in^ ":^n,> IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT.3) k /. à /. & ^ 1.0 l.l US m uâ M 1 ^lll'-^ ' ^ 6" ► '/ Photographie Sdenœs Corporation ^ \ V ^ P \ % V # <> # ». 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N. Y. 14580 (716) 873-4503 CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHM/ICMH Collection de microfiches. Canadian Instituts for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques The Institute has attempted to obtain the best original copy available for filming. Features of this copv which may be bibliographically unique, which may alter any of the images in the reproduction, or which may significantly change the usual method of filming, are checked below. □ Coloured covers/ Couverture de couleur I I Covers damaged/ D D D D n 0 Couverture endommagée Covers rsstored and/or laminated/ Couverture restaurée et/ou pelliculée I I Cover title missing/ Le titre de couverture manque I I Coloured maps/ Cartes géographiques en couleur Coloured ink (i.e. other than blue or black)/ Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire) Coloured plates and/or illustrations/ Planches et/ou illustrations en couleur Bound with other matériel/ Relié avec d'autres documents I li Tight binding may cause shadows or distortion afong interior margin/ La re Hure serrée peut causer de l'ombre ou de la distortion le long de la marge intérieure Blank leaves added during restoration may appear within the text. Whenever possible, thèse hâve been omitted from filming/ Il se peut que certaines pages blanches ajoutées lors d'une restauration apparaissent dans le texte, mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont pas été filmées. Additional commenta:/ Commentaires supplémentaires; L'Institut a microfilmé le meilleur exemplaire qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails de cet exemplaire qui sont peut-être uniques du point de vue bibliographique, qui peuvent modifier une image reproduite, ou qui peuvent exiger une modification dans la méthode normale de filmage sont indiqués ci-dessous. □ Coloured pages/ Pages de couleur □ Pages damaged/ Pages endommagées □ Pages restored and/or laminated/ Pages restaurées et/ou pelliculées r~~3' Pages discoloured, stained or foxed/ Pages décolorées, tachetées ou piquées Pages detached/ Pages détachées Showthrough/ Transparence Quality of prir Qualité inégale de l'impression Includes supplementary materiï Comprend du matériel supplémentaire Only édition available/ Seule édition disponible I I Pages detached/ r~l Showthrough/ I I Quality of print varies/ I I Includes supplementary material/ I I Only édition available/ D Pages wholly or partially obscured by errata slips, tissues, etc., hâve been refilmed to ensure the best possible image/ Les pages totalement ou partiellement obscurcies par un feuillet d'errata, une pelure, etc., ont été filmées à nouveau de façon à obtenir la meilleure image possible. Les pages froissées peuvent causer de la distorsion. This item is filmed at the réduction ratio checked below/ Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous. 10X 14X 18X 22X 26X 30X y 12X 16X 20X 24X 28X 32X The copy filmed hère has been reproducsd thanks to the generosity of : Seminary of Québec Library The images appearing hère are the beat quality possible considering the condition and iegibiiity of the originai copy and in Iceeping with the fiiming contract spécifications. Original copies in printed paper covers are filmed beginning with the front cover and ending on the iast page with a printed or iiiustrated impres- sion, or the back cover when appropriate. Ail other originai copies are filmed beginning on the first page with a printed or iiiustrated impres- sion, and ending on the iast page with a printed or iiiustrated impression. The iast recorded frame on each microfiche shall contain the symbol — »• (meaning "CON- TINUEO"), or the symbol V (meaning "END"), whichever applies. lyiaps, plates, charts. etc., may be filmed at différent réduction ratios. Those too large to be entirely included in one exposure are filmed beginning in the upper ieft hand corner, left to right and top to bottom, as many frames as required. The following diagrams illustrate the method: L'exemplaire fiirné fut reproduit grâce à la générosité de: Séminaire de Québec Bibliothèque Les Images suivantes ont été reproduites avec le plus grand soin, compte tenu de la condition et de la netteté de l'exemplaire filmé, et en conformité avec les conditions du contrat de filmage. Les exemplaires originaux dont la couverture en papier est imprimée sont filmés en commençant par le premier plat et en terminant soit par la dernière page qui comporte une empreinte d'impression ou d'Illustration, soit par le second plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires originaux sont filmés en commençant par la première page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration et en terminant par la dernière page qui comporte une telle empreinte. Un des symboles suivants apparaîtra sur la dernière image de chaque microfiche, selon le cas: le symbole — ^ signifie "A SUIVRE", le symbole y signifie "FIN". Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être filmés à des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir de l'angle supérieur gauche, de gauche è droite, et de haut en bas, en prenant le nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrent la méthode. 1 2 3 32X 1 2 3 4 5 6 ;é: •'ar i\1 ISTOIRE URELLE, ;ÉNÉRALE ET PARTICULitREi V M. DE BuFFON, Intendant du Jardin du Roi, de l'Académie Françoife, & d!ç celle des Sciences , &c* NOUVELLE ÉDITION. ^-^^^z-^>^^>* Tome Neuvième. A^c^ / ^J^^. '^•dTQ^ Zip"^ v^^ ' A PARI S, E L'IMPRIMERIE ROYALE M. DCCLXIX. f 0 . • %. Chez PanGKOÛCKÊ, Libraire i à l'hôtel de Thou, rue des Poitevins , quartier Saint- André-des'Ar^% m * • » *■ - ■ 1 -" « 'y. ■ " " • 1^ AVERTISSEMENT. (^ OAÏMÈ les Jet ails de ïHijldïre JSaturelle ne font intérefflms que pouf ceux qui s' applique? lî uniquement à cette fcience , & que dans une expofttion ûujji longue que celle de l'Hifîoire par-- ticulière de tous les Animaux , il règne uécejjairement trop d'uniformité , nous avons cru que la plupart de nos Lec^ teurs nous fauroient gré de couper de temps en temps le fil d'une méthode qui nous contraint , par des Difcours dans lefquels nous donnerons nos réflexions fur la Nature en général , à* traiterons de [es effets en grand* 'Nous retournerons enfuite à nos détails avec plus de courage ; car f avoue (ju il en faut pour s'occuper continuellement de petits objets dont l'examen exige la plus froide patiente , it ne permet rien au génie. 'w^. ffpi' TABLE De ce qui eft contenu dans ce Volume. jL/Ela Nature, première vue, page ) De la Nature, féconde vue. . . xxj Le Pécari ou le Tajacu .... page i La Rouffetti , la Rougette & le Vampire .•..,•••..•••• i o Le Polatouche • . . . , f • • • • . . 24. Le Petit-gris. • 3 j Le Palmifle , le Barbarefque & le Suiffe 42 Le Tamanoir , le Taniandua & le Fourmilher, , • • • . 4^' Le Pangolin & le Phatagin ... 72 he$ Tatous%^. ••••••••»»• 82 Lé Paca * iij Le Sarigue pu l'OpojJ'um . . -• . 132 La Marmofe , 178 Le Cayopolhn 1 8 j L'Éléphant 187 Le Rhinocéros . . . ♦ 317 .. j « • « • • t « C o ■ « « DELA î DE LA NATURE P REM I ÈRE VUE. X-i A Nature eft le fyftèmç des \o\k établies par le Crt'ateur, pour Icxiflcncc des chofcs & pour la fucccliion des êtres. La Nature n'efl: point une chofe , car cette chofe feroit tout ; la Nature n cft point im être , car cet être feroit Dieu ; mais on peut la confidérer comme une puiflance vive , immenfe , qui cmbraflb tout, ([ui nnime tout, & qui, fubor- donnée à celle du premier Etre , n*a commence d'agir que par Ton ordre , ôc n'agit encore que par Ton concours ou fon confentcment. Cette puiflTancc cft de la PuifiTance divine, la paniç qui fe ma- nircAe; c'ell en même temps la caufe & l'effet, le mode & la fub/tance, le defleia Sa l'ouvrage : bien différente de l'art humain dont les prcducflions ne font que des ouvrages morts , fa Nature eft elfc- mêmc un ouvrage perpétuellement vivant, un ouvrier fans celTe adif, qui fait tout Tome IX* 4 iÇ De h Nature, - ^employer , qui travaillant daprès foî- iiiéine , toujours fur le même tonds , .bien loin de l'épuifer le rend inépuilablc: le temps, l'cfjiace & la maiiùrc font fcs .moyens, l'Univers Ton oLjei, le mouve- ment & la vie Ton but. Les cficts de cette puiflance font les phénomènes du monde; les relloris qu'elle .emploie font des forces vives , que VqÇ- pace & le temps ne peuvent que mcfure^r & limiter fans jamais les détruire ; des forces qui (ê balancent , qui fe confon- dent , qui ^'oppofqiit faiis pouvoir s*a- néantir : les unes pénètrent &. transportent les corps, les autres les échaufïênt & les animerit ; l'attradion Ôc l'impulfion font les deux principaux inftrumcns deTadion ,de cette puiffance fur les corps bruts ; la chaleur A les molécules organiques vi- vantes font les principes adifs qu'elle ^net en œuvre pour la formation & le déve- loppement des êtres organiies. Avec de tels moyens que ne peut la Nature ! Elle pourrait tout fi elle pouvoit anéantir & créer; mais Dieu s'efl rcfervé ces deux extrêmes de pouvoir , anéantir iSi ciécr font les attributs de la toute- puif^ Première vus 8; fancc; alicrer, chnngcr , détruire ; déve- lopper, renouveler, produire, font les fculs droits qu'il a voulu céder. Minillre de fcs ordres irrévocables, déporiiaire de fcs immuable!» décrets , la Nature ne s'é- carte jamais des Idix qui lui ont été pres- crites; elle n'altère rien aux plans qui lui ont été tracés, & dans tous fcs ouvrages elle préfente le fceau de rÉternel : cette empreinte divine , prototipe inaltérable des exiftcnces , eft le modèle fur lequel elle ©père ; modèle dont tous les traits font exprimés en caraélères incffiçables, & prononcés pour jamais: modèle tou- jours neuf, que le nombre des moules ou des copies, quelqu'infini qu'il foit, ne fait que renouveler. Tout a donc été créé & rien encore tue s'cft anéanti; la Namrc balance entre ;cs deux limites fans jamais approcher h\\ de Vnno. ni de l'autre : tâchons de la ifaifir dans quelques points de cel efpace hnmenlè qu'elle remplit & parcourt depuis l'origine des fiècles. Quels objets ! Vw volume îmmenfc de matière qui n'eût formé qu'une inutile, une épouvamable mafTe , s'il n'eût été a ij IV " De la Nature. ^ivifé en parties fcparées par des efpaccs mille ibis plus innuenfes; mais cjes milliers cjc globes lumineux , places à des diflanccs iiiconccvablcs , font les bafcs qui fervent de fondement ù l'édifice du monde; des iniiiions de g!ol)Cs opaques, circulant au- tour dc^ picniiers , en compofeiit l'ordre Ci i'archiicjfliire mouvante : deux forces primitives agitent ces grandes mafTes , \(is roulent, (es tranfporient ôi les an'mcnt; ciiacune cgit \ tout inftant , & toute^ deux combijpnt leurs efforts , tracent jes zones des fphères céleHcs , etabliiîènt dans le milieu du vide, des lieux fixes & des routes déterminées; & c'efl di; (cin même du mouvement que naît I*é- quilibre des mondes & le repos de l'U- nivers, J^a première de ces forces cft également répartie ; la féconde a été diflribuéc en inclure inégale : chaque atome de matière 0 une même quantité de force d*aitra6lion, chaque globe a une quantité différente de force d'impulfion ; aufîi efl - il des aftres fixes & des aftres errans , des globes qui ne fcmblent être faits que pour atti- fer, & d'autres pour pouflcr ou ppuf Première vue: V tire poufTés, des fphères quî ont reçu urie impulfion cemmune dans le même fens, &trautresunc impulfion particulière, d^s aflrcs folitaircs & d'autres accompagne's de (înelliiesi dts corps de lumière ëc dts inafTes de ténèbres, des plfinètés dont les différentes parties ne jouiflent que fuc^ cciïjvement d'une lumière emj)runiée, des comètes qui le perdent dans l'obl- curité des profondeurs de i'efpace , èc deviennent après désTiècles fc parer de nouveaux feux ; dés foleils qui pàroiflent, difparoiflent & femblent alternativement fe rallumer & s'éicindrè , d'autres qui ffc montrent uhe fois & s'évanouifFcnt en»- fui'.e pour jamais. Le ciel cil le pays des grands ëvènemens ; mais à peine i'ceil humain péiit-il les laifir : Un folcil qui périt & qui caufe la cataftrophe d'un monde ou d'un fyftèmc de mondes , he fait d'autre effet à nos yeuk que celui d'un feu follet qui brille & qui s'éteint î l'homme borné à l'atome terreftrc fur iequel il végète , voit cet atome comme un monde & ne voit les inondes que comme ées atomes. Car cette terre qu'il habite^ à peine a iij vj De la .Ndturc, icconnoî (Table parmi les autres globes , & tout- à- fait invifible pour les l'ijhcrcs éloignées, cft un million de foi^ plus petiic que le foieii qui l'écIaire, & mille fois plus petite que d'autres planètes qui ccinme elle font fubordonnées à la puifîànce de cet aftre , & forcées à circuler autour de lui. Saturne, Jupiter, JVlars, la Terre, Vénus, Mercure «Se ie Soleil occupent la petite partie des cieux que nous appelons notre Univers* Toutes CCS planètes avec lem$ iàiellltcs , entraî- nées par un mouvement rapide dans le même fens & prcfque dans (e même plan , compofent une roue d'un vafta diamètre dont lenicu porte toute fa charge , & qui tournant lui-même avec rapidité a dû s^échauffer , s ejnbrafer 6c répandre la chaleur & la lumiète juf- cpa'aux exi rémités de la circonférence: tant que ,ces mouvemcns dureront ( <5c ils feront éternels, à moins que la maiii du premier Moteur ne s'oppofe & n'em- ploie autant de force pour les détruire qu'il en a failli pour les créer ), le Soleil Jjrillcra & remplira de fa fplencleur toutes ies fphères du mondes À comme doiiâ. u ni la ï- Première rue*- gîofecs ,. es Ijjhcres fois plus î, & mille planètes on nées à forct'es à , Jupiier, cure & le des cieux i* Toutes , entraî- e dans fe fe même \n\ vafta toute fa hwQ avec hralêf 6c iicrc jul- if^rence ; ront ( cV i la maiu & n'em- dttruire le Soleil ur toutes me daiîs. un vOèmc où tout s'attire, rien ne peur ni (è perdre ni s'éloigner Hins retour, la quantité de matière reliant toujours la même, cette (burce féconde de lu- mière & de vie ne s'épuilcrîi, ne tarira' jamais; car les autres folciîs qui lancent aufii continuellement leurs feux , rendent à notre foleil tout autant de lumière c|u'ils en reçoivent de fui. i- Les. comètes en beaucoup plus grancî nombre que les planètes, & dépendantes comme elles de la puifiance du Soleil , prcfTent aulii fur ce foyer commun, eu augmcnicni la charge & contribuent de tout leur poids à fon cmbralement : elles font partie de notre Univers, puifqu'ellcs font fujeties , comme les planètes , à l'attradion du Soleil ; mais elles n'ont rien de commun emr'elles ni avec îes planètes , dans leur mouvement d'im- puliîon ; elfes circulent chacune dans \\\\ plan différent & décrivent des orbes plus ou moins alôngés danWes périodes: différentes* de temps, dont les unes font de plu fleurs années ; & les autres de quelfjucs fiècles : le Soleil tournant fur lui - même , mais au refle immobile au-- a îUj Vllj De la Nattif-ei milieu du tout, fcrt en même temps dt flambeau , de foyer y de pivot à toutes ces parties de la machine du monde. C eft par ia grandeur même qu'il de- meure immobile & qu'il régit les autres globes; comme la force a été donnée proportionnellement à la mafTe , qu'il cft incomparablement plus grand qu'aucune des comètes, &i qu'il contient mille fois plus de matière que la plus grofle planète, elles ne peuvent ni le déranger , ni fc foudraire à fa puKîànce , qui s'étendant h des diflances immenles les contient toutes, & lui ramène au bout d'un temps celles qui s'éloignent le plus; quelques-- unes même à leur retour s'en approchent de fi près , qu'après avoir été refroidies pendant des fi ècle.s , elles éprouvent une chaleur inconcevable ; elles font fujettes à des vifljcitudes étranges par ces aîtcr- naiives de chuleur & de froid extrêmes, aufîl-bien que par les inégalités de leur mouvement», xqui tantôt eft prodigieu- fement accéléré & enfuite infiniment Tetardé : ce font , pour ainfi dire , des mondes en défordre , en comparaifon des planètes ; donc les orbites étant plus étl F iu P 4. temps de à toutes nde. qu'il de» les autres donnée qu'il cfl n'aucunc iiiife fois î planète, T, ni fe étendant contient m temps uelqucs- :)rochent cfroidies ^ent une fu jet tes es aiter- arêmes, de leur îdigieu- finiment re, (les ^araifoa im plus Pnnùcrc vue» % régulières, les mouveL^ens plus égaux, la température toujours la même , fcm- blent être des lieux de repos , où tout éiant confiant, la Nature peut établir un plan, agir uniforméuicnt, le développer luccedlvemcnt dans toute Ion étendue. Parmi ces globes cholfis entre les aftres crrans , celui que nous habiion paroît encore être privilégié : moins froid , moins éloigné que Saturne , Jupiier, Mars , il elt aiilfi moins brûlant que Vénus & Mercure qui paroiilent trop voifins de l'aflre de lumière. Aufll , avec quelle magnificence fa Nature ne brille-t-eile pas fur la terre! Une lumière pure s'étendant de l'orient au couchant , dore fucccflivcment les hémifphères de ce globe ; un élément iranfparent & léger l'environne ; une chaleur douce & féconde anime , fait cclorc tous les germes de vie : des eaux vives & falutaires fervent à leur entretien, à leur accroifTemem ; des éminences dif- tribuées dans le milieu des terres arrêtent les vapeurs de l'air , rendent ces fources intariffablcs & toujours nouvelles ; des caviics iurnicxife^i faites pour \^ recevoir , st. De la Nûtwc* partngent les coniinens: l'eicndue de îa nier tft aujffi grande que celle de la terre; ce n'eft point un clément froid ôi. fU'rile, c'eft un nouvel empire aiifll riche, aufîi peuplé que le premier. Le doigt de Dieu a marqué leurs confins; fi la mer anticipe fur les plages de l'oc- cident , elfe laiffe à découvert celles de i'oricni : celte maffe immenfe d'eau , inac- live par clle-mcme, fuit les impreflionsdcs niouvemens céleftes , elfe balance par des ofcilfaiions régulières de flux & de reflux, elle s'élève & s'abaifle avec l'afl^c de la nuit , elle s'élève encore plus lorfcju'ii concourt avec l'aftre du jour-, & que tous deux réunilfant leurs forces dans le temps des équinoxes, caufcnt les grandes marées : notre corrcfpondance avec le Ciel n'eft nulle part mieux marquée. De CCS mouvemens conftans d<. généraux rcfultent des mouvemens variables & par- ticuliers , des tranfports de. terre , des dépôts qui forment au fond des eaux , des éminences femblabîea à celles que Xïous voyons fur la furface de la terre : des cour an s qui, fuivant la dire(5lion de ces çhaïues de montagnes; leur donnent .-••. je de îa le de la nt froid lire aviffi nier. Le confins; de l'oc- celles de lu , iiiac- flionsdcs e par des le reflux, lUc de la lorfqu'il -, & que es dans le ts grandes avec le marquée, crénéraux es & par- rre , des es eaux , elles que la terre : eélion de donnciit Première vue, xj •u'ne figure dont tous les angles ie cor- relpondent , & coulans au milieu des ondes comme les eaux coulent fur la terre, font en effet les fleuves de la mer. L'air encore plus léger, plus fluide que l'eau , obéit aufll à un plus grand nombre de puiflances; l'a(flion éloignée du Soleil & de la Lune, i*a<^ion immé- diate de la mer , ccKe de la chaleur qui ' le raréfie, cck'e du froid qui le condenfe y caufent des agiiaiions continuelles: les " vems font fes courans, ils pouflèut, ils" affeml lent les nuages, ils produi(ênt les "^ météores & tranfportent au-de/Fus de la ' furface aride des contincns terreftrei ics vapeurs humides des plages maritimes; ils ' I déterminent les or;iges , répandent & • I diitribuent les pluies fécondes & les rofees ' i| l)ienfai(antcs ; ils troublentjes mouvemens '■ !|dela mer, ils agitent fa^^dirface mobile il des eaux, arrêtent ou précipitent les^ courans , les font rehroulîèr , foule vent les flots , excitent les • tempêtes , la mer ■ irritée s'élève vers le ciel , & vient en* mugiffaiu iê briler contre des digpcs inc-' branla blés qu'avec tous fes efforts elle ne ' peut ni détruire ni furmontcr. xi) De la Nature: La terre élevée au-defTus du niveau de fa mer, e(l à l'abri de fes irruptions ; fa iiirfiice émaillt'e de fleurs , parée d'une verdure toujours renouvelée , peuplée de mille & Maille efpèces d'animaux différens, cft un lieu de repos, un féjour de délices, où l'homme, placé pour féconder la Na- ture, préfidc à tous les êtres; feul entre tous , capable de connoître & digne d'admrrer , Dieu l'a fait fpec^lateur de i'Univers & témoin de les merveilles; Tétincelie divine dont il efl animé le rend participant aux roy Hères divins; c*eft par cette lumière qu'il penfc & réfléchit , c*eft par elle qu'il voit & lit dans le livre du monde, comme dans un exeniplaire de la Divinité. La Nature ell le trône extérieur de la magnificence JDivine ; 4'homme qui la contemple , ^i l'étudié , s'élève pai degrés au trône Intérieur de la toute- puifîànce ; fait pour adorer le Créateur, il commande à toutes les créatures ; valTal du Ciel, roi de la Terre, il l'ennoblit, la peuple & Teurkhit; il établit entre les êtres vivans l'ordre , la fubordination , Thaipronie; il embeUlt la Nature mêmei i % 1 ) lions ; fa ée d'une euplt'e de différens, c délices, er la Na- cul entre &. digne latcur de crveiiles ; lé fe rend c eft par efléchit , is le livre xenipiaire teur de Fa le qui la lève par la toute- I)réateur, es; vaflai mnoblit, entre les iination , i même. J Première vue, tuj II la cultive, l'étend & la polît; en éLiguc ie chardon & la ronce , y multiplie le raifin âc la rofe. Voyez ces p'ages défertcs, CCS trifles contrées où l'homme n'a jamaîi réfidé ; couvertes ou plutôt hcriflccs de bois épais & noirs dans toutes les parties élevées , des arbres (ans ccorce & (ans cime , courbés , rompus , tombans de vétufïé, d'autres en plus grand nombre, giiTans au pied des premiers, pour pourrir fur des monceaux déjà pourris , étouffent, enfévcliffcnt les germes prêts à éclore* La Nature , qui par - tout ailleurs brille par fd jeunefle, paroît ici dans la décré- pitude, la terre furchargée par le poids, lurmontéc par les débris de Tes produc- tions , n'offre au lieu d'une verdure florifTante, qu'un efpace encombré, tra- verfé de vieux arbres chargés de plantes parafites , de lichens /^'agarics , fruits impurs de la corruption : dan^ toutes les parties bafîcs, des eaux mortes & crou- pi(rantes faute d'être conduites & dirigées; des terreins fangeux , qui n'étant ai folides ni liquides, /ont inabordables, & demeurent également inuules aux habitans de la terre & des eaux ; dc$ marécages 5cîv' Se 1j I\\inin\ qui , couverts de plantes aquatiques ^c ftiiJes , i>e nourri lient que des iiifccles vénéneux & fervent de repaire aux ani- maux immonde?. Entre ces marais inf'cvfls qui occupent les lieux bas, & les forcis tlccrépites qui couvrent les terres élevées, s'étendent * I Première vue, xv. cîu fiîence même de ces profonde* foli- tuJes , il rebroufîè chemin & dit : fa Nature brute cil hideufe & mourante;, c'efl Moi , Moi feui qui peui la rendre agréable & vivante : dc/Téchons ces ma- rais , animons ces eaux mortes en les faifant couler; formons-en des ruifleaux, des canaux , employons cet ëitment adif & dévorant qu'on nous avoit caché & que nous ,ne devons qu'à nous- mêmes ; mettons le feu à cette bourre fuperflue , à ces vieilles forêts déjà à demi conlommées; achevons de détruire avec le fer ce que le feu n'aura pu con- fumer : bientôt au lieu du jonc , du nénuphar , dont le. crapaud compofoit. fon .venin , nous verrons paroîirc la renoncule , le trcfïïe , les herbes douces & falutaires ; des troupeaux d'animaux bondiffhns fouleront cette terre jadis im- praticable; ifs y trouveront une fubfif- lance abondante , une pâture toujours renaifïàntc ; ils fe muhiplieront pour fè multiplier encore : fcrvons - nous de ces nouveaux aides pour achever notre ou- vrage ; que le bœuf fournis au joug , çmpioie fes forces ^ le poids de Ta maif® kv) / De la Natufe. ' . à filîonncr la terre, qu'elle rajeunîfle pîf la culture; une Nature nouvelle va foriir de nos mains. Qu'elle eft belle, cette Nature cuiti* Véc ! que par les foins de l'homme clic eft brillante & pompcufcment parée ! 11 en fait lui-même le principal ornement, \\ en eft la produdion la plus noble ; en fc multipliant il en multiplie le germe le plus précieux , elle-même auffi lemble (c multiplier avec lui; il met au jour par foa art tout ce qu'elle reccloit 'dans fon (èin \ que de tréfors ignorés, que de richcffcs nouvelles î Les fleurs , tes fruits , les grains perfe^ionnés, multipliés à Tinfini ; les cfpèces utiles d'animaux tranfportécs , propagées , augmentées fans nombre , les cfpècès nuiilbles réduites, confinées, reléguées: l'or, & le fer plus néceliàire que l'or , tirés des entrailles de la terre : fcs torrens contenus , les fleuves dirigés , reflTerrés; ia mer même foumile, recon- nue, traverfée d'un hémifphèrc à l'autre; la terre acccffible par- tout, par-tout rendue aufïi vivante que féconde ; dans les vallées de riantes pra^les , dans les plaines de fiches pâturages ou des moi/Tons eacore F' fc '^m -M ■Hniail inî/lé pîf va fonir 9 re cultî* mue clfc )aree ! If nemenr, ^ble ; en ycrmc îc :mble fè par Ton an (èin j richcfles lits , les rinfini ; portées , ombre , 1 fi nées , fcellàire a terre : dirigés , recon- l'autre; rendue i vallées nés de CAcore Première vue'* Xvîj pU\s riches ; les collines chargées d« vignes & (Je fruits, leurs foinnicts cou- roiincs d'arbres utiles <^ de jeunes forêts; les dcTerts devenus des cités habitées j^ar un pcu[ilc iinmen(c, qui circulant fans celle, fc réj)and de ces centres jufqu'au)C exircmitcs ; des roules ouvertes & fré- quentées , des communications établies par- tout comme autant de témoins de la force (k de l'union de la fociété ; mille \, autres monumens de pui/Tance & de gloire démontrent affcz qne l'homme , ^ maître du domaine de la terre , en a 'I changé, renouvelé la furface entière, I & que de tout temps il partage l'erupirt I avec la Naiure. ^ I Cependant il ne règne que par droit I de conquête ; il jouit plutôt c|u*il nt à-i^ofsède , il ne conlcrve que par des J foins toujours renouvelés; s'ils cefTent, tout languit, tout s'altère , tout change, tout rentre fous la main de Nature : elle reprend fcs droits , efface les ouvrages de l'homme, couvre de poulîière & de moufle (es plus faftueux monumens, \ts détruit avec le temps , & ne lui laifle que le regret d'avoir perdu par fa faute t ' Ji* Xvii; De ta Ndîin'e. ce que (es ancêtres avoicnt conquis par- leurs travaux. Gcs temps où l'homme perd fon domaine , ces fièclcs de bar- barie pendant icfqucis tout périt , font toujours prépares par la guerre , & arrivent avec la difettc & la dépopu- lation. L'homme qui ne peut que f)ar le nombre , qui n'eft fort que par fa réunion , qui n'efl: heureux que par la paix , a ïa fureur de s'armer pour fon malheur & de combattre pour fa ruine: excité par i'infatiable avidité , aveuglé par l'ambition encore plus jnfaiîabTe, il reiionce aux fentimens d'humanité , tourne toutes {es forces contre lui-même, cherche à s'entre- détruire, fe détruit en effet; & après ces jours de fang & de carnage , lorfquc la fumée de la gloire s'cfl dilllpée, ii voit cFun œil trille fa terre dévaftt'e , les arts enfévelis , les nations difperfées, les peuples affoiblis, Ibn propre bon he«^ ruiné & fa puiffance réelle anéantie. GRAND D lEU! dont k feule préfence foutîenî la Nature cf mamùent rJiammie da loix de l'Univers ; Vo u Sj )nquis par l'homme s de bar- crit, font lierre , & de'popu- ; que [)ar ue par (à [ue par (a pour Ton fa ruine; , aveugle hifaiîabTe, iumani;c , ul-inême, détruit en mg & de la gîoirc I trille fa .elis , les affoiblis, puifîance / la feule mahtkîit Première vuc^ xix ^ui du trône immobile de rEniphée , voyc-^ rouler fous vos pieds toutes les fp hères célefes fins choc ù^ fans confufion; Qui du fein du repos, reprodufe:^ à chaque itifant leurs mouvemens immenfes , & feul régiffe^ dans une paix profonde ce nombre infini de deux & de mondes ; rende-^ , rende^ enfn le calme à la Terre agitée ! Quelle foit dans Icflence ! qu*û votre voix la difcorde ù* la guerre cejfent de faire retentir leurs clameurs orgueilleufes ! Dieu de bonté , Auteur de tous les êtres f vos regards paternels emùraffent fous les objets de la création; mais l'homme ejl votre être de choix ; vous avei éclairé fon eime d'un rayon de votre lumière immortelle;, comble^ vos bienfaits en pénétrant fon cœur dun trait de votre amour: cefentiment divin Je répandant par ' tout , réunira les natures ennemies; l'homme ne craindra plus l'afpeéi de r homme t le fer homicide n'armera plus fa main ; le feu dévorant de la guerre ne fera ,plus tarir la four ce des générations ; l'efpecs. «# XX huma Ve hl Nei dîure; '&c* me mainternnt affaiblie, mutilé lee , mo'if^ formée dans fa fleur , germera de nouveau Ù" fe multipliera fans nombre ; la Nature accablée fous le poids des féaux , fiérile , abandonnée , reprendra bientôt avec uni nouvelle vie fon ancienne fécondité ; & nous , Dieu bienfaiteur , nous la fe cons- acrons , nous la cultiverons , nous l'obfer- ferons fans cejfe pour vous offrir à chaqut infant un nouveau tribut de reconnoiffance £>* d'admiration» ' i îlée , mo'if^ ie nouveau la Nature ^. Jiérile, avec une : & nous, ■ la fccon^ is l'obfe}'" h chaque oîjfançc e>* xxj I DE LA NATURE. SECONDE VUE. u N individu, de quelque efpèce qu'il /î>it , n'cil ricji d:ins rUni\crs ; cent in- diviJus , mille ne (ont encore rien ; \çs efpèccs font les fcuis êtres de la N:uure ; cires perpciucls, auffi anciens, aulii {)cr- nianens (|u'elle, que pour mieux juger, nous ne confidérons phis comme unç coUcdion ou une fuite d'individus fein- Llablcs , mais comme un tout indépeH- dant du nombre, indépendant du temps; un tout toujours vivant , toujours I^ même; un tout qui a été compté pour un dans 'es ouvrages de la création , èccs confiantes, In Nature inva- riable : la relation des chofes étant toujours la même , Tordre des temps lui paroît nul ; les lolx du renouvellement ne font que compenfcr à Ces yeux celles de fa perma- nence, une ruccellionconiinuellc d'êtres, tous fembîa!)lcs entre eux, n'équivaut, en effet, qu'à l'exiftence perpétuelle d'un feul de ces êtres. À quoi fe rapporte donc ce grand appareil des générations , cette iinmenfc profufion de germes, dont il en avorte mille & mille pour un qui réuffit '. qu'tft- cc que ceitc propagation , cette multipli- cation des êtres , qui (e détruiiant & fe renouvelant fins celfe , n'offrent toujours que la même fcène , & ne rempiiffent ni plus ni moins la Nature î d'où viennent ces alternatives de mort & de vie, ces loix d'accroiffement & de dcpériffeinent, toutes ces vicifîitudes individuelle^ , toutes cesrepréfèntations renouvelées d'une Icule & mêmie chofe î elles tiennent à l'cfîence même de la Nature , & dépendent du premier établifleinent de la machine du monde ; fixe dans (on tout & mobile dans chacune de Tes parties, les mouvemcnâ turc inva- nt toujours paroît nul; z font que z fa pcrma- ellccl'êires, l'équivaut, •Luclle d'un : ce grand te iipmenlt: l en avorte fit î qu'eft- te multipli- uilant & fe pnt toujours m pli fient ni )ii viennent Je vie , ces lérifiement, sUe^, toutes 5 d'une icule t à l'cfl'ence rendent du nachine du mobile dans mouYcmens Seconde vuK xxn*?» Î'réncraux des corps céleftes ont produit es inouvemens particuliers du globe de h Terre; les forces pénétrantes dont ces grands corps font animes, par lefqucllcs ils agifTcnt au loin & réciproquement les vtins iur les autres , animent auffî chaque ^Hiome de matière, & cette propenlion Jftiutuellc de toutes ces parties les unes frers les autres cft le premier lien des êtres, pc principe de la confillance des choies, % le fbutien de l'harmonie de l'Univers. p-es grandes combinaisons ont produit îous les petits rapports : le mouvement 'pc la Terre fur fon axe ayant partagé cii |ours & en nuits les cfpaces de la durée, fous les êtres vivans qui habitent la terre ^nt leur temps de lumière & leur temps âe ténèbres , la veille & le fommeil : une grande portion de l'économie animale , ^l(e de l'adion des (cns & du mouve- cnt àes membres, cft relative à cette remière combinaifon. Y auroit - il des ^ens ouverts à la lumière dans un monde ù la nuit feroit perpétuelle î L'inclinaifon de l'axe de la Terre pro- luilant dans fon mouvement annuel au- our du Soleil des alternatives durable^ I ! »•• xxvuf De la Nature, de chaleur & de froid , que nous avoni appelées des fûifons ; ions les êtres v^gc- tuns ont aufii en tout ou en partie, leur iîiilon de vie & leur faifon de mort. La chute des feuilles 6i des fruits , le dede- chenient des herbes , la mort dci in fedes dépendent en entier de cette fccon Je coin- binaifon : dans les climats oii cl'e n'a |)as lieu , la vie des végétaux n eft jamais fuf- pcndue ; chaque inièiîle vit fon âge; & ne voyons-nous pas , fous k Ligne, où îes ([uaire faifons nVn font qu'une, la terre toujours fleurie , les arbres conti- nuellement verts , & h Nature toujours iiu printemps î La conltitution particulière des ani- inaux & des planies efl relative à lu tempé- rature géntiole du globe de la Terre, & cette tcmpcraiure de^^end de fa fituation , c'e(l-à-dire, dcladiftance à laquelle il fe trouve de celui du Soleil : à une diitancc plus grande , nos animaux , nos plantci ne pourroient ni vivre ni végéter ; leau , la sève, le tang , toutes les autres liqueurs perdroient leur fluidité ; à une diitancc .moindre , elles s'évanouiroient & iè diff;* peroient en vapeurs : la glace & le ftu nous avont êtres vi^gc- partie , e mort. La s , le deflé- dci infedes cou Je com- el'e n'a pas : jamais iul- fon âge; & Ligne, où qu'une, la bres conti- re toujours re des ant- î à la tcmpé- ia Terre, à fd fituation , laquelle il fe inQ diitancc nos planicb éter ; l eau , très liqueurs me diitancc t & fe difii- :e & le feu leur â Seconde vue» font îes ^îe^mens de la mort I tcmptfrée ti\ le premier germe 1 fa chaleur de la vie. Les molécules vivantes répandues dani I tous les corps organiles font relatives , ^c â pour Tadion & pour le nombre, aux ^^ inoltculesde lu lumière qui frappent toute ' matière & la pénètrent^ de leur chaleur; par- tout oii les rayons du Soleil peuvent echnufTcr la terre , (:\ furface fe vivifie , fe i couvre de verdure & fe peuple d*animaux : la glace même , dès qu'elle fe réfout en ■ eau , (emble (e féconder; cet élément efl plus fertile que celui de la Terre , il reçoit ' avec la chaleur le mouvement & ia vie : la inicr produit à chaque (aifbn plus d'ani- jf maux que la terre n'en nourrît , elle pro- duit moins de plantes ; & tous ces animaux l{ui nagent à ia furface des eaux , ou qui en habitent les profondeurs , n*ayant pas , èoinine ceux de l.i terre , un fonds de jfubfiTtance afluré fur les fubllances vé- llgétaîes, (ont forcés de vivre les uns fitr |Ies autres, & c'eft à cette combinaifoa que tient leur immenfc muhiplication, ou plutôt leur pullulation fins nombre. ' Chaque efpèce & des uns & des autres ■ ayant été créée, les premiers individus b iij XXX De ht Ndttfre> ont fcrvi de modc'e h tous leurs defcert- dans. Le corps tic chaque animal ou de 'l chaque vég('tal , eft un moule au(jucls'af- j fiinilcnt inJiïTcremincnt les molécules or- ganicjue.. de tous les animaux ou végétaux détruits par la mort & confiimcs p^r le temps ; les panics bru'es cpii éioient en- trées d:ins leur componiion, retournent ;i la mafie commune de la matière brute; les j:)anies org.miciucs , toujours fubfif- tantes, font rcprifésparlcsc(^rpsorganilés; d'abord repompées j)ar les végétaux , cnfuiic nblbrbéts par les aniiuaux qui fc nourriHent de végétaux , el!es (brvent au développement, à l'entretien , à l'accroif- feinent & des uns & des autres; elles confUtuent leur vie, & circulant con- tinuellement de corps en corps , elles animent tous les êtres organilés. Le fonds des fubltances vivantes elt donc toujours le même, elles ne varient que par la forme, c'c(t-à-dire par la différence des repréfentations : dans les fièclcs d'abon- dance, dans les temps de la plus grande population, le nombre des hommes, des animaux domeftiques & des plantes utiles fcmble occuper & couvrir en entier h Secoihie i' irs defccil- inial ou de au(jucls'af-. Iccules or- u végétaux mes par le éioient cn- rctournent ièrc brute; urs fufjfjf. sorganilcs; végtiaux , aux qui fc 1er vent au à l'accroif- iires; elles •liant con^ orps , elles . Le fonds ic toujours jue par la ère n ce des ïs d'abon- lus grande limes , des antes utiles 1 entier h wcond fur face de la terre •le. XX x; celui des animaux P lerocci, des infecfles iiuilii)les , des plantes ^î; paraHteb , des herbes inutiles rcparoît ée par les >it d'autres, ^èces nou- î vivante ne qu'elle eft jffit qu'elle rutcs pour ^'efl à cette tôt à cette nt la forme zc eft ûxe l'équilibre it toujours dan» tous lats , abfo- nîC;fi fon • Seconde i^uei xxxîij ♦■■ abhucîc ne varioit pas autant qu'il elt ipofli!)Ie tluis toutes les formes indivi- duelles. L'empreinte de chaque efpèce eft iim type dont les principaux traits font privés en caradères inefcçables & per- "Inanens à jamais; mais toutes les touches ccefîotres varient , aucun individu ne cdcmhk parfaiiemCiU à un autre, aucune fpèce n'exilte fans un grand nombre de aricit's : dans i'efpèce iiumaine , fur la- r|uelie le fceau divin a le plus appuyé ^ 'empreinte ne laill'e pas de varier du blanc u noir, du petit au grand, &c. le Lap-*- on, lé Patagon,l'Houentot, l'Européen, l'Américain, le Nègre, cjuoique tou* /^us du même j)ère , font bien éloignés «e fe reniemblcr comme frères. Toutes les efpèces font donc fujettcs Aix différences purement individuelles ; lïiais les variétés confiantes , & qui ftf êerpétuejit par les générations , n'appar- tiennent pas également à tous ; plus i'ef- èce eil élevée , plus le type en eiï ferme ^ moins elle admet de ces variétés.; 'ordre, dans la multiplication des ani- imaux étant cil raifon inverfe de l'ordre d€ Igraudeur , & la poUibiliié des différences 1 xxxîy De h Natitrè, en raifon dirc(5te du nombre dans îc pro* cJuit de leur géntraiioii, ii ctoit nccellaiiC cju'il y eût plus de varitics dans les peiits animaux cjue dans les grands : ii y a aufli , & par la même raifon, plus d'cfpèccs voi- iincs; l'uniic de i'cl'pèce étant plus ref- ièrréc dans les grands animaux , Li diftancc qui la lepare des autres ell aufli plus éten- due : que de variétés & d'cfpèces voi fines accompagnent , fuiveni ou précèdent l'écureuil , le rat & les autres petits ani- maux, taudis que l'éléphant marche feul & fatis pair à la tête de toua \ La madère bruic qui comj^ofe la maflô de la Terre n'ell pas un limon vierge, une fubflance intacte & qui n'ait pas lubi des altérations; tout a été remué par la force des grands & des petits agens, tout a été m.inie plus d'une fois pur ia inaiii de la Nature ; le globe de la Terre a été pé- nétré par le feu , & cnliaite recouvert & travaillé par les eaux ; le fable qui en remplit le dedans eft une matière vitrée; les lits épais de glaile qui le recouvrent au dehors , ne font que ce même fible décoinpofé par ic léjour Ciit^ eaux ; le roc vif; le granité , le grès , tous, les cailloux, I Seconde vue'» xxxv lotis ïcs métaux ne font encore que cette mêine maiière vitrée , dont les parties Te font réunies , prcflTées ou fé parée s il ion . Jes loix de leur affinité. Touici ces fub- (tances font parfaitement brutes, elles cxiilent & exilieroitnt indcpendainment des animaux & des végétaux ; mais d'au- tres fubflances , en trè^-grand nombre m parai (on, s liibltanccj ir l'©n voit ranfparcns, e pas d'être lité de ma- omparaifon & l-'on peut a matière la ip plus de i ; de la Na- |ue ration- ne fènfiblc nos forces art de faire civd de touî ur fa com- pilé comme ionncKc ert fre , de nos s , depuis iné comme Duvement j fet pour U ■-•1 xîilj taufc; ils ne counoiflToient d'autrps forces que celle de I'iin[)ulfion , encore la con- noi/îbientils mal, ils lui attriiiuoient fes trtèts des autres forces , ils vouloieiu y ramener tous les y)Iicnoinènes du monde ; pour que le projet eût cie pluufihic & la choie poflible , il auroit au moins fallu que cetie impulfion, qu'ils regardoient comme cauie unicjiic , fût un effet gé- néral les corj^s lancés ron effet ne lul^lifle qu'un pciit temps, qu'il cil I.)icntot cléiruit par tey rcftn.inces, que pour le renouveler il faut une nou- velle impulHon , que par conféquent bien loin qu'elle foit une caufe générale , elle n'elt au contraire qu'un effet particulier & dépendant d'effèis plus généraux I Or un effet général cfl: ce qu'orl doit appeler une caulc , car la caufe replie de cet effet général ne nous fera jamais con- nue , parce que nous ne connoiffbns rien que par comparaifon , & que l'effet ctaiu xliv De In Nature. fuppofe général A. apparicnant cgaTcment à tout , nous ne pouvons le comparer à rien , ni par conlequeiit le connoûre au- trement que par le fait ; alnfi l'attra<îlion ou , fi l'on veut , la perinteur étant un cfFel gt'ntral & commun à loute matière , & dénionué par le fait , doit être re- gardée comme une caufe , & c*eft à elfe qu'il faut rapporter les autres cauies par- ticulières & n<êmerimj)ulfton, puifqu'elle eft moins générale & moins confiante. La difficulté ne confifte qu'à voir en quoi Timpulfion peut dépendre en effet de l atiradion : fi l'on réfléchit à la com- munication du mouvement par le choc , on fèntira bien qu'il ne peut fe tranf- nîcttre d'un corps à un autre que par le moyen du reffort , & l'on reconnoîtra que toutes les hypothèfes que l'on a faites fur la tranCmiffion du mouvement dans les corps durs, ne font que des jeux de wotre efprit qui ne pourroicnt s'exécuter dans la Nature : un corps parfaitement dur n'eft en effet qu'un être de raifon, comme un corps parfaitement élafliquc n'eft encore qu'un auirc être de raifon; ni l'un ni l'autre n'exiAent dans la ré T A J A C U {aj. ' L'espèce du Pécari cfl une des plus nombrcufcs & des plus remarquables (a) Le Pécari, \t fanglier pccaYt , nom que les Fran-r çois habitués dans l'Amérique méridionale ont donné à cet animai , & que nous avons adopté. Sanglier appelé Pécari* Voyage de Dermarchais i mm m, j)age j 12. — Cochon qu'on appelle /w^rr. Voyage de Wafcr imprimé à la fuite de celui de Dampier. Rouen, lyij , tome IV, page 222% ^-^ Pécaris, efpèce de cochons fauvagcs. Voyage dt Dampïtr, rame IV, page 6p . I^ota, Il y a peu d'animaux qui aient reçu autant de diffcrens noms que celui-ci: les Sauvaj,'es du Hrcfif llappeloient Tajajfou fuivanl de Lery; Tajacu fuivant I II ' Ifl W fJIflohr Naturelle ' ' parmi ïcs animaux du nouveau monde. Le Pifon 6c M;ircgrave; Caa'igonrn au(ri ruivant Matr. gr.a\)e; Tojpvjjnu (iiivant Coreal (Voyage aux Indcj uriciitalcs. Pans, ty2^x tomt 1, yage ij^ ), Lç< Mexicains l'apploiciit Quauhla coymatl . rU Quapi-^û ou Coyamrtl, Les Voyageurs l'ont aulTi dcïignc par des nom.'' difTVrehs ; il s'oppcile Fthis ii la baie de tous les Saints fuivant Dampiti' ^/^w^ il^, yage 6 p ), Jivwi ou Piuju'ne à rïle de M ahî^go fuix ant flpclicfbi j: (Relation de rîit' de Tahagn. Paris , t 6/>é, yage y i), Paqmra flans \t pays des Amazores (clon jumiMa ( Avigttnn, /7f(i', Aw;r y/, j)rge 6 ). Saint ou Zd/i/r» daivs plu- li lus endroits de l'Amérique félon Jofeph Acolla (Part'!, i6oo, juige i p6 ), Chuch'u Tclon Ovicdo ( Vuk Mernand. /////. Alex. pag. Cj^^). Cojrui félon Coical ( Voyage de Coreal, tome 1 , ]>age 8^). A] cr Alexkaitus, r abcr, ûjntd Hernand. Hijl, Alex, png. 6^7. ., Sus iiwlificwn VI tîorfo haltns, AIdrov. tU <^uaJruj)i hifiif. pag. 9^9. TajacK. Fifon, hlijl, Prifil. pa^. 