IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 1.1 1^121 12.5 us KS U I L£ 12.0 1^^ 1^ 1'-^ 1^ < 6" ► <^ ^< / Photographie Sdences Corporation 33 WiST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14SS0 (716)«73-4S03 CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHM/ICIVIH Collection de microfiches. Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques Tachnical and Bibliographie Notes/Notas techniques et bibliographiques The Institute has attempted to obtain the beat original copy available for fllming. Featuras of this copv which may be bibliographically unique, which may alter any of the images in the reproduction, or which may significantly change the usual method of filming. are checked below. 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T t( T P o fi O b tl si o fi si o T si T ^ d ei b( rl( rt m Les pages froisiéei peuvent causer de la distorsion. This item is filmed at the réduction ratio checked below/ Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous. 10X 14X 18X 22X 26X 30X J 12X 16X 20X 24X 28X 32X The copy filmed hère hes been reproduced thanks to the generoeity of : Seminary of Québec Library L'exemplaire filmé fut reproduit grâce à la générosité de: Séminaire de Québec Bibliothèque The Imagée appearing hère are the beat quality possible considering the condition and leglbility of the original copy and in keeping with the fllming contract spécifications. Original copies In printed papar covers are filmed beginning with the front cover and ending on the iast page with a printed or illustrated impres- sion, or the back cover when appropriate. 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HISTOIRE NATURELLE '■^^/r-^ DES POISSONS. 1 1 */-■ '-Vl.».i,:. ._J^-' \ \ "WMéM sii'ïi^ïsiïî ■ :^v^pËf lu , ■<, . 'i-. -■> i iMtï I' / ' •\ '■ y. \ w ■ \ t t > i; ■■ A- V. VI ,1- »• .r- "• il. .• \l ■ < HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS, avec les figures dessinées d'après nature PARBLOCH. Ouvrage classé par ordres , genres et espèces , d'après le système de Linné ; AVEC LES CARACTERES GENERIQUES; Far RXXTi-BlCHARD CASTEL , auteur du poëme des Plantes, TOME m 'fî 'I I »* i I>E L'IMPRIMER! A P A Cliez Deterville , r AN I r ! il .■-M l m ! ) f } hi f VI. ' ' «V '.SI -V^."*' .:i-«i»«WHft 'r ■C*>v-«iJ., ,\ijf^-' ai'f ':^^x.mBm.mt Vff- » ,5,, ,|, ^.O-ilS JS'âl' •♦*-!l W . V* .';;^^v?f:V^ ir.i ^•'#iî:î^ ï^^? ^*;. ..^.. '««<., r I ♦>" '^ 'ï ■'-:i ' /'■■ ■»; V <-^ ;.t \ m^i. «-ék -^e!^ -;: ■î.- *-■ ->-^^^ . ■■'Il ; . ijA ;'» • « \ 1 tl: #■;'.■■ I ( w A f r •:î^v. 'à:^k. . I ■: ..'S.':, i,,, «:v 4'' ■^- ^ :'#'T . 'V •'^•^ .i**" / i:^^r| '*, ■ • tf^ ^"^ '■■ ■ '**'** .;j-K95aSiaB«»«»>**« Tonv. FH. Vv ' il >:, \\ Deifeoe de/. ^e^ FUlaiiv Jcu^. X . LA SERPE . a . LK ROTEÎfOL.K . 3 LA ROSSE . 4. . LE l^ASE . V^ ■. . I / fH. I )"i y. - •. .. •.'■■.■ ( -•■«• » Ml w»^> .' ; ' 4} . ■ i, ■! - , i > j i ^ ■■■t., '.i ^ , \' «^,..i^*j{*r,,- i.>f -) f. Jr .'•*-/, ,1^^ :^. f*.i,.i>^ ti^f ï'*<»i«$.*V.ï-% 'VU. 1 ! h n r) %. ■xMOfMH) / '< > « .•« ■,r s». ,, ..» , ■ 'J^\ ^i' 's f ■' . '*V I '■'f rt ■■.■:■' - ^ ■■-.A'- '--'%' ^»l^ ' '\ ■r; - I ■*•■' «ri iii^l u. >AC m- 1 f / n •y ■ 1 i; ^ i *■ * - • i V. Wi ■.♦s . *^ -/*-: ^1^ }>■ (..w «% % ^^^^%»^»^<^|^»^^»%>^»^|^|^WM^^<%»^I^^»^^»%<^||^^^^ HISTOIRE NATURELLE M lïi. 1 t n.DES POISSONS.,... E 1 -*l L X V G Ë N R E^)^:^ 1L< A SERPE ; Gw45TXA0PSLXCCr5. ,f Caracûre générique. Deux nageoires au dos ; le ventre terminé en arc LA SERPI!, GAaTKRopsLEcua sTERjrzeZjt» "t^ *,t Les trente • qaatre rayons de la na- geoire de Panus , sont le caractère dis- tinctif de ce poisson. On trouve trois rayons à la membrane des ouies, neuf à la nageoire pectorale , deux à celle du ventre , vingt-deux à celle de la queue , onze à la première du dos , et deux à la seconde. La tête et le tronc sont fort compri- més des deux côtés ; et d'une belle cou- Poissons. VII. .1 .il ( , !, V! ^r j>- WiiUnlIÉirM, i^^ . ». "V ■ » k 1 ( V a *' HISTOIRE NATURELLIÇ ' -" leur, argentine, dans laquelle se joue un bleu d'acier. L'ouverture de la bou- che est grande, ainsi que les écailles, à proportion de la grosseur du poisson. La langue est blanche , unie et épaisse. Les yeux sont grands, ronds , placés près de l^éuverture de la bouche , et ont une prunelle noire , entourée d'un iris argentin. Entre la lèvre supérieure et les yeux, on apperçoit les narines. L'ouverture des ouies est large , et l'o- percule des ouies est uni. [Depuis la gorge jusqu'à l'anus , s'étend un os tranchant , qui est aussi mince que du papier, et qui, par son tranchatlt et sa forme arqtiée, ressemble à une àerpe de jardinier ; c^est pourquoi je lui sti donné ce nom. Cet os, ainsi que le tronc, est couvert d'écaillés. Il sert de point d'ap* pui à la nageoire pectorale, qui est lon<> gne et qui a la forme d'une faucille ; celle de la queue est fourchue. Tontesi les nageoires sont grises.* *-^^^^^ '^ * Ce poisson doit nager avec beaucoup •'tm immm»>'m> J'-'l '''"T>;i}^''7I^W'' •, en. D £ L A s £ RF E. 1> àe promptitude , car il n'a que pea d'obstacles à vaincre. Sa patrie est la Caroline et Surinam. Il est du nombre des poissons voraces , comme on le yoit par les dents dont sa bouche est garnie. Mais comme il est petit , il ne doit se nourrir que du frai des antres pois- sons, de vers et d'insectes. Du moins ceux que je possède ne sont pas pliia gros que te dessin que j'en donne sur la quatre-vingt-dix-septième planclie (i). On voit par cette description , que ce poisson n'est semblable à aucun de ceux connus jusqu'à présent. Le ra> soir que j'ai décrit, est celui auquel il ressemble le plus, à cause des troi^i rayons de la membrane des ouies, du peu d'épaisseur de son corps et de son ventre tranchant. Mais les dents dont $a bouche est armée , l'excluent dit l^enre des carpes, auquel appartient le rasoir. Ainsi Gronov a eu raison ■ {',i! (I il /i (0 Edit. in- fol. ■-* ■ i — <•- ■ «M^SSî^- IJJPH *,■!? "*,'"'' 4 HISTOIRE NATURELLE d'en faire un genre particulier. Mâîs il s'est trompé en lui refusant les na- geoires ventrales , en ne donnant que deux rayons à la membrane des ouies, et en ne faisant pas remarquer la se- conde nageoire du dos. Après quoi liinné a fait la même chose ; et ce grand naturaliste a commis une nou- velle faute, en le rangeant dans la classe des harengs. Linné décrit un autre poisson semblable à celui-ci, qui se trouve dans le Recueil de V académie de Stockholm , et que M. le professeur Pallas regarde comme le même pois- son que le nôtre. Mais dans la mem- brane des ouies et dans la nageoire de l'anus, le nombre des rayons difiPère trop entre ces deux poissons pour qu'on puisse croire qu'ils ne font qu'une seule espèce : car Linné compte six rayons à la membrane des ouies de son poisson, et cinquante- trois à la na- geoire de l'anus ; au Heu que dans les six serpes que j'ai examinées; je n'ai ^^Jusi- I. r»l»«i*lii|W«*»»i<"»«" les lai \^ h h LA SERPE, trouvé que trois rayons à la niembraiio desouies, et trente-quatre à la nageoire de l'anus. Cependant, si la remarque de M. le professeur Pallas est juste, et que ces deux poissons ne soient qu'une même espèce, nous devons à Linné la découverte des nageoires ventrales; et dans le cas contraire , c'est M. Pallas qui les a observées le premier. Cet habile observateur a aussi découvert le pre-- mier la seconde nageoire du dos ', mais comme il n'y a point remarqué les rayons, il la prend pour une nageoire adipeuse , et met par cette raison notre poisson dans la classe des saumons. Ce- pendant , les rayons de la seconde na- geoire du dos, et ceux des nageoires du ventre , sont si délicats , qu'on ne peut les appercevoir qu'au microscope , de sorte qu'il n'est pas étonnant queGro- nov et Kohlreuter n'aient pas remar- qué la dernière , ni Pallas la première. Statius Millier se trompe , quand il dit que la serpe n'a point de dçnts Foissoust Vllq 9 Ui' r ', s H m i. h h il Vi\ i .7 ^ ''— *'^-*.,e*..4J ^Njfc^ f I 1 € UréfOIRÊ NAtHilELIiE Qiv.idxnsm «.I ù iu'iuY-ïvï i<-iM'>»J •t,it^;^ViM*-t > » Il i| I 1 II ^ '■k ■•*.■< rf. ! ,- ^ ■r:fHî'!fî^'"ï .^ftn^-'i DES CARPES EN GÉNÉRAL. v; 3»"i •tk'O liKs poissons compris Mtt« de genre » soQt nommés ordinaire oiient poissons blkncé^ et cdrpes pair les artténrs sys-* térmatiques. ïh ont lu têto applatie des deux côtés , le corps couvert d'é* eai>lles Manches et brilkntes. Une partie de» poissons de ce genre sont étroits , aïotigés , et les anires sont hirgès f courts et minces r ce qui a donné Fidée à qael tii'é', une derrière Fanus et une à la €(nent ou à Fexlréinilé dil cotps. Lo front est noirâttè et large >lo dos ar- m t .|> DES CARPES EN GENf RAL, f que, noir OU Yerdâtre, les côtés et le ventre sont de cpuleur argentine , et Jaune chez x|ue^[ues*un8. Jua ligne la- .térale coniinence à la nuque. Pans 1(i plupart y eUe forme une courbure vers Je ventre , et linit fn iniUeM de la na- geoire de ;k . q^eue. L'ouverture de wiée par Tvinion des jQuic3 de obaque côté. Dans le gçtsier > il y a der petitaos ^raboteux qui jsetvenf au poisson à tenii^ ferme les corps qu'U vçut avaler. Sous ï r I ■j h u\ ifk .i . .tf^* A.» t ihv • «k »■„ . f-r -, 1 t M ' HISTOIRE naturelle' les ouï es , on remarque deux mâchoires garnies de dents , dont nous avons par- le ; mais comme ces dents ne sont pas delà même forme et en même nombre dans toutes les espèces de ce genre , 3'en parlerai à part dans la description de chaque poisson. Ces poissons n'ont point proprement d'estomac : le canal des intestins commence tout près des /dents , où il est le plus large, et finit à l'anus. Dans la plupart , ce canal n'a que deux sinuosités; dans quelques antres il en a trois et même quatre. LiO foie est formé de deux lobes de dif- férentes longueurs. Dans quelques es-» pèces , le fiel est d'iin fond vert foncé ; chez d'autres il est jaunâtre. Dans le ., premier, cas il est 'plus àmér , dans le second >il l'est moins. La vésicule aé- rienne est blanche, brillante , ronde , et divisée en deux parties de grandeur inégale. Les ovaires sont doubles aussi bien que la laite. Le temps des amours est ordinairement en avril et mai. Mais \_ ' DES CARPES EN GÉNÉRAL. g tous les poissons de la même esphce ne fraient pas en même temps : les gros frayent plutôt que les petits. ^ j Ces poissons vivent de glaise , d^ar»» gile , de craie, de ver», d'insectes aquatiques, de plantes et de fumier. Quelques-uns avalent aussi de petits poissons. Ils mordent ordinairement à l'hameçon. Mais comme ils ne cher- chent pas tous la même nourriture ', il faut avoir égard à leur goût quand on pêche à la ligne, et l&ur mettre un appât convenable. On prend, par exem- ple , le vilain avec des pois cuits , l'or- phe avec un morceau de hareng , et la carpe avec un ver. "mf''mntnt i i »? r La plupart des poissons de ce genre habitent les lacs et les rivières. Quel* ques-uns , comme la tanche , la gibèlo et le carassin , vont aussi jusque dans les marais; quelques autres , comme la zaerte et le nase , entreprennent des voyages considérables.^ m^ ;;ï%i -f- » jb*. ^ Au printemps ils sortent des lacs^ \ V h f Ê \i .* * Ji l • ( 1 t i to HISTOIRE NATURELLE fl pour passer dans les rivières qui y com- muniquent, et reviennent après avoir jeté leur frai. > Ces poissons appartiennent sur-tout aux eaux douces de la partie septen- trionale dé )'£urope. Voilà pourquoi ils ont été inconnus aux Grecs et aux Romains, à l'exception de la carpe commune dont parlent Aristote et Pline. A la vérité, on trouve dans leurs ouvrages les mêmes noms dont se servent les naturalistes pour désigner plusieurs poissons dont nous parlons ici : tels que Leuciscus, Ballerns et Pho« xinus : mais Pobscurité de leurs des- criptions ne nous met pas à même de juger s'ils ont compris sous ces nom s des poissons du genre des carpes ou de quelqu'aulre genre. — ^'' ^i^w .^.. ., Ansone , au commencement de son poëme, parle des poissons de la Mo- selle: : il nomme le barbeau , le goujon , la tancliè, la veblette , le cépbale ; Bêlon ; la rosse ; le véron , le spirlin , *«r^JW»f* > .*-ii*»?»- •-*««-»*• - D£S CAHPKS EN GÊNERAI.. l f ]a brème et la bordelière. Caire queUi ques-uns de ctax dont nous venons de" parler, SalViah parle des deux autres/ auxquels il dotine des noms italiens,^ d^àlbo et de picfao. C'est aux natura-' listes italiens à examiner si ces détt?t' poissons sont du nombre de ceux que^ nous connoissons^ ou s'ils sont de ce' pays. Rondelet ^ outre ceux dont notia venons de parler*, en nomme encore- qnelques-uhs qui appartiennent à ce' genre ; mais je ne trouve pas qu'il s^ex- pliquc assez clairement pour ne laisser aucun doute sur l'espèce. Ensuite Gesner nous fit connoîire le vilain, la dobule, la raphe , Porpbe, le nase , le carassin et la serte. Schonweld , l'a- pliye ; Jonston ^ la r^ine des carpes ; Schwenckfeld la gibëlc et le rotengle^ etWillughby, le grislage, ou blancbe. Bientôt après Mars donne la description du Taso celle de la bierque, de la Vide et de la sope. Ce sont '/: 3:)^ l. i • l.f •f I \ Id HISTOIRE NATURELLE pèces en tout qui étoient connues du temps d'Artédi. Comme cet auteur omet la reine des carpes, le rasoir, la bordelière et la gibèle , il n'auroit dû en décrire que vingt-cinq. Cependant il qn compte trente- trois , mais la ser- te , la raphe et l'orpbe , font chez lui chacune deux poissons différens. Je laisse à d'autres naturalistes à décider à quelle espèce, il faut rapporter lo picho et Palbo de Salyian , le waper de Willughby , la bambelle ^e Gcsner , ainsi que labubuleadeBelon. Ksempfer nous donne ensuite la description de la dorée de la Chine;, Hasselquist nous a fait connoître une carpe de l'orient et du Nil ', Gardon en a décrit une de l'Amérique , Gronov une du Cap de Bonne -Espérance, et nous devons à .::^«-9X«inné la description de l'iibarus. L$^^ix nouvelles espèces jointes à cc'flêMiae i'ai rapportées , font trente- ^ '. six eâpèc^ connues du temps de Linné. * i ^ii^ç cet auteur omet la bordc- ■•"è tÂiiuW' .y/' ^»*t»fcJ!''<»KO»M>iiK*?-* „i/Àv«W '■■ '^«Ç'r. DES CARPES KN GÉNÉRAL. 1 3 Hère , la reine des carpes y la gibèle, le picho f l'albo et la carpe orientale de Hassclquist, il ne décrit que trente es« pèccs. A la vérité, il en conipte trente- une ; mais le dentex de Hasselquist est un saumon : il l'adonné poar tel, et c'est ce que Forskaol a confirmé. Re~ tranchons maintenant l'itbare , que je crois être son ide , et il ne restera proprement à Linné que vingt- neuf espèces. Depuis ce temps-là, Lepechin et Forskaol ont découvert chacun une nouvelle espèce , et J'en ai observé trois , que je décrirai bientôt, dont liinné ne fait pas mention-, de sorte que , autant que je puis faire foi sur les descriptions des auteurs , et sur les poissons que fai eu occasion d'obser-^ ver , je crois qu'on peut compter trente- deux espèces sous cie genre. Je n'en dé- crirai ici que vingt-huit , parce que je n'ai pu me procurer des dessins exacts des trois autres. ««» ^ «çy *iï i^ i- s » Les auteurs les plUs anciens qui ont •^1 ^ .. - -v ' '■>iiii»»'- >' Kloin^ dont Tesprit syâtématiqueca- Tu tériselcs ouvrages, publia, au milieu de ce siècle , un traité des poissons ; et pour mieux faire connoître les poissons de ce genre, il les divise en quatre , et y fait entrer les variétés comme diffé- rentes espèces. Quelque temps après , Groiiov pu- blia sur richthyologié un ouvrage , oui les carpes sont désignées seloâ le sys- tème d'Artédi , et rdngées flofis deux divisions» Mais comme il compte diis- sept espèceà , et qu'on en ti^ouve treize» dans la seconde division, on ne^ sanroit tirer un grftnd avantage de M méthode. Un autre oavpuge du taèihé auteur , qui pa#ut en i7&3,n*approôbe'pAisfplu*' du but. Il y rAiige lôs carpes soïi»' trois divisions \ ffknis la scKioiide ^ qui oom- i- r i I r 16 HISTOIRE NATURELLE prend les carpes étroites , renferme toujours onze espèces. Vers le même temps , Cramer nous fit connoître les carpes de la Basse-Autriche : il suit la méthode d'Artédi ; et faisant naître des doutes sur le nombre des rayons et la durée des couleurs, il augmente encore l'obscurité et l'incertitude. Après Cra- mer , Wulff nous donna les poissons de la Prusse : ouvrage peu important , sans descriptions particulières , et où le peu d'exactitude de la plupart des citations a servi à induire en erreur pluvsieurs de ceux qui l'ont suivi. Le célèbre Linné suivit en grande partie Artédi dans la détermination des pois- sons, et crut perfectionner sa méthode en rangeant sous quatre divisions ce genre nombreux. Mais comme les trois premières ne contiennent que sept espèces, et que la quatrième en comprend vingt-quatre , dont la plu- part ont les nageoires rouges , et sou- vent le même nombre de rayons ; il est «B M h. '~\K Mif^- Des carpes en giènéral. 17 difficile , d'après la courte description qu'il donne de chaque poisson , de lo distinguer exactement. Il y a quelque temps que M. Millier , conseiller d'état en Danemarck , nous a fait connoîtro les carpes de sa patrie , et il ne les dé- crit que selon Linné. M. le professeur Lescke a décrit Celles de Leipzig , et M. Pennant celles de l'Angleterre. Ces ouvrages , qui ont assurément beau- coup de mérite , ne jettent pas cepen- dant sur cette matière toute la lumière qu'on pourroit désirer. Le célèbre Duhamel a aussi décrit les poissons qu'on trouve dans sa pa- trie ; mais comme ses figures ne sont pas coloriées , il m'arrive quelquefois d'être dans l'incertitude , et de douter si quelques-uns sont les mêmes que j'ai décrits , ou si ce sont des poissons par- ticuliers à la France : voilà ce qui m'est arrivé par rapport au gardon , à la pla- tane et à quelques autres. Je ne sais pas , par exemple , si le gardon ou la Poissons. VU. Si i i 18 HISTOIRE NATURELLE vandoise sont le même poisson que ce* lui que nous nommons ici dobuU, Quoique je ne fasse point ici de divi- sions particulières , j'espère cependant lever toutes les difficultés , en plaçant à la suite les uns des autres , les pois- sons que leur grande ressemblance peut faire confondre aisément , en les dési- gnant tous par leurs marques distinc- tives. Voilà pourquoi j'ai mis à la suite les uns des autres , le rotengle et la rosse ; le nase et la sorte ; la zope , la bordélière, la gibèle et le carassin. J'ai eu soin aussi de citer en même temps les auteurs qui ont parlé de chaque poisson , après m'être assuré qu'ils en- tendoient vraiment , par ces noms , les poissons auxquels je les rapporte. A la fin de chaque description , j'ai fait quelques remarques , où je tâche de rectifier lesauteurs qui se sont trompés. i DU KOTENGLE. ^9 LXVr GENRE. LA CARPE, c YPRiNus. Caractère générique. Trois rayons à la membrane des ouïes. LE ROTENGL E, CYPRINUS ERYTHROPUtHALMUS, ..*.-'-.M'*' ' t~j^*v/*K^ L E rotengle appartient à l'espèce des carpes qui sont larges et courtes : il a l'iris couleur d*orange , les nageoires do l'anus , du ventre et de la queue d'un rouge vermeil : ce sont les caractères distinctifs de cette espèce. Les na- geoires de la poitrine ont seize rayons , celles du ventre dix , celles de Panus quatorze , de là queue vingt ^ et du dos douze. Celui que )'ai actuellement sous 1t 20 HISTOIRE NATURELLE les yeux a dix pouces de long, trois et demi delarge ,cinq quarts de pouce d'é- paisseur t et pèse dix ouces. La tête est petite et arrondie à Pexlrémité*, le» mâchoires sont d'égale longueur : ce- pendant lorsque la bouche est ou- verte, la mâchoire inférieure , qui est courbe, surpasse un peu la supérieure, lies narines sont larges, et le corps est couvert de grandes écailles. Au -dessus de la nageoire dorsale, l'extrémité du dos forme un tranehant; au-dessous il est rond et ul'un vert très- foncé. La nageoire de la poitrine est d'un rouge- brun , etcelle du dos , qui est pluséloi- gnée de la tête que celk du ventre > d'un rouge-verdâtre. La ligne latérale commence à la nuque , forme une courbure vers le ventre y finit à la queue , et a des deux côtés trente poi nts élevés : les côtés sont ordinairement d'un blanc tirant sur le jaune. Le rotengle est un des poissons les plus commuas dç nos contrées. On 1q , trois et ouced'é- i téfce est nité*, le» eur : ce- est ou- , qui est )érieure. corps est u-dessua émité du dessous il )iicé. La ,n rouge- ïlusélui- ventre > latérale me une nit à la e points renient isons les s. On 1q BU ROTENGLE. ai trouve dans la Marche de Brande- bourg et en Poméranie , dans les lacs et les rivières qui ont un fond sablon- neux. Autrefois ce poisson étoit si commun aux environs de l'Oder , qu'on le domioit aux cochons , faute de pouvoir le vendre. Le rotengle multiplie beaucoup , et Ton peut s'en servir avantageusement pour nourrir le sandre , la perche , le brochet et la truite. Comme il a la vie dure , on peut le transporter aisé- ment. Il fraie en avril ; et lorsqu'il y fait chaud pour la saison , le frai ne dur© communément que quatre jours. Il dé- pose ses œufs sur toutes sortes de plan- tes aquatiques. Les pêcheurs profitent ordinairement de cette circonstance : ils enfoncent dans l'eau des pieux en forme de cercle ; ils y adaptent des nasses qu'ils couvrent de branches de bruyère. Le poisson entre do lui- même dans les nasses •, mais il en sort 2'2 ? .t ( HISTOIRE NATURELLE bientôt , si Ton n'a pas soin de les lever bien vite. Une des causes de la grande multi- plication du rotengle , vient sans doute de ce qu'il ne peut pas déposer ses œufs tout d'un coup , mais peu à peu. Quand le froid, les inondations ou quelqu'autre cause en détruit une partie , l'autre est toujours conservée. Dans un poisson de dix onces , le dou- ble sac qui contient les œufs , pesoit sept dragmes , et contenoit environ 91,730 œufs jaunes. Dlansle temps du frai , on peut voir sur les écailles des mâles , de petites excroissances dures , pointues , qui disparoisscnt après le temps. Ce poisson se nourrit comme ceux dont nous parlerons bientôt : lui- même sert de nourriture au brochet, à la perche , au sandte et aux oiseaux d'eau. On le prend dans toutes les sa i« sons de l'année. Dans le temps de ses amonrs, on le pêche sur-tout aisément an filet et à la nasse^ . -.J-„ DU R O T E N G L E* ^3 Le rotengle ne devient pas fort gros : il parvient à peine à la longueur d'un pied, et pèse rarement une livre. Dans le temps du frai et en hiver , il est or- dinairement maigre -, mais en été , il est gros , et sa cbair est blanche et d'un bon goût y sur-tout lorsqu'il est jeune. Cependant comme il a beaucoup d'arê- tes , il n'y a guère que les gens du peu- ple qui s'en nourrissent. Comme il n'est pas gras, sa chair est une nourriture fort saine. Du reste , ce poisson est du nambre de ceux dans le corps des- quels on trouve quelquefois v^ue espèce de vers solitaire. ;= > t ii 4.: Des deux côtés de chaque mâchoire , îe rotengle a deux rangéeà de dents uii peu courbées et en forme de scie : cinq sont à la rangée antérièilre, et trois à la postérieure : ces dernières sont plus courtes que les autres. Le canal des in^ testins a deux sinuosités , l'épi^ie du dos trente -sept vertèbres, et il y a seize côtes de chaque côté. Les autres I i > 24^^ HISTOIRE NATURELLE intestins sont semblables à ceux dcM autres poissons. Le rotengle est connu sous plusieurs noms. On le nomme : Plotze f dans la Marche électorale , dans la Poméranie , la Silésie et la Prusse. Rothauge, en Saxe^ en Autriche et en £mpire. - ' ' • Ru'sch et Rietçooren, en Hollande Rud et Finscalfi , en Angleterre. Sarfj en Suède. Skalle et RodskalU, en Danemarck.L Flah-roie , en Norwège. Ploc et Plotkat en Pologne. ^ Szarnyuketiegh , en Hongrie. ' Les anciens ichlhyologistes ne par- lent point de ce poisson , sans doute parce qu'ils Font confondu avec la rosse , qui lui ressemble beaucoup. Schwenckfeld fut le premier qui , au oommencerAent du dix ^septième siè- cle, fit une différence entre ces deux poissons. 11 donna à la rosse le nom do rubeUio y et appelle le rotengle trythri^ DU ROTENGLB. »5 nus. Ceux qui l'ont suivi ii*ont pas ob- servé les caractères distinctifs de ce» poissons; tels sont Aldiovand,Schone- veld et Jonston. Vers la iîti du même siècle, Willugliby divisa de nouveau ces poissons en deux espèces, et donna leur^ caractères distinctifs. II nomme le rotengle erytrophthalmus , et donna à la rosse le nom de rutilas. C'est à lui que nous devons le premier dessin du rotengle , qui cependant est assez mau^* vais. Artédi s'est donc trompé, en di- sant que nous n'avons point de dessin de ce poisson. Le dessin que MarsigU donna ensuite ne vaut guère mieux^ Ceux de Klein , Mcyer et Pennant sont plus fidèles , mais celui de Millier est aussi bien mauvais. Les citations de Gronov sont en par- tie fausses', car le poisson de Gcsncr dont il parle ^ est la rosse , et celui do Klein qu'il cite aussi, est le meunier. Celles de Wulff sont toutes fausses ^ çaiT aucun dçs auteurs qu'il çitc ,, n'<\ (i a6 HISTOIRE NATURELLE voulu désigner le roteugle sous le nom qu'il rapporte. LA ROSSE, cYPRiNus rutiluss liA rosse se distingue à ses nageoires rouges , à Tiris de même couleur, et aux douze rayons de la nageoire de l'anus. Ce poisson a quinze rayons aux na- geoires de 1^ poitrine neuf à cellea du ventre, douze à celles de l'anus, vingt à celle de la queue , et treize à celle du dos. Ses mâchoires sont a jssi d'égale lon- gueur et ses lèvres rouges. Les narines sont tout près des yeux. Dans les j eunes poissons de cette espèce , l'iris est rou- ge, mais seulement vers la partie su- périeure , et les nageoires le sont aussi. Le corps est couvert d'écaillés larges , le dos est rond et d'un noir verdâtre , les côtés et le ventre sont argentins. La ligne latérale forme une courbure vers le ventre, et a trente -six points. *-*»**^ DELAROSSE. 27 Les nageoires de la poitrine et de la queue sont d'un brun -rouge, celles du ventre et de Panus sont d'un rouge cou- leur de sang. La nageoire dorsale est placée vis-à-vis de celle du ventre, et la queue est fourchue. Ce poisson tient le milieu entre les carpes larges et étroi- tes, car sa tête est plus petite que celle des carpes étroites, et plus grosse que celle des larges*, et son corps irest ni si large que celui des demi ères , ni si étroi t que celui des premières. Ce poisson pèse une livre , ou tout au plus une livre et demie. Il aime les eaux claires et les fonds sablonnev^x ou marneux : voilà pourquoi on le trouve aussi bien dans nos grands lacs que dans les rivières. Avant qu'on eût desséché les maréca- ges de l'Oder, on le prenoit aussi dans ces endroits en si grande quantité , qu'on s'en servoit dans les villages voi- sins pour engraisser les cochons. Le temps du frai arrive ordinairement au milieu de mai. Dans nos contrées , où ' / aS ttlSTOIRE NATURELLE les pêcheurs poursuivent presque sani cesse le poisson , il ne fraie ordinaire- ment que vers midi , pendant que le pêcheur est occupé à dîner. C'est le plus rusé de tous les poissons de nos contrées , et il reste toujours caché dans le fond , tant qu'il entend quel- qu'un sur l'eau. Selon les observations de M. Lund, les rosses passent dans l'ordre suivant > des mers oi\ l'on pêche rarement, pour aller frayer dans les rivières. Une par- tie part quelques jours auparavant , et forme l'avant garde. Ce qu'il y a do singulier , c'est que celte première troupe n'est composée que de mâles. Ensuite viennent les femelles, puis en- core des mâles. C'est un spectacle di- vertissant , de voir avancer en ordre lea bataillons de cette petite armée. Cha- que division est composée de poissons d'égale grandeur , qui nagent tout près les uns des autres , dix , vingt , cin- quante à cent de file. Quelquefois ; co M \ I i 1) E L A R O â s E. d9 qui pourtant arrive rarement , cet or- dre est interrompu par la frayeur , ou par quelqu'accident; mais ils se remet- tent bicntfit, et cherchent les endroits couverts d'herbages ou de branches , pour y déposer leurs œufs. Cette espèce multiplie beaucoup ; ses œufs sont verdâtres. Dans le dou- ble ovaire, pesant" environ deux tiers d'once , j'en ai compté 84,570. La cuis- son leur donne une couleur rouge. Ce poisson a la vie dure , et peut servir de nourriture aux espèces voraccs. Sa cou- leur brillante le fait distinguer agréa- blement au milieu des eaux. On le pê- che en grande quantité dans le temps du frai , quoiqu'avec assez de peine. On se sert pour cela de colerels, de seines et autres filets ; il mord aussi à'i'hame- çon. Sa chair blanche est d'assez bon goût , mais garnie d'arêtes fourchues , qui ne le rendent pas propre à la table des riches. Comme il n'est ni trop gras Poissons. VII. /jk / Il << y' m é \' 5o HISTOIRE NATURELLE ni trop visqueux , il se digère facile- ment. Il se nourrit d'herbages et de vers aquatiques , et a pour ennemis tous les poissons voraces et les oiseaux pê- cheurs. La rosse n'a qu'une simple ran- gée de dents , et cinq dents à chaque mâchoire. Ces dents sont applaties des deux côtés, et courbées vers la pointe . Le canal des intestins a deux courbu- res , et les autres viscères sont comme dans les autres poissons du même gen- re. Jusqu'à présent, je n'ai point trou- vé de vers dans le corps de ce poisson. Dans plusieurs endroits de ces con- trées , on confond la rosse avec le ro- tengle, et on donne à l'une le nom du l'autre. On la nomme : Plotze , en Prusse, en Poméranie et dans la Marche. Rodo y en allemand populaire. Rothauge et Rothethe, en Saxe. Rothfrieder, à Magdebourg, Rothflosser, en Empire. .1 m 4* »1 |3 I D E L A R O s s E. $% yoorn, en Hollan(1e. Rœs'alle et Fies Roie, en Norwège. JRzxd's a//^,enDanemarck. Koflc/i, en Angleterre. Rosse, en France. Piota , en Italie, p/otwi, en Russie. Jotz et Gacica , en Pologne. Rothauge, Radane et Raudi, en Livo' nie. Comme les anciens ont confondu la rosse avec le rotengle , et que quelques modernes ne l'ont regardée que comme une variété, il ne sera pas inutile de rapporter les caractères qui distinguent les deux espèces. i*». Le rotengle est plus mince et plus large, le corps de la rosse est plus alongé, et elle a le dos plus rond. 2°. La tête de cette dernière est plus grande et a l'iris rouge , au lieu que le rotengle a la tête plus petite et l'iris jaune d'orange. 