^, V \> ^P IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) fe A-/ -♦"** ?-> IpcT^ ^' ^'^.^ ^ 4^ 1.0 l.l Ui|21 125 ss uâ 110 î& ^^3 llfll^Bli Fkjtograiiiic Sdences Corporatian ^ ^ \ <^ ^. ;\ 23 WfST MAIN STMIT wnSTIR.N.Y. MSM (716) •72-4503 CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHM/ICMH Collection de microfiches. Canadian Inatitute for Hiatorical Microraproductions / Inatitut canadian da microraproductiona hiatoriquaa Technical and Bibliographie Notas/Notas tachniquas at bibliographiquas Tha Instituta has attamptad to obtain tha bast original copy availabla for filming. 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"'^i^- ♦•* v îtc,n. liViAi/ia^é*/^ HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIERE, CONTENANT LES ÉPOQUES DE LA NATURE. Par M. le Comte de Buffon , Intendant du Jardin & du Cabinet du Roi, de J' Académie Françoife, de celle des Sciences , &c. Supplément. Tome Neuvième. D E- L'I M P R I M E R I i^ B *»rf^.i,,^<«»^< M. DCCLXXVIIL . ■''^ ■■■*■- / V -*| ,»'■ '■tJ ■,* ïtt T A B L E De ce qui efl contenu dans ce Volume. JLJ ES Époques de la Nûturt . • • Page i !.'• ÉPOQUE. Lorfque la Terre ^ les Planètes ont pris leur forme, , , , 58 11."^ 4^0QUE. Lorfque la matière s* étant corfolidée a formé la roche intérieure du globe , ainjî que les grandes majpt vitrefcibles qui font àfafurface, , i o l III."" Époque. Lorfque les eaux ont couvert nos Continens 1 32 IV."* Époque. Lorfque les eaux fe font retirées, i^ que les Volcans ont com^. mencéd*agir, •....•.•..., ï 87 y."* Époç^UE. Lorfque les ÉUphans j^ îesaùies animaux duAIidi ont habité les terres du Nçrd, 0 236 VI."* ÉPOQUE. Lorfque s*efl faîte lafépa- ration des Continens, .,,.,., 273 VII."*: & cleraîèw Époque. Lorfque^ U li' |s s fr TABLE. ' puijfance de l'Hotmne a fécondé celU de la Nature 322 ADDIT10NS& Corrections aux articles qui contiennent les preuves dt la l/Thioriide la Terre, ù'c* Additions à rcriide de la formation des Planètes» • • 365 7 I. Sur la diftance de la Terre att Soleil, Idem. r II, Sur la matière du Soleil if des Pla- nètes, . • , • 3 67 III. Sur le rapport de la denfité des Planètes avec Uur vitejfe ., ,,, 368 IV. Sur le rapport donné par Newton , entre la denfité des Planètes ip* le degré ^. 1, de chaleur qu* elles ont à fupporter. Additions & Corrections à r article de la Géographie 3 74. ;, I. Sur l'étendue des Continetfs terrejtres* *^ ■^ Idem. II. Sur la fprme des Continens ,^ , 380 m. Sur les ferreftres Auftrales, , , , 382 IV. Sur t invention de la Boujfole, • 38^ V. Sur la découver te de l'Amérique,. 387 TABLE. Y Additions à l'article de la produ^ion dis couches eu lits de terre.. ... 393 l. Sur les couches ou lits de terre t en différens endroits idem* IL Sur la Roche intérieure du Ghhe, 404' m. Sur la Vitrification des matières cal» caires, ••••..••••.•.. • 4.07 Additions & Corrections à Particle des Coquillages & autres produâions marines qu'on trouve dans rintérieur de la Terre. . .-;.... 410 • I. Des . coquilles foffiUs i^ pétrifiées» Idem; II. Sur les lieux oà Von a trouvé des Coquilles • , 4.1 «ç III. Sur les grandes volutes appelées cornes d'ammon , if fitr quelques grands ojfemens d* animaux terreflres,, 42 S Additions k ^article des Inégalités de lafurface de la Terre*. . • . 433 I. Surlahauteur des montagnes. . Idem. II. Sur la direéiiott des Montagnes.. 440 III. Surlafirmationdee Mêntagnes.. 441 \ Yi TABLE. IV. Sur la dureté que certaines matières , acquièrent par le feu aujfi-bien que par l'eau 4.50 V. Sur l' inclinai/un des couches de la Terre dans les Montagnes , ...... 4.56 VI. Sur lés pics des Montagnes, , , 4.57 Addition à rarticle des Fleuves. . 4^3 I. . Obfervations à ajouter h celles que fat données fur la Théorie des Eaux courantes •••••.. Idem* II. Sur la falure de la Mer, , . . 4.67 III. Sur les Cataraéies perpendiculaires» ADDITIONS & Corrections à l'article des Mers & des Lacs ... 47 1 - \. Sur les limites de la mer du Sud, Idem. IL Sur ht double courant des Eaux, dans quelques endroits de l'Océan, , 473 ^ lïl. Shrles parties feptentrionales de la mer vi^V\^ • Atkntique 482 V IV. Sur .h mer Cafpienne , , 4p^ .; y. jSur les laafalés de VAfie,, , 502 y^ ^^fi:kiûu\^4âr^, . . HISTOIRE '■^.i. ./-'■'' - "■: ■' ■; "■* ■ . ■ , ' ". ■' • v'- ""'■'.' ' -' - ?v^/t.>/\^/\*/\i>/\^/\A/%A^V . J ^,^/â Hifloke Naturelle, f*^*^ entrai Iles de la terre les vieux momimens,. , recueillir leurs débris, & raflembler en l^^im corps de preuves tous les indices i des chaiigemens phyfiques qui peuvent % nous faire remonter aux difïerens âges X de la Nature. C'eft le feul moyen de ii^yjfixer quelques points dans i'immenfité de refpace , 6t de placer un certain nombre de pierres numéraires fur la route éternelle du temps. Le pafle eft >r comme la diftance; notre vue y décroît, i{ & 4*y perdroit de même , fi i'Hiftoire & la Chronologie n'euflent placé des 1' fanaux, des flambeaux aux points les plus obfcurs ; mais malgré ces lumières ^ de ia tradition écrite, fi l'on remonte à ^; ' quelques fiècïes, que d'incertitudes dans les faits î que d'erreurs fur les caufes des évènemens ! & quelle obfcurité profonde n'environne pas les temps antérieurs à cette tradition î D'ailleurs elle ne nous a tranfmis que les geftes de quelques Nations, c'eft-à-dire, les aéles d'une ^ très-]petite partie du genre humain; tout le refte dès hommes eil demeuré nul * pour nous, nul pour la poUérité; ils ne font forti; de leur néant que pour \ H. 'Époques de la Nature, ^ paflTer comme des ombres qui ne laiflènt point de traces ; & plût au Ciel que le nom de tous ces prétendus Héros , dont on a célébré les crimes ou la gloire fan- guinaire, fut également enfé vell dans la nuit de l'oubli ! Aiufi rHiftoire> civile, bornée d*un c6té par les ténèbres d'un temps aflez voifin du nôtre, ne s'étend de l'autre , qu'aux petites portions de terre qu'ont occupées (ucceflivement les peuples foigneux de leur inémoire. Au lieu que l'Hilloire Naturelle embrafle également tous les efpaces , tous les temps , & n'a d'autres limites que celles de l'Univers. La Nature étant contemporaine de la matière, de l'efpace & du temps, ion hidoire eft celle de toutes les fubftances , de tous les lieux , de tous les âgés : & quoiqu'il parcnfle à la première vue que Tes grands ouvrages ne s'altèrent ni ne changent, & que dans fes produâions, même les plus fragiles & les' plus pafîi- gères, elle fe montre toujours & conf- tamment la même . puifqu'à chaque inftant fes premiers modèles reparoiflent à nos yeux fous de nouvelles repré- A 9 'At il 1 ' Hiftoire Naturelle. - fentatièns ; cepeïidant , en l'obfeFvant de près , on s'apercevra qiie fon cours n'eft pas abCduihent uniforme ; on reconnoîtra qu'elle admet des variations fenfibles ^ qu'elle reçoit des altérations fucceffives , qu'elle fe prête même à des combinai(bns liouvelles, à des mutations de matière & de forme;; qu'enfin, autant elfe paroît fixé dans fdn tout, autant die efl va«- jriable dans chacune de Tes parties ; éc Çi lious i'embraflbns dans toute (on éten^ due » nous ne pourrons douter, qu'elle 1 ïie ibit aujourd'hui très-difierente de ce qu'elle étoit au commencement &l dé ce qu'elle eft devenue dans la fucceffion des temps : ce ibnt ces changemens di- vers que nous appelons fes époques. La Kature s'eil trouvée deu|s dînerens états; )a furfàce de la Terre a pris fûçceffive*- înent des formes diiFérentes; les cieux même ont varié , & toutes les chofès de i'Univers phyfique font comme celles du monde moi^al , dans un mouvement (Continuel de variations fuccelCves. Par exemple, l'état dans lequel nous vo^yons nupurd'hui la Nature, efl autant notre Mvrage <]u^ le fien; nous âvons i\k h Éfpoques ds la Nature. ^ lempéïf* la rhodifier, h plier à nô§ befoiii à nc^ de&rs ; nous avons fondée cultivé, fécoadé la Terre : l'afj>€ft foitf lequel elle r« préfente eil donc bien différent de celui de» temps antérieures à i'invenûon des» aris. h'igt d'or de U morale, ou plutôt de la ^ble V n'étoît que VigQ de fer de la phyfique & de ia Vérité. L'homme de ce temps encore à demi-fauvage , dilperfé, peunombreux^ ne fentoit pas fa puiuance , ne comioif* foit pas fa vraie richefle j le iréfor de fes lumières étok enfoui ; il ignoroît la force des volontés unies, & ne fe dou- toit pas que, par la fociécé & par des travaux fui vis & concertés, il viendroin a bout d'imprimer fes idées fur là faça entière (fe l'Univers.- Auffi faut-il aller chercher fk voir la Nature dans ces régions nouyellemenc découvertes, dans ces contrées de tout temps inhabitées , pour fe former une* idée de fon état ancien; & cet ancien état eft encore bien moderne en com*- paràifon de celui où nos continetis terreftres étoiérit couverts par les eaux , où ies poiiTom habitoient fur nos plaines^ Aiîj €[ Hiftoin NatareBe. où nos montagnes formoiem les écudfs des mers : Combien de changeinens & ^e 'Mifférens états ont dû fe fuccéder depuis ces temps antiques (qui cepen-' dant n'e'toient pas les premiers) jurqu'aux âges de THiftoire ! Que de diofes en- féveiies ! combien d*évènemens entiè- rement oublîi^s ! que de révolutions antérieures à ia mémoire ûqs hommes ! Il # fallu une très-^iongue fuite d'obfer- Yations ; il a fallu uente fiècles de cuKure à Te/prit humain, feulement pour reconnoître Tétat préfent des chofes* \ La Terre n'efl pas encore entièrement découverte ; ce n'eft que depuis peu qu'on a déterminé fa ligure j ce n'eft que de nos jours qu'on s'eil élevé à la théorie de fa forme intérieure , & qu'on a démontré Tordre & la difpofition des ^ matières dont elle eft compol'ée : ce n'eft donc que de cet inftant où l'on peut commencer à comparer la Nature avec elle-même , & remonter de fon état aduel ÔL connu à quelques époques d'un état plus ancien. Mais comme il s'agît ici de percer la nuit des temps; de recomioître par i'infr Époques de fa Nature. y peAion des chofes a ^ ^ 'liE3 matières qui compofent le globe de la Terre , font en général de la nature du verrc^ & peuvent être toutes réduites en verre. '■>^' ' ■ ■ ' ■ . ' n Cinquième fa i t. , i).. On trouve fur" toute la furface de la . \ Époques Jfe la MgAUre. > jf Terre,' & rnêmc iîir les montagnes , jus- qu'à quia|je cents & deux mille ^oifes de hauteur , une immenfê quantité de> cô-- quilles & d'autrei ààhïxi des produdions de la mer. Examinons d'abord fi dans ces faits que je veux employer , il n*y a rien qu'on puifîe raiibnnabiejnent contefter. Voyons il tous font prouvés , ou du moins peu- vent Tétre; après quoi nous paflèrons' aux induâibns qge l'on doit en tirer. Le premier fait du renflement de fa^ Terre à l'Equateur & de fon applatiile- ment aux Pôles, efl mathématiquement démoniré & physiquement prouvé par la théorie de la gravitation & par les^ expériences du pendule. Le globe ter<^ relire a précifément la figure que pren-^ droit un globe fluide qui tourneroit fur' lui-même avec la vîteiîe que nous con-- noifîbns au globe de la Terre. Ainfi 1^^ première conféquence qui fort de ce fait inconiedable, c'ed que la matière dont notre Terre eft comppfée étoit dans un état de fluidité au moment qu'elle a- pris fa forme, & ce moment efl celui^ A r ,; ^ u 10 Hiflotre Natarelle. où elle a commencé à tourner fur elle- même. Car fi laTerre n'eût pas été fluide^ & qu'elle eût eu la même confiftance que nous lui voyons aujourd'hui , il e(l évident que cette matière conliflante &, fblidé n'auroit pas obéi à la loi de la force centrifugé , & que par cbnféquent malgré la rapidité de Ton mouvement de rotation , laTerre , au lieu d*être un Q)hé^ roïde renflé fur Téquateur & aplati fous les pôles , feroît au contraire une fphère exaéle , & qu'elle n'auroit jamais pu prendre d'autre figure que celle d'un i globe parfait , en vertu de l'attraélion mutuelle de toutes les parties de la ma- tière dont elle éft compofée. Or, quoiqu'en général toute fluidité 9ât la chaleur pour caufe , puifque l'eau même fans la chsJeur ne formeroit qu'une fubftance folide, nous avons deux ma- nières différentes de concevoir la poffi- biltté de cet état primitif de fluidité dans le globe terreftre, parce qu'il femble d'abord que la Nature ait deux moyens pour l'opérer. Le premier efl la diflp- îution ou même le déla^ment des ma- tières terrellres dans leau \ & le fécond , '%%■ Époques de la Nature, "i il leur liquéfaélion par le feu. Mais Ton fait que le plus grand nombre des ma- tières folides qui compofent le globe terreftre jpe font pas diflbiubles dans Teau; & en même temps l'on voit que la quantité d'eau efl fl petite en compa- raifon de celfe de la matière aride , qu'il n'efl pas poiïibie que l'une ait jamais é\é délayée dans l'autre. AinG cet étac de fluidité dans lequel s'efl trouvée la maffe entière de la Terre , n'ayant pu s'opérer , ni par la diflbiution , ni par le déiaiement dans l'eau > il efl néceflaire que cette fluidité ait été une iiquéfadion eau fée par le feu. Cette jufte conféquence déjà très- vraifemblable par elle-même, prend un nouveau degré de probabilité par le fé- cond fait , & devient une certitude par le troifième fait. La chaleur intérieure du globe, encore aduellement fubfi fê- tante , & beaucoup plus grande qiJie celle qui nous vient du Soleil , nous dé- montre que cet ancien feu qu'a éprouvé le globe, n'efl pas encon près entièrement difîjpéj .7 12' Hifloire Naturelle. k Terre eft plus refroidie que (on inté- rîAlr'. Des expériences certaines & réi- térées nous aiïurent que ia maflfe entière du globe a une chaleur propre & tout- à-fait indépendante de celle du Soleif. Cette chaleur nous eft démontrée par la comparaifon de nos hivers à nos étés fa); & onr|a reconnoît dune maniè/e encore plus f^aipable , dès qu'on pénètre audedans de la terre; elle efl confiante en tous lieux pour chaque profondeur, & elle paroît augmenter à mefure que ron defcend [ij. Mais que font nos travaux en comparaifon de ceux qu'il faudroit faire pour reconnoître les degrés fuccefijfs de cette chaleur intérieure dans les profondeurs du globe! Nous avons fouillé les montagnes à quelques cen- tajuies de toifes pour en tirer les métaux; nous avons fait dans les plaines des puits (Se quelques centaines de pieds ; ce fbnt-là (a) Voyez dan* cet Ouvrage, rartîcle qui à fCKiT titte : Des É/ltmtns, & particulièrement ifi$ deux M^tfifiirts/tir ia température Hes planètes» ■' l'i Voyez ci^près les Notes juft)iîcAtive$ clw faits, ; Êpoquis Ae la Nature. xy nos plus grandes excavations , ou plutôt nos fouilles les plus profondes ; elles effleurent à peine la première ëcorce du globe , 6c néanmoins fa chaleur intërieui'o y e(l déjà plus fenfible qu'à la furface : on doit donc préfumer que fi Ton pé- nétroit plus avant , cette chaleur ieroit plus grande ; & que les parties voifmeS' du centre de la Terre (ont plus chaudes- que celles qui en font éloignées; comme l'on voit dans un boulet rougi au feu l'incandefcence fe conserver dans lesv parties voifines du centre iông-temps après que la furface a perdu cet état d'incanéefcence & de rougeur. Ge feu > ou plutôt cette chaleur intérieure de la Terre , eft encore indiquée par les effets de Téledricité , qui convertit en éclairs lumineux cette chaleur obfcure ; elle nous efl démontrée par la température de l'eau de la mer , laquelle aux mêmes profondeurs , eft à peu-près égale a celles de l'intérieur de la terre [2]» D'ailleurs il eft aifé de prouver que la liquidité ^ [2] Voyez ci-aprçs its Notes juftîficatiyes àtà 14 Hiflotre Naturelle* des eaux de la mer en général ne doit point être attribuée à la puiflfance des rayons (blaires , puifqu'il efl démontre par l'expérience , que la lumière du Soleil ne pénètre qu'à fix cents pieds ///* à travers l*eau la plus limpide , & que par conféquent fa chaleur n'arrive peut-^être pas au quart de cette épaifleur, c'efl- à-dire , à cent cinquante pieds [4J ; ainfi toutes les eaux qui font au-defTour de cette profondeur feroient giacc-^ts , fans la. chaleur intérieure de la 1 erre, qui feule peut entretenir leur liquidité. Et de même y il eft encore prouvé par l'expérience , que la chaleur dei rayons iblaires ne pénètre pas à quinze ou vingt pieds dans .la terre , puifque la glace fe conferve à cette profondeur pendant les étés les plus chauds. Donc  e(l démontré 7 Voyez ci-iiprès les l-iji.. IvMcaiivM iHa Diits. '•'*, M. Voyez îHdm* &. •:■. ;-',> 1 Époques ik la Nature* rj la liquidité des eaux & produit fa tem^ pérature de la terre Donc il exifte dans Ton intérieur une chaltui qui lui appar- tient en propre, & ijui eft tout-i-fait indépendante de celle que le Soleil peut }ui communiquer. Nous pouvons encore confirmer ce fait générai par un grand nombre de faits particuliers. Tout le monde a re- marqué dans le temps des frimats , que la neige fe fond dans tous les endroits où les vapeurs de l'intérieur de la terre ont une libre idue; comme fur les puits ^ les aqueducs recouverts, les voûtes , les citernes , &c ; tandis que fur tout le lefte de r^rpace, où la terre rellèrrée par U gelée iniercepte ces vapeurs , la neige hibriile , & le gèle au lieu de fondi-e. Cela feul fufKroit pour démontrer que ces émanations de Tintérieur de la terre ont un degré de chaleur très -réel & fenfible. Mais il' eft inutile de vouloir accumuler ici de nouvelles preuves d'un fait condaté par l'expérience & par \t% obfervations ; il nous fuiBt qu'on ne puiflè déformais ie révoquer en doute» & qu'on reconnoiâe cette chaleur inté* . î6 Hijloire Naturelle, h rieure de la Terre comme un fait réel êc générai, duquel, comme des autres iuits généraux de la Nature, on doit déduire les effets particuliers. , - ' i^. r Il en eft de même du quatrième fait.t on ne peut pas douter , après les preuves démonftratives que nous en avons don- nées dans plufieurs articles de notre Théorie de la Terre , que [^] les ma- tières dont le globe eft compofé ne foient de la nature du verre : le fond des miné- raux , dts végétaux & des animaux n'eft qu'une matière vitrefcible ; car tous leurs réfîdus , tous leurs détrimens ultérieurs peuvent fe réduire en verre. Les ma« «ères que les Ghimiftes ont appelées réfraélaires j & celles qu'ils regardent comme infufibles , parce qu'elles ré- iiftent au feu de leurs fourneaux fans fe réduire en verre, peuvent néanmoins s'y réduire par l'aétion d'un feu plus violent. Ainfi toutes les matières qui coinpofent le globe de la Terre, du moins toutes celles qui nous font connues, [j] Voyez c»- après les Notes juftificativcs dci -' V- ' ..;;.. .;.<^>.-;;-, Épaqnes de la Nafiire. ij ont îe verre pour bafe de leur fubftance > [^6], & nous pouvons, en ieur faifant îubir la grande adlion du feu, les réduire - toutes ultérieurement à leur premier: état. La fiquéfadîon primitive de la mafîe «itière de la Terre par le feu , eft donc prouvée dans toute la rigueur qu'exige k plus ftri.^ -^■■'^- "i^ ■ : ' 'ii - ■ "> , ■ V Mais quoique les matières qiii com- pofent fe globe de la Terre aient été ' primitivement de la nature du verre , & qu'on puiffe auflî les y réduire ulté-* r rieurement , on doit cependant les di(-» tinguer & les féparer , relativement aux i [6] Voyez ci- après les Notes juftificalivcs deir X 1 8. Hifloire NatmSe. dîfrgrande partie ; toutes ont originairement été produites par le feu primitif. Le fable n*eft que du verre en poudre ; les argiles des fables pourris dans l'eau ; les ardoifes & les fchiAes , des argHes defTéchées & durcies; le roc vif, les grès , le granité , ne font que dés maiïes vitreufes ou des fables vitrelP- cibles fous une forme concrète; \t% cailloux, les criHaux, les métaux, & la plupart desautres minéraux , ne (ont que les flillations, les exudations ou les fu- blimations dé ces premières matières , qui toutes nous décèlent leur origine primitive & leur nature commune , par leur aptitude à fe réduire immédiatement en verre. Mais les fables & graviers calcaires, 20 Hifiotre Naturelle* . les craïes,Jà pieFre-de-taiUe, le moeIfotT> les marbres , les albâtres , les (paths cal« caires , opaques & traniparens , ■ toutes ies iT\atièreSy>en un mot , qui fe conver^ tifTent en chaux, ne préfentent pa» d^abord kur première nature : Quoi** qu'originairement de verre comme toutes ies autres, ces matières cakaires ont pafTé par des filières qui les ont dëna** turées ; elles ont été formées dans Teau % toutes Ibm entièrement coinpoiees de madrépores , de coquilles & de détri** mens des dépouilles de cts animaux aquatiques, qui fèuls lavent convertir le liquide en fc^de & transformer Teait de la mer en pierre (h). Les marbres éommiuis & les autres pierres cakaires £)nt compofés de coquilles entières & de morceaux de coquilles, de madrépores f - % (h) On peut fe former une Wce nette de cette converfion. Ueau de la mer tient en dilTolution des particules de terre qui , combinées avec la matière animale, concourent à fornàer ies coquilles par i<; znécanifme de ladigeflion de ces animaux. teOacées ;;, comme la foie eft le produit -du parenchyme 4^e$ Quilles y combiné avec IS matière animale dû yti à (ûie. ■ X \ Epoques Ae la Nature. li^ d'aftroïtes , &c. dont tomes les parties font encore éviHentes ou très-reconnpif^ fables : \^% graviers ne font que les dé- bris des marbres & des- pierres calcaires» <|ue l^élion de l'air & des gelées détache des rochers^ & l'on peut faire de la chaux avec ces graviers, o^me l'on en fait avec le marbre ou la pierre ; on peut en faire aulli avec les coquilles mêmes, & avec la craie & les tufs, lefquels ne font encore que des débris ou plutôt des détrimens de ces mêmes matières. Les albâtres , & làs marbres qu'on doit feur comparer lorlqu'ils contiennent de l'ai^ bâtre , peuvent être regardés comme de grandes ftaladites 9 qui fe forment aux dépens des autres marbres & des pierres communes ; les fpaths calcaires fe for- ment de même par l'exudation ou la flillation dans les matières calcaires » comme le çrillal de roche (è forme dans les matières vitrefcibles. Tout cela peut fe prouver par l'inlpeélion de ces ma- tières & par l'examen attentif des mo- luimens de la Nature. ■.^it■^ ». J a r 22 Hiftoire Naturelle. ^ Premiers m on u m £ n s. ^ On trouve à la furface & à l'intérieur de la terre des coquilles & autres pro- dudions de la mer; & toutes les matières qu'on appelle calcaires font comporées de leurs détrimeift. Seconds mon u mens.— En examinant ces coquilles & autres productions marines que J 'on tire de la terre , ^n France , en Angleterre , en Allemagne & dans le refte de l'Europe , on reconnoît qu'une grande partie des eipèces d'animaux auxquels ces dé- pouilles ont appartenu ,^ ne ie trouvent pas dans les it^ers adjacentes, & que ces efpèces , ou ne fublident plus, ou ne fe trouvent que dans les mers méridio- nales. De même, on voit dans \^% ardoifes .& dans d'autres madères^, à de grandes profondeurs, às^ impreflions de poifTons & de plantes , dont aucurie efpèce n'fp- partient à notre . climat , & lefqiJielles n'exiilent plus, ou ne fe trouvent fubfif- untes que dans les climats méridionaux* V Époques Je la Nature. 23 Troisièmes monumens. On trouve en Sibérie & dans les autres contrées feptentrionales de i'Eu- rope & de TAfie, des fquelettes , _ des défenfes , dés offemens d'éléphans , d'hippopotames & de rhinocéros, en affez grande quantité pour être afTuré que les efpèces de ces animaux , qui ne peuvent îe propager aujourd'hui que dans les terres du Midi, exiftoient & fe propageoiem autrefois dans les terres du Nord, & l'on a obfervé que ces dé- pouilles d'éléphans & d'autres animaux lerreftres fe préfentept à une affez petite profondeur; au lieu que les coquilles & les autres débris des produâions de la mer fe trouvent enfouies à de plus grandes profondeurs dans Tintérieur de la terre. Quatrièmes monumens. On trouve des défenfes & des oflè- iiiens d'éléphans , ainfi que des dents d'hippopotames , non-feulement dans les terres du nord de notre continent ; mais 24 " Hifioire 'Natmïle: auiîî dans celles du nord de T Amérique, quoique les «fpèces de réléphant & de rhippôpotarae n'exiHent POint dans ce continent du Nouveau monde.. // Cinquièmes monumens,. « On trouve dans ïe milieu des conti- nens, dans les lieux les plus éloigna des mers, un nombre infmi de coquilles, dont la plupart appartiennent aux ani- -maux de ce "genre aduellement exidans) dans les mers méridionales , & dont pfu- iieurs autres n'ont aucun dialogue vivant, en forte que les efpèces en paroiflênt perdues ^ détruites , par des cauiès juf- qu'à préfent inconnues. £n comparant c^% monumens avec les faits, on voit d'abord que le temps de la formation des matières vîirèicibl^s eft bien plus reculé que celui de la cbmpofitipa des fubftancé^ calcaires;' & il paroît qu'on peut déjà dîflinguer quatre & même cinq^ époques ùm% la |>luS grande profcmdeur At% temps : la première , où la matière du globe éhnt ca fiiTioii par le feu,^ h Terre a pris fa formCi h Époques Jg la Ndiure. %^\ ferme , & i'cft élevée fur Téquateur * «baiflî^ (bus les pôles par (on mouve- ment de rotation : la féconde , où cette matière du globe s'étant conibltdée, i formé les grandes ma(rcs de matières vitrefcibles : la troifième , où la mer couvrant la terre aâueilement habitée , a nourri les animaux à coquilles dont les dépouilles ont formé les fubAances cal- caires ; & la quatrième , où s'ed faite la retraite de ces mêmes mers qui cou- vroient nos continens. Une cinquième époque , tout aufO clairement indiquée que les quatre premières, efl celle du temps où les éléphans , les hippopotames &i les autres animaux du Midi ont habité Içs terres du Nord. Cette époque eft évidemment poilérieure à la quatrième , puifque les dépouilles de ces animaux terreftres fè trouvent prefque à la (ur>- ikce de la Terre , au lieu que celles des animaux marins (ont , pour la plupart di dans les mêmes lieux , enfouies à de grandes profondeurs. Quoi î dira-t-pn , les éléphans & \ts autres animaux du Midi ont autrefois ha- bité les terres du Nord \ Ce fait quelque Époques, Terne L ^''^ B * ;: ^ %6 'UiJIotre Naturelle. Singulier , quelqu'extraordinaire qu'il pui0e paroître n'en e(l pas moins cer* tain. On a trouvé & on trouve encore tous les jours en Sibérie, en Ruflie, & dans les autres contrées feptentrionates de r Europe & de TA fie, de l'ivoire en grande quantité ; ces défenfes d'éléphant le tirent à quelques pieds ibus terre , ou ie découvrent par les eaux lorfqu'ejies font tomber les terres du bord des fleuves. On trouve ces oflemens & défenfes d'é- léphans en tant de lieux dlJérens & en fi grai)(I nombre, qu'on ne peut plus fe borner à dire que ce font les dé^ pouillfïs 4e quelques ^léphans amenés par les hommes dans ces climats froid^ c on eu maintenant forcé par les preuvf s réitérée^ , de convenir que ct& animaux ^toient autrefob habitans naturels (ffs contrée^ du Nord, comme ils le fqpt aujourd'hui dès contrées du Midi; & ce qui paroît enço^'e rendra le fait plus merveilleux, c'eft -à-dire , plus dimjçlle à expliquer , c'efl: qu'on trouve ç:e^ dépouilles d^s animaux 4u Midi de nctre continent, non-leuleipent dan$ les prpyiac^ die notre Nord^ mais ^tà r.,,' - ■; V ' ,V .ji,.,<;:^i- '" ^ Époques de îa Nature. 27 iktis les terres du Canada & des autres parties de rAmérique feptentrionale. Nous avons au Cabinet du Roi plu- fieurs défenfes & un grand nombre d'ofleniens d'éléphant trouvas en Sibé- rie : nous avons d'auti^es défenfes de d'autres os d*éléphans qui ont été trou* vés en Fiance , & enfin nous avons des défenfes d'éléphnnt & des dents d'hip- popotame trouvés en Amérique dans les terrts voifines de la rivière d'Oyo. II efl donc néceflàire que ces animaux » qui ne peuvent rubfifter & ne fubnftent en effet aujourd'hui que dans les pays chauds, aient autrefois exîflé dans les climats du Nord, & que, par confé-* quent, cette zone froide fôt alors auflî chaude que l'ed aujourd'hui notre zone torride ; car il n'eiî pas poflibie que la forme conftitutive , ou fî l'on veut l'ha-i bitude réelle du corps des animaux , qui efl ce qu'il y a de plus fixe dans fa Nature , ait pu changer au point de donner le tempérament du renne à l'é- léphant, ni de fuppofer que jamais ces animaux du Midi , qui ont belbin d'une grande chaleur pour fubtiAer, euITent ..;..:• :^-rr-,,^^., •■ Bi; w*.' "i // •■(I li Hifloirê 'Naturelle. pu vivre & fe multiplier dans les terres du Nord, fi la température du climat tût été aufli froide qu'elle Tefl aujour- d'Hui. M* Gmelin , oui a parcouru la Sibérie & qui a ramaué lui-même plu- iieurs oflTemens d'éléphans dans ces terres ièptentrionales , cherche à rendre raifon du fait en fuppofant que di grandes inondations furvenues dans les terres méridionales ont chaflfé les éléphans vers les contrées du Nord , où ils auront tous péri à la fois par la rigueur du climat. \ Mais cette caufe fuppoiée n'eft pas pro- portionnelle à l'effet; on a peut-être déjà tiré du Nord plus d'ivoire que tous les éléphans des Indes aduellement vivans n'en pourroient fournir ; on en tirera bien davantage avec le temps, lorfquo ces vaftes déièrts du Nord, qui font à peine reconnus , feront peuplés, & que les terres en feront remuées & fouillées par les msuns de l'homme. D'ailleurs il ièroit bien étrange que ces animaux euûent pris la route qui convenoit le moins à leur nature , puifqu'en les fup- pofant pouflfés par des inondations du Midi, il leur reftoit deux fuîtes naturelles ■% « \i - 1/ "^ ' M- Épêijttis de la Ndmre. af ytrs rOrient & yers l'Occident; et pourquoi fuir jufau'au foixanti^me deffré du Nord lorfqu ils pouvoîcnt s*arretjer tn chemin ou s'écarter à o6té dans des terres plus heureufes ! Et comment concevoir que, par une inondation des mers méridionales , ik aient été chaiTét à mille lieues dans notre condnent » âc à plus de trois mille lieues dans l'autre ! Il eft impoiGbIe qu'un débordement dt la mer des grandes Indes ait envoyé des éléphans en Canada ni même en Sibé-^ rie , & il eft également impodible qu'ils y foiem arrivés en nombre aufli grand que l'indiquent leurs dépouilles. ^' Étant peu fatisfait de cette explication > j'ai penfé qu'on pouvoit en donner une autre plus plaufible & qui s'accorde parfaitement avec ma théorie de la Terre. Mais avant de la préfenter , j'obferverai ^ pour prévenir toutes difficultés, i.*' qu6 l'ivoire qu'on trouve en Sibérie & eh Canada eft certainement de l'ivoire d'éf> iéphant > & non pas de l'ivoîre de môrf^ ou vache marine, comme quelques Voy je- geurs l'ont prétendu ; en trouve auffi dm$ les terres ièptentriônales, de l'ivoire Biii ♦ '-^ / -'0 m^HiJloîre Naturelle. foflile de morfe , mais il eft différent de celui de Téléphant, & il e(l facile de les diflinguer par la comparai fon de leur texture intérieure. Les défenfes , les dénis machelières , les omoplates , les fémurs é» les autres oflêmens trouvés dans les terres du Nord, font certainement des * ^& d'éléphant ; nous les avons comparés aux différentes parties f efpeèlives du fquelette entier de 1 éléphant ^ & l'on ne Î)eut douter de leur identité dfefpèce; es groâês dents quarrées trouvées dans ces mêmes terres du Nord , dont la face jfjui broie eft en forme de treffle , ont tous les caradères des dents molaires de l'hippopotame ; ôc ces autres énormes dents dont la face qui broie eft corn- pofée de gro0es pointes mouffes ont ^partenu à une efj^èce détruite aujour- d'hui fur la Terre, comme les grandes yaîutes appelées cornes d*Ammon font adueilement détruites dans k mer» : '/si |>^ %," Les os 5c les défenfes de ces aïKÎens , cléphans ibiit au moins auffi grands & aufll .gros que ceux des éléphans aéluels /j/ n» I ' ' ' ' ' ' ' '» '^" "'•■■' ' Il . ■ % [7] Voy. ci-après les Notes juftificatiycs des kxts^ 'r \ Êpo^ès Je la Nature, 3 i] auxquels nous les avons comparés ; ce qui prouve que ces animaux n'habitoiénf ^as les terres du Nord par force , mais qu'ils y exiftoient dans leur état de na-^ ture & de pleine liberté, puifqu'ils y avoient acquis leurs plus hautes dimen- iions , & pris leur entier accroiflemeni 5 ainfi l'on ne peut pas fuppofer qu'ils y aient été transportés par les hommes ; le feul état de captivité , indépendamment de la rigueur du climat [8], ies auroit réduits au quart ou au tiers de la gran^ deur que nous montrent leurs dépouilles* 3.° La grande quantité que Fon en a déjà trouvé par hafard dans ces Terres prefques défertes où perfonne ne cher- che , fuffit pour démontrer que ce n'eft ni par un feul ou plufieurs accidens , ni dans un feul & même temps que quelques individus de cette efpèce fe font trouvés dans ces contrées du Nord, mais qu'il eil de néceilité abfolue que i'efpèce même y ait autrefois exifté^ fubtillé & multiplié, comme elle exiflcy ■'"■i /it-^.it -i-'be , au t^lpoint que les terres du Nord, aujour- d'hui très-froides , aient autrefois éprouvé ie degré de chaleur des terres du Midi. - «QuelquesPhyfîcienspourroientpenfer que cet effet a été produit par ie chan« ^ gement de l'obliquité de i*éciiptique ; parce qu'à la première vue, ce change- ^ ment femble indiquer que i'încIinai(on de l'axe du globe n'étant pas contante , la Terre a pu tourner autrefois fur un axe adèz éloigné de celui fur lequel elle . tourne aujourd'hui , pour que la Sibérie fe fut alors trouvée fous l'équateur. Les * Aftronomes ont obfervé que le change- ment de l'obliquité de l'écliptique eft d'environ 45 fécondes par fiècle; donc ^ en fuppofant cette augmentation fuccef* five & confiante , il ne faut que foixante {i^clcs pour produire une différence de 4 jf minutes ^ en trois mille fix cents fiècles ÉpO(]u> s Je !n Nature. 3 3 ^our donner celle de 45 degrés ; ce qui l-ameneroit le 60."* degré de latitude au 1 5.""% c*eft-à-dire , ies terres de la Sibé- rie, où les éléphans ont autrefois exiflé, aux terres de i*Inde où ils vivent aujour- d'hui. Or il ne s'agit , dira-t-on , que d'admettre dans le pade cette longue période de temps, pour rendre raifo^^., du féjour des éléphans en Sibérie : il ^^% a trois cens foixante mille ans que la Terre tournoit fur un axe éloigné de 4 5 degrés de celui fur lequel elle tourne aujourd'hui ; le 1 5."** degré de latitude aduelle étoit alors ie 60.*"*, &c. A cela je réponds que cette idée À: le moyen d'explication qui en réfuite ne peuvent pas (é foutenir, iorfqu'on vient à ies exanliner : le changement de l'obli- quité de i'écliptique n'eft pas une dimi- nution ou une augmentation fùccefïive & confiante ; ce n'ed au contraire qu'une Variation limitée , & qui fe fait tantôt en un fens & tantôt en un autre, laquelle par conféquent n'a jamais pu produire en aucun féns ni pour aucun climat cette différence de 45 degrés d'inclinaiibn ; car la variation de l'obliquité de l'axe B V -«■.v * w ■ 54 fli/toki Naturelle. v.J \ de la Terre eft eau fée par raAion de% pinnètes qui déplacent l'écliptique fans affecter I*équateur. En prenant la plus puiilante de ces attraélions ,, qui eft celle de Vénus, il faudroit douze cents (bixante mille ans pour qu'elle pût faire changer de I 8q degrés k fituation de Técliptique fur Torbite de Vénus , & par conféquent «roduire un changement de 6 degrés 47 minutes dans Tobliquité réelie de Taxe de la Terre , puîfque 6 degrés 47 minutes font le double de rinclj- naifon de l'orbite de Vénus. De même Tadion de Jupiter ne peut, dans un elpace de neuf cents trente-fix mille ans , chaiiger Tobliquité de récliptique que de 4 degrés 3 8 minutes , & encore cet effet «ft-il en partie compenfé par le précé- dent ; en (ortequ'il n*eft pas poflible que ce changement de l'obliquité de Taxe de^ ïa Terre aille jamais à 6 degrés; à moins de fuppofer que toutes les orbites des planètes changeront elles-mêmes;, fup- poHtion que nous ne pouvons ni ne .devons adiliettre , puiiqu'il n'y a aucune çaufe qui puilTe produire cet effet, fit fomme on ne peut juger du fsSTé quf 'Époques Hé In Nature. 3 5 par l^in(pe■- * ■m A- ii // J. '^6 Hiftotri Naturelle. gande aujourd'hui : enfuitc ce grand 11 s'étant diffipé peu-à-peu , le climat du pôle a éprouvé » comme tous iea autres climats, des degrés fuccefHfs de moindre chaleur ôl de refroidiflèment ; il y a donc eu un temps ^ & même une longue fuite de temps pendant laquelle les terres du Nord, après avoir brûlé «biame toutes les autres , ont fOui de la Hieme chaleur dont jouiflent aujourd'hui les terres du Midi : par conféquem ces Terres feptentrionales ont pu & dû être habitées par les animaux qui habitent aétuellenient les Terres méridionales » de auxquels cette chaleur eft néceflaireé X>ès-iors ie fait, loin d*£trc extraordi-» naire, fe lie parfaitement avec les autres faits , & n'en eft qu'une (impie confé-^ quence. Au lieu de s'oppofelr à ia théorie de la Terre que nous avons étabfôe , ce* même £iit en devient au contraire ime ]irettve accefibire , qui ne peut que la coi^rmer dans le point ie plus obfcur,, eVft-à,-dire, iorfqu'on commence à tomber dans cette profondeur du temps eè la lumière du génie femble s'éteib-. 4re» & où^ ùxx^ d'obfertations^ dÛb -^ * '*? Époques Je la Nature. 57 paroit ne pouvoir nous guider pour aller plus loin. > L Une Axième époque poftérieure awt cinq autres, eft celle de la réparation des deux continens. Il ell fur qu'ils n'étoient' pas réparés dans le temps que les élé phans vivoient également dans les tervei^ du Nord de TAmérique , de TEurc^e & de TA fie : je dis également; car oft trouve de même leurs oflemens en Si^^ % bérie, en Ruliie & au Canada. La ré- paration àms continens ne s'eft donc laite que dans des temps, poftérieurs à . ceux du féjo^ir de ces animaux dans led> Terres feptentrionaies ; itiais comme i W trouve aufli des défenfes d'éléphant ei» Pologne» en Allemagne, en France y en Italie [p], on doit en conclure qu'à mefure que les Terres ieptentrionales ie refroidiâbient , ces animaux fe retiroient vers h% contrées des zones tempérées oi^ la chaleur du Soleil & la: plus grande!;^ épaiilêur du globe compenfoient la perte»^ ^ la chaleur intérieure de la Terre \ & •Ui^' Jsl. yofn ciraprès les Ilotes juftifîcatives 4i/ ,»■ ^ ♦. I ' ^jS '■' njhtre Naturelle. [ *;, quVnfîn ces zones sVtant aufB tro» refroidies avec le temps , ils ont fuceeflî- yement gagné les climats de ia zone torride , qui font ceux où la clialeur intérieure s'eft confervée le plus long- temps par la plus grande épaifTeur dit 1|>héroïde de la Terre > & les feules- où Céfte chaleur , réunie avec celle du Soleil ) foit encore afTez forte aujour- d'hui pour maintenir leur jiature ^ Se foutenir leur propagation. De même on trouve en Fraitce<^ âc dans toutes les autres parties de TEu*-^ rope ,• des coquilles , des fquelettes Ôt des vertèbres d'animaux marins qui' ne peuvent (libfUler que dans- les mers les plus méridionales. Il efi donc arrivé pour les climats de la mer le même changé^ ment de température que pour ceux dé la terre; & ce fécond fait s^expliquant, comme le premier , par la même caufe» paroit confirmer le tout au point de- là démondrationU'^^t < ' . * aLorfque i*on compare ces ahcfèn§ monumens du premier âge de la Nature 'privante avec ies produçtians actuelles, 'ta volt évidemment que h forme confti^ « ■■♦ ^.j ^ÉpOïjues Je fa Nature, f^ tutive de chaque animal s'ed confervéo la même & fans altération dans fes prin-^ ' eipaies parties» : lie type de chaque efpèce n*a point char^i; le moule intérieur » conlervé fa forme & n'a- point varié. Quelque longue qu'on voulût imaginer la fuceeffion des temps ; quelque nombre «"t de générations qu'on admette ou qn^dit'. fuppofe , les individus de chaque genro^ repréfentent aujourd'hui les formes d#* ceux des premiers iiècles, fur-tout dans les efpcces majeures > dont l'empreinte * ell plus ferme &«]a nature plus fixe ; car les efpèces inférieures ont , comme nou». l'avons dit, éprouvé d'une manière fen- iible tous les effets des différentes caufes^* de dégénération, feulement ii eA à# remarquer au fujet de ces efpèces ma-^ jeures, telles que Péléphant & l'hippo- potame, qu'en comparant leurs dépouillés antiques avec celles de notre temps , oit voit qu'en général ces animaux étoient alors plus grands qu'ils ne le font au-*, jourd'hui : la Nature étoit dans fa pre- mière vigueur; la chaleur intérieure de la Terre donnoit à (es production s toute h force 6c toute i'étendae d9m^ll^ ^^K i *i?^ '4^ Hiftoiri Naturelle. S < ^tojent fufceptibles. Il y a eu dans ce pfeinier âge des géans en tout genre :. les nains & les pigmées font arrivés depuis y c'efl-à-dire , après le refroidiflTe- ment; & fi (comme d'autres monumens ièmblent le démontrer ) ii y a eu des efpèces perdues , c*e(l - à - dire , des ani- itu^ux qui aient autrefois exifté & qui n'exiftent plus , ce ne peuvent être que ceux dont la nature exigeoit une cha* leur plus, grande que la chaleur aéluelle de la zone torride. Ces énormes dents molaires , presque quarsées , & à grofles pointes moufles; ces grandes volutes pétrifiées y dont quelques-unes ont plu- neurs pieds de diamètre [i o/; plufieurs autres poîflibns & coquill^es fomles dont on ne retrouve nulle part les analogues TÎvanSy n'ont exifté que dans ces pre- miers temps où la terre & la mer encore chaudes, dévoient nourrir des animaux auxquels ce degré de chaleur étoit né- cellàire, & qui ne fiibfifient plus aujour- d'hui» parce que probablement ils ont péri>par le refi'oidifièment. i^/i>7 Voy, ci-iprès ies NotetjudiâcaUvciidcs&itt, r'-^ i-v m -'#'■ • <* Ëpo/fues ée la Nature, '^t Voîià donc l'ordre des temps indiquas Î>ar les faits & par les monumens : Yoiià ix époques dans la fuccefCon des pre- miers âges de la Nature ; jfix efpaces de durée, dont les limites quoiqu*in- déterminées , n*en font pas moins réelles ^ car ces époques ne font pas comme celles de rHiftoire civile, marquées par des points ûxts y ou limitées par des fièçles & d autres portions du temps que nous puilTions compter & mefurer exadement; néanmoins nous pouvons les comparer entr*elles , en évaluer la durée relative , & rappeler à chacune de ces périocfes de durée , d'autres monumens & d'autres faits qui nous indiqueront des dates contemporaines , & peut-être aufS quei-f ques époques intermédiaires & fuLfé*^ quentes. , Mais avant d'aller plus loin , hâtons* nous de prévenir une objeâion grave» qui pourroît même dégénérer en impu-* tation. Comment accordez -■ vous , dira«, t-on , cette haute ancienneté que vous donnez à la matière , avec les Tradi-r tions facrées, qui ne donnent au monde, que fix ou huit mille ans \ Quelque ' T -, •■^,. H l 41 •• Hipolrc tJaturelle, fortes ique foient vos preuves, quelque fondés que foient vos raifonnemens , quelque évidens que foient vos faits, ceux qui font rapportés dans le Livre facré ne font -ils pas encore plus cer- tains! Les contredire, n*eft-ce pas man- quer à Dieu, qui a eu la bonté de nous ies révéler? Je fuis affligé toutes les fois qu'on abufe de ce grand, de ce faint Nom de Dieu ; je fuis bleffé toutes ies fois que l'homme le profane, & qu'il proflitue l'idée du premier Etre, en la fubfti- tuant à celle du fantôme de fes opi- nions. Plus l'ai pénétré dans le fein de la Nature, plus j'ai admiré & profon- dément refpe il n'« voulu , au contraire , qu'agir avec la temps , produire fucceffivement & mettre même des repos, des intervalles conli- déralîles entre chacun de ïes ouvrages» Que pouvons-nous entendre par les fix jours que l'Ecrivain facré nous de'ffgno, fi précifément en \ts comptant les uns après ÏQS autres , finon fix eipaces de temps , fix intervalles de durée l Et ces efpaces de temps indiqués par le nom dt jours, faute d'autres expreflîons, ne peuvent avoir aucun rapport avec nos jours aduels, puifqu'il s'efl pafïîi fuc*^ ceiÎJvement trois de ces jours avant que le Soleil ait ^té placé dans le Ciel. li n'eft donc pas pofSble que ces jours fuflent femblables aux nôtres ; & l'In- terprète de Dieu femble l'indiquer afîez en les comptant toujours du loir a^ matin , au lieu que les jours folaires Epoques» Tome L C ■■')i î A -•\ i\ fi ' \Cf >" 'Hijloire Naturelle, ^ flbtvent fe compter du matin au foir. Ces iix purs n'éioient donc pas des jours fblaires femblables aux nôtres, ni même des jours de lumière, puifqu'ils com- fiiençoient par le foir & finiUbient au matin. Ces jours n*étoient pas même égaux , car ils n'auroient pas été prô- . portionnés à Touvrage. Ce ne font donc que fix éfpaces de temps ; i'Hiftorien facré ne détermine pas ia durée de cha- cun» mais le fens de ia narration iemble îa rendre afîez longue ^ pour que nous puiinons l'étendre autant que l'exigent les vérités phyfîques que nous avons à démontrer. Pourquoi donc fe récrier fi fort fur cet emprunt du temps que nous ne faifons qu'autant que nous y fomnies ,7 vforcés par la connoilictnce démonftrative des phénomènes de la Nature î Pour- -quoi vouloir nous refufer ce temps, puif^ ^que Dieu nous le donne par la propre ^parole, & qu'elle feroit contradidoire |©u inintelligible , fi nous n'admettions ■ pas l'exiftence de ces premiers temps I antérieurs à la formation d. inonde l/tei qu*il ejl! ^*a. / -fv A h bonne heure que Ton dife, que t ^ Épàquès/e la Nature, yf* l*6n foutiénne, tftlrfié rîgourfcufefnem ^ ue depuis le dernier terme , depuis Is n des ouvrages dé Dieu, c*efl-à-dire^. depuis ia création de l'homme; ii ne s*eft écoulé que ffx ou huit mille ans^ parce que les diffé3*ent€is généalogies dut genre huiViàin depuis Adam n*en indi-» queiit pas davantage ; lious devons cette foi, cette marqué de foumillion & de refpeifl à la plus ancienne, à la plus facrée de toutes les traditions ; nous lui devom même plus,' c*eft de ne jamais nous permettre de nous écarter de la lettre de cette fainte tradition que quand la lettre /w Voyons jdonc ce qu'étoit la Phylîque dans ces premiers âge^ du monde, ^ ce qu'elle; ifeifoit encore fi l'homme n'eut jamais étudié la Nature. On vojp le Ciel comme une voûtp d'azur dans lequel le Soleil & la Lune parpiffent être les aftres les plus çonfidérables , dont le premier produit toujours la lumière du jour, & îe fécond âtit fouvent çelje fie i^ fiujt; Êpôijues Je la Nature, ^y ©n les voit jparôître oU fe icVèr d'ùii côté, & difparoître ou fe coucher dt l'autre, après avoir fourni leur cour fe & donné leur lumière pendant un cer-*' tain efpace de temps. On voit que la mer^eft dd la même couleur que Jâ voûte azurée, & qu'elle paroît toucher au cid lorfqu'on là regarde au loin. Toutes les Tdées du peuple fur le fyftèrtie dH inonde, rte portent que fur ces trois ou quatre motions* & quelque fauflês qu'elles' foicrtt , il falloit s'y conforhier pour fé faire entendre* ^^^^**j .'^x^i-'Mij' En cohféqueiice *îe èfe q[ùe % '4hA paroît dans le lointain fe réunir au ciei^ il étoit naturel d'imaginer qu'il exide en effet des eauic Supérieures & des eaux inférieures , d/oht les unes rempliffent \t ciel & les 'autres la, mer, & que pour fouténir les eàûx fùpérieures, il iàlloit un firmament, c'ell- à-dire , un appui, une voûte folide (Se tranfparente ^ au travers de laquelle on aperçût l'azur des eaux fùpérieures ; auffi eft-iJ dît i Que le firmament foit fait au milieu des eaux , & qu'il fépare les taux d'ayec les taux; ir Ditufit le ûrmamini , ù^ JéfatA ^"^ •• • fis iaifk qui ftomt feus le firrjnamtnt d$ utiles çtfi étoiffit ûU'dejfus dufrmanunt, ^, J[^ie^^(kana aufamamtnt, le nom de eu/. 0r,s * (^ à toutes les eaux raffepnhléef fitts le jirman\ent t 1$ nom de Mer, C*cû à C^s It^ênies idées que fe rapportent les ica^iraAes du ciei , ç'«fl*à^direy Jes portes ou ies fenêtres de ce firmament folide Ies oifeaux ont eu m^e origine commune. ]Ue$ poilfons auront ^te produits p^r les ejailx inférieuresj ^ les oilèaux par les eaux fupérieurefif , parce qu'ils s'appro* chent par feur vol de la yçu^e ^zur^e , que le ^ulg^irç Hi'imagînâ pas être ];>e^u* i:Qup plus j^IeviéjÇ iqMe l^s nuage». De ^lê^e Je peuple ^toujojirs cru que le$ Étoile* font *tt?ichées, comme des clous à cette voûte folide , qu'elles font plus petites que la Lune & infiniment plus petite$ que lie Solejl; il ne diftingtje pas même les PJarjètes des Étoiles nxes ; & ç!eftjpàt cette raifon qu'il n'eft fait au^ sw^ m^Ation de$ Pl^nète^ dans jout 1q ' 1 ^ \ y Époques Je la Nature. j 5' r^cit de la création; c'efl par la même raifbn que la Lune y eft regardée comme le fécond aAre, quoique ce ne foit en effet que le plus petit de tous les corps céleHes , &c. &c. d(c. Tout dans le récit de Moyfe e(l mis à la portée de Tinteiligence du peuple ; tout y efl représenté relativement à l'homme vulgaire , auquel il ne s'agii^ foit pas de démontrer le vrai fyftème du monde , mais qu'il fufHfott d*inflruire de ce qu'il de voit au Créateur , en lui montrant les effets de fa Toute*puiflànce comme autant de bienfaits : les vérités de la Nature ne dévoient paroîtrc qu'avec le temps , & le fouverain Etre fe les réfer voit comme le plus fur moyen de rappeler Fhomme à lui, lor(que fa fii déclinant dans la fuite des fiècles , (eroic devenue chancelante; lorfqu'éloigné de fon origine, il pourroit l'oublier; lorf- qu'enfin trop accoutumé au (peélacle de la Nature, il n'en feroit plus touché & viendroit à en mécoiinoître l'Autéun Il étoit donc néceflàire de raffermir de temps en temps , 6c même d'agrandir l'idée de Dieu dans l'efprit & dans le C iiij M •56 Hiflain Nataretle/ cœur de I*hommc. Or chaque découverte )>roduit ce grand effet; chaque nouveau pas que nous fhifons dans la Nature nous rapproche du Créateur. Une vérité nouvelle efl une e(j>èce de miracle >, TeAfèt en efl fe même, & eUe ne difTère infuinfÀnte & même hors de. propos à^ quelques esprits trop (Iritf^ement anachés à la. lettre, je les prie de méjuger par , finteniion , & de confidérer que mort fyftèine fut les Époques de la Nature étant purement hypothétique , il ne peut nuire aux vérités révélées, qur fom au^* tant d axiomes immuables, indépeudaiM de toute hypothèlè , & auxquels j'ait ibumis &'je fownets mes penfées.. -^^i: i.-. I \ ,^^ 60 ' H^otre Ndturelle. "^ culation & leur mouvement dé rotation ibnt contemporains , auffi-bien que leur état de fufion ou de liquéfadion j^ar \t feu ,"* & ces mouvemens ont néceflàire- ment été précédés par l'impulfion qui les a produits. . ''^ Dans celle des planètes dont la maffè à été frappée le plus obliquement , le tnouvemeht de rotation a été le plus ra- pide ; di par cette rapidité de rotation , îes premiers effets de la force centrifuge ' ont excédé ceux de la pefanteur : en conféquence il s'eft. fait dans ces mafles liquides Une ieparation & une pro|e(flion de parties à leur équateur , où cette force centrifuge eft la plus grande , lefquelles parties réparées & cnaflees par cette force , ont formé des maflês concomi- tantes , ÔL font d^ venues des fatellîtes , qui ont dû circuler & qui circulent en / efiet tous dans le plan de i'équateur de ; la planète dont ils ont été féparés par cette caufe : les (àtellites des planètes (è ibnt donc formés aux dépens de la ma- tière de leur planète principale , comme Jes planètes elles-mêmes paroiflènt s*êii^ formées aux dépeins de la maflb du Soleil* 'ÉpBéjues de la Nature. Ct Aînfî le temps de la formaiion des fatel^ ^ iites efl! le même que celui du comment / cernent de la rotation des planètes: c'eft le moment où la matière qui les compofe venoit de fe raffembler & ne formoit encore que des globes liquides , état dan6 lequel cette matière en liquéfadlion pou^ voit en être féparée & projetée fort aifément; car dès que la furface de ces; globes eut commencé à prendre un peu de eonfi (lance & de rigidité par le refroi- 1- diffeiiient, la matière ,. quoiqu*animée de la même force centrifuge , étant retenue par celle de la cohéfion, ne pouvoit; plus être féparée ni projetée hors de la planète, par ce même mouvement de rotation. Comme nous ne connoiflbns dam ïa Nature aucune cau^ de chaleur , aucun feu que celui du^ Soleil , qui ait pu fondre ou tenir en liquéfadion la matière de la Terre & des Planètes , il me paroît qu'en fe refufant à croire que les planètes font iÛues & iorties du Soleil , en feroit au moins forcé^de. fuppofer qu'elles ont été expofées de très-près aux ardeurs de ç^i v&ï^ de feu ; pour pouvoir êti^ 1 ; ^mn t J^ ièrott néannicins toute maflè de fe,% de verre on d\i',nre raitière folide imimé- nient pénétrée par cet élément ; par conféquent, il parck néceflàire que la matière de la Terre Sl des P;nètes, qui a été dans uii état de liq^iiéfadion , ap»^ pat tînt au corps même du Soleil , & qu'elle fît partie des- matières en fufion qui conflituent la maâTe de cet ailre de feu» ' - Les planètes ont reçu leur mouvez ment par une feule Ôl même impuifion, piiift|u*eiles circulent toutes dans le même fens & prefque dans le même plan : les comètes au cqntraire , qui circulent comme les: planètes auiour du Soleil, mais dans des fens & des plans difFé^- jrens 5 paroiflênt avoir' été mifes en mou- [it] Voyez ci -après les Notes juftificatîves fev- 'Époques de la Nature, éj vcment par àts impulfions différentes. On doit donc rapporter à une feule «époque le mouvement des planètes , au lieu que celui des comètes pourroit avoir été donné en difFérens temps. Ainfi rien ne peut noui éclairer fur Toriginç du mouvement des comètes ; mais nou3 pouvons raifonner fur celui des planètes^ parce qu'elfes ont entr'elles des rapports communs qui indiquent aHTez clairemem qu'elles ont été mifes en mouvement par une feule & même impuifion. Il efl donc permis de chercher dans la Nature la caufe qui a pu produire cette grande impuifion ; au lieu que nous ne pouvons guère former de raifonnemens ni même faire des recherches fur les cau^s du' mouvement d'impulfion des comètes. Radèmblant feulement les rappoits fugitifs & les légers indices qui peuvent: fournir quelo» conjetiw. ^ . on pourr roit imagiuer, pour fatkfaire , quoique trèj -imparfaitement , à la curiofité de l'efprit, que les comètes de notse fyftènlé (blaire ont été formées par l'explofioa 4'une étoile fixe ou d'un foleii voiim du I '■'« '6'6 Hiftoire Naturelle?