^ J^J ^'_J» IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l fcâlM 12.5 150 ■^" ■■■ Photographie Sciences Corporation ||l-25 II U 1.6 ^ 6" ► \ v •s? \\ V '^A o^ 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N. Y. 14580 (716) 872-4503 i/. CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHM/ICMH Collection de microfiches. Canadian Instituts for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproc' .'ctions historiques Tachnical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques The Institute has attempted to obtain the best original copy available for filming. 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Tha laat racordad frama on aach microficha •hall contain tha symbol — »>(maaning "CON- TINUED"), or tha aymbol V (maaning "END"), whichavar appliaa. iVlapa, piataa, charta, atc, may ba filmad at diffarant raduction ratioa. Thoaa too larga to ba antiraiy inciudad in ona axpoaura ara filmad baginning in tha uppar laft hand cornar, iaft to right and top to bottom, aa many framaa aa raquirad. Tha following diagrama illuatrata tha mathod: Laa Imagaa auivantaa ont 4té raproduitaa avac la piua grand aoin, compta tanu da la condition at da la nattaté da l'axamplaira filmé, at an conformité avac laa conditiona du contrat da filmaga. Laa axamplairaa originaux dont la couvartura an prpiar aat impriméa sont fiiméa an commançant par la pramiar plat at an tarminant soit par la darniéra paga qui comporta una amprainta d'impraaaion ou d'illuatration, soit par la sacond plat, salon la caa. Toua laa autraa axamplairaa originaux aont fiiméa an commançant par la pramiéra paga qui comporta una amprainta d'impraaaion ou d'illuatration at an tarminant par la darniéra paga qui comporta una talla amprainta. Un daa aymbolaa sulvanta apparaîtra sur la darniéra imaga da chaqua microficha, salon la caa: la aymbola — »> signifia "A SUIVRE", la aymbola V signifia "FIN". Laa cartaa, planchaa, tablaaux, atc, pauvant étra fiiméa é daa taux da réduction différants. Lorsqua la documant aat trop grand pour étra raproduit an un aaul cliché, il aat filmé é partir da l'angla aupériaur gaucha, da gaucha é droita, at da haut •n baa, an pranant la nombra d'imagaa nécassaira. Laa diagrammas suivante illustrant la méthoda. ï ^ ^ \ w i- w , 1 2 3 4 5 6 s/ i^AM c: •.a4K STOIRE ATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULifeRE. Par M. DE BuFFON, Intendant du Jardin du Roi, de l' Académie Françoife , & de celle des Sciences, à'c. NOUVELLE ÉDITION ^ Tome On^feme. ::.\ Oii! r C\> O' A R I S, DE UIMPRIMERIE ROYAL * M. DCCLXX. Chez Fanckoucke, LîBfarrr,, à l'hôtel de Thou, rue des Peîuyins, quartier Samt'André'^dei'Araf — — — — ^— — I ■ wm^^mim TABLE De ce qui eft contenu dans ce Volume. X-/ £ PORC'ÉPXC, ..,•». page { Le Coendou •»•«.'• is L'Urfen ; 19 Le Tmrec & le Tendrac 23 La Gifaffe 2.6 Le Lama & le Paco. 47 L'Vnau & l'Ai ,., 72. Le Sunkate p^ Le Tarfier, . . » p»d Le Phalanger. 1 00 Le Coquallin. » 1 02 Le Hamfter 1 04 Le Bobak & les autres Marmottes. 1 1 7 Les Gerho'ifes •... 121 La Aîangoufte ....^.....^.•.^ 133; La Foffane 1 46 Le V^nfi^f*- »»»..... ••»....» 14^ La Aîakîs, • • • 1 52 Le Loir, . 163 La Chauve -fams , Fer-de-lance. 1 67 Le Serval 171 L'Ocelot» 175 Le Margay 183 Le Chacal & VAdive . 188 L'Ifatis* 205 Le Glouton 213 Les Mouffettes, .' 226 Le Pékan ù* le Vifon 243 La Zibeline 24e Le Leming 253 Lm Saricovienne , , 259 La Loutre de Canada 2^3 Les Phoque f , les Merfes & les Lamantins*,,.,,,,,.,,, 2.6% •- * HISTOIRE • • 15» ice. 1 6y .. 175 , .. 183 188 205 213 . . . 226 . . . ^43 . . . 246 ... 2.53 .. . 2L59 . . . 263 Us ... z6% ) . • » • . ITOIRE HISTOIRE NATURELLE ■ I —————— I ■ I I II I m^mmmmt LE PORC'ÉPIC (a): Il ne faut pas que le nom de Porc- épineux qu'on a donné à cet animal , dans la plupart des langues de l'Europe , nous induife en erreur, & fàfle imaginer (a) Porc -épie en Grec & en Latin, Hyflrix ; en Arabe, Tjur-èan» félon le Dodeur Shaw ; en Anglois, Porcupine; en Allemand, Siachdjchwe'm ; en Italien, Purco-fplnofo ; en EfjKignoi, Pueno-efinno, Hyftrix. Gc(ntt , Hift, quad,vg, pag. 563. Nota, Quok}ue Gefner dife que la figure qu'il donne âvi ^rc-épic a été faite d'après l'animal vivant, e//. pèche «cependant en pluHeiirs chofes, & Singuliè- rement par les dents. Le porc -épie n'a que deux dents incifives à chaque mâchoire, & point de dents canines \ & dans la figure de Gcfncr , il a huit dents inciPives ou canines. Hyflrixthe porcupine, Ray, Syn, qmd, pag. ao<5. Pwc ' épie. Mémoires pour fervir à l'hifloirc del ^imaux, panie 11^ page ^/ , fg, ^li. xir, 'J-ome XU A t,:.^ï. 'f Hi flotte Naturelle que le porc-t'pic foît en effet un cocîioit chargé d épines, car ii ne refTeiîible au iCochon que par le grognement ; par tout le rerte il en diffère autant qu'aucun autre animai , tant pour la figure que pour ia conformatioai intérieure ; au lieu d^ine tête aloiigée , furmontée de longues oreilles ^ arnié^e de défenfes & terminée par uri boutoir , au lieu d'un pied fourchu & gîïrni de fabots comme le cochon , le porc r épie a comme le callor la tête courte, deux grandes dents incifives en avant de chaque mâchoire, nulles dé- fenfes ou dents canines , le mufeau fêndii comme le lièvre , les oreilles rondes & aplaties , & les pieds armés d'ongles : au lieu d'un grand eftomaç avec ur| appendice en forme de capuchon, qui clans le cochon fèmble faire la nuance entre les ruminans & les autres animaux , ffyjfrix prientalis crijîata, Seba , voî, I , pag. 79; ^g. I , Tab. I . Nota, I .• L'épithète Oriemalis cfl ici mal appliquée , car le porc - épie fê trouve en Afrique & dans tous les pays chauds de l'Europe «& de i'Alîe. Nota* a." La figure & la defcription de Seha pèchent en ce quelles n'indiquent que trois ongles aux pieds de derrière , tandis que cçt ahimal en a cinq. M. Linnaeus qui avoit adopté f«tte erreur dans {t% premières éditions , l'a reconnue Il corrigée dans les dernières* Ju PorC'CpîC, ^ te porc - épie n*a qu'un fimpîe eftomac & un grand cœcum ; ics parties de la génération ne font point apparentes au dehors comme dans le cochon mâle ; les tefticules du porc -épie font recelés au dedans & renfermés fous les aines ; la verge n*eft point apparente ; & Ton peut dire que par tous ces rapports aufîi-bieii que par la queue courte , la longue niouftache, la lèvre divifée, il approche beaucoup plus du lièvre ou du caftor que du cochon. Le hériiïbn qui comme ie porc - épie eft armé de piquans , ref- fembleroit plus au cochon ; car il a le mufeau long & terminé par une elpèce de grouin en boutoir ; mais toutes ces reffemblances étant fort éloignées , & toutes les différences étant préfentes & réelles , il n'eft pas douteux que le porc- épic ne fbit d'une efpèce particulière & différente de celle du hérifTon , du callor , du lièvre ou de tout autre animal auquel on voudroit le comparer. Hyjirix capite crijlato Hyjlrix , le porc-épîc^ Briflbn, Regn, anirn, pag. 125. Criffûta, Hyjlrix palmis tetrcuLtâylis , phntis penJ tadaâylis , capitt criftato ^ cauda abbreviaifu Lino^ Syji» nat, edit. x^ pag. 55, A ij f hifto'tre Naitireltê II ne faut pas non plus ajouter foi \ ce que di(ènt prefqu unanimement leç Voyageurs & les NaturaliHes, qui don- nent à cet animal la f;iculté de lancer fes piquans à une affez grande diflance & avec afrpz de force pour percer & blefTer profondément, ni s'imaginer avec eux quç ces piquans tout fépare's qu*i|s font du corps cfe l'animal , ont la pro- priété très - extraordinaire & toute parti- culière de pénétrer d'eux - mêmes Sç. pur leurs propres forces plus avant dans les chairs, dès que la ppinte y eft une ibis entrée : ce dernier fiiit eft purement imaginaire & deftitué de tout fondement, de toute raifbn, le premier efl aufîi {^iy^K que le fécond ; mais au moins Ferreuç paroît fondée fur ce quç l'animal lorfqu'ij cft irrité pu feulement agité , rcdrefl'e fès piquans , les remue ; & que comme il y a de cps piquans qui ne tiennent à {a peau que par une eipèce de filet oii de pédicule délié , ils tombent aiféinent, I^ous avons vji des porcs-épics vivans, & Jamais nous ne les avons vus , quoique violemment excités , darder leurs piquans : ©n ne peut donc trop s'étonner que les guteuxs fes pius graves , tant ancieiis i/// PofC'épic: 'jjfi %) qtie modernes (c)^ que les Voyageur* les plus fenfés (d) foient tous d'accord fur Un fait àuffi faux : quelques-uns d'entre eux dilertt avoir eux - mêmes éxé biclTés de cette èfpèce de jaculation, d'autres afTu- rent qu'elle (è im avec tant de roideur, (b) Àrifl. Hifl. mim, !îb, IX, cap, XXXIX. — Bin, Hifl. Nat* lit, VJIJ , cap. LUI. ^^ Opiari, de venatione. (c) M." les Anntomifles de l'Académie des Sciences. Ceux des piquons , difent - ils > qui ément les plu* forts & les pks courts étaient alJes à arracher de Id jveau , ny étant pas attachés fermement comme ■ lei autres , aujft font-ce ceux que ces animaux ( les Porcs- cplcs ) ont accoutumé de lancer contre h s chajfeurs , en fecouant leur veau comme font les chiens loYfqu'ils fanent de l'eau. Cilaudfcri dit également que le porc- épic eft lui - même l'arc , le carquois & la flèche dont il fc fert contre les chaflcurs. Mémoires pour fervir à l'hifloire de<: animaux , tome I II , page r i ^4 J^OTA. La fable cft le domaine its Poètes, & il ny a point de reproches à faire à^Claudien : mais les Anatomiftes de l'Académie ont eu tort d'adopter cette fable, apparemment pour citer CInudicn; car on voit par leur propre expofé , que le porc-épic ne lance point Tes piquans , 6i que feulement ils tombent lorfque l'animal fe fccoue,— Wormius, Muf, Wormian, pijg. i3 5» —^IVaton, pag. 56. — Allrm'. de quadé Digit. pag. 473 , & plufieurs autres Auteurs célèbres ont adopté cette erreur. (d) Tavernier , tome II, pages 20 & 2ii ICofbe , toifhe III , page ^6, — Barbot. //^ ^ire générale des Voyages , tome IV , page zjj., A 11; 8" hîjloire Naturelle que le dard ou piquant peut percer une planche (e) à quelques pas de diftance. Le merveilleux , qui n'efl que ie fàux qui fait plaifir à croire , augmente & croît à niefure qu'il pafîè par un plus grand nombre de têtes ; la vérité perd au contraire en fliifant la même route ; & malgré la négation pofitive que je viens de graver au bas de ces deux faits, je fuis iierfuadé qu'on écrira encore mille fois après moi , comme on l'a fait mille fois auparavant , que ie porc-épic darde fès piquans, & que ces piquans féparés de l'animal , entrent d'eux-mêmes dans les corps où leur pointe eft engagée (ff, (e) Lorfquc ïe porc-cpic efl en furie, il s'éfance avec une extrême vîtffTe , ayant Tes piquans dreffés , Î[,ui font quelquefois de la longueur de deux empans , ur les hommes & (ur les bctes , & i\ les darde avec tant de force, qu'ils pourroient percer une planche. Voyage en Guinée par Bofmant Utrecht , i y o j , page 2JS' (f) Nota, I .* Il faut cependant excepter du nombre de ces voyageurs crédules le Doélcur Shaw. « De » tous les porcs-épics, dit^il, que j'ai vus en grand » nombre en Afrique, je n'en ai rencontré aucun » qui , quelque chofc que l'on frt pour l'irriter , » dardât aucune de fes pointes; leur manière ordi- >» naire de (ë défendre , eft de fe pencher d'un côté j »> & iorfque l'ennemi s'efl approché d'affez près , de fe relever fort vite ^ de le piquer de l'autre. » jii Porc-eYic, . 7 Lé porc - cpic , quoiqu'origînaire des climats les pîus chauds de l'Afrique & àe^?^ Indes , peut vivre & fè multiplier dans des pays moins chauds , tds que la Perle, i'Efpagne éc ritalie. Agricola dit que l'efpèce n'a été tranfportée en Europe que dans ces derniers fiècles; die Te trouve en Efpagne & plus com- munément en Italie , fur - tout dans les montagnes de l'A ppènnin j aux environs de Rome ; c'efl: de-ià que M. Mauduît , Voyait de Shaw , ifaduit de VAnglois, tohie I , j7ûge )2^, Nota. 2.* Le P. Vincent - Marie nt dit point du tout que îc porc-épic lance des piquans , il afTure feulement que quand il rencontré des 1èr- pens , avec lelqucls if efl toujours en guerre , il fis met en boule , cachant fcs pieds & fa tête , & fc roule fur eux avec (ts piquans jufqù*à leur ôtcr fa vie fans courir rifque detre blenfé. 11 ajoute un h.\t que nous croyons très - vrai , c'crt qu'il fe forme dans i'eftomac dû porc-épic àts bczoards de diffé- rentes fortes , les uns ne font que àts amas de racines enveloppées d'une croûte , les autres plus petits paroilfent être pétris de petites pailles & de poudre de pierre; & ks plus petits de tous , qui tie font pas plus gros qu'une rtoix , paroiflent pé- trifiés en entier ; ces derniers font les plus cftiméi. Nous ne doutons pas de ces faits , ayant trouve nous - mêmes un hézoard de la première forte , c'eft- à- dire , une égagropile dans l'eftemac du porc - épiç <|ui nous a étc envoyé d'Italie, A m; • t hiflotre Naturelle ^ui par Ton goût pour i*hiftoire na^turelle , a . bien voulu fe charger de cjuelques- uncs de nos commiflîôns , nous a envoyé celui qui a fervi à M. Daubenton pour fa defcription. Nous avons cru devoir donner la figure de ce porc-épic d'Italie, auifi-bien que celle du porc-épic des Indes ; les petites différences qu*on peut remarquer entre les deux , font de légères variétés indépendantes du climat , ou peut- être même ne font que des différences purement individuelles. Plîne & tous les Naturalifles ont dit, d'après Ariftote , que le porc - épie , comme l'ours, fe cachoit pendant l'hiver, & mettoit bas au bout de trente jours, nous n'avons pu vérifier ces faits ; & il eft fingulier qu'en Italie, où cet anima! cfl commim , & où de tout temps il y a eu de bons Phyficiens & d'excellens Ot^fèrvateurs , il ne (e foit trouvé per- fonne qui en ait écrit l'hiftoire. Aldro- vande n'a fait fur cet article, comme fur beaucoup d'autres, que copier Geiher; & M/* de l'Académie des Sciences qui ont écrit & difféqué huit de ces animaux , ne difcnt prefque rien de ce qui a rapport ri? *■ . du Porc-eptc, ^^ ï leurs habitudes naturelles : nous (avons feulement par le témoignage des Voya- geurs & des gens qui en ont élevé dans, des ménageries, que dans l'état de do- meflicité , le porc - épie n'eft ni féroce ni flirouche, qu'il n'eft que jaloux de fà liberté; qu'à l'aide de Tes dents de devant , qui font fortes & tranchantes comme celles du caftor , il coupe le bois & perce aifément la porte de fà loge (g). On fait aufli qu'on- le nourrit aifément avec de la mie de pain , du fromage & des fruits ; que dans l'état de liberté, il vit de racines & de graines' iàuvages ; que quand il peut entrer dans un jardin , il y fût un grand dégât & mange les légumes avec avidité ; qu'il devient gras comme la plupart des autres animaux , vers la fin de l'été ; & que fà (g ) Nous avons en Guinée des porcs-cpics. Hs croisent jiifqu^à la hauteur de deux pieds ou de deux pieds &i demi , & ils ont les dents fi fortes & fi affilées , qu'aucun bois ne peut leur réfifter ; j'en mis une fois un dans un tonneau , m'imaginant qu'il feroit bien gardé , mais dans l'efpace d'une nuic \\ le rongea fi bien , qu'il le perça & en fortit , il le perça même dans le milieu , où les douves (ont les plus c.- j.K roiK^ IWW ■"5'*.- Pin; // . g_ _ ^ 1^^ W^'\ -3=i-= : : ,_\i ^^ri II LE COENDOU (a), jJaNS chaque article que nous avons à traiter , il le préfente toujours plus d'erreurs à détruire que de vérités à expofer : cela vient de ce que Fhif- toire des animaux n'a, dans ces derniers temps , été traitée que par des gens à (a) Coendou, nom de que nous avons adopté, nonccr Couandou) au Brej parties de l'Amérique ou Hoititlaquatiin par de la nouvelle Efpagn< Portugais qui habitent en^ Coendou, Miflion du P. Paris , t éi^ , feuillet 2^q , Hoiijtîacuatjin , Jeu Tlacuatiin , Jpinojo Hyjhîct nov£i Hifpaniœ, Hcrnand. ////?. A1e,:(, 6g. pag. 322. Hoiti/aquatii», Nierembcrg, fig;'pag. 154. iVo/d. ta figure dans Nieremherg eft la même que dans Hernandès, & la defcription a été copiée cornme la figure. Cuandu Brafilien films, Marcgrav. ////?, nat. Bra^, fig. pag. 233. Cuandu, Pi (on, Hifl, Braf, fig. pag. 99. Nota, La figure de cet animal dans Pifon eft la même que daps Marcgrave, , A VJ :: \ 12 Hiflcire Naturelk préjugés, à méthodes, & qui prenoîcnîf la liilc de leurs petits l'yftèmes pour les regiftres de la Nature. Il ri*exi!le en Amérique aucun des animaux du climat ciiaud de l'ancien continent, & récipro- quement il ne (c trouve fous la zone brûlante de, l'Afrique &: de l'A fie aucun de ceux de l'Amérique méridionale. Le porc -épie eft , comme nous l'avons dit, originaire des pays chauds de l'ancien inonde ; & ne l'ayant pas trouvé dans le nouveau , on n'a pas laiffé de donner fon nom aux animaux qui ont paru lui refîembler , & particulièrement à--^ celui dont il eft ici queilion. D'autie côté, l'on a transporté le coendou d'Amérique aux Indes orientales ; & Pifon qui vraifem- blablement ne connoifToit point le porc- épic , a fait graver dans Bpntius (b) qui ne parle que des animaux du midi de l'A fie, le coendou d'Amérique, fous le Hyflm Americanas , Cumdu Brafilieujibus, Marc- grav. TlaquMwt fpinofum» Hernandès , E.ay , fynoff^ ^uad, pag. 2 00. Chat épintux. Voyage de Defmarchais, tome 111 ^ (hj Jac. Bontii, Hijl, Indice OrieiÈ, pag. 54, A ■ du CoenMi', tf nom & ïa cîefcription du vrai porc-épic ; en forte qu'à ia première vue , on leroit tenté de croire que cet animal exifte également en Amérique & en A fie; ce- pendant il e(l aifé de reconnoître avec un peu d'attention, que Pifon qui n'efl: ici , comme prefque par - tout ailleurs , que le plagiaire de Marcgrave, a non- fèulemént copié là figure du coendou , pour l'inférer dans fon hiftoire du Brefil, mais qu'il a cru devoir la copier encore pour la tranfporter dans l'ouvrage de Bontius , dont il a été le rédadeur & l'éditeur ; ainfi quoiqu'on trouve dans Bontius la figure du coendou , l'on ne doit pas en conclure qu'il exifte à Java ou dans les autres parties de l'A fie méri- diçnaie , ni prendre cette figure pour celle du porc - épie , auquel en efl!et le coendou ne reffemble que parce qu'il a comme lui des piquans. C'eft à Ximénès, & enfuite à Her- nandès , auxquels on doit la première connoifi^ance de cet animal, ils l'ont in- diqué fous le nom de Hoit^lacuat-;(m que lui donnoient les Mexicains : le Tid" fuaiiin ell ie Sarigue, & Hoititlacuat:^n ;Ï4 Hiftoke Naturelle doit (è traduire par Sarigue-épineux. Ce nom avoit éxé mal appliqué , car ces animaux (è reiïemblent aiïez peu ; auili Marcgrave n'a point adopté cette déno- mination Mexicaine, & il a donné cet animal fous Ton nom Brafilien , Cuandu , qui doit (e prononcer Couandou; la (èule cho(è qu'on puiflè reprocher à Marc- grave, c'eft de n'avoir pas reconnu que ion cuandu du Brefil étoit le même ani- mal que l'hoitztlacuatzin du Mexique, d'autant que (a defcription & fa figure s'ac- cordent aflez avec celles de Hernandès , & que de Laët qui a été l'éditeur & le commentateur de l'ouvrage de Marcgrave, dit expreflement (c) que le tlacuatzin épi- neux de Ximénès & le cuandu, ne font vraifemblablement que le même animal. Il paroît en rafTemblant le peu de notices éparfès que nous ont données les Voya- geurs fur ces animaux , qu'il y en a deux variétés que les Naturaliftes ont, d'après Pifon (d) , inférées dans leurs liftes comme (c) Videtvr efe idem animal autfahem finûk quod Fr. Xirnénès elefcribit fuit noviine Tlaqiiatjjn fpinofu De J,aët, annotatio in cap. IX , lib. VI, Marcgr. p. 233, (d) Cuandu, major, Pifon, ////?. Braf pag. 32^ frg, ag. 2^6 . fig. -f , Tiib. /^, Camelopardalis. Cervus comibus fimplîcijjimis , peMui. micis longijfttnis, Linn. S^^, ^at* edii. x, p. 65, 1 8 fSjfmre Ndîtirelle ' ^es contrées étoient inconnues Jes Grecs, i^riftote ne fait aucune mention de cet îinimal; mais Pliae en parle , & Oppien (h) le décrit d'une manière qui n'efl: point équivoque. Le Camelopardalis , dit cet îjuteur , a quelque reffeniblance au chameau ; fa peau jeft tigrée comme celle ^e la panthère , ^ fon cou eft long comme celui du chameau ; il a ia tête ^ les oreilles petites , les pieds larges , les jambes longues , mais de hauteur fort inégale , pelles de devant font beaucoup plus élevées que celles de derrière qui îbnt fort courtes &l femblent ramener à terre Ja croupe de l'animal ; fiir la tête ' près des oreilles., il y a deux éminences femblables à deux petites cornes droites; au ïefte , il a la bouche comme un cerf, ies dents petites & blanches , les yeux brillans , la queue courte & garnie de i poils noirs à fon extrémité. En ajoutant a cette defcription d'Oppien celles d'Hé- Jiodore & de Strabon , l'on aura déjà une idée afîez juft^ de la Girafïè. Les A nibaffadeurs d'Ethiopie, dit Héliodore, ^imenèrent un animal de la grandeur d'un . 0) Qppian, d^ Vtnax, hh lUt l <"4 {le la GIraffe, I9 chameau , dont la peau étoit marque'^ de taches vives & de couleurs brillantes , & dont les parties poflérieures du corps etoient beaucoup trop baffes , ou les parties antérieures beaucoup trop cfevées ; le cou étoit menu, quoique partant d'urt corps affez épais ; la tête étoit lemblable pour la forme à celle du chameau , 6c pour la grandeur n'étoit guère que du double de celle de l'autruche, les yeux paroifToient teints de différentes couleuEs ; la démarche de cet animal étoit différente de celle de tous les autres quadrupèdes, qui portent en marchant leurs pieds dia- gonalement , c*eft-à-dire , le pied droit de devant avec le pied gauche de der- rière ; au lieu que ia girafîè marche Tamble naturellement en portant les deux pieds gauches ou les deux droits en- femble ; c'eft un animal fi doux , qu'on peut le conduire par -tout où l'on veut, avec une petite corde paffée autour de ia tête /"cj» Il y, a , dit Strabon , une grande bête en Ethiopie, qu'on appelle Cameioparc/alis , quoiqu'elle ne reffemble en rien à ia panthère ; car (à peau n'efl {cj Héiiodore, lia, X - ■; B ii; ^o 'Hiflohe Naturelle * pas marquée de même ; les taches de !a panthère font orbiculaires , & celles de cet animal font longues & à peu près femblables à celle d'un faon ou jeune cerf qui a encore la livrée : il a les parties poftérieures du corps beaucoup plus bafîes que les antérieures , en forte que vers la croupe il n'eft pas plus haut qu'un bœuf, & vers les épaules il a plus de hauteur que le chameau ; à juger de fli légèreté par cette difproportion , il ne doit pas courir avec bien de la vîtefle ; au refte , c'eft un animal doux qui ne fait aucun mal , & qui ne (e nourrit que d'herbes & de feuilles (d/. Le premier des modernes qui ait enfuitc donné une bonne defcription de la girafîè , eft Belon. » J'ai vu (dit -il) au château du Caire » l'animal qu'ils nomment vulgairement » Zurnapa, les Latins l'ont anciennement yy appelé Camelopardalis , d'un nom com- 5? po(e de léopard & chameau , car ii » eft bigarré des taches d'un léopard , :» & a le cou long comme un chameau , » c'eft une bêie moult-belle , de la plus » douce nature qui foit, quafi comme une (ilj Sirabon, lib, JiVliT JCVU^ - -À. i- taches de h ^ celles de a peu près ^ ou jeune aies parues > plus bafl'es 2 que vers haut qu'un a plus de juger de fli on , il ne vîtefle; au qui ne £iit lourrit que -.e premier donné une > eft Belon. i du Caire ilgairement :iennement nom coin- lu , car ii '■ léopard, chameau , de la plus omme une :î 'fie la Glmfe» 3 i brebis & autani amiable que nul autre « bête (Iiuvage ; elle a la tête prelque ce femblable à celle d'un cerf, hormis la « grandeur, mais portant des petites cornes ce moufles de fix doigts de long , cou- c< vertes de poil ; mais en tant 011 il y c« a diftindion de mâle à la femelle , « celles des mâles l'ont plus longues ; «t mais au demeurant en tant le mâle que c< la femelle ont les oreilles grandes comme ce d'une vache , la langue d'un bœuf & et noire ; n'ayant point de dents defTus ce la mâchelière ; le cou long , droit & ce grele ; les crins déliés & ronds , les ce jambes grêles , hautes , Se. (i baffes par ce derrière , qu'elle feinble être debout ; « iès pieds font femblables à ceux d'un ec bœuf; (à queue lui va pendante julque « defFus les jarrets , ronde , ayant les ce- poils plus gros trois fois que n'efl: celui « d'un cheval ; elle efl: fort grêle au tra- ce vers du corps, fon poil eft blanc & roux ; ee fa manière de fuir cft (èmblable à ce celle d'un chameau ; quand elle court , «c les deux pieds de devant vont en- « feinble , elle fè couche le ventre contre ce terre & a une dureté à la poitrine & ^, La defcription de Gillius me paroît encore mieux faite que celle de Belon» 33 J'ai vu (dit Gillius, chap. JX) trois 3:>giFaffès au Caire , elles portent au- 33 defTus du front deux cornes de fix 33 pouces de longueur , & au milieu du 33 front an tubercule élevé d'environ 33 deux pouces , & qui refTemble à une i3 troifième corne ; cet animal a (eize 33 pieds de hauteur lorfqu'il lève la tête , 33 le cou feul a fept pieds , & il a vingt- 33 deux pieds depuis l'extrémité de la 33 queue jufqu'au bout du nez ; les jambes 33 de devant & de derrière font à peu 33 près d'égale hauteur , mais les cuifTes (e ) Obfervations de Belon , feuillet 1 1 8 reét» tt 1 1 8 re^9 delà Giraffe» 35 du devant font fi longues en compa- « Hiifon de celles de derrière , que le dos ce de l'animal paroît être incliné comme « un toit; tout le corps eft marqué de ce grandes taches fauves , de figures à ce peu - près carrées il a le pied ce fourchu comme le boeuf, la lèvre fu- ce périeure plus avancée que l'inférieure , ce la queue menue avec du poil à l'ex- ce trémité ; il rumine comme le bœuf, ce & mange comme lui de l'herbe ; il a ce une crinière comme le cheval, depuis ce le fommet de la tête julque lui* le ce dos ; lorfqu'il marche , il femble qu'il ce boite non - feulement des jambes , mais « des flancs , à droite & à gauche alter- ce Hâtivement ; & lorfqu'il veut paître ou ce boire à terre , il fi vut qu'il écarte prodi- ce gieufement les jambes de devant». Gefiier cite Belon, pour avoir dit que les cornes tombent à la girafïè comme au daim (f). J'avoue que je n'ai pu trouver ce fait dans Belon ; on voit qu'il dit feulement ici que les cornes de la girafîè font couvertes de poil ; & il ne parle de (f) iGîrajfis if Damis cornua cadum, Behnim^ "34 Hijloke Naturelle cet animal que dans un autre endroit fg), à l'occafion du daim axis , où ii dit que ce la girafFe a le champ blanc, & les yy taches phénicées , (èmées par-defîus, 33 afîèi larges , mais non pas rouflës comme l'axis a?. Cependant ce fait que je n'ai trouvé nulle part , feroit un des plus importans pour décider de la nature de la girafîè ; car fi les cornes tombent tous les ans, elle eft du genre des cerfs, & au contraire fi Tes cornes font per- manentes , elle eft de celui des bœufs ou de^ chèvres ; fans cette connoifîànce précifë , on ne peut pas affurer , connne i'ont fait nos Nomenclateurs , que la girafîè foit du genre des cerfs : & on ne fàuroit afTez s'étonner qu'Haflèlquift , qui a donné nouvellement une très -longue, mais très - sèche defcription de cet ani- mal , n'en ait pas même indiqué la na- ture; & qu'après avoir entaffé métho- diquement, c'eft-à-dire en écolier , cent petits cai;;a(!]lères inutiles , il ne difè pas un mot de la fubftance des cornes, & nous laiJfTe ignorer fi elles font folides ou crcufes , fi elles tombent ou non ; fi ce Çg) ObTcrvations de Bdçn , fiuiikt 120 ^ n^^ endroit (g), , où H dit blanc, & les par-de(îiis, pas roudès ce fait que roit un îSts de la nature les tombent e des cerfs, ) font per- des bœufs onnoifîànce rer, comme rs , que la s: & on ne elquift , qui es - longue , de cet ani- que la na- fTé métho- olier , cent le difè pas cornes, Sl : folides ou non; fi ce 120, nÔ9^ de la Girafe* '55 font en un mot , des bois on cïes cornes. Je rapporte ici cette defcription d'Haf- felquift (h) , non pi ^ pour l'utilité , mais pour la fmgularité, & en même temps pour engager les Voyageurs à fe fervir de leurs lumières, & à ne pas renoncer à leurs yeux pour prendre la lunette des autres ; il eft néceuaire de les prémunir contre l'ulage de pareilles méthodes , avec lerquelles on fe dirpenfc de raifonner, (h) Cervus c^melovarfialis, Caput promhfns , lahiitm fuperius crafum , infaius tenue t nares obhnga, amp!a, \ pi/i rîgifti , fparfi in trtrtxpte labio avterius ir ad /tirera» àupercida rigida , diflméliffima , ferie ma compoftta* Ocu'i ad latera cnpitis , vert ici çuam rojiro, ut i^ fronti çuam collo propiores, Dtmes , lingun , cornua fimplicif' \jtmj. , cylindrica , heifijftma , bafi crtijfa in vertice c api ri s fit a , .pihfa bafi pilis longiffimis rigidis ttéla , apice pilis longioribus ereéîis rigidipttiis , apicem loth- gitudine fuperantibus cinéla, Aprx commun in rmdio horum pilorum obtufus nudus, Eminentia in frome , infm cornua , inferius ohlonga hwnilior , fuperius eU' vatior , fubrmunda, poftic£ parum ikjtreJifa, inaqualis» Auricula ad latera capitis tnfra cornua pont iîhi fO~ fita. Collwn eredum , conrjmfum , longijjimum , verjus caput angufiijftmwn , inferius latiufculum, Crura cyliit' èficn ameriorihus plus qnam dimidie longioribus, Tubet" culum crafum , durum in genufhxum. Ungues bijulci , ungulati, Pili brevijftm univerfarn corpus, cafwt if pedes tegunr. Linea pilis regidis longioribus per dorfttm a €afitc ad mndém 4Xtt>^t Céuda tews , /utaionM 3^ mjJoke Naturelle & on fc croit d'autant plus favant que l'on a moins d'elprit. En fommes-nous en efïèt plus avancés après nous être ennuyés à lire cette énumération de petits caraélères équivoques , inutiles î Et les defcriptions des Anciens & des Modernes que nous avons citées ci - deffus , ne donnent-eiks pas de l'animal en queftion une image plus fenfible & des idées plus nettes î C'eft aux figures à fuppléer à tous ces petits caractères , & le difcours doit être réfervé pour les grands : un ièul coup-d'œil fur une figure en ap- prendroit plus qu'une pareille defcription ^twidia hffgUudine , non jubata, Color totius coywis , tapltis ad yedum ex maatlii fi/ch & femigineis pa- ricgatmt. macula pdlmari Intitudine , figura irregulari , ht vivo animali ex luciSori à" ohfairiore variâmes, AJagnltwio cameli minons , longitudo totiia a labio fvperiore ad finem dorjt fjmh. 2^, Longiuido capitis Jpith, ^, Coin fpith, p ad t o, pedum anter, fpiih* j I ad t j, pojler, fpiik, y ad 8 , longit. ccrnuum vix fvithamalis. Spafitm imer cornun fpith y . longit. pi' lerum in dorfo poH, ^ , ïatitud, capitis juxrn wlerciilum vel eminentiam Jpith, -^ , prope maxillam ffith. i, colli wrinque prope eaput fpith, t, in mcdio fpith. i-^, ad bafin fpith, 2. ad ^ , latitud, Lat, abd. anterius fpith, >f. , pofler, fpith, 6 ad y, Craffities pellis ut corii cervt vulgaris Defcriptio anttcedens jiixta pellem ani~ tnalis faélam ; {mimai veto mdwn vidit Voyage ' Je la Giraffe, 37 «(ui devient d'autant moins claire qu'elle eft plus minutieulè , fur -tout n'étant point accompagnée de Li figure , qui ièule peut foutcnir l'idée principale de l'objet au milieu de tous ces traits va- riables , & de- toutes ces petites images qui fervent plutôt à i'oJafcurcir qu'à le repréfenter^ On nous a envoyé cette année ( 1 7^4) à l'Académie des Sciences, un deflin & une notice de la giraffe , par laquelle on adure que cet animal que l'on croyoir particulier à l'Ethiopie fîj, fe trouve aufli dans les terres voifmes dîu cap de Bonne- eipérance ; nous enflions bien defiré que k cîeflin etit été un peu mieux tracé , mais ce n'efl: qu'un croquis informe & fij La giraffe ne fe trouve point ailleurs qu'en Ethiopie. J'en ai vu deux dans le palais du Roi qu'on y avoit app 'voifées. J'obfervai que lorfqu'elles vouloient boire , & qu'on leur préientoit de l'eau ou du lait , pour y atteindre il ralloit qu'elles écar- teflTent les jambes, autrement comme ces bêtes font trop hautes de devant , elles ne pourroient boire quoiqu'eiies aient le cou fort long. J'ai obier vé de mes yeux ce que je rappbrte ici. Relation a'e The^ , venot , page i o de la (kjcri}ftim es animaux , iXc* <âf Cpfouii le JolUiùre*- , ■■-- - - • ;- ■'• - - ; • '^- ^ I / ^3 8 • Hldoke NatureÏÏe dont on ne peut fiiirc aucun uf:»ge; \ l'égard de i;i notice , comme elle con- tient une efpèce de defcripiion , nous avons cru devoir Li copier ici. « Dans » un voyage que l'on fit en 1762 , à » deux cents lieues diuis les terres au nord 3» du Cdj) de Bonne-eipérance , on trouva 33 le Camelopardalis , dont le deifin eft -» ci- joint ; il a le corps reflemblant à un 3> bœuf, & la têie brunes. Il a deux cornes d'un pied de a» long far la têie, & a les pattes fendues. 