, les fourrures d'hiver fynt plus belles, meilleures & plus four- nies cjue celles de l'été: fa chair, comme celle de tous les animaux dç proie, n'cit pas bonne à manger (y), ()>) Rzaczynski, and, h'ijl, iiat, Fol, pag. 5 « ^. rti-n m O iiij "m '320 Hiftoire Nattirelle ■ il ■ I ,^ LE CARACAL (a). V^U O I Q U E le Caracal rcflcmblc au Lynx par la grandeur crfce i7 latine tdidit Georg. Gentius. Udi v'ult ajiohgum Lconis & auricula; nirxtpag* Si» Le Po«r\ oyeur du Lion , félon plufieurs Voyagciirîj Le Guide du Lion, lelon d'autres Vuyngcurs. Jit Caracal 321 b queue beaucoup plus longue & d'une couleur uniforme, le muleau piusalorgé, la mine beaucou;) moins dc»uce & le na- turel plus féroce. Le lynx n hubiic que diiHi les pays froids ou tempérés ; le ca- racal ne fe trouve que dans les climats les plus chauds : c cfl autant par cet e différence du naturel & du climat, que nous les avons jugés de deux elpèces différentes, c|ue par linfpecflion & par ia comparaifuii des deux animaux que nous avons vus vivuns, & qui, comme tous ceux que nous avons donnés juf- qu'ici , ont été deffinés & décrits d'après nature. Cet animal efl commun en Barbarie, en Arabie & dans tous les pays qu'ha- Lient le lion , la panthère 6c l'once ; comme eux il vit de proie , mais éi.int plus peiit & bien plus foibic, il a p!u$ de peine à fc procurer fa fubfiflance; il n'a , pour ainfi dire , que ce que les autres lui laiffent, & fouvent il cft forcé à fc contenter de leurs refies : il s'éloigne de la panthère , parce qu'elle exerce lès cruautés lors même qu'elle efl: pleine- tneiu ra(fafiéc ; mais il fuit le lion qui , O Y 3 2 2 HfjîurL' Ndînreue des qu'il c(l repu, ne fait de mal à Pir-. fonnc; le car.'jcal prnhie des débris dt (ci laMc, (jutiqucfois mêinc il l'acconipagnc d'iine/ jirès, parce que grimpant Icgc- rciiKfU lur les arbrca , il ne craint j):is la colcic (lu lion , (jui ne pourroii l'y fuivrc comme fait la pajuhcrc. C'cll j :ir toutes ces raifons f(uc l'on a dit du carac:i', (ju'il (. loit le guide fb) , ou le pourvoytiir du lion; que celui-ci dont l'odorat n'oft pas iin , s'en fervoit pour evenicr ài foiiî les autres animaux, dont il j)'àriagcuit enluiie avec lui la dcpouille (cj. (l) î.rs Karacoiikics font des anim:iu-< vellc une autre, quoique pourtant la \o;n cîi foit plus claire. \''i>}\'ge de Thtivaici, Pivis , iCôj^^ ^me II, }higts tif tr ///. (c) Je vis dan"; une caijc de fer un aniir.al que ie; Arabes noniinent le (iulic Au Lion, il t[\ trè> rcircm- hlant au cliat , c'eit pt)urquoi quelques uns l'appcliciit Chat de JJ/Vf, ôi j'en ai vu uii autre à i- iortJi'.»-i /^'' cfii CcimaiL j2j Le caracal c(l de lu grandeur d'un rcii.ud, mais il eil beaucoup plus fcroce appLic lie ce nom : il cfl a(Tcz ('n'ouclic ; fi qiioltjirua i.iilic de rciircr U viatulc qu'il lui a prcicotcc , il 1(2 nv.t CM une grande luric, (Se il on ne l'appaiit.'. il 5'cl;tiK"c iiitailiiblemcnt (ur lui. Il a de petits flocons de poil au (ommct Aes oreilles, i< il ell appelé le ^u'ult t!u Linit, pane que, ù ce tiuon dit,, le lion n'ri pas {'pjiii.it bien iin ; il bien que Te joignant à cet ani- ni:d qui l'a tiv'-aigu , il fuit ^m' ce moyen la proie, t< i'.:yant prife il en ilonne une partie à (on con- ili;(flcur. Vo^'iige d'Orunt ç , liv. II, jujges yâ ir y y, — 1-e Gdi d ihaHah i!cs Arabes que les I^erfans appellent. S'.yùhguth, ti, les Turcs Kuirnk kulnk , c'tft -à-dire, ie (Juit roir ou le CJidt tiiix orcilLs îioires , comme \on luini porte daiis ces troi^ langues, c(l de la graiulcur d'un gros chut. Il a le corps dun brun tirant fur le roi:f!;e, le ventre iVu^'i couleur plus cUiie «Se qutl- (ji.tidls tacheté , le m'.ili.au noir & les 'ortillcs d'un grii-fbncé, dont les bouts (ont rrarnis d'une petite t^ulîc de poil noir 6i roidc comme celle du lynx. La figure de cet animal , dionnce par Charicton , cfï îiC5-Jiifi:rente du Siydli'giish de 13ari->arie qui a ia l'^te \h\ noires , mais du rv{\(^ il piU? ronde a\cc les icvrts itliembie entièrement à un chat. Voyage de Sliaw, Li ilye, 17^^ , tome 1, juigcs ^zo iy ^21, 1\VTA, La fij.Turc donnée par Charleton poclie en ce que ie ni/ii n'y cil pas exprime, &. que la tiie tW pcv,u- ainfi.dire chauve, co cjui lui ôte de la rondeur, mais il n'en e(\ pas moini vrai que le Si\\ili-^ii:>h dû Charicton & celui de Barbarie , dont parle ici le Doc'îcur Shaw , font tojs deux des animaux de h mtme e.pùcc t^ue noire Caracal, 0 Vj un f ■■ :v ■1 r324 Hifldire Naiureïïe, érc: éi plus fort; on la vu .ifTiillir, décîiîrer & mettre à mon en jeu d'inftans xxti chien d'afTez grande laiife qui, conibat- taiit pour la vie, fe dé èndoit de toutes ïts forcer : il ne s'apprivoife que très- difficilement , cependant lorfqu'il cfl juis jeune 6l enfuite élevé avec foin, on peut ie dreffer à fa chaffe qu'il aime naturelle* ment & à laquelle il réuffit très- bien, pourvu qu*on ait l'attention de ne le jamais lâcher que contre des animaux qui lui foient inrcrieurs & qui ne puifTent lui refifter; autrement il (c rebute ik re- fulè le fervicr dès qu'il y a du danger : on s'en fert aux Indes pour prendre les iièvres , les lapins & même les grands oifeaux, qu'il fu rprend Sa faifu avec une adidle fingulière. I I Vc; , déchirer iiiflans uit , combat- c!c toutes que très- Li'il cft jiris 1, on peut e naturelle- rès- bien , de ne ie s animaux le puiffent bute ik re- u danger : )reiidre les les grands t avec uae J.K CAlîACAl^ s? ') H 3^5 L'HYMNE (a). /VristOTE nous a laifle deux notices au iuiet de i'H)3enc (bj , qui feu'es fuffiroleni pour iaiie recoiiiioiire cet aniiiiii & pour le dilliiigucr de tous les autres; néaninoini. les Voyageurs & les ÎNi'Kuralirtci l'ont confondu avec quatre autres animaux , dont les efpèces l'ont (a) li'Hyaene, Zahtt ^ en Arabie; Duhbah ^ en Barbarie \ Kaftaar ou CaJIar , en Pcrfe. Hy^na. Ariftot, Hifi. animal. \\h. VI, cap. XXXII. Tuxus yorcinus feu hyami vetcrum. Kœmpfer , amani* Wes , pag. 4-» I. Hyixna. Ccinis cauda rcân anmfata , jùlif cervkîs tredis , aw'Cu/is mulh, l.iivi. Syjf. rtat, edit x, paL;. 4.0. A'("<2 Que ce caradcre de li queue an- nelce , qui a auffi été dt^iné par Kœmpfer , n'tfl ni bien lenfible ni conffanr ; i'hyaene que nous avons vue, a tous les car d rcj que M. Linnaus donne à cet animal , à l'exception de celui de lii queue qui n'avoit pas des anneaux bien mai ,9 '^i6 Hifloire Ndîurelh' toutes quatre clifTtrentes entre cïfcs ^c difîcrenîcs de celle de l'hyoene. Ces aiii- iiiaux foiit je chacal, le glouton, ia cU \cîtc &. le babouin, qui tous quatre Ibiit cariialliers & féroces comme l'hya^ne , èi ([ui ont chacun quelques petites coii- ■vcn;inccs 6: quelques rapports jxirticulieiii avec elle, ielquels ont donné lieu à la meprile &l u l'erreur. Le clnical fc trouve à peu ])rcs dans \t même pays , il ap- pioche comme Thyiene de la forme ilu iou}) ; comme elle, il \ it de cadavres k hHjilie Ils feoiiltures pour en tirer les corps : c'en eil aiîez pour ([u'oii les ait pris l'un pour l'auire. Le glouton a \x même voracité , ia même taiiu pour la chair corrompue, le iiiêmc inllinct |K)ur deLerrcr les motts, ik cjuoicju'il loit d'un climat fort d fièrent de celui de l'hya:re à. d'ime f o-ure aufli très-diflc rente, cette iei.le convenance de na rc a fufii pour quelles au:eurs les aient confondi^s. l.i civette fe trouve aulil ^.hw^ le même pavj que i'h\a?.]ej elle a comme elle de ion.