3°. Le rotengle a les nageoires du l\ I i{ { t; 32 HISTOIRE NATURELLE ventre , de Tanus et de la queue, d'un incarnat très- foncé, et la membrane €]ui sépare les rayons est de la même couleur. Dans la rosse , la couleur est plus claire et la membrane brunâtre. 4^. Les écailles de la rosse sont plus grandes, et forment trente-six raies de chaque côté ; celles du rotengle sont plus petites , et ne forment que trente raies. 5°. Dans la rosse, la nageoire de Pa- nus n'a que douze rayons -, dans le ro- tengle elle en a quatorze. 6°. Chez le dernier, la nageoire dor- sale est plus éloignée de la tête que chez la première. < ^ . r. 7°. L'anatomie indique aussi d'au- tres différences entre ces poissons. Le rotengle a une double rangée de deivts , la rosse n'en a qu'une. L'épine de la xosse a quarante - quatre vertèbres , celle du rotengle n'en a que trente- sept. l^". La rosse est beaucoup plus pares- u ie,d'un mbrane L même eur est riâtre. »nt plus raies de le sont ! trente î de Pa- ■ ■ ;" s le ro- .'■; ': . ' ; ^ Ire dor- 's îte que i d'au- 1 )ns. Le 1 dents , 1 c de la V tèbres , 1 rente- 1 pares- D U N A s E. 35 seuse que le rotengle , et par consé- quent beaucoup plus difficile à prendre. L'une fraie au mois de mai; et l'autre en avril. D'abord Gronov regarda la rosse comme une variété du rotengle, dans la suite, il l'a considérée comme une espèce particulière. Ainsi il cite ici mal à propos le pigus de Ragus , qui indique la différence du temps du frai et de la grosseur. On peut dire la même chose de ce que dit Wulff , qui rapporte ici le poisson auquel Linné et Schwenk- feld donnent le nom de rotengle. ♦» ' • ■'- (t ■•■•.- i- , fi , i ■ - ' ' LE NASE, cypRiNus njsus. Lsnase se distingue des autres pois- sons de ce genre par la noirceur du péritoine. Cette couleur lui a fait don- ner dans quelques contrées le nom d'^- crivaiii et de centre noir : mais clic est cause aussi que plusieurs personnes ne yeuleut point en manger par dégoût. /.' |.%.,\ .»fc,,' J,;l<..»i. u \ i*i 34 HISTOIRE NATURELLE Les nageoires pectorales ont seize rayons , celles du ventre treize , do l'anus quinze ; de la queue vingt-deux , et la dorsale en a douze. Les trois pre- mières sont rougeâtres , et les deux dernières noirâtres. La nageoire dor- sale est placée tout-à-fait vis-à-vis de celle du ventre, à laquelle on remarque un appendice ventral. Une chose fort singulière que }'ai remarquée dans le poisson que j'avois sous les yeux , c'est que la partie de la nageoire de la queue , la plus près du dos ,avoit la couleur de la nageoire dorsale , et l'autre étoitrou- reâtre comme celle du ventre. b Ce poisson appartient au genre des carpes oblongues.il doit probablement le nom de nase (^nez ) àla mâchoire su- périeure qui s'avance en pointe émous- sée au-dessus de l'inférieure. La bou- che, dont l'ouverture est entravers, se trouve au-dessous : elle est quarrée et petite relativement à la grosseur dn poisson. _ . m V D U N A s E. ^5 La nuque est large et noire , l'œil grand ^ la prunelle noire et l'iris d'une couleur changeante, jaune et argen- tine. Le corps est couvert de grandes écailles j le dos est un peu courbé et noirâtre. Au-dessous de la ligne laté- rale , qui forme une courbure vers le ventre, les côtés sont blancs, le ventre est de la même couleur. Le nase qui est représenté ici pesoit une livre. Cependant on en trouve quelques-uns d'une livre et demie , et même de deux livres. Dans ce cas, les nageoires sont ordinairement grises. Les rayons des nageoires , si l'on en excepte les deux premiers, se divisent vers leur extrémité en huit branches. Le nase habite ordinairement lans le fond des grands lacs : mais au prin- temps il remonte en foule dans les ri- vières. Il fraie en avril ; il dépovse ses œufs dans des endroits profonds et conlre des pierres exposées au courant. Les deux ovaires de celui-ci pesoient \ f / ; i *i î > i I ■ t i !f S6 HISTOIRE NATURELLE une once et un quart ; les œufs étoient blanchâtres , de la grosseur d'un grain de millet , et j'en ai compté sept mille neuf cents. Pendant le temps du frai , il paroît sur le corps et sur les nageoire» des mâles de petites taches noires , dans le milieu desquelles on apperçoit de petits points élevés : mais ceci n'a lieu que sur les plus jeunes. C'est dans ce temps qu'on le pêche dans des nasses^ au filet et à la ligne. Au printemps , on le trouve en abondance dans la Vis- tule , l'Oder , V Elbe et le Rhin ; mais il ne passe pas comme les autres de cea grands fleuves dans les petites rivières qui s'y déchargent ; du moins cela est fort l'are .dans nos contrées. Du reste , sa chair est molle , fade et pleine do petites arêtes, et par conséquent peu estimée. Comme c'est ordinairement le peuple qui l'achète , on lui a donné , dans quelques endroits, le nom de pois* Bçn de tailleur; Schneiderfisch. Il vit de r ' ^ ' ' » U N A s E. ' 5f ▼ers et de plantes comme les autre» poissons de ce genre. Il a à chaque mâchoire six dent» applaties des deux côtés , et qui en- grènent les unes dans les autres. J'ai trouvé dans le canal des intestins plu- sieurs sinuosités. Ce poisson avoit ua pied trois pouces de long , dix-huit c6tes et quarante-quatre vertèbres. Les autres viscères ne diffèrent point de ceux des autres poissons du même genre. Albert le Grand est le premier qui donna à ce poisson le nom de nasus : voilà pourquoi les ichthyologistes le désignent sous le nom de nasus Al- b*rti , nase d'Albert. ^ ^;'' -; ''^■ On le nomme : * Nase ou (Esling , dans la plupart des provinces d'Allemagne. v SchniBper et Schwarzbauch , en Pomé- ranie. ^^ -;»«--^,. -■■- ■ ■"■ - Schneiderfisch , à Dantzig. liasting , en Autriche , et Poisson hlnnc -4-« à \ îi 39 HISTOIRE NATURELLE qnand il ne pèse pas plus d'une de- mi-livre. "'\^8^ Savetta , enliaMe. . -> r Sueta , à Ferrare. /f . ^ Marsigli nous donne dans sa troi- sième planche deux figures de ce pois- son. Le plus étroit doit représenter la femelle ; mais ce n'est autre chose qu'un jeune poisson de la même espèce *, car les femelles sont toujours plus larges que les mâles de même âge. Klein a donné aussi trois figures du nase. La seconde ,qui doit représenter la femelle , n'est autre chose que la serte ; car cette prétendue femelle a vingt-deux rayons à la nageoire de l'a- nus ; au lieu qu'on n'en trouve que quinze à celle de son mâle. Ses écailles sont aussi plus petites que celles de son mule , et la nageoire dorsale est plus éloignée de la tête : ce qui constitue les caractères disiinctifs de la serte et dn nuse. La troisième n'est qu'un jeune mâle. w-À ■,.. é :->.j-'*4, 3 cs^.. / fRELLE lus d'une de- ... . s "/1, • . ans sa troi- îs de ce pois- ■présenter la î chose qu'un espèce ; car ' plus larges S figures du représenter liose que la e femelle a oire de Ta- trouve que Ses écailles elles de Ron le est plus ' constitue la serte et a'un jeune ^- Af^ -p^ Tom . m, t l i\ // J>ej-er>e de/- 1 lA SERTE a . lA DOBTJUî . 3 . XE Vn AIN on JVEETTÎ^IE R . ■:JS. i »-*r i: .4. % t'h f f. ,»vl •: t ., "<■ |..A*t^tBtJB.>^^^yi' «•'l't's (►'isru.» ■»;♦» -iïV:! I C5 :ii -'■».'|f i > '■?>, «• •« :'t^ i-l-V '■" :,i ■>,.>. *î 't «•Ti? ^* /?;,? //f<'^<-:^!!l' i i*«* ' *^ ^-ii*^-^ ■<, t::fjAW-.f ù mi •mif,- 'i: ; ; -i^'k^'IC^-^^: ', -'m^-^*^ ■■, ^t ^'#^ll^iJj^iiVii^ • ■>{' '/••t ■ 4\'^ ^' .-^'■t \^i}t!(y ■ ■' fcs •■%!*;' >iti* tfiutd.t; * 1 l\ îMiî- ;-*t. s ?.> *'f -^^-a^lifR'... l'an! ji^rujùl , l!^-|>ïa^HI< ■■'■'' .■■■->"• • >- ... -, , , , :v^,?-^;-.r Jî$;v r^^' •*• »ii. i^fi;' t^ il (.V ■ * . t 7.IJ.'' ;.i^i-^^. Mii: Ui <, ^»î jxnt'v : î;v:«îii. r ' \\ I- << 1( f^vff' >■, •m /Ï/T» . /^' âk M '.4J ?" -t " r ■■f*; 'til' (al .^ •M* ..^i, »it.; ■ V ; « f V n. r.èv-ii^ I.À ,XM.Vf < w )x ^v. \is ^H-:i^jiv^mi \ î^^fe f DE LA S r K T E. ."^o LA SERTE, CYpRiNus vimba. La scrte se distingue des autres poissons du même genre par ravance- ment de la mâchoire supérieure et les vingt-trois rayons de la nageoire de l'anus. On compte dix-sept rayons aux nageoires de la poitrine , onze à celles du ventre , vingt à celle de la queue et douze à celle du dos. Cette dernière est lin peu plus éloignée de la tête que les nageoires du ventre. La tête est petite et cunéiforme. La mâchoire supérieure , qui est tronquée , avance sur l'inférieure et forme une espèce de ne L'ouverture de la bou- che est ronile , l'œil grand , la prunelle bleuâtre . l'iris est d'un jaune paille par en haut , et jaunâtre à la partie infé- rieure. Les écailles sont petites à pro- portion de la grosseur du poisson. Le dos est tranchant entre la tête et la n?!- geoire • l'autre partie est x'onde , blsuâ* ■'\ ^ vi 4o HISTOIRE NATURELLE tre et un peu courbée. La ligne laté- rale forme une courbure vers le ventre, €t est garnie de points jaunes. Au-des- sus de cette ligne, les côtés sont bleuâ- tres; au-dessous , ils sont argentins, aussi bien que le ventre. La serte est un poisson de passage , qui sort vers la S. Jean de la mer Bal- tique , ou du moins des baies de cette mer , et remonte dans l'Oder , puis dans l'Inna et dans la Varthe. Elle cherche dans ces rivières des pierres propres et lavées par les courans ; elle se frotte contre ces pierres , et dépose ses œuf?. Ce poisson devient long d'un pied et demi. Celui que j'ai examiné pesoit une livre et demie ; et ses œufs , qui étoient environ au nombre de 28,800 , et de U grosseur des grains de pavot , pesoient trois quarts d'once. On le prend eu quantité dans le temps du frai dans les environs de Landsberg sur la Varthe , et dans ceux de Custrin. On se sert pour cela du carrelet, d'autres filets et 4 m D E L A S E R T E. 4i tl'une ligne , au bout de ]ac[aelle on met un ver déterre. Dans tout autre temps il n'est pas aisé de le prendre. Il multiplie beau- coup , aime les eaux claires , un fond pierreux et sablonneux. Il se nourrit de vers et de plantes comme les autres poissons de ce genre. 11 croît lente- ment, a peu de vie , et meurt bientôt après être sorti de Peau. M. de Marwitz a essayé de transporter la serte , et le succès de ces essais nous a prouvé que ce poisson peut aisément être mis dans des lacs profonds et marneux. Les en- nemis de la serte sont le silure et le brochet. Ils la prennent quand elle est encore jeune. Sa chair est blanche , d'un très-bon goût : on la mange fraî- che et marinée. Ordinairement on ma- rine ce poisson pour l'envoyer de tous côtés. Voici comme on s'y prend. On met les sertes sur un gril posé sur un brasier ardent ; on les fait un peu gril- ler, puis on les met dans des barils par Poissons. VII. 5 A U 42 HISTOIRE NATURELLK lits de cinq à huit , que Ton parsème de feuilles de laurier ; ensuite on prend de bon vi naigre froid qu'on a fait bouil- lir, et on en arrose les poissons. C'est de cette manière qu'on prépare à Lands- berg , depuis quarante ans , les sertes qu'on envoie hors de la province. La serte a à chaque mâchoire , une raie de cinq dents , dix-sept côtes de chaque côté, quarante-deux vertèbres à l'épine du dos et deux sinuosités au canal des intestins. Dans quelques endroits de ces con- trées, on confond le nase avec la serte, et on donne à l'un le nom de l'autre. On la nomme : Zœrihe , en Prusse , en Silésie et dans la Marche. Gœse , à Drambourg sur le Drage. Wimha , en Suède. Flire et Blihke , en Danemarcli. JVemgalle , Weingalle , Wimb , IVimm , 5*6m, en Livonie. Taraun , en Russie. w l D E L A s E n T E. 43 Comme la forme de la mâchoire sa« périeure a souvent fait confondre ce poisson avec le nase , il ne sera pas hors de propos d'établir les caractères distinctifs de ces deux poissons^ avant que de rectifier les auteurs qui en ont parlé. La bouclie du nase est en travers ; celle de la serte est en long. Dans le premier, la bouche ouverte fait un quarré ; dans la seconde , elle forme une figure ronde. Le nase n'a que :^uinze rayons à la nageoire de l'anus ; leur servir de nourriture. La, dobule se multiplie lentement. 50 HfîSTOIRE NATUREIJ.E On en prend peu dans nos contrées , même dans le temps du frai. On la trouve dans l'Oder , l'Elbe , le Veser , le Rhin , et dans les rivières qui s'y jettent. Celle que j'ai examinée , pe- soit quatre onces et demie, et les deux ovaires trois quarts d'once. Les œufs étoient verdâlres , de la grosseur de la graine de pavot, et j'en ai compté 26,460. Chaque mâchoire est orncc de deux rangs de dents à pointes recour- bées : on en trouve cinq sur le devant , et deux sur le derrière. Le canal des intestins n'a que deux sinuosités. Le fiel est très-amer. On compte quarante vertèbres à l'épine du dos , et quinze côtes de chaque côté. Ce poisson est connu sous dijDTérens noms. On le nomme : Dobrl y Sand-Dohel , Dlebely Tievel Ehrl et Sand'Ehrl , dans les diiFé- rentes contrées de l'Allemagne; JVeissdohel , quand il est jeune et que ses nageoires sont encore blancUesj '^ 3tl H i itrées , ■ On la I Veser , I qui s'y 1 e, pe- 1 M deux 1 'S œufs 1 iir de la compté rncc de recour- levaiit , nal des Lés. Le tarante quinze 1 Iffé rens Tievel j diffé- iie; et que 1) E L A D O B U L E. 5l Rolhdobel , qvLSLnd il est plus âgé et que ses nageoires sont rouges. Diêbelf Tabelleet Taharre, en Prusse. Hassling et îVeissfisch , en Poméranie et en Silésie. Hassling , en Saxe. Dobeleret Mausebeisser , dans quelques environs de PElbe. Dover y dans le Holstein. Hasself dans ViVutriche. Schnottfisch ou Schnattjîsch , à Stras* bourg. HeS'Seîe et Heslingf en Danemarck. Dans la plupart des poissons de cette espèce, j'ai toujours compté onze rayons à la nageoire de l'anus ; et c'est faute de recherches qu'Artédi n'en compte que neuf. Comme ce poisson est étran- ger à la Suède , Artédi s'en est rapporté là-dessus à Willughby , qui n'en compte non plus que neuf. Il tombe dans de pareilles erreurs toutes les fois que l'im- possibilité de faire lui-même des ob- servations l'oblige de se rt'^gler sur cet V NI K' i * J ( VI \ S'2 HTSTOIHE NATrnELLE auteur. Willughby n'a point complw les petits rayons qui sont au bout des nageoires, comme on peut s^en con- vaincre par ses descriptions du barbeau^ du nase et de plusieurs autres. Parmi les poissons du Danube dont MarsigU nous a donné la description , il en comprend un , qu'il désigne sous le nom de hascl cephalus Jluviatilis seu squalus minor Gesneri. Si sa description étoit exacte , ce poisson devroit être le même que notre dobel ; mais la fi- guré prouve que c'est le laugele de Gesner , ou le leuciscus de Linné. C'est à tort que Wulff rapporte à ce poisson celui que Scliwenkfeld nomme aland , et Richter Vorphn. LE VILAIN ou MEUNIER, CYPRINVS JESES. Le vilain ou meunier a pour carac- tères distinctifs, le corps gros et robuste, la tête grosse , le museau arrondi , et I .^.:rS2s^S :y.'^-^ *'^ ompl*» lUt de» în coii- irbeau, 36 dont iption , ne soas tilis sea cription oit être is la fi- igele de nné. ortc à ce nomme 1ER, carac- 'obusle, )ndi , et ■ D U V I L A 1 N. 53 quatorze rayons à la nageoire de l'anus. La nageoire de la poitrine en a seize , c«lle du ventre neuf, celle de la queue vingt,et celle du dos douze. Le front est large et noirâtre , et les narines sont placées plus haut que les yeux. Les der- niers sont grands , ont la prunelle d'un bleu noirâtre , entourée d'un iris jaune. Les opercules des ouies sont bleus aussi bien que le dos. Les côtés sont changeans bleuâtres , jaunes au-dessous de la ligne latérale , bleus et argentine au •'dessous. Les écailles de ce poisson sont grandes , et garnies au bord infé- rieur d'une bordure bleuâtre. La ligne latérale est assez droite et marquée de cinquante-huit points d'un jaune brun. La nageoire du dos est bleuâtre et plus éloignée de la tête que celles du ventre : ce qu'on remarque aussi dans le poisson précédent et dans celui qui va suivre. La nageoire de la queue est lai^^' , peu fourchue , grosse et bordée de bleu tout autour. Les nageoires de l'anus ; Poissons. VII. 0 .-i Â^'t Séi*n: ^'•"■■•'f Ml 54 HISTOIRE NATURELLE du ventre et de la poitrine , sont d'un ▼iolet clair. Au-dessus de la nageoire du ventre , on remarque un appendice. Le vilain est un poisson de grando rivière. Il nage avec rapidité , et peut par-là éviter la poursuite du brochet et des autres poissons voraces. Il aime sur- tout les endroits où le courant est le plus rapide ; et on le trouve le plus ordinairement auprès des buttes de sable et des moulins ^ où l'on peut très- aisément le prendre à la ligne , avec un appât de pois amollis dans l'eau. Son séjour auprès des moulins^ lui a fait donner le nom de meunier, .j. ;> ,;, ., Il fraie , vers le temps de Pâques , de la même manière que ceux que nous venons de décrire *, et alors ou le prend en quantité dans des pocbes et autres £lcts. Le temps du frai dure ordinai- rement huit jours ; mais dès que le poisson apperçoit que le temps paroît vouloir se rafraîchir > il a fini en trois jours. ^:, . . ■■■»-.. >' '. ^ .: -i""T,"""f -»¥.i --.^r'P- B (it d'un ageoire lendice. grande et peut brochet Il aime rant est le plu» Ites de ut très- \ avec un au. Son i a fait 'âques , ue nous e prend t autres ►rdlnai- que le } paroît en troia 1 ^ » TT V I L A I N, 55 Le vilain parvient à une grosseur assez considérable. Ou en prend quel- quefois qui pèsent huit à diif livres. Sa chair est grasse , garnie d'arêtes , et paroît jaune quand elle est cuite. On le marine comme la serte. Comme la chair de ce poisson est grasse et molle , elle n'est pas si facile à digérer que celle des poissons dont nous venons de parler. Il a la vie assez dure ; il mul- tiplie beaucoup , et ne croît que lente- ment. Un jeune vilain d'un an a à peine trois pouces de long. On le trouve pendant toute l'année dans l'Oder , la Sprée , et dans les rivières qui s'y jettent. Le vilain a à chaque iènâchoirc huit dents en deux rangées. Les cinq qui sont sur le devant sont grosses , et les autres petites. Dans celui que j'ai ob- servé , au lieu des dents ordinaires , on voit à la mâchoire supérieure trois pointes avancées. Comme toutes les autres dents étoient grosses ; il est vrai- ('! ii'l ( 56 HISTOIRE NATURELLE semblable que les poissons changent aussi de dents. Ce poisson pesoit une livre et demie j l'ovaire sept onces trois quarts; et j'y ai compté 92,720 œufs jaunâtres de la grosseur de la graine de pavot. L'épine est composée de qua- rante vertèbres , et il a dix-huit côtes de chaque côté. Le canal des intestins a deux sinuosités, comme dans les poissons précédens. Le reste des intes- tins et la nourriture ne diffèrent point , de ceux que nous venons de décrire. Ce poisson est connu sous diffère ns noms. On le nomme : Aland , dans la Marche. ^ , ' Gœse ou Jese , en Prusse. Hartkopf, Pagenfisch et Dwel , en Po- méranie. * , " Vœbel f en Saxe , tant qu'il est petit j Giehel , Dikkopf et Bratfisch , quand il est gros. Cengling, en Autriche, quand il ne pèse pas une livre et demie ; Bratfisch , quand il est plus gros. ...>> ■ Vv^ '-^fn^-^ ^ i - ^7 DU V I L A I N." V avère''' esegi , en Hongrie. Vilain, Meunier, Chevanne , Chevesne , Chevenne, Testard , Barhotteau , Gar- bottin, Gatbotteau et Chaboisseau , en France. ^ ^ ' On confond souvent le vilain avec la dobnle; mais il en diffère en ce qu'il a la tête beaucoup plus épaisse et le corps plus gros. Le vilain pèse jusqu'à dix livres , et a la largeur d'une carpe ; au lieu que la dobnle est étroite , et ne pèse jamais plus d'une livre et demie. De plus , la dobule a de petites écailles ; celles du vilain sont , au con- traire , grandes. La dobule est d'une couleur verdâtre , au lieu que celle du vilain est bleuâtre. Enfin , ces deux poissons sont encore distingués par le nombre des rayons des nageoires. Eeckmann n'a aucune raison de faire deux espèces du vilain et de la gœse. J&Ê^ .««i ;« sa HISTOIRE NATURELLE I i> -l^ n ,.-<' LA RAPHE, crpRiNus aspius. . p-- 1 • •*.-*■ Otf distingue 1& raphe aux seize rayons de la nageoire de l'anus , et à la forme de la mâchoire inférieure , qui forme un arc : elle est avancée quand la bouche est ouverte ; et quand elle est fermée , sa pointé recourbée r' em- boîte avec Téchancrure de la mâchoire supérieure. Les nageoires de la poitrine ont vingt rayons , celles du ventre neuf, celle de la queue en a vingt grandes et douze petites , et celle du dos onze. La tète est cunéifoime , et petite à proportion du reste du corps. L'ouverture de la bouche est grande , les yeux sont de moyenne gr{\ndeur , la prunelle est noire , et l'iris jaune. Ce dernier est garni par en haut d'une bande verdâtre. La nuque est large et d'un bleu foncé. Les opercules des ouies sont d'une couleur mêlée de bleu , de jaune et de verd. Le dos est noi- IN ; ASP I us. ,■„) Eiux seize as , et à la eure , qui iée quand luand elle bée . 'em- mâchuire la poitrine lu ventre n a vingt t celle du foi-me , et du corps. Jt grande , i\ndeur,la jaune. Ce lut d'une st large et cules des ede bleu , 3 est noi- ■ ■•^m 'm. .••*î, -m- • 'MM.- m* .*ïP: 4^ ■ '■4 •»jji{ 'I' ^Hi. si -ri it- ^■> Mi **îf ' <*; /k .i-v- ;./''.■•*»' "fA* , \- i r.-» s K no- vi^^ju \*KVU i' V " 'flL'HIBU, ,,^ . ■ s>, \\ » ' :-M :i {«»,■■ •i(>,^-',.r' '{i ■t M.vlt^ l li «îs ÎU - 1 , 1 t"* «;•» ! »'?"''..- #;^^ fWî •: n N^ 1 «■ ' .*•■ ^ Vi,v,./i ■''} , i ■ i<^-n;K'r, Ce _ iji*:" -é:? U1..;.r nf >. lit i, »• jM^ V ^^ >' "î. xJABAPirF...».LE SPnUJN. a.LxVBOUYrÈRE. i î ô 11 D E L A R A P H E. 5^ râtre. La partie la plus proche de la tête est large y le reste est rond. Les côtés sont d'un blanc bleuâtre. Les écailles et la ligne latérale ressemblent à celles du vilain , si ce n'est que lés premières sont un peu plus petites. Dans les jeunes poissons de cette es- pèce , )'ai trouvé autant de lignes pa* ' rallëles à la ligne latérale que le poisson avoit de rangées d'écaillés. Les na* geoires du dos et de la queue sont bleues , celles de la poitrine , du ventre et de l'anus bleuâtres avec un mélange de rouge : mais dans ^es jeunes pois* sons , les dernières sont jaunâtres , et les premières grises. La raphc est du nombre ùcs poissons de rivière qui parviennent à une gro?- seur considérable. Il n'est pas rare dans nos contrées , d'en trouver qui pèsent jusqu'à douze livres. Cette espèce ^or me pour ainsi dire le passage entre les poissons voraceâ et ceux qui ne le sont point. Elle mange des poissons comme r I ^  ' II il 'te HISTOIRE NATURELLE les premiers , et vit aussi d'herbes et* de vers comme les seconds. Mais comme sa gueule n'est pas aussi grande que c» lîe des poissons proprement voraces , ei'c est obligée de se contenter de pe- tits poissons. Elle aime un fond propre y se plaît dans les rivières dont le cou- rant n'est nas rapide , et dépose son frai vers la lin de mars, sur les pierres du fond. Sa chair est blanche et d'un bon goût : mais elle tombe en morceaux lorsqu'on la cuit. D'ailleurs , elle est traversée de petites arêtes ', et comme elle est molle et grasse , les estomacs foibles ne la digèrent pas aisément. La raplie a peu de vie j et par conséquent ne se transporte pas aisément. Elle croît promptement On peut dire de ses dents ce que j'ai dit de celles du vilain. Le canal des intestins a trois sinuosités ; l'épine du dos quarante- quatre vertèbres , et dix-huit côtes de chaque côté. Quand ce poisson est en- ccre petit ; il devient souvent la proie i i rbes et' comme ide que araceR , de pe- propre , le cou- ose son pierres et d'an >rceaux elle est comme stomacs lent. La scquent it. Elle dire de îlles du a trois arante- iôlesde est en* a proie 1 DE f.A AFHE. 6l des espèces voraces : mais dans la suite , il use de représailles. Il sait sur-tout si bien assembler les véblettes , qu'il lu i est facile de s'en rendre maître. Dans le temps du frai et en automne, on le prend en quantité avec des filets, des poches et des lignes , auxquelles on attache un petit poisson. On le trouve dans la Marche , la Foméranie , la Prusse, en Saxe, en Autriche, en Suède et en Norwège. On en pécha sur-tout une grande quantité dans le Cùrisch-Have et le Frisch-Have , en Prusse. ? - ' '.-i. ■ -'t "■•'. '• Ce poisson se nomme : .x-ui^vt ^' • Rappe, m Silésie. Rappe , Aland , Raubalet , en Saxe. Rapen , en Prusse. Schifd, en Autriche. • -: 4sp , en Suède. Blaa-Spol , en Norwège. - Artédi range ce poisson sous diiFé- rens numéros. Il en parle une fois comme d' un poisson connu aux ich tli} o - ! I I M 62 HISTOIRE NATURFÎLK logistes ; puis il le donne poui* un pois- son suédois. Mais si Ton compare ses descriptions avec la mienne , on verra , sans en pouvoir douter , que la raapfc d'Allemagne et Pasp de Suède n'est qu'un seul et même poisson. Comme Linné a décrit ce prétendu poisson suédois sous le nom de cyprinus aspius , les auteurs que nous avons cités ci- dessus , peuvent être consultés avec assurance sur ce poisson. Wulff rap* porte faussement à la raphe le céphalc de Linné : et c'est ce qui a donné lieu à M. Pennant de regarder comme un seul poisson notre raplie et son cé- phale. t., ^> i. t ',',. H LE S P I R L I N, CYPRINVS BJPVNCTJTUS, Le spirlin est reconnoissable par les seize rayons de la nageoire de l'anus , et par le double rang de points noirs qu'on apperçoit sur la ligne latérale , kl n^^-i 1 f DIT SPIRLIX. (55 qui est rouge. C'est sur ce dernier ca- ractère que je lui ai donné en latin le nom de bipunctatus.V&i compté treize rayons aux nageoires de la poitrine , huit à celles du ventre , seize à celle de l'anus. La nageoire de la queue est fourchue et a vingt rayons -, celle da dos en a dix. Les trois premières na- geoires sont d'une couleur rougeâtre ; celles de la queue et du dos sont ver- dâtres ; la dernière est plus éloignée de la tête que celles du ventre. Ce pois- son qui appartient à la classe des carpes larges , a une grosse tête pro- portionnée au corps, ce qu'on ne trouve ordinairement qufî dans les es- pèces étroites. Sa mâchoire supérieure est un peu avancée ; l'oeil est grand , la prunelle noire , l'iris jaune et mar- qué par en-haut d'une tache verdâtre. Les joues sont d'une couleur chan- geante bleue et argentine , et le dos est arqué et d'un gris foncé. Au-dessus de U ligne; les côtés sont d'un brun tji- 'hi 11 \ '\\ II M 64 HISTOIRE NATURELLE rant sur le vert; le dessous et le ventre sont d'un blanc argentin. Le corps est couvert de petites écailles tachetées de noir. La ligne latérale est ronge , et forme une courbure vers le ventre. Sa couleur , ses points noirs et le fond blanc sur lequel ils sont placés , don- nent au poisson une apparence char- mante. La couleur rouge de la ligne latérale se perd quand le poisson vieillit ou qu'il meurt. ^ ; . . i Le spirlin ne réussit que dans les eaux courantes , dont le fond est cou- vert de sable ou d * cailloux. Il fraie dans le mois de mai. Alors il cherche les endroits les plus rapides , afin de pouvoir se frotter contre les petits cail- loux. Hors de ce temps , il se tient or- dinairement sur la surface de Peau. J'ai trouvé dans ce poisson un si grand nom- bre d'œufs , qu'ils pesoient presqu'au- tant que le poisson même. Ils étoient si petits ; qu'il me fut impossible de le:a compte^:. Depuis quelque temps ; on a f -Si i LE e ventre :orps est Eichetécs onge , et ntre. Sa le fond î3 , don- ce char- la ligne n vieillit 4 dans les est cou- II fraie cherche afin de itits cail- iient or- meau. J'ai nd nom- esqu'au- » étoient )le de lea pS; on a DU SPIRLIN. 65 trouvé ce poisson dans le Veser , et il s'y multiplie sans doute beaucoup , car on en prend un grand nombre à la ligne et au filet. Ce poisson peut très-bien servir de nourriture à la truite , parce qu'il se tient dans les mêmes eaux. Comme il est petit, il devient facile- ment la proie de toutes les espèces vo- races. Il se nourrit , comme les autres carpe"* , d'herbes et de vers. Sa chair est blanche et d'assez bon goût. Le canal cTss intestins a deux sinuosités, l'épine du dos trente-trois vertèbres , et on trouve quinze côtes à chaque côté. On nomme ce poisson : ;je - •: Alandbleke , en Westphalie. Spirlin , à Strasbourg, f . Lauben, en Bavière. Nous ne saurions décider si ce pois- son fut connu des anciens ichthyolo- gistes , et si c'est celui qu'ils ont nommé hambèle à grosses écailles. Les mauvaises figures et le manque de descriptions nous laissent dans l'incertitude à cet l'oissoiu. VIL 7 4 I ^^■i il > , 1 i 1 ^ i } l ' 'l'v V ( \ 66 HISTOIRE NATURELLE égard. La Bgure du poisson auquel Marsigli donne le nom de reislauben , a, à la vérité, beaucoup de ressem- blance avec la nôtre. Mais comme il avoue lui-même que son dessin n'est pas exact , il est clair qu'il a voulu dé- crire un poisson d'une autre espèce. La description que M. Leske nous donne de son elritze , convient assez à notre spirlin ; et je croirois volontiers que c'est le même poisson , si les au- teurs qu'il cite à ce sujet , ne nous prouvoient qu'il n'a pas voulu parler du spirlin , mais du véron , que Ton nomme en allemand elritze. LA BOUVIÈRE, ctprinus amarus. La bouvière est le plus petit pois» son du genre des carpes. On le distin*- gue des autres espèces aux sept rayons des nageoires pectorales et ventrales. On trouve onze rayons à la nageoire de l'anus ^ vingt à celles de la ^ueue eu MARUS, DE LA BOUVIÈRE. 