IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 1.1 Sf Uâ 12.0 IL25 II 1.4 ■ 1.8 iiiii ■^ Fhobgreiidiic ScMices Corporation 23 «mST MAIN STRUT WUSTIR,N.Y. MSM (716) ■72-4503 -1 <\ CIHM/ICMH Microfiche Saries. CIHIVI/iCJVIH Collection de microfiches. Canadian Institut* for Historical Microraproductions / Institut canadian da microraproductions historiquas m H Tachnical and Bibliographie Notaa/Notaa tachniquaa «t bibliographiquaa Tha Inatituta haa attamptad to obtain tha baat original copy availabla for filming. Faaturaa of thia copy which may ba bibllographically uniqua, which may altar any of tha imagaa in tha raproduction. or which may aignificantly changa tha uaual mathod of filming, ara chackad balow. D D D D D D Colourad covora/ Couvartura da coulaur I I Covars damagad/ Couvartura andommagéa Covars rastorad and/or laminatad/ Couvartura rastauréa at/ou palliculéa I I Covar titia missing/ Le titre da couverture manque I I Coloured maps/ Cartes géographiques en couleur Coloured ink (i.e. other than blua or black)/ Encra da couleur (i.e. autre que bleue ou noire) I I Coloured plates and/or illustrations/ Planchas et/ou illustrations an coulaur Bound with other matériel/ Relié avec d'autres documents r~7| Tight binding may Cbuse shadows or distortion aiong interior margin/ La re liure serrée peut causer de l'ombre ou de la distortion le long de la marge intérieure Blank leavas addad during restoration may appear within tha text. Whenever possible, thèse hâve been omitted from filming/ Il se peut que certaines pages blanches ajoutées lors d'une restauration apparaiaaant dans le texte, mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont pas été filmées. 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Laa imagaa auivantaa ont été raproduitaa avac la plua grand aoin, compta tanu da la condition at da la nattaté da l'axampiaira filmé, at an conformité avac laa conditlona du contrat da fllmaga. Laa axampiairaa originaux dont la couvartura an papiar aat impriméa aont filméa wx commençant par la pramiar plat at an terminant soit par la darniéra paga qui comporta una amprainta d'impraaaion ou dllluatratlon, soit par la second plat, salon la caa. Toua laa autrea exemplaires originaux aont filméa an commençant par la première pege qui comporte une empreinte d'impreeaion ou d'Iiluatration et en terminent par la dernière pege qui comporte une telle empreinte. The lest racorded freme on eech microfiche shall contain tha aymbd — ^- (meaning "CON- TINUED"). or tha aymbol y (meaning "END"), whichever appilee. Un dea aymboiaa suh/anta apparaîtra sur la dernière imege de chèque microfiche, selon le caa: le symbole — »• signifie "A SUIVRE", le symbole ▼ signifie "FIN". Mapa. plataa, charte, etc., may be fllmed at différent réduction ratloa. Those too ierge to be entirely Included In one expoaure are fllmed beginning In the upper left hand corner, ieft to right and top to bottom, aa many framea aa required. The following diagrams iiluatrete the method: Lea cartee, planches, tableeux, etc., peuvent être filmés è dea taux de réduction différents. Loreque le document est trop grond pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé è psrtir de l'angle supérieur gauche, de gauche è droite, et de haut an baa, en prenant le nombre d'Imegee néceeeaire. Lee diagrammes suivonts Illustrent le méthode. 1 2 3 32X 1 2 3 4 5 6 BIBLIOTHÈQUE DE LA JEUIŒSSE CHRÉTIENNE, APPROUVAI PAR Ma> L'ARCHEVÊQUE DE TOURS. ii Prcipriélc (les Éditeurs, J^^ \ LIBRAIRIE DE A. MAME ET G. DE TOURS. DE LA JEUNESSE CHRÉTIENNE, »VSUVasliington Irving, par Adrien Lemerder , i v. Cure d(! campagne (le) , par M. Siepbrii do la Matlrlaine. Derniers jours de Pompei (les) , imité de Bulwer , par Adrien I^emercier, i v. Ernestine, ou Ipa rlianneA de la vertu , par Mme Cêsarii* Farrenc, i vol. Esqui'-^vs entnmologiques, par M. l'oblié J.-J. Bouransé, i vol. Ferréol , ou le» pastions vaincue* par la religion , par Tlii'ophile Ménard , i v. Firmin , ou le jeune vnyaycur en Egypte , {Nir M. de Mnriès , i vol, tialienne, nu cour.ign d'une jeune fille . par M. l'abbé Pinard. Cerson , par M Kmest F'ouiiict, x >ol. Gilbert, ou le potite inalbeureux, par M. rnblu- Pinard , i vol. Gustave, ou le ji-une voyageur en Espagne, pur M. de Marlt-s. Histoire abrégée des Croisades , par F. Valenlin , I volume. lli<)toirc du Cliarles-Qiiiiit, d'après nobcrt.snn , i volume. Histoire dcBossurt, évèque de Meaux, pur M. Roy , i volume. Histoire du F«'-iiclon , nrclievéque dfl Canibray , par M. Roy, i volume. Histoire et description du Ja|mn , d'après Charlevuix , i volume. Histoire de Venise, par Valentin , i volume. Histoire de la Chevalerie, par M. Roy, i volume. Histoire des Cbevaliers de Malte, d'upr<-s l'abbé de Vertot, i volume. Histoire de Jeanne d'Arc, par M. Roj- , i volume. Histoire de Loui^ XI , par M. Roy, ■ vol. Histoire de Marie Stuart , par M- de Mûries , continuateur de Lingard , i vol. Histoire naturelle des animaux les plus remarquables de la classe des i.-iammi- fères, quadru|M^des et ct'-tacécs, par un naturaliste du Muséum, i vol. Histoire naturelle des oiseaux , des Nptile et des poissons , par M. l'nbbé J.-J. Bourassé, i volume orné de plus de 4o vignettes. Incas (les) , par Marinonlel , édition revue et purgée avec soin , i volume. Josepb , par Bitaubé , édition revue et purgée avec soin , i volume. Léoiitine et Marie , par M"* WoUlez , i vol. Lettres sur l'Italie, par Dupaty , édition revue et purgée avec soin par une société d'ecclésiastiques , i volume. Marie , ou l'ange de la terre , par Mlle Fanny de V., i volume. Mes prisons , ou mémoires de Silvio Pellico, traduction nouvelle, par M. l'abbé Bourassé, i volume. Monde souterrain (le) , par M. de Ixmgchêiie, i vol. Naufragés au Spitz.berg (les) , ou les salutaires effets de la confiance en Dieu , par L. F. , I volume. Orpheline de Moscou (!') , ou la jeune institutrice , par Mme Woillez i volume. Paul et Virginie , suivi de la Chaumière indienne , par Bernardin de St-Pierre , édition revue et purgée avec soin par une société d'ecclésiastiques , i vol. Paul , on les dangers d'un caractère faible , par M. l'abbé Guériiiet , x vel. Peintres célèbres (les) , par Valentin , i volume. Récits du château (les) , par M. d'Exauvillez , i volume. Robinson Suis.se , ou histoire d'une famille suisse naufragée , traduit de l'alle- mand de VVyss ; par Fréd. MuUer , a volumes. Rose et Joséphine, nouvelle historique (i8ia-i8t5), par Mme M. G. E***, x t. Sépbora , épisode de l'histoire des Juifs , par Ad. Lemerder , i volume. Voyages an pâle-nord (i38o-i833) , par Henri Lebrun , i ▼olunM. Voyages et aventures de liiiiérouse , par Valentin , i volume. Voyages et découvertes dans l'Afrique , par Henri Lebrun , i volume. c soin par une nfiance en Dieu , raduit de l'alle- Vovagn et drmavertra ie* cAmjNignons de Colomb , par Henri l^bmn , i vol. VnvsiKe* en AbjrMÏnie et en Nuliie, recueillis et mis an ordre par II. liebnin, i tr. V<)V;igc» «htns l'Asie méridionale, par E. Qarnicr, i tolnme. 3' IIÊIUX. — roBVAT nv- 1 8. caigOB TOLfHB BST OltUt n'illlt JOLI! OSATDSB SUS «CIIB. Aliri'-gé d« rtiisloire de l'Ancien Testament , traduit de Schmid. Altri'gc de l'IùMoire du Kouvrau Testament , traduit de Schmid. A^nôs , ou la petite joueiue de lutli, traduit du Schmid. AI|»Ttine , ou la connnitsance de Jésus-Christ, par L. F. Allirrt , ou le jeune artiste. An.-iinle , ou les épreuves de la piété filiiile . |)ar M. logeais. Aii'lré, ou bonheur i\an* la piété , par Mme Farrenc. Aiiiiotte , suivie de Ik'-utrice, nu ré|H)U!U! ciiri-tii'iiiie , pnr L. F. Antonio , ou l'orphelin de Jb'lorence, par Pii-rrt* Marcel. Auguste , ou le jeune pAtre de Dcttenhein , par Pierre Marcel. I' i:'iie trouvée (la) , nu les fruits d'une bonne éducation , traduit de Scbmid. i''.iii|ue du pn.'h<>ur (la), pur !.. F. I'>;isiicii , ou le dévouement filial , par Mme C. Farrenc. ]!<'iij,-iinin , ou l'élève des Frères des écoles chrétiennes , par M. Logeais. i'i'i'iiartl et Armand , nu 1rs ouvriers chrétiens. Dr.icniiniers (les) , ou les dangereux effet-s de la colt'-re. Hi'.'iuiinps (les) , ou le triomphe de la religion chrétienne , par Ad. iieinercicr. (!:ir(>line , ou l'orpheline de Jurançon , par Mme M. G. E. (.ei'ilia, ou la jeune inforlun«'-e , par M"" Ménanl. Crut petits contes pour les enfants , traduits de Schmid. ritnrtreuse (la'l , traduit de Schmid. Cliiiumière irlandais*? (lii)> par l.. F. Clotildc , ou l'élève dos .Sœurs , par M. rahl)é Jncherean. r.i>l|)orteur au village (le), par M. l'obbé Pinard. C'niieur allemand (le petite Crnix (le hoi'i (la) , traduit de Schmid. Croix au bord du chemin (la) , par Mme Menanl. Df'ix Amhroise (les), par A. N. Deux frères (les), ou lu vrai et le faux bonheur, par Adrien Lemercier. Duval, histoire racontée par un Curé de village à ses élèves. l;role du Hameau (1') , ou l'élève du bon pasteur, par Mme C. Farrenc. lùlouard ou l'cnfuiit gâté, par M. l'abbé Guérinet. l-illsahelh, ou la charité du pauvre récompensée, par M. d'Exauvillez. Diiiigrauts au Brésil (les), par L. F. Finina , nu le modèle des jeunes personnes, par M. l'abbé Gucrinet. Knfant de Chntur (1') , par Mlle C. M. Kiifants vertueux (les), par Pierre Marcel. Ermite mystérieux (1') , par Adrien Lemercier. Etienne, ou le prix de vertu, par P. Marcel. l'àistache , cpisoide des premiers temps du christianisme , traduit de Schanid. Famille africaine (In) , ou l'esclave convertie. Fiiuiille chrétienne (la), traduit de Schmid. Faiiiille Sismond (la) , ou la piété éprouvée et récompense. Félix , on la vengeance du chrétien. Fernando , histoire d'un jeune Espagnol , traduit de Schmid. ••■«•le de saint Nicolas (la) , par L. F. l'Iorestine, (-u religion dans l'infortune, par M. Logeais. i Frédéric, ou l'ermite du mont Atlas, par M. E. N. ; l'ridolin (le bon) et le méchant Thierry , traduit de Scbmid. Fridnline (la bonne) , traduit de l'allemand. GwMTiAvt, tmlail ) , par E. AV. Veille de Noël (la), traduit de Schmid. M^ilfrid , ou la prière d'une mère , par Ad. Lemercier. BIBLIOTHÈQUE DE L'ENFANCE CHRÉTIENNE, XWOOUHAGEMXVTS XT TLÈOOl Collection approuvée par Mgr rArchevèque de Tours. 50 JOLIS OPUSCULES de 86 pages in-i8 , ornés d'une jolie gravure. ""■■MimiiiilIlM I rE. N. M. B. W. M. l'abM B.... rmc. par P. Marcel. ni< irriENNE, )iin. e. »»^£i0i — «AÉJ !l \ / llUritM»!', l)i:s v\nnîT"t ■t-tt 'i ,. i • '/'" Ï.M p.! \ hM 1~. F'iii l\ Wm' I; k «l\M»; !>*» fk.f> W^I'^'^C ««. •«(«fvilt. \U lU. jrti; i^>'>'l •?>. /.""' ■1*: <•-• «^t r'«$îi|niK*^ ♦ï^ A u^.• 7 ^* ■'•^ 'H' lA"' '*«t'-rv''' fe. î'^^t- n:,i- ^ 1», ¥7 "••Wi, .yV'^ *■ '^- T(>i: i î^. M! !> ^- le'tî? \ :^ -•Tfl ï^SSh "^> r m HISTOIRE ?«ATI RKI.I.E DES ANIMAUX LES PLIS IlEMAHgUABLES DE LA CLASSE DES MAMMIFÈRES (QUxVDRUPKDES ET CÉTACÉS); PAR lis MTIIRAIISTE DU MCSÉIIM; Omee de GO figures d' Animaux < Dessinées et gravées par C. Fsahc, pi-inlre d'histoire naturelle. TOU AJ MAME ET C", IMPRI 1842 tu nal INTRODUCTION. Le nombre des animaux connus est si considérable , qu'on a dû nécessairement, pour éviter la confusion , établir parmi eux, dans les ouvrages qui en traitent comme dans les collections où ils sont conservés, un ordre déterminé , au moyen duquel il fût possible de retrouver aisément chacun d'eux, lorsque le besoin s'eu présenterait. Ce rangement des animaux ou des autres productions naturelles est ce qu'on nomme leur classifi- cation. Des données tout a fait arbitraires l'ont souvent déterminé; c'est ainsi que l'on a disposé les animaux par groupes correspondant aux contrées qu'ils habitent, ou bien qu'on les a rangés en séries, en ayant seulement égard à l'orthographe de leurs noms, et c'est encore ainsi qu'il est question d'eux dans les dictionnaires. Mais on a reconnu que l'étude de leur organisation conduirait, par l'appréciation des rapports ou des différences qu'ils offrent entre eux, à une distribution beaucoup plus ra- tionnelle : telle est l'origine de la méthode en histoire naturelle. K ! VI INTRODUCTION. Un tel travail exigeait une connaissance approfondie de tous les organes; car, sans cotte connaissance, com- ment apercevoir les caractères, qui ne sont eux-mêmes que les différences offertes par les divers organes compa- rés entre eux? Il fallait plus encore, il fallait !>avoir ap- précier la valeur de chaque caractère. C'est ce q je d'abord on ne fit pas. Aussi les premières classifications sont-elles bien inférieures à celles proposées de nos jours; le but actuel de la méthode est, en classant Ifs animaux, de rapprocher davantage ceux qui se ressemblent par le plus grand nombre de points, et d'éloigner au contraire ceux qui n'ont entre eux que de faibles ou apparentes analo- gies ; telle doit être la classification naturelle; elle met en usage les caractères fournis par tous les organes, mais elle n'accorde à chacun d'eux que l'importance qu'il a réellement. La classification artificielle n'ayant pas assez pesé, si l'on peut ainsi dire, les caractères qu'elle mettait en relief, et plaçant en première ligne ceux qui n'avaient qu'une importance secondaire ou même tertiaire , a été nécessairement conduite à des rapprochements contra- dictoires; c'est ainsi que les anciens auteurs, prenant en première consid^ation le milieu qu'habite un animal et son mode de mouvement, ont admis parmi les ani- maux supérieurs les divers groupes des Volatiles, des Quadrupèdes , des Serpents ou animaux privés de pieds, et des Poissons ou animaux aquatiques. Cette division les a conduits à placer dans une même classe les pois- sons , les cétacés et les lamantins , parce qu'ils sont aqua- tiques ; à réunir dans un autre groupe les chauves-souris et les oiseaux , parce qu'ils volent ; et à comprendre sous le nom de quadrupèdes les mammifères à quatre mem- bres , et les reptiles qui présentent aussi cette particula- rité. Néanmoins, ces animaux diffèrent essentiellement entre eux. Dans une classification naturelle , les espèces qui se ressemblent réellement sont au contraire fort rapprochées INTRODUCTION. YII entre elles , et comme les groupes dans lesquels on les range sont nettement caractérisés, il sufflt d'annoncer que tel animal nommé , mais dont on ne développe pas les caractères, appartient à telle catégorie de la méthode, pour qu'il soit aussittH possible de s'en faire une idée à peu près complète. Les espèces d'animaux sont réparties en groupes nombreux et de différents degrés ; elles for- ment par leur première réunion des genres, à peu près comme dans une armée (car on peut admettre que chaque espèce constitue une unité , comme cela existe aussi dans l'exemple que nous choisissons) les soldats sont répartis en compagnies ; de mt^me que l'on réunit les compagnies pour former des bataillons, etc., de même aussi la réu- nion d'un certain nombre de genres forme des familles; celle des familles constitue des ordres , et successivement des classes, des types ou embranchements, qui eux- mêmes ne sont que les subdivisions primordiales du rè- gne animal. C'est moins le nombre des animaux que la nature de leurs caractères , qui détermine la formation des genres, des familles, des ordres, etc. Car un genre, une famille, un ordre même peuvent ne contenir que très-peu d'espèces ou même une seule, tandis qu'un genre voisin sera la réunion de plusieurs centaines d'espèces. C'est ainsi que , pour tirer un exemple du sujet de ce livre, la famille des singes comprend à elle seule beau- coup plus d'espèces que l'ordre entier des éléphants ou gravigrades. Les types ou coupes primordiales du règne animal sont au nombre de quatre; la forme générale de leur corps et la nature de leur système nerveux fournissent leui^ principaux caractères. Les espèces les plus infé- rieures , c'est-à-dire celles qui sont le plus éloignées de l'homme , sont de forme rayonnée , leur corps pouvant être partagé en rayons au nombre de quatre au moins qui partent tous d'un centre commun, lequel est lui- même l'axe du corps; les polypes, les étoiles de mer, les oursins , les coraux et les madrépores sont tous de cette VIII INTRODUCTION. p^emi^^e division {Actinozoaire») ; la seconde comprend les mollusques, animaux de forme binaire ou dont le corps ne peut ^tro partagé qu'en deux moitiés; les mol- lusques {lifalarnzoairei), qui sont les seiches , les hélices ou escargots, les limaces, etc. , n'ont point de squelette et aucune partie de leur corps n'est réellement articulée. Chez eux, le système nerveux consiste en un cerveau qui envoie autour de l'œsophage une espèce de collier , et leurs nerfs principaux sont placés sur les parties la- térales de leur tube digestif. Le troisiome et le quatrième type comprennent des espèces pourvues d'une charpente plus on moins dure et composée de pièces toujours articu- lées entre elles. Chez les unes , ces pièces articulées sont toujours h l'extérieur et forment une sorte d'endurcisse- ment de la peau ; tels sont les insectes , les araignées, les crustacés (crabes, écrevisses, cloportes) , les mille-pieds ou myriapodes, et les vers ou annelides, que l'on appelle du nom commun d*Entomozoaires yC'estÀ-6\Te animaux articulés. Les autres ont toujours leurs pièces dures pla- cées à l'intérieur, et formant ce qu'on appelle un squelette : ce sont les animaux vertébrés ou Ostéozoai- res (poissons, reptiles, oiseaux et mammifères). Ceux-ci ont l'organisation la plus compliquée; et, comme les mammifères occupent parmi eux le premier rang tant à cause de la variété de leurs instincts, que des particula- rités caractéristiques de leur structure, c'est par eux que l'on doit commencer l'étude de la zoologie. Ces animaux sont d'ailleurs les plus importants à étudier, à cause des rapports évidents qu'ils ont avec nous dans les par- ties principales de leur organisation. Les mammifères sont faciles à reconnaître. Pourvus d'un squelette osseux et intérieur comme tous les autres vertébrés, ils ont aussi , comme ceux-ci , le système nerveux spinal, supé- rieur au canal digestif et renfermé dans un étui osseux, composé dans toute sa longueur de vertèbres plus ou moins modifiées; leur cerveau est plus volumineux que celui des autres vertébrés , et leur intelligence et leur INTROniCTION. IX instinct plus j^t^ndus ot plus vn^i»^ ; lotirs organf»s d(!S «•ns sont parfailt'mcnt d^vclnppps ; l«Mir sanjç est roujço et chaud pendant la vie; I»Mir coMir est doiihlo, leur ri«- piration sV>p^^o toujours ot a toutes 1«n époquts de leur vie par dos poumons, ot leurs petits, toujours vivants lorsqu'ils viennent au nionfje , sont constaiiuuent nourris pendant les pn^miers temps de leur exislenco au moyen d'un liquide spécial , 1* lait . que sécrètent chez les femelles des orsranes particidiers appelés niamoIUs. C'est h ce caractère que les mammif -res doivtmt leur nom {mamma^ mamelle, /J?ro, je porte) qui signifie porteur de mamelles; ils sont en effet les seuls animaux qui pré- sentent ces organes. Un autre caractère des mammi- fèriîs los rend aussi tW's-reconnaissabhîs ; presque tous ont le corps plus ou moins garni do poils ; et lorsqu'ils sem- blent ne point en avoir, c'est que leurs poils se sont mo- difiés pour former des esp'ces de carapaces, comme chez les tatous, des écailles, comme chez les pangolins, ou pour donner à la peau une plus grande épaisseur ainsi qu'on le voit chez los cétacés, les pachydermes, et à la plante des pieds de presque tous les animaux. Les mammifères forment une classe particulière, et les nombreuses espèces qui s'y rapportent s(mt elles-mêmes partagées en genres, en familles et en ordres, que nous devons successivement étudier, en nous aiTf^tant plus longtemps pour ceux qui offrent le plus d'intérêt. Va classification des mammifères a occupé un bien grand nom- bre de naturalistes; aussi est-elle présentement plus na- turelle peut-être que celle d'aucun autre groupe du règne animal. Nous avons adopté celle à laquelle M. de Bîain- ville a été cond^iit par suite d'une appréciation eiacte des rapports de ces animaux; la classe y est partagée en trois sous-classes, subdivisibles elles-mêmes en un ou plu- sieurs ordres chacune. Le mode de naissance des petits, et quelques particularités ostéologiques importantes four- nissent les premiers caractères au moyen desquels ces sous-classes sont caractérisées. 1 X INTRODUCTION. Nous avons dit plus haut quu Ivs rapports naturels ré- sidaient moins dans des analogies de formes que dans des similitudes d'organes peu apparents, mais en réalité plus importants dans l'économie. Ce principe a dû guider dans la recherche des animaux qui devaient prendre le dernier rang parmi les mammiftTes , et il a pf'rmis d'as- ' signer h chacun une place certaine ou lieu de la mettre pour ainsi dire au hasord. Voici qu'elle est en définitive la disposition la plus naturelle et en même temps la plus rationnelle des mammifères. Puisqu'on déve- loppant rapidement les principales coupes du règne animal, nous avons d'abord parlé des plus inférieu- res, nous signalerons d'abord les mammifères les plus voisins des vertébrés non mammifères. Nous avons vu que ces derniers étaient surtout difTérents des espèces de la première classe par l'absence de mamelles et par une génération ovipare; car il est des mammifères qui sont ovovivipares, c'est-à-dire presque ovipares (on a même cru à tort qu'ils pondaient des œufs), et chez lesquelles les mamelles (qui ont été pendant quelque temps considé- rées comme nulles) se sont profondément modifiées dans leur structure intérieure et extérieure; ces animaux sont les échidnés et les ornithorrhynques (sou&-classe des (hrni- thodelphes) , qui sont aussi de tous les mammifères ceux dont le squelette a le plus de rapport avec celui des ovi- pares. Les ornithodelphes ont en efiet, comme les ovipa- res reptiles et oiseaux, le péroné et le tibia également articulés avec le fémur, et ils ont de doubles clavicules. La sous-class6.qui les précède est celle des Didelphes (sarigues), chez lesquels les petits, trop incomplètement formés lorsqu'ils naissent pour profiter encore des se- cours que pourraient leur prodiguer leurs parents, se fixent à la mamelle de leur mère et y adhèrent comme par greffe jusqu'à ce qu'ils aient achevé leur développe- ment total. Ces animaux n'ont plus les doubles clavicu- les des précédents, mais leur jambe a le même mode d'articulation. laturols re- lie dans des réalité plus dû guider prendre le K-rmis d'al- lé la mettre n définitive ênie temps ju'en déve- s du règne us infériou- eres les plus »us avons vu es espèces de îs et par une ères qui sont i (on a môme ^lez lesquelles smps considé- loditlées dans janimaux sont lasse des (*mt- mifères ceux celui dos ovi- ime les ovipa- lia également ies clavicules. ^e& Didelpkes mplétement Incore des se- parents, se lèrent comme ir développe- ibles clavicu- même mode I!>ITIIODUCTION. Xt \jcs mammifères les plus nombreux sont ceux do la troisième sous-classe, tels sont los rlials, les chiens, 1rs singes, les moutons, les cochons, etc. ; leurs petits no se fixent point d'une manière p(?rmanente h leurs mamelles, ils n*ont point de double clavicule, et le tibin est la seule partie de leur jambe qui s'articule avec leur féuuir; les didelphes et les ornithodelphes présentent en avant du bassin des os dont ceux-ci sont toujours dépourvus. Si nous commençons par les animaux auxquels leOéa- teur a donné des formes extérieures qui rappellent celles de rhomme, nous voyons que les Quadrumanes ouvrent la série; il faut leur rapporter, outre les animaux que lu plupart desauteurs y placent, lesgaléopithèques, les aye&- ayes ou cheiromys, et siuis doute les paresseux ou bra- dypes. Ces animaux forment un premier ordre; c'est pour ainsi dire un premier degré d'organisation; le premier échelon de l'échelle zoologique. Les Carnassiers forment le second ordre ou degré. Parmi ceux-ci, il en est qui sont destinés à vivre à la surface du sol , d'autres k fouir la terre k une certaine profondeur pour s'y creuser des galeries , d'autres qui doivent »'élever dans l'air et voler (chauve-souris), et quelques-uns sont destinés à vivre au milieu de l'eau. Il semble, que dans ce degré d'organisation comme dans plusieurs autres, les diverses modiflcations des espèces sont en rapport avec les différents genres de vie possibles sur notre planète. Les carnassiers se nourrissent de chair , et ils vont chercher leur proie à la surface du sol ou hors de sa surface sur les arbres, dans les airs , dans la terre ou dans Teau ; de même qu'il y a des espèces herbivores destinées à ramasser leurs aliments dans les différentes conditions où ceux-ci se rencontrent. Un troisième ordre est celui des Èdenlés , qui a aussi des espèces fouisseuses , terrestres et aquatiques. Le quatrième, celui des Rongeurs, est dans le même cas. Le cinquième comprend les Gravigrades, il 9Lm XII INTRODUCTION. \a* sixif nie, Xc^ Varhydermet (hippopotamo, cochon, cheral). Le s4>pn<'mo enfin, l.>i>ie de Testomac do ces premières espè- res *'ftt celle que présente cet organe chez les scmiiopithèqucs, dans les boursouflures qui le caractérisent. A mesure qu'on descend la série, on reconnaît un moins grand nombre d'espèces frugivores : les œufs et surtout les insectes sem- blent en effet plaire davantage aux singes améri- cains. Les ouistitis et les sakis, parmi ces derniers, paraissent même les recliercher exclusivement , et il est à remarquer que déjà leurs dents ont une forme différente de celles des espèces supérieui'es. Les tubercules de la couronne de leurs mâclieliè- res sont en effet remplacés par de petites pointes épineuses, qui rappellent celles des makis. Quant lau cerveau, il est proportionnellement plus déve- [loppé chez les Quadrumanes que chez les autres Mammifères, et sa surface présente, chez beau- :oup d'espèces , des circonvolutions nombreuses, ia forme du corps de ces animaux présente un ispect qui rappelle les formes humaines ; mars à lesure qu'on desccifid vers les plus inférieurs, la If i:: ï i l^ #1' MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. ressemblance semble s'efTacer; les mamelles sont - toujours pectorales, c'est-à-dire placées sur la. poitrine et au nombre de deux. Une seule espèce, le loris grêle , en a quatre , d'après Tobservation. de Daubenton , et ses deux mamelles supplcmen- , taires sont situées à la région des aines. Le sque- leîi oiïre aussi de nombreuses analogies avec celui de Thomme, et, chez les orangs, le chim- panzé et les gibbons, le sternum présente le ca- ractère remarquable qu'on lui connaît dans notre espèce. Aucun des Mammifères quadrumanes n'a été rendu domestique à la manière des animaux aux- quels on donne vulgairement ce nom ; mais la plupart d'entre eux peuvent être apprivoisés . surtout s'ils sont pris dans leur jeune âge. Dans les pays chauds, ils s'accoutument aisément à. notre intérieur, et dans beaucoup de maisons ,. surtout en Amérique , on en conserve en escla- vage ; un grand nombre de peuplades sauvages- aiment aussi à en retenir au milieu d'elles. Les singes d'Amérique , plus doux que ceux d'Afrique et deTlnde, se prêtent bien mieux à cette sorte d'éducation ; car le caractère farouche et très- souvent intraitable que les derniers prennent en vieillissant , ne permet plus de les garder après un certain âge. Les variations fréquentes de la température de nos climats , les froids de Thi- ver, môme dans nos régions tempérées, sont N^ m .imiJ MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. 17 très-nuisibles à la santé de ceux que Ton y con- duit. Les Quadrumanes ont pour patrie générale les zones inlertropicalcs ; on les trouve aux mêmes latitudes à peu près, en Amérique , en Arrique, dans rinde et dans les îlos de l'archipel indien. ?Iéanmoins dans quelques contrées ils sortent de ces limites, et, d'un autre côté, plusieurs points qu'elles comprennent n'offrent aucune es- pèce de ces animaux. Les pays peu exhaussés au-dessus de la surface de la mer, très-boisés , 'OÙ la température est fort élevée, sont ceux qui 'Conviennent à leur nature. Aussi en Amérique ne les trouve-t-on que dans toutes les contrées qui sont situées à TE. des Andes , jamais sur ces mon- i'ignes ou sur celles qui en sont le prolongement , et rarement sur 1 étroite lisière des terrains qui sont à rO. de cette chaîne; passé Tisthme de Panama , on n en rencontre plus vers le nord , et il en est de même pour le Paraguay au sud. Ainsi les seules contrées de l'Amérique qui offrent des animaux de cette famille sont le Brésil , le Paraguay , les Guyanes et une partie du Mexique. L'Afrique est peuplée de singes dans tous les lieux où Ton a pénétré ; mais le pays du Congo , le Sénégal , le cap de Bonne-Espérance semblent être leur patrie par excellence. Deux ou trois espèces au plus se voient sur les côtes de Bar- barie , et les mêmes se montrent dans la Haute- r :kl h I iiii 1 !l l: !i 18 MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. Egypte. L'une d'elles , le magot , vit aussi dans une petite portion de l'Europe, le rocher de Gi- braltur, et elle est la seule que l'on obsei*ve dans cette partie du monde. L*ile de Madagascar ne possède aucune espèce de véritable singe ; ces animaux y sont représentés par les makis et les autres l(';muriens dont nous parlerons ensuite et qui forment une famille particulière de l'ordre des Quadrumanes. Il n'y a qu'une espèce de singe en Asie-Mi- neure , en Géorgie , en Syrie , et elle se rencontre aussi dans la Perse ; mais deux ou trois espèces sont signalées comme propres à l'Arabie. La ci)aine de l'Himalaya et les montagnes du Tibet sont une limite à l'existence des singes , et on ne les trouve qu'au sud des cimes les plus élevées du globe, c'est-à-dire dans la presqu'île de l'Inde,^ surtout au voisinage de la mer , au Bengale , à Ceylan , à Malacca , à Sumatra. Les grandes îles de l'archipel indien , et surtout Bornéo , en ren- ferment, et il parait que dans quelques provinces méridionales de la Chine il en existe aussi. Tout le nord et les parties E. de l'Asie , à l'exception de celles que nous venons de nommer, n'ont au- cune espèce de singe. On assure néanmoins que le macaque spécieux se trouve au Japon; mais toui le continent entier de la Nouvelle-Hollande, toute la série des îles du grand Océan-Pacifique manquent d'animaux de ce groupe. ; '..IH-I MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. 19 Remarquons que les singes d'Amérique ont des caractères qui les distinguent de ceux, de TAn- cicn-Mondc, et que parmi les autres Quadru- manes que présentent TAsie et T Afrique, on re^ connaît différents genres et môme différentes familles dont la répartition géographique n'est pas moins régulière. Les gibbons n'ont de repré- sentants qu'en Asie et dans les iles de Tarchipel indien ; l'orang-outang est aussi confiné dans cette partie du monde, ainsi que les singes à longue queue auxquels M. F. Cuvier a réservé le nom de scmnopitbèques. Les guenons sont au contraire toutes d'Afrique ainsi que les colobes , et ce n'est que dans la même région que vivent les cynocéphales ; quant aux macaques , il est bien reconnu aujourd'hui qu'il y en a en Afrique, mais que le plus grand nombre d'entre eux est asiatique. Chimpanzés, orangs-outangs, guenons, sem- nopithèques , colobes , macaques et cynocépha- les, sont autant de genres d'une même famille, que l'on appelle collectivement singes de l'An- cien-Monde. Quant à ceux du Nouveau-Monde, ils forment aussi une famille particulière dont Buffon et Daubenton avaient déjà reconnu les principaux traits. Les Quadrumanes auxquels le nom de singes convient moins bien sont les makis, les galagos, les loris, dont aucune espèce n'ha- bite l'Amérique. Ces animaux , qu'on appelle lému- M it I ) 9. 20 MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. riens, sont pour la plupart de Madag^ascar, lie si voisine de l'Afrique et néanmoins si difTérente de celte contrée par ses productions naturelles. Quelques lémuriens , mais en petit nombre, sont propres à TAfrique , et ils diffèrent spécifique- ment de ceux de Madagascar; enfin on en a aussi découvert un petit nombre dans Tarchipel indien ; G est au même groupe d'iles , et aussi à la paitie sud du continent asiatique qu'appartient le ga- léopithèque. Nous devons donc étudier parmi les Quadrumanes quatre groupes principaux: l*" Singes de l'ancien continent. 2° Singes du nouveau continent. I 3<* Lémuriens ou makis. ' U° Galéopithèques. § I". SINGES DE l'ancien CONTINENT. Ce sont, de tous les Quadrumanes, ceux qui ont avec Tespèce humaine les plus nombreuses ressemblances. Ils ont de même trente-deux dents, semblablemcnt distribuées, savoir: deux incisives , une canine et cinq molaires de chaque côté de la bouche et à chaque mâchoire. Leur queue n'est jamais susceptible de s'accrocher aux corps, comme celle des sapsyous, ^t quelques- iiffréreiiie aturelles. ibre , sont pécifique- en a aussi )el indien ; à la partie ent le ga- Jier parmi Lîipaux: SinCES DE L^ANClEFf CO!>(TINENT. Si «Tis en sont même complètement dôpouniis ; tels sont Torang-outang , le chimpanzé, le gibbon et le magot. Beaucoup de ces animaux ont les joues extensibles, et la membrane muqueuse qui ta- pisse la face interne de ces organes se prolonge <1avantage sur les côtés dos mâchoires, de manière h former de chaque côté de la bouche une poche plus ou moins dilatable, appelée abajoue, dans laquelle ces animaux moltcnt en réserve une par- tie de leur nourriture. Un autre trait non moins •curieux de Torganisatioii de ces singes, et qui leur est spécial, consiste dans les callosités Xcssières quMls présentent ; celles-ci sont des phu'ues de substance cornée, en rapport avec la •dilatation de leurs tubérosités ischiatiques, et dont Tinsensibilité leur permet do rester assis sur les corps les plus durs , sur les arbres les plus rugueux , sans avoir à souffrir. Les chimpanzés et les orangs manquent de ces callosités, et les autres singes de rancien continent sont les seuls qui e-r présentent. Leurs narines diffèrent aussi de celles des singes d'Amérique, en ce que leur cloison est étroite , et qu'elles sont ouvertes plus ou moins au-dessous du nez, au lieu de Tétre sur les côtés. A la tète de ces singes se place le Chimpanzé. CHIMPANZÉ. Linnacus , qui a donné à un grand nombre d'ani- 22 MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. maux des noms empruntés à la fable, appelle troglodyte, simia troglodytes , Tcspèccde singe dont nous parlerons d^abord. Le troglodyte, dont on fait le genre chimpanzé, est Tanimal que Buf- fon a représenté et dont il a parlé sous le nom de jocko, d'après un individu qu'il a observé vivant. Toutefois, il ne faudrait pas croire que tout ce qu'il a dit du jocko doive être attribué à ce singe, car il a confondu avec lui l'orang-outang, qui en est fort différent et qu'il appela d'abord pongo. Depuis ii a transposé ces noms, appliquant au chimpanzé ou jocko celui de pongo, et celui de jocko à son ancien pongo, qui n'est autre chose que l'orang-outang parvenu à Tàge adulte. Le chimpanzé se rapproche plus encore de l'homme, par son organisation, que l'orang-ou- tang. Ses proportions sont plus humaines; ses membres supérieurs , moins longs que les nôtres, ne descendent que jusqu'au genou , comme dans notre espèce , au lieu de s'allonger jusqu'au talon , comme dans l'orang; son bassin est plus évasé, ses muscles des membres postérieurs sont plus en harmonie avec les nôtres; aussi les allures de l'animal nont-cUcs point la singularité qu'on remarque dans l'orang. Celui-ci est organisé pour vivre sur les arbres ; il se meut au milieu des branches avec une extrême agilité, mais à terre il se traîne on peut dire avec peine, et tou- jours en employant ses quatre mains. Il n'en est , appelle ;de singe iyte, dont que Buf- le nom de •vé vivant. ue tout ce 1 ce singe, ng, qui en >rd pongo. cliquant au ), et celui n'est autre âge adulte, encore de Torang-ou- naines; ses les nôtres, ;omme dans qu'au talon, plus évasé, sont plus en allures de llarité qu'on ist organisé X au milieu ;ililé, mais à leine , et tou- s. Il n'en est SINGES. •<- CHIMPANZÉ. 