IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) .^. ^ <( <^ 1.0 l.l m m M 12.0 U IL25 nu 1.6 Pholiograiiiic Sciences Corporalion ¥j^ \ î;. 23 WBST MAIN STMIT WIBSTIR,N.Y. I4SM (71«) 872-4503 4^ v\ CIHM/ICMH Séries. ^- 1 CIHM/ICMH Collection de microfiches. Canadian Inatitute for Historical Microraproductiont / Institut canadian da microraproductions hittoriquaa ^ 5^ ^^-mmw Tachnical and BibiioorapHic NotM/Not«s tachniquas at bibliographiquaa Tha Inttituta ha* attamptad te obtain tha baat original copy availabia for fllming. Faaturaa of thia copv which may ba bibliographically uniqua, which may altar any of tha imagaa In tha raproduction. or which may •Ignificantly changa tha usual mathod of fllming. ara chackad balow. n D D D D D Colourad covart/ Couvartura da coulaur I I Covart damagad/ Couvartura andommagéa Covars raatorad and/or laminatad/ Couvartura raatauréa at/ou palliculéa r~| Covar titia mitaing/ La titra da couvartura manqua □ Colourad mapa/ Cartas géographiquas 9n coulaur Colourad ink (i.a. othar than blua or black)/ Encra da coulaur (i.a. autra qua blaua ou noira) I I Colourad platas and/or illuatrationa/ Plancha» at/ou illuatrationa an coulaur Bound with othar matarial/ Ralié avac d'autraa documanta Tight binding may cauaa shadowa or diatortion along intarior margin/ La re liura sarrée paut cauaar da l'ombra ou da la diatortion la long da la marga intériaura Blank laavaa addad during raatoration may appaar within tha taxt. Whanavar poaaibla, thaaa hava baan omittad from fllming/ Il sa paut qua cartainaa pagaa blanchaa ajoutéaa lors d'una rastauration apparaiaaant dans la taxta, mais, lorsqua cala était possibla, caa pagas n'ont paa été filméaa. L'Inatitut a microfilmé la maillaur axamplaira qu'il lui a été poaaibla da aa procurar. Laa détaila da cat axamplaira qui aont paut-étra uniquaa du point da vua bibliographiqua, qui pauvant modifiar una imaga raprodulta, ou qui pauvant axigar una modification dana la méthoda normala da filmaga aont indiquéa cl-daaaoua. 7 D IZI n D 0 13 D D D Colourad pagaa/ Pagaa da coulaur Pagaa damagad/ Pagas andommagéas Pagaa raatorad and/or laminatad/ Pagas raatauréas at/ou palliculéaa Pagoa discolourad, stainad or foxad/ Pagas décoioréas. tachatéas ou piquéas Pagas datachad/ Pagas détachées Showthrough/ Transparanca Quality of print varias/ Qualité inégala da l'imprassion Inciudas supplamantary matarial/ Comprand du matérial supplémantaira Only aditlon availabia/ Saula édition diaponibia Pagaa wholly or partially obscurad by errata alipt. tiasuas. atc. hava baan rafilmad to ensura tha bast possibla imaga/ Laa pagas totalement ou partiellement obscurcies par un feuillet d'erreta, une pelure, etc., ont été filmées é nouveau de façon à obtenir la meilleure image possible. 1 P a fl C k t s 0 fi s a 1 a 1 « D Additional commenta:/ Commantairea supplémentaires.- This item is filmed at tha réduction ratio chacked below/ Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-deaaous. 10X 14X 18X 22X 2SX 30X 7 3 12X 16X aox aéx 28X 32X Th« eo^ fHmMl hun Hm Imwi rtprodueMi thanks to tiM owMrosity of : tMiUnary of QualMe Library L'Mwnptair» filmé fut raproduit gric« è la Oéfiérotité d«: SémifMiradtQuébM MbNothèqiM Th* ImagM «ppaarlng hcra «r* tlw bMt qualHy poMibl* eoiMldarina tha oonditloii and lagibUity of tha original cofiy and In kaaplng whh tha fllmlng eontraet apaclflcatlona. Laa imagaa aulvantoa ont 4té raproduitat avac la plua grand aoln. compta tami da la condMon at da la nattaté da l'axamplalra filmé, at an conformité avac laa condltiona du conuat da fHmaga. Original coplaa In printad papar oovara ara fUmad baginning wMi tha front covar and anding on tha laat paga with a printad or Hluatratad impraa- alon, or tha back covar whan appropriata. Ail othar original coplaa ara fllmad baginning on tha first paga whh a printad or Hluatratad Impraa- alon, and anding on tha laat paga wIth a printad or Hluatratad Impraasion. Laa axamplalraa originaux dont la couvartura an papiar aat impriméa «ont fHméo an commençant par la pramiar plat at an terminant soit par la damiéra paga qui comporta una amprainta dimpraaaion ou dINuatratlon, toit par la sacond plat, aalon la caa. Toua laa autraa axamplalraa originaux sont fHméo an eommançant par la pramiéra paga qui comporta una amprainta dimpraaaion ou dIHuatration at «n terminant par la damiéra paga qui comporta una talla amprainta. Tha laat racordad frama on aach mieroficho ahaU contain tha aymbol — ^ (maaning "CON- TINUED"). or tho aymbol ▼ (maaning "END"), whichavar appHaa. Un daa aymbolaa suhranta apparaîtra sur la damiéra Imaga da chaque microfiche, «don le caa: la aymbole — ^ aignifie "A SUIVRE", le aymbola ▼ aignifie "FIN". Mapa, platée, charte, etc.. may be fHmed at différent réduction ratioa. Thoee too large to be entirely Included In one expoeure ère fUmed beginning in the upper left hand corner, left to right and top to bottom. aa many framea ae raquired. Tha following diagrame IHuatrata the method: Lee cartee, pianchea, tableeux. etc., peuvent être filmée é dea taux de réduction différente. l.oraqua le document eet trop grand pour être reproduit en un eeul cliché, il eet filmé é pertir de l'angle aupériaur gauche, de gauclie é droite, et de haut an baa. en prenant le nombre d'Imagée néceeeelre. Lee diagrammea auivanta Hluetrent le méthode. 1 2 3 1 2 3 4 5 6 \,1 .> BIBLIOTHÈQUE DE LA JEUNESSE CHRÉTIENNE ▲PPKOUVÉI PâH S. ÉE liT Ll CAIMNAL ABCUTIQOI DI rAUS 2* séRIK IM-1% I 'V Aiikïiit^ I it'ilfli'iÉilllff 1'^ dfi. ^ PROPHIÉTÉ l>£â ÉlklTKKUS »*'■ 4 STOIRE TURELLE NIMAUX LES PU» UIAIQUAIUS DE LA CLASSE DBS lAlllPiMS (QVAORUPtDCSETCCTACtS) PAR UN NATURALISTE DU MUSÉUM * " OBMÉ DE aODCAXTE FIGUKRS D'aIUMAUX DcMioéM et KravAes par C. Kramc, peintre d'histuire naturalk «ï^ DIXIÈME ÉDITION TOURS ALFRED MaME ET FILS, ÉDITEURS M 1805 >/ "^^ ^*#-' •/ !^ ^ ! ♦ / • M ,«: 'W. ■■^: ^ #■ * .f»f; m^ i INTRODUCTION Le nombre des animaux connus esl si considérable, qu'on a dû nécessairement, pour éviter la confusion, établir parmi eux , dans les ouvrages qui en traitent comme dans les collections où ils sont conservés, un ordre déterminé, au moyen duquel il fût possible de retrouver aisément chacun d'eux, lorsque le besoin s'en présenterait. Ce rangement des animaux ou des autres productions naturelles est ce qu'on nomme leur l'iussifi cation. Des données tout à fait arbitraires Tout souvent déterminé ; c'est ainsi que Ton a disposé les animaux par groupes correspondant aux contrées qu'ils habitent, ou bien qu'on les a rangés en séries, en ayant seulement égard à l'orthographe de leurs noms , et c'est encore ainsi qu*il est question d'eux dans les dictionnaires. Mais on a reconnu que l'étude de leur organisatior conduirait, par Tappréciation des rapports ou des dilTérences qu'ils offrent entre eux , à une distribution beaucoup plus rationnelle : telle est l'origine de la méthode en histoire naturelle. Un tel travail exigeait une connaissance approfondie de tous les organes: car, sans cette connaissance, comment apercevoir les caractères, qui ne sont eux- mêmes que les diflérences offertes par les divers or- ganes comparés entre eux ? Il fallait plus encore , il fallait savoir apprécier la valeur de chaque caractère. 1 "m.* 2 INTRODUCTION. - loppe ph% lea caractères . appartient à telle ratëKorie de la méthode, pour qu'il soit aussitôt possible de n'en faire une idée k peu prés complète. Les espèces d'a- nimaux sont reparties en groupes nombreui et de diflTérents degrés; elles forment par leur première réunion des genres, à peu près comme dans une armée (car on peut admettre que chaque espèce constitue une unité, comme cela existe aussi dans l'exemple que nous choisissons) les soldats sont ré- partis en compagnies : de même que l'on réunit les compagnies pour former des bataillons, etc., de même aussi la réunion d'un certain nombre de genres forme des familles; celle des familles constitue des ordres, et successivement des classes, des types ou embran- chements , qui eux-mêmes ne sont que les subdiTi- sions primordiales du règne animal. C'est moins le nombre des animaux que la nature de leurs caractères qui détermine la formation des genres, des familles, des ordres, etc. Car un genre, une famille, un ordre même, peuvent ne contenir que trés-peu d'espèces, ou même une seule, tandis qu'un genre voisin sera la réunion de plusieurs centaines d'espèces. C'est ainsi que, pour tirer un exemple du sujet de ce livre, la famille des singes comprend à elle aeule beaucoup plus d'espèces que l'ordre entier des éléphants on gru* vigrades. Les types ou coupes primordiales du règne animal sont au nombre de quatre; la forme générale de leur corps et la nature de leur système nenredl fournis- sent leurs principaux caractères. Les espèces les plus inférieures, c'est-à-»dire celles qui sont le pins élot^ gnées de Thomme, sont de forme rayotinée^ ledr corps pouvant être partagé en rayons au ttéttbre de quatre au moins, qui parlent tous d'un centra eetm-' INTRODUCTION. I iilun, lequel est lui-même l'aie du corph; l«h po- lype», lei étoiles de mer, les oursins, les coraux et les madrépores sont tous de cette première division ( >4c(inoroaife«) ; la seconde comprend les mollusques , animaux de forme binaire, ou dont le corps ne peut être partagé qu'en deux moitiés; les mollusques (Malacozoaires), qui sont les seiches, les hélices ou escargots, lei limaces, etc., n'ont point de squelette, et aucune partie de leur corps n'est réellement arti- culée. Chez eux , le système nerveux consiste en un cerveau qui envoie aulour de l'œsophage une espèce de collier, et leurs nerfs principaux sont placés sur les parties latérales de leur tube digestif. Le troisième et le quatrième type comprennent des espèces pour- vues d^une charpente plus ou moins dure, et com- posée de pièces toujours articulées entre elles. Chez les unes, ces pièces articulées sont toujours à l'exté- rieur, et forment une soric 'endurcissement de la peau : tels sont les insectes, les araignées, les crusta- cés (crabes, écrevisses, cloportes), les millcpieds ou myriapodes, et les vers ou annélides, que l'on ap- pelle du nom commun d'Entoniozoaires, c'est-ù-dire animaux articulés. Les au très ont toujours leurs pièces dures placées à Tintérieur, et formant ce que Ton appelle un squelette : ce sont les animaux vertébrés ou Ost^ozoatres (poissons, reptiles, oiseaux et mam- mifères). Ceux-ci ont l'organisation la plus compli- quée; et, comme les mammifères occupent parmi eux le premier rang, tant à cause de la variété de leurs instincts que des particulari tés caractéristiques de leur structure, c'est par eux que Ton doit commencer l'étude de la zoologie. Ces animaux sont d'ailleurs les plus importants à étudier, à cause des rapports évi- dents qu'ils ont avec nous dans les parties principales de leur organisation. Les mammifères sont faciles à INTRODCCnON. «i reconnaître. Pourvun d'un squelette osseux t'i inté- rieur comme tous les autres vertébrés, ils ont aussi, nomme ceux-ci, le système nerveux spinal, supérieur au canal digestif et renferme dans un étui osveux , composé dans toute sa lonKueur de vertèbres plus ou moins modifléet; leur cerveau est plus volumineux que celui des autres vertébrés, et leur intelligence et leur instinct plus étendus et plus variés; leurs organes des sens sont parfaitement développés; leur sang est rouge et chaud pendant la vie; leur C(i>ur est double; leur respiration s'opère toujours et k toutes les époques de leur vie par les poumons; et leurs petits, toujours vivants lorsqu'ils viennent au monde, sont constam- ment nourris, pendant les premiers temps de leur existence, au moyen d'un liquide spécial, le lait, que sécrètent chez les femelles ''os organes particuliers appelés mamelles. C'est à ce caractère que les mam- mifères doivent leur nom {mamma, mamelle, fero, je porte), qui signiûe porteur de mamelle ; ils sont, en eiïet, les seuls animaux qui présentent ces organes. Un autre caractère des mammifères les rend aussi très- reconnaissables : presque tous ont le corps plus ou moins garni de poils, et lorsqu'ils semblent ne point en avoir , c'est que leurs poils se sont modifiés pour former des espèces de carapaces, comme chez les ta- tous; des écailles, comme chez les pangolins; ou pour donner à la peau une plus grande épaisseur, ainsi qu'on le voit chez les cétacés, les pachydermes, et à la plante des pieds de presque tous les animaux. Les mammifères forment une classe partieulière, et les nombreuses espèces qui s'y rapportent sont elles- mêmes partagées en genres, en familles et en ordres, que nous devons successivement étudier, en nous ar- rêtant plus longtemps pour ceux qui offrent le plus d'intérêt. La classification des mammifères a occupé 0 INTI^ODUCTION. » un bien grand noml^re cje n^^uralisles; aussi esl-elLe pr0»entemeni plus naturelle pçul-éire que pelle d'au- cun autre groupe du règpe animal, ^ous avons adopté oello à laquelle M. de Blainville a été coqduil par suite d'une appréciation exacte des rapports de ces ani- mai|x; la clause y est partagée en trois sous-classes, subdivisibles elles-mêmes en un ou plusieurs ordres chacune. Le mode de naissance des petits et quelques particularités ostcologiques importantes fournissent les premiers caractères au moyen desquels ces sous- classes sont caractérisées, Nous avons dit plus haut que les rapports naturels r^^ident moins dans les analogies de formes que dans de^ similitudes d'organes p^u apparents, mais en réa- lité plus importants dans réconomie, Ce principe a dO guider dans la recherphQ des animaux qui devaient prendre )e dernier rang parmi lep mammifères, et il a permis 4>ssigner h chacun une place certaine , au lieu de la mettre, pour ainsi dire, au hasardt Voici quelle est en définitive la disppsitjon la plus naturelle et en même temps la plus rationnelle des mammi- fères. Puisque en di^veloppant rapidement les princi- pales coupes du règne animal nous avons d'abord parlé des plus inférieures, nous signalerons d'abprd les mammifères les plus voisins des vertébrés non mam- mifères* Nous avons vu que ces derniers sont sur- tout différents des espèces de la première classe par l'absence de mamelles et par une génération ovi- pare; car il est des mammifères qui sqnt ovipare^i, e^est-àndire presque ovipares (on a même cru k tort qu'ils pondaient des œufs), et chez lesquels les ma* melles (qui ont été pendant quelque temps considé- rées pomme nulles) se sent profondément modifiées dans l^ur structure Intérieure et extérieure; ces aoi- maMi( sont les échidnès et les ornjtborhynques (sou!^ WTROPUCTION, 7 classe des Omiihodelphes), qui sppi auçsi de tous If 9 mammifères ceux dont le squelette a le plus de rap- port avec celui des ovipares. Les ornitbodelpbes ont, en elTet, comme les ovipares reptiles et oiseaux, le péroné et le tibia également articules avec le fémur, et ils ont de doubles clavicules. La sous-classe qui les précède est celle des Didelphen (sarigues), cbez lesquels les petits , trop incomplète- ment formés lorsqu'ils naissent pour profiler encore des secours que pourraient l^ur prodiguer leurs pa- rents, se fixent à la mamelle de leur mère et y adhè- rent comme par grelTe, jusqu'à ce qu'ils aient achevé leur développement total. Ces animaux n'ont plus le^ doubles clavicules des précédents, mais leur Jambe a le même mode d'arliculatiop. Les mammifères les plus nombreux sont ceux de la troisième sous-cla^se : tels sont les chats, les chien^^ les singes, les nyoulOQS, Içs cochons, etc.; leurs pe- tits ne se fixent point d'une manière permanente à leurs mamelles, ils n'ont point de double clavicule, le tibia esl la seule partie de leur jambe qui s^articule avec leur fémur; les didelphes et les Qrnithodelpbes présentent en avant du bassin des os dont ceux-ci sont toujours dépourvus. Si nous commençons par les animaux auxquels le Créateur a donné des formes extérieures qui rappellent celles de l'homme, nous voyons que les Quadrumanes ouvrent la série; il faut leur rapporter, outre les ani- maux que la plupart des auteurs y placent, les galéopi- thèques, les ayes-ayes ou chéiromys, et sans doute les |)aresseux ou bradypes. Ces animaux forment ud pre- mier ordre; c'est, pour ainsi dire, un premier degré d'organisation, le premier échelon de l'échelle zoolo- gique. Les Carnassiers forment le second ordre ou degré. ' 8 INTRODUCTION. Parmi ceux-ci, il en est qui sont destinés à vivre k la surface du sol, d'autres à fouir la terre k une certaine profondeur pour s'y creuser des galeries, d'autres qui doivent s'élever en Pair et voler (chauve-souris), et quelques-uns sont destinés à vivre au milieu de Teau. Il me semble que, dans ce degré d'organisation comme dans plusieurs autres, les diverses modifica- tions des espèces sont en rapport avec les différents genres de vie possibles sur notre planète. Les carnas- siers se nourrissent de chair, et ils vont chercher leur proie k îa surface du sol ou hors de sa surface sur les arbres, dans les airs, dans la terre ou dans Teau , de même qu'il y a des espèces herbivores destinées k ra- masser leurs aliments dans les différentes conditions où ceux-ci se rencontrent. Un troisième ordre est celui des Édentés, qui a aussi des espèces fouisseuses, terrestres et aquatiques. Le quatrième, celui des Rongeurs, est dans le même cas. Le cinquième comprend les Gravigrades, Le sixième, les Pachydermes (hippopotame, co- chon, cheval). Le septième enfin, les Ruminants. C'est dans cet »ordre que prennent place la plus grande partie des espèces que l'homme a soumises à la domesticité. raiiMjtii ANIMAUX MAMMIFÈRES CHAPITRE I ORDRE DES QUADRUMANES Les singes de l'ancien continent^ ainsi que ceux du nouveau, les makis, les chéiromys et les galéo- pithèques, auxquels il faut joindre, d'après quel- ques auteurs, les bradypes ou paresseux, forment le premier ordre de la classe des mammifères, ce- lui que Ton a nommé l'ordre des Quadrumanes, parce que le caractère principal de la plupart des espèces qui s'y rapportent est d'avoir non-seule- ment les membres antérieurs terminés par de vé- ritables mains, mais encore les postérieurs. Les Quadrumanes ou Mammifères à quatre mai&s com- •posent un degré particulier d'organisation parmi les animaux dont nous aurons à nous occuper, et ils sont placés avant tous les autres, parce qu'ils offrent dans leurs caractères zoologiqoes et dans 4' 10 MAMMIFÈRES — QUADRUMANES. le)ir iutelligence des particularités qui les placent autdes^us dep autr^ip aolmaux. Le mot de Quadrumanes^ qui est aujourd'hui généralement employé^ indique que les Mammi- fères auxquels oq l'applique ont ordinairement quatre mains, c'est-à-dire qu'aux membres posté- rieurs de ces animaux, comme à leurs membres antérieurs, leqr poqce e$t opposable aux autres doigts. Tous les animaux que leur organisation ramène au même ordre que les singes et les ma- kis n'ont pas toujours leurs quatre pouces oppo- sables ; et ce qui est digne de remarque , ce sont ceux des membres inférieurs qui perdent les der- niers ce caractère; beaucoup de faux singes ou ](nal^i9, pour ne pas dire tons, ont le pouee des mm^ antérieures dirigé comme les autres doigtp, fit incapable de leur être opposé. Différents genres ^e singes américains offrant aussi cette particu^ la?iî^, f^t il «is(e parmi ceux de l'Afrique un groupe particulier, celui des eolobes, dont les mains antérieures sont tout à fait privées de pouce. Mais ce caractère de la natui^e des membres n'est pas le seul qui soit particulier aux Quadru- manes, et la manière de vivre de ces animauic, leur intelligence développée, les diverses particu*- larités de leur organisation, ne permettent pas de les confondre avec aucun des autres ordres de la même classe* des animfiu]| ont le système des orgAiies diges-r XAMMlFiMâ ^ 0U4»ltUlfi tifo disposé, à peu de chose pH rhomme; leur régime est, en efibt surtout dans les premières espèc dernières se nourrissent surtout de^ taies, principalement de fruits. Le il fournit peu à leur alimentation, si ce n' ques insectes , des œufs d'oiseaux et quelquefois aussi de petits animaux. Une particularité assez remarquable de Testomac de ces premières es^ pèces est celle que présente cet organe chez les semnopithèques, dans les boursouflures qui le caractériseatt A mesure qu'on descend la série , on reconnaît un moins grand nombre d'espèces frugivores i les œufs et surtout les insectes sem-* blent, an efet, plaire davantage aux singes améri* cains. \m ouistitis et les sakis, parmi ces derniers, paraissent même las rechercher exclusivement, et il est à remarquer que déjà leurs dents ont une forme différente de celle des espèces supérieures. Les tubercules de la couronne de leurs mâ^be- Uèressont, en effet, ren^placés par de petites pointer épineuses qui rappellent celles des m^\^» Quant au cerveau, il est proportionnellement plus d^Wfiv loppé chez les Quadrumanes que chez h% autres Mammifères, et sa surface présente, çhezbedu*- eoup d'espèpesi, des ciroonvolutionii norobreui;es. La forme du corps de ces animaux préiente va aspeot qui rappelle les formes humaines; mm i mesure qu'on ileseend vers les plus inférieurs, la ^'4^ • liAllMIFÈRES. — OUABRUMANES. ressemblance semble s'effacer: les mamelles sont toujours pectorales, c'est-à-dire placées sur la poitrine et au nombre de deux. Une seule espèce, le loris grêle, en a quatre, d'après l'observation de Daubenton , et ces deux mamelles supplémen- taires sont situées à la région des aines. Le sque- lette offre aussi de nombreuses analogies avec celui de l'homme, et, chez les orangs, le chim- panzé et les gibbons, le sternum présente le ca- ractère remarquable qu'on lui connaît dans notre espèce. Aucun des Mammifères quadrumanes n'a été rendu domestique à la manière des animaux aux- quels on donne vulgairement ce nom; mais la plupart d'entre eux peuvent être apprivoisés, surtout s'ils sont pris dans leur jeune âge. Dans les pays chauds, ils s'accoutument aisément à notre intérieur, et dans beaucoup de maisons, . surtout en Amérique, on en conserve en escla- vage; un grand nombre de peuplades sauvages aiment aussi à en retenir au milieu d'elles. Les singes d'Amérique, plus doux que ceux d'Afrique et de l'Inde, se prêtent bien mieux à cette sorte d'éducation - car le caractère farouche et très- souvent intraitable que les derniers prennent en vieillissant ne permet plus de les garder après un certain âge. Les variations fréquentes de la température de nos climats , le froid de l'hiver , même dans nos régions tempérées, sont très-nui- MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. 13 sibles à la santé de ceux que Ton y conduit. Les Quadumanes ont pour patrie générale les zones intertropicales; on les trouve aux mêmes latitudes à peu près en Amérique, en Afrique, dans rinde et dans les îles de Tarchipel Indieu. Néanmoins, dans quelques contrées, ils sortent de ces limites, et, d'un autre côté, plusieurs points qu'elles comprennent n'offrent aucune es- pèce de ces animaux. Les pays peu exhaussés au-dessus de la surface de la mer, très-boisés, où la température est fort élevée, sont ceux qui conviennent à leur nature. Aussi en Amérique ne les trouve-t-on que dans toutes les contrées qui sont situées à TE. des Andes, jamais sur ces mon- tagnes ou sur celles qui en sont le prolongement, et rarement sur Tétroite lisière des terrains qui sont à ro. de cette chaîne; passé Tisthme de Panama, on n'en rencontre plus vers le nord , et il en est de même pour le Paraguay , au sud. Ainsi les seules contrées de l'Amérique qui offrent des animaux de cette famille sont le Brésil, le Para- guay, les Guyanes et une partie du Mexique. L'Afrique est peuplée de singes dans tous les lieux où Ton a pénétré ; mais le pays du Congo , le Sénégal, le cap de Bonne-Espérance, semblent être leur patrie de prédilection. Deux ou trois espèces au plus se voient sur les côtes de Bar- barie, et les mêmes se montrent dans la haute Egypte. L'une d'elles, le magot, vit aussi dans '/■ \K MAMMlPiRIS. >— QUÀDiUMàllIS. une petite portion de l'Europe , sur le rochei de Gibraltar, et elle est la seule qu'on observe daus cette partie du monde. L'Ile de Madagascar ne possède aucune espèce de véritables singes : ces animaux y sont représentés par les makis et les autres lémuriens dont nous parlerons ensuite, et qui forment une famille particulière de Tordre des Quadrumanes. Il n'y a qu'une espèce de singes en Asie Mi<» neure, en Géorgie^ en Syrie, et elle se rencontre aussi dans la Perse; mais deux ou trois espèces sont signalées comme propres à l'Arabie. La chaîne de l'Himalaya et les montagnes du Thibet sont une limite à l'eiistence des singes, et on ne les trouve qu'au sud des cimes les plus élevées du globe, c'est-à-dire dans la presqu'île de l'Inde, surtout au voisinage de la mer, au Bengale, à Geyl'an, à Malacoa, à Sumatra. Les grandes îles de Tarobipel Indien , et surtout Bornéo, en ren- ferment; et il paraît que dans quelques provinces méridionales de la Ghine il en existe aussi. Tout le uord et les parties E. de l'Asie , à l'exception de celles que nous venons de nommer, n'ont aucune espèce de singes. On assure néanmoins que le ma- caque spécieux se trouve au Japon ; mais le conti- nent entier de la Nouvelle-Hollande, toute la série » des îles du grand océan Pacifique manquent d'anir maux de ce groupe. Remarquons que les singes d'Aménque ont des MAMMirinis. — ouADtinfAifis. 46 caractères qui les dirtinguent de ceux de l'ancieu monde, et que parmi les autres Quadrumanes que présentent l'Asie et l'Afrique, on reconnaît diffé- rents genres et même différentes familles, dont la répartition géographique n'est pas moins régu- lière. Les gibbons n'ont de représentants qu'en Asie et dans les lies de l'arebipel Indien; l'o-p rang-outang est aussi confiné dans cette partie du monde, ainsi que les singes à longue queue aux- quels M. F. Cuvier a réservé le nom de eemnopi- thèques. Les guenons sont, au eontraire, toutes d'Afrique, ainsi que les eolobes, et ce n'est que dans la même région que vivent les cynocéphales ; quant aux macaques, il est bien reconnu aujour- d'hui qu'il y en a en Afrique; mais que le plus grand nombre d'entre eux est asiatique. Chimpanzés, orangs-outdngs, guenons, sem- nopithèques, colobes, macaques et cynocéphales, sont autant de genres d'une même famille qu'on appelle collectivement singes de l'ancien monde. Quant à ceux du nouveau n^de, ils forment aussi une famille particulière, dont Buffon et Daubenton avaient déjà reconnu les principaux traits. Les Quadrumanes auxquels le nom de singes convient moins bien sont les makis, les galagos, les loris, dont aucune espèce n'habite rAmérique. Ces ani- rnaux» qu'on appelle lémuriens, sont pour la plupart de Madagascar, île si voisine de l'Afrique, et néanmoins si différente de oêtte contrée par ses 16 MAMMIFÈRES. — QUâDRUMàNIS. productions naturelles. Quelques lémuriens, mais en petit» nombre, sont propres i l'Afrique « et ils diffèrent spécifiquement de ceux de Madagascar; enfin on en a aussi découvert un petit nombra dans Tarcbipel Indien ; c'est au même groupe dlles, et aussi à la partie S. du continent asiatique qu'ap- partient le galéopithèque. Nous devons donc étu- dier parmi les Quadrumanes quatre groupes prin- cipaux : i* Singes de l'ancien continent ; 30 Singes du nouveau continent; 3" Lémuriens ou makis; 4* Galéopithèques. § !•' SINOES DE L ANCIEN CONTINENT. Ce sont de tous les Quadrumanes ceux qui ont avec l'espèce humaine les plus nombreuses res<- semblances. Ils ont de môme trente-deux dents, semblablement distribuées , savoir : deux incisi- ves, une canine et cinq molaires de chaque côté de la bouche et à chaque mâchoire. Leur queue n'est jamais susceptible de s'accrocher aux corps, comme celle des sapajous; et quelques-uns en sont Hiifou DE l'ancien continent. 17 mAme complètement dépourvus : tels sont To- rang-outang, le chimpanzé, le gibbon et le magot. Beaucoup de ces animaux ont des joues exten- sibles f et la membrane muqueuse qui tapisse la face interne de ces organes se prolonge davantage sur les côtés des mâchoires, de manière à former de chaque côté de la bouche une poche plus ou moins dilatable, appelée abajoue, dans laquelle ces animaux mettent en réserve une partie de leur nourriture. Un autre trait non moins curieux de l'organisation de ces singes et qui leur est spé- cial, consiste dans les callosités fessières qu'ils présentent; celles-ci sont des plaques de substance cornée, en rapport avec la dilatation de leurs tu- bérosités ischiatiques, et dont l'insensibilité leur permet de rester assis sur les corps les plus durs, sur les arbres les plus rugueux, sans en souffrir. Les chimpanzés et les orangs manquent de ces callosités ; et les autres singes de l'ancien ^con- tinent sont les seuls qui en présentent. Leurs narines diffèrent aussi de ^^s des singes d'Amé- rique en ce que leur cloisoinEt étroite, et qu'elles sont ouvertes plus ou moins au-dessous du nez au lieu de l'être sur les côtés. A la tôte de ces singes se place le chimpanzé. chimpanzé. Linné, qui a donné à un grand nombre d'ani- iB HàJIIIIVÈRES. - quadrumànis. maux des noms emprunt!"'» à la Fable, appelle tro- glodytes, ihnia trogiodytes, l'espèce de singe dont nous parlerons d'abord. Le troglodyte, dor t on a fait le genre chimpanzé, e&t ray^imal que bu0bn a représenté et dont il a parlé souf le nom de jocko, d'après un individu qu'il a observé vivant. Toute- fois il ne faudrait pas croire que tout oe qu'il a dit du jocko doive ^tre attribué à ce singe; car il a confondu avec lui Torang-outang, qui en %t fi^t différent et qu'il appela d'abord popgo ^i^vuis i) a transposé ces noms, appliquant nu « biinpanzé ou jocko celui de pongo, et celui ^o jocko ^ son ancien pongo, qui n'est autre uliubu que roiang* outang parvenu à l'^e adulte. lie ohimpanjsé se rapprocha plus encore 4e l'bQmme par son organisation que l'orang-outang. Ses proportions sont plus bumaiues; ses membres supérieurs, moins longs que les autres, ne descen- dent que jusqu^au genou, comme daiis notre es- pèce, au lieu de s'allonger jusqu'au talon, comme dansForaUg; son ba^in est plus évasé, ses muscles des membres postéliln^ sont plus en harmonie avec les nôtres; aussi les allures de Tanimal n'ont* elles point la singularité qu'on remarque dans l'o- rang. Celui-ci est organisé pour vivre sur les arbres, il se meut au milieu des branches avec une extrême agili»*^; nii^ | terre i! se traine on peut dire avec pei j e, m toujours en employant ses quatre mains. Il u'en est pas d^ même du qbim- ptoKé : «68 inembrei postériaun lui servent «euls pour la marche. • L'orang*outang que j'ai vu, dit ijuffon ( l'illustre écrivain confond ici, comme nous l'avons (la pins haut, le ohimpanié avec l'orang), march /it toujoarsdeboutsurF'^odeux pieds, même en portant de» ' boses assez lourf^e». Son air était assez triste, sa démarche grave, . s mouvements mesurés, son itnrel .^ouxet très^diiférent de celui des autres singe<( : il n'avait ni Timpatience du magot, ni la méchanceté du babouin, ni 1 extra- vagance des guenons. H a «ait été, dii t-on in- struit et bien appris mais les autres quo Je v. ^ns de citer et que je lui compare avaient eu de mèi >i< leur éducation. Le sigii") et la parole suifisai« biton pour le babouin, et le fouet pour tous leh autres, qui n'obéissent {.uère qu'à la force des coups, J'ai vu cet animal \ résenter sa main pour reconduire les gens qui veniient le visiter, se pro- mener gravement avec eux ^X comme de compa- gnie ; je Tai vu s'asseoir à tanle, déployer sa ser- viette, s'en essuyer les lèvres, se servir de la cuiller et de la serviette pour porter à sa bouche, verger lui-même sahoisson dans un verre, le choquer lorsqu'il était invité, aller prendre une tasse et une soucoupe, rapporter sur la table, y mettre du éucre, y verser du thé, le laisser refroidir pour le boire, et tout cela sans autre instigation que les lignes OU la parole de son maître, et sou^ •l#- « * 20 MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. vent de lui-même. Il ne faisait de mal à personne^ s'approchait même avec circonspection, et se pré- sentait comme pour demander des caresses. Il ai- mait prodigieusement les bonbons; tout le monde lui en donnait, et, comme il avait une toux fré- quente et la poitrine attaquée, cette grande quan- lité de choses sucrées contribua sans doute à abré- ger sa vie. Il ne vécut à Paris qu'un été, et mourut l'hiver suivant à Londres. Il mangeait presque de tout ; seulement il préférait les fruits mûrs et secs à tous les autres aliments; il buvait du vin, mais en petite quantité, et le laissait volontiers pour du lait, du thé ou d'autres liqueurs douces. » Le chimpanzé a le cerveau bien développé; son front est arrondi, mais en partie caché, dans rage adulte, par des nr ades sourcilières qui prennent un assez grand développement. Sa face est brune et nue, à l'exception des joues, qui ont quelqaes poils disposés en manière de favoris; son museau ne prend pas avec l'âge le hideux dévelop- pement qu'on lui connaît chez la plupart des autres singes, et même chez les orangs-outangs adultes. Ses yeux sont petits, mais pleins d'expression; son nez est aplati, et les narines sont disposées obliquement sur les côtés. Cet animal peut atteindre jusqu'à 1 mètre 65 et même 1 mètre 95 de hauteur; son corps est cou- vert de poils peu fournis sur certaines parties , principalement à la poitrine et au ventre , et ses 8ING£S. — OUlMPAiNZÉ. Si mains en sont tout à fdit dépourvues à leur face palmaire, ainsi que ses oreilles^ qui sont bordées dans une partie de leur pourtour, et remarquables par leurs dimensions assez grandes. Ces poils sont généralement noirs; cependant ceux de ses fesses sont blancs. La patrie des chimpanzés est une partie de la côte occidentale d'Afrique, principalement les fo- rêts du Congo et de la Guinée. Il ne se trouve point en Asie, et il constitue une seule espèce très- facile à reconnaître, quoiqu'on n'en ait observé jusqu'ici d'une manière positive que le jeune âge. Pendant ses premières années, il est remarquable par sa douceur et la facilité avec laquelle il s'appri- voise ; mais à mesure qu'il vieillit, il perd la plupart de ses bonnes dispositions, qui sont remplacées par des instincts moins pacifiques. Il ne craint point alors d'attaquer l'homme lui-même; il s'arme d'un bâton et le frappe avec violence, ou bien saisissant son adversaire il l'étreint avec force; d'autres fois il combat à coups de pierres. Le nombre des chimpanzés qu'on a conduits vivants en Europe est très-restreint; ceux dont il est question dans les auteurs les plusconnus étaient tous jeunes; l'un deux a été observé et anatomisé par Tyson . La figure qui accompagne notre descrip- tion (Pl. I — 1) est une copie réduite de celle qu'en a donnée ce savant ; le second a été vu par BufTon : son squelette et sa peau bourrée se voient §i MAMMlPÈRKd. ^ QUADRUMANES. encore maintenant au Muséum de Paris, et y sont les seuls représentants de leur espèce; le troisième est mort à Londres, dans le commencement de Tannée 1833; MM. Broderip et R. Owen l'ont ob- servé sous le double rapport de ses mœurs et de son anatomie. ORANG-OUTANG, Siniia satyrus. La réputation de cet animal est certainement bien plus étendue que celle de l'intéressante espèce dont nous venons de parler, ou, si l'on veut , son nom est beaucoup plus connu, et le plus souvent on lui a rapporté tout ce qui a trait au cbimpauzé aussi bien que ce qui lui appartient en propre. Ainsi que nous l'avons vu, le chimpanzé {simia troglodytes) se rapproche de l'homme plus qu'au- cun autre singe; il a le même port que lui, ses proportions sont les mêmes, et son intelligence est supérieure à celle de tous les autres animaux. Le chimpanzé ne se trouve que dans une partie assez peu étendue du versant 0. de l'Afrique. C'est, au contraire, dans l'Inde, et principalement dans les îles de la Sonde (à Sumatra et à Bornéo), que vivent les orangs-outangs; leur présence sur le continent n'a point encore été établie d'une ma- nière positive. On doit remarquer néanmoins que plusieurs zoologistes de l'Inde soupçonnent Texis- r^lNUKS. — OHANO-(»UTANf;. ia tence des orangs au Bengale, au Népaul, etc., et que les collections du Muséum de Paris possèdent une tête envoyée de Calcutta (Bengale), qui est celle d'un orang-outang peut-être identique à celui de la Sonde. Mais le continent indien possède aussi un gibbon remarquable surtout pour cette particu- larité, qu'il est un des singes qui se portent le plus vers le nord. La forme du corps de Torang-outang, ses proportions, même son genre de vie, le rendent beaucoup moins semblable à l'homme que ne Test le chimpanzé; et, sous ces divers rapports, il est plus voisin des gibbons. Essentiellement deistiné à vivre dans les arbres, où il se nourrit de fruits, tout en lui a été disposé pour ce genre de vie ; ^ aussi est-il beaucoup moins commodément placé à terre que ne Test le chimpanzé. Jamais il ne marche sur les pieds postérieurs seuls comme ce dernier, et la disposition même de ses membres ne saurait le lui permettre. Ses membres anté- rieurs, beaucoup plus développés proportionnelle- ment que les postérieurs, descendent bien au delà du genou; car, en plaçant l'animal debout, ils peuvent atteindre jusqu'aux talons. Leur force est prodigieuse; leurs doigts sont longs, courbés et très-bien disposés pour accrocher les branches des arbres; enfin le pouce est assez court, mais op- posable comme chez beaucoup d'autres espèces de quadrumanes. Quant aux membres de derrière, .««r y il MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. ils sont eu apparence assez mal conformés, et une des particularités les plus remarquables qu'ils pré- sentent est l'absence du ligament rond qui unit, chez tous les animaux, la cuisse au bassin. Cette singulière disposition, et surtout celle du muscle de la jambe, donnent à cette partie chez les orangs- outangs une mobilité fort étendue. Ils s'accrochent aux arbres avec leurs mains antérieures ou avec les postérieures, et ils prennent des poses véri- tablement étonnantes ; la force de préhension de leurs mains est telle, qu'une seule de ces dernières suffirait pour les tenir suspendus pendant des heures entières; et, dans ce cas, celles des membres infé- rieurs sont aussi utilement employées que les au- tres. Lorsqu'ils cheminent au milieu des forêts où ils vivent, les orange ont souvent à franchir des espaces dépourvus d'arbres. Si la distance qui les sépare n'est pas des plus considérables, ils s'épar- gnent parfois la peine de venir à terre en s'élan- çant d'un côté à l'autre, et, lorsqu'on les poursuit, ce moyen les a bientôt mis hors de la vue du chas- seur ; mais ils sont bien loin d'avoir cette agilité lorsqu'ils sont à terre, et, lorsque après les avoir vainement poursuivis dans des endroits boisés on les force à entrer en plaine, ils sont plus faciles à prendre, ou plutôt à abattre; car leur force prodi- gieuse ne per*net pas de les saisir vivants, si ce n'est lorsqu'ils sont jeunes encore. A terre, ils marchent légèrement inclinés et en s'appuyant SINGÉS. — ORANG-OUTANG. 