^^s poils le long du dos & inie ouvciture u.i tente particulière; caraetcre^. (inguliersqr.? n'appuiueniicat qu'à quelques unimauN; :' I}"-/ de VHyans\ ^ qm ont fait croire à Bellon qnc ia dvcîte ctoit l'hyœne des Anciens. Et à ['égard du babouin ^ qui refTembie en- core moins à l'hya^ne que ies trois autres, ]i;ii([u*il a des mains & des pieds comme l'homme ou le fînge; il n'a été pris pour tk ([u'à caufe de la refTcmbiance da nom; l'hyxMic s'appelle diibbah en Bjr- borie , feion ie dot'^teur Shaw ; à< ie ha- !;ouin fc nomme àabuh , félon Marmoi h Léon TAfricain ; & comme le babouin ^,'ll du même climat , qu'il gratte auifi fa ;i;rc cv qu il eil à peu près de la forir.e cieThyoene, ces coin enances ont trom]:>é i!.s VoVoO-curs ^ cnluiie les Nati;raliitcs C'ui or.t copié les Voynjreurs: ceux inême qui ont dillingué r.e;t< nient ces dcuK airmaux , n'ont j)as laide de conlervcr ï l'hyxne le nom diiluh , qui efî celui du babouin. L'hyoifne n'eil donc pas le iiahuh des Arabes , ni ie 'jcfcf ou fcfif t'ci Africains, comme ie d.ient nos INa- luialilles (c) ; ôl il ne faut pas non plus la confondre avec le deeb de B:ir!)arie. Mais afin de prévenir pour jamais cette â 11 528 Hifffiîre Nautreïïe cojfufion de noms, nous allons do»^n€r en peu de moi^ le précb des rccliere es que nous avons fai.es au fujec de ces ant'iiaux. Ar.ftote donne deux nottis a i*h)3tnc, coniinunc neni. il ru)3peiie hyana & qius (f) pour indiquer l'iiyasne. Selon Hafis (g), les Arabes ont appelé Thyaene hiho ou T^abo i noms qui paroifTent dé- rivés du mot lech i qui dans leur langue cft le nom du loup. En Barbarie i'hyaene porte le nom de dubbah , comme on peut le voir par la courte dtfcription que le D. Shaw (h) nous a donnée de cet animal, (c) Gefncr. ////?, quadrup, paer, 555;. (f) Belùi, idefl, hyana , dccem fucnmt fuh Cordîanê El ma, JuUîts Capitolinus, Idem, ibidem. (g) Gefner, Hifl, quudrup. pag. 555. (h) Aux royaumes de Tunis & d'Alger ïe dubbah" ert de la grandeur du loup Il a le cou fi ex- ceiïivemcnt roide , que lorfciu'il veut regarder derrière lui , on feulement de côté , il elt obliaé de tourner tout le corps comme les cochons , les taiffons & les croco.liles. Sa couleur tfl d'un brun - fombre iîr:int fur le rouge, avec quelques raic^ d'un brun encore plu; obfcur; fe poil de la nuque du cou elt prcfque àc la grandeur d'une paume , mais moins rude que les (oies de cochon. Il a les pieds grands & bien armés, dont il fe fcrt pour remuer la terre (Si ea tirer les rejetonj du palmier & d'autres racines, & ^tclcjucfois 4ej (;prps morti. « f . . Apres le lion 4; ViïSiS h1l 5 3 0 Hi/Iolre ]\\jn/re//c En Turquie l'hycene fc ncinme iirtlaal , lelon Niereinberg //y; &. en Pcric /ui/idar, fuivant KœmpleiYV-'* *^ cqjlar, Iclon Pictro ia panthère, !e diilibah ell le plus fcrocc & le phij cruel cic tous les animaux tk la liarburie. Comme ai'.c bète eft pourvue cl une crinirre, niiVlle a de la peine à tourjier la ttte t< c|u'eilc iouiile dans les lépulcrtj, il y ii louic apparence 4UC cc(l l'Iiya'ne cies AïKicib, yoyn^i' (U' ôhuw, tome I, page ^ ^ o, (i) lAiftb. Nitrembeig. li'ijl, tuu, Antucrpia'j 1635, pag. I b I . (k) Kaftoar , jd ffï , taxus pnycimis , /T/f /iji. ■ vc- terum ( Vid. in Tab. S» 4. N." 4. ) animal iji /ii\i, Jeu Jtroj'fhc grandiorh , wagninulhktn iji:Jden:qu{ for- wnm cprporii olnimus , (i cafiit , Ciuiduni & fùhs excij'io, J'/.'.'s T-hi!ur longis , i/uai/js , m crfi dvïf. , j'oni/io mon-, lovgi.til>us , pc^e Jp'vJuimalibxis , apicnus nigris ; caput halct lurinû 7V.n d.'jjî'ni'c, rrjho nrgro, f route lof'.gijri , cdi'is n'firo /r'p/tJt'/nipriiun nigris Ir volvhdd'HS , au)ibus nudis , fujcis ir acuwiimtis ; cdw:': tiona'vr prixlong.'i , viliis de:» fis hngicrd'US vcjlita , cir- cuUfijue nigriaintilms ai dccoron ii'urccpta, Lrura ir. orùctii (juotlii'ti i/iodo var'ngM'î , pijUr'wra priorilnis Juin longiova ; pcdcs in (juanrnos ungius dirifif,, 'juos luj ma ttii'ic contraliit, Corpus luù\i l'riis à di^rjo rentre ,•.'•;> p'u'lum paucis , Inîn îT iriAtjuûlilus , alitiraim fufci^ xT nigris Alira ii icrrivn rffoJi! c.::er!iijijuc tikHnm fe H'atthinc nniat , diu fine ci/c t ii'it , à' rrptii viâtvn quarit Fcrox à' cirniiHrû bcjiiu , qui/pi. :n humai a jcv.iens cndavera , nux ardu tx turrudts i->.' figre t'jfodd , t7"t, Ka'iîipftr , am^nltata , pag. c^ . j h. 412. {le î'H-j^ne, 33' Jilfa Vaîîc (l); ce font- là les feuîs noms qu on duive appliquera l'hyiene, puifque ce fv^nt Ici IclIs fou^ lc.'fqutls on puiflê la reconnoître clairement : il' nous paroît cc|)cn(Jant très - N'raileinbhiLIe, quoique nioifis évident, que le lycaon & la crocuH des Indes & de i'Eihiopie dont parlent les Anciens, ne font pas autres qi.;e l'hycene. PorjJiyre (m) dit cxprclîeinent que la imuîe des Indes efl l'hy^ene des Grecs ; & en effet tout ce cjue ceux-ci ont écrit, h même tout ce qu'ils ont dit de fabuleux 2u fujet du lycaon & de la crocutc, con- vient à l'hyaene, fur laquelle ils ont auflx (l) Je vis il ScPiii'as lin certain flnfmal vivant, que ic? l'criànî nonimenr en îcur iaiif^ue Caflar , aulli jHiiilur.t lariin gtos chien, qui netoit pas encore, à ie<.;iif jc crois, dans la perledion; il avoir la gran- k\\\ , lï forme &. la couleur d'un tfore ( il entend !.i |vir.rl!cre ) , & la tête o\ec le mufeau efîilé d'un i u|«an. LV-n Mt qu'il fe nourrifibit de chair hu- r.'îrte, t: qu'il fouil'oit les tombeaux c^. les fepulcres (*uur marg'. r les cadavres, ce qui m'a fait juger depuis 'Ut: c; pourroit ctrc i'hyif^nc des L.atins ; quoi qu'il: in (l'ir , c'cioit un animal farouthe que je n'avois l^Qu'iS VU. Voyage tk Fhtro tîdla V'dllc. Roiiin, i 7-f /, (m) Porphiriiis in eo repère qwd infcrivjit de nhfîivcntia ul iifu civrrjmm , fn\Vtai/i fiicit nb IrÀls (ipiUificurs Voyageurs, & nous nous conicii erons de remarquer ici (ju'il diffère de i'liyie;ic non- feulement par b grandeur , par iu figure , par la couleur du poil, mais aufîl par les habi- uidcs naturelles , allant ordinairement en troupe, au lieu que l'hya^nc tfl un unimaï f)liiaire : les nouveaux Nomcnclaicurs ont appelé le chacal d'après KœmpftT, lupus -aurcus parce (ju'il a le poil d'un fauve-jaune, vif & brillant. Le chacal cil, comme l'on voit, un animal trè^- différent de l'hyxiie : il en cft de même du glouton , qui efl une bcic du Nord , reléguée dans les pays les plus froids, tels que la Lapponie, la Riiliie, la Sibérie; inconnue même dans les régions Lcmpcrécs , & qui par con- féqucni n'a jamais habité en Arabie, non plus que dans les autres climats chauds où fc trouve l'hya^ne: aulîi en diffère-t-il à tous égards, le glouton eit à peu près de 1:1 forme d'un uès-gros blaireau, il a les jambes coi!rtei, le ventre prefqu'à terre , cinq doigts aux pieds de devant comme à ceux de derrière , point de ciinicre fur le cou, le poil noir fur tout 'i I IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) // 1.0 l.l !r ii£ 12.0 1.8 1-25 1.4 ||.6 ■• 6" ► V] <^ 1 ^;. /S^ 5'"^''^ '/ Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 ij* M-) ^ M '3 34 Tlîflotre Naturelle le corps , quelquefois d'un fauve Lrûn fur les flancs. Il n'a de commun avec i'hyasnc que d*être très-verace; il n'éioit pas connu des Anciens, qui n'avoient pas pénétré fort avant dans les terres du Nord. Le premier Auteur qui ait fait mention de cet animal eft Olaiis (t^, il l'a appelé guto à caufê de fa grande voracité : on Ta enfuite nommé rojomak en langue Schwon^fuJfjerffôL wildfras en Allemand: nos voyageurs François (x) l'ont appelé glouton. Il y a des variétés dans cette ef- pèce aufîi-bîen que dans celle du chacal, dont nous parlerons dans l'hifloire par- ticulière de ces animaux ; mais nous pou- vons afTurer d'avance que ces variétés, (t) Inter omnia mîmaUa quœ mmani voracitnte crerfwt' tur infatiabilia, gulo in panilmsi Sueci^x fcptemrionnlis , j)radpuum fufceyit nomen, ubi patr'io jernwne hriï eiidfur, iX lingua Girm^nica Wilsfran , Sclavonice RofomaKa, à multa comejiione ; latlna vero non niji Jiâitio gulo vide- . licet à gulojitate appellatur, Hift. de gent. feptent. ab Olao vsmgno, AmuerpiiX , t j^S , pag, tj8, (u) Hiftoire de la Lapponie, par SchœfFer. Paris ^ i 6y8 , pag, / /-f » — Rzaczynski, Aud» hijl, naU Polon, pag. 311. (x) Relation de ia grande Tartarle. Amft» ly^y, de VHymé: 3 3 5^ ïoîn de Tes rapprocher , les éloignent en- core de refpèce de l'hyaene. La civette n'a de commun avec l'hyaene que Touverture ou fac fous la queue, & b crinière le lotig du cou & de l'épine du dos ; elle en diffère par la figure , par la grandeur du corps, étant de moitié plus petite; elle a les oreilles velues & courtes, au lieu que i'hyœne les a longues & wues; elle a de pius, les jambes bien plus courtes, cinq doigts à chaque pied , tandis que i'hyœne a les jambes longues & n'a que quatre doigts à tous les pieds ; la civette ne fouille pas la terre pour en tirer les ' cadavres: il efl: donc très- facile de les diflinguer l'une de l'autre. À l'égard du babouin qui efl le papÏQ des latins , il n'a été pris pour l'hyasne que par une équi- voque des noms, à laquelle un pafTage de Léonl'Africain^^^y, copié par Marmol /':^y^ (y) Dabuh Arahka appellatione Africnriis SeÇti dkitur, Ai2i77ial & magniiiuUne à' forma lupum refcrt , pedés & crura hominis fimiles; reliquo befliariim generi non efl noxlus fed huniiWa corpora fcpulcliris evellit ac dévorât. Léon. Afric. de Afric. dekript. Lu^d, Bat, jt 6 ^2, tom. 11, fng. 7/ 6, (1) L'Afrique de Marmo!. Paris, 1 66y, tom ], F'P 33^ Hijloke Naturelle iêmble avoir donné lieu. Le dahuh, difènt ces deux Auteurs , ejl de la grandeur & de la forme du loup , // tire les corps morts des Sépulcres » La reiïèmblance de ce nom dabuh avec duhbah , qui eft celui de rhyaene , & cette avidité pour les cada- vres, commune au dabuh & au dubbah, les a fait prendre pour le même animal , quoi- qu'il (bit dit expreifément dans les mêmes pafîàges que nous venons de citer , que le dabuh a des mains Sa des pieds comme l'homme, ce qui convient au babouin & ne peut convenir à i*hyaene. On pourroit encore , en jetant les yeux fur la figure du lupus marînus (a) de Bellon, copiée par Gefncr (b), prendre cet animal pour l^hyœne ; car cette figure , donnée par Bellon , reffemble beaucoup à celle de notre hyaene : mais fa defcription ne s'accorde point avec la nôtre en ce qu*H dit que c e(l un animal amphibie qui fe nourrit de poifTon , qui a été vu quel- q^aefois fur les côtes de TOcéan britan- nique , & que d'ailleurs Bellon ne fait aucune mention de« caraélères finguliers (a) Bellon, de aquavl .55. (b) Gefncr, Hifi, quadru^, pag. 6y\% qui ■Je fHyanèi- "537) iquî diftînguent Iliyviiê des autres ani-^ iliaux. Il fe peut que Belloti , prévenu que la civette étoit l'hyane dci^ Anciens, ait donné !a figure de la vraie hyœne (bus fe nom d*un autre animal qu'il a appelé lupus mdrihus, & qui certainement n*eft pas Thyarne; car je le répète, les caractères de i'hyaène font fi marqués & même ù finguiiers qu'il eft fort aifé de ne s'y pas méprendre : elle ert peut- être le fbul de tous les animaux quadru*- pèdes , qui n*ait , comiTie je viens de le dire , que quatre doigts , tant aux pieds de devant qu'à ceux de derrière; elle a comme ie blaireau » une ouverture fous la queue ^ qui ne pénètre pas dim Tin» térieur du corps ; elle a les oreilles lon- gues, droites & nues, la tcte plus carrée & plus courte que celle du loup ; les jambes, fur-tout celles de derrière, plus longues ; les yeux placés comme ceux du chien; le poil du corps &. la crinière d'une couleur gris- ob leur , mêlée d'un peu de fauve & de noir , avec des ondes tranfverfales & noirâtres; elle eft de la grandeur du loup & paroît feulement avoir le corps plus court &plus ramafTi^, Tome VIIL P 3 3 ^r ffifQlJX Nawrelle Cet animal fauyage (Jt.foljuire demeure^ dans les cavernesclcs niontagnes, dans les fentes des rocficrs ou dans des tanières qu'il fe.crcule lui-même fous terre: i( e(l d'un naturel féroce , & quoique pris tout petit fçj, il ne s'apprivoifè pas ; il vit de proie comme le îoup , mais il eft plus fort & paroît plus hardi ; il attaque quelquefois les hommes, il fe jette fur le bétail fdji fuit de près les troupeaux ôc (c) Hyanam mavtm IJpnhcmi cwïojltaûs caufa alcbnt ^ives quidam Gabr feu ignicola , fumrhii Gabrifhan , (aptam dura ubera Jugeret , in îatibulis vicini montis^ Ad eain fpeélandam jyrogreffus , liefîiani eo fîtu dcpinxi , ^ua in joveâ fubdiali duarum or gy arum profundiratis fciii inclufafervabatur) cubantem inveni. Defiderio nofiw pof- fefor oimii ex parte fatisfaéîurus , efim educi quoquc ^uravit in arçtuu; quod ut tuto jieret , demifo fune roftrum vrius illnqueabat ; mox de/cendeaies fervi protraâa utrhmic iabra funicuh ex pilis contorto , Jirenue colHgabam, Hoc faélo educitur , laxatoque ' fiine , qui rojlrmn frenabat , 1)1 (lia latius difcurrere permit titur, nonjcmel appcfienfa, vure at filet ico in tçrram projiciiur , ac variis laccffitwr vexationibiis ; qtiibus iïïa irrita nocetidi nlfu obluélaia , fubinde mugitum edidit vitidino fmillimtim, Narrabant Gabrifcfranatam nuperfe oppofuife duobus konibus, qtws txfpeâiVite oculo fereni^imo in fugam verterir. Koempfer, nmanitates, pag. 4. i 2 & /j. 1 3 , • fdj En Abiiïinie les loups font petits & fort lâcFics, rnais on y voit un animal, nommé Hyane , twte- incmçnp liMi ^ çdsw^iïitï j il attaque le» gens en Je rHyœnc: jjp fou vent rompt dans la nuit îes portes des étabîes & les clôtures des bergeries : fcs yeux brillent dans l'obfcurité , & l'on pré- tend qu'il voit mieux la nuit que le jour. Si l'on en croit tous les Naturalifles, fou cri reflenible aux (ànglots d'un homme qui vomiroit avec cftort , ou plutôt au mugiflemcnt du veau , comme le dit Kœmpfcr, témoin auriculaire (e)» L'hyaene fc défend du lion, ne craint pas la panthère , attaque l'once , laquelle ne peut lui réllfler ; iorfquc fa proie lui manque, elle creuic la terre avec les pieds & en tire par lambeaux les cadavres des animaux & des hommes que dans le pays qu'elle habite , on enterre égale- ment dans les champs. On la trouve dans prefque to\is les climats chauds de l'A- frique & de l'A fie, & il paroît que i animal Sippelé farajfe à Madagafcar ^f), plein jour comme la nuit , & rompt fôuvent îes portes &. les clôtures des bergeries. Hifloire de l'An ùijjinie, par Ludolf, page ^/» (e) Kœmpfer , in loco fupra cltato, \ (f) li fe trouve à Madagafcar dt% animaux que fe* ïiabitans appellent Faraffès, ci« ia nature du loup , miiis t4>oore plus vorac«5. mt moires pour Jtrvit à i'AiJhfi^. •*'"*-, "340' Hijlûlre NaturelU yqui refTêmble au loup par la figure/ mafs 4\\x\ e(l plus grand, plus fort & plus cruel ^ pourroit bien être i'hyaenc. Il y a peu d'animaux fur iefquels on ait fait autant d'iilHoires abfurdes que fur celui-ci. Les Anciens ont écrit gravement que l'hy-dene étoit mâle & femelle alter- nativement ; que quand elle portolt, .allaitoit & élevoit (es petits , elle demeu- roit femelle pendant toute l'année; mais que l'année fui vante , elle reprenoit ies fondions du mâle , de faifoit fubir à fon jcompagnon le ^rt de la femelle. On volt bien que ce conte n^a d'autre fon- dement qiie rouvcrture en forme de fente que le mâle a , comme la fèmeHe , indépendamment des parties propres àe. ia génération qui , pour les deux fexes , font dans Phyœiae femblables à celles de tous les autres animaux. On a dit qu'elle favoit imiter ia voix humaine, retenir le nçm des Bergers, ies appeler, les charnier, ics arrêter, les rendre inimobiles; faire en ides huks orientales, tjpz, j>nge j68, — Voyez aufli ïHtftoire rie tOrenoque , par Jofeph Jumilla» Avignon, j 7/ S , rome .11/ , page 6o^ , où il paroît que l'a,u- SQUr z copié ie pafTage que nous venoui dt çiitv^ iftcme tertips courir les Bergères , leur faire oublier leur troupeau , les rendre folles d'amour , &Ct . . . Tout cela peut arriver ïîins hyaene; & je finis pour qu'on ne me fafle pas !e rcpîochc que je vaii faire à Pline , qui paroît avoir pris plaifir à compiler & rkco'nter des &ble^. ".*■ A ■ ■ ■ ' ♦■■■■' j ■w. . ji; '34^ Hifloke Naturelle LA CIVETTE (a) ET LE Z I B E T [h). LA plupart des Namraliflcs ont cru qu'il n'y avoit qu'une cfpccc d'animal qui fournie le parfum qu'on appelle fa (a) La Civette. Animal liôa/ii , Ca'/us aftui GefnC' jnim, pn^» ^J7» Civette. Mémoires pour fervir à rMiftoire des Ani* tnaux, 1/* partie , page t j y* (b) LeZibet, en Arabe, Zebedovi Zelet, Animal du Alufc, Mémoires de l'Académie royaît) ides Sciences, amie'e lyj r, page -^/y. Nota. Les Nomenclateurs , que nous allons citer, n'ont point diftingué ces deux animaux, & l'on ne fait Auquel des deux on doit appliquer leurs plirafes, parce qu'elles n'expofent que aas caradères qui leur îbnt communs à tous <\cu-s„ Felis lihethi, Gefner, Hifl. (jvaJnp. pag, Sj^î. '^ota. La figure que Gefner donne ici ne vaut rien , quoiqu'il dife qu'elle ait clé faite d'après nature à JiVIilan. Celle de Caïus , page 8 ^y^ eft bonne, & fa dcfcription très-bonne auffi, ' Animal libithi, Aldrov. de quadrup. dîgit. parj. 3^0, '^çles tjji^niùus um^ormiùiis» Linn. 4)^. nat, edit, 1 v, 'tle h Cmtîe & du Z'thct. '541 Civette; nous avons vu deux de ces animaux qui fe refTcmblcni à la vériic par les rapports efTentiels de h confor- Ination, tant à l'intérieur qu'à lextérieur; \^». <5 5 . — Afeh imgwhiis unifn'fvihis , cherea. S^'fî, nar. edit. VI , pag. 6. — Zil'ethn. Viicrra caudfi an- ttulaiit, (iorjo cinereo nigroifiie uihiatiin jhiiito, S^'jl, Hat» eciir. X, pag. 4-^. uVota. 