3> Les deux qu'on a tués , & dont la peau » a été envoyée en Europe , ont été y> mefurés , comme il fuit : la longueur y> de la tête un pied huit pouces ; la » hauteur depuis l'extrémité du pied de » devant jufqu'au garrot , dix pieds ; & » depuis le garrot jufqu'au -denus de la » tête , fept pieds , en tout dix - fept 53 pieds de hauteur ; la longueur depuis 33 le garrot jufcfu'aux reins efl: de cinq » pieds fix pouces ; celle depuis les reins 33 jufqu'à la queue d'un pied iix pouces; ufjge; à î elle con- ion , nous ci. ce Dans 1762 , à res au nord on trouva ; deifin eft iblant à un reiremblént 'on a ren* des taches ui pied de es fendues, ont la peau , ont été 1 lonpfueur )Ouces ; la lu pied de pieds; & emis de la clix - fept eur depuis ft de cinq lis les reins IX pouces; Je la Giraffe, 3 ^ alnfi la longueur du corps entier eft de c< fcpi pieds , la hauteur depuis les pieds « de derrière julqu'aux reins e(l de huit ce pieds cinq pouces. Il ne paroît pas c< que cet animal puiOè être de quelque ce fervice, vu la dilproportion de la hau- ce leur & de fa longueur : il (è nourrit c< de feuilles des plus hauts arbres ; & c< quand il veut boire ou prendre c|uelque « chofe à terre, il faut qu'il iè mette à« genou w. En recherchant dans les Voyageurs ce qu'ils ont dit de la girnlfe, je les ai trouvés affez d'accord enir'eux ; Hs con- viennent tous qu'elle peut atteindre avec fa tête à feize ou dix -fept pieds (k/ de (h) Profper Alpin, eft le fcul qui fembfe donner une autre idée de la grandeur de cet animal en le comparant à un petit cheval, Anno 1^81 , AU- xamhia vidimus Camelo» ardaUm ^uem Aralts jitma^ iX nojiri gira^'am appellant ; heu equum f 'vum elt- gantijjimtimque reprfentare viatur , fig, 2j^, Il y a toute apparence que cette ojraff'e , vue par Profper Alpin, etoit fort jeune & n'avoit pas encore acquis à beaucoup près tout (on accroiflcment : il en efl de même qic celle dont llaflèlquifl a décrit la peau , 6c qu'il compare pour la granikur à un p — J'ai vu deux. girafFes , au château du Caire , elles ont le cou plus grand que le chameau, deux cornes de demi -pied ïur la tête, une petite au front; les deux jambes de devant grandes & hautes, & les deux de der- rière courtes*. Cofmographie du Levant, par Tkm* ^e la Giraffe, 41 hiufll - bien que par toutes les autres habitudes phyfiqttes , & même par la [forme du corps, eHe approche plus de [la figure & de la nature du chameau que de celle d'aucun autre animai ; qu'elle eft Jdu nombre des ruminans , & qu'elle Imanque comme ewx de dents incirives à Ha mâchoire fupérieure ; & l'on voit par [le témoignage de quelques-uns , qu'elle [fè trouve dans les parties méridionales [de l'Afrique (m) aufîi-bien que dans celles Ide l'A fie. Il eft bien clair , par tout ce que nous renons d'expoler, que la giraffe efl d'une îlpèce unique & très-différente de toute (m) Da'ns i'île de Zanzibar , aux environs de fAa- WagaCcar, î( y a une certaine efpèce de bête qu'ils ■appellent Grafe ou Girafe , qui a le cou fort long, ■comme de toile & demie, de laquelle les jambes de Idevant font beaucoup plus longues que celles de jilerrière ; elle a petite tête & de diverfes couleurs , ainfi que le corps : cette bête eft fort douce & privée , ne faifant mal à perfonne. Defcription des , Indes orientales, par Â'îarc Paul, Paris , i 5 5 , Hv, III » Vage 116, — Girnffa animal adeo Jyhaticum ut raro tideri pojfit liomines videns in fugam ferttir tametfi ,a Son fit multcc velocirati's, Ixon Afriq. Defcript, Afr* /ol. Il, pag. y^^» '41 Hipoirt Naturelle autre ; mais fi on vouloit la rapprocîiÉî de quelqu'autre animai , ce ieroit piutôt du chameau que du ceif ou du bœuf: il cft vrai qu'elle a deux peiiies cornes & que le chameau n'en a point: mais elk a tant d'autres relfîemWances avec cet animal . que je ne fuis pas furpris que quelques Voyageurs lui aient donné le nom de chameau des Indes. D'ailleurs , i'on ignore de quelle fubflance font les cornes de la girafïe , & par conféquent fi par cette partie elle approche plus des cerfs que des bœufs , & peut*- être nr \ font -elles ni du bois comme celles des cerfs, ni des cornes creuies comme celles des bœufs ou des chèvres. Qui fliit fi elles ne font pas compofees de poils réunis comme celles des rhinocéros , ou fi elles ne font pas d'une fubftance & d'une texture particulière î il m'a paru que ce jf^ nat, cdit. X , pag. 66. „ , . (c ) Avant l'arrivée des Efpagnoîs, les Indiens! du Pérou ne connoifToient d'animaux domcftic|i?eç , que les Pacos & les Huanacus; mais ifs tirc^icnt 1 parxl des fauvages , qui étaient en plus gr;ind nombre, ore îanato, Linn.l du Lama & du Pacôi 4^' Américains» Ces noms font ceux de leur état de domeflicité ; le lama (Iiuvage s'appelle huanttcus ou guanaco, & le paco fauvage vîcunna ou vigogne. J'ai cru cette remarque néceflliire pour éviter la confuiion des noms. Ces animaux ne fe trouvent pas dans l'ancien continent, mais appaniennent uniquement au nou- veau ; ils affe(flent même de certaine» terres, hors de l'étendue defquelles on ne les trouve plus : ils paroi(îent attachés à la chaîne des inontagnes qui s'étend depuis la nouvelle El'pagne jufqu'aux terres Magellaniques ; ils habitent les ré-* gions les plus élevées du globe terreftre , &. femblent avoir befoin pour vivre de. refpirer un air plus vif & plus léger quQ celui de nos plus hautes montagnes. ■ Il efl aflez fingulier que quoique le îama & le paco foient domeftiquçs ai| Pérou, au Mexique, au Chily, comme les chevaux le font en Europe ou les chameaux en Arabie, nous les çonnoif» fions à peine , & que depuis plus de deux fiècles que les Efpagnols régnent nemhre , par de grandes cliaflè^ Hijloin aes incasi Tome Xu G 5^ *^ J-hpokc Naturelle ' ' * dans CCS vaftcs contrées , aucun Je leurs auteurs ne nous ait donne l'hilloire de» taillée & la defcri[)iion exade de ces animaux dont on le fert tous les jours : ils prétendent à la vérité qu'on ne peut Jes tranl'porter en Europe , ni même les defcendre de leurs hauteurs fans les perdre, ou du moins fans rifquer de les voir périr au bout d'un petit temps : mais à Quito, à Lima & dans beaucoup d'autres villes où il y a des gens lettrés , on auroit pu les defliner, décrire & dif- léquer. H errera fd) dit peu de chofe de ces animaux ; Garcilaflb (e) n'en parle que (d) On trouve dans les montagnes cfu Pérou Une cfpèce de chameau dont ils (t fervent de la laine pour faire des acourtremens. Dcjcription aies Indes occidentales, par JHenera, Amft. i6zi , page 2^^, ' (e) Le p. Blas Vallera dit que le bétail du Pérou efl (î doux que les en fans en font ce qu'ils veulent j il y en a des grands & des petits; ks huanacus privés (Lamas) font de différens poils , & les fau- \ages fcHit tous bai bruns : ces aniniaux (ont de la hauteur des cerfs & rcflemblent aux chameaux , excepté qu'ils n'ont point de boffe, leur cou efl long & polt Le même bétail qu'ils appellent Pacolama ( Paco ) , n'efl pas à beaucoup près tant cflimé Ces pacos , plus petits que les autres , refTèmblent aux vicunas fauvages, & font fort dé- licats j» ils ont peu de chair & peu de laine ex|rsL^ il §^ riu Lama & du Paco, 5 X <3*aprcs ks autres ; A coda & Grégoire lie Bolivar, font ceux qui ont raflcmblif le plus de fliits fur l'utilité & les fervices qu'on tire des lamas & fur leur naturel; mais on ignore encore comment ils font conformés intérieurement , combien de temps ils portent leurs petits ; Ton ignore fi ces deux efpèces font abfolument fé» parées l'une de Tautre , fi elles ne peu- vent le mêler , s'il n'y a point entre elles de races intermédiaires , & beaucoup d'au- tres fîiits qui leroient nécefîairespour rendre cette hifloire complète. Quoiqu'on prétende qu'ils périment îorfqu'on les éloigne de leur pay? natal, il elt pourtant certain que dans les pre- miers temps après la conquête du Pérou , & même encore long- temps après , Ton a tranfporté quelques lamas en Europe. L'animal dont Geîiier parle , fous le nom à! Allocamelus , & dont' il donne la fi- gure , efl un lama , qui fut amené vivant mement fine. Cet animal (êrt de pïufieurs façons à la Médecine , auflTi - bien que beauœup d'autres animaux de ce pays , comme le remarque le P, Acofta. Hijioire des Incas ^ tome II, page 2,6rn'i fpithnma fere hngitud'ine ; quibus omnibus cervum j'ere refert , quemadmodum etiam crurdnis prafeniw pcflc' rioribus ; pedes illi bifulci Junt ; diduda utittriori parte divifura. Vin-iies habet acuminotos qui circa pedis ani^ biium in cutim crajfain abeunr , nam j.edis planta, non vngue fed ente, ut in nndiijidis & irfo camelo conte- fitur : rctronàhgit hoc animal ut Cûtretus iy trjles fuhf- Q'itfîos habit : pcclçre ejl awpbjub qito uk thorax vmtri du Lama & du Paco. 5 3' ïnention fous le nom ^ Elaphocamelus t êi la clcfcription qu'il en donne efl fliite avec foin. On a tranfporté plus d'une fois des vigognes , & peut-être aufll des lanras en Elpagne, pour tâcher de les y naturulifer fgj; on devroit donc être mieux inftruit qu'on ne i'eft fur la nature de ces animaux qui pourroicnt nous devenir utiles; car il eft probable qu'ils réufîl- roient aufli - bien fur nos P y renées ai fur nos Alpes f/ij que fur les Cordillères. • Le Pérou, ièlon Grégoire de. Boli- var, efl le pays natal, la vraie patrie des lamas: on les conduit, à la vérité, dans d'autres provinces , comme à la nou- velle Efpagne , mais c'cfl plutôt pour la forweâiiur , emtùcrnt ghbus vt in cnmeh , vomie et fwiilis e (/NO ncfiio quid escrcmcfui fenfim tiiaiiare videiur. P. And# Mattfuo'l, Epia. ii-b. V. fgj Le Jîoi d'Eipiigne ordonna qu'on tranfportat des vijrorjnes en Ef pagne, afin de les faire peupler fur les lieux ; mais ce climat fe trouva fi peu propre à ces animaux , qu'ils y moururent tous. ////?. des Avait. Flitujiiers par- Oexmelin , jome II, page. ^6 y. (h) Il n'y a point d'animal qui marche aufTi {\.\.- rcmeiit que le lama dans les rochers , parce qu'i{ 5'accroche par Une efpèce d'éperon qd'il a naturelle^ picnt au i)icd, Yo}'o^c dç CoreaL u 1, V' y /2. •■ ' ^~^ • • • \X \ rr 54 mjlohe Naturede curiofité que pour l'utilité ; au lieu que dans toute l'étendue du Pérou , depuis Potofi jufqu'à Caracas , ces animaux ibnt en très - grand nombre : ils font aufîî de la plus grande nécefîîté; ils font feuls toute la richefTe des Indiens ^ contribuent beaucoup à celle des E{^ pagnols. Leur chair eft bonne à manger , leur poil eft une kine fine d'un excellent ufàge , & pendant toute leur vie ils fervent conftarament à tranfporter toutes les denrées du pays; leur charge ordi- naire eft de cent cinquante livres , & les plus forts en portent jufqu'à deux cents cinquante ; ils font des voyages alTez longs dans des pays impraticables pour tous les autres animaux ; ils marchent afîèz lentement, & ne font que quatre bu cinq lieues par jour ; leur démarche eft grave & ferme, leur pas affuré; ils delcendent des ravines précipitées , & furmontent des rochers efcarpés , où les hommes même ne peuvent les ac- compagner ; ordinairement ils marchent quatre ou cinq jours de fuite , après quoi ils veulent du repos , & pren- nent d'eux-mêmes un féjour de vingt- «/// Lama ér du Paca: '5 5' tjnàtre ou trente heures avant de fe re-^ mettre en marche. On les occupe beau-^ coup au tranfport des riches matières que l'on tire des mines du Potofi : Bo- livar dit que de fon temps on em- ployoit à ce travail trois cents mille de ces animaux. Leur accroiflemént efl aflTez prompt & leur vie n'eft pas bien longue ; ils font en état de produire à trois ans , en pleine vigueur jufqu'à douze , & ils commencent enfuite à dépérir, en forte qu'à quinze ils font entièrement ufés ; leur naturel paroît être modelé fur celui des Américains;' ils font doux & fleg- matiques , & font tout avec poids & mefure ; Lorfqu'ils voyagent & qu'ils veulent s'arrêter pour quelques inflans, ils plient les genoux avec la plus grande précaution , & baifîent le corps en pro- portion afin d'empêcher leur charge de tomber ou de fe déranger; & dès qu'ils entendent le coup de fifflet de leur condudleur , ils fe relèvent avec les mêmes précautions & fe remettent en marche : ils broiuent chemin faifmt & par - tout où ils trouvent de l'herbe , C iiij 1 - '5 6 Hîjloîre Naturelle » mais jamais ils ne mangent la nuit , quand même ils auroient jeiiné pendant le jour, ils emploient ce temps à ruminer : ils dorment appuye's fur la poitrine , les pieds repliés (bus le ventre , ^ ruminent auiîi dans cette fituation. Lorfqu on les excède de travail & qu'ils iiiccombent iHie fois fous le faix , il n'y a nul moyen de les faire relever, on les frappe inuti- lement ; la dernière refîource pour \e$ coruillonner ell de leur ferrer les tefti- cules , & fouvent cela eft inutile ; ils s'obltinent à demeurer au lieu même où ils (ont tombés , & fi l'on continue de les maltraiter , ils fê défefpèrent & fc tuent, en battant la terre à droite & à gauche avec leur tête. Ils ne fè défendent ^li des pieds ni des dents , & n'ont pour ainfi dire d'autres armes que celles de -l'indignation ; ils crachent à la face de ceux qui les infultent , & l'on prétend que ^cette fîilive qu'ils lancent dans la colère efl acre & mordicante, au point de faire lever des ampoules fur la peau. Le lama eft haut d'environ" quatre pieds , & fon corps , y compris le cou ^ la tête ; €11 a cinq qm ^^ de Ign^ueur j {lu Lama & du Paco. 57 îc cou fcul a près de trois pieds de long. Cet animal a la tête bien faite , les yeux grands , le niuieau un peu alongé , ies ' ièvres épaiiïcs, la fupérieure fendue & l'iiiforieure un peu pendante ; il manque " de dents incilives & canines à la mâchoire fiipérieure. Les oreilles font longues de quatre pouces, il les porte en avant, les dreflb ck les remue avec flicilitc. La queud * n'a giière que huit pouces de lono- ; elle efl droite , menue & un peu relevée. Les pieds ionx. fourchus comme ceux' du bœuf, mais ils font lurmontes d'uil éperon en arrière , qui aide à l'animal à fe reienir £i à s'accrocher dans les pas' •difficiles : il efl couvert d'une laine courte" • fiir le dos , la croupe & la queue , mais ïon longue (wx les flancs & fous le venue i du relie , les lamas varient par les cou;»- ' leurs ; il y en a de blancs , de noirs & de mêles ^t). Leur lienie refîemblé (i) les lamas ont la tête petite à proportion du corps , fcmbiable en queic|iie chofe à cetic du che- val 6t du mouton ; la lèvre fupérieure , comme! celle du lièvre, e(l fendue au milieu, par-!;i ils crachent à dix pas loin contre ceux qui les inquiè- tent, & i'i ce crachat tombe fiir le vifage, il ftit Uiie lachc roulfatre où fc forme ibuvent une Mile i f5? Hiptre NatureÏÏe à celle des chèvres ; le mâle a le membre génital menu & recourbe', en forte qu'il pifî'e en arrière. C'eft un animal très- îafcif (kjf & qui cependant a beaucoup ifs ont le cou long, courbé en bas comme les cfia- meaux à la naiflance du corps , & ils leur reiremble- roient afTez bien s'ils avoient une bofle fur le dos : . leur hauteur eft d'envit-on quatre pieds & demi; ils marchent la tête levée & d'un pas fi réglé que les coups même ne peuvent les hâter; ils ne veulent point marcher la nuit avec leur charge ,. on les cébarraffe toLv les foirs de leurs fkrdeaux pour les lai(îèr paître; ils mangent peu & on ne leur donne jamais à boire ; ils ont le pied fourchu comme les moutons & un éperon au-defTus qui leur rend le pied rûr dans les rochers, leur laine a une odeur forte, eiie eft longue , bl.inche, grife & ronfle par taches , & aflez belle , quoique beaucoup inférieure à celle àti vigognes. Voyage fie Frf{ier , page i ^ S. (h) Salacijfwtum hoc ejfe anhnal îd nùhi conjeduratn facit , qihhi cum fui generis femellh fit defiitutum , magna cum pruriginc cajms fe commifceat y non lamen trcâis ut a/iâs capra hirco njcendente folent feJ liunn ventre accuhantibus , ita cogent& mimah anteriorihus cmribus, haque fuper nfcendens, cùit , non autem avcrfis ' clunibus. Adeo venere , vemali , automnal itjue tenipore , fihvulatur hoc animal ut illud viderim humile (juoddam jirajtpiwn av(nâ refertum conjcendijjt , genitaleqtie illi viagno cum murmure taindiu confi'icajfe qu» ufjue fimen ndderet , flurimis unu hora replicatis vicilius. Non tnwen concepere capra hujufce animalis femine rçfena» Matchibl. Epia. lib. V. • , du Lama & du Paco. Jp' ^e peine à s'accoupler. La femelle a l'ori- fice des parties de la génération très- petit ; elle fe prollerne pour attendre le mâle , & l'invite par Tes Ibupirs ; mais il fe pafle toujours plufieurs heures »• ., .• regardent avec étonnement <5l 'Hlflolre NatureÏÏé ciu'un , ils fans marquer d'abord ni crainte ni plai- fir ; enfuite ils foufflent des n;\rines & hennifTent à peu -près comme les che- vaux , & enfin ils prennent la fuite tous cnfèmble vers le fommet des montagnes; ils cherchent de préférence le côté du nord & la région froide ; ils grimpent & féjournent fouvent au - defTus de la ligne de neige : voyageant dans les glaces , & couverts de frimats , ils fe portent mieux que dans la région tempérée ; autant ils font nombreux & vigoureux dans les Sierras , qui font les parties élevées des Cordillères , autant ils font rares & ché- tifs dans les Lanos qui font au-deiTouSr On chafîe ces lamas fauvages pour en avoir la toifon ; les chiens ont beaucoup de peine à les fuivre ; & fi on leur donne le temps de gagner leurs rochers , ïe chafleur & les chiens font contraints de les abandonner. Ils paroifîent craindre Ja pefanteur de Tair autant que la cha- leur; on ne les trouve jamais dans les terres bafles ; & comme la chaîne des Cordillères qui eft élevée de plus de trois mille toifes au - deflus du niveau de la du Lama & Ju Paco* 6j mer au Pérou , fe foutient à peu-près à cette même élévation au Chily & jus- qu'aux terres Magellaniques , on y trouve des huanacus ou iamas fauvages en grand nombre fmj\ au lieu que du côté de la* nouvelle Eipagne où cette chaîne de mon- taornes fe rabaiiïe confidérablement oa o n'en trouve plus , & l'on n'y voit que les- limas domelUques que l'on prend la peine d'y conduire. Les pacos ou vigognes font aux lamas- v.ne efpèce fuccurlale , à peu-près comme' l'âne l'efl: au cheval ; ils font plus petits fm) Dans les tares cîu Port-defiré, à qiidquc diftance du détroit de Magellan , il y avoit bon nombre de ces bêtes fauvages ou brebis fauvages ^. que les Efpagnois appellent Wianaq^ues Quoi- qu'elles fuffent bien alertes & fort craintives, nous- en tuâmes fept pendant notre féjour, & l'on peut dire que ieur laine efl la plus fine qu'il y ait au; monde Elles vont par troupes de fix ou fept cents , & dès qu'elles aperçoivent quelqu'un , elles ronflent avec leurs narines & hennifTcnt comme des^ chevaux. Voyage de Wood, Suite des voyages de Dam- pier, tome V, page i 8 1 * — Gn voit au Tucuman ,. province voifine du Pérou ,, de greffes brebis qui fervent de bêtes de fomme, & dont la laine efl prcfque aufTi fine que de la foie, Voyage de Woodcs^ Sogçrs, tome 11, page 6j, ^4 Hîftoire Naturelle ëi moins propres au (ei vie e , mais plus utiles par leur dépouille ; la longue & fine laine dont ils font couverts eil: une marchandife de luxe aufli chère , aufii précicuie que la foie : les pacos , cjue Ton appelle aulfi a/pûçues , & qui font les vi- gognes doniefliqucs, font fou vent tomes noires & quelquefois d'un brun mêlé de fauve. Les vigognes ou pacos (iiuvagcs font de couleur de roie sèche, «î!c cetit: couleur naturelle eft fi fixe , qu'elle n^ s'aitère point fous la main de l'ouvrier : on fait de très - beaux gans , de très- bons bas avec c(?tLe laine de vigogne ^ J'on en fiit d'excelientes couvertures J Miii^ire des aventures des Fiibulliers, ;;. ///T, (p). Ce- t, je fuis précieux ni rcuffir tout dans nt tranf- fait atten- rubfiftem ft-à-dire , les mon- on qti'on es terres s les pays font en- uies dans Magcl- lus grand onaie, & pour les \ pas en même en icore aux , &c. où atteindre ; n'infiftç rs, /;. ^7^; « s âu Lama & du Paca, 6^ ftir cela que parce que j'imagine que ces animaux îeroient une excellente acquifition pour l'Europe , & produiroient plus de l:>iens réels que tout le métal f ç J du nouveau monde , qui n'a fervi qu'à nous charger d'un poids inutile , puifqu'oii avoit auparavant pour un gros d'or ou d'argent ce qui nous coi^ite une once dç ces mêmes métaux. Les animaux qui le nourrifTent d'herbes Se qui habitent les hautes moiitagnes de l'A fie, & même de l'Africjue , donnent les bézoards que l'on appelle orientaux, dont les vertus font le plus exaltées; ceux des montagnes de l'Europe , où la qualité des plantes ôl des herbes eft plus tempérée , ne produiient que de$ pelotes (ans vertu, qu'on appelle égagro- •piles : & dans l'A mériquc méridionale , tous les animaux qui fréquentent les mon- tagnes fous la zone torride , donnent d'autres bézoarJs que l'on appelle occi^ (^) Notf}, Quel Men ont produit en cfFet cc% riches mines du Pérou! il a péri des millions d'hommes , dans les entrailles de la leire pour les exploiter ; 6c i leur fang & leurs travaux n'ont fervi quà nous charw ger d'un poids incommode. 70 Htfloire Naturelle Mentaux , qui font encore plus folîcïes & peut - être aufli qualifies que les orien- taux. La vigogne fur - tout en fournit 1 en grand nombre , le huanacus en donne aufli , & l'on en tii^ des cerfs & des| chevreuils dans les montagnes de la nou- velle Elpagne (rj. Les lamas & les pacos ne donnent de beaux bézoards qu'autant qu'ils font huanacus & vigognes , c'eft- à-dire, dans leur état de liberté; ceux! qu'ils produifent dans leur condition de • fervitude , font petits , noirs & fans vertu , les meilleurs font ceux qui ont une cou- leur de vert obfcur, & ils viennent ordi- nairement des vigognes , fur-tout de celles qui habitent les parties les plus élevées de la montagne , & qui paifl^ent habituel- lement dans les neiges ; de ces vigognes montagnardes , les femelles comme ki\ jnâks produifent des bézoards , & ces (ry Nous favons qu'en la Neuve - Efpagne , il fe trouve â^s pierres de bézoards , combien qu'il îi'y ait point de vigugnes ni de guanacos, mais feule- ment des cerfs , en quelques-uns defquels on trouve cette pierre, Hifioire naturelle des Inès occidmaîes, far Acûjla, j>age zo-^i du Lûma & du Paco. y i ïîézoards du Pérou tiennent le premier rang après les bézoards orientaux &. lont beaucoup plus eftiniés que les bézoards de la nouvelle Ei'pagne, qui viennent des ^erfs ; & font les moins efficaces dç tous^ 7^ Hîfloire Naturelle BtnWW // . LVNAU (a) ET L'AÏ(b). X-* *o N a donné à ces deux animaux répithète de Parejfeux , à caufe de lal lenieiir de leurs niouveinens & de h * ' ■ difïiculiél (a) Vnan , nom de cet animal au Maragnon , 6c que nous avons adopté. Le P. d'Abbeville diftinguel deux cfpcces d'Unaus, le plus crrand, qui efl celui dont il e(l ici qucflion , qu'il appelle Unnu ouajfou ; & le plus petit qu'il nomme fimpieracnt Unau , qui t\\ le mtme animal que \'A'i. « Il y en a del » dfux {brics , dit-il, aucuns font grands environ ï« comme les lièvres, les auties font deux fois prefquc plus grands. A'IiJpon au Aîaragifion , j)age 2^z jj.I On a donne quelquç(<;»is à l'Unau le nom del Lèche ■ patte , mais ce nom qui feniWeroit avoir étél pris de rfiiibitude de cet animal , n'eft pas fondé,! car il ne loche pas les pieds, ni mune aucune autre! partie de Ion corps. TardigraJus Ceilonicus Catiihis. Seba , voi. ï , p. 54,! Tab. ? T, , fig. 4. Tiivdigrndm Cei'oniciisl fa mina. Ucm. ihid'. Tab, j ^. Ces figures lont a(fa| bonnes. ■ Tard'igradus jhjlihus an^n'is di laâylh , pflflkis />■/•[ dûâylts, Tardigradiis Ceilonicus. Le paYeJj'cux de Cejiani Briir. Ixigri. anim, pag. 35. Didaélylus. Bradypus m an! bus didaâj/lis catidâ mJliiX Linn. Syjh nat. edit. X , pacj. :; ç. (b) Ai, nom de cet animal au Brefil, & quel We iVnm & Je l'Ai 73 difficulté qu'ils ont à marcher ; mais nous nous avons adopté : ce nom vient du fon plaintif a, i, qu'il répète fbwvent. OuaiAare h la Guiane, (îelon Barrère ; flay , félon de Léty ; Heu ou Haulhi, félon Thevct; Perilb ligero, lelon Oviedo; Vnau , félon le Père d'Abbevillc j Haut , felou I^ieremberg. Arélopithecus, Gcfner , kofi, anim, pag. 9e, %; ibid. Islota. Cette dénomination Arâopithecus a été mal appliquée par Gefner à cet animal , qui ne tient ni de l'Ours ni du Singe. La figure eft aufll mauvaifc que le nom ; elle rcpréfente une face humaine , & n'a de \'rai que les trois ongles à tous les pieds ; cependant cette mauvaife figure a été copiée par Nieremberg, Jonflon & plufieurs autres. IgnaviiS , Cluf. Exot, pag, f r o , fig. prrg. f i fi, Uem.pag. )^2,fg. pag, S7S' ^^"^ féconde figure, donnée par Clufius , efl moins mauvaife que la première. Pigritîa fve Haut. Euf. Nieremberg, ////?, natp pag, 163 &. 1 64-^ Nora, De trois figures qu'S îSierembcrg donne de cet animal , il n'y en a aucune qui foit originale , la première efl copiée de Gefner;? les deux autres font copiées de Clufius , & toutes trois font mauvaifes: cependant la troifième, qui efl la féconde de Clufius , s'éloigne un peu moins de la nature que les deux premières» & elle a été répétée non-(eulemcnt par ^lieremberg, mais par beaucoup» d'autres. Unau. Dcfcription des Indes occidentales , ptvt de Laët t pages J S^ ^ diS, fig, ibid. Ces figures de de Laët font les mûmes que celles de Clufius. Jome XL ^^Sffiim 74 ^ Hijloire Naturelle > jiYons cru devoir leur conferver \t% noms qu'ils portent dans leur pays natal, d'abord pour ne les pas confondre avec d'autres animaux prelque auffi pareffeux Ai five Jgnavus.. Marcgr. Htfi, ttdt, Urafih pag. 221, fig. ibid. "Nota, Cictte figure eft encore la même que fa troifième de Nierembcrg , c'eft-à-dirc, la (êconda de Clufius. ! . K Ai fivc Ignnvus, Pifon » Hi(l. Braf. pag- 3 2 t & J 22. La f/gurc , p/igc }22 , efl encore la même que celle de Clufius ; mais il y z de plus la figure d'un, petit Ai rampant & le rquclettc d'un grand Ai. On voit aufTi au frontirpice de (on Livre une figure dç cet animai , grimpant fur un arbre. Ai feu Tardigraihs , graàlis , Americûtius^ Seba i vol. I, pag, /^ , Tuè, jj , fg, 2, Celte figure eft afitz bonne. . ' Ignavus, Marcgr. Oua.Tka.Ye ^ le Parefl!eux. lîarrère; Hifh nat, de la France équin, pag, 1 S4* Ignavus Amricanus rifum fétu mifcetts, Jgnavu$ Marcgravii Klein, de quadrirp. pag. 4.3. Tardigradus pedihus anticis & pfiicis tridaâylis» Tardigradus , le Pareffeux. BrifTon , Regrt, 0iim» t^^- 34" #- The Sloth, le Pareffeux. Edwards Glanurcs, part, Ih pi. ^ t o, La première figure n'cft pas mauvaife, «juoiquc faite d'après une peau bourrée. Tridx'iylis. Bradyjtus manilnis trida^jHs, caadû hem V-nn, J^^. r.iU, e'it. X, pag. ^4. , ^ srver les lys natal, idre avec parcfleux /. pag. 2 2 1» i même que , ia féconde ag. J2I f a même que figure d'un and Ai, On ne figure dç :df7/«^^ Seba; Lte figure eft ax. Barrère; rcw, Ignavui AT trUaâyHs» Regn, mm» ures, ^w/. //* as mauvaifej, , couda Item JeVUnauà' dcVAi. 75 cjuVux , & encore pour les dîftinguer iicttement i'un de I*autre: car, quoiqu'ils fc reflèmblent à plufieurs égards, ils dif- fèrent néanmoins tant à l'extérieur qu'4 l'intérieur, par des caradèrcs fi marqués, qu'il n'eft pas poffible , iorfqu'on les a examinés , de les prendre l'un pour l'autre , ni même de douter qu'ils ne foicnt de deux efpèces très-éloignées. L'Unau n'a point de queue & n'a que deux ongles aux pieds de devant ; l'Aï porte une queue courte & trois ongles à tous les pieds. L'unau a le mufèau plus long , le ^ont plus élevé , les oreilles plus apparentes que l'aï; il a auffi le poil tout différent: à l'intérieur , fes vifcères font autrement fitués & conformés différemment dans quelques-unes de leurs panies ; mais le caraiflère le plus diftindif , & en même temps le plus linguiier, c'eft que l'unau a quarante-fix côtes , tandis que l'aï n'en a que vingt-huit : cela (èul fuppole deux efpèces très-éloignées l'une de l'autre ; & ce nombre de quarante-fix côtes dans un animal dont le corps efl: fi court, eff une efpèce d'excès ou d'erreur de ia Nature ; car de tous les animaux, même des plut. Dif y 6 Hijloire Naturelle grands , & de ceux dont le corps eft le jjIus long , relativement à leur grofîeur, aucun n'a tant de chevrons à (Ii char- pente. L'éléphant n'a que quarante cotes, Je cheval trente-fix , le blaireau trente, le thieii vingt-fix , l'homme vingt-quatre , ^c. Celte différence dans la conflrudioii de l'unau &: de l'aï , ruppofe plus de /Jillan ce entre ces deux efpèces qu'il n'y ^n a entre celle du chien & du that qui ont le même nombre de côtes ; car 4es différences .extérieures ne le it rien en çomparaiibn des différences intérieures ; celles-ci font , pour ainfi dire , les caulès des autres qui n'en font que les effets. L'intérieur dans les êtres divans cft le fond du deffein de la Nature , c'efl la forme conllituante , c'eil la vraie figure ; l'extérieur n'en efl que h furfacc ou même la draperie; car, combien n'avons- uous pas vu, dans l'examen comparé que nous avons fait dts animaux , que cet .extérieur fouvent très^difîérent , recouvre un intérieur parfaitement femblabie ; & qu'au contraire la moindre différence in- térieure en produit de très - grandes a l'extérieur <5c cha^ige même Icb hrJjitude* ::s à 5t fi 'r}eWnaù& de F Aï '^y, mtiireHes , les facultés , les aitribirts cf«' J'animai î com}3ien n'y en a-t-ii pas qiif font armés , couverts , ornés de parties excédantes, & qiii cependant pour l'or-»» ganifation intérieure, refTemblent en en-^ tier à d'autres qui en font déjiuésî Mais ce n'eft point ici le lieu de nous éiendrô iur ce fujet, qui, pour être bien traité > fuppofe non-feulement une comparaifoii réfléchie , mais un développement fuivi de toutes les parties des êtres organi fés^ Nous dirons i'eulement , pour revenir à nos deux animaux, qu'autant la Nature nous a paru vive , agifîànte , exaltée dans les fmges, autant elle efl lente, contrainte & reflerrée dans ces pareifeux ; & c'eft moins parefTe que misère, c'eft défaut,- c'efl dénuement, c'eft vice dans la con- formation ; point de dents incifivcs nr canines, les yeux obfcurs & couverts, ^a mâchoire auffi lourde qu'épaifle , le poil plat & femblable à de l'herbe féchée,. les cuiffes mal emboîtées & prefque hors des hanches , les jambes trop courtes ,. mal tournées , & encore plus mal termi- nées ; point d'aiïiette de pied , point de pouces , point de doigts féparement' D il). y s . Nifloire Naturelle ' mobiles ; mais deux ou trois c igîcs ex- ccfli veinent longs, recourbés en defîbus, «|ui ne peuvent ie mouvoir qu'cnfemble  nuilent plus ^ marcher qu'ils ne fervent îi grimper ; la lenteur , la ftupidité , l'a- bandon de Ton être , & m«me la douleur èiabituelle, réfultans de cette conformation bizarre & néglige'e ; point d'armes pour attaquer ou fe défendre j nul moyen de iécurité , pas même en grattant la terre ; nulle refîource de falut dnns la fuite : confinés , je ne dis pas au pays , mais à la motte de terre , à l'arbre fous lequel ils font nés ; prifonniers au milieu de î'efpaçe ; ne pouvant parcourir qu'une 'loife en une heure fxj; grimpant avec fc) Fer'^0 Hgefo, five caftkufa agi fis , animai eji 'mnniuHi qua vulerim îgmvijfimum ; nam atUo lente mcvC' tuf , ut ad confidethium iter longum dumtaxat qulnqua- glnta fXJJjus , tntegro tUe IIH omis fit /« déles tranjlmum naturah Jim tarditate vim'ettir , nec a 4:lamati(ine ufla tint imjtuijione gmdvm acccUrat, Ovicdo in fummarb Ind. occid. cap. x X 1 I I, traduit de îEfpagnol en Latin par Clufius , Exotic. lib. V , •cap. XVl. Tmtd ejl ejus tarditas ut un/us dlei fjmtiê vlx qvwffuagma J^fus yeriranfire yoffit. Hcmancî. JRlJl, !ex, — Lci Portugais ont donné le nom de JP/infe à un animal affez cxtraordinaiw , il cft de la |;randcur du Cerigou /Sarigue ^ ,,,,.. .. LcderrièM # de rUiuiii & (le l'Ai. 79 pelire , fe traînant avec douleur , une voix plaintive & par acccns cntrccouj:)ts & cfl fi tardif, i\u\\ n'avajuc en •deux femaJMCs pas un jet de pierre. Dcfcr, d<:> ln^lts occitL pttr Henera» Amft. \6%z, jug. ^j 2, — Tarn hnius efl il/ius greffiis & nieinhorim ir.oius ut qtiMtcifn ipjis diclius nd Inpidis iduin cmuhmo truilu vix pnvltai, Pifon , Hifl» Draf. pag. 32». Naut, Cctic affèriioii de Pifon , coipruntcc de Maffé & de fl errera , cft très - exjcrcrée, — il n'y a point d animai plus pa- refiTcux que celui-ci , H ne /but point de lévriers pour ïe prendre à la courfe , une to'-tue fullîroit. Diptuir- chais, tome lïl, page joi» NoTA. Ceci cil enrôlée «xagéré, — Il leur Êiut huit ou neuf minutes pour D iii; IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) /. 1.0 l.l ;f iM lia I ^ IL 12.2 1.25 |u II 1.6 ■^ 6" ^ ► Photographie Sciences Corporation 33 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. H580 (716) 872-4503 s 4^ ^ z ^ 1^ io I^ijîotre Nature/le des déferts ; fi les hommes & les arfî- maux pui0ans s*y fufîënt anciennement multipliés , ces efpèces ne feroient paî parvenues jufqu'à nous , elles enflent été détruites par les autres , comme elles le feront un jour. Nous avons dit qu'il feinble que tout ce qui peut être , efl > ceci paroît en être un indice frappant ; ces pareflëiDt font le dernier terme de Te- xiftence dans l'ordre des animaux qui ont de la chair & du (img, une défeduofitë de plus les auroit empêchés de fubfifter; avancer an pied à !a diftitnce êe trois pouces, & ili ne les remuciu que l'Un apœs l'autre avec ia même lenteur; les coups ne fervent de rifen po':r leur fàirei doubler le pas, j'en ai feffé moi-même quelques-uns pour voir fi cela les animeroit , mais ils paroiflbient ififennbies, & on ne fauroit les contraindre à marcber plus vite. Voyage de Dawpier , tome 111, page /i ine paroiiTe avoir approché de la vérité. . ; 'ie rUnau & de l'Ai. %t\ régarder ces ébauches comme des êtres suiifi ahfoius que les autres; admettre àt^ oaufès finales pour de tels diiparates ; & trouver que la Nature y brille autant que dans iès beaux ouvrages, c*cft ne la voir que par un tube étroit , & prendre pour Ton but les fins de notre elprit. Pourquoi n'y auroit-il pas des eipèces d'animaux créées pour la misère, puifque dans Tclpèce humaine , le plus grand nombre y eil: voué dès la n^iflance \ le mal, à la vérité, vient plus de nous que de la Nature ; pour un malheureux qui ne Teft que parce qu'il eft né foibie,. impotent ou difforme , que de millions d'hommes le font par la feule dtireté dte leurs (èmblables î Les aniittaux font en général plus heureux , l'efpèce n'a rien à redouter de fes individus ; le mal n'a pour eux qu'une fouree ; il en a deux pour l'homme , celle du mal moRil qu'il a lui - même ouverte , eft un torrent qui s'cft accru comme une mer , dont le débordement couvre & afîDge la face entière de la terre; dans le ph y fi que au contraire , le mal eft rc (Terré dans des bornes eiroi.es, il va rarement feul , le î Hifloire NdtuHik i)ien cft fouvcm au-dcffus , ou chi moins cle niveau : peut-on douter du bonheur des animaux , s*ils (ont libres , s^ils ont ia faculté de fe procurer aiféinent leur fub- fiftance , & s'ils manquent moins tjue iious de la (ànté , des (èns & des organes nécefTaires ou relatifs au piaifir ! or \t comn^in des animaux eft à tous ces •égards très - richement doué; & les ef- .pèces difgraciées de Tunau & de l'aï, font peut-être ies fèuîes que Ja Nature iait maltraitées , les feules qui nous offrent rimage de la misère innée. ' Voyons - là de plus près ; faute de •«ïcnts, ces pauvres animaux ne peuvent ni fïifir une proie , ni fè nourrir de ^chair , ni même brouter l'herbe ; réduits à vivre de feuilles & de fruits (àuvages, ils confument du temps à fc traîner au ^ied d'un arbre , il leur en faut encore l3eaucoup (d) pour grimper |ufqu'aux jf^) Aucuns cftimam cette hht vivre feulement Je ■feuilles d'un certain arbre nommé en leur langue Amàhttt! cet arbre eft ha' "■' élevé fur tout tutrc de ■ce pays, fe fouilles fort ie$ & déliées., & pour ^Hïe que coûtumièremerjt elle efl en cet arbre/ ils l'ont e lée Hdut, SiiiQuU de la France ont, jmr Theuet,, 'derUtmu& deVAï. 6; ï)ranchcs ; & pendant ce lent & trifte «xercice, qui dure quelquefois plufieurs jmirs , ils (ont obligés de fupportqj !a faim , & peut - être de fouffrir le plus prefTant belbiii ; arrivés fur leur arbre, ils n'en defcendent plus, ils s'accrochent 41UX branches , ils le dépouillent par par- ties , mangent fuccefîivemcnt les feuilles Ag chaque rameau , pafl'ent ainfi plufieurs Semaines làns pouvoir délayer par aucune fflge loo» — L'animal Tartjje ne vit que de fcuilîcs d'arbres, dont les plus hautes brandies lui fervent de •retraite, il iiii faut deux jours pour y monter Les encquragcmens , les menaces & les coups mcme >nVmt pas ia force de le faire aller plus \î{e. Hijhire -Jts Indes , yar Maffe , juig. yi.NoTA. H errera dit la 'tncme chofe, & dans les mêmes termes, page 2 j2- — Le Sloth ou Parejfeux nefl pas tout à-fait fi p;ros <|ue l'ours mangeur de fournis ( Tamanoir ) , ni fi iiérifïc Il fe nourrit de feuilles Ces ani- •maux font beaucoup de mal aux arbres qu'ils attaquent, & ils font fi lents à fe remuer qu'après avoir mangé toutes les feuilles d'un arbre ils emploient cinq ou fix jours à defcendrc de celui là & à monter fur un autre» .quelque-proche qu'il foit, & i's n'ont que l:i pcau'*& les sOs avant d'arriver à ce iècond gîte, quoiqu'ils fiifïè«t l^s & dodus à leur defccntc du premier. Ils n'abïn- ilonnent jamais un arbre qu'ils ne l'aient tout mis en "pièces , & qu'ils ne l'aient aurti dépouillé qu'il pourrort l'être au cœur de l'hiver. Voyage de Dampier, tome /II, ■y'igt-' J^'S ' —""Il monte fur les arbres , naiis .!.£ft,fi i ! 84 flifloîre Naturelle ' boifTon cette nourriture aride ; & lorf^ Qu'ils ont ruiné leur fonds, & que i'ar- hx% efl entièrement nu , ils y redeut encore retenus par i'impoOlbilité d*en dei cendre ; enfin , quand le befbin fè jÀit de nouveau fèntir , qu'il prefTe & qu'il devient plus vif que la crainte du danger de la mort, ne pouvant defcen*- dre , ils iè laifîènt tomber & tombcm très - lourdement comme un bloc , une maffe fans reflbrt, car leurs jambes roides long- temps à y momcr qu'on a tout le foifir de \y prendre : quand on Ta pris ii ne fe défend point & ne fonge point à prendre fa fuite ; fi on lui préfente Une longue pwrche , il fe met aufTi - tôt en poflure d y monter , ce qu'il fait ii lentement que cela ed ennuyeux ; quand il efl au bout ii sj tient fans fe mettre en peine d'en dcfcendre, Vityage tte Cayenne for Binet , page /^/. — Les unaus ont quatre •jambes , & fi ils ne s'en fervent point , fî ce n'eft ■ pour grimper , & quand ils font fur un arbre , '\\s ne s'en retirent aucunement julqu'à ce qu'ils aient mangé toutes les feuilles , lors il defcend & fe met à manger de la terre tant qu'il remonte à un autre arbre pour y manger les feuilies comme au prccédenr. A— Nous plaçâmes cet. animal fur la plus baffe voile de milêne, il fut près de deux lieures à monter fuc ]a hune, où un iînge auroit grimpé en moins d'une demi-minute, vous auriez dit qu'il alloit par refTbct comme une pendule, V»yage de Woodcs Rogm-i^ le parefleufes n*ont pas le temps de s*é^ tendre pour rompre le coup» À terre , ils font livrés à tous leurs ennemis : comme leur chair n'ed pas ablbiument mauvaifè, les hommes & les animaux de proie les cherchent & ie$ tuent ; il paroît qu'ils multiplient peu , ou du moins, que s'ils produifent fréquem^ ment', ce n'eft c[tren petit nombre ; car ifs n'ont que deux mamelles : tout con* court donc à les détruire, & il eft bien difficile que refpèce fe maintienne ; il eft vrai que quoiqu'ils foicnt lents, gauches & prefqu'inhabiles au mouvement , ili font durs , forts de corps & vivaces ; qu'ils peuvent fiipporter long^ temps Ll privation /^^ y de toute nourriture ; que couverts d*un poil épais & fcc , & ne ' pouvant faire d'exercice, ils difllpent peu & engraifî'ent par le repos, quelque mai- gres que foient leurs alimens ; & que ' quoiqu'ils n'aient ni bois , ni corties fur /êj II me fût fait péfênt d'un haut en vie, iequel' je gardai bien l'efpace de vingt - fix jours , pendant Jèfc|uel.s jamais il ne voulut manger ni boire. Singuti- ^U fraice m* i>ar Tbevtty fcgt ^jp» JR6 Hiftolre Naturêle la tête , ni fabots aux pieds , ni dente lincifives à la mâchoire mferièure; ils font •cependant du nombre des animaux ru- minans , j& ont comme eux piufieur^ «flomacs; que par conféquent ils peu- vent compenler ce qui manque à la qualité de la nourriture par la quantité qu'ils en prennent à la fois ; & ce qiti efl encore extrêmement finguiier , c'eft qu'au lieu d'avoir, comme les ruminans^ des imeflins très-longs, ils \ç,s ont très- ipetits & plus courts que les animaux carnivores. L'ambiguité de la Nature pa- 'jïoït à découvert par ce contralle; l'iuiau & Va font certainement des animaux >ruminans , ils ont quatre eflomncs , ne fe rapporte qu'à raï. LVnau , quoi* 3> que très - pefant & d'une alure très- B> mal -adroite , monteroit & defcendroit à» piufieurs fois en un jour de l'arbre 9» le plus élevé. C'«fl iiir k déclin du » jour & dons ia nuit qu'il paroît s^a^ii- 3» mer davantage , ce qui pourroit jRûre >3 foupçonner qu'il voit très-mal le jour, .a> & que fà vue ne peut lui (crvir que 3» dans i'obrcurité. Quand j'achetai cet » animal à Amflerdam , on le nourrinfoit 9» avec du bifcuit de mer , Sa l'on me 3> dit que dans le temps de la verdure 11 d» ne Mdt le nourrir qu*»V€ç des ftuiUes» .\ ^c VUimn & de l'Ai* p Ii vacillante : cette conformation feule niç 53 paroît être une eaufe de la pareffe de •» cet animal , qui n*a d'aiileurs aucua >3» appétit violent, & ne reconnoît poim ceux qui le fbignent. » ■%■ ■V -'■ ---, K iftt- 1.. . *..- t ' V^ .l«^ !