IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) "v. 1.0 i.i 1.25 ltt|2£ lu ■50 ^^" ■ 4.0 US us u I 2.0 m ^*.d Hiotographic Sdenœs Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 •^ \ :\ \ "^""'.^^ V CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVt/ICIVIH Collection de microfiches. Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques Tschnical and Bibliographie Notaa/Notas tachniquas at bibliographiquas Tha inatituta liaa anamptad to obtain tha baat original copy avaiiabla for filming. Faaturaa of thia copy which may ba bibliographically uniqua, which may altar any of tha imagaa in tha raproduction, or which may signif icantly changa tha uaual mathod of filming, ara chackad balow. D D D D D n n 0 n L'Institut a microfilmé la maillaur axamplaira qu'il lui a été posaibia da sa procurar. Les détails da cat axamplaira qui sont paut-étra uniquaa du point da vua bibliographique, qui peuvent modifier una image reproduite, ou qui peuvent exiger une modification dans la méthode normale de fiimage sont indiqués ci-dessous. 0 □ Colourad pagaa/ Pagaa da couleur D D 0 O 0 Coloured covera/ Couverture de couleur Covers damaged/ Couverture endommagée Covers restored and/or laminatad/ Couverture raatauréa et/ou pelliculée Cover title missing/ Le titre de couverture manqua Colourad mapa/ Cartaa géographiques en couleur Coloured ink (i.e. other than blua or black)/ Encre da couleur (i.e. autre que bleue ou noire) Coloured platée and/or illuatrationa/ Planchée et/ou illuatrationa en cou!eur Bound with other material/ Relié avec d'autrea documents Tight binding may cauaa shadows or distortion along intarior margin/ La rs liure serrée peut causer de l'ombre ou de la diatoraion la long da la marge intérieura Biank laavas added during restoraticn may appear within tha taxt. 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This item is filmed at the réduction ratio chacked below/ Ce document est filmé au taux da réduction indiqué ci-dessous. 10X 14X 18X 22X 26X 30X y 12X 16X 20X 24X 28X 32X 1 Th« eopy /ilm«d h«ra has b««fi r«produc«d thanks to th« G«n«rotity of : Stminary of Quibac Library L'axamplaira filmé fut raproduit grica à la généroaité da: Séminaira da Québac BiMiothèqua Tha imagaa appaaring hara ara tlia baat quality poaaibla eonsidaring tha condition and lagibility of tha original oopy and in Icaaplng with tha fllming eontract apaeificationa. Laa Imagaa auh^antaa ont 4t4 raproduitaa avao la plua grand aoin, compta tanu da la condition at da la nattaté da l'axamplaira filmé, at an conformité avac laa conditiona du contrat da filmaga. Original eopiaa In printad papar eovara ara fllmad baginning with tha front eovar and anding on tha laat paga with a printad or liluatratad impraa- tlon, or tha back covar whan appropriata. AU othar original eopiaa ara fllmad baginning on tha f irat paga with a printad or liluatratad impraa- alon, and anding on itha laat paga with a printad or liluatratad Impraaaion. Laa axamplalraa originaux dont la couvartura an papiar aat Impriméa aont fllméa an commençant par la pramiar plat at an terminant toit par la damiéra paga qui comporta una amprainta d'impraaaion ou dllluatration, aoit par la «acond plat, aaion la caa. Toua laa autraa axamplalraa originaux aont fllméa an eommançant par la pramiéra paga qui comporta una amprainta dimpraaaion ou dliiuatration at an terminant par la damiéra paga qui comporta una talla amprainta. Tha laat racoidad frama on aach microflcha •hall contain tha aymbol — ^(maaning "CON- TINUED"). or tha aymbol V (maanlng "END"), whichavar appliaa. Un daa aymbdaa auhranta apparaîtra aur la damiéra imaga da chaque microfiche, aelon le cae: le aymbole — »>8ignifie "A SUIVRE", le aymboie ▼ aignifie "FIN". Mepa, plate*, charte, etc., may be filmed at différent réduction ratioa. Thoae too large to be entirely included ?n one expoaure are fllmad baginning in tha upper left hand corner, left to right and top to bottom, aa many framee aa required. The following diagrama liluatrate the method: Lee cartee, pianehea, tableaux, etc., peuvent être filmée é dea taux de réduction différente. Loraque le document eet trop grand pour être reproduit en un aeul cliché, il eet filmé é partir da l'angle aupérieur gauche, de geuche é droite, et de heut en bee, en prenent le nombre d'imagea nécaeaaire. Lee diagrammae auhranta iiiuatrent la méthode. 5 .' ■ ' 1 2 3 4 5 6 HIS TH ÉPO ^^HH m-. HISTOIRE NATURELLE DE BUFFON. THÉORIE DE LA TERRE. ÉPOQUES DE LA Jî^XTURE. TOME I*f/ » » «^ 1 ^-•r ■ 1 .^1 r '■,:-4 â) r -.r \ I ) '*^-illllll^^'- -^ 4r».|3iîjffr?«»— '^ /^' "y^f iillli it«-^m'i>,im*mmmmm *• •. *A ;;% J f * • .••)^ • •w% f '<•• 4i '*••-. «« p • ^;- » f • • ■f •î • • •• • ■• • • % • • ^ « .* i J • « «". • ^ • « V •• .« -r ;î. ♦• r-,.» *• ..-> i C I c ■ t »^- * ■.^. '■■ '**»*'Êtmt*im%'^^ :^m ELLE classée pa: d'après espèces, inne ) AVEC LES CARACTÈRES GÈNÉRIQUKS et la nomenclature Linéenne ; Far RENÉ-RICHARD CASTEL, auteur du poëme des Fiantes. NOUVEL liE ÉDITION. TOME IL DE L'IMPRIMERIE DE A PARIS, Chez Déterville , rue du Battoir , n** i6. AN X — 1802. .iTTr-.î'vf _% l » • 4 s ^' ■•é m,^.»^^*^'n.':9î»éiik^.^' ^.fj J jtir --•*■ •-••'^. >-^'»^, ^tgggm^m. HISTOIRE NATURELLE. DES EPOQUES DE LA NATURE. •n.. f SUIVONS donc notre objet , et de ce temps qui a précédé les temps et s'est soustrait à notre vue , passons au pre^ mier âge de notre Univers, où la terre et les planètes ayant reçu leur forme , ont pris de la consistance , et de liqui^ des sont devenues solides. Ce change- ment d'état s'est fait naturellement et par le seul effet de la diminution de la chaleur : la matière qui compose le glo- be terrestre et les autres globes plané- taires, étoit en fusion lorsqu'ils ont com- mencé à tourner sur eux-mêmes; ils ont donc obéi comme toute autre ma- tière fluide , aux loix de la force centri- Th. de la Terre. II. i '.f^ . i --rr- "-»-»».. _^:^s^^î' 2 HISTOIRE NATURELLE. fugc ; les parties voisines de réqualenr, qui subissent le plu» grand mouvement dans la rotation , se sont le plus ëlevëes ; celles qui sont voisines des pôles , où ce mou vementest moindre ou nul ^ se sont abaissées dans la proportion juste et précise qu'exigent les loix de la pesan- teur, combinée avec celles de la force centrifuge ; et cette forme de la terre et des planètes s'est conservée jusqu'à ce jour , et se conservera perpétuelle- ment , quand même l'on voudroit sup- poser que le mouvement de rotation yiendroit à s'accélérer^ parce que la ma- tière ayant passé de l'état de fluidité à celui de solidité , la cobcsion des parties suffit seule pour maintenir la forme pri-^ mordiale , et qu'il faudroit pour la clian. ger que le mouvement de rotation prit -une rapidité presque infinie , c'est-à-« dire , assez grande pour que l'effet de la ^rcc centrifuge devînt plus grand qu« celui de la force de la cohérence. Or le refroidissement de la terre et - A- -^ » 3%- »-««^ ■ ÉPOQUES DE L\ NATURE. S des planètes , comme celui de tous les corps chauds , a commence par la sur- face : les matières en fusion s^y sont consolidées dans un temps assez court : dès que le grand feu dont elles ëtoient pëmftrëes s'est échappe , les parties delà matière qu'il tenoit divisées^ se sont rap- prochées et réunies de plus près par leur attraction mutuelle; celles qui avoient assez de fixité pour soutenir la violence du feu , ont formé des masses solides ; mais celles qui, comme l'air et Teau se raréfient ou se volatilisent par le feu^ ne pouvoient faire corps avec les autres^ elles en ont été séparées dans les pre- miers temps du refroidissement ; tous les élemens pouvant se transmiier et se convertir , l'instant de la consolidation des matières fixes fut aussi celui de la plus grande conversion des élémcns et de la production des matières vo- latiles : elles éloient réduites en va- peurs et dispersées au loin , formant autour des planètes une espèce d'atmo- 6K't-r.'^*^ 4 HISTOIRE NATURELLE. sphère semblable à celle du soleil ; car on sait que le corps de cet astre de fea est environne d'une sphère de vapeurs, qui s'étend à des distances immenses, et peut-être jusqu'à l'orbe de la terre. L'existence réelle de cette atmosphère solaire est démontrée par un phénomène qui accompagne les éclipses totales du soleil. La lune eu couvre alors à nos yeux le disque tout entier; et néanmoins l'on voit encore un limbe ou grand cer- cle de vapeurs dont la lumière est as- sez vive pour nous éclairer à peu-près autant que celle de la lune : sans cela, le globe terrestre seroit plongé dans l'obscurité la plus profonde pendant la durée de l'éclipsé totale. On a observé que cette atmosphère solaire est plus dense dans ses parties voisines du soleil; et qu'elle devient d'aut&nt plus rare et plus transparente, qu'elle s'étend et s'éloigne davantage du corps de cet as- tre de feu : l'on ne peut donc pas douter que le soleil ne soit environné d'une ■r*'.l2&. ;^ i^ .m-<^ - #:poques de la nature. 5 sphère de matières aqueuses, affriennea et volatiles, que sa violente ehaleur tient suspendues et reléguées à des dis- tances immenses , et que dans le mo- ment de la projeclion des planètes , lo torrent des matières fixes sorties du corps du soleil , n'ait , en traversant son atmosphère, entraîné une grande quan- tité de ces matières volatiles dont elle est composée ; et ce sont ces mêmes matières volatiles, aqueuses et aérien- nes , qui ont ensuite formé les atmo- sphères des planètes, lesquelles étoicnt semblables à l'atmosphère du soleil, tant que les planètes ont été comme lui, dans un état de fusion ou de grande in- candescence. Toutes les planètes n'étoient donc alors que des masses de verre liquide , environnées d'une sphère de vapeurs. Tant qu'a duré cet état de fusion , et même long -temps après, les planètes étoient lumineuses par elles-mêmes , comme le sont tous les corps en inca^w \ . **>H' mmff.. ■X- 11 J / 8 HISTOIRE NATUl:i7.bLB. clescence; maïs à mesure que les pla- nètes prenoieut de la consistance^ elles perdoient de leur lumière , elles ne de- vinrent tout-à-fait obscures qu'aprè» s'être consolidées jusqu'au centre , et long -temps après la consolidation de leur àurface, comme l'on voit dans une masse de mëtal fondu, la lumière et la rougeur subsister très-long-temps après la consolidation de sa surface. Et dans ee premier temps, oà les planètes bril- loient de leurs propres feux , elles dé- voient lancer des rayons , jeter des étin- celles, faire des explosions, et ensuite souffrir, en se refroidissant , différentes ébullitions, à mesure que l'eau , l'air et les autres matières qui ne peuvent sup- porter le feu, retomboient à leur sur- face ; la production des élémens , et en- suite leur combat, n'ont pu manquer de produire des inégalités, des aspéri- tés, des pi'ofondeurs , des hauteurs , des cavernes à la surface et dans les premiè- res couches de l'intérieur de ces ^isliï" ^m . ii^ryt»'..:^- «i**«rtW!*fV"*IW!