67 comptant les petites y et dix à celle du dos. Ce petit poisson est du nombre des carpes larges , car il n'a jamais plus de deux pouces de long ^ et a plus d'un demi-pouce de large. Il est transparent comme presque tous les petits poissons. La tête est petite et cunéiforme. Les mâclioires sont égales^ les yeux pe- tits j la prunelle est noire, et l'iris rouge par en haut y jaune par en bas. Les opercules des ouies sont jaunâ- tres ; les écailles grandes à proportion du poisson. Ces dernières, vues à la loupe , paroissent marquées de petits points noirs. Le dos est d'un jaune-r vert , effilé au-dessus de la nageoire dorsale, rond au-dessous. Les côtés sont jaunes au-dessus de la ligne latérale ; au dessous , ils sont blancs aussi bien que le ventre. Cette ligne forme une courbure près de la nuque; en allant vers le ventre , elle devient noirâtre, ot vers la queue, elle est d'un bleu ^ %t 68 HISTOIRE NATURELLE d'acier. Les nageoires de la poitrine , du ventre et de l'anus sont rougeâ- tres , celles de la queue et du dos ver- dâtres. La bouvière aime les eaux pures et courantes qui ont un fond de sable. On ne la trouve que dans les rivières ou dans les lacs qui sont traversés par quelques rivières : tels que le lac Mi- gel, qui est auprès de Coepenic. La chair de ce poisson est amère , ce qui lui a sûrement fait donner par les Al- lemands le nom de hittetiing. On'lesert raremrnt sur nos tables» Comme il ne fait pas un objet de gain pour les pê- cheurs , ils y font si peu d'attention , que je n'ai pu apprendre d'eux le temps du frai. Tout ce que je sais , c'est qu'il a un grand nombre d'œufs très- tendres , très-blancs , et si petits qu'il est impossible de les compter. Malgré la grande quantité d'œufs de ce pois- sou , et quoique l'amertune de sa chair l'expose rarement à la poursuite m DE LA BOUVIERE. 6g des hommes , il ne multiplie cependant pas beaucoup. Comme il est petit , il devient fréquemment la proie des es- pèces voraces. . Les viscères sont. semMables à ceux des aulref; poissons de ce genre. On trouve quatorze côtes de chaque côté, et trente vertèbres à l'épine, La transparence de ce poisson me fit croire d'abord que c'étoit Vaphya de Linné. Mais dans la suite , la diffé- rence du nombre des rayons , et la description que cet auteur en donne , m'ont convaincu qu'il avoit sous les yeux un petit poisson rond et difiFé- rent du nôtre. En général , la transpa- rence ne forme pas un caractère dis- tinctif chez les petits poissons, parce qu'ils ont tous cette propriété tant qu'ils sont jeunes. Ricliterfait mention d'un poisson, auquel il donne le nom de bitterling, elritze etwetterfischlein ; mais les cou- leurs qu'illui donne, et le nombre des !1 1 ', 4 ' 70 HISTOIRE NATURELLE rayons des nageoires prouvent qu'il n'a rien de commun avec notre bou- vière. Birckholtz , au contraire , qui indique en peu de mots un petit pois-- 8on , qu'il appelle bitterling , paroi t 'avoir connue. ' ^ -^^ Il me paroît vraisemblable que notre bouvière est le même poisson que le petit phoxinus de Rondelet , la petite bambèle à écailles de Gesner , et le phoxinus squamosus de Jonston. L'ABLE, CTPriNïTS ALBURNUS, - , -._►■ r, > ■ :• > ' lin- ■'• • • L'a BLE se distingue aisément des autres carpes par l'avancement de la mâchoire inférieure , et les vingt-un rayons de la nageoire de l'anus. On en compte quatorze aux nageoires de la poitrinç , neuf à celles du ventre , dix- huit à çielle de la queue , et dix à celle du dos. Sa tête finit en pointe. Le front est plat , olivâtre et parsemé de petits points noirs. Les joues sont bleues ; les i ' DE L^A B LE. fl yeux grands , la prunelle bleue , et l'iris argentin. Le corps est couvert d*écaillcs minces et brillantes , qui se détachent aisément. On s'en sert à Pa- ris pour donner aux fausses perles l'é- clat des perles fines. On enlève les écailles en ratissant le poisson à l'ordi - naire : on les met dans un bassin d'eau claire, oii on les frotte comme si on vouloit les broyer. Cette opération, qui occupe à présent dans Paris un grand nombre d'ouvriers , se répète dans différentes eaux , jusqu'à ce que les écailles ne déposent plus de tein- ture : la matière argentée se précipite au fond. On verse l'eau surabondante , en inclinant le vase ; et l'on s'arrête lorsqu'il n'y a plus qu'une liqueur ar- gentine , que l'on nomme essence d^O* rient. On mêle à cette essence un peu de colle de poisson -, ensuite on a des grains de verre creux très - minces , couleur de gyrasole , ou bleuâtres , dans lesquels on insinue ; à l'aide d'un f I V i. ( ! S n 72 HISTOIRE NATURELLE chalumeau , une goutte de cette es- sence d'Orient , que l'on agite pour faûe étendre la liqueur sur toute la surface des parois. Le dos est presque droit et olivâtre, et les côtés brillans, d'une belle couleur argentine. Ce pois- son est large vers le ventre *, mais il devient étroit par-derrière, et la ligne latérale est courbée. Les nageoires pectorales sont d'un blanc mêlé d'un peu de rouge ; celle de l'anus est grise , et celle de la queue verdâtre , aussi bien que celle du dos. La dernière est plus éloignée de la tête que les na- geoires ventrales. L'able se trouve ordinairement dans tous nos lacs et dans toutes nos riviè- res. Sa longueur ordinaire est de quatre à cinq pouces. On en trouve cepen- dant dans difiFérens endroits qui par- viennent jusqu'à huit à dix pouces : alors Gn les confond assez souvent ici avec les petites marènes , avec les- quelles elles ont beaucoup de ressem- n i , w tte cs- e pour ute la resque illans I e pois- nais il a ligne geoires lé d'nn t grise , , aussi ière est es na- nt dans riviè- quatre cepen- li par- ouces : ent ici c les- ssem- - D E l'a B L E. T 7^ blance. IMais comme c?s dernières ap- partiennent au genre des saumons , et qu'elles ont par conséquent une na- geoire épaisse , il est aisé de les recon- noître à et caractère et de découvrir la tromperie. Quand ce poisson est gros , il est d'un assez bon goût ; mais à cet égard il n'approche pas de la ma- rène. Comme il a beaiiC' .p d'arêtes , il n'y a guère que les gens du peuple qui rachètent. JL'able multiplie be ucoup. On la prend pendant toute l'année au filet et à la ligne. En hiver , on en prend en quantité sous la glace, avec de grands verveux; et au printemps, dans des nasses d'osier, auxquelles elle aime à se frotter pour déposer son frai. Ce poisson fraie en mai et en juin. Comme il est petit, il devient . on-seulement la proie de la plupart dc& espèces vo- races j mais aussi des oiseaux pécheurs. Les pêcheurs le font servir d'appât an bout de leur ligne quand ils veulent ti i *,i V }j 1 i 74 HISTOIRE NATURELLE prendre de gros poissons. Quant à kmi nourriture et aux parties du corps, il ressemble aux autres poissons du même genre, si ce n'est qu if i sept dents, cinq devant et deux derrière. Le ca- nal des intestins a deux sinuosités. J'ai souvent trouvé une espèce de ver so- litaire dans l'intérieur du ventre. De Table et du rotcngle proviennent des mulets , dans lesquels j'ai remarqué des écailles plus grandes , un corps plus large , et moins de rayons à la na- geoire de l'anus , qu'à 3a véritable able. Ce poisson est connu sous difPérens noms. On le nomme : Ueckeley, dans la Marche, en Poméra- nie et en Prusse. • ' OcA^/^f , en Silésie. Schneiderfischel , Spitzlauhen et Wind^ lauben , en Autriche. Balte, Bleicke , Ochelbetze, Ueckeley f et Weidenhlattf eu Saxe. V \ lant à 'iî*. corps, il lu même >t dents, î. Le ca- sités. J'ai î ver 80- Ltre. viennent emarqué un corps s à la na- \réritable lifférens ?oméra- eckeley f 7 :> DU GOUJON. Nesteling, dans TËmpire. Zumpelfischlein , dans quelques autres provinces. • • •- î . - . Albel, en Suisse. Maybleche , en Westphalie. Alphenaar, en Hollande. JVitinck et Witecke, eu S Vswig. Skalle , Luyer et Blikke Dane- marck. Mort , en Norwège. Loja , en Suède. Weissfisch , Plite , Maile, Walykalla , en Livonie. JTa/inibaTi, en Russie. ^mX;5c/i/^ , en Liithuanie. • ^- Gusczova f en Pologne. Abu y Ablette , Ovelle et fior(£# , en France. Bleack , en Angleterre. - *. . . . • ■- " t.. ..;.'.. .' LE GOUJON, crPRiNUs gobio. Le goujon est un poisson du genre des carpes étroites. On le distingue ai- «2 /I IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) // ^ ^<^ 1.0 l.l m. 12.5 ■u 1^ |2.2 iim 1 1 25 , u mil ^ 6" - ► Photographie Sdenœs Cbiporation 33 WiST MAtN STRilT WMSTH.N.Y. 14S80 (716) B73-4S03 4^ .% ^ \ \ ^ f" fi 76 HISTOIRE NATURELLE sèment à deux barbillons placés cha- can à un côté de son museau, et aux taches dont son corps est couvert. On compte seize rayons aux nageoires de la poitrine , neuf à celles du ventre , dix à celle de Panus, dix^neuf à celle de la queue , et neuf à celle du dos. Sa tête est semblable à celle des autres carpes étroites, grosse et d'un brun verdâtre. Quand la bouche est fer- mée , la mâchoire supérieure avance un peu. L'œil est petit , la prunelle d'un bleu noir , et Piris jaune d'or. Le corps est rond et couvert de grandes écailles. Le dos est droit et d'un bleu noir. Au-dessus de la ligne, les côtés sont bleus, et au-dessous d'une couleur changeante blanche et jaune. La ligne latérale est droite et couverte de ta- ches bleues. Les nageoires sont tantôt rougeâtres, tantôt jaunâtres , selon l'âge du poisson et la nature de l'eau où il vit. Ordinairement l'âge des poissons, le changement de nourriture ; l'eau des itiire D U G O U J O N. • ' 77 oa d'eau , le temps du frai , influent sur la couleur de leur corps et de leurs na- geoires. On remarque plusieurs taches noires sur les nageoires de la queue et du dos ; et la dernière est vis-à-vis de celles du ventre. i* ^ ^ h h^» , * On trouve ce poisson dans les lacs et dans les rivières de France et d'Al* lemagne , dont le fond est pur et sa- blonneux. Dans quelques lacs où il trouve une bonne nourriture , il par- vient quelquefois à la longeur ^ huit pouces. Sa chair est blanche, très- bonne au goût et de facile digestion. C'est par cette raison qu'on le conseille préférablement à tout autre poisson, aux personnes foibles et maladives. Dans le printemps , le goujon sort des lacs pour passer dans les rivières : là il dépose son frai contre les pierres ;» non tout d'un coup , mais peu à peu ; ce qui dure un mois. En automne , il retourne dans les lacs , où on le prend Foisson«. VU. (f r ii > .1 ^Éiam.''jH -^^jt»»-*-.^* .iLi/Ê^^ ' , i??^»'' «■"'/jTf' I 78 HISTOIRE NATURELLE en grande quantité en septembre et en octobre. Alors il est à si bon marché > sur-toat en Foméranie , que , selon Richter, on en a pour trois sous de quoi rassasier six personnes. On le prend au filet et a l'hameçon. Quoi- qu'il soit sans cesse exposé à la pour« suite des hommes, des poissons vota-* ces et des oiseaux pêcheurs , il se multiplie cependant en grande quan* tité. La manière dont il fraie, fait^ selon moi , que ses œufs produisent plus , à proportion , que ceux des au- . très poissons. Cette multiplication et sa vie dure le rendent très-propre à servir de nourriture aux sandres , aux perches et aux truites. On trouve quelquei^; i^ une espèce de ver solitaire dans la cavité de Fab* domen de ce poisson. Le canal intes- tinal a deux sinuosités. Les œufs sont d'un bleu clair et si petits, qu'on ne sauroit les compter. Il a cinq dents à chaque mâchoire ; mais elles sont si pe- i* .» \ fck^_^l-v■■;.^^.*.il4'; > . -af. D 0 G O U J O N. ^^ tites , que dans un poisson long de quatre pouces, on avoit bien de la peine à les distinguer à l'œil. J'ai trou- Té à chaque côté quatorze côtes, et trente - neuf vertèbres à l'épine du dos. ^■■■.- - -■•^- ■■ ■_: ...^ .: -^z^ — -V Le goujon vit de plantes , de vers et de jeune frai.'Il aime aussi la cervelle' de bœuf; et si l'on en jette dans l'eau , les goujons s'y rassemblent en grande quantité. On prétend qu'il aime la chair humaine : je ne sais si ce dernier fait est certain. Si , comme le dit Mar* sigli , ils préférèrent les hommes aux chevaux qu'on avoit jetés dans le Da- nube, dans une guerre avec le Turc, je crois qu'il faut l'attribuer à ce que les premiers se corrompent plus aisé- ment , et non à un goût particulier de ces animaux pour la chair humaine. Ce poisson aime la société, et on le trouve toujours en grandes troupes. .. Le goujon est connu sous différen9 I noms. i4--f»^; -il y ,V«alS- ,-WX-y' -• mC / . *--iffi:r.- •^Z'T.i'r.^f ''"7^?JjîTi.*£:r.t^''T'^ ■3"i" ( ' Hl Il -; ■^ I n 1/"' 80 HISTOIRE NATUllELLB On le nomme : ■ i- :f:a: ■.1l»-.»^v • S-i4>*t- •" ■, I e- Grundling ou Gressling , en magne. Greyling et Gudgton , en Angleterre. Goujon de rivière j en France. Goiffon , à Lyon. Grumpel,Sandhe$t, Grundling et Gym* ptfZ , en Danemarck. Grondel , en Hollande. Pohps et Grundulis , en Livonie. iM <■ iîi-.V*'^^ ^■4-' LE VÉRON, çYPB^jiruspuoxiNvs. » i "î Ce joli petit poisson se fait distin-> guer par les dix rayons qu'il a aux na- geoires du ventre , de Tanus et du dos. On en trouve dix-sept aux nageoires de la poitrine , et vingt à celle de la queue. La tête est cunéiforme et d^m verd noir par en haut. Les opercules des ouies sont jaunes , les mâchoires égales et bordées de rouge. Les yeux sont petits^ et ont une prunelle noiro "i&^Z,^ >"',Tfa»!**»«!'; .•• ■ /..' ■» . . ■ < * ir i-i ■^U i X. 1 .:.S.J> t. J 4 1 rs. 'fe :i D u V É tlokV'^^ il entourée d'un iris couleur d'or. Le corps est alongé , rond et couvert de petites écailles minces et gTuantcs. It yen a qui ont ledos tout noir; d'autre» l'ont d'un bleu clair. Les coul'eurs di- verses des raies et des taches donnent aux côtés un coup^- d'oeil charmant. Chez quelques-uns , le bleu' , le jaune et le noir y diversifient agréablement les raies ; cliez d'autres, c'est un beau rouge , un bleu clair et un blanc argen- tin. Ils ont presque tous des raies hleoea, qui vont du dos à l'a ligne laté- rale. Les nageoires sont grises , bleuâ- tres , placées près du corps , et mar- quées d'une tache rouge« La Kgne la- térale et le dos sont droits. Quoique ce petit poisson ne devienne pas plus gros qu'il est kidiqiïé sur la planche, s» chair est cependant blanche^ tendre , saine et de très- bon goût. On trouve ce poisson enSilésie, en ^Westphalie et en France dans plu- sieurs sivicLcs^et ilpa«se pour u» dt»« i { m \ \ \ j ! ■in' ■^^ Sa HISTOIRE NATURELLE poissons les plus délicats du Véaer. On le prend dans toutes les saisons , mais sur- tout vers la S. Jean. On sesert pour cela de petits filets fins , ou de la ligne. Il mord très-promptement à l'ha- meçon. Comme il a la vie fort tendre , il meurt bientôt après être sorti de Teau. Ses ennemis les plus dangereux sont le brochet et la lote. A trois ou quatre ans il commenoe à frayer ; ce qui se fait ordinairement vers la fin de juin et dans le fond de l'eau. Il a une grande quantité d'œufs et multiplie considérablement. Il aime une eau pure et courante , le fond sablonneux ou pierreux , et se tient par troupes dans les endroits où, il n'y a point d'autres poissons : voilà pourquoi on le prend parement avec ceux d'une espèce dif- férente. Il se nourrit comme les autres poissons du même genre , et ne croît que lentement. Comme il aime la cha* leur , il se tient ordinairement vers la «uvfàcç de l'eau, ^ ' . i ^.^it a4i^:i '^ i ^ •/ r vi LE éser. On ms , mais 1 se sert ou de la ntàl'ba- : tendre , sorti de ingereux i. trois ou ayer ; ce i la fin de Il a une multiplie r eau pure neux ou ipes dans d'autres le prend pèce dif« les autres ne croît e la cha* \t vers la S. '^. i V-;.*. ^; •>4' ■»M îii ■'i' .,-t^ [!,- JPiu/e di Tonv . fH. • » Ifed-eve^ diel'. -Le' Fiûacrv Jcte^- x.U\. S OPE . a .I^\ BOKJîmiF^E . 3.I.E CAllASSIN , I . ••-<..# ■ »#*#! île à %^ïm i^âtm^ét «^iw^ut» ,V .-<* -V.'» I ) !»!■. conia» 9*4^^ àHUxvm »*.!«iî«^. i' ., %' n^^rpm^ '|^$ ifUj^'w;^.!*!» »'-{»* ^■i'i •îk, ■^if**. •fH^^: t ■ ''i ^1 -•* ^.iH^. ' ijfy^^ ^4'^ > • •■ ^«^Siiv ^''■'•' ' 'y rn' *»'*; h ' ¥ ■v'&^ ;*^1?*-l ^5"' J,./- . .vV^,'*" * .^^l^* t .1 » ' • "1 . II I] H * t, I ' ' • J ♦ » ' * DE L A s OP E. *T 83 J'ai trouvé dans ce poisson deux si- nuosités au canal intestinal , environ trente- quatre vertèbres à Tépine du dos, et quatorze à seize côtes de chaque cote* ,, .i\,rttrvtiA Mi «*«*»i-'<»* *: • #V.:»I *-». Ce poisson est connu sous différena noms. On le nomme : . . v ; . ri ^ c s: Elritze , en Silésie. Grimpel , en Westphalie. Elritze et Elbute , en Danemarck* Erwel et Elritze , en Livonie, , ., Ellerling, en Basse-Saxe. Elwe-'Ritze , en Norwège. Olszanka , en Pologne. , # ^ .« - -...X Vairon ou Véron , en France* t Sanguinerolla , en Italie, j^ji^i ^^Jx -^^r^^-^f ]^îorella, à Rome.,; - '■ ^ - - finckf Mino^it e\ Minim , en Angle«» ,j':;t: i,? # r .. i T ,T terre. .^n?r> ;!4j ,-» LA S OPE, CYPRIN V$ BALLSnVS. On distingue cette espèce des autres carpes par les quarante-un rayons de I. i i i i4 HISTOIRE NATURELLE la nageoire de l'anus. On en compte dix-sept aux nageoires de la poitrine , neuf à celles du ventre , dix-neuf à celle de la queue y et dix à celle dados. La tête est petite et arrondie par Te bout. Les mâchoires sont égales \ la mâchoire inférieure est recourbée et un peu avancée lorsque la bouche est ouverte. Le front est brun , Vœil grand, la prunelle uoire , l'iris jaune et mar^ que de d^ux taches noires. Les joues^ et les opercules des ouies paroissent successivement bleus , jaunes et rou- ges. Le corps de la sope est très-mince^ sur- tout depuis l'anus jusqu'à la na- geoire de la queue. L'anus est à-peu- près au milieu du corps. Les côtés sont d'un Manc argentin, et le ventre ,qui est de l'épaisseur du petit doigt , est rou- geâtre. La ligne latérale a une direc- tion droite , et est marquée de points bruns. Le dos est noirâtre , et finit en< tranchant. Les écailles qui couvrent le corps sont petites. Les nageoires sont r^ î? D E L A 80 PE. >' 85 entourées d'une bordure bleue *, la na- geoire du dos est plus éloignée de la bouche que celles du ventre i celle de Fanus est très-large , et celle de la queue est taillée en croissant , et a la partie inférieure plus longue que la supé- rieure.'♦^**-'*'*'*t''-i .■:.tiy,;ji.UD»îJ3 J* i- i.*- ' -' ■ '" * Ce poisson habite ordinairement les eaux du Hâve , en Poméranie , et celles du Curisch r- Havc , en Prusse. C*est dans ces eaux qu'on le prend au prin- temps dans des filets et dans des poches. Il ne se multiplie que lentement, et on ne l'estime guère , parce qu'il a peu de chair et quantité d'arêtes. Comme il n'est pas gras , il fournit une nourri- ture assez saine. .-ti^tuém^M ù > La sopene devient guère plus grosse qu'elle est représentée sur la neuvième planche : aïors elle pèse environ une livre et demie. Cependant on en trouve quelquefois qui pèsent jusqu'à trois li- vres. Le temps du frai est vers la fin d'avril. C'est vcrace temps que j'exa- .r "I s»::;"*»»»." / / 86 HISTOIRE NATURELLE minai uuc femelle : elle pesoit quinze onces; l'ovaire en particulier en pe- soit cinq et trois quarts , et contenoit 67,600 œufs de la grosseur de la graine de pavot. Quant aux autres parties , ce poisson di£Père peu de ceux du même genre. Il a à chaque mâchoire cinq dents applaties des deux côtés , et pointues par en haut. Le canal intestinal a deux sinuosités j l'épine du dos quarante huit vertèbres , et on trouve dix-huit cotes à chaque côté, j ; •> v ^^ ^^ »> ^ïvnb i^qtîrî ^ , Ce poisson est connu sous différens noms. On le nomme : . «^ -^t^f'-ftij i:. ^ope^ en Marche et en Prusse. ^ •'■«-> Schwope et Schwuppe , en Foméranie et à Hambourg, ' y ■ Ssapa , en Russie. -r f^qoi^ 1 J J/ir^et Blikke, en Danemarck. ', ' >^ Brasen et Bunkeyen Norwège. t* i;i/ , Blicca y Blecca > Braxenblicca , Braxen* . panka et Braxenflia , en Suède. ^ fileyer , Rudulis et Safg , en Livonie^ • La sope a beaucoup de ressemblance «h :^ DELA SOi^É. ' Ôjr avec la bordélière , à cause de son corpà large et mince. Cette ressemblance jointe aux mauvais dessins que les an- ciens ichthyologistes nous ont donnée de ces poissons , peuvent servir d'ex- Cusc à Ârtédi et à Linné, qui ont pris ces deux espèces pour le même poisson » et ont rapporté à la sope ce que les écrivains avoient dit de la bordélière. Voici les vrais caractères distinctiis de ces deux poissons : 1°, La bordélière est courte*, la sope estalongée. 2®ë La dernière a là tête tronquée ; celle de la première est pointue. '6^^ Chez la sope la mâchoire supé-^ rieure surpasse un peu l'inférieure j daps la bordélière les deux mâchoires sont égales» 'H^''^-^^-^*' ^ ■:._ f^'^- - .•: 4°. Les nageoires pectorales et ven- trales de la bordélière sont rouges ; celles de la sope sont jauges et bordées de bleu» — : - "* ^ 5**» La sope a quarante-un Irayons h 1; fi y rl.'à»-. :r. '^3^Éi .( 88 HISTOIRE NATURELLE la nageoire de Panus , la bordélière n'en a que vingt-cinq. 6*=*. La bordélière est un poisson de« pins communs , non-seuleiHent dans les états du roi de Prusse, mais encore dans toute l'Allemagne , en Suisse , en Hollande, en France, et probablement aussi dans toute l'Europe La sope , au contraire , ne se trouve que dans la mer Baltique et à l-embouchure des fleuves qui s'y déchargent. Voilà sans douté pourquoi Richter , qui écrivoit cepen- dant en Foméranie , ne connoissoit pas même ce poisson de nom ; et Briigge- mann ne l'a point rapporté dans le ca- talogue des poissons de la Poméranie. 7°. La bordélière a deux rangées de dents ; la sope n'eu a qn^une. S**. Celle-ci a quarante-huit vertè- bres à Tépine du dos \ celle-là n'en a que trente-neuf. ,<> *r .,;> * ,,. -; 9°. Enfin, la bordélière pèse à peine une demi-livre ; au lieu que la so|)e en pèsejusqu'à trois, irr.v «. t'- ^ ï *.«, - j-'- . ^ ^ ':1 Hère nde« dans icore e,en ment >e , au la mer euvea doute epen- [>it pas •ugg€- le ca- ranie. ngées rert t^: DE LA SOP E.* ég* Comine notre sope ne se ffoitve que dans les environs de ta mer ^Ôâltique , il n'est pas étonnaiït que les anciens ichthyologistes n'en aierlt point fait mention. Artédi fut le premier qui en donna uiïe description : hiais comme iï la regardoit comi!n'ë un poisson déjà connu f il ne Crut pas nécessaire d'en- trer dans les détails, et négligea même de la mesurer. Dans la suite Linné en parle , mais en peu de mots , et sans doute par la même raison. Wullf en fait aussi mention comme d'un pois- son de la Prusse , et la rapporte fausse- ment à la farè,ne de Linaé. Enfin / Miiller la donne pour un poisson du banemarck. . , 'yf^ r- Quoiqu'on prenne ce poisson en quantité dans le Curisch-Have , le cé- lèbre Klein a cependant douté de son existence. D'abord il se trompe en pre- nant le ballerns d' Artédi' pour la bor- délière. Mais comme il ne compta que vingt-cinq rayons à la nageoire de Toissons. Vlï. ij ' Il i - ik-' ^.F<à ii .( k go HiJSTOmE NATURELLIS l'anus ( caril ne comptoit point les pe-^ tits rayons du bout ), il tomba dans wnç autre erreur , qui étoit de soutenir qu'il n'y avoit aucune carpe qui eût quarante rayons à une nageoire. Kra- jner en parlant du poisson connu en Autriche sous le nom de Schein-Plein- zen , cite le ballerus d'Artcdi , de Xiinné et des autres écrivains qui ont parlé de la bordélière. 11 est très- vrai- semblable que le poisson qu'il a décrit n'est aucun de ces deux , mais la brème. Car , 1®. il doit être difficile de trouver la sope dans les pays méridionaux de l'Europe. 2°. Son poisson pèse six à sept livres; au lieu que notre sope ne passe guère deux à trois livres. Il est plus vraisem- blable qu'il a eu en vue la brème de Xiinné ; car c'est le seul poisson du genre des carpes larges qui parvienne à^ cette grosseur. La vraisemblance augmente encore en ce que Marsi^li en. m '•^Ai.*-*. v^.ij.»^ •.**»•- l.-iÉ • LA BORDÊLIÊRE, C YPRINU s 3HC C À. On reconnoît la bordélière à son corps large et mince, et aux vingt-cincj rayons de la nageoire de Tanus. Les na- geoires pectorales ont quinze rayons y les ventrales dix, celle de la queue en a vingt -deux, et l'a dorsale douze. La tête de ce poisson est petite, et finit en pointe. Lorsque la bouche est fermée , la mâchoire supérieure avance un pen sur l'inférieure. L'ouverture delà bou- che est si petite, que, dans un poisson de huit pouces, je n'ai pu y introduire le petit doigt qu'avec force. L'œil est de moyenne grandeur , la prunelle noire , l'iris jaune et tacheté de noir. Le corps est couvert d'écaillés minces de moyenne grandeur; la nuque est bleuâtre, aussi bien q^ue le dos, qui est I 1 1'' 1)5 HISTOIRE NATURELLE tranchant par le haut et rond par le bas : il forme un arc , et ne s'élève pas insensiblement comme dans la plupart des poissons du même genre ; mais il monte tout d'un coup , ce qui fait pa- roître la nuque enfoncée. La ligne la- térale qui est couf be , garnie de points jaunes , sépare )es côtés en deux par- ties y dont la supérieure est d'un blanc tirant sur Je bleu, et l'inférieure bleue aussi bien que le ventre. Les nageoires pectorales et ventrales sont rouges , celles de l'anus et du dos brunes et bor- dées de bleu : la dernière est plus éloi- gnée de la tête que celles du ventre. La nageoire de la queue est bleue , fourchue , et la pointe inférieure est plus longue que la supérieure. La bordélière est un de nos poissons les plus con^muns. On le trouve pen- dant toute l'année , dans touç nos lacs et dans toutes nos rivières , dont le cours est trapquille et le fond sablon- i|euxpu marneux. On ne l'estime guè- ^../ .-,i».^'rw ^ ■■;■>, ,ia."*--ji»"-~s-£./^- it-- !' tssons pen- lacs it le >loii- guè. X>E LA BORDÉLIÈRE. 9? re , parce qu'elle est peu charnue et qu'elle a beaucoup d'arêtes. Il n'y a presque que le peuple qui l'achète. Elle fraie aux mois de mai et de juin , sur l'herbe des rivages unis ', alors elle est si occupée de cette action , qu'on peut la prendre à la main. Hors de ce temps, elle est fort peureuse, se préci- pite dans le fond au moindre bruit , et est par conséquent assez difficile à prendre. La manière dont ce poisson fraie , donne occasion d'en 4istinguer trois classe^. ;. . , , ;.!:l -.1 La plus grosse paroit la première , et fraie aussi -tôt après la brème. Elle commence à pondre au lever du soleil, çt continue jj(isqu'à dix heures dvi ma- tin : elle finit dans trois ou quatre jours, à moins qu'un froid subit ne se fasse sentir , car alors elle finit dans la journée. Neuf jours après, paroissent celles de la seconde grosseur , ensuite les plus petites, après un autre espace de neuf jours. Toutes fraient en faisant î i > I â • i' 'i I y »=?s=^3TJisa»«çf* :»*«asf»ai'-v* -^-r -.«^■;r'ii;e::*;:^^^^ii^m I>K LA BOttDéLifcRE. 95 "'Ce poisson ne pèse ordinairement que trois à quatre oticrs: cependant , on en trouve quelquefois qui pèsent jusqu'à une livre. On le prend à la li- gne, au filet et à la nasse. Il vit comme les autres^ d^Iierbes et de vers; il est aussi très -avide du frai du rotengle. Pour lui y son frai ne devient la proi» d'aucune espèce, ce qui fait qu'il mul' iiplie beaucoup. Le canal des intestins a deux sinuosités , l'épine du dos trente- neuf vertèbres ^ et chaque mâchoiro sept dents en deux rangées. Les autres . ' ' I œufs et les laites qui augmentent alors, il est forcé de quitter ce poisson , et disparoit entièrement. Il attaque plus communément les jeunes que les vieux. On trouvera plus de détails sur ce sujet dans ma Dissertation sur les vers, des intestins ^ qui a remporté In prix à l'académie de Copenhague. Il est xemarquable qu'Ari&tote a observé ce ver danslabordélière , pourvu que son ballerus soit le même que notre poisson. Voyea son. Hist.. Nat. Lib. viii , cap. 20. i. l^Âff»^--"' •» V U'A i 96 HISTOIRE NATURELLE parties intérieures sont comme dans les autres carpe9* . < . £• i l» La bordélière a pour ennemis tous les pois^Qns voraces ; les oiseaux d'eau et Paigle de mer. Les pêcheurs de ce pays en font un appât pour prendre des anguilles à la ligne. La chair de la bordélière est mollasse; mais comm cune idée distincte ni de l'une ni de l'autre. Notre bordélière ne seroit>clle point la bierkna d'Artédi et de Linné ? La description de cette dernière convient parfaitement à notre poisson *, mais comme Linné assure expressément , que dans cette espèce il a trouvé , à la nageoire de l'anus^ trente-cinq rayons, et non vingt -cinq comme Artédi, on n'aura quelque chose de certain là-des- sus , que lorsq^ae quelque naturaliste « i\ I ^ I } ,/1 ■| .1 M ..,#■ -.. 4* 98 HISTOIRE NATURELLE suédois aura montré lec[uel de ces deux auteurs a raison. LE CARASSIN, CYPRIN VS CARASSIVS. :.■■■'[ .'..■.. •■ '- r' ■ - i^ ' ■ Lç^çarassin est du genre des carpes larges, et se distingue des autres par sa ligne latérale, qui est droite , par la na- geoire de la queue , qui n'est point par-' tagce, et par les dix rayons de la na- geoire de l'anus. On en compte treize aux nageoires pectorales , neuf aux ventrales, et vingt -un à celles de la queue et du dos. La tête est petite eb arrondie à l'extrémité. La partie supé- rieure est olivâtre , les côtés sont jau- nes et m'élangés de verd. Les yeux sont petits , la prunelle noire , et l'iris ar- gentin , bordé d'une ligne couleur d'or. Les narines sont plus près de l'œil quo de la bouche. Quoique ce poisson ait le corps plus large que celui de tous lès autres du même genre , il est avec cela^ ■■ti.!-» > «-■■*• -^ -- ^-»^«;^ ifjf>S^:S:.f:'^'-'9yfg^^'^f^!^ .•i*v >-■«, ^ia.*-#j»»w«jjf^, #♦'?•- t' l » tJ C A R A s s I N. 99 anssi épais , et est couvert d'écaillés de moyenne grandeur. Les côtés sont vcr- dâtres vers le dos, et jaunâtres vers le ventre. Le dos est arqué , d'un brun foncé, d'une forme tranchante vers la nageoiie , et ronde au dessous. Le ven^ tre est d'un blanc mêlé de rouge. Les nageoires de la poitrine sont violettes , les autres sont jaunâtres et bordées de gris. Le carassin aime un fond marneux , et on ne le trouve que dans les étangs et les petits lacs. Il réussit sur- tout dans les fonds de glaise. Sa chair est blan- che , tendre , n'a pas beaucoup d'arêtes , et est par conséquent fort estimée. Comme il n'est pas gras, il fournit un aliment assez sain aux personnes foi- blés et maladives. Il est remarquable que le carassin , lorsqu'on le met dans une eau dont le fond est fangeux, n'y prend pas si-tôt un mauvais goût que le brochet , la perche et les autres poissons. H a lu ^ i 1 \ 1 I ^■ I il ■ il _;^ ,(• ?