•* -A^- Tûnt^- XI » Pl.S.Pa4^. ^z. ui devient • Ion alure E ni moins w feule niç parefTe de turs aucuia noit poiiu V X/UNAU. *. ..ff- . i ■'!' .'T:^ XtVft^- JL£' Pt. û.ra,/.4;a . \ JEUNES Aïs $^ï * h. ' •• '-^'-' ■^••Y-'.i i/aI ADIFLTE. G fous Surin l'Am< fiourr M. d de foi notre penda ks rer tudes très - V quefoi avec U h tête cojnm4 attitude mettre Il n'ef] icinble Mang< ctofFc , 'P3 MMBMp L£ SURIKATE. C ET animîd a é\é acheté en HoHande, fous le nom de Surikate; il (è trouve à Surinam & dans ies autres provinces de l'Amérique méridionaJe : ^lous l'avons nourri pendant -quelque temps , & enfuite M. de Sève, qui a defîiné a|rec autant de foin que d'întelfigence les animaux 6c notre ouvrage, ayant gardé celui-ci vivant pendant pluiieurs mois , m'a communique les remarques qu'^l a faites fur fes habi- tudes naturelles. C'eft un joli animal , très -vif & très ^adroit, marchant quel- quefois defcout , (è tenant fouvent affis avec le corps très-droit, les bras pendans, la tête haute & mouvaiate fur le cou comme fur un pivot ; il prenoit cette attitude toutes les fois qu'il vouloit (e mettre auprès du feu pour fe chauffer. Il n'eft pas fi grand qu'un lapin, & ref- jèmble afTez par la taille & par le poil à la Mangoufle, il eft feulement un peu plus ctofFé , & a la queue moins longue ; niais p4 Htflolre Naturelle par le mufeau dont la partie fiipéneure cfl proéminente & relevée , il approche plus du Coati que d'aucun autre animal. Il a aufîi un caradère prefqu 'unique , puifqu'il n'appartient qu'à lui & à l'Hyaene; ces deux animaux font les feuls qui aient éga- lement quatre doigts à tous les pieds. Nous avions nourri ce furilcate d'abord avec du lait ,jiparce qu'il étoit fort jeune; mais (on ,goût pour la chair le déclara bientôt; il mangeoit avec avidité la viande crue , & fur - tout la chair de poulet ; il cherchoit aufli à furprendre les jeumcs animaux : un petit lapin qu'on élevoit dans la même mailbn feroit devenu la proie fi on l'eût lai0e faire. Il aimoit auffi beau- coup le poilTon & encore plus les œufs; on l'a vu tirer avec fes deux pattes ye'unies des œuft qu'on venoit de mettre dans l'eau pour cuire : il refulbit les fruits & même le pain à moins cju'on ne l'eût mâché ; fes pattes de devant lui lervoient comme à l'écureuil pour porter à là gueule. Il lapoit en buvant comme un chien, & ne buvoit point d'eau , à moins qu'elle ne fût tiède : (à boiffop ordinaire étoit Ton urine, quoiqu'elle eût une odeur très-forte» jérieure cfl roche plus iiknnl. Il a ! , puifqu'il yœne ; ces aient ega- pieds. «e d'abord fort jeune; fe déclara é ia viande poulet; il les jeivics Icvoit dans fa proie fi Luffi beau- i les œufs; ux pattes de mettre it les fruits n ne l'eût fervoient fa gueidc. chien, & qu'elle ne étoit Ton très-forte. 7l*m- XI Pt.8 Puif^S iî }ou ceiiim cnfaiii que 1 pris x>.. ,\ ILE SITRIKATE. t . du Smkatél 93 \i jouoît avec ics chats , & toujours inno- cemment; ii ne faifoit aucun mai aux cnfans , A ne mordoh qui que ce foit que le maître de ia maifon qu'il avoit pris en averfion. 11 ne (e fervoit pas de fcs dents pour ronger, mais il exerçoit fouvent (es ongles ôc grattoit k plâtre & les carreaux juiqu'à ce qu'il les eût de- gradés ; a étoit fi bien apprivoifé qu'il ciitendoit (on nom ; il ailoit ièul par toute ia maifon & revenoit dès qu'on l'appeloit. Il avoit deux fortes de voix , i'aboienient d'un jeune chien lorfqu'il s'ennuyoit d'cire feu! ou qu'il entendoit des bruits extraordinaires; & au contraire lorfqu'ii ëtoit excité par des carefîes , ou qu'il reiTentoit quelque mouvement de plaifir» il faifoit un bruit auffi vif & auffi frappé que celui d'une petite crcfîèHe tournée rapidement. Cet animal étoit femelle , & paroiflîbit fouvent être en chaleur quoique dans un climat trop froid , & qu'il n'a pa fupporter que pendant un hiver , quelque foin que l'on ait pris pour le nourrir ôl le chaufrer. • i ^ «.**,;• ^ • .J ■^S Hifioin Natiinlle LE TARSIER. INous avons eu cet aniinol par hafàrd & d'une perfonne qui n'a pu nous dire ni d'où il venoit, ni comment on l'appe- loit : cependant il eft très - remarquajjle par ia longueur exceffive de Tes jambes de derrière ; les os des pieds , & fur-tout ceux qui compofent la partie fupérieure du tarie font d'une grandeur démefui^-e, & c'eft de ce car«adère très-apparent que nous avons tiré fon nom. Le Tarfier n'cft cependant pas le feul animal dont les jambes de derrière foient ainfi con- formées ; la Gerboife a le tarfè encore plus long, îfinfi ce nom Tarfier que nous donnons aujourd'hui à cet animal ne doit être pris que pour un nom précaire qu'il faudra changer lorfqu/on connoîtra fon vrai nom , c'eft-À-dire , le nom qu'il porte dans le pays qu'il habite. La gerboifo fe trouve en Egypte , en Barbarie & aux Indes orientales : j'ai d'abord imaginé que le tarfier pouvoit être ifu Tarfter, 57 être du inêmc continent & du 1 né nie climat , parce qu'au premier coup d'œil il paroît lui reflembler beauc np * ; cei deux animaux font de la même grandeur, tous deux ne font pas plus gros qu'mi rat de moyenne groiîèur, tous deux ont les jambes de derrière excefiivement lon- gues & celles de devant extrêmement courtes ; tous deux ont la queue prodi- giculement alongee & garnie de grandîs poils à fon extrémité ; tous deux ont de très - grands yeux , des oreilles droites , larges & ouvertes ; tous deux ont égale- ment la partie inférieure de leurs longues jambes dénuée de poil , tandis que tout ie refte de leur corps en eft couvert : ces animauTt ayant de commun ces ca- raâères très-fmguliers & qui n'appartien- nent qu'à eux , il femble qu'on dcvroit préfumer qu'ils font d'efpèccs voifmes ott du moins d'efpèces produites par le même ciel & la même terre ; cependant en les * Pour avoir une idée nette de îa comparaifon Je ces deux animaux , nous prbns ie Ledleur <îe jeter les yeux fur- la figure de la Gerboife, donnée par M. Edwards, dans Tes Glanures, jiage t 8, & de U comparer à celle que nous dk^nnons ici du TurHcr. Tome XL E u '98 Hîfioire Naturelle comparant par d'autres parties , I*on doit non - feulement en douter , mais même pré fumer ie contraire, Le tarfier a cinq doigts à tous les pieds ; il a , pour ainh dire, quatre maii;is , car ces cinq doigts font très-iongs & bien féparës ; ie pouce des pieds de derrière eft terminé par un ongle plat , & quoique les ongles àt% liutres doigts (oient pointus, ils ïbnt en rnême temps fi courts & Çt petits qu'ils n'empêchent pas que Tanimai ne puifTe fe fervir de Tes quatre pieds comine de jnains ; \^ gerboife au coiitraire n'a cjiie quatre doigts & quatre ongles longs & courbés aux pieds de devant, & au lieu du pouce il n'y a qu'un tubercule fans ongle ; mais ce qui i'éloigne encore plus de notre tarfier, c'cfl: qu'elle n'a que trois doigts ou trois grands ongles aux pieds de derrière : cette différence eft trop grande pour qu'on puifTe regarder ces animaux comme d'efpèces voifines , & il pe feroit pas impofîible qu'ils fuffent aufîi très-éloignés par le climat; car le tarfier avec fa petite taille , fes quatre mains , fcs longs doigts , fes petits ongles , fii grande ^ue«e, fes longs pieds, ftmble ft yapr , l'on doit lais même ler a cinq pour ainu inq doigts ; ie pouce lié par un Dngles des Is font en etits qu'ils ne puifle :omin€ de re n'a qùç s longs ", w' "^ y < 3 . tt .| "r- «yi «• •\i . t ••■> .-^./-^'V:)^ . .r....> ., ■r^t;-«->> ■'■■ '. ..\ N. £ i; •A *^ ■ ï:00 Hifteire Nathrelk lË PHALANGER (a). c ES anim«iux qui nous ont été envoyés mâles & fèmelîes , (bus le nom de Rats de Surinam, ont beaucoup moins de rapport . avec les rats /qu'avec les animaux du mêjcne climat dont nous avons donné l'hifloire, ibus les nonis de Marmofe &. de CayopoIIin. On peut voir par la defcription très-exade qu'en a faite M. Daubenton , combien ils font éloignés des rats , fur-tout à l'intè- rieur. Nous avons donc cru devoir rejeter cette dénomination de rats df Surinam , comme cqmpofëe, & de plus comme mal appliquée ; aucun Naturalifte , aucun Voyageur n'ayant nommé ni indiqué cet animai , nous av^ns ûh fbn nom & nous l'avons tiré d'un caraétère qui ne (è trouve dans aucun autre animal , nous l'appelons Phalanger , parce qu'il a les phalanges iingulièrement conformées , & que de quatre doigts qui correspondent aux cinq ongles , dont fes pieds de derrière font armés , le premier eft foudé avec fon yoifin , en forte que ce double doigt faiï :«?-'■ •fc> î (a). é envoyés i de Rats de rapport du mêjCTke i'hiftoire, CayopoHîn, très-exaéle <:ombien lUt à î'intè- ro\x rejeter Surinam , onime mal , aucun ndiqué cet )m & nous e (è trouve l'appelons phalanges & que de it aux cinq :rrière font avec fon e doigt fait -<»««r«!t>«», »ii' iiii immiJKiii»»^-, ,4^*11.. "*fH^-W-'»#4*PW»»«¥^«! ï%<»f«>V|^ ^ ,-r^' ?* V? Jhnt ■ XI. r./. Ji>i .\y, * .;%: 5S >. -*y 'M iir /: '/// XI. P/. t.^.Pa. 'l ) . IJ . I : . w €Îu Pfidlangef. loi fn fourche & ne fe fépare cju*à la dernière phalange poiir arriver aux deux ongles* Le pouce e(l féparé des autres doigts & n'a point d'ongle à Ton extrémité : c* dernier caradlère , quoique remarquable , . n'eft point unique ; le Sarigue &l la Mar- mofe ont le pouce de même , mais aucun ji'a comme celui-ci les phalanges foudées. Il paroît que ces animaux varient entre eux pour les couleurs du poil , comme on le peut voir par les figures du m^e & de la femelle. Ils font de ia taille d'un petit lapin ou d'un très-gros rat , & font remarquables par l'excefîive longueur de leur queue, l'aiongement de leur mufeau & ia forme de leurs dents , qui (eule fuffiroit pour faire diftinguer le phalanger de la marmofè , du farigue , des rats , & de toutes les autres elpèces d 'animaux , auxquelles on voudroit le rapporierr .' .• * ,1- ^ 1 ' * T] : 102 Hifioire Naturelle e LE COQUALLIN. J *AI reconnu que cet animal qui nous a été envoyé d'Amérique, fous le nom à' Ecureuil orangé , étoit le même que Fer- nandès ("û) a indiqué fous celui de Quau- hkallotquapachli ou Coitiocotequallin ; mais comme ces mots de la langue Mexicaine font trop difficiles à prononcer pour nous, j*ai abrégé le dernier & j'en ai fait Co- quall'm , qui fera dorénavant le nom de cet animal. Ce n'eft point un écureuil quoiqu'il lui refTemble afTez par la figure & par le panache de la queue; car il en dîfrerc non-feulement par jplufieurs carac- tères extérieurs , mais auffi pa. ie naturel & les mœurs. Le Coquallin cft beaucoup plus grand que Técureuil, in duplam fere crefcit magni- ludinem, dit Fernandès, c'eft un joli ani- mal & très-remarquable par fès couleurs ; il a le ventre d'un beau jaune , & la tête , auflî-bien que le corps , variés de blanc , (a) Fr. Fernandès. Mijior» aaittit Nm Hif^ath «p. XXYI# pag. 8, du Co^iiaUtrté 103 àt noir, de brun & d'orangé; il (e couvre de fa queue comme l'écureuil , mais il n'a pas conune lui des pinceaux de poil à l'extrémité des oreilles ; il ne monte pas fur les arbres ; il habite comme l'écureuil de terre ( b ) que nous avons appelé le Sui£e , dans des trous & fous les racines des arbres ; il y fîiit (Ii bauge , & y élève fes pedts ; il remplit aulli Ton domicile de grains & de fruits pour s'en nourrir pendant l'hiver ; il efl: défiant & rufé , & même allez fxu'ouche pour ne jamais s'apprivoifer. Il paroît que le coquaîlin ne fè trouve que dans les parties méridionales de l'A- mérique : les écureuils blonds ou orangés des Indes orientales font bien plus petits , & leurs couleurs font uniformes ; ce font de vrais écureuils qui grimpent fur les arbres & y font leurs pedts , au lieu que le coquaîlin & le fuiue d'Amérique fe tiennent fous terre comme les lapins > & n'ont d'autre rapport avec l'écureuil que de lui reflèmbler par la figure. (h) Voyez le volumt VU «le cette Hiftoire NaturçHe j • ' E iii; to4 Hipolre Naturelle i! I I LE HAMSTER (a). JLj E Haiiiftcr eft un rat des plus flimcux ^ des plus nuifibles; & i\ nous n'avons pas donne Ton hifloire avec celle des autres rats , c'eft qu'alors nous ne l'avions pas vu, & que nous n'avons pu nous le procurer que dans ces derniers temps ; (a) Le Hamflcr. Crketus en Latin moderne, Ce nom , dit Gefner , paroît dérivé de la langue IHy- rienne, dans laquelle cet animal s'appelle Sh^ecifeck». JHamJler ou Hanicjler en Allemand ; nom que nous avons adopté comme étant celui de i animai dans ion pays natal. ChomikSkriccxek , en Polonoîs, félon Rzaczynski..» Auél. Hiji» Nat. Polôn. pag. 326. Crketus, Gefner, Hifl, quad, pag. 718, duet figuret %,ncett , ibidem, Porcellus fntinentarlus Theriotropheum Sikfia , à. Gaff), Schwenckfdd , Lignicii , 1603, P^S* ''^ & 119. dis ciitereo rufus in Aorfo , in ventre ntger , macuHs tribus ad îatera albis Marmota Argentoratsnfis» La marmotte de Strafbourg. BrlHon, Regn, aaimaL pag. \6'6, Criceius , mus cnudtifuhahbrevîatâ, auricuUs rotundatis, (erporefubtus nigro, laicribui rufefcentibus» Unn, t^f» muK, çdit. X; pag. 69^ 'du Hcjmfler. 105 encore ell-ce aux attentions confl^intcs de M. le marquis de Montmirail pour tout ce qui peut contribuer à l'avancement de THiftoire Naturelle & aux bontés de M. de Waitz Minillre d'État du Prince Landgrave de Hefle - Cafîel , que nous fommes redevables de la connoiflance précife & exade de cet animal. Il nous en ont envoyé deux vivans avec un Mé- moire inflrudif ( b ) fur leurs mœurs & leurs habitudes naturelles. Nous avons nourri l'un de ces animaux pendant quel^ ques mois pour l'obferver, & enfuite 011 l'a fournis à la dirfedlioii pour faire la defcription & la comparaifon des parties intérieures avec celles des autres rats ; on verra que par ces parties intérieures ic hamfler relTemble plus, au rat d*eau n (h) Voici un Mémoire aflfcz étendu fur refpccc de mulot que Ton appelle Hamjier dans ce pays , il m'a- été fourni par M. de Waitz , Miniftrc d'Etat du Landgra\e de HefTe-CafTel , qui joinr aux qualités les' plus propres à former un homme d'État le goût le plus viKpour l'Hilloirp Naturelle. ... il m'a envoyé en même temps deux de ces animaux vivans, que je vous etiverrai par la première octafion. Extrait d'uttL Lettre de M, It marquis de Montmirail À M, de Buffonç. date't de Rrumbach ^ ^ t juillet '762* ■*"' ■ ■f. ip il i. él î t Fioif Hiftotre Naturelle qu'à aucun autre animal ; il luî reflemble encoie par la petiteffe des yeux & la finefTe du pofl ; mais il n'a pas ia queue longue comme le rat d'eau , il l'a au contraire très - courte , pius courte que ie Campagnol, qui, comme nous l'avons dit, reffemblc attlfi beaticoup au rat d'eau par ia confbtmation intérieure. Le hamfter nous paroît être à l'égard du campagnol ce que fe Surmulot cft à l'égard du Mulot ; tous ces animaux vivent fous terre , & paroiflcnt animés du même ïnÇ- tin«îl ; ils ont à peu - près les mêmes habitudes, Se fur -tout celle de ramaffer ffes grains & d'en (Iiîre de gros magafms dans leurs trous. Nous nous étendrons donc beaucoup moins fur les reiïèm- blances de forme & les conformités de nature , que fur les différences relatives * tes difconvenances réelles qui féparent iè hamfl^^r de tous les rats , fouris & mulots dont nous avons parlé. ^gricda./i-/€ft le premier Auteur quî - v^ ■- fc) Hamfler pem quidam crîcetm nàmtnant exîfiit fraciUlJus & mordax adeo ut f eum eqties iacaute pcr» Pquatur , ptkût jfrêfilire & os équi appetere , iX Ji prt'- ktnderit wordkw tfnerè, lit terra cafiemis haMra, • « J f^»>r**Vjr •, \ /:w.r/ T. F. QO qUATXIN . /Y. n. Pa.^ji^' l.i: H A>^ S'iKR. du Hamfler, 107 ait donne des indications précifcs & dé* taillées au fujet de cet animal : Fabri- ciiis (d) y a ajouté quelques faits ; mais ftdts hdlkt aJmôdtim hreves / pîHs iit dorfo color efl fert t^pms': in ventre niger, in lateribus rutihis , fed mrumqut latiis macuUs alhis tribus numéro difîitt^uiturt Suprema capitis purs u( etiam cervt» eutndém quem dorfum hahet cçkrem, Temjma rutila funt ; guttur efl candidum .... ;;/'// aùteih Jic inhcerent cuti ut ex ea di^çiïlier evdU, pofmt .... atque ob hanc caufam iT vanetatem pelles ejus funt pretiofa : tnulta frumenti grana in fpecuni congerit iX utrinque demibus mandit .... ager Turingici eorum animalium plenus ob copiant & bonitatem frumenti, Gcorg. Agricola , de aithnamibus fvbterraneis. Apud Gefner, Hifi, quad, pag. 738. (d) HMitfitr animal efl ctgrefle fuh terra H^bitatfs. • • cohre varia, ventre non candido fed potius nîgerrîmo* . .' Dentés habet in anterioris oris ima fupremaque parte bin^s , prominentes & acutos , malas (fixas à" antplas,' umbas export ando împortandoque replet : (jmbaùus mandit.,,, cum ierram eflodit , primum anteriariùus pedibus (quoi tafpiZ ff miles habet orevitate fed minus latos ) eam «-' trahit , longius prcgreflus , ore exportât. Curiicu/os etd ûntrum plures agit çuoiti profttnditate f(d admodum an*-' guftos . , (intrum intus extendit ad çapiendif frtt- menti. . . . Aieffii temppre grana omnis gentris frumenti it/iportat .... terra ante cuniculos $reâa non tumuli modo afurgit , ut talparum tumuH , fed ut (tgger Slatfitur . . . Vefcitur hoc animal frumento omnis gentris et fl dnni aktur pane ac carnibus. In agro etiam mures venatur Cihum cum capit in pedes jn^fores er>gitur , quamvis autem corpçfe utigmimfit namâ tamn tfl pugn^ut V / ïo8 hijioire Naturelle Schwenckfeld (e) a plus fliît que tous ks autres ; il a diûequé Je bamiter , & il Ù* temerarium, LaceJJtmm quidquid we gejlat putfatU mroque fcde malis jubito egerit , reâa h^hm invadens , fpMm oris & affuliu protervum ac mina»» ....... ^ iV fuivant la qualité du terrein. Le domi- 30 crie du mâle a un conduit oblique , à » l'ouverture duquel il y a un monceau r> de terre exhauflé. A une diftance de » cette iflue oblique , il y a un (èul trou » qui dcfcend perpendiculairement jufques » aux chambres ou caveaux du domicile : » il ne iè trouve point de terre exhaudée y> auprès du trou , ce qui fait préfumer » que FifFue oblique eft creufée en com- » mençant par le dehors , & que i'iiïue >> perpendiculaire eft faite de dedans en » dehors , & de bas en haut. 3» Le domicile de la femelle a aufli un 39 conduit oblique & en même temps déux^ 'Ju Hamfter. 1 1 1? trois & jufqu'à huit trouG pcrpendicu- c< laires , pour donner une entrée & fortie c< libres à fes petits ; le mâle & la femelle ce ont chactin leur demeure féparée ; la ce femelle f;iit4a fienne plus profonde que c< le mâle. ce A côté des trous perpendiculaires , et à un ou deux pieds de diftancc ,- les ce hamfters des deux fexes creufent félon ce leur âge , & à proportion de leur mul- k tiplication , un , deux , trois & quatre ce caveaux particuliers , qui (ont en forme ce de voûte , tant par-deflTous que par- ce defîus, & plus ou moins fpacieux fuivant ce la quantité de leurs provi fions. paille ou d'herbe. La profondeur du 35 caveau eft très - différente , un jeune 5a hamfler dans la première année ne donne » qu'un pied de profondeur à fon caveau ; 3> un vieux hamller le creufe fbuvent juf- » qu'à quatre ou cinq pieds : le domicile 35 entier , , y compris toutes les commu- » nications & tous les caveaux , a quel- 3> quefois huit ou dix pieds de diamètre. 3> Ces animaux approvifionnent leurs 3> magafins de grains lècs & nettoyés , » de blé en épis , de pois & fèves en 3a coiïes qu'ils nettoient enfuite dans leur 33 demeure , & ifs tranfportent au dehors 35 les cofîes & les déchets des épis par » le conduit oblique. Pour apporter leurs 3> provifions ils fè fervent de leurs aba- 35 ^oues , dans lefquelies chacun peut, 3» porter à la fois plus d'un quart de eho- 3> pine de grains nettoyés. 3i» Le hamfter fait ordinairement fès 3> provifions de grains r à la fin d'août ; >3 lorfqu'il a rempli fes magafins , il les 35 couvre & en bouche foigneulement les 33 avenues avec de la terre , ce qui fait » qu^on ne découvre pa$ aifàiient là Ju Hamfler* W^ demeure : on ne la reconnoît que par «c le monceau de terre qui (c trouve ar es ce du conduit oblique dont nous avons dos brun & ie ventre noir. Cepen- » dant il 'y en a qui font gris, & cette 33 différence peut provenir de leur âge d> plus ou moins avancé, li s'en trouve y> aufîl quelques - uns qui font toui noirs ». Ces animaux s'entredétruifent mutuel- lement comme les mulots : de deux qui ëtoient dans la même cage , la fèmeiie ag, 2^)i idem. Auél, pag. 327. Clii favicans capite rufe/cente» . ." • Marm&ta Pohnical ,. jLa Marmotte de Pologne. BrifT. Reg. anim, p. i ^5, il ri9 Hîjtoke Naturelle forment pas deux cfpèces diftmeile Jttn?^; ou hienTAuteur a pris Swtok pour Sogury LES Vs tJ> ïiil m LES GERBOISES. ijr E R B Ô I S Ë efl: uii nôin générique que nous employons ici pour défigner des animaux remarquables par ia très- grande difproportion qui fe trouve entre les Jambes de derrière & celfes de devant , f'iîlies-ci n'étant pas fi grandes qUe ks mains d'une Taupe, & les autres refTèm- blant aux pieds d'un oilèau. Nous con- UoîiTons dans ce genre quatre èfpèces ou variétés fjien diftindes. i." Le Tarfier dont nous avo " fiit mention ci-devant, qui efl certaii ei c it d'une efpèce par-^ ticulièrc , parce qu'il a les doigts faits commis ceux des finges , & qu'il en 9 cinq à chaque pied. 2° Le Gerbo ^aj^^ (a) Gerbo, mot dérivé de Jerhmh ou Jerhoa, nont et cet animal en Arabie, & que nous avons adopté. Cerbo. Voyages de Corneille le Brun, Paris, 1714,1 page 4.0 6 , fig. page 4. t o. Gerboifc. Voltige de Paul Lucas , tome lï , page 7}^ fig. page 74. Jerboa. Voyage de Shaw , pag. 248, fig. p. 249; Alm jacuîus pedibus pyjlicis longijfmiis couda extrctn^ 0i>fâ, HafTelquift. Irin, cl, / ^ art» VU Tome XL "j/^ Y2f M flotte Naturelle ou gerboife proprement dite, qu! a îêè pieds faits comme les autres fifîipèdes, quatre doigts aux pieds de devant , & trois ^ ceux de derrière. 3.° L'AIagtaga (bj^ Le Gcrbua. Gknures d'Edwards , p. 1 8 , fig, pi. 2 1 9 j V' (^ ) Alcigutga , nom de cet animal chez les Tar^ , l;ares-MongGUS , & que nous avons adopte. M, Mel^ ^rchmid qui a rranlinis ce nom , dit qu'il Hgnifie ani~ ', » maf qui ne petit marcher ; cependant le mot alagtagd \\ -> me paroît très-voifin de letaga , qui, dans le mênrç - ^ pays , dcfigne le polatouche ou écureuil- volant ; ainfi je ferois porté à croire f\\x'alagtaga comme letaga* * font plutôt (\es noms génériques que fpécifiqùes, & i cfu'ifs défigncnt un dnimal qui vole, d'aut,1nt plus que / Strahlenbèrg , cité par M. Gmelin, au fujet de cc| jmimal, ïzi^^Wt Liéi're volait, t. ■ ' ' . Cunicuks feu kpus Indkus utias diéhs, AIdrov. dt ^h quad. digh. fig. pag. 595. Nota, t° M." Linnœus ' ' & Edwards ont rapporté au Gerbo cette figure doiincc * "~ pSr AUrovàfide , mars elle me proît convenir un peu mieux à l'alagtaga ; l'éperon ou quatrième doigt éks pieds de deci'ière y elt bien marqué", & c'eft par ce caradèrc que l'alagtaga diffère du Gerbo , qtn ii'a que trois doigts fans apparence d'un quairièipe, JNota, 2.° AIdrovandc a fait une fiiute en appliquant ' à cet animal le nom d'UtLis ; ce mot efl Américain fc n'a jamais été employé que pour défigrter un petit •; animai que les Efpagnols trouvèrent à Saint - Do- mingue lorfqu'ils y arrivèrent ; & depuis quelques Au- teurs l'ont appliqué au cochon d'Inde ; mais jamais !^ û n*a pu défjgnter ni l'alagtaga ni le gerbo. Je cxoii^ \ :z les Tar* •. M, Met; fignifie anl- )t alagtagd [îs le même Dlant -, îiinft .me letaga* îcifii^ues , & int plus qUÉ fujei de ce; des Gerloifes. tiy, rfoiit les jambes font conformées comme celles du gerbo , mais qui a cinq doigts aux pieds de devant & trois à ceux de derrière, avec un éperon qui peut paflèr pour un pouce ou quatrième doigt beaucoup plus court que ies autres. 4.* Le Daman Ifràél (c) ou Agneau d'Jfraël, qui a quatre doigts aux pieds de devant & cinq à ceux de derrière, qui pourroit bien être ie même animal que M. Lin- l ue ce mot utias , qu'on doit prononcer outiâs , vient tcomiàs, nom que quelques Auteurs donnent à l'acoutî ou agouti, & que pir conféquent Tutias ne défigne pas un autre animal que l'agouti , qui étoit & qui e(l encore naturel à l'île de Saint-Domingue , & qu'on y a trouvé iorfqu'on en fit lu découverte. Il y a eu Aq tout temps d:ins les Antilles (dit l'Auteur de fHif- toire àts Antilles ) quelques bêtes à quatre pieds ; telles que l'oportiim ( fariguc ) , le javaris (pécari) , le tatou , l'acouti & le rai mofqué (pilori). Hifi, Nat, des I/les Amilles , page 121. Cun'icuîus pumilh , fallens , cauda îongiffmiti. Gmelin* JVw. Corn, Acad, Peirop. tome V, tab. xi , fig. 1 . (c) Daman Ijracl , agneau d'Ifraël. Voyage de Shnw; tome II , page 75. Animal poddam pumite cunkuh non dîffunik , fed tmkulis nuijiis qiiod agnum filioriim Ilraël mticupaht, Profp. Alpin. Hift. Aî^^t* lib. I V , cap. i x , pag. 232* ; t;/i'ii;uleur que ceux du dos, &' au bo^. ei: eft garnie' de poils plus longs , plus doux , pluâ touffus , qui forment une efpèce de houpe noire au commencement & blanche à ^extrémité. Les jambes font nues & dà couleur' de chair , • aufîi-bien que le nez & les oreitlesT: le deflus- de' la tcte & le dos font couverts d'iîn poil rouffâtre , les flancs , le deffdus de la tête , la gorge, lé ventre & le dedans des cuifîës font blancs ; il y a au bas des reins & près dé la queue , une grande bande noire tranP- Verlàle en forme de croiffant. (e), L'alagtaga eft plus petit qu'un lapin , • îl a le corps plus court, fes oreilles font longues , larges , nues ) minces , tranf*- ' parentes ' & parfemées de vaifFcaux fan-^ (é) Voici les dimenfîons de cet animal, données paé ' Haflèlquift. Alagnitudo corporis ut in mure domeflico tua^ jfire. Menfuratio capih poil, i . corp, poil, z -j. caufK ' pi th. I -^^ pejl, ped, fpith, \. cmieu infia poWcctni Afyj^^* p^ifp9ll.J.- ■ : ^^^ -4 F 1!)/ '12^ Htfioîre Naturelle . guins très - apparens ; la mâchoire fu- périeure eft beaucoup plus ample que l'inférieure , mais obtulè &l afTez large ^ l'extrémité ; il y a de grandes moul- tachcs autour de la gueule ; les dents font comme celles des rats ; les yeux grands , l'iris & la paupière brunes ; le corps eft étroit en avant , fort large & prefque rond en arrière , la queue très- longue & moins grofle qu'un petit doigt, il elle eft cotiverte fur plus des deux tiers de fa longueur , de poils courts & rudes ; fur le dernier tiers ils font plus longs & encore beaucoup plus longs , plus touffus & plus doux vers le bout où ils forment une efpèce de touffe jioire au commencement , & blanche à l'extrémité. Les pieds de devant font très - courts , ils ont cinq doigts ; ceux de derrière qui font très - longs n'en ont que quatre , dont trois font fitués en avant , & je quatrième eft à un pouce de diftance des autres ; tous ces doigts font garnis d'ongles plus courts dans ceux de devant , & un peu plus >, iongs dans ceux de derrière. Le poil de . <:ct animal eft doux & aflêz long , fauve '> ■ dei Gerhoifes, la^^ fur le dos , blanc fous le ventre ("fj. L'on voit en comparant ces deux def^ criptions dont la première efl tirée d'Ed- ivards & d'Hafîeiquift , & la féconde d)e Gmelin , que ces animaux ie reflembler^t l^refqu'autant qu'il efl: poifible ; le gerbp efl feulement plus petit que Talagtaga,, Si n*a que quatre doigts aux pieds dp devant, & trois à ceux de derrière fan^ cperon , au lieu que celui-ci en a cinq aux pieds de devant , & quatre , c'eft-àr- dire , trois grands & un éperon à ceuf de derrière ; mais je fuis très - porté ^ croire que cette différence n'eft pas conf- iante , car le dodeur Sjiaw /gj qui ^ doimé la defçription & ia figure d'un gerbo de Bîjrbarie , le repr^'lqite ^vç^ M /f) Voici Içs Himenfions (Je cet animal, (Jonnéips pajp Cmelin. Longitudo au extremo roflro ad initium cqud^ poil. 6 ; ad ocubs polL ■• ^uricularum poli, i ~'; eau dit poil. 8 7 ; pedum ameriorum ait humtro ad exmmoi ujqut digiios poil, I -7/ pedum pofleriorimi àfuff'ragmibus ed initium ufqtu cakçinei poil, } ; à calcaneo ad exortum digiti pofierioris poil, i / ad extwiios ungùes poil. 2, Latitude corporis éfitterioris poil» 1 j, ppjler loris poil, j , auricHr hrum poil, ~ ' ' ' (g) VoyagCidu Dodeur 5haw, foges 2^8 it, '^f9>Js^ _ .... - 'i^t^i ,-''-^.V« ^i'*'i 1, > fi 2 8" Hiflotre Naturtlk cet éperon ou quatrième doigt nux pîeA de derrière; & M. Edwards remarcfue qu'il a foigneufement obfervé les deux gerhos qu'il a vus en Angleterre , & qu'il ne leur a pas trouve cet éperon ; ainfî ce caracfVère qui paroîtrot diftinguer fper cifiqueiuent le gerbo & l'alagtaga n'étant pas confiant, devient nul & marque plu«- tôt l'identité que la diverfité d'efpèce ; la différence de grandeur ne prouve pas non plus que ce Ibient deux espèces diffé- rentes, il fe peut que M/' Edwards ôc Haffclquift n'aient décrit que de jeunes gerbos, & M. Gmelin un vieux alag- taga : il n'y a que- deux chofes qui me iaifFent quelque doute , la proportion dé la queue qui eft beaucoup plus grande dans fe gerbo que dans l'alagtaga, & fa. différence du climat où ils lé trouvent. Xe gerbo eft commun en Circafîie (h)\ en Egypte (ï), en Barbarie, en Arabie, (h} On trouve en CircafTié .auflTi-biçn qu'en Pérfè, en Arabie & aux environs de B^bylone , une cfpècc dont l'alagtaga , malgré ces différences ^ ■ ne nous paroît être qu'une variété; Ces petits animaux cachent ordiriai- ' rement leurs mains ou pieds de devant ^" dans leur poil , en forte qu'on dirort qu'ils: ' n'ont d'autres pieds que ceux de derrière;'- pour fe tranfporter d'un lieu à un autre , - îfs ne marchent pas , c'eft-à-dire , qu'ils^ n'avancent pas les pieds l'un aprè^ l'autre * • mais ils fautent très - légèrement & très- ^ vîte , à trob ou quatre pieds de diftance j* '' & toujours debout comme des oifeaux ; en repos, ils font affis fur leurs genoux,, ils ne dorment que ie jour & jamais la- jiuit ; ils mangent du grain & des herbes ' roient très-fort (\xt leurs deux jambes tJè derrière; elles* ■' cioient fi ionoues qu'ils (emblortnt montes fur itf ' cchiifTes. Ces animaux terrent comme les lapins. On*^ en prit fept cjuc j'emportai ; il m'en eft refté deux que'" j'ai apportés en France , où ils ont vécu à la Mena-* gerie du Uoi pendant deux ans. Veydge de Paul Lucti^i' ' IjO H]f}o}rc Naturelle comme les lièvres ; ils font d'un naturel ftffcz doux , & néanmoins ils ne s'appri- voifent que jufqu'à un certain point , ils fe creufent des terriers comme les lapins , & en beaucoup moins de temps ; ils y font un magafin d'iierbcs fur ia fin de l*èié, & dans les pays froids ils y paflent l'hiver. Comme nous n'avons pas été à portée de faire la dîiïe<îlion de cet animal , & que M. Gmelin eft le feul qui ait padé de la conformation de fes parties inté- rieures , nous donnons ici fes obfervations en attendant qu'on en ait de plus pré- ciles & de plus étendues (k). A Vécr^rd du daman ou agneau d'Ifraèl qui nous paroît être du genre des gcr- f/ij Œfophûgiis , uti in lepore if cunîcuh, medi» venn;culo inferitur , inteflinum cactim brève affmmium fed artiplum eff ht proceffum vérmifomiem , duos poHices httgum .éthiens, Chokdochus mox infra pyhrrum intçjllnwn (ubitt -Veficn urïnaria citrinu aijuâ phui , meri nulla pUne dif- tindio : vagina enim canalis injlar fint uUis artificiis in puhem ufqne p-otenja in duo mox cornua dividitiir , qua uhi ovtrriis appropinquant viulia^ inflexiones ficium & in opa» riis termiitantur. Penem viafculus hahet fans magnum , cid cir'ca vefica urinarice colhim vefictda feminales unciam tfm dinifJio ionga , gracih if fxtremitatihs intorta adjacent, Foramen autjinus qunfdam inkr totum if peMUt^ -t. H €fes Gerhoifes. 1311 |}oi(es , parce qu'il a comme elles les jambes de devant très - courtes en corn- ])araifon de celles de derricre, nous ne pouvons mieux faire , ne l'ayant jamais vu , que de citer ce qu'en dit Je dov^ur Shaw , qui é|oit à portée de le comparse avec le gerbo , <& ,qui çn parje cprnine de deux efpèces çlifferej^'^tes : e< le daman Ilraël, dit cet Auteur, e(l aulîi uïi ani- çc mal du mont Liban , mais également « commun dans la Syrie & dans la Phé 5 •5» faf retraite ordinaire ell dans les ixfs^^ -»^&' fentes de rochers, ce qui me faà î» croire, continue M.' S ha w, que c'eft :^ cet animai plutôt que le jerboa (gerbo) 5> qu'on doit prendre pour \t faphan de 3> i'Écriaire j peribnjie n*a pu me dire » lé noiTi nvoderne de daman Ifraël, qui 'figm^Q ûgneau d'Jfraël vt ( l ), Profper A Ipin qui avôit indiqué cet- animal avant îe- dodeur Shaw ) dit que fa chair eft excellente à manger, & qu'il eft plus gros , que notre lapin d'Europe; mais-ce der*- nier fait paroît douteux ,> car le dodleur Shaw Ta retrai^ché du pafîàge de Profp^ Aipin > qu'il cite au rcfte en entier.» 01 yoyge dc.Shaw, tome II, page //g . ri.ï « ♦ f/ "f ^t'^f^^m. ..f5ir tf s LA MANGOUSTE (a), J^ A Màngoiîfle efl domeftique èif' Egypte comme le chat Teft en. Elirope^i , ^ elle ièrt de même à prendre les lburj$ ^ ffij Mangoufle , mot dérivé dé Mangutta ; nom d^ ipet animai aux Indes. Ichneumon en Grtc & en Latin. Te(tT-dea en ArabéJ félon le dodèùr Shaw. î -i Mungo par les Portugais, & Muncus par îes î-îoN Jandoi^ de l'Inde , félon Kàmpfer, Qui/ ou Quilfpele à • "Gcylan, fefort Gardas du Jarditti Chiri au Malabar», feion le P. Vincent Marie. ' ifcr Hh. IX , cap, 6»'-' , Ichneumon, que les Égyptiens nomment Rat- de fha* yaon, Ohjewations de Bdon , Paris, 1555, feuillet p f^J Jg., ibid. r— Le rat de'Phataon ^ JBelon ,. de la nature des Poifons, Paris ,1555» V^g' S S > fë' V^i^J?- Ichnewmnfvt LutM ^g)ipii, AIdrov. de quad.tUgi'fm- "pag. 298, fig. pag. 301. SerpentkUnfive Aluncos. Rumph. //(?r^ Vlll, p. 4^1 -. tab. a8, fi^. 2 & 3. Viverra Mungo, Kœmpfer/ ^/wag. fig. IV , pag, 299 , fig. ièid^ Muflela pilis ex éhido i^ nigricante variegntis vefiita» \ichneumont riius PA^raoms. kbneuman ou \%M2^ngou^e, vulgairement le rat de Pharaon, BrifT. Regn, wm^ pag. 150. . • ^ . '^. - Ichneumon. Vi verra caudi i haji incrcfata Jeàjim atte-i ituatft, Linu. Syjl. nar, edit. X. (b) M'hi ichneumon fuit utilijfimus ad mures ex mé cuhiculo fugiind^s , . , . . vnum alui a quo murium damna, flâne ceffirunr fi quidcni quotquot ofènd'bat îmerimebat , JuTgeque ad hos necandos fidgandojque fêle efl ichneunm mtilionVtoCp, Alp. Defsrîpt, jEgy^H.M*pi. , p» ^^5^ ^e h Mdngwfle» 1 3 j' qui lui paroît vivant, & (e nourrit de toute lubllance animale; l'on courage eft jv expforato kabent aiîtidotn, Kœmpfcr, Anuenit.p. jy^,— - Dans rinde * il eft une racine qui ne produit ni tronc » ri hranches , ni feuilles, qui s'appefle chiri , nom qu elle tire d'un animal qui fait feu! la reconnoître & la trouver. Cet animal e(î grand comme une marte, &. lut Te(Tembie aflTez par la forme , excepté qu'il eu un peu plus corfë (corpuknto) : la couleur de fon poil e,ft obfcure, qui cfl dur, tendu & hcrifle comme celui àts fangliers^ mais moins long; fa queue eft charnue, liflè & unltf comme celle de la marte. L'antipathie (^e cet anlnoal^g li \t'f6' T^ifloke NattireÏÏt cfe Ton nom, & qu'ils difent être ûh cîd? plus fiirs & des plus puifl'ans remèdes contre ia morfure de la vipère ou de rafpic; elle mange les œufs cki crocodile comme ceux des poules & des oiieaux, elle tue Sa mange aufîi les petits croco* diles (d), quoiqu'ils foient déjà très-forts Î)eu de temps après qu'ils font fortis de 'œuf; & comme la fable efl toujours mife par les hommes à la- fuite de la vérité^ ou a prétendu qu'en vertu de cette^ ami- pathic pour le crocodile, la mangouftc çntroit dans (on corps lorfqu'il étoit en- pour lés fcrpens cft extrtor^naire , h il rie fehible s'oc^ leupcr qu'à leur tendre àti cnahikhcs Les chaf- fturs ont obrervé qu'il va déterrer la racine dont nous venons de parler, foit pour fe gucnV, (bit pcnr fc préTerver de rtffàt du venin . » » on fa regarde comme le meilleur antidote qire l'Iade foumifîc. Voyrge du Pèn Vinrem Marie , traduélioil communiquce par M. i» marquis de Montmiruil. ' (d) \Jlchneumen ou rat de Fhrvtaf^n ; efl Une crpccè (de petit cochon fainave, joK & très-aifé à apprii voifer , qui a le p>il hérUfe comrtte un porc épie \ il efl ennemi àt% antres rats, & lur-tout des croc guliers &: dirtindifs de l'être qu'on décrit , y font con» /ondus avec les figncs les plus obfcurs , les plus inditfé* rcns^'^ les plus étiuivoqucs : 5 .* Enfin parce que le trop grand nombre de petits rapports & de combinaifons pre. caires dont on cft obligé de charger fa mémoire , ren-» ifént le travail du ledeur plus grand que celui de i'au-» tcur, & les laifîè tous- les deux auffrignoratis qu'ils l'é* toient. Une preuve qu'aveccette méthod?on r€difpenr(j de lire & de s'iiiftruirc , c'eft i.* la faufle imputation que l'Auteur fait aux François au fujct du rat de i^h;^ raon ; c'eft, 2.** l'erreur qu'il commet en donnant h cet animal le nom Arabe Nems , tandis que ce mdt Arabe eft le nom du furet & non pas celui de la iTjangourte; il ne filloit pas même fa voir l'Arabe pour éviter cette faute, il auroit fuffi d'avoir lîi les Voyages de ceux qui l'avoient précédé dans le mêmf J^y?