•<^V IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 1.1 Ità|2j8 |2.5 V Itt 12.2 S lit ^" £ us 12.0 IL25 III 1.4 1 w n (?% '>'?, ^^# -^/. ^M >1 /À 'm '/ Hiotographic Scienœs Corporation 33 WiST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) S72-4S03 CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVl/iCMH Collection de microfiches. Canadien Institute for Historical Microreproductions / institut canadien de microreproductions liistoriques Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques The Institute has attempted to obtain the best original copy available for filming. Features of this copy which may be bibliographically unique, which may alter any of the images in the reproduction, or which may significantly change the usual method of filming. are checked below. 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Maps, plates, charts. etc.. may be filmed at différent réduction ratios. Those too large to be entirely included in one exposure are filmed beginning in the upper left hand corner, left to right and top to bottom. as many frames as required. The following diagrams illustrate the method: Les cartes, planches, tableaux, etc.. peuvent être filmés è des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé é partir de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite, et de haut en bas, en prenant le nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrent la méthode. 1 2 3 1 2 3 4 5 6 ^M' •( , ■■■^ , .^c^m, HISTOIRE NATURELLE ■'iv ■■ 1' r- ' .' . .' -'^m' DES POISSONS. -\u ) 'i:ïl\ -«V-"i' '^li—i '-^l'iWiiiiwBi'i ■ÉlMtlMx n:-: iv M ■ê. . 44! ■ F f '.C* rjTimjSHwïmm : . k t, a. a 1 1\ .^■'fiO^CîG f I :/r,. 4 < • 1'/'- :'--^ Sclî-J ^ il: ^' *' n- , 1^ HISTOIRE NATURELI^E DES P avec les figures des PAR B Ouvrage classé par oràtic(^^|^^i^i5pfece8 , d'après le système de Lânné ; AVEC LES CARACTÈRES GÉNÉRIQUES ; Par BBNÉ-RICBARD CASTEL , auteur du poëme des Fiantes» TOME IX U£ L'IltfPRIMERIE D£ C A P A R I S, Chez Detekville j rue du Battoir , ii° 16. AN IX. ^1 ■ M V i t i,i "*-iW \l \-\\ Ji .îaHUTAy: imiÙTètH ^fip^-'^'-^'^:.. i s ^i» -■;,■■' *'.'- ) > 1.1 -■■ f • .M /' t\ ;*,'i- •!€ ■^ '.' '' l^'? J,^î*'':f Vf '^ ^* ■■= % ' « w 11 ;.' i:> ■> ■ * '-^ ,'"^t Ni :«« fi •% i- . i. î ♦ a- ''X f ^\ ,'*^1 '^ %> .3 I ./^: L ..• ''**^»-4m»''^*^ .«i 'i */ i ■ .! ... j» ;,J<5 V . mw^'WW^: l .."HsILi iL*k^4iff 'A'.i \ HISTOIRE NATURELLE ; ri DES POISSONS.» ! it ..;. -■. -, ..... -i-.t »i-'^ DES RAIES EN GÉNÉRAL. ES ouvertures des ouïes , qui se trouvent sur le côté inférieur^ ou à celui du ventre , sont un signe carac- téristique pour ce genre. . :.r Le corps est mince et large. De sorte que les raies sont proprement des pois- sons plats, comme lesplies, et ont une forme rhomboïdale. Ou n: :.iuroit par aucun signe sensible distinguer la tête de la poitrine *, mais la poitrine se dis- lingue aisément du ventre; et l'un et Tautre^des autres parties. L'ouverture de la bouche est au côté inférieur, et les deux yeux sont sur le côlé supé- Fuissons, IX. i Q HISTOIRE NATURELLE rieur. Au-dessus des yeux , on voit les narines , comme une large fente entourée d'une peau eu forme de ré- seau. Elle est formée de plis dentelés , ou en forme de peigne , séparés au mi- lieu par une cloison , et qui sont bien représentés d^ns Klein. Ces parties tiennent sans doute la place des turbi- nites que l'on trouve dans les quadru- pèdes, pour augmenter le sentiment de l'odorat. Cette profondeur est pres- qu'entièrement couverte d'une sou- pape , qui la garantit contre les corps extérieurs. Les yeux sont longs et garnis d'une membrane clignotante , qui sert à l'animal de paupière supé- rieure. Comme les yeux paroissent sous cette membrane comme à travers lin brouillard ; Rondelet leur adonné le nom de nebulà. Derrière les yeux , on voit deux ouvertures en forme de croissant, terminées chacune par deux canaux , dont l'un répond à la bouche , et Tautre aux ouies. Us servent à l'a- I D E s R A lEfi. •' 9 nîmal à rejeter l'eau qu'il arale, soit en prenant aa proie , floit celle qui en- tre par Vouverlure des onies. Ces ou- vertures sont pourvues en-dedans de la bouche d'une soupape , qui empêche la nourriture d'y entrer. Les onies sont conformées comme celles des poissons À opercules des ouies; mais elles ne sont pas libres comme dans les derniers. Le bord extérieur est assujetti à la peau par le moyen d'une membrane. Klein en donne un dessin ; mais il n'est pas exact. La tête^ qui est petite , est entourée en partie de la poitrine vers les côtés , et finit en une pointe tantôt plus loiigue, tantôt plus courte. L'ouverture de la bouche est en tra- vers , garnie de plusieurs rangées de dents , pointues chez les uns, émous- sées chez les autres. Les ouvertures des ouies ont une direction oblique. La ca- vité du ventre est ronde j la queue mince et longue , et l'anus se trouve au commencement de la quenc. Les ë ■_'•.. 'Oicac; ?i l^ 4 HISTOIRE NATURELLE nageoires pectorales, qui entourent le tronc , sont garnies d'une peau épaisse , qui empêche de déterminer le nombre des rayons. Les nageoires ventrales sont réunies au fond avec celle de l'a- nus. Chez la plupart , la queue est gar- nie de deux petites nageoires, et d'une ou de plusieurs rangées de pointes. Chez quelques-uns elle finit en pointe de forme de brosse ; et dans ce cas, elle est garnie d'un piquant dentelé. Plu- sieurs ont le côté supérieur garni do pointes grandes et petites; quelques- uns seulement en ont sur le côté infé- rieur. Ils portent leurs petits dans une enveloppe noire , forte , dans un quarré long , qui est terminé par quatre poin- tes ou cornes. Ils sont connus sous le nom de souris de mer ( i ) , et sont de la (i) Mus marinus , pulvinar marinum. Autrefois on avoit conclu que la forme ex- térieure avoit une vertu médicinale parti- culière. Selon Forskaol , les Grecs s'en ser- •*»*•<, . ; D ES RAIES. ' 5 grosseur des œufti de poule. Nous «n trouvons un dessin dans Rondelet , Gesner et Jonston. Ils mettent bas depuis le mois de mai jusqu'à la fin d'août : ils ne font qu'un petit chaque fois ; et quand il est sorti , un nouveau se développe. Dans le temps de l'ac- couplement^ chaque femelle est accom* pagnée de plusieurs mâles. Les femelles sont beaucoup plus grosses que les mâles -j et ceux-ci ont des piquans beau- coup plus forts et en plus grand nom- bre. Fendant l'accouplement , on dit qu'ils se tiennent si étroitement serrés, que lorsqu'on en tire un qui a mordu à l'hameçon, l'autre vient en même temps. ,,. ,, Comme les ichlhyologlslcs moder- I rent encore comme d'un remède dans les fièvres intermittentes. Quelque temps avaut l'accès, ils mettent cette peau sur des char- bons ardcns , et en font respirer la fuméo au malade par la bouche et par le nez. V: >.-*<•■»»., ^♦^Uuiff»»»»*»' ..^t^ I n» •*•« ,*• ài 6 HISTOIRE NATURELLE nés ont négligé de considérer ces pois- sons relativement à l'économie , j'ai tâ- ché d'y suppléer, en rassemblant tout ce qu' Aristote a dit à ce sujet. Dans l'accouplement, dit-il, ils ne rapprochent pas seulement leurs côtés inférieurs, mais le mâle se place sur le dos de la femelle. Ils ont certaines par- ties, qui leur sont particulières , par lesquelles ils s'accrochent pendant le temps do l'accouplement. Les poissons du genre des raies ont deux ouvertures pour le passage des petits , au lieu que les autres, ainsi que les oiseaux , n^en ont qu'un pour le passage des œufs. Tous les cartilagineux ont en même temps de gros et de petits œufs. Les plus bas sortent les premiers, ce qui fait que les poissons de cette classe s'accouplent et fraient plusieurs fois par mois. Pendant que les œufs supé- rieurs sont fécondés , les inférieurs parviennent à leur maturité. La su- pei fétation a aussi lieu dans ces pois- DES PAIES. sans. Dans les cartilagineux, les mâles ne dispersent point la semence, ni les femelles leurs œufs. Ils ne multiplient pas beaucoup. Quand le temps de la naissance approche , ils vont vers les côtes, pour y chercher une eau plus chaude , et y procurer une retraite plus sûre h leur postérité. Tous les poissons cartilagineux sont vivipares. La raif uaît avec une peau, au lieu que le requin n'en a point ; car , dans celui- ci, Fœuf crève dans la mère, et dans la première au-dehors- Chez les raie» et les requins , on trouve deux appendices près de l'anus, que les ichthyologiste» modcrnea ont pris pour des membres de génération ; mais les observations qne j'ai faites là- dessus, prouvent le contraire, eoninie on va le voir; Linné soutient même,, que parmi les amphibies nagea n»,. tous les mâles sont pourvu» d'un doubFe membre de génération. Cette asser- tion est fausse dans toutes ses parties^ il 11 s HISTOIRE NATURELLE car qnand on suppo.seroit que Icsdîts appendices sont réellement des mem- bres de génération ; il n'y a cependant que les raies et les requins qui en soient pourvus. Il y a long temps que }'ai pensé qu'il n'étoit pas probable que la nature eût donné deux membres de généra- tion à ces animaux, parce qu'ils se nui- roient mutuellement, à raison de la petite ouverture de la matrice , et rcn- droient raccouplenient impossible. Il est vrai que la plupart des créatures ont des membres et des sens doubles ; mais ces membres sont distribués de manière que chacun d'eux est indis- pensable , ou du moins qu'ils ne se nui- sent point dans leurs fonctions. Quoi- qu'une chose paroisse vraisemblable, il faut cependant que l'expérience seule conduise à des preuves; c'est pourquoi j'ai prié mes amis, qui demeurent dans des villes maritimes , de me procurer des raies et des requins. Il y a quelques années que M. Spengler , inspecteur -*Tp»'- DESRÂIES. 9 du cabinet du roi à Copenhague , m'en- voya une raie bouclée mâle, dont je donne ici la description anatomique. Elle prouvera que les prétendus mem- bres sont plutôt des mains ou des pieds que des parties destinées à la généra- tion , et qu'ils servent plutôt à embras- ser la femelle pendant l'accouplement. Comme chez les quadrupèdes les pieds de devant font aussi cet office, je leur ai donné le nom de pieds, et j'espère que la dissection de ces parties justi- fiera cette dénomination. Willughby, Artédi et Klein ont aussi disséqué ces poissons; mais il faut qu^ils n'aient pas examiné ces parties assez attentive- ment, sans quoi ils n'auroient pas mé- connu leur destination et leur vérita- ble usage. Le pied qui articule avec l'os pubis, par le moyen de la cuisse , consiste dans des parties solides et molles, et on y voit un petit canal au bord extérieur. Les premières sont les nageoires de l'anus, un corps glandu- ''h ■fl M 4: H 10 HISTOIRE NATURELLE leux et deux muscles forts. A la partie supérieure du pied, on remarque sons la peau, une partie élevée, qu'on peut faire aller et venir sous cette même peau. Si Von ôte la peau extérieure , on voit paroître une bourse muscu- leuse , qui , lorsqu'elle est ouverte, dé- couvre une glande qui est longue. Je Vy ai trouvée assujettie de tous côtés par la membrane celluleusc. Au milieu , j'apperçus un canal , dans lequel il y avoit plusieurs petites ouvertures ron- des , arrangées eu deux raies , dont chacune se trouvoit toujours placée vers l'espace vide qui étoit entre les deux du côté opposé. En pressant cette glande , j'en exprimois une sérosité blanche; et malgré tous mes soins , je n'ai pu appercevoir aucun passage qui put conduire cette sérosité dans un au- tre endroit. Seulement, vers la partie intérieure du sac musculeux, vers le bas , on trouve un trou oblong , qui s'ouvre sur le côté extérieur, et est • i ;> -^ ■ DES RAIES. }oint avec le canal qui se bord extérieur du pied. Kl ces glandes comme des test il avoue qu'il n'a pu y tro communication avec les re les vaisseaux spermatique ait cherche à plusieurs repr communication, en soufflant et tant la liqueur. Si l'on ôte la peau du pied, on voit d'abord deux muscles , dont l'un est long , et l'autre court ; puis, on découvre onze os. Comme les premiers sont assujettis aux seconds, je vais décrire ces derniers, afin d'en donner une idée plus claire. La partie solide du pied consiste en trois pièces -, savoir, la paTtie supérieure, la moyenne et l'inférieure. La* supérieure , qui re- présente la cuisse , est composée de quatre os , qui sont placés les uns sur les autres : le supérieur forme une ar- ticulation avec l'os pubis •, et l'infé- rieur avec la jambe. La seconde parti» est composée de deux os lon^s à U 'ir . -;J ^ 1 ^.-c^wiaB^-'^^eBf*^ .i?' ■> / I ■ ^■4 m» ,1 • HISTOIRE NATURELLE |ambe, et du péroné. On remarque encore ^lux jambes deux cartilages , dont l'un va en long et ferme le canal aani^uelques circonstances, et l'autre, qui a la forme d'un crochet, va jus- qu'à Iflt fin du pied. La partie infé- rieure est composée de cinq os , que je décrirai en peu de mots. Le premier a la forme d'une fau- cille j le second ressemble à un casque ; le troisième , à un ver *, le quatrième , à un équerre , et le cinquième , à une pelle. Tous ces os s'éloignent les uns des autres par le moyen des deux mus- cles dont nous avons parlé , et se re- tirent par le ressort du cartilage et de la forte membrane qui les lient. L'un de ces muscles est long et étroit ; et l'autre, court et large. Ce dernier cou- vre le péroné et une partie de l'os de la jambe, auquel il est uni par sa par- tie supérieure. Le premier est attaché par son extrémité supérieure à l'os de la cuisse ] il descend le long de l'os de i '■ .'f DES HAIES. 1>^ de de de : la jambe, dont il la longu( couvre tie cartilagineuse , et il se réunit par- dessous à la plus courte : l'un et Pautre se terminent à l'os , qui a la forme de la pelle. Quandles muscles se retirent, il arrive que les cinq os , qui sont réu- nis par de fortes bandes , s'éloignent tellement les uns des autres , que le pied prend la forme d'une griffe. D'après la description que nous ve- nons de faire de ces parties , dont sont composés ces prétendus membres de génération , on voit qu'ils ne sont point du tout ce qu'on les a crus ; vu qu'il ne faudroit pas pour cela tant d'os , d'articulations , de membranes , do corps élastiques , de glandes et de mus- cles ; et d'ailleurs , étant trop gros et doubles, ils ne peuvent avoir été des- tinés à ce but. Ils sont plutôt donnés au mâle pour saisir la femelle et s'y atta- cher. Car comme chez ces poissons les œufs éclosent dans l'intérieur du corps de la mère , ils ne peuvent pas , comme Foi.^oiis. IX. a 11 Ji ys"'--'*t •qpa i4 1 1 i h HISTOIRE NATURELLE ceux des autres poissons , être fécon- dés après en être sortis. Par consé- quent, il faut qu'il y ait une réunion exacte de l'ouverlure du canal sémi- nal avec l'ouverlure de la matrice. Les parties que nous venons de décrire sont propres à faciliter cette réunion : car quand les deiix muscles tirent et séparent ces petits os, on voitparoître leurs parties pointues. Or , lorsque le inâle presse fortement la fenielle avec ses pieds étendus, et que les muscles commencent à se lâcher , les bandes et les cartilages élastiques étendus , se retirent , et attachent fortement le pied. Mais pour que les pointes des os ne blessent point la femelle , ni les pi- quons , dont le corps de cette dernière est garni , les pieds du mâle , il falloit que la sérosité glutinedse , dont nous avons parlé , sortit des glandes et fût conduite vers les pieds par le canal. Les muscles de la nageoire de l'anus , qui sont au-dessus des glandes, les '% PESRATES. l5 pressent aussi dans le mouvement du poisson , et en font sortir la sérosité. Or , si cette humeur glutineuse éloit portée continuellement parun passage fermé vers la partie inférieure du pied , les petits os, qui ne s'écartent que dans le temps de l'accouplement, se colle- roicnt et devicndroient immobiles. Voilà pourquoi ce canal est ouvert , au lieu d'être fermé. Mais de temps en temps , lorsque cela est nécessaire , le long muscle , qui presse la partie carti- lagineuse , ne laisse d'autre passage à la sérosité que celui qui la conduit vers le pied. A la direction de ce canal , et au jeu d'un si grand nombre d'os , qui se fait par deux muscles , on reconnoît la main du sage créateur. Probablement le poisson se sert aussi de ses pieds en guise d'aviron , pour nager. Comme ils ne sont pas destinés à faire marcher l'animal , il n'étoit pas nécessaire qu'il y eût des os de jambe plus forts pour porter^ le corps. Ces os • -tnnb-^-miti ..^ihd ^..-x.-, .^,.^uSO-— '.^.^f ] I" . 1 i t \i 1) 16 IIISTOIRE NATURELLE poiivoicnt être seulement foibles et cartilagineux ; mais comme ils servent en même temps de point d'appui aux muscles de la nageoire du ventre , ils sont divisés en plusieurs articulations , afîn que le poisson puisse tourner ses nageoires du côté qu'il veut. Voilà le résultat des observations que j'ai faites il y a quelques années ; mais comme je n'osois pas tirer une conclusion sur le tout d'après ma seule expérience, je résolus de les faire con- noître au public. A présent, les obser- vations que je viens de faire sur trois raies et autant de requins , que m'a en- voyés mon digne ami , M. Spcngler, et qui étoicnt tous mâles, m'ont con- vaincu que ces parties ne sont rien moins que des membres destinés à la génération. Il ne nous reste donc plus qu'à observer les vraies parties de la génération , que j'ai trouvées en eJTet dans l'intérieur du bas-ventre. L'exa- men de ces parties m'a conduit à des DES RATES. I7 remarques intéressantes , dont je vais rendre compte. La première cliose quo j'ai observée , c'est deux trous , dont un se trouve de chaque côté de l'anus , et qui se rendent dans la cavité du bas- venlre. Gomme j'ai remarqué qu'en soufflant dans ces trous , le bas-ventre se gonfloit Je les ai nommés trous abdo~ minaux. Mais n'ayant pu trouver do vésicule aérienne , ni dans les trois raies , ni dans les trois requins que j'ai disséqués, je pense que ces trous leur en tiennent lieu. Après que les en- trailles furent ôtées , J'apperçus deux lobes larges , minces et rougeâtres , qui étoicnt unis par le moyen d'une mem- brane mince. Ensuite , je remarquai deux longs vaisseaux minces, placés le long de l'épine du dos. Mais comme ils se réunissoient en dessous , derrière l'anus , dans une ouverture commune > où je pouvois souffler l'air jusques dans lesdits corps jaunes, CCS parties ne peu* vent être autre chose que les reins et )! 1 M*»« I ' t il \ < ', ( 1 \ »i HISTOIRE NATURELLE les uretères. A chaque cAté de ces der- iiierâ j'ai vu s'étendre , en serpentant , deux vaisseaux qui s'élargissent un peu en dessous. Comme l'injection du mer- cure m*a prouvé clairement leur di- rection en serpentant , et qu'ils o;* beaucoup de r essem blance aveu le s v lis • seaux spcrmatiques , je n'hésiie point à les donner pour tels. Ils sortent par en haut d'un petit corps glanduleux , qui tient la place des testicules , et ils se réunissent au-dessous y à côté de Tou- verture urinaire , derrière l'anus. En- fin , ces canaux s'élargissent avant leur extrémité , et ont par-là de la ressem- blance avec les vésicules séminales. Dans les femelles, au lieu de vaisseaux «permatiques , on trouve les ovaires, Les ovaires étoient cylindriques, et leur extrémité supérieure touchoit uu diaphragme. Les canaux des œufs avoient l'épais«'":ir ^l' une grosse plume «le corbeau ; ils ' t^.'' " !=:culer ^t assu- jettis très-légèicinent à l'épine du dos j { ^ û- • D E s R A TK8. 19 lear couleur ^toit jaune ; ils s'^1ar|^is> soient liOn loin de l'anus, et se ternii- noient aussi derrière Tanui dans un* ouverture commune. Comme les mâles de cr^ an^'maux n^ont point l'avantage d'avoir un mem- bre pour la génération , et que les fe- melles ne font point leurs œufs comme les poissons à écailles , il n'y a aucune autre copulation que le rapprochement de l'ouverture des vésicules se minales ; ce qui est suivi probablement d'un frottement des parties de part « l d'au- tres. Afin que la vapeur de la se mencc puisse parvenir plus sûrement à l'en- trée du canal des œufs , il est néces- saire que les pieds dont nous avons parlé , soient en action. Nous trouvons aussi chez la plupart des hannetons d'eau , et même chez tous les insectes , des membres particuliers , qui serve nt au mâle à tenir la femelle ferme pt ri- dant l'accouplement. Je pour rois pro 1- vcr par plusieurs faits arrivés récem- i i :'*^:!^L-;-A:* ^ i:liilî*!ïf' „*■'!% ? -"J. ■' .f flO HISTOIRE NATURELLE menl à Berlin , que , parmi le genre humain même ,les femmes deviennent aussi fécondes sans accouplement for- mel. Nous trouvons ces poissons dans presque toutes les mers de l'Europe ; mais rarement dans la Baltique. Ils ha- bitent les fonds ; et en liiver , ils se cachent dans la bourbe ou dans le sa- ble. Ils vivent d'écre visses , de homars , coquillages , escargots , plies et autres animaux qu'ils peuvent attraper. Ils sont même dangereux pour l'homme. Selon Oppian , ils s'attachent à -in in- dividu , et le rongent jusqu'à ce qu'il soit mort. Les historiens modernes, tels qu'Ulloa , l'abbé Raynal et d'au- tres, confirment cette opinion, avec la seule difiFérence qu'ils disent qu'ils font mourir les plongeurs , en les pres- sant avec leurs corps , ou les étoufifent en s'entortillant autour d'eux. Voilà pourquoi les plongeurs ont toujours un grand couteau attaché à la main , avec ( - ijr D E s K A I E s. at lequel ils fendent le ventre au poisson dès qu'il veut les approcher. Ces pois- sons deviennent fort gros : on en trouve qui pèsent depuis cent jusqu'à deux cents livres. On les prend à l'hameçon , et on emploie pour appât des harengs ou d'autres poissons peu estimés. On les prend aussi avec des javelots, comme les flétans. Ces poissons ont une odeur désagréable en sortant de la mer; mais ils la perdent au bout de quelques jours. Aristote a déjà fait mention de la rhi-* nobate (i) , de la pastenaque (a) , de l'aigle -poisson (3), de la raie -cen- drée (4) , de la raie lisse (5) et de Ja raie tremblante (6). Belon nous a fait ( 1 ) Raja Rhinobatos. L, (2) Raja Fastinaca. L. (3) Raja Aquila. L. (4) Raja Bâtis. L. (5) Raja Oxyrinchus. L. (6) Raja Torpédo. L. i.4H|^i#.- y ■' aa HISTOIRE NATURELLE connoître la raie bouclée (i) et le mî- raillet (2) , et Rondelet le foulon (3). Ce sont ces neuf espèces que Linné ad- met dans son système. Marcgrafen a aussi décrit trois du Brésil. Les ichthyo- logistes en rapportent , à la vérité , un bien plus grand nombre ; mais les ca- ractères distinctifs qu'ils tirent d'une petite variété de piquans , de taches et de couleurs ; sont trop accidentels pour qu'on puisse les regarder comme des fondemens suffisans pour déterminer ces espèces. Les taches rondes et blan- ches viennent assez souvent des pi- quans qui sont tombés. Ces apparences accidentelles et la grande différence que les espèces ont entr'elles, les ont ftiît multiplier sans nécessité. Ainsi Rondelet compte vingt espèces ; en ( 1) Raja Clavata.L. (2) Baja Miraletus. L. (3) Eaja Fullonica. L. ^ V.-,., DES RAIES. 2.3 qtioi il a été imité par les ichthyolo- gistes qui Pont suivi. En général , il y a tant de confusion dans les auteurs par rapport aux poissons de ce genre , que le pénétrant Artédi lui-même n'a pu s'y reconnoître , comme on peut le voir par le grand nombre de questions qu'il fait et par la quantité de variétés qu'il admet. il . «n . •«*•..- ■«"*■* y 24 HISTOIRE NATURELLE M. t LXXIX" GENRE. LA RAIE, RAJA. Caractère générique. Les ouvertures des ouies en bas. * ' LA RAIE CENDREE, RAJA BATIS. liA queue seule garnie de pointes dis- tingue suffisamment cette raie des au- tres : ordinairement il n'y en a qu'une rangée. Cependant les mâles ont quel- quefois encore une rangée de chaque côté. Les mâles et les femelles ont une pointe droite de chaque côté de la queue , et vers les yeux , plusieurs pe- tits piquans recourbés. Le reste du corps est uni et couvert d'une matière ;ir^-v\^:'":^: E . £!• ^ 4^ *^'^4flN*..!;yi^t -**'<*; lï t. ires des '^ïi» v>.: g,i4ï4'' ÎE, tes dis- des au- qu'une it quel- chaque )ut une î de la urs pe- 'ste du natièie u 4'*' -î*st -.^■i-. ii}' fi ^'s: '1"; .II* ../'lïf^'f'l-. '-. '* i- * f 4 i 'js '^ t 11 !ii., Ir^ H. -m "^ ^ J?e,fciye .yt..jè.v! I )h '"■ 26 HISTOIRE NATURELLE cette espèce ; car on en trouve quel- quefois qui pèsent cent cinquante et jusqu'à deux cents livres. Selon Wil- lughby , un seul de ces poissons a suffi po'ir rassasier cent vingt hommes. C'est le plus gros , et en même temps le meilleur poisson de ce genre , sur- tout quand il est jeune. Sa cbair est blanche. Dans les f*nvirons de Schles- wig et Holstein , oh cette pêche est abondante , les pécheurs le sèchent à l'air , et le transportent à Hambourg, d'où il passe dans les autres provinces de l'Allemagnû. Ils sèchent aussi l'es- tomac à Tair , et le mangent enr^uite en guise de motue. Ils font avec son foie une huile blanche et fine. Le temps de l'accouplement est eïi mars et avril. Il commence à faire ses petits en mai , et continue jusqu'en septembre. Le printemps est le temps oi!i sa cbair est la meilleure. Elle est moins bonne dans le temps de l'accouplement, sur- tout celle des mâles. £n octobre ; il est U fe quel- laiite et ou Wil- is a suffi, lommes. te temps ire , sur- îhair est e Scliles- lêclie est lèchent à imbourg, irovince» ^ussi Ves- t ensuite avec son Le temps s et avril. s en mai , [ibre. Le chair est ns bonne ent, sur- bré ; il est DE LA RAIE CENDRÉE. 27 mince , maigre et dur ; mais il com- mence à se remettre en novembre. Le cerveau est oblong. Le cartilage de la poitrine , qui la sépare de l'abdo- men , est placé en travers , et a deux branches de chaque coté ^dont l'une est courbée vers le derrière , l'autre vers le devant, et auxquelles sont atta- chées les dix ouies. Le cœur qui est quarré , est dans un enfoncement de même forme. Le diaphragme est fort , le foie gros, et consiste en trois lobes, dont celui du milieu est le plus petit. La rate est rougeâlre , et forme un triangle alongé. L'œsophage est court; Pestomac long et large, et a de grands plis. Le canal intestinal est court, un peu arqué, et garni d'une peau en for- me de spirale, comme dans les plies. Les reins sont oblongs et d'un rouge foncé. Je n'ai pas plus remarqué de cô- tes particulières dans ce poisson que dans les plies. il il il 11 t j '^ { i a8 HISTOIRE NATURELLE Ce poisson est connu sous différcns noms. On le nomme: Glattroche , en Allemagne. Tepel , à Heiligeland ; Baumroc/ien , quand il est gros *, Fteten , quand il est très-gros. Skata , en Islande. Koe-Hale, en Danemarck. Plet-Rohken , en Norwège. Gladde-Rog , en Hollande. Skate et Flair, en Angleterre. Raie cendrée , en France. Luida y en Espagne. Raja , à Malte, Baifosa , à Rome. Quand Artédi demande , si le raja lœvis de Schoneveld est la nôtre , on peut lui répondre affirmativement. LA RAIE LISSE, RAJA OXYRIN CH US. Une rangée simple de pointes, qui suit le dos et la queue, distingue ce ■«*^„ \l diffère ns QS'y fS. e. si le raja lôtre, on ment. S E, rs. intes, qui tingue ce D Fi L A RAT E L T S S E. Qc) poisson des autres espèces du niûmc genre. Outre cela , on remarque à cha- que œil trois autres pointes, et sur le côté supérieur, un pins grand nombre de la même espèce, qui le rendent rude. Dans quelques-uns, on trouve aussi deux pointes sur le dos, et l'on dit que dans quelques mâles, laquelle est garnie de chaque côté d*nne rangée de pointes. Le côté supérieur est gris, garni de taches rondes- et claires, de petites plus obscures, et enfin de points noirs. Le dos, la queue et les nageoires ont «no couleur noirâtre, tirant sur le rouge. La tête finit en pointe. Il y a dans la bouche plusieurs rangées de dents pointues, près les unes des au- tres. Le corps est mince*, ce qui lui a probablement fait donner à Marseille le nom de flossade et mairalze. La queue est garnie de deux petites na- geoires membraneuses. On trouve ce pois«>n cntr^autresj dans la m^^r du Nord, oiV on le |>êchr 1 1' ■i I ij I ' ] i ; SO HISTOIRE NATURELLE près de Heiligeland. Celui dont je donne le dessin , m'a été envoyé de ce pays. Cette raie approche beaucoup de la précédente pour la grosseur. M. Fennant en a vu pêcher une qui avoit sept pieds de long et cinq de large. £n Angleterre , ce poisson porte le nom de maids jusqu'à ce qu'il ait propagé. La raie lisse se pêche comme la précé- dente, et on en fait le même usage. Cependant sa chair est beaucoup plus mauvaise ; de sorte qu'on n'en fait pas grand cas. ^ La conformation intérieure du corps est semblable à celle du poisson précét dent. Ce poisson est connu sous difîerens noms. On le nomme : Spitznase , en Allemagne. <; , ; . Vhite-Cunt et Maids , en Angleterre, Flossade , en France. ■ .. Manta ou Quilt , efl Espagne. - ^ Raia, en Italie. Les déterminations de Linné eX I f r'' ^ '' ^1;^^,*. LLE li dont je iroyé de co beaucoup grosseur, r une qui q de large, rte le nom t propagé, î la précè- de usage. [Coup plus ?n fait pas e du corps on prccét difl'érens et erre. '. • f- r (inné evt DE L'AIGLE - POISSON. .