*'î;.' ■'#^ EPOQUES DK LA NATURE, 7 des masses ; et c'est à cette époque que Ton doit rapporter la formation des plus hautes nioutagnes de la terre, de celles de la lune et de toutes les aspérités ou inégalités qu'on apperçoit sur les pla- nètes. Représentons-nous l'état et Vaspect de notre univers dans son premier âge : toutes les planètes nouvellement con- solidées à la surface étoient encore liqui- des à l'intérieur, el lançoient au-dehors une lumière très-vive : c'étoienl au- tant de petits soleils détachés du grand, qui ne lui cédoient que par le volume , et dont la lumière et la chaleur se ré- pandoient de même : ce temps d'incan- descence a duré tant que la planète n'a pas été consolidée jusqu'au centre, c'est- à-dire , environ 2936 ans pour la Terre , 644 ans pour la Lune, 2127 ans pour Mercure, ii3o ans pour Mars, ^5^S ans pour Vénus , 5i4o ans pour Satur- ne, et 94î^3 ans pour Jupiter. Les satellites de ces deux grosses pla- . -..^.-r .... ....4^^ mSi^^. • Wi 8 HISTOIRE NATURELLE. nètes, aussi bien que l'anneau qui envi- ronne Saturne , lesquels sont tous dans le plan de l'équateur de leur planète principale, a voient été projetés dans le temps de la liquéfaction, par la force centrifuge de ces grosses planètes , qui tournent sur elles-mêmes avec une pro- digieuse rapidité : la terre, dont la vitesse de rotation est d'environ neuf mille lieues pour vingt-quatre heures , c'est- à-dire de six lieues un quart par mi- nute , a dans ce même temps projeté hors d'elle les parties les moins denses de son équateur, lesquelles se sont ras- semblées par leur attraction mutuelle à 85ooo lieues de distance , où elles ont formé le globe de la lune. Je n'avance rien ici qui ne soit confirmé par le fait, lorsque je dis que ce sont les parties le» moins denses qui ont été projetées , et qu'elles l'ont été de la région de Ftiquateur ', car l'oi sait que la densité de la lune est à celle de la terre comme 702 sont à looO; c'est-à-dire, de plus h S t 1 ] i t ,^,yii»—>,«K,^r|)|lj^imnif,j,^a, ^m!^- —'«il IMW EPOQUEii DE LA NATURE. 9 d'un tiers moindre ; et l'on sai t aussi que la lune circule autour de la terre dans un plan qui n'est éloigné que de o.3 de- grés de notre équateur , et que sa dis- tance moyenne est d'environ 85 000 lieues. Dans Jupiter, qui tourne sur lui- même en dix heures , et dont la circon- férence est onze fois plus grande que celle de la terre, et la vitesse de rota- tion de i65 lieues par minute , cette énorme force centrifuge a projeté un grand torrent de matière de diffère na degrés de densité , dans lequel se sont formés lesquatresatellitesde cette grosse planète, dont Fun, aussi petit que la lune , n'est qu'à SgBoo lieues de dis- tance , c'est-à dire , presque aussi voisin de Jupiter que la Lune l'est de la Teire. JLe second, dont la matière étoit un peu moins dense que celle du premier , et qui est environ gros comme Mercure, s'estforméà 1 4 1 800 lieues : le troisième, composé de parties encore moins den- u^' ■♦'^^■- 1, l ! 10 HISTOIRE NATURELLE. ses, et qui est à-peu-près grand comino Mars, s'est formé à 2a58oo lieues ; et enfin le quatrième , dont la matière ëtoit la plus légère de toutes , a été projetée encore plus loin, et ne s'est rassemblée qu'à 897877 lieues; et tous les quatre se trouvent, à très -peu près , dans le plan de l'équateur de leur planète principa- le , et circulent dans le même sens au- tour d'elle. Au reste, la matière qui com- pose le globe de Jupiter, est elle-même beaucoup moins dense que celle de la Terre. Les planètes voisines du Soleil , sont les plus denses-, celles qui en sont les plus éloignées , sont en même temps les plus légères : la densité de la Terre est à celle de Jupiter comme 1000 sont à 292 ; et il est à présumer que la ma- tière qui compose ses satellites est en- core moins dense que celle dont il est lui-même composé. Saturne qui , probablement tourne sur lui-même encore plus vite que Ju- piter , a non-seulement produi t cinq sa- 'O.'.HPCÏïS'* -Àr^' .0m^^ ; et ÉPOQUES DB LA NATURE. 1 1 ttllites, mais encore un anneau qui, d'après mon hypothèse , doit être pa- rallèle àson ëquateur, et qui l'environne comme un pont suspendu et continu à 54ooo lieues de distance : ret anneau , beaucoup plus large qu'épais , est com- posé d'une matière solide, opaque et semblable à celle des sa'ellites; il s'est trouve dans le même état de fusion , et ensuite d'incandescence : chacun de ces vastes corps ont conservé celte chaleur primitive , en raison composée de leur épaisseur et do leur densité j en sorte que l'anneau de Saturne qui paroît être le moins épais de tous les corps célestes, est celui qui auroit perdu le premier sa chaleur propre, s'il n'eût pas tiré de très-grands supplémens de chaleur de Saturne mêi|ic , dont il est fort voisin ; ensuite la Lune et les premiers satellites de Saturne c^^lii^BWIÉÙy.'^iii sont les plus petitft^iœîlîraM9^ «Militaires , au- roient p des te '■/ ..-• ♦& i: f 12 HISTOTRE NATURELLE. leur diamètre; après quoi , les plus groi satellites auroient de même perdu leur chaleur , et tous seroient aujourd'hui plus refroidis que le globe de la terre , siplusieursd'entr'euxn'avoientpasreçu de leur planète principale une chaleur immense dans les commencemens: enfin les deux grosses planètes , Saturne et Jupiter , conservent encore actuelle- ment une très-grande chaleur en com- paraison de celle de leurs satellites , et même de celle du globe de la terre. Mars , dont la durée de rotation est de vingt^quatre heures quarante minu- tes , et dont la circonférence n'est que treize vingt -cinquièmes de celle de la Terre , tourne une fois plus lentement que le globe terrestre , sa vitesse de ro- tation n'étant guère que de trois lieues par minute ; par conséquent sa force centrifuge a toujours été moindre de plus de moitié que celle du globe ter- restre \ c'est par cette raison que Mars, c^uoique moins dense que la Terre dans ■^rr.. .0aum»>ië*iï:stiÊ^i ÉPOQUES DE LA NATURE. ï3 ]e rapport de j3o à looo ; n'a point de satellites. Mercure, dont la densitë est à celle de la Terre comme 2o4o sont à looo, n'auroit pu produire un satellite que par une force centrifuge plus que dou- ble de celle du globe de la Terre j mais quoique la durëe de sa rotation n'ait pu être observée par les astronomes , il est plus que probable qu'au lieu d'être double de celle de la Terre , elle est au contraire beaucoup moindre. Ainsi, l'on peut croire avec fondement que Mer- cure n'a point de satellites, Vénus pourroit en avoir un ; car , étant un peu moins épaisse que la Terre dans la raison de 17 à 18 , et tournant 4in peu plus vite dans le rapport de 25 heures 20 minutes à 23 heures 56 mi- nutes , sa vitesse est de plus de six lieue» trois quarts par minute , et par consé* quent sa force centrifuge d'environ un treizième plus grande que celle de la Terre. Cette planète auroit donc pu Tb.delaTene.il. 2 fi 1^ l4 HISTOIRE NATURELLE. produire un ou deux satellites dans le temps de sa liquéfaction , si sa den- sité , plus grande que celle de la Terre ) dans la raison de 1^70 à 1000, c'est-à-dire de plus de 5 contre 4, ne se fût pas opposée à la séparation et à la projection de ses parties même les plus liquides ; et ce pourroit être par cette raison que Vénus n'auroit point de sa- tellites, quoiqu'il y ait des observateurs qui prétendent en avoir apperçu un au- tour de cette planète. A tous ces faits que je viens d'expo- ser , on doit en ajouter un qui m'a été communiqué par M. Bailly, savant physicien-astronome de l'Académie des Sciences La surface de Jupiter est, comme Ton sait , sujette à des changea mens sensibles ^ qui semblent indiquer ^ue cette grosse planète est encore dans un état d'inconstance et de bouillonne- ment. Prenant donc, dans mon système de l'incandescence générale et refroi* «Lissement des planètes ; les deux ex- ÉPOQUES DE LA NATURE. l5 trèmes, c'est-à-dire, Jupiter, comme le plus gros, et la Lune, comme le plus petit de tous les corps planétaires , il se trouve que le premier, qui n'a pas eu encore le temps de se refroidir et de prendre une consistance entière , nous présente à sa surface les effets du mouvement intérieur dont il est agité par le feu; tandis que la Lune qui, par Lv- petitesse , a du se refroidir en peu de siècles , ne nous offre qu'un cal- me parfait, c'est-à-dire , une surface qui est toujours la même, et sur laquelle l'onh'apperçoit ni mouvement ni chan- gement. Ces deux faits connus des as- tronomes , se joignent aux autres ana< logies que j'ai présentées sur ce sujet, et ajoutent vm petit degré de plus à la probabilité de mon hypothèse. Par la comparaison que nous avons faite de la chaleur des planètes à celte de la terre , on a vu que le temps de l'incandescence pour le globe terrestre a duré deux mille neuf cent trente-six , . -.^rWftj- -»^Mj*»*.v« ■-'.■-■"-»» . i t'i r ; s ê' \ î6 HISTOIRE NATURELLE. ans; que celui de sa chaleur, au point de ne pouvoir le toucher , a été de trente-quatre mille deiix cent soixante- dix ans, ce qui fait en tout trente sept mille deux cent six ans ; et que c'est- ]c\ le premier moment de la naissance possible de la Nature vivante. Jusqu'a- lors les élément; de l'air et de l'eau ctoient encore confondus, et ne pou- voient se séparer ni s'appuyer sur la surface brûlante de la Terre qui les dis- sipoit en vapeurs ; rnais dès que cette ardeur se fut attiédie , une chaleur bé- nigne et féconde succéda par degrés au feu dévorant qui s'opposoit à toute pro- duction , et même à l'établissement des élémens ; celui du feu , dans ce premier temps, s'étoit, pour ainsi dire, em- paré des trois autres; aucun n'existoit à part : la terre , l'air et l'eau, pétris de feu et confondus ensemble, n'ofFroient, au lieu de leurs formes distinctes , qu'une masse brûlante environnée de vapeurs enflammées : ce n'est donc '>*«« «•Ml ÉPOQUE» DE LA NATURE. I7 qu'après trente-sept mille ans que les gens de la Terre doivent dater les actes de leur monde, et compter les faits de la Nature organisée. Il faut rapporter à cette première époque ce que j'ai écrit de l'état du ciel dans mes Mémoires sur la température des planètes. Toutes au commencement étoient brillantes et lumineuses ; cha- cune formoit un petit soleil, dont la chaleur et la lumière ont diminué peu à peu et se sont dissipées successive- ment dans le rapport des temps , que j*ai ci-devant indiqué , d'après mes ex- périences sur le refroidissement des corps en général , dont la durée est tou- jours à très-peu près proportionnelle à leur diamètre et à leur densité. Les planètes , ainsi que leurs satel- lites , se sont donc refroidies les unes plutôt et les autres plus tard; et, eu perdant partie de leur chaleur , elles ont perdu toute leur lumière propre. Le soleil seul s'est maintenu dans sa l ^<|»;My^il^>»» .