1 ." Que ilu genre tlii blaireau où ttoit la civette dans la quatrième & ta fixième ctlition, elle a palFé dans celui des Viveira; que d'abord tlic ctnit avec le blaireau icul; ei/ttioii JV't enruite avec le I>l:iircau & l'iclir.cumon , édition Vl', êç qu'enfin tians la tiixiênie édiiton elle ne le trou\C plus nvcc le blaireau , mais avec richncumcii , la mouf- lette, le putois rayé & la gcnctte. I^ota» 2.° Que l'Auteur a change l'accept/on reçue du mot vivcrra dont il fait uii nom i^cncrit|uc pour cinq animaux « parmi lerquels on' ooiroir au moins devoir trouver Ic Vrai viverra, cefl-à-dire le furet , qui cependant ne fy trouve pas, & qu'il faut aller le chercher tlans le genre dca ht\cne$, rage ^6, NoTA. 3.° Que le blaireau qui ctoit feul àt fon genre avec la civette » édition iv', Si avec l'ichneumoh Si la civette /ditioti VI*, fe trouve, édition X , avec l'ours, l'ours blanc de Groenland , le lou\etc3U de la baie de Mudlon & le raton ou racoon d'Amérique. Je ne cite ces difparates de nomenclature que pour feire fentir com- bien ces prétendus genres font arbitraires éc peu fixes dans la tête même de ceux qui les imaginent. AUks fafciis & nmcidis alhis , nigris & rufcjcemihus Variegata Qietia, la civette. Brifîbn, Re(^rt^ Mimai, pag. zyC, . P m; /344 fJtflotre Niiîurelle mais qui cependant diffcicnt l'un de l'autre par un aflëz grand nombre d'au- tres caradcrcs, pour qu'on puifîc les regarder comme faifant deux crpèccs réellement différentes. Nous avons con- fcrvé au premier de ces animaux le nom de Chette , & nous avons donné au fécond celui de Zibet , pour les diilin- cuer. La civette dont nous donnons ici la figure , nous a paru être la mêint que la civette décrite par M/* de l'Aca- démie Royale des Sciences , dans les Mémoires pour fervir à l'hifloire des ani- maux ; nous croyons auffi qu'elle eft U même que celle de Caïus dans GcTner^ page 8 ^ y, & la même encore que celle dont Fabius Columna a donné les figures ( tant du mâle que de la femelle ) dans rouvMge de Jean Faber , qui ç(l à la fuite de celui de Hernandès (i)., La féconde efpèce que nous appelons le Xibet , nous a paru être le même animal que celui qui a été décrit par M. de la Peyronnie , fous le nom iV animai du mufc, dans les Mémoires de l'Académiç des fc) Hernandès, Hijî, McX, Roma , l^^$i |»g. ;8o& 581, , , . ie la Civette & du Zihet. 345 Sciences , année i ys i : tous deux dif- " férent de la civeite par les mêmes carac- tères, tous deux manquent de crinière ou plutôt de longs poils (ur l'tfpine du dos, tous deux ont des anneaux bien marqués fur la queue, au lieu que la civette na ni crinière , ni anneaux apparens. Il faut avouer cependant que notre zibet & l'a- nimal du mufc de M. de la Peyronnic, ne fe rcflëm-blent pas aflèz parfaitement pour ne laifTer aucun doute fur leur iden- tité d efpèce : les anneaux de la queue du zibet font plus larges que ceux de 1'^^ nimal du mufc : il n'a pas un double col- lier , il a la queue plus courte à propor- tion du corps ; mais ces différences nous. paroiflTent légères , & pourroient bien n'être que des variétés accidentelles aux- quelles les civettes doivent être plus fujcttcs que les autres animaux fauvages , puifqu'on les élève & qu'on lés nourrit comme des animaux domeftiques , dans plu fleurs endroits du Levant & des Indes. Ce qu'il y a de certain, c'eft que notre zibet refTemble beaucoup plus à l'animal du mufc de M. de la PeyronaÎQ qu'à la civette, & que par conféquent- 34^ Htflohe Naturelle on peut les regarder comme des ani- maux de même efj^èce ; puifqu'il n'eft pas même abfolument démontré que la civette & le zibet ne foient pas diis va- riétés d'une cfpèce unique ; car nous ne (Iivons pas fî ces animaux ne pourroicnt pas Ce mêler & produire enfembîc ; & lorfquc nous diions qu'ils nous paroiffcnt être d'efpèces différentes, ce n'efl point un jugement abfoiu , mais feulement une préfomption très - forte , puifqu'eile cfl fondée fur la différence confiante de ieurs caractères , & que c'eft ceue conf- iance des différences qui diftingue ordi- nairement les efpèces réelles des fnnpies variétés. ' ' ■ * L'anïmaî que nous appelons ici Civette, fe nomme Falanoue à Madagafcar (d), N^lme ou Nifu/ii Congo (ej, Kankan en Ethiopie (f), Kaftor dans ia Guinée (g), (d) Voyage de Flaccourt. Paris, i 6 4 1 , pages i S ^ (e) MeroUa cité par M. l'abbc Prévôt. Hifloire générale des Voyages, tome lV,j)agejSj, (f) Voyez idem» tonie III, pages 2pj if 2^6, Kankan. (g) \oytï idem , ihidem ; & tome IV f page 2^ ^^ tome V,j>age 86 it Juivantts, ^Jc h Qvcîîc & Au ZihcL 3 47 C*cfl la civette de Guinée, car nous fommes fiirs que celle que nous avons eue a voit été envoyée vivante de Guinée â Saint Domingue à un de nos Corref- pondans , qui l'ayant nourrie quelque temps à Saint-Domingue, la fit tuer pour nous l'envoyer plus faciîemcmt. Le zibct cfl: vraifeniblablement fa civette de l'A fie , des Indes orientales & de l'Arabie , où on la nom,ine Zcbet eu Xîbet , nom Araire qui figniiie aulTî le parfum de cet animal, & que nous avons adopté pour défigncr l'animal même; il diffère de fa ci vente en ce qu'il a le corps plus alongé & moins épais , le niuieau plus délié, plus plat & un peu concave à la partie fupéricure , au lien que le mufèau de la civette eft plus gros, moins long & un peu convexe. Il a suffi les oreilles plus élevées & plus 1 ir- ges , la queue plus longue & micuK marquée de taches & d'anneaux , le poil beaucoup [)lus court & plus mollet ; point de crinière, c'cft-à-dire ,. de poils plus longs que les autres fur le cou , ni le long de l'épine du dos , point de noir au-defTous des yeux, ni fur les joués; Pv) 548 Hipke NdUirelk ' caradères particuliers & très- remarqua* bics dans la civette. Quelques voyageurs avoient déjà foupçonné qu*il y avoit deux ef])èces de tivcites (h); mais pcr- fonne ne les avoit reconnues afTez claire- ment pour les décrire. Nous les avons vues toutes deux , & après les avoir foigncufètnent comparées, nous les avons jugées d'efpèce & peut-être de climat clilferent, » » r On a appelé ces animaux chats muf- qués ou chats civettes , cependant ils n'ont rien de commun avec le chat que l'agilité du corps; ils rcfTemblent plutôt au renard, fur- tout par la tête : ils ont la robe mkarquée de bandes & de taches, ce qui les a fl\it prendre aufîi pour de petites panthères par ceux qui ne les ont vues que de loin , mais ils diffèrent àQ% panthères à tous autres égards. Il y a un animal qu'on appelle la Gennte , c|ui eft taché de même , qui a la têie à peu près de la même forme, & qui porte, comme la civette, un fac dans lequel fe filtre une humeur odorante : mais la genctte cfl: plus pethe que nos civettes ; elle a ks *'ie h Civette & Ju Zilet, 34^. jfambes beaucoup plu; ourtes & fc corps bien plus mince ; Ton parfum c(t très-foible èc de peu de durée., au con- traine le parfum des civettes cft très- fort , celui du zibet eft d'une violence extrême & plus vif encore que celui de la civette (i). Ces liqueurs odorantes fe trouvent d?ns l'ouverture que ces dcux^ animaux ont aupr^ des parties de la génération ; c'eil une humeur épaifTe , d'une confiftance fembiable à celle des pommades, & dont le parfum, quoi^ que très - fort , efl agréable au foriir même du corps de ranimai. Il ne faut pas confondre cette matière des civettes avec le mule qui cil luie humeur fanguU noiente qu'on tire d'un animal tout diffé-» rcnt de la civctie ou du zibet ; cet anbnal ( 1 ) Mafgré toute l'attention qu'on a depuis long* temps de ralTtniblcr à la Ménagerie dilféiens animaux, étranorers , ce font les deux fouLf de cette cTpèce^ qui y aient paru , & les fculs dans le nombre des animaux mulqués qu'on y ait vus , «{ui aient donné unauflï grand parfumi Afenwire de AL p> 5 3 9* (n) Voici ce que dit Faber dans fa préface , au fujet de (ts commentaires (ur les animaux dont il va traiter, Non îtaque fis nefcius , hos in afiimalin , quos modo commeff tarins edimus , mera nofira confiripias t^e indufiria ac conjeéhra ad quas nam aaimamium nofirorunt fpedes illa reduci yo^nt , cum in autographe jrraier nudum nowm & exaûam fiéluram temps cju'elj de mule I Quand élit d'en foute trouvé un étoit une ( avoit, unt étoient pie' rot'léc de couleur à Ces facs | de proTon à l'ouvert dt M, P (Lité du C 'de la Cmttt & Ah Zibet. 