^'. " nôtre , dont toutes les parties dirperfc^és n'ayant plus de centre ou de foyer com- mun, auront été forcées d*obéir à la force attradive de notre Soleil, qui dès- ïors fera devenu le pivot & le foyer de toutes nos comètes. Nous & nos neveux n'en dirons pas fîavantage, jufqu'à ce que , par des obfervations ultérieures , on parvienne à reconnoître quelque rap- port commun dans le mouvement d*im- pulfion des comètes; car comme nous ne connoiflbns rien que par comparai- fon, dès que tout rapport nous manque, & qu'aucune analogie ne fe préfente, toute lumière fuit , & non - feulement notre raifbh , mais même notre imagi- nation , fe trouvent en défaut. Auffi m'étant abftenu ci-devant (c) de former à!t% cotijedlures fur la caufe du mouve- ment d'impulfion des comètes, j'ai cru devoir raifonner fur celle de i'impulfion àiès planètes ; & j'ai mis en avant , non pas comme un fait réel & certain, mais feulement comme une chofe poflîble. (c) Voyez l'article de la formation des Planètes, \ 'Époques de la Nature, 6j que la matière des planètes a été projetée hors du Soleil par le choc d'une comète. Cette hypothèfe eft fondée fur ce qu'il n'y a dans la Nature aucun corps en mouvement , fmon les cpmètes , qui pui/fent ou aient pu communiquer uu aufli grand mouvement à d'aufH grandes jnafles , & en même temps fur ce qujB les comètes approchent quelquefois dç ii près du Soleil , qu'il eft , pour ainfi dire , néceflaire que qi^iques - unes y tombent obliquemhcar & en fillonnent J^ furface, en chaiTant devant elles U$ mar tières niifes en mouvement par leur choc ^ Il en eft de même de la caufe qui a pu produire la chaleur du Soleil : il m'a paru Y<^y^ qu'on peut la déduire des effets paiurels , c'eft-à-di^ , la trouver xuris la cpnftitution du fyftème du monde; toi le Soleil ayant à fupporter tout le poids , toute Fadion de h force pénétrante des vaftes corps qui circulent autour de lui| & ayant à fouffrir en même temps l'adion rapide de cette efpèce de frottement *(d) Voyei rartîcfc qui a pour titre : jjt U itoWi prçmiwç vue. ,:'^m\ Z'iH^^ï^ï^i} • :» u '69 ' Hiftoire Nafiireâ!^ intérieur dans toutes les parties de (k mafle , la matière qui le compofe doi't «;r^ <^ans IVtat de la plus grande divi*^ fto'i elle a dû devenir & demeureir âuide , iuinineufe & brûlante , en hifxyfi de cette prefîion & de ce frottement intérieur, toujours également fubfîftanté Les mcji'^wuiwus 'rréguliers de» taclies du Soleil, aufli-bien que leur apparition fpontanée & leur difparition, démontrent a0ez que cet adre efl liquide, & qu'il s'élève de temps en temps à fa furface des efjp'èces de fcories ou d*écumes , dont, les unes nagent irrégulièrement fur cette 'matière en fufion , & dont quelques autres font fixes pour un *emps , & dif->^ paroiflent comme les premières , lorfqu^ î'adHon du feu les a de nouveau divifée;* On fait que cVft par le moyen de quel- ques-unes de ces taches fixes qu'on a déterminé la durée de la rotation du Soleil eiA vingt-cinq jour$ & demi. -*'»f''^ *' Or chaque comète & chaque planète ibrment nne rou? , dont les rafs font les rayons de la force attradive; le Soleil eft reffiei o : le pivot coiiimun de toutes ces V Téremes roues; k comète ou la ^Époques de la Nature, 6^ planète en eft la me mobile , & chacune contribue de toui Ton poids & de toute fà vîtefîe à i'embrafenient de ce foyer général , dont le feu durera par conlt- quent aufll long-iemps que le inouve- luent Ça la preflion des vaftes corps qui }e produifent. , De-là ne doit-on pas préfumer que fi l'on ne voit pas des planètes autour des étoiles fixes , ce n'eft qu'à caufe de leur immenle éioigntment! Notre vue eft trop bornée, nos inftrumens trop peu puiflans pour apercevoir ces aftres obl'curs ; puisque ceux même qui font Jumine^;c échappent ^, nos yeux , & que dans le nombre infini» de ces étoiles , nous ne çonnpîirbns jamais que celles dont nos inflruniens de longue vue pourjfont nous rapprocher : mais Tana'* îogie nous indique qu'étant fixes & iumipeufes comme le ooleii , les étoile^ ont du s*échau|Fer , fe liquéfier, & brulejr par la même caufe , c'eîl - à - dire , par Ja preflion aflive des corps opnques, folides 6^ obfcurs , qui circulent autour d'elles. Cela feuJ peut expliquer poiir- quoi U n'y a qye le$ aitre^ fixe» qui Il 70 ''^' ifi/loire Nûfnrelle/^' foient lumineux ^ & poui quoi dans TU-î hivers folaire tous les aflres errans (ont obfcurs. Et la chaleur produite par cette cauft devant être en raifon du nombre, de là vîtefTe & de la mnlle des corps qui cir-^ culent autour du foyer , le feu du Soleil doit être d'une ardeur ou plutôt d'une violence extrême, non-feuiement parce que les corps qui circulent autour de lui font tous vafîes , folides ôa mus rapi- dement , mais encore , parce qu'ils font en grand nombre : car indépendamment des fix planètes , de leurs dix fatellites & de Tanneau ' de Saturne , qui tous pèfent fur le Soleil , & forment un volume de matière deux mille fois plus grand qite celui de la Terre, le nombre des comètes eft plus eonfidérable qu'on ne le croit vulgairement : etles feules ont pu fufiire pçur allumer le feu du Soleil avant la pro/e<îlion des planètes, Ôc fuffiroient encbi*e pour l'entretenir aujourd'hui. L'homme ne parviendra peut- être jamais à reconnoître les pla- nètes qui circulent autour des étoiles fixes; mais avec le temps > il pourra \ Époques de la Nature, y i - • favoîr au jufte quel eft le nombre de$ comètes dans le fyftcme folaire : je re- * garde cette grande connoiHànce comme rt'iervée à Ta poftérité. En attendant, voici une efpèce d*évaluation qui , quoi- que bien éloignée d'être précil'e , ne laiHera pas de nxer les idées (Ur le nom* bre de ces corps circulans autour du Soleil. En confuhant les Recueils d*obfer- vafions , on voit que , depuis Tan i i o i jufqu'en i yddy c*eft-à-dire, en fix cents foixante - cinq années , il y a eu deux cents vingt-huit apparitions de comètes. Mais le nombre de ces aftres erraàs qui ont été remarqués , n'eft pas auffi grand que celui des apparitions, puirque la plu- part , pour ne pas dire tous , font leur révolution en moins de fix cents ioixame- cinq ans. Prenons donc les deux comètes defquelles feules les révolutions nous font parfaitement connues ; favoir , la comète de 1680, dont la période ell d'environ cinq cents foixante - quinze ans ; & celle de 1759, dont la période eft de foixante-feize ans. On peut croire , en attendant mieux, qu'en prenant le ^ i! y xy $Hij{oire Naturelle. 1 terme moyen , trois cents vingt-fix ans entre ces deux périodes de révolution i^ il y a autant de comètes dont la période excède trois cents vingt-fix ans , qu'il y en a dont la période ell moindre. Ainfi en les réduiiànt toutes à trois cents vingt -fix ans, chaque comète auroit paru deux fois en fjx cents cinquante- deux ans , & Ton auroit par conléquent à peu -près cent quinze comètes pour deux cents vingt-huit apparitions en jftx cents foixahte-cinq ans. Maintenant fi Ton confidère que vrai- ièmblablement il y a plus de comètes hors de la portée de notre vue , ou échappées à i'œil des Obfervateurs , qu'il n'y en a eu de remarquées , ce nombre croîtra peut - être de plus du triple; en forte qu'on peut raifonnable- ment peiifer qu'il exifte dans le fyftéme iblaire quatre ou cinq cents comètes. £t s'il «n eft des comètes comme des pla- nètes; a les plus groffes font les plus éloignéf^ du Soleil ; fi ks plus petites ibnt les feules qui en approchent d'afièz près jjoar que nous puifiions les aperce- voir ; <{uei volume immenfe de matière I quelle , / Époques de la Nature. 73 quelle charge énorme fur le corps de cet aftre î ([uelle preflîon , c'e(l-à-djre , quel frottement intérieur dans toutes ie$ parii'^s de la mafle, & par coïiléquent quelle chaleur 6c quel feu produits par ce frottement 1 * Car dans notre hypothèfe, le Soleil ctoit une mafle de maiière en fufion ^ même avant h. projedicn éts planètes; par conféquent ce iPeu n'avoit alors pour caufe , que la preflîon de ce grand nombre de comètes qui circuloient ptë- cétiemment & circulent encore aujour- d'hui autour de ce foyer commun. Si la mafle ancienne du Soleil a été dimir- nuée d'un Tix cente cinquantième (e), par la projedion de la matière des pla- nètes , lors de leur formation , la quantité totale de la cau{e de fon feu , c'eft-à- dire, de la preflîon totale, a été augmen- tée dans la proportion de la preflioji entière àes planètes , réunie à la pre- mière prefljon de toutes les comètes , à l'exception de celle q^i a produit l'effet ~ ■ ■ ----- .. - ■ - ^ - ^ - - ■ _■ - ^ (e) Voyez l 'article qui a pour titre : De hi fonm*. tm ///s Planètes, dans cette Mjfloire Naturelie. * Evoques. Tome /. D ^v ac ?>)i M 74 '^'Hi/hire Naturelle. ^ -, de fa projection , & dont la matière s'eft mêlée à celle des pianètes pour fortir du Soleil ; lequel par confèquent après cette perte, n'en eft devenu que plus brillant, plus axftif & plus propre à éclairer , cchaufFer & féconder fon Univers. * Eh poudant ces indudions encore plus loin> on fe përfuadera aifément que les fatellites qui circulent autour de leur planète principale , & qui pèfent fur elle comme les planètes pèfent fur le Soleil ; que ces fatellites , dis-je , doivent communiquer un certain degré de cha- leur à la planète autour de laquelle ils circulent : la preffion & le mouvement 4e la Lune doivent donner à la Terre un degré de chaleur , qui feroît plus 'grand , fi la vîtefle du mouvement de circulation de la Lune étoit plus grande: Jupiter, qui a quatre fatellites, & Sa- turne , qui en a cinq , avec un grand ^anneau , doivent par cette ieule raifon être animés d*un certain degré de cha- leur. Si ces planètes très - éloignées du Soleil n'étoient pas douées comme la Terre d'une chaleur intérieure, elles feroient plus que gelées ; & le froid Époques de la Nature. 75 extrême que Jupiter & Saturne aurôient à fupporter à caufe de leur éloignement du Soleii , ne pourroit être tempéré que par i'adion de leurs fatellites. Plus les corps circulans feront nombreux , grands & rapides , plus le corps qui leur fert d'efîieu ou de pivot s*échaufFera par le frottement intime qu'ils feront fubir à toutes les parties de fa mafle.^ 'î"^'' ^'^;< Ces idées fe lient parfaitement avec celles qui fervent de fondement à mon hypoihèfe fur la formation dès planètes; ell:s en font des conféquences fimples & naturelles; mais j*ai la preuye que ])eu de gens ont faifi les rapports & l'enfemble de ce grand fyftème : néan- moins y a-t-il un fujet plus élevé, plus digne d'exercer la force du génie \ On m'a critiqué fans m*entendre; que puis-je répondre î finon que tout parle à des yeux attentifs; tout eft indice pour ceux qui favent voir; mais que rien n'eft fenfible, rien n'eft clair pour le vulgaire , & mêm« pour ce vulgaire tavant qu'aveugle le préjugé. Tâchons néanmoins de rendre la vérité plus j)alpable ; augmentons le nombre des probabilités ; rendons I.\ vrai* D i| '■m ..^-•■ > 1 f6 . HiJIotre Naturelle. femblance plus grande ; ajoutons lu- mières lur lumières, en réunifiant les iàits , en accumulant les preuves , & iaiflS^ns - nous juger enfuite fans inquié- tude & fans appel; car j'ai toujours penfé qu'un homme qui écrit doit s'occuper uniquement de Ion fMJet, & nullement de foi ; qu'il efl contre la bienféance de vouloir en occuper les autres, & que par ronféquent les critiques perfonnelles doivent demeurer làns rcponfe. Je conviens cjue les idées de ce fyf- tèn'e peuvent paroure hypothétiques , étranges & même chimériques à tous ceux qui , ne jugeant les choies que par ie rapport de leurs fens , n'ont jamais conçu comment on fait que la Terre n'eft qu'une petite planète, renflée fur l'équateur & abaiffée fous les pôles ; à ceux qui ignoreiit comment on s'efl: affuré que tous les corps céieftes pèfént, agifl'ent & réagiffeat les uns fur les autres; comment on ^pu mefurer leur grandeur , leur diftînce , leurs mouve- inens , leur pefanteur , ôlç, mais je fuis .perfuadé que ces mêmes idées paroî- ti'ont iimples , naturelles ^ même Epoques Je la Nature, yj grandes , au petit nombre de ceux qui ,. par éiQS obfervations & des réflexions luivies , font parvenus à conno:tre les Joix de rUntvers , & qui Jugeant des choies par leurs propres lumières, les voient fans préjugé, telles quelles font 6u telles qu'elles pourroient être : car ces deux points de vue font à peu-près les mêmes; & celui qui regardant une horloge pour la première fois , diroit que le principe de tous fes mouvemens eft un refTort, quoique ce fût un poids, ne fé iromperoit que pour le vulgaire, & auroit , aux yeux du phiiofoph», expliqué la machine. ' Ce n'eft donc pas que j'aie affirmé ni même pofitivement prétendu que notre Terre & les Planètes aient été formées nécefl'airement & réellement par le choc d'une comète , qui a projeté hors du Soleil la fix cents cinquantième partie de fa mafl'e : mais ce que j*ai voulu faire entendre , & ce que je maintiens encore comme hypothèfe très- probable, ceft qu'une comète qui, dans fon périhélie, approcheroit aiïez près du Soleil pour en effleurer & filloaner la furface , D iij 78 Hijtûire Naturelle, pourroît produire de pareils efièts , & iju*il n'eil pas inipodibie qu'il fe forme quelque jour de cette même manière des planètes nouvelles, qui toutes circule- roiem enfemble comme \ts planètes aduelles , dans le même fens , & prefque dans un même plan autour du Soleil % des planètes qui tourneroient auffi fvir elles-mêmes , ôl dont la matière étant au fortir du Soleil dans un état de liquér fadion , obéiroit à la force centrifuge , & sVleveroît à l*équateur en s'abaiuant fous les pôles; des planètes qui pour- roient de même avoir des fatellites en plus ou moins grand nombre , circulans austour d'elles dans le plan de leurs équa- teurs, ,& dont les mouvemens feroient femblables à ceux des fatellites de nos planètes : en forte que tous les phéno- mènes de ces planètes pofîîbies & idéales, feroient ( je ne dis pas les mêmes ), mais dans le même ordre , & dans des rap- por femblables à ceux des phénomènes des planètes réelles. Et pour preuve , je demande feulement que Ton confidère fi le mouvement de toutes les plçmètes, dans le même fens, & prefuue dans le ï Époques de la Nature, 7^ même plan , ne Aippofe pas une impul- sion conmiune ! Je demande s'il y a dans rUnivers quelques corps, excepté les comètes , qui aient pu communiquer ce mouvement d'impuifion î Je demande s'il n'eft pas probable qu'il tombe de temps à autres des comètes dans ie Soleil, puifque celle de 1680 en a, pour ainfi dire, rafé la furface; & fi par conféqucnt une telle comète , en fdlon- nant cette furface du Soleil, ne com- munîqueroit pas fon mouvement d'im-? pulfion à une certaine quantité de matière qu'elle fépareroit du corps du Soleil , en la projetant au - dehors î Je demande fi , dani. ce torrent de matière projetée , il ne fe formeroit pas des globes par i'attradion mutuelle des parties , & fi ces globes ne fe trouveroient pas à des dif-, tances différentes , fuivant Ja différente denfité des matières, & fi les plus lér^ gères ne feroient pas pouffées plus loin que les plus denfes par la même impul-» fion ! Je demande î\ la fituation de tous ces globes prefque dans le même plan^, n'indique pas aflez que le torrent projeté ! n'éioit pas d'une largeur confidérable , , D .m; « '\ 96 '^Nijfotre Naturelle. et qu'il n'avoit pour caufe qu'une feule hnpulfion, puifque toutes les parties de fei matière dont il ëioit compofé , ne fe font éloignées que très -peu de la direc- tion commune ! Je demande comment » & où la matière de la Terre ôl des Pla- ïiètr^ auroit pu fe liquéfier, fi elle n'eût pas réfidc dans le corps même du Soleil; & fi Pon peut trouver une caufe de cette chaleur & de cet embrafement du Soicify autre que celle de fa. charge 2, & du frottement intérieur produit par faéHon de tous ces vaftes corps qui circulent autour de lui! Enfin je de- mande qu'on examine tous les rapports » ^â] 'ir?"t""i 4 ^ i .« j ffj Voyez les Mémoires de M." Caflfinî , Facio, » ihère de matières aqueuses, aériennes À volatiles, que fa violente chaleur tient fufpendues & reléguées à des diUances iinmenfes, & que dans ie inonient de la projeâion des planètes , le torrent à^% iTiaisères fixes fôrties du corps du Soleil n*ait y en traveriânt fon atmofphère , entraîné une grande quantité de ces ma- tières volatiles dont ^^e. e(l compofée : & ce font ces mêmes matières volatiles , aqueuleii & aériennes^ qui ont enfuite formé les atmolp hères des planètes, lef> quelles étoient (emblables à Tatmofphère du Soleil, tant que les planètes ont été, comrAe lui , dans un état de fiifion ou de grande incandefcence. , ^.Toutes les planètes n'étoîent donc alors que des niafles de verre liquide ^ ■•.■#■•■: \ > , * [Epoques Je h Nafan. Zj'x environnées d'une (phère de vapeurs». Tant qu'a duré cet état de fufion» & même long -temps après, les planètes? étoient lumineufes par elles -> mêmes ^ comme le font tous les' corps en incan**^ defcence; mak a mefare que les planètes- prenoient de la confi (lance , elles pcr^ doient de leur lumière : elles ne devm» rent tout-à-fait obfcures qu'après s'être eonfolicJées jusqu'au centre, & long-' temps après la conlblidation de leur fur- face, comme Ton voit dans une maflir de m^tal fondu, ia iumière & la rougeur fubfifVeF irès-longrtemps après la eonfo-* lîdation de fa fur face. £t dans ce pre-< mier temps , où les planètes brilloients de leurs propres fen)e, elles dévoient lancer des rayons, jeter éts étincelles,, faire des explofions, A enfuite fouffrir,/ en fe refroidiflant , différentes ébulli-' tions, à mefure que Teau , l'air & les autres matières qui ne peuvent fu]>porter lé feu , retomboient à leur fur face : I9 produdion des élémer.s , & enfnite leur combat , n'ont pu manquer de produire des inégalités, des afpérités , des pro- fondeurs/des hauteurs^ des cavernes ^ « \?! Il // 8^ Hifloîre Naturelle. la furface & dans les premières couches de rintérieur de ces grandes mafles; & c'efl à cette époque cfue l'on doit rap- porter la formation des plus hautes mon- tagnes de la Terre , de celles de la Lune & de toutes les afpérités ou inégalités qu'on aperçoit fur les planètes^ ftepréfentons - nous Tétat & l'aipéft de notre Univers dans fon premier âge : toutes les planètes nouvellement confo- lidées à la furface étoient encore liquides à rintérieur , & lançoiênt au-dehors une lumière très - vive : c'étoient autant de petits fbleils détachés du grand , qui ne lui cédoient que par le volume, & dont la lumière & la chaleur fe répandoient de même : ce temps d'incandefcence a duré tant que la planète n'a pas été conlblidée jufqu'au centre, c'eft-à-dire, enviroii 25^3^ ans po'ir la Terre, 644. ans pour la Lune, r 7 ans pour Mer- cure, 1 130 ans pour Mars, 3 '^^C ans pour Vénus , 5 1 40 ans pour Saturne , & P43 3 ans pour Jupiter (g). fgJVoyti Us Recherches y«r ?a température des Plmites, premier & fécond Mémoires. Époques de la Natilre, %y Les fatellites de ces deux grofles pla- ' nètes, aufîi-bien que i'anneau qui en-^ vironne Saturne, lefquels font tous dans' le plan de Téquateur de leur planète^ principale, avoient été projetés dans le temps de la liquéfaction , par la force centrifuge de ces grofles pinnètes qui tournent fur elles-mêmes avec une pro-^ digieufe rapidité : la Terre , dont la vîtefle' de rotation e(l d'environ 9000 lieues pour vingt-quatre heures , c*eft-à-dire, de fix lieues un quart par minute , a dans ce même temps projeté hor& d'elle les parties les moins denfes de fon équa-; tèur , lefquelleis fe font raflemblées par leur attradion mutuelle à 85000 lieues de diflance^ où elles ont formé le globe de la Lune. Je n'avance rien ici ^ui ne foit confirmé f>ar le fait, lorfque je dis' que ce font les parties les moins denfes qui ont été projetées, & qu'elles l'ont' été de la région de l'équateur ; car l'on ' fait que la denfité de la Lune efl à celfe de la Terre comme 702 font à 1000^" c'eft-à-dire , de plus d'un tiers moindre; '. & l'on fait aufH que la Lune circule autour de la Terrer dans un plan qui m m ;: Nijrohe Natureïïe. '' 1 ^ fi'eft éloigné q.ue de 23 degrés de notre éqiiateur, ôc que fa diflançe moyenne eft d'environ 85000 lieues/ Dans Jupiter, qui tourne fur hii-méme en diix lieures , & donc la circonférence- e(l onze fois plus grande que ceiie de h Terre , & Ja vîtefle de rotation de i 6 j; Heues par minute , cette énorme force centrifuge a projeté un- grand torrent de matière de différens degrés de denfité, dans lequel Ce tont formés les quatre* fâteliites de cette groflfe planète, dont Fun , aufTr petit que la Lune, n*eil qu^à Sjpjoo lieues de diflance, c'eft-à-dire,. prefque aufïî voifin de Jupiter que I» Lune l'ed de k Terre. Le lècond, dont ia matière étoit un peu moins dente que celle di) premier, & qui e(} environ gros comme Mercure, s'eft formé à 141 800 lieues : le troîiième, compofé de partie» encore moins denfes, & qui eft à peu près grand comme Mars, s*eil formé à^ 225800 lieuee^ Sl enfîn le quatrième, dont la matière étoit [a plus légère de toutes , a été projetée encore plus loin , & ne s'eft ralfemblée qu'à 35)7877 lieues,. &tous kB quatre (b trouvent; à très-pei^ Époques Je la Nature* Ô^ près , dans le plan de i'équateur de leur planète principale , & circulent dans ie même fens autour d'elle (h)* Au refte, la matière qui compofe ie globe de Jupiter ed elle-même beaucoup moins denfe que celle de la Terre. Les planètes voifines du Soleil , font les plus denfes ; celles qui en font les plus éloignées , font en même temps les plus légères î la denfité de la Terre eft à celle de Jupiter comme 1000 font à 292; & ii eft à préfumer que la madère qui compofe fes faieiiites , . efl encore moins denfe que celle dont il < eft lui-même compofe (i), Saturne y qui probablement tourne fur lui-même encore plus vîte que Jupiter^ à non-feulement |)roduit cinq fateiiites^ (h) M* Bailly r mpntré , par des raifons très- plaufîbles , tirées du mouvement des noeuds des fatelUte^ de Jupiter , que le premier de ces (kcellites circu!e dans ie pian même de Péquateur de cette pHinète , & que fe { trois autres ne s*en écartent piif d'un degré. Mfyttbrrs de VAcatiimk dts Scùnces ^ cnnée ty6iÇ* (i) J*ai par analogie donné aux (àtelHtes de' Jupirer & de Saturne , fa même denfité relative qui fe trouve entre la Terre & !a Lune , c'eft-àr- dire, de 1000 à 702, Voyez le premier Mémoice ftr la tmpératurt dtt Pttmim* .>ï « ! i po Hifloire Naturelle, m mais encore un anneau qui, d*après mon Iiypothèfe>y doit être parallèle à fon ëquateur , & qui l'environne comme un pont fu (pendu & continu à 54000 lieues de diflance : cet anneau , beaucoup plus large qu'épais , eft compofé d'une ma- tière (oïïdQ , opaque & iemblable à celle des fatellites; il s'eil trouvé dans le même état de fuflon , & enfuite d'incandef- cence : chacun de ces vafles corps ont ^ confervé celte chaleur prîmidve , en rai- fon compofée de leur épaiffeur & de leur denfité ; en forte que l'anneau de > Saturne, qui paroît être le moins épais de tous les corps céleftes, eft celui qui -auroit perdu le premier fa chaleur pro- pre, s'il n'eût pas tiré de très -grands fupplémens de chaleur de Saturne même , dont il e(l fort voifin ; enfuite la Lune & les premiers fatellites de Saturne & de Jupiter , qui font les plus petits des globes planétaires , auroient perdu leur chaleur propre, dans des temps toujours proportionnels à leur diamètre; après quoi les plus gros fatellites auroient de même perdu leur chaleur , & tous feroient aujourd'hui plus refroidis que le globe Époques Je la Nature, pi de la Terre , A phifieurs d'entr'eux n'a- voient pas reçu de leur planète princi- pale un', chaleur immenfe dans les commencemens : enfin les deux grpfles planètes, Saturne & Jupiter, conlervent' encore aélueilemem uiie très - grande chaleur en comparaifon de celle de leurs^ fateliites , & inênie de celle du globe de, la Terre. ^ "'\ Mars , dont la durée de rotation eA de vingt -quatre heures quarante minutes, & dont la circonférence n'eft que treize' vingt-cinquièmes de celle de la Terre, tourne une fois plus lentement que le globe lerreflre , fa vîteffe de rotation n'étant guère que de trois lieues par minute ; par conféquent fa force cen^ trifuge a toujours été moindre de plus de moitié que celle du globe terreftre; c'eft par cette raifon que Mars , quoique' moins denfe que la Terre dans le rapport de 730 à 1 000 , n*a point de fateliites. Mercure, dont la denfité eil à celle; de la Terre comme 2040 font à 1000, n*auroit pu produire un fatelliie que par', une force centrifuge plus que double de celle du globe de la Terre ; mais quoique la durée de fa rotation n'ait pu *^' 11 pi Hijloire Naturelle^ ; être obfervée par les Aftronomes, î! eft plus que probable qu'au lieu d'être double de celle de la Terre, elle efl au contraire beaucoup moindre. Ainfl Ton peut croire siveC fbndemuit que Mer- cure n'a point de Satellites. " ' *^*^ Ve'nus pourroît en avoir un , car étant un peu moins épaifle que la Terre dans ia raifon de 17a 18, & tournant un peu plus vite dans le raj)port de 23 heures 2,0 minutes à 23 heures ;6 minutes, fa \îtefle, eft de pius de llx lieues trois quarts par minute , & par conféquent fa force centrifuge d'environ un treizième plus grande que celle de la Terre. Cette planète auroit donc pu produire un ou deux fatellites dans le temps de fa liqué- fadlion ^ fi fa denfité , plus grande que celle de la Terre , dans la raifon de 1270 à 1000, c'eft-à-dire, de plus de 5 contre 4 , ne fe fût pas oppofée à fa réparation & à la proje jufqu'à ion état aéhiel, lï'eft pas encore afîèz étendue pour tous les grands ouvrages de la Nature, dont là Conftruâion nous démontre qu'ils n'ont pu fe faire que par une fucceflion lente de mouvemens réglés & conftans. « Pour rendre cet aperçu plus feiifiblej mons un exemple ; cherchons com--^ Epoques de la Nature. - jj^ Viçfî a faiiu de temps pouf la icon^ tru II // ^QO Hlflmré Naturelle. ^^ • \t ,d^p6t n'augmente qu'infenriblemetit ^ de beaucoup moins de cinq pouces par^n. £t fi cette colline d argile efl couronnée dâ rochers calcaires, la durée du temps, que je réduis à quatorze mille aixs, ne doit-elle pas être augmentée do celui qui a été néceflàire pour le tranf- port des coquillages dont la colline eft furmontée ! & cette durée fi longue, nVt- elle pas encore été fiiivfe du. temps nécefiâire à la pétrification 6c au defiTé- chement de ces fédimens , & encore d'un temps tout aufiî long pour la figuJ ratipn de la colline paf angles (aiilans & rentrans! J*ai cm devoir entrer d'avance dans ce détail , afin de démontrer qu'au lieu dç reculer trop loin. les limites de la durée, je les ai rapprochées autant qu'il m'a été pofiible , fans contredire évidem- ment les faits confignés dans les archives de la Nature. >î ù ^ ntiir " (S? ' '' * .^>;i4; Éppqaes d^ h Ndtnre. lof .SECONDE iPOQ.UE. b Lorsque LA matière ^^^s*€tànf c^tîfplidée à fom la roche intérieure liu globe , ûinft que les grandes majfes vitrefcibles qui foni \JN vient de voir Cfae, dans notre hypothèfe , il â du s'écouler deux mille neuf cents trente -fix ans avant que le giobe terreftre ait pu prendre toute fa çonfidance à- lies jpar C!es fubAànces métalliques' que hoû^ y trouvons aujourd'hui /"//7; car il faut, à i'égard de f origine des mines , faire k même diflindion que nous avons inf diquée pour Fôrigine dés matières vitréf^ '" ' // 4T Voyei ci après îès Notes îuftîficatiy^ t/«i> ' .v..i Époques de la Nature. 107 cibles & des matijères calcaires , dont les premières ont ^té produites par l'a^iop du feu , & les autres par l'intermède de i'eau. Daiis les mines métalliques » les principaux filons , ou, frTon veut, les mades primordiales, ont été produites par la fufion & par la fubiimation, c'eil- à-dire, par Tadipn du feu; & les autres mines , qu'on doit regarder comme des filons fecondaires & parafites , n'ont été produites que poflérieurement , par le moyen de Peau. Ces filons principaux» qui femblent préfenter les troncs des :arbres méulliques, ayant tous été for- més, foit par la fufion, dans le temps du feu primitif, foit par la fubiimation » dans les temps fubféquens, ils fe font .trouvés & fe trouvent encore au^ur- d'hui dans \t^ fentes perpendiculaires des hautes montagnes; tandis que c'efl art .]Ad de ces mêmes montagnes que gi(^ fent les petits filons, que Ton prendroit .d'abord pour les rameaux de ct% arbres métalliques, mais dont l'origine efl néan* .moins bien différente ;. car ces mines fecondaires n'ont pas été formées par le feu^ elles ont été produites par l'aétioiiL E v| IV .J. rio8 Hifloke Naturelle. • fucceflTive de l'eau qui, dans des temps poftérieurs aux premier», « détaché de ces anciens fiions des particules miné- rales » qu'elle a chariées & de:po£ées fou» difFcrenies formes ^ & toujours au-deP ibus des iilons primitif» // iTy. Ainfi la produdion de ces mines fe- condaires étant bien plus récente que celle des mines primordiales, Ql fupiK*-' faut le concours & l'intermède de 1 * 4W^ leur formation doit, comm^ celle dec matières calcaires , fe rappoiici à des époques fubféquemes , c'eft-à-dire , ai^ lem|>s où ia chaleur brûlante s'étant attiédie^ la température de la furface de la Terre a permis aux eaux de s'établir ; & enliiite au temps où ces mêmes eaux ayapc laiflTé nos continens à découvert , les vapeurs ont commencé à fe coi>- denfer contre les montagnes , pour y produire des fources d'eau courait. Mais avant ce fécond & ce troifième temps**, il y a eu d'autres grands effets , que nous devons indiquer. [i 6] Voyez ci-n, r:? ^it5. i'' '.AV^ u> NOtes ju/ ^atives ^ti .;A. Êpo^tiiÈ Jf la Nature, xdy Reprëfentjns-noiM, s'il eft poffîble, rafped qu'offfoit la Terre à cette fe- concfe ëpoqi P , c'eft-à-dire , imniëdia- tement après que fa fur face eut pris de la confidance , & avant que ia grand* chaleur permît à '*eau d'y lëjourner ni même de tomber de ratmofphère : les plaines , les montagnes , ainfi que i'in- tcTÎeur du globe, étoient également êc uniquement compofées de matières fon- dues par le feu, toutes vitrifiées^ toutes de la même nature. Qu'on fe figure pour un înflant la farface aduelle du globe dépouillée de toutes (es m^rs, de toutes fes collines calcaires , aitifi que de toutes (es couches horizontales de pierre , de craie , de tuf, de terre végé- tale , d'argile , en un mot de toutes fd& matières liquides ou folides qui ont ét'é formées ou dépotées par les eaux : quelle feroit cette fur face après Fenlè veinent de ces immenfes débiais ! 11 ne refleroic que le fqueiette de ia Terre , c'eft-à^ dire, la roche vitrefciblc qui, en conftï- tue la malTe intérieure ; il refleroit ^e& fentes perpendiculaires produites dans le temps de la confolidation , a^gmentées^ /i ItO Hifi&he Nmrellè. .élargies pài; le reftcii^ifleipent; (H lèile- troit ies jnétaipi; ^ ie^ minéraux; fixes qui, 4*ép^rtÇS{!de -j* rocfee yit^efçiye p^r lac- îjtion diji fey,;Qnt rempli par fufion ou s^pi^ tfuhlima'«îon , jes fenres perpendicu- ijaires de ces prpfongemens de la roche înt^riçure du globe; ^ enfin il refteroit les trous, 'ie$anfra<^uofués & toutes les :^avitësjntérieurç$ dé .cette roche qui en ..çft, 1^ bafe, & qui fert de fou tien à ^4loutes, leS; n[^ièr>es terreftres ainenées jenfûite' par les eaux. 'p- £t comme ce» fentes occasionnées par le refroididement , coupent. & tranchent tje plan vertical des montagnes, -non*-{èu- ^emenrxie haut en bas, mais de: devant ^ta arrière ou d'un côté à l'autre, ^ que Idans chaque montagne elles ont jTui vi Ja l^ireélion générale de fa première forme , 'H «1 a réfulté que les mines, fur -tout :€elles des métaux précieux, doivent fe : chercher : à la bouifole , en fuivant tou- •fours Ja diredion qu'indique la décou- -Yerte du premier filon;/ car dans chaque rmohtagne» les femes perpendiculaires qui la traverfent (b|it à peu-près parallèles : .liéânmoins il n'en faut pas conclure , ,' i ■ »., * ■ V ; '■ -f' V "■ > : V ^./^■-' * -- .- ' "-''■• . .*■ Epoquis Je Ta jNfature. î i 1 tfôtonié» i-ofit feît quelques Mhiërafe^ gîftfes ', qu'oiî doive toi])<^iirs chercher ie$' tmétaux dahs la ttièmé Àvtedïon , paf exehiplë', ifur ia ligne Ût onze* heures où fiir ceHe dé midi ; Car fouVent une mine de rtikdi bu de onze heures fe trouve coupée par un filon de huit ow neuf heures , &c. qui étend des rameaux fouis différentes dirediôns; & d'ailleurs on voit que , faivànt la foritfe différente de chaque montagne, les fentes perpen*- diculairës la traver{c?rit à la Vérité paraM lèlemént e;ntr*ellés^, tirais que leur direc- tion , quoique commune dans le métne Heu , n'a rien de, ■p.: 114 Hifloik ^NaturellK Midi. Les métaux moins parfaits » tds 2ue le fer ai le cuivre , qui font moins xes au feu , parcie qu^iU contiennent '^des matières que le feu peut voiatilifer plus aiiement , tt font formés dans des -temps poflérieurs ; auffi les trou ve-i-on en bien plus grande quantité dans les pays du Nord que dans ceux du Midi. Il femble même que la Nature ait ali- gné aux difiërens climats du globe les -ttifTéf ens métaux : For & l'argent , aux 'Tégions les plus chs^udes ; le fer & le ^Cuivre , aux pays les plus froids ; & le plomb & Fétain, aux contrées tempé- rées : il femble de même qu'elle ait établi For & Fargent dans les plus hautes montagnes; le fer Sl le cuivre, dans les montagnes mé^ocrés ; & le plomb & -^•i'ét^in, dans les pliis bafies. Il parott encore que, quoique ces mines primor- diales des différens métaux fe trouvent toutes dans la roche vitrefcible, celles d*or & d'argent font quelquefois mélan- gées d'autres métaux; que le fer & le cuivre (bnt fouvent accompagnés de îSjnatièreS qui fuppofent l'intermède de Feau, ce qui femble prouver qu'ils n'ont V i'"/ , **;;. .■■'v- \. * ;! ÊpéijuiS A tû Nitihire, 1 1 5 G été produits en même temps; & à jard de iVtain , du pbmb & du nier-* cure I il y a 6t% cfifFérences qui Tembiem indiquer qu'ils .ont été produits > dans des temps tr^s ^ différens. Le plomb eft le plus vitrefcible de tous, les niétaux, & i'étain l'eft le moins: le mercure eft le plus volatil de tous , & cependant ii ne diffère de Tor, qui eil le pliis fixe de tous, que par le degré de &u que leur iiiblimation exige ; car l'of , ainfi quç tous les autres métaux >, peuvent égaies* ment, être ivolatilifès par une plus oti moins grande chaleur. Ainli itous ks métaux ont été fublimés & volatiiifé) rucceffivèment, pendant le progrès du refrpidiûèment. £t comme il ne faut qu^une très-ijégèiJc chaleur pour volatP* hier ie inerçure , & qu^une chalçiiir mé* dipcre fuJQBi-pour fondiie Fétain & le plomb, ces deux- métaux (bnti demeurés liquides & coulans bien p^us long-temps que lés quatre premiers; & le mercure' Téû encore, ])arce que la chaleur aéluelle de k Terre ed plus que iltffifame pour le tenir en fufion ; il ne deviendra folido qMC quand le globe fera refroidi d un u 11^ Hifloirè Naturelle. cinquième de plus qu'il ne Teft au jour* d*liui ; puifqu'il faut 1 9^7 degrés au-* de (Tous de la tempcrature adluele de la Terre, pour que ce métal fluide fe cônfolide, ce qui fait à peu >- près |a cinquième partie des looo degrés au- dèfTous de la congélation. Le plomb , Tétain & le mercure ont donc coulé fucceflivement , par leur fluidité , dans les parties les plus baffes de la roche du globe , & ils ont éié , comme tous les autres métaux , fLd>limés dans les fentes des n^ontagnes élevées. Lei matières ferrugineufes qui pouvoient fup-r porter une très- violente chaleur , fans fe fondre aflez pour couler, ont fbrmé dans ies pays du Nord, des amas métalliques ji confidérables , qu*ii s*y trouve Jes montagnes entières de fer////, c'eft** à-dire, d'tine pierre vitrefcîble ferrugi^ neufe, qui rend (buvent foixante *■ dix livres de fer par quintal : ce font-ià les mines de fer primitives ; elles oç^oipent de très-vafles efpaces dans les contrées ['7] Voyez ci-après les Notei juftificatlvcs dti Éiits. ■.■Vfi«M"iK; ,*i'.>:#r-' -*;^' ;S-.'i •4. A ï %; , V. Épàques de la Nature, 1 1 7 fie noire Nord; & leur fubdance n*é- tant que du fer produit par iadion du feu, ces mines îont demeurées iiifcep- tibles de I*attraélion magnétique, comme ie font toMtes les matières ferrugineuses qui ont (ubi le feu. L'aimant eft de cette même nature ; ce n'eft qu'une pierre fer rugineufe, dont il fe trouvç de grandes malles & même des mon|;5^gpes,d^ns qui^kiues contrées 9 (& particulièrement dans celles de notre Nord /"i^/ .* c'eft par cette raifon que l'aiguille aimaptce fe dirige toujours vers ces contrées où toutes les ^ines de fer font; 4iiagn^tique;i. Le msignédfme e(l un effet conduit de l'éleâricité conllante|^» produite par Ifi chaleur iniérieurje ^. pajr )a rotation du globe ; mais s'il dépendoit uniquement de cette ^aufe générale^ j'aiguille aimantée pointerott toujours i9t par-tout direâemem ^^x pôle : or les dif^ .férentes déclMiaîfons fuiv^ttt les différ^^ pays y quoique fous le mêipe parallèle , démontrem que le magn^tifme particulier ■*r" [t8J Voycs ci-après les Notes juftificatives dfl X -\ li8 Hiftoire NatuteUe^ des montagnes de fer & d*aimànt lilfluîe confidérabieiTient fur la direction de l'ai* guille ^ puifqu'eife s'écarte plus ou moins a droite ou à gauche du p6Ie , félon le lieu où eiie fe trouve, & feion la diftance plus ou moins grande de ces thontagnes ide fer. * ' ' Mais! revenons à notre ob|et f)rincipàï', à la topographie du globe, antérieure à }a chute des eaux ; nous n'avons que quelques indices encore fubHftans de la première foi^me de fa furface : les plus hautes montagne!» composes de itîatièréi vkrdfcibiejs y font lël (ètds téiiioins db cet iuncien i^tj elfes étoiieht àlorà èncorb plus élevées qu'elles né lé font^ aujourt- â'huî; ^^AC depuis ce téMps & après i*é- tabMflëment dès éàiix, les mouvemeiis de ^a mer , i& ènfilité ies' pluies , les^ verits, les gelées^, le^ co^ràns d'eau , la chute ^ès torrent > eirifiii toutes lès injures dés ^iémbiis de l'air & de l'eau , & les fe- couflès des lAoùvtrtiens foutèrrains , ^'ont pas ceïfè • de ^les dégrader , ' de les trancher & même d'en renverfer les ^parties lés ;mo2ûs. iblîdes^^, iÇc nous ne pouvons douter que les vallées qui f«nt i ■' ? «* Époi^ves dé la NaHire. i\^ au pied de ces montagnes ne fuflTentl bien plus profondes qu'elles ne le fonti aujourd'hui. » Tâchons de donner un aperçu, plutôt qu'une énumération de ces éminences> primitives du globe, i .** La chaîne des< Cordelières ou dt% montagnes de l'A-> mérique, qui s'étend depuis la pointe de la terre de Feu jusqu'au nord dvL nouveau Mexique , & aboutit enfin à des régions feptentrionales que l'on n'a pas encore reconnues. On peut regarder cette chaîne de montagnes comme con^t tinue dans une longueur de plus dar. 120 degrés, c'èft-à-cfire, de trois mille lieues ; car le détroit de Magellan n'eft qu'une coupure accidentelle & podé-^ rieure à l'établiflèment local de cett6 chaîne , dont les plus hauts fbmmett font^dans la contrée du Pérou, & Çéi rabaiflènt à peu-près égdletnent vers I$| Nord ic vers le Midi;: c'eft donc fouyf rÉquateur même que fe trouvent iei|, parties les plus élevées dé cette chaîiià ptimitive dés plus hautes montagnes dit^ monde ; & nous obferverons commet) chofe remarquable, que de ce ppint df i ■ ir^ti r^rr.ny. u y v' rÉquateur elles vont en fe rabaiflfant i peu-pres également vers le Nord & vers le Midi , Sa auffi qu'elles arrivent à peu- près à la même diUance, c'e(l-à-dire, à quinze cents lieues de chaque côté de l'Equateur; en forte qu'il ne refle à chaque extrémité de cette chaîne de montagnes, qu'environ 30 degrés, c'eA- à-dire, fept cents cinquante lieues de mer ou de terre inconnue vers le pôle auftrai, & un égal efpace dont on a reconnu quelques côtcô vers le pôle boréal. Cette chaîne n*t^ pas précift^ ment (bus le même méridien , & ne forme pas une ligne droite ; elle fe courbe d'abord vers i'£(l , depuis Bal- divia julqu'à Lima, & (à plus grr.nde déviation fe trjuve fous le tropique Hu Capricorne ; ensuite elle avance vers rOued I retourne à i'Eft , auprè» de 'Popayan, & de-là fe coucbe fortement vers l'Oued, depuis Panama jufqu'à Mexico; après quoi elle retourne vers TEft, depuis Mexico jufqu'à ion extré- mité, qui eA à 30 degrés du pôle, & qui aboutit à peu-près aux Ifles décou- f^rtes par de Font)* £n confidérant la ^^.u^-..-.-^-%,»3_v.,^j|,.^,.*,,:, ,,.^^^^^ ....^^^,^ Situation \ _./- \j- de la Jamaïque , de Saint-Domingue^ Porto- jj^co ÔL toutes l^s Antilles » nVn font qu'ime branche qui s'é.t^nd du Sud au Nord , depuis Cuba ôç. la pointe de la Floride, jufqu'aux lac$ du Canada, êc dg-là court de l^Eft à l'Oued pour \ "'"- '*■ ■« » ■ *'■' - s. . V .,<-. >-,ï ■ /''• ;- ■ 1'' ;' ■ .. v-.^; ■ - ,'■ y .-' 'y-^"^- - Épê^ues de ta Nature. 123 rejoindre l'extr^mitd dt% Cordelières ,. au-delà des laCs Sioux. 3/ Dans 1er, grand continent de TEurope & de l'Afîe, qui non - feulement n'ed pas comme ceux de l'Amërique & de l'Afrique » traverfô par l'Equateur , mais en eft même fort éloigné , les chaînes des principales montagnes, au lieu d'être dirigées du Sud au Nord , le fonr d'Occident en Orient : la plus longue de ces chaînes commence au fond de^v i'Efpagne, gagne les Pyrénées , s'éiencfv en France par TAuvergne & le Vivarais ,•> pafle eiifuite par les Alpes, en Alle- magne , en Grèce , en Crimée , 6t! atteint le Cau'clafe , le Taurus, Tlmalis, qui environnent la Perfe, Cachemire â:^., le Mogol au Nord , jufqu'au Thibet , d'où elle s'éteitd dans la Tartarie Chi- noife, & arrive vis-à-vis la terré d'Yeço, Les principales branches que jette cette*V' chaîne principale , font dirigées du Nord au Sud en Arabie, jufqù'au détroit dô^ la mer Rouge ; dans rindoflàn , |u(i:{u aai cap Comorin; du Thibet, jufqu'à la pointe de Malaca : ces branches ne Uiflènt pas de former des fuites . de ■ if' tej-'i'ii-^^.! ■^l '#- ->* "'%' ; i 2 4 - i' Hiflokc Ndtureïïe, ' iTîontstgnes particulières dont les fbminets ion t fort élevés. D'autre côté, cette chAÎne principale jette du Sud au Nord quelques rameaux , qui s'étendent depuis les Alpes du Ti;ol jufqu'en Pologne; iCnfuite depuis le mont Caucafe jufqu^en Mofcovie, ôi depuis Cachemire jufqu-en Sibérie ; & ces rameaux qui font du Sud au Nord de ia chaîne principale, ne préfentent pas d^s montagnes auflî .élevées que celles des branches de cette finême chaîne qui s'étendent du Nord ^au Sud. , . . i ^ Voilà donc à peu'prèjj la topographie *;4^ ia furface de la Terre, dans le temps de notre féconde Époque, immédiate- ipent après la confblidation de la matièret Les hautes montagi>es que nous venons cjp défigner font les éminences primi- tives , ç'eft-à-dire , les afpérités produites à la furface du globe au moment qu'il "î^ pris fa confiftance; elles doivent leur ^origine à T^ffet du feu , ^ (ont aulïï par ^ette raifon çoipppfées, dans leur i|itérieur & jufqu'à leurs fommets , de çi^tLères vitrefcibles : toutes tiennent par fej^rbaft à b rochç iinérieure du globe, - Î5 t if t ,V - H. 'Époques ie h l^èture. tl$ qui eft de même nature. Plufieurs autrèi éminences mdins élevées , ont traverfé dans ce même temps & prefque eii tous fens la furface de la Terré , & Ton peut affurer que , daris tous les lieuic où ToA trouve des montagnes de roc vif ou dô toute autre matière lolide  vîtrefeible^ leur origine & leur établiffement local ne peuvent être attribués qu'à radioA du feu âc aux effets de la corlfolidation ^ qui ne fe fait jamais fans laifler des iné-» galités fur la fuperficie de toute maflè de matière fondue* - , < v : w , En même temps que ces caiifes orft produit des éminences & des profon-* deurs à la furface de la Terre , elles ont aufli formé des bourfouflures & dc$ cavités à rintérieur , fur-tout datis les couches les plus extérieures : ainfî lô globe, dès le temps de cette féconde Époque , lorfqu*il eut pris fa confiftancé & avant que les eaux n*y fuffeni établies, préfentoit une furface hériffée de mon- tagnes & fillonnée de vallées ; mais toutes les caufes fubfequentes & poftérieures à cette époque , ont concouru à combler toutes les profondeurs extérieures U JT iJJ \r ' s ■ Ni -■ // m^ li6 Jfjtfloire Natureïïe. - * même les cavités intérieures ; ces ètiifes fubféquentes ont auiïî altéré prefque par-tout la forme de ces inégalités primi^ tives ; celles qui ne s'éle voient qu'à une hauteur médiocre ont été pour la plupart recouvertes dans ia fuite par les fédimens des eaux , & toutes ont été environnées à leurs bafes jufqu'à de grandes hauteurs, j(Je ces mêmes fédimens ; c*eft par cette xaifon que nous n'avons d'autres témoim apparens de la première forme de la furface de la Terre , que les momagnes conipofées de matières vitrefcibles , dont flous venons de faire l'énumération ; cependant ces témoins font fûrs Sa fuffi- fans ; car comme hs plus hauts fommets de ces premières montagnes n'ont peut- être jamais été fiirmontés par les eaux , ou du moins qu'ils ne l'ont été que pendant un petit temps, attendu qu'on n'y trouve aucun débris des produdions marines , & qu'ils ne font compofés que de matières vitrefcibles ; on ne peut pas douter qu'ils ne doivent leur origine au feu , & que ces éminences , ainft que la roche intérieure du globe, ne ' Tent enfemble un corps continu de ■# Êpo^jUes Je la Nature, iij même nature, c'eft-à-dire, de matières 'vhrefcibles , dont la formation a précédé celle de toutes les autres matières. En tranchant le globe par TÉquateuf & comparant les deux hémifphères , on voit que celui de nos continens contient à proportion beaucoup plus de terres que lâutre , car TA fie {tixïé e(l plus grande que les parties de l'Amérique , dé TAfrique , de la nouvelle HdIanHe j^ & ^ de tout ce qu'on a découvert de terreJ % au-delà. Il y avoit donc moins d*cmi- nences & d'alpérités fur Thémifphère audral que fur le boréal , dès le temps même de la confolidation de la Terre; & fi Ton confidère pour un înftant ce giflement général des terres & des mers; on reconnoîtra que tous les continens voiit en fe rétréciflant du côté du Mtdî , & qu*au contraire toutes les mers vont en s'élargiffant vers ce nfiême côté du Midi. La pointe étroite de l'Amérique méridionale , celle de Californie , celle du Groenland^ la pointe de l'Afrique, celles des deux prefqu'îles de Tlnde , & enfin celle de la nouvelle Hollande , dé- montrent évidemment ce rétréciflement m; / '%. i' '>i^ fiiff Hiftoire Naturefte.^ des terres & cet élargiflemem des mers vers les régions aufl raies: Cela fembie indiquer que la furface du globe a eu originairement de plus profondes vallées dans i'hémifphère audral, & des éaû" nences en plus grand nombre dans Tiié- mifphère boréal : Nous tirerons bientôt quelques indudions de cette djfporaioâ générale des coniinens & des mers. La Terre avant d*avoir reçu les eaux j ëtoit donc irrégulièrement hérKTée d'af- pérités, de profondeurs & d'inégalités iemblables à celles que nous voyons 1 iîir un bloc de métal ou de verre fondu ; elle avoit de même des bourfouHures 4& des cavités intérieures , dont Torigine^ comme celle des inégalités extérieures , ne doit être attribuée qu'aux efièts de la conlbiidation. Les plus grandes émi- nences , profondeurs extérieures & ca« yités intérieures, fe font trouvées dès- lors & fe trouvent encore aujourd'hui fous r Equateur entre les deux tropi- ques , parce que cette zone de la furface du globe efl la dernière qui s'elt confolidée , & que c*eil ,dans cette zone ^i^ le mouvement de rotation étant le V Époques /le la Nature, lip ) p\vii rapide » il aura produit les plu»- ; grands effets ; la matière en fufion s'y étant élevée pîus que par- tout ailleurs , & s'étant refroidie la dernière , il a dû: v s'y former plus d'inégalités que dans- toutes les autres parties du globe où le mouvement de rotation étoit plus lent & le refroidiffement plus prompt. Auflî trouve-t-on fous cette zone les plu» ; hautes montagnes « les mers les plu» entre - coupées , femées d'un nombre^ infini d'îles, à la vue defquelles on ne peut douter que dès fon origine cette partie de la Terre ne fût la plus irrégu- . îière & h moins folide de tomes fi pj. v^ £t quoique la matière en fu-fion ait • dû arriver également à&s deux pèles- . pour renfîer i'Équateur, il paroît ctt^- coitiparant les deux hémifphères , que ,; notre pôle en a un peu moins fourni^ , que l'autre, puifqu'il y a beaucoup plus de terres & moins d - mers depuis ■. îe tropique du Cancer au pôle boréal ? ^ & qu'au contraire ii y a beaucoup plu^ .