•./' ~- -"^f^i!: ^-, I K ^ HISTOIRE Ni^TURELLE. splendrnr , parce qu'il est lo seul au- tour duquel circulent un assez grand iiutnbre de corps ^jour en entretenir la lumière , la chaleur et le feu. Mais sans insister plus long-temps tiir ces objets, qui paroissent si loin de notre vue, rabaissons - la sur le seul globe de la terre. Passons à la seconde époque , c'est-à-dire , au temps ob. la matière qui le compose s'étant conso- lidée , a forme les grandes masses de matières vitrescibles. Te dois seulement répondre à une espèce d'objection que l'on m*a déjà faite, sur la très longue durée des temps. Pourquoi nous jeter , m'a-t-on dit , dans un espace aussi vague qu'une durée de cent soixante-huit mille ans ? car, à la vue de votre tableau , la terre est âgée de soixante- quinze mille ans , et la Nature vivante doit subsisici t r? - core pendant quatre-viiigt-trei t ";âlj ans : est-il aisé , est-il même possible do se former une idée du tout ou des ?i'.:"- *'ï«i • -.-, V ■..,'. •^^^. iftpOQUES DE LA NVTURr:. 1^ parties d'une aussi loiv uc suife de sic* des? Je n'ai d'antre réponse cjiic l'ex- position des monnmens et la considë- ration des ouvrages de la Nature : j'en 6'jiiiii^rai le détail et les dates dans les l'puijuesqui vont suivre celle-ci^ et l'on ^erra que bien loin d'avoir augmente sans nécessite la durée du temps, je l*ai peut'être beaucoup trop raccourcie. £li ! pourquoi l'esprit humain sem- ble-t-il se perdre dans l'espace de la durée plutôt que dans celui de l'éten- due, ou dans la considération des me- sures, des poids et des nombres ? Pour- quoi cent mille ans sont -ils plus diffi* ciles à concevoir et à compter que cent mille livres de monnoie ? Seroit - ce parce que la somme du temps ne peut se palper ni se réaliser en espèces vi- sibles ? ou plutôt n'est-ce pas qu'étant accoutumés, par notre trop courte exis- tence , à regarder cent ans comme une grosse somme de temps, nous avon» peine à nous former une idée de mille ■ 4 j/^f m^^ -^m. t^'tmti09m > { V .■ 1, I 1 »< l \ 5 : «0 HISTOIRE NATURELLE. ans, el ne pouvons plus nous repré- senter dix mille ans, ni même en con- cevoir cent mille? Le seul moyen est de diviser en plusieurs parties ces lon- gues périodes de temps , de comparer par la vue de l'esprit , la durée de cha- cune de ces parties avec les grands ef- fets et sur-tout avec les constructions de la Nature ; se faire des apperçus sur le nombre des siècles qu'il a fallu pour produire tous les animaux à coquilles dont la terre est remplie ; ensuite sur le nombre encore plus grand des siècles qui se sont écoulés pour le transport et le dépôt de ces coquilles et de leurs détrimens ; enfin sur le nombre des autres siècles subséquens, nécessaires à la pétrification et au dessèchement de ces matières , et dès-lors on sentira que cette énorme durée de soixante-quinze mille ans, que j'ai comptée depuis la formation de la terre jusqu'à son état actuel, n'est pas encore assez étendue pour tous les grands ouvrages de la un ré .$594*!: )rë- J ÉPOQUES DE LA NATURE. 21 Nature , dont la construction nous dé- montre qu'ils n'ont pu se faire que par une succession lente de mouvemens réglés et constans. Pour rendre cet apperçu plus sen- sible , donnons un exemple ; cherchons combien il a fallu de temps pour la cons- truction d'une colline d'argile de mille toises de hauteur. Les sédimens succes' sifs des eaux ont formé toutes les cou- ches dont la colline est composée depuis la base jusqu'à son commet. Or nous pouvons juger du dépôt successif et journalier des eaux par les feuillets des ardoises; ils sont si minces, qu'on peut en compter une douzaine dans une ligne d'épaisseur. Supposons donc que cha« que marée dépose un sédiment d'un douzième de ligne d'épaisseur, c'est-à- dire , d'un sixième de ligne chaque jour , le dépôt augmentera d'une ligne en six jours , de six lignes en trente six jours, et par conséquent d'environ cin^ pouces en un an j ce qui donne plus d« / \ A _ -■.i— <"~~1C">"' ''- ( ♦ I I 32 HISTOIRE NATURELLE. quatorze mille ans pour le temps néces- saire à la composition d'une colline de glaise de mille toises de hauteur : ce temps paroîtra même trop court, si on le compar :; avec ce qui se passe sous nos yeux sur certains rivages de la mer , ob. elle dépose des limons et des argiles comme sur les côtes de Normandie; car le dépôt n'augmente qu'insensiblement et de beaucoup moins de cinq pouces par an. Et si cette colline d'argile est couronnée de rochers calcaires , la du- rée du temps , que je réduis à quator2:e mille ans, ne doit- elle pas être aug' mentée de celui qui a été nécessaire pour le transport des coquillages dont la colline est surmontée ? et cette durée si longue , n'a-t-elle pas encore été sui- vie du temps nécessaire à la pétrifica- tion et au dessèchement de ces sédi- mens , et encore d'un temps tout aussi long pour la figuration de la colline par angles saillans et rentrans? J'ai cru de» voir entrer d'avance dans ce détail , afi tr( ai si) fa i ■■* (*■ -> ■i" ' 1^,- - — ri^r*"^*"" i a pces- de ÉPOQUES DE LA NATURE. 23 afin de dëmontrer qu'au lieu de reculer trop loin les limites de la durée, je les ai rapprochées autant qu'il m'a été pos- sible , sans contredire évidemment les faits consignés dans les archives de la Nature. SECONDE iPOQUE. Lorsque la matière s' étant consolidée , a formé la roche intérieure du globe, ainsi que les grandes masses vitres- çibles qui sont à sa surface. On vient de voir que, dans notre hypothèse , il a dû s'écouler deux mille neuf cent trente-six ans, avant que le globe terrestre ait pu prendre toute sa consistance , et que sa masse entière se soit consolidée jusqu'au centre. Com- parons les e£Pets de cette consolidation du globe de la terre en fusion à ce que nous voyons arriver à une masse de métal ou de verre fondu , lorsqu'elle i a4 HISTOIRE NATURELLE. commence à se refroidir : il se forme à la surface de ces masses des trous , des ondes , des aspérités ; et au-dessous de la surface il se fait des vides, des cavi- tés , des boursouflures , lesquels peu- vent nous représenter ici les premières inégalités qui se sont trouvées sur la surface de la terre , et les cavités de son intérieur : nous aurons dès-lors une idée du grand nombre de montagnes , de vallées , de cavernes et d'anfractuo» sites qui se sont formées dès ce premier temps dans les couches extérieures de la terre. Notre comparaison est d'autant plus exacte , que les montagnes les plus élevées , que je suppose de trois mille ou trois mille cinq cents toises de hau- teur , ne sont par rapport au diamètre de la terre , que ce qu'un huitième de ligne est par rapport au diamètre d'un globe de deux pieds. Ainsi, ces chaînes de montagnes qui nousparoissent si pro- digieuses , tant par le volume que par la hauteur *; ces vallées de la mer^ qui ^i^-.^'*waf>. Smm "^mi^mm ÉPOQUES DE LA NATURE. 25 semblent être des abîmes de profon- deur^ ne Sont^ dans la réalité » que de légères inégalités, proportionnées à la grosseur du globe , et qui ne pouvoient manquer de se former lorsqu'il prenoit sa consistance: ce sont des effets natu- rels produits par une cause tout aussi naturelle et fort simple, c'est-à-dire, parj'action du refroidissement sur les matières en fusion, lorsqu'elles se con- solident à la surface. C'est alors que se sont formés les élé- mens par le refroidissement et pendant ses progrès. Car à cette époque , et même long-temps après, tant que la chaleur excesssive a duré, il s'est fait une séparation et même une projection de toutes les parties volatiles, telles que l'eau , l'air et les autres substances que la grande chaleur chasse au-dehors , et qui ne peuvent exister que dans une ré- gion plus tempérée que ne l'étoit alors la surface de la terre. Toutes ces ma- tières volatiles s'étendoient donc au- Sh. de la Terre. IL 3 I '1 ■:rër^--«^-= I f * Se • ^' /l I s S6 HISTOIRE NATURELLE, tour du globe en forme d'atmosphère à une grande distance où la chaleur ëloit moins forte y tandis que les matières fixes , fondues et vitrifiées s'ëtant con- solidées f formèrent la roche intérieure du globe et le noyau des grandes mon- tagnes y dont les sommets , les masses intérieures et les bases sont en effet com- posés de matières vitrescibles. Ainsi > le premier établissement local des gran- des chaînes de montagnes appartient à cette seconde époque , qui a précédé de plusieurs siècles celle de la formation des montagnes calcaires, lesquelles n'ont existé qu'après rétablissement des eaux, puisque leur composition suppose la production des coquillages et des autres substances q^ue la mer fomente et nour- rit. Tant que la surface du globe n'a pas été refroidie au point de permettre à l'eau d'y séjourner sans s'exhaler en Tapeurs , toutes nos mers étoient dans l'atmosphère ; elles n'ont pu tomber et s'établir sur la terre qu'au moment oîi L i 'îi^^"''"«c-1^. ^1 ÉPOQUES DE LA NATURE. 27 «a surface s'est trouvée assez attiédie pour ne plus rejeter l'eau par une trop forte ébullition : et ce temps de l'éta- blis.sement des eaux sur la surface du globe , n'a précédé que de peu de siècles le moment où l'on auroit pu toucher cette surface sans se brûler ; de sorte qu'en comptant soixante-quinze mille ans depuis la formation de la terre , et la moitié de ce temps pour son refroi- dissement au point de pouvoir la tou- cher, il s'est peut-être passé vingt-cinq mille des premières années avant que l'eau , toujours rejetée dans l'atmo- sphère, ait pu s'établir à demeure sur la surface du globe ; car , quoiqu'il y ait une assez grande différence entre le de- gré auquel l'eau chaude cesse de nous offenser et celui où elle entre eu ébul- lition , et qu'il y ait encore une dis- tance considérable entre ce premier de- gré d'ébullition et celui où elle se dis- perse subitement en vapeurs , on peut néanmoins assurer que cette différence li'l « ) â i /^•, > / i' V* } I 'Il f I. I 28 HISTOIRE NATURELLE. de temps ne peut pas être plus grande que je l'admets ici. Aiusi , dans ces premièresvingt-cînq mil le années, le globe terrestre , d'abord lumineux et chaud comme le solûl y n'a perdu que peu à peu sa lumière et son feu : son état d'incandescence a duré pendant deux mille neuf cent trente-six ans , puisqu'il a fallu ce temps pour qu'il ait été consolidé jusqu'au centre : en- suite les matières fixes dont il est com> posé, sont devenues encore plus fixes en se resserrant de plus en plus par le refroidissement -, elles ont pris peu à peu leur nature et leur consistance telle que nous la reconnoissons aujourd'hui dans la roche du globe et dansles hautes mon- tagnes, qui ne sont en effet composées , dans leur intérieur et jusqu'à leur som- met, que de matières de la même na- ture ; ainsi , leur origine date de cette même époque. C'est aussi dans les premiers trente- sept mille ans que se sont formés , par ■V !L/^ i>mmim0 ■»-■"■ Inde ÉPOQUES DE LA NATURE. 29 la sublimation^ toutes les grandes vei- nes et les gros filons de mines où se trouvent les métaux: les substances mé- talliques ont été séparées des autres ma- tières vitrescibles , par la chaleur lon- gue et constante qui les a sublimées et poussées de l'intérieur de la masse du globe dans toutes les éminences de sa surface , où le resserrement des matiè ' res, causé par un plu.s prompt refroi- dissement, laissoit des fontes et des ca- vités , qui ont été incrustées et quel- quefois remplies par ces substances mé- talliques que nous y trouvons aujour- d'hui; car il faut, à l'égard de l'origine des mines, faire la même distinction que nous avons indiquée pour l'origine des matières vitrescibles et des matières calcaires , dont les premières ont été produites par l'action du feu , et les an- tres par l'intermède de l'eau. Dans les mines métalliques, les principaux fi- lons, ou, si l'on veut, les masses pri- mordiales, ont été produites par la lu- /' I I \ 11 âSfet •j'*'*^!