98; 6c Marcgf. JPifi. nn:. Brùjïi pag. 229. Tfij.icu feu aper Alcxicaniis mofchifents, Ray, SyfrofJ, qucuhiip, pag. ov. ..^w- 7'.'//;^)' utiil'iïicv In fforfo, Cpclion npir. Barrcre, JPj?f fi-'ilic. eijulri. p^g. i^>t. . Sus di'YJo c)'(l}fcro cnuflfi nullfi, Lînn. Syfl, tint, edit. IV, pag. ()()\ h cdit. VI, patjf. 12. — Tujucu. Sus dorfii c/fliflro cauiiCi fwlla , edil. X, pag, 50. j Sus fc/mliitus, foUiaihim 'n-hrofum in dorfo gcnns, Afty\ J\!i\\i!\v!uu Le (anglier du Mexique. Briiron. Juph rov. épouvante bruf- qucment ; leur haleine e(t très - foric , leur poil fe hérifle lorsqu'ils ibnt irrités ; il cfl fi rude qu'il rellemble plutôt aux: pi(|ui:ns du htrinon qu'aux ioicd du iùnglicr. L'efpèce du pécari s'cfl confervéé fans altéraiioii <& ne s eil point mêlée avec celle du cochon marron; c'ell ainfi qu'un appelle le cochon d'Europe irani- porté & devenu fauvage en Amérique: ces animaux le rencontrent dani; les bois & vont même de compagnie fuis qu'ii en réfulte rien ; il en ell: do même du cochon de Guinée qui s'elt auilj mul- tiplié en Amérique , après y avoir été tranfporté d! Afrique. Le cochon d'Eu- rope, le cochon de GLâaéc & ic pccuii A iiij i Hipohe I^aturelle font trois cfpèces qui paruillcnt ctre fort voifines, & qui cependant font diflindcs & féparécs les unes des autres, puirqu'clles fubOdent toutes trois dans ic même climat fans mélange & fans altération : notre fan- glier ert le pîus fort, le plus robufte & le plus redoutable des trois ; le pécari quoiqu'aflcz féroce eft plus foible , plus pefant c^c plus mal armé ; ces grandes dents tranchantes qu'on appelle dcfenfes t font beaucoup plus courtes que dans le fanglier ; il craint le froid & ne pourroit fubfifler fins abri dans notre climat tem- péré , comme notre fmgilcr ne peut lui-même fubfifler dans les climats trop froids : ils n'ont pu ni Tun ni l'autre paffer d'un continent à l'autre p:ir les terres du nord ; ainfi Ton ne doit pas regarder le pécari comme un coclioii d'Europe dégénéré ou dénaturé fous le climat d'A:riéfiqiiC , mais comme un animal propre & particulier aux terres méridionales de ce nouveau continent. Uay & plu fleurs autres Auteurs ont prétendu que la liqueur du pécari, qui fuinte par l'ouverture du dos, efl une efpèce de mufc, un parfum agréable, fhi Pc cm ou ihi Tiijcîcîi, €jf même au foriir du corps de l'animal ; que cette odeur agrc'able fc fait même fcntir d'àffez loin , & parfume les endroits OH il paflTe & les lieux qu'il habite. J'avoue que nous avons éprouvé miile fois tout le contraire; l'odeur de cette liqueur, au foriir du corps de l'animal , cfl fi défa- gréable que nous ne pouvions la fentir , ni la faire recueillir fans un extrême dégoût; il femble feulement qu'elle de- vienne moins fétide en fe delfcchant à l'air , mais jamais elle ne prend l'odeur fuave du mufc ni le parfum de la civett/^ & les NaturaliHes auroient parlé plus juRe s'ils l'eulTent comparé à cell<: du' Cafloreum. . I- ti Av 10 Hîjloire Naturelle LA ROUSSETTE (ah la RoucETTE (b) ùrle Vampire (i), L. ,. ^^^ *.. I • é * / A RoufTette & ia Rougcttc nous pa- roiiTent tiiire deux efpèces diftindes, mais (a) La Roufette, Vulgairement le Chitn-vo!am,\ V'efpertilio ingens. Q\u(\\ , Exotic, pag. ^â^., Vefjwtilh. Gefn. Hljl. avium. pag. 772. Cauis volans tcrnatanus orientalis. ScBa , vol. I , pag. (){, Tab. 57, fïg. n." i & 2. Vefiertiîio cauda nullû. Linn. Syfl, Kat, cdit. IV, |«ig. 66 -f edit. VI, pag. y.—^Vafnpirus, Vefperti'do ccuuddtiis nafo Jîmjilici , membranâ uitcr fimora lUvUli, cdit. X , pag. 31. Vefpertilio cynocephalus tematanus, Klein , 4i quadr, pag. C\. Pccropns ru fus aut niger , auriculis Invibus acutitij- culis., . La Keujfctie. JBrifTbn, Regn. animal, pag, 2 \6, The Great bat, fmn Aladagnfcar. Edwards, Hijî, cj \ Bvlds, part. IV, pag. 180. (b) La Rougette, Le Chien- volant à col roucre. Pteroims fujctis , mricuJis' brevibus acutiufcuîis , colh Jipcriorf rubro, ... La Roufiette à toi rouge. Brillbn , Re§i*> animal, pag. 217. Nota. Que M. BrKron a féparc avec raifon le genre de ia rouOTette 6c de la rougette de celui de? \MP1RE (c): ] ettc nous pa- ^ ftindes, mais Chien-volam, \ ag. 94.. 772. Sc5a, vof. I; •i rat, edît. IV, npirus, Vefpertiliù T fcmora divisa, | Je la Rouffctte, de la Roulette, &c. I r qui font 11 voifincs l'une de Tautre, & qui iè rcircmblciU à tant d'égards , que nous chauve- fouris, & cjuc M. Linnaeiis s'efl trompé lorfqu'il a dit que les chauve - (burii & les rouffctres avoient cg.ilement quatre dents incifives à lu mâchoire (upc- rieure, & autant ù rinlcrieure : cela ell vrai des rouf- ièttes, mais cela e(l autremt \i dans ies ch;iu\e fouri.'j elles cmt, à la vcrité, cinairc dents incifives à !a mâ- choire luptrieure, mais t;i même temps elles en ont fi>c à la mâchoire inférieure , ainfi elles ne peuvent être du même genre dans une méthode qui , comme celle de cet Auteur > ell fondée l'ur le n(;mbre &. l'ordre des dents, (c) Le Vampire , animal de PAmcrique i[n( n'a été indiqué que par les noms va't;ues de ir^ardï- Cnaut't'-j-^urr: tt Ainériijue , ou de Chicn-uvLitn de la uoimHc L'JpJi^nr, î^ota. Que M. Linna-us adonné ce mûnc nom, Vampyrus, à la rou(Tcttc ; ce n e(l cepçndi'.nt pa.-: de iii rouffctte ^ci Indes orientales à laquelle M. Linnsciui applique ce nom de l';inif>ire, mais de l'animal d'Anu- rique dont il e(t ici quelHtm, que les Voyageurs ont jit 3u'il fuçoit le lànf^ des hommes l'ans les éveiller; c'dl onc à cette troii^ème efpècc ai non p.js à la prenvcrc ^u on peut donner le nom de Vcvryirt;. Canis volons maximus , aurinn , ex nru^i Ij'ijj'ufnû» St'ba, vol, I, pag. 92, Tab. 58, fig. 11.° i. Vefpertido cyntctphalus viaximus , auritus , ex wri Hifi>anid. Klein, de quadrup, pag. Cz. Spedrum , vefpcrtilio ecaudams nafo infmdii>uli fcrnà linceoluto. Linn. Syjl. tint. eait. X , pag. 3 i , Pteropns anricuUs longis patulis , nafo memlir m^um inJieXÛ mdo. iiriiron , Rc^n, anhriù I i ( 12 ./ , Hijloire Naturelle croyons devoir fes préfenter enfemble. La leconcle ne diffère de la j)remière que par la grandeur du corps & les couleurs du poil; la roufîette dont le poli ert d'un roux-brun, a neuf pouces de longueur depuis le bout du mufeau jufqu'à l'extré- mité du corps , & trois pieds d'envergure lorfque les membranes qui lui fervent d'ailes font étendues ; la rougctte , dont !e poil ell cendré-brun , n'a guère que cinq pouces & demi de longueur & deux pieds d'envergure ; elle porte fur le cou un demi- collier d'un rouge vif, mêlé d'oranger dont on n'aperçoit aucun vef- tige fur le cou de la roufîette : elles font toutes deux à peu près des mêmes cli- mats chauds de l'ancien continent ; on les trouve à Madagafcar ( dj, à l'île de Bourbon , à Ternaie , aux Philippines & dans les autres îles de l'Archipel indien , OÙ il paroît qu'elles font plus communes que dans la terre ferme des condnens voifins. (d) Aux îles de Mafcareîgnc & âc Madagafcar; ks chauvc-fouris font gro^s comme des poules, & 6 communes que quelquefois j'en ai vu l'air obrcurci. JLeur cri cft épouvantable, Voyage de Madagafcar f fier de y, Paris t i7^^f l'^S^^ ^J ^^-fJ* ifemble. La ère que par ouleurs du il ert d'ua e longueur u a 1 extre- 'envergure lui fervent jette, dont guère que eur & deux fur le cou vif, mêlé aucun vef^ elles font nêmes cli- tinent ; on ', à Vile de ilippines & peî indien , communes connnens ' Madagafcar, 5 poules, & 6 l'air obf'curd. Ma({agajcar ^ 'de la Rouf et fe, 'Je la Rougette, &c» i jl On trouve auflî dans les pays les plus chauds du nouveau monde un autre quar drupède volant, dont on ne nous a pas tranfmis le nom américain , & que nous appellerons Vampire ^ parce qu'il fuce le fan or des hommes & des animaux qui donnent, fans leurcaufer alFcz de douleur pour (es éveiller : cet animal d'Amérique efl d'une efpèce différente de celles de la roufïètte & de la rougette , qui toutes deux ne fe trouvent qu'en Afrique & dans l'A fie méridionale. Le vampire efl plus petit que la rougette qui eft plus petite elle-même que la roulTette; le premier , lorfqu''! voie , paroît être de la grolTeur d'un pigeon , la féconde de la grandeur d^un corbeau, & la troifième de celle d'une grofTe poule. La rougette & la rouffette ont toutes deux la tête allez bien faite; \e% oreilles courtes, le mufeau h\ew arrondi & à peu près de la forme de celui d'un chien. Le vampire au con-< traire a le mufeau plus alongé , il a rafpedl hideux comme ies plus laides chauve- fouris , la tête informe & furmoniée de grandes oreilles fort oiivcrtcs & fort 14 ' IHljloire Naturelle f' " \ droites; il a (c nez contrefait, les narines en entonnoir, avec une membrane au- deHus qui s'élève en forme de corne ou de crête pointue & qui augmente de beaucoup ia difformité de fa face. Ainli i*on ne peut douter que cette efpèce ne foit toute autre que celles de ia rouffetie & de ia rougette : le vauapire efl aufîi mal - fuifant que difforme , il inquiète l'iiomme , tourmente & détruit les uni- maux. Nous ne pouvons citer un témoi- gnage plus authentique & plus récent que celui de M. de la Condamine: « les y> chauve- fouris, dit- il (e) qui fucent le » fàng des chevaux , des mulets, & même 3> des hommes quand ils ne s en garan- ts tififènt pas en dormant à l'abri d'un «pavillon, font un fléau commun à la » plupart des pays chauds de l'Amé- » rique ; il y en a de monftrueules pour ia î? groffeur ; elles ont entièrement détruit a» à Borja & en divers autres endroits le y» gros bétail que les Midionnaires y » avoient introduit, & qui commcnçoit à (e) Voyage de h rivière àch Amazones, par M. de b Condamine. Purii » ^ 7i'S > P'^ë^ '/^» ' Je h Roiiffcttc, delà Rougette, &c, i 5* 5'y multiplier >?. Ces faits font confirmes par pluficiirs autres Hifloriens & Voya- geurs. Pierre Martyr (f), qui a écrit affez peu de temps après la conquête de rAmciique méridionale , dit qu'il y a dans les terres de l'iflhme de Darien, des chauve- fouris cjui fucent le fang àQ% hommes & dey animaux , pendant (ju'ils donnent, jufqu'à les épuiler & même au point de les faire mourir ; Jumilla (g) (f) In Danene nov'i orhis regione Hifpani noâu vefpcr- tiliomtm morfiùus torquebantur , mia fi d(rrtfïtinti:m font vtomorderint (juempinm , exhaujio fiinguine irahunr in vitx éjcrmcn & mortuos fià'fc nmnullos ex (a tabc CowpcriuiH tjh Petrus Martyr, Oceani dtcadis renia, lib. VI. fg) Dans l'Amérique méridionale les clr.iuve-fouris font encore un Héaii fi cruel & fi funeflc qu'il faut l'avoir éprouve pour le croire; il y en a de deux fortes, ies unes font de la arofieur de celles qut nous voyons en Efpagne , les autres font fi groflcs qu'elles ont trois quarts d*aune de longueur d'un bout de l'aile à l'autre. Les mes iT" Us autres font d adroites fanglucs s'rl en fut jamais , qui rôdent toute la nuit pour boire le làng des nommes & des bctes : fi ceux que leur état oblige de dormir par terre n'ont pas loin de fe couvrir depuis les pieds {.ulqu'à la ttte , ce qui eft extrêmement incom- mode dans des pays aufii chauds, ils doivent, s'attendre à être piqués des chauve-fouris \ à l'égard de ceux qui dorment dans les maifons Ibus àts. majqxùuros , quand ils n'auroient ijUe le front dccouvert , ils t\\ loiit infailliblement mortkis^ & li par mallïcur c«î n \i6 Hïfloke Naturelle ' . afTure Ta même choie , aufli - Lien que Don George Juan & Don Antoine de Ulloa (h), li paroît , en conférant ces témoignages, que refpèce de ces chauve- fouris qui fuceni le fang e(t nombreufe & très- commune dans toute l'Amérique méridionale, néanmoins nous- n'avons pu juf'ju'ici nous en procurer un feul indi- vidu , mais on peut voir dans Seba îa figure & la défcription de cet animal , dont ïenezeft ii extraordinaire que je fuis très- étonné que les Voyageurs ne l'aient pas remarqué & ne fe foient point écries îur cette difformité qui faux aux yeux , oifeaux leur piquent une veine, ils paffcnt àts bras du fommeii dans ceux de la mort, à caufe de la quantité de fang qu'ils perdent (ans s'en apercevoir, tant leur piqûpe efl' fubtilc ; outre que battant i'air avec leurs ailes, elles rafraîchiffeDt le dormeur au- quel elles ont deflTein doter la vie. Hifloire naiurelk tk rOrenoque , jmr le Père Jumli/à, traduite de l'ej- pagnol, par M, Eiduus, Avignon, iys^> ^^^^^ ^^^ > page 1 0 0» r^ y (h) Les chauve. fouris font communes à Cartfia- gène; elles faignentfort adroitement les habitansen Icuï tirant allez de fang; (ans les éveiller, pour les afFoiblir cxtrt^raement. Extrait de la Relation hijlmqite du voyit^i de l'Amérique méridionale, par D, George Juan & D. Antoine de Ulloa , itCt Biùliothèque raifontiét, tome XLIV, page fojf* %^ T^ - bien que Antoine de nfénnt ces :es chauve- nom breufe l'Amérique n'avons pu m feul indi- tns Seba la :et animal , E que je fuis rs ne l'aient point ccrics aux yeux > [wflTcnt des bras à caufe de la s'en apercevoir, [Ue liattant l'air e dormeur au- Hifloire naturelk traduite de i'ef- y /S, tome m, lUnes à Cartfia- habitans en Icuk >our les afFoiblir 'hrique du voyait George Juan à" hè'iue rai/Miî/tt efe In Roujfette, de la Rougettê, &c. \ 7 & de laquelle cependant ils. n'ont fait au- cune mention. Il fe pourroit donc que i'animal étrange dont Seba nous a donné la figure , ne fût pas celui que nous indiquons ici fous le nom de vampire, c'eft-à-dirc celui qui fucc le fang ; il fe .pourroit auiîi que cette figure de Seba fût infidèle ou chargée , enfin il fe pourroit que ce nez difforme fut une monîhuofité m\x une variété accidentelle, quoiqu'il y ait |des exemples de ces difïbrmités confiantes fdans quelques autres espèces de chauve- ifburis : le temps éclaircira ces obfcurités J& fixera nos inccrtituiics. I À l'égard de la rouflettc & de la rou- igetie, elles font toutes deux au Cabinet idu Roi , & elles (ont venues de l'iïe de |Bourbon ; ces deux eipèces ne (e trou- *vent que dans l'ancien continent & ne (ont nulle part aufîi nombreufes , en Afrique ?& en AHc, que celle du vampire l'eft en Amérique. Ces animaux font plus rands, plus forts & peut-être plus mé- :Jchans que le vampire ; mais c'cll à force ouverte , en plein jour auffi-bien que îa nuit qu'ils font leur dégât , ils tuent les volailles & les petits animaux ^ ils f€ i8 Hijtoke Naturelle ^'y jettent tnêmc fur les hommes, les infuîtcnt & les blefîent au vilâge p;îr des morlures cruelles; & aucun Yoy;i^eur ne dit ({u'ils fucem le fang des hommes Ck des animaux endormis. ^ ■ Les Anciens connoifToient imparfaite- ment ces quadrupèdes ailes, qui font clfsi cfpèces de monllres, & ii cil vraifcm- blable que cVft d'après ces modèle^» bi- zaïrcs do la Nature que leur imaginaiion a def-finé les harpies. Les ailes, les dents,; les griffes; la cruauté, la voracité, la faleic; tous les attributs difformes , toutes lesj facuhés nuifjblés des harpies convienne itj affcz à nos roufletics. Hcrodote (i) paroîtl les avoir indiquc'es Icrfqu'ii a dit qu'il yi avoit de grandes chauve- fouris qui in- commodoient bcaucoiq) les hommes (|ui| alloient recueillir la cafle autour des maniisî de l'Afie; qu'ils ëtoicnt obiigtfs de lèl couvrir de cuir !e corps & le vilagc pour ic garantir (je leurs morfures dangereufcs. (i) Heroiht. Lib, ill. J^ota. Il eft finguiier que; Pline j qui nous a tranfmis comme vrais tant de iaitji apocriphei& même merveilleux, accufe ici Hércxioie de menfonge, & dife que ce fait des chauve- fouris, qui fe jettent fur les hommes , n'eÛ qu'un conte de il j vkiUc & fabulcufe ^tiquité. V th h Roulette, de la Roulette, &c, ! t) .Straf)Oii t'kj pHilc de trt •^-gun(Jes chauvc- fouria daiii lu Méfcjjoiiiiiiie, dont la chair cil bonne à muiigcr. Paviui les modernes, Albert, liidore , Scal'ger ont fait men- tion , mais vaguement , de ces grandes chauve - fouris. Linfcot , Nicolas Ma- thias (l), François Pyrard (m) en ont parlé j)ius prccikmcnt , &.Olîger Jacobcus (n) (k) h Alef'ppfûtvifi inrer Etiyhrat'is Cimvcrjioftes , tfi maxinii vej^h'rtilmwn mulùtudo , a eût £ i -':■ de la Rouffette, Je la Rcvgeltc, &c. 1 1 boivent le fuc des palmiers ; & il cil aifc de les enivrer & de les prendre en met- tant à portée de leur retraite des vafes rcjïïpiis d'eau de palmier ou de quel- qu'autre liqueur fermeniée : elles s'at- tachent de (è fufpendent aux arbres avec leurs ongîcs ; elles vont ordinairement en troupe, & plus la nuit que le jourj elles fuient les lieux trop frcquçuiés & de- meurent dans des délèrts , fur-tout dan^ les îles inhabitées. Elles ft portent au coït avec ardeur : le icxe dans le maie eft ti-ès- apparent ; Ja verge n'eft point engagée dans un fourreau comme celle des qua- drupèdes, elle cft hors du corps à peu près comme dans Thomme & le finge /pj; le fexe des femelles eft auiîi fort appa- rent ; elles n'ont que deux mamelles placées fur la poitrine , & ne produiicnt qu'en petit nombre, mais plus d'une fois par î»n. La chair de ces animaux, fur-tout pour fe nourrir de leur chair à laquelle ils prétendent trouver le gcrût du lapin. Hifloire générale des Voyages, l'ar M» l'Ahbé Prevoji, lome X, page jSp, " ' (p) k hoc animali uterque fexus dignofcebam : ttam tûYum aliquot qui niihi confpeélîfumfatis longum exemmqut litmm haùehant quaks fcre f.viiarum ejL Carol.Clulii £xçiic, Raphelingia-, 1605, tom. Il, pag, 5,^, ' 3L 2 ' fjîjlohr !>:!Uirtlle lorffiu'ils font jeunes, iitft pas maiivnîfc h. innngcr, fes Indiens la trouvent bonne, & ils en comparent ie goût à celui de U perdrix ou du lapin. Les Voyageurs de l'Amérique s'ac- cordent à dire que les grandes thauvc- jourib de ce nouvciu continent, iuccni , fans les éveiller, le fiuig des liommcs ik des animaux endormis. Les Voyageurs fie l'A fie & de l'Afrique, cjui font men- tion de la rou(fcite ou de la rougene; ne parlent ])as de ce fiiii fi ngulicr ; ncan- rnoins leur filence ne fait pas une preuve complète, fur-tout y ayant tant de coiifbr- rnité ëi tant d'autres refiembLiices entre les rouiî'ettcs & ces grandes cliauve-lbu- ris que nous avons appelées Vawyîres ; nous avons donc cru devoir examiner comment il eft poffible que ces ammaux puiffent fuccr le fang fans cauler en même temps une douleur au moins affez lènfible pour éveiller une pcrf )nne en- dornîie. S'ils entamoient la chair avec leurs dents, qui font très-fortes & grofies comme celles des autres quadrupèdes de leur taille, l'Iiomme le plus profondément endormi , <5c les animaux fur-tout , dont le lomnieil . ; l ■ S niaiivaîfc ;nt bonne, celui de U rîquc s'ac- .'S chauve- t, (il cent , lommcs ik /oyngeurs font men- rougctie; !cr ; ntnn- ne preuve (Je coiilbr- nces «litre liauvc-lbu- Vawpîres ; examiner îs animaux eau 1er en noins afiez rii)nne en- avec leurs Tes comme : leur taille, : endormi , ie iommeii Tomi:^. LAEÎQUS SE T T K iy/ji.nat;.Q- I I. A ROUGET TR |H i ^e la Roîijfctte, ^c h Rougette, &c. 1 3 cfi nius Ifg^r que cciui de l'homme, fe- roicnt hruiqucnicnt réveilles par la dou- leur de cciie m<^^^>rrurc : il en cit de même des bleflurcs qu'ils pourroient faire avec leurs ongics ; ce n'cft donc qu'avec lîi liiigue qu iis peuvent faire des ouvertures afî'c/. fubtilcs dans la peau j^our en tirer du fing & ouvrir les veines ians eau fer une vive douleur. Nous n'avons pas été à portée de voir la langue du vampire , mais celle des roufîcttps que M. DauJ)enion a examinée avec foin ({j) femble indiquer ia po(î]|)iliié du fait : cette langue efl pointue & lîériflée de papilles dures très- fi nés , trcs- aigucs Si dirige es en arrière ; ces pointes qui font très-fines peuvent s'infuîuer dans les pores de la peau, les él irgir & péné- trer niiez avant pour que le iaiig oheidç à la fudlion continuelle de la langue. Mais c'eft afiez raifonner l'ur ce fait dont toutes les circondances ne nous font pas bifii connues , & dont quelques - unes font peur-être exagérées ou mal rendues par les Ecrivains qui nous les ont iranliiiilês, { <] J Voyez au rofiie XX tic l'cfUti^fi en irc:uf'UH Vp'uDits , la defcrjpiioii cjcs parties imcrieurcs de jj Koulkttc. * , 1 ^4- Hijiotre Naturelle LE ^OLATOUCHE (a). NOUS avons mieux aîmé coRfcrvcr \ cet animai le nom qu'il porte dans fon pays natal , que d'adopter les noms fa) Le Polatouchc. Polatucha , nom cîc cet animal en ^uflle, que nous avons adopte j Létaga, en Mol". covie ; Wiiwmka, lataiaca en rolognc ; ôahouefquanta chez les Sauvages du Canada^ Afapauick & Ruimich- yatlnn chez les liuiiens àc% autres parties du nord &: de l'ouefl de l'Amérique. Aîus Pomicus aut Sçythkus , fciurufut aliu" , qutm volant em cognominam, Gcfner, Icon. quadr, pag, i i i , SciuYus Amerkanus volans, Flying Squirrel, Ray, SynoyJ, quadrup, pag. 215. Flying Squirrel, Tranfaéli Philofoph, ann, ly^y, pg. 3 y <. Écureuil volant. Catefi)y. Hijîo'ire naturelle' de k Caroline t tome II , pages y 6 & 77. Sciurus p0laHS4 Seba, vol. J, pag, éj, Taù, ^t; fg. ;?. Sciurus hypocondriis jmlixis volitans. Linn. Syfl, tiaf, edit. 1 V, pag. 67; edit. VI, pag. 9; edit. X, pag. 64. Sciurus où/cure cinneus aut rufefcens , cute ab antkis Cfuribus ad ppjlica , membrana in modum exrenftx , ')>olani Sciurus volons, L'écurcuil-volant. Biiflbn, Pegn, animal, pag. 1 57, The Flying Squirrel, Edwards, Hijl, of Birds , pari. IV, ^ag* ipi , où l'on en voit une anez bonne (BgUtCt vagues du Pûhtouche, 2<1 f «■'I Lînn. Syfi, nat, . X, pag. 64. , cute ab antich wdutn exrenfiX , olant. Btiffon, iift, of Biréis, ne aflez bonne vagues V3gtics & précaires que lui ont donné Iles Naluralidcs ; ils l'ont appc'é Hat-- confcrvcr î porte dan$ er fcs noms I (le cet animal 'taga, en Moû ; ôahouefqiianti \ck & Ruimich' ; du nord & de u£ aîiuT , y»/7fl '^^ (îr, paof. III. 5quirre), Ray, 1 h, ann, ly^y, tiatureUe' de la ij, Tabt 4fi; de , Écureuil- volûnt , Loir-volant , Rat ^ont , Rnt de Scythie , &c. Nous exclurons tant que nous pourrons, de Hiftoirc Naturelle, ces dt'nominations compofccs, parce que fa lide de la Na- urc, pour être vraie, doit être tout aufîi impie qu'elfe. Le Polatouchc ejfl d'une fpèce paniculière qui fe rapproche fcu- eiuent par quelques caradèrcs de celles e récureuil , du loir & du rat ; il ne cflcmble à l'ccurcuil que par la groffeuc es yeux & par \-x forme de la queue» ui cependant n'eft ni auïïi longue , ni burnie d'auffi longs poils ; il approche lus du loir par la iigure du corps, par elle des oreilles qui font courtes ^o , Uv. 111 , yage SI — Les écureuils -volans font de la groiïeur d'un gral rat , couleur de gris blanc : ils font auffi «ndormù qD(| les autres (ont éveillés; on les appelle vêlam pircf| (qu'ils volent d'un arbre à l'autre par le moyen ci'ur4| certaine peau qui s'étend en forme d'aile lorli^uii^B i font . cS petits vo's. Voyage de la ho^tart , tmc /'f^ <ÎU dcj ino & auf fan COI fori ^ mo petits fage ^z, — Les écureuils- volans viennent du ror; de l'Auicriqie, mais on en a depuis peu trouvceni Pologne \'o-i(i Edwards, Hi(l, nat, nf Birds, »$! ; ^ Caiefl)y, Hiji.nat» de la Caroline, tomeW' fa g.' s 76 tr yy. icon 'fon jvib e trois fortes ci'é' )nt les écureuils- 1 li ont la Cdulcw» ibnt munis du-!' es d'une patte h' elles ils cttndeni...| roduilcnt trois cii (fes Hiirons , ;?| , /f, — H y a uft^ Virginie apptller.1!^'' '■volant , lequel n s ppau , commcl ■ente ou quarnr;! du fl'iM'CaU tKOÛ, liv. m, yngc SI TrofTeur d'un gr« aufli «ndovm'5 f- 1 3cile vlans para ar le moyen dur,! me d'aile lor(i}U«|| 'Hontûît , lom i'i" viennent du ror; )uis peu trouve f ;/. f)f Birds, pi Caroline , t<'f"^ ^''' du Piilatouche» ij efl (cuîemcnt plus commun en Amérique qu'en Europe , où il ne le trouve que rarement & dans quelques provinces du Nord, telles que la Liihuanie & la Ruflie. Ce petit animal habite fur les arbres comme l'ccurcuil ; il va de branches en branches , & lorfqu'il faute pour paflër d'un arbre à un autre ou pour traverfer un efpace confidtrable , fa peau qui efl lâche & plifTée fur les côtés du corps , le tire au dehors, (è bande & s'élargit par la dircdion contraire des )5attes de devant qui s'étendent en avant , & de celles de derrière qui s'étendent en arrière dans le mouvement du (aut. La peau ainli tendue & tirée en dehors de plus d'un pouce, augmente d'autant la ibrface du corps fans en accroître la mafTe, & retarde par coniéquent l'accélération de la chute, en forie que d'un feul faut l'animai arriva à une aiït'z grande diftance : ainfi ce mouvement n'ed point un vol comme I celui des oifêaux , ni un voljigement .comme celui des chauve-fours, qui fe ifont tous deux en frappant l'air par des jVibraiions réitérées; c'eft un fijnple faut dans lequel tout dépend de la p»emièrc iMt ! '28 Htjlolre Ndtiirelk impulfion dont le mouvement eft feu, feinent proIon^;é & fubftrte plus long- temps, parce que le corps de Taniinal, prefèntant une plus grande furface à l'air, éprouve une plus grande réfiftance 6c tombe plus lentement. On peur voir le détail de ia mécanique 6l du jeu de cette cxtenfion fingulière de la peau *, qui n'ap- partient qu'au polatouche, &: qui ne fe trouve dans aucun autre animal; ce fcul caradièrc fulliroit donc pour le diftinguer de tous les autres écureuils, rats ôu loirs; mais les choies mêmes les plus fmgulicres de la Nature font-elles jamais uniques! devroit - ou s'attendre à trouver dans (c même genre un autre animal avec une pareille peau , & dont les prolongcmens s'étendent non- feulement d'une jambe ï l'autre , mais de la tête à la queue. Cet %nimal, dont la figure & la defcripiion nous ont été données par Seba (c) fous !e nom à^ Ecureuil- volant de Virginie, paroît afTez difFcreni du polatouche pour conftituer une autre efpèce ; cependant nous nel * Defcrîpûon du Polaîouche, tome XX àc réilitiofl| içn îrcnte-un volumes. (i) §cba, vol, Jf j}a^> y2f Té* ^fs fi' " ' iî t cft feu- )Ius long- z l^animal, face à IVir, fiftance & ewr voir le eu (Je cette *, qui n'ap- qui re !e lal; ce fcul ediflinguet us ôu loirs; , rmgulicrcs is unic(ucs; .ver dans le il avec une olongemens ne jambe à queue. Cet ription nous eus 'e nom paroît afTez r condituer X nous ne VX de l'édition I ,-&ou I i I I' Tivn IX £/^^ ' autre à lu diOance de vingtcinq à trente pieds ^ us ; leur poil eft d'un cendré-foncé ; cet animal cii ae la groHèui: d'ttn rat j> (fu Pohifoucfté. * Jtl & M." Kicin, Seba & Edwards en ont donné de bonnes defcriptions avec la ^gure. Ce que nous avons vu nous-* mêmes de cet animal s'accorde très- bien avec ce <{u*ils en difent : communément il eu plus petit que Técureuil; celui que nous avons eu ne pefoit guère que deux onces, c*eft-à-dire , autant qn*une chauve* fouris de la moyenne efpèce , & Técu* reuil pèfe huit ou neuf onces. Cependant H y en a de plus grands; nous avons une peau de polatouche *, qui ne peut provenir que d'un animai plus grand que le polatouche ordinaire. Le polatouche approche , en quelque forte , de la chauve- fouris par cette ex- tenfion de la peau qui, dans le (àut^ réunit les jambes de devant à celles de derrière, & qui lui (ert à le foutenir en Tair : il paroît auiïi lui redèmbler un pen par le naturel , car il eA tranquille & , ies pattes de derrière tiennent à celles de devant par deux membranes cjui le foutienncnt en i'air lorfqu'ii ftute , de ibrtc qu'il paroît voler , mais il va toujours en baiffant , &c. Hijîoire de la Ljuifane , par Ai. U Page (ùt Prati, tome 11, page p S, * Voyez-en la defcriplioii au tome XX Ac rédition- Cn trent€-ui» volumes. '32' Htfloire Naturelle, &c. - poiirainfi dire, endormi pendant le Jour; ii ne prend de l'aiftiviié que le foir. II eft très-ficile a apprivoifer, mais ii ell eii même temps fujet à s'enfuir, & il faut le garder dans une cage ou l'aitachcr avec une petite chaîne : on le nourrit de pain, de fruits , de graines , il aime fur - tout les boutons & les jeunes poulTes du pin & du bouleau ; ii ne cherche point les noix & les amandes comme les écureuils; il fe fait un lit de feuilles dans lequel il s'enfévelit & où il demeure tout le jour, il n'en fort que la nuit & quasd la faim le prtfîê. Comme il a peu de vivacité, ^ il devient aifément la proie des martes & des autres animaux qui gjrimpent (iir les arbres ; audi l'efpècc fubfiilante ell-ellô en très- petit nombre , quoiqu'il produifs ordinairement trois ou quatre pedts. n KMLi. V \. !>': */ 1 * ..•} ■5*?' i^t i- rf^i -^rl.;î> f>:j Tûm.IX. nt le Jour; le foir. Il is il eil en ^ il faut le cher avec it de pain , fur - tout les du pin point les écureuils; s lequel il lit le jour, sd la faim ; vivacité, î martes & ent fur les lie cll-ellc il produiftt etits. î .:j" JLIi POLATOUCILE . 3t LE PETIT -GRIS (a). Un trouve dans les parties (cptcn- irionales de l'un & de i autre continent i'animai que nous donnons ici fous k nom de Petit- gris , il reflemble beau- coup à l'Ecureuil y & n*en diffère à lexiérieur que par les cacaAères fuivans: il eA plus grand que Técureuil ^ il n*a» pas le poil roux , mais d'un gris plus ou moins foncé ; les oreilles font dénuées de ces longs poils qui ftu-montent l'ex- trémité de celles de TécureuiL Ces diffé- jences qui font conftanies , paroifTent fufifilânies pour conftiiuer une efpèce particulière à laquelle nous avons donné (a) Petit- gris , nom qu€ nous avons tformé à ce» animaf qu'on appelle i;fwm/ gris, grand àureuit griM». écunuil de Canada , eïUKeuU di Virginie, Sciitrus Virginianus ckureui majof. Ray> S^fti^ ^adfufu pag, 215. Graitd écureuil grh, Catefby, Hifi nanvelît de Su CnroUnc, tome II, page j^, Sciurus cînercus , aurieu/is ex aîio ftavïcantiBus^ ►►.Zi Schms Vrrg'mîavus, L'écureuil de Virginie. I^ùnbo^ RejTv^ minai pag. 1.$ j^ ^ ^_ r ^^ Hijlotre Naturelle le nom de petit -gris, parce que Fori connoît fous ce même nom la fourrure de cet animal. Plufieufs Auteurs pré- tendent que les pedts-grîs d'Europe font différens de ceux d'Amérique ; que ces petits -gris d'Europe font des écureuils de l'efpécè commune , dont la faifon change feulement la couleur dans le climat de notre nord. Sans vouloir nier abfolument ce dernier fait, qui cependant lie nous paroît pas affez conAaté; nous regardons le petit- gris d'Europe & celui d'Amérique comme le même animal, & comme une efj)èce diflinifle & féparec de celle de l'écureuil commun ; car on trouve dans l'Amérique feptentrionale & dans le nord de l'Europe nos écureuils; Hs y font de la même groflêur & de la même couleur, c'eft-à-dire, d'un rouge ou roux plus ou moins vif, félon la tem- pérature du pays; & en même temps on y voit d'autres écureuils qui font plus grands, & dont le poil efl gris ou noi- râtre dans toutes les (àifbns. D'ailleurs la fourrure de ces petits- gris e(l beaucoup plus fine & plus douce que celle de nos écureuils ; ainfi nous croypns pouvoir \ //w Pcth-grlf» 3 5 ^(furer que ce font des animaux, dont les difTcrences étant conilantei , les etpècest quoique vuifincs, ne de font |)us mêlées, & doivent par conféquent avoir chacune leur nom. M. Ucgnard fùj dit afilirmati* f/ij Ces petits-gris font ce que nous appelons Éctf^ reui/s en France , qui changent lein- ani'c'.ir roulîi lnrk|uc l'hiver & les neiges leur en font prendre une grile; plus ils lont avant vers le Nord, & plus ils (ont gris : les I .appons leur font beaucoup la guerre pen- dant riiiver, 6c Iturs chiens Ibnt fi bien laits à cette chalfc , qu'ils n'en bi/rcnt palfer aucuns fans lès apercevoir fur les arbres les plus élevés , & avenir par leur aboiement les Lappons ijui ctoitnt avec noui» Nous en tuâmes c|ueK[ucs - Uns à coups de fufil , car les Lappons n'avoierit pas pour lors leurs Hèchcs rondes avec Icrijucilcs ils les alloinmcnt , & 'nous eûmes fc plaifir de les voir c^corcher avec une vîtelfe furpre- nantc. Ils commencent à faire la chalie aux petits- gris vers la Saint- Michel, & tous ki Lappons géné- ralement s'occupent à cet emploi , ce qui fait qu'iU Ibnt à grand marché , 6i. qu'on en donne un timbre pour un écu ; ce timbre eft compofc de quarante peaux. Mais il n'y a point de mirçhandifcs où l'on dnt plus trompé qu'à ces petits - gris « aux hermine», parce cjue vous achetez la marchandife fins la voir 6c que la peau el\ retournée , en (orte que la fourrure eft en dedans. Il n'y a point de dilîin^ion à faire, toutes (ont de même prix , & il fuit prendre les méchantes comme les belles , qui ne coûtent pas plus les unes que les autres. Nous apprîmes avec nos Lappons une particularité furprcnante touchant le? petits-gris, èi i^ui nouj a- été cuifirmée par neutre B vj (3 '6 Hiflohe Niitunlk vcmcnt que les petits- gris de Lapponîl font les mêmes animaux que nos (^'cureuils de France ; ce témoignage c/l ù j)oritif qu'il feroit fuffîfant, s'il n'étoit pns con- tredit par d'autres témoignages ; mais expérience : on ne rencDntre pas toujourx de cet nnimaux dans une même quantité , ils c'li:in|ien< I>ien (buvcnt de |Mys , Ik I on n'en trouxera pu Un dans tout un hiver on i année précttientc on en •iira trouvé Ati milliers. Ces animaux changent de contrée; iurfqu'ils veulent aNer en un autre endroit, A qu'il faut ^xiffer quelque lue ou quelque ri>iàc, qui fe rencontre à chaque pns dans ia Lappnnic, Kti petits animaux prennent une écorcc de pin ou de noulcau qu'ils tirent fur le hord de l'eau , l'ur laquelle ils fe mettent £c s'aknndonnent ninfi au pî* du vent» élevant leurs queues, en turmc de voiles, )tirqu'^ ce que le vent (é fiifant un peu ibrt & la vague élevée , elle renverfe en numc temps Ik le /vainèau & le pilote. C>c naufrage , qui e(l bien fbuvcnt de trois uu quatre miHcs voiles , enritliit ordinairement quelques Lnppons qui trouvct>t cfj «lébris fur le rivage', & Iw font fervir à leur ulagc ordinaire , pourvu que ces petits animaux n'aient pas été trop long - temps fur le fiiWe ; il y en i quantité qui font une navigation heurcufe & qui arrivent à bon port , pourvu que le vctu leur ait été favorable & qu'il n'ait jwini caufé de tnnpciej Air l'eau , qui ne doit pas être bien violente pour engloutir tous ces petits bâiimens. Cette particularité pourroir padcr pour un conte fi je ne la tcnois par ma propre expérience. Œuvres dt M. Regard, Parii^ 'du Pcùt'gnf, Y/ M. Rcgnard , qui nous a donné d'cM- cclleiiics pièces de tbéuirc , ne s cioit pas fort occupé d'Iiifloire naturelle ; Ôl il n'a |)as demeure aflcz long- temps en Laj)j)()nie pour avoir vu de les yeux les fauve ou du roux, au blanc que fe fait ce changement, & non pas du fauve oa (lu roux au gris-cendre: & pour ne parler Cjuc de l'écureuil, M. Linnacus , dans le Fauna Sue de a , dit, ajlutt ruùer, hyeme incanus , il change donc du rouge a a blanc, ou plutôt du roux au blanchâtre; & nous ne croyons pa< que cet auteur ait eu de fortes raifons pour fubAiiuer, comtTie il l*a fait , à ce mot incanus celui de cinereus, qui (c trouve dans fa dernière fcj Sciurus vuJgaris^ . . . hahitat in ftyhorîhus frequem, ttflate ruùer, hyeme incnnus, Fauna Succica. Stockolm., J7^6 , page p, — Sciurus vulgarls Âîjiate- rubcr, hjcme damus,Syi\,w.ut^ïU X, pag, 63, . '38 Hijloire Naturelle " ^- ëdition du Syjienta naturœ: M. Kîeîn fd) affure au contraire que les écureuils au- tour de Danizic font rouges en hiver comme en été , & qu'il y en a com- munément en Pologne de gris & de noiriitrei qui ne changent pas plus de couleur que les roux ; ces écureuils gris & noirâtres fe retrouvent en Canada (e) & dans toutes les parties fepicntrionalcs de l'Amérique: ainfi nous nous croyons fondés à regarder le pecit-gris, ou, fi l'on (({) Sàurus vulgaris rtihkunJus. . * . No(hnres tant irt jUvis quivn in caveis vulgares iT hycme iX cjlrt rubri Jn PiiloniPi utique vulgans civerei non mutantes pellem j hmfi rari (juoque pulgares nip-'icn'uti, iTc. Klein , de tphidriiy, pag. 55. — jn Ulmiinu, imcr fcitiros coloris rut! li , vigricantes f^edamur» Rzaatyn.4i, auâ, Hijl. nat. P»lon. pag. 311. (e) Les cfcurieiix (îe Virginie approchent fî^rt de la grandeur de nos connils; ils font noirs ou miles de noir & de blahc. Toutefois fa plus grande partie font cendrés. Defcriftion des Indes occidenuilcs , pot Jean de. Lait , yage S S. — La plus fine ptlittcrie du pays àt$ Irotjuois eft la peau des écureuils nom. Cet animal eft gros comme un chat de trois n-io'5, d'une grande vivacité , fort doux & très - facile à apprivoilèr. Les Iroquois eu font Aa robes qu'ils vendent julqu'à fept ou huit pifloles. Hifîoire de la nouvelle France, par le Pèfi CharUvoix» Pans , z/^^, tome J, page 2y^ . ' du Peùt-grb: 39 veut, recureuil gris comme un animai commua aux deux continens , ôl d*unc efpèce différenie de celle de i'écureuii ordinaire. ^ <■'■ D'ailleurs, nous ne voyons pas que îes écureuils, qui fom en afîez grand nombre dans nos forêts, fe réunifient en troupes; nous ne voyons pas qu'ils voyagent de compagnie, qu'ils s'approchent des eaux, ri qu'ils fe hafardent à travcrfer les rivières fur des écorccs d'arbres ; ils diffèrent donc des petits - gris , non * feulement par la grandeur & la couleur , mais aufli par les habitudes naturelles ; car quoique ces navigations des petits- gris paroifTent peu croyables , elles font aiieflées par un fi grand nombre de témoins (f) que nous ne pouvons les nier. . ' . (f) Rti verUate mtinrr , quod Gefncrus ex Vîncentto Btluacenji & Olao AU refit : fciuws , (juando nquam tranfire cupimt , lignum lev^^tmnm aqita imp'incre eique infidentts & couda non t amen ut intlt , creÛâ fed cmtinuo tnora , velificnntes , neque fiante venta , fed irnnqtdlh aqwre tmnfvehi ; quod fide digmis fdtffqtte mtus enil^a- rius ad infulas Gothlandia plus fimplici vice fll'/ervavitt & cum jpoliis in Httoribtis ibidem colteâis rcdux , mira- Iwidus mihi rettulit, DifTcrtatio de fciuro volante, Tranfaft. Angl. n." 427, pag. 58. Klein, de quadr, pajy. 5 j. — Cortice imerdum fciurus navigaU Limatl, S}jh uau cdit. X , pag. 6}» 3|ô Hifioire NatureÏÏe "' Au refte , de tous les aniinaux qua^Jm* pèdes non domcftiqucs , i'écureuil c(î peut-être celui qui eft le plus fujet aux variétc's , ou du moins celui dont l efpèce a ie plus d'efpcces voifmes. L'écureuil fclanc de Sibérie fg) ne paroît être qu'un« Yariété de notre écureuil commun^ L'écu- reuil noir (h) & i'écureuil gris-foncé (ij^ tous deux de l'Amérique , pourroiem bien n'être aufîi que des variéiés de l'cfpèce du petit - gris. L'écureuil de Barbarie, ie palmifle & l'écureuil Suifle, dont nous parlerons dans l'article fuivant, font trois efpèces ^rc voiiiiies l'une df; l'autre. //îk -^iî r,. On a peu d'autres jfàits fur I'biftoîr€ des petits - gris ; Fernandès (k) dit que i'écureuil gris ou noirâtre d'Amérique fe fg) ScJurus aîhtts Siherkus, L'ccurciiîî Wanc d« Sibérie. Briflbn > Regn, animal, pRg. 1511 (HJ Sciurus Mexicanus» Hernandès , Hiji. A4/.xkt pag. 581. — Sciurus nigm* L'caireuil noi». Briiran, Mtgn, anima/» pag. 151. {ij L'écureuil d'Améiîque. Scba , vol* I, page y S, fl XLVllI, -^g, f, — Sciurus fl/'fcure nnemis» . . . , Sciurus Anuricéit.us. L'écureuil d'Amérique. Briflbn ; Ji£gn, animal, pag; i 5Z. (k) Fraïicilci Fernand, HiJi* animal, nw» Qrhi*f Ju Peûi ^ ;; 4^ tfent orclinairenaent fur ics arbres & par- ticulièrertient fur les pins, qu'il fc nourrk de fruits & de graines, qu'il en fait pro- vifion pour l'hiver , qu'il les dépofe dan$ le creux d'un arbre ©ù il fe relire lui- iiiênie pour pafTer la ituuvaife faifon , qu'il y fait auffi fes petits, &c. Ces ha- bitudes du petit - gris font encore diffé- rentes de celles de l'écureuil , lequel ic condruit un nid au- de (fus des arbres comme font les oîlcaux : cependant nous ne prétendons pas afTurer pofitivemeiu que cet écureuil noirâtre de Fernandès foit le même que l'écureuil gris de Vir- ginie, & que tous deux foient auffi les mêmes que le petit- gris du nord de l'Europe ; nous le difons (culement conim^ une chofe qui nous paroît être très-vraîfiimblable, parce que ces trois animaux font à peu près de la même grandeur , de la même couleur 5t du même climat froid , qu'ils font préci- fcment de la même forme , & qu'oa emploie également leurs peaux dans les fourrures qu'on appelle Peiitgris* , '4* Hiflûtn Natureltt LE PALMlSTEfa), lE BARBARESQVE (b), rr le SUISSE (c)» JLiE Palmifleed de h groHèur d'un Rat ou d*un petit écureuil ; il pade fa vie fur les palmiers, & c'cfl de-là qu'il a tiré (a) Le Pahnijie» Rat palmifle. Écureuil des palmiers. JMtiJlcla Àjricana. C\uû\p Exoric» pag, i ix. Akfula Liùyca, Nieremberg , hiji» natt Antucrp» 1(555 , pag. 17Î. Sauras coloris tx rufo & mgro mtxti, taniîs in d&^t "ûavicantibus ..... ôciurus palniantm vttigo. L'f curcuil plmiflc, vulgairement rat palmijle» Brinbn, Regnt gutiinal, pag, 156. (b) Le liarbare/que ou V Écureuil de Barbarie» Sciurus Cetulus, Caïiis tf/W Gefnerum, HiJlt^Uûiti pag. 84.7. — - Gefner, kon» quadrup. pag. 112* Sdurus Getulus» AIdr&v. de quadrup, digiu vimft pag. 105 & loé. Ceiulus, Sciurus JhJcttS , firiis quatuor albidis hngitu^, nalibus, Liniu J^yjL nat, edit. X, pg. 6i}» The Barbary Squirei , Edwards ofBinù, p. 1 9Î. Sciurus coloris ex rujb & nigro mixti, tamis in lûurih fihernAtim albis t & fufcis aut nigris ... Sciurus Getulus, Écureuil de Barbarie. Briffon, Regn. animal, p. 157* (c) Le Suiffè» L* Écureuil Aline iTÉcureuIi de terre^ Çhivhiit chez les liurun^i {in Palmifle, du Barharefque, &i\ 43 Ion nem ; fes uns l'appellent Ral-pcdmlfte, La féconde efpècc d'écureuils que les Hurons ap- pellent Ohiohin , êc nous Suife , h, caufe de la beauté & diverfité de leur poil ► font ceux qui font rayé» & barres depuis le devant jurqu'au derrière d'une barre •u rnle blanche , plus , d'une rouffe-grilè & noirâtre, &c. Voyage (ht poys des Hurons , par Sagatil Theodau Paris, 10^2% pages ^of&^o^» Êcurtuïlfuife, Les écureuils SuifTcs font de petîw animaux comme de petits rats. On les appelle Suifes- parce qu'ils ont fur le corps un poil ^a) é de noir fc de blanc qui reffemblt .1 un pourpoint de SuilTe»- Voynge de la Hontau, tome II, page /f.j. Il y a une efpècc d'écureuil dans l'Amérique fep» tciitrionale qui eft un peu plus petite que notre écu- reuil commun. On nomme Sw^e ce petit écureuil,, parce qu'il efl rayé de la tête à la queue par raies. blanches , roufles & noires , toutes d'une même lon- gueur d'environ la moitié d'un travers de doigt. Def-^ (ription de l'Aniqfique Jeptentrionale , par Denys, Paris ^. $6^2t tome II, pages j ^ t & j ^2* Sciurus Lifieri, Ray, Sympft quadrup, pag. a 1 6,- Écureuil de terre% Catefty, Ht fi. de la Caroline l tome II, page 7/, Petit écureuil de la Caroline , qu*on appelle aufTî écureud de terre, parce qu'il ne vit pas fur les arbres comme les autres écureuils , mnis qu'il gratte la terre comme les lapins &. qu'il s'y terre. Edwards, Hifi. des^ oifeaux, page 1 8 1» Sciurus rufus , tant/ s i» dorfo nigris , taniis ex alèo fnvicamihus intermixtis . . . Sciurus Caro/inenfîs, Écureuil de la Caroline. Cridôn^ Rcgn» anim»^g. 155, - -^ Il Ht 44 Hiptre Naturelle ÔL les autres V Écureuil des palmiers; 4 comme il n e(l ni écureuil , ni rat , nous l'appellerons fîmpicmcnt Palmijle» Il a la tête à peu près de la même forme que celle du campagnol , & couverte ^ de même de poils hériflés \ fa longue queue n'eA pas traînante comme celle des rats, il la porte droiic & relevée verti- • calement , fans cependant la renverfer fur fon corps comme fait l'écureuil ; elle cfl couverte d'un poil plus long que celui du corps, mais bien plus court que le poil de la queue de l'écureuil ; il a fur le milieu du dos , tout le long de l'é- pine depuis le cou jufqu'à*Ia queue, une bande blanchâtre accompagnée de chaque côté d'une bande brune, & enfuitc d'une autre bande blanchâtre. Ce caractère fi marqué, par lequel il paroît qu'on pour- roit difliQguer le palmifle de tous les autres animaux, fe trouve à peu près le même dans l'écureuil de Barbarie & dans l'écureuil SuifTe, qu'on a aufiî appelé écureuil de terre. Ces trois animaux fe rcf- fèmblent à tant d'égards que M. Ray (d) (d) Sciurus Getulus Cali, wuflela Àfiîcana Clufiii fodcm miis vidctur» . | ^ Ue/crqxio mujk/a Afiicata^ ;/// Palmifle, du Barlarejque, &c, é^f ft penfë qu'ils ne faifoient tous trois qu'une feule & même efpèce , mais fi l'on fait attention que les deux premiers ^ cc(l-à-dirc , le palmifte & l'écureuil de Barbarie que nous appelons Barbarefque, ne fc trouvent que dans les climats chauds de l'ancien continent ; qu'au contraire le fui^Te , ou l'écureuil Suiffe , décrit par Lifter, Catefby (ej & Edwards (f) ne fe trouve que dans les régions froides Se tempérées du nouveau monde, on ju- gera que ce (ont des efpcces diftérenies ; & en effet, en les examinant de plus près, on voit que les bandes brunes & blanches du fuifle font difpofées dans un autrp ordre que celles du palmide ; la bande blanche qui s'étend dans le palmifte, le long de IVpine du dos , cft noire ou brune dans le fuiflè, les bandes blanches font à côté de la noire, comme les noires cum fciuri GetuU dtfcr'ipthne fatis bene convenk, ut non Miwn idem ^animal t^t : /une Jimtlls eftfciurus à darijfitno Dom. Lifter, ohfermtus if dejcriytuu Ray, S^noyfi ^mdrup. pag. zi6. (t) Catefty , Hifto'ire nar. Je la Cai^oTme , tome II; (f) Edwards, Nat. hifl.ofBihù, London, ^7^^i Jttrt. iv, pag. i8i, ..