^l d'Artédi sont incertaines j car le nom^ bre des pointes est beaucoup plus grand qu'ils ne le disent l'un et l'autre. D'ail- leurs , ce nombre de pointes est plus grand dans les vieux et les mâles , que dans les jeunes et les femelles. Le der- nier cite aussi mal-à-propos pour notre poisson la raia de Salvian , qui n'est au Ire chose que le poisson précédent, comme on peut le voir par le dessin qu'il en donne. L'AIGI^E - POISSON, RAJA AQVILA. ■» - La nageoire et le piquant qui sont à la queue de ce poisson , sont des ca- ractères suffîsans pour le faire con- noître. Le corps est uni , couvert d'une ma- tière gluante , et la peau est épaisse et coriace. La tête se termine en une pointe courte et obtuse , à laquelle on apperçoit, aussi bien sur la surface y \i ■! i m H 32 HISTOIRE NATURELLE supérieure que sur l'inférieure , nn sil- lon alongc , et un autre semblable plus loin en arrière , entre les yeux. Cea derniers avancent beaucoup sur un cy- lindre cartilagineux j ils ont une pru- nelle noire , entourée d'un iris jaune» Derrière , on voit deux grands trous aqueux , et derrière ces trous , au mi- lieu , deux élévations , et de côté , cinq, qui ont la forme de côtes. La bouche a des lèvres mobiles , et les deux mâchoires sont garnies de plu- sieurs rangées de dents énioussées. Les narines , qui sont en losanges , sont placées en travers , et séparées par uno paroi cartilagineuse. Une forte peau couvre les narines , et est attachée au milieu par un ligament. Ce poisson n'a point de nageoires ventrales ; et à la queue , qui est beaucoup plus longue que le corps ^ on remarque la petite nageoire dont nous avons parlé, ainsi que le grand piquant aigu et dentelé , avec lequel le poisson peut blesser. un siî- jle plus IX. Ces • un cy- ne pru- jaune. Is trous aumi- ( côté , tes. La , et les le plu- ;es. Les ! , sont 3ar uno e peau zhèe au ison n'a et à la longue petite r f ainsi Mitelé , jlesser. DE L'ATGLE - POISSON. 33 Quelquefois ce piquant est rompu ; ce qui arrive quand il en est resté une partie dans le corps oii il s'est enfoncé. Quelquefois aussi on en trouve qui ont deux piqucins. Car comme , selon les observations de M. Baster, ce poisson change chaque année de piquant, il arrive que le nouveau pousse avant que Pancien soit tombé. C'est ainsi que nous trouvons dans Gesner , Aldro- vand, Marcgraf et Piso , des dessins qui le représentent avec deux piquans. Ce poisson a une couleur de plomb sur les côtés , tirant sur le brun en avan- çant vers le dos , en bas, blanche , et vers les côtés d'une couleur olivâtre. Nous trouvons ce poisson dans la mer du Nord , mais rarement. En ré- compense, on le trouve en grande quantité dans la Méditerranée. Celui dont je donne ici le dessin , m'est venu de Hambourg sous le nom de quaadro- clien (mauvaise raie). Les pêcheurs de ces contrées, lui ont donné ce nom, Ui jf i.i ■.ifT m u, n II ^1 34 HISTOIRE NATURELLE parce qu'ils croient que sa chair est venimeuse. Jls ne se servent que de son foic; qui, en le faisant distiller au so- leil, rend une huile, qui est un remède contre la paralysie. Sa longueur étoit d'un pied et demi ; sa plus grande lar- geur de dix huit pouces ; son épais- seur de trois , et il pesoit quatorze li- vres. Je le pris d'abord pour une va- riété de la pastenaque , parce que j'y trouvois si peu de conformité avec les dessins qu'en ont donnés les écrivains. Cependant , ses yeux saillans me l'ont fait regarder comme un aigle-poisson; et je le laisserai sous cette dénomina* lion jusqu'à ce que les naturalistes ita- liens, qui ont beaucoup plus d'occasions que moi de l'observer , aient décidé la chose. Ceux que l'on vend communément dans les marchés de Rome, ne pèsent guère plus de deux livres. Cependant, on dit qu'on en prend quelquefois qui pèsent trois cents livres. il * ''K'-'H .■ Vi inir est 2 de son : au so- remècïe r étoit ide lar- épais- )rzb li- me va- que j'y ivec les rivains. le Tont oisson ; )inina- tes ita- casions cidé la ément pèsent ndant^ ois qui DE L'AIGLE - POISSON. 35 On prend ce poisson comme le pré- cédent: mais on en fait peu de cas ^ parce que, comme le dit Galien, sa chair est dure et difficile à digérer. Il n*y a que les gens du peuple qui en mangent ; mais seulement quand il est jeune. Cependant le foie passe pour un manger délicat , et on le sert sur la table des riches. Les pécheurs, pour ne se point piquer à son piquant, lui cou- pent la queue dès qu'ils l'ont pris. En Sardaigne , il est défendu de le vendre avec le piquant. Ce poisson aime les endroits maré- cageux, et nage lentement. En France, on lui a donné le nom de glorieux , à cause de son allure pesante et roide. Il vit d'autres animaux aquatiques, comm« tous ceux de c« genre. L'estomac est de moyenne gran- deur; mais le canal intestinal est court. Le foie est jaunâtre; il consiste en deux lobes , dont l'un est grand et rond f et l'autre petit et alongé. Dans L t f * % % 36 HISTOIRE NATURELLE le poisson que je décris , qui pesoit quatorze livres , il pesoit une livre et deux onces. L'aigle- poisson est connu sous dif- férens noms. On le nomme : Meeradler, en Allemagne. Zee- Vleermuis y Pûlsteert et Deicle , en Hollande. ■" ' , ^ . «S^a-^ag/^ , en Angleterre. Aigle-marin , Glorieux , en France. * Tare-Franc , à Bordeaux. Lancette, à Marseille. Rospo , en Italie. Pesée Aquila , en Sardaigne. j4quilone, à Rome et à Naples. F esce Ratto , k Oènes, Hamiema, à Malte. Narinari , au Brésil. Belon nous a donné le premier des- sin de ce poisson ; mais il ne vaut rien , parce qu'il a été fait d'après un poisson sec. Aldrovand donne deux espèces d'ai- gles marins. 11 distingue la première ni 1 1 p ^;■ pesoit vre et is dif- le, en ice. DE LA PASTENAQUE. 3; par la qaeue plus courte et la point© simple ; et l'autre , par la queue lon- gue et la pointe double ; en quoi Wil- lugliby et Rai l'ont suivi. Mais comme la médiocrité de la longueur de la queue est une chose accidentelle , aussi bien que le double piquant , on ne sauroit les reg '.rder réellement comme deux espèces. L A PASTENAQUE, RJJa PASTINACA, \ t. îr des- [trien, )oisson d'ai- ;mière La queue sans nageoire, et armée d'un piquant , est un caractère suffi- sant pour faire reconnoître ce poisson. Le corps est uni et couvert d'une matière gluante. La tête se termine en une pointe courte. Les yeux ont nne prunelle noire dans un iris blanc. On remarque sur le dos , des côtes car- tilagineuses en forme de croissant. Il est brun sur le côté supérieur vers l'épine du dos et les nageoires j et entre Poissons. IX. 4 :m } ''i % :^8 HISTOIRE NATURELLE ces parties , on remarque une couleur olivâtre. Le côlé inférieur est blanc. Il n'a point de nageoires ventrales, de même que le poisson précédent. Les Grecs et les Romains , excepté Aris- tote, font une description efiFrayanto de son piquant. JEMen et Pline disent que lorsqu'une personne en est blessée , clic est perdue sans ressource. Le pre- mier raconte, qu'un voleur qui avoit pris un de ces poissons , croyant que c'étoit une plie , en fut blessé , et tom- ba mort auprès du poisson. C'est sans doute d'après ce conte que l'on adon- né au fils de Circé un de ces piquans en guise de poignard , pour tuer plus sûrement Ulysse son père. Aujour- d'hui , les peuples de l'Amérique s'en servent en guise de flèches. Selon jElien , sa piqûre fait mourir un ar- bre. Oppiau prétend que son venin X'onge les rochers. Gronov possédoit un de ces piquans , qui avoit quatre pouces de long. couleur t blanc, raies, de :nt. Les té Aris- frayanle e disent blessée, . Le pre- :|ui avoit ^ant que , et tom- l'est sans on a don- piquans tuer plus Aujour- ique s'en :s. Selon r un ar- on venin possédoit it quatre ■A 4 ■1 YiE LA PASTEVAQUE. 59 Les pO/..eurs de Pleiligeland , au contraire , n'en ont point peur ; et ceux du Japon le regardent comme le re- mède le plus souverain contre la mor- sure du serpent , quand on en frotte la plaie. Dans ce dessein , ils en portent toujours sur eux. Mais pour que ce pi- quant ait cette propriété, il faut qu'il ait été coupé sur l'animal pendant qu'il éloit vivant. Les anciens médecins et iclithyolo- gistes pensent cependant que le ve- nin de cette pointe n'est pas sans re- mède. Dioscorides , Rondelet et ceux qui sont venus ensuite, indiquent plu- sieurs remèdes contre sa blessure. Les naturalistes modernes, et Linné lui- même , croient aussi que la piqûre de cette pointe est venimeuse. Mais je crois qu'elle ne l'est pas plus que celle de la vive, et que cette opinion n'a d'autre fondement que les causes dont j'ai déjà parlé. Cette pointe sert au poisson non-seulement d'arme défcn- k r lit i 4 4o HISTOIRE NATURELLE sive , mais aussi il en blesse les pois- sons, pour s'en emparer ensuite plus aisément , et les manger. Selon Pline , il s'en sert même pour attaç[uer le re- quin. On trouve ce poisson dans presque toutes les mers de l'Europe , de l'O- rient et de l'Amérique. J^en ai reçu de Hambourg plusieurs, qni sont de la grosseur indiquée sur la planche j mais il y en a cependant de beaucoup plus gros. Salvien en a vu qui pesoient dix livres ; et comme Pline donne cinq pouces de longueur à sa pointe , il faut qu'il y en ait de plus gros encore. On pêche ce poisson de la même manière que le précédent ; et il lui ressemble dans la qualité de la chair, la bonté du. foie , la nourriture , et les parties in^ térieures. Ce poisson est connu sous di£Férens noms. On le nomme : Stechroche , grone Topel , en Allç-* magne. î -■^m^- ' I ai reçu [)nt de la lie j mais oup plus jient dix ine cinq e , il faut core. On manière essemble bonté d a iriies in- différens sn A11q« DE LA. PASTENAQtJE. 4l Pylstaart, en Hollande. Rokkely en Danemarck. Fire - Flaire f Fiere^ Flair, en Angle- terre. Pastenade de mer , Tourterelle , ou Tarre ronde , en France. Vastrango , ou Beestango , en Pro- vence. Bruchoj ou Brucco , à Rome. Fa'raza , Cuccio , à Gênes. Aliavela , à Naples. ' Bastonaga , en Sicile. Gai , au Japon. L'ancienne pointe , qui reste en- core lorsque la nouvelle ne vient que de pousser , a engagé Aldrovand , Wil- liighby , Rai , et même Artédy et Klein à en faire une espèce particu- lière , et Linné une variété. Belon est le premier qui nous a donné un dessin de ce poisson. La pas* tenaque rude dont parle cet auteur, n'a point été remarquée depuis , si ce n'est par Gesner , qui n'en représente lii I .■>, 'J t 4a irisTOTRE naturelle que la queue , et par AlJrovand , qui a ajouté une tète sans tronc. LA RAIE BOUCLÉE, RJJJ CLAVATA, Les pointes courbes et en forme de clous, qui régnent le long du dos et (le la queue , sont le caractère distinc- tif de celle espèce de raie. Leur nom- bre varie *, car Artédi en a compté trente , et Pontoppidan seulement quinze. Outre cette rangée de pointes , on en trouve d'autres séparées. On en remarque aussi plusieurs devant les trous aqueux , vers les yeux et le nez ^ par-dessus et par-dessous. Tout le reste de la surface est garni d'une quan- tité innombrable de petites pointes. Les grandes, en tombant, laissent une tache blanche. Ce poisson change sans doute tous les ans de pointes-, car j'en ai apperçu , outre les grandes , de plus petites. Les grandes sont composées de J , qui ÎE, rmede dos et lislinc- ' nom- ;omplé lemeiit ainleSy On en iiit les le nez ^ le reste quan- >ointes. îiit une ge sans ;ar j'en de plus >sées de Iv' » :'- 't^f%^ .^»* , ^ \.mf' *^'iJ^ lî '.'lï ik « j .•» '^ > î-:)7i^ j^Llf,'^*^^^^».-; •" ti 5* i-^i-i .<. ru»»- fi "f/l : :'',('•* .? -n4* fi '^^ ! 'J ;ife' u \ A « ' . t u H -« * Tam 1 . IJV RAI F, bouclée . j,.\.\ RONCK . 3 . TA TORPILLE . 1, n f (#- DE LA RAIE ir6uCLl?.É. 43 ♦leux parties; savoir, urip tête ronde, et une partie cylindrique ci pointue, qui sont engrenées l'une d-ms l'autre, et qui se séparent quand on cuit le pois» son La le te finit en une pointe' assez longue. Les deux mâchoires sont gar- nies de petites dents rondes. La lan* gue est eaurte , large et unie. La pru- nelle est noire , el firia , qui forme un croissant , brun. J'ai compté trois rayons à cBaque nageoire ventrale, et six à la nageoire de ï'anns : iîis sont joints ensemble sur le fond. La queue est plus longue que le corps ; elle est voûtée par en haut , applatie par en bas , et garnie vers le bout de quel- ques nagcoires^ membraneuses. Le côté supérieur est brunâtre , et orné de plusieurs taches blanches et rondes, et aussi quelquefois noires. Le côté infé- rieur est tout-à-fait blanc, et souvent garni çà et là de petites pointes. On trouve fréquemment ce poisson dans la meir du Nord 5 et J'en ai reçu ^ 1 iS 44 HISTOIRE NATURELLE plusieurs de Hambourg sous le noiQ (le nao^elroche , qui avoient depuis un jus- qu'à deux pieds de large. Ce poisson parvient aussi à une {grosseur considé- rable ; car en 1 634 , on en prit un avec un harpon, près del'ilc de Saint-Chris- tophe , qui avoit douze pieds de long et dix de large, et dont dix matelols curent bien de la peine à porter le foie. On les prend en plus grande quantité dans les mois de juin et juillet ; parce qu'alors ils s'approchent des rivages pour faire leurs petits au milieu des herbes marines. Cette espèce a la chair dure. Les gens du peuple le mangent après lui avoir ôté la peau , et ils le font cuire dans de la saumure, ou avec du beurre. Les Norwégiens ne le pè- chent que pour faire de l'huile avec son foie ; cependant ils sèchent aussi sa chair , et la vendent aux étrangers, qui en font provision pour les vais- seaux. Le Islandais le mangent lors- qu'il est à moitié pourri. ) '; !n>î?". DE LA RAIE BOUCLÉE. 45 L'estomac est long et large , et la partie inférieure ^étroite et courbée vers le haut. Le canal intestinal est large , court et un peu courbé. Près de son extrémité , on remarque à sa par- tie postérieure , un intestin cœcum. Le foie est gros, et consiste en trois lobes , dont les deux extérieurs sont très -longs. La rate est d'un rouge foncé , et forme un triangle aïongé. Les rognons , qui sont longs et d'un rouge foncé , sont placés de côté sur l'épine du dos. Ce poisson est connu sous différens noms. On le nomme : Steinroche , Nagelroche , en Allemagne. Roch, en Hollande. Rokke , Rokkel , eu Danemarck. Som'B.okke,Som'Skatte, en Norwègc. Tinda-BaHa , en Islande. Perosa , ou Peirosa , en Italie. Pescado , en Espagne. Haie houclée f rousée g en France, . 'I l?ll ■ ' i '. i -^ 'Il i V. i.^-"«l 46 HISTOIRE NATURELLE Clavade et Clavelade, à Marseille. Thornback , en Angleterre. Les caractères qu'Artédi et Linné donnent de ce poisson , sont trop gé- néraux \ car toutes les raie ^ d V;. \ ri H' Ml )i ■S n 48 HTSTOIRE NATURELLE , Ce poisson est connu sous différens noms. On le nomme : ^ Dornroche , en Allemagne. Ronce, en France. Rough'Ray, en Angleterre. De cette raie , ainsi que de plusieurs autres espèces, on forme des figures artificielles , qui sont représentées dans Belon , Aldrovand , Gesner , Jonston , Ruysch , et dans le Cours d'histoire na- turelle , et que Ton donne ou pour des raies, ou pour des représentations fidel- les d'animaux extraordinaires. Linné , qui n'admet point cette raie, la regarde probablement comme la même espèce que la précédente j et Rondelet , qui fait sans raison plu* sieurs espèces de notre poisson , a été imité par les ichthyologistes suivons , jusqu'à Artédi. H ^ ^ - DE LA TORPILLE. 4() -. f... LA TORPILLE, raja torpmdo. G ETTE espèce de raie se distingue des autres poissons du même genre , en ce que sa peau n'a point du tout de piquans. On ne distingue point la têto dans la figure circulaire de ce poisson. Sur la surface supérieure , on remar- que les yeux , qui sont très-petits , et sous les yeux ^ les trous aqueux , qui sont un peu plus grands qu'eux, et qui s'ouvrent dans la bouche. Au bord et le long de l'épine du dos , on remar- que de petits pores entourés d'un cer- cle , d'où le poisson fait sortir un mu- cilage. Cette matière sert sûrement à garantir la peau unie au lieu de tuber- cules ou de pointes dont les autres raies sont pourvues. Sur le côté supé- rieur, on voit cinq taches rondes et noires. On en trouve cependant qui en ont six. Comme ces taches repré- sentent en quelque façon des yeux , Folssous. IX* 5 'M ■* \ } .' 1; 5o HISTOIRE NATURELLE cette circonsiance engagea Pline à nommer ce poisson oculatus ; en quoi il a été imité par Belon et par les autres iclithyologistes qui lui ont succédé. Ces taches noires ne sont pas toujours de la même forme ; car Lorenzini en a trouvé de tout- à fait rondes, et d'au- tres plus ou moins ovales. 11 y a des poissons où ces taches sont tellement disposées , que si l'on réunit leur cen- tre par des ligues droi I es , elles forment un pentagone irrégulier. Dans d'au- tres , elles sont disposées de manière qu'elles se trouvent dans deux lignes parallèles , trois devant et trois der- rière. Une chose encore remarquable , c'est que parmi ces poissons , il s'en trouve qui ont, outre les cinq taches noires, le dos tacheté de blanc. Comme on trouve quelquefois de ces poissons où les taches manquent , je ne saurois décider si cette différence vient de l'âge ou du sexe , ou si ce sont deux espèces différentes. i. À m 5 H DE LA TORPILLE. Si Ce poisson habite presque toutes les mers. Pennant Va trouvé en Angle- terre , Réaumur sur les côtes du Poi- tou , sur celles d^Aunis et de Gasco- gne , Brûnniclie à Marseille , Loren- zini à Livourne, Celli en Sardaigne, Kœmpfer dans le golfe de Perse, Fors- kaol dans le Nil , Atkins en Guinée , Kolbe au Cap de Bonne-Espérance , Labai en Afrique , Fermin à Surinam , et Anson dans la mer du Sud. Les tor- pilles qu'on trouve dans la Méditerra- née, ont sur le côté supérieur une couleur d'un rouge foncé , comme si elles étoient couvertes de brique. Celles de la mer du Nord sont d'un gris brun ; mais dans ces deux eaux , elles sont blanches sur le côté infé- rieur. Ce poisson parvient à une gros- seur assez considérable , et pèse jus- qu'à dix-huit à vingt livres. Cependant ceux du Cap de Bonne-Espérance ne passent pas un quarteron. Celui que je I I m \ 1! <î 52 HISTOIRE NATURELLE possède est do la grandeur da dessin ci-joint. Hippocratc est lo premier qui fait mention de la torpille. Il la met' dans la classe des poissons mangeables , re- garde sa chair comme un aliment sain , et conseille de la manger rôtie lors- qu'on est attaqué de l'hydropisie qui provient de l'obstruction du foie. Cet auteur ne parle point de l'engourdis- ', sèment qu'occasionne ce poisson à ceux: qui le touchent. Mais Platon qui éloit presque son contemporain, a cbnnu ses effets électriques ; car en faisant parler Socrate avec Menon, il lui fait dire : Tu m'as étourdi par les ohjec'- lions, comme la torpille , poisson lar^e de mer, étourdit ceux qui la touchent de près, Aristote parle de la torpille en plu- sieurs endroits de ses ouvrages. Il re- marque entr'autres , que par la pro- priété que ce poisson a d'engourdir les animaux qu'il touche ; il étourdit les DR lA TORPtLLK. 53 poissons qui nagent près de lui, et s'en empare duns cel état. Thtîophraste , disciple d'Arisloto , semble avoir eu une connoissancc plus étendue que son maître sur les pro- priétés de la torpille ; car Athénée rapporte que Théopliraste a soutenu dans son ouvrage sur lej animaux, ve- iiimeux ^ que lorsqu'on touche ce pois- sou avec, un bâton ou avec un h; ^pon , on ressent un engourdissement. Tiphilus en savoit plus sur la tor- pille que ses prédécesseurs ; csv il dit dans ses vers à Nicandre , que ce ne sont pas toutes les parties de ce pois- son qui ont indistinctement la pro- priété d'engourdir les personnes ou les animaux avec lesquels elle est en con- tact. Cette observation a été confir- mée par les naturalistes modernes y mais elle met beaucoup ie difficultés à l'explication des effets électriques de ce poisson. liero d'Alexandrie remarque déjà, / r % ! , IJ m ï i I 54 HISTOIRE NATURELLE que les secousses produites par la tor- pille , sont transmises et propagées par le cuivre , le fer et d'autres corpvS solides. piine , qui parle en plusieurs en- droits de la torpille dans son histoire naturelle , rapporte que Fengourdis» sèment ou le choc qu'elle produit , se propage par de longues verges ou des harpons. Mais lorsque cet auteur dit que le contact de ce poisson rend per- clus les membres de ceux qui le tou- chent, et que les muscles les plus forts deviennent impropres à leurs fonc- tions par un seul attouchement , il faut avouer qu'il a beaucoup exagéré les effets que produit la torpille. La phy- sique moderne nous fournit de sembla- bles exagérations , et sur-tout le phy- sicien qui é.prcuva le premier la com- motion électrique , puisqu'il prétcn- doit avoir été malade pendant plu- sieurs purs. Il assura qu'il ne vou- droit pas pour tout le royaume de II •■•-■(..!t»«3f^.lC'' DE LA TORPILLE. 55 France , en éprouver une seconde. Flutarque, qu'on ne met guère au nombre des naturalistes distingués , semble avoir mieux connu les proprié ^ tés dé la torpille que tous ses prédé- cesseurs ; car il raconte que ce poisson fait éprouver des secc asses non-seule- ment aux corps qui le touchent immé-« diatement , mais encore aux bras des pêcheurs qui le prennent dans des filets. Quand cet observateur rapporte que lorsqu'on verse seulement de l'eau sur le corps de ce poisson, après l'avoir péché, l'on éprouve une commotion j cela ne peut avoir lieu que lorsque le jet de Peau qui tombe sur le poisson est non -interrompu jusqu'à la main; car alors il forme un corps conducteur qui établit une communication entre le poisson et l'homme. Cette circons- tance n'a pas été observée par l'au- teur; ainsi si elle n'a pas lieu, il est impossible que le choc se propage du poisson à l'homme. Le même auteur } i ?f ï (t J ' .*: ■■-rii As Jm h 5G HISTOIRE NATURELLE rapporte encore que la torpille par ses effluves, qu'il compare à des flèches, agit cPabord sur l'eau, et seulement par son intermède sur les poissons qui se trouvent autour d'elle , et qui lui servent de proie , étant engourdis par-là et refroidis à un degré qui ne leur permet plus de se mouvoir. Parmi les anciens , Oppian est celui qui semble indiquer avec le plus de précision l'endroit où se trouve la ma- tière qui engourdit les animaux qui touchent la torpille j car il dit que les effluves sortent des côtés (i). (i) Voici ce (^vi'l en dit: Natura torpédo datum , proprium quoque membris. Hœc gravis et mollis, sunt nullœ in cor- pore pigro Vires , et nimiumpremitur gravitate : na- tantem Non credas : liquidis ita clam suhrepit in undis. yft duo se tollunt distenta per ilia rami , I i M t > DE LA TORPILLE. 1( 57 anciens fussent très à pori ée de faire des observations sur le phénomène intéressant qu'offre la tor- pille par l'engourdissement qu'elle occasionne aux personnes qui la tou- chent , on ne trouve guère dans leurs ouvrages que des récits plus ou moins exagéras , comme on peut le voir par ce que nous avons rapporté ci-dessus. Comme ils n'avoient aucune idée de l'éleclricité , ils attribuoient les causes de cet engourdissement à des exhalai- 3ons des particules refroidissantes ou à des corpuscules venimeux. Mais lors- que l'art de l'observation eut fait en- Qui fraudem pro rohore haheni , pisceni- que tuentur. Quos si quis tractât , perdit per memhra vigorem , Sanguine concreto rigidos nec comniovet art us. Volvuntur subito contracta in corpors vires* Alieticon. lib. 2, v. 63. I 1' éâ i ^ l l ! ^' 58 HISTOIRE NATURELLE suite quelques progrès , on crut pou- voir attribuer cette action à une cause mécanique. Borelli,LorenzinietRéau- mur ont écrit sur cette matière ; mais les ouvrages de ces savans ont seule- ment prouvé que les explications les plus ingénieuses ne sont pas toujours les plus vraies. Réaumur rapporte que Rédi,Péranlt et Lorenzini croient, que comme le feu envoie quantité de corpuscules propres à nous échauffer , de même la torpille envoie quantité de petits corps propres à engourdir la partie dans laquelle ils s'insinuent ; soit parce qu'ils y entrent en trop grande quan- tité , soit parce qu'ils y trouvent des routes peu proportionnées à leurs lîgu* res. Mais Borelli regarde l'émission de tous ces corpuscules comme imagi- naire , et dit que lorsqu'on touche la torpille , elle est agitée elle-même d'un si violent tremblement, qu'elle cause dans la main qui la touche ; un engour«> lL.^r\ [ r'ï < •\Mfci ►*>^ii?<>*««r' DE LA TORPILLE. 5y clissement douloureux. Réaumur con- sidéra attentivement la torpille , pour tacher de démêler à laquelle de ces deux opinions il devoitse ranger ', mais il ne s'apperçut jamais qu'elle fût agi- tée elle-même d'un tremblement lors- qu'elle étoit prête à engourdir. Ce der- nier prétend avoir trouvé cette méca- ni qu e dans de certains cyli ndr esqui con- tiennent une matière molle , semblable à de la bouillie , de laquelle provient l'engourdissement que ce poisson fait ressentir à ceux qui le touchent. Une découverte en amène ordinai- rement plusieurs autres : celle de l'élec- tricité donna la solution de différens problêmes qu'on avoit tenté inutile- ment d'expliquer par des agens alors connus. On ne découvrit la présence du fluide électrique dans la torpille, qu'a- près avo'r travaillé assez long-temps sur l'électricité. M. Walsch est le premier qui ait démontré clairement celte propriété \ • ■'1 ^^ i, II «^ A} Oo HISTOIRE NATURELLE dans ce poisson. Il a fait becuconp ^expériences là-dcssas. Mais cummo les premiers essais furent faiîs sar une torpille qui étoit priser 'lepuis qi^olque temps , et qui pir co.ist^tjMeml jloit affoiblie , cel«. peut avoir diminué les phénomi nés au point qu'il n'en a res- senti les effe'/^' que légèremen , ei seu- lement dans le doigt avec lequel il toii- choit. Entre près de Jeux ;jenl3 essais, il n'arriva qu'une seule fois que l'effet s'étendit jusqu'au coude ; mais il ne parut aucune lumière ïii étincelle, et les secousses n'étoient que foibles. Les expériences suivantes ont été faites par ce célèbre pL ysicien, 4 ère expérience. Quatre personnes se donnèrent les mains ; celle qui étoit au bout de la ligne qu'elles formoient , toucha le dos du poisson, tandis que celle qui étoit à l'autre bout toucha en même temps le ventre ; elles éprouvè- rent toutes une foible comme tion. 2e expérience. De deux personnes qui WM^^ DE LA TORPILLE. Cl communiquoient ensemble par un fil d'archal , l'une toucha la partie supé- rieure du poisson , et l'autre la partie inférieure ; elles éprouvèrent toutes deux la commotion : ce qui n'arriva pas, lorsqu'au lieu de les faire commu- niquer par du métal, on les mit en communication avec du verre ou de la cire à cacheter. 3^ expérience. Lorsqu'une personne touchoit le poisson, et étoit touchée par une autre personne . elles éprou- voient toutes deux quatre à cinq com- motions successives , qui , quoiqu'on général foibles , étoient de la même force et provenoient de la même place de la surface du poisson. 