( ! s! iOfO HISTOIRE NATURELLE vie dure, vit assez long-temps hors âé l'eau, sur-tout en hiver; de sorte qu'oii peut le transporter facilement dans do la neige , dans des feuilles de ehou et dô laitue. Un avantage conâidérable qu'il offre aux cultivateurs , sur - tout dans le pays où les poissons sont rares, c'est qu'il réussit assez bien dans de petites eaux dormantes. Ce poisson se prend an filet et dans des nasses. Il mord aussi à l'hameçon , auquel on a mis un pois cuit. Il vit de bourbe , de plantes et de vers ; et comme sa nourriture est la même que celle des carpes, il ne faut pas en met- tre une trop grande quantité dans les étangs à carpes, de peur qù'ilisï ne leur enlèvent la nourriture. Le caX>assin ne croît que lentement, et ne pèse pas or- dinairement plus d'une demi - livre. Queltjuefois on eri trouve qui pèsent une livre et même plus. Il a pour en- nemis toutes les espèces voraces et fous les oiseaux pêcheurs. Si on veut h» .' ' v. .".!.":,, :''l' 'DU G A R A S S I N. lOl faire multiplier et les engraisser , il ne faut leur donner à manger que du pain de chenevis, du fumier de brebis , des pois et des fèves cuites. Le carassin fournit un mets délicat à la table des riches. On trouve à chaque mâchoire cinq dents larges. Le canal intestinal a cinq sinuosités. L'épine du dos est compo- sée de trente vertèbres , et a quinze cô- tes à chaque côté. J'ai trouvé dans les ovaires environ 95^700 œufs jaunâtres, de la grosseur de la graine de pavot. Il fraie en mai , quelquefois en avril , quand la saison est chaude^ et il com- mence dès Tâge de deux ans. ^ ' ' Ce poisson est connu sous difiFérens noms. On le nomme : 2obelpleinzl et Braxen , en Autriche. Gareis , dans la plupart des provinces méridionales de l'Allemagne. Kamez , en Westphalie. Karausche^ en Saxe, ilucîa et Carassa, en Suède. rol&sous. VII. 10 li ifi '; H 4 102 HISTOIRE NATURELLE Kamdse, en Dauemarck. ; ;. Hamburger ou Sternkarper , en Hol- lande. ,■ /\ ■>• ' ■. -*■.'.. ■• :r" ' ■ ' ' Coras , en Hongrie. - * .. ' J^arflMss^Ti , en Poméranie. Karausse , en Silésie. Karsche , dans la basse Silésie* CrttcJara , en Angleterre. ;■ : Carassin , en France. K . ■,-... .:- •• ■.:■■■■■■ ■^^- liA GIBELE, crpRiNus gibelw, La gîbèle est du genre des carpes larges, et se distingue des autres pat sa queue écliancrée en forme d^ crois- sant et par les dix-neuf rayons de la nageoire dorsale. On en compte quinze aux nageoires de la poitrine, neuf à celles du ventre, huit à celles de. l'anus, et vingt à celle de la queue. La tétc est grosse , brune par en haut , et d'un brun jaune des deux côtés et vers la gorge. Los mâclioireç sont égales, la bouche est de la même forme que celle 'J ■% <*■ .'■■•':■* ■I <* ■*■ •», ^ vf**^. f^-ÏJ = ,:m% I :'**■ '^. lî» -^?. ■ï*. ^ -i^ -:j ,*»•• (ff. ^^. ^ H' l« ^ii'^-.<î-/-< I' ■*•««•' t.-; \> Mi >=<■ ^M' I -. ---niT<'jfriiiafc-fi M--"'^-'-^ l . î'.^i •î"-('jrjr irV4yî.tM * » j • » -,..'?. 5 '•'. ■ i '« ' a, */<•#« w-.* t ■■• f* •«< OJÎCr^r: h -t» :-t»*.\ ;fi 7> f*i :>>mv. ' i • '♦ « î J ' .l■'^ ^..* ^ ' I ,' iT^ C3': t.'u c, ( f V,-' n tfj n- '4 ;-. ; t" f . ( ■/ Ji' :-'>..^-' . •■ ' : i-î* ''M ♦ ^*)i; ■*t' II- «■ c f 1 '1. ^u »• *'^ëa, ,1 . < ■'.« ■ iu.,7r 0 n l^:t tel; ^y *^''- :i*>Syi8«»»t-^t«*^ l'am . ni Pq^. 2û2^ \r \. t\ 1 ; t' . »'• f\ l'i t ,)ï t'- '■'■■ 4 f ■* t i ^ '> i.î^ r» J)eif'ei>e ( ' ■' •■ ■» 5c ■ » • pi^ f , . ont iris ffl? 'i Iw '% ' f fW r-l i ml ;:|j i fyr'lf < est mej • • }U1| foi ^t DE LA G I B £ L E. 10?? ëc Ta carpe , et les narines sont placée» près (le Poeil. Les yeux r,ont grands et ont une prunelle noire , entourée d'un iris jaune d'or. Le corps est large , alongé et couvert de grosses écailles^ même au ventre, qui dans les autres espèces n'en a que de très- petites. Les côtés sont d'un bleu verdpar en haut , et d'un jaune d'or vers l^bas : mais il y en a dont tout le corps est noir; ce qui vient de la nature de l'eau dans laquelle elles vivent. Le dos est arqué et bleu , et sa nageoire est pTus près de la tête que les ventrales. La ligne latérale est garnie de points bruns , et courbée vers le ventre. Les nageoires sont jaunes , excepté celle de la queue qui est grise , etl'exlrêmilê des rayons est divisée en huit branches» , La gibèle multiplie considérable- ment. Elle fî-aîe dès sa troiisième an- née , dans tes mois de mai, juin et juillet. Mais chacune ne fraie pas trois fois comme le croient les gens de la^ M lO'f i HISTOIRE NATURELIiE campagne \ le temps est dififérent selon leur âge : les vieilles fraient plutôt que les jeunes. Le créa'ieur, dont la sagesse infinie pourvoit |à la conservation de tous les animaux , a donné à ce poisson des ovaires très -considérables. Celui que j'ai examiné avoit , au mois de janvier, temps auquel les oîufs sont encore petits , un ovaire de cing onces , et le poisson entier n'en pesoit que quinze. La seizième partie des ovaires contenoit $,6oo œufs ; ainsi l'on peut sans crainte de se tromper, faire mon- ter le tout à 3oo,ooo Quelle quantité prodigieuse pour une seule année ! Mais si nous considérons que ce poisson n'a pour séjour que les petits lacs et les marais , oi!i il est exposé à être dévoré non • seulement par les cigognes , les hérons , les oies , les corneilles et les pies , mais encore par Içs grenouilles qui l'entourent , nous verrons que cette sage précaution de la nature n'est pas superflue. fil ' H DE LA G I B ÈLE. 105 La gibèle ne devient pas grosse , sur-tout lorsqu'il s'en trouve un grand nombre ensemble ; parce qu'elles se dérobent mutuellement la nourriture. Ainsi f si Ton veut en avoir de grosses , il faut mettre avec elles quelques-uns de leurs ennemis , afin qu'ils diminuent )a progéniture , et que les plus kgées trouvent assez de nourriture pour grossir. Les gibèles ne pèsent guère plus d'un quarteron ou d'une demi- livre. Cependant lorsqu'elles trouvent abondamment de quoi manger , ou qu'on les nourrit comme le carassin ^ elles parviennent jusqu'à près d'une livre et demie. Mais il n'est pas bon de leur donner à manger ; car s'il arrive qn'on ne leur en fournisse pas une quantité suffisante , elles y perdent plus qu'elles n'y gagnent ; parce que par- là elles se déshabituent de chercher leur nourriture. » . v . • Tant que les gibèles sont petites, elles ont beaucoup de ressemblance Ri' n I I 10() HISTOIRE NATURELLE avec les jeunes carpes: ainsi en ache- tant de Talcvin (le carpe pour le mettre dans des étangs , il faut bien prendre garde de ne pas prendre desgibèles pour des carpillons. Un grand désavantage qu'il y auroit , c'est que la plupart dca g i bêles ne deviennent pas nussi grosses que les carpes , et que d'ailleurs elles multiplient beaucoup et afîameroicnt les dernières. ''^ ■'«».. -rr--''-'-t*^ D F I. V G I B h L E. 10*T Tavanlage de prcnrlre dinioilemenl \in goût de bourbe. On peut les tnettio dans les mares , m. irais et dans toutes les eaux bourbeuses ; ce qui est un grand avantage pour les économistes^ La chair de ce poisson est tendre , a peu d'arètcs y et n'est pas mal-saine pour les malades. .. '•; •> • i La gibèlo a liuit petites dents poin^ tues en deux rangées-, le canal des in- testins forme deux sinuosités; l'épine du dos a vingt-sept vertèbres et dix- sept côtes à chaque coté. Ce poisson est connu sous différena noms. . -.'fJ, ■ i •>, : ..;^ i,M « -. On le nomme : ; . n -t» fr«^« i Ciebel, dans la Marche de Brande- bourg et en Poméranie. dV^^rr , en Prusse. Kieiner Karass et Giblichen, enSilésio. Steinkarausch , en Saxe. On trouve la gibèle dans lu Marche , en Poméranie , en Silcsie , en Prusse et dans plusieurs autres contrées de iâ ■s ' (1 ifi ) J ( l08 HISTOIRE NATURFXLK rAllemagne. Les anciens ichthyologis- tes l'ont connue : Gesner, Schwenek- feld et Willughby en parlent comme d'une espèce particulière. D'après cela , il paroît très- étonnant qu' Artédi , Linné , Gronov et Kramer n'en aient point fait mention , et que Klein et Leske ne l'aient regardée que comme une variétt£j du carassin. Comme elle diffère beaucoup de ce poisson par les parties internes et externes, j'ai cru devoir en faire une espèce particulière. Voici les caractères qui distinguent ces deux poissons : 1°. La gibèle est alongée , et le ca- rassin est non-seulement beaucoup plus large y m ais encore le plus large de toutes les carpes. 2*^. Le carassin a la tête et les écailles beaucoup plus petites que la gibèle. 5°. Dans la gibèle , la ligne latérale est courbée , et la nageoire de la queue en forme de croissant ) dans le caras- sin , elles sont droites toutes deux , et 'ri "»» »:S»i».., .,- ■■~- '*. DE LA GISELE. 10^ de plus , il a le dos beaucoup plus courbé que la gibèle. 4*^. La gibèle a huit rayons à la na- geoire de l'anus , et dix-neuf à celle du dos ; le carassin , au contraire , en a dix ^ la première , et vingt-un à la se- conde. 5°. Le carassin a une rangée simple de dents arrondies; au lieu que la gi- bèle en a une double rangée de poin-r tues. 8^. Le canal intestinal du carassin a plus de sinuosités , et l'épine du dos un plus grand nombre de vertèbres. 7*^. La gibèls a la vie plus dure , et pond une bien plus grande quantité d'œufs que le carassin. D'ailleurs , il ne faut pas confondre la gibèle avec la dobule , que les Saxons nomment aussi Giehel, k . - Les économistes prétendent que la carpe et la gibèle produisent une es- pèce bâtarde , à laquelle ils donnent le Taomô.ii G ibèle^carpe. _ i ,, il If t . ,» IIO HISTOIRE NATURELLE LA BREME, cyprinus brà3iA. Ce poisson se distingue des autres par ses nageoires noirâtres et les vingt- neuf rayons qu'il a à la nageoire de l'anus. On en compte dix sept aux na- geoires pectorales , neuf aux ventrales , dix-neuf à celle de la queue, et douze à celle du dos. La brème a la tête tronquée , la bou- che petite , et la mâchoire supérieure un peu avancée. Le front est d'un bleu noirâtre; les joues sont d'un bleu jaune, la prunelle de l'œil est noire , l'iris d'un jaune pâle, et l'on remarque au-dessus une tache noire en demi -lune. Quand ce poisson est parvenu au point de son accroissement , il est assez large et épais. Les jeunes , au contraire , sont minces et d'une forme alongée. Il est couvert d'écaillés assez grandes. Son dos est noirâtre , tranchant , et repré- sente un arc tendu. La ligne latérale - Ai â RAMA» l .^'- i autres îsvingt- îoire de aux na- ntrales , it douze i,labou- périeure ;*un bleu u jaune, iris d'un u-dessus Quand t de son arge et e , sont e. It est les. Son t repré- latorale D E L A B R E M E. 1 1 1 est courbée vers le ventre , et garnie d'environ cinquante points noirs. La couleur des côtes est un mélange de jaune , de blanc et de noir- Les na- geoires pectorales sont violettes par en haut , jaunes par en bas , et noirâ- tres vers les bords. Les nageoires ven- trales ont un fond violet , et on re- marque au-dessus un appendice ven- tral , qu'on ne trouve point dans les autres carpes larges. La nageoire de l'anus est grise dans le milieu , noirâtre vers les bords j celle de la queue , qui est fourchue , et dont la partie infé- rieure est plus longue que la supérieure, est par-tout d'un bleu-foncé. La na- geoire dorsale est de la même couleur, et est plus éloignée de la tête que celles du ventre. Ce poisson est un des plus importans de nos contrées. On le trouve dans tous les grands lacs, et dans les rivières d'un cours tranquille , dont le fond est com- ])osé de marne , de glaise et d'herbages. m 1 H 112 HISTOIRE NATURELLE On le prend principalement sous la glace ; alors la pêcherie est si considé- rable y que dans quelques lacs des états du roi d^ Prusse , on en prend quel- quefois pour trois , cinq et jusqu'à sept cents écus d'un seiil coup. On en prend aussi une grande quantité dansleHols- tein , le Mecklenboùrg , en Livonie et en Suèd^. Dans un lac de ce royau- me , situé auprès de Nordkioeping, on en prit au coiùmenceitient du mois de mars 1749 , cinquante mille en un seul coup', qui pesoient i8,aoo livres, v Là brème devient a:ssez grosse. On en trouve communément qui sont lon- gues d'un pied et d'un pied et demi , et qui pèsent douze à quatorze livres : on en a vu aussi de vingt livres. Ce poisson se tient ordinairement dans le fond de l'eau, où il vit d'herbes, do vers et de terre grasse. Au printemps , il cherche les rivages unis^ garnis de joncs et d'autres plantes. Lorsqu'il se trouve dans un lac qui communique M t '*^- .8 la sidé- étals ^uel- ^sept jrend Hols- vonie oyau- ng,on Lois de in seul i, se. On nt lon- demi , vres : es. Ce ans )e es , do emps, mis de qu'il se unique b E LA B RÈ ME. li^ avec quelque rivière , il y remonte avec le courant de l'eau. C'est-là qu'il dépose ses ceufs sur des herbages. Or- dinairement la femelle est suivie de trois à quatre mâles. Il semblerott que ces animaux , qui se trouvent alors en grande quantité^ et qui font un grand bruit dans l'eau , ddvroient s'y accou- tumer ; cependant au moindre son étranger, ils s'effraient et se précipi- tent au fond. En Suède,une expérience de plusieurs années a prouvé qu'il sufRsoit quelque- fois du sond'unecloche pour faire fuir les brèmes d'un endroit où elles s'arrê- ; toient en quantité depuis long-temps : voilà pourquoi on évite d urant le temps dû fraîi , d*e faire le moindre bruit , même aux jours de fête , dan les vil- lages où l'on pêche ces poissons. La brème fraie au mois de mai, ou à la fin' d'avril quand il y fait chaud. Cette opération se-fait en trois fois : les plus grosses commencent^ les moyennes Foissous. yil. 11 w ■ rfj B», ll4 HISTOIRE NATURELLE viennent ensuite , et enfin les plus pe- tites. Quand il fait beau , il se passe toujours neuf jours entre chaque épo- que ; mais quand il fait froid , rien n'est réglé , et elles fraient au premier beau temps. Dans le temps du frai , il vient sur les écailles des mâles comme c'est l'ordinaire chez les autres mâles de ce genre, de petits boutons, qui leur font donner différens noms par les pêcheurs, Pline a remarqué les mêmes excres— cences aux poissons des lacs Larins et Verbanus-, et Salvin les décrit exacte- ment en parlant du poisson qu'il nom- me p/go , qui étoit une espèce de carpe. Il dit que les boutons ne paroissoient quo sur les mâles , qu'on les remarquoit or- dinairement sur le dos et sur les côtés , et qu'ils disparoissoient au bout d'un mois. Lorsqu'il survient un temps froid pendant le temps du frai , ce poisson se retire dans le fond : le nombril des femelles se referme , s'enflamme ; lo ppisson enfle ; dépérit et meurt* Il est ;'( :.?f.«. ^A DE LA BRÈME. Il5 singulier que dai^s les poissons comme dans les autres animaux, lesiemelles qui en propagent Pespèce, soient exposées à un plus grand nombre de maladies que les mâles. Quoique les mâles de la brème se retirent aussi dans le fond lorsqu'il survient un mauvais temps , ils ne sont pourtant pas sujets à celte maladie. On m'a apporté une brème dont le corps avoit dépéri , et dont le ventre étoit excessivement enflé. Elle pesoit trois livres et trois quarts. Vers Fenflure , les écailles paroissoient aussi grandes que celles de la carpe ; ce qui venoit sans doute de la trop grande tension de la peau -, car au lieu d'être afrrangées les unes sur les autres comme des tuiles , elles étoient rangées les unes à côté des autres en lignes paral- lèles. Ayant ouvert le poisson , j'y trouvai une substance gluante et rou- geâtre , qui paroissoit aussi granuleuse que le millet cuit. J'en fis cuire une partie ; mais au lieu de devenir rougQ A\i I .1 tl6 HISTOIRE NATURELLE OU jaune comme les œuù cuits des pois- sons , elle se changea en bouillie blan* che. Outre cette maladie , la brème , aussi bien que le sandre , est sujette à la pbthisie. J'en ai va une attaquée de cette maladie , qui étoit si maigre et si exténuée , que lorsque je voulus la prendre par la tête , le tronc tomba comme un chiffon. On trouve dansFin- térieur du bas-vçntre de ce poisson , sur-tout lorsqu'il est jeune ^ le fleck , espèce de ver solitaire. J'y ai aussi trouvé , dans le canal intestinal , le lé** chin ; c'est une autre espèce de ver des intestins. Ce poisson a de petits œufs rougeâ- tres. J'en ai trouvé environ 137,000 dans une femelle qui pesoit six livres. Quoiqu'il soit sans cesse exposé à la poursuite des hommes , du silure , du brochet , de la perche , du sandre, de la lotte , de Tanguille et des oiseaux pêcheurs, il n'est pas étonnant qu'avec une si grande quantité d'oeufs , il se rf M »E LA BRÈME. I17 multiplie si prodigieusement. Le grèbe et le plongeon Luait aussi du nombre des ennemis de ce poisson. Ces oiseaux s'assemblent ordinairement en autom- ne, en troupes de dix ou douze, et plongent les uns après les autres. Les petites brèmes effrayées par la couleur blanche de leur plumage , se retirent. Les oiseaux continuent à plonger jus- qu'à ce qu'ils aient poussé les poissons vers le bord , où ils les prennent et les mangent. Quand on veut avoir des brèmes pour empoissonner quelque pièce d'eau , il est très-aisé alors de les prendre à la truble. La buse cherche aussi souvent à contenter sa faim aux dépens de la vie de la brème; mais elle y perd quelquefois la sienne lorsqu'elle veut attaquer une grosse brème. Le poisson plonge au fond dès qu'il sent les serres de l'oiseau. Si celui-ci n'a sai- si que la chair du poisson , le bruit des ailes de la buse lui fait faire un effort > et le morceau reste entre les serres de :;**j5^ i / / V l ll8 HISTOIRE NATURELLE l'oiseau; mais aussi s'il a saisi l'épine du dos, le poisson tire avec lui son ra- visseur dans le fond de l'eau. On prend la brème , dans le temps du frai , à la louve , à la nasse et au coleret. En hiver , on la pêche sous la glace avec la seine. Comme elle est avide des vers , elle mord aussi fort aisément à l'hameçon : et dans un endroit où il y en a beaucoup , on peut avec cet ins- trument en prendre une douzaine en im quart d'heure. M. Taube, médecin de la cour à Zelle y décrit une manière de pécher ce poisson , qui est en usage dans ce pays-là.. Au mois d'août , quel- ques pêcheurs se mettent dans un ba- teau par un temps clair. Pendant que les uns rament à force , un autre fait du bruit avec un tambour ; deux au« très , de chaque côté de la rivière 9 battent l'eau avec des perches, et chas- sent ainsi les brèmes vers une partie de la rivière , oiîi d'autres pêcheurs les attendent avec des filets ; et en pren- Y I DE LA B R ^: M E. II9 lient ordinairement une grande quan- tité. Ce poisson , quand il est bien nourri, croît aussi vite que la carpe. Sa cliair est blanche , de bon goût , et assez gé- néralement estimée. On peut le trans- porter à peu de frais : il suffit de pren- dre , dans le temps du frai , des herbes sur lesquelles il a frayé , et de les met- tre dans un petit vase avec un peu d'eau ; ensuite il faut les déposer vers des bords unis. Au bout de quelques jours, on voit sortir plusieurs mille de petits poissons. Je suis d'autant plus si^rdu succès de cette expérience, que je l'ai faite plusieurs fois dans ma cham- bre ,et que des amis à qui j'avois donné des herbes de cette espèce , ont vu les mêmes effets. Ils seront bien plus fé- conds, sans doute , si on met les œufs dans l'élément qui leur convient. Ces petits poissons ont vécu peiidant plu- sieurs semaines dans ma chambre. La brème a la vie assez dure , sur- I. <,■ é H Vî li lao IlISTOmE NATURELLE tout pendant la saison froide. £n l'em- paquetant dans de la neige, après lui avoir mis dans la bouche un morceau de pain trempé dans de l'cau-de-vie , on peut la transporter vivante à vingt lieues; mais pendant la chaleur elle meurt bientôt. ./!,;,.• ,i . i; ♦ .Parmi ces poissons, on en trouve quelquefois un qui se distingue des au- tres par sa belle couleur , et que les pêcheurs nomment chef des brèmes. Il est toujours suivi d'une nombreuse suite , qu'il semble conduire. Lorsque les pêcheurs le prennent , ils le rejet- tent ordinairement ,aiin que les autres brèmes le suivent et qu'ils en prennent une plus grande quantité. J'ai observé un de ces poissons , qui étoit long de treize pouces , et large de quatre ) et j'y ai remarqué les différences sui« vantes: ^,. ,.,^,,,,.^,,,. ^j 1". L'œil est plus grand que dans la brème ordinaire , pt l'iris est bleuâtre. .. .. a". La tête et le fond des nageoires \ I >5Hr-. DE LA B R f^: M E. lai sont d'un beau rouge pourpre , et les dernières sont bordées d'une bande . rou^eâtre. ' 3^. Les écailles sont plus petites et plus épaisses. 4*^. Il a sur le corps plusieurs taches rouges d'une forme irrégulière. 5®. Enfin , il étoit couvert d'une matière visqueuse. j S'il en faut croire les pêcLeurs , ce poisson ne pèse jamais plus de trois à quatre livres. Ne provi endroit -il point de la brème et du rotengle ? Les na*- geoires rouges , le corps court et large , et son peu de pesanteur le feroient conjecturer avec assez de vraisem- blance. On trouve encore une autre espèce , i^ui tient de hi brème et de la bordélién: , et qui ressemble en partie à l'une et à l'autre. La bordelière fraie ordinairement plus lard que la brème; cependant il arrive quelquefois, lors-* c[u'il survient un temps froid , que la dernière fraie au même temps. Quand ^jms^-^ Il' i 122 HISTOIRE NATURELLE elles se trouvent toutes deux dans le^ nasses ou filets , il arrive souvent que ]es œufs de Fune sont fécondés par les laites de l'autre ; ce qui produit l'es- pèce bâtarde dont nous venons de par- ler. Dans cette sorte de poisson , 3'ai trouvé la tête aussi petite et le corps aussi large que dans la bordêlière ; mais les nageoires étoient semblables à ccllcsi delà brème. Les pécheurs m'ont assuré que cotte sorte est une fois plus lourde que la bordêlière ; mais qu'elle ne de- yenoit jamais aui'si grosse que la brème. Le canal intestinal de la brème a deux sinuosités ; l'épine du dos trente- deux vertèbres, et quinze côtes à chaque côté. On trouve dans chaque mâchoire cinq dents larges finissant en pointes par en haut , et un peu cour- bées. Les autres viscères sont comme dans la plupart des poissons de cette cl asse. 'f :.vn■^^■:■'■^f'•^^^^' La brème est connue sous différena uams. On la nommer *•■ r-i-^m'^y^* ^ . .Ai,2^ ..i -.-rf— -n^" •t»î:j Bressmen, en Prusse. - >• Rhein ou Ren-Braxen , à Dantzig. Bleye et Brasslé , en Saxe. . * > Bieitzeuj en Empire. Brassen, Bressen etBraden, dans les autres provinces d'Allemagne. Brax y en iSuède. .atb-ii*>»S:..*4- ^^■' • Brasent, en Danemarck. «?*?'•» Brachen , Bressem , Flusshrachsen , Plau" di y Plaudis et Lauikas , en Livonie. Letsch , en Russie» . ., .a Braseiiy en Hollande.: J u />^v u' ; » . I>iJ ^r^am , en Angleterre. ■^ y'i^u' , .i ff, ; firimf, en France. f< I* , < 1 i: \ ! .' y.vi Jti^^-^^^*' V^' i^' ■"■ "Pii*! M :■■ 1 = ll:l K : il II. '.•V ; ; " -i 1 ia4 HISTOIRE NATURELLE JÎT/orzgz, en l'ologiie. -^ Pessegi, en Hongïie. - ' ♦ Scarda et Scardola y en Italie. Braexen, en Portugal. Quand la brème est jeune , on la confond souvent avec la bordélière , à laquelle elle ressemble beaucoup ; mais avec un peu d'attention, on verra que la première est plus alongée; que la queue ou la partie qui est entre Tanus et la nageoire de la queute , est pins longue, et qu'elle est plus courte d'ans la bordélière. La bordélière » les na- geoires rougeâtres , Vouverture de la bouche très» petite^ a«i liefi que- la brème a les nageoires noires et Vatk- verture de la bouche plus grande. • - * Il y a apparence que Kramer a con-^ fondu ce poisson avec la bordiélïère ^ car sa description convient égaléînent à l'une et à l'autre. Il la nomme gttrei^ sel , et dit qu'on la trouve aussi dan^l^s marais , mais qu'elle pèse ordinai^reN- ment une livre, et rav«ment uneliwo- i ( ; :\- '^4 a^ : ^ ... i nj' )n ïa re, à mais aqua ae la l^antis t plas 5 d'ans fs im- ' ^e la ju'e- la ) rem- • * Hère , ent -DE LA BRÊM E.'^ 1^5 et demie ; ce qui convient fort bien à la bordélière. • . . :. Marsigli a tort^ comme on le voit par son dessin , de donner une jeune brème pour une femelle de cette es- pèce. - Klein et Schoneveld se trompent , en faisant une espèce particulière de la brème , qui semble servir de conduc* leur aux autres , et qn^ils nomment brème -conducteur ou zwerg^hley. Le poisson qu'ils décrivent , n'est a;Ure hose qu'une brème , dont la queue étoit gâtée et difforme. Schoneveld dit aussi lui-même, que ce poisson a la queue courbe et sillonnée comme si elle eût été cassée deux fois. Cette dif* formité vient, selon moi, de ce que le poisson , quand il étoit encore jeune , s'est embarrassé dans des herbages, et s'est forcé l'épine du dos en voulant se débarrasser. Linné a aussi trouvé des brèmes bossues dans le lac Wetter , près d'Âskerfun.d. Il a trouvé la lakme Poissons. VII. 12 ! !»*■ ;i 1^6 HISTOIRE NATURELLE difiPormité dans la percbe, tt j'ai reû^ contré la même chose dans le sandre et dans la rosse. - ■ ' - - ■• LA TANCHE , crpniNtrs tJtrtA, La tanche se distingue des antres es- pèces de carpes ^ par les petites écailler dont son corps est couvert , que Richler fait monter au nombre de trente mille , et par ses nageoires épaisses et opaques. On compte dix - huit rayons à la na- geoire pectorale , neuf aux ventrales j onze à celles de Fanus, dix-neuf à celle de la queue ; et douze à celle du dos. La tète est grosse , le front large et d'un verd foncé , l'œil petit , la prunelle noire et l'iris d'un jaune d'or. Les joues sont d'un jaune tirant sur le verd. La gorge est blanche , et à chaque coin de la bouche , on trouve un petit barbiU Ion. Les mâchoires sont d'égale gran- deur, et les lèv es aua^i fortes que celles de la carpe. Elle fait du bruit en maa- n * DE LA TANCHE. 127 geaut comme celte dcrnièrek Le dos^ qui est rond et d'un verd foncé, forme v»n arc lâche- Des deux côt es , jusqu'à la ligne latérale, elle est d'un verd plus clair; au-dessous elle est Jaune, et au. ventre blanchâtre. J'en ai trouvé aussi qui l'avoicnt noir , et d'autres vert. Il serolt çlifîicile de trouver un poisson sur lequel la couleur de l'eau influe dar vantage que sur celui-ci. Lfs mâles dif- fèrent aussi des femelles,, soit pour la couleur, soit pour la bonté de la chair. Les premiers ont une couleur plus claire , la chair plus grasse et meil- lenre i ils ont les nageoires ventrales plus. grandes, et les os plus forts. Cette différence leur fait donner dififérens noms dans nos contrées. On appelle les mâles knocheri'Schleye f et les femelles bauch-schleye. Les nageoires sont for-* les et violettes ; celle de la queue est arrondie par les coins , et droite ver^ \e milieu. Dans aucun poisson je n'ai trouvé les os, où sont attachées les na,- - .Jtsi^-lvi^.mtl-' -ymm^' / / ■E. LA TANCHE.. l3l 5e/i/éf, en Allemagne. Schumacher f en Livonie. Kuppesch, Lichnis , Line et SchUye , en Estonie. ' Zeelty en Hollande. Muythonden f en "Frise, Tench , en Angleterre. Skomacken , Linnore et Sutore , en. Suède. Suder et Slie , en Danemarck. Tawc/itf , en France,. T^/ica, en Italie. Tinca, en Espagne* . , Nous avons dit plus haut que cc poisson prend une couleur plus claire ou plus foncée, suivant la couleur de Feau où il séjourne et la nature du fond. Ainsi Artédi, Klein et Gronov ne parlent pas exactement , quand ils regardent la couleur noire comme un caractère distinctif de ce poissoui Richter se trompe aussi , quand il dit que les femelles sont sujettes à une pm.> galion, menstruelle. . li I ,ub.^ét*Mi^ 9f - %, ' '1, ^iÂ^.-i'^^ .''■*i..Mi '...^Vd hjl IIJII m l3b HISTOIRE NATURELLE Linné, dans la première édition de son Fauna , donne onze rayons à la na- geoire de Fan us de ce poisson ; mais dans la dixième édition de son Sys^ iêmef oà il se sert de chiffres au lieu de lettres , pour marquer le nombre des rayons, il en met vingt-cinq au lieu de onze. C'est sans doute «ne faute d^impression. Cette faute se trouve non-seulement dans la seconde édition de son Fauna , mais encore dans toutes celles de son Système , et dans plusieurs ouvrages modernes. Elle est d'autant plus pardonnable ; que Linné et ceux qui ont écrit après lui, nVnt pu exa- miner de nouveau , en particulier , chaque animal dont ils donnent l'his- toire. Mais quand le traducteur du tSys- tème ajoute qu'il y a onze à vingt-cinq rayons à la nageoire de l'anus, chacun pourroit en conclure que lés rayons des nageoires varient dans ces ani- maux. Comme les poissons se meuvent par le moyen de leurs nageoires ; corn- *-..*^M»--», •%.- -.flifc 1er 1^ DE LA TANCHE. l33 me les autres animaux avec leurs pieds et leurs ailes , et comme dans les oi- seaux , le nombre et la grandeur des plumes des ailes et de la queue , et dans les autres animaux , le nombre et la grandeur des pieds et des doigts sont proportionnés aux besoins et à la struc- ture du'Corps, il en est de même dans les poissons. Chaque espèce a autant de nageoires et de rayons que ses besoins le demandent , et l'expérience confirme cette observai ion. Une autre raison qui fait que les auteurs ne sont point d'accord sur le nombre des rayons , c'est la manière dont ils les comptent. L'un compte les petits rayons simples , et l'autre ne les compte point. Le barbeau et la brème peuvent nous en offrir un exemple. Linné donne au premier onze rayons à la nageoire dorsale , et dit que le se- cond est dentelé. M. Leske, au con- traire , en compte douze , et fait le troisième dentelé. Tous deux ont rai- i '.^ \ l34 HISTOIRE NATURELLE son. M. Leske compic le premier petift rayon que Linné omet. Artédi etGro* nov donnent vingt-sept rayons à la na- geoire de l'anus de la brème. M. Leske et moi, noua en comptons vingt-neuf. Les premiers ne comptent point le pre- mier petit rayon, et ne comptent que pour un les derniers., qui paroissent ei% cfTet unis l'un à l'autre. Je remarque aussi qu' Artédi , dans la» description des poissons de la Suède , c'est-à-dire , ceux qu'il a été en état d'observer lui- même, leur donne pres- que toujours deux rayons de pins que Linné et Gronov ; mais que lorsqu'il les décrit d'après Wilïugliby , qui no compte pas non plus les petits rayons^ il est d'accord avec les autres. Dans les poissons jeunes ou gras , il faut beau- coup d'attention , pour déterminer exactement le nombre des rayons des nageoires du dos et de l'anus. Si 1& poisson est gras , la peau est épaisse , et le premier rayon de la nageoire dor.