25 comme les gibbons sur leurs quatre extrémités. Ils plient leurs doigts et posent contre terre la face supérieure de ceuï-ci ; leur démarche peut véri- tablement être comparée^ dans ce cas, à celle d'un cul-de-jatte. Quoique ces animaux habitent des contrées plus éloignées que les chimpanzés, on a eu plus souvent l'occasion de s'en procurer, ce qui tient aux re- lations fréquentes des Européens avec les pays qu'ils habitent. Buflbn n'a pas possédé de véri- table orang; mais déjà^ de son époque, le célèbre P. Camper avait réussi à en étudier sept individus^ dont un vivant, et à rassembler des matériaux im- portants pour leur histoire anatomique. Plusieurs ont été conduits en Angleterre, et y ont vécu quel- que temps; enûn la France en a aussi possédé^ ou plutôt ils y sont venus mourir; car les vicissitudes du Climat, la gène de leur captivité et mille causes différentes n'ont pas tardé à altérer leur santé. Ceux de l'Angleterre, et à plus forte raison ceux de la Hollande, ont eu le même sort. Quelquefois on a pensé que la taille de l'orang n'était pas su- périeure à celle de ces individus qu'on avait pu se procurer vivants, et un autre singe des mêmes contrées, mais bien plus vigoureux, à museau plus allongé, a été décrit comme formant une espèce particulière, et même un autre genre, qu'on a nommé pongo. Les pongos qu'on a con- servés dans les musées sont bien peu mombreux; ^ ^•■I»"""^^"*" XAinitriAIS. -i> QUADRUMANES. les HoUaDdaiS; à cause de leurs établissemevts dans les lies de la Sonde, ont cependant réuni les dépouilles de sept ou huit individus. Les uns sont ' roux comme les jeunes orangs ; d'autres sont noirs ; cette différence tient-elle à ce qu'il y a parmi ces animaux une espèce rousse et l'autre brune? C'est ce qui n'est pas démontré; mais ce qui est certain^ c'est que les pongos ( Pl. I~ 2 ) sont véritablement l'Age adulte des orangs-outangs. MM. Rudolphi^ Guvier et de Blainville ont les premiers constaté celait.. * Le jeune orang qu'on a récemment vu à Paris^ où il a vécu six mois, avait été apporté de Suma- tra par un b&timenC de commerce de Nantes. Il était remarquable par sa douceur, par son ama- bilité et un mélange de manières à la fois gauches et intelligentes, selon que les actes qu'on voulait lui voir accomplir étaient plus ou moins en rap- port avec la nature de son crganisation. Il aimait beaucoup i jouer, surtout avec les enfants; il vi- vait en quelque sorte familier chez son gardien , suivant le régime du petit ménage qui l'avait accueilli, et subissait tour i tour les réprimandes on les caresses de son tuteur, selon la manière dont il avait su se eonduim. Jouait-il avec brusquerie, avait-il été gourmand, essayait-il de briser les vitres de eon logement, ou de mordiller, comme le liit un jeune chien, les personnes qui le visi- taient, une correction sévère lui était adminis- < H ! ». V i: 8HfOt8. -<- eiBSOMf . *r trée, et il la recevait^ sinoB dt bonne grâce, aumoiosavec résîfnation, cachant sa fifpire dans ses maina dès qj'on le menaçait, et^ quoiqu'il fût peu douillet, versant parfois des larmes s^il avait fallu en arriver aux coups. Il grimpait avec faci- lité à une corde placée dans son logement. Lors- qu'il s'asseyait^ il croisait les jambes comme le font les Turcs et les tailleurs, et dans cette attitude sa physionomie ne rappelait pas peu celle des petites figurines indiennes connuessous le nom de magots de la Chine (Pl. 1-^3). Lorsqu'il mangeait, il le faisait assez proprement, et, suivant la nature das aliments, il se servait de la cuiller ou de la four- chette. LBS GIBBONS. Les longs bras des gibbons, le caractère qu'ils ont de manquer de queue, celui qu'ils présentent dans la forme de leurs dents, les rapprochent des orangs; mais ils ont ordinairement des callosités fcssières comme les autres singes qui suivront. Toutefois ils n'acquièrent pas, en vieillissant, la force et la brutalité de ceux-ci; leur caractère con- serve une partie de sa douceur, de sa lenteur primitive, et le rapport de la face et du crâne n'est pas aussi profondément modifié. Bufibn a connu deux espèces de ce genre, le grand et le petit gibbon^ qui sont aujourd'hui les 28 XAMinFiRES. — 0UADRUMANI8. timia lar et leucisca. Depuis ^ les recherches 'des naturalistes dans Tlnde en ont fait connaître plu- sieurs autres, et le nombre s'en trouve présente- ment élevé à cinq ou six. Une des plus remarquables est sans contredit le gibbon siamang, GIBBON SUMAMO, Siwiia sytidactylc. La découverte du siamang est due à MM. Diard et Duvaucelj qui ont fait^ dans les lies de la Sonde et dans la presquMle de Malacca, tant de décou- vertes zoologiques; et c'est sir RafQes^ ancien gouverneur des possessions anglaises dans Tinde, qui en a le premier donné la description. Les singes de cette espèce sont fort communs dans les forêts de Sumatra^ où il est facile de les observer. Dans cette lie, soit en esclavage, soit même en liberté^ on les trouve ordinairement rassemblés en troupes nombreuses, conduites, dit-on, par un chef que les Malais croient invulnérable, sans doute parce qu'il est plus fort , plus agile et plus difficile à atteindre que les autres. Ainsi réunis^ les siamangs saluent le soleil à son lever et à son coucher par des cris épouvantables, qu'on entend à plusieurs milles^ et qui de près étourdissent lors- qu'ils ne causent pas de l'effroi. C'est le réveille- matin des Malais montagnards, et pour les citadins qui vont à la campagne c'est une des plus insup- portables contrariétés. ■I 1 SINOES. — GIBBONS. 29 Par compensation, ils gardentun profond silence pendant la journée^ à moins qu'on n'interrompe leur repos ou leur sommc'^ . Ces animaux sont lents et pesants^ ils manqueii* d'assurance quand ils grimpent, et d'adresse quand ils sautent; de sorte qu'on les atteint toujours lorsqu'on peut découvrir leur retraite. Mais la nature , en les privant des moyens de se soustraire promptement au danger, leur a donné une vigilance qu'on met rarement en défaut; et s'ils entendent, à un mille de distance, un bruit qui leur soit inconnu, l'effroi les saisit aus- sitôt, et ils fuient. Lorsqu'on les surprend à terre, on les prend sans résistance , soit que la crainte les étourdisse, soit qu'ils sentent leur faiblesse et leur impossibilité d'échapper. Cependant ils cher- chent d'abord à fuir, et c'est alors qu'on connait toute leur imperfection pour cet exercice. Leur corps, trop lourd et trop pesant pour leurs cuisses courtes et grêles, s'incline en avant, et leurs deux bras faisant l'office d'échasses, ils avancent par saccades, et ressemblent ainsi à un vieillard boi- teux à qui la peur fait faire un grand effort. Le gibbon siamang est à peu près insensible aux bonsetaux mauvais traitements; la reconnaissance, la haine, paraissent être des sentiments étrangers à ces machines animées. En esclavage ils prennent les aliments avec indifférence, et les portent à leur bouche sans avidité; souvent ils se les laissent enlever sans étonnement. Leur manière de boire 30 MAMMirftRlS. — OUAM0IIAME8. consiste à plonger leurs doigts dans l'eau , et à les sucer ensuite. Les siamangs ont la figure nue et extrêmement laide, ce qu'ils doivent principalement à leur front fuyant , à leurs arcades sourcilières fort dételop- pées, à leurs yeux enfoncés, à leur nez large, aplati, dont les narines, placées sur les côtés, sont très-grandes; à leur bouche ouverte, mon- trant jusqu^au fond des mâchoires, et à leurs joues enfoncées sous des pommettes saillantes. Si l'on ajoute à ces traits une poche nue, onctueuse et flasque, en forme de goitre, que ces animaux ont BOUS la gorge, toutes ies autres parties de leur corps recouvertes de poils longs, doux, épais et d'un noir foncé, excepté les sourcils et le menton, où ils sont rougeàtres, on se fera une idée assez juste des siamangs. Ces animaux ont en outre les jambes arquées, tournées en dedans , et toujours en partie t\échies; de plus, la poche gutturale dont nous avons parlé a la faculté de s'étendre et de se gonfler, ce qui arrive lorsque l'animal crie. La taille des siamangs peut s'élever jusqu'à i mètre 15. Il parait qu'on trouve parfois des individus de cette espèce qui sont entièrement blancs. M. Raf- fies a donné aux siamangs le nom de stfnto syn- dactyla, c'est-à-dire singes â doigts réunis, parce que leur doigt indicateur est étroitement réuni au médius par une membrane dans une partie de son étendue. iWiiWÊ. — • rifo* 31 vtTtT oitMif, Simia variegntt Noos conservons à cette espèce le noiu 'e p<'tit gibbon, parce qae c'est celui qu'elle porte dans THistoire naturelle de Bnffon et de Daubenton. M. F. Guvier, dans son Histoire naturelle des Mam- mifères, lui donne, d'après Duvaucel, la dénomi- nation de wouwou, qui indique parfaitement son cri, mais qui appartient plus spécialement au mo- loch. Le gibbon sur lequel nous allons donner ici quelques renseignements a la face nue, d'un bleu noirâtre, et quelquefois légèrement teinte en brun; ses yeux sont rapprochés, et d'autant plus enfoncés qu'il n'a point de front, et que ses arcades orbi- taires sont fort saillantes. Son menton est garni de quelques poils noirs, et ses oreilles sont en partie cachées par de longs et épais favoris blanchâtres, qui s'unissent à un bandeau blanc, large de 14 mil- limètres, situé immédiatement au -dessus des sour- cils. Le pelage est en général brun, avec le dos, les jambes, les fesses et le derrière de la tète fauves ou d'un brun clair. Ces singes vivent à Sumatra, et se tiennent plus souvent isolés par couples qu'en familles. Bien différents du siamang par leur agilité surpre- nante, ils échappent ainsi qu'un oiseau, et, comme lui, ne peuvent, pour ainsi dire, être atteints qu'au 3Î Mimnrtiiifl. — ouAMuviimi. vol; i peine ont-ils aperçu le danger, que déjà ils ont su se meltre hors d'atteinte. Grimpant rapide- ment au sommet des arbres, ils y saisissent la branche la plus flexible, se balançant deux ou trois fois pour prendre leur élan , et franchissent ainsi plusieurs fois de suite, sans effort comme sans fatigue, des espaces de quarante pieds. En domesticité, ces gibbons n'annoncent pas une faculté aussi extraordinaire; s'ils sont moins lourds que le siamang, si leur. taille est plus élancée, leurs mouvements plus faciles et plus prompts, ils sont aussi beaucoup moins vifs que les autres singes. La taille de ces animaux est de 83 à 86 centi- mètres quand ils sont debout. LES GUENONS. Après les gibbons viennent les guenons (en latin cercopithecus, de deux mots grecs signifiant singe à queue), qui ont, ainsi que leur nom l'in- dique, une queue ordinairement assez longue, ce qui les distingue tout de suite des espèces que nous avons déjà étudiées. Les guenons doivent néanmoins être rapprochées de celles-ci plus qu'aucun autre singe, puisqu'elles ressemblent plus aux gibbons, aux orangs, etc., que les autres quadrumanes : en effet, elles ont la même forme d'estomac que ceux-ci, c'est-à-dire un estomac fiifois. — ounfOHi. 33 simple 6t non lobé comme chez les semnopithè- queSt et leurs dents molaii'es, au nombre de vingt comme chez les autres espèces de l'incien monde, n'ont point de cinquième tubercule à la dernière dent de la mâchoire inférieure. Les guenons sont presque toutes particulières à l'Afrique, et se trouvent dans toute l'étendue de cette partie du monde, depuis le cap de ^nne- Espérance jusqu'en Egypte et en Barbarie. On en trouve aussi quelques-unes en Arabie et même dans rinde. Envisagés dans l'ensemble de leurs formes, ce sont des singes à la tète arrondie, mais dont le museau prend, comme celui de presq* '; tous les autres singes, plus de développement cb' les sujets adultes que chez les jeunes. Leursoreilles, médiocres et arrondies, ressemblent assez à celles de l'homme. Ces animaux vivent dans les forêts : les arbres sont leurs demeures les plus ordinaires et les plus sûres , et la prestesse de leurs mouvements leur permet de les parcourir avec aisance et rapidité. Les guenons sont organisées pour ce genre de vie, et la position inclinée est pour elles la plus com- mode. En effet, elles sont embarrassées pour mar- cher à terre; leurs membres ne se détendent pas d'une manière favorable; aussi descendent-elles rarement des arbres. Gnome est, suivant les étymologistes, la racine du mot Guemn, que^ dans le langage figuré, on r .,< -1 '*^l MAMMIFERES. — QUÀDRITMANES. emploie souvent pour désigner une face laide, grimacière et grippée. Les animaux qui portent ce nom ont des mœurs irascibles, colériques, des mouvements capricieux et brusques, et une mobilité d'action qui surpasse tout ce que Ton peut supposer de plus variable et de plus inconstant. Gourmands à Texcès, ils sont peu éducables, et ce n'est^que par les châtiments qu'on parvient à les dresser. On doit cependant éviter de les irriter trop fortement; car leur rancune pour les mauvais traitements se prolonge souvent pendant des an- nées entières. MALBBODCK, Stmia faunus. Buffon n'a connu que la femelle du malbrouck, espèce de guenon particulière, ce qui ne Ta pas empêché de se faire de la nature de ce singe une idée fort exacte. Encore jeune, le malbrouck est docile et affectueux; mais dès Tâge adulte il devient ordinairement méchant, même pourcenx qui le soignent. La circonspection est une des qualités principales du caractère de cette espèce ; cependant les malbroucks sont excessivement irri- tables; mais si d'un côté ils sont violemment poussés par leurs penchants, de l'autre ils caK culent tous leurs mouvements avec soin ; lorsqu'ils attaquent, c'est toujours par derrière et quand on n'est point occupé d'eux; alors ils se précipitent sur vous, vous blessent de leurs dents et de leurs i SINGES. — GUENONS. 35 ongles, et s'élancent aussitôt pour se mettre hors de votre portée, mais sans cependant vous perdre de vue, et cela autant pour saisir le moment favo> rable à une nouvelle attaque que pour se soustraire à votre vengeance. La couleur du malbrouck est gris verdâtre en dessus et blanchâtre en dessous; les poils des joues et un bandeau sous les sourcils sont aussi de cette couleur ; ceux des joues sont longs et dirigés en arrière. LE GRiviT, Simia grisea. C'est une autre espèce de guenon^ dont la con- naissance est due à M. F. Guvier, et dont l'histoire n'est pas encore tout à fait complète. Sa patrie est le cap dé Bonne-Espérance. CALUTUCHE, Sitnîa sabœa. La guenon callitriche^ qu'il ne faut pas con- fondre avec les singes d'Amérique auxquels on a donné le même nom, est, avec le malbrouck, une des espèces que Ton voit le plus fréquemment dans nos ménageries : elle vient d'Afrique, et porte en latin le nom de simia sabœa; on l'appelle vulgairement singe vert, son pelage étant d'un vert olivâtre en dessus, et d'un blanc sale en des- sous; son visage est entièrement noir, et sa queue est, à l'extrémité, teinte de jaune orangé. Le eaili- i \ MAMMIFiRES. — QUADRUMANES. triche est de Mauritanie, du Sénégal et des îles du Cap -Vert. HONi, Simia monu. Ce singe, qui est un des plus communs et des mieux connus, est, avec le magot, un de ceux qui souffrent le moins de la température de notre climat : cela seul suffirait pour prouver qu'il n*est pas originaire des pays les plus chauds de l'A- frique et de l'Inde; il se trouve, en eflfet, en Bar- barie, en Arabie, en Perse et dans' les autres parties de l'Asie qui étaient connues des anciens. On Tavait, à cette époque, désigné sous les noms de keboiy cebus, cœphits, à cause de la variété de ses couleurs. La mone a la face brune , avec une espèce de barbe mêlée de blanc, de jaune, et d'un peu de noir sous la gorge, le menton, les joues et la région parotidienne ; le poil de dessus sa tète et de son cou est mêlé de noir et de jaune; celui du dos, de roux et de noir; le ventre est blanc, ainsi que Tintérieur des cuisses et des jambes; mais l'extrémité de celles-ci est noirâtre, ainsi que les pieds, et la queue est d'un gris foncé, avec une petite t^xhe noire de chaque côté de son origine. Quelques-uns donnent à cette espèce le nom de mone; d'autres, à cause de sa barbe, l'ont appe- lée k bieillard; mais la dénomination vulgaire sous laquelle la mone est le plus connue est celle SINGES. — GUENONS. 37 de singe varié ; et cette dénomi Dation répond par- faitement à celle de kebos, que lui ayaieut donnée les Grecs, et qui, par la définition d'Aristote , dé- signe un singe à longue queue et de couleurs variées, Buffon a laissé en propre à cette espèce le nom de mone, qui s'applique dans l'Orient à tous les singes à longue queue. PATIS, Simia rubra. Le patas est connu depuis longtemps, et la cou- leur particulière qui le distingue n'a pas permis qu'il devint un sujet d'erreur en synonymie; il se trouve principalement dans les contrées orientales de l'Afrique. HisNAs, Simia pyrrhonotos. (pl. ii. — 1.) A côté du patas y il faut placer, comme ayant avec lui beaucoup de rapports, le nisnas, qui a été distingué plus récemment par deux voyageurs prussiens, MM. Hemprich etEhrenberg. Le nisnas est un peu plus grand que le patas. La couleur rousse de ses parties supérieures est moins éten- due^ et son front présente un triangle d'une teinte plus foncée que le reste de sa tète , qui le fait assez aisément reconnaître. Il vit dans la haute Egypte. 38 MAMMIFERES. — QUADRUMANES. LES SEMNOPITHÂQUES. On doit à M. Fr. Guvier d'avoir indiqué ce groupe de sioges de l'ancien monde, dans lequel se place un nombre assez considérable d'espèces asiatiques plus ou moins nouvellement observées, et auxquelles on doit joindre : 1° les espèces afri- caines qui manquent de pouces, c'est-à-dire les co- lobes d'Illiger; 2*> les nasiques, qui sont de l'Inde, mais qui se distinguent par leur nez, plus pro- longé que celui des autres singes; 3*" les doues, que de fausses indications avaient fait prendre à M. Geoffroy pour le type d'un genre particulier. Nous commencerons par ceux-ci. Tous ces animaux se font remarquer par les proportions grêles de leurs corps, l'allongement de leurs membres et de leur queue, l'aplatisse- ment de leur face. De plus, ils ont, comme la plupart des espèces qui vont suivre, un cinquième tubercule à la cinquième molaire postérieure de la mâchoire d'en bas, et leur estomac offre la singulière particularité de n'être point un simple sac, comme celui de l'homme et de la plupart des singes. Il est, au contraire, traversé par des bandes musculeuses qui le font paraître irréguliè- rement lobé. Cette disposition , que M. Otta a le premier remarquée , et que MM. Rich Owen , Du- vernoy, etc., ont constatée chez quelques espèces SINGX8. — SEMNOPITHiOVES. 39 inconnues à ce savant, est en rapport avec le mode de nourriture presque entièrement frugi- vore de ces animaux. SEimopiTHicQUB novCfSimtanemœus. Le doue a été connu de Bufifon ; mais une erreur, celle dont nous venons de parler, s'est glissée dans la description qu'il en a donnée. En effet, le doue ne manque point des callosités fessières des autres singes, ainsi que l'avait d'abord pensé Buffon ; il ne s'éloigne pas d'eux sous ce rapport. Mais il est facile à caractériser par la disposition de ses cou- leurs, qui ne manquent pas d'agrément. Le dessus de sa tête est brun^ avec un bandeau étroit de couleur roux- marron; les poils de ses joues «ont longs et blanchâtres; ses épaules sont noires; son dos, son ventre, ses flancs et ses bras sont gris verdàtre; sa queue est blanche^ et ses jambes sont colorées d'un roux vif; la face est en partie de cetto couleur. Les doues vivent par familles plus ou moins nombreuses , et sont rommuns aux environs de Touranne, dans les espaces boisés qui couvrent le littoral. La vue des Gechinchinois les effraie peu ; ceux-ci^ en effet, les laissent dans une sécurité parfaite, et ne songent pas même à tirer de ht belle fourrure de ces animaux tous les avantages qu'ils pourraient en obtenir. Le doue a i mètre environ de hauteur; sa queue 40 MAMMIFiRES. — QUADRUMANES. est longue, comme celle de tous les autres semno- il pithèques. * RASiQOBj Simia nasaiii. Cette espèce vit à Bornéo , et probablement en Gochinchine. Elle est de la taille du précédent, et s'en distingue par son pelage, dont la couleur, généralement fauve, passe au roux clair sur la poitrine, le cou et les bras. Mais c'est surtout par son nez qu'elle se fait remarquer. Elle a cet organe très-large , fort allongé , et percé inférieurement de deux énormes narines. mjELiMf Simia er.tellus. C'est à feu Dufresne, naturaliste du muséum de Paris , que l'on doit la caractéristique de cette es- pèce de singes, qui appartient également au genre des semnopithèques. Sa distinction ne remonte donc pas à une époque bien reculée, ce qui n'éton- nera pas peu lorsqu'on saura que l'entelle est un des Quadrumanes les plus communs au Bengale. Mais c'est précisément à celte dernière circonstance qu'il faut attribuer l'ignorance où l'on est resté pendant longtemps à son égard , puisque le plus souvent, et c'est parfois bien à tort, les voyageurs négligent de récolter les espèces qu'ils trouvent avec le plus d'abondance dans les pays connus depuis longtemps. L'entelle frappe au premier abord par le cou- l 8IN0I9. — SEMNOPITHiQUCfl. il traste de ia couleur noire de son visage et de ses mains avec celle du reste de son corps, entiè- rement recouvert d*un pelage blanchâtre , et par la direction des poils qui entourent sa face, et qui lui forment au-dessus des sourcils une sorte de toupet saillant, et sur la mâchoire une barbe qui, au lieu d'être pendante , se dirige en avant dans le sens de la mâchoire. La longueur du corps, de Focciput à l'origine de la queue, est de 35 à 37 centimètres , et celle de la queue , de 70 centi- mètres. Ce singe reçoit des Indiens le nom de houlman. Ainsi que nous Tavons déjà dit, il est très-res- pecté de ces populations, qui Tont déifié, et qui lui donnent même, dit Duvaucel, une des premières places parmi leurs trente millions de divinités. Son apparition dans le bas Bengale a lieu principalement vers la fin de l'hiver. Mais, continue le voyageur que nous venons de citer, je n'ai pu d'abord m'en procurer ; car, quelque zèle que j'aie déployé dans mes recherches et mes poursuites , elles sont toujours restées infruc- tueuses, à cause des soins empressés qu*ont mis les Bengalis à m'empêcher de tirer une bête aussi respectable, après laquelle on doit nécessairement mourir, et dans la même année, si l'on a été assez pervers pour lui causer malheur. Aussitôt que les Hindous voyaient mon fusil, ils chassaient ce singe, qui est des plus familiers, et pendant 42 MAMMIVArBS. — OUAIfRinfANBS. plus d'un mois qu'oat séjourné à Chandernagor sept ou huit entelles qui venaient presque dans les maisons chercher les offrandes des fils de Brama ; mon jardin s'est trouvé entouré d'une garde de pieux brames qui jouaient du tam-tam pour écarter le Dieu quand il venait mPiOger mes fruits. COLOBE ODERIZA, Simia guereza. Le Golobe guereza , dont nous devons dire un mot^ se distingue spécifiquement des autres singes de l'Afrique par la couleur noire veloutée de presque toutes les parties de son pelage, si ce n'est du front, du cou et de la gorge, qui sont entièrement blancs, ainsi qu'au cercle de longs poils qui s'étend depuis les épaules jusque au- dessous des reins, en longeant les côtés du corps; la moitié supérieure de sa queue est blanche ; les ongles et les pieds sont , au contraire, de couleur noire. .^, La guereza vit en Abyssinie; c'est au D. Rup- pel qu'on en doit la description la plus complète. Il se tient sur les arbres élevés et dans le voi- sinage des eaux courantes; il est agile, vif sans être bruyant, et d'un naturel tout à fait inof- fensif; sa nourriture consiste en fruits sauvages, eu graines, en insectes, etc. Il fait des provisions durant le jour, et passe la nuit à dormir sur les arbi'eâ. On ne le trouve que dans les provinces de saots, — MACAOtm. 43 Godjam, de RouUe, et plus particulièrement de Damot. Dans cette dernière les indigènes le chas- sent , et c'est pour eux un attribut de distinction que de posséder un bouclier couvert de la peau de ce singe à l'endroit où elle porte de longs poils. Guereza est le nom abyssinien des animaux de cette espèce. MACAQUES. I.es Portugais ; lorsqu'ils s'établirent sur la côte occidentale de l'Afrique, importèrent en Europe le nom de Macaco, que les nègres du Congo don- naient à quelques espèces de guenons, et proba- blement à des magabeys. Ce terme, introduit dans notre langue, fut changé en celui de Macaqw, par lequel le vulgaire désigne indistinctement toutes les petites espèces de singe, mais que les natura- listes ont réservé à quelques animaux indiens du même groupe. Les macaques, si Ton donne à ce mot raccep- tion que lui donnent les zoologistes, sont donc des singes de l'ancien monde qui , à l'exception d'un très -petit nombre, parmi lesquels se trouve le magot, vivent dans le sud de l'Asie et dans les grandes lies qui en sont voisines. Ces animaux font la transition des guenons et des semnopithèques aux cynocéphales; leur système dentaire afiTecte la même disposition que celui des semnopithèques » 44 MAXMIFtRES. — QUADRUMANES. sauf chez le magot^ qui présente, ainsi que nous le verrons, deux tubercules supplémentaires à la dernière molaire d'en bas, ce qui lui en fait six en tout à cette dent , au lieu de cinq. Les dents des macaques sont d'ailleurs au nombre de trente- deux, et leur museau est d'autant plus proéminent qu'ils sont plus avancés en âge. Ces quadrumanes sont pourvus d'abajoues, c'est- i-dire que leurs joues sont lâches et dilatables, atin de recevoir momentanément les provisions qu'ils y emmagasinent. Ces singes ont le poil de nature soyeuse ; et les couleurs qu'ils présen- tent ne varient guère que du noir au fauve et au gris verdâtre. Us sont doués d'une grande intelli- gence dans leur jeunesse; mais, à mesure qu'ils vieillissent, ils deviennent méchants et intrai- tables. Les principales espèces de macaques sont les suivantes : la plus commune est celle que Buffon appelait seule du nom de macaque. C'est le Simia cynomolgos des méthodistes. MACAQUE BOiRiR-CHMOM, Simia sinica. Le bonnet- chinois habite le Bengale, où les dogmes de la religion de Brama !ui ont mérité de la part des Hindous une grande part du respect qu'ils accordent aux autres animaux. Les mœurs de celui-ci ne diffèrent point de celles de la plupart SIlfOES. — MAGAOUES. 45 des macaques; elles sont vives, pétulantes , ca- pricieuses , et semblent être un mélange de brus- querie et de malice, de finesse et de méchanceté. Ce singe est plus particulièrement de la côte de Malabar; introduit accidentellement dans Tile Maurice , il s'est établi dans les rochers crevassés de la montagne du Pouce , et s'est rendu redou- table aux habitants, par les maraudes conti- nuelles auxquelles il se livre dans les vergers. Il est encore douteux si le macaque-aigrette de Buf- fon est une vaiiété du bonnet -chinois, ou s'il en diffère spécifiquement. HACAQUB OUIRDBBOU, Simiù stlenut. Son nom d'ouenderou lui a été donné par Buf- fon, qui l'emprunta au voyageur Knoz, le premier qui ait clairement décrit ce quadrumane. « A Gey- lan, dit-il, se trouvent des singes aussi grands que nos épagneuls, qui ont le poil gris, le visage noir, avec une grande barbe blanche d'une oreille à Tautre : on les nomme ouenderous ; ils font peu de mal aux terres cultivées, et se tiennent ordi- nairement dans les bois , où ils ne viveut que de feuilles et de bourgeons ; mais quand ils sont en captivité, ils mangent de tout. » L'ile deCeylan n'est pas la patrie exclusive de cet animal; plu- sieurs voyageurs, et entre autres le Père Vincent- Marie, l'ont rencontré sur la côte de Malabar. 4Ô MAimiriEBS. — OUADlUMAinU. L'ouenderou atteint communément 649 milli- mètres pour la longueur de sa tète et de son corps, et 270 millimètres pour celle de sa queue. Cet ani- iBal n'est pas très-rare dans les ménageries. iUGAQi;i Kii»os, Simta rhésus. Ce singe, que Buffon avait nommé patas à courte queue, a été décrit par Àudebert sous le nom que les naturalistes lui ont conservé depuis. De mœurs excessivement sauvages, il parait difficile à appri- voiser : d'abord hargneux, puis capricieux et méchant par boutades, il acquiert avec l'âge un caractère des «plus intraitables. Les morsures qu'occasionnent ses canines, fort développées, sont, dit-on, quelquefois dangereuses. C'est sur le continent de llnde qu'il vit, et il s'y tient par troupes nombreuses, qu'on rencontre dans les fo- rêts qui bordent le Gange. Bien qu'il soit nuisible' et méchant, les Hindous ne l'en prennent pas moins sous leur^n^otection ; aussi ne craint-il pas de s'aventurer jusque dans leurs villes. «ACâQiJB miMOii, Simia nemesMna. Le mauBoii, appelé aussi siiige à queue de ooalKHD, a près de 595 millimètres de longueur totale sur 568 millimètres d'élévation, tandis qna sa qvMie est très-courte, et se recourbe en dessous, non Imi de «on origine, fion pala^ est brun, wôê'^ — MACAOïm. vt en dessous, avec quelques teiutes verdâtres, et d'un brun clair aux parties inférieures. ■1G0T« Simiu inuus. (rL. i. — 4.) Le magot, dont quelques auteurs font un genre distinct, qu'ils appellent en latin inuus, diffère surtout des macaques par sa dernière molairo de la mâchoire inférieure, qui présente deux tuber- cules supplémentaires au lien d'un seulement; ce n'est que chez le magot qu'on remarque cette particularité. Ce quadrumane diffère encore des espèces de la même famille par quelques caractères qui sont ex- térieurs^ et par eonséquent plus faciles à saisir : il manque complètement de queue, et n'a cet or- gane représenté que par un simple tubercule^ on plutôt par l'extrémité de son coccyx , qui fome , au-dessous de la peau, une légère éminence; sa face est assez allongée, surtout dans l'âge adulte ^ mais ses narines ne sont point terminales comme celles des cynocéphales. Le magot, dont on ne connaît qu'une espèce, habite les régions septentrionales de TAfrique, et se trouve aussi dans une partie de l'Europe; ondit, en effets qu'il vit en liberté et se perpétue dans les rochers de Gibraltar, c'est-4-âire â l'extrémité tout â fait sud de la péninsule espagnole. Habitant des contrées pen éloignées de l'Euiope, le magot est un des singes qu'on y transporte le (»■'.' ê 1* 48 MAUinFÈRES. — QUADRUMANES. plus souvent, la douceur de son caractère, et la facilité avec laquelle il s'apprivoise dans son jeune âge, le rendent d'ailleurs préférable à beaucoup d*au1res espèces. Docile, soumis, autant que vif et intelligent, il se plie facilement dans cet âge à la servitude, et retient aisément les tours que les jongleurs lui apprennent; mais toutefois son ca- ractère étourdi et capricieux lui attire dès lors de nombreuses corrections; et lorsqu'il est plus âgé, ses penchants se dénaturent, son humeur s'aigrit, son caractère devient moins traitable, et il s'aban- donne alors à toute la frénésie de ses sauvages inclinations. On doit le priver du peu de liberté qu'on lui accordait à cette époque , si Ton ne veut s'exposer à le voir chaque jour attaquer avec vio- lence les personnes qui se présentent à lui, dé- chirer leurs vêtements, ou les mordre au visage avec fureur. Le magot atteint la taille d'un chien épagneul; son pelage est très -fourni, et les teintes qui le colorent sont, sur la tète, les joues, le cou, les épaules, la partie antérieure du dos, et la région externe des membres antérieurs , d'un jaune doré assez vif, mélangé de quelques poils noirâtres; la poitrine et l'abdomen, ainsi que le dedans des membres et le bas des joues, sont d'un gris jau- nâtre, la face est entièrement nue, et les oreilles sont d'une couleur de chair Uvide; les mains sont noirâtres et presque entièrement poilues, et les .'■■« # i'3- 8INOE8. — MACAQUES. 49 poils des joues retombent sur les côtés du cou , sous la forme de favoris ; de même que chez les chimpanzés et chez les oraogs^ les poils implantés sur les avant-bras des magots se dirigent de bas en haut, et par conséquent en sens contraire de ceux du bras. (Pl. I. — 4.) On doit rapprocher des magots, à cause de la brièveté de leur queue^ mais non point à cause de leurs dents, qui ont le môme nombre de tuber- cules que celles des macaques , quelques espèces de ce dernier genre, p^rmi lesquelles il faut citer: I" Le macaque nègre, dont une très-jolie figure^ accompagnée d'une description exacte, vient d'être publiée, dans le Voyage de la corvette V Astrolabe , par MM. Quoy et Gaymard. Ce quadrumane vit à Gélèbes^ dans les Moluques et aux Philippines. 2** Le macaque à face rouge , macacus speciosus, Fr. Guvier. Celui-ci se rapproche davantage encore du magot, et M. Temminck le place dans le même genre que lui^ sous le nom à*inuu8 speciosus. Ce qu'il y a de remarquable^ c'est que cette seconde espèce de magots et d'une patrie tout à fait opposée à celle du magot, puisque c'est dans les îles du Ja- pon qu'elle habite. M. Temminck dit qu'elle est le seul singe que Ton y trouve. 50 MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. ![ LES CYNOCÉPHALES. :f ■■ Quelques mammalogistes modernes réuDÎssent sous cette dénomination plusieurs espèces de sin- ges propres à T Afrique, parmi lesquels se placent celles que les anciens ont appelées chœropithecos, c'est-à-dire singe-cochon. Le mot de cynocéphale^ qui veut dire tète de chien, était surtout appliqué au magot adulte. Le pelage de ces singes se compose de poils généralement touffus, mais plus épais cependant sur les parties supérieures du corps : k > et les mains en sont ordinairement privée^ , iXk du moins elles n'en montrent qu'en très-petite quan- tité. Ce n'est guère qu*en se servant à la fois de leurs quatre membres que les cynocéphales mar- chent ordinairement; mais leur encolure mas- sive et leurs muscles puissants leur donnent une énergie et une force prodigieuses. Ils gravissent les rochers et grimpent sur les arbres avec une prestesse peu commune, et les endroits qu'ils pré- fèrent sont toujours les lieux les plus déserts et les plus escarpés. Avec leurs longues canines, ils peuvent faire de dangereuses blessures. Leur voix aigre est tantôt un aboiement rauque , tantôt un grognement sourd et étouffé; leur face hideuse et méchante, leurs appétits brutaux, font de ces 8INOB8. — GTNOCéPHALBS. 31 singes des êtres indomptables dont rien ne peut adoucir la férocité naturelle. La nourriture des cynocéphales ne consiste qu'en fruits ou en graines , régime qui s'accorde peu avec leurs mœurs farouches. Dans l'état de liberté^ ils vivent par troupes dans des cantons que chacun d'eux affectionne^ et dont ils chas- sent impitoyablement ceux qui tenteraient de s'y établir. Tous ne redoutent pas les attaques de l'homme > et c'est, dit -on, à coups de pierres et de branches d'arbre qu'ils essaient de repousser les visites importunes. Leurs dévastations les ont rendus redoutables aux habitants du pays où ils vivent; et l'on assure que, lorsqu'ils projAttent de dépouiller un verger, ils ont soin de placer des vedettes dont la vigilance répond du salut de U, troupe. On suppose que la durée de leur vie est de cinquante ans environ, et, comme leur accroisse- ment est lent, ils ne prennent guère les formes adultes avant sept à huit ans. On n'a point d'exemples de cynocéphales parve- nus à l'état complet de développement qui soient restés apprivoisés: ils n'ont même jamais conservé la moindre reconnaissance pour ceux qui les soi- gnent : toujours hargneux, sans cesse disposés i mordre, il est bien rare de leur voir déposer un instant leur air sauvage et méchant. Tous les cynocéphales sont originaires d'Afrûfae,' et he trouvent plus abondamment dans les parties. i 52 MAMMTFiRES. — QUADRUMANES. intertropicaies , bien qu'on en connaisse de rAra- bie Déserte et des environs du cap do Bonne>E8- pérance. Parmi les curiosités rapportées d'Egypte par le célèbre voyageur Belzoni^ se trouvait une momie parfaitement bien conservée d'un cynocé- phale tartarin hamadryas, reconnaissable à sa longue chevelure et à son long camail de poils. Il parait démontré qu'une autre espèce du même genre^ \e8imia cynocephalm, appelé en français babouin, avait des temples à Hermopoiis ; et on en trouve des figures reconnaissables sur la plupart des monuments égyptiens. Il est même très- pro- bable que le sphinx, dénaturé par la mythologie grecque , n'était qu'une légende à laquelle avait donné lieu l'hamadryas. Chez les Égyptiens, ce singe était le symbole de Tôt ou Mercure. Les espaces du genre cynocéphale sont le ba- bouin, le papion, le chaima, le tartarin, le mandrill et le drill, que nous allons décrire suc- cessivement. ■ABOuiif, Simia qfnoctphaius. Le babouin vit dans l'Afrique septentrion&lo , en Egypte et en Barbarie. Sa taille la plus ordi- naire est de 67 à 69 centimètres de longueur, sans y comprendre la queue, dont les dimensions sont de 53 à 60 centimètres; son museau ebt nu et de couleur livide de chair; d'épais favoris blanchâtres SINGES. — CYN0GÉPH4LU. 53 corvrent ses joues; son pelage est tout entier d'un aune verdâlre, formé de poils jaunes et légère- ment annelés de noir : cette teinte est beaucoup >Ius claire sur les parties inférieures. PAPioif, Simia sphinx. Ses proportions communes , mesurées de l'ex- trémité du nez jusqu'à la queue^ sont de 75 cen- timètres, sur 70 centimètres d'élévation; la peau dénudée de ses mains, ses oreilles et sa face sont d'un noir intense , l'ensemble de son pelage est jaunâtre à reflets bruns , ce qui est dû à ce que chaque poil est annelé de noir et de bleu clair; ceux des joues sont fauves et disposés en favorif* épais, et ceux du cou sont plus longs que tous les autres. CHAiVA ou cÉiiocÉrHALB>roftc, Simta poTcaria. Il a des formes massives et trapues. Ses mem- bres sont même courts proportionnellement à Tampi^'-ir du corps. Il a le pelage en général d'un noir verdàtre, plus clair sur les épaules et sur les flancs que le long du dos. Un individu âgé d'en- viron quinze ans qui a vécu à la ménagerie de Paris avait la tète longue de 32 centimètres depuis le bout du museau jusqu'à l'occiput; la dimension de sa queue était de 54 centimètres; sa hauteur . •' « 54 MAMMIFiftES. — QUADRUlfANES. aux épaules, de 65 centimètres, et au train de derrière, de 90 centimètres à peu près. Le simia porcaria vit par troupes de trois ou quatre indivi- dus seulement, sur les montagnes qui a voisinent les bois de l'Afrique australe, à plus de 42 myria- mètres de distance de la ville du Gap. TABTAiiif, Simia hamadryat. Celui-ci a ordinairement le corps long de 65 centimètres, et la queue de 40 centimètres; sa tête , mesurée depuis Tocciput ju&qu'au bout du museau, a 21 centimètres; son corps est trapu et vigoureux. Il est de TAfrique orientale et de r Arabie; quelques auteurs pensent que c'est de lui qu'a parlé Diodore sous le nom de sphinx. Ce singe est représenté dans les bas-reliefs du sanc- tuaire d'Essaboua, si Ton en juge par la quarante- cinquième planche (figure A) des Monuments de la Nui)ie par Gau, où il est très-reconnaissable. MANDRILL, Simia mormon. De tous les animaux dont nous avons à parler, le mandrill est le plus remarquable par la profu- sion des riches couleurs qui ornent les parties du corps qui sont privées de poil ; le rouge de feu, le violet le plus éclatant, l'azur le plus pur, sont répandus avec élégance sur sa face ou sur les larges nudités de ses fesses. Ce singe est aussi un des SINGES. — GTNOCÉPBALBS. plus robustes, et comme il est un des plus cruels, il légitime tout ce qu'ont dit les anciens voyageurs sur les mœurs des cynocéphales : de là sans doute provient le nom de man-drill, ou bomme-satyre, que lui ont donné les matelots hollandais qui fré- quentèrent les premiers , sur des bâtiments eu- ropéens , la côte occidentale d'Afrique. Celui dont nous indiquons en ce moment les principaux traits caractéristiques atteint jusqu'à 1 mètre 46 lors- qu'il se tient debout; sa queue est fort courte, et n'a guère que 54 millimètres; mais ses membres sont d'une vigueur remarquable. Avec l'âge sa face s'allonge et se colore d'une manière singulière d'un ^41ange de bleu , de rouge et de vert. La taille des mandrills égale celle des chiens de forte race, et leur force, ainsi que leur férocité, dépasse beaucoup celles de ces quadrupèdes. LE DMLL, Simia îeucophœa. Le drill ne diffère du précédent que par des nuances si peu frappantes, que tous les auteurs, jusqu'à M. Fr. Guvier, ne l'en distinguèrent pas d'une manière certaine; il en a aussi les mœurs, et son pelage est de même d'un brun verdâtre ; mais sa face entièrement noire et sa taille un peu moindre le distinguent très-nettement. Le drill et le mandrill habitent la Guinée. Le premier n'est connu que depuis le commence- .1 j 50 MAMMIFiRES. — QUADRUMANES. ment de ce siècle ; mais le second l'est , au con- traire, depuis très -longtemps. Buffon en a donné la description et la figure dans son quatorzième volume. §11 SINGES DE L'AMÉRIQUE. Les naturalistes ont donné le nom de cebus aux espèces de l'ordre des Quadrumanes qui sont par- ticuliers au nouveau continent. Ces animaux se distinguent surtout de ceux que nous venons d'é- tudier par quelques caractères qui les éloignent plus encore de Thomme. La plupart ont, en effet, trente-six dents, et non trente-deux, comme l'es- pèce humaine et les singes d'Asie et d'Afrique; ils ont toujours une queue, et chez beaucoup d'es- pèces cet organe est, comme on dit, préhensible, c'est-à-dire susceptible de s'enrouler aux corps pour les saisir : il est alors dénudé dans une partie de son extrémité. De plus, les singes d Amérique n'ont jamais les callosités fessières que nous avons vues à la plupart de ceux que nous venons d'étu- dier ; ils n'ont point non plus d'abajoues. Ajoutons que leurs narines, ainsi que Buffon et Daubenton l'ont fait remarquer, sont très-éloigoées l'une de l'autre et séparées par une très-large cloison. Les espèces les moins élevées dans la série des cebus aniois OE l'améaioub. ou singes d'Amérique, sont celles qui ont la queue lâche, c'est-à-dire non prenante ; quelques-unes d'entre elles ont les pouces des pieds postérieurs rapprochés des autres doigts, et peu ou point op- posables à ceux-ci. Parmi ces dernières, quel- ques-unes, telles que les ouistitis, n'ont plus que trente-deux dents. Ce caractère semblerait d'abord devoir les rapprocher plus qu'aucun autre des pithéciens ou singes de l'ancien monde; mais toutes les autres modifications sont trop profondes pour permettre ce rapprochement. ■i- Espèces à queue prenante et nue à son extrémité. • Si l'on excepte les cétacés, les kanguroos et quelques autres, il n'est point de Mammifères chez lesquels la queue remplisse de plus impor- tantes fonctions et jouisse d'une aussi grande force que chez ceux-ci. C'est, en quelque sorte, une cinquième main , à l'aide de laquelle l'animal peut , sans mouvoir son corps , saisir au loin les objets qu'il veut atteindre, ou se suspendre aux branches des arbres. LES HURLEURS OU ALOUÂTES. Kn tête de ces &^imaux se placent les hurleurs ou alouates {stentor), qui forment un genre assez naturel , caractérisé par des membres de longueur 3* '*► 9ê MAMVIFftRKS. — QUADRUMANES. moyenne, à cinq doigts, une tête pyramidale, avec le museau allongé et le visage oblique ; de plus, la mflcboire inférieure des hurleurs est très-déve- loppée et loge entre ses branches l'hyoïde, qui pré- sente une forme tout à fait particulière. Le corps de cet os est transformé en une sorte de caisse à parois très-minces et élastiques, qui présente en arrière une large ouverture : cette caisse a jus- qu'à 5 centimètres environ dans son diamètre antéro- postérieur, 3 dans son diamètre trans- versal, et 5 dans son diamètre vertical : elle est en rapport avec le larynx : aussi contribue- t-elle à donner à la voix de ces animaux une étendue qu'on se figure difficilement. Les hurleurs ou les stentors, car l'un ou l'autre de ces noms indiquent parfaitement leurs habitudes , poussent , en effet, des cris assourdissants et peuvent se faire entendre à plus de deux kilomètres à la ronde. Leur voix prodigieuse est rauque et désagréable. Âzara la compare au craquement d'une grande quantité de charrettes non graissées, et d'autres voyageurs aux hurlements d'une troupe de bètes féroces. Ces singes se font entendre de temps en temps dans le courant de la journée; mais c'est surtout au le- ver et au coucher du soleil, ou à l'approche d'un orage, qu'ils poussent leurs cris effroyables et qu'ils les prolongent le plus longtemps. Les personnes qui les entendent pour la première fois ne peu- vent croire que difficilement qu^ils en soient la SINaU DE L'AMiRlOUI. 