*'}^ JLoniiflrîon qu il fait dq çhofès cnfentielle^i' \' 'êe h Maugotifle', 14 tl jK)r Js des eaux ; clans les inondations , elle gagne les terres élevées, & s'approche Ibuvent des lieux habités pour y cher-» cher fa proie , elle marche lans faire au-' Clin bruit , & (elon le befoin elle varie la démarche ; quelquefois elle porte la tête haute , raccourcit Ton corps , & s'élève fur lès jambes ; d'autres fois elle a l'air (le ramper & de s'alonger comme un (èr- pent , fouvent elle s'aliicd fur (qs pieds de derrière , ôl plus fouvent encore elie î'élance comme un trait fur ia proie qu'elle veut faifir , elle a les yeux vifs & pleins de feu , la phyfionomie fine, le corps très - agile , les jambes courtes , Il queue grofïè ,& très -longue, le poil fcn même temps qu'il s'étend fans mefure^fur les mi ditfcrcntes; par exemple, il décrit ia giraffe auflî minutieufement que ia ma^goufle, & ne iaiffe pas que «le manquer le caraélère eflTentiei, qui eft de (avoir lî les cornes font permanentes ou fi elles tombent tous ïes ans: dans vingt fois plus de paroles qu'il n'en faut, l'on ne trouve pas ie mot néccflaire, & l'on ne peut juger par fa deftription fi ia giraffe cfl du genre é& cerfs ou de celui des boeufs. Mais c'eft afftz s'arrêter fur une critique que tout Fiomme fenfé ne manquera ps de faire lorfque de pareils ouvrages lui tqmberoi)j( f ntre lc£ .niaips. 14^^ Htjlcire Naturelle rude & fouvent hérifle ; le mâle & la fc- nielle (g ) ont tous deux une ouverture remarquable & indépendante des con- duits naturels, une ei'pèce de poche dans laquelle Te filtre une humeur odorante; on prétend que la mangoufte ouvre cette poche pour le rafraîchir lorfqu clic a trop chaud : (on mufeau trop pointu & iii gueule étroite i empêchent de iaifir & de mordre les chofes un peu groiïcs, mais ( g ) Les hahitans d'Alexandrie nourriflent une bête nommée ichncurnon , qui ell particulièrement trouvée en Egypte. On la peut apprivcùier es maifons tout ainfi comme un chat ou un chien. Le vulcraire a celFé de ia nommer par (on nom ancien , car ils la nom- ment m leur langage, rat de Pharaon. Or nous avons vu que les payfans en apportoient i\cs petits au marclié d'Alexandrie, où ils (ont bien recueillis pour en nour- rir es maifon* , à caufe qu'ils chaflent les rats Jes ferpens, &c. Cet animal efl cauteleux en épiant fa pâture il fe nourrit indifféremment de toutes viandes vives, comme d'efcarbots, lézards, chanie- Jéons , & généralement de toutes erpèces de fèrpens, de grenouilles, rats & Iburis ; il eft friand i\c$ oileaux , despoules.& poulets: quand il eft courroucé, il hérifTe fon poil il a une particulière marque, c'cft un grand pertuis tout entouré de poil hors le conduit de l'excrément , refTemblant quafi au memiire honteux dt^ femelles, lequel conduit il ouvre lorlqu'il a grand iphaud. Beha, ObJ, leuil. ^5 , verji\ \^ rZ? la Ma tt gonfle: '143 elle fait fupplcer par agilité , par courage , aux armes & à la force qui lui man- quent , elle étrangle aifément un chat , quoique plus gros & plus fort qu'elle, fouvent elle combat les chiens, & quel- que grands qu'ils foient elle s'en fait ref- pedler. Cçt animal croît promptement & ne vit pas long -temps (h), il (è trouve eu grand nombre dans toute l'A fie méri- dionale ( i ) t depuis l'Egypte jufqu'à fh) Files if ichneumm tôt numéro parium tpiot canes , vefcmturque eifdem , vivum circiter annosfex. Arift. HijI» atiini. lib, VI , cap. 35. //7 Mungos alunt rurn cahntîs Âfa omrtts , vfque ad Cangem , etiam in Us regionibus in quihus radix wungo îimçuam gerniinavit^ Koempf. Amanit, p. 5 74.. ■— La inangoufte crt un petit animal très-joli, fait à peu- près comrne nos belettes de France mais d'une couleur incotnparablerhént plus belle. , . . Le Wané & le noir dominent fur chaque poil , & il y a une dpèce de rbuge qui fait la nuance entre le noir & fc blanc. Sa queue efl couverte d'un poil avec les mêmes nuances , & plus iong que celui du corps. Il a la tête couverte d'un petit poil ras; (t?, yeux font gros & Tes oreilles courtes & arrondies : cette manti;oufte avoit deux pieds & demi de long depuis la tête juf- qua l'extrémité de la queue..... elle venoit du royaume de Calicut , & a été apportée en France dans un vailfeau de notre efcadre; elle a vécu ù 1 4.4; Wiflohe "Naturelle Java , & il paroit qu'il Ib trouve aufîj ea Afrique, julqu'au cap * ■ * ..>■•', , V •"*; , (i Tome XI. t46 Hijloke Naturelk mmm KM LA FOSSANE (a). Q. ,u E L Q u E S Voyageurs ont appelé Ja Fofîîine , Genette de Madagafcar, parce quelle refl'emble à la Genette par les couleurs du poil , & par quelques autres rapports : cependant elle efî conflamment plus petite; & ce qui nous fait penfer que ce n'eft: point une genette , c'eft qu'elle n'a pas la poche odoriférante qui, dans cet animal , eft an attribut elTentiel, Comme nous étions incertains de ce fiit, n'ayant pu nous procurer l'animal pour le difféquer , nous avons confuké par lettres M. Poivre , qui nous en a envoyé Li peau bourrée , & il a eu la bonté de nous répondre dans les termes fuivans: Lyon, ip juillet ij6i. « La Folîànc >3 que j'ai apportée de Madagafcar , eft >3 un animal qui a les mœurs de notre y> fouine : les habitans de l'île m'ont aiîuré » que la. fofTane mâle étant en chaleur, (a) Foffd ou Fojtane, nom de cet animal à Ma- dagafcar , & que nous avons adopte. \^- Je la Foffcine» ' 147 les parties avoient une forte odeur de ce lîiufc. Lorfquc j'ai fiiit empailler celle cf qui elt au Jardin du Roi, je l'examinai ce attentivement, je n'y découvris aucune ce pociie , & je ne lui trouvai aucune ce odeur de parfum. J'ai élevé un animal ce fcmblable à la Cochinchine, & un autre c< aux îles Philippines , l'un & l'autre petit que le chat, il efl marqueté cojnmc j îa civette. » Nous ne connoilTons pas d'animal auquel ces indications qui font affez précifcs conviennent mieux qu'à la foffanç. (b) Voyage en Guinée par Bofman, /w^f ^i^i . j^^. »#* I, l'aide 2J^> • ' ;/ C. ^>.> , J.':r. I \ ^> »4» LE VANSIRE (a), V>EUX qui ont parlé dé cet aniinal, l'ont pris pour un furet, auquel en efïet il reflemble à beaucoup d'ëgards , cc- pendant il en diffère par des caraclcres qiii nous paroiflent Tuffifans pour en fiiire une efpèce diflinde & fcparée. I.e Van- fire a douze cFents mâchelières dans la mâchoire fupéricure , au lieu que le furet n'en a que huit ; & Tes' mâchclicres d'en bas , quoiqu'en égal nombre de dix dans ces deux animaux , ne fc refîembjent ni par la forme ni par la fituaiion rei'pecflive : d'ailleurs le vanfire diffère par la cou- leur du poil, de tous nos fmcts, quoique ceux- ci , comme tous les animaux que (n) Vanfre , mot dérive cîc Vahung shira , nom cie cet nnimal à M:uiagîifcar. f.a province de B;ïlta, tl.ms ic royaume de Concio,, offre une infiniréde beaux (iiMes (m:\rtres), qui portent le nom d'Infire. Hii'loire géiU'ruft es Kyvii^'i'*, tome V, pnae 87. Nof.u 11 n'y a point dft f.il)lc> ou de niurtrcs à Coii^jo, c<;. !;i re(rtmhl;înce du nnin nciis fi'.it croire (jue rinll;.'.' de Congo pwurroit Kicn glre !c vanfire de MaJaa.ilcar. G iij T h U- 150 ^ Hîftoire Naîurelle l'homme prend foin d'élever & de multi- plier , varient beaucoup entre eux , même du mâle à la femelle. Il nous paroît que l'animal indiqué par Seba (bj fous la dénomination de Belette de Java, qu'il dit que les habitans de Mcette île nomment Koger-Angan, & qu'en- > fuite M. Briffon /cj ^ nommé Furet de Java, pourroit bien être le même ani- mal que le vanfire ; c'efl au moins de tous les animaux connus , celui duquel il approche le plus ; mais ce qui nous empêche de prononcer décirivement , c'eft que la defcription de S^ba n'eft pas aflez complète pour qu'on puifle établir la jufte comparaifon qui fcroit iiéceflàire pour juger iâns fcrupule. Nous la mettons fous les yeux du iedeur (d)^ *■ (If) AluJieU Jamnka, Ab incolîs Javct Kogcr-anjran vocatur, Scba , vol. I, pag. 77, n," 4, lab. 48, fig. 4. (cj Alujîeln fupra mfa , infm dïîute Flara, cauJa apice nigricante , . . . , Viverra Javanica, Le furet de Java. Brid. RegK,nnim, pag. a4j-. ( ■ I-i; \ AN SI Kl 1^^ i •l'" 4 Jn Vattftre: Y5ÏI pour qu'il puidè lui-même la comparer avec la nôtre. olifcure fftadicei tm , wffi mi o M M E l'on il donne le nom de Maki à plulieurs animaux d'efpèccs difFé- rentes, nous ne pouvons l'employer que comme un terme gcnciique, loustlîquel nous comprendi'ons trois animaux qui fe refie.nblcnt allez pour être du même genre, muis. qui diftcrent aufli par un nombre de caradcres lliffifant pour confti- tuer des cfpèces évidemment différentes. Ces trois ailimaux ont tous une longue <|ueue , &: les pieds conformés comme les iiii-jcs ; mais kur mu (eau ell alonofé coinru" celui d'une Ibuine , & ils ont à la iiiâchoire inférieure fix dents incifiveSy au lieu c[ue tous les fmges n'en ont que quatre. Le premier de ces animaux efl: le Mocock (b) ou Mococo que l'on (a) Nota, Il pnt'oît que fe mot Ala^i a été dé:i\c de nwiok ou w •'caiic, uni eft le lîom t|ue \'oy\ lioiinc communémer L à ces animaux au Mozambique h A.w^s, les îles voilincs de Madagafcar, dont ils font oriiitmij-e^, o (b^ ^I^cok ou macvco , nom de cet animai fur les des Aliikis» r j J connon vulgaircniein fous le nom de y^/^/Â'/ a queue annclée. Le fccoiid cil le Aiongous (cj appelé vulgairement ylldlîi brun; mais cctie dciiomination a cté mal appliqucc , car dans ccuc crpccc il y ea a de tout bruns fd), d'autres qui ont les côtes orientales de l'Afl iiiuc, &. (juc nous avons adopt'i (. L,'î!i; de Johanna , • fr.r la côre liu Mozambique j, pioJuit une eîpcce de luttes qui reflembleiu au rc- * jMrd , tîv qui ont l'œil tixs vitj leur poil cil laincu>f <4 ^^ couleur de louris; leur queue, qui a environ <* trois pieds de long, c(l liario!ce avec des ccrclc> « noirs , à un pouce de didancc : les h;'.bitans les • l^oj'.'îoe de F/ucamt , j-agc 1 'yii. » Priftnia cithrca, ctm.Ifi chiân (UVitilii ahbrnatîm aïùis t nfoiis Le maki à queue aiuiclce. Brifl. Re^ni flv/w. pag. 2 2 2. T/ic vuiucauco. Edwards , Hiji. of Ëirds , pag. i f>7, ^i.;. ;7'/i/.' CtV!d, Lcvtur catitifi cvwu!atù. Ilinn; c^-/?. uut, ti}dt. X% ( c ) A'h'Tîgous , nom de cct-anitr.aî'aux Indes orien- tales, & que i'u;us ;i\ous adiopié. . •: > . (d) Sitiia fckruikniigkofi s fnfcus, Petl\cr Gazophyî, lab. 17, fig. 5. , . v^ • • G V IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l Uè,m^ |2.5 £ us 1110 1.25 1.4 1.6 ^ 6" ► <^ p^ /a OM Photographie Sciences Corporation 23 WIST MAIN STRIIT WHSTIR.N.Y t4SI0 (716) B73-4S03 1 '- '1-54 Hifoire Nciturefle joues & ies pieds blancs (e) , & encore d'autres qui ont les joues noires & les pieds jaunes (f). Le troifiènie eit le Vari f g) f appelé par quelques - uns A^aki-pie; mais cette dénomination a été mal appliquée, car dans cette efpècc, outre ceux qui font pies , c'eft-à-dire , blancs & noirs , il y en a de tout blancs & de tout noirs (h). Ces quatre animaux ibnt tous originaires des parties de l'A- frique orientale , & notamment de Ma- dagafçar où on les trouve en grand nombre. • ' ' (t) Proftmia fufca, Lf maki. Briflbn, Regn, tinïm» 2 2 0. Projîmia fufca, nafo , gutture & pe !iùiii Le maki aux pkds blancs. Bri^. Kegn, tiiiiw. pa^. 2 2 1. The inonj^floi. Le mongous. Glanures Edwards ^ pag. 1 2 , fift. ibid, (f) f^cfiniia fifca, rufo ndipixto, fiicie n'igra, ycddmi fulvis Le maki aux pieds fauves. BrilT. Regn» anim. pag. 221. (g) Vari ou Var'icojji, nom de cet animal à Mada- gafcar , & que nous avons adopté. €c H y a ù Madagalcar » de grands fingcs blancs , qui ont Ats taches noires ùir » les côtés & (ur la tête , & qui ont le mulèau Ion» V conimc un renard ; ils les nomment à Manghabey varkojfi. » Voyage de Flaceourt , page 1 5 j . (h) The blûk maucauco. Le maucauco noir. Clanutn d'Edwards , pag. 13, fig. ibid* 'x^ des MakiS. >■ i j j; Le mococo eft un joli ammal , d*une phyfïoiiomie fine , d'une figure élégante & fvelte , d'un beau poil toujours propre & luftré ; il eft remarquable par la gran- deur de (es yeux , par la hauteur de (es jambes de derrière qui font beaucoup plus longues que celles de devant , & par Ih belle & grande queue qui eft toujours relevée , toujours en mouvement , & fiir laquelle on compte jufqu'à trente anneaux alternativement noirs & blancs, tous bien diflinds & bien féparés les uns des autres i il a les moeurs douces , & quoiqu'il re(^ feinble en beaucoup de chofes aux finges, il n'en a ni la malice ni le naturel. Dans fon état de liberté il vit en focicté , & on le trouve à Madagafcar (ï) par troupes de trente ou quarante ; dans celui de captivité , il n'eft incommode que par le mouvement prodigieux qu'il le donne, c'eft pour cela qu'on le tient ordinaire- ment à la chaîne, car quoique très -vif & très -éveillé, il n'eft ni méchant ni (t) Les varis qui ont la c]u<'ue raiée de noir & cît blanc, marchent en troupes de trente, quarante ou cinquante. Ils reflcmblcnt aux varicofTis. Voyage de riaccourt f page i^^, G v) .-■ -,V--h''"T'T'\- 155 Hîftoire Naturelle fîmvage, il s'apprivoi(è afTez pour qu'on puifTc le liiiflèr aller & venir làns craindre qu'il s'enfuie ; la démarche eft oblique comme celle de tous les anipiaux qui ont quatre mains au lieu de quatre pieds : il (iiute de meilleure grâce & plus légère- ment qu'il ne marche ; il eft aflèz lilen- cieux & ne fait entendre fa voix que par un cri court & aigu , qu'il laifle pour ainli dire échapper lorlqu'on le fui prend ou qu'on l'irrite. Il dort aliis , le nuifeau incliné & appuyé fur fa poitrine : il n'a pas le corps plus gros qu'un chat , mais il l'a plus long; ik il paroît plus grand, parce qu'il elt plus élevé fur les jambes: ion poil, quoi([He ircs-doux au toucher, n'eft pas couché , 6: le tient allez ferme- ment droit ; le mococo a les parties de la génération petites & cachées , au lien que le mongous a des tefticules pro-i digicux pour la taille , & extrêmement ap})arens. Le mongous cft plus petit que le mococo, il a comme lui le poil foyeux & aflez court, mais un pr ' frifé ; il ^ nullr le nez plus gros qu' ; mococO, Ô, ïfTcz fembliibic à celui du vari. J'ai ei\ des Makhi 157 chez moi pendant pluficurs années un de CCS mongous qui étoit tout brun ; il avoit l'œil jaune , le nez noir & les oreilles courtes ; il s'amulbit à manger la queue , & en avoit ainli détruit les quatre ou cinq dernières vertèbres ; c*étoit un animal fort Hile & alTcz incommode, on croit obligé de le tenir à la chaîne; &l quand il pouvoit s'échapper , il entroit dans les boutiques du voifinage pour chercher des fruits, du fucre, & lur-tout des confitures dont il ouvroit les boîtes ; on avok bien de la peine à le reprendre, & il mordoit cruclleiricnt alors ceux même qu'ir connoifToit le mieux: il avoit un pciit grognement preique continuel ; & iorfqu'il s'ennuyoit ^ qu'on le luifloit lèul , il Çq failbit entendre de fort loin par un coaflement tout fcmblable à celui de la grenouille; c'ctoit lui mâle, & il avoit les lefiicules extrciucment gros pour la taille; il cherchoit les chattes, d< même (e laiisfairoit avec elles , mais fans accou-, piement intime & fans production. II craio'iioit le froid cSc rhumidité , il ne s'cioignoit jamais du feu , & le teiioit debout pour fc chaufler : on le nourrifloit i ■', ( 1 5 8 Hipke NattireJk avec du pain & des fruits; fa langue étort mde comme celle d'un chat ; & fi on le laiffoit fiiire , il léchoit la main jufqu'à la faire rougir, & finiffoit (ouvent par Tentamer avec les dents. Le froid de i'hiver 1750 le fit mourir, quoiqu'il ne fût pas forti du coin du feu ; il étoit très-bru fque dans les mouvemens , & fort pétulant par inftans, cependant il dormoit fouvent le jour , mais d'un fommeil léger que le moindre bruit intcrrompoit. Il y a dans cette efpèce du mongous plufieurs variétés , non - (èulement pour !e poil , mais pour la grandeur ; celui dont nous venons de parler étoit tout brun , & de la taille d'un chat de moyenne grofîeur. Nous en connoiiïbns de plus grands & de bien plus petits ; nous en avons vu un qui , quoi qu'adulte , n'étoit pas plus gros qu'un loir ; fi ce petit . mongous n'étoit pas reflemblant en tout au grand , il feroit fans contredit d'une e({:)èce différente ; mais la reflcmblance entre ces deux individus nous a paru fï parfi liie , à l'exception de la grandeur , que nous avons cru devoir les réduire tous deux à la même e(|)4l:cc , fiuf à les ^ . des Makis.'A T59 diftingucr, dans ia fuite par un nom diffé- rent , li l'on vient à acquérir la preuve que CCS deux, animaux ne le mêlent point en- fcmble , & qu'ils foicnt aulli différens par l'efpèce qu'ils le font par la grandeur. Le vari (k) eft plus grand, plus fort & plus fauvage que le inococo , il eft même d'une méchanceté firouche dans fon état de liberté. Les Voyageurs difent « que ces animaux font furieux comme des ce tigres , & qu'ils font un tel bruit dans c< les bois , que s'il y en a deux , il femble ce qu'il y en ait un cent , & qu'ils font ce très - difficiles à apprivoifer (l). « En eifet, la voix du vari tient un peu du ff() Nofa, Flaccxuirt qui appelle le mococo vari, donne à celui ■ ci ie nom de varkojjy ; il y a toute apparence que eojfy c\\ une épithète augmcntative pour ia grandeur, la force ou la férocité de cet animal , qui diffère en cfFel du mococo par ces attributs & par plufieurs autres. ... (1) Voyage de Flaccourt, f.^ages r Si ^ f f^» NotfU Lorfque cet animal tfl pri.s jeune, il perd ap- paremment toute fa férocité » & il paroît aulFi doux que le mococo. «< C'cll , dit M. Edwards, un animal d'un naturel fociablc , doux & pacifique , qui n'a 4c4 , ayant une foriiie de fraife blanche autour du cou : il y en a de tout blancs comme neige , de la groffcui* àti piécédens , ayant le mufeau long ; ifs grondent comme îles cochons. Relation (k AlaJagafcarf far F. Ceaic^e , page 1 1 7. Nota, Le mongous & le vari font indiqué" par ce palTage d'une manière à n« pouvoir s'y méprcni,h'e; & c'eft fur cette autorité quq j'ai dit i|u'il y avoit non-iaiicment dc5 vari* nuiri âl pies, mais encore de tout blancs» loi Hîflotre Naturelle, '&Cé &. à l'égard de la forme , les makis /cm" blent faire la nuance entre les fmgcs à longue queue & les animaux fîffipèdes, car ils ont quatre mains & une longue queue comme ces fmges , & en même temps ils ont le mufèau long comme les renards ou ies fouines ; cependant ils tiennent plus des finges par les habitudes cfTentielIes , car quoiqu'ils mangent quel- quefois de la chair & qu'ils fe plaifent aufîi à épier les oileaux , ils font cependant moins carnaffiers que frugivores , & ils préfèrent même dans l'état de domefti- cité les fruits, les racines & le pain à la chair cuite ou crue. 1^3 LE LORIS (a). L E Loris eft un petit animal qui fe trouve à Ceylaii , & qui eft très-remar- quabïe par inélégance de fa figure & la fingularité de la conformation : il elt peut-être de tous les animaux celui qui (a) Loris, Loerls , nom que les Hollandais ont donné à cet animal , & que nous avons adopté. Elegannlfimum animal mufei D. Charkton , Tancrcd Bobinfon àpud Rniuni, Syn, quad. pag. i6i. Simia pntva ex cinereofufca, nafo proAuéliore , brachiit, tnani&us , pedibufqNe longis , temibus , Belgis een Loris* Ex India orientali, Mulèum Pctropolit. pag, //^. Amnialculum cymcephalum , Ceylonicum, Tardigradum diâtim , Jiniii Jpccies, Seba, vo/. I, tab, J S' fiS' ^ ^ 2, Nota. L'Éditeur du Cabinet de Seba nous paroît avoir fait ici un double emploi , car cet animal e(l k même que celui qu'il indique fou.» la dénomination de CercO' pithecus Ceyionicus Jeu tardigradus , tab. 47 , fig. i , M. BrifTon , d'après Seba , a fait le même double emploi fous les dénominations de Singe de dylan, Reg. anim. pag, i p o, & Singe cynocéphale de Ceylan, pag. 191. Tardigradus. Lewur ccaudatus. Muf. ad, Fr, 1 , p, ^% Sim/a tcaudatfi ini^mhus indicis ftdmlatis, Syfl, nat, /> n," j. Linn, Syfl, nat, edit* X, pag, 2^% 1^4 Hijfotre Naturelle a ie corps lé plus long relativûpent à h grofleur; il a neuf vertèbres lombaires, au lieu que tous les autres animaux n'en ont ciue cincf , iîx ou (êpt, & c'eft de-là que dépend l'aiongement de Ton corps, qui paroîî d'autant plus long: qu'il n'eft pas terminé par une queue ; fans ce dé- friut de queue & cet excès de vertèbres, on pourroit le comprendre dans la lifte des Mnkis, car il leur reflemble par les mains & les pieds qui font à peu près -conrbrm<5s de même , & auili par la qua- lité du poil, par ie nombre des dents, ôc par le muleau pointu ; mais indépendami- jnent de la fingularité que nous venons «i'indiquxsr, (Si qui l'éloigné beaucoup des makis , il a encore d'autres attributs .parti- cuilers. Sa tête eft tout-a-fiiit ronde , comme ceux de ceruiins chats : leur » niufeau efl fort pointu & le dedans » des oreilles efl jaune ; ils n'ont point » de queue •.....,. quand je les exa- y> minai ils iè tenoient fur les pieds de » derricfe , & s'erabrafToient Ibuvent , » regardant fixement le monde fans s'ef^ fàrouchçr (c)» ' ^ I: fc) Voyez la relation de Thevenot, tome 111^ nt t j ■ ( '•'■■- \'i',') w ( ,. «■•* *l£ ■" •,' "• ' T ■ r,K MO coco .'.' -.V- • .'V - ^ (.' ' k>H» .V.^'iU» M'. ■ ' -^. yt*t^-Aiftir-- 1 ->. - wy :.:V :#^' ..;l^. *Â^ '(f •-';■/■ -..t-) ■.-,!it''!i:>^ î:^^- £'iB-":-.„" '*-■«^•■' ^1^.^ - h^^' 'M- r * ■ • ♦'Vf. •- X .■•«.ii'iimn. ,<>«.«,< ak>- 7^/ 'W. i; ^•-^•ÇN.- ,.— . «»«>,?,, '*/* ->v\V wm;iiM -•l'Il ^\Ui<; ..^S;,. .■'^•(tfV, ;v-, , '"*„ » .('^, tt V j^ '».-)•■ ■^tvlriP^ » ■«IttW.'ft^ -V-- *■ J Vefpertilio jwpcis pent, Americams, Regn, anim, en ne donn; aux ailes; induit en ei doigts dans qui fait le pc M. Edwarc qu'il a fait d qu'il a réeil (ouris. Vejpemih Sloane, fJij Bat from tab. ibU» lïg ,» j. ' \ v6y\ LA CHAUVE' SOURIS. FeR'DE'LÀNCE (a). \j A N s le grand nombre d'efpcces dé Cliauve-fouris qui n'étoiçm ni nommées (a) Vc/pertilio Amerkams iniîgaris, La Cfiauve^ fouris commune d'Amérique. Sei^, vol, /, pag, p o^ té, s S» fêr -*• Vefpertilio murini coloris , pedihus antlcls mradaâyllsi iwflicis pentadaûylis , nafo criftato Vefpenilh Americmus, La chauve - (buris d'Amérique, BrifTon» Regn, anim, pag. a 2 8. Nota. M. Bridbn s'eft trompé en ne donnant à cette chauve-(buris que quatre doigts aux ailes; ceft la figure donnée par Seba qui l'a induit en erreur, elle ne préfênte en effet que trois doigts dans la membrane de i*aile, & un quatrième qui fait ie pouce , mais c'efl une faute du Deflinateur» M. Edwards , qui a été plus exad dans le deffin qu'il a fait de cet animal, y a marqué les cinq doigts au'il a réellement comme toutes les autres chauve- fouris. ■ i Vefpemlh rojlro appeiuiice aitricula firma " J K;^i)..'^\.^, 4 ; 4 ^-^xpu^:,; r'' ■.;• ■ .'C;- ) jn cV^ O'y;^ f! •-a a ri:>*^. ;a I^^ t;:?;;;/:'' ■y ,. i i --. , t.. - •î/;,..^'i. ;< ■ V .....i-^ .., ) (4..,\JJ! < ::.:) ir; \ M .1-' / uances 2 entre féaux ; iffi de* lu bec Lifli fu* ris. J^rriji' ' r . ' r \(^: ..%: :f^ft: ., • >r^l--_ .Iv », ■ '•^î ' f ' ^ • • ;.-. .• / . / *^ff ■ %\ .'■•■i \ î^t ^'?è-~^-.^ie-'".SSss •« î>>^^:^fS jV?. : ^~> ' i^N-- ^.J^ ■«% - ^SS^ . - — w ^^^t.,»a ^ ï^>:5^ï50^. .\ THAi'Vi: SOURIS ij:r dj: i,axc'j •V* G â '1?^ -ie; . >Wi^*^r-.tf ' .A . V I7ï L E SER VA L (a). V^ ET animal, qui a vécu pendant quel- ques années à la Ménagerie du Roi , Ibus le nom de Chat-tigre , nous paroît être le même que celui qui a été décrit par M." de l'Académie (bus le nom de Chat" pard ; & nous ignorerions peut-être encore fon vrai nom fi M. le marquis de Mont- mirail ne Teût trouvé dans un Voyage italien (bj, dont il a fait la traduélion & Fextrait, ce Le Aiaraputé, que les Portugais de rinde appellent Serval ( dit le P. « Vincent-Marie) eft un animal fauvage « & féroce , plus gros que le chat fau- ce vage & un peu plus petit que la civette , ce de laquelle il diffère en ce. que fa tête cç fa) J^rvaf^ nom que les Portugais Tiabîtués dans rinde , ont donné à cet animai , que les habiians de Malabar appellent Marapute. Chatpard^ Ménîoires pour fervir à i'hirtoirc dcf animaux, partie t, page top» (b) Voyage du i^ère F. Vincent- Marie de Sainte- Catherine de Sienne, Venije , 1 68^^ in ■^' P'^op^ ïirticie traduit par M. le marquis de Montmirail, Hi; 'ïï/a Hijfotre Naturcfle ; >> eft plus ronde & plus grofîè , relaiive- ,» ment au vohMne de fon corps , & que >> fou front paroit çreufé dans le milieu; ^3 il refTenible à la panthère par les cou- p> leurs du poil qui elt fauve fur la tête , 33 le dos , les flancs , & blanc fous le ?•> ventre , &. aufîi par les taches qui >> font diflinétes , également diftribuées & ;>5 un peu plus petites que celles de la o5 panthère.; fes yeux font très - brillans , 05 fès mouflaches fournies de foies longues >> ÔL roides , il a la queue courte , les pieds 93 grands & armés d*ongIes longs & cro- ;» chus. On le trouve dans les montagnes o3 de l'Inde ; on le voit rarement à terre, 33 il le lient prefque toujours fur les arbres^ p> où il fait fon nid & prend les oifcaux , pj defqucls il fe nourrit ; il faute aufîi lé- » gèrement qu'un finge , d'un arbre à 9> rautre, & avec tant d'adrefîè,& d'agilité » qu'en un infiant il parcourt un grand >> efpace, dt qu'il ne fiiit, pour ainfi dire, 35 que paroître & dilparoître ; il efl: d'un pi> naturel féroce , cependant il fuit à l'af >5 pe<^ de l'homme , à inoins qu'on ne ^> l'irrite , fur-tout en dérangeant là bauge, » Ç2ix alors U devient furieux ^ il s'élance^ V >; Ju Serval ' r/y mord 6l d^échÎFe à peu près comme la ce panthère ». La captivité , fes Bons ou Icfs mauvais» traitcmens , ne peuvent ni dompter ni- adoucir la férocité de cet animal ; celui que nous avons vu à la Ménagerie étoit^ toujours fur le point de s'élancer contre' ceux qui l'approchoient : on n'a pu le' dein ner ni le décrire qu'à travers la grille de fà loge : on le nourriffoit de chair comme les panthères & les léopards. Ce (êrval ou maraputé de Malabar & des Indes (c), nous paroît être le même animal que le chat -tigre du Sénégal & du cap de Bonne-efpérance , qui', félon le a^moignage des Voyageurs (d), reffemble au chat par la figure ,, <&. au tigic (c'eftr m (c) H y a à Sagori (îfe fur lè Gange) ^cî, chars ' tigres qui font gros comme un mouton. Nouveau voy.ige- par lejîeur Lui/lier, Rotterdam, iji*^, p. 90. fj) Voyage de Le Maire, page too* — Le' chat ^ti bois ou le chat -tigre cft le plus (rt'os de tous les chats fauvages^ du Cap , Ton habitation e(l dans les bois, & il cft tacheté à peu -près comme un tigre. La peuu de ces animaux aonne d'excellentes fourrures pour la chaleur & pour l'ornement , auflfi fe vendent-elles fort bien au Cap. Dtfcription du cap de Bonne-efpérance, par Jùl/ief tome III , page 50, Hii) /- \,' 1 74 ////?(?/V^ Naturelle , éfa '^" '" à-dire à la panthère ou au léopard ) par les taches noires & blanches de Ton poi' ; ....■: ',»■«. i^:, -«ri';i- Jf« . ^' ;.»■- -';.v 'if •'^! ...,i>' •|.". f J ■ » •■ ,^.t : r' 1- (' iè ■ .' • t*. ; . >•,'•' r^ t^//»/ 1 1 nr/iJŒ. p/. ;.i'H*'-*'. ) p^ poi'; re fois race & autres s;È:Mi!i»i>; ^ll»«2 M,!fiV ,'li! i' »'^ :i^" 'S^^Ms^-;.^^tt;^ ' "^av«^iS>C!fî^!S5SîSJ^Îi LE 8ERV.M %*- \ f:> M •.i*-^i."- L •V t.* '^7^ m s 'It^'A lU. U 0 C E L OT ^.y^ JL'OcÈLÔT eft un animal d* A métîque féroce & carnadier, que i*on doit placer à collé du Jaguar , du Cougar , ou im^ médiatement après ; car il en approché pour la grandeur , & leur rèfTembie par le naturel & par la figure. Le juâle & la femelle ont été apportés vivans à Paris pat M. TEfcot , & on lies a vus à la foire S.' Ovide au mois de Septembre de Tannée 1764, ils venoient des terres voifines de fa) Oceîot , mot que nous avons tiré par abréviation de Tlalocelotlf nom de cet animal dans fon pays natal au Mexique. Tiacoojîoti , tiaîoceioti. Cam pàrdus mexkànusi Hemandl. Hifi, Mex. pag. 512, fig. ibU, ParHaïis. Felis cauda ehngata , corpore maatlls fupt- rhriùus virgatis , inferiorUms orbiculatis habitai in America, AJagnir$ido me lis , fupra fufcus ,Jubtûs aL licans ; lifiea mnélaque nigra per totwn corpus higi- mdimhttr fparjd ; fed pedes & abdomen tantum punéîiSt latera lineis titiorilus a/bis if fi^fi'^ pinguntur» Aures brèves margirte bifida abfque penicif/is , pedes /-^ ctiudâ verticillato uariegata i>rnpcrn0ne cati, ATyJhices ^ ordmwttt in jîngulo ordiue fet(Z ^, f, /, albcc , kifi nigra , lont gitudine caviiis* Linn, Syfi% nat* eJit. x • pag. ^'^% H 111; Nf -7 \ij6 Hîftoke Naturelle '^^ ^artagène , & ils avc^ient été enlèves tout petits à leur mère au mois d'Odobrc 176.3 ; à trois mois d'âge , ils étoient déjà devenus aflez forts & afTez cruds pour tuer & dévorer une chienne qu'on ïeur avoit donnée pour nourrice ; à un an d'âge , ïorfque nous ies avons vus , ils îivoient environ deux pieds de longueur, i& il eft certain qu'il leur refloit encore à croître, & que probablement ils n'avoient pris alors que la moitié ou les deux tierç de leur entier accroifîement. On les mon- troit fous le nom de chat- tigre, mais nous sivons rejeté cette dénomination précaire &L compofée, avec d'autant plus de raifon, qu'on nous a envoyé fous ce même nom le Jaguar, le Serval & le Margay , qui cependant font tous trois différens les uns des autres , & différens auffi de celui dont ij eft ici queflion. t ,i -^ Le premier Auteur qui ait fait mention exprefle de cet animal , & d'une manière à le faire reconnoître , eft Fabri ; il a fait • jgraver les defïins qu'en avoit fûts Rccchi, & en a con:pofé la defcription d'après ces mêmes deffins , qui étoient coloriés , il en donne auiil une cfpècc d'hiftoire , .( » *' de FOceloté. V 177 rf'après ce que Grégoire de Bolivar en avoit écrit &l lui en avoit raconté. Je ftus ces remarques dans la vue d*éclaircir un fait qui a jeté les Naturaiifles dans une efpèce d'erreur , & (ur lequel j-avoue que je m'étois trompé comme eux ; ce fait eil de (avoir fi les deux aniinaux defUnéâ par Recchi, !e premier avec le nom de Tlatlaukqumehtl , & le fécond avec celui de Tlaceoilotl , Tlalocelotl , Ôl enfuite dé- crits par Fabri comme étant d'efpèces diflerentes , ne font pas ie même animal; Gn étoit fondé à ies regarder, & on les regardoit en efïèt, comme différens, quoi^ que ies figures foient aflez fèmWables ^ parce qu'il ne laifle pas d*y avoir des di^- rcnces dans les noms , & même dans les defcriptions ; j*avois donc cru que le pre- mier pouvoit être le même que le jaguar,^ en forte que dans la nomenclature de cet animai , j*y ai rapporté le nom Mexicain Tlatlauhquîocelotl : or ce nom Mexicain ne lui appartient pas , & depuis que nous avons vu les animaux mâles & femeiJei dont nous parlons ici , je me fuis perftiadé que les deux qui ont été décrits par Fabrly ne fout que ce même animal dojo^ H V \ij% Hifloire Naturelle le premier eft ie mâle , & le fécond la femelle ; ii ^lloit un hafàrd comme celui que nous avons eu , & voir enfemble le mâle & la femelle pour reconnoître cette petite erreur. De tous les animaux à peau tigrée, Tocelot mâle a certainement la robe la plus belle & la plus élégamment variée (b), celle du léopard même n'en approche pas pour la vivacité des couleurs & la régiilarité du deflin , & celle du jaguar , de la panthère* ovi de Tonce en approche encore moins ; mais dans Td- celot femelle, les couleurs font bien plus fbibles , & le deffin moins régulier , Se jc'eft cette différence très -apparente qui a pu tromper Recchi , Fabri (c) & les autres; (b) Vmverftmt corpus pulchw Yofecxjue fuhrahet colore ; gxcepto iftferiore ventre qui éhkat potins ; maculis rofarum efigie, nigricantihts omnilms intrafuave néemem colotem, rotùm ira corpus , pedes if couda ordine quodam dijlin- guntur ut ekçantem plane huic animait acu piélum tapetem vel permetafma impofuum credtres ;funt autem macula ha, m dorjo ù" capite rotundiores majore/que; verfus rentrent vero pedefque oblongiufcula ix mitho minores, Fabri apid Httmm, Hifl, Jvlex» pag. 4.98, " (c) Si animalis fguram fptdemus cum antécédente non nthil corporis delineatio congruit ; fi cohrem iT maculas quilm pingitur , plurimum difcrepat» In hoc totius colot torporis non rdicundus Jed obfcure cinertut appartt })rattr. Hv A "' ■ " iie TÔcehu ^ 179 011 vérrû en comparant les figures & les clefcriptions dé l*un & de i'aiitre, que ies difFérenees ne iaiflent pas d'être confidé* rables , & qu'il manque à la robe de la femelle beaucoup de fleurs & d'ornemens qui le trouvent fur celle du mâle. Lorfque l'ocelot a pris fon entier ac- croiflèment, il a > félon Grégoire dç Bo- livar , deux pieds & demi de hauteur fur environ quatre pieds de longueur , la queue , quoiqu'afîcz longue , ne touche cependant pas la terre lorfqu'elle eft pen- dante , & par conlequent elle n'a guère que deux pieds de longueur* Cet animal eft très-voracè , il eft en même temps timide ; il attaque rarement les hommes , il craint les chiens ; & dès qu'il en eft pourfuivi , il gagne les bois & grimpe fur un arbre ; il y demeure , & même y (ejourne pour dormir & pour épier le gibier ou le bétail, fur lequel il s'élance dès qu'il le voit à portée ; il préfère le fang à la chair, & c'eft par cette raifon •i,.i,' ventrem tamen qui albicat. Ahcuîœ nec or^lnma: adeo nec itarotuHf/a rofeive coloris & jigurœ fed ohlongiz nigricantes mnes in meeiio vero alhicames fpargumur , crura non ita [or lia ^ i/c, iùicf» pag. 5 i j, H v; (i 180 Hîjloire Naturelle qu'il détruit un grand nombre d'îuiimaux, parce qu*au lieu de iè raflafier en les dé- vorant , il ne fait que fe défaltérer en leur fuçant le fang (dj, <* Dans l'état de captivité il conferve (es mœurs , rien ne peut adoucir fon naturel ieroce , rien ne peut calmer Tes mou\e- mens inquiets , on eft obligé de le tenir toujours en cage» « A trois mois (dit M. » l'Efcot) lorlque ces deux petits eurent » dévoré leur nourrice, je les tins en cage, » & je les y ai nourris avec de la viande » fraîche , dont ils mangent fept à huit 3» livres par jour ; ils frayent €n{èmble e >~J^:.h itl» 'iiiH il "JM*-- '•'fi'' l -•' I J (d) f^ota» Dampier parle de ce même animal fouj le nom de Chat-tigre , & voici ce qu'il en dit. «Le ■^ chat-tigre des terres de la baie de Campeche ell d^ ï) ia groflièur de nos chiens qu'on fait battre avec les » taureaux ; il a les jambes courtes , te corps itimafle V & à peu-près comme celui d\in mâtjn , mais pour I* tout le refte , c eft - à,- dire la t^te , le poil , & » la manière de quêter la proie > il yefTetnbie fort V au tigre (jaguar), excepte qu'il n'eft pas tout-à-fait » il gros : il y en a ici une grande quantité ; ils dé- » vorent les jeunes veaux & le gibier qu'on y trouve y en abondance , aufH font- ils moins à craindre pouir » cela même qu'ils ne manquent pas de pâtures . . . «; » ils ont la mine altière & le regara fàrouchew, Vc^'agi dt Dampier ^ tome ïl\ , page ^ 0 é. . ^. . . ., .1 ^ v> - j^ r Ocelot 1 8 r mâle & femelle , comme nos chats do- « jneftiques ; il règne entr'eux une fupé- c< riorité fmgulière de la part du mâle ; c< quelque appétit qu'aient ces deux ani- ce mnux , jamais la femelle ne s*avifè de ce rien prendre que le mâle n'ait fa fàtu- « ration ^ & qu'il ne lui envoie les morceaux « dont il ne veut plus ; je leur ai donné c< pluficurs fois des chats vivans , ils leur c< fuçent le (àng jufqu'à ce que mort s'en- c< faive , mais jamais ils ne les mangent ; « j uvoîs embarqué pour leur fubfiftance ce deux chevreaux , ils ne mangent d'au- c< cune viande cuite ni falée (e) >?. Il paroît par le témoignage de Gré- goire de Bolivar , que ces animaux ne produifent ordinairement que deux petits, & celui de M. l'Efcot femhle confirmer ce fiiit ; car il dit auffi qu'on avoit tué la mère avant de pren'dre les deux petits ■UVh?^^' .i (e) Lettre (îc M. l'Efcot, qui a amené ces animaux du continent de Cartagène, à M. de Bcoft , CorreC- pondant de i'Acadcmîe des Sciences , en date du xy feptembre 1764. Nota, M. de Beoft , qui a bien voulu me communiquer cette Lettre , a beaucoup de connoiflances en Hiftoire Naturelle , & ce ne fera paj la feule occnfîon que nous aurons de parler des ehoCe» dont il nous a fait parti 182 Hiflotre Naîureîk , &c. ^"— dont nous venons de parler ; il en eft dô Tocclot comme du jaguar, de la panthère, du léopard , du tigre & du lion : tous ces animaux remarquables par leur grandeur, ne produifent qu'en petit nombre , au lieu que les chats qu'on pourroit aflbcier à cette même tribu produisent en aflez grand nombre , ce qui prouve que le plus ou le moins dans la production , tient beaucoup plus à la grandeur qu'à la forme* :L.»Ôf^r>!:?i>tr "J^^-:. il ■.,..,- -y -,--?- i/Tii-. ;■'.*"., ., ■ . .,1', • '-• •■ .r<ï. fi . .. 3-;3' > f I/o CK I. O T FKM HIJ . J- •■*» • ., < H-t-ffi'- - >»_ .♦-.. ,>*,-. Af. V *-**il '**«!«fa»^t, -1..-*» f-^lï^^ ''i^'^Vtr'^:' ,6- \^ »■ 4 ■ '■ . ■'«!:,((l>»«ii.^".:iir)».— k^.. z Le l'ocelo grande ment I V" •-.'••■■'■■. ^1- > ■ ' ■■'^rf«: ^v* ■^.' ."^ .<*- • v* . >■. - 183 LE MARGAY(a); I i E Margay eft beaucoup plus petit que l'ocelot , il reflemble au chat Ihuvage par la grandeur & la figure du corps , il a feule- ment la tête plus carrée, le mufeau moins court , les oreilles plus arrondies & la queue plus longue; fon poil eft aulîî plus court que celui du chat (auvage , & il eft marqué de bandes , de raies & de taches noires (a) Margdy , mot tiré de Maragua ou Aîaragaia^ nom de cet animal au Brefli. ^ Au Maragnon, il y a des animaux qui font des cfpèces de chats fauvages , uue les Indiens appellent Margdia , qui ont la peau fort belle énint tavelée de toutes parts. Mif du P, (t Ahbtvtlle , page 250. Tepe A'iaxtlnton, Fernand. Hifl» Nov, Hifp, p. 9.' Maraguao Jive Maracaia» Matcg. Hift, Nat» Brrft pag. 233. Fefes fera tigrina Malahaia» Barrère, Hiji, de ht Fr.equiiu pag, 153. . !