4^ expérience. Lorsqu'on touche le poisson avec des corps électriques ou non conducteurs , son corps reste en re- pos, à l'exception de ses yeux qu'il fer- me en les serrant, llparoît par-là qu'il fait le même efiPort pour donner le choc aux corps avec lesquels on le touche ; Poissons. IX, (i -^.T. I \ f 1 \ 6a HLSTOIRE NATURELLE mais que les corps originairement élec- triques s'opposent à sa propagation. Outre ces expériences , M. Wals a encore fait les suivantes à Pile de Ré , avec des poissons récemment pris. 5*^ expérience» Une personne qui sai- sit le poisson, en le touchant en même temps des deux côtés, éprouva au moins dans l'espace de quarante se- condes cinq commotions successives. Cette expérience , jointe à quelques autres , fait connoître que chez ce poisson l'électricité ne s'accumule pas par degrés et successivement , comme cela a lieu lorsqu'on charge une bou- teille de Leyde , et qu'elle n'en est pas retenue jusqu'à ce qu'elle ait acquis un certain degré de force , pour se dissiper en un moment. Mais au con- traire , par une prc-priété particulière du poisson , son électricité se condense dans l'instant de l'éruption ; ce qui sert à expliquer d'où, vient que dans les commotions les plus fortes l'on n'a U v_ nâ DE LA TORPILLE. ^3 appel ça aucune lumière , ni des phé- nomènes d'attraction et de répulsion. Il semble en général que ces effets sont produits par le rétablissement de l'é- quilibre de la matière électrique con- densée, comme cela a lieu dans la dé- charge de la bouteille de Leyde. Les expériences faites avec la peau du pois- son, prouvent qu'elle n'est qu'un très- mauvais conducteur , quoiqu'elle soit , relativement à l'électricité du poisson , un bien meilleur conducteur que la plus mince lame d'air. 6« expérience. Une torpille en vie fut mise sur une table ; autour d'une autre table il y r.voit cinq personi'es qui se touchoient ; on avoit suspend i à des fils de soie au plafond de l'appar- tement deux fîîs de laiton de treize pieds de longueur ; l'extrémité d'un de ces filsreposoit sur un linge mouillé , où le poisson étoit étendu , tandis que l'autre donnoit dans un baquet v::ir - pli d'eau posé sur Fautre table , où 1 on -' ri I I i^'-JÉI^ I vl \ I I : 64 HISTOIRE NATURELLE avoit encore mis quatre nouveaux ba- quets également remplis d'eau. La première personne mit le doigt dan» le baquet auquel communiquoit le fil d'arclial , et chacune des autres per- sonnes mit aussi le doigt dans un des aaL»c.^ ijcique'-: et étant placées do cette façon toutes en communication , on fit entrer dans le dernier baquet une extrémité du second fil de laiton sus- pendu au plafond , tandis que M. Wals toucha le dos du poisson avec l'autr© extrémité j les cinq personnes qui se trouvèrent dans le cercle de commu- nication , éprouvèrtiù une comi o- tion , qui ne difiPéroit en rien de cc'*9 que fait éprouver la décharge de la bouteille de Leyde, sinon qu'elle étoit moins forte. Cette expérience fut ré- pétée avec le même succès sur huit personnes qui formoient le cercle de communication. y^ expérience. Un poisson large fort disposé à donner des secousses , fut iii*r' DE 11 TORPILLE. fi5 saisi avec les deux main» , de façon qu'on toucha ses organes électriques en même temps en haut et en bas; en- suite il fut plongé et retiré de l'eau plusieurs fois de suite , aussi vite que possible , à la profondeur et à la liau- tcnr d'un pied. Toutes les foi s qu'on le plongea , il donna une forte seconsso au moment où sa partie inférieure touchoit la surface de l'eau , et une plus forte secousse toutes les fois qu'on l'en tiroit. On a remarqué que lors- que le poisson sortoit de l'eau, il cour- boit son corps comme s'il faisoit un effort pour s'échapper. Outre les se- cousses que donna le poisson en passant alternativement de l'air dans l'eau et de l'eau dans Pair , il en donnoit en- core au moins deux lorsqu'il étoit en- tièrement dans l'air , ou tou-t-à-fait plongé dans l'eau. Ces dernières se- cousses parurent , autant qu'o^n put en juger, n'avoir environ que le quart de la force de celles que le poisson don- IV <[ .KSrste", 66 HisTOiiiE ^^^7'aRTiLB noît en sortant de l'eau. Quoique l'on n'ait pas mesuré le temps à la montre, on peut juger que le poisson donna environ vingt commotions en une mi- nute, et près de cent durant l'expé- rience. La différence qui se trouve entre les commotions , suivant que le poisson est entièrement on en partie dans l'eau , ou entièrement dans l'air , fait connoître que la charge de la matière électrique n'est qu'une chose momen- tanée. 8^ expérience. On mit une torpille dans une corbeille , qu'on couvrit d'un filet à grandes mailles ; ensuite on la plongea dans Peau à la profondeur d'un pied ; après quoi on passa le doigt à travers le filet , afin de toucher les organes électriques du poisson , en mettant un doigt de l'autre main dans Tcau , à une certaine distance de la corbeille*, ce qui fit éprouver une com- motion très - marquée dans les d«ux ri i DE LA TORPILLE. 67 mains de la personne qui fit celte ex- périence. g^ expérience. Lorsqu'on touchoil en mcrae temps avec le pouce et un doigt de la même main dans deux endroits du même organe, 011 éprouvoit une commotion qui sembloit être deux fois plus forte que celle qu'on avoit res- sentie dans l'expérience précédente. / 0^ expérience. Ayant remis le pois- son dans la corbeille, comme dans l'ex- périence précédente, on le plongea à la distance de trois pouces sous la sur- face de l'eau , et une personne le tou- cha sous l'eau avec une baguette de fer , qui étoit assez longue pour sur- passer environ d'un pouce la surface de l'eau , en tenant en même temps Vautre main à une certaine distance du poisson j ce qui fit que cette per- sonne éprouva une très-forte commo- tion , qui fut transmise par le fer. 14° expérience. Ayant suspendu à une ficelle de chanvre humide la ba- I 1^1 **>*s*X».,à5i*.._ s I t. 'i ;.J 68 HISTOIRE NATURELLE guette de fer de rexpérience précé- dente , on la tint hors de l'eau , et ap^ prochant du poisson Tautre extrémité de cette baguette , on éprouva égale- ment une commotion , et le clioc fut transmis par les deux corps. # 2^ expérience. Après avoir mis une petite et foible torpille dans un petit iilet , on la plongea et la retira de l'eau alternativement. Toutes les fois que le poisson touchoit la surface de l'eau , la personne qui tenoit le filet , éprouva de foibles commotions. Il s'en- suit de là : 1 °. Que des corps plongés dans l'eau: reçoivent des chocs par leur contact immédiat avec le poisson. 2°. Que plus le cercle d'activité de l'électricité du poisson esïî borné , plus les effets en sont considérables. 3". Que le poisson étant dans l'eau y peut donner, par la communication de différons corps, des commotions à des personnes qui se trouvent à l'air. DE LA TORPILLE. 69 iS^' expérience. Quatre personnes touchèrent chacune en même temps la partie inférieure et supérieure du poisson , et toutes éprouvèrent des secousses. Deux personnes propagè- rent de la même façon Pélectricité qui étoit conduite par un fil d'archal qui donnoit dans un bassin , et communi- quoit par deux difFérens canaux avec un autre bassin rempli d'eau , où ces deux fils se réunissoient en un fil , qui propagea également la secousse. On ne ^auroit décider combien de fois le cer- cle de communication peut être inter- rompu de cette façon avant d'empê- cher le passage du choc. Ce qu'il y a cependant de très-certain , c'est que plus ce cercle est étendu, plus la force du choc diminue. Tout ce que l'on a reconnu relativement aux parties élec- triques de la torpille est : 1°. Que toute son électricité semble être renfermée et produite par ses «lobbies organes j et que les autres par- <«¥»■■■«■', 70 HISTOIRE NATURELLE ties de son corps ne servent que de con- ducteurs à cette électricité. * 2°. Que l'effet des organes électri- ques du poisson semble être dépendant et subordonné à sa volonté. 3°. Qu'il n'est pas encore décidé si, comme cela a lieu à l'égard des autres parties doubles des animaux, la tor- pille peut mettre en action un de ces organes séparément , ou si l'effet est toujours produit par la réunion des deux organes. 4°. Que la partie inférieure et supé- rieure de ces organes peut , par leur propre force , passer de l'état de non- électricité à celui d'électricité positive ou négative , comme cela a lieu à l'égard de la bouteille de Leyde. 5°. Que les deux surfaces se cliar- gcnt de même d'une électricité oppo- sée, et que la personne ne reçoit au- cune commotion lorsqu'elle touche dans le même temps les deux organes. 6°. Que la commotion a toujours .-ifl^i«V , DE LA TORPILLE. 7I lien lorsqu'on établit une communi- cation de corps conducteurs entre le dos et le ventre du poisson. 7°. Que les parties qui entourent les organes électriques du poisson, leur servent plus ou moins de con- ducteurs. Une personne qui touche avec deux doigts la même surface d'un ou des deux organes, n'éprouve pas la moindre secousse j mais dès qu'elle porte un doigt sur une des parties qui entourent l'organe électrique , elle éprouve la communication, quoique bien plus foiblement que quand elle est produite par le toucher des deux surfaces opposées de l'organe. 8°. Que les parties du poisson qui conduisent le mieux l'électricité , sont la nageoire de l'anus et celle du dos, qui entourent et touchent extérieu- rement ses organes électriques, et celles qui se trouvent intérieurement entre lesdits organes. Mais tout ce qui se trouve sous les fibres transversales , nT«. .* !| 72 HISTOIRE NATURELLE semble ne pas conduire du tout l'élec- tricité. Lorsqu'on tire le poisson de Teau , il semble que l'électricité est conduite par le mucilage qui entoure la surface de son corps et par les glan- des qui le fournissent. 4 4^ expérience. Une personne ton clia avec un doigt l'organe d'un poisson , et avec l'autre celui d'un autre poisson , qui étoit peu distant du premier et étendusur un linge mouillé ; elle éprou- va successivement plusieurs secousses qui provenoicnt tantôt d'un poisson et tantôt de l'autre; ce que l'oti re- connut par les mouven^ens alternatif)) des yeux de ces poissons ^ qui, comme il a déjà été remarqué , se ferment su- jjitement, avec une certaine force, lorsque l'animal donne le choc. Il pa« roît s'ensuivre de cette observation, que les organes non chargés de matière électrique, sont des conducteurs, du moins extérieurement ; ce qui est aussi prouve par l'éleclricité artificielle élec- n de Q est Loure glaii- jnclia m, et isson , ier et îprou- ousses loisson jti re- rnatifs omme nt sa- bre e , 11 pa- ation , atière rs, du t aussi ficielle 1 DE LA TORPILLE. ^3 qu'ils transmeltent et par les étincel- les qu'où peut en tirer après les avoir électrisés artificiellement. L'électricité ne semble produire au- cun mouvement ou cliaugement par- ticulier dans les organes ; elle est seu- lement souvent accompagnée d'une légère secousse des parues qui en- tourent l'organe; ce qu'il est difficile d'observer quand le poisson est encore vigoureux ; mais lorsqu'il est épuisé par des secousses, et que ses muscles se détendent , on apperçoit à travers la peau les fibres. C'est alors qu'on peut faire cette observation. Il ne fut pas possible de conduire la matière par laquelle l'animal donne les commotions par la plus mince lamo d'air , ni par une chaîne mince suspen- due à côté d'une autre , sans leur con- tact immédiat , ni par une fente pres- qu'imperceptible que l'on avoit faite avec un canif dans une plaque de fer blanc enduite de cix^e à cacheter. Mal-* Poissons. IX. 7 ■'«*-'«*wv^ . % 7* HISTOIRE NATURELLE gré tous les soins qu'on prit , il fut également impossible d'apperceyoir la moindre étincelle ou lumière ni de jour ni de nuit. M. Tabbé Spallanzani , célèbre phy- sicien, a fait, il y a quelques années, de nouvelles recherches sur la torpille. Il a eu occasion d'en observer deux sur la Méditerranée. Ses observations s'ac- cordent avec celles de M. Walsh. Il a reconnu , comme ce savant , que la sen- sation occasionnée par la torpille est très-différente d'un simple engourdis- sement; il a vu aussi que lorsqu'on la place sur une lame de verre , elle donne un coup beaucoup plus fort; mais il n'a pas été plus heureux que lui pour découvrir l'étincelle au moment du choc. Cependant il n'hésite point à re- garder tous les phénomènes que pré- sente ce poisson , comme un effet de l'électricité : il appelle par- tout rom- motion le coup qu'il lance. Il se fonde à cet égard sur la parfaite ressemblance I â ««-^- il fut roir la ni de Bphy- [inéea , )rpiîle. nx sur ns s'ac- sh. Il a ' la sen- ille est ourdis- [u'on la 3 donne mais il ui pour lent du nt à re- ue pré- effet de lut com- \e fonde nblance DE LA T O R P I 7. T, E. 'il 7' delà sensation qu'il occasionne, avec celle que fait éprouver la bouteille de Leyde, et sur la plus grande force du choc , lorsqu'on place la torpille sur une lame de verre; mais il n'entre- prend point d'expliquer quelles sont les modifications que le fluide électri- que subit dans le corps de cet animal , et comment il y est rais en jeu. Comme il n'a eu en sa possession que deux torpilles , il n'a pas pu répé- ter toutes les expériences que M. Walsh a exécutées , mais il en a fait quelques- nnesqui lui sont propres. «En irritant )) le dos de la torpille , j'obtenois , dit- )) il , la secousse , soit qu'elle fût hors )) de l'eau , soit qu'elle y fut plongée. 1) La secousse se faisoit sentir ou à une » seule main , ou à toutes les deux , )) suivant que j'en appliquons ou une )) seule, ou l'une à l'autre sur le dos da n poisson. Si, au lieu d'irriter le dos, » je piquois légèrement la poitrine , jo 5) recevois également une commotiorj ^ ,S)Si^- A».,---..'*a.>fi 76 HISTOIRE NATURELLE }> mais pas aussi fréquemment qu'en » piquant le dos. Si j'irritois le dos » d'une main , et la poitrine de Pau- y) tre , celle-là recevoit la commotion , 51 et non pas celle-ci. Mais lorsque fir- 3) ritois le dos avec deux doigts d'une )i main , et avec les huit autres doigts n la poitrine , alors c'est du côté de la )) poitrine que partoit la secousse. J'ai » obtenu tous cesrésultatSjsansm'èlro » jamais isolé, et il étoit aussi indif- 5) féreut que le poisson le fût ou ne le 3) fût pas J'ai rapporté cette suite 3) de mits , non pour contredire la belle )) théorie des deux états difierens d'é- >» lectricité découverts sur la torpille )) par M. Walsh , mais pour la sou- 3) mettre au jugement des phyvsicicns v qui cultivent celte branche nais- » santé d'expériences physiologico^ tt électriques îi. Quelques minutes avant que les tor- pilles expirassent , elles offrirent à l'auteur un fait assez curieux. Les se- ■4 \ ;■■ t * 1 -"^■"^«.rsftjl»- ■ DE LA TORPILLE. 77 Causses ne se firent plus sentir alors , comme auparavant , par intervalles : f !' -*sse changèrent en une batterie con- tir.uelle de petits coups assez légers. « Supposez , ce sont ses termes , que » que j'eusse sous les doigts un cœur )) actuellement en pulsation , et vous )) aurez quelqu'iuée de ce phénomène M bizarre , à l'exception que ce coeur )) n'auroit produit sur moi aucune sen- » sation doulo». reuse, là oi!i ces petites )) secoussesoccasionnoientsurmamain )) une véritable douleur, qui ne s' étcn- » doit pas au-delà des doigts. Labatte- » rie dura sept minutes-, et pendant 3) ce court espace de temps , mes doigts )) ressentirent trois cent seiza secous- » ses ; puis elles s'interrompirent , et Yi alors je n'ép' juvai plus que quel- » ques secouss.-^s ianguissantes toutes )) les deux ou trois minutes , jusqu'à » ce que la torpille fût morte îi. M. Spallanzini nous apprend en- core cet autre fait intéressant , que i/i 1/ 78 HISTOIRE NATURELL!' la torpille est capable du donner la se* coussc électrique^ 7onseulement lors- qu'elle est née et qu'elle nage dans l'eau I mais aussi lorsqu'elle est encore comme fœtus, renfermée dans'lesein maternel. Il en disséqi«a une à l'ins- tant où elle venoit d'expirer : c'étQÎt une femelle. Il vit dans son ovaire des œufs presque ronds et de difl'érentes grandeurs ; et en ouvrant deux vais- seaux qui aboutissoient au rectum , il trouva deux fœtus parfaitement for- més, qu'il détacha de leurs envelop- pes, et qu'il soumit aux mêmes épreu- ves qu'il avoil faites sur leur mère. Ils lui donnèrent une véritable secousse^ petite à.la vérité , mais très-sensible , et qui le devint plus encore lorsqu'il les isola sur une lame de verre. Il faut remarquer que la torpille ne cause pas toujours des comniotions , et que lorsqu'elle est tranquille , oa peut quelquefois la manier assez lang temps sans ressentir aucun eâet *, mais que %ki' niji;i«»iit^intinfp>i> T)E LA TORPILLE» 7^ lorsqu'elle est irritée, ou qu'elle veut échapper , elle décharge alors sa ma- tière électrique. On peut résoudre de- là 1h dilTérence qui se trouve dans les observations de divers auteurs. Car Kolbe et \S dus éprouvèrent uuo commotion ^ n laiitla torpille avec un bâton. ^ '>son et Moore n'ont ressenti aucun t en la touchant aussi avec un bàtuu. Atkins la mani.i peutlant un jour entier, sans recevoir la moindre secousse. Lorenzini etlléau- mur l'ont aussi touchée assez long- temps avant que de recevoir le pre- mier choc. Au reste, on mit une tor- pille parmi d'autres poissons vivans qui étoient dans un vaisseau ; mais ils ne furent ni engourdis , ni eudomma- gés de la moindre choses. La torpille se tient dans Tes fonds vaseux et sablonneux. £llc vient aussi sur les bards, et se eache dans le sa^e. Alors elle a beaucoup plus de vigtienr tpe lorsqii'elle est dans Feau. Qar les "^^^n?^ ^»^- ^ IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) P^M /a '>W '/ 1.0 l.l U |2B |2.5 1^ U |2.2 110 111112.0 L25 il 1.4 il 1.6 Hiotographic Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 873-4503 /^O \ 1 I 80 HISTOIRE NATURELLE pêcheurs anglais cli8eiit,que lorsqu'ils passent , par itr accident imprévu , sur une torpille , ils reçoivent une si forte commotion , qu'ils eu tombent par terre. Selon Kœmpfer , les femelTea font ressentir de plus fortes secousses que les mâles. Elle vit des poissons qu'elle engourdit lorsqu'ils nagent au-, dessus d'elle , et s'en empare quand ils sont dans cet état. Elle aime sur-tout les loches de rivière ; car Kœmpfer en a souvent trouvé dans son estomac. Comme la torpille a le corps large et les nageoires étroites, elle ne peut na- ger que fort lentement ; or , si elle n'avoit pas la qualité d'engourdir les autres poissons , elle ne pourroit que rarement s'emparer de sa proie. Elle re sert de cette qualité , non-seulement pour se procurer de la nourriture , mais aussi pour se défendre. Voilà pourquoi Cicéron dit que la torpille se sert de sa propriété d'engourdir, com- me le taureau se sert de ses cornes, le *-i«i^î DE LA TORPILLE. Si sanglier de ses défenses , et la sèche de sa liqueur noire. Le Créateur a donné à toutes les autres espèces de raies des pointes qui couvrent leur surface , et sur-tout leur queue , qui est longue et mobile. Celle dont nous parlons est privée de ces armes ^ et il l'en a dé- dommagée par cette qualité singulière. Qui n'admireroit pas ici la sagesse in- finie du Créateur ! Ce poisson a la vie dure, et dans un temps froid, il ne meurt qu'au bout de vingt - quatre heures. On le prend avec des filets et à un hameçon auquel on attache un poisson. La torpille fait éprouver des commotions à ceux qui la pèchent. Voilà pourquoi les pêcheurs du Cap de Bonne-Espérance évitent soigneu- sement de lu toucher , et leur crainte va si loin , que s'ils en apperçoivent une dans leur filet , ils aiment mieux le renverser et rendre toute la prise à la mer , que d'amener la torpille sur le rivage. Selon Aristote, elle ne fait f i «a HISTOIRE NATURELLlî ses petits qu'en automne. La torpille se multiplie de la même manière que les autres espèces de raies. Cependant comme on a trouvé au mois de sep- tembre y dans des raies de cette espèce des'petits parfaitement formés, et avec cela , des œufs fort peu développés, il est vraisemblable qu'elle ne fait pas tout d'un coup ses petits , mais seulement ' peu à peu , comme les autres espèces. Sa chair est molle et limoneuse. Ga« lien dit qu'elle est fort aisée à digérer; mais Rondelet dit le contraire. De nos jours , il n'y a que les gens du peuple qui la mangent. Selon Galien,sa chair est salutaire aux personnes qui sont attaquées du hao* «nal ; appliquée vi- vante sur la têti. Je guérit les maux de cette partie. Selon Dioscoride^ elle guérit aussi les rhumatismes , quand on l'applique sur la partie malade. Les nouvelles expériences qu'on a faites de nos jours avec l'électricité , prou- vent qu'une commotion de cette na- ^*>liii|^,j)WS»; DE LA TORPILLE, ture contribue h résoudre les humeurs arrêtées, et qu'elle peut appaiser la douleur. Les Abyssins se servent de la torpille pour guérir la fièvre. Voici comme ils usent de ce remède : ils lient le malade fort serré sur une ta- ble; ensuite ils appliquent le poisson successivement sur tous ses membres. Cette opération met le malade à une cruelle torture ; mais elle le délivre sûrement de la fièvre. Les Ethiopiens se servent aussi de ce poisson pour le même but. ' ^ " Kœmpfer et Lorenzini ont fait des observations si intéressantes sur les parties internes de la torpille , qu'elles méritent de trouver place ici. Le premier , en disséquant une tor' pille femelle , trouva la peau épaisse , la chair blanche , entremêlée de bleu ; le péritoine ferme, et les vertèbres du dos cartilagineuses, et s'étendant vers la queue. Il ne vit aucune de ces pointes latérales qu'on nomme arèles : n ■ ; ■! n 'k "v'TS ■■ ' ~* -r '-*,. ^ . in«i>i.iilM If t. I > 1' 84 HISTOIRE NATURELLE mais à la place y il découvrit des (en* dons qui sortoient des vertèbres. Le cerveau avoit cinq paires de nerfs, dont la première se dirigeoit vers les yeux y et la dernière vers le foie. Les autres prenoient différentes directions, assez près de leur origine. Le cœur , qui étoit situé dans l'étroite cavité de la poitrine , avoit précisément la for- me d'une figue. L'abdomen avoit un large ventricule , fortifié de plusieurs fibres, et rempli d'excrémens noirs et puans. Il avoit plusieurs veines , dont l'une , qui étoit fort grosse , s'étendoit jusqu'au lobe droit du foie, et s'en- tortilloit autour de la vésicule du fiel. Le foie étoit d'une substance épaisse, d'un rouge pâle , et composé de deux lobes , dont l'un remplissoit toute la cavité du côté droit, et l'autre ,' qui étoit à gauche , mois plus petit , lais- soit voir une veine enflée de sang noir. On pourroit prendre ce second lobe pour la ratCi s'il n'étoit pas joint au ' 5 DE LA TORPILLE. 85 petit isthme qui est au-dessous de la poitrine, et s'il n'étoit pas de la même substance et de la même couleur. Après avoir vidé les intestins et les ventricules , il découvrit près du dos un sac mince et transparent , mais iné- gal et tortu, plein de petits conduits , auquel tenoit une substance charnue, qui ressembloit beaucoup aux ailes de la chauve-souris : c'étoit l'utérus ou l'ovaire. Il trouva plusieurs œufs posés sous le lobe gauche du foie. Ils n'étoient pas renfermés dans une coque , mais dans une mince pellicule de couleur de soufre pâle ; du reste , ils ressembloient exactement aux œufs de poule. Ils na- geoient dans une liqueur mucilagi* neuse et transparente. Us étoient ren> fermés dans une membrane commune^ mince et transparente , attachée au foie. Le dernier , étant à Livourne , eut occasion de faire la dissection d'une très- grosse torpille , dont le bas-ven- Poissons. IX. 8 I «' A -'vy*- ' l''f^fl%1-^.'JIiVi«^»J^ n ( / I /l 86 HISTOIRE NATURELL13 tre éloit fort gonflé. Uayant ouverte , il trouva dans les deux matrices des fœtus parfaiterlient formés. La peau des matrices étoit si mince, qu'il pou- voit reconnoîtro la figure des foetus avant de faire l'ouverture. Chaque ma- trice contcnoit un poisson assez grand. Les petits avoient la tête tournée du côté de l'ouverture de la matrice , et nageoicnt dans une eau claire et salée. On voyoit dans cette eau beaucoup de mucilage qui n'avoit aucun goût. Il trouva une semblable matière dans la bouche, l'œsophage et l'estomac. L'œuf qui donnoit la nourriture au petit , pcndoit hors de son bas- ventre , en formant un sac qui se terminoit en un canal de la grosseur d'une plume de poule. Ce canal , après avoir percé les muscles abdominaux , s'élargissoit en forme de sac , et aboutissoit au boyau qui transmet la matière qui sert à sa nutrition. Ce boyau étoit rempli en partie de la matière jaune qu'il reçoit M DE LA TORPILLE, 87 de l'œuf, et en partie d'une substance semblable à celle qui nageoit dans l'es- tomac. Comme cette matière se trouve dans diiférens endroits, on peut con- clure de-là, qu'outre la nourriture que le poisson prend par le vaisseau ombilical , il en reçoit aussi par la bou- che ; ce qui est contraire à l'opinion de ceux qui prétendent, que tant que le fœtus est dans le ventre de la mère^ il ne reçoit uniquement de nourriture que par ce vaisseau. Ce poisson se nomme : Zitterfisch et Zitterrochen , en Allema» gne. ^ Krampfisch , Stompvisch , Ziddervisch et Trillroch, en Hollande. Crampfish , electric Ray et Torpédo , en Angleterre. Viola , en Portugal. Torpille , Torpède , en France. Tremble et Dormiggliosê , à Bordeaux , sur les côtes de Poitou , d'Aunis et de Gascogne. \i li f mmK-^M.',^ .a*K>^ , .^1 «8 HISTOIRE NATTOELLE Estorpijo , Tnmouleti, DormigUose , à Marseille. - li- - no.l f.- , Torpedine , en S9Lvàa\gnt, ^ Sgrampho , à Venise. Tremorize , Batte Porta , à Gènes. Occhiatêlla , à Rome. Para, au Brésil. Crampe , au Cap de Bonne - Espé- » r , l*r J i:v'(,n tii\ : rance. Lerzmachi, en Perse. Riad, en Arabie. Belon a fait deux espèces de la tor- pille tachetée et non tachetée , et en a donné le premier des dessins assez bons pour son temps. Rondelet les a multipliés sans nécessité , et en a for* mé quatre espèces qu'il a fait dessiner. Gesner les a copiés et augmentés de quelques nouveaux dessins , mais très- mauvais. Ensuite Aldrovand a imité Belon ) Jonston et Klein , Rondelet. Willughby n'en fait qu'une espèce , de même que Salvien j ce que Rai , Ar- tédi et Linné approuvent avec raison. y ,.v M DE LA TORPILLE. ^9 .Pline prétend que lorsque cc'poisson est pris dans le temps que la lune est dans le signe de k balance , et qu'on l'a gardé trois jours en plein air, il facilite les accouchemensdes femmes. Cotte opinion n'a pas besoin aujour- d'hui d'être réfutée. -\ \> h 1 i> '■ , ' * ; '' -'" ' ,rr. » ¥■:■ , - ^. ..,. . , ) 1 « » « *' t ' f n 1 1 * '-f # ■ «. I =. î -.4'' ♦ *i I , ^« « t j - " i^ *■• --• -*■ -■ V. ■ ,* W •5 '•.-'■ ' t» ' * 1 . r I • y,' r i il l ■'( : 90 MI8TOIHB NATURELLE LXXX" GENRE. ) ; * » I / • ( ( \ V LA LAMPROIE, PETROMYZON. Caractère générique» Sept ouvertures aux ouïes de chaque côté. LA LAMPROIE, PETROMYZON MARIN US. Plusieurs rangées de dents pointues disposées en cercle , séparées les unes des autres rt de couleur jaune , distin- guent la lamproie des autres poissons de ce genre. Outre ces rangées , on trouve sur le derrière une rangée droite de sept dents qui se tiennent. £n haut; on en remarque aussi deux ( i\ l l "Un • ' \\ t a, -^fs '^> V'.fi f*» ' \ • f f *'■ i»v»'>i t .-'sVM'H»' ^4«'t*if s-n^^ ^ ï,^ î.*.Mîni,-ti: ,1» 4'?*i^^'-ïtf:r, ^> - f ' % .iHl.a},K a*r .-t;^ j'> .i if. n Il K ^A .] ri';>^:>.ivr m*..^^.^ - fc.^ ■. M V u:: '■ !?**î' t; m-; rrsg3*î- ,1... .2i ^:. K." i.i ij .tS n e w I Kl ,f^ .t-.' -A >Aï t*< ..V ^-iis.-iifC «S! lî A i» H ^ r .V S: vv T* y» ,C 'f .*^ '*^ ,*■■ A' <•* ^ t i"ujr •''v .j'i';;^ :'({ . f^f ^■> ) i OVfK- i: l i *-• « î î:t^ '.rîî^ \ b r nantit . ih3i??;i" ^î'iîU, >ti '-«î » ^1- ' .1 ,f.-r >]i-:» îiJC. ^^w&iK' .-i'^s rajî;v;<-' , on <>>}v'^? %\ir ^*} d Vii ■ -• f" M » nu- ^1, U? --^Ivî 'Mnli .|î:i -e M .ii;:M V >i (.. t v< ii.:Mi; II. .*. . ■-: 4 ' i i' U s; Tom. LX Fag^e^ ^go J)pdwe de/--- .Cayuef ifculo ■ i. LA LAMPROIE . a La petite LAMPROIl^. îi. LE LMMPIULLON. 4, TAIjVSIPROIE ilpHaucr o . L'AVEITCtLE . g , 7 et 8 . détails de LAVRU(VI.F. m %. , l DE LA LAMPROIE. 91 grosses , et à la langue diverses autres en forme de scie. La lamproie peut s'attacher si fortement avec la bouche à des corps solides , qu'on a enlevé en Tair une pierre de douze livres , à la- quelle étoit attaché un poisson de trois livres , sans qu'il lâchât prise. La tête est d'un gris brun. Les yeux sont ronds; ils ont une prunelle noire, entourée d^un iris d'un jaune d'or. Quelques-uns ont aussi à la nuque une tache ronde et blanche. Le dos et les côtés sont verdâtres marbrés de bleu , et le ventre est blanc. Les nageoires dorsales sont brunes avec du jaune. La nageoire de la queue est bleuâtre. La lamproie habite la mer du Nord , d'où, elle passe au printemps dans l'Elbe , la Havel et la Saale , qui y communiquent. Les miennes ont été prises près de Spandau. Ce poisson par- vient aune grosseur considérable. Ce- lai dont je donne le dessin ^ avoit trois pieds de long; et pesoit trois livres. 11 ■ ^ l '" '^J.^:. . , ,- iv-^^ '■- -^..,.„..>. n.^J .