['SJ Voyez cr>aprcs les Notes juAificaiivcs def ■• Ft •*V ('»■ >Ps v\ // '\ - . :*• 1 1 130 Hiftotre Naturelle, de mers & moins de terres depuis celui du Capricorne à i^autre pôle. Les plus profondes vallées fe font donc formées dans les zones froides & tempérées de i'hémifphère auftral , & les terres les plus folides & les plus élevées fe font trouvées dans celles derhémifphère feptentrional. . Le globe étoit alors, comme il TeH: encore aujourd'hui , renHé fur i*Équa- teur , d'une épaidèur de près de fix lieues un quart ; mais les couches fuperfîcielies de cette épaiflèur y étoient à Tintérieur femées de cavités, & coupées à Texte- rieur d*éminences & de profondeurs plus grandes que par-tout ailleurs ; le refle dii globe étoit fiUonné & traverfé en différens fens par des afpérités toujours moins élevées à mefure qu'elles appro- choient des pôles ; toutes n'étoient Compofées que de la même matière fondue , dont efl auffi compofée la rpche intérieure du globe ; toutes doi- vent leur origine à Tadion du feu pri- mitifs à la vitrification générale. Ainfi ia furface de la Terre avant l'arrivée des eaux , ne préfentoit que ces premières alpérités qui forment encore aujourd'hui I Époques Je îa Nature, i j î (es noyaux de nos plus hautes mon- tagnes ; celles qui étoient inoins élevées ayint été dans la fuite recouverte^ par les iédimens dQ$ eaux & par les débris des productions de la mer , elles ne nous font pas aufn évidemment connues que les premières : on trouve fouvent dts bancs calcaires au-deflUs des rochers de granits , de roc vif & des autres ma^Tes de mati res vjtrefcibles ; mais Ton ne voit pas des mafles de roc vif au-defTus des bancs calcaires. Nous pouvons donc affurer , fans craindre de nous tromper,^ que la roche du gfobe eil continue avec toutes le)s éminences hautes & bafTes qui fe trouvent être de la même nature , t'efl- à-dire de matières vitrefcibles ; ces éminences font maffe avec le folide du globe, elles n*en font que de très- petits prolongemens , dont les moihs élevés ont en fuite été recouverts par lès fcories du verre , les fables , iei argiks ,\& tôtis les débris des produdions de la mer amenés & dépofés par ies eaux , dans les temps fubféquens , qui font robjet de notre troifième Époque. ^^ ■■■■■* F V j > # /ijl Hifloire Naturelle. \i V? Av TROISIEME EPOQUE. LORSQUE LES EAUX ONT COUVERT. nos Continens, . .: ^^ A ' '•' jPi. la date de trente ou trente - cinq mille ans de la formation des planètes , la Terre fe trouvoit aflèz attiédie pour recevoir les eaux fans les rejeter en va- peurs. Le cahos de l'atmoiphère avoit ( commencé de fe débrouiller: non-feu- lement les eaux , mais toutes les matières volatiles que la trop grande chaleur y tenoit reléguées & fu (pendues, tom- ))èrent fucceffivement ; elles remplirent toutes les profondeurs , couvrirent toutes les plaines , tous les intervalles qui (è trouvoient entre les éminences de la fur face du globe, & même elles fur- mdntèrent toutes celles qui n'étoient pas excefljvement élevées. On a des preuves évidentes que les mers ont couvert le contiiient de l'Europe jufqu'à quinze cents toifes au-deflus du niveau de la > • .' ^ ^ ; j Époques Ji kl Nature, i j J mer a^ueMe [2 ù /, puifqu^on trouvd des coquilles & d'autres produdions marines dans les Alpes & dans les Pyré- nées jufqu'à cette même hauteur. On les mêmes preuves pour les conunens le TAfie & de T Afrique, & même lans celui de TAmérique , où les mon- tagnes font plus élevées qu'en Europe, % on a trouvé des coquilles marines à plus de deux mille toifes de hauteur au-» ~ deffus du niveau de la^ mer du Sudi ^ Il efl donc certain qjue dans ces pre^ miers temps, le diamètre du globe avoit deux lieues de plus , pùifqu'il étoit en- veloppé d'eau jusqu'à deux mille toifes ^ de hauteur. La furface de la Terre ea général étoit donc beaucoup pins élevée qu'elle ne Tefl aujourd'hui; & pendant une longue fuite de temps les mers 1 ont recouverte en enuer , à Texceptio» peut-être de quelques terres très-élevées & des (bmmets des hautes montagnes qui feùls furmontoient cette mer univerfelle/ dont l'éléyation étoit au moins à cette [^o] , Voyez ci-après Jcs^Notcj jtftiâcaûvcs 4U|k )■:■:•.-. ,« «-■ '■V. l'.i!'- r--;y. iXv r/0OIiiorté de place en place ces mêmes fcories & toutes les matières qui fetrouvoient réduites en petits volumes. Il s'ell donc fait dans cette féconde période , de])uis treme-cinq jufqu^à cin- quante mille ans , un fi grand changement Époques de la Nature, i^p à la Airface du globe, que la mer uni* verfeHe , d'abord très-élevée , s'eft fuc- cedjvenient abaidee pour remplir les profondeurs oc paroiflent avoir été fréquentes dans cçs , jireiniejrs . âges du monde [21] s, ' : n , En fecondant les mers," ïa Nature répandoit auffi les principes de vie lue toutes les terres que Teau n'axoit ipu fur monter ou qu'elle avoit promptement abandonniées ; & ces terres, comme "^les à ' ^^[22] Vo^efc fÎHiÉprèi ligi J^^otcs juftHîcitivei (les faits, \s 142 Hijloke NdUirclk/ Itiérs » ne pou voient être peuplées que d'animaux & de végétaux capables de Supporter une chafeur plus grande que celle qui convient aujourd'hui à la Nature vivante. Nous avons des moriu- mens tirés dû {miv de la terre, & parti- cuiicrement du fond àt% minières de charbon & d'ardoiie , qui nous démon- trent que quelques-uns des poilfons & des végétaux que ces matièrej con- tiennait , ne font pas ûqs efpèces aétuel- iement existantes [2 ^]. On peut donc , croire que fa population de ta mer en animaux., n'efl pa3 plus ancienne que celle de la terre en végétaux : les mo- numèns & les ^témoins Ibnt plus nom- breu>^, plus évidens pour la mer; mais ceux qui déponent pour la terre font auiïi certains, & femblent nous dé~ montrer que, ces efpèbes anciennes dans les animatix miriiis & dans les végétaux terreilreS' fe ibnt anéanties , ou^ plutôt » '.!> '- .•A «- .■.,■-■■» Épix^S de lu Nïitiire. t^f lïîatiières {)yriteu{ës, bhumineufès & ml* néralcs, piires Ou mêlées de terres & do fédimcns de. toute efpèce. ^ La pix^duÀkm ties argiles paroît avoir pécéié celle deà coquillages'; Car ïa première op^rirdon de i eau a été de transformer les fcofies ijt lès poudres de veire efn argiles^ auffi les hts d'argildl fe font formés ^ùélqtre temps avant les bancs de piertes taïcetrres ; & l^oli voit que ces dépôts de matières argHeufe* ont précédé ceux éss madères c^tfàirés , car prefque par-tout les rochers calcailres font pofés fur des gkifcs qui leur fervent de baie. Je n'avance rien ici qui ne foît démontré par Texpérience ou confirmé par les obfervations : tout fe monde pourra s'affurer par des procédés aifés à répéter {24], eue le Verre & le grès en poudre fè jnvertiffcnt en peu de temps en argile, feulement en fé- joumant dans l'eau ; c'efl: d'après cette connoiffance que j'ai dit dans ma Théorie de la Terre f que les argiles n'étoient que ■ I- 1 ' ' ■' ■ " ..î » ' . .à [2^] Voyez cl après les Notes juftifîctttvci des faits. Époques» Tome L G i : .' \'* i •■ \\ \ .. V*'. t 5 ' ''' 14$ Hifioire Naturelle, r \" des fables vitrefcihles décompofés èç. pourris; j'ajoute ici que x:'eft probable- ment à cette décompofitîon du fable vitrefcible dans i'eau qu'on doit attribuer l'origine de l'acide : car le principe acide qui ië trouve dans Targile peut être regardé comme une combinaiibn de la terre vitrefcible avec le feu, l'air & l'eau ; & c'eft ce même principe acide qui eft ta première cauiè de la du^ilité de l'argile & de toutes les autres matières ; iâns même en excepter les bitumes , lesi liuiles & les graiflês , qui ne font dudiles & ne communiquent de la dudilité aux autres matières que parce qu'elles con* dennent des acides. Après la chute & l'établiflèment des eaux bouillantes fiu* la (urface du globe, la plus grande partie dés fcories de verre qui la couvroient en entier, ont donc été converties en aflêz peu de temps eii argiles : tous les mouvemens de la mer ont contribué à la prompte formation de ces mêmes argiles , en remuant & tranf- portant les fcories Sa les poudres de verre, &. les forçant de (e préfènter à l'avion de Teau dans tous les fens : Et peu de ^, A^ Époques Je Id Nature, 147 temps après , les argiles formées par l'intermède & l'imprenion de l'eau ont fucccilivemeti; été tranfportées & dépo- fces au-deflfus de la roche primitive du globe , au - deHTus de la malle iblide de matières vhrefcibles qui en fait le fond , ^ qui par (a ferme conudance & fa dureté , avoit rédilé à cette même adion des eaux. ' La décompofuion des poudres & des fables vitrefcibles , & la produ^ion des argiles, fe font faites en d'autant moins de temps que i'eau étoit plus chaude : cette décompofiiion a continué de fè faire & fe fait encore tous les jours ,^ mais plus lentement & en bien moindre quantité ; car quoique les argiles fe pré-^ Tentent prefque par-tout comme enve-^ ioppant le globe, quoique fouvent ces couches . d'argiles aient cent & deux cents pieds d'épaifîèur , quoique les rochers de pierres calcaires & toutes les collines composes de ces pierres foient ordinairement appuyées fur des couches argileufes , on trouve quelquefois au-, , d^tîbus de ces mêmes couches des âbks vitrefcibles qui n'ont pas été G 9 - >• '• V,. // ■kl 4': , [l+g Ni/loire Naturelle. ^ convertis, & qui confervent le cafacIeHiniteS|^^ de pierres lenticulaires, de cornes d'am-*,^ mon & d'autres échantillons de ces efpèccs perdues dont on ne trouve nuU^ part les analogues vivans. J'ai trouvé iHoi-mêine dans une fouille que j'ai fait creufer à cinquante pieds de pro- fondeur , au plus bas d'un petit vallon (m) tout conipofé d'argile , & dont ks coiiiiies voifines étoient auHi d'argile ittfqu'à quatre - vingts pieds de hauteur \ j'ai trouvé» dis -je ^ des bélemnites qui avoient huit pouces de long fur près ^ d'un pouce de diamètre, & dont quel- ques-unes étoiem attachées à une parti« ])Iate & mkice comme l'eil k tet de$ cruftacées. J'y ai trouvé de même un grand nombre de cornes d'ammon i>yrir teuCes & bronzées, & des millier j û^ pierres lenticulaires. Ces anciennes dé- ' pouilles étoient , comme l'on voit , (m) Ce petit vai!(in cft tout vo!iàn delà villf de Moiubard , au iwidi, ^ ■ -^ 'sM.,. Ï5t) Miftotre Naturelle, ënfoufes dans l'argile à cent trente pieds de profondeur ; car quoiqu'on n'eût creufé qu'à cinquante pieds dans cette argile au milieu du vallon , il eft certain que i'épaiflèur de cette argile étoit ori- ginairement de cent trente pieds, puifque les couches en font élevées des deux côtés à quatre-vingts pieds de hauteur au-defTus: cela me fut démontré par la correfpondnnce de ces couches (k par celle des bancs de pierres calcaires qui les furmontent de chaque côté du vallon. Ces Lancs calcaires ont cinquante* quatre pieds d'épaidèur , & leurs difTérens lits fe trouvent correfpondans & pofés horizontalement à la mêiiie hauteur au- defliis de la couche immenfe d'argile qui leur fert de ha(e & s'étend fous les collines calcaires de toute cette contrée. Le temps de la formation des argiles a donc immédiatement iùivi celui de l'établiflêment des eaux : le temps de la formation des premiers coquillages doit être placé quelques fîècles après; & le temps du traniport de leurs dépouilles a fuivi prefque immédiatement ; il n'y a eu d'intervalle qu'autant que la Nature Époques Je la Nature, "15 il en a mis entre la naiflnnce & la mort de ces animaux à coquilles. Comme i'imprefljon de i'eau convertifToit chaque jour les fables vhrefcibles en argiles , de que Ton mouvement les tranfportoit de place en place /elle entraînoit en même temps les^ coquilles & les autres dépouilles & débris des productions marines , & dépofant k tout comme des fédimeAS^ elle a formé dès-Iors les cod'ches d'argib où nous trouvons aujourd'hui ces nio-* numens » les plus anciens d^: la Nature organifée, dont les modèles ne fubiiftent plus : ce n*e(l pas qu'il n'y ait audi ùms les argiles des coquilles dont lo 'gine eft moiny ancienne; & même quelques efpèces que l'on peut comparer avec celles de nos mers , & mieux encore avec celles des mers méridionales; mais cela n'ajoute aucune difficulté à nos explica- tions, car l'eau n'a pas ceiTé de convertir en argiles toutes les fcories de verre & tous les fables vitrefcibles qJi fe font préfen- tés à fon aéUon : elle a donc formé des argiles en grande quantité, dès qu'elle s'eft emparée de la furface de la Terre : elle a continué ^ continue encore de Uij î,^.v \ •^ , ■fltfe' jpro4ui|e fe mêniiççffetj car fe mfer tjsairf^ jàoifesç » ^iç? i}h^4^kQm •. ^e-mret «5 ) des i^§(in9ifçi^rtïî,fl^s les argiles à ,4'&ffeï m^lî^^ ^voir pri^ééié VétàhliSkv^mt local j^^ (îfr^è^s .cîQuche^ 4'ap^?r; car au- 4f ^ps idç tm^t mtim pied^i d'%F^,doiît ^9t?iiesî iiatnroQn 0^ d'^tre% ^J>fi^ df$ Wmkm^fhsi^m^mks, ^ k^flai^afete^ »«ine& d^ çba||ï(?ii^ deftpi^tes h Ëp&qws Je là Hfituré, i^^ «fgileu fes qui Jes furinoment : ce qui lé prouve , c*eft qxte les veines de ce^ charbons de terre font prefque touJoupSt inclinées ; tandis que ceMes des argiles Vî ainfi que toutes ies awtres couches exié^* rieures du globe , font ordinaÂremem horizontales. Ces derrvières om donc été formées par le fédiment àçs eaux qui s'elï depoie de nirean* fur itiae h^i'h horizontale ; tandis qwe les autres j puil-^ qu'elles font inclinées, iêinblent avoir été amenées par un courant fur urt terrein en pentes Ces veines dé charbon i qui toutes Com compofées de végétauji ' mêlés ée plus ou moins de bkuime ,' doivent leur origine aux premiers végé-i taux que la terré a formés: toutes fe«^ | parties du globe qui fetrouvoiei*t élevées au defîuf des eaux produifirent dès le^ premiers temps une infinité de plafiffes- & d'arbres de toutes elpeces , fefquef^ bientôt tombant de vétiifté, furent en-i traînés par les eaux & formèrent des» m dépôts de matières végétales en mie*: infinité d'endroits ; & comme les bitume* & ies autres huiles terreftres paroUîèntr provenir des iubAances- végétaie»^ ^ Gv t^. », f '154 JJifloite Naturelle. animales ; qu'en même temps I^àcidc provient de la décompofjtîoii du (àt)Ie "içhrefcible par ie feu , i air & l'eau , & ,qu'enfin ii entre de l'acide dans la corn- pofition des bitumes, puiiqu'avec une îiuile végétale & de l'acide on peut faire du bitume : il paroît que hs eaux k font dès-lors mêlées avec ces bitumes & s'en ipnt imprégnées pour toujours; & comme elles traniportoientinçefTammenf les arbres & les autres matières végételes defcen- dues des hauteurs de la l'erre y ces mar tières végétales ont continué de ie mêlef avec \e% bitumes déjà formés des réiidus des premiers végétaux , & la mer » par fon mouvement & par Ç^s courons» les a i^emuées » tranfpprtées & dépofées fur les •^minençes d*?TgiIe qu'elle avoit formées précédemment. Les couches d'ardoifes , qui contien- j(ient auffi des végétaux & même ''des poiflbns , ont été formées de la même ijiwnière, & l'on peut en donner ét^, exemples qui ibnt pour aînfi dire (bus, nos. yeux fn), Ainfi, h$ ardoifiè' & (u) Voy, le numéro [êj] des Notei juftificaiivcs' ! - / Épù^ties Je la Nature, t^yy^ !e$ mines de charbon ont enfuite étéf recouvertes par d'autres couches de terre^^ argiieufes que la mer a déppfées dans^^ des temps poflërieurs : il y a même ea^^ des intervalles confidërables & des alter*^ natives de mouvement entre re'tablifle- >; ment des différentes couches de charbon {. dans le même terrein ; car on trouve» fouvent au-de(Ibus de la première couch^/ de charbon une veine d'argile ou d'autre^ terre qui fuit la même inclinaifon, &>, enfuite on trouve aflez communément/ une ijbconde couche de charbon inclinée! comme la première y ^ (bu vent unev troiiième, également féparées l'une de, l'autre par des veines de terre , & quel^ > quefois même par des bancs de pierreg t calcaires , comme dans les mines dev charbon du Hainault. L'on ne peut donc^ pas douter que les couches les plus bafllês de cbiarbon n'aient été produites par le tranfport à&% matières végétales j amenées par les eaux : & lorfque lei i premier dépôt d'où la mer enievoi^ cesi matières végétales fe trou voit épuifëyi le mouvement des eaux continuoit de tranfponer au même lieu les terres ou G s) < ) ê. i :, // tf^ -Hifloife Naturelle. \ les auirèâ mati^fes^qui ^ityiPônAôSisnt tv àé[)àt'. té ibwi ces terics q^t'fofment aûjourdlmi-b veiné* kitcrmédiaR^ e^t|e )és deux couches de- charbon ,. ce q«i fuppofé qwe l'eau- amenok ciifuite ^ de quelqtt*a«rtre cjépôt des maiâ^res végé- tales poiir foi^ièr ïa féconde- coïwihé^ de charbon. J'emeiTidfe ici par couchés j- la^ Vemé* entière de charbon prife ^fe«is tôilte ion ëpai^ur^ & non pas les petites couches ou ]feuillê» dom hi • fiibftance inéme d« chàrboÉi-è^ft cémpôftéJ, (ft^qul^ fôu vent font extrêmement miiKfe&: ce4brit ' feuillets toujours î)afttîîèi«s ces A- 'ineflies ekHr'èàfx- , cmi démontrent que' ceë itîa^s de- chàrfe^B'ont été formées & d^p<^€s p»r 'U- ifédiment i& mêirt^ pw fe ftida*- ,ti<0h deis^èa^x imprégnée» de bimi^e; & ciètte nheliie fon«e ck- feutiHéis fe trouve dans lés^ 'nèuvéslux charbons donr les couches 'ft forment par Mla-aon , àw dé- pens cfes côùfches pltis ancienweis. Àinfi Jes feuillets du charbon de terre ont pris Jeur forrtiepar deux caufes Qom}>fnées : la première eft te dépôt toujours liori^on- taf de Teau; ôt là ièconde^ îa dïfpofitioii ùd%^ matières végétales^ qui teiident à \ ■j ' Ép&ijitis de Ta Pfaitire^ rjT'^^ éîrè' déi feuillets •((^)é Au» îfiiipiUs , ce four $es Inôircefakf^ de- bôiis^ feiiveitt entîei's t- & \èi^ d4^trîf4iens< x$ès -^ t^cet^noiiTablei^ d<'aut«€^ végétaux , qui pi^tivent évidtnii^ nmn^que ki fufei^anice dé ces c^arbond' ê&.tewe n*eil qu'Un alS«mbliage- die dé-- fi>ris^ de végétaux iiés^tfn&Ribi'e par des^ La feîtle cho(eqi« ^iri^it ctF»diiîiciIe à concevoir,, c'èft i'imntènfiS^ €|uamké' de d'ëbi'is de végét-au^ que la- eompofiiioii^ dé ce» mme$ de charbon fôppofe , car «Iles foHii très -éjpai^s , très^ teiidUe^ &^ fe trouvent en* une infinité d'iehdï5ort s r mais ii t*on i^it attemion' à là produ^ioft^ peut-être encore plu^ iinmen^ dis végé-*- ' taux , qui s'eft faite pendant vingt o» vi'ngt-cinqi miHe ans, & fi* i^ion pcn(e en mêmeieinps que l'homme niétâHt pa* encore créé, il n'y avoit aucune de^^ t-rUifliioil des végétatif par ie ffeu , on fen-*^' tira qu'ifs ne pouvoient manquer d'être» émjportés par les eaux , & de fermer &» (o) Voyf r l*expéricnee de M . de MorA eitt i^ Air une concrétion blâncTie qui eA devenue du» charbon de tetic noir & feiiill«té<**" '■*'^^ *-.<:*U ^ îj8 Uiftoin Naturelle. \ mille endroits iSfi^rens des couches très-^ «étendues de matière végétale; on peut fe faire une idée en petit de ce qui eft alors arrivé en gv.md; quelle énorme quantité de gros arbres ,, oeri^in? ffsuves , coinmele Mifiliîîpy, ii*eiuri4^:ieni b pas dans la mer l Le nombre de ces arbres eft fi pmdigie; ;x, quli empêche dans ceri:aines faiibns la naviiration de ce larpjt £[e ive : il en eii de même tu? iaiivière de.^ Amazones & fur la plupart des grand;:, fleuves, des continens déferts ou mal peuplés. Qni peut donc penfer par cette comparailbn^ que toutes les terres élevées au-deflus des eaux étant dans le commencement couvertes d arbres & d'autres végétaux , que rien ne détruifoit que leur vétufté, ii s'eft fait dans cette longue période de temps des . tranfports fucceflifs de tous ces végétaux & de leurs détrimens, entraînés par les eaux courantes du haut des montagnes jufqu'aux mers. Les mê- mes contrées inhabitées de TAméri^w nous en fournifTent un autre exemple frappant : on voit à la Guyane des ibrêts de palmiers latamîers , de plufieurs lieues d étendue > qui croisent dans des ^3 ;?;.•'''< Époques Je la Nature, 159 cfpèces de marais , qu'on appelle des Savanes n^éis , qui ne font que des appendices de la mer : ces arbres , après avoir vécu leur âge , tombent de vétudé de font emponés par le mouvement des eaux. Les forêts plus éloignées de fa mer & qui couvrent toutes les hauteur» de l'intérieur du pays , font moins peu-» plées d'arbres fains & vigoureux que )onchées d'arbres décrépits & à demi pourris : les Voyageurs qui font obligés de paflèr la nuit dans ces bois , ont foin d'examiner le lieu qu'ils choinfient pour gîte , afin de reconnoître s'il n'ell environné que d'arbres folides, & s'ils ne courent pas rifque d'être écrafés pendant leur fommeii par la chute de quelques arbres pourris fur pied ; Sa la chute de ces arbres en grand nombre eft très - fréquent*» : un leul coup de vent fait Çr ^m un èi*,w:îr ^i conddé» table, qu'on en entend le bi^t à de grandes dlAances. Ces arbres rouUns du haut des montagnes en renverfent quan- tité d'autres , & ils arrivent enfemble dans les lieux les plus bas , où ils achèvent; ^ oQurrir, pou|. former ç^e iK>4veife& Kn ;''s;"i \''» f 60 Hifloire Ndtufetle, touches de terre végecafe, o« hîén iTf font entraînés par les eaux courantes dans les mers yorfines , pour zWof fbriutr âtu loin' de nouvelles couches ât charbon foffile. "- "~^ Les défpimeiis dea fu balances végë-^ ♦aies font donc le premier fond des^ mines de charbon ; ce font des tréfbrs C[ue ja Nature femhte avoir accumulés d'avance pour les befoins à venir des Il grandes populations : plus les hommes le niuhipiieront , phis les fôrêt» dînii- nueroiit : les boîs ne pouvant plus fuffire à leur confommation , ils auront recours à ces îmiaiepïfes dépôts de matières corn- buftibles ^ dont ifwfage i^eur deviendra? d*^autant plus n-éiceffaire , que le globe // §e refroidira davantage j néanmoims^ Wbt ne les épuiferont jamais, car une feule de ces mines de charbon contient peut*- être plus de matière comjjuftible que toutes [es forets d'une vafte contrée. L'ardoife qu'on doit regarder comm# une argile durcie , eft formée par couches- cjui contiennent de même du bitume. & des végétaux, mais en bien plu» petke qu^itité 3 & en jpèmÊ temps elles ce , \ Époques 3e la Nature. lèT rèhfènnent fbuveiit des coquilles^ des cruilàcées & des poidbns qu^on ne peut rapporter à aucune efpèce connue t ainft l'origine des cbarI>ons & des ardoifes datent du même temps: fa feule dtlFé* rence qtt*ii y ait entre ces- deux fortes de' matières, c*eft que les végétaux com* pofent la i^ajeure partie de ta ^l^ifehce des charboins cfeé terre , au tieû que* le fonds à^ la fu)>fhuice de Tardorle eft le même que €eîi« de^ Vargiie, Ôt que fes v parÊiitemient r«gl««s, teUes que font eellei de nos raaiées- ordinaires ote d^s- Courts conAa^s des- eaUX."'^^*'^' '^^-"^^ï*' -'^''^B'J"'^?^'": ?*:r^^rl-^î*f- Reprenant doiîc pour i.» inft^»iîw tout ce que je viens dVxpofer ; h. b*4-^^ dit gbbe terreftre compofce de veire e» 0 / H ^ji l(Î2 Hijîoire Naturelle. fufion, ne préfentoit d'abord que les Iiouribuflures & les cavités irréguiières v^'.i» fe forment à la fuperficie de toute ii;.acière liquéfiée par le feu & dont le refroididement refjerre les parties : pen- dant ce temps & dans le progrès du refroidiflemeui r I^s éijémens ft (ont ft- par.éjty i^b nquwtions & les fubiimations des , fubfVances métalliques & minérales fe font faites , elles ont occupé les cavités des terres élevées & les fentes perpen*» diculaires des montagnes ; car ces pointes j avancées au-defTus de la furface du globe s'étant refroidies les premières, elles ont aufli préfenté aux élémens extérieurs les première fente» prc^uites par le reflerrement de là matière ç. \ fe refroidiflbit. Les métaux & les minéraux ont été poufles par la fubiimation, cJ dépoiës par les eaux dans toutes tes fentes, & c'eft par cette ration qu'on les trouve prefque tous dans les hautes montagnes , êa qu'on ne rencontre dans les terres plus baffes que des mines de nouvelle formation : peu de temps après les argues fe font formées, les premiers âf^ im^gt%^ les premiers végétaux ont . / .. . Épo//ues rfe la Nature. 1^3 ^ris naiflance ; ôl à mefure qu'ils ont péri , leurs dépouilles & leurs détrimens ont fait les pierres calcaires , & ceux des végétaux ont produit les bitumes Sl les charbons ; & en même temps les eaux par leur mouvement & par leurs fëdi- mens, ont compofé i'organifation de la furface de la Terre par couches horizon- tales; enfuite les courans de ces mêmes eaux lui ont donné ià forme extérieure par angles failians & rentrans ; & ce n*eft pas trop étendre le temps néceflaire pour toutes ces grandes opérations & ces immenfes condrudions de la Na- ture, que de compter vingt mille ans depuis la naiflance àcs premiers co*- quiilages & des premiers végétaux : ils étoient déjà très-multipliés, très-nom- breux à la data de quarante-cinq mille ans de la formation de la Terre ; & comme les eaux qui d*abord étoient H prodigieufement élevées , s*ab,aHsèrent fucceUivement & abandonnèrent les terres qu'elles furmontoient auparavant, ces terres préfentèrent dès -lors une furface toute jonchée de produirons marines. e^ .« ' ..^ ■.-i.» i( ,!fc»' \N 1^4 Hiftoire F 'wcHt.^' . }' La durt^e du temps perdant lequel les eaux couvroient nos contiiiens a é\é très-iongue : l'on n'en peut pas douter en confidérant l'inimenre quantité de produâions marines qui Te trouvent lulqu'à d'afTez grandes profondeurs A: à de très-grandes hauteurs dans toutes ies parties de ia Terre, & combien ne devonvnous pas encore ajouter de durt^e à ce temps déjà fi iong, pour que ces mêmes produdions marines aient ét« briiVes, réduites en poudre & tranffjor-^ tées par ie mouvement des eaux , & pour former enfuite les marbres, ies pierres calcaires & ïei craies! Cette longue iuite de fiècies , cette durée de vingt mille ans , me paroît encore trop courte pour }a fuccenjon des effets que tous ces monumens nous préfentem. «^ Car ii faut fe rej>ré(enter ici la marche âe ia Nature , & même fe rappeler i'idce de (ts moyens. Les molécules organiques vivantes ont exiflié dès que les élémens d'une chaleur douce ont pu s'incorporer avec les fubftances qui compofent \q$ €or[>s organifés; elles ont produit fur ies parues élevées du globe une infinité \ Époques // font venues en plus grande quantité du pôle audral que du pôle boréal, d*où elles ne pouvoient que refluer & non pas arriver, du moins avec autant de force; fans quoi les continens auroient pris une forme toute différente de celle qn'ils nous préfentent ; ils fe feroient élargis vers les plages auflrales au lieu de fe rétrécir. En effet, les contrées du pôle auftral ont dû fe refroidir plus vite que celles du pôle boréal , & par conféquent recevoir plutôt les eaux de latmofphère , parce que le Soleil ^it un peu moins de féjour fur cet hémifphère auftral que fur le boréal y & cette caule me paroît fufîR- fante pour avoir déterminé le premier mou- vement des eaux & le perpétuer enfuiie affez long'-temps pour avoir aiguifé les pointes de tous les continens terreftres. ^ D'ailleurs il efl certain que les deux continens n'étoient pas encore féparés (f) Voyez Hift. Nat. tome I, Théorif de ftt Terre, art, Géographie,xv,^, t.. ^ . ^ ^ I . ,1. w, .\\è :xiiilmmt t,' 4 ï68 Hifloire Naturelle. , ' vers noire Nord, & c(uc même leur iéparation ne s*eft faite que iong-tcinps après l'étabiiflement de la Nature vivante dans nos climats feptentrionaux , pidlque ies éiéphans ont en même tetxtps ^exillé en Sibérie & au Canada ; ce qui prouve mvincililement la continuité de TA fie ou de l'Europe avec l' A mériqu€ : undis qu'au contraire , il parok également certain que l' Afrique ëcoit ^ts les pre- miers temps réparés de rAraérique méri- dionale, puifqu'on n'a pas trouvé dans cette partie du nouveau Monde un feul des animaux de l'ancien continent, ni aucune dépouille qui puifle indiquer qu'ils y aient autrefois exifté. M paroît que les éléphamis dont on trouve \<^s oflemens dans l'Amérique feptentrionale , y font demeurés confinés, qu'ils n'ont pu franchir les hautes montagnes qui Ibnt au fud de l'idhme de Panama, & qu'ils n'ont jamais pénétré dans les vades contrées de l'Amérique méridionale : mais il eft encore plus certain que les mers qui féparent l'Afrique & l'Amérique, exiftoient avant la nailîànce des éiéphans en Afrique; car fi Qt% deux continens eulTent • \ '. / - Épe/]ues de la Nature, i 69 euiTent été contigus , les animaux de Guinée le trouveroient au Brefil , & i*on eût trouvé des dépouilles de ces animaux dans l'Amérique méridionale comme l'on en trouve dans les terres de l'Amérique feptentrionale. *• Ainfi dès Torigine & dans le com- mencement de la Nature vivante, les terres les plus élevées du globe & le« parties de notre Nord ont été les pre- mières peuplées par lesefpcces d'animaux terreilres auxquels la grande chaleur con- vient le mieux : les régions de l'Equateur font demeurées long-temps défertes , & même arides & fans mers. Les terres élevées de la Sibérie, de la Tartarie & de pIufieiM's autres endroits de l'A fie/ toutes celles de l'Europe qui forment la chaîne des montagnes de Gallice, des Pyrénées, de l'Auvergne, des Alpes, des Apennins, de Sicile, de la Grèce & de la Macédoine , ainfi que les monts Riphées, Rymniquis, &c. ont été les premières contrées habitées , même pen- dant plufieurs fiécïes, tandis que toutes les terres moins élevées étoient encore couvertes par les eaux. ,^.H " • Epoques, Tome /. H / \ iL ■ ^ \ 170 Hi foire Naturelle, Pendant ce long efpace de durée qire la imr "a fejotirné iiir nos terres , Jes fedinitns Sa les dcpôts des eaux ont formé ies • couches horizontales de la Terre, les inférieures d*argilcs, & les fupérieures de pierres calcaires. C'ell dans la mer même que s'efl: opérée la pénificatioa des marbres & des pierres: d'abord ces matières étoJent molles , ayant été fuccelîivement dépofées les unes fur les autres , à mefure que les eaux les amenoient Ôc les ïaifîoient tombejr en forme de fédirnens : enfuite elles fe font peu-à-peu durcies par la force de Taffinité de leurs parties ccndituantes , & enfin elles ont formé toutes les maflès des rochers calcaires , qui font compofces de couches horizontales ou également inclinées , comme le font toutes les autres matières dépofées par les eaux. C'eft dès ies premiers temps de cette même période de durée que fe Ibnt dépofées les argiles où fe trouvent les débris des anciens cof{uillages ; & ces animaux à coquilles n'étoient pas les fbuls alors exiltans dans la mer; car indépendamment des coquilles, on trouve • » ». 1 ù« • • 4 '" / / . *^ Époques Ae la Nature. 17 î des débris de cruftacées , ^t% pointes d'ourfins , des vertèbres d'étoiles dans ces inêmes argiles. Et dans les ardoifes, qui ne font que des argiks durcies & mêlées d'un peu de bitume, on trouve, ainfi que dans les fchiftes , des imprefîlons entières & très •- bien confervées, de plantes, de cruflacées & de poiflbns de différentes grandeurs : enfin dans les minières de charbon de terre , la maflt entière de charbon ne paroît compotée fjue de dél)ris de végétaux. Ce font là its plus anciens monumens de îa Nature vivante , & les premières productions organifées tant de la iner que de k terre. '- --^^''^**'^»^- Les régions feptentrronale^ , & les parties les plus élevées du globe, fit fur-tout les fommets des montagnes dont pous avons fait l'énumération , & qui pour li plupart ne préfentent aujourd'hui que des faces sèches & des fommets rtériles, ont donc autrefois été des terres fécondes & les premières où la Nature fe foit manifeftée ; par^^e que ces parties du globe ayant été bien plus tôt refroidies que les terres plus baffes ou pi us voilineii > : .• V, iji Hifioire Naturelle. de rÉquateur, elles auront les premières reçu les eaux de ratmoiphère & toutes les autres matières qui pouvoient con- tribuer à ia fécondation. Ainfi Pon peut préfumer qu'avant l'établifTement fixe des mers , toutes les parties de la terre qui fe trouvoient fupérieures aux eaux ont été fécondées , & qu'elles ont dû dès-lors & dans ce temps produire les plantes dont nous retrouvons aujourd'hui \qs impref fions dans les ardoifts , & toutes \qs fubftances vég'^ftales qui compofent lej^ charbons de terre. ..^ ,.a,^. , Dans ce même temps où nos terres ^toient couvertes par la mer, & tandis que les bancs calcaires de nos collines fe formoient des détrimens de fes pro- dudions , plufieurs monumens noui> in- diquent qu'il fe dé tac ho it du (bm met des montagnes primitives ' \^^ \ » w il è 176 Hïftoire Naturelle.' " des rochers calcaires qui la renfermenn Et ce qui prouve d'.'^e manière évidenie que ces dépôts de mines fe font faits par le mouvement des eaux, c'eA qu'après avoir vide \es fentes & cavités qui les contiennent, on voit à ne pouvoir s'y tromper, que les parois de ces fentes ont été ufées & même polies par l'eau, & que par conféquent elle les a remplies & baignées pendant un aiTez long temps avant d'y avoir dépofé la mine de, fer, les petits cailloux, le fable vitrefcible &1 ia terre iimonneufe , dont ces fentes font aduellemem remplies^ & l'on ne peut pas fe prêter à croire que les grains de fer fe foient formés dans cette terre iimonneufe depuis qu'elle a été dépofçe dans ces fentes de rochers; car une chofe tout aufn évidente que la pre* inière, s'oppole à cette idée, c'ell que la quantité de mines de fer paroît fur- ^ paner de beaucoup celle de la terre Iimonneufe. Les grains de cette fubf> ; tance métallique ont à la vérité tous été • formés dans cette même terre, qui n'a elle-même été produite que par le réfidu des matières animales & végétales, dans • ...-»:-% Époques de la Nature. 177 lequel nous démontrerons la produ ^t^^ ^ 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. M580 (716) 873-4503 \ X '^ . // ffi' Hipife Ifamrêfk. éft irès-cRfféremment méîangëe ft autre^ ment (ituée t^ cnF au lieu d'occuper !«& fentes perpendiculaires & les cavhés îiite- lâèurès des. Cochers calcaires : au lieu de- formier ixxt qttes fîè fa Natin'èé* ff^ i{4i^ contient un nombre Ç\ prodigieux de débris de coquilles marines , inéjne és% plus anciennes » aura donc été tranP portée avec tous ces débris de coquilles ^ par le mouvement ^(iSt eaux, & dépoi'ée en forme de iédiment par couches hori- zontales ; & ks grains de ter qu'elle contient & qui font encore bien pIuS' petits que ceux des premières mines,. Inélées de cailloux, auront été nnienés^ avec les coquilles mêmes. Ainfi le tranf- Y^xx. de teiites ces matières & le dépôc de toutes ces mines de fer en> grains,, fe font faits par aliuvion à peu-près dans le* même temps , c'eft-à-dire, Igrfqwc les mer^ couvroient encore nos collines calcaires. £t le fommet de toutes ces collines,, ni les collines elles-mêmes , ne bous^ j^préfentem plus à beaucoup près iér même afpeél qu'elles avoient lorfque les» eaux les ont abandonnées^ A peine leur «ferme primitive s'eft • elle maintenue ;: leurs angles faillans éc rentrons Hnt devenus plus obtus , leurs pentes moins, rapides, leurs fommets moins €iç.\é% âc plus chenus, les pluies en ont détache- nt^ entraîné lés terres ;; les collines &- H vj \>. ■\ ■i8o Hifloire Naturelle. / * font donc rabaiflfées peurà^peu., & les valions fe font en même temps remplis de ces terres entraînées par les eaux pluviales ou courantes. Qu*on fe figure ce que de voit être autrefois la forme du terrein à Paris 6c aux enviroivs ; d'tine part, fur les collines de Vaugirard jufqu'à Sève, on voit des carrières de pierres calcaires remplies de coquilles pétrifiées ; de l'autre côté vers Montmartre, des collines de plâtre & de matières argi- leufes; & ces collines à*peu-près éga-\ lement élevées au-delTus de la Seine, ne (ont aujourd^bui que d'une hauteur très-médiocre ; mais au fond des puits que Ton a fait à Bifletre & à TÉcoIe militaire , on a trouvé des l>ois travaillés de main d'hommes à foixante - quinze pieds de profon«''^nr ; ainfi l'on ne peut douter que cett /ailée de la Seine ne ie foit remplie de plus de foixante- quinze pieds , feulement depuis que les homme."^ exilleni ; àt qui iàit de combien ies collines adjacentes ont diminué dans le même temps par l'effet despluiei^ & quelle étcHt l'épailTeur de terre dont elles étokm autrefois revêtues l II en eH àst . 4 * ■ ^ Époques de la Nature. 1 8 1 même de toutes les. autres collines & de toutes les autres vallées ; elles étoient peut* être du double plus élevées & du double plus profondes dans le temps que les eaux de la mer les ont laiilïes à^^écouvèrt» On efl: même aduré que les montagnes s'abaiflènt encore tous les jours, &l que les vallées fe rempliflènt à-peu-près dans la même proportion ; feulement cette diminution de la hauteur des montagnes , qui ne fe fait aujourd'hui que d'une manière prefque infenfible, s'eft £iite beaucoup plus vite dans les premiers temps en raifon de la plus grande rapidité de leur pente , & il faudra maintenant plufieurs milliers' d^années pour que les inégalités de la furface de la Terre fe rér- duilënt encore autant qu'elles l'ont fait en peu de fiècles dans ie$ premiers âges. Mais revenons à cette époque antéi fieure où les eaux y après être arrivées dt& régions polaires, ont gagné celles de l'Equateur. C'ed dans ces terres de la zone torride où (e font faits les plus grande bouleveriemens ; pour en être convaincu, il ne faut que jeter hs yeux fur un, globe géographique , on recoix* naîtra que prefque tout i'elpace compris •l'.: >• .. .■■<■' \ ffix Hïfîbïre Naiureïïe. tntre lès cercles de cette zone , ne pfë*- iiente 'que les débris de conûiiens boule* terfés & d'une terre ruinée. L'immenfé quantité d'Hes, de détroits, de hauts 6c de bas-Aiids, de bras de mer & de «erre entre - coupés , prouve les nom- breux' affàiâèmens qui fe font faits dans cette vafie partie du monde. Les mon^ tagnes y font pins élevées , les mers iplus profondes qu« dans tout le refle de la Terre; & c'eft fans dôme lorfque ces grands afiàifîèmens iè font faits dan^ les contrées de TÉquateur que les eaux qui couvrc^ent nos contînens fe font abaifl^es & retirées en coulant à grands flots- vers ces terres du Midi dont elies ont rempli les profondeurs , en laiflânt à découvert d'abord les j>arties les plus élevées des terres & en(uite toute la iiir- làce de nos comtnens. Qu'on fe repréfeme tlmmenfèquaatité ées matières de toute efp^ce qut^ont abts été tranfportées par les eaux ; combiea de fedimens de Afférente nature n'ont- cUes pas «lépoflés les uns fur les ainresV- hi combien par coaféqueo^t la première fice de la Terre n'a-t-elie pas ctiangé par ces rëvolutioiis l d'une part, le aux - Époques (te la Nature, iffj: ft le reflux donnoit aux eaux un moii<^ veinent conilanr d'orient en occident t> d'autre pac(, les aliuvions venant des* fàïes croiibient ee mouvement & déter* minoient les efibrts de la mer autant àt peut->etre plus vers l'Equateur que vers» l'Occident. Combien d'irruptions parti* cuiières fe (ont faites dors de tous côtés T A mef^pe que quelque grand afFaiflèment préfentoit une nouvelle profondeur y Ja^ mer s'abaiflbit & les eaux couroiem pour )a> remplir ;. & quoiqu'il parcâiTe aujour- d'hui que l'équilibre des mers foit à-peu-- près étabii, & que toute leur adion le i^ëdùife à gagner quelque terrein' vers- i'occidem & en laifler à découvert vers» l'orient , il eA néanmoins très - certain^ qu'en général les mers baiâènt tous les- îours de* plus en plus , & qu'elles baif^- feront encore à iiiefure qu'il fe fèra^ quelque nouvel afFai0èment^ foit par l'e^t des volcans & des tremblemens de terre, foit par des eaufes plus confor- tantes & plus ftmples ; car toutes les» parties caverneu fes de l'intérieur du.globe ne font pas encore affaiflees; les volcans. & les fecouûes des trenibleir.ens d% i84 Hijloin Naturelle. tftrre en font une preuve démonftrative* Les eaux mineront peu-à-peu les voûtes & les remparts de ces cavernes fouter-> raines» & lorfqu'll s*en écroulera quel- ques-unes, la furface de la Terre fe déprimant dans ces endroits , formera de nouvelles vallées dont la mer viendra s'emparer. Néanmoins comme ces évè- neméns , qui dans les commencemens dévoient être très-fréquens , font adluél-* iement aflez rares, on peut croire que la Terre eft à*peu-près parvenue à un \ état aCTez tranquille pour que Tes habitàns n'aient plus à redouter les délàflreux effets de ces grandes convulfions. L'étabiiflèment de toutes \t% matières métalliques &l minérales a fuivi d'aflèz près l'établiflement des eaux ; celui dt$ matières argileufes & calcaires a précédé leur retraité ; la formation , la fituation , la pofîtion de toutes ces dernières ma.- tières > datent du temps où la mer couvroit les continens. Mars nous devons obferver que le mouvement général des mers ayant commencé de fe faire alors comme il, fe fait encore aujourd-hui d'orient en occident , elles ont travaillé la furface _. ' V Tjjj-^ y m Époques Je la Nature. 185 de h Terre dam ce fens d'orient en occident autam & peut-écre plus qu'elles ne l'avoient fait précédemment dans le fens du midi au nord ; l'on n'en doutera pas Çi Ton fait attention à un fait très- général & très- vrai [2j]^ c'eft que dans tous les continens du monde la pente des terres , à la prendre du fommet des montagnes 9 eft toujours beaucoup plus rapide du côté de l'occident que du côté de l'orient; cela ell évident dans le continent entier de l'Amérique, où lés ^mmets de la chaîne des Cordelières font très- voi fins par -tout des mers de* l'Oued ÔL font très-cioignés de la mer de l'£(l* La chaîne qui iépare l'Afrique dans fa longueur, & qui s'étend depuis le cap de Bonne - efpérance jufquaux monts de la Lune, eft auflî plus vcifîne des mers à l'oued qu'à l'efl. Il en ed de même des montagner qui s'éten- dent depuis le cap Comorir. dans la prefqu^île de l'Inde , elles font bien plus près de la mer à l'orient qu^à l'occident; & fi nous confidérons les prefqu'îies, les promontoires , les îles, [2 j] Voy .ci-après les Not«s julUiicatîves des fiûcsi •I-.—- ^ . r- .*% \^, 195 Hifloire Naturelle. & toutes les terres enrironnées de h iner> nous reconiioîu'ons par-tout que les pentes (ont courtes êc r«i)ides vers i*occidem ^ qu'effes font dduces & longues vers l'orient i. les revers de toutes Tes montagnes font de même plus efcarpds â 1 -oueit qu*à r«ft , parce que le mouvement général des mers s'efl toujouia fâ>t és en pente pius rapide \ l'occident qu'à Torieni dans le temps fubféquent où ces mêmes eaux ont obéi a'u feul mouvement général qui les porte conf- taniment d'orient en occident^ ' •» é Époques fie ht Nature. 187 QUATRIÈME ÉPOQUE. tORSdUE LES EaVX SE SONT JHETJJtÉES,. & que Us Volcans m commencé iïagtn Un vient de voir que les él^mens. de Tair & de Teau fe font éxùÀn par le refroidiflement , & que les eaux d abord leléguées dans 1 atmofphère par la force expanfîve de la chaieur^ ibm enfuite tombées Tur les parties du globe qur écûient afiez attiédies pour ne les pas reieter en vapeurs; & ces parties font les régions polaires 4c toutes les mon* tagnes. Il y a donc eu à Tépoque de trente-cinq mille ans une vaf^c mer aux environs de chaque pôle de quelques lacs ou grandes mares lur ks luomagnes I& les terres élevées qui ^ fe trouvant refrojdks au même degré que celles^ des pôles» pouvoient égaienlent recevoir & conferver les: eaux ; enfuite à mefure que le globe fe reftoidiObit ,. les mers, des pôles toujours aiiiuentées & fournies, par la chuie des eaux de l*atmofphèr« ^ 1 8 8 Hijîotrè Natmtte, ' fc répindoient plus loin ; & les facs ou grandes mares » également fournies par cette pluie continuelle d'autant pfus abondante que l'attiédiflTement étoit plus crand, s'ëtendoient en tous fens & formoient des v^afllns & des petites mers intérieures dans les parties du globe auxquelles les grandes merS des deux pôles n'avoient point encore atteint : enfuite les eaux continuant à tomber toujours avec plus d'abondance jufqu'à l'entière dëpuratign de l'altmofphère , elle» ont gagné fuccefijvement du terrein & fom arrivées aux contrées de l'Equateur ; À enfin elles ont couvert toute la fur- face du globe à deux mille toifes de hauteur au-delTus du niveau de nos mers aéluelles ; la Terre entière étoit alors fous l'empire de la mer, à l'exception peut-être du fommet des montagnes pri- mitives qui n'ont été , pour ainfi dire ^ que lavées & baignées pendant le premier temps de la chute des eaux , lelquéllts fe font écoulées de ces lieux éïtvés pour occuper \ts terreins inférieurs dès Qu'ils fe font trouvés aiïéz refroidis pour les admettre fans \ts rejeter en vapeurs. ÉpOi/ues de la Nature, 1 89 II s'eft* donc formé fucceffi veinent une mer univerfcile jqui n'étoit inter- rompiie & furmomée que par les fom* inets des montagnes d'où les première! eaux sVtoient déjà retirtfes en s'^coulant dans les lieux plus bas. Ces terres élevées ayant été travaillées les prèpiières par le féjour et, le mouvement des eaux , auront aufli été fécondées les premières ; & tandis que toute la furface du globe n'étoit, pour ainfi dire, qu'un arcbipel général , la Nature organifée s'établiflbit iur ces montagnes , elle s'y déplo; vDit même avec une grande énergie; Ctnr la chaleur & l'humidité , ces deux principes de toute fécondation, s'y trou voient réunis & combinés à un pKis haut degré qu'ils ne le font aujourd'hui dans aucun climat de la Terre. Or dans ce même temps oii les terres levées au-deflus des eaux fe couvroient de grands arbres & de végétaux de toute efpcce , la mer générale le peuploit par-tout de poilTons & de coqiiillages ; elle étoit aufli.le réceptacle univerfel de tout ce qui fe détachoit des terres qui la furmoiitoient. Les fcories du verre j-.. % ^ tt)0 Hipoire Naturelle, primitif & îes matières végétales ont e'té entraîiTces des éminences de h terre dans fes profondeurs de la mer, fur le fond de laquelle elles ont formé les premières couches de fable vitrefcible , d'argile, de fchift & d'ardoife , ainfi que les minières de charbon , de (el & de bitumes qui dès-lors ont imprégné toute la mafîe des mers. La quantité de végétaux produits & détruits dans ces premières terres efl trop immenfe pour qu'on puiiïè fe la repréfenter; car quand nous réduirioni la fuperficie de toutes les terres élevées alors au-defTus d^s eaux , à la centième ou même à la deux centième partie de la furface du globe , c'eft-à-dire à cent trente mille lieues quarrées , ilell aifé de fentir combien ce vafte terrein de cent trente mille lieues fuperficielles a produit d'arbres & de plantes pendant quelques milliers d'années, combien leurs détri- mens le font accumulés , & dans quelle énorme quantité ils ont été entraînés & dépofés fous les eaux , où ils ont formé le fond du volume tout auffi grand des mines de charbon qui (e trouvent en tant de lieux. li en eft de même des U . . Époques de la Nature, ipi, mines de Tel , de celles de fer en grains , de pyrites & de toutes les autres fub(^ tances dans ia compofition defquelles il entre 6^s acides, 6l dont la première formation n'a pu s'opérer qu'après ia chute d^s eaux ; ces matières auront ctc entraînées & dépofées dans les lieux bas & dans les fentes de la roche du globe, où trouvant déjà les fubflances miné-- raies ftibiimées par la grande chaleur de la Terre , elles auront formé le premier fond de l'aliment des volcnns à venir ; je dis à venir . car il n'exifloit aucun volcaii en adion avant Tétabliffement des eaux^ & ils n'ont commencé d'agir ou plutôt ils n'ont pu prendre une a».-'^. r , tr \- imiiiiiiii.uiijmjMimi .''^ ïAi- ■ / V '■^■-'vl I p 2 Hifloire Naturelle, de la Terre ont au contraire une aAion durable & proportionnée à la quantité de matières qu'ils contiennent ; ces ma- tières ont beibin d*une certaine quantité d*eau pour entrer en efTervefcence, ôc ce n eft enfuite que par le choc d'un grand volume de feu contre un grand voluine d'eau que peuvent le produire leurs violentes éruptions ; À de même qu'un volcan foùs-marin ne peut agir que par inlhns , un volcan terreftre ne peut durer qu'autant qu'il eft voifin des eaux. C'ed par cette raifon que tous les volcans aduellement agîflans font dans les îles ou près des côtes de la mer, & qu'on pourroit en compter cent fois plus d'éteints que d'agiflàns ; car à mefure que les eaux, en ie retirant, fè font trop éloignées du pied de ces volcans , ieurs éruptions ont diminué par degrés éi enfin ont entièrement cefle, & les légères effèrvefcences que l'eau pluviale aura pu caufer dans leur ancien foyer n'aura produit d'effet fenfible que par des circonllances particulières & très-rares. : Les obfervations confirment parfai- tement ce que je dis ici de l'adion des ;""~'^-*r'""-'"" ■^'■"^' "T; -'----r^^-;: volcans; éi .' Époques de la Nature, 195 t càiik : tous ceux qui font maintenant en travail foiit (itués près des mers ; tous ceux qui font éteints , & dont le nombre efl bien plus grand , font placés dans ie milieu des terres , ou tout au moins à quelque diftance de la mer; & quoique la plupart des volcans qui fubfiftent paroif^ (ent appartenir aux plus hautes mon-^ tagnes , il en a exifté beaucoup d'autres dans les éminences de médiocre hauteur* La date de Tâge des voîcans n'eft dont pas par-tout la même : d'abord il eft fur que les premiers , c*eft-à-dîre , les plus anciens , n*ont pu acquérir une adion permanente qu'après l'abaifTement des eaux qui couvroient leur fommet 5 & enfuite il paroît qu'ils ont ce(îe d'agir dès que ces mêmes eaux fe font trop éloignées de leur voifinage: car, je le répète, nulle puiflânce, à l'exception de celle d'une grande maflè d'eau choquée contre un grand volume de feu , ne peut produire des mouvemens aufli pro- digieux que ceux de l'éruption des volcans. > Il eft vrai que nous ne voyons pus d'aflez près la compofition intérieure dé Époques» Tome L ■ f. (■•" , f'-.. m A f-.'# 994» Hljiolrè Niiiurelk. ' fÇfîs tecribles bpuches à feu , pour pou* * yoiï proopjK^er fur Içurs ^effets en par- iaile connoiÛiuici^ de caufe ; nous favons iéuleinent que fquvcm il y a des com- munications foutcrraines de volcan à volcan : nous favons auflî qu^ , quoique le foyer de leur embrafement ne ibit peut-être pa$ à une grande diftance de leur foinmet,il y ani^aninoins des cavités iqui defcend^nt beaucoup plus bas , & -que ces cavitcs , dont la profondeur 6c retendue nous (ont inconnues, peuvent «ire en tout ou en partie remplies des mêmes matières que celles qui font Usuellement embrafées. -> P'ajutre part, Téledricité me paroît |ôuer un trèsrgrand rôle dans {es irem- bfcmens de terre 6c dans les kïî» , «Se rcftent fous la forme de ciiafewr ci^fcwre, tant qu*elles on^ t ■A 1 y V ■■' -. ■•::^:of-' ■' / \ *i". ■ < • * ■ f ' r I ■ ■ fc Épaijues (k la Nnnire, leur mouvement libre & dire réduite en vapeurs éladiques par lé feu, routes les autres impulfions de cette puiflance éledrique , fbulèvent > entr*ouvrent la furfkce de ia Terré*, ou du moins l'agitent par des tremblemens , dont les fecou(re8 ne durent pas plus long-temps que le coup de la foudre in- térieure qui les produit ; & ces fecouffes fe fcnouvelicnt jufqu'à ce que les vapeurs '* K,l - ..; X, ■L> ( •" ip6 Hifloire Naturelle. cxpanfives fe foient fait une iflue par quelqu'ouveriure à là furface de la Terre ou dans le fein des mers. Auffi les érup- tions des volcans & les treniblemehs de terre font précédés & accompagnés d'un bruit fourd & roulant , qui ne différé de celui du tonnerre que par le ton fépulcral & profond que le fon prend néceflairement en traverfant une grande épaifleur de matière folide, lorfqu'il s*y trouve renfermé. r Cette éle^ricité fouterraine combinée comme caufe générale, avec les caufes particulières dès feux allumés par Teffèr-^ •yefcence des matières pyriteufes & coni^* buftibles que la Terre receile en tant d'endroits , fuflit à l'explication dès prin- cipaux phénomènes de Taiflion des vol- cans: par exemple, leur foyer paroit être affez yoifin de leur Commet, mais l'orage eft au-deflbus. Un volcan n'eft qu'un vafte fourneau , dont les foufHets , ou plutôt les ventilateurs , font placés dans iés cavités inférieures, à côté & au-de(Ibus du foyer : ce font ces mêmes cavités , lorfqu'elles s'étendent jusqu'à la mer , qui fervent de tuyaux d'afpiration , ,,,^> .»■ .. 