^ ., , ^ ( t- ^6 )^:^ fJifloke Naturelle font à côté de fa blanche dans le paîmifle; & d'ailleurs il n'y a que trois bandes blanches fur le palmiUe , au lieu qu'il y en a quatre fui^ le fuifîc, celui-ci renvcrle fa queue fur Ton corps , le palmide ne la renverlc pas , il n'habite que fur les arbres, le fuiffe fe tient à terre, & c'eft cette différence qui l'a fait appeler Écu- reuil de terre ; enfin il eft plus petit que le palmifte , aiiffi l'on ne peut douter que ce ne foient deux animaux différens. X l'égard du barbarcfque , comme il eft du même continent , du même climat, de la même grofTcur & à peu près delà inême figure que le palmiîle , on pour- roit croire qu'ils fcroient tous deux de la même efpèce & qu'ils feroicnt feulement variété dans cette efpèce. Cepewdant en comparant la defcription & la figure du barbare fque ou écureuil de Barbarie , don- née par Caïus (g) & copiée par Aldro- vande (h) & Jonfton fi), avec la defcrip- tion & la figure que nous donnons ici du * (g) Sciurus Getuius, Caii afud Gefnerumé jH^J!* quadrup. pag. 84.7. t (h) AIdrov. de quaJnip, dtgît» pag, 405» ■ (i) Jonft. de quadrup. pag. 1 1 j, ^^ » • . Ju PdlmiJIe, du Barlarefjue, &c. 47 palmifte ; & en comparant cnfuîte la figure & la dcfcripiion de ce même écureuil de Barbarie , donnée par Edwards , on y trouvera des di/Fërenccs très- remarquables & qui indic[uent affez que ce font des animaux tlifTtrcns : jious les avons tous deux au C tbiict du Roi auïïj-bien que le fui/Te. Le barbarefque a la têie & le chanfrein \\wh arqué, les oreilles plus grnndes , la queue garnie de poifs plus loiifTas A plus lor.'gs que le palmifte ; il ert plus écureuil que rat, & le palmifle efl plus rat qu écureuil par la forme du eorps & de la tête. Le barbarefque a quatre bandes blanches , au lieu que le palmifle n'en a que (rois; la bande blanche du milieu te trouve dans le palmlde fur l'épine du dos , tandis que dans le bar- barefque il fc trouve fur la même partie une bande noire mêlée de roux , &c. Au relie, ces animaux ont à peu près les mêmes habitudes & le même naturel que l'écureuil commun; comme lui le pal- mifle & le barbarefque vivent de fiuits, & fc (crvent de leurs pieds de devant pour les faifir & les porter à leur gueule ; ils ont la même voix, le même cri, le même '4? Hïjloire Naturelle, d't. inflinc^, la même agilité; ils font trcs* vifs & très-doux , ils s*apprivoirent fort «fément & au point de s'attacher à leur demeure , de n'en fortir que pour fc promener , d*y revenir enfuite d'«ux- mêmes fans être appelés ni contraints; lis font tous deux d*une très- jolie figure, leur robe , rayée de blanc , eft plus belle que celle de l'écureuil, leur taille ef^ plus petite, leur corps eft plus léger & leurs mouvemeiis font aulii preftes. Le pal- mifte & le barbafefque fè tiennent , comme l'écureuil, au-deflfus des arbres, mais le fuilTè fe tient à terre A: s'y pra- tique , comme le mulot , une retraite impénétrable à l'eau : il eft aufli moins docile & moins doux que les deux autres: il mord fans ménagement (k) , à moins qu'il ne foit enuèrement apprivoifé. Il re/Temble donc plus aux rats ou aux mulots qu^aux écureuils, par le naturel & par les mœurs. (k) Voyage du pays des Hurons, par Sagar(| ITibéoaat , Paris, i^jz, jmge ^»i!» I; LE TÀMANOIRi )nt très- fent fort er à leur pour fc ! d'tux- ntraints ; ie figure, plus belle e cft plus - & leurs Le pal- tien ncnt, es arbrei) : s'y pra- e retraite (Ti moins nx autres : à moins ivoifc. Il i ou aux k naturel par Sagar4 ANOm J.¥. PALMISTE C,i/rt/X ^"-Jtà^ ^ \ (\ i.-f. .-A. "miJX. F. C V RRU IL B AR B ARK «SQU i; p/.^fthyp.fS. ECURi.uir- SUISSE . ^'''-''"'^'^'"'r y\ ♦ TAMAl Il ex irois ef à gucu (n) l Mange - fc Brafilicns Natiirefs ( Twnmoi,' Cil Amérit, Tammdt |page3io, TnmanÀ \Bnfil, pag( Manw-f Wijmarchai TanhVhiu XFranc, éjuii Myrmea ficcpphaga Kilit. VI, p tri'laâyli'. , "Voia. Qu'i Inimsl aval non pas Tome 4-9 LE TAMANOIR {aj. LE TAMANDVA (h) et le FOURMILLER (c). Il cxifte dûns rAmériqu* Biéridionaîc trois efpèccs d'animaux à long inufeau, à gueule étroite &. fans aucunes dents , (n) Le Tamanoir , k Fourmillci-Tartartoir , Té Mange - fourmis , le gros mangeur de fourmis. Les Brafilicns appellent cet animai Tamandua - guacu , fej Naturels de la Guiane l'appellent Oiuiriri, Le nom Tmaim: ijue lui ont donné les François , habituel jeii Amérique, paroît dériver de Tamandua, Tammdua -guacu fwe major» Kfon, Hijl, BrafiU [page 3*0. TnmanÀua-gUMU Bmfilienfibus, Marcgra\'. Hljf. non \Btifd, page 215. Mange-fourmis mi Renard Américain. Vqyiges dt \D(JiMrchiùi , tome Ul , jMge ^ o y, . . , .^, .' Tcwkvhiua ttiéfjor cauda fMimcuIara, Barrcre, ////î, \Friinc, él tta\x en cft informe. V Mj^tntcophaga rojîro hnginîuio , pedihus antk'A tHradaâyfis , poflicis pemadaéîylis ^ cauda /ortgifmiil pilis ve(/iM. . . . Myrmecojihaga tamanoir diâa. Le fourmiller-tamanoir. Briflbn , Regn. animal, pag. 24. (b) Le Tamandua , nom dç cet animal au Orefil) | & que nous avons adopté. Tamandua -i Brafilien^us, Pifon, HijI, BrajÛ pag. j 2- 1 . — Marcgrav. Hifl, nar, Bra^l, pag. 225. Myrmecophaga manihus tetradaâylis ; plant h fmi'\ daélylis. Linn. Syfl, nat. eciit. vi, pag. 8. — Tem- daélyhu Alyrmecophaga palmis tetradaél^Hs , plontlA ffentadaûylis , edit. X, pag. 35. Mynvecophtign rojiro htig'tjfmo, pedibus mt'ûX Utradiiûylls , poflicis pentadaâylis , cauda fcre mtda. . t| A^yrmecophag^ Ia fourmijier, UtiSgnf Regn, cMia^ du Tamanou', Tcimandaa, &c, j r" pour avaler les fourmis clom ils font leur principale nourriture. Le premier de ces (c) Le Fourmiller, le plus petit fourmiller, le petit inanffcur de fourmis, animal Américain que les [naturels de la Guiane appellent Oiiatiriouaott, Tamandua mimr flavefcens, Barrère, Hijf, Franc* \quin. pag. i6j. Tamandua Jeu coati Americana alha ahtta, Seba ; |vol. I, pag. 60, Tab. 37. fig. n.* 3. Myrmecophagn manihus nwnodaélyUs , plamis tara" Uaflylis, Linnîci, Syft. nat. edit. I v, pag. 63, Ay?. nat, cdit. VI , pag. 8 ; & lit. X, pag. 35. Mn'nicophag/i roflro Iretfi , pedilus antla's didaélylts; vjlicis wradaâyJis Myrwecophaga, Le petit (fourmiller. Briflbn, Regrt, animal» pag. 28. The litlt ameuter, Edwards Glanures. Londoul Ci; '52 Hi flaire T^aUtrelIe mangeurs de fourmis eft celui qwe fej Braulicns appellent Tamnndua ^ guccv [ c'eft-à-clir.c, grand Tamandua , & auquel les François habitués en Amérique , ont donné le nom de Tamanoir , c'efl un animal qui a environ quatre pieds de longueur depuis l'extrémité du raufcaii jul(|u'à i*originc de la queue , la tête longue de quatorze à quinze pouces, le muleau très - alongé , la queue longue de deux pieds & demi, couverte de poils rudes & longs de plus d'un pied ; le cou court, ia lêie étroite, les yeux petits & jioirs , les oreilles arrondies , ia langue menue, longue de plus de deujc picfjs, qu'il replie (l^ms fa gueule lorfqu'il h retire toute ejitiçre. Ses jambes n'ont qu'un pied de hauteur, celles de devant font un peu plus hautes & plus menues que celles de derrière : il a les pieds ronds ; ceux de devant font artnés de quatre ongles , dont les deux du niilicu font les plus grande ; ceux de derrière ont chiq ongles. Les poils de la queue, comme ceux du corps, font mêlés dcj noir Ôi de blanchâtre ; fur la queue ih font dilpofés en forme d«? puachç;! (]it Tamdtjoir, Tûmamlua , &c, 5 j Taninial la retourne fur le dos , s*cn couvre towt le corps lorfqu'il veut dormir ott fe mettre à Tahri de ia pluie & de Tar* cJcur du foleil ; les longs poils de Fa qiiciic & du corps ne font pas ronds dans toute leur étendue , ils font plats à l'extrcmité & fecs au toucher comme de l'herbe deflTéchée : l'anirnal agite fré- quemment & brufquement fa queue lorf- qu'il cft irrité , mais il la laiflc traîner en marchant quand il efl tranquille, de il balaie le chemin par où il paflè : les poils des parties antérieures de fon corpis l'ont moins longs que ceux des parties poftéricures; ceux-ci font tournés en arrière «Se les autres en avant ; il y a plus de blanc fur les partiesanrérieures , & plus i de noir fur les pardes poftérieures : il y a |aulfi une bande noire fur le poitrail qui fe prolonge fur les côtés du corps & fe termine fur le dos près des lombes: les Ijambes de derrière font prefque noires , celles de devant prefque blanches avec une orrande tache noire vers le milieu. Le tamanoir marche lentement, un homme peut aifément l'atteindre à la courfe ; fes I pieds paroiflent moins faits pour marcher ^^ • • • C !![ ,54 Hifloke Naturefle que pour grimper & pour fàifir des corps arrondie, auffi fcrre-t-il avec une il grande force une branche ou un bâton qu'il n'cft pas pofiible de les lui arracher. Le fécond de ces animaux eft celui que les Américains appellent fimplement 'Tamandua , ôc auquel nous conferverons ce nom ; il eft beaucoup plus petit que le tamanoir ; il n'a qu'environ dix- huit pouces depuis l'extrémité du m'.ifeaii jufqu'à l'origine de la queue : fa tê:e cil ioncrue de c nq pouces, ion mufeau ed aloMgi; (îk courbé en deffous ; il a a quciic longue de dix pouces & dénuée de poils à l'extrémité , les oreilles droites, longues d'un pouce , la langue ronde, longue de huit pouces, placée dans unel ^fpèce de gouttière ou de canal creux au dedans de la mâchoire inférieure ; fes jambes n'ont guère qi*e quatre pouces de hauteur , l?s pieds font de la même forme & ont le même nombre d'ongles cjue ceux du tainanoir, c'eft-à-dire, (|uatre ongles à ceux de devant & cinq à ceux de der- rière. Il grimpe & ferre auffi - bien que le tamanoir, & ne marche pas miei:x;i il ne fe couvre pas de fa queue qui ne Jii Tamanoir, Tamandua, &c, ç y pourroit lui (crvir d'abri étant en parirc dénuée de poil , lequel d'ailleurs cft beau- coup plus court que celui de la queue du tamanoir : lorfqu'il dort il cache (îi têic fous (on cou & fous Tes jambes de devant. Le troificHie de ces animaux eft celui f3^\t les Naturels de la Guianc appellent Ouaùmuaou. Noiii. lui donnons le nom de Fourmiller ^oviï le diflinguer du Tamanoir & du tamandua. 11 efl encore beaucoup plus petit que le tamandua , puifqu'il n'a C}ue fix ou lept pouces de longueur (Jepuis l'extrémiié du mufèaii (ukiu':! roriginc de la queue ; il a la teie longue de deux pouces; le mufeau |)roponiunnclfeini.'nt beaucoup moins alongé c(ue celui du ta- manoir ou du tamandua; ia queue longue de fept pouces, efl: recourbée en deffous par l'cxirémité qui eft dégarnie de poils ; fa langue eft étroite , un peu apla.ie 6i ïifTcz longue; le cou cft prelquc nul, la tOtc eft aflez grofTc à proportion du corps, les yeux font placés bas ëi pu éloignés des coins de la gueule, les oreilles font petites & cachées dans le poil , les jambes n'ont que trois pouces de hauteur, les pieds de devant n'ont 55 Hfloke Naturelle ; mais il en diffère , ainli que de tous Içs autres quadrupèdes , par un caradcie unique qui ell d'avoir le corps couvert de groiïes écailles au lieu de poil : d'ail- leurs c'ell un luiimal des climats les plus chauds de l'ancien continent , au lieu que les mangeurs de fourmis dont ie corps cil couvert de poil , ne (ê trouvent (jue dans les parties méridionales du nouvQu monde; il ne refle donc plus que quaue efpèces au lieu des fix annoncées par Scba, & de ces quatre efpèces , il n'y en a qu'une de reconnoiffable par fes dcl- criptions : c'eft ia troifième de celles que nous décrivons ici, c'eft-à-dire, celle du fourmilier auquel, à la vctué, Sebane donne qu'un doigt à chaque pied de devant (f), quoiqu'il en ait deux , mais (f) N.^ ?. Tainandia ow Coati (i'Anh'ritjur. llanck Sferente, Cet animal c(l tout - à - fait di(Fcrent du précédent (Il entend celui de lu planche XX XV II,  g. n. 2 . Voyci^ la. note fuivantt ), La tête en ell beaucoup plus coune & (es oreilles beaucoup plus petites, les )cux un peu pius grands & la partie inférieure du mufeau tant foit peu plus longue. Leurs langues lunt plus rcnTembiantes , Tuiie & =ux , mais '{lu Tiimanotr, Tamandua, &l\ 5 p qui malgré ce caradière manchot , ne peut être que notre fouriuiller. Les trois autres font fi mal décrits qu'il n'efl pas poflible de les rapporter à leur véritable efpccc. J'ai cru devoir citer ici ces def- criptions en entier, non- feulement pour prouver ce qre je viens d'avancer, mais pour donner une idée de ce gros ouvrage de Seba, ^ pour qu'on juge de la con- fiance ([u'on peut accorder à cet Ecrivain. L'animal qu'il défigne par le nom de Tamandua murmecophage d'Amérique , tome I, page 60,^ dont il donne la iigure, pL X X X V 1 1 , n? 2 , ne peut le rapporter à aucun des trois doi^ il eft ici queftion ; il ne faut pour en être convaiticii , que lire la dcfcription de l'autre efl longue & étroite, & propre à prendre & à avaler des fourmis. Les cpaiilcs font larges , le corps court & épais, ka vteds de devant jmfemeni un doigt arme' d'un ongle Inn^e & courbe'. Les jambes. k les pieds de derrière imitent ceux d'un finge» Son poil blancliâtre & laineux cft plus court que celui du précédent ; il en c(t de même de fa queue crépue; cet animal ell compté parmi un des plus rares de fon efpèce. Les Éthiopiens de Surinam les. appellent Coati , & Racontent que quand ils fe lentent pris ils fe mettent tellement en rond,. ayante lcu« pieds 11 fermement attachés l'un contre Tiuire^. C v; 6o Hï/foke Naturelle f Auteur (g). Le fécond qu'il indique foui iqu^i moins qu'ils ne fc redreffcnt d'eux- nrjcmcj , ii ne fcroit pas pudibie d'en venir à bout de fnr<.r. lis meurent dans un moment àhi qu'on les trempe dtns l'efprit de-\in ou dan* hi liqueur hiUiiirel. Sew, PoL I, pages 60 iX &t , fl, XXXV il , fig, «.* j . (g) N." 2. Ttimandua nmmecifhnge d' Antcr}(jue, Cet unimai efl extrêmtment commun dans les Indes occidentales t 11 ais nous n'en avons jamais vu qu'on eût tranfportc ^\tf> Ind«.s orientales, ni entendu dire qu'il s'en trouvât. Quelque."; Savans (e font des idces toutes mervcilleufes de cet animal; les uns le prennent pour le lion formiciriiis , les autres pour lo for/nica-h, ceux ci pour le fimmca-vulfes , & les autres pour le firnnca-lufius M. Poupard, page 2^ j àes Aleiiïch^ ide l'AcaJémie royale ttes Sciences, amice lyo^, 3 remarqué que cet animal ctoit gri.s ûmbUble à une Mraignce, & qu'il tendoit même des embûches aux fourmis. Cette comparaid m ne nous paroît pas fort juflr, Baflamantanus qui a fait un livre entier fur les rcptUcj, dont il e(l fait mention dans les Li\res faînts, regarde k mwrmecoteo , nom que quefques peribnncs lui don. nent , pour une ef jjèce d'ef'carbot qu'on appelle Z/- cairbbt cornu, & que les Allemands nomment Cerf- posant ^ tout ceci tjl , comne fm voir , fort import uni & fort tuile pour la deftription d'un animal quadmpèdt)! mais, continue l'auteur, toutes ces ddeription5 & plufîeurs autres n'expriment peint la nature de cet Buimai dont nous donnons la figure ptilc fur l'ori- ginal : celui que l'on voit ici e(t incarnat, couvert d'un poil doux & comme la' laine, au cou court, tux épaules larges, à la tête & au muf'eau ioni> k ^imt, d'oii ibrt une longue langue propre à prendtf Ju Tiimatiolr, TcimatiJua , à*c. 6 1 le nnin de Tammdua-guaçu du Brefd , ou & à avaler les fourmis qui lui frrvent de nourritures La (ngtffe du Créateur a donné h ces animaux Ic5 orff.mcs qui leur éioient; ncieirarcs pour qu'iN puflent (e |H)iirvoir de ftur nourriture à leur poiit & a leur volonté. Les pattes de devant, ainfi que celles d'un ours , ont chacune , outre us doigts orénnires trois autres doigts qui ont crû par-dcflus les aulre< & fjiii (ont armés d'un on^iit crochu , lequel cil prin- cipiltmcnt très -grand dsns le doiiït du milicji, Ctft II avec qu(»i ils grattent la terre &. en tir-proche de la gueule , font étroites , rudes & garnies de poils, dont ifs le fervent pour flairer où c(l liur manger. Les oreilles font ohîongufs ou pendantes; les pieds de derrière, dans cette efpèce de t»miuidua comme dans les our>, font pitrtagés en cinq iloiots, garnis d'onjjles longs & crochus , Ik font contenus outre cela fur des talons très-larges. La queue longue & velue finit en pointe, & ils s'en fcivent, ainff ijuc Us fingcs , à (e tenir fortement attachés aux irlires : la partie propre à la génération dans les mâles cft rcmirquabic; ils portent Iturs telticules cachés fous la peau & en dedans. Les lourmis , tant grandes que petites , deviennent la proie de ces animaux, qui à leur tour (ervcnr aux h«)mme\, fur-tout dans la Médtcine. Seba . vol- I , i^nge 60, pi. XXXVII , fg n' 2. Il fout être hitn arfiie,lemew conjinm pour établir quehiue chje fur une yariille ikj*. criprion , & pour la rapporter nu tamanoir ou taman- dua-guacu , amrtH l'a fuit AI, Llnuaus & Je ni dower en même temps à cet ani.nal q"c trois do'gts MX pieds de devant, tandis que par cette /ttfiripiion mm, ilx tn a treif outre Its doigts ordinaires, Uoica «2 . ' Htftoire Ncitiirelle '' ' . - l'Ours qui mange les fourmis (h), pages (Tj dit-on , qui ont cru par-defliis \ts autres , chofe ahfurdi iT" qui aurait du faire douter de tout le rejk. (h) N.° 2. Taviandua-guacu du Brefil , ou VOursejul ftjartge les fourmis, C'eft ici ta plus grande de toutes ces elpèces d'anim.iux que nous ayons vu, Marcgravc h. nomme Tnmandua-guacu , & Cardan , Vrjus for- micarius , c'elt-à-dire, XOurs qui mangt les fourmis. Cet animal a le coiPps long, les épaules hautes & laraes, la tête fort étendue, le mufeau diminuant infenfiblcment , 6c les narines amples & ouvertes. Sa longue langue qu'il peut tirer en avant d'un huitième de coudi'e , ce qui lui eft trèn-avantageux pour attraper ïes fourmis, finit en une pointe dont le bout forme im petit rond; {^s oreilles font longues Sl pendantes, Us yeux aflez grands font défendus par d'cpaifles paupières ; fon mufeau eft long , tout ridé , garni de peu de poil; fa tête qui efl plate & petite eft couverte de poils affez prefîes ; tout le refte du corps de cet animal eft velu de poils longs & épais aflez femblaWes à des (oies de cochon , mais qui cependant près de la peau deviennent cotonneux & plus fins; leur couleur eft d'un châtain -clair, & fous le \ entre d'un brun plus foncé; le defibs de la queue,, qui e(t longue & finifîîjnt en pointe , eft d'un feuve- clair; fa femelle, ici dépeinte, a huit tctte? qui fortent hors du ventre, à favoir trois de chaque côté , & deux entre les pieds de devant. Des témoins dignes de foi rapportent qu'elle met bas à chaque portée autant de petits qu'elle a de tettes, en cjuoi ette auroit conformité avec les truies tjui ne mettent has beaucoup de petits d'une ventrée, que lorfm'ellts mt lilufieurs tettes* Les pieds de devant à, de derrière du TcimanVir, Tcimandua, &c, 6f if 6 6 y pL XL, fg, n." j , eÙ. indiqué ne diffèrent de ceux qu'on a décrits au n. "2 de fa pip.iiche précédente { il auroit S dire de lu pi. XX XV II ; far la planche précédente à celle-ci tji lu planche XX XIX , CH il n'ffl pas tjuejlu'tt des mangeurs de fourmis ) qu'en ce qu'ils font plus grands ; les plus grollcs fourmis lui. fcrsent de nourriture. Nous confèrvons dans notre Cabinet /Zr efpèces de m animaux mangeurs de fvurmis , qui diffèrent entre eux ou par une forme particulière ou par la tête, les pieds ik les ongles. La tamandua , reprélentée au H." 2, qui fuit (Nota, Qu'il s'agit ici de l'yfquiepatl qui ejl plus différente d'un lamandua qu'un chat ne l'cjl d'un chien ), ell d'un quart plus petite que celle-ci, h a aulfi la tête , les oreilles & les yeux plus petits : fon pied de devant a un feul ongle fort & crochu j & celui de derrière a trois doigts & trois ongles , au lieu que les quatre autres efpèces ont cinq doigts ar{nés d'autant d'ongles. Leur poil ell doux , cotons neux, de la couleur de celui d'un jeune lièvre. La cinijiiième efpèce de tamandua eft de la même figure, d'un poil rouge-pâle qui efl fur le dos d'un blanc- arÊjfntc , & deffous d'un cendré -jaunâtre; cette el- pccc a quatre teites & quatre i^amelons, deux fous les jambes de devant & deux lous celles tk derrière (ctttt cinquième efpèce , qui efi de la même figure que celle qui la précède , e/i donc encore une efpèce d'yfquiepatl & non- pas de tamanduti }» La fixième efpèce a te mufeau plus long & les oreilles dreffées comme celles d'un renard ; toutes ces efpèces n'ont point de dents. Seba, vol. I, pages 6^ Ù" 6 é , Tab, ^o , jig. «." /. On ne fait ce que veut dire ici l'Auteur ^ ni ce que ce peut être que cette fixième efpèce; on voit Jculeme^c qu'il fe contredit d'une manière manïfefle lorf- quil avance que totuc» ces efpèces n'ont point de dents,^ ^4 - ^ Hiftoke Naturelle : ' . d*une manière vague & équivoque; ce- pendant |epcn(èrois, avec M/* Klein ^Tj &i Linnaeus , que ce pourroit cire le vrai tamandua - guacu ou tamanoir , mais fi mal décrit & 11 mal repréfenté que M. Linnaeus fk) a réuni fous une feule efpèce le premier & le fécond de ces animaux de Seba , c*e[l - à - dire , celui de la pi. XXXVI I f fg. n.' 2 , &. celui de la planche XL,Jig. n." /. M. BrlHoa a regardé ce dern er comme une efpèce particulière, mais je ne crois pas que l'é- tablifFeincnt de cette efpèce foit fondé, non plus que le reproche qu'il fait à M. Klein de l'avoir confondue avec celle du tamanoir : il paroît que le feul reproche qu'on puifîè faire à M. Kiein, cfl d'avoir joint à la bonne delcription puifque l'y^julepatl, qui e(î nommément ccmtjms dans la Jîx , a fies dents , Ù" même en grand nombre. En vaHà plus qu'il n'en faut pour juger & l'ouvrage & l'.iutetiu il efl fâcheux que la plupart des gcas qui font des caHiicti d' Hidoire Naturelle , ne foient pis uffe/ injhuiis , & tjui pour fatisfaire leur petite vanité iX fatre valoir leur col- leéiion , ils entt éprennent d'en pidu'ler des defcripiions tmijow's remplies d'eX'igMttions , tf erreurs & de luruei ^ti demandent plus de temps pour être réforme'es qu'il n'en « fallu pour les écrire, (i) Klein, de quadrur, pacf. 4;. •>,•,'; ^ (k) Linn. S)>jL nat% edit. x, pag. 35, Ju Tamanoir, TamanJiia, &c» (>^\ flu'il nous donne de cet animal , dont fa peau bourrée eft confervée dans le cabinet de Drcfde, les indicaiions fauiives de Seba. Enfin le troificme de ces animauic , dont on trouve la figure dans cet ou- vrage, \ol II , page 48 , pi. XLVll » n." 2 eft Çi mal décrit que je ne puis me perfuader, malgré la confiance que j'ai à M.'* Linnseus& BrifTon , qu*on puifTe fur la defcripiion «& la figure de TAuteur , rapporter , comme ils l'ont fait , cet animal au tamandua-i, que j'appelle fimplcment îamandua : je demande feulement qu*oil life encore cette defcripiion f/J & qu'on juge. Quelque défigréabîes , quelqu'eii- iiuyeufes que foicnt des difcuifions de cette efpèce, on ne peut les éviter daiis les détails de l'Hifloire Naturelle: il faut, fl) Tamandud à^ Amérique petit , on le mangeur tk f'umis , de'i'eiat avec un nui de ces hifeéîes. Voilà OMTime il embrafTe avec les ongles de (es pieds de dctant le nid de fourmis, deftiuelies il fait unique- ment k% repas. Voyez fa tête olJongue , mince , étroite, (e^ oreilles courtes, fon mufeau pointu qui cache fa langue grande & menue , avte laquelle il attrape les fourmis & les avale, ainfi que nouj nous propofons de le montrer à l'œil dans les planches qui fui V root ( Il ne montre rien dans les planches fd" ymeîj .- (à tête ^ k% jambes |, Ç^i pieds » f» ijueuq 06 Hîjfoire Naturelle avant d'écrire fur un fujet, fouvent très- peu connu , en ccarier autant qu'il eft pofTible toutes les obfcuriiés , inarcjucr en pafTaiit les erreurs qui ne manquent jamais de le trouver en nombre lur le chemin de ia vériié à laquelle il eft fou- vent très-difficile d'arriver, moins par la fiiute de la Naiure que pur celle des ]Naturaliiles. Ce qui rëfuUe de plus certahi de cette critique; c*eft: qu'il exille rcelieniciU trois cfpèces d'animaux auxquels on a donné ie nom commun de mangeurs de fourmh ; «|ue CCS trois efpèces loni le tamanoir , le . tamaiidua & te fourmi'ler ; que la qii> trième efpèce , donnte fous le nom de fourmiéler aux longues oreilles par M. Briflon , ell douieufc auill-bien que les autres efpoces indiquées par Seba. Nous & le devant de fo» corps font jaune - paiiic , îe derrière du corps eft d'un roux - brun ; H porte en bandoulière , lur la poitrine , un baudrier de poils foyeux qui fc perdent vers le milieu du dos avec h autres foies qui commencent dès-lors à le couvrir; fe queue eft courte , prefque rafc & recourbée en dedans. Seba , vol. Il , pag. ^S , Tab, ^y , fg. n* 2, UOTA, Les (krniers cnraâères de cette tkfcrifnm cet- vkmicnt affi'i au tmianilun , mais en général clic ejl iiïf feu cjtaâe pour qu'on piiijlfc l'ajjitrer^ élu Tiimmdïri TamariJuci, &c. 6"/^ avons vu le tamanoir & le fourmiller, nous en avons ies dcpouillej» au Cabinet du Ro^i ; ce. efpèces font certamement irts-dif!cienics l'une de Tnutre & telles c|uc nous les avons décrites , mais nous n'avons pas vu fe tainandua , & nous ncn parions que d'après Pilon & Marc- grave cjui font les leuls Auteurs qu'on puifTe confulter fur cet animal, puifquc tous les autres n'ont fait que les cojiier. Le lamandua fait, |>our ainfi dire, la moyenne proportionnelle entr ci» le lania- notr & le fourmiller pour la grandeur du corps , il a , comme le tamanoir , le mufcau fort alongé & quatre doigts aux pieds de devant ; mais il a , comme fc fourmiller » la queue dégarnie de poil à l'extrémité, par 1. quelle il fe fufpend aux branche^ des arbres Le fourmiller a auflî la niême habitude : dans ceitc fituatîon ifs balancent leur corps , approchent leur mufeau des trous & des creux d'arbres , ils y infinuent leur longue tangue & la retirent enfui e brufquement pour avïllcr les infc(5les qu'elle a ramaffés. Au refte, ces trois animaux, qui dif- fèrent ïi fort par la grandeur & par les é8 Hlflohe Naturelle ' proporiîons du corps , ont néanmoins beaucoup de chofes communes , tant pour la confonnation que pour les ha- bitudes naturelles : tous trois le nour* riHent de fourmis , & plongent aufli leur langue dans le miel & dans les autres fubdanccs liquides ou vifqueufes ; ils ramaflènt affez promptement les miettes de pain & les petits morceaux de viande hachée ; on les apprivoifc & on les élève aifcraent; ils fouiiennent long- temps la privation de toute nourriture ; ils n'ava- ient pas toute la liqueur qu'ils preni>ent en buvant, il en retombe une partie qui pafTe par les narines; ils dorment crdi- nairement pendant le jiour, & changent de lieu pendant la nuit ; ils marchent ft mal qu'un homme peut les atteindre fa- cilement à la courfe dans un lieu dé- couvert. Les Sauvages mangent leur chair qui cependant elt d'un très- mauvais goût. On prendroit de lohi le tamanoir pour un grand renard, & c'efl: par cette raifon que quelques Voyageurs l'ont appelé Renard américain; il cil aflTez fort pour iê défendre d'un gros chien ôi même . 'Au Tcimmoir , TamatiJita, &a 6^ d'un jaguar; lorfqu'il en efl attaqué il fe bat d'abord debout , & , comme i'ours , ii fe défend avec les mains dont les ongle$ font meurtriers ; enfuite il fe couche fur le dos pour fe fèrvir des pieds comme des mains , Ôi dans cette fituation îi efl pref- que invincible & combat opiniâtrement juTcju'à la dernière extrémité , & même lorfqu'il a mis à mort fon ennemi , il ne le lâche que très -long-temps aj^rès ; il réfifteplus qu*un auire au combat, parce qu'il eft couvert d'un grand poil touffu , d'un cuir fort épais, & qu'il a la chair peu fenfiblc & h vie très-dure. Le tamanoir, le tainandua & le four- riiiller font des animaux naturels aux climats les plus chauds de l'Amérique, c'eft-à-dire, au Brcfil, à la Guianç, aux pays des Amazones, &c. On ne les trouve point en Canada ni dans les autres contrées fi-oides du nouveau monde, oa ne doit donc pas les retrouver dans ran- cien continent; cependant JColbe fm^ 6c Definarchais fnj ont écrit qu'il y avoii de ces animaux en Afrique, mais il mç fm) Dcfcription du Cap de Ijûrmcrcrpérance,, par Koll)C, tome m, page -f^. N. Vi^yage de Df fmarcliais , tome III, f^S' 3°7% '■ i yo .'■% Hlpotre Naturelle paroît qu'ils ont confondu (e pnngolîn ou Itzard écailleux avec nos roufimikrs. C'eft peut-êire d'après un pallage de M.' regrave où il ci\ dit : Tamandua- guacu Brafil'ienfibus , Congenfum (ubi ^ frequens eft ) unibulu diélus , que Koli;e & Defmarthais font tombés dans cete erreur ; & en effet , fi Marcgravc cr»ienj par Congenfibus les Naturels de Congo, Il aura dii le premier que le tamanoir fe trou voit en Afrique, ce c[ui cependant n'a été confirmé par aucun autre témoin digne de foi. Marcgravc lui-même n'a- voit certainement pas vu cet animal en Afrique, puifqu'il avoue qu'en Amé- rique même il n'en a vu que les dé- pouilles. Defmarchais en purle afTcz va- guement , il dit fimplement qu'on trouve cet animal en Afrique comme en Ame* riv|ue, mais il n'apu e aucune circonf- tance qui puilTe prouver le fait; & à l'égard de Kolbe nous c )mptons pour r'en fon témoignage, car un homme qui a vu au Cap de Bonne efpéran ce des clans & des loups cervier> tous femUables à ceux de PrufTe, peut bien aufll y avoir vu destamand ja. Aucun des Auteurs qui ont éiiûi lur les pr^duâions de l'Afrique TûmJX- LE TAMAN O I a /»/ y/ /'qû yo I.E rOIIRMlLIER Bruant \>ctUf,^ i y du Tamanoir, TamanAm, &c, 7 1^ éfc de l'Afie, n'ont p.iilé de-» laruandua , & au contraiie lous les Voy;g(.iirî. Ce nrc:quc tous lej. Hill>>riens dt l'Amé- rique en foiii mciiiii'ii prccile i de Ltry, de Laët (0), le P. d'Ahhevide {pj, M'-ffe ((jj, F.ilcr, Nicrenihcrg (rj, & Al. de la Condanune ( J J , s'ac- cordent à dire avec Pilon, li..rrèie, &c. que ce font des animaux Na:u els aux pays chauds de l'Ainéricjiie , ainlî nous ne doutons pas que Definarchais & Kolbe ne fe foient trompés, & nous croyons pouvoir aflurer de nouveau que CCS trois efpèces d'animaux n'exiHcnt pas dans Taiicien continent* (0) Defcription des Indes occidentales , par Jean de Laët , pnges ^8j iX / / <^. (y) MiflTion en l'île de Maragnon , par le Père d'Abbeville. Paris, i6i^, page ^^S> {(/) Hifloirè des Indes, par Maffé^ traduite par i< Pure. Paris, / /^âf , page 7 / . , ly Eufèb. Nieremberg, Hijî, Mat, Antuerpiae» 1655 , pai;. 190 & 191. (J) Voyage de la rivièrt des Amaaonci, par M« de la Condamine, pdge / ^"7. w^*^ 4 5.Ï ♦ .U,"-^i y» Nt/foJre Nfitiirelle LE PANGOLIN (a). ET LE c PHATAG IN (h). ES animaux font vulgairement con- nus fous le nom de Lé-^rds écaillcux ; nous avons cru devoir rejcier cette dénominaiion , (n) Pangolin ou Pnnffgivllng ^ nom que les Incicm (de l'A fie méridionale dément à cet animal : ^ ]ue nou5 avons adopté. Les î'ranço'S habitué; aux liulci orientales , l'ont appelé Lcjard écaillcux & Diahk i^ Java. Panggneling, (don Seba , fignifie , dans la langue ^c Java , un animal (jui fe fim en boule. Laccnus InMcus fquamojus. Bontii, lad, crient, iru page 60. Lévard écaillé, Aie'meires pour ftrvîr à l'HijIoin des Animaux t partie III , pnge S y. Armodîtlus fquamatits m-ijor Ce^'lanicui , fcu DiiX' holus Tajoiwticus diâus. Seha , vol. \, pag. 88, Tab. 54., %. I ; & lab, 5^ , fig. 5, A1)'rniccoj>haga pcdilm fient adaélytis. LInn. Syjl» ant, cdit. IV , pag, 6^. —^ Manis pedllms fcnia- da'^yfis , palmis pentadaûylis , cdit. VJ , pag. 8, — AJanis manibus peutisulaiïj/lis, pedibus pmiadaâyliit icdit. X, pag. 56. ^*% ^ Pho'ihttis pedibus anticis & poûich pentadaâyl'is, j^qnamis fuhotundis Pholidotus* Le pholidotfi Briflb», Regn, animal, pa n'iptir, pa}7. 6Cy Si 668. J\'ora. Qu'il y a ■«ritur il^iis cette phrafo imlicativc, le p;iri(;.>| n t'arr lnon-(culemcnt d'un genre , mais d'une claffl dillcrcuie | ^Js^m^^ I.E PHATA^OIK . 3^i. want Scu^ cachant < dans des ils font !c extraordi inuiiles , pareil exi nuance c telle des 'eu Pangolin & du Phatagin, 8 i' cachant dans des trous de rochers ou dans des terriers qu'ils fè creuiciit «& où , ils font leurs petits. Ce font deux efpèces extraordinaires, peu nonibreufes, afïèz înuiiles , & dont ia forme bizarre ne paroît exifter que pour faire la première nuance de la ngurc des quadrupèdes à celle des reptiles. D V 82 Hffoke Nattirelle LES TATOUS (a). L O R s Q u E Ton parle d'un qiudru- pède, il femhie que le nom ft'yl em« porte l'idt'e d'un animal couvert de poil; & de même iorfqu'il e(l quellion d'ua oilèau ou d'un poiflon , les plumts k les écailles s'offrent à l'imAginaiion , ^ paroiflent être des attributs infcparabb de c«s êtres. Cependant la Nature, comme li elle vouloit Ce fouftraire \ toute méthode & échapper à nos vues les plus générales, dément nos idées, contredit nos dénominations,, niéconnoît nos caradtres 5c nous étonne encore plus par Tes exceptions que p:ir fes loix. Les animaux quadrupèdes qu'on doit regar- der comme fhiiànt la première dalle de (a) Tatu ou T/ifou, nom c;énériqiie de ces animaux Hu Brefil. Tatufa, félon Maiîée, Hifloire mitc, il efl lui- même recouvert au dehors par un cuir mince , lifTc & tranfparcnt ; les feules parties fur lefquelles ce têt ne s'étend pas, font la gorge, la poitrine & le ventre qui préfentent une peau blanche & gre- nue, fembiable à celle d'une poule plu- jnée ; & en regardant ces parties avec attention , l'on y voit de place en place dois rudimens d'écaillcs qui font de îa même fubftancc que le têt du dos ; b peau de ces animaux , même dans les endroits où elle cfl la plus fouple , tend donc à devenir offcufc, mais roflincatioii ne fe rcalife en entier qu'où tlle efl la plus épaifle , c'efl-à-dire , fur les parues fii- pe'rieures <& extérieures du corps & dçî inembres. Le têt qui recouvre toutes ccî paniçs fupérieures, u'ell pas d'une iï^k des Tcitousi 87 hîèctf comme celui de la tortue; iî eft: partagé en plufieurs bandes fur le corps> Icfqucilcs font attachées les unes aux autres par autant de membranes qui permettent un peu de mouvement & de jeu dans celte armure. Le nombre de ces baïades • ne dépend pas , comme on pourroit i'i- îpagincr, de l'âge de l'animal, les tatous^ c'ui viennent de naître & les tatous adultes ont, dans la même efpèce , le même nombre de bandes , nous nous en fommes convaincus en .comparant Iss petits aux grands , & quoique nous ne puliFions pas alTurer que tous ces animaux ne fe mêlent jii ne peuvent produire cnfcmble ; il eft au moins très - probable , puifc|ue cetta différence du nombre des bandes mobiles dl confiante , que ce font ou des efpèces réeiienicnt diftindss , ou au moins des, variétés durables & produites par l'in^ Huence des divers climats. Dans cette ijcertiîude que le temps lèui pourra fixer^ nous avons pris !c parti de préfcnicr tous ies tatous enfemble & de faire néanmoins i'cin mération de chacun d'eux , comme fi c ctoit en effet autant- d'tfj[;)èces paï- llguifères. " ' ( l 'i ™ I * Il '' I > $8 Bfloirê Natunlle Le Père d^Abbeville (b) nous paroît être le premier qui ait dillrngué les tatous par des noms ou des épiihètes qui ont été pour la plupart adoptées par les Au^ teurs qui ont écrit après iuî. Il en indique aflcz cfaireinent Çix efpcccs. i .* Le TatoU' 9uaJfou , qui probablement eft celui que nous appelons Kahaffou; 2.** le Tatouète, que Marcgrave a auflî appelé Tatiike, & auquel nous conierverons ce nom ; 3.** le Tatou 'peb, qui eft le Taîupehn ou VEncuberto de Marcgrave, auqud nous confcrverons ce dernier nom; 4.** le Tatou- apar qui eft le Tatu apara de Marcgrave, auquel nous conferverons encore Ion nom ; 5 .* le Tatou- oulnchum qui nous paroît être le même que le Cirquinchum , ôc que nous appellerons Cirquinçon ; 6.** le Tatou - miri , le plus petit de tous y qui pourroit bien être celui que nous appellerons Cachicame, Les autres Voyageurs ont confondu les efpèccs , ou ne les ont indiquées que par des noms génériques. Marcgrave a dii" tingué & décrit Y Apar, VEncoubert & le (b) MifTion au Mitragnon, par le Père d'Abbcvillc, des Tatous* 8^ Tiitiîete ; Wormius & Grew ont décrit le Cachicame , & Grcw (èul a parlé du Ch'fjuinfon ; mais nous n'avons eu befoiii (l'emprunter que ies dcfcriptions de l'apar & du cirquinçon , car nous avons vu les quatre autres efpèces. Dans toutes, à rexcepiion de celle du cirquinçon , l'animal a deux boucliers ofTcux , l'un fur les épaules & l'autre fur la croupe; ces deux boucliers font chacun d'une feule pièce, tandis que la cuirafTe, qui e(l ofTeule auffi & qui couvre le corps, eft divifée tranCverfalement A par- tagée en plus ou moins de bandes mobiles à réparées les unes des autres par une peau flexible. Mais le cirquinçon n'a qu'un bouclier, & c'ell celui des épaules; la crouj^e , au lieu d'être couveric d'un bouclier , ell: revêtue jufqu'à la queue par de> bandes mobiles pareilles ù celles de (a cuiraflè du corps. Nous allons donner des indications claires & de courics defcriptions de chacune de ces efpèces. Dans fa première la cuirafTe qui cft entre les deux boucliers eft compofee de trois bandes, dans la féconde elle i'cft , fig. ï , 2 & 5 . CfJ (b'f^drîcwélus, Dûfyfms ciagulis qumwr, Liniii Syji' nat. cdit X, pag. 51, n.