8| cause; plutôt admettraient- elles que les mon- tagnes qui les environnent s'écroulent avec fracas. Quelques voyageurs assurent que les hurleurs se taisent quand on approche d'eux : quelques autres atfirment, au contraire, qu'ils redoublent leurs cris, et que leur principal moyen de dé- fense, lorsqu'ils sont attaqués, est de faire le plus de bruit possible. Us cherchent en même temps à éloigner l'agresseur en lui jetant des branches d'arbre, et aussi en lançant sur lui leurs excré- ments. Au reste, ces animaux, qui sont extrême- ment nombreux dans certains endroits, sont fort rarement attaqués par les chasseurs, leur peau n'é- tant que peu employée : leur chair néanmoins parait être d'un goût assez agréable, et on la compare à celle du lièvre ou du mouton, ce qui n'est pas tout à fait identique. Ck)mme ils se trouvent toujours sur les branches élevées des grands arbres, les flèches et les armes à feu peuvent seules les at- teindre; encore, avec leur secours même, a-t-on beaucoup de peine à se procurer un certain nombre d'individus de l'espèce des hurleurs, parce que, s'ils ne sont pas tués sur le coup, ils s'accrochent avec leur queue à une branche d'arbre et y restent suspendus après leur mort. Les espèces du genre alouate sont au nombre de sept ou huit; elles se trouvent surtout au Brésil, en Ck)lombie, à la Guyane, etc. Leur taille la plus ordinaire est celle du magot; ce sont, parmi les «Ml MAiniiriaits. — ouadrumanes. singes américains, les moins faciles à soumettre. Les plus communs dans les collections sont : le hurleur alouate, ttentor tenicului , et le hurleur ursin, ttentor urtinut, appelés aussi ctbuttenicuhu et ctbut urtinm. ATÉLBS. Ces animaux, dont on connaît maintenant une dizaine d'espèces, semblent représenter parmi les singes du nouveau monde les semnopithèques, qui sont de l'ancien continent. Ils ont à peu près la même conformation de tète, sauf le caractère des narines, beaucoup plus écartées chez eux qu'elles ne le sont chez les semnopithèques; ils ont en outre de commun avec ceux - ci l'extrême agilité de leurs membres y le peu de volume de leur corps et la longueur de leur queue. Chez les atèles, cet organe est dénudé à son extrémité, et susceptible de saisir les corps ; les membres antérieurs ont leur pouce très-court, comme cela se voit chez quelques semnopithèques, ou même tout à fait nul, comme on le voit chez plusieurs espèces du genre avec le- quel ils ont tant de ressemblance. / Les atèles, dont le nom signifie animaux sans pouce, bien qu'il y en ait parmi eux qui soient pourvus de cet organe, et dont un a même reçu la dénomination assez contradictoire d'atèle penta- SINliKS. — ATiLKS. 6f dactyte ou à cioq doigb, les atèles sont, disons- D0U8, essentiellement organisés pour vivre dans les arbres : ils y montrent uue extrême agilité. Lorsqu'au contraire on les place à terre, rien n'est plus maladroit que leurs mouvements; ils se traî- nent plutôt qu'ils ne marchent, en alloQgeant alternativement leurs longues jambes et leurs longs bras, en même temps qu'ils attachent aux corps voisins leur queue mobile comme un ser- pent; au lieu d'appliquer leurs doigts ou la plante de leurs pieds sur le foI, comme le font la plupart des autres singe^, ils larche'^t en s'appuyant sur le côté interne de leurs ma:' «3 ou sur le côté externe de leurs pieds. Ces allures et )/^urs formes disgracieuses les ont fai (comparer à des araignées; on les a vulgairement nommés singes-araignées ; et l'un fl'eux a même reçu des naturalistes la dénomination d'arachnoïde. Mais, sur les arbres, ils sont, au contraire, d'une extrême agilité et d'une adresse remarquable. Ils les parcourent avec ra- pidité, et, s'aidant des plus petites branches, ils s'élancent d'un arbre à l'autre, même quand un assez grand ii» ervalle les sépare. Comme ils se nourrissent de fruits, il n'y a aucune raison, si ce n'est le besoin d'eau, qui les force à descendre à terre. Les atèles sont des animaux qu'on apprivoise aisément, et que les caresses et les bons traite- ments rendent très-ail'ectueux. On assure même. 62 MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. mais la chose n'a réellement pas été prouvée^ qu'ils sont susceptibles de se prêter à différents services domestiques. Leur taille varie peu , et c'est parmi eux, ainsi que parmi les hurleurs^ que Ton trouve les plus grands des singes de TAmé- rique. Les espèces les plus généralement admises sont les suivantes : atèle chameck, ateles pentadac- tylus; atèle coaïta , ateles panicus; atèle cayou, ateles ater; atèle belzébuth^ ateles helzebuth; atèle marginé^ ateles marginaius ; atèle hippoxanthe^ ateles hippoxanthus ; atèle aux mains noires^ ateles melanochir; auxquelles il faut ajouter deux 'OU trois autres espèces décrites par M. Isidore Geoffroy et M. Bennett : parmi ces dernières^ nous citerons l'atèle métis, ateles hyhridus^ qui vit en Colombie et qui doit son nom à sa couleur analogue à celle des mulâtres. LES LA60TRIGHES. Les lagotriches; dont le nom rappelle que leur pelage a quelque chose de celui des lièvres ^ sont d'autres singes à queue prenante et dénudée en partie^ dont la première espèce connue a été décrite par M. de Humboldt, sous le nom de simia lagotrix. Ce singe est haut de 747 milli- mètres; sa couleur est uniformément grise , et sa queue, plus longue que le corps. C'est sans doute par erreur que M. de Humboldt^ auquel nous empruntons ces détails, ajoute que les ongles SIN6BS. — SAJOUS OU SAPAJOUS. 63 sont aplatis. Le lagotricbe habite les bords du Rio- Guaviare, et parait se trouver aussi près de l'em- boachure de rOrénoque. it Espèces à queue entièrement velue et non prenante. LES SAJOUS OU SAPAJOUS. ( PL. II. — 1.) Ces animaux, dont il doit d'abord être quesj tion^ sont plus connus qu'aucun autre genre de singes du même continent; leur taille moyenne^ la douceur de leurs mœurs et leur instinct assez développé, les font, en effet, préférer à la plupart des autres; et, comme ils ne sont pas rares, on les amène très-fréquemment en Europe. La plu- part des singes que les montreurs d'animaux pro- mènent en Europe, et ceux en particulier que Ton voit si fréquemment partager à Paris l'existonce vagabonde et misérable d'une foule de jeunes Auvergnats, Piémontais, etc., sont, en effet, des sajous. Ces intéressants animaux sont pleins d'adresse, également vifs et remuants, et cependant très- éducables et très- affectueux, ainsi que chacun a pu s'en convaincre. A l'état de liberté, et par conséquent dans les forêts qui les ont vus naître, les sajous vivent sur les branches élevées des arbres , et se tiennent en troupes ; ils se nour- rissent principalement de fruits, et mangent aussi # 64 MAMMIFÈRES. — QUADRUMANES. très- volontiers des insectes, des vers, des mol- lusques, et même quelquefois de la viande. L'espèce commune du sajou présente de nom- breuses variétés, mais elle est le plus souvent co- lorée de brunâtre; sa patrie est la Guyane et le Brésil. D'autres sajous moins connus ont été décrits par les naturalistes. LES GALLITRIGHES. Ceux-ci commenceront une petite section de singes chez lesquels la queue n'est point du tout dénudée et ne présente aucune faculté préhen- sible; aussi vont-ils plus souvent à terre que les précédents, quoique néanmoins on les trouve aussi fréquemment sur les arbres ; tous ont encore six dents molaires de chaque côté des mâchoires, comme ceux du même pays que nous avons étu- diés. LB SAlMIBI. Une des principales espèces du groupe des callitriches est certainement le saïmiri, simia sciurea, dont Bufibn a déjà parlé. Cette espèce a reçu différents noms, selon les contrées de l'Amérique méridionale où on l'a étudiée. La dénomination de Saïmiri lui est donnée par les Galibis de la Guyane ; titi est celle qu'elle porte sur les bords de l'Orénoque; Schreber, dans sa t SINGES. — GALLITRICUES. 65 planche 23^ Ta nommée, ainsi que Gmelin, simia Mrit OUADRUMAIfES. Ton place ici, entre les autres singes d'Amérique et les makis, mais que le nombre de leurs dents semblerait rapprochor des singes de l'ancien monde, si leurs molaires, au nombre de vingt, comme chez .ceux-ci , n'avuimt une forme différente. On a peu de reupciga* r^i'jni sur ',s mœurs de ces animaux dans h vie sauvage. On les dit gais, joueurs, mais cependant capricieux et très-iras- cibies. Irrités, ils dressent l urs poils, ordinaire- ment !iss6ziongs, et croient faire peur autant qu'ils sont eux-mêmeselRVayé> . Toujours en mouvement, comme la piupart des singes, ils paraissent plus robustes, car ils semblent mieux s'accoutumer i la température de nos climats. Tous les ouistitis sont de TAmérique méridio- nale. § ni LES MAKIS ou LÉMURIENS. ï Buffon a nommé makis, et Linnée, lemur, quel- ques espèces de quadrumanes de Tancien conti- nent, et principalement de Madagascar, qui dif- fèrent par plusieurs traits importants des autres animaux du même ordre. La réunion de cette espèce constitue une troisième famille, qu'on appelle assez généralement la famille des lému- MAE1S OU LÉMURIENS. 09 riens. On doit remarquer que les dernier», genres de celle qui précède , les ouistitis et les sakis, ont quelque ressemblance avec les lémuriens, et qu'ils marquent; pour ainsi dire, la transition des véri- tables singes aux lémuriens, que leur face allongée a fait nommer signes à museau de renard. Ceux-ci ont en outre leurs incisives de la mâchoire infé- rieure tout à fait couchées en avant , et leurs ca- nines, prenant la même direction, diffèrent à peine des incisives par leur forme; aussi les lémuriens semblent-ils avoir six incisives inrérieures au lieu de quatre: leurs insisives supérieures, ordinaire- ment petites, varient assez; quant aux canines de la même mâchoire, elles sont puissantes, et les mo- laires, ainsi que celles d'en bas, sont ordinairement hérissées de pointes, ce qui permet à ces animaux de broyer avec plus de facilité les parties dures des insectes dont ils se nourrissent. Un autre caractère mérite d'être signalé à cause de sa fixité : c'est celui que présente Tongle du doigt indicateur des membres de derrière^ qui est allongé plus que ceux de tous les autres, et faiblement recourbé. Les makis saisissent à la manière des singes; leurs pouces sont bien opposables aux autres doigts ; et, lorsqu'ils cessent de l'être, c'est seu- lement aux membres supérieurs, comme chez ceux-ci ; or l'on sait que les membres inférieurs sont; au contraire, chez l'homme ceux dont le pouce n'est pas opposable, ce qui établit une 1 j. 70 MAMMIFÈRES. — QUÂDROMANES. différence digne de remarque. Les lémuriens ont les membres postérieurs les plus longs : aussi vont-ils le plus souvent par bonds et par sauts ; ils marchent rarement^ et ne se tiennent jamais sur deux membres seulement; ils ont le plus sou- vent une queue assez longue ; mais jamais cet organe n'est susceptible de préhension^ et les fesses des makis sont toujours dépourvues de cal- losités. Ils dorment assis, le museau incliné et appuyé sur la poitrine; leur vie est principalement noc- turne, et c'est pendant le jour^ cachés dans des endroits obscurs, qu'ils reposent; quelques-uns sont lents^ ce qui tient à leurs proportions et à leur forme ; mais la plupart jouissent, au contraire, d'une grande vivacité et d'une facilité remarquable dans leurs mouvements; ils sautent à de grandes distances, grimpent avec facilité, et vivent dans des lieux fort retirés. Aussi n'a-t-on sur eux que des renseignements peu nombreux. Beaucoup d'es- pèces de lémuriens restent encore à décrire. Celles que l'on connaît sont toutes despays les pluscbauds, ainsi qu'il a été dit plus haut ; c'est à Madagascar qu'elles vivent en plus grande abondance. Nous rappellerons qu'aucun singe n'existe dans cette île si voisine de l'Afrique, et qui en diffère néanmoins beaucoup par ses productions naturelles. Un autre fait important pour l'histoire de la géographie des animauA, c'est que l'Amérique ne possède aucun SINGES. — MARIS. 74 lémurieo , et que ceux des aDÎmaux de cette fa- mille que produisent les parties les plus chaudes de l'Afrique et de l'Asie sont spécifiquement et même génériquement difiiérents de ceux de Madagascar, Les ma\is proprement dits, ou mieux ceux auxquels ce nom est resté en propre , ainsi que les genres indri et chéirogale, comprennent seuls des espèces madécasses; le genre galago est d'Afrique, et ceux des loris et des tarsiers habitent l'archipel Indien et le Bengale. LES MAKIS. Ces animaux vivent en groupes ; ils se distin- guent par leur longue queue, par leur museau allongé et par leur fourrure épaisse. Ce sont des êtres fort agiles et assez robustes^ quoique de taille moyenne ou même petite; et, bien qu'ils soient habitants de pays extrêmement chauds, on par- vient souvent à les conserver en vie pendant plu- sieurs années dans nos ménageries. L'un d'eux, appartenant à l'espèce appelée mococo, a vécu dix-neuf ans à la ménagerie du Muséum, malgré les froids rigoureux qu'il a dû supporter. Il cher- chait à s'en garantir en se ramassant en boule, les jambes rapprochées du ventre, et en se couvrant le dos avec sa queue. H s'asseyait l'hiver à portée d'un foyer^ et tenait même son visage aussi rap* 72 MAMMIFiRRS. — QUADRUMANES. proche du feu que possible. La voix des makis tient du grognement du cochon ; makis est le son qu'ils prononcent le plus souvent, ce qui leur a valu le nom qu'on leur donne; leur cri de douleur ou de haine est très-aigu. On distingue parmi ces animaux diverses espèces, et à leur tète le mococo, lemur cada, dont la couleur est cendrée^ nuan- cée de roussàtre sur le corps ^ et blanchâtre en dessous; sa queue est annelée de noir et de blanc. VAMi, Lemur mococo. (pl. ii. -— 4. ) Cette autre espèce de maki est^ avec le maki rouge^ une des plus grandes de ce genre singulier de quadrumanes. Ces animaux, que nous ne con- naissons, à vrai dire, qu'en esclavage, pourraient bien avoir donné de leur naturel des idées tout à fait différentes de celles qu'on devrait en avoir, et qu'il serait facile d'en prendre, si on les étu- diait dans leur état de nature. En effet, les makis, sans montrer beaucoup d'instinct, sans témoigner beaucoup d'affection pour ceux qui les soignent, semblent généralement avoir de la douceur; leur museau fin et leurs yeux n'annoncent rien de méchant, et quelques-uns d'entre eux paraissent prendre plaisir à donner ou à recevoir des caresses; et cependant les voyageurs assurent qu'ils sont d'un naturel plus farouche et plus cruel que leurs congénères. ii SINGES. — MAKIS. 73 .Les caractères spécifiques du vari consistent dans ses couleurs, qui sont le noir et le blanc; mais ces couleurs ne sont pas toujours réparties également. Dans la distribution la plus commune, les parties blanches sont les jambes, les cuisses et une bande transversale sur la croupe au-dessus de la queue, ainsi que les bras depuis le coude jusqu'aux mains : les épaules, le dos, les quatre mains et la queue sont noirs. Les mâles seuls ont la tête blanche ; chez los femelles, elle est entièrement noire en dessus. MAEi RAIN, Lemur minimus. . '■.>, Celui-ci est remarquable, ainsi que son nom l'indique, par la petitesse de ses dimensions. Buffon le fît connaître en 1776, d'après un individu vivant à Paris ^ et l'appela rat de Madagascar, M. Geof- froy Ta considéré comme le type du genre parti- culier auquel il a donné le nom de microcebus, c'est-à-dire jTf^tï tapajou, ou petit singe. Les micro- cebus, dit ce savant^ sont une répétition des ma- kis, à cela près à.^s différences suivantes : la jambe de derrière est projîûFînnnelîement plus longue, sans rètre autant qne ilans les galagos ; elle est re- devable de sa plus grande dimension à un peu plus d'étendue des principaux osselets du tarse. Le museau est plus court sans cesser d'être aussi fin^ ce qui provient de la grandeur de ses yeux, lesquels Ift'w. .; -^.J^..-..-^-^ Mil iiiinrr ■ -^ 74 MAMMIFiSRr?. — OnADRUMANES. sont à la fois plus voisins l'nn de Tautre, et en même temps rendus plus saillants sur les cAtés. Ces petits animaux, dont on ne connaît qu'une espèce, un peu moins grande que le surmulot, vivent sur les arbres , où ils nichent dans des trous qu'ils savent ajuster à leurs besoins. LES GALAG08. On est conduit aux galagos par le maki nain. Un galago appelé par M. Fischer, naturaliste russe, galago de Demidoff, est de la taille de ce petit maki , dont il ditiére aussi fort peu par les cou- leurs. Les galagos ont les oreilles fort grandes, et qui rappellent celles des chinchillas, dont ces ani- maux ont jusqu'à un certain point le pelage. Leur museau est moins court que celui des makis; leur queue est moyennement longue et touffue, et leurs tarses sont assez grands. On trouve des galagos en Afrique et principalement au SénégaL On les y indique sous le nom à* animaux de la gomme. C'est au célèbre Âdanson qu'on doit de les avoir fait connaître le premier. L'espèce ordinaire est dje la taille d'un ouistiti; son pelage est d'un gris cendré. La troisième es- pèce, galago à grosse queue^ n'eat connue que par une seule peau et une tète osseuse conservées au muséum de Paris. ^ fllfOES. — INDRIS. 75 I.E8 INDRI8. (PL. II. — 3.) M; es- par Is au Les indris paraissent devoir tenir le premier rang parmi les makis ; leur museau est moins allongé ({ue celui de la plupart de ces animaux. Ils se tiennent dans une position plus rapprochée de la verticale, et l'un d'eux^ manquant de queue, n'est pas sans analogie, pour la forme générale, avec les premiers des singes. On ne trouve des indris qu'à Madagascar. Les Madécasses de la partie sud les recherchent à cause de leur éducabilité et de leur caractère docile; ils les élèvent et le&; dressent à la chasse. Les indris ont les jambes de derrière^ à très-peu de chose près, deux fois aussi longues que les antérieures; aussi ces animaux peuvent -ils exécuter des bonds fort considérables ; leurs mains sont remarquables par leur longueur et par le dé- veloppement de leurs pouces, qui sont très-séparés des autres doigts; la queue, à peu près nulle chez une espèce, est, au contraire, assez longue chez une autre. L'animal le plus intéressant de ce genre est sans contredit Tindri sans queue, lemur indri des auteurs (Pl. IL — 3 ), qui a un mètre de haut; il est noir avec la face grise et le derrière de cou- leur blanche. 76 MAMMIFÈRES. — OUABKUMÀNËS. LES TARSIERS. Daubeoton décrivit le premier l'intéressant ani- mal qui compose ce genre, et lui appliqua le nom de tarsier, pour indiquer la longueu' très-caracté- ristique de ses tarses. Le tarsier, qui est à peu près de la taille d'un rat ordinaire, se distingue par rélégance et la finesse de ses formes, bien plus dé- licates encore que celles du galago de Demidoff. Ses yeux sont volumineux , et indiquent un animal nocturne; c'est, en effet, lorsque le grand jour dis- paraît que ce petit quadrumane se met en route. Les insectes constituent sa principale nourriture. Les îles Moluques sont la patrie du tarsier. LES LORIS. Les loris et ler nycticèbes^ que plusieurs savants naturalistes ne distinguent pas génériquement, sont des quadrumanes sans queue qui se rapprochent des genres précédents par leurs yeux grands et rappro- chés, ce qui permet de soupçonner à Tavance qu'ils sont nocturnes, et ce que d'ailleurs l'observation a démontré. Les nycticèbes ont les formes ramas- sées et les membres courts, et les loris se font remarquer par leur corps effilé et par leurs extré- mités longues et grêles. L'égalité entre leurs mem- SINOES. — LORIS, ATE-AYB. 77 bres antérieurs et postérieurs est encore un de leurs caractères, et il en résulte dans leurs allures des différences assez notables, qui les éloignent des autres lémuriens. Leur démarche est pénible , et la lenteur de leurs mouvements leur a fait quel- quefois donner, comme aux bradypes, le nom de paresseux. La taille de ces animaux est intermé- diaire à celle des makis et du tarsier; ils sont ré- pandus dans rinde, au Bengale, et dans les îles de TArchipel, à Ceylan, à Java et à Sumatra. K^' AYE-AYE, Cheiromis, La meilleure classification, celle qui mérite da- vantage le nom de méthode naturelle, est celle qui, en assignant aux animaux une place parmi ceux que Ton connaît, a s^in de les rapprocher des espèces dont l'organisation et les mœurs sont le plus analogues aux leurs; aussi, indiquer la position d'un être dans la méthode naturelle, est-ce résumer en quelques mots les traits fondamentaux qui composent son histoire. Mais ce résultat n'est pas facile à obtenir : la seule preuve en est dans les nombreuses variations de positions que beaucoup d'espèces ont souffertes. L'aye-aye, le galéopi- thèque, le bradype et quelques autres en sont autant d'exemples. Le premier de ces animaux habite Madagascar, la patrie des lémuriens, et il y ? 78 MAMMIVÀRES. — QUADRClLUfES. a été découvert par Sonnerai; on n'en possède, que no;is sachions, qu'un seul individu, dont la tôte osseuse et la peau préparée sont conservées au muséum : le savant voyageur auquel on le doit rapporte néanmoins qu'il en a tenu vivants à son bord deux individus. Ces animaux avaient été pris sur la côte méridionale de Madagascar. Leur taille est celle d'un lapin; leur queue est assez longue et touffue; leurs membres postérieurs ont cinq doigts, dont le pouce opposable aux quatre autres, comme dans les mains postérieures de tous les quadrumanes : leurs doigts des membres antérieurs sont remarquables, comme le dit Son- ne^at, par leur finesse et leurs allongements; mais le poucç, quoique séparé des autres doigts, prend la même direction qu'eux. La tête de Taye-aye est ^ondie; elle offre e^ avant de chaque mâchoire deux grandes dents semblables à celles des ron- geurs; il n*y a point de canines, et les molaires, au nombre de quatre de chaque côté de la mâ- choire supérieure, ne dépassent pas celui de^trois à l'inférieure. Depuis Sonnerat, aucun voyageur n'a étudié l'aye-aye avec soin ; cet animal est rare, à ce qu'il parait, à Madagascar, et ne se trouve pas dans toutes les provinces; car les habitants de la côte occidentale ne le connaissent point. Les ayes-ayes sont paresseux et sans défense; ils vivent sous terre^ §t se nourrissent des vers qu'ils retirent des \ if II GALÉOPITUÈODBS. 99 troncs des arbres au moyen de leurs longs doigts des membres de devant. §IV GALÉOPITHÈOUES. (PL. II. — 5.) On connaît parmi les animaux de cette quatrième et dernière famille plusieurs espèces assez peu distinctes entre elles, mais que des particularités remarquables différencient tout d'abord des autres mammifères. Les galéopitbèques ne constituent qu'un seul genre, dont rétablissement est dû au célèbre Pallas ; le nom que ce savant leur a donné signifie proprement chat- singe. Bontius, qui fit le premier connaître les galéopithèques, leur imposa la dénomination de vespertilio admirabilis (chauve- souris adirÔTvable), à cause de certaines analogies qu'ils ont avec les vesperiilions dans leurs habi- tudes; mais Linné, reconnaissant leurs rapports avec les makis, les appelle makis volants {lemur volans). C'est, en effet, de ces animaux que leur or- ganisation rapproche les galéopithèques, et on ne saurait mieux les définir qu'en disant qu'ils sont des makis modifiés pour le vol. Les chauves-souris s'élèvent dans l'air au moyen d'une membrane légère, quoique résistante, qui unit leurs quatre 80 M4MMIFÉRBS. — QUADRUMANES. membk'es et qui s'étend aussi entre leurs doigts an- térieurs, très-allongés, et, pour ainsi dire, changés eu ailes. Les galéopithèques ont bien, comme ces mammifères, une peau entre les membres (cette peau étant plus résistante et velue), mais ils n'ont point les doigts allongés, et c'est seulement avec la membrane de leurs flancs qu'ils se tiennent dans l'air ; ils n'y volent pas à la manière des cbau- ves-souris; mais leurs espèces de parachutes leur permettent de s'y soutenir, et c'est à leur faveur qu'ils peuvent se diriger d'un arbre à l'autre. C'est, en eflet, dans les arbres qu'ils passent une grande partie de leur vie, leurs ongles crochus et puissants leur permettant d'y grimper avec beaucoup de fa- cilité. (PL. II. —5.) Une particularité non moins remarquable que les membranes velues qui s'étendent entre les flancs des galéopithèques est celle de leurs dents incisi- ves inférieures, qui sont au nombre de quatre, et disposées en plusieurs petites lamelles assez serrées, et supportées par un pédicule, de manière à repré- senter complètement quatre petits peignes. La langue de ces animaux est festonnée à son extré- mité d'une façon également singulière. L'Indoustan , une partie de la Chine et les îles de l'archipel Indien forment la patrie des galéopi- thèques, ils y vivent d'insectes ; leur taille est un peu plus grande que celle de l'écureuil ; mais leur forme n'a rien qm puisse être comparé à celle de \' 1 f V" BRADYPE3 0(1 SINGES ANORMAUX. 8f cesaoimaux.Nousavonsditquelesgaléopitheques, bien qu'ils n'aient de pouce opposable à aucun des membres, offrent néanmoins le même système d'organisation que les Quadrumanes^ et qu'ils se rapprochent surtout des makis, comme l'avait re- connu Linné , e^ comme l'a depuis fait voir M. de Blainville^ qui les considère comme constituant une famille dans ce groupe d'animaux. C'est donc à tort que beaucoup d'autres naturalistes ont voulu les reléguer parmi les chauves-souris, bien qu'au pre- mier aspect ils semblent rappeler ces dernières. § V ,'^ BRADTPES OU SINGES ANORMAUX. Ainsi que nous l'avons signalé en commençant ce chapitre^ le naturaliste que nous venons de nommer rapproche aussi des Quadrumanes (qu'il vaut mieux appeler avec Linné Primates) les bradypes (unau et aï), que d'autï3s considèrent comme des édentés. Les raisons sur lesquelles ce savant fonde sa manière de voir l'emporteront probablement, et les bradypes formeront à la fln de l'ordre dont il est présentement question un groupe analogue à ceux que les botanistes placent 5<(i« MAMMIftlES. — OVADftUlUllM.' après leurs familles naturelles sous le nom de Gê- nera af^nia (genres qui ont de l'affinité avec la famille). La réputation de lenteur extrême que Buffon a ftiite à ces animaux n'est pas sans doute tout i fait dépourvue de fondement; mais elle est large- ment exagérée. Les bradypes^ fort lents à terre, bien qu'ils le soient moins qu'on ne le croit géné- ralement, sont, au contraire, assez agiles dans les arbres, e! i'on s'expliquera facilement ce con- traste, si l'on remarque, avec les naturalistes plus récents, que ces animaux, de même que les orangs-outangs^, les gibbons, les loris, etc., sont essentiellement organisés pour vivre dans les arbres, et que, si quelques savants les ont trou- vés maladroits, défectueux, et l'on peut même dire ridicules, car ce mot a été empibyéy^'est qu'ils observaient les bradypes dans des circon- stances tout à fait défavorables à leur organisme , et parfois aussi dans des climats différents du leur par la température. Aussi les voyageurs, imbus qu'ils étaient des narrations fournies par des observations superfi- cielles, ne furent-ils pas peu étonnés en voyant quel était le naturel des bradypes observés dans l'Amérique du Sud , au milieu des forêts vierges qui leur servent de demeure. Transportés à bord des bâtiments, ces mammifères n'étaient pas plus paresseux que dans leurs habitations aatu- •Ut BRÀDTFES OC 8INGI8 AMOftlfAI/X. g3 relies, parce quMls pouvaient de roème s'exercer à grimper. La taille des bradypes ne dépasse pas celle d'un chien ordinaire. Ces animaux rappellent assez les orangs et les gibbons par leur forme générale; leurs membres postérieurs sont de même fort grêles et fort impropres à la marche, et les anté- rieurs, allongés comme chez les singes cités plus haut, sont, de même que chez ceux-ci, fort bien disposés pour s'accrocher aux arbres : ils sont pourvus d'ongles fort allongés, et manquent de pouces; les bradypes ont les poils du corps très- fournis et fort rudes; leur squelette est remar- quable par le nombre considérable et la disposi- tion de ses côtes; leur bassin est très- évasé, de même que chez les animaux supérieurs, et ils n'ont qu'une queue fort courte, et pour ainsi dire nulle. On connaît parmi eux deux ou même trois espèces propres aux parties chaudes de l'Amérique; toutos manquent de dents incisives, et ont, comme les makis, les os incisifs fort petits; leurs molaires sont assez singulières, et rappellent cellef* des tatous; Tune d'elles, l'aï, présente des dents oa- nines à la mâchoire supérieure. Vàit qu'on appelle bradypus tridactylus, a trois doigts distincts, ce qui lui a valu son nom. Sa cou- leur est grise, souvent tachetée sur le dos de brun et de blanc. Vunau, ou la deuxième espèce hien connue > i ^■ ..-.1 Mt -tM^âmm 84 MAMMIPÈRES. — CAR^ iSSTii:R A^''*^ ^ ^^^V ^ ^.-v' fliotogra[Jnc Sdenœs Corporation '«s ^ ^ V \\ 23 WiST MAIN STMiT WEBSTER, N.Y. M5S0 (716)872-4303 6^ K ^ *\^ '4^^ '4^' ^ ^ 86 MAMMIFÈRES. — GARITilMISM. moins puissants; mais combien d'espèces restent encore à découvrir, tant sont peu avancées nos con- naissances sur les animaux qui peuplent l'intérieur de cette vaste contrée I Le cougouar et la grande panthère, dont le véritable nom est jaguar, sont, en Amérique, les deux espèces les plus redouta- bles ; ils vivent dans les régions les plus chaudes. C'est, au contraire, dans le nord de ce continent, et aussi dans les grandes chaînes de montagnes, que Ton rencontre les ours, dont une espèce occasionne souvent des dommages considérables. Après ces puissants et audacieux destructeurs, on doit si- gnaler une foule d'espèces qui, s'attachant à des proies moins considérables, n'en sont pas moins nuisibles par les dégâts qu'elles font sur le petit gibier ou dans les fermes, dont elles mettent à mort les oiseaux domestiques et souvent les mou- tons. Mais les rapports de l'homme avec un autre animal du même ordre amoindrissent, s'ils ne compensent, ces nombreuses dévastations. Le chien, devenu domestique, est lui-même un des plus implacables adversaires de ces cruels ennemis de nos propriétés; guidé par l'homme, il contribue à leur éloignement, et dans certains cas à leur destruction. Aussi voit -on de siècle en siècle les espèces nuisibles devenir moins nombreuses à me- sure que la civilisation s'étend. L'ours et le lonp ont disparu de l'Angleterre ; le lion , dont l'exi- stence en Grèce lors de l'établissement des pre- t 1 MAMMIFÊHCB. — OÂBNAâBlERS. 87 mières colonies africaines dans cette contrée, est généralement admise, en avait été déjà repoussé du temps d'Aristote; en Afrique et dans l'Inde on Yoit chaque année, à mesure que les villes et les colonies s'agrandissent, les animaux féroces s'éloigner de leur voisinage. Cependant de nom- breuses provinces sont encore , pour ainsi dire , le domaine des bêtes fauves : M. Sikes, oiBcier an- glais et savant naturaliste, rapporte que dans tout le Dekkan , province indienne, on a pris, pen- dant les années 1825 à 1829, 472 panthères, et, dans un district seulement, 1,032 tigres royaux. Le nom des animaux qui composent le second ordre de la classe des mammifères indique assez quelles sont leurs habitudes, et par suite quelle est leur organisation ; mais tous ne sont pas car^ nassiers au même degré , tous ne le sont pas non plus de la même manière. Les chats méritent sur- tout ce titre : ils ont des armes puissantes pour attaquer et déchirer leur proie; leurs dents (inci- sives, canines et molaires, comme chez la plus grande partie des Carnassiers) sont tranchantes et acérées, et leurs griffes ont, dans leur faculté rétractile, une particularité remarquable, et qui leur est d'un grand avantage dans la lutte. D'autres sont un pea moins bien favorisés, mais leurs ap- pétits ne sont pas si franchement carnivores. Tels sont les hyènes, les loups et les renards. Quelques autresenfin, comme les ours, mangent difll^rentes 88 MAMMIFÈRES. — GARNAS8IIRS. substances, et sont appelés omnivores ; et il en est que l'on nomme insectivores, parce qu'ils se nour- rissent exclusivement d'insectes. La taille de ces derniers est toujours au-dessous de la moyenne, et souvent elle se fait remarquer par sa petitesse : tels sont les musaraignes, les taupes, les héris- sons, etc. C'est aux insectivores qu'appartient la plus petite espèce des mammifères connue. Presque tous ces animaux vivent à la surface du sol, où ils se creusent des retraites dans les terres meubles, et y passent une partie de leur vie; ils sont terrestres ou fouisseurs; plusieurs sont re- marquablespar des particularités d'uneautre sorte; on les prendrait d'abord pour des animaux d'un ordre différent, tant leur forme diffère; mais ce sont bien des carnassieis modifiés dans une direc- tion donnée, comme ceux-ci le sont dans une autre. Les uns sont organisés pour chercher leur nourriture dans l'air; et, plas volatiles que les galéopithèques, ils passent une partie de leur vie dans ce fluide : ce sont les chauve ouris. Les autres, comme les phoques, habitent, au contraire, dans l'eau ; ils sont tout à fait aquatiques. C'est un genre de vie auquel on semble être insensible- ment amené par l'observation des loutres, espèces semi-aquatiques, semi-terrestres, mais que nous n'appellerons pas pour cela amphibies, parce que ce mot paraîtrait signifier qu'elles peuvent alter> nativement respirer l'eau comme les poissons , ou ' GHélROPTÈRES. — ROUSSETTES. H9 l'air comme les mammifères , tandis que certains reptiles auxquels précisément le nom d'amphibies a été imposé sont seuls dans ce cas. En résumé, on doit reconnaître parmi les mam- mifères des espèces : i» volatiles (chauves-souris, appelées aussi cA^tro/)^ére5 ); 2" insectivores ter- restres, ou fouisseuses (hérissons, taupes, etc.); 3" terrestres plantigrades, ou digitigrades (ours, chats, chiens) j 4<> aquatiques (phoques). Nous les examinerons successivement. §1" CHÉIROPTÈRES OU CHAUVES -SOURIS. La première famille des Carnassiers est celle des chauves-souris, que Ton appelle scientifique- ment chéiroptères (c'est-à-dire mains en ailes), parce qu'en effet les membranes qui leur servent à s'élever dans l'air sont surtout soutenues par leurs mains, dont les doigts sont très -allongés. Ces animaux sont excessivement variés en es- pèces, et on les trouve dans toutes les parties du monde ; la Nouvelle-Hollande , que les didelphes habitent à l'exclusion de presque tous les autres mammifères, présente aussi une espèce de chéi- roptère du genre roussette , et plusieurs animaux ■■%. .^, 410 MAMMIPÂRES. — CAftNAVIiaS. de la même famille vivent dans les autres lies australiennes; mais c'est surtout dans le reste du globe terrestre que les chéiroptères abondent. Presque tous sont nocturnes ou crépusculaires, et ils se nourrissent surtout d'insectes. Quelques-uns recherchent, au contraire., les fruits; mais ceux-ci forment un groupe particulier sous le nom de chauves-souris frugivores. LES ROUSSETTES. (PL. III.— 4.) Nous avons dit qu'une espèce de ce groupe vit à la Nouvelle-Hollande; quelques autres sont des archipels de l'Inde , plusieurs habitent TAsie^ et on en trouve en Afrique et à Madagascar ; mais il n'existe pas de roussettes en Amérique non plus qu'en Europe. Ces animaux sont les plus grands de tous les chéiroptères, et ceux qui ont \% plus de rapports dans leurs mœurs et leur ^ructure avec les quadrumanes, et particulièrement avec les galéopithèques, quoique néanmoins ils appar- tiennent, sans aucun doute ^ comme toutes les autres chauves-souris, à un autre degré d'organi- sation. Les roussettes se distinguent surtout des au- tues chauves-souris par leurs dents mohives, dodit les tubercules sont émoussés 9Ji lieu d'être disposés en petites pointes épineuses, et par leurs doigts indicateurs des membres de devant, qui ont leurs CBÉlEOPTiRlS. — vBsrunuoNS. 91 trois phalanges cx>mplètes, ladeniière étant même pourvue d'un ongle. Ces animaux se tiennent dans les lieux chauds et garnis d'arbres ; on a constaté que plusieurs d'entre eux sont plus volontiers diurnes que nocturnes, c'est-à-dire que, comme la plupart des mammifères, c'est pendant le jour et non la nuit qu'ils se livrent à la recherche de leurs aliments. On connaît des roussettes qui n'ont pas moins de 324 millimètres de longueur pour le corps^ et de i mètre 624 millimètres d'en- vergure. LES VESPERTILIONS. (PL. III. — 2.) Le grand nombre des vespertilions^ que l'on par- tage aujourd'hui en beaucoup de groupes secon- daires assez peu importants à connadtre^ est sans contredit celui de toute la classe des mammifères qui renferme le plus grand nombre d'espèces. Nous y comprenons toutes celles qui manquent de phalange onguéale aux doigts antérieurs, et qui n'ont pas sur le nez une membrane semblable à celle des vampires, des rinolophes, etc. Leur taille est ordinairement assez petite; quelques- unes cependant semblent plus grosses, à cause de l'ampleur de leurs ailes. L'Europe, et en particu- lier la France, possèdent plusieurs espèces de ves- pertilions ; elles seront les seules que nous citerons. '# ^ MAMMIFÈRES. — GARNA88IIBS. celles des autres contrées, mêmes européennes, ofiVant un intérêt moins direct. Chez nous, comme dans tous les pays froids ou tempérés, les chéiro- ptères passent une partie de Tbiver engourdis par une sorte de somnolence qui simule assez la mort, et sous rinfluence de laquelle ils tombent dès que la température commence à baisser ; qu'on cherche alors dans les creux d'arbres, les trous de murs ou de carrière où ils se sont retirés, on peut les saisir comme tous les autres animaux hibernants, sans qu'ils cherchent às'échapper ; mais ils recouvrent bientôt leurs sens, si on les apporte dans un en- droit moins froid, dans un appartement, par exemple. Ces chauves-souris sont complètement insectivores, et c'est pour chercher les petits ani- maux qui leur servent de nourriture qu'elles sor- tent le soir pendant la belle saison. Les espèces qu'on a indiquées jusqu'ici comme se trouvant plus ou moins communément en France sont au nombre de douze. Toutes ces espèces ne se rencontrent pas avec la même fréquence; plusieurs d'entre elles sont même extrêmement rares ; les mdins rareà sont : i*> Le murin, qui a pour la tête et le «orps 95 millimètres de longueur et 405 millimètre» d'envergure; son pelage est d'un blanc jaunâtre en dessous, et toux cendré ou brun roussàtre en dessus. . - 2<* La noctule, qui u'i^ que 378 millimètres "k s>-ffk ' ,» '* =>* / y— z/^^- ^^ tr^:^ A t .>^ ri. ni ^ki^, 1 CHÉIROPTÈRES. — VESPERnLIOIfS. 03 d'envergure; son poil, douxet touffu, est d'au roux fauve, uniforme, un peu plus clair sur les parties inférieures que sur les supérieures. 30 La pipistrelle, qui a 310 millimètres d'en- vergure, et dont la couleur est d'un brun foncé en dessous et fauve en dessus ; sa queiie est longue, et les membranes qui lui servent d'ailes sont de cou- leur noire. 