4V Époques Je la Nature, ip/ pour porter en haut, non - feulement les vapeurs , ipais les mafîes même de Teau & de l*air ; c'ed dans ce tranfpori que fe produit la foudre fouterraine , qui s'annonce par des mugiflèmens, âc n'éclate que par Faffreux vomilTenient des matières qu'elle a frappées , brûlées ^ calcinées : des tourbillons épais d'une noire fumée ou d'une flamme lugubre ; des nuages maflifs de cendres & de pierres ; des torrens bouillonnans de lave en fudon, roulans au loin leurs flotg brôlans & deflrudeurs , manifedent au- dehors le mouvement convulfif des entrailles de la Terre. - , ): Ces tempêtes inteilines font d'autant plu$ violentes qu'elles font plus voifuie^ des montagnes à volcan & des eaux dei la mer, dont (e fel & les huiles grafles augmentent encore l'adivité du feu ^ les terres fituées entre le volcan 6c la mer ne peuvent manquer d'éprouver, des feçoulles fréquentes : mais pourquoi n'y a-t-il aucun endroit du monde o^* Ton n'ait* relTenti, même de mémoire^ d'homme, quelques tremblemens , quel- que trépidation caufés par ces mpuvemens I 11/ y^r ' K' ■A f lp« MJloire NatureJk. '^ kitërieurs de la Terre ! ils font à k vérité moins vîolens Sa bien plus rares dans ie milieu des contlnens éloigné» des iFoitans & des mers ; mais ne ibnt-ils ]>as à^ %ftecs dépervdhns des moines caufes! Pourquoi donc (% font^ils r^ifTentir o& ces caufès nVxifteni pas, c^eft-A-dire, dans les lieux oii il n*y a vÀ iiiers ni Vokam! La réponfe eft aifée , c'eft- ^ttt*ii y a eu ét% mers par- tout 6l de» volcans pr«fque par-tout ; & que cfucique leurs érupuons aient ceffe, lorique l^s mers s'en font éloignées , ieur feu ful)- ilde > & nous eft démontré par les lources é&s huiles terreftres , par les foniaine» ^éhaudes A fii^ureuies qui fè trouvent ^équeniraent au pied des momagnos,, ^urCqUe dans le m^îeu des plus grlandis èomiojens: ces ^x^ dés ancien» voîcàns, 'devenus pitlstranquilks é^puis fa retrs^ fdes cat>x , fuffifent néannKiins pour ex- '^êiter dfe temps en temps' des mouvemens Hitérieurs 8l produire de légères fecoui^ fe, dont les ofciWatïons Ibnt dirig<^e9 dans le fens des cavités de là ITerre, *& peut-être dans ta dire^ion de& eau« <îes : métaux , çomni^ •u des veines in^taux X. ■ ■ ./ :--4f Éfùijues Je la Nature» ip^ condu^turs d« cette ëledricité fou-» terrame. '•-On pourra me demander encore» pourquoi tous les volcans font (itués dans les montagnes l pourquoi paroiiV fenc-ib êti'e d'autant plus ardens que les montagnes Ibnt plus hautes ! quelk eft la ca»le qui a pu difpofcr ces énormes cheminées dans l'intérieur des murs les plus folides &l ies plus élevés du globe I 5i l'on a bien compris ce cpe j'ai dit au iu|et d%% iiifégalités produites par le premier refrcMdiuement , lorfqiie \ts ma- tières en fuAon fe font confolidées, on leiiiira que les chaînes dei hautes moiv- tagnes nous repréféntem les plus;grandes bourfoufiupes qui fé font faites à ta fur^ fac^ du globe dans le temj^s qu'il afpi^is fa conii (lance : k plupart des montagnes Ibnt donc fttué«s fur des cavités, aux^ quelles aboutirent les fentes perperidi^ cutâires c^ui les tranchent du haut en b«i*: ces cavernes ^ ces fente* con*- tiennent d^t^ matières cpiî s'enHàrnment par la feule eflTervefcence , où ^ui font allumées par les étincelles éieélriques de la chaleur intérieure du glob*»* Dès que T •••• ■%' ' X '*. \*» ■"i^ ^i* A..; 2 00 Hijloin Nûtunlle. le feu commence à fe faire fentlr , Tair attiré par la raréfa<^tion en augmente h force & produit bientôt un grand in- cendie » dont i effet efl de produire à fon tour les mouvemens & les orages inteilins » les tonnerres fouterrains & toutes les impulfions, les bruits & les fecoufTes qui précèdent & accompagnent l*éruption des volcans. On doit donc céder d'être étonné que les volcans foient tous fi tués dans {t$ hautes mon- tagnes , pui(que ce font les feuis ancien^ endroits de la Terre où les cavités inté- rieures fe foient maintenues, les feuls où ces cavités communiquent de bas en haut, par des fentes qui ne font pas encore comblées , & enfin les feuls où Tefpace vide étoit aflTez valle pour con** tenir la très-grande quantité de matières ^i fervent d'aliment au feu des volcans permanens & encore fiibfiftans. Au refie, ils s'éteindront comme les autres dans la fuite des fiècles ; leurs éruptions çef* feront : oferaî - je même dire que les hommes pourroient y contribuer ! En coûteroit-il autant pour couper la com- , munication d'un volcan avec la mer :p,î V. t \ A » Époques de la Nature, aoi yoifine , qu'il en a coûté pour conQruirft l^s pyramicies d*£gypteS Ces.nlonùmens inutiles d*upe gloire fauflê &. vaiiie>nous apprennent au nnoini» qu'en employanct les mêmes forces pour des monumensit de fagedè, nous pourrions faire de trèsf-»i grandes chofes. , & peut-être jnaîtri^r.i; la Nature, au point de faire cefTer, outi du. moins ; de diriger les ravages du feu comme nous (avons déjà pan notre. art v diriger & rompre les efforts de Feau» : fé Jufquau temps de Taélion des voi-^ cans , il n'exidoit fur le globe que troi$f f fortes de matières; i.** les vitrefciblesl- proffuites par le feu primitif ; 2.° les çaK; caires , formées par Timerméde de Teaur^ 3.° toutes les fubftances produites pàri^ le détriment des animaux & des végé-i^ taux ; mais le feu des volcans a donnée! naillanceà des matières d'une quatrièmes fprte qui fouvent participent de la nature^ des trois autres. La première claHIe rent^^ ferme non- feulement les matières prer \ mières folides & yitrefcibles dont hù» nature n'a point été altérée, & qui for-f|^ ment le fond du globe ,ainfi que le noyau i d& toutes les montagnes primordiaies>L '■if^l. i: :r^- >MJfoîr0 Nûtimïïé. mais «ncore tes fables » les fchlfléS) fes ardoiftfs, los argiles Atoote^le» matièi-es TÎtrefcibiiM décompof^^:s 4c tr^fportées par U% eaiyx. La: féconds ckdr contient toutes les marières cakaires , c^eA-à- ëu-e-y tliiite« fés fubftaiHe» prockiltes par fo cocfuillages & autres animaux de ^a mer^ eileSr s'étendent fiiit des jvrrvvfuccs eiuière* â^ couvrem mjine d'artê/ v4iè» Qontrdee ^ eMc!| fe trouvée ' .Hi âf dea profcmdeurs afll^z confidiéraJ^it;s » dé elles efivironnent les l^a^ d^s* fnomagnes leç plus éievéesi fiifqà'à unie %t^ - grande haiMieur. La tmifi^me cM)e comprend' teute» ^ les • fùb^éfiees^' ^uî ^ die>|vem leur origine aux muriopes ailltiiales & vëgé-' \ûe un mélange des premières ; A d'autres , piv s le tout mélange, ont Itihî une fècof'Tc ^"bjtdu ^o-quFleur a. dpnné un nouveau caracîlère. Nous rapportoMs à ces quatre ckflTes toutes' I V » V /^ ♦ -. •;^>. ;iX'' P.ffatfues Je la Nature, %^y ies (libAiinces n>inéi'»tes , jxirce qâ'en tes exan jnatit , on peut lou^our» recort- nohrt: ù iac^iKlte de ces claCes tlk^ appartiennent, ^ pir coiifiéqwenf pr<>- noiicer fur I ur origine i ce qfur ftrfSt pour nous indiquer à peu-près fe tenip* de leur lormaifon ; qm , comine nous venons de l'expofer , il pai^oît claîarrtcm que louttssks matières viirefcrbles IbBdeSv ^ qui n'ont pas changé de namre » ïi\ de lituation , ont été )>rodti^res par tt feu primitif, & que l«ur Ibnnation appat-^ tient au temps de notre ieconde époque ; tandis que la formation des matit;res cal-^ caires , ainfi que ceife des ^rgiies, des charbons , &<€. n*a eu lieu qi-e dans des femps fubféqtiens & doh être rap{)ortée jk notre troifïème époque. £t comme' dans tes matières rejetées par Tes voxans, bti trouve quelquefois des fubflaiTces^ cal^ caires & f(!>avent des p3ufres & des bitumes , dh» iie^ peut guère douter que fe formation de ces fubftances réjetéèi par les vofeam , ne- fo?t encore pofté^ rieure à k formation de toutes ces hitt^ tières À n'appartienne à notre quattiemé époque» '■ "* I v; ,M \ 1 '■ iî04 Hiftotre Naturelle , Z > •f/i Quoique la quantité à.^^ matières reje- tées par les volcans foit très-petite en .comparaifon de la quantité des matières calcaires, elles ne laifTent pas d'occuper d'aflez grands efpaces lur la furfaçe des terres fituées aux environs de ces mon- .lagnes ardentes & de celles dont les feux font éteints & affoupis. Par leurs érup- tions réitérées, elles ont comblé les vallées, couvert les plaines & même produit d'autres montagnes. Enfuite, lorfque les éruptions ont ceffé, la plu-i part des volcans ont continué de brûler , mais d'un feu paifible & qui ne pro- duit aucune explofion violente , parce qu'étant éloignés des mers , il n'y a plus de choc de l'eau contre le feu; Jes matières en effervefcence & les fubdances combudibles anciennement enflammées continuent de brûler , & c'eft ce qui fait aujourd'hui la chaleur de toutes nos eaux thermales ; elles paflènt fur les foyers de ce feu fou- terrain &, fprtent très-chaudes du fein de la Terre ; il y a aufîî quelques exem- ples de mines de charbon qui brûlent de temps immémorial^ & qui fe font Époques Je la Nature, 205 ' allumées par la foudre fouterraine ou par le feu tranquille d'un volcan dont les éruptions ont cefTé; ces eaux ther- males ÔL ces mines allumées fe trouvent ibuvent comme les volcans éteints dans les terres éloignées de la mer. La furface de la Terre nous préfente en mille endroits les velliges & les preuves de Texiftence de ces volcans éteints ; dans la France feule y nous connoifîbns les vieux volcans de l'Au- vergne , du Vêlai , du Vivarais , de la Provence & du Languedoc. En Italie , prelque toute la terre eft formée de débris de matières volcanifées, & il en eft de même de plufieurs autres contrées ; - mais pour réunir les objets fous un point de vue général ,* & concevoir netternent l'ordre des boule verfemens que les vol^ cans ont produits à la furface du globe ^^^ il faut reprendre notre iroifième époque^( à cette date où la mer étoit univerfelle^ & couvroit toute la furface du giobe à. l'exception des lieux élevés fur iefquels s'étoit fait le premier mélange des fco*- ries vitrées de la mafîë terreftre avec les eaux; c'eil a cette même date que fpam Eptiqnes Je la Nafttre, loj âiraiît qu'elles fe fuient mifes en a^icn / ée B'eft guère iqiae fnr fa fin de cette période , c'eft-à-dîre , à ciitquaiiite rniHe* ans de lisi' formation da globe , que lé* volcans ont eofameiicé à ravager hi Terre ; eomme les environs de tous le» fieux décôuvepts étoiem encore baigné» des eaux , iJ y a eu éts vofeans prelque par-tout^ et H s'eft fait de fréquentes êi prodigieufes éruptions qui n'ont ceffé qu après la retraite des mers \ mais cette? retraite ne pouvant le- faire que par Faf- fiiffemem àe% bourfouflttres du globe v il eft fou vent arrivé que Team venant à iSots remplir la profondeuir de ces terre» aifeiÔees , elle a mis e» a^ion les rdean» fous -marins qui, par t*euf expfofion.,, ont foulevé une partie de cts terre» nouvellement afFairfees , Sl les ont quel* cfuefois peulîees au^defFus du niveau diff la mer, où eHès ont< formé des île» nousvelfes , comme nous IWons vu dan» la petHe île formée auprès de celle de Santorkv ; néanmoms iù^s effets fowr rares , & Taétion des vofcans fous-marin» n^eft - nî perman«ite ni affez purffante pour ékyer un gra«d elpace de ttn'« /^ Époques de la Nature, a 09 fubftances calcaires & vhrefcibles dont ces mêmes couches font compofées. ^^ Les tremblemens de terre ont dû (e feire femir long-temps avant i'éruption des volcan^s: dès les premiers momens de i'affaiflement des cavernes , il s'efl fait de violentes fecoufîes , c[ui ont pro- duit des effets tout aufO vioiens 'V ■'SP aïo HiRoin Natnnlk. de violentes fecoufles de trenibremélH de terre, dont le mouvement s*eft com- muniqué par la force du reflTort dont toute madère eft douée, & tftii a dû le propager quelquefois trcs-loin par fes routes que peuvent offrir les vides de fa Terre, dans lefquets les vents fou- terrains excités par ces commotions , auront peut-être allumé les feux des vol- cans ; en forte que d'une le lile caufe , Ê*eft - à - drre , de Taffailîement d'une caverne, il a pu réfuher plufjeurs effets», tous grands , & la plupart terrfbles. D'abord, rabaiffenient de la mer, forcée de..courir à grands flots pour reuiplir cette nouvelle profondeur , & laîffer par conféquent à découvert de nouveaux terreiils : 2.° L^ébranlement des terres Yoifines , par fa commotion dé ta chute des matières folides qui fbrmoient les •voûtes de la caverne ; & cet ébranlement fait penclîef les montagnes , les fend vers leur fommet , & en dérache des maffes qui roulent jufqu'à leur bafe: *>' Le lïiême mouvement produit par la commotion , & propagé par les vents de les feux ibuierifainâ , ibuiève au loin la ' M ÉpciqUiS de la Nature, lif terre & les eaux , élève des tertres & det mornes, forme des gouffres 6l des cre^ vaflfes , ciiange le cours des rivières V tatit les anciennes (burces , en produit de nouvelles , & ravage en moins de temps que |e ne puis Te dire , tout ce qui fe trouve dans fa dire^ion. Nous devons donc ceHer d'être (lirpiis de voir en tant de lieux runiforniité de Touvragé lu>rizontai des eaux détruite & tranchée par des fentes inclinées , des éboulemens if réguliers, & fouvent cacliiée par des déblais informes accumulés fans ordre, non plus cfue de trouver de fi grandes contrées toutes recouvertes de matières /ejetées par les volcans : ce déiordre caufé par les trembieinens de terre, ne £ût néanmoins que mafqiiei? h Nature aux yeux de ceux qui ne la voient qinVn pem , ÔL qui d'un effet accidentel ât particiiiier , font une caufe générale ôi conllante. C'eft Teau feule qui, comme caufe générale & fubféquenie à celle du feu primitif, a achevé de conllrwire & dé figurer la furiîice a^ *» ^ "^m^ i^ .. . ■,,^ ' ♦ 8 1 4 HiJIotre Natitrclk, continu de la montagne et Langres qiir, depuis les (burces de la Seine itiff|u*à ceiies de la Saône, a plus de tiuaranre lieues en longueur , ^\ entièrement cal- caire, c*eft-îi-dire , entièrement compcfé des productions de la mer; & c*e(l par tette railbn que je l'ai choifi pour nous fervir d'exemple. Le point le plus élevé de cette chaîne de momagnes eft très- ivoifin de la ville de Langres , èi Ton voit que d*un côté , cette même chaîne verfe fes eaux dans i*Océan par \ la Meufe , la Marne , la Seine , &c.  «jue de l'autre côté, elle les verlè dans la Méditerranée par les rivières qui aboutiflent à ia Saône. Le point où eft fitué Langres (è ^.rouve à peu-près au milieu de cette longueur de quarante lieues, A les collines vont en s'abaifl'ant à peu-près également vers les fources de ia Seine & vers celtes' de la Saône: lenfin ces collines , qui forment \q$ extré-^- ènités de ^èette chaîne de morttagnes cal- caires , aboutîflent égïitement à des cori- tréei de matières vitrefcfbles ; favo»*- , au-delà de TArmanfon près de ^mur, d*une part; & au-delà des luu>rces de Époques de la ISdi. re, 2 . j ïa Saône & de la petite rivière du Conay , de l'autre part. En confidérant les vafrons voiCns de ces montagnes , nous reconnoîtrons que le point de Langres étant le plus élevé ^ il a été découvert le premier dans le temps que les eaux fe font abaiflees : auparavant , ce foramet étoit recouvert comme tout le refte par les eaux , puis- qu'il ell compofé de matières calcaires ; mais au moment qu'il a été découvert , la mer ne pouvant plus le furmonter, tous lès mou ve mens le font réduits à battre ce fommet des deux côiés, & par conléquent à creufer par des courans conftaiTs les vallons & les vallées que lui vent aujoiard'hui les ruifleaux & les rivières qui coulent des deux côtés de ces montagnes: la preuve évidente que les vallées ont toutes été creufées par des courans réguliers & conftans , c'eft que leurs angles faillans correfpondent par-tout à des angles rentrans : feulement on obferve que les eaux ayant fuivi les pentes les plus rapides , & n'ayant en* lamé d'abord que les terreins les moins folides ^ les plus aifés à.divifer, il fe ï'JUi Mv A il 8 Hifloire Naturelle. trouve fouvent une difTérence remar- quable entre les deux coteaux qui bor- dent la vallée. On voit quelquefois un efcarpement confidërable & des rochers à pic d'un côté , tandis que de l'autre, les bancs de pierre font couverts de terres en pente douce ; & cela efl arrivé nécef- fairenient toutes les fois que la force du courant s'eft portée plus d'un côté que de l'autre, & auHi toutes \ts fois qu'il aura été troublé ou fécondé par un autre courant. \* Si l'on fuit le cours d'une rivière ou d'un ruiffeau Voifin des montagnes d'où defcendent leurs (burces , on reconnoîtra aifément la figure & même la nature des terres qui forment les coteaux de la vallée. Dans les endroits où elle eft étroite , la direction de la rivière & l'angle de fon cours indiquent au premier coup d'oeil le côté vers lequel le doivent porter k% eaux, & par conféquent le côté où le terrein doit fe trouver en plaine , tandis que de l'autre côté il continuera d'être en inontagne. Lorfque la vallée e(l large , ce jugement eft plus difficile , cependant on peut; en bbfèrvant la dire lefquelles jettent des rameaux par d'autres petits vallons qui s'étendent & remontent juiqu'au fommet auquel ils tboutiflent. '-■. ui^-M^r^^'^i: , ; . _.-t ^*' En fuivant cet objet, dans l'exemple que nous venons de préfenter , ù l'on prend enfemble tous les terreins qui verfent leurs eaux dans ta Seine , ce vafte efpace formfera une vallée du pre- mier ordre, c'eft-à-drre, de la plus grande éiendue ; ensuite fi nous ne pre- nons que Ids terreins qui portent leurs eaux u la rivière d'Yonne , cet elpace fera une vallée du fécond ordre ; ^ 4t^ I > # ■^' Ëpotjucs de la Nature, irp continuant/ à remonter vers le fommet de Ui chaîne des montagnes , les terreiiif qui verfènt leurs eaux dans TArmanfon » le Serin ôl la Cure formeront des val- lées du troifième ordre ; & en fuite U Brenne, qui tombe dans TArmanfon, fera une vallée du quatrième ordre ; Ce enfin .l'Oze & TOzerain , qui tombent dans la B renne, & dont les fources font vûifnies de celles de la Seine, forment des vallées du cinquième ordre* De même, fi nous prenons les terreins qui portent leurs eaux à la Marne , cet efpace fera une vallée du fécond ordre; & continuant à remonter vers le fommet de la chaîne des montagnes de Langres , {\ nous ne prenons que les' terreins dont les eaux s'écoulent dans la rivière de Rognon , ce fera une vallée du troifième ordre; enfin les terreins qui verfent leurs eaux dans \t$ ruifieaux de Buffière & d*Orguevaiix , forment des vallées du quatrième ordre, w-r^ii^^nr m Cette difpofition eft générale dans tous les continens terreftres. A mefure que Ton remonte & qu'on s'approche (iii fommet des chaînes de montagnes , f-. ■'■■ ^2 0 r^rHiflûkè. NatureUe^^X on voitf évidemmenc que lesf vallées (bi* plus étroites ., ;t tnais , iquoiqu'elfes paroif-» î'eait audi f>Ius profondes ^ il efl certain néaniïiorns que l'ancien fond des vallées irifcrieùres étoit beaucoup plus bas au- trefois que ne Tefl aduellement celui dès ; vallons fupérieurs. Nous avons dit que dans la vallée de la Seine à Paris , Fon a trouvé des bois travailléis de main- d'iiomme à foixante - quinze pieds de profondeur; le premier fond de c^tte vallée étoit donc autrefois bien plus bas qu'il n*e l'efl: aujourd'hui, car au-deflbus de ces foixante-quinze pieds , on doit encore trouver les déblais pierreux & terreftres entraînés par les courans depuis ie fommet général des montagnes , tant par les vallées de la Seine que par celles de la Marne , dé l'Yonne & de toutes les rivières qu'elles reçoivent. Au con- traire, lorique l'on creufe dans les petits vallons voifins du fommet général, on ne trouve aucun déblais , mais des bancs folides de pierre calcaire pofée par lits horizontaux., & des argiles au-deflbus à une profondeur plus ou moins grande. J'ai vu dans une gorge afiTex voiline d« Époques de la Nature. %1X la crête de ce longj cordon/ de ïa mon^ itagne':d6 Langres , un puits de deu^ cents.pieds de pi^ofondeur creufé dans la' pierre) calcaire avan^ de trouver l'ar-^ Lé pneraier» fond 'des grandes vallées formées parle feu primitif du même par ies courans de la mer , a donc été reçoit vert & élevé fuccedivement de tout le volume des déblais entrj^és par le couv- rant à mefure qu'il déchirok les terrein^ fupérieurs ; le fond- de. 'ceux-ci eft def meure prefque nu , tandis que celui- des vallées inférieures a été chargé de toute la matière que les autres ont perdue *; de forte que quand on ne voit que iupep- iicieilement kf furface de ; nos contiriens i on tombe daiis Terreur en la divifant eit bandes iablonneuies , maniieufes ^ fchifrf teufes, &c ; car* toutes cesr bandes ne fûot que des .déblais /uperficiels qui; ne prouvent rien , & qui ne font, comme je Tai dit., que marquer la Nature & nous tromper fur la vraie théorie de la Terre. • — '^-'i^ ' , \ ■■ I ,i ■'/ê; Au Château de Rochéte '^i-^s " a*knièifeî .Kir} 'N» ' V-,*» i Dans les vallons fupérieurs , on ne trouve d'autres déblais que ceuxt qiû font defcendus ions -temps, après la jretraite des mers par 1 effet des eaux plu'- viales , & ces déblais ont formé les petites couches de terre qui recouvrent aâueile- ment le fond et, les coteaux de cçs vallons. Ce même efièt a eu lieu dans les grandes vallées ; mais avec cette différence que dans les petits^i» valions , les terres , les |;raviers éc les autres détrimens amenés par les eaux pluviales du par les ruiiïeatix , fe font dépofés immédiatement fur un fond nu & balayé par les courans de )a mer, au lieu que dans les grandes vallées, ces mêmes détrimens amenés par les eaux pluviales n'ont pu que fè îuperpofer fur les couches. l)eaucoup plus épaiffes des déblais entraînés & dépofés précédemment par ces mêmes courans : c'eft p^r cette raifon que, dans toutes les plaines & les grandes vallées , nos Obfervateurs croient trouver la l^atureen délbrdre, parce qu'ils y voient les matières calcaires mélangées avec les jnatières* vitrefcibles,, &c. Mj^s, n'eft-ce ^as vouloir juger d'un bâtiment par les v^ ti Époques de h Nature, ^23 gravoîs , ou de toute autre confhuâion par les recoupes des matériaux ! . ^^^ ^^ i ; Ainfî , fans nous arrêter fur ces petites & fauflès vues , fuivons notre objet dans Texemple que nous avons donné. ,r . Les trois grands courans qui iè fon^ formés au-de(Ibu$ des fommets de Iji montagne de Langres, nous font au- jourd'iiui repréfentés par> ies vallées d^ la Meufe, de la Marne & de la Vin- geaiine (ç). Si nous examinons ces terreins en détail , nous obferverons quf les fources de la Meufe fortent en partie des marécages du Bafllgny, «Se d*autres petites vallées très-étroites & très' efcar- pées; que la Mançe & la Vingeanne, qui toutes deux fe jettent dans la Sa^ône, fprtent aufli de vallées très-étroites de iWre côté du fommet ; que la valléç de la Marne foi s Langres a environ cent toifes de piofoi^deur ; que dans tous ces premiers vallons, les côteau>f font voifins ôc efcarpés ; que dans les vallées inférieures , & à mefure que les çourans fè font éloignés du fommet ■ i ( i) Voyez la Carte ci- jointe. K iii; >«n '"»~v?ï'?r'\t ■ ■rrf ■ I* •' 1 •3 iî4 Hiflotre Nuturelte, . généra! & commun , ils fe font étendus en largeur , & ont par conféquent tlarçi les vallées , dont les côtes font auUl moins efcarpées , parce que le mouve- ment des eaux y éioit plus libre & moins ràpkie que dans les vallons étroits des terreins voifins du fommet. L'on doit encore remarquer que la dire^ion des courans a varié dans leur cours , du que la déclinaifon des coteaux a changé par la même caufe* Les courans dont la pente étoit vers le Midi, & qui nous font repréfentés par lea vallons de ia Tille, de la Venelle, de la Vingeanne, du Saulon & de la Mance , ont agi plus fortement contre les coteaux tournés vers le fommet de Langres & à Tafpeifl du Nord. Les courans au contraire dont ia pente étoit vers le Nord , & qui nous font repréfentés par les valions de TAu- jon , de la Suize , de la Marne & du Ro- gnon , ainfi que par ceux de la Meule ^ ont plus fortement agi contre les coteaux qui font tournés vers ce même fommet de Langres , & qui fe trouvent à rai])ed .du Midi. # ,11 y avoit donc, lorfque les eaux om \'\ Époques de la Nature. 12 f îaîflTé k' fomniet de Langres à découvert ^ une mer dont les mouvemens & lea courans étoienc dirigés vers le ; Nord »^ de l!autre côté de ce forTniiet f une autra mer, dont les mouvemeps éioient dirigés vers le Midi; ces deux mers battoient ks deux, flancs oppofés de cette chaîne de moncagnes , comme l'on voit dans la; 'ler adueik les eaux battre ks deux^ flancs oppafés d'une longue île ou d'un» i promontoire avancé: il.n'eft donc pas» étonnant que tous ks .coteaux .^fçarpés^ de ces vallons fe trouvent également des deux côtés de ce fommet. général des* montagnes ; ce n'eft que Tefifet néçeffairjei d'une cau(e ii^s-évidente. :7^ii: ■ bSi l'pn iconfidère k .terrein qui envi- Konnè l'une ;de3 fources de laM^rne^ près de Langrea , on recoimoît^a qu'elles ji ion d'un demi-cercle coupé prefqûe à»J5 plomb ; & en examinant les lits de pierre? de cette efpèce d'amphithéâtre, on fë démontrera que ceux des deu;c côtés i &« ceux du foiîd de l'aie de cercle qu'it préfente, étoient autrefois continus âc ne failbknt. qu'une feuk: i^vaffe y, q.4)€f les jçaux ont détruite dans la partie sgA ^ Ârf^'- #? !rM^*t«.^ !»:*^' - ''^- > ! ■ . . , !^iS Hiftoire Naturelle^' \ forme aujourd'hui ce demi-cercle. On terra la même chofè à t'origine des deux autres (burces de la M^rne ; favoir, dans ie vallon de Balefme & dans celui de Saint - Maurice , tout ce terrein étoit continu avant l'abaifTement de la mer : & cette efpèce de promontoire , ù l'ex- trémité duquel la ville dç Langres eft fituée, étoit dans ce même temps. con- tinu , non* feulement avec ces premiers terreins , mais avec ceux de Breuvone, de Peigney, de Noîdan-ie-Rocheux^JÔcc. il eft aifé de fe convaincre par Tes yeux , que la continuité de ces terreins n'a été détruite que par le mouvement & Fadion' des eaux. .-* *\\"i'^\^^^h>\'i '- Dans cette chaîne de la montagne de Langres ^ on trouve plusieurs coHines' ilolées , les unes en forme de cônes «roncfués , comme celle de Montfau- geon; les autres en forme elliptique, comme celles de Montbard, de Mont-^' i^éal ; & d'autres tout auâi remarquables,^ autour des fources de la Meuie, vers' Clémont & Montigny-le-roi , qui èftr iltué fur u^montieute adhérent au 'Con- itfl^tpar une langufe de terre très-étr^te. l^ de Époques Je la Nature. ^27 '* On voit encore une 6& ces collines ifolées à Andiliy, une autre auprès quante ; £c il en efl de même des autres collines calcaires que nous venons de citer: toutes celles qui font ifolées (ont Kv; • # • x.j '• I Xli . 'fftpolre NafUreÏÏe. ' tn même temps moins élevées que Tel autres , parce qu'étant au milieu du vallon & au fil de l'eau , elle^ ont été minées fur leurs fom^nets par le cou-* rant , toujours plus violent & plus rapide dans I9 mitieu que vers les bords de fon cours. f .?*' 1 a Lorfqu'on' regarde ces e(carpemensv Souvent élevé» à pic à plu^eurs toifes de hauteur ; lorlqu'oui les voit.comporés du hau^r en bas de bancs de pierres cal-' caÂres très^maffives & fort dures >• on èft émerveillé du temps prodigieux- qu'il &ut (ùppofèr pour que les eaux aient^,, ouvekt & creufô ces énormes tranchées ; ^ mais !deux circonilinçes ont concouru à ifaocélératio» dâ ce grand ouvrage : Fune de ces circonftances eu que dans ' toutes iés coliiiîés & monragnes caicairesr^f les lits i fupérieurs font les moins comi'^' pàdes & les plus tendres , en forte que ks eaux ont aifëment entamé la fuper^^ ficie du tèrrein de formé la première ravine qui a dirigé leur cours : la fe-«f conde cir confiance efl que , quoique"^ ces backcs de matière calcail^ fe foient formés de même féchés & pétrifiés fous V, ■ ^•f. Cnr/e c)c /a CJuu/u c)cj- ///on c)cj- //io/iAn:;m\r c)c J^ "■ '.. i ■ ^ . '•A _-, "]f.^'': ■ ■ • • •-f ■'-'■ Époques de k Nature. 1%1^ {es eaux de la>. mer, il eft néanmoins' très-certain qn^ils n'écoient d'abord que* des iedimqns^ fiiperpofés de matière» molles f kfqiielies n'ont acquis de 1» daretJ qee fuc^efnvenTetttrpar ri'adion* de la gravité. far la maiTe totale,. & part Vexercice de la force d'affinité: de leurs parties confHtuaiatesï Nous ibmmes donc aHuréS' que ces rnatières i&'avoiont pa» acquis toute la folidit'é &Ja' dureté que nous leur voyons aujourd'hui» &'qu«' dans ce temps de l!adion des courant* de la mer , elles dévoient Iui'çé4er aive«^ moini de r^fiftance.- Cette confidératioiji^* dimintie: rénocmûé de la durée ■ du temps* de ce travail des eaux y & expii<5U«'î d'autant mieux hi correlpoaidaiice ides angles faiilans ; &. rentrans des collines v' ^nl ^ r-fiflemble parfaitement à la coi rc^*^ pondanoe des li)ords de nos rivières daiis* Aous les terreins aififs à div^fer,* '^rfM V* G'eft pour la eondmélion même dé ^ AXS terreins calcdres , & non pour leur divifionr, qu'il eft néceffaire d'admeto^^ une tpès longue période de temps; çw forte que dans les vingt mille ans , j'en' prendrois au moins les trois premieri^l^ I ' I' '.\ '^!t:-. V . *^ II- fï- ^30 Hi/foire Natttrelle. quarts pour la multiplkatioa des coquH-r èages,ie tFanfport de leurs dépouilles & ia compofîtioii des mades qui les ren-r tfernient, & le dernier quar^ pour ia divilion âc pour la configuration de ces menais terseins 4:alcaires : il a fallu ^ingt mille ans pour la retraite des eaux, qui d'abord étoient élevées de deux mille ' toifes 4Ui-^deïiiis du niveau de nos mers a<5tuelles ; & ce h'ed que vers la fin de cette longue marche en retraite que nos vallons ont été creufés, nos plaines ^ établies y ^ nos collines découvét^tes : pendant tout ce temps le» globe n'étok peuplé que de poiflbns & d*anii ^^ - à coquilles , les Ibmmets dés monugnes, 4Sc quelques terres élevées que les eaux li'avoient pas iurmbntés , ou qu'elles «voient abandonnés les premiers y étoient auffi couverts de végétaux ; car leurs détrimens en volume immenfè , ont formé les veines de charbon , dans le même temps que \e$ dépouilles des co*- tquitlages ont formé les lits de nos pierres caIcMres. Il efl donc démontré par Tinl^ peâion attentive de ces monum^ns au- 4 ihentiquies de ia Nature ; favoir , le$ ,1^ ; Epoques 4i la Nfliùre. %\t coquilles dans les marbres > ks) pbUTons dans le^ ardoifes, & les végétaux ^ans tes niines de charbon » que tous ces êtres organifés ont exifl«^ long -temps vivant fes . animaux terreAres^; d'autant qu'on ne trouve aucun indice, aucun veilige de J'exidence de ceux^-ci dan» tomes qes cQu<^b eux -mêmes dà nouveUe formation , ainfi que toutes lési carrières calcaires en paySfTbj%s , qui n& font formées que 'des détrimens des an«^ ciennes. couches det pierre , toutes ihuée» aurdefiiis de ces npuvelles carrières ;N i^• r , ^•1 ëi c*eil pat ^etté raifon que^ je^ les; â^ défignées par. le nom de carmres téfra'-» jCirxi parce 'qu'elles fe forni^nt en effet «iix dépens des premières* r n :> «^ H » > ^ 34 ( Notre gl^be,- pendam • trente - 4tmq mille ans n'a donc été qU' une mafîè de chaleur ât'i de . §d\x , dont i aucun étre^ iènfible ne: pôoivoit approcher ; enfuite pendant quinae ou vingt mille ans ^ fa* îiirfàce n'eïoit qu'une i mer univerféllej îil a fallu cette longue fucceûlon dé fiècles pour le refroidifîèmént de la: lierre» ëc pouv la retraite des^ eaux , & ce n'efl qu'à i là fin ' de cette féconde périadq qiie la fiu^face ^'inos'coi^rilshs'^a été figurées i ¥-» ffijss. ao^.-ii: j ti>fi'^ru^;'iî >^ii^i^ tvMâis ces dernfeifei effets de'. Faâioa des courans de la me» ont été i précédés de quelq^ues autres; effets^ encore plus* généraux , lefquels xdiu influé fur qûelr quès cratis dé la ^e entière de ia Terrew iijoiis avons dit que lies eaùxi venant eni piuS' grande . .quantité idii tpèfe aàftral^ avoiem sAgm(é{ tipiites les : jointes i de& continensf mais après la chute:com])lèter des'^ 3uir, lorfque laiiner univerfelie eut fm iba équilibre y le mouvement du. vV ^'v Époques de la Nature. 133 Midi au Nord ceffa, & la mer n'eut plus à obéir qu'à la puifîance condantè de la Lune qui, fe combinant avec celle du Soleil, produffit les marées ôc ie mouvement confiant d'orient en occi- dent •, les eaux , dans leur premier avè- nement , avoient d'abord été dirigées des pôles vers l'Equateur , parce que les jpariies polaires plus refroidies que le refte du globe les avoient reçues les pre- mières} enfuîte elles ont gagné luccef- fivement les régions de l'Equateur ; & iorfque ces régions ont été couvertes comme toutes les autres par les eaux, ie mouvement d'orient en occident s'eft dès-îors établi pour jamais; car non- feulement il s'eft maintenu pendant cette longue période de la retraite des mers, mais il fe maintient encore aujourd'hui» Or ce mouvement général de la me» d'orient en occident a produit fur lar furfâce de la mafle terreltre un eftet ^out aufîi général, c'eft d'avoir efcarpé toutes les côtes occidentales des conti- nens terreflres , & d'avoir en même temps hiiïe tous les terreins en pente douce du côté de l'orient. >^ i^mi--%\x:m\Xnm..^ i I .f *34 Hifloire NatunUe. ^«^A mefurç que les mers s'abaiflôiem tjE découvroient les pointes les plus éle- vées dbs cominens , ces fommets, comme tutant de foupiraux qu'on viendrait de déboucher , commencèrent à I^ifTer ex- haler les nouveaux fimx produits dans l'intérieur de la Terre par ref&ryefcence éth matières i{ui fervent d'aliment aux volcans. Le domaine de la Terre , fur la fin de cette féconde période de vingt mille ans y étoit partagé entre le feu ^ i'eau ; également déchirée & dévorée par la fureur de ces deux élémens, il n'y avoit nuUe part ni fureté y ri re^ios ; mais heureufement ces anciennes fcènes, les plus épouvantables de la Nature, n'ont point eu d^ fpedlateurs , & ce xit^ qu'après cette féconde période entière- ment révolue , que l'on peut dater . la naif!ànce des animaux terreftres ; les eaux étoient alors retirées, puifque les deux grands continens étoient unis vers le Nord & également peuplés d'élén phans : le nombre é&% volcans étoit auffi beaucoup diminué , parcv, que leurs érup-^ lions ne pouvant s'opérer que par le confiid de l'eau & du feu , elles avoienj \\ les A ÉpOéjntf de h Nature, 435 çf (Té dçsque fa mer en s'abaiflant s'en éxovi éioigt^^e. Qu'on fe repréfente encore l'afpe^ qu'offrait la Terre immédiate- ment après cette féconde piériodey c'eft-à^ dire , à cinquante- cinq ou (bixante mille ans de fa formation. Dans toutes les parties bafTes , des mares profonde^ y des courans rapides & des tournoiemens d'eau ; des tremblemens de terre prefque continuels, produits par i'afFaiflemem des cavernes & par les fréquentes explo- itons des volcans, tant fous mer que fur terre ; des orages généraux & particuliers ; des tourbillons de fumée & des tempêter excitées par les violentés fecoufTes de )a terre & de la mer; ^t% inondations, ^es débordemens ; des déluges occa- fionnés psùr ces mêmes commotions; des fleuves de verre fondu , /de bitume ^ de fc re ravageant les montagnes & venant dans les plaines empoifonner les eaux; le Soleil même prefque toujours offufqué nonrféulement par des nuages aqueux ,; mais par des mafîès épaifTes de cendres & de pierres poufTées par les volcans, & nous remercierons le Créateur de n'avoir pas rendu l'homme témoin • / V Ll-' '1-1 4. A 3 6 . . JHipIrà Naturelle, '^ " de CCS fcènès effrayantes & teiribfèi"; qui ont précédé, & pour amfi ^idîrô annoncé la ftaifîànce de la NaiùYe;ii> telligente & fenfible. rî3n ïr ^ EPOQUE. ..?' . * «-.It ! î A ..<ô.^' Lons^uE LES Éléphans et lus ^MJTMs Animaux du Mwi , ^Hê' ont habité les terres Au Nord, Wbif i X OÛT ce qui exifte aujourd'hui dans la Nature vivante a pu exifter de meine des que la température de la Terre s'eft trouvée la même. Or les GontréeSs fepteriirionales du globe ont joui pen- dant long-temps du même degré de chaleur ^ont jouiffent aujourd'hui les terres méridionales ; & dans le temps où ces contrées du Nord jowiffoient de cette température , les terres avancées vers le Midi étoient encore briiiantes & font demeurées défertes j)endant un long efpace de temps. Il fenibie même que' la ti fuac étoi eric pop fup tem k on Il ■ ' Époques de la Nature, 137 que* la mémoire s'en foît confervée par là tradition; car les Anciens étoient per« fuadés que les terres de ki zone tôrride étoient inhabitées : elles étoient en effet encore inhabitables long-temps après la population des terres du Nord; car en fuppofant trente-cinq mille ans pour le temps néceffaire au refroidifîèment "de la Terre fous les pôles , feulement au point d^en pouvoiil touoher la' iurface fans fe brûler, & vingt ou vingt-cinq niiilë ans de plus, tant pou i^ là retraité des mers que pour l'aitiédiflèment né- ceffaire à Texiftence des êtres auffi Çeru» fibles que le font les ^animaux terreftrès, on fentira bien qu'il faut compter quel-' ques milliers d'années de plus pour le refroidifîen^ent du globe à l'Equateur ,, tant à caufe de la plus grande épaiffêur de la T^rre, que rfe racceffion de fa chaleur folaire, qui efl cortfïdérable diir l'Equateur & prefque nulle fous le Pôle. ...i. ;^^.( „i ^îiv+ui ^i.:'- -^îi'i:^^,.' -■■ ' .^ ' ' Et quand niieme ces deux' -eau fes l'eu- nies ne feroient pas fuffilàntes pour produire une fi grande différence de tiçmps entre ces deux populations, l'on n f 2)8 Hiftoire Naturelle, ^ doit confidérer que l*£quatclir t reçu les eaux de l'atmofphère bien plus tard que les pôles, ^ & que par coniequenc cette caufe fecondiiire du refroidiflTeinent agiflfant plus promptemeht 6c plus purf- fannnent que les deux premières càufes^ la chaleur dits terres du Nord fe fera confidéijablement attiédie par la recette des eau H i tandis que la chaleur des terres in<^Hciionales fe mainterioit & ne pouvoit diminuer que par fa propre déperdition. £t cjuand niême on m'ôb^ ieâeroit que la chiite des eaux» foit fur rÉquateur, foit fur les pôles, n'étant que la fuite du refroidillèment à un cenain degré de chacune de ces deux parries du globe , elle n a eu lieu dansi l'une & dans Fautre que quand la température de ta Terre & celle des eaux tombantes ont été refpe^ivement les mêmes , & que par conféquent cette chute d'eau n'a pas autant contribué que je le dis à accélérer le refroidiflement fous le pôle plus que fous l'Equateur, on fera ^rbé. de con- venir que ie^ vapeurs, ^ par conféquent les eaux tombantes fur l'Equateur, «voient plus de chaleur à caufe de Époques de la Nq^re, 239 Talion du Soleil , & que par cette raifon, elles ont refroidi plus lentement les terres de la zone torride, en forte que fadmettrois au moins neuf à dix, mille ans entre le temps de la naiffancQ^* des élëpbans . dans les contrées feptenr trionales & le temps où ils fe (ont retirés ' jufqu aux contrées les plus méridionales ; / car le froid ne venoit & ne vient encore que d'en haut; les pluies continuelles qui tomboient fur les parties polaires di^ globe en accéléroient incedàniment Iç refroidiflement , tandis qu'aucune cauie extérieure ne contribuoit à celui des parties de l'Equateur. Or cette caufe qui nous paroît (1 fenfible par les neiges de nos hivers &les grêles de notre été, ce froid qui des hautes régions de l'air nous arrive par intervalles, tomboit à plomb & fans interruption fur les terres feptentrionales , Sf. les a refroidies bien plus promptement que n'ont pu fe re- froidir les terres de i Equateur , fur lef- quelles ces minidres du froid , l'eau , la neige & la grêle, ne pou voient agir ni tomber. D'ailleurs, nous devons faire entrer ici une confidération irès-impor- s «>^ (' ^^ 140 Htfloire Naturelle, tante fur les limites qui bornent la durée de la Nature vivante; nous en avons établi le premier terme poflible à trente- cinq mille ans de la formation du globe terreftre , & le dernier tenue à quatre- vingt-treize mille ans à dater de ce jour, ce qui fait cent tretiie-deux mille ans pour la durée ablbUie de cette belle nature (a). Voilà les limites les plus éloignées & la plus grande étendue de idurée que nous ayons donnée, d'après nos hypothèfes, à la vie de la Nature - fenfible; cette vie aura pu comrjîencer à trente- cinq ou trente- fix mille ans , parce qu'alors le globe étoit affez refroidi à ^^% parties polaires pour qu'on pût le f toucher (ans fe brûler, ôc elle pourra ne ^ finir que dans quatre-vingt-treize mille i ans, lorfque le globe fera plus froid ■' que la glace. Mais entre ces deux limites h \\ éloignées, il faut en admettre d'autres f plus rapprochées; les eaux de toutes les J niatières qui font tombées de l'atmo- î jphère n'ont ceffé d'être dans un état -1 (n) Voyez le Tableau <3an$ lej volumes de cette Hiiloire Naturefle. d'ébullition / " ,t. %jf ^1 - \ durée avons rente- globe [uatre- 5 jour, le ans belle s plus lue de faprès Nature ï^encer » sins y refroidi put le irra ne ; mille froid limites .'autres tes les atmo- n état de cette ilUtion Époques de la Nature. 141 d^ébulHtion qu'au moment où l*on pou-^ voit les toucher fans fe brûler ; ce nVft donc que iong-temps après cette période de trente- fix mille ans que les êtres doués d'une fenAbilité pareille à celle que nous leur connoifTons , ont pu naître & rubfifler ; car fi la terre , i'aîr & l'eau prenoient tout-à-coup ce degré de cha- leur qui ne nous permettroit de pouvoir les toucher fans en être vivement ofFen- fés , y auroit-H un fêul des êtres aAuels capables de rïfiftt* à ce te chr'eur mor- telle , puifqu elle excéderoit df Jjeaucoup la chaleur vitale de leur corps î II a pn exiger alors des végéuux , des coquil- lages & des poiflbns d'une nature moins fenfible à la chaleur, dont les efpèce*r ont été anéanties par le refroidifTement dans les âges fubféquens , & ce font ceux dont nous trouvons les dépouilles & les détiimens dans les mines de charbon, dans les ardoifes, dans les fchiftes & du; - les- couches d'argile, auffi-bien que dans les bancs de ma|H' bres & des autres matières calcaires ; mais toutes les efpèces, plus fènfibies, & particulièrement les animaux terreftres^. JÉfoquts» Tome I. L '^' -rN-v'"- /■ V 24%. ' Hlflatre Naturelle^ * n'pnt pu mitre & fe multiplier que diEuis. des teipps pofterieurs & plus vol-r ibis, du nÔtriÇk -i^l-î 7. ^i;i'^?C-vl?V,. • ^rla^-^i ; Et daos quelle contrée da Nord Ie& preniiers animaux terreftres auront - ils pris naiflançe! n*eft-il pas probable que c*eft . dans les, terres les plus élevées , pui (qu'elles ont été refroidies avant les autres î & n'eft-il pas également pro- bable que les éléphans & les autres animaux afliiellement habitant les terres du Midi, font nés les prenfîers de tous, & qu'ils Oiit occupé ces terres du Nord pendant quelques milliers d'années, & long-temps avant la naidànce des rennes qui habitent aujourd'hui ces mêmeiS. terres du Nord! : ? - ^ * * Dans ce temps ^ qui n'eft guère éloigné du notre que de quinze mille ans, les éléphans, les rhinocéros, les hippopotames, & probablement toutes les efpèces qui ne peuvent fe multiplier a(5hiellement que Iqus la zone torride, viyoient donc & fe multiplioient dans les terres du Nord , dont la chaleur étoit au même degré, & par conféquent iLQUt jiufli cQUvenable à leur nature^ Us Epoques de la Nature, '^t^f; y étoient en grand' nombre ; ils y onr îejourné long'-temps; la quantité d'ivOirè' ëi de ieurs autres dépouillés que l'on a' découvertes & que Ton découvre tous les jours dans tes contrées fepterttrionalës , nous démontre évidemment qu'elles ont été leur patrie , leur pays natal & cer- tainement la première terre qu'ils aient occupée ; mais de plus ils ont exift*é en' même temps dans les contrées fepten- irionalès de TEurope , de TAfie & dér r Amérique; ce qui nous fait connoître' que les deux continens étoient alors* côntigus, & qu'ils n'ont été féparé^ que dans des temps fubféquens. J'ai? dit que nous avions au Cabmet du Roi des défenlês d'éléphans trouvées eit Ruffie & en Sibérie , & d'autres c[io$ ont été trouvées au Canad^ , près de. la* rivière d*Ohio. Les grofles dents mo- laires de l'hippopotame & de l'énorme^ animal dont Teipèce eft perdue, nous^ font arrivées du Canada , ôf d'autres' toutes femblables font venues de Tar- tarie & de Sibérie. On ne peut donc pas douter que ces animaux qui n'ha* bitent aujourd'hui que les terres d\i ■^^ » i £44. Hiftoire Natarelk. \\ midi de notre continent , n'exiftaflTcnt lUiffi dans les terres feptentrionales de l'autre & dans ie même temps, car la ^ Terre étoit également chaude ou refroidie !âu même degré dans tous deux. Et ce n'^eft pas feulement dans les terres du Nord qu'on a trouvé ces dépouilles d*ani- imaux du Midi, mais elles fe trouvent encore dans tous les pays tempérés , en France, en Allemagne, en Italie, en Angleterre , &c. Nous avons fur cela \ ;i»:',W;47- '"": ', "ï ■7'»;f'-yï<': ■"('■■ '>v/---- ! w \t ^jli4"^ ..'Jfifiolre Natur^Tk. '■- ^tqffes den^s çnt ni^trafo;^ Appartenu^ ^tqiept 4u moins quatre fois phis vpijii- jnii)çiix que ^e le içm les ^ippopçt,^n\^ Rituellement exiftans. Ces gr^nsïs ofièw joens $ .ces .(^norn;ies 4enis ibnt 4qs ^inoiiis fubiiila^is ,de la grande for;çe dfs la |^;ature 4am ces .preipier^ ,ag^,: ipfi^s 4>Q;Ur lie |).a^ perdr^e de v^e ;nç^« rf^jct xwinçipai, f ui vonf np^ ^Jép^i^s 4<«^s JeVf mîï^che progrefîjy^ d^ l^j^i^n Hi4u .'>^ ' :^ î^ows ne ppuvons (Jout^ qii^*^p*ès i^voir occupé les p^rti^^ reptei^riéi;ie j.uic|i^'j^ AÇ\ ^gi^^ C^Jf pu l'on 4 vtro^Vd^ îewïs 4épou,iile« ,en grai^(|e q,uai)^i^é, ils ^'^if^t iSfif^ke jg^^é {es ^res lopins f^pten- H-ion^ies; puifq^^i.'pja trpiijiv.ç ejncQrje de çôs ^êmie^s dépouilles lei^ Mpfçovi^, ^ ?;^ I iw 1 IM I MU' ' 1)1 >.HH 'K'J. ^ *! M w /ij Pm $1 prouvé cette année même ( ijyC) ^dcs défclVfes iâf -des olîèf^ens d'él^^t près de •Samt-PéterAtourg^ qyj, comme 4 on fait, eft à |f*l-peji-^rè^ fftps ceijtp latitMde de e»^ 4«?gr!é«, 2t f ' ■ÉpOijues de la Nature, i^'f ées terres plus chaudes i & il eft clair que tous ^ies climats depuis ie Nord jufqu^'à i'£qu$teur, Ont fucceflivement joui du degré de chaleur convenable à leur 4iature : ahifi , quoique de mé- moire d'homme i'efpèce de l'éléphant ne paroifle avoir occupé que lés cli- mats aéluellement les plus chauds dans notre continent , c'e(t-à-dire , les terres qui s'étendent à peu -près à 20 degrés dés detix côtés de l'Equateur , & qu'ils y. paroiflent confinés depuis pïufieurs îècles , lés monumens de leurs dépouilles trouvées dans toutes les parties tempérées âe ce même continent , démontrent qu'ils ont atifli haJîité pendant autant de fie- des^ ks différeils climats de ce même continent; d'abord, dû 60/ au 50/ degré, puis du 50/ au 40**, cnfuide du 40.* au 30.% & du 30/ au ao.*; «nfin du 20.* à l'Equateur ôc au-delà à la même diftance. On pourroit même préfumer qu'en faifant des recherchés «n Lappbnie , diiiis les terres de l'Eu»- rope & de l'A fie qui font au-delà du 68.*' degré, on pourroit y trouver de *néme des défenfes & des offemens t iiij w \> ii ê .^48 J^Jfôire Naturelle: ' d*éléphans, ainii que des autres anl- Biaux du Midi ^ à moins qu'on ne veuille iiippoler ( ce qui n'eft pas fans •vraifembianci» ) que h furface de ia Terre étant réeJîem'^nit etcore plus élevée en ilbene que dans toutes les provinces qui ravoirinent du côté du Nord, ces mêmes terres de la Stl: t'ric ont été les preiBières abandonnées par les eaux, & par couféquent hs premières où les animaux teneftres aient pu s'établir. Quoi qu'il en foit, il efl certain que ies éléphans ont vécu, produit, mul- tiplié pendant plufieurs flècles, dans cette même Sibérie & dans le nord de la Rufîie ; qu'enfuite ils ont gagné les terres du j.o/ au 40.* degré, & qu'ils y ont iîibridé plus long-temps que dans leur terre natale, & encore plus long- temps dans les contrées du 40." au 30.' degré, &c. parce que le refroidiflèment •fttccefîif du globe a toujours été pi !s 'lent, à mefure que les climats fe font •trouvés plus voifins ^!e l'Equateur , tant par la plus forte épaiffeur du globe que par la plus grande chaleur du Soleil. ^ Nous ?vons fixé, d'après noi h^po-- Époques Ae ià Nature. 249 tWféiv le premier iiiftânt polUble du çomn^eiicement • dc'ia' ^ Nature vivante à trente-cinq au trente-fix mille ans , à dater de la formation du giobe , parce •<|ue^ ce ' n'eft qu'à cet inAant qu'on sÂiîToit-pu commencer à le toucher fans fë ib^ier : en donnant vingt-cinq niiilp ans de plus pour achever l'ouvrage immenfe de la conftruélion "de nos Aïoiii^ tagnes calcaires , pour leur figuration par angles faillans & rentrans , pour i'abaifTement des mers , pour les ravages des volcans & pour le deflechement de la furface de la Terre , nous ne comp^ terons qu'environ quinze mille ans depuis le temps où la Terre après avoir efTuyé , «éprouvé tant de bo^leverfemens & de changemens , s'efl enfin trouvée dans un état plus calme ôc affez fixe pour qi'" .;s cau»l V deftrudion ne fuflent ^jos plus puiffantes &. ^ «us générales que celles de la production. Donnant donc quinze mille ans d'ancienneté à la Na- ture vivante , telle qu'elle nous eft par- venue, c^elt-à-dire, quinze mille ans d'ancienneté aux efpècès d'animaux ter- jreftres nées dans les terres du Nord ^ Sl L Y t ( ^50 IfifloyNaWflk^^^ métuftiliement «xi(l«nte8 dans celles é$, MW 9 ^ous pomrrdm fuppofeVi s^ik^Y â peut-être cinq imiie aivi queJes 4M-^ jihans font cufiié tobt auuiiit df t0Bips dans les ciimatô qttiibrmtnt «lAr îourd'hiiî ies Zonies teHipérjéea,:^ |44t<- être autant dai:^ les cltmatt 4u JNoi'd» 0tt lis ont jjrls' il^ifllànceà «H^-^ifi-îrr'TtT ^i ^ri Mais cette marche régulière qu^oof %turvfe lesi piui grands:^ ie$ prediûers a^ "anaux de ! notre çontiaeni, paroiti avoir M>ufiert deft obftaclea dfin& Tautre >: il efi trèa^oenrâ qu'pn a trotivéi, & it eil iirès^-probafek qu^oa trouvera encore dfs t^fm&s de des oflemehs d'él^phirns ei| 'Canada., dans ie :pay s de& HlirioÎA » 4ù Mexique^ 18k daoa j quelques auii^Ds f eâf^ droits de l' Amérique . ieptei^trionafe { %iais nous n'avon& aucune obfèrvatÎQnv mupua monujnentj qui laaus indiquer ^iememe fait pour fies terres; de Jf Amérique 'ftBéridionale. D'ailleurs , l' efpèce même ^cette efpèce » ^ ^Huçune autre de toutes. ceiles des.aniiuaax w-^' \ >...>;,. . , s*. Êpoqnts He là Tfature. i^t éerreftres qui occupent aduellemetn leâ terres méridionales de notre continent y ne (e font trouvées dans les terres méri* dionales du nouveau Monde , mais mémïr maux n'au-* font pu gagner Ic5 régions 'c i'Equatèiif dai^ ce nouveau Continent comme \H Wmt (àW. dans l'ancien, tant ei^ Â&é ffu'en Afrique. En effet, fi l*oh c6ri«* Êdère la fut face de ce nouveau conti-«r nent , on voit que lès parties meridîd-i ^ales voifines de l'il^I ?t>F» de Pfliiàmal font occupées par de très-hautes mon- tagnes ; ks eiépham n'ont pu franchiir L v; #• ^. ■4 iji • Hiftoire Naturelle: ces barrières invincibles pour eux , ï caufe du trop grand froid qui fe fait fentir fur ces hauteurs : ils n'auront donc pas été au-deià dts terres de I^Ifthme, <& n'auront fubfiflé dans l'Amérique fepS tentrioniîe» qu'autant qu'aura duré dans cette terre ie degré de chaleur néceflaire %i^,^t piuhiplication. Il en eft de même de tous les autres animaux des parties méridionales de notre continem , aucun ne s'eft trouvé dans les parties uiéri' dionales de l'autre. J'ai démontré cette vérijté par un fi grand nombre d'exem- ples^ qu'on ne peut la. révoquer ea doute (i)^ , l4es animaux , au contraîre , qui peu* 'plent aduellemeut nos rég >ns tei' pe- lées & froides ,. fe trouvent également dans les parties feptentrionaLi les deux convinens ; ils y font nés poftérievirepient aux premiers & s'y font confervés , j ^rce que leur nature n'exige pas une aufîi grandie chaleur. Les rennes^ & les autres animaux qui ne peuvent fubiifler que iJans les climats les plus frpids, fon| #• . , , — 1 ^ (c} Voyet les troiî Dilbourx fur lés animaux -.%'; •#■ V ,*; . 1 (. ■■*,■' Époques de la Nature, ^55 venus les derniers, Sl qui fait fi par fuccefljon de temps , iorfque la Terre fera plus refroidie, il ne paroîtra pas de nouvelles efpèces dont le tempérament différera de celui du renne autant que la nature du renne diffère à cet égard de celle de Téiéphant ! Quoi qu'il ta foit , il eA certain qu'aucun des animaux propres & particuliers aux terres méri- dionales de notre continent, ne fe font trouvés dans les terres méridionales de l'autre, & que même dans le nombre des animaux communs à notr£ continent & à celui de l'Amérique feptentrionale,' dont les efpèces fe font conlervées dans tous deux , à peine en peut- on citer une qui foit arrivée à l'Amérique méridionale. Cette partie du monde n'a donc pas été peuplée comme toutes les autres ni dans le même temps; elle ed demeurée pour ainii dire ifoiée & féparée du refte de la Terre par les mers & par Çts hautes montagnes. Les premiers animaux tcr- reilres nés dans les terres du Nord n'ont donc pu s'établir par communication dans ce continent méridional de l'Am^" rique , ni fubfxfter dans fon contineui^^ ^ .^.. i . ♦1 154 }'^Jhiré Natunlte, fepteittiioliai, qu'autant qui! a toniêrvë ie degré de chaleur néccflkire à leur pro« paganon; âc cette terre de l'Amérique tiiéridionaie réduite à les propres forces, n*a entamé qnc des animaux plus foibles i& beaucoup plus petks que ceux qui Ibnt venus du Nord pour peupler nos contrées du Midi. Je dis que ks animaux qui peuplent anD^ourcrhui tes terres du midi de notre n comment, y font venus du Nord, & s'eft donc fait dans l'Amérique méri- dionale, bien poftérieurement à ibn fé- jour déjà fixé dans les terres du Nord, & peut-être la différence du temps eft-elle de plus de quatre ou cinq mille ans : nous avons expofé une partie des faits & des raifons qui doivent faire Jpenfer que k nouveau Monde, fur-tout Époques de la Nature. 