** 3. Cata^hra^us fcmis duoùuSf^ civgulis ftatuer^ » , , i^ yi?i Tatous: p^' prononcer qu'il exifte réellement dans I« Kature une efpèce de tatou à quatre bandes mobiles ; dWant plus que de»' puis ces indications imparfaites données en 1606 par Fabius Columna , on ne trouve aucune notice dans les ouvrages des Naturalises de ce tatou à quatre bandes, qui, s!ii exiftoit en effet, fe feroit certainement retrouvé dans quel- ques cabinets , .ou bien auroit été rcmar-^ que par les voyageurs. jJEncoubert (g) OU le Tatoit^ à fix bandes,. L'EiKOubcrt eft plus grand que 'Annadi/lo Indiens, L'arm.idille à&s Indes, BrifToni Rc^, animal, pag. 39. (g) Eucôubert, Enculertç ou Enculertadop nom que fcs Portugais ont dpuné à c^ aniniid , &. ^ue nous avons adopté. Tatou. ^/y! de Bellon, pag. lu. Nota, Quoique Bcllon ne parie pas dans fa defcript^on du nonabre des bandes de Ton tatou , l'en peut croire que cefi \ç tatou à fix bandes à i'infpediûyn de fa figure, qui cependant eft fort mal faite & trc$-difproportionnéç à taus autres égards. Tiuus feu Echinus ByafHanns» AIdrov. de quadrufi j)6 Hipolre Naturelle I*Apar , il a le dcfl'us de la tête , du cou , bandes; jf (ius cette vemai\|uc parce i\i\v. ces ):indura ou divlfin-a: ont érc prifès pour lis bandes elies-mcmes par quclqueyiins dr nos Naturalises. Ttuu five Arinadilln prima AJarc^rai'H. K&y, cf,;/, fiuad^up, pag. a 3 ; . Scx cîndus, DcSypii^ cinguïhfœs , pcdlhus ivumIùL' t)>lis. Linn. J^yl/. «^f. cdit. x, pag. 5 1. Caraphradus /cutis duolms , cingulis fix . , , . /fw^y rf'y/'r' Alexicanus, L'armadille du Mexique. ]^iiri:$ boucliers auxquels elles font réunies k îJilhcitntcs. Akmh^ii, Mernandès, J-Jifl, Mex. pag. 31^, 'latu feu Arwculilk', Clulii, Exotic. pag. 530. Tatou. Defcr'iption aa Indes occidentales , yar i^ Ji-act , juige ^Sô, T'itiicte. Brdfdhifd-vs , rcrdadeiro Lvftanis, Marc* ^rav, Hijl> Brafd. pa;^, 231, Tatou ou Armadiile. Hifloire gpncrak des Antilks; ir.Y k Fère du Tir/re. Piiri'i , 1 6 6j , tomt II, fdgc 2çS , /7. i j, fy. ;/,* à, Norj, Que cet auteur donne dix bandes à Ton tatou dans fa dcf» ■cription, nc'anmr.ins il y a toute apparence, .\ j'inf- ptdion feule de fa figure , qu'il a compris , dans te nombre de dix bandes , les deux bords iks hou- ilicrs dont la mofa'iLjue ei\ en effet la mtnie que iclle des bandes mobiles ; car, comme nous lavons «ic'jà dit plus d'une fois, ces bords ne (ont pas lepain •iii relie du bouclier , ils y font au contraire touN à lait adbérens ; on ne doit donc pas les oinifter 4ans le nombre iics bandes mobiles qui , par conii:^ quent , fe réiluit à buit dans la figure donnée par 'i Père du T'crtre. Tuiut'ie Ihafdieafl'us , Artmd'dli Jecunda ficcki J^iiTi-^ruvii» JRay , Sysnjf. t^nadruj), pag» z j 3. tJes TûtotiSé îo î tête péute, le mufeau pointu, îes oreilles droites , un peu alongées , la f}iicne encore plus longue & ies jambes moins bafîes à proponion que i eucoulurt ; il a les yeux pciiis & noirs , quatre doi^^ts aux pieds de devant ^ cinc[ à ceux de derrière ; Li tête eft couverte d'un cafque j les e'pauîes d'un bouclier, la croupe d'un autre bouclier , & ie corps d'une cuirafle compcfe'e de huit S(}.nem cînâus» Daf^'pm c'mgitlis feptcms > yalmh Utraàdélylis , plantis penîadailytis, Linn. S)^(}% tun, dii. X , pag. 5 1 , n.° 5, Nora, Il y a cri'tur tians cette plimfe indicative f cet aninicii ayant huit buncks mobiles & non pas fept, Câtaphrnâus feints éwhus, clngulis oâo, . . ". AtmncllHê Brafil, L'armadille du Brefil. IkifTon , Kcgn, aniniaK pag. 41. Nota. Qu'il n'ed nullement prouve que ÏAmaMo feu Aiotochtii de Nieremberg , 6f cjue le Tam major mofchitm rcdokns dt Barrcrc , (oient en tfFet le Tdiiicie ou Tatou à huit {«iules , comme M. Brifîon riiKli([ue par {-a nomenclature. La fii^ure de Nietcmheri^ préfcnre onze bandes qu'on doit ré- duire à neul 6t non pas à huit. X l'égard de Barrère, il ne donne ni defcription ni figure des animaux qui! liuli.juc , mais par fa phralis on voit que ccffc de l'un àci, plus grands tatous dont il a voulu parler. Son Talus vuijnr n'elt donc pas le Tutuète de Marc- grave qui, de l'aNcu de tous ies Auteurs , eft un des plus petits, , ■ E ii; ••fi Mn. Ul '1 102' Riflolre Naturelle bandes mobiles qui tiennent cntr'cIFes & aux boucliers par neuf jointures de peau flexible ; la queue eft revêtue de mcttîe d'un têt compofé de huit an- neaux mobiles & lépnrts par neuf join- tures de pe:m fiexihfe. La couleur de la ctiirafïe fur ie dos eft d'un gris-dc- fcr , fur les fliincs & fur la queue die cil d'un gris -blanc avec des taches gris-de-fcr. Le ventre eft couvert d'une peau blnnchâire , grenue & fcniée de quelques poils. L'individu de ccue ei- pèce qui a été décrit par Marcgrave avoit la tête de trois pouces de longueur, les oreilles de près de dçux , les jambes d'environ trois pouces de hauteur, les deux doigts du milieu des pieds de devant d'un pouce , les ongles d'un demi - pouce ; le cor[)S depuis le cou jufqu'à l'origine de la queue avoit iept pouces & la queue i:ieuf pouces de longueur ; le têt des boucliers paioit ieiFié de petites taches blanches , proé- minentes & larges comme des lentiiies; les bandes mof)iIes qui forment la ciii- rafTe du corps font marquées pnr des frgures triangulaires j ce têt n'clt pas des iciîous: tôj dur, îe pïus petit piomb fuffit pour ié percer & pour lutïr l'animar dont la' chair eu. fort blanche & très- bonne à' imnefer. '■* ■ •' " '' ' m: m- Le Cachïcam E (ï) ou Tatou à neuf bandes. Nicremberg n'a , pour airifi - drre/ (\) Cflch'icame , Caclucamo, Les TÎrpagn»! s appellent 'Awindi'h l'anfma! connu des Indiens fous le noin dé Cûchiùiwo , à'Aruco , de chè' (k cfiiica , &c. Hijloii'e nûturclle (le l'Orcnngiie, yar Guwilla, Arignon , i/jS , wme m , p^'-gc 2 2 j. Nous avons adopte ptHir cttti] ...^ " ■ lîfflt rP'i:[ îi! tel '104" Jiijloire NiiUireîle qu'indiqué ccr animal dans la defcrîption imparfaite qu'il en donne ; Worinius #v iio8 IJijloire Ndtureïïe grand cîç louics les Tatous , il a îa tctc jjlits grofîe , plus large à. lu niiUcau moins eflile que les autres , les p.mbcs plus épaiifes , les pieds plus gros , Ja queue Ftins têt , particularité qui feule fufiiroit pour faire diflingucr celte ejjjccc conféqiicnt qui fe rapporte le mieux à fon mot inj- catif, 'ïiiius major, Taiu feu Armadïllo Afrlcamis. Scba, vol. \, pag. 47, Tab. 30, fig. 11.°* T, (k 4. Scutum ojfcum toio imum. tais coYfori irljuin/'um cjl, Scha , vol. J, pag, ^7, J^ota, 1." Que ce tîîtou, comme tous les aunes, e * Ray a décrit, comme nous, îc cîr- quinçon d'après Grew ; M. Briflôn paroît s'être conformé à (a defcription de R^ay , au (fi a-t-il trcs-hîcn défigné cet animal quMI appelle fimplement ûrmai^il/e ; mais il ell finguiicr que M. Lixinaeus qui devoit avoir les defcriptîons de Grew & de Ray fous les yeux , puifqu*il les cite' tous deux, ah indiqué fm) ce même animal comme n'ayant qu'une bande , tandis qu'il en a dix-huit. Cela ne peut être fondé que fur une méprife allez évi- dente , qui con fille à avoir pris le tatufeu (m) Unicindus Dafypus tegniine tripartito peMns fmuviaâylis Tatu feu Armculiih Africanus. Scb , Mtif. 1, pag. -f 7, Tiib, j o, fg, 7, ^ Ttmnmflciims. Ray, quadrup. ^^/, Grew, Ahf» J p» Jliù, /, Linii. Sy^4 mu edit. x, pag. 50, # [rr:$ 'Hîjhlre NdtureJle éirmadîllo Africanus de Seba pour' îé tatii muftelinus de Grcw, lefquels néanmoiHs, par ies defcriptions mêmes de ces deux Auteurs, font très- difFérens l'un def^ntr». Autant fl paroît certain que l'animal dé- crit par Grew eft une efpèGc réellement exiflante, autant ii eit douteux que celui* de Seba exifle de fa manière au moinS' dont il le décrit. Selon lui cet armadillc africain a l'armure du corps entier par- tagée en trois parties (n); ïi cela eft, l'ar- mure du dos, au lieu d'être Gompofée de pilufieurs bandes, eft d'une (eule pièce, & cette pièce imiqUe efl feulement fé- paréc du bouclier des épaules & de celui de la croupe qui font aufîl chacun d'une feuîe pièce , c'eil-ià le fondement de i erreur de M. Linnaeus, il a d'après ce» p-afTage de Seba, nommé cet armadillc, Wîic'inéîus tegm'me îripartUo» CepeiKiant il étoit aifé de voir que cette indicaiion de Seba eft équivoque & erronée , puif- qu'elle n'efl nullement d'accord avec les figures , & qu'elle indique en effet le kaùûffou ou tûtou à douze bandes, comme ^»J San '(feum toio incumbcns cor^mi ir'qwiituU 'eks TdtOtfSi * W f ïious Tavons prouvé dans Tartrclc prc- ecdent. ..,.;-- .., ; .,^_ ^.■.. .^i, .^.j Tous les tatous font originaires de TAmerique j ils étoient inconnus ayant la découverte du nouveau monde, ieg Anciens n'en, ont jamais fait mention, & les Voyagfurs modernes ou nouveaux en parient tous comme d'animaux naturels & particuliers au Mexique , au Brefil , à la Guiane, &c. aucun ne dit en avoir trouvé l'efpèçe exiftante en Afie ni en- Afrique ; quelques-uns ont feulement confondu les pangolins & les phatagîpis ou lézards écaiiieux des Indes orientales avec fes armadilles de l'Amérique; quel- ques autres ont penfé eju'ii s'en trouvoit fur les côtes occidentales de i'Africjue, parce qu'on en a quelquefois tranfporté du Brefii enGuinée. ^éXow/o), quia écrit^ (o) « Et pour ce que i'animal dont nous avons cîéjà ci-devant parlé, qu'on nomme un Tatou y s'elt trouvé » grandeur d'un moyen pourcelet : aufll eft-elle efpèce î> de pourceau , ayant jambes , pieds & mufeau de » même ; car on l'a déjà vu vivre en France , & le nourrir de grains & de fruits. » Objervatims de Bdlott^ Paris, IJJS, page 2Jt4 "': (p) Oviedo , Summarînm Indt occîfl, cap, XXI T. (q) Hiftoire d'un voyage fait en îa terre du Brefil, par Jean de Lery. Paris , ijyS, page ij^ if, Juivames, (r) Goman , ////?. Mexlcan, à'c, fJJ Singularités de la France antardlique , par Thevet, chap» LIV* (t) Defcription àcs Indes occidentales, par Ant» de Herrera. Amjlerdam ^ 1622, page 2^2» Cu) Mifflon en l'île de Maragnon , par le P. C< d'Abbcviilci Capucin, PaYÏs, 1 éi/f., page 2^S* lies Tatous» ~ 117 François Ximenès, Stadenius fx) , AIo- narcl (y), Jofeph A colla (■{), de Laët (a), tous les Auteurs pïus recens, tous les Hiftoriens du nouveau monde font wen- lioii de ces animaux comme originaires des conirces méridionales de ce conti- nent. Pifon, qui a e'crit poftérieurement à tous ceux que je viens de citer, eft le feul qui ait mis en avant , fans s'appuyer d'aucune autorité, que les armadilles (c , trouvent aux Indes orientales (b), aufO- bicn qu'en Amérique; il eft probable qu'il a confondu les pangolins ou lézards écaillcux avec les tatous : lès £fpagnoIs ayant appelé Armadillo ces lézards écaii- (x) Joann. Stailen. Rçs gefla. îtt Braflia, ifc. (y) Nicolaj Monardi. Sim^licium Mcdic, Hifl, pag. 350. (l) Hilloîrc naturelle cîes Indes , par Joffph Af:o^^. Paris, 1 60 o , page i ^8, ' .' (a) Defcription des Indes occicf en talcs , par Jean de Latt , cluip, V, pages jj.8 J & ^Sé ; & chap. xy, . (h) Cum in occidmtalis non folum , fcd if orientniis hlia: panilms frequcns ndeo fit hoc inuftaîtz aniforma- iioms animal , non miriiai Jî re/ mmine , vel ttuignitudine, fpra qupquc Jubindc varia» Pifon , Hiji, nat, BrafiU pag. 100. ,^-- ^'y, ., ,_:. .; ^v-.; -, f fil y ^Hlfl0)re Naturelle Icux , auflî - bien que ies tatous, cette erreur s'ed multipliée fous la plume de nos defcripteurs^de Cabinets & de nos Nomenclateurs , qui ont non-ièulemcnt admis des tatous aux Indes orientales, mais en ont créé en Afrique, quoiqu'il n'y en ait jamais eu d'autres dans ces deux parties du monde que ceux qui y ont été tranfportés d'Amérique. Le climat de toutes les efpèces de ces animaux n'eft donc pas équivoque; mais il cd plus difficile de déterminer leur grandeur reladve dans chaque tÇ- pèce ; nous avons comparé dans cette vue , non - feulement les dépouilles de tatous , que nous avons en grand nombre au Cabinet du Roi , mais encore celles que l'on conferve dans d'autres Cabinets ; nous avons auiïi comparé les indicadons de tous les Auteurs avec nos propres defcriptîons , fans pouvoir en tirer des réfuhats précis: il paroît feulement que les deux plus grandes efpèces font le kabaffou & 1 en- coubert , que lei petites efpèces font i'apar , le tatuètc , le cachicame & fe cirquinçon. Dans les grandes efpèces i. le tet efl beaucoup plus foIiJe Se plus dur que dans les petites; les pièces qui ]e compofènt font pl«s grandes & en plus peiit nombre ; les bandes mobiles iinticipent moins les ui^es fur les ^iutres, fi la chair auffi - bien que la peau eft plus dure & moins bonne, tifon dit que celle de Tcncoubert n'eft pas man^ gcable fcj; Niercmbcrg aflure qu'elle efl: nuifible & tçès-mai faine ^^/, Barrère (lit que le kabaûou a une odeur forte de mu fc ; & en même temps tous les autres Auteurs s'accordent à dire que la chair de l'apar & fui* - tout celle du tatuète font aufti blanches & aufli bonnes que celle du cochon de lait ; ils di(ent aulfi que les tatous de petite efpèce :fê tiennent dans les terreins humides 5c habitent les plaines , & que ceux de (c) Prima, if nutxlma ( fpccics ) tAtuptha cujus ^ 'cnptioni fuptrfedeo , ut ])ote non ecdilis, Pifon» Hijl. nat? Brafil. pag. loo. (d) Quadam innoxia if gratijjîmi alimentifunt, afta lima if venenata ut vomiiu ac fiatu alvi fwcopem inducam , Diflinguntur tefJarum feu laimaarum mmero : înnoxia pâonis , noxia fcnis conjiant, JNieremi terg , Hi^, nat, Pirc§r, pag. .i f age 2z6% h 11 t24 H^oke Naturelle «nticr. Lorfqu'ifs font dans des tcrrîers profonds , on les en fait fortir en y fai(ânt entrer de la fumée ou couler de l'eau ; on prétend qu'ils demeurent dans fcurs terriers fans en fortir pendant plus d'un tiers de l'année f^J; ce qui eft plus vrai , c'eft qu'ils s'y retirent pendant le jour & qu'ifs n'en forte nt que h nuit pour chercher leur fubfiflance. On chaflè ie t«itou avec des petits chiens fi) qui l'atteignent bientôt, il n'attend pas méine qu'ils fotent tout près de lui pour s'arrêter & pour (e contra^er en rond; dans cet état on ie prend & on l'em- porte. S'il (c trouve an bord d'un pré- cipice, ii échappe aux chiens & aux chaHeurs, ii ie refferre, fe lailTe tomber êc rouie fkj comme une boule fans brifer fon écaille & fans rellcntir aucun mal. Os animaux font gras , replets & très - féconds , le mâle marque par les f^J Hiftoîrc goîéraïe des Antilles, par le Père du Tertre, tome 11, pag£ 2^ S» (î) HiAoire naturelle ^ Antilles. Rotur# , M ,, w^' w. \rm-I^' I^E CACHICAME.^/zc^/^y^g^ LE KABASSOtr 3rùmt%fci ■i"!»" '''*9f'' IX li^. A Vi'.-. V ^ V- 'Coinl^ plj4-pa^çi2 0 >v '■-, >«..>». AUrR K AB AS vSOU ff^ân^âÎB pfyi • } , 1 ■TMÎf i 1 uWllI lom IX> lom IX. p/tS./U\ç IJ2Ù V .-.* .-'A^ -%., Le 1 monde , le Lapir & ancjue iieft be & iTiêm gros Pari Paca Bi Paca, Mus B àâus, A. Cunkuh hijî. Fra Cmîcu r'igidis ; tinâis . . , pag. «^. '»*/, LE PACA (a). I X E Paca cft un animal du nouveau inonde , qui fe creufe un terrier comme le Lapin, auquel on l'a (buvent comparé, & auquel cependant il reflemble très- peu; il eft beaucoup plus grand que le lapin , & même que le lièvre , il a le corps plus gros & plus ramafTé , la tête ronde & le mufeau court : il efl gras & replet , & il (a) Paca, nom de cet animal au Brefil, & que nous avons adopté. On Tappelie auifi à la Guiane, Ournna, VTi^Ju Pague. Hifloire fl'urt voyage au Brefd, par dt Léry. Paris, i;yS,pnge * S7» Paca Drafilienftlms» Marcgravc, Hifl» Brafil,^. 22^ Paca, Pifon , Hi(î, nat, BrafiU pag. 101. Mus Brafilienfis magnus , PorcelH jnlh if voce, Paca Mus , MarcgraviU Ray, SynopJ, quadtup, pag. a a 6, Ctntkulus wajor paîujlris , fafciïs ai/fis notatus, Barrère, Hijl, Franc, équin, pag. 152* Cmîculus caudatus , auritus , ytlis obfcure fuh-is , y\pdh ; Limis ex alùo favkantibus ad latera dif- ti'iâis Paca f le rak. Briflbn. Regn, animât^ pag. \^±, F lii; M s Hijlotre Naturelle reflcmbîc plutôt (b) , par la forme du corps à un jeune cochon , dont il a le grognement , l'allure & la manière de manger ; car il ne fe fert pas , comme le lapin , de fespaitesde devant pour porter a (Il gueule , & il fouilie la terre, comme le cochon , pour trouver fa rubfiftancc; ii habite le bord des rivières (cj, & ne fe trouve que dans les lieux humides & chauds de l'Amérique méridionale. Sa chair eft très - bonne à manger ( d)y & (b) Hcc penus (mrroVtn pil'is & jwe porcdhim nfitunt, ilentilnts & Jignra caj.>Uis , &" ttiam magnitudinc cuni' culuri; amhs murem: funtque Jingularia iT" jui gaicriu Rny, SynopJ. ijumimy. pag, 227. ii e{t certain , comme k dit Ray, que cet anima! cfl de Ton gci:re j il auioît Jni ajourer qu*ii reffemble encore au cochon de fait par a forme du corps, par le goiit& !a blancheur de la chair, par la grailfc ' le lapin, (c) Les Piicns font femblables aux petits pourceaux de deux mois , ifelqucis ii s'en trouve une wrande quantité principalement auprès de;» livages de la rivière de Saint François. DifcrijHion da InàS iKciikntaks , -par de Z-wi'V, y âge -f «^-f . (d) Le Pac efl le plus gras de tous les anîtriniix de Cayenne ; fa chair e(t extrêmement bonne «S. de bon goût. Voyage à Caymne tn 16^2, par Ant, Binet» Paris t 166^» l'ûge ^f ^, — Le i'^à dl une elpèco du Paca, An) fl grafle qu'on ne la larJe jamais, on niange inêine la peau (ej, comme celle de lapin fort connu ; fa chair cft beaucoup meild que celle de l'agouti. Barrèrc, HijL tranc, iirc;iC| i itji, nant, l'auiH» yane I j F. — Les Pacs du Brcfil (ont grands & ont la tète& le inufcau fcmblables aux chats, la peau grife, de couleur fombre taelaetéc de blanc ; la chair cxtrc- niemctit Ix^nne & douce. Dejcripiion des hulcs occidtn" taies , /htr Hirrcra. AwJI» 1622, page 2^2, (e) Le Pdca a le mufeau rond comme celui i\\\n cli:U , la peau noire & marquetée de queK|ues taches blanches ; non - feulement la chair , niai.-; encore U rc:iu en t\\ dclicieui'e , tendre & rechcrtlice dans les plus dclicat.s fcftins. Hijloire des Indes , yar A'U^ce, Ptiris , 166^, y âge yo> — Paca viagninulnie ;JMH Ï30 ■ Hiflohe Nûîtirelle " du cochon de lait , aufîi lui faîi- on coniinuellement la guerre; les Chafîèms ont de la peine à le prendre vivant , ôj quand on le furprcnd dans fon terrier qu*on découvre en devant & en arrière, U le défend & cherche même à fe venger en mordant avec autant d'acharnement que de vivacité. Sa peau , quoique cou* "verie d'un poil court & rude , fait une aflTez belle fourrure ff), parce qu*ellc cil régulièrement tachetée fur les côtés. Ces animaux produifent fuuvent & en grand nombre \ les hommes & les animaux de A.' ;►' feuTcment beaucoup plus court que les autres lé^'pqç. i3o mmm'^ ^S»-»:^ 'dâ^Ç LE PACA pfoîe en dant l'ef] égalemei & partiel à ne fe continen a * ,. Jii Paca» i-^i pfoîe en détruisent beaucoup , & cepen- dant l'efpèce en eft toujours à peu près également nombreufè ; clic eft naturelle h particulière à TAmérique mëiidionaie, & ne fe trouve nulle part dans l'ancien continent. M ty r •19' à ■^l • T > 1 1 ' .y ,- * vî 1 3 2 Hiftotrt Natwelle LE SARIGUE (a). OU il • ts! •'■■ i^- !5i --î- " L L'O P 0 s s U M. .—>. E Sarigue ou VOpoJfum cft un anr- mal de l'Amérique qu'il eft arfé de dillinguer de tous les autres par deux (a) Le Sarigue , Çarigue ou Çe Chuciam ; Stadenius Seruoi ; Nomenclaiorfemi VuU pam, Rnphe Hnmor , in defcriptione Virginia, Opojfumem tiixit : alii Aucham , alû Safapim t alii Cerigonem dixere^ EiiC Nicremberg. /////. naturnl, peregrin. Antucrpiae, 1655, pag. 156, Nota. Que ia delcriplion que Mieremberg donne de cet animai a été copiée mot à mot de Hernandès , dont l'ouvrage a été imprimé en 1 62 (5 ; le livre de Nicremherg ne l'a été qu'en 1635; ainfi l'on ne peut douter que ce dernier Auteur ne foit le copifle du premier. Cerigon , felon Maffec, Hîfloire des Indes, Fiv, tl^ fâge ^6 : &. félon Harleus, Res gejla in Brajtlià, pag. z 2 2 . Le Cerigon , dit Maftée , eft une bête admirable ..... de Ton ventre pendent deux befaces où il porte Tes petits , diacun dVax fi fort attaché» à fon teton , qu'ils ne le quittent point jnlqu'à ce qu'ils foient en état d'aller paître. Notiu MafFée indique ici une chofe qui peut induire en erreur & faire croire que ce Cerigon , qui a deux befaces ou poches, feroit un animal différent du Sarigue qui n'en a qu'une; mais il faut ol/erver, & nous l'avons vu nous-mêmes» que quand les glandes mammaires du Sarigue fonl dans leur état de gonflement par le lait dont elles font remplies , elles font un volume fî confldérable au dedans de U poche, qu'elles en tirent la peau par le 134 fitfloke Naturelle ces caradèi es eft , que la femelle a foaa rftîlieu , Si qu'elle paroît alors partngée en deux befâccr, comme le dit MafFée, qur probablement avpiC vu fon Cerigoii dans cet ctat# Sari g' y, de Léry, -page r ^ 6* Nota, Ce n'efl que toar la refreiTiblance du nom qu'on peut juger que le Sarigeiy de Léry eft le même que le Carigucya , car cet Auteur ne fait aucune mention de la poche que la femelle a fous le ventre ; il dit feulement « quei'animat » appelé Sarigoy par les Sauvages du Brefil y eft de ** po'' grisâtre \ que parce qu'il put , eux n'en man- a» gcnt pas volontiers j toutclois , ajoute - 1 - il , nous a» autres en ayant ccorché quelques-uns, & connu que » c'étoit feulement la graiiïe qu'ils ont fur les rognons j» qui leur rend cette mauvaiie odeur , après leur avoir -» ôtée , nous ne lailTions pas d'en manger, & de fait, ïa chair en elt tendre & bonne ». Hijloire d'un voyagt fait en la terre du Breftl, par Jean de Léry, Paris, i jyS, fàge I j6, C'efllàtout ce qu'on trouve dans de Léry au fujet du Sarigoy : c'ed donc par la reflèroblance ieule du nom qu'on a jugé que c'étoit ie même aniinal que le Carigueya dti BreHi. ;!,» , • Seruoiow Jerwor, Stadenius. Hi/i» Braft, p» 129; Chiurca &l Chucia , félon Oviedo & Cardan. Dt fuhùlitnte , lib. X , opcr. tom. UI , pag. 5 3 i , Apojfamts , félon Raph. Hamoft dans fa defcriptioi» de la Virginia: r^. .; ,^ Opafum , de Laët , Hifloire du nouveau monde ; fdge 88* TJaquatiJHt fiiivant le même de Laét, page i^jy €À\ il en donne une dcfcription encore tirée de au Simgite ou Opojjum. t 3 j le ventre une ample cavité dans laquelle Carague, fclon le même de Laët, page ^9;, AJaritacaca , Pifon ; Carigry, Lcrii; Roj'Oja, Lu(r- taiiis j Carigucya, Brafilienfibus ; Jupatilma nonnultis , Maicgrave ; T/aquatiin , Hernandès , Lcrio , Sarigoy; feml'Vulya, Ge(ncro; the Pojfûm, Ray, SynopJ, quadr» pag. i8z & 183. Nota. Qu'il" y a^ erreur dans cette première phrafe indicative, citée par Ray, puifque le Maritacaca n eft pas le même animal que le Carigueyai & que ce font en effet deux animaux difFérens , comme il eft aile de s'en affijrer en lifent feulement hi articles de Pifon oii il en eft queftion , /'^J'« i^/, Carlgueya feu A'Iûrfvpmk Ammcanum; or , the Ana-' thomi cf an Opojfum , h^ Edward Tyfon, Londom, i<^98. — Idem, Philofophical Tranfa^. April. tô^S* M.** 239. Nota. Tylbn n'a donné que la defcription de la femelle , Cowper a donné enfuite li defcription tki mâle, Will. Cowper, Alarjupiak Americanuni mas, Piiiiolophic/iVanf. Mars 1704,. N^ 2.^0* Opojfum , Gatefby. Hifi. de là CaroK appert A p, 2p\ Ofa au MifTifÏjpi. Voyages delà Hontan, La Haye^ iy 06, tonte J I , j>age ^^, Opojfum ou Pofurtt, Hiftoire de là Virginie traduite de i'Anglois. Orléans, tyoy, page 2.1^» Opnjfitm» Hiftcire naturelle des Antilles. Rotterdam» iâ j8, pages 121 & IZ2» Manitou, Hiftoire ge'néralc des Antilles, par le P. du Tertre, Paris ^ i 66y, tome II, page ^01* fum^ ou Ravale iiift, natj de i'_Orénotrter maxinms crientafîs famfna, httr alla rarior.i iy hocce animal nob'is ex Amboina m'ijjm njl ,. Jub nomine Cocs - cocs , eà fjuuUnt delatum £X 0R13 MEAIOTIORIBUS, Seba, vol, I , pag. 6^, (t) In Indiii mmtaUbus , 1S>QUJS SOLUM^ du Sarigue oi\ Opoffum, 141 Amhoîne feulement , on trouve un animal (embliihlcau lariguc du Brefil , & qu'on lui donne -le nom de Cous-cous : Pifon ne ciic fur cela ni autorité ni garants; il fèroit bien étrange, fi icfaitxîtolt vrai, que Pifon afTurant pofuivement que cet animal ne fe trouva qu'à Amboine dans toutes les Indes orientâtes , Scba dît au contraire que celui qui lui a été envoyé d' Amboine n'en éioit pas natif, mais y avoît été apporté de pays plus éloignés. Cela iêui prouve la fàu^èté du fait avancé par Pifon , & nous verrons dans la fuite le peu de fonds que l'on peut faire fur ce qu'il a écrit au fujet de cet animal. Seba qui ignoroit donc de quel pays vcnoit (on philandre , n'a pas laifTé de lui donner l'épiihète à^mental, cependant il eft cer- tain que c'eft le même animal que le farigue des Indes occidentales; il ne faut, pour s'en aiïurer , que comparer fa fi- gure , planche XXX IX , avec la Nature, QUANTUM HÀCTENUS CONSTAT, IN AMBOtNÀ fimiiis bejHa frequens , ad fclis wagni- tudinein accedens ; maéîaia âb incoHs comeditur , fi rite praparetur, nom alias faut, Nomen illi Cous-cuus iaditunu Filon, Hif^ mtur* BrafiL pag. 323, w J^i Hifîùke Naturene Mais ce qui ajoute encore à Terreur, c*cft qu'en inêrae temps que cet Auteur donne au f.irigue cl* Amérique le nom de grand PMlandre oriental, il nous préfente un autre animal, qu'il croit être difFércni de celui-ci, (bus le nom de Phïlandn d'Amérique (pL XXXVI , fg, t & 2), & qui cependant , (èlon fi propre de!-. cription , ne diffère du grand philandre orientai qu'en ce qu*iJ ell plus petii & que fa tache au-deiïus des yeux efl plus brune; différences, comme l'on voit, très -accidentelles & trop légères pour fonder deux cfpèces diftindes, car il ne parle pas d'une autre différence qui (croit beaucoup plus eflrentlelle fi elle exidoit réellement comn^ on la voit dans U figure; c'eft que ce philandre d'Amé- rique (Seba, pL xxxvi, fg. i & 2) a un ongle aigu aux pouces des pied^ de derrière, tandis que le grand philandre oriental (Seba , pL XXXJX ) n'a point d'ongles à ces deux pouces. Or , il cft certain que notre farigue , qui eA le vrai farigue d'Amérique , n'a point d'ongles aux pouces de derrière : s'il exidoit donc un animal avec de$ ongles aigus à ce du Sangue ow Opojfunu i^f pouce, tel que celui de (a pL xxxvi de Seba, cet animal ne (èroh pas, comme il le dit, le farigue d'Amérique. Mais ce n'elt pas tout, cet Auteur donne encore un troificme animai fous le nom de Phi" knire oriental (pU xxxrili, fg. i ), duquel au reflc il ne fait nulle mention dans in defcription des deux autres, & dont il ne parle que d'après François Va- lentin , auteur qui , comme nous i'avon; déjà dit , mérite peu de confiance ; & ce troifième animal eft encore le même que les deux premiers. II nous paroît donc que ces trois animaux des planches XXXVI , XXXV m & XXXIX de Seba n'en font qu'un feul ; il y a toute apparence que le DeHinateur, peu atr tentif, aura mis un ongle pointu aux pouces des pieds de derrière comme aux pouces des pieds de devant Su aiix autres doigts dans les figures des pL xxxvi & XXXVIlfy > Maîiiycs où on l'appelle Pelandor Arsé, » c'eft-à-dire, Lapin d' Aroé , quoiqu'Aroé *> ne foit pas le Teul lieu où fe trouvent 3? ces animaux ; qu'ils font communs dani >3 Pile de Solor ; qu'on les élève même ?3 avec les lapins auxquels ils ne font aucun w mal , & qu'on en mange également la » chair que les habîtàns de cette île trou- vent excellente, &c. >3. Ces faits font très-d©uteux pour ne pas dire fiux. 1.'' Le philandre, planche xxxvijj , n'ell pas le plus grand des Indes orientales, puifque , félon l'auteur même , celui de la planche XXXIX , qu'il attribue aulTi aux Indes orientales , ell plus grand, En fécond lieu , ce phiiandrc ne itlTcni- ble point du tout à un lapin , & par conléquent il efl: bien mal nommé kpin ifAroé. Troficmcment, aucun Voyageur aux Indes orientales n'a fait mention de ççt animal fi remîir<[uable , aucun n'a dit qu'il fe trouve ni dans l'île de Solor, lii dans aucun au.re endroit de l'ancien continent. Seba lui-même paroît s'aper- cevoir non - feulement de l'incapacité , Xims aufîi de l'infidéliié de l'auteur qu'il jpite ; CuJks e^uiém ni, dh-ïifjîd^fi du Sdngîie ou Opofum» 147 p^nes autorem. At mïrum tamen ejî quod J). Valentînus philandri formant haud ita icfir'ipferit prout fe habet & uti nos ejus icônes ad vivum fadas prœgreffis tabulïs exliibuimiis , vol, I, pag. 61, Mais pour achever de fè démontrer à foi-même le peu de confiance que mérite en effet le témoignage de cet auteur , François Valeiîtin , Miniftre de l'e'glife d'Am- boine, qui cependant a fait imprimer en cinq volumes in -folio riiiftoire Natu- relle àes Indes orientales (e), il fuffit de renvoyer à ce que dit Anedi (f) au fujet de ce gros ouvrage , & aux reproches que Seba (g) même lui fait avec raifoii fur l'erreur grofîière qu'il commet , cix (() Ond cvi nicuw. Ooft-Ittclicn , &c. Dordrecht i (f) Midta fcnpÇit Fraucifcm Valentînus qua. Judaus apelln cmlat . ... Ita cowparatus ejl hic liber Belgicus , ut Hijlorkoriitn tiaturalium geiminormi & eruditorum oculos mllo modo ferre f'ojpt, Artcdi Ichthyologiae hift. iitte- raria. Lugd. Bat, i;rjS, pag, 55 & jtf, (g) Inde afttcm qitam li(juidijpmè detegimr error à D, Fmcifco Valemino fomtnijjus circa hîjioriam fiorum ani- mlium. Tom. III , pag. 273 error ab/otius valà & enormis , inde forfan ortîm duxit quod vir ifle knnc animaliwn fpecieni haud débité examiitaverit , iXe* Gi; ^ 148 Hïpoire NtiUireUe alTurant c< que la poche de l\mimal, dont « il efl ici queftion , eft une inairice dans >5 laquelle font conçus les petits , & qu'a- *3 près avoir lui-même difléqué le phi- >5 iandre , il n'en a pas trouvé d'autre; >a que fi cette poche n'efl pas une vraie » matrice , les mamelles font , à i'ëgard » des petits de cet animal , ce que les 3> pédicules font aux fruits , qu'ils reftent >i adhcrens à ces mamelles jufqu'à ce >î qu'ils foient mûrs , & qu'alors ils s'en 35 fe'parent comme le fruit quitte fon pé- >5 dicule lorfqu'il a acquis toute fà ma- turité, &c. M. Le vrai de tout ceci, c'eft que Valentin qui afTure que rien n*eft fi commun que ces animaux aux Indes orientales , fur- tout à Solor , n'y en avoit peut-être jamais vu ; que tout ce qu'il en dit, & jufqu'à fes erreurs les plus évidentes, font copiées de Pifon & de Marcgrave , qui tous deux ne font eux- mêmes , à cet égard , que les copiftes de Ximénès , & qui fe font trompés en tout ce qu'ils ont ajouté de leur fonds ; car Marcgrave & Pifon di{êntexpreflcment& affirmativement, ainfi que Valentin, quel la poche ell ia vraie matrice où les petits 1 du Sarigue ou Opojfunu i 4c; du farîguc font conçus (h); Marcgrave dit qu'il en a diflTéqué un , & qu'il n'a point trouvé d'autre matrice à l'intérieur ; Pifon renchérit encore fur lui en difant qu'il en a difTéqué plufieurs (i ), & qu'il n'a jamais trouvé de mntrice à l'intérieur; & c'eft' là où il ajoute raflfertion, toute aulîi mal fondée , que cet animal fé trouve à Amboine. Qu'on juge maintenant de quel poids doivent être ici les autorités de Marcgrave, de Pifon & de Valeniin, & s'il feroit raifonnabie d'ajouter foi au témoignage de trois hommes dont le premier a mal vu, le fécond a amplifié les erreurs du premier , & le dernier a copie les deux autres. Je demanderois volontfers pardon 3 mes Ledeurs de ia longueur de cette difcuffion critique , mais lorfqu'il s'agit de relever les erreurs des autres , on ne (h) Hœc litrfti fpfe merus eft nnîmalis , nam rJhini m hdlm , uti exfeétione iliius coniperi : in hacfenien cnn- vpitur if catuli formantur, Marcgrave , Hijl, Brafilier^, pag. 223. -' (t) Ex REJTERATIS Jiorum ctrthwtlhmi feâionihs f rJim non invetwmis iiterim pratcr hanc hnrfnm , in qiut I \inm coiicipifur tT* catuli formantur, Pifon , HiJl. nat, i'r.^/. p.ig. 323. __ , G il; 750 Hîjîoire Naturelle peut être trop cxa^ ni trop attentif, même aux plus petites chofès. M. Briffon , dans Ton ouvrage fur les quadrupèdes , a entièrement adopté ce qui le trouve dans celui de Seba : il le fuit ici à la lettre, foit dans Tes déno- minations, foît dans Tes defcriptions, & il paroît même aller plus loin que fon auteur, en failant trois efpèccs réellement diilindes des trois philandres , planches JCXXVI , XX XVI II & XXX IX de Seba ; car s'il eût recherché l'idée de cet auteur , il eût reconnu qu'il ne donne piis (es troi» philandres pour àti cipèces réeifement difte'rentes les unes des autres. Seba ne fê doutoit pas qu'un animal des climats chauds de l'Amérique ne dût pas fe trouv^er auiil dans les" climats chauds de l'A fie ; il qualiftoit ces ani- maux d'Orientaux ou d'Américains, félon qu'ils lui arri voient de l'un ou de l'autre contÎKent ; mais il ne donne pas fcs trois philandres pour trois efpèces didiiK^tes & féparées ; il parou claire- ment qu'il ne pre; d pis à la rigueur le m t. d'ef'pèce , lorfriu'il dit, page é i ; C'ejl ici la j^lus grande efj^cce de as du Sarigue ou Opoffim, i 5 f mhnânx , & qu'il ajoute , cette femelle tji parfaitement femblable ( fimillima) aux femelles des phïlandres d* Amérique , elle \\\ feulement plus grande , ù* elle efi cou-' . siïte fut le dos de poils d*un jaune plui foncé. Ces clifFérences , comme nous lavons déjà dit, ne font que des va- riétés telles qu'on en trouve ordinaire- ment entre des individus de la même cfpèce à différens âges : & dans le fait Seba n'a pas prétendu faire une dfvifion méthodique des animaux en clafles , genres & efpèces ; il a feulement donné les figures dès différentes pièces de (bu Cabinet, diQinguécs par des numéros, fuivant qu'il voyoit quelques différences dans la grandeur , dans les teintes de couleur ou dans l'indication du pays natal des anîitiaujf qui compofent (a colle<^ion. Il nous paroît donc que fur cette feule autorité de Seba, M. Briffoii n'éfo't pas fondé à faire trois efpèces différentes de ces trois philandres , d'au^ tant plus qu'il n'a pas même employé les caraâères diflinc^ifs, exprimés dans les figures , ••• . fi52 Hijloîre Naturelle , aux pouces des pieds de derrière des deux premiers & qui manquent au troi- fième. M. BrifTon devoit donc rapporter à fon «." ^ f c eft-à-dire , à Ton philandre d'Amboinc , page 2 8 ^ , toute ia nomen- clature qu'il a mile à fon philandre , w." / , page 286, tous les noms & fynonymes qu'il cite ne convenant quW philandre , n' ^ , puifque c'eft celui dont ies pouces des pieds de derrière n*ont point d'ongle. Il dit en général que les doigts des phi- landres font onguicule's , & il ne fait fur cela aucune exception ; cependant le philandre qu'il a vu au Cabinet du Roi , & qui eft notre farigue , n'a point d'ongle aux pouces des pieds de derrière, & il paroît que c'eft le feul qu'il ait vu, puifqu'ii n'y a dans fon Livre que le n." i qui foît précédé de deux étoiles. L'ou- vrage de M. Briffon, d'ailleurs très-utile, pèche principalement en ce que la lifte des efpèces y eft beaucoup plus grande €]ue celle de ia Nature. Il ne nous reflc maintenant à examiner que la nomenclature de M. Linnaeus; elle eft fur cet article moins fmtive que celle des autres, en ce que cet auteur du Sdrigue ou Opoffum, i 5 j fupprime une des trois efpèces dont nous venons de parler , & qu'il réduit à deux les trois animaux de Seha ; ce n*efl pas avoir tout fait , car il raut les réduire à un, mais du moins c'eft avoir fait quel-' que chofe , & d'ailleurs il emploie ie caradère diflincflif des pouces de der- rière fans ongles, ce qu'aucun des autres^ à l'exception de Tyfon n'a voit ob(ervé. La dcfcription que M. Linnseus donne du farigue , fous le nom de Marfupialîs (k) n! I i Didelphis , &c. nous a paru bonne & aflTez conforme à la Nature , mais il y a inexaâitude dans fa diftribuiion & erreur dans fes indications : cet auteur, qui fous le nom à! Opoffum , n' / , page ^ j , défigne un animal différent de fon Âlar" fiipialis, n! î , & qui ne ciie à cet égard que la feule autorité de Seba , dit cepen- dant que cet opofTum n'a point d'ongle. aux pouces de derrière , tandis que cet ongle efl très- apparent dans les figures de Seba ; il auroit au moins dû nous avertir que le Dcffinateur de Seba s'étoit (k) LinnsBUs^ Syf% nat, edit»x, Holmia, i^jS ,. G V 154 ' Hijlohe 'Naturelle trompé ; une autre erreur , c*eft d'avoir cité le Maritacaca de Pilon comme ie même animal que le Carigueya , tandis que dans l'ouvrage de Pilon , ces deux animaux , quoiqu'annonc«s dans le même chapitre , font cependant donnes , par Pifon même, pour deux animaux dif- férens , & qu'il Içs décrit l'un après l'autre. Mais ce qu'on doit regarder comme une erreur plus confidérable que les deux premières, c'cft d'avoir fait du même animal deux efpèces différcnies^ le Aiarfupîalls , n' / & VOpoJfum, n." j>, ne font pas des animaux di^érens ; ils ont tous deux , fuivant M. Linnœjs même,, le marfupium ou la poche, ils ont tous deux les pouces de derrière fans ongle, \\s font tous deux d'Amérique, & ils ne difFèrent ( toujours ft'on lui] qu'en ce que le {)remier a huit mamelles, éa que le fécond n'en a que deux & la tache au-defTus des yeux plus pâle; or ce dernier cara(flère eft , cofnme nous l'avons dit , nul , & le premier eft au moins très- équivoque ; car le nombie des mamelles varie dans pKideurs efpècci du Sarigue ou Opoffum» i 5 5 d'animaux , & peut-être plus dans celle-ci que dans une autre, puifque des deux faiigucs femelles que nous avons au Cabinet du Roi , & qui font certaine- ment de même efpèce & du même pays , l'une a cinq & l'autre a (ept tétines , & que ceux qui ont obfervé les mamelles de ces animaux , ne s*accordent pas fur le nombre ; Marcgrave , qui a été copié par beaucoup d'autres, en compie huit; Barrère dit qu'ordinairement il n'y en a que (fftttre , &c. Cette différence qui (e trouve dans le nombre des mamelles , n'a rien de fingulier , puifque la même variété fe trouve dans les animaux les plus connus tels c|ue la chienne qui en a quelquefois dix , Su d'autres fois neuf , huit ou fept ; la truie qui en a dix , onze ou douze; la vache qui en a Çix^ cinq ou quatre ; la chèvre & la brebis qui en ont qu,tre, trois ou deux; le rat qui en a dix ou huit ; le furet qui en a trois à droLc ) Linnaeus. SyJÎ, nat. edit, x, pag. ^^, n.* a^ (1) Briffon , Regn, mim» pag. 290, . . Ï58 HiJIoire Naturelle H paroît clairement qu'au Paraguaî on appcloit le (Iirigue mâle <& femelle Taïibi, & qu'au Brcfil on donnoit ce nom de Taiibi au feul mâle, & celui de Cari- gueya à fa femelle. D'ailleurs les diffé- rences entre ces deux animaux , telles qu'elles font indiquées par leurs def- criptions, font trop légères pour fonder fur ces diflcmblances deux efpèces dif- férentes ; ia plus fenfible eft celle de la couleur du poil , qui dans le carigueya efl jaune & brune, au lieu qu'elle elt grife dans le taiibi , dont les poils font blancs (r) en defTous <5c bruns ou noirs à leur extrémité. Il elt donc plus probable que le taiibi eft en effet le mâle du Sarigue, M. Ray ff) paroît être de ceuc opinion, iorfqu'il dit , en parlant du carigueya & du taiibi, an fpeck , an fexu tantim a pracedenti diverfum. Cependant malgré 4'autorité de Marcgrave & le doute très- ( r) Le poil du rat de I)oîs ert d'un très-beau gris- argenté , on en voit même qui font tout blancs k d'un très-beau blanc; la fenielle a fous !e vfnrre une bourfe qui s'ouvre & fc ferme quand elfe veut. Dcf criptioH de la Nouvelle- France , ffar le Père CharkmXi Paris , tj'j-'^ , tome III , page y/^. (fj Ki*y> Sj>noj>f ^uaJruf,^^^, 185» du Sangik ou Opoffum* i jp' raîfonnable de Ray, Seba, donne (planche XXXVI , n." 4) la figure d'un animal femelle auquel il applique, fans aucun garant, le nom de Taiibi ; & il dit en même temps que ce taiibi efl: le même animal que le Flaquati^in de Hernandès ; c'cft ajouter la méprife à Terreur ; car , de l'aveu même dé Seba (t ), fon taiibr, qui efl: femelle, n'a point de poche fous le ventre , & il fuffifoit de lire Hernandès pour voir qu'il donne à Ton tîaquatzin cette poche comme un prin- cipal caraélère. Le taiibi de Seba ne peut donc être le tîaquatzin de Her- nandès , puifqu'il n'a point de poche ^ ni le taiibi de Marcgrave , puifqu'il efl femelle ; c'eil certainement un autre animal afTez mal defliné & encore plus mai décrit, auquel Seba s'eft avifé de donner le nom de Taiihi , & qu'il rap- porte mal - à r propos au tîaquatzin de Hernandès , qui , comme nous l'avons dit, efl le même que notre farigue. M.'* Briflbn & Linnaeus ont , au fu/et du taiibi , fuivi à la lettre ce qu'en a dit (t) AUrfuplo tamen pro recon/ùndis taiulis caret hac I ^o Hïfloire Naturelle Scba; ils ont copié jufqu'à fon erreur iur le daquatzin de Hernandès , & ils ont tous deux fait une efpèce fort équi- voque de cet animal , te premier fous le nom de Philandre du Brejil (u), nf ^, & le fécond fous celui de Philander (x ), n" 2. Le vrai taiibi , c'eft- à-dire , le taiibi de Marcgrave & de Ray , n'eft donc point le taiibi de Seba , ni le phi- lander de M. Linnaeus , ni le philandre du Brefil de M. Brifîbn , ceux - ci ne font point le tlaquatzin de Hernandès. Ce taiibi de Seba (fuppofé qu'il exifle) eil un animal différent de tous ceux qui avoient été indiqués par les Auteurs préccdens : il auroit fallu lui donner un nom parti- culier & ne le pas confondre , par une dénomination équivoque avec le taiibi de Marcgrave, qui n'a rien de commua avec lui. Au reite , comme le farigue mâle n'a point de poche fous le ventre, (u) Philander pilis in exottu ûlbis irt extremitate nlgri- tantilus pejlita, . . Philander Brafilienfis , le Philandre du firefii. Regn,anim, pag. 290. > (x) Philander, Didclphis cauda baji piloja , auricuh fenàtîis, mammii quatemis» Syft«n, nai, edii, X; pag. 59 , n.' i, du Sarigue ou Opojfum. i 6 1 ^ qu'il diffère de la femelle par ce ca- ra(îlérc fi remarquable , il n'eft pas éton- nant qu'on leur ait donné à chacun un nom, & qu'on ait appelé la femelle Carïgueya , & le mâle Taiîbi» Edward Tyfon , comme nous l'avons déjà dit, a décrit & difféqué le fariguc feinclie avec foin , dans l'individu qui lui a fervi de fujet , la tête a voit fix pouces, le corps treize. Sa la queue douze de longueur ; les jambes de devant fix pouces (y), ôc celles de der- rière quatre & demi de hauteur , le corps ^ iinze à feize pouces de circonférence, ! I eue trois pouces de tour à fon i^ii.^.iie, & un pouce feulement vers l'extrémité ; la tête trois pouces de fy) J^Çtat Que cette manière de mcfurer les jamÉcs n'eft pas exadk. 