4* La êerotine, longue de 7^ millimètres; elle a 365 millimètres d'envergure; ses poils, assez longs et fort doux au toucher, sont d'un brun foncé uniforme, avec un léger reflet roussâtre. La distinction de cette espèce, ainsi que celle des pré- cédentes, est due à Daubenton , et les premières descriptions de l'illustre collaborateur de Buffon sont insérées dans les Mémoires de l'Académie des sciences pour Tannée i759. Deux autres vespertilions de France méritent encore d'être cités ; la longueur presque dispro- portionnée de leurs oreilles a engagé M. Geof- froy à les regarder comme devant constituer un genre à part, qu'il a nommé oreillard, en latin plecotus. L'une est Voreillard de Daubenton ; ses oreilles sont presque aussi longues que son corps^ qui mesureft47 millimètres; son envergure est de i84 millimètre») sa couleur est d'un gris brun passant au cendré sur les parties inférieures. Les oreil- lards se trouvent presque partout; mais ils sont ' -^-éi-eyC'*'a/: ■*., iiKiaMhiiiiii' 94 MAMlfirÈRM. — CARNASSIERS. ^ peu nombrenx, et vivent isolés. ( Pl. III. ^ 3.) La deaiième espèce est la barbastellef ainsi nommée par Danbenton : ses oreilles sont anssi larges que longues, non réunies entre elles à letir base comme dans l'oreillard. Ce vespertilion est beaucoup plus rare que les précédents, et n'a encore été signalé qu'en France et en Angle- terre. LES RINOLOPHES. Ils se distinguent aisément par les appendices membraneux et comme foliacés, dans lesquels sont ouvertes leurs narines; on en a trouvé t^ Asie^ en Afrique et en Europe. Quatre espèces vivent dans cette dernière contrée, et deux sont assez fréquentes en France; elles sont les seules qui 7 existent. 6KAMD VBM-A-CBBVAL, RitêOlOfhus hippOCrtpiS. Celui-ci a, du museau à Torigine de la queue, 70 millimètres environ et 351 à 378 millimètres d'envergure; son pelage est d'un roux jaunâtre. Le fer-i-cbeval est commun en France, et Notam- ment aux environs de Paris. (Pl. III. — 5.) 4*i '-*^ CHtlHOPTtRKS. — TAMPIOS. ^ FETiT PEi-A-ciiiYAL, Rinoiophut hihasiutut. / Daubeuton a le premier distingué cette espèce de la précédente. Le petit fer-i-cheval est moius commun que le grand, il n'a pas tout à fait 54 millimètres de longueur; la membrane de son nez est surmontée de deux crêtes au lien d'une , ce qui lui a valu le nom de bihastaius; les poils de son corps sont d'une teinte bmn cendré> quel- quefois cendré blanchâtre. (Pl. IH. — 4 ) LES VAMPIRES. 1 Ce sont aussi des chéiroptères ; ils sont devenus célèbres dans les récits des voyageurs américains, à cause de l'habitude qu'ils ont de sucer le sang des animaux ou même des hommes pendant que ceux-ci sont endormis. L'avidilé de ces chauves- souris pour le sang est telle , que les naturels de certaines contrées où elles vivent sont obligés, pour se soustraire à leur attaque, de passer la nuit dans des moustiquaires, et de renfermer soigneusement leurs poules et autres animaux domestiques. h& vampire choisit en général la nuque , le cou ou le* dos de sa victime, aûn qu'elle puisse plus diffi- cilement les mettre en fuite ; mais beaucoup d'ani- maux, lorsqu'ils en sont attaqués, se roulent sur le dos et ne tardent pas à les écraser. Les vampires f 96 MAMMIFERES. — CARNASSIERS. sont^ comme les phyllostomes^ dont nous allons parler, des chauves-souris pourvues d'une feuille nasale, et dont le doigt médius présente une pha- lange onguéale, partie qui manque chez les ves- pertilions et les rinolophes : ils n'atteignent point les dimensions des roussettes. Les phillostomes, qui en sont fort voisins, pré- sentent une assez grande différence dans leur ré- gime , presque entièrement frugivore; ils vont la nuit dans les vergers, et ils ne tardent pas à les dépouiller de leurs meilleurs fruits. On trouve ces animaux aux Antilles età la Guyane; ils attaquent surtout les fruits des sapotilliers. ■s INSECTIVORES. Gomme presque tous les animaux qui se nour- rissent d'insectes, ceux-ci sont de petite taille, et la plupart d'entre eux se creusent des galeries sou- terraines dans lesquelles ils cherchent les larves et les insectes fouisseurs, ou bien qu'ils abandonnent à certaines heures du jour, et plutôt au crépuscule ou au lever du jour, pour aller butiner. Leur sys- tème dentaire diffère peu de celui des vespertilions; mais ils se font remarquer par le nombre souvent MAMMIFERES. — CÂRNASSIERb. 97 fort considérable de lenrs dents; néanmoins ces animaux ne sont pas ceux des mammifères qui en présentent le plus; nous verrons que cette particu- larité sera justement caractéristique de certaines espèces de l'ordre des édentés , ce qui rend peu exact le nom qu'on a donné à celles-ci. LES HERISSONS. On a reconnu dans diverses contrées de l'ancien continent plusieurs espèces de hérissons, dont une est propre à TEurope et se trouve aussi dans une partie de l'Asie. Ces animaux sont caractérisés par leur taille assez petite et par leurs poils en partie remplacés par des piquants. Ils ont six incisives à chaque mâchoire; leur queue est fort courte, et leurs pieds sont plantigrades, avec trois doigts à chacun d'eux. Les hérissons ont la faculté de rap- procher leur tète de leurs parties postérieures, et de se rouler en boule en se pliant; la peau de leur dos est garnie de muscles tels, qu'ils peuvent, en se contournant ainsi, redresser tous les piquants dont ils sont couverts, de manière à ne plus offrir à l'agresseur qu'une sphère hérissée de toutes parts ; c'est par ce moyen que les animaux dont il s'agit échappent le plus souvent aux ennemis nombreux qui les attaquent. I m MAMMlPÈREt}. ^ CARNASSIERS. HÈBissoif D*EiiROPE, Etinaceus mropœus. C'est l'espèce qui vit en France et dans les autres parties de l'Europe ; elle est assez connue pour que nous nous abstenions de la décrire; elle vit dans les bois, où elle se creuse de petites galeries sou- terraines, et pendant Thiver elle s'engourdit à la manière des chauves-souris et des marmottes. Les tanrecs, qu'on plaçait d'abord dans le même genre que les hérissons, difii^rent peu de ces der- niers, dont ils ont la taille, le poil épineux et aussi la manière de vivre. Us sont originaires de Mada- gascar, et une dn leurs espèces a été transportée à Bourbon, où elle s'est perpétuée. On assure que dans la première de ces îles les tanrecs s'endor- ment pendant les grandes chaleurs, comme sous nos climats les hérissons le font pendant la mau- vaise saison. Les cladohates sont d'autres insectivores assez semblables, par la nature de leur poil, par leur taille et parleurs mœurs, aux écureuils; ils vivent dans les îles de l'archipel des Indes. A côté d'eux nous citerons, mais sans insister sur leurs carac- tères zoologiques, les euplères, qui sont des ani- maux de la même famille dont la seule espèce connue vit à Madagascar, et vient d'être tout récemment décrite sous le nom à'euplère de Goudot, en mémoire du voyageur qui l'a rappor- I.NbliCïlV01il!;S. — MUt>AHAlii^£î>. \K> iéf^ ' ^aris. Il parait que le falanoue de Flacour, qu'v i croyait être la genette, n'est autre que cette euplère. LES MUSARAIGNES. Celles-ci f^ :ment un autre genre^ sur lequel nous insisterons davantage^ parce que plusieurs de leurs espèces s'observent en France, où elles sont con- nues sous le nom de musettes. Les musaraignes de nos contrées sont fort petites, et c'est même parmi elles que Ton observe les plus petites espèces de mammifères. L'une d'elles, qui est propre à l'Italie, et qu'on nomme musaraigne toscane, n'a guère plus de il millimètres de longueur en y com- prenant la queue. Quant aux espèces étrangères à l'Europe, elles babitent l'Afrique, l'Asie et l'A- mérique, principalement l'Amérique septentrio- nale; toutes se font remarquer, ainsi que les nôtres, par l'odeur de musc qu'elles répandent, et qu'elles doivent à la sécrétion de glandes placées sur leurs flancs. Leur corps- est assez allongé, leur queue est grêle, et, ce qui les distingue surtout à l'extérieur, leur museau est prolongé en une sorte de petit bou- toir mobile. MUSARAIGNE PARADOXALE, Soreo: parodoxm* Celle-ci vient d'être récemment décrite par I(K) .MAMMIFÈRES. — CARNASHIERi». M. Brandt, de Pétersbourg, sous le Dom de «o/«- nodon paradoxum, ce naturaliste la regardant comme le type d'un genre particulier. (}uoique ses habitudes soient complètement ignorées^ nous avons cru devoir la signaler à cause do sa grande taille et de sa patrie ^ qui n'est pas moins remar- quable. Les animaux les plus grands sont ordinai- rement de contrées fort étendues, ou d'îles presque continentales ; or respèce actuelle est la plus grande de son genre, et cependant elle est confinée dans une ile assez petite, Saint-Domingue, quoique ses congénères, qui lui sont de beaucoup inférieures en taille, soient pour la plupart des régions conti- nentales; sa grandeur dépasse celle du surmulot, ce qui est gigantesque pour une musaraigne. HU8ABAI6NE GÉANTE , SoTCx giganteui. Quoique cette seconde espèce porte le nom de musaraigne géante, elle est moins grande que la précédente ; mais elle est supérieure à toutes les autres par ses dimensions, et c'était certainement une musaraigne géante avant que celle-ci fût con- nue. On la rencontre dans Tlnde , aux îles de la Sonde et à Tila de France; mais elle ne parait pas exister au cap de Bonne- Espérance, ainsi qu'on l'avait faussement indiqué en la disant commune dans cette partie de l'Afrique. Elle est à peu près de la grandeur du rat noir, et sa couleur est d'un INSECTIVORES. — llUSAHAiaNES. 101 gris plombé; elle vit dans les habitations, où elle est très-incommode à cause de l'odeur très-forte qu'elle répand; il suffit qu'elle ait passé contre un mets pour le rendre immangeable. Les espèces d'Afrique sont différentes de celles- ci; l'une d'elles se trouve embaumée parmi les momies d'animaux que préparaient les anciens Égyptiens. MVSARAiGiii McsiTTB, Sorex arenorius. ( n, m. — 6. ) C'est l'espèce la plus commune chez nous. Elle mesure 351 millimètres depuis le museau jusqu'à l'origine de la queue, cette partie ayant 41 mil- limètres. Ses oreilles sont assez grandes et nues, et son pelage est d'un gris sombre plus ou moins roussâtre en dessus et cendré en dessous, ces deux couleurs se fondant insensiblement sur les flancs. La musette est de toute l'Europe, et parait se re- trouver aussi dans l'Asie septentrionale, et même dans une partie de l'Amérique du Nord. Elle se tient ordinairement dans les bois, cachée dans des trous de souches d'arbres, ou dans des terriers abandonnés par les mulots; en hiver, elle se rap- proche des habitations rurales, et affectionne sur- tout les endroits où il y a du fumier. C'est à tort qu'onattribue vulgairement à ce^te espèce lafaculté de nuire aux chevaux et aux autres animaux do- mestiques; elle recherche les insectes qui vivent f 102 MAMMIPÈREfl. — CARNASSIEM. auprès de ces animaux ou dans leurs excréments; mais elle n'attaque jamais les quadrupèdes , et sa morsure, en supposant même qu'elle les mordit , n'aurait aucune fâcheuse intiuence sur la santé de ces derniers. Plusieurs autres espèces de musa- raignes ont encore été observées en France ; ce sont Xes sorcv tetragonurus , leucodon , constrictui , li- neatus, remifer, Daubentonii , coronatus, et Her-- mani, qui sont plus ou moins incomplètement connues. Nous signalerons encore les desmans; ce sont des animaux peu différents des musaraignes, et dont une espèce vit dans les Pyrénées. I^ES TAUPES, Ces mammifères, plus remarquables encore que les précédents, quoique moins variés en espèces, ne se trouvent qu'en Asie et en Europe, les taupes que Ton a indiquées en Afrique et en Amérique étant des animaux assez voisins, mais néanmoins do genre différent. Nous dirons d'abord un mot de ces dernières, et 1*» des chrygochlores , qui se font remarquer parmi tous les quadrupèdes connus par la beauté des reflets métalliques azurés , verts et dorés, qui distinguent leur pelage ; elles sont de la grosseur de nos taupes ou à peu près , ont aussi leurs habitudes et vivent dans les régions australes IirSBCTIVOIlSg. — TAUP18. 103 de l'Afrique. 9* Les amdyluret ou taupes étoilées, dont le nom scientifique signifie queue articulée^ parce que, Seba ayant représenté l'espèce qui est le type de ce groupe d'après un individu desséché , il avait cru observer que sa queue s. composait d'une suite d'articulations. Les condylures, aux* quels cette mauvaise dénomination a été conser- vée , habitent TAmérique septentrionale ; ils sont surtout faciles i distinguer par leur museau, à l'extrémité duquel se remarquent des appendices membraneux disposés en étoile. Quant aux véritables taupes, on en a distingué trois espèces : une propre au Japon ; la deuxième, du midi de la France et d'Italie, c'est la taupe aveugle, et la troisième, la taupe commune, talpa europaa, qui parait exister dans toute l'Europe, et qui est un des mammifères les plus conmiuns en France. La taupe est remarquable par la force de ses membres antérieurs, qui représentent de véri- tables pelles au moyen desquelles elle creuse la terre avec facilité; sa queue est courte, et ses mâ- choires possèdent quarante-quatre dents , savoir : six incisives, deux canines, huit fausses molaires et six vraies molaires à la supérieure ; huit inci-* sives, deux canines, six fausses molaires et six vraies molaires à l'inférieure. Cet animal passe sa vie entière sous terre dans les galeries qu'il se pra- tique, et qui sont souvent très-étecdues. Chaque individu a son terrier particulier, lequel se compose MM MAMMIVÈItJSS. — CARNAââlEKJJ. d'un long conduit ou boyau à Tune des extrémités duquel est le cantonnement, formé de nombreux passages, partagés en différents points ou carre- fours, et que la taupe creuse chaque jour pour la recherche de ses aliments; à Tautre extrémité sont aussi d'autres galeries, dont une sert de gîte ordi- naire à l'animal , qui n'en sort guère que deux heures le matin et deux heures le soir, pour se li- vrer à ses travaux dans les boyaux du cantonne- ment. La nourriture des taupes consiste en insectes, larves, chevelu de racines de diverses plantes, graines germées, et surtout en vers de terre ou lombrics. Ces quadriipèdes ne font point de provi- sions comme les campagnols, et ils ne s'endorment point en hiver dans leurs galeries. Ils s'y meuvent avec vitesse ; et lorsqu'à la surface du sol on les sur- prend, ils se mettent aussitôt à fuir, et ne tardent pas à se soustraire à la vue ou à la poursuite de leurs ennemis. Les taupes nagent aussi avec beau- coup de facilité lorsqu'on les jette dans l'eau. On leur fait une chasse assidue. L'art du taupier con- siste à les enlever brusquement de leur ^te au moyen d'une bêche, et aussi à tendre des pièges de •diverses sortes sur le .trajet de la longue galerie qu'elles parcourent pour se rendre à leur canton- nement, qui est leur lieu de repos. On doit à M. Le- court un excellent traité sur la manière de détruire ces animaux, et des observations fort curieuses sur leurs mœurs. ! CARNASSIERS. — PLANTIORADES. io.n §ni CARNASSIERS PLANTIGRADES. ire mr Les autres mammifères de l'ordre des Carnas- siers sont souvent réunis par les méthodistes sous le nom de Carnivores, c'est-à-dire mangeurs de cbair^ cette dénomination exprimant qu'ils sont encore plus avides de viande que les espèces chéi- roptères et insectivores. Mais on ne doit point dis- simuler que parmi ces carnivores eux-mêmes il y a des animaux qui vivent en partie de substances vé- gétales ou de matières qui, bien qu'animalisées, comme la cire, le miel, etc., ne sont pas néan- moins de la chair; aussi est-il préférable de leur imposer d'autres noms, et de ne pas confondra dans une seule famille, comme on Ta fait, les chats, les chiens, les ours et les phoques. Ceux de ces animaux qui , en marchant, ap- puient, comme l'homme, sur toute la plante du pied, sont dits/>/an%ra(i?e9; ceux qui reposent sur l'extrémité des doigts seulement, commeleschiens et les chats^ sont les digitigrades, et Ton appelle pinnigradeSf c'est-à-dire se mouvant avec des na- geoires, [les phoques, dont les membres ont, en effet, la forme de nageoires. * 5* l(Ni MAMMlPERlii. ~ OARNASKIERS. Les plantigrades doivent être étiidi«''s les pre- miers. Ajoutons au caractère de leurs membres que leurs dents molaires, plus nombreuses en gé- néral que celles des digitigrades, sont toutes tu- berculeuses, au lieu d'être tranchantes comme chez ces derniers. Les carnassiers plantigrades comprennent plusieurs espèces propres à l'Europe, à l'Asie et à l'Amérique principalement, et qu'on partage en plusieurs genres. Nous ne nous arrête- rons pas sur les kinkajous, dont la seule espèce connue habite TAmérique méridionale, et semble par ses formes assez singulières tenir autant des makis que des ours. Les ratons et les coatis sont du même pays que les kinkajous, et se rapportent à la même famille, ainsi qu'une espèce assez semblable au glouton, le taïra , nommé en latin mustella barbota. Le taira est noir, avec le dessus de la tête gris et une large taehe blanche sous la gorge. Nous devons parler plus longuement des ours. LES OCKS. Ils forment un genre dans lequel on connaît diverses espèces , toutes de pays assez froids ou tempérés, et qui, lorsqu'elles s'avancent sous des latitudes plus méridionales, se tiennent toujours sur les points élevés des grandes ehaines de mon-^ tannes. Dans ce derniçi* cas iloQt l'ours qui yit vit PUNTIGRAItES. — OUM. 1(»7 (laDs l'Atlas, celui du mont Sinaï, et l'espèce de l'Amérique du Sud que M. F. Cuviep a décrite sous le nom d'ours orné, ursus omatus. Cette dernière a été trouvée au Chili et au Pérou ; mais, ainsi que celle de Syrie et de Barbarie, tUe est encore très-peu connue. Les Iles de la Malaisie, Bornéo, Java et Sumatra, les monts Himalaya dans l'Inde, la Corée, la Chine, possèdent aussi des ours, mais qui diffèrent spécifiquement de ceux des autres parties du monde. OURS AUX GROSSES LÉVRBs, Ursut Ittbiatus. On le trouve au Bengale, dans le Népaul, à la côte de Malabar, etc.; et, comme il est un des plus faciles à apprivoiser, les bateleurs le mènent souvent avec eux pour lui faire exécuter divers tours. Sbaw, l'un des premiers, a décrit cet ani- mal; mais, par une erreur assez bizarre, il l'a considéré comme une espèce de paresseux qu'il appelle bradypm ursinns, M. de Blainville a fait connaître cette méprise, et a imposé au prétendu bradype le nom que tous les naturalistes lui ont conservé depuis. Vurms labiaius (Pl. YI. — -i) est surtout remarquable par l'allongement et la mobilité de ses lèvres; les poils dont son corps est couvert présentent aussi dans leur longueur et leur couleur, d'un noir profond , une particularité re- marquable. Cet animal est de la taille de Tours d'Europe. KIK XAHMirKRES. — OARNAMSIEM. ouif d'eubopi, UrsttJi a- rto-n. C'est celui que Ton trouve par toute l'Europe , principalement dans les montagnes; il existait au- trefois en Angleterre; mais il a été détruit; et dans plusieurs parties du continent, en France, par exemple, il est devenu fort rare; sa couleur varie, comme chacun sait, du brun plus ou moins foncé au roussàtre; les jeunes individus présentent sou- vent un collier blanc. L'ours n'existe en France que dans les régions boisées des Alpes et des Pyrénées; c'est de tous les animaux dits carnassiers celui qui est le moins disposé à se nourrir de chair; il préfère, eu effet» les racines et les fruits sauvages, tels que ceux du sorbier, du châtaignier, de la ronce, du fram- boisier et de l'épine- vinette; il aime aussi beau- coup le miel, et ponr se le procurer il déchire avec ses griffes les ruches d'abeilles sauvages qu'il peut atteindre. Sa nourriture animale habituelle consiste surtout en œufs et en jeunes oiseaux qu'il prend au nid, et il n'attaque les bestiaux et l'homme que lorsqu'il est vivement pressé par la faim. Il habite les cantons déserts, fait sa demeiue dans le creux d'un vieil arbre ou dauf ime caverne, et il y passe l'hiveï dans un état de .so!ur,Hence dont il ne sort de temps en teiii;;^ que pour lécher ou sucer ses pattes de devant. C'est en octobre, ou à peu près vers cette époque, et I l'LANTlOlllDCS. — OURS. lOW loniqu'iine noiinitnre abondante leur a procuré uu embonpoint èhaei remarquable, que les ours se retirent dans ii^iir tanière. An printemps, après une gestation d» sept inoi<:, les fe.tieiles mettent bas depuis un jusqu a cinq petits, minn Tàge qu'elli ont. Ces animaux marchent lonrden'(*tit, et ne courent que rarement; leur fo^^rrure grossière et laineuse est employée par les r bourreliers. Leur graisse passe pour avoir la propriéi* de dissiper les douleurs rhumatismales. Enfin la chair des j faunes et les pieds des adultes sont mangés p: r le^ tiabi- tants des montagnes. Le caractère de ces animaux permet «l* les ap- privoiser assez facilement, et souvent les i lefs des ménageries ambulantes en mènent avec «^ux. A Berne, on en tient dans les fossés des rem oarts , depuis la fondation de la ville, dont le non lui- même rappelle que c'est à la prise d'un d( ces animaux qu'elle doit son origine. OURS RLAHG, Ursus maritimua. C'est une espèce bien distincte et facile à dis- tinguer par sa taille, plus grande que celle du pr*^- cèdent, et par sa couleur d'un blanc de neige dans un grand nombre d'individus, ou légèrement teint de jaunâtre dans quelques autres. 11 est particu- lier au nord de l'Europe et de l'Asie, et se tient sur les bords de la mer Glaciale. Les glaces qui enva- hissent souvent les îles dont ces animaux fréquen- 110 m. MAMMIFÈRES — CARNASSIERS. k tent le rivage les privent pendant ce temps des ressources nécessaires à leur subsistance ; alors ils deviennent plus cruels, ou plutôt plus hardis^ et souvent ils attaquent l'homme^etsejettentsurles embarcations. Mais leur nourriture habituelle con- siste en poissons et en cétacés. Les dimensions aux- quelles les ours blancs arrivent sont quelquefois rès-considérables. ODES NOIR, l/rmv mgrpr. Celui-ci , dont la peau est surtout recherchée pour les fourrures^ est abondant en certains points de TAmérique du Nord, où se trouvent aussi des animaux de même genre, mais d'espèce différente. Paîlas a le premier reconnu parfaitement ses carac- tères distinctifs. La chasse de ces ours est une des plus lucratives ; leurs peaux préparées servent de vêtements aux naturels américains, et sont aussi pour eux un objet de commerce et d'échange aii moyen duquel ils se procurent divers articles de nécessité ou d'agrément. Le Canada seul, au rap- port de Mackensie, a produit par échange aux An- glais, en 1798, deux mille cent peaux d'ours. On tire encore de ces mammifères une quantité con- sidérable d'huile et de graisse. LES BLAIREAUX. Ce sont des animaux à vie Qoctume et à marche \ nps de8 alors ils rdis, et t sur les lie coD- •ns aux- quefois lerchée I points issi des Irente. carac- Q6 des ent de l aussi Lge ail tes de I rap- xAn- s. On con- ircbe ri. II. ' t.- r /aht ,fff,r ,<'//yt4f.' //rfr,'. J y//,{>7/f- . J .Y/i/zu^^/t . i A'^fA<■.^i/,•/^A ///■^/Mi'^i .V 3 îs#. f « "* PLAIfTIORADBS. — BLAIREAUX. 1 I I rampante; leurs jambes sont très-courtes, ot leurs poils si longS; que leur ventre parait toucher à terre ; ils ont les ofigles allongés et propres à fouir : leur queue est courte, et à la base de celle-ci existe une poche voisine de l'anus , de laquelle suiute une humeur grasse et fétide. Les blaireaux vivent dans les bois , et s'y creusent des terriers. Leur taille est celle d'un chien basset; ils vivent de proies telles que lapins, mulots, etc., auxquelles ils joignent aussi des substances végétales et des insectes. :#f * BLAIREAU d'edkopb, MbIcs taxus. . il se trouve dans toute l'Europe et aussi dans une partie de l'Asie ; les chasseurs croient devoir le distinguer en deux espèces ; mais il est bien démontré qu'il n'en constitue qu'une seule. Dans la plupart des provinces de la France, on le nomme tesson. C'est par erreur que les auteurs ont dit qu'il se dérobe à ses ennemis en grimpant sur un arbre : le blaireau , animal très-lourd , n'est rien, moins que grimpeur; il est devenu assez rare dans notre pays. Sa tête est d'un blanc roussâtre, ex- cepté le dessus de la mâchoire inférieure; ses oreilles, noires, sont bordées de blanc en dessus, son dos et ses flancs sont d'un gris sale, onde de noirâtre; sa gorge, le dessous de la poitrine, le ventre, les jambes et les pieds sont d'un noir brun foncé, le bas-ventre étant roussâtre. % ' I 1 H2 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. *» Les blaireaux passent la plus grande partie de rhiver dans leurs terriers, qu'ils entretiennent fort propres ; mais ils nV sont pas engourdis. Ils paraissent , pendant cette saison , vivre aux dé- pens de la graisse abondante qu'ils ont amassée en été et en automne. La cbasse du blaireau était au- trefois très- pratiquée en France, et elle Test en- core beaucoup en Angleterre ; sa peau est employée par les bourreliers. Les poils les plus longs de sa queue sont recherchés pour la confection de di- verses espèces de pinceaux auxquels on donne par- fois le nom de blaireaux ; ils servent aussi pour les brosses à barbe. La deuxième espèce de ce genre est le blaireau du Labrador, A côté de ces animaux prennent place les glou- tons, dont une espèce, propre au nord de l'ancien et du nouveau continent, ne dépasse pas les blai- reaux en dimension, mais leur est supérieure en force et en agilité. Elle fait aux grands animaux du Nord, aux rennes, aux élans, etc., une guerre assidue, et se nourrit surtout de leur chair. Son pelage , qui compose une fourrure assez estimée, est d'une belle couleur marron, avec un peu de noir sur le dos. La longueur totale de son corps est de 865 millimètres. D'autres animaux de la famille des plantigrades offrent aussi un véritable intérêt ; plusieurs d'entre eux sont remarquables, ainsi que les blaireaux, î/ i t OAiLNAàSIEiUi. -> DIUITIUKADËS». lit pai- la disposition de leurs couleurs; contraire- ment à ce que Ton voit chez les autres espèces , où les teintes les plus claires occupent toujours les parties inférieures, chez celles-ci, c'est aux supérieures qu'elles se font remarquer. Beaucoup d'entre elles ont, en effets le ventre et la poitrine d'une couleur plus ou moins brune , ou même noire, et le dos jaunâtre, gris ou tout à fait blanc. L'un des plus remarquables sous ce rapport est le ratel, gulo mellivorusj qui vit au cap de Bonne- Espérance, ainsi que dans l'Inde. Cet animal est renommé dans tous les voyages au Cap pour son adresse à dévorer le miel des abeilles sauvages. On dit qu'il est averti du voisinage des ruches par le coucou indicateur, qui vient après lui partager le butin. §IV CAUNASSIËRS DIGITIGRADES. des itre IX, Nous avons vu qu'on donne ce nom aux mam- mifères carnassiers qui marchent sur les doigts des pieds seulement, sans appuyer sur la plante ; les chats, les chiens, les martes et les civettes sont tous des animaux digitigrades. Il n'est pas nécessaire d'ajouter que des espèces appartenant à d'autres ordres qu'à celui des carnassiers sont r' . • i % ri H4 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. aussi digitigrades. C'est parmi les carnassiers de cette famille que se placent les espèces les plus redoutables parleur force et par leurs appétits fa- rouches. , LES MOUFFETTES. Elles se rapprochent assez des blaireaux et des gloutons ; et, comme elles sont à demi plantigrades^ elles forment une coupe intermédiaire entre ces animaux et les martes. Leur système dentaire ne diffère guère de celui des putois que par l'exis- tence de deux tubercules de plus au côté interne delà dent molaire qu'on appelle la carnassière; leur pelage est ordinairement rayé de blanc sur un fond noir, le blanc dominant en dessus ; et leur queue, garnie de longs poils, est habituelle- ment relevée sur le dos comme un panache. Les mouffettes, remarquables par leur excessive puanteur, se trouvent seulement en Amérique; elles vivent dans des terriers, et se nourrissent de petits quadrupèdes, d'œufs, etc. ^ LES MARTES. Les martes {mmtela) et les espèces analogues forment une petite tribu de carnassiers digiti- grades remarquables par la forme allongée de leur corps , ce qui les a fait parfois qualifier de Il BTS de is plus tils fa- : et des [grades^ itre ces taire ne c l'exis- laterne lassière; anc sur ssus; et )ituelle- e. xcessive lérique ; ssent de lalogues digiti- |ngée de difier de DIOITIARADES. — MARTES. H.i vermiformes. Celles qui composent le genre des martes et des putois ont trente-quatre ou trente- six dents, les putois ayant de chaque côté de la mâchoire supérieure une fausse molaire de moins que les martes. Ces animaux sont souvent remar- quables par la cruauté de leurs instincts; ils se rapportent à un grand nombre d'espèces, et sont plus nombreux dans les régions du Nord que sous les latitudes tropicales. Nous en avons cinq en France, sans compter le furet, qui doit être considéré comme un animal importé de Barbarie et d'Espagne. M. Florent Prévost a remarqué qu'une septième espèce , le vison , se rencontre aussi en France, principalement dans le Poitou. On sait que le vison habite surtout le nord de TA- mérique. PUTOIS, Mustela putorius. Le putois se tient à la campagne, dans les bois, aux environs des maisons rurales, dans lesquelles il s'introduit pour faire une guerre à mort aux vo- lailles et aux lapins ; il se jette sur les poules et les pigeons en les saisissant par le cou, et souvent môme leur séparant la tête, dont il mange la cer- velle. Cet animal a le corps long de 514 milli- mètres, et la queue de 463 millimètres; son pelage est brun, les poils intérieurs étant d'un blanc jau- nâtre : quelques taches blanches se remarquent sur sa tête, et notamment près de son museau. ! •0* -S-i- li(i MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. ' Le furet présente aussi le même système de den- tition que le putois ; il est domestique en France ; et on l'emploie surtout à la chasse du lapin, qu'il t'ait sortir de son terrier. > •A- r % BELBTTE, Miisteln vulynris. ' Elle est commune en France ; son corps est long de i76 millimètres^ et sa queue de 90 millimètres; son pelage est fauve, passant au gris en dessous , et sa queue n'est jamais noire à la pointe comme celle de Thermine. Cette dernière, mustela hermi- nea (Pl. IV. — 3), est un peu plus grande^ et, ce qui la distingue surtout, sa queue est noire à son extrémité, quelques couleurs que présentent les autres parties de son corps. La belette s'avance plus vers le sud que l'hermine, qui est, au contraire, presque exclusivement propre aux régions septen- trionales de la Russie et de la Sibérie. Néanmoins la belette et l'hermine se rencontrentTuneetrautre en France. Les hermines deviennent ordinaire- ment blanches en hiver : leurs peaux sont princi- palement employées pour doubler les manteaux d'apparat des princes et des rois. *■ .. MARTE ET FOUINE. ( PL. IV. — 2.) , - ' La fouine {mustela foina) est un animal fort t . semblable à la marte commune (mustela martes), et à l'espèce américaine connue sous le nom de *^ ^7 de den- France; n, qu'il i est long imètres; dessous , i comme \a hemti- le, et, ce ire à son ntent les s'avance iontraire, às septen- éanmoins ietVautre )rdinaire- ttt princi- nanteaux ûmal fort i martes), enpm de DKilTlGKAbLS. — MAkIL!). H' marte des Hurons, et qui est intéressante à cause de la tinesse de sa fourrure. La fouine est à peu pre de la taille d'un jeune chat ; sa longueur de l'occi- put à la queue est d'un peu plus de 33 centimètres, sa iiautei"* au train de devant étant de 19 centi- mètres. Toutes les parties supérieures de cette es- pèce, sa tète exceptée^ sont d'un fauve brun connu dans la peinture sous le nom de bistre ; son museau est d'une teinte plus pâle, ses pattes et sa queue passent au brun, et Ton voit sur le haut de sa poi- trine et le dessus du cou une large plaque d'un beau blanc. C'est la couleur de cette tache qui distingue la fouine de la marte commune et de celle que nous citions tout à l'heure. Chez la marte ( Pl. IV. — 2) la tache existe avec une disposition analogue, mais elle est fortement nuancée de jaune. Chez la marte des Hurons ou du Canada, elle peut exister ou ne pas exister, ainsi qu'on peut s'en assurer en examinant les peaux de cette variété, si nom- breuses chez les fourreurs; mais elle n'est jamais d'un blanc pur. Une autre rmstela se rapproche encore de la fouine : c'est la zibeline, mustela zi" bellina, qui a la gorge grise et le pelage plus moelleux et d'une qualité supérieure. La marte est de toute l'Europe occidentale; la marte des Hurons est de l'Amérique du Nord ; la zibeline est de toute la zone froide de notre hémi- sphère, et la fouine préfère les parties occidentales de l'Asie ; mais en Europe, elle s'avance plus au sud %. 4i /^ I V *,.■-* f^ . M :■: ■sjd I lift MAMAIIPKRKS. — CAKNA.SSIKns. que la inarto. Quant aux mœurs, elles diMIèrent peu; la fouine et la marte présentent néanmoins dans les leurs quelques particularités : la première semble nchcrcher les habitations de Thomme pour y établir sa demeure, tandis que la seconde se tient à l'écart, et habite plutôt dans les bois; mais ces différences sont moins importantes encore que celles de la couleur : aussi quelques auteurs ont-ils regardé ces divers animaux comme de simples variétés d'une même espèce. On trouve des musfela en Afrique: et une espèce, dont la couleur rappelle celle dr s mouf- fettes, y a reçu le nom de zorile, musiela zo- riUa. LES LOUTRES. (PL. IV. —4.) 4: Nous ne devons pas passeï sous silence ces ani- maux, dont une espèce habite l'Europe, et qui ont des représentants en Afrique et en Asie, ainsi que dans l'Amérique Nord et Sud. Les loutres, au corps plus allongé que celui des martes, sont surtout or- ganisées pour une vie aquatique; elles se trouvent dans les lacs, les fleuves, et parfois dans les eaux de la mer. L'espèce d'Europe (Pl. IV. — 4) se ren- contre aussi en France; mais elle n'y est pas com- mune. Quoi qu'on en ait dit, son caractère n'est ni sanguinaire, ni redoutable, et elle est facile à sou- mettre, et même à apprivoiser. Avec quelques pré- if* i*i<;ni<.HAr)i:> — i.oi trks. < »•• cautions f»n parvient A la drcsMîr pour la pArhp, f»t mettant à profit la facilité avec laquelle elle se meut au sein des eaux, on la lâche A la recherche du poisson. La fourrure de cette espace est heau- coup moins estimée que celle de la j?rande loutre de mer, autrement appelé»> naricaviennp. Celle-ci fréquente le Nord ; on la cliasse avec activité ; sa peau, dont on fait un commerce très-luctatif, est surtout recherchée par les Chinois de distinction, et devient un des plus heaux ornements de leur riche parure. { LES MANGOUSTES OU ICHNEUMONS. (PL. IV. — h.) Si , dans le système de théogonie des anciens Égyptiens, tous les êtres qui peuplent la surface de la terre devaient recevoir un culte particulier en raison de l'influence qu'ils exercent sur l'économie de la nature et de la part qu'ils prennent dans l'harmonie générale, Tanimal qui fait le sujet de cet article avait plus qu'aucun autre des droits aux hommages de ce peuple singulier. L'ichneu- mon, en efiet, est éminemment utile, à cause de ses instincts qui le portent à se nourrir, de préfé- rence à toute autre substance, des œufs de croco- dile et des autres grands reptiles, qui sont si nui- sibles dans la partie de l'Afrique que le Nil arrose de ses eaux. Le nombre considérable d'animaux de A J lin MAMMIKEH»> — CAK.NA»!)lbH.>. cette clasHe (lu'il détruit en empêchant leurs œuf» de se développer méritait sans aucun doute la reconnaissance des •rlgyptiens. Poussé par un be- soin de destruction, et dirigé par beaucx)up de pru- dence y on le voit, à la chute du jour, se glisser entre les inégalités du terrain, épiant la moindre apparence, fixant son attention sur tout ce qui vient frapper ses sens , dans la vue de reconnaître un danger ou de découvrir une proie ; et, si le hasard le favorise, il ne se borne pas à satisfaire son ap- pétit, il attaque tout ce qui se trouve à sa portée. Mais, s'il est utile en détruisant les œufs des rep- tiles, il devient parfois incommode, à cause des ra- vages qu'il fait dans les habitations où il a pu pé- nétrer; car, semblable à la fouine, il met à mort toutes les volailles qu'il y rencontre, sacrifiant aussi bien les mères et leurs petits que les œufs qu'elles viennent de pondre ou qu'elles couvent. Il met beaucoup de persévérance pour atteindre sa proie : on le voit rester des heures entières à la même place, guettant l'animal qu'il y a vu, et dont il est tenté de se rendre maître. Cette qualité le rend très-propre à remplacer les chats, pour débar- rasser une maison des petits animaux parasites qui peuvent y avoir choisi leur retraite, et c'est, en efl'et, dans cette intention qu'on élève quelquefois des ichneumons en domesticité. La couleur de Tichneumon est d'un brun foncé, tiqueté de blanc sale; cette dernière teinte est plus ■8 œufs ute U un be- de pru- glisscr aoindre ui vient litre un i hasard son ap- 1 portée, des rep- se des ra- apupé- et à mort I sacrifiant ) les œufs ouvent. U teindre sa ières à la u, et dont qualité le lur débar- parasites X c'est, en luelquefois Irun foncé, lie est plus MGITIORAPEa. — CIVRTTES. «il abondant»' sur le ventre et sur les flancs; la ([\w\\v. est ferminép par un flocon de poils enlièrenient bruns, et la longueur totale d»; cette partie et du corps entier mesure 81 centimètres environ. L'Afrique possède plusieurs autres icbneumons; on en trouve aussi dans l'Inde, en Chine et aux Iles de la Sonde ; mais il n'en existe pas en Eu- rope. LES CITETTES. Le genre des civettes , en latin viverra , auquel appartiennent aussi les genettes , renferme diffé- rents animaux de l'ancien monde, confinés dans les pays tempérés ou sous les zones inteitropi- cales, et dont une seule espèce vit en Europe. Ce groupe , qui n'a point de représentants en Amé- rique, est composé d'animaux à formes assez dé- liées , et qui ont quelque analogie avec les chats dans leurs mœurs, bien qu'ils n'aient pas les ongles rétractiles de ces derniers; leurs dents sont au nombre de quarante, et ils ont pour chaque mâ- choire douze molaires, six de chaque côté. L'odeur souvent musquée que répandent les civettes est due à des glandes situées près de la queue, et qui acquièrent chez les véritables civettes et chez le zibeth un développement assez grand pour qu'il soit possible de recueillir leur produit et d'en faire 6 H2 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. un objet de commerce; cette substance est em- ployée et bien connue sous le nom de civette. CIVETTE n^AFRiQi'E, Vivcrra civetta. i Klle est surtout du versant oriental de l'Atlas ; fi sa taille est d'un tiers plus grande que celle du chat ; son pelage est gris , tacheté , et couvert de bandes brunes et noirâtres. En Abyssinie, on élève beaucoup de civettes en esclavage afin de re- cueillir leur parfum, soit en le ramassant lorsqu'il tombe, soit en le prenant dans la poche qui le fournit, au moyen d'une espèce de cuiller, ou en introduisant dans ce réservoir des substances grasses qui se pénètrent de la matière odorante, et qu'on en retire ensuite. ziBETH, Viverra zibetha. L'tnde, Sumatra et plusieurs grandes îles de Tarchipel Indien sont la patrie du zibeth. Le corps de cet animal a environ 405 à 487 millimètres de longueur sans y comprendre la queue, qui en a 297 ; son pelage est moins fourni que celui de la civette, et sa crinière ou les longs poils de son échine, beaucoup moins étendue. On assure que le zibeth est domestique en Abyssinie. KV ,7 DIGITIGRADES. — CHATS. Ii3 » ■« >in- llas ; e du rtde élève e re- squ'il jui le ou en tances irante, GETTVTTK DE FRANCE, VtVfrra genetta. {ri. v. — i. ) La civette et le zibeth sont les espèces les mieux connues^ et celles chez lesquelles la production odorante est la plus abondante. On a réservé le nom de genette à plusieurs autres animaux éga- lement odorants, mais à un degré beaucoup moindre. De ce nombre est la genette de France ( Pl. V. — J ), qui vit aussi en Espagne et dans une partie de l'Afrique. Chez nous elle n'habite qu'un petit nombre de départements méridionaux^ où elle est fort rare. Buffon ne Ta point connue, et celle qu'il donne sous le nom de genette de France appartient à Tlnde. Au même groupe se rapporte la genette indienne, viverra indica, qui fréquente une grande partie du continent indien et toutes les îles de la mer des Indes depuis Sumatra jus- qu'aux Philippines; on peut encore citer la genette du Gap y viverra felina , et celle de Madagascar, à laquelle on donne le nom de fossane , viverra fossa. lES CHATS. On appelle en latin felis les animaux du même genre que notre chat domestique, tels que le lion, le tigre, la panthère et un très- grand nombre d'autres espèces, moins importantes peut-être dans réconomie générale , mais non moins dignes de a«Hes«i â i24 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. Tattention des naturalistes. Les principaux traits caractéristiques des feiis résident dans leurs dents, au nombre de trente seulement , leur mâchoire supérieure n'ayant que quatre molaires, dont une fausse de chaque côté, et l'inférieure trois seule- ment. Ces animaux sont de tous les carnassiers les plus féroces et les plus sanguinaires; ils sont aussi ceux qui disposent des armes les plus puis- santes; leurs mâchoires courtes et robustes, leurs membres puissants et armés d'ongles rétractiles , c'est-à-dire susceptibles de se retirer dans une sorte de gaine comme autant de crochets au moyen desquels ils déchirent leur proie, les rendent re- doutables à tous les autres quadrupèdes. La plu- part vivent dans les bois, et font une chasse assidue aux animaux de toutes sortes qui les fréquentent avec eux; comme les oiseaux de proie ^ dont ils rappellent les principaux traits, ils se tiennent solitaires, chacun d'eux restant maître du can- tonnement qu'il a choisi. On trouve des felis dans les deux continents; mais aucun n'existe à la Nouvelle- Hollande : la plupart sont des contrées méridionales, et cependant il en est qui remontent assez avant vers le nord. Le tigre lui-même, qu'on pourrait croire exclusivement attaché à l'Inde, est aussi dans ce cas, puisqu'on le rencontre jusqu'en Sibérie, en Corée, etc. Dans ces froides régions, sa fourrure devient plus épaisse, et, comme l'irbis, autre espèce du même genre qui s'y rencontre <7 a, • DIGirillRALES.