♦ • ff^' ' •;• v» ->^ "'^ "' Felis fylvfjîris tigrims ex Hiffoniola» Seba , voh 1}, fog» 77» tcib.i.8,fg, 2, • Felis ex grifeo flavefcem macuHs nigr'is varlegifa. . . < Fe/ts fylvejtris ligrina. Le chat fauvage tigre, BrilTg ^tgnt anim» pag. iC6t 1 84 Hl flaire Naturelle fîir un fôwd de couleur fiiuve ; on nous ia envoyé de Cayenne (bus le nom de Chat-tigre , & il tient en efïèt de la nature du cliat & de celfe du jaguar ou de Tocelot , qui font les deux animaux aux- quels on a donné le nom de tigre dans le nouveau continent. Selon Fernandès, cet animal , lorfqu'il a pris fon accroiflement en entier, n'eil pas tout -à- fait H grand que la civette; & félon Màrcgrave , dont k comparaifon nous paroît plus jufte, il ell de la grandeur du chat (iiuvage , auquel il refTemble auffi par les habitudes natu- relles , ne vivant que de petit ^bier , de volailles , &c. mais il efl: très-difificile à :^privoi(er, & ne perd même jamais fon naturel féroce ; il varie beaucoup pour les couleurs , quoiqu'ordinairement il foit tel que nous le préfentons ici : c'eft un ani- mal très-commun à la Guiane , au Brefil & dans toutes les autres provinces de TA- mériquc méridionale. Il y a apparence que c*efl le même qu*à la Louifiane on ap- pelle Pichou (b), mais l'efpèce en eft moins ( h ) ht Pichou cft une efpèce *le chatî pitois aufTi VMUt que ie tigre , mnis moins gntoa , dont la peau t(\ «(fez belle, c'eil un grand deflrudtur de vulatÙc; nuii du Maî-gay, i 85 commune dans les pays tempérés que dans les climats chauds. Si nous faifons la révifion de ces ani^ maux cruels, dont la robe efl fi belle & la nature fi perfide , nous trouverons dans l'ancien continent le tigre , la panthère , je léopard , l'once , le lèrval ; & dans le nouveau ie jaguar , i'ocelot & le margay, qui tous trois ne paroifl^ent être que des diminutifs des premiers , & qui n'en ayant ni la taille ni îa force , font auffi timides , aiiiii lâches que les autres font intrépides & fiers. \^nt--tug ^.,f^-^--. ^^'^, - ?-^ie^-I-. ■ Il y a encore un anhnaî de ce genre qui femble différer de tous ceux que nous venons de nommer, les Fourreurs l'ap- pellent Guépard ; nous en avons vu plulieurs peaux , elles refîemblent à celles (lu linx par la longueur du poil , mais les oreilles n'étant pas terminées par un pinceau , le guépard n'eft point un linx , il n'eft aufli ni panthère ni léopard , H n'a pas le poil court comme ces animaux, & il diffère de tous par une efpèce de par bonheur H n'eft pas commun à la Louifianc. MiJIoirt de la Louifmne , }uir le Page du Prat^ , tome il, page 9 a , fig. page 6y» > '" 1 8 6 JJlpke Naturelk ':-;^ crinière ou de poil long de quatre otï cinq pouces qu*il porte fur le cou ôc entre les épaules ; il a auffi le poil du ventre long de trois à quatre pouces , & la queue à proportion plus courte que \\\ panthère , le léopard ou l'once ; il eft à peu-près de la taille de ce dernier animal J n'ayant qu'environ trois pieds & demi de longueur de corps : au refle fa robe , qui cft d'un fauve très -pâle , cft parfemée comme celle du léopard, détaches noires, mais plus voifmes les unes des autres é\ plus petites , n'ayant que trois ou quatre lignes de diamètre. , > "( J'ai penfé que cet animal dcvoît étrel le même que celui qu'indique Kolhe fous| ic nom de loup - tigre , je cite ici fa def- cription ^cj pour qu'on puifîe la comparer 1 avec la nôtre; c'efl un animal commun | /c) Il eft de !a taille d'un cîiîcn ordinaire & quei- 3uefois plus gros : fa tête cfl large cornme Celle ilej] ogues que l'on fait battre en Angleterre contre les taureaux ; il a les mâchoires groffes auffi-bicn que le mufeau & les yeux , fe& dents font fort tranchantes; fôn poil eft frifé Comme celui d'un chien barbet , & '^ tacheté comme celui du tigre; il a les pattes larges & armées de groffes griffes , qu'il retire quand il vciitl comme les chais; la queue cfl courte il a pourl mortels ennemis le lion , le tigre & k léopard , qui lui Pé. ai.Pfrt/.Jiiù. cou & loil du' ces, & que laj il eft àl inimal , leini de 5e , qui arfemée i noires, utres é\ i quatre '■y \ îdii êtrel ►Ibe fous fa def- bmparer omnum J.K ^MAIKVAY. ' r. »»*.'-, «•»«•<♦"-<■.- » Vî-- ■'♦•H* »'i"r»-' ■".'"'" >- » %»• ,*,■ ï?\ î 1 ■¥••• 4»^: -, ; •; '■■::,:;;» .•«j- ,..1 ^-•'^s'^' ; '■*, - '■*->- '-^ -. ■ " Ju Margay, 187 Jfliis les terres voifines du cap de Bonne- cfpérance , tout le jour il (è tient dans des fentes de rochers ou dans des trous qu'il Te creufe en terre ; pendant la nuit il va chercher (a proie ; mais comme il hurle en chafïànt Ton gibier, il avertit les hommes & les animaux , en forte qu'il eft afTez aifé de l'éviter ou de le tuer. Au refte , il paroît que le mot guépard efl dérivé de lépard ; c'eft ainfi que les Allemands de !es Hollandois appellent le léopard : nous avons auffi reconnu qu'il y a des variétés dans cette efpèce pour le fond du poil & pour la couleur des taches , mais tous les guépards ont le caractère commun des longs poils fous le ventre , & de la crinière fur le cou. ^ . ^ > '4. donnent très-fouvent fa chaflè; ils le pourfuivent juf- que dans (â tanière» Te jettent fur lui & ie mettent en pièces. Defcriptim du cap de Bmne-thérance , far Kolh, Itome III, pages 69 & 76. Nota, L'animai auquel cet I auteur donne le nom de ùgrtt cft celiii que nous avons appelé léopard ^ &. celui qu'il nomme léopard qA If) panthère. •«^«n®* 4 ^ i.."'/ *-^ '1 8 8 Hifloire Naturelle LE CHACAL (f ■ '- ■ ■ ■■ ■=■ ET - ■ ■• «r = L'ADIVE. N ou s- ne fommes pas affurés que ces deux noms défignent deux animaux def-i pèces différentes ; nous favons fèuiemem faj Chacal , Jackal, nom de cet animal dansie I-evant , & que nous avons adopté ; Adïl , félon Jkion; 7Î//A/ dans quelques provinces du Levant, fdonl Olearius, Siacalkt félon CorneiHe le Brun; Adam en Italien, febn le P. Vincent - Marie ; Clùcal , en] ^Turquie , Tclon Haflelquift ; Sîcal , félon Pollux; Sfjuilichi ç,T\ Grec, (èlon Belon ; Zacnlia , félon Spon & Weeler; Siachal , Schachdl , Siahaal , Siacàlt, m Ferfe, feton ICœmpfer ; Jacard , félon Delon ; D(è\ «n Barbarie, félon Shawj Jaqutparel * à Bengale & l^ari, au Maduré fdon d'autres Voyageurs. AdiU bête entre loup & chien , que lès Grecs nom* ment vulgairement Squilathi, & croyons être le ChryjiijA ou Lupus aureus des anciens Grecs, Obfervat, de ËdonA feuillet i 6j, . ; Lujms aurrus, Kœmpfer, Atnanit exotic* p. 4*3» ^i\ pag. 407, fig. 3. Vulpes india oritntalis, Valçntin, JMuj, p. 43 2 , fig.| Tab. 'bid. Canis finints, lupus aureus Le icup doiil Briflwn, Rign, anim* pag. 237. (^ Ju CIldCûl à* de TAdive. i 8 5> fluele Chacal e(l plus grand, plus féroce, plus difficile à apprivoilër que l'Adive (b/, niais qu'au refle ils paroiffeiit fe refTembler à tous égards. 11 le pourroit donc que adive ne fût que le chacal privé dont on l^uroit fait une race donteftique plus petite, plus foible & plus douce que la race kvage ; car i'adive efl: au chacal à peu- rès ce que le bichon ou petit chien arbet eft au chien de berger ; cependant omme ce fait n'eft indiqué que par uelques exemples particuliers ; que Tef- èce du chacal en général n'eft point omeftique comme celle du chien ; que ailleurs il le trouve rarement d'auflî randes difîefeiKîes dans tune efpèce libre* lous fomraes très-portés à croira que !ç hacal & i'adivje font réellement deux £(^ èces diftindes. Le loup , fc renard , le hacal & ie chien forment quatre .efpèce« ui, quoique très - voiiines les unes des Aurais canis, htjms aurais diâus. Linn. S}>fl» nàc* dit. X , pagt 4.0. t m(^) ^^^^' J'^' '" ^^"^ quelques-unes cfe nos Cbro* 43^' ^S'Iiques de France, que du remps de Charles IX^ , . , leaucoup de femmes à la Cour avoienC àe$ adives au loup doie.^, ^^ pçjij, çI^jgQj^ que cfs nx d'ef-l Lilemem lai dansle (Jil , fclon ant, fclon »; AdàU Ihicâl , en 1 Pollux; elon Spon Tmcalï, cnj on ; Dtè} Bengale à jrs. îrecsnom* le Chyjm , de Bclon, ' 4» 3»% ''Wïï^'- fipo» liiflolre Natîtrelle - autres , (ont néanmoins différentes entre elles: les variétés dans l'efpèce du chien ibnt en très -grand nombre*, la plupart viennent de l'état de domefticité auquel il paroît avoir été réduit de tous les temps. L'homme a créé des races dans cette ef- pèce en choififlant & mettant enfènible les plus grands ou les plus petits , les plus jolis ou les plus laids , les plus velus ou les plus nus , &c. mais indépendamment de ces races produites par la main de l'homme , il y a dans Tefpèce du chien plufieurs variétés qui fembient ne dé pendre que du climat. Le dogue , fe danois , Tépagneul , le chien turc ^ celiiii de Sibérie , &c. tirent leur nom du climatl d'où ils font originaires , & ils paroiflent être plus différens entr'eux que le chîi ne l'eft de fadive : il le pourroit donc] que les chacals fous différens climai cuffent fubi des variétés diverfès , & ce! s'accorde afîez avec les faits que iioi avons recueillis. Il paroît par les écrits d( "Voyageurs , qu'if, y en a par - tout grands & de petits; qu'en Arménie, Çilicie , en Perfe & dans toute la pan de i'Afie^ que nous appelons le Levûà a ^;c es entre iu chien plupart é auquel es temps. cette ef- enfenible i , les plus velus ou idammem] main dcl du chien I it ne dé- ioguc turc ; celui! Il du climatl paroifientl [e le chîicall rroit donc! ns climatsl i/// Chacal & Je l'AJive, rp î) ©ù cette efpècç çft irés - nombreufè , très - incommode Sa très - nuifible , ils font comnmnément grands comme nos renards (cf, cju'ils ont feulement les jambes fc) Le jacard ou adîve efl grand comme un cFiîen nicdiocre , reflènîblant au renard par la queue & tu loup par ie mufeau ; on en élève dans les mai- fons, piais leur nature eft de (ê cacher dans la terre pendant le jour , d'où ils ne fortent que la nuit pour chercher à manger ; ils vont par troupes , dévorent les enfàns & fuient les hommes , leurs cris fonç plaintifs, & Ipn diroit fouvent que ce font ceux de pluficurs enfàns de divers âges mêlés enfcmble; les chiens leur font la guerre & les éloignent des mai? Tons, Voyage de Delon , jjû^c top.- — H fe trouve pi Perfe Une efpèce de renard appelé Schakal , quç ks habitans nomment communément Tttlki , qui y ibnt en très - grand nombre & de ia grandeur à peu - près de nos renards d'Europe , le dos & les côtés couverts d'une efpèce de groffe laine avec des poils longs & rôides , le ventre blanc cpmm- neige, i« oreilles noires comme yyi , la queue plus petite que celle de nos renards ; nous les entendions la nuit rôder auiouf du village où nous étions ^ fort importunes de leurs cris lugubres , afTez fcmblables à ceux d'un homme qui fe plaint , & qu'ils ne cefTent de faire entendre. Voyage 4'OlSarius , ;;, /^/, r- L'addibo (adive) reffemble au loup par la figure , fou poil & fa queue, mais il efl plus petit, & fa t?ille eft même au-deftbus de celle du renard ; il efl très-vorace , mais ftupide , il voyage la nuit & refte je jour daus fa tanière i fur l;i brunç qi> ne voit autrfi I«./ 192 Hifloîre Naturelle ;^" plus courtes , ^ qu'ils ibiit remarquables - ■ . *--■' ■■■.--' •-^" par <ïiofe djBis ïa campagne j ces animaux s'approchent dej Voyageurs & s'arrctent pour les regarder (ans paroître rien craindre. Us courent dans les églifes où ils déchirent .& dévorent tout ce qui leur convient ; tout ce qui cft fait avec du cuir cft leur met5 favori. L'adivc glapit comme le renard^ & quand un crie tous les autrej lui répondent ; cet inftin<îl de crier tous enfcmble ne paroît point volontaire, mais de pure nécefîlté, au point que tî l'un de ces animaux e(l entré duns luie mai/on pour voler & qu'il entende (es com- pagnons crier au loin , il ne peut sempêcher de crier auiïî , & par- là de fc déceler. Voyage tin Père, />, ■ Vincent-Marie , chap, XIII , irticle traduit par M. le marquis de Montmirail, — On a gardé pendant plus de dix mcMjS un chacali dans une maifon où j'ai demeuré quelque tempi : c'eft un animal fc 1cm- blable au renard en grandeur , en figure Ôt en couleur que la plupart des étrangers y font prefque toujours trompés brfqu'ils en voient quelqu'un pour la première fois ; la plus grande différence qui fbit entre Tune & l'autre ,, c'eft dans U têt^, le cha- cali l'ayant faite comme un chien de Berger qui aurolt le mufeau long , & dans le poil qu'il a rude comme celui du loup : fa couleur çft aufTi affez femblahle à celle d'un loup , & il put fi extraor- dinairemcnt qu'il ne peut fe coucher un moment dans un endroit (ans l'infeâer. * Cet animal cfl extrêmement vorace & hardi Il ne craint pas d'entrer dans les maifons .... Lorfqu'il rencontre Un homme , au lieu de fuir d'abord comme les autres bêces , H le regarde âcrement comme s'il du Chacal & de TAdive. 1 9 5 par la couleur de leur poil , qui efl d'un jaune vif & brillant ; c'ed pour cela que j)liiricuri Auteurs ont appelé le chacal loup doré. En Barbarie , aux Indes orien- tales , au cap de Bonne - efpérance , & dans les autres provinces de l'Afrique &; de l'A fie, cette efpèce paroît avoir fubi plufieurs variétés ; ils font plus grands dans ces pays plus chauds , &. leur poil efl: plutôt d'un brun - roux que d'un beau jaune, & il y en a de couleurs diffc- rciues (^d), L'efj:)èce du chacal efl: donc vouloir le bi-aver , 6c prend enfuitc fa coiîrfe. II t?L d'un méchant naturel , & toujours prêt à mordre , quelque foin que l'on premie de l'adoucir par ^^% carelîes ou en lui donnant à manger , ce que j'ai pu remarquer en celui dont je viens de parler, qui avoit été trouvé fort jeune, 6c qu'on avoit pris plaiflr .1 élever comme un chien qu'on ainWoit beaucoup j cependant il ne s'apprivoifa point parfiitemcnt , il ne pouvoir, fouffrir les attouchemcns de perfonne , il mordoit tout le monde, & jamais ox\ ne put parvenir à l'emptchet* de monter fur la table & d'y enlever tout ce qu'il pouvoit prendre. Toute la campagne de la Natolie ef{ peuplée de ces chncalis : on les entend toutes les nuits faire un bruit fort grand autour des villes , lYon pas en aboyant comme If ^ chiens, mais en criant d'un certain cri aigre qui leur tfl particulier. Voya<^t de Dumom* ta ILiie, t 6pp, tome IV% yngc 2p, (d) Le jackal que les fujets du roi de Com:'.ny près Tome XL 1 -,y->*:- \ 1,94 [Hiftohe Naturelle ;^panckje dans toute i'Afie, depuis l'A r- ^lénie jwfqu'au Malaj^ar (e) , & fe trouve ,d*Acra nous apportèrent, étoit gros comme un mou- ton, mais jt avoit. lés pjeds plus hauts: Ton poil étoit court & tacheté , fcs. pattes , à proportion de fon corps , ,étoient prodigieufement épaiflfes H avoit la tête auflî fort gi-ofle, plate & large, avec dès dents cha- cune de la longueur d'un doigt 7k au -delà H a aux pieds des griffes d'une épouvantable grpflcur. Yoyage de Bojmm, page ^ ^i, (e) Il y a à Bengale des chiens (âuvages appelés 'Jdquejfarels ou Chiens criards, dont le poH eft rouge ; ils viennent en troupe toutçs les nuits aboyer effroya- b'ement le long du Gange, leur voix & leurs cris font il différens & fi confus qu'on ne peut s'entendre pot- ier : ils ne fc détournent point quand les Maures partent près d'eux ..... Ces animaux font communs pre/qùe dans toutes les Indes. Voyage d'hinigo de Biervillas, première partie , page ij8, — Il y af au Maduré une cfpcce de chien fauvage qu'on prendroit plutôt pour .un renard ; lés Indiens l'appellent Nari & tes Portugais Adiba Lorfquc je vovageois la nuit, j'entendois ces animaux hurler à toiH heure. Lettres édifiantes, )ill* recueil, page p8. — Il'fe trouve h Guzaratte une efpècc de chien fauvflge qu'ils appellent Jakals, Eslatim de Aûandcljla ; fuite d'Olearius , tome 11, page 2j^. — On voit un grand nombre de jackales ou Jachals au pays de Mahibar ; j'en ai vu aulTî dans Jes bois de Ceylan, ils font de la figure du renard, particulièrcmtnt par la quçue Us font fort fiiands de chair humaine Ifs fuivoient notre ai'mée Si déterroient nos morts. . . . Nous entendions /ouvent la nuit les cris effroyables de ces animauX| i^m r^endipjent allez fi ceux clés chiens irrites. ,,.•«' "ifu Chacal & de ïASve. ip j" èiilfi ^n Arabie , en Barbarie (f)» en Mauritanie, en Guin Le chien ftuvage du cap de Bbnne-elpcrance rcflemble à ceux de Cpngo décritî^ par le P. 1,\icht\, &c, Di.f- çri^tion du cap de Bonne-ejpéïmce ynr Kclbc, partie 111, jaa^e ^S 11 y a au cnp un animal cfe)nt i'eipècc approche beaucoup de celle du rcnnni ; Gefncr & d'autres l'ont appelé Renard croife\ les Europcens du cap lui donnent le nom de Jackah , & Its Hottcntots celui de '/.cn'àe ou Kenlie» Idem , partie 111, pttge 62, (h) J'ai obfervé qu'il n'y a guère de loups en Hircanie , ni dans les iUitres provinces de 1^ Pctfe, mais qu'il s'y trouve par-tout un animal dont le cri eft effroyable, qu'ils :»ppellent CJuical. il en veut par- ticulièrement aux cc^rps morts qu'il déiwe. Vi])tii^i ffiCha-din, tme 11, pcgi ip* dû Chacai & de VÀdïve, \^J tonfidérable entre ces animaux pour ia grandeur & même poui* le naturel ; nous les regarderons coinme deux efpèces dif* tindes , fauf à les réunir lorfqu'il lera prouvé ., par le fait , qu'iis le mêlent & prodiùfent cntembie. Notre prélbmption lur ia différence de ces deux efpèces eft d'autant mieux fondée , qu'elle puroît s'accorder avec l'opinion des Anciens. Ariftotc, après avoir parlé clairement du loup , du renard & de i'hyaene , indique aflez obfcurément deux autres animaux du même gei r^ î un fous le nom de Panîher t & l'au <. ; ous celui de Tlws ; les Tradiu^eurs ti Arirtote ont interprété panther ]3ar lupus cmiarius, & thos par lupus {crvar'ws , loup canier, loup ccrvier; cette interpréiaiion indique aflez qu'ib regar-- doient le panther & le thos Gonime ô^s ef})cces de loups ; mais j'ai tak voir A l'article du lynx que le lupus cervarius des Latins n*eft point le thos des Grecs: ce lupus cervarius eft le même que le £h(tus de Pline , le même que notre lynx ou loup cervier , dont aucun caradère ne convient au thos. Homère , en peignant ia vaillance d'Aiax, qui fciil fe précipite lu; i f Ip8 Hifloire Naturelle . . fur une foule de Troyens , au milieu defquels UlylTe blefTé fe trouvoit engagé, fait la comparaifon d'un lion qui fondant tout-à-coup fur des thos attroupés au- tour d'un cerf aux abois , les difperfc & les chafTe comme de vils animaux. Le fcholiafte d'Homère interprète le mot thos par celui de panther , qu'il dit être une cfpèce de loup foible & timide ; ainfi le thos &■ le panther ont été pris pour le même animal par quelques anciens Grecs.: jmais Ariftote paroît les diflinguer, fans leur donner néanmoins des caradèrcs ou des attributs difFérens. « Les thos, dit-il, » ont toutes les parties internes fèmbla- » bles (i) à celles du loup. ils j> s'accouplent fk) comme les chiens, 5> & produifent deux , trois ou quatre , >» petits , qui naiffent les yeux fermés : » le thos a le corps & la queue plu« » longues que le chien ^ avec moins de » hauteur, & quoiqu'il ait les jambes plus yy courtes , il ne laifTe pas d'avoir autant » de vîteffe , parce qu'étant fouple âc 9» agile , il peut lauter plus loin • (î) Arirtotc, Hifl, anim. lib. 11, cap, XV Ih^ - W. (f^f^t i^h Vh ^^P:- ^^^% iiu C/jacal à' Je l'Adîve. tç'^' lue iîon & Iç thos font ennemis fi J,'é. parce que vivant tous deux de chair , «c ils font forcés de prendre leur nourri- «c ture fur ié même fonds,- & par con-". /. (m) 1dm. lib, JA. cap^ xuVt 1 ui;? 7/ \ 200 hijloire Naturelle Je thos d'Ariftoie efl le grand chacal, & que le paniher efl: le petit chacal eu i'iidive ; on voit qu'il admet deux efpèces de ih©s, qu'il ne parle du panther qu'une feule fois, & pour ainfi dire à l'occafion du thos ; il eft donc très - probable que ce panther eft le thos de la petite efpèce , & cette probabilité fenibie devenir une certitude par le témoignage d'Oppien (n), qui met le panther au nombre des petits animaux tels que les loirs & les chats. . "- Le thos eft donc le chacal, & le pan- ther eft fadive , & foit qu'ils forment deux efpèces différentes ou qu'ils n'en faffent qu'une, il eft certain que tout ce que iês anciens ont dit du thos & du panther convient au chacal & à l'adiyc , & ne peut s'appliquer à d'autres animaux ; & fi jufqu'à ce jour ia vraie iignificaiion de CCS noms a été ignorée , s'ils ont toujours été mal interprétés , c'eft parce que les Tradudeurs ne connoiftoient pas les ani- maux, & que les Naturaliftes modernes i|ul les connoiifoient peu n'ont pu les réformer. (aj Oppian. «fe VenauQUif îilf» ll^ "■><. r/// Chacal & àk /'AJivCé 201 \ Quoique l'erj^èce du loup fbk fort voî- Cuie de celle du chien , celle du chacaï ne laiÇc pas de trouver place entre les deux ; Je chacal ou adive , comme dit Belôn , ejl hête entre loup & chien; avec ia férocité du loup , il a en eiïèt un peu de la ^ niUaritc du chien, fa voix eft un h. *em mêié d'aboiement & de gémifTeiijiens (o) ; il eft plus criard que le chien , plus voracc ': i': <.i .i ,> ^ ■'.'il ,; ï- V! (o) l\ eft (Trïne beik couleur jaune , plus petit que le loup , marchant toujours en troupe , jappant toutes ks nuits Vorace & voleur , en forte qu'il era- jporte non - (èuknnent ce qui eft bon à manger, mais même les chapeaux , ks ibuliei^ \es brides des che- vaux, & tout ce qu'il peut attraper. Obftrv* dt Belon; rvage I é ^ , — Jackal ^icnè onmem orienum inhabitat ; heflid afiuta aurfax Ù" fumciffima eji Jnterdiu. circa montes latet , noélu pervigil & vagus eft ; catet" tatim prcuîatum excurrit in rurn if pagos Vlulafjtm noéhi edunt execrahikm ejulatui humatto non ■tlifnm/em quem imerdum vox iatramium tjuafi canum imerjirepit : unique inclamanti onvtes acclamant, quotquot rocem è longinquo audiunt. Kœmpfer, Amanit, exotlc, ■vag» ^t 3' —Vers k canal de b mer Nowe, il y a beaucoup de fiacalles ou chiens fauvages qui ne rcf- fcmbknt pas mai à des renards , fur-tout par k mu- ^au. On croit qu'ils font engendrés des loups & ^ ichiens ; ils font le foir, & quelquefois bien avant dans la nuit , des hurkmens effroyables ..,..,. Ils fonC ifort mcchans & aulTi dangereux que les loups Voyajpe nk CorncHU k -Brun, foi.Pmi, JpiJf, J^age //♦ i V fj: T ,.^.-^,., ,., . .... . ;"'..■! ZOZ' HtJ!o)re Naturelle ^ que iç loup ; il ne va jamais fèul , niaiji toujours par troupe de vingt, trente oii quarante; ils fe raflemblent chaque jour pour foire la guerre & Li chafle; ils vivent de petits animaux^ & fè font redouter des. plus puifTans par le nombre; ils attaquent toute efpèce de bétait, ou de volailies prefqu'à ia vue des hommes ; ils entrent infblemment & fans marquer de crainte dans les bergeries, les étables, les écuries,, & lorfqu'ils n*y trouvent pas autre choie , iJs dévorent le cuir des harnois , des bottes , des fouliers , & emportent les J^ières qu'ils n'ont pas le temps d'avaler. Faute de proie vivante, ils déterrent les cadavres des animaux & des hommes ; on eft obligé de battre Iji terre fur les fépulturcs , Su d'y mêler de grofîes épines pour les empêcher de la gratter & fouir , car une épaifTeur de quelques pieds de terre ne fufïit pas pour les rebuter (pj i ils travaillent plii- (v) Les adives font três-a vides de cadavres, parti- culièrement de cadavres humairj5. Quand les Chrétiens vont enterrer quelqu'un à la campagne , ils font une fofTe très -profonde, & qui n'eft pas fuffifante pour qu'ils ne déterrent pas .les corps; c'eft pourquoi ion a fifiUtUQic de iouler avef les piea, le Renard blanc. BrifT. Regn. afiitn^ .pa^/. 24.1. Lagopus. Cams cnvdn reéiày aj^ice concokr^, Syfl^ I^at, / Vulpes alba, Kalm, Bahits , 2.^ 6 ^ , , , ^ Vulyes carulcfcens. Fam, Suec. 1^ habitat in ii'pibus Lapponicis , Sibiria pedes denfîjfime ^k^fi, vtin kpore* Linn. Syfi,> iVo/i edit. x, pag. 4>o. ^:to^ hïfloire Naturel^ . oiicore affèz éloignées pour admettre entre. «Iles d'autres efpèces ; & comme celle du chacal eit intermédiaire entre le ctiien trçs-fufpp(fl L le nombre très ex^gércj^ detljaûsl. ^^^ If II poil à tous eft 'alors très-court; la mère J€s allaite & les garde dani le terrier pen- dant cinq ou fîx ièmaines, après quoi elle les fait fortir & leur apporte à manger. Au mois de (eptembre , leur poil a déjà plus d*un demi -pouce de longueur; les ifatis qui doivent devenir blancs, le font déjà fur tout le corps , à l'exception d'une bande longitudinale fur le dos, & d'une autre tranfverfale fur les épaules qui font brunes, à c*e(l alors que Tifatis s'appelle mard crolfé (e)» mais cette croix brune (lifparott avant l'hiver , & alors ils font entièrement blancs , & leur poil a plus de deux pouces de longueur ; vers le mois de mai il commence à tomber , & la mue s'achève en entier dans le mois de juillet, ainfi la fourrure n'en e(l bonne qu'en hiver. *; ■^••- - » -♦ * • L'ifàtis vit de rats, de lièvres & d*oi- féaux , il a autant de fineiïe que le renard pour les attraper; il fç jetie à l'eau & (t) Nota» Cette indiottion paroît alTez prccifiQ pour qu'on puilTç croire que le Vulpes crucigera de Gefner. Icon, Qu^d* fg> pag, t ço; & de Rzaczynskî», ////?. Nau Polt /'/^. 2ji f^ eft le même aniraal qu^- an Hifoîre Naturelle, êrd ' traverfè lès lacs pour chercher les iiîcts des canards &* des oies , il en mange les ceufs & les petits > Se n'a pour ennemis «lans CCS climats déierts & froids, que le glouton qui lui dreUFe des embûches êi l'attend au paflage. p^^*n;if ryè* Comme le loup, le renard, le glouton & les autres animaux qui habitent les parties du nord de l'Europe & de l'A fie ont pafle d*un continent à l'autre , & fe retrouvent tous en Amérique , l'ilùtis doit s'y trouver aulîl , & je préfumc que le renard gris - argenté de l'Améri^iue (eptentrionale , dont Catefby (f) a donné ia figure , pourroit bien être riditis plutôt <|u'u«e finiple variété de i'eipèce du renard. - itism-o'^'^'^/^vuMm^i^^n ..; '.: nniLù\ ^û vLMt (f) Hift. Nat. de ia Caroline par Ottcfty, tomfU, ij .^ î -S ,•{•' I S r^r,5 *î <■ > ''Y 'î"" i^b'i' .-i *.. n ' f •.V.' ! .,i iX^' . ' « 1 '••»>■ < ai H I il I • rm iiiii • 1^ *!?. ^^2^2BS LE GLOUTON (a):% ^li^l >fi%./ JLE Gfoitton, gros de corps & bas deâ jambes, eft à peit près de !a forme d'un blaireau , mats il eft une fois plus épais & (a) Glotîton, nom que l'on a donné à cet anima? , à cauie de (on infatiable voracité. Jcrj^, en Suédois ; Wilfni(f. en Allemand ; Rojownck , en E(c'a\'on ; Ghiitoît . en Anglois; Cnrcajou t en Canada; Quia- Citjûu , en d'autres endroits de l'Andérique fcptcn-. trional*. - * jKf îî=«îiqsïf r>r.ffi4 ÏC - i \ U%: vïn^Vj^»*» i Intcr onmla anhulia qu(Z 'immnn'i vpraclrate CYchintur infatiûlùlia , gulo, in pnrtilms Suecia fepfcmmiinl'is jmT" cijuum fufccp'tt iwmen ubi ptitrifl Javione , jçrlF, (l':cuur f li'igiifi Gcmanicl , wilfraJf; Sclavonice , rofbmaka à wultd commjlumc ; Lnti'ie vcro nonwfijiLiitio nnrtnne ^ulo, vi.li'litrt à gulflfitnte appeilatu\\ Oiaï Magni, Hijî, RofonhtkiU Eufeb. Nieremb. HiJI. Nat, Pcregrin, png. 188. ''■ '••" vf • ^i' ■■' Rofomiika, Cith, Rzaczyn.skl , hliftcr, Nat. PoL ^inn. 539 Gu!o , Olaï Macfni. Cronihi , Maji. Boophmst German. W'id'frnff, i\>lonice, Rofi^uik* là, aud, jxro; J i i» ïï^ Hiftolre Naturelle'^ ♦ j^Ius grand ; il a la tête courte , les yeint petits, les dents très-fortes , le corps trapu, la queue plutôt «ourte que longue & bien fournie de poil à fon extrémité: il eil noir (ur k dos., & d'un ►brun - roux ilir les flancs ; fa 'fouKure eft une des plus belles & des plus recherchées -, on le trouve aflez communément en Lapponle & dans toutes les terres voifmes de la mer du nord , tant len Europe qu'en A fie;; on le retrouva fous le nom de Carcajou au .Canada & dans les autres parties de FAmérique la plus feptentrionale ; il iy a même toute apparence que l'animal de ia baie de Hudfon que M. Edwards a donné {b) Ibus le nom de Quick-Hatch ou Woherenne , petit ours ou louveteau, félon fon tradudeur, eft le même que le carcajou de Canada , le même que le glouton du nord de IXurope ; il me paroît 1 auffi que l'animal indiqué par Fernandès, fous Ip nom de Tepeyl^cuitli ou Chien à Guh Wieffrajlf, Roophagus ; Magrtus vorâtar , Roft-^ mâcha. Klein, de quaJ, pag« 83^ fîg. tab. 5. Guh, Âlufleln plnntis j^jjis cor/me rufo-fufco , meé, 1 dorjinigro. Linn. Syfi, nat. edit. X, pag. 4J. (b^ Edwards, Hiji* oj Birds, p. 10 j, fig. ibid» , /'^/ qui probablement n*en a voit vu que de petits , les carcajous n*ont guciç que deux pieds de longueur de corps 5 la tetc fort courte & fort grofî'e , h^ » yeux petits, les mâchoires très-fortes, 3> garnies de trente -deirx dents bien tran- chantes. •>■> Le petit ours ou louveteau d'Edwards ( h J , qui me paroît cire le jnéme animal , étoit , dit cet auteur , jiine fois aiiin gros qu'un renard , il avoit le dos arqué, la tcte bafîe , les jambes courtes, k ventre prefque traînant à terre , la queue d'une longueur médiocre & touffue vers l'extrémité. Tous s'accordent à dire qu'on ne trouve cet animal que dans les parties les plus feptentrionales de l'Europe , de l'A fie & de l'Amérique; M. Gmtïm fi) > ^ ; ' (g) Hifloire de rAcadcmie des Sciences, amh\ (h) Hifloire des Oi féaux , par Edwards » ;\ i o^% (î) Le aloiiton crt le feu! dont on piiiffe dire, comme de l'homme, qu'il vît aufîi - bien fous (al Ligne I \^% rennes attache fi f que rien i vres anim; courfè; eif Ligne qu'au { midi au nord] (h) Brirr. Tome J. ^ ilu Glouton. . 217 cft le feul qui femble aflurer qu'il voyage jufque dans les pays chauds ; mais ce fait me paroît très-lu^edl , pour ne pas dire fiux ; Gmelin , comme quelques autres Naturaliftes (k), a peut-être confondu l'hyaene du midi avec le glouton du nord , qui ie refTemblent en effet par les habi- tudes naturelles , & lîir-tout par la voracité , mais qui font à tous autres égards des ani- maux très-difFérens. Le glouton n'a pas les jambes faites pour courir, il ne peut même marcher que d'un pas lent, mais la rufe fupplée à la légèreté qui lui manque , il attend les ani- maux au j)a(rage ; il grimpe fur les arbres pour le lancer deflus , & les faifir avec avantage , il fe jette fur les élans & fur les rennes , leur entame le corps , & s'y attache fi fort avec les griffes & les dents , que rien ne peut l'en féparer; ces pau- vres animaux précipitent en vain leur courfe; en vain ils fe frottent contre les Ligne qu'au Pôle. On îe voit par-tout, il court du midi au nord , & du nord au midi , pourvu qu'il I trouve à manger. Voyage de Gmelin, tome III, page ^y 2 lirjuiv, ^ (k) BrifT. Regn, aninu pag. a j 5 & 2 } ô. Toms XL K ^ 1 8 Hîfloke Naturelle ' ' . arbres & font les plus grands efforts pour fê délivrer ; l'ennemi allis fur leur croupe eu fur leur cou , continue à leur fucer le fing , à creufer leur plaie , à les dé- vorer en détail avec le même acharnement, Ja même avidité jufqu'à ce qu'il les ait jnis à mort (l) ; il efl, dit-on, inconce- vable combien de temps le glouton peut jîianger de fuite , & combien il peut dé- yorer de chair en une lèule fois. - Ce que les Voyageurs en rapportent efl peut-être exagéré ; mais en rabattant beaucoup de leurs récits, il eu rerte encdrç (!) Le fjlcmton efl un anima! carnafTler, un peu fnoins grand uuc le loup ; il a le poil rude , long & «3'un brun cjui approche du noir , fur-tout fur le dos; îf a la rufe de grimper fur un arbre pour y guetter Je oibier; & lorfque qucluu'animal pafle il s'élance fur (on Aoî } di fait f\ bien s'y accrodier par le moyen t!e fcs griffes , qu'il lui en manoe une partie , & que le pauvre aninul , après bien des cfTorts îiuitiles pour fc dctaire d'un hôie fi incommode tombe enfin par terre & devient la prcie cle fon ennemi. H faut au rnoinî^ trois des plus forts lévriers pour attaquer cette liête , encore leur donne-t-elle bien de la peine. Les 3Ui(Tes font grand cas de ia peau du glouton , ils l'emploient ordinairement à des mandions pour lej Jiommcs & des bordures de honnetô. Eeintion dt k LYunde Janarie. Anijhrtiam, iJSJ t page 8. # convaincu que le Jii GloutOfU aflez (m) pour eti glouton eft beaucoup plus vorace qu'au- cun de nos animaux de proie, aufii l'a- t-on appelé ie Vautour des quadrupèdes ; plus infatiable , plus déprédateur que ic loup , il détruiroit tous les autres animaux s'il avoit autant d'agilité ; mais il eft réduit à fe traîner pefamment , & le (eu! animal qu'il puifle prendre à ia cour(e eft le caft or , duquel il vient très - aifément à bout, & dont il attaque quelquefois les cabanes pour le dévorer avec (es petits lorfqu'ils ne peuvent afîez tôt gagner l'eau (nj, car le caftor le devance à la nage , (m) Hoc animal vora:ijfwmm eft , rcjierto tiamque ca- 'ilûvcre tantnm vorat ut vioknto cibo , ccrp:-s injl.ir tym- jumi extendatur ; iiwemnque afJguflui in ter arhresfefinngit m violemius egerat : fcque extcnuatum revertitur ad ca- daver iX adpummm ufque repletur , itenutujui fe Jhlugit ûUgufliH priore , &c, Olaï Magni, Hifi, de Gem,Je[^tt pag. 1 38. i /iiî^r î (n) Le Carcajoii, quoî(;iie petit, crt très-fort & très - furieux ; & quoique carnauier , il tfl fi lent & fi pefant qu'il fe traîne fur la neige plutôt qu'il Wy marche. Il ne peut attraper en marchant que le cifl. r , ♦^ a^x efl auffi lent que \\ak , & il faut que ce foit en été où le caftor eft hors de fa cabane , mais en hiver il ne peut que brifer & démolir la cabane & y prendre le caftor , ce qui ne lui réuftît que très • rarement , (larce que le caftor a fa retraite alTurée fous la glace« i20r HîjJoire Naturelle '' ôi le gîoiuon qui voit échapper (à proie , fe jetie fur le poiiïon; & lorfque toute .chair vivante vient à lui manquer, il cher- che les cadavres, les déterre, les dépèce & les dévore jufqu'aux os. Quoique cet animal ait de la finefle & mette en œuvre des rufes réfléchies pour fe faifir des autres animaux , il femble qu'il n'ait pas de (èntiment diftincfl pour fa conlêrvation , pas même l'initincî;!: com- mun pour fon (Iilut ; il vient à l'homme ou s'en iaifle approcher fo) (ans appa- rence de crainte ; cette indifïerençe qwi Hiftoire de l'Àtadéniie royale des Sciences , année f^ij, page 14. foj Les Ouvriers aperçurejit de loin un animal qui marchoit à eux gravement & à pas comptés, que quelques-uns prirent pour un oursj & d'autres pour / un glouton; ils allèrent au-devant de cet animal, qu'ils reconnurent à la fin pour un glouton , & après qu'ils lui eurent donné quelques bons coups de perche, ils le prirent encore en vie; ils me l'apportèrent auflîtôt D'après les rapports que les chaflcurs de Sibérie m'avoient fait depuis plufieurs années fur -l'adr^fTe de cet animal, foit pour tourner les autres animaux & fuppléer par la rufe à la légèreté que la I^Jature lui a re^fée , fok pour éviter les embûches des hommes, je fus très-étonné de voir arriver celui-ci de propos délibéré au - devant de nous pour chercher il .ffîoi't. Isbrand-ides l'appelle un animai méchant, dît Glouton. 2 2 t paroît annoncer l'imbécillité, vient peut- être d'une caulè très - différente ; il eft qUi ne vit que de rapine ; « il a coutume , dit - il, de fe tenir fur les arbres tranquille , & de s'y ca- « cher comme le lynx ju(qua ce qu'il pafTe un cerf, « un éian^ un chevreuil , un lièvre , écc. alors il s'élance « arec toute la rapidité d'une flèche fur l'animal , lui « enfonce fes dents dans le corps & le ronge juf- «r* qu'à ce qu'il expire , après quoi il le dévore à fon «c aife & avale jufqu'au poil & à la peau. Un Wai- « vode qui gardoit cîiez lui pour fon plaifir un « glouton le fit un jour jeter dans l'eau & lâcha « fur lui une couple de chiens j mais le glouton le jeta « auflTitôt fur la tête d'un de ces chiens , &l le tint (bus «^ l'cïu jufqu'à ce qu'il l'eût fufFocjué >• . , . L'adreflè dont fe fert le glouton pour furprendre les animaux ( continue M. Gmelin ) eft confirmée par tous les chafTcurs quoiqu'il fe repaifle de tous les ani- maux vivans ou morts, il aime de préférence le renne Il épie les gros animaux comme urt valeur de grand chemin, ou bien il les lurprend quand ils dorment au gîte ... il recherche tous les pièges que les chafleurs tendent pour prendre les dif- férentes efpèces d'animaux, & il ne s'y laifle pas^ attraper Les chaflèurs de renards bleus & blancs (ifatis), qui (è tiennent dans le voifinage de la mer glaciale , fe plaignent beaucoup du tort que leur fait le glouton On l'appelle ainfi avec raifon , parce qu'il eft incroyable ce qu'il peut manger; je n'ai jamais entendu dire, quoique je l'aie demandé ptufieurs fois à des chaflèurs de profeflion, que cet animal fe preflTe entre deux arbres pour vider fon corps , & y faire de la place pour fatisftiire de nou- veau & plus promptcment îbn infatiable voracité, Iv ii; ^•Si.. 2 21 Hlflobê Naturelle certain que le gîouton n'eft pas flupîJe, puilqu'ii trouve les moyens de fatisfiiirc à ion appétit toujours prefliint & plus qu'immodéré; il ne manque pas de cou- rage , puifqu'il attaque indifîéremment tous les animaux qu'il rencontre , & qu'à * h\ vue de l'homme il ne fuit , ni ne marque par aucun mouvement le (entr- . inent de la peur l'pontanée ; s'il manque donc d'attention fur lui-même , ce n'cll point indifîérencc pour la conlervaticn, ce n'efl: qu'habitude de fécurité : comme il habite im pays prelque délèrt, qu'il y rencontre très-rarement des hommes, qu'il n'y connoît point d'aiures ennemis; que toutes les fois qu'il a meluré lès forces avec les animaux , il s'efl trouvé lupé- rieur; il marche avec confiance «Se n'a pas le germe de la crainte , qui fuppofc quelqu'épreuve malheureule , quelqu'ex- périence de la foiblefie ; on le voit par i'exemple du lion qui ne (e détourne pus Cela me paroît être la fable d'un Natiiralirte , oU la fidion d'un Peintre. Voy.ige de Gmelln, tome Ilf, page 492. Nom. C'efl Olaiis qui le premier a écrit cette fable, & un Dtlïlnaicur, copie d^ns Gciner, ^ui la inife en H^uic. lommes du Glouton* 2 2 3f it rhomme , à moins qu'il n'ait éprouvé la force de les armes ; & le crloutoii le traînant fur la neicre dans iow clijiiat de- fert, ne laifle pas d'y marcher en toute fécurité , & d'y régner en lion , moins par là force que par la foiblefle de ceu;s qui l'environnent. r . li'iliuis moins fort» mais beaucoup pluâ léger que le glouton , lui fert de pour- voyeur , celui-ci le fuit à fa chafle , [)cllerons ici Conepate , du iiom qu'il porte ais Mexique, fc) Yr(.pJîepatl/?