337 voy^e, l'y ai trouvé qu'elle éioit venue de Guinée. J'infide fur tous ces fàhs particuliers comme fur autant de preu- ves du fait général de la différence réelle. qui fe trouve entre tous les ani- maux des parties jnéridionaies de chaque continent. La civette & le iihct font donc toutes deux des animaux de l'ancien continent , elles n'ont entr'ellcs que les différences extérieures que nous avons indiquées ci- devant: celles qui fe trouvent dans leurs parties intérieures ôc dans ia Aruélure des réfervoirs qui aufTi trcs-voïontiers de ia viande. Pendant tour le temps qu'elle a été vivante , elle répandoit une odeur de mute infouteiiable à une trcs - grande diflance* Quand elle a été morte, j'ai eu beaucoup de peine den foutenir lodeur dans ia chambre. Je lui ai trouvé une fente prccifément fur le fcrotum , qui étoit une ouverture commune de deux poches qu'eiie avoit , une de chaque coté des tefticules. Ces poches ctoicnt pleines d'une humeur grife , cpaidc & gluante, méiée de poils affez longs qui étoient de ia mîme couleur de ceux que j'ai trouvés dans ces jx>chc5. Ces facs pouvoient avoir environ un pouce & demi de profondeur ; leur diamètre eft beaucoup plus grand à l'ouverture que dans le fond. Extrait du AJemoire de Af. Pages t A^Jecin du Roi à Saint-Domingue , dûté du Cap U 6 fepiemlre lyjp* -3 5 8 Bfloke ISlaturelk • :' contiennent leur parfum , ont ctc fi Men Indiquées, & les rcfer.voirs cux-nicnics décrits avec tant de foin par M/* Mo- rand & de la Peyronnie (t), que je ne pourrois que répéter ce qu'ils en di(ent. Et à l'égard de ce qui nous rcfte à expofèr au fujct de ces deux animaux, comme ce font ou des chofes qui leur font communes, ou des fliits qu'il ferait bien difficile d'nppliquer à l'un plutôt qu'à i*autre ; nous avons cru devoir réunir le tout dans un feul & même article. Les civettes ( c'eil-à-dire la civette & le zibct , car je me (ervirai maintenant de ce mot au pluricr , pour les indi- quer toutes deux), les civettes, dis- je , quoiqu'ortginaires & natives des climats les plus chauds de l'A Trique 6c de l'A fie , peuvent cependant vivre dans les pays tempérés & même froids , pourvu qu'on les défende avec foin des injiires de l'air , & qu'on leur donne des alimens fucculens & choifis ; on en nourrit en afléz grand nombre en Hollande , qI\ Fon fait commerce de leur parfum. La (î) Mcinoiies de l'Acadcmic royale ^'e.i Scicncci, lie h Civette (fr du Zihct, ] j^ chette faite à Aniflcrdam cil prcfcrée pur nos coniincrçans à celle qui vient du Lcviim ou (Ils Indes, qui ed ordi-, niiircincnt moins pure : celle qu'on lire de Guinée feroii la meilleure de toutes (u), fj les Nègres, ainfi que les Indiens & les Levantins (x), ne la fillifioicju en y mêlant des lues de végétaux , comme du ladanum, du llorax ôc d'autres drogues t (v) On voit quantité de ci\'cftes ?i. Miilahar , c'ert un petit animal à peu pics fait comme un char , à la rcfcrve que (on mufeau cfl plus pointu , qu'il a les griffes moins ilangcreulci, & cric autu mcm ; le par- ium qu'il produit s'engendre comme une tipccc dç (^raiflc dans une ouverture qu'il a (bus la c|utUL' ; on i,i tire de temps en temps, 6t elle ne foilonnc qu'au- tant que \x ci\fttc c(l bien nourrie. On en fait iHi grand trallc à (^alccut, mais à moins de la cueillir ioi-mêmc, elle cfl prcfquc toujours fainiicc. l'oynge ages too iX toi; c'ed de la civette de Guinée dont parle ici ce Voyaoreur. — Je vis au Caire , dans la maKon d'un Vénitien , pkificurs animaux fiers extrêmement, de la grandeur preCque ci un chiei» y6o Htfldiri NatnreTlé "^ balfamiques & odoriférantes. Pouf re- cueillir ce parfum , ils mettent l'animal ^ans une cage étroite où il ne peut fc tourner i ils ouvrent la cage parie bout, tirent l^animal par la queue , le conttai- couchant , mais plus grofliers & de forme toute femblâble à nos chats ; ils les ^^^tWtnl Chats mtifqués, & les gardent dans des c.îgcs Poiïr en venir à bout , & de peur qu'ils ne mordent» ils les tiennent féparément dans dit^ cages de bois bien fortes, mais ii étroites que l'animal ue peut pas s'y tourner. .... Ils ouvrent enfitite la cage par - derrière autant qu'il faut pour tirer les jambes de 1'anîmâl dehors Tans qu'il puifTe fe tourner pour blefTer celui qui le tient; & ayant ramafle la civette, tls les remettent dedans, tenant toujours l'animal bien ferré. Voyagt de Pietro délia Valle, Rouen, i^^j» ^c^^ ^f P^g^ ^o r .--' Les civettes qu'on nomme en Arabe Zebides^ font naturellement fïuvages & fe tiennent dans les mon- lagncs d'Ethiopie. On en tranfporte beaucoup en Europe, car en les prend petites & ©n les nourrit (dans ^es oiges de bois bien fortes , où on leur donne à manger du lait, de ia farine, du blé cuit, du m & quelquefois de la viande , &c. L'Afrique de Marmol, tome I, fage /;r,— Voyez aufli le Voyait de Thevenot, Paris, lôédf, tome J , page .-'.y6, -— Les civettes de l'île de Java rendent bien autant de parfum que celles de Gi'inéc, mais il n'tfl pas fî blanc ni fi bon. Suite de la relation d'Admn Olearins , tome lit P^g^ Sf^' — Indigence ira hoc pigineiimm adultérant ut au/im affirmare nullum ijheikum Jîncerum ad nés deferri. Prof. Alpin» ////?. /Egypu Lugd. JBat< gnent ' ( ut Te- 'animal peut fc e bout, :ontrai- me toute ■ miifqués, in venir à 5 tiennent tes, mais er • a « • • Kant qu'il îhors fans le tient; it dedans, de Pieiro 4.0 /.— des^ font les mon- ucoup en nourrit ur donne cuit, du ftiq'ut dt e Voyait vre ,^.y6, en autant tft paî fi Oleams , vginenmm cerum ad agd. i3at« gnent de la Civette & du Zihet. j^i! gnent à demeurer dans cette fnuation en mettant un bâton à travers les bar- reaux de la cage, au moyen duquel ils lui gênent les jambes de derrière , en- fuite ils font entrer une petite cuiller dans le fac qui contient le parfum , ifs raclent avec foin toutes les parois inté- rieures de ce fac & mettent fa matière qu'ils en tirent dans un vafc qu'ils cou- vrent avec foin : cette opération fe répète deux ou trois fois par fèmaine ; !a quantité de l'ivumeur odorante dépend beaucoup de la qualité de la nourriture & de l'appétit de l'animal; il en rend d'autant plus qu'il cft mieux & pIusL délicatement nourri : de la chair crue , fol. 73. ? ' - ' Genctta. Gefner, Hîfl. quarfruy, page 54-9. .". Geneita vel Ginetta. Ray, Synopf, quadrup. pag. 20 r« Mujlela caiidd nnmJh nigris aïhidifquc cinâa. Genettu» Linn. Syjî, riM. edit. VI , pag. 5. Gotetta Vivcrra catiia. annu/aiîi , corpore fulvo-rùgricante maculato. Syft. nat, dit. X, pag. 4.5. Nota, Que du genre des AIu(lelii , elle a p;i(Té dans celui des Viverra , & qu'il en cfl aiiilï de \\ plupart des autres animaux que cet Auteur , à chaque édition , change de genre ftns en donner aucune raifon. Muilela caudâ ex anmdis aîreritûîim alùidis b" nîgrh Vdtieirata Gemta» i-a Genette. Britîbn , AV'.