— CHATS. 125 avec lui, il présente des particularités dépendantes du climat. Les lynx, qui sont aussi des chats, com- prennent également plusieurs espèces tout à fait septentrionales. • LiOH, Felisleo. (pl. v. — 3. ) • ' A la tête des espèces du genre chat est le lion, surnommé le roi des animaux à cause des belles qualités, de la force, j'ai presque dit de la ma- gnanimité , que tout le monde lui reconnaît. Les lions , dont les traits caractéristiques sont bien connus, et que chacun distingue à l'épaisse cri- nière dont leur train antérieur est oiné, à la cou- leur fauve uniforme de leur pelage et au flocon noir de l'extrémité de leur queue, habitent dans l'Afrique et aussi dans la partie méridionale de l'Inde : on doit même supposer qu'ils ont autrefois vécu en Grèce; c'est au moins ce que porte à penser le témoignage des anciens auteurs: mais ils n'ont pas tardé à en être repoussés. Un mammi- fère d'un autre genre, le chacal, qui est du groupe des chiens, est cité par les savants comme le fidèle compagnon du lion ; quelques-uns ont même admis une sorte d'intelligence entre l'un et l'autre : le fait est que le plus souvent ces deux carnassiers habitent les mêmes contrées; par toute l'Afrique on les rencontre également. Le chacal est aussi d'Asie; mais il y est plus répandu que le lion, et /' 126 MAMIfIFKHES. — CARNASSIERS. l il se trouve eDCore en Grèce. Ce n'est pas en ce pays seulement que les lions ont eu à souffrir des progrès de la civilisation ; quoiqu'ils n'aient point encore été détruits dans certaines autres contrées, ils y sont aujourd'hui bien moins abondants qu'au- trafois. La Barbarie, qui recèle encore un nombre considérable de ces animaux, en fournissait bien davantage aux Romains, et les Grecs en retiraient de l'Asie Mineure plus qu'on n'en rencontrerait de nos jours. . , . , .^ , ^ ■ , . ^ TIGRE ROYAL, FcUs tigris. ( PL. V. — 4. ) Il se distingue par son pelage fauve en dessus, blanchâtre aux parties inférieures, et rayé de bandes de couleur noire. Sa taille est celle du lion. (Pl. V. — 4.) Cet animal est le véritable tigre, quoique souvent, et surtout dans le commerce, on donne ce nom aux espèces tachetées, c'est-à-dire aux panthères et aux jaguars. Le tigre ne se ren- contre pas en Afrique, mais en Asie, où il vit; il s'étend assez au nord, et on le trouve aussi sur les bords de la mer Caspienne, ainsi qu'à Java et à Sumatra, dans la mer des Indes. Quoiqu'on l'ait donné comme différant essentiellement du lion par ses mœurs et ses instincts, il présente, à peu de chose près, les mêmes habitudes que ce der- nier, dont il a la force et le courage. Quoique aussi abondant que le lion dans les pays qui sont sa véritable patrie, on le voit plus rarement dans nos en ce rir des l point Qtrées, qu'au- lombre it bien iraient itrerait dessus^ ayé de iu lion, î tigre, Tce, on -à-dire 8e ren- Ivit; il issi sur 'à Java oiqu'on t du lion , à peu ce der- iie aussi sont sa ans nos ■ *?■ f t. y r/t^/Zi- wi* /lUtfi4Y . 2 ^ '//,(/ tK^iu/t/f. 3 At.'/J . 4 t ^^t/tf fiUjfit/ . J c^f/n- ^iu-.'i'A fi'ytU . ^ t V^ mais ils leur sont inférieurs en dimension; l'un et l'autre entraient dans les attributs de Bacchus. Les pan- thères employées pour la chasse dans certaines parties de l'Inde n'appartiennent ni à Tespèce de la panthère proprement dite, ni à celle du léopard : ce sont des guépards; elles se distinguent parla disposition de leurs couleurs, et surtout par leurs ongles, qui ne sont pas rétractiles. Les mœurs des guépards sont assez semblables, sous certains rap- ports, à celles des hyènes et des chiens. Beaucoup d'autres espèces se distinguent dans le genre chat ; nous citerons parmi elles le lynx , dont une race a quelques représentants dans les Pyrénées françaises et dans diverses autres parties de l'Europe. Rappelons aussi le caracal, felis ca- racal (Pl. VL — i), qui est de l'Afrique et de l'Inde. L'espèce de ce dernier n'est pas très- rare en Barbarie, et particulièrement dans nos pos- sessions algériennes. Sa couleur fauve roussâtre, ses oreilles noires en dehors et surmontées avec élégance d'un pinceau de poils semblablement co- lorés, le jeu de sa physionomie, en font un animal remarquable. Le caracal paraît être le lynx des anciens; il est deux fois gros comme le chat do- mestique, mais ses proportions sont plus élancées. \ ;/ y ^ DIGITIGRADES. — CHATS. .' CHAT D0HE8TIQVI. 1:29 \ de l-rare Ure, lavec It co- limal des Itdo- Icées. La souche qui nous a fourni le chien , le chat et la plupart de nos animaux domestiques, est inconnue pour presque toutes ces espèces. Diffé- rents auteurs, reconnaissant dans l'Inde le ber- ceau de Tespèce humaine et de sa civilisation, veulent que les différents animaux domestiques soient eux-mêmes originaires des races sauvages qui peuplent ces contrées. C'est, en effet, à des es- pèces ou même à des genres tout à fait asiatiques que le cheval, l'âne, la poule et quelques autres appartiennent; et cette seule coïncidence semble- rait appuyer, sinon démontrer, la manière de voir que nous venons de citer. Mais il n'en est pas complètement de même pour les chiens, les chats, les 30chons, les moutons, etc. ; ces genres ont dans rinde des représentants dont ils se rapprochent en effet; mais des espèces congénères de ces animaux vivent aussi dans beauco\ip d'autres régions : or qui empêche que Thomme, dans les diverses contrées où il est venu s'établir, n'ait soumis les animaux sauvages qu'il y a rencontrés, comme il a pu le faire en Europe et en Afrique, et comme il l'a fait évidemment en Amérique en rendant le lama domestique? Dans cette manière de voir, on est conduit à admettre que les races nombreuses d'animaux domestiques de même nom sont elles-mêmes de races issues de différentes 6* LIT) MAMMIFÈRES. — CARIfASSriRS. espaces, et que, pour nous borner au chat, dont il est ici question, les individus domestiques en Europe descendent du chat sauvage, felit catm (Pl V. — «2), de cette partie du monde, comme ceux d'Afrique ont donné naissance aux variétés qui vivent chez les Égyptiens, les Abyssins, etc. ; et semblablement pour ceux de l'Inde. Les forêts de ces diverses régions recèlent^ en effet, des es- pèces fort voisines des variétés nombreuses qu'y présente le chat domestique. Celui-ci, que les Grecs connaissaient à peine, mais qui était com- mun chez les Romains et chez les anciens Égyp- tiens, n'a pas été trouvé en Amérique et en Australie lors de la découverte; ce qui indique que son association avec l'homme est moins ancienne que celle du chien , que ces peuples , surtout les Australiens ; possédaient déjà. Il est aujourd'hui généralement répandu ; mais, dans tous les pays, il est plutôt un familier qu'un véritable servi- teur; il cherche, dans ses rapports avec l'homme, protection, tranquillité, subsistance assurée; mais il est loin d'être aussi directement utile que le chien. i my ' LES HYÈNES. (PL. V. — 5.) Les hyènes établissent un lien de transition entre les chats et les chiens; car elles ont dans leurs mœurs, autant que dans leur organisation, diverses a intre eurs îrses DIGITIORADKS. — HTiNRS. 131 particularités qui les rapprochent en même toiups des uns et des autres; leurs allures ont quelque chose dû bizarre et de disgracieux, résultant de la disposition de leurs membres, qui sont plus longH antérieurement qu'en arrière ; aussi leur dos est-il incliné. Leurs dents incisives et leurs canines sont en même nombre que chez les autres digitigrades, et elles ont cinq molaires à la mâchoire supérieure, et quatre à l'inférieure. L'opinion générale sur ces animaux n'est pas plus fondée que celle qu'on se fait des mœurs du lion , du tigre et de tant d'autres^ et la réputation de férocité extrême qu'on leur a faite n'est rien moins que justiûée. Les hyènes sont voraces; mais elles manquent de cou- rage, d'adresse, et aussi d'armes offensiTes égales à celles des lions et des tigres, et leur nourriture habituelle consiste en anin;taux morts et en cha^ rognes, qu'elles cherchent après ^ue ces grands destructeurs les ont abondonnés. C'est seulement lorsque la faim les presse qu'elles attaquent les animaux vivants, et ce n'est que dans les cas extrêmes qu'elles se jettent sur l'homme, ainsi qu'on voit d'ailleurs les loups eux-mêmes, les ours et jusqu'aux chiens sauvages le pratiquer en pareille circonstance. Elles sont assez faciles à soumettre, et elles s'apprivoisent jusqu'à un certain point. Dans les ménageries elles comptent parmi les plus dociles, et dans beaucoup de contrées d'Orient on le^ élève fréquemment de manière à pouvoir iiii MAMMIFERES. — CARNASSIER:}. leur laisser autant de libt'Tté qu'aux chiens. Ou connaît trois espèces d'hyènes : Vhi/ène brune est plus rare, et frciiuente l'Afrique australe; Vhyi'ne tachetée (Pl. V. — 5) , un peu plus grande, est à peu près de la taille du loup; on l'observe surtout en Afrique, depuis le Sénégal principalement jus- qu'au Cap. La troisième est V hyène rnyée; celte dernière diffère seulement par la disposition de ses couleurs, qui présentent, sur un fond analogue à celui de l'hyène tachetée, des bandes au lieu de taches : elle habite la Perse, TArabie, l'Egypte etl'Abyssinie. On a quelquefois confondu dans le même genre que les hyènes un animal également originaire du sud de l'Afrique, et d'abord nommé civette hyé- noïde, parce qu'il rappelle, en effets les hyènes par ses formes extérieures, mais que la singulière con- formation de son système dentaire a fait avec raison distinguer en un genre particulier qu'on a nommé protèle. Ces protèles préfèrent les sables du désert; ils se creusent des terriers, dans les- quels ils passent une partie du jour, et, comme les hyènes, ils ne sortent que le soir ou pendant la nuit pour chercher leur nourriture. Leurs dents ne sont pas sauit analogie avec celles des diverses espèces de phoquie». ••- \V # nn \\ »« ' ' -■'./iw/ .2 f'Air/i . K/t/ft/f/f. J /^/ityut' . ^ ,^4't-. J ■ y4tA'u .6 L ' ^f^^A/u■^^^. ** DIOITIORADES. — GHUMS. 133 CHIENS. y Le loup^ le renard , le chacal , le chien domes- tique et beaucoup d'autres animaux analogues sont des espèces d'un même genre auquel le chien a donné son nom. Tous ont cinq doigts antérieurs^ et quatre avec un pouce tout à fait rudimentaire postérieurement ; leurs ongles sont propres à fouir le soi; mais ils ne sont pas rétractiles ; leur langue n'est pas armée de crochets comme celle des chats^ et ils ont quarante-deux dents. Moins carnassiers que les martes, et à plus forte raison que les hyènes et les chats, ceux-ci associent fréquemment les productions végétales aux substances animales dont ils font leur nourriture ; ils ont l'odorat excessive- ment sensible, et, lorsqu'ils poursuivent une proie, ils le font à la piste avec beaucoup d'adresse. On sait combien l'homme a retiré d'avantages de cette qualité précieuse du chien domestique. Toutes les espèces de ce grand genre n'ont pas les mêmes mœurs : les unes sont diurnes, c'est-à- dire que c'est dans le jour qu'elles se livrent avec le plus d'activité à leurs divers actes; d'autres sont nocturnes ; elles sont aussi plus ou moins carni- vores (plus ou moins avides de chair); trop faibles pour attaquer l'homme, tropinbabiles souvent pour se procurer certains gibiers que la finesse permet I3i MAMMIFÈRES. — GARNASefERS. aux renards de saisir, les loups recherchent plus souvent que ces derniers les racines et diverses autres substances végétales. Ainsi que les chacals, ils sont beaucoup plus omnivores; sous ce rap- port ils ont plus d'analogie avec Tespèce domes- tique. Ils ne perdent pas néanmoins, lorsqu'elle se présente, l'occasion d'enlever au berger quelques brebis; mais ils fuient devant lui, et, s'ils se rap- prochent quelquefois des villages, s'ils attaquent de temps à autre les hommes, et surtout les femmes et les enfants, c'est lorsque le besoin d'aliments se fait impérieusement sentir. .f.K :, ' Loc p , Cunis lupus. Il est de toute l'Europe , d'une grande partie de l'Asie, et se rencontre aussi dans une portion de l'Amérique du Nord. La longueur totale de son cotps est de 1 mètre 16 centimètres; sa queue a 43 centimètres de long, et sa hauteur est de 82 centimètres environ au garrot. Son pelage est com- posé de poils grossiers d'un gris fauve , varié de diverses nuances sur quelques parties. Quelquefois le loup est entièrement noir. La variété de cette dernière couleur a été prise le plus souvent pour une espèce distincte; mais il est bien constaté maintenant que le loup noir {canis lycaon) et le loup ordinaire peuvent provenir de la même portée, ce qui ne permet plus de doute sur leur affinité. t MGiriORADES. — GKICFfS. " 135 Quelques individus avancés en âge passent au con- traire au blanc, et constituent une autre variété. La durée de la vie de ces animaux est de quinze à vingt ans. Dans riiiver, et surtout lorsque le froid est rigoureux, ils se réunissent quelquefois pour chasser, et l'on croit avoir remarqué qu'ils se dis- posent en relais pour atteindre leur proie plus sû- rement. Dans les pays de hautes montagnes, et lorsque les gelées sont longuement prolongées, on voit parfois des troupes de loups affamés, com- posées de plusieurs centaines d'individus, souvent accompagnées d'ours, se répandre dans les cam- pagnes et entrer dans des villages pour se jeter sur Vms les animaux qu'ils rencontrent, moutons, 'b'ens, chevaux, bœufs, sans épargner l'homme lui-même. Les loups deviennent facilement en- ragés, et, vers le milieu du siècle dernier, un d'eux atteint de cette maladie a causé d'immenses ravages en France , et a été surnommé bête du Gévaudan; c'est à tort qu'on a dit que cet animal était une hyène, car l'hyène n'existe pas naturel- lement chez nous. La voix du loup est iin hurlement prolongé, que les chiens distinguent de loin, et qui produit tou- jours sur eux un sentiment de terreur; car le loup et le chien, quoique fort semblables par leur or- ganisation , et peut-être originaires d'une souche commune, bont des animaux qu'on regarde comme antipathiques. Néanmoins, de même que le lion et Jt %• 136 MAMMIFERES. — CARNASSURS. le tigre, ils reproduisent ensemble, et leurs petits, qu'on nomme chiens-loups, sont eux-mêmes fé- • conds, bien qu'ils n'aient pas jusqu'ici donné lieu à de longues lignées. - CHACAL, Canis aureus. Nous en avons fait mention en parlant du lion , dans rbistoire duquel il joue, chez certains au- teurs, un rôle assez important, bien que du second ordre. L'Afrique, l'Inde, le Caucase, et, en Eu- rope, la Grèce, produisent des chacals, et partout ces animaux sont communs et présentent des dif- férences qui ont servi à les distinguer en plusieurs variétés. Ce sont des animaux fouisseurs qui se tiennent par troupes, et dont la vie est surtout nocturne. Un peu plus grand que le renard, le chacal approche plus que lui du loup par ses mem- bres plus élevés, et par sa queue mtins longue et moins garnie. Son pelage fauve, légèrement doré dans certaines parties du corps, lui a valu son nom àe canis auretts. BEHARD, Canis vulpes. Plus répandu que le loup , plus méfiant et plus rusé que lui, le renard n'est pas moins nuisible à cause de la destruction des volailles et du gibier. Il établit son domicile au milieu des bois peu éloignés des habitations rurales, ordinairement dans un ancien terrier de lapin, qu'il élargit à \ .y* ; DIGITIGRADES. — GHI£If 8. 437 sa mesure, ou dans celui d'un blaireau qu'il a chassé en Tinfectant de son urine. Il ne sort de cette retraite qu'au crépuscule du soir ou pendant la nuit j et y rentre dès que le jour commence à poindre. Doué d'organes de vision très-perfection- nés et d'un odorat très-délicat , il ne lui est pas difficile j dans ses chasses nocturnes, de trouver les traces des animaux dont il se nourrit ; il se met à Tafrùt pour les saisir. CHiEir DOMiBTiQOE, Canis familiaris. Le nom de canis familiaris, comparé à ceux du loup, du chacal ou du renard , canis lupus , canis aureus, canis vulpes, pourrait faire croire que les mombreuses races d'animaux auxquelles on l'ap- plique en zoologie constituent, comme chacun de ceux-ci, une espèce réellement particulière, bien distincte et facile à caractériser. Mais This- toire du chien, moins avancée peut-éire que celle d'iiucun autre animal domestique, est loin d'avoir la rectitude qu'on pourrait lui supposer, lorsqu'on vient l'interroger sur l'origine de ce fidèle servi- teur, c'est-à-dire sur la race sauvage dont il est issu; car, quelque ancienne qu'on la suppose, l'association de cet animal avec l'espèce humaine est postérieure aux premiers temps de la création ; et comme le ch^^val, l'âne, le cochon, le coq, etc., le chien a eu son type sauvage. Moins ancienne- ment soumises que lui, les espèces que je viens 138 MAMMiràBES. — GAIttlASflIBRS. de citer ont été nécessairement modifiées d^ine manière moins profonde par la domesticité, et comme elles différaient moins de leurs types ori- ginels, ceux-ci ont été plus faciles à reconnaître. Mais il n'en a pas été de même du chien, et Ton peut re que c'est encore aujourd'hui une ques- tion que de savoir de quels animaux il provient, puisque l'opinion des savants n'est point fixée à cet égard. Le loup, le chacal ouïe renard lui ont- ils donné naissance? On bien, comme l'ont pensé divers auteurs, appartient- il à quelque autre espèce du même genre dont la race sauvage se serait anéantie, ou serait inconnue des natura- listes? Cette dernière opinion est certainement la plus probable, et elle prendra plus de gravité en- core^ si Ton remarque que la plupart de nos ani- maux domestiques de l'ancien monde proviennent en grande partie de Tlnde, comme cela est de toute évidence pour le che^' 1, Tâne et le coq, et que cette partie du globe renferme plusieurs races ou espèces sauvages de chiens peu éloignés du chien de berger, que Bufibn et tous les au- teurs supposent le plus rapproché de son type sauvage. Pour juger de l'influence qu'ont eue sur ces qua- drupèdes leurs relations avec l'espèce humaine, il n'est pas même nécessaire de savoir ce qu'ils étaient avant d'être soumis à la domesticité; il suffit de comparer les variations qu'on remarque i ( P, sé;:. M6ITIG11ADK8. ~ CHIENS. M9 entre les diverses races de chiens domestiques, et celles que présentent les variétés de telle autre espèce restée dans les conditions oi!^ l'a placée la nature, et Ton ne tardera pas à reconnaître que ces différences sont pour la plupart d'une impor- tance plus grande que celles qui distinguent non- seulement, comme nous le disions, les diverses races d'une môme espèce, mais encore les diffé- rentes espèces d'un même genre ; car les altéra- tions portent sur la forme générale et sur celle de chacun des organes en particulier. Les mœurs du chien sont aussi variables que ses formes extérieures. L'homme a créé pour chaque race un genre de v lui semble en rap- port avec sa nouvelle organisation. L'une est dres- sée à telle sorte de chasse ; celle-ci Test pour la garde; telle autre pour la conduite des troupeaux : on a des chiens contrebandiers, comme on en a qui sont nés, j'ai presque dit façonnés, pour la vie de salon, et d'autres qui doivent traîner des fardeaux comme des bêtes de somme ou briller dans les combats. Autrefois on se servait de li- miers pour traquer les malfaiteurs, et dans quel- ques colonies des Antilles on avait recours, il y a peu d'années encore, à ce moyen barbare, pour atteindre les nègres qui fuyaient l'esclavage et se réfugiaient dans les bois. Mais, bien que pro- fondes, ces altérations dans les mœurs et l'or- ganisme du chien ne tarderaient pas à s'effacer 140 MAMMIFÈRES. — CARNASSIERS. elles-mêmes, si les causes qui les produisent ou les entretiennent venaient à cesser, et il est pro- bable que ces animaux, en redevenant sauvages, finiraient par reprendre plus ou moins leur forme primitive Aussi ceux qui dans leurs rapports avec rhomme ont un genre de vie plus analogue avec le régime pour lequel la nature les avait créés, doivent-ils être et sont -ils réellement les plus voisins du type primitif. Bufibn, qui n'avait pu, comme on Ta fait depuis, étudier les diverses races domestiques de l'Inde et de l'Australie, avait reconnu que le cbien de berger, parmi ceux que nous possédons, devait être le plus analogue à la souche de tous les autres. C'est, en effet, de cette variété remarquable que se rapprochent les chiens mi-sauvages, mi-domestiques de la Nouvelle-Hol- lante, et ceux qui sont redevenus entièrement sauvages en Amérique (Pl. YI. —2) depuis que les Européens se sont établis dans cette partie du monde. L'étude des nombreuses variations qu'a subies le chien domestique n'a pas été négligée des na- turalistes. Nous dirons seulement que chacune de ces races reçoit des savants une dénomination par- ticulière ; et ici, comme pour les variétés de toutes les espèces, cette dénomination est ajoutée à celle que l'espèce porte ello-même dans le système zoologique. Le chien ayant été nommé, comme nous l'avons dit, canis familiaris, on appelle canis ■**. •1/ CARNASSIERS. — FINNIGRADBS. Ut familiaris galiictis le chien courant, canis fami" liaris borealis ie chien des Esquimaux, cani» familiaris fricator le doguin, canit familiarit australis celui de la Nouvelle- Hollande, etc. § V LES CARNASSIERS PINNI6RADES. Nous savons déjà qu'on appelle pinntgrades, c'est-à-dire progressant à Taide de nageoires, ceux des animaux carnassiers qui, vivant complètement dans Teau, ont leurs membres tout à fait disposés pour la natation. Cette cinquième famille se com- pose de phoques et de morses, qui sont tous des animaux marins; leurs pieds sont si courts et tel- lement enveloppés dans la peau, qu'à terre ils ne peuvent servir pour marcher; alors les phoques sont obligés de ramper ; mais les membranes qui réunissent leurs doigts font de leurs extrémités des nageoires assez comparables à celles des poissons, etleurscorps ayant une forme à peu près semblable à celle de ces derniers animaux, les pinnigrades nagent avec une facilité extrême. La disposition de leurs membres postérieurs est surtout remar-' quable : ils sont courts et dirigés en arrière, parai- i i •■*■<«■;■ 441 MAMMiPèRBS. — CARNASSIERS. lèlemeni à Taxe du corps ; le bassin de ces ani- maux est étroit, et leur queue, courte, est en par- tie cttchée entre les membres postérieurs. LES PHOguEs, Phoca. (pl. vi. — 3.) Le genre des phoques, dont tout le monde a en- tendu parler, comprend un nombre assez considé- rable d'espèces répandues dans toutes les mers, sous toutes les latitudes, et parmi lesquelles il en est plusieurs qui atteignent une taille remarquable, et d'autres qui, bien que moins colossales, méritent d'être signalées à cause des produits que leur peau et leur graisse fournissent aux navigateurs qui se livrent à leur chasse. Moins profondément modifiés dans leur appareil locomoteur que les lamantins et les cétacés, les phoques sont, pour ainsi dire, moins invariablement aquatiques ; aussi s'approchent-ils plus fréquemment des rivages ; ils y viennent même pour s'y choisir un lit de repos^ et c'est aussi à terre qu'ils mettent au monde et allaitent leurs petits. Habitants naturels des mers, ils recherchent les côtes désertes ; et nulle part ils ne sont plus abondants que sur les rivages des terres frappées de mort et enveloppées des glaces du pôle; c'est là que leurs sauvages tribus se plaisent de préférence depuis deâ siècles, et qu'elles y sont sans cesse de plus en plus refoulées par le génie destructeur de riN{ * CÉTACÉS. 453 bien de caractères importants ces deux sortes d'ani- maux diffèrent entre eux ; mais le public, oubliant sans doute que les savants admettent sous le nom de poissons des êtres aussi dissemblables^ par cela seul que les uns et les autres vivent dans l'eau et qu'ils sont privés des poils qui distinguent la plu- part des vrais mammifères^ a toujours eu des céta- cés l'opinion qu'ils sont de vrais poissons. Il est cependant aussi facile de prouver que ces gigan- tesques habitants des mers sont vraiment des es- pèces de mammifères que de le démontrer pour lei lamantins ou prétendues sirènes, pour les morses, pour les phoques, etc. Les poissons respirent au moyen de branchies, et l'eau est le seul aliment de leur respiration; ils sont ovipares, ils n'ont point de mamelles, point de lait pour allaiter leurs petits ; leur peau, lisse ou écailleuse, n'est jamais garnie de poils; leur sang est froid, etc., tandis que les cétacés respirent l'air en nature et par l'intermé- diaire de véritables poumons; aussi sont-ils obli- gés de venir à la surface de l'eau toutes les fois qu'ils ont besoin de faire une nouvelle inspira- tion; ils ont des mamelles sécrétant un lait assez abondant, et dont se nourrissent leurs petits, déjà vivants comme ceux des autres mammifères, lors- qu'ils viennent au monde ; leur sang est chaud i la manière de celui des oiseaux et des mammifères; et leur peau, qu'elle soit nue ou garnie de quel- ques poils, comme cela se voit chez certains dau- •7* ♦:| .^f r !i 154 MAMMIFÈRES. — ÉDENTK8. pbins, n'est jamais recouverte d'écaillés, ni même comparable par sa structure à celle des poissoua à peau lisse. Ces animaux montrent d'ailleurs un instinct plus développé que celui des poissons. Dans beaucoup de cas ils vivent en troupes plus ou moins nombreuses, errant à la surface des mers ou confinés dans les parages de quelque côte déserte, ou au sein de quelque archipel. Tous nagent avec une extrême facilité ; beaucoup d'entre eux le font même avec élégance. Les dauphins se plaisent à suivre les navires, à la manière des requins ; ils se jouent avec grâce autour des bâti- ments, et leur course rapide, les mille détours qu'ils ne cessent d'exécuter, sont souvent, au mi- lieu des longues traversées, un spectacle dans la contemplation duquel se plaisent les marins, et qui leur fait oublier pendant quelques heures la vaste solitude qui les entoure. Tous les vrais cétacés méritent le nom de souf- fleurs ; car ils sont tous pourvus d'évents. Leur nourriture consiste en petits animaux pélagiens (mollusques, zoophytes, crustacés, etc.); ils avalent, en même temps que ces petits êtres, de très-grands volumes d'eau dont il fallait qu'ils pussent se débarrasser, puisque c'est l'air et non l'eau qu'ils respirent, et que d'ailleurs ils n'ont pas d'ouïes comme les poissons. Cette eau s'arrête dans leur bouche, et la contraction de cet organe la refoulant vers les narinos, qui forment un canal CÉTACÉS. — DAUPHINS. 155 ouvert dans les évents sur le sommet de la \He , elle s'échappe par cette ouverture. C'est ainsi que les cétacés ; les plus volumineux surtout, pro- duisent ces jets d'eau qui les font remarquer à la surface des mers. Leurs narines, sans cesse tra- versées par des flots d'eau salée, ne pouvaient être tapissées d'une membrane assez délicate pour per- cevoir les odeurs; aussi manquent- ils véritable- ment du seD : de l'odorat. LES DAi'^HiNS, Delphmus, (PL. VI. — 6.) Le genre de ces animaux, tel que Tout admis les anciens auteurs, comprend un très -grand nombre d'espèces propres à toutes les mers et à toutes les latitudes, et qui se reconnaissent à leur corps à peu près en fuseau, à leur tête tantôt obtuse, tantôt allongée, mais qui n'est pas plus grosse que leur corps. Les dauphins ont généra- lement des dents aux deux mâchoires, et chez quelques espèces ces dents sont très-nombreuses. Si l'on admet qu'ils sont du même degré d'orga- nisation que les tatous et les oryctéropes, et qu'ils représentent ces derniers au sein des eaux, il fau- dra nécessairement donner à l'ordre qui les com- prend un autre nom que celui d'édentés, puisqu'en réalité ce sera parmi eux que se trouveront ran- gées les espèces qui ont le plus de dents. Mais une %(.' ■ l ,4" il it^ UAMUl¥tKUii. — ihENfti. chose remarquable, et qui fait voir combien serait préférable la dénominaiion de mai dentés, doui on a parfois essayé de se servir, c'est qu'ici, comme chez les édentés terrestres, on voit k cAté d'espèces à dents très-nombreusee des animaux évidem- ment de la même famille qui cependant n'ont que fort peu ou môme point du tout de dents. Chez ceux qui en ont beaucoup, comme chez ceux qui n'en présententqu'un petit nombre, CCS organes sonttou- jours remarquables parleur forme assez singulière. Les dauphins qui se trouvent le plus souvent sur nos côtes sont le dauphin ordinaire, delphi- nus delphis, et le marsouin , delphinus phocœna. Le second diffère surtout du premier par son museau beaucoup plus raccourci. Ces animaux fré- quententde préférence les embouchures des fleuves, et souvent ils en remontent le cours jusqu'à une certaine hauteur, sans que le changement d'eau dou 'e ou d'eau salée ait sur eux aucune influence fâcheuse. Mais c'est à la mer, comme tous les autres dauphins, qu'ils passent la plus grande partie de leur vie et qu'ils se tiennent de préférence. On doit faire remarquer cependant qu'il existe dans uri3 des contrées de l'Amérique du Sud, la Bolivie, une espèce de la famille des dauphins qui est tout à fait fluviatile. Les habitants de plusieurs pro~ vinces la connaissent sous le nom d'tWa. C'est au même genre ou plutôt à la même fa- mille qu'appartient le narwhal, dont le système deutaire est si singulier. Gentammifère, rare dans ieu collections, et dont on ne possède pas même le squelette en France, est surtout remarquable par l'énorme dent qui sort de sa bouche, et qui, im- plantée dans sa mâchoire supérirure, ressemble plutôt à une grande corne qu'à une véritable dent. Dans le jeune âge il existe deux de ces dents ; mais l'une d'elles ne tarde pas à s'arrêter dans son développement, tandis que Tautre (ordinairement celle de gauche) s'avance en ligne droite, et constitue un énorme stylet , arrondi , pointu , en général sillonné en spirale, et qui n'atteint pas moins du tiers, ou même de la moitié de la lon- gueur totale du corps de l'animal. On voit de ces dents qui ont jusqu'à 3 mètres 35 centimètres de long. Les narwhals nagent avec une grande vitesse, et ils comptent parmi les ennemis les plus redou- tables des baleines. Réunis en troupes nombreuses, ils attaquent souvent ces gigantesques cétacés, et leur font avec leurs défenses de cruelles blessures. Les pêcheurs de la mer du Nord prennent fré- quemment des narwhals, et ils les recherchent à cause de la bonne qualité de leur huib. LES BALEINES. Le genre baleine (balœna), à côté duquel on doit citer ceux des cachalots et des physétères , triS MAMMIPÈRES. ~ ÉDENTÉâ. il commence la série do cétacés à grosse >;fe, ou macrocéphales. Ces animaux, qui sont les plus vo- lumineux de tous ceux que l'on connaît, doivent rénorme développement de leur tète non pas au cerveau ni au cr&ne , qui conservent les mêmes proportions que chez les dauphins, mais aux os de la face, dont les dimensions sont énormes. Les caractères distinctifs des baleines sont principa- lement tirés des espèces de lames allongées qui remplacent les dents à leur mâchoire supérieure, et qu'on appelle fanons. Ces lamelles, qu'on ex- ploite dans le commerce sous le nom de baleines, sont disposées en série de chaque côté de la bouche, et représentent d'énormes peignes, à travers les- quels l'eau engloutie dans la gueule immense de ces mammifères s'échappe en partie après avoir abandonné les petits animaux qu'elle renfermait, et qui sont la pâture des grands cétacés dont il s'a- git. Les espèces de ce genre n'ont point de dents aux mâchoires : leur tète , assez grosse , ne l'est pas autant que celle des cachalots ; les véritables baleines sont celles chez lesquelles il n'existe point de nageoire dorsale. L'espèce la plus célèbre est la baleine franche , balœna mysticetus, qui était autrefois beaucoup plus fréquente, même dans nos parages , qu'elle ne l'est aujourd'hui. Le nombre considérable des animaux de cette espèce qu'on a détriuts n'a pas été sans influence sur leur multiplication : les CÉTACÉS. — BALEINES. ITiO baleines sont devenues plus timides; elles se sont éloignées de plus en plus vers le Nord , et ItMir chdsse présente chaque jour de nouvelles ditii- cullés; on assure que les individus de 36 et roAmc de 32 mètres, comme il n'est pas douteux qu'il en existe, sont devenus extn'^mement rares. La taille des plus belles baleines que se procurent d'ordi- naire les pécheurs est de 19 à û'd mètres environ. On a calculé que le poids d'un individu de ces dimensions est de près de 33 milliers métriques^ et équivaut presque à celui de trois cents bœufs. On ignore la durée de la vie de ces animaux; celle de leur gestation parait être de neuf à dix mois; leurs petits naissent en février ou en mars, et en venant au monde ils ont 4 mètres 20 centimètres à 4 mè- tres 50 centimètres de longueur. La baleine ne produit qu'un seul baleineau à la fois, et elle lui porte la plus tendre affection ; souvent on la voit le soutenir sur ses nageoires ; lorsqu'il est attaqué par les pécheurs^ elle le défend avec courage, et se laisse prendre elle-même en essayant de le sau- ver plutôt que de l'abandonner. La forc^ de ces animaux est proportionnée à leurs dimensions : d'un seul coup de queue ils peuvent lancer en l'air une chaloupe chargée d'hommes ; et lorsqu'ils sont percés par le harpon , ils plongent avec tant de violence, que si la corde fixée à cet instrument s'accroche au bateau des pécheurs, le cétacé l'en- traîne avec lui au fond de la mer. à U 460 MAMMIFÈRES. — ÉDENTÉ8. Quelques animaux voisins des baleines, et qu'on peut considérer comme du même genre, sont les haleinoptères ; ils diffèrent seulement par la pré- sence d'une nageoire dorsale. On en distingue plu- sieurs espèces, dont une est à la fois de l'Océan et de la Méditerranée. Certains autres, qu'on appelle haleinoptères ror- quals, sont remarquables par les rides qui sillon- nent leur poitrine, et qui permettent une grande dilatation à cette partie. C'est aussi à la famille des baleines qu'appar- tiennent les cachalots. (Pl. VII. — 1.) Ceux-ci se distinguent principalement par l'existence d'une rangée de dents cylindriques ou coniques de chaque côté de leur mâchoire inférieure , qui est étroite, allongée, et répond à un sillon de la mâ- choire supérieure. Celle-ci manque de dents, ou n'en présente que de très -petites; elle n'a pas non plus de fanons, ce qui différencie tout d'abord les cachalots des baleines. La tête de ces cétacés est énorme et excessivement renflée en avant : tout le dessus de la surface du crâne a la forme d'un vaste bassin ovalaire, dont les bords s'élèvent en arrière à 2 mètres au-dessus du crâne , et s'a- baissent graduellement en avant; ce vaste espace est divisé en deux étages par une cloison membra- neuse , et chacune des chambres qu'il circonscrit est remplie ô'adipoctre, espèce d'huile qui se fige par le refroidissement , et qui est connue dans le CKTÂCE8. — BALEINES. 161 it commerce sous le nom de speimaceti ou blanc de haleine : ces espèces de réservoirs communiquent avec des canaux qui se distribuent dans différentes parties du corps, s'entrelacent dans le tissu grais- seux sous-cutané, et contiennent également de Tadipocire ; aussi dans les cachalots nouvellement morts voit-on le réservoir supérieur de la tête se remplir à mesure qu'on le vide. Le canal de l'évent traverse obliquement cette masse d'adipocire, et s'ouvre un peu à gauche, près du bord supérieur du muftle, qui termine en avant la tète du cacha- lot. Les jets d'eau qui en sortent sont dirigés obli- quement en avant, et ressemblent à une gerbe de pluie ; ils sont plus élevés et plus fréquents que dans les baleines, et sont accompagnés d'un bruit qui s'entend de très-loin. La couche de lard éten- due sous la peau est moins épaisse et fournit moins d'huile que chez la baleine. La substance odorante si connue sous lo nom dîambre gris, et que l'on rencontre quelquefois flottant à la surface de la mer, parait être une concrétion morbide qui se forme dans l'intestin de ces animaux. Les cachalots habitent de préférence la partie équatoriale du grand Océan et de l'Atlantique : on les rencontre par bandes assez nombreuses. Ils pa- raissent se nourrir principalement de mollusques ; mais on assure qu'ils n'épargnent pas non plus les plus gros poissons, et ils sont pour tous les ha- bitants des mers un objet d'épouvante. - 102 MAMM1FEI.es. — RONGElRâ. CHAPITRE IV ORDRE DES RONGEURS Les rongeurs ; que Linné comprenait dans sa méthode sous le nom de glires, forment le qua- trième ordre de la classe de/ mammifères; ils sont de mœurs douces et même timides, de taille sou- vent au-dessous de la moyenne, et sont variés eu espèces. Ces animaux, dont on rencontre des re- présentants sur tous les points du globe terrestre, sont les rats, les écureuils, les lapins, les cabiais , dont une variété domestique porte le nom de co- chon d'Inde, les castors, etc. Tous sont faciles à reconnaître à leurs doigts armés d'ongles plus ou moins propres à fouir, et à leurs dents, qui ne sont jamais que de deux sortes, les unes incisives, les autres molaires. Les incisives sont séparées des ORDRE DES RONGEURS. 163 molaires par un espace vide semblable à celui que. dans le cheval on nomme la barre , et celles-ci , dont le nombre varie de trois à cinq, ou rarement six, sont de forme différente^ suivant les diverses espèces. Le nom de rongeurs vient à ces mammifères de la manière dont ils coupent leurs aliments par un travail continu, comme s'ils les limaient : ils peuvent aussi ronger les matières les plus dures, et Ton voit beaucoup d'entre eux se nourrir de bois ou d'écorce. Les végétaux frais leur sont égale- ment agréables; mais ils ne mangent de viande que lorsqu'ils y sont contraints par le besoin. Leurs in- testins^ comme ceux de tous les animaux à régime végétal, sont fort longs; leur estomac est simple, ou peu divisé, et leurcœcum est souvent très-volu- mineux et d'une étendue plus grande que Testomac lui-même. Dans tous le cerveau est presque lisse et sans circonvolutions; les yeux se dirigent tout à fait décote : aussi remarque-l-on fien appro- chant de certains rongeurs, si l'on reste toujours vis-à-vis d'eux, on peut arriver jusqu'à les toucher sans être vu. Bien que très-nombreux en espèces, les ron- geurs peuvent être classés très-uaturellement. On les distribue en quatre familles : les écureuils ou sciuriens, qui sont agiles et grimpeurs; les rats ou fouisseurs; leslièvres ou sauteurs; et les cabiais ou caviens, qu'eu pourrait appeler marcheurs : car i i6i MAMMIFÈRES. — RONGEURS. y /// i ce sont, de tous, ceux qui ont les allures les plus lourdes. .