^» ^^- mamm *■■*■*;-•'*—• n M \ I t. ^O HISTOÏTIK NATURELLE. sion etpar la sublimation , c'est-à-dire, par l'action du feu ; et les autres mines , qu'on doit regarder comme des filons secondaires et parasites ^ n'ont été pro- duites que postérieurement , par le moyen de l'eau. Ces filons principaux^ qui semblent présenter les troncs de» arbres métalliques, ayant tous été for- més , soit par la fusion , dans le temps du feu primi tif ^ soit par la sublimation, dans les temps subséquens, ils se sont trouvés et se trouvent encore aujour- d'hui dans les fentes perpendiculaires des hautes montagnes , tandis que c'est au pied de ces mêmes montagnes que gisent les petits filons, que l'on pren- droit d'abord pour les rameaux de ces arbres métalliques , mais dont l'origine est néanmoins bien différente -, car ces mines secondaires n'ont pas été formées par le feu , elles ont été produites par l'action successive de l'eau qui, dans des temps postérieurs aux premiers, a dé- taché de ces anciens filous desparticulei . -1' / ÉPOQUES DE LA NATURE. 3l minérales , qu'elle a cliariëes et dépo- sées sous différentes formes , et toujours au-dessous des filons primitifs. Ainsi , la production de ces mines se- condairesj^tant bien plus récente que celle des mines primordiales ^ et suppo- sant le concours et l'intermède de l'eau , leur formation doit , comme celle des matières calcaires , se rapporter à des époques subséquentes , c'est-à-dire y au temps où la chaleur brûlante s'étant at- tiédie , la température de la surface de la terre a permis aux eaux de s'établir, et ensuite au temps où ces mêmes eaux ayant laissé nos continens à découvert , les vapeurs ont commencé à se conden- ser contre les montagnes , pour y pro- duiredes sources d'eau courante. Mais , avant ce second et ce troisième temps , il y a eu d'autres grands effets y que nous devons indiquer. Représentons-nous, s'il est possible, l'aspect qu'offroit la terre à cette secon- de époque, c'est-à-dire; immédiatement I H ■■\l \ 1 1\ 'V^' , » IJ '•; ! ^ . t !! f> } t V u ï 1 1 f ( 52 HISTOIRE NATURELLE. après que la surface eut pris de la con- sistance y et avant que la grande chaleur permît à l'eau d'y séjourner, ni mémo de tomber de l'atmosphère: les plaines, les montagnes , ainsi que l'intérieur da globe, étoicnt également et uniquement composées de matières fondues par le feu , toutes vitrifiées , toutes de la nicme nature. Qu'on se ligure pour un instant la surface actuelle du globe dépouillée de toutes ses mers, de toutes ses col^ lines calcaires , ainsi que de toutes ses couches horizontales de pierre, de craie, de tuf , de terre végétale, d'argile, ea un mot , de toutes les matières liquides ou solides qui ont été formées ou dépo- sées par les eaux : quelle seroit cctto surface après l'enlèvement de ces im- menses déblais ? Il ne resteroit que le squelette de la terre, c'est-à-dire, la roche vitresciblc qui en constitue la masse intérieure ; il resteroit les fen- tes perpendiculaires produites dans le temps de la consolidation , augmentées^ î * V fi_'*t *■!. -mi ft ÉPOQUES DE LA NA.TUIIR. 33 élargies par le refroiilisscmeiit -, il res- teroit les métauvet les inincraiix fixes qui , sdparosdc la roche vilroscible par ractioii du feu, oat rempli par fusion ou par sublimatiou les fentes perpen- diculaires de ces prolongemens de la roche intërieurc du globe j et enfin il resteroitles trous, les anfractuosilés et toutes les cavités intérieures de cette roche qui en est la base , et qui sert de soutien à toutes les matières terrestres amenées ensuite par les eaux. Et comme ces fentes occasionnées par le refroidissement, coupent et tranchent le plan vertical des montagnes, non- seulement de haut en bas , mais de de- vant en arrière ou d'un côté à l'autre, et que dans chaque montagne elles ont suivi la direction générale de sa pre- mière forme , il en a résulté que les mi- nes, sur-tout celles des métaux pré- cieux , doivent se chercher à la bous- sole , en suivant toujours ïa direction qu'indique la découverte du premier s i n ri k f ■r» '«* ..^'*' ■ ,>^^' ■J A 34 HISTOIRE NATURELLE, filon; car, dans chaque montagne, les fentes perpendiculaires qui la traver- sent-, sont à-peu-près parallèles-, néan- moins il n'en faut pas conclure , comme l'ont fait quelques minéralogistes, qu'on doive toujours chercher les métaux dans la même direction , par exemple , sur la ligne de onze heures ou sur celle de midi ; car souvent une mine de midi ou de onze heures se trouve coupée par un filon de huit ou neuf heu- res , &c. qui étend des rameaux sous ciifférentes directions ; et d'ailleurs on voit que, suivant la forme différente de chaque montagne, les fentes perpendi- culaires la traversent à la vérité paral- lèlement entr'ellesj mais que lenr direc- tion , quoique commune dans le même lieu , n'a rien de commun avec la direc- tion des fentes perpendiculaires d'une autre montagne , à moins que cette se- conde montagne ne soit parallèle h la première. Les métaux et la plupart des miné- d r !f ^ârw rr,;.^ j» »•-■ 'OwMW'iaK* ÉPOQUES DE LA NATURE. 35 raux métalliques sont donc l'ouvrage du feu , puisqu'on ne les trouve que dans les fentes de la roche vitrescible , et que , dans ces mines primordiales, l'on ne voit jamais ni coquilles , ni au- cun autre débris de la mer mélangés avec elles : les mines secondaires , qui se trouv«nt au contraire , et en petite quantité > dans les pierres calcaires y dans les schistes , dans les argiles , ont été formées postérieurement aux dépens des premières , et par l'intermède do l'eau. Les paillettes d'or et d'argent, que quelques rivières charient viennent cer- tainement de ces premiers filons métal- liques renfermés dans les montagnes supérieures : des particules métalliques encore plus petites et plus ténues , peu* vent, en se rassemblant, former de nou- velles petites mines des mêmes métaux \ mais ces mines parasitas ^ qui prennent mille formes différentes; appartiennent, comme je l'ai dit , à des temps bien mo- dernes en comparaison de celui de 1<^ '9^ lfH'.M^-' !1" dans les premiers temps du refroidisse- ment, ils se trouvent en plus grande quantité dans les hautes montagnes du midi. Les métaux moins parfaits , tels que le fer et le cuivre , qui sont moins fixes au feu , parce qu'ils contiennent des matières que le feu peut volatiliser plus aisément , se sont formés dans des temps postérieurs ; aussi les trouve-t- on en bien plus grande quantité dans les pays du nord que dans ceux du midi» Il semble même que la Nature ait as- signé aux difierens climats du globe lei Th. de la Terre. II. 4 I vV' ^1 -ï f A V ) .. gi,^' V n h ^ HISTOIRE NATURELLE. diffëreiis métaux , l'or et l'argcrtt , an^c régions les plus chaudes *, le fer et 1© cuivre, aux paj^s les plus froids; et le plomb et l'étain , aux contrées tempé- rées. Il semble de même qu'elle ait établi l'or et l'argent dans les plus hau- tes montagnes; le fer et le cuivre dans les montagnes médiocres ; et le plomb et l'étain dans les plus basses. Il paroît encore que, quoique ces mines primor- diales des différéns métaux se trouvent toutes dans la roche vitrescible, celles d'or et d'argent sont quelquefois mé- langées d'autres métaux ; que le fer et le cuivre sont souvent accompagnés de matières qui supposent l'intermède de l'eau > ce qui semble prouver qu'ils li'ont pas été produits en même temps ; iet à l'égard de l'étain , du plomb et du mercure , il y a des différences qui sem- blent indiquer qu'ils ont été produits dans des temps très-différens. Le plomb est le plus vitrescible de tous les mé- taux , et l'étain l'est le moins : le mer- BPOQUPS DE T. A NA.TITRE. 5^ cure est le plus volatil de tous -, et ce- pendaYit il ne diflPère de l'or , qui est le plus fixe de tous , que par le degré de feu que leur sublimation exige j car l'or, ainsi que tous les autres métaux , peu- vent également être volatilisés par une plus ou moins grande chaleur. Ainsi , tous les métaux ont été sublimés et vola- tilisés successivement , pendant le pro- grès du refroidissement. Et, comme il ne faut qu'une très - légère chaleur pour volatiliser le mercure, et qu'une chaleur médiocre suffit pour fon- dre l'élain et le plomb, ces deux mé- taux sont demeurés liquides et coulans bien plus long-temps que les quatre premiers ; et le mercure l'est encore , parce que la chaleur actuelle de la terre est plus que suffisante pour le tenir en fusion: il ne deviendra solide que quand le globe sera refroidi d'un cinquième de plus qu'il ne l'est aujourd'hui; puis- qu'il faut 197 degrés au-dessous de la température actuelle de la terre , pour i\ afqBfrîx-^. ■•mm 4o HISTOIRE NATURELLE, que ce métal fluide se consolide ; ce qui fait à-peu-près la cinquième partie des looo degrés au-dessous de la congéla- tion. Le plomb, l'ëtain et le mercure ont donc coulé successivement, par leur fluidité , dans les parties les plus basses de la roche du globe, et ils ont été^ comme tous les autres métaux , subli- més dans les fentes des montagnes éle- vées. Les matières ferrugineuses qui pouvoient supporter une très-violente chaleur , sans se fondre assez pour cou- ler , ont formé dans les pays du nord , des amas métalliques si considérables , €|u'il s'y trouve des montagnes entières de fer , c'est-à-dire , d'une pierre vitres- cible ferrugineuse^ qui rend souvent soixante-dix livres de fer par quintal : ce sont-là les mines de fer primitives ; elles occupent de très -vastes espaces dans les contrées de notre nord; tt leur substance n'étant que du fer pro- duit par l'action du feu , ces mines sont "•V .-»«—•/■ ?— •" ÉPOQUES DE LA NATURE. 