257 dans Tes parties méridionales, c(l une terre plus récemment peuplée que celle de notre continent; que la Nature bien loin d'y être dégénérée par vétufté, y efl au contraire née tard & n'y a jamais exifté avec les mêmes forces , la même piiiflânce adive que dans les contrées jèptentiionales ; car on ne peut douter après ce qui vient d'être dit , que \&% grandes & premières formations des êtres animés ne fe foient faites dans les terres élevées du Nord , d'où elles ont fucceffivement pafle dans les contrées du Midi fous la même forme & fans avoir rien perdu que fur les dimenfions de leur grandeur ; nos éléphans & nos hippopotames qui nous paroiffent fi gros, ont eu des ancêtres plus grands dans les temps qu'ils habitoient les terres feptenirionales où ils ont laifle leurs dépouilles ; les cétacées d'aujour-r d'hui font aufli moins gros qu'ils ne Fétoient anciennement , mais c'ell peut- être par une autre raifon. Les baleines , les gibbars , molars , cachalots, narwals & autres grands céta- cées, appartiennent aux mers fepteur (' V'v If', ,iW <• 2158 Hqîotre Naturelle. trUonales ; tandis que l'on ne trouve dans les mers tempérées & méridionales , que les iamamins., les dugons, les maribins, 4|ui tous ibitt inférieurs aux premiers fn grandeur. Il femble dcnc au premier coup-d'œil, que la Nature ah opéré d'une manière contraire &i par une flic- .ceffion inverfe, pitifque tous les plus grands animaux terrellres fe trcHivem adueikment dans ies contrées du Midi ; tandis que tous les plus grands animaux .marins n'habitent que Tes régions de notre pôle. Et pourquoi ces gnndes & prefqiie mondrueufes efpèces paroiïî'ent- «iles confinées dans ces mers froides! Pourquoi n'ont-elies pas gagné fucceP- iivement , comme les éléplians , les régions les plus chaudes! En un mot, pourquoi ne fe trouvent-elles , ni dans les jners tempérées , ni dans celles du Midi î car à i'exceptron de quelques cachalots qui viennent aflez fouvent autour des Açores & quelquefoisr échouer fur nos côtes , & dont l'erpèce paroh la plus vaga»- bonde de ces grands cétacées, toutes les autres (cnit demeurées Ça ont encore leur ^jour confiant dans ies mers boréales 'Époques de la Nature, i j p ,des deux contjnens. On a bien remarqué depuis qu'pa a commencé la pêche^ ou ,plût6t la chaffe de jces grands animaux , qu!il$ fe Xbht retirés des endroits où l'homme ailoit les inquiéter. On a de plus obfervé que ces preniières baleines , ^*efl-i-dire, ^eJles que J*on pêchoit il y a cent cinquante & deux cents ans, 4toient beaucoup plus groflês que celles d'aujourd'hui : eiks avoient jufqu'à cent fâeds de longueur ; tandis que les plus grandes que i'on prend aduellement , ^*en ont q,ue foixante : on pourroit jnenae expliquer d'une nianifre alïez {kùsùàikmw tes rayons de cette diâe- jr^nce de grandeur. Car ies baleines, mi^Çi que tous les autres cétacées , ék. jénème la plupart des poiffons , vivent fans comjjaraifon bien plus îong- temps qu'aucun des animaux terreftres ; âc dès^lors leur entier accroiflemem de— ^ mande auffi un temps beaucoup plus iong. Of quand on a coimpencé la pêciie des baieines , il y a cent cinquante . ou deux cents ans , on a uouvé ks plus âgées ôi celles qui avoient pris hur entier accroiflement j on les a pouifuivies. s ..'t' Ht 260 Hîfloke Naturelle."*^ chafTées de préférence, enfin ôri' ïéé'k détruites , & i( ne refle aujourd'hui danfs les mers fréquentées par nos pécheurs, que celles qui n*ont pas encore atteint toutes Jeurs dimcnfions : car, comme nous l'avons dit ailleurs , une baleine peut bien vivre mille ans , puifqu'une carpe en v|t plus de deux cents. *' *^ T *^ ' La permanence du féjour de ces grands animaux dans les mers boréales , lemble fournir une nouvelle preuve de ia continuité des continens vers les régions de notre Nord, êa nous indiquer que cet état de continuité a fubfift;* long- temps; car fi ces aaimaux marins, que nous fuppoferons pour un moment nés en même temps que les éléphans , euflem trouvé la route ouverte, ils auroient gagné les mers du Midi, pour peu que Je refroidifTement des eaux leur eût été contraire; & cela feroit arrivé , s'ils euf- fent pris naiffance dans le temps que la mer étoit encore chaude. Cn doit donc préfumer que leur exiilence eft pofté- rieure à celle des éléphans ôl des autres animaux qui ne peuvent fubfilter que dans hs diir.ats du Midi. Cependart Époques de la Nature. 261 il fe pourroit aufli que la différence de température fïit pour ainfi dire indiffé- rente ou beaucoup moins fenfible aux animaux aquatiques qu'aux animaux ter- reftres. Le froid & le chaud fur la furface de la Terre ai de la Mer, fuî- vent à la vérité l'ordre des climats , de la chaleur de l'intérieur du globe cil la même dans le fein de la mer & dans celui de la terre à la même profondeur, mais les variations de température qui font fi grandes à la furface de la Terre , font beaucoup moindres & prefque nulles à quelques toifes de profondeur fous les eaux. Les injures de l'air ne s'y font pas fentir , & ces grands cétacées ne les éprouvent pas ou du moins peu- vent s'en garantir; d'ailleurs par la nature même de leur organifaiion , ils paroiflent être plutôt munis contre le froid que contre la granae chaleur; car quoique leur fang foit à peu-près auflî chaud que celui des animaux quadru- pèdes , l'énorme quantité de lard Se d'huile qui recouvre leur corps en les privant du feritinlent vif qu'ont les autres animaux , les défend en même temps de.^ Il î< '1 < v^v £61 ^ Ni/foire NaUiréîl^^i^ toutes les impreflîons extérieures, & il cft à préfumer qu'ils refient, où ils font, parce qu'ils n'ont pas même le fentiment qui pourroit les conduire vers une tempé- rature plus douce , ni l'idée de fe trouver mieux ailleurs, car il faut de l'inftind pour fe mettre à fon aife , il en faut pour fe déterminer à changer de demeure, & if y a des animaux & même dés hommes fi bruts , qu'ils préfèrent de languir dans leur ingrate terre natale , à la peine qu'il faudroit prendre pouç fe gîter plus commodément ailleurs [26]; il eft donc très-probable que ces cachalots que nous voyons de temps en temps arriver des mers feptentrionales fur nos côtes , ne fe décident pas à faire ces voyages pour jouir d'une température plus douce , mais qu'ils y font déterminés par les colonnes de harengs , de maquereaux &: d'autres petits poiflbns qu'ils iuivent & avalent par milliers *. - * -^ -i >..^ I r I lu MMb* [26] Vcycz ci-aprcs les Notes juftificatiyd des faits* - . ^ Nota. Nous n'ignorons pas qu*én général les cétacées ne le tiennent pas au-delà du 78 ou 79.® 4cgré, & nous favons qu'ils 4ç(ccndçot en hiver à Époques de la Nature, 263 Toutes ces confidérations nous font préfumer que les régions de notre Nord, foit de la mer , fôit de ia terre , ont non- feulement été les premières fécondées , mais que c*eft encore dans ces mêmes régions que la Nature vivante s'eft élevée à l'es plus grandes dimenfions. Et com- ment expliquer cette fupéiiorité de force & cette priorité de formation donnée à, cette région du Nord exclu (ivemem à' toutes les autres parties de la Terjre! car nous voyons par l'exemple de T Amé- rique méridionale , dans les terres de laquelle il ne fe trouve que de petits animaux , & dans les mers le feul la- mantin-, qui eft auflî petit en compa- raifon de la baleine que le tapir Tell en comparaifon de l'éléphant ; nous voyons , dis-je , par cet exemple frap- pant , que la Nature n'a jamais produit dans les terres du Midi des animaux comparables en grandeur aux animaux du Nord ; & nous voyons de même , par quelques degrés fiu-deflbus; mais ifs ne viennent; jamais en nombre dans les mers tempérées ou chaudes* '■:ft ^i(}4 - Hifloire Naturelle. **' un fécond exemple tiré dts monumens , que dans les terres méridionales de notre continent, les plus grands animaux font ceux €|ui font venus du Nord, & que s'il s*en eft produit dans ces terres de notre Midi , ce ne font que des e(î>èces très-inrérieures aux premières en gran- deur & en forcg. On doit même croire qu'il rie s'en eft produit aucune dans les terres méridionales de l'ancien conti- nent, quoiqu'il s'en foit formé d^ns celles du nouveau ; & voici les iiotifs de cette préfomption. ^t. ^^■. jtToute production, toute génération,  même tout accroifïement , tout dé- veloppement, fuppofent le concours & la réunion d'une grande quantité de molécules organiques vivantes; ces mo- lécules qui animent tous les corps orga- nifés, font fuccelfivement employées à la nutrition & à la génération de tous les êtres. Si tout-à- coup la plus grande partie de ces êtres étoit fupprimte , on verroit paroîirç des efpèces nouvelles , parce que ces molécules organiques qui font fndeftrudibles & toujours adives, fe rcuniroieiît ^iour compofèr d'autres , - - ■; ' ':. corps Époques de la NcUiire. i^f copps organifés; mais étant emicrement abforbées par les moules intérieurs des êtres exiftans , il ne peut fe former d'ef- pèces nouvelles , du moins dans les premières cla/Tes de la Nature, telles que celles des grands animaux. Or ces grands animaux font arrivés du Nord lur les terres du Midi ; ils s*y font nourris, 2, produits, multipliés, &. ont par conféquent abforbé les molécules vî aii-ss; en forte qu'ils n*en ont point iaiffé r? fuperflues qui auroient pu former des efpèces nouvellei ; tandis qu'au contraire dans les terres de r Amé- rique méridionale , où les grands animaux du Nord n*ont pu pénétrer, les molé- cules oi paniques vivantes ne fe trouvant abforbées par aucun moule animal déjà fubfiftant, elles fe feront réunies pour former Tfi efpèces qui ne refîemblent point aux. autres, & qui toutes font in- férieures, tant par la force que par fa grandeur , à celles des animaux venus du Nord. r:., .,,/,:■ / .:.. ;.,.,. T Ces Jeux formations, quoique d'un temps différent, fe font faites de fa même manière & par les mêmes moyens; Epoques* Tome L M t ; .-.E-3i^..:.-«-.-iï-rî-_ \\ ' H 3l66 Hifloln Nttarelle, & fi les premières ibnt fupérieures à tous égards aux dernières, c*eft que la féconcO^ de ia Terre, c'eft-à-dire, la quantité de la matière organique vivante, étoït moins abondante dans ces climats méridionaux que dans celui du Nord. On peut en donner ia raifon , fans fa cherciier ailleurs que dans notre hypo- thèfe ; car toutes les parties aqueuies, huileufes ôc du<5liles qui dévoient entrer dans la compofition des êtres organifés, font tombées avec les eaux , fur les par- ties feptentrionales du globe , bien plus tôt & en bien plus grande quantité que fur les parties méridionales ; c*eft dans ces matières aqueufes & dudiles que les molécules organiques vivantes ont commencé à exercer leur puiflance pour modeler & développer les corps orga- nifés : & comme les molécules organi- ques ne font produites que par fa chaleur fur les matières duéliks, elles étoient aufïi plus abondantes dans les terres du Nord qu'elles n*ont pu Tétre dans les terres du Midi, où ces mêmes matières étoient en moindre quantité , il n'eft pas étonnant que les premières , les piu-s J ; ■.^. ^ ■ . ■„ b' te •, t . . .,■*..».. Epoques Je la Nature. 16 j faites & les plus grandes produ (fiions de la Nature vivante ft foient faiicô dans ces mêmes terres du Nord; tandis que dans celles de i Equateur, & particuliè- rement dans celles de TAmcrique méri- dionale ^h la quantité de ces mêmes matière '^iles étoit bien moindre , iJ ne s*e^ ^ t que des efpèccs inférieurti. plus pt plus foibles que celles des terres du .^urd. * * Mais revenons à Tobjet principal de notre Epoque : Dans ce même temps où les éléphans babitoient nos terres feptentrionales , les arbres & les plantes qui couvrent aéluellement nos contrées méridionales exiftoient aufîi dans ces mêmes terres du Nord. Les monumens femblent le démontrer ; car toutes les imprefljons bien avérées des plantes qu'on a trouvées dans nos ardoifes & nos charbons , préfentent la figure de plantes qui n'exiftent aduellement que dans les grandes Indes ou dans les autres parties du Midi. On pourra m'objedler, malgré la ceriîtufle du fait, par Tévi- dence de ces preuves , que les arbres & les plantes n'ont pu voyager comme les M ij u -.Kijffii^-ïAMX IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l 1.25 m LA 12.8 ^ ^ 12.2 '/ f <^ >■ /. ^J^ y s Photographie Sdenœs Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) «73-4503 %0 \ s*^0 y ... V ' I i<î 8 H'tfloire Natmlle. ' ' {inimauK , ni par conféquent fe tranf^ porter du Nord au Midi: A cel^ je réponds; i.° que ce tri^fport ne s*e(l pas fait tou.t-à-CQup , m^is fuccefljve-»- mpnt ; les eipèces de végétaux fe fonj fen,iée$^ de proche en proche dans les terres doi\t fa température leur devenoit convenable j & eîiiujre ces mêmes espèces lèpres avoir gagné jufqu'aux contr.^e$ de rÉquateur, auront péri dai^is celles di; Nord , ^ont el|es ne pouvoient plus Supporter ie fro;cI. 2.* Ce iranfpprt ou plutôt ^çes accrues fucceflîves de bois , ^le font pas n^êipe néceÛaires pour repdre raifon de Tei^iftence de ces végétaux dans les pays méridionaux; c^tr en généra) la même température, c ■eft^à-dire , Iç ;nême degré de chaleur prpduit par- tout les même? plantes fans qu'elles y aient été trahfppn^es. I^a populatjoi> des terres niéridionales par les végétaux eft donc encore plus fimple que par les animaux. Il relie celle de fhomme : A-t-elle lété contemporaine à celle des animaux l Des motifs majeurs & des raifons très- folides fe joignent ici pour prouver qu'elle jj>|l faute yoltérieur.emept % toutes »q& :•/■/-'-• .,i<'^~ % >■ /.". ' :\ ^'y: '.'•■'■ - ■:>.) i "-\ Époques de h Nature, l6^ époques, & que Phomme efl en effeé le grand & dernier oeuvre de la création. On ne manquera pas de nous dire que ranak>gie fenibie démontrer que i'efp^cef humaine a fuivi la même marche ôt qu*elle date du mêiYie temps que le» autres eii>èces, qu'elle s'eft même plus» univerfeilement répandue ; & que fi Tépoque de fa création ell poftérieure à celle des animaux, rien ne prouve! que Thomme n'ait pas au nfoins fubi les mêmes loix de la Nature, les mêmes altérations, les mêmes changemens. Nous conviendrons que rcfpèce humaine ne diffère pas eÂTentieUeniem des autres efpcees par (ts facultés corporelles , Se qu'à cet égard Ton fort eût été le même à peu-près que celui des autres efpèces j mais pouvons-nous douter que nous ne différions prodigieufemen't dQ^ animaux par le rayon diviiï qu'il a plu au fou-* verain Etre de nous départir t ne voyons - nous pas que dans l'homme la matière eft conduite par l'efpritî il a donc pii modifier les effets de la Nature; il '^• trouvé le moyen de réfifter aux inteïn^ périesdes climats; il a créé de la.ch^eqr^ M iij V- ^' ■ ;. -\- * .-^--.^--^ ^-l' \ r'^-'- I I ,1-' :,;(•'.■ 270 Hi flotte Nûturelk, lorfcjue le froid i*a détruite : la décou- verte & les ulaKes de i'élémem du feu, dûs à fa feule intelligence^ Tont rendu plus fort & plus robufle qu'aucun des animaux ^ de i'ont mis en état de braver les trides effets du refroidiflement. D'au- tres arts , c'e(l-à-dire , d'autres traits de fon intelligence , 'lui ont fourni des vête- mens, des armes, ôl bien- tôt il s'eft trouvé le maître du domaine de la Terre : ces mêmes. arts lut ont donné les moyens d'en parcourir toute la furfacet^ & de s'habituer par-tout ; parce qu'aveb plus ou moins de précautions , tous les climats lui (ont devenus pour ain(i dire égaux* Il n'eft donc pas étonnant que, quoi- qu'il n^exifte aucun des animaux du midi de notre continent dans l'autre» l'homme feul , c'eft-à--''re , fon efpèce, fe trouve également ^ns cette terre ifolée de l'Amérique méridionale, qui paroît n'avoir eu aucune part aux pre- mières formations des animaux , de audi dans toutes lés parties froides ou chaudes de la furface de la Terre ; car quelque part & quelque loin que l'on ait pénétré depuis là perfeâion de l'art de larrtavi* Époijues de la Nature, %yt gatiott , l*^otnme a trouve^ parrtout de9 hommes: les terres Jes plus difgraciées, les îles les plus ifolées , les [)ius éloignée^ des continens, fe font prefque toutes trouvées peuplées ; & Ton ne peut pas dire que ces hommes , tels que ceux des îles Marianes , ou ceux d'Otahiti & des autres petites îles f]tu<^es dans le milie^ àt% mers à de fi grandes dîAances dé toutes terres habitées^ ne foient néan^ moins des hommes de notre efpèce ^ puifquMls peuvent produire avec nous, & que les petites difFérénces qu'on remarque dans leur nature, ne font que de légères variétés caufées par l'influence du climat .& de la nourriture. Néanmoins A Ton confidère que l'homme ^ qui peut ie munir aifémenc contre le froid , ne peut au contraire fe défendre par aucun moyen contre la chaleur ti;op grande ; que même il fouflre beaucoup dans les climats que les, animaux du Midi cherchent de pré* férence, oi> aura une raifon de plus pour croire que la création de l'homme a été poRérieure à celle de ces grands ani- maux. Le fouverain £tre n a pas répandu M iii| '%7^ 'Hiflotre Naturelle. le ibuffle de vie dans fe méine inftant fur toute la furface de la Terre ; if a commencé par fe'conder les mers & enfuite les terres les plus élevées ; Su ii a voulu donner tout le temps nécef- faire à la Terre pour le confolider , fe refroidir , fe découvrir , fe fécher & jffriver enfin à férat de repos de de tran- quillité oii Thomme pouvoit être le témoin intelligent , l'admirateur paifibfe i[u grand fpedacle de la Nature & des merveilles de la création. Ainlr^ nous ibmnies perfuadés , indépendamment de rautorké des Livres facrés, que Thomme i été créé le dernier, & qu'il n'eft venu prendre le fc^ptre de la Terre que quand elle s'eft trouvée drgne de fon empire. II paroit néanmoins que fon premier féjour a d'abord été, comme celui des animaux terrellres , dans les hautes terres de l'A fie j que c'eft dans ces mêmes terres où font nés les arts de première néceffité , & bientôt après les fciences , également néceffaires à l'exercice de la puifiance de l'homme, & fans lefquelles il ii'auroit pu former de fociété , ni compter fa vie y ni commander aux animaux ; m. Époques de ta Nature, ijy ft fervir autrement des végétaux que' pour les brouter. Mais nous nous réfer- vons» cl*expofer dans notre dernière Épo- que les principaux faits qui ont rap| ort à THiftoire des premiers hommes. ( ' SIXIEME EPOQjUE. 'ît LORSQJJE S* EST FAITE LA SÉPARATJOIf^ des Cantimns» JL E temps de la réparation des continei^^f' e(l certainement poftérieur au temps oit I«s éléphans habitoient les terres du Nord, puifqu'alors leur efpèce étoit également fubfiftante en Amérique, eiï Europe & en A fie. Cela nous eil dé-^ montré par les monumeiis, qui font les* dépouilles de ces animaux trouvées dans- les parties feptentrionales du nouveaii*^ continent, conime dans celles de l'an- cien. Mais comment ^eft-il arrivé^ que- cette féparation dQ$ continens paroifîë- s'être faite en deux endroits , par deux^ bandes de mer qui' s^étendeiit depuis Its» •^ ^ -: , M-V- ^Z . .< # ,; » ■ 2/4 Htftoke Naturelle. contrées feptentrionales , toujours en s*éiar^flant jufciu'aux contrées les plus méridionales \ Pourquoi ces bandes de mer ne fe trouvent-elles pas au contraire prefque, parallèles à l'Equateur, puifque le mouvement général des mers fe fait d'orient en. occident! N*eft-ce pas une nouvelle preuve que les eaux Ibnt pri- mitivement venues des pôles , & qu'elles n'ont gagné les parties de l'Equateur que fucceflîvementî Tant qu'a duré la chute des eaux , & jufqu'à Temièr^ dépu- ratioa de ratmofphère , leur mouvement général a été dirigé des pôles à TEqua- teur ; & comme elles venoient en plus grande quaiuité du pôle auftral, elles ont formé de vaftes mers dans cet hémi* {phère , lefqueiles vont en fe rétréciflànt &pkis en plus dans i'hértiifphère boréal^ j^ufque fous le cercle polaire; & c'efl pai: ce mouvement dirigé du Sud au Nptd, que les eaux ont aiguifé toutes îes^poiniei des continens; mais après kui: entier établiflièment fur la furfàce de ^ Terce , qu'elles furmomoient par-tout de deux raille toiiès , teur mouveraeiu des fôks» à rÉq^ateui; y ne. (e fefa-trii pas. *. • •V ::^■-^• Époques Je la Nature. 37 j comf)îné , avant de cefler , avec le mouvement d*Orient en Occident î & iorfqu'U a ceÏÏlé tout-à-fait» les eaux entraînées par le feul mouvement d'O- rient en Occident n'om-elles pas efcarpé tous les revers occidentaux des continens terreflres , quand elles fe font (iicceffive- ment abaiilees I & enfin n'eft - ce pas après leur retraite , que tous les continens ont paru , & que leurs contours ont pris Jeur dernière forme! Nous obferverons d*abord que l'éten- due des terres dans i'hérai(plière boréal y en le prenant du cercle polaire à TÉqua^ teur, e(l fi grande en coniparaifbn de rétendue des terres prifesr de même dans Thémilphère auftral , qu'on pourroit re- garder le premier comme rhémi(ph ère terreftre , & le fécond cooime l'hémi- iphère maritime. D'ailleurs , il y a u peu de diftaiice entre les deux comiAiens vers les .régions de notre pôle, qii'on ne peut guère douter qu'ils ne fuflènt continus dans les temps qui ont fuccéde à la retraite des eaux. Si l'Europe eft aujourd'hui féparée du Groenland, c'eft probablement parce qu'il s'ed fait un^ :,-:/■; :;•_- --,;-■ -' ^v-m^vi ■-::.:";,: ' % ' ♦ 180 ' Hiflolrs Natttrelle. & ïe dernier fi long , qu'il y a peu it vraifembiance que les éi^phans aient pu' paflèr d'Europe en Amérique. En même temps ii y a des raifons ♦.rès-fortes qui me portent à* croire que cette commu- nication des éiéphans d'un continent à l'autre^ a dû Te faire par les contrées feptentrionales de TA fie, voifines de l'Amérique. Nous avons obfêrvé qu'en générai toutes les côtes , toutes les pentes des terres font plus rapides vers les mers à l'occident, lefquelles par cette pifon, font ordinairement plus profondes que les mers à l'Orient : nous avons vu cfu'au contraire tous les continens s'éten- dent en longues pentes douces vers ces n>ers de 4' Orient. On peut» donc pré- fumer avec fondement , que les mers orientales au-delà & au-deflus de Kamtf- cifiatka n'ont <]ue peu de profondeur ; & J'on a déjà reconnu qu'elles foiu femées^ d'une irès-grande quantité d'iles , dont quelques-unes forment des lerreins d'une vafte étendue ; c'eft un Archipel qui s^étend depuis Kamtfchatka jufqu'à moitié de la diftance de l'Afie à l'A méfic[ue fous le 60/ degré , & qui fembie y touche u ' Epàijnes de ht Nature. % fous le Cercle polaire , par les îles d*A- nadir & par la pojnte du continent de l'Afie (a). '»>^^ D'ailleurs , les voyageurs qui ont éga- lement fréquenté \^% côtes occidentales du nord de l'Amérique & les terres * orientales depuis Kamtfchatka jufqu'au nord de cette partie de rAOe, con-; viennent que les naturels de ces deux - contrées d'Amérique & d'Afie (e ref-1 femblent fr fort, qu'on ne peut guère* ^ douter qu'ils ne forent iffus les uns des ' autres ; non-feulement ils fe reffemblent par la taille , par la forme des traits , la couleur des cheveux & la conformation du corps & des membres, mais en-' core par les moeurs & même par le' langage: il y a donc une très-grande probabilité que c'eft de ces terres de î'Afie que l'Amérique a reçu fcs pre- miers habitans de toutes efpèces , à \ moins qu'on ne voulût prétendre que les éléphans & tous les autres animaux , ainfi que les végétaux, ont été créés en ^ (a) Voyez la Carte è^t% nouvelles dëcouvertci au-delà de Kamlfthaïkat gravée à Féterfboufgr M "H 282 Htjloire Naturelle. ^;^ grand nombre dans tou$ les climats où la température pouvoit ieur convenir; fuppofition hardie & plus que gratuite, puifqu'il fuffit de deux individus ou même d'un fcul , c*eft-à-dire , d*un ou deux moules une fois donnés & doués de la faculté de fe reproduire ^ pour qu'en un certain nombre de fiècles, la Terre fe foit peuplée de tous les êtres organifés , dont la reproduction fuppofe ou non le concours des fexes. \: £n réfléchi/Tant fur la tradition de la ftabmerfion de l'Atlantide , il m'a paru que les anciens Égyptiens qui nous l'ont tranfmife^ avoient des communi- cations de commerce par le Nil & la Méditerranée, jufqu'en £ (pagne & en Mauritanie , & que c'eft par cette com- munication qu'ils auront été informés de ce &it, qui quelque grand & quelque mémorable qu'il foit , ne leroit pas par-* venu à leur connoiffance s'ils n'étpient pas fortis de leur pays, fort éloigné du lieu de l'événement; il fembleroit donc que la Méditerranée, & même le détroit qui la joint à l'Océan , exiftoieni avant la fubmerfion de l'Atkniiie j ■;'•/.; ■r^, ''0M Ép'^^ues de la Nature. 285^ néaiimoin * ouverture du détroit pourroit bien être de la même date. Les caufes qui ont produit l'affàiffement (ubit de cette vafte terre ont dû s'étendre aux environs; la même commotion qui Ta détruite a pu faire écrouler la petite portion de montagnes qui fermoit autre- fois le détroit; les tremblemens de terre qui, même de nos jours, fe font encore fentir fi violemment aux enviro^îis de Liibonne, nous indiquent afîëz qu'ils ne font que les derniers effets d'une ancienne & plus puiiïante caufe , à laquelle on peut attribuer l'affaiffement de cette portion de montagnes. ^^^^ Mais qu'étoit la Méditerranée avant la rupture de cette barrière du côté de l'Gcéan , & de celle qui fermoit le Bofphore à fon autre extrémité vers la mer Noire î ^ î.r" Pour répondre à cette queftion d^uné manière- fatisfaifante , ii faut réunir fous un même coup-d'ecil l'Afie, l'Europe & l'Afrique , ne les regarder que comme un feul continent, & fe repréfenter la forme en relief de ia furface de tout ce continent avec le cours de fes fleuves: ff •ii^imi-"'^' 284 Hifloire Naturelle^ il eft certain que ceux qui tombeht d^m le lac Aral & dans la mer Cafpienne, ne fôurnifTent qu autant d'eau que ces lacs en perdent par Tévaporation ; il eft encore certain que la mer Noire reçoit en proportion de fon étendue , beaucoup plus d'eau par les fleuves que n'en reçoit la Méditerranée ; auffi la mer Noire fe décharge- t-eMe par le Bofpbore de ce qu'eil^ a de trop ; tandis qu'au contraire la Méditerranée y qui ne reçoit qu'une petite quantité d'eau par les fleuves , en tire de l'Océan & de la mer Noire: ainfi y malgré cette communication avec r Océan ^ la mer Méditerranée & ces- autres mers intérieures ne doivent être regardées que comme ^q% lacs dont l'étendue a varié, & qui ne font pas^ aujourd'hui tels qu'ils étoient autrefois: la mer Cafpienne devoit être beaucoup plus graiide & la Méditerranée plus pe- tite, avant l'ouverture des détroits du Bofphore & de Gibraltar ; le lac Aral & la Cafpienne ne faifoient qu'un feul grand lac , qui étoit le réceptacle com- mun du Volga, du Jaïk, du Sirderoias,. de rOxus & de toutes les autres eau» ^-; ,..J^ Époques de la Nature. 285* inédiôcre étendue , dont l'évaporation fuffifoit à la recette d^ eaux du Nil, 4u Rhône 6t des autres rivières qui lui appartiennent ; mais en fuppofant, comme 1 fies traditions feniblent l'indiquer , que ie i Bofphore fe fpit ouvert ie premier, h\ Méditerranée aura dès -lors conlidéra-| blement augmenté , & en même pro- portion que le bftdln fupérieur délai iner Noire & de la Cafpienne aura diminué : ce grand effet n'a rien que de très-naturel ; car les eaux de: la mer Noire, I , -; V ■■ , ■ A . >: , ' -l-'C- s -■■■' -' -' *«i>? ■•■-.; '^ . r ^ ^ Époques de la Nature. tÀq^ Noire , fupérieures à celles de la Médi- terranée, agiflànt continuellement par feur poids & par leur mouvement contra les terres qui fèrmoient le Bofphore fs elles les auront minées par la bafe , elles en auront attaqué les endroits les plus foibles, ou peut -être auront -elles été amenées par quelqu'afTaiflèinent caufé par un tremblement de terre, & s'étant une fois ouvert cette iHue, elles auront inondé toutes les terres inférieures , Ac caufé lé plus ancien déluge de notre . continent; car il eft néceflàire que cette rupture du Bolphore ait produit tout-à- coup une grander inondadon perma- nente, qui a noyé dès ce premier temps toutes les plus balles terres de la Grèce & des provinces adjacentes, & cette ? inondation s'ell en même temps étendue^ fur les terres qui environnofent ancien»]^ nement le baâin de la Méditerranée^!' laquelle s'eft dès-iors élevée de plulieurs pieds & aura couvert pour jamais les balTes terres de fon voilînage, encore plus du cpté, de l'Afrique que de celui dç l'Europe;' car les côtes de Maurita' Hiflmre Naturelle. cof^pâraîfon de celles de I*£fpagne, dis là France & de l'Italie tout le long de ctette mer; ainiî le continent a perdu len Afrique & en Europe autant de terre qu'il en gagnoit pour ainfi dire en' H^m par H retraite des eaux entre h lîver Noire , la Cafpienne & rAral. Enfuite il y a eu un fécond déluge lori^ue kl porte du détroit de Gibraltar s'èft ouverte, les eaux de l'Océan ont çiâ' produire dans la Méditerranée une fyéetïûe augtneiitation & ont achevé iPitiohder! les terres qui n'étoient pas fubmergées. Ce n'eft peut-être que 4ai*ïf ce fécond temps que s'eft formé le golfe Adriatique , ainfi que la fépa- ration de la Sicile & des autres îles. Qtloi^qu'a en (bit, ce n'eft qu'après ces deux grands évènemais que l'équilibre dentés deux mers intérieures a pu s'ét^- tlir, & qu'elles ont pris leurs dit]ien*fîon$ à peu-près tefies que nous les voyons aujOurd'huL • ' - Au refte, Fépoquë dé la fépâration dès deux grands contineiis, & même (ceBe de la rupture de ces barrières de r0QçW & de b m^ Noire ^ p aroiffent \ i... '» .K .' £po/jues Je la ffatare. ip t être bien plus anciennes que h date des déluges dont les hommes ont confèrvé la niémottL: celui de Deucalion n'eft que d'enwon qumze cents ans avant rÉre Chrétienne, & celui d'Ogygès de dix-huit cents ans; tous deux n'ont été que des inondotionis particulières dont iii première ravagea la Theflàiiey & la féconde les terres de TAnique ; tous deux nont été produits que par une caufe particulière A paflàgèfe comme leurs effets ; qiielques fecouïïes d'un trenrblemeint de terre ont; f>u foidever les eaux des mers voHines &. lés ftîré ' refluer fur les terrés qui' auront ét^' inondas pi^dant tto pctk kem^ fans être (ùbîtîiergéès à denleure. Le déÛigé de f Arménie & xte i*Egypte,. dont it^ tradition s'eft conf^véè chez Jès Égyp-, tietts & lès Hébreux,! qtioîique pluë^ ft ancien d*eri(Vîrën cinq fjèclesqiie celui d'Ogygès , eft encore *"bien' récent en comparaifon^ ^ é^ènemfens dont nou^* > Venons dé pàrFèr-, pùifque ion 'ne compte qu'environ quatre mille cent années depuis ce premier déluge , êçy , { qu*ii' eft très-certain que le temps oùi^ N i| A /-.'ri 2^1 Hiflùire NaUirelle. ^r les él^Ephans habitoient les terres du Nord étoit bien ant<;rieur à cette date moderne: car nous foinmes^Eprés par les livres les plus anciens, qK Tivoire £e tiroit des pays méridionaux; par conféquent nous ne pouvons douter qu'il n*y ait plus décrois mille ans que les éléphans. habitent les terres où ils * li trouvent aujourd'hui. On doit don; regarder ces trois déluges , q:a 1 [ue mémorables qu'ils foient, coi|^me des inondations paflàgères qui n'ont point changé la UuÙLçe 4p la Terre, tandis qu^ la réparation fies deux cpntiueiis du côté de i'Ëurape , n'a pu fe faire qu'en iubmergeant à jamais les tjerresqui les réunifToient : il en efl de même de I^plus gra^d^ partie des terreins ac- t^ieltement coiiyerts par les eaux de la Méditerçay)i,éf^ f ils , ont éfé fubmergés pour toujours tlès jçs , tf^^ps où les portes fe fo^^t ouvért^jaui^^ oevaç extré- mités; de cette n^r iiu<^r^«fre pour rece- voir tes eaux de h mér Nbice & celles de rOcéan. . Ces évènemens, quoique poftérieurs à^réj^iyirement 4^^ animaux , tqrçei|rc§ ■>' ^*^ Époque' Je la Nature. 293 dam les contrées du Nord , ont peut-être précédé leur ai.lvée dam les t«ir€S du Midi; car nous |ivor<: démontré dans l'époque précédente, qu'il s'eft écoulé bien des fièctes «vaut qu^ les élephiiiYs de Sibérie aient pu venir en Afrique ou dans \e% parties» niéridionaies de !*Inde. Nous avons compté dix miile ans pour cette efpèce de migration qui ne s'eft faite qu'à mefure du refroidif- fement fucceflif & fort lent des difl^érens climats depuis le Cercle polaire à TÉqu^ teur. Ainfi là féparation des contincns, la fubmerfion des terres qui les réu'- niHoient, celle des tcrreins adjacens à Tancien lac de la Méditerranée , & enfin la fé])âration de la mer Noire, de la Cafpienne & de TA rai, quoique toutes poftérieures à rétablilFement de ces ani- maux dans les contrées du Nord, pour- roient bien être antérieures à la population des terres du Midi, dont la chaleur trop grande alors ne permettoit pas aux êtres ienfibles de s'y habituer, ni même d'en approcher. Le Soleil étoit encore l'en- nemi de la Nature dans ces régions brûlantes de leur propre chaleur, & il m::, y.: ^ .#■ N iij ^: _ .i^' >94 '^Jfilfioire Natmife. 1 ' ^^^eii ^ft deyenu le p<ère que. quand cette ichalewr intérieure de la Terre s'eft afliz ;«ttiédie pour ne pas olFenlèr la. iènjfibiiité •des êtres qui rous reÛembieiit* II n'y a .peut-être p^ cinq mille ans <^e ies tt^rres de la Zone lorride font hantée»;, itandis qu'oïl en doit compter au ïnoiirs quinze mille depuis 1 etablifîèment é^^ aniinaux terre ilf es dans ks contrées da Nord. 0-1 r^r Les hautes montagnes , quoique fîtu^es dans les climats \qs plus chauds ^ iè font xe^rddies peut-être aufîi promptemem -que ceiies des pays tempérés , parce ^uVtant plus élevées que ces dernières, ^lles forment des pointes plus éloignées de la maffe du globe ;. l'on doit donc coofidérer qu'indépendamment du re*« ifoidi(îement générai & fuccef&f de la Terre depuis ies pdies à i'Éqii^eur, il y a eu des refroidiiîemens particuliers plus ou moins prompts dans toutes ies montagnes & dans ies terres élevées àits différentes parties du globe, & que dans le temps de (a trop grande chaleur , les feuls lieiuc qui fuOent convenables à la .Nature vivante , ont été ies f^mmets ^^ ' Époques Je là Natufè. itff its montagnes & les autres terres éîee' Tées , telles que celles de la Sibérie & c^ ia haute Tariarie. <î ^ it* : ntt^ ^ . Lorfque toute» les eaux ont etd éta- blies fur le gk)be y leur mouvement d'Orient en Occident a efcar|>€ ks revers occidentaux de tous ies continens pendant tout ie temps qu'a duré i-abaiP fement dts mers : enfuite ce même mouvement d'Orient en Occident a dirigé les eaux contre les pentes douces des terres orientales , & i' Océan s'eft emparé de leurs anciennes côtes ; & ds plus, il paroît avoir tranché toutes les pointes des continens terreftres , & avoir formé les détroits de Mageikn à ia pointe de rAniérique, de Ceyiaii à la pointe de l'Inde^ de Forbisher à eell^ dti G roëiiiand , &c* ^*^ v?^-- -f *^ #^■^ d *^t f^k 'f * C'ed à la date d'ertviroit dix milfaf ans, à compter de ce jour , en amène, que je placerois la féparation de TEu^ rope & de i'^Amérique j & c'eft à peu-près dans ce même temps que l'Angleterre a été féparée de la France , l'Irlande de l'Angleterre , la Sicile de l'Italie , la Sar- daigne de la Corfe , & toutes deux du N iiij /•■ \ ! m V continent de l'Afrique ; c'eft peut- être raufiî dans ce même temps que les An- tilles, Saint-Domingue &l Cuba ont 'été féparés du continent de T Amérique: ^toutes ces divifions particulières font «contemporaines ou de peu poftérieures à la grande réparation des deux conti- -«ens; fa plupart même ne paroiOent être que les fuites néce(îàires de cette .grande divifipn; laquelle ayant ouvert une large route aux eaux de TOcéan, leur ausa permis de refluer fur toutes 'les terres bafles , d'en attaquer par leur .mouvement les parties les moins folides, • de les miner peu-à-peu & de les trancher enfin jufqu'à les féparer des continens '. yoilins. ^ m^- v.a*' '■- xy:?**f^5'T^;. *%/«**■• ■'m¥'mw:^-\ s^cOn peut attribuer la divifion entre * l'Europe & l'A mérique à rafFaifl'ement des iterres qui formoient autrefois l'Atlantide ; ,& la féparation entre l'A fie & l'Amérique -{ £i elle exifte réellement ) fuppoferoit ;iin pareil afFailïement dans les mers fep- tentrionales de l'Orient, mais la tradition ne nous a confervé que la mémoire de •ia fubmerfion de la Taprobane, terre iiîuée dans le voifinage de la Zoioc \ - ■ •i^ Époque de la Nature, z^y torride , & par confequent trop éloignée pour avoir influé fur cette Téparatiori des continens vers le Nord [28], L'infpedion du globe nous indique %. la vérité qu'il y a eu des bouleverfe- mens plus grands & plus fréquens dans l'Océan Indien que dans aucune autre partie du Monde ; 6c que non-feulemenf il s eil fait de grands changemens dans ces contrées par Faffàifîement àt% ca- vernes , les tremblemens de terre & Tadion des volcans, mais encore par Teflèt continuel du mouvement générai des mers qui , ^ conHamment dirigées d'Orient en Occident , ont gagné une grande étendue de terrein fur les côtes anciennes de TAfie , & ont formé les petites mers intérieures de Kamtfchatka, dé la Corée , de la Chine , &c.- Il paroit même qu'elles ont auffi noy^ toutes les terres baiïès qui étoient à l'orient de ce continent ; car fi l'on tire une ligne .de- puis l'extrémité feptentrionale de l'A fie , en paflant par la pointe de Kamtfchak» \ i f" * l ■4 '¥:.. iûa^ [28] Voyez daprès les Notes juftîficatives dt» a l ■:r#H:>î :t t ^ "/"'■ ■iî,w^: #» Nv ■«I ■1» Jik- ' J99 Hiftoirè Naturelle^ ' Jufqu'à là nourelïe Gtiirtce, c*éft4;dîrey depuis le Cefcle polaire jufqu'à TEqua- teur, on verra qtie'Jes îles Mariaiies & celles des Calatios , qui fe trouvent dans la direéHotl de cette ligne fur une lon^ gueur de plus de deux cents cinquante «eues, font les relies ou plutôt les an- ciennes côte^ de ces vafteS tentes en- Tahles par k mer : enfuite , fi l'on coliifidère les terres depuis celles du iapbtt à Formôfe, de Formofe au* Phi- lippines , ù^% Philippîrles à la ik>uvelle Guihëe , on fera porté à croire que le tbniittentde TAfie ëfôit autrefois cbntigù avec celui de la nouvelle Hbilande , leqtiel s'aiguife & aboutit ert pointé vers le Midi , cotnnié tous les autres grands cbutineAs. ' '^ ^^ ' Ces bouleverfemehs fi multipliés A Il évidens dan^ les mers méridionales , l'etîvahiffemént tout auffi éviiJent des an^ ciennes tetres orietttafes par les eaux de ,..^^e même Océan , nous indiquent aflez les prodigieux chângemcns qui font ar- rivés dans cette vafte partie du Monde, fur-tout dans les contrées voifines de ^Equateur: cependant ni l'une ni l'autre Époques âe ta Nature, i^p. id ces grandes cauiès n'a pu prodairo ta réparation de FAfie & de l'Amériqub y ers le Nord; il fembleroît au contraire que fî ces continens euflent été féparés au lieu d*etre continus , les affaiflèraens vers le Midi ôl Tirruption des eaux dans^ les terres de T Orient , auroient dû attirer celles du Nord, & par conféquent dé- couvrir k terre de cette région entre l'A fie & l'Amérique: cette confidératîoa confirme les raisons que j'ai données ci -devant pour la cicHitinutté rédie deE^ deux coiuinens vers le Nord en Afie. -** Après la féparation de l'Europe âc d^ l'Amérique , après la rupture desdétroit^V les eaux ont celfè d'envahir de gv^tiâ^ efpaces , & dans la fiiite , la terne a piut gagné fur la mer qu'elle n'a perdu ; car indépendamment des terreins de l%té-^ rieur de l'A fie, nouvellement abandonné» par les eaux , tels que ceux qui envi- ronnent la Ca-pienne ^ l'Aral y indë*- pendamment de toutes les cAtes en pente douce que cette dernière retraite des eaux lailîbit à découvert , les grands fleuves ont prefque tous formé des îles ik de nouvelles contrées près de leur* : - Nvj - I / t) V cjoo '^'ffijlotre Naturelle. embouchures. On (ait que let Delta db l'Egypte, dont l'étendue ne laifle jpas d'être confidérable , n'eft qu'un attérit^ femem produit par les dépôts du Nil: .il en eft de même de la grande Ifle à l'entrée du fleuve Amour, dans la mer orientale de la Tartane Chinoife. £0 Amérique , la partie méridionale de la Xouifiane près du âeuve Miûlflipi , on la partie orientale fituée à Terabouchure de la rivière des Amazones, Tont des terres nouvellement formées par le dépôt de ces grands fîeuves. Mais nous ne pouvons choifîr un exemple plus grand ,4'une contrée récente que celui des yeAes. terres de la Guyane j leiur afpeâ nous rappellera l'idée de la Nature brute, & nous préfentera le tableau nuancé de U formation fucceUlve dWe terre npur .if«llec ^'À'-i-*'. r t k*-^:^-r^.*:-jJ^it^'^ÀJ$ii-Sy>\^-'.*''>.\^.à-'^f' ,. JA. V..- i^'Daps une étendue de plus de cent vingt lieues, depuis l'embouchure de la ïivière de Cayenne ),ufqu'à celle des Amazones, la mer, de niveau avec la lerre, n'a d'autre fond que de la vafe, àt d'autres côtes qu'une couronne de fcc^ aquatiques, de man^ies o\x j?aiétUr Époques de la Nature. 301 ilers^ dont les racines, les tiges & los branches courbées trempent égaieniem dans l'eau falée , & ne préfentent que des halliers aqueux qu'on ne peut pé- nétrer qu'en canot & la hache à la main. Ce fond de vafe s'étend en pente douce à plufieurs lieues fous les eaux de la mer. Du côté de la terre, au-delà de c tte large iifière de palétuviers , dont les branches plus inclinées vers l'eau qu'é- levées vers le ciel , forment un fort qui fert de repaire aux anhnaux immondes , s'étendent encore des favannes noyées , plantées de palmiers laianiers, & jonchées de leurs débris : ces latamers font de grands arbres, dont à la vérité le pied eft encore dans l'eau, mais dont la tête ÔL les branches élevées & garnies de fruits , invitent les oifeaux à s'y percher. Au-deià des palétuviers & des lataniers,, l'on ne trouve encore que des bois mous , des com$nsi^ des pineaux qui ne croifîènt pas dans l'eau , mais dans le5 terreins bourbeux auxquels abouti(rei%t les favannes noyées, enfuite commencent des forêts d'une autre eflènce ; les terres s'élèvent en pente douce & marqueot f / w , n > : fw 301 H'ijioire NafhreÏÏe^ pour ainfi dire leur ël^^vation par Fa folidité & la dureté des bois qu'elles produifem; enfin après quelques lieues de chemin en ligne direéle depuis la mer, on trouve des collines dont les coteaux , quoique rapides , & mcine les Commets, font ëgalement garnis d'une grande épai^eur de bonne terre , plantée par-tout d'aibres de tous ig^s, fi preffés, fi ferrés les uns contre les autres , que leurs cimes entrelacées kifient à peine paâer la lumière du Soleil , de fous leur ombre épailîè entretiennent une humidité fi fi-oide^ que te Voyageur eft obligé d'allumer du feu pour y pa(îèr la nuit ;; tandis qu'à quelque diÂance* de ces^ fombreS forêts , daûs les lieux défrichés, la chaleur exceffive pendant le jour eft encore trop grande pendant la nuit. Cette vafte terre des côtes à de rimé-- rieur de la Guyane, n'eft donc qu'une forêt, tout aufli vaft^,|dans laquelle des fanvages en petit nombre ont fait queK •ques clarières & des petits abatis pour pouvoir s'y domicilier fans perdre la joui (Tance de la chaleur de % terr^ & de la lumière du yowtw i i-> *? 'f^^ r £pO{ja€s de la Nature, -^oy La graitde épailTeur de terre végétait qui fe trouve jufque fur le fommet de$ collines, démontre la formation récente de toute la contrée ; elle Teft en effet au point, qu au-deiïus de Tune de ces collines nommée la OahM/ft on voit im petit lac peuplé de crocodiles caymûvS' que la mer y a ialifés , à cinq ou fik lieues de diftance & à fix ou fept cents pieds de hauteur au-deffus de fon niveau»- ]f<]uile part on ne trouve de la pierre Calcaire ; car ôrt tranfpoirte de France lia chaux nécedaire pour bâtir à Cayenne : ce qu'on appelle pUrre a ravets n'eft point une pierre , mais Une lave de volcan, trouée comme les fcories des forges : cette lave fe pré fente en blocs épars ou en monceaux irréguiiers dans quelques montagnes où l'on voit les bouches des anciens volcans qui font aduellement éteints parce que la mer s'eft retirée & éloignée du pied de c^s montagnes. Tout concourt donc à prou- ver qu'il n'y a pas long-temps que es eaux ont abandonné ces collines , & encore moins de temps qu'elles ont laifTé faroître les plaines & les terres baffes | ^■^ M \\ H' » s 304 - • Hijlolre Naturelle. \ car celles-ci ont été prefque entièrement formées par le dépôt des eaux courantes. Les fleuves y les rivières, les ruiffeaux font A voifms les uns dçs autres & en même temps fi larges , fi gonflés , fi rs^- .pides dans la faifon des pluies, qu'ils entraînent incefi[animent des limons im- nienfes, lefquels fe dépofent fur toutes les terres baffes & fur le fond de la ,mer en fédimens vafeux [ ip ] : ainfi cette terre nouvelle s'accroîtra de fiècles en fiècles , tant qu'elle ne fera pas peuplée ; car on doit compter pour rien le petit nombre d'hommes qu'on y ren- contre : ils font encore, tant au moral qu'au phyfique, dans l'état de pure nature ; ni vêtt mens , ni religion , ni fbciété qu'entre quelques familles dif- perfées à de grandes diftances, peut-être au nombre de trob ou quatre cents carbets, dans ui>e terre dont l'étendue efl quatre fois plus grande que celle de ia fVance. ^. Ces hommes , aînfi que la terre qu'ils [^p] Voyez ci-après les Note* jufUfieaûves dts ^ts. ;,ï ?'yt>^i «i'r-.^:iAte;j)4 u'n- •""îiiO':^, Époques Je la Nature, '305 habitent, paroiflènt être les plus nou- veaux de l'Univers : ils y font arrivés des pays plus élevés & dans des temps poflérieurs à Tétabliflement de refpèce humaine dans les hautes contrées du Mexique , du Pérou & du Chili ; car en fuppolànt les premiers hommes en A fie, ils auront pafle par la même route que les éléphans & Te feront en arrivant répandus dans les terres de TAmérique feptentrionale ôc du Mexique ; ils auront en fuite aifément franchi les hautes terres au-delà de FIAhme, & fe feront établis dans celles du Pérou , & enfin ils auront pénétré jusque dans les contrées \ts plus reculées de l'Amérique méridionale. Mais n*eft - il pas fmgulier que Ce foit dans quelques-unes de ces dernières contrées qu'exiQent encore de nos jours les géans de Tefpèce humaine, tandis qu'on n'y voit que des pygmées dans le genre des animaux ! car on ne peut douter qu'on n'ait rencontré dans l'Amérique méri- dionale des hommes en grand nombre tous plus grands , plus carrés , plus épais & plus forts que ne le font tous les autres hommes de la Terre. Les races de i 1 1 ^otf Ht flotte Nafnnlte, ' Géans autrefois fi comimines en A fie, n'^ fubrident plus : Pourquoi i'e trouvent- elles en Amérique aujourd'hui ! Ne pouvons -nous pas croire que quelques ^ Géans, ainjfi que les éiéphans, ont pa(I'é • de i'Afie en Amérique, où s'étant trouvas pour ainfi dire feuls , leur race s*efl: coii- ^ i'ervée dans ce continent dcfert ; tandis qu'elle a été entièrement détruite par le ^ nombre des autres hommes dans les contrées peuplées l une circondance me parok avoir concouru au maintien de cette ancienne race de Géans dans le continent du nouveau Monde ; ce font ies hautes montagnes qur le partagent > dans toute fa longueur & fous tous les climats : Or on lait qu'en général les habitans des montagnes font plus grands ÔL plus forts que eeu>x des* vallées ou des plaines. Suppofant donc quelques couples de Géans païïes d'Afie en Amé- rique , où ils auront trouvé la liberté , la tranquillité , la paix , ou d'autres avan- tages que peui-être ils n'avoient pas chiz eux , n'auront-ils pas choifi dans les terres de leur nouveau domaine celles ciui leur conrenoicnt le mieux • tant :. ^ , < rStiM- Époques de la Nature, J07 . pour la chakur que pour la (alubrité de Tair ,'»,7- fn ■ W 3oiB Nipire Naturelle.'* velle Zenible, delà terre des Samoïedes, auffi-bien qu'une partie de celles qui avoifinent la mer glaciale jufqu'à Textré- mité de VACie au nord de Kamtfchatka , font aduellemem défêrtes ou plutôt dé> peuplées depuis un temps aflèz moderne. On voit même par les Cartes Ruffes, que depuis les embouchures des fleuves Oienek, Lena & Jana, (bus les y^ ôl 74/ degrés , la route tout le long des côtes de cette mer glaciale jufqu'à la terre des Tfchutfchis , étoit autrefois fort fréquentée, & qu'aduellement elle efl impraticable , ou tout au moins fi difficile qu'elle eft abandonnée. Ces mêmes Cartes nous montrent que des trois vaifleaux partis en i 648 de Fembou- chure commune des fleuves de Kolima & Olomon, fous le 72/ degré , un feul a doublé le cap de la terre des Tfchutfchis fous le 7 5 .* degré, & feul eft arrivé , difent les mêmes Cartes aux îles d'Anadir, voifines de l'Amérique (bus le cercle polaire , mais autant je fuis perfuadé de la vérité de ces premiers faits , autant je doute de celle du dernier ; car cette même Carte qui préfente par wie fu'iU Époques de la Nature, 3ap dt points la route de ce vaifTeau Rufle autour de la terre des Tfchutfchis, porte en même temps en toutes lettres qu'on ne connoît pas l'étendue de cette terre ; or quand même on auroit en 1 648 parcouru cette mer & fait le tour de cette pointe de l'A fie , il eft fur que depuis ce temps les Ru (Tes, quoique très-intéreffés à cette navigation pour arriver au Kamtfchatka & de-là au Japon & à la Chine , l'ont entièrement aban- donnée; mais peut-être auffi fe font-ils réfervé pour eux feuls la connoiflànce de cette route autour de cette terre des Tfchutfchis qui forme l'extrémité ia plus feptentrionale ^ la plus avancée du continent de l'A fie» • Quoi qu'il en foit , toutes les régions ftptentrîonales au - delà du 76/ degré depuis le nord de la Norwège jufqu'à l'extrémité de l'A fie, font a^uellement dénuées d'habitans , à l'exception de quelques malheureux que les Danois ëc les Rufllès ont établis pour la pêche, & qui feuls entretiennent un refte de po- pulation & de commerce dans ce climat glacé. Le» terres du Nord[> autrefois # iijj^, * w M ,■«# 3 T O Hifloire Naturelle, t - jliîêz cliaudes pour faire multiplier fe$ éiéphans & les hippopotames, s'étant déjà refroidies au point de «e pouvoir nourrir que dts ours blancs & des rennes., feront dans quelques milliers d'années entière- ment dénuées & défertes }>ar ies feuls «flfets du refroidiffement. Il y a même de très-fortes raifons qui mt portent à croire que ia région de notre pôle , qui n'a pas été reconnue , ne \q fera jamais , car ce refroidiflement glacial me paroît s'être emparé du pôle , jufqu'à la diftance de fèpt ou huit degrés , & il eft plus probable que toute cette plage polaire, autrefois terre ou mer, n'eft aujourdfhui ■;.-..,. ./, ;j4-i:.- Or û noii^ confidénir^^ èe'i^'^fè pafîe iûr' i^s hautes montagnes , mieinv' dans nos cliniats', nous y trou veronf une nouvelle preuve démonftrative de la réalité de ce refroidiflement, & nous en tirerons en même temps une comparaifon qui me paroît frappante. On trouve 'Époques de la Nature, 3it^ att-deflus des Alpes, dans une longueur i de plus de foixante lieues fur vingt, &* même trente de largeur en certains exi^y droits, depuis les montagnes de la Savoie & du canton de Beriie juiqu'à celles du Tirol, une étendue numenfe & prefquo continue de vallées , de plaiiies & d'émw nences de glaces , la plupart (ans melangel jd'aucune autre n?atière & prefque toutes^! permanentes & qui ne fondent jamais^ en entier. Ces grandes plages de glace ^ loin de dioiinuer dans leur circuit , aug*- mentent & s'éteadent de plus en plus , > elles gagnent de Tefpace fur les terres voifines & plus bades; ce fait eft éé-^^ montré par les cimes des grands arbres /i À même par une pouite de clt>cheF , qui font enveloppés dans ces tuft^es d«i glaces , & qui ne paroiiTent que diuis certains étés très-chauds , pen4^nt lefî^ quels ces glaces diminuent de quelqiji^ pieds de hauteur; mais la mafle ïmé^ rieure qui dans certains endroits eft épaifle de cent toifes , fie s'eft pas fondue de mémoire d*honime [^ ij. Il eft donc /( // '] Vejr.ci-uprès les Notcsju^ificatives (!