■•••***** ■ 93 HISTOIRE NATURELLE pèse quelquefois quatre à six livres; et alors il est gros comme le bras. On le trouve aussi en Angleterre, en France, en Italie et en Amérique ; et Jove en a traité parmi les poissons du lac Claris. Il vit de proie, et multiplie beaucoup. Ses ennemis sont le silure , le brochet et la loutre. Sa chair est très-délicate *, et Galien dit qu'elle est de facile di- gestion. Cependant quand elle est gras- se , elle est lourde sur l'estomac. On attribue la mort de Henri i, roi d'An- gleterre , à un repas où il avoit trop mangé de ce poisson. > <* Au mois de mars , d'avril et de mai , quand il sort des eaux salées, sa chair est bonne ; mais ensuite elle devient dure et de mauvais goût. Peut-être est-ce à cause du bon goût de ce pois- son , que la ville de Gloucester est dans l'usage de faire tons les ans présent au roi d'Angleterre d'un pâté de lam- proies aux fêtes de Noël ; et comme elles sont très-rares dans cette saison , *^ ,*:"-'"" -^ DE LA LA.MPROIE. «.«|--1V*>*^^- v^> i i f ' ^ i\ > if f I ' j)4 HISTOIRE NATURELLE l'anus d ? '^ DE LA L AMP ROIE. 1)5 mnniquoit au cœur par un canal placé dans le milieu. La veine cave sortoit cle la partie la plus large du cœur. Le' péricarde étoit épais , fort et cartila- gineux. La conformation de l'ovaire est aussi remarquable. Dans le poisson que j'examinai , qui avoit trois pieds et trois quarts de long , l'ovaire tenoit presque la cavité du ventre, et con- sistoit en petits disques , ou plaques très-minces , qui étoient attachées en arrière le long de l'épine du dos , à un vaisseau comme à un lacet. Depuis le commencement du foie jusqu'à la moi- tié du ventre, il étoit situé devant le canal intestinal ; mais la partie infé- rieure étoit couverte par le dernier, qui avançoit en serpentant. L'ouverture de l'ovaire se trou voit au nombril au- dessous de l'anus. Elle étoit cylindri- que et saillante. Il pesoit deux onces trois quarts. Les œufs étoient cou- leur d'orange et de la grosseur des grains de pavot* ', mais quand ils furent If r 1 » ! t M! 1 -^ ' î ' î)<) HISTOIRE NATURELLE secs , ils étoient si petits , qu41 me fut impossible de les compter. Les reins n'étoient pas non plus comme dans les autres poissons ; ils ne commençoient qu'au milieu ; et au lieu de se tei'mi- ner à la vessie de l'urine , ils aboutis- soient à deux canaux qui aboutissent au boyau culier. ;r; On nomme ce poisson : ; ;:.,.- f! V if. >•'•« Lamprete , en Allemagne. * Zee^Lamprey , en Hollande. Lamprea , en Espagne. Lamproie , en France. hamptey et Lamprey-Eel , en Angle- terre. ^ . MusfiWa, dans l'île de Malte.' ^' Lampreda , en Italie. ^ Les caractères que Linné donne à la lamproie sont trop généraux ; car les deux autres espèces de lamproies ont aussi la nageoire dorsale séparée, et la bouche de la même forme. C'est à tort «us^i qu'il donne aux dents le nom de DE LA PETITE LAMPROIE. 97 verrue , puisque ce sont des substances osseuses. _., ^ L'auteur du Cours d'histoire nalU" relie, dit que Ton cherche en vain dans la Idniproie les organes de Vouie ; mais l'expérience m'a convaincu du con- traire. Quand M. de la Condamine ra* conte que la lamproie du fleuve des Amazones a une vertu électrique , il nie semble qu'il l'a confondue avec l'anguille tremblante. , LA PETITE LAMPROIE, PETROMYZON FLVVUTILIS. • ' * *♦■...,•( -' , ^ ■ .- - , t I ■ ■ • . . i c ■ .■•>;* * j A.' . *.4 ^ ; . ■ 2- ,■ ( . . ', ji i \ i it. ,^ 4. ^.^■'. Une seule rangée de dents placées circulairçment , est un caractère qui distingue la petite lamproie des au- tres espèces du même genre. Derrière celte rangée , on remarque en bas sept dents qui sont unies, et en haut deux, qui sont séparées l'une de l'autre. . La tête est verdâtre. La nuque et le dos sont noirâtres. Les côtés sont Poisson^. IX. 0 lu: 98 HISTOIRE NATURELLE jaunâtres , le ventre bleu et les na- geoires violettes. Cependant ces cou- leurs paroissent tantôt plus claires , tantôt plus foncées , selon la pâture du fond sur lequel le poisson 8é)onriie. Le long du corps, on voit plusieurs lignes qui s'étendent en travers et un peu en serpentant. Au bout de la tête, on remarque la trace d'une ligne laté- rale. Les yeux sont petits ; ils ont une prunelle noire , entourée d'un iris d'un jaune d'or. Cette espèce, qui n'a jamais guère plus de douze à quinze pouces de long, se trouve dans la plupart des rivières de l'Europe. On la trouve sur- tout en quantité dans la Marche de .Brande* bourg, en Poméranie , en Silésie et en Prusse. On les prend dans nos contrées près de Ciistrin, Oderberg, Riigen- walde, &c. Voici de la manière qu'on les prépare : après les avoir fait griller, on les met dans des barils par couches avec des feuilles de laurier ; des épices y, DE LA PETITE LA.MPROIE. 99 et da vinaigre. On les envoie ensuite dans tout le pays , en Saxe et dans les autres provinces voisines. Elles ne sont mangeables qu'en hiver. £n été , elles n'ont point de goût; elles sont dures , et ont de petites excroissances, que les pêcheurs nomment Tœade, Selon les observations de Muralto , il y a un cer- tain insecte, qu'il décrit, qui entre dans les yeux de la petite lamproie, les suce , et la rend aveugle. Dans le Bober et la Nisse , on ne les prend que depuis décembre jusqu'en avril ; car en été elles restent au fond entre les pierres. En Angleterre, on prend tant de petites lamproies , qu'on en vend tous les ans aux Hollandois quatre à cinq cent mille pour la pêche de la morue et du turbot , et cent mille sont transportées à Harwich pour le même usage. Au mois de janvier , on en prend en Courlande une grande quantité dans le fleuve Bausker , d'oii on les tire de dessous la glace avec des filets et par rOO HISTOIRE NATURELLK des trous qu'on y fait. Elles sont beau- coup plus grosses que celles des autres rivières. On les empaquette dans de la neige , et on les envoie au loin., Lors- qu'après cela on les remet dans de Feaa froide, elles se raniment et remuent de nouveau. *»» ' J't 'fÇ''r.''»|T{ Ce poisson passe au printemps de )a mer dans les fleuves , d'où il .'en re- tourne en automne. H vit a insectes , de vers, de petits poissons et de }a chair, des poissons morts. Il fraie en mars et en avril , et dépose ses œufs sur le bord des fleuves entre les pier- res. Il multiplie beaucoup. Parmi les poissons voraces , le silure est son plus terrible ennemi. La petite lamproie a la vie si dure , qu'on peut la conserver pendant quelques jours vivante hors de l'eau. On la prend depuis la S. Mar- tin jusqu'à Pâques , comme l'anguille, avec des louves , et aussi avec des filets j mais elle ne l- v • o^j aisément à l'ha- meçon. La p '..v:ï|>â c pêcho ae fait en ii DE LA PETITE LAMPROIE. lOi dccembrc.On ne trouve point de gra isse dans ]e ^as-veatre; cependant celle» que l'on prend en hiver , ont la chair douce ) ferme et de bon goût -, mais on ne la digère pas aisément. On prétend que le mâle est meilleur que \a fe- melle. Les parties intérîeures sont sembla- bles à celles de \a lamproie. Ce poisson est connu sous diiTérens noms. On le nomme : •*** Neunauge f Prike, en Allemagne. Nennauget , en Autriche. 4 Negen^Ogêji , enHanemsirck, . Nein-oga f Natting, en Suède. Steen^Sae, Lamprettê, Negen- Oyen, en Norwège. Cemeine Neunauge y Lamp-ette, en Li- voniei •■*-h ^^^ i.rj...^i^i.-. .' . . Nehges , Neenoges et Sutteni, cher les - Lettes. •■'•••îb'^mm'^taw.ii.r..: . :*■ Sitmuhd, Uc?isa tt Siîmad , en Esto- me. * '" " M inog g», eu K\issî€. ^ '•;• ' • ' n W- t V 1 i 102 HISTOIRE NATURELLE Minog , en Pologne. , : Prick , Negen-oog , en Hollande. Lesser-Lamprey , en AngleterrCr, ., Petite Lamproie , en France, a . ,n Lampreda , en Italie. . », ; », ^ i . Jûfa<2 m^ unagi , au Japon ; c'est-à-dire huit yeux, . ! Jonston fait à tort deux espèces par- ticulières de notre petite lamproie et de celle de Salvian , qui est la même cjue la nôtre. ' m^r Marsiglise trompe aussi, en mettant la petite lamproie au nombre des pois- sons osseux. ' ■*».,i' (■ /■'-) * *.i ffn AA Artédi admet sans fondement trois variétés de petites lamproies , et rap- porte faussement à notre poisson le lamprillon de Belon , Rondelet , Ges- ner , Willugliby et Rai. Quand il de- mande si la lampreta minima d'Aldro- vand etlsilampreta mediade Schwenck- feld sont les mêmes que notre poisson , on peut répondre affirmativement à la dernière question; et ncgitivement DE LA PETITE LAMPROIE. lo3 à la première; car c'est le lamprillon que décrit Aldrovand. i ?. Peut-être que Klein a été induit en erreur par Artédi , lorsqu'il a pris pour notre poisson le lamprillon de ces au- teurs. Du reste , il se trompe , en fai- sant de notre poisson deux ; espèces particulières : erreur qui a été adoptée dans le nouveau Spectacle de la nature allemand. , , ' , /: , L'accroissement de ce poisson prou- ve , contre Bomare , qu'il doit vivre plus de deux ans ; car il lui faut du moins cinq à six ans pour parvenir à la longueur de quinze pouces. £t quand Statius Millier soutient la même chose , et ajoute que lorsque ce poisson met ses petits au monde > il diminue insen- siblement et meurt à la fin , c'est une assertion contredite par l'expérience journalière. Il n'appartient pas non plus à la classe des vivipares ^ mais à celle des ovipares. li -^"•-v fcj .:^. .. ,k_i». , 104 HISTOIRE NATURELLE LE L A M P R 1 1. li O N , PETROMYZOy SRJNCHIALIS. Les deux lobes qui sont à la bouche et le corps annelé , sont , selon moi , des caractères suffisans pour distin- guer cette espèce de lamproie d€s au- tres; Le lamprillon n*a pas plus dfe six à sept pouces de Tong. Son corps est rond , annelé et pointu aux deux ex- trémités^ comme celui du ver de terre. La bouche est dépourvue de dents , et par en bas , le bord en est coupé des deux côté»; ce qui forme le lobe dont nous avons parlé- Les nageoires ont à peine la largeur d'une ligne. Le dos est verdâtre ; les côtés sont d'un jaune rou* geâtre , et le ventre est blane. Nous trouvons ce poisson non-seu- Jement en Poméranie , en Prusse et en Saxe; mais aussi danfi la plupart des provinces de l'Allemagne. Madame la DU LAMPRILLON. lOb comtesse de Solms m'en a envoj'é do Silésie sous cenom.Lelamprillonaime «ne eau pure , et se tient dans le fond des ruisseaux et des petites rivières. Ce poisson a coutume de se fourrer dans les bottes de lin que l'on met dans l'eaa pour les faire rouir , et on l'en tire avec ces bottes. Voilà pourquoi on le nomme en Suède Un-aehl, ( an- guille de lin ). Il vit de vers et d'in- sectes aquatiques. Il a la vie très- dure. On le prend à la trouble et à la nasse. Les gens du peuple n'en mangent point, parce qu'il ressemble à un ver ; ils s'en servent seulement pour appâter leurs lignes. Les pêcheurs se trouvent bien '.»A'-.,, ■iaww*»'«'fP!»wB.||i'iii'i.«nij»F»^"""»'« 106 HISTOIRE NATURELLE Ce poisson eât connu sous dififérens noms. On le nomme: "r ^ -^w-A'^ Kleines Neunaufçe , en Allemagne. Querder, en Silésie. Vhlen , en Autriche, r v ,;viî z^. Lin^Aehly en Suède. , i.> ; -»t*l "•• Vas-lgle, enNorwège. ^ .rsq- rjnry t Lamprillon et Lampreyon , en France. Prfd^ et Lampern , en Angleterrci * ' li'autenr du Cours d'histoire natU'- relle fait une fausse description de notre poisson, quand il dit qu'il est aussi mince qu'un ver et long d'un pied Artédi a tort de prendre les lobes delà bouche pour des appendices. Nous avons dit plus haut, que la plupart des auteurs qu'il a cités à la petite lam- proie , ont décrit notre poisson. Willughby et Rai se trompent , en faisant du lamprillon deux espèces différentes. Jonston a faussement représenté le lamprillon avec ueuf ouvertures aux • - -w. --■. 1. * DE LA LAMPROIE , &C. IO7 t)ùies ; et puis il ne fait qu'une espèce de la petite lamproie et de notre pois* son. LA LAMPROIE DE PLANER , «. PETROMYZON PLJNERl. Les verrues pointues que l'on trouve au bord de la bouche , et le corps an- nelé et en forme de ver , distinguent cette espèce de lamproie des précé- dentes. Dans la bouche, derrière le gros bord garni de verrues, on remarque comme dans la petite lamproie , une rangée de dents séparées; et derrière cette rangée, diverses dents unies. La. langue est aussi garnie de quelques dents. Les yeux ont une prunelle noiro entourée d'un iris jaune. Les deux rangées d^ouvertores rondes sont ai- sées à appercevoir dans cette espèce au-dessous et au-dcvssus des yeux. La poitrine est à proportion plus grosse ■(f \ /'■- l^ lOti HISTOIRE NATURELLE * que dans les autres espèces. Les uageoi^ res sont aussi plus larges , et on re-> marque à l'anus un corps conique, qui n'est autre cliose que le canal , ou le commencement de l'ovaire. Dans la lamproie , )'ai vu pareillement un corps de celte espèce, par l'ouverture duquel je fis sortir les œufs en le pres- sant. Cependant dans ce dernier il n'en sortoit pas tant que dans^Ie nôtre. <; On trouve ce poisson en Tliuringe dans les ruisseaux. C'est mon savant ami M. le professeur Planer qui me l'a envoyé d'Erford , ainsi que le précé- dent , sous le nom de petite lamproie. Il est olivâtre , et cette couleur paroît tantôt plus claire , tantôt plus obscure. Quelquefois on en trouve aussi de cou- leur claire qui sont garnis de taches plus foncées. Ce poisson a la vie si dure , qu'il reste vivant dans l'eau -de -vie pendant un quart d'heure , quoiqu'il s'y meuve avec violence. Quand il meurt dans cette liqueur , la bouche •-WJJftST'aï, ^.- - f -y» »■ T # DE LA LAMPROIE, &c. I09 reste ouverte aprës, ^a mort; mais daii^ Fean , elle reste fermée. Quelque res- semblance que ce poisson ait avec le précédent , au premier conp-d'œil jo ne Us cependant point difficulté de lo regarder comme une espèce particu- lière ; car premièrement il est plus gros et plus ]ong que le premier. Secondement , il a la bouche forte, garnie de verrues et pourvue de dents. Xi'autre, au contraire, a cette partie mince et accompagnée -de deux lobes. ; Troisièmement, le premier a des nageoires à peine visibles, et Linné les donne avec raison pour un carac- tère distiuctif. Les nageoires de notre poisson sont , au contraire , beaucoup plus fortes. Quatrièmement , je n'ai pu trouver au dernier , vers l'anus, ce corps coni- que qu'on voit au lamprillon. , Enfin , dans celui-ci les yeux sont beaucoup pins grands que chez le pre- mier. D'ailleurs , les parties intérieu- Tois^ons. IX. 10 )' >' k Pi \ } ' ( m ? \ •• ■'WS«*»J.'iia*«B«*'" !■::■ l ï 1: i 110 HISTOIRE NATURELLE res ^ la nourriture , le temps du frai et la pêcho sont les inêuies que dans la lamproie. Quoique Gesner ait représenté deux aortes de petites lamproies , on ne peut cependant les regarder que comme une seule espèce ; car le premier dessin qu'il en donne n'est autre chose qu'une copie du lamprillon de Rondelet. Schwenckfeld en décrit aussi deux espèces ; mais comme il dit de sa der- nière , qu'elle a une ligne le long du corps comme la sang-sue , on ne peut savoir d'une manière certaine ce qu'il a voulu décrire. - r LA LAMPROIE ARGENTÉE ', •>. PETROMYZON ARGENTEVS. il { On reconnoît ce poisson à sa belle couleur argentine qui brille sur tout son corps. La tête est plus longi^e , les yeux ^lus grands , la peau plus mince que chez les lamproies de Ti^lurope ^ • n ♦5 ^.-, ■;;■* DR LA LAMPROIE, &La 141 et quoique la peau soit très mince vers les nageoires, on ne sauroit complet les rayons, tant ils sont déliés. La prunelle est noire et l'iris ar- gentin. L'anus est deux fois plus éloigné de la tête que de la queue, v .• La nageoire du dos est fort courte au milieu ; celle de l'anus est fort étroite , et celle de la queue , qui est jointe à la précédente , est en forme de lance. GeHe lamproie orientale a la bou- che plus grande , la tête plus longue , l'œil plus grand , et la peau plus fine que les lamproies européennes. % Ses dents sont jaunes comme celles des lamproies de l'Europe ; mais elles sont placées plus avant dans la bou- che; elles sont aussi d'une autre struc- ture ; à la mâchoire inférieure , on apperçoit dix dents proches l'une de l'autre , fort pointues , et qui ont la forme d'un peigne courbe. JV \ ♦ 1 lia HISTOIRE NATURELLE ' Vis-à-vis de ces dents, on trouve une large palle on plate cartilagineuse, et des deux côtés , des dents isolées , de même snbstance et en forme de clous. lia ligne latérale est très- visible dans cette lamprofe-ci. ^;^ J'en ai reçu deux écliantillons de Tranquebar. ^ *** *»'* uj, ^f-^n t^*^ Un nomme ce poisson : • ' En Allemagne, Siiberneunauge, à cause de sa couleur. ' " En France , Lamproie argentéîL £n Angleterre ; Silçer^Lam]^rie ^^ ■M.tCK tlt ■ ;:'M •■ ••!-', ,'i* >• n \ ! '■;i\.--l:(Jti:tif-l ■''.I*» ...1 .E DE Ti'AVEUGLE. u3 LXXXr GENRE. LE GASTROBRANCHE, i i GA STROBRA N C H us. Caractère générique. Deux petits évents '- i s «au ventre. ; • ';•'(«■ L'A V E U G L E , GJSTROBRÂNCHVS C dE C U S, C E poisson se reconnoît par le manque des yeux. Je me suis donné toutes les peines possibles pour trouver en lui ces organes si nécessaires aux animaux pour leur nourriture et leur sûreté. Il iaut que le Créateur ait donné à cet animal un tact trës-fîn, qui remplace les yeux, et le mette en état de trou- f, : »^ l'- If r. îf ml i ^ I \.4 " i. ' t W- 1; i < ll4 HISTOIRE NATUIIELLE ver sa nourriture et d'échapper au dan- ger qui le menace. Le corps cstanguilr lairC) glissant et de grosseur égale jus- qu'à la queue ; rougeâtre auit côtés , blanc eu ventre et bleuâtre au dos. La bouche est en dessous et oblongue y comme celle de la lamproie. De cha- que côté on remarque deux barbillons ,. et il y en a quatre en haut. Entre les derniers Von découvre une ouverture cylindrique, fig. / , a, par laquelle le^ poisson I après s'être attaché à quel- que objet , éjacule Feau qu'il a humée» Celte ouverture est surmontée d'une soupape avec laquelle il peut fermer Vouverture à volonté. Lorsque le pois- son retire la bouche , ou lorsqu'on le dissèque , on voit paroître d^eux or- dres de dents en forme Je peigne, ^g. -4, hb. Dans l'ordre supérieur, il y en a neuf-, dans l'inférieur huit , d'une substance osseuse et non cartilagi- neuse, comme chez ta lamproie. On remarque au palais^ une membrane DE L'A V i: L V. l. K. i r5 plissôc autour de la fenle oblongue , Jig. 3 yQ, par où Teau passe à la serin- gue mentionnée \ derrière cette fente on voit une dent inversement cour- bée ffig. '^ , a, et après cela vient Cou- verture du gosier. La langue , les na- rines, la ligue latérale , les écailles , le» nageoires de la poitrine et du ventre , lui manquent. Les nageoires du dos ^ de la queue et de l'anus sont courtes, jointes ^ et munies de rayons mous et flexibles, que Pon ne pout compter à eausede la membrane épaisse qui les couvre. Le long des deux cotes, depuis la tête jusqu'à la queue , on découvre uneTigne de petites ou ver tures^^. /, #c. £n pressant un peu ce poisson , ces ©uvet-tures produisent une bumcnr visqueuse. Gn apperçoit au ventre , fig, a , a f les deux ouvertures bran- chiales , et fig, » » & , l'anus en forme de fente longue^ et entre les deux une i 1? ngri« émiuente» I '. kl ^-AK *.,f .*. M «W i. •' f^^f^'. ^^ _ r i ll6 HISTOIRE NATURELLE Les originaux que j'ai, n'ont pas? plus de dix pouces. .^.v .*. . ....rj Nous le trouvons , en Danemarck , eii Suède , en Norwège et en Groenland. Kalm (i) et Gunner rapportent qu'il rend tant de limon qu'il épaissit en très -peu de temps une quantité d'eau , et que cette eau perd par-là sa fluidité. Cette eau devient si gluante, qu'on en peut tirer àes fils qui sèchent d'abord à l'air. Ce poisson pourroit, je pense , servir pour en faire de la colle , mais jusqu'ici an n'en a tiré aucun (i) Il rapporte ce qui suit: Te jetai un de- ces poissons dans un grand bassin rempli d'eau de met fraîche ; au bout d'une heure cette eau étoit remplie d'une Tiscositê blanchâtre et gluante , qui ressembloit à une colle claire et transparente.. En y trem- pant un tuyau de plume ou un bâton , on en pouvoit tirer de longs fils. En la re- muant f la matière visqueuse s'y attachoit de l'épaisseur d'un pouce , et avoit parfai- tement l'air d'un glaçoi» de gouttière. En- fin Teau devint si gluante | qu'en la tirant J:^-^ ,ei^ I : DE l'aveugle. 117 parti. Cette viscosité , ou ce limon , paroît servir de rempart à ce poisson , car étant privé de la vue, ilseroit con- tinuellement exposé à la voracité de ses ennemis, si son limon ne lui ser- voit d'abri. Hors de Peau il ne vit que trois ou quatre heures. Outre plusieurs singularités de ce poisson, la façon dont il se nourrit est encore singu- lière. Par l'action de sucer il se colle aux poissons, et de ses dents en forme de peigne il leur déchire la chair , sans que ceux-ci puissent se défaire de lui , de l'ustensile comme une corde , le pois- son lui-même fut entraîné. Je jetai cette eau et j'en pris de la fraîche. Mais le su- ceur y fut à peine un quart-d'heure , que cette eau devint aussi gluante que la pre- mière. On m'a assuré qu'une quantité d'eau, fût-ce un bateau à demi rempli , où on n'au- rolt laissé qu'un seul de ces poissons, se- roit convertie dans quelques heures en un limon pareil à celui dont nous venons de parler. Reise nach America j I- p. nS, ■ î \M »<»-** ■ •< «t«v --• »J n8 HISTOIRE NATUIIELLIS car la dent crochue de son palais lui sert à s'y accrocher. Mais il me paroît impossible que ce poisson entre par Fanus dans le corps du dorse (i) pour le ronger intérieurement , comme le prétend Gunner d'après le récit des pêcheurs , et cela par les raisons sui- vantes : premièrement l'ouverture de l'anus est trop étroite pour servir d'en- trée à ce poisson ; secondement , il ne âauroit vivre dans un autre corps , manquant de l'eau nécessaire pour la respiration ; il est plus vraisemblable qu'il ait été avalé par les poissons dans le corps desquels on l'a trouvé : car c'étoient des maquereaux et des cabliaux qui sont des poissons carnas- siers. Il s'ensuit de ce que nous venons de dire, que la structure extérieure de ce poisson diffère en divers points de celle des autres poissons connus. Sa structure intérieure est bien plus re- (i) Gadus callarias. ■^ M'-'"'^ ** A . DE LAVEUGLE. II9 niarquable encore. En détachant )a peau du cou, je vis paroître un long corps rond,^g. 3 , &, que je pris pour le sternum cartilagineux; mais Vexa- minant de plus près, je découvris que c'étoit HP muscle creux qui environ- noit un autre muscle plus long et en forme de cône , et qu'ils se séparoient aisément Pun de l'autre, ^g. 4, dd. Le muscle extérieur se termine vers la mâcliuire en deux tendons larges , et l'intérieur en deux tendons étroits. Dans tous ces muscles , je trouvai plusieurs couches de filamens en direc- tion transversale. Derrière ces muscles on trouve l'œsophage qui , sans s'élargir beaucoup, passe au canal des intestins , et celui-ci aboutit sans aucune sinuo- sité à l'anus. Ce canal est muni de plu- sieurs plis qui vont en longueur. Par- mi ces muscles on voit douze vésicules en forme de lentilles , qui tiennent aussi bien aux grands vaisseaux san* guins qu'aux vaisseaux aqueux ) mais .1 ** -_..„ . ,¥.*<** "*^"' :a " \ 120 HISTOIRE NATURELLE il ne m'a pas été possible rie trouver une liaison immédiate entre ces vési- cules. Ces vaisseau3C aqueux commen- cent près de la Jîg. 3 et 4, ce , et con- duisent l'eau dans la cavité des vési- cules, qui vers l'épine du dos passe par d'autres canaux, et va se rendre dans les vaisseaux qui s'y trouvent. liCs vaisseaux aqueux, j^g. 4, ee, con- duisent l'eau à la bouche , fig. 3 , ee^ d'oà elle découle , ou bien elle passe par le trou de la seringue. Le cœur , fig. 3 , /, renvoie le sang à chaque vési- cule, par une branche de la grande artère qui couvre le cœur , et qui se partage en un nombre infini de petits vaisseaux. Les grandes artères et leurs branches ôtées, vous découvrez sur l'épine du dos tout autant de veines , fis- ^ y ff} q"* conduisent le sang des artères à la veine cave, qui descend^ et qui le renvoie au cœur. Cet arran- gement rafraîchit le sang par le moyen des vésicules; comme cela s'opère chez il D E L'AV EU GLE. 121 cl'autres poissons, moyennant les bran- chies et leurs ouvertures. Les lam- proies , les raies et lesrequins ont aussi des branchies fermes ou immobiles. Ils respirent donc coi[nme celui - ci i avec cette seule différence, que pre- mièrement les vaisseaux sanguins de ceux là , se séparent sur une peau un peu courbée , et que les vaisseaux de notre poisson s'étendent sur une peau arrondie. Secondement , les premiers hument l'eau par sept évents , et le nôtre n'en a que deux pour cet usage. Comme le requin a cinq branchies, et que la lamproie en a sept, notre pois- son, qui en a six, forme le chaînon de l'un à l'autre. C'est par cette raison que dans îe système , il faut placer ce genre au milieu de ce • deux. Cependan t ce n'est pas le seul po sson à branchies vésiculaires , car le petit cheval-marin a des vésicules aux branchies à la place des touffes. Le foie consiste en deux parties , fi g. '3 , gg , dont l'infé- Fois&ons. IX. il l'NiJ :,i r laa HISTOIRE naturellij: rieure est la plus grande. La vésicule bilieuse tient à la partie supérieure , en joignant rinféricure par le conduit hépatique. D'un côté du canal intesti- nal, on voit beaucoup de petits œufs, fig. 3,h,etâ.e r autre , un rognon long et étroit ffig-3 , i; ces œufs tiennent ensemble par une membrane très-dé- liée. Le second poisson que j'ai anato- misé, avoit , outre ces petits œufs, plusieurs autres œufs oblongs, de la grandeur représentée ^g. 4, g. Ils sont placés sur l'épine du dos, depuis le dia- phragme jusqu'auprès de l'anus. Ces œufs diffèrent sensiblement de ceux des autres poissons. Ils ressemblent à ceux des serpens. Et notre poisson a la fente 4e l'anus bien plus longue que les autres poissons. Il en est sans doute comme avec l'ascite dont j'ai fait la description. Si ces œufs se couvent dans le ventre de la mère , si notre poisson appartient au nombre des vivipares , s'il y a des mâles ou s'il se propage sans 1 1 1', NI ■ \' D E l'A V E V G L ft. 17^ mâle comme les aiguilles el la lotte vi- vipare , ce sont des problèmes à résou- dre qui ne conviennent qu'à un icli- tliyologiste qui peut examiner ces pois- sons sur les lieux. Il faut remarquer encore les glandes pituitaires de chaque c^té, qui forment une ligne de perle , fig. 4 , hhy dont les canaux éducteurs se découvrent au côté extérieur. On nomme ce poisson : En Suède, Phira. En Danemarck , Hvûd - ^al , Ingerîs PiU , Sugare et Inschavier. En Norwè^e , Sleepmark, Plhral, Vilov, En Islande, Ivi^. En Allemagne, Schîeimwurm et Blind' fisch, ,- . En France , Aveugle, Et en Angleterre , Blindfish. ^ ' I 11 ), Mil ^î Kalm en a fait la première descrip- tion. Il le prit pour une sorte de lam- proie; mais Linné le prend pour un ver , qui approche le plus des sang- }\ î 124 HISTOIRE NATURELLE SUCS j car dépourvu de nageoire , et muni de dents de côté , il ne pouvoit le compter ni parmi les poissons , ni parmi les serpens. Il lui assigna un genre par- ticulier qu'il fit succéder aux sang- sues. S'il avoit lu le mémoire de Gun- ner, qu'il cite lui-même, ou s'il avoit examiné la structure intérieure du poisson f il auroit pu corriger cette faute dans son système, qui a paru plus tard que le muséum. Cependant Gun- ner lui-même le prend pour un ver ; les douze branchies pour autant de poumons ; et comme ceux-ci exigent une trachée-artère , il donna dans une autre erreur , en prenant les muscles mentionnés pour une trachée- artère cartilagineuse, dans laquelle cepen- dant , selon son propre aveu , il trouva la cavité si étroite qu'il ne pouvoit pas même y introduire une soie. Je ne saurois deviner au reste , ce qu'il en-* tend par les deux corps oblongs que Gunner prétend avoir trouvés au crou- 12.