*, animuL pag. 25I1 m Qii; '^66 Hipoire Naturelle auffi fur le cou & le long de l'épînc du dos une efpèce de crinière ou de poil plus loi^, qui forme une bande noire & continue depuis ia lête jufqu'à la queue , laquelle eft aufii longue que le corps , & inarque'e de fept ou huit anneaux aiterna- tivcmcnt noirs & blancs fur toute {a lon- gueur; les taches noires du cou font en forme de bindes, & Ton voit au-deflbus de chaque œil une marque blanche très- apparente. La geneite a fous la queue & dans le même endroit que les civettes , une ouverture ou (ac dans lequel fê filtre une efpèce de parfum , mais foible & dont l'odeur ne fe conferve pas : elle eft un peu plus grande que ia fouine , qui lui reffcmble beaucoup par la forme du corps aufîi - bien que par le naturel âc par les habitudes ; feulement il paroît qu'on apprivoife la genette plus alfé- ment: Bellon dit en avoir vu dans les maifons à Conftantinople , qui étoient auffi privées que des chats , & qu'on iaiffbit courir & aller par-tout , fans qu'elles fiflènt ni mal ni dégât. On les a appelées chats de Conjlantînople , chats d'Efpagne, chats genette ; elles n'ont cependant rien * it la Gcnette. ^ 3 Cy Je commun avec les chats que l'art d'épier & de prendre les fourîs : c'eft peut-être parce qu'on ne les trouve guère que dans ie Levant & en Efpagne qu'on leur a donné le furnoin de leurs pays ; car ie nom même de genette ne vient point des langues anciennes, & n'eft probablement qu'un nom nouveau pris ile quelque lieu planté de genêt , qui comme l'on fait eft fort commun en Efpagne , où l'on appelle auffi genêts des chevaux d'une certaine race. Les Naturaliftes prétendent que la genette n'habite que dans les endroits humides éi le long des ruiflèaux , & qu'on ne la trouve ni fur les montagnes ni dans les terres arides. L'efpcce n'en eft pas nom- breufe , du moins elle n'eft pas fort ré- pandue ; il n'y en a point en France ni dans aucune autre province de l'Europe , à l'exception de l'Efpagne & de la Tur- quie. Il lui faut donc un climat chaud pour fubfifter Sa fe multiplier ; nJan- moins il ne paroît pas qu'elle fe trouve dans les pays les plus chauds de l'Afrique & des Indes ; car la fofTanc , qu'on ap- pelle genetu ds Madagafcaf , eft une Q iii) 368 Hifloire Naturelle, &c. cfpèce différente, de laquelle nous par- ierons ailleurs. La peau de cet animal fait une four- rure légère & très- jolie: les manchons de gencitc cioicnt à la mode il y a quel- ques années, & fe vendoient fort cher; nais comme Ton s'eft avifé de les con- trefaire , en peignant de taches noires des peaux de lapins gris, le prix en a baiffé des trois quarts, & la mode en eft paffée. , X .1 M-: •, •' 3<5: li f^ DU LOUP NOIR. .î N ous ne la dcCi anima cription de cet .]< lonnons comme un fiinnlémcnt que ipp à celle du ioup, car nous les croyons tous deiyc de la même efpùce. Nous avons dit, dans l'hiitoircdu loup {^ij, cju'il s*en trouve de tout blancs & de tout noirs dans le nord deJ'Europc, & que ces loups noirs font plus grands (jue les autres: celui-ci efl venu du Canada, i[ ctoit noir fur tout le corps, mais pku petit que notre loup ; il avoit les preilies uii peu plus grandes , plus droites & plus éloignées l'une de l'autre ; les yeux un peu plus petits , & qui paroifFoient aufll un peu plus éloignés que dans le loup commun. Ces différences ne font , à notre avi^ , que des variétés trop peu confidérables pour féparer cet animal de l'efpèce du loup ; la différence la plus fcnfible eft celle de la grandeur; mais, coinme nous l'avons déjà dit plus d'une fa ) Voyez dans le Volume VU de cette Hif luire natLirdlc, rarticle du howv , vaiie iSj» Qv ':^jô Hlfloke Naturelle fois , les animaux qui font communs aux deux continens, c'efl-à-dire, ceux du nord de l'Europe & ceux de TAmérique ièpteiitrionale , diffèrent tous par la gran- deur , & ce loup noir de Canada , plus petit que ceux de l'Europe , nous paroît ieuleiïicnt confirmer ce fait général ; d'ailleurs comme il avoit été pris tout peut , & enfuiie élevé à fa Chaîne , la contrainte feule a peut-être fufïî pour l'empêcher de prendre tout fbn accroif- fement : nos loups ordinaires font auffi plus petits & moins communs en Canada qu'en Europe, <& les Sauvages en es- timent fort la peau (b) : les loups noirs, les loups- cerviers , les renards y font en plus grand nombre. Cependant le renard jioir y efl aufïi fort rare; il s ie poil infiniment plus beau que le loup noir, dont la peau ne peut faire qu'une four- rure aflèz groffière. Nous n'ajouterons rFcn de plus à fa defcription que M. Daubenion a faite de cet animal que nous avons vu vivant , & qui nous a paru reflémbler au loup , (h) Voyage d« Sagard TLcocUt, Paris , / <0 -* é ''M<'' f/// Loup ftcir: 37 1' )Aoil- reulement par la figure, mais par le naturel , n'étant devenu déprédateur qu'avec l'âge fcj, & n'ayant , comme le loup , qu'une férocité ians courage qui le rendoit lâche au combat quoiqu'il y fût exercé. fe ) Voyez dans le Volume VU de cette Hifloirc naturelle, i article du Loup, ^agn tS8, :^\n.\ V^v-'^i ^ yiî , ■ •■ • Qvj 37^ I^ifloke Naturelle L'ONDATRA (a). . i. ET LE . DESMAN (b). '■ . L'ondatra &Ic Defman font deux animaux qu'il ne faut pas confondre , quoiqu'on les ait appelés tous deux Rats imifqués , & qu'ils aient quelques caraK^cres fa) Ondatra cficzfes Sauvages de FAmériquc fcpteii' trioiialc. Rat niufqué île Canada» Rat 7mfqué. Mémoires de l'Académie royale des Sciences, année \/2 6 tapage ^ 2jt (h) Defman en Suède. Rat nmfque' de Mofcovie» Aius aquaticus Clufii exotic, aud. pag, 373. Ahs aquatilis Cîufii, k\àïo\.dequadrup. digit» p. 44- B* ♦ A^us aquuticus exotkus ClufiU Ray , Synopf, quadf% pag. 217. Mus aqunticus Clufù, AJufeum Wornianum > ?• 3 j 4» Animal ex Ahjtovia» Ruper , Beflèr , Gazophil. Tal; XV, Cafor candi vertkaliter plana , digith cmnlhiis ment' Iranis inter fe connexis AJus mofchiferus» Le rat ^klft^ué. Brilftin , Regn. animal, page 135, 'f]c î Ourlât m & Au Dcfman. 375 communs ; il f^iut aufîi (es diftinguer du pilori ou rat miifïjuc des A milles ; ces trois animaux font dVfpèces c\ de climats différens. L'ondatra fc trouvt en Canada , le defnian en Lapponie , en Mofcovic , & le pilori à la Martinique & dans les autres îles Antilles. L'ondaira ou rat mufque' de Canada diffère du dcfman en ce qu'il a les dc^igts des pieds tous féparcs les uns des autres , les yeux trcs-apparcns & le mufcau fort court, au lieu due le dcfman ou rat muf- que (le Mofcovie a les pieds de derrière réunis par une membrane (c), les yeux extrêmement petits , le mulcau prolongé comme la mufaraignc. Tous deux ont la queue plate , & ils diffèrent du pilori ou rat mufqiié des Antilles , par cette conformation & par piufieurs autres ca- ractères ( d ); le pilori a la queue aflez (c) OcuU exigiii & vix confpicui Digiti majores ftifniùrûiils connexi ad commodiùs notandum , rofki pars fiiverior jirma , irominula & jjane tincuim longd , mgrnans ea<]ue forma pyadita , ut infiarjuis mit talpa nrrivii vert ire vojfit» Clufii t\o\.\c. })(tg. S7J' (d) Les rats mufqifts des AntrUesquenos François appellent Pilons , font le plus fouvciit leurs retraites H 'iP 374 'HtPoke Naturelle ' '. courte , cylindrique (ej comme celle èei autres rats « au lieu que l'ondatra & ie delman Tont tous deux fort longue. L'ondatra relîèmble par la tête au rat d'eau y & le defnian à la mufaraigne. (lans (es trous de 1a terre comme les fapîns » aufTi ifs font prefque Je la même grolîcur, mais poiir \'à. figure ils n'ont rien de celle des gra'; rats qu'on voit ailleurs , iinon que la plupart ont le poil du ventre blanc comme les glirons , & celui du rcHe du corps noir ou tanné : ils exhalent une odeur mufquce qui abat le cœur & qui parfume fi fort l'endroit de leur retraite qu'il elt fort aifé de le dilcerner. Hifloire naturelle des Amilles, Roter Jam, i 6^8 , yagt i2jf.t (e) Les piloris font une cfpèce de rats de bols deux ou trois fois plus gros que les rats ordinaires ^ ils font Jjrefqiie blancs , leur queue eft fort courte , il* fentent e mufc extraordinairement. Nouveau voyage aux îles fie l'Amérique. Paris, iy22, tome I, yage^^i» -— Les piloris fe trouvent à la Martinique & dans quelques autres îles ^t& Antilles r ce font êits rats jntifqués de même forme que les rats d*Europe, nrtais d'une fi prrxligleufe grandeur que quatre de nos rats ne pèfent pas un pilori lis nichent jufquc dans tes cafés , mais ne peuplent pas tant que les autres rats communs Ces piloris font naturels dans ri le de la Martinii|ue, & non pas les autres rats communs qui n'oin paru que depuis quelques années 3u'tHe eft fréquentée des navires , &c. Hifloire générait es Amillis , par h Père du Tmre» Paris , i^^7$^ fçtne II, page joJi, ^Je rOnJaîra & du Dcftimti. 