23 pas de même du chimpanzé : ses membres posté- rieurs lui servent seuls pour la marche. « L'orang- outang que j'ai vu, dit Bufibn (l'illustre écrivain conrond ici, comme nous l'avons dit plus haut, le chimpanzé avec l'orang), marchait toujours debout sur ses deux pieds, même en portant des choses assez lourdes. Son air était assez triste , sa démarche grave, ses mouvements mesurés, son naturel doux et tiès-différent de celui des autres singes : il n'avait ni l'impatience du magot, ni la méchanceté du babouin, ni l'extravagance des guenons. Il avait été , dira-t-on , instruit et bien appris; mais les autres que je viens de citer y et que je lui compare, avaient eu de même leur éducation. Le signe et la parole suffisaient pour faire agir notre orang-outang ; il fallait le bâton pour le babouin et le fouet pour tous les autres, qui n'obéissent guère qu'à la force des coups. J'ai vu cet animal présenter sa main pour reconduire les gens qui venaient le visiter, se promener gravement avec eur et comme de com- pagnie ; je Tai vu s'asseoir à table, déployer sa serviette, s'en essuyer les lèvres, se servir de la cuiller et de la fourchette pour porter à sa bouche, verser lui-même sa boisson dans un verre , le choquer lorsqu'il était invité , aller pren- dre une tasse et une soucoupe , l'apporter sur la table , y mettre du sucre , y verser du thé , le lais- ser refroidir pour le boire , et tout cela sans autre 2& MAMMIFÈRES. — QUADRUMA^BS. insligation que les signes ou la parole de son maî- tre y et souvent de lui-même. Il ne faisait de mal à personne, s'approchait même avec circonspec- tion , et se présentait comme pour demander des caresses. Il aimait prodigieusement les bonbons; tout le monde lui en donnait ; et , comme il avait une toux fréquente et la poitrine attaquée , cette grande quantité de choses sucrées contribua sans doute à abréger sa vie. Il ne vécut à Paris qu'un été et mourut Thiver suivant à Londres. 11 .man- geait presque de tout ; seulement il préférait les fruits mûrs et secs à tous les autk^es aliments; il buvait du vin, mais en petite quantité , et le lais- sait volontiers pour du lait, du thé ou d'autres liqueurs douces. » Le chimpanzé a le cerveau bien développé ; son front est arrondi; mais en partie caché, dans rage adulte, par des arcades sourcilières qui prennent un assez grand développement. Sa face est brune et nue à l'exception de ses joues, qui ont quelques poils disposés en manière de favoris ; son museau ne prend pas avçc l'âge le hideux dévelop- pement qu'on lui connaît chez la plupart des auti^es singes et même chez les orangs-outangs adultes ; ses yeux sont petits , mais pleins d'ex- pression; sonnez est aplati, et les narines sont disposées obliquement sur les côtés. Cet animal peut atteindre jusqu'à cinq et même six pieds de hauteur ; son corps est couvert de SINGES. — CIIIMMANZÊ. 25 poils peu fournis sur certaines parties , principa- icment à la poitrine et au ventre, et ses mains en sont tout à fait dépourvues à leur face palmaire, ainsi que ses oreilles , qui sont bordées dans une partie de leur pourtour, et remarquables par leurs dimensions assez grandes. Ses poils sont généralement noirs , cependant ceux de ses fesses sont blancs. La patrie des chimpanzés est une partie de la côte occidentale d'Afrique, principalement les forêts de Congo et de la Guinée. Il ne se trouve point en Asie, et il constitue une seule espèce très-facile à reconnaître, quoiqu'on n'en ait ob- servé jusqu'ici, d une manière positive, que le jeune âge. Pendant ses premières années, il est remarquable par sa douceur et la facilité avec laquelle il s'apprivoise ; mais à mesure qu'il vieillit , il perd la plupart de ses bonnes dispo- sitions , qui sont remplacées par des instincts moins pacifiques. Il ne craint point alors d'atta- quer l'homme lui-même ; il s'arme d'un bâton et le frappe avec violence , ou bien , saisissant son adversaire, il l'étreint avec force; d'autres fois, il combat à coup de pierres. Le nombre des chimpanzés qu'on a conduits vivants en Europe est très-restreint; ceux dont il est question dans les auteurs les plus connus étaient tous jeunes : l'un d'eux a été observé et I anatomisé par Tyson. La figure qui accompagne ::i fi 1 ' I ■' » 26 MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. notre description (Pl. I — 1) est une copie réduite de celle qu'en a donnée ce savant ; le second a été vu par Buiïon : son squelette et sa peau bourrée se voient encore maintenant au Muséum de Paris, et y sont les seuls représentants de leur espèce ; le troisième est mort, à Londres, dans le com- mencement de Tannée 1836; MiM. Broderip et R. Owen l'ont observé sous le double rapport de ses mœurs et de son anatomie. ORANG-OUTANG, Simta satyrus. La réputation de cet animal est certainement bien plus étendue que celle de l'intéressante es- pèce dont nous venons de parler, ou , si l'on veut, son nom est beaucoup plus connu , et le plus sou- vent on lui a rapporté tout ce qui a trait au chim- panzé aussi bien que ce qui lu; appartient en propre. Ainsi que nous l'avons vu, le chimpanzé (timia trog/odytes) se rapproche de l'homme plus qu'aucun autre singe ; il a le même port que lui , ses proportions sont les mêmes , et son intel- ligence est supérieure à celle de tous les antres animaux. Le chimpanzé ne se trouve que dans une partie assez peu étendue du versant 0. de l'Afri- que. C'est au contraire dans l'Inde, et principale- ment dans les iles de la Sonde (à Sumatra et à Bornéo), que vivent les orangs-outangs; leur présence sur le continent n'a point encore été SINGES. — ORANC-OUTANC. 27 établie d*unc manière positive. Ou doit remarquer iK'anmoins que plusieurs zoologistes de l'Inde soupçonnent l'existence des orangs au Bengale, au X(>paul , etc. , et que les coUectious du Muséum de Paris possèdent une tète envoyée de Calcutta (Ucng'de) , qui est celle d'un oraug^utang peut- être identique à celui de la Sonde. Mais le conti- nent indien possède aussi un gibbon remarquable surtout pour cette particularité, qu'il est un des singes qui se portent le plus vers le N. La forme du corps de l'orang-outang, ses pro- portions, même son genre de vie, le rendent beau- coup moins semblable à l'homme que uc Test le chimpanzé ; et , sous ces divers rapports , il est plus voisin des gibbons. Essentiellement destiné à vivre dans les arbres, où il se nourrit de fruits, tout en lui a été disposé pour ce genre de vie ; aussi est-il beaucoup moins commodément placé à terre que ne Test le chimpanzé. Jamais il ne marche sur ses pieds postérieurs seuls comme ce dernier , et la disposition même de ses membres ne saurait le lui permettre. Ses membres anté- rieurs , beaucoup plus développés proportionnel- lement que les postérieurs , descendent bien au delà du genou ; car , en plaçant ranimai debout , ils peuvent atteindre jusqu'aux talons : leur force est prodigieuse ; leurs doigts sont longs , courbés et très-bien disposés pour accrocher les branches des arbres j enfin le pouce est assez court , mais 28 MAMMiràlIlRS. — QUADnUMANKJi. opposable comme chez beaii(!Oiip d*aiitrcs espèces de Quadrumanes. Quant aux membres de der- lièrc, ils sont en apparence assez mal conformés , et une des particularités les plus remarquables qu'ils présentent est l'absence du ligament rond qui unit , chez tous les animaux, la cuise au bas- sin. Cette singulière disposition , et surtout celle des muscles de la jambe, donnent à cette partie, chez les orangs-outangs , une mobilité fort éten- due. Ils s'accrochent aux arbres avec leurs mains antérieures ou avec les postérieures , et ils pren- nent des poses véritablement étonnantes ; la force de préhension de leurs mains est telle , qu'une seule de ces dernières suffirait pour les tenir sus- pendus pendant des heures entières; et, dans ce cas, celles des membres inférieurs sont aussi utilement employées que les autres. Lorsqu'ils cheminent au milieu des forêts où ils vivent, les orangs ont souvent à franchir des espaces dépour- vus d'arbres. Si la distance qui les sépare n'est pas des plus considérables, ils s'épargnent parfois la peine de venir à terre en s'élançant d'un côté à l'autre , et lorsqu'on les poui*suit , ce moyen les a bientôt mis hors de la vue du chasseur; mais ils sont bien loin d'avoir cette agilité lorsqu'ils sont à terre , et , lorsqu'après les avoir vainement pour- suivis dans des endroits boisés, on les force à entrer en plaine , ils sont plus faciles à prendre , ou plutôt à abattre, car leur force prodigieuse ne SINGRJl. — ORANG-OOTAIfO. li permet pas dr \v% >n\%\r vivants , fti ce n'est lors- qu'ils sont jeunes rnroiv. A terre, ils marchent légè- rement inc'lin(''s et en s'appuyant comme les gibbons sur leurs quatre extrémités. Ils plient leurs doigts cl posent contre i«'rre la face supérieure de ceux- ci ; leur démarche peut véritablement être com- paif^e f dans ce cas , à celle dUm cul-de-jatte. Quoique ces animaux habitent des contrées plus éloignées que les chimpanzés , on a eu plus souvent Toccasionde se les procurer, ce qui tient aux rela- tions fréquentes de& Européens avec les pays qu'ils habitent. BulTon n'a pas possédé de véritable orang , mais déjù , de son époque , le célèbre V. Camper avait réussi à en étudier sept individus dont un vi- vant , et à rassembler des matériaux importants pour leur histoire anatomique. Plusieurs ont été conduitsen Angleterre ety ont vécu quelque temps ; enfin la France en a aussi possédé, ou plutôt ils y sont venus mourir, caries vicissitudes du climat, la gène de leur captivité et mille causes différentes , n*ont pas tardé à altérer leur santé. Ceux de l'An- gleterre , et à plus forte raison ceux de la Hollande ont eu le même sort. Quelquefois on a pensé que la taille de Torang n'était pas supérieure à celle de ces individus qu'on avait pu se procurer vivants , et on autre singe des mêmes contrées , mais bien plus vigoureux , à museau plus allongé , a été dé- crit comme formant une espèce paniculière, et même un autre genre , qu'on a nommée potigo. 30 MAMMIFÈR£S. — QUADRUMANES. Les pongos qu'on a conservés dans les musées sont bien peu nombreux, et les Hollandais, à cause de leurs établissements dans les ilcs de la Sonde , ont cependant réuni les dépouilles de sept ou huit individus. Les uns sont roux comme les jeunes orangs ; d'autres sont noirs : cette diiïé- rence tient-elle à ce qu'il y a parmi ces animaux une espèce rousse et l'autre brune? Cest ce qui n'est pas démontré ; mais ce qui est certain , c'est que les pongos (Pl. I — 2) sont véritablement l'âge adulte des orangs-outangs. MM. Budolphi , Cuvier et de Blainville ont les premiers constaté ce fait. Le jeune orang qu'on a récemment vu à Paris , où il a vécu six mois , avait été apporté de Suma- tra par un bâtiment de commerce de Nantes. Il était remarquable par sa douceur , par son ama- bilité et un mélange de manières à la fois gauches et intelligentes , selon que les actes qu'on voulait lui voir accomplir étaient plus ou moins en rap- port avec la nature de son oi*ganisation. Il aimait beaucoup à jouer surtout avec les enfants ; il vivait en quelque sorte familier chez son gardien, sui- vant le régime du petit ménage qui l'avait ac- cueilli , et subissant tour à tour les réprimandes ou les caresses de son tuteur, selon la manière dont il avait su se conduire. Jouait-il avec brus- querie , avait-il été gourmand , essayait-il de briser les vitres de son logement » ou de mordiller, SING£S. — GIDBOMS. H, comme le fait un jeune chien , les personnes qui le visitaient, une correction sévère lui était admi- nistrée , et il la recevait , sinon de bonne grâce y au moins avec résignation , cachant sa figure dans ses mains dès qu'on le menaçait, et, quoiqu'il fût peu douillet, versant parfois des larmes, s'il avait fallu en arriver aux coups. Il grimpait avec faci- lité à une corde placée dans son logement. Lors- (|u'il s'asseyait, il croisait les jambes comme le font les Turcs ou les tailleurs , et , dans cette atti- tude, sa physionomie ne rappelait pas peu celle des petites figurines indiennes connues sous le nom de magots de la Chine (Pl. I — 3). Lorsqu'il mangeait, il le faisait assez proprement, et, sui- vant la nature des aliments, il se servait de la cuiller ou de la fourchette. LES GIBnOKS. Les longs bras des gibbons , le caractère qu'ils ont de manquer de queue , celui qu'ils présentent dans la forme de leurs dents, les rapprochent des orangs; mais ils ont ordinairement des callosités fes- sières comme les autres singes qui suivront. Tou- tefois ils n'acquièrent pas , en vieillissant , la force et la brutalité de ceux-ci ; leur caractère conserve une partie de sa douceur, de sa lenteur primitive , etle rapport de la face et du crâne n'est pas aussi profondément modifié. 32 MAMMIFÈnES. — QUADRUMANES. Buflbn a connu deux espèces de ce genre , le grand et le petit gibbon , qui sont aujourd'hui les simia larei feucisca. Depuis, les recherches des naturalistes dans Tlnde en ont fait connaître plu- sieurs autres , et le nombre s*en trouve présente- ment élevé à cinq ou six. Une des plus intéressantes est sans contredit le gibbon siamang. GIBBON SIAMANG, Symia syndactyla. La découverte du siamang est due à MM. Diard «t Duvaucel , qui ont fait , dans les lies de la Sonde et dans la presqu'île de Malacca , tant de décou- vertes zoologiques, et c'est sir Raflles, ancien gouverneur des possessions anglaises dans Tlnde , qui en a le premier donné la description Les singes de cette espèce sont fort communs dans les forêts de Sumatra , où il est facile de les observer. Dans cette ile , soit en esclavage , soit même en liberté , on les trouve ordinairement rassemblés en troupes nombreuses, conduites, dit-on, par un chef que les Malais croient invulnérable , sans doute parce quMl est plus fort , plus rgile et plus difficile à atteindre que les autres. Ainsi réunis , les siamangs saluent le soleil à son lever et à son coucher , par des cris épouvantables , qu'on en- tend à plusieurs milles , et qui de près étourdis- sent, lorsqu'ils ne causent pas de l'effroi. C'est le réveil-matin des Malais montagnards, et pour SINGES. — gii;bon8. 53 les citadins qui vont à la campagne , c'est une des plus insupportables contrariétés. Par compensation , ils gardent un profond si- lence pendant la journée, à moins qu'on n'inter- rompe leur repos ou leur sommeil. Ces animaux sont lents et pesants ; ils manquent d'assurance quand ils grimpent , et d'adresse quand ils sautent , de sorte qu'on les atteint toujours lorsqu'on peut découvrir leur retraite. Mais la nature, en les pri- vant des moyens de se soustraire promptement au danger , leur a donné une vigilance qu'on met rarement en défaut ; et s'ils entendent, à un mille de distance , un bruit qui leur soit inconnu , l'effroi les saisit aussitôt et ils fuient. Lorsqu'on les sur- prend à terre , on les prend sans résistance , soit que la crainte les étourdisse , soit qu'ils sentent leur faiblesse et leur impossibilité d'échapper. Cependant ils cherchent d'abord à fuir, et c'est alors qu'on connaît toute leur imperfection pour cet exercice. Leur corps , trop lourd et trop pesant pour leurs cuisses courtes et grêles , s'in- cline en avant , et leurs deux bras faisant l'office d'échasses , ils avancent par saccades , et ressem- blent ainsi à un vieillard boiteux à qui la peur fait faire un grand effort. Le gibbon siamang est à peu près insensible aux bons et aux mauvais traitements ; la recon- naissance , la haine , paraissent être des senti- ments étrangers à ces machines animées. En ' I ZU MAMMIFJ^RES. — QUADRUMANES. esclavage ils prennent les aliments avec indilTc- rence , et les portent à leur bouche sans avidité ; souvent ils se les laissent enlever sans étonne- ment. Leur manière de boire consiste à plonger leurs doigts dans Teau et à les sucer ensuite. Les siamangs ont la figure nue et extrêmement laide , ce qu'ils doivent principalement à leur front fuyant , à leurs arcades sourcilières fort dévelop- pées , à leurs yeux enfoncés , à leur nez large , aplati , dont les narines , placées sur les côtés , sont très-grandes ; à leur bouche ouverte , mon- trant jusqu'au fond des mâchoires, et à leurs joues enfoncées sous des pommettes saillantes. Si l'on ajoute à ces traits une poche nue , onctueuse et flasque ) en forme de goitre, que ces animaux ont sous la gorge, toutes les autres parties de leur corps recouvertes de poils longs , doux , épais et d'un noir foncé, excepté les sourcils et le menton, où ils sont rougeàtres , on se fera une idée assez juste des siamangs. Ces animaux ont, en outre, les jambes arquées , tournées en dedans , et tou- jours en partie fléchies j de plus , la poche gut- turale dont nous avons parlé, a la faculté de s'étendre et de se gonfler , ce qui arrive lorsque l'animal crie. La taille des siamangs peut s'éle- ver jusqu'à trois pieds six pouces. Il paraît qu'on trouve parfois des individus de cette espèce qui sont entièrement blancs. M. Raffles a donné aux siamangs le nom de siama syndaotyla , c'est-à- SINGES. GIBBONS. (lire singes à doigts réunis , parce que leur doigt indicateur est étroitement réuni au médius par une membrane , dans une partie de son étendue. PETIT GIBBON , Stmta varicgcUo, Nous conservons à celte espèce le nom de petit gibbon , parce que c'est celui qu'elle porte dans l'Histoire naturelle de Buiïon et de Dauben- ton. M. F. Cuvier , dans son Histoire naturelle des Mammifères, lui donne, d'après Duvaucel, la dénomination de wouwou, qui indique parfaite- ment son cri , mais qui appartient plus spéciale- ment au moloch. Le gibbon sur lequel nous allons donner ici quelques renseignements, a la face nue, d'un bleu noirâtre, et quelquefois légèrement teinte en brun ; ses yeux sont rapprochés , et d'autant plus enfoncés qu'il n'a point de front , et que ses arcades orbitaires sont fort saillantes. Son men- ton est garni de quelques poils noirs, et ses oreilles sont en partie cachées par de longs et épais favoris blanchâtres, qui s'unissent à un bandeau blanc , lai*ge de six lignes , situé immé- diatement au-dessus des sourcils. Le pelage est en général brun , avec le dos , les jambes , les fesses et le derrière de la tête fauves ou d'un brun clair. Ces singes vivent à Sumatra , et se tiennent plus souvent isolés par couples qu'en familles. Bien :f!l! 86 MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. différents des siamangs par leur agilité surpre- nante, ils échappent, ainsi qu'un oiseau, et, comme lui, ne peuvent, pour ainsi dire, être at- teints qu'au vol ; à peine ont-ils aperçu le dan- ger, que déjà ils ont su se mettre hors d'atteinte. Grimpant rapidement au sommet des arbres , ils y saisissent la branche la plus flexible, se balan- cent deux ou trois fois pour prendre leur élan , et franchissent ainsi, plusieurs fois de suite, sans effort comme sans fatigue, de espaces de qua- rante pieds. En domesticité, ces gibbons n'annoncent pas une faculté aussi extraordinaire ; s'ils sont moins lourds que le siamang , si leur taille est plu» élancée, leurs mouvements plus faciles et plus prompts , ils sont aussi beaucoup moins vifs que les autres singes. La taille de ces animaux est de deux pieds sept à huit pouces lorsqu'ils sont debout. LES GUENONS. ! ' Après les gibbons viennent les guenons (en latin cercopithecus , de deux mots grecs signifiant singe à queue), qui ont, ainsi que leur nom l'in- dique, une queue ordinairement assez longue, ce qui les distingue tout de suite des espèces que nous avons déjà étudiées. Les guenons doivent néanmoins être rapprochées de celles-ci plus SINGES. — r.ir.NONs. 87 qirauniii antre siiigf , puisqirrllcs rossoiiibleiU plus aux gil)bons , aux orangs , etc. , que It'S autres quadrumanes; en e(Tet, elles ont. la même forme d'eslomae que ceux-ei , c'est-à-dire un estoma<; simple et non lobé comme chez les semnopithèques, et leurs dents molaires, au nombre de vingt comme chez les autres espèces de l'Ancien-Monde , n'ont point de cinquième tubefcule à la dernière dent de la mâchoire infé- rieure. Les guenons sont presque toutes particulières à l'Afrique et se trouvent dans toute l'étendue de cette partie du monde, depuis le cap de Bonne- Espérance jusqu'en Egypte et en Barbarie. On en trouve aussi quelques-unes en Arabie et même dans l'Inde. Envisagées dans l'ensemble de leurs formes , ce sont des singes à tète arrondie , mais dont le museau prend, comme celui de presque tous les autres singes, plus de développement chez les sujets adultes que chez les jeunes. Leurs oreilles médiocres et arrondies ressemblent assez à celles de Thomme. Ces animaux vivont dans les forêts : les arbres sont leurs demeures les plus ordinaires et les plus sûres, et la prestesse de leurs mouvements leur permet de les parcourir avec aisance et rapidité. Les guenons sont organisées pour ce genre de vie, et la position inclinée est pour [elles la plus commode. En effet, elles sont em- 2 !!!• $ê MAMMIFÈRKS. — Ql'ADRUMANKS. banassées pour marcher à tono ; leurs membres' ne se détcndenr pas d'une manière favorable} aussi descendent-elles rarement des arbres. Gnome est , suivant les étymologistes , la racine du mol guenon, que, dans le langage figure, on emploie souvent pour signifier une face laide, grimacière et gripp<>c. Les animaux qui portent ce nom ont des mœurs irascibles, colériques, des mouvements capricieux et brusques , et une mobilité d'action qui surpasse tout ce que Ton peut supposer de plus variable et de plus incon- stant. Gourmands à l'excès, ils sont peu édu- cables , et ce n'est que par les châtiments qu'on parvient à les dresser. On doit cependant éviter de les irriter trop fortement , car leur rancune pour les mauvais traitements se prolonge souvent pendant des années entières. MALBROUK, Stmia Faunus. BuiTon n'a connu que la femelle du malbrouk , espèce de guenon particulière , ce qui ne Ta pas empêché de se faire de la nature de ce singe une idée fort exacte. Encore jeune , le malbrouk est docile et aflectueux; mais, dès l'âge adulte, il devient ordinairement méchant , même pour ceux qui le soignent. La circonspection est une des qualités principales du caractère de cette es- pèce; cependant les malbrouks sont excessive- ment irritables; mais si d'un côté ils sont vio- mcmbics ivorable j rcs. , lu racine iguré, on ace laide , Lii portent olcriques , es , et une ;e que l'on plus incon- L peu édu- nenls qu'on idant éviter ;ur rancune nge souvent malbrouk, lui ne l'a pas [ce singe une lalbrouk est je adulte, il le pour ceux est une des le cette es- it excessive- kls sont vio- iomnient poussés par Icui's penchants, do Tautre ils calculent tous leurs mouvements avec soin ; lorsqu'ils attaquent, c'est touhui's par derrière et qiumd on n'est point occupé» dVux; alors ils se précipitent sur vous, vous blessent de leurs dents et de leurs ongles , et s'i'lanccnt aussitôt pour se mettre hors de votre port(''C, mais sans cependant vous perdre de vue , et celîi autant pour saisir le moment favorable à une nouvelle attaque que pour se soustraire à votre vengeance. La couleur du malbrouk est gris verdûtre en dessus et blanchâtre en dessous ; les poils des joues et un bandeau sur les sourcils sont aussi de cette couleur; ceux des joues sont longs et dirigés en arrière. LE GRiVET, Simia grisea. C'est une autre espèce de guenon , dont la con- naissance est due à M. F. Guvier, et dont l'his- toire n'est pas encore tout à fait complète. Sa patrie est le cap de Bonne-Espérance. CALLiTRiCHE, Simia sabœa, La guenon callitriche, qu'il ne faut pas con- i fondre avec les singes d'Amérique auxquels on a donné le même nom, est avec le malbrouk une des espèces que l'on voit le plus Crv4quemment Idans nos ménageries : elle vient d'Afrique et porte len latin le nom de gimia sahœa; on l'appelle 40 MAMMIFÈRES. — QUADRL'MANRS. vulgairement iinge vert, son pelage étant d'un \erl olivâtre en dessus et d'un blanc sale en des- sous ; son visage est entièrement noir et sa queue est à rexirémité teinte de jaune orange. Le calli- triche est de Mauritanie , du Sénégal et des lies du Cap-Vert. ■ONC , Simia mona* Ce singe , qui est un des plus communs et des mieux connus, est avec le magot un de ceux qui soufirent le moins de la température de notre climat : cela seul suffirait pour prouver qu'il n'est pas originaire des pays les plus chauds de l'A- frique et de rinde ; il se trouve en effet en Bar- barie, en Arabie, en Perse et dans les autres parties de l'Asie qui étaient connues des anciens. On l'avait à cette époque désigné sous les noms de kebûs, cehus, cœphus, à cause de la variété de ses couleurs. La mone a la face brune, avec une espèce de barbe mêlée de blanc , de jaune et d'un peu de noir sous la gorge, le menton, les joues et la région parotidicnne ; le poil de des- sus sa tête et de son cou est mêlé de noir et de jaune ; celui du dos, de roux et de noir ; le ventre est blanc, ainsi que l'intérieur des cuisses et des jambes , mais l'extrémité de celles-ci est noirâtre, ainsi que les pieds , et la queue est d'un gris foncé, avec une petite tache noire de chaque côté de soc origine. tant d'un e en desr . sa queue I. Le calli- dcsUcsdu tuns et de» e ceux qui e de notre r qu'il n'est ids de TA- tfct en Bar- i les autres les anciens, is les noms e la variété brune, avec de jaune et nienton, les poil de des- B noir et de tir île ventre uisses et des est noirâtre, in gris foncé, e côté de soc Pi II Ilirt- / i^//.-"///v/ .; //,fW/i<ûi^'!\ SIMCES. — r.l F.M0.1S. M Qii(>l(|ii(>s-iiiis (loiiiMMit il iM'llr <»s|m'mm' h» nom de monv i il'aiiin's, à <';iii80 do sa barho, l'ont appiv hr le vivillnni ; mais Ir dénomination vnl};aire sons laqnrllc la mono ost la pins connno, est rollc (lo iingc varie , et cotto diMiomiiiation n'pond |)arrailcMncnt à coHo do kehox qno lui avaiont donnôo los Grocs , oi qui , par la di'finition (rAi-is- toto, désigne un iingc à tangue queue cl de coufeurn variée». Bu (Ton a laisst'; on [U'opro ù cotte ospôce le nom de 7iwiie , qui s'appliqud <)ans rOi'ient à tous les singes à longue queue. PATAS , Simia mhra. Le pntas est connu depuis longtemps, et la cou- leur particulière qui le distingue n'a pas permis qu'il devint un sujet d'erreur en synonymie; il se trouve principalement dans les contrées orien- tales de l'Afrique . NiSNAS, Simia pyrrhonoins (Pl. II — 1). A côte du patas, il faut placer, comme ayant avec lui beaucoup de i*«pports, le nisnat, qui a été distingué plus n-cetument par deux voyageurs prussiens, MM. Homprich et Ehrenbergp. Le nis- nas est un peu plus grand que le patas. La cou- leur rousse de ses parties supérieures est moins étendue , et son front présente uu triangle d'i'ue teinte plus foncée que le reste de sa tète qui le fait assez aisément reconnaître. Il vit dans la Haute-Egypte. m bi t'I MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. LES SEMNOPITHÈQUES. On doit à M. Fr. Cuvier d'avoir indique ce groupe de singes de rAncien-Monde, dans le- quel se place un nombre assez considérable d'es- pèces asiatiques plus ou moins nouvellement ob- servées , et auxquelles on doit joindre : 1° les espèces africaines qui manquent de pouce, c'est- à-dire les colobes d'illiger; 2° les nasiques, qui sont de Tlnde , mais qui se distinguent par leur nez plus prolongé que celui des autres singes; Z" les doues, que de fausses indications avaient fait prendre à M. Geoffroy pour le type d'un genre particulier. Nous commencerons par ceux-ci. Tous ces animaux se font remarquer par les proportions grêles de leur corps, rallongement de leurs membres et de leur queue , l'aplatisse- ment de leur face. De plus , ils ont , comme la plupart des espèces qui vont suivre , un cin- quième tubercule à la cinquième molaire posté- rieure de la mâchoire d'en bas , et leur estomac offre la singulière particularité de n'être point un simple sac comme celui de l'homme et de la plu- part des singes. 11 est au contraire traversé par des bandes musculeuses qui le font paraître irré- gulièrement lobé. Cette disposition , ique M. Otto a le premier remarquée , et que MM. Rich. Owen, Duvcrnoy, etc., ont constatée chez quel- SINGB8. — SEMNOPITHÈQL'ES. 4| ques espèces inconnues à ce savant , est en rap- port avec le mode de nourriture presque entiè- rement frugivore de ces animaux. SEMNOPiTHÈQUE Douc , StmiA nemous. Le douc a été connu de Buffon } mais une erreur, celle dont nous venons de parler, s*est glissée dans la description qu'il en a donnée. En effet, le douc ne manque point des callosités fes- sières des autres singes , ainsi que l'avait d'abord pensé Buffon ; il ne s'éloigne pas d'eux sous ce rapport. Mais il est facile à caractériser par la disposition de ses couleurs qui ne manquent pas d'agrément. Le dessus de sa tétc est brun , avec un bandeau étroit , de couleur roux marron ; les poils de ses joues sont longs et blanchâtres ; ses épaules sont noires } son dos, son ventre, ses flancs et ses bras sont gris verd.^tres ; sa queue est blanche , et ses jambes sont colorées d'un roux vif; la face est en partie de cette couleur. Les doues vivent par familles plus ou moins nombreuses , et sont communs aux environs de Tourane , dans les espaces boisés qui couvrent le littoral. La vue des Cochinchinois les effraie peu; ceux-ci en effet les laiï^sent dans une sécurité parfaite et ne songent pas môme à tirer de la belle fourrure de ces animaux tous les avantages qu'ils pourraient en obtenir. Le douc a trois pieds environ de hauteur ; sa w s ^'•1 64 MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. quoiio ost longue, comme celle de tous les autres semnopithèques. NASiQUE, Simia nasalis. Celte espèce vit à Bornéo et probablement en Cochinohine. Elle est de lu taille du précédent , et s'en distingue par son pelage, dont la couleur, généralement fauve, passe au roux clair sur la poitrine, le cou et les bras. Mais c'est surtout par son nez qu'elle se fait remarquer. Elle a cet organe très-large , fort allongé et percé inférieu- rement de deux énormes narines. ENTELLE , Simia entelltts. i C'est à feu Dufresne , naturaliste du Muséum de Paris, que Ton doit la caractéristique de cette es- pèce de singe , qui appartient également au genre des semnopithèques. Sa distinction ne remonte donc pasù une époque bien reculée, ce qui n'éton- nera pas peu lorsqu'on saura que Tentelle est un des quadrumanes les plus communs au Bengale. Mais c'est précisément à cette dernière circon- stance qu'il faut attribuer l'ignorance où l'on est resté pendant longtemps à son égard , puisque le plus souvent , et c'est parfois bien à tort , les voyageurs négligent de récolter les espèces qu'ils trouvent avec le plus d'abondance dans des pays connus depuis longtemps. L'entelle frappe au premier abord par le con- SINGES. — SEMMOPlTnÈQl'ES. 45 traste de la coiilour noire de son visage et de ses mains avec celle du reste de son corps enlière- men» recouvert d'un pelage blanchdtre , et par la direction des poils qui entourent sa face , et qui lui forment au-dessus des sourcils une sorte familiers, et m hC ÎIAMMIFÈRES. — i^UADRUMANES. pendant plus d'un mois qu ont séjourné à Cban- dcrnagor sept ou huit entelles qui venaient pres- que dans les malsons chercher les oiïrandes des fds de Prama, mon jardin s'est trouvé entoure d'une 3:arde de pieux brames qui jouaient du tam-iam pour écarter le dieu quand il venait manger mes fruits. • COLOBE GUEREZA , Simiù guerexo. Le colobe guereza , dont nous devons dire un mot, se distingue spécifiquement des autres singes de l'Afrique par la couleur noire veloutée de presque toutes les parties de son pelage, si ce n'est du front , du cou et de la gorge , qui sont entièrement blancs , ainsi qu^un cercle de longs poils qui s'étend depuis les épaules jus- qu'au-dessous des reins, en longeant les côtés du corps ; la moitié supérieure de si queue est blanche ; les ongles et les pieds sont au contrait c de couleur noire. Le guereza vit en Abyssinie ; c'est au D. Rup- pel qu'on en doit la description la plus complète. Il se tient sur les arbres élevés et dans le voisi- nage des eaux, courantes ; il est agile , vif sans être bruyant, et d'un naturel tout à fait inoffen- sif; sa nourriture consiste en fruits sauvages , en graines, en insectes, etc. 11 fait des provisions durant le jour, et passe la nuit à dormir sur les arbres. On ne le trouve que dans les provinces SIT^CES. — MACAQlîES. 47 de Godjam , de Koulle , et plus particulièrement de Damot. Dans cette dernière , les indigènes le chassent , et c'est pour eux un attribut de dis- tinction , que de posséder un bouclier couvert de la peau de ce singe à Tendroit où elle porte de longs poils. Gut^reza est le nom abyssinien des a^ii^naux de cette espèce. LES Mx\CAQVES. Les Portugais, lorsqu*ils s'établirent sur la côte occidentale d'Afrique , importèrent en Europe le nom de Macaco , que les nègres du Congo don- naient à quelques espèces de guenons , et pro- bablement à des mangabeys. Ce terme, introduit dans notre langue, fut changé en celui de ma- caque, par lequel le vulgaire désigne indistinc- tement toutes les petites espèces de singes, mais que les naturalistes ont réservé ù quelques ani- maux indiens du môme groupe. Les macaques, si l'on donne à ce mot l'accep- tion que lui accordent les zoologistes, sont donc des singes de l'Ancien-Monde , qui , à l'excep- tion d'un très-petit nombre, parmi lesquels se trouve le magot, vivent dans le sud de l'Asie et dans les grandes iles qui en sont voisines. Ces animaux font la transition des guenons et des semnopithèques aux cynocéphales ; leur système dentaire affecte la même disposition que celui A8 MAMMIFÈRES. — Qt'ADRUMA?fES. dos scmnopilhèqucs , sauf chez le magot , qui présente , ainsi que nous le verrons , deux tuber- cules supplémentaires à la dernière molaire d'en baS) ce qui lui en fait s'in en tout à cette dent, au lieu de cinq. Les dents des macaques sont d'ailleur au nombre de trente-deux , et leur musei^u .st d'autant plus proéminent, qu'ils sont plus avancés en âge. Ces quadrumanes sont pourvus d'abajoues , c'est-à-dire que leurs joues sont lâches et dila- tables, afin de recevoir momentanément les pro- visions qu'ils y emmagasinent. Ces singes ont le poil de aature soyeuse; et les couleurs qu'ils présentent ne varient guère que du noir au fauve et au gris verdâtre. Ils sont doués d'une grande Intelligence dans leur jeunesse ; mais , à mesure qu'ils vieillissent , ils deviennent méchants et intraitables. Les principales espèces de n^acaques sont les suivantes : la plus commune est celle que Buiïon appelait seule du nom de macaque. C'est le Simia cynomolgos des méthodistes. MACAQUE BONNET-CHINOIS, Simia strica. Le bonnet-chinois habite le Bengale, où les dogmes de la religion de Brama lui ont mérité de la part des Hindous une grande part du respect qu'ils accordent aux autres animaux. Les mœurs de celui-ci ne diffèrent point de celles de la plu- SINGES. — MACAQUES. 