« Vu!{,ecu!ft(]i((Z Aliiirtum tnrrefdn amul.itur colore, Genus prh-rmm funr IT alla du» hijus vidiicadit gênera eadem forma & luv.ira' ,pioruffïï aheruin YAjuifpatl' etin'n voc/itum fafc'iis tmilih la'tdfrf" tîlnis f/iflinî^uititr , ahcnm vcro ( 'onepati feu vulpecuf^ pucrdis unicii ra"timi utr'hi'juc diiâa peri/ue cwlfini î/fiinv tihlan modo dclauu ikrnaïKl, lii(l. Mex. pa^. Jja , tk. ibid. liS Hijîohe Naturelle raier Yfquîepad , nom Mexicain que nous lui conlërverions s'il étoit plus aile de le prononcer ; il en donne ia delcription & la ficure, & c*efl: le même animal dont on trouve auffi la figure dans l'ouvraore de Seba ( d); nous l'appellerons Coaje , du nom Squash qu'il porte dans la nouvelle Eipagne (e). Le fécond de ces animaux que Hcrnandès nomme aufîi Yfquïepatl, elt celui qui efl: ici repréienté & que nous appellerons Chinche , du nom qu'il porte dans l'Amc^rique méridionale. Le troi- fième que Hernandès nomme ConepaU , ÔL auquel nous confe.verons ce noiii, eft le même que celui qui a été donné par CateiLi (f) fous lu dénomination de (d) Seba, vol. 1 , jmg. (!> 8 , Tah, ^z , fg. /, (e) Le Squashe efl un animal à quatre pie<.!<, pJus gros qu'un chat , fi tcie rcffcnihlc affez à cdie du renard ; il a ies oreilles courtes & des ^\\\^<:i aiguës qui lui fervent à efcalaJer les arhtcs tout conlme un chat ; il a la peau couverte ci\iî\ poil court , fm & jaunâtre, fa chair tn tfl tic; bonne & fort faine, V«!ya^c de Dampier, tonu lîl , juge ^02, ( f) Hifloire tvure'; de la Caroline par CateH)?. Londres , t y^j , t >ne // , page 6.^ , f^r. jlnd. Voici la dcferiptbn qu- donne cet auuur. '« Cet animal des Moifffettes, 2 2 p putois d' Amérique , & par M. Brâflbn fous celle de putois rayé (g). Enfin nous con- iioifTons encore une quatrième efpèce de mouffette à laquelle nous donnerons ie nom de Xorille , qu'elle porte au Pérou & dans quelques autres endroits des Indes elj3agnoles. C'eft à M. AuBry, Curé de Saint Louis , que nous fommes redevables de la connoifTance de deux de ces animaux ; fon goût & fes lumières en Hiftoire na- turelle , brillent dans fon Cabinet , qui eft un des plus curieux de la ville de paris, il a bien voulu nous communiquer fes richeffes toutes les fois que nous en avons eu befoin ; & ce ne fera pas ici la feule occafion que nous aurons d'en mar- quer notre reconnoifîance. Ces animaux par fa taille n eH pas fort diffcrent du piiteis commun , « fi ce n'cft i]ue fon nez en un peu plus long ; tous «« '-eux que j'ai vus étoient noirs & blancs , quoi- « qu'ils ne fuffent pas marqués de ia même ma- u nière ; celui-ci avoit une raie blanche qui s ctendoit « depuis le derrière de la tête , tout du long du milieu « du dos jufqu'iUi croupion , avec quatre autres raies « de chaque côté qui étoient parallèles à la première. » (^) Muflelanigra, tamis in dorfo alhis, Putorius ^natt^ Le putois rayé, Brifl", Re^n, ami. pag, îjo. • I ijO Hîjloke Naturelle que M. Aubry a bien voulu nous prêter- pour les faire deffiner & graver, iont le coalè , le chinche & le zorille ; on peut regarder ces deux derniers comme nou- veaux , car on n'en trouve ia figure dans aucun Auteur. Le premier de ces animaux eft arrivé à M. Aubry, fous le nom de Pékan, enfant du diable , ou chat fauvage de Virginie ; j'ai vu que ce n'étoit pas le pékan , j'ai rejeté les dénominations d'enfant du diaj 'e & de chat fiuvage comme fadices ôc compofées , & j'ai reconnu que c'étok le même animal que Hernandès a décrit fous le nom à' Yjquiepatl , & que les Voya- geurs ont indiqué Ibus celui de fquash ; ik c'ell de cette dernière dénomination que j'ai dérivé le nom coûfe que je lui ai donné ; il a environ leize pouces de long , y compris la têie & le corps , il ai les jambes courtes, le mufeau mince , les oreilles petites, le poil d'un brun foncé, les ongles noirs & pointus ; il habite dans des trous , dans des fentes de rochers , où il élève (es petits ; il vit de larrabées. de vermilîeaux , de petits oi féaux ; & iorfqu'il peut entrer dans une balfe-courj clés Moufettes: 1 3 ti il étrangle les volailles, defquelles il ne mange que la cervelle : lorlqu'il eft irrité ou eîfrayé il rend une odeur abominable : c efl: pour cet animal un moyen iiir de défenfe , ni les hommes ni les chiens n'oient en approcher : Ton urine qui fe mêle apparemment avec cette vapeur empeflée , tache & infede d'une manière indélébile ', au refte il paroît que cette mauvaile odeur n'eil point une chofe habituelle, ce On m*a envoyé de Suri- nam , cet animal vivant , dit Seba (h), et je i'ai confervé en vie pendant tout un et été dans mon jardin où je le tenois et attaché avec une petite chaîne; il ne et mordoit perfonne , & lorsqu'on lui don- «c noit à manger , on pouvoit le manier «: comme un petit chien ; il creufoit la çc terre avec Ton mufeau en s'aidant des ce deux pattes de devant , dont les doigts « font armés d'ongles longs & recourbés ; et (h) YjquUpatl , dont fa couleur reflemble à celle du maïs brûlé ... fa tête refîèmble à celle d'un petiit renard , & Ton groin efl à peu près comme celui du cochon; les Américains l'appellent Quasje. Seba, vol. I , paae 68. Nota. Cette autorité prouve encore que le mot Stjuush ou Coafe efl; le vrai nom de çe| animal. V 232 Hifloîre Naturelle 33 il fe cachoit pendant ie jour dans une 35 efjîèce de tanière qu'il avoit fait lui- 33 même , il en fortoit le foir , & après 33 s'être nétoyé , il commençoit à courir 33 & couroit ainfi toute la nuit à droite 33 & à gauche aufîi loin que fa chaîne 33 lui pcrmettoit d'aller ; il furetoit par- >3 tout , portant le nez en terre ; on lui 33 donnoit chaque foir à manger , & il 33 ne jjrenoit de nourriture que ce qu'il 33 lui en f :Iloit , fans toucher au refte ; 33 il n'aimoit ni la chair ni le pain ni 33 quantité d'autres nourritures , fes délices » étoient les panais jaunes , les chevrettes 33 crues , les chenilles & les araignées . . , 33 Sur la fin de l'automne on le trouva 33 mort dans la tanière , il ne put fins :o doute fupporter le froid. Il a le poil 3> du dos d'un châtain foncé , de courtes 33 oreilles , le devant de la tête rond , 33 d'une couleur un peu plus claire que 33 le dos, & le ventre jaune. Sa queue eft 33 d'une longueur médiocre , couverte 33 d'un poil brun &: court ; on y rc- 33 marque toi lutour comme des anneaux jaunâtres 33. Nous observerons que quoi- que la defcriptiou & ia figure données par Sena ries Mouffettes, 233 , s'accordent très-bien avec îa defcription & la figure de Hernandès , on pourrroit néanmoins douter encore que ce fût le même animal, parce que Seba ne .fait aucune mention de Ion odeur dé- teftable , & qu'il eft difficile d'imaginer comment il a pu garder dans ion jardin , pendant tout un été , une béte auffi puante , & ne pas parler en la décrivant , de l'incommodité qu'elle a dû cauier à ceux qui l'approchoient ; on pourroit donc croire que cet animal, donné par Seba fous le nom à'yfquiepatl ^ n'efl: pas le vé- ritable , ou bien que la figure donnée par Hernandès a été appliquée à l'yfquiepat! , tandis qu'elle appnrterioit peut-être à un autre animal , mais ce doute , qui d'abord paroît fondé , ne flibfiftera plus quand on. faura que cet animal ne rend cette odeur empeftée que quand il eft irrité ou prefîé, & que piufieurs perfonnes en Amérique en ont élevé & apprivoifé ("ij, [i) Malgré l'incommode propriété de ces animaux", les Ànglois , les François , les Suédois & les Sauvages de l'Amérique fèptentrionaie en apprivoifent quel- quefois; on dit (ju'aiors ils fuivent comme les ani- maux domefliques , & qu'ils ne lâchent leur urine que quand on les preflè ou qu'on les bat : lorfque IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) A ^ 1.0 l.l 1^^ 1^ IIIM 2.2 lia 1110 18, L25 1.4 |l.6 4 6" — ► V a 0=^1 r^ Photographie Sciences Corporation 33 WEST MAIN STRIIT WIBSTIRN.Y. MS80 (716) 873-4503 4- % \N 2)^ H'ijloire Naturelle De ces quatre efpèces de mouffettes, que nous venons d'indiquer (bus les noms de coafe , conepate , chinche & •j^or'ilk, les deux dernières apparriennent aux cli- mats les plus chauds de l'Amérique Cet animal rcfltmbie beaucoup à la marte , il eft à peu près de la nitmc grofleur, & ordinairement d'une couleur noire , il a cependant fur le dos une ligne blanche longitudinale , & une de cha(}ue côté de la même couleur & de la même longueur; on en voit, m:iis .rarement , qui font preCque tous blancs. . . Cet animal fiiit (ts petits également dans des creux d'arbres & Acs terriers , il ne refte pas feulement fur terre, mais il monte fur les arbres. Il eft ennemi des oifcaux ; il brife leurs œufs & mange leurs petits ; & quand il peut entrer dans un poulaillier , il / fait un grand ravage Quand il efl cbaHc , fuit par les chiens, foit par les hommes, il court tant qu'il peut ou grimpe fur un arbre ; & loi fqu^ fe trouve très-prcflê, ii lance fon urine contre ceux ui le pourfuiveht. . . l'odeur en eft fi forte qu'elle ufFoijue ; s'il tomboit une goutte de cette liqueur emptftce dans les yeux , on courroit rifquc de perdre la vie i & quand ii en toml>e fur les habits , elle leur imprltne une odeur fi ibrtc, qu'il eft tres-dif* ?; • i 2.3^ Hîjloke Naturelle un fond de poil noir cinq bandes blancFios qui s'étendent longitudinalement de ia tête à la queue. Le chinche (l) cil blanc fur ficile de la faire pafrer ; la plupart des cïiicrw fc re- feutent & s'enfuient dès qu'ils en font frappés ; i| &ut plus d'un mois pour enlever cette odeur d'une étoffe Dans les bois on fent fouvent cette ©deur de très-ioin. En 1749, il vint un de ces animaux près de la ferme oii je iogeois, c'étoit en hiver & pendant la nuit, les chiens étoient éveillés & le pouifuivoicnt ; dans lie moment , il fe répandit îane odeur fi fétide , qu'étant djjns mon lit , je pcnfai être fufFoqué, les vaches beugloient de toutes leurs forces Sur la fin de la même année, \\ s'en gliflà un autre dans notre cave , mais il ne répandit pas la plus légère odeur , parce qu'il ne la répand que quand il eft chafië ou prcfie. Une femme qui l'aperçut la nuit à (ts yeux étincelans , le tua , & dans le moment il remplit la cave d'une "telle odeur, que non-feulement cette femme en fut malade pen- dant quelques jvours , mais que le pain , la viande & les autres pro\ifioris qu'on conlervoit dans cette cave furent tellement infedés , qu'on ne put en rien cnriferver, & qu'il fallut tout jeter dehors. Voyage à Kalm t yage ^^2. & fuïvmm ^ article traduit par M. le marquis de MoHtmirai/, (!) Cet animal cft appelé Chînche par les Natu- rels du Brefil, il eft de la groffcur d'un de nos chats, il a la tête bnorue, (è rétréciflant depuis fa partie antérieure ji \ l'extrémité de la mâchoire (upé- ricure qui a\ 1 au-delà de la mâchoire inférieure, lej deux formant une gueule fendue jufqu*aux petits cns fc re- iippés ; il leur d'une vent cette Lin de ces cétoit en -nt éveillés (e répandit t , je pcnlai toutes leurs née, M s'en ne répandit e la répand femme <\m le tua , & ar îes Natu- de nos chats, )uis fa partit ichoire (upé- re inférieure, iju aux petits Jes Mouffettes. ^37- le dos & noir fur les flancs , avec la tête canthus ou angles extérieurs des yeux, (es yeux font iongs, & leur longueur eft fort rétrccie, l'uvée eft n»ire, & tout le refte eft blanc; (es oreilles font larges & prefque femblables à celles d'un homme, les cartilages qui les compofent. ont leurs bords renverfés en dedans ; leurs lobes ou parties inférieures pendent un peu en bas ; & toute la difeofition de ces oreilles iTuirque qu€ cet "animal a le (cns de l'ouïe fort dé- licat ; deux bandes blanches prenant leur origine fur la tête , palTent au - defTus des oreilles en s'éloignant l'une de Vautre , & vont fe terminer en arc aux côtés du ventre ; (es pieds font courts , (es pattes divifées en cinq doigts , munis à leurs extrémités de cinq ongles noirs, longs & pointus, qui lui fervent à crcufer fon terrier; fon dos eft voûté, femblable à celui d'un cochon , & le defTous du ventre eft tout plat ; fa queue au(ri longue que fon corps , ne diffère pas de celle d'un renard ; fon poil eft d'un gris obfcur d long comme celui de nos chats; il fait fa demeure dans la terre comme nos lapins , mais fon terrier n'eft pas fi profond ; j'eus une très-grande peine à faire perdre a mes habits U mauvaife odeur dont ils étoient imbus , elle dura plus de huit jours , quoique je les eus lavés plu(îeurs fois, mouillés, féchés au (bleil , &C. On me dit que la mauvaife odeur de cet animal étoit produite par fon urine, qu'il la ré- pand fur fa queue , & qu'il s'en (èrt comme de gou- pillon pour la difperfer & pour (aire fuir (es ennemis par cette odeur horrible ; qu'il urine de même à l'entrée de fon terrier pour les empêcher d'y entrer ; qu'il eft fort friand d'oifeaux & de volailles, & que ce (ont ces animaux qui détruifent principalement les oifeaux dans les campagnes dt Buenos-ayres. Journaf i 3 8 Hîftolre Naturelle toute noire , à l'exception d'une bande blanche qui s'étend depuis le chignon jufqu'au chanfrein du nez ; (à queue eft très - touffue & fournie de très - longi^ poils blancs mêlés d'un peu de noir. Le zorille (m), qui s'appelle aulîî mapurita (n)y car ii jette de quelques conduits fecrets une odeur Ç\ empeftée , qu'il cmpoifonne l'air fort loin autour de lui. Cl bien que les hommes & les animaux ont un grand empreffement à s'en éloigner ; il y a des chiens à qui cette puanteur efl infupportablc , & cïle les oblige à laiffer échapper leur proie; ; ii y en a d'autres qui enfonçant leur nez dans la terre renouvellent leurs attaques jufqu'à ce qu'ils aient tué Je putois ; mais rarement dans la fuite fè foucient - ils de pourfuivre un gibier fi déGigrcable , qui les fait fouffrir pendant quatre ou cinq heures. Les Indiens cependant en regardent la chair comme une déli- catefle. J'en ai mangé & je l'ai trouvée de bon goiit; j'en ai vu qu'on a apprivoifés quand ils étaient encore petits ; ils font devenus doux & fort vifs, & ils n*exerçoient point cette faculté , à laquelle la peur & l'intérêt de leur préfervation les forcent iïcut - être d'avoir recours. Les putois fe cachent dans e creux à^i arbres & des rochers : on en trouve dans des Mouffettes. '14^t ■biitoîs d*Europe ; ils lui reflemblent ew-* core par les habitudes naturelles ; & les réfultats phyfiques de leur organifàtion font aufli les niênies. Le putois eft â^a tous les animaux de ce continent celui qui répand la plus mauvaife odeur, elle efl: feulement plus exaltée dans les mouf-^ fettes , dont les efpèces ou variétés font nombreuiês en Amérique , au lieu que le putois efl: feul de la fienne dans l'an- cien continent ; car je ne crois pas que l'animal dont Kolbe parle (bus le nom de blaireau puant (p), & qui me paroît être une véritable mouflette , exifte au cap de Bonne-elpérance comme naturel au pays ; il fe peut qu'il y ait été tranfporté d'A- mérique, & il fe peut auffi que Kolbe , qui n efl: point exa<î;l fur les faits , ait em- prunté fa,defcription du P. Zuchel qu'if cite comme ayant vu cet animal au BrefiL Celui de la nouvelle Efpagne que Fer- nandès indique fous le nom de OrtohuUy dans prcfque tout le continent feptentrional de l'A me-' riqiic ; ils fe nourriflent d'inledcs &l de fruits fàuvagesj Hifloire naturelle de la Caroline, par Cutefbi , tome il, jinge 62 , (p) Dercription du cap de Bonne - efpérance , ^af^ Kolbe, tome lll, pages 8 6 îT S^, Tome XL L f % -■■> \ -ri^r:iS'> '[ .CI '-"' % *■ .r' •■ "■', 'i^ ',' 1 • l ' . V \ ' que k --.:-■ _^^-r I n ■ )-. m ^^.i m^ Ton, XI. I.E ZORÎLI.E. P/.^'.^Pat/u^j^. I.K CO?vKPATE 1 #-jr- «43^ s. LE P EKAN% ET •f!v LE VISON. I L y a long-temps que le nom de Pékan étoit en ulage dans le commerce de la pelleterie du Canada (a), ians que l'on en connût mieux l'animal auquel il appar- tient en propre ; on ne trouve ce nom dans aucun Naturalille , & les Voyageurs l'ont employé indiflindement ( b ) pour défigner ditférens animaux , & fur - tout les mouffettes ; d'autres ont appelé renard ou chat Jauvage l'animal qui doit porter le nom de pékan , & il n'étoit pas poflible de tirer aucune connoîlfancc précife des (n) Noms des peaux qu'on tire du Canada , avec leurs valeurs en 168} Les pékans, chats fku- v:i(!;cs ou enfans du diable, valent i livre 15 fous fa peau. Voyage de la Hentan , tome II, page 39, *: (h) Il répand une puanteur infupportable. Les François lui donnent dans le Canada le nom à\nfant du (liiiùle ou hête puante ; cependant quelques-uns \^^ ■^^WqvX fiekant, Voyage^ de Kalm , page ^t2, article Hâduit ffar M, le Marquis de MonmiraîU •k * ' ■ - fc'..' '^«'. i i ■-\.s \' --♦i - V. - 'fJI/foké Naturelle ,. notices courtes & ftutîves qite tous en ont données. Il en ell du vïfon comme du Pékan , nous ignorons l'origine de ces deux noms , & perfbnne n'en (avoit * îiutre chofe , finon qu'ils appartiennent à deux îwiimaux > de la panne. Les Canadiens font grand cas de ces peaux, dcfquclles ils font des tohei ». Voyage au pnyt des Hurons , j>nge J 08» 11 n'y a au Canada aucun animai auqujcl pette indication cQnyiennç ipieux qu'ai] j vifoij. , " . -llHil ,..! >J. ^V 1^ Wom.XT. LE PEKA T^ . r/ 24 P. I'' MUA pftm^m^àig»^' LE VISON :^.i;. ■»•'*. r ■» :ii- V A . ';.*- *t(*^^« tîu Pékan & du Vifoiu 245' ^nts & d'ongies , lé même irift"n<5l , les mêints habitudes naturelles ; ainfi nous nous croyons fondés à regarder le pc*kaii comme une variété dans i'efpèce de la marte , & le vifon comme une variété dans celle de la fouine , ou du moins comme des efpèces fi voifines , c|u'elles ne préfèntent aucune différence réelle : le pékan & le vifon ont feulement le poil plus brun , plus iuftré &. plus foyeux que la marte ^Jv la fouine , mais cette diflerence, comme Ton (ait , leur eft commune avec le caftor , la loutre & les autres animaux du nord de TAmérique , dont la fourrure cft plus belle que celle de ces mêmes animaux dans le nord de l'Europe, s ft s ■'■■^■:rr-^ fQ7v^gîrt(Hi - ■*'^- %î /■''* ■ » V^jMr » ^ " ^^y , rr ';>vi;'-, .■ *mm0 ..■•^f);'v ^■• \ ; ■t.Ltk _, ^" '■■ ''\^>ip'-i4%.. _.. 4';'4j,>>."iï' .'v, . ' ..w'rv^J^vt.^M 4A^f ■ ,;. t»*"- ■ n . ''U'h^ ''' -■ '''••■h:.'' ■^•V., • ■>>, \ ^-^X' ■•^"''■^'' ..■■ ' ' '>J ( .■. ■ •■t.'. 2.46 Hiflotre Naturelle LA ZIBELINE (a). X RESQuE tous les Naturaliftes ont parlé de h, Zibeline fans la connoître autrement que par (à fourrure. M. Gmelin eft le premier qui en ait donné la figure & la defcription ; il en vit deux vivantes chez ie Gouverneur de Tobolsk. « La T-ibeiinc » refîemble , dit-il, à la marte par la forme - ■ ■ • • ■ •' ' • I /d^ Zibeline. Marte zibeline j Zo^J en Allemand ; Sohol en Poloiiois j Sal'hel en Suédois ; Sable en Anglois. Mujlela Solella, Gefncr, Hijî» quaJ, p. 768. A^uftela Zibellina, TFic Sable. Ray. Sj'U, ^uadni^u pag. 201. Aluflela ZihelHna , Ariftotelis Satherius , Nipbo, Cehcilus , Alciato , mus /armaticits iT fcythîcus, The cebal or fable. Charleton , exercit, pag. 20. Ahjlela SoheJla.Qéntrit Miifiehx Zl M/'rra Jondom, AlufieLifcythka , wartesfcytlticd , iélis fcythka , fiiihnius Ariflotclis , mus fnrnuitiLUS if Jcythkus A/ciatîs , ifc, llzac/.ynski, aud. pag, 3 1 7. Aliifiela ohfcure fulva , guiture chicreo. .... Alayres Zibelliiia. La marte zibeline. Briir, AV^. aninu p. 24^. Aluftek Zibellina, Nov. Comm. Acad. Petrcip. tom. V. Àn'imaliiim quorunuiam qtiadr, dcfcriptio, audore Qeorg^ Gro^cliii , artj i ^ lîg. ibid. tab, C, i^e la Zibeline, ^^7\ ta rhabîmdc du corps , & à la belette «« par les dents ; elle a fix dents incifives c< aiïez longues & un peu courbe'es, avec c< deux longues dents canines à la mâchoire « inférieure , de petites dents très- aiguës à ce la mâchoire fupérieure; de grandes mouf- c< taches autour de la gueule , les pieds ce larges & tous armés de cinq ongles : c< CCS caractères ctoient communs à ces c« deux zibelines ; mais Tune e'toit d'un ce brun noirâtre fur tout le corps , à l'cx- ce ception des oreilles ik du deflous du ce menton , où le poil e'toit \\n peu fauve ; ce & l'autre , plus petite qUe la première , ce ëtoit fur tout le corps d'un brun jau- ce nâtre , avec les oreilles & le de/Tous du ce menton d'une nuance plus pâle. Ces ce couleurs font celles de l'hiver; car au prîn- ce temps elles changent par la mue du poil : ce la première zibeline , qui étoit d'un brun «e noir , devint en été d'un jaune brun ; ce & la féconde, qui étoit d'un brun jaune, «e devint d'un jaune pâle. J'ai admiré , ce continue M. Gmelin , l'agilité de ces ce animaux; dès qu'ils voyoient un chat, ce ils ie drcfloient fur les pieds de derrière ce comme pour fe préparer au combat ; ce luj w 248 H ivoire Naturelle » ils font très - inquiets & fort reniuans » pendant la nuit (b); pendant le jour au » contraire , & fur-tout après avoir mangé, » lis dorment ordinairement une demi-heure » ou une heure ; on peut dans ce temps y> les prendre , les fècouer , les piquer lans €[u'ils (è réveillent ». Par cette defcription de M. Gmclin, on voit que les zibelines Me font pas toutes de la même couleur , & que par conféquent fes Nomenclateurs qui les ont défignées par les taches & les cou- leurs du poil ont employé un mauvais ca- ractère , puifque non-lèulement il change dans les différentes faifons , mais qu'il varie d'individu à individu , & de climat à climat (c). ;. . • -, fb) Nota, Cette inquîctudc & ce mouvement pendant la nuit n'eft pas particulier à la zibeline ; j'ai vu la même chofe aux hermines que nous avons eu vivantes, & que nous avons nourries pendant piufîcurs mois. (c) Des deux zibelines dont parle M. Gmclin, la première venoit de h pl-o^'ince de Toiuskien , & \\ féconde de celle de Berefowien ; on trouve aulTi dans là relation de la Sibérie , que fur la montagne de Sopka-Sinaia il y a àts, zibelines noires à poil court, auxquelles il efl: défendu de donner la chalîe : qu'une femblable efpèce de zibeline Te trouve auflTi plus avant; dans les montagnes^ de même chez les Caimouks ■■<• de la Xîhelinci 249 Les zibelines habitent le bord des fleuves , les lieux ombragés & ies bois les plus épais ; elles fautent très-agiieinent d'arbres en arbres , & craignent fort le foleil , qui" change , dit-on , en très-peu de temps la couledr de leur poil ; on préiend (dj qu'elles fè cachent & qu'elles Ibnt en- gourdies pendant l'hiver , cependant c'efl dans ce temps qu'on les chafle & qu'on les cherche de préférence , parce que leur faurrurc ell alors bien j)lus belle & bien meilleure qu'en été ; Olles vivent de rats , de poiflTon , de graines de pin & de fruits iàuvacres ; elles font très-ardentes en amour; elles ont pendant ce temps de leur chaleur une odeur très - forte , & en tout temps leurs excrémcns fentent mauvais : on les trouve principalement en Sibérie, & il n'y en a que peu dans les forêts de la grande Rufîie, & encore moins en Lajiponie. Les zibelines les j^lus noires font celles qui font les plus eftimées ; la différence Vraiigai. «c J «i vu , dit-il , quelques-unes de ces pcaitx que àcs Calmouks avoient apportées; eiies font con-'« nues fous le nom de zibelines de Kangaraga », Vojujqc, de Ciiulin , tome 1 , jmge 2 t y. {d} HiiKiymUf au(fl, pag. 318, L V ' ' ••*' 2^6 ffi/tolre Ndttirélle qu'if y a de cette fourrure à toutes les autres (e), c'eft qu'en quelque (eus qu'on poufle le poil , il obéit également , au lieu que les autres poils pris à rebours font ièntir quelque roideur par leur réfiftance. La chaffe des zibelines le fait par des criminels confinés en Sibérie , ou par des ibldats qu'on y envoie exprès , & qui y demeurent ordinairement piufieurs années ; îes uns & les autres font obligés de fournir Une certaine quantité de fourrures à laquelle ils font taxés ; ils ne tirent qu'à Ijalle feule pour gâter le moins qu'il eft podible la peau de ces animaux , & quelquefois au îieu d'armes à feu ils (e fervent d'arbalètes & de très-petites flèches. Comme le fuccès de cette chaffe fuppofe de l'adreffe , & encore plus d'affiduité , on permet aux (e) La zibeliiK; diffère de la marte en ce qu'elle cft fift petite , & qu'elle a les poils plus fins & plus longs ; tes véritables zibelines font damafîoes de noir, <&" (jB prennent en Tartarie ; ii s'en tfou\e peu en Lapponic : plus ia couleur du poil eft noire & plu« elle eft recherchée , & vaudra quelquefois foixante écuî, quoique la peau n'ait que quatre doigts de largeur , on en a vu de blanches & de ^rifes. Rcgmrd , tome 1, page \y6. Nota. Schcffer dit de même qu'il (b trouve cjuciquefbis dci zibçlincs hhviQ\}Qi,Hi(joirecieli.i JLaj^fome, Ae h Tihelmel . ■ \ 2 5 \ Officiers d'y intérefîer leurs foldats, n," z, Linn. Syjiem* Sut. edit X , pag, s 9 • (h) Olai Magni, Hift, Cent, fep:, iib. XVill, cap. XX. 154* fJifloire NatitrelU 3» de dîverfcs couleurs , la partie antérieure » de la tête noire , la partie fupérieiirc 35 jaunâtre , le cou & les épaules noires , 3> k refte du corps roulsâtre , marqué de 35 quelques petites taches noires de difFé- 33 rentes figures julqu'à la queue , qui n'a 33 qu'un demi -pouce de longueur, & •c c|ui eft couverte de poils jaunes noirâtres; 3> l'ordre des taches , non plus que leur 3D figure & leur grandeur , ne font pas les 3ï mêmes dans tous les individus ; il y a 33 autour de la gueule plufieurs poils roides 33 en forme de mouftaches , dont il y en 33 a fix de chaque côté beaucoup plus 33 longs & plus roides que les autres ; 33 l'ouverture de la gueule eft petite , la 33 lèvre fupéricure elt fendue comme dans 33 les écureuils , il fort de la mâchoire fu- 33 périeure deux dents longues incifivcs, 33 aiguës, un peu courbes , dont les ra- 33 cines pénètrent jufqu'à l'orbite des yeux, 33 deux dents femblables dans la mâchoire i 33 inférieure qui correfpondent à celles diil 3» delius , trois mâclîclières clc chaque 33 côté , éloignées des dents incifives ; la 33 première des mâchclièrcs fort large & 30 compoféc de quatre lobes , la fecgndî de ( cun( fepaj du j: Ja lar qu'à débri dans fiire ] petits le dos les pi( cinq o du mi f/uièm^ coinm^ (oh al ventre I ie jaun c/1 épj iaidc j;| dijiairc de Lnj fois en aiinécsi pas icyi.l du Lemlng. 255 tîe trois , la troifiènie plus petite , cha- ce cune de ces trois dents ayant Ton alvéole «« Icparée & toutes fituées dans l'intérieur « du palais , à un intervalle afiez grand ; « ia langue afîez ample & s'étendant juf- ce qu'à l'extrémité des dents incifives; des ce débris d'herbe & de paille qui étoient ce diuis ia gorge de cet animal , doivent ce fltire penlèr qu'il rumine ; les yeux font ce petits & noirs, les oreilles couchées fur « le dos, les jambes de devant très-courtes, ce les pieds couverts de poils & armés de ce cinq ongles aigus & courbés , dont celui oc du milieu efl ircs-lonjx , & dont le cin- ns de courir aiïez vite , il habité or- dinairement Iq> montagnes de Norvège & (le Lapponie , mais il en defcend quelque- fois en fi grand nombre dans de certajnes années ( c ) & dans de certaines f liions , (c) On a rcmanjuc que les Lemmci's pc paroiffent pas icyi.lièiement tous les iuis, mais eii certain teivips "5^5 6 Hiflohe Naturelle qu'on regarde l'arrivée des Leinings comme vin fléau terrible , &: dont il efl ijnpofiihle de fe délivrer ; ils font un dégât affreux dans les campagnes , d v'aftent les jardins, ruinent les moilTons , & ne laiffent rien îi l'improvifle & en fi grande quantité , qu'ils fe ré- pandent par - tout & couvrent toute la terre Ces petites bêtes, i)icn loin d'avoir peur &; de j'enfuir quand elles entendent marcher les paflans , font tw contraire hardies & courageufes , vont au -devant de ceux qui les attaquent , crient & jappent prefque tout de même que Acs petits chiens : fi on les \eut battre, elles ne fe (bucient ni du bâton ni des hallehardej , fautant & s'élinçant contre ceux qui les frappent , s'attachant & JTiordant en colère les bâtons de ceux qui les veulent tuer. Ces animaux ont ceci de parti- culier, qu'ils n'entrent jamais dans les maifons ni dans les cabanes pour y faire du dommage , ili fe tiennent toujours cachés dans les broflailles 6c le long Ati coteaux ; quelquefois ils fe font la guerre, fc partigeant comme en deux armées le long àcs lacs & des prés. .. J.es hermines 6c les renards font leurs ennemis h en mangent beaucoup l'herbe rcnaiffante fait mourir ces petits animaux, il femble qu'ils fe fafïbnt audî mourir eux-mêmes ; on en voit de pendus a ÀQ& branches d'arbres, on peut croire auffi qu'ils fc jettent d.uis l'eau par troupes connnc les hirondelle?. Jiifloirc Ht la Lapfwnie , jmr Schefftr, jmge ^22, Isct/i, Jl y a bien plus d'apparence que les Icmin^s , comme tous les autres rats, le mangent & s'cntredctruifent A<:i que la pâture vient à leur manquer, & que c'efl par cette raifon que leur deftrudio.i eft au/Ti prompte que icur putlulation« \ du Lemhig, -- I57 que ce qui eft ferré dans les maifons , où heureufèmcat ils n'entrent pas. Ils aboient à peu-près comme des petits chiens ; lorP qu^on les frappe avec un bâton , ifs Ce jettent deflus & le tiennent û fort avec les dents , qu'ils fe iaiïïent enlever & tranf- porter à quelque diftance , (îms vouloir" le quitter ; ils ie creufcnt des trous fous terre , & vont comme les taupes manger les racines , ils s'affemblent dans de cer- tains temps, & meurent pour aînfi dire tous enfemble ; ils font très-courageux & fe défendent contre les autres animaux : on ne f^it pas trop d'où ils viennent , ie peuple croit qu'ils tombent avec ia pluie f^^; (d) Beflhléc qitadrupîdes , Lcmmar vil Lemmiîs àda , mûgniiudine foricis , pelle varia per tempejlates ù* repcminos imbres , . . iticowperium unde , an ex renwtiorilms infitlis if vcnto dtlatec m tx nubilmi fxculentis natcc deffvamur. Id tnnwi compertum ejl jlatim atijue decidmnt , rcperhi in vifcerilms hcrha, cruda nondum coucoâœ, Hœ more locuflarum in maximo examine cadenres oimia vi- rentin dcfliuiwt & quct vwrfu tantum attigerint emorîumur virulent iâ ; viril hoc agmen donec non gnfinverit herhani rctiatam, Conveniunt quoque grcg. itim quafi liirundi/ies cvo- latura , fed flato teni/mrc aui moriwitiir acervatim cuni Lie teirct f ex quaruni corniptione aer fit pejlikns & afjicit incohis vcrtigine if iâcro) aut liis bcfiiis diéïis vidgariter Lekat l'cl Hermeliii confumuntur unde iidcm Hcrniclini piiipefcmit, 01, Mag, Hifl,Cem,fqn, pag. i-jz, '■■-■(. ^ a 58 Hifioke Naturelle, ère: îe mâle eft ordinairement plus grand qitl» la femelle , & a auflj les taches noires plus grandes ; ils meurent infliillibiement au re- nouvellement (\Gi herbes ; ils voiit auffi en grandes troupes fur l'eau dans le beau temps, mais s'il vient un coup de vent, lis (ont tous fubmer^és ; le nombre de ces animaux eu 11 prodigieux , que quand ils meurent, l'air en eft infecflé, & cela occa- fionne beaucoup de maladies , il (emble même qu'ils infecT:çnt les jîîanies qu'ils ont rongées , car le pâturage fliit alors mourir le bétail ; la chair des lemings n'eft pas Bonne à manger ; & leur peau , quoique d'un beau poil , ne peut pas fervir à fiiire des fourrures , parce qu'elle a trop peu dt confiltance. i5? LA SARICOVIÈNNE (a). •f JLj A Saricovîeniie , dit Thevet , fe trouve ie long de la rivière de la Plata , « elle efl: d'une nature amphibie , demeu- ce rant plus dans Teau que (ur la terre ; c< cet animal eft grand comme un chat , c< & fa peau qui eft mêlée de gris & de « noir, eft fine comme velours ; Tes pieds ce font faits à la femblance de ceiix d'un ce oilèau de rivière ; au refte fa chair eft •« très-délicate & très-bonne à manger (b) w. (a) Sari'copîenfu , nom de cet animai au pays delà Plata , & que nous avons adopté. Ce mai Jaricovieme paroît être dérivé Je Carigueibeju , qui eft ie nom de cet animal au Brefil , & qui doit fe prononcer fari- ^ovîou , ce nom figuifie bête friande , fcion Thevet. Jiya, (jiia iT Caripueibcju appeJlamr à Brnfilienfibusi JVIarcgr. HijK rtat. i/nj/". pag. 234., fig. ibid. Ltitra nigricam caudu deprejffi if ghdira, Barrèr«. llijl de la Fr. ÉqiiUu pag. 155. Lutra (itri cohrh waculâ fuh gutfure fnvtï r hitra Brafilicifis. La loutre du Brefii. BriiToii , Regi^ aiiitn. pag. 278. „à^,._ fb) Singularités de la France antnrdiqiic , pa* André Thevet. Paris , ///// pages i oy if i oS^ x • ■ V- ±60 HiJIoIre Naturelle Je commence par citer ce pafTage , paire que les Naturuiifles ne connoifl'oient pas cet animal fous ce nom , & cju'iis'jigno-. toient que lé Carigueibeju du Brefil , qui fcft le même , tût des membranes entre les doigts des pieds; en efîèt, Marcgrave qui en donne ia defcription , ne parle pas de ce caracflère , qui cependant eft rïïentiel , puifqu'il rapproche autant qu'il cft poflible cette efpèce de celle de la X-outrc. Je crois encore que l'animal dont Gumilla fait mention fous le nom de Cuachi (c)j pourroit bien être le même (c) On trouve fur lés rivières qui Te Jettent dans TOrcnoque une grande quantité de chiens d'eau , que les Indiens appellent Guachi ,- cet animal nage a\'ec beaucoup de légèreté, & fc nourrit de poifTon; il c(\ amphibie , mais il vient aufll chercher ih nour- riture fur terre ; il crcufie des foHes fur le rivage, éiins iefquelles ia femelle met bas (es petits. Ils ne crcufent point ces foffes à l'écart , mais dans les endroits où ils vivent en commun 6c où ils viennent fc divertir. J'ai vu & examiné avec foin leurs tanicics, l'on ne (àuroit rien voir de plus propre ; ils ne laifTcnt pas la moindre herbe aux environs; ils amonccliciu k l'écart les arêtes des poilTons qu'ils manoent ; h à force de fauter, d'aller & de venir ils pratiquent des chcmijis très - propres & très - commodes. liijloire à l'Oréiw notions qu'il en donne ne convenant pas en entier à cette p-rande loutre , & la trouvant d'ail- leurs abfolumcnt femblable à la loutre commune, à la grandeur près, j'ai jugé que ce n'étoit point une elpèce particu- lière , mais une fimple variété dans celle de la loutre. Et comme les Grecs , & fur-tout Ariftote, ont eu grand foin de ne donner des noms diiîérens. qu'à des animaux réellement differens j^ar l'eipcce , nous nous fommes convaincus que le latax efl un autre animal ; d'ailleurs les loutres , comme les caflors , Ibnt corn- munénicjit plus grandes 6c ont le poil plus 1 •• i 2^4 Hijloire Naturelle ^loir & plus beau en Ame'rique fa) qu'en Eliropç. Cette loutre de Canada doit en elîèt être plus grande & plus noire que la loutre de France ; mais en cherchant ce C[ue pouvoit être le Latax d'Ariftotc (chofc ignorée de tous les Naturalises), j'ai conjcduré que c etoit l'animal indiqué par Belon fous le nom de loup marin , (5c j'ai cru devoir rapporter ici la notice d'A- rifloie fur le latax ; & celle de Bclon fur le loup marin , afin qu'on puifJb les com- parer (bj, Arirtote (a) Les loutres de l'Amérique feptcntrionafe diffèrent ide celles de France en ce qu'elles font toutes coiTimii- ncmcnt plus longues &: plus noires ; ii s'en trouve qui le (ont bien plus les unes que les autres , il y en a d'auffî noires que du jay; celles-ci fent fort recherchées & l'ort chères. Dcfcriptio.' de l' Am/rùjue fcpeutnoiidli jhir Denj/s, tome 11, page 2 o, (h) Sum iiiter quadruycdes femjqiie , qutz vîâiim ex îacu if fiwiis petaitt , at vcro a mari milliim , jïïa- terfjuam vituhis warimts. Sum etium in hoc génère jikr, fat lier ium , fatyrium , lutris , Latax qutx latior lunt ' iji , dtnîejque hcbet robufios , (juippe quoe noâu pknmft egrediens , vi)gu/rd proxiwa fuis dent il- us tit fcrro pra* cidar; lutris etinm hotninem mordet , me defijlit , m fcrunt , nijï offis fraéli crcpittim fenferit, Lataci fdui durus , fpt'cie in ter pi Ium vituli niarini iT cerui, Arift. /y///, anlm. lib. N'IIJ, cap v. — J-e loup marin, « D'autan! {Tune Loutre de Canada, 26^ Ariftote fait mention dans ce paflage de fis. animaux amphibies; & de ces iix nous n'en connoilîons que trois, le phoca, le caftor & la loutre ; les trois autres , qui font le /atax, le fatherion & le fatyr'iûn font demeurés inconnus, parce qu'ils ne font indiqués que par leurs noms & (ans aucune defcription : dans ce cas , comme dans tous ceux où l'on ne peut tirer aucune indudion direéle pour ia con- noifTance de la cholè , il fiiut avoir recours à la voie d'exclufion ; mais on ne peut « D'autant que les Anglois n'ont point de loups fur leur terre , nature les a pourveus. d'une bête au •« rivage de leur mer , fî fort approchante de notre « loup , que (i ce n etoit qu'il fc jette plutôt fur les « poiffons que fur les ouailles» on le ciiroit du tout « fembi.ible à notre bête tant raviffante; confidcré la « corpulence, le poil, la tête (qui toutefois tft fort « I grande } & la queue moult aj^pr^xhante au loup « terreftre ; mais parce que cclui-cy ( comme dit efl ) « ne vit que de poiflbns, 6: n'a été aucunement « connu des Anciens, il ne m'a femblé moins no- «c tthle que les animaux de double vie cy-dcffus «« alléoriiés, parquoi j'en ai bien voulu mettre le « pourtrait, » Hehn, "« a- c* i'ép: mar pou de i îouY que zibel rton con; €epe ie te moin nu(e où c c'eft iiidici retranche encore l'hippopolamc' , le r;u d'eau & l'ichneumon, parce qu'il en parle ailleurs & les défigne par leurs noms; j'en retranche enfin les j)hoques , le caftor & la loutre , qui font bien connus » & la inufaraigne.d'eau , qui efl: trop refîeniblante à- celte de terre polir eir avoir jàmdfis étc"- réparée par le nom : il nous refle le loup marin de Bdôn, là Tjibclîite & lé dcfinan, pour le latax i \e fathenon 6c \ë fityrlon; de ces trois animaux il ny moit que le loup marin de Belon qui foit plus gros que la loutre, ainfi»c'.e(l Ici (eul qui puifîc rej»>rélenter le I/itax , par- cortfëquent la zibelinie & le defman repréfentent {^fathe-^ rion ôi^ÏQ faiynort. 