3 7 5 • On «rouve dans les MéHioircs de l'A- cadémie , année ij2^, une defcripiion très- ample & très- bien faiie de l'ondatra fous le nom de Rat mujqué. M. S:irraiin, Médecin du Roi à Québec & Corref- pondant de l'Académie , s'eft occupé à difTcquer un grand nombre de ces ani- maux dans lefquels il a obfervé des choies Tingulières. Nous ne pouvons pas douter, en comparant fa defcrfptiow avec la nôtre , que ce rat mufqué de Canada, dont il a donné la defcriptîon , ne foit notre ondatra, c'eil-à-dire Tanimai dont nous donnons ici ta figure. L'ondatra cft de la groffeur d'un petit lapin & de la forme d'un rat ; il a la tête courte & femblable à celle du rat d'eau , le poil luifant & doux avec un duvet fort épais au - deffous du premier poil , à peu près comme le caflor ; il a la queue longue & couverte de petites écailles comme celles des autres rats, mais elle efl d'une forme différente ; la queue des rats communs efl à peu près cylindrique , & diminue de grofJeur depuis l'origine jufqu'à l'extréttitc \ cdic I 37^ ■■Hlfloke Naturelle-'- du rat mufqué eft fort aplatie vers îa partie du milieu jiifqu'à l'extrémité , & un peu plus arrond c au commencement , c'cfi-à-dire , à l'origine ; les faces aplaties ne font pas horizontales , mais verticales , en ibrie qu'il fcmble que la queue ait cté ferrée & comprimée des deux côtés dans toute fa longueur : les doigts des pieds ne font pas réunis par des mem- branes , mais ils font garnis de longs poils affez ferrés qui fuppîéent en partie l'effet de la membrane & donnent à l'ani* mal plus de facilité pour nager. Il a les oreilles très - courtes & non pas nues comme le rat domellique , mais bien couvertes de poils en dehors & en dedans ; les yeux grands & de trois lignes d'ou- verturc ; deux dents incifi vas. d'environ un pouce de long dans la mâchoire inférieure , & deux autres plus courtes dans lu mâchoire fupérieure : ces quatre dents font très - fortes & lui fervent à ronger & à couper le bois. ^ ' * *^ *. Les chofes fingulières que M. Sarrafrii a obfervées dans cet animal , font , i .'^ la force Sa h grande cxpaafion du mufcle 'âe ï Ondatra & ^uDeJman. '377 peaucUr qui fi\it que l'animal , en con- tradlant fà peau , peut rcflcrrer Ton corps & le réduire à un plus petit volume ; 2.* la fouple/fe des faufles côtes qui permet cette contraction du corps , laquelle efl: ii confidcrable que le rat mufqiié pafTe dans d^s trous où des animaux beaucoup plus petits ne peuvent entrer ; 3 ." la manière dont s'écoulent les urines dans les femelles, car l'urètre n'aboutit point, comme dans les autres quadrupèdes , au - defîbus du clitoris , mais à une éminence velue fituée fur l'os pubis ; & cette éminence a un ©rifice particulier qui fert à l'éjedion des urines ; organifaiion fingulière qui ne fe trouve que dans quelques efpèces d'ani- maux , comme les rats & les fingcs dont les femelles ont trois ouvertures. On a oblèrvé que le caftor cf't le feul des qua- drupèdes dans lequel les urines & les cxcrcmens aboutiffcnt éfjalemcnt à un réceptacle commun qu on pourroit com- parer au cloaque des oifeaux : les femelles des rats & des finges font peut-être les feules qui aient le conduit des urines & l'orifice par oii elles s'écoulent , abfolu- inent féparc» des parties de la gcnéradon ; 37^ Titjîohe Naturelle cette fîngularité n'cfi que dans les (e* melles , car dans les mâles de ces mêmes efpèces i'urètre aboutit à i'exire'mité de la verge , comme dans toutes les autres efpèces de quadrupèdes. M. Sarrafin ob- fcrve, 4.** que les teflicules qui , comme dans les autres rats , font fltués dts deux côtés de i'anus, deviennent très -gros dans le temps du rut pour un animal aufîi petit; gros, dit -il, comme des noix tnufcades ; mais qu'après ce temps ils di- minuent prodigieufêment & fe rédui(ènt au point de n'avoir pas plus d'une ligne de diamètre; que non-feulement ils chan- gent de volume, de confiftance & d« couleur, mais même de (ituation d'une manière marquée ; il en e(l de même des vëficules fémmalés , des vai(îeaux déftrens, &c. toutes ces parties de la génération s'oblitèrent prefque entièrement après la fàifon des amours ; les teHicuies, qui dans ce temps étoient au dehors & fort proéminens , rentrent dans l'intérieur du corps ; ils (ont attachés à la membrane adipcufe , ou plutôt ils y font enclavés , aînfi que les autres parties dont nous vê- lions de parler ; cette membrane s'éten4 de rOnJatm & du Dejmaiu 3 79 & s'augmente par la furabondance de la nourriture jufqu'au temps du rut : les parties de h génération qui (cmbîcnt cire des appendices de cette membrane (ê développent , s'étendent , fe gonflent & acquièrent alors toutes leurs dimenfions; mais lorfque cette furabondance de nour- riture eft épuifée par des coïts réitérés , la membrane adipeu(c qui maigrit, (ê refTerre , (ê contrade & fc retire peu à peu du coté des reins ; en (ê retirant elle entraîne avec eiie les vaiffeaux déférens» les véficules féminales , les épidydlraes & les teflicules qui deviennent légers , vides & ridés au point de n'être plus reconnoiiïables ; il en efl de même des véficules féminales qui , dans le temps de leur gonflement, ont un pouce & demi de longueur & enfuite font réduites , ainfî que les teflicules , à une ou deux lignes de diamètre; 5.° les follécules qui contiennent le mufc ou le parfum de cet animal fous la forme d'une humeur laiteufe , & qui font voifins des parties de la génération , éprouvent aufli les mêmes changemens; ils font très- gros, très-gonflés, leur parfum très- fort, trè^- 3^0 Hifloire Naturelk cxalié , & même très- fcnfiUe à une aflcz grande diftancc dans le temps des amours ; enfuite ils (c rident, ils fe flétriHènt 6c enfin s'oblitèrent en entier. Ce change- ment dans les follécules qui contiennent le parfum fe fait plus promptement & plus complètement que celui des parties de la génération; ces follécules qui font communs aux deux fexes contiennent un lait fort abondant au temps du rut ; ils ont des vaidèaux excrétoires qui abou- tiffent dans ie maie à l'extrémité de la verge & vers le clitoris dans la femelle, & cette fecrétion fe fait & s'évacue à peu près au même endroit que Turine dans les autres quadrupèdes. Toutes ces fmgularifés, qui nous ont été indiquées par M. Sarrafin, étoient dignes de l'attention d'un habile Ana- tomifle, & Ton ne peut afl'ez le louer des foins réitérés qu'il s'eft donné pour conftaier ces efpèces d'accidens de la Nature & pourvoir ces changemens dans toutes leurs périodes. Nous avons déjà parlé de changemens & d'altérations à peu près femblables à celles-ci dans lés parues de h génération du rat d eau ; du campag des anii le relie aux aut dant lej vcHcnt près co comme dont n i'anéan ce fon la Nati qui no ces exe taires c] par-ce ^ de l'orj réunifl Mais c étendre qu'on non p qu'ils ration vance . Je l'Ondatra & du Dejman» 3 8 f campagnol & de la taupe. Voilà donc des animaux quadrupèdes qui , par tout le relie de la conformaiion , rcfTemblent- aux autres quadrupèdes, dcfquels cepen- dant les parties de la génération (è renou- vellent & s'oblitèrent chaque année à peu près comme les laitances des poilTons & comme les vaideaux iéminaux du calmar dont nous avons décrit les changemens ^ l'ancantifTcment & la reproduction (f); ce font- là de ces nuances par lefquedes la Nature rapproche fecrètement les êtres qui nous paroiflTent les plus éloignés , de ces exemples rares , de ces injlances foli- taires quMI ne faut jamais perdre de vue , parce qu'elles tiennent au fydème général de l'organifation des êtres , & qu'elles en réunifient les points les plus éloignés. Mais ce n'ed point ici le lieu de nous étendre fur les conféquenccs générales qu'on peut tirer de ces faits finguliers , non plus que fur les rapports immédiats qu'ils ont avec notre théorie de la géné- ration ; un cfprit attentif les fèntira d'a^ vance , & nous aurons bientôt occafion (f) Voyez le Vohtmf III de celte Hifloirc naturelle « fog€ Jjf i^ fuiyantest I i 11 3 8 2 Hifloire Naturelle de les prcfenter avec plus d'avantage en les réuniiïant à la mnfTe totale des autres