> D E L'A V E U G L E. pion en dehors , et qu'il prend pour les. testicules. Je ne trouve pas non plus les doubles géuitoires que Modeer attri* bue à notre poisson. Du moins les cinq pièces que je possède , en sont dépour- vues ; et aucun des autres auteurs qui ont décrit notre poisson , n'en fait mention. • ■ ^ • Otto F. Millier prit les barbillons do ce poisson pour des antennes , et par cette raison il le rangea dans sou his- toire des vers, comme un n^olusque; mais comme cet animal ne pciit pas re» tirer les barbillons comme le limaçon retire les antennes , il ne peut pas ap-^ partenir à cette classe. M. le professeur Retzius s'étonne de ce que Linné prend notre poisson pour un ver ^ tandis que trois grands Ichthyologistes , Willughby , Rai et Artédi, l'ont déclaré être une lam- proie ; mais ce reproche est nul ^ va que ces auteurs n'ont point connu no- tre poisson; et n'ont fait la description 'I !f m^ W 12^ HISTOIRE NATUPcFXLE que de la petite lamproie. Dans la des- cription de la lamproie aveugle , Wil- lughby dit très-expressément qu'elle a sept évents de chaque côté et le corps annelé ; caractères qui manquent à notre poisson. Le dessin de Willughby fait voir aussi ces évents. ' ' '' Linné , Gunncr et Strom se trom- pent par conséquent , en prenant le poisson de Willughby pour le nôtre. L'erreur de Willughby a causé la leur ; celui-ci n'a point vu les petits yeux do son poisson , et voilà pourquoi il Va nommé la lamproie aveugle; et le nô- tre étant aussi sans yeux , ceux-là Font pris poiu'le même. Fennant a de même fait la description et le dessin de la petite lamproie et non pas dé notre poisson. C'est pourquoi l'on peut aisé- ment lever les doutes de M. Retzius dans la comparaison qu'il fait de ces deux poissons. Si au reste cet auteur domie une trachée-artère et des pou- mons à notre poisson^ le bon Gunncr D E L'A V E U G L E. l'j; raapparcinnient induit en erreui'.Guii- ner et Linné se trompent en ne don- nant que six barbillons à notre pois- son; le dernier lui refuse encore sans raison, le trou de seringue et les rayons dans les nageoires. Parmi les dessins de Linné , Gun- ner, Strom, Retzius et Abildgaard , celui de ce dernier est le seul bon ; mais nonobstant cela, je ne puis ac- céder à l'opinion de ce savant , d'ail- leurs si pénétrant , lorsqu'il prend lo plus gros lobe du foie pour une glande ( pancréas ) , car la couleur et la subs- tance ressemblent non - seulement tout-à-fait à la partie supérieure, mais )'ai observé encore la communication de son canal hépatique avec la vésiculo bilieuse. t - > I ' 1 ■ 1 .ï ■- :A;i ' i ;(ï > i I i: i* '! ■i vil Y 11 D ►^^^■%>^^^^'^^^^>^'%-^'^^>^^'^'^'^ SEPTIÈME CLASSE. LESCETACEES, ou Poissons tirant leur nom de celui que la baleine porte en latin. , \ Xi'iLLUSTBE allemand que les sciences viennent de perdre , et dont nous don- nons l'ouvrage sur les poissons , n'a , 2)armi les cétacées , parlé que du mar- soin. Nous avons pensé que ceux qui s'occupent de l'histoire naturelle , ver- roient avec plaisir cette classe entière où sont rangés les plus gros animaux que la nature produise. Il est bon d'ob- server que, dans le système de Linné, les cétacées terminent la grande divi- sion des animaux à mamelles (i) , et (i) En effet les cétacées se distinguent d'une manière très-marquée de tous les au- fi i i \ : HISTOIRE NATURELLE, &.C. 139 sont placés immédiatement après le genre du sanglier. Nous avons trouvô dans Duliamel du Monceau de quoi ré- parer presqu'enlièrcment l'omission de Block. Anderson , Bonaterro , Arlédi^ Rai , Bélon , nous ont aussi aidés à completter cette septième et dernière classe. " r Vf ,...,,'. - ■ , S il I Ul très poissons : ils eu ont, à la vérité, la £gure , ils habitent le même élément ; mais par la structure intérieure , ils ressemblent généralement aux animaux terrestres. Leur sang est chaud , ils respirent par le moyen des poumons , et s'accouplent comme les quadrupèdes. Les femelles enfin sont vivi- pares, ont du lait , et leurs petits tettentw li t : ) •1 S V il l.'^O HISTOIRE NATURELLE LXXXir GENRE. LE NARVAL, ou LA LICORNE DE MER, MONODON. Caractère gêner. Une ou deux dents, longues ou courtes , droites ou re- courbées , placées horizontalement sur le devant de la mâchoire supé- rieure : un évent sur l'occiput. LE NARVAL , monodon monoceros. On distingue ce poisson à une dent , en forme de corne, tournée en spirale et insérée dans la mâchoire supérieure; il est rare qu'il en ait deux ; la nageoire dorsale lui manque, et il porte à la ipe- . DU NARVAL. l'^I place une saillie haute d'environ trois poucos , qui va en diminuant de hau- teur depuis l'évent jusqu'à la base de la nageoire qui termine la queue. Le narval a le corps d'une forme ovale et alongée , le dos large , con- vexe et aminci vers la queue : sa tête est ronde, petite , renflée sur le som- met , et terminée par un museau ob^ tus et arrondi ; l'ouverture de lagueulu est très-petite , elle n'excède pas la largeur de la main ; la langue a pres- que les mêmes dimensions. La lèvre inférieure est mince et plus courte que celle de dessus. Les yeux , bordés d'une espèce de paupière, sont situés vis-à- vis de l'ouverture de la gueule. Les nageoires latérales ont environ un pied de longueur sur huit pouces de large ; celle de la queue est comme partagée en deux lobes ovales et obtus. La peau a un pouce d'épaisseur. Le fond de sa couleur est d'un blanc grisâtre, parse- mé d'une muUilude de taches noires, t >i ^=^i \ % ! f fis fil y i 1 ''^ 1 ■'h bï u 41' m i i" I l32 HISTOIRE NATURELLE qui pénètrent bien avant dans la subs- tance de la peau : le ventre est entiè- rement blanc, luisant^ et doux au ton- cber. La boncbe est dépourvue de dents , ce poisson n'ayant que la dent longue et extérieure dont on a parlé. Les femelles ont deux mamelles pour allaiter leurs petits. Au haut de la tête est un trou ou tuyau doublé , pour ainsi dire , de chair , et garni d'une soupape qui s'ouvre et se referme se- lon le besoin, et par où le poisson re- jette l'eau en expirant l'air. C'est ce qu'on nomme évent. Les narvals sont d'excellens na- geurs. La queue leur sert de rames, et les fait avancer avec une vitesse éton< nante. Les nageoires, quoiqu'en appa« rence trop petites pour cet effet , font la fonction de gouvernail , et les ai- dent à se retourner et à diriger leur course. On anroit donc de la peine à les tirer, s'ils ne marchoient pas eu grandes troupes. Aussi-tôt qu'on les ( ai- leur Le à eu les DU NARVAL. l35 attaque , ils se serrent de si près en mettant les dents sur le dos les uns des autres , qu'ils s'empêchent eux-mêmes de plonger et de fuir ; en sorte qu'on manque rarement d'en prendre quel- ques-uns. Un poisson aussi extraordi- naire a donné lieu à beaucoup de ré- cits fabuleux. On a cru long-temps que sa défense étoit la corne d'un quadru- pède extrêmement rare , qu'on appe- loit licorne. D'autres , prenant cette dent pour une corne , sb sont imagi- nés que dans l'espèce dunarvai, corama dans celles des cerfs et des cbcvreuils , la femelle en étoit privée , et par une suite de cette erreur , ils ont donné pour femelle à notre poisson , le dei- phinus phocœna , ou marsouin , dont nous parlerons à la fin des cétacées. La longueur ordinaire du narval est de vingt à vingt-deux pieds , sur douze de circonférence. On en a pourtant trouvé qui avoient quarante et même soixante pieds de longueur. Dans un TgUsons IX. 12 I ) i l î34 HISTOIRE NATURELLE poisson de cette dernière taille , la dent avoit quatorze pieds de long. Dans un poisson de quarante pieds , la dent en avoit sept ; dans un de dix pieds et demi , mesuré eu 17^6 psir Anderson , elle avoit cinq pieds quatre pouces. Ces paissons n'ont ordinairement qu'une dent : de l'autre côté ,50us la peau de la tête , on trouve seulement l'alvéole et le rudiment d'une seconde dent qui n'a pas pris d'accroissement. Cepen- dant on a vu , en différens temps, des individus qui en avoieut deux à-peu - près de la même longueur. L'un de ces animaux, qui étoit femelle , fut pris? en 1 6S^ , par le capitaine Diik-Peter- scn , commandant le vaisseau le Lion d^or. Il apporta l'os de la tête avec les deux dents à Hambourg, où cette ra- reté se conserve encore dans le cabi- net d'un particulier. Les deux dents sortent en droite ligne du devant de la tête. Elles sont à deux pouces de dis- la.ncc à l'endroit de l'insertion, et 11 kl DU NARVAL, lôj ▼ont en divergeant, en sorte que les pointes sont éloignées Vune de l'autre de treize pouces. La dent gauche a sept pieds cinq pouces de long , et neuf pou- ces de circonférence proche la tête. La droite a sept pieds de long sur huit pouces d'épaisseur. Ellss entrent toutes deux ''} treize pouces dans la tête , dont Tos a deux pieds de long sur dix- huit pouces de large. Il est prouvé que la défense du nar- val n'est point une corne , mais une véritable dent , comme celle de Tclé- phant et de l'animal appelé babiroussa. Cette dent participe de la nature de l'ivoire. Il est néanmoins facile de l'en distinguer , tant parce que ses fibres sont plus déliées , que parce qu'elle est plus compacte , plus pesante , et n'est pas si sujette à jaunir. On l'em- ploie aux mêmes usages que l'ivoire. Les Groenlandais en font des flèches et autres instrumens de chasse , et des pieux pour construire leurs cabanes. \^ ' r. l36 HISTOIRE NATURELLE Les rois de Danemarck ont un trône magnllique , composé de défenses do narval : on le conserve au château de Rosemberg. On vante amssi Içs remè- des préparcs avec cette dent , contre les poisons et les fièvres malignes. Les narvals habitent Tocéan septen- trional de l'Europe et de l'Amérique^ principalement le détroit de Davis et les mers qui baignent l'Islande. Com- me les eaux sont en partie glacées dans*ces hautes latitudes, et que leî, narvals ne peuvent rester long-temps sous la glace sans respirer , ils cher- chent les anses dépourvues de glaçons, et s'y rassemblent en troupes nom- breuses. Les Groenlandais regardent ces animaux comme les avant-cou* reurs des baleines. Aussi-tôt qu'ils les voient , ils s'apprêtent promptement pour la pêche , instruits par une lon- gue expé*'ience que par -tout où il y a des licoriâCS il doit y avoir aussi de« baleines j ce qui vient de ce qu'elles' ri D U N A K V A. L^ 1^7 vivent apparemment delà même nour- riture , et que par conséquent elles suivent toujours les mêmes bancs. Il est vrai que le museau de la Kcorne est fort différent de celui de la baleine ^ mais ils ont ensemble ce rapport , quo faute de dents ils ne peuvent mâcher rien de dur. Ce poisson n'a pas besoiiv des barbes et des appendices qui sont nécessaires à la baleine pour contenir }a proie dans sa gueule immense. La sienne est si petite , qu'elle ne peut perdre ce qui 3;^ est une fois entré. Son huile n'est pas abondante , mais elle est d'une qualité supérieure à celle de la baleine. Les Groenlandais sent très - friands de sa chair qji'ils man- gent cuite , Jiée à la fumée ,. et pres- que corrompue : ils font cuire les in- testins qu'ils regardent comme un mets délicieux : les tendons leur fournissent des ficelles excellentes ,. et du gosier , ils retirent plusieurs vessies dont ils font usage pour la pêchev I I Ui yiS HISTOIRE NATURELLE On l'appelle en France , ISarval, Li- corne de mer. En Norwège, Narhwal, Lighval. "En Islande , Narhwal. £n Groenland, Tauvar, Killelluak, JCernektokfTugalik, i ' )' M -1 ! •. i ^ : :\t . ■ 1 ■■■,' M., i , > ( > • !■,>'« « : 1 ' ' 'J"" .4^. ,....x DES BALEINES^ &C. i^^ DES BALEINES EN GÈNÊRAl! liA baleine est sans côntreclit un des plus gros poissons qu'on prenne à la mer ; je dis à la mer, parce que c'est dans les mers , et particulièrcmcut daiis celles du Nord , qu'on en trouve le plus abondamment ; néanmoins on verra dans la suite qu'on en a pris quel- quefois et accidentellement dans de grandes rivières. Il y a dans le genre des baleines des individus d'une grandeur énorme , puisqu'on dit qu'on en prend dans la mer des Indes et de la Chine, qui ont cent cinquante , même deux cents pieds, et beauco*-*p plus de longueur, et qui sont grosses à proportion. Peut- être y a-t-il en cela de l'exagéra- tion 3 mais ces pays sont trop cloi- i I ! \ l4o HISTOIRE NATURELLE giiés de ceux que nous habitons, pour que nous puissions , par nos propres observations, constater l'exactitude de ces allégations. En faisant attention à rénorme grandeur de quelques côte» de baleines que Ton conserve par eu- riosilé, on ne peut disconvenir que la baleine est un très-gros poisson: néan- moins , comme 3e me suis fait une loi de ne m'écartcr que le moins qu'il me seroit possible de la vérité, je me bor- nerai à parler en détail des baleines qu'on prend dans l'Amérique septen- trionale , et préférablement de celles qu'on trouve à peu de distance de notre continent , ou des états qui appartien- nent aux puissances voisines ; et comme les baleines sont plus grosses et plus abondantes vers le Kord que dans les .pays plus teriipérés , les pêcheurs bas- q.ues et hollandais ont établi leurs pê- elles dans le Groenland , l'Islande , le Schetland , la Norwège , &c. ; Iaca auteurs qui ont écrit sur les ba- DES BALEINES , &C. l4l Ici. les', en comptent plus de vingt ou \ingt'cinqespèces', maisen examinant avec attention ce qu'ils en ont dit , je crois avoir apperçu, i°. qu'ils regar- dent comme des espèces différente.*;, plusieurs individus qui ne sont que do simples variétés; a", qu'ils ont com- pris avec les baleines plusieurs des pois- sons qu'on nomme cétacées , c'est-à-dire , de gros poissons qui ont seulement quelques ressemblances avec les vraies . baleines, mais qui me paroissent en différer assez considérablement pour être examinés dans des paragraphes particttUeirs, I I' '*'i i 1 y A i lil .^i l4a HISTOIRE NATURELLE m , LXXXIir GENRK - ■• .1 '^ LA BALEINE, bjljena. Caractère générique. La mâchoire supé- rieure garnie de lames de corne y k la place des dents -, deux évents sur \ù sommet de la tête. , I 1 ',. ■ I ■ - .1 -i'''i LA BALEINE FRANCHE, BALjENA MYSTICETUS. Le caractère particulier de la baleine franche est d'avoir les mâchoires pres- qu' égales en longueur ; celle de des- sous , ovale et plus large dans le milieu de sa longueur; le dos dépourvu de nageoire et marbré de blanc et de noir. Entre les vraies et franches balei- nes , suivant les voyageurs , il y eu tfflnSK "X »*». ) • i\ ,... . •., . ,»U4 ig ', \ Il ; 1 ■I .. '^ < ^ I i I ■ •■Il 1. .^^ t. \ :■ i Hraro *ii.f ^ vTi^Bx; i.r: *■■ % * - > % l< !'• S .*' '"■ r 'v .r ;1I ■ ■. ii^. •*u.;ho";ff« -Tu lia-- fc ' !'-';gi^-fcr ; ffut .it ûcà- ; 1.» Tom . UC. Pa^e i^i \\ » 7?e■ t-*i»- .* r.S»> u r' \i û à. a I '■' ' ( I ■4 o l48 HISTOIRE NATURELLE poumons , comme aux fœtus qui sont dans le sein de leur mère j il y a seu- lement cette différence ^ que les fœtus tirent leur nourriture du sang de leur mère , qui leur parvient par les vais- seaux ombilicaux , après avoir reçu le bénéfice de Pair, en traversant les poumons de la mère. Les ovipares ce- pendant subsistent pendant l'incuba- tion, quoiqu'ils soient privés de ce se- cours. Les dissections établissent donc, au moins'avec quelque vraisemblance , pourquoi des animaux qui , comme les baleines, ont besoin de l'air pour vi- vre , subsistent assez long-temps sous l'eau , et il ne faut pas être surpris de voir les amphibies vivre long-temps dans l'air et hors de l'eau ; puisqu'on -^ Ire qu^ils ont des con^imunications des artères avec les veines, on leur trouve quelquefois des poumons organisés presque comme ceux des quadrupèdes ; il en est comme des fœtus qui ne res- pirent point l'air tant qu'ils sont danai s'^'jB^^»- ■ î : DE LA BALEINE FRANCHE. l^C) la matrice : alors , au moyen du canal de communication et du trou ovale , )a circulation se fait sans que le sang passe par les poumons ; mais quand ils sont nés , le sang prend sa route par les poumons , et alors ils ne peuvent so passer de l'air. Un exemple très-frap- pant est celui des grenouilles qui , tant qu'elles sont têtards , sont de vrais poissctns, et quand elles sont métamor* pliosées en grenouilles , ont de vrai» poumons^ et ne pourroient vivre fort long-temps sous l'eau. Dans les balei- nes j il y en a de mâles et de femelles ; les deux sexes se distinguent très ni- sèment , les parties qui caractérisenl' les sexes , tant aux mâles r'.i'aux fe- melles^ ont quelque ressemblance avec ceux des chevau.;;. et des jumens. On m'a écrit de plusi-jurs endroits , que communément les femelles sont considérablement plus grandes que les mâles. .!,. î ! . : Ajoutons à ce que nous venons do 1 ; / U 1^^ % i* Jl 1 .-^«C^fc*!»»-*^ •*»i^î' • '•M j*»"»»»»™ . 1 i"*^^. lF«> ■f •: I f^l l5o HÎSTOIRE NATURELLl^ dire, pour établir le caraclère Jes ba- leines, que les deux sexes s'accouplent ordinairement: dans le mois de juillet, presque comme les animaux terrestres ; tout le monde en convient; les senti- mens sont seulement partagés sur la nr»;'»'j'' < ^Jiif «e fait cet accouplement. Quelques-uns prétendent que pour se joindre , le mâle avec la femelle se mettent dans une situation verticale ; d'autres disent que quand la femelle voit le mâle s'approcher, elle se met sur le dos, et que le mâle monte dessus. Mais ce qui me paroit de plus pro- bable, c'est qu'elles st nettent l'ur ^ et l'autre sur le côté ; de sorte qu'elles .it chacune une de leurs nageoires hors de l'eau: c'est dans cette situation que les pêcheurs peuvent plus facilement les harponner. Ajoutons que les balei- nes, sont vivipares^ que les femelles dont le lait est aussi bon que celui des vaclies , alaitent leurs petits qu'elles font au nombre d'un , et rarement do I ? ;. < i DE TA. H a.ETNE FRANCHE. l5l deux à-la-fuis ^ leurs mamelles sont applaiies et peu apparentes-, mais quand les baleines nourrissent , elles s'étendent au point d'avoir six ou sept pouces de longueur , et dix à douze de diamètre. ^ , •, n * ' Les vraies baleines qui nous occu- pent présentement, n'ont aucun aile- ron ni sur le dos , ni sous le venlre; elles ont seulement de chaque côte der- rière la tête une nageoire de médiocro grandeur et assez forte , ainsi que l'ai- leron de la queue , qui a une étendue considérable, et qui, comme à beau- coup d'amphibies, lorsque les poissons nagent , est parallèle à la surface do l'eau. A la plupart des poissons , les nageoi- res et les ailerons sont formés de lon- gues arêtes d'une seule pièce, unies les unes aux autres par une membrane mince qui les recouvre*, aux baleines, les nageoires et les ailerons sont for- més de plusieurs os tepds es ou cai tiljL- t f 1' 1 i -■ --T -.^«„ .»,,* '**»i3r*i . «*%rfêi-> i il ■ i i5j IIISTOIUE NATf IILLLK ^iiieux, joints les uns aux aulres par des espèces d'articulations recouvertes par une membrane. On dit que dans certaines circonstances y la femelle so sert de ses nageoires pour transporter ses petits ; je ne le contesterai pas ; mais assurément ces nageoires ne sont ])as aussi propres à cet usage que les bras de quelques amphibies. Ce poisson , qui est large , épais, chargé de graisse et lourd , nage néan- moins très-vite , ayant presque tou- jours la tête tournée du côté du vent ; ce n'est pas par les nageoires que les baleines nagent avec tant de vitesse , elles ne leur servent , comme à tous les autres poissons , qu'à faire de pe- tits mouvemens , ou à diriger leur marche. Effectivement , si l'on examine dans Teau un poisson de l'espèce de ceux qui sont les plus vifs, on s'appercevra qu'il ne se sert de ses nageoires quo pour se donner de petits mouvemens; tli-i 'V***^--?«.*S.^ir S.*m6f^;;^~-2:'_J'^^^- DE LA BALEINE FRANCITE. l55 et 8^1 a à éviter quelque chose qui rclFraie, il donne à la partie de sou corps, qui est du c6té de la queue , dus coups de droite et de gauche, qui 1o font partir comme un trait d'arbalète. Il en est de même de la baleine ; elle a tant de force dans cette partie de son corps, qu'elle estropie ceux qu'elle frap- pe, et qu'on en a vu renverser de pe- tits canots dans lesquels il y avoit quel- ques hommes. Four cette raison , les harponneurs qui sont sur le devant des chaloupes courent risque d'êtro blessés par les baleines qui entrent en furie quand elles se sentent frappées; à quoi il faut ajouter que l'aileron qui forme la queue delà baleine est très- fort , et a beaucoup d'étendue. - On m'a assuré que les baleines avoicnt dans leur corps, au-dessous du gosier, un grand réservoir d'air , qui équivaut aux petites vessies à air qu'on trouve dans la plupart des poissons. r Ce réservoir le^r çst probablemenl; '-sU l54 HISTOIRE NATURELLE très- Utile pour soutenir leur gros corps près de la surface de Teau ; effective- ment j quand les baleines sont mortes*, au moyen de ce réservoir d'air , leur corps flotte près de la surface de Veau •, et quand pour la commodité des pê- cheurs il faut qu'elles s'approchent du fond , ils essaient de percer avec une lance ce réservoir d'air : lorsqu'ils y ont réussi y il en sort beaucoup par la plaie, et alors le poisson enfonce dans l'eau, proportionnellement à la quantité d'air qui s'est échappée. Ceci parok assez vraisemblable ; néanmoins quelques-uns m'ont assuré avoir trouvé dans ce réservoir , qu'il ne faut pas confondre avec l'estomac, quantité de poissons qu'ils av oient ava- lée. La longueur de la tête des baleines est à-peu-près le tiers de celle de leur corps, non compris l'étendue de l'ai- leron de la queue : la gueule des balei- nes est grande, et son ouverture s» l \^^ 7'\t».v*,^*. -.*««;-«*.-' :!Ç,>.- ,, ^ ^-'*f^.' ••i«(--^"-%, DE LA BALEINE FRANCHE. 1 55 recourbe tellement , que son extré- mité approche beaucoup des yeux. On n'apperçoit point de rétrécisse- ment au col ; ainsi la tête paroît une continuation du corps. Ce poisson , comme plusieurs céta- cées , a entre le museau et les yeux un ou deux trous qu'on nomme évents , par lesquels il jette beaucoup d'eau ; les vraies et franches baleines de Groen- land en ont deux , par lesquels l'eau sort avec une telle rapidité , que le bruit effraie ceux qui n'y sont pas ac- coutumés y et en peu de temps un pe- tit canot en seroit rempli. Néanmoins ce qui ne me paroît pas vraisemblable, plusieurs auteurs pré- tendent qu'il ne sort par ces éventa qu'une espèce de brouillard qu'on com- pare à de la fumée. Les vraies et franches baleines n'ont point de dents, miis elles ont à la par- tie supérieure de la gueule des produc- tions longues quelquefois de huit à ii,-.î Pir' l5G HISTOIRE NATURELLE douze pieds, et larges à leur bout d'eiî* bas , au sortir des gencives , de neuf à dix et douze pouces ; leur épaisseur en cet endroit est de dix à douze li- gnes. ^ Comme je n'ai pu examiner que de petites baleines, il ne m'a pas été pos- sible de prendre une idée bien précise de la disposition de ces productions dans la gueule de ces poissons; elles sont nommées par les auteurs et les pê- cheurs , barbes ou fanons de baleine j par rapport à leur forme , on les com- pare à des lames de faulx , qui sont plus épaisses, et d'un tissu plus serré du côté et à une petite distance de l'en- droit qu'on compare au dos de la lame de faulx, qne de l'autre côté , qui étant plus mince et d'un tissu moins serré , est comparé au tranchant de la lame de la faulx. Les fanons dont nous nous occupons , forment dans leur longueur une courbure plus ou moins considé- rable ; un côté forme une convexité , > - DE LA BALEINE FRANCHE. iC^J et un autre une concavité. La partie concave est garnie dans taute sa lon- gueur de poils qui se détachent du tra»- chant ; on les compare à des crins de cheval : ce qui indique très-sensible- 111 ent que les fanons sont formés da poils joints les uns aux autres, d'au- tant plus exactement , qu'aux appro- ches de la partie épaisse du fanon , ils sont liés par une substance gélatineuse, qui , quand elle est sèche, ressemble à de la corne *, mais au tranchant , les filamens se détachent les uns des au- tres beaucoup plusaisément , et en plus grand nombre vers l'extrémité. Si l'on coupe transversalement un do ces fanons , on appercevra sur la coupe , qu'il est formé de plusieurs couches , disposées à-peu-près comme les couches ligneuses qui forment un© branche d'arbre ; et si l'on fait ces cou- pures en différens endroits de leur lon- gueur , on verra que le nombre des couches diminue à mesure qu'on ap- Pcibsons. IX, 1^ ' m mi n t •• fl ''u '* ' l58 HISTOIRE NATURELLE proche âc l'extrémité du fanon ; ce qui fait appercevoir que les fanons sont formés de couches qui se recouvrent les unes les autres , et que ces couches augmentent d'étendue , tant en lon- gueur qu'en circonférence , à mesure qu'elles sont plus extérieures. Comme presque toutes les fibres s'étendent de toute la longueur du fanon , leur sur- face ejctérieure semble être de la corne polie. Ces fanons ne paroissent en dehors dt la fente de la gueule , que par les poils qui sont à leur extrémité ; mais on les apperçoit très - sensiblement quand on regarde l'intérieur de la gueule à la mâchoire supérieure. Les fanons ont à leur gros bout qui s'enchâsse dans les gencives, une échan- crure , au moyen de laquelle ils s'im- plantent de deux pouces et demi ou trois pouces , tant dans les gencives qui tout d'fin tissu ferine et «ej^ré ; qae '1: s'im- DE LA BALEINE FRANCHE* 1 Sg dans l'os des mâchoires qui est tendic et cartilagineux. * -^ ^mm:^, -- La souplesse des mAchotres et des gencives , fait qae la baleine peut rap- procher ou écarter les fanon* lors- qu'elle prend sa nourriture , quoiqu'ils ne soient pas terminés par des articu- lations. La courbure de ces fanons fait qu'ils se couchent facilement les uni sur les autres quand ces poissons fer- ment la gueule , et alors on n'apper- çoit point les fanons , mais seulement les poils qui sont à leur extrémité. X On prétçnd que ce poisson n'a pas le gosier plus large qu'un œuf de poule , et qu'il se nourrit uniquement d'un insecte de mer nommé puceron y gros à- peu- près comme un grain de riz, dont la superficie de Teau est ordinai- rement couverte. Pour cet efifet, dit- on , il étend horizontalement ses fa- nons , et ramasse , en les refermant , une quantité immense de ces puce- rons ; les crins ou les poils qui garnis- sent la partie intérieure des barbes, leur paroisscnt destinés principalement à embarrasser ces insectes , et à les retenir comme dans un filet , lorsque la baleine rapproche ses fanons en fer- mant sa gueule ; mais nous entrerons t I ^'iitm.-Mf^ .«ing'w.'grj V. DE LA BALEINE FRANCHE. ' u5 Hicessamment dans des détails salis- faisans sur ce qui regarde la nourriture des baleines. On se sert, comme je l'ai dit , des fanons ou barbes de baleine , pour faire des buses qui garnissent les corps des femmes, pour mont les /ventails , des parapluies et p^ra pour fairo des verges de bedea ^-^s cannes lé- gères , &c. Je suis pe; é que c'est très-mal-à-propos que quelques-uns ont cru que ces ouvrages éloient fait» avec les nervures qu'on tiroit des na- geoires et des ailerons , ou de deux bar- bes , qui , à quelques poissons, sortent de la tête au-dessus des yeux. i Les yeux sont placés à l'endroit le pi us large de la tête , assez près de l'ex- trémité de la fente de la gueule, qui , à cet endroit , fait une courbure con- sidérable ; ils sont petits par compa- raison à la grosseur du poisson , et à cela près que leur forme est un peu ovale ; ils sont saillansà-peu-près com«; / i >•< .1 i\ K'Ùt v.?î^^< IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 b^|2£ |2.5 m m 2.2 l.l us Itf u 140 2.0 11.25 Fliotographic Sdenœs Corporation 33 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) «72-4503 z ^ f ^ K^ s I) i i \ 1 K« ) ^66 HISTOIRE NATURELLE U me ceux d'un bœuf; quelques-uns pa- roissent bordés de paupières et de sour- cils : mais ceux qui ont disséqué de» têtes de ces poissons , disent que dans l'intérieur du crâne le globe ies yeux est fort gros. - ■ ' - > Ces poissons ont Fonie très- fine ^ quoiqu'à l'extérieur les oreilles n'aient point de cornet , et que le ti*ou auditif «oit si petit> qu'on ait peine à le dé- couvrir. La langue est fort grosse, grasÀe , très-délicate ; quand oti la sale , elle est regardée comme un très-bon manger : les insectes qui fatiguent beaucoup les gros poissons , en sont si friands , que quelquefois ils )a détrni' sent en entier, ce qui est ordinaire- ment suivi de la mort de la baleine. ; r Le corps n'est couvert ni d'écaillés ni de poils. La peau extérieure, que quelques-uns nomment èpidétmê , et qui peut être appelée plus exactement la surpeau , est unie comme du parche* min: cotpmuuémcnt elle tire au noir ( .s ■ ■^■^^0*mà&Hiii^^>f^' '"Mî^'- -«ïv.ijp': ./; Vt»-^- ,;i«,i :7i^--'^ DE LA BALEINE FRANCHE. 167 car le dos , ayant çà et là des marbru- res , les unes blanches , d'autres jaunes ; le dessous du ventre est blanchâtre. Il y en a dbnc de blanches , d'autres bru- nes f et de rayées de différentes cou- leurs^ suivant les dififérens endroits oi\ on les a pêchées : il y en a qu'on nom- me blanches , à cause de l'uniformité ^e leur couleur qui tire au blanc. Sous la surpeau dont nous venons de parler , on trouve la vraie peau , ou lo cuir > qui est épais d'un grand doigt. Quoique cette peau soit forte , elle n'est propre à presqu'aucun usage , parce qu'elle est percée de grands po- res par lesquels , quand l'animal s'est beaucoup agité , la transpiration s'é- chappe et répand une mauvaise odeur. On trouve sous ce cuir le lard , ou une couche de graisse épaisse de huit, dix ou douze pouces , qui fournit l'huile de baleine. Quand l'animul ce porte bien^ cette graisse a une légère teinte jaunâtre j on trouve dessous une mcm-* \ ;vt Ui ï'^ î V I . •-^*M^ jS**!N««*te.."'»