41 part des macaques; elles sont vives, pétulantes, capricieuses, et semblent être un mélange de brus<|uerie et de malice , de finesse cl de méchan- ceté. Ce singe est plus particulièrement de la côte de Malabar; introduit accidentellement dans Die Maurice, il s'est établi dans les iorliers crevassés de la montagne du Pouce, et s'est rendu redouta- ble aux habitants par les maraudes continuelles aii".quelles il se livre dans les vergers- Il est en- core douteux si le macaque aigrette de Buiïon est une variété du bonnet-chinois, ou s'il en dif- lère spécifiquement. MACAQUE OUENDEROU , Stmia sUenus. Son nom d'ouenderou lui a été ujnné par Buiïon, qui l'emprunta au voyageur Knox, le premier qui ait clairement décrit ce quadrumane. • A Ceylan, dit-il, se trouvent des singes aussi grands que nos épagneuls , qui ont le poil gris , le visage noir, avec une grande barbe blanche d'une oreille à l'autre : on k j nomme ouenderous ; ils font peu de mal aux terres cultivées , et se tien- nent ordinairement dans les bois, où ils ne vivent que de feuilles et de bourgeons ; mais , quand ils sont en ^.aptivité , ils mangent de tout. • L'île de Ceylan n'est pas la patrie exclusive de cet ani- mal; plusieurs voyageurs, et entre autres le P. Vincent-Marie, l'ont rencontré sur la côte de Malabar. t: MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. L'oucnderou atteint communément vin|^-qua- trc ponces pour la longueur de sa tôte et de son corps, et dix pour celle de sa queue Cet animal n'est pas très-rare dans les ménagei'ies. MACAQUE RHESUS, Simifi fhesus. Ce singe, que Buffbn avait nommé patas à courte queue , a éts longs bras , en même temps qu'ils attachent aux corps voisins leur queue mobile 'omme un serpent ; au lieu d'appliquer leurs doigts ou la plante de leurs pieds sur le sol , comme le font la plupart des autres singes , ils marc? lMU en s'appuyant sur le côté interne de leurs mains ou sur le côté externe de leurs pieds. Ces allures et leurs for- mes disgracieuses les ont fait comparer à des araignées ; on les a vulgairement nommés nnge»' araignée», et l'un d'eux a même reçu des natura- listes la dénomination d'ara<:hnoïde. Mais, sur les arbres, ils sont au contraire d'une extrême agi- lité et d'une adresse remarquable. Us les parcou- rent avec rapidité , et , s'aidant des plus petites branches , ils s'élancent d'un arbre à l'autre , même ^uand un assez grand intervalle les sépare ; comme ils se nourrissent de fruits, il n'y a aucune raison, si ce n'est le besoin d'eau , qui les force à des- cenrlre à terre. Les atèles sont des animaux qu'on apprivoise aisément, et que les caresses et les bons traite- ments rendent très-affectueux. On assure même , MVi 66 MAMMIFÈRES. — QUADRUM IMES. mais la ciioso n*a n'ollfMiionf pas tUé prouvée, qu'ils sont sus(!optibles d(* sk prêter à diiTiTeuts services cloinesli(|ues. Leur taille varie peu , et c'est parmi eux, ainsi que parmi les liurleun», que Ton trouve l(>s plus grands des singes de TAnié- riquc. Les espèces le plus généi'alement admises sont les suivantes : atèle t^liamek, ateUi pcntor- dactyluë f atèle coaïta, ateU» paniscus,- atèle cayou , utelen ater j alèlc belzébuth , atele» hel^ zehuth; atèle marginé, atefes tnarginatm/ atèle hyppoxanthe , ateie* hyppoxanthus; alèle aux mains noires , ate/eg melafwchir , auxquelles il faut ajouter deux ou trois autres espèces décrites par M. Isidore Geoffroy et M. Bennctt ; parmi ces dernières , nous citerons Tatèle métis , aie- leg h\jbrtdus , qui vit en Colombie et qui doit son nom à sa couleur analogue à celle des mulâtres. .LES LAGOTRICHES. Les lagotriches, dont le nom rappelle que leur pelage a quelque chose de celui des lièvres , sont d'autres singes à queue prenante et dénudée en partie, dont la première espèce connue a été décrite par M. de Humboldt, sous le nom de fhnia hgothrix. Ce singe est haut de deux pieds deux pouces et demi, sa couleur est unirormément grise, et sa queue, plus longue que le corps. C'est sans doute par erreur que M. de Humboldt, auquel nous empruntons ces détails, ajouie que SINtiR&. — SAJOl'8 OU SAPAJOUS. 67 les ongles sont aplatis. Le lagotrirhe habite les bords (lu Rio (îuaviarCf et paraît se trouver aussi près de Tembourhure de rOréiioque. "tf Espèces à queute entièrement velue et non prenante. LES SAJOL'S OU SAPAJOUS (Pt. II — 2). Ces animaux, dont il doit d'abord tUre ques- tion, sont plus connus qu'aucun autre genre de singes du même continent; leur taille moyenne, la douceur de leurs mœurs et leur instinct assez développé, les font en eiïet préférer à la plupart des autres, et, comme ils ne sont pâ& rares, on les amène très-fréquemment en Europe. La plu- part des singes que les montreurs d'animaux promènent en Europe , et ceux en particulier que Ton voit si fréquemment partager à Paris Texis- tence vagabonde et misérable d'une foule de jeunes Auvergnats, Piémontais, etc., sont eu effet des sajous. Ces intéressants animaux sont pleins d'adresse, également vifs et remuants, et cependant très- éducableset très-affectueux, ainsi que chacun a pu s'en convaincre. A l'état de liberté, et par conséquent dans les forêts qui les ont vus naitre , les sajous vivent sur les branches élevées des urbres, et se tiennent en troupes; ils se nour- rissent principalement de fruits et mangent aussi 68 MAMMIPfcRr.S. — QtADRt'IlAMKS. irès-voloiiliers dfs insectes, de» vers, dos mol- luK(|iieKet niôiiie qnciqnelois de lu viuiide. I/es|)èrc (!oiiiiniiiie du sujou piN'seiite de nom- breuses variclés, mais <'lle esi h' |)lus souvent colo- rée de brunâtre : su patrie est la Guyane et le Brésil. D^autn*s sajous, moins connus, ont été décrits pur les uuturalistes. LES callithicues. Ceux-ci commenceront une petite section de singes chez lesquels la queue n'est point du tout dénudée el ne présente aucune faculté préhersile ; aussi vont- ils plus souvent à terre que les précé- dents, quoique néanmoins on les trouve aussi fréquemment sur les arbres ; tous ont encore six dents molaires de chaque côté des mâchoires, comme ceu^ du même pays que nous avons étu- diés. LE SAIMIRI. Une des principales espèces du groupe des callitriches est certaine^iient le saïmiri, simia nciurea , dont Buflbn a déjà parlé. Cette espèce a reçu diflerents noms, selon les contrées de TAmérique méridionale où on Ta étudiée. La dénomination de saïmiri lui est donnée par les Galibis de la Guyane ; titi est celle qu'elle porte sur les bords de TOrénpque; Schreber, dans sa • ftINGFfi. — CAl.MTRirnES. 69 planche 23 , l'a iionnn('>o , ainsi quo (ImHin , timia 4chn'en , c'osl-à-diro singr-iTiironil. Le saliniri n'a guère plus île dix à onze pciurcs (le longnenr pour tout le rnrps ; mais sa rpieue est pins longue et veine dans tonte son étendne; son pelajie est ^én(''ralenient d'un gris olivàtfe; s<>s bras et srs jambes sont d'un mnx vif, et son innsean, noirâtre. Ce r|nadrnmane est certaine- ment Tiin des pins gracienx et des pins inté- ressants de Ions, en même temps qn'il est un des pins iniellijjfents; sa doneenr est eelle d'un enfant, sa physionomie a la même ex|)i'ession d'innocence. LeFaïniiri ne re(,oil pas moins vive- ment les impressions ajîn''aï)les on désagn'»ables, cl il en témoigne tonte son émotion; ses yeux, assni*e-t-on , se mouillent sonvent de larmes lors- qu'il est inquiet ou etTrayé. Les habitants des contrées on il vit le reeluTtîhent à cause de l'élé- -gance de sa robe et de la douceur de ses instincts. Il étonne par son activité continuelle; cependant ses monvcmenis sont pleins de grûce. Sans cesse on le trouve occupé à jouer , à santer et à prendre des insectes, surtout tles araignées, qu'il préfère à tous les aliments végétaux. M. de Ilumboldt dit avoir reniarqué que les saïmiris reconnais- saient visil)lement des insectes dans les figures dessinées qu'on leur en présentait , qu'ils les dis- tinguaient même sur des gravures non coloriées, €t qu'ils cherchaient à saisir les animaux qu'ils y voyaient imités. 70 MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. Les saïmiris habitent, en petites troupes, \e Bi*é- sil et la Guyane. Ils recherchent les insectes et savent les prendre avec beaucoup d'adresse. On distingue parmi eu\ plusieurs espèces. On leur adjoint aussi d'autres singes, plus connus sous le nom do sagouins : la taille de ces derniers est un peu plus grande. Disons que chez tous, comme d'ailleurs chez la plupart des singes d'Amérique, le pouce des membres antérieurs est de moins en moins oppo- sable aux autres doigts, et que les ongles, de plus en plus voûtés, se rapprochent davantage de ceux des espèces inférieures, et en particulier des ouistitis et des makis ; et, si nous nous rap- pelons que plusieurs manquent tout à fait de pouces aux mêmes mains , nous verrons combien est fautive la dénomination de Quadrumanes que l'on a voulu donner à tous les animaux du premier ordre des Mammifères. Le mol latin primates , c'est-à-dire primats ou les premiers, est bien préférable, puisqu'on effet les prétendus Qua- drumanes sont sans contredit les premiers de& animaux. LES SAKIS. La dernière section des singes à vingt-quatre dents molaires est celle des sakis , appelés aussi singes à queue de renard ou singes de nuit. Leur de SINGES. — SAXIS Et OlfSTîTH. 71 caractère essentiel consiste dans lenrs dents încî» sives, qui sont inclinées en avant ; leurs yenx sont grands , et leur queno , à pen près longue comme le corps, est garnie de poils longs et tonfTus. Les sakis vivent par tronpes de sept ou linit indivi- dus; comme les callitriches, ils recherchent les îorèfs, et leur nourriture consiste en frnîis et en mouches à miel. Les sajous, plus agiles et sou* vent plus forts qu'eux , les tracassent dans beau- coup de circonstances et lenr enlèvent souvent leurs provisions. On dislingue parmi les sakis plusieurs espèces; l'une d'elles a reçu la dénomi-^ nation de satanas, qui signifie satan; les Bré- siliens l'appellent conœio ; elle est de coufenr noire. Une autre , qu'on nomme cehwt chiro- pôles, et vulgairement h capucin, a le pelage d'un roux marron; elle est des bords de l'Oré- noque. Son menton est entouré d'une barbe; et comme lorsqu'elle boit elle craint de se mouiller, «lie puise l'eau avec la main pour la porter à sa bouche, sans avoir besoin de humer à la surface du cours d'eau ; c'est ce qui lui a valu sou nom de chiropotes (qui boit avec la main): quant à celui de capucin, elle le doit à sa couleur. t LES OUISTITIS. Ces petits Quadrumanes forment un groupe à part , que leurs caractères généraux veulent que ■■f !" 72 MAUMIFÈKES. — Qt ADnt'MAKES. i'oii place ici, entre les autres singes crAmérique ei les mukis ; mais que le nombre de leurs dents senibh^rait rapprocher des singes de TAncien- Monde, si leurs molaires , au nombre de vingt, comme chez ceux-ci , n'avaient une forme diffé- rente. On a peu de rcnseignemeuls sur les mœurs de ces animaux dans la vie sauvage. On les dit gais, joueurs, mais cependant capricieux et très- irascibles. Irrités, ils dressent leurs poils, ordi- nairement assez longs, et croient laire peur autant qu'ils sont eux-mêmes efliayés. Toujours en mouvement, comme la plupart des singes, ils paraissent plus robustes, car ils senjblent mieux s'accoutumer à la température de nos climats. Tous les ouistitis sont de l'Amérique méridio- nale. § III. LES MAKIS OU LEMURIENS. Buffon a nommé makis, et Linuieus, lemiir, quelques espèces de Quadrumanes de l'ancien continent, et principahmenl de Madaijascar, qui diffèrent , par plusieurs traits injportants , des autres animaux du même ordre. La réunion de ces espèces constitue une troisième l'amille , que l'on appelle assez généralement la lamille des MAKIS OU LéMlRIENS. 7.3 lémuriens. On doit remarquer que les derniers genres de celle qui précède, les ouistitis et les sakis , ont quelque ressemblance avec les lému- riens, et qu'ils marquent pour ainsi dire la tran- sition des véritables singes aux lémuriens , que leur face allongée a fait nommer singea à mu- seau de renard. Ceux-ci ont en outre leurs inci- sives de la mâchoire inférieure tout à fait cou- chées en avant , et leurs canines , prenant la même direction, diffèrent à peine des incisives par leur l'orme ; aussi les lémuriens semblent-ils avoir six incisives inférieures au lieu de quatre: leurs incisives supérieures , ordinairement pe- tites, varient assez; quant aux canines de la même màciioire , elles sont puissantes , et les molaires, ainsi que celles d'en bas, sont ordi- nairement hérissées de pointes, ce qui permet à ces animaux de broyer avec plus de facilité les parties dures des insectes dont ils se nourrissent. Un autre caractère mérite d'être signalé à eau se de sa fixité: c'est celui que présente l'ongle du doigt indicateur des membres de derrière, qui est allongé plus que ceux de tous les autres et fai- blement recourbé. Les makis saisissent à la manière des singes ; leurs pouces sont bien opposables aux autres doigts, et lorsqu'ils cessent de l'être, c'est seu- lement aux membres supérieurs comme chez ceux-ci; or, l'on sait que les membres inférieurs li il 11 Il ^' n lU' 74 MAMMiPfenES. — QUADRUMANES. sont an contraire chez Thomme ceux dont le ponce n'est pas opposable , ce qui établit nne (Hflfiérence digne de remarque. Les lémuriens ont les membres postérieurs les plus lon^s: aussi Tont-ils le plus souvent pir bonds et par sauts; ils marchent rarement et ne se tiennent jamais sur deux membres seulement ; ils ont le plus souvent une queue assez longue , mais jamais cet organe n'est susceptible de préhension, et les il sses des makis sont toujours dépourvues de cal- loskés. Ils dorment assis , le museau incliné et appuyé sur la poitrine ; leur vie esî principalement noc- turne, et c'est pendant le jour, cachés dans des endroits obscurs, qu'ils reposent; quelques-uns sont lents , ce qui lient à leurs proportions et à leur forme, mais la plupart jouissent au contraire d'une grande vivacité et d'une facilité remar- quable dans leurs mouverfients; ils sautent à de grandes distances, grimpent avec facilité et vivent dans des lieux fort retirés. Aussi n'a-t-on sur euîi que des renseignements peu nombreux. Beaucoup d'espèces de lémuriens restent encore à décrire. Celles que l'on connaît sont toutes des pays les plus chauds, et, ainsi qu'il a été dit plus haut, c'est à Madagascar qu'elles vivent en plus gi'dude abondance. Nous rappellerons qu'aucun singe n'existe dans cette île si voisine de l'A- frique et qui en diffère néanmoins beaucoup par SINGES. — MAKIS. 75 ses produrtions naturelles. Un autre fait impor- tant pour Ihistoire de la géographie des ani- maux, c'est, que l'Amérique ne possède aueun lémurien , et que ceux des animaux de cette famille que produisent les parties les pins chau- des de l'Afrique et de TAsie sont spi'cifiquemeni et même génériquement dillerents de ceux de Madagascar. Les makis proprement dits , ou mieux ceux auxquels ce nom est resté en propre, ainsi que les genres indri et chetrogalc, com- prennent seuls des espèces madécasses ; le genre galago est d'Afrique , et ceux des loris et des tar- siers habitent l'archipel indien et le Bengale. LES MAKIS. Ces animaux vivent en troupes ; ils se distin- guent par leur longue queue , par leur museau allongé, et par leur fourrure épaisse. Ce sont des êtres fort agiles et assez robustes quoique de taille moyenne ou même petite; et, bien qu'ils soient habitants des pays extrêmement Jiauds, on parvient souvent à les conserver en vie pen- dant plusieurs années dans nos ménageries. L'un d'eux , appartenant à l'espèce appelée mococo , a vécu dix-neuf ans à la ménagerie du Muséum , malgré les froids ri|;oureux qu'il a dû supporter. Il cherchait à s'en garantir en se ramassant en boule , les jambes rapprochées du ventre , et en t'. I ï ( if tm 76 lIAMMIFKnES. — Ql'ADRUMANKS. 8C coiivi'unt le dos avec sa queue. Il s'asseyait l'hiver à portée d'un foyer et lenait même son visage aussi rappro<;iié du feu que possible. La voix des makis tient du gro^mement du cochon ; maquis est le son qu'ils prononcent le plus sou- vent et qui leur a valu le nom ({u'on leur donne; leur cri de douleur ou de haine est très-aigu. On dislingue parmi ces animaux diverses espèces, et à leur tète le mococo, iemur ealta , dont la cou- leur est cendrée, nuancée de roussûtn* sur le corps, et blanchâtre en dessous; sa queue est anneléc de noir et de blanc. VARi, Lemur mococo (Pl. II. — 4), Cette autre espè(;e de maki est, avec le maki rouge , une des plus grandes de ce genre sin- gulier de Quadrumanes, (.es animaux, que nous ne connaissons , à vrai dire , qu'en esclavage , pourraient bien avoir donné de leur naturel des idées tout à fait différentes de celles qu'on de- vrait en avoir et qu'il serait facile d'en prendre si on les étudiait dans leur état de nalure. En effet, les makis, sans montrer beaucoup d'in- stinct, sans témoigner beaucoup d'affection pour ceux qui les soignent , semblant généralement avoir de la douceur; leur museau fin et leurs yeux n'annoncent rien de méchant , et quelques- uns d'entre eux paraissent prendre pla'sir à don- ner et à recevoir des caresses ; et cependant les SINGES. — MAKIS. 77 voyageurs .issurcnt qu'ils sont d'uu naturel plus farouche et plus cruel que leurs congénères. Les caractères spécifiques du vari consistent dans ses couleurs , qui sont le noir et le blanc ; mais ces couleurs ne sont pas toujours réparties également. Dans la distribution la plus com- mune , les parties blanches sont les jambes , les cuisses et une bande transvei*sale sur In croupe au-dessus de la queue , ainsi que les bras depuis le coude jusqu'aux mains; les épaules, le dos, les quatre mains et la queue sont noirs. Les mâles seuls ont la tète blanche : chez les femciics, elle est entièrement noire eu dessus. MAKI NAIN , Lemur minimut. Celui-ci est remarquable , ainsi que son nom rindique , par la petitesse de ses dimensions ; Bufibn le fit connaître en 1776, d'après un indi- vidu vivant à Paris , et il l'appela rat de Mada- gascar. M. Geoffroy l'a considéré comme le type d'un genre particulier auquel il a donné le nom de microcebuit , c'est-à-dire petit sapajou ou petit singe. Les microcebus, dit ce savant, sont une répétition des makis , à cela près des différences suivantes : la jambe de derrière est proportionnellement plus longue , sans l'être au- tant que dans les galagos ; elle est redev )tle de sa plus grande dimension à un peu plu& d éten- due des principaux osselets du tarse. Le museau i î?iii 78 MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. est plus court sans cesser dVtre aussi fin , ce qai provient de la grandeur des yeux , lesquels sont à la fols plus voisins Tun de ^ autre et en ric^me temps rendus plus saillants su" les côtés. Ce§ petits animaux , dont on ne connaît qu'une espèce un ^u moins grande que le surmulot, vivent sur les arbres y où ils nichent dan^ des trous qu'ils savent ajuster à leurs besoins. LES GALAGOS. On est conduit aux galagos par le naki nain. Un galago appelé par M. Fischer, naturaliste russe, galago de Dcmidoff, est ô^ la taille de ce petit maki , dont il diiïère aussi tort peu par les couleurs. Les galagos ont les oreilles fort gran- des, et qui rappellent celles des chinchillas, dont ces animaux ont jusqu'à un certain point le pe- lage. Leur museau est moins court que celui des makis ; leur queue est moyennement longue et touffue, et leurs tarses sont assez grands. On trouve des galagos en Afrique , et principalement au Sénégal. On les y indique sous le nom d*flw«- mauj! de fa gomme. C'est au célèbre Adanson qu'on doit de les avoir fait connaître le premier. L'espèce ordinaire est de la taille d'un ouis- titi ; son pelage est d'un grïs cendré. La troisième espèce , galago à grosse queue , n'est connue que par une seule peaa et une tête osseuse conser- tées au Muséum de Paris. SINGES. — 1>I>RIS. LES INDRIS (Pl. II — 3). 7i Les indris paraissent devoir tenir le premier rang parmi les makis ; leur museau est moins allongé que celui de la plupart de ces animaux. Ils se tiennent dans une position plus rapprochée de la verticale , et Tun d'eux , manquant de queue , n\'St pas sans analogie , pour la forme générale , avec les premiers des singes. On ne trouve les indris qu'à Madagascar. Les Madé- casses de la partie sud les recherchent à cause de leur éducabilité et de leur caractère docile ; ils les élèvent et les dressent à la chasse. Les indris ont les jambes de derrière , à très-peu de choses près , deux fois aussi longues que les an- térieures ; aussi ces animaux peuvent-ils exécu- ter des bonds fort considérables ; leurs mains sont remarquables par leur longueur et par le déve- loppement de leurs pouces^ qui sont très-séparés des autres doigts ; la queue , à peu près nulle chez une espèce y est au contraire assez longue chez une autre. L'animal le plus intéressant de ce genre est sans contredit Tindri sans queue , hmur indri des auteurs (Pl. II — 3), qui a trois pieds de haut y il est noir, avec la face grise et le derrière de couleur blanciio. î] M 80 MAMMIFf'.nES. — (ftlADRlMANKS. LES TARSIEnS. Diiubenioii dôcrivii le premier riiirciessuiK ani- mal qui compose ce genre , et il lui appli<|ua le nom de tarsier pour indiquer la longueur très- caraclêristiqu(; de ses tarses. Le tarsier, qui est à peu près de la taille d'un rat ordinaire , se dis- tingue par IV'U'gancc et la finesse de ses formes, bien plus délicates encore (jue celles du galago de Demii'.oir. Ses yeux sont volumineux et indi- quent un animal nociurne ; c'est en efl'et lorsque le grand jour disparaît que ce petit quadrumane se met en route. Les insectes constituent sa prin- cipale nourriture. Les îles Moluques sont la patrie du tarsier. LES LORIS. I es loris et les nyciicèbes, que plusieurs sa- \ants naturalistes ne distinguent pas générique- mcnt, sont des quadrumanes sans queue qui se rapprochent des genres précédents par leurs yeux grands et rapprcrhés, ce qui permet de soupçonner à Tavance qu'ils sont nocturnes , et ce que d'ailleurs l'observation a démontré. Les nycticèbes ont les formes ramassées et les mem- bres courts , et les loris se font remarquer par leur corps elfdé et par leurs extrémités longues i\{ ani- (|iia le • 1res- r^ui est se dis- orines , galago H indi- lorsque riimane sa prin- a pairie SINCKS. — LORIS, WK-AYK. 81 cl grélos. L'cçalilr eiiire leurs mnnbrcs anté- rieurs et postérieurs est encore iiii de leiiis ea- riicîères, et il en résulte clans leurs allnres des diflV'renc es assez notables qui les éloignent des autres lémuriens. Leur démarche est pénible , et la lenteur de leurs mouvements leur a fait quel- quefois doimer, comme auv bradypes, le un de paresseux. La taille de ces animaux c '>é- diaire à celle des makis et du tarsir »t répandus dans Tlnde , au Bengale , ei uaub les îles de rarchipel, à Ceyian, à Java et à Sumatra. AYE-AYE, Cheiromys. La meilleure classification , celle qui mérite davantage le nom de méthode naturelle , est celle qui , en assignant aux animaux une place parmi ceux que Ton connaît, a soin de les rapprocher des espèces dont l'organisation et les mœurs sont le plus analogues aux leurs; aussi, indiquer la position d'un être dans la méthode naturelle, est-ce résumer en quelques mots les traits l'ondamentaux qui composent son histoire. Mais ce résultat n'est pas facile à obtenir , la seule preuve en est dans les nombreuses variations de positions que beaucoup d'espèces ont souffertes. L'aye-aye, le galéopithè- que, le bradype et quelques autres en sont autant d'exemples. Le premier de ces animaux habite Madagascar , la patrie des lémuriens , et il y a été IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 1.1 lââ|28 |25 Ui iii2 122 2.0 lU lU m uo I la 1 1 L25 II ,.4 1^6 • M 6" 1* Photographie Sdenœs Corporation 23 WIST MAIN STIHT WIBSTIR.N.Y. 14510 (716)S72-4S03 V^* ^ M MAHMIFfeRES. — QUADRUMANES. découvert par Sonnerai; on n'en possède, que nous sachions, qu'un seul individu, dont la tête osseuse et la peau préparée sont conservées au Muséum : le savant voyageur auquel on le doit rapporte néanmoins qu'il en a tenu vivants à son bord deux individus. Ces animaux avaient été pris sur la côle méridionale de Madagascar. Leur taille est celle d'un lapin ; leur queue est assez longue et touffue ; leurs membres postérieurs ont cinq doigts, dont le pouce opposable aux quatre autres, comn>e dans les mains postérieures de tous les Quadrumanes; leurs doigts des membres antérieurs sont remarquables , comme le dit Son- nerat , par leur finesse et leur allongement ; mais le pouce, quoique séparé des autres doigts, prend la même direction qu'eux. La tête de l'aye-aye est arrondie , elle offre en avant de chaque mâchoire deux grandes dents semblables à celles des rou- geurs; il n'y a point de canines, et les molaires, au nombre de quatre de chaque côté de la mâ- choire supérieure , ne dépassent pas celui de trois à l'inférieure. Depuis Sonnerat, aucun voyageur n'a étudié Taye-aye avec soin ; cet animal est rare , à ce qu'il parait , à Madagascar , et ne se trouve pas clans toutes les provinces , car les habitants de la côte occidentale ne le connaissaient point. Lesayes-ayes sont paresseux et sans défense ; ils vivent sous terre , et se nourrissent de vers , qu'ils retii^nt GALÊOPITHÈQUeS. 8S des trous des arbres au moyen de leurs longs doigts des membres de devant. § IV. GALËOPITHËQUES (Pl. II — 5). Itudié qu'il (lans côte -ayes sous Li^nt On connaît, parmi les animaux de cette qua- trième et dernière famille , plusieurs espèces assez peu distinctes entre elles , mais que des particu- larités remarquables différencient tout d'abord des autres Mammifères. Les galéopitbèques ne constituent qu'un seul genre , dont rétablisse- ment est dû au célèbre Pallas ; le nom que ce sa- vant leur a donné signifie proprement chat-singe. Bontius , qui fit le premier connaître les galéopi- tbèques , leur imposa la dénomination de vesper^ tilio admirahilis (cbauve-souris admirable ) , à cause de certaines analogies qu'ils ont avec le vespertilions dans leurs habitudes; mais Lin- Bîeus, reconnaissant leur rapport avec les makis, les appelle makis vobmts (Jemur volans). C'est en effet de ces animaux que leur organisation rapproche les galéopitbèques , et on ne saurait mieux les définir qu'en disant qu'ils sont des ma- kis modifiés pour le vol. Les chauves^souris s'élè- vent dans l'air au moyen d'une membrane légère , quoique résistante , qui unit leurs quatre mem- 1 i [ (i ortées par un pédicule , de manière à représenter complètement quatre petits peignes. La langue de ces animaux est festonnée à son extrémité d'une façon également singulière. L'Hindoustau , une partie de la Chine et les îles de l'archipel indien forment la patrie des galéopi- thèques ; ils y vivent d'insectes ; leur taille est un peu plus grande que celle de l'écureuil , mais leur form ces a ques aucui systè qu'ils l'avaii voir j consti maux. naturi chauv< sembla Ains ce cha nomme vaut m bradyp comme savant probab de l'orc groupe que e les ents e de telles iciile , iuatre IX est ment ^ ■ ■ ;s Iles Jéopi- ;stua Is leur BRADYPKS ou SINGES ANORMAUX. 85 forme n'a rien qui puisse être comparé à colle de ces animaux. Nous avons dit que les galéopithè- ques , bien qu'ils niaient de pouce opposable à aucun des membres , offraient néanmoins le môme système d'organisation que les Quadrumanes , et qu'ils se rapprochaient surtout des makis , comme l'avait reconnu Linna?us, et comme l'a depuis fait voir M. de Blainville, qui les considère comme constituant une famille dans ce groupe d'ani- maux. C'est donc à tort que beaucoup d'autres naturalistes ont voulu les reléguer parmi les chauves-souris, bien qu'au premier aspect ils semblent rappeler ces dernières. BRADYPES OU SINGES ANORMAUX. Ainsi que nous Tavons signalé en commençant ce chapitre , le naturaliste que nous venons de nommer rapproche aussi des Quadrumanes (qu'il vaut mieux appeler avec Linna?us Primate* ) les bradypes (unau et aï), que d'autres considèrent comme des cdentés. Les raisons sur lesquelles ce savant fonde sa manière de voir l'emporteront probablement , et les bradypes formeront , à la fin de Tordre dont il est présentement question , un groupe analogue à ceux que les botanistes placent h \ 86 MAHMIPÈnES. — QUADRUMANES. après leurs familles naturelles sous le nom de Ge^ fiera affinia (genres qui ont de rafflnitc avec la Tamille). La réputation de lenteur extrême que Buflbn a faite à ces animaux n'est pas sans doute tout à fait dépourvue de fondement, mais elle est large- ment exagérée. Les bradypcs , fort lents à terre y bien qu'ils le soient moins qu'on ne le croit géné- ralement , sont au contraire assez agiles dans les arbres ; et on s'expliquera fiicilement ce con- traste , si Ton remarque, avec les naturalistes plus récents , que ces animaux , de même que les orangs- outangs , les gibbons , les loris , etc. , sont essen- tiellement organisés pour vivre dans les arbres y et que , si quelques savants les ont trouvés mala- droits , défectueux , on peut même dire ridicules , car ce mot a été employé , c'est qu'ils observaient les bradypes dans des circonstances tout à fait défavorables à leur organisme , et parfois aussi dans des climats différents du leur par la tempéra- ture. Aussi , les voyageurs , imbus qu'ils étaient des narrations fournies par des observations super-> ficielles , ne furent-ils pas peu étonnés , en voyant quel était le naturel des bradypes observés dans l'Amérique du sud , au milieu des forêts vierges qui leur servent de demeure. Transportés à bord des bâtiments , ces mammifères n'étaient pas plus paresseux que dans leurs habitations naturelles y :1a m a it à rge- n-e, [éné- isles con- >plus angs- ssen- bres , mala- cules, valent a fait aussi péra- nRADYPfcS ou SIM(^ES AMORMAUX. 87 parce qu'ils pouvaient de même s'exercer à grim- per. La taille des bradypes ne dépasse pas celle d^un chien ordinaire. Ces animaux rappellent assez les orangs cl les gibbons parleur forme générale; leurs membres postérieurs sout de même fort grêles et fort impropres à la marche , et les antérieui's , allon- gés comme chez les singes cités plus haut , sont , de même que chez ceux-ci , fort bien disposés pour s'accrocher aux arbres : ils sont pourvus d*ongles fort allongés , et manquent de pouces ; les bra- dypes ont les poils du corps très-fournis et fort rudes ; leur squelette est remarquable par le nombre considérable et la disposition de ses côtes ; leur bassin est très-évasé de même que chez les {inimaux supérieurs , et ils n'ont qu'une queue fort courte , et , pour ainsi dire, nulle. On connaît parmi eux deux ou même trois espèces propres aux parties chaudesde l'Amérique ; toutes manquent de dents incisives, et ont, comme les makis, les os incisifs fort petits ; leurs molaires sout assez singulières, et rappellent celles des tatous ; Tune d'elles , l'aï ^ présente des dents ca- nines à la mâchoire supérieure. L'aï, qu'on appelle hradypiis trida^tytus , a trois doigts distincts, ce qui lui a valu son nom. Sa couleur est grise , souvent tachetée sur le dos de brun et de blanc. Vunau, ou la deuxième espèce bien connue , l À 88 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. s*appcllc en latin bradypu» didactylui ; il est de moitié plus grand que Taï , et son pelage est d'un gris -brun uniforme qui prend quelquefois une teinte roussàtre. Il est également de TAmérique intertropicale , quoique pendant longtemps on l'ait cru de Ceylan ou même d'Afrique , ce qui a été démontré faux. ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^ CHAPITRE II. ORDRE DES CARNASSIERS. Si Tordre des Quadrumanes mérite d'être étudié avec soin à cause du rapport d'organisation phy- sique que la plupart des espèces qui le composent offrent avec l'espèce humaine , celui-ci n'est pas moins digne , pour d'autres motifs , de fixer notre attention. Les nombreuses espèces qu'il renferme présentent entre elles des différences assez re- marquables d'organisation , quipermettentdetirer de leur étude d'importantes données pour Tanato- si de Ld'un \ une Tique n l'ait acte ^^8^ étudié )n phy- iposent est pas r uotre înferme sez re- detirer Vanato- HAHMIFiRES. — CARNASSIERS. 89 mie et la physiologie comparées ; mais ce qui inté- resse Thomme d'une manière non moins directe, c'est que presque toutes les espèces d animaux que leurs armes et leur force rendent les plus dangereux appartiennent à cet ordre. Le loup , le renard , Tours , la genette et le glouton sont en Europe les Carnassiers les plus redoutables ; mais les dommages qu'ils occasionnent à Thomme , et leur influence sur l'économie générale passent pour ainsi diie inaperçus, si Ton pense aux espèces dix fois plus puissantes et plus cruelles qui abon- dent dans l'Asie, dans l'Afrique et même dans l'Amérique. Le lion , le tigre et plusieurs espèces de pantlières sont , eu Asie , les plus fâcheuse- ment célèbres ; ils y vivent avec une foule d'autres «nnemis, inférieurs pour la force individuelle, mais également puissants par le nombre et par la ruse. Les espèces d'Europe , qui se retrouvent en Asie , n'occupent guère plus que le troisième rang ; l'Afrique ne nourrit point !e tigre proprement dit ou tigre royal, mais le lion y abc^-ie et s'y ren- contre depuis la Barbarie jusqu'au i^ip de Bonne- Espérance ; moins peuplée d'ours que l'Asie , qui en recèle au moins cinq espèces, elle n'en possède qu'une seule , à peine connue des naturalistes , et qui vit dans les monts Atlas. Deux espèces d'hyè- nes existent en Afrique, et l'une d'elles s'étend aussi dans une partie de l'Asie. Les panthères y sont nombreuses , et on y voit beaucoup d'autres 9Û MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. Curnassiers non moins puissants ; mais combien d'espèces restent encore ù découvrir , tant sont peu avancées nos connaissances sur les animaux qui peuplent Tintérieur de cette vaste contrée ! Le cougouar et la grande panthère , dont le véritable nom est jaguar , sont , en Amérique , les deux es- pèces les plus redoutables; ils vivent dans les régions les plus chaudes ; c'est au contraire dans le nord de ce continent , et aussi dans les grandes chaînes de montagnes , que Ton rencontre les ours ) dont une espèce occasionne souvent des dommages considérables. Après ces puissants et audacieux destructeurs , on doit signaler une foule d'espèces qui , s'attachant à des proies moins considérables, n'en sont pas moins nuisibles par les dégâts qu'elles font sur le petit gibier ou dans les fermes , dont elles mettent à mort les oiseaux domestiques et souvent les moutons. Mais les rapports de l'homme avec un autre animal du même ordre amoindrissent , s'ils ne compensent , ces nombreuses dévastations. Le chien , devenu domestique , est lui-même un des plus implaca- bles adversaires de ces cruels ennemis de nos propriétés ; guidé par l'homme , il contribue à leur éloignement , et dans certains cas à leur destruction. Aussi voit-on de siècle en siècle les espèces nuisibles devenir moins nombreuses à mesure que la civilisation s'étend. L'ours et le loup ont disparu de l'Angleterre ; le lion , dont MAMMIPÈMES. — CARNASSIERS. §1 rcxistciicc en Grèce , lors de rétablissement des premières colonies africaines dans cette contrce , est généralement admise , en avait déjà été repoussé du temps d'AristotC) et en Afrique et dans Thide , on voit chaque année , à mesure que les villes ou les colonies s'agrandissent , les animaux féroces s'éloigner de leur voisinage. Cependant , de nom- breuses provinces sont encore pour ainsi dire lo domaine des bétcs fauves : M. Sykes , officier anglais et savant naturaliste, rapporte que dans tout le Dekkan , province indienne , on a pris , pendant les années 1825 à 1829, 472 panthères, et, dans un district seulement, 1,032 tigres royaux. Le nom des animaux qui composent le second Drdre de la classe des mammifères indique asseg quelles sont leurs habitudes , et par suite quelle «st leur organisation } mais tous ne sont pas car- nassiers au môme degré, tous ne le sont pas non plus de la même manière. Les chats méritent surtout ce titre: ils ont des armes puissantes pour attaquer et déchirer leur proie : leurs dents (incisives , canines et molaires , comme chez la plus grande partie des Carnassiers) sont tran- chantes et acérées, et leurs griffes ont, dans leur faculté rétractile , une particularité remar- quable, et qui leur est d'un grand avantage dans la lutte : d'autres sont un peu moins bien favorisés, mais leurs appétits ne sont pas si 9% MAMMIFÈRES. — CAnffASSlEM. franolicmnnt carnivores. Tels sont les hyènes , les loups et les renards. Quelques autres enfin , comme les ours, mimgent diiïérentes substan- ces, et sont appelées omnivores, et il en est que Ton nomme insectivores, parce qu'ils se nourrissent exclusivement d'insectes. La taille de ces derniers est toujours au-dessous de la moyenne, et souvent elle se iail remarquer par sa petitesse; telles sont les musaraignes, les taupes, les héiissons, etc. C'est aux insecti- vores qu'appartient la plus petite espèce de mam- mifères connue. Presque tous ces animaux vivent à la surface du sol, où ils se creusent des retraites dans les terres meubles, et y passent unt ^artie de leur vie; ils sont terrestres ou fouisseurs; plusieurs sont remarquables par des particularités d'une autre sorte; on les prendrait d'abord pour des animaux d'un ordre dlll'crent, tant leur forme diffère ; mais ce sont bien des Carnassiers modi- fies dans une direction donnée , comme ceux-ci le sont dans une autre. Les uns sont organisés pour chercher leur nourriture dans l'air ; et , plus volatiles que les galéopithèques, ils passent une partie de leur vie dans ce fluide: ce sont les chauves-souris. Les autres , comme les phoques, habitent au contraire dans l'eau ; ils sont tout à fait aquatiques. C'est un genre de vie auquel on semble être insensiblement amené par l'observa- CHEIROPTfcRBft. — ROUftSBTTES. 