faits qui y font relatifs. Comme Tondatra eft du même pays que ic caftor, que comme lui il habite fur les eaux , qu'il eft en petit à peu près de la même figure, de la même couleur & du même poil , on les a fou vent com- parés Tun à l'autre ; on affure même qu*au premier coup d'eeil on prendroit un vieux ondatra pour un caftor qui n'auroit qu'un mois d'âge ; ils diffèrent cependant affez par !a forme de la queue pour qu'on ne puiftè s'y méprendre, elle eft ovale & plaie horizontalement dans le caftor; elle eft très-alongée & plate verticale- ment dans l'ondatra : au refte ce§ animaux fe reflemblent affez par le naturel & i'inftind ; les ondatras, comme les caftors , vivent en fociété pendant l'hiver ; ils font des petites cabanes d'environ deux pieds & demi de diamètre . & quelquefois plus grandes , où ils fe réunifient plu- lieurs familles enfcmble ; ce n'eft point , comme les marmottes , pour y dormir perdant cinq ou fix mois , c'eft feulement pour fe meure à i'abri de la rigueur de Je Tâîr: c d'un d herbes de la te pieds , tru*5lioj & ils [ pour r de celli leur fer i'hiver neiges Ils ne i comme puits & & à Tel cher di ainfi 1 fociété leurs tout auiïî comme dccoui fions les offi du jou ic î Ondatra & du Defman. 383 Tâîr : ces cabanes font rondes & couvertes d'un dôme d'un pied d'épainTeur ; des herbes, des joncs entrelacés mêle.» avec de la terre graHe qu'ils paîtrifTent avec les pieds , font ieurs matériaux. Leur conf- trutflion efl impénétrable à i'cau du ciel, èi ils pratiquent des gradins en dedans pour n'être pas gagnés par l'inondation de celle de la terre ; cette cabane , quf leur fert de retraite, eft couverte pendant i'hiver de plufieurs pieds de glaces & de neiges fans qu'ils en foient incommodés» Ils ne font pas de provi fions pour vivre comme les caflors, mais ils creufcnt des puits & des efpèces de boyaux au - dcHTous & à l'cntour de leur demeure pour cher- cher de l'eau & des racines; ils paflcnt ainfi l'hiver fort triflement quoiqu*en fociété , car ce n'eft pas la faifbn de leurs amours : ils font prives pendant tout ce temps de la lumière du ciel ; auffi iorfque l'haleine du printemps commence à diffoudre les neiges & à découvrir les fommets de leurs habita- tions , les Chaffeurs en ouvrent le dôme , les offufquent brufquement de ia lumière du jour , & aHommcm ou prennent tous '384 'Hijloke Naturelle ceux qui n*oni pas eu le temps Je gagner ics galeries fouicrraincs qu'ils ie lont pratiquées & qui leur fervent de derniers reiranchemens où on les fuit encore , car leur peau cfl précicufe c\ leur chair n*e{l pas mauvaifc à manger. Ceux qui échap- pent à la main du Chaffeur , quittent leur habitation à peu près dans ce temps ; ils font crrans pendant i*été, mais toujours deux à deux , car c efl le temps des amours: ils vivent d*hcrbes & fe nour- riffent largement des produ<5lions nou- velles que leur offre la furfice de la terre ; la membrane adipeu(c sViend , s'aug- mente, fe remplit par la furabondance de cette bonne nourriture ; les follécules fe renouvellent , fe remplirent auffi ; les parties de la génération ie dérident, fe gonflent ; & c'cfl alors que ces ani- maux prennent une odeur de mufc fi forte qu'elle n'cfl pas fupponable; cette odeur fe fait fentir de loin , & quoique fuave fg) pour les Européens , elle déplaît fi fort (g) Le rat mufiiuc de l'Amcri(]Uc fcptentrionale eft Un peu plus gros & un peu plus long (|uc le rat d'eau de France; Ton clément c(l l'eau, mais il ne laiffc pas d'aller quekjucfois à terre : il a la ^ueue plate » elle deïOtt(îatni& (luDeJman 385 fi fon aux Sauvages qu'ils ont appelé puante une rivière i'ur les bords de la- c|uelle habitent en grand nombre ces rats mufqués qu'ils appellent uufli rats puants, ' ' lis produifènt une fois par an , & cinq ou fix petits à la fois; la durée de la geftaiioii n'eft pas longue , puifqu'ils «'entrent en amour qu'au commencement de l'été & que les petits font déjà grands elle crt de fiui cnc clt de huit ou dix pouces de long , dd fa fargeur d'un doigt, couverte de petites écailles noires; la peatf roufTe, coukur de minime-brun , le poil en cft fort fin , afTei long ; il porte des rognons prtxhe l«s tcC- ticules c|ui ont l'odeur de mufc très-agrcable , & n'efï point incomntode a tous ceux à- <^i le mufc cfonne des incommodités. Sr c ti les tue l'hiver , pend «nt que la peau cfl bonne pour fourrer, les rognons ne fcntcnt rien ; au printemps i^s commencent «H prendre leur fcnteur qui dure jufqu'h l'automne. . . . Pour l'a cfiair^ cilc n'a point le goirt .de mufc , cHe cfl' excellente à$ vianger, Defcripiion ek l'Amérique f»ptentriwuile , par Denys, Paris, i6j2 , toke II, yu^e 2^8. — Les rats mufqués de Canada répandent une odeur admi- rable ; la civette 6c la gazelle n'exhalent rien de fr fort ni de fi doux. Voyngt de la Hontan, La Hays, iyo6, tome 1, page pj, — Les Sau vaincs de TAmcrique n'aiment poi^nt l'odeur que répand le rar murqiié , iîlî }ui ont même donné le noiiï de paaiir, taTit eeitc odeur kur déplaît. Mémoires de l'Académie royale dtf Seiences-^ 386 Hîfto)re Nciture}k au mois d'oi^obre lorfqu'il faut fuîvre leurs père & mère dans la cabane qu'ils conrtruifènt de nouv<îau tous les ans ; car on a remarqué qu'ils ne reviennent point à leurs anciennes habitations. Leur voix cft une efpèce de gémifîèment que les ChafTcurs iiuiient pour les piper & pour les faire approcher ; leurs dents de devant font fi fortes & fi propres à ronger , que quand on enferme un de ces animaux dans une caifîê de bois dur , ii y fait en très - peu de temps un trou affez grand pour en fortir ; & c'efl encore une de ces facultés naturelles qu'il a commune avec le caflor , que nous n'ayons pu garder enfermé qu'en doublant de fer- blanc la porte de fa loge. L'ondatra ne nage ni auffi vite ni auflj long- temps que ie caflor ; il va plus fouvent à terre , il ne court pas bien & marche encore plus inal en le berçant à peu près comme une oye. Sa peau conlerve une odeur de mufc qui fait qu'on ne s'en fcrt pas vo- lontiers pour fourrure , mais on emploie le fécond poil ou duvet dans la fabrique des chapeaux. Ces animaux font peu farouches > âc {le f On chu ta & du Defman. 387 en îcs prenant petits on peut les appri- voiler aifement ; ils font même très-jolis iorfciu'ils font jeunes ; leur queue longue & prefque nue , qui rend leur figure défagréable , eft fort courte dans le pie- mier âge : ils jouent innocemment & auflî leflement que des petits chats ; ils ne mordent point (h), & on les nourriroit aifémcnt fi leur odeur n*étoit poiut in- commode. L'ondatra & le defman font au reûe les fculs animaux des pays fep- tentrionaux qui donnent du parfum; car l'odeur du cajloreum eft très-défagréable, & ce n'eft que dans les climats chauds qu'on trouve les animaux qui fournifTent le vrai mufc y la civette & les autres parfums. (h) Les rats mufqués de Canada, «{uc fcs Hurons appellent OnAathra , paifTcnt Therbc fur terre & le blanc de& joncs autour des lacs & àts rivières; il y a plaifir à les voir manger & faire leurs petits iou« tjuand ils font feunes. J'en avois un très-joli ; je le nourriflbis du blanc àes joncs & d'une certaine herbe femblable au chien -dent; je faifois de ce petit animal tout ce que je voulors , fans qu'il me mordît aucu- nement, aufli n'y font-ils pas fu jets. Voyage de SagarA Theodau Paris , j 6 ^2, pages ^22 & ^ 2^, NoTA, Que la plante dont M. Sarrafm dit que le rat mafqué le nourrit le plus volontiers eil le Calasm armaticust 3 ? 8 Hijloire NdtureUe, &c. Le defiiian ou rat mufqué de MoC^ covîe nous offirlroit peut-être des fingu- kirîtés remarquables Su analogues à celles de l'ondatra , mais il ne paroît pas qu'au- cun NaturaliAe^it été à portée de i'exa- miner vivant, ni de le dJiféquer ; nous jfie pouvons |>arler nous->mêmes que de fa forme extérieure , celui qui ed au Cabinet du Roi ayant été envoyé de Lapponie dans un état de defsèchement qui n'a pas permis d'en faire la dlHiêc^ion ;. je n'ajouterai donc à ce que j'en ai déjà dit y que le fèùi regret de n'en pas favoir avantager Flîf du huitîhw volume . tk: ■1- S i , '< %^ -, m' ■ / \