\ 1 \ 1 / ■ f I l63 HISTOIRE NATURELLE ' brane mince ^ et ensuite la chair, qui a un œil ronge et la consistance de la chair des quadrupèdes ; mais elle est sèche , coriace , et souvent de mau- vaise odeur y néanmoins on la mango en quelques endroits ; comme je vais l'exoliouer ' * ««'•«•«îv*!»! fe a*»î -m» c Nous avons dit que quand les balei- nes avoient été dans le cas de prendre! un exercice forcé , une portion de leur gras suintoit par les pores dçlëur peau en forme de sueur de fort mauvaise odeur qui se communique quelquefois aux chairs , sur-tout quand, les balei- nes ont été chassées long-temps ; cette odeur augmente d'autant plus , qu'on garde les chairs plus long-temps ; c'est pourquoi les chairs des baleiner. on a attachées à la remorque derrière les bâtimens^ en attendant qu'on ait la commodité d'en enlever le gras , sont réputées itiauvaises et jetées à la mer : ' aussi y dans les circonstances où l'on doit employer la chair des baleines.: L: V='w*V/v\ DE r.A BALEINE FRANCHE. 169 . comme aliment , on ne fait usage que de celle des poissons qu'on a tirés tout récemment de l'eau : pour cette rai- son, on rejette à la mer la chair de celles dont on a enlevé le gras et les fanons /qui sont les parties vraiment utiles, à moins qu'on n'ait pu enlever ces parties très -promptement. Nous avons dit qu'on regardoit les langues salées comme un fort bon manger : je crois me rappeler qu'il y a encore cer- taines parties , sur- tout vers la queue, où les chairs sont moins coriaces qu'ail- leurs ; pour celte raison , elles sont mangeables pour les gens peu délicats. Les Basques, dans le temps qu'ils s'occupoient beaucoup de la pêche des baleines, se nourrissoient delà chair dd celles qu'ils venoient de prendre , et ils en saloient , pour y avoir recours^ lorsqu'ils manquoient de poissons nou- vellement tirés de l'eau , ou lorsqu'ils étoient à terre : pour cet effet, ils pres»- soient les chairs, qu'ils se propôsoient Poisson» IX. ' i5 ' 1^1 ^ V ":-^ '^L^.èc^^' i. t I 1^ i ' * / 170 HISTOIRE NATURELLE de saler , afin d'en ûter tout le sang , ainsi que la lymphe ; ensuite ils les sa« loient en barriques comme d'autres viandes. t-;-"!- b* **■'":» «j^f'^* ;:•-; . ■• -^ K On trouve des baleines dans bien des parages diflférens : on voit particu- lièrement les grosses et franches vers le nord , comme dans les terres vertes du Groenland , le détroit de Davis , les côtes de Spitsberg , de l'Islande , de la Norwège, et dans les mers Glaciales» Il y en a beaucoup sur le bord de )a baie de Sainte-Hélène , ainsi que dans celle de Saint- Vincent. On en pêche au nord de Corée. Dampier dit qu'on en voit très-fréquemment près l'ilede &■• rï' 1 I i w 172 HISTOIRE NATURELLE' May; il en paroît presque tous les ans quelques-unes sur la côte de Bayonne , et jusques sur le Cap Finistère , où Ton en a harponné. M. Vandusfel dit qu'en 1741 il en vit à une lieue au-dessus du Pont-Saint-Eâprit. Il assure que quand on a passé Juida, en tirant vers le nord, la mer est remplie de différentes espèces de gros poissons , auxquels on donne en certains endroits le nom générique à'Ebrus , qui veut dire gros poissons, entre lesquels se trouvent des baleines. ' On lit dans l'Histoire des Voyages , tome X, que Mendez Pinto vit pren- dre dans une île du Japon , une ba- leine monstrueuse; que le roi de l'ile se fit un plaisir d'aider à la prendre ^ et qu'il la tua de sa propre main. ^' Suivant le Maire, oh voit beaucoup de baleines aux Philippines, sur -tout proche la terre des Etats ; de sorte qu'on est obligé dé cdurir des bordées pour les éviter. sans nne, iVon iessus } que irant lie de (sons , droits veut Lels se yages ; pren- le ba- ie nie ndre, • [ucoup -tout aorte >rdéea DE LA BALEINE FRANCHE. IjS On prend beaucoup de baleine» avec le harpon à Socotera, île peu éloigné» de TArabie-Heurcuse ; et il 9*en trouve un nombre prodigieux au Cap de Gal- les , qui fait la pointe de Ccylan. Ceux qui se sont occupés de la pèche de la baleine conviennent unanime- ment que c'est vers le nord, tirant à l'ouest, qu'on trouve les plus grosses baleines , les plus cliargées^ de graisse, et les moins farouches. Je ne parle point ici de ces baleines monstrueuses qu'on dit qui se pèchent à la Chine et dans les grandes Indes , entre lesquel- les on prétend qu'il y en a de plus de deux, cents et trois cents pieds de lon- gueur : n'ayant pas pu constater l'cxac- titude de ces allégations ^ )'y ai peu do confiance. ** M ":""■ ^îr^ï^anio.? :>i ''*^''!' '"•• ' ' Comme les pêcheurs qui vont clier- cber ces poissons vers le nord seroient fréquemment exposés à des dangers considérables , à cause des glaces qui rendent la pêche pénible etiucertaïuej t i •f ; i 'h "Il i t74 HISTOIRE NATURELLE ceuK qui pratiquent leur métier ùunt ces parages , ne font communément la pêche que dans les mois de mai , juin et juillet , saison où l'on u'a point à crain- dre les gelées; tnême aujourd'hui^ on va communément chercher les halei- nes dansdes parages moins froids, quoi- que celles qu'on y trouve , qu'on nom- me sardês, et qui, par la description qu'en donnent les auteurs , me parois- sent être le poisson qu'on a appelé /lorcf- kaper , soient moins grosses, moins chargées de graisse , et beaucoup plus vives et plus fuyardes que les grosses qu'on prend dan» le nord, ^^nq tio 9'A - Les pêches qu'on nomme du nord, ont été beaucoup pratiquées par les Basqiies et les Hollandais ; car on dit que dans le temps que cette pêche étoit en vigueur j il partoit tons les ans de Saint- Jean-de-Luz vingt-cinq à trente vaisseaux ,' du port de deux cent cin- quante à trois cents tonneaux , équipés do cinquante à soixante hommes j et ^'UiM^ ■.••'?^;'!i«.->. '*..: PE LA BALEINE FRANCHE. ^75 qa'il y a eu des années où les Ilollan^ dais y ont envoyé trois à quatre cents navires qui occupoicnt plus de vingt mille hommes j elle est bien moins con« sidérable présentement : quelques-uns prétendent que c'est parce que leahui-^ les de poissons sont devenues plus com- munes , depuis qu'on a pris l'iiabitude d'en tirer de différentes espèces de poissons. Il est certain qu'elles sont beaucoup diminuées de prix , car M. Frammery , correspondant de l'acadét mie royale des sciences , m'a écrit , qu'une barrique d'huile de trente vel- tes , que les Hollandais vendoient au- trefois i4oliv; y ne se vendoit plu5) que yo liv. Je crois que la principale raison est f comme je- le ferai voir dans un ar- ticle particulier , que l'on est dégoilté de cette pêche dans les glaces , parce ' qu'elle est incertaine et dangereuse. ^ «>• Pour donner une idée précise dé l'incertitude du succès des pêches des baleines ; je vais rapporter l'histoire j J.v. _„ im-lifc»- jt ..^A, «y.-»; .^ ï, t t I 178 HISTOIRE NATURELLE T baleines dans les glaces du nord , et de petites dans les climats moins froide ^ j'entends dire en plus grande quan- tité : car je sais qu'on prend de petites baleines en Islande', et qu'on en trouve quelquefois accidentellement de gros- ses dans les provinces plus tempérées , particulièrement en Canada, où le^ grosses baleines sont pour la plupart blessées par des harpons ; quelque^* unes même sont mortes , ce qui fait croire que ce sont des baleines qui, ayant été chassées et blessées dans des parages du nord, ont quitté leur do- micile pour se retirer dans d'autres parages* .h»^îU ^'Mi| •»;• ..: !-.tî:,>jsj'k^ «.Cu» - Nous sommes trop éloignés des lieux où les grosses baleines se trouvent en quantité y pour pouvoir en donner une description bien exacte : ainsi je me trouve réduit à donner celle d'une ba- leine de médiocre grandeur qui échoua, au mois de décembre 1726, au cap du Hourdel, dans la baiç de Somme : elle ;Si«li*i ■ .mMfVittï'- t jrî.*..-W!f ■;, >. ..~»».^,»,„-,..- -ïv» ■" * î .i- A..!.^:i-' DE LA BALEINE FRANCHE. 1 79 avojit environ soixante-douze pieds do long depuis un bout jusqu'à l'autre. L'aileron de la queue n'avoit quo douze pieds de longueur , et il a voit la forme d'un demi- cercle : il y avoit aussi douze pieds d'une pointe de ce demi- cercle à l'autre. Après qu'elle eut été séparée du corps, ayant été sciée , vingt hommes ne purent la soulever entièrement , encore moins la trans- porter à quelques pas de-là. A l'endroit où on la scia pour la sé- parer ducorps; on voyoit l'os sembla- ble à un grès gris , qui avoit quatre pieds ou environ de circonférence : de^ là on peut juger de la grosseur,de la force etde la dureté dé l'épine du dos , qui pa- roissoit continuer depuis la tête jus- qu'à la queue. On peut se figurer une poutre d'environ soixante pieds de long , et juger quel dommage elle peut faire contre les corps qu'elle frappe. / Ses nageoires sembloient n'être pas proportionnées à son corps : elles n'a- i I I ii ■ p •s.». ^\—n€..,-f h Éh] f >< i P'.f 'II. •i' 1 î'i. [ ■ f ■ i 180 HISTOIRE NATURELLE voient pas plus de huit à dix pieds de . La gueule étant ouverte , deux hom- mes pouvoient y entrer sans se bais- ser ', et on dit que deux on trois y ont travaillé , «ans s'incommoder , à reti- rer du palais et des mâchoires , les feuilles de fanons. On dit qu'elle pou- voit en avoir deux cents livres pesant dans la gueule , qù il n'y avoit point de dents. Au reste , je ne rapporte ceci que sur les mémoii^es qu'on m'a fournis. Les navires destinés à la pêche des baleines au nord dans les glaces , doi- vent être forts en bois , et les mem- bres ne doivent être éloignés les uns des autres que de cinq à six pouces : l'avant doit être garni de forts borda- ges de chêne , au moins jusqu'à la grande amure , pour pouvoir réjiiç ter au choc des glaces , auquel ils sont fré- quemment exposés , comme nous )o dirons dans la suite. Ces bâtimens sont dws pinasses^ dei flûtes ; &ç. in port , ■Afc^.'ii^^e^,?^ -5^ ^ jpç. i DELABALE E FRANCHE. l8l de trois , quatre à cinq cents tonneaux , ayant souvent à rapporter huit cents et jusqu'à mille b^arriques de graisse oa d'huile. Suivant leur grandeur, chaque bâ- timent est équipé de six ou huit forâ- tes chaloupes, qui se pourvoient non- seulement de ce qui est nécessaire pour faire leur pêche , mais encore pour ra- douber leurs bâtimens en cas d'acci- dent. Les chaloupes sont ordinaire- ment montées de six rameurs , d'un timonnier , et d'un ou deux harpon- neurs. i^ - Les chaloupes pour les bâtimens destinés à chasser les grosses baleines dans les glaces , sont communément , pour chaque bâti meut , au no'mbre de six , huit , plus ou moins , suivant le nombre des navires. Le nombre des équipages pour chaque bâtiment varie aussi depuis trente et quarante hom- mes, jusqu'à cinquante-cinq, sur quoi il faut comprendre le commandant de If.l Poissons. IX. i6 h ,: ' l. '*■■ V^' i» t 182 inSTOIRE NATURELLE la flotte qui est sur le bâtiment, les pilotes , les timonuiers , les harpon- neurs : il y en a un ou deux sur chaque chaloupe : ce sont eux qui comman- dent la manœuvre et qui doive ut avoir soin que tous les ustensiles soient en bon état. ^r; -7 -^ . Plus Oïl approche du nord , plus on trouve de bancs de glace , entre les- quels les pêcheurs s'établissent , parce qu'ils savent que c'est dans ces endroits que les baleines sont moins farouches , plus grosses , et qu'on les prend avec plus de facilité: leur prise est aussi plus profitable , parce qu'elles sont fort chargées de graisses qui fournissent de l'huile en quantité, v^ . <"-. » Au commencement de la pêche , un pêcheur hardi et expérimenté entre le premier dans la baie , pour y exa- miner la position des glaces , et s'as- surer , s'il est possible , d'y entrer avec des chaloupes. Dans les parties les plus septentrionales^ comme enNorwège, :t!i .i***^'*"""!-^. -■ 7 DE LA BALEINE FRANCHE. l83 vers le Spitzbcrg , on trouve beaucoup de grands bancs de glace donl on esti- me que quelques-uns ont huit à dix lieues de circonférence. Comme la nier est presque toujours tranquille et sta- ble entre ces bancs , et comme pour cette raison on y court moins de ris- ques qu'ailleurs , les pêcheurs n'hési- tent point de s'y établir en pêche ; il faut au contraire se défier des petits bancs qui n'ont que deux à trois cents pas de circonférence ; car la plupart étant mobiles^ ils serapprochent quel- quefois les uns des autres, et ils endom- magent considérablement les bateaux qui se trouvent entre deux. Il faut encore assez de précautions , quand on est obligé de s'amarrer sur un banc de glace -, car s'il vient à se briser , le bâtiment court risque d'être perdu. Il se forme quelquefois des mon- ceaux énormes de glace qui ont , depuis le fond de la mer jusqu'à leur sommet , cent cinquante pieds de hauteur ^ et I ;">j ïri ) [ I 'I 'y u l84 HISTOIRE NATURELLE une très-grande superficie : ces masses cle glace étant immobiles , on peut les regarder comme un rocher qu'il est aisé d'éviter. Les pêcheurs qui pénètrent avant entre les glaces , doivent , suivant que les parages sont plus ou moins nord^ commencer et finir leur pêche plutôt ou plus tard. Ils doivent entrer en pê- che quand les glaces sont prêtes à fon- dre , et la finir lorsqu'elles commen- cent à se former j ce qui arrive dans le Groenland, le détroit de Davis, et aux environs de Spitzberg, vers le mois de juillet. Sans cette attention ,ils cour- roient risque d'être arrêtés entre les glaçons sans pouvoir s'en dégager , ce qui est arrivé plusieurs fois; car il sur- vient quelquefois des gelées subites ou des dégels imprévus , qui mettent les bâtimens dans les plus grands dangers. lies pêcheurs se trouvent encore souvent en péril, lorsque des coups de vent, )oints à de petits dégels, déta> Xr^"" - ■ . - "t^.^ 'ai- ■■* '"«i»^»' DE LA BALEINE FRANCHE. l85 cbent des bancs de glace qui , en flot- tant , arrivent sur leurs bateaux : en ce cas , les pécheurs font tout leur possible pour se retirer dans des cri- ques , oh ils se tiennent à l'ancre jus^ qu'à ce qu'ils n'apperçoivcnt plus de glaçons flottans , ce qui interrompt la pêche : dans quelques circonstances ^ ils sont obligés de s'amarrer sur les glaces avec des grappins dont la corde répond aux bateaux pêcheurs, et ils sont en sûreté , à moins que les glaçons ne vien- nent à rompre. De plus , il y a plusieurs matelots continuellement occupés à détourner avec des gaffes , les glaçons qui , par leur direction , doivent tom« ber sur les bâtimens , et pourroient les endommager. Quand ce sont de gros glaçons, les pêcheurs amarrent aux côtés et en-dehors des bâtimens , une grosse baleine dépouillée de son lard : cette grosse masse amortit très*puis- samment le choc des glaçons. On convient généralement que IckS 1*1 'tSl ni •• i , I i' n H l8G HISTOIRE NATURELLE grosses baleines se plaisent dans les cli- iiials froids ', néanmoins on en voit peu quand les gelées sont très- fortes et qu'elles durent long ^ temps. On jiré- tend que dans ces circonstances elles se retirent dans des endroits inconnus aux pêcheurs et aux navigateurs. Il est certain qu'elles reparoissent lors- que le temps s'est adouci ; ce qui a quelque ressemblance avec ce que pra- tiquent les poissons de passage. Puisque nous nous occupons de l'his- toire des baleines , il nous paroît con- venable de dire encore quelque chose sur ce qui forme leurs alimcns, quoi- que je ne puisse en parler d'après mes propres observations. ' J'ai dit que, suivant plusieurs au- teurs , les baleines ne se nourrissent que d'inseclesgros comme des semences do riz , qui s'amassent dans leur gueule^ entre les barbes ou fanons , qu'on re- garde comme des filets destinés à at- traper ces insectes. Ceux q^ui adopteiU p; [X I. *4 -_^ -2 1*4, DE LA BALEINE FRANCHC. 187 ce senliment , (lisent que les baleines ont lo gosier trop étro't pour avaler de^ gros poissons , qu'on ne trouve dans leur estomac que de l'eau , de la vaso et un peu d'algue : je regarde cela comme très-douteux. Il se peut bien que les baleines ava- lent les insectes ^'on voit enga^^és dans leurs fanons; mais il n'est guère croyable qu'un aussi gros animal , et tellement chargé de graisse , qu'on m'a écrit de l'île de Corse , qu'une baleine de cent pieds de longueur avoit donné cent vingt milliers de graisse, il n'est guère croyable ^.dis-je , qu'un tel ani- mal soit réduit à une aussi foiblâ nour- riture : aussi les voit-on faire la chasse aux harengs , aux maquereaux , même aux thon»; et on ajoute que les balei- nes qui descendent à l'ouest ^ et qu'on voit aux cotes do Terre-Neuve ^ s'y rendent pour se repaître d'un petit poisson blanc du genre de» eapelans , uammé blisson y. ^ui s'y rassemblent , »'S f'i ï ]i y fV l88 HISTOIRE NATURELLE dit -on, par millions, et que les ba- leines dévorent : des auteurs bien di* gnesde foi , disent avoir trouvé beau- coup de ces poissons dans leur estomac. Joignons à cela , que les, pêcheurs regardent comme un présage d'une bonne pêche , quand ils apperçoivent à l'endroit où ils s'établissent, un grand nombre de blissons , ou de ces petites baleines vives qu'on nomme sardes , ou enfin, quand par un temps calme on apperçoit flotter , à la surface de l'eau , cette espèce de crème blanche connue sous le nom de graissin, qui indique qu'un grand nombre de poissons fraient au fond de l'eau. Toutes ces circons- tances, qu'on regarde comme des pré- sages d'une bonne pêche, indiquent que les baleines se rassemblent à des endroits où elles savent qu'elles trou- veront beaucoup de poissons. Je ne prétends pas conclure de-là, que les baleines dévorent tel ou tel de ces poissons j mais je crois qu'elles se ras- DE LA BALIIINE FRANCHE. 189 semblent dans des endroits ui\ il y en a beaucoup , entre lesquels elles trou- vent de quoi se nourrir. Je croyois être bien certain de ce que j'ai dit sur la nourriture des balei- nes , et je me trouve encore confirmé dans cette opinion, par une lettre que je reçois de M. Desforges-Maillard , qui me marque que M. de Breville , capitaine des vaisseaux de la compa> gnie des Indes, a observé que quand une baleine rencontre un banc de ha- rengs , elle frappe Teau avec sa queue , et la fait bouillonner de manière à étourdir sa proie , et qu'alors elle en remplit son estomac. Willugbby dit , qu'ayant dans ce cas ouvert des balei- nes , il a voit trouvé dans leur estomac trente ou quarante merlus, dont plu- sieurs étoient encore en vie. Les pêcheurs aiment à faire leur métier par les temps de bruine ; mais c'est uniquement parce qu'alors les ba- leines ne sont pas dans le cas d'êtra ■ m ■hï \\ w -og "W ^% H 190 HISTOIUE NATURELLE c£faroucliécs , par ècheu l'â , 111 par les iilets. Quoique j'aie déjà dit quelque chose sur la pêche des baleines , particuliè- rement des vraies et grosses baleines du nord , je ne prétends pas avoir épui- sé ce qui regarde cet objet ; mais il me paroil convenable , avant d'y revenir, de rapporter quelque chose de la pê- che des petites baleines, qu'on nomme en quelques endroits safdes , et qu'on trouve principalement dans les cli- mats plus tempérés, d'autant que ce que je me propose de dire sur la pêche aura son application à toutes les es- pèces de baleines, tant aux grosses du nord qu'aux petites , que quelques-uns confondent avec les cachalots , dont nous parlerons dans le genre suivant. Comme ceux qui font la pêche des petites baleines hors des glaces no sont pus autant exposés aux mêmes iIah- gers que ceux qui pèchent ùàn:^ Ica glaces , ils emploient des bateaux plus "^V,-- ■^ '-'-■ •-*'«.. . DK LA MAI.EIKE rR\NrnE. \t)\ petits et plus légers : maîs parce qne ces baleines sont bien plus vives et plus fuyardes que les grosses , on est obligé , pour les joindre et pour les sai^r, qv ' m! c^.^esont été blessées, d'à voir un I^lu^ grand nombre de chaloupes ar- niv Ci de plus de monde ; pour les mê- mes raisons , il est essentiel que les ma« teloLs et les harponneurs soient plus jeunes et plus vifs que pour la pêche des grosses baleines. Avec ces précau- tions , on fait quelquefois des pêches abondantes dans ces parages ; car on voit souvent revenir , au mois de juil- let , des bâtimens avec leur charge- ment complet de sardes. Pour faire la pêche de ces petites baleines , on réunit plusieurs chalou- pes , armées chacune de six ou huit hommes , qui rament de toutes leurs forces pour approcher du poisson. Un i>a deux harponneurs , qui sont à l'a- vant , essaient de les percer avec un rd , à l'organcau duquel est attachée / i n\ /4 •■\ .-.'. .*\ *'i -. ^n>^-Mf^**'^i^t- ' / ^92 HISTOIRE NATURELLE une corde qu'ils lâchent à mesure que les poissons s'enfuient , et guidés par la corde , ils les suivent à force de ra- mes: à mesure que les poissons perdent leur sang , ils s'aflbiblissent ; alors les pêcheurs pouvant les joindre aisément, ils achèvent de les tuer , puis ils les ti- rent à la remorque sur le rivage , pour les découper. Les femelles sont plus aisées à prendre que les mâles^ sur-tout quand elles ont leurs petits qu'elles ne veulent point abandonner; car il y a un grand attachement réciproque en- tre les petits et les mères. Je vais maintenant entrer dans des détails plus circonstanciés de tout ce qui regarde la pêche des diflférentes es- pèces de vraies baleines. J'ai indiqué , à la vérité , sommai- rement , les ports et les villes marchan- des où l'on peut s'établir pour faire les^ armemens pour la pêche des baleines; ce qui se réduit à choisir les endroits les plus voisins des parages où l'on se DE LA BAI/EINE FRANCHE. 19? propose de s'établir en pêche , et où l'on a lieu de présumer qu'on trouvera beaucoup de baleines ; grosses ou pe- tites. Les matelots , les pêcheurs et les offi • ciers-mariniers , qui sont , le maître , le pilote , les harponneurs , le tonne- lier, le charpentier, forment ce qu'on nomme les équipages , dont l'engage- ment se fait au mois de mars : leur em- barquement est ordinairement ver» la mi-avril. Je parlerai dans la suite du traite- ment des équipages qui sont à la part. Il s'agit maintenant des gages qu'on donne à ceux qui , n'étant pas à la part, vont à cette pêche pour le compte des marchands associés. Ces gages sont or- dinairement de quinze livres ou quinze florins par mois , bien entendu qu'ils sont nourris pendant toute la campa- gne. Ceci ne regarde que les matelots; car les gages des officiers- mariniers sont plus considérables, et proportion- Poi.tsoïi'i. 3X, 17 m <>.'i H -il *. f i \i i 194 HISTOIRE NATURELLE nés à leur capacité ; ainsi, les rameurs ont , suivant leur force, quinze à vingt livres par mois; les harponneurs, de- puis vingt-cinq jusqu'à trente livres ; et le commandant, depuis quatre* vingt s jusqu'à cent livres. Outre cela, l'équi- page a de gratification , sur cliaque bar- rique de lard , vingt-cinq à trente sols. Quand on a passé tout l'équipage en revue , on donne à chacun un mois d'avance , ce qui leur sert ordinaire- ment à acheter des hardcs , et de peti- tes provisions dont ils jugent avoir be- soin à la mer. Chacun serre dans un coffre ce qui lui appartient , pour le trouver au besoin ; mais les gages ne commencent à courir que du moment où Ton s'embarque. Au reste , tout cela n'est que des à-peu- près , et est sujet à varier suivant différentes circonstan- ces. Lorsque les équipages sont à la part suivant l'usage des Basques , l'arma- teur ou le propriétaire du navire a pour ^1 -À i» ni LE ï rameurs zeàvinct enrs, de- te livres ; :re-vingls a, l'éqiii- laque bar- ente sols, uipage en un mois >rclinaire- t de peti- avoir be- dans un , pour le gages ne moment , tout cela >st sujet à •constan- : à la part , l'arma- irc a pour DE L.V BALEINE FRANCHE. I ()5 lui la moitié des huiles et toutes les barbes ou fanons , excepté un quintal des fanons que le capitaine lève pour chaque cent de barils d'huile qu'il rapporte. Quand le propriétaire du navire a pris la moitié des huiles , l'autre moi- tié se partage inégalement entre les gens de l'équipage ; de sorte qu'en sup- posant que la part du capitaine soit de vingt-quatre barriques d^lmile , le pi- lote en a vingt , le contre-maître dix- huit , les harponneurs chacun qua- torze , et le reste des matelots , chacun suivant son mérite , depuis six barri- ques jusqu'à onze : lorsque le navire revient avec moins de sa charge , cha- que lot diminue proportionnellement. Comme ces campagnessont quelque- fois longues , et qu'on y change très- fréquemment de climat, on est exposé à éprouver toutes les variations de l'atmosphère; des sécheresses considé- rables, des chaleurs très- vives , plu» ^1-1 I , m JijG HISTOIRE NATURELLE fréquemment des pluies abondantes , de la neige , de la grêle , et de très- fortes gelées. Pour supporter toutes ces alternatives, sur-tout l'humidité et le froid , il faut avoir de bons gros habits , des vestes et des gilets de rechange , d'assez bonnes couvertures de laine , six paires de gros bas , autant de fortes mitaines , de forts souliers , une paire de bottines de cuir fourrées , six ou huit chemises , et des mouchoirs de cou. Ceux qui ne sont point accoutu- més à aller à la mer étant fréquem- ment pris de diarrhées et de vomisse- mens^ feront bien de s'approvisionner de quelques bouteilles d'eau-de-vie et de vinaigre ; et s'il n'y a point de chi- rurgien à bord, de quelques remèdes anti-scorbutiques ; heureux si dans ce cas il se rencontre quelque vieux ma- telot expérimenté qui, étant pourvu de médicamens , les emploie avec suc- cès, au moins pour les maladies habi- tuelles des gens de mer» f LE ndantcs , t de très- toutes ces idité et le os habits, rechange , de laine , t de fortes une paire es , six ou ichoirs de t accoutii- fréquem- e vomisse- ovisionner Li-de-vie et tint de chi- îs remèdes L si dans ce vieux ma- int pourvu e avec suc- adies habi* .1 DE LA BALEINE FRANCHE. 197 Quoique la nourriture ne soit point la même dans tous les bâtimens , oit peut dire en général , que le repas du matin, ou le déjeûner, est du riz ou de l'orge mondé , qu'on fait bien cuire avec un peu de beurre fondu , à quoi , suivant leur appétit , les matelots ajou- tent du fromage, du beurre salé et du biscuit : on donne pour le dîner, du bœuf salé, du poisson frais ou salé, ou des légumes secs , accommodés au beurre ou au lard, et toujours du beurre salé , du fromage et du biscuit à dis- crétion ; car , comme les travaux des pêcheurs sont pénibles , on est bien aise de les voir prendre beaucoup do nourriture avec appétit. A l'égard de la boissan , autre l'eau douce dont ils ont à discrétion, 011 donne , suivant les différentes nations , de la bière ou du cidre , ou du vin dans lequel on mêle un peu d'eau; et quand les équipages sont réduits à l'eau ^ on ti ïl 3! I v ' . «,.,i 138 HISTOIRE KATUllELLE Jeur donne de temps en temps un petit coup d'eau-de-vie. J'ai assurément bien des choses à dire sur la pêche des baleines j mais ]q crois devoir commencer par décrira une des plus considérables , qu'on fait avec un instrument nommé harpon , parce qu'après avoir bien détaillé celte façon de pêcher , je serai en état de traiter fort en abrégé de presque toutes les autres. Le harpon est un instrument de fer doux et bien corroyé; il est piquant par le bout, et tranchant parles côtés: on l'ajuste au bout d'une perche de bois qui forme son manche. Il y en a de différentes grandeurs, relativement à la grosseur des poissons qu'on se pro- pose de prendre. Quoiqu'on se serve des harpons pour prendre différentes espèces de poissons , néanmoins dans l'article qui nous occupe , il convient d'entrer à ce sujet dans des détails » paicG que c'est l'instrumeut dont les DE LA BALEINE FRANCHE. IQf^ pêcheurs font Je plus d'usage pour la pêche des baleines , sur- tout des gros- ses du nord. A l'inspection des harpons , on voit que l'extrémité, qu'on nomme dard , est terminée par une pointe , aux deux côtés de laquelle sont deux ailes tran- chantes: par la forme pointue du dard et celle des ailes tranchantes , qui ont une forme triangulaire , il est sensible quele harpon doit entrer très aisément dans le lard et la chair des baleines , et qu'au moyen de la largeur de la partie d'en bas des aileron-^ , il doit éprouver bien de la difficnllé pour sortir des chairs ; ce qui est nécessaire , puisqu'il faut que le harpon résiste à la tension de la corde à laquelle il est attaché, et aux mouvemens énormes que se donne ]a baleine lorsqu'elle se sent blessée. Quelquefois , pour augmenter encore cette résistance , la partie tranchante des ailes est barbelée , et le milieu du dard^ entre les deux ailes ^ augmenta ri n w i/i ? Î200 HISTOIRE NATURELLE (l'épaisseur , iion-sculcment pour don- ner plus de force au harpon , mais en- core pour \e rendre plus pesant , ce qui augmente la force du coup, fait que lo fer pénètre plus avant dans les chairs, et y est plus solidement établi. On re- garde cette augmentation de poids comme si importante, que le plus sou- vent on met au[manche , à une petite distance du fer , un anneau de plomb. Pour rendre l'ajustement du harpon à son manche très-simple, on termine le dard par une douille de fer qui a à- peu-près deux pieds et demi, ou trois pieds de longueur. Cette douille res- semble beaucoup à celle qui reçoit le manche d'une bêche de jardinier : elle est creuse à l'extrémité, pour recevoir le manche qui se termine en pointe. Les harpons avec lesquels on perce les poissons qui se tiennent à une petite profondeur sous Feau, diffèrent de ceux dont nous venons de parler , en ce que leur manche est fort long , et ^ DE LA BALEINE FRANCHE. 