95 tion des loutres, ospèrcs ftomi-aqiiatiqueft,ftpmi- terrcfttres , mais que nous n'appellerons pas pour cela anophibics , parce que ce mot paraîtrait signi- fier quVIIes peuvent alternativement respirer Teau comme les poissons , ou Tair comme les Mammi- fères, tandis que certains reptiles, auxquels pré- cisément le nom d'amphibies a été imposé , sont seuls dans ce cas. En résumé, on doit reconnaître parmi les Mammirères des espèces i 1* volatiles (ciiuuvcs- souris appelées aussi eheiropthrei) \ T insec- tivores lerrcstros, ou fouisseuses (hérissons, taupes, etc.); 3" terrestres plantigrades, ou digitigrades (ours , chats , chiens) ; i!i° aquati- ques (phoques). Nous les examinerons succes- sivement. § I". CHEIROPTERES OU CHAUVES-SOURIS. La première famille des Carnassiers est celle des chauves-souris que l'on appelle scientifique- ment cheiroptf'res (c'est-à-dire mains en ailes) , parce qu'en effet les membranes qui leur servent à s*élcver dans Vair sont surtout soutenues par leurs mains, dont les doigts sont très-allongés. Ces animaux sont excessivement variés en espètîes, et on les trouve dans toutes les pai iies du monde ; 94 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. la Nouvelle-Hollande ) que les didclphes habitent, à Texclusion de presque tous les autres mammi- fères, présente aussi une espèce de cheiroptère du genre roussette, et plusieurs animaux de la même famille vivent dans les autres Hes austra- liennes ; mais c'est surtout dans le reste du globe terrestre que les chéiroptères abondent. Presque tous sont nocturnes ou crépusculaires , et ils se nourrissent surtout d'insectes. Quelques-uns re- cherchent au contraire les fruits; mais ceux-ci forment un groupe particulier sous le nom de chauves-souris frugivores. LES ROUSSETTES (Pl. III — l). Nous avons dit qu'une espèce de ce groupe vivait à la Nouvelle-Hollande; quelques autres sont des archipels deTInde, plusieurs habitent l'Asie , et on en retrouve en Afrique et à Mada- gascar; mais il n'existe pas de roussette en Amé- rique non plus qu'en Europe. Ces animaux sont les plus grands de tous les chéiroptères , et ceux qui ont le plus de rapports dans leurs mœurs et leur structure avec les Quadrumanes et parti- culièrement avec les galéopithèques, quoique néanmoins ils appartiennent sans aucun doute, comme toutes les chauves-souris , à un autre de- gré d'organisation. Les roussettes se distinguent surtout des autres chauves-souris par leurs dents ■■' f/ta^it labitent, mammi- ûroptère ux de la > austra- iu globe Presque et ils se -uns re- ceux-ci nom de groupe autres labitent I Mada- 50 Amé- ux sont et ceux Kurs et parti- luoique doute , tre de- nguent s dents > //tant/. ^*'-tt-cÀ^i>u/ ■ f X "^.fiztaty/ir > ^/H-(orle qu Vlii* répand; il suflil qu'elle ait pas8(' "onire un mets pour le rendn inman- geable. Les espèces d'Afrique sont diflFc'rentes de c« les- ci; Tune d'elles se trouv«* cmb. iimée parmi les momies d'animaux que pi-t'paraient les anciens Égyptiens. MUSARAIGNE MUETTE , Sotex afena •us (Pl. m — 6). C'est l'espèce la plus commune ( liez nous. Elle mesure treize pouces depuis le i iiseau jusqu'à l'origine de la queue , cette partie lyant dix-huit lignes. Ses oreilles sont assez f ran les et nues , et son pelage est d'un gris sombre pi us ou moins roussâtre en dessus et cendré en dt >sous , ces deux couleurs se fondant insensiblement sur les flancs. La musette est de toute l'Europe , et pa- rait se retrouver aussi dans l'Asie septe urionale, et même dans une partie de l'Amérique du Nord. Elle se tient ordinairement dans les bois , cachée dans des trous de souches d'arbres , ou dans des terriers abandonnés par les mulots; en hiver, elle se rapproche des habitations rurales et affec- tionne surtout les endroits où il y a du fumier. C'est à tort qu'on attribue vulgairement ù cette espèce la faculté de nuire aux chevaux et aux autres animaux domestiques ; elle recherche les in I y , \s\ \\ \\ \ 106 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. insectes qui vivent auprès de ces animaux ou dans leurs excréments, mais elle n'attaque jamais les quadrupèdes , et sa morsure , en supposant même qu'elle les mordit, n'aurait aucune fâcheuse influence sur la santé de ces derniers. Plusieurs autres espèces de musaraignes ont encore été observées en France ; ce sont les 9orex tetrago- nurus, leucodon , comtrietus , lineatus , remi- fer, Daubentonii , coronatu» et Hermanni , qui sont plus ou moins incomplètement connues. Nous signalerons encore les desmans ; ce sont des animaux peu diflerents des musaraignes , et dont une espèce vit dans les Pyrénées. LES TAUPES. Ces mammifères , plus remarquables encore que les précédents , quoique moins variés en espèces, ne se trouvent qu'en Asie et en Eu- rope; les taupes que l'on a indiquées en Afrique et en Amérique étant des animaux assez voisins, mais néanmoins de genre différent. Nous dirons d'abord un mot de ces dernières , et 1° des chryêo- ohloret, qui se distinguent parmi tous les quadru^ pèdes connus par la beauté des reflets métalliques azurés , verts et dorés , qui distinguent leur pe- lage ; elles sont de la grosseur de nos taupes ou à peu près , ont aussi leurs habitudes et vivent dans les régions australes de l'Afrique. S*' Les :1| INSECTIVORES. — TAUPES. 107 condylures uu laupes étoilées , dont le nom scientifique signifie queue articulée , parce que Seba ayant représenté l'espèce qui est le type de ce groupe d'après un individu desséché , il avait cru observer que sa queue se composait d'une suite d'articulations. Les condylures , aux- quels cette mauvaise dénomination a été con- servée , habitent l'Amérique septentrionale ; ils sont surtout faciles à distinguer par leur museau, à l'extrémité duquel se remarquent des appen- dices membraneux disposés en étoile. Quant aux véritables taupes , on en a distingué trois espèces : une propre au Japon, la deuxième du midi de la France et d'Italie , c'est la taupe aveugle , et la troisième , la taupe commune , talpa Europœa^ qui parait exister dans toute l'Europe et qui est un des mammifères les plus communs en France. La taupe est remarquable par la force de ses membres antérieurs qui repré- sentent de véritables pelles au moyen desquelles elle creuse la terre avec facilité; sa queue est courte et ses mâchoires possèdent quarante - quatre dents, savoir : six incisives, deux cani- nes , huit fausses molaires et six vraies molaires à la supérieure; huit incisives, deux canines, six fausses molaires et six vraies molaires à l'in- férieure. Cet animal passe sa vie entière sous terre dans les galeries qu'il se pratique et qui sont souvent très-étendues. Chaque individu a il :: 108 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. I, < i i \u son ferrier particulier, lequel se compose d'un long conduit ou boyau à Tune des extrémités duquel est le cantonnement formé de nombrerx passages , partagés en difTérents points ou carre- fours, et que la taupe creuse chaque jour pour la recherche de ses aliments ; à l'autre extrémité sont aussi d'autres galeries, dont une sert de gtte ordinaire à l'animal qui n'en sort guère que deux heures le matin et deux heures le soir, pour se livrer à ses travaux dans les boyaux du cantonnement. La nourriture des taupes con- siste en insectes , larves , chevelu de racines de diverses plantes , graines germées , et surtout en vers de terre ou lombrics. Ces quadrupèdes ne font point de provisions comme les campagnols , et ils ne s'endorment point en hiver dans leurs galerie:. llss*y meuvent avec vitesse; et lorsqu'à la surface du sol , on les surprend , ils se mettent aussitôt à fouir et ne tardent pas à se soustraire à la vue ou à la poursuite de leurs ennemis. Les taupes nagent aussi avec beaucoup de facilité lorsqu'on les jette dans l'eau. On leur fait une chasse assidue. L'art du taupier consiste à les enlever brusquement de leur gîte au moyen d'une bêche et aussi à tendre des pièges de diverses sortes sur le trajet de la longue galerie qu'elles parcourent pour se rendre à leur cantonnement, qui est leur lieu de repos. On doit à M. Lecourt un excellent traité sur la manière de détruire ces lui 4 1 >e d'un rémités nbrei'x carre- ir pour irémité sert de ;re que e soir, aux du îs cou- ines de Hout en èdes ne •agnols , fis leurs orsqu'à mettent istraire is. Les facilité [ait une e à les n d'une iverses u'elles ement , .ecourt ire ces CARNASSIERS PLANTIGRADES. 109 animaux, et des observations fort curieuses sur leurs mœurs. § III. ■ ï CARNASSIERS PLANTIGRADES. t Los autres mammifères de l'ordre des Carnas- siers sont souvent réunis par les méthodistes sous le nom de carnivores , c'est-à-dire mangeurs de chair, cette dénomination exprimant qu'ils sont encore plus avides de viandes que les espèces chéiroptères et insectivores. Mais on ne doit point dissimuler que parmi ces carnivores eux- mêmes il y a des animaux qui vivent en partie de substances végétales ou de matières qui, bien qu'animalisées, comme la cire, le miel, etc. , ne sont pas néanmoins de la chair ; aussi est-il préfcîrable de leur imposer d'autres noms , et de ne pas con- fondre dans une seule famille , comme on Ta fait, les chats, les chiens, les ours et les phoques. Ceux de ces animaux qui , en marchant , ap- puient , comme l'homme , sur toute la plante du pied , sont dits plantigrades ; ceux qui reposent sur l'extrémité des doigts seulement, comme les chiens et les chats , sont les digitigrades , et on appelle p«Vi^iflrrarfe*, c'est-à-dire se mouvant avec des nageoires, les phoques, dont les membres ont . en effet la forme de nageoires. . 5 i '\ 12 IJ !l Il il • < l( : I i! 1 M N i ; il I »-( 110 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. Les pJantigrades doivent ôtre dtudiés les pre- miers. Ajoutons au caractère de leurs membres» que leurs dents molaires, plus nombreuses en général que celles des digitigrades , sont toutes tuberculeuses , au lieu d'être tranchantes comme chez ces derniers. Les carnassiers plantigrades comprennent plusieurs espèces propres à l'Eu- rope, à r Asie et à TAmérique principalement, et qu'on partage en plusieurs genres. Nous ne nous arrêterons pas sur les kinkajous, dont la seule espèce connue habite l'Amérique méridionale, et semble, par ses formes assez singulières, tenir autant des makis que des ours. Les ratons et les coatis sont du même p?"' que les kinkajous , et se rapportent à la même famille, ainsi qu'une espèce assez semblable au glouton, le taira, nommé en latin mustela barbota. Le taïra est noir, avec le dessus de la tête gris et une large tache blanche sous la gorge. Nous devons parler plus longuement des ours. LES OURS. Ils forment un genre dans lequel on connaît diverses espèces , toutes de pays assez froids ou tempérés , et qui , lorsqu'elles s'avancent sous des latitudes plus méridionales , se tiennent toujours sur les points élevés des grandes chaînes de mon- tagnes. Dans ce dernier cas , sont Tours qui vit les pre- ;mbres^ iscs en t toules comme :igrades à TEu- nent,et ne nous a seule nale, et s, tenir ?"' que famille^ ;louton , a ta. Le gris et 3S ours. connaît oids ou ous des oujours le mon- qui vit 1 fin i;-i dans r/ rAmôr'K sous le dcrnièn ainsi qii encore Bornéo dans 11 des OUI ceux de :' 0! On le côte de plus fac souvent tours. S mal; m considë appelle connaît bradypi consen est surt mobilit couver leur coi remarq cTEuroi >^ /iVf ///■(■, /'/<'/: rLANTIGRVDES. — Ol RS. 111 duiis TAtlus, celui du mont Sinni, ci TespèiM' do TAmcTique du Sud que iM. F. Cuvier a déeriio sous le nom d*ours orne , urfus ornahut. Cette dernière a été trouvée au Chili et au Pérou ; mais \ ainsi que celle de Syrie et de Barbarie , elle est encore très-peu connue. Les îles de la Malaisie, Bornéo, Java et Sumatra, les niohts Himalaya dans l'Inde, la Corée, la Chine possèdent aussi des ours, mais qui diffèrent spécifiquement de ceux des autres parties du monde. :-' ' OURS AUX LONGUES LÈVRES , Vrsus lahiotus. On le trouve au Bengale, dans le Nepaul, à la côte de Malabar, etc. ; et, comme il est un des plus faciles à apprivoiser , les bateleurs le mènent souvent avec eux pour lui faire exécuter divers tours. Shaw, l'un des premiers, a décrit cet ani- mal; mais, par une erreur assez bizarre, il Ta considéré comme une espèce de paresseux, qu'il appelle hradypus ursinus. M. de Blainvillc a fait connaître cette méprise et imposé au prétendu bradype le nom que tous les naturalistes lui ont conservé depuis. Vursus labiatus (Pl. IV — 1) est surtout remarquable par l'allongement et la mobilité de ses lèvres ; les poils dont son corps est couvert présentent aussi dans leur longueur et leur couleur, d*un noir profond , une particularité remarquable. Cet animal est de la taille de Tours d'Europe. Il 112 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. OURS D'EUROPE , I/rftt« arc(of. C'est celui que l'on trouve par toute l'Europe^ principalement dans les montagnes; il existait autrefois en Angleterre, mais il y a été détruit; et dans plusieurs parties du continent, en France, par exemple, il est devenu fort rare; sa couleur varie , comme chacun sait , du brun plus ou moins foncé au roussâtre ; les jeunes individus présen- tent souvent un collier blanc. L'ours n'existe en France que dans les régions< boisées des Alpes et des Pyrénées ; c'est, de tous les animaux dits carnassiers, celui qui est le moins disposé à se nourrir de cliair ; il préfère , en effet, les racines et les fruits sauvages, tels que ceux du sorbier, du châtaignier, de la ronce , du framboi- sier et de l'épine-vinette ; il aime aussi beaucoup le miel, et, pour se le procurer, il déchire avec ses grifies les ruches d'abeilles sauvages qu'il peut atteindre. Sa nourriture animale habituelle con- siste surtout en œufs et jeunes oiseaux qu'il prend au nid , et il n'attaque les bestiaux et l'homme que lorsqu'il est vivement pressé par la faim. Il habite les cantons déserts , fait sa demeure dans le creux d'un vieux arbre ou dans une caverne, et il y passe l'hiver dans un état de somnolence dont iL ne sort de temps en temps que pour lécher ou sucer ses pattes de devant. C'est en octobre , ou à peu près vers cette époque , et lorsqu'une nour- ' s- PLANTIGRADES. — OURS. IIS riturc abondante leur a procunr iir 'embonpoint assez remarquable, que Ses ours se retirent dans leur tanière. Au printemps, a|)rès une gestation de sept mois, les femelles mettent bas depuis un jusqu'à cinq petits, selon Page qu'elles ont. Ces animaux marchent lourdement , et ne courent que rarement; leur fourrure grossière et laineuse est employée par les bourreliers. Leur graisse passe pour avoir la propriété de dissiper les douleurs rhumatismales. Enfin, la chair des jeunes et les pieds des adultes sont mangés par les habitants des montagnes. Le caractère de ces animaux permet de les ap- privoiser assez facilement, et souvent les chefs des ménageries ambulantes en mènent avec eux. A Berne > on en tient dans les fossés des remparts •depuis la fondation de la ville , dont le nom lui- même rappelle que c'est à la prise d'un de ces animaux qu'elle doit son origine. OURS BLANC, Utsus maritimus. C'est une espèce bien distincte et facile à dis- tinguer par sa taille, plus grande que celle du précédent, et par sa couleur, d'un blanc de neige dans un grand nombre d'individus , ou légèrement teint de jaunâtre dans quelques autres. Il est par- ticulier au nord de l'Europe et de l'Asie, et se tient sur les bords de la mer Glaciale. Les glaces qui envahissent souvent les lies dont ces animaux 114 MAMUIFÈIIKS. — CAHNASSIRnS. Ij I fn'qiirnteiit 1<; i'iviig(% les privent pentiunt ce temps d(;s ressourees iiécessuires ù leur siibsislunee; alors ils deviennent plus cruels, ou plutôt plus Imrdis, et souvent ils ultuipient Tliomme et se 4ptleni sur les euiburciitious. Mais leur nourriture habituelle consiste eu poissons et en cétacés. Les Uiniensious au\(|uelles les ours blancs arrivcut $out quelquefois très- considérables. OURS NOIR , Vrsus niger. Celui-ci , dont la peau est surtout recherchée pour les fourrures, est abonda?) t en certains points de TAmérique du Nord , où se trouvent aussi des animaux de même genre, mais d'espèce diffé- rente ; Pallas a le premier reconnu parfaitement ses caractères distluctifs. La chasse de ces ours est une des plus lucratives; leurs peaux prépa- rées servent de vêtements aux naturels améri- cains, et sont aussi pour eux un objet de commerce et d'échange au moyen duquel ils se procurent divers articles de nécessité ou d'agrément. Le Ca- nada seul , au rapport de Mackenzie , a produit piar échange aux Anglais, eu 1798, deux mille cent peaux d'ours. On tire encore de ces mam- mifères une quantité considérable d'huile el de graisse. LES BLAIREAUX. Ce sont des animaux à vie nocturne et à marche Ai.X,^.ï.l*- PLANTIGRADES. — liLAlIlt t X, 115 rampante; leurs jambes sont très -courtes, et leurs poils si longs , que leur ventre parait tuu# cher à terre; ils ont les ongles allongés et pro- pres à fouir ; leur queue est courte , et , à la base de celle-ci, existe une poche voisine de T^nus, de laquelle suinte une humeur grasse et fétide. Les blaireaux vivent dans les bois, et s'y creusent des terriers. Leur taille est celle d'un chien basset; ils vivent de proies, telles que lapins, mulots, etc., auxquels ils joignent aussi des substances végé- talcs et des insectes. BLAIREAU D'EUROPE, MclcS taXUS, Il se trouve dans toute l'Europe et aussi dans une partie de TAsic; les chasseurs croient de- voir le distinguer en deux espèces; mais il est bien démontré qu'il n'en constitue qu'une seule. Dans la plupart des provinces de France , on le nomme tesson. C'est par erreur que les auteurs ont dit qu'il se dérobait à ses ennemis en grim- panl sur un arbre : le blaireau , animal très-lourd , n'est rien moins que grimpeur ; il qîX devenu assez rare dans notre pays. Sa tête est d'un blanc rous- sâtre, excepté le dessous de la mâchoire infé- rieure ; ses oreilles noires sont bordées de blanc en dessus; son dos et ses flancs sont d'un gris sale , onde de noirâtre ; sa gorge , le dessous de la poitrine, le ventre, les jambes et les pieds sont d'un noir-brun foncé, le bas-ventre étant roussâtre; D 4 116 MAMMIPf'.RKS. — CARM4RSIKRS. Los M.'iirouiix passent la plus grando partie de riii vor di'^r. !rni*s lorrii'rs , qu'ils entivticnnont fort propres; mais ils n'y sont pas engourdis. Ils paraissent, pendant retle saison, vivre aux dé- pens Li; la graisse abondante qu'ils ont aniasséo en été et en automne. La chasse du blaireau était autrefois très-pratitiuée en France , et elle l'est encore beaucoup en Angleterre ; sa peau est em- ployiMî par les bourreliers. Les poils les plus longs de sa queue sont recherchés pour la confection de diverses espèces de pinceaux auxquels on donne parfois h; nom de blaireaux; ils servent aussi pour les brosses à barbe. La deuxième espèce de ce genre est le blaireau du Labrador. A côté de ces animaux , prennent place les gloutons , dont une espèce propre au nord de l'ancien et du nouveau continent, ne dépasse pas les blaireaux en dimension , mais leur est supé- rieure en force et en agilité. Elle fait , aux grands animaux du nord, aux rennes, aux élans, etc., une guerre assidue, et se nourrit surtout de leur chair. Son pelage, que compose une fourrure assez estimée , est d'une belle couleur marron , avec un peu de noir sur le dos. La longueur to- tale de son corps est de deux pieds huit pouces. D'autres animaux de la famille des plantigrades offrent aussi un véritable intérêt ; plusieurs d'en- tre, eux sont remarquables , ainsi que les blai- CARKASSIEIIS. — MOITKiRAnF.S. 117 tvMix f par la disposition «lo liMirs couleurs ; rontrairomrnt à w (|iic Ton voit rho/. les aiitn'S i^sp<^('os , oîi los Irintcs l<>s plus daircs orrupont toujours les parties iurérinures : chez, erlles-ci , cVst aux supérieures quVIIes se font reina^*quer. Beaucoup d'entre elles ont en effet le venti'c et la poitrine d'une couleur plus ou moins brune ou m<}me noire , et le dos jaunûlre gris ou tout à fait blane. L*un des plus remarquables sous ce rap- port est le ratel, gulo melHvorim , qui vit au cap de Bonne-Espérance, ainsi que dans Tlnde. Cet animal est renommé dans tous les voyages au Cap pour son adresse à dérober le miel des abeilles sauva<;es. On dit qu'il est averti du voisinage des ruches par le coucou indicateur, qui vient après lui partager le butin. § IV. CARNASSIERS DIGITIGRADES. Nous avons vu qu'on donnait ce nom aux Mam- mifères carnassiers , qui marchent sur les doigts des pieds seulement , sans appuyer sur la pla nte ; les chats , les chiens , les martes et les civettes sont tous des animaux digitigrades. Il n'est pas nécessaire d ajouter que des espèces appartenant à d'autres ordres qu'à celui des Carnassiers sont i\i il I u. 118 MAMMIFÈRES. — CARiNASSIERS. aussi digitigrades. C'est parmi les Carnassiers de rettc famille que se placent les espèces les plus redoutables par leur force et par leurs appétits farouches. it LES MOUFFETTES. Elles se rapprochent assez des blaireaux et des gloutons , et comme elles sont à demi planti- grades , elles forment une coupe intermédiaire entre ces animaux et les martes. Leur système dentaire ne diffère guère de celui des putois que par l'existence de deux tubercules de plus au côté interne de la dent molaire qu'on appelle la carnassière ; leur pelage est ordinairement rayé de blanc sur un fond noir, le blanc dominant en dessus ; et leur queue , garnie de longs poils , est habituellement relevée sur le dos comme un panache. Les mouffettes , remarquables par leur ex- cessive puanteur , se trouvent seulement en Amérique ; elles vivent dans des terriers , et se nourrissent de petits quadrupèdes , d'œufs , etc. LES MARTES. « Les martes (^mustela) et les espèces analogues forment une petite tribu de Carnassiers digiti- grades, remarquables par la forme allongée de DIGITIGRADES. — MARTES. 119 leur corps , ce qui les a fait parfois qualifier de vermiformcs. Celles qui composent le genre des martes et des putois ont trente-quatre ou trente- six dents , les putois ayant de chaque côté de la mâchoire supérieure une fausse molaire de moins que les martes. Ces animaux sont souvent remar- quables par ia cruauté de leurs instincts ; ils se rap- portent à un grand nombre d'espèces, et sont plus nombreux dans les régions du nord que sous les latitudes tropicales. JNous en avons cinq en France, sans compter le furet, qui doit être consi- déré comme un animal importé de Barbarie et d'Espagne. M. Florent Prévost a remarqué qu'une septième espèce , le visofi, se rencontrait aussi en France , principalement dans le Poitou. On sait que le vison habite surtout le nord de l'Amérique. pcTOis , Mnstela putorius. . Le putois se tient à la campagne , dans les bois , aux environs des maisons rurales , dans lesquelles il s'introduit pour faire une guerre à mort aux vo- lailicset aux lapins ; il sejette sur les poules et les pigeons en les saisissant par le con , et souvent même leur séparant la tête, dont il mange la cer— Telle. Cet animal a le corps long de dix-sept pou- ces et la queue de six ; son pelage est brun , les poils intérieurs étant d'un blanc jaunâtre : quel- ques taches blanches se remarquent sur sa tète et notamment près de son museau. . \% 1 i 120 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. Le furet présente aussi le même système de dentition que le putois ; il est domestique en FrK.«. — CHATS. 129 bis , autre ospèco du m^^mo genre qui s'y ren- contre avec lui , il présente des particularités dépendantes du climat. Les lynx, (|ui sont aussi des chats , comprennent également plusieurs espèces tout à fait septentrionales. LION , Feh't leo (Pl. V ■— 3). A la t(^te des espèces du genre chat est le lion , surnommé le roi des aninaux à cause des belles qualités y de la force , j'ai presque dit de la ma- gnanimité , que tout le monde lui reconnaît. Les lions , dont les traits caractéristiques sont bien connus , et que chacun distingue à l'épaisse cri- nière dont leur train antérieur est orné , à la couleur fauve uniforme de leur pelage et au flo- con noir de l'extrémité de leur queue , habitent dans l'Afrique et aussi dans la partie méridionale de l'inde : on doit même supposer qu'ils ont au- trefois vécu en Grèce ; c'est au moins ce que porte à penser le témoignage des anciens auteurs ; mais is n'ont pas tardé à en être repoussés. Un mam- mifère d'un autre genre, le chacal, qui est du groupe des chiens , est cité par les savants comme le fidèle compa^on du lion ; quelques-uns ont même admis une sorte d'intelligence entre l'un et l'autre : le fait est que le plus souvent ces deux carnassiers habitent les mêmes contrées ; par toute l'Afrique on les rencontre également. Le chacal est aussi d'Asie , mais il y est plus ré- 130 MAHMIFÈRES. — CARNASSIERS. pandu que le lion , et il se trouve encore en Grèce. Ce n*est pas en ce pays seulement que les lions ont eu à souiïrir des progrès de la civilisation ; quoi- qu'ils n'aient point encore été détruits dans cer- taines autres contrées, ils y sont aujourd'hui bien moins abondants qu'autrefois. La Barbarie, qui recèle encore un nombre considérable de ces animaux , en fournissait bien davantage aux Ro- mains , et les Grecs en retiraient de l'Asie-Mi- neure plus qu'on n'en rencontrerait de nos jours. TIGRÉ ROYAL , Felis tigtis (Pl. V — 4). ^ Il se distingue par son pelage fauve en dçssus , blanchâtre aux parties inférieures , et rayé de ban- des de couleur noire. Sa taille est celle du lion (Pl. V — 4). Cet animal est le véritable tigre, quoique souvent , et surtout dans le commerce , on donne ce nom aux espèces tachetées , c*est-à- dire aux panthères et aux jaguars. Le tigre ne se rencontre pas en Afrique ; mais en Asie, où il vit, il s'étend assez au nord , et on le trouve aussi sur les bords de la mer Caspienne , ainsi qu'à Java et à Sumatra , dans la mer des Indes. Quoiqu'on l'ait donné comme différant essentiellement du lion par ses mœurs et ses instincts, il présente, à peu de chose près , les mêmes habitudes que ce dernier, dont il a la force et le courage. Quoiqu'aussi abon- dant que le lion dans les pays qui sont sa véritable patrie , on le voit plus rarement dans nos mena- DIGITIGRADES. — CHATS. 131 geries , à cause de l'cloignemcnt des régions qu'il habite. JAGUAR , Felis onca. Cet animal représente le tigre en Amérique; aussi lui a-t-on donné le nom de ce dernier, et les fourreurs le nomment-ils de préférence tigre d'Amérique ou bien grande panthère , le confon- dant alors, ainsi que Buiïon Tavait fait, avec les panthères, qui sont tachetées à peu près selon la même manière, mais qui sont d*Asie et d'Afrique, et qui présentent d'ailleurs plusieurs particularités fort caractéristiques. Le jaguar est presque aussi grand que le tigre d'Orient et presque aussi dan- gereux ; il fréquente les bois épais , et y fait sa demeure; il s'approche souvent des habitations pour y chercher une proie. On le distingue par son pelage, d'un fauve vif en dessus, marqué le long des flancs de quatre rangées de taches noires en forme de roses , c'est-à-dire composées elles-mêmes d'autres taches plus petites , et ayant un point noir à leur centre. PANTHÈRE ET LIÎOPARD. L'histoire de ces deux animaux n'est pas encore définitivement établie , et les auteurs ne sont pas d'accord sur les traits qui appartiennent à cha- cun d'eux. Ce sont en effet des espèces fort diffi- ciles à distinguer , mais dont on trouvera néces- H ri /7 t i « 132 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. sairement les caractères , quand on aura pu lœ étudier sur un plus grand nombre d'individus. Ces animaux sont tachés comme les jaguars, mais ils leur sont inférieurs en dimensions; Tun et l'autre entraient dans les attributs de 6acchu§. Les panthères employées pour la chasse dans certaines parties de Tlnde n'appartiennent ni à l'espèce de la panthère proprement dite, ni à celle du léopard: ce sont des guépards; elles se distinguent par la disposition de leurs couleurs , et surtout par leurs ongles, qui ne sont pas ré- tractiles. Les mœurs des guépards sont assez semblables, sous certains rapports, à celles de^i hyènes et des chiens. Beaucoup d'autres espèces se distinguent d£ : le genre chat ; nous citerons parmi elles les lynx , dont une race a quelques représentants dans les Pyrénées françaises et dans diverses autres parties de l'Europe. Rappelons aussi le caracal, feli* caracal (Pl. VI. — 1), qui est de l'Afrique et de l'Inde. L'espèce de ce dernier n'est pas très-rare en Barbarie et particulièrement dans nos posses- sions algériennes. Sa couleur fauve roussâtre, ses oreilles noires en dehors et surmontées avec élégance d'un pinceau de poils semblablement co- lorés , le jeu de sa physionomie , en font un animal remarquable. Le caracal parait être le lynx des an- ciens ; il est deux fois gros comme le chat domes- tique, mais ses proportions sont plus élancées. i>' I f'.{famment de manit'i'c à pouvoir leur laisser autant de liberté qu'aux chiens. On connaît trois espèces d'hyènes : X hyène brune est la plus rare et fréquente TAfriquc australe; V hyène tachetée (Pl. V — 5), un peu plus grande, est à peu près de la taille du loup ; on l'observe surtout en Afri- que, depuis le Sénégal principalement jusqu'au Cap. La troisième est Vhyène rayée ; cette der- nière diffère seulement par la disposition de ses couleurs, qui présentent, sur un fond analogue à celui de rhyènc tachetée, des bandes au lieu de taches : elle habite la Perse, l'Arabie, TËgypte et TAbyssinie. .y On a quelquefois confondu dans le même genre que les hyènes un animal également originaire du sud de rAfrique et d'abord nommé civette hyé- noïde , parce qu'il rappelle en effet les hyènes par ses formes extérieures, mais que la singulière conformation de son système dentaire a fait avec raison distinguer en un genre particulier qu'on a nommé protè/e. Ces protèles préfèrent les subies du désert ; ils se creusent des terriers dans lesquels ils passent une partie du jour, et, comme les hyènes , ils ne sortent que le soir ou pendant la nuit pour chercher leur nourriture. Leurs dents ne sont pas sans analogie avec celles de diverses espèces de phoques. \ DIGITIGRADES. — CHIENS. 137 CHIENS. Le loup , le renard , le chacal , le chien domes- tique et beaucoup d'autres animaux analogues , sont des espèces d'un même genre, auquel le chien a donné son nom. Tous ont cinq doigts antérieurs , et quatre avec un pouce tout à fait rudimentaire postérieurement ; leurs ongles sont propres à fouir le sol y mais ils ne sont pas rétrac* tiles; leur langue n'est pas armée de crochets comme celle des chats, et ils ont quarante-deux dents. Moins carnassiers que les martes , et à plus forte raison que les hyènes et les chats , ceux-ci associent fréquemment les productions végétales aux substances animales dont ils font leur nourriture ; ils ont Todorat excessivement sensible , et lorsqu'ils poursuivent une proie , ils le font à la piste avec beaucoup d'adresse. On sait combien l'homme a retiré d'avantages de cette qualité précieuse du chien domestique. Toutes les espèces de ce grand genre n'ont pas les mêmes mœurs; les unes sont diurnes, c'est- à-dire que c'est dans le jour qu'elles se livrent avec le plus d'activité à leurs divers actes ; d'au- tres çont nocturnes; elles sont aussi plus ou moins carnivores (plus ou moins avides de chair) ; trop faibles pour attaquer l'homme , trop inhabiles souvent pour se procurer certains gibiers que la 138 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. I!l iti finesso permet aux renards de saisir, les loups rcchcrehent plus souvent que ces derniers les racines et diverses autres substances végétales. Ainsi que les chacals , ils sont beaucoup plus omnivores ; sous ce rapport , ils ont plus d'ana- logie avec Tcspèce domestique. Ils ne perdent pas néanmoins , lorsqu'elle se présente , Tocca- sion d'enlever au berger quelques brebis , mais ils fuient devant lui , et s'ils se rapprochent quel- quefois des villages , s'ils attaquent de temps à autre les hommes, et surtout les femmes et les enfants , c'est lorsque le besoin d'aliments se fait impérieusement sentir. LOUP , Canis lupus. Il est de toute l'Europe , d'une grande partie de l'Asie , et se rencontre aussi dans une portion de l'Amérique du Nord. La longueur totale de son corps est de trois pieds sept pouces ; sa queue a seize pouces de long , et sa hauteur est de deux pieds et demi environ au garrot. Son pelage est composé de poils grossiers d*un gris fauve , varié de diverses nuances sur quelques parties. Quel- quefois le loup est entièrement noir. La variété de cette dernière couleur a été prise le plus sou- \Qnt pour une espèce distincte , mais il est bien constaté maintenant que le loup noir {canis ly- eaon) et lie loup ordinaire peuvent provenir de la même portée , ce qui ne permet plus de doute i^. DIGITIGRADKS. — CHIRNS. 