'L'on lent bien que ces conjedlures , que je crois fondées , ne font cependant pas du! nombre de^ celles que le temps puiffe éclaircir davantage , à moins qu'on ne découviîît quelques ma- nufcrks' grecs jitfqu'à prélei'rt: inconnus, où ces nomà ie '■ trouveroient employe's ; c'éft -* à - dire expliqués par de nouvelles indications.Vi '■* .'im^r;! i» ^u t>*i! h , ,M\,^ } i.' ■ ^ > i i. M '4 :i-j I > tMl. ; 1 1 : 2(58 Hiflolre Naturelle LES PHOQUES, , . LES MORSES , ET LES LAMANTINS. A SSEMBLONS pour un infiant tous les animaux quadrupèdes , failbns - en uii groupe, ou plutôt formons -en une troupe dont les imervalles & les rangs rej)ré(èntent à peu près la proximité ou l'éloignement qui le trouve entre chaque efpèce ; plaçons au centre les genres les plus nombreux , <& fur les flancs , fur les ailes ceux qui le font le moins ; relTerrons- les tous dans le plus petit efpace , afin de les mieux voir ; & nous, trouverons qu'il n'eft pas pollihie d'arrondiv cette enceinte : Que quoique tous les animaux quadrupèdes tiennent entr'eux de plus près qu'il? ne tiennent aux^ autres êtres, il s'en trouve ncanmonis en grand noni- bre qui font des pointes au dehors , & lèmbient s'élancer pour atteindre à d'autres daflcs de ia Nature; les linges tendent des Phoques , &c. l6^ à s'approcher de l'homme & s'en appro- chent en effet de très -près; les chauve- fouris ibnt ies iinges des oifeaux qu'elles : imitent par ieur vol ; les porc - épies , ies hérifîbns par ies tuyaux dont ils fout couverts, fembient nous indiquer que ies plumes pourroient appartenir à d'autres qu'aux oifèaux ; ies tatous par leur teft écailleux s'approchent de la tortue & des cruftacées ; les caftors par les écailles de leur queue refîèmblent aux poiflons ; les fourmiliers par leur efpèce de bec ou de trompe làns dents & par leur longue langue , nous rappellent encore les oi- (eaux; enfin les Phoques, les Morfes ôc les Lamantins font un petit corps à part qui forme la pointe la plus (îiillanie pour arriver aux cétacées. Ces mots phoque, morfe & lamantin t font plutôt des dénominations génériques que des noms l'pécitiqucs , nous com- prenons fous celles de phoque i.** le fhoca des Anciens qui vraiièmblablcment eil celui que nous avons fait reprélènter; 2." le phoque commun que nous appe- lons veau marin ; ^ .° le grand phoque , dont M. Parfons a donné la delcripiion M il; l; %jo Mïfloire Naturelle Si. la figure dans les Tran(;iûge 1 S^. & j^lanche XXV IL de la partte IJ' de leurs Mémoires fwur fervir à i'Hiffoire des animaux. Enfin, il nous paroîr que c'cft encore le même , dont de Laët a donné la figure <3t qu'il appelle chîm marin ou jiheque, Defcription des Indes occidcKtcdes , page ^r. Je ne cite pas les autres auteurs , parce qu'ilr. ont copié les figures (ie ceux-ci, ou qu'ils en ont donné de défeélueufès» 5.° Le grand phoque, dont Al. Parfons a donné la flefcription & la figure dans les Tran/aiSions Philofo- phiqucs , n," ^ 6 <^. 4.** Le lion marin , dont on trouve \x defcription 6: la figure dans le voyage d'Anfon ^ yage i o o , &L qui pourroit bien être le même que le granil phoque dcccit par M. Parfons» M Y 274 Hijtolre Naturelle mains, feulement plus larges & 'tourne'^ en arrière comme pour fe re'unir à une <]ueue très - courte qu'ils accompagnent des deux côtés , le corps aiongé connue celui d'un poiiïbn , niais renHé vers la poitrine , étroit à la partie du ventre, tfàns hanches , " fans croupe & fans cuifles sHU dehors ; animal d'autant plus étrange .qu'il paroît fidif , & qu-ii 'eft le modèle fur lequel l'imagination des Poètes en- fiinta les Tritons , les Sirènes , & ces dieux de la mer à tête humaine , à corps de quadrupède , à queue de poifTon ; & le phoque règne en efïèt dans cet^empire muet par fa. voix , par fa figure , par .ion intelligence , piir les flxcultés , en un mot , qui lui font communes avec les habitans de la terre , fi fupérieures à celles des poifîons, qu'ils femblent être non- feulement d'un autre ordre, mais d'un monde différent ; aufil cet amphibie, quoique d'une nature très - éloignée de , celle de nos animaux domcftiques , ne iaifîe pas d'être fufceptible d'une forte il'éducation ; on le nourrit en le tenant fouvent dans l'eau , on lui apprend à faluer de la tête & de la voix, il s'ac- des Phoques, &c. zy y eoutiime à celle de Ton maître ; il vient lorlqu'il s'eniend appeler , & donne ]:>lu- iîeurs autres fignes d''^ .diligence ôl de docilité fùj. Il a le cerveau & le cervcret jyropor- tionnellement ])lus grands que l'homme, les lens auflî bons c|u'aucun des qua- drupèdes , par conséquent le lentiment aurti vif, & l'intelligence aufli prompte ; l'un & l'autre ie marquent par fa douceur, par les habitudes communes , par (es qualités fociales , par fon inftinél: très- vif pour (à fcrnelle , & très-attentif pour {iss petits, par fa voix ^cj plus «Kprefllve f^J Vttîili mar'mi accipium difcipUnnm , voceqtte farirer tt vifu jwpulum jalwant : incondito fremim nontine vocdti refportfîenr, V\m, Hifl, nat. lib. IX, cap. XI II, — Un matelot Hollandois avoit tellement apprî- voifé un veau marin , cju'il lui faifoit faire cent fortes de fingcries, Voj'ûges de A'îi^on , tome llî, Ikige us. , .., ■■ , ,i^,> ,,i,.^^.., ,. ,.,. .,, fc} Nous entendions foiivent pendant la nuit , fur lés côtes du Canada , la voix oes loups marins qui rcflcmbloit prefque à celle àes chats-huanls. Hijhire de In nouveUe France, par l'Efcarhot. Paris, 1612, j>ûge 600. — Quand nous arrivâmes à l'île de Juan Fernandès, nous entendions crier les loups ma- rins jour &: nuit, le^ uns bêioient comme des M vj 2.j6 Hijloire Naturelle & plu», niod-iilcc que ccHe des autres animaux ; il a auflî de la force & des armes , ion corps eft ferme & grand , fcs dents tranchantes , fes ongles aigus ; d'ïiiiieurs ii a des. avantages particuliers, uniques , fur tous ceux qu'on voudrok lui comparer ; il ne craînt ni le froid ni le chaud, ii vit indifféremment d'herbe, de chair ou. de poiffon ;. ii hal^iie e'ga- lement i*eau , la terre & la glace ; il cft avec le morlè le ieui des quadrupèdes qui mérite le nom (^ amphibie , le feiil qui ait le trou ovale du cœur owvcxvfj), le (guI par confécjuetit qui puiflc fc paffcr -m agneaux , fcs autres nboyoient comme des chiens ou huïloient comme des loupf^ V(iy.ii'gu de Woodcs P,or gers t page zaé, (d) ConitT'.e les pl^ocas font it^\v\éî, à être long- temps dans l'eau , & ijuc le pafîhgc d\i (^ng par lé poiimon ne peut fe faire fans la refpiratiun ; ils ont Je trou ovaîaire tel uu'il tft dans le fœtus , qui ne rf(pire pas non plus ; c'cfl une cuvcrturv? placée au deHuus de la veine-cave ; & une communication du vanricu!e droit du cœur avec le gauche , qui fait fïatfçr dirciflcmcm !e fhng de la cave dans l'aorte, & ui épargne le lonq chemin qu'il auroir à prendre par ie poumon. Hijloire de l'Académie des Siiences,. dej)iùji 1^6$ ^ lome iy l^age S^., .... 'y des Phcfques „ &€, ^77 de rcfpîrec , & aucjuel l'élément de leau Toit aufli convenable ,. auGi propre que celui de l'air ; la loutre & le ca/lor ne font pas de vrais amphibies , puilque leur élément eft l'air ;, & que n'ayant pcvs cette ouverture dans la cloilbn du cœur, ils ne peuvent relier long - temps loiis Teau , & qu'ils iont obligés d'en (brtir cil d'élever leur tête au-deflus pour refpircr. Mais ces avantages qui font trèsr- grands , font b;ilancés par des iinper- ieclicns qui font encore plus grandes. Le veau marin efl manchot bu plutôt eftropié i}LQs quatre membres, les bns^ les cuifT^s & les jambes (ont prelqu'en- îièrement enfermés dans Ion corps ; il ne fort au dehors que les mains & les pieds, lelquels font à la vésité tous divifés en cinq doigts ; mais ces doigts ne font pas moliiles féparéme it les uns des autres-^ étant réunis par une forte membrane , & ces extrémités font plutôt ùqs nageoires que des mains & des pieds , des efpèces d'inllrumcns faits pour nager & non pouF marcher; d'ailleurs les pieds étant dirigés ti\ miQït , comme la cpeue , ne peuvent lyZ Ht foire Naturelle foutenir le corps de Tanimal qui , quand il eft fur terre , eft obligé de fe traîner comme un reptile fej, & par un mou- vement plus pénible; car ion corps ne pouvant ie plier en arc , comme celui du ferpcnt , pour prendre fuccefllvement xlifFérens points d'appui, & avancer ainli par la réai5lion du terrein ; le phoque ■'demeureroit giflant au même lieu , l'ans fa gueule & les mains qu'il accroche à ce qu'il peut làifir, & ii s'en fert avec tant de dextérité qu'il monte aflez promptement •ûir un: rivage élevé, fur un rocher & (e) Les loups marins, que quelques - iwis nppencnt ytaux marins à.^î> côtes du Canada, font gros comme . . . .• L'on trouve quelquefois les veaux marins fur des glaçons fi élevés ér fi efcarpés qu'il eft étonnant comment ils ont pu y monier , 6c on les y voit fouvent. accrochés ^u nombre de vingt ou trente.. Defcription de U yêcke de l^ JSakiHe^ par ^orgdrûger^ , ( g ) Je donnai plufieurs coups d'épée à un veau marin , qui ne l'empêchèrent pas de courir plus \ îte que moi , &. àt ^t jeter dans l'eau , .d'où je ne le vis plus rcfortir. Ruue'U des v»^a^K Wu Nord, tmt JJ» V 2 8b mjloire Naturelle les mers de l'Europe & jufquc dans h Méditerranée ; on en trouve auifi dans les mers méridionaies de l'Afrique & de l'Amérique (h); mais ils ibnt infiniment plus communs , plus nombreux dans les mers lèpientrionaies de TA fie, de l'Eu- rope (i) & de l'Amérique , & on les lii, « * \« ' • (h)\\^ z beaucoup dfe veaux mnrhis dans les parties feptcntrionaies de l'Europe & de T Amérique, t^^^x^ les parties méridiomles de l'Afrique , comme aux en- virons dû cap de Bonne -efpérancc & au détroit de JWageHan, & quoique je n'en aie jamais vu dans les Indes occidentales que dans la baye de Campcclic, ii y en a néanmoins fur toute la côte de ia mer méridionale de i*A mérique y depuis la terre dcl Fuego jufqua la ligne équinoxiale^ mais du côté du nord de la ligne, je n*et) ai jamais vu qu'à vingt un degrés de latitude: je n'en ai jamais vu non plus da'ns les Indes orientales. Voyage dt Oampier, tome 1, jhige 1 1 S, (i) In mari Bothnico & Finnico mnxlmn vitulormi ntarinorum five phccarum multitudo reyeritur. Olaï Magni, de Cent, ftpî, pag, t6^, — On trouve dans le Groenland beaucoup d'e Maux marins fur la côte de l'otiefl ♦ on en trouve peu vers le Spitiberg Les plus grands veaux marins ont ordinairement depuis cinq jvfqu'à huit pie^ de long , & leur graiffe fournit la meilleure huile. ...... comme ils (é plaident autant fur la glace que fur terre , l'on eu iFoit àt& troupeatfl de cent raffenablés fur un même glaçon 1 1 *, I L'endroit où l'on prend les veaux ■•p. '\i' lans la i dans & de nimem ans les : l'Eu- oli les les parties ' , éi daiK e aux en- détroit de u dans les )ampcclie, le ia met terre k\ lu côté du Jà vingt un non plus ïer, tome 1, v'ituîorm Ai Magni, dans le la côie de ^-e inairemeiM , èk leur comme Ils •e , l'on ci\ un même d les veaux ^ ifej Phoéjues , &c* 281 retrouve en auffi grande quantité dans celles qui font voilines de l'autre pôle au détroit de Magellan y à i'ile de Juan Fernandès, &c. (kj. Il paroît feulement que refpèce varie, & que jfelon les diffé- rens climats elle change pour la grandeur, la couleur & même pour la figure; nous avons vu quelques - uns de ces animaux vivans , & Ton nous a envoyé les dé- pouilles de plufieurs autres; dans le nom- bre , nous en avons choifi deux pour les £iire delîlner; le premier efl le phoque de notre océan , dont il y a plufieurs .... f *■■ ■ >"./■» marins tdi principalement entre !e roixante-quAtorzième & le foixante-dix-fèptiènic degré fur iti iiiière ^t$ glacc5 de i'ouefl. On en prend aufTi beaucoup an- nuellement dans le détroit de Davis & près èc ia ZcmWe. Dtft.rlption de la yiche de la- Baleine , fat Corneille Zorgdraef' ^inemh. »750, volume I," \n-/^^ j>(ige I p2i tramii de l'Allemand, par M% le Mar^nii à Montmirml, fA) Au mois de novembre, les chiens marins ( riiocasj (c rendent fui' l'île de Juan Fcrnnndès pour y faire Icui.s petit?, iU Ibnt alors de fi mauvaife humeur que bien loin de fe retirer à l'approche d'un homme ils fe jettent fur lui pour le monirc, quow|u*il foit armé d'un bâton Le rivage en efl ciivelnuefors tout couvert à plus d'un dcmi-millc h hi ronde. Vo^a^t (le Woodi'S Rogcvs , tome /, page 206% \2 8:2 Hijiom Naturelle variétés ; nous en avons vu un , dont les proportions du corps paroifloient diffé- rentes, car il avoit le cou plus court , le corps plus alongé & les ongles plus grands que celui dopt nous donnons la 'iigure; mais ces difîSences ne nous ont pas paru aÛez eonlidérables pour en flrir€ une ef- :pèce diftinde & féparée. Le fécond qui -cû k phoque de la Méditerriu^ée & des mers du Midi , & que nous préfumons être le phoca des Anciens , paraît être d^unc; autre efpèce , car il diflFère des autres par la, qualité >& la couleur du poil qui elt ondoyant & prefque noir, tandis qiie le poil des premiers eft gris & rude, il en diffère encore p»iir ia forme des .*leiits i& par celle des oreilles ; car il a une erpèoe d*oreilIe externe, très -petite à la vérité, âi^ lieu que les autres n'ont 'que le trou auditif fiins apparence de conque ; il a, auffi les dçnts incifives ' tierminces par deux pointes , tandis que les deux autres ont ces niênjes dents incifives unies & tranchantes à droit fil •'lé'ommc celles du chien ^ du loup & de t^oiis IjES autres quadrupèdes ; il a encore fc bras fuucs plus bas, ccft-rà-dire, pluî l\ V : Jes Phoques', ^â'e, ^8 j en arrière clii corps que les autres , ■ qui les ont places plus en avant ; néanmoii^s ces dUconvenances ne foûjt pçuj-être ,qiie des variétés (Jëpen5dantes4iï cliipat, & npfi pas des. différences fpi^içjfiques » a|t^<(ii que dans les mêmes iiewç ;, & iur - tOi|t dans ceux où ces aniraaujt abondent, on en trouve de plus grands , ide plus .petits;, de pilus ;gros , de pl»% mi>>ce§ , ;&j de couIe*ir ou de poiii difS^ent,..^vW {{e ''v/// ^^*:hîes Ut' hoMm ^ e^uo fie qno^évhah fihmka >ê€eif) V iiiï A'Ugni , de ^Gerft. fept. fagt\ \t^j» — Lw «'caux marins font «ouverts de poils courts & de ciiflfiérentcs coiJeurs, îes uns font noirs & blancs» que!(|u'e5-uris jaunes, d*àu très' gris , & on en vbîé^tte rougrt* Defcripùon fié Ai pkkeMe /a ' Rikitttr' ^fknr Zorgdrnger , page i g t , — Près de la baye Saint- Alaihias. fur les. tcrres' Magcllanic]i;es, n«|4s d^(^U-< vriiwes deux îles pleints dç loups .marins, çn fi grand nombre , qu'il n\iuroit pas fallu deux heures pour en remplir nos cinq vaifleaupf; ils font de iii taille d'un vcay ^ quejque ^^àh à' ctef petit? f^t)que dont: ie poii eft ofndoyànt & beai«?oup piusi fouple & plus long que c?eliUi des aiures-; en. général \t% jyhoqttes dès aners ftléfidionales-ontie poii îre^ùcôup pKB fiil^ &' plus doux h) que ceùk' dés^îners feji>tentripiiaîes ; d'ailleurs Cîirvdan'^ditalffiprrtatïve^ient (o), o^ç. cette rilnf'hi}kere''Wa(tûnt fi^éfafl^ reeeStrt înk. ft/eerci Plin. Hifi* mu lib. IX, cap. xill. — Severinuj dit) avoir vu ce miracle, mais il l'exprime avec tant d'exagération, qu'il en eft m«ins croyable; il dit, quel qtiifid- le' veni:du ftptentrîon '(ouÛ]e','Aài polkiqui s'é->\ toibwc cle^ës' «w iVentj ,dM < midi j fe c^uch^if teil^cnt.f cju'ils » ^erablent dif paroître. A'Iemqi/cs jiour jervir * [ l'Hifloire des animdux, ^tartie-l, page t^j, . (m) Les veaux ^apirvs de l'île de Juan Feriiandès > ont 1 lyiç Tourriire fi fine ^ ft courte que je n'en ai vu def pareille nulle part ailleurs, Vo^ûge t/e^ Damfiir , tom U pagejiS, ''\r^-\AJi< ■'■ - /rî-ji ? ') " (^)Cv(hh» Ji pnlitate, lib. X. ''^^' '^^ • - propriet a été trc ner à ci foi qu'if que c'efi tffct arri' dans le / phénomè & les M attribué Y mer. Qu< nous ven pour qu\;> phoque ei ner à cette aflertion de Oir^im plus d«) foi qu'ii ne faut, elle indique au moins, que c'eft au phoque des Indes que -cctri effet arrive; il y a toute: apparence que) dans le fond c- 11' autre chofè qi la „ phénomène éleétriqut , doiit les Ancien»-. & les Modernes, ignoixim^ la. çauiè., ont: attribué l'effet au flux & au reflux de la mer. Quoi qu'il en foit , les raiibns' qiie nous venons d'expoicr font fuflilantçs pour quVn puifl^e préfumer qire ce petit ^ phoque efl: le phoca àes Anciens, & il y;' a aufli toute apparence que c'efl: celui, que Rondelet fpj appelle P;^oca de la Méditerranée , lequel (èlon lui a le corps à ' proportion plus long & moins gros que le phoque de l'océan. Le graiid phoque, : dont M.' Parfons a donné les dimenfioh$ * & la figure , & qui' venoit vraifembla-; , hlement des mers lèptentrionales , paroît» être d'une efpèce différente ^qs deux- autres , puifque n'ayant encore prefque point de dents & n'étant pas adulte , il ne laifl^oit pas d'être plus que double «a (^) Rondelet, de Pi/dbus, (îïiî XVï. " ";^;, f, / 2 88 Hifloire Néjturelîe^ grandeur dans toutes fès dimenfiohs , & qu'il avoit par conféquent dix fois plus de volume & de mafîê que les autres. M. Parfons, ainfi que l'a très -bien re- marqué M. Klein, (q) ^ dit beaucoup de cho^s en peu de mots au fujet de cet animai; comme (es obfèrvations font en Anglois, j*ai cru devoir en donner ici la tradudion par extrait (r), (q) K\àn , Je qttaJ. fSig, <)l, > , ;> } (r) Ce veau marin (c voyoît à Londres en Charlng crflff, au nnois de février 174-2-j ...*... Les figures données par AIdrovande, Jonfton, & d'autres étant de profil , nous jettent dans deux erreur5 ; la pre- mière , c'eft qu'elles font paroître le bras , qui , cependant n'efl pas viHble au dehors dans quelque pofition que foit l'animal ; la féconde , c'efl qu'elles repréfentent les pieds comme deux nageoires , tan- dis que ce font deux vrais pieds avec des mem- branes Si cinq doigts Si cinq ongles , & qua les doigts font compofés de trois articulations. Les ongles des pieds de devant fort grands & larges ; ces pieds font affez femblabies à ceux d'une taupe ; ils pa- roiffent faits pour ramper fur la terre fk pour nager : il y a une membrane étroite entre chaque doigt ; n^ais les pieds de derrière ont des membranes beau- coup plus larges , Si ils ne fervent à l'animal que pour ramer dans l'eau Cet animal étoit lismeMe, ôc mourut le feizicme février 174.2-5. il avoit autour de la ^gueule de grands poils d'une lubfhnce uranfj^rcnte & cornée. Ses vifccres étoicnt comme wrVo tjuî feir autres. \ du Lev comme il les reins, les gros vj de la génc rate avoit large , & de fîxfobei <"omme la le coeur éto Un trou ov fort grande environ qu; chans & a choifis pour de fa marri cornes qui Les ovaires matrice étoii des ovaires. aiifTi - bien moî^ même vivipare, i mulculeufè pieds & dei point de de trous régulièi du nombril qui devoien n.' 469, p Tome ■y des IHioquès,à'c* l8p Voilà ay^ un trou ovale fort large, & les colonnes charnues fort grandes. Dans l'eftomac le plus bas, il y avoit environ quatre livres pefant de petits cailloux tran- chans éc anguleux , comme fi lanimal les avoit choifis pour hacher fa nourriture Le corpg de la matrice étoit petit en comparaifon des deux cornes qui étoient très -grandes & très- épaiflcs. . , Les ovaires étoient fort gros , & les cornes rie la matrice étoient ouvertes par un grand trou du côté des ovaires. Je donne la figure de ces parties auflTi - bien que celle de l'animal que j'ai defliné raoi"^ même avec le plus grand foin. Cet animai ert vivipare, il allaite fes petits; fa chair eft ferme & mufculeuiè \ fl étoit fort jeune quoiqu'il tiw fept pieds & demi de longueur , car il n'avoit prefquc point de dents 6c il n'avoît encore que quatre petits trous régulièrement placés & formant un carré autour du nombril, c'étoit les vefiiges des quatre mamelles qui dévoient* paroître avec le temps. TranJ, Phif», n.- 4.69, P^" 3^^ ^ 3^6% Tome XL N ( '.• ^ ■ % f s. 9 o Hïfloire ^(ntmeîie nos mers , & k grand phoque des mers ff3; .o . ^^^-M Aux trois efpèces de phoques , dont nous venons de parler , il faut peut-être , comme nous l'avons dit, en ajouter une quatrième dont l'auteur du voyage d'Anfon a donné la figure & la defcription fous le noiti de lion marm; elle efl très-nombre ufe fur les côtes ^^ terres Mngellaniques & à l'île de Juan Fèrnandès dans la mer du _/ en eft paflec , & leur grand ufagc aujourd'hui efl de cxjuvrir les mallrs & Tes coffres : quand elles font tannées elles ont prefquc le même grain que le ma- Vttquin , elles font moins fines , mais elles ne s ccor- chent pas fi aifément , & elles confervent plus long- temps toute leur fraîcheur : on en fiiit de très - bons fouliers & dea bottine;» , qui ne prennent jwint l'eau ; on en couvre auffi des fiéges , dont le bois efl plutôt ufé aue la couverture. Hiftoire de la Nouvelle France » par le Père Charkpuix , tome ill» page t^y* (l) Leur peau fert à faire des baIloc5 ou baHons pleins d'air , au lieu de bateaux. Voyage de fre^Jer^ rage ^/t . N V' t^ I r- -■■* 298 Hiflotre Naîurelk fuel. Ces lions marins refîènibîent mt phoques ou veaux marins , qui font fort communs dans ces mêmes parages , mais ils font beaucoup plus grands ; lorfqu'ils ont jiris toute leur taille , ils peuvent avoir depuis onze jufqu'»i dix - huit pieds de long , & en circonférence depuis fept ou huit pieds jufqu'à onze. Ils Ibnt fi gras , qu'après avoir percé & ouvert la peau , qui eft épaiffe d'un pouce , on trouve au moins un pied dtf graifîè avant de parvenir à la chair. On tire d'un (êul de ces animaux jufqu'à cinq cents pintes d'huile mefure de Paris; ft^nt en mêmç- temps fort iîmguins; ioinl|u'on les bleflè profondément & en piufieurs endroits à îa fois , on voit par - tout jaillir le (àng avec beaucoup de force. Un feul de ces animaux , auquel on coupa la gorge , & dont on recueillit le (àng , en donna deux bariques , (ans compter celui qui reftoit dans les vaifî'eaux de fon corps. Leur peau eft couverte d'un poil court, d'une couleur tannée claire, mab leur queue & leurs pieds font noirâtres ; leurs doigts font réunis par une membrane qui ne s'étend pas jufqu'à leur extrémité , & qui Jts Thoques, &c, 2p() Aiiis chacun eft terminée par un ongle, JUs diffèrent des autres phoques , non- feulement par la grandeur ^ ia groffeur, mais encore par d'autres Ciiraâières ; les Dons marins milles ont une efpcce de grofîè crête ou trompe qui leur pend du bout de la mâchoire fuperieure de ia longueur de cinq où fix pouces. Ccue partie ne fe trouve pas dans l'es femelles , ce qui fait qu'on les diftingue des mâles au pre- mier coup d'œil , outre qu'elles font beau- coup plus petites. Les mâles les plus forts fe font un troupeau de plufieius femelles, dont ils empêchent ies autres mâles d'ap^ procher. Ces animaux font de vrais am-, phibies ; ils pafïênt tout l'été dans la nierj & tout l'hiver à terre , & c'efl: dans cette fhifon que les femelles mettent bas ; elles ne produifent qu'un ou deux petits, qu'elles allaitent , & cfui Ibnt en naifliiut aufli gros qu'un veau marin adulte.- - f --w ' : Les lions marins, pendant tout le tempà qu'ils font à terre, vivent de l'herbe qui croît fur le bord des eaux courantes , ^ le temps qu'ils ne paiffent pas , ils l'em- ploient à dormir dans ia fange ; ils pa- afolfltnt d'un naturel fort pefant , & lom Nv; 1.' '300 Hifloki Naturelle ibrt difficiles à réveiller ; mais ils ont îa précaution de placer des mâles en (ènti- nelle autour de l'endroit où ils dorment y & Ton dit que ces fentinelles ont grand foin de les éveiller dès qu'on approche. Leurs crb font fort bruyans & de tons difFérens : tantôt ils grognent comme des cochons , & tantôt ils hennifîênt comme des chevaux ; ils fe battent fouvent , fur- tout les mâles qui fe difputent les femelles, & (è font de grandes bleffurcs à coups de dents. La chair de ces animaux n'efl: pas mauvai(è à manger ; la langue (ur-tout cft auffi bonne que celle du bœuf. Il €ft très-facile de les tuer, car ils ne peuvent ni (ê défendre ni s'enfuir ; ils font fi lourds qu'ils ont peine à fe remuer, & encore plus à fè retourner ; il faut feulement prendre garde à leurs dents , qui font 1res - fortes , & dont ils pourroiem blefîèr fi on les approchoit de face & de trop près (a). '■■^* .-'■('? '-'f J Par d'autres obffervations , comparées i celles-ci , & par quelques rapports que ^ /a) Voyajrc autour du Monde, par Anfon , page 1 00 & fuivantes , où I on voit auflfi la figure |tù mâle Su de la femelle. ^' tles Phoques, â^c, _jof^' tious en déduirons , il nous paroît que ces lions marins , qui fe trouvent à la pointe, de l'Amérique méridionale , fe trouvent,^ à quelques variétés près , fur les côtes fep— tentrionales du même continent. Les grands . phoques des mers du Canada, dont parie, Denis , fous le nom de ioups marins , & qu'il diftingue des petits veaux marins ordinaires, pourroiem bien être de la même elpèce que les lions marins des terres Ma- gellaniques. Leurs petits ( dit cet auteur y , qui eft afTez exat^ ) font en naifîànt plus gros que le plus gros porc que Ton voie , , & plus longs : or il eft certain que lés phoques ou veaux marins de notre Océan , ne font jamais de cette taille , quand même ils font adultes ; celui de la Méditerranée,., c'eft-à-dire le phoca des Anciens , eft encore plus petit , & il n'y a que le phoque décrit par M. Parfons , dont la grandeur convieijne à ceux de T)tr{\s (b)^ . (h) On peut encore ajouter au témoignage de Denis, celui du Père Chrétien Leclerq , « if y a (dit cet auteur ) des loups marins fur les côfes de l'A- « mérique Teptentrionale , ddnt quelques-uns fontauffi «c>m granck & aufli gros que i\e% chevaux & des bœufs. .«^' Ces loupi marins s'appellent Ouaf^ous »• ReUtioruiie la i--^ 302 I^ijlvirt Naturelle M. Parlons ne dit pas de quelle mer venoit ce grand phoque ; mais Ibit qu'ii vînt de la mer leptentrionale de l*Europe ou de celle de l'Amérique , il fe pourroit qu'il fïît le même que le loup marin de Denis , & le même encore que le lion marin d'Anfon ; car il eft de la même grandeur , puifque n'e'tant pas encore adulte ni même à beaucoup près , il avoit iêpt pieds de longueur : d'ailleurs la diffé- rence la plus apparente, après celle de la grandeur , qu'il y ait entre le . lion marin & le veau marin , c'eft que dans l'-elpèce du lion marin , le mâle a une grande . crête à la mâchoire fupérieure , Biais la femelle n'a pas cette crête. M. Parlons n*a pas vu le mâle , & n'a décrit que la femelle , qui n'avoit en effet point de crête , & qui reffemble en tout à la femelle du lion marin d'Anfon. Ajoutez à toutes CCS convenances un r.pport encore plus précis , c'eft que M. Parions dit que fÔ4i grand phoque avoit les eftomacs & les inteftins comme une vache , & en Hiême temps IWeur du voyage d'Anfon idit que le lion marin ne fè nourrit que ^hcxbes pendant tout i'été; il eit donc des PhotjtieSt e^r; 30^ très-probable que ces deux animaux font conformés de même , ou plutôt que ce ion« les mêmes animaux très-difFérens des autres phoques, qui n'ont qu'un eftomac, ÔL qui (e nourrifïênt de poiflon. î, y , - Woodes Rogers a voit parlé , avant l'auteur du voyage d'Anfon, de ces iions marins des terres Magelianiques ,• & il les décrit un peu différemment, ce Le lion marin ( dit - il ) eil une créature fort ce étrange , d'une grofîèur prodigieu(e ; ce on en a vu de vingt pieds de long ou ce au-delà , qui ne pouvoient guère moins ce pefer que quatre milliers, pour moi j'en ce vis piufieurs de (eize pieds^ qui pefoient ce peut - être deux milliers ; je m'étonne ce qu'avec tout cela on pui/Iè tirer tant ce d'huile du lard de ces animaux. La ce forme de leur corps approche afîèz de ces animaux vont fur l'île. ( de Juan y»' Fernandès) pour y faire leurs petits qu'ils y> dépotent à une portée de fufil du bord » de la mer ; ils s'y arrêtent jufqu'à la Dï fin de Septembre fans bouger de la y» place & fans prendre aucune nourriture , ?3 du moins on ne les voit pas manger ; y> j'en obfèrvai moi-même quelques - uns y> qui furent huit jours entiers dans leur 33 gîte , & qui ne l'auroient pas aban- yi donné fi nous ne les avions effrayés. , . 35 Nous vîmes encore à l'île de Lobos de :>3 la Aîar , fur la côte du Pérou , dans yy la mer du fud , quelques lions marins , ÔL beaucoup plus de veaux marins (c) m. Ces observations de Woodcs Rogers, qui s'accordent avec celles de, l'auteur du voyage d'Anfon , (cmblent prouver en^ core que ces animaux vivent d'herbes îorfqu'ils font à terre ; car il efl: peu pro- bable qu'ils fè paflent pendant trois mois de toute nourriture , fur*-tout en allaitant leurs petits. L'on trouve dans le recueil tome c) Voyage autour du Monde*, de Woodes Rgcers, e i, pages 20^ ix 22^^ Jes Pîioques, &c» 305 dts Navigations aux terres auf traies, beau- coup de clîofès relatives à ces animaux ;. mais ni les defcriptions ni les fiiits ne nous paroifTent exads : par exempfe , il y ell dit qu'à la côte du port des Renards , au détroit de Magellan ( d), il y avoit des. loups marins fi gros , que leur cuir éi.ndu fe trouvôit de trente - fix pieds de large ,. cela crt certainement cxngcr toujours leur gueule : deux hommes » çnt afîez de peine à en tuer un avec » un épieu, qui elt la meilleure arme dont 35 on puifTe fè fervir. Une femelle allaite 33 quatre ou cinq petits , &. chaffe les 33 autres petits qui s'approchent d'elle , » d'où je juge qu'elles ont quatre ou cinq petits d'une ventrée »>. Cette pré- fbmption eil affez bien fondée , car le grand phoque décrit pîtt- M. Parfonsavoit quatre mamelles fituées de manière qu'elles formoient un quarré dont le nombril étoit fe centre. J'ai cru devoir recueillir & pré- fênter ici tous les faits qui ont rapport à ces animaux , qui font peu connus , & dont (g) Navigations aux terres Auftrales, tome Uj, (h) Voyage de Coreal, tomt U^ fage tSot des Phoques, &c, 307 U (croit à defirer que quelque Voyageur habile nous donnât la defciiption , fur-tout celle des parties intérieures, de l'eflomac, des inteftins , &c. car fi l'on s'en rap- porte aux témoignages à^?^ Voyageurs , on pourroit croire que les lions marins Ibnt de lu clafîe des animaux ruminans , qu'ils ont plufieurs eftomacs , & que par conH'quent ils font d'une efpèce fort éloi- gnée de celle des phoques ou veaux marins , qui certainement n'ont qu'un cftomac , (& doivent être mis au nombre à&?t animaux carnalîîers. , , LE MORSE fi) » V - . a. - LA VACHE MARINE. ' Le nom de Vûc/ie marine , fous lequel ïe morle eft le plus généralement connu , fi) Morfe, Alorf, nom de cet animal en langue î^uffe, & que nous avons adopté , vu^gairemcnt Vache marine, Bête à la grande dent; Alors, en Anglois; Walros ou Walrus en Allemand & en Hollandois y Bofmarits , en Danemarck & en IfiaiKic. Wallrus» Defcription dçs Indes occidentales, pa|; '3'o8 Hi flaire NatwcJie a été très - mal appliqué (k) ; puîrc|iic Fanimal qu'il défigne ne reffemble en rien à la vache terrellre ; le nom d'éléphant de mer que d'autres iui ont donné efl: mieux imaginé, parce qu'il cft fondé fui un rapport unique , & fur un caradàc; très - apparent. Le morfe a , comme Té-' Jc])hnnt , deux grandes dcTenfeci d'ivoirt' qui ferlent delà mfichoîre fupérieurc , <^ îi a fa têie conformée, ou plutôt défornitc de la même manière que i'éléphant , au- quel il reffemblcroit en entier par cette partie capitale , s'il avoit une trqmpe ; Kiais le morfe eft non-feulement privé de ide Laët. page 41 , fig. îbîcî. Nota. Cette figure a élc copié par Wormius. Mus. Worm , yia^. 2. ^ y . Rofmanis verus, Jonfton , dt infcibm , yag. tôo, Tah. XLlV, Vache manne , Hiftoîrc d'Iflande & du Groenland, tome JI, page 1591 fig. page 168, Eofnmrus. Phocn dent Unis fûnùiriis fuj'crioriùus cxfertà, jLinn. Sjifi. Nût. edit, X , jiig. ^ S, (h) Nota. Ce nom vient pcut-ttre, comme celui de veau marin . de ce que le morfe & le pho>.|ue ont quelquefois un cri qui imite le mugifTement d'une vache ou d'un veau. Ip/is ( dit Pline , en parlant des phoques) injbnmo viugims f mde nmen vitulU Lib, 1X| wp. xin, » Voyage de Gmelin , en Sibérie, tome 111, page m ^8 & ftiivantes. Nota, M. Gmelin ne réfoUt pas cette queftion à laquelle néanmoins il me femble qu'on peut faire une ré- ponfe fatisfaifanie ; c'eft que, comme il le dit lui- même , on ne va point à la chafle de ces animaux à Anadirskoi ni dans toute cette partie orientale de la mer glaciale , & que par conféquent on n'en ap- porte que des dents de ces animaux morts de mort naturelle, ainfi il n'efl pas furprenarit que ces dents qui ont pris tout leur accroifTement , foient plus grandes que celles des morfes de Groenland que l'on tue fouvcnt en bas âge. (m) Sur les côtes de l'Amérique fèptentrionale ; on voit auflj des vaches marines , autrement appelées Bêtes à la grande dc^: , parce qu'elles ont deux grandes dents groflês & lon;^ ^s comme la moitié du bras. . . . il n'y a point d'ivoire plus beau , on en trouve à l'île de Sable. De/cription de l' Amérique feptentrionaUjiaf Denis , tome II , page 2jy^ (n) Dejaivtion de Inprife de la haleine if de în pccht 'du Groenland , ifc, par Corneille Zorgdragcr. Nu- remberg, jyjot en Allemand. Nota, Cet ouvrage a d'abord été é<:iit en Hollandois , & cet extrait n'clt fait que fur ta tradudion allemande. qilj des Phoques, &c* 313 qui m*a été communiqué par M. le mar* quis de Montmirail. » vieillit ; on en voit quelquefois qui n'en » ont qu'une , parce qu'ils ont perdu » l'autre en (c battant , ou (èuleinent en » viçilliflàpt ; cet ivoire eft ordinairement » plus cher, que celui de l'éléphant, parce >? qu'il eft plus compacte & plus dur ; Ja y> bouche du morlè reOemhle à celle d'un » bœuf, elle çft garnie en haut & en bas » de poils creux , pointus & de l'épailfèur 5> d'un tuyau de paille; au-defius de la 3> bouche, il y a deux nafèaux defquels y* ces animaux foufHent de l'eau comme :i> la baleine, fans cependant fliire beaur- 5î coup de bruit ; leurs yeux font étince- 35 liuis , rouges & enflammés pendant les 35 chaleurs de l'été ; ^ conime ils ne peu- y> vent fouffrir alors l-imprelfion que l'eau 3> fût fur les yeux , ils (c tiennent plus yy volontiers dans les plaines en été que y> dans tout autre temps ... on voit beau- :>•> coup de merles vers le Spitzberg. ... , »: on 'es tue fur terre avec des lances..... » on les challr pour le profit qu'orv.tirc x^ de leurs dents & de leur graine; l'huile ^> çii eA piefqu'auili eftîjnée que çcUe djÇ la baleîn que tou dents Si fur-iQut d'une fi dure qi florin li denjts, ( ou quai une den & un mi tonne d' diiit tren pour l'es & autant on trouv animaux qui vont la pêche épouvan des lieu) refient i troupes , difper fés Toit f)rodiç iomt pre des Phoques, &c, '3 i j la baleine; leurs deux dents valent autant ce que tout^ Jeur graiflè ; rintérieur de ces ce dents il plus de valeur que l'ivoire, Oij li! Il ^m^ f\6 Nifloke Naturelle 35 iôrfqu*on a joint un de ces anîmniîx 3> fur la glace ou ({ans Fcau , on lui jcrte 3> un harpon fort & fait exprès, ^ fou- 3' vent ce harpon glifîè fur fa peau dure :>3 & épaiiïe ; mais iorfqu'il a pénétre , 35 on tire l'animal avec ,un cable vers le 35 timon de la chaloupe , «& on le tue en 35 le perçant avec une forte lance faite 35 exprès ; on l'amène en fuite fur la terre 35 la ])lus voifine ou fur \\\ glaçon plat; 33 if eil ordinairement plus j:)efant qu'un 33 boeuf. On conunence par l'écorchcr 3^ & 6\\ jette la peau parce qu'elle n'ell 35 bonne à rien (p); on fépare de la tet^ connues , puifqu'on trouve dans les relations des voyaores au Nord, qu'en 1704-, près de l'île de Cherry , à (oixante - quinze degrés quarante - cinq minutes de latitude , l'équipage d'un bâtiment xAnglois rencontra une prodigieufe quantité de morfcs tous cou- chés les uns auprès des autres , que de plus de mille qui fôrmoient ce troupeau , les Atiglois n'en tuèrent c|ue quinze, mais qu'ayant trouve une grande quaniité de dents , ils en remplirent un tonneau entier; — qu'avant f î I 5 juillet ils tuèrent encore cent de ces animaux , dont ils n'emportèrent que les dents qu'en lyo^î, d'autres Anglois en tuèrent ("ept ou huit cents dans fix heures \ en 1 708 , plus de ntui cents dans fept heures ; en 1710, huit cents en pluficurs jours, & qu'un fèul homme en tua quarante avec une lance. (y) Nota» Zorgdrager ignoroit apparemment qu'on Jes Phoques, &c. j 17 flVéc une hache les deux dents , ou « l'on coupe Ja tête pour ne pas endom- > un petit glaçon ne dure jamais long- » temps, parce que le morfe , blefî'é ou » non , le jette aulîliôt dans l'eau ; & p;ir 35 conféquent on préfère de Tattacjuer fur T> terre ..... Maïs on ne trouve ces anr- «< maux c[ue diins des endroits peu fré- cc quentt's comme dans l'île de MofFen « derrière le Borland , dans les terres qui « environnent les baies d'Horifont & de «c Klock , & ailleurs dans les plaines fort y> écartées & fur des bancs de Hible:, dont ?