«/«>» \ l 312^ HiJIoire Naturelle» évident que ces forêts & ce clocher en- fouis dans ces glaces épaiiïès & perma- nentes, étoient ci-devant fitués dans des terres découvertes , habitées , & par confe'quent moins refroidies qu'elles ne ie font aujourd'hui ; il ed de même très- certain que cette augmentation fucceilive de glaces ne peut être attribuée à i*aug- raentation de la quantité de vapeurs aqueufes, puifque tous les fommets des n>ontagnes qui furmontent ces glacières ne fe font point élevés, & fe font au contraire abaifl^s avec le temps & par ,Ia chute d'une infinité de rochers & de maflès en débris , qui ont roulé , ibit au fpnd des glacières , foit dans les vallées inférieures. Dès-lors ragrandiliement de ' ces contrées de glace eft déjà & fera dans la fuite la preuve la plus palpable |du refroidifîêment fucceffif de la Terre, duquel il e(l plus aifé de faifir les de- I grés dans ces pointes avancées du globe ^que par- tout ailleurs: fi Ton continue .donc d'obferver les progrès de ces gla- cières permanentes des Alpes ^ on faura dans quelques fiècles , combien il faut d'années pour que le froid glacial s'empare d'une j Epoques Je la Nature. '315 d'une terre adueiïement habitée , & de-Ià on pourra conclure fi j'ai compté trop ou trop peu de temps pour le refroi-^ diflèment du globe. i Maintenant, (i nous tranfportons cette idée fur la région du pôle, nous nous perfuaderons aifément que non-feule- ipent elle eft entièrement glacée , mais même qjie le circuit & l'étendue de ces glaces augmente de fiècle en fiècle , & continuera d'augmenter avec le refroi-f diffement du globe. Les terres du Spitz- berg, quoiqu'à 10 degrés^ du pôle font prelque entièrement glacées, même en été: & par les nouvelles tentatives que l'on a faites pour approcher du pôle de plus près , il paroît qu'on n'a trouvév quer des glaces , que je regarde comme les. appendices de la grande glacière qui cou- vre cette région toute entière, depuis le pôle jufqu'à 7 ou 8 degrés de diftance. Les glaces immerifes reconnues par le Capitaine Phipps à 80 & 81 degrés, & qui par-tout l'ont empêché d'avancer plus loin , femblent prouver la vérité de ce fait imponant : car l'on ne doit pas pré fumer qu'il y ait fous le pôle des Epoques* Tome L O u ' { ■1 3x4 " Hifloire Naturelle. iburces & des fleuves d'eau douce qu{ pui(rent produire & îimener ces glaces , puifqu'en toutes faifons ces fleuves fe- iroient glacés. II paroît donc que ies glaces qui ont empêché ce Navigateur intrépide de pénétrer au-delà du 82.' degré, fur une longueur de plus de ^4 degrés en longitude, il paroît , 4is-je , que ces glaces continues forment pne partie de la circonférence de l'im- menfe glacière de notre pôle, p^-oduitç par le refroidiflèment fuccefljf du globe. JEt fi Ton veut.fupputer U furface de cettç 2one gljîncpe depuis le pôle jufqu'au 82." jdegr-é de latitude , on verra qu'elle eft de plus de cent trente mille Heues carrées ; âc que par conféquent , voilà déjà la 4<£ux centième partie 4^ globe envahie par le refroidîflrement & anéantie pour la Nature Vivante, Et comme le froid eft plus grand dans les régions du pôle auftral. Toi) doit préfumer que renvahiflènient des glaces y eft aufl; plus grand ; puifqu'on pci rencontre dans quelques-unes de ces plages auftrales dès le 47.* degré : mais pour ne corilïdérer ici que notre hémi- ^hère bpréal ; dofit |ious pr^f^inoas que 'A ' Epoques de h Nature. 315' !a gîace a déjà envahi la ceniième partie, c'elt-à-dîre , toute la furface de la portion de fphère qui s'étend depuis le pôle ju(^ qu'à 8 degrés ou deux cents lieues de diftance , l'on fem bien que s'il étok poffible de déterminer le temps où ces glaces ont commencé de s'établir fur le point du pôle, & enfuite le temps de la progreiîïon fucceffive de leur enva- hifiement jufqu'à jdeux cents lieues , on pourroît en déduire celui de leur pro*- greffion à venir , & connoître d'avance quelle fera la durée de la Nature vivante dans tous les climats jufqu'à celui de l'Equateur. Par exemple, fi nous fup* pofons qu'il y ait mille ans que la glace permanente a commencé de s'établir fous le point même du pôle , & que dans là fucceflion de ce millier d'années , les glaces fe (oient étendues autour de ce point jufqu'à deux cents lieues, ce qui fait la centième parde de la furface de l'hé* mifphère depuis le pôle de l'Equateur , on peut prélumer qu'il s'écoulera encore qaaire - vingt - dijc - neuf mille ans avant qu'elles ne puiflent l'envahir dans toute cette étendue ^ en fuppofant uniforme la Oij I I . -VS j '316 HiJIoire NcitureHc. • progreflion du froid glacial , comme l'eft celle du refroidiflement du globe; & ceci s'accorde alTez avec la durée de quatre-vingt-treize mille ans que nous avons donnée à la Nature vivante , à dater de ce jour , & que nous avons déduite de la feule loi du refroidiflement. Quoi qu'il en foit, il eft certain que les glaces fe préfentent de tous côtés à 8 degrés du pôle comme des barrières & des obilacles infurmontables ; car le Capitaine Phipps a parcouru plus de la quinzième partie de cette circonférence vers le Nord-eft \ & avant lui , BaiBn & Smith enavoiem reconnu tout autant vers le Nord-oueft , fit par-tout ils n'oni^trouvé que glace : Je fuis donc perfuadé que , fi quelques autres Navigateurs auffi courageux entreprennent de reconnoître le refte de cette circonférence , ils la trouveront de même bornée par-tout par des glaces qu'ils ne pourront pénétrer ni franchir j & que par conféquent cette région du pôle eft entièrement & à jamais perdue pour nous. La brume continuelle qui couvre ces climats, «Jt qui n'efl que ,de la neige glacée dam #< Époques de la Nature, 317 r^ir , s'arrêtant , ainfi que tbutes les autres vapeurs , • outre les parois de ces côtes de glace , elle y forme de nou- velles couches & d'autres glaces, qui augmentent inceffamment & s'étendront toujours de plus en plus , à mefure que le globe fe refroidira davantage. ^ < Au refte, la furface de l'hémifphère boréal préfentant beaucoup plus de terre que celle de S'hémifphère auftral , cette différence fufîfit indépendamment des autres eaufes ci -devant indiquées pour que ce dernier hémirj)hère Toit plus froid que le premier; aufli trouve -t- on des glaces dès le 47 ou 50/ degrés dans les mers auftrales , au lieu qu'on n'en rencontre qu'à 20 degrés plus loin dans l'hémifphère boréal. On voit d'ailleurs que fous notre Cercle polaire il y a moitié plus de terre que d'eau, tandis que tout ell mer fous le Cercle antarc- tique; l'on voit qu'entre noire Cercle polaire & le tropique du Cancer , il y a plus de deux tiers de terre fur un tiers de mer , au lieu qu'entre le Cercle polaire antardique & le tropique du Capricorne j il y a peut-être quinze fois plus de meç Oiij f. \ I Il il ^\^ 318 .- Hiftoire Natureik. que de terre : cet hémifphère audral 3 donc été de tout temps , comme il i*e(l encore aujourd'hui, beaucoup plus aqueux & plus froid q^e le nôtre , & i{ li*y a pas d'apparence que pafle le 50.' degré l'on y trouve jamais des terres heu- reufes & tempérées. Il eft donc prefque certain que les glaces ont envahi une plus grande étendue fous le pôle antarques de la Nature, 3 2 i «[es ouvrages ; ]^ù tâché , d'après mes bypothèfes , de tracer le tableau fucceflif des grandes révolutions de la Nature , fans néanmoins avoir prétendu la faifir à Ton origine & encore moins Tavoîr embraffée dans toute Ton étendue. £t mes hypoihèfes fufTent-elIes conteftées, & mon tableau ne fût-ii qu'une jefquifle très - imparfaite de celui de la Nature , je fuis convaincu que tous ceux qui de bonne foi voudront examiner cette efquifle & la comparer avec le modèle , trouveront allez de relTemblance pour pouvoir au moins fatisfaire leurs yeux & fixer leurs idées fur les plus grands objets de la Phiiofophie naturelle. ; f < *r'v.»' -"H '»', *■ •■■",?. TT"^. ['■'f.' ■ • ( '' . àk ''■' v'«' . :f, • „ i f^'jf ftj ^^" ^'K ," hr' ^. . ■ * ■' 'V 1 .1 » ■' - '' -J ' ' r O V M w •i«ift 321 Hijfdre Naturelle. ' SEPTIEME ET DERNIÈRE ÉPOQUE. Lorsque la fuissance de l'Homme î'îj- A SECONDÉ CELLE DE LA NATURE» t'-i Xj £ S premiers hommes ^ témoins dQ% mouvemens eonvulfifs de la Terre, en- core récens & très-fréquens, n'ayant que les montagnes pour afiies contre les inondations , chafî^s fôuvem de ces mêiiies ailles par le feu àQ% volcans, tremblans fur une terre qui trembloit fous leurs pieds , nus d'efprit & de corps , expofés ^ux injures de tous les élémens, viclimes de la fureur éts ani- maux féroces , dont ils ne pouvoient éviter de devenir la proie; tous égale- lement pénétrés du lentiment commun d'une terreur funefte , tous également preffés par la néceflité, n'ont-ifs pas très-promptement cherché à fe réunir, d'abord pour fe défendre par le nombre , cnfuite pour s'aider & travailler de con- cert à fe faire un domicile & des armes î lis ont commencé par aiguifer en forme V Ëpéqkes de ta N4tttre\ 515 4& haches, ces calUoux durs, ces jades, ces pierres de foudre , que 1 on a cru tombées de$ nues & formées par le ton"* nerre , & qui néanmoins ne font que les premiers monumens de l'art de l'HoiTinief dans l'état de pure nature : il aura biemârt tiré du feu de ces mêmes cailloux ^ en les frappant les uns contre les autres ; il aura fai(i la âamme des volcans, ou profité du feu de leurs laves brûlantes pour le communiquer, pour fe faire jour dans Jes forêts , jes brou0killes ; car avec le fecours de ce pui0àm élémeni: , il a nettoyé , aflaîni , purifié les terreins qu'il vouloit habiter; avec la hache de pierre , il a tranché , coupé les arbres , menuifé le bois , façonné fes armes 1^ les inflrumens de première néceflité ; êc après s'être munis de maflues Ôl d'au^ très armes jpefàntes & défenfives, ces premiers hommes n'ont-ib pas trouvé le moyen d'en faire d'ofFenfives plus légères pour atteindre de ioinî un nerf, un tendon d'animal, des fils d^alocs ou Técorce fouple d'une plante ligneufe leur ont fervi de corde pour réunir les 9v if > A, *324 '^^^'Hiflolre Naturelle.^ deux extrémités d'une branche élafliqùe dont ils ont fait leur arc ; ils ont aiguilc^ d'autres peiits cailloux pour en armer la flèclie ; bientôt ils auront eu des filets, des radeaux, des canots, & s'en font tenus- là tant qu'ils n'ont formé que de petites nations coinpofées de <{uelques familles, ou plutôt de parens mus d'une même famille , comme nous le voyons encore aujourd'hui chez les Sauvages qui veulent demeurer Sau- vages , & qui le peuvent , dans les lieux où i'efpace libre ne leur manque pas plus que le gibier , le poiflbn & les fruits. Mais dans tous ceux où I'efpace s'eft trouvé confiné par les eaux ou refferré par les hautes montagnes , ces pe- tites nations devenues trop nombreufes, ont été forcées de partager leur terrein entr'elles , ôc c'eft de ce moment que la 'Terre eft devenue le domaine de l'homme; il en a pris pofleflion par fes travaux de culture, & l'attachement à la patrie a fuivi de très-près les premiers aéles de fa propriété ; l'intérêt particulier fhifant partie de i'iniérêt national, l'ordre, la m- * Époques Ae h Nature. 325 {)oIice & les loix ont dû Aiccéder, & a ioQxéxé prendre de la confiflance & des forces» Néanmoins , ces hommes , profondé- ment affeAés des calamités de leur pre- m'âr état, & ayant encore fous leurs yeux les ravages des inondations, les incendies des volcans, les gouffres ou- verts par les fecoufTes de la Terre , ont confervé un fouvenir durable 6c prefque éternel de ces malheurs du monde : l'idée qu'il doit périr par un déluge univerfel ou par un embrafement général ; ie refpeA pour certaines montagnes [ss] i w [s 3] Voyez ci-après les Notes juftificativa îles faits* »■ 32^ Hifioire Natutelle. 4 fentîinens fondés fin* la terrei^r Te Çom dès-lors emparés à jacmsuis du cœur & de l'efprit de Thomme ; à peine efl-il «nçore aujourd'hui rafiuré par l'expé- rience; des temps, par ie cc^Iitie cjui a fucçédé à ces fiècles d'orages , enfifi par la connoiflance des e^ets & des opéra^ dons de la Nature ; connoifTance qui n*a pu s'acquérir qu'après l'établifle- ment de quelque grande fociété dan^ de;» terres paifîbles. - i^î. t Ce n'eft point en Afrique, i>i dans les terres de l'Aide les pbis avancées vers le Midi, qii@ Içs grandes focietçs ont pu d'abord te former; ces contrées étoient encore brûla^itf ^ f& défertes : ce n'eft peint en Amérique, qui n'eft évi- demment, à l'exception de Tes chaînes de montagnes , qu'une terre i^puvelle : ce n'eft pas même «n Europe , qui n'a reçu que fort tard les lumières de l'O- rient , que fe fûDl établis les premiers hommes civilifés; puifqu 'avant la fon- dation de Rome, les contrées jes plus heureu fes de cette partie du Monde, telles que l'iulie, la France & l'Aile- magne, n'étoiem encore peyplées quç Aar Époques de la Nature. J27 d*hommes plus qu'à demi-fauvages: Life; Tacite, fur les mœurs des Germains t c'efl le tableau de celles des Hurons , ou plutôt des habitudes de refpèce hu-' Dtaine entière {ôrta^lt de l'iétat de nature. C'ell donc dans les contrées lèptentrio^ nales de TA fie que s'eft élevée la tige des coiinoidances & Thomm^; âc c'eft fur ce tronc de l'arbre de h fcience que s'efl élevé le trône de fa puidknce : plus il a^ (u , plus il a pu i mais aulH , moins il g fait , momi il ^ fu. Tout cela fup|X>(è les bomm^j^ ^&ifs d^i^ un cHniat heureux , fous un ciel pur pour robfervçr , fur une terre féconde pour la cultiver, dans uup contrée privilégiée, à r^bri des inondation , éloignée des volcans , plus élevée , ai. par çonféquei:iC plus ançiennenienf tempérée que hs autres. Or toutes ces conditions, toutes cps eirconftances fe font trouvées réu^- nies dans le centre du continent de l'Afie, depuis 1^ 40.* degré de latitude jufquVu 5 5% l.es fleuves qui portent leurs eaux dans la mer du Nord , dans l'Océan oriental , dans les mers du Midi & dans la Caipienne , partent égalemea^ I » .-.fï '^28 ^"^Hîjïotre Naturelle. ^^ de cette région élevée qui fait aujour- d'hui partie de la Sibérie méridionale & wde la Tartarie : c'eft donc dans cette terre plus élevée , plus folide que les autres , puifqu'eiie leur fert de centre & qu'elle eft éloignée de près de ciiiq cents lieues de tous les Océans; c'eft dans cette contrée privilégiée que s'eft formé le premier peuple digne de porter ce nom , digne de tous nos refpeds , comme créateur des fciences , des arts & de toutes les ihftitut^ons utiles : cette vérité nous eft également démontrée par le? monumens de l'Hiftoire Naturelle & par les progrès prefque inconcevables de l'ancienne Aftronomie : Comment des hommes fi nouveaux ont-ils pu trouver la période iumfolaire de fix cents ans //-^/î Je me borne à ce feul fait, quoiqu'on puiffë en citer beaucoup d'autres tout aufti merveilleux & tout aufli conftans: ils favoient donc autant d' Aftronomie qu'en favoit de nos jours Dominique Cajfini , qui le premier a dém..uié la ■i,i.'f T- [^^] Voyez ci-après Îe5 Notes juftiificatjves dei Éiits. .L. l't Époques de la Nature, 32^ réalité & i*exa qu'on ne [S^] Yp/» ci-après, les Not««juftificativçs des faits,. I r 3 54 Hlfloire Naturelle, doit (fater que du temps de la fondation de l'École d'Alexandrie, Néanmoins cette fcience étoit encore bien imparfaite après deux mille ans de nouvelle culture Sl même jufqu*à nos derniers fiècles. Il me paroît donc certain que ce premier peuple qui avoit inventé & cultivé fi heureufemem & Ç\ long-temps TAftro- nomie» n'en a laifTé que des débris & quelques réfultats qu'on pouvoir retenir de mémoire, comme celui de la période de fix cents ans que l'hiflorîen Josèphe nous a tranfmifè fans la comprendre. La perte des fciences , cette première plaie faite à l'humanité par la hache de la barbarie, fut (ans doute Teifet d'une malheureufe révolution qui aura détruit peut-être en peu d'années l'ouvrage & les travaux de plufîeurs fiècles ; car nousi ne pouvons douter que ce premier peu- ple, aufli puiflTant d'abord que (avant, me (e UÀi long-temps maintenu dans fa (plendeur, puifqu'il a fait de fi grands progrès dans les (ciences , & par con(e- quent dans tous les arts qu exige leur étude. Mais il y a toute apparence que quand les terre» fuuée« au nord.de cette \ I 'Époques Je la Nature, jjj ficureufe contrée ont été trop refroidies, les hommes qui les habiioient, encore igno- rans , farouches & barbares , auront reflué vers cette même contrée riche , abondante & cultivée par les ans ; il ç(l même afTez étonnant qu'ils s'en (oient emparés & qu'ils y aient détruit nqn-feulement les germes » mais mên>e la ipémoire de toute Icience ; en forte que trente fiècles d'ignorance ont peut-être fuivi les trente liècles de lumières qui les avoicnt précédés, D2 tous ces beaux & premiers fruits de VS* prit humain, il n'en eft refté que le marc; la métaphyfique religieufe ne pouvi^^t être cqmprife, n'^voitpas befoin 4'éi id«^ & ne devoit ni s'altérer ni fe perdre que faute de mémoire, laquelle ne manque jamais dès qu'elle efl frappée du mer^* veilleux. Audi cette métaphyfique s*eft-' die répandue de ce premier centre des fciences à toutes les parties du monde; les idoles de Calicut fe font trouvées les menées que celles de Séléf^îaskoi. Les pèlerinages vers le grand Lama y établis a plus de deux ipille lieues de diftance ; l'idée de la métempfycofe portée encore jplus loin, âdomçe comme article de foi M m 336 Hifloire Naturelle, " par ies Indiens , les Éthiopiens , les A t- lantes ; ces mêmes idées défigurées , reçues par les Ciiinois, les Perles, les 'Grecs, & parvenues jufqu'à nous; tout femble nous démontrer que la première fpuche & la tige commune des connoif- fances humaines appartient à cette terre de la haute A fie (aj, & que les rameaux flériles ou dégénérés des nobles branches de cette ancienne fouche , fe font étendus dans toutes les parties de la Terre chez ies peuples civililes. |:5;V Et que pouvons - nous dire de ces fiècles de barbarie, qui fe font écoulés en pure perte pour nous \ ils font énfévelis pour jamais dans une nuit profonde ; i'homme d*aIors replongé dans les té- nèbres de Tignorance, a pour ainfi dire (a) Les cultures , ïcs arts , îcs bourgs cpars dans cette région ( dit le fâvant naturalifte M. Pailas ) font les reftes encore vivans d'un empire ou d'une focicté floriffante, dont l'hiftoire même efl enféveiie avec (es cités , (es temples , fes armes , (ts monu- mens» dont on déterre à chaque pas d'énormes débris ; ces peuplades font les membres d'une énorme nation, à laquelle il manque une tête. Voyage de Piillas en Sibérie » &u "'■■ ceflë Époqaèflte là Nature. 337 cefle d*êtr« homme. Car la groffièreté , fuivie de l'oubli des devoirs , commence par relâcher les liens de la iociété , la barbarie achève de les rompre ; les loix méprises ou profcrites , les mœurs dé**- générées en habitudes farouches , Tamour de l'humanité , quoique gravé en ca- ra^ères lacrés, effacé dan«; les cœurs; l'homme enfin fans éducation , fans mo- rale, réduit à mener une vie folitaire & fauvage, n'offre au lieu de fa haute nature, que celle d'un être dégradé au-deflous de ranimai j-'t"-^^*-''*^'-^^*^''-*^-^**^'^ 'r^Êk^mt% Néanmoins , après la perte des fcien- ces , les arts utiles auxquels elles avoient donné naiffance , fe font confervés ; la culture de la terre, devenue plus né- cefîaire à mefure que les hommes fe trouvoient plus nombreux , plus ferrés ; toutes les pratiques qu'exige cette même culture , tous les arts que fuppofent la conftrudion des édifices, la fabrication des idoles & des armes, la texture des étoffes, &c. ont furvécu à la fcience ; ils fe font répandus de proche en proche^ perfedionnés de loin en loin ; ils ont fuivi le cours des grandes populations; l'an?^ Epoques» leme /. P ' ^' /■•"'* /( n ■»■ '% * l-i. ^38 ^ Hîflotre Naturelle f^ cien empire de la Chine s'eft élevé le premier , & prefque en même temps celui des Atlantes en Afrique; ceux du continent de i*Afie , celui de l'Egypte, d'Ethiopie fe font fiicceffivement établis, &i enfin celui de Rome, auquel notre £urope doit fon exiftence civile. Ce fi'eft donc que depuis environ trente iiècles , que la puiflànce de l'homme s'efl réunie à celle de la Nature , & s'eft étendue fur la plus grande partie de la Terre ; les tréfbrs de fa fécondité juf- qu'alors éioient enfouis , l'homme les a mis au grand jour ; Ces autres richefTes encore plus profondément enterrées , n'ont pu (e dérober à Çts recherches , 6c font devenues le prix de fes travaux ; par-tout, lorfqiill s'eft conduit avec lageffe , il a fuivi les leçons de la Nature , profité de fes exemples , employé fes moyens , 6c choifi dans fon imraenfité tous les objets qui pouvoient lui fervir pu lui plaire. Par fon intelligehce / les animaux ont été appriyoifés , fub(n- gués ,. domptés , réduits à lui obéir à jamais ; par Çqs travaux les marais ont été ^^Ri^ïii^i ies deuvè$ contenus, {eurs r^- ^». ÊpOijues Ae h Nature, 559 catarac?les effacées , les forets éclau cies > les landes cultivées ; par là réflexion , ie$ temps ont été comptés, les efpaces me-* ' furés , ies mouvemens céleftes reconnus , combinés, repréfentés , le Ciel & la Terre comparés, l'Univers agrandi ," & le Créateur dignement adoré; par Ton art émané de la fcioice, ies mers ont été tra ver fées , les montagnes franchies , les peuples rapprochés , un nouveau monde découvert , mille autres terres iiolées font devenues fon domaine ; enfin la face ^nti^re de la Terre porte aujour- d'hui Tempreinte de la puilîance de l'homme^ laquelle, quoique fubordonnée à celle de la Nature , fou vent a fait plus qu'elle, ou du moiiis l'a fi merveilleufe- ment fécondée, que c'eft à l'aide de >ios mains qu'elle s'eft développée dans toute fon étendue, '&- qu'elle eïl arrivée par degrés aw point de j^erfediion & de magnificence où nous la voyons au- jourd'hui. ' ^m^- - .^Comparez en effet la Nature brute à ia Nature cultivée (h)\ comparez les ^■— ■ llll.. ■■■■■■■ »■ ■^■ll..— »■■ i» ■!■ Il ■ll»ll|l.l ■!■ »— . Il l^iM (h) Voyez îe Difcours ^ui a pour titre j dt h Nature, première vue. ( ( c > 0 « •;.?-.*•■ .•..>Mr Mé 3 40 .V Hifloire Naturelle, \ petiies nations fau/ages de i* Amérique ^ avec nos grands peuples civilifés ; com- parez même celles de l' Afrique, qui ne ie font qu'à demi; voyez en même temps l'état des terres que ces nations habitent , .vous jugerez aifément du peu de valeur de ces hommes par le peu d'impreffioii * que leurs mains ont faites fur leur fol : foit ftupidité , foit parefle , i^es hommes à demi-brutes , ces nations non policées, grandes ou petitcis ne font que pefer fur ie globe fans foulager là Terre, i'atFamer fans la féconder , détruire fans édifier , tout uiêr fans rien renouveler. ^Néanmoins la condition la plus mépri- fable de l'efpèce humaiuQ n'eft: pas celle du Sauvage , mais celle de ces nations au quart policées , qui de tout temps ont été les vrais fléaux de la nature -humaine, & que les. peuples civilifés ont encore peine à contenir aujourd'hui: ils ont , comme r|ous l'avons dit , ravagé Ja première terre heureufe , ils en ont arraché les germes du bonheur & détryit les fruits de la fcience. Et de combien d'autres invafions cette première irrup- tion des barbares n'a-t-elle pas été fviivie ! t * Époques de la Nature, 341! C*eft de ces mêmes contrées du Nord , où Te trouvoient autrefois tous les biens de l'eipèce humaine , qu'enfuite font venus tous Ces maux. Combien n*a-t-on pas vu de ces débordemens d'animaux à face humaine, toujours venant dt^ Nord , ravager les terres du Midi î Jetez les yeux fur les annales de tous les peu- ples, vous )• compterez vingt ficelés de défblation, pour quelques années dQ, paix & de repo^. II a fallu fix cents fiècles à la Nature pour conftruire les grands ouvrages ,i. pour attiédir la Terre , pour en façonner la furface & arriver à un état tranquille; combien n'en faudra-t-il pas pour que les hommes arrivent au même point & ceifent de s'inquiéter, de s'agiter & de s'entre-détruire î Quand reconnoîtront- ils que la joUifTance paifible des terres de leur patrie fuffit à leur bonheur] Quand feront-ils aflez fages pour ra- battre de leurb prétentions , pour a énoncer à àQs dominations imaginaires , à dés pofleiîions éloignées , fouvent ruineulès ou du moins T'Tis à charge qu'utiles îr L'empire de l'È (pagne au/H étendu que P 11; / / B '4 . iU., f m ^3 42 M/fdire Nttturelk. 1 celui de la France ert' Europe, Sl dix fois plus grand en AméHquè', eft^ il dix fbis; plUiî puifiànt ! Teft-î! même autant -c(uc fi cfette fi^re ^V ,*'ûMfde natj'^n (fe fût Bornétf à iiR?r die (on Jî^r^ifmii r?fe tous fes biilfîs qu'elle peuvoït lui founiir î' Les ^rtgloi^ . ce pei'pie fî fcAifé, fi- {vrofon* * cftment pi^nfant , nVnt-ils pas fait une grfeildë fklfe en étendani^uop fcin les Mmhes^ d& léurls eolonksf ^^es aineifens me paroiflent avoir eu des idées plus faines de ces établi^îemens ; ik ne pro|étôi€at dfîs éinigratièns que quand leur popu- , iûiiôn les furchargeoit , &' que leurs terres & leur commerce ne fuffifoicnt - plus à feurs' béfolns. Lés ihvkfiôns dès ©ai^barcs qu*©n regaWlë avec hï)rreur, n*ortt-eliës pas en cfe catifes eÀc^ote plus ' prenantes terfqtt'îis fe fcnf tr6u\rés trcf 1 ferras dans des teri'és ittgrates-, ftoidt^s 08 dénuées , et en mêrile temps vôifincs d'autï^es terres cultivées , fécondes ^: ■ couvertes de fous les biens qui leur ïilstnquorënt V Miiis auillî que Je iaiïg ont ^ coulé ces fùnefles conquêtes, que de maîfieufs, cfùe de pertes les ont «fccom^ j^agnées' ^ y I Époques de la Nature. '34J Ne nous arrêtons pas plus long-temps fur le tride fpedacle de ces révolutions de mort & de dévadation , toutes pro^ duites par J'ignorance ; efpérons que i'équilibre quokju'imparfkit qui fe trouvQ aduellement entre les pi^iflances des peu* pies civiUfes fe maintiendra £c pourra même devenir plus (table à mefure que Jes hommes .fe^ltiront mieux leurs véri- tables intérêts , qu'ils reconnoîtront le prix de la paix Su du bonheur tran- quille, qu'ils en feront le feu! objet à% ieur ambition , que les Princes dédaigne- ront la fauffe gloire des conquérans & mépriferont la petite vanité de ceux qui pour jouer un rôle les excitent à de grands mouvemens.* ap1iitri>if?(MiM Suppofons donc le monde en pivîj^ , & voyons de pkis pr^s combien ta puiflànce de ^'\ riim..^ -^'^urroit in#uer l'ur ceH^ !_ .a Nature^ Rien i- parok pi; 'S difficile, pour ne pas dire înpof- iible , que de s'oppofer au refroidifl'érâent fucceflif de la Terre & de réchau^T ia température d'un chmat ; ceperdam l'homm/e fë peut faire & J*a fait, Pari^ i\ Qutbec font à peu-près fous lamêmt n • • • • i? r iiij ( / 4^ 4 y, . !*,; *" 'il. 344. Hi/loire Naturelle/" latitude & à la même élévation fur le globe ; Paris feroit donc auffi froid que Québec , fi la France & toutes les con- trées qui Tavoifinent , étoient auflî dé- pourvues d'hommes , auflî couvertes de bois , aufll baignées par les eaux que le font les terres voifines du Canada. Aflainir, défricher & peupler un pays, c'eil lui rendre de la chaleur pour plu- fieurs milliers d'années , & ceci prévient la feule objedion raifonnable que Ton puifle faire contre mon opinion , ou pour mieux dire , contre le fait réel du refroidilfement de la Terre. .fn %. \ Selon votre fyftème, me dira-t-on, toute la Terre doit être plus froide aujourd'hui qu'elfe ne Tétoit il y a deux mille ans; or la tradition femble nous prouver le contraire. Les Gaules & la jGermanie nourriflToient des élans , des loups - cerviers , des ours & d'autres animaux qui fe font retirés depuis dans ies pays feptentrionaux ; cette progrefllon eft bien différente de celle que vous leur fuppolez du Nord au Midi. D'ail- leurs Thiftoire nous apprend que tous i^f^^s 1| riyière Je SqI^s çtçit ordinai- m Époques de la Nature. 3 45 rement glacée pendant une pnrtje de l'hiver ; ces faits ne paroi iïènt-ils pas être dirertement opppfés au préiendu refroidiflement fucceflif du globe î lis le feroient, je i*avoue, fi la France & l'Allemagne d'aujourd'hui étoient fem- blables à la Gaule & à la Germanie; fi Ton n'eut pas abattu les forêts, deflechtj les marais , contenu les torrens , dirigé les fleuves & défriché toutes les terres trop couvertes & furchargées des débris même de leurs productions. Mais ne doit-on pas confidérer que la déperdition de la chaleur du globe fe fait d'unç îtianièreinfenfible; qu'il a fallu foixantç- feize mille ans pour l'atticdir au point de la température adluelle , ix que dans foixarlte- feize autres i^iille ans , il ne /era pas encore refroidi pour que la chaleur particulière de la Nature vivante y foit anéantie? ne faut-î? pas comparer enfuitç à ce refroidiflement fi lent, le froid jprompt & fubit qui nous arrive des régions de i'air ; fe lappeler qu'il n'y a néanmoins qu'un trente-deuxième d^ différence entre le plus grand cha e nos étés & le plus grand froid de nos P Y ' \ ■mk 0 ■m 546 ^ Hifloire Naturelle.^ hiver^r^ ï*on fentrM ddjà que tes canfes ^Xtiérreu^es irtfliieht beauccfup plus que la tixii^e rméHfcure fut h. température de '*y\\ç[\Jit clijnat , èi qUé dâris tous ceux 0^1 le fcdiâ de la région fupérieute de l*air eft attiré par l'humidité ou poufTé Îiiar de* vents c(ui le fabattertt vef s la fur- kce de h "^ferre, Ifes effets de c^s Caufes J^ariiculières l'emportent de beaucoup fur le produit de la câùfe géliéfalel Nous pouvons en donner Un e temple qui ne kifTel-a aucun doute fur c6 fujet , à. qui Jii-éviettt en même temps toute ob)ë<1;ion ëë cette efpèce. ^^^li..... .j >. .^ Dans riitiinenre tétendUe des terres dé là Guyane , qui ne Fo>it qùie tit's fbrêii ëpaifles où le Soleil peut à peme'j 'né- trer, où les eaux i*éjpândues occupen. de grands efpaces , bù fes fletlve^ trè: Vblfihs \é$ uns des autrt^s , ne ïbm ni 'i;ôntértu's hî dîHgés , où il pfeût contl- huelleinent p'^dant httit n^bi^de fannée, l'on a commencé feulement depuis \x\\ liècié à défricKek- autour de Cayenne un ttès-petit cantolî de ces vattes forêts; î8l déjà U diïîërencte de température dalis icet' petite étendit de teXtehi défricha f , , , •?- . Époque^ eJe ta Nature. J47 tft fi fenfible i,..'oii y éprouve trop de chaleur, même pendant U nuit; tandis que dans toutes les autres terres couvertes de bois il fait afTez froid ia nuit pour qu'on foit forc«^ d'allumer du feu. II en ed de même de la quantité & de ia continuité des pluies , elles ceflent plus tôt & commencent plus tard à Cayenne que dans l'intérieur des terres; elles font au (Il moins abondantes ôa moins conti- nues. Il y a quatre mois de sèchereffe abfoiue à Cayenne ; au lieu que dails l'intérieur du pays , la faifon sèche ne dure que trois mois , & encore y pleut-il tous les jours par un orage afî'ez violent, qu'on appelle le grain de midi , parce que c'eft vers le milieu du jour que cet orage fe forme : de plus , M ne tonne prèfque jamais à Cayenne , tandis que les ton- nerres font violens & très-fréquens dans l'intérieur du pays, où \q$ nuages font noirs , épais & très-bas. Ces faits , qui font certains , ne démontrent - ils pas qu'on feroit ceffer ces pluies continuelles de huit mois , & qu'on aiigmemeroit prodigieufement la chaleur dans toute cette contrée , fi l'on détruifoit les forôt^ P vj \ ;f- 348 Hifioire K'fturelle. qui la couvrent, fi i m y refferroit les .eaux en dirigeant les fleuves, & fi la «culture de la terre, qui fuppofc le mou- vement & le grand nombre des animaux & des hommes chafToit Thumidité froide .^ fuperflue , que le nombre infiniment ,trop grand des végétaux attire, entre- tient & répand! ](i. Comme tout mouvement , toute adion produit de la chaleur, & que tous les êtres doués du mouvement progrefïif font eux-mêmes autant de petits foyers f)^ chaleur, c'efl de la proportion di^ nombre des hommes & des animaux à celui des végétaux , que dépend ( toutes chofès égales d'ailleurs ) la tem- pérature locale de chaque terre en parti- culier; les premiers répandent de la .chaleur, les féconds ne produifent que de rhumidité froide : Tufage habituel que TKomme fait du feu , ajoute beau- coup à cette température artificielle dans tous les Jieux où il habite en nombre. ,A Pafjs , dans les grands froids , les -thermomètres, au fauboit'fg Saint -Ho- noré y marquent 2 ou 3 degrés de froid ;^e,^plus qu'au faubourg Saint -Mar- ê Époques fie la Nature, 349 ceilu ; parce que le vent du nord fe tempère en pafTant fur les cheminées de celte grande ville. Une feule forêt de plus ou de moins dans un pays fuffît pour en changer la température : tant que les arbres font fur pied , ils attirent le froid , ils diminuent par leur ombrage ]a chaleur du Soleil ; ils produifent des vapeurs humides qui forment des nuages & retombent en pluie d'autant plus froide qu'elle defcend de plus haut ; & fi ces forêts font abandonnées à la feule Nature, ces mêmes arbres tombés de vétufté pour- rirent froidement fur la terre , tandis qu'entre les mains de l'homme, ils fer- vent d'aliment à l'élément du feu , & deviennent les caufes fecondaires de toute chaleur particulière. Dans les pays de prairie, avant la récolte des herbes, on a toujours des rofées abondantes & très^ fouvent de petites pluies , qui ceffent dès que ces herbes font levées: ces petites pluies deviendroient donc plus abondantes & ne cefîeroient pas , fi nos prairies , comme les favannes de l'A mé- rique, étoient toujours couvertes d'une même quantité d'herbes qui, loin de I / ■T.,-f,ïi. .--ij.yv.î;.'*-..^ ' ' f *"'' 350 Hiftoire NûtureÏÏ0. dimîmier, ne peut qu'augmenter, par l'engrais de toutes celles qui fe defsèchent & pourrifTent fur la terre. îdi Je donnerois aifément plufieurs autres exemples [^ 6] y qui tous concourent à démontrer que l'homme peut modifier les influences du climat qu'il habite, âc en fixer pour ainfî dire la température au point qui lui convient : £t ce qu'il y a de fingulier, c'eft qu'il lui feroit plus difficile de refroidir la terre qi^e ^e la réchaufier ; maître de l'élément du feu, qu'il peut augmenter & pro» pager à fon gré , il ne Teft pas de l'élér ment du froid , qu'il ne peut faifir ni communiquer. Le principe du froid n'eft pas même une fubllance réelle , mais une fimple privation ou plutôt une dimi^ nurion de chaleur; diminudon qui doit être très grande dans les hautes régions de l'air , & qui Tell aflèz à une lieue eu; dillance de la Terre poiu: y convenir en grêle & en neige les vapeurs aqueufes. Car les émanations de la chaleur propre li ^] Voyez ci - après lies Notes juftificativcs d« Êpèqnes ^e la Nature. 3 5 1 dti gïobe ftjivent la même foi que toutes les autres qnanthës ou qualités phyfiques^ qui partent d*un centre commun î & ieur jfltenfitd décroiffant en raifon inverfe du cairré de la dilllance, il paroît certain fjtt'il fait quatre fois plus froid à deux iieues qu'à une lietie de hauteur dans notre aimofphère, en prenant chaque point de la furfaee dç ia Terre pour centre» D'autre part, la chaleur intérieure du globe eft conilante dans toutes Jés faifons. à 10 degrés au-deffus dé la congélation: ainfi tout froid plus grand, ou plutôt toute chaleur moindre de 10 degrés, ne p€ut arriver fur la Terre que par la chute des matières refroidies dans Ja région fupérieure de Tair , où les effets de cette chaleur propre du globe diminuent d'au- tant plus qu'on s'élève plus ha\it. Or la puiïîûnce de l'homme ne s'étend p^ fi loin ; il ne peut faire defcendre le froid comme il fait monter le chaud ; il n'a d'autre moyen pour le garantir de la trop grande ardeur du Soleil que de créer de l'ombre ; mais il eft bien plus aifé d'abattre des forêts à la Guyane pour ien réchauffer la terre humide. «; - i« s ♦ 352 Hîfloire NûturelkiCK que dVn pîânter en Arabie pour en rafraîchir les fables arides : cependant une feule forêt dans le milieu de ces déferts brûlans fuffiroit pour les tem- pérer, pour y amener les eaux du ciel, pour rendre à la terre tous les principes de fa técondité , ik par conléquent pour y faire jouir l'homme de toutes les dou- ceur; d'un climat tempéréi^iitwL û ^b y_ C'eft de la différence de température que dépend la plus ou moins grande énergie de la Nature ; Taccroiflement , le développement & la produdlion même de tous les êtres organifés ne font que des effets particuliers de cette caufe générale : ainfi l'homme en la modifiant, peut en même temps détruire ce qui lui nuit & faire écïore tout ce qui lui con- vient. Heureufes les contrées où tous les élémens de la tempt/ature fe trouvent balancés , & aflez avantageufement com- binés pour n'opérer que de bons effets ! Mais en efl-il aucune qui dès fon origine ait eu ce privilège! aucune où la puiffance de l'homme n'ait pas féconde ^ceîle de la Nature, foit en attirant ou détournant les eaux, foit en détruifant les Époques de la Nature» 3 5 j Iierbes inutiles & les végétaux nuifibles ou fuperfliis, foit en fe conciliant les animaux utiles & les multipliant ! Sur trois cents efj:)èces d'animaux quadru^- pèdes & quinze cents efpèces d'oifeaux qui peuplent la furface de la Terre , l'homme en a choiii dix-neuf ou vingt (cj ; & ces vingt efpèces figurent feules plus gran- dement dans la Nature & font plus de bien fur la Terre que toutes les autres efpèces réunies. Elles figurent plus gran- dement, parce qu'elles, font dirigées par l'homme, & qu'il les a prodigieufement multipliées : elles opèrent de concert avec lui tout le bien qu'on peut attendre d'une fage adminiftration de forces & de puilfance pour la culture de la Terre, pour le tranlport & le commerce de fès productions, pour l'augmentation des ïubfiftances , en un mot, pour tous les befoins, & même pour ies plaifirs du ■:^'::m. (c) L"élépïiant, le chameau » le cheval, l'âne i le bœuf, la brebis , la chèvre , le cochon , le chien, le chat , le lama ; la vigogne , ic buffle. Les poules, \t% oies, les dindons, les canards, ies paons, les iaifans, les pigeons. _ ■ - ^, ., ; " ^ m 5 54* Hifloke Naturelles V feul maître qui puilTe payer leurs fervicei par fes foins. Et d*iis ce petit nombre d'efpèces d'animaux dont l'homme a fait choix, celles de la poule ôt du cochon qui font les plus fécondes, font aufîi les plus générait m en i répandues , cointne fi l'ap- titude à la plus grande multiplication ctoit accompagnée de cette vigueur de tempérament qui brave tous les incon- v^niens. On a trouvé la poule ^ le ccchon daiis les parties les moins fré- quentées de la Terre, à Oiahiii de dans ips autres Mes de tous temps inconnues 6 les plus éloignées des continens ; il femble que ces efpèces aient fuivi celle de Phomme dans toutes fes mi- grations. Dans le continent ifoié de ^ l'Amérique méridionale où nul de no:^ animaux n'a pu pénétrer , on a trouvé h pécari (5t la poule fauvage, qui quoique plus petits & un peu différens du cochon & de la poule de notre continent, doivent néanmoins être regardas comme clpèces très-voijînes qu'on pourroit de ^lême réduire en domefticité ; nuis i'homme fauvage n'ayant point çi'idé^ m. Epoques de la Nature, Jj J de la fociëté, n*a pas même cherché celle des animaux. Dans tomes les terre» de l'Amérique meridioiiaJe, les Sauvage» n'ont point d'animaux domeftiques ; ii» dctruifent indifFéfemment !es bonne» cfpèces comme les mauvaifes ; iis ne font choix d'aucune pour les tiever p' | our produire les mêmes fruits qu. t ' vidu dont on les a léparés pour les au fauvageon , lequel ne leur communique aucune do fes mauvaifes qualités , parce qu'il n*a pas contribué à leur formation , qu'il n'eil pas une mère, mais une fimple nourrice qui ne fert qu'à leur développement par la nutrition. Dans les animaux , la plupart d^s qua- lités qui paroifîent individuelles , ne laiffent pas de fe tranfmettre & de fe propager par la même voie que les pro- priétés fpécifiques ; il étoit donc ' plus facile à l'homme d'influer fur ia nature des animaux que fur celle des végétaux. Les races dans chaq-ue efpcce d'animal ne font que des variétés conllanies qui fe perpétuent par la génération , au lieu que dans les elpcces végétales il n'y ^ Époques» Tome 7, Q I ' IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 1.1 UÂ|2^ |2.5 |io ■^" MB 1^ Ià2 12.2 ^ lia 12.0 •UUU 1.8 11.25 il.4 I 1.6 0% <^ / y >^ Photographie Sdenœs Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 873-4503 3^1 Hifloire Naturelle. point de. races, point de variétés aflèz conQames pour être perpétuées par la reprodudion. Dans les feules eipèces de la poule & du pigeon, l'on a fait naître très- récemment de nouvelles races ' en grand nombre , qui toutes peuvent fè propager d'elles - mêmes ; tous \t% '. jours dans les autres eipèces on relève, on ennoblit les races en les croifant; de temps en temps on aclimate , on civilife quelques efpèces étrangères ou fàuvages. Tous ces exemples modernes & récens, prouvent que Thomme n'a connu que tard l'étendue de fa puif- fance , & que même il ne la connoît pas encore aflèz; elle dépend en entier de l'exercice de fon intelligence ; ainli tplus il obfervera, plus il culdvera la t Nature, plus il aura de moyens pour * fc la (bumettre & de facilités pour tirer i de fon fein à&^ richefles nouvelles, fans # diminuer les trélbrs de fon inépuifable > fécondité. i Et que ne pourroit-il pas fur lui- iniême , je veiix dire fur fa propre efpèce, i'ii la volonté étoit toujours dirigée par »-l'inteHigence \ Qui fait jufqu'à quel point . \ Éfoques de la Nature, j 63 rhomme pourrait perfedionner fa na- ture , Toit au moral , foit au phyfiquei Y a-t-il une feule nation qui puifle (le vanter d'être arrivée au meilleur gouver- nement pofllble, qui feroit de rendre tous les hommes non pas également heureux , mais moins inégalement mal- heureux ; en veillant à leur conferva- tion , à l'épargne de leurs fueurs & de leur fang par la paix , par l'abondance des fub finances, par les aifances de la vie & les facilités pour leur propaga- tion : voilà îe but moral de toute fociété qui chercheroit à s'améliorer. Et pour le phyfique, la Médecine & les autres Arts dont l'objet eft de nous conferver , font-ils aufli avancés , aufli connus que les Arts deftrudeurs, enfantés par Ja guerre! il femble que de tout temps l'homme ait fait moins de réflexions (ur le bien que de recherches pour le mal ; toute fociété eft mêlée de l'un & de l'autre ; & comme de tous les feniimens qui affedlent la multitude, la crainte eft le plus puiflant , les grands tafens dans l'art de faire du mal ont été les premiers qui aient frappé i'efprit de l'homme, Qij (f /3^4 Hlfloire Naturelle &c, enfuite ceux qui i-ont amufé ont occupé fon cœur, & ce n^ell qu'après un trop long ufage de ces deux moyens de faux honneur À de piailir ftérile , qu'enfin Il a reconnu que fa vraie gloire efl h (ç;ience^ & la paix fon vrai bonheur. ■ i ^'^'■''^^.../■\- ■■m V ,»*.■ ) -mi^-f ■X ^ ^Jt^3l' '*'•'% t>1V. \ : mil . i ■ i. V 3<Î5! e as ii^K>**«»«iB*iMMB*_iaki ADDITIONS ET CORRECTIONS- Aux articles qui contiennent les preuves de la Théorie de la Terre , vol. 1"^, page j8j & fuivantes. Additions à t Article qui a pour titre: De la formation des Planètes, volume ly, page 1 8 j, L Sur la dijlattce de la Terre au SokiK J 'A \ dit , page i Sj , que ta Terre ejl fituée à trente mUlions de lieues au Soleil, 6i c'étoit en efFet Topinion commune des Aftronomes en 1745 , lorfque j*aî écrit ce Traité de la formation des Pla- nètes; mais de nouvelles ohfervations ^ & fur-tout la dernière faite en 1 769 , du pafldge de Vénus fur le di(que da Soleil , nous ont démontré que cett» Pitance de trente riiiliions doit éir« > *. j66 Supplément arugmentée de trois ou quatre tniltions de lieues ; & c*eft par cette raifon que dans les deux Mémoires de ia partie liypothétique de cet Ouvrage , j*ai toujours compté trente-trois millions de lieues & non pas trente , pour la dillance moyenne de la Terre au Soleil. Je fuis obligé de faire cette remarque , afin qu'on ne me mette pas en oppofuion avec moi-même. ^ Je dois encore remarquer que; non- feuïement on à reconnu par lés nouvelles obfervations , que le Soleil étoit à quatre millions de lieues dé plus de dillance de la Terre, mais auffi qu'il étoit plus volu- mineux d'im fixième, & que par con- féquent le volume entier des Planètes n'eft guère que la huit centième partie dé celui du Soleil, & non pas la fix cents cinquantième partie, comme je i'ai avancé , d'après les connoifîânces que nous en avions èii 1745 fur ce ftijet; cette diifFérence en moins rend d'autant plus plaufible la poiïibilité de cette projedion de la matière des Pla- nètes hors du Soleil. Virf \ ■« J j \.K wîflîons on que i partie : » J2U ions de iiftance Je fuis afin îofition j *■ j. '9 liôn- îuvelfes i quatre ince de ^s volu- ir con- Manètes 2 partie ia fîx ime je [fiances fur ce s rend ilité de s Pla- I - ■•. . ' 1 ^ THifloire Naturelle. '^6j I I. Sur la matière du Soleil & des Planètes. J*ai dît, page ipj» que la mat î en 9paque qui compofi le corps des Planètes , fit réellement féparée de la matière lumi" neufe qui compofe le Soleil. Cela pourroit induire en erreur ; car la matière des Planètes au fortir du Soleil, ëtoit au(ïï luniineufe que la matière même de cet aftre; & les Planètes ne font devenues opaques , ou pour mieux dire obfcures , que quand leur état d*in- candefcence a cefle. J'ai de'terminé la durée de cet état d'incandefcence dans plufîeurs matières que j'ai foumifes à l'ex- périence, & j'en ai conclu par analogie, fa durée de i'incandefcence de chaque Planète dans le premier Mémoire de la partie hypothétique. . ^^^^ Au refte , comme le torrent de fà matière projetée par la comète hors du corps du Soleil , a traverfé Timmenfè atmofphère de cet aflre ; il en a entraîné les parties volatiles aériennes ôl aqueufes qui forment aujourd'hui les atmosphères m; ifTt.. i .V .,i..^...l^<,X .:i, '■« 3 (î 8 Supplément & les mers des Planètes. Ainfi Ton peut dire qu'à tous égards , la matière dont font compofées les Planètes e(t la même que celle du Soleil, & qu'il n'y a d'autre différence que par le degré de chaleur , extrême dans le Soleil , Sa plus ou moins attiédie dans les Planètes , fuivant le rapport compofé de kur tpaif- ièur & de leur denfité. I I I. • î Sur le rapport de la denjlti des Planètes ^ avec leur vhejfe, -?i.f^,.i J*AI dit, page 21 t , qtiV» fuivant la proportion de ces rapports , la denjité du globe de la Terre ne deyroit être que comme ^06 i^ au lieu d*étre 40 0» ^ * Cette denfité de la Terre qui le trouve ici trop grande, reladvement à la vîtefle de Ton mouvement autour du Soleil, doit être un peu diminuée , par une rai(bn qui m'avoit échappé ; c'eft que i:i Lune , qu'on doit regarder ici comme faifant corps avec la Terre, qft moins denfe dans la raifon de 702 à 1000, & que le globe lunaire faifant —/ du volume ■: r*i.- à rHîfloîre Naturelle. 5^9 2u globic terreftre > il faut par confé- queiit diminuer la deniité 400 de U Terre, d'abord dans ia raifon de looo à 702, ce qui nous donneroit 281, c'efl-à-dire, iip de diminution fur la denfiié 400, fi la Lune étoii auiîi grofîe que la Terre ; mais comme elle n*en fait ici que la 49/ partie, cela ne produit qu'une diminution de^j^ ou 2^; & par coniécjUfcnt ia denfité de notre globe relativement à fa vîtefle ^ au lieu de %o^Yi ^oit être eftimée 206 -4 -4-2i : 7 * c'eft-à-dire, à peu-près 209. D'aillrur» l'on cjoit prélimier que notre globe étoît moins d^nfe au conirhencemem qu*iï ne Teft aujourd'hui, & qu'il Teft devenu» beaucoup plus , d*:ibord par le refroi- difîfcinem , & en fuite par rafTaiflement des. v,al|es\ cave; nés dont Ion intérieur 'étoit rempli î cette opinion s'accorde avt c la îcopnpffrançe q ùe nous avons. (Jes boulevértemcns qui foi. arrivés, &. qui arrivent ei.çore tous les jours a lai fur face du glV.be , & jufqu'à d'afler. grandes profondeurs. Ce fait aidé même» à expliquer comment il e(l pi fîible quê- tes eaux de la mer aient autrefois été -■V '■ ■ Qv.r .. '-;. s \ i Yr 'i"- 370 Supplément * '^ "^ fupérîeures de deux mîlfe toîfes * aut parties de la Terre adlueilenient habi- tées ; car ces eaux ia couvriroienc encore fi , par de grands afTaiflèmens , la fur- fâce de la Terre ne s'étoit abaifTée en difï^rens endroits pour former les badins de la mer & les autres réceptacles des eaux y tels qu'ils font aujouird'hui. Si nous fuppofons le diamètre du flobe.terreftre de 28 63 lieues , ii en avoit eux de plus ïorfque les eaux le cou- "Vroîent à 2000 toifes dé hauteur. Cette différence du voîumte de la Tèffe donne ï^ d'augmentation poUr là denfrté , par : le feul abaiflement dei eatix : on peut Ihême doubler & pëût-êtrë tripler cette augmentation de denfité ou cette dimi- nution de volume du gïôbe , par i'affaif^ lèiiient & îes ébôùîenfiéns dés niontagnes, tL par les remblais des vailles ; en (ont que depuis ta chùle dé^ èàûx fur k Térrè, on peut raîfonnatîétnent pré- ftimei- qu'elle a augmenté de pîu$ d*iul centième de denfité. v; :, r - "'-■ ■ ; ;— ^, r/- ■■'■■■ -^-'^i^^H^^^^^^mik ■ i: \ : . S à rHîflotre Naturelle. 371 1 V. Sur le rapport donné par Newton enttt la denjtti des Planètes & le degré de chaleur qu'elles ont à Jupporter. J'AI dit , page 212, que , malgré la confiance que méritent les conjeâures de Newton, la denfité des Planètes a plus de rapport avec leur vîtejfe qu'avec le degré de chaleur qu'elles ont à fupporter. Par l'eflimation que nous avons faîte dans les Mémoires précédens , de ladion de la chaleur folaire fur chaque Planète , on a dû remarquer que cette chaleur folaire efl en général fi peu confidérable, qu'elle n'a jamais pu produire qu'une très-légère différence fur la denlité de chaque Planète; car l'adllon de cette chaleur folaire, qui eft foible en elle- même, n'influe fur la denfité des ma- tières planétaires qu'à la furface même des Planètes; & elle ne peut agir fur la matière qui eft dans l'intérieur des globes planétaires , puifque cette chaleur folaire ne peut pénétrer qu'à une très- petite profondeur. Ainfi la denlité totale Qvj <• .f > # ^J7^ Supplément de la mafle entière de la Planète n'a» aucun rapport avec cette chaleur (^ui fcii eA eiivdy«e du Soleil Dès-iors ii me paroît certain que fa denfité des Planètes ne dépend en aucune façon du degré de chaleur c[ui leur e(l «nvoyée du Soleil, & qu'au contraire cette denfité des Planètes doit avoir un sappori ndceffair-e avec leur vîteflè, la* quelle d<^pend d'un autre rapport, qui iiie parpit immédiat, c'eft celui de leur diflance au Soleil. Nous avons vu que les parties les plus dénies fe font moins éloignées que les parties les moins dénies , dans le temps de la proj,e(5lion générale, 3/lercure, qui eft compofé des parties les plus dénies de la matière projetée ^ors du Soleil , eA relié dans le voi/inage de cet aflre; tandis que Saturne,. qui ell eompQfé des^pariies les plus légères de t^ette même matière projetée, s'en eft Je plus éloigné. Et comme les Planètes Jes plus diftanies du Soleil circulent amour de cet aftre av€c plus de vueiïe €[ue les Planètes les plus voifines, il s'enfuit que leur denfité a un rapport médiat âvecleur vîtefle, & plus immé.- '.V*''-^..»fA 1 >.. .1. •■"kî a fHifloire Naturelle, 37 j diat avec leur diflance ku Soleil. Les^ dillances ^t% fix Planètes au Soleil , font comiire 4, 7, 10, rj, ji, pj^. Leurs den fîtes comme 1040, wy, io«», 730, a^i. it4fc^ Et fi l'on fuppoCe les denfuésen raifoi» mverfe des didances , elles feront 2040 y 1160, 889-7, 660, 210, 159; ce dernier rapport entre leurs den H tés ref- pedives eft peut-être plus réel- que le premier , parce qu'il me paroît fondé ' fur la caufe phyfique qui a du produire la différence de den&té dans chaque Planète. 'il i '■.;M ; 4 '■»,«; a. V. ^V^., miéé^r£^:;M^:{i^%^ ^74 Supplément m ADDITIONS ET CORRECTIONS A f Article ^lii apour titre: Géographie, 43 •y-',, 7 t' f. ■ volume I, page 2^y, o I. .vv Surf étendue des Continens terreftres. Jta ce s^^y & fuhantés, f ai dit que la ligne que l'on peut tirer dans la plus grande longueur de l* ancien continent^ ejl ^ d'environ 'j6oo lieues* J*ai entendu des lieues comme on les compte aux envi- rons de Paris , de 2000 ou 2100 toifes ^ qui font d'environ 27 au degré. Au refte, dans cet article de Géo- graphie générale, j'ai tâché d'apporter i'exaélitude que demandent ^<&s fujets de cette efpèce ; néanmoins il s'y efl glifl^ quelques petites erreurs & quelques négligences. Par exeiiipie , i .** je n'ai pas donné les noms adoptés ou impofés par \q% François à pludeurs contrées de à tHîftoire Naturelle, iYf r Amérique; J'ai fuivî en tout les globes anglois faits par Senex , de deux pieds de diamètre , fur iefquels les Cartes que j*ai données ont été copiées exaj<.3rt«SA'«CI»>«4>^«*o ■*»: ' -••u ^7^ ^^ 'Supplément '-''' '' voici * tel que M. Robert de Vaugondî ^ C  LC V L' de notre Continent par lieues géométriques quarrées » le degré d'un grand iercte étant de 2j lieues* ,^^, , - u ■ --J- « «A».'^ ; 78750 8 Z) 80937 i '%.J I 10 4-C roo 615 ta 4- ÏÏ i/it**«» K*ïSS# .««3750 '3 4- >4 lAi laojiaT !'> > * ■ Calcul de ta moitié à G, A X ^ zzz 360957^. A X 3 7^= ».M. 4aio93->. JB X 3^= ...... 398125. JB X ^ = ..*••. 4*550^0» •M(.. aoiajo» 301875. 0937T- X a X> X I = J? X X ::= ...... iéi8 l£ X I ^:i=" \E "H ijzz: ...... ,1115 o< »....» ?■*• ,»M '■fc^'"? 2-i. 'il> *iU Ptez Calcul de la moitié à Dr, ^n X X. Il » *•• ^ X I =:= S X t = ..... ^ »* 4t= o> X r - ..*•. Z? k I ' iilr L.i 3 do 9 î 7^. ta 0312 -j^r I I 37V 49î9i(5|, 100^25. 436041^ 937t< 8 o ^78750. 14(59'^ {^7. £ X 4:4iî: T..... ■^^ Mï>"tf? '-^ V I t > t jr "M* r «i» *> J>+7 »■*>>* 7?3 -îfet^-ïî W't'' -ÔfrYT I V) .... » . . • 146968 Piffcrcnce 1405 1 cjui ri* fuit pj«fq«e «fn'lRA L p. %, a THtfloire Naturelle. 