4l demeurées susceptibles de l'attraction magnétique , comme le sont toutes les matières ferrugineuses qui ont subi le feu. L'aimant est de cette même nature ; ce n'est qu'une pierre ferrugineuse , dont il se trouve de f.tandes masses et même des montagnes dans quelques contrées , et particulièrement dans cel- les de notre nord : c'est par cette rai- son que l'aiguille aimantée se dirige toujours vers ces contrées où toutes les mines de fer sont magnétiques. Le ma- gnétisme est un effet constant de l'élec- tricité constante , produit par la cha- leur intérieure et par la rotation du globe ; mais s'il dépendoit uniquement de cette cause générale , l'aiguille ai- mantée pointcroit toujours et par-tout directement au pôle : or les diff*érentes déclinaisons suivant les différons pays , quoique sous le même parallèle , dé- montrent que le magnétisme particulier des montagnes de fer et d'aimant , in- ) i! %• < • t 42 HTSTOI71E NATURKT.LE, une coiisklérablemeiit sur la direction de l'aiguille, puisqu'elle s'écarte plus ou moins à droite ou à gauche du pôle , selon le lieu où elle se trouve ; et selon la distance plus ou moins grande de ces montagnes de fer. Mais revenons à notre objet princi- pal; à la topographie du globe , anté- rieure à la chute des eaux •, nous n'avons que quelques indices encore subsislans de la première forme de sa surface: le» plus hautes montagnes , composées de matières vitresciblcs , sont les seuls té- moins de cet ancien état; ellesétoient alors encore plus élevées qu'elles ne le sont aujourd'hui ; car depuis ce temps, el après l'établissement des eaux, les mouvemens de la mer et ensuite les- pluies , les vents , les gelées , les con- YSLUS d'eau, la chute des torrens, enfin toutes les injures des élémens de l'air et de l'eau , et les secousses des mou - venieiis souterrains, n'ont pas cessé de l&s dégrader; de les trancher, et même , ^•- - - ^- ...■^- ->■<. il»OgUES J)E LA NAllJUE. 43 d'en renverser les parties IcsmoMis soli- des , et nous ne pouvons douter que les Tallëes, qui sont au pied de ces monta- gnes , ne fussent bien plus profondes qu'elles ne le sont aujourd'hui, Tàchans de donner unapperçn , plu- tôt qu'une enumérationde ces éminen^ ces primitives du globe. i°. Lacliaîne des Gordilières ou des montagnes do TAmérique, quis'étenddepuis la pointe de la terre de Feu jusqu'au nord du nouveau Mexique , et aboutit enfin à des reliions septentrionales que Ton n'a pas encore reconnues. On peut regar- der cette chaîne des montagnes comme continue dans une longueurde j)lusde liiodegrés, c'est-à-dire , de trois mille lieues-, carie détroit de Magellan n'est qu'une coupure accident»- lie et posté- ricure à l'établissement local de cette clîaînc, dont les plus hauts sommets sont dans la contrée du Pérou, et se rabaissent à-peu-près également vers le woîd et vers le midi ; c'est donc sous '"V, 1 v-t 44 HISTOIRE NATURELLE. Téquateur même que se trouvent le» parties le plus élevées de cstte chaîne primitivedes plus hautes montagnes du monde ; et nous observerons , comme chose remarquable , que de ce point de l'équateur elles vont en se rabaissant â'peu-près également vers le nord et vers le midi , et aussi qu'elles arrivent à-peu-près à la même distance , c'esl- à-dire ^ à quinze cents lieues de chaque côté de l'équateur ; en sorte qu'il ne reste à chaque extrémité de cette chaîne de montagnes , qu'environ 3o degrés , c'est-à-dire, sept cent cinquante lieues de mer ou de terre inconnue vers le pôle austral , et un égal espace dont ou a reconnu quelques côtes vers le polo boréal. Cette chaîne n'est pas précisé- ment sous le même méridien , et ne forme pas une ligne droite ; elle se courbe d'abord vers l'est , depuis Bal- divia jusqu'4 Lima , et sa plus grande déviation se trouve sous le tropique du Capricorne 3 ensuite elle avance vers ..j^filwiu* 'A «* -,-'4'!~--^ i^m^. lot lîne Is du ime [tde Isant |d et 'ent resl- ]f:POQUES DE LA NATURE. 4'> l'ouest , retourne à Test , auprès de Popayan , et dc-là se courbe fortement vers l'ouest , depuis Panama jusqu'à Mexico ', après quoi , elle retourne vers l'est, depuis Mexico jusqu'à son extré- mité , qui est à 3o degrés du pôle y et qui aboutit à-peu -près aux îles décou- vertes par de Fonte, En considérant la situation de cette longue suite de mon- tagnes , on doit observer encore , com- me chose très - remaïquable , qu'elles 8ont toutes bien plus voisines des mers de l'occideii t que de celles de l'orient. â°. Les montagnes d'Afrique , dont U chaîne principale, appelée par quelques auteurs V Epine du monde , est aussi fort élevée ; et s'étend du sud au nord i comme celles des Cordilières en Amé- rique : cette chaîne , qui forme en effet l'épine du dos de l'Afrique, commence au Cup de Bonne-Espérance , et court presque sous le même méridien jusqu'à la mer Méditerranée, vis-à-vis la pointe de la Morée. Nous observerons encore , \ il 4\ 46 ihstotrt: nati hfi.if.. comme chose trt's-remarqiiablo , que Ir milieu de cotlc grande chaîne de mon- tagnes , lonjTue d'environ quinze cents lieues , se trouve précisément sous l'équateur, comme le point milieu des Cordi Hères ; en sorte qu'on ne peut guère douter que les parties les plus élevées des grandes chaînes de mon- tagnes en Afrique et en Amérique , ne se trouvent également sous l'équateur. Dans ces deux parties du monde , dont l'équateur traverse assez exacte- ment les continens, les principales mon- tagnes sont donc dirigées du sud au nord; mais elles jettent des branches très-considérables vers l'orient et vers l'occident. L'Afrique est traversée de Test à l'ouest par une longue suite de montagnes , depuis le cap Gardais jus- qu'aux îles du Cap Vert , le mont Atlas la coupe aussi d'orient en occident. En Amérique, un premier rameau des Cordilières traverse les terres JVJagel- Ittiiiques de i est à l'ouest j un autre i ^^-^-., . ,f^4^.j^'-* f:POQUli;S DE LA NATURE. 47 s'ëtend à-pcii-prèa dans la nic^mc direc- tion au Paraî^uay et dans toute la lar- geur du Brésil; quelques autres bran- ches s'étendent depuis Popayan dans la terre ferme, et jusque dans la Guia- ne : enfin si nous suivons toujours cette grande chaîne de montagnes , il nous paroîtra que la péninsule de Yiicatan , les îles de Cuba , de la Jamaïque , de Saint-Domingue, Porto-Riccoet tontes les Antilles , nVn sont qu'une branche, qui s'étend du sud au nord , depuis Cuba et la pointe de la Floride , jus- qu'aux lacs du Canada , et de-là court de l'est à l'ouest pour rejoindre l'ex- trémité des Cordillères , au-delà des lacs Sioux. 3°. Dans le ^rand continent de l'Europe et de l Asie , qui non- seulement n'est pas comme ceux do l'Amérique et de l'Afrique , traversé par l'équateur-, mais en est même fort éloigné , les chaînes des principales montagnes , au lieu d'être dirigées du sud au nord , le sont d'occident eu <- 1 i 48 HISTOIRE NATURELLE. orient : la plus longue de ces chaînes commence au fond de l'Espagne , gagne les Pyrénées , s'étend en France par l'Auvergne et le Vi varais , passe ensuite par les Alpes , en Allemagne ; en Grèce, en Crimée, et atteint le Caucase , le Ta unis , rimaiis , qui environnent la Perse , Cachemire et le Mogol au nord > jusqu'au Thibet , d'où elle s'étend dans la Tarlarie chinoise , et arrive vis-à-vis la terre d' Yeço. Les principales bran- ches que jette cette chaîne principale ^ sont dirigées du nord au sud en Ara- bie , jusqu'au détroit de la mer Rouge ; dans l'Indostan , jusqu'au Cap Como- rin; du Thibet , jusqu'à la pointe de Malaca : ses branches ne laissent pas de former des suites de montagnes parti- culières dont les sommets sont fort élevés. D'autre côté , cette chaîne prin- cipale jette du sud au nord quelques rameaux, qui s'étendent depuis les Al- pes du Tyrol jusqu'en Pologne ; en- suite depuis le mont Caucase jusqu'ea i ÉPOQUES DK LA NATURE, 4g Moscoyie , et depuis Cachemire jus- qu'en Sibérie; et ses rameaux, qui sont du sud au nord de la chaîne princi- pale , ne présentent pas des montagnes aussi ëlevëes que celles des branches de cette même chaîne , qui s'étendent du nord au sud. Voilà donc^ à peu-près , la topo« graphie de la surface de la Terre > dans le temps de notre seconde Epoque | immédiatement après la consolidation de la matière. Les hautes montagnes que nk>u8 venons de désigner sont les ëminenccs primitives, c'est-à-dire^ les aspérités produites à la surface du globe au moment qu'il a pris sa con- sistance ; elles doivent leur origine à l'effet du feu , et sont aussi, par cette raison , composées^ dans leur intérieur et jusqu'à leurs sommets des matières vitrescibles : toutes tiennent par leur base à la roche intérieure du globe , qui est de même nature. Plusieurs autres éminences moins élevées, ont traversé^ Th.delaTerie.il. 6 i: > n: . I i ( - -"wJHliwwi*, iw*^,t \ ïï ; i % y i 5o HISTOIRE NATURELLE* ' dans ce même temps et presqu^en tous sens , la surface de la terre , et l'on peut assurer que , dans tous les lieux où l'on trouve des montagnes de roc vif ou de toute autre matière solide et vitrescible, leur origine et leur éta- blissement local ne peuvent être attri- bués qu'à l'action du feu et aux effets de la consolidation ; qui ne se fait ja- ipais sans laisser des inégalités , sur la supci-ficie de toute masse de matière fondue. --t: ':^''r^ -A .t;'.\;,.,! n •; En même temps que ses causes ont produit des éminences et des profon- deurs à la surface de la terre , elles, ont aussi formé des boursouflures et des cavités à l'intérieur , sur-tout dans les couches les plus extérieures; ainsi, le globe , dès le temps de cette seconde Epoque, lorsqu'il eut pris sa consis- tance etavant que les eaux n'y fussent établies , présentoit une surface héris- sée de montagnes et sillonnée de val- lées ^ mais toutes les causes subs équ en ÉPOQUES DE LA NATURE. 5l tes et postérieures à cette époque , ont concouru à combler toutes les proron- deurs extérieures et même les cavités intérieures j ces causes subséquentes ont aussi altéré presque par-tout là forme de ces inégalités primitives ; cel- les qui neVélevoient qu'à une hauteur médiocre orit été , pour la plupart , re- couvertes dans la suite parles sédimens des eaux , et toutes ont été environnées à leurs bases jusqu'à de grandes hau- teurs, de n?s mêmes sédimens : c'est par cette r' ? que nous n'avons d'au- tres témoins apparens de la première forme de la surface de la terre , que les montagnes composées de matières vi- trescibles , dont nous venons de faire rénumération. Cependant ces témoins sont sûrs et suilisans ; car , comme les plus hauts sommets de ces premières montagnes n'ont peut-être jamais été surmontés par les eaux , ou du moins qu'ils ne l'ont été que pendant un petit temps , attendu qu'on n'y trouve aucun ^~ ^ 'él ^«a(0«*^ fi^Tjiiia&liWWW*»!' ■'«g;*;^ I \ 5a HISTOIRE NATURELLE. débris des productions marines , et qu'ils ne sont composes que de matières vitrer ibles; on ne peut pas douter qu'ils ne doivent leur origine au feu, et quo ces éminences , ainsi que la roche inté- rieure du globe , ne fiissçnt ensemble un corps continu de même nature , c'est-à-dire^ de matières vitrescibloii, dont la formation a précédé celle de toutes les autres matières. £n tranchant le globe par l'équateur et comparant les deux hémisphères, on voit que celui de noscontineuscon* tient à proportion beaucoup plus de terres que l'autre > car l'Asie seule est plus grande que les parties de F Amé- rique; de l'Afrique, delà nouvelle Hol- lande y et de tout ce qu'on a découvert de terres au-delà. Il y avoit donc moiiis d'éminences et d'aspérités sur l'hémis- phère austral que sur le boréal, dès le temps même de la consolidation de la terre ; et si l'on considère , pour un instant; ce gisement général des terres ■m.^m^- ** •"* ">—'•• •*' '^-"'y ^•^■M»«-< iPOQ ;¥S DE LA NATURE. 