139 sur Iniir ainnité. Quelques individus avanrés en •âge passent au contraire au blanc et constituent une autre vari*U('». La durée de la vie de ce» ani- maux est de quinze à vingt ans. Dans Tliiver, et suitout lors(|ue le froid est rigoureux , ils se n'u- nissent quelquefois pour chasser, et Ton <;roil avoir remarqué qu'ils se disposent en relais pour atteindre leur proie plus sûrement. Dans les pays de hautes montagnes « et lorsque les gelées sont longuement prolongées , on voit parfois des trou- pes de loups aframme8 féconds , bien qu'ils n'aient pas jus- qu'ici donné lieu à de longues lignées. « Il ii ! : dès que le jour com- mence à poindre. Doué d'organes de vision tivs- perrcctionn(is et d'un odorat trés-délicat , il ne lui est pas dilTlcile , dans ses chasses nocturnes, de trouver les traces des animaux dont il se nour- rit; il se met à l'afrùt pour les saisir. CHIEN DOMESTIQUE , CanU familiarité Le nom de amit familimit, compar(^ à ceux du loup , du chacal ou du renard, cai'.h. iupu» , canis aureu* f catii» vulpei^ pou :^ait faire croi^ iH que les nombreuses races d'aninruix auxquels on l'applique en zoologie, constituent, comme chacun de ceux-ci , une espace réellement particulière , bien distincte et facile à caractériser. Mais l'his- toire du chien , moins avancée peut-être que celle d'aucun autre animal domestique, est loin d'avoir la rectitude qu'on pourrait lui supposer, lors- qu'on vient rinterroj'er sur l'origine de ce fidèle serviteur, c'est-à-dire sur la race sauvage dont 11 est Issu ; car, quelque ancienne qu*on la suppose, l'association de wx animal avec l'espèce humaine est postérieure aux premiers f^-nps de la créa- tion; et comme le cheval, Tûne, le cochon, le coq , etc., le chien a eu son type sauvage. Moins anciennement soumises que lui, les espaces que t! t i *■ II i ■ i -, i-:!; iU'2 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. je viens de citer ont été nécessairement moditiées d'une manière moins profonde par la domesti- cité ; et comme elles différaient moins de leurs types originels , ceux-ci ont été plus faciles à re- connaître. Mais il n'en a pas été de même du chien , et l'on peut dire que c'est encore aujour- d'hui une question que de savoir de quels ani- maux il provient, puisque l'opinion des savants , n'est point encore fixée à cet égard. Le loup , le i chacal ou le renard lui ont-ils donné naissance , ou bien , comme l'ont pensé divers auteurs , ap- partient-il à quelque autre espèce du même genre, dont la race sauvage se serait anéantie , ou serait . encore inconnue des naturalistes ? Cette dernière opinion est certainement la plus probable, et elle prendra plus de gravité encore si l'on remarque que la plupart de nos animaux domestiques de r^ncien-Monde proviennent en grande partie de rinde, comme cela est de toute évidence pour le cheval , l'âne et le coq , et que cette partie du globe renferme plusieurs races ou espèces sau- nages de chiens peu éloignées du chien de berger, que Buffon et tous les auteurs supposent le plus l'approché de son type sauvage. Pour juger dq l'influence qu'ont eue sur ces quadrupèdes leurs relations avec l'espèce hu- maine, il n'est pas même nécessaire de savoir ce qu'ils étaient avant d'être soumis à la domes- ticité , il suffît de comparer les variations qu'on \ tilL DIGITIGRADES. — CHIENS. \tt$ remarque entre les diverses races de cliiens do« mestiqueSf et celles que présentent les varii'tés de telle autre espèce restée dans les conditions où Ta placée la nature , et Ton ne tardera pas à reconnaître que ces différences sont pour la plu- part d'une importance plus grande que celles qui distinguent non-seulement, comme nous le disions, les diverses races d'une même espèce, mais encore les différentes espèces d'un même genre : car les altérations poitent sur la forme générale et sur celle de chacun des organes en particulier. Les mœurs du chien sont aussi variables que ses formes extérieures. L'homme a créé , pour chaque race , un genre de vie qui semble en rap- port avec sa nouvelle organisation. L'une est dressée à telle sorte de chasse ; celle-ci Test pour la garde ; telle autre, pour la conduite des trou- peaux ; on a des chiens contrebandiers, comme on en a qui sont nés, j'ai presque dit façonnés, poiir la vie de salon , et d'autres qui doivent traîner des fardeaux à la manière des bétes de somme ou briller dans les combats. Autrefois on se servait de limiers pour traquer les malfaiteurs, et dans quelques colonies des Antilles , on avait recours , il y a peu d'années encore , à ce moyen barbare , pour atteindre les nègres qui fuyaient l'esclavage et se réfugiaient dans les bois. Mais, bien que profondes , ces altérations dans les mœurs et l'or- s ^1 ;: ikU MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. ganisme du chien ne tarderaient pas ù s'eiïacer elles-mêmes si les causes qui les produisent ou les entretiennent venaient à cesser , et il est pro- bable que CCS animaux , en redevenant sauvages , Uniraient par reprendre plus ou moins leur forme primitive. Aussi, ceux qui dans leurs rapports avec riiomme ont eu un genre de vie plus analo- gue avec le régime pour lequel la nature les avait «réés, doivent-ils être et sont-ils réellement les plus voisins du type primitif. Bufibn, qui n'avait pu , comme on Ta fait depuis, étudier les diverses races domestiques de l'Inde et de l'Australie , avait reconnu que le chien de berger , parmi ceux que nous possédons , devait être le plus analogue à la souche de tous les autres. G*est en effet de uï*vH.; d^ eilU^j ;t d'autres qui n'ont à l'extérieur r^ucun rudiment de cet oi*- gaoe; les premiers ont reçu le nom d'otaries; les dénominations vulgaires des phoc jes .^ont celles de chien de mcr^ veau nmrin, Hon ^narin, etc. Celle de chien de mer tt>t certaini vjcnl «ne des plus heureuses , car on ne saurait nier qu'il n'existe dans l'organisation des phoques et dans celle des chiens de véritables analogies. Parmi les espèces de ce groupe qui sont étran- gères à nos mers, nous citerons le phoque à trompe, appelé aussi éléphant marin. Son nom rappelle que , dans le mâle , le nez se prolonge en une sorte de trompe molle , qui imite celle des tapirs et jusqu'à un certain point celle des élé- phants. Ces animaux fréquentent les rivages de l'Amérique australe, et atteignent jusqu'à vingt, vingt-cinq et même trente pieds. Ils vivent par troupes nombreuses et se nourrissent , comme les autres phoques, de poissons et de mollusques pélagiens dont ils détruisent une grande quantité. LES MORSES. Le genre moi*se ne comprend qu'une seule es- il II PINNIGRADES. — PHOQUES. 149 pèce dont la forme générale et la disposition des membres rappellent ce que Ton connaît des pho- ques , mais qui se distingue aisément de ees ani- maux par les deux énormes canines sortant de la bouche que présente sa mâchoire supérieure , canines qui constituent deux véritubk^s défenses. Le morse habite toutes les parties de la mer Gla- ciale, et atteint jusqu'à vingt pieds de longueur. Les voyageurs le désignent souvent par le nom de vache marine , cheval marin , béte aux grandes dents , etc. Il parait qu'il se nourrit de plantes aquatiques aussi bien que de substances animales. Ses mœurs sont à peu près les mêmes que celles des phoques ; il vit en troupes nombreuses , fré- quente les côtes envient souvent à terre, où il est d'une capture facile ; mais il est dangereux d'at- taquer les morses en pleine mer, car toute la troupe , assure-t-on , se réunit pour défendre celui qui est blessé , entoure Tembarcation d'où le trait est parti , et ne tarde pas à la chavirer pour meurtrir à coups de dents les hommes qui la dirigent. On recherche le morse pour ses dents, dont rivoire , quoique grenu , est assez estimé ; pour sa peau , qui est employée par les carros- siers , et pour son huile , dont un seul individu peut souvent fournir une demi-tonne. tl!i 150 MAMNIFÈRKS. — ÉDEFIT^.fi. i; i !!I 11 I lil II CHAPITRE III. MAMMIFÈRES ÉDENTÊS. Linnaeus avait appelé ces animaux brutes {bru- tœ), dénomination que les naturalistes plus récents ont remplacée par celle d'e'dente'g , quoique cette dernière , peut-être parce qu'elle est plus rigou- reusement significative , soit beaucoup moins heu- reuse. Ces mammifères mériteraient en effet bien plutôt le nom de mal dentée que celui d'édentés ; car , s'il en est parmi eux an petit nombre qui n'ont pas de dent du tout, il en est aussi qui ont un très^grand nombre de ces organes ; tels sont , par exemple, certains tatous qui n'ont pas moins de quatre-vingt-dix-huit dents : mais chez tous , ces organes, lorsqu'ils existent, ont une forme et une disposition assez particulières. Aucun d'eux n'a de véritables incisives , quelques-uns seule- ment ont des canines ; et , comme nous l'avons vu , il en est , tels que les fourmiliers , qui n'ont MAMMIFÈRKS. — KDKNTÊS. i51 pas même de molaires : c'est surtout à ces derniers que le mol dVdentés mérite davantage d\>tre im- posé. Ces dispositions remarquables ne sont pas les seules qui caractérisent les mammifères du troisième ordre. Ces animaux offrent, dans les autres points de leur organisation y des partk«:ula- rités non moins remarquables ; et , envisagés dans \euTi formes aussi bien que dans leurs mœurs et dans la nature de leurs téguments , ils ne man- queront pas d'attirer nécessairement Taltention des observateurs : on peut dire qu'ils sont carac' térisés par leur bizarre apparence. Peut-être en- core est-ce là ce qui a engagé certains auteurs à leur adjoindre quelques autres espèces , non moins étranges qu'eux sous différents rapports, mais qui appartiennent à d'autres ordres ; tels sont les échidnés et les ornithorrhynques , dont nous parlerons à la fin de ce petit Traité , et les bradypes dont il a été question (page 85). Ainsi réduits, les édentés. ou les brutes, pour- ront être partagés en trois groupes assez dis- tincts : ceux des tatou», des j'ourmiHer» et des pango/ins. La plupart sont des régions intertro- picales; les deux premiers sont du Nouveau- Monde et le troisième a des représentants en Afrique et en Asie. t,« N I !|| •Kl .fi > i>). Il 152 MAMMIFÈRKS. — ÉDENtIs. S î". kdentÉs terrestres. tE8 TATOUS, Dasypuê (Pl. VI — 5). Le genre des tatous est remarquable par les caractères des espèces qu'il comprend; toutes ayant le corps , la tète et la queue protégés par des espèces de carapaces ou boucliers , compo- sées de poils agglutinés , et qui sont formées par un épaississement de leur peau. Sur le tronc, ces espèces de boucliers sont disposées par bandes transversales , afin de ne point empêcher les mouvements que Tanimal doit exécuter. On ne trouve des tatous qu en Amérique. Ces mammifères , dont la taille est moyenne ou môme assez petite, puisque le plus souvef)t ils ne sont guère plus gros que des lapins, vivent , comme ces derniers , dans des trous quMls se creusent eux-mêmes , au moyen des ongles énormes dont leurs membres antérieurs sont armés. Ce sont des êtres assez lents , et dont la nourriture con- siste principalement en fruits et en insectes. Les tatous ont aussi dans leurs dents , assez sem- blables pour la forme et la disposition à celle de certains dauphins , un caractère remarquable ; et quoiqu'ils appartiennent à l'ordre des édentés , ÉDENTÉS KRRKSTRES. — ORYCTÉROPES. 1Ô3 il eo est qui possèdent , comiiie beaucoup de cc'lacés, un nombre considérable de ces organes. On connaît aussi une espèce de tatou cpii présente des incisives , plusieui*s dents étant insérées dans Tos incisif ou intermaxillairc. LES ORYCTÉROPES, Orycterope. L'oryctérope , ou cochon de terre , est un ani- mal du cap de Bonne-Espérance , assez analogue aux tatous par ses mœurs et par le grand dévelop- pement de ses ongles , mais qui n'a pas la cuirasse de ces derniers , et chez lequel on ne compte que vingt-six dents , toutes màchelières. Ce quadru- pède a le corps épais , et semble se rapprocher ainsi du cochon ; de là le nom qui lui a été parfois appliqué. Il est couvert de soies dun gris sale, un peu roussâtres sur les flancs et sous le ven- tre , et d'un brun obscur sur les pieds ; il se creuse des terriers , dont il ne sort que la nuit , et recherche principalement , pour s'en nourrir , les fourmis et les termites , qu'il saisit au moyen de sa langue longue et gluante. LES FOURMILIERS, Myrmecoplffga (Pl. VI — U). Ceux-ci habitent les parties chaudes de l'Amé- rique, et comprennent plusieurs espèces assez différentes entre elles par le port et la forme gé- I 15A MAMMIPf^lRKJS '- (:nKNTÊS. iM^rale, mais qui ont <*gnlom(nit pour caracttM'i» iréti-e complt'UeiiKMit d(^puui'vuos de donis. TAHAMOiH, Myrmecophaga jubata. Cette espèce , du genre des fourmiliers , a le corps très-loug et très-bas sur janilies; sa tète est fort mince, très-uliong<>e et terminée par une très- petite bouche ; ses pieds de devant ont quatre doigts, et ceux de derrière cinq; sa queue est garnie de longs poils , et son pelage est brun avec une bande oblique noire, bordée de blanc sur chaque épaule. Le tamanoir, que Ton trouve à la Guyane , au Brésil , au Pérou et au Para- guay , vit solitaire ; il est lent et nocturne : c'est un animal très-bizarre par sa forme générale , et qui parait être stupide. (omme les autres fourmiliers , il se nourrit principalement de foui- mis, et c'est à Taide de sa langue allongée et vis- queuse, comme celle des oryctéropes , qu'il s'em- pare de ces insectes. TA MANQUA, Myrmecophaga tamandua. Ainsi que le précédent , il a été connu de Buf- fon ; il se distingue par ses doigts , au nombre de quatre antérieurement et de cinq postérieure- ment ; sa queue est presque ronde , et son pe- lage rude est d'une teinte triste et rembrunie ; sa tête est cylindrique et allongée. Le tamandua présente les mêmes mœurs que le tamanoir ; il •il •actèro s, a le ém est le irès- (luatre uc est t brun s blanc trouve i Para- î : c'est nérale , autres de fouk- B et vis- l'il s'em- de Buf- nombre érieure- son pe- brunie ; nandua noir ; il CKTACÉS. I&l vil à la Guyane et au Bnisil principalement. Son odeur sent Tortenienl le musc. Ou a distingué plu- sieurs variété» de imnatidua. POURMILIER DiDACTYLE, Myfmecnphaga didactyla. Cette espèce, non moins curieuse par sa forme que ses congénères, est modifiée pour d'autres habitudes. Les précédentes vivent à terre, et c'est principalement dans les arbres que celle-ci doit passer son ex.stence; sa taille est celle d'un rat de la plus lorte dimension ; ses pieds do de- vant n'ont que deux doigts, ce qui l'a l'ait nom- mer didaclyle ; sa queue est [ireuante , c'est-à- dire susceptible de saisir les corps, comme nr>us Tavons vu pour celle de certains singes et des kinkajous. ( .ette particularité permet au lourmi- lier didactyle de granper aux arbres avec beau- coup plus d'aisance ; il y passe en effet une partie de sa vie , faisant une grande destruction de) fourmis et d'autres insectes qu'il ramasse avec sa langue. Ce quadrupède a le poil assez long et généralement fauve : on le trouve à la Guyane et au Brésil. S II. CETACES. Nous devons maintenant cousacrer quelques, pages a faire un abrégé de l'bistoire des cétacés. m NI!! h rii ;t' !i 156 MAMMIFÈRES. — KDENTÊS. Ces animaux , d'abord confondus dans une même classe avec les poissons , quoique de tout temps on ait reconnu leurs rapports avec les mammi- fères , otit été , plutôt par habitude que par suite d'un véritable raisonnemc*nt , placés à la fin des mammifères ; il semblait que , parc"' qu'ils ne sont pas quadrupèdes , et parce que leur forme rappelle grossièrement celle des poissons, ils n étaient pas dignes de prendre, parmi les mam- mifères, le rang auquel leur organisation semble les appeler. Disons d'abord que , pour recon- naître un cétacé , il suffit de se rappeler que tout animal de ce groupe manque de pieds posté- rieurs, a le corps de forme ichthyoïde, c'est-à- dire semblable à celui d'un poisson ; que ses membres antérieurs manquent d'ongles et res- semblent à des nageoires ; que son corps est lisse et dépourvu de poils ; et , ce qui est plus caractéristique , que ses narines , placées diffé- remment que celles des autres animaux, sont ouvertes au sommet dé la tête, et reçoivent le nom d*évents. On ne doit pas laisser confondre avec les cétacés quelques animaux privés de membres de derrière , mais qui n'ont point les narines disposées en évents , et qui s'éloi- gnent d'ailleurs des véritables cétacés par diffé- rents autres traits que nous signalerons en leur lieu. Les naturalistes , même en rangeant les cétacés • M, i cf:TAcÉs. 157 parmi les poissons , n ont jamais ignoïc par com- bien de caractères importants ces i!eu\ sorte» d'animaux diffèrent entre eux ; mais le public , oubliant sans doute que les savants admettaient sous le nom de poissons des êtres aussi dissem- blables, par cela seul que les uns et les autres vivent dans Teau et qu'ils sont privés des poils qui distinguent la plupart des vrais mammifères, a toujours eu des cétacés l'opinion qu'ils étaient de vrais poissons. Il est cependant aussi facile de prouver que ces gigantesques habitants des mers sont vraiment des espèces de mammifères, que de le démontrer pour les lamantins ou pré- tendues sirènes , pour les morses , pour les pho- ques , etc. Les poissons respirent au moyen de branchies , et l'eau est le seul aliment de leur respiration ; ils sont ovipares ; ils n'ont point de mamelles , point de lait pour allaiter leurs petits^ leur ')eau lisse ou écailleuse n'est jamais garnie; de poils ; leur sang est froid , etc., tandis que les cétacés respirent l'air en nature et par l'inter- médiaire de véritables poumons ; aussi sont-ils obligés de venir à la surface de l'eau toutes les fois qu'ils ont besoin de faire une nouvelle inspi- ration ; ils ont des mamelles sécrétant un lait assez abondant , et dont se nourrissent leurs petits déjà vivants, comme ceux des autres maui- mifères lorsqu'ils viennent au monde ; leur sang est chaud à la manière de celui des oiseaux et 7 \i il I 158 MAMMIFÈRES. — ÉDENTÉS. mammifères; et leur peau, qu'elle soit nue ou garnie de quelques poils, comme cela se voit chez certains dauphins, n'est jamais recouverte d'écaillés , ni même comparable , pour sa struc- ture , à celle des poissons à peau lisse. Ces ani- maux montrent d'ailleurs un instinct plus déve- loppé que celui des poissons. Dans beaucoup de cas , ils vivent en troupes plus ou moins nom- breuses , errant à la surface des mers ou confinés dans les parages de quelque côte déserte , ou au sein de quelque archipel. Tous nagent avec une extrême facilité; beaucoup d'entre eux le font même avec élégance. Les dauphins se plaisent à suivre les navires , à la manière des requins ; ils se jouent avec grâce autour des bâtiments , et leur course rapide , les mille détours qu'ils ne cessent d'exécuter, sont souvent, au milieu des longues traversées, un spectacle dans la contemplation duquel se plaisent les marins, et qui leur fait ou- blier pendant quelques heures la vaste solitude qui les entoure. Tous les vrais cétacés méritent le nom de souf- fleurs, car ils sont tous pourvus d'évents. Leur nourriture consistant en petits animaux péla- giens (mollusques, zoophytes, crustacés, etc.), ils avalent , en même temps que ces petits êtres , de très-grands volumes d'eau dont il fallait qu'ils pussent se débarrasser, puisque c'est l'air et non l'eau qu'ils respirent , et que d'ailleurs ils n'ont 1 rÉTACf.S. — DArPHINS. 159 pas d'ouïes roinme les poissons. Celle eau s'arrête dans leur bouche , et la coniraction de cet organe la refoulant vers les narines qui forment un canal ouvert dans les évents, sur le sommet de la léte, elle s'échappe par cette ouverture. C'est ainsi que les cétacés, les plus volumineux surtout , produi- sent ces jets d'eau qui les font remarquer à la surface des mers. Leurs narines, sans cesse tra- versées par des flots d'eau salée, ne pouvaient être tapissées d'une membrane assez délicate pour percevoir Ic-s odeurs ; aussi manquent-îls vérita- blement du sens de l'odorat. LES DAUPHINS, Delphinus (Pl. VI — 6). Le genre de ces animaux, tel que l'ont admis les anciens auteurs, comprend un très-grand nombre d'espèces propres à toutes les mers et à toutes les latitudes, et qui se reconnaissent à leur corps à peu près en fus. au, à leur tête tantôt obtuse, tantôt allongée, mais qui n'est pas plus grosse que leur corps. Les dauphins ont généra- lement des dents aa.v deux mâchoires, et, chez queiques espèces , ces dents sont très- nom- breuses. Si l'on admet qu'ils sont du même degré d'organisation que les tatous et les oryctéropes , et qu'ils représentent ces derniers au sein des eaux, il faudra nécessairement donner à l'ordre qui bs comprend un autre nom que celui d'éden- i\' «I ! P n il ï : -4 m ■ f :i;î, 160 MAMMIFKHKS. — ÉDK^iTÉS. » h'S, puisqu'en ivalilc; ce sera parmi eux que se trouveroRl rangées les espèces qui ont le plus de dents. Mais une chose remarquable, et qui fait voir combien serait préférable la dénomination de mal dente'ê , dont on a parfois essayé de se servir, c'est qu'ici, comme chez les édcntés terrestres, on voit à côté d'espèces à dents très-nombreuses, des animaux, évidemment de la même famille, qui cependant n'ont que fort peu ou même point du tout de dent. Chez ceux qui en ont beaucoup, comme chez ceux qui n'en présentent qu'un petit nombre , ces organes sont toujours remarquables par leur forme assez singulière. Les dauphins qui se trouvent le plus souvent sur nos côtes sont le dauphin ordinaire, defphi- nus delphis , et le marsouin , delphiniis pko- cœna. Le second diffère surtout du premier par son museau beaucoup plus raccourci. Ces ani- maux fréquentent de préférence les embouchures des fleuves , et souvent ils en remontent le cours jusqu'à une certaine hauteur, sans que le chan- gement d'eau douce et d'eau salée ait siir eux aucune influence fâcheuse. Mais c'est à la mer, comme tous les autres dauphins, qu'ils passent îa plus grande partie de leur vie et qu'ils se tiennent de préférence. On doit faire remarquer cependant qu'il existe , dans une des contrées de l'Amérique du Sud , la Bolivie , une espèce de la famille des dauphins qui est tout à fait fluviatile. Les habi- CÉTACÉS. — BAl.KI>HS. Ifil tants de plusieurs provinces la coimaisseiil sous le nom d'inia. C'est au même genre ou plutôt à la nu nu^ fa- mille qu'appartient le nartchaf , dont le système dentaire est si sin^idier. Cr mammifère , rare dans les collections , et dont on ne possède pas même le squelette en France , est surtout remar- quable par rénorme dent qui sort de sa bou<'he, et qui, implantée dans sa mâchoire supérieure, ressemble plutôt à une grande corne qu'à une véritable dent. Dans le jeune âge , il existe deux de ces dents; mais l'une d'elles ne tarde pas à s'arrêter dans son développement , tandis que l'autre (ordinairement celle de gauche) s'avance en ligne droite, et constitue un énorme stylet ar- rondi , pointu , en général sillonné en spirale , et qui n'atteint pas moins du tiers, ou même de la moitié de la longueur totale d 3orps de Tanimal. On voit de ces dents qui ont jusqu'à dix pieds de long. Les narwhals nagent avec une grande vi- tesse , et ils comptent parmi les ennemie les plus redoutables des baleines. Réunis en troupes nom- breuses, ils attaquent souvent ces gigantesques cétacés , et leur font avec leurs défenses de cruelles blessures. Les pêcheurs de la mer du Nord prennent fréquemment des nai^whals, et ils les recherchent a cause de la bonne qualité de leur huile. 16- MAMMIFKRE8. — ÉDEMÉS. LES BALEINES. : T'i, ■ i Le genre baleine (halœttà) , à côté duquel on doit citer ceux des caciialols et des physétères, commence la série des cétacés à grosse tète ou macrocéphales. Ces animaux, qui sont les plus volumineux de tous ceux que Ton connaît, doivent l'énorme développement de leur tête, non pas au cerveau ni au crâne, qui conservent les mêmes proportions quo chez les dauphins , mais aux os de la face , dont les dimensions sont énormes. Les caractères distinctifs d( s baleines sont principa- lement tirés des espèces de lames allongées qui remplacent les dents à leur mâchoire supérieure, et qu'on appelle fanons. Ces lamelles , qu'on exploite dans le commerce sous le nom de ba- leines, sont disposées en série de chaque côté de la bouche , et représentent d'énormes peignes , à travers lesquels l'eau , engloutie dans la gueule immense de ces mammifères , s'échappe en partie après avoir abandonné les petits animaux qu'elle renfermait, et qui sont la pâture des grands céta- cés dont il s'agit. Les espèces de ce genre n'ont point de dents aux mâchoires ; leur tcie , assez grosse, ne Test pas autant que celle des cacha- lots ; les véritables baleines sont celles chez les- quelles il n'existe point de nageoire dorsale. L'espèce la plus célèbre est la baleine franche , balœna mysticetus , qui était autrefois beaucoup CtTACfeS. — BALEINES. 16.1 plus fréquente , même dans nos parages , qu'elle ne Test aujourd'hui. Le nombre considérable des animaux de cette espèce qu'on a détruits n'a pas été sans influence sur leur multiplication : les baleines sont devenues plus timides; elles se sont éloignées de plus en plus dans le Nord, et leur chasse présente chaque jour de nouvelles difli- cultes; on assure que les individus de quatre- vingts et même cent pieds, comme il n'est pas douteux qu'il en existe, sont devenus extrême- ment rares. La taille des plus belles baleines que se procurent d'ordinaire les pêcheurs est de soixante à soixante-dix pieds environ. On a cal- culé que le poids d'un individu de ces dimensions est de près de soixante-dix tonnes, et équivaut presque à celui de trois cents bœufs. On ignore la durée de la vie de ces animaux ; celle de leur ges- tation parait être de neuf à dix mois ; leurs petits naissent en février ou en mars , et , en venant au monde, ils ont treize ou quatorze pieds de lon- gueur. La baleine ne produit qu'un seul baleineau à la fois , et elle lui porte la plus tendre affection ; souvent on la \oit le soutenir sur ses nageoires; lorsqu'il est attaqué par le- pêcheurs, elle le défend avec courage, et se laisse prendre elle- même en essayant de le sauver, plutôt que de Tabandonuer. L^ force de ces animaux est pro- portionnée à leuiS dimensions : d'un seul coup de queue , ils peuvent lancer en Tair une chaloupe ."/ ni 164 MAMMIFÈRES. — ÉDE!HTÉS. €harg('c (l*hommcs ; et , lorsqu'ils sont percés par leliarpon , ils plongent avec tant de violence, que, si la co^de fixée û cet instrument s'accroche au bateau des pécheurs , le cëf acé Tentralne avec lui Jiu fond de la mer. Quelques animaux voisins des baleines , et qu'on peut considérer comme du môme genre, sont les baleinopthref , ils diffèrent seulement par la présence d'une nageoire dorsale. On en distingue piasieurs espèces , dont une est à la fois de l'Océan et de la Méditerranée. Certains autres qu'on appelle baleinoptères rorquals *./' . J.3 ■ éj^r/;^t,'t 3 - ^ûifUi/y^. 4 1^ '*/.*<«>/•. qui du^ m( odj qu de se .Ji CÉTACÉS. — HAI.ni^lES. t(i5 s'abaissent gradurlloment en avant; <'o vasio es- pace est divisé en dnix («tages par une cloison membraneuse, et chacune des chanilires qu'il cir- conscrit est remplie iVadipucire, espt^ce u graisseux sous-cutan»'^ et contiennent également de Tadipocire ; aussi , dans les cachalots nouvellement morts , voit-on le réservoir supérieur de la tête se remplir à me- sure qu'on le vide. Le canal de Tévent traverse obliquement celte masse d'adipocire, et s'ouvre nn peu à gauche, près du bord supérieur du mufïle, qui termine en avant la tôte du cachalot. Les jets d'eau qui en sortent sont dirigés oblique- ment en avant, et ressemblent à une gerbe de pluie ; ils sont plus élevés et plus fréquents que dans les baleines , et sont accompagnés d'un bruit qui s'entend de très-loin. La couche de lard, éten- due sous la peau, est moins épaisse et fournit moins d'iiuile que chez la baleine. La substance odorante si connue sous le nom d'ambre grin, et que l'on rencontre quelquefois flottant à la surface de la mer , paraît être une concrétion morbide qui se forme dans l'intestin de ces animaux. Les cachalots habitent de préférence la partie »■ y li •I ! il IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) ^/ 4, M-^ '^ <'/^ y. Ml ^ ^0 ^ 1.0 1.1 I^JM 12.5 |îo ■^™ HH Ut I&2 122 ë 1^ 12.0 ■s U î 11^ «'-^ K^ ^ 6" ► ^j> '> .0 .> HîotQgraphic Sciences Corporation JS'^^'% ^.V 23 WfST MAIN STMIT WEBSTIR,N.Y. I4S80 (716)t72-4S03 % Mi 1 1 166 MAMMIFÈRES. — RONCCURS. équatorialc du Grand-Océnn et de TAtlantique : on les rencontre par bandes assez nombreuses. Ils paraissent se nourrir principalement de mol- lusques; mais on assure qu'ils n'épargnent pas non plus les plus gros poissons , et ils sont pour tous les habitants des mers un objet d'épouvante. i M RONGEURS SC11RII:NS. — MARMOTTES. 171 très animaux : alors la queue est ronde ou dépri- mce ) mais elle n'est plus distique ; dans ce dernier cas , les oreilles manquent souvent du bouquet de poils qu'elles ont chez Técureuil ordinaire. Les espèces de cette catégorie sont les plus sembla- bles aux marmottes. LES MARMOTTES , AvctomyS. Leur nom scientifique a pour racines deux mots grecs, dont l'un, aretos, signifie ours, et l'autre, mus, que nous retrouverons comme l'un des com- posants de beaucoup d'autres dénominations im- posées aux rongeurs, est le nom grec des rats. Les marmottes ont les dents des écureuils, mais elles n'ont pas les formes déliées de ces animaux ; elles sont plus lourdes , et , sous ce rapport , elles ont pu , jusqu'à un certain point , être comparées à des ours; leur queue, toujours velue, n'est jamais distincte, et elle est ordinairement de moyenne grandeur ou même tout à fait courte. On a découvert en Asie et dans l'Amérique sep- tentrionale plusieurs espèces de marmottes, et une espèce de ce genre habite l'Europe et se trouve surtout dans les grandes chaînes de mon- tagnes. La marmotte d'Europe n'est pas rare dans certaines parties de la France , et elle est connue à peu près partout , car elle est un des animaux que les petits Savoyards qui mendient de ville en ville mènent le plus souvent avec eux. Un peu i 'm % ut Si 172 MAMMIFÈRES. — RONGEURS. moins grande que le lapin , la marmotte est d'un gris roussâtre sur les parties supérieures, avec un peu de cendré vers la tête. Tout le monde a en- tendu parler de son engourdissement hivernal. La peau des animaux de cette espèce est employée comme fourrure de bas prix, et leur chair est re- cherchée comme nourriture par les montagnards de quelques parties des Alpes. LES LOIRS, Myoxug.  la fin de la famille des sciuriens , et comme les plus voisins des muriens ou rats , se rangent les loirs, dont notre pays possède trois espèces , le loir proprement dit, le lérot et le muscardin. Ces animaux , plus petits que les écureuils , ont de commun avec ces derniers plusieurs traits de leurs mœurs et la plupart des points de leur orga- nisme ; ils ont leur forme générale et leur queue plus ou moins distique ; mais leurs dents molaires, qui sont également tuberculeuses, sont au nombre de quatre seulement à chaque mâchoire ; ils ont en tout vingt dents au lieu de vingt-deux. LOIR ORDINAIRE, Jfj/OaniSglh'f. Il est intermédiaire pour la taille au rat ordi- naire et au surmulot ; brun-cendré en dessus , il est blanc sur les parties inférieures et présente autour de Tœil une tache foncée. Le loir habite le midi de l'Europe et n'est pas rare dans la France lafc latii bois fouil et, I f t d'un avec aen- lal. La ployée est re- l^nards comme angent pèces , cardin. ils y ont raits de ir orga- r queue lolaireSf nombre : ils ont at ordi- îssus , il )résente labite le , France RONGEURS SCIURIENS. — LOIRS. 173 méridionale. On le trouve aussi fréquemment en Italie , et c'est lui que les Romains recherchaient avec tant de soin, à cause de Texcellent goût qu'ils trouvaient à sa chair. Il était, à cette épo- que , pour les peuples d'Italie , un mets très-es- timé. On élevait une grande quantité de ces ani- maux dans des tonnes ou dans des parcs , comme nous nourrissons des lapins. Les loirs sont du nombre des animaux hivernants, c'est-à-dire que, comme les chauves-souris, les marmottes, etc. , ils passent l'hiver dans un état de somnolence. Ils sont très-gras lorsqu'ils tombent en léthargie, mais leur embonpoint les a presque complètement abandonnés lorsqu'ils en sortent. C'est en au- tomne , avant l'hivernation par conséquent , qu'on les prenait pour les manger , et c'est ce que font encore aujourd'hui quelques peuplades d'Italie, qui ont conservé l'usage de leurs ancêtres ; mais , de notre temps , les loirs ne sont point un objet de gourmandise; car c'est seulement dans les vil- lages les plus malheureux qu'on s'en nourrit. LÉROT , Myoxus nitela» Celui-ci semble être à l'espèce du loir ce qu'est la fouine par rapport à la marte , ou la souris re- lativement au mulot. Au lieu de vivre dans les bois comme les loirs, etc., il préfère, comme la fouine et la souris , les lieux habités par l'homme ; et , comme il se nourrit de fruits , c'est dans les 1 r i1i5 Ml lîft' 17/i MAMMIFÈRES. — RONGEURS. vergers, dans les jardins, etc. , qu'il se tient de préférence. Il est un peu plus petit que le loir; sa longueur est d'environ trois pouces et demi , de- puis Tocciput jusqu'à l'origine de la queue, et cette dernière partie nnesure quatre pouces. Le lérot est grisâtre en dessus , et , ce qui le distingue principalement , une grande tache noire naît vers ses moustaches, remonte vers son œil, qu'elle embrasse , passe au bas de l'oreille pouj* venir se terminer sur les côtés du cou ; une autre tache noire, mais très-petite, se voit sur chaque côté de son front , et se trouve séparée de la grande par une autre , qui est blanche. Le lérot se nourrit de fruits, et loge dans les trous des murs contre lesquels sont appuyés des espaliers ; à mesure que les fruits mûrissent , il les entame , et il occasionne par ce moyen des dégâts qui le font redouter des cultivateurs. On le trouve dans toute l'Europe tempérée , et il s'avance beau- coup plus au nord que le loir. MuscARDiN , Myoxus muscardinus. C'est la troisième et dernière des espèces qui vivent en France , on peut même dire dans l'Eu- rope continentale, car le myoxus dryas, que l'on a indiqué dans les régions orientales de cette par- tie du monde et dans la Perse , ne diffère proba- blement pas du loir. Le muscardin est plus petit que les deux précédents, et son pelage est de couleur fauve-roussâtre. 1lO!<(GEtJIIS Ml'lllE!«fS. — IIYDROMYS. 175 Un autre animal du mémo g<'nrc s'obsorvo en Sicile f et on trouve aussi des loirs en Arriquc. S II. RONGEURS MCRIRNS. Le rat , en latin mut (g(*nitif mûri») , a donné son nom à la nombreuse famille des murions. Les animaux qui s'y rangent avec lui rappellent plus ou moins sa forme et ses habitudes , et la plupart ne diffèrent que fort peu de lui par la taille ; mais plusieurs rongeurs muriens acquièrent des dimen* sions assez grandes : nous citerons, parmi ces derniers , les castors , les porcs-épics , et même les capromys. LES HYDROMYS. Les hydromys , dont le nom veut dire rats d'eau, ont quelque chose des sciurims dans la disposi- tion de leurs dents. Ce sont des animaux fort remarquables par leur patrie. Parmi tous les ani- maux que nous avons étudiés jusqu'ici , un seul , la roussette à tète grise , a été propre à la Nou- velle-Hollande ; aucun autie carnassier, aucun quadrumane n'habite cette contrée, que nous verrons peuplée par les didelphes et les ornitho- delphes , deux groupes très-remarquables de la classe des animaux à mamelles. Les autres ordres de Mammifères ordinaires , ruminants , gravigra- È '1 M; \é t 176 MAMMIF^.nKS. — RONGEURS. drs ou pachydermes, n'ont pas non plus de re- présentants au continent australien; mais les rongeurs , de nu^me que les roussettes , font ex- ception. I^es espècres iieu-hollandaises de Tordre des rongeurs les premières connues, sont les hy- dromys, qui vivent à la Terre de Diemen et dans la Nouvelle-Galles du Sud. On a depuis rapporte des mêmes régions deux autres animaux de la même famille , l'un voisin du chinchilla (hapahtit) , et l'autre, des rats proprement dits (pieudomyt). Ce groupe des hydromys est composé de deux espèces : l'une est l'hydromys à ventre blanc, et l'autre l'hydromys à ventre jaune. i LES RATS, Mu». Le genre des rats est beaucoup plus nombreux que celui des écureuils , et les migrations de cer- taines espèces qu'il comprend méritent d'être si- gnalées. Certaines d'entre elles, parasites au milieu de nos demeures, nous ont en effet suivis presque partout , et l'époque de l'arrivée de plu- sieurs de leurs colonies, qui est parfaitement connue , ne remonte pas à une date fort ancienne. La souris était la seule espèce de rat domestique qui vécût en Europe du temps des Romains; ce n'est que plus récemment que le rat noir et le surmulot s'y sont établis. Depuis , les relations maritimes des Européens avec la plupait des peuples de la terre les ont répandus sur beau- "l'i ROMCEIRS Ml'RIF.MS. — RAT». 