îî ï" :r^vH RONGEURS SCIURIENS. V Les écureuils, en latin sciurvs, ont donné leur nom à cette famille, dont ils sont les animaux les plus connus. On doit leur adjoindre les loirs, dont les habitudes sont peudifférentes, et les marmottes, qui sont plutôt des animaux de montagnes et des espèces destinées à fouir, mais dont l'organisation n'est pas différente de celle des autres sciuriens. Tous font partie des rongeurs pourvus de clavi- cules, et ils présentent dans leur dentition des particularités caractéristiques : on les reconnaît à leurs incisives inférieures très-comprimées, et à leurs mâchelières tuberculeuses, au nombre de quatre à la mâchoire inférieure, et de cinq, dont une très-petite, à la supérieure; leur tête est large, leurs yeux" sont saillants; leurs mouvements sont pleins de vivacité, et leurs formes générales fort gracieuses. il LES ÉCUREUILS, ScîuruS. Lo genre des écureuils est reconnaissable à la queue longue et bien garnie des espèces fort variées V H^'i \'^ j<£"^';. é^ '■< „ RONGEURS SCICRIENS. — ÉCUHtnLS. \m qu'il comprend. Celles-ci vivent dans les forêts, et se construisent sur les arbres de petits nids dans lesquels ils élèvent leurs petits. Il n'existe en Europe qu'une seule espèce d'écureuil proprement dit; mais l'Asie, l'Afrique et l'Amérique, et princi- palement l'Amérique septentrionale, en nourris- sent un giand n9mbre. Plusieurs de ces animaui sont remarquables par la richesse de leur fourrure. ÉCUREUIL d'buropb, Sciurus vulfjaris, 1 Ce joli quadrupède a le dos d'un roux plus ou moins vif et passant quelquefois au brun ; son ventre est plus clair ; sa queue prend la forme d'un élégant panache , et ses oreilles sont surmontées d'un joli bouquet de poils. Commun dans la plupart de nos forêts, l'écureuil se fait remarquer pir la vivacité de ses mouvements; on le tient souvent captif, et alors il ne perd rien de ses charmantes dispositions. Dans certains cas, il varie de couleur, soit pour passer au brun noirâtre, soit pourdevenir plus ou moins grisâtre ; les fourrures connues sous le nom de petit- gris sont celles d' une variété de cette espèce que produisent les régions septentrionales. C'est dans la Laponie, la Russie, la Sibérie, jue les écureuils petit-gris existent en plus grande abondance; ei ils y sont l'objet d'une exportation importante; ou assure que chaqie année on tire de la Russie plus de deux milliojis de peaux de petit-gris. \m MAMMIPERKS. — HONtiKl'HS. I i * Parmi d'autres espèces non moins intéressantes d'écureuils, on doit surtout remarquer celles qu'on nomme palatouches ou écureuils volants. Plus agiles encore que leurs cobgénères , celles-ci sont aidées dans la rapidité de leurs mouvements par des membranes particulières, expansions de la peau des flancs, qui s'étendent entre leurs mem- bres et qui leur donnent la faculté de se soutenir quelques instants en l'air e,l de tripler la longueur de leurs bonds. Une d'elles, îa palatouche {sciurus volucella), habite le nord de l'Amérique, et une autre vit dans une partie de l'Europe, en Pologne et en Russie principalemer t ; c'est l'écureuil vo- lant {sciurus volam); sa couleur est gris cendré en dessus et blanche en dessous, et sa taille égale celle d'un rat. Parmi les écureuils étrangers, il en est plusieurs qui sont plus gros que notre espèce d'Europe. Quelques-uns ont même trois ou quatre fois sa lon- gueur. Certaines différences plus ou moins impor- tantes ont permis aux naturalistes de les distin- guer en plusieurs sections; la forme de la queue de ces animaux est celle des parties qui présente les meilleures formes caractéristiques. Abondamment pourvu de poils disposés sur deux séries, comme les barbes d'une plume (queue distique), cet or- gane n'en offre d'autres fois qu'une moindre quan- tité, et chez certaines espèces les poils sont courts et disposés comme chez les autres animaux : alors RONGEIRS .SGIUHIK.NS. — MARJiOlTfcU». lOT la queue est ronde et déprimée , mais elle n'est plus distique; dans ce dernier cas, les oreilles manquent souvent du bouquet de poils qu'elles ont chez récureuil ordinaire. Les espèces de cette caté- gorie sont les plus semblables aux marmottes. LES MARMOTTES, Arctomys. Leur nom scientifique a pour racines deux mots grecs, dont Tun, arctosy signifie ours, et l'autre mus, que nous retrouverons comme un des compo- sants de beaucoup d'autres dénominations impo- sées aux rongeurs, est le nom grec des rats. Les marmottes ont les dents des écureuils , mais elles n'ont pas les formes déliées de ces animaux : elles sont plus lourdes, et sous ce rapport elles ont pu, jusqu'à un certain point, être comparées à des ours; leur queue, toujours velue, n'est jamais distincte, et elle est ordinairement de moyenne grandeur ou même tout à fait courte. On a décou- vert en Asie et dans l'Amérique septentrionale plusieurs espèces de marmottes, et une espèce de ce genre habite l'Europe, et se trouve surtout dans les grandes chaînes de montagnes. La marmotte d'Europe n'est pas rare dans certaines parties de la France ; et elle est connue à peu près partout, car elle est un des animaux que les petits Savoyards qui mendient de ville en ville mènent le plus sou- vent avec eux. Un peu moins grande que le lapin, '%^ ' » Ifi8 MAMMIPKKKS. — RoVfJFA'RS. la marmotte est d'un gris roiis«âlre sur les partin*. supériei os, avec un peu de cendré vers la tête. Tout le monde a entendu parler de sru t^ugourdis- sement hivernal. La peau des animaux de cette espèce est employée conmie fourrure de bas prix; et leur chair est recherchée comme nourriture par les montagnards de quelques parties des Alpes. > LES LOIRS, Mf/OXUS. A la fin de la famille des sciuriens, et comme les plus voisins des muriens ou rats, se rangent le» loirs, dont notre pays possède trois espèces, le loir proprement dit, le lérot et le muscardin. Ces ani- maux, plus petits que les écureuils, ont de com- mun avec ces derniers plusieurs traits de leurs mœurs et la plupart des points de leur organisme ; ils -tnî Imr forme générale et leur queue plus ou moi as distique ; mais leurs dents molaires, qui sont également tuberculeuses, sont au nombre de quatre seulement à chaque mâchoire ; ils ont en tout vingt dents au lieu de vingt-deux. LO\VL QTir\jiA\KEs Myoxus glis. Il est intermédiaire pour la taille au rat ordi- naire et au surmulot; brun cendré en dessus, il est blanc sur les parties inférieures, et présente autour de Toeil une tache foncée. Le loir habite le midi de TEuropej et n'est pas rare dans la France B- i 1 RONiiKURS >J.irRIKNS. — LOIRi^. \m mêridioiiale. On le trouve aussi fréquemment l'u Italie, et c'est lui que les Romnin^ recherchaient avec tant de soin, à cause de Texcellent goût qu'ils trouvaient à sa chair. Il était à cette époque pour les peuples d'Italie un mets très-estimé. On élevait une grande quantité de cesanimaiix dansdes tonnes o»i dans des parcs, comme n'^ nourrissons des lapins. Les loirs sont du nr 'nimaux hi- vernants, c'est-à-dire que, îs chauves- souris, les marmottes, etc., ils ^jasseiit l'hiver dans un état de somnolence. Hs sont très-gras lorsqu'ils tombent en léthargie ; mais leur embonpoint les a presque complètement abandonnés lorsqu'ils en sortent. C'est en automne, avant Thivernation par conséquent^ qu'on les prenait pour les manger, et c'est ce que font encore aujourd'hui quelques peu- plades d'Italie, qui ont conservé l'usage de leurs ancêtres; mais, de notre temps, les loirs ne sont point un objet de gourmandise; car c'est seule- ment dans les villages les plus malheureux qu'on s'en nourrit. • 'm */« LÈROT, Moyocus nitela. Celui-ci semble être à l'espèce du loir ce qu'est la fouine par rapport à la marte, ou la souris rela- tivement au mulot. Au lieu de vivre dans les bois comme les loirs, etc., il préfère, comme la fouine et la souris, les lieux habités par l'homme; et comme il se nourrit de fruits, c'est dans les ver- 8 a • 4 A ft ■^ ^, .ii>\|> "^V 't V *► IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 1.1 làÂ|28 |Z5 "^ 1^ 12.2 1^ Uâ 12.0 ■yuu ^i^Uâ 0> ^ Photographie Scienœs Corporation 23 WIST MAW STMIT WlunR,N.Y. 14510 (716) 173.4303 \ .1 170 MAMMIFÈRES. — RONGEURS. gers^ dans les jardins, etc., qu'il se tient de préfé- rence. Il est un peu plus petit que le loir; sa lon- gueur est d'environ 95 millimètres depuis Tocciput jusqu'à l'origine de la queue, et cette dernière par- tie mesure iOB millimètres. Le lérot est grisâtre en dessus, et, ce qui le distingue principalement, une grande tache noire naît vers ses moustaches, re- monte vers son œil, qu'elle embrasse, passe au bas de l'oreille pour venir se terminer sur les côtés du cou ; une autre tache noire, mais très-petite, se voit sur chaque côté de son front, et se trouve séparée de la grande par une autre qui est blanche. Le lérot se nourrit de fruits et loge dans les trous des murs contre lesquels sont appuyés des espa- liers; à mesure que les fruits mûrissent, il les en- tame, et il occasionne par ce moyen des dégâts qui le font redouter des cultivateurs. On le trouve dans toute l'Europe tempérée, et il s'avance beaucoup plus au nord que le loir. MU8CABDIN, Myoxus muscardinus . C'est la troisième et dernière des espèces qui vivent en France, et Ton peut même dire dans l'Eu- rope continentale; car le myoxus dryas, que l'on a indiqué dans les régions orientales de cette partie du monde M dans la Perse, ne diffère probablement pas du loir. Le muscardin est plus petit que les deux précédents, et son pelage est de couleur fauve roufisâtre. RONGEURS MURIENS. — UYDR0M1S. f71 Un autre animal du même genre s'observe en Sicile, et Ton trouve aussi des loirs en Afriqiue. §11 RONGEURS MURIENS. Le rat; en latin mus (génitif mur t«), a donné son nom à la nombreuse famille des murions. Les animaux qui s'y rangent avec lui rappelleiit plus ou moins sa forme et ses habitudes^ et la plupart ne diffèrent que fort peu de lui par la taille; mais plu- sieurs rougeurs muriens acquièrent des dimensions assez grandes : nous citerons parmi ces derniers les castors, les porcs-épics, et même les capro- mys. LES HTDROHTS. Les hydromys, dont le nom veut dire rats d'eau, ont quelque chose des sciuriens dans la disposition de leurs dents. Ce sont des animaux fort remar- quables par leur patrie. Parmi tous les animaux que nous avons étudiés jusqu'ici, un seul, la rous- sette à tête grise, a été propre à la Nouvelle-Hol- lande; aucun autre carnassier, aucun quadrumane n'habite cette contrée, que nous verrons peuplée par les didelphes et les ornithodelphes, deux groupes très-remarquables de la classe des animaux à mamelles. Les autres ordres des mammifères or- dinaires, ruminants^ grnvigrades ou pachydermes. .1 i! (1 If -. t i 172 MÂMMIFinES. — RONGEURS. n'ont pas non plus de représentants au continent australien; mais les rongeurs^ de même que les roussettes, font exception. Les espèces neu-hol- landaises de Tordre des rongeurs les premières connues sont les hydromys, qui vivent à la Terre- de-Diemen et dans la Nouvelle- Galles du Sud. On a depuis rapporté des mêmes régions deux autres animaux de la même famille, Tun voisin du chin- chilla (hapalotis) et YnniTe des rats proprement dits (pseudomys). Ce groupe des hydromys est composé de deux espèces : l'une est l'hydromys à ventre blanc, et Tautre Thydromys à ventre jaune. LES RATS, Mm. Le genre des rats est beaucoup plus nombreux que celui des écureuils , et les migrations de cer- taines espèces qu'il comprend méritent d'être si- gnalées. Certaines d'entre elles, parasites au milieu de nos demeures, nous ont, en effets suivis presque partout , et l'époque de l'arrivée de plusieurs de leurs colonies, qui est parfaitement coarue, ne remonte pas à une date fort ancienne. Us, souris était la seule espèce de rat domestique qui vécût en Europe du temps des Romains; ce n'est que plus récemment que le rat noir et le surmulot s'y sont établis. Depuis^ les relations maritimes des Euro> péens avec la plupart des peuples de la terre les ont répandus sur beaucoup d'autres points, et dans RONOBUaS MURIEN8. — RATS. 173 la plupart des ports marchaads de TAfrique, de rAmérique et même de la Nouvelle-Hollande ^ ils sont aujourd'hui fort nombreux. Les autres espèces du même genre qui ont continué de vivre éloi- gnées de rhomme sont très-variées ; on les nomme principalement mulots, et l'on en connaît en France trois espèces. Parmi les rats exotiques^ il en est plusieurs qui présentent des dispositions de cou- leurs assez curieuses, ou qui sont remarquables par leurs dimensions. Parmi ces derniers est le pi- lori des Antilles, qui est supérieur en taille au sur- mulot ; quelques-uns de llnde sont aussi dans ce cas; les premiers ont souvent leur robe marquée de bandes longitudinales de différentes couleurs et en nombre variable. Nous citerons parmi eux le rat de Barbarie, commun à Alger^ Bone et Oran, où il vit dans les champs, et qui a le dos marqué de huit ou neuf de ces lignes. BAT SURMULOT, Mus decumonus. (pl. viu. — s. ) C'est le plus grand de ceux qui vivent chez nous; il est de moitié supérieur au rat noir. On voit des surmulots qui ont 21 à 25 centimètres depuis le bord du museau jusqu'à la queue, et dont la tète seule n'a pas moins de 6 centimètres. Cet animal n'épargne aucun travail pour se procurer sa sub- sistance; il perce les murailles, soulève les pavés, et, comme il est très-commun et qu'il multiplie # i74 MAMMIFÈRES. — hONOEU&S. avec une extrême rapidité, il n'est pas rard de voir des troupes de son espèce envahir, pour ainsi dire, les magasins, et y occasionner d'irréparables dom- mages. Les surmulots se nourrissent à peu près in- différemment de substances végétales et animales : de graines, de racines, de viandes, etc. Les surmulots sont originaires d'Asie; c'est des contrées méridionales de l'Inde et de la Perse qu'ils sont venus en Europe. Il paraît que c'est en Angle- terre que le surmulot s'est d'abord montré, et qu'il y existait déjà vers l'année 1730. Sa présence n'a été signalée en France qu'en 1750, et en 1776 il tféUii pas encore parvenu en Russie ni en Sibérie ; mais peu de temps après on l'a vu arriver de l'Oc- èident sur les bords du Volga. C'est depuis qu'il a été transpoi'té en Amérique et dans les atittes con- trées habitées par les Européens. RAT NOIB, Mus rattus. On l'appelle aussi rat domestique, parce qu'il est celui qu'on trouve le plus fréquemment dans les habitations ; sa taille, moindre que celle du surmu- lot, lui permet de s'y introduire plus aisément que ce dernier. De même que lui, il était inconnu aux anciens, mais il a existé en Europe avant le sur- mulot; c'est vers le moyen âge qu'il s'y est intro- duit. On ne sait pas d'une manière précise de quel lieu il est originaire. La longueur totale de son corps e^t de 19 centimètres environ, et sa queue est , . RONUIUM SiUBIBNâ. — OKEBOISES. 175 à peu près de la mèm& grandeur. Il est ordinaire- meot d'un cendré noirâtre. Le surmulot Ta détruit dans plusieurs localités, où il l'a rendu fort rare ; mais il faut avouer que nous avons été loin de ga- gner à ce change. souBis, Mus musculus. La souris, est au contraire, native d'Europe, et, quoique plus petite que les précédents, elle est aussi incommode dans beaucoup de cas, à cause de sa fréquence et de son goût pour le linge, les livres et tant d'autres substances. Maintenant elle vit non-seulement dans les habitationseuropéennes, mais aussi dans beaucoup d'autr* s contrées, où le commerce Ta transportée. Cette espèce est trop connue pour que nous en donnions la descrip- tion. On sait qu'elle varie assez fréquemment, et qu'il n'est pas rare de trouver des souris entièrement blanches. LES GERBOISES, DtpUS, (PL. VII. — 2.) Les gerboises se rapprochent des rats par la forme de leurs dents molaires ; mais elles ont la queue plus fournie que celle de ces animaux, et souvent terminée par un flocon de poils ; leurs mem- bres sont d'ailleurs beaucoup plus longs, surtout les postérieurs ; aussi les gerboises sont-elles très- agiles à la course. Elles progressent par bonds, et vivent pour la plupart dans les contrées désertes t \ \ i76 MAMMIFÈRES. — RONGEURS. des parties les plus chaudes. L'Afrique et l'Asie pos- sèdent un nombre assez considérable de ces mam- mifères. Les véritables gerboises présentent une autre particularité que celle de lalongueur de leurs membres postérieurs : leurs doigts au nombre de trois, quatre ou même cinq à cette partie, sont supportés, comme chez les oiseaux, par un seul os du métatarse. L'espèce la plus commune de ce genre est le gerboa, qui est de la taille d'un rat, et n'a que troits doigts aux membres inférieurs. On rencontre ce rongeur depuis la Barbarie jusque dans la mer Caspienne. Les gerbilles (gerhillus), qui sont voisines des gerboises, n'ont pas comme elles le métatarse composé d'un seul os, et leur système dentaire est encore plus voisin de celui des rats ordinaires; elles sont de même propres aux régions chaudes de l'ancien continent. Les espèces américaines du même groupe ont reçu le nom de mérions, que portent aussi quelques oiseaux de Tordre des pas- sereaux. LES HAMSTERS , Lemmus. Us ont la queue courte et velue, comme les campagnols; leurs molaires, au nombre de trois de chaque côté, sont bordées d'un repli d'émail, et leurs joues sont extensibles. L'espèce type de ce genre, que l'on nomme quelquefois marmotte d'Allemagne^est commune depuis le Rhin jusqu'en RONGEURS MURIENS. — CAMPAGNOLS. 17' Sibérie, et se rencontre quelquefois en Alsace. Son corps est long d'environ 21 centimètres, et son pe- lage, gris rougeàtre en dessus, est noir en dessous, avec des taches de chaque côté sous la gorge. Le hamster vit solitaire et se nourrit de racines et de céréales farineuses qu'il vient chercher dans les terres cultivées ; il peut manger aussi de la chair, et, lorsque la faim le presse, il n'épargne pas même sa propre espèce. C'est un des mammifères les plus nuisibles à l'agriculture, à cause de la quantité de grains qu'il amasse dans son terrier. Sa demeure a toujours une double issue : l'une, oblique , sert à rejeter au dehors les déblais de la terre; l'autre, perpendiculaire, est la voie par laquelle l'animal entre et sort. Ces galeries con- duisent à un certain nombre d'excavations circu- laires qui communiquentensemble par des conduits horizontaux. L'uue de ces galeries, garnie d'un lit d'herbes sèches, est la demeure du hamster ; les autres sont destinées à lui servir de magasins pour les provisions qu'il y transporte au moyen des poches de ses joues. LES CAMPAGNOLS. Les campagnols ne diffèrent que très-peu des hamsters, dont ils ont le système dentaire, et ne paraissent pas devoir eu être séparés générique- ment. Ce sont des rongeurs de taille ordinaire- 8* I! < 178 MAMMIFÈRES. — RONGEURS. •1 i ment petite, à pelage peu varié, et qui vivent dans les champs (d'où leur nom de campagnols), et quelquefois aussi dans les bois ou sur le bord des eaux ; on en rencontre dans plusieurs parties de l'Amérique septentrionale, en Asie, en Europe, et même en Afrique. Les cténodactyles, parmi lesquels on ne compte qu'une seule espèce de Barbarie, devront sans doute leur être réunis. Les molaires des campagnols sont au nombre de six à chaque mâchoire, trois de chaque côté, et la bordure d'émail qu'elle présente y forme des replis en zigzag. Ces animaux, dont différentes espèces viveut en France, dans les bois et dans les champs, ont le port extérieur des rats et leur taille; mais ils en diffèrent par leur queue, ordinairement plus courte, et toujours poilue, au lieu d'être écailleuse. Plusieurs d'entre eux se multiplient avec une effrayante rapidité, et sont la cause de nombreux dégâts. CAMPAONOL lAT d'ead, Lemmus amphibius. Buffon en a parlé sous le nom de rat tfeau, qu'on lui donne assez fréquemment. Il a la queue plus longue que la moitié du corps, grise, assez velue; les oreilles plus courtes que le poil qui les entoure, et le pelage d'un gris noirâtre terreux , qui se rapproche plus ou moins du grisâtre en dessus; et du gris clair en dessous; ses dents inci- sives sont d'un janne foncé, et le pouce des pieds 1' ■* nOiNGEUaS Ml'RIENS. — CAMP/ .NOLS. 179 itdans s), et )rd des ties de [irope, parmi èce de éunis. )re de , et la repljs spèces amps^ mais Bment d'être plient ise de feau, [ueue assez iiiles eux, e en inci- pieds de devant est presque nul. La longueur du rat d'eau est de 149 millimètres pour le corps, et de 90 millimètres pour la queue. Les jeunes sujets sont d'un gris terreux, plus clair que celui des adultes et presque uniforme. CAMPAGNOL DU CBAMP3. U'mmus arvoUs. Il est commun dans les campagnes de toute l'Europe, et devient souvent un véritable fléau par son extrême multiplication. Un peu avant la moisson, les campagnols de cette espèce coupent la tige des céréales pour en faire tomber l'épi ; cette nourriture venant ensuite à leur manquer, ils dévorent les jeunes trèfles, et à rapproche de Tautomne ils recherchent, surtout dans nos pro- vinces du Nord, les champs de carottes, qu'ils dé- vastent; puis, lorsque Thiver commence, ils se réfugient en grand nombre dans les meules de blé. Quelquefois ils sont rares, ce qui arrive surtout .pendant les étés trop secs; d'autres fois, au con- traire, ils sont nombreux à l'excès. On a essayé plusieurs moyens pour les détruire. Une excellente pratique, pour plusieurs fermiers, consiste à former dans les campagnes, au moyen d'une tarière en fer, un grand nombre de trous ronds d'un décimètre de diamètre sur trois de profondeur; les campagnols y tombent, et ne peuvent en sortir : on fait la ronde une fois par jour pour les tuer et réparer les brèches qu'ils ■u ■$' 1 I8U Mammifères. — rongeurs. ont pu faire. Ce moyen permet de prendre encore différentes autres espèces de petits mammifères. Ces animaux ont 131 millimètre environ de lon- gueur totale, y compris la queue, qui a 29 milli- mètres seulement ; leur pelage est d'un jaunâtre plus ou moins gris en dessus, et blanc ou blan- châtre en dessous; les oreilles sont plus grandes que le poil. CAMPAGNOL FAUVB, Arvtcola fUlvut. C'est une espèce assez voisine de la précédente, et qu'on a indiquée dans plusieurs localités de la France, ainsi qu'en Belgique; ses oreilles sont plus petites que celles du campagnol des champs, et sa queue atteint à peine le tiers de la longueur du corps, qui lui-même a 86 millimètres. Ce petit animal se creuse des galeries au bord des ruisseaux. On distingue encore plusieurs espèces de ce genre, parmi lesquelles nous signalerons le cam- pagnol économe (lemmus œconomus) , qui est plus spécialement de Russie et de Sibérie , mais que l'on observe quelquefois en Allemagne , en Suisse et même en France; il recherche les champs de pommes de terre, et se fait remarquer par l'art avec lequel il construit sa demeure , par les magasins nombreux qu'il destine à sa réserve, et par les voyages lointains qu'il entreprend fré- quemment, traversant par troupes innombrables RONOEUHd MUAIKNS. — GHIIfCllILLAd. 181 diverses parties du nord de TAsie et de l^est de TEurope. LEâ CHINCHILLAS ET LES VISGACHES. I" Jusque dans ces derniers temps , l'histoire des chinchillas et celle de la yiscache, qui n'en diffère que sous quelques rapports peu importants^ ont été fort peu connues ; on peut dire qu'on les a presque entièrement ignorées; et^ quoique les dépouilles de ces animaux arrivassent tous les ans par milliers en Europe^ on avait sur leur organi- sation et leurs mœurs des données si vagues, que c'est à peine si Ton connaissait à quel ordre ils devaient être rapportés. On se décida néanmoins à les placer parmi les rongeurs ; mais quand on voulut déterminer quel rang ils devaient prendre dans la série de ces mammifères, on ne put y parvenir, et on commit une fouie d'erreurs : c'est ainsi qu'on les prit successivement pour des rats, des gerboises, des marmottes, des lièvres et des agoutis. Envisagés dans leur forme extérieure, les callo- mys ont quelque chose du port des lapins, et l'on est tenté de les en rapprocher ; l'étude de leur organisation intérieure confirme cette manière de voir, qui semble donc mériter l'approbation : les lapins ont plus de dents que les callomys, puis- qu'ils ont vingt molaires ; mais ils ont, même dans * 482 MAMMIFËRES. — RONGEURS. leurs dents ^ quelque chose du caractère de ces animaux. On ne trouve des callomys que dans rAmérique méridionale. CHINCHILLA, Cfl//omy.y /animer. ( PL. VIII. — 1.) Le chinchilla est long de 40 centimètres environ^ depuis le bout du museau jusqu'à l'extrémité de la queue ; sa couleur est d'un brun gris, ondulé de blanc à la face supérieure du corps, et très-clair en dessous ; son poil est extrêmement fin et très- doux au toucher; il est assez long, mêlé et très- soyeux. Le port des chinchillas ressemble à celui des lapins; mais leur queue est plus courte, etleurs oreilles sont évasées, arrondies et nues. La tête de ces animaux est à peu près celle d'un écureuil; elle en a toute la vivacité ; les moustaches qu'on voit sur ses joues sont composées d'une trentaine de poils inégalement longs, les uns blancs, les autres noirs, et dirigées obliquement sur les parties latérales. Les chinchillas habitent par familles les monta- gnes^ dans lesquelles ils se pratiquent des terriers nombreux et profonds. La peau de ces animaux est précieuse pour les fourreurs, et c'est pour l'obtenir qu'on leur fait une chasse si nieurtrière à Goquimbo; elles sont fréquemment employées en Europe. On les y importe de Valparaiso et de Sant-Iago; celles qui proviennent du Pérou sont RONGEURS MURIENS. — CHINCHILLAS. 183 expédiées des parties orieatales des Indes à Biienos-Ayres, ou bien envoyées à Lima. Comme on leur retranche, pour les emballer plus commo- dément; toutes les parties inutiles aux fourreurs, c'est-à-dire la queue, les pattes, les oreilles et les dents, il est facile de s'expliquer pourquoi les naturalistes ont été si longtemps incertains sur la nature de Tanimal auquel elles appartiennent. Les premiers individus vivants qu'on ait possédés en France n'y ont été reçus que vers 4830, et ils ont permis de donner sur leur espèce des renseigne- ments plus complets. On a pu reconnaître sur ces individus combien leur espèce est voisine de celle des lapins, dont ils ont la démarche et les appé- tits; mais leur intelligence est beaucoup /moins obtuse; ils étaient gais, quoique captifs, et cher- chaient toujours à sauter, à fouir, etc. Les four- rures dans lesquelles entre la peau des chinchillas sont très-chaudes et aussi très-belles; cependant il parait qu'on en fait un moindre usage aujour- d'hui; car les peaux qu'on vendait il y a une dizaine d'années vingt à vingt-cinq francs n'en valent plus maintenant que cinq à six. Les anciens Péruviens, beaucoup plus industrieux que ceux de nos jours, fabriquaient avec la soie de ces pelleteries des couvertures et des étoffes très- précieuses. »;>* ■^-f" :-t'..îi.^-d . '?«. 48i MAlfMIFÉKES. — RONGEURS. i f ' ■ viscACHE, Callomys viscaccia. Les viscaches ne se rencontrent que dans les plaines ; elles se creusent des terriers profonds, mais qui n'ont jamais qu'une entrée. Assez ordi- nairement on trouve réunies dans un même lieu plusieurs familles , dont les terriers , rapprochés les uns des autres^ représentent une sorte de vil- lage souterrain. Elles sont communes dans une grande partie de TAmérique du Sud^ et il est im- possible dans plusieurs provinces , notamment dans celle de Buenos -Ayres, de faire un kilo- mètre sans rencontrer une famille de viscaches ; souvent même la campagne est criblée partout de leurs terriers. Ces animaux ont la singulière habi- tude de réunir sur le bord de leurs trous les osse- ments^ les morceaux de bois et en général tout ce qu'ils trouvent épars sur le sol, en sorte que si Ton perd quelque objet dans la campagne^ on est presque sûr de le retrouver à l'entrée d'un de leurs terriers. Cependant les viscaches ont soin d'étendre et d'aplanir les terres de leur trou, et d'empêcher qu'il ne se forme un monticule au- tour. Elles ont constamment le plus grand soin de leur domicile. Si une viscache vient à périr dans son terrier, les autres individus du voisinage s'em- pressent de la porter dehors. Une famille de ces animaux est le plus souvent composée de huit à dix individus; souvent on en RONGEURS MURIENS. — VISGAGHEd. 185 trouve réunis en plus ^^i i nombre. Essentielle- ment solitaires, ils n'abandonnent les terriers où ils sont nés que lorsque des accidents auxquels ils n'ont pu porter remède les en cbassent, ou lorsque la famille^ devenue trop nombreuse^ les oblige à se diviser pour pouvoir vivre. Us s'éloignent même à peine de leurs terriers^ et au moindre bruit ils y rentrent. Les Indiens^ qui connaissent très-bien leurs moeurs^ assurent que tout craintifs qu'ils se montrent ordinairement, ils deviennent néan- moins courageux dans le moment du danger, et se défendent même contre les sarigues^ les mouffettes et les autres carnassiers. On voit ordinairement les viscaches assises près de leurs terriers comme les lapins. Elles marcbent aussi en sautant à peu près de la même manière, c'est-à-dire en avançant à la fois les deux membres postérieurs après la partie antérieure; leur dé- marche est assez rapide, et tous leurs mouvements sont très-vifs. Elles ont divers cris : lorsque quel- que chose les effraie^ on les entend dans leurs ter- riers exprimer leur terreur par des sons rauques imitant une espèce de roulement ; quand elles sont surprises hors de leurs trous , elles jettent^ en se sauvant; un cri aigu. Elles se nourrissent habituel- lement de plantes légumineuses et de graminées^ principalement de ces dernières, et d'une espèce de luzerne qui abonde dans les Pampas; mais lors- qu'elles habitent dans le voisinage des jardins , * îm MAMMIFÈRES — RONGEURS. P elles y causent de grands dégâts; aussi les cultiva- teurs leur font-ils une guerre cruelle. La chair de la viscaciie est blanche et très-déli- cate ; cependant les Américains la dédaignent assez généralement. Leur peau est employée comme four- rure, et on les chasse pour se la procurer et aussi pour diminuer le nombre des viscaches, qui ne sont pas sans faire beaucoup de ravages. Les viscaches, les chinchillas et les lagotis habi- tent TAmérique méridionale. Il paraît que le genre hapalotis, qui est en Australie un des représen- tants de Tordre des rongeurs, appartient aussi à ce groupe ; mais on ne trouve pas d'animaux de leur sorte en Asie, non plus qu'en Europe et en Afrique. d- LES ORTGTOMTS. A^ Ce sont d'autres rongeurs assez semblables aux campagnols par leur port, et qui rappellent aussi quelques animaux d'Asie et de l'Europe orientale que l'on a nommés rats-taupes. Un de ces rats- taupes est remarquable par la petitesse de ses yeux, qui sont tout à fait inutiles à la vision et cachés sous la peau : c'est le zemmi ou le rat-taupe aveugle, lia, comme les autres espèces de son genre, six dents molaires seulement à chaque mâ- choire ; mais les oryctomys en ont huit, quatre de chaque côté. Parmi eux, il importe de reconnaître "*. RONGEURS MURI£NS. — CAPROMTS. 187 les rats à bourses, dont trois espèces vivent dans r Amérique septentrionale. On les a nommés ainsi à cause des sortes de pocbes très -dilatables qui communiquent avec leurs joues, et dans lesquelles ils mettent en réserve une partie de leur nourri- ture. Ces rats à bourses, que Linné appelait mus bursarius, vivent aux États-Unis, en Floride, en Géorgie, en Californie et au Mexique; ce sont des animaux terriers, dont la taille dépasse de quelque chose celle du rat noir. LES GÂPROMTS. Ceux-ci sont aussi des rongeurs muriens, à huit molaires à chaque mâchoire, ces dents étant pour- vues de rubans d'émail à replis sinueux. Les ca- promys sont de la taille d'un lapin ; on en connaît quatre espèces, dont une est de Saint-Domingue, les trois autres étant particulières à Cuba. Ces dernières sont les seuls mammifères terrestres propres à Tile, dont elles sont originaires. Elles constituaient le seul gibier qui fût à Cuba lors de la découverte de cette île. Les capromys reçoivent des colons le nom à'utia. L*un d'eux (Pl. VIII.— 2) a des formes plus trapues que les autres ; il est brun, avec le dessus du cou blanchâtre sale ; c'est Vutia Congo des Espagnols. .1 • €^ é-f- 188 •f MAMMIFÈRES. — RONGEURS. r»*^»- LES CASTORS, CûStOrS. ( PL. VII. — 4. ) 1^: 1 Les castors se distinguent de tous les autres rongeurs par ]eur queue aplatie horizontalement comme une rame, et couverte d'écailles imbriquées qui rappellent celles des poissons. Ce sont des ani- maux de taille assez forte, et dont les formes sont lourdes et ramassées ; leurs dents sont au nombre de vingt; leurs doigts de devant, courts à proportion de ceux de derrière, sont armés d'ongles propres à fouir, et ceux de derrière sont palmés, c'est-à-dire réunis entre eux par une membrane; enfin Ton trouve sous la queue de ces animaux deux grosses glandes dont les canaux excréteurs aboutissent dans des replis cutanés, et y versent une sorte de pom- made, d'une odeur très-forte, qui est employée en médecine sous le nom de castoreum. Il existe des castors en Europe et même en France, aussi bien qu'en Amérique et dans le nord de l'Asie. Tous sont de la même espèce ; leurs mœurs offrent seules des différences dans ces diverses contrées. Tout le monde a entendu parler de l'instinct presque mer- veilleux qui porte les castors à se construire des habitations ; ceux d'Amérique sont surtout remar- quables par leur habileté. En Europe, ils creusent des terriers voisins des cours d'eau , mais ils ne construisent pas. La nourriture principale de ces ;i i ' ■» ^ À.W* RONGEURS MURIENS. — OASTOItS. 1 89 animaux consiste en écorce d'arbres ^ tels que le bouleau, le saule, etc., et en racines de certaines palntes aquatiques. * * Les castors, dont le pelage est ordinairement d'un brun roussâtre uniforme , mais quelquefois d'un beau noir, et d'autres fois blanc, sont pourvus en très -grande abondance d'un duvet grisâtre, moelleux et d'une finesse extrême, qui reste caché sous ses poils longs et soyeux, et est enduit d'une humeur grasse qui Tempèche de prendre l'eau, et produit une grande chaleur. Mais cette fourrure , qui leur est si utile, devient souvent la cause de leur destruction, car elle est très-recherchée dans le commerce, et pour se la procurer on fait au castor une chasse des plus actives. Les peaux des castors ont, en effet, un prix assez élevé. On les emploie comme fourrure et aussi pour la fabrica- tion des chapeaux de feutre. Les plus belles sont celles des animaux tués en hiver et dans les par- ties les plus septentrionales de l'Amérique. Une peau fournit environ une livre un tiers de duvet, lequel vaut actuellement en France deux cents francs la livre. L'importation de ces peaux s'est élevée quelquefois à environ cent cinquante mille en une seule année. Auprès de ces animaux nous devons signaler les coûta ou myopotames, qui sont de l'Amérique mé- ridionale et ont les dents et les pieds des castors, mais dont la queue est grêle et arrondie. Leur » n 1. ♦ # 4 I1W * * MAMMIFiRES. — RONGEURS. duvet est souTent employé à la place de celui des castors. * < • . ' « LES PORCs-ÉPics, ffystrix. (pl. viii. — 3.) I t 7 r/// Le genre des porcs -épies comprend plusieurs espèces des deux continents; mais une seule ha- bite TEurope, et elle ne se rencontre que dans les contrées tout à fait méridionales; elle est aussi de Barbarie et d'une partie de Tlnde : cet animal est long d'environ 64 centimètres ; sa démarche est lourde^ et les piquants qui couvrent la partie su- périeure de son corps sont très-acérés et fort longs; chacun d'eux est régulièrement annelé de noir^ de brun et de blanc^ et sur la nuque et le cou s'élèvent de longues soies roides qui forment une crinière. Le porc-épic creuse des terriers et se nourrit d'ali- ments végétaux; il s'introduit parfois dans les fermes^ et fait des ravages plus ou moins grands dans les vergers; il hérisse ses piquants lorsqu'on l'irrite^ et cherche à s'en faire une défense ; mais il ne les darde pas contre ses ennemis^ ainsi qu*on l'a dit à tort. C'est un animal essentiellement ter- restre. Le même groupe comprend une espèce américaine appelée coendou, et qui est organisée pour grimper. Celle-ci^ dont les piquants sont noirs et blancs vers leur moitié supérieure, et d'un beau jaune soufré à leur base, a la queue prenante, ce %-' %: # ^sjfcr-^ ** • I « 4 RONGEURS LÉP0RIEN8. — LIÈVRES. 191 qui lui permet de se tenir avec facilité dans les arbres , au milieu desquels elle lui)ite. III RONGEURS LÉPORIENS ■y" LES LIÈVRES, LepUS, Les lièvres et les lapins sont, comme on le sup- pose bien, deux espèces du même genre, mais chez lesquelles les mœurs présentent quelques particularités tout à fait caractéristiques. Animal de plaine et essentiellement coureur^ le lièvre ne se creuse point de terrier, comme le lapin; il se contente d'un gite, dont il change la position soi* vaut les diverses époques de l'année. Les lièvres se rencontrent dans presque toute TEurope ; dans le Nord ils ne sont pas moins communs que dans le Midi. Les lapins sont^ au contraire, des pro- vinces méridionales; ils ne s'avancent point vers le Nord , et on les suppose originaires d'Espagne et de Barbarie. Ce sont des animaux fouisseurs^ qui préfèrent les bois aux plaines, et qui se reti- rent dans des terriers plus ou moins grands qu'ils se creusent à la surface du sol. Les lapins ont^ comme les lièvres, des dents molaires, au nombre de six à la mâchoire supérieure, et de cinq à Tin- férieure, ces dents ayant, dans les espèces de .dMttSi 192 MAMMIFtRES. — RONr.EUllS. collines transverses qu'on remarque à leur sur- face, un caractère particulier. Joignez -y que, contrairement à ce que présentent tous les autres rongeurs, les animaux du genre lièvre ont quatre incisives au lieu de deux seulement à la mâchoire supérieure, deux plus petites placées en dedans, et deux plus grandes visibles en dehors; que leurs oreilles sont très -longues, et que leur queue est toujours fort courte. La fourrure de ces animaux est employée comme pelleterie : c'est principalement dans la fabrica- tion des chapeaux de feutre qu'on fait le plus grand usage de leurs poils. Le duvet qui s'y trouve mêlé en grande abondance a, de même que celui du castor et de beaucoup d'autres mammifères, la propriété de se pelotonner et de se feutrer très- i^^ement. Le poil de lapin ne sert que pour le isalTe le plus commun; celui des lièvres donne ' des produits beaucoup plus beaux, principalement dans les individus des pays froids. §IV RONGEURS GAVIENS. t^s terminerons cette énumération^ déjà longue^^ quoique fort abrégée, des genres nom- breux qui ccicnnsent rcj*dre des mammifères 4 HONr;EUHii CAVIENS. 193 rongeur) par qucl<(ue8 mots sur i*'s cabiais, envia, dont i a fait une famille sous le nom de cuviens. On distingue plusieurs groupes parmi lescahiiis; tels sont ceux des agoutis, des cabiais proprement dits, des kerodons et des pacas. Les agoutis ont les formes plus élancées que les autres, et leurs dents rappelltiii celles des porcs-épics; ils sont d'Améri'jUô, nw'i» ^ je tous les animaux de la même famille Qin nt aux cabiais ordinaires, connus sous le nrin d!aperea, ils doivent surtout nous occuper, parce que c'est d'eux que provient le petit ani- mal domestique connu en Europe sous le nom de cochon d'Inde, L'aperea est gris roussâtre sur le doS; et blanchâtre en dessous; il a 18 à 22 cen- timètres de longueur; c'est un animal timide, qui se nourrit de substances végétales et vit en société dans de petits tçrriers. On trouve Taperea au Bré- sil, au Paraguay et jusqu'en Patagonie. Peu intel- ligent, cet animal est loin cependant d'être aussi stupide que les cochons d'Inde ^ ses descendants domestiques. Ceux-ci, que leurs rapports avec Tespèce humaine ont tellement fait varier de couleur^ sont doux par tempéranient, dociles par faiblesse, et presque insensibles à tout : ils ont Tii d'automates faits seulement pour figurer une espèce. 