'l'y fon reconnoTt tur-mèmô que dans le fquelette les os des jambes de devant cioient plus courts que ceux des Jambes de derrière ; & Marcgrave , dans fa defcription , dit aufT» que les jambes de devant étoient plus courtes que celles de derrière; ces différences ne proviennent que de la diffcrente manière de les mef'urer, V^^ i2ii du Sarigue ou Opojfiim, 1 6^ fonvcnt &cn grand nombre ; la plupart des Auieurs difcnt quatre ou cinq peiits (b), d'autres fix ou lèpt; Marcgrave aflure avoir vu fix petits vivans dans la poche d'une femelle (c), ces petits avoient en- \iron deux pouces cîe longueur , ils éioient déjà fort agiles , ils fortoient de la poche & y rentroient plufieurs fois par jour : ils font bien plus petits lorfr qu'ils naiffcnt ; certains Voyageurs difent qu'ils ne font pas plus gros que des mouches au moment de leur naiffance (d)^ ' î (h ) Qitnternos mînofye pcirlt catulos , tjms uterê con- ceptos , tditofjue in lucem , aivi cav'uaie eniréc, Defcrivtion du nou- veau mmde , par de Lfi'ét , page ^S ^, . , • (d) La femelle du poflum a un double ventre, ou plutôt une membrane pendante qui lui couvre tout le ventre fans y être . attachée , & dont on peut regarder rinlérieur lorfqu'elle a une fois porté àc5 pairs. Au derj-icre de cette mennbrane, il y î| fjfic o.uvcrmrç où yn peut pflèr la inain, fi Q19 ï ' l6S Hiftoire NdîurcIIe c'eft-à-dire, quand ils fortent de Fa ma- trice pour entrer dans la poche & s'at- tacher aux mamelles. Ce fait n'ed pas aufîi exagéré cju*on pourroit l'imaginer, car nous avons vu nous-mêmes, dans un animal dont i'efpèce . eft voifine de celle du farigue , des petits attachés à fa mamelle qui n'étoient pas plus gros que dej» fèves, & l'on peut préfumer avec beaucoup de vraifemblancc , que dans ces animaux la matrice n'eft , pour ainfi dire, que le lieu de la conception, de la formation & du premier développe- ment du fœtus , dont l'exclufion étant plus précoce que dans les autres qua- drupèdes, i'accroiflcmcnt s'achève dans la bourfe où ils encrent au moment de leur naifllmcc prématurée. Perfonne n'a obfêrvé la durée de la gedation de ces ne Ta pas grofîè. Cefl ici où les petits fe retirent, foit pour éviter quelqtjc danger , foit pour tetcr ou pour tiormir. Us vivent de cette manière jiilqu'à ce qu'ils foient en état de chercher pâture d'eux- mêmes J'ai vu moi-même de ces petits atta- chés à la tétine lorsqu'ils n'étoient pas plus gros qu'une mouche, & qui ne s'en détachoient qu'après avoir atteint la ^^roflcur d'une fouris, Hijîoire de la Virginie^ animaux, 'du Sangtîé «bu Opojfum, "ïÇgfi animaux, que nous prc'fumons être beau- coup plus courte que dans les autres ; êc comme C'cft un exemple finguKer dans la Nature que cette exclufion précoce, lîous exhortons ceux qui font à portée de voir des farigucs vivans dans leur pays natal , de tâcher de favoir combien les femelles portent de temps , & combien de temps encore après la naifîance les petits rtftent attachés à la mamelle avant que de s'en réparer ; cette obiervation , curîeufe par elle-même, pourroit devenir utile, ea jîous indiquant peut-être quelque moyen (le conferver la vie aux cnfans venus avant le terme. : ^ *"^:" i, Les petits farigues reftcnt donc atta- chés & comme collés aux mamelles de fa mère pendant le premier âge &. jufqu'â ce qu'ils aient pris aflez de force & d'accroiflement pour fè mouvoir aifê- Iment. Ce fait n'eft pas douteux, il n'eft pas même particulier à cette feule cfpèce; Ipuifque nous avons vu, comme je viens Je le dire, des peths ainfi attachés aux: mamelles dans une autre efpèce, que nous appellerons la Marmofe , & de la- quelle nous parlerons bientôt. Or ceitç- llil m femelle Hiarmofc n'a pas , comme k ftmcllc faiigue , une poche fous le venrre où les petits puidcni fe cacli»fr; ce n'eil donc pas de la commodiic ou du lècours que la poche pieie aux jjetiis que dépend uniquement l'cfTet de la longue adhérence aux mamelles , non plus que celui de leur accroincment dans cette lituation immobile ; je fais celte remarque afin de prévenir les con- jcdures que l'on pourroit faire furrufage de la poche , en la regardant comme iii.e féconde matrice, ou tout au moins comme un abri abfolument nécefTaire à CCS petits prématurément nés. Il y a des Auteurs fej qui prétendent qu'ils relient collés à la mamelle plufieurs femaines de fuite ; d'autres difent ffj qu'ils ne ^ej l es petits font coHés à la tétine , & c'crt-ià où ils croiffent à vue U'œil pendant plufieurs (emiiincs de fuite ju(qu a ce qu'ils aient acquis de la force, qu'ils ouvrent \es yeux &. que leur poil foit venu ; alors ils tombent dans la membrane, d'où ils fortent & où ils rentrent h leur guile. Hijloire de la Virgm, Atnfierdam, t yoy, page 220. ( f) Sept cm fins minuji'c ut plurimitm um patii ix- chiJit fiXtus , qms dotuc vienjhuam atatcm atiingiim. p hd'itu mine aho recundit , nmc iterum prodit, K^'p» HariiQr apud Mieremberg, pag, i jy. m f)u Sarhji/c ou Opoffimu *i 7 1 Jemeiirc.it dans la poche cjiie pendant le premier mois de leur îîge. On peut aifé- ment ouvrir cette poclic de la nicrc, regarder , comjiier & même touciier lo peiiis fans les incommoder ; ils ne (juiuent lu létinc , qu'ils tiennent avec \\ gueule , que quand ils ont afîlz de force pour marcher ; ils fe laifTent alors loinber dans fa poche & Ibrtent cnfuiic fg) pvour fc promener ôl pour chercher icur lublillance (hj^ ils y entrent fou vent pour ( jï) C'cd dans fa poche qu'après avoir mis has elle retire (es petits nui s'attacl)anl à lès tctiiuj s'y nourriffcnt He Ton lait & s'y ciôvent comme dans uti li'ir aille où ils (ont toujours chaudcincjit Des liiit lc> petits font alTez forts pour pouvoir fortir ik courir (i;r i'iurlK- , \\ nicrc ouvrant la poche leur donne iiliie, &c. Mémoires de la Louiftant , jur Dumoni , (h) La mère les met au monde nus & aveugTe», & le? jircnant enfuitc a\ec les doigts des pieds de (levant , elle les met dans fa bourfe , qui efl i tomme une erpccc de matrice, clic les échaufîè i ilouctmcrit enfin elle ne les tire point jdt-la qu'ils ne jouifTcnt de \a lumière, ^'ors elle b trunlporre fur (|uckjuc colline où elle ' ' .trévoit point de danger , & ayant ouvert fa bourfe , elle lis en lait fortir , les expolè aux rayons du foitil , \h amufe en Jou:^!it avec eux ; au moindre hriiit ou fur le roupçon du moindic daîijvcr, elle rappelle Hi/ # 'jjz Ji'^ohe NatureUi 4ormir , pqur tê;cr , & aufli pour le cacher lorfqu'ils font épouvantés ; la mère fuit alors & les emporte tous ; elle r.e paroît jamais avoir plus de venue que quanti il y a long-temps qu'elle 3 mis bas & qqe fes petits font déjà grands, car dans le temps de la vraie geftaiion oa s^aperçoit peu qu'elle foit pleine. X la feule înfpedion de la forme 4es pieds de cet animal , jl eft aifé de îj^gcr qwTl marche mal & qu'il coure lentement ; auiîi dit-on (i) qu'un hommi: peut l'attraper fans même précipiter fon pas. En revanche , il grimpe fur les auffitôt Tes petits par un cri , tic , tic , tk , îcfl[ucf<| obéiffant alors à leur mère, reviennent à elle k lef Wcachcnt dans la bourfe, &c. Seha, vol, I, pa^c jd; — Lorlque la mère entend quelque bruit ou c]ue(. que mouvement qui lui fait ombrage , die {^iti un certaia cri , & à ce fignal qui ert connu dej petits, on les voit auflltôt courir à leur mère ^ irentrcr d'où ils font fortis. Mémoires de la Lifi,ifM, (i) Cet animal eft fi lent , qu'if eft très -facile k l'attraper. Mémoires de la Louifiatte , yar Dumm ; f^age Sj . — On ne voit ordinairement point d'animal ïrtarcher fi lentement, & j'en ai pris fouvcnt k mon pas ordinaire. Hijloire de la Lowjmne, par MJiF^'^i ^it Pratit tome 11 , page ^j* élu ôarigue ou Opoffimt. '17): arbres (k) avec une extrême facilité , il Çt cache dans le feuillage pour attraper des èifeaux (t), ou bien il fe fiifpcnd par \x Cjueue dont i extrémité efl mufculeufé <^ fiexible (mj comme une main , en forte (k) Scamlit arbores încredibili fernicitme. Hcfnandfi J-hil Alex. pag. 330. — Il monte fur les arbres d'une admirable vîteffe , & porte gtand dommage aux oifeaux dômeftiques , à la façon d'un renard', au relie il ne fait nul mal. De Laët , pag, t^.^t lioL animal fruilibus arborum vejcUur, hkoqut non: Mm oh id afborcs fcandit , fcd ctiam lum candis i/t SYumena indu fis , magna agilitate de arbore in arboreih tranCdit, Petrus Martyr , Océan dccad» i , lib, IX, pag. 21. , *. ^' (l) FiXtet animal infl'ar vulpis aut martîs : tffordax ejf'f vejciiûr libeater gdllinis , quai rapit ut vulpes , & arbores^ ^ Jcandendo avibus infidiatur : vefcltur quoqùe faccîiart tamis, qutbusfujientavi per quatuor feptimanas in cubiculo mto ; tandem fiini cui alligatum trat jfe implicans, ex com^, ynjjmc obiit, Marcgrav. Hifl, BraJ. pag. z 2 3 ; (m) Caudn quâ mordicus jirmiterque' quidquid' (ipprekcndit retinet. Hernand. Hi(i. Alex, pag. 330* — Sa queue efl; faite pour s'accrocher , car en ie prenant par cet endroit , il s'entortille aufll tôt autour ciu doigt La femelle étant prife, fouffVe, fans- donner le moindre fîgne de vie, qu'on la fuljjende piir la queue au - deffus d'an feu' allumé ; la queue î'accroche d'elle- même, & la mère périt ainfi avec fo petits , fans que rien foit capable de lui deflerrer 1» peau de fa poche. Hijîoire de la Lçuifwie, par M. le Pagé^' à Bail , iQint il, page 9 4^ H iij 'm 1/4 Utfloke TJaUirefk qu'il peut ferrer & même environner de plus d*un tour les corps qu'il iaifu; il jefte quelquefois long- temps clans cettç fituation fans mouvement, le corps fuf. pendu , la têie en bas , il épie & attend le petit gibier au paflage (n) ; d'autres fois il fc balance pour fauter d'un arbre à un autre à peu près comme les finges à queue prenante , auxquels il rcflcmble aufli pour la conformation des pieds. Quoique carnadier & même avide de fang qu'il fe plaît à fuccr , il mange .\ , :- . -, j ,. - • - - ^f. ■ .-_ (n) Il cfl très- friand àt% oifeaux & de h volaille; aufll entre-t-il hardiment dans les hatTcs-cours h d.iis ie^ foubiliicrst il va même dans ie< ohiii>.i)s nunjcv \t mahi tju'on y a femé. L'iiiftimfl avec Icmid il ftit fa chafTe c(l très-fingulier. Après avoir niis un petit oKcau & l'avoir tiic , il fe gaidc bien Je le manger : il le pofe proprement dans une btlie place découverte prcx'ie de quelque gros arbre ; (.uliiite montant fur cet ^.;bre & fe fu(pti,Jc:.u par !a qneue à celle de fes branches qui eft la plus voinne de l'oifèau , il attend patiemment en cet ér;U que qiiel- tju'autre oileau carnaflier vienne pour lenlcvcr, alors îl (e jette defîus & fait fa proie de Tun & de l'nutrc. Alcnioiris fie la Lo'djlanc pur Dttmont , p.igf S^, — Jl chalTe la nuit &. fait la aucrre ;'ux v«'lailb, dort il fuce le fang & qu'il ne mange jamai5, Hijhire de la J^ouifant , ^)ar M, le Pa^e dn Fmtl, 'du Sûrigtie ou Opoffunu 17 j afTez de teut (0), des reptiles, des infecflesi des cannes de fucre, Ats patates, des ra- cines, & même des feuilles & des e'corccs. On peut le nourrir comme un animal domefUque (p); il n*eft ni féroce ni fa- rouche, & on l'apprivoife aifément, mais il dégoûte par (à mauvaife odeur qui eft plus forte cjue celle du renard (q); & il déplaît auffi par fa vilaine figure; car in- dépendamment de (es oreilles de chouette , de (à queue de (crpent & de fa gueule fendue jufqu'auprès des yeux , fou corps (0) Vefcitur cohortafilms quas vulpecu!(irtim tmijlela-' nmve fyhejlrum more jugulât , illarum fanguinem aùfor' Im , calera inno^ium ac Jtnip/îjfwium ani-nal Pfcr legim in hijloria InScÛ , quôd hal'îatores infula Cuba ohjtt' i>antes magnûtn hontm onimalium - m»^ -■■^^m^$i.i*\, LE SARIGUE FEMELLE ^»««^^^ IIeI 1 f ip I ^^m i Pi B 1 1 ^Mi ^^H- II m ^Hit 'du wêmc un ( chaflTent de noturiflcht du cochon d M. le Page a un animal pi bonne. Voya^i 'du Sarigue ou Opojfum, 'l 77 tnemc un des animaux que ies Sauvageà ehaJent de préférence, & duquel ils fc nourrifTcht lé plus volontiers. du cochon de lait. Hijloîre de la Loutfiane , pa^ M. le Page du Prat?, page ^^^ — Le Varigoy cfl un animal puant, dont la chair efl cependant fori bonne. Voyait (U CortaU Paris f 1/22, tome î^ H V I7S Hpolrc Naturelle LA MAKMOSE (o), J«j'£SPÈCE de la Miirmofe paroît éirc voiiîne de celle du Sarigue, ciles font du inêiue climat dans le incmc (a) La Marmofe, AUrmofa, nom que les Brafilieiis donnent à cet animai Itlon Seha, & que nous avon? ad )ptc. Les Nègres de nos îles appellent le {m^\f, Alanichi , Si \a marmole , qui elt plus pciitt ijue le (ari<.ue, Kat f;uwicou. A'ius f.'vfjlris Amcrkanus Scalopes fiiiflus, ScKi, vol. I, pag. 4.6, Tab. j 1, fig. i 6c 2. Nuta. Que ce nom Scafopes que Scba donne à cet animal, bi (\\\i M." Klein ôt Biiflbn ont aufl'i adopté, a été trcynial applique. Le fcalopès àis Grecs n'tft certaincmtnr pas la inat mofè du Brefil. Lt d'ailleurs il n tft pas poilibie de déterminer ce que c'eft que le fcalvpes par les indicvtions des Anciens: ad fiiicm (juilam mures jint ^iios (calopci vocant ut Scholiajies Arijl.fhtinis in Aciuu mnfdus mimadverùt, AIdrov. de qu.idrup. ài^'i*. mip, pag. ^1 (). Je crois que voilà la feule notice que nous ayons du fcalopès , ':l!e ne (ufTit pas à beau- coup près pour déterminer une efpèce , & encore moins pour en appliquer le nom à un animal iu nouveau monde. Fhilander faturatè fpadicfus in dorfo, in ventre à'ikl fiavus, pediùus alùicamiùust . * . . Philander Ameriumiii^ Je la Marmofe* 17» continent ; & ces deux animaux fe ref- (eiiib ent par fa forme du corps , par la conformation des pieds, par ia queue muariit qui efl couverte d écailles dans la plus grande partie de (à longueur^ & Wciï revêtue de poil qu'à fon origine^ par l'ordre des dents ( b) qui font ea olus grand nombre que daiîs les autres quadrupèdes : mais ia marniofc efl bien plus petite que le farigue , elle a le le philandie d'Amérique. BrifTon , Regtt. anîmaU pag. 291* Murina, DUîeJfhti Cûti/Ifl femi pilnsf} , matnmîs fenis» Linn. Syjf. nat, edit X, pag. 55. Nota. i.° Que M. LiniicTus, qui préfênte ici le murina après l'o- poirum, fait une qucftioii qui fuppore un doute mai fondé , an pul/as })nce(/miis , dit - il , du murina reiati- vement h ropofTum. Cela ne peut pas être j car, de t'neu de M. Linnaeu.s , Ton opofTum a une poche (bus le ventre ; & par ia delcription de Seba , iî fft clair que la femelle cUi murina n'en a point. Nota. î.° Que ia phrale indicative pèche en ce qu'elle donne, comme un caradère confiant , fix mamelles à la Marmolè , tandis (jue le nombre des mamelles varie, & que la marmolè que nous avons vue avoic ijuatorze mamelles. {1>J Les dents, dans le farigue & la marmofe, font au nonabre de cinquante. Voyci nu tome XXI de té- èùon en rrtntC'ttn volumes , la dejcrifthn rie ces deux miîiauxt 4- : . H v) X8o 'HijJo)re 'Naturelle mufeau encore plus pointu , îa fenullj n'a pas de poche fous le ventre comm; celle du farigue , il y a feulement deu : plis longitudinaux près ^tî, cuifTes entre iefqucls les petits le placent pour s'at- tacher aux mamelles. Les parties de h génération, tant du mâle que delà feiiidle marmofes , refTcniblent par la forme & par la pofition à celles du farigue; la gland de la verge du mâle cft fourcha comme celui du farigue , il efl: placé dans l'anus ; & cet orifice , dans la fc- jnellc , paroît êirc auffi i'orificc de (a vulve. La naiffance des petits fcmhb €trc. encore plus précoce dans i'efpicc de la marmofc que dans celle du farigue; ils font à peine auffi gros que des petites fèves lorfqu'ifs naident & qu'ils vont s'attacher aux mamelles ; les portées Ibnt auffi plus nombreufes. Nous avons \u dix petites marmofes, chacune attachée à un mamelon , & il y avoiu encore fur le ventre de ia mère quatre mamelons vacans , pn forte qu'elle avoit en tout quatorze mamelles ; c'cfl principalement fur les femelles de cette cfpècc ([uiï Éludioit faije kj g^feivaûgni quciious ' de h Marmofe. 18 T hvôns indiquées dans l'ardcle précédent ^ je fuis perluadé que ces minimaux mettent bas peu de jours après b conception , & que les pedts au moment de l'exclu fion ne font encore que des fœtus qui, mémo comme fœtus , n*ont pas pris le quart de leur accroifTcment ; Taccouchement de la mère eft toujours une fuii Te- couche très-prématurée , & les fœtus ne fauveat leur vie naiflante qu'en s'attachant aux inamelles fans jamais les quitter jufqu'à ce qu'ils aient acquis le même degré d'accroi/îement & de force qu'ils auroient pris naturellement dans la matrice fi i'exr clufion n'eût pas été prématurée. La marinofe a les mêmes inclinations - & les mêmes mœurs que le farigue ; tous deux fe creulent des terriers pour fe réfugier, tous deux s'accrochent aux branches des arbres par l'extrémité de leur queue, & s'élancent de-là fur les oifeaux & fur les petits animaux ; ils mangent aufli des fruits , des graines & des racines , mais ils font encore plus ffiands de poifTon & d'écrevifle , qu'ifs pêclient , dit- on , avec leur queue. Ce 6it elt très -douteux & ^'accorde ÏQi\' '^■^m ■ 1^"* > 'r 'l82 Hiflolre NdWrrJk, ère. mal avec la ftupidiié n lu.clle qu'on rejMOchc à ces animaux qui , lehin le témoignage delà plupart des Voyageurs, rc favcnt ni fe mouvoir à propos , ni fuir, ni le défendre. ' •' *■■ - j; j ' »... 7 ► . : S i ' • • • f ■!■ t . l - . .♦'i i> • t /.V// v.v I ^^^ >-?^^ .'>;<. i X -<; ^ 1i#'' 1 ...t/. /»^» /.;/// /X l.K lVL\l\MO SE MALE />///^/v/^ lif^. LA MARMOSEFEMEIXE '''»»^-*^'"f' LE L E pn cet animal lin, dit- plus giai Sarigue j queue ('[li que celle (a) Le C Cny^pollin. Animal (. J-îiJl nat. Pi . Coyopollin, Mus intlit pag. 25, .1.'= Mus Afn pag. 39, Ta cette indicati mai'; d'Améi Fhilûmltf j pmans , ca\ PliiLmder y ii'f^"?, mimai copiée de S (II) Franc. 18? ■H LE CAYOPOLLIN (a). L E premier Auteur qui ait parlé Je cet animal eft Fernandès (b); le Cayopol- lin , dit -il, eft un petit aoimal un peu plus gland qu'un Rat, refTembiant au Sarigue par le mufeau , les oreilles & la queue cjui éd plus épaiire & plus forte que celle d'un rat, & de laquelle il fl fert U) Le CayopoWn ou Rayopoîlin, Qty^poilin. Fernandès, Hiji, Nov, Eff>. pag. lo. Aii'mml Caudiniamm feu Cfyopollin. Nieremberg, J-iijl nar. Peregrin. pag. i 5 8. Coyopollin, Jonfton , (ie quadrup. pag. 118. Mui indkus diâus Coyojwllia, Charleian, Exerclt» pag. 25, n.° 5. Mus Afkdnus Kayopollin diâus, Seha, vol. I, pag. 3 9 , Tab. 3 i , fig. 3* Nota, Qu'il y a erreur dans cette indication, cet animal nctant point d'Afric^ucj mais d'Amérique. fhilandtr faturatè fpadkeus in dorfo , in ventre ex àlbo fdviuns , caudci ex faturatè fpadiceo tnacuiata PhiUnder Africanus , \t Philandre d'Afrique. Brifîbn, JRtl^n. animal pag, 2^2 : même erreur (ur le climat, copiée de Seba. (h) Franc. Fernandès, Hijl, qwtdr, Nûi^a HifpauiiXt Ronu, i(iÀ(>, cap. xXiX, pag, 10. fï'»4' Hîfloke Naîurelle' comme d'une main ; il a les ordlîèè itiinces & diaphanes, le ventre, ies jambes di IC'S pieds blancs : les petits , lorfqu'ils ont peur , tiennent la mère embraft'é*: ; die les élève fur ies arbres: cette efptce s*cft trouvée dans les montagnes de b Nouvelle- Efpagnc. Nieremberg ( c) a copie mot à mot ces indications de Fer- nandès , & n'y a rien ajouté. Seba (d), qui ie premier a fait defiiner & graver cet animai, n'en donne aucune defcription, !I dit (euïement qu'il a la têre un peu plus cpaifîc & la queue un tant ibit peu plus groiîé que la marmofe; & que quoiqu'il foit du même genre , il cft cependaiu (ïwn autre climat , <îc même d'un autre con- Sfnent; & il fè contente de renvoyer â Nieremberg & à Jonllon pour ce qu'on peut defirer de plus au fujet de cet animal; mais il paroit évidemment que Nieremberg & Jonflon ne- l'ont j.imais vu , & qu ils n'en p>arlent que d'après Fcrnandès. Aucun de ces trois autcu;s »'a dit qu'il fût originaire d'Afrufiie^ (c) Euf. NicrciTiberg , Hijl. nat» Pcregr. lib. iX^ «ap. V , pag. I 5 8. (d/ 5eba^ vol, Jf })a^. ^^^ Tait» jJ^fg' jf» '3n CayopoUhù- 'ï8j' Hs le donnent au conirnîre comme na- turel & particulier aux montagnes des climats chauds de l' Amérique ; & c'clt Seba lèiil quî , fans autorité iii garans , a prétendu qu'il etoit Afiicain. Celui que nous avons vu venoit certainement d'Amérique; il étoit pius grand, & il avoit ic niufeau moins pointu & la queue plus longue que la marmofe ; en tout il nous a paru approcher encore plus rjue ia marmofe de l'efpèce du farigue. Ces trois animaux fe rcffemblent beaucoup par fa conformation des panics intérieures i5t extérieures , par ics es furnuméraires du baiîin, par la forme des pieds, par la naiffance prématurée , ia longue & continuc'.le adhérence des petits aux ma- ireiles , &. enfin par les autres habitudes de nature ; ils font aulîl tous trois du nouveau monde & du même climat ; on ne les trouve point dans les pays froids de l'Amérique : ils font natu.cfr. aux contrées méridionales de ce continent, & peuvent vivre dans les -egions tem- pérées ; au rcftc, ce font tous des animaux très -laids; leur gueule fendue comme aile d'un brochet , leurs orciiks d© I' 'i-j% t:-- ♦ :■! ■*■% 1^6 Hljlotre Naturelle, êrc chauve- fouris , leur queue de couîeuvre & leurs pieds de finge préfentent une forme bizarre qui devient encore plus défagréable par la mauvaife odeur qu'ils exhalent, & par la lenteur & la lliipidiic dont leurs actions &. tous leurs muuvc- mens paroiiïent accompagnes. "A-, ^ \ ■ À - 1. ,f^i ^g i m ■'./i ^: ^.. ^.^•p oni , JX.> ^Ï-^ >p£^- lâO- m "5 ils m m LE CAYOPOLLIN -ffrvunt^ Jcuà> • LE tt nous conridéral tous les a & il appi i'inielligcn (a) Elqiha fhanuis , Bar) Eléphant e ; e Ekpfumi ; en Chaldéen , qi iLivi pour uc ieltphant Ba) Icmbf.iblemeni que V'i Latins (ap. ûs, ArH\. Elcplumi [tint mimai proxbrrt ■tu mis /lO'nines, tie Elcphiuito» i87 L'ÉLÉPHANT (a). Xj'Éléphant efl , fi nous voulons ne nous pas compter , l'éire fe plus conficierabie de ce monde; il furpafTe tous les animaux terreflrcs en grandeur, & il approche de l'homme (b) , par l'intelligence , autant au moins que la (a) Eléphant ; en Grec, ^'^îÇûlç; en Latin, E/e- fhamus , Barrus ; en Italien, Lcophante ; en ECpagnoî, Ekphmte ; en Allemand, Helphant ; en Anglois , Ekplumi; en Orient, Elfil. Phil ou Fil éi un mot Chaldéeii , qui fignifie ivoire ^ & dont MunHer s'efl uiVi pour ûtugner l'Éléphant. On appdoit autrefois i elcpliant Barre aux Indes orientales ; & c'cfl vrai- itmbl.iblement de ce mot qu'efl dérivé le nom Barrus ^ i]ue Its t.atins ont enluitc donné à l'éléphant. Gefner, (ap. (le Ehphamo, On l'apjîclle à Congo , Manjaù m Mmro. Voyage de Drack ^ Paris , 1 6^i , (h) Valet fiiifit if reliqua fagac'nate ingenii exctUit ,tfc}fias. AiKh h\{\. Anim. lib. IX, cap. 46. — E'.cplhmi (wn twtura mites & manfueti , ut ad rationak mina/ proxime accédant, Strabo. — Vidi ekphamos (^uojiliw qui pruJcnriores tnihi videhantur quàm (jiiihjtlam mi'oiis /lO'nines. Vartomanus, apud Gelnerum , cap, tie ElcphaiitOt f^ n lL-i--fc. Il 8? Hîjloire 'Naturelle- matière peut approcher de l'efprît. I/£, iéphant , le Chien , le Caflor & k ^iiige, font de tous les êtres animes, ceux d.-m i'inflincfl efl le plus admir;iblc : mais cet inAiiKH:, qui n'cft que le produit de routes les facultés, tant intérieures qu'cxiérieuics de l'animal , fe manireHe par des r^fultats bien différens dans chacune de ces efpèces. Le chien eft naturellement , & lorrcju'il cft livré à lui feu! , aufii cruel , auOi fanguinaire que le loup; kulement , il s'eft trouvé dans cei c nature fcroce, un point flexible , fur lequel nous avonj appuyé; lé naturel du chien ne diffère donc de celui des autres animaux dî proie, que par ce pohit rcnfible, qui fe rend fufcepiible d'affedion & capable d'attachement ; c'efl de la Nature qu'il tient le germe de ce feniiment , qug l'Homme enfuite a cultivé , nourri, développé par une ancienne & ccnftame fociété avec cet animal, qui feu! en ctoit digne ; qui , plus fufcepiible , plus ca- pable qu'un autre des impredions étran- gères, a perfectionné dans le commerce toutes fes facultés relatives. Sa knfibilité) 'Je V Éléphant: \%f ^ Jocllîtë , Ton courage , fcs talens, iout , jufqu'à fes manières , s'eft modifié par l'exemple , & modelé fur les qualités cje fon Maître : l'on ne doit donc pas lut accorder en propre tout ce qu'H p:\roît avoir ; fes qualités les.plus relevées, les plus frappantes, font empruntées de nous , il a pliïs d'acquis que I«s autres animaux , parce qu*il efl plus à portée (l'acquérir; que loin d'avoir comme eux: de la répugnance pour l'homme , il a pour lui du penchant ; que ce fentiment doux , qui n'ed jamîMS muet , s'efl an- noncé par l'envie de pWrc , & a produit la docilité , la fidélité , la foumiïïioiî confiante , & en même temps , le degré d'attention nécefTaire pour agir en con- ftquence & toujours obéir à propos. Le fmge , au contraire , eft indocile autant qu'extravagant ; fa nature eft en tout point égalem.cnt revêche ; nullç knfibilité relative, nulle reconnoiflancc des bons traiteinens , nulle mémoire des bienfaits ; de l'éloignement pour la fo- ciété de l'homme , de l'horreur pour la contrainte , du penchant ù toute efpèce (fc mal , ou pour mieux dife , une foriç ■m m ipo Hijloire Naturelle propenfion à faire toiu ce qui peut nuire ou déplaire. Maii ces défauts réels loin compcnrés par des pc! l'I'cflioiis npjKiientcs; H cil extérieurement confbrnié comme l'homme, il a des bras, des mains, des doigts ; l'ufage ieul de ces parties le rend fupéricur pour l'adreflb aux autres aiii- maux , & les rapports qu'elles lui don* lient avec nous par la ftjniiitud: des iiiouveniens & par la conformité des allions nous piaiient , nous déçoivent & nous font attribuer à des qualités inti?. ricures , ce qui ne dépend que de la forme des membres. Le callor , qui paroît être fort au- dcHous du chien & du flngc par les ficukes individuelles , a cependant reçu de la Nature un don prelquc cquivalent à celui de la parole; il fc tùit entendre à ceux de fon efpèce , ^i Ç\ J)ien entendre qu'ils fe réunilTent en fo- ciété , qu'ils agiflent de concert, qu'ils entreprennent ik exécutent de grandi c^ if)r!«?s travaux. en commun, & cctnniour fociai , aufîl - bien que le produit de leur intelligence réciproque , ont plus de droit à notre admiration que i'adreiîc êe rÉIcpIiant» Tp l du fingc & la fidélité du cîiîen. ^ - Le chien n'a donc cjue de l'efprît , ( qu'on me permeiie , faute de termes , de profaner ce nom ) ; le chien, dis- je, n'a donc que de l'efprit d'emprunt ; le fjnge n'en a que l'apparence , & le caHor n'a du fens que pour lui feu* ;3L les fiens. L'cléphant leur eft Jupcrrei' ' ''us trois; il rtunit leurs qualités les j .. .linentes. La main e(l le principal orga uc TadrelFe du fmge ; l'éléphant ai» moyen de fa trompe, cjui lui lèrt de bras & de main, h avec laquelle il peut «nlcver & faifir les plus petites chofes comme les plus grandes , les porter à fa bouche , les pufer fur fon dos, les tenir embrafTécs, ou les lancer au loin , a donc le même moyen d'adreffe cjuc le linge ; & en mejue temps il a la docilité du chien, il elt comme lui fufceptible de recon- iioiiTance & capal^Ie d'un fort attache- meut, il s'accoutume aifémentà l'homme, fe foumet moins par la force cjue par les bons traiiemcns , le fert avec zèle, avec fidéliié , avec intelligence , tkc. Enfin i'cléphant , comme le caftor , aiiiK la fociété de iQ% feniblables , ii IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) // ^ .^k.. 1.0 l.l If IIIIIM IIM ■^ liai 112.2 \Z 1^ 111112.0 1.8 L25 1.4 «1.6 ■• 6" ► Va <^ /2 7 ^ #^ ^ ^v ▼ %^ 'T J>/ °w /À Photographie Sdences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716)873-4503 '^^l.^^PÎ^> ''\y\^ "^^ z &',< ^ If^S Hflolre Natt/réDé s'en fait entendre ; on les voit iouvfiRt fe raflèmbler , fè difperfer , agir de concert, ôc s'ils n'édiâent rien, s'ils ne travaillent point en commun , ce n'eft peut-être que faute d'aiïèz d'efpace & de tranquillité : car les hommes fe font très -anciennement multipliés dans toutes les terres qu'habite i'éléphant : il vit donc dans l'inquiétude , & n'ed nulle part palfibie poftèfleur d'un efpace afTez grand , afîez libre pour s'y établir à de- meure. Nous avons vu qu'il faut toutes ces conditions & tous ces avantages, pour que les talens du caHor (e mani- fèflent, & que par-tout crû les hommes iè font habitués, il perd fon induftric & ceflè d'édifier. Chaque être dans la Nature a fon prix réel & (a valeur rela- tive ; fi l'on veut Juger au jufte de ïma & de l'autre dans i éléphant , ii faut lui accorder au moins , l'intelligence du caftor , i'adrelTe du fînge , le fèntiment du chien , & y ajouter enfuite les avan- tages particuliers , uniques, de la force, de la grandeur & de la longue durée de la vie j il ne faut pas oublier Ces armes OU fes défenfes , avec icfquellçs ; il peut percer ^e ï Éléphant ^^"^^ ï p % percer & vaincre le liou ; il faut fc re- prclcnter, que fous fcs pas, il ébranle la terre ; que de fa main ( c ), ii arrache les arbres ; que d'un coup de Ton corps , il fait brèche dans un mur ; que lerrible */ ■ i! (e) Veteres vrohofcidem elephimti mamm appeîlaperunti •— EPuUm aliquoTÎes mmmum e terrfi tollenum vidi , if aliquando dcirahintcm arboris rar.mn , quem vîri y/i^îtiù-quatuor (une trahentes ad humum fledcre nom fotudYunms ; cmi joins ekphas tribus vicihus motum de irahel'nr, Varioraannus, apud Gefner. cap. de EIc- plinnto. — Silveflres ekphanti ùgos , oleajlros if pahnas dentibus fubvertunt radicales» Opian. — Fro-^ mufch éléphant i ttaris ejf qtiâ cilnm , tam ficcum quartit humiJum , ille ccipiat , crique peritide ac manu aéno* ï'Mt, Arbores etiam eadcm compleâendo eutllit ; denique i<] tfûH alio uiitur modo nift ut manu, Ariftot, de partib. animaî. lib. II, cap f6. -^ Habet prct'' urea talcm tantamqut narem elephantus , ut eâ nianus vice uffitiir ..,,,'.,, . Suo etiam ^redorî erigit aiqut of'ït, arbores quoque eadetn prnjlemit , & quoties int' mojus per aquarn wgredintr, (a ipfn édita in fttblime ref.dt atfju'e refpirat» Ariftot. hift. anim. iib. II, cap i^ — La torce de i éléphant eft (î grande qu'efle ne (ê peut prefque reconnoître, fiuon par l'expérience; jVn ai vu un porter avec les dents deux canons de fuMte , attachés & liés enfemWe par des càfcles , & pétant chacun trois miliiers: ii les enleva feul & les pt)it:i refpace de cinq cents pas. J'ai vu àufîi ua (léphant tirer àe^ navires & des galères en terrç & Ici mettre à fiot. Voyage de Fr, P^ard, Paris, t6i f ^ iomc iX, K T94 'fitjf^lre Naturelle par ia force , il efl: encore invincîF^îe par ia feule réfiflance de fa malTe, par l'c- paîiïèur du cuir qui la couvre ; qu'il peut porter fur ion dos une lour année en guerre & chargée de plufieurs hommes ; que (èul, il fait mouvoir des machines & tranfporte des fardeaux que fîx chevaux ne pourroieni remuer; qu'à cette force prodigieufe, il joint encore le courage, ia prudence, le fangfroid, robciflance cxadte ;' qu'il conlervc de la modération , même dans (es paffions les pliis vives; qu'il cil plus coudant qu'impétueux en ' amour fdj; que dans ia colère, il ne nicconnoît pas (es ami; ; qu'il n'attaque jamais que ceux qui l'ont ofTenfé ; qu'il fc fou vient des bienfaits aufli long- temps que des injures ; que n'ayant nul-goût pour la chair & ne fe nourri/Tant que de végétaux , il n'eft pas né l'ennemi des autres animaux ; qu'enfin , il eft aimé de tous , puifquc tous fc refpeâent & n'ont nulle raifon de le craindre. fJJ J)lec niuhertâ novêre , née ulla propter fammi igter fe praliat CMtris animalibus -^icialiat non i^m défit illis ainoris vis, (Te, Plin. VJIf, cap. 5. •■;— Mas quam mpUverit co'itu , eam ampliùs no» taUgih ^îft, hilt» Anim. Ub.IX; cap. ^6, Au(Tl les hommes ont-ils eu dans tous les temps pour ce grand , pour ce pre- mier animal une cfp^ce de vénération. Les Anciens ïc regardoient comme un prodige, un miracle de la Nature ( & c'eft en effet fon dernier effort ) ; ils ont beaucoup exagéré (es facultés natu- relles; ils lui ont attribué fans héfiter des qualités intelle«5luelles & des vertus morales. Pline, -/Elien, Solin, Plutarquc & d'autres Auteurs plus modernes n'ont pas craint de donner à ces animaux des mœurs raifonnées , une religion naturelle & innée (e), i'oblervancc d'un culte, (t) Homhtum in^igeaarum linguain ehphami int^-' îtgiim, J£X\^n , iib IV , cap. i/^. LunS mua niiefeente , audio tlephantos natnraH qundiwi & ineffk- hili imtlligefttM e ftlva , uhi pifcunntr , ranws recens dccerpm auferre , eofque dcinde in fuilime tolfere, uc fufplc^re , & leviter ramas nwpere , tançtta/n fujifdiduni ^uoddam Dea protendentes , vt ipfis propria ÎT btm- V9la tfe velit» /liHian, Iib. IV, cap, lo... . Elephas ejî animal jiroximum humants fenjîlus Qitippc inte'Jedus illis fermonis patr'U if Irsperimtm ohedientin , e^ciorumque , -qua Mdicêre , metnorit , amoris & glmae. voluptas : im» vero , ^ot ttiam in homine tara , pro* l»tas, prudentia , aquitas , rel'gio çuofue fvterum /folif- que ac lun(X veneratio. Autores funt , nitefceme litnH ffova , grèges eorum dtfcendcre : ibique fe purifcanteS fohutiter aquu circumfffergi , at^ue ita jaktato Jidert^ ' :&. •m- 1 9 6 ' Hijfotrâ Naturtllâ i'adoratîon quotidienne du Soîeîî et de la Lune , i'afage de Tablution avant l'a- doraiion , l'efprii de divination , la piété envers le ciel & pour leurs fcmblables qu'ils affiftent à la mort , & qu'après leur décès ils arrofent die leurs larmes & recouvrent de terre, &c. Les Indiens prévenus de i*idée de la mëtcmpfy- cofe, font encore perfuadés aujourd'hui, qu'un corps aufli majeftueùx que celui de i'éléphant ne peut être animé que par l*ame d'un grand homme ou d'un Roi. On refpede à Siam ffj, à Laos , à in Jllvas nvertî. . . . # • Vif que fum fejfi agriwdim ; herbas Jupini in cahim jaciemes , veluti tellure imcil/us 4tllegat(U Plin. Hift. nat. lib. VIII, cap. i. — Se cthitmt iy furificant , dein athrant folem if lurumi, •— Cùdavcra fui gêner is fevéliunt, — Lnmemam , famos & jmlverem injiciunt Jupra caJaper» — Siiginos ixtrahmt tanquam Ciiirurgi yeriti* Plin, J£Xm\, Solin. Tzetzes, &c. ff) M. Confiance mena M. rAmhafTàdeuir \oir l'Éléphant blanc, qui cft fî cftimé dans les Indes (& qui eft !c fujet de tant de guerres: il ert affez petit , & fi vieux qu'il eft tout ridé ; pkifieurs Man- darins font deflinés pour en avoir foin , & on ne le fert qu'en vaifTelle d'or ; au moins les deux baflîns qu'on avoit mis devant lui étoient d'or malFif d uuc grandeur extraordinaire. Son appartement eft magni- ëque , ^ ie lambris du pavillon où il efl logé e(l * âe ÏÉléphanU • 1,57 SPegU (g), &c. les cléphans blancs, comme fort proprement doré. Premier voynge du P, Tacharti, Paris , t 6S6 , fùge 2jg» — Dans une maifon de eampngne du Roi, à une iieuc de Siam, fur la tivicre , je vis un petit «icphant bfanc , qu'on des- tine pour être le fucccflêur de celui qui eft dans 1^ palais , que l'on dit avoir près de trois cents ans ; ce petit éléphant eft un peu plus gros qu'un bœuf, il a Beaucoup de Mandarins à Ion fervice; & à fa confidéraiion Ion a de grands égards pour fa mère & pour flirtante que ion élève avec lui. Idem, fgj Lorfquc le Roi de Vc^u va fe promener, les quatre cléphans blancs marchent devamt lui , ornés de pierreries ai de dixers cnjoiivcm'jns d'or. Recueil (les Vqyiiges de la Compagnie des Indes de Hollcimle , tome JII , page ^/ . . . . Lorfque le Roi de Pégu veut donner audience, iVm amène devant lui les quutre élcphans blanci qui lui font la révé- rence , en levant leur trompe , ouvrant la gueule « jetant trois cris bien diftind:s 6c s'agcnouillant. Quand ils font relevés , on les remène à leurs écuries, où on leur donne à manger à chacun dans un vaifleau d'or grand comme un quart de tonneau de bierrc ; on les lave d'une eau qui cd dans un autre vaiilèau d'argent , ce qui fë fait le piu.s fouvcnt deux fois par jour. , . , . . Pendant qu'on les panic ainH , ils (ont fous un Jais qui a huit fupports , qui font tenus par autant de doniofiiques , afin de les garantir de l'ardeur du foleil. Kn allant fiux vain'eaux où eft leur eau & leur nourriture, àls font précédés de trois trompettes dont ils en* lii] 'îpS Mflolre Naturtlle ' les mancs vivans des Emncreurs de TînJc l ils ont chacun un palais , unt maifon compofce d*iin nombreux domeftique, une vaiflclle d'or , des mets choifis , des vêtemens magnifiques , & font difpenfés de tout travail , de toute obéiflancc ; l'Empereur vivant eft ie feui , devant lequel ils flëchiflent les genoux , & ce jfâlut leur e(l rendu par le Monarque; cependant fes attentions , les refpeds , les offrandes les fliutent fans les corrompre; Us n*ont donc pas une ame humaine; cela feul devroit fufSre pour le démontrer aux Indiens. En écartant îes fabîes de la créduîe antiquité , en rejetant auffi les fidioiis puériles de la fuperftiiion toujours fub- tendent les accords , & marchent avec I)caucoup de gravité , réglant leurs pas par le fon de ces inftru- mens , &c. Itiem » tome 1 1 1, page ^o. — Les Péguans tiennent les éléphans blancs pour facrés» & ayant Tu que le Roi de Siam en avoit deux , ils y envoyèrent A(iî, Ambalfadeurs pour offrir tout te prix qu'on en defiroit. Le Roi de Siam ne voulut pas les vendre : celui de Pégu , offenfé de ce refus » vint 6c non -feulement les enleva par force, mais il fe rendit tout le puys tributaire* Lém ^ tome II ^ fuge £2 S*. 'de fËléphiinU I p p' (îftante, îl refte encore afTez à l'él^phaht , aux yeux même du philofophe, pour qu'il doive ie regarder comme un être de la première diftini^ion ; il eft digne d'être connu , d'être obfervé ; nous tâ- cherons donc d'en écrire l'hifloire fans paniaiité , c eft-à-dire , (ims admiration ni mépris, nous le confidérerons d'abord dans fon état de nature lorfqu'ii eft m- dépendant & libre , & en fuite dans fa condition de fervitude ou de domefticité , où la volonté de fon maître eft en partie le mobile de la fiehne. Dans l'état de iàuvage , l'éléphant n'eft ni fmguinaire , ni féroce , il efl d'un naturel doux , & Jamais il ne fait abus de fes armes ou de h force , ii ne les emploie , il ne les exerce que pour fc défendre lui-même ou pour protéger fes femblables; il a les mœurs fociales, on le voit rarement errant ou folitaire ; il marche ordinairement de compagnie , le plus âgé conduit I» troupe (h ); le fécond d'âge la fait a'ier (h) Elcphnnti gregatim femper ingrediuntur ; efucH 4gm£a maximui natu, cogit fictate proxiutus, Amttt$ 1 i"; ao0 Hijloki Nattirelle & marche le dernier; les jeunes & les foibles font au milieu des autres ; les mères portent leurs petits & ies tiennent embrafles de leur trompe ; ils ne gardent cet ordre que dans les marches péril- ieufcs, iorfqu'ils vont paître fur des terres cuhivées ; ils fe promènent ou voyagent avec moins de précautions dans les forêts & dans ies folitudes , fans ce- pendant (è réparer abfolument ni même s'écarter affez loin pour être hors de portée dçis fecours & (}lq% averiiflemens : îl y en a néanmoins quelques-uns rjui s égarent ou qui traînent après les autres , ' & ce font ies feuls que les chulTeurs ofênt attaquer ; car il faudrolt une petite armée fi) pour aflaiilir la troupe eniicre , tranjituri minimos pramiitunt , ne majorum mcefu nffemft aivewn , crefcat gwrgiiis aftitikfo» Piin. Iii(tur. naturai. lit. VIII, cap. 5. - (ij Je tremble encore en vous écrhant , hrdpe je penfe au danger auquel nous nous cxpnfhmcs en voulant fuivre un éléphant fauvagc; car quoique nous ne fufllons que dix ou douze , dont la inoitic n'avoit pas de bonnes armes à feu, nous l'au lions ^pourtant attaqué , fi nous eufTions pu le joindre ; nous rimus cjui iilkjUdm ' ftadam rej^ererit , regreditur ut & fuos^regalfs adv^cet, ^tr in pradci conmmionem dcducat, ytlian, Ub, iX; cap. 56. i « ■ {]e rÊléphû.'