201 que le harpon ne se sépare pas du man- che que le pêcheur tient toujours à la main. Quand la corde n'est pas assez lon- gue pour suivre le poisson jusqu'à la fin de sa course , on en joint une autre au bout : quelques-uns attachent de distance en distance , à la corde prin- cipale , des bouts de corde plus menus, auxquels sont attachés des morceaux de bois léger qui flottent sur Peau ; mais il est sur-tout important d'atta- cher au bout de la corde principale , une grosse bouée , pour retrouver la maîtresse corde , si elle échappoit aux pêcheurs. Quoique les lances niaient point l'a- vantage de tenir aussi fermement dan» les chairs que les harpons, et que pour cette raison on ne puisse pas y atta- cher une corde pour découvrir où le poisson s'est retiré , on verra néan- moins, par ce que nous allons dire , ill m \ ■â! ,1 ) ''■--.,. '■*^i 20 J. HISTOIRE NATURELTiE que cet instrument est très-utile ponr prendre les baleines. Les lances diffèrent principalement des harpons par la forme du dard qui est ovale , et terminé par une pointe sans oreilles. A presque toutes les lances , à la par- tie opposée à la pointe , il y a une lon^ gue douille dans laquelle entre le man- che , comme aux harpons : à la plu- part , le manche tient au fer comme aux piques de guerre , ou aux espon- tons , parce que l*usage le plus ordinaire des lances est d'achever de faire mou- rir le poisson qui a été blessé par le harpon^ et affoibli par la perte de son sang', ce que les pêcheurs font en per- çant la baleine avec la lance sans aban- donner le manche. Les lances dont nous parlons, ont ordinairement douze à quinze pieds de longueur , dont le fer fait à-peu-près le tiers; chaque cha- loupe, suivant sa grandeur, prend or- KE LA BALEINF FRANCHE. 2o'^ dinairement quatre ou six lances , et deux ou trois harpons. Quand les rameurs peuvent joincirc les baleines^ les matelots les percent de toute leur force avec leur lance , et achèvent de les faire mourir en pen- chant de côt6 et d'autre le manche , pour augmenter la grandeur de la plaie, et précipiter la perte du sang. Il faut encore se pourvoir de crocs de différentes grandeurs et de diverses forces , soit pour tirer à terre ou à bord les poissons, soit pour amarrer les chaloupes sur les glaces. Les crocs , comme on le verra dans la suite , ser- vent encore pour arranger les mor- ceaux de gras suivant leurs grandeurs , dans des barils. Il faut de plus avoir différentes es- pèces de couteaux , soit pour lever le lard de dessus Tanimal , soit pour le découper à bord en morceaux de diffé- rentes grandeurs , pour le mettre en r-4' 204 HISTOIRE NATURELLE barils ou en quart , lorsqu'on veut en retirer l'huile. Les grands couteaux servent pour lever la graisse de dessus l'animal ; ils ont, y compris le manche, cinq à six pieds de longueur, la lame a à peu près trois pieds de long sur environ trois pouces de largeur. Les couteaux qui servent pour dé- biter en petites tranches les grands morceaux , quand on veut en faire de l'huile , sont de moitié plus petits que les grands ; leurs manches sont plus courts à proportion : à l'égard des au- tres poissons cétacées, je parlerai de plusieurs instrumens de pèche moins considérables que ceux qui servent pour prendre les vraies et grosses ba- leines : ces détails contribueront en- core à éclaircir ce que nous aurons dit sur la pêche des grosses baleines. Quand il s'est rassemblé un nombre de bâtimens armés pour la pêche des baleines , plusieurs matelots qu'on \ I ut ea pour il j ils à six à peu iviron ar dé- grands lire de its que it plus des au- erai de moins jervent }ses ba- )nt en- rons dit ;s. nombre che des qu'on I DE LA BALEINE FRANCHE. 3o5 nomme guetteurs y s'établissent au ri- vage sur des pointes qui s'avancent à la mer , ou sul des rochers de la côte , ou sur des monticules , d'oii on peut appercevoir une étendue de mer assez considérable : ils prêtent la plus grande attention pour essayer de découvrir des baleines. Outre les guetteurs , plu- sieurs matelots de chaque bâtiment montent sur les hunes , ou au haut des mâts, et essaient aussi d'appercevoir des baleines, ou qui nagent à fleur d'eau , ou qui en sortent de temps en temps la tête pour aspirer l'air. On juge que les baleines qu'on dé- couvre flottant sur l'eau , sont mortes , ou qu'ayant été blessées , elles sont trës-a£PoibIies par la perte de leur sang ; en ce cas, quelques chaloupes armées de six rameurs, d'un timonnieretd'uti harponneur , essaient de les joindre à force de rames; ils n'y réussissent que quand les baleines sont mortes , ou lorsqu'elles sont fort affoiblies par leurs *h # ■■t. m i I 206 HISTOIRE NATURELLE blessures ; car celles qui ont conservé toute leur vigueur parviennent à s'é- chapper. Lorsqueles pècheurslcs jugent mor- tes , ils passent nn nœud coulant der- rière l'aileron de la queue , ou bien ilâ attachent une corde à un fort croc, qu'ils ont piqué dans la gueule du pois- son , et deux , ou un plus grand nom- bre de chaloupes s'étant amarrées sur ces cordes , tirent à la remorque ces baleines à terre ou à bord d'un des na- vires. Mais comme il y a de ces baleines qui , n'étant qu'engourdies , entrent en fureur quand elles se sentent pi- quées par une lance , et renversent à la mer les chaloupes et les hommes , il faut donc , avant de les amarrer à la chaloupe , prendre des précautions pour s'assurer que celles qu'on voit flotter sur l'eau sont mortes; pour cela on les pique avec une lance ou nn» baïonnette. serve a s e- :mor- t der- ien ilâ croc , X pois- nom- •es sur ue ces les na- ileines ntrent nt pi- sent à limes f er à la lutions n voit ur cela [}U iino DE LA BALEINE FRANCHE. 20; Quand on a reconnu que les balei- nes qu'on croyoit mortes sont seule- ment fort afiFoiblies, et qu'elles pour- roient entrer en fureur, on achève de les faire mourir à coups de harpon, de lance ou de niasse. Il arrive quelquefois qu'un bâtiment armé pour la pêche, se trouve acciden- tellement au milieu, d'un banc de pois- sons cétacces, baleines, souffleurs, ca- chalots , ou gros requins , &c. En ce cas , tous les gens de l'équipage se ran- gent autour du bâtiment , ayant à la main des harpons , des lances , des crocs garnis de longs manches , et ils essaient de percer les poissons qui se trouvent à leur portée -, on a même vu des pê- cheurs qui parvenoient à en saisir aveo un nœud coulant qu'ils passoient au- dessus de Taileron de la queue. Quand les guetteurs , soit de la côte ou des yaisseaux , apperçoivcnt des baleines distribuées çà et là , ils en avertissent ceux qui sont dans les rais- »!, t ïli t' rf'l "ii: p ri ^ i' r! 212 HISTOIRE NATURELLE TeaLi -, et ce qui est encore plus diffî^ cile , c'est de juger lorsqu'une baleine est enfoncée dans l'oau, de l'endroit où elle paroîtra pour prendre l'air ; ainsi les Iiarponnenrs et les limonnicrs sont des officiers- mariniers très-impor- tans. Noms avons dit, que suivant la gran^ deur et la destination des navires qu'on arme pour la pêche des baleines, on leur donnoit plus ou moins de chalou- pes, depuis trois jusqu'à six ou liuit ; plusieurs sont suspendues a«-dehors du bâtiment -, les autres sont placées sur le pont. SuivantunelettredeM.de la Courbcniere , on en met ordinaire- ment quatre à l'entrepont, et deux sous le gaillard d'arrière. Comme chaque navire est obligé de fournir aux chaloupes qu'il met à la Hier , les ustensiles de peclie qoii leur sont nécessaires, ils embarquent grand nombre de lances et de harpons de dif- férentes graiulcurs.; avec des pièces de DELA BALEINE FRANCHE. 2 3 lignes plus ou moins grosses destinées à être attachées au harpon y et qui ser- vent à indiquer la route que font les baleines, lorsqu'étant blessées, elles fuient avec une telle vitesse , que mal- gré les efforts des rameurs ils ne peu- vent les atteindre. On a vu qu'il arrive assez fréquem- ment, que les chaloupes s'éloignent de leurs vaisseaux , au point qu'elles ont souvent peine à les rejoindre : en co cas , le navire tire quelques coups de canons , et les chaloupes ayant embar- qxxé quelques trompes ou cornets , es- saient de répondre aux coups de ca- nons que le navire a tirés. De plus, les matelots, tant des navires que des cha- loupes , montent de temps en temps au haut de leur mât pour essayer d'ap- percevoir leur navire , ou pour décou- vrir quelques baleines mortes ou en vie -, car quand les baleines blessées peuvent se retirer sous des bancs de glace, il arrive assez souvent qu'elles 21 4 HISTOIRE NATURELLE sont penlues pour les pêcheurs, ainsi que les lignes qui tenoient au harpon. D'ailleurs, il y a une récompense pour ceux qui apperçoi vent les premiers une baleine mono ou blessée. Si une baleine blessée échappe à ceux qui l'ont harponnée , et qu'elle soit appcrçue par une autre chaloupe qui la prenne , c'est aux pêcheurs de cette chaloupe qu'elle appartient j ceux qui l'ont harponnée en premier lieu n'y ont aucun droit. Quand la nier est calme, on entend de fort loin le bruit de l'eau que les baleines jettent par les évents , sur- tout celles qui ont été blessées ; les harponneurs profitent de cet indice pour les trouver, ce qui semble prou- ver que c'est un jet d'eau qui sort par les évents , et non pas de la fumée ou du brouillard, comme nous avons dit que quelques-uns le pensoient : néan- moins je conviens que Peau qui sort par les évents se divise par petites goul- DE LA BALEINE F HANCHE. 2k'> tes , à cause de la résistance de Pair. A l'égard de celles qui sont mortes et qui flottent sur l'eau, sur-tout celles qui sont anciennement mortes , on le* découvre par un nombre d'oiseaux qui s'amassent dessus, ou pour en faire cu- rée , ou pour prendre quantité d'in- sectes qui s'y trouvent en grand nom- bre. On sait que les huiles qu'on extrait des graisses , sont le proiit le plus con- ■ sidérable que les pêcheurs retirent de leurs travaux; il faut donc pour cela lever le gras avec des précautions con- venables , ce qu'on appelle découper les baleines, ainsi que nous allons l'ex* pliquer. Quelquefois les baleines étant près d'expirer , échouent et meurent sur le rivage , sur-tout après un coup de vent ; mais d'autres fois étant trop affoibliés pour gagner la côte , elles meurent à l'eau. Dans ce dernier cas, on les amarre à des chaloupes qui les traînent à k 'i i \: 2l6 HISTOIRE NATURELLE côte ou à bord d'un vaisseau. Quand ou le& tire à la côte , il est important de clioisir un endroit , où précédem- ment on ait établi des fourneaux et ce qui en dépend , ou au moins il faut qu'il soit facile d'y en établir, et qu'on y puisse trouver du bois pour chauiTer les fourneaux. Quand le terrein est en pente , on amarre la baleine à des piquets qu'on enfonce dans le terrein , et des cordes qu'on place dans la gueule et au der- rière de l'aileron de la queue ; à l'égard des baleines qu'on remorque auprès des vaisseaux^ quand elles sont rendues à côté et au-deliors des bâtimens , on les amarre avec des chaînes ou des cor- des qu'on passe dans la gueule , ou au- tour du corps , ou derrière la queue : pour détacher plus aisément le gras^ des pêcheurs hardis montent sur les baleines , quoiqu'elles ne soient pas en« core tout-à-fait mortes; mais comme leur peau est trè3-g1issante ; pour ne I W J] [Juand lortant :éclem- X et ce il faut t qu'on liauITer te , on ï qu'on 1 cordes lu der- régard auprès endues ns, on les cor- ou au- [[ueue : B gras, sur les pas cu" comme our ne DE LA BALEINE FRANCHE. 21 7 point courir risque de tomber à la nier, ils ont la précaution de mettre dos pointes sous les talons et sous les semel- les de leurs souliers. On donne assez souvent une pelil» récompense à ceux qui ont cette liar- - dicssc , de même qu'à ceux qui ont ap- perçu quelques poissons à la mer. Comme l'opération de découper lo gras, soità terre ou à la mer , est à-pcn- près la même chose, ce que je vaisdii e convient à l'une et à l'autre ; et je me bornerai à indiquer ce qui appartient plus particulièrement à l'une de ces méthodes qu'à l'autre. Lorsqu'une baleine est amarrée au vaisseau , ceux qui découpent le gras , et ce sont ordinairement les harpon- iieursou des charpentiers , se placent sur l'avant d'une des chaloupes qui sont à côté du poisson,lequel se trouve ainsi entre la chaloupe et le bâtiment. Il y a dans chacune de ces chaloupes , un ou plusieurs hommes qui les tiennent Foisàons. IX* at^ V m H ]ri i 1 '' * < '^ ;. u / (M ai8 HISTOir.E NATURELLE assujcUicsau navire, au moyen de cor- des ou de crocs à longs manches. Les liarponncurs qui sont chargés d'enlever le gras, sont habillés de cuir, et ont des bottes : ils enlèvent d'aboi d an poisson , avec un grand couteau , la première pièce qui est près des yeux ; ils la nomment V enveloppe : c'est la plus grande tranche et qui a la plus grando épaisseur de gras : on la lève dans tou l e la longueur de la baleine ; si elle et oit d'une seule pièce, et que le poisson fût grand, elle s'étendroit presque depuis la surface de l'eau jusqu'à la hune du grand mât. Pour couper le reste du gras en tranches , le long et sur les côtés de la baleine , on passe sous le poisson une grosse corde avec laquelle on le retourne , et on le soulève , au moyen de quoi on lève d'autres tran- ches sur les côtés : à mesure que ces morceaux sont levés , on les hisse sur le pont ; et comme il y en a plusieurs lie fort lourds ; on se sert pour cclL© f •(j^ 1 I t)t: la malf.inf. franche. 219 opération, d'une caliorne. Il faut quo cette graisse soit bien ferme , pour qu*elle ne se rompe pas dans cette opé- ration. L'équipage qui est à bord découpe ces pièces principales en grandes tran- ches, d'^autres les découpent en plus petits morceaux: ceux-ci , ainsi que le» travailleurs qui sont sur les baleines , se servent , pour découper ces gros morceaux , de longs couteaux ; à me- sure qu'on détache de la graisse, on est obligé de hisser la baleine le long du bord du navire , pour l'élever au-dessus de l'eau et pouvoir plus aisément dé- tacher celte graisse de dessus les côtés du poisson : heur^ ,oment le gras se détache avec aut mt de facilité que la peau d'un animai que l'on écorche. Quand les m li tresses pièces sont sur le pont ou dans des cuv»eaux , auprès des fourneaux où l'on doit cuire le gras , des hommes, avec des crochets , les tiennent en état sur un établi j d'au- \ ï\ > i »n;i 1 220 HISTOIRE NATURELLE très , avec leurs couteaux , les décou- . peut en plus petits morceaux , qu'on arrange dans les cliaudières pour les cuire , comme nous l'expliquerons dans ^ 3a suite. ■ ..„,: ,^ -.,. ,,^r. -^ , ^....,.^, .; Lorsque le temps est bon pour la, pêche , si elle a été heureuse , on a quel- , quefois plusieurs poissons amarrés à l'arrière du navire. Alors on commence par lever les deux grandes pièces dont on a parlé ; ensuite on conduit ces ba- leines l'une après l'autre à côté du na- vire , pour lever le reste du gras. Les propriétaires des navires bas- ques et du nord , ont pour eux les fa- nons des poissons , excepté ce que le capitaine en a , pour la petite rede- vance qu'on a coutume d'appeler le chapeau. On parvient , par l'usage , à bien découper le gras et à lever les fanons. On jette à la mer, et on laisse aller à la dérive , le reste des baleines, après que l'on en a enlevé le lard et les fanons : les oiseaux s'y attroupent j '^ if k W-^ r,*t-HM«»rf.*» -."•*•' DE LA BALEINE FRANCHE. 221. mais pas avec autant d'avidité que sur celles qui ont encore leur g^^aisse. Ces cadavres sont souvent la proie des ours blancs , qui s'assemblent pour en fair© curée , comme les chiens autour des charognes. - ' .. Ji. . . Les chats-huants et autres oiseaux de proie, qui apperçoivent une baleine blessée , la suivent et s'y attroupent , en appelant les autres par leurs cris. Les efforts que la baleine fait en se dé- battant, lui font exhaler une sueur de mauvaise odeur ; néanmoins cette odeur attire tous ces oiseaux qui vien- nent la becqueter même pendant que l'animal est encore en vie , principa- lement pour manger quantité d'insec- tes de mer et de petits coquillages dont la peau est couverte. Les baleines rejettent, avec l'eau qu'elles soufflent par les évcnts , une espèce de graisse qui nage sur l'eau , et que ces oiseaux dévorent avec beau-* eoup d'avidité. > «4 ^•■*/^' - ■::ii;i= - ^^. » 'if J i 222 HISTOIRE NATURELLE ' La langue d'une baleine de bonne taille peut donner quatre à six barri- ques d'huile ; mais on ne la tire ordi- nairement que quand la pêcbe.' n'a pas été avantageuse, parce qu'on prétend que l'huile qu'on en retire étant très- sèche et corrosive , gâte les chaudiè- res , et que pour tirer cette huile , il faut ajouter à la langue d'autres gras , qui sont plus doux et plus liquides. Ceux qui sont employés à découper le lard , soit sur le poisson ou sur l'établi , font leur possible pour que Thuile qui re- jaillit du gras que l'on coupe ne tombe pas sur leurs mains et leurs bras, parce qu'ils pourroient en être fort incom- modés , d'autant qu'on prétend , je ne sais si c'est d'après de bonnes obser- vations , qu'elle cause une contraction de nerfs qui rend les membres presque perclus. On m'a assuré que les graisses des petites baleines ou sardes n'avoient pas ce défaut. ^ r. ' Les crocs avec lesquels on retient la I î TE LA BA.LEINE FRANCHE. 22lî halei lie, pour la dépouiller de sa graisse, sont tirés avec des palans doubles, au moyen desquels on revire le poisson , et on le retourne comme on veut , à mesure que l'on avance ce travail. Avant de parler de la fonte du lard , il faut remarquer qu'on étoit autrefois dans l'usage d'en saler pour \e carême ; mais cela ne se pratique aujourd'hui que pour la graisse des marsouins , ce qui me fait soupçonner que l'on ne, prr>j "^it ainsi que le lard des moyen- nes ?:»; p-ctites baleines. Nous avons déjà dit que lès pêclieurs suivent des pratiques différentes pour retirer l'huile des graissesdes baleines: les uns , et c'étoit assez lai méthode des pêcheurs du. nord , après avoir décou- pé le lard en petits morceaux, et l'a- voir renfermé dans des barils , l'em- portoient chez eux , pour le faire fou- dre et en retirer l'huile plus commo- dément. Les Basques étoient dans Va- sag-e de préparer les huiles à bord de '.il ^ 1 / 224 HISTOIKE NATURELLE leurs bàlimens^ ce qui dilTère peu de ce qu'on pratique quand on découpo mie baleine à terre. Ceux qui rempo»* teiît le gras chez eux , ont , devant la table où ils découpent le lard, une espèce de gouttière où ils jettent les petits morceaux , qu'un mousse reçoit dans une chausse , où ils s'égouttent ^ et tombent ensuite dans une barrique ou un vase de bois placé auprès de la table où l'on découpe le gras. Autrefois •les Hollandais portoient , dans des ba- rils , presque tous les gras à Spitzberg , où on les fondoit ; mais maintenant on leur donno cette préparation en diflfé- yens endroits. • Ceux qui fondent les gras près le lieu fie la pêche, mettent les petits mor- cer^ux dans une chaudière placée sur lin fourneau de briques qui est près de l'établi où l'on coupe le gras ; ou si l'on fait cette opération à bord du bâti- Tnent , ou établit le fourneau ^ r le til- ïae du premier pont, sous le gaillard I ïï LA BALEINE FRANCHE. 2^5 d'avant, entre le grand mât et celui de misaine. * : Comme on fait la première fonte avec du bois , si l'opération se fait à bord du bâtiment , il faut bien pren- dre garde d'y mettre le feu: c'est pour- quoi on a soin d'arroser avec de l'eau tous les environs du fourneau. ; * A mesure que l'huile se sépare , on. la verse dans une cbausse qui la con- duit dans des cuveaux de bois qui sont près de la chaudière. Comme on a eu soin de mettre de l'eau dans ces vais- seaux y l'huile surnage , et la lie tombe au fond. On laisse l'huile se refroidir pendant quelques heures dans ces vais- seaux , et pour cet effet , on l'arrose de temps en temps avec de l'eau fraîche qui se précipite au fond , et contribue à clarifier l'huile qu'on entonne en- suite dans des barils , la passant par un tamis fin. Si l'on fait ce travail à bord du nav j , une partie de l'équi- page y reste pour exécuter ces tra- 22^6 HTSTOIRE NATURELIE vaux , et sur-tout pour veiller conti- nuellement à ce que le feu ne prenne pas au bâtiment : le reste de l'équipage monte dans des chaloupes et va à la pê- che. Pour retirer toute l'huile, on verse tout ce qui est dans le réservoir dans des chaudières larges et plates , contenant deux à trois cents pots, et montées sur des fourneaux de briques, l^orsque la graisse est bien cuite , on tire l'huile , on la passe au travers d'une passoire , d'où elle tombe dans un cu- veau où il y a de l'eau, pour qu'elle s'y refroidisse et que les immondices se précipitent au fond , de sorte qu'il n'y ait que l'huile épurée qui surnage :on, la tire de ce cuveau pour la faire tom- ber dans un autre de même grandeur , et successivement dans un troisième^ aussi à demi-rempli d'eau, pour pro- curer un plus prompt refroidissement et une meilleure clarification. On. ajoute quelquefois à Peau , une très- faible lessive* Quand l'huile est bien î DE LA BALEINE FRANCHE. 2:^7 refroidie et clarifiée , soit que l'opéra- tion ait été faite dans le bâtiment ou à terre , on l'entonne dans des barils , et par la gouttière qui répond au fond du eu veau, on relire le marc, qui étant sec , sert à la cuisson du lard. Quand on manque de cuveaux de bois ou de chaudières plates pour ces diverses clarifications qui consistent à laver les .liuiles dans plusieurs eaux , on fait ces opérations dans de grands baquets. Ch.icune des méthodes que nous ve- nons de décrire a des avantages et dea inconvéniens. En faisant l'extraction des huiles dans les bâiimens , on évite le transport du gras et le désagrément d'infecter d'une très-mauvaise odeur le quartier où l'on prépare l'h^ e , qui est d'autant plus belle qu'on l'a pré- parée plus promptement. On a encoi o l'avantage que pendant que quelques- uns de l'équipage s'occupent à tirer rhuile , les autres vont à la pêche : mais un grand inconvénient pou^ la prépa- 1 i iï II n-.. t r»!»^'"'"''"^ .^• 2a8 HISTOIRE NATURELLE ration des huiles à bord des vaisseaux ^ est le danger de Tincendic ; car malgré toute l'attention que Téquipage appor- te pour les éviter, il arrive quelque- fois que quelques bâtimens en sont les victimes. Il est vrai que quand le lard a resté quelque temps en baril , il rend plus aisément son huile , et qu'on en retire une plus grande quantité ; mais elle n'est pas aussi parfaite que celle qu'on retire aussi-tôt qu'on détache le •gras du poisson, "^rrr^'-. -' Nous avons dit que les pêcheurs met- ioient quelquefois le gras et les huiles dans des futailles. Il est bon de dire quelque chose des diifférentes futailles dont ils se servent. Ils emploient des vaisseaux qu'ils nomment pipes ou barriques. C'est com- munément par le nombre de ces fu- tailles , plutôt que par cehii des pois- sons, qu'ils estiment le produit de leur pêche , à moins qu'ils ne soient en pê- che ; car alors ; si un de leurs camara- s r I DE LA BALEINE lî'RANCHE. «9 des leur demande quel a été le succès de leur pêche, ils disent le nombre des poissons qu'ils ont pris : ce qui n'an- nonce rien de précis , puisqu'il y en a de beaucoup plus gros les uns que les autres : c'est pourquoi, quand on parle du succès de la pêche , on a coutume de dire combien on a rapporté de ba- rils de gras ou d'huile ; ce qui m'en- gage à dire quelque cbosc de la gran- deur des futailles dont on a coutume de faire usage pour la pêche de ces poissons. •* Les pipes hollandaises contiennent ordinairement deux barriques de Bor- deaux. Les Hambourgeois nomment leurs futailles des lardelles : elles con- tiennent cent vingt-cinq ou cent trente pots : ce qui ne s'éloigne pas beaucoup de ce qu'on appelle à Paris demi-queue , et à Orléans poinçon , contenant deux cent quarante pintes de Paris. Les futailles dans lesquelles les pê- cheurs du nord rapportent le gras chez '4 411 Poissons. IX. 30 / < a3o HISTOIRE NATURELLE eux, contiennent environ denx cent cinquante à deux cent soixante pln^ tes , mesure de Paris. Les barriques de Bordeaux ne diffè- rent pas beaucoup des lardcilesde Ham- bourg. •. . .. i Quand les pêcheurs du nord ont fait leur liuile , ils la mettent dans des bar- riques plus petites que celles oCi ils avoient mis le gras , et qui ne contien- nent que cent vingt ou cent trente pi n- tes. Les barils d'huile que les Basques rapportoient de la mer , contenoient deux barriques du nord. Les pipes des Hollandais ont quatre pieds de hauteur jBur deux pieds et demi de diamètre au milieu ou au bouge, et un pied neuf pouces au jable. Les petits barils pour mettre l'huile qu'on tire du nord , ont deux pieds trois ou quatre pouces dp hauteur , un pied neuf pouces de dia^ mètre au milieu, et un pied six pouce^ au jabl< II- Comme les mesures varient |}eau« cent pin- diffè- Ilam- nt fait es bav- 011 ils liticn- tepin- asqucs noient jes des auteur mètre cl neuf Is pour d , qiit Ices d^ diaT- >ouce^ t)eavi* DE LA BALEINE FRANCHE. 23 1 coup , même sans clianger de royaume , je crois devoir me borner au peu que jo viens dédire , pour éviter des détails inutiles et ennuyeux. Les chaudières dans lesquelles on fait cuire les hui- les, sont de cuivre rouge, les unes plus grandes que les autres ; mais assez communément elles ont sept pieds de diamètre - et deux pieds de profon- deur. ' ''" : : ' Il y a sans contredit des huiles de baleinede qualité différente, entre les- c]u elles les unes sont bien meilleures que les autres. J'ai dit que les baleines qui avoient la graisse un peu jaune étoient celles qui se portoient le mieux : ce sont aussi ces graisses qui donnent la meilleure huile et en plus grande quantité. Celle qu'on retire des graisses blanches est assez bonne , mais en moindre quan- tité. Les graisses que fournissent les ba- leines qu'on trouve mortes, flottantes ii »v.# •T.JWMàSt»*fr*-.A'.--* ' -■t.,. A'jt- a.'Ja HISTOIRE NATURELLE ' BUT Peau, fournissent moins d'iiaile et d'une plus mauvaise qualité. On tire aussi de l'huile des langues cle baleines ; mais j'ai dit qu'on pré- tend qu'elle a une qualité corrosivc , et que pour la retirer , il faut y mêler de l'huile provenant des graisses. J'ai dit que quand on conservoit dans des barils du gras coupé en petits morceaux , pour le transporter aux endroits où l'on en doit retirer l'huile , lorsqu'on ouvroit ces barils , on trou- voit de l'huile qui s'y étoit formée , et qu'il y en avoit d'autant plus , que l'air avoit été plus doux; de plus, qu'on retiroit très -aisément l'huile du gras qui avoit été ainsi conservé en barils ; mais j'aurois dû ajouter que ces huiles n'étoient pas aussi parfaites que celles qu'on retiroit des graisses immédiate- ment après la inort de l'animal : c'est pourquoi les huiles qu'on relire dans ]esvaisseauxàlamer,comme faisoient les Basques , sonC plus parfaites que ri .-.k^ -f. Tiài^SiJjt^lLiiàà^ .,1 — ^" i^ ' : DE LA BALEINE FRANCHE. 