53 et des mers , on reconnoitra que tons ]je9 continens vont en se rëtrëcissant du côte du midi > et qu'au contraire toutes les mers vont en s'ëlargissant vers cc^ ipéme côte du midi. La pointe étroite de l'Amërique méridionale , celle de Californie , celle de Groenland , la pointe de l'Afrique , celles des deux presqu'îles de l'Inde , et enfin celle de lu nouvelle Hplii^nde , démontrent évi- demment ce rétrécissement des terres et cet élargissement des mers vers les régions australes : cela semble indiquer que la surface du globe a eu originaire- ment de plus profondes vallées dans l'hémisphère austral , et des éminence» en plus grand nombre dansrhémispbèro boréal. Nous tirerons bientôt quelques inductions de cette disposiiion générale des continens et des mers. La terre avant d'avoir reçu les eaux, étoitdonc irrégulièrement hérissée d'as- pérités , de profondeurs et d'inégalités semblables à cailles que nous voyons sur \ i \ r ■".*©■•• 54 HISÏOITIE NATITRELLK. uii bloc de métal ou de verre fondu ;" elle avoit de même des boursouflures el des cavités intérieures , dont Tori-'- gine, comme celle des inégalités exté* rieures , ne doit être attribuée qu'aux effets de la consolidatioii. Les plus gran» des éminences, profondeurs extérieures et cavités intérieures, se sont trouvées dès-lors et se trouvent encore aujour- d'hui sous l'équateur entre les deux tro- piques, parce que cette zone de la sur- face du globe est la dernière qui s'est consolidée , et que c'est dans cette zone où le mouvement de rotation étant le plus rapide, il aura produit les plus grands effets j la matière en fusion s'y étant élevée plus que par-tout ailleurs et s'élant refroidie la dernière, il a dû s'y former plus d'inégalités que dans toutes les autres parties du globe où le mouvement de rotation étoit plus lent et le refroidissement plus prompt. Aussi trouve-t-on sous cette zone les plus hautes montagnes ; l^s mers les plus en- 'ij^s -"""«&'„ • -.fc^.-. -;,..«-■•*• **v-»' *■ '**•♦/-♦>•-%-»*•*•»'■•* «*■ fkt0mt■ 58 HlSrOllii: NATURELLE. 1 » 'f • ^î » ■t'i . t » TROISIEME iFOQVE. Lorsque les eaux ont couvert nos coUr. tinens, \ ( <> f ' 1 .*", >i A la date de trente ou trente-cinq mille ans de la formation des planètes , la terre se trouvoit assez attiédie pour recevoir les eaux sans les rejeter en va- peurs. Le chaos de l'atmosphère avoit commencé de se débrouiller : non-seu- lement les eaux , mais toutes les ma- tières volatiles que la trop grande cha- leur y tenoit reléguées et suspendues , tombèrent successivement ; elles rem- plirent toutes les profondeurs , couvri» rent toutes les plaines^ tous les inter- valles qui se trouvoient entre les émi- nences de la surface du globe , et mémo elles surmontèrent toutes celles qui n'é- toient pas excessivement élevées. On a des preuves évidentes que les mers ont couvert le continent de l'Europe jusqu'à MsiP* ^^ rnih-ty^"-^'' ?0»- tes» ÉPOQUES DE LA NATURE. 69 quinze cent9 toises au-dessus du niveau de la mer actuelle , puisquW trouve des coquilles et d'autres productions marines dans les Alpes et dans lesPyrë- ndes jusqu'à cette même hauteur. On a les mêmes preuves pour les continens de l'Asie et de TAfrique ; et même dans celui de l'Amërique , où les montagnes sont plus élevées qu'en Europe > on a trouve des coquilles marines à plus de deux mille toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer du Sud. Il est donc certain que , dans ces premiers temps > le diamètre du globe avoit deux lieues de plus, puisqu'il étoit enveloppé d'eau jusqu'à deux mille toises de hauteur. La surface de la terre en général étoit donc beaucoup plus élevée qu'elle ne l'est aujourd'hui j et pendant une lon- gue suite de temps , les mers l'ont re- couverte en entier , à l'exception peut- être de quelques terres très-élevées et des sommets de hautes montagnes qui ^euls surmontoient cette mer imiver- ''y i ' i A ! I / --•iSEiT.arifc,-.^ v/ I ;( fi i I ^ % 60 HISTOIRE NATtJREtLB. selle , dont l'él^yation ëtoit tu moins k cette hanteur oCi Von cesse de trouver des coquilles ; d'oà Ton doit inférer que les animaux auxquels cesdëpouillet ont appartenu peuvent être regardët comme lespremiers habitatis du globe^ et cette population ëtoit innombrable^ à en juger par l'immense quantité .da leurs dépouilles et de leurs détrimeus ; puisque c'est de ces mêmes dépouilles et de leurs détrimens qu'ont été formées toutes les couches de pierres calcaires , des marbres , des craies et des tufs qui composent nos collines et qui s'étendent sur des grandes contrées dans toutes les parties de la terre. Or, dans les commencemens de ce séjour des eaux sur la surface du globe ^ n'avoient-elles pas un degré de chalçur que nos poissons et nos coquillages ac« tuellement existans n'auroient pu sup- porter; et ne devons-nous pas présumer que les premières productions d'une mer encore bouillante ; étoieut diffé'^ )uvcr ifërer uilles ;ardëi {lobe, rable, iXé .da meus ; ouilles >rmëea caires , iifs qui endent ites let I de ce I globe y shalçur ges ac« pusnp- ësumer I d'une Lt diffé^ ÉPOQUES DE LA. NATURE. €i rentes de celles qu'elle nous offre au- jourd'hui ? Cette grande chaleur ne pou* voit convenir qu'à d'autres natures de coquillages et de poissons , et par con- séquent c'est aux premiers temps de cette époque , c'est-à-dire , depuis trente jusqu'à quarante mille ans de la forma- tion delà terre, que l'on doit rapporter l'existence des espèces perdues, dont on ne trouve nulle part les analogues vivans. Ces premières espèces, main- tenant anéanties, ont subsisté pendant les dix ou quinze mille ans qui ont suivi le temps auquel les eaux venoient de s'établir. Et l'on ne doit point être étonné de ce que j'avance ici, qu'il y a eu des poissons etd'autres animauxaquatiques capables de supporter un degré de cha- leur beaucoup plus grand que celui de la température actuelle de nos mers méridionales , puisqu'encore aujour- d'hui, nous connoissons des espèces de poissons et de plantes qui vivent et vé* Th. de la Terre. II. 6 ;^i^»~-«»»- 'll^^^y «, r 'ii. . r r ?îrr~- % » f ;•■ 63 HISTOIRE NATURELLE, gètent dans des eaux presque bouillan- tes , ou du moins chaudes jusqu'à 5o ou 60 degrés du thermomètre. Mais , pour ne pas perdre le fil des grands et nombreux phénomènes que nous avons à exposer , reprenons ces temps antérieurs , oà les eaux jusqu'a- lors réduites en vapeurs , se sont con- densées et ont commencé de tomber sur IsL terre brûlante, aride , desséchée , cre- vassée par le feu : tâchons de nous re- présenter les prodigieux effets qui ont accompagné et suivi cette chute préci- pitée des matières volatiles , toutes sé- parées , combinées , sublimées dans le temps de la consolidation et pendant le progrès du premier refroidissement. La séparation de l'élément de l'air et de l'élément de l'eau, le choc des vents et des flots qui tomboient en tourbillons sur une terre fumante j la dépuration de l'atmosphère , qu'auparavant les rayons du soleil ne pouvoient pénétrer; cette même s^toiosphève obâcurcie de i ■»im EPOQUES DE L\ N VTURE. 63 nouveau par les nuages d'une épaisse fumëe ; la cohobation mille fois répé- tée et le bouillonnement continuel des eaux tombées et rejetées alternative- ment ; enfin la lessive de l'air , par l'a- bandon des matières volatiles précé- demment ^sublimées qui toutes s'en sé- parèrent et descendirent avec plus ou moins de précipitation : quels mouve- mens , quelles tempêtes ont dû précé- der , accompagner et suivre l'établisse- ment local de chacun de ces élémens ! Et ne devons-nous pas rapporter à ces premiers momens de choc et d'agita- tion , les bouleversemens, les première» dégradations, les irruptions et leschan- gcmens qui ont donné une seconde forme à la plus grande partie de la sur- face de la terre ? Il est aisé do sentir que les eaux qui la couvroient alors pres- que toute entière , étant continuelle- ment agitées par la rapidité de leur chute j par l'action de la lune sur l'at- mosphère et sur les eaux déjà tombées^ , ivt:;^..ijBVM^. .-- — ' ■-^-,'. yr-a,, / 'il 64 HISTOIRE NATURELLE, par la violence des vents , &c. auront obéi à toutes ces impulsions , et que , dans leurs mouvemens , elles auront commencé par sillonner plus à fond les vallées de la terre , par renverser le» ëminences les moins solides , rabaisser les crêtes des montagnes , percer leur» chaînes dans les points les plus foibles ; et qu'après leur établissement^ ces mêmes eaux se sont ouvert des routes souter- raines, qu'elles ont miné les voûtes de» cavernes , les ont fait écrouler , et que par conséquent ces mêmes eaux se sont abaissées successivement pour rem])lir les nouvelles profondeurs qu'elles ve- noient de former. Les cavernes étoient l'ouvrage du feu; l'eau, dès son arri- vée , a commencé par les attaquer ; elle les a détruites , et continue de les dé- truire encore. Nous devons donc attri- buer l'abaissement des eaux àl'afTaisse- ment des cavernes, comme à la seule cause qui nous soit démontrée par les faits. A e» es er rs et iSFOQUES D12 LA NATURE. 65 Voilà les premiers effets produits par la masse , par le poids et par le volume de Teau ; mais elle ea a produit d'autres par 81^ seule qualité : elle a saisi toutes les matières qu'elle pouyoit çlé|ayer et dissoudre ; elles^est combinée avec l'air, la terre et le feu pour former les acides , les sels, &c; ; elfe a couvert^ les scories et les poudres du verre primitif en ar- giles , ensuite elle a^, par son mouve- ment , transporté de place en place ce» mêmes scories et toutes les matières qui se trouvoient réduites en petits volumes» il s'est douent dans cette seconde pé' ciode, depuis trente-cinq jusqu!à cin- quante mille ans, un si grand change- ment à la surface du globe , que la mer universelle, d'abord très-élevée, s'est successivement abaissée pour i emplir les profondeurs occasionnées par l'af- faissement des cavernes, dont les voûtes naturelles sapées ou percées par l'action et le feu de ce nouvel élément, nepou- voient plus soutenir le poids cumulé -"n- l^-.--. - i ll'lf i 1 l|# f 66 HISTOIRE NATURELLE. des terres et des eaux dont elles ëtoient chargées. A mesure qu'il se faisoit quel- que grand afTaisseraent par la rupture d'une ou de plusieurs cavernes , la sur- face de la terre se déprimant en ces endroits , l'eau arrivoit de toutes parts pour remplir cette nouvelle profon- deur , et par conséquent la hauteur gé- nérale des mers diminuoit d'autant : eu sorte qu'étant d'abord à deux mille toi- ses d'élévation , la mer a successivement baissé jusqu'au niveau où no us la voyons aujourd'hui. On doit présumer que les coquilles et les autres productions marines, que l'on trouve à de grandes hauteurs au- dessus du niveau actuel des mers, sont les espèces les ])lus anciennes de la Na- ture -, et il seroit important pour l'his- toire naturelle de recueillir un assez grand nombre de ces productions de la iJier qui se trouventàcette plus grande hauteur , et de les comparer avec celles qui sont dans les terrcins plus bas. Nous :..i*2a^ .... EPOQUES DE LA NATURE. Gj sommevS assures que les coquilles cloiit nos collines sont composées appartien- nent en partie à des espèces inconnues, c'est-à-dire , à des espèces dont aucune mer fréquentée ne nous offre les analo- gues vivans. Si jamais on lait un recueil de ces pétrifications prises à la plus grande élévation dans les montîignes, on sera peut-être en état de prononcer sur l'ancienneté jdus ou moins grande des espèces relativement aux autres. Tout ce que nous pouvons en dire au- jourd'hui , c'est que quelques-uns des monumens, qui nous démontrent l'exis- tence de certains animaux terrestres et marins dont nous ne connoissonspasies analogues vivans , nous montrent en même temps que ces animaux étolent beaucoup plus grands qu'aucune espèce du même genre actuellement subsistan- te : ces grosses dents molaires à pointe mousse , du poids de onze ou douze livres; ces cornes d'ammon , de sept à huit pitdis de diamètre sun ii- pied -_.. .