177 coup (1 autres points, et dans la plupart des |K)i'ts marchands de TAfrique, do rAmérique, et mi^iiie de la NouvelU^-Hoila^dc ; ils sont aujourdMiui fort nombreux. Les autres espèces du même genre , qui ont continué de vivre éloignées de Tliomme, sont très-variées; on les nomme principalement mulots, et on en connaît en France trois espèces. Parmi les rats exotiques, il en est plusieurs qui présentent des dispositions de couleura assez eu- rieuses , ou qui sont remarquables par leurs di- mensions. Parmi ces derniers, est le pilori des Antilles, qui est supérieur en taille au surmulot; quelques-uns de Tlnde sont aussi dans ce cas; les premiers ont souvent leur robe marquée de ban- des longitudinales de diiïérentes couleurs et en nombre variable. Nous citerons parmi eux le rat de Barbarie , commun à Alger, Bone et Oran , où il vit dans les champs , et qui a le dos marqué de huit ou neuf de ces lignes. I RAT SURMULOT, Mus decumanus (Pl. VII — 3). C'est le plus grand de ceux qui vivent chez nous ; il est de moitié supérieur au rat noir. On voit des surmulots qui ont huit on neuf pouces de- puis le bord du museau jusqu'à la queue, et dont la tête seule n*a pas moins do deux pouces. Cet animal n'épargne aucun travail pour se procurer sa subsistance ; il perce les murailles , soulève les p«ivés, et, comme il est très-commun et qu il mul- I ii î I lit ni' 178 MAMMIFÈRES. — RONGEURS. tiplie avec une extrême rapidité, il n*est pas rare de voir des troupes de son espèce envahir pour ainsi dire les magasins, et y occasionner d'irrépa- rables dommages. Les surmulots se nourrissent à peu près indifféremment de substances vé- gétales et animales : de graines , de racines , de viande, etc. Les surmulots sont originaires d'Asie; c'est des contrées méridionales de Tlnde et de la Perse qu'ils sont venus en Europe. Il parait que c'est en Angleterre que le surmulot s'est d'abord montré , et qu'il y existait déjà vers l'année 1730. Sa pré- sence n'a été signalée en France qu'en 1750, et, en 1766, il n'était pas encore parvenu en Russie ni en Sibérie; mais , peu de temps après, on Ta vu arriver de l'Occident snr les bords du Volga. C'est depuis , qu'il a été transporté en Amérique et dans les autres contrées habitées par les Européens. RAT NOIR , Mus rattus. On l'appelle aussi rat domestique, parce qu'il est celui qu'on trouve le plus fréquemment dans les habitations; sa taille, moindre que celle du surmulot , lui permet de s'y introduire plus aisé- ment que ce dernier. De même que lui , il était inconnu aux anciens , mais il a existé en Europe avant le surmulot : c'est vers le moyen âge qu'il s'y est introduit. On ne sait pas d'une manière précise de quel liey il est originaire. La longueur totale de son corps est de sept pouces environ , et RONGEURS MURI ENS. — GERBOISES. 179 sa queue est à peu près de la même grandeur. 11 est ordinairement d'un cendré noirâtre. Le sur- mulot Ta détruit dans plusieurs localités, ou il Ty a rendu fort rare ; mais il faut avouer que nous avons été loin de gagner à ce change. SOURIS, Mus musculvs, La souris est au contraire native d'Europe, et, quoique plus petite que les précédents , elle est aussi incommode dans beaucoup de cas ,*à cause de sa fréquence et de son goût pour le linge , les livres et tant d'autres substances. Maintenant, elle vit non-seulement dans les habitations euro- péennes , mais aussi dans beaucoup d'autres con- trées où le commerce l'a transportée. Cette espèce est trop connue pour que nous en donnions la de- scription. On sait qu'elle varie assez fréquemment, et qu'il n'est pas rare de trouver des souris entièrement blanches. LES GERBOISES, DiptlS (Pl. VII — 2). Les gerboises se rapprochent des rats par la forme de leurs dents molaires , mais elles ont la queue plus fournie que celle de ces animaux , et souvent terminée par un flocon de poils; leurs mem- bres sont d'ailleurs beaucoup plus longs , surtout les postérieurs ; aussi les gerboises sont-elles très- agiles à la course. Elles progressent par bonds , et vivent pour la plupart dans les contrées désertes «1 'il il ' 1 M 180 MAMMIFÈRES. — RONGEURS. des parties les plus chaudes. L'Arrique et TAsie possèdent un nombre assez considérable de ces mammifères. Les véritables gerboises présentent une autre particularité que celle de la longueur de leurs membres postérieurs ; leurs doigts , au nom- bre de trois , quatre ou même cinq à cette partie, sont supportés , comme chez les oiseaux , par un seul os du métatarse. L'espèce h. plus commune de ce gej^re est le gerboa, qui est de la taille d'un rat, et n'a que trois doigts aux membres inférieurs. On rencontre ce rongeur depuis la Barbarie jus- qu'auprès de la mer Caspienne. Les gerbilles {gerhillus) , qui sont voisines des gerboises, n'ont pas comme elles le métatarse' composé d'un seul os , et leur système dentaire est encore plus voisin de celui des rats ordinaires ; elles sont de même propres aux régions chaudes de l'ancien continent. Les espèces américaines du même groupe ont reçu le nom de mérions, que portent aussi quelques oiseaux de Tordre des pas- sereaux. I .1 LES HAMSTERS, LcmmUS, Ils ont la queue courte et velue , comme les campagnols ; leurs molaires , au nombre de trois de chaque côté , sont bordées d*un repli d'émail , et leurs joues sont extensibles. L'espèce type de ce genre , que l'on nomme quelquefois marmotte d'Allemagne, est commune depuis le Rhin jusqu'en TAsie de ces sentent leur de u nom- partie, par un Immune le d'un îrieurs. ie jus- nes des îtatarse' lentaire inaires ; chaudes ânes du yi8, que les pas- ime les de trois rémaii y type de irmotte usqu'en RONGEURS Mt'RlKKS. — CAMPAGNOLS. 181 Sibérie, et se rencontra îelqiicfois en Alsaci'. Soi» corps est long d*envi>'' a huit pouces, et son pe- lage, gris-rougeâtrc en dessus, est noir en dessous avec des taches de chaque côté sous la gorge. Le hamster vit solitaire et se nourrit de racines et de céréales farineuses , qu'il vient chercher dans les terres cultivées; il peut mang < aussi de la chair, et lorsque la faim le presse, il n'épargne pas même sa propre espèce. C'est un des mammifères les plus nuisibles à l'agriculture , à cause de la quan- tité de grains qu'il amasse dans son terrier. Sa demeure a toujours une double issue : l'une , oblique, sert à rejeter au dehors les déblais de la terre ; l'autre, perpendiculaire , est la voie par laquelle l'animal entre et sort. Ces galeries con- duisent à un certain nombre d'excavations cir- culaires qui communiquent ensemble par des conduits horizontaux. L'une de ces cellules, gar- nie d'un lit d'herbes sèches , est la demeure du hamster , les autres sont destinées à lui servir de magasins pour les provisions qu'il y transporte au moyen des poches de ses joues. LES CAMPAGNOLS. I Les campagnols ne diffèrent que très-peu des hamsters, dont ils ont le système dentaire, et ne paraissent pas devoir en être séparés générique- ment. Ce sont des rongeurs de taille ordinaire- 8 I II i ïWi^- 182 MAMMIFÈRES. — RONGEURS. ment petite, à pelage peu varié, et qui vivent dans les champs (d'où leur nom de campaf;nols) et quelquefois aussi dans les bois ou sur le bord des eaux ; on en rencontre dans plusieurs parties de rAmérique septentrionale , en Asie , en Europe , et même en Afrique. Les cténodactylfjs , parmi lesquels on ne compte qu'une seule espèce de Barbarie, devront sans doute leur être réunis. Les molaires des campagnols sont au nombre de si\ à chaque mâchoire , trois de chaque côté , et la bordure d'émail qu'elles présentent y forme des .replis en zig zag. Ces animaux , dont différentes espèces vivent en France , dans les bois et dans les champs, ont le port extérieur des rats et leur taille , mais ils en diffèrent par leur queue ordinai- rement plus courte et toujours poilue, au lieu d'être écailleuse. Plusieurs d'entre eux se multi- plient avec une effrayante rapidité, et sont la cause de nombreux dégâts. ' * CAMPAGNOL BAT d'eau , Lemmus amphihius, Bufibn en a parlé sous le nom de rat d'eau, qu'on lui donne assez fréquemment. Il a la queue plus longue que la moitié du corps, grise, assez velue ; les oreilles plus courtes que le poil qui les entoure, et le pelage d'un gris noirâtre terreux, qui se rapproche plus ou moins du grisâtre en dessus et du gris clair en dessous ; ses dents inci- sives sont d'un jaune foncé , et le pouce des pieds \¥ ('., ;nt dans nols) et ord des rties de Europe , , parmi pèce de réunis, tnbre de ^té , et la trme des fférentes i et dans s et leur i ordinai- au lieu ie multi- sont la us. \t d'eau, la queue se, assez )il qui les terreux, •isâire en enls inci- des pieds RONGEURS MURIENS. CAMPAGNOLS. 183 de devant est presque nul. La longueur du rat d'eau est^de six pouces trois lignes pour le corps, et de trois pouces quatre lignes pour la queue. Les jeunes sujets sont d'un gris terreux, plus clair que celui des adultes et presque uniforme. CAMPAGNOL DES CHAMPS, l^mmus atvalis. Il est commun dans les campagnes de toute l'Europe , et devient souvent un véritable fléau par son extrême multiplication. Un peu avant la moisson , les campagnols de cette espèce coupent la tige des céréales pour en faire tomber l'épi; cette nourriture venant ensuite à leur manquer, ils dévorent les jeunes trèfles , et à l'approche de l'automne ils recherchent , surtout dans nos pro- vinces du nord, les champs de carottes qu'ils dévastent; puis, lorsque Fhiver commence, ils se réfugient en grand nonibre dans les meules de blé. Quelquefois ils sont rares, ce qui arrive sur- tout pendant les étés trop secs ; d'autres fois au contraire ils sont nombreux à Tcxcès. On a essayé plusieurs moyens pour les détruire. Une excellente pratique, pour plusieurs fermiers, consiste à former dans les campagnes , au moyen d'une tarière en fer , un grand nombre de trous ronds de quatre pouces de diamètre sur un pied de profondeur ; les campagnols y tombent et ne peuvent en sortir; on fait la ronde une fois par jour pour les tuer et réparer les brèches qu'ils 184 MAMMIF^.RES. — RONGEVRS. ont pu faire. Ce moyen permet de prendre encore dilTérenles autres espèces de petits mammifères. Ces animaux ont quatre pouces dix lignes en- viron de longueur totale, y compris la queue, qui a treize lignes seulement; leur pelage est d'un jaunâtre plus ou moins gris en dessus, et blanc ou blanchâtre en dessous ; les oreilles sont plus grandes que le poil. CAMPAGNOL FAUVE , ArvicOÎQ fulvUS. C'est une espèce assez voisine de la précé- dente , et qu'on a indiquée dans plusieurs localités de la France, ainsi qu'en Belgique; ses oreilles sont plus petites que celles du campagnol des champs, et sa queue atteint à peine le tiers de la longueur du corps , qui lui-même a trois pouces deux lignes. Ce petit animal se creuse des galeries au bord des ruisseaux. On distingue encore plusieurs espèces de ce genre , parmi lesquelles nous signalerons le cam- pagnol économe (Jemmus œcouomui) , qui est plus spécialement de Russie et de Sibérie , mais que l'on observe quelquefois en Allemagne, en Suisse et même en France ; il recherche les champs de pommes de terre , et se fait remarquer par l'art avec lequel il construit sa demeure , par les maga- sins nombreux qu'il destine à sa réserve, et par les voyages lointains qu'il entreprend fréquem- ment, traversant par troupes innombrables di- RONGEURS MrRIK>iS. — CHINCHILLAS. 1R5 verses parties du nord de l'Asie et de l'est de l'Europe. LES CHINCHILLAS et LES VISCACHES. Jusque dans ces derniers temps, Tliistoire des chinchillas et celle de la viscache , qui n'en diffère que sous quelques rapports peu importants, a été fort peu connue ; on peut dire qu'on l'a pres- que entièrement ignorée; et, quoique les dé- pouilles de ces animaux arrivassent tous les ans par milliers en Europe , on avait sur leur organi- sation et leurs mœurs des données si vagues , que c'est à peine si l'on connaissait à quel ordre ils devaient être rapportés. On se décida néanmoins à les placer parmi les rongeurs ; mais quand on voulut déterminer quel rang ils devaient prendre dans la série de ces mammifères , on ne put y parvenir, et on commit une foule d'erreurs; c'est ainsi qu'on les prit successivement pour des rats, des gerboises, des marmottes > des lièvres et des agoutis. Envisagés dans leur forme extérieure, les callo- mys ont quelque chose du port des lapins , et Ton est tenté de les en rapprocher; l'étude de leur organisation intérieure confirme cette manière de voir, qui semble donc mériter l'approbation; les lapins ont plus de dents que les callomys , puis- qu'ils ont vingt molaires , mais ils ont même dans ^It 186 MAMMIFÈRES. — RONGEURS. leurs dents quelque chose du caractère de ces animaux. On ne trouve de callomys que dans TA^ mérique méridionale. CHiNCiiLLA , Callomys laniger (Pl. VIII -^ : ^i Le chinchilla est long de quinze pouces environ, depuis le hoât du museau jusqu^à Textrémité de la queue ; sa couleur est d'un brun gris, ondulé de blanc à la face supérieure du corps et très-clair en dessous; son poil est extrêmement fin et très-doux au toucher ; il est assez long , mêlé et très-soyeux. Le port des chinchillas ressemble à celui des lapins, mais leur queue est plus courte, et leurs oreilles sont évasées, arrondies et nues.i La tète de ces animaux est à peu près celle d'un écureuil ; elle en a toute la vWacité, les moustaches qu'on voit sur ses joues sont composées d'une trentaine de poils inégalement longs, les uns blancs, les autres noirs, et dirigés obliquement sur les parties latérales. Les chinchillas habitent par familles les monta- gnes, dans lesquelles ils se pratiquent des terriers nombreux et profonds. La peau de ces animaux est précieuse pour les fourreurs , et c'est pour l'obtenir qu'on leur fait une chasse si meur- trière à Goqunnbo ; elles sont fréquemment em- ployées en Ewrope. On les y io^porte de Val- paraiso et de Santiago; celles qui proviennent du Pérou sont expédiées des parties orientales '! Vin. RO^fCEURS MURIKJIS. — ClIIJICniLLA». 187 dosAndos à Biiônos-Ayrrs, ou bion envoyées à Lima. Gomme on leur reiranehe, pour les em- baller plus commodément, toutes les parties inutiles aux Tourreurs , c*est- à-dire la queue , les pattes, les oreilles et les dents, il est Tacile de s'expliquer pourquoi les naturalistes ont été si longtemps incertains sur la nature de Tanimal auquel elles appartiennent. Les premiers indivi- dus vivants que Ton ait possédés en Europe n'y ont été reçus que vers 1830 , et ils ont permis de donner sur leur espèce des renseignements plus complets. On a pu reconnaître sur ces individus combien leur espèce est voisine de celle des lapins, dont ils ont la démarche et les appétits; mais leur intelligence était beaucoup moins obtuse; ils étaient gais, quoique captifs, et cherchaient toujours à sauter, à fouir, etc. Les fourrures dans lesquelles entre la peau des chinchillas sont très-chaudes et aussi très-belles, cependant il parait qu'on en fait un moindre usage aujour- d'hui, car les peaux qu'on vendait il y a une dizaine d'années vingt ou vingt-cinq francs , n'en valent plus maintenant que cinq ou six. Les an- ciens Péruviens , beaucoup plus industrieux que ceux de nos jours , fabriquaient , avec la soie de ces pelleteries, des couvertures et des étoffes très-précieuses. 'à^ ï t I i *!■ il ^'1 II 188 MA1llllFf:RR8. — RONGRUM. viKkcut, Callomytviteaccia* Les viscachcs no se roncontront qiio duns les plaints; elles se creiisenl des terriers profonds, mais qui n'ont jamais qu'une entrée. Assez ordi- nairement on trouve réunies dans un même lieu plusieurs Tamilles , dont les terriers , rapprochés les uns des autres , représentent une sorte de vil- lage souterrain. Elles sont communes dans une grande partie de TAmérique du sud, et il est im- possible, dans plusieurs provinces, notamment dans celle de Buenos-Ayres , de faire un quart de lieue sans rencontrer une famille de viscaches; souvent même la campagne est criblée partout de leurs terriers. Ces animaux ont la singulière habi- tude de réunir sur le bord de leurs trous les osse- ments , les morceaux dr bois et en général tout ce qu'ils trouvent épnrs sur le sol, en sorte que si Ton perd quelque objet dans la campagne, on est presque sûr de le retrouver à Tentrée d'un de leurs terriers. Cependant les viscaches ont soin d'étendre et d'aplanir les terres de leur trou , et d'empêcher qu'il ne se forme un monticule au- tour. Elles ont constamment le plus grand soin de Jeur domicile. Si une viscache vient à ,»''tir dans son terrier les autres individus d . ^ ..iii :^e £'empressent de la porter au dehors. Une famille de ces animaux est le plus souvent 4;0tii.*osée de huit à dix individus ; souvent on on RONGBtîflft MIKIRNH. — TIACACHKH. 189 en trouve réuni» un plus gruiit^ ntmibnv RHsrn- tiolleni II Holiluire» , ils n'abunduiifirni U>k terriers où ils Honl nés que lorsque des^iri idents ;iii\'|uels ils n'ont pu porter remède les on rh:»»='^ni , «u lorsque la famille, devenue trop nombreuse, \rs oblige à se diviser pour pouvoir vivre. Ils s'ôhn- gnent même à peine de leurs terriers , ef au mo.nd'*^' bruit ils y rentrent. Les Indiens , (ftii <;o ,n.;iS6iiM :/ès-bicn leurs ^nneurs, assurent qii« tout rinintiis qu'ils se montrent ordinairement , ils deviennent néanmoins courageux dans le mo- ment du danger , et se défendent même contre les sarigues , les mouflettes et les autres carnas- siers, t On voit ordinairement les viscaches assises près de leurs terriers, comme les lapins. Elles marchent aussi en sautant à peu près de la môme manière , c'est-à-dire en avançant à la fois les deux membres postérieurs après la partie anté- rieure ; leur démarche est assez rapide , et tous leurs mouvements sont très-vifs. Elles ont divers cris : lorsque quelque chose les effraie , on les en- tend dans leurs terriers exprimer leur frayeur par des sons rauques imitant une espèce de roule- ment ; quand elles sont surprises hors de leur trou, elles jettent , en se sauvant, un cri aigu. Elles se nourrissent habituellement de plantes légumineuses et de graminées , principalement de ces derrières , et d'une espèce de luzerne qui 1 I I l ! Il 190 MAMMIFÈRES. — RONGEURS. abonde dans les Pampas : mais lorsqu'elles habi- tent dans le voisinage des jardins , elles y causent de grands dégâts; aussi les cultivateurs leur font- ils une guerre cruelle. La chair de la viscache est blanche et très-déli- cate ; cependant les Américains la dédaignent assez ! :énéralement. Leur peau est employée comme fourrare , et on les chasse pour se la pro- curer et aussi pour diminuer le nombre des vis- caches, qui ne sont pas sans faire beaucoup de ravages. Les viscaches , les chinchillas et les lagotis habitent l'Amérique méridionale. Il parait que le genre hapalotis, qui est en Australie un des re- présentants de Tordre des rongeurs , appartient aussi à ce groupe ; mais on ne trouve pas d'animaux de leur sorte en Asie y non plus qu'en Europe et en Afrique. ' LES ORYCTOMYS. Ce sont d'autres rongeurs assez semblables aux campagnols par leur port, et qui rappellent aussi quelques animaux d'Asie et de l'Europe orientale que l'on a nommés rats-taupes. Un de ces rats- taupes est remarquable par la petitesse de ses yeux , qui sont tout à fait inutiles à là vision et cachés sous la peau ; c'est le zemmi ou rat-taupe aveugle. lî a , comme les autres espèces de son genre , six dents molaires seulement à chaque I RONGEURS MURIENS. — CAPROMYS. 191 mâchoire ; mais les ory<'tomys en ont huit , quatre de chaque côté. Parmi eux il importe de reconnaître les rats à bourses , dont trois espèces vi\ent dans T Amérique septentrionale. On les a nommés ainsi , à cause des sortes de poches très-dilatables qui communiquent avec leurs joues , et dans lesquelles ils mettent en ré- serve une partie de leur nourriture. Ces rats à bourses , que Linnîeus appelait mux bursariitx , vivent aux États-Unis , en Floride, en Géorgie, en CaliCornie , et au Mexique ; ce sont des ani- maux terriers , dont la taille surpasse de quelque chose celle du rat noir. 1 1 LES CAPR05TYS. Ceux-ci sont aussi des rongeurs muriens , à huit molaires à chaque mâchoire , ces dents étant pourvues de rubans d'émail à replis sinueux. Les capromys sont de la taille d'un lapin ; on en con- naît quatre espèces , dont une est de Saint-Domin- gue , les trois autres étant particulières à Cuba. Ces dernières sont les seuls mammifères terrestres propres à Tile dont elles sont originaires. Elles constituaient le seul gibier qui fût à Cuba lors de la découverte de cette île. Les capromys reçoi- vent des colons le nom d'utia. L'un d'eux (Pl. VIII — 2) a des formes plus trapues que les au- tres ; il est brun , avec le dessous du cou blan- châtre sale : c'est Yutia congo des Espagnols. «» î *: 4i . 'tii i< \\ 192 MAMMIFÈRKS. — RONGEURS. LKS CASTORS, 6^a*/or( Pl. Vil — U). Les castors se distinguent de tous les autres rongeurs par leur queue aplatie horizontalement comme une rame , et rouverte d'écaillés embri- quées , qui rappellent celles des poissons. Ce sont des animaux de taille assez forte et dont les formes sont lourdes et ramassées ; leurs dents sont au nombre de vingt ; leurs doigts de devant , courts à proportion de ceux de derrière, sont armés d'on- gles propres à fouir , et ceux de derrière sont palmés , c'est-à-dire réunis entre eux par une membrane ; enfin , on trouve sous la queue de ces animaux deux grosses glandes dont les canaux excréteurs aboutissent dans des replis cutanés et y versent une sorte de pommade , d'une odeur très-forte , qui est employée en médecine sous le nom de castoreum. Il existe des castore en Eu- rope ot même en France, aussi bien qu'en Amé- rique et dans le nord de TAsie. Tous sont de la niéme espèce ; leurs mœurs offrent seules des différences dans ces diverses contrées. Tout le monde a entendu parler de l'instinct presque mer- veilleux qui porte les castors à se construire des habitations; ceux d'Amérique sont surtout remar- quables par leu?* habileté. En Europe, ils creu- sent des terriers voisins des cours d*eau , mais ils ne construisent pas. La nourriture principale de "» ^ RONGEURS MrRIK>S. — CASTORS. lO.*^ ces animaux consiste en écorce (farbros, tels que le bouleau , le saule, etc., et en racines de cer- taines plantes aquatiques. Lescaslors , dontlc pelage est ordinairementd'uu brun roussàtre uniforme , mais quelquefois d'un beau noir, et d'autres fois blanc, sont pourvus, en très-grande abondance , d'un duvet grisâtre , moelleux et d'une finesse extrême , qui reste caché sous ses poils longs et soyeux, et est enduit d'une humeur grasse qui Tempèche de prendre l'eau , et produit une grande chaleur. Mais celte four- rure , qui leur est si utile , devient souvent la cause de leur destruction , car elle est irès-recherchée dans le commerce , et , pour se la procurer , on fait aux castors une chasse des plus actives. Les peaux des castors ont en effet un prix assez élevé. On les emploie comme fourrure et aussi pour la fabrication des chapeaux de feutre. Les plus belles sont celles des animaux tués en hiver et dans les parties les plus septentrionales de l'Amé- rique. Une peau fournit environ une livre un tiers de duvet, lequel vaut actuellement en France deux cents francs la livre. L'importation de ces peaux s'est élevée quelquefois à environ cent cin- quante mille en une seule année. Auprès de ces animaux nous devons signaler les coûta ou myopotames , qui sont de l'Améri- que méridionale , et ont les dents et les pieds des castors , mais dont la queue est grêle et arrondie. P M 9 i :«' il 194 MAMMIFKRES. — HONGEUHS. Leur duvet est souvent employé à la place de celui des castors. '•'■■. ■ à, ■ LES POiics-ÉPics, //y«/ri> (Pl. Vin — S). . Le genre des porcs-épics comprend plusieurs espèces des deux continents ; mais une seule habite l'Europe, et elle ne se rencontre que dans les contrées tout à fait méridionales : elle est aussi de Barbarie et d'une partie de l'Inde. Cet animal est long d'environ deux pieds ; sa démar- che est lourde, et les piquants qui couvrent la par- tie supérieure de son corps sont très-acérés et fort longs ; chacun d'eux est régulièrement annelé de noir , de brun et de blanc , et sur la nuque et le cou s'élèvent de longues soies raides, qui forment une crinière. Le porc-éplc creuse des terriers et se nourrit d'aliments végétaux; il s'introduit par- fois dans les fermes et fait des ravages plus ou moins grands dans les vergers ; il hérisse ses pi- quants lorsqu'on l'irrite , et cherche à s'en faire une défense, mais il ne les darde pas contre ses ennemis, ainsi qu'on l'a dit à tort. C'est un animal essentiel- lement terrestre. Le même groupe comprend une espèce américaine , appelée coendou, Jt qui est organisée pour grimper. Celle-ci , dont les pi- quants sont noirs et blancs vers leur moitié supé- rieure, et d'un beau jaune soufré à leur base , a la queue prenante , ce qui lui permet de se tenir avec RONGEURS LÉPORIF.NS. — LIÈVRES. 195 facilité dans les arbres , au milieu desquels elle habite. § III. j / RONGEURS LKPORIENS. LES LIÈVRES, LepUS. Le lièvre et le lapin sont , comme on le sup- pose bien , deux espèces d'un même genre , mais chez lesquelles les mœurs présentent quelques particularités tout à fait caractéristiques. Animal de plaine et essentiellement coureur , le lièvre ne se . "'ise point de terrier , comme le lapin ; il se contente d'un gîte dont il change la position sui- vant les diverses époques de l'année. Les lièvres se rencontrent dans presque toute l'Europe ; dans le nord ils ne sont pas moins communs que dans le midi. Les lapins sont, au contraire , des pro- vinces méridionales ; ils ne s'avancent point vers le nord, et on les suppose originaires d'Espagne et de Barbarie. Ce sont des animaux fouisseurs, qui préfèrent les bois aux plaines , et qui se reti- rent dans des terriers plus ou moins grands qu'ils se creusent à la surface du sol. Les lapins ont , comme les lièvres , des dents molaires , au nombre de six à la mâchoire supérieure, et de cinq à l'in- férieure, ces dents ayant, dans les espèces de col- ! 196 MAMMIFÈRES. — RONGEURS. linos transversos qu'on remarque à leur surface, un caractère particulier. .loignez-y que, contrai- rement à ce que présenlenl tous les autres ron- geurs, les animaux du genre lièvre ont quatre incisives au lieu de deux senh^ment à la mâchoire supérieure, deux plus petites , placées en dedans , et deux plus grandes, visibles en dehors ; que leurs oreilles sont très-longues , et que leur queue est toujours fort courte. La fourrure de ces animaux est employée comme pelleterie : c'est prinr'ipalement dans la fabrication des chapeaux de feiitre qu'on fait le plus grand usage de leurs poils. Le duvet qui s'y trouve mêlé en grande abondance a , de même que celui du castor et de beaucoup d'autres mammifè- res , la propriété de se pelotonner et de se feutrer très-solidement. Le poil du lapin ne sert que pour le feutre le plus commun ; celui des lièvres donne des produits beaucoup plus beaux , principale- ment dans les individus des pays froids. ' :^' - § IV. î.-v H ^ v RONGEURS CAVIENS. Nous terminerons cetle énumération, déjà longue, quoique fort abrégée, des genres nom- breux qui composent l'ordre des mammifères RONGEURS CWIKNS. i97 rongeurs, par qucUiuos mots sur les eabiuis, cavia, dent on a fait une famille sous le nom de caviens. On distingue plusieurs genres parmi les eabiais; tels sont ceux des agoutis, des eabiais propre- ment dits , des kerodons et des pacas. Les agoutis ont les formes plus élancées que les autres , et leurs dents rappellent celles des porcs-épies ; ils sont d'Amérique , ainsi que tous les animaux de la même famille. Quant aux eabiais ordinaires , con- nus sous le nom d'aperea, ils doivent surtout nous occuper, parce que c'est d'eux que provient le petit animal domestique connu en Europe sous le nom de cochon d'Inde. L'aperea est gris-rous- sâlre sur le dos , et blanchûtre en dessous , il a sept ou huit pouces de longueur; c'est un animal timide , qui se nourrit de substances végétales et vit en société dans de petits terriers. On trouve l'aperea au Brésil, au Paraguay et jusqu'en Patago- nie. Peu intelligent, cet animal est loin cependant d'être aussi stupide que les c ychons d'Inde, ses descendants domestiques. Ceux-ci , que leurs rapports avec l'espèce humaine ont tellement fait varier de couleur , sont doux par tempérament , dociles par faiblesse, et presque insensibles à tout, ils ont l'air d'automates, faits seulement pour figurer une espèce. ■*'' i l'f 198 ORDRE DES GRAVIGRADES. f i' CHAPITRE T. ORDHE DES GRAVIGRADES. i(» i r II )! Le nom sous lequel sont compris ces animaux indique la lourdeur de leurs mouvements et Tun des traits les plus caractéristiques de leurs al- lures; touS; quoiqu'ils soient peu nombreux, sont remarquables par leurs grandes dimensions. Ce sont les éléphants et les lamantins d'une par^, les dugongs et les stellères de l'autre. Rien , au premier aspect, ne paraîtra plus disparate que cette réunion dans un même ordre des éléphants et des lamantins ; les uns ont eu effet une trompe, et leur corps est supporté par quatre membres ; tandis que les seconds, privés de la trompe des élé- phants , ont dans la forme de leur corps beaucoup d'analogie avec les cétacés, et manquent, ainsi que ces derniers, de membres postérieurs. Mais, à vrai dire, ce sont là des différences qui tiennent à la nature du milieu que ces animaux habitent. ORDRE DES GRAVIGRADFS. 199 et si Ton vient à analyseï* les autres parties, môme les plus importantes, de leur organisme, on verra que les lamantins sont à tous «égards in- timement liés aux élépliants, et que, comme nous l'avons déjà o.<, on ne saurait les comparer aux cétacés, bien qu'ordinairement on les con- fonde avec eux sous cette dénomination. Ils ont dans la disposition de leur crûne divers traits par- ticuliers à eux seuls et aux éléphants; leurs dents, ainsi que chez ceux-ci, sont do deux sortes seulement (molaires en nombre variable et inci' sives au nombre de deux à Tune et à l'autre mâ- choire). Plusieurs autres dispositions communes dans le tube digestif, la nature de la peau , des ongles, etc. , confirment le rapprochement qu'un naturaliste moderne a fait des éléphants et des la- mantins , et ces deux sortes d'animaux doivent donc constituer dans un même ordre deux fa- milles, dans Tune desquelles entreront les élé- phants ou les gravigrades terrestres, et dans l'autre les lamantins et les dugongs ou gravi- grades aquatiques. On retrouve dans le sein de la terre des débris de plusieurs espèces ayant appartenu au même groupe que ces animaux. Les plus connus sont les mastodontes ou mam- mouths et les dinothériums. Ceux-ci sont sur- tout remarquables parce qu'ils semblent tenir en même temps des éléphants et des lamantins, et ceux-là en ce qu'ils sont du nombre des fossiles il S I II 1'^ il 1 1 i 200 MAMMIF^.RES. — (iRAVICRADES. dont il a ôU' le pliisais('* :\ roconnaltrc la vériiablo nature bien qii'ils soient de races aujourd'hui éteintes. LES é:i.^:phants. Le nom dN'léphant n'est pas, comme le pen- saient les au(Mens auteurs , celui d'une seule espèce de mammifère ; car , sans parler des cli'»- phants fossiles et des mastodontes, dont les diver- ses espèces ont également disparu de la surface du sol, il est bien démontré depuis Camper qvo réléphant d'Asie et d'Afrique, s'ils sont animaux du même genre, ne sont certainement pas de la même espèce. Ces mammifères se distinguent en effet l'un de l'autre par plusieurs particularités notables. Nous ne donnerons pas leurs caractères communs, que tout le monde connaît ; mais nous essaierons de faire savoir comment ils diffèrent l'un de l'autre. On ne trouve, comme chacun sait, les éléphants qu'en Asie et en Afrique. Dans cette dernière contrée , ils sont répandus depuis le sud jusqu'aux confîns de la Barbarie ; mais ils n'habitent de la première que les parties méridio- nales, ainsi que les grandes îles de la mer des Indes, Sumatra, Bornéo, Ceylan. Ces animaux se distinguent surtout entre eux par la forme de leur tête et celle de leurs oreilles , ainsi que par la nature de leurs dents. ÉLÉI>HA?IT d'asiE. 201 ^L^PHA!. lU'xistesur lo coiitimMit depuis riiidiisjiisqua la mer Orientale et dans les grandes lies qui sont au sud de Tliide. Sa tète est ubiongue, sun Iront, concave sur le milieu et bombé de chaque coté; ses oreilles sont moins grandes (|ue celles de Tespècc africaine et plus écartées entre elles ; ses dents sont molaires , marqu(>es de rubans trans- verscs d'émail, qui donnent à la coupe de lames qui les composent ime forme particulière. D'ail- leurs , 1 éléphant d'Asie présente les mêmes for- mes de corps et de membres que celui d'Afrique; sa peau est de même rude et à peu près nue, son nez est prolongé en une énorme trompe dont il se sert avec beaucoup d'adresse , et ses pieds sont également plantigrades, les doigts, au nom- bre de cinq , étant enveloppés dans la masse des chairs jusqu'à leur dernière phalange inclusive- ment. La couleur ordinaire des ^iléphants d'Asie est d'un gris terreux passant au brun; cependant lorsque leur peau est humide, et, par exemple, qu'ils viennent de se baigner, on aperçoit sur plusieurs parties de leur corps, et particulière- ment sur la trompe , à son origine , des taches blanches légèrement teintes de couleur de chair ; les poils sont de la couleur générale de la peau. Chez quelques races d'éléphants , que les Malais 'il l'M 't in i \ k tîOîi MAMMIF<-:RE». — GRAVIGHADKK VI les Indiens esliinont de pruftTeniu' et auxquels ils ueeordenl parl'uis les hbr.àt. urs divins, lu cou- leur est eniièremenl d'un blanc ruse. La teinte que piennent alors ces animaux est le n'^sultat d*une maladie semblable à celle qui produit les albinos dans Tespècc humaine. S(;lon certaines peuplades des bords du Gange, les ëK'phants blancs sont animés par les 'àmc^ d'anciens rois. On sait que les princes de Siam , du Pégou et de diverses autres contrées , placent dans leur titre celui de |)Ossesseur de I éléphant blanc ; ils logent ce respectable mammilère dans leur palais et le font servir avec magniflcence par un nombreux domestique. Les défenses de Téléphant des Indes sont assez courtes, et c'est chez les femelles qu'elles arrivent aux moindres dimensions. Cependant il y a des mâles qui ne les ont pas plus longues , mais on en ignore la raison. On appelle ces derniers mookna. Ceux qui ont de longues défenses se nomment dauntelah , du mot daund, qui est le même que le mot dent. Il y a une infinité de variétés parmi les daunte- lahs, par rapport à la direction et à la courbure de leurs dents ; les plus estimés sont ceux où elles approchent le plus de la direction horizontale. Les princes indiens ont aussi un respect superstitieux pour les dauntelahs qui n'ont qu'une défense, comme cela arrive quelquefois. V n ^:LÊiMiAxr d'a.hie. 20^ Malgré la grosseur (!