57/. i*a remis dans le temps. On verra qu'il en rcfulie en effet, que dans U partie qui eft à gauche de ia ligne de partage, il y a 24710921 iieues quar- rées , & 2469687 lieues quarrées dans la partie qui efl: à droite de la mêma ligne , & que par confe'quent l'ancien Continent contient en tout environ T(^' I , \CàLCUL du Continent de l' Amérî(]ue , fuiyani les mêmes mejures que les préfentes» \ Calcul de là moitié à G, \D X 2 = 161 965. Cxi =: .*. .. 201 2 jo. Lf X 2 = ...... 227500. \Ax. ii-^z=ZL ...... 6o\^6^, [Ax n^ziz. 8o2o8-j. \B X v~zzz ••*»*, 91000. C -n \\:=z 125801-7, X) X 2 ZZ: l2Ti|.o6. 0692867. Calcul de la mcïtiê à Dfm Dx 2^:=z «.... a 15833^» C X 2j:=z .»« . a»54o6"î;'*' A X irj:=z 24.06a ï« A X i-y=: 144375.- B X 2 zzz ...M. 227500» C X 2j= ...... 2l8o20« Dx //■}:= ...... <575o»^ . * '. 1070026-7^» "?> X)e.....'... 10709 2 6~fc ^ i Otcz 10692867. - ' D'tffÀv^n^^ ./',«' ( 1"' "C lait «lae la valeur de > ifterencC... '^397 ( ^degré i quirt quani. Superficie du nouveau Continent, a « 402 13, " Superficie de l'ancien Continent., 49^^.0780, Total.. ....►..,,,.. 7080993 neue* nunwfct \ t ^f' li K # 378 C Supplément 4940780 lieues quarrées , ce qui ne éit pas une cinquième partie de la fur- fkce entière du globe. Et de même , la partie à gauche de la ligne de partage dans îe nouveau con- tinent, contient 1069286^ lieues quar- rées, & celle qui eft à droite de la même ligne , en contient 1 070926—, en tout 2140213 lieues environ; ce qui ne fait pas la moitié de la furface de l'ancien continent; Et les deux continens «nfembîe ne contenant que 7080993 lieues quarrées, ieur fuperfîcie ne fait pas à beaucoup près le tiers de la fur- face totale du globe , qui eft environ de z6 millions de lieues quarrées. 3 .^ J'aurois dû donner la petite diffé- rence d'inclinaifbn qui fe trouve entre les deux lignes qui partagent les deux continens , je me fuis contenté de dire qu'elles étoient l'une & l'autre inclinées à l'Equateur d'environ 3 o degrés & en fens oppofés; ceci n'eft en effet qu'un environ , celle de l'ancien continent i'étant d'un peu plus de 30 degrés,' & celle du nouveau l'étant un peu moins. Si je me fuflè expliqué comme ' a THifiotre Naturelle. 3791 je viens de le faire, j'aurois ëviié rim- ' putation qu'on m'a faite d'avoir tiré deux Hgnes d'inégale longueur fous le même angle entre deux paraiicles ; ce (Jui prouveroit , comme l'a dit un critique anonyme (a)^ que je ne fais pas les démens de la Géométrie. 4*** J'ai négligé de diilînguer la haute k la baffe Egypte : en forte que dans les pages ^04. & 30^, il y a une apparence de contradidion : il femble que dans le premier de ces endroits, l'Egypte foit mife au rang des terres lés plus anciennes; tandis que dans le fecôiid , je la mets àu rang des |^lus nouvelles: J'ai eu tort de n'âvoîk* paà ^ dans ce pafHige , didingué , comme je l^ai fait ailleurs, la haute Egypte, qui cft en effet une terre très-ancienne , de . là baffe Egypte , qui eft au contraire une terre très-nouvelle. v - . ^ ^ t -'v^^-îs^iW^i . ' f..,j^ti*À^' £liv,'.ï^^f4., .t-i.i'i-4:»,*' .-%■■ -^^ '1% *' ^^. ■Avi-.^r 'h:.^Wi.'t ■'■ yi .vj^^îv^; ..àj*;' .11*!' '• V " M- - 3(8o ^„^ Supplément :\ ^^ , ait* ife-î 'fi, 0 -tu »; 1 I4 iM^î rt ^^. Sur la forme des Cûtittnens» j^j^y fv ' Voici ce que dit fur la figure des contiiicns, l'ingénieux Auteur de i'Hif- toire philo fopliique & polnique des deux j de ces deux bandes, & le baîance- at ment ou la fymétrie qui règne dans » leur figure , 011 voit bien que feur y» équilibre ne dépend pas de leur po- yy fitîon : c*eft finconflance de la mer y> qui fait fa foiidité de la Terre. Pour y> fixer le globe fur fa bafe ,, il falloit ^ » ce me femble , un élément qui flottant » fans ceHe autour de notre Planète ^ que moi lié figure x^riner y^ tf rHiJîoire Naturelle. 3 8 il put coiitre-balancer par (à pefameur «c toutes les autres fubftances, & par fa • • •38^ Supplément * témpër^es pour que leur découverte pût nous être utile. IV. »i Sur r invent hn de la Bûufûle , page 328. Au fujet de l'invention de la boufible, Je dois ajouter que par le tém^rgi âge à&s Auteurs Ciiinois, dont M'* le Houx & de Guignes cn< fait l'ex^ trait, il paroît certain *;.:.^ la propriué qu'a le fer aimanté de ie diriger vers les pôîes , a été très- anciennement connue des Chinois. La forme de ces premières boufibles étoit une figure d'iiomme qui icurnoit fur un pivot Ça dont le bras dfoit montroit toujours le Midi, Le temps de cette invention , fuivant certaines Chroniques de la Chine , eft 1 1 1 5 ans avant Tère Chrétienne , ^ a 700 9ns félon d'autres. ( Voyei rE^Ktraît des An- mies de la Chine, par M*' le Roux if de Guignes, ) Mais mrfgré l'anc^ennetç de cette décpuyertp , il ne paroît pas quç les Chino's en aiçnt tiré l'avantage 4^ ^ire de îong ^ -yagc 1, jjtjçffi^èic; d^ns VOd^iffée, dit ^uç \n ^^■'' % ', :h à rHiJfoire Naturelle, 387 Grecs fe ler virent de raimani pour di- riger ieur navigatioii iors du fiége de Troye ; ik teiie époque efl à peu-près b même que celle des Chroniques chi- noifes. Ainli l'on ne peut guère douter que ia direcftion de l'aimant vers le pôle, Si même i'ufage de la boufTole pour la Navigation, ne (oient des connoiflances anciennes, & qui datent de trois millq ans au moins. Sur la découveru de ^ Amyi^i^.^s^^^ Page 33^ » ^ur ce que j'ai dit de fa découverte de l'Amérique , un Cri- tique plus judicieux que l'Auteui* àiti Lettres- à un Américain, m'a re]:>focIié Tefpèce de tort que je fais à la mémoire d'un auffi grand homme que Chriflophe Colomb; c'efi, dît-il, le confondre avec fes matelots, que de penfer qu'il a pu croire (jue la mer s*élevoit y ers le ciel, & que , ^en-être Vun & Vautre fe touchoicnr du été du Midi. Je foufcrîs de bonne grâce à cette critique, qui me paroît jufte; Taurois dii atL .k^-v .. w ' "■ ;^- • '■ ■ ' I .** Le fleuve des Amazones , dont Rii; y'-Sv ':B 39© 'SuppUrneni rimpétuofité eft très-grande, TenîtoiiM. chure large de foixante-dix lieues, & la diredion plus au Nord qu'au Sud. 2.° La livière Ouafîà, rapide & di- rigée de même , & d*à peu-près une lieue d'embouchure. jL^viMb -^^ 5 .° L*0 yapok , encore plus rapide que rOuafîa & venant de plus loin , avec «ne embouchure à peu-près égale. 4.** L'Aprouak, à peu-près de même étendue de cours & d'embouchure que i'Ouaffa. ^ y»" La rivière Kaw , qiiî^ efl: pîus petite, tant de cours que d'embouchure, mais très-rapide, quoiqu'elle ne vienne que d'une lavaime noyée à vingt-cinq ou trente iieues de la mer. %màm:y:.b -*, 6.° L'Oyak, qui eft une rivière très- confidérable , qui fê fépare en deux branches à fon embouchure , pour former l'île de Cayenne; cette rivière Oyak en reçoit une autre à vingt ou vingt- cinq lieues de diftance , qu'on appelle rOraput, laquelle eft très-impétueufe 48c qlii prend fa fource dans une mon- tagne de rochers , d'où elle defcend par des lorrens très-rapides. , ^v > >W,: 'h VHijiotre Naturelle. Jpf 7.* L'un des bras deTOyak fe réunit près de Ton embouchure avec la rivière de Cayenne , & ces deux rivières réunies ont plus d*une lieue de largeur; Tautre bras de l'Oyak n'a guère qu'une demi- lieue. -" ■ ^^'^"^ ' ■ -'^ ^ '^-t^^i î î0tm'{^.miB:j- i£M^ 8." La rivière de Kourôu , qui e(l très- irapide & qui a plus d'une demi-lieue de largeur vers Ton embouchure , fans compter le Macoufia qui ne vient pas de. loin , mais qui ne laifle pa9 de fournir beaucoup d'eau. * -^ 9.° Le Sinamarî , dont le lit eft aflèz ferré , mais qui eft d'une grande impé- tuofité & qui vient de fort loin. ^ ■t'^v '> io.° Le fleuve Maroni, dans lequel on a remonté très-haut , quoiqu'il foit de la plus grande rapidité ; il a plus d'une lieue d'embouchure , & c'efl après f Amazone le fleuve qui fournit la plus grande quantité d*eau ; fon embouchure eft nette, au lieu que les embouchures de l'Amazone & de i'Orénoque font femées d'une grande quantité d'îles. ; . ^ ii.° Les rivières de Surinam, de Berbiché & d'Eflequebé, & quelques Autres |ufqu' à i'Orénoque; qui , comnw R iiij Ti \ i I j^a Supplément ' — i'on fait, eft uîi fleuve très-^grand. II paroît que c'eft de Ieuç$ iimons accu- muiés éç des terres que ces rivière? ont entraînées des njpntagnes , que font iotj^ét^ toutes les parties bafles de ce vafte continent , dans le milieu duquel on ne trouve que quelques montagnes dont la plupart ont été des volcans , & qui font très-peu élevées pour que les neiges & les glaces puiflent couvrir II paroît donc que c*eft par le concours de tous les, courans de ce grand nombre de fleuves que s'eft formé le courant général de la mer depuis Cayenne aux Antilles, ou. plutôt depuis T Amazone; & ce. courant général dans ces parages, s'étend peut-être à plus de ibixante lieues de diflance de la côte orientale de h ■oi. h rmpire NatareUe. jp f ADDITIONS A l'Article qui a pour titre : De la produ<5lion des couches ou lits de terre , volume ly , page j j//'^ NiÉ^ -. «• ïM^^-^^^ r^'^^ : fî ..i> ■ V ■ ••< I Sur les Cûuches ou lits de terre , en .... • - ■ . • • ' >.?'î|ii IN DUS avons quelques exemples des fouilles & des puits, dans iefquels on a obfervé les différentes natures des cou- ches ou lits de terre jufqu'à de certaines profondeurs ; celle du puits d'Amfterdam," qui defcendoit jufqu'à 232 pieds 9 celle du puits de Marly-la-ville , jufqu'à 100 pieds ; & nous pourrions en citer pïu- lieurs autres exemples , fi les Ôbfer- vateurs étoient d'accord dans leur no- menclature : mais les uns appellent marne, ce qui n'eft en effet que de l'argile blaiir che ; les autres nomment cailloux des pierres calcaires arrondies; ils donnsm ^ Rv «"■' "♦.•. i*i;..^L,.t j w 394 Supplément le nom de fat/c à du gravier calcaîre$ an moyen de quoi i*on ne peut tirer aucun fruit de leurs recherches , ni de leurs longs Mémoires fur ces matières, parce qu'il y a par-tout incertitude fur la nature des fubflances dont ifs parlent : nous nous bornerons donc aux exemples fuivans. ' Un bon Obfervateur a écrit à un de mes amis , dans les termes fui vans , fur les couches de terre dans le vorfinage de Toulon : « ïl exifte ici , dit - il , un »> immenfe dépôt pierreux qui occupe >» toute la pente de la chaîne de mon- » tagnes que nous avons au nord de y» la ville de Toulon, qui s^étend dans >» la vallée au levant & au couchant, » .dont une partie forme le iol de la y> vallée & va ft perdre dans la mer: » cette matière lapîdifique eft appelée » vulgairement J'offre , & c'eft propre- aï) ment ce tuf que les Naturaliîles ap- p> peltent marga toffacea fjiuhfa. M. m Guettard m'a demandé des écïair- » cidèmens fur ce faffre pour en faire » ufage dans {es Mémoires , & quelques p morceaux de cette matière pour la a fHïjloire Naturelle. 39 ji conilôitre : je lui ai envoyé les uns et & tes autres, & je crois qu'il en a ce été content, car il m'en a remercié : il ce vient même de me marquer qu'il c« reviendra en Provence & à Toulon ce au commencement de mai. ce Quoi qu'il en foit , M. Guettard ce it aura rien de nouveau à dire fur ce «c dépôt, car M. de Buffon a tout dit «c à ce fujet dans Ton premier volume ce de l'Hilloire Naturelle , à l'article des ce preuves de la Théorie de la Terre ^ & 3» munément rendit de pierres de la a» nature de la pierre meulière. « . • • Il y 3& a des cantons oii l'on rencontre dans 3» ce banc fableux des méfies de grès » ifolées. 4^ î 3» Àu-defibus de ce .fable, on trouve ao^ un tuf qi^i peut avoir depuis dix ou 3» douze, jufqu'à trente , quarante & a» même cinquante pieds; ce tuf n'eil a» cependant pas communément d'une a» feule épaiilèur, il efl ailèz fouvent ' fo} Lettre de M. de Boi^Ty à M. Guenaud 4e Monibeiliard.. Touèfit,, tS m^tii 177 î^^ -^ - . .V a- . # à rHifloire Naturelle. ' 397 coupé par différens lits defaujfe marne, ce de marne glaifeufe, de cos qr les « ouvriers appellent tripoii , ou de bonne ce marne, & même de petits bancs de ce pierres afTez dures... Sous ce banc ce de tuf commencent ceux qui donnent celui qiii le luit eil au moins de cinq , a» & d'une glailë noire , lilîé , dont les a» caHures font briltnntes preique comme 9» du jayet ; & enfin cette gla.le noire » efl (uivie de la glaife bleue , qui forme a» un banc de cmq à (ix pieds d'epaifïèur, a» Dans ces différentes glaiiës , on trouve 3» des pyrites blâncbâues d'un jaune a» pâle & de di£li^rtmes figuifes... L'eau 39 qui le trouve ai^-deffous dé toutes ces » glaifes, empêche de pénétrer plus » avant at Le terreîn des carrières du canton » de Moxouris au haut du faubourg » Saint - Marceau , elt diipoié de la » manière fui vante: >• I,* La terre labourable d'un pied - d'cpaiflTcur .. t. ........ , . fit4t' fmttis» ^ L(t lui. deux toiics. r . . ». . Le iab'e, lieux à truis toifes. P«& terres jaunâtres, deux loiïês, "• ' # la. .,-■ f 18. f 12. # ■^■•.- "i THlJIotrt Natmïïi jf CicoHire 4}. b y * Le trîpoli , c*efl - à - dire, dei terre» blanches , Vtfks , îer- mes , qui fe durciflenc au folcii & qui marquent, comme ft craie , de quatre à cinq» toifes r. |d» f 9.* Du caijlourage ou m^fanj;e de fable gras, de dfn)r toifes.. . rs. f 7.* De la roche ou rocherte .. de- puis un pied fufqu'à deux», s* f It* Une cfpèce de bas-appareil ou qui a peu de haurcur, d'un pied jufqn'à deu^. ... . . ... â« f (f^ Deux mo/ir; de banc blanc» de chacune fîx, tept à huit pouces , r. § ;io.^ Le fouchet, de dix huit pouces ju(qu*à vingt, en y comprenant fon balTin.... r.^ é» il I .• Le banc franc, depuis quinze» dix - huit , fufqu'à trente ponces r. îij.* Le (iais-ferauft , de dix à douze pouces. ....... . . , r* [ij.* Le banc vert , d*un ped jufqu'à vingt pouces. ..... i« ^4.® Les lambourdes , qui forment deux bancs» un de dix-huit ■ , ■. ^ " 1 . ■ ' - . * " - .'^ . ^-l' ' ." .-^ . , - ._ - - "^^"^î ■ ' , . . ' - '"''.-. ■ê m m • • ' m Ê ♦ ■■"»*"i[4. 400; Supplément fhit. I^i Pautn pan* • 95* » , pouces , & Tautre de deux m pieds 3« » 1 5 .* Plufieurs petits bancs de iam- » bourdes bâtardes, ou moins » bonnes que lei lambourdes » K ci - delTus ; ils précèdent la » nappe d^eau ordinaire des s» puit«: cette nappe efl celle a» que ceux qui fouillent la » terre à pots, font obligés de » paner puur tirer cette terre » ou glaife à poterie, laquelle » cfl entre deux eaux , c*efl-à- , a» . dire , entre cette nappe dont \\ » je viens de parler ,..••& » une autre beaucoup plus « , çonfi^érable , qui ei) au- En tout. 99. 6. ,(h) Au refte , ;e ne rapporte cet exemple que fs^ute d'autres ; car on voit combien il iaiflfe d'incertitudes fur la nature des différentes .terres. On ne peut donc trop exhorter les Obrervateurs à défigner plus exadement fa nature des matières (h) Mémoires de rAcadémie àK& ScicnccS| mmit Jr7/^» ,J ;*v. i' v- ■ > » .; -.. •?'.>.■■•-•,■ à rHifioire Naturelle. 40 1' ffont ils parlent, de de didinguer au moins celles qui font vitrefciules ou calcaires comme dans l'exemple fuivant. Le fol de la Lorraine e(î partagé en deux grandes zones toutes difTérentes â(bien diflinéles; l'orientale, que couvre lia chaîne des Voges , montagnes primi- tives, toutes compofées de matières vitri- I fiables âc criflaliifées, granits , porphyres , jafpcs & quartz, jetés par blocs & par grouppes & non par lits & par couches. Dans toute cette chaîne , on ne trouve pas le moindre veftige de produdions marines, & les collines qui en dérivent, font de fable vitrifiable. Quand elles Ifiniflent, & fur une lifière fuivie dans toute la ligne de leur chute , commence I l'autre zone toute calcaire, toute en couches horizontales, toute remplie ou plutôt formée de corps marins, ^oti communiquée à M* de Buffon par M. l'Abbé Bexon, le i j mars 1777. Les bancs & les lits de terre du Pérou , font parfaitement horizontaux &* fe répondent quelquefois de fort loin dans les différentes montagnes ; la plu- part de ces montagnes ont deux ou te * • VX ' 4i . ■ •r 402 StvppUmtnt" - trois cents toifès de hauteur , & éllei font prefque toujours înacceflibles , elles font fouvent efcarpées comme des i^. murailles , & c*eft ce qui permet de voir ^ leurs lits horizontaux doi.': ces efcarpe- 4 mens prcfentent l'extrémité. Lorfque lef hafard a voulu que quelqu'une fiât ronde ' & qu'elle fe trouve abiblument détachée des autres y chacun de ces lits efl devenu - comme un cylindre très-plat & comme s un cône tronc|ué qui n'a que très-peu ' de hauteur « & ces difFérens lies placés les uns aurdt^^^ous des autres ^ diûinguu par leur couleur  par les divers talus ^de leur contour, ont Ibuvent donné au tout la forme d'un ouvrage artificiel -& fait avec la plus grande régularité. On voit dans ces pays-là les mc^ntagnes y prendre continuellement i'afped d'an- ^' ciens & fomptueux édifices, de cha- l'pelles , de châteaux , de dômes. Ge (ont quelquefois des fortifications formées, ^ de longues courtines munies de boule- vards. Il eft difficile, en diftfnguant tous i^ces objets & la manière dont leurs couches fe répondent , de douter que |e terrein ue fe fojt abaiiTé tout autour; a rHifiotre Naturelle. ' 4ùf il paroît que ces montagnes dont la bafe étoit plus folidement appuyée , font refte'es comme des efpèces de te'moins ôc^ de monumens qui indiquent la hauteur qu'avoit anciennement ie fol de ces. contrées (c), ^ La montagne des Oifèaux appelée èfr arabe Gebehelr , eft fi égale du haut en bas i'efpace d'une demi-lieue, qu'elfe (emble plutôt un mur régulier bâti part la main des hommes , que non pas un^ rocher fait ainfi par la Na'ure. Le Nii la touche par un très-long elpace , dtï elle eft éloignée de quatre journées &ï' demie du Caire, dans l'Egypte fupé-f rieure (d), % Je puis ajouter à ces obfervatîoris»f une remarque faite par la plupart de^ Voyageurs, c'eft que dans les Arables ^i. le terrein eft d'une nature très-difSérente ;^ la partie la plus voifine du mont Libaa| n'offre que des rochers tranchés & cul-^ butés , & c'eft ce qu'on appelle V Arabie^ M * h T Hijlotre Naturelle. 40 j #n mt des rochers coupés a pic , qui ont plufmrs centaines de pieds de hauteur; ces rochers portent fur d autres qui peut - être n'en ont pas moins; cependant ne peut-on pas conclure du petit au grand ! & puifque les rochers des petites montagnes dont on voit la bafe f partent fur des terres moins pefantes & moins folides que la pierre , ne peut-on pas croire que la bafe Àes hautes montagnes efl auffi de terre l , J'avoue que cette conjedure tirée de l'analogie , n'étoit pas ailêz fondée ; depuis trente-quatre ans que cela e(t écrit, j'ai acquis des connoiflànces & recueilli des faits qui m'ont démontre que les grandes montagnes compofées de matières vitrefcibles èi produites par l'adion du feu primitif, tiennent immé- diatement à la roche intérieure du globe , laquelle eft elle-même un roc vitreux dé la même nature: ces grandes mon- tagnes en font partie & ne font que les prolongemens ou éminences qui fe font formées à la furface du globe dans le temps de fa confolidatron ; on doit donc les regarder comme des parties confti- tutives de la première mafle de la terre ^ 1/ =s^. ^-O-ô Supplémefit au lieu que les collines & les pedtei montagnes qui portent fur des argiles ou fur àss (abies vitrefcibles , ont été formées par un autre élément , c*eft-à- dire par le mouvement & le fédiment des eaux dans un temps bien poftérieur à celui de la formation des grandes montagnes produites par le feu pri- mitif (dj, C'eft dans ces pointes ou parties faiilantes qui forment le noyau des montagnes , que fe trouvent les fiions des métaux. Et ces montagnes ne font fÂ) L*intérieur des différentes montagnes prl- mitives que j'ai pénétrées par les puits & galeries des ntines, à des profondeurs confidérables de douze & quinze cents pieds , efl par-tout corn* pofé de roc vif vitreux , dans lequel il fe trouve de Kgères anfraâuofîtés irrégulières » d'uù il fort de l'eau , des difîb'utions vitrioliques & métalliques ; en ibrte que l'on peut conclure que tout le noyau de ces montagnes efl un roc vif, adhérant à ia maflè primitive du globe, quoique l'on voie fur leur flanc, du côté des vallées, des ma^ès de terre mrgileufe , des bancs de pierres calcaires , à àti hauteurs alTez confîdérables ; mais ces maflès d'argile & ces bancs calcaires ibi^t des réfidus du remblai 4!ti concavités de la Terres, djans Icfqueiies les eaux ont creufé les vallées, & qui font de la féconde époque de la Nature. Note communiquée par Af^ ife ÇnpQtt £ à Mf de Bv^^^ k { a52Ût 17T7*. il FHiftoire Naturelle, 407 pas les plus hautes de toutes , quoiqu'il y en ait de fort élevées qui contiennent des mines; mais la plupart de celles où on les trouve, font d'une hauteur moyenne , & toutes font arrangées uni- formément , c eft-à-dire , par des éleva* tions infenfibles qui tiennent à une chaîne de montagnes confidérabie , & qui font coupées de temps en temps par des vailéejs. I I I. Sur la Vttrificatwn des Matières calcaires. J*Ai dît , page j Si , que les matîhes takaîres font les feules qu'aucun feu connu n'a pu jufqu'à préfent vitrifier^ & les feules ^ui femblçnt à cet égard faire une claffe à part, toutes les autres matières du globe pouvant être réduites en verre. Je n'avois pas fait alor les expériences par ierquellçs je me fuis a,(ruré depuis que les matièrçs calcaires peuvent , comme toutes les autres , être réduites f n verrç ; il ^ ne faut en effet pour cela ^ul'uii^ feu plu^ Yioleni quç celui dç ao» '-" ■ :.>■ u ^^ m 4X>8 Supplément fourneaux ordinaires. On réduit la pierre calcaire en verre au foyer d'un bon miroir ardent ; d'ailieurs M. d'Arcet , favant Chimifle, a fbndu du (path calcaire fans addition d'aucune autre madère , aux fourneaux à faire de la porcelaine, de M. le Comte de Lauraguais , mais ces opérations n'ont été faites que plufkurs années après la publication de ma Théofit de la Terre. On favoit feulement que dans les hauts fourneaux qui fervent à fondre la mine de fer, le laitier fpumeux blanc & léger, femblable à'ife la pierre- ponce, qui fort de ces fourneaux iorf- qu'ils font trop échauffés, n'efl qu'une matière vitrée qui provient de la cafline bu matière calcaire qu'on jette au four- neau pour aider à fa fufion de la mine de fer; la feule différence qu'il y ait à l'égard de la vitrification entre les ma- tières calcaires & les matières vîtrefcibles, c'efl que çéiles-ci font immédiatement vitrifiées par la violente a^ Époques* Tome /• 1 4 -'^> •«<<• a ?i"^*^t„;;a' •^ifa^T" .f 4io Supplément ■r. ' '^ ADDITIONS ET CORRECTIONS A t Article qui a pour titre: Sur les \^,. Coquillages & autres produdions 5^ marines quon trouve dans l'in- ^; ttérieur de la Terre, page j88, , Des Coquilles f0j[files,& pétrifiées, OUR ce que j'ai écrit, page 41 1 , au fujet de la lettre italienne , dans laquelle il eft dit que ce font les Pèlerins & autres t qui dans le temps des Croifades ont rapporté de Syrie Us coquilles que nous trouvons dans le fein de la terre en France , &c. on a pu trouver, comme |e le trouve moi- même, que jen'ai pas traité M. de "Voltaire aflez férieufement ; j'avoue que J*aurois mieux fait de laifler tomber cette opinion que de la relever par une plai- fanterie, d'autant que ce n'eft pas mon ton , & qne c^eft peut-être la feule qui foit dans mes Écrits. M* de Voltaire eft ,i làV**:* t'î^^S. ,^:.v ; ■• X ■ :< a rHtftotre Naturelle. À 1 1^ Uri'Tidftiine qui pai' la fupéribrité de fe$ tafens , ' niériie les plus grands égards/ On m'apporta cette Lettre italienne dans le temps même que je corrigeois la feuille de hion Livre où il en eft que(^ tien; je ne lus cette Lettre qu'en partie i^ imaginant qiiec'ëtdit l'ouvrage de quel- que Érudit d'Italie , qui d'après fes connoîffahces hiftoriques , n'avoit fuivî que (on préj.ugé , fans confuher la Natttrè; & ce ne fut qu'après l'impref- fïon de mon volume^ fur la Théorie de la Terre, qu'on m'affura que la Lettre étoit de M, de) iVoItaire : j'eus rfeg^et îfcrs 'à mes exprèlHons. Voilà la vérité j^ je la déclare autant pour M. de Voltaire '/ que pour moi-même 6c pbur la poftérité à laquelle je ne voudrois pas laifler douter de là fiaute eftime que j'ai toujours eue péûr un^ honime aùffi rare & qui fait tarit d^riheur à ift^ (iède, h??^ * ^ 5^^ - L^autôffté de M. de Voltaire ayant fait îiî*preffiè»W fur quelques perfonnes , il is'eri ell trouvé qui ont voulu vérifier par eux-mêmes fi les objeâions contre les coquilles , aVoient quelque fonde-**^ ihent'i^^^^jôKîllS^Srdevoir donner icî- •.^••^ i i - : i ■ /' \\v 1 . 'V 41% SuppUme^nt ^;' î'extrajt d'i^ç JVJlé^nofie qui m'^,^ enr, yoyé ^ qjuj, ii)e paioît nayojff ét«j fait 4jue da,i;i3 cette , vue, , - > vu, c^'le. P. Çhabafifi^, des pierres n. figpr^es de, toutes mrts., ^ dai>s cer» >^ taiu^: e^idrc^ts en ii grande quaptiti , >^ ISl arrangées de façqa qu'on ^e peut >? s'empeçher de croire; que ces. parties n de la X^re ii'aien^,a)atrefois.été ielit de w la nî^er. J *ai vi| des 4;;9quil lagçs de touî^ a» e(pfcc{, ^ quii,fpn.t p^j&jçemem fep^ »9 blaWçs. à leurs apalpgues yjvaia^^ J/€i|i >» ai vu de ta JJiême! ifigwjre j& de la ^içipe; » graiidç^urî c;ettjç (pibi^fv^ttp^inîapaf'i 1» lu^fante pour i^e perf^s^cleir q^uie tous 1» ces ia mais qu'ils ét,oîe^(,de la mçme eipei:e* î>ï un detni-j^iM:)^ i»&u'ài{)j'^^,4piir9ii >? pie^ds die diamètreA .f ai, vujijf^s^ pjçxQn^ ^ cies. dç tQMjte$. grap^e^fs i d'a^iTtrp^ ^ biv:alvcî$ ^, d€iS)UnivaIvjBS égal^q^ent, » Jpî vu outre cela. 4es.MIç4TiWe!S, des M chatnpîgnpns d^ i^^, ^ç. /s- 5 «1^ j JL4» Smi^JU. h .fs^mmé di? jtputef - -li- - \ 'iVHifloire Ncitureîle. ^tj' ces pîelri^és 'Adorées , noui prouvent <« pfi'efciue invinciblement quelles étoient et auti'éfoisdés anîmàu* ^ui vivaient dàfns V< h hier. La coqitiHe fur-tbtit dont elfes '<^ font eou vertes , ferfible ne laiffer au- 'en (Cuh doute , parce que dans certaines , Vt \rfle fe trouve auffi iuifàme^ aiiffi Vc fraîche & auffi naturelle que dans Vc les vivaris; fi elle étoh fcparée du V< iloykU , bii rit eroiroit pas qu'èfie fût V$t pétrifiée. ïi n'en eft pas de ttiême dé "U ^lufieurs àuttes pierres figurées V[ue 'k i'on trouve dans cette Valte & belle Vc iplàirte qui s'étend depuiis Moritatibaii ce Jûfqu'à Toùloufe , depuis Toùîoufe Vc jusqu'à Alby Su dàn&Sti endroits cîr don- ' blantes. Tout ceci fembloit me dire i* fort intelligiblement que ce pays-ci V avoit été ancivimement le lit de la V mer , qui par quclc[ue révolution >,' ibudaine, s'en elt reiirée & y a laifle » fes produdions comme dans beau- >j coup d'autres eiidroits. Cependant je ?» fufpendois mon jugement à caufe des a> objeélions de M. de Voltaire. Pour >» y répoiidr^ , j'ai voulu joindre l'ex- périence à robfervatipii,!;, » ,hH'7* Le P, . CIjabanat rapporte enfuite plu- fieurs. expériences pour prouver eue les coquilles qui te trouvent dans le lein de la terre font de la même nature que celles de la mer ; je ne Us rapporte pas ici parce qu'ejles. n'apprennent rien de nouveau^ 6c _q^e- përlonne ^ne doute de, ceue idehtifp de nature enfre les ço- quiifei^^ tbiiiles &, les coquilles .marines. Enfin le P. Chabanai conclut A: termine fou Mémoire en dir;int: ce on ne peut donc ' » " ''i à ïHi floue Naturelle, 41 5 pas douter que toutes ces coquilles ^^ à r Hipolfi Niîturelle. 417 ^ ItiKifélir au-di'flus dix niveau de Isi iner. Je ne rapporté pas ce fait comme fihgulièr , hiâii. feulement coinrrie s*ac- cordant avec tous les autres , & comme ètarït lie feu' c^ui me fbit Contiu fur \ti coquilles foffiles de cette partie dû monde^ où je fuis tfès-perluâdé cju*oiî troùveroit,, côhîtrie par- tout aillétlrs, des pétriiî-i Calions marihes, à des hiuteiirs bieirt jpltii> grandes que 5 6 'tolfes ati - éeVCvLi dit niveau de là hier ; car le rliênie Dofi' . yiloa a tfouVé depuis des coquilles pé- trifiées daris les ) ttiohkagnes dh^ Pérou ■;. à plus de ioôd tbifes de hàitteii^r; &-; félon M. Kalrti , bii fort dés c6^iiiila(èé$. dans FÀlrié'riquié (eprtehtrîonale , fifr lèi fonimets de plufîéur^ rnfoi^àgries ; ii'dii cti avoir vu iui-mêmfe jùi^ lé fomtiiet de- là miôiitàgnc Bleue. Oh en trouvé àufîî dans les craièidés èri^ifôhsr de Môhtiréâf,, dans ^uèlqtrei pferrès qWî fe tirent près- da fec GRamjilâin^ eA Canada yy, & éhc6i^ dans hi^^iMM ^ {^pkmûb^ nales de ce nouveau êôniinent ; puîfqué' « / 0inéi s F les Groënlandpis crqient «que le monde a été noyé pai; , m\ djéli^ge , , &; qu'ils citent pour garant de cet événement, les coquilles & les QS de baleine qui couvrent les, montagnes les plus élevées de leur pays (d). . , ' ^ . Si de - là on paÛe en Sibérje ,; on trouvera égaleiuei^t de^^preuves ^ Tan- jpien féjour jC^eSf eaux t de la mer fur tous nos coi>tuien^. Près de la montagne de Jénifeïk , on voit d'autres mpmagnes moires élevées , fur le fommet defquelles on trouve des amas de çoquiU^s^ lôen coijifervées (|[ans leur ^rç^e & leur cou- leur: naturelles; ces coquilles font toutes Yides , & : quelques r- unçs itomj^tî n poudre dès qu'on lés touctie ; /^ï mer à cette contrée n'e^fpurnit plus de femhlaM^^^ les plus grandes ont un ppuçe de large, di aii très (ont ttçs -petites /^j. ^ ^ Mais, je puis encore ^ter/.de>î^ laits qu'on fera bi^n pl^s apportée, ^e> vérifier; chacun dans fa prjOyi[l(;ie.jii af qu'à pfivrir ■-J. - ■ V ■:•! ■'" : ' fd) Voyage (îc IVï, Cramz. Hifoîrt gfnêraU du Voyages\ tome XIX , ptgc ro^,- générait des VojafesltQn^t/^l\^^ ■-<., T C t* *»' V, ■t y ■ . , h l'Hifloire Naturelle, 4T<) les yeux , il verra des coquilles dans tous les terreins d'où l'on tire de la pierre pour faire de la chaux , il en trouvera auffi dans la plupart des glaifes , quoi- qu'en général ces produdions marines y foient en bien plus petite quantité que dans les matières calcaires. Dans le territoire de Dunkerque, au haut de la montagne des Récoilets, près de celle de Caffel, à 400 pieds du niveau de la baffe mer, on trouve un lit de, coquillages horizontalement placés & (i|r fortement entafles, que la plus grand€t| parcie en font brifés, & par-deffus ce^^ lit > une couche de j ou 8 pieds de ' terre & plus; c'eft à fix lieues de dif-^ tance de la mer, & ces coquilles fbnCf de la même efpèce que celles qu'on trouve aéluellement dans la mer (f). Au mont Gannelon près d'Anet, à H quelque diftance de Compiegne, il y y a plufieurs carrières de très-belles pierres î; calcaires , entre les différens lits defquelles|, il fe trouve du gravier , mêlé d'une infi-^ nité de coquilles ou de portions de (f) Mémoire pour la Subdélégation de Dunkert^ue, ' jrelàtivemcnt à i'Hiftoire Naturelle de ce canton. ^ M^ U: i f ■ •' 'i^'^ L ^■ 410 Supplemerïï . coqailfes marines très-Wgêrtfi & fort frî^ies : on y trouve âulîî des lits d'huîtres ordinaires de la plus beilé con- • fervation , dont l'étendue eft de plus de cinq quarts de lieue en longueur. Dans rtine de ces carrières, il fe trouve trois lits de coquilles dans difTérens états : dûns deux de ces lits elles font réduites en parcelles, & on ne peut en recon- noicre les eipèces, tandis que dnns le troifième lit, ce font des huîtres qui n'ont fouffert d'autre altération qu'une fichereflè excdïîve : fa nature de la coquille , ï'éinàil & la figure font les mêmes à l'Hiffotre Nâtureffe. 42 if /Aux environs de Paris, lès coquille*^ riarines ne font pas muifts ^comniunef que dans ieS endroits qu*dn vient dé ilommer. Les carfières de Bougivai, oU Ton tire de la marne , fouminent un6 efpècé d'hiihreà d'une itidy enflé gtâit-*- deur : oii pôurfok les appeler /mitres fh^ çuéfs, ailées ÔL tijfei, parce qu'elles otifc lé talon aplati , & qu'elles (bfit toitiilie tronquées eii-deVânt. Près dé Bellevilley ou l'on tire du grès, ôiî trduve Une mafle de fahfé daiîs 11 teffe , qui côrt- tiént dés corpâ bfahchus qui potjri-dîent bien être du corail ôu dêS nriâdrrporés devenus grès: c5és côrpà riïàfîns iïe fbii<> pas dans le fablô tûèmt , mais dailS 1^^$ pierres qui contieniitilt àUui des coqailléi de difîferens genres, telles que des ^iS," des uni naïves & des bivalves fh). La Suifle n^ertpàâ moins abtmdâïltè cti éorps marins foflîlès que là ttmdH Ik les autres contrées dont on Vient éé parler ; on trouve au mont Pilate , ûâU% le canton de Lucernè , des toquillagei (k) Mémoire de M. Gucttard. Acàdiriiie dtt ScKnces, annéi ly^^f, page ^jfi» V ■—: 'fl-r-v^ ^ 41 2 Siipplénfeut de mer pétrifiés , des arêtes & des car- çaiïes de poidbns. Ç*eft au-deffous de la corne du Dôme où l'on en rencontre le plus; on y a aufli trouvé du corail, d^s pierres d*ardoifes qui (e lèvent aifc- ment par feuillets , dans ieiquelies on trouve prelque toujours un poiflbn. De- puis quelques années on a même trouvé des mâchoires & des crânes entiers de poidbns , garnies de leius dents (ij, M. Altman oblerve que dans une des parties les plus élevées des Alpes aux environs de Grindelvald, où fe forment les fameux Gletchers, W y a de très- belles carrières de marbre, qu'il a ^ait graver fur une des planches qui repré- sentent ces montagnes : ces carrières de marbre ne font qu'à quelques pas de ^fiance du Gletcher: ces marbres font de différentes couleurs, il y en a du jaipé, du blanc , du jaune, du rouge , du vert ; on transporte Thiver ces marbres fur des traîneaux par-defllis les neiges jufqu'à Underfeen , où on les embarque pour {i) Promena le au mont Pilate. Journal étranger, m de Vian ^7S^* '%.rv4^ mm •j'^v- ''-<» « ; ■ ;«• ,i V ii: ■■Uy.^|. ■. .'ij^i. ■•71 ■' *, '■ ' /•» % 'T: ■>'.•' h rHifloire Niîturelle. ^x^ les mener à Bernç par le lac de TIvprne,, ^ & ^nfuite par la rivière d*Are (h) \ ainft , les marbres & les pierres calcaires le trouvent , comme Ton voit , à une très-, grande hauteur dans cette partie des^ Alpes* "•''■il'--".,"' (■ ■';(? i,"^ M. Cappeler; en failànt des recher* ches fur le mont Grinifei ( dans les Alpes ), a observé que les collines^ les monts peu élevés qui confinent aux vallées > font en bonne partie compofés,^ de pierre de taille ou pierre mollafle,, d'un grain plus ou moins fin Sa plus ou moins (erré. Les fommités d^ monts font compofés pour la plupart , de pierre, à chaux de différentes couleurs & dureté :^ les montagnes plus élevées que ces ro-| chers calcaires, font compofées de gra->r HÎts â^ d'autres pierres qui paroifTent tenirV (je la nature , du granit & de celle de^ i'émeril; c'eil as ces pierres grani-* tevifes que fe fait la première génération^ du iCriflal de roche , au lieu que dans^ les bancs de pierre à chaux qui font V/t; Eflki. acia far Ai À/tmanT '0^ndes AJf« glaciales^ .,f -V fiêàl ■'.■:\.i-: ï. •?*#•':■ \ M 414 SupplémtHf au-deflbus, Toh ne trduVe a^ dfti concrétions calclûrés et des fpàthi. £n général, on a remarqilé fur tolites les coquilles^ (bit fodiles, fort pétrifiées ^ qu'il y à eertaines efpècèâ qui fe rfcti- contrent conilamment enfemble , tandis qiié d'auirei hè Te trduVéht Harnais dans cëi mêtries eftdf-oii». li lèh eft de inêfhè dans la< mer , cfù certaines ' éfpècés àt cti ailiniaux teftacéês y fë tieiUieht cOnP- tamitiem erifembié, dé tAètht que eér- taines plantes éroiHIéht toujouts eilfemble à ia furface de Ja Terré (i^i ^^ *< On a prétendu ti*op généfâfèmeflt q[tî*ii h'y avoît' poînt dé coc^illiiés tii cPautto prodîi^hs dé lé met fù^ tes pîfui hautes moifiàgftes. Il éft Vrai t^'il y a lîlitfietii^s foifiltlèt* A uri grand nom- bre dé pks qui rte foftt cohipofés que de granits & de rx^^lnefs thréféiblés dai^^ lef^uëls oh* h'apîérçdll aocïïh nïéiangîe^i^ atièùhë értïjî^eiriéë de céquiné^ lïi d'attctih^ aitiél'é débris des prcxiu^fo^ mdrirlesl'j (l) Lettres pFiilorophiques de M. Bourguct. iiV.^!. \ h THiflotre Naturelle, '^t f mais il y a un bien plus grand nombre de montagnes , & même quelques - uncis fort «élevées , où l'on trouve de ces débris marins. M. Coda , Profeffeur d'Ana*» tomie ^ de Botanique en rUniveffité de Perpignan ,^ a trouvé en 1 774 , fut la montagne de Nas , fituée au liiidl de la Oerdagrre lefpagnolè, rurté dés plus hautes parties des Pyrénéèis, à qu*elques toifes ftu'-deflbus dti ibmtnet de -cette montagne, une très-grattdfe quantité de pierres Itntîculéis , c*eft-â>-' dire , des blocs cômpofés de pferres leA-* ticiïiaires, & ces blocs étoient de diffé*- remes formes & de difTérens volumes; les p!us gros pouvoicnt pefer quarante ou cinquante livres. !I a obferVé qu'ft la paîtie de là montagne où ces pierreis lenticulaires fe trouvent, fembloii s*êtrè affaifl^e ; H vit en effet dans cet endroit une dépreffîon irrégulière , oblique , tf^s- inclinée à Thorizon , dt>nt une des ex- trémités regarde le haut de la montagne , & l*aUtt« le bas. Il ne put àpercevoîi' diftindement les dimenfions de cet aïFaiï^ iement à caufe de la netge qui le recoti-* vroil prefque par-tout , quoique ce fut -f % ^i6 SuppUment au mois d^août. Les bancs de pierres qui environnent ces pierres ienticulées, ainfî que ceux qui font iminédiarement au-deflbus, font calcaires ju(qu*à plus de cent toifes toujours en defcendant: cette montagne de Nas , à «n juger par le coup-d'œii, (emble auffi élevée que ie Canigou, elle ne prélènte nulle part aucune trace de volcan. Je pourrois citer cent Sa cent autres exemples de coquilles mannes trouvées dans une infinii^ d'endroits , tant en France que dans les différentes provinces de TEurope, mais ce feroit groffir inu- tilement cet ouvrage de faits particuliers déjà trop multipliés , & fur quelques grands ûfjemem if animaux Hrfepres* ■^ J'ai dit, page ^2 y , « qu'il eft à 9» croire que les cornes d'ammon & quel- •» qufes autres efpèces qu'on trouve pé^ 99 trtfiées & dont On na pas encore 9» trouvé les analogues yivans , demeu- »> rent toujours dans le fond des hautes » mers * & iqu'eltes ont été remplies du 9» fédimeht pierreux dans le Ueu mênie 3» où elles Soient; qu'il peut fe. Faire .1 ! (m) Mémoires cfe I^Àcactémié ^h Sciences, \ r S à VHifioire Naturelle . 425^ tj4fn qu'il, y ait eu 4ie certains animaux ce ^ï^^ l'c^èce a péii^ ^ que ces co- ^ qi^ges.pourrqient être du nombre ; ne que les os fbf^les ex^aordinairtt qu'on ^ trouve eft ^ Sjil>^ne ,^ ^ Canada , en, ^ If tonde ^ dfin^ plufieurs autries enr c< 4|foixj> ,, iêi^t)Jenç conftrq^çr «je^ecour uis mieux •rèpr é fenter \h nombre immertie que par lîn exemple que fai tous fes^burs' fous les yeu^. Ç*èft dans une minièrfe de fer éii grain près d*Étivey , à trois' lieues 4é niés forges de Bîîffbn, minière qui ëft ouverte il y a plus dèr cent cinquante ans & dont on a tiré depuis ce temps tout le miïieraî cjiii s'eft 'cohlcïïîfmé à la forge d'îAify ; ç'eft-ïà, dis- je, que l'on i^oit une fi grartde qùarttrté dé ries doi^ries d'àmmon entières & éri' fragmeris , qu^rl iemble que ta plus grande pàVlie de ia minière a été modelée' dans Ces ^coquilles. Jja miné de Conflans erl Lorraine qui te traite au fourneau' de Saîht-^Loup eh Franche-comté, n'cft de-rteme conipofée à IHiftoire Naturelle. 43! que de bëlemiiites 5c de cornes d'ammon : ces dernières coquilles ferrugineufes , font de grandeur fi différente , qu'il y en a du poids depuis un gros jufqu'à deux cents livres (n). Je pourrois citer d'autres endroits où elles font également abondantes. II en eft de même des bé- lemnites, dts pierres lenticulaires & de quantité d'autres coquillages dont on ne retrouve point aujourd'hui les analogues vivons dans aucune région de la mer , quoiqu'elles foient prelque univerfelie- inent répandues fur la furface entière de la Terre. Je luis perfiiadé que toutes ces efpèces qui n'exiftent plus , ont autre- fois fubfifté pendant tout le temps que la température du globe & des eaux de la mer étoit plus chaude qu'elle ne 1 eft aujourd'hui ; & qu'il pourra de même arriver, à meftire que le globe fe re- froidira , que; d'autres elpèccs adluelle- ment vivantes céderont de fe multiplier, & périront , comme ces premières ont péri , par le refroidiflèment. ( I ..•V f' (n) Mémoires de phylî<]ue de M. de Grffnon | 431 Supplément , La fécond^ obfervarion, c'eft que quelques-uns de ces oflemens énormes , que je croyois appartenir à des animaux ^f^connus , & dont je ruppofois les ef- pèces perdues » nous ont paru néanmoins, j^près les avoir iîcrupuleufèment examinés, appartenir à Teipèce de Téiéphant & à celle de riiippopotaine » mais à la vérité, à des éléphans ^ des hippopotames plus grands que ceux du temps préfent. Je sie connois dans les animaux terreAres qu'une feule eipèce perdue , c'eft celle •de l'animal dont jfai fait delîj^erles dents jpolaires avec leurs dimenfions / plan- ches l , 11 ai 111 )t les autres greffes dents & grands o(iêmens que j'ai pu xecuf iUir , ont appartenu à des éléphans # i des hippopotames* Oni!H2^f^ ■**à-!iyÈw >.ç jfcî-'''; ADDITIONS à rHifloire Niiturelle, 43 j ADDITIONS A l'Article fui a pour titre : De5 Iii&aii tes de la furface de la Terre i tome II, page /•.jïri- ié n pV'-J^ „ : ■ ■^" ^a;\' ';- f;.^ I. . >f, ,-.'^..;. h - ,»- -»• • - • ■ ■•.;, 'M^. Sur la hauteur des Montagnes, c ous avons dit, tome II , page i f , que /?/e/j ^/îw/f/ montagnes du globe fint tes Cordelières en Amérique, fur- tout dans la partie de ces montagnes qui eji ft\iée fous l'Equateur & entre les Tropiques. Nos Mathématiciens envoyés au Pérou & quelques autres Obfervateurs, en ont meluré les hauteurs au-deffus du niveau de la mer du Sud, les uns géomctrique- nient, les autres par le moyen du baro- mètre , qui n'étant pas fujet à de grandes variations dans ce climat , donne une mefure prefque aufli exade que ceiïe de la Trigonomérrie. Voici le réfuitat do ieurs ob(er valions. - t h , - "; / ^^ Époques. Tome I. X 1 1 ■^ Mauteur des montagnss Us plus élevées delà province de Qui ta au Pérou» K-' toifes. 2570, 3030. 2430. " > vCota - catché , au nord de Quito. . . Cayambé-orcou, fous I*£quateur. . /? -jPîtchlncha , volcan en 1539 , 4 1577 & 1660 Antîfana, volcan en 1590 Sinchouiogoa, voïcan en 1660.. , Illînîcâ, pré fumé volcan., . . ^. Coto-Paxî , volcan en 1533 1 ^ 174.2 & 1744 y . ' Chîmboraço , volcan : on ignore .t:-- . i'époque de Ton éruption. , . , ; Cârgavi-Rafo , volcaii écroulé en î''**i698 r:^ Tôngôuragoa , volcan en 1 64 1 . . "*" £l-àltan , i*une dzs montagnes nia 3020. 2570. 2717, 2950. 1220» 2450*. 2620. ■» . ■ 2730, appelée UoiUctnes Sanguaï , volcan aduellement cn- . ; flammé depuis 172 §4. i .^ . 2680. ; lEii comparant ces meflires des mon- fagnes de l'Amérique méridionale avec celles de notre continent : on verra qu'elles font en général élevées d'un "* »?• - '.^ 'vî' "i"" J-*' ■"^"^ ' ' on recc » ' ■,. V h VHlfloire marelte. 43 f quart de plus que celles de l'Europe f éi que prefque toutes ont été ou font encore des volcans embrafés ; tandis que celles de l'intérieur de TEurope, de l'A fie &. de l'Afrique, même celles qui font les plus élevées, font tranquilles depuis im temps immémorial. Il eft vrai que dans plufieurs de ces dernières montagnes,, on reconnoît affez évidemment l'an- cienne exiftence des volcans , tant par les précipices dont les parois font noires ÔL brûlées , que par la nature des matières qui environnent ces précipices , & qui s'étendent fur la croupe de ces mon- tagnes ; mais comme elles font fituées dans l'intérieur des continens , ^ main- tenant très-éloignées des mers , l'adlion de ces feux fouierrains , qui ne peut produire de grands effets que par le choc de l'éau , a ceffé lorfque les mers fè font éloignées ; & c'efl par cette raifon -que, dans les Cordelières, dont Iqs ra- cines bordent , pour ainfi dire , la mer du Sud , la plupart des pics font des volcans aâuellement agiflàns ; tandis que depuis très - long - temps les vol- cans d'Auvergne , du Vivarais , du T ij i t .- 4$ ^m} *v i V. 4}(> ' Supplément ''{ Languedoc & ceux d'Allemagne, de la Suifle , &c. en Europe, cei^x du mont Ârarat en A fie, & ceux du mont Atlas ^n Africjue , font alfolument éteints. La hauteur > laquelle fes vapeurs fe glacent eil d'envîron 24^0 toifes fous 5 Zoiie torrjde ; & ca France, de î ;oo toifps de hauteur ; les cimes des hautes montagnes furpaflent quelquefois cène ligne de 8 à 900 toifes, & totue cette haiteur eil ouverte de neiges qui ne foiident 'mm^is : ies jiuages { qu? $'élèvem le plus haut ) ne les furpaflent enfuite que de 3 à 4.00 toifes, & n'ex- cèdent par conféquent le niveau des mers que d'environ 3600 toifes; ainfi^ s*il y avoit des montagnes plus hautes encore, on leur verroit fous la Zone torride une ceinture de neige à 2400 toifes au-deiTus de la mer, qui finiroit à 3500 ou 3600 toifes, non par I^ ceffàtion du froid , qui devient toujours jplus vif à mefure qu'on s'élève , mal^ y àrce que les vapeurs n'iroient pas plus , » ■ Il ■■" II' ■ !'■ I ,1 I I II ■ faj Mémoiru de l'Académie àfis ^çie^ce^i r . • h rHifloke Ndturelter |j^ M. de Keralio, favant Phyficien, a recueilli toutes les mefures prifes par différentes per Tonnes fur la hauteur des montagnes dans plufieurs contrées. En Grèce , M. Bernouili a déterminé la hauteur de l'Olympe à 1017 toifes, ainfi la neige n'y eft pas confiante , non plus que fur le Pélion en ThefTalie , le Cathalylium & le Cyllenou ; la hauteur de ces monts n'atteint pas le degré de la glace. M. Bouguer donne deux mille cinq cents toifes de hauteur au pic de TénérifTe , dont le fommet eft loujouiS couvert de nefgc. L'Etna, les mon^s Norwégiens, l'Hémus, f Aihos, l'Atlas, le Caucafe, & plufieurs autres, tels que le mont Ararat , le Taurus, le Libanon , font en tout temps couverts de neige à leurs ibmmets. " ; ' ' " " ' - '^ ' .^"^ i Selon P' .oppîcfam , lej. p- i ^?nts m s 4, monts de Norwège, ont. , . , 3aoo# '^^'' 'i-VÙ'l'Vvt ; "*'. Nota, Cette mcfure, ainfi cjuc la furvante, m« paiviïïent exagérées. • •- -^ , „ V- i t Selon M. Brovalîîus, les plus hauts moms de Suède, ont. . , -Zj^r» ( I # 438 • Supplémtnt félon les Mémoires de V Académie Royale des '. Sciences ( anncc 1718 ) les plus hauus * montagnes de Fra?tce font lesfuivantes ; ; Le Cantal ,, , » 984. ,^;te mont Vcntoux. , ,-d% 1036, ^j. Le Canîgou des Pyrénées, * • •^ç> ^*4'4-'' .^ Le Mwuflec , . . , 1253» ^ Le Saint - Barthélémy 1 1 84.. ^ Le mont d'Or en Auvergne, «î'J : volcan éteint.. , 104,8. Selon AI. Needham, les montagnes ai ^. : Savoie ont en hauteur: f^dk'*., % 0,. Le couvent du grand Saint - Ber ^ .Ml narci ..••• 124* Y* g Le Rocau Sud-oueftdccemQnt. , , i274« , ;, Le mont Sercne i . V* . 1282, è- L'allée Blanche. . 1249. . Le mont Tourné. .-. 1683. 15 Stbn M. Facîo de Duilfers, le *?'-«^ ; .* mont Blanc ou la Montagne "^^ "^ > • maudite, a . , v. 2213. i II efl jceriain que les principales mon- tagnes de Suifle font plus hautes que „ii 'à rHiftotre Naturelle t 4)51 celles de France, ^'Efpagne, d'Italie & d'Allemagne ;. plufieurs Savans ont déterminé comme il fuk , la hauteur de ces montagnes. Suivant M^ Mikhéli, la plupart de ces montagnes , comme le Grimlelberg , le Wetterhorn , le Schrekhorn , i'Eeigheff fchnéeberg, le Ficherhorn, le Stroubef, le Fourke, le Louk-manier , le Crifpalty le Mougle, Jà cime du Baduts ôl à\x Gottard, ont de Z4.00 à 2750 toifes de hauteur au-de0us du niveau de la mer ; mais je foupçonne que ces me- liires données par M. Mikhéli font trop fortes , d'autant qu'elles excèdent de moitié celles qu'ont données M/* Caf-^ fmi, Scheuehzer & Mariotie, qui pour- raient bien éir trop foibles, :iiais non pas à cet excès, & ce qui fonQ :on doute, c'eft que* dans les régions troîdes & tempérée? où l'air eft toujours ora- geux , le baromètre eft fujet à trop de variations , même inconnues des Phyfi- ciens , pour qu'ils puiffent compter fur les réfultats qu'il préfenie._,^;H : ni ff^rîf ¥ IrilS^f ^kS'Iiln'^ >t.^^]..iiK)^f ; W iii; I ' ft ^^^ u n 44» V • Supplémeni . \ h 3i: î^ Sur la Direilim des Montagnes. J'ai dit, volume II, page ly , que la Jireâion des grandes montagnes eft du nord ûufuden Amérique, & d* occident en orient dans J 'ancien confinent. Cette dernière affer- tion doit être modifiée, car quoiqu'il î>aroiiîe aU premier coup - d'ceif qu'on puiffe fuivre ies montagnes de l'Efpagne jufqu'à la Chine, en panant des Pyrénées, en Auvergne , aux Alpes en Aliemagne, en Macédoine , au Caucafe & autres montngnes de TAfie jufqu'à îa mer de Tartâfie; & quoiqu'il fenible de même que le mont Atlas partage d'occident en orient le coiianent de 1'-*-^. frique , cela n'empêche pas que le mili i de cette grande préfqu'île ne foît ur^ chaîne continue de hautes montagnes qui s'é*- tend depuis fe mont Atlas aux m us de la Lune , & des monts de la Lune jufqu'aux terres du cap de Bonne- lîfpérance ; en forte que TAfrique doit être cunfidcrée comme compofée de montagnes qui en occupent le mi'ieu dans toute ft longueur, & qui font y à VHÏpotre Naturefte. 44 f] di^pofëcs (' nord au fud & dans la mémo dire^iou que celles de l'Amérique. Les parties de l'Atlas, qui s'étendent depuis le milieu & des deux côtés vers 1 oc*' cident & vers l'orient, ne doivent être confidérées que comme des branches de la chaîne principale ; il en fera de même de la partie des monts de la Lune qui s'étend vers l'occident & vers l'orient; ce (ont des montagnes collatérales de ia^ branche principale qui occupe l'intérieur,' c'eft-à-dire, le milieu de l'Afrique, & s'il n'y a point de volcans dans cette prodigieufe étendue de montagnes , c'eft parce que la mer ell des deux côtés fort éloignée du milieu de cette vafte pref- qu'ile ; tandis qu'en Amérique la mer eft très-voifine du pied des hautes mon- tagnes , & qu'au lieu de former le milieu^ de la presqu'île de l'Amérique méridio- nale, elles ibnt au contraire toutes fituées^ à l'occident , & que Téieiidue des ba(I«r terres efl en entier du côté de l'orient. 1 La grande chaîne des Cordelières n'eft pa5 la feule, dîn* le notiveau continent,, qui ibit dirigée du nord au fud; car dans le lerreijxde la. Guyane., à enviroK^ T V 1 1 ■¥« cent cinquante i' at:, de Cayenne , il y a audl une chaîne cl*af7ez liaïues mon- tagnes qui court également du nord au fud; cette montagne efl fi efcarpée du côté qui regarde Câyenne » qu'elle eft pour ainfi dire inacceiïible ; ce revers à-plomb de la chaîne de montagnes , femble indiquer qu'il y a de Tautre câtc une pente douce & une bonne terre ; audl la tradition du pays , ou plutôt le .témoignage des Efpagnols e(l ((u'il y a au-delà de cette montagne des nations ^de Sauvages réunis en auez grand nom- bre; on a dît aufn qu'il y avoit une mine .d'or dans ces montagnes & un lac où • l'on trouvoit des paillettes d*or , mais ce .fait ne s'eft pas confirmé. - *. » « A > ^n £n £urope, la chaîne de montagnes •qui commence en Efpagne, palTe en •France, en Allemagne & en Hongrie, fe partage en deux grandes branches, *dûnt l'une s'étend en A fie pai* les mon- tagnes de la Macédoine, du Caucafe, &c. 'fit l'autre braiKhe paflê de k Hoiigrie dans la Pologne , la Ruflîe , & s'étend îufqu'aux iburces du Wolga & du Bo- xillène ; & (è proiongèanc encore plus à rHifloht Naturelle. 443^ loin , elle gagne une autre chaîne de montagnes en Sibérie qui aboutie enfin à la mer du Nord à roccidcnt du fleuve Oby. Ces chaînes de montagnes doivent être regardées comme un fommet prefque continu, dans lequel nluTieurs grands fleuves prennent leurs lources ; les uns , comme le Tage, la Doureen £ (pagne, la Garonne , la Loire en France, Je Rhin en Allemagne, fe jettent dans r Océan ; les autres, comme TOder, la Vidule, le Niémen, fe jettent dans la mer Baldque; enfin d'autres fleuves, comme la Doine, tombent dvins la mer Blanche , & le fleuve Peuora dans la mer Glaciale. Du côté de Torieiiir , cette* même chaîne de montagnes donne naii- fance à ITeucar & TEbre en £^agne , au Rhône en France , au • ÏPô en Italie qui tombent dans la mer Méditerranée ; au Danube & au Don. qui le perder: dans ia mer Noire y & enfin au Wol^ qui tombe dans la mer Carpieniie. 4 Le fol de la Norwège efl plein àe rochers & de groupes de montagnes. Il y a cependant des plaines fort unies de fix 9 huit & dix milles d'étendue. La T vj • ■Ws(* ■N Vit» r» f-, m- 444 '^''^^^mpplémenf \^' diredion des montagnes n'eft point \ Toueft Ou Peft , comme celle des autres ' motltagnes de l'Europe; elles vont au contraire comme les Cordelières du fud iu nord fb), " ■ '■ Dans TA fie méridionale , depuis l'île de Ceylan & le cap Comorin , il s'étend une chaîne de montagnes qui fépare le 'Malabar de Coromandel , traverfe le Môgol , regagne le mont Caucafe , fe prolonge dans le pays des Calmoufcs & s'dtend jufqu'à la mer du Nord à l'oc- cident du fleuve Irtis; on en tt^ouve une autre qui s'étend de même du nord au fud jufqu'au cap Razàtgat en Arabie, & qu'on peut fuivre à quelque diftancè "die fe mer Rouge jufqu'à Jérufalem , elfe environne l'extrémité de la mer Médi- terranée & la pointe de la mer Noire, & de-là s'étend par la Rufïïe juiqu'au même point de la mer du Nord. * ' * G' On peut auffi obftrvér que les mon- tagnes de l'indoflan & celles de Siam, cburehi du fud àuiidrd, & vont éga- m^ Il ' * ' 1 I 111 I II I III - ' I ."1S. :' ' , . ■ ' ■ : 1 . (b) Hiftoire Naturelfe de Norwègc, par Pon- *to'^ïixm* Jouritdl étranger, mois d'août 'i;^/^^^ 3 rHiftotre Naturelle. 