-fi— -^4- . ¥ «P» # i |l^^ r 4 .K' i Gd HISTOIRE NATtJUELLE, iJ 'épaisseur, dont ou trouve les moule* pétriBés, sont certainement des êlr<îs gigantesques dans le genre des aninmiiK quadrupèdes et dans celui des coqiiilr îages. ï^ Nature ëtoit alors dans sa pre- mière force, et trarailloit la mittière organique et vivante avec une puissanciô plus active dans une température plus chiiude : cette matière organii^ue étoit pli s tlivj«''e, mo'îis combinée avec d^aU" très I^^'^t}ères , et pouvoit se rëuniret se combiîier ayec elle-même en plus gran- des masses , pour se développer en plu» grandes dimensions : cette cause cstsuf- fisante pour rendre raison de toutes les productions gigantesques qui paîois- sent avoir été fréqueiates^dai^â ces pre- miers âge» du monde. En fécondant les mers, la Nature rë« pandoit aussi les principes de vie sur toutes les terres que l'eau u'avoit pu sur- montei* ou qu'elle avoit promptement abandonnées; et ces terres, comm^le» mers> ïès pouvoieot être peuplée» que ^^ . j^^j^ I tP^Pp^w^Wh**»* ÉPOQUES DE LA NATURE. % d'animaux et de végétaux capables île supporter une chaleur plus grande que celle qui convient aujourd'hui à la Na- ture vivante.Nous avons des monumens tirés du sein de la terre , et particuliè- rement du fond des minières de char- bon et d'ardoise y qui nous démontrent que quelques-uns des poissons et des végétaux que ees matières contiennent^ ne sont pas des espèces actuellement existantes. On peut donc croire que la population de lancer en animaux, n'est pas plus ancienne que celle de la terre en végétaux : les monumens et Içs té- moins sont plus nombreux ^ plus évi- dens pour la mer; mais ceux qui dépo;- sent pour la terre sont aussi certains^ et semblent nous démontrer que ces espèces anciennes dans les animaux ma* rins et dan^ leà végétaux terrestres se- spnt anéanties , on plutôt ont cessé do se multiplier dès que la teiTC et la mer ont perdu la grande chaleur nécessaira ^ l'effet d© leur ^^ri pagatiou» ■H ^m£-tM f 70 HISTOIRE NATURFILTX. Les coquillages , ainsi que les ve'ge- taux de ce premier temps, s'ëtant prodi- gieusement multipliés pendant ce long espace de vingt mille ans, et la durée de leur vie n'étant que de peu d'années, les animaux à coquilles , les polypes des coraux , des madrépores , des astroïtcs et tons les petits animaux qui conver- tissent l'eau de la mer en pierre , ont , à mesure qu'ils périssoient , abandonné leurs dépouilles et leurs ouvrages aux caprices des eaux ; elles auront trans- porté , brisé et déposé ces dépouilles en mille et mille endroits ; car c'est dans ce même temps que les mouvemensdes marées et des vents réglés ont commen- cé de former les couches horizontales de In surface de la terre par les scdimens et le dépôt des eaux ; ensuite les cou- rans ont donné à toutes les collines et à toutes les montagnes de médiocre hau- teur des directions correspondantes ; eh sorte que leurs angles saillans sont toujours opposés à des angles rentrans. '\ aBt*^' ÉPOQUES DE LA NATURE. J\ Nous ne répéterons pas ici ce que nous avons dit à ce sujet dans notre théorie de la terre j et nous nous contenterons d'assurer que cette disposition générale de la surface du globe par angles cor- respondans , ainsi que sa composition par couches horizontales, ou également et parallèlement inclinées, démontrent évidemment que la structure et la fprme de la surface actuelle de la terre ont été disposées par les eaux produites par leurs sédimeiis. Iln'y a eu que les crêtes et les pics des plus liantes montagnes qui peut-être se sont trouvés Lpvs d'at- teinte aux eaux, ou n'en ont été sur- montés que pendant un petit temp», et sur lesquels par conséquent la mer n'a point laisisé d'empreintes : mais , ne pou- vant les attaquer par leur sommet, elle les a prises par la base ; elle a recouvert ou miné les parties inférieures de ces montagnes primitives ; ellç les a envi- ronnées de nouvelles matières , ou bien elle a percé les voûtes qui lea soute- 73 HISTOIRE NATURELLE, noient ; souvent elle les a fait pencher: enfin cUea tr?* r s]v)rtë dans leurs cavité'» intérieiirt;? ie<* r^alières combustibles provenant dû ddtrimeht des végétaux, ainsi que les matières pyriteuses, bitu- mineuses et minérales , pures oU 'mê- lées de terres et de ào(iimen.H do toute espèce. • — La production des argiles paroi t avoir précédé celle des coquillages ; car la première opération de l'eau a été de transformer les scories et les pou- dres de verre en argiles : aussi les lits d'argiles se sont formés quelque temps Avant les bancs de pierres calcaires \ ei Ton, voit que ces dépôts de matières ar- gileuses ont précédé ceux des matières calcaires ; car presque par-tout les ro- chers calcaires sont posés sur des glaises qui leui servent de ')ase. Je n'avance rien ici qui ne soit démontré par l'ex- périence ou confirmé par le.-^^ observa- tions : tout le monde pourra s'assnrer , par des procédé» ' iséb u répéter , que îc M'^$^»k ^^a»*- rsiwt^iijdft,,^,, n .''4 ÉPOQUES DE LA M ATV aE. yS verre et le grès en poudre se convertis- sent en peu de temps en argile, seule- ment en séjournant dans Teau; c'est d'après cette connoissance que j'ai dit , dans ma Théorie de la Terre , que les argiles n'étoient que des sables vitres- cibles décomposés et pourris ', j'ajoute ici que c'est probablement à cette dé- composition du sable vitrescible dans l'eau qu'on doit attribuer l'origine do l'acide : car le principe acide, qui se trouve dans l'argile , peut être regardé comme une combinaison de la terre vi- trescible avec le feu , l'air et l'eau j et c'est ce H H me principe acide, qui est la première cause de la ductilité de l'e ^le et de toutes les autres matières; sans même en excepter les bitumes, les huiles e les graisses , qui ne sont duc- tiles et ne communiquent de la ducti- lité aux autres matières que parce qu'elles contiennent des acides. Après la chute et l'établissement des eaux bouillantes sur la surface duglobe^, Xii. de la Terre. IL 7 \ 74 HISTOIRE NAXrnKLLE. la plus grande partie des scories do verre qui la couvroient en entier, ont donc ctd converlies en assez peu de temps en argiles : tous les mouvemens de la mer ont contribué k la prompte formation de ces mêmes argiles, en remuant et transportant les scories et les poudres de verre , et les forçant de 86 présenter à l'action de Feau dans tous les sens. Et , peu de temps après , les (irgiles formées par l'intermède et rimpressîon de Teau ont successive- ment été transportées et déposées au- dessus de la roche primitive du globe ^ au-dessus de la masse solide des matières vitrescibles qui en fait le fond , et qui , par sa ferme consistance et sa dureté , avoit résisté à cette même action des eaux. La décomposition des poudres et des sables vitrescibles , et la produc- tion des argiles , se sont faites en d'au- tant moins de temps que l'eau étoit plus ckaude : cette décomposition a conti-^ ^"^!tt* '■'J:''"'TÎÉi''i"' !w3»v. , ont ♦ I ÉPOQUES DE LA NATURE. jS nwé de se faire et se fait encore tous les jours, mais plus lentement et en bien moindre quantité ; car^ quoique les argiles se présentent presque par-tout comme enveloppant le globe , quoique souvent ces couches d'argile aient cent et deux cents pieds d'épaisseur , quoi- que les rochers de pierres calcaires et toutes les collines composées de ces pierres soient ordinairement appuyés sur des couches argileuses , on trouvo quelquefois au-dessous de ces mêmes couches des sables vitrescibles, qui n'ont pas été convertis , et qui conservent lo caractère de leur première origine. Il y a aussi des sables vitrescibles à la su- perficie de la terre et sur celle du fond des mers ; mais la formation de ces sables vitrescibles , qui se présentent à l'extérieur , est d'un temps bien posté- rieur à la formation des autres sables de même nature qui se trouvent à de gran- des profondeurs sous les argiles j car ces sables qui se présentent i\ la super*^ n wi r^ 76 HISTOIRE NATUUELLE. ficie de la terre , ne sont que les dëtri- mens des granits , des grès et de la roche vitreuse dont les masses forment les noyaux et les sommets des monta- gnes, desquelles les pluies, la gelée et les autres agens extérieurs ont détaclié et détachent eiieore tous les jours de petites parties , qui sont ensuite entraî- nées et déposées par les eaux courantes sur la surface de la terre : on doit donc regarder comme très- récente, en com- paraison de l'autre, cette production des sables vitrescibles qui se présente *c sur le fond de la mer ou à la supuficie de la terre. Ainsi , les argiles et l'acide qu'elles contiennent, ont été produits très-peu de tempsaprès l'établissement des eaux, et peu de temps avant la naissance des coquillages; car nous trouvons dans ces mêmes argiles une infinité de bélem- nites, de pierres lenticulaires, de cor- nes d'ammon et d'autres échantillons de ces espèces perdues dont on ne trouv« m\ ^^^^mt^. 'A ' ÉPOQUES DE LA NATURE, '/'f nulle part les analogues vivans. J'ai trouvé moi-même dans une fouille que )'ai fait creuser à cinquante pieds de profondeur , au plus bas d^un petit val- lon tout composé d'argile, et dont les collines voisines étoient aussi d'argile j usqu'à quatre-vingts pieds de hauteur ; j'ai trouvé , dis-je , des bélemnites qui avoient huit pouces de long sur près d'un pouce de diamètre, et dont quel- ques-unes étoient attachées à une par- tie plate et mince comme l'est le têt des crustacés. J'y ai trouvé de même un grand nombre de cornes d'ammon py- riteuses et bronzées, et des milliers de pierres lenticulaires. Ces anciennes dé- pouilles étoient , comme l'on voit , en- fouies dans l'argiie à cent trente pieds de profondeur; car, quoiqu'on n'eût creusé qu'à cinquante pieds dans cette argile au milieu du vallon , il est cer- tain que l'épaisseur de cette argile étoit originairement de cent trente pieds , puisque les couches eu sont élevées des E. % 4 'i U Ai 78 HISTOIRE NATURELLE. deux côtes à quatre-vingts pieds de hauteur au-dessus : cela me fut démon- tre par la correspondance de ces cou- ches et par celle des bancs de pierres calcaires qui les surmontent de chaque côté du vallon. Ces bancs calcaires ont cinquante-quatre pieds d'épaisseur , et leurs difFérens lits se trouvent corres- pondans et posés horizontalement à la même hauteur au-dessus de la couche immense d'argile qui leur sert de base et s'étend sous les collines calcaires de toute cette contrée. Le temps de la formation des argiles a donc immédiatement suivi celui de rétablissement des eaux : le temps de la formation des premiers coquillages doit être placé quelques siècles après; et le temps du transport de leurs dé- pouilles a suivi presqu'immédiatement; il n^y a eu d'intervalle qu'autant que la Nature en a mis entre la naissance et la mort de ces animaux à coquilles. Com- me l'impression de Teau couver tissoit i, . z jaWHf » É I» < Il • 1 1 >mr ÉPOQUES DE LA NATURE. 