9 i94 MAMMIFERES. — GRAYIGRASES. CHAPITRE V ORDRE »1ES GRAVIGRADES Le nom sous lequel sont compris ces animaux indique la lourdeur de leurs mouvements et Tun des traits les plus caractéristiques de leurs allures; tous^ quoiqu'ils soient peu nombreux, sont remarquables par leurs grandes dimensions. Ce sont les éléphants et les lamantins d'une part, les dugongs et les stellères de l'autre . Rien, au premier aspect^ ne paraîtra plus disparate que cette réunion dans un même groupe des éléphants et des lamantins ; les uns ont, en effet, une trompe, et leur corps est supporté par quatre membres, tandis que les seconds, privés de la trompe des éléphants , ont dans la forme de leur corps beau- coup d'analogie avec les cétacés, et manquent, ainsi que ces derniers, de membres postérieurs. Mais, à vrai dire, ce sont là des différences qui tiennent à la nature du milieu que ces animaui^ . ORDRE DES GRÂTI6RADE8. lO.S haliitent, et si l'on vient à analyser les antres par- ties, même les plus importantes de leur orga- nisme, on verra que les lamantins sont à tous égards intimement liés aux éléphants, et que, comme nous l'avons déjà dit, on ne saurait les comparer aux cétacés, bien qu'ordinairement on les confonde avec eux sous cette dénomination. Ils ont dans la disposition de leur crâne divers traits particuliers à eux seuls et aux éléphants; leurs dsnts, ainsi que chez ceux-ci, sont de deux sortes seulement (molaires en nombre variable, et inci- sives au nombre de deux à Tune et à l'autre mâ- choire). Plusieurs autres dispositions communes dans le tube digestif, la nature de la peau, des ongles, etc., confirment le rapprochement qu'un naturaliste moderne a fait des éléphants et des lamantins, et ces deux sortes d'animaux doivent donc constituer dans un même ordre deux fa- milles, dans une desquelles entreront les élé- phants, ou les gravigrades terrestres, et dans l'autre les lamantins et les dugongs, ou gravi- grades aquatiques. On retrouve dans le sein de la terre des débris de plusieurs espèces ayant appartenu au même groupe que ces animaux. Les plus connus sont les mastodontes , ou mam- mouths, et les dinotbériums. Ceux-ci sont sur- tout remarquables parce qu'ils semblent tenir en même temps des éléphants et des lamantins, et ceux-là en ce qu'ils sont du nombre des fossiles 196 MAMMIFÈRES. — GRAVIGRADES. dont il a été le plus aisé à lecoauaitre la véritable nature, bien qu'ils soient de races aujourd'hui éteintes. LES ÉLÉPHANTS. Le nom d'éléphant n'est pas, comme le pen- saient les anciens auteurs, celui d'une seule espèce de mammifères ; car, sans parler des éléphants fos- siles et des mastodontes, dont les diverses espèces ont également disparu de la surface du sol, il est bien démontré depuis Camper que l'éléphant d'Asie et d'Afrique, s'ils sont animaux du même genre, ne sont certainement pas de la même espèce. Ces mammifères se distinguent, en effet, l'un de l'autre par plusieurs particularités notables. Nous ne donnerons pas leurs caractères communs, que tout le monde connaît ; mais nous essaierons de faire savoir comment ils diffèrent l'un de l'autre. On ne trouve, comme chacun sait, les éléphants qu'en Asie et qu'en Afrique. Dans cette dernière contrée, ils sont répandus depuis le sud jusqu'aux confins de la Barbarie; mais ils n'habitent de la première que les parties méridionales, ainsi que les grandes îles de la mer des Indes, Sumatra, Bornéo, Geylan. Ces animaux se distinguent sur- to«t entre eux par la forme de leur tète et celle de leurs oreilles, ainsi que par la nature de leurs dents. If' V frtii*^^ 1 t # ÉLÉPHANT d'aSIE. 497 ÉLÉroàNT d'asie, Eicphos asiaticus. ( pl. tiii. — 6. ) Il existe sur le continent depuis l'Indus jusqu'à la mer orientale et dans les grandes lies qui sont au sud de Tlnde. Sa tète est oblongue; son fronts concave sur le milieu, est bombé de chaque côté; ses oreilles sont moins grandes que celles de l'espèce africaine^ et plus écartées entre elles ; ses dents sont molaires , marquées de rubans trans- verses d'émail^ qui donnent à la coupe des lames qui les composent une forme particulière. D'ail- leurs réléphant d'Asie présente les mêmes formes de corps et de membres que celui d'Afrique, sa peau est de même rude et à peu p es nue^ son nez est prolongé par une énorme trompe dont il se sert avec beaucoup d'adresse, et ses pieds sont également plantigrades, les doigts, au nombre de cinq, étant enveloppés dans la masse des chairs jusqu'à leur dernière phalange inclusive- ment. La couleur ordinaire des éléphants d'Asie est d'un gris terreux passant au brun; cependant, lorsque leur peau est humide et, par exemple, qu*ils viennent de se baigner, on aperçoit sur plusieurs parties de leur corps, et particulière- ment sur la trompe, à son origine, des taches blanches légèrement teintes de couleur de chair; les poils sont de la couleur générale de la peau. Chez quelques races d'éléphants, que les Malais 108 MAMMIFÈRES. — 0EAYI0RADE8. et les Indiens estiment de préférence, et auxquels ils accordent parfois les honneurs divins , la cou- leur est entièrement d'un blanc rose. La teinte que prennent alors ces animaux est le résultat d'une maladie semblable à celle qui produit les albinos dans l'espèce humaine. Selon certaines peuplades des bords du Gange, les éléphants blancs sont animés par les âmes d'anciens rois. On sait que les princes de Siam, du Pégou et de diverses autres contrées , placent dans leurs titres celui de possesseur de l'éléphant blanc; ils logent ce respectable mammifère dans leurs palais, et le font servir avec magnificence par un nombreux domestique. Les défenses de l'éléphant des Indes sont assez courtes, et c'est chez les femelles qu'elles arrivent aux moindres dimensions. Cependant il y a des mâles qui ne les ont pas plus longues ; mais on en ignore la raison. On appelle ces derniers mookna. Ceux qui ont de longues défenses se nomment dauntelah, du mot daud, qui est le même que le mot dent. Il y a une infinité de variétés parmi les daunte- lahs, par rapport à la direction et à la courbure de leurs dents; les plus estimés sont ceux où eller approchent le plus de la direction horizontale. Les princes indiens ont aussi un respect superstitieux pour les dauntelahs qui n'ont qu'une défense, comme cela arrive quelquefois. ^ )/ ., . ; 4 m ÉLÉPHANT d'àSIS. 199 Malgré la grosseur de sa masse , l'éléphant ne manque pas de légèreté dans ses mouvements ; il a un trot assez prompt, et atteint aisément un homme à la course ; mais oomme il ne peut se tourner ra- pidement, on lui échappe en se porhnt de c6té. Il remue les oreilles en courant, et l'on a prétendu qu'il les emploie quelquefois pour se diriger. Il a peine à descendre les pentes trop rapides, et il est obligé de ployer alors ses pieds de derrière pour ne pas être emporté par la masse de sa tète et de ses défenses. Le corps de cet animal étant plus léger que l'eau, il traverse très-aisément les rivières à la nage, et n'a pas besoin, comme disent les anciens, de mar- cher Su '.e fend en élevant sa trompe vers la sur- face pour respirer. Il préfère les lieux humides et couverts, ainsi que le bord des fleuves, à tout autre séjour : l'excès du chaud ne le fait pas moins souffrir que celui du froid; sa nourriture principale consiste en herbes, en racines et en jeunes branches; mais il aime par- dessus tout les fruits et les plantes sucrées, comme la canne à sucre et le maïs. L'instinct naturel des éléphants les porte à la société; ils se tiennent en grandes troupes dans l'intérieur des forêts, dont ils sortent rarement ; ces troupes, ou hordes, comprennent depuis quarante jusqu'à cent individus de tout Âge et de tout sexe, et sont conduites par un des plus vieux et des plus s 200 MAMMIFÈRES. — 6RAV1GRADES. vigoureux individus qui les composent. Les plus jeuneset les femellessont placés au milieu et proté- gés par les mâles. On voit aussi quelques éléphants solitaires ; les Indiens les nomment grondash. Ces éléphants marrons^ ou grondash, sont plus dange- reux que les autres. Les éléphants ne se reproduisent pas en capti- vité ; tous ceux que Ton emploie ont commencé par être sauvages. On prend aux Indes les éléphants de deux ma- nières : en troupes, oa isolés. Une troupe entière doit être attaquée par un grand nombre d'hommes armés, qui se placent en cercle autour d'elle, l'ejOTraient par le bruit des tams-tams, des armes à feu et par Téclat de la flamme, en même temps qu'ils se prêtent mutuellement secours pour em- pêcher les éléphants de s'échapper de tout autre côté que celui où ils veulent les conduire. De la sorte on fait entrer ces animaux dans une enceinte préparée^ fermée de larges fossés et de palis- sades composées d'arbres plantés profondément et soutenus par des barres transverses et par des arcs-boutants; l'entrée de cette enceinte est gar- nie de feuillage, et ressemble, autant qu'il est pos- sible, à un sentier ordinaire de forêt. Cependant l'éléphant qui est à la tête de la horde hésite long- temps avant de s'y introduire; mais une fois qu'il y a mis le pied, tous les autres le suivent, comme on voit sur nos côtes des troupes de dauphins .' 1 1 ÉLÉPHANT d'aSIE. 201 donner inévitablement dans recueil où leur guide vient d'échouer. Après que la troupe des éléphants est tombée dans le piège qui lui était tendu ^ il s'agit de les isoler pour les dompter. Des cris, des flambeaux, le bruit des instruments les arrê- tent dans tous les efi'orts qu'ilstentent pour passer le fossé et renverser la palissade. On leur donne leur nourriture sur un échafaud placé près de l'entrée d'un couloir dans lequel on les attire de cette manière un à un, et qui est assez étroit pour qu'ils ne puissent s'y retourner. Dès qu'un d'eux est entré dans ce couloir, la porte est fermée, et l'animal arrêté devant et derrière par des traverses qu'on lui oppose aussitôt; on prend ses pieds dans des nœuds coulants, on lui enlace les jambes, etc., et l'on ne tarde pas à dompter sa fureur. Il ne faut pas tant de préparatifs pour prendre les éléphants isolés, et, de quelque manière qu'on se soit rendu maître de ces animaux, leur éduca- tion est la même. On les livre à des gardiens assis- tés de quelques valets, qui les habituent à l'es- clavage par un mélange de caresses et de menaces, en les grattant avec de longs bambous, en les aspergeant d'eau pour les rafraîchir, en leur don- nant ou leur refusant la nourriture. Quelquefois aussi on a recours aux châtiments, et on les frappe avec des bâtons garnis d'une pointe de fer. Le maître s'approche ainsi d'eux par degrés, jusqu'à ce qu'enfin l'éléphant qu'il a choisi lui permette 9* 201 MàHMIPBRES. — GRAVfORADES. if de monter sur son cou, partie de laquelle on dirige facilement les mouvements de ces animaux. Il faut environ six mois pour en venir à ce point de doci- lité ; cependant on ne peut jamais compter sur une parfaite réussite; car lorsqu'un éléphant qu'on croyait bien apprivoisé veut s'enfuir, tous les ef- forts de son conducteur ne peuvent l'arrêter. L'éléphant est un des animaux les plus utiles que rhomme ait domptés; sa force est prodi- gieuse; il porte jusqu'à mille kilos; il tire des fardeaux que six chevaux pourraient à peine ébranler ; il fait sans fatigue 60 à 80 kilomètres par jour, et lorsqu'on le presse, il en fait plus de 120. Tout le monde sait qu'on l'employait autre- fois à la guerre, qu'on le chargeait de soldats, et qu'on lui accordait une place importante dans les batailles. Aujourd'hui encore on le monte dans la chasse au tigre et au lion ; et, bien qu'il craigne le feu et que les détonations ref[j*aient parfois, il ne laisse pas que de rendre d'importants services ; il est dans l'Inde d'un usage journalier pour le transport des fardeaux; il y est aussi fréquem- ment employé comme monture de voyage. L'espèce importante qui nous occupe est con- nue des Européens depuis assez longtemps; mais elle ne l'était pas encore du temps d'Homère. Le chantre d'Achille parle souvent de l'ivoire, mais sans savoir quel animal le produit. Hérodote a le premier indiqué que cette substance est la dent ÉLÉPHANT d'aFRIOUB. 203 de réléphant. Les premiers Grecs qui virent cet animal furent Alexandre et ses Macédoniens, qui eurent à en combattre dans l'armée de Porus. Il faut qu'ils les aient souvent observés ; car Aristote en donne une histoire ort détaillée^ et beaucoup plus exacte que celle qu'ont écrite plusieurs au- teurs modernes. C'est de l'éléphant indien que Buffon a surtout parlé dans la belle description de son Histoire naturelle. Cette espèce habite l'Asie orientale et une grande partie de l'Asie méridionale , la côte de Malabar^ les royaumes de Bengale^ d'Arakan, de Pégou, de Siam, et quelques provinces de l'em- pire chinois ; on la trouve aussi dans les grandes îles avoisinantes : Ceylan, l'archipel de la Sonde etCélèbes. ■LÉrHANT i>'ÀmQjn,Elqphasafricanu». L'éléphant d'Afrique, dont la première bonne description est due à Perrault, a la tète plus arron- die, moins large en dessus; son front est moins bombé, et ses oreilles sont beaucoup plus grandes et plus rapprochées par leur bord interne; ses dents molaires offrent aussi une autre disposition, et ses défenses sont plus fortes. L'éléphant d'Afrique diffère assez peu , quant aux mœurs, de celui d'Asie; mais il n'est plus au- jourd'hui domestique, et on le chasse plutôt pour 304 MAMMIFÈRES. — ti RATIO RAPES. sa chair, qui est bonne à manger^ et pour ses dé- fenses, qui sont recherchées dans le commerce , que pour toute autre cause. Cet éléphant habite toute l'Afrique australe : on le trouve à la côte de Mozambique, au Sénégal; mais on ignore les régions qui limitent présente- ment sa patrie au nord. (Pl. VIII. —5.) ••'VI .'i^MVA LES LAMANTINS. ill il I ' 'i Ces animaux (Pl. VIII. — 7) habitent les eaux de la mer, et se tiennent de préférence à l'embou- chure des grands fleuves et au milieu des archi- pels; leur régime est herbivore, et leurs dents molaires, au nombre de sept ou huit de chaque côté, sont, pour nous servir de l'expression usitée, à collines transverses; ils n'ont d'incisives que dans le très-jeune âge. C'est parce qu'ils paisse;ii rherbe comme les ruminants que les voyageurs les ont souvent désignés sous le nom de bœuf, de vache ou de veau marin. Les lamantins ont des vestiges d'ongles aux membres antérieurs, les seuls qu'ils présentent; ces membres ont avec des mains une ressemblance grossière; et, comme les lamantins s'en servent avec assez d'adresse, on a supposé que c'est à eux que ces animaux doivent leur nom vulgaire de manates ou manati, dont on a fait lamantin. Les mammifères de ce genre fré- quentent les côtes occidentales de l'Afrique et DU00N8. 105 celles de rAmérique orientale; ils soDt donc des parages les plus chauds de Tocéan Atlantique : ils yivent en troupes, et viennent souvent à terre ; ils se laissent facilement approcher, et montrent assez de douceur. « LES DC60NS, HaUcorc. ^ Les dugongs diffèrent des précédents par le nombre et la forme de leurs molaires, ainsi que par la présence^ à la mâchoire supérieure, de deux fortes incisives, dont ils se servent pour arracher les fucus qui font leur nourriture. Ces animaux manquent de membres postérieurs, ainsi que les lamantins : on n'en distingue bien qu'une seule espèce, propre à la mer des Indes et à la mer Rouge. Dans cette dernière localité , ils ont été connus de tout temps. Les Hébreux les désignaient par le nom de ihachasch, et c'était de leur peau que se recouvrait leur arche sacrée. Les Arabes recherchent les dugongs à cause de leur peau et de leurs dents. 106 MAHMIPKRES. — PACHYDERMES. CHAPITRE VI ORDRE DES PACHYDERMES. Linné, qui avait déjà établi la plupart des ordres que les naturalistes plus récents admettent parmi les mammifères, avait imposé aux espèces que comprend celui-ci le nom de brutes, qui convient, en effet, parfaitement aurhinocéros, au tapir, au cochon , qui en sont les principales espèces, et même aussi, jusqu'à un certain point, au cheval, bien que, suivant la remarque du Pline français, la plus belle conquête que l'homme ait jamais faite soit celle de ce noble et fougueux quadrupède. Les pachydermes n'ont point les mamelles pec- torales des espèces de Tordre que nous venons d'étudier; ils ont le plus souvent des dents de trois sortes, incisives, canines et molaires, et leurs pieds sont ongulés , c'est-à-dire que chacun de leurs doigts, lorsqu'il est complet, est enveloppé TAPIRS. 807 par son extrémité dans uu on^lo de Tcsp^ce dite sabot : tel est le cas du choul, qui n'a qu'un seul sabot à chaque pied, et que pour cela on a nommé solipède, mot qui n'explique pas précisément cette manière d'ôtre ; tel est an ssi le cochon , qui a quatre sabots pour chaque membre. Pachydermes signiOe peau épaisse; c'est donc un mot qui convient par- faitement aux espèces auxquelles on l'applique. Presque toutes habitent des marécages ; elles sont omnivores et voraoes ; leur malpropreté est sou- vent excessive , et plusieurs sont d'un caractère brutal et souvent même farouche. La grande force de plusieurs pachydermes les rend d'ailleurs fort redoutables, et leur permet de résister aux enne- mis les plus vigoureux, et souvent même d'atta- quer avec succès les animaux qui leur sont incom- modes. D'autres, plus faibles, comme les pécaris ou sangliers d'Amérique, se réunissent en troupes nombreuses, et trouvent une force non moins grande dans leur association. LES TAPIRS, Tapirus. Des trois espèces qui composent ce genre, deux sont américaines, et la troisième vit dans l'Inde. Les tapirs sont, à peu de chose près, de la taille de nos cochons domestiques; ils ont un boutoir fort allongé et mobile comme une petite trompe ; tous préfèrent les pays montueux. (Pl. IX. — 3.) 208 MAMMIFERES. — PACHYDERMES. LES RHINOCÉROS, Rhinocévos. Ils soDt tous de l'ancien monde. On en connaît plusieurs espèces; il en est qui ont une corne (Pl. IX. — 1), d'autres qui en ont deux, et quelques- uns qui n'en ont pas du tout. L'Afrique australe et centrale, l'Inde et les îles de la Sonde, sont les seules contrées où vivent les rhinocéros. Ces ani- maux, dont le nom veut dire corne sur le nez, ont été connus des anciens ; ce sont, avec les hippo- potames, les plus grands des pachydermes, et ce sont aussi sans contredit les plus farouches. La corne de leur nez, qu'elle soit double ou simple, est toujours placée sur la ligne médiane, et ce n'est pas, comme celle des ruminants, un prolon- gement osseux, engainéou non par un étui corné, mais bien une simple protubérance, résultat de poils agglutinés, et qui dépend uniquement de la peau. On prépare avec cette partie du corps des rhinocéros divers ustensiles recherchés en Asie, et auxquels on attribue souvent des vertus mer- veilleuses. Les pieds de ces mammifères sont tous divisés en trois doigts, garnis de sabots très-grands; leur queue est courte et rudimentaire, et leur peau, sèche, rugueuse et presque dépourvue de poils, est si épaisse et si dure, qu'elle semble constituer une espèce de cuirasse. Quelquefois elle forme à la hauteur des épaules des plis profonds, disposés , i / DAMANT. 209 transversalement; eDÛnils ont à chaque mâchoire, et de chaque côté, sept mâchelières; la mâchoire supérieure a une canine de chaque côté ; le nombre des incisives varie. Les rhinocéros sont des ani- maux d'une force prodigieuse et d'une extrême rudesse : aussi a-t-on soin d'enchaîner fortement tous ceux que Ton tient en captivité. On trouve aux Indes trois espèces de rhinocé- ros^ dont une bicorne, et deux ayant une corne unique. Près de l'embouchure du Gange, on a ob- servé des rhinocéros sans corne ; mais on ignore s'ils constituent une simple variété ou une espèce distincte ; en Afrique il existe aussi des rhinocéros bicornes. .,-:■, LES PAMANTS, Hyrax. - Malgré leur petite taille et leur forme en appa- rence assez éloignée, les damants ( Pl. IX. — 2) ne doivent point être séparés des rhinocéros ; ils ont, en effet, ainsi que l'a démontré le premier G. Gu- vier, tous les traits principaux qui caractérisent ces derniers. Leur grosseur est celle d'un chien basset ou d'un lapin : ils vivent sur les rochers , dans toute la côte occidentale de l'Afrique, ainsi qu'au Cap et en Syrie. TÉ.' 210 MAMMIFÈRES. — PACHYDERMES. LES CHEVAUX, ^j'WM*. C'est un des genres les plus intéressants de Tordre des pachydermes, non-seulement à cause de la forme élégante et de la belle robe de plu- sieurs de ses espèces, niais aussi à cause des nom- breux avantages que Thomme retire de celles qu'il a domptées. Le genre equus se partage en six es- pèces, trois africaines, et trois asiatiques ; les pre- mières sont le zèbre, le daw et le czigitai; les au- tres sont le cheval, l'âne et l'hémione. L'âne et le cheval sont depuis longtemps domestiques, et les quatre autres, que leur coloration gracieuse doit faire rechercher avec ardeur, sont également do- mestiques dans quelques contrées. Espérons qu'ils ne tarderont pas à l'être définitivement en Europe, où quelques-uns ont déjà paru (zèbre, daw, couagga) attelés à la calèche de quelques lords pri- vilégiés : je dis lords; car, dans TEurope, ce n'est guère qu'en Angleterre que les riches particuliers ont possédé de ces quadrupèdes zébrés, < L'hémione, le daw> dont plusieurs individus ont déjà reproduit au Muséum, et dont on a obtenu des petits à la troisième génération; les amas, les kanguroos, dont plusieurs parcs d'Angleterre nour- rissent déjà d'assez nombreux individus; les cerfs de Virginie, les axis, etc., sont au nombre des es- pèces étrangères qui pourraient le mieux réussir dans nos climats. de CHEVAL. ' 2H Mais revenons aux diverses espèces de chevaux : on peut les distinguer en chevaux proprement dits et en ânes , suivant qu'elles ont la queue comme celle de l'âne, c'est-à-dire longue, ou bien comme celle du cheval, c'est-à-dire courte et garnie de longs poils. Ceux auxquels le nom d'âne convien- drait alors forment le plus grand nombre. Les dents des chevaux et des diverses espèces d'ânes et de zèbres sont au nombre de quarante- quatre : six incisives, deux petites canines à chaque mâchoire; quatorze molaires à la supérieure, et douze seulement à Tinférieure; leurs molaires, à couronne carrée , sont marquées de nombreux re- plis d'émail. *■■■-,:■-■ CHEVAL, Equus caballus. Il ne faut pas, comme généralement en le fait, accorder aux mots race, variété et espèce, une même signification. Le cheval comprend de nom- breuses races , plusieurs variétés importantes, et cependant il constitue une seule espèce. Individus domestiques ou sauvages, nés dans l'ancien monde ou dans les pampas de l'Amérique du Sud, tous ap- partiennent à une même espèce, dont la partie pri- mitive paraît être laTartarie. Soumis par l'homme, les chevaux de ces contrées ont été, à mesure que la civilisation a progressé, répandus sur diffé- rents points de la surface du globe, et aujourd'hui en possède des chevaux non-seulement en Asie , ^ 1 ! % f.flî' 212 MAMMIFÈRES. — PACHYDERMES. mais aussi dans toutes les autres parties du monde. La nature diverse de chacun des climats auxquels ils ont été soumis , et les usages nombreux aux- quels on les a employés, ont fait éprouver à leurs formes et à leurs mœurs d'assez nombreuses mo- difications^ quoique cependant ils aient beaucoup moins varié que plusieurs autres races d'animaux domestiques; leur couleur et leur taille ont sur- tout ressenti l'effet de ces influences souvent con- tradictoires ; aussi les uns ont - ils augmenté en dimensions y tandis que d'autres sont descendus beaucoup au-dessous de la grandeur moyenne; leurs formet^ ont aussi beaucoup variée selon le genre de leur travail. La domesticité de ces mam- mifères remonte à une époque assez reculée : d'a- près quelques passages de la Genèse , il semble que l'on commençait à les employer en Egypte et dans les parties de l'Asie les plus voisines^ vers l'époque où Josepb administrait la première de ces contrées, c'est-à-dire il y a environ trois mille six cents ans; et^ d'après les sculptures antiques trouvées dans les ruines de Persépolis, et même d'après les poésies d'Homère , on a lieu de croire que , dans les premiers temps de leur domesticité, on ne les montait pas, mais qu'on s'en servait seulement comme de bêtes de trait. Dans les vastes steppes de la Tartarie , berceau de leur esp^'^e, on trouve encore des chevaux sau- vages que l'on appelle trépans; mais ces animaux /y/r *j^-''-i:'3"j7Œ)^'!lh ■s -.v^" *'^%^"^ 4 y^iyi/fi'/^f'/tt fur-y. ' ♦ .^' CHEVAL. y ' 213 n*ont pas entièrement conservé leur caractère pri- mitif: car ils se mêlent continuellement à des in- dividus échappés à la domesticité^ et la plupart des zoologistes les regardent (peut-être sans preuves) comme les descendants de chevaux domestiques devenus libres. Lors de la découverte du nouveau monde, il n'y existait aucun animal du genre des chevaux. Le cheval domestique a été importé dans cette contrée à une époque qui ne remonte guère au delà de trois siècles ^ et cependant on y trouve aujourd'hui des troupes immenses de che- vaux sauvages; ce sont, comme on le suppose pour ceux de la Tartarie actuelle, des individus qui ont abandonné l'homme : ils y ont repris des mœurs analogues à celles des trépam de TAsie , et le nombre en est bien plus considérable. Quoi- que sauvages, ils sont, comme les zèbres et divers autres, peu difficiles à soumettre ; et s'il ep a été de même pour ceux qui ont été les premiers ré- duits en Asie, la conquête a dû s'en faire en bien peu de temps. Pour les prendre, on chasse souvent toute une troupe à la fois, et, en la poursuivant, on la dirige de manière à la pousser dans un eorra ou enclos circulaire construit avec des pieux plantés solidement en terre; puis le capitan, ou chef de la tribu indienne , monte sur un cheval vigoureux et bien dressé , entre dans renceinte , ayant à la main un lazo ou longue courroie tres- sée, fixée par une extrém^é à la selle de son, j i \ ' 4 214 MAMMIFÈRES. — PACHYDERMES. cheval, et terminée à l'autre bout par un nœud coulant. Le cavalier lance ce nœud autour du cou du premier jeune cheval sauvage qui se présente à lui, et l'entraine au dehors. Au moyen de cordes enlacées autour des jambes de Tanimal, on le jette par (erre; on kii met dans la bouche une forte courroie en forme de bride, et on le selle. Un Indien armé d'éperons très-aigus le monte, et on le laisse alors courir. Le cheval fait d'abord des efforts incroyables pour se débarrasser de son ca- valier; mais réperon le met au galop, et, après qu'il a couru pendant un certain temps, il se laisse ramener à l'enclos fatal où il a perdu sa liberté ; alors il est dompté. On lui ôte sa bride , et on le laisse aller avec les autres chevaux domestiques; car dès ce moment il ne cherche plus à fuir ni à désobéir à son maître. Dans la Tartarie on a re- cours à des moyens analogues. En France, comme par toute l'Europe, les chevaux domestiques pro- viennent des haras. Leur production est presque nulle dans tout le midi de la France; dans les dé- partements du Centre elle est un peu plus cultivée, et elle s'augmente encore vers le nord; mais elle est presque entièrement concentrée dans l'Alsace, la Lorraine , la Normandie et la Bretagne. Cette dernière province tient le premier rang, et la Nor- mandie le second. La durée de la vie de ces ani- maux est d'environ trente ans; mais ils peuvent être mis hors de service longtemps avant cette V f : w ;i "1 * CHEVAL. tJi:» époque^ suivant que le travail auquel ou les em- ploie est plus ou moins pénible. Les variations qu'ils éprouvent en vieillissant dan? . forme de leurs dents et surtout de leurs incisives, sont un excellent moyen pour reconnaître leur âge. Le poulain , en naissant , est en général encore privé de dents sur le devant de la bouche, et il n'a que deux molaires sur chaque côté et à chaque mâchoire; mais^ au bout de quelques jours^ les deux incisives du milieu (appelées/^tncespar les vé- térinaires) se montrent à chacune des mâchoires ; dans le cours du premier mois, une troisième mo- laire parait également. Vers trois mois et demi ou quatre mois , les incisives latérales ou les coins, ainsi qu'une quatrième molaire, apparaissent; à cette époque, la première dentition (dents de lait) est complète, et les changements qui surviennent avant l'âge de trois ans ne dépendent que de l'usure de plus en plus profonde des incisives, dont les fossettes, colorées en noir par les aliments, dispa- raissent peu à peu; de treize à seize mois, les pinces rasent, c'est-à-dire que la vivacité de leur surface s'efface; de seize à vingt mois, les incisives mi- toyennes arrivent au même degré d'usure , et de vingt à vingt-quatre mois, les coins rasent à leur tour; à deux ans et demi ou trois ans, le travail de la seconde dentition commence. Les dents de lait se reconnaissent à ce qu'elles sont plus courtes, en général plus blanches, et rélrécies à leur base SI6 MAMMIFÈKKS. — PACHYDERMES. par la gencive; les dents de remplacement sont beaucoup plus larges, et ne présentent pas le rétré- cissement dont nous venons de parler et qu'on appelle le collet; ce sont les pinces qui tombent et qui sont remplacées les premières. A trois ans et demi ei quatre ans, les incisives mitoyennes éprou- vent le même changement; et les canines infé- rieures ou crochets commencent à se montrer; de quatre ans et demi à cinq, les coins se renouvellent aussi; les canines supérieures, lorsqu'elles doivent exister, percent la gencive, et, à la même époque^ la cinquième molaire commence à paraître. Ces in- cisives de remplacement présentent, comme celles de lait, une dépression en forme de fossette à la surface de la couronne , et s*usent de la même manière. De cinq à,six ans , les pinces de la mâ- choire inférieure perdent leur cavité ; Tannée sui- vante^ les incisives mitoyennes rasent à leur tour^ et de sept à huit ans, la marque des coins s'efface , la détrition des incisives supérieures se fait dans le même ordre^ mais plus lentement. Lorsque ces divers changements sont opérés, les dents ne fournissent plus de signe certain pour indiquer Tâge du cheval, qui alors, en style de maquignon, est hors d'âge. La couleur et la lon- gueur des canines^ qui se déchaussent de plus en plus^ les rides du palais et quelques autres signes ne peuvent donner plus tard que des indications approximatives. ANE. «47 ANB, fc'7Mf«.v nsinus. .^r Il es! surtout caractérisé par sa queue, plus longue que celle «lu cheval, et garnie à l'extrémité «l'une lioupe «liî poils; sa taille est moindre, sa' couleur est d'un gris brun, et l'on remarque sur ses épaules une sorte de croix formée par la rencontre à angle droit de deux bandes étroites de couleur noirâtre. Dans l'état sauvage, l'âne habile les dé- serts du centre de l'Asie. Moins gracieux que le che- val, il vit par troupes innombrables, qui changent, de cHmat suivant les saisons, descendant en hiver dans les parties chaudes de la Perse et de l'Inde, et en été se portant vers le nord et jusqu'aux monts Ourals. D'après les témoignages historiques, il pa- rait que râne a été réduit à Tétat de domesticité même avant le cheval ; mais, moins beau que lui, et supportant moins bien le froid, il est d'une moindre utilité. Dans certaines contrées cependant où il a été soigné davantage et soumis à de meilleures con- ditions, sa race s'est améliorée, mais la négligence avec laquelle on l'élève dans certaines autres par- ties l'a, au contraire, dégradé. Le lait d'anesse est souvent ordonné comme aliment aux personnes maladives ; il contient plus de sucre de lait, et beaucoup moins de matière caséeuse que celui de la vache. I < ( 10 Si 8 MAMMIFÈRES — PAGI1IDERME8. ■ÉHIONB, Bqum hemionuM, (rL. i. — 1.) Les ancioDs, qui ont coonu l'àae et le cheval sau- vages, ont aussi eu divers renseignements sur l'bé- mione. Cet animal, dont le nom signiûe demi-àne, a, en effet, différents traits de ce dernier; mais ses formes et ses couleurs ne manquent pas d'agrément. Il est d'une teinte Isabelle sur le dessus du corps, et blanchâtre en dessous , sa ligne dorsale étant marquée d'une bande noirâtre. L'hémione vit par t]X)uces composées d*uiu) vingtaine d'individus. Sa vélocité est si grande, qu'elle est devenue prover- biale chez les Mongols, et que c'est monté sur ua animal de cette espèce que la mythologie thibétaine représente le dieu Feu. Les espèces du genre cheval que possède l'Afrique sont également au nombre de trois , qui toutes ont quelque analogie dans la disposition de leurs cou- leurs, et qui est connue sous la dénomination de zébrure. Le zèbre, au nom duquel ce mot doit sa racine^ était appelé hippotigre par les anciens, ce qui signifije cbeval-tigre, ou rayé comme un tigre ; il peut être apprivoisé, et sarencontre depuis l' Abys- sinie jusqu'au cap de Bonut^-Ëspérance. Les deux autres sont le couagçffii et le dmwy ou onagga, qui sont moins. rayés, que le zèbre. v\ NirPOPOTAMPK. 219 LES HIPPOPOTAMES, Hippopotaniui. (PL. IX. — i.) Les hippopotames sont remarquables par leur grandeur, leur corps massif, leur tête énorme et terminée par un largiî museau renflé, leurs jambes courtes et très -grosses et leur ventre traînant presque jusqu'à terre, leur pean à peu près nue, et si épaisse, que les balles ordinaires s*aplatissent en la frappant. Leurs mœurs sont en harmonie avec leurs formes grossières , car ils sont stupides et féroces; ils vivent en Afrique, et se tiennent dans rean des grands flenves de cette partie du monde, vivant continuellement dans la fange et se nourris* sant de plantes aquatiques ou de graminées qui croiasent auprès des oaux. Ils nagent avec facilité. Leur nom, qui signifie chevaux de rivière, rappelle les lieux qu'ils habitent, et aussi leur voix, qui a quelque chose du hennissement des chevaux. Les hippopotames ont quatre doigts à chaque pied; leurs dents sont au nombre de trente-huit, quatre incisives et deux canines à chaque mâchoire, sept dents molaires de chaque côté de la mâchoire supé- rieure, et douze en tout à l'inférieure, six de ctiaque côté. Lesincisives sont fort grandes et cylindriques ; on les recherche dans le commerce, ainsi que le?* autres dents de ees animaux. On ne distingue qu'une seule espèce d'hippopotame , laquelle se trouve au cap de Donne -Espérance, dans le haut Nil et dans le haut SénégaL m. 220 i ]|AMBIIF£R£8. — PACBIDËRBIES. * ■ ' LES COCHONS, SuS. a.l Les espèces qui rentrent dans le même genre que le cochon sont pins nombreuses qu'on ne serait porté à le supposer. On trouve des cochons sau- vages en Europe, en Asie, en Afrique et à Mada- gascar, ainsi qu'en Amérique ; et comme plusieurs d'entre eux offrent des caractères assez tranchés, on les a répartis dans plusieurs sous- genres parti- culiers. Tous les animaux de ce groupe sont remar- quables par rallongement de leur tête et par la disposition de leur nez, qui est avancé, coupé obtu- sément à son extrémité, et, comme on le dit, en forme de groio. Leurs dents molaires varient pour le nombre et pour la fornie, et leurs pieds ont dans la disposition de leurs doigts, au nombre de quatre et rangés deux par deux, un caractère qui les rap- proche des ruminants. « . Le genre des cochons et celui des chevaux sont les seuls de Tordre des pachydermes qui aient fourni à l'homme quelques espèces domestiques. La souche du cheval et celle de l'âne sont faciles à déterminer; mais il n'en est pas de même de celle des cochons, car on n'a point encore posi- tivement élabli si ces animaux proviennent d'une ou de plusieurs espèces. Les cochons domestiques ordinairessontsansdoute les descendants des san- gliers; mais l'origine des cochons de Siam n'est pas certaine, non plus que celle des diverses autrt s H - -TW ,«^,¥/i.¥iiâhyfi .♦^^ 2ii MAMMIFÈRES. — RUMINANTS. bouche, pour les mâcher de nouveau, les ali- ments déjà avalés une première fois , facilité qui tieut à la structure de leur estomac. En effet, leur œsophage n'aboutit pas à une cavité stomacale unique, comme chez les autres mammifères; mais il communique directement avec plusieurs poches disposées de telle te, que, lorsque les aliments avalés sont grossiops, ils s'arrêtent dans un pre- mier estomac nommé la panse, d'où ils remontent plus tard dans la bouche par une espèce de vomis- sement, tandis que, lorsqu'ils sont liquides ou réduits en pâte molle, ils pénètrent plus loin, dans une cavité" différente, où leur digestion s'achève. Les estomacs des ruminants sont au nombre de quatre : le plus grand, que nous avons déjà nommé , est la panse ou herbier; le second, appelé bonnet, s'ouvre au-dessous, à droite de l'œsophage ; le troisième est le feuillet, ainsi nommé à cause des larges replis longitudinaux, semblables aux feuillets d'un livre, qui garinssent son intérieur; et le dernier, ou la caillette, prend ce nom à cause d'une humeur qui lui est propre et dont la propriété est de faire cailler le lait : dans les ruminants qui viennent de naître il est le seul qui fonctionne. Chez les individus adultes, les ah- ments qui doivent être digérés passent, après une courte mastication, de la bouche dans la panse, où ils s'accumulent jusqu'à ce qu'ils soient en quan- tité suffisante. L'animal cesse alors d'en recueillir ^* ORDRE DES RUMINANTS. * ^ Î25 de nouveaux ; rendu au repos, il s'apprête à les broyer d'une manière plus complète. Leur retour à la bouche est dû à l'action du bonnet et de la panse, qui en se contractant les poussent suc- cessivement par petites pelotes, ce qui leur per- met de remonter l'œsophage, portion du tube digestif qui est entre l'estomac et la bouche. On comprendra l'utilité de semblables dispositions si l'on :e rappelle que les ruminants, animaux vivant exclusivement de substances végétales (peu fournies par conséquent en matières alibiles, et toujours d'une digestion plus ou moins pénible), ont, pour la plupart, à redouter de nombreux en- nemis; leur panse est, si Ton peut ainsi dl *» une sorte de magasin dans lequel ils rassemblent à la hâte les substances qui doivent les nourrir, jusqu'à ce que, de retour dans les lieux qu'ils ont choisis pour habitations, ils puissent les manger avec plus de sécurité et d'une manière plus profitable. Ce que fout ces animaux à l'état sauvage, ils le font éga- lement en domesticité. Conduite aux champs ou dans les pâturages, ils coupent autant d'herbes qu'il leur en faut, et ils ne ruminent qu'après leur retour à l'étable. Les ruminants sont de tous les mammifères ceux qui ont l'estomac le plus compliqué, et ceux aussi chez lesquels le tube digestif offre le plus de lon- gueur. Chez les espèces qui se nourrissent de chair on remarque, au contraire, ainsi qu'on de- 226 MAMMlPiRES. — RUMUfAIITS. vait le supposer^ une combinaison d'organes tout à fait inverse. Ces aliments étant d'une digestion incomparablement plus facile, la nature a eu re- cours à un appareil bien moins compliqué ; l'esto- ^ mac est toujours unique et simple^ et les intestins sont fort courts. Les autres caractères des rumi- nants sont aussi fort tranchés. Tous ont quatre doigts, disposés par paires d'inégale grosseur, ceux de la plus forte paire étant rapprochés en pinces ou en fourches, ce qui a même valu à ces animaux Tépithète de pieds fourchus, qu'on leur donne quelquefois. Leurs dents affectent égale- ment une disposition spéciale ; tous, excepté les chameaux et les lamas, ont douze dents à chaque mâchoire (six de chaque côté), et leur mâchoire inférieure a huit incisives, la supérieure en étant privée à tous les âges. Les nombreuses espèces qui ont ce système de dentition sont les seules, de toute la classe des mammifères, chez lesquelles il existe ^ de véritables cornes; nous avons vu que ce qu'on nomme ainsi chez les rhinocéros est d'une autre nature. LKS CHAMEAUX, Came/t«. (PL. X. —2.) Oq distingue deux espèces de chameaux : l'un à deux bosses, qui porte plus spécialement ce nom, et l'autre à une seule bosse, qui est le dromadaire. (Pj.. X. — 2.) Ces animaux, célèbres par les ser- *0? # 8 tout [estiou BU pe- resto- testins ruini- quatre ^sseur, lés en i à ces n leur égale- }té les chaque Lcbolre 1 étant ces qui e toute existe I qu'on e autre l'un à enom, adaire. Bs ser- CHAMEAUl. 2f7 vices qu'ils rendent aux peuples orientaux^ sont, comme on le sait, domestiques l'in: «t Tautre. En- tièrement organisés pour virre dans les tastes déserts de l'Asie centrale et occidentale et dans ceux de l'Arabie, ils 7 sont dès la plus hante an*- tiquité recherchés comme bêtes de somme. Bien qu'ils soient de véritables ruminants^ ils on (quel- ques rapports cependant avec les pachydermes, et sont de tous les animaux de leur ordre ceux qui se rapprochent le plus de ces derniers. Leur conformation extérieure a quelque chose de bizarre et d'étrange : la mauvaise grâce de leur allure, la difficulté de leurs mouvements dans les terrains ordinaires, leur cou long et contourné en S, leurs lèvres allongées, les loupes graisseuses dont leur dos est surmonté leur donnent un aspect bizarre. Mais leur extrême sobriété, la docilité de leur ca- ractère et les services qu'ils rendent à Thomme, en font des serviteurs de première nécessité, et compensent outre mesure leurs prétendues diffor- mités. Tout d'ailleurs, dans leur organisation, est admirablement disposé en vue du genre de vie au- quel ils doivent être soumis, et leur permet de ré- sister pendant des mois entiers aux privations et aux fatigues les plus pénibles. En Turquie, en Perse, en Arabie, en Egypte, en Barbarie, etc., le transport des marchandises ne se fait que par le moyen de ces animaux. La chair des jeunes chameaux est aussi bonne tiH MAMMIFÈRES). — RUMI^lAlfTS. que celle des veaux, et le lait que les femelles pio- duisent en abondance est également fort estimé ; on eu'fait du beurre et des fromages. La chair des individus adultes se mange aussi; quoique plus dure que celle des jeunes, elle n'est cependant pas désagréable. Le poil de ces animaux est très-ero ployé ; on le coupe à certaines époques de Tannée, et on en fait des tissus assez variés. •? u LES LAMAS. ■ Les lamas, les vigognes (Pl. X. — 3) et les al- pacas composent un genre très-voisin de celui des chameaux, et qui est de l'Amérique du Sud, où Ton pourrait dire qu'ils les remplacent; mais ils sont moins grands qu'eux, remarque que Ton peut faire pour presque tous les animaux du nouveau continent comparés avec ceux de l'ancien qui sont leurs congénères, ou que l'on rapporte à la même famille. Ils n'ont point de bosses, mais comme les chameaux, ils ont deux incisives à la mâchoire su- périeure, six à l'inférieure, et des canines à l'une et à l'autre. Quant à leurs roâchelières, elles sont au nombre de dix-huit en tout, cinq de chaque côté du maxillaire supérieur, etquatre à l'inférieur. Ces quadrupèdes sont souvent employés en do- mesticité, et à l'époque de la découverte de l'Amé- rique ils étaient les seuls grands animanx domes- tiques des Indiens : de nos jours, on les dresse CRBVHOTfNâ. «39 encore aux mômes usages. Leur chair, leur lait, etc., sont aussi fréquemment utilisés, et leur laine sert à la fabrication de différentes étolFes. 