ît, 205 ccachent & detruiicni dix fois plus de plantes avec leurs pieds qu'ils n'en con- îbniincnt pour leur nourriture, laquelle peut monier à cent cinquante livres d'herbe par jour; n'arrivant jamais qu'en nombre, ils dcvaftent donc une cam- pagne en une heure. Auifi les Indiens & les Nègres cherchent tous les moyens de prévenir leui* vifite & de les détourner , en faifânt de grands bruits , de grands feux autour de leurs terres cultivées ; fouvent maigre ces précautions , les clc- phans viennent s'en emparer, en chafTcnt le bétail domcûique , font fuir les hommes & quelquefois renverfcnt de fond -en- comble leurs minces habitations. Il ell difficile de les épouvanter, & ils ne font guère fufceptibles de crainte ; la feuîe chofe qui les furprenne & puifîc les arrêter, font les feux d'artifice (0), les pétards qu'on leur lance , & dont l'èfFet (0) On arrête rélcpliant forfqu'il efl; en colère, par des feux d'artifice ; on fe fert du morne moyen pour les détacher du combat lorfqu'on les y a engagés. Relut, par Thevemt , tome 111, page t j ^, — Les Portugais n'wnt fu trouver aucun rtmcde pour fe dé- fendre de l'éléphant , que (ic% lances à teu , qu'ils lui pûettenl devant les yeux lorfqu'il vient a eux. Voyage de 2o5 HîjiOire Néiturelle fublt & prompiement renouvelé les fai/jt & leur fait quelquefois rcbroufler chemin. On vient très - rarement à bout de les féparcr les uns des autres, car ordinai- rement ils prennent tous enCembic le même parti d'attaquer, de pafler indif- féremment ou de fuir. Lorfque les femelles entrent en chalcirr, ce grand attachement pour la fociété cède à un fentiment plus vif; fa troupe fe fépare par couples que le defir avoit formés d'avance ; ils fe prennent par choix, fè dérobent, & dans leur marche l'amour paroît les précéder & fa pudeur les fuîvre ; car le myflère acompagiie ïcurs plaifirs. On ne \ts a jamais vu s'accoupier , ils craignent fur - tout \^s regards de leurs fembiabïcs & connoifTcnt peut-être mieux que nous cette volupté pure de jouir dans ie filence , & de ne s'ocuper que de l'objet aimé. Ils cher- àe Feynes, Pctris , i ^j o , page 8ç% — On fait com- battre au Mogol des éléphans les uns contre les autres ; ils s'acliarnent tellement au combat , tju'on ne pounoit fcs réparer , Il on ne leur jeioit entre - deux ^% feux d'artifice. Vojagi di BernUu Am^% '7' o f tom Jlf face 6^^ 'de T Éléphant ^^7 client îcs bois les jilus épui' ils g.ignent les loiiiudes fpj les plus piwfondes pour fe livrer fans témoins, fans trouble & làns réferve à toutes les impulfions de la Nature; elles font d'autant plus vives & plus durables qu'elles font plus rares & plus long-temps attendues; îa femelle f^ç^ porte deux -ans ; iorfqu'elle efl: pleine , je mâle s'en abflient; & ce n'ell qu'à la troifième année que renaît la iàifon des amours. Ils ne produifent qu'un peut frj, lequel au moment de fi nailTance a des dents ffj, & cfl déjà plus gros qu'un fanglier; cependant les défenfes ne font fpj Elephanti foîiiudincs pttunt cdtturi , b" p'aapuè ùcu/. k Chcvaher de Chaimont à la cour du Roi d: S'um, A Paris , i 6 S (^ > /v^j-c ^/ '4y fuiytaui;. de ï Éléphant* \ ^13 marche pour la joindre ; on ia fait mar- cher elle-même en lui faifant de temps en temps répéter Tappcl , elfe arrive la première à i'enccinte où le mâle ia (iiivant il la piftc entre par la même porte ; dès qu'il ie voit enfermé , Ton ardeur s'éva- nouit ; & lorfqu'il aperçoit les chafl'curs, elle le change en fureur : on lui fettc des cordes à nœuds coulans pour l'arrêter, on lui met des entraves aux jambes & à la trompe, on amène deux ou trois L'iéphans privés & conduits par des hommes adroits, on eflàie de les attacher av€c l éléphant fauvage ; enfin Ton vient à bout par adrefle, par force, par tour- ment di par careflè de le dompter c\\ peu de jours. Je n'entrerai pas à cet égard dans un plus grand détail , & je me contenterai de citer les Voyageurs qui ont été témoins oculaires de la chalTe des élcphans (y); elle efl différente , (y) A un quart de lieue de Louvo , iï y a une efpccc d'amphithéâtre dont la figure efl d'un grand carré long , entouré de hautes murailles terrafTées , fur lerquelies fe placent les fpedateurs. Le long de ces murailles, en dedans^ règne une paiifTade de gros piliers fichc,< en terre à deux pieds l'un de 1 autre, derrière lefijuels les cbaifeurs fe retirent 214 Hifloh'â Naturelle fuivant les différcns pays , 5c fuîvant \i ïorfqu'ils font pourfuivis par des cléplians irrites. On a pratique une fort grande ouverture vers la campagne, /& vis-à-vis , du côte éc. la ville , on en a fait une plus petite, qui conduit dans une allée étroite par oii un éléphant peut palTer à peine, & cette allée aboutit à une manière 4e grande rcmKc où l'on achevé de le dompter, LcHTque le jour dertinc à cette chafTe eft venu, les chaficurs entrent dans les bois , montés fur dci éléphans femelles qu'on a drefîces à cet exercice, & (e couvrent de feuiMes d'arbres, afin de n'ctrc f)as vus par les éléphans fauvages. Quand ils ont avancé dans la forj'^t, & qu'ils jugent qu'il peut y avoir queiqu'clépliant aux environs, ils font jeter aux femelles cert>iins cris propres à attirer les ni.ib, qui y répcmdent aulfitôt par des hurlcmens ct- froyables. Alors les chaflèurs les fentant à une jiiltc diflance, retournent fur leurs pas, &. mènent dou- cement les femelles du côté de ramphitluiUie dunt nous venons de parler; les cléplians fauvages ne manquent jamais de les fuivre ; celui que nous vîmes dompter y entra avec elles j & des qu'il y fut on ferma la barrière ; les femelles contiiuicrent leur chemin au travers de l'amphithéâtre, & enfî- Jcrent queue à queue la petite allée qui étoit à l'autre ■bout ; l'éléphant fauvage qui les a\oit fuivies jufquc- là , s'ctant arrête à l'entrée du défilé , on fc fervit de tenues fortes de moyens pour l'y engager , m fit crier les femelles qui étoient au-delà de l'allée, quelques S'iamois l'irritant en frappant âts mains & criant plufieurs fois pat , yat ', d'autres avec de ionguts perches armées de pointes le harceloieni^ '(Je l' Éléphant 1 1 J ^ulflTancc &; les facultés de ceux qui leur & quand Us en étoient pourfuivis, ifs fc glifïbîent enrrc les piliers & $'alloienl cacher derrière la pa- lilTade que rélcphant ne pouvoit franchir; cnfia après avoir pourfuivi plufieurs chaflTeurs , il s'at- f;icha h un feul avec une extrcme fureur ; l'hbmme jLe jeta dans l'allée , Tclëphant courut après lui , mais dès qu'il y fijt entre il fc trouva pris, car fclui-ci s'étant fau\'c , on laifla tomber deux coulifTes à propos, l'une devant & l'autre derrière, de forte que ne pouvant ni avancer ni reculer , ni fc tourner , il fil des efforts étonnans & poulTa dti cris terribles. On tâcha de l'adoucir en lui jetant des féaux d'eau fur le corps, en le frottant a\cc dcj feuilles, en lui verfant de l'huile fur les oreilles, & on fit venir auprès de lui des élcphans prives mâles & femelles , qui le carcfToient avec leurs trompes. Cependant on lui aitachoit des cordes par- deffoui le ventre & aux pieds de derrière , afin de le tirer de-là, & on continuoit à lui jeter de l'eau fur la trompe &; fur le corps pour le rafraîchir. Enfin on fit approcher un éléphant privé , de ceux qui ont coutume d'inrtruire les noiiveaux - venus : un Officier étolt monté deffus , qui le faiibit avancer & reculer , pour montrer à l'éléphant fauvage qu'il n'avoit rien a craindre, & qu'il pou- Voit fortir ; en efiêt, on lui ouvrit la porte & il fuivit l'autre jufqu'au bout de l'allée : dès qu'il y fut, on mit à {qs côtés deux élcphans que l'on attadia avec lui , un autre marchoit devant & le liroit avec une corde dans le chemin qu'on lui vou- loit faire faire, pendant qu'uri quatrième le fai/bit avancer à grands coups de tête qu'il lui donnoît pai* «lerrière julau'à une cfpècc de reii>ifc , où on l'attacha liS Hîjloire NdîureJk font la guerre, car au lieu de conRrulrf^ comme à un fjros pilîcr fait exprès , qui tourne coinine ui cabcflan de navire. On le laiflà là jufiiu'au lende- main , pour lui lailfer pafltr fa colère; mais tai)dis qu'il fc lourmcntoit autour de cette colonne , un Braminc , c'e(l-à-dirc , de ces prêtres Indiens ( qui font à Siam en aiïti grand nombre) [ial>illc de blanc, s'approcha monte lur un cJéphatit ik tour- nant doucement autour de celui qui ctoii attache , i'arrofa d'une certaine eau conlàcrce à leur manière, «ju'il portoit dans un vafe d'or : on croit que cette cérémonie fait perdre à i'cféphant fa férocité natu. relie & le rend propre à (èrvir le Roi. J)cs le Jendemain il commença à aller avec les aiitres , &. »u bout de (juinze jours il c(t enlîcremont appri- voifé. PrcitiUr pcydgt du Fàe Tuchard, p^i^t 2^ S iy fuiruntis. On «l'eut pas plutôt dcfcendu de cfievil 8c monté fur Ats élcplians qu'cjn avoit prépares , (|iie le Roi parut fuivi d'un «^rand nf)mbre de Man- darins montés fur des éléphans de guerre. On (imit & on s'enfonça dans les bois environ une lieue, juf- qu'à l'cncios où étoient les éléphans fauva^res. C'ctoit un parc écarté de trois ou quatre cents pas géo' métriques, dont les côtés étoient fermés par de gros pieux ; on y avoit pourtant laifTé de oiandes ouvertures de dilbnce en dif lance. Il y avoit qu;i- eorze éléphans de toute o;i'andeur. D'abord qu'un fut arrivé, on fit une enoeîiite d'environ cent tlc- phans de guerre, qu'on porta autour du parc pour fnipccher les éléphans fauvages de franchir \>ti paliflàdes; nous étions derrière cette haie & fout aiipit!* comme dt f Éléphant l\j les Rois de Siam, des murailles , aiiprcs du Roi. On pouffa dans l'enceinte du p«rc une dou/ainc d elcphans prives , des plus forts , fur chacun deftjucls deux hommes ctoient montés , avec de yrofTes cordes à nœuds coulans , dont les lx)Uti ctoient atachés aux clcpïi.ins qu'ils montoient. Ils cou- roient d^abord fuir l'éléphant qu'ils vouloient prendre, qui lé voyant pourfuivi fe prcfentoit à là barrière pour la forcer &. pour s'cnliiir , mais tout éioit bloque d'élépbans de guerre, par lefquels il étoit repoufTc dans l'enceinte, & ccmme il fuyoit dans cet cfpace, les chalî'eurs qui ctoient montés fur les cléplians privés , jctoient leurs noeuds fi à propos dans les endroits où ces animaux dévoient mettre leurs pieds, qu^ils ne mânquoient guère de les prendre: en effet, tout fut pris en une heure. Enfuitc on atiachoit clmiuc éléphant fauvage, èi l'on metfoit à Tes côtés deux éltphans privés, avec lefquels on devoit les laifFcr pendant quinze jours , pour être appri\oifcs par leuf moyen, hlrn , j^age J'^o, Nous eume: peu de jours après le plaifîr de \t diaffe aux éléphans, les Siamois font fort adroits à cette cliaffe , & ils ont plufieurs manières de prendre ces animaux. La plus facile de toutes , & qui n'cfl pas la moins divertiflante , fe fait par le moyen des éléphans femelles. Quand i! y en a une en chaleur , on la mène dans les bois de la forêt de 1 ouvo , le parteur qui la conduit fc met fur fon dos & s'entoure de feuilles, pour n'être pas aperçu ^t% éléphans fauvages , les cris de la femelle privée , qu'elle ne manque pas de faire à un certain lignai du paflcur , attirent les éléphans d'alentour qui l'entendent & qui fc mettent auiTiiôt à fa fuite* rom( IX. IL te Z\% B'ijloh'C Ndturdk des terrafTes , ou de faire des paliflâdes, Le pafteur ayant pris gnrde à ces cris murucl.<:, reprend le chemin de Louvo , & va (è rendre à pas lents a\cc toute fa fuite , qui ne fe quitte point , dans une enceinte de gros pieux faîte ex- près, à \m quart de lieue de Louvo , hans fe fait de diverfes manières: en des endroits, où 4'on tend àcs chaulfes - trapes , par fe moyen def- quelles ils tombent dans quelque fofrc , oii on les tire aifémcnt quand on les a bien embarrane.';. En d'autres , on iè fèrt d'une femelle apprivoifée qui eft en chaleur , & que l'on mène dans un lieu étroit où on l'attache , elle y fait venir le mâle par fes cris ; quand H y cil , .on l'enferme par le mo) en de quekjues barrières faites exprès , qu'on poulie pour l'empêcher de Ibrtir , & cependant qu'il trouve la femelle fur le dos , il habite avec elle contre l'u- fage é^s autres bêtes. Il tâche après cela de (c retirer ; mais comme il va &: vient pour trou\er .une forlie, les chalîèurs qui font fur la muraille ou fur quelqu'autre lieu élevé , jetant quantité de Ijetites & grolfes cordes , avec quelques chaînes , par e moyen defquelles ils embarraflent tellement' (a trompe &; le refte de (bn corps , qu'ils en ap- prochent enfuite fans danger; 6c après qu'i'.s ont pris quelques précautions néceffaires, ils remmè- nent à la compagnie de deux autres élcphans qui fout apprivoifés 6i qu'ils ont amenés exprès pour Jui donner exemple, ou pour le menacer, s'il fiiii Je mauvais Il y a encore d'autres pièges pour prendre les éléphans , Si chaque pays a fa manière. Helation d'un voyage par Thcvetiot. Paris, i(>6.f, fome m, page t^i, — Les habiians de Ceylan font des roffes bien profondes qju'ils couvrent de planches qui ne font pas jointes , & les plancfics font couveries de paille, aufll-bien que le vide qui jbU entre-deux. La nuit, lorique les éléphans pafTeu; de f Éléphant, ^ 1 1 r leur pafTage des folles aflez profondes fur CCS foffcs , ifs y tombent Ik n'en peuvent fortii- ; fi bien qu'ils y périroient de faJm, Ji on ne leur faifoit porter à manger par èjt% eidavcs , à la vue deftjuels ils s'accoutument , & ainfi ils s'apprivoifcnl peu à peu juftjue-là qu'Us vont avec cîax à Goa & dans les autres pays voifîns, pour gagner leur vid & celle de leurs maîtres. Divers Alémoires touchant ki Jndes orientales , premier DifcourSf tome II, juige ^S/» Raueil des voyages de la Compagnie des Indes. /Imfkr- dam , 1 71 1 . — Comme les Européens payent lesf dents d'éléphans afTez cher , c'eft an motif qui arme continuellement les Nègres contre ieléphant. Ils s'attroupent quelquefois pour cette chafTe, avec leurs flèches & leurs zagayes. Mais leur méthode la plus commune efi celle des foffeSr qu'ils creufent dans les bois, qui leur réuffilTent d'autant mieux qu'on ne peut guère fe tromper h la trace des cléphans. , . •■ On les prend en deux façons , ou en leur préparant des fofles couvertes de branches d'arbres , dans lef- tjuelles ils tombent fans y prendre garde , ou à Li cli.ilTe qui fe fait de cette forte. Dans l'île de Ceyian , 011 il y a une très-grande multitude d'é- léphans ; ceux qui s'occupent à leur chaHe , oiit deis tltphans femelles qu'ils appeHent Allai, Dès qu'ils favent qu'il y a en <}uelquc lieu quelqueî-urts de ces animaux encore fltuvages, ifs y vont, menant avec eux de CCS Alias, qu'ils relâchent aulntôt qu'ils dé- CDiivrent un mâle ; eHes s'en approchent des deux côtés h l'ayant mis au milieu, l'y retiennent fi ferré, (jti'il lui eft impofrible de s'enfuir. Voyage d'Orient é R Philippe de la irès-fainte Trinité, Lyon, ^6é^^ K ii; 52 2 Hîflotre Naturelle pour qu'ils ne puiiïent en fortir lorfqu'iîs y font tombés. L'éléphant une fois dompté , devient le plus doux, ie plus obéifFantde lous les animaux , il s'attache à celui qui le feigne, il le care(î'e, ic prévient i » Voyage de Van-der-Hagen, wm m, page ^o juf^u'à do» (i) Hérodote cft ie plus ancien Auteur qui ait dît que Vivoire ctoil la matière des dents de lelépliant. Vide Plin, Hifl, mu, B. Vill, cap, j, (h) Elephantes ex Europais primus Akxander hahuit, cùm fuùegifei Forum* Faufanias, in Alticis. 128 Ht/loire Naturelle il fit pafTcr en Grèce ceux quMI avoÎÉ conquis fur Porus, & ce furent peut- être les mêmes que Pyrrhus (t), plulieurs «nnéesaprès, employa contre les Romains dans la guerre de Tarente, & avec lefqueb Curius vint triompher à Rome. Annibal cnfuite en amena d'Afrique , leur fit pafler la Méditerranée , les Alpes . & les conduifit , pour ainfi dire, jufqu'aux ^j portes de Rome. De temps immémorial îcs Indiens fm) fc font fervis d'éléphans à la guerre: chez ces nations mal difciplinécs , c'étoit la meilleure troupe de l'armée , & tant que l'on n'a combattu qu'avec le fer, celle (î) Manius Curius Denfatus , viâo J^rrho , primnm î/i tmmplw eUphamum duxit, $cneca ,^ de bie\ itaïc >itae,'cap. 13. (m) De temps immémorial les Rois de Ceylan, de Pégu , d'Aracan (e font fervis d'éléphans à la guerre. On iioit des fabres nus à leur trompe, oc on leur mettoit fuir Je dos de petits cliâteaux 4e bois qui tenoient cinq à fix hommes armés de javelines , de fufils èc d'autres armes ; ils contri- buoicnt beaucoup à mettre en défordre les armées ennemies , mais ils s'efTrayoient aifément en voyant du feu. Recueil des wyages de la Cvnipagnk des Jmfis„ Atnfletdam, i^ii, lomi VJL Voyage de ^ilwM(m ^ 'Je l'Éléphant, ^^2(f f|in dccîdoit ordinairement du fort des batailles : cependant l'on voit par l'Hif- toirc , que les Grecs ôc les Romains s'accoutumèrent bientôt à ces monftres de guerre ; ils ouvroient leurs rangs pour I ^ . ies iai/Fer paflcr ; ils ne cherchoient point à (es ble/Tcr , mais lançoicnt tous leurs traits contre ies condudeurs (jui fe preC- fb)ient de fe rendre; , & de calmer ies élépiians dès qu'ils étoient rép;irés du refte de leurs troupes ; & maintenant que le feu efl devenu l'élément de ia guerre & fe principal inftrument de la mort, les cléplians qui en craignent fnj &. le bruit & la flamme , fcroient plus em- barrafTans, plus dangereux qu'utiles dans nos combats. Les Rois des Indes font encore armer des éléphans en g^ucrre > fnj L'çiépfiant craint fur -tout le feu, d'où vicnJ que depuis qu'on fe fert d'armes à feu dans les armées , les éléphans n'y fervent prefciue plus de lien ; véritablement il s'en trouve quelques-uns de fî braves qu'on amène de l'île de Ceyian , qui ne fcnt pas û peureux , mais encore n'cft-cc qu'après les avoir accoutumés en leur tirant tous les jours de5 moufqucts & leur jetant des pétards de papier entre ies jambes. Voyage iU Fr, Berai&/t Atnperd, lyiQ^^ a 3 o NiJIotre Naturelle mais c*cft plutôt pour la repréfentaiTon , cjue pour l'efFtt : ils en tirent cependant l'utilité qu'on tire de tous les militaires , qui efl d'aflcrvir leurs femhlables , ils s'en fervent pour dumpter les éléphans fauvages. Le plus puifTint des Monarques de rindc , n'a pas aujourd'hui deux cents cléphans de guerre (o), ils en ont beaucoup d'autres pour le (ervice & pour porter les grandes ciges de treillage , dans Icf- quelles ils font voyager leurs femmes, c'efl une monture très- fure, car l'cléphant ne bronche jamais , mais elle n'eft pas douce , & il fliut du temps pour s'ac- coutumer au mouvement brufque & au balancement continuel de fon pas ; h meilleure place efl fur le cou , les fe- coulTes y font moins dures que fur Us (o) Il y a peu de gens aux Indes qui aient des éléphans , les grands Seigneurs même n'en ont pas un ^rand nombre, & le Grand -Mogol n'en entre- tient pas^ plus de cinq cents pour fa maison , tant pour porter fes femmes dans leurs micdembers à treillis, qui font des manières de cages, que pour les bag:io;ci, & l'on m'a afTuré qu'il n'en a pas plus de deux cents Î)our la guerre, dont on emploie une partie à porter es petites pièces d'artillerie fur leurs afiûts. RuatiQn d'un voyage j^ar TUvtnoi , tme JIJ; pagt j j2t • de l Eh'pJuiiît» 2 3 1' épnuîes , le dos ou la croupe ; mais dès qu'il s'agit de quelque cxjadîtion de chafTe ou de guerre , chaque éléphant cft toujours monié dcpluficurs hommes (p). Le conduc'kur le met à caliFou.chon lur le eou , les chaflcurs ou les combatians font allis ou debout lur lei autres parties du corps. Dans les pays heureux où notre canon & nos arts meurtriers ne font qu'impar- lâiteintnt connus , on combat encore avec des cléphans (q); à Cochin & dans fp) De tous les animaux , ce font ceux qui rendent plus cic iervice à fa guerre , car on place fort com- moiicment fur eux quatre hommes, qui peuvent aiit-ment Te fervir de moufquet , de Tare & de la lince. Recueil des voyages de la.Cotnpngnie des Indes de Hollande. Second voyage de Van ■ der • Hagen , tmc 11, page jj, (ij) Lorfque les éléphans font menés à la guerre , ils lervcnt à deux diverfes fondions , car on les charge ou d'une petite tour de bois , du fommet de laquelle quelques foldats combattent , ou l'on attache Aes épces à leur trompe avec des chaînes de fer, & on les lâche ainfi contre l'armée ennemie, qu'ils aflaillent gcncrrutement & qu'ils metlroient indubitablement en pièces , fi on ne les rcpouffoit avec des lances qui jettent le feu; parce que compie l'cp fait que ies éléphans font épouvantés par le feu , l'on en apprcte d'artiiicieis uu bout d«s lances pour les mcttyî; '1^1 Hïjloîre Naturelle k refte du Malabar (r) on ne (ê fert point de chevaux , & tous ceux qui ne com- battent pas à pied font montés fur des éléphans. Il en eft à peu près de même au Tonquin (f), à Siam (t) , à Pégu où !e Foi & tous les grands Seigneurs ne font jamais montés que fur des éléphans: les jours de fêie , ils font précédés & fuivis d'un noiTibreux cortège de ces animaux pompeufcmcnt pnrés de plaques de métal brillantes, & couverts des plus jriches étoffes. On environne leur ivoire en fui^e. Voyage de l'Orient , j'ar le P, F/ii/ijfe , (r) On ne fe fert point à CocFiin , non plus que dans le rcfte du Malabar, de cavalerie polir la guerre ; ceux qui doivent combattre autrement qu'à pied lont montés fur des éléphans , dont il y a quaniitc dans îes montaf:;nes , & ces éléphans de moniagne (ont les pHis grands des Indes. Relation dun Pûj'Gge par Thevtnot , tome lll, page 261, (J) Dans le royaume de Tonquîn , \ki Dames de condition monfcnt ordinairement ("ur des éicphans, qui (ont extrémcmenl hauts & gros, &f ijui portent, lans aucun danger, une tour avec fix hommes dedans, ^ un autre homme fur leur cou , cAii les conduit. U Genio vagame del conte Jiurelio deglî an-^i. Jt Forma,. lépt, tome I, pige 2 S 2. ( t ) Voyez le Journal du voyage de l'ai^bé dc Je ï Éléphant* 233 d*anneaux d or & d'argent (u), on leur peint les oreitles & les joues , on les couronne de guirlandes, on leur attache ^^?> fonneites, ils femblent fe complaire à la parure , & plus on kur met d'or- nemens plus ils foni careHans & joyeux, ^u refte, l'Inde méridionale efl le feu! pays où les éiéphans foient policés à ce point : en Afrique , on Tait à peine les (u) Nous avorks vu des éléplians qui ont les dents d'une beauté & d'une grandeur admirables , elles (brtcnt à quelques - uns plus de quatre pieds hors de la Kmche, & font garnies d'efpacc en efpace de cercles d'or , d'argent &. de cuivre. Piemicr voyags tlu P, Tnchard ,_ page 27j , — Les Princes font confifter leur grandeur « leur pouvoir à nourrir beaucoup delcpnans, ce qui leur cft d'une grande dépcnfe. Le Grand - Mogol en a plufieurs milliers. Le roi de Maduré^ le fcigncur de Narzinguc & de BilnHgar, le roi des Naires & celui de ManfuI en ont plufieurs centaines , qu'ils diftingucnt ejv trois clalTes; les plus grands font pour le fer vice immédiat du Prince: leur harnois e(l très- riche; on les couvre de draps travaillés en or p<^g£ 7 S' — Voyez au(îi le Voyage de k Maire , pagis (^7 & çS* (I) Voyez le voyage de Guinée, par G. Bofman. Vcraiii, 170J, page 2^j. (a) Dans la pro\ ince de Pamba, qui eft au royaume deC.ongo, on trouve beaucoup delcphans, à caufe de la grande quantité de forêts & de rivières dont le p>iys elt plein. Voyage de Fr. Drack, Paris, 16^1 1 p.igt' 10^. Voyez auffi dans le Recueil des voyages de la Compngnie ics Indes de Hollande , le Voyage de Idii-der Urccck , tome IV, p^ige ^tp. Voyez aulH î! gcino vaganie iiel conte Aurclio , tome JI , page ^/j if fui i a/1 les. (II) Le premier pays ou Ion trouve le plus fouvent des tiéphans , c'eft cet endroit de la côte (jue l'on appelle en Flamand, Tand Kufl o\x Cote des dents ^ 2 caufe Je la grande quantité des dents d'éléphans ij^ f^tfloîre Naturelle au pays d'Ante (c)j d'Acra , de Benm & dans toutes les autres terres du fud de l'Afrique (d), jufqu'à celles qui Ibm ^n'on y trafique ; cnfuitc vcks ïa cote d'or & dans les pays d'Awiné, de Jaumoré, d'Eguira, d'Abo- croé, d'Ancober &i d'Axim, où l'on en tue chaque jour un grand nombre; & plus un pays eft dcftrt & inhabité , plus y rencontre - 1 - on d'élcphans & d'autres animaux fauvagcs. Voyage de Guinée, j)iir Cuill, Bnfman, ynge 2/j.^, (c) Le pays d'Ante abonde auflTi en éléphans, puif, que non-feufement on en tue quantité dans la terre ferme , mais qu'ils viennent prefque tous les jours fur fcs \iQx<}i^ de fa mer & fous nos forts , d'où nos gens peuvent les voir, & y font de grands ravages; de- puis le pays d'Ante jufqu'à relui d'Acra, on n'en trouve pas tant que dans les lieux ci^defllis nommés , parce que ces pays, entre Ante & Acra, ont été depuis long-temps pafTîiblement bien peuplés , excepté celui de Fétu, qui depuis cirKj ou fix ans a été pref- que défert , ce qui fliit qu'on y voit beaucoup plus de CCS hctes qu'auparavant. Du coié. d' Ancra on en tue toufes les années un grand nombre parce que à^ws ces- quartiers- là il y a bien du pays dclert & inhibité Dans le pays de Bénin, comme aulTi à Rio de Caibari , Camcroncs & dans plufieurs autres pays & rivières d'alentour , il y a une fi grande quan- tité de ces animaux , qu'on a peine à s'imaginer com- ment les habitans peuvent ou ofcnt y demeurer. 1dm, l^nge 2^6. (d) Au-defibus de la baie de Saînte-Hélcne. le pays elt paxtagé eu deux- parties par la rivière des Llépliaiis^ tenni raiic( ces tr dra , finie égare f/t plus braves que les autres. Voyage de Dernier, page 6 y, — ht% meilleiiis éléphans & les plus intclligens qui foicnt au monde, ^ntdans l'île de Ceyian. Recueil des voyages, tome 1, page ^ 'i ; tomejl, page ;i y 6 1 tome IV, page j 6j, .— Il y a quantité d'éléphans à Ccylan , qui font & plu5 généreux & plus nobles qu'aucun écs autres . . . Tous les autres déphans révèrent les éléphans de Ceyian, &c. Voyage d'Orient du Père F/ii/ipj'e, pages rjo if S^7' (0) Indicum {elcphantumj Afri pavent t neç contueri ttudint ; nam iX major Indicis wagnitudo ejl, Plin. Hift» pat, iib. VIII / cap. 5, IX ... . L es ms les ref- vûge 26 :, ives que les es meilleurs au monde, ts , tome 1, , qui tcnl es autres ... élc'phans de re r/iifi}fet nec comtti • Plin. Hift, de l'Ëlt'phatît' I4.J' r Afrique, & cela prouve encore, comme nous 1 avons dit à l'article du lion (p), (jue les hommes y font plus nomF^reux de nos jours qu'ils ne l'étoient dans le fiècle de Carthage. Les éléphans fe font retirés à mefure que les hommes ies ont inquiétés; mais en voyageant fous le ciel de l'Afrique , ils n'ont pas changé de nature; car ceux du Sénégal, de ia Guinée, &c. font, comme l'étoient ceux de la Lybic, beaucoup plus petits que Cv^ux des grandes Indes. La force de ces animaux eft propor- tionnelle à leur ^grandeur ; les éléphans des Indes portent allument trois ou quatre milliers (cj) , les plus petits, c'efl- j.-dire, ceux d'Afrique, enlèvent libre- ment un poids de deux cents livres (r) (p) Voyez k Vïlli' Volume de cette Hiftoire Naturelle, page qj» (q) Un éléphant peut porter quarante mans , à quatre- N4ngts livres le man. Relation d'un voyage, par Jlimmt , page 261» (y) L'éléphant lève un poids de deux cents livres Uvec fa trompe, & le charge fur Tes épaules Il I prend dans la trompe cent cinquante livres d'eau • 1 qu'il jette en haut à la hauteur d'une pique. L'Afriqut, \ài\lamol, tome I, page jS» I • " T •* ' * 2r44 Hiflowe Naturelle avec leur trompe & le placent eux-mêmjs fur leurs épaules; ils prennent dans cette trompe une grande quantité d'eau qu'ils rejettent en haut ou à la ronde , à une ou deux toiles de diftance; ils peuvent jîorter plus d'un millier pefant lur leurs défenfes ; la trompe leur fert à cafl'er ies branches des arbres , & les défenfcs à arracher les arbres mêmes. On peut encore juger de leur force par la vïicfle de leur mouvement , comparée à la nia(îe de leur corps , ils font au pas ordinaire à peu près autant de chemin qu'un cheval en fait au petit trot di autant qu*un cheval au galop lorfqu'ils courent, ce qui dans l'état de liberté ne leur arrive guère que quand ils font animés de colère ou pouiïes par la crainte. On inène ordinairement au pas les éléphans domeftiques , ils font aifément ^ fins fatigue quinze ou vingt lieues par jour, & quand on veut les preder (f) , ils peuvent en faire trente-cinq ou qua- rante. On les entend marcher de très- (J) Lorfqu'on preffc l'éléphant, il fera bien en un jour le chemin de lîx journées» L'Afrique de A'iamol^ de l Éléphant* 245 loin 3c Ton peut aulFi les fuivrc de très- près à la pifte , car les traces qu'ils lùiiîènt fur la terre ne font pas ccjui- vO((ues , & dans les terreins où le pic J marque, elfes ont quinze ou dix-huit pouces de diamètre Un éléphant domeftique rend peut- être à Ton maître plus de fervice que cinq ou fix chevaux ft), mais il lui faut du foin & une nourriture abondante & choifie ; il coûte environ quatre francs ou cent fous (u) par jour à nourrir. On (t) Le prix des éfcphans cft pfus confidérable qu'on ne pouiToit l'imaginer ; on en a vu vendre depuis mille pagodes d'or jiifqu'à quinze mille roupies, c'ef!- iidire, depuis neuf à dix mille livres jufqu'à trcnte- li\ mille livres. N.nes de M, de Bufy, — On vend iiii éléphant ftlon (a taille Un éléphant de Cc}lan \'aut du moins huit milfc pardaom , & quand i^ efl fort grand on le vend jufqu'à dou/e &. même }.i"ju'à quin7e mille pardaons. Hifloire de l'Ile dt ùylan , i>ar Rihcyn), Trci'oux , lyoïy pa^e /^^. (u) Les élcphans coûtent chacun envrron Une dcmr- pirtolc par jour à nourrir. Relation d'un voyage, var Ihcvemt, p.ige 261. — Ceux qui font prives (ont foit délicats en leur vivre, & leur faut bailler du ri:, bien cuit 6c accommodé avec du beurre 6t du fucre, qu'on leur donne par greffes pelottes , & leur laiit bien cent livres de ri/ par chaque jour, outre qu'il leur iàut bailler des feuilles d'arbres, principalement L iij 14; 6 Hi flaire Naturelle lui donne ordinairement du riz crud ou cuit, mêlé avec de i'eau, & on prétend qu*il faut cent livres de riz par jour , pour qu'il s'entretienne dans fa pieine vigueur; on lui donne auffi de l'herbe pour le rafraîcliir, car il ell fujet à s'échauffer , & il faut le mener à l'eau & le laiifer baigner deux ou trois fois par jour. II apprend aifément à fe laver lui-même; il prend de l'eau dans fa trompe , il la porte à fa bouche pour boire, & enfuite en retournant fa trompe , il en iailîc couler le refte à fîot fur toutes les parties de fon corps. Pour donner une îdc'e des fervices qu'il peut rendre , il fuffira de dire que tous les tonneaux , fies , paquets qui fe tranfportent d'un lieu à un autre dans les Indes, font voitures par des élcphans ; qu'ils peuvent porter des fardeaux fur leur corps, fur leur cou , fur leurs défenfes , & même avec leur gueule, en leur préfentant le bout de figuier d'Inde, que nous appelons Bananes, k les Turcs Plantenes , pour les rafraîchir. Voyage de Pyraré, tome II, page ^ 6 y, — Voyez aufTi les Voyagea 'le id BouUaye - le • Gou-^, Paris, j 6 yy, -page 2 fo ; àk Eecueildcs voyages de la Compagnie des Indes de Holhr.ûi, (orne i, page f/^. de ÏÉléphanU 247 d^une corde qu'ifs (errent avec les dents j que joignant l'intelligence à la force , ils ne cafîent ni n'endommagent rien de ce qu'on leur confie ; qu'ils font tourner k pafTer ces paquets du bord des eaux dans un bateau fans les laiffer mouiller, les pofant doucement & les arrangeant où Ton veut les placer : &: quand ils les ont dépofés dans l'endroit qu'on leur montre , ils efTaient avec leur trompe s'ils font bien fitués, 6c que quand c'cft un tonneau qui rouie , ils vont d'eux- mêmes chercher des pierres pour le caler & l'ctablir folidement , &c. Lorfque l'éiéphant eft bien foignë , il vit long -temps quoiqu'cn captivité; & l'on doit préfumer que dans l'état de liberté, fi vie eft encore plus longue. Quelques Auteurs ont écrit qu'il vivoit quatre ou cinq cents ans (x), d'autres (x) Onefimc, au rapport de Strabon ( lih, xv), afTure que les éléphans vivent jufqu a cinq cents ans. — Philoftrate (Vit. Apyol lib, XV l) rapporte que ieléphanl A/ax, qui avoit combattu pour Porus contre Alexandre , vivoit encore quatre cents ans après. — Juba , roi de Mauritanie , a aulfi écrit qu'il en avoir pris dans le mont Atlas qui setoit pareiilemeni truuvc dans un combat quatre cents ans auparavdm, • 111; 248 Hijloire Naturelle deux ou trois cents fy) , & d'antres enfin cent vingt , cent trente , ou cent cin- quante ans (1), Jie crois que Je terme xnoyen eft le vrai , & que ù l'on s'elt ^Guré que des éléphans captifs vivent cent vingt ou*cent trente ans , ceux qui iont libres & qui jouifîent de toutes les aifances de la vie & de tous les droiis ^" (y ) EkpKnmem alii annçs Jueentos vipère aîunt , al:ï îrecemos, Aiiftot. Iiifh anim. lib. VllI, cap. 1 x. — EUphds ut hngîff-mwn an nos cire i ter dttcentos virir, An-ian. in Indicis. — Je vis un petit éléphant bh^rc qu'on deftine pour être ie fuccefTeur de celui qui t'.ï dans le palais, & qu'on dit avoir près de trois ctiits ans. Premier rojûge de Siam du F, Tac/iard, fujge 2 y ^ , ( 1) Les éléphans croiflcnt jur^u'à la moitié de leur Sgc, & vivent ordinairement cent cinquante mis, Vcyage de Drack amour du Monde , f>age 10^. — Les éléphans portent deux ans , & peuvent vivre jufqu'a cent cinquante ans. Recueil des V^oyages de la Co^yagule des Indes de Hollande, tome Vil, fage j t, — Non- obdant toutes les recherches que j'ai faites avec afTtz de foin. Je n'ai jamais pu favoir bien exademcnt com- bien l'éléphant vi\oit; & voici toutes les lumièrcv qu'on peut tirer de ceux qui gouvernent ces animaux ; ils nf lavent vous dire autre choie finon que tel tltphant a été entre les mains de leur père, de leur aïeul & de leur hifiiieul ; & (upputant le temps que ces gens -la ont vécu, il fe trouve quelquefois qu'il monte à cent vino;t gu cent trente ans. Voyage de Tnvemier, Rducn^ 4 ^ eh t Eléphant. 249 (le îa Nature , doivent vivre au moins deux cents ans ; de même fi la durée de la geftation efl de deux ans, & s'il leur faut trente ans pour prendre tout leur accroifTement , on peut encore être afTuré que leur vie s'étend au moins au terme que nous venons d'indiquer. Au refte, la captivité abrège moins leur vie queladifconvenance du climat; quelque (oin qu'on en prenne, i'éléphant ne vit pas long-temps dans ies pays tempérés & encore moins dans les climats froids ; celui que le roi de Portugrf envoya à Louis XIV en 1668 (a), & qui n'a voit alors que quatre ans, m Ti^-ut à dix-fept ans, au mois de janv'.. )68i, & ne fubfifta que treize ans dans la Ména- gerie de Verfailles , où cependant ii ttoit traité foisneufement <5c nourri iar- gement ; on lui donnoit tous les jours quatre - vingts livres de pain , douze pintes de vin & deux féaux de potage , cù il entroit encore quatre ou cinq livres de pain; & de deux jours l'un, au lie» de potage , deux féaux de riz cuit dans (a) Mémoires pour fervir à l'hiftoire àti anîmâUît > L V •'■* r «*■ :2 3 o Hîjloîre Ndîurelle \ l'eau, fans compter ce qui lui etok donné par ceux qui le vifitoient ; il avoit encore tous les jours une gerbe de blé pour s'amufer, car après avoir mangé le grain des épis , il taifoit des poigntci de la paille, & il s'en fervoit pour chaiïer les mouches; il prenoit plailir à la rompre par petits morceaux, ce qu'il faifoit fort adroitement avec Ç^. trompe, & comme on ie menoit promener pref- Cjvie tous les jours, il arrachoit de l'herbe & la mangeoit. L'éléphant qui étoit der- nièrement "^à Naples, où, comme l'on lait , la chaleur eft plus grande qu'à Paris , n'y a cependant vécu qu'un petit nombre d'années : ceux qu'on a tranf- portés vivans jufqu'à Péterfbourg pé- rifîènt fuccefîivement , malgré l'abri , fes couvertures, les poêles; ainfi l'on peut afîurcr que cet animal ne peut fub- îifter de lui-même nulle part en Europe, & encore moins s'y multiplier. Mais je fuis étonné que les Portugais qui ont connu , pour ainfi dire , les premiers le prix & l'utilité de ces animaux dans les Indes orientales , n'en aient pas tranfporté iian$ les climats chauds du Brefii où peui- IWP ^ fie r Eléphant» 7,^1 être, en les laiflànt ilhres , ils auroient peuplé. La couleur ordinaire des élé- phans efl d'un gris- cendré ou noirâtre ; les blancs , comme nous l'avons dit , font extrêmement rares (b) , & on cite ceux (b) Quelques perfonnes, qui ont demeuré long- temps à Pondicheri , nous ont paru douter qu'ii exifte àes éléphnns blancs & ronges ; ils affurent qu'il n'y en a jimais eu que de noirs , du moins (ims celte partie de l'Inde : il efl vrai , difent-ils , que û ion cft un certain temps fans les laver, la poulfièrc qui s'attiiclie à leur peau huilcufe & exac- icinent rafe , les fait paroître d'un gris-fale , mais tn fortant de l'eau \\s font noirs comme du yaî. Je crois tn effet que le noir tft la couleur naturelle des éiéphans , & qu'il ne fe trouve que des éléphans noiis 'S'\r\$ les parties de l'Inde que ces perfonncs ont été à portée de parcourir; mais il me paroît en même temps qu'on ne peut douter qu'à Ceylan , ;! Skutj , à Pcgu , à Cambaie, &c. il ne (ê trouve par luilarJ quelques éicphans blancs & rouges. On peut citer pour témoins oculaires le chevalier de V ,haumo!U , l'abbé de Choify , le P. Tachard , \an-Jer-Hagen, Joofl Scbuten, Thevenot, Ogilby k d'autres voyageurs moins connus. Hortenfels , <\c\, comme l'on lait , a rafTemblé dans fon Ele- vrui>itogi\->iihia une grande quantité de fiits tirés de ditrércnie?: Relations, afîlire que l'éléphant blanc a non-fcuiemcnt la peau blanche, mais auifi le poil de la queue blanc : on peut encore ajouter à * tous ces témoignages lautorité des Anciens. Elien (Hb, III, inv, X LV I ) parle d'un petit éléphant blanc au\ inies, 6t paroît inditiuer q»c Li inèie étoit noircj 2^1 HiJIoire Naturelle qu'on .1 vus en différens temps dans Cjuclques endroits des Indes, où il s'en trouve auffi quelques-uns qui font roux , èi ces éléphans blancs & rouges (c) font très-eflimés ; au refte ces variétés font fi rares qu'on ne doit pas les regarder comme fubiiflantes par des races diftindes dans l'efpèce, mais plutôt comme des qualités accidentelles & purement individuelles; car s'il en étoit autrement , on connoî- troit le pays des éléphans blancs, celui des rouges & celui des noirs, comme l'on connoît les climats des hommes blancs, rouges & noirs, ce On trouve 35 aux Iiides des éléphans de trois fortes, » dit le P. Vincent Marie (d)i les blancs Cette variété dans la couleur des élépFians , quoique rare, eft donc certaine & même très - aïK iemie , k elle n'cft peut-être venue que de leur domellickc, qui dans les Jndes efl aufTi très ancienne. (cj Dans les cérémonies, le Roi de Pégu faft mener cfeux éléphans rouges enharnachés d'étolfcs d't»r h de foie, puis les quatre éléphans blancs avec de fcinbi.ihlcs harnojs relevés de pierreries ; ceux-ci ont une garni- ture d'or toute couverte de rubi.^ fur chatiut dcnr. Voyage dt la Ccwyagnie des Indes de Hollande , tome JJI, j'ege 6o, (dj Voyage du P, Fr, Vincent- iMarie de Sainte- ^ de r Éléphant» ' ^jj^ quî font les plus grands , ies plus doux ce les plus paifibles, font eftimcs & adorés «c par plufieurs nations , comme des ce Dieux; les roux, tels que ceux de ce Ccylan , quoiqu'ils foient les plus c< petits de corfage , font les plus valcu- ce Tcux , les plus forts , les plus nerveux , ce les meilleurs pour la guerre, les ?" n fbit par inclination naturelle, foit parce ^* qu'ils ^econnoiflent en eux quelque ce chofe de plus excellent , leur portent ce lin grand refpe^l ; la troifième efpèce ce «efl celle des noirs qui font les jilus ce communs & les moins eftimés :>3. Cet auteur cft le fcul qui paroifTe indiquer, que le climat particulier des cléphans roux ou rouges eft Ceylan ; les autres voyageurs n'en font aucune mention. lî affine aufll que les éléphans de Ceylan font plus petits que les autres ; Thevenot dit la même chofe dans la relation de fon voyage, page 260 , mais d'autres difent ou indiquent le contraire : enfui le P. Vincent Marie efl encore le feul qui ait écrit que les éléphans blancs font Catherine de Sienne, chap, XI , traduit de l'Italien pr M. le maf4uis de Montmitailf w ^54' Hifloire Naturelle les plus grands : le P. Tachard aiïurc aui contraire, que l'éléphant blanc du Roi de Siam étoit afTez petit quoiqu'il fût très- vieux. Après avoir comparé les témoignages des voyageurs au fujet de la grandeur des éléphans dans les difFérens pays, & réduit les différentes mefurcs dont ils fc font fervis, il me paroît que les plus petits éléphans font ceux de l'Afrique occidentale Sa fcptentijonaie, & que les Anciens, qui ne connoifToient que cette partie fepientrîonale de l'A- frique , ont eu raifon de dire qu'en général les éléphans des Indes étoicnt J)eaucoup plus grands que ceux de l'A- frique. Mais dans les terres orientales de cette partie du monde, qui étoient in- connues des Anciens , les éléphans fe font trouvés aufli grands, & peut-être même plus grands qu'aux Indes; & dans cette dernière région, il paroît que ceux de Siam , de Pégu , &c. l'emportent par la taille fur ceux de Ceylan , qui cepen- dant , de l'aveu unanime de tous les voyageurs, font les plus courageux & les plus intelligens. Après avoir mdiqué les principaux •*. Êr Je r Eléphant, a 5 j' fùîs nu fujet de refpèce. examinons ea cittail les fiicultés de l'individu; les fens, les mouvcmens, ia grandeur, !a force, l'adrefîc, l'intelligence, &c. L'éléphant a les yeux très-pedts relativement au volume de fon corps , mais ils font brillans & fpirituels; & ce qui les diftingue de ceux de tous les autres animaux , c'eft rexpreiïioii pathétique du femimcnt & la conduite prefque réfléchie de tous leurs mouvemens (e) ; il les tourne len- tement & avec douceur vers fon maître , il a pour Iwi le regard de l'an^itié , celui de l'attention lorfqu'il parle , le coup d'œil de l'intelligence c{uand il l'a écouté, celui de la pénétration lorfqu'il veut le prévenir; il femble réfléchir, délibérer , pcnler & ne fe déterminer qu'après avoir examiné & regardé à piufieurs fois Sa fans précipitation , fans pafljon , les fignes auxquels il doit obéir. Les chiens dont les yeux ont beaucoup d'expreiïion , font des animaux trop vifs pour qu'on puifTe diftinguer aifé- ment ks nuances fuccefTi^es de leurs (e) Ekphantogrnphia Chrijlophori-Petn ah Har^nfchi. 2. 