44.y fement fe réunir aux rochers du Thibét & de [a Tartariè. Ces montagnes offrent de chaque côté des faifons différentes, à Touefl: on a Çix mois de ptuie , tandis qu^on jouit à l'oeil du plus beau fqleii (c). Toutes les montagnes de Suifle , c*e(T- à-dire , celles dîe la Valléfie & des Grî- fons , celfes de la Savoie , du Piémont & du Tirol , forment une chaîne qui sVtenxï du nord au fud jufqu'à la Méditerranée. Le mont Pilate, fitué dans le canton de Lucérne , à peu-près dans te centre de ia Suifle , forme une chaîne d'environ quatorze lieues qui s'étend du nord ait fud jufque dans \e canton de Berne/' '"' On peut donc dire qu'en général les plus grandes éminences du globe fbrit difjpollées du nord au fud, & que celles qui courent dans d'autres directions nte doivent être regardées que comme éés branches collatérales de ces premières montagnes ; & c*efl en partie par cette diipofition des montagnes primitives', que toutes les pointes des continens ib ^'-v. ' '**» V -"•'' :Liar (c) Hiftoire phiiolophiMi. fî-j. •s> I,; V. ../-« LiS *.<-; \) \.'i. 1 1 1. , ^.u:'\ Sur laforniâtiûii des Montagnes. ' , •* " -n. '!> -,K Toutes les vallées & tous \^% vallons de la furface de la Terre , ainli que toutes les montagnes & les collines ont eu deux caufes primitives ; la pre- mière eft le feu & la féconde l'eau. Lorfque la Terre a pris fa confiftance , il s*eft élevé à fa furface uri grand nombre d'afpérités , il s'eft fait des bour- fouflures comme dans un bloc de verre ou de métal fondu ; cette première caufè a donc produit les premières & les plus hautes montagnes qui tiennent par leur bafe à la roche intérieiire du globe, & fous iefquelles, comme par-tout ailleurs, il a dû fe trouver des cavernes qui fe font affaiffées en différens temps; mais fans confidérer ce fécond événement de i'afFaiflèment des cavernes , ii eft certain • ^ "448 ''^^ Supplément que dans le premier temps où la fiirface de la Terre s'eft confolidce, elle étok fillonnëe par -tout de profondeurs & d'éminences uniquement produites par l*a<îlfon du premier refroidiffement. En- fuite lorfcjue les eaux fo font dégagées de ratmofphcre , ce qui eft arrivé dès que la Terre a cefîé d*être brûlante au point de les rejeter en vapeurs, ces liiêmes eaux ont couvert toute la lurface de la Terre ax^iueilement habitée fufqu'a la hauteur de deux mille toîfes ; & pendant leur long féjour fur îk» con- tinens , le mouvehient du fîux & du reflux & celui des courans, ont changé • ià difpolition & la forme des montagnes et des vallées primitives. Ges mouvc- niens auront formé des collines dans les Yallées , ils auront recouvert & environné de nouvelles couches de terre le pied & les croupes des montagnes ; & les i^oufans auront t renié des filions, des vallons dont toub les angles fe corref- ' pondent , c'ell à ces deux eau (es , dont Tune eft bien plus ancienne que l'autre, ' qu'il fiut rapporter la- forme extérieure ^ue nous préiènte ia^ furface de la lerre. à THiflolre Naturelle. '44 j? Enfuite lorfque les mers fe font abûfTées elles ont produit d^s efcarpemens du côté de l'Occident où eHes s'écoubient le plus rapidement , & ont laifTé des pentes douces du côté de l'Orient. v Les éminences qui ont été formée^ par le fédiment & les dépôts de la mer ont une ftru(^ure bien différente de celles qui doivent kur origine au feu primitif; les premières font toutes drfpo- fées par couches horizontales & con- tiennent une infinité de productions ma- rines : les autres , au contraire , ont une firu(èrv^ plufieurs fois fur les coiliues ifoWes , que le premier effet des pluies eA de dé|x>uiHer peu-à-peu leur foiumet & d'en entraîner \ts terres qui fbnnerit au pied de la colline une zone uniforme ôl très-^épai(îe de bonne terre, tandis que le fommet eft devenu chauve iSL dépouilla dans fon contour; voilà l'effet que produifent & doivent pro- duire les pluies, mais une preuve qu'il y a eu une autre eau fe qui avcii précé- demment difpofé les matières autour de 2a colline , c'eil que dans toutes du même dans celles qi^i font ifol^es, il y a toujours un côté où le ter rein i eft meilleur ; elles font efcarpées d'une part &. en pente douce de l'autre, ce qui prouve FacfHon & la diredion du mouvement des eaux d'un côté plus que de l'autre, >; ,, Sur la dureté que certaines matières % acquièrent par le feu auJRbim que '^ par teaiC m^ .■ ■ r ^ ' ; • ifr?-:'- ' \%q. J'ai dit, volume If, page j o , qu'on trouve dans les grès dis efpcces de clous à VHiftoire Naturelle. 451] Jtum matière métallique , noirâtre , qui paroh avoir été fondue à un feu très^violent. Cela femble indiquer que les grande» mafles de grès doivent leur origine à i*a<5lion du feu primitif. J'avois d'abord penftf que cette matière ne dévoie fa dureté & la réunion de fes parties qu'à l'intermède de l'eau ; mais je me fuis afTuré depuis que l'aâion du feu pro- duit le même effet , & je puis citer fur cela des expériences qui d'abord m*ont furpris & que j'ai répétées aflez fouvent pour n'en pouvoir douter. „, '1 HUi * u> EXPERIENCES. • ti J'ai fait broyer des grès de différens degrés de dureté , & je les ai fait lamifef en poudre plus ou moins fine , pour m'en fervir à couvrir les cémentations .dont je me fers pour convenir le fer en acier ; cette poudre de grès répandue fur le cément, & amoncelée en forme de dôme de trois ou quatre nouces d'épaiffeur , fur une caifTe de ti \edi$ de longueur &. deux pieds de largeur, ayant fubi i'aâion du feu violent dans 1 1 I (, w ■I IM, ft-, *»• % 5 1' , AV w, 'SuppUmhï mes fourneaux d'afpiration pendant plu- fieurs jours & nuits de fuite fans inter- ruption , n*ëtoit plus de la poufllère de grès , mais une niaffe folide que l'on éioh obligé de cafTer pour découvrir la caiflfe qui contenoit le fer converw en acier bourfouflé ; en forte que l'adion du feu fur cette poudre de grès, en a fait des maHes aufli foiides que le grès de médiocre qualité qui ne fonne point fous le marteau. Cela m'a démontré quf le feu peut tout aufli-bien que Teau av oir aglutiné les fables vitrefcibles , & avoir par confl'quent formé les grandes mafles de grès qui composent le noyau de quel- ques-unes de nos montagnes. i Je fuis donc très-perluadé que toute ta matière vitrefcible dont eft compofée la roche intérieure du globe, & k$ noyaux de fes grandes éminences exié* rieures , ont été produits par Fadion éi\ feu primitif, Sa que les eaux n'ont formé que les couches inférieures Sx. accefîbires qui enveloppent ces noyaux , & qui font toutes pol'ées par couches parallèles, horizontales ou également inclinées, & dans lefquelles Ci7 iiotive des débris de — J "M. à rHifloire Naturelle, 453 coquilles & û'autres producflions de U incr. .^ Ce n'efl pas que je prétende exclure riin*Tmtde de i*eau pour la formation des ^.;rès & de i)iuf]eurs autres matières vitrelcibles; je luis au contiaire porté à croire que le iable vitrefcibfe peut acquérir de la confinance , & fe réunir en niafTes plus *u moins dures par le jiioytn de l'eau , peut-être encore plus ailément ^uc par Tadlion du feu; & c'eft feulement por * prévenir les objeélions qu on ne manqueroit pas de faire , fi Ton imaginoit que j ^attribue uniquement à l'intermède de Teau , la folidité 6i la confiftance du grès & des autres ma- tières compofécî» de fable vitrefcible. Je dois même obferver que les grès qui fe trouvent à la fuperiicie ou à peu de profondeur da < ila terre , ont tous été formés par Tintcimède de Teau ; car Ton remarque des ondulations & des tour- noiemens à la furface fupérieure des maffes de ces grès, & Ton y voit quel- quefois des ii)ipreffions de plantes & de coquilles. Mais on peut dillinguer les grès formés par le îcdiinent des eaux^ w i i *■. 434 • ' ■ Supplément ' de ceux qui ont été produits par le fau , ceux-ci l'ont d'un pius gros grain Se s'égrainent - 'us facilement que les gros dont l'agrégation des parties eft due à l'intermède de l'eau. Ils font plus ferrés, plus compa ▼erre par le feu de nos fourneaux , fc oins dures que la roche du globe , puiique la fonte de fer, quelques laves ou bafaltes, & même cer- taines porcelaines font plus dures que cette roche, & néanmoins ne doivent comme elle leur dureté qu'à ra 45^ Supple/mut & longue aâion du feu prûnitif, dont nous ne pouvons comparer les grands ^ effets que de loin , avec^ le peut effet de nos feux de fourneaux ; & néanmoins cette çomparajifon, quoique dé favanta- geufe y nous JaiQe apercevoir clairement ce qu'il peut y avoir de comqiun dans les eâèts du feu primitif & ^ans. les prodtiits de nos £bux , ai nous démontre en même temps que le degré de dureté dépend moins de celui du feu que de la combinaifon des matières fcHunifes à fon aélion. \\ Sûr fIttcUnaifûn Jes Couches de U Terre dans les Montagnes. ^ -' y Al dit f volume J, page it^, que àans les plaines y les couches de la tem font exaâement horii^onrales » & qu'il n*y à que dans les montagnes où elles foient inclinées, comme ayant été formées par des fédimens dépofés fur une bafe inclinée , (Uf 'à-dire , fur un terreîn penchant. / Non-feulement les couches de ma- tières calcaires font horizontales dans les r. \ '*Vw 3 THijMre Nptut^île. 45/^ |){ai)[ies ,inais eUes le font aulli dàils toutes ieistmontagiies où il .n'y a point eu de^ bouleverîement par les trembiemens de ^ terre ou par d autres <:aures accidentelleis ; ^.iorfque ces couches font inclinées, . c'-eft que la montagne elle -même s'eft inclinée tout en bloc \ & qu'elle a été contiaipte de pencher d'un côte , par la force d'une expiofion fouterraine > où par i'affiitflèinent d'une partie dm terreîn qui lui fervoit de bafe. L'on peut donc î dire qu'en général toutjss les foît en raonugtie , n'eft compose que de terte végétale, çiont l'origme èft due aux fédimens de l'air , £u dépôt des YQpeurs & éQ$ roÇéeS) & aux détrimens fucceffife des herbes, des feuilles & àts nuirés parties éts végétaux décpmpofé^tf Époques* Tome I. IJ ^ a : y *>, . >-'■" 4*5 8» ' SappUmént Cette première couche lie doit point être ici confidérée, eile fuit par -tout ieni, pentes ^ les courbures du terrein» & pr($iènte une épaifleur plus ou moins grande» fuivant les difiS^rentes cîrcon(^ tances iocales/^^. Cette couche de terre végétale efl ordinairement bien plus épaifle dans les vallons que fur les coI« iilies; &(« formation eft poftérieure aux CQuçhes ptiiuitives du globe, dont les plus anciennes &V les plus intérieures o^t été formées par le feu, & içs p|)ut8 nouvelle & les plus extérieures, ont été (d)^\\y a ^elqucs montagnes dont la fur^cé à la dmé eft abfolument nue « & ne préifcnte que le* roc vif ou le- granit, iâns aucune v^àation que dans les. petites (entes, où le vent a porté & accàrriulé les particuies de terre qui flottent dans fair. On a^ure qu'^ Mcfque dilUnçe de la rire gauche^ du NHf en ' «itant ce fleUve , la mon- taKne. compofée de granit , de porphyre & de jafpe , s'étend, à plut de vifigt Hêtres en longueur» fuir iine largeur \peut-étreauni grande, & que la Itir&ce ciit*^re de Ja dme de cette énorme carrière cft abic^ment dénuée de végétaux • ce qui forme Ui^ vaOe déiert. que ni les anunaux ni les oifeaux, ni, même les infeaes ne peuvent fréquenter. Mais ces exceptions particulières & .locales ne doivent Mi«t ^ i€i cônûdéréffffi.. . .V '♦■A ■;"> '\t - i V- - ■«.. à rHiJfofre Naturelle. 4^^ fêriflées par les matières tranfpoi]tées àt di^)ofées en forme de rédrm|Kis par (e mouvement des eaux* Celles - ci (ont en général toutes horizontales , & ce n'eit que par des caufes particulières qu'elles paroiflènt quelquefois inclinées»^ Les bancs de pierres calcaires font or- ^ dinairement horizontaux ou légèrement * inclinés ; & de toutes les fubftances calcaires , la craie efl celle dont les bancs confervent le plus exadlèment la pôfition horizontale : comme la craîer" ntîft qu'une pduffière des détrimens cal- caires, elle a été dépofée par les eau^ dont le mouvement étoit tranquille &^ les ofciilatrons réglées , tandis que les ' madères qui n^étoient que brifées & en phis gros volume, ont été tranfportées par les courans & dépofées parie remous ' des eaux; en forte que leurs bancs ne font pas parfaitement horizontaux comme ceux de 'la craie. Lies falailès^de la mer en Normandie, font composées de couilrhes horizontales de ci aie fi régutièremeifit coupées à plomb, qu'on les prendroit de ^ icân pour dés murs de fortification. L'on v6it entre les couches de craie des pèths ' / w # I I 4fi6 Suppléntint lits de pierre à fufii noife , qui tranclienf fuf le blailP de ia craie : c'efl -là Tori^ fine dés yanes noires dans les marbres lapes» indiépendamment des collines calcaires dont les bancs (ont iégèrennent inclinés , & ,dont la pofition n'a point varié , il y , en a grand nombre d'autres qui ont penche par difFérens accidens, & don( tQutes les couches font fort inclinées, C)n en a de grands exemples dans pliï*? J fieuFS endroits à&s Pyrénées où, l'on en., voit qui font inclinées de 45 ^ 50, Se même 60 degrés au-deflbus^ de la lignç horizontale , ce qui femble prouver qu'ils s'éfl fait de grands changemens dans ce;s - montagnes piar i'af&ilTement des .çaverne$ fouterr^nes fur iefqtiçlies )eur piaiTe étpif • ^foii appXiyée. ■..»■* fjï V I; *ji %Sur les Tics des Montagnes: / j'ai tâché d'ièxplîquer , volume II, f^gej.4 $ çQinvm^nt [es pics de$ (iion- . jti^ines çnt été dépouillés des f^bies " " "^"' foiî qui tes environnaient au : \éV^\ ■>•>' -'W •» ;t' .-■ ...:.S'. 'k v«,. client rori- rbres caires i ont don( inées« ► plut J an en.. o, âc lignQ r qu'il i ns ces vernes ^e étpit ie II, > lîion- r^bies ?m au a TPJifloîre l^àtarelle. ^IS>t fcômmëricemeiit , 6c mon explicâtiort M pèche qu'en ce que j*ai attribué la pre- mière formation des rochers qui forment le noyau de ces pics à Tiniermèàc de l'eau, au iîeu qu'on dore '^attribuer' à l'aâion^ du feu ; ces pics ou côriies de montagnes ne font que des prqlonge- mens & des pointes de la roche inténeurer du globe , lefqueiies e'ioient environnées d'une grande quantité de fcories & de pouffière de verre ; ces matières divi fées auront été entraînées dans lés îieux. in- férieurs par les mouvemens de la mér dans le temps qu'elle a fait rett-aite , ^ enfuite les pluies & les torreiis des eaixx courantes auront encore fillonné du haut en bas les montagnes , & auront par conféquent achevé de dépouiller ks maflfes de roc vif qui formoient les éminences du globe , & qui par ce dépouillement font demeurées nues Ôc telles que nous les voyons encore au- jourd'hui. Je puis dire en général qu'il n'y a aucun autre changement à faire dans toute ma Théorie de la Terre , que celui de la compofiiion des première»^ montagnes qui doivent leur origine au vimm \ .1 I ^4^2 SuppUmiMt feu primitif» .& non pas à VvcAetmk^ tic l'eau « comme je ravois cool^dkaré, «parce que fétois alors perfuadé par ^l'autorité de Woodward & de quelquf^s ^.ai^tres Naturalises, que l'oii avdt trouvé des coquilles au-deuus de$ Ibmmets de toutes les montagnes; au lieu que par ^des obfer valions plus rëcemei, il parqtt ^ qu'il n'y a pas de coquilles fur les plqs .hauts fommets , mais feulement jufqu'à ^ia hauteur de deux milletoif^s au-deflus 8il niveau des mers; d'où jl rëful^e .^qu^elle n'a peut-être pas furttionté ces hauts fommets y ou du moins qu'elle ne les a baignés que pendant un petit temps , enTorte qu*el{e n'a formé que les col- . iinès & \t% montagnes calcaires qui (ont toutes . au-deflbus de cei^e hauteur de deux mille toifes. A ># ^^JSb^ • y ti... ■• ;• -■-^^^;j::^-'l ,-■;»:* \V,- '■■■;■' •"f"'k4r"^ ;'"■:; ■ - •■ - %. . - - '- ' ■ ■ ; ■■■:.<.■■., , -^■' .. - • - \.v ■ -. ■ • ' ■■ --,■,■ V'.' ;.^ -•«.:■;:■- ' ..* ^1.,;,- ■•;;,,- ,- • , '-. ,■ 'i-.:. i. ', ■ f : : i ffliflôire Natureffe. 4&i ADDITIONS 'A f Article é/ui a pour titre : Dés Fleuves , tome II, pa$h j ^. ; 4. . Ohfir¥àtiira ^l il faut a) omet h celles fte j'ai dûtinies fur la Thiûrie des Eaux cûurantes. Jtagb // » su fujet de h théorie des eaux courantes, |e vais ajouter une Obfervstion nouvelle, que }'ai faite depub que |*ai établi des u fines , où la différente yitefle de l'eau peut fe reconnoitre aflèz ej^aâemexu* Sur neuf roues qui compo feht le mouvement de cesufines, dont les unes reçoivent leur iinpuliion par une colonne d'eau de deux ou trois pieds , &L les autres de cii ] à fîx pieds de hauteur, j'ai été affez iurprrs d'abord de voir que toutes ces roues tournoient plus Vite la nuit que le jour, & que la différence étoit d'autant plus grande , que la colç^e d'eau étoit plus haute & plus TT •••• » •• » V « '^'ér^ .4J,.u SuppUmint * large* Par exemple, fi Teau a ïTx pieA de chute , c*e(l-à^dire , î\ le bief près de la vanne a fix pieds de hauteur d'eau ^ ç& que l'ouverture de la vanne ait vd^ax pieds}de hauteur^ la roue jtoi^rnera pen* dam la^nùh cPuiî dixième & quelquefois d'un neuvième plus vite que pendant le ^ )our ; & s'il y a moins de haïueuit d'^» ''la différence entre la vîtede pendant la. *^nuit & pt^ndant le jour fera moindre > inais toujours aflez fenfîMe ^ pour ' être reconnue. Je me fuis aiïliré de ce fait , r.enMi^etcahtdes^ marques bla^iîchièis fur res roues» Sl en comptant avec ui^é iiioné^e ,- à fécondes lenombre de leurs révohitioiis ^dans liii) mêrne temps, (bit la nuit, fofc Je jour> 6c j'ai condamment trouvé, ^àr . uftî très-grand nombre d'obfervations*, que le tiemps de la plus grande Vîeéfïe; jdesfoûes étoit i'hèujre là plus froide die ;}a nuit, &. qu'au contraire celui de !a moindre vîteffe , étoit le moment de la ]plus grande chaleur du jour: enfuitè*, j'ai de même reconnu que là vîteffe de , toutes \^% rou0s e(l génërdement pIUs. ^grande en hiVer qu'en été; Ces fàtsV qui n'ont été remarques par aucun Phy*- ■ 4 ■ ■\r'. ■ M à ffTifloire Naturelle. 465 ficleit , font importans dans la pratiquer La théorie en cft bien finipie; cette augmentation de vîteflfè dépend unique- ment de la deniicé de l'eau , laquelle^ augmente par le froid & diminue p^r le chaud ; ôl comme ii ne peut ])a(Ièr que' le même volume par la vanne , il fe trouve que ce volume d*eau , plus denfe pendant la nuit & en hiver qull ne Tefl pendant le jour ou en été , agit avec plus* de mafTe fur la roue , & lui commiiniqué par conféquent une plus grande quantité de mouvement. Ainfi toutes chofes étant égaies d'aiHeurs , on aura moins de perce à faire chanter fes- ufines à l*eau pendant h chaleur du jour , & à les faire travailler' pendant la nuit : j*ai vu dans mes forges- que cela ite laîïîbit pas d'influer â'uti* douzième fur fe produit de h fabrication^ du fer. Une féconde ot fer vattion , c'efl: que dfe- deux roues , Tune plus voifinc que Tauttfe^ du bief, mais du relïe parfaitement- égales, 8c toutes deux mues par' uritf égale quantité d^eau , qui pafle par dés*^ Vannes égales, celle dés roues qui effc ia plus YoUiRe du bief; tourne toùioUili* •:.V \^66 Supplément plus vite que l'autre qui en eft pluf éloignée, & à laquelle l'eau ne peut arriver qu'après avoir parcouru un cer* tain efpace dans le courant particulier qui aboutit à cette roue. On fent bien que le frottement de l'eau contre les parois de ce canal doit en diminuer la vîteflè; mais cela feul ne fuffit pas pour rendre raifon de la différence con- fidérable qui fe. tr'«jve entre le mou- vement de ces deux roues: elle provient en premier lieu, de ce que l't^^u con- tenue dans ce canal cefle d'être preuve latéralement , comme elle l'eft en effet iorfqu'elle entre par la vanne du bief ôl qu'elle frappe immédiatement les aubes de la roue; fecondement, cette inégalité de vîtelSè qui fe mefure fur la diftance du bief à ces roues , vient encore de ce que l'eau qui fort d'une vanne n'eft pas vne. colonne qui ait les dimen-Hons de . ja vanne y car l'eau forme dans fon pa0àg^ ^i^n cône irrégulier , d'autant plus déprimé iur ks çàiéSf que la mafle d'eau dans le bief a plus de largeur. S| tes aubes de la rou^ font très-près de la vanne , l'eau 1^^ ^applique prelqu^ i^ feaitôur d^ ■^ (- W- ::V ■v:). V' 5> à fHiftoke Naturelle. ^67 l'ouverture de la vanne \ maïs (1 fa roue efl plus éloignée du bief, reau»i'abainè dans le courfier & ne frappe plus les aubes de la roue à la même hauteur ni avec autant de vîteflTe que dans le premier cas ; & ces deux càufes réunies pro* duifent cette diminution de vîtelTe dans les roues qui (ont éloignées du bief. .^ , I L Sur la Salure Je la Mer; tomt II, page 77. ,1 Au fujet de la falure de la mer, il y a deux opinions, qui toutes deux fout fondées & en partie vraies : Halley attribue la làlure de la mer uniquement aux fels de la Terre que les fleuves y tf anfportent , & penfe même qu'on peut reconnoitre l'ancienneté du monde par k degré de cette falure des eaux de la mer. Xéibnitz croit au contraire, aue le globe de la Terre ayant été iiquéné pa^ le féu , les ièls & les autres panies empy-» reumâtiques ont produit avec les vapeur^ aqueufes une eau Uxi vielle &, fidée, âc que par conféquent la mer avoit fou l !*♦■»».• 'j^6S ' 'Supplément - degré de Édite éjks le commencement. 'Lès opt^om de ces ddiix trandà Phy- ficiehs , quoiqu'oppoftes , dbivent être réunies , ôc petivent même s'âccordelr avec la mîenné : H eft en efFét très- probable que r^îôn; du feu combinée avec celte de l*eaiiv a feit ^ diflbiiitioa de tenues les matières fàiines qu! fe font trouvées à la furfece de la Terre dès le commencement , & que par conféquent le premier degré de fahire de la. mec provient de la caufe indiquée par Léib- ,nitz ; mais cela n'empêche pas que 1» Mfeconde caufc défignéepar Halley* , n'ait ^'aufli très-confidérablement influé fur le âegré de îa falure aéluëHe.de ht mer, qui ne peut manquer d'aller toujours en augmentant, parce qu'en effet les flèiives ne ceflent de tranlporter à la jncr une grande quantité de fek fixes, que Tévaporation ne peut enlever: ih- relient donc mêlés avec ia maffe des eaux qui dans la mer fe trouvent gêné- /raiement d'autant plus fàlées , qu'elles *font plus éloignées de l'embouchure des 'fleuves, & que la chaleur du cfmiat y produit ime pius grande évaporatipAi *i'î V '(, v,,ï. •.-,' lent Phy- être ordet très- binéè utiûn font iès le quent . mec Léib"* ]ue Ja , n'ait furlè , mer, ujours %t ies r à la fixes , r : its fe des géné^ u elles re des liât y 'ation% = / a rffijfoîr^ Natureîle. \^ tà^ preuve que cette féconde caufe y fait peut-être autant & phis que la pre- mière , c'eft que toUs iès lâ comme Ton fsût^ a beaucoup plus d'étendue en iargeue que la mer Atlantique , paroit être bornée par deux chaînes de montagnes qui fe correfpondent jufqu'au - delà de l'Ëqua"" teui^ ; la première de ces chaînes e(l celle Ats montagnes de Californie , du nou- veau Mexique , de rifihme de Panama & des Cordelières du Pérqu , du Chili, &c.. l'autre eft la chaîne de montagnes qui s'étend depuis Kamtfchatka:, & paâe par Yeço , par le Japon, & s'étendL jufqu'aux îles des Larrons & même aux nouvelles Philippines. La diredlion de ces chaînes dé^ montagnes qui paroiflient .* !' f . ^tre les anciennes limites de la mer Pacl^ fîque, elt préciftinient du nord au fud; en forte que i'ancieii continent étoit borné à i' Orient par l'une de ces chaînes , '& le nouveau continent par l'autre. Leur réparation s'efl faite dans le temps ou ks eaux arrivant du pôle auHral , ont commencé à couler entre ces deux chaînes de montagnes qui fembiem fe réunir, ou du^'moins fe rapprocher de très-près vers les contrées feptentrionales , Si ce n'eft pas le feul indice qui nous démontre Tancienrie réunion des deux 'continens vers le Nord ; d'ailleurs cette continuité des deux continens entre Kamt^chati^a 6l les terres ks plus occidentales de TAmérique , parok maintenant prouvée par les nouvelles découvertes des Navi^ gnteurs qui ont trouvé fous ce même parallèle une grande quantité d'îles voi^^ iines les unes des autres ; en forte qu'il ne refte que peu^ ou point d'efpaces de mer entre cette parne orientale de l'Afie & la partie occidentale de TAmérioud fous le Cercle polaire. ^vii ■■Mi . ■ ^ éW:. t^ '1/'. \v 'V. er Pac!^ au fud; nt étoit chaînes , e. Leur mps ou al , ont chaînes re'unir , rès-prês » Si ce ^montre ^nthiens ntinuitë t^chatU aies de prouvée 5 Navi- ! même les voi*- *ie qu'il aces de 3 l^Afie acri(|u& ^^^-m V itto h-?' ■•■■ • ■' '■••-, .. . ,1 I. . 'Sur le, dûuile courant des eaux dans i) V quelques endroits deTOcéarif voL li^ ^' page 137^ :^' t?*: i|&î-> J'AI dit trop généralement & afluré" trop pofitivement , qu*/7 ne fe trouvait fai dans la yàet'des' endroits oit hs faux eurent un dottfant inférieur opp&fè^^ 'dans une direâion cttn&aire au mouvement du touraftt fupérieur ; /'«i'reçu depuis des m'<- formations qui fembfent prouver que cet efîet exifte'& pet^t même fe démontrer dans de certaines plages de la mer; les plus- précïfes font cellts que M» DeP- îandes , habile Navigateur, a eu là bonté de me cohimuniquer par Çqs Lettres des 6 (^écembre 1 776 6c j novembre 1 773 , dont voici F É x trait : ' ^ <'.•'; oc Dans votre Théorie dis la Terre i art« XI , des Mers & des Lacs, vous « dites que quelques pei^founes ont te préteiidu qui! y avoît dans fe détroit ce de Gibraltar, un double courant, fu- «c periéiir Çl inférieur^ dont rèiTet eft ce \\ \ \ .9 » SuppUmeni- \ contraire; mais que ceux qui ont eu de pareilles opinions auront farts doute pris des remous qui fe forment au rivage, par la rapidité de i'eau, pour un courant yéritable» de que c*e(l une hypothèfe mai fondée. C*eft d'après la ieéture de ce paffage, que je me . détermine à vous envoyer mes obfervations à ce fujet. ^ Deux jnoi3 après mon départ de ^^rajaçei je pris connoiflfance de terres» entre . les caps Gpniàlvès & tie Sainte- Ç^itherine ; la force des coûrans dont h/direâion eft au nord-nord-oueft» fuivant exa^ement le gifement des terres qui iont ainli fi tuées, m'obligea de mouiller. Les vents généraux dans cette partie font du fud-fud^eft , fud- fud-oueil & fud-oueil y je fus deux mois âc demi daps j'attente inutile de quelque changement, faifant prefque tous les jours de vains efforts pour gagner du côté de Loango oCt j'avois afôre. pendant ce temps j'ai obferv4 ^que la.mer defcendoit dans la diredion ci-deflfus avec fa force, diepuis une demie jufqu'à. une lieue à l'heure > ^ \^ ont eu s doute lent au 9 pour e c'eft -, C'eft è, que rer mes part de eterrc[» Sainte 1$ dont -oueft 9 itït des [obligea ux dans l,fud- is deux utile de prefque ts pour i fa vois 3bferv,é iredion lis une ure» ^ irmftoin Naturelle. 47,5 qu*à de certaines profondeurs , les .« courans remontoient en deflbus avec ^ au moins autant de vtttflTe qu'ils def- ;«c cenduient en deflus* «c Voici comme je me fuis aflTuré de ce la hauteur de ces diflPérens courans. Réitérant l'expérience ie même 9> jour, jufqu'à cinquante bnaflès, étant » à la didaitce de un à fept lieues de ^> terre ; j'ai été furpris de trouver . lia » colonne d'eau courant fur la mer^ d> pius profonde à rai ion de la hauteur »3 du fond; fur cinquante brànJes, j'en 9> ai edïmé de douze à quinze dans la d3 première direélîon : ce phénomène 9» n'a pas eu lieu pendant deux mois » ât demi que j'ai été fur cette côte , » mais bien à peu - près un mois .en » diflerens temps. Dans les imerrup- »> tions, la marée defcendoit en total 3» dans le golfe de Guinée. p» Cette divifîon des courans me ût 9> naître Tidée d'une machme , qui o» coulée jufqu'au courant inférieur , » f)réfemant une grande furface 9. auroit » entraîné mon navire contre les cou- » rans fupérieurs ; j'en fis l'épreuve en \«^ aprSl es huit ît trois d-ouefl le fud- même ( , étant eues de iver . ià mer, hauteur îs , yen dans Ja lomèiae IX mois î côte , lois ,en iterrup- :n toul me fie [y qui érieur ^ 9. auroit iS COU- uve en a THïftotre Naturelle. 4/;^ & I <■' S' petit fur un canot, et je parvms faire équilibre entre l'effet de la marée les Navigateurs qui ont été da^is ces ce «> climats peuvent vous confirmer. ce z >- Je penfe que les vents font pour ce n <^ bçauçoup dans les caufes générales «c ^/ de ces e^èts , ainfi que les fleuves ce c qui fe déchargent dans la mer le long ce r < de cette côte, charroyapt une grande ce v quantité de tçrre dans le golfe de ce%> Guinée ; enfin le fond de cet^e partie ce^i^ q^i oblige par fa pente la marée de ce es,' rétrograder lorfqu^ Teau étant par- ce^^i- venue à wn certain niveau fe trouve ce 1^ preflee par la quantité nouvelle qui at^^ la charge fans cefle , pendant que les ce%^ vents agiffent en fens contraire fur ce c ^ la furface, la contraint en partie de ce •«' cojaferver fon cours ordinaire. Cela cer^-v me paroît d'autant pliis probable que ce « 1 la mer çAUe de tous côtés dans . cg «c t& f ^ /:• "" '•■..- T. .1 '^ u A< *■• 4>:8 '^ Supplément ^1 » ' golfe f êc n*en fort que par des ré- 9»' voiutions qui font fort rares. La Lune 9»' n*a aucune part apparente dans ceci , » cela arrivant indifieremment dans tous »' fes quartiers. 9»' J*ai eu occafîon dé me convaincre »• de plus en plus que la feule preflion »-de l'eau parvenue à (on niveau, s»' jointe à rinclinaifon néceflfaire du » fond > font les feules & uniques caufes » qui produifent ce phénomène. J'ai ^> éprouvé que ces côurans n*ont lieu »'qu'à raifbn de la pente plus 6\jt moins 9>^ rapide du* rivage^ & )'ài tout lieu de »"^ croire qU'ii^ né fe fortt femir qu'à »' douze ou: quinze lieues au large , qui » ' e(l réidignemént le plus grand le long » 'de la côte d'AngoIê , ou Ton puine » *fe promettre avoir frind. . . é . Quoique a» ' fans mèy^nt:ertaîn dé pou voir m'alTurer 9» que les courahs du lafge n'éprouvent 9> "^pas un pareil changement , voici la rai- 9> fon qui me femblé l'affurer. Je prends 9> pour exemple une de mes expé- 9> - riences .faite par une hauteur de fond 9» moyenne , telle que trente-cinq braffes 9» -d'eau ; l'éprouvôis^ jufqu'à la hauteur W es ré- Lune ceci, s tous aincre eflion veau y •e du eau (es ^ J'ai it iîeu moins ieu de ' qu'à i , qui elong puifiS loique iflurer luvent ia rai- )rend$ expë- } fond >raflès luteur à Miflolre Naturelle. 4^9 de^înq i fix braflès, le cours dirigé ce dans le nord-nord-ouefl ; en failant « couler davantage comme de deux à Ce dernier ob(lacle,'iI doic n^ceflaî- w renient décrire une courbe plus ou » moins alongée , juiqu'à ce qu'il ren- » contre ce courant du milieu avec le- » quel il peut ie réunix en partie , ou » qui lui fert de point d'appui pour » fuivre la direcflion contraire que lui » impolè le fond : comme il faut co* 1- » dérer la made d'eau en mon/eii u r » continuel, le fond ilibira tou;> u> ^ les >> premiers change^lens ccumie tianc » plus près de la caufe & plus pre/Itf,, ». fis. il ira en fens, contraire du courant »> fupérieur , pendant qu'à des hauteurs »> difiif rentes il n'y fera pas encore par- », venu* Voilà « Mo^iiieur^ quelles font 9> mes idéi^s. Au refte |'ai tiré parti 3> pijafieurs fois de ces coiurans ii^fé* 9» rieurs, & moyennant une machine 9> qu|S j'^i coulé^ à^ difFéremes profon- ».,deui:s.,. félon la (hauteur du fond où » je metrpuvois, j'ai rerao^ité, contre le >9 courant ^^périeun J'ai éprouve^ que » dans un temps calme avec une fur- » fac© trois f .'s plus *graiide que la » proue noy je Je: vaiue; -, on . peut j» faire d'un uers à une demi*lieue par ^: heure. v\, . plus ou l'il rcn- ivec le- 'tie, ou iii pour que lui t confi-; .;u'*i les \e tunt pre/Té,. courant hauteurs lore par- lies ionc ré parti is iijifé- machtne profon- fond où :ontre le uvé que me fur- que la on peut ieue par heure. à rtMûire Naturelle. 48 tç Kinirif. Jemeftiis'arRlirëâécelipTiifi^urs é if^if taitt p ar ma h^atbui' en hiMftidë ({ilé «é pur Àes bateaux queje rrràùlf lois dont « fe h!é m Wois ioaikkgcié dim une ce heut^e , tSc enfin pa^ la diHance é^% « pointes l« long de la Terre. » €es> ObfërVUfîoris de M. Deîfandes me pàroîfliifit' décifîréi V * î V t'ottftri$ avec pfaifir; Je ne pttfs ni^hW i(kz le remercier de tous avoir démontré que nte^ idées fur ce (li|et, n'étoienc jiiltes que pour le général, mais que dans quelques circonftances eHes fouffroiént des exceptions. Cependaih il n'en eft pas nrtofns certain que F Océan s -eft otir^ vert la porte du détroit' de' Gibraltar , & que par cûnféquent Ton né -peut douter que la mer Méditèriknjëe n*ait en même temps pris une grande aiigmentation par l'éruption de f Océaii. J'ai appuyée cette opinion ,rtcin^ «Seulement fur le courant des eaux dç i'Qcéan. d^n». la Méditerranée, mais encore ilir fa nature du . iferrein ^ ét^' la prrefpon4ance A^s mêmes couches de terre des deux cotés du détroit, ce qui a été remarqué par plufieurs Navigateurs inflrùits. ce L'irrujK Époques. Tome 7* X a- » ',1 f » yiùbU ^ îyidi^nte, aînG qu^ caUe .(fe ^ (4 tnei: ^f^i^f^ f>aj:i^4étFQÎtd€)&,P^^^ ?> claneUes;, où içj cçt^Qt «fl: tou|ours >?^ trJe$-vioi^nt> (^ 1|Bs, ai^^gles faillans & a» rentrans , des derax ; bof ds , très •* mar- ^^q^c^y-^n^ qjHNe 4a rt^èmblance des i oo>fçh^=de9fnaûèref cjui f$iEi|^ flP^itf/i , Au r^e^e^î'id^ de M^-Deilandea qui çpfifidere la me^ emr&r^rîque^r Amé- rique , ççmme un ; grand fleuve dont ie cpursefl: dirige versie nordroueA , s^ac- çprde, p^rfaite^em ayeQ ce que f*ai< établi fur ifi mouvement , des ^aux ym^m du jpple auflral enplu^ igr^nde q^^iiti^i qu« ^^^jLWyfae /dés' îles ^ lâes goîfes qui fe *tnuitipïîenr ^6u 'i'kg^kn^flerit autour du' Gtoàilàhd i 'ïl M; dffic^^ , di(«it " j /«/ 'Firt^gmwit £««rç: écrit*' à M. 4k r de i » '>.'■' nëçeft nellede llans & - mar- ce des cfes qui rAmé- 4oiu le t, s'ac- M. établi laim du lainer |*# ^'■'m fïî es qui autour (lîfént à M. Ile 4i lés Narf^téurs^ de ne pas (bupçbn^er^ que la mer ne refoulé, pour al|ifi direl' lies pôles vers FÉquateur : ce qui peét j&utoriiçr cette confeAure, c'eft ^ue fe ^ux qui montSif ufqu'à 18 pieds au cap des Étî^ts , ne s'élève que de 8 pieds | la baie de Disko , c'efl-à-dire, à i o degr^^s jplus haut de latitude nord /1^>/. -^ Cette olsfervation des Navigateurs, jointe à celle de l'article précédent', Tëmble confirmer éiicore ce hioiivemerit 6t$ mers depub.les régioné auflrales aux fcptentrionales oit elles font contraintes , par robftacle des terres, de refouler ou refluer v^'rs les plages, du; iriîdî.^^^*f^i Pans Ja baie de Ht^dfon , les vaifîèau^ çnt à fé préftrvei^ qes mbntagiies de glace auxquelles di^s Navigateuris ont donné quinze à dix - huit cents pieds «î'épaiflreur , & qui étant formées par un hiver permanent de cinq à fîx ans daiis de petits golfes étç^rneHe^nent reipplis de neige , ^n o^t été dé^çhées par les ve«ts de nprd-oueft pu par quelque caufè extraordinaire. ' ' ■ t>tv" -E ^^ HifteSre générai àtiyoyh^,.tome XlX^ X9 l< c^ / •BfM^Vpnt du nord r ouell qui règne prçfque' continueiiemem durant l'hiver & très-rfouvem en^.éié, excite dans la baie même des tempêtes efTrpyables. JElIes font d'autant piusg^ craindre que les bas-fonds y iônt très-communs. Dans les contrées qui bordent cette baie , le Soleil ne fe lève, ne Ce couche ja^iais iàns un grand cône de lumières : lorfque ce phénomène a dî^p^ni» l'aurore bo- réale en prend la place* Le ciel y eft rarement ferein; Cl dans le printemps & dans l'automne, l'air eft hàl>itueile<- jtitnt rempli de brouillards épais ^ âc durant Thiver d'une inanité de petites flèches glaciales fenfibles à l'œil. Quoique les chaleurs de l'été (oient afièz vives durant devix mois ou fix iemainesV (e tonnerre & les éclairs font rares fc/!^^ ^ La mer le long des côtes de Norwcge qui font bordées par des rochers , a orciï- .dinairement depuis cent jufqu'à quatre ^ cénrs braflês de profondeur y ôc le;s eaux font mov)s (âlées que dans les climats plus chauds. La quantité de ppidons ^ " . ; .■"' < •' y de ,<^■ >• a VHiflohe Naturelle. 48^ %ulle%x'doiit cette mer éft remplie ia yerid i gmife au^ {)oint dVn être ppei<]ue InflaitTinabie : ' Lfe .ftax i>*y éft point confidérable ; & la plus haute marée n'y eft que de huit pieds (d)j' ^ ^-^i\^ 'V ^''Oii a fait dans ces dernières années; quelques obTer valions (ur ia tempér4ture des {erres & des eaux dans les diinats les plus voSfîns du Pôle boréal. 3 ^ ' ^ ce : ce Le froM x^omnience^dans' le Gréent land à la nouvelle - années & deVieni « îi perçant aux mois de février & ^e «c mars, que les pierres le fendent eh «c deux, À que la mer fiimé comme ctiuige ea .line e^ète dé vérglfts> » que le yeili'^diQ>erre dah» fhofizohy >»/ft qiir tiniA un Aoid fi piquait, •9> qu'on ne f^eut fbrtir au grand air (ans 9» rilquer dr'aVoir les pieds & bs |iaiils a» entiètekneilt i^lés.Ceft dans çenè ^ 'fiûAn que i'o^ vcot slè^r Téau fur » le fab afvam de':boikttiir t c'eft alori JB i^erkfVei' paVe un chemin^de glace •m jhir la met- , entre les îles voifines » B» & dans ks baies At les détroits.. . • hk pies beHe iàifon du Groenland éft f'autoniile ; mais fa durée eft courte» ■» & fôttveht interrompue par des nuits ■M )de::geiéea^très-froidies. C'eft>à peu* » près dans ces te^ps->là que , fous une 9» lÉmo^bcre noircie de vapeurs, on M KTOÎties brouiiliâ'ds qui fe gèlient quel- » qûefbisjulqulau verglas, fermer fur 9> iamer comn^ un tifm i^acé de toile 3» d'araignées<; & ^a^Sis les campagnes 9> changer fair d irizoh, Ittality ir fans ^ains m fur l dori glace fines, • • • ënlaod ourtè% s nuits i peu* lis une 'S, on t quel- ler fur i toile »agnes où le >lables Ojfiia.vdiiaNiud pins d^une fois.^ <€ qn^ le teAipjbil&^ktKitfon^ prennent a 4in9ï ii(rCco«tilai9id uoffi température^ << oppo(^« à €eUév>quii iàgne^dairis.;u>u^e ^ « l- Europe ; en > fortç :ii|ue ûx i*hlver left « très-^îgoureuxi dans Ita cianats tem* « p<éré$« il eft doux au. Gcoënland ; & « très -f vif enLiceme panie du: novc| , <• quand il eftile^pius ino4iéré^dajisnos) ^ contriées. A) la fih dé hy^^^y f biver r< fiit fî doux< lia baie de.Xàsko.|.que «c its oies paflfttrent aujtiois. de janvier ce Aiiv^ant , de la zone tempérée dans re % Juiqu'ail mois de maL^ 4 • ,.^i ii:> «c De même, l'hiver, de 17^^ , ^> ce ftit exirémement froid dans toute « l'IEiivope'i & fit. fi. peu &nti» au. «c Gi!oënîeind||fqu*oh ^i^ vu iqi^elq^efois « des .étés moins doux (c}i iityl m^, c -^ '"<"'"t1 :2ji. 5 ^f/Hîftôii-e générale dtt! Voyages ,&ri7^1 m; .♦v.. / ^ v^ > 1 ts t: *-' 4.88" 'Simplement ^ Lès; y^oyageuri nous aflfarent ^ue dans» ces iiiej;siVoiriiiâs d\x jQ^dëifrkiKiV il y aidesi nM>magaes de glaces ^o^tailted frè&<^liaui«s » .& d'aatres glaces iBottames conÉne ides! radeaux ^qitii ont plus de ;aoo toiiès de longueur fur ^o ou 8 a de largeur^ mais ces glaces qui formeni des plaines immcnfes Aurlamer^ n'ont communément que 9 à 172 pieds d'épaif-^ feur : il j^^roît qu'elles fé forment iminé- diateme\it fur ia furface de la mer dans la faifbn la plus froide , au lieu que les autres glaces flottantes & très-ékvées iriennent de la terre, c'e(l-à-dire , dei environs des montagnes Â; des c6tesi; â*oii elles ont été détachées -&t (roulées dans la mer par les fleuves. Qei dernières Î laces entraînent beaucoup de bois y qui )nt enfuite jetés par la mer (br les côtes orieni4es du Groenland: il paroit que ces bois ne peuvent venir que de (a teure de Labra^r»* âc non pas de la iNorwigp 9 parce que les ve#f dw liord^ efl , qui font très-violens dans ces con-* tiées» jrepouflèroient ces bois, comme U^ courans qiii portent du/ud au détroit dé Davis ai à la baie de Hudfûn, arrê-. teroie |ifl ,^ t i - ^ cWijfoire Naturelle. '^%^ teroiem^putce qui peut venjr 4e i' Aîné* rique aux c6te$ du Groenland* (^ -^^ \ ;^, La! mer coinmence à charroyer • dçf glaces au Spitzberg dans les mois d'avri[ & de mai ; elles viennent au détroit de Davis en très-grande quantité , panie de ia nouvelle Zemble , & la plupart |le long de la côte orientale du Groenland , por- tées de i'eft à i'oueft, fuivant ie iijpur vement général de Ja mer /^A';i...r ' - i L'on trouve dans le voyage du capi- taine Phipps , les indices & les faits' ^'vans.^ ... , . ^ ,.. :^,,/,; ^^ ^. j tattts d'éàu n'étoient pas lotis geiés ; » c'était le 26 mai ; de que Teau en > étoit cbiice : il dit aùifii qu'on aifrhre^ » roît auili-tôt au P6{e de ce côté , que s» j^ar iont autre chemin qu'on poUrroit » trouver ^ pài'ce x{\it iè Sdeîi produit ^ tihe grande chaleur dank ce ciiniat, > èc p^ee que les glaces ne font pas M d'une grolîèur aufli énorme que ceHes » tju'il ivoit Wts vers le 73.* degré. 3» F! ttiieurs autres Voyageurs ont tenté ^ dés voyagfes au Pôk^iônr y découvrir it^e dàflàgë y'maîs tmètin h'a réufli. .ma ^ Le 5 julUfet , M. Phipps vit dés glaces Iki quaittîté ve^s lejo"* 34' de latitude; le iènips étbit brumeux ; Aie 6 juillets il èbn^tia ifà route juiqu'au 79** '59' 39", éhtré ia( terre du Spft^berg i& les glaces: Iè 7" il continua de naviguer entre des placés âokantes , en cherchant une ou- •^ferture au nord par où il autoit pu entrer <$»ns une iner libre; mais la glace ne formoit qp'tine feule mafiè au .nord- w nith fut Izberg, il aVoit & les geiés ; eau en alrnre- té , que >6urroit t^roduit climat , bnt pas e ceHes degré, it tenté couvrir t • i» fglaces ude;Ie illet. ii ?. 39» giaces : tre des ne ou- entrer ice ne .nord- entièrement gbcér ; en^bne* Ic^ toute» les tentative» de Mi. Pbîpps pour 'ifoÉivei^^'f un paflTage ont ^ infrti^eu(es. * > *^^ «c Pendant que nous ^flluyions^> (fit ce Navigateui*, une violente raffàle, ce le 12 feptembTe^ ie ([ibé^eur I^iftg^ ihefura la tempénatuve^ de- la iner ^ dans « cet iétat d^agri^^n I âc H frmivii ik qu^elle iétûit beaucoup plus cliaudeque «t celle de ratmofphèré : cett^ obferva- «t tiùiii eft d'autant plus 4ntéreflknte , <( ç^éWtitîi icon^rme à un pftflfa^ des « Q^i^iom; naturelles de i^iutartiue y où ^ il dit que ia mer devient x^iiêé^i^i^Ç^^ ^dle^4i^éejp4r krJlètslw.'^- , «t au printemps qu'en automne; ii ^ «c doioc prObà3>^ «que fi riôùs aViôiià âS^ «ic à'ia fvoDe phis #^, nous aUnohs «u^ eârialiam le>teiiipt'«ti(n Tnauv^S'^c{i)'ii^f^ i^a'iétécià ^re^4sei|fcHi^. ^ 'Et iconÉne Mv P£ipp^\eft paitiui^i^Dgfetehré à là ifi^^é mai:, il .oroi^ qu'il 4i p|[^té ^ ^lar âifea ia plusiavôrabie'ipottr &h expédkioiil ' ^ , >ipl^î^ft| la m^f on veétft «u nord' , parc© » qi^lo^s^a ç^^9^9{ii dH rayons du Soleil j» a prpduit totlt fon effets & qu'il refte »l^d'ait(e^r^jiini^ ^0S*z grande portion d*eté a» pour, viflterl^s mers, qui font au nord ,;, !Jei/iW^ i çtitfc^re^wnt' du! mérae.'ttvis qije ;,<^t; i||ibijç ^f^vigateai"'» & je ne . crpis;:p8(s que l'jçHpéjfiiioni 9Û Pôle puifîè le renquveler fi^veCf ruccèîJ^ ni qu'oiiarrive îamai& 2^ilr:d«|àidu^8u ovt%y,^ degré. On îUîîir^^ mi*tt%f îliffe^u dw poiit iJelS^'hilby , »eirà» :JM àW* ^^* ^ *gté - iaàs» u-ouvér ^e glacçs, a/Tf ;ï)S>irH&j)9i46ig€ttëir >Iîi haVij* gatip^jàlP^ cU^i^uS un, ciapitainip) i?o- 2'^/foi>ii do^iH wle rJQttrîial fkif foi; qu'en i77f5 ft ?tv» A cette époque ime ardeur nou^ » yeile iàit recommencer les travaux , de » enfin arrive la fameuiè expédition de »> 1746, d'où l'on voit fordr quelques '•clartés après des ténèbres profondes 9» qui duroicot depuis deux fiicles. Sur >» quoi les dfruiers iNiiyiga|ieurs\iSMident^ i» iisude meilieunes jelJBéranoes tD^apvès 9» queUes léxpénettces^ ofent-iis fermer » kurscoiiieifttties:riâ'ieft cequimériie » une difcuflion. M Trois vérités dans HiiRoire éà la n Matai» ., doivent pafler déformais pour »» démontrées. La première eft que les n àianée&A^iDnQentÂf Océan, dtqu'elles » entrent plus ou moins avant dans les » autres mers 9 à\ proportion que 4oes>di<^ 99 vers canaux communîquem «vvec j« •ip grand réfèrvoir par des ouvertures ,» pli^s pu inoins çonfidérfl^ ; fi'où il '»_ s*enfûit que ce mouvémeru. jpéàiSoq^ E i* tf. • • # * à rtli/foire Naturelle. 49 nVxifte point ou ne fe fait prefque Î>as fentir dans fa Méditerranée , dans a Baltique, & dans les autres golfes qui leur re/iembient. La féconde vé- rité de fait, eft que les marées arrivent plus tard & plus foibles dans les lieux éloignés de l'Océan , que dans les endroits qui le font moins. La troi- fième efl que les vents violens qui fouflfent avec la marée la font re- monter au-delà de ks bornes ordi* iiaires , & qu'ils la retardent en la idiminuant , lorfqu'ils foufflent dans un fens contraire. f D'après ces principes , il eft confiant que fi la baie de tiudfon étoit un golfe enclavé dans des terres , & qu'il ne fût ouvert qu'à la mer At- lantique, la marée y devroit être peu marquée , qu'elle devroit s'afibibiir en ^'éloignant de fa Iburce, & qu'elle devroit perdre de fa force iorfqu'elle auroit à lutter contre les vents. Or H eft prouvé par des obfervatioiis faites avec la plus grande intelligence, avec la plus grande précifion , que la marée s'élève à une grande hauteur «Sans toute l'étendue de la baie» U 5 ce c< ce •c ce ce ce ce ce ce ce ce ce des faits fi frappahs en fupppfant un^ » communication de la b^e d'Hudfpn ?> ivec celle de B^affin^, avec ie.détr^ijt » dé Davis , fe (ont manifefl:^me^t e'garés^» » Ils ne balanceroient pas à abandonner d3 leur conjecture 9 qui n'a d'ailleurs aucun x> fondement, s'ils vouloient faire atten- » tibn que la marée efl beaucoup plus 3> baHTe dans le détroit de Davis» dans la » b^ie de Bafïin,que dans celle d'Hudfon^ » ^ Si les marées qui fe font fentir dans » le golfe dont il s'agit , ne peuvent » venir ni de l'Océan Atlantique, ni >3 d'aucune autre mer Septentrionale où » elles font toujours beaucoup plus foi- » blés, on ne jpourra s'empêcher de penfer p> qii'elles doivent avoir leur fource dans ^ h mer du Sud. Ce fyftème doit tiier 'VI' ^y - fi,: a. % :3' . '■li^'y r-k plus baie ni fHifîotrè Naturelle. 497^ ttrfjrâftd appui d'une vérité incohtef- ce %ah\t^ c*eil qiie les plus hautes maréeli a qui fe fàûent remarquer fur ces côtes , iuffient direâemem rû.iâm^ . ^ '^ Après avoir conftaté autant que la c< nature le permet , l'exiftence d'un ce pafîage Jî iong-temps & fi iniitilement û defiré , îl relie à déterminerdans quelle 3^ mer du Sud. -«î» aoL II eft raifoiinafafe de con^ qui |<^ perdjsnt diam h cém occidentale a» de la. baie^ 4^Hudibn> (ont foiibfes ôà % petites , ce ç|ui pfM^iti prouiiser qu'elle» 3a ne viennent pas: de ioin-» & que pac » conf^qu^ni les terres qui féparem les aa deux mers^m peu d!é|endue: cet ar^ a> g^i^ent .^ ipçti(ié.pi|r h focob ât la » r«gulamé ,^e| maritfefe Fat*«»>t oui le ap âu9^ 6c le reflux Q^Vv^i^t des temps 2> à peu-p^ès ^gaux!>^iKec lafeuie/difië^, at» rence qui eft occÉkJîpnnéepar le «etar?^ 3> dément de la Lun^ dans ibn retoui » au méridien , on eftaflur<^ de- la proxi^ 7> mité de l'Océan- 4'oà viennent ces as marges. Sî te palT^gp eft court ^ & qu'ji aa ne (bit pas avancé dan^ le Nord ^eomme » tout l'indique, on jçit préfumer qu'il êf n'eft pas difficile; la rapidité des con*» aa fans qu'on obferve dans ces parages, t;. bplmr temps retouf Dt ces omtns r qu'il s cou-» rages, glaces à fHifloirê Naturelle, ^pp de 9*y nirèttr , ne peut que donner te du poids à cène (îon|eâure fij » ^M H Je crois y ayec cet «xceilem Écrivain , que s'il exifte eti effet un paiïàge prati- cable, ce ne peut être que dans le fond de ia baie de Hudfon & qu'on le ten- teroit vaireraent par la baie de Baffin dont le climat eft trop froid & dont les côtes (ont glacées fur-tout vers le Nord; mais ce qui doit faire douter encore beaucoup de rexlftence de ce paflage par le fond de là baie de Hudfon , ce lont les terres que Bering & Tfchirikow ont découvertes en 1741 fous la même latitude que la baie de Hudion, car ces terres lèmbient faire partie du grand conf-^»"^ tinent de i'Àmétique , qui pa|roît continu fous cette même latitude jufqu'au Cercle polaire ; aihfi ce ne feroh qu'au-deflbus^ du 55/ dçgré que ce palTage pourroit aboutir à la mer du Sud* ».,,.. ':*t .3V -m.. Aif''»-* -m Sur la mer Cafpienne, vol, II > page 1 59.^ A tout ee cfue j'ai dit i>our prouver que la mer Ca^ieniie n'eft qu'un lac , '1 - - — •- •• " — '-^ — ' ^//Hiftoirephîiofophi4ue& poii^ue, tme VI, ptigt 12 1 if Jm* I / av n ^O^V : "Supplénteiil ^k : > ^ui ïi'a point de communîcàuon avec rOccaii & qui n'en a jamjits fait partie , ye? puis ajouter une réponfe que j*ai reçue de l'Académie de Péterlbourg, à qtiel^ ques quêtions que j'avois faites au fujet iJe cette mer. ^ -^ H ' ii<,f». ^^ Augufio 174S \ O^obr, y , &c. . Can-^ iftfarîa Àcadcmi'œ Scientiarunt mandavit p Ùti^rachànen^s Gubernîi Canallûria rep péndîfn adjtqùenila, i, Suntne voriîces in mari Cajpico nec ne! 2. Qjuœ genefa pîfcîunt Wùd tnhabitant ! Qùomodo appellàntur / Et tan marin t tantùm aut à^ Jluviûtiles ibidem reperîantur! Qitalia gênera concharumî Quœ\ Jpeciéà oftreûrum & cançrorum occurrimt f Qùa ^gênera fnarînarum avium in ipfo mari eut circà illud verfantur! ddquœ Afirachenfii CanceUaria d» i j Mort. ij4^ , fequen^ iièus refpondit. [- ^* Ad i in mari Cajpico vortices accûf- runt nufquam , hine efi , qiiod nec in mappis marinis extant , nec ab ullo qfficiaiium rd *\ Ad 2 pif ces Cafpium mare inhabitant; Acipenferes , Sturiou , Gmely in Siruli , Cyprini clavati , Bramœ , Percœ , Cyprini ycntre acuto , ignoti alibi pi/ces, tinca, ■ f .: ** ' ■• ' > ■■ ' V \ ' , -**/î -iî -^i . 1 afHtfloire Naturelle, jof faîmones , qui, ttt e mari fuvios intrûrc , ita ■ Ù* in mare cjluviis remeare folent ; . , i^^Ad j concha in littoribus maris ohiià i ^uîdem font , fed parvœ r candidœ , aut ex vnâ parte rubra. Cancri ad littora ohfet* yantur magnitudine flmiatilibus fimiles / 9ftreœ mtem & capita Medufœ vifafont ' Ad jf aves marinai ^ua elrea mare Cafpium verfantur font anferes vulgnres & rubri , peiicani , cygni , anates rubrœ & nigricantes aquila , co/vi aquatici, grues m^ plateœ , ardece atbœ, cinere^e & nigricantes ,' ciconiœ albœ grmbus fimiles , Karajvaiki ( ignotum avis nomen ) larorum ymœfpe* des , Jiumi nigri & latexibus albis injîar piearum, p'hajiani, anferes parvi nigricantes , Tudaki ( ignotum avis mmen ) albo colore preediti^ ''Kis^^i^:^ Ces faits qui (ont précis êc authen- tiques , confirment pleinement ce que j'ai avancé , favoir ; que la mer Caf- pienne n'at aucune communication ibu« terraine avec l'Océan , & ifs prouvent de plus, qu'elle n'en a jamais fait partie, puifqu'on n*y trouve point d'huîtres ni d'ai^tres coquillages de la nier, mais feule^ient les efpèces de cieux ^i font .(\- I / y :•"#»*_; -v4" V: A I • t t. 502 Supplément dans les rivières. On ne doit donc re« garder cette ^ nier que comme un grand lac formé dans le mibeu des terres p>arJes eaux des fieiives, puisqu'on' n* y trouve que les mêmes poiflbns & les mémei coquillages qui habitent les fleuves , Se point du tout ceux qui peuplent l'Océan ou la Méditerranée. "^i/A- '. , ^ • ;v^ ;:£^,:^ ■V '•V d'* V'-tj.J,**«i> Sur les Lacs f aies jdè TAJte.\ •'■A fi ■U i v: Dans h contrée des Tartares^ Ufiens , àinfi appelés , parce qu'ils habitent les bords de la rivière Uf , il Ce trouve , dit M. Pallas, dêsr kcs dont l'eau eft au« jourd'hui faJéé, & qui ne Tétoit pas autrefois. H >-■ ^, i •m 'W j i#J| ', VA \1 5 V i s à tHiftoire Naturelle. Jôj fe couvrent d'un Tel amer qui s^élèvé connue un tapis de neige à deux pouces de hauteur ; le lac faié de Korjeckof {fournit aimiiellement trois cents mlUé pfîeds icubiques de ièl (k). Le lac de Jenpu-^en donne auffi en abondance. ^' [ * -,-■ Dans^M voyage de M." de l'Aca- xiéiniedeiPéter^boupg, il eft fàitmentioit du kic iâlë de Jamulûba «il Sibérie; C6 lac i qui «ft i peu-près rorid , n'a qa'eti- w^ neuf lieues de> circonférence. Sê^ i>ords font couverts de fd & le fonâ Fe^ i ce qu'ibà' ditg^ prte 4^Ma^b & dans Vîlû de «Cypnret là iLdr*- jneca; €eoirindekttier. Là iralk^e de fet. de Balrd n'^tam pâ loin 4e l'jEu|ihcatej poucrQît être jabour^e ^ fi Vo^ea&ïC^X COu)er les eaux un bo^ :fel pouria ci^fîne^ |c même eti fi grande tité qae les vaî^ùx dé Bengale argent en rTiÇtQur pour left fij* -y •*mm0tmmm»^ V^^I)ercrîptKitii ie l*An^c, W M. ^icM». il #' •"#, f'4.Ar.y.^ ^v.^)-;'::;; ).- t:/ ^■V: •;>>■;■, |--.*V«-.--'.:t*^ ■ i-' ■.. .-.'si '.■■:>?-■.•-;■ ';< • .-.1 „. :U, f.-A.^^ I • ^^,i^^ mM^'i ^j^^^i^ -"mL elt celui efi: tous n'ea {pour prés sèt h La loin