233 celles qu'on retire à terre , suivant la méthode que praliquoicnt les Hollan- dais y lorsqu'ils étoient dans l'usage de la retirer toute à Spitzberg. Les huiles qu'on retire des graisses qu'on a conservées en barils , ont à- peu-près les mêmes défauts que celles qu'on tire des lards rouges que four- nissent les bêtes mortes. Les pêcheurs mettent encore une différence assez considérable entre les huiles qu'on retire des grosses baleines qu'on prend dans les grandes baies d'Is* lande , et celles que fournissentles pe- tites baleines qu'on prend dans des pays plus tempérés , et elles se vendent meilleur marché, v» . î^^ ^ . i . . Dans les mois d'août et de septembre , temps auquel les grosses baleines sor- tent des mers du nord pour passer dai* des climats plus tempérés, il en paruil quelques-unes vers les côtes d'Espagne^ tlepuis le cap Finistère jusque» vers r^mbouchure de la Garonne^ il est * f 'a f 4. ^'is-â^Wiil,,,*»- *• '^ 2^M sH HISTOIRE NATURELLE même arrivé qu'on y en a pris le prin- temps et l'été. Ces baleines sont moins grosses que celles de Spitzberg et du Groenland ; elles ont moins de gras : quelques-uns les nomment sardes : je soupçonne que c'est le nord-kaper : il se trouve quelquefois dans ce nombre des cachalots -, et si Ton y prend de grosses et franches baleines, c'est ra- rement et accidentellement. Ces gros- ses baleines retournent au nord vers le mois d'avril et de mai ; et les pêcheurs normands , qui font la pêche du ma- quereau hors les Sorlingues, en ap- perçoivent quelquefois des bancs con- sidérables : elles s'annoncent par le bruit que fait l'eau qui sort de leurs évents. Quand on rencontre de ces bancs , on poursuit les poissons, et on lâche d'en tuer à coups de harpons et de lances , ou de les échouer à terre , dans un lieu où il y ait des chaudières établies sur des fourneaux de briques , pour fondre le gras. ■■'*; DELA BALEINE FEAKCHE. 235 Saint- Jean -de- Luz a été un des meilleurs ports du pays de Labour , et un des plus célèbres pour la pèche des baleines , lorsqu'on n'osoit pas prati- quer cette pêche dans les glaces j néan- moins comme le fond est de roche , les cables ne tardoient pas à y être en- dommagés, ce qui a fait qu'on a essayé, d'entrer une partie des bâtimens dans le port de Socoa , qui est au sud-ouest de l'entrée de la rade de Saiut-Jean- de-Luz. Comme il y a des roches au fond de ce port qui n'a pas beaucoup d'étendue, on étoit contraint de met- tre les vaisseaux très près les uns des autres , et pour peu que le vent fût fort, ils se heurtoient et s'endomma- gcoient : de plus , dans le temps des arraemens, on étoit obligé d'y voilu- rcr beaucoup d'eiFets par terre. Toutes ces raisons ont contribué , ainsi que plusieurs autres , à faire abandonner dans ces ports la pêche de la baleine , ce-qui a fait un grand tort à cette pro- , 'I É m { 256 HISTOIRE NATURELLE vince , puisque dans certaines années la vente des huiles et des fanons a été des plus considérables. Ajoutons à ce que nous venons de dire , qu'il se formoit de temps en temps des bancs de sable qui fermoient l'entrée aux bâtimcns dans le port do »Saint-Jean'de-Luz. Toutes ces raisons , et les avantages qu'on appercevoit à bien disposer ce port pour la pêche des baleines, enga- gèrent les jurats à présenter au conseil du roi un plan de la rade avec les son- des, et un mémoire par lequel on sup- plioit sa majesté de prendre eii nonsi- déralion les avantages que cette pêche produisoit à la province , et même au royaume. Comme on n'a point eu d'é- gard à ces représentations, cette pêche ayant été abandonnée peu à peu , les Hollandais ont eu l'avantage de four- nir à presque toute l'Europe les huile.% et Iqs fanons^ dont la vente a été d'au** DE LA BALEINE FRANCHE. 2^7 tant plus avantageuse , que la pêche des Basques a diminué. M. de la Courtaudière m'a écrit do Saint-Jean-de-Luz , que danv»; le mois de février 1764 il vint échouer sur cette côte une baleine avec son petit, qu'elle portoit sur son dos. Dès qu'on l'eut apperçue, les pêcheurs sortirent avec leurs outils en très-mauvais état et tout rouilles , pour leur donner chasse : on harponna le petit , qui don- na huit barriques d'huile et cent livres de fanons : il avoit vingt-cinq pieds de longueur , dix-sept pieds et demi à& circonférence dans sa plus grande épaisseur , quinze pieds du côté de la queue , et dix pieds deux pouces à la têto. On ne croyoit pas avoir pu bles- ser la mère avec le harpon , parce qu'elle avoit , comme nous l'avons dit , son petit sur son dos; cependant on s'apperçut qu'en s'enfuyant elle ren- doit beaucoup de sang. Il y avoit autrefois en Angleterre 238 HISTOIRE NATURELLE «ne compagnie établie pour faire la pêche des baleines à Spilzberg , eu Groenland et dans le détroit de Davis. Pour engager à faire cette pêche , il y a eu un temps où le parlement d'An- gleterre avoit accordé une gratifica- tion de quarante schcllings par ton- neau aux vaisseaux qui armoient pour aller faire cette pêche en Groenland. On m'a assuré que depuis long-temps cette compagnie ne subsistoit presque plus. Les uns disent que c'est parce que le privilège qu'on lui avoit accor- dé avoit été réuni à la compagnie du sud -, d'autres prétendent que les Hol- landais étant parvenus à la faire avec plus d'économie que les Anglais, ceux- ci avoient trouvé plus commode et plus avantageux de se borner à faire cette pèche sur les côtes de la Nouvelle- Angleterre , de la Nouvelle-York et de Ja Caroline, où ils entretiennent plu- sieurs vaisseaux , qui rapportent en An- gleterre le produit de leur pêche. Les >^ DE LA BALEINE FRANCHE. 12% baleines qu'on prend dans ces parage» sont moins grosses que celles qu'on trou- ve dans les glaces du nord -y néanmoins , proportionnellement à leur grosseur , elles fournissent assez abondamment d'hnile. On a Pavantage d'y employer de plus petits bâtimcns, et les pêcheurs y courent moins de risque. Quand ils sont rendus au lieu de la pêche, ils ti- rent plusieurs de leurs canol:s à terre, et ils y construisent des cabanes. Quand des guetteurs établis sur les hauteurs avertissent par des signaux qu'ils apperçoivent des baleines , alors cinq ou six bateaux bien armés se réu- nissent pour les poursuivre et les har- ponner. Les lignes qui tiennent aux harpons sont assez grosses, mais elles n'ont que quarante à cinquante brasses de longueur •, et au lieu de la grosse bouée que nous avon? ci't qu'il falloit mettre au bout de la ligne , pour la trouver quand elle avoit échappé aux harponncurs , ils mettent une espèce 1 h\ /j'i l .*'; iVi^iS^f-»' V'f %. a'tO HISTOIRE NATURELLE de table de bois de trois pouces d'épais- seur, et qui a trois pieds en quarrf^ ^ au milieu de celle table est assenibio uti bout de chevron de quatre ptmcer l'c- quarrissage et d'un pied de longueor, à l'extrémité duquel i]ti attachent le bout de leur ligne qu'ils craij^nent du perdre. Cet assemblage ai. bois fonno wne bouée fort apparente , qui iiîdiqoe ot\ i) faut aller chercher ie bout de la ligne i mais je ne crois pas qu'elle soit prcféri-'ble aax grosses bouées de liège ou de bois léger dont nous avons dit que plusieurs pécheurs faisoient usage. Suivant ce qu'on m'a écrit sur la pèche des baleines par les Groenlan- dais , elle diffère peu de ce que nous en avons dît dans l'endroit où nous avons détaillé lét pêche de ce poisson dans le nord. Quand on apperçoit une baleine , on envoie pour lui faire la chasse , trois chaloupes armées chacune de six rameurs, d'unlimonnier et d'un harponiieur ,qui est sur le devant de U r.E LA BALEINE FRANCHE. 24l cliaîoiipe : il prend les plus grandea précautions pour n*être point renversé par la baleine. Leur talent consiste à prendre bien leur temps pour lancer sur le poisson le harpon qui tient à une corde longue de deux cents brasses. Quand la baleine se sent blessée , elle plonge avec une telle vitesse , que par le frottement sur le bord du canot , le leu prendroit à la corde qui est lovée dans le canot , si l'on n'avoit pas Pat- tention de la tenir très- mouillée ; et si cette corde lovée se mêloit , la cba- loupe périroit infailliblement : c'est pourquoi un matelot attentif est uni- quement chargé d'empêcher qu'elle ne se mêle , et il en ajoute une autre , quand elle ne suffît pas pour suivre la baleine dans toute sa course. Heureit- sement que la baleine est obligée de sortir de temps en temps la tête hors de l'eau pour aspirer l'air. Quand , après s'être enfoncée sous l'eau , elle reparoît, ce qui arrive ordinairement H \ ,) ri Vi;^" \ i a4a HISTOIRE NATURELLE à une centaine de brasses de distance de l'endroit où elle a été frappée , les harponneurs qui se trouvent à portée en profitent pour la percer de nou- veau : pour cela, ils se tiennent assez éloignés , pour n'être point frappés ni par la queue , ni par les nageoires : quand ils réussissent à la percer , sur- tout au foie ou aux poumons , le sang sort avec une abondance extrême , et les pêcheurs sont persuadés que le pois- son aura bientôt perdu toutes ses for- ces ; mais d'abord ses mouvemens sont si forts, que la mer est couverte d'é- cume : heureusement , comme elles ont un besoin absolu d'aspirer l'air , elles sortent de temps en temps la tête de l'eau, et elles se tiennent près de la surface , ce qui met dans le cas de pouvoir les harponner. Cependant les chaloupes sont quelquefois obligées de suivre pendant pluâieurs lieues la ba- leine qu'ils chassent , jusqu'à ce qu'elle ait perdu toutes ses forces ; et qu'elle et e la is do it les es de ba- 'elle L'elle DE LA BALEINE FRANCHE. 243 soit prête de mourir , ce qu'on apper- çoit , quand elle a le ventre en haut. On donne aux liarponneurs dix li- vres sterling de gratification pour cha- que haleine qu'on pêche. Quand une baleine est morte , on découpe les graisses et les fanons com- me nous l'avons expliqué. Chaque ba^ leine produit depuis soixante jusqu'à cent barils d'huile , suivant qu'elles sont plus ou moins grandes. On estime que chaque baril vaut 5 ou 4 livres sterling. Quelquefois de petitesbaleines vien- nent Tété souffler sur les côtes de Schet- land ou d'Hithland. Lorsque les habi- lans en apperçoivent d'endormies , ils nagent doucement et sans bruit , pour en approcher avec leurs petits schuts ; quand ils y ont réussi , ils les attaquent avec des lances, des harpons et d'au- tres instruraens, avec cette différence , qu'ils attachent , proche le harpon, de grandes vessies faites de peaux de l\ R. I 1^ r t) m': H. H; i \ ' «'*4 HISTOIRE NATURELLE veanx marins, qui, étant remplies d'air , empr;^*.- ri îu baleine de plonger Irop avant dans l'eau. Quand la ba- leine que l'on chasse se sent blessée, elle s'enfuit avec une vitesse éton- nante; et comme ellft p"' - :on sang, elle est souvent suivie par un nombre de petits baleineaux qui cherchent à î j sucer. Quelquefois tous s'étant reti- kés dans une petite baie , les schuls des environs se rassemblent et ferment la baie, faisant un grand bruit jusqu'à ce que la marée soit retirée : alors les pê- cheurs tuent le plus qu'ils peuvent de poissons , avec des harpons , des lances ou des armes à feu. Il y a de ces ba- leines qui leur fournissent six barils d'huile, qu'ils vendent aux Ecossais, qui en font du savon liquide. On m'èviritdc Berglicn en Norwëge, que le 22 avril un nombre de vaisseaux fie rendent aux glaces ;)ar le 77 ou f^^ degré , pour y faire la pêclie des baleines qui ne sont pas de 1< mtaie espèce que - ^ ' *—' ^ % 78' I DE L\ BALEINE FRANCHE. 245 celles de Groenland. Les unes parois- sent sur ces côtes vers la fin du mois de février; d'autres, d'une espèce diffé- rente , ne paroissent que dans les mois de mai et juin , où elles poursuivent les harengs , et les forcent de se retirer dans des anses : il y en a qui s'engagent entre des rochers, d'où elles ne peu- vent se dégager*, d'autres entrent dans des anses qui aboutissent à un lac de près d'une îicue de circonférence: alors les paysans en ferment l'entrée avec des filets faits avec des cordes d'écorce '^'arbres ; et les baleines ne pouvant regagner la mer, ils en tuent. Tout le monde connoît avec quel zèle le czar Pierre i s'intéressoitàtout ce qui pi avoit être utile à ses peuples. Ces sentimens l'engagèrent, en 1719 , à faire les plus beaux préparatifs pour établir dans ses états la pêche de la baleine. La mort de ce souverain in- terrompit ce beau projet, mais il ne fat point abandonné j car en 1 725, la I • • '/ a- a46 HISTOIRE NATURELLE czarine donna des ordres pour qu'il fût fait un établissement pour cette pêche. La czarine s'engageoit à fournir lies vivres aux vaisseaux baleiniers, avec Icsinstrumcns de pèche qui leur ficroient nécessaires^ on tira même de Saint- Malo quelques harponneurs ex- périmentés. La Russie est très-bien située pour cette poche, parce qu'il se rassemble sur ses côtes beaucoup de différeni poissons cétacées, même des baleines : malgré cela , on n'y prépare point , ou fort peu d'ambre gris, comme on fait à Spitzberg et en Suède : on y en apporte de Poméranie. Les états-généraux ont accordé des patentes à quelques particuliers à Fex* clusion de tous autres , pour faire la pêche de la baleine à Spitzberg ; mais il y a des Hollandais qui se rendent sur la côte de Groenland pour faire la poche de la baleine sans descendre ja-* uuis à terre ; ils découpent à bord lea •••♦V- ••T^»- DE L.4 BALEINE FRANCHE. U^iJ baleines en petits morceaux , et les mettent dans des barils pour les em- porter en Hollande, où ils en retirent riiuilo , qu'ils vendent à bas prix , parce que le gras ayant resté du temps en barils , a contracté une mauvaise odeur. La côte de Spitzberg est fréquentée tous les ans par des vaisseaux de diiFé- rentes nations. Chaque peuple a son port particulier, les chaudières, et tous les instrumens nécessaires pour tirer l'huile, ce qui les met en état do le faire promptement, et par consé- quent d'avoir l'huile presque aussi bon- ne que celle qu'on retire à bord. Les Japonais font beaucoup d'estime de la baleine , qu'ils nomment kudsuri; elle est assez commune sur la côte mé - ridionale de Dogmura et de Nomo ; on en fait la pêche avec le harpon, comme en Groenland : leurs canots étant étroits, terminés fort en pointe, et montés de dix rameurs ; ont pour cetts •■•^•-■f.-^' ''*'*'#^***1 PJ 248 HISTOIRE NATURFXL15 raison une marche bien supérieure à ceux dont nous avons parlé , et ils sont bien plus avantageux pour cette pêche. Nous avons dit que quand des pois- sons s'étoient réfugiés dans une anse, ou les y retenoit jusqu'à la basse mer, en fermant la communication à la mer avec un filet fait de cordes ; au moyen de quoi on lue beaucoup de baleines lorsque la mer est retirée , soit avec des harpons , des lances , ou même des masses. Un riche pêcheur de cette province s'étant avisé de tendre de pareils filets pour prendre les baleines, comme on fait d'autres poissons avec des seines, on pratiqua sa méthode avec succès , mais on ne fut pas long- temps à s'appercevoir que la dépens© cxcédoit le profit, et en revint à con- tinuer la pêche avec le harpon et les lances ; en un mot , à employer les moyens qui étoient en usage eo Groenland. DE LA BALEINE FRANCHE. 249 Les Japonais distinguent un grand nombre d'espèces de baleines, aux- quelles ils ont donné des noms différens, et qui ne diffèrent principalement les unes des autres que par leur grosseur j ils nomment serbio les plus grosses qui fournissent le plus d'huile ; ils en man- gent la chair, qu'ils disent être fort bonne , et sur-tout très-saine , car ils prétendent que sans cette nourriture ils ne pourroient ,as soutenir leurs travaux. D'après ce qu'ils disent de ce poisson, il me paroît qu'il ressemble beaucoup à celui que nous avons nom- mé la grosse et franche baleine du nord. La principale différence se réduit à ce que nous n'avons pas jugé aussi avantageusement de sa chair, prise comme aliment; mais on sait qu'une nourriture , qui , d'abord paroît déplai- sante, devient agréable quand on en a fait usage pendant un temps considé- rable. Par exemple, presque tous ceux H s5o HISTOIRE NATURELLE qui mangent pour la première fois des liuîlres crues les trouvent désagréa- bles; quand on en a contracté l'habi- tude , elles paroissent excellentes. Entre la grande quantité de poissons que les Japonais mettent au nombre des baleines, il y en a de petites qui me paroissent avoir assez de rapport avec les petites baleines qu'ion nomme sardes ; mais ils disent qu'entre celles- là il y en a dont on évite de manger la chair, parce qu'elle cause des toux opiniâtres , de la fièvre , des ulcères à la peau , même la petite vérole. Je ne rapporte ceci que d'après les auteurs , qui disent , que dans une grande partie de ces espèces on peut employer avan- tageusement presque toutes 1p5 parties de leur corps j leur peau est d'un bon visage , même étant employée verte : on mange la chair de la plupart des es- pèces, même les viscères qu'on apprête de différentes façons après avoir atten- dri les parties cartilagineuses daua 'te : €3- :ete Iteii- km DE LA BALEINE FRANCHE. 25 t l'eau bouillanlc ; on fait avec les ten- dons des cordes qu'on peut comparer à nos cordes de boyau et qui peuvent servir pour les instrumens de musi- que. On trouve tous les ans sur les côtes de la Corée, entre le Japon et la Chi- ne , des baleines, dont quelques-unes ont sur le dos des harpons qui leur ont été jetés par les Français et les Hol- landais, lorsqu'ils pêchoient des balei- nes au nord. On y pêche aussi quantité de harengs, de même que vers les Ter- res Arctiques, d'où on a conclu qu'il devoit y avoir entre la Corée et le Ja- pon , un passage qui répond au détroit de Waygals. Dans l'Amérique septentrionale, quand deux sauvages apperçoivent un© baleine qui approche de la terre , ils vont avec leurs canots la joindre, étant seulement fournis de quelques chevilles de bois avec une petite masse ; les Indiens ayant joint la bcileinc ^ un If 252 HISTOIRE NATURELLE se jette dessus , et quand il a gagné la tête, il enfonce une de ces chevilles dans un des évents; alors la baleine s'enfonce dans l'eau, et comme l'In- dien est bon nageur et plongeur , il sait se tirer d'affaire. La baleine qui n'a plus qu'un évent, ne tarde pas à reparoître sur Peau ; et si l'Indien par- vient à lui mettre une cheville dans le second évent , la baleine qui étouife , revient promptement sur l'eau; et étant près d'expirer, souvent elle se jette à terre, ou assez près de la côte; alors les Indiens qui la suivent avec leurs canots , parviennent aisément à la tuer. La vérité de ce que nous venons de dire a été attestée par beaucoup de té- moins oculaires, oitr'autres , par plu- sieurs officiers qui ont été à portée de Cvonstater ces faits. A l'occasion des pêches qui se font chez les nations étrangères, je crois convenable de rapporter une descrip- ont ois :ip- DB LA BALEINE FRANCHE. 255 tion venue de Québec, des chaloupes dont se servent les Esquimaux pour la pêche de la baleine. Ces chaloupes ont vîngt-qaatre à trente-six pieds de long -, ils y mettent une quille qu'ils font comme nous, de plusieurs pièces très-proprement em- pâtées ensemble , et arrêtées arec des chevilles de bois ou de fer , et des clous : ils posent dessus tous les membres qui sont chevillés, et emmor taises comme ceux de nos canots. L'avant de ces cha- loupes est fort relevé -, elles ont Tarrière comme une biscayenne avec un gou- T''ernail de planches , liées et attacli/ es avec de la peau; ces petits bâtimcnr» sont bordés de peaux de loup marin sans poil , si bien cousues ensemble , que l'eau ne ^ jut traverser: ils appliquent toutes ces peaux contre la carcasse de ce bâtiment ; et après les avoir bien tendues , ils mettent une lisse par-des- sus le bord , qui les tient de tous cotés ; c'est sur cette lisse qu'ils posent leur Poissons. IX, 3^ il 254 HISTOIRE NATURELLE estrope pour nager , comme nous fai- sons dans nos chaloupes. Ces bâtimens ne sont point pontés , et n'ont ordinairement qu'un mât avec une grande voile de peau de caribou boucanée, qui a une ralingue de cor- dages faite de peaux de loup marin ou de vacbe marine. Leurs manœuvres sont les mêmes que les nôtres , mais faites des peaux dont nous venons de parler , aui?i bien que leur"? cables. Pour leurs ancres , elles sont faites dif- féremment de celles dont nous nous sei'vons ; ce sont deux gros morceaux de bois en croix, desquels il sort quatre autres morceaux pointus et courbes : au milieu de ces morceaux de bois est attachée une grosse pierre pour les faire caler. Ils ont à présent presque tous des grappins qu'ils ont pri<' aux pêcheurs de morues. Ces chaloupes por- tent jusqu'à soixante hommes;et quand ils s'y embarquent, ils y mettent leurs r.anotsaV€c euxj ils s'en servent pour I l DE LA BALEINE FRANCHE. 255 traverser de la côte de Labrador dans l'île de Terre-Neuve , et pour y faire la pêche de la baleine , qu'ils pratiquent de la même manière que celle du loup marin. Le cordage dont ils se servent pour cette pêche est fort, et a jusqu'à cent brasses de long. Pour le faire flot- ter , ils y attachent , au lieu de vessies , des peaux de loup marin entièrement remplies d'air, ou des morceaux do bois de cèdre, pour fatiguer la baleine qu'ils poursuivent , et qu'ils essaient de tuer en la perçant avec leur dard. Ces sauvages manqu croient de clous et de dards de fer , même de toile et de cordages , s'ils ne parvenoient pas à s'en fournir par la démolition des cha- loupes et des cabanes dont ils peuvent se rendre maîtres sur leurs côtes. Dans la ville de Sinigaglia , située au bord de la Mer Adriatique, on prend différentes espèces de poissons. Néan- moins la pcche n'y fait pas un obj^t intéressant de commerce, excep^té dans 1 a56 HISTOIRE NATURELLE les saisons des foires, et particulière- ment de celle qu'on nomme de Siniga- glia , qui est regardée comme la plus célèbre , et à laquelle on apporte des pays peu éloignés toutes sortes de pois- sons y principalement des salés. Les différentes marchandises qu'on apporte à cette foire font que l'achat du. poisson se fait plutôt par échange que par argent j ce qui rend ce com- merce beaucoup plus florissant. On conserve , par curiosité , dans cette ville , de gros os d'un poisson qui se trouva échoué sur la plage en 1 706 ^ et qu'on jugea venir d'une baleine. On y prenoit assez abondamment des sardines, qu'on conservoit long- temps fraîches. Néanmoins on a aban- donné cette pêche , à cause qu'il s'y trouvoit beaucoup de gros poissons qui dccliiroient les iilets. Quoique les baleines soient de fort gros poissons, elles ne laissent pas d'ê- tre la victime de plusieurs animaux m DE LA BALEINE FRANCHE. 2.57 qui cherchent à "en nourrir. T'ai déjà parlé (l'un insecte^i os comme un grain de riz , qu^on nomme Puceron , qui , à ce qu'on assure , dévore leur langue , et quelquefois les fait mourir. On connoît encore un insec.e qui nuit beaucoup aux baleines : ou l'ap- pelle cor!, munément lei'ou èe haleines. On r> .1 assuré qu'il ne ress^^mblc au pou ordinaire , que par la forme de sa tête. Il a six fortes écailles sur le dos , quatre productions qu'on nomme cor^ nés , dont deux sont courtes et droites , les deux autres ^ courbes et pointues; l'aileron de la queue a la forme d'un bouclier. Cet insecte , qui me paroît tenir des crustacées , s'attacLv forte- ment aux baleines, qu'il tcurmcnte beaucoup , aur-tout dans le temps des chaleurs. Les baleines sont encore fatiguées par quantité d'oiseaux qui s'assemblent sur leur corps, pour manger les petits, iuûmaux dont elles sont couvertes* t / i\ 258 l!ISTOlRE NATURELLE Quelquefois les baleines se battent les unes contre les autres ^ et se bles- sent considérablement. Les gros re- quins du Nordique quelques-unsnom- ment assez mal-à-propos Ours demer^ à cause de leur voracité, quoique beau- coup moins gros que les baleines, sont très-redoutables pour ces poissons ; car ils les attaquent sous l'eau y et leur en* lèvent quelquefois au ventre des mor~ ceaux de chair d'une grosseur si con- sidérable ,» qu'on en trouve de muti- léfiJ > et même de mortes; et comme ce 'î a nîmaux meurent , pour la plupart y au ronddel'eau, il en résulte une perte considérable pour les pêcheurs. Us es- saient de les tuer, pour lès empêcher de faire périr un aninialqui leur est précieux, tant par l'huile qu'ils en re- tirent , que parce qu'ils en.mangent le» chairs les plus délicates^ que leur four- ixissent principalement les petites et feuncs baleines. On prend ces grands. aF.v,!#to^ç^.i«.- I y DE LA BALEIKE FRANCHE. !^(> cliiens avec de forts Lameçons empi- lés à des cliaiiies. Ces grands chiens du Nor<^ 'int de Ta ressemblance avec ceux qu . '"rend sur le grand liane de Ten "^ ve. On peut , au sujet des i ^n ? de», baleines , consulter le tome - de Y Histoire des Voyages , pag. 285, où Fon trouvera, d'après Matliéus, plu:- sieurs choses intéressantes. La vivellc ,. ou le poisson à scie , est itgardée par quantité d'auteurscomme* un diBS plus grands ennemis des balei- nes. Ih s'attroupent, dit- on, autour d'elles*, ils les^ attaquent avec leur trompe dentée , et parviennent quel- quefois à les tuer; ce qui est avanta- geux aux pêcheurs ,.parce que flottant sur Peau ou près de h. surface , lors- qu'elles-sont mortes ou seulement af- foiblies, les piêcheui:s s'en emparent^ et en. font leu7s profits^ On prétend assez géiiéparenîcnt que Ta. licorne de mer est un cnncniti plus ) IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) •*'-.V^. 1.0 M ■^ 1^ 122 2.0 us IJ 1.25 |U |,.6 ^ 6" ► Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STRKT WIBSTER.N.Y. I4SS0 (716) •73-4503 V. i>, ^ fu» ^53 "^^' '^ f y t.h^-iâ- \ V .^-,.^,,A*...^,.- af)b HTsTôiRÊ "naturelle "^"^ redoutable pour les baleines que la scie'.'' EiTectivenient , on pense que sa corné lui sert à tuer les poissons dont elle se nourrit. Il est certain que souvent la licorne frappe avec sa corne les bâti- mens, qu'elle prend probablement pour un poisson ; et }'ai vu un bout d'une de ces cornes de deux ou trois pouces de long , qui s'étant rompu ^ étoit resté dans le bordage d'une ^régate. ^ N'ayant pas pu être témoin deà com^ bats que je viens de rapporter , je ne suis pas plus autorisé à admettre ces allégations qu'à les nier : mais des ob- servateurs prétendent que les vrais en- nemis des baleines sont un cétacée, que quelques-uns ont nommé Gladia' ieur des baleines» Les pécheurs disent que ce poisson ^ que je ne connois pas , a sur le dos comme une lame de sabre très- tranchante , et qu'en nageant avec une vitesse extrême , il passe sous 1^ corps d'une baleine , lui ouvre le ven- tre, et la fait périr j ce que no pour- :\ Lws»*'» - -Y^ -'-^|-f""rMMH • - !-■•;' 'fff'^ I > ' DE LA BALEINE FRANCHE, nfil roient faire la viyelle ou scie, ni la li- corne y et ils s'autorisent dans ce senti- ment , en disant qae les pêcheurs les plus anciens et les plus expérimentés assurent qu'on ne prend point de yi- velles dans les mers du Nord , où il y a beaucoup de baleines, et qu'il s'en trouve beaucoup aux côtes d'Afrique : à quoi ils ajoutent, que les vivellesne sont pas d'assez gros poissons pour pou- voir tuer des baleines , même celles qui ne sont que d'une médiocre grandeur. Cependant, quoiqu'on sache que les vivelles ne sont pas des poissons fu- rieux , on les regarde comme la cause de la mort des baleines qu'on trouve mortes ou blessées sur le rivage; et n'ayant point de confiance à cette opi- nion , il nous paroit qu'on doit plutôt attribuer ces meurtres aux gladiateurs dont nous -venons de parler. , i -.n^- f->^ Ajoutons à ce que nous venons de dire , qu'il y a un quadrupède qu'on nomme Ours &/ânc'^ qui c tant très-frian<ï - i» îH.-itMtÊêà ftÊktm-Jk^^ *«*^ «»■■;•'♦ *%•, ^'i ( ■' li l'v 362 HISTOIRE NATURELLE de la chair des poissons , se tient sur les bancs de glaces ou au bord de la mer» essayant d'apperccvoir quelques poissons : quand il en découvre, il se jette à Peau , et plonge pour les at- traper : il poursuit les petites balei- nes , même les grosses y lorsqu'elles sont blessées ou très- fatiguées , et il les dévore. -.-.^ ■...-,. , i«.w.- .- ; :rt. Quoique cet animal aime sur- tout la cbair des poissons , il dévore néanmoins des quadrupèdes , quand il en peut at« traper : c'est pourquoi il est très-re- douté même des hommes. ' ; On nomme cette baleine : / 1 V fy :i Vallena, chez les Espagnols. JT/iai^ , en Angleterre. Wallffi&chy en Allemagne. - • ■' IFallvisch y parmi les Hollandais. ^ .* Livafiskf Sletbacky en Norwège. LiVa/^sA: , en Suède. '^; ;. •: Slichteback, Sandhual, en Danenlarck. Vaiashalr, en Islande, * ; ' 1^ ï / ->t^^.i,-:>/ï: »<(^'^ --"ir ■ i-'r-ih'v:fai?'^':' <-. DE LA BALEINE FRANCHE. 2^3 jérbek , Arbavirksoak , chez les Groëii- landais. Tkakœ, chez les Hottentots. Baleine-franche , en France. ' riN DU TOM£ NEUTliaiB. '4i '4;l