5 5 Hijloire NaiiireJk fenfations ; imis comme l*élcph;int efl naturellement grave <5t mode'rc , on iit , pour ainfi dire , dans Tes yeux , dont îes mouvemens (e fuccèdent lentement ffi l'ordre & la fuite de fès afledlions iutc- rieures. II a rouïc très- bonne , & cet organe eft à l'extérieur , comme celui de l'o- dorat , plus marqué dans l'éléphant que dans aucun autre animal ; ics oreilles font très-grandes, beaucoup plus longues, même à proportion du corps , que celles de Pane & aplaties contre la tête, comme celles de l'homme : elles font ordinaire- ment pendantes ; mais il les relève & les remue avec une grande facilité , elles lui fervent à efTuyer lès yeux fg), à les pré- fer ver de l'incommodité de la poullitre (f) Les yeux de l'éléphant font très-petits propor- tîonneUcment à la tête &. eiKore pius petits pr()[)or- lionncHement au corps , mais ils font très - vifs & éveillés, & il les remue d'une façon qui lui donne toujours l'air penfif Ôc rêveur. Voyage nux Indes oricn- mies du P, Fr, Vincent - AJarie de Sainte - Catlurint- de • Sienae , iT'c, Venife , i^Sj, en Italien, in-^^" page ^p6 , traduit par M. k Mar4uis de Moat- miraiU (g) Les oreilles de l'éléphant font très-grandes r . , » Je ÏÉlépheînt» i 5 7 & àt% mouches. II fe dt^Icâe au Ton des inftrumens, & paroît aimer la mufique, il apprend aiféniciit à marquer la mefurc , ù fe remuer en cadence & à joindre à propos quelques acccns au bruit des tambours & au Ton des trompettes. Son odorat ell exquis & il arme avec pafliaii les parfums de toute efpèce & fur-tout ics fleurs odorantes; il les choifit, il les cueille une à une, il en £ait des bouquets & après en avoir favouré l'odeur , il les porte à fa bouche & femble les goûter; kl fitmr d orange eft un de fes mets les plus délicieux , il dépouille avec (a trom- pe un oranger (h) de toute fa verdure ik en mange les fruits, les fleurs, les feuilles & jufqu'au jeune bois. Il choifit dans les prairies les plantes odoriférantes , & dans les bois il préfère les cocotiers , les bananiers , les palmiers , les fagous , & comme ces arbres font moelleux & tendres , il en mange non - feulement Il les remue continuellement avec gravité , & elles défendent les yeux de t®iis les petits animaux nui- fibics. Idem , îbid Voyez aulfi les AJémoircs pour (iïî'lr à l'hijlûîre des Animaux, part, 111, p, i oj» (h) Voyage de Guinée, par Bofman , page -2^/» ^l' 4 2 5 8 H'îfloire Naturelle les feuilles les fruits, mais uieinc les branches , ic tronc & les racines , c;ir quand il ne peut arracher ces branches avec fa trompe, il les déracine avec ki défenfes. A l'égard du fens du toucher, il ne J'a pour ainfi dire que dans la trompe, mais il efl auilj délicat , aufli diQind dans celle efpèce de main que dans celle de l'homme. Cette trompe compofée de membranes , de nerfs & de mufcles, eft en même temps un membre capable de mouvement & un organe de fenii»iient; l'animal peut non - feulement la remuer , Ja fléchir , mais il peut la raccourcir , l'alonger, la courber & la tourner en tout Itns; l'extrémité de fa trompe cfl terminée par un rebord (i) qui s'alonge par le deffus en forme de doigt ; c'clt par le moyen de ce rebord & de ccae efpèce de doigt que l'éléphant fait tout ce que nous faifons avec les doigts; il ramafTc à terre tes plus petites j^ièces de monnoie; il cueille les herbes & les fleurs en les choifjflant une à une; il (i) Mémoires pour fervir à l'hiftoire àti> Animaux, î *« de f Éléphant* ijp flenouc les cordes , ouvre & ferme les portes en tournant les clefs & poufïânt les vcrroux ; il apprend à tracer des caratîlères réguliers avec un inftrument iiuÛl petit qu'une plume ("/(J. On ne peut môme difconvenir que cette main de i éléphant n'ait pluficurs avantages fur fa nôtre : elle eft d'abord , comme on vient de le voir , également flexible & tout aufiî adroite pour faifir , palper en gros Se toucher en détail. Toutes ces opérations fe font par le moyen de l'appendice en maiiière de doigt fuué à ia partie fupérieure du rebord qui environne l'extrémité de la trompe, & laifle dans k milieu une concavité faite en forme de taiïe , au foi:d de laquelle fe trouvent les deux orifices des conduits communs ffij Mu f amis ter Conful auâor efl, allquem ex his & liHTdYum duâus Gracatum didicijfe , fo'itum(jue }nrcs animantiurn otulos ejfe dixiJfeSt /tliaii de (lat. Anim. iib. Il, cap. II. < 2 00 Hijlolre Naturelle ^e ï*odorat 6c de la refpiration. LVIe- phant a donc le nez dans la main , & il efl le maître de joindre la puiiTancc de fcs poumons à Tadion de fes doigts, & d'attirer par une forte fuccion les liquides, ou d'enlever des corps folides très - pefiins en appliquant à leur furface le bord de fa trompe , & faifant un vide au dedans par afpir.ation. La déiicatcfle du toucher , la finclTe de l'odorat, la facilité du mouvement & la puifTancc de fuccion fe trouvent donc à l'extrémité du nez de l'éléphant. De tous les inflrumens dont la Nature a fi libéralement muni fes produdlions chéries, la trompe eft peut-être le plus complet & le plus admirable ; c'eft non- feulement un inflrument organique , mais un triple fens, dont les fondions réunies & combinées , f^nt en même temps la caufè & produifent les efîcts de cette intelligence & de ces facultés , qui diflinguent l'éléphant & l'élèvcnt au-defîus de tous les animaux. Il ell moins fujet qu'aucun autre aux erreurs du fens de la vue, parce qu'il les rec- tifie promptement par le fens du toucher, de l Eléphant, lÔt] ^ que (è fervant de fa trompe comme d'un long bras *pour toucher ies corps nu loin , il prend , comme nous , des idées nettes de la diflance par ce moyen ; au lieu que les autres animaux ( à l'ex- ception du finge & de quelques autres, qui ont des efpèces de bras & de mains) ne peuvent acquérir ces mêmes idées qu'en parcourant i'efpace avec leur corps. Le toucher eft de tous les fens" celui qui eft le plus relatif à la con- noiflance ; la délicatefle du toucher donne l'idée de la fubftance des corps , la flexibilité dans les parties de cet or- gane donne l'idée de leur forme exté- rieure , la puiflîmce de fucçion celle de leur pelanteur , l'odorat celle de leurs qualités , & la longueur du bras celle de leur diftance ; ainfi par un (êul & même membre , & pour ainfi dire , par un ade unique ou frmultané , l'éléphant fent, aperçoit & juge plufieurs chofes à la fois ; or , une feafation multiple équivaut en quelque forte à la réflexion : donc quoique cet animal foit , ainfi que tous les autres , privé de la puifTance Je réfléchir , comme fes fenfations fe l6i Hiflôke Naturelle trouvent combinées dans l'organe même, qu elles font contemporaines , & pour ainfî dire indivîlès les unes avec les autres , il n'ed pas étonnant qu'il ait de lui^ même des efpèces d'idées & qu'il ac- quière en peu de temps celles qu'on veut lui tranfmettre. La réminifcence doit être ici plus parfaite que dans aucune autre efpèce d'animal, car la mémoire tient beaucoup aux circonftances é^^ ades , & toute fenlation ifolée , quoi- que très - vive , ne laiffe aucune trace diflinéle ni durable ; mais plufieurs fèn- fations combinées & contemporaines font ûes impreflîons profondes ôc des em- preintes étendues ; en forte que û l'élé- phant ne peut fe rappeler une idée par le (eul toucher , les fenfations voifines & acccflbires de l'odorat & de la force de fuccion, qui ont agi en même temps que le toucher , lui aident à s'en rappeler Je (bu venir ; dans nous-mêmes , la meil- leure manière de rendre la mémoire fidèle, cil de le fervir fucccffivement de tous nos fens pour confidérer un objet, & c'efl faute de cet ufar'c combiné des fens que l'homme oublie plus de chofcs qu'il n'en retient. Aeï Eléphant, z6f Au refte , Tjuoique Téléphant ait plus de mémoire & plus d'intelligence qu'au- cun des animaux , il a cependant le cerveau {/J plus petit que ia plupart demr'eax , relativement au volume de (on corps ; ce que je ne rapporte quje comme une preuve particulière, que !e cerveau n'eft point le fiége des (en- timens , Ig fenforium commun , lequel réfide au contraire dans les nerfs des fens & dans les membranes de la tête , auffi les nerfs qui s'étendent dans la trompe de réléphant, font en fi grande quan- tité qu'ils équivalent pour le nombre à tous ceux qui (è diftribuent dans ic refte du corps. C'eft donc en vertu de cette combinaifon fingulière des lens ôc de ces facultés uniques de la trompe, que cet animal efl fupérieur aux autres par l'in- telligence , mafgré l'énormité de fa mafle , malgré la difproportion de fa forme; car l'éléphant efl en même temps un miracle d'intelligence & un monftre de matière; le corps très-épais & fans au- cune foupleflè , le cou court & prefque fl) Mémoires pour fervirà l'hifloire des Animaux, ^mic m, fiâmes ij/ ^ ij{^. '2 <$4 tiijloire Naturelle inflexible , fa tête petite & difForine , les oreilles exceflives & le nez encore beaucoup plus exceffif , les yeux trop petits , ainfi que la gueule , le membre génital & la queue ; les jambes malilves, droites & peu flexibles ; le pied fi court (m) & û petit qu'il paroît être nul , la peau dure , épaiflè & calleufe ; toutes ces dif- formités paroiflant d'autant p|^is , que toutes font modelées en grand , tomes d'autant plus défagréablcs à l'œil , que la plupart n'ont point d'exemple dans le relie de la Nature ; aucun animal n'ayant ni la tête , ni les pieds , ni le nez , ni les oreilles , ni les défenfes faites ou placées comme celles de i'éléphantr II refaite pour l'animai plufieurs inoon- ve'niens de cette conformation bizarre ; (m) Il ny a point d'animal qui n'ait îe pied pfiii grand, à proportion, que l'homme, û ce ne(l IcJé- phant qui l'a encore plus petit, & par conrcquent qu'aucun autre animal Les pied,s étoient fi petits , qu'on peut dire qu'ils ne fe voient point, parce que les doigts étoient renfermés & recouverts par la peau Âcs jambes , Icftiueiles dcfcejidoient toiit d'une venue julqua terre, &. paroiffoient comme le tronc d'un arbre fcié en travers. Mémoires pour fervir à l'hif' fçire des Animauic , j>a^es toz ir loj» il peut il peut de VÊléphanU 26 f Il peut à peine tourner ia tête , il ne peut fe tourner lui-même, pour rétrograder, qu'en faifant un circuit : les chaHeurs qui l'attaquent par - derrière on par le flanc , évitent les effets de (a vengeance par des mouvcniens circuLiires, ils ont le temps de lui porter de nouvelles atteintes pendant qu'il fait effort pour fe tourner contr'eux. Les jambes dont la rigidité n'eft pas aufii grande que celle du cou & du corps , ne fléchiflent néanmoins {[ue lentement & difficilement ; elles font fortement articulées avec les cuifTes. Il a le genou comme l'homme fnj & le pied aufli bas ; mais ce pied làns éten- due, e(t aufn (ans reffort & fans force, & le genou efl dur & (ans foupleffe; cependant tant que l'éléphant cft jeune & qu'il fe porte bien, il le fléchit pour (n) Son genou efl de la même manière qu'à l'homme & non pas proche du ventre, étant au milieu de i'cfpace qui cil depuis le ventre jufqu'à terre, & à l'endroit où les betes ont leur talon, de forte que la jamhe de l'éléphant efl fembiable à celle de fhomme, tant à caufe «le la (îtuation de Ton genou que de ia petitefTc de fbn pied, dans lequel !» partie qui va du talon jiifqu'aux doigta efl très -petite» Mémoires pour favir à l'hijklre des Animaux , part, JIJ/ ipti^e I 02, Tome IX, M •' 3fc'56 ^Htfloh-e Ndturelle fe coucher, pour fe laifTer ou monter ou charger; mais dès qu'il eft vieux ou inalade , ce mouvement devient fi difii- cile qu'il aime mieux dormir debout , & que fi on le fait coucher par force (o), \\ faut enfuite des machines pour le rele- ver & le remettre en pied ; ies défenics, qui deviennent avec l'âge d'un poids énorme , n'étant pas fnuccs dans une pofjiion verticale, comme les cornes des autres animaux , forment deux longs le- viers , qui dans cette direction prefque horizontale, fatiguent prodigieureinenr la tête & la tirent en bas; en forte que rani- mai eft quelquefois obligé de faire des *'trous dans le mur de (à loge pour b foutenir Ôl fe foulager de leur poids (u). (o) Nous avons appris de ceux qui ont f;;ouvcrnc;i Verfaillts Iclcpliant d()nt nous parlons, que ks huit premières années qu'il y a vécu, il fe couchcit & (e relevoit avec beaucoup de facilite , & que les citq dernières années il ne fé couchoit plus pour i!orn;ir, mais qu'il s'rippuyoit contre le mur de fli locrc, en fctc •]uc s'il arrivoit qu'il Ce couchât cjuand il croît iraîade,! il (ailoit percer le plancher du deffuj pour lo relever avec àti engins. Mânoires your Jevrir à Chifùin ikî\ /l'ihnaiix , fdge t o^f, • ; . ,' - /pj On noui a Tnit voir que i 'éléphant avoit cmp'oyî monter leux ou ù dilii- )Ollt , & rce (o), le rcie- léfentes, in poids bns une :)rncs dci longs le- prelque Jement la que l'ani- faire des pour Ici poids (ij)> it rfouvcrnca ,|ue Iti l'i"^ )uchcit k le que les c;!v| )our ilovn'.ir, Krc , en fc.tc étoit wJààt, lour i'' vck\ec ivoitcmp'oyî] <-/£• rÉhfhdiit,' 2 5/. Il a îe défavantage d'avoir I*organe de l'odorat très-cloigné de celui du goiit, rinconimodité de ne pouvoir rien faifir à terre avec fa bouche , parce que fou cou court ne peut plier pour laifler kifTer aflez la tête, il faut qu'il prenne fa nourriture , & même la boifTon , avec le nez , il la porte enfuite non pas à l'entrée de la gueule, inais^jufju'à fon goficr , & iorfque i\\ trompe eft remplie d'eau , il en fourre l'extrémité jufqu'à la racine de la langue fq), apparemment pour rabailîer l'cpiglotie &: pour empê- cher la liqueur qui pafle avec impétuo- litc, d'entrer dans le larynx ; car il pouffe celte eau par la force de la même ha- leine qu'il avoit employée pour la pom- per, elle fort de la trompe avec bruit ôc entre dans le gofier avec précipitation; la langue , la bouche ni les lèvres ne lui [ fc5 dcfenfes à faire îles trous dans les deux faces d'un piiicT de pierre qui fortoit du myr de fa loge, & [ce> trous lui fcrvoiei« pour s'appuyer quand il dor- ri oit , Tes dcfenlès ciant fichées dans ces trous. Idem, (ij) Mémoires pour fervir à l'hiftoire des Anirnaux» JNl i; 2 68 , Hijloke Naturelle fervent pas comme anx autres animaux \ fucer ou laper fa boiflbn. '' De-là paroît réfultcr une conféquence fingulièrc , c'efl que ie petit éléphant doit leier avec le nez & porter enfiiite à fon go fier le lait qu'il a pompé ; ce- pendant les Anciens ont écrit qu'il tetoit avec la gueule & non avec la trompe (r); mais il y a toute apparence qu'ils n'a- voient pas été témoins du fait & qu'ifs ne l'ont fondé que fur l'analogie, tous les animaux n'ayant pas d'autre manière de teter. Mais fi le jeune éléphant avoit une fois pris l'ufage • ou l'habitude de pomper avec la bouche en fuçam la niamellp de fâ mère, pourquoi la pcr- droit-ii pour tout !c reftc de fa vicî pourquoi ne fe (ert-il jamais de cette partie pour pomper l'eau lorsqu'il eft à portée î pourquoi feroit-il toujours une aftion double, tandis qu'une fimple fuf- firoit î pourquoi ne lui voit - on jamais (r) Pu/lus erlitHS ore fugit , non pronwfclde , îx (iam ciim natm eftcernit à'awbu/at. Arift. hift. Anim. lib. \ I, cap. XXVI I. — Anniculo quicUm viwh afjuahm puhn edit eîephanius, qui jlat'un, ut naïus ejl, on fn^lu /Elian, de nat. Anim. lib. IV, cap, in, Je r Eléphant, 2 6^ rien prendre avec fa gueule que ce qu'on jtuc dedans lorfqu'elle efl ouverte î &c. ffjs II paroît clone très - vraifem- blable que le petit éltfphant ne tette qu'avec la trompe ; cette prcfompiion cft non - feulement prouvée par les faits fubféqucns, mais elle eft encore fondée fur une meilleure analogie que celle qui a décidé les Anciens. Nous avons dit qu'en général les animaux au moment (le leur naiflance ne peuvent être avertis de la préfence de l'aliment dont ils ont hefoin , par aucun autre fens que par celui de l'odorat. L'oreille eft certainement très- iiiuiifc à cet efîet , l'oeil l'eft également & très-évidemment, puifquc lu plupart des animaux n'ont pas les yeux ouverts lorf- qu'ils commencent à teter ; le toucher ne peut que leur indiquer vaguement & également toutes les parties du corps de la mère, ou plutôt il ne leur indique rien de relatif à l'appétit ; l'odorat feul doit ra\criir, c'eft non-feulement une efpèce de goût, mais un avant- goût qui pré- cède, accompagne & détermine l'autre; ffj Voyez les Mémoires pour fervîr à i'hiftoire des Animaux, partie 111, fagss 10^ i^ 1 1 »> M ii) T.jo Hifoke Nûtiirelle l'clcphant efl: donc averti, coinme tous les autres aninuiux , par cet avant -goût de la prcfcncc d« raliinent ; & coiiinic le ficge de l'odorat fe trouve ici rtiiûi avec la puiflunce de fuccioii à l'cxtré- mité de la trompe , il l'applique à la mnmelle , eu pompe le l.iit & le porte enfuite à fa bouche pour fîuisfairc foii appétit. D'ailleurs les deux mamelles étant fituccs fur la poitrine comme aux femmes , (k n'ayant que de petits m:i- mclons très-difproportionnés à la gran- deur de la gueule du petit, duquel luiHi îe cou ne peut j)lier , il faudroit que la mère fe renversât fur le dos ou fur le côté , pour qu'il put fatfir la ma- melle avec la bouche; & il auroit encore beaucoup de peine à en tirer le lait à caufe de la di (proportion énorme , qui réiulte de la grandeur de la gucuîe & de la pctitefle du mamelon ; le rebord de la tromj:)e que l'éléj)hant contradc, autant qu'il lui plaît, fe trouve au con- traire pro[)oriionnc au mamelon , & le petit élé]:)hant peut aifément par Ton moyen leter fa mère , foit debout ou couchée fur iç çgtc; ainH tout s'açcQidc €le rÉléphmi, iiy\\ four infirmer !c témoignage des Anciens fur ce fait qu'ils ont avancé fans l'avoir vérifié; car aucun d'entr'eux ni même aucun des modernes que je connoifle, ne dit avoir vu leter l'éléphant , & je crois pouvoir affurer que fi quelqu'un vient dans la fuite à l'obfervcr, on verra qu'il ne tetie point avec la gueule, mais avec le nez. Je crois de même que les Anciens fe font trompés en nous difint «[ue les éléphans s'accouplent à la manière des autres animaux ; que la femelle (t) abaiflé feulement fa croupe pour recevoir plus aifément le mà!c : la pofiiion des parties paroît rendre impofîible cette ii- tuation d'accouplement ; I^étéphante n*a pas comme les autres femelles, l'orifice de la vulve au has du ventre 6c voifme de l'iinus , cet orifice en cfl à deux piedâ & demi ou trois pieds de difl^nce , il efl •fitué prefcju'au milieu du ventre (u)i (t ) Suhf.dit fr.mlnn , chmthuCjuc fuhmi^is , infiflU fnlihus ac innit'uit}' ; nias fupervenitns comprhnit , atqut itavmneYt vcnaio fungiiur.^ Ariftot. hift. Anim. lib. V, cap. II. (u) Mémoires pour fcrvir à l'hifloirc des Animaujj^ « j 27* Hîfîohe Naturelle d'autre côte, !e nialc n*a pas Fe menibrt géiiiial proponionné à la grandeur de Ion corj)s non plus qu'à celle de ce long iniervaKc , qui dans la fituation fuppofce, fcroit en pure perte. Les Na- turalises Ôi les Voyngcurs s'accordent à dire (x) que rélé[)hnni n'a pas le membre gtniial plus gros ni guère plus long que îe cheval ; il ne lui feroit donc pas pof- fible d'aitcindre au but dans la fituation ordinaire aux quadrupèdes ; il faut que la femelle en prenne une autre & fe ren- . "vcrfc fur le dos. De Feynes (y) & Ta- \ernier (i^J l'ont dit pofuiveinent, nuis (x) Eleyîuimus genitak enttojimile hahctjed ymvum m pro corpori'i magniiudine, lefles idem non foris cofijp'u uos fed intus circa renés condltos hahet, Ariflot. hirt. aiiiin. iib. Il, cap. I L'Afrkjue d'Ogilby , jwgei i j (y) Quand ces animaux veulent s*accoupIer en- fcmble, ils le font , fans comixiraifon , de même que Thomme & la femme : puis û-tôt qu'ils ont eu la jouil- fàncc l'un de l'autre, l'clcphant met fa trompe par- deffous I tiéphante & la relève en même temps. Vo^^i^t j)ar terre à la Chine, du J/ de ftjnes. Paris, i éi^o, fagts ço if ^ I* (l) Bien que l'clcpliant ne touche plus la femtile depuis qu'il efl pris , il arrive néanmoins qu'il entre quelquefois comme en chaleur. Ceci ell pariiculitrtmcaj lie V hic pliant. ij^ j a Tf que j'aurois fait peu cl'attciuioii y leurs témoignages, fi celu ne s'accordoit pas avec la poruion d^s parties, qui ne permet pas à ces animaux de fe joindre autrement (aj. Il leur faut donc pour cette opération plus de temps, j)lus d'ai- liincc, plus de commodités qu'aux autres, èi ceft peut-être par cette rai Ton qu'ils ne s'accouplent que quand ils font ei-i pleine liberté & lorfqu'ils ont en effet toutes les fitcilltés qui leur foiit nécef- liiiies. La femelle doit non - (èulement tonfeniir , mais il faut encore qu'elle jimarqiiable de la femelle île IcIépFiant , qu€ lorfqu elfe entre tn chaleur elle ramafle toutes fortes de feuiilrges h il'herbaj^es» dont elle le fait un lit fort propre avec inc manière de che\ct h élevé de c[U3trc ou cinq pieds de terre, oii, contre la nature de toutes les autres hftes, elle fe couche (ur le dos pour attendre le mâle, qu'elle appelle par fcs cris. Voyage de Taveruier, tome JIJ, (a) J'avois écrit cet article lorfciiie j'ai reçu des notes de M. de BufTy , fur 1 éléphant; celait, que la porition des parties m'a\oit indiijué , fe trouve plei- ntiiunt confirmé par fon témoignage. « L'éléphant tlit.Vl.de Buiry, s'accouple d'une façon finguiière; <* ja i'emelic fe couche fur le dos , ik le mâle s'appuyant «« fur les jambes antérieures & fléchiffant eu arrière les «» poiiérieuies , ne touche à 1.^ femelle qu'autant qu'il h €n it bcfoin pour le coi t. ». ■ ' M V il a 74 Hijloîre Naturelle provoque le mile par une fituatîon în- décente qu'apparemment elle ne prend jamais que quand elle fe croit (ans té- moins (h); la pudeur n'clt-elle donc qu'une vertu phyfique, qui fe trouve aufTi dans les bêtes! elle efl au moins, comme ia douceur , la modération , \\ tempérance, i'attribut général & le bel apanage de tout fexe ftminin. Ainli l'éléphant ne teue , ne s'ac- couple , ne mange , ni ne boit cominc les autres animaux. Le Ton de (a voix cil aulîi très-fingulier ; fi.l'on en croit les Anciens , elle fe divife , pour ainli dire en deux modes très-différcns <3< fort inégaux , il paffc du fon par le nez > ainii que par la bouche , ce fon prend des inflexions dans cette longue trompette, hit (b) Pudore minquam vifi in a/'c/ito cnemt, Plin. nat. iib. VIJI, cap. V. — Les clcpH:uis s'aaouplenC très' rarement Et cjuand ils s'iiccoiiplent , (.'.li avec tant de ftcret & dans des lieux il iolitaiiC', <]ue perlonne ne peut fc vanter de les a\oir \m dans ce moment. Il^ ne prfjtluiftnt jamais (|iiiir,il i-îs font domedicjLies. y(i}'ff^^f au.x h:des orient, ilc'i >iii ; Père Vincfiif - Alurie de Snintc - dulitrinc - de - J/(///;s iuprltné en itidicn , n Viiùfc , en i6S^, clicp. XI, loge ^ >j6 & fuii'dUtsSf traduit par M. le Miw^uis d« J^lonmiiraii, de rÈIépIiûiît' 17 J jî efl rauf[ue & filé cotiime celui d'un infiniment d'airain, tandis que la voix qui pafre par la bouche ^c) eft entre- coupée de paufcs courtes & de foupirs durs. Ce fait avancé par Ariilote, & enfuire ré* péré par les Naturaliftes & même par ((ucifjucs Voyageurs , cft vraifcmbia-* ble. aient fiiux ou du moins n'eft pas exa(^. M. de BuHy afTure pofitivement que rtiéphant ne poufle aucun cri par la trompe: cc!)endant comme en fermant exactement la bouche, l'hoiiime même peut rendre quelque Ton par le nez, ii fe peut que l'éléphant dont le nez e(t fi grand , r^nde des ions par cotte voie iorique la bouche eft fermée : c[uoi cju'il en foit , le cri de l'éléphant fe fait en- tendre de plus d'une lieue , & cependant il n'ell pas effrayant comme le ru^ilTc-^ ment du lierre ou du lion. L'éléphant cfl encore fingulicr par k (c) Eleplhintus chra fîarrs en i^jo vocon cllan f^ù- rahwMm anemadmotlnm cùni liovio f.nud & fvir:tu:H rcldii if ktjuinir , at j>er friras finiîk tuh.vwn rMuiraù fmau Afillot. HilK aiiim. lib. IV, cip. IX » Car a thircs arc ijtf) jhrnittcViicnrn jhniam c/îit fonum, PcY mires aiitcm lutayuni rauciuili, Plin. Hifb nut. -At vj vim i l'I 'ilî TL'/d HiJIoke Naturelle conformation des pieds & par la texture de ia peau ; il n'eft pas revêtu de poii comme les autres quadrupèdes, la peau eft tout- à- fait rafe, il en fort feulement quelques foies dans les gerçures , & ces foies font très- clair- femces fur le corjis, mais afiez nombreules aux cils des pau- pières, au derrière de la tête ^d) , dans les trous des oreilles & au dedans des ciiifles & des jambes. L'èpiderme dur & calleux a deux efpèces de rides , les unes en creux & les autres en relief, il paroîc déchire par gerçures 6: reffemble aflez bien à l'écorce d'un vieux chêne. Dans i'hommc & dans les animaux , Tèpidenne cft par -tout adhèrent à la peau; dans i'élé[)hant , il elt feulement attaché par quelaues points comme le lont deux ctofïes pi([Uc'es l'une fur l'autre : cet cpiderme elt naturellement fec (5< fort fujei à s'épaifiir , il acquiert fouvtiit trois ou quatre lignes d'épaiflcur par le clef èchement fuccefîlf des dficrciues couches ([ui fc régénèrent les unes lous ies autres ; c'cfl cet cpaiiiillement de . (d) Mémoires poui fervir a II lilloiredçs Animaux. partie ÎU^ j'Hi-c 1 1 j ty Jmvanuu^ de V Eléphant. 277 l'épiderme qui produit Velephantîâfis ou lèpre sèche , à laquelle l'homme dont la peau ti\ dénuce de poil, comme celle de l'tléphant , ell: quelquefois fujct ; cette maladie efl: très - ordinaire à l'élé- phant , & pour la prévenir les Indiens ont loin de le frotter fou vent d'huile & d'entretenir par des bains fréqucns la fouplelTe de la peau; elle efl très- fen- fible par tout où elle n'eft pas calleufe, dans les gerçures & dans les autres en- druits 011 elle ne s'eft ni defîéche'e ni durcie, la picjure des mouches fe fait iï J)icn fentir à l'eléphnnt , qu'il emploie non- feulement fes mouvemens naturels, mais même les refîburces de fon intel- licirence pour s'en délivrer ; il fc fert de fi queue , de Çqs oreilles , de fa trompe pour les frapper , il fronce fa peau par - tout où elle peut fe contra(!ler & les écrafe entre fes ride^ ; il prend des branches d'urbres , des rameaux , des poigncea de longue paille pour les chaiîcr, ^ lorrc[ue tout ceia lui manque, il ramafle île la puulîièrc avec la trompe ôi en couvre tous l£^ endroits feiiliblcs; OU l'a vu fe poudrer aiiifi plufieuis ïoh \Hi f.'ifti mm m 1 '• ''! il ' 278 Hijloire Ndturelk par jour & fe poudrer à propos , c'ed- ù-dire, en foriani du bain (e)» L'ufage de r 'fl (il eau eit pre;f|u auili ncccriaire a ces fî: animaux que celui de l'air îSc de la terre lorlqu'ils font libres ils quittent rarement le Ijord des rivicres , ils Ce mettent fou- vent dans l'eju jufqu^au ventre, & ils y p.ificnt quelcjiies heures tous les jour Aux Indes de i ou l'on a annns a m les t raKcr a manitre ciui convie nt ie mieux a leur na-urtl & à leur tempérament, on k's Lue a\ec loin ^ on leur donne tout ie temps necelT.iire & toutes les facilites pollibles pour le laver eux-mêmes (fji (e) On nntij! n tîit que i éléphant de \'err;:i'ie'; k foiiioiî ti^ujours fur la pouiricre qii;in.i il .sVtoit Iv.i^ne, ce qu'il foiiD't le \\w> i(ju\eiit cju'it pouvoir, ^ w-wi avons rcmarniié (ju'il (e jetoit de la poufficie ■^i x CMC Ji'oit s ou II ne 5 en ctoit pas attache (junnil il fe r'ai.iiroit , & i'u'il avoit accoutume Je ciriflir ici moud iv5 ou avec une >'nco (le puSic qu 11 pmu>it a\fc fa trompe, 0)U a\cc de la poulficiT qu'il adriMttiTient (ur les endroits cù il le fentoit pioiic, n'y avant rien que les inoucius évitent ^w '.c»c que il pouflici'c qui îoinhc. Alcm-lns jr:;r jO-iir ^ ('I l'-tlnrc dis Animaux, ju,riic JJJ, ydPiS 11/ & lis, ( f ) Sur les finit ou neuf hcure5 avant midi, notij iumc au bord de la rivitre puur vuir comme o» , f^e rÊIcpluint. lj() on nétoîe leur peau en ia frottant avec de la pierre ponce, & enfuite on leur met des elFences , de l'huile & des couleurs. La conformation des pieds Se des jambes cfl encore fingulicre & diffèrenie dans l'clépluint de ce qu'elle e(l dans la plupart des autres animaux, les jambes de devant paroilTent avoir plus de hau- teur que celles de derrière, cependant lave les éléphans du Roi & des c^i'ands Seignciir.<; ; Icléphant entre dans iVaii jufLiu'au ventre Si fe couchant fur un corc , prend à di verres fors de l'enu avec fa trumne uju'ii jette fur celui cjui crt à j'air pour fe bien !a\er , le maître vient enfuite a\*cc une elpcce de pierre de ponce & Iroitant fa peau de i éléphant , la nétoie de toutes ks ordures qui ont pu s'y amilfer. Quelques-uns croient que iorfque cet aniimal cfl couché par terre , il ne peut fe relever de ioi-nitmc , ce qui elt bien contraire à ce que j"ai \li , car des que le maure i'a bien Irotté d'un cote, il lui commande de le tourner de l'autre , ce que l'éléphant fait promptcmcnt , &; après qu'il elt bien lavé des deux c6te> , il fort de la rivière èi dt meure quelque temps debout fur le bord de la lixière pour fe lécher : jiuis le maître vient a\cc un pot plein de C(jihcur rciu^e ou de c\ ulcur jaune ^ lui en fait des raies fur le front , auii^ur dcj yeux , iUr ia poitrine , (ur le derrière ; je frt-rtant enîuite d'huile de coque pour lui renforcer Its nerfs. Voyage de Tavcrn'w, iumcti, ^7/ j"» fvme 111, i8o Hifloke Naîiirelte celles-ci font un peu plus longues (g), «lies ne font pas pliées en deux enclroiis comme les jambes de derrière du chcvnî ou du bœuf, dans iefquelles ia cuiiïe eft prefqu'entic rement engagée dans la croupe, le genou très-près du ventre, & ies os du pied fi élevés & fi longs qu'ils paroifTent faire une grande partie de Va Jambe ; d;ms l'éléphant , au contraire, cette partie eft très- courte & polc à terre, il a le genou comme l'homme au milieu tle ii' janbe & non j)as près du ventre ; ce '^wtà fr court & fi petit eft partagé Cfi cinq doigts, qui tous font recouverts par là peau ôc dont aucun n'efl apparent au d.hors. On voit feulement des eiptccs d'ongles , dont le nombre varie, quoique celui des doigts foit confiant , car il y a toujours cinq doigts à chaque pied, & ordinairemjent aulii cinq ongles (h), mais quelc^uefois il ne s'en trouve que (g) Mémoires pour fervirà l'Hiftoire des Animaux, jjarrit' IJI , fti^e i 02. { h / M.'"* lie rAcaJémie Royale des Sciences tious avoiciÉt recomma.idé d'exiimincr li tous les éicj)()atis avoient des ongles aux pieds , iiou n'en avoni p.i.s vu un feul tjui ntn tut tin.] a '-iju ; pied a l'extiétniic éti ciiKj gros doigts; m.iis leurs doigts Ibm v couru L^ncc* nous de l'Éléphant» :2 8 1 quatre fi) ou même trois, & dans ce cas, ils ne coirefpondent pas exadement à rextrémité des doigts. Au refte , cetic variété , qui n'a été obfervce cjue fur de jeunes éléphans tranlportés en Europe, paroît être purement accidentelle & dé- pend vraifcmblai^Icmcnt de la manière dont l'éléphant a été traité dans les pre- miers temps de Ton accroincment. La plante du pied eft revêtue d'une (emeile (le cuir dur comme la corne & qui dé- borde tout autour ; c'cft de cette même fubilance dont font formés les ongles. Les oreilles de l'éléphant font très- longues , il s'en feri comme d'un éventail, il les fait remuer ôl claquer comme il lui plaît ; fa queue n'efl: pas plus longue que l'oreille , & n'a ordinairement que deux pieds & demi ou trois pieds de qu'à peine fortent-ils de fa mafTe du pied. Prewier vo}'ûge dtt P, Tachard, y âge 2 y) , (t) Tous ceux qui ont écrit de f cicpliant, mettent cinq ongles à chaque pied , mais il n'y en avoit «jiie trois dans notre fujet; le petit Indien dont ii a ctc parie eij avoit quatre , tant aux pieds de devant qu'à ceux de derrière j la vérité eft pourtant qu'il y a cinq doiats à chaque pied. A'iemoires pour Javir à l'Hijloiïi es Animaux , pdvùc III ^ l^^S^ ^ ^S* Siw, • m ' iSi Hîffohe NdtunJk longueur : elle efl affez menue , poîntue & garnie à rcxtrc'mitc d'une houppe de gros poils ou plutôt de filets de corne noirs , îuilans & folides ; ce poil ou celte corne eft de la groffeur & de la force d'un gros (iUde-ier, & lîn homme !ie peut le caflcr en le tirant avec les mains, quoiqu'il foit éfaflique & pliant; au refte cette houppe de poil eft un ornement très- recherché des NcgrefTes, qui y attachent a[)paremincnt (|uelque fupcrftiiion (k) ; une queue d'éléphant le vend quelquefois deux ou trois efclaves, & les Nègres halardent fouvcnt leur vie pour lâcher de la couper & de l'enlever à l'animai vivant. Outre cette houppe de gros poils qui eft à Texirémité , la (k) McvoUa obleiA e qu'un gMiid nombre de pa)'çn5 tlms CCS amiKcs , fur -tout les S;)gga<: , oiu une forte de dcNution pour la queue de lelcphant. Si la mort leur enlc\e un de leurs chefs, ils cojifervcnt en fon honneur une àt ces qutucs , à liuiutllc Ik rendent un culte , (onde (ur l'opinicn qu'ils ont Je fii^force. Ils entreprennent des ehalfes c\j>rès ppiir \.\ couper , mais cMc doit être coupée d'un leui coup ; l'animal doit erre vivant , fans quoi la kipcr- i^'tion ne lui attribuevoit aucune vertu. Hiihirt gcnéïale dts V'/.i^ts, far AL l'alive Fnroji, lomc Vf^ r''i' 79*. Je r Eléphant, 283 queue cfl couverte, ou plutôt parfemée dans fa longueur, de foies dures & plus gtoiïes que celles du fanglicr , il (e irouve aufîi de ces foies fur la partie convexe de la trompe & aux paupières où elles font quelquefois longues de plus d'un pied ; ces foies ou poils aux deux paupières ne le trouvent guère que dans l'homme, le finge & l'éléphant. Le climat , la nourriture & la con- dition influent beaucoup fur Taccroifle- j lent & la grandeur de Téiéphant; en gt.iérai , ceux qui font pris jeunes & réduits à cet âge en captivité n'arrivent jamais aux dimenfions entières de la Na- ture ; les plus grands cléphans des Indes & des côtes orientales de l'Afrique ont quatorze pieds de hauteur, les plus petits qui fe trouvent au Sénégal & dans les autres parties de l'Afrique occidentale n'ont f[ue dix ou onze pieds , & tous ceux qu'on a amenés jeunes en Eu.ropc ne fe font pas élevés à celte hauteur. Celui de la Ménagerie de VcrlVilIcs, qui vencit de Congo ( l), n'avoit que fept (1) Méinoires pour Icrvir à i'Hiftoire des Animaux^ 'M il' I, ■^î 184 htifloke Naturelle pieds & demi de hauteur à Tagc de dîx- fcpt ans , en treize ans €ju'il vécut il ne grandit que d'un pied , en forie quVi quatre ans lorfqu'il rut envoyé, il n*avoit que Ç\\ pieds & demi de hauteur, & comme 1 accroifreiwent va toujours de jmoins en moins, on ne peut pas fup- polcr que s'il fut arrivé à l'âge de trente ans, qui ell le lermc ordinaire de i'ac- croifTcment cniier, il eût acquis plus de lauit MÎeds de hauteur; ainfi la condition ou IVtat de domeflicitc réduit au moins d'un tiers l'accroillement de l'animal, non - feulement en hauteur, mais dans toutes les autres dimenfions. La longueur du corps mefurtc depuis Tceil jufqu'à l'origine de la cjueue e(î à peu près égale •à fa Iiauteur prifeau niveau du garrct. Un éléphant des Indes de quatorze piedj de hauteur , eil donc plus de fept fois plus gros & plus pefant que ne rétoit l'éléphant de VerHûlles. En comparant i'accroiflement de cet animal à celui de l'homme, nous trouverons que l'enfan: ayant communément trente-un pouces, c'cfl-à-dîre la moiiit' de fi hauteur à deux ans , & prenant ion accroifliment de* rÊlephûtit, iSj entî r cil vin£,t ans , l'éléphant ouï ne !e prend qu'en ircnte, doit avoir fa moitié de fa hauteur à trois ans ; ôl de même i\ l'on veut juger de l'énormiié de fa mafTe de l'éléphant , on trouvera , le vo- lume du corps d'un homme étant fup- pofé de deux pieds Sl demi cubiques , que celui du corps d'un éléphant de quatorze pieds de longueur , & auquel on ne fuppoferoit que trois pieds d'é- paifleur & de largeur moyenne , feroit cinquante fois aufli gros (în), & que par confequent un éléphant doit pefër au- tant que cinquante hommes, ce J'ai vu, (lit le P. Vincent Marie , quelques ce éléphans , qui avoient quatorze Ôc ce quinze pieds de hauteur (n), avec la Ion- ce gueur & la grolTcur proportionnées, ce Le mâle cfl toujours plus grand que ce k femelle. Le prix de ces animaux ce (m) Pcirère, dans fa vie de Galfendi, dit qu'il fît pdtr un éléphant, & t}uil le trouva ptfcr trois mille cinq cents livres. Cet éléphant étoit apparemment très-petit , car celui dont nous venons de lupputer les dimenfions que nous avons peutêtre trop réduites, pèferoit au moins huit milliers, (n) Nota, Ces pieds (ont probablement dçs pieds Romain?, IH.'I :'f m. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) // 1.0 l.l IIIM 111 lu 2.2 2.0 1.8 1.25 1.4 II 1.6 ^ 6" ► 7 Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14S80 (716) 872-4503 ^< é: t ^ A iS^ \ % v <. 6^ PC^ ^'^^.y^ -9,^ diiTîcnfion atteint un certain terme , » le prix s'accroît comme celui des 3> pierres pre'cieufes ^oj. Les élephans de >5 Guinée, dit Bofman , ont dix, douze 35 ou treize pieds de haut fpj , ils font » incomparablement plus petits que ceux 3î des Indes orientales , puifque ceux qui 3> ont écrit l'hiftoire de ces pays -là 33 donnent à ceux - ci plus de coudées 33 de haut que ceux - là n'en ont de 33 pieds ("çj» J'ai vu des éîéphans de treize 33 pieds de haut, dit Edward Terri frjt 33 & j'ai trouvé bien des gens qui m'ont 33 dit en avoir vu de quinze pieds dç h^u\. (f) 9j; de ces témoignages & de plufieurs autres qu'on pourroit encore (0) Voyage aux Incïcs orientales du Père Vincent Marie, &c. chap, xt , page ^96. (f) Nota. Ce font probablement dts pieds du Rhin, (q) Voyage en Guinée de Guillaume Bofman , (r) Voyage aux Indes orientales , par Edward Terri, page //, (1) ^^^^^* C* ^®"t peut-être àts pieds Anglois, 'ije r Eléphant. /lij rafTémblcr , on doit conclure que fa taille la plus ordinaire des élcphans , cil de dix à onze pieds, que ceux de treize & de quatorze pieds de hauteur font très- rares, & que les plus petits ont au moins neuf piecfs lorfqu'iis ont pris tout leur accroiflement dans l'etat de liberté. Ces mafFes c'normes de .matière ne lai (lent pas , comme nous l'avons dit , de (e mouvoir avec beaucoup de vîtefTe ; elles font foutenues par quatre membres qui refreinbjent moins à des jambes qu'à des piliers ou des colonnes mailives de quinze ou dix-huit pouces de diamètre, ^ de cinq ou fix pieds de hauteur; ces jambes font donc une ou deux fois plus longues que celles de l'homme , ainfi quand l'éléphant ne feroit qu'un pas tandis qu'un homme en fait deux , ii le furpufferoit à la courfe. Au refte, le. pas ordinaire de l'éléphant n*eft pas plus vite que celui du cheval (tj, mais quand on le poufTc il prend une efpèce d'amWe qui , pour îa vîteiïe , équivaut au galop. Il exécute donc avec promptitude & ft) Notes de M, de Buffy , qui nous ont été coiît» rnuniqutes par M. le Marquis de Montmirail, ,i .■ ^h^... a 8 ? Hipoh-e Naiurelk . . même avec aflèz de liberté tous Tes mouvemens dire(^s , mais il manque abfolument de facilité pour les mou- vemens obliques ou rétrogrades ; c eft ordinairemem dans les chemins étroits & creux où ii a peine à (e retourner, que les Nègres l'attaquent & lui coupent la queue , qui pour eux eft d'un auffi grand prix que tout le refle de la bête; il a beaucoup de peine à dcfcendre les pentes trop rapides , il efl obligé de plier les jambes de derrière fu), afin qu'en defcendant , le devant du corps confervc Je niveau avec la croupe, & que le poids de fa propre mafle ne le précipite pas. Il nage aulfi très-bien, quoique la forme de (gs jambes & de fcs pieds paroifle indiquer le contraire ; mais comme la capacité de la poitrine & du ventre eft très-grande , que le volume des pou- mons & des inteftins eft énorme , & que tomes ces grandes parties font rem- plies d*air ou de matières plus légères que Teau *l enfonce moins qu'un autre; il a dès-Io' loins de réfiftance à vaincre, fn) Notes de M. de BufTy, communicjuées par M. le Marquis de Montmirail. ' ■ -^ &i peut peut de ÎÉUphattU l8^' & peut par conféquent nager plus vîw en faifant moins dcfforts & moins d^ mouveniens des jambes que Ie$ autres* Auflj s'en (crt-on très - uiilement pouf le paHTage des rivières : outre deux pièces de canon de trois ou quaire livres dç balles , dont on le charge dans ces occar fions (x), on fui met encore fur le co^ps une infinité d'e'quipages , iiKiépendam- ment de quantité de perfonnes qui s'at- tachent à les oreilles & à (à queue pour pafler l'eau; lorfqu'il efl ninfi chargé., il nage entre deux eaux & on ne iui voit que la trompe qu'il tient élevée pour refpirer. Quoique l'éléphant ne fe nour rifle I ordinairement que d'herbes âc de bois tendre, & qu'il lui faille un prodigieux volume de ceue efpèce d'aliment pour pouvoir en tirer la quaiuité de mole'» cules organiques néceftaires à la nutrition d'un aulii vafte corps , il n'a cependant pas plufîeurs eflomacs comme la p[ii« part des animaux qui (è nourriflênt de |même ; il n'a qu'un efioinac \ il ne (ii) Notes de M. de BufT/t communiquées pa( IM. le Marquis de Montmirail. Tomi IX. N z^6 Hïflolre Naturelle rumine pas , il e(l plutôt conformé comme le cheval, que comme le bœuf ou les autres animaux ruminans ; la panfe €[\x\ lui manque eft fupplée'c par la grof- ieur & retendue des imeftins & fur -tout du colon , qui a deux ou trois pieds de -diamètre fur quinze ou vingt de lohgueur , l'cflotnaç efl en tout bien plus petit que le colon (y), n'ayant que irofs pieds & demi ou quatre pieds del longueur fur un pied ou un pied &j 'dcrrii dans fa plus grande largeur ,• pour 'mTipIir d'aufli grandes capacités, il faut jtjile l'animal mange , pour ainfi dire, çpntinuciienicnt , lur-t«ut lorfquM n'a pas de nourriture plus fubftanfelle quel l'herbe , auffi les éléphans fauvages fontl prefque toujours occupés à arrathcr des lierbes , cueillir des feuilles ou cafler di jeune bois ; & les domefliques auxquels bn donne une grande quantité de m ne laifTent pas encore de cueillir des lîterbps diès qu'ils fe trouvent à porté( (y ) Voyez la dcrciiption du vcntrirtiîc & iti întcrtins de Fcléphant dans les Mcmoires pour kvn k l'hinoire d« aiiinwux. Pûïtie jJJj jta^e 22: f -, ♦ i>.l •ii«iand toutj ce qui a rapport à i'Hiftoire des ani-j maux dans quelques livres qui m!