0» LES CIIEVROTINS, Moschus. (PL. XI. — I. ) ^' Leschevrotins n'ont point de cornes; mais leurs dents sont analogues^ pour la forme, à celles des ruminants pourvus de ces ornements frontaux. La seule différence consiste dans leur mâchoire supé- rieure, qui présente deux canines fort allongées, caractère qui d'ailleurs se retrouve également et au même degré dans le cerf montjac. Ces animaux sont remarquables par leur vivacité et leurs élé- gantes proportions; leur taille ne dépasse jamais celle du chevreuil, et elle est souvent inférieure à celle de ce quadrupède. Les chevrolins sont her- bivores et rappellent les antilopes par leurs habi- tudes; la plupart sont des animaux de montagnes, et Ton n'en connaît que dans les grandes îles de la Sonde et dans le continent indien. Ceux qu'on avait indiqués en Afrique sont des animaux d'un autre genre ; mais il parait qu'une espèce améri- caine décrite par Molina comme une sorte de cheval qui aurait des pieds de ruminants, est fort rappro- chée des chevrotins, tt doit constituer un genre voisin de ces animaux. Parmi les espèces que l'on admet dans le genre moschus, la plus généralement connue est le che- idO MAMinrÈRlS. — ftOMflfAim. vrotin porta -musc, en latin moicAiu moscAi/e- rut, (Pl. XI. ~ I. ) Elle est la plus grande de ce genre; sa queue est très- courte, et son corps est couvert de poils si gros et si courts, qu'on pour- rait presque leur donner le nom d'épines; mais ce qui l'a fait surtout remarquer, c'est une poche si- tuée près des aines du mâle, et qui se remplit d'une substance odorante désignée par le nom de musc. >'■■:, , LES CERFS, Cervus, Tout le monde connaît les cerfs. Ces mammi- fèires, dont la tète est surmontée de protubérances cornues appelées bois, constituent un genre assez considérable en espèces, parmi lesquelles cinq, le cerf ordinaire^ le daim, le chevreuil, le renne et rélan, sont d'Europe. L'Asie, outre plusieurs de ceux-ci , possède aussi différentes espèces qui lui sont spéciales ; on en connaît également dans les grandes îles qui Tavoisinent au sud; mais la Barbarie est la seule partie de l'Afrique où Tok ait ercore trouvé des animaux de ce genre : quant à ceux de l'Amérique, ils sont nombreux dans la partie septentrionale de ce continent et dans la partie méridionale. Le fait le plus singulier de la physiologie des cerfs est celui des phases diverses que subissent leurs bois. Nuls chez les femelles de tous ces animaux, excepté dans celles des rennes, les bois des mâles offrent aux différentes époques UKRy. i3l de U vie des caractèrett qui sufûieni pour re- connaître l'âge (les individus qu'on a sous lee yeux. cuir OSDINAIRB, CerVUS etaphus. Cette espèce, le chevreuil et le daim, sont lee seules que possède notre pays ; elle est sans au- cun doute la plus belle et la plus intéressante. Sa grandeur est celle du cheval, son pelage est d'un brun foncé en été , avec une ligne noire et une raogée de petites taches fauves le long de Tépine; en hiver, elle est d'un brun gris uniforme, la croupe et la queue étant en toute saison d'un fauve pâle. Les jeunes sujets, que l'on nomme iaoDS, ainsi que les petits de toutes les autres es- pèces du genre, sont fauves tachetés de blanc; les bois sont fort longs à croître; ils tombent, comme on sait, tous les ans, et prennent à chaque ' refaite des dimensions plus considérables, jusqu'à ^ ce que, l'animal étant arrivé à sa vieillesse, ils tombent pour se reproduire encore, mais avec moins de force. Vers le sixième mois, les jeunes màle& présentent déjà sur la tète deux petites bosses ou tubercules qui indiquent la place où ks bois s'élèveront. Ces éminences ont reçu le nom de hères; à un an elles se sont fort allongées, et, quoique simples, elles ont déjà deux, à trois dé- cimètres de longueur. L'animal perd à cette épo- que la peau qui les recouvrait, et ces petits bois i <1« 23Î MAMMIFÈRES. — RUBIINAWTS. 8ux-mèraes ne tardent pas à tomber après qu'ils sont restés quelque temps à nu ; on les désigne alors par le mot daguets. Quand le cerf est arrivé à sa troisième année ^ il perd ses daguets^ et le bois qui les a remplacés prisente ordinairement trois branches, qu'on appelle andouillers. Pendant chacune des années suivantes jusqu'à laseptième^ le bois subit sa chute périodique, et reparait régu- lièrement avec un andouiller de plus ; de sorte que tous les vieux cerfs ont le bois composé de sept ramifications provenant d'une tige commune, nommée merrain. Quelques femelles stériles ont des bois comme des mâles, mais qui restent con- stamment à l'état de daguets. Le cerf a le merrain et les andouillers arrondis; chez le daim, cervus dama, les andouillers supérieurs sont aplatis. Ces animaux difiPèrent d'ailleurs des précédents par plusieurs caractères importants. Quant au che- vreuil, cervus capreolus, il est plus petit que l'un et que l'autre; son pelage est fauve ou gris brun, et ses bois n'ont qu'un seul andouiller médian, sans andouiller basilaire. Le chevreuil avait été distin- gué des anciens, ainsi que le cerf et le daim. Ce dernier n'est point le dama de Pline^ qui est un antilope. Cet écrivain l'appelle blatyceros, ce qui indique bien la forme aplatie de ses bois; Âppien le nomme eurycrros, et Aristote prox. '' ,/■ del ml et et >L( 7 ^i / .■f^ * GIRAFES. 233 ^■ ^ REKifS, Cervus taranaus. K II est remarquable par le grand développement de ses bois, qui existent naturellement chez la fe- melle aussi bien que chez le mâle. Il est du Nord, et particulièrement de Suède et de Laponie : l'Asie et l'Amérique boréale le possèdent également. * Le renne a été soumis à la domesticité par les La- pons, qui remploient comme bête de somme ou de irait, et qui relèvent en troupes considérables pour tirer de sa chair, de sa peau, de son lait, etc., tous les avantages possibles. Parmi les autres espèces, nous devons signaler, à cause de leur grande taille, Télan, déjà cité, et le cerf du Canada. D'autres, comme Taxis de l'Iade et le cerf de Virginie, doivent également être con- nus, à cause de leur fréquence dans les ménageries ou dans les parcs en Europe. On les élève facile- ment dans nos contrées, et il n'est pas douteux qu'on ne puisse les y acclimater parfaitement. ; LES GIRAFES, Cameleopardalis. (pl. x. — 4.) Les anciens nommaient cameleopardalis, et les modernes appellent encore ainsi dans le lan- gage scientiGque, les girafes, mammifères rumi- nants que leur forme et leurs dimensions rendent excessivement remarquables. Ces animaux, dont il n'existe qu'une seule espèce, propre aux régions JÊtm * i^ 234 MAMMIFÈRES. — RUMINANTS. désertes et sablonneuses de TAfrique, tiennent en effet des chameaux par diverses particularités de leur organisation, puisqu'ils sont du même ordre qu'eux, et leur robe, assez régulièrement tachée, rappelle l'élégante fourrure des panthères. Les girafes ont les membres longs et grêles, le corps petit, le cou fort allongé, la tète effilée, les lèvres et la langue fort mobiles, et le front garni de deux petites cornes dans les femelles, et de trois dans le mâle adulte ; la troisième, un peu moindre que les deux autres, étant placée sur la ligne médiane du frontal. Ces cornes, au lieu d'être des apo- physes, c'est-à-dire des parties naissantes de cet os, comme celles des cer£s, des bœufs, etc., sont, au contraire, épiphysaires , c'est-à-dire qu'elles ont une ossification indépendante de celle du front, à la surface duquel elles reposent, et qu'elles se joignent à lui d'une manière plus intime à mesure qu'on les examine chez des sujets plus avancés en La hauteur des girafes atteint quelquefois 6 mè- tres 50 et 7 mètres 15; leur tronc est incliné, et leur marche ordinaire est l'amble, c'est-à-dire qu'elles meuvent à la fois les deux membres d'un même côté; lorsqu'elles courent, elles se balan- cent d'une manière fort curieuse. Ces animaux existent en Afrique, depuis le oap de Bonne-Espé- rance jusqu'en Nubie; ils sont de mœurs paisib^s, et vivent dans les déserts, recherchant de préfé- fiii ' jf AJVTILÛPJSS. fl3S rence la lisière dee bois. Ils ont à redouter plu- sieurs ennemis terribles , et particulièrement le lion^ qui^ suivant les voyageurs, leur donne sou- vent la chasse ; mais les girafes courent avec une grande rapidité^ et échappent aisément par la fuite; elles savent d'ailleurs parfaitement se défendre en se ruant sur leurs agresseurs. Les diverses peu- plades de l'Afrique les poursuivent de différentes manières, et savent tirer parti de leur peau ; mais difficilement on réussit à les prendre vivantes. 'i;f..T LES ÀNTILOPBS, Aflttlope. hds antilopes sont des animaux dont la taille est généralement élancée et légère, et dont les cornes, plus ou moins développées, suivant l'usage et le sexe des individus, sont presque toujours rondes et marquées d'anneaux saillants ou d'arrêtés en spi- rale ; ils ressemblent aussi, pour la plupart, aux cerfs par la vitesse de leurs mouvements et par l'existence des fossettes creusées au-dessous de l'angle interne de l'œil, et nommées larmiers. On distingue un très-grand nombre d'espèces parmi ces animaux. La plupart vivent en troupes; elles sont surtout aombreuses en Afrique et en Asie. L'Amérique possède aussi quelques espèces d'an- tilopes, et les grandes montagnes d'Europe ont dans le chamois ou isard un représentant de ce genre remarquable. Les antilopes dont il est plus 1 ■ 1. I ■ i _ i I' ..î. 236 MAMMIFÈRES RUMINANTS. fréquemment parlé sont les gazelles (Pl. XI. — 3), célèbres chez les Arabes, qui chantent la vivacité de leur regard. On doit encore signaler parmi plu- sieurs espèces non moins curieuses l'antilope qua- dricorne (Pl. XI. — 2), décrite par M. de Blainville, et qui porte, ainsi que son nom l'indique, quatre corn3s disposées deux par d- ux. Il est de Tlnde, et constitue le seul mammifère chez lequel cette par- ticularité a été observée. Quelques auteurs ont pensé que c'est au genre des antilopes que la licorne, sorte de quadrupède pourvu, dit-on, d'une seule corne, doit être rap- portée ; mais bien des motifs portent à supposer que la licorne est un être fabuleux qui n'a jamais existé, ou bien que la particularité qu'on lui assi- gne de n'avoir qu'une seule corne est le fait de quelque erreur ou d'un accident. ^i * *Tf» »/ Jl /'./ ^ # 44 #*< mi * -ïJf' LES CHÈVRES, Cûpra. '**ï La race sauvage qui a fourni la chèvre domes- tique est aussi difficile à reconnaître que celle d'où proviennent le mouton et le bœuf, dont nous par- lerons bientôt, ainsi que beaucoup d'autres esp'jces déjà signalées dans cet ouvrage. On distingue plu- sieurs espèces de chèvres sauvages, et les chèvres domestiques constituent également un nombre fort grand de variétés. Parmi les chèvres sauvages, nous devons signaler Tcegagre, qui habite les montagnes *^ MOUTONS. s« t* 537 de l'Âfiie y depuis l'Himalaya jusqu'au Caucase , elle bouquetin ; qui est des grandes chaînes de l'Europe, et particulièrement des Alpes et des Pyrénées. -^ Certaines races domestiques étrangères four- nissent par leur fourrure les matériaux des tissus les plus précieux. Les chèvres du Thibet, dites de Cachemire , sont les plus remarquables sous ce rapport. C'est avec leur laine qi ; se fabriquent les beaux châles si recherchés des Orientaux et des Occidentaux, et qui portent eux-mêmes le nom de cachemires. Les chèvres d'Angora ont aussi une toison extrêmement fine, et on ne saurait trop répéter et continuer les essais que l'on fait en France pour y acclimater ces animaux. Les chèvres, utiles pur leur poil, le sont aussi par leur chair et par leur lait, qui a un goût particulier, mais qui est moins butyreux que celui de la vache. Le lait des chèvres est employé avec avantage pour la fabrication du fromage. ,.,/ LES MOUTONS , OviS. Un de leurs types sauvages, le mouflon (Pl. VI. — 4), existe en Corse, en Sardaigne et en Crète, ainsi que dans quelques parties de l'Espagne, et vit en troupes assez nombreuses. Les moutons domestiques présentent d'assez nombreuses va- riations. Ces animaux constituent l'une des princi- i ^.^ #. 238 MAMMIÏ'ÈRES. — KUMINANTS. pales richesses ogricoles; ils fournissent à Tindas- trie manufacturière leur précieuse toison : leur peau est utilement employée àans les arts , leur chair est d'un usage journalier, etc. Tous nos dé- partements possèdent des bètesàlaine; mais dans les uns elles ne sont considérées que comme un faible accessoire des exploitations agricoles, tandis que dans d'autres elles en font la base , ailleurs elles sa trouvent associées au gros bétail, et parta- gent avec lui les soins du cultivateur. Dans la ré- gion qui avoisine la Méditerranée et qui s'étend du littoral jusqu'à Msèie, aux monts Coiron, vers le nord, dans l'Ardèclifl, dans la Corrèze et dans le Cantal, et, latéraicuient, des Alpes à la Garonne, les moutons constituent la principale ressource des agriculteurs. Il ! Fi LES BOEUFS, BoS, Celle de toutes les espèces du genre bœuf qui paraît la plus voisine des moutons est le bœuf musqué, dont on fait le sous-gerre ovibos; elle est du nord de l'Amérique ; les autres sont le bœuf ordinaire et ses nombreuses variétés, le bœuf du Cap, le buffle et le bison (Pl. XI. — 5) ou bœuf d'Amérique. Ceux de l'espèce domestique sont d'une utilité journalière , et seraient difficilement remplacés soit comme bêtes de trait ^ soit comme bétail destiné à la nourriture de notre espèce ou I ,1 , ^ê»^imm>iÊiÈéÈàÊ^ Xi 140 MAliMIFKHKS. — IHIF.l.tMIF.f^. ^ CIIAPÏTUE VIII MAMMIFÈRES DIDELPHES ,11 /■>'«'*, '* ^i- t Tous les animaux de la classe des mammifères que nous avons précédemment passés en revue peuvent être réunis en un groupe commun; ils forment une première sous-classe, à laquelle on a donné le nom de monodelphes. On appelle didelphcs, du nom didelphis, qui est celui des sarigues, une ai. ire sous-classe d'animaux que signalent différentes particularités remarquables de leurs mœurs et de leur organisation. Chacun se rappelle la jolie .fable de Florian intitulée la Sarigue ei ses petits. Le fabuliste a peint avec élégance le merveilleux attachement de ces ani- maux pour leur progéuilure. Les didelphes, en effet, nprès avoir porté quelque temps leurs petits dans leur sein^ les tiennent dans une sorte de poche placée au-devant de leur abdomen, et ceux-ci, fixés à la mamelle de leur mère, conti- MAMMIFKHK^. — 1)I1»KLPHKS. iï\ \A ment leur développement, jusqu'à ce qu'ils soient assez vigoureux pour satisfaire eux-mêmes à leurs besoins; quand ils sortent de cet état, c'est pour eux comme une nouvelle naissance. Lors de la pi'emière, ils sont bien moins torts que ne le sont à cette époque les autres animaux. Aussi, au lieu de prendre par intervalles la mamelle de leur mère, ils ne tardent pas à s'y flxer pour un certain temps. (Pl. Xn. — 1 a.) Les didelpbes, que Ton appelle aussi marsupiaux, du mot latin marsupium, qui veut dire bourse, présentent encore, dans leur squelette et dans quelques autres parties de leur organisation, des particularités remarquables; ils sont aussi fort intéressants sous le rapport de leurs mœurs et de leur distribution à la surface du globe. Tous sont propres à TAmérique méridionale ou tempérée, ainsi qu'à l'Australie, et ceux de l'une et de l'autre de ces régions présentent entre eux des différences tout à fait caractéristiques. Les didelpbes d'Amérique, que Ton connaît plus par- ticulièrement sous le nom de sarigues, ont le port de certains carnassiers; leur queue est en partie nue; leurs pieds de derrière ont le pouce opposable aux autres doigts, et aux mêmes membres les doigts sont tous séparés entre eux. Les dasyures , qui sont de l'Australie, ont aussi les doigts des pieds de derrière séparés ; mais leur pouce , nul ou ru- dimentaire^ n'est jamais opposable. Ces deux pre- miers genres (sarigue et dasyure) forment un pre- ^ H Ui aiier ordre » mua le nom d'éleuthérodacti^lei, qui veut dire à doigts libres. Tous les antres, de luéroe que les dasyures, sont de l'Australie; il» sont ap- pelés syndactyles ou doigts réunis, parce qu'ils ont les doigts indicateur et médian des pieds de der- rière plus petits que les autres, et soudés ensemble jusqu'à l'ongle. 8 I" DlbELPnBS ÉLEUTUÉROUACrYLEii. LES SARKiUES, Didclphti. Ce sont des animaux fétides et nocturnes, dont la marche est lente; ils se tiennent cachés pen- dant le jour dans des buissons épais ; ou sur les branches des arbres , où ils nichent. Leur régime est omnivore; les uns mangent la chair des pe- tits mammifères, celle des oiseaux, etc. ; d'autres recherchent les mollusques ou les crustacés , et beaucoup aiment les fruits, et particulièrement les bananes. Tous sont américains, et ils sont bien plus nombreux dans les parties les plus chaudes que vers l'extrémité sud de l'Amérique méridio- nale et que dans l'Amérique septentrionale. Il est probable que le nombre des espèces de sarigues s'augmentera à mesure que les naturalistes explo- reront avec plus de soin les contrées sauvages de TiRtérieur de l'Amérique. ' -4/ - ' 8 n e u a q a d n ELKt!TlirJiOi;A«:TUta. — >AHIi.l K.>. 2 il *'' «AilSOl A OlIlLLls IICOLOMI, Ndeiphii tirginiomi. (ri.. III. — I.) 8a taille la plus ordinaire est celle du lapin ; mais quelques individus atteignent les dimensions du chat sauvage. Cette espèce est facile à caracté- riser par son pelage , d'une teinte sale, et formé de diverses sortes de poils, ainsi que par ses oreilles, qui sont nues et de deux couleurs, leur hase étant noire et leur pointe jaunâtre. On la trouve depuis le Mexique Jusque dans les provinces septentrio- nales des Ëtats-Unis ; elle se nourrit de chair, de fruits et de racines; on la dit dangereuse pour la volaille domestique, qu'elle surprend et dont elle fait sa proie. On mange sa chair, et les sauvages font des tissus du poil soyeux dont son corps est en partie couvert. 8AIIGUE MABNOSB, Didefphis muritiu. (pi., xii. — 1.) Elle est grande comme le lérot, et les femelles sont un peu plus fortes que les mâles. Xa mar- roose est particulièrement de la Guyane, et elle y est commune. Elle y creuse la terre pour s'y faire une demeure^ chasse les petits oiseaux, et ramasse aussi des fruits et des insectes. Cette espèce n'a que des rudiments de la poche abdominale des autres sarigues; aussi, lorsque ses petits ont cessé d'être fixés d'une manière permanente à ses ma- melles, elle les laisse grimper sur son dos, et en« 2M MAM^IIFÈHES. — DIUELPHE». tortillant leur queue autour de la sienne y elle les transporte facilement. LES DASYURE8, />a«y«ré/^. Les dasyures de M. Geoffroy, que l'on partage maintenant en phascogale , tbylacine et dasyure , sont de TAustralie; la plupart sont de taille moyenne , et ils ont des instincts ordinairement carnassiers. L'un d'eux dépasse les autres en di- mensions et en férocité; il est presque aussi grand qu'un loup ; c'est le thylacine , qui est de Van- Diemen et de la Nouvelle-Hollande. ^ § II DIDELPHES SYNDACTYLES. LES PHALANGERS, Pkalangîsta. if r Le nom de syndactyle rappelle, ainsi qu'il a été dit plusiiaut, que ces animaux ont deux de leurs doigts réunis ; c'est ce caractère que Buffon a voulu indiquer en adoptant le mot de Phalanger, Les phalangers se rapprochent davantage des sarigues par leur port et par leurs habitudes ; mais ils en diffèrent essentiellement par leurs doigts et leurs dents; leur patrie est aussi très-différente, puis- qu'ils sont de l'Australie et du grand archipel des Indes. . ' ^ ^ • * 1^ el(^s :tage ure, aille nent idi- rand SYNDAGTTLES. — Kà^GUROOti. 245 Les phalaogers grimpent avec facilité, et passent la plus grande partie de leur vie dans les arbres. Plusieurs d'entre eux offrent la particularité qui caractérise les écureuils volants; de même que chez ceux-ci , la peau de leur ventre est plus ou moins étendue sur leurs flancs, et leur fournit une sorte de parachute. Les phalangers ont le pouce des pieds posté- rieurs opposable et sans ongle. Leur queue est plus ou moins longue, tantôt entièrement nue, tantôt, au contraire, en partie velue, et d'autres fois tout à fait couverte de poils : dans les deux premiers cas, elle jouit de la facilité de s'enrouler autour des corps. a été leurs roulu T^s igues ils en leurs puis- ai des LES KANGUROOS, MaCTOpUS. (PL. XIÎ, — 3. ) Deux de leurs espèces, le kanguroo géant, assez anciennement connu, et le li anguroo laineux, dont on doit la découverte à MM. Quoy et Gaimard, sont les plus grands d'entre les d idelphes ; ils vivent à la Nouvelle-Hollande. Les autres kanguroos sont moins grands ou même assez petits , car il en est qui ne dépassent pas un fort lapin ; ils habitent le continent océanien et les îles qui Tavoisinent ; tous sont remarquables par leurs proportions ; ils ont les membres de derrière bien plus longs que les antérieurs, et leur queue, longue et très- musculeuse, leur fournit comme un cinquième \\ 246 MAMMIFÈRES. — DIDELPHE3. membre , dont ils se servent conjointement avec les précédents lorsqu'ils se reposent ou qu'ils mar- chent lentement; pendant la course elle n'est d'aucune utilité directe; mais elle leur fournit une sorte de balancier qui les retient en équi- libre. Leurs pieds de devant sont fort peu déve- loppés; les autres, armés d'ongles fort puissants, donnent aux kanguroos des armes redoutables, dont ils se servent dans les combats qu'ils se livrent entre eux. On chasse ces animaux pour leur chair, et Ton emploie aussi leur fourrure. , LES PHASCOLOMES , Phoscolomys. ( PL. XII. — 4. ) Ce genre, dont le nom signifie rats à bourse, ne comprend qu'une seule espèce , assez peu sem- blable aux rats par son aspect, mais qui a dans son système dentaire quelque chose de la dentition des rongeurs. Le phascolome womhat est un animal lourd, à la tète grosse et plate, à jambes assez courtes, privé de queue , et dont les mouvements sont remarquables par leur lenteur. On le trouve dan? la partie sud de la Nouvelle-Hollande. ,1 ' ".<*■ .!=i( ;«f 5; % : * . . ■M '*, ' '* s MAMMIFÊRIS. -^ ORMTHODELPHES. W CHAPITRE IX n « MAMMIFÈRES ORNITHODELPHES. Les mammifères dont nous devons parler en dernier lieu sont ceux qu'on a quelquefois désignés par la dénomination de monotrèmes, et qu'il vaut mieux appeler omithodelphes, ce qui a l'avantage d'être en harmonie avec ceux des monodelphes et des didelphes, indiquant beaucoup mieux les par- ticularités caractéristiques des animaux (échidnés etornithorhynques) auxquels on l'applique. Ceu % ci, qui formeront une troisième sous-classe, ont , en effet, ainsi que le mot ornithodelphe l'indique , des rapports avec les oiseaux et les reptiles, et ils sont plus intimement liés à ceux-ci et aux autres ovipares; leur squelette est surtout fort analogue à celui.de ces animaux, et, quoiqu'ils se rappro- chent des édentés par Tabsence ou la singularité de leurs dents, ils ne sauraient être classés parmi ces animaux. On ne connaît que deux genres d'Or- ly 248 MAMMIFÈRES. — ORNITHODELPUES. nithodelphes, et tous deux sont de la Nouvelle- Hollande ; ils sont, avec les diôelphes non sarigues et quelques monodelphes seulement, les représen- tants de la classe des mammifères dans cette partie du monde : ce sont des animauic encore rares dans les collections , et qui, malgré les belles recher- ches de MM. Ë. Home, de Blainville, Meckel, ^..Owcn, etc., doivent encore donner lieu àd'ini- poi tantes observations. * Il [î ^ LES ORNITHORHYNQUES, Omîihorhi/nchvs. (PL. XII. — 1.) Leur bec singulier a déterminé le nom qu'on leur donne: il est, en effet, cornu, aplati et dis- posé de manière à rappeler presque en tous points celui du canard. Ces animaux n'ont dans Tin- térieur de la bouche que quelques rudiments de dents entièrement cornées ; leur corps est court , terminé par une queue médiocre, aplatie, et leurs membres, très-peu développés, ont leurs extré- mités aplaties, et leurs doigts réunis par des membranes comme ceux des oiseaux d'eau. Les ornithorhynques sent, en effet, aquatiques; ils fréquentent les fleuves fX les lacs de la Nouvelle- Hollande et de la terre de Diemen, et ils s'v nour- rissent de larves aquatiques, qu'ils saisissent, comme t'ont les cygnes et les canards, avec leur bec déprimé. Lesornitborhy uques n'oDtgiière plus # # * :i- r • ^„t(>,'///it>,'f . /" ,v-,' /^r'i'//.' J I '„fi-/,,,- „i- 'i>i/t/nr . ,i /it; , •.///, f- '^' '1^ • Ai OKNITHODELPUES. — EGH flRsS. 249 de 49 centimètres de longueur totale : leur corps est couvert d'un poil assez dur et de conîeur roux bninAtre uniforme. '■sS^- LES KGUiBNÉs^ Echxdna. Les échidnés sont, au contraire, organisés pour fouir, et leurs membres robustes sont armés d'on- gles puissant , à Taide desquels ils creusent les terriers dans lesquels ils se retirent ; leurs poils sont plus ou moins remplacés par des piquants de la même nature que ceux des écrevisses; leurs yeux sont fort petits, et leurs mâchoires, qui sont dépourvues de dents, sont très-rapprochées Tunf de Tautre ; le museau est par conséquent étroit , et la bouche, ouverte à son extrémité, laisse sortir une langue allongée , filiforme comme celle des fourmiliers, et enduite de même d'une humeur visqueuse. Les échidnés se nourrissent aussi de fourmis et d'antres petits insectes qu'ils saisissent avec leur langue. Leur taille varie depuis celle d'un fort hérisson jusqu'à celle du lapin ; leur patrie es-t la même que celle des ornithorhynques. Ils sont 4'un naturel stupide, et leurs mouvements sont fort embarrassés lorsqu'on les place à la surface du sol ; le froid les engourdit promptement. # M' ■I^K^ak^^^M, * ¥ 950 t AMMIFÈKE8 FOSSILES. CHAPITRE X MAMMIFÈRES FOSSILES . La terre ; aujourd'hui peuplée d'ammaux si variés et de végétaux si nombreux et si brillants, n'a pas toujours eu les mêmes habitants. Toutes les classes de l'empire organique ont perdu plu- sieurs de leurs espèces lors des révolutions qui ont tourmenté notre planète ; et, pour nous bor- ner aux seuls mammifères, nous signalerons non- seulement qu'il a existé des espèces qui n*out plus aujourd'hui de représentants, mais que certaines d'entre elles sont de genres inconnus dans la nature vivante. Cette assertion , facile à prouver, n'a pas toujours été connue des savants, et longtemps on a été incertain sur la véritable nature des fossiles , c'est-à-dire des débris que les espèces qui habi- taient anciennement le globe ont laissés dans son sem. Ces débris, qui consistent en de véritables o»:, ont été recueillis en plus ou moins grand nombre à toutes les époques. Souvent on les a pris pour de véritables pierres affectant, par un jeu de la na- ture, les formes osseuses qu'on leur reconnaissait. MAMMIFÈRES FOSSILES. S51 D'autres fois, on a admis que c'étaient véritable- ment des os, et l'opinion a été souvent que ces os provenaient de géants humains, dont on a même prétendu reconnaître les noms. Selon la nature des terrains dans lesquels ils se rencontrent, et suivant aussi les circonstances qui les y ont laissés, les os fossiles sont plus ou moins bien conservés. Souvent ce sont de simples frag- ments, des dents éparses, des débris de cornes, etc.; d'autres fois, au contraire, des têtes à peu près entières, et souvent même des squelettes assez complets pour qu'on ait pu les observer dans tous leurs détails et même les préparer. On possède à Lisbonne un squelette monté, et presque entier, du mégathérium, grande espèce d'oryctérope gigan- tesque des alluvions de l'Amérique du Sud. Des mastodontes de l'Amérique septentrionale ont éga- lement été préparés, et le muséum de Paris possède une suite immense, en partie décrite par Guvier, d'ossements de mammifères plus ou moins bien conservés, et qui proviennent de presque tous les points du globe ; car on a recueilli des mammifères fossiles dans les brèches ou terrains plus ou moins anciens, en Europe, en Asie, en Afrique, en Amé- rique et à Nouvelle-Hollande. Pallas, qui a contri- bué par quelques mémoires importants aux progrès de la paléontologie, admettait, il est vrai, que les rhinocéros, les éléphants, etc., dont on découvre les restes fossilifiés en Europe , sont de la même 252 MAMMIFÈRES FOSSILES. espèce que ceux de ces animaux qui vivent pré- sentement en Asip. et en Afrique ; mais on a plus tard reconnu qu'ils en diffèrent réellement sous ce rapport, et qu'on ne saurait admettre qu'ils sont les premiers parents de ceux-ci. Camper a le pre- mier aperçu ce fait pour les mastodontes et quel- ques autres, et les nombreuses observations qu'on a faites depuis, celles de Guvier surtout, ne per- mettent aucun doute à cet égard. G. Guvier, qui s'est occupé des fossiles mammifères plus qu*au- cun autre naturaliste, a fait connaître dans son célèbre ouvrage le résultat de ses recherches à ce sujet; il y a décrit un grand nombre de genres et d'espèces aujourd'hui détruits. La comparaison est le plus sûr moyen pour ar- river à reconnaître l'ordre et le genre auxquels appartiennent les débris fossiles; aussi ce travail demande-t-il d'assez loagues études anatomiques et une collection iîomhreuse de squelettes d'espèces vivantes qui puissent servir de point de compa- raison. Les données auxquelles on arrive par ce moyen sont assez positives pour que l'inspection d'une dent fasse reconnaître souvent quelles étaient la nature et la taille de l'animal auquel elle a ap- partenu ; mais une seule partie, quelle qu'elle soit, n'est pas toujours suffisante, ainsi que le croient beaucoup de personnes. Toutes les familles importantes des mammifères, si fi§ n'est celle des ornithorhynques et deséchid- MAMMIt-KRES FOSSILES. 2.V( nés , out laissé; dans des couches plus ou moins anciennes, des débris fossiles; car If's deux gi )upes (singes et chameaux) qui n'avaient point encore été signalés parmi les fossiles viennent de l'être récenmient. On a trouvé dans le sous-Himalaya un crâne fossile tout à fait semblable à celui du dro- madaire ; et dans le midi de la France, un' localité riche en débris anté-diluviens, AucIj velie- ment fourni la mâchoire fossile (avec u é- riums, diuothériums, mastodontes) jge tort rapproché des gibbons, et, ajoute -t-on, des indices de la présence dans le même terrain de fossiles de sajou, ce qui serait une chose fort singulière en géographie zoologique, puisqu'on se rappelle que les gibbons sont d'Asie, les sajous de rAmérique méridionale, deux localités éminem- ment différentes par leurs productions zoologiques. On vient aussi de recueillir un singe fossile dans l'Himalaya : celui-ci est voisin des cynocéphales. Nous devons indiquer quelques genres de fossiles parmi ceux qui n'ont plus d'analogues vivants. Les plus curieux sont ceux : 1» des mastodontes, qui étaient fort voisins des éléphants, et dont des débris ont été recueillis en Europe , en Asie et dans les deux Amériques ; leurs dents, au lieu d'être lamel- leuses, comme celles des éléphants, étaient mame- lonnées à leur surface , et plusieurs d'entre eux avaient des défenses à la mâchoire inférieure aussi bien qu'à la supérieure; 2** les mégnthprivms, que IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l IL25 mu ■Aâl2.8 |2.5 Ui ^ §22 ■lut. m Il 1.6 6" Photographie Sdenœs Corporation 23 WEST MAIN STREIT WEBSTER, N.Y. 14S80 (716) 872-4503 tii MAMMIFtRIS FOM1I.E0. Ton a trouvés à peu de distance de la surface du sol, dans diverses localités de rAmérique du Sud ; c'étaient des animaux voisins des fourmiliers et des oryctéropes; mais leur taille approchait de celle des éléphants; les carapaces qui gisent dans les mêmes terrains que les mégathériums étaient sans doute celles des tatous, presque aussi grands que ces animaux; 3" les dinoihériums ; ceux-ci étaient pro- bablement aquatiques, et formaient un genre inter- médiaire aux éléphants et aux lamantins; ils étaient donc de Tordre desgravigrades : on a trouvé leurs débris en France et en Allemagne. Une tète de di- nothérium, recueillie non loin de Darmstadt, a près de deux mètres de longueur; on Ta montrée pendant quelque temps à Paris ea 1837. Ce dino- thérium est un des meilleurs exemples qu'on puisse citer pour faire voir qu'avec un seul os on ne sau* rait reconstruire un animal dans tous ses détails, puisqu'on possède de lui une tète presque entière, et que néanmoins on ne saurait dire s'il avait quatre membres, comme les éléphants, ou deux seule- ment, comme les lamantins. Un trait bien remar- quable de cet animal existe dans ses incisives inférieures, qui sont au nombre de deux, fort longues et dirigées vers le sol de manière à repré- senter 1^ défenses de Téléphant, FIN ■">*îl TABLE > * . DES GHAPITHE8 CONTENUS DAffS CE TOLUMI. %' •«• iNTRODrCTION i Chapitbe prbmier. — Ordre des quadrumanes. 9 § 1*'. — Singes de Tancien contient. ... 16 § II. — Singes de l'Amérique S6 § ni. — Makis ou lémuriens 68 S IV.-^Galéopilhèques 79 § V. — Bradypes ou singes anormaux. . . 81 CiAPiTRE II. — Ordre des Carnassiers. ... 84 § I*'. — Chéiroptères ou chauves-souris. . 89 S IL — Insectivores 96 § III. — Carnassiers plantigrades 105 § lY. — Carnassiers digitigrades 113 § V. — Carnassiers pinnigrades 141 Chapitre III. ~ Mammifères cdentés. . . . 146 S I".— Édenlés terrestres 148 , § IL — CéUcés IW 256 TABLE DES CHAPITRES Chapitre IV. — Ordre des Rongeurs. g l***. — Rongeurs sciuriens. . § II. — Rongeurs muriens. . . % III. — Rongeurs léporiens. . $ IV. — Rongeurs caviens. . . Chapitre V. — Ordre des Gravigrades. . . . 194 Chapitre VI. — Ordre des Pachydermes. . . 206 Chapitre VII. — Ordres des Ruminants. . . 223 Chapitre VIII. — Mammifères didelphes. . . 240 § I«^— Didelpheséleulhérodaclyles. . . . 242 § II. — Didelphes syndactyles. ..... 244 Chapitre IX. — - Mammifères Q|nilhodelph98. . 247 Chapitre X. — Mammifères fossiles 250 462 464 471 191 492 /:■ Filf DE LA TABLE DBS CM/' 'JIS. .ÎJV ¥ r TABLE ALPHABÉTiaUE DES MAMMIFÈRES DECHITS DANS CE VOLUME. Acti 0020011*68. Introd.t 4. Agouti, 198. AI, 88. Aigrette (macaque) , 45. Alouate, 57. Alpaca, 196. Ane^ 217. Antilope,235. — Quadricoroe, 236. Aperea, 193. Ambre gris, 161. Atèle , 60 ; — marginé, 62; — nippoxanihe, 62; — aux mains noires, 62; — Métis, 63. Aye-aye, 77. Babyroussa. 190. Babouin, 52. Baleine, 158. Balsinoptère, 160. Barbastelle (oreillard), 98. Belette, 116. Bison, 205. Blaireau 110; — d'Europe, 111 ; — du Labrador, 112. Bœuf, 288; ~ (cuir du), 289. Bânoet chinois (macaque), 44. Bouquetin, 236. Bradype,81. Buffle, 205. Cabiai. 193. Cachalot, 160. Gallitriche, 85, 64. Callomys, 181. Campagnol , 177 ; — des champs, 179; — fauve, 180; —rat d'eau, 178. Capromys, 187. Capucin (singe), 67. Caracal, 128. Carnassibrs, 84. Castor, 188. Casteoreum, 188. Caviens( rongeurs), 192. Cebus, 56. ^ Cerf, 280 ; — ordinaire, 231; — du Canada, 238; — de Virginie, 233. C&TACÉS, 151. Chacal, 125, 136. Chaima, 53. Chameau, 226. Chamek (atèie)62. Chat, 123; — domestique, 130; — sauvage, 130. Chauve-souris, 89. Chéiromys, 77. Chéiroptères, 89. Cheval,209;— sauvage (chasse du), 213; — ( dentition du), 215; — marin, V. morse. .4 •% i58 TABLE ALI'liAKÉTIUl'E. Caièvre,S86;— d'Angora, 237; Elan, 238. — du Tibet, S37. Blépbani, ff«, -* d'Afrique, Chevreuil, t3«. M8; — d'ASift, 197; — Chevrotin , 219; — porte- ( chasse aux ), 200. musc, 229. Eleuthérodactyles, 242. Chien , 13ii ; — loup, 184 ; — Entellei 40. domeitique, 137; -> ito- EntomoBoairesi Introd., 4. vage, 1 88 ; — (variétés du), Euplère, 98. 140. Femme de mer, V. Lamantin, Chinchilla. 181, 182. Fer-à-cheval (grand) , 94; — Chimpanzé, 17. (petit) 95. Chrysochlore, 102. Feutre, 194. Civette, 121; —d'Afrique, Fossiles (mammifères), 250. 122. Fouine, 116. Cladobate , 98. Fourmilier, 148 ; — didactyle. Classification, Introd.. 4. 151. Coïata ( atèle) 62. Furet, 116. Coati, 106. Galago,74. Cochon, 219 ; — domestique, Galéopitnéque, 79. 220 ; — marron. 221 ; — de Gazelle, 203. Siam, 194 ; '- a'inde, 149; Genette de France, If 8; —de terre, 149. Coendou, 190» Colohe guereza, 42. Condilure, 108. Couagga, 210. Coula, 189. Crahiere (sarigue), 210. Cténodactyle, 178. du Cap, 123; — de llada- gasi^ur, 123. Gerville, 176. Gerboise. 175; — du Cap, 157. Gibbon, i7; — Siamang, 28 ; — petit, 21. Girafe, 233. Glouton, 112. Cynocéphales, 50; — momi- Oiuvighadea, 194. fiés, 52; — porc, 5S. Daim, 282. Daman, 209. Daftyure, 244. Dauphin, 155. Daw, 237. Desman, 102. Orivet (guenon), 85. Gaenon, 82. Guereza (colobe), 42. Hamster, 176. Hémione, 218. Hérisson, 197; ^ d'Europe, 198. Didelphes, tntrod., 6 ; -~ 240. Hermine, 116 Digitigrades(camassiers),113. Hippopotame, 218. Dinothérium, 254. Doue (semnopithèque) 89. DriU, 55. Dromadaire, 228; — fossile, 258. Dugong, 205. EchidnéS) 249. Hurleur (sin ge) , 57 {«^alouate, 59; — ursin, 60. Hyène, 130; —brune. 18f. — rayée, 182; — tachetée» 132. Hydromys, 171. Icnneumon, 119. Kconttll» 164; — d'Europe, Indri, 75; — sans queue, 75. 165 ; --> tolant ,166. lMSECTivoREs(camasslers}, 96i Ëd6ntM, 146. Jaguar, 127. TABLli ALPHABÉTIQVK* iM» Jooko, il. Kangarooi 945. Kiokajou, 106. Lagotit, 186. Lagoiricbe, 61. Lainantin, 204. Lapin, 191. LÉMumiNs, 68. Léopard, 127. LiroiiiNt (rongeurs), 191. Lérot, 169. Licorne (animal fabuleux), 236. Lièvre, 191. Lion, 125. Lama, 228. Loir, 168; — ordinaire, 168. Lori, 76. Loup, 184; — noir, 184. Loutre, 1^.8. Lynx, 128. Macaque, 48; — nègre, 4»; -- à face rouge, 49* Maçot, 47. Maimon (macaque), 46. Maki, 68; — rouge, 72; — vari, 72; — nain, 78; volant, 79. Malacozoaires, Introd., 4. Malbrouk (guenon) , 84. MAMMIFERES, Introd., 2, 5; —1. Mamhifèrbs fomilbs, 250. Mandrill, 54. Mangouste,' 119* Marmose (sarigue), 110. Marmotte, 167. Marsupiaux, 208. Mastodonte, 251, 268. Marte. 114; -' commune, 110; — du Canada, 116 ; — xibu- line. 117. Mégathérium, 254. Mérions, 176. Mococo, 71, Mone, 86. MonODBLPHBS, 240. Morse, 144. Mouffette, 114. Mouflon, 217. Mouton, 237. Mulet, 186. Mulot, 173. MuRiRNs (rongtnrt). 171. Murin (vespertilion) ,91. Musaraigne, 99; «- para- doxale, 19; — géante, lOO; — musette, 101 ; — toecané, 99. Musc, 97. Mtuc, 98. Muscardin, 170. Musette (musaraigne), 101. Narwabl, 157. Nasique, 40. Nisnas (guenon). 87. Noctule ( vesperuilon), 98. CEgagre, 286. Onogga, 187. Orang-outang, 12. Oreillard, 98. ORIflTHODILPHIS, 147; — /fl- trod.y 6. Omithorhyngues, 148. . Oryctérope, 149. Oryctomys, 188. Ostéozoaires. Introd. , 4. Ouenderou (macaque), 45. Ouistiti, 67. Ours, 106; — orné, 107; — aux longues lèvres, 107 ; — d'Europe, 108}-- blanc, 109; — noir, 110. Ovipares, Introd., 6. Pachtderbes, 206. Panthère, 127. Papion, 58. Patas, 37. Pécari, 211. Phacochère, 111. Phalanger, 144. Phascolome» 146. Phoque, 141 ; — moine, 143 ; — à trompe. 144. Phyllostome, 96. PiNiriGtuDis ( carnassiers ) , ^pi^tiill|è%vespi^lion ), 98. \^ \^:\ MO TABLE ALPHABÉTIOUE* Hamtigmadis (carnassiers), 16; — da noaveaa conti- Mb. Dent. BU; — anormaux, SI; PoUtouche, 166. fossiles. iSi. Fongo, 18, 25. Singe varié, 87;— vert, 86;— Pore-épic, 190. araignée, 61; — k museau Protile, 18i. de renard, 69. Putois, 115. Souris, 175. QuADauiiAiiis, 1, 9. Stentoi', 57. Rat. 172; — à bourse, 187 ; — Surmulot, 173 deau, 178; — de Barbarie, *STNOACTYLis(didelphes),24^. 178; — de Madagascar, 58 ; Taira, 106. —noir, 174; — uèvri, 173; Tamandna, 150. surmulot 186; -taupe, Tamanoir, 150. 157. Ratel, 118. Raton, 106. Ren^, 136. Rennet282. Rbesus (macaque) , 46. RUnocéros, 208. Tanrec, 98. Tapir, 207. Tarsier, 76. Tartarin,54. Tatous, 148. Taupe, 102; — étoilée, 108; — commune, 108. Hlkinolophe, 9^ ; — grand îer* Tesson, V. blaireau d'Europe, à-cbe^,94; — petit fer- l'ii. vil, 9iS. à-che RONGBUas, 162. Rorqual, 160. Roussette, 09. Rduinauts, 228 ; — (organi sationdes), 223. Sajou, 63 ; — fossile, 220. Saï ■ Saimiri, 64. Saki, «6. Sapajou, 68. Sanglier>222 Sarigue, 241; Tigre royal, 126. Troglodyte, 18. Unau, 88. Vache marine, Y. morse et lamantin. Vampire, 95. Van, 72. Vertébrés, Intivd., 4. Ve8pertiiion,91;— murin, 92: — uoctule, 93;— pipistrelle, 93; — sôtotine,98; — oreil- à oreilles bi- lard, 93. colores, 448; — uunaose. Vigogne, 228. 244. .k Sataoat(nki),C7. • SGHriUEM /tongeurs), 164 Semnopithëques, 38. Sérotine (vespertilion), 93. ' Siamang (^bbon), 28. Spermaeett. 161. Smges de 1 anden continent. Viscache, 181,184. Wôinbat (phascolome) 24«. Zèbre, 187. Zemmi, 57. Zibeline (marte), 117. Zibeth, 122. Zorille, 118. 1 Fin DK U TABLt ALPHAiÉTlOfTE DBS MAHMIPtaSS. è. Itftf. TODM. •* MM. HAMI. ^.i^îAfçr '^Jà k4g