•' s;* musso, IN'h'phnnt ne manque pas de légncie dans ses inouvtMnents ; il a un trot assez prompt, et atteint aisément un homme à la eourse ; iiuiis connue il ne peut se tour- ner rapidement, on lui échappe en se portant do côté. Il remue les oreilles en courant , et on a pré- tendu qu'il les emploie quelquefois pour se diri- ger. Il a peine à descendre les pentes trop rapides, et il est obligé de ployé:* alors ses pieds de der- rière pour ne pas être emporté par la masse de s tète et de ses défenses. Le corps de cet animal étant plus léger que Teau , il traverse très-aisément les rivières à la nage , et n'a pas besoin, comme disent les anciens, de marcher sur le fond en élevant sa trompe vers la surface pour respirer. Il préfère les lieux humides et couverts, ainsi que le bord des fleuves, à tout autre séjour; l'ex- cès du chaud ne le fait pas moins soufl'rir que celui du froid; sa nourriture principale consiste en herbes , en racines et en jeunes branches ; mais il aime par-dessus tout les fruits et les plantes su- crées , comme la canne à sucre et le maïs. L'instinct naturel des éléphants les porte à la société ; ils se tiennent en grandes troupes dans l'intérieur des forets, dont ils sortent rarement; ces troupes ou hordes comprennent depuis qua- rante jusqu'à cent individus de tout âge et de tout sexe, et sont conduites par l'un des plus .4 i . ^i' ! I 1 • ; 111 m 20^4 MAMMIFÈRES. — GRAVIGRAnES. vioiix et (les plus vigoureux individus qui les com- posent. Les plus jeunes et les femelles sont places au milieu et protégés par les mâles. On voit aussi quelques éléphants solitaires ; les Indiens les nom- ment grondahs, ces éléphants marrons ou gron- dahs sont plus dangereux que les autres. , Les éléphants ne se reproduisant pas en capti- vité , tous ceux que l'on emploie ont commencé par être sauvages. On prend aux Indes les éléphants de deux ma- nières, en troupes ou isolés; une troupe entière doit être attaquée par un grand nombre dMiommes armés, qui se placent en cercle autour d'elle, reffraient par le bruit des tam-tams , des armes à feu et par Téclat de la flamme , en même temps qu'ils se prêtent mutuellement secours pour em- pêcher les éléphants de s'échapper de tout autre côté que celui où ils veulent les conduire. De la sorte, on fait entrer ces animaux dans une enceinte préparée, fermée de larges fossés et de palis- sades composées d'arbres plantés profondément et soutenus par des barres transverses et par des arcs-boutants ; l'entrée de cette enceinte est gar- nie de feuillage et ressemble , autant qu'il est pos- sible , à un sentier ordinaire de forêt. Cependant l'éléphant qui est à la tête de la horde hésite long- temps avant de s'y introduire ; mais une fois qu'il y a mis le pied , tous les autres le suivent, comme on voit ".ir nos côtes des troupes de dauphins lî I ÉLÉPHANT d'asIE. 205 donner iuéviuiblcment dans iVcucil où leur guide vient d'écbouer. Après que la troupe des éléphants est tombée dans le piège qui lui était tendu, il s'agit de les isoler pour les dompter. Des cris , des flambeaux , le bruit di's instruments les arrê- tent dans tous les efforts qu'ils tentent pour passer le fossé H renverser la palissade. On leur donne leur nourriture sur un échafaud placé près de rentrée d'un couloir, dans lequel on les attire de cette manière un à un , et qui est assez étroit pour qu'ils ne puissent s'y tourner. Dès qu'un d'eux est entré dans ce couloir, la porte est fermée, et l'animal arrêté devant et derrière par des traver- ses qu'on lui oppose aussitôt ; on prend ses pieds dans des nonids coulants , on lui enlace les jambes, : etc., et on ne tarde pas à dompter sa fureur. Il ne faut pas tant de préparatifs pour prendre les éléphants isolés , et , de quelque manière qu'on se soit rendu maître de ces animaux, leur éduca- tion est la même. On les livre à des gardiens assistés de quelques valets, qui les habituent à l'es- clavage par un mélange de caresses et de menaces , en les grattant avec de longs bambous , en les aspergeant d'eau pour les rafraîchir , en leur don- nant ou leur refusant la nourriture. Quelquefois aussi on a recours aux châtiments , et on les frappe avec des bâtons garnis d'une pointe de fer. Le maître s'approche ainsi d'eux par degrés jusqu'à ce qu'enfin l'éléphant qu'il a choisi lui permette 9 1*1 ; i il ! % I ?06 MAMMIFKRER. — GRAViGRADES. de monter sur son cou , partie de laquelle on diri- ge facilement les mouvements de ces animaux. Il fout environ six mois pour en venir à ce point de docilité ; cependant on ne peut jamais compter sur une parfaite réussite , car, lorsqu'un éléphant qu'on croyait bien apprivoisé veut s'enfuir , tous les elforts de son conducteur ne peuvent Tarréter. L'éléphant est un des animaux les plu& utiles que l'homme ait domptés ; sa force est prodi- gieuse ; il porte jusqu'à deux milliers, il tire des ftirdeaux que six chevaux pourraient à peine ébranler; il fait, sans fatigue , quinze ou vingt lieues par jour, et, lorsqu'on le presse , il en fait plus de trente. Tout le monde sait qu'on l'em- ployait autrefois à la guerre , qu'on le chargeait de soldats , et qu'on lui accordait une place impor- tante dans les batailles. Aujourd'hui encore on le monte dans lâchasse au tigre et au lion ; et, bien qu'il craigne le feu , et que les détonations l'ef- fraient parfois , il ne laisse pas de rendre d'im- portants services; il est dans l'Inde d'un usage journalier pour le transport des fainleaifr , il y est aussi fréquemment employé comme monfeure de voyage. L'espèce importtmte qui nous occupe est con- nue des Européens depuis assez longtemps ; nrais elle ne l'était pas encore du temps d'Ifomère. Le chantre d'Achille parle souvent de l'ivoire , mais sans savoir quel animal le produit. Hérodote a, le étÊPHANT D*AFRÏQVE. 207 premier, indiqué que cette suhsianre est la deni de l'éléphant. Les premici*s Grecs qui virent cet animal , furent Alexandre et ses Macédoniens, qui eurent à en combattre dans Tarmée de Porus. Il Tout qu'ils les aient souvent observés , car Aristjote en donne une histoire fort détaillée , et beaucoup plus exacte que celle qu'ont écrite divers auteurs modernes. C'est de l'éléphant indien que BufTon a surtout parlé dans la belle description de son Histoire Naturelle. Cette espèce habite l'Asie orientale et une grande partie de l'Asie méridionale , la côte de Malabar, les royaumes de Bengale, d- Arakan, de Pégou , de Siam et quelques provinces de l'empire chinois ; on la trouve aussi dans les grandes îles avoisinantes: Ceyian , l'archipel de la Sonde et Ce- lèbes. ÉLÉPHANT d'afrique, E^epfta^ a/Vtcanu«. L'éléphant d'Afrique , dont la première bonne description est due à Perrault, a la tête plus ar- rondie, moins large en dessus ; son front est moins bombé et ses oreilles sont beaucoup plus grandes et plus rapprochées par leur bord interne ; ses dents molaires offrent aussi une autre disposition , et ses défenses sont plus fortes. L'éléphant d'Afrique diffère assez peu , quant aux mœurs , de celui d'Asie, mais il n'est plus au- jourd'hui domestique, et on le chasse plutôt pour 208 MAMMIFÈRKS. — r.RAVIGRAI>KS sa chair , qui est bonne à manger , et pour ses (W^ i'ens(s,qui sont recherchées dans h» «'ommerce, que pour toute autre cause. Cet ('h'phant habile toule l'Afrique australe : on le trouve à hi côte de Mozambique, au S(''nëgal ; mais on ignore les régions qui limitent présente- ment sa patrie au nord. (Pl. VHî — 5). LES LAMANTINS. Ces animaux (Pl. VIII — 7) habitent les eaux de la mer , et se tiennent de préférence à Tembou- chure des grands fleuves et au milieu des archi- pels; leur régime est herbivore, et leurs dents molaires , au nombre de sept ou huit de chaque côté , sont , pour nous servir de l'expression usi- tée, à collines transverses; ils n'ont d'incisives que dans le très-jeune âge. C'est parce qu'ils pais- sent l'herbe comme les ruminants que les voya- geurs les ont souvent désignés sous le nom de bœuf, devticheoude veau marin. Les lamantins ont des vestiges d'ongles aux membres antérieurs , les seuls qu'ils présentent ; ces membres ont avec des mains une ressemblance grossière ; et comme les lamantins s'en servent avec assez d'adresse , on a .upposé que c'est à eux que ces animaux doivent leur nom vulgaire de manates ou mattati dont on a fait iamaritin. Les mammifères de ce genre fré- quentent les côtes occidentales de l'Afrique et u nrcoNGS. ■y 209 colles «lo rAiiHM-iqiu* orienialt»; ils sont doiu* des parages les plus « liands de l'océan .\tlanti(|ue ; ils vivent en troupes et viennent souvent à terre ;ils se laissent l'aciîement approcher, et inontrenl assez de douceur. LES DUGONGS, Ifulicove. Les dugongs diffèrent des précédents par le nombre et la forme de leurs molaires , ainsi que par la présence , à la mâchoire supérieure , de deux fortes incisives, dont ils se servent pour arracher les fucus qui font leur nourriture. Ces animaux manquent de membres postérieurs , ainsi que les lamantins ; on n*en distingue bien qu'une seule es- pèce , propre à la mer des Indes et à la mer Rouge. Dans cette dernière localité , ils ont été connus de tout temps. Les Hébreux les désignaient par le nom de thachasch, et c'était de leur peau que se recouvrait leur arche sacrée. Les Arabes recher- chent les dugongs à cause de leur peau et de leurs dents. "i i «^ ■ .. 2!0 MAMMIFÈRES. — PACHYDERMES. i *^3S88888S$;S^:^S8S8SSSS888S8$888^ CHAPITRE ITI. ORDRE DES PACHYDERMES. ,*. iS ' n II Ltnnacus , qui avait déjà établi la plupart des or- dres que les naturalistes plus récents admettent par- mi les mammifères , avait imposé aux espèces que comprend celui-ci le nom de hrutes, qui convient en effet parfaitement au rhinocéros , au tapir , au co- chon , qui en sont les principales espèces , et même aussi , jusqu'à un certain point, au cheval, bien que, suivant la remarque du Pline français, la plus belle conquête que Thomme ait jamais faite soit celle de ce noble et fougueux quadrupède. Les pachydermes n'ont point les mamelles pec- torales des espèces de Tordre que nous venons d'é- tudier ; ils ont , le plus souvent , des dents de trois sortes , incisives , canines et molaires , et leurs pieds sont ongulés , c'est-à-dire que chacun de leurs doigts , lorsqu'il est complet , est enveloppé par son extrémité dans un ongle de l'espèce dite ^ss^ des or- entpar- îces que convient r,auco- et même al, bien içais, la ais faite pède. Iles pec- lons d'é- , de trois et leurs lacun de aveloppé pèce dite TAPIRS. 211 sabot ; tel est le cas du cheval , qui n'a qu'un seul sabot à ciiaque pied , et que pour cela on a nommé solipètie , mot qui n'exprime pas précisiMneiit cette manière d'être ; tel est aussi le cochon , qui a quatre sabots pour chaque membre. Pachyderme signilie pean épaisse ; c'est donc un mot qui convient par- faKement aux espèces auxquelles on l'applique. Presque toutes habitent des marécages; elles sont omnivores et voraces ; leur malpropreté est sou- vent excessive, et plusieurs sont d'un caractère brutal et souvent même farouche. La grande force de plusieurs pachydermes les rend d'ailleurs foi t redoutables et leur permet de résister aux enne- mis les plus vigoureux , et souvent même d'atiâ- quer avec succès les animaux qui leur sont incom- modes. D'autres, plus faibles, comme les pécaris ou sangliers d'.\mérique , se réunissent en troupes nombrenses , et trouvent une force non moins grande dans leur association. LES TAPIRS , TapÎTUS. Des trois espèces qui composent ce genre , deux sont américaines , et la troisième vit dans l'Inde; Les tapirs sont, à peu de chose près, de la taille de nos cochons domestiques ; ils ont un boutoir fort allongé et mobile comme une petite trompe ; tous préfèrent les pays montueux (Pl. IX — 3). 8? r «Il r i ri f\ \ i I I i 212 MAMMIFÈRES. — PACHYDERMES. LES RHINOCÉROS, RhinocèroH. Ils sont tons de l'Ancien-Mond*^. On er. connaît plusieurs espèces ; il en est qui ont une conie (Pl. IX — 1 ) , d'autres qui en ont deux , et quelques- uns qui iiVn ont pas du tout. L'Afiique australe et centrale, l'Inde et les îles de la Sonde, sont les seules contrées où vivent les rhinocéros. Ces ani- maux, dont le nom veut dire corne sur le nez, ont étécoimus des anciens; ce sont, avec les hip- popotames, les plus grands des pachydermes, et ce sont aussi sans contredit les plus farouches. La corne de leur nez, qu'elle soit double ou simple, est toujours placée sur la ligne médiane, et ce n'est pas , comme celles des ruminants , un prolon- gement osseux , engainé ou non par un étui corné, mais bien une simple protubérance , résultat de poils agglutinés , et qui dépend uniquement de la peau. On prépare, avec cette partie du corps des rhinocéros , divers ustensiles recherchés en Asie , et auxquels on attribue souvent des vertus mer- veilleuses. Les pieds de ces mammifères sont tous divisés en trois doigts, garnis de sabots très- grands ; leur queue est courte et rudimentaire , et leur peau , sèche , rugueuse et presque dépour- vue de poils, est si épaisse et si dure, qu'elle sem- ble constituer une espèce de cuirasse. Quelquefois elle forme , à la hauteur des épaules , des plis pro- fonds , disposés transversalement ; enfin , ils ont connaît •ne(PL. elqups- trale et sont les >s ani- 'e nez, les hip- •mes , et hes. La simple , !, et ce i proion- i corné, ultat de nt de la )rps des 'n Asie , us nier- ont tous ts très- entaire , dépour- Ue sem- Iquefois )lis pro- y ils ont /'/ /r. . / . 'w/(///t'i-<- ffj t{/uftfi-/if . J -.^■^a^^/a/i t/u C''i/i ■ 3 • ^»i/uf'/fi' •' A/ /frt//>4ty''' i y/'r////,-/,Y.////^y. lii ];' I 1 I ' DAMA^iTS. ^ 21 S à j'haquo mAchoiro , ot «le chaque cMô , sept mA- rliolièics; la in;)('hoin* sii|>oi'i(Miro a une ranimMie rlia(|iio (!oU'' ; le nombre «les incisives varie. I^es rhinocéros sont des animaux d'une force prodi- gieuse et d'une extrême rud(>sse : aussi a-t-on soin d'enchainer fortement tous ceux (|ue Ton tient en captivité. Ontrouveaux Indes trois espèces de rhinocéros, dont une hicorne, et deux ayant une corne uni(pif*. Près de rembouchure du Gange , ou a observé des rhinocéros sans cornes ; mais on ignore s'ils con- stituent une simple varicrté ou une espèce dis- tincte ; en Afrique , il existe aussi des rhinocéros bicornes. LES DAMANTS, IhjrUX. Malgré leur petite taille et leur forme en appa- rence assez éloignée , les damants (Pl. IX — 2) ne doivent point être sépares des rhinocéros ; ils ont en effet , ainsi que Ta démontré le premier G. Cu- vier, tous les traits principaux qui caractérisent ces derniers. Leur grosseur est celle d'un chien basset ou d'un lapin ; ils vivent sur les rochers , dans toute la côte occidentale d'Afrique , ains'i qu'au Cap et en Syrie. H LF,S CHEVAUX, EqUUS. C'est un des genres 'es plus intéressants de 216 MAMMIF^:RKR. — PACnYDKRMES. l'ordre ôv.s pachydt^rmoH , non*!M3ulc>ment à cause de lu forme élégunle et de lu belle rube de plu- sieurs de ses es|)èees , mais aussi à cause des nombreux avantages que Tliomme retire de celles qu'il a (ioiit|)té(;s. Le genre equus se partage en six espèces , trois africaines et trois asiatiques ; lespre- mièressont le zèbre, ledawetleczigitai; lesauires sont le cheval , Tûne et Thémione. L'àneet le cheval sont depuis longtemps domestiques, et les quatre autres , que leur coloration gracieuse doit faire re- chercher avec ardeur , sont également domestiques dans quelques contrées. Espérons qu'ils ne tarde- ront pas à l'être délUiitivement en Europe , où quel- ques-uns ont déjà paru (zèbre, daw, couagga) attelés à la calèche de quelques lords privilégiés ; je dis lords, car, dans l'Europe, ce n*est guère qu'en Angleterre que de riches particuliers ont possédé ces quadrupèdes zébrés. L'hémione , le daw , dont plusieurs individus ont déjà reproduit au Muséum , et dont on a obte- nu des petits à la troisième génération , les Hamas , les kangueroos , dont plusieurs parcs d'Angleterre nourrissent déjà d'assez nombrevx individus, les cerfs de Virginie , les axis , etc. , sont au nombre des espèces étrangères qui pourraient le mieux réussir dans nos climats. Mais revenons aux diverses espèces de che- vaux ; on peut les distinguer en chevaux pro- prement dits et en ânes , suivant qu'elles ont la CHRTAL. 211 qucup comme colli* de TAno , (fest-à-dirc longue ,uu bien i^omnie colle du cheval , c'esl-ù-Uirc courte el garnie de longs poils. Ceux unxqiK^ls le uoin d'Ane conviendrait alors forment le plus grand nombre. Les dents des chevaux et des divei*ses espèc?» d'ânes Cl de zèbres sont au nombre de quarante- quatre : six incisives , deux petites canines à (cha- que mâchoire, quatorze molaires à la supérieure, ot douze seulement à rinfcrieure ; leurs mola'r es, à couronne carrée, sont ntarquées de nombreux replis d'émail. CHEVAL , Equus eahallHt. II ne faut pas, comme généralement on le fait, accorder aux mots race, variété et espèce, une même signification. Le cheval comprend de nom- breuses races , plusieurs variétés importantes , et cependant il constitue une seule espèce. Individus domestiques ou sauvages , nés dans TAncien- ]VI«>nde ou dans les Pampas de TÂmérique du sud , tous appartienmnit :& Hne même es|)èce , dont la patrie primitive parait être la Tatarie. Soumis par Thomme , les chevaux de ces contrées ont été , à mesure que la civilisation a progrès^; , r«>> pandus sur ditîérents points de la surface du globe , et aujourd'hui on possède des ch«-vaux non-seulement en Asie , mais aussi dans toutes les autres parties du monde. Lanaturediveisede cha- cun des climats auxquels ils ont été soumis, elles il lîj 216 MAMMIFJ^IRES. — PACHYDERMES. usugcs nombreux auxquels on les a employés ont fait éprouver à leurs formes et à leurs moeurs d'as- sez nombreuses modifications , quoique cependant ils aient beaucoup moins varie que plusieurs au- tres races d'animaux domestiques; leur couleur et leur taille ont surtout ressenti Teflet de ces in- fluences souvent contradictoires ; aussi les uns ont-ils augmenté en dimensions , tandis que d'au- tres sont descendus beaucoup au-dessous de la grandeur moyenne ; leurs formes ont aussi beau- coup varié selon le genre de leur travail. La do- mesticité de ces mammifères remonte à une épo- que assez reculée : d'après quelques passages de la Genèse y il semble que Ton commençait à les em- ployer en Egypte et dans les parties de TAsie les plus voisines , vers l'époque où Joseph adminis- trait la première de ces contrées , c'est-à-dire il y a environ trois mille six cents ans ; et , d'après les sculptures antiques trouvées dans les ruines de Persépolis , et même d'après les poésies d'Ho- mère , on a lieu de croire que , dans les premiers temps de leur domesticité, on ne les montait pas, mais qu'on s'en servait seulement comme de bètes de trait. Dans les vastes steppes de la Tatarie , berceau de leur espèce , on trouve encore des chevaux sau- vages que l'on appelle trépans ; mais ces animaux n'ont pas entièrement conservé leur caractère pri- mitif, car ils se mêlent continuellement à des indi- CHEVAL. 217 vidus échappes à la domesticité , et la plupait des zoologistes les regardent (peut-être sans |)reu- ves) comme les descendants des chevaux domes- tiques redevenus libres. Lors de la découverte du Nouveau-Monde, il n'y existait aucun animal du genre des chevaux. Le cheval domestique a été importé dans celte contrée à une époque qui ne re- monte guère au delà de trois siècles , et cependant on y trouve aujourd'hui des troupes immenses de chevaux sauvages ; ce sont , comme on le sup- pose pour ceux de la Tatarie actuelle , des indivi- dus qui ont abandonné Thomme : ils y ont repris des mœurs analogues à celles des trépans de l'A- sie , et leur nombre est bien plus considérable. Quoique sauvages , ils sont , comme les zèbres et divers autres , peu difficiles à soumettre ; et s'il en a été de même pour ceux qui ont été les pre- miers réduits en Asie , la conquête a dû s'en faire en bien peu de temps. Pour les prendre , on chasse souvent toute une troupe à la fois , et , en la pour- suivant , on la dirige de manière à la pousser dans un corral ou enclos circulaire , construit avec des pieux plantés solidement en terre ; puis le capi- tan , ou chef de la tribu indienne , monte sur un cheval vigoureux et bien dressé , entre dans l'en- ceinte , ayant à la main un lazo ou longue cour- roie tressée , fixée par une extrémité à la selle de son cheval , et terminée à l'autre bout par un nœud coulant. Le cavalier lance ce nœud autour du cou < il I ti 218 MAMMIFÈRES. — PACHYDERMES. du premier jeune cheval sauvage qui «e présente à lui, et Tentraine au dehors. Au mayen de cordes enlacées autour des jambes de l'animal , on le jette par terre ; on lui met dans la bouche une forte courroie en forme de bride , et on le selle. Un Indien armé d'éperons très-aigus le monte , et on le laisse alors courir. Le cheval fait d'abord des eiïorts in- croyables pour se débarrasser de son cavalier; mais réperon le met au galop y et , ai>rès qu'il a couru pendant un certain temps , il se laisse ramener à l'enclos fatal où il a perdu sa liberté; alors il est dompté. On lui ôte sa bride, et on le laisse aller avec les autres chevaux dcïïiestiques , car, dès ce moment, il ne cherche plus à fuir ni à désobéir à son maître. Dans la Tatarie , on a recours à des moyens analogues. £n France , comme par toute l'Europe , les chevaux domestiques proviennent des haras. Leur production est presque nulle dans tout le midi de la France ; dans les départements du centre , elle est un peu plus cultivée , et elle s'augmente encore vers le nord ; mais elle est pres- que entièrement concentrée dans l'Alsace, la Lor- raine , la Normandie et la Bretagne. Cette dernière province tient le premier rang , et la Normandie le second. La durée de la vie de ces animaux est d'en- viron trente ans , mais ils peuvent être mis hors de service longtemps avant cette époque , suivant que le travail auquel on les emploie est plus ou moins pénible. Les variations qu'ils éprouvent en CHEVAL. 519 vieillissani dans la forme de leurs dents et sur- tout de leurs incisives , sont un excellent moyen poui' reconnaître leur âge. Le poulain, en naissant, est, en général, en- core prive de dents sur le devant de la bouche , et il n'a que deux molaires sur chaque côté et à cha- que mâchoire; mais, au bout de quelques jours , les deux hioisives du milieu ( appelées pinces par les vétérinaires ) se montrent à chacune des mâchoires ; dans le cours du premier mois , une troisième molaire parait également. Vers trois mois et demi ou quatre mois, les deux inci- sives mitoyennes sortent aussi , et entre six mois et li et huit mois , les incisives laté- rales ou i^s coing , ainsi qu'une quatrième mo- laire , apparaissent ; à cette époque , la première dentition ( dents de lait ) est complète , et les changements qui surviennent avant Fàge de trois ans ne dépendent que de T usure de plus en plus profonde des incisives , dont les fossettes , colo- rées en noir par les aliments , disparaissent peu à peu ; de seize à treize mois , les pinces rasent, c'est-à-dire que la vivacité de leur surface s'efface ; de seize à vingt mois , les incisives mitoyennes ar- rivent au même degré d'usure , et de vingt à vingt- quatre mois, les coins rasent à leur tour; à deux ans et demi ou à trois ans , ie travail de la seconde dentition commence. Les dents de lait se recon- naissent à ce qu'elles sont plus courtes, en géné- 220 MAMMIFÈRES. — PACHYDERMES. rai plus blanches , et rétrécies à leur base par la gencive ; les dents de remplacement sont beau- coup plus larges, et ne présentent pas le rétrécis- sement 'ont nous venons de parler, et qu'on appelle le collet i ce sont les pinces qui tombent et qui sont remplacées les premières. A trois ans et demi et quatre ans, les incisives mitoyennes éprouvent le même changement , et les canines inférieures ou crochet» commencent à se mon- trer ; de quatre ans et demi à cinq , les coins se renouvellent aussi; les canines supérieures, loi>s- qu'elles doivent exister, percen* la gencive, et, à la même époque, la cinquième molaire com- mence à paraître. Ces incisives remplacent pré- sentement , comme celles de lait , une dépression en forme de fossette à la surface de leur couronne, et s'usent de la même manière. De cinq à six ans, les pinces de la mâchoire inférieure perdent leur cavité ; Tannée suivante, les incisives mitoyennes rasent à leur tour , et , de sept à huit ans , la mar- que des coins s'efface , la détrition des incisives supérieures se fait dans le même ordre, mais plus lentement. Lorsque ces divers changements sont opérés , les dents ne fournissent plus de signe certain pour indiquer l'âge du cheval , qui alors , en style de maquignon , est hor* d'âge. La couleur et la lon- gueur des canines, qui se déchaussent de plus en plus, les rides du palais et quelques autres si- est mais ANE. Sti gncs ne peuvent donner plus tard que des indica- tions approximatives. ANE , Equxu asintu. Il est surtout caractérise par sa queue plus lon- gue que celle du cheval et garnie à rextrémité d'une houppe de poils; sa taille est moindre, sa couleur est d'un gris brun , et on remarque sur ses éi suies une sorte de croix formée par la rencontre à angle droit de deux bandes étroites de couleur noirâtre. Dans l'étal sauvage , Tûne habite les dé- serts du centre de l'Asie ; moins gracieux que le cheval, il vit par troupes innomblables qui chan- gent de climat suivant les saisons , descendant en hiver dans les parties chaudes de la Perse et de rinde, et en été, se portant vers le nord et jus- qu'aux monts Curais. D'après les témoignages his- toriques , il parait que l'âne a été réduit à l'état de domesticité même avant le cheval ; mais , moins beau que lui , et supportant bien moins le froid , il est d'une moindre utilité. Dans certaines» contrées cependant où il a été soigné davantage et soumis à de meilleures conditions , sa race s'est -..léliorée , mais la négii^'ence avec laquelle on l'élève dans cer- taines autres parties , l'a , au contraire, dégradé. Le lait d'ânesse est souvent ordonné comme ali- ment aux personnes maladives ; il contient plus de sucre de lait, et beaucoup moins de matière caséeuse que celui de la vache. iil 11 / 2t2 mammifI:res. — pachydermes. hévionc, Equus hmtionus (Pl. X — 1). Les anciens qui ont connu Tâne et le cheval sau- vages ont aussi e^ divers rtînseigncments sur Vhé- mione. ^?t animal « dont le nom signifie demi-âne , a en e.' i ^Miïérents traits de ce dernier , mais ses formes et ses couleurs ne manquent pas d'agré- ment. Il est d'une teinte isabelle sur le dessus du corps, et blanchâtre en dessous, sa ligne dorsale étant marquée d'une bande noirâtre. L'hémione vit par troupes composées d'une vingtaine d'indivi- dus. Sa v( .ocité est si grande, qu elle est devenue proverbiale chez les iMo^ols, et que c'e^t monté sur un animal de cette espèce, que la mythologie tibétaine représente le dieu Feu. Les espèces du genre cheval que possède l' Afrt- que sont également au nombre de trois, qub toutes ont quelque analogie dans la disposition de leurs couleurs , qui est connue sous la dénomination de zébrure. Le zèbre , au nom duquel ce mot doit sa racine, était appelé At/>;90/i^r4? par les anciens, ce qui signifie cheval-tigre , ou rayé comme un tigre ; il peut être apprivoisé et se rencontre depuis l'A- byssinie jusqu'au cap de Bonne-Espéi*ance. Les deux autres sont le couagga et le daw ou onagga, qui sont moins rayés que le zèbre. LES HIPPOPOTAMES, Hippopotamus (Pl. IX — 4). Les hippopotames sont remarquables par leur r/ \ ^- ' f rfT-"- •j \ <' jfmJ.->;. i §S: waBS Il t I I ■4. i 11 grande tepinin conriei presqu si ëpaii la l'rap leurs f< roces; des gn conlim plantei auprès noni,( lieuK c que cl] popou leurs ( incish dents périeu chaqu lindri( ainsi < distinj quelle leHai Les COCHONS. 23S grandeur , leur corps mussil, leur tète éoorine et tepininéc par un large museau i enflé, leurs jambes cottries et très-grosses et leur ventre traînant presque jusqu'à terre , leur peau à peu près nue et si épaisse que les balles ordinaires s'aplatissent en la frappant. Leurs mœurs sont en harmonie avec leurs formes grossières, car ils sont stupides et fé- roces; ils vivent en Afrique et se tiennent dans Teau des grands fleuves de cette partie du monde, vivant continuellement dans la fange et se nourrissant de plantes aquatiques , ou de graminées qui croissent auprès des eaux, ils nagent avec facilité. Leur nom , qui signifie ohevatuD de rivière, rappelle les lieuK qu'ils habitent et aussi leur voix, qui a quel- que chose du hennissement des chevaux. Les hip- popotames ont quatre doigts à chaque pied, et leurs dents sont )iu nombre de trente-huit , quatre incisives et deux canines à chaque mâchoire , sept dents molaires de chaque côté de la mâchoire su- périeure, et douze en tout à l'inférieure, six de chaque cèl'.é. Les incisives sont fort grandes et cy- lindriques; on les recherche dans le commerce ainsi que les autres dents de ces animaux. On ne distingue qu'une seule espèce d'hippopotame, la- quelle se trouve au cap de Bonne-Espérance, dans le Haut-Nil et dans le SénégaL LES COCHOMS , Su8. Les espèces qui rentrent dans le même genre 'Si *1 i| N •> -Ji 234 NAMMIFKRKS. — l'AfJlYDERMKS. (|ii<' le <*oohon sont plus noiiibroiisos (|ii'oii no so- rîiil poiiô à \v supposer. On trouve des <>o(>hons sauvages en Europe, en Asie , en Africpie et à Ma- dagascar, ainsi qu'en Amérique; et comme plu- sieurs d'entre; eux offrent des raractères assez tranchés , on les a répartis dans plusieurs sous- genres particuliers. Tous les animaux de ce groupe sont remarquables par rallongement de leur tête, et par la disposition de leur nez, qui est avancé, coupé obtusément à son extrémité , et, comme on le dit, en forme de groin. Leurs dents molaires varient pour le nombre et pour la forme , et leurs pieds ont dans la disposition de leurs doigts, au nombre de quatre et rangés deux par deux, un ca- ractère qui les rapproche des ruminants. Le genre des cochons et celui des chevaux sont les seuls de Tordre des pachydermes qui aient fourni à Thomme quelques espèces domestiques. La souche du cheval et celle de l'âne sont faciles à déterminer, mais il n'en est pas de même de celle des cochons , car on n'a point encoro positi- vement établi si ces animaux proviennent d'une ou de plusieurs espèces. Les cochons domestiques ordinaires sont sans doute les descendants des sangliers, mais l'origine des cochons de Siam n'est pas certaine , non plus que celle de diverses autres races. Les cochons domestiques sont aujourd'hui répandus par toute la terre sur les points que l'homme habite ; on sait qu'aux Antilles ils sont re- cor.iiOMs. 255 di'vcnus sauvages , ci qu'ils y soiil célôbivs sous lo nom de cochons marrutts. VXHWvk\iw du sud reurerme aussi inainlcnaut des cochons sauvages issus d'individus «'chapiics à la domesticité ; mais le nord du môme continent possède naturellement le sanglier, lequel est aussi d'une grande partie de l'Asie, de toute l'Europe et de l'Afrique septentrio- nale. Les cochons domestiques sont d'une grande uti- lité à l'homme, à cause du goût agréable de leur chair et de la possibilité qu'on a de la conserver à l'aide du sel ; la facilité avec latiucUc on les nourrit et leur rapide multiplication les rendent aussi pré- férables à beaucoup d'autres bestiaux. Les cochons domestiques de race ordinaire ont les soies beaucoup plus rares et les canines moins prononcées que les sangliers. Le groin ou boutoir de ces animaux consiste en un prolongement par- ticulier du museau , soutenu lui-même par un os spécial que l'on nomme l'os du boutoir, lequel s'appuie sur les os de la mâchoire supérieure , et, étant mis en mouvement par deux gros muscles situés de chaque côté de la face, entraîne avec lui le reste du nez. Un tissu fibro-cartilagineux recou- vre cet os et se termine en avant par une surface circulaire et inclinée en bas qui est recouverte d'une peau épaisse et nue. Au bord supérieur de cette extrémité tronquée du museau, on remarque un bourrelet épais et calleux , à l'aide duquel l'a- RK UkS RI'MIISANTK. 557 corhéiv» ft'obw»r\e vn Klhiopie, :ui Cap-Vppt, au Sénégal, en Guinée et au cap de itonne-Kspi'ranee. -^888888888888f;SB8SS8888S888S8^ lii CHAPITRE VII. OBDRE DES RUMLNANTS. Si Ton se rappelle les mwurs douces et sociar blés , le régime et la nature des espèces de cet ordre , on s'étonnera peu que ce soit parmi eux que riiomme ail choisi ses animaux domestiques. Le chameau et le dromadaire, le llama , le bœuf, le mouton et la chèvre , soat tous des mammifères ruminants. Les muscs, les antilopes, qui présen- tent de si innombrables variétés , les cerfs , les girafes, sont , avec eux, les principaux genre;» ;ie Tordre dont il va être question. La réunion de tous ces êtres est, sans contredit, Tuae des plus naturelles que nousoffre la classe desinammifères. Le nom de ruminants vient à. ces animaux de la facilité singulièi'e qu'ils ont de ramener dans leur bou<;be, pour les mâeher de nouveau, les aii- • I i; II 228 MAMMIFKRËS. — RI MINANTS. nioiils (léjù avalés une premH;re fois, facilité (jui lient à la strticlure de leur estomac. £n effet , leur œsophage n'aboutit pas à une cavité stomacale unique , comme chez les autres mammifères ; mais il communique directement avec plusieurs poches disposées de telle sorte, que, lorsque les aliments avalés sont grossiers , ils s'arrêtent dans un pre- mier estomac, nommé la panse, d'où ils remontent plus tard dans la bouche par une espèce de vomis- sement, tandis que, lorsqu'ils sont liquides ou réduits en pâte molle , ils pénètrent plus loin , dans une cavité différente, où leur digestion s'a- chève. Les estomacs des ruminants sont au nom- bre de quatre ; le plus grand , que nous avons déjà nommé , est la panse ou herbier; le second , appelé bonnet, s'ouvre au-dessous, à droite de l'œsophage ; le troisième est le feuillet , ainsi nommé à cause des larges replis longitudinaux, semblables aux feuillets d'un livre , qui garnissent son intérieur; et le dernier, ou la caillette, prend ce nom à cause d'une humeur qui lui est propre et dont la propriété est de faire cailler le lait : dans les ruminants qui viennent de naître , il est le seul qui fonctionne. Chez les individus adultes , les ali- ments qui doivent être digérés passent, après une courte mastication , de la bouche dans la panse, où ils s'accumulent , jusqu'à ce qu'ils strient en quan- tité suffisante. L'animal cesse alors d'eu recueillir de nouveaux ; rendu au repos , il s'apprête à les ORDRK DKS RL'MIMA>TS. 229 broyer (riiiic manièn; plus coinplcU'. Leur n'ioiir à la bouche est du à Tnittion du boiuiet et de lu panse, qui, en se contractant, les poussent succes- sivement par petites pelotes, ce qui leur permet de remonter l'œsophage, portion du tube digestif qui est entre l'estomac et la bouche. On compren- dra Tutilité de semblables dispositions , si Ton se rappelle que les ruminants, animaux vivant exclu- sivement de substances végétales (peu fournies, par conséquent, en matières alibiles et toujours d'une digestion plus ou moins pénible) , ont, pour la plupart , à redouter de nombreux ennemis ; leur panse est, si l'on peut ainsi dire, une sorte de magasin dans lequel ils rassemblent à la hâte les substances qui doivent les nourrir, jusqu'à ce que, de retour dans les lieux qu'ils ont choisis pour habitations, ils puissent les manger avec plus de sécurité et d'une manière plus profitable. Ce que font ces animaux à l'état sauvage , ils le font éga- lement en domesticité. Conduits aux champs ou dans les pâturages, ils coupent autant d'herbe qu'il leur en faut, et ils ne ruminent qu'après leur retour à l'étable. Les ruminants sont , de tous les mammifères, ceux qui ont l'estomac le plus compliqué , et ceux aussi chez lesquels le tube digestif otl're le plus de longueur. Chez les espèces qui se nourrissent de chair , on remarque au contraire , ainsi qu'on de- vait le supposer , une combinaison d'organes tout 230 MAMMIF^nKS. lU MINANTS. il lait inverse, ('es aliments «'tant d'une digestion incomparablement plus facile, la nature a eu re- cours à un appareil bien moins compliqué ; l'es- tomac est toujours uniques et simple, et les intestins sont fort courts. Les aulnes caractères des rumi- nants sont aussi fort tranchés. Tous ont quatre doigts, disposés par paires , d'inégale grosseur, ceux de la plus forte paire étant rapprochés en pinces ou en fourche , ce qui a même valu à ces animaux l'épithète dcpiec/g fourchu», qu'on leur donne quelquefois. Leurs dents affectent égale- ment une disposition spéciale; tous, excepté les chameaux et les Hamas , ont douze dents à chaque mâchoire (six de chaque côté) , et leur mâchoire inférieure a huit incisives , la supérieure en étant privée à tous les ùges. Les nombreuses espèces qui ont ce système de dentition, sont les seules, de toute la classe des Mammifères, chez lesquelles il existe de véritables cornes ; nous avons vu que ce que Ton nommait ainsi chez les rhinocéros était d'une autre nature. LKS ciiAMEAL'X, Comelux (Pl. X — 2). On distingue deux espèces de chameaux : l'un à deux bosses, qui porte plus spécialement ce nom, et l'autre à une seule bosse , qui est le droma- daire (Pl. X — 2). Ces animaux, célèbres par les services qu'ils rendent aux peuples orientaux, CHAMEAIX. 