-»^ ^■^^ • ''^*».^. ,,1 ,>j, ,v» *♦•■*<"** T (1 Y)I? LA. TANCHE. l55 9a1e est caché; et voilà probablement la raison pour laquelle Linné attribue au second rayon de la carpe la dente- lure que GronoV et Leske n'attribuent t]u'au troisième. Les rayons des pois- sons à nageoires molles sont divisés Vers les bouts extérieurs en ouatre à huit pointes Or , comme les deux der- niers tayons de la nageoire de l'anus sont pour ainsi dire réunis ^ comme nous l'avons déjà dit ,il n'est pas facile de les distinguer dans les jeunes poi.^ sons. A la nageoire pectorale , les pi c- miers sont longs, et les derniers très- courts. Cependant je ne voudrois pas soutenir que le même nombre de rayons se trouve toujours dans chaque indi- vidu , car il peut arriver quelqu'acci- dent qui en divise ou détruise quel- ques-uns. Il se peut aussi qu'étant bles- sés danslcur jeunesse , pluslcvirs rayons se réunissent ou croissent ensemble^ ou que quelqu'autre cause inconnue en fasse croître un plus grand nombre j de i. s i .— ■■■•^■'* '- HI6L01KË NATURELLE même qu'il arrive aussi quelquefois qu'on a plus de cinq doigts à un pied ou à une main ( i ). On n'a pas estimé également ce pois- son dans tous les temps. Les Romains le méprisoient beaucoup , et il n'y a voit que le peuple qui le mangeât, comme on le voit dans Ausone. Dans le royau- me de Congo , il passe pour un mor- ceau très-délicat : il n'y a que la cour qni en mange , et il y a peine de mort contre quiconque pêche une tanche et ne la porte pas à la cuisine royale. Eu Allemagne , elle n'est pas générale- ment aimée , et en Livonie , c'est par mépris qu'on lui donne le nom de schu- (i) J'ai trouvé une fois une carpe qui avoit au côté une nageoire , qui comuiençoit vers celle du ventre , et alloit jusqu'à la dorsale. J'ai vu aussi une plume d'oiseau qui avoit trois barbes ; et M. de Kochiro a trou- vé six serres à un oiseau de proie» Le règne végétal nous offre une grande quantité d'exemples de cette nature. cfois pied pois- nains avoit )mine oyau- mor- i cour ; mort iche et lie. En lérale- st par e schu' •pe qui iiençoit iqu'à la [seau qui a trou- .e règuo luantité t DE LA TANCHE, i"?; mâcher ( cordonnier. ). En Angleterre , on l'aime assez généralement. Il y a au- tant de sentimens différens sur son usage et son utilité que sur son goût. Quelques-uns croient que ce poisson donne la fièvre à ceux qui en man- gent ; d'autres prétendent qu'en le coupant et le mettant sous la plante des pieds , il guérit de la peste , et fait passer la chaleur de la fîèvre ; qu'en l'appliquant vivant sur le front , il ap- paise les maux de tête ; qu'en l'atta- chant sur la nuque , il calme l'inflam* mation des yeux; et la jaunisse, quand on l'applique sur le ventre. S'il est vrai, comme on le dit , que son fiel chasse les vers , et que lorsqu'on le met sur du charhon , la fumée guérit du flux d'oreilles , il faut attribuer le premier ciFet à l'amertume , et le second à la chaleur. On ne se contente pas de le re- garder comme un bon remède en mé- decine, maison en fait le médecin dea poissons. On prétend que lorsqu'ils Poissons. VU. i3 ■ u â t' ' l38 HISTOIRE NATURELLE sont blessés, ils s'approchent de la tan* che , et se guérissent en se frottant contre son corps gluant , et que c'est ainsi que le carassin se débarrasse du verdesouies. Mais ceux qui disent que le brochet et le silure ne la mangent point , par reconnoissance de ce qu'elle les guérit, je ne les crois pas plus quo ceux qui assurent que ce poisson naît de la bourbe , et que ses femelles sont sujettes à un écoulement menstruel. LA DOREE D'ÉTANG, CYPRINUS T IN CÀ" AVRJTUS. La dorée «l'éUng se distingue de» auti^es carpes par ses petites écailles , et de la tanche par ses nageoires minces et transparentes. On compte seize rayons à la nageoire pectorale , dix à celle du ventre ,neufà celle de l'anus, dix-neuf à celle de la queue , et douze à la dorsale. Ce poisson est sans contredit un des /•».^»-« ..J;* !a tan* ottaiit e c'est isse du nt que angcnt qu'elle lus que on naît les sont »trucl. NG, .AT us. g lie des îcaiHes , s minces e seize , dix à l'anus , t douze Lt un des: fit •fit St.f *jL ^ . Mm ■-^*-'i-!"i ■fîit-*V ~.r? iv^^ a* 4 •>■ *, ï^ 't^.-n- V«« I '-^M /'"m- ! ♦..' tj! htV'^MÀiU f, S >•* 'V •. f 1 f , vr ^' ri^ll'vv 'î •»' V&"> f„ • l î t >c M " ih. ' t *'.':<-;%'» s! ' i i' hî' *) !• îi j-^s'Ij .ï;« >f ' hit^' r.^ij h\ .m f" |ï<\ ?«*,f«„ii ^, 'î'V^%/4f, î.-viNL» »^'««', -H»''» (•Q - %, •,» i / A ' » ^ 1 1 ' ^-' iK V 4|jp< »,-is'J>,t > ti ! 1 \. * LA I1.0Ï^: Eir-BVS'l 'P -4 V.^' r r PWl K s^ .V fi. v^mw « If. ^( t|' *W-;-?'t%f>^^F^' ^?'^' ••.'»i A * A-*|'*-ÎJ«^- ï^ld^'*>Ù : ÏUî5ît< ïm fv.<>-t . ;#' r .»*. rt -, Ni. i^ i'. i^ ' ''i c*. d l.'^ p\i---'in cii «^liicfaiLv'tliî ^a: 4 *i« I Tofn>^- J*(^e^:i38. >\i' 4 ■' t. Dej-eoe^ Je/. ^ Joun/an Jca^. a. LA BOlukl. d'Etaiig . 1 . l.iV CAKPE . 3.J.A TVEIMI 13ES C AllPES . M. ¥ n // u • 1 . DE LA. DORÉE d'ÉTANG. l5() pi as beaux deTEurope. La couleur do* rce de son corps est relevée par des ta- ches noires. Ses lèvres et ses rayons cou- leurderosejejeudeses nageoires min- ces et blanchâtres , tout cela forme un spectacle fort agréable , sur-tout lors- qu'il est éclairé des rayons du soleil. le suis obligé d'avouer que , malgré tous les soins des artistes qui l'ont repré - sente , la figure que j'en donne esl en- core bien au-dessous de l'original pour la beauté des couleurs. La tête est petite en comparaison de la grosseur du corps ; les lèvres et le nez sont d'un rouge vermeil ; le front est large et noirâtre , et les joues jau- nes. Les yeux ont une prunelle noire , garnie d'un iris^ jaune , qui tire sur le blanc vers le haut , et devient noir vers le Las. L'ouverture de la bouche est petite , et on voit un petit barbilloku de chaque côté. Le. dos forme un arc lâche ; il est rond , noir au-dessus de la, nageoire , ^i d'un jaune brun au-des,- i y I 1 i ^ .J l ^ p I i î ' V l4o HISTOIRE NATURELLE 60US. La nageoire dorsale est grande ^ et plus près de la tête que celle du ven- Ire. Vers la ligne latérale , le corps est d'un jaune-rougeoii orange; au-dessous de la ligne , le j au ne devient plus pâle : cette ligne est large , droite , et garnie de points rouges. Les rayons des na- geoires sont rouges , forts , divisés vers rextrémité en huit branches , et unis par une membrane blanche , parsemée de points noirs. La dorée que j'ai fait représenter ici , est un présent que sa majesté la reine de Prusse a daigné me faire. Il y a treize ans qu'elle fit venir trente de ces poissons , pour les mettre dans les canaux de Schœnhausen. Feu M. le comte de Haack avoit aussi dans ses étangs des dorées , qu'il uvoit fait venir d'Ohlau en Haute-Silésie. M. de Car- mer , grand-chancelier de Prusse , m'a assuré que ce poisson est assez corn- mun en Silésie , et qu'on le trouvoit dans les étangs avec les autres tanches. DE LA DORÉE D'ÉTANG. l4l La dorée se trouve aussi près do Keisse , et en Bohême , où madame de Sobeck m'a dit en avoir vu dans les étangs du prince Klary. Ce poisson est originaire de la Silésie. Excepté Kra- mer, aucun auteur ne parle d'un pois- son de ce nom ; et comme il dit qu'il tire sa couleur jaune des eaux bour- beuses , il paroît qu'il ne parle pas do notre poisson , mais de la tanche ordi- naire , qui brille quelquefois comme de l'or. J'ai vu de ces sortes de tan- ches , mais elles n'avoient pas la cou- leur de celle dont nous parlons : elles étoient d'un jaune tirant sur le noir Ou sur le vert. Je n'y ai remarqué non plus , ni la membrane blanche des na- geoires , ni les rayo.'i3 rouges. La dorée d'étang ne croî' que lente- ment. Celles dont j'ai parlé étoient depuis treize ans dans le canal ; et quoiqu'elles y eussent de la nourriture en abondance, la plus longue n'avoit pas plus de deux pieds ou deux picxis im hrip: Il ■; J l4'i HTSTOir.E NATURELLE et demi tout au plus. Je ne saurois dé- ♦y ânir.or le temps du frai de ce pois- «o^j car on n'a point apperçu qu'il fasse du bruit avec sa queue , comme les autres poissons lorsqu'ils fraient , et on 11^ a po^*^* ">on plus remarqué de petits, ce qui ne vient vraisemblable- ment que de l'élévation des bords du canal. Ainsi il ne peut pondre ses œufs qu'en se frottant contre les herbes du fond f où ils u'éclosent point ^ faute de chaleur. Cette tanche vit ordinairement d'herbes et de vers, comme les autres poissons de cette classe. A Schœnhau- sen f on leur donne à manger 'comme aux carpes. En été , on leur jette du pain j en hiver, comme elles ne vien- nent point sur la surface de l'eau, on lerr jette des pois et des fèves cuites , qui tombent au fond. Ce qu'il y a de re- /narquabf^ , c'est ^]ue lorsqu'on sonne une cloche pour avertir les carpes qu'on a *.;ar donnera manger, les DE LA DOUÉE D'ÉTANG. r43 tanches ne vieiuicnt pas aussi-tôt aveo elles , mais qu'elles paroissent n'être averties que par le bruit que font ces. dernières en courant après la nourri- ture. Je ne sais si elles ont l'ouie plua dure , on si cela vient de ce qu'elles ont moins d'intelligence que les carpes pour distinguer le siî^nal. Ce poisson aime la chaleur , car en hiver et au printemps , il se cache dan» le fond , sous les branches qui tombent dans le canal ; mais en été , il nage en petites troupes vers la surface de l'eau , où il est attiré par la chaleur , et non par la lumière du soleil. Une chose qui confirme cette observation , c'est que celui que )'ai eu dans ma chambre , se tenoit toujours vers le côté du vase qui étoit ombragé , et clierchoit de nouveau l'ombre lorsqu'on mettoit le vase dans une autre place. Il y resta tranquille pendant quelques semaines - mah dans la suite , ayant mis dans le même va^ie une rosse et un carassin , qui faisoienl » .' l44 HISTOIRE NATURELLE beaucoup de mouvemens dans leur nouvelle demeure , il commença aussi à tournoyer ; et lorsque feus ôté lea autres poissons , il quittoit de temps en temps l'ombre pour nager; mais cette promenade ne duroit pas long- temps. Je Vai gardé pendant quelques mois dans de l'eau de fontaine , que je faisois renouveler de temps en temps, et dans laquelle je jetois du pain. Le poisson y é toit aussi vif que dans le ca- nal d'où on l'a voit tiré. La dorée d'étang a la vie dure : la mienne a survécu au goujon , à la bor- délière , au rotengle , à la rosse , et même à la tanche ordinaire que j'avois mise dans le même vase. LA CARPE, CYPRIN Vfi CARPIO, G F poisson , connu dans presque tous, les pays sous le nom de Carpe , donne le nom à ce genre. Son caractère dis* tinctif est d'avoir le troisième rayon DE LA CARPE, l45 dentelé aux nageoires de Panas et du dos. On compte seize rayons à la na- geoire pectorale t neuf à la ventrale , autant à celle de l'anus, dix-neuf à celle de la queue, et vingt-quatre à la dorsale. La tête est grosse ; le front large et d'un bleu- foncé , et les joues sont bleues. L'œil de la carpe est en- tièrement noir, excepté une Hgnejauno qui entoure la prunelle. Leslèvres avec lesquelles elle fait du bruit en man- geant , sont fortes , faunes et garnies de deux barbillons, accompagnés de deux autres plus courts , qui sont au nez. Les écailles qui couvrent le corps , sont grandes et rayées dans leur lon- gueur. Le dos forme un arc lâche et est d'un bleu-verdâlre ; il est tranchant au-dessus de la nageoire , et rond au- dessous La ligne latérale est garnie de petits points noirs, et forme une légère courbure. Versle ventre ,les côtés sont jaunes , et changeans bleu et noir : au ventre même, ils sont blanchâtres et II; r 1, l46 HISTOIRE NATURELLE jaunes vers la queue. La nageoire dor- sale est bleue , la ventrale violette , celle de Tanus d'un brun rouge , et celle de la queue , qui est fourchue , est aussi violette , avec une bordure noi- râtre. Aristote et Pline ont déjà connu ce poisson. C'est sans contredit dans les parties méridionales de l'Europe qu'il faut chercher la patrie de la carpe : car si on la trouve dans les pays septentrio- naux , ce n'est qi; •? parce qu'on l'y a transportée. En i5i4 , Maschal les porta en Angleterre , oii elles sont au- jourd'hui aussi communes que chez nous. Environ l'an i56o, sous le règne de Frédéric ii , Pierre Oxe les pojta en Danemarck. On les a aussi portées en Hollande et en Suède. Mais plus ce poisson avance vers le Nord , plus il dégénère et devient petit. Voilà pour- quoi on envoie tous les ans de Prusse à Stockholm plusieurs vaisseaux char* gés de carpes. i> I : » DE LA CARPE. l^y On trouve les carpes dans les eaux qui coulent doucement , dans les lacs et les étangs. Leur goût diffère selon les eaux où elles séjournent : voilà pourquoi on les distingue en carpes de rivières , de lacs et d'élangs. Les pre- mières passent pour les meilleures ; les dernières pour les plus mauvaises : mais les meilleures de toutes , ce sont celles qui vivent dans un lac ou étang traversé par un ruisseau qui leur four- nit continuellement des eaux fraîches. On reconnoît déjà à leur couleur dans quelles eaux elles ont été pêchées. Celles des rivières et des grands lacs sont plus jaunes , et celles des étangs plus vertes ou plus noires. Les der- nières ont aussi ordinairement un goût de bourbe', mais elles le perdent quand on les met quelques semaines , avant de les manger , dans une eau claire , ou qu'on les laisse pendant quelques jours dans une huche placée dans le courant d'une rivière. •Jfi I 1 r l48 HISTOIRE NATURELLE La carpe a la vie si dure , que , pen- dant l'hiver , on peut la garder dans des caves , dans des réservoirs ou des citernes. On peut les y engraisser , en leur donnant du pain et de la laitue. On peut aussi les transporter à trente lieues , en les empaquetant dans de la neige , et leur mettant dans la bouche un petit morceau de pain trempé dans de l'eau-de-vie. , Quand ce poisson est bien nourri , il croît vite , et devient d'une grosseur considérable. L'été dernier , on m'ap- porta une carpe qui avoit été prise en Saxe, dans les terres de M. le comte de Schulenbourg ; elle pesoit vingt- deux livres , et elle n'étoit pas des plus grosses qu'on prend ordinairement dans cet endroit. Près d'Angerbourg en Prusse , on en trouve qui pèsent jus- qu'à quarante livres. A Dertz , dans la Nouvelle-Marche, sur les frontières de la Poméranie, on en prit une de tx'cnte-huit livres, et on la porta comme un a étc lac il DE LA CARPE, i4() une rareté au roi , qui étoit pour lors à Stettin. En lyôs, on en prit une qui étoit grosse comme un enfant , dans le lac Lagau , situé dans le cercle de Sternberg. £n 1 7 1 1 , on en prit une à Bifçliofsbause , près de Francfort sur l'Oder , qui avoit deux aunes et demie de long , une de large ; elle pesoit soi- xante-dix livres, et ses écailles étoient aussi grandes que des pièces de vingt- quatre sous. Dans le lac de Golitz , près du bailliage de Lenin , on en pêcbe qui pèsent trente livres et plus. On en prend dans le Dniester , qui sont si grosses, qu'on fait des mancbes de cou- teau avec leurs arêtes. La Hongrie offre aussi des carpes de quatre pieds de long , et si grasses , que leur panse paroît garnie de lard. Avec les œufs de ce poisson , on fait du caviar , qu'on vend aux juifi de Constantinople. Comme on nourrit des carpes dans les canaux, non 'Seulement pour le Poissons. VII. i4 V-3 ,1^-=^ I .!li fî' '•■ I, V iSo HISTOIRE NATURELLE profit , mais aussi pour le plaisir , on a eu occasion de s'assurer qu'elles at- teignent un âge très-avancé. Ledel dit qu'il y a dans la Lusace des étangs où l'on garde des carpes depuis 200 ans. M. de Buffon dit avoir vu dans les fos- sés de Pont-Charlrain des carpes qui avoient sûrement plus de lôoans. Dans le jardin royal de Charlottenbourg , on en voit qui sont d'une grosseur prodigieuse , et qui sont si vieilles , qu'elles ont la tête couverte de mousse. Ce poisson vit comme tous ceux de ce genre , de plantes, de terre grasse , de vers et d'insectes aquatiques. Il aimo sur-tout le fumier de brebis , et pros- père dans les étangs où les pluies amè- nent le fumier des troupeaux. La carpe fraie en juin , et même en mai, quand le printemps est chaud. Alors elle cherche les endroits couverts d'herbes, pour y déposer ses œufs. Or- dinairement une femelle est accom- pagnée de trois mâles. Dan» le temps H. DE LA CARPE. î5t du frai, les carpes de rivières nagent en troupes vers les eaux tranquilles , auxquelles la rivière communique ; et lorsque dans leur course elles rencon- trent une grille qui les empêche de passer outre , elles sautent par-dessus, quand elle auroit quatre à six pieds do haut. Après le frai , elles reviennent dans les rivières. Ces sauts des carpes ressemblent à ceux du saumon : on les remarque souvent dans les étangs. Elles viennent sur la surface de l'eau , se mettent sur le côté, courbent h tête et la queue au même ii^stant , de ma- nière qu'elles décrivent un cercle par- fait ; ensuite s'étenden». tout-à-coup , battent l'eau avec vivacité , et s'élèven t ainsi à la hauteur de quatre à six pieds , et aussi loin de l'endroit où elles ont sauté, du côté oii leur mouvement s'est dirigé. Les petites , qui ne sont pas assez fortes pour sauter par- dessus les grilles , restent dans l'étang , et ap- partiennent au propriétaire. Lorsque l52 HISTOIRE NATltRîlLLïï les carpiUons ont atteint huit à ùix. pouces , on les ôte de l'étang par les eaux basses , pour leâ vendre on les transporter dan» d'autres étangs. On a vu par expérience que ces sortes de carpes, quand elles sont bien nourries, deviennent fort grosses , et sont d'un bon goût. Quoique la carpe soit exposée à la. poursuite des poissons voraces et àei ciseaux pêcheurs , elle se multiplie pourtant beaucoup , vu qu'elle a reçu du la nature une si grande quantité d'œufs , que j'en ai compté jusqu'à ij37,ooo dans une femelle d'une livré. Bientôt après M. de Schlegel , con- seiller provincial à Crossen , m'envoya une de ses carpes , dont il avoit cou- tume de se servir pour empoissonner ses éiuUgs.Il m'écrivit enraême temps, qu'il ne savoit comment faire pour em- pêcher d'avoir une quantité d'alevin aussi grande que celle qu'il avoit eue jusqu'alors : car la grande quantité les DE LA CARPE. i53 eit^péchoit de trouver la nourriture convenable , et d'atteindre à la gros- seur de six à sept pouces, pour être en état d'être transportées dans d'autres eaux. Quelques carpes seulement lui donnoient 100,000 carpillôns. La carp^ en question pesoit neuf livres , et ses œufs une livre et quatorze onces. Or ^ comme une drachme de ces œufs eu eontcnoit I2(j5 , Povâire entier étoit de 621,600. On voit par-là> i**^i qu'un gros poisson a infiniment plus d'oeufs qu'un petit ; 2°. qu'on peut expliquer par-là là grande différence que l'on trouve dans les différens écrivains par- rapport au nombre des œufs des pois<- sons -, 3°. qu'on ne peut jamais déter- miner ce nombre, p^irce que l'âge et !a nourriture peuvent y apporter des cliangemens considérables. Les carpes des étangs de M. Schlegel deviennent très-grosses : ce qu'il faut altribuer à la plante nommée noyade , qui y croîÉ en grande quantité. Cette pîuite est iï< i %'' ^■.*i ^M l54 HISTOIRE NATURELLE si alcaline^ qu'elle peut ébouillir arec de l'eau-forte j et comme elle a des grai- nes, on pourroit aisément la faire venir dans les autres étangs. Quand un économiste s'apperçoit que ses mères - carpes donnent trop d'œufs , ce qu'on peut connoître aisé- ment à l'épaisseur et à la dureté du ventre ^ il se conduiroit avec beaucoup plus de sûreté , pour obtenir de bonne semence , en ne mettant dans son étang qu'une seule carpe œuvée et une seule laitée. Mais si malgré cela le nombre étoit encore trop grand , il faudroit aussi- tôt après le frai mettre avec les carpes un petit poisson vorace pour dé- truire l'alevin superflu , ou une partie des herbes où sont déposés les œufs, ou enfin au lieu de poisson^ n'employer que des herbages chargés d'œufs. Dans les grands lacs , on pêche ce poisson avec la seine , dans les étangs on le prend avec des colerets, des lou- ves et des nasses dans lesquelles ou D E L A C A R P E. 1 5^"^ met un appât. En général , la carpe ne se laisse pas prendre aisément -, car (lès qu'el"' apperçoit ^e filet, elle en- fonce sa tète dans la bourbe, et lo laisse passer par-dessus son corps. Si le fond est dur, elle fait avec sa queue un certain inouvcne»^'^ , qui la fait sauter de quatre à cinq pieds par-des- sus le filet. Voil'\ p'»urquoi dans les pe- tits lacs on se sert p«ur les pêcher de deux trubles, dont les ouvertures sont tellement placées, que lorsque la carpe saute de Tune, elle retombe dans l'au- tre. On les prend aussi à l'hameçon quand on les attire p^'^oc des pois cuits ou quelqu'autre nourriture , qu'on jette à l'endroit oii on leur donne à manger , ou qu'on attache un v^r à un hameçon. La différence qu'il y a entre la con- formation des partif 3 internes de ce poisson et celle des autres du même genre, c'est. qu'il a à chaque mâchoire cinq dents larges, qui ' orment au milieu un angle obtus. Le caiir.l des intestins a 'rit Il l56 HISTOIRE NATITHELLE cinq sinuosités , Pépine du dos trente- sept vertèbres, et on ir( u ve seize côte» de chaque côté. La vésicule du fiel est grosse , et le fiel est d'un vcrd foncé , très-amer, et fournit au peintre une couleur verte. Comme elle a la chair molle et grasse, on ne sauroit la recommander aux malades. S'il arrive qu'on crève la vé- sicule du fiel en vidant la carpe , ou peut faire passer l'amertume avec de fort vinaigre. Le temps où les carpes sont les meilleures^ c'est depuis l'au- tomne jusqu'au printemps. Ce poisson se nomme : Karpfe ou Katpfen , dans quelques pro- vinces d'Allemagne. Karpe , dans d'autres. Strich ou Karpfenbrut , lorsqu'il n*a qu'un an ; Saamen on Satz, dans sa seconde et troisième année. Karp ^ en Suède et en Angleterre. it > le 1 DE LA CARPE. iSj Karper, en Hollande. Carpe , en France. Carpa , en Italie. Carpena , dans les environs de Padoue. Rayna^h. Venise. Pontty , et Poidka , en ^""jngrîe. Il y a des hermap parmi les carpes; et je pourroi^ onvaincro par leurs propres yeux v.i ax qui en douteroient , car je garde dans ma collection les entrailles d'une carpe do cette nature. L'ovaire, qui , dans ce poisson , consiste toujours en deux sacs, est aussi double dans celle-ci, avec la différence qu'un des sacs est interrompu au milieu par la laite qui y est contenue -, de manière qu'elle est bordée également par en haut et par eu bas par les œufs , qui sont verdâtres. La laite , au contraire , est simple ; elle a cependant à rextrérailé inférieure une petite pièce, et est une fois plus épaisse qu'elle ne l'est ordinairement. ^v É > IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l 11.25 bilM 12.5 ■^ K2 12.2 :!^ b° 12.0 fliotographic Sciences Corporation 33 WtST MAIN SI «HT WCBSTER.N.Y. 14580 (716) •72-4S03 ^■^*<' ■^ - J .,■ rp ' ^ n- X^: ' l58 HISTOIRE NATURELLE Le reste des intestins conserve sa situsi- tion et sa forme ordinaire. La carpe d'où Ton a tiré ces entrailles pesoit trois li- vres^ et elle n'offroit extérieurement aucune difiPérence, si ce n'est qu'elle étoit un peu plus verte que les carpes ne le sont ordinairement; ce qui venoit sans doute des eaux mal-propres dans lesquelles elle avoit vécu. Selon toute apparence ^ un hermaphrodite de cetto nature a trois manières de se repro- duire. 1^ Par lui-même; car comme dans les poissons la fécondation s'opère hors du corps de l'animal, il peut en se frot- tant contre les plantes^ jeter successi- vement les œufs et la laite , et fécon-*' der les premiers par la dernière. > 2°. Quand sa laite tomhe sur d'au- tres cseufs. • Z°. Quand ses œufs sont fécondés par la laite d'un autre poisson. Le carassin et la gihèle produisent avec la carpe des poissons qui sont pluA au- idés sent DB LA C ARF Ê. i5() gros que les deux premiers , mais qui ne deviennent jamais aussi gros que la carpe : ils ne pèsent guère plus de trois livres. Gesner , Aldrovand , Sohwenc- kfed , Schoueveld , Marsigli , Wil- Inghby et Klein parlent de la même espèce bâtarde , que les possesseurs des étangs et les pêcheurs de nos con- trées connoissent sous différens noms. On les reconnoît i°. à leurs écailles plus petites et qui sont plus attachées à la peau ; a^. aux lignes qui sont sur les écailles, qui sont de la longueur du poisson ; 3°. à leur tête, qui est plus grosse et plus courte. Ils ne doivent pas non plus avoir de barbillons ; mais cela n'a lieu que lorsque les œufs de la carpe ont été fécondés par un caras- ' sin ou une gibèle ; car les espèces bâ- tardes ont toujours la tête et la queue du père. Comme je n'ai point encore eu occasion d'examiner moi-même un de ces poissons , j'ai dit ce que m'en h appris un économe habile. J'ai voulu f i6o histoire: naturelle mettre les naturalistes à même d'ob- server ces faits, que plusieurs révo- quent en doute. Il aeroit aisé de s'en assurer , en mettant dans un étang des carpes femelles avec des carassins ou desgibèles mâles. Les auteurs dont nous venons de parler , se trompent en fui* «ant de ces poissons une espèce parti- culière; car ils ne peuvent jamais être produits sans le concours de deux es- pèces. D'ailleurs si ces poissons pro- duisent eux-mêmes, ils retombent alors dans la première espèce, même quand ils se^oient fécondés par des espèces différentes ; c'est ce qui arrive aussi fort souvent dans le règne végé- tal. Je rapporterai encore une chose que les anciens qp* regardée comme un phénomène été nt> et les moder- nes commi; une fable. Nous trouvons dans Rondelet, Gesner et Aldrovand , des figi^rf s de carpes qui ont une tête de mort ; Riehter en r«ipporte une qui ^ u»ç K^iç dç moi ue î et il y en a uQe a DE LA CARPE. iBl dans Meyer qu'on voit avec une têle de dauphin. Nous ne rendrions pas justice à ces auteurs si ces faits aiig« mentes par l'imagination et l'amour du merveilleux nous paroissoient au- tre chose que ce qu'ils sont en effet. Ces formes singulières ne viennent que de quelque blesssure , qui aura produit une cicatrice dans la tête. Cela peut arriver lorsque par un temps chaud les carpes vieiment se cacher dans l'herbe épaisse des bords , où les faucheurs peuvent d'un coup de faux leur faire une blessure considérable à la tête , ou même «leur enlever un mor- ceau tout entier. Circonstance qui prouveroit encore combien ce pois- son a la vie dure. Cette dernière qua- lité se confirme encore en ce qu'on peut les châtrer. Tull , pêcheur an* glais , a inventé cette opération pour faire engraisser les carpes , et la Tour a vu par expérience que de plus de Poissons. VII. i5 .1 î 'f n 'A M a'2# j -y ** •yfe'^'fc».,ji»^j-i ,- II \ ( 1^ II 162 HISTOIRE NATURELLE deux cents carpes ainsi châtrées^il en mouroit à peine quatre (1). ' < ^ ' Comme la carpe est nn poisson gé- néralement estimé ^ il a excité Tatten- lion de tous les économistes de l'Eu* rope , qui ont tâché de le transporter et de le naturaliser dans leurs lacs. Je vais parler des moyens qu'ils ont pris pour y réussir. Les possesseurs d'étangs divisent les carpes en privées et en sauvages. Les premières sont celles que les hommes ont transportées et mises dans les étangs , où. ils les gardent et les nour- rissent pour s'en servir au besoin. Les autres sont celles qui vivent dans les lacs et les rivières. Quoiqu'il se' ff'^ ■■ ^jxi:r -îTSfrrr.'r., j'ff^' ÀJ^-L^* ■^ (1) Pour faire cette opération , on ouvre le ventre du poisson , et on le recoud à me- sure qu'on en tire les œufs ou les laites. Quelle cruauté ne nous permettons-nous pas contre les animaux , pour satisfaire notre gourmandise ! ...^0,., y'-ï ,v ^ I P \ /■ ^:. - . è- ' -'*. V il en ngé- Itea- ter et 2S. Je t pris înt les s. Les mmes ns les nour- ri. Les dans a'il se a ouvre id àme- V laites, ns-nous itisfeic* DE LA CARPE. l63 trouve quelquefois un grand notnbro de Carpes dans les rivières , telles que la Havel , la Sprée et le Rhin. La pêcHe des carpes sauvages n'est pas cepen- dant fort considérable ; si on la com- pare avec celle des carpes privées , qui offre une branche très-considérablo d'économie. On fait de ces pêches con- sidérables en Lusace , en Bohème , en Silésie et en Prusse. Le roi de Prusse a fait faire en 1 768 , dans les environs de Zossen , des étangs à carpes qui ont très-bien réussi (i), (1) On trouve dans toute la Marche , des vestiges , qui prouvent que du temp» des Vendes , la plupart des marécages étoient en communication par le moyen de plu- sieurs fossés: ce que le temps a détruit. Pro- bablement la plupart de ces marécages étoient des étangs à carpes ou à d'autres poissons utiles. On trouve dans les campa- gnes de Chorin des traces de ces étangs , où le couvent de Chorin gardoit des carpes et d'autres poissons. Mais ces étangs auront y. 1 ri ■m ) ,.. i »! .i -Sr.