> les vaiflêaux n'approchent que rare- » ment ; ceux même qu'on y rencontre, 33 inftrwits par les perlecutions qu'ils ont 33 elfuyées Ibnt tellement fur leurs gardes, 33 qu'ils le tiennent tous afîèz près de l'eau » lour pouvoir s'y précijîijpr prompte- 33 ment. J'en ai fiit moi - même Texpc- 33 rience fur le grand banc de fible de w Rif derrière le W^orland, où je rea- Je s Phoques, &c, 519 contrai une troupe de trente ou qua- « raiite de ces animaux ; les uns étoient ce leut au bord de Tcau, les autres n'en ^ ,v 7 Photographie Sciences Corporation 33 WiST MAIN STREET WEBSTER, N Y 14580 (716) 873-4503 ^ ^ 320 Hifloirt Nâhnelb 30 les abordoit aifémem^i» vi ;^f GnîTioi^ ao choit de froiit vers- ces •antmaiix pow 39 ieur couper Li rerraiite du î côté de \a » mer , ils voyorent tous ces- préparatifs oa fans aucune <:rainte j >ds fbnvent chatjue » chafîeur en tuoit un avant qu'il piit re- » gagner i'c.u. On fàifoit une barrière » de leurs cadavres & on .iaifToit quelques » gens à 'i*afjR)it pour alTominer ceux qui » refloient; on en tuoit quelquefois trois » ou quatre cents . . • , . On voit par ia 3> prodîgieuft quantité d'ofTémens de ces » animaux cïont la terre eft jonchée, qu'ils » ont été autrefois très-nombreux, . . , . 33 Quand ils font blefles ils deviennent »3 furieux , frappant de coté & d'autre » avec leurs dents j ils brifent les armes » ou les font tomber àes mains de ceux » qui les attaquent , & à Li fin enragés 35 de colère , ils mettent ieur tête entre 35 leurs pattes ou nageoires & Ce laiflênt 35 ainfi rouler dans l'eau. .... Quand ils 35 font en grand nombre , ils deviennent >5 fi audacieux que pour fc fecourîr les uns 35 les autres ils entourent les chaloupes , 35 cherchant à les percer avec leurs dents » OU à les ïenverfer en frappant contre le des Phtjue's, é'c: 3^2' f bord Au refte, cet éléphant de ce mer avant de connoître les hommes, ne ce craignoit aucun ennemi , parce qu'il ce avoit fu dompter les ours crtiels qui le ce tiennent dans le Groenland , qu'on peut ce mettre au nombre des voleurs de mer ». ' En ajoutant à ces oblervations de M, Zorgdrager, celles qui (e trouvent dans. le recueil des voyages du nord /"çj, & les- autres qui font éparfes dans différentes /q) Le chev'i! marin (Morfe) reflTemble aflez aU' veau marin (l^hoque), fi ce n'cft qu'il cft beaucoup plus gros , puifqu'il eft de la grofîcur d'un bœuf; (fes pattes font comme celles du veau marin,. & celles du devant ,. auffi-bieh que celtes du derrière, ont citiq' doigts ou griffes , mais les ongles en font plus court» ; il a auffi la tête plus groffe , plus ronde & pifls» dure que le veau marin. Sa peau a bien un pouce d'épiflêur , fur - tout autour du cou : les uns l'ont couverte d'un poil de couleur de fouris, les autres- ont très-peu- de poil : ils font ordinairement pleins de' galles & d'écorchurcs , de forte qu'on dircit qu'dn^ reur auroit enlevé la peau, fur-tout autour dies join*^ tures où elle eft fort ridée ; ils ont à la mâchoire d'en' haut deux grandes & longues- dents qui ont nciix pieds de long & quelquefois davantage; les jeunes^ n'ont point ces défenfes, mais elles leur viennent avec Page Ces deux dents font plus efiimées & plus" clière.7 que l'ivoire, elles font fotides en dedans, maiS' h racine en ef\ creufe. .... Ces animaux ont' l'oiiii- verture de U guailc auHi largç que celle d'un boMf,, 52 2 Hifloke Naturelle relatioiis , nous aurons une hidoîre nfleic complète de cet animal; 11 paroît que & au-dedos & au-defToUs ie& babines, ils* ont plu« iieurs foies vpà font creufes en dedans èi de ia groT ièur d'une paille ils ont au-denûs de ia bariie d'en haut deux naièaux en forme de; demi • cercle par ou ils rejettent Teau comme les bafeines, mais avec Jbien moinrde bruit ; leurs» yeux Ibnt allés élevés au- delfu!» du nez. Ces yeux font auifi rouges que du fang lorique Tanimai ne les tourne pas, & je n'ai point obferyé db différence lorfijull les tournoit : leurs •reiiles font peu éloignées de leurs yeux & reflèm» blenl à celles àes veaux marins : leur langue eft pour \t moins aulTi grodc que celle d'u# bœuf. .... Ils ont le cou- fi éj^ais qu'ils ont de la peine à tourner la tête , ce qui les oblige) à tourner extrêmement les yeux;- ils ont |a queue courte comme celle des veaux marins.^ On ne peut point leur enlever la grailfe comme Ton fait aux veaux mariiw , parce qu'elle cfl cntrdarJée avec la cliair. , , . . Leur membre génital cil un os dur de la longueur d'environ deux pieds, qui va en diminuant par le bout & qui eA un peu courbe par le milieu y tout près du ventre ce membre ell ' plat , mais hors de là il efl rond' & tout couvert ile , neri« ..... U y a apparence que ces animaux vivent . d'iierbcs & de poifftxi -, leur fiente reffemble à celle r du cheval Qu.ind ils plongent , ils fe jettent la ttte la premicrc «ians l'eau,, comme les veaux ma- rins ; '\\s dorment & ronHent non - feulement fur la glace , mais auffi dcuis l'eau , de forte qu'ijs paroifTcnt ; louvent cor' - s'ils étoknt morts ; ils* font furieuK I ti couragcu ant qu'iU font en vie ils f« défendent . les uns les autres Ils font tous leurs efforts pour , dIÉtjVrçr ceux qu'on a prïs^ ils ic jettetii à l'envt fuc 1 n des Phoques» &c. 323 re{pèce en étoit autrefois beaucoup plus répandue qu elle ne l'ed aujourd'hui , on ia trouvoit dans les mers des zones tem- pérées, dans le golfe du Canada (r)^ lur les côtes de TAcadie, 6cc. mais elle .4^-:...'*.. fa chaloupe, mordant & faifânt àti mugifTemens épou« vantab!es , £c fi par i«ur grand nombre ils obligent les hommes à prendre ia fuite • ils pourfuivent fort bien ia chabupe julqu'à ce qu'ils ia perdent de vue . . •■ On ne les prend que pour leurs dents , mais entre Cent on n'en trouvera quelqucrnis qu'un qui ait les dents bonnes , parce que les uns Ibnt encore trop jeunes , £c que les autres ont les dents gâtées. Recueil des voyages au Nord, tome //, f>age iij & Juivantes, . (r) A quarante-neuf degrés quai-ante minutes dç altitude, il y a trois petites îles dans le golfe de Saint* Laurent , fur l'une defquciles territ en très - grand nombre une certaine elpcce de Phoque , animal , comme je crois, incona|||^aux Anciens, ap^ieté des Flamands Walrus» ^ des Anglois , qui en ont pris fe nom des Rufïiens, Ahrf, C'cft un animal amphibie & fort moiiltrueux , c^i furpaffe par ibis les bœufs de Flandre en groffeur; il a le poil comme celui d'un ph(X]ue. . . Deux dents recourbées en bas» longues par (bis d'une coudée., qu'on cmpbic à mêire chofè que l'ivoire , &: qui font de même valeur, DtJcriptioM dfs Mes occiHemnks , par de Laët , page ^ i . — Sur les côtes de l'Amérique ieprentrionale , on voit des vaches marines , autrement appelées lêns h la grande drnt , parce qu'elles ont deux grandes dents groffes & lono[ucs comme la moitié du bras , & tés autrdi éititi ibfigues de quatre doigts : il n'y a point d'ivoire O vj y 2^ Hîflotre Pfatureiïe éft maintenant confinée dans fes mèti df Cliques, on nie trouve des Morfo que*- dans cette zone froide , & même il y ert îl peu dans les endroits fréqjûentés ; peu dans la mer glaciale de l'Europe , & en- core affez peu dans le. lac du Oroeiiland ^ du détroit de Davis & des autres parties du nord de l'Amérique, parce qu'à i'oc- cafion de la pèche de la baleine on les la depuis long-temps inquiétés & chafTés. Dès la fin du leizième fiècle , les habi- tans de Saint-Malo alioient aux îles Ra- mées, prendre des morfès qui dans ce temps s'y trouvoient en. grand nombre (f); 31 n'y a pas cent ans que ceux du Port- Royal au Canada envpyoiem des barques^ au cap de Sable &^m cap Fourchu, à fa chafîe de ces animaux (t), qui depuis ïè font éloignés de ces parages, auffi- îoien que de ceux des mers de l! Europe,, -■}y\ ^us beau. On trottve (tes ces^vacfies marines à i'île et Sable. Defcription de /'Amérique f^tentriona/e , pat Denis , tome JJ, page ^J?' ff) Defcriptioa des Indes occidentales , par de Laët , (t) Defcription db l'Amérique feptentrionale i par ]D«niiy tmtlt pagt 66%, ^ueda l'èmboi la plus côtes i voit fo Tées r L' torride différer craigne leur ou comme on ne : tandis < phoqu» y (ont aréliqid >— «e moins tempe AnMc âge d dans 1 de ten & r.im fut in dhau ^es Phoques, &c; 32 j Ar Ôli rtc' les trouve en grand nombre ^le' dans la mer glaciale de l'A fie, depuis, l'embouchure de i*Oby jufqn'àla pointe la plus orientale de ce continent dont les côtes font très-peu fréquentées : on tn^ voit fort Tarement dans les mers tempe— Tées r L'efpèce qui fe trouve fous ia zone- iforride À dans ies mers des Indes , eft ififFérente de nos morfes du nord^ ceux-ei irraignent vraifèmblablement ou la cha- leur ou la faiure des mers méridionales: & comme ils ne ies ont jamais travcrfees , on ne les a pas trouvés vers l'autre pôle, tandis qu'on y Voit les grands & les petits phoques.de notre nord, & que même ils y font plus nombreux que dans, nos terres aréiques. '-'^'^^ -^^'-^^ ^ \. \ .,.>., • '■■■■, Cependant le morfe peut vivre , au. moins quelque temps , dans un climat tempéré : Evrard Worft dit avoir vu en Angleterre un de ces animaux vivant, & âgé de trois mois , que Ton ne mcttoit dans Teau que pendant un petit efpace de temps chaque J0ur,-& qui fe traïnoit & rampoit fur la terre ; il ne dit pas qu'il; fût incommodé de la chaleur de l'air ,. il dk au contraire que lorfqu'on letouchoit ^, m -"'•'^-'■■s-»t»mtim 32^ Hiftoire rfafureik H avoit là mine d*un aniinsd furiemc & robude , & qu'il refpiroit très-fbrteineiit par les narines. Ce jeune morië étoit de ia grandeur d'un veau , & aiïcz retTeniblaut à un phoque;- il avoit la tête ronde, les yeux gros, les narines plates & noires, qu'il ouvroit & fèiinoit à volonté' ; il n'a- voit point d'oreilles , mais (eulement (feux trous- pour entendre ; l'ouverture de ia gueule étoit afiez petite, la injichoiiie fu- périeure étoit garnie d'une moudache de poils cartilagineux , grds & rudes ; ki mâ- choire inférieure étoit triangul<ûre , ia langue épaiiïè , courte , & le dedans de la gueule inuni de côté èi. d'autre de dents plates ; ies pieds de devant & ceux de derrière étoient Jarges, & l'arrière du corps ref- ièmbloit en etiiier à celui d'un phoque , cette partie de derrière rampoit plutôt qu'elle ne marchent , les pieds dé devant étoient tournés en avant , &. ceux de der- rière en arrière , ils étoie4it tous drviles en cinq doigts, recouverts d'une forte membrane. . . la peau étoit épaifle , dure & couverte d'un poil court & d^iié , de couleur cendrée ; cet animal grondoit comme un fanglier, Si quelquefois criolt de y des Pttoques, &c, 3^7/ 4i*urie vôîx grofle & forte, on i'avoît ap- porté de la nouvelle Zçmble ; il n'avoit point encore les grandes dents ou dé- fënlès , mais on voyoit à la mâchoire fupérieure les bofles d*où elles dévoient fortir ; on le nourrifloit avec de la bouillie 4'avoine ou de mil, il iUçoit lentement plutôt qu'il ne mangeoit; ilapprochoit de ion maître avec grand effort & en gron- dait ; cependant il le fuivoit lorfciu'on lui préièntoit à manger (a). Cette obfervation qui donne une idée aflez jufte du morle, fliit voir en même temps qu'il peut vivre dans un climat tem- péré , néanmoins il ne paroît pas qu'il pui(îè îbpporter une grande chaleur , ni qu'il ait jamais fréquenté les mers du midi pour pafler d'un pôle à l'autre ; plufieurs Voya- geurs parlent de vaches marines qu'ils ont vues dans les Indes , mais elles font d'une autre efpèce ; celle du morfe eft toujours aifée à reconnoître par ^^% longues c!c < fenlès , l'éléphant eft le ieul animal qui en ait de pareill(||^; cette produdion efl un efîèt rare dansja Nature, puifque de tous ( u) De^ct-ipiion des Indes occideiiiales , par de 'jlî Hlfolre Naturelte-^ les animaux terreftres & amphibies, l'ele» phant & le morle auxquels elle appartient ,. îont des efpèces ifoiées^, uniques dans leur genre , & qu'il n*y a aucune autre efpèce d'animal qui porte ce caradère. On aflure que les morfès ne s'accou- plent pas à ia manière des autres quadru- pèdes, mais à rebours ; il y a , comme dans îes baleines y un gros & grand os dans le membre du mâle; la femelle met bas en hiver fur la terre ou fur la glace , & né produit ordinairement qu'un petit , qui eft en naiilànt déjà gros comme un cochon* d'un an ; nous ignorons la durée de la ges- tation,, mais à en jauger par celle de Tac- croiflement , & aufli par la grandeur de fanimal, elle doit être de plus de neuf mois ; les morfes ne peuvent pas toujours refter dans l'eau , ils font obligés d'aller à terre , (bit pour allaiter leurs petits , iôit pour d*autres befoins; lorfqu'ils fe trou- vent dans la nécefllté de grimper fur des rivages quelquefois efcarpés , & fur dès glaçons , ils fe (ervem de l^s défènfes ^xj ( X ) Ces défcnfes ne font pis loifràfait rondes ni bitn unies, mais plutôt aplaties & légèrement cire- lée^j la droite e(t ordinairemeat un peu. plus longus 'Jes PKoqttes, &c. 329 -pour s'accrocher, & de leurs mains pour faire avancer la lourde mafTe de leur corps. On prétend qu'Hs (c nourrifîênt de co» qùHiages qui (ont attachés au fond de la aner, & qu'ils fe fervent aufli de leurs dé»- fènfès pour les arracher ( y ); d'autres dilent (iQ qu'ils ne vivent que d'une cer- taine herbe à larges feuilles qui croît dans la mer . & qu'ils ne mangent jii chair ni .poifTon; mais je crois ces opinions mal fondées, & il y a apparence que le morfe ^it de proie comme le phoque , & fur^ tout de harengs & d'autres petits poiflbns \ car il ne mange pas lorfqu'il eft fur la terre , & c'eft le befoin de nourriture qui le contraint de retourner à la mer. ^ LE DUGON (a). " ''' Le Dugon eft un animal de la mer de TAfrique & des Indes orientales^ duquel & plus forte que fa gauche J*en ai eu deux dont chacune a\'oit deux pieds un pouce de Paris de long &. huit pouces de circonférence par ie bas» Hifioire naturelle du Groenland t par Anderfon, tome II, pdges » 62 ir 1 6^* . 4 (y) Hiftoire naturelle du Groenland , page 162. ( 1) Defcriptbn des Indes occidentales, par de Laët, page ^2, (a) Dugon , Dugung , nom de cet animal à fifc dé Lethy ou Leyte» Tune des Philippines « & 4Uft V jrjo Hiftolre Naturelle nous n'ayons vu que deux têtes di^chaiw nées ou tronquées , & qui par cette pariie redëmble plus au morfc qu'à tout autre animai ; fîi tête eft à peu -près déformée de Ja même manière par la profondeur des alvéoles , d*©ù naifîènt à la mâchoire fupérieurc deux dents longues d'un demi- pied, ces dents font plutôt dé grandes mcifives que des défcnfes ; elles ne s'é- tendent pas directement hors delà gueule, comme celles du morfc y elles Ibnt I^eau* coup plus courtes & plus minces, & d'ail* lenrs elles font fituées au— devant de la mâchoire , & tout près l'une de l'rtutre , comme des dents incifives, au lieu que ks défenlès du mor(è iai0ênt entre elles un imervaile coniidérable, & ne font pas «ou« avons adopte. Nota, Ysii trouvé ce nom dans le voyage Hollandois de Chiillophe Barchewitz aux luAts orientales, ouvrage qui a été traduit en Atte- Jtiand & imprimé à F.rfuri , en- 175 i. L'auteur dit que cet animal s'appelle à l'île de Letfiy, Dtigur^ ou Jkafi àugu»g ; h qu'on l'appelle auffi MaUnn» i-ette dernière dénomination fcmbieroit jndiqilerqueee àvgon ou dttguttg e(l un ninnati ou lumarttin ; mais dans la dcfcription de ce Voyageur il eft dit que le dugon a deux délènièfi gmlTes d'iin pouce, & longues d'un empan : or ce caradcre ne peut convenir au-manati, & convient au contraire à t'-aiiimal dont il e(l' ici ilMeAion^ & dont nous avons U tcto. des Pfiaques, &e, 33 f fituées à la pointe, mais à côté de îa mâ- choire fupérieure. Les dents mâcheiiires du dugon diffèrent audî , tant pour ie nombre que pour la pofition & ki forme , des dents du morie , ainfi nous ne doutons pms que ce ne (bit un aniinsU d'efpèce diflferente. Quelques Voyageurs qui en ont parl«éi*ont confondu avec le lion marin^. Innigo de Bicrvillas dit qu*oii tua près du cap de Bonne-efpérance un lion marin qui avoit dix pieds de longueur & qliatre de grof- fcur , la têie comme celle d'un veau d'im an , de gros yeux aifreux , les oreilles courtes j^ec une barbe hériffee, les pieds fort larges & les jambes fi courtes, que It ventre touchoit à terre , & il ajoute qu'on emporta les deux défènlès qui fortoient d'un dem4-pied; hors de la gueule (b); ce dernier cara(flère ne convient point au lion marin qui n'a point de défeafes ^ mais é^s dents (èmblables à celles du phoque , & c'eft ce qui m'a fût juger que ce n'étoit point un lion marin, mais l'animal auquel nous donnons le nom de dugon ; d'autres Voyageurs me paroiflent l'avoir indique fh) Voyage (Tlnnigo de Biervilias, partie J, p- JZ, 0" sS* / •MM mmmm \i '53 2 ' Hipoire Naturelle fous la dénomination dWj- marin; SpïF- berg & Mandeiflo rapportent « qu'à i'île » de Sainte-Éiiliibeth , fur les côtes d'A- y> frique , il y a des animaux qu'il fîiudroit » plutôt appeler des ours marins que des » loups marins, parce que par leur poil, » leur couleur & leur tête , ils reflemblem » beaucoup aux ours , & qu'ils ont feu- » lement le muieau plus aigu ; qu'ils ref- » ièmblcnt encore aux ours par les mou- y> vemens qu'Us font & par la manière dont >5 ils les font , à l'exception du mouvement » des jambes de derrière qu'ils ne font que >3 traîner ,* qu'au refte ces amnkibics ont » l'air affreux , ne fuient point a rafpetH: » de l'homme , & mordent avec afTez de :» force pour couper le i\\x d'une per- 53 tuifime , & que quoique boiteux des i» jamljes de derrière , ils ne laiffent pas de >5 marcher aflez vite pour qu'un homme qui court ait de la peine à les joindre » (c), « Le Guat dit avoir vu près du cap de y» Bonne-efpe'rance , une vache marine de >3 couleur rouffâtre ; elle avoit le corps » rond & e'pais , l'œil gros , les dents ou (c) Premier voyage deSpHbcrg, tome II, p, ^//.i^ Voyage de Mandeiflo > tome II, j>age jjt» et s Phoques, &c, j-jj déiènles longues , le mufle un peu «c retroufTé , & ii ajoute qu'un Matelot c© lui aflura que cet animal dont il ne ce pouvoit voir que le devant du corps , « parce qu'il étoit dans l'eau , avoit des ce pieds (d), » Cette vache marine de Le Guat, l'oius marin xle Spilberg & le lion marin de Bierviiias me paroiflent être tousi trois le même animal que le dugon , dont la têie nous a» été envoyée de l'île de France , & qui par conféquent fe trouve dans les mers méridionales depuis le cap de Bonne-elpérance jufqu'aux îles Phi- lippines (e): au refte, nous ne pouvons (d) Voyage de Le Guat , tome 1 , p^ge j t>, (e) Je pouvois àt ma maifbn, qui étoit fitiiée fui' un rocFier dans l'île de Leihy, voir les tortues à quei- tjues toifes de profondeur dans l'eau ; je vis un jour deux gros dugun^s ou vaches mannes , qui vinrent près du rocher & de ma maifoii ; je fis promptement avertir mon Pêcheur , à qui je montrai ces deux ani- maux, qui fe promcnoient & maiigcoient d'une moufîè verte qui croit fur le rivpgc ; il courut aiiflltôt cher- cher Tes camarades qui prirent deux bateaux & allèrent fur le rivage, & pendant ce temps le mâle vint pour chercher (a femelle, & ne \oulant pas s'éloigner fe laifla tuer aufTii Chacun de ces poiffons prodigieux avoit plus de fix aunes de long , le mâle étoit un peu plus gros que la femelle ; leurs têtes refTembloient h celle ii'un bœuf , ils avoiefU deux- gtoff» dents d'un w 334 Hlflohe Naturelle pas nfîurer que cet animal qui refTemble un peu au moriè par la tête & les dé* fènfès , ait comme lui quatre pieds ; nous ne le préfumons que par analogie , & par i'indication des Voyageurs que nous avons cites ; mais ni l'analogie n'eft aflez grande , ni les témoignages des Voyageurs aficz précis; pour décider, & nous fufpendrons notre jugement à cet égard , jufqu'à cç que nous (oyons mieux informés. \LE LAMANTIN (fl, Dans le règne animal, c*eft ici que JRniflent les j>euples de ïa terre, & que » tni]>ûn de hng if d'un pouce d'quvjfur , qui cîcbor- «loient fil mâchoire comme aux fan^iers : ces dents étoient plus blanches que le plus bel ivoire; la femelle avoit deux mamelles comme une femme ; les parties de la génération du maie redèmbloicnt à celles de l'homme; les inteftins refTemNoicnià ueuxdun veau, & la chair en avoit le goiit. Voyage de Chipofhe Batr chtwiti, rage iStt'^xinit traduit par M. le marquis de Montmirair A^(>r/i« Totite cette defcription convient afTez au manati, à rcxceptton Acs denÇs; le manati n'a nidéfênfes tii dents incinves, éc c'cfl (ûr cela (êul que j'ai préfumé que ce dugiing nVtoit point le manati ; mais l'animal dont nous avons les têtes, & que nous avons fait rcpréiênter. i (fj LamMÙn. On ^4>rétendu que ce nom vetuiBe *def Phoi]ues$ <^as entièrement cétacée, jl retient des premiers deux pieds .ou plutôt deux (Te C|B que cet anîrnal fâifok des cris farnental>les : c'efl une fable. Ce mot efl une corruption du nom de cet arrimai dans b langue ^& Galibis , 'habitam de b es^ habitans Ati Antilies; c'ed le mênic peuple & la mêfne bngue, à quel(]ucs variétés près : ils nommait le lamantin mMîati , d'où les Nègres des îles françoifès d'Améri- que , qui eOropient -tous les Aiots ont <£iit lamanatty en ajoutant Tarticle^ comn^e pour dire la beu manati; de lamanati , ils ont fait tamamti , en fupprimant le troiOème/i, & fiifant (aoxwtVn; lamanuti, Itunenti, qu'on a écrit par un r , par analogie prétendue avec iamtmari , ce qui a donné lieu à l'analogie des crij hmentabks , fuppofés ^e la fçmelle quand on lui déroJM Ton petit. Lettn dt Ah de ia G>ndamne A M, dt Bv§on , du 28 mai tj^^^. Je cite cette efpècc d'é»- tymologie, de laquelle M. de b Condaqf^ine, qui a demeuré dix ans daos les Indes occidentales , doit être .bien informé: cepend3 a « fig. ^id, f ag. 133. AfoHati» HeriMnd. Hift, Mm, pag. 3 a ) , ^. iiid, Métiiatits» Lt.lananfin» Btiff» Reg* mm» p. ^9*1 X ^ J 6 Hîflotre Natureïk^ jnairis ; mais les jambes de derrière! qui, dans les phoques & ks moriès , font prefqu*entièrcment engagées dans le corps, -Sa raccourcies autant qu'il cft poflible, ie trouvent abibiument nulles & obli- te'rées dans le lamantin ; au lieu de deux pieds courts & d'une queue étroite en- core plus courte que les jnorfes portent à leur arriére dan? une diredion hori- zontale , les lamantins n'ont pour tout cela qu'une grolTe queue qui s'élargit en éventail dans cette même diredion, en forte qu'au premier coup d'œil il fem- bleroit que les premiers auroient une queue di<^irée en trois , & que dans les derniers ces trois parties (e feroient i^é unies pour n'en former qu'une ieule ; mais par une infpedîon plus attentive , & lur-tout par la diffedlion , l'on voit qu'il ne s'ell point fait de réunion , Cfu'il n'y a nul veftige des os des cuifîès & des jambes , & que ceux qui forment la queue des lamantins font de fimples vertèbres ifolées & fem- J:)Iables à celles des cétacées qui n'ont point de pieds ; ainfi ces animaux font cétacées par ces parties de. l'arrière de leur corps , & ne tiennent plus aux qu*idruj)èdes que des Phoques, &c. 337 ^iie par les deux pieds ou ceux mains qui (ont en avant à côté de leur poi- trine. Ovicdo me paroît être le premier «uteur qui ait donné une efpèoe d'iiiftoirc & de defcription du Lamantin ; ce on le trouve aflèz fréquemment , dit -il , fur ce les côtes de Saint-Domingue; c'eft un ce très-gros animal d'une figure infornie , ce qui a la tête plus grofïè que celle d'un ce bœuf, les yeux petits , deux pieds ou œ deux luains près de la tête qui lui fervent ce à nager ; il n'a point d'écaillés , mais ec il eft couvert d'une peau ou plutôt <« d'un cuir épais , c'eft un animal fort ùl doux; il remonte les fleuves , & mange ce les herbes du rivage, auxquelles il peut ce atteindre fans fortir de l'eau ; il nage à ce la furfac^; pour 4e prendre, on tache ce de s'en approcher fur une napdfe ou et un radeau , & on lui lance une groflê ce flèche attachée à un très-long cordeau ; ce dès qu'il fe fent frappé , il s'enfuit & ce emporte avec lui la flèche & le cordeau ce à l'extrémité duquel on a foin d'attacher ce un gros morceau de liège ou d« bois ce léger pour fèrvir de bouée de de ren- ce feignement. Lorfquc l'aiiimal a perdu çc Tome XL P il w «< 3 3 S Hifloire Nûîwefle ^ s> par cette blefTurc (on fang & {es forceô » il gagne la terre , alors on reprend i'ex- » tréniité du cordeau , on le roule jufqu'à >> ce qu'il n'en relie plus que quelques » brafles ; & à l'aide de la vague on tire y» peu à peu l'animal vers le bord , ou •» bien on a^chève de le tuer dans l'eau à a» coups de lance. Il eft fi pelant , qu'il *> faut une voiture attelée de deux bœufs ao pour le tranfporter ; fa chair eft excel- » lente, .& .quand elle eft fraîche on Ja » mangeroit plutôt comme du bœuf que » comme du poiffon ; «n la découpant & V ia fàifant fécher ^ marin€r, elle prend » avec le temps Je goût de la chair du :ï> thon , & elle eft encore ineilleure. Il y » a de ces animaux qui ont plus de quinze ap pieds' de longueur fur fix pieds d'é- x> paifîcur; Ja partie de l'arrière du corps V eft beaucoup plus menue & va toujours a> çn diminuant jufqu'à la queue , qui 30 enfuite s'élargit à fon extrémité. Comme y> les Elpagnols , ajoute Gviedo , don- 3> nent le nom de mains aux pieds de » devant dé touf les quadrupèdes , & ?3 comme cet animal n'a que àts pieds de p devant , ils lui ont donné la déaouii- ,%■'' i *• Jes Pho()ues , &u 5 3 5> MStion d'animal à maifts , Manati; il n'a ce point d'oreiiies externes , mais feulement ce deux trous par lelquels il entend , là ce peau n'a que quelques poils afîez rares , ce elle efi: d'un gris-cendré & de l'e'paifleur ce d'un pouce , on en fait des femelles de ce fouliers, des baudriers, &c. La femelle ce a deux mamelles fur la poitrine, & elle ce produit ordinairement deux petits qu'elle « allaite (g); » tous ces fîùts rapportés par Oviedo font vrais, & il efl fmgulier que Cieça (h)t & plufieurs autres après lut aient afTuré que le lamantin fort fbuvcnt de l'eau pour aller paître fur la terre , ils lui ont faufîèment attribué cette habitude na* turelle , induits en erreur par l'analogie du morfe & des phoques qui fortent eu efïèt de l'eau &: fcjournent à terre , mais il eft certain que le lamantin ne quitte jamais l'eau , & qu'il préfère le féjour des eaux douces à celui de l'eau falée. wt:-. Clufius dit avoir vu & mefuré la peau d'un de ces animaux , & l'avoir trouvée de feizc pieds & demi de longueur, & (g) Ferdin. Oviedo. Hif* Ind, occU, lib. XIÏ cap. X. , ■ 1 ■ ' ,. ' (hj Chron, Peruv, cap. xxxi, ^TaR" 54^* H'tfloire Naturelle grandes babines & quelques poils longs » & rudes au - deflus ; fes yeux étoient » très-petits par rapport à fa têie , ^ les o3 oreilles ne paroifl oient que comme deux » petits trous y le cou ell fort gros & 33 fort court, &fans unp^tit mouvement, » qui le fait un peu plier f il ne fcroit y> pas poiïible de diflinguer la tête du » relie du corps. Quelques Auteurs pré- V 33 tendent ( ajoute -t ► ii ) que cd: animai 33 fè (èrt de les deux mains; ou nageoires 33 pour le traîner fur terre ; je me fuis 33 foigneufement informé de ce fût ; per- 33 fonne n'a vu cet animal à terre , & ii 33 ne lui eft pas polîlble de marcher ni 33 d'y ramper ; (es picdi» de devant ou 33 (es mains ne lui lèrvant que pour tenir 33 (es petits pendant qu'il leur donne à 33 téter; la femelle a deux mamelles rondes, 33 je les mefurai, dit l'Auteur, elles aboient 33 chacune (ept pouces de diamètre (ur ?3 environ quatre d'clévaiion ; le maindo» pîeds Liiu£e '^es Phoques , &c, 34.7 étdix gros coiinne le pouce & fortoit « d'un bon doigt au dehors ; le corpfs ce avoit huit pieds deux pouces de circon- ce férence ; la queue étoit comme une large ce palette de dix - neuf pouces de long , ce ÔL de quinze pouces dans fa plus grande c< largeur , & i'épaiiïeur à l'extrémité étoit ce d'environ trois pouces ; la peau étoit ce Êpaifle fur le dos prefque comme un ce double cuir de bœuf , mais elle étoit ce beaucoup plus mince fous le ventre ; ce qWq eft d'une couleur d'ardoife-brune , ce d'un gros grain & rude avec des poils ce de même couleur, clair-femés, gros & ce afîez longs. Ce lamantin pefoit environ ce huit cents livres ; on avoit pris le petit ce avec la mère ; il avoit à peu-près trois ce pieds de loiig ; on fit rôtir à la broche le ce côté de la queue, 0î> trouva cette chair « audi bonne & aufTi délicate que du ce veau. L'herbe dont ces animaux le > il paroît que le Père Gumilla fe trompe comme le P. du Tertre , en difànt que la femelle produit deux petits ; il elt prefque certain , comme nous l'avons dit , qu'elle n'en produit qu'un. Enfin, M. de la Condamine qui a bien voulu nous donner un defîin qu'if a fait lui-même du lamantin , fur la rivière des A mazones , parle plus précifément & mieux que tous les autres des habitudes (r) Hitloii'c de l*Orcno'j[ue , par le Pt Gumiilla, ■J50 Hffloire Naturelte naturelles de cet animal, ce Sa chair, dif- >3 il , & ia graifîe ont aflez de rapport à 33 celle eu veau ; le Père d'Acuna rend 33 fa refiembhmce avec le bœuf encore J3 plus complète en lui donnant des cornes » dont la Nature ne Ta point pourvu ; il » n'efl pas amphibie à proprement parler, yy puifqu'il ne fort jamais de l'eau entiè- » rement , & n'en peut fortir , n'ayant o> que deux nageoires alTez près de la tête , » plates & en forme d'ailerons , de quinze » à feize pouces de long , qui lui tiennent 39 lieu de bras & de mains ; il ne fait y> qu'avancer fa tête hors de l'eau pour » atteindre l'herbe fur le rivage. Celui que » je defîinai (aJQute M. de la Condamine) 39 étoit femelle , fa longueur étoit de (èpi » pieds & demi de roi', & la pkis grande » largeur de deux pieds* J'en ai vu depuis » de plus grands ; les yeux de cet animal 33 n'ont aucime proportion à la grandeur 33 de fon corps ; ils font ronds & n'ont 3> que trois lignes de diamètre ; l'ouven- 33 ture de les oreilles eft encore plus petite 33 & ne paroît qu'un trou d'épingle. Le aa manaii n'efl pas particulier à la rivière » des Amazoïics , il n'efl pas moins com^ àes Phaques, &c, jjfl iDun dans l'Oréiioque ;. il fe trouve «c aulîi y quoique moins fréqueinment , « dans rOyapoc & dans plufieurs autres ce rivières des environs de Cayenne & des «x côtes de la G uiane , & vraifemblablement huit cents livres 3 \xm femelle de çiii^ fort de; des Phoques, &c. 35^ pîcds trois pouces de long ne pelbit que c< cent quatre-vingt-quatorze livres ; leur fibles ; ces bras font à peu - près cylin- >3 driqucs , compofés de trois articulations * princij^ales , dont Tantérieure forrne une » efpèce de main aplatie , dans laquelle 03 les doigts ne fe diftinguent que par "y» quatre ongles d'un rouge brun 3 Tant : la- queue eft horizontale comme » celle des baleines , & elle a la tonne 3> d'une pelle à four. Les femelles ont deux 33 mamelles plus elliptiques que rondes , >5 place'es près de l'aiflèlle des bras ; la peau >y efl un cuir épais de ^lyi lignes fous le » ventre , de neuf lignes fur le dos & d'uji 33 pouce & demi lùr la tête. La graille eft :>3 blanche & épaifle de deux ou trois 33 pouces : la chair eft d'un rouge-pale, » plus pâle & plus délicate que celle du 33 veau. Les Nègres Oualofes ou JiMofes 33 appellent cet animal Lereou. Il vit 33 d'herbes & fe trouve à l'embouchurô du fleuve Niger 33. de les (cYvtY , il eft très-pofTibïe qu'ils aient ccliippc à U vue de M. Adanfon , d'autant que ces trous fotit irès-petits lors^ même que 1 aniiual les tient ouverts. des Phoques, &c. 355 lue le On voit par cette defcription ïamantin du Sénégal ne diffère, pour ainli dire , en rien de celui de Cayenne ; & par une comparaifbn faite de la tête de ce la- mantin du Sénégal avec celle d'un fœtus (u) de lamantin de Cayenne , M. Dau- benton préfume auffi qu'ils font de même cfj^èce. Le témoignage des Voyageurs (^x) ' ■ ■ '.*;'''-',;"■■ ' , '^- '. ' .■ 1 î ^ v (u) Nota. M. le chevalier Turgot, aduellemcrrt gouverneur de ia Guiane, & qui auparavant avoit fait don au Cahinet du Roi, de ce fœtus de lamantin, eft maintenanî bien à portée de cultiver {on goût pour J'Hiftoire naturelle , & dç nous enrichir non-îeulement Je fes dons, niais de fcs lumières. . ^ '• ; (x) Oexmelin rapporte qu'il y a des lamantins fur îes côtes de TAfrique , & qu'ils font plus communs fur la côte du Sénégal que dans la rivière de Gambie. Hijloire fies Aventuriers, tome 11 y page r r j. — Le Guat affure en avoir vu beaucoup dans les mers d« J'île Rodrigue. La tête du lamantin de cette île rcf# femble beaucoup (dit ce Voyageur) à celle du cochon,' excepté qu'elle n'a pas le groin fi pointu. Les plus grands lamantins ont environ vingt pieds de long. , . . Cet animal a le fkng chaud , la peau noirâtre , fort rude & fort dure , avec quelques poils , Çn clair-femés qu'on ne les aperçoit qu'à peine ; les yeux petits , & deux, trous qu'il ferre & ^qu'il ouvre, que l'on peut avec railbn appeler y(\y oreilles ; comme il retire a(Tez fouvent l;i langue, qui n'ert pas foi t grande, plufieurs ont dit qu'il ii'tn avi)it point ; il a des dents mâche- iières. . . . , . mais il n'a point de dents de devant & »i-*i#«- 5 5 6 Hijloîre Naturelle s'accorde avec notre opinion ; celui de Danipier fur-tout eft pofitif , & les ob* ièrvations qu'il a faites fur cet animal mé- ritent de trouver place ici. « Ce n'eft pas » feulement dans la rivière de BIcwtieid , » qui prend fon origine entre les rivière^ >3 de Nica'rague & de Verague, que j'ai » vu des manates ( lamantins ) ; j'en ai 30 aufîi vu dans la baie de Campèche , fur >3 les côtes de Bocca dcl drago , & de X) Bocca del loro, dans la rivière de Da- »3 rien & dans les petites îles méridionales 35 de Cuba ; j'ai entendu dire qu'il s'en » eft trouvé quelques-uns au nord de ia fcs gencives font aflez dures pour arracher & broutcf Therbe Je n'ai jamais vu qu'un petit avec ia femelle, & J'ai du penchant à croire qu'elle n'en pro- duit qu'un à ia fois. . . ^ . . Nous trouvions quelque- fois trois ou quatre cents de ces animi)ux enfemble qui paifîbient l'herbe au fond de l'eau j ils étoient fi peu effarouchés que fouvent nous les tâtions pour choifir le plus gras j nous leur pafTiuns une corde à ia queue pour les tirer hors de l'eau ; nous ne prenions pas les plus gros , parce qu'ils nous auroient donné trop de peine, & que d'ailleurs leur chair n'eft pf.s fi délicate que celle <\cs petits. . - , . Nous n'avons pas remarqué que ctt animal vienne jamais à terre , je doute qu'il pût s'y traîner, & je ne crois pas qu'il loit amphibie, yo^^age de le Guat , tomt J , lutjge ^j ^^ ■ ^ Jes Phoques» &cr ' 357 Jamaïque , & en grande quantité dans ce la rivière de Surinam , qui eft un pays ce fort bas : j'en ai vu aufli à Mindanao , ce quiefl: vme des îles Philippines , & fur ce la côte de ia nouvelle Hollande . . . . ee cet animal aime i'eau qui a un goût ce de fel , aulîi fe tient-il communément ce dans les rivières voifines de ia mer , ce c'efl: peut-être pour cette raifon qu'on ce n'en voit point dans les mers du fud , ce où ia côte efl: généralement haute , l'eau ce profonde tout proche de terre, les vagues c< groHes , fi ce n'eft dans la baie de Pa- ce iiama , où cependant il n'y en a point ; ce mais les Indes occidentales étant , pour ce ainfi dire , une grande baie compofée ce de plufieurs petites , font ordinairement ce une terre bafle où les eaux qui font peu ec profondes , fournifîênt une nourriture ce convenable au lamantin ; on le trouve « quelquefois dans l'eau falée , quelque- ce fois auffi dans l'eau douce", mais jamais ce fort avant en mer : ceux qui font à la mer ce & dans des lieux où il n'y a ni rivières ce ni bras de mer où ils puifl^ent entrer , ce viennent néanmoins en vingt - quatre ce heures une fois ou deux à l'embouchure ç€ »1 : -¥' ■■i »3 de la rivière d'eau douQeJa:pi^rY^'i(«wS, » .«^ij.Iis ne viennent Jai^isyi-iefFÇc ni yi dans une €îiu fî bafle q\ji''^j^:mdffçi^ » y nager; leur chair «ft laiiie 46 )dé très* ^ boa goût;; kur peau .eli aiifli dWé 3> grande utilité. Les lamantins & les tortues ?> fetrouventiQrdjnaireâîéntdans lesinçinè» >> endroits , iSt ie nourriiTent des mêmes ?? herbes qui croiffent (iir les hauts-fonds a» de la mer à quelques pieds de profondeur îj? fous l'eau & fur les rivages bas que couvre la marée >». i . ' ^y^ Voyage de Dampicr, fcmî»\ja£e^6if; jjlmvémtes. 7:m r. t T.. ri '^.ï ri- K t • 11'' • » ■ T ' 1 1 , ' ''il .ï-.vi "i'r'Ti***' *w>ti|.^*yt.%t^>ip.. ,... ... -./-i .^^'■1» •i.-^tfiir tf* ■. - \ v. -^-ïîï.^^^. L -.•*. v»-ii»*^-. fe. '«-^.^ •Vk, il i '■ «i'^Si^^ ■■ "^y: %i ■-"--■ 1 ' , .> «^^^ . 4J ■ V *> » *. r '-.y ^'^M 5^ •»i*lî^ ■"'.■ m ^'^■i '■'M i^v:|. Ylwi . XI. yy. zyr.7if,y.,hK^. '''i'«'>>*?*" ■ I/K .MOllSJ:., ■ -.n lit -«v, "j«*^. -■ r£-t m. ■«ekU»^ -r»'*'- * .' -xi>-«ft. -w-^^- . I-fm.Xf' 1 "■k:-. 4 /-- .n\ ^ W^'^W<^^^^- ; .v,-^; .'.,„., . -...f>-rvJ,«»i!' ' ^Vy. "N, -#' . ,; ■; ■=??>>' i ■ '4** - m ;.f-v 1 .: 1 *^ •*^ f:- * •*.,? * ■ ï. M .| .. '» . . N. - 7îmt-.Xr. JV. 2$ J^a,/. iK^ii J,K I.AAîANriN