étoient Inconnus , ibn goût pour les ans à les fcienccs , fon zèle pour leur avan- cement font fondés fur un difcernemcnt .exquis <5c fur des connoiflànces très-éten- dues dan» toutes les parties de i'Hiiloire Naturelle , nous publierons donc , avec autant de plaiftr que de reconnoiflânce , !es bontés dont il nous honore & les lumières que nous lui devons ; Ton verra dans la fuite de cet ouvrage, combienl nous aurons occafton de rappeler fonl nom. « On fe fert de l'éléphant pour] ( h ) M. îe Marquis de Montmirail , Capitaine* colonel des Cent- (ui ries de ia Garde ordinaire du corpsl du I^oi , aduellemcnt Prcfidçnt de l'Acadcmie Royale| ÙQi ijcienccs. H i'. ie ÎÉUphaiiÙ i ipj" fe tfanrport de l'artiHcrie fur îes mon- « tagnes, & c*cft-là où fon intelligence c< fê fait mieux (cniir. Voici comme il ce s'y prend : pendant que les boeufs c< atrclés à la pièce de canon font eflPort c< pour la traîner en haut , l'ëlcphant c< pouflTe ia cul;i(Ie avec fon front , & a à chaque eâfort qu'ii fait , ii foutient ce PafFiit avec (on genou qu'il place à c« la roue : il (èmble qu'il comprenne «^ ce qu'on lui dit. Son- coftdu & les jeta aux pieds de l'animal encore » tout furieux, en lui diiant, puifque tu » as tué mon mari , êtes - moi auffi la vie , *> ainfi qu'à mes enfans» Lr'élcphant s*ar- » rêta tout court , s'adoucit , & oomme » s'il eût été touché de re^gret , prît avec ao fa trompe le plus grand de ces deux 3> enfans , le mit fur fon cou , Tadopu y> pour (on cornac & n'en voulut point » fouffrir d'autre. » Si l'éléphant eft vindicatif, il n*eft 9> pas moins reconnoiffant. Un foldat de a» Pondicheri, qui avoit coutume de 3» porter à un de ces animaux une y> certaine inefure d'arac chaque fols 9» qu'il touchoit fon prêt, ayant un » jour bu plus que de rai(bn , & fe » voyant pour fui vi par la garde qui le 3» vouioit coifduire en prilon , fe ré- » fugia fous l'éléphant & s*y endormit. » Ce fut en vain que ,la garde tenta de » Tarracher de cet afile ; l'éléphant le » défendit avec fa trompe. Le lendemifh 3» fe foldat revenu de fon yvrelTe, frémit V V iie r Éléphant. i 9 J* \ (on réveil de fe trouver coiicfié (bus cf un animal d'une groilèur fl énorme, ce t» 'éléphant qui fans doute s'aperçut «c de Ton effroi , le careflà avec fn trompe c^ pour le ralTurer & lui fit entendre qu'il « pou voit s'en aller. ce L'étéphant tombe quelquefois dans cf Une efpèce de folie qui lui ôte (à doci- ce lité & le rend même très- redoutable , <ç on elt alors obligé de le tuer. On fè u contente quelquefois de l'attacher avec *c de grofTes chaînes de fer dans i'efpé- « t'ance qu*il viendra à rcfîpifcence. Mais c< quand il efl dans fbn état naturel , les c< douleurs les plus aiguës ne peuvent ce l'engager à faire du pial à qui ne lui ce en a pas fait. Un éléphant , furieux ce des blefTures qu'il avoit reçues à la ce bataille d'Hambour , çouroit à travers ce champs À poufToit des cris affreux^ te un foldat qui, malgré les avertiilèmens ce de (es camarades , n'avoit pu fuir , ce petit- être parce qu'il étoit blefTé , fe ce trouva à fa rencontre : l'éléphant crai- ce gnit de le fouler aux pieds , le prit avep «e la trompe , le plaça doucement de ce côté, continua fa route. » Je n'ai pa| N iiij y '1^8 Ripoht Ntitureîle tra devoir rien retrancher de ces notetf C[\xt ;c viens de tranfcrirc, elles ont été données à M. le Marquis de Montmirali, pnr M, de Bufly , qui a demeuré dix ans dans l'Inde, & qui pendant ce long fé- your , y a fervi irès-uiilement l'État & ïa Nation. Il avoit pfufieurs ëléphans à Ton fervice, H les montoit très-fouvcnt , les troyoit tous les jours & éioit à portée d'en Iroir beaucoup d*autres & de les obferver. Ainfr ces notes 6c toutes les autres que J*ai citées , avec le nom de M. de Bufly, ïne paroidènt mériter une égale confiance. M. ' de l'Académie des Sciences, nous ont audi laifTé quelques faits qu'ils avoient appris de ceux qui gouvernoient l'élé- phant à la Ménagerie de Verfailfes, & ees faits me paroiflènt aufli mériter de trouver place ici. ce L'eléph^t (èmbloit >3 connoître quand on fè moquoit de y> lui , & s'en fouvenir pour s*en venger >> quand il en trouvoh i'occafion. A un >5 homme qui Tavoh trompé , faifant fem- ^ blant de lui }eter quelque chofe dans » la gueule , il lui donna un coup de fà » trompe qui le renverfa & lui rompit )f» deux côtes ; enfuite de quoi , il le fouiti w JRix picd^ & lui rompit une Jambe) & corame on eût entortillé cette boucle yy d'une petite corde renouée à beaucoup 55 de noeuds, il dénouoit tout (ans rien a» rompre. Une nuit après s'être ainfi y> dépêtré de fa courroie , ii rompit h » porte de fa loge fi adroitement , que » Ton gouverneur n'en fut point éveillé; » de-là paffa dans plufieurs cours de \x y> Ménagerie , brifant les portes fermées , » & abattant la maçonnerie quand elles » étoient trop pentes pour le laifTer y> D^fTer , & il alla ainfi dans la loge ?} des autres animaux , ce qui les épou- » vanta tellement , qu'ils s'enfuirent tous » fe cacher àsxis les lieux les plus reculés du parc ». ,.> - a •• ,^>'-;; ^n^ •.. r.. Enfin pour ne rien omettre de ce qui peut contribuer à faire connoître toutes ks facultés naturelles & toutes les qua- lités acquifes par un animal fi fupérieur aux autres , nous ajouterons encore quelques faits que nous avoi^^ tiré .des "voyageurs les moins fufpe phant, même (auvage (dit le P. Vincent 3o Marie ) ne laifi!è pas d'avoir des vertus ; » il fit généreux ^ tempérant ; & quand de l Eléphant* 2^p i\ efl: (lomefticj^ie on l'eftime par fa ce douceur 3 cft Tauînial qui a le plus de jugcmcft! » & de connoiiïànce , de forte qu'on y> ic diroit avoir quelque ufàge de rai Ton > >3 outre qu'il eft infiniment profitable & >3 de fcrvicc à l'homme. S'il efl quef- » lion de monter deffus , il cft tellement >5 fouple , obe'ifîlmt & dreffe pour fe 30 ranger à la commodité de Thorame & » qualité de la pcrfonne qui s*en veut »3 (èrvir, que fe pliant bas il aide lui- •» même à celui qui veut monter defliis y> & le foulage avec fa trompe Il cft » fi obéiflimt qu'on lui fait faire tout 33 ce que Ton veut , pourvu qu'on le 3> prenne de douceur il fait tout ce » qu'on lui dit , il carenTc ceux qu'on lui -» montre, &c. ^ » En donnant aux éïéphans , difênt •>•> les voyageurs Hollandois, ((I)'xom ce » qui peut leur plaire , on les rend 33 aufli privés & aufîi fournis que le font 53 les homrr.es. L'on peut dire qu'il ne >3 leur manque que la parole Ils font 35 orgueilleux & ambitieux , mais ils fe » fou viennent du bien qu'on leur a fait (J) Voyajje »!e la Compagnie de< Lidçs ilc Hoiliiad*/ n ' T Éléphant Y'^t ta ont de ia â^connoiflance, jurmie-là ce qu'ils ne manquent point de baiucr la ce tête pour marque de refpeft en pafîant ce devant les niailons où ils ont été Lien c< traités Ils (c laiflent conduire (e) ce & commander par un enfant, mais ils ce veulent êire loués & chéris. On ne ce fàuroit fe moquer d'eux, ni les injurier ce qu'ils ne i'enicndt nt , & ceux qui le font «x doivent bien prendre garde à eux , car ce ils leront bien heureux s'iis s'empêchent ce d'être arrofés de l'eau des trompes de ce CCS animaux ou d'être jetés par terre c« le viCigc contre la poufilère. ce lies éléphans , dit le P. Philippe , ff) ce approchent beaucoup au jugement & ce du railonnement des hommes Si ce en compare les (inges aux ticphans, ce ils ne fembferont que des animaux très- ce lourds & tsès- brutaux , & en effet les ce éléphans font fi honnêtes , qu'ils ne ce fiuroient fbufFrir cju'on les voie lorf- 3 quelqu'un les avoit vus en cette action , >3 ils s'en vengeroient infailliblement, >3 &c Ils ialuent en fléchiffant les y> genoux & en baiflant la tête; & iorfque 5> leur maître veut les monter ils lui pré- >5 f«itcnt fi adroitement le pied qu'il s'en »ypeut fervir comme d'un degré. Lorf- » qu'on a pris un éléphant (auvage 5c w qu'on lui a lié les pieds, le chalîëur 33 l'aborde , le falue , lui fait xles excufes X» de ce qu'il l'a lié , lui protège que ce yi n'eft pas pour lui faire injure lui » expofe que la plupart du temps il avoit X» faute de nourriture dans fon preinier >} état, au lieu que déformais ii fera parfai- >> tcment bien traité , qu'il lui en fait la pro- » meffe , le chafifeur i/a pas plutôt aciîcvc » ce difcours obligeant , que l'éléphant » le .fuit comme feroit un très - doux >3 agneau ; il ne faut pas pourtant conclure » de là c[ue l'éléphant ait i'inieirgence des » langues : mats (èuliemem qu'ayant une » très- parfaite eilimative , ii connoît les y> divers mouvemens d'eftime ou de mé- S9 pris , d'amitié ou de haine , & tous les 9> autres dgnt les hommes font agi cé$ envers Ve r Éléphant, 30 j* \u\y 8c pour cette caufê il e(l plus aifé ce à dompter , par les railbns que par les ce coups & par les verges I( jette des ce pierres fort loin & fort droit avec la ce trompe, & il s'en fcrt pour verferde l'eau ce avec laquelle il Ce lave le corps. ■. 'J04 'BijToin Naturelle » cioient échappés. . . . ,> Nous vîmes feî » deux autres éléphans qu'on avoit pris , » chacun de ces éléphans (auvages étoit » entre deux- éléphans privés ; & autour » des (àuvages îl y avoit fix hommes » tenant des lances à feu y qui parloienc » à ces animaux » en leur présentant à » manger , & di(ànt en leur langage , » prenas cdû & le mange, Cétoient des » petites bottes de foin , des morceaux » de fucre noir & du riz cuit avec de >î i'èau & force grains de poivre. Quand yy Téléphant fauvage ne vouloit pas faire » ce qu'on lui commandoit , iej hommes 33 ordomioîent aux éléphans privés, de » fe battre, ce qu'ils faifoient aufll-tôt, >> Tu^ fe'*frappant fur le front & fur (a 55 tête avec fa trompe , & for (qu'il faifoit >> mine de (è revancher contre ceïuî-ià, as i'aiure le frappeii de fon côté y de iî forte que le pauvre éléphant fauvage :>3 lié fivoit plus du il en étoit, ce c^ul >9 lui apprencità obéir. ' rr-^ iwau-u. » J'ai plufièurs fois obfervé , cfit 3t Edward Terri, fl) que l'éléphant fuit (h) Voyage aux Indes orientales , par Edward vv ». Nous pourrions citer encore plufieuri autres faits aufli curieux & aufli intéref- fans que ceux qu^on vient de lire; mais nous aurions bientôt excédé les limites que nous ayons taché de nous prefcrire dans cet ouvïage, nous ne ferions pas même entrés dans un aufîi grand détail, il l'éléphant n'étoit de tous les aiiUTiaux le premier à tous égards , celui par con- féqucnt qui méritoit le plus d'attcntiort ; nous n'avons n'en dit de la produ Capitaine - lieutenant de la Garde & Woy wode de l'endroit , à fe tranfporter dans les cantons inférieurs de la Lena pour cher- cher des os de mammout^ &l il y fut dépêché '3 I o Hifloke Ndturt/te a doi\né fur cela des faits curieux, & la me me année a 3 Avril. L'nnnée d'après , un autre saclrcdâ à la C>Hancelleric de Jakutzk , & lui rcprefcnia nn'il s'ctoit iranlporlc a\cc (on fils, \xr$ la mer , pour chercher des os de mainmout, & t|uc vis-à-vis Surjatoi-NofT, à environ deux cents vct (tes de ce lieu û de la mer , il avoit trouvé dans un lirrein de lourbe, qui t|l le tcrrcin ordinaire de ces didrids , une tête de maitmiout à laquelle tenait une corne , de auprès de laquelle il y avoit une antre corne du mèitie animal , c|ui I avoit pcui^tj-e perdue de Ton vivant; ciu'à peu de diflance de- là , ils^avoient tirp lie ta terre une autre tête avec àts cornes d'un animal qui leur ctoit inconnu ; que cette tête re(Tèm- bloit aHèz à une tête de bauf , mais qu'elle avoit les cornes au-defTus du nez, & que par rapport à un accident qui lui ctoit arrivé k (es yeux, il avoit été obtipé de laiiTer ces l|feç iuv les lieux ; qu'ayant appris l'Ordonnance de Sa MajcHé, il (iipptioit de détacher Ion fils avec lui vers Vfl an.'koje, Simowie Si vers la mer , le Woy wode lui acccurda (à demande, & les fit partir fur le champ. Un troifitme Sluf^ cKiwoi de Jakiitzk , rcprélenta à la Chancellerie en 17^4-» qu'il avoit fait un voyage fur la rivière de Jtlon, 6c qu'il av' it eu le bonheur de trouver iiir cetie rivière, d.ins un rivage efcarpé; une t(te de mammout ("ruîche, avec i-ne corne 8< toutes fès parties, cm'il l'avoii tirée de terre 6i biffée cl,ins un endroit ou il (auroit la retrc)U\ ci* , qu'il prioil qu'on le détachât avec deux "homme* accoutumés à cher- cher de pareilles chofes, le Woy^ode y confentit pareillement. Le Cofàque fe mit bientôt après en route , il retrouva la tête & toutes Tes parties , à l'cx- ccption des cornes ^ il n'y avoit plus que is moitié 'Je TElcplkwt, '311 que nous avons cru devoir rnpponer H'une corne qu'il apporta n\cc la t^e à la Cfianctl* krie de Jiikiitzk. Il apporta cjuel'|i;e temps après ikuji cornes de nvurtmout, qu'il avoil truioccs avili fur la rivière de JcKm. Les (!orac|Uc$ (?e Jakiitzk furent charmés , fdijs prétexte d'aller chercher dis ciurts de mammouj, de trouNcr moyeu de faire de (i liCaiix voyages. On leur acrordoit cinq ou i\x chevaux de polie, pendant qu'un ItuI aiiroit fuili, & ils pouvaient em- plo)er les autres pour le transport de leurs propres marchandire». Un pareil avantage devolt les beau- coup encourager Un Coli\(]UC de Jakut/k , appelé .Ir^iWjehku , demanda à la CJianccllerie qvi'on i'ettvxîyât dans les Simowics d'Alaltich & de Kowy- mifcli , pou» y chercher de ces fortes d'o< 6< du vrai ç.\'\{\s\ j il «voit déjà ^ccu dans Iclilits lieux , Ik y avQJi artiafTc Ai:i choies remarquables, & envoyé rcejljEmenr à Jakutzk quelques uns de ces 05. Rien ne parut plus important que cette expédition , & le Cofaque fut envoyé à fa deûinatiort, le 1 1 4'A>tîI -1725. Nafar-Kolefcliow , Commiffairc d'indigirîk , envoya en 1723 à Jakut;k & delà à Irkurtzk , le fquelette d'une têie extraordinaire, qui, à ce qu'on m'a dit, avoit deux arf chines moins trois werlthok de lonç, une arfchinc de haut» & qui étoit munie de deux cornes & d'une dent de mammout; ce fquelette eft arrivé le 14- Oélohre i7»3_ à Irkurtzk, & j'en ai trouvé la relation dans la Chancelltrte de cette ville. On m'a affuré auffi , que le même homme a fourni une corne de mammout après. Tout ceci , tçl que je l'ai ramalTé àt$ différentes «,.!,-- i,' '3 1 1 Hijloke Naturelle îcij mais M. Daubcnton nous paroît êire relations, regarde pour ïa pkis grande partie une mcme efpèce d'os ; favoir , i .® tous ceux qui (ë trouvent dans le Cal)inet impérial de Péter/bourg, fous le nom d'<75 de mammout , auxquels tous ceux qui voudront les confronter avec les vs d'éléphant , rte fwwT' ront diffuter une parfaite reffemblance ayec ces derniers. a .* On voit par les relations ci-dcfTus qu'on a trouve dans la terre des tttes d'un animal rout-à-fait diffé- rent d'un cîcphant , & qui , particulièrement par rapport à la figure àts cornes , refîèmbloient à une tête de bœuf, plutôt qu'à celle d'un dépirant. D'ail- kurs cet animal ne peut pas avoir été aufTi gros qu'un éléphant , & j'en ai vu une tctc à Jakutzk , qui avoit été envoyée d'Anadirskoi-Oflrog , & qui , ' félon ce qu'on m'a dit, étoit parfaitement femblable à celle que Portn-jagin avoit trouvée. J'en ai eu moi - même une d'ilainskoi Oftrog, que j'ai envoyée au Cabinet Impérial à Péteribourg. Enfin , j'ai appris que fur le rivage du Nifchnaja-Tunguska, on trouve non-fèu- lement jiar-ci par- là de pircillcs têtes , mais encore d'autres os , qui certainement ne font pas des os d'é- léphans , tels que les omoplates , des os fkcrés , ^^€s os innominés, des os ^ts hanches & des os des jambes» qui vraifèmbtabiemcnt appartiennent à cette même efpèce d'animaux, auxquels on doit attribuer leidites têtes , & que fans contredit on ne doit pas exclure du genre Ats bœufs. J'ai vu i\cs os de jambes & de hanches de cette efpèce, dont je ne faurois rien dire de particulier, iinon qu'en comparaifon de leur grof- feur, ils m'ont jxiru extrêmement courts. Ainli on trouve en Sibérie deux fortes d'os en terre, dont ancienr tiçment oa n'cftimoit aucun que ceux qui rcffemblent parfaitemenj fie r Eléphant, '313' le premier qui ait mis la chofe hors (Je (Joute par des me fur e spie cites, 5tre parfaitement aux dents faillantes d elcphans ; inai^ il Icmble cjue depuis rOiJonnaiicc impcriaic, on a commence à les confidcrer tous en ^^éncral , t<. ijiic comme les premiers avoicnt i!cj;i octalionny la fable de l'animal mammout, on a range ces derniers àAw^ h. mûme clalfe : car quoiqu'on connoilTc avec ia moindre attention que ces derniers (ont d'un animal tout-ù-lait didérent du premier, on n'a pas lailJc de les confondre enfemble. C'eft encore une erreur de croire avec Ifbrand-Ides, &i ceux qui (uivent (es rê- veries, qu'il n'y a que les montagnes qui s'ctendcnt depuis la rivière de Ket vers le Nord efl , ^< par conicquent aulH les environs de Mangafca 6( de Ja- kutzk , qui Ibieîit remplis de ces os d'cicphant , il s'en trouve non-feuIcmcnt dans -toute la Sibérie dc dans (es diflrids les plus méridionaux , comme dans les cantons fupérieurs de l'Irtifcli, du Toms & de la Lena, mais encore par-ci par l;i, en Rufîie, & mcme en bien des cndrôitsfcn Aiiemagnc , où ils (ont connus fous le nom d'i\(;:re fofTilc, elmr fojfilc , ^ cela avec beaucoup de lailon ; car tout l'ixoire qu'on travaille en Aiiemagnc, vient des dents d'cl.'fbanî que nous tirons (\cs Indes, cSc l'ivoire foffile i-efîciiible par- raitenvjiJt à c:s dents, finon (ja'il cil pourri. Dan."; les climats un peu cfiauds , ces dents (c font amollies & cbaiigces en i\oire fjfîile; maii dans ceux où la terre relie continucHemcut gelée, on trouve ces dents très- fraîches pour la plupart. Delà peut aifé.ncnt dériver ]\ fable qu'on a (ojvent trouve ces os & autres enfan- glantés cette fiblea étcgravement débitée par Ilhrand-» Tome IX\ O 1* fi M m \ ll'j •4 IMi; li' m ^ 14 Hijloire Naturelle des comparailons exactes & des raifons Ides, d'après lui par Muller *, qui ont étç copiés par d'autres avec une afllirance, comme s'il n'y avoic pas lieu d'en douter, & comme une fiflion va rare- ment feuie , ie fang qu'on prétend avoir trouve à ces os, a enfanté une autre fidlon de Tanima! mam- mout , dont on a compté que dans la Sibérie il vivoit lous terre , qu'il y mouroit quelquefois & étoit en- terré fous les décombres , & tout cela pour rendre wifon du fang qu'on prétendoit trouver à ces o«, JMuHer nous donne la defcription du mammout, cet animal , dit-il , a quatre ou cinq aunes de haut ; 6c environ trois brafTes de long, il efl d'une couleur grisâtre, ayant la tête fort longue & le front très- large ; des deux côtés , précifément au - deflbus des yeux, il a Ats cornes qu'il peut mouvoir & croiier vComme il veut. Il a la faculté de s'étendre confi- dérablement en maVchant, & de fe rétrécir en un petit volume ; (es, pattes reffcmblent à celle ^'un ours par leur grofleur. Ifhrand - Ides eft affez fïncèrc pour avouer ,. que de tous ceux qu'il 'a queftionnés jur cet animal, il n'a trouvé personne qui lui ait dit avoir vu un mammout vivant • . hts têtes &: les autres os qui s'accordent avec ceux A^ éléphans , ont été autrefois fans contredit des parties réelles de Téléphant. Nous ne devons ps refufer toute croyance à cette quantité d'os d'éléphant , & je préfume que les éléphans , pour éviter leur deflrudion , dans les grandes révolutions de la terre , fe font échappés 3e leur endroit natal , & fe font difpcrfés de toutes parts , tant qu'ils ont pu ; leur fort a été différent , * Moeurs & ufigec des OAlaque% dans le Recueil du it^tigts. du JNvd, PH* i^-*' V. »XV *'/>! i , Je r Éléphant. 3 i 5 fondées fur les grandes connoifiuiices les uns ont été bien loin , les autres ont pu , même après leur mort, avoir été tranfportés (ort loin par quelque inondation : ceux au cx)ntraire qui étant encore en vie, (c (ont trop écartés vers le nord, doivent néceflàirement y avoir payé le tribut de leur délicatefle; d'autres encore fans avoir été fi loin, ont pu fc noyer dans une inondation ou périr de laflTitude La groffeur de ces. os ne doit pas nous arrêter ; les dents (aillantes ont jufqu a quatre arlcliines de long & fix pouces de diamètre; M. de Strhalenberg dit , ju(quà neuf, & les plus fortes pèfent jufqua fix à fept putb. J'ai fait voir dans un autre endroit, qu'il y a des dents fraîclies prifes de J'éléphant , qui ont jufqu'à dix pieds de fong , & qui pè(cnt cent, cent quarante-fix, cent foixanre & cent f'oixante-huit livres Il y a des morceaux d'ivoire foffile qui ont une apparence jaunâtre ou qui jauniffent par la fuite àts temps , & d'autres qui ibnt bruns comme dts noix de cocos ou plus clairs j & enfin, d'autres qui f©nt d'un bleu noirâtre. Les dents qui n'ont pas été bien gelées dans la terre & ont rerté pendant quelque temps cxpofées à l'effet de l'air , font fujettcs à devenir plus ou moins jaunes ou brunes, & elles prennent d'aurres couleurs fuivant l'efpèce d'humidité qui y agit en fe joignant à l'air: aulîî , fuivant ce que dit M. de Strahlenbcror, on trouve quelquefois des morceaux d'un bleu-noir dans ces dents corrompues Il feroit à fouhaiter, pour le bien de l'Hiftoire Naturelle, qu'on connût, pour les autres os qu'on trouve en Sibérie, l'elpècc d'animal auquel ils appartiennent , mais il n'y a guère lieu de l'efpércr. Relation d'un voyage à Kamtfchatké •y , ( If mm m . ^\ l\ i* » ,. I • • _ ■ '31e HiJIotre Naturelle, érc. . ^ qu'il s'eft acquifes dans la fcieiice de l'Anaiomie comparée, rar M. CnicJin, iw/riwe en 17^ S à Pftcrfvurg ; en kn Tom- IX' '^iKH\ ;H-!.V r.i^' .• '"• n •^ nu .. . !f.l ^i ly -n i: ;■*> 'M r'^}} cle finwU- x}cuk> 1 !• Ni Ll A p ] eil le drupèc 'Nota. Q Grec, il Grecs ; i ti\ le pi auteur L Bhinocéi de rindc ecpendan car ce ru xandre q à l'Europ F/iinoo félon Lii fordii , I à Java , ( à Bengale j^^p , ^ dois, A/n tuendcn, e page 2^; qui veut ( paore ^î ; tiivers wyii «ùa. aui/iiau î'r wmumtLtmm NÉI -^ LE RHINOCÉROS (a). /t. PU ES l'É^ephaiit , îe Rhinocéros cil le plus puifTant des animaux qur- drupèJes ; il a au moins douze pitda (a) Rhinocéros, 1\lnmccros , en Grec & en Latini Ni'ta, Quoique le nom de cet animil (o!l abroliiineat Grec , il n ctoit cependmt pas comiu des anciens Grecs ; Ariftote n'en fait aucune mcntioa ; Strabon tfl le premier auteur Grec , & Pline le premier auteur Latin , qui en aient écrit ; apparemment le Rhinocéros ne s'étoit pas rencontré dans cette partie de l'Inde où Alexandre avoit pénétré, & où il avoit cependant trouvé ikcs Éicphans en grand nombre j car ce ne fut qu'environ trois cents ans après Ale- xandre cjue Pompée fit voir le premier cet animal à l'Europe* Rhinocerote, en ttaiien ; Àoada , par les Portugais, félon LinCcot , Nnvlg, in Orient, pars l I.* Franc*- fordii, 1599 , page ^4.; Alm4a , dans les Indes & à Java, (don Bontius, Ind, Orient» pag. 50; Abada, à Bengale & à Patane , félon le P. Philippe , Lyon , 1 66ç t page ///, & félon les voyageurs Hollan- dois, Amjierd. tyo2, tome J, fM.ire ^ry; Chkng- tuendcn, en Perfe, félon Pietro del i Va lie, jW, IV"» page 2^; ; Elherkedon , cnPtrfe, (élan Chardin , c« qui veut dire porte - corne , Amft, 171 i , tome III^ page ^5 ; Arou hanft , félon ThevCnot , Relation de divers uoy,iges, Paris, i (^q fî, page t o de la defcriptlott da.aniindM( i/ des vlanta du ludcSf iTc ^ O ii; r^ 3 1 8 Hijlohe l^aturelk de longueur , depuis i'extre'mîté du mufeau julqu'à Torigine de la queue ; fjx à fej)t pieds de hauteur , & la cir- conférence du corps à peu près égale à ià longueur (b), II approche donc de JRhinoceros. Plin, Hifl, nat. lib. VIII, cap. XX. Hhinoceros, Naturaf Hiliory of the Rhinocéros , ly D,^ Parfons, Phil, Trattf, N,' 470 , an, / 74J , y^ge /s ^ , où ion voit auffi trois figures de cet ani- mal, dont le mâle étoit à Londres en 1739^ & la femelle en 1 74 1 . Le Rhinncéios, Notes de M. Demours, tradiKÎlion françoife Ai.'^ Tranlidions philofophiques, année i 7-^^, où l'on voit une trè.s - bonne figure de cef animal , gravée par les loins de M. Demours. Rhinocéros a ^ç & idry^ç t Naricomis, Catefani, 'Ahitfin , Noemba , Javenfibus ; ElkerPxdom , Perfis j Tuabbct, Nabba , Cap. Bonœ-fpci ; M'ioro^ec , Zebati, Poionisj Gomela, Indis-, Nafchotn, Klein, 'ijuad. pag. 26 & fcq. Nota. M. Klein a raflcmhléavec précifioii plufieurs faits liir i'hiftoirc &: la defcription de cet animal, 6c a donné les figures d'une double corne, planc/te II, Tlie Rhinocéros. Gleanings of .natural Hillory, hy George Edwards, London , j y~^ S , }>ag, 2^, pi, cotée au bas 221, La figure cfl très - bonne 6c a été Élite d'après l'animal vivant en 1752 , c'tft le même Hhinoceros femelle que nous avens vu 6c fait detfiner à Paris, en 1749. (b) J'ai par-devers moi le defTin dV.n "Rhinocéros, tiré par un Officier du Shaftjbury , vaiHèau de la. {lu Rhinocéros, ? i o ^éléphant pour le volume & par la inafîe, C"()mpagnie tics InJes en 1757; ce dcfTin fc rap- porte afTcz :iu mien. L'animal mourut Tur fa route en venant des Indts ici ; cet officier avoit écrit au bas du deffin ce qui (uit : « Il a\oit environ (cpt pieds de haut depuis la iurface de la terre ju(i]u'au «« dos , il ctoit de la couleur d'un cochon , ijui «c commence à féchcr après setre vautre dans la « fenge ; il a trois fabots de corne à chaque pied , uljliqne des Lettres elt rcJcvahle de j^jluficurs décou- vertes en Hifl >ire nutuitlie, <î^ auquel je dois moi-même de la reconuoiirance ])0ur les marques dVftimc & d'amitié dont il m'a fou vent honoré, a publié en 1742, une hilloirc naturelle du rhino- céros, de laquelle \c vais donner l'extrait d'autant plus volontiers , que tout ce qu'écrit M. Parfons, me paroît mériter plus d'attention ik de confiance. Quoique le rhinocéros ait été vu plufieurs fois dans les fjiectacles de Roine , depuis Pompée juf,|u'à IJélio- gabale , quoiqu'il en foit venu plufieurs en Europe dans ces derniers fiecles; âc qu'enfin Boniius , Chardin & Kolbe, l'aient deffiné aux Indes & en Afrique, il étoit cejjeiiclant fi mal reprélenté & fi peu décrit, c|u'il n'étoit connu que très- imparfuiieniciit , & qu'à la vue' de ceux O vj m '324 Hipoh'c Ndîurclk cjui ariîvcix'in à Londres en 1739 > tic ceux (jui avcMCiit puM'o cjcs figures de cet anin;:i!. ('elle d'AII)ert Diuvr , ([ui cil lu prcinèie, elt une (les moins confondes à la Nature, çciic figure a cependant été coj)iée par l:i j)lup:ul des Naturalidcs , ^ (juelques- inis inenic i'oiu encore furchargée de drnj)cries pofliches ik d'orneiiicns ctran- geri.. Celle de Bontius , tll plus (iin})le ^ plus vraie ; mais elle pèche en ce f]uc la partie Inférieure des jambes y elt mal rcj)rérentéc. Au conuaire , celle de Chardin préfente afîez Lien les plis de îa peau & les pieds ; niais au refîc, clic ne rcffemble point à l'animal. Celle de Camerarius n cil pas meilleure , non plus que ce'lc c[ui a été faite d'après le rhinocéros, vu à Londres en 1685 , & qui a été |)ubliéc par Carwidiam eu 173p. Celles enlin que l'on voit fur les anciens pavéi tic Prœneilc , & fur les médailles de Domiiicn (ont extrêmement imparfaites ; mais au moins elles n'ont pas les ornemens imaginaires de celle d'Albert Durer, M. Pyribiis a pri;j la du Rlùnoccros, • 3 2 J" pcmc Je dtfïJncr lui incir.c (c) cet animal (c) Nom. Un lie nos Cavnn.s Phy/lficns ( M. De- moiirs ) a fait des rtmaiciiics à ce (iijit , ipit; nous no (levons pas omettre. « I-a figure (dit -il ) du Jlliinoccros , que M. l'iiffon.s a ajtaitct à (()n « ATcmoirc, & qu'il a dtditu'c lui - mrnif d'.iprès le «< naturel, cfl (i dillcientc de ctllc i[ui lut giaxco k à Paris en 1749, d'après un rhintKcros , ([u'on « voyoit alors à la foire Saint- G'-rniain , qu'on •« auroit de la peine à y retonnoîtrc le niuiu; ani- « mal. (Àliii de Al. I^aHbns tfl plus court 6c les «» plis de I9 ptau en (ont en plus petit nombre, <« moins mar(]ucs t< quelques-uns places tin pfu « différemment ; la trtc fur tout ne refftnihle prti- « qu'en rien a celle du rhinocéros de la (oire Saint- «« Germain, On ne fauroit ccpcmlant douter de le- « xadituue de M. de Parlons , & qu'il faut chercher •« dans râj^e & le fcxe de ces deux animaux la railon « des difîérences ftufiMes qu'on aperçoit dans les ce iigurcs «)ue l'on a données de l'un & de l'autre, «-s Celle lie M. I^arlons a été dcffinée d'après wn rhi- « nocéros mâle, qui n'avoit que lîeux ans ; celle que « j'ai cru devoir ajouter ici , l'a été d'après le tableau « du célèbre M. Oudry, le peintre des animaux, «« ik qui a f'i fi:)rt excellé en ce j^enrc ; il a peint « de grandeur naturelle , bi d'après le vivant , le «< rhinocéros de la foire Saint - (Armain , qui étoit « Vin*i femelle tv qui avoit au moins huit ans ; je « dis au mnin- 'mit ans , car il eft dit dans l'inlcrip- ^i6 HiJIoîre Naturelle en trois vues différentes, par-devant, pnr- derrière & de profil ; il a aufîi ài^iïii\é les 5> Mogol ; & huit lignes plus bas , il eft dit qu'il M n'a voit qu'un mois quand quelques Indiens l'attra- » pèrent avec Ati cordes , après en avoir tué la mère 3> à coups de flèches ; ainfi il avoit au moins huit î> ans , & pouvoit en avoir dix ou onze. Cette diffé- j> rence d'âge efl une raifon vraifcmbiable de^ ditîë- 3> rences (ënfibles que l'on trouvera entre ia figure »> de M. Parfons & celle de M. Oudry , dont le » tableau fait par ordre du Roi , fut alors expofé au > falon de peinture. Je remarquerai feulement que ï> M. Oudry a donné à la défcnfe de fon rhino- j» céros plus de longueur que n'en avoit la corne du » rhinocéros de ia foire Saint - Germain , que j'ai » vu & examiné avec beaucoup d'attention , & que >» cette parfie eft rendue plus fidèlement dans i'ef- a> tampe de Charpentier. AufTi eft-ce d'après cette ■» eftampe qu'on a defllné la corne de cette figure, 3> qui pour tout le refte a été deffinée & réduite d'a- « près le tableau de M. Oudry. L'animal qu'elle » repréfentc avoit été pelé , environ un an aupa- « ravant, à Stouquart dans le duché de Vittemberg, » & il pefoit alors cinq mille livres. Il manueoit, »» félon le rapport du c;>pitaine Douwmont Wan- »> der-Meer, qui l'avoit conduit en Europe, foixante 5> livres de foin & vingt livres de pain par jour. Il » étoit très-privé & d'une agilité (urprenante , vu '» l'énormité de fa mafîê 6( Ion air extrêmement Jourd. >» Ces remarques font judicieufcs & pleines de fens , comme tout ce qu'écrit M. Demours» Voyez la figure dans (a tradiidion françoile des Traii; faélions philofophiques , année ly^^* du Rhinocéros, 327 parues extérieures de la ge'nération du mâle, & les cornes fimplcs & doubles, auffi-bien que ia queue d'autres rhino- céros dont ces parties étoient confèr- vées dans des Cabinets d'Hifloire Na- turelle. Le rhinocéros qui arriva à Londres en 1739, avoit été envoyé de Bengale, Quoique très -jeune , puifqu'il n'avoit que deux ans , les frais de fa nourriture & de Ton voyage montoient à près de mille livres fterling ; on le nourrifToit avec du riz , du lucre & du foin : on lui donnoit par jour fept livres de riz, mêlé avec trois livres de fucre , qu'on lui partageoit en trois portions : on lui donnoit auffi beaucoup de foin & d'her- bes vertes , qu'il préféroit au foin ; ia boifTon n'étoit que de l'eau dont il buvoit à la fois une grande quantité ; ii étoit d'un naturel tranquille & fe laiffbit toucher fur toutes les parties de fon corps ; il ne devenoit méchant que quand on le frappoit ou lorfqu'il avoit faim , & dans l'un & l'autre cas , on ne pouvoit l'appuifer qu'en lui donnant à manger. Lorfqu'il étoit en colère > il r 31 •518 Hlfloke Naîurelk \ fautoit en avant & s*cIcvoit brufquemeflt à une grande hauteur, en poufîant la fête avec furie contre fes murs, ce qu'il faifoit avec une prodigicufe vîiellè, malgré Ton air lourd & fa mafle pefuitc. J'ai été fouvent témoin, dit M. Parfuns, de ces wiouvemens que produiCoient l'im- pau'encc ou \\ colère, fur- tout les ma- tins avant qu'on ne lui apportât fon riz & fon fucrc ; la vivacité & (a promp- titude des mouvemens de cet animal , m'ont fait juger, ajoute-t-il, qu'il cil: tout -à- fait indomptable & qu'il attcin- droit aifément à la courfe un homme qui l'auroit ofTenfé* '- '^^ - - ■ * Ce rhinocéros à faojc de deux ans , n'éjoit pas plus haut qu'ui^e jeune vache qui n'a pas encore porté ; mais il avoit le corj)s fort long & fort épais ; fa tête étoît très-grodè à proportion du cor|)s : en la prenant depuis les oreilles julqu'ù ia corne du nez, elle foniloit une courbe Concave dont les deux extrémités, c'eft- à'dire, le bout fupérieur du muleau gc point de chair, &. quVrs gcntral les animaux qui ont la langue rude fout ordi* nairement carnafliers. in j M m 15 1 3 30 Hîfîoîre Naturelle tjue dans aucun autre animal. Les oreîFîes font larges , minces à leur cxtrémiLé , & refTerrées à leur origine par une efpèce d'anneau ridé. Le cou eft fort court , la peau forme fur cette partie deux gros plis qui l'environnent tout autour. Les épaules font fort groffes & fort épaiiïes, la peau fait à leur jointure un autre pii qui defcend fous les jambes de devante Le corps de ce jeune rhinocéros étoit en tout très - épais & refl'embloit très- bien à celui d'une vache prête à mettre bas. Il y a un autre \iW entre le corps & la croupe, ce pli defcend au-deffous éts jambes de derrière ; & enfin , il y a encore un autre ])li qui environne tranfverlalemeînt la partie inférieure de la crouj e à quelque dilîance de la queue ; le ventre éioii gros & pendoit prefqu'à terre , fur - tout à la partie moyenne ; les jambes font rondes , épaifles , fortes , & toutes font courbées en arrière à îa jointure : cette jointure qui eft recou- verte par un pli très- remarquable quand l'animal eft couché, difparoît lorfqu'ileft: del)out. La queue eft mcnu^ & courte relativement au volume du corps, celle Ju Rhinoeéros, "" 331 de ce rhinocéros n'avok que feize ou dix-fept pouces de longueur; elle s'élar- git un peu à Ton cxtrétniré où elle cft garnie de quelques poils courts , gros & durs. La verge efl d'une forme alFez extraordinaire , elle eft contenue dans un prépuce ou fourreau coiinnc celle du chcva!, & la première cbolè qui paro^t au dehors dans le temps de i'éredion , eft un fécond prépuce de couleur de chair, duquel enfuite il fort un tuyau creux en forme d'entonnoir évaic I. III, & dans its Glanures d'Edwards, pU cottée au bas 22 t» ! i! ! m '^^1 '" t^ipoke Ndîurdk dirigée en arrière ; aufîi pifïoît - il ért an ici e & à plein canal à peu près comme Une vache , d'où l'on peut inférer que cl ms l*ade de h copulation , lé mâle ne couvre pas la femelle , mais qu'i's s'ac- couplent croupe à croupe ; elle a les parties extérieures de la genéraiion fJtcs & placées comme celles de la vache , (3c elle rcflemble parfaitement au mâle pour ïa forme & la grolfeur du corps. I.a peau efl: éjîairTe & impénétrable, en la prenant avec la main dans les })lis , on croiroit toucher une planche de bois d'un demi- ponce d'éiîaiffeur : (orfqu'elfe efl tannée , dit le D/ Grcw , elle eft exceffivemeni dure & })lus cpaifîe que le cuir d'ajcun au're animal terreftrej elle efl p:ir-tout plus ou moins couverte d'incrurtatioiis en forrne de galles ou de tubérofités , qui font afTez petites fur ie ibmmet du cou & du dos , & qui par degrés devienjient plus grofTes eu dcfcendant fur les côtés ; les plus larges de toutes font fur les épaules & fur fa croujie , elles font encore î.fîèz grofTes fur les cuifTts & les jambes , & il y en a tout autour ^ tout ie long des jambes flti Rhinocéros. 3 3 3' Jiirqu'aiix pieds ; mais entre les piis , \% peau eil pénétrable ôi même delicatç & aulîi douce au toucl.ci que cfc la loie, tandis que l'extérieur du pli eft aufli ruJç que le relie; cette peau tendre cjui fe trouve dans l'intérieur du pli cfl d'une légère couleur de chair , & la peau dv| ventre cft à peu prés de même con- f]ftance & de même couleur. Au refle, pn ne doit pas comparer ces luLcro- fnés ou galles , dont nous venons de parler, à des écailles comme l'ont fait plulîeurs ?iuteurs , ce font de fnnpies durillons de la peau , qui n'ont ni ré- gularité dans la figure , ni fymétric dans leur pofnion relpedive. La fou- plefTc de la peau dans les plis donne au rhinocéros la facilité du mouvement de la têre , du cou & des membres ; tout le corps , à l'exccptron 6q?> jointures , ell inflexible & comme cuiraffé. Al. Parlons dît'en palTant , qu'il a obfervé une qua- lité très - particulièie dans cet animal j^ ç'efl d'écouter avec une efpèce d'attention fuivie tous les bruits qu'il entendoit ; de forte que , qupiqu'endormi ou fort oc- Ituné à manger ou à fatisfiiire d'auirç^. 3 34 HiJIme Naturelle bcioins pre{îan$, il s'éveilloit à l'inflant, levoit la tête & ëcoutoit avec la plus confiante attemion , jufqu'à ce que le bruit qu'il entencloit eût cefTé. Enfin , après avoir donné cette de(^ cription exade du rhinocéros, M. Par- fons examine s'ii exifte ou non des rhinocéros à double corne fur le nez ; & après avoir compare les témoignages des anciens & des modernes, & les mo- numens de cette efpèce qu'on trouve dans les collerions d'HiftoIre naturelle, îl conclut avec vrailemblance , que les rhinocéros d'Afie n*ont communément qu'une corne , & que ceux d'Afrique en ont ordinairement deux. II cft très- certain qu'il exifle 6cs rhi- nocéros qui n'ont qu'une corne fur le nez , & d'autres qui en ont deux (f); mais {f) Kolbc dit pofitivemcnt , 6c comme s'ii i'avoit vu, que la première corne du rhinocéros cfl pîiscce fur ic nez, & la féconde fur le front en droite l'igne *v'ec la première ; que celle-ci qui eft d'un gris-brun se pafTe jamais deux pieds de longueur : que fa féconde cfl jaune & qu'elle ne croît jamais au-deffus de fix pouces. Defcription du Cap de Bonne - efpérance , par Koihe , tome IJl, pages ty iX 1 8» Cependant jious Yenom de ciier îles doubles cornes dont la ihi Rhinocéros, 335 îl n'efl: pas également certain que cette variété foit confiante , toujours clcpcn- dante du climat de l'Africjue ou des Indes , & qu'en conféqucncc de cette feule différence on puiflc établir deux efpèces di(Un<îl€s dans le genre de cet animal. Il paroît que les rhinocéros qui ji*ont qu'une corne l'ont plus grofTe <5c plus longue que ceux qui en ont deux; il y a des cornes (impies de trois pieds & demi, & peut-être de plus de quatre pieds de longueur fur fix & fept pouces l ru , fg, 6 ir, £> , t !^ ■• V. V • • • '-' - 13 ^ 6 I/l/Iohr KiînnJle tie VàÇÇii ftius leur hafc, par l.iqiitlîc cUcs iont attacticfes à \\\ pcaii du luv ; mm ie relie de la corne ell li>liJt' c\ |)!u> dur Cjue la corne ordinaire: c'tll avtc cciic arnie, dii on , c|ue le rlitnoceros aita((ue & l)lc(fe (|uc-i(]iiefois MH^ru-Mcnient les ^lephans de la plus haute taille , dont les Janibci» élevées perir.eiteni au rhinocéros, qui les a hien plus courtes , de leur iporicr des coups de l)ouioir ik île corne ions le ventie , où la peau ell la ))lus fenrd)lc ^ la plus pénétrahie : mais aulli iorhju'il Uian pie Ion premier couj^, l'c- Jej)hani le tt-rralle îk le uie. La corne du rhinocéros efl plus elli- mee des Indiens (juc J'ivoire de l'élcphanr, ron pps lant à caufe de la madère tlont tependani ils font pluficurs ouvrages au tour & au t ifeau ; mais à caulè de là fublbncc même à lar|uellc ils accordent plulicurs (jualittfs rpccilifjues & proprié- tés médicinales (h); Ici. blanches, cojninc (h) Siiitt in regm lirngfilr'n r/iifu^rrmes Lu fit, mis Ab.iiliiS iliJli , cujux aiùiiuilis loriiiin , dentés , inyo , Lwa^uis f vn^uliX. & CiXi,er(X. ejus jhir:e9 loto gf.crf. rclijliitit Viiicnis ;' irt. ///yv//;. ^^. — Aux \t, |>iirtits lie HfiijMia pioelic ilii Ci^iit^e, Ie^ iiiindtrn (Ml ruorncs , i|iu; Wm nppcllc vulj'inicint'iU Ahinii's t (ont tic:. (niiuiMiiii^ , cx I OU Cil n|i|K)iic à (î(ia ijimn- tjtc (le coiiio ; (Iles oiil environ iltii\ |>.iline> de cir« confcrciicf ^\.\ cot<' i|iiVIIl". (ont .iit.KJues au iront , t< allant jM II « piu ^ finilfiint rn poiiUf ; tllc5 (trvcnt d'itriucs iK I• ilu J\ rJuli/fe , vitre ]/!• — louicA les piii-iics du lorps du rluno- icros (ont inédit in.ilc.s : (;i corne c(l (iir - tout un Iunlfàrit aiitiilotc ointrc toutes (èirie.s de [Miifons , (Se cs Si.iinrivs c\\ fi)nl un ^nind tr.dic \\\tr les nationi collines; \\ y en a i]ui (ont tpiekiutfois vendues plus tle cent écu> , celles (|ui (ont Sun j^ris cl;iir i6î nuar Nie. CtYvnife, l'nris, j 6 S S , ragr ^ ,}, — I eurs cornes , leurs dents , leuri onj^lcs , leur chair, leur prau , Ifur (anjt , leurs eif- créniens mtrnc &i leur eau , ton: c(i cdiiné ik re- tlierclic- jxir les indieu.s, i|Ui y trouvent (Ses, rtiuèdes pour divcrùs ni.iladics. Vo}>ngc de Li (-ouijKtj^nic :e, ni carnafiier, ni même extrêmement fa- rouche efl cependant intraitable (k); ileil k( l,, "fur îe blanc , elle Te vend plus cher ; mais cHc efî ■toujours chère, car on J'ellime aufll beaucoup aux Indes. Idem, tome VU, jujge -277, (i) Parmi les préfens que le Roi de Siam envoya en France en 1686 , il y eut flx cornes de rhino- céros; elles font cxtrêmenicnt eflimées dans tout l'O-» rient. Le chevalier Vernati a écrit de Batavia en Angleterre, que les cornes, les dents, les ongles & le fang Ats rhinocéros font Ac% antidotes , & qu'ils -■ont le même ufage dans la Pharmacopée àes Indes , que la Thériaque dans celle de l'Europe. Voyage de la Compagnie des Indes de Hollande , tatie VU, page 4-8^» ' (k) Nota, Chardin dît (tome lïl, foge ^f ) que îes Àbyfllns apprivoifent les rhinocéros , qu'ils les élèvent au travail , comme on fait les éléphans. Ce fait me paroît très- douteux , aucun autre Voyageur n'en fait mention , & il eft fur qu'à Bengale , à Siam & dans les autres parties de l'Inde méridiotiale, 011 le rhinocéros eft peut être plus commun qu'en Ethiopie ^ Rhinoiferos: ^^ar Gcrvaife , ^cgt j J* y 4^ Hîjlotre Naturelh en temps* mnrcher un ou deux hommes en avant , pour reconnoître la poruioii de l'animal; que par ce moyen ils le fur- prirent endormi, s'en approchèrent eit /ifence & de fi près, qu'ils lui lâchèrent tous eniemhie leurs vingt- huit coups de fufjl dans les pariies intérieures du has- Yentre. • On a vu par la^ defcrîption de M.- Parfons , que cet animal a l'oreille bonne & même très- attentive , on afTure auflr qu'il a l'odorat excellent ; mais on pré- tend qu'il n'a pas l'œil borr- (o), & qu'il * (<*) Voyez la note précédente. — Le Rhinocéros' R les yeux fort petits & ne voit abfotument que devant liir: lôrfcju'il marche & qu'il pourfuit fa proie, il va toujours en droite ligne , forçant , rcnverfant, perçant tout ce qit'ii rencontre; \\ n'y a ni buiffons, ni arbres, ni ronces cparflès, ni' grofTes pierres qiit pui^fent l'obliger à (è détourner; aVec la- corne qu'it » fur le nez , il déracine ie$ arbres , il enlèxe les pierres qUi s'oppofeiit à fon palfage, 6c les jette derrière lui fon haut à une grande diftance & avec «n fort grand bruit; en uit mot, il abat tous les corps fur lerqùeis elle peut avoir quelque prife.Lorf- qu'il ne rencontre rien & qu'il cft' en colère, bai fliint' Ml tête, il fait des filions fur la terre, & il en jeltc avec âireur Une grande quantité par - deflus fa tête. ft grogne coinme le cochon ; fon cri ne s'àitend* £» da foriioin iorfqu'ileit tranquille, mais s'il nlare&(r \. Tbm. IX:. />/ jai -piiif- 3 4- if- ^fmnTvaîtt'' LE RmJ^OCEROS <1u Rhinocéros. - "349 ne roît, pour ainfi dire, que devant lui. La pciitellc extrêii^; de fes yeux, leur pofiiion bafTe , oblique & enfoncée ; le jK'u de brillant &. de jnouvcincnt qu'on y remarque, f'cinblcnt confirmer ce fait. Sa voix cft ufTcz fourdc iorfqu'il eft iran- quiik , elle reireinble en gros au gro- gnement du cochon ; & lorlqu'il clt en colère , Ton cri devient aigu & T.' fait entendre de fort loin. Quoicju'ii ne vive c[ue de végcuiux , il ne rumine pas; ainfi il crt probable que , comme l'cléphant , il n'a qu'un eftomac & des boyaux ircs- ampks , & qui fuppléeni à l'office de la panfe ; fa confommation , quoique con- iidérable , n'approche pas de celle de l'clcphant , & il paroît par la continuité A l'épaKfeur non interrompue ùe fa peau, <}u'il perd anHi beaucoup moins que lui par la tranfpiration. après fa proie on peut lentendt'e à une granck dif- taiicc. Description du cap de Boaae-efpérnnce , par KolùCf trois volumes in-t z, Amfterdam, t y^ i , Fin du neuvième volume»