~-m ," ';' ) l» i64 HISTOIRE NATURELLE < Les carpes privées sont nourries et engraissées dans trois différentes sbrles d'étangs, qu'on a nommés : étang de frai ( Streichteich ) , étang d^ accroissement *H »A" » dépéri dans le temps de la guerre de treftte ans y et après la réformation ; parce qu'alors les possesseurs n'avoient plus de quoi les entretenir, et qu'ils restèrent abandonnés. C'est à réconomie nationale à songer main- tenant à faire réparer ces étangs inutiles v où des eaux stagnantes produisent actuel- lement des exhalaisons dangereuses et des pâturages mal-sains. Du temps des Vendes , le plat pays de la Marche étoit beaucoup plus peuplé et plus cultivé que de nos jours. Le travail et l'industrie se sont maintenant retirés dans les villes, et les campagnes sont devenues, pour ainsi dire, désertes et stériles. Les campagnes, jadis fertiles , sont à présent couvertes de sables ou de bruyères j les gras pâturages sont changés en marais, en bourbiers, en mares nuisibles aux bes- tiaux ; et les endroits où il y avoit des étangs, ne sont plus reconnoissables , ou du moins il faudroit de grandes dépenses pour les remettre en état. ui ,^i; .r| * <:* , . .. D E LA CARPE. l65 ( StreckteicL ) et étang à engraisser ( Fetteich ). l» .'3'^^8Cîi.;b il i^tr^^ ùih\if Tout étang doit être situé et disposé de manière que dans toutes les saisons il puisse être rempli d'une quantité sufiisante d'éau et être vidé jusqu'au fond quand le cas. l'exige. On choisit pour cet efiFet t de préférence , des ma- rais , ou des endroits à-peu-près en bas- sin, où Peau se rende sans peine, et d'où elle puisse sortir commodément > et qui soient couverts de joncs ou de roseaux ; ou enfin des prés ou des pâtu- rages , situés dans des endroits trop profonds et trop marécageux pour pro- duire un bon foin. Il faut cependant observer que les carpes ne réussissent pas dans un mauvais terrein dont le fond est froid. Il faut creuser ces en* droits en pente, de manière qn«î les eaux puissent s'y réunir comme eans un bassin , et en sortir avec la même facilité. On peut faire sortir cette eau , soit qu'elle vienne d'une source ou »' il I M •) i;- Vi»! l66 HISTOIRE NATURELLE d' ailleurs, par le moyen d'un canal pra- tiqué vers la chaussée , et d'une bonde qui se lève ou se baisse à volonté. Comme on est presque toujours dans le cas de creuser, pour former Tétang, lin fossé large et profond, qui règne dans toute la longueur du terrein , il faut que Teau puisse s'amasser à une hauteur suiHsante , non - seulement pour remplir le fossé , mais encore pour rester trois pieds au-dessus des nrés"" ^''^f"" '*'^>' ?'-H"»V iw-r!* .-ils:' »•-. .i*-> 1®. Les étangs de frai où l*on met des carpes mâles et femelles pour peu* plcr , ne doivent avoir qu'un ou deux arpens •, c'est-à-dire environ quatre- vingt à cent toises en quarré , et être situés vers l'orient ou le midi , afin que la chaleur du soleil puisse bien y pénétrer. Il est donc nécessaire d'en éloigner avec soin toutes sortes d'ar- bres, et sur-tout les aunes, dont les feuilles pourroient être nuisibles au f oisson. Ils doivent avoir aussi des t.^... ■ \ •*■% » ^v»»** # I ^..^ ^ .^ .. «« - ^ m^-^*.^ 4K'-k-^^<>-u#'*' in, D E L A C A RF E. 1C7 bords unis qui, s'abaissant de ton» côtés par une pente insensible , for- ment un bassin de cinq à six pieds, couvert d'une assez grande quantité de )ijncs et d'herbages, pour faciliter la frai du poisson. Il faut observer cepen- dant que les herbages ne doivent pas être trop hauts Four former ces sortes d'étangs , on choisit , de préférence , dans le meilleur endroit d'une campa- gne , un fond couvert d'herbages. Ces étangs ainsi placés dans une campagne découverte , ont beaucoup d'avantages sur ceux qui sont dans les bois. Si ce- pendant on étoit obligé d'en faire dans ces derniers endroits, il faut avoir soin d'ôter les branches et les autres mor- ceaux de bois , qui peuvent nuire au poisson. Tant qu'on y conserve la se- mence , il ne faut pas en laisser sortir la moindre quantité d'eau ^ de peur que le nourrain Z7'en sorte en même temps. Il faut tâcher aussi d'en éloigner les grenouilles ) parce qu'elles mangent la .i I "-r-'iTiî.^; . -%*< i f 168 HISTOIRE NATURELLE semence. Quelques économistes pré« tendent que ]c meilleur moyen d'y parvenir , est d'y mettre des écre- visses, qui prennent et mangent le§ grenouilles. Il ne faut cependant pas que les écrevisses y soient en trop grande quantité , parce qu'à la fin elles n'épargneroient pas même le poisson , et mangeroient le nourrain. Les ca> nards, qui sont très« friands de la se- mence, doivent aussi être écartés avec soin. On y parvient par le moyen des épouvantails ; c'est-à-dire de longues perches , au bout desquelles on attache des chiffons. Il ne seroit pas bon non plus d'y mettre des brochets , des per- ches^ ni d'autres espèces voraces. Les carassins et les gibèles doivent aussi en être exclus; parce qu'ils fraycroient avec les carpes , et produiroient des espèces bâtardes. On choisit pour les alevinières des carpes de six ans, qui soient bien constituées, d'une bonne grosseur , dont le dos soit noir ^ le veu-. D E L A C A R P E. I Gf) tre gros et opposant de la résistance cjiiand on le presse avec le doigt. Ce- pendant on peut aussi employer pour cela des carpes de sept , huit et même de douze ans. Il y a des personnes qui prétendent , qu'il no faut les mettre dans l'étang que vers le milieu de juin ; c'ost à-dire lorsque l'eau est suffisam- ment échauffée, h .;,. ^ ., , . ,..,, ,. ,|. j^ On mettra deux ou trois mâles pour une femelle ; on proportionnera le nombre à l'étendue de l'étang , et oïl mettra douze carpes sur chaque arpent de tcrrein. Dans quelques endroits, on se sert de moyens artificiels pour aug- menter le penchant naturel des pois- sons pour le frai. On frotte , par exem- ple , les nageoires et le trou omhilical avec du castoreum et des essences faites avec des épiceries. Mais ces muyens nuisent en général au poisson, qn'on est obligé pour cela de manier et de presser. D'ailleurs , le créateur a mis ddns tous les animaux un penchant > f ^ $ 170 HISTOIRE NATURELLE pour se multiplier , qui n'a pas besoin des ressources de Vart. Que^ues per- sonnes laissent la semence dans les ale- vinières jusqu'au printemps. Mais alors ils sont exposés à sécher en été , et à geler en hiver. Ce qu'il y a de mieux , c'est de pêcher sur la fin de l'automne , le poisson qu'on veut faire multiplier, et de le mettre dans des étangs d'hiver ou dans des carpières , ou enfin dans des réservoirs , s'ils sont assez grands. Cependant si les étangs d'accroissement étoient disposés de manière à ne faire craindre , ni la sécheresse de l'été , ni la gelée de l'hiver ; c'est-à-dire si l'on pouvoit en augmenter et en diminuer l'eau à volonté, par le moyen d'une source , on pourroit y laisser lo nour- rain pendant l'hiver. Quand on vide la carpière , il faut mettre devant la bonde , un filet à petites mailles , afin que les petites carpes ne passent point avec l'eau. Quand l'étang est vidé et que les carpillons sont rassemblés dans »^ jm^>-*k>^ ■! DE liA CARPE. 171 le bassin y on les prend avec une truMe , ou un coleret à petites mailles , et on les met dans des tonneaux pleins d'eau. On peut cependant se passer des car-* pières et ne point faire ce que nous venons de prescrire , si l'on fait pren- dre dans une carpière des herbages pleins d'œufs , et qu'on les dépose sur les bords de l'étang qu'on veut em- poissonner. Par ce moyen , on peut à peu de frais peupler un* étang d'un nombreux nourrain , comme je l'ai dit à l'article de la brème. a°. Il faut les laisser deux ans dans l'étang d'accroissement. Cet étang doit être plus grand que la carpière , et ne contenir aucun poisson vorace. Quand les carpes sont grosses et de la bonne espèce , dans l'espace de trois ans elles ont ordinairement six pouces de long ; mais quand elles sont de la mauvaise espèce , elles ne parviennent , dans le même espace, qu'à la moitié de cette longuQur. Quand elles sout d'une ex- h'' i l II ! i (i ii ^B ■ '' *\ Ml «, J72 HISTOIRE NATURELLE cellente espèce , et qu'on les nourrit bien, elles parviennent jusqu'à linit ponces ; ce qui ne laisse pas d'avoir beaucoup d'influence par la suite. Une carpe de la mauvaise espèce , ne pèse qu'une livre et demie au bout de six ans -, une de l'espèce moyenne en pèse trois , et les meilleures vont jusqu'à quatre à cinq livres, quoiqu'elles aient eu les mêmes soins et la même nourri- ture. Au bout de dix ans , les premières pèsent quatre à cinq livres , les secon- des six à huit , et les dernières dix à douze. S'il arrive par quelqu' obstacle que le nourrain soit rabougri, quand même on lui donneroit de la nourri- ture en abondance, cette espèce , au bout de dix ans, pèse à peine une livre et demie : alors la tête est grosse , les arêtes fortes , et la chair en petite quantité. Il faut bien cinquante carpes de cette espèce pour faire un quintal. 5**. Quand les carpes ont resté deux ans dans l'étang d'accroissement ; et r( DE LA CARPE. 17'^ qu'elles ont trois ans , on les met dans l'étang à engraisser^ 01^ au bout de trois ans elles pèsent trois à quatre li- vres, et peuvent être assez grasses et assez bonnes pour être vendues, pourvu toutefois qu'elles soient d'une bonne espèce et qu'elles aient été bien nour- ries. Mais ceux qui ne sauroient se procurer eux - mêmes de la semence pour l'empoissonnement de ces sortes d'étangs , trouveront rarement du profit dans cette branche d'économie. Il en coûte d'acheter cette semence : on est souvent trompé ; et le transport est difficile , sur-tout lorsque l'endroit est éloigné. -.-— j^^-; ^*, .. „.,;jt;,. . . ' La nourriture des carpes consiste en une terre grasse composée de. plantes pourries , semblables au terreau des jardins. Cette terre se forme peu à peu sur les prairies par les plantes qui s'y pourrissent. Les carpes fouillent pro- fondément dans cette terre , et en ti- rent un suc nourrissant , tel qu'on le Poissons. VII. 16 i iV. m ^1 i m. 174 HISTOIRE NATURELLE trouve dans les petits trous des lacs qu'on vient de vider. Quand cette es- pèce de tourbe est posée sur un fond limoneux , la carpe trouve une nour- riture encore meilleure ^ qu'elle tire aussi de ce fond. Outre cela, elles mangent aussi toutes sortes de plantes et de racines pourries , les jeunes plan- tes aquatiques , et pendant Tété , les insectes et les vers. £n juillet et août , temps auquel les carpes cherchent or* dinairement leur nourfitare sur les bords, il ne faut pas^ sans nécessite, y aller chercher de l'eau fraîche , ni per- mettre que les bergers , les chevaux ou les vaches s'en approchent ; parce que le bruit interrompt les carpes et les empêche de prendre leur nourriture» Il est bon aussi de placer des abreu- voirs auprès des étangs, afin que la fiente du bétail y fournisse une plus grande quantité de parties néurris- santés. Quand les basses-cours ne sont pas éloignées der étangs, il e#t bon d« \ » u U V. >::■'■ i. I \ D E L A C ARP E. 175 pratiquer des conduiiLs qui y fassent passer Teau du fumier. Il en est de même des eaux des cuisines. On jette aussi dans le fond des étangs de la glaise mêlée avec des crottes de brebis, que l'on mêle dans des tonneaux , et que Ton fait sortir par des trous que Pon fait autour. D'autres y jettent des fè- ves, des pois, des pommes -de- terre coupées, des navets, de Turine, des fruits pourris, du pain moisi, du poîs^- son gâté et du pain de chêne vis. Les car- pes aiment toutes ces choses. Mais com- me cette nourriture entraîneroitdans des dépenses, les possesseurs d'étangs ou fermiers ne peuvent mieux faire , que de jeter de temps en temps dans les étangs , de la fiente de cheval , de bre- bis , ou de vache , seule ou mêlée avec du limon. Quand on a commencé à leur donner à manger , il faut continuer ; parce que par- là elles se déshabituent de chercher leur nourriture, comme nous l'avons décrit à l'article de la gi- V . t:î ■ \\% « \% ^i ) f ■V" ■ Il s,' 176 HISTOIRE NATURELLE bêle. Il y a des cultivateurs qui font voiturer en hiver quelques tombereaux de fumier sur la glace , afin que les car- pes trouvent de la nourriture aussi-tôt qu'elle est fondue. M. le baron de Schu- lenbourg, qui a lui-même essayé de le faire, dit que cela contribue beaucoup à l'accroissement des carpes, t- »»*••. Quand les carpes qu'on veut engrais- ser ont six ans , on vide l'étang, et ou en tire les carpes qui se rassemblent dans le bassin. Dans ce cas, pour qu'elles soient bonnes, il faut qu'il n'y en ait pas plus de trente à trente-cinq au quintal. Cependant il n'est pas tou- jours nécessaire de pêcher et de vendre les carpes dans la sixième année. Il y eu a qui les laissent encore trois ans, ou qui les transportent dans d'autres étangs, et ne les vendent qu'à l'âge de neuf ans. Alors chaque carpe pèse six, liait , dix et jusqu'à douze livres , selon la qualité de la nourriture et la bonté de l'espèce. Mais comme il est bon de DE L A G ARF E. \JJ retirer son capital aussi souvent qu'il est possible , il est à craindre qu'on n'ait plus de perte que de profit à lais- ser devenir les carpes si vieilles. Ordi- nairement après la troisième année , on laisse un an à sec l'étang à engrais- ser. Cette précaution est nécessaire à plus d'un égard. D'abord cela détruit les poissons voraces , la trop grande quantité de joncs et de roseaux, qui nuisent au poisson. En second lien , comme les carpes ont mangé toutes les racines des plantes, on leur procure une nouvelle nourriture , en1al>ourant au printemps le terreinde l'étatlg, et en semant de l'avoine, des rayeâ oit des vesces ( i ). Quand l'avoine est mûre, on la fauche et on l'amasse : les racines restent y et servent de nourri- 11 •tiJi 4 i I 'i ;-;i ■; tjw; 1> Les anciens ne disent rien de ce pois- son: Jonston est le premier qui en parle, et le nomme , le roi des carpes {rex c^prinorum). Après lui , Marsi- gli , Klein et Linné , dans la sixième édition de son Système, en parlent sous ce nom , et le regardent comme une DE LA HEINE DES C\RFES. l85 espèce particulière; mais Linné n'eu a rien dit dans sa dernière édition; peut-être qu'il a regardé la particula- rité des écailles comme quelque chose d'accidentel. Mais comme les petits ont les écailles de même nature que les gros , comme on peut le voir dans ma collection ^ et par les dessins que nous a donnés M. Schœffer , il faut considé- rer ce poisson comme une propre es- pèce. Kramer et M. Leske ne font qu'une variété. Les places nues ne pa- roissent pas être le caractère distinctif de ce poisson ; car Jonston et Duhamel ont représenté son corps entièrement couvert. -tuA- iup izi^ '« e i vi*.«i, ^ft '-i>",:»■ M. Lœven nous parle des carpes qui n'ont point d'écaillés du tout , et que l'on trouve dans un étang de la seigneu- rie de Wuschen en Silésie. ■ La reine des carpes exige les mêmes soins et les mêmes précautions à l'é- gard du transport et de l'augmentation^ que la carpe ordinaire. ^ /t/ .^' * > • Poissons. VU. 17 l86 HISTOIRE NATURELLE U t r % à A W..I. LA CARPE A CUIR, CYPRINUS N V D US, ' La peau coriace , qui tient lieu d*é- cailles à ce poisson , est un caractère qui le distingue des autres espèces de carpes. -... < ^ ,*<... J'ai déjà parlé plus haut d'une carpe nue. Dans la suite j'ai reçu une lettre de M. 1^ baron de Sier storpff, de Br eslau , dans laquelle il me mande , qu'il possède une espèce de carpe , dont je n'ai point parlé dans mon ouvrage , et que l'on nomme dans son canton lederkarpfen ( carpe à cuir ) , nom qui lui a proba- blement été donné, parce qu'elle n'a point d'écaillés, et qu'elle est couverte d'une espèce de cuir brun. Il ajoute que , quoique ces carpes soient assez rares en Silésie , il en avoit eu cepen- dant environ une trentaine de diffé- rente grosseui* et de différens âges , mais qu'elles s'étoient presque toutea I-' DE LA CARPE A CUIR. 187 perdues, il y a quelques années, dans une inondation qui avoit rompu les chaussées de ses étangs. Cette carpe multiplie autant et croît aussi promp- tement que la carpe ordinaire, et ne lui cède en rien pour le goût. Comme on trouve ce poisson dans plusieurs endroits de laSilésie , et que le manque d'écaillés le distingue par- faitement des espèces connues de ce genre , je crois bien faire en le don- nant pour une espèce particulière. D'ailleurs, comme dans tout le reste , il ressemble exactement à mes carpes , soit pour la forme extérieure , soit pour les barbillons , je crois qu'il seroit superflu d'en donner ici un dessin par- ticulier. ' ■ ■ La lettre dont je parle étoit accom- pagnée d'un dessin fait d'après un de ces poissons , dont la couleur étoit un peu plus claire , et sur le dos duquel on appercevoit quelques écailles. Comme il be trouve aussi des reines de carpes i 1^ II y^ ' l88 HISTOIRE NATURELLE dans le même étang , M. le baron pense que ce pourroit être une espèce bâ- tarde provenue de la reine des carpes et de la carpe à cuir. 1 1 « i... LE BARBEAU, crpRiNus barbus. > : i Ce poisson I dont les pays méridio- naux de l'Europe sont la patrie , se dis- tingue de toutes les autres carpes par Favancement considérable de la mâ- choire supérieure sur l'inférieure , et par les quatre barbillons qu''il a à la bouche. Il a dix-sept rayons aux na- geoires pectorales , neuf à celles du Ventre , huit à celle de Fanus , dix- neuf à celle de la queue , et douze à la dorsale, dont le troisième est dentelé. Le barbeau , par son corps alongé , ressemble beaucoup au brochet. La tête est oblonguc , olivâtre, et finit en pointe. L'ouverture de la bouche est oblongue , et est placée en-dessous de la tête. La lèvre supérieure est forte et I ;■ i*' A s pe us. lO- lis- par nâ- , et i la na- dit Jix- àla elé. La t en I est isde te et »■ > ^ïÀ*" .?## ./ tl - î,, •ï^-tiri* tt >?î #• '«! -U-^' •t*î^u* *<Î4 ;iii É. . ^?^ **!T ï4^^ •■»m i; V- ,jè À.i i -ifj PI ,^i 4k if%' ai 4. xKt >^f*f :^r. . ♦ ",r-t I î, ,,1.J . .> '?Ù. i^DMwt u ^1^*1^ '-H*^!.^ L ît/i nu:' wxii a 'j 'LiUt ,*- f M ''.4(^i V ■-. V'tv. |v:«>v faille f e U rcij'H-j iî«5 c-cn-fK' y- I / i'^ •i;r-t.y^- ■tiss: ■«',.'«<; j>» i"- », 'O..^'^''; îat'i'^t î*^^ >.îjArt'^ î,;îf:î*- ^-»r •»j u-^yt.r iU i .iiê-t^ fi n- U<..*1' '? ' ' .H-, ■U-;.i gcvsir^rt pcc ' ' V. 'îj a» ■ , fw y t". i«'u Uyi'.koy^ à i ■'.."'' ifii î'V; *! **■.'■* *^ S ' *. I *SH' ' f f'T <■* { « «' V!» .*.i-l .U( •t , ri iiff i '- Il ?■ ^■^ylK^xi, df ^;i b^/ïuiî;; f: »H;* •r ■ ^! al icée C5. iîv^^itUliS < /.? ■f sif i7mca.rr c 'r-^ .it .^ Tom . m. Pq^eiSS. -itf-i »;->l Rewùie xTcaùf. 1.1, K l^AUBKAU . i. l/ll)|.\ . a l.K UVSOIU . i^ - n : ri 1 Û i ,f- DU B A R B E A ir. f H 1^9 rouge : le poisson peut Favancer el la retirer à son gré. On trouve les quatre barbillons à la mâchoire supérieure : les deux de la pointe sont plus courts que les autres. |. et ceux des coins plus longs. Comme ces barbillons forment une es- pèce de moustache , oiv a donné à ce poisson le nomde&or&^oa. Les narines sont tout près des yeux. Ces derniers ont hi prunelle noire ^ et l'iris d'ua brun clair. Les écaiMes quicouvrent le corps „sont rayées et dentelées , d'une moyenne grandeur , attachées forte- ment à la peau , et sont , selot> Rich- ter ^ au nombre de plus de cinq- mille* Le dos est rond et olivâtre. Au-dessus de la ligne > les côtés sont bleuâ.tres ^ et au-dessous, ils sont d'une couleur blan- châtre ,, tirant sur le vert. Le ventre et la gorge sont blancs , et la ligne la- térale j. qui est garnie de points noirs, a une direction droite. Les nageoires de la poitrine ^ du ventre^ de l*a»us et de la queue sont rougeâtres. A.«- dessous 'V.W1 „^>^i« J.^^ k»^'.«'«« igo HISTOIRE NATURELLE de celles du ventre, on voit un appen- dice ventral. La nageoire de la queue est fourchue et bordée de noir ; celltf du dos est bleuâtre. Le barbeau se plaît dans les courans rapides sur un fond de cailloux. Il se tient ordinairement caché sous les bords escarpés et entre les grosses pier- res. Il vit de ohéUdoine, dt limaçons ,' de vers et de petits poisson?. Quand je portai à mon peintre un gros barbeau pour modèle , il remarqua une queiïe de poisson dans la bouche , et l'ayant tirée , il trouva une perche toute en- tière et tout en Vie. Il aime aussi beau- coup la chair humaine ; car , en i683 , après le siège de Vienne , comme on avoit jeté pêle-mêle dans le Danube les Turcs et les animaux , on en trouva nne quantité autour des cadavres hu- mains, où on en prit la plus grande partie. Avec une nourriture si variée , il n'est pas étonnant que le barbeau croisse fort vite. On en prend dans 'fi , nu r A K B »A U. 191 rOder qui ont deux à trois pieds do long , et qui pèsent six à huit livres : ceux du Veser en pèsent douze à quinze. On en trouve en Angleterre qui pèsent jusqu'à dix-huit livres. Jove assure que ce poisson vit très-long- temps. On le pêche dans VOder , la vSaale , l'Elbe , le Rhin et le Veser. Dans ce dernier fleuve , le lin qu'on met dans l'eau le rend si gras, qu'il ne le cède en rien au saumon pour le bon goût. Comme ce poisson suit le lin , les pêcheurs profitent de cette occasion pour le prendre en grande quantité. Le barbeau ne peut produire que vers la quatrième ou la cinquième an- née. Le temps du frai est en mai , et en juin quand le printemps est froid. Alors il remonte les fleuVes , et dépose ses œufs sur les pierres du fond , dans les endroits où le courant est le plus rapide. On le prend pendant toute l'année avec des filets , des poches, ou à la ligne , en formant un appât avec 192 HISTOIRE NATURELLE du frotnago, du jaune d'œuf et un peu de camphre ^ et en mettant le tout dans im petit morceau de toile. On prend aussi pour cela des sang-sues. Afin d'a- voir toujours des sang-sues prêtes , on en amasse une quantité, on les sèche» et on les fait ensuite revenir quand ou en veut faire usage. Enfin on le prend aussi avec la ligne de fond , en attachant à l'hameçon un ver de terre ou un petit poisson. Tant qu'il est jeune, il a pour ennemis tous les poissons voraces ^ et sur-tout la loclie. , p, ,. Le barbeau a la vie dure, la chair blanche et de bon. goût ; et par consé- quent , quand il n'est pas trop gras, il offre une nourriture assez saine aux personnes délicates. C'est au mois de mai qu'il est le plus gras. Ce poisson a à chaque mâchoire dix dents recourbées ver&le bout, et pla- cées en deux rangées. Le canal intes- tinal est comme dans la carpe. J'y ai découvert des échines blanches et .^..^:^ DU BARBEAU. Iy3 jaunes, et une nouvelle espèce de vers solitaires. Le fiel est jaune. Dans un poi son de trois livres et demie , pôchô au mois d'avril , c'est-à-dire , peu de temps avant le frai, l'ovaire ne pesoit pas plus de trois quarts d'once , et con- tenoit 8on5 œufs de la grosseur et de la couleur des grains de millet. Il avoit quarante-six vertèbres à l'épine du dos , et seize côtes de chaque côté. On donne diffcrens noms à ce pois- son dans les diflerentes provinces d'Al- lemagne. On le nomme : Barb , Barbel , Barbelé , Barbie , Barbet, Banne , Steinbarben , Rothbart. Barm, Berm et Barbeel.en Hollande. Barbell, en Angleterre. ^ Barbeau , en France. Ssasana et Vssatch , en Russie. Barbio et Barbo , en Italie. Barbio et Barço , en Espagne. Merenne , en Hongrie . Les anciens auteurs prétendent qne les œufs de ce poisson sont venimeux. tp Wm 11! 19^* HISTOIRE NATURFXLE et qu'il arrive des aceidens fâcheux à ceux qui en mangent. Mais c'est un préjugé, qui vient sans doute de ce qu'ils prétendoientqueles femelles ont un écoulement menstruel à chaque nouvelle lune. Comme ils étoient per- suadés que ces sortes d'écoulemens étoient , en général , un poison que la nature rejetoit , ils croyoient que les œufs dévoient aussi en être un. Cette assertion est soutenue par plu- sieurs auteurs modernes , mais elle est combattue par l'expérience. Je pour- rois moi-même en fournir une preuve. J'ai m^ngé des oeufs de ce poisson avec toute ma famille , et personne n'en a jamais été incommodé. ;^- Klein parle aussi d'un roi des bar- beaux comme d'une espèce particu- lière , qui se distingue des autres par ses longues nageoires. Mais , comme il l'avoue lui-même , il n'en a vu qu'un seul dans le cabinet de Dresde ; et d'ailleurs, comme les autres auteurs ne les DE L"! D E. I95 font point mention de ce poisson , il y a apparence que la longueur de ses na* geoires n'est qu'un accident particu- lier , ou une tromperie de quelque marchand de curiosités naturelles. On nous dit aussi , dans un nouvel ou- vrage , que le barbeau fait ses petits au mois d'août ; mais c'est peut-être une faute d'impression ou de copiste ^ car ce poisson n'est point vivipare , et ne fraie point en août. ,.;,: , . .! ' L'IDE; CYPRIN us IDUS. '•'i.J Cette carpe se distingue de celles dont nous avons parlé, par la grosseur de son corps et les treize rayons de la nageoire de l'anus. On en compte trois à la membrane des ouies ^ dix-sept à la nageoire pectorale , onze à celle du ven- tre^ dix- neuf à celle de la quçqeyet dix à la darsale. . , i ,. ^n La tête est grosse et tronquée* La bottcbe a une petite ouverture ; et est ti:l 11 I 196 HISTOIRE NATURELLE sans dents. Le front , la nuque et le doa sont noirs. Le dernier est rond , et les premiers sont larges. La mâchoire su- périeure avance un peu sur l'infé- rieure. L'œil est de moyenne gran- deur, sa prunelle est noire , entourée d'un iris d'un blanc jaune. Le ventre est large et tout blanc. La ligne laté- rale forme une courbure en arrière, près de la tête. Le dos est rond , et forme un arc lâche. Les écailles sont grandes , la nageoire de la poitrine est jaunâtre , celle du ventre rouge au mi- lieu , blanche des deux côtés, ainsi que 9e fond : on voit au-dessus un appen- dice. La nageoire de l'anus a le fond blanc , le reste est d'un beau rouge ; celles de la queue et du dos sont grises : la première est large , a une échan* crure en forme de croissant, la seconde est placée vis-à-vis celle du ventre. Tous les rayons , excepté les premiers, sont larges et ramifiés. "* '< ' " Gcsnerest le premier qui ait décrit 11! lo9 les su- ^ ifé- an- j irée vj ntre [até- i ière, l,et sont '; le est uini- 1 sique ;i ppen- 1 1 fond 1 ouge; \ rrises : ! chan- Ij fconde 1 entre. h miers, Il décrit D E L'I D E. ig^ ce poisson. Les ichthyologistes qui lui ont succédé n'en ont pas parlé, excepté ceux que je viens de citer. On trouve l'ide en Poméranie , en Westphalie, ra Suède, en Norwège,ea Danemarck et en Russie. Il Habite les grands lacs où il y a une eau claire et do grosses pierres. Il en sort au mois d'a- vril dans nos contrées, et en Suède en mai, pour passer dans les fleuves , et y reproduire son espèce. Il cherche les endroits les plus rapides, et fraie dans le fond sur les pierres nues. Il vit d'her- bages et de vers, comme les autres es- pèces de carpes; il a les mêmes enne- mis , croît lentement , commence à frayer à trois ans, parvient à la lon- gueur d'un à deux pieds, et pèse alors six à huit livres. Il a la vie dure et multiplie beaucoup. On le prend avec le filet , le manche , et à l'hameçon. Il mord sur-tout , quand on prend pour appât des queues d'écrevisses ou des Poissons. VII. id 198 HISTOIRE NATURELLE grillots (1). Sa chair est blanche , ten- dre et de bon goût. Au commencement de l'estomac, on trouve deux os , sur chacun desquels on voit deux rangées de dents un peu courbées vers la pointe : les cinq qui sont sur le devant , sont fortes et gros- ses , les deux qui sont sur le derrière petites. L'estomac continue avec le ca- nal, sans interruption, et n'a que deux sinuosités. Le foie est long et rouge ; il consiste en trois lobes. La vésicule du fiel est grosse , et le fiel est d'un verd foncé. La rate est d'un rouge foncé , et formée de deux petites pièces. La laite est double, aussi bien que l'ovaire. En avril, j'ai trouvé , dans un poisson de trois livres, 67,600 petits œufs jaunes , de la grosseur de la graine de pavot. La vésicule aérienne est grosse et divisée. On trouve quinze côtes de chaque côté , li^ (1) Gryllus campe&tris. L. li- on cls leu jui os- er© ca- ÎUX du ^rd , et iaîte En Il de neS; :. La isée. 5Ôté, DE L'I DE. IQC) et quarante-une vertèbres à l'épine da dos. Ce poisson est connu sous différens noms. On le nomme : Dœbelf en Poméranie. Kuhling,en Westplialie, Nerjlingf Erjîing et Bradfisch, en Au-i triche. End , en Danemarck. Id et Tioschfjœling , en Suède. Rod-Fiœrigy enNorwège. Jass et Plotwa , en Russie* Poluwana , en Tartarie. L'idus et l'idbarus de Linné ne se- roient-ils point le même poisson ? Je le soupçonne^ parce que ni Linné dans sa Fauna , jai Artédi dans sa Descrip" tion des poissons suédois y n'ont parlé du dernier, qui est pourtant laturel à cp pays. I ' I M 20O HISTOIRE NATURELLE LE RASOIR, cYPRjNus cultratv». Cette carpe se distingue des vingt- trois espèces dont nous avons parlé jusqu'à présent , par la place qu'occu- pent vis-à-vis l'une de l'autre les na- geoires de l'anus et du dos. On voit trois rayons à la membrane des ouies , quinze à là nageoire de la poitrine , neuf à celles du ventre et du dos , trente à celle de l'anus, et dix -neuf à la queue. La tête, qui est comprimée des deux côtés, est très -petite, et a une éléva- tion en haut , près de l'ouverture de la bouche. La mâchoire inférieure qui est arquée , avance sur la supérieure. La bouche s'ouvre comme celle du ha- reng, et n'a point de dents. Les nari- nes sont larges , et placées près des yeux , qui sont très-grands , et ont une prunelle noire , entourée d'un iris ar- gentin. Entre les yeux et l'ouverture \ DU RASOIR. 201 de la bouclie, on voit une petite lame osseuse et mobile , garnie de petites protubérances. Les joues brillent d'une couleur perlée. La nuque est large et d'un bleu d'acier. Le dos forme une ligne droite ; il est rond et d'un gris- brun. Les 1 ôtés sont comprimés et ar- gentins, le ventre est mince et tran- chant. La ligne latérale a une direction d'une variété remarquable; elle com- mence au-dessous de l'opercule dts ouies. Après avoir. parcouru l'espace d'un pouce en longueur, elle tourne en bas vers le ventre, forme un angle ob- tus, et finit au milieu de la nageoire de la queue, après avoir encore serpenté plusieurs fois. Les écailles , excepté celles de la nuque, sont grandes, min- ces _ à cinq rayons , et se détachent ai- sément. Les nageoires de la poitrine , du ventre et de l'anus , sont rougeâtres en dessous et grises en dessus. Les pre- mières sont très -longues, et vont jus- qu'à la nageoire du ventre ; les nageoi- •0 «^ «■w^,- ar»?"'-^ .