231 sont, fomme Ton sait, domestiques l'un et Tau- ire. Fntièrement organisés pour vivre dans les vastes déserts de T Asie centrale et occidentale et dans ceux de l'Arabie , ils y sont , dès la plus haute antiquité, recherchés conHUe bêtes de somme. Bien qu'ils soient de véritables ruminants, ils ont quelques rapports cependant avec les pachyder- mes, et sont , de tous les animaux de leur ordre, ceux qui se rapprochent le plus de <;es derniers. Leur conformation extérieure a quelque chose de bizarre et d'étrange : la mauvaise grâce de leur allure, la difficulté de leurs mouvements dans les terrains ordinaires, le"r cou long et contourné en S, leurs lèvres allongées, les loupes graisseuses dont -leur dos est surmonté, leur donnent un as- pect bizarre. Mais leur extrême sobriété, la doci- lité de leur caractère et les services qu'ils rendent à l'homme, en font des serviteurs de première nécessité, et compensent ontre mesure leurs pré- tendues difformités. Tout d'ailleurs , dans leur or- ganisation , est admirablement disposé en vue du genre de vie auquel ils doivent être soumis , et leur permet de résister , pendant des mois entiers , aux privations et aux fatigues les plus pénibles. En Turquie , en Perse , en Arabie , en Egypte , en Bar- barie. , etc. , le transport des marchandises ne se fait que par le moyen de ces animaux. La chair des jeunes chameaux est aussi bonne que celle des veaux , et le lait que les femelles pro- U 232 MAMMIFfeRF.S. — RUMINANTS. diiisrnt en aboudunce est également fort estimé ; on en l'ait du beurre et des fromages. La chair des individus adultes se mange aussi; quoique plus dure que celle ues jeunes , elle n'est cependant pas désagréable. Le poil de ces animaux est très-em- ployé ; on le coupe à certaines époques de Tannée , et on en fait des tissus assez variés. II (. r- i LES LLAMAS. Les Hamas, les vigognes (Pl. X — 3) et les alpa- cas composent un genre très-voisin de celui des chameaux , et qui est de TAmérique du sud y où Ton pourrait dire qu'ils les remplacent ; mais ils sont moins grands qu'eux , remarque que Ton peut faire pour presque tous les animaux du nouveau continent, comparés a\ ec ceux de Tancien qui sont leurs congénères, ou que Ton rapporte à la même famille. Ils nont point de bosses; mais, comme les chameaux , ils ont deux inc.sives a la mâchoire supérieure, six à Tinlérieure, et des canines à Tune et à Tautre ; quant à leurs mâcbelières, elles sont au nombre de dix-huit en tout , cinq de cha- que^ côté du maxillaire supérieur et quatre à Tin- férieur. Ces quadrupèdes sont souvent emplo}és en domesticité , et a l'époque de la découverte de l'Amérique, ils étaient les seuls grands animaux domestiques des Indiens: de nos jours, on les dresse encore aux mêmes usages. Leur chair, leur stiiné ; lair (les ue plus ant pas ès-em- année, es alpa- îciui (les sud y où mais ils 'on peut nouveau 1 qui sont la même , comme nâchoire anines à es, elles de cha- re à rin- ;mpl0)és iverte de animaux , on les lair, leur I '^t^u/^-/. CHKVROTI^IS. 235 lait , etc. , sont aussi fréquemment utilist'Sf et leur laine sert à la fabriention de différentes étoffes. LES CHEVROTiNS, Moneluin (Pl. XI — 1). Les chevrotins n'ont point de cornes , mais leurs dents sont analogues ^ pour la iorme , à celles des ruminants pourvus de ces ornements frontaux* La seule différence consiste J'ms leur mâchoire su- périeure qui présente deux canines fort allong<;es, caractère qui d'ailleurs se retrouve également et au même degré dans le cerf montjac. Ces animaux sont remarquables par leur vivacité et leurs élé- gantes proportions ; leur taille ne dépasse jamais celle du chevreuil et elle est souvent inférieure à celle de ce quadrupède. Les chevrotins sont her- bivores et rappellent les antilopes par leurs habi- tudes ; la plupart sont des animaux de montagnes , et on n'en connaît que dans les grandes îles de la Sonde et dans le continent indien. Ceux qu'on avait indiqués en Afrique sont des aninmux d'un autre genre ; mais il parait qu'une espèce américaine , décrite par Molina , comme une sorte de cheval qui aurait des pieds de ruminant, est fort rappro- chée des chevrotins , et doit constituer un genre voisin de ces animaux. Parmi les espèces que Ton admet dans le genre moschus , la plus généralement connue est le che- vrotin porte-musc , en latin mo^cAw* moschife- ?i M 234 MAMMIFÈRES. — RUMINANTS. ruM (Pl. XI — 1). Elle est la plus grande de ce genre ; sa quene est très-courle, et son corps est couvert des poils si gros et si courts, qu'on pour- rait presque leur donner le nom d'épines ; mais ce qui Ta fait surtout remarquer, c'est une poche située près des aines du mâle, et qui se remplit d'une substance odorante , désignée par le nom de muêc. LES CERFS, Cet DU». Tout le monde connaît les cerfs. Ces mammifè- res , dont la tête est surmontée de protubérances cornues, appelées ^oi>, constituent un genre assez considérable en espèces , parmi lesquelles cinq , le cerf ordinaire , le daim , le clievreuil , le renne et rélan, sont d'Europe. L'Asie, outre plusieurs de ceux-ci , possède aussi différentes espèces qui lui sont spéciales ; on en connaît également dans les grandes îles qui Tavoisinent au sud ; mais la Barbarie est la seule partie de TAfrique où Ton ait encore trouvé des animaux de ce genre : quant à ceux de l'Amérique , ils sont nombreux dans la partie septentrionale de ce continent et dans la partie méridionale. Le fait le plus singulier de la physiologie des cerfs , est celui dos phases diver- ses que subissent leurs bois. Nuls chez les femelles de tous ces animaux, excepté dans celles des ren- nes , les bois des mâles offrent , aux différentes époques de la vie, des caractères qui suffisent CERFS. 2.'^.') (Jp CP ps est Ipoiir- lais co [poche pmplii oin (ic pour roroiinnltrc iVigo dos individus qu'on a sous les youx. CERF ORDINAIRE, Ccnns ctaphus. Cette espèce seules qu( cun Joute grandeur < le clievreuil et le dain) sont les possède notre pays ; elle est sans au- a plus belle et la plus intéressante. Sa it celle du chcal ; son pelage est d'un brun foncé en été, avec une ligne noire et une rangée de petites taches fauves le long de Tepine ; en hiver , elle est d'un brun gris uniforme : la croupe et la queue étani, en toute saison , d'un fauve pale. Les jeunes sujets, que Ton nomme faons, ainsi que les petits de toutes les autres es- pèces du genre , sont fauves tachetés de blanc ; les bois sont fort longs à croître ; ils tombent , comme on sait , tous les ans , et prennent à chaque refaite des dimensions plus considérables, jusqu'à ce que , l'animal étant arrivé à sa vieillesse , ils tombent pour se reproduire encore, mais avec moins de force. Vers le sixième mois, les jeunes, mules présentent déjà sur la tète deux petites bos- ses ou tubercules qui indiquent la place où les bois s'élèveront. Ces éminences ont reçu le nom de hè- re» y à un an , elles se sont fort allongées , et , quoique simples, elles ont déjà deux ou trois dé- cimètres de longueur. L'animal perd, à cette épo- que , la peau qui les recouvrait, et ces petits bois eux-mêmes ne tardent pas à tomber après qu'ils '■-î »ff u 2.36 mammif^:rks. — ruminaists. Roni r, sU'S qiiel(|iic Icmps à nu ; on los (Irsigiic îilors par U» mol dnguetn. Quiind lo icrf fst Mrriv«'^ à sa lroisi<''mo ann<»« , il p<îrd s<»h dagiuMs , ot lo boi» (|iii les a pcmplaet's prj'sentc ordiriaircnirnt trois braiiclics qu'on appollc andoni/lers. Peirlant chacune des annccssuivanu^s, jusqu'à la septième, le bois subit sa cJiuto pf'riodique et réparait n'gu- lièrement avec un andouiller de plus ; de sorte que tous les vieux cerfs ont le bois coin[)osé de sept ramifications , provenant d'iuie tige commune , nommée merrain. Quelques femelles stériles ont des bois comme les mâles , mais qui restent con- stamment à l'état de daguets. Le cerf a le merrain et les andouillers arrondis ; chez le daim , eerous dama , les andouillers supérieurs sont aplatis. Ces animaux diffèrent d'ailleurs des précédents par plu- sieurs caractères importants. Quant au chevreuil, cervuh oapreolus , il est plus petit que Tun et que l'autre ; son pelage est fauve ou gris brun , et ses bois n'ont qu'un seul andouiller médian , sans an- douiller basilaire. Le chevreuil avait été distingué des anciens, ainsi que le cerf et le daim. Ce der- nier n'est point le dama de Pline , qui est un an- tilope. Cet écrivain î'appelle platyceros , ce qui indique bien la forme aplatie de ses bois ; Appien le nomme euryceros , et Aristotc , prox. RENNE , Ceivus taranaus. Il est remarquable par le grand développement (|p SCS t)ois, (|ni('\isl(Mit lUiliirclloinciit rlir/. I:i Trt- inHIc niissi \mn que chox \v inûl«>. Il est du Niird, ei |Kuii(Hili(*i'(A!STS. leur organisation, puisqu'ils 8onl du mémo ordre qu'eux, et leur robe, assex régulièn;ment taeliée, rappelle Télégante fourrure des panthères. 1a>s girafes ont les membres lon^s et grêles , le corps petit, le (;ou fort allongé , la tète elîihie , les lèvres et la langue fort mobiles, et le front garni de deux petites cornes, dans les femelles , et de trois dans le mâle adulte, la troisième , un peu moindre que les s coni'rnt avoc iiiir graiido rapiiliW' , ot iMliappiMil aisciiitMit par la fuite; «'Iles savent (raillnirs paifaitcniiiit >«» il»'- fon«ir("! 011 so ruant sur leurs agresseurs. Les di- verses peuplayesà la con- fection (le nos chaussures et à une njullitude d'au- tres usages. Les poils dont on les dc-pouille servent à diver- ses choses: on les tisse pour faire des thibaudt^s, espèces de manteaux grossiers pour les rouliers. La corne est employée en tablcMerie, et on la prépare assez bien pour lui faire imiter l'écaillé; la membrane musculaire des intestins fournit aux boyaudiers des cordes pour les instruments de musique, et le sang desséché des bœufs est re- cherché comme engrais ; la partie scheuse de ce liquide est réservée pour clarifier le vin , le sirop, etc. Enûn les os , traités par la vapeur d'eau à une haute température ou par les acides, donnent la gélatine que l'on emploie comme un aliinent économique ou comme colle-forte; simplen: l broyés, ils fournissent à l'agriculture un excellunl engrais, et, chauffés à l'abri de l'action de l'air, ils se transforment en un charbon pii'cieux, connu sous le nom de noir animal. t I ■lli I i fi i îti n il, .< . ^, ,;*■; 2^14 MAMMIFÈRES. — nibKI.PIlES. CHAPITRE ^11 1. MAMMIFÈRES DIDELPHES. Tous les animaux de la classe des mammifères , que nous avons précédemment passés en revue, peuvent être réunis en un groupe commun; ils forment une première sous-classe , à laquelle on a donné le nom de monodelphes. On appelle di- delphes , du nom didelphis , qui est celui des sari- gues, une autre sous-classe d'animaux que signa- lent différentes particularités remarquables de leurs mœurs et de leur organisation. Chacun se rappelle la jolie fable de Florian , intitulée la Sa- rigue et ses petits. Le fabuliste a peint avec él(';- gance le uierveilleux attachement de ces animaax pour leur progéniture. Les didelphes, en effet, après avoir porté quelque temps leurs petits dans leur soin, les tiennent dans une sorte de poche placée au-devant de leur abdomen; et ceux-ci , fixés à la mamelle de leur mère, conti- MAMMIFfcRKS. — DIDELPHES. 245 mionl lour dévoloppemonl , jusqu'à co qu'ils soient assez vigoureux pour satisfaire eux-m(>mes à leurs besoins ; quand ils sortent de cet «îtat, c'est pour eux comme une nouvelle naissance. Lors de la première, ils «ont bien moins forts que ne le sont à cette époque les autres animaux. Aussi , au lieu de prendre , par intervalle , la mamelle de leur mère, ils ne tardent pas à s'y fixer pour un cer- tain temps(PL.XlI — la). Les didelphes, que l'on appelle aussi marsupiaux, du mot latin marnu- piuniy qui veut Cre bourse, présentent encore, dans leur squelette et dans quelques autres par- ties de leur organisation , des particularités re- marquables; ils sont aussi fort intéressants sous le rapport de leurs mœurs et de leur distribution à la surface du globe. Tous sont propres à l'Améri- que méridionale ou tempérée, ainsi qu'à TAustra- lie, et ceux de l'une et de l'autre de ces régions présentent entre eux des différences tout à fait ca- ractéristiques. Les didelphes d'Amérique, que l'on connaît plus particulièrement sous le nom de sarigues, ont le port de certains carnassiers ; leur queue est en partie nue ; leurs pieds de der- rière ont le pou('c opposable aux autres doigts, et aux mêmes membres , les doigts sont tous sépa- rés entre eux. Les dasyures, qui sont lîe l'Austra- lie , ont aussi les doigts des pieds de derrière sépa- rés , mais leur pouce , nul ou rudimentaire , n'est jamais opposable. Ces deux premiers genres (sa- i.i il M I ■ttl 4 mm" 246 MAMMIFÈRES. — DIDELPHES. rigue et daysure) formont un premier ordre , sous le nom iVeleufherodactyfeSy qui veut dire à doigts libres. Tous les autres, de même que les dasyures, sont de TAustralie ; ils sont appelés gyndactyles ou doigts réunis , parce qu'ils ont les doigts indi- cateur et médian des pieds de derrière plus petits que les autres et soudés ensemble jusqu'à l'ongle. § I". DIDELPHES ÉlEUTHÉRODACTYLES. LES SARIGUES, Didelpki». Ce sont des animaux fétides et nocturnes , dont la marche est lente ; ils se tiennent cachés pendant le jour dans des buissons épais , ou sur les bran- ches des arbres où ils nichent. Leur régime est omnivore ; les uns mangent la chair des petits mammifères , celle des oiseaux , etc. ; d'autres recherchent les mollusques ou les crustacés , et beaucoup aiment les fruits et particulièrement les bananes. Tous sont américains , et ils sont bien plus nombreux dans les parties les plus chaudes, que vers lextrémité sud de l'Amérique méridio- nale et que dans l'Amérique septentrionale. Il est probable que le nombre des espèces de sarigues s'augmentera à mesure que les naturalistes explo- reront avec plus de soin les contrées sauvages Je l'intérieur de l'Amérique. El éARiGOi: Sa taîl mais quel du chat raciériseï de divers les, qui i étaut noi depuis k tentrionii chair, de pour la ^ dont elle sauvages corps esi SARiGl Elle es sont un nicse esi est comi une dem aussi de que des autres s: d'être fi melles , Él.eUTttÉROnACTYLIS. — SARIGUES. 247 SARicuK A oKRiLLEs Bicoi.oRF.s , Dtdelphis rirgimatta J»L. XII - 2). Sa taille la plus ordiiiairo ost colle du lapin , mais quelques individus attei<;nent los dimensions du chat sauvage. Otte espèce est facile à ca- ractériser par son pelage d'une teinte sale et formé de diverses ^orte:^ de poils , ainsi que par ses oreil- les, qui soui nues et de deux couleurs, leur base étant noire et leur pointe jauuiUre. On la trouve depuis le Mexique jusque dans les provinces sep- tentrionales des États-Unis; elle se nourrit de chair , ôé fruits et de racines ; on la dit dangereuse pour la volaille domestique , qu'elle surprend et dont elle fait sa proie. On mange sa chair , et les sauvages font des tissus du poil soyeux dont son corps est en partie couvert. SARIGUE MARifosE, Vidclphis murina (Pl. XII — 1). Elle est grande comme le lérot , et les femelles sont un peu plus fortes que les maies. La mar- nicse est particulièrement de la Guyane , et elle y est commune. Elle (;reuse la terre pour s'y faire une demeure , chasse les petits oiseaux et ramasse aussi des fruits et des insectes. Cette espèce n'a que des rudiments de la poche abdominale de^ autres sarigues ; aussi , lorsque ses petits ont cessé d'être fixés d'une manière permanente à ses ma- melles , elle les laisse grimper sur son dos , et , Il ' ,: (m ^fi ♦ .. :i 'l il li â 2/48 MAMMIF^.RKS. — niDF.LPHRS. eiuortiliunl ^'Mir qiictK* autour de lu sienne , qWc. les transpoiit facilement. LK8 DASYiJRES, Da»yuruM. Les dasyures (le M. E. Geoffroy , que Ton par- tage maintenant en phascogale , thylacine et dasyure , sont de l'Australie ; la plupart sont de ta'.Ue moyenne y et ils ont des instincts ordinaire- ment carnassiers. L'un d'eux dépasse les autres en dimension et en férocité ; il est presque aussi grand qu'un loup : c'est le thylacine , qui est de Van-Diemen et de la Nouvelle -Hollande. ^ § IL DIDBLPHES SYNDACTYLES. Lr.s PHALANGERS, Phalangtsta. Le nom de syndactyle rappelle , ainsi qu'il a été dit plus haut , que ces animaux ont deux de leurs doigts réunis ; c'est ce caractère que Buffon a voulu indiquer en adoptant le mot de phafanger. Les phalangers se rapprochent davantage des sa- rigues par leur port et par leurs habitudes ; mais ils en diffèrent essentiellement par leurs doigts et leurs dents ; leur patrie est aussi très-différente , puisqu'ils sont de l'Australie et du grand archipel des Indes. SYNDACTYLKS. — K \NGl '10«S. 241) Los plialuiig;st plus ou moins longue , tantôt entièrement nue , tantôt au contraire en partie velue , et d'autres lois tout à fait couverte de poils : dans les deux pre- miers cas, elle jouit de la facilité de s'entourer autour des corps. LES KANGUROOS, M UCTOpUi (Pl.WI — 3). Deux de leurs espèces , le kanguroo géant , assez anciennement connu , et le kanguroo laineux , dont on doit la découverte à M M . Quoy et Gaimar < i , sont les plus grands d'entre les didelphes ; ils vivent à la Nouvelle-Hollande. Les autres kanguroos sont moins grands ou même assez petits , car il eu est qui ne dépassent pas un fort lapin ; ils habitent le continent océanien et les îles qui l'avoisinent ; tous sont remarquables par leurs proportions ; ils ont les membres de derrière bien plus longs que les antérieurs, et leur queue , longue ettrès-mus- culeuse , leur fournit comme un troisième mem- ë 3 va» ^ IMAGE EVALUATiON TEST TARGET (MT-3) *^^^ € . <> % Photographie Sdenœs Corporation \ iV •ss <^ 23 VVIST MAIN STMiT WEBSTIR,N.Y. 14580 (716)872-4503 ^J 250 M VMMIFfeRES. — DIDELPHES. bre f dont \h se servent eonjoinlcnfient avec les précédents , lorsqu'ils se reposent ou qu'ils mar- chent lentement ; pendant la course , elle n'est d'aucune utilité directe , mais elle leur fournît une sorte de balancier qui les retient en équilibre. Leurs pieds de devant sont fort peu développés ; les autres , armés d'ongles fort puissants, donnent au\ kanguroos des armes redoutables , dont ils se servent dans les combats qu'ils se livrent entre eux. On chasse ces animaux pour leur chair, et on em- ploie aussi leur fourrure. LES PHASCOLOMËS, P/ terminé par une queue médiocre , aplati , et leurs membres, très-peu développés , ont leurs extrémités aplaties , et leurs doigts réunis par des membranes comme ceux des oiseaux d'eau. Les ornithorrhynques sont en effet aquatiques ; ils fréquentent les fleuves et les lacs delà Nouvelle-Hollande et de la terre de Diémen , et ils s'y nourrissent de larves aquatiques , qu'ils saisissent, comme le font les cygnes etles canards, avec leur bec déprimé. Les ornithorrhynques n'ont guère plus de dix-huit pouces de longueur totale j ORNITHODKLPHKS. — ÉCHIDNÉS. 253 leur corps est couvert d'un poil assez dur et de couleur roux-brunâtre uniforme. LES fecHiDNÉs, Echidna. Les écliidnés sont, au contraire , organisés pour fouir , et leurs membres robustes sont armés d'on- gles puissants, à Taide desquels ils creusent les terriers dans lesquels ils se retirent ; leurs poils sont plus ou moins remplacés par des piquants de la même nature que ceux des écrevisses ; leurs yeux sont fort petits , et leui*s mâchoires, qui sont dépourvues de dents, sont fort rapprochées Tune de Tautre ; le museau est par conséquent étroit , et la bouche , ouverte à son extrémité , laisse sortir une langue allongée , fiUrorme , comme celle des fourmiliers , et enduite de même d'une humeur visqueuse. Les échidnés se nourrissent aussi de fourrais et d'autres petits insectes qu'ils saisissent avec leur langue ; leur taille varie depuis celle d'un fort hérisson jusqu'à celle du lapin ; leur patrie est la même que celle des ornithorrhynques. Us sont d'un naturel stupide , et leurs mouvements sont fort embarrassés lorsqu'on les place à la sur- face du sol ; le froid les engourdit promptement. à 11 264 MAamiFÈRES FOSSILES. -^:^SSSSSSSSSSSSSSSSSSBSSS8SSSSSèi^ CHAPITIiB TL. MAMMIFÈRES FOSSILES. La terre, aujourd'hui peuplée d'animaux si variés et de végétaux si nombreux et si brillants, n'a pas toujours eu les mêmes habitants. Toutes les classes de Tempire organique ont perdu plusieurs de leui's espèces , lors des révolu- tions qui ont tourmenté notre planète ; et , pour nous borner aux seuls mammifères , nous signale- rons , non-seulement qu'il a existé des espèces qui n'ont plus aujourd'hui de représentants, mais que certaines d'entre elles sont de genres inconnus dans la nature vivante. Cette assertion, facile à prouver, n'a pas toujours été connue des savants, et longtemps on a été incertain sur là véritable nature des fossiles, c'est-à-dire dos dél>ris, que les espèces qui habitaient anciennement le globe ont laissées dans son sein. Ces débris, qui consistent on de véritables os, ont été recueillis en plus ou moins grand nombre à toutes les époques. Sou- vent on les a pris pour de véritables pierres , aflec- tant , par un jeu de la nature , les formes osseuses MAMMIFI^RES POSS1LE6. 255 qu'on leur reconnaissuit. D'autres Tois, un a admis que c'étaient véritableme'iit des us , et Topiniun a été souvent que cee us provenaient de géants hunoains , dont on a même prétendu reconnaître les noms. Selon la nature des terrains dans lesquels ils se rencontrent, et suivant aussi les circonstances qui les y ont laissés , les os fossiles sont plus ou moins bien conservés. Souvent ce sont de simples frag- ments, des dents éparses, des débris de cornes,etc . ; d'autres fois, au contraire , des têtes à peu près entières, et souvent même des squelettes assez complets pour qu'on ait pu les observer dans tous leurs détails et même les préparer. On possède à Lisbonne un squelette monté, et presqu'entier , du me'gatherium y grande espèce d'oryciérope gigantesque des alluviofls de l'Amérique du sud. Des mastodontes de l'Amérique septentrionale ont également été prépar(>s, et le Muséum de Paris possède une suite immense, en partie décrite par Cuvier, d'ossements de Anammifères , plus ou moins bien conservés , et qui proviennent de presque tous les points du globe ; car on a recueilli des maoïmifères fossiles dans des brè- ches ou des terrains plus ou moins anciens il est vrai , en Europe, en Asie, en Afrique, en Améri- que et à la Nouvelle- Hollande. Pallas, qui a con- tribué par quelques mémoires importants aux progrès de la PalsBontologie , admettait que les rhinocéros, lesélé)[)hants, etc., dont on découvre I li 356 MAMMfPf^RES FOSSILES. les restes fossilifiés en Europe , étaient de la m^me espèce que ceux de ces animaux qui vivent pré- sentement en Asie et en Afrique ; mais on a , plus tard, reconnu qu'ils en diiïèrent réellement sous ce rapport, et qu'on ne saurait admettre qu'ils sont les premiers parents de ceux-ci Camper a le pre- mier aperçu ce fait pour les mastodontes et quel- ques autres, et les nombreuses observations qu'on a faites depuis , celles de Cuvier surtout, ne per- mettent aucun doute à cet égard. G. Cuvier, qui s'est occupé des fossiles mammifères plus qu'au- cun autre naturaliste, a fait connaître, dans son célèbre ouvrage , le résultat de ses recherches à ce sujet; il y a décrit un grand nombre de genres et d'espèces aujourd'hui détruits. La comparaison est le plus sûr moyen pour ar- river à reconnaître l'ordre et le genre auxquels appaitenaient les débris fossiles ; aussi ce travail demande-t-il d'assez longues études anatomiques et une collection nombreuse de squelettes d'espè- ces vivantes qui puissent servir de point de corn- para'son. Les données auxquelles on arrive par ce moyen sont assez positives pour que l'inspection d'une dent fasse reconnaître souvent quelle était la nature et la taille de l'animal auquel elle a ap- partenu ; mais une seule partie, quelle qu'elle soit, n'est pas toujours suffisante, ainsi que le croient beaucoup de personnes. Toutes les familles importantes de mammifè- res, si ce n'est celle des ornithorrhynques et des MAMMlFfcRFS FOSSILF.S. 357 échidnés, ont laissé, dans des coiichos plus ou moins anciennes , des débris fossiles ; cai* les deux groupes (singes et chameaux) qui n'avaient point encore été signalés parmi les fossiles, viennent de Têtre récemment. On a trouvé dans le Sous- Himalaya un crâne fossile tout à fait semblable à celui du dromadaire ; et, dans le midi de la France, une localité riche en débris antédiluviens, Auch, a nouvellement fourni la mâchoire fossile (avec des palaDothériums , dinothériums, mastodontes) d'un singe fort rapproché des gibbons , et , ajoute-t-on , des indices de la présence , dans le même terrain , de fossiles de sajou , ce qui serait une chose fort singulière en géographie zoologi- que, puisqu'on se rappelle que les gibbons sont d'Asie, les sajous de l'Amérique méridionale, deux localités éminemment différentes par leurs pro- ductions zoologiques. On vient aussi de recueillir un singe fossile dans l'Himalaya : celui-ci est voi- sin des cynocéphales. Nous devons indiquer quelques genres de fos- siles parmi ceux qui n'ont plus d'analogues vi- vants. Les plus curieux sont ceux : 1° des masto- dontes j qui étaient fort voisins des éléphants , et dont les débris ont été recueillis en Europe , en Asie et dans les deux Amériques ; leui*s dents, au lieu d'être lamelleuses comme celles des éléphants, étaient mamelonnées à leur surface , et plusieurs d'entre eux avaient des défenses à la mâchoire inférieure aussi bien qu'à la supérieure } 2*> les > i ; I li 358 MAMMIFÈRES FOSSILES. me'gaihêriumt , que Ton a trouvés à peu de dis- tjince de la surface du sol , dans diverses localités de TAmérique du sud ; c'étaient des animaux voisins des fourmiliers et des oryctéropi>s, mais leur taille approchait de celle des él('>pliants; les carapaces qui gisent dans les mêmes terrains que les mégathériums, étaient sans doute celles de ta- tous, presque aussi grands que ces animaux; 3** les dinothériumi; ceux-ci étaient probable- ment aquatiques, et formaient un genre inter- médiaire aux éléphants et aux lamantins ; ils étaient donc de Tordre des gravigrades : on a trouvé leurs débris en France et en Allemagne. Une tête de dinothérium , recueillie non loin de Daitnstadt, a près de deux mètres de longueur; on Ta montrée pendant qnelqve temps à Paris en 1857. €e dinothérium est un des meilleurs exem- ples que Ton puisse citer pour faire voir qu'avec un seul os on ne saurait reconstruire un animal dans tous ses détails , puisqu'on possède de lui une tête piM^sque entière , et que néanmoins on ne saurait dire s'il avait quatre m<^mbres , comme les éléphants, ou deux seulement, comme des laman- tins. Un trait bien remarquable de cet animal existe dans ses incisives inférieures , qui sont au nombre de deux , foit longues et dirigées vers le sol de manière à représenter les défenses des éléphants. FIN DE l'histoire NATURELLE DES MAMMIFËRES. TABLE DES CHAPITRES CONTEWl S D\NS CE VOLUME. msBm> I Pagct Introduction. 5 Chapitre premier. — Ordre dos Quadrumanos. . 1 3 ^ 1er. — Singes de Tancien continent. ... 20 S II —Singes de l'Amérique 60 |Ç III. — Makis on lémuriens 72 § IV. — GoèéopithèqMes 83 jÇ V. — Bradypes ou singes anormaux. ... 85 Chapitre II. — Ordre des Carnassiers. ... 88 jç 1er. — Chéiroptères ou chauves-souris. . . 93 ÎJ II. — Insectivores iOO ji^ III. — Carnassiers plantigrades 109 g IV. — Carnassiers digitigrades 117 § V. — Carnassiers pinnigrades 145 260 TABLP. DP.S r.HAPITRP.f^. Chapitri III. — Miiinmiff^n^(^d(>nl(^ % I»'. — Édorités lorn*slnw. . % II. — Oluc<^s Chapitrr IV. — Ordrn dos Knngoiirs % h'. — Rongeurs sciiirions. . % 11. — RongtMirs iniirirns. . $111. — Rongeurs léporions. . S IV. — Rongeurs caviens. . Chapitrr V. — Ordre des Gravigrades Chapitre VI. — Ordre des Pachydermes Chapitre Vil. — Ordre des Ruminants. Chapitre VIII. — Mammifères didelphes S l«'. — Didelphes éleulhérodactyles. S 11. — Didelphes syndactyles. . . Chapitre IX. — Mammifères ornithodelphes Chapitre X. — Mammifères fossiles. . . Paije» 166 168 17.» 195 196 198 210 227 244 246 248 251 254 FIN DE LA TABLE DES CHAPITRES. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MAMMIFÈRES DÉCRITS da:ns cï. volume. 'H ActinozonireA, Introd., vin. Agouti, 1»7. Ai , 87. Aigrette (macaque), 40. Alouiite, 61. Alpaca , 200. Ane, 221. Antilope, 230. — Qufldricorne 240. Aperea, 107. Ambre gris, 165. Atèle, 64. — marginë, 66. — hippoxanthe, 66. — aux mains noires, 66. — Métis , 66. Aye-aye, 81. Babyroussa, 104. Babouin, 56. Baleine. 162. Baieinoptère, 164. Barbastelle (oreillard), 07. Belette, 120. Bison, 200. Blaireau 114; — d'Europe. 115. — du Labrador. 1 1 6. Bœuf, 242. — (cuir du). 243. Bonnet chinois ( macaque ) , 48. Bouquetin, 240. Bradype, 85. Buflle, 200. Câblai. 107. Cachalot, 164. Callitriche, 30, 68. C^iliomvA, 185 C^imiNiunol 181; — des champs, 183 ; — fauve, 184. —rat d'eau, 182. Capromys, lOi. Oipucin (singe), 71. Ciaracal, 132. Carnassh'.rs, 88. * Casîor, 102. Castnreum, 102. (^viens (rongeurs), 106. Cebus, 60. Cerf, 234. — ordinaire, 235; —■ du Cianada, 237 ; — de Virginie, 237. Cl^.TACÉS, 155. Chacal, 120; 140. Chaima, 57. Chameau, 230. Chamek (atèle), 66. Chat, 127 ; — domestique, 133; —sauvage, 134. Chauve^ouris, 03. Cheiromv?, 81. Chéiroptères, 03. Cheval, 213 — sauvage (chasse du), 217; —(dentition du), 210;— M— in. F. Morse. 262 TABLE ALPHAB^:TIQUE. Chrvre, 240 ;— d'Angora, 241. — du Tibet 241. Chevreuil, 236. Chevrotain, tda; — pofrte- mu8C, 333. Chien, 137 ; — loup, 138 ; — domestique, 141 ; — sau- niijje, 148. — (T^-tfiétés du), 144. Chinchilla, 186. 18G. Chimpanzé, 21. Chrvsochlore, 106. Civette, 126; — d'Afrique, 126. Cladobate, 102. Classification, Introd., v. Coaiata (atèle), 66. Coati, 110. Cochon, 223 ; — domestique, 224 ; — marron, 226 ; — de Siam, 1!)8; — dn'lde, 163; déterre, 153. Coendou, liH. Colohe guereza, 46. Condilure, 107. Couagga, 214. Couïa, 193. Crabière (sarigue), 214. Ctenodactyle, 183. Cynocéphales, 54. — momi- 'llés, 56 ; — porc, 67. Daim, 236. Daman, 213. Da&yure, 248. Dauphin, 169. Daw, 241. Pesman, 106. Didelphes, Introd., x. — 244. Digitigrades (carnassiers), 117. Dinothërium, 268. Doue (seniBopithèque), 43. Drill, 69. Dromadaire, 227 ; — foisile , 267. Dugoiig, 209. Echidnès, 263. Er-ureuil, 168; — d Europe, 169;— vol«Qt, 170. Edentés, 160. Elan, 237. Eléphant, 200; —d'Afrique, 207 ; — d'Asie , 201 ; — Chasse Bux) 204. Etertthéro'daétyles, 246. Entelle, 44. Entomozoaires, Introd., viu ; ^kiplère, 102. 'V^ine de mer. F. lamaiHin. Fer-ù-cheval (grand), 98 ; — (petit), 99. Feutre, 196. Fossiles (mammifères), 264. Fouine, 120 Fourmilier, 163 ; — didactyle, 165. Furet; 120. Galago, 78. Galëopithèque, 83. Gazelle, 207. Genette de France, 127; — du Cap, 127; — de Madagascar, 127. Gerville, 180. Gerboise, 179; — du Cap, 161. Gibbon, 31 ; — Sianiaog32; — petit, 36. Girafe, 237. Glouton, 116. Gravigrabes, 198. Grivet (guenon), Z9, Guenon, 36. Guereza (colobe), 46. Hamster, 180. Hémione, 222. Hérisson, 101; — d'Europe, 102; Hermine, 120. Hippopotame, 222. Hurleur (singe), 61 ;— alouate, 63 ; — ursin, 64. Hyène, 134; — brune, 136; — rayée, 186 ; — tachetée 136. Hvdromys, 176. Ichneumon, 123. Indri, 79 ; — sans queue, 79. Insectivores (carnassiers) , Jaguar, 131. t.'' TABLE ALPIIABÉTIQIB. ■2Qt l Mouflon, 241. Mouton, 241. Mulet, V.\0. Mulot, 177. M u RIENS f rongeurs), 175. Muriu (vespeitilion), 96. Mui^araigne, 103; — para- doxale , 103; — géante, 104; — musette, 106; — Toscane, 103. Musc, 201. Jocko, 23. Kanguroo, 240. Kinkajou, 110. Lagotts, 190. Lagotrlche, 66. Lamantin, 208. Lapin, 195. Lémuriens, 72. Léopard, 131. Lëporiens (rongeurs). 195. Lérot, 173. Licorne , (animal fabuleux) , Musc, 202. 240. Muscardin, 174. Lièvre, 105. Musette finusaraivne), 105. Lion, 129. Narwliai, 161. LIama,232. Nasique, 44. Loir, 172; — ordinaire, 172. Nisnas (yuenon), 41. Lori, 80. Noctule (vespertiiioa), 97. Loup, 138; — noir, 138. OËgagre, 240. Loutre, 1 22. Onagga, 191. Lynx, 132. Orang-outang, 26. Macaque 47; — nègre 53; Oreillard, 97. — à face rouge, 53; Ornithodelphes, 251 ; -^ Magot, 51. Intr., x. Maimon (macaque), 50. Ornithonrjnques, 252. Maki, 72; — rouge, 76; — Oryctérope, 153. vari, 76; — nain, 77; — Oryctomys, 190. volant , 83. Os'téozoai res, /nit od., v i ii^ Mfîlacozoaires, Introd., viii. Ouenderou, (macaque) 49. Malbrouk )guenon) . 38. Ouistiti ,71. MAMMIFÈRES, Introck-^ny Ours, 110 ; — orné, ill ; — IX ; — 1 . aux longues lèvres, 1 1 1 ; — Mammifères fossiles, 254. d'Europe, 112; — blanc, Mandrill,58. 113; — noir, 114. Ovipares, Inlrod., x. Pachydermes, 210. Panthère, I3i. Papion, 57. Patas, 41. Mangouste, 123. Marmose (sarigue), 214. Marmotte, 171. Marsupiaux, 212. Mastodonte, 255, 257. Marte, 118; — commune. Pécari, 226. 120; — du Gtnada, 120; Phacochère 226. — zibeline, 121 . Phalanger, 248. Mégathérium, 258. . Phascolome, 250. Mérions, 1 80. Phoque , 1 46 ; — moine, 1 47; Mococo, 76. — â trompe , 148. Mone, 40. Phyllntosme, 100. Monodelphes, 244. Pinnigrades (carnassiers), Morse, 148. 145. MoutTelte, 118; Pipistrelle )ve8pertilion), 97. 26/i TABLE ALPHABÉTIQUE. Plantigrades (carp Mers} , 10!). Polatouche, 170. Pongo, 22, 29. Porc-éplc, 104. in-otèle, 136. Putois, 119. Quadrumanes, 1, 13. Rat, 176; — à bourse, ïOI; — d'eau, 182; —de Barbarie, 177; — de Madagascar, 62;— noir, 178;— lièvre, 177; — surmulot, 190; — taupe, 161. Ratel, 117. Raton, 110. Renard, MO. Renne, 236. Rhésus (macaque), 50. Rhinocéros, 212. Rhinolophe, 98 ; — grand fer- à-cheval, 98 ; — petit fer^- cheval, 99. Rongeurs, 166. Rorqual, 164. Roussette, 94. Ruminants, 227 i — (organisa- tion des), 227. Sf^ou, 67 ; — fossile, 224. Saimiri, 68. Saki, 70. Sapi^ou, 67. Sanglier, 226. Sarigue, 246; — à oreilles bi- colores, 247 ; — marmose, 248. Satanas (saki), 71. SciuRiENs (rongeurs), 168. Semnopithèques, 42. Serotine(vespertilion), 97. Siamang (gibbon), 32. Spermaceti 165. Singes de l'ancien continent, 20; — du nouveau conti- nent, 60; — anormaux, 85; — fossiles, 257. Singe varié, 41 ; — vert , 40 ; — araignée, C5; — à mu- seau de renard, 73. Souris, 179. Stentor, 61. Surmulot, 177. Stndactyles (didelphes), 248. Taira, llO. Tamandua, 154. Tamanoir, 154. Tanrec, 102. Tapir, 211 Tarsier, 80. Tartarin, 58. Tatous, 152. Taupe, 106 ; — étoilée, 107 ; — commune ,107. Tesson. V. blaireau d'Europe, 115. Tigre royal, 130. Troglodyte, 22. Unau, 87. Vache marine. F. morse et la- mantin. Vampire, 99. Vari, 76. Vertébrés, Introd., yiii. Vespertilion, 95 ; — murin , 96 ; — noctule, 97 ; — pi- pistrelle 97; — serotine. 97; oreillard, 97. Vigogne, 232. Viscache, 185, 188. Wnmbat (phascolome), 250. Zèbre, 191. Zemmi, 61. Zibeline (marte), 121. Zibeth, 126. Zorile, 122. fin de la table alphabétique des mammifères. Tours. — Imp. de Marne. conti- rmaux, rt,40; à mu- i), 248. , 107; urope, e et la- nurin, — pl- ae. 97; , 250. Marne.