*j4-«jJ^j^-, v-i 202 HISTOIRE NATURELLE res du dos et de la queue sont grises , la dernière est fourchue. Nous trouvons ce poisson en Prusse, en Poméranie , presque dans toutes les rivières du voisinage de la Baltique; en Suède , dans le Danube , dans le Jaik , et dans l'Elbe , selon Ricliter. Linné le met au nombre des poissons de la Baltique , et le regarde comme un poisson rare en Europe. J'ai reçu celui que je décris ici de M. de Marwitz,do la Nouvelle-Marche. Il a été tiré d'un lac oh on l'avoit transporté : il étoit long d'un pied et demi , large de qua- tre pouces , et pesoit une livre et un quart. On en trouve cependant de plus gros et de plus lourds. Il aime l'eau claire , comme les autres espèces de carpes , et vit de vers , d'herbages et de terre grasse , et se tient ordinaire- ment sur les bords. C'est-là qu'au mois de mai , il dépose son frai sur les her- bages. Il a dans les oiseaux de proie et les poissons voraces un grand nombre ,i ■• DU RASOIR. 203 d'ennemis, dort il devient souvent la proie , parce que son éclat les frappe et les attire -, ce qui fait qu'il ne multiplie pas beaucoup. On le prend avec des fi- lets et avec des nasses, dans le temps du frai. Il mord aussi facilement à l'ha- meçon. Le peu de chair qu'il a est blanche , molle , maigre et traversée de plusieurs petites arêtes fourchues. Ainsi il n'y a guère que le peuple qui lo mange. Ce poisson diffère des autres pois- sons de rivière, non-seulement par la forme extérieure , mais encore par la structure intérieure de son corps. J'ai trouvé la cervelle en arrière près des yeux , recouverte par la chair du dos : je n'ai pu remarquer les petits os du cerveau , que l'on trouve ordinaire^ ment dans les autres poissons. On voit dans l'œsophage , ou plutôt à l'entrée de l'estomac, deux os, dont chacun a sept dents pointues en deux rangées. La cavité du ventre est longue «t lar- rf:ï i • r 204 HISTOIRE NATtTRELLlî ge. L'estomac se perd dans le canal in- testinal, comme dans les autres espè- ces .de carpes. Le dernier a deux sinuo- sités, et est de la longueur du poisson# Le foie consiste en deux lobes , dont lo plus long va jusqu'au trou ombilical. La vésicule du fiel est petite , de même que la rate , qui est brune. Le fiel est jaune. Les deux ovaires, qui sont pla- cés le long du dos, sont grands, et cha- cun est divisé par une raie en deux parties égales. Dans un poisson d'une livre et un quart , tous les œufspesoient deux onces et demie. Les œufs étoient gris , et au mois de mars , ils étoient presque de la grosseur de la graine de millet , et l'ovaire contenoit i o5,74o œufs. J'ai trouvé vingt côtes de chaque côté , et quarante-sept vertèbres à l'é- pine du dos. Le dos est droit , le ventre mince et tranchant. C'est cette forme qui lui a fait donner en Suède lenomdesft^Mn// ( rasoir ) j en Autriche celui de sichcl C] e DU RASOIR. 2o5 ( faucille) ; en Hongrie celui de sœblar ( sabre ) ; de même que sa maigreur I a i a fait donner en Prusse le nom de ziege , et celui de zicke (chèvre) en Poméranie. C'est cette même forme et la na- geoire située fort loin derrière le dos , de même que sa bouche sans dents qui ont été cause que les écrivains Font pris tantôt pour un hareng, tantôt pour un brochet ou une carpe. Mar- sigli , le premier qui le décrivit et le représenta en 1726 , croit qu'il a beau- coup de rapport avec le saracho d'Al- drovand, dont cependant il diffère beaucoup. Klein le décrivit en 1749 , et en donna aussi un dessin. Il en fit un brochet : il croit que personne ne l'avoit encore ni décrit ni représenté , et le rapporte à deux espèces diffé- rentes ', savoir , le ziege et le sichling. Bientôt après Linné en donna une des- cription dans son voyage de Gothland, et en fit une espèce de carpe. Quelque fl i I • n • '*/ ; 2o6 HISTOIRE NATURELLE temps après y Kramer en fil aussi iiiei%- tioii en 1756, comme (Vun poisson tout- à- fait nouveau , et le détermina comme Linné. Enfin, Wulffen fit un liareng. Il diffère pourtant de ce pois- son, soit par la bouche qui est sans dents, soit par le nombre des rayona de la membrane desouies. lise trompe encore d'un côté quand il le prend pour le cLalcis de Rondelet et de Jons- ton j de l'autre , quand il donne ce poisson foible et sans arme pour l'en- nemi le plus redoutable de l'esturgeon^ qui est un poisson fort et armé de tous les côtés. Il faut aussi que Richter n'ait pas bien observé ce poisson, sans quoi il n'auroit pu lui donner des écailles aiguillées et tranchantes. LA DORADE CHINOISE, CYPRINUS JVRJTUS. t La couleur brillante comme l'au- rore ; dont ce poisson est décoré, Id i>siViAMrji.t-:-#--'- -é. èl "î ':mtî*r if* / ^ f #;.' f-^■ #|vl *M . i. ■s*,'» ^ W ;>• » : -■ ; ■ *f^ 1 '■ ( 'fi H -.-SI MUJ ' i; ■ ' '■■' t>v ( >■ . I' t ' ■' »-:■ ■ ^ ■_• f- i «r'' 7'imi i-arictos (lo la ])()Taac . ô . 1 A CAIVPK J:)K nrdOKXIlAGKN- ; i «\ '. r'v^l»^ que je les reçus , ont déià tellement >) grossi, que deux d'entr'elles sont )) comme de petits harengs. Les petits }> qu'elles ont faits ne croissent pas si )) vite; peut-être que le hassin en est )) trop rempli. Les huit premières » étoient noirâtres lorsqu je les reçus. » A présent , deux sont tontes rouges; î) une autre commence à le devenir^ )) et n*a plus que le dos nr.ir ; les autres y> ont conservé leur couleur. Parmi )> les jeunes, j'en ai remarqué, avec le » temps, qui étoient toutes rouges )) lorsqu'elles avoient à peine la lon- î) gueur d'un doigt. Il n'y a que le» » rouges qui deviennent argentines, » mais 'seulement quand elles sont » vieilles, parce que la couleur rouge » pâlit peu à peu , et devient enfin » blanche. Les taches routes frappent \ la vue, sur tout dans celles qui sont » noires* Ces taches commencent à / (•• I 21 4 HISTOIRE NATURELLE » paroître au bout de la queue. Je les » nourris comme les carpes, avec du. » pain blanc » . Un marchand de curiosités natu- relles en a laissé à Cassel. Son excel- lence M. le comte deïleyden, envoyé de Hollande , en a apporté à Berlin il y a quelque temps. C'est à sa bonté que je dois la belle dorade dont je donne le dessin. Quand on garde les dorades chi- noises dans des verres, ou dans des Vases de porcelaine , on les nourrit avec de petites oublies , de la mie de pain blanc bien fine , des jaunes d'œufs durs mis en poudre, ou de la chair de porc hachée et des limaçons, dont , à ce qu'on dit, elles aiment beaucoup la mucosité. Elles prennent aussi volon- tiers les mouches qu'on leur jette. En été , il faut les changer d'eau deux fois par semaine, et plus souvent encore quand l'air est chaud et étouffant. Eu hiver, il suffit de la renouveler tous les /. i )*' DE LA DORADE CHINOISE, 'JlS Il lût OU quinze jours. Dans les étangs dont le fond est de terreau ou de terre grasse,'ils n'ont pas besoin d'autre nour- riture. Mais si le fond est sablonneux, on peut les entretenir avec du pain de chenevis, du fumier, ou du pain. En hi- ver, elles ne mangent point-, car les Chi- nois ne leur donnent point de nourri- ture pendant trois ou quatre mois , c'est-à-dire, tant que dure cette saison. Comme on pourroit aisément les blesser en les prenant des vases, on se sert d'un petit filet. Ces poissons aiment les lieux ombragés , de même que la carpe, la tan- che , et le carassin ; ainsi on fait bien de leur jeter un peu de verdure, pour s'y cacher. Mais il faut prendre des bran- ches qui ne donnent pas une mauvaise odeur à l'eau , ce qui feroit mourir les poissons. Comme les petits sont beau- coup plus vifs que les gros , on les pré- fère ordinairement pour les mettre dans des vases : cependant, il ne faut pas y en mettre trop, sans cela ils U 21(5 HISTOIRE NATURELLE mourroient. Afin que l'on puisse voir de loin leurs mouvemenset leurs belles couleurs , il faut prendre principale- ment de grands et larges bocaux de verre blanc. L'ouverture ne doit pas être trop petite, afin qu'ils puissent respirer aisément -, il ne faut pas non plus qu'elle soit trop large, parce qu'alors ils pourroicnt sortir hors du vase et périr. Quand l'étang n'a ni herbages dans le fond , ni des bords unis , où les femelles puissent déposer leurs œufs, il faut y jeter des bran- ches vertes. Ce poisson a nn grand ovaire , multiplie considérablement , et fraie en mai. Il a la vie dure ; car , selon M. Baster , un de ces poissons , qui avoit sauté hors d'un bocal, et étoit tombé par terre , où il resta une heure , se remua encore lorsqu'il fut remis dans l'eau. Ces poissons ont l'ouie fine. Pour leur donner à mangrr, on les attire aisément sur la surface de l'eau avec un certain signe. Ils appren- N DE LA DORADE CHINOISE. 217 nent aussi à reconnoitre ceux qui leur donnent ordinairement à manger*, car iU se piAscntent , dèsqu^ils les enten- dent venir de loin. Les Chinois ont un petit siillot aux vaisseaux oi'i ils les conservent, afin de les accoutumer à un certain son. Lorsqu'ils s<,'nl enfer- més dans des vases, ils ne deviennent guère plus long que de six à liuil pou- ces -, mais dans les étangv«» , ils par- viennent à la longueur de douze à quatorze pouces. Au commencement du canal intesti- nal on trouve les dents , comme dans les autres poissons de ce genre. Ce ca- nal a trois sinuosités , et est aussi long que le poisson. La laite et l'ovaire sont doubles. La vésicule aérienne est corn* posée de deux parties ) l'une large et l'autre étroite. Ce poisson se nomme ; Kingjo , dans la Chine. Kin-ju , au Japon. Coldfishf en Angleterre. l. », i11 ri- 31 8 HISTOIRE NATURELLE Goldfisch f en Hollande et en Suède ; Silherfisch , tant qu'il est jeune. Goldkarpfen , en Allemagne. Dorée de la ChinjS et Poisson d'or y en France. Linné et Gronov croient avoir trou- vé le caractère distinctif de ce poisson dans la queue à trois fourchons ; mais ce caractère est aussi incertain que ce- \ lui qu'ils tirent dans un autre endroit de la nageoire de l'anus y qui est double : car ces marques sont accidentelles. Il est vrai que la couleur rouge que jo donne pour caractère , ne se trouve pas toujours dans les jeunes poissons ; mais alors les caractères distinctifs no sont pas toujours clairs. LA CARPE DE BUGGENH AGEN, CYPRINVS BUGGENHàGEN. L ES dix-neuf rayons que l'on trouve à la nageoire de l'anus , distinguent celte carpe des autres espèces. On DE LA CARPE , &c. 219 trouve douze rayons à la nageoire pectorale et à celle du dos , dix à celle du ventre , et dix-huit à celle de la queue. La tête est petite , aussi bien que l'ouverture de la bouche. La mâchoire supérieure est plus longue que l'infé- rieure. Les ouvertures de l'ouie et do Todorat sont près des yeux. Sur le nez et la nuque on remarque un enfonce- ment dirigé en travers. Le dos , qui forme un arc , est tranchant et noirâ- tre. Les côtés sont comprimés et cou- verts de grandes écailles argentines. La ligne latérale forme une courbure vers le ventre , et va ensuite au milieu du corps vers la queue. Les nageoires sont bleues dans le fond , et ont une bordure de la même couleur. La nageoire de l'anus est en forme de croissant , et celle de la queue est fourchue. L'anus est si- tué fort loin à la partie postérieure du corps. On apperçoit à la nageoire ven- trale un appendice. \ 1^ \ f I. !f le, 220 HISTOIRE NATURELLE Nous Ironvons ce poisson dans la Poméranie suédoise , dans la Pèno et les lacs qui y communiquent. C'est à M. de Buggenhagen que je suis rede- vable de celui dont je donne le dessin. Il parvient à la longueur de douze à quatorze pouces. Sa chair est blanche et traversée de petites arêtes , et par conséquent on n'en fait pas grand cas. On le prend avec les mêmes engins que la brème. Il n'en diffère point non plus quant aux parties intérieures. Les pê- cheurs se réjouissent quand ils en pren- nent dans leurs filets , parce que l'ex- périence leur a appris que lorsque co poisson partit , la pêche des brèmes est abondante. Ils croient que les brèmes suivent notre poisson, et se laissent conduire par lui : voilà pourquoi ils lui ont donné le nom de leiier ( guide ou conducteur). A la première vue , on prendra' t co poisson pour une jeune brème ou uno sope ; mais le petit nombre de rayons ï i ans la èno et C'est à is rede- dessin. douze à blanche , et par 'and cas. iginsque non plus . Les pê- î en pren- que Vex- orsque co )rêmesest 2s brèmes se laissent urquoi ils er ( guide endroit ce [ne ou une de rayons \^ .* i i V i M j i ? « P' l |.' \ Il ( :(• ! ■. « 1 I -A/^e aitz De.eei>e de/. Joriri/a/i i(cft//> X. I/OIU^ILF . 2 I/APHIE . 3 . l.A VAN D OISE i.jÉ.^*^..-»»"]'- ^I»^'. ♦^•<<^ w/. 171. 1 .' *■■• ' t,.. -1 1 •e<3Fv vr « ■ r 1 V f '1 -V'! I >!.•;/>• v.tj/ 2. ■'•' ' ^n, ■ •/■ ;.t.l«: .»!* .»4k. .- ■> --Jf ,; !î»;us (.■ 1 < - 1; 17 iCch//L> ■ loi SE K1> w,',}\ * f- * 1 yfi/'-'Hi i /''•OV t;gf B-m^ H I ■as?-« fi i-/ n Vit H"*' "ÎF' jfl« r- ?>■ k^-^r ^*.t H f ...\ \AV i. "."^'fÊf-itï^r!^ i> -■'um jif|f---^'i»--f ■■*î|^* ^—ts DE l'or P HE. 221 à la nageoire de l'anus , prouve le con** traire. L'ORPHE, CYPAINUS ORFUS, ^ .1^ L A couleur jaune dont brille ce pois- son , et les quatorze rayons de la na- geoire de l'anus, le distinguent des au- tres espèces de carpes. On trouve onze rayons à la nageoire pectorale , dix à celle du ventre , vingt- deux à la queue , et dix à la nageoire du dos. La tête , qui est petite , est d'un jaune rouge , aussi bien que le dos et les côtés. Lesyeux ont une prunelle noire dans un iris jaune. La mâchoire supé- rieure avance un peu sur l'inférieure. Les écailles sont grandes. Toutes les nageoires sont rouges , et celle de la qç^eue a une échancrure en forme de croissant. Cette belle carpe , que nous pouvons en quelque façon mettre k côté de la dorade chinoise , conserve aussi sa couleur dans l'eau-de-vie j ce Poissons. VII. ao ) il ( .1 ! 222 HISTOIRE NATURELLE qui vient vraisemblablement <1e ee qu'elle est produite par la matière vis- queuse qui est sous les écailles. Ce pois- son est originaire des parties méridio- nales de l'Allemagne. On le trouve sur- tout dans les environs de Niiremberg et d'Augsbourg. Je suis redevable de celui dont je donne ici le dessin , à M. Raspe , libraire à Nuremberg. Il se journedans les rivières, lacs et étangs. Il n'a pas la vie dure , car il meurt dès qu'il est sorti de l'eau. Si ce poisson étoit connu dans le nord de l'Alle- magne , on pourroit le multiplier dans les étangs avec beaucoup moins de frais que la dorade chinoise, de même qu'on fait dans la partie méridionale de l'Al- lemagne, où on le nourrU, dans les fos- sés des villes pour les orner. Sa chair est blanche , quelquefois rougeâtre et de bon goût , sur-tout en avril et en mai : alors elle est aisée à digérer. Ce poisson vit de vers, d'insectes , de terre grasse et des oeufs des autres poissons. DE L' O R P H E. 223 II aime sur- tout beaucoup le pain ; car quand on en jette dans les étangs où il y a de ces poissons , ils viennent aussi- tôt sur la surface de l'eau pour lo prendre. Il a pour ennemis le brochet, la perche et le silure ; cependant il mul- tiplie beaucoup. L'orphe fraie en mai et en avril , et dépose sur les herbages ses œufs , qui sont petits et jaunes. Les parties intérieures de ce poisson sont de la même nature que celles de la carpe. On trouve quarante vertèbres à Tépine du dos , et vingt-deux côtes à chaque côté. Ce poisson se nomr e : ^rff> U^ff> (^rvey (Erflingy JFirfling ; Elft et Frauenfisch , en Allemagne. Jakeseke , en Hongrie. Jasz , en Illyrie. Golowlja et Golohi , en Russie. Orphe , en France. Linné dit que ce poisson se tient dans le Rhin et dans les rivières de l'ÂngU- ; • 0l0tmm m m*ê ■ I S , ( 'M ,1 é^ ] i\ ï ff' / ' 324 HISTOIRE NATURELLE tpiT«. Mais je don le qu'où le trouve ni (Inr Turi ) ni dans les autres. Gesner est le premier qui ait décrit ce pois, on; mais le dessin qu'il nous en a donné est très-mauvais. La boctuté singiiiïère de ce poîsson peut servir d'excuse à Willu^hby , quand il doute si ceîui qu'il a vu à Ra- tisbonne, n'avoit pas reçu ses couleura de quelque secret de l'art. Comme cet auteur ne connoissoit ni notre dorade chinoise, ni la dorée d'étang , il n'est pas étonnant qu'il ait cru q-i'une tello magnificence n'étoit pas naturelle. Quand Willugliby demande si notre orphe est le même poisson que le rudd des Anglais , il faut lui répondre néga» livemeat j car ce dernier est le ra- lentie. i i ^■^ t i DE LA VANDOISE. 225 LAVANDOISE, CYPRINVS LEUCISCUS, Les onze rayons qui sont à la na- geoire rie l'anus , et les dix à celle du doS) me paroissent des caractères suf- fisans pour pouvoir distinguer cette espèce des autres poissons du même genre. On trouve quinze rayons à la nageoire pectorale , neuf à celle du ventre , et dix huit à la queue. Ce poisson a le corps alungé, la tête petite, les écailles de moyenne gran- deur , les nageoires grises , la queue fourchue, et une ligne latérale arquée qui va le long du ventre. Il est argen- tin , à l'exception du dos qui est brunâ- tre et rond. Ses yeux ont une prunelle noire y entourée d'un iris jaunâtre ^ et auprès on voit les organes de l'ouie et de la respiration. L'ouverture de la bouche est de moyenne grandeur. L'o- percule des ouies consiste en deux pe« H I p' ]' ^ a'26 HISTOIRE NATURE LLr. titcs plaques. Toutes les nageoires sont blanches. Nous trouvons ce poisson dans la partie méridionale de rAllcmagne, ainsi qu'en France , en Italie et en An- gletetre. Ceux que j'ai examinés , et dont j'en ai fait dessiner un , m'ont été envoyés de Bourghausen , en Bavière , par mon savant ami , M. le professeur de Paula Schrank,sous le nom de LaU" ben. Ce poisson parvient à la longueur de huit à douze pouces -, mais en Alle- magne il n'en a guère plus de six à huit. On en trouve assez souvent en France qui ont un pied , et quelquefois en An^ gle terre , qui ont jusqu'à un pied et demi. Ce poisson aime une eau pure et courante. Il vit de cousins et de vers. Le temps du frai tombe en juin. Il multiplie beaucoup , quoiqu'il ait pour voisins des ennemis voraces et puis- sans , tels que le brochet et la perche ^ mais il sait leur échapper par la rapi- dité avec laquelle il nage. On le prend DE LA VANDOISE. 22; avec des filets, et dans le temps du frai, avec des nasses couvertes d'herbages. Il s'y prend de lui-même en voulant déposer ses œufs sur les herbages. Sa chair est légère et aisée à digérer -, mais elle est désagréable à cause de la quan- tité de petites arêtes dont elle est tra- versée ; de sorte qu'il n'y a guère que le peuple qui le mange. Le péritoine est d'une blancheur éclatante et par- semé de points noirs. Le foie , qui est d'un rouge pâle , consiste en deux lobes d'inégale longueur. La rate estrougeâ- tre. La laite et l'ovaire sont doubles. Le dernier contient plusieurs œufs blanchâtres très-petits. On nomme ce poisson : Weissjisch , en Allemagne. Lauben , PTindlauben , en Bavière et en Autriche ; Seele, en Suisse , tant qu'il est petit. Zinnfisch , à Constance ; Agonen , Lagonen , quand il devient plus âgé ; •lu i '.i 228 HISTOIRE NATURELLE Laugele , quanti il a atteint toute sa grosseur. Wittertje , en Hoîlancte. Vane et Dare, en Angleterre. Vandoise ou Dard , en France. Abu grymby y Gugrumbif Budjenn , en Arabie. Comme M. cîe Paula Schranfc me marque qu'en Bavière on appelle ce poisson Lauhen , ainsi que l'ablette et le spirlin , fe crois qu il est à propos de dire que si l'on compare ces trois pois- sons avec le dessin que j'en donne , il faut faire attention de ne pas se mé- prendre. L'APHIE, CYPRIKUS APHYA. Les neuf rayons de la nageoire du dos et de l';ïnns distinguent ce poissoa des autres espèces de carpes. On trouve douze rayons à la nageoire pectorale ^ huit à celle du ventre , et vingt à cello de la queue. ; DE L'AP HIE. 22g L'ouve|:'ture de la bouche est de moyenne grandeur*, et quand elle est fermée, la mâchoin» supérieure avance un peu sur l'inférieure. Le corps est alongé, épais et rond. Les écailles se détachent aisément. La télé est de moyei.ne grandeur. Les yeux, qui ont une prunelle noire , sont entourés d'un iris rouge et d'une ligne jaune. Le dos est brunâtre*. Le ventre est rouge chez quelqnes-uns , blanc chez d'au- tres, et les côtés sont blanchâtres sous la ligne. La ligne latérale suit le mi- lieu du corps dans une direction droite. Toutes les nageoires sont verdâl res sur le fond, grises ailleurs, et celle de la queue est fourchue. Nous trouvons ce poisson dans la Baltique sur les rivages, les côtes, et dans les fleuves qui s'y jettent, ainsi que dans presque tous les ruisseaux de la Suède , de la Norwège et de la Si- bérie. On les trouve ordinairement en troupes. £u Suède , selon Linné , ce I '»*-' i 25o HISTOIRE TÎATURELLE poisson n'a guère plus d'un pouce et demi ou deux pouces de longueur : ce- pendant celui dont je donne le dessin, en avoit quatre et demi. Il m'a été en- voyé de Norwège par le célèbre natu- raliste M. Millier , conseiller de con- férence à Copenhague. La chair de l'a- phie est blanche , de bon goût , saine et aisée à digérer. Les pêcheurs suédois s'en servent quelquefois eu guise d'ap- pât pour prendre des perches. Ce poisson est connu sous difFérens noms. On le nomme : Spierling f Moderliesken jGïi Allemagne. Matterloseken ( i ), en Prusse. Pfrille , en Bavière. Mudd , Buddy eu Suède. Quiddj Iggling , en Dalécarlie. ! (i) Ce qui signifie sans mère. Ce nom vient sûrement de celui à^aphya , que les anciens donnoientàun petit poisson qu'ils faisoicnt naître de récùme de mer , et pur conséquent sans le secours de la génération. DU CYPRIN CLUPEÏDE. a?! Gli , en Gothie. Glirr et Glirren, dans la Bothnie occi- dentale. Alkatta , en Dalie. Solsensudg j en Laponie. 'î" Gallien , en Sibérie. Loin , Gorloie , Kime, Gorkime et GoV" kytte , en Norwège. Quand Artédi demande , si la mut- terloseken de Schoneveld est le même poisson que le nôtre , on peut lui ré- pondre affirmativement. C'est à ce dernier que nous sommes redevables de la première description de Paphie : mais jusqu'à présent nous n'en avons point eu de dessin. LE CYPRIN CLUPEÏDE, CYPRIJSVS CLVPEOÏDES, m If: » Le ventre en forme de scie carac- térise ce poisson. Ce caractère devroit le mettre au rang des harengs : mais comme il a , ainsi que les carpes ; trois i ^^ \ il n t; V 232 IIISTOITIE NATURELLE rayons dans la membrane branchiale, et les dénis au gosier, il ressemble plus à ces dernières qu'aux premiers. Il fait l'enchaînement de ces deux genres, et cette circonstance m'a fourmi sa déno- mination. Il approche le plus du ra- soir , par la ligne latérale qui se trouve près du ventre, par le corps en forme de glaive, et par la structure de la bouche. J'en ai reçu cinq exemplaires , que M. John m'a envoyés de Tran- quebar afec un dessin Comme ils sont tous de la grandeur représentée _ il est probable que ce poisson ne devient pas plus grand. La nageoire pectorale a onzfe rayons, la ventrale en a huit, celle de l'anus treize, celle de la queue vingt-trois , et J la dorsale neuf. On le nomme : En Allemagne , Heringskarpfen. En France , Cyprin clupeide. Et en Angleterre, Herring-Carp. 1 DU FRANGE, a3S ïiE FRANGÉ, cYPRiNi/s fimbriatus. CEpoissan se recoimoît aisément par ses lèvres en forme de franges. Elles sont larges, épaisses , et en respirant, 1© poisson les fait avancer en forme de fourreau, et les retire ensuite. La lèvre inférieure est plus pendante que la su- périeure ; cette dernière est garnie de petites verrues , et ressemble par-là au chagrin. La nageoire pectorale a dix -sept rayons, la ventrale en a neuf, celle de l'anus autant , la queue ^ingt-cinq, et la dorsale dix-huit. La tête est petite, unie et compri- mée j les narines sont doubles et près des yeux ; la prunelle est noire , et l'ii is argentin et entouré de deux cercles rouges; la bouche est étroite, la langue dégagée , et le palais uni. Le tronc est charnu : la ligne latérale est plus proche àa dos que du ventre j l'anus plus pro- Poissons, VII, ^1 V, 1, h \>i 1h I' < id I A n H. ■; 234 HISTOIRE NATURELLlî che de la tête que de la nageoire de la queue. Le dos et les nageoires sont violets; le ventre est blanc, et le tronc est par- semé de points rouges. Tous les rayons sont mous et ramifiés, excepté les pre- miers, qui sont simples. Les eaux douces de la côté du Mala- bar sont la patrie de ce poisson. Quand on l'entretient dans les lacs , il par- vient au poids Je trois jusqu^à six li- vres. Il est boii à manger. C'est à M. John que j'en dois le des- sin , ainsi que le poisson même. Ge poisson est nommé : En langue tamulique , Solkondei, En français , Frangé. En anglais , Fringed-Carp. Et en allemand , Fransenmund, w 'î\ 0t^ • '»*ti^*'-tcr '"^n^- RELLt: lageoire de la i sont violets; tronc est par- ms les rayons 3epté les pre- ôté du Mala- isson. Quand lacs, il par- squ*à sixli- i dois le des- nêrae. ondei. .»^ l^ und. I Paa . a.3S Tom /7/. l\ i.LE ÏKI.F.SCOrK a I-K VOIVCO.NDKK 3.1A.ï'AUCTJLE. \v 1 ^r***"^; ■atrr' \ L i: !V ,.5.- î ï' M ' »•' i *.*. (li '.t;î i"»' iM)! i ^, 1 ; ,>• i.ii.> •» '! ( • 1 «" . j ■' » '>*. ÇiS' A K^VS ■■^o = ► r.,s [ ji/tï: is» t a n fi 'r-i. iî 2 si llpCi *i «- .«.--i, *.<•*>'■• 4 » - •^. i^- M}' Jî*-. é'ik. A. - ■*• C^- ,*S..«;^::>: 1 fe^t ' 'f- *■• v; . 1 - H. M' .\T DU TELESCOPE. 235 LE TELESCOPE, CYPRINUS MACROPHTHJLMUS, Les yeux coniques et . V^r de têt© fontlecaractèredistiri' fî^ « poisson. La nageoire pectora * ent dix rayons , la ventrale six , et .i^ ^e l'anus neuf, la queue vingt-deux, et la dor- sale dix-huit. Tout le corps de ce poisson et les bases de toutes ses nageoires sont d'un beau l'ougo presqu'écarlate j ce rouge est un pou foncé vers le dos , et un peu plus clair vers le ventre. Les membranes do toutes les nageoires , depuis les bases jusque vers leurs pointes , sont pres- que blanches, à travers lesquelles trans- p:iroissent les rayons rouges , ce qui fait un très bel effet. Les trois pointes blanchâtres de la queue forment un trident , ou, si l'on veut, une tulipe. La tête est courte et grosse , la bouche petite, et les narines sont simples. La >1 IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) V**-»'. i^ '^ '' ' LA FAUCILLE , cfprik us-falcat us. . i I p- On reconnoit ce poisson par ses na- geoires du dos 3l de Tanus en forme de faucille. *. .>.-->**!'*> • ^-yr,,.. ,, La nageoire pectorale a dîx^uit rayons, la ventrale en a neuf , celle de Tanus huit , la queue quatorze , et la; dorsale douze. r ' '^^? nc'J ? La têt6 est petite , sans écailles et> comprimée, rouge par en-haut, ar- gentine aux côtés, et nuancée de hl^n. La bouche est petite ; la mâchoire su- périeure est la plu3 longue , et les os> des lèvres sont étroits. Le palais et la langue sont unis ^ les narines rondes ^, t-^ j*I»-" ••^•t * DE LA FAUGILLK, aSg et ip1( ^]1( tiennent le milieu entre l'extrémité de la bouche et les yeux. La prunelle est noire , et Tiris jaune. L'ouverture des ouies est large, et la membrane en est visible. La ligne latérale est droite , et l'anus est une fois plus éloigné de la tête que de la queue , q^i est fourchue. Les écail]es sont grandes; les rayons mous et ra- mifiés. On apperçoit au-dessus de la ventrale un appendice. Le tronc est ar- gentin nuancé de bleu ; le dos est bleu ^ et les nageoires sont rongeâtres. Ce poisson^ est nommé : "En Trance, la Faucille, En Angleterre , the Sickle-Carp, Et en Allemagne , Siehelkarpfen. Ce poisson , ainsi que le précédent , habite les eaux douces de la côte du Malabar. Je le tiens de M. John. •t ' r. --iA «4 , 1*- 'vsrr : «•*%^»».^l^%^l^^<^^^H^^»%>^%>%ii^WM.%ii%>^»%)^^%>^>^>^^^^ ( ■ I : ( 1 CINQUIÈME CLASSE. •"!«-,> . ^ LES BRANCHIOSTÊGES, 011 poissons à branchies libres , et dont les parties solides ont des cartilage» au lieu d'os ou d'arêtes. * I ; LXVir GENRE. LE SYNGNATE,.' ?. ou AIGUILLE DE MER, SYNGNATHU 5. . ! Caractère générique, he corps articulé^ le bec cylindrique. ; C.' > ' -»-,■*■ L»Af I G U I L L E DE MER, SYNGN jdTHUS TYPHLE, li A forme hexagone du tronc , et une nageoire à Tanus , sont les caractères distinctifs de ce poisson. On trouve ^ :,^,- *" 1P "ïWiHWf jp -jsw- V SE. .y H"?v ES, ;t dont tilagc» VJi'tr^ m'.înA^-- R E. 1ER, rliculé, JE. , et une ractères i trouve i'-^Wll r:"- r »*l«h-*":»'»U ^?. '.t.U« f *'*'*h.ift, ..->-.«..0^' TKjr..- ■«I J|.».«aV ««(IK1WIMMII.W, «!»•«,'.■« »>■*'.(» ;,«*! *<•»-*'« »•■«« ■ Cl-i^ift^ !.. i E MJî- ,<--;<:^«^ ..Ji, -k>'^ *>>-'■ • 1*1*5 >JîtANi:iijo^'i > '.. fi V Cf %J^ X W'*^ O'ft *>'-:• iî'StwM i.i fc'i'ULtjfihtiW l-.l#î" '* /• ..Gf « i^: i e-î». u lii^/A) I A, % 1 ■f if» l^:^K R K Y'N r % A I; ^ ;t ^; /*. <■" îv / vi' t uracté-iC^rA'. ',.!> » ^î K ^ " -i ,*„> i'ij 1; ,.■ -., ,«5. . < .fC'V P-! riSj^t-ô A nu' /t^jut Iv'^ r.o-itîOi»^;^ ili A--:?itjjit-lnî> tîe ci: |ujis^cr?, \ni irouV' --jj^''^^ii'^!i?**^'>^, ■ Tom . 7n. Pane %^o i.X.'AîCTUn.LK de mer . a . LA TROMPETTE. 3. LE SE1UT,NT clcmev. 4.IATR()AU*KTTK daCap 5. LE CHKVAI. MAKl^" . 6 et 7 L'ÉIUNR DOUlîLK. h ^(/- «■\ HISTOIRE NATURELLE , &C. a4 1 deux rayons à la membrane des ouies ^ douze à la nageoire de la poitrine , cinq à celle de Panus, dix à la queue ^ et dix- huit à la nageoire dorsale. Le bec est mince, un peu comprimé sur les côtés. Les yeux sont petits ; ils ont une prunelle noire et Viris jaune. ÎjC tronc est composé de dix-buit bou-> cliers, et la queue de trente six, qui forment autant d'articulations. La queue est quarrée. L'anus est plus près de la tête que de la queue. Le corps est marbré de jaune et de noir ^ et les nageoires sont grises. Nous trouvons ce poissson dans la mer du Nord et dans la Baltique. On en voit rarement qui ait plus d'un pied de long et nn doigt d'épaisseur. On 1^ prend au printemps en^ pêcbant au filet. ' • Dans le poisson dont je donne ici le dessin , le cœur étoit de la grosseur d'un grain de chenevis. L'estomac étoit alongé^le canal intestinal court et sans I * '' I a^ia I mistoihf. naturelle sinuosité. Le foie étoit d'un jaune pâle , et la vésicule du licl à peine vi"> sible. ^ ,. . : On nomme ce poisson ^ ainsi que lo suivant : Nadilfisch , Trumeter , h Hambourg. Ai feuille de mer , Trompette , en France» Gaf^nolùf à Marseille. Liden-Soe-Naal, Nebbe'Sild , Afariœ- . iSytf- iVaa/, en Norwège. >. Sex-Kantad Snipa , en Suède. Slwrter-Pippe y Needle - Fisfi y Horn" Fish , Gar-Fish , en Angleterre. Zeskanlige , JSaald - Visch , en Hol- lande. i^â/pn , au Japon.. Willugliby sépara cette espèce à six angles de la suivante , qui en a sept j en quoi il a été imité par Rai , Artédi.>, Iwlein et Linn.é. >i . . . » , no ri- DE LA TROMPETTE. a43 LA TROMPETTE, SYNGNATVS À C U S, La forme hexagone du tronc , et la nageoire de la queue , sont les marques distinctives de ce poisson. On trouve deux rayons à la membrane des ouies , quatorze à la nageoire pectorale , six à celle de Fanus ,dix à celle de la queue» et trente-six à la dorsale. La tête est de la même forme que celle du poisson précédent. Le tronc consiste en vingt boucliers, et la queue, qui est Hexagone y en a quarante-trois. On voit à tous les boucliers des raies brunes , qui alternent avec d^autres d'un blanc jaune ; ce qui donne au pois- son un aspect charmant. Les boucliers , qui sont de la nature de la corne , ont de légères raies. Ils forment sept an- gles , dont on en trouve trois à chaque côté, etun au milieu du bas- ventre. L'anus, qui est plus éloigné de la queue que de la bouche , est situé vis à- vis du * '1 4 4 1 .1 t 1 j i t a44 HISTOIRE NATURELLE commencement rie la nageoire dorsale. Cette dernière est tachetée , ainsi que le tronc. Nous trouvons ce poisson dans la mer du Nord et dans la Baltique. Il parvient à la longueur de deux à troi» pieds. Il sert comme les autres à faire de l'appât. Les pêcheurs prussiens s'en servent principalement pour prendre le dorse. Le foie est gros , long , attaché au diaphragme , et il entoure la troisième partie du canal intestinal. Ce canal est court et sans aucune sinuosité , et par conséquent pas plus long que la cavité du ventre. A sa partie inférieure sont si tués les deux ovaires y qui sont longs , 1 onds et d'une couleur d'orange , dont le droit est le plus long. Ils contenoient t;ntre soixante à soixante-dix œufs de la grosseur des grains de millet. Der- rière le canal intestinal j'apperçus une vésicule mince qui étoit attachée par le moyen d'une membrane ;pâi:'deYant (' V ;, DE LA TROMPETTE. 245 au boyau, et par-derrière , à l'épine du dos. Je la pris d'abord pour la vésicule aérienne*, mais l'ayant ouverte , et y ayant trouvé de l'eau , je pensai que c'étoil la vésicule urinaire. Je n'ai point remarqué de rognons , mais bien une petite vésicule du fiel. On nomme ce poisson comme le pré- cédent : Nadelfisch f k Hambourg, See-Nadel , Sack-Nadel , en Prusse. StorkyHaV'Naali en Danemarck. Kant-Naal , en Norwège. Pipe-Fish y en Angleterre. Trompette , en France. Aldrovand et Willugliby , dans leurs dessins, ont omis les nageoires de l'a- nus et de la poitrine. Artédi ne mérite pas le reproche de Klein , qui prétend que le compte des boucliers est inutile dans ce poisson \ car puisqu'ils sont si difficiles à distin- guer, le différent nombre peut toujours servir de caractère. Toissons. VU. \ 'u i 22 'I 1^ iï '. (^ V 3iG HISTOIRE :^fATURELLB M. Feniiant et Gronov ne font qu'une espèce de ce poisson cl du pré- cédent : mais , outre qu'ils diffèrent en grosseur , la forme des boucliers epta- gones du dernier est visiblement diffé- rente dd celle des boucliers du précé- dent, ^ui sont hexagones. LE SERPENT DE MER, SYNGNATHUS OP HIDION. L E corps arrondi , distingue ce pois- son des autres espèces qui sont à angles. On trouve deux rayons à la mem- brane des ouies , et trente-quatre à la nageoire du dos. Le museau est plus court que chez les précédens. Les yeux ont une pru- nelle noire , entourée d'un iris rougeà- tre. On remarque au tronc, sur les côtés , quelq[ucs angles foibles , quatre lignes bleues interrompues. La couleur foncière est verdâtre. Ce poisson n'a qu'une nageoire , et a le corps divise^ ■'&-^.i>î^«''Sïléfe^' ilro leur n'a DU SERPENT DE MER. '2^J romme celui du ver de terre , en arti- culations. Il parvient à un ou deux pieds de longueur , et n'est pas plus gros qu'une plume d'oie ou de cygne. Il ha- bite la mer du Nord et la Baltique. Da reste , il a les parties intérieures de la même nature que le poisson précédent ,. et il se multiplie de la même manière.. On nomme ce poisson : Meerschlange , en Allemagne. Hafsnœlîly Tangsnipa , en Suède» Sea-Adder , en Angleterre. Vipère de mer , en France. Sajori y au Japon. Artédi pense que c'est Willuglib}' qui a le premier décrit ce poisson; mais Gesner nous en avoil donné un dessin long-temps auparavant ,,ct SclioucvelLl une description. ■il 'j,* y' 248 HISTOIRE NATURELLE LA TROMPETTE DU CAP, SYNGNJTHUS PELAGICVS. i! : if II î' f l La forme eptagone du tronc, et les lignes brunes qui le traversent , sont des caractères qui distinguent ce poisson des autres du même genre. On trouve deux rayons à la membrane des ouies, quatorze à la nageoire de la poi- trine , quatre à celle de l'anus , sept à celle de la queue , et vingt-six à celle du dos. La tête est petite ; le museau cylin- drique, et la mâchoire inférieure avan- cée sur la supérieure. Les yeux ont une prunelle noire , entourée d'un iris blanc. La couleur foncière du tronc est d'un brun jaune. La nageoire pectorale a une couleur plombée j celles du dos et de la queue sont jaunes. On compte dix - huit articulations au tronc , et trente-deux à la queue , qui est quar- rée. En Amérique, il y a une variété •v„ ' •*^&'»88»:ii4*t/*8|«liP?^ et DE LA TROMPETTE DU CAP. 24î|' TiTî ce poisson, à laquelle Linné donne vingt - cinq articulations au tronc y trente-trois à la queue , et trente-cinq rayons à la nageoire du dos. Ce poisson , qui n'a pas plus d'une palme de long , est naturel au Cap de Bonne - Espérance. Il se multiplie comme les autres anguilles. Il n'y a pas long-tempsquemonamiM. Chemnitz, aumônier d'un régiment à Copenha- gue , m'a envoyé deux de ces poissons, dont l'un a les œufs sous la queue. Il a quatre pouces trois quarts de longueur. Les œufs sont placés sur deux rangées dans un espace d'un pouce et un quart, et sont couverts d'une peau mince. Derrière la nageoire de l'anus il a une fente mince et longue. Les parties intérieures sont sembla- bles à celles de l'aiguille de mer, que j'ai décrite dans la troisième partie. Ce poisson est nommé : Corrallensauger f chez les Allemands. Trompette du Cap , chez les Français. it '> r V 25o HISTOIRE NATURELLE Osbeck est le premier qui nous ait fait connoître ce poisson ; mais il a omis la nageoire de Tanus. Voilà pour- quoi Linné n'en a point parlé non plus, sur la foi de cet auteur. Je n'ai encore vu aucun dessin de ce poisson. LE CHEVAL MARIN, s YNGNJT HVS HIPPOCJMPUS. Les tubercules dont ce poisson est garni , servent à le distinguer de tous les autres du même genre. On trouve deux rayons à la membrane des ouies , dix-sept à la nageoire de la poitrine , quatre à celle de l'anus, et vingt à celle du dos. La tête est grosse , et sa ressemblance avec celle du cheval , lui a probable- ment fait donner le nom qu'il porte. Cette ressemblance n'a lieu qu'après la mort ; parce qu'alors la tête s'incline et la queue se roule. Mais quand il est en vie , il a comme les autres poissons , •:ï^?ïî.-H*te«f; ¥ ^1 DU CHEVAL I^TAXIIN. îî'M nne direction droite. On remarque au- dessus du nez une excroissance carti- lagineuse , et quatre au-dessus des j'^eux. Ces excroissances se terminent en barbillons. L^opercule des onics est grande , et l'onverture très- étroite. Le corps est eptagone et garni de sept rangées de tubercules. Le ventre avance, et est terminé en un tranchant dentelé. La queue est quarrée , sans nageoire , et finit en une pointe. Elle est couverte de trente-cinq boucliers , et le tronc de treize. Cependant on ne trouve pas exactement ce nombre sur tous les chevaux marins : car de neuf que j'ai devant les yeux , il y en a trois qui ont à la queue un bouclier de plus que les autres. Sur le dos et les côtés , qui sont gris , on remarque un grand nombre de points noirs et blancs, et sur quelques-uns des taches blanches et étroiteis. Le ventre est brun. Les nageoires sont tendres et rongea très. Le tronc est applali par les cotes , aîu s i h il -M t) Ir M ( .' / m i ! I >\ ' If ^ ) r t.' a52 HISTOIRE NATURELLE que la tête. Dans quelques uns , les tu- bercules de la tête et du dos sont gar- nis de barbillons. Nous trouvons ce poisson en quan- tité sur les côtes de la Méditerranée , sur - tout à Pozzuoli , Naples , Mar - «eille , dans la mer du Nord , dans lo détroit du Sund, aux îles Malouines et à la Jamaïque. Il parvient à la lon- gueur de huit à douze pouces. Il vit comme les autres poissons de ce genre, de petits insectes aquatiques. L'estomac est grand , le cœur petit, le foie long, étroit et d'un jaune pâle. La vésicule du fiel est de la grosseur d'un grain d'orge. Le canal intestinal est court , et sans aucune sinuosité. La vésicule aérienne est située sous l'es- tomac. L'ovaire est double. ' Ce poisson est connu sous différens noms. On le nomme : Seepferdchen , en Allemagne. Cheval marin, Cheval et Chevalet, eu France. ■ k , i.«»*»«.'.V ;a àjrfe*^* ■' .-*»^'' \ Cil DU CHEVAL MARIN. 255 Cavoletto marino , en Italie. Caulinho , en £spagne. Biscia , à Venise. Zeepardje , en Hollande. Sea-Horse , en Angleterre. Hai/'Bœ: I ;i H ^ ïi' 3 ) ti5^ HISTOIRE NATURELLE foncemens plus profonds entre les bou- cliers , ne sont que des accidens qui dépendent de la différence d*âge et de sexe. Par la même raison, je ne sauroîs être du sentiment de Gronov quand il fait une variété du cheval marin dont les tubercules sont garnis de bar- billons. -^ Selon Belon , le mâle doit avoir une forme pentagone depuis le nombril , et )a femelle hexagone. Mais je doute fort de la justesse de cette observation , du moins dans les neuf chevaux marins que j'ai examinés , je n'ai apperçu au- cune différence. C'est Belon qui nous a donné le pre- mier dessin de ce poisson. Afin de mon- trer sa ressemblance avec le cheval, il l'a représenté avec une crinière, et l'a mis au nombre des habitant des eaux qui n'ont point de sang. Bientôt après. Rondelet en donna un dessin un peu meilleur ; mais il le regarde comme un insecte. C'est ce que fait aussi Gesner , \ \.\ X il 'a [es ÎU \n DU CHEVAL MARIN. 255 qui omet toute» les nageoires dans le dessin qu'il en donne. Scion ce dernier auteur y ce poisson est un remède con- tre la morsure d'un chien enragé. ^lien dit que le ventre du cheval marin est venimeux ; Pline, Galien et Rondelet le vantent comme un remède salutaire contre diverses maladies. Se* Ion toutes les apparences , cet animal n'est pas plus utile que nuisible , et sa figure singulière est probablement cause qu*on lui attribue des propriétés extraordinaires. **^* Pontoppidan se trompe en regardant ce poisson comme un insecte , et en disant que les pointes avancées lui ser- vent de pieds , pour marcher sur terre ferme ; car ces pointes n'ont point d'ar- ticulations. - -^ ' •"' « ■■'■■' » ' £n Dalmatie , on regarde encore au^ }ourd'hui ce poisson comme un remède contre le lait coagulé dans les mamelles des femmes ; et les Norwégiens lo prennent pour un poison. ' ) *^i il 1 ' V ' h ) U N •'I a5f> HISTOIRE NATURELLE Quand Linné dit qae la nageoire d« l'anus est située devant l'anus , et que par conséquent il faut le regarder comme un poisson de la classe des ab- dominaux , l'expérience le contredit ; car je l'ai toujours trouvée derrière l'anus. L' ÉPINE-DOUBLE, SYNGNATHUS BIACVLEATVS, La quadrature du corps , et les deux épines qui sont au - dessus des yeux , «ont des marques suffisantes pour dis- tinguer ce poisson des autres du même genre. On trouve deux rayons à la membrane des ouies, viugt>un à la nageoire pectorale , quatre à celle du* l'arias, et trente-quatre à celle du dos Le museau est long , applati des dcu x côtés , et la bouche comité dans les. autres poissons du même genre. Les yeux sont petits, et ont une pupille noire . entourée d'uxx iris jauue. Les ' I DE L'ÉPINE - DOUBLE. a^f épines qui sont au - dessus des yeux » sont arquées en arrière , et on remar- que entr'elles un léger enfoncement. Derrière ce* uiiar ; ,on voit une échan- crure eu i( >rnte de croissant. L'opercule dos oiùfis consiste en une lame mince. L'ouverture des ouies se trouve en liaut, et est fort étroite. La forme de ce poisson diffère sensiblement de celle des autres de ce genre , qui ont une forme quarrée , ou hexagone , ou ep-> tagone *, car au commencement du tronc , il a une petite partie triangU'^ laire , et le reste est quarré. Le com * mencement de la queue est hexagone ^ «t le reste quarré. J'ai compté dix-sept boucliers sur le tronc , et quarante-cinq sur la queue. Sur chaque bouclier du tronc , on remarque des taches claires , qui forment une ligne latérale. Je trou encore à un de mes poissons , deux raies qui se croisent sur le ven- tre , et forment une X. Le tronc est large .vers le ventre, étroit vers 1» Poissons, YII. 23 ; ( lï (' t i ^ it*\ i % n r \k \ 25S HISTOIRE NATURELLE dos. Les côtés sont bruns , et le ventre est garni de taches jaunes et brunes. Les nageoires sont tendres et d'une couleur jaunâtre. Les rayons sont mous et simples. . • Selon Klein , on trouve ce poisson, dans la mer Baltique. Mais j'en possède deux I que j'ai achetés d'un marchand de curiosités naturelles hollandais qui les avoit achetés avec d'autres rare- tés, d'un capitaine de vaisseau , qui venoit des Indes orientales. , Les parties intérieittes sont de la même conformation que celles des au* très poissons de ce genre. . . On nomme ce poisson : Stachelnadel , en allemand. Bpine-double , en français. Klein est le premier qui nous a fait connoître ce poisson , et qui nous en a dcnné le dessin *, mais il a omis la na- geoire de l'anus. StatiusMUlIer nous en a donné aussi 1 .L, DE l'Épine - double. 25(j un dessin ; mais comme il le repré- sente avec une nageoire à la queue , on ne sauroit le prendre pour notre poisson. i » la au- fait Icna na- LUbSL uv M, iH I ■ < 1»! • Il if :■} ■>■ «Go HISTOIRE NATURELLE i LXVIIP GENRE. i\ <' > • 1 M (' LE CENTRISQUE, au LA BÉCASSE DE MER> CENTRISC US, Caractère générique. Le corps compri- mé des deux côtés j la tête termi- née en bec. LA BÉCASSE f CEITTRISCUS SCOLOPuéX, Ijes écailles qui couvrent le corps de ce poisson , le distinguent de la bécasse bouclée. Elles sont dures , terminées en pointes , placées les unes près des autres, et rendent le poisson rude au toucher , lorsqu'on passe la main à re- bours. On compte quatre rayons à la membrane des ouies, seize à la nageoire V s î JEï RE. UE, MER^ compri- e termi- OLOPuiX, corps de a bécasse «rminées près des rude au ain à re- rons à la nageoire I :;%";/ • Aj^ s'Vf^.- aU- 1, -' ' 's ' « t - > ': ;?:. fffll ■f.J M-- r -S "^ 'i; mm'^ n i-^f I' ni 1 lit >A.' >avT^m]f; \s'w*'^'u,\. 'T* ' ." \r LX'V'l i. l 1.1 i^ i . 'l kl \ •^, I. tv C L N T }< i ^5 O î i r i^ ÎK"C C.î. b'iC, i :.i ,;.' 5' CA^^^t;, r; I .; f « i UJ ('-îu'^" ^n n» , • •. •'.•■•- 1 if n »>o>!iK' ;. , T'îln..* >-i 1 :>« ■■ I II» > i T.''' :.r ,,t t. i \ ". >( •«.V»>i\«*ïi.CA' ,•«•'•4^ '«^^ K '( ;-. i -I !tf . (^ <•;■: * f> 1 f .M ... .rav*u: Wiie«i;Sfa^* ifîîiouie !. --cjv;: ù 'j Cc*;^^ n ^^^r^^r^mmmmwmn^K^^'^»^ . I d- . ï\ l 7V;/w . /Zr. ûo\ i . T.A \W\ CAS SK . a . liA liECy^S S R bondée 3 Im petite LICOKNK . + . LAliAr.lSTK -a doux iu(tuans . J . LR RAS OIR Lieu fof/u^ 2 /^'f/ ^'-^ 1/ Il fi* h m 'h h V i r II A 1 '1 { de la poi dix-huit queue , du dos f. Le co mé des d La tête termine bas, à ] rouvert tite. Cei la mâcli la supé ferme sont d 3 yeux, les côte dans ui cjnle de L'ouve couvre dessou cliant d!enlij „ '.^HgL* - 'iL'-fïr:^ I>E LA BÉCASSEr 26f ^ la poitrine , cinq à celle du ventre , dix- huit à celle de l'anus , neuf à la queue , quatre à la première nageoire du dos ^ et dix- sept à la seconde» Le corps est court et large , compri- mé des deux côtés, et d'un rouge pâle. La tête , un peu large par eu haut, se termine en un cylindre courbé par eu bas, à l'extrémité duquel on trouve l'ouverture de la bouche , qui est pe- tite. Cette ouverture est couverte par la mâchoire inférieure, qui ferme avec la supérieure comme ua couvercle ferme une tabatière. Les narines qui sont doubles , se trouvent près des yeux. Ceux-ci sont grands , placés sur les côtés, et ont une prunelle noire dans un.iris d'un rouge pâle. L'aper- cule des ouies consiste en une plaque. L'ouverture des ouies est large, et couvre la membrane des ouies qui est dessous. Les côtés finissent en traur chant par en haut et par en bas. Celui dlenhiiiut est plus émoussé j celui d'en ^\ 1 ""■^«■-rt*» V»fc .^ ^-*»sv . . 2^2 HISTOIRE NATURELLE bas plus aigu. L'anus est beaucoup plus près de la nageoire de la queue que de la tête. Le premier rayon de la na< geoire pectorale est le plus long. Le poisson peut cacher ses petites nageoi- res ventrales dans une fente osseuse , qui est placée derrière ces nageoires. La nageoire de l'anus est courte et près de celle de la queue. Les deux nageoi- res du dos sont vis-à-vis de celle de Pa- nus. L'antérieure consiste en quatre rayons durs , dont le premier est grand, mobile, aune fente vers la partie pos- térieure , et est dentelée des deux cô- tés. Toutes les nageoires ont une cou- leur grise. Ce poisson est un habitant de la Mé- diterranée. Il parvient à la longueur d'une palme. Sa chair est tendre, de bon goût , et aisée à digérer. Mais comme le poisson en lui-même est fort mince , on le vend presque toujours avec d'autres petits poissons de peu de valeur. Comme ses nageoires sont Vv ,... .^imf<<(miimm'it'mp'£rmi'' k., .:.mlàlr' . DE LA BÉCASSE BOUCLÉE. 2().'5 fort petites à proportion des autres parties, et qu'il ne peut pas nager assez Vite pour éviter ses ennemis , le créa- teur Pa pourvu d'une pointe mobile , pour se défendre. Ce poisson se nomme : Meerschnepffe et Schneppenfisch , en Al- lemagne. • •.- • i Bécasse, en France. Snippe - Fish , Trumpet-Eellows-Fish , en Angleterre. Rondelet est le premier qui ait dé- crit ce poisson ; il nous en a donné un dessin beaucoup plus supportable que celui que nous a donné dans la suite Willugbby , et qui a été copié par les ichtliyologistes venus après lui. LA BÉCASSE BOUCLÉE, CENTRISCUS S CUTATUS, Les boucliers unis dont ce poisson est couvert , le distinguent du précé- dent. Ces boucliers sont si serrés et si t *, .-*i*^ « ;-ïj- V, »^ !< . > I \ 1 264 HISTOIRE NATURELLE près les uns des autres , qu'ils parois^ aeiit n'en faire qu'un seul, et donnent» au poisson beaucoup de ressemblance avec une espèce de coquillage , qu'on nomme manche de couteau (i) ; ce qui fait qu'on peut le regarder comme la nuance de passage entre les poissons et les coquillages. On trouve onze rayons- à la nageoire de la poitrine , cinq à celle du ventre , treize à celle de l'a- nus, douze à celle de la queue, trois à la première du dos, et onze à la se- conde. , , , i ;,>i,,t., L :^,,/U,.,. . >. _ .iri.:' La tête est alongée et terminée en un museau cylindrique , recourbé par en haut. L'ouverture de la bouche est petite, et la mâchoire inférieure avance sur la supérieure. Le» yeux ont une prunelle noire dans un iris d'un blanc jaune , et sont couverts d'une pellicule clignotante. Les narines sont doubles^ et se trouvent près des yeux. L'oper- {\l Solen Siiiqua. L, ',j \ '\^ DE LÀ BÉCASSE BOUCLÉE. a65 Cille des ouies est uni , transparent et de la nature de la corne. L'ouverture des ouies est placée sur le côté , et est large. Le dos qui finit en une longue pointe , sert probablement au poisson à se défendre conlre ses ennemis. La couleur du dos est brunâtre ; les côtés sont d'un brun mêlé de couleur argen- tine , et ils deviennent rougeâtrcs vera le ventre. Les lignes blanches qui vont du haut en bas , sont formées par la réunion des boucliers. Le poisson est mince y et les deux côtés sont termi^ nés par en haut en un bord tranchant. Quand on le présente à la lumière , on remarque près du dos une place trans- parente. L'écaillé a par-tout un beV éclat semblable à celui de l'or , et sem- ble couverte par-tout d'un beau ver- nis de cette matière. La partie infé- rieurc , qui est brune , consiste ordi* nairement en dix ou douze boucliers. Au bord inférieur , on remarque un© »eau loince; qui s'étend depuis le mur î\^ ^G6 HISTOIRE NATURELLE seau jusqu'à la nageoire de l'anus. Près de cette peau , les boucliers sont scpa- réslesunsdes autres, etl'anus se trouve entr'eux. La place des nageoires est très-remarquable dans ce poisson -, car je n'en ai point encore vu dont la na- geoire pectorale fût si éloignée de l'ou- verture des ouiesyou qui n'eût qu'une nngeoire ventrale comme ce poisson. Il en est de même des deux nageoires dorsales ; qui sont placées sous le bou- clier, tout près de la nageoire de la queue. Les nageoires de la poitrine , du ventre et du dos sont jaunâtres, et les autres brunes. ' ' Ce poisson habite les Indes orien- tales. Il parvient à la longueur de six à huit pouces. Il faut qu'il attire la nourriture à lui par succion , car je n'ai pu appercevoir aucune langue. Sa nour- riture consiste en terre grasse , ou en petits animaux qui vivent dans l'eau. Après avoir coupé les boucliers du veu- .,*-,*É#<,«*t J'tMfiM^ n- iix la ai ir- ea H* DE LA BÉCASSE BOUCLEE. 367 Ire , j'ai trouvé la chair de ce poisson 81 mince , qu'elle ne pouvoit guère pe- ser plus que quelques grains. Elle avoit cru (les deux côtés par-dessus les bou- cliers , et étoit d'une belle couleur blanche et brillante. Le foie consistoit en deux petites plaques , appuyées des deux côtés sur les boucliers. L'estomac étoit mince , long et rond, et rempli de petites écrevisses. Le canal des in- testins avoit deux sinuosités , et étoit encore moitié aussi long que tout le poisson. On nomme ce poisson : Messerfisch , en Allemagne. Mesvisch y Geharnaste Schildvisch , en Hollande. Bécasse bouclée y chez les Français. Ikau-Pisan, Mes^Visch, Gala Koepa- nja , dans les Indes. Farras el bahr et Kesab el bahr, en Arabie. Klein à qui nous devons , comme je l'ai dit ; U connoissance de ce poisson , - V-: ■ >HV_«.,. A > Îl68 HISTOIRE NATURELLE nous en a donné aussi un dessin ; niai.^ peu €xact ; car il a omis les nageoires ventrales. Gronov est tombé dans la même erreur^ / . « < < s "*% .. DE LA LICORNE DE HER. 269 3=C LXIX' GENRE. LA BALISÏE, BJhiSTES. ■■■ Caractère générique. X^e corps rude ^ lo ventre effilé. LA LICORNE DE MER, BALISTES MONOCEROS, Xi A corne placée entre les yeux et les cinquante-un rayons de la nageoire de l'anus, sont les caractères distinctifs de ce poisson. On trouve quinze rayons à la nageoire pectorale, douze à celle de la queue , et quaraute-liuit à la se- conde du dos. Ce poisson est comprimé des deux côtés. Il est mince , et par-tout rude au toucher. Le fond est gris , marbra^ Poissons. VII, a4 I II 1 « Ml « O'I i i A70 HISTOIRE NATURELLE de brun. La tête est grosse et rani- pante. L'ouverture de la bouche est petite. Des deux mâchoires , Tinfé- rieurè est la plus longue : chacune de ces mâchoires a huit dents larges vers la racine , et terminées en pointes. Les lèvres sont mobiles. Les yeux sont placés au sommet de la tête^ et ont une prunelle noire dans un iris jaune. Tout devant les yeuic , on remarque deux ouvertures oblongues. Avant et près des nageoires pectorales , on voit les ouvertures des ouies qui sont étroi- tes et ont une direction transversale. Les deux côtés sur lesquels je n'ai point apperçula ligne latérale, sont terminés enformedetranchanteuhautetenbaSé La cavité du ventre est large , et l'anus un peu plus près de l'ouverture de la bouche que de la nageoire de la queue. Le rayon qui tieiît lieu de nageoire ventrale ^ est caché dans la peau exté- rieure; et celui qui représente la pre- mière nageoire du dos ; est courbé en leue. teoirc ?xlé- pre- )è en T>E LA LICORNE DE MER. ajl arrière. Les deux bords postérieurs do eo dernier son t dentelés, comme on pc at Je voir sur la figure de notre planche , oi\ il est représenté plus gros que na- ture. Par en bas, il est attaché au dos par une peau particulière. Toutes les nageoires sont jaunes ; celle de la queue seuliemenit est garnie de trois raies brunes. Les rayons des nageoires du dos et de l'anus sont simples; mais ceux des nageoires de la queue et de la j^oi- tri ne sont ramifiés^ Ce poisson habite les eaux de Ist Chine , du Japon et du Brésil. On le prend à l'hameçon et à l'épervier. Quand il nage , il ressemble de loin au liez. Il parvient à la longueur d- un pied et plus ; mai» on ne l'estime pas beau* coup , parce qu'il est fort mince et que sa chair est coriace. Il vit de petites écrevisses et de jeunes poîybeSi On trouve à la Chine et à la Gara* line une variété de ce poisson, qui a sur \ç corps des taches semblables à des co* I n m: 372 HISTOIRE NATURELLE ractères chinois; c'est par celte raison qu'Osbecklui a donné le nom de 6a- liste à lettres. Mais Catesby lui a donné celui de licorne dit Bahama , ipa.rce qu'il l'a trouvé près de cette île ; et il nous en a donné un dessin Ce poisson par- vient à la longueur de trois pieds. Il se distingue aussi du nôtre par la den- telure de la nageoire de la queue , par la corne droife et placée derrière les yeux. Il n'a que deux dents à chaque mâchoire , comme on le voit par le des- sin de Catesby. Cet auteur assure que sa chair est venimeuse, et que, par cette raison , on n'en mange point. Il se tient ordinairement dans des en- droits où il y a des coraux et des co- quillages, dont il se nourrit : Catesby en a trouvé dans son estomac. On nomme ce poisson : Einhornfisch , en Allemagne. "Einhornige Hoom-visch ,Donderaar , en Hollande. lÀcorne de mer y en France. r.'*v<»*«* .^■'V, » ii'tan* »E LA PETITE LICORNE. 27.^ clius , et les autres simples ; mais ceux de la nageoire de la queue sont rami- fiés. Toutes les nageoires sont de cott<- leur jaune. Nous trouvons ce poisson dans les Indes orientales et à la Jamaïque. Il parvient à la longueur de sept à Luit ponces, et vit d'insectes et de vers aquatiques. Selon Ruysch, sa chair est sèche et de mauvais goût ; mais elle devient bonne en la mettant dans le sel; et c'est pour cela qu'on ne la mange pas fraîche. ' Ce poisson se nomme : Ikan kipas , Ewauwe, dans les Indes orientales. Wojer-visch , Horri'visch , Speer-çisch ,. en Hollande. Rleiner EinJiornfkeh , en Allemagne. Petite Licorne , en France. LittleOld^wife, en Angleterre. Clusius nous a donné à la vérité nn d«ssin de ce poisson : mais il lui donqe uikpiquant trop long. Renard et MiitL- 'I :•%. y "^s 276 HISTOIRE NATURELLE 1er font non-seulemenila même faute, mais le dernier place aussi le piquant trop loin en arrière sur le ventre. Les figures que nous en ont données Gro- nov et Séba sont meilleures. Dans tous ces dessins je ne trouve qu*un piquant ; et mon exemplaire n'en a pa« davan- tage non plus. Cependant si Linné lui en donne deux , il se fonde proba- blement sur Brown , qui dit en avoir trouvé autant. Linné rapporte aussi à notre poisson la dix-neuvième figure que Séba a représentée sur la vingts- quatrième planche ; mais comme celui- ci est alongé , et a un museau fort long , ce ne sauroit être notre petite licorne. LA BALISTE A DEUX PIQUANS, ^ B JUSTES mJCVLEÀTUS. ---- On reconnoît aisément ce poisson aux deux piquans qui tiennent la place des nageoires ventrales. On trou- ve treize rayons à la nageoire de la ' .'f#^'T J^- ^^^~ ' ; .■h^'**.jiM^3Êii^^' DE LA BALISTE, &C. '^77 poitrine , un à celle du ventre , dix- ^ept à celle de l'anus, douze à celle de Il queue , quatre à la première du àas j *jt vingt-trois à la seconde. Le corps est alongé , un peu rude au toucher , et un peu plus épais que chez la petite licorne. La tête est terminée en forme de groin. L'ouverture de la bouche est petite. Les deux mâchoires sont d'égale longueur : la supérieure a douze dents terminées en pointes, et l'inférieure dix. Les narines sont dou- bles , et se trouvent non loin des yeux. Ces derniers sont grands , oblongs, et placés près du sommet. La prunelle est noir,e,et l'iris d'un verd clair. L'ou- verture des ouies est étroite, et se trouve tout près de la nageoire pecto- rale. Les côtés et le ventre sont blancs, mais le dos est gris. Dans ce poisson , on voit distinctement la ligne latérale : elle commence au-dessus de l'œil, a assez près du dos une direction parai* lèlc avec lui , et forme une courbure ; * ! I H I I \ Al «178 HISTOIRE NATURELLE un peu avant Ja nageoire de la queae ^ dans laquelle elle va se perdre. Les deux piquans dont nous avons parlé , sont longs et dentelés aux deux côtés. On voit au ventre deux sillons desti- nés' à recevoir ces piquans. Avant ces sillons, on apperçoit une tache noire. La première nageoire du dos est noire ; toutes les autres sont jaunâtres. Les nageoires de la poitrine et de la queue ont des rayons à plusieurs rami- fications , mais les autres des rayons simples. La nageoire de la queue est longue et fourchue. L'anus est- plus près de la nageoire de la queue que do l'ouverture de la bouche. Le premier rayon d^ la nageoire antérieure du dos est fort , long , recourbé en arrière, et dentelé des deux côtés, C^e poisson est naturel aux Indes orientales. Celui dont je donne le des- sin m'a été envoyé du Japon parmi une collection d'autres poissons de ce y^ys. Oa voit par la structure de s^ ■j- ,;ÇLjii^'^P*^' f!*! - . .. jgmrayrrsiii -. dos DE LA BALISTE , &.C, 279 bouche , qu*il est du nombre des pois- sons voraces. Il vit probablement , comme ceux du même genre , de jeunes polypes et de petites écrevisses. Je no saurois déterminer la grosseur à la- quelle il parvient. Ce poisson se nomme : Zweistacheîichter Hornfisch , en Alle- magne. Baliste à deuxpiquans, en France. Hoorn-visch , Steekelbuik, en Hollande. Nieuhoff , qui a le premier fait con- noître ce poisson , nous en a donné un dessin , mais qui est assez mauvais. Quoique nous trouvions aussi dans Willugbby et dans Ray une descrip- tion de la baliste à deux piquans, ce- pendant ni Artédi , ni Linné , n'en ont fait mention. \ Ï'IN DU TOME SEFTISMS. 1-