75 chaque jour les sables vitrescibles en argiles , et que son mouvement les transporloit de place en place , elle en- traînoit en même temps les coquilles et les autres dépouilles et débris des productions marines , et déposant le tout comme des sédimens, elle a formé dès-lors les couches d'argile où nous trouvons aujourd'hui ces monumens , les plus anciens de la Nature organisée , dont les modèles ne subsistent plus : ce n'est pas qu'il n'y ait aussi dans les ar- giles des coquilles dont l'origine est moins ancienne -, et même quelques espèces que l'c^ peut comparer avec celles de nos mers , et mieux encore avec celles des mers méridionales ; mais cela n'ajoute aucune difficulté à nos ex- plications ^ car l'eau n'a pas ce^sé de convertir en argiles toutes les scorie» de verre et tous les sablts vitrescibles qui se son présentés à son action : elle a donc formé des argiles en grande quantité , dès qu'elle s'est emparée do ê : Vî m 4lll.il'.' - ■^■♦^j-yf?^ -»»'^— 80 HISTOIRE NATURELLE, la surface de la terre : elle a continue et continue encore de produire le même efl'et; car la mer transporte aujourd'hui ces vases avec les dépouilles des coquil- lages actuellement vivans , comme elle a autrefois transporté ces mêmes vases avec les dépouilles des coquillages alors existans. La formation des schistes , des ar- doises, des charbons de terre et des matières bitumineuses , date à-peu-près du même temps : ces matières se trou- vent ordinairement dans les argiles à d'assez grandes profondeurs -, elles pa- roissent même avoir précédé rétablis- sement local des dernières couches d'ar- gile j car , au-dessous de cent trente pieds d'argile dont les lits contenoient des bélemnites, des cornes d'ammon et d'autres débris des plus anciennes co- quilles, j'ai trouvé des matières char- bonneuses et inflammables, et l'on sait que la plupart des mines de charbon de terre sont plus ou moins surmontée* ÉPOQUES DE LA NATURE. 8l par des couches de terres argileuses. Je croîs même pouvoir avancer que c'est dans ces terres qu'il faut chercher les veines de charbon, desquelles la forma- tion est un peu plus ancienne que celle des couches extérieures des terres ar- gileuses qui les surmontent : ce qui le prouve, c'est que les veines de ces charbons de terre sont presque toujours inclinées ; tandis que celles des argiles , ainsi que toutes les autres couches ex- térieures du globe , sont ordinairement horizontales. Ces dernières ont donc été formées par le sédiment des eaux qui s'est déposé de niveau sur une bas© liorizontale -, tandis que les autres , puisqu'elles sont inclinées , semblent avoir été amenées par un courant sur un terrein en pente. Ces veines de char- bon , qui toutes sont composées de vé- gétaux mêlés de plus ou moins de bi- tume , doivent leur origine aux pre- miers végétaux que la terre a formés : toutes les parties du globe, qui se trou- 1 Sa HISTOIRE NATURELLE, voient élevées au-dessus des eaux, pro- duisirent dès les premiers temj»s une infinité de plantes et d*arbres de toutes espèces , lesquels bientôt tombant de vétusté , furent entraînés par les eaux , et formèrent des dépôts de matières végétales en une infinité d'endroits. Et comme les bitumes et les autres huiles terrestres paroissent provenir des sub- stances végétales et animales ; qu'en même temps l'acide provient de la décomposition du sable vitrescible par le feu , l'air et l'eau , et qu'enfin il entre de l'acide dans la composition des bi- tumes , puisqu'avec une huile végétale et de l'acide on peut faire du bitume, il paroît que les eaux se sont dès-lors mêlées avec ces bitumes , et s'en sont imprégnées pour toujours ; et comme elles transportoient incessamment les arbres et les autres matières végétales descendues des hauteurs de la terre , ces matières végétales ont continué de se mêler avec les bitumes déjà formes des s iîPOQUES DE LA NATURE. 83 lësidus des premiers végétaux ; et l(t mer , par son mouvement et par ses courans, les a remuées, transportées et déposées sur les émînences d'argile qu'elle avoit formées précédemment. Les couches d'ardoises , qui contien- nent aussi des végétaux et même des poissons ; ont été formées de la même manière , et l'on peut en donner des exemples qui sont , pour ainsi dire , sous nos yeux. Ainsi y les ardoisières et les mines de charbon ont ensuite été recouvertes par d'autres couches de terres argileuses que la mer a déposées dans les temps postérieurs; il y a même eu des intervalles considérables et des alternatives de mouvement entre l'éta- blissement des différentes couches de charbon dans le même terrein ; car on trouve souvent au-dessous de la pre- mière couche de charbon^ une veino d'argile ou d'autre te^-re qui suit la même inclinaison, et ensuite on trouve assez communément une seconde couche d& i ^i i'' «alrlMaMlr m V; 84 HISTOIRE NATURELLE. charbon inclinée comme la première , et souvent une troisième , également séparées l'une de l'autre par des veines de terre , et quelquefois même par des bancs de pierres calcaires , comme dans les mines de charbon du Hainault. L'on ne peut donc pas douter que les cou- ches les plus basses de charbon n'aient été produites par le transport des ma- tières végétales amenées par les eaux : et lorsque le premier dépôt d'où la mer enle voit ces matières végétales , se trou- voit épuisé , le mouvement des eaux continuoit de transporter au même lieu les terres ou les autres matières qui en- vironnoient ce dépôt : ce sont ces ter- res qui forment aujourd'hui la veine intermédiaire entre les deux couches de charbon , ce qui suppose que l'eau amenoit ensuite de quelqu'autre dépôt, des matières végétales pour former la seconde couche de charbon. J'entends ici par couches , la veine entière de cbar- hoii prise dans toute son épaisse uc , et \ê ■iTWa^sWâîtSgiîSfïîSaftt: Il t r r [s ÉPOQUES DE LA NATURE. 85 non pas les petites couches ou feuillets dont la substance même du charbon est composée, et qui sou' ni sont extrê- mement minces : ce sont ces mêmes feuillets toujours parallèles entr'eux, qui démontrent que ces masses de char- bon ont été formées et déposées par le sédiment, et même par la stillation des eaux imprégnées de bitume ; et cette même forme de feuillets ae trouve dans les nouveaux charbons dont les couches se forment par stillation , aux dépens des couches plus anciennes. Ainsi , les feuillets du charbon de terre ont pris ]eur forme par deux causes combinées : la première est le dépôt toujours hori- zontal de l'eau -, et la seconde, la dispo- sition des matières végétales , qui ten- dent à faire des feuillets. Au sur lus, ce sont les morceaux de bois souvent entiers , et les dé tri mens très-recon- noissables d'autres végétaux, qui prou- vent évidemment que la substance de «es charbons do terre n'est qu'un as* Th. (le la Terre. II, S '"<] t i il /'. w< 86 HISTOIRE NATURELLE. Aemblage do H^'bris de végétaux liés en- semble par des bitumes. La seule chose qui pourroit être dif- ficile à concevoir , c'est l'immense quaii« tité de débris de végétaux que la com- position de ces mines de charbon sup- pose , car elles sont très-épaisses , très- étendues, et se trouvent en une inûni té d'endroits ; mais si l'on fait attention à la production peut-être encore plus immense de végétaux , qui s'est faite pendant vingt ou vingt-cinq miDe ans, et si l'on pense en même temps que l'homme n'étant pas encore créé , il n'y avoit aucune destruction des végé- taux par Itî feu , on sentira qu'ils ne pou voit (it îr^anquer d'être emportés par les eaux y et de former en mille endroits différens, des couches très-étenauea de matière végétale ; on peut se faire une idée en petit de ce qui est alors ar- rivé en grand : quelle énorme quan- tité de gros arbres, certains lie uves, comme le Mississipi , n'entrainent-iU lEPOQUES DE LA NATURE. 87 pas dans la mer ! Le nombre de ces arbres est si prodigieux , qu'il empê- che dans certaines saisons la navigation de ce large fleuve : il en est de mémo sur la rivière des Amazones et sur la plupart des grands fleuves , des ui nens déserts ou mal peuplés. On lei donc penser, par cette comparai que toutes les terres élevées au-dessu des eaux , étant dans le commencement couvertes d'arbres et d'autres végétaux, que rien ne détruisoit que leur vétusté, il s'est fait , dans cette longue période de temps, des transports successifs de tous ces végétaux et de leurs détrimens, entraînés parleseaux courantes du haut des montagnes jusqu'aux mers. Les mêmes contrées inhabitées de l'Améri- que nous en fournissent un autre exem-> pie frappant : on voit à la Guiane des forêts de palmiers lataniers , de plu- sieurs lieues d'étendue , qui croissent dans des espèces de marais qu'on ap- pelle des savanes noyées y qui ne sont (1 I w" \: v^ ■> V IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) [.0 ^1^ Uâ « 1^ 12.0 l.l 11.25 lU u 1.4 II 1.6 Ui 6" HiotDgraiiîic Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 145S0 (716) •72-4503 %'' «?• f,.? l 88 HISTOIRE NATURELLE, que des appendices de la mer : ces ar- bres après avoir vécu leur âge , tom- bent de vétusté , et sont emportés par le mouvement des eaux. Les forêts plus éloignées de la mer , et qui couvrent toutes les hauteurs de l'intérieiir du pays, sont moins peuplées d'arbres sains et vigoureux, que jonchées d'arbres décrépits et à demi-pourris : les voya- geurs , qui sont obligés de passer la nuit dans ces bois, ont soin d'examiner le lieu qu'ils choisissent pour gite , afin de reconiioître s'il n'est environné que d'arbres solides , et s'ils ne courent pas risque d'être écrasés pendant leur som- meil par la chute de quelques arbres pourris sur pied ; et la chute de ces ar- bres en grand nombre est très-fréquen- te : un seul coup de vent fait souvent un abattis si considérable , qu'on en en* tend le bruit à de grandes distances. Ces arbres roulans du haut des monta- gnes , en renversent quantité d'autres, et ils arrivent ensemble dans les lieux 1 •* ÉPOQUES SE LA NATITRE. % les plus bas , où ils achèvent de pour' rîr , pour former de nouvelles couches de terre végétale , ou bien ils sont en- traînes par les eaux courantes dans les mers voisines, pour aller former au loin de nouvelles couches de charbon fossile. Les dëtrimens des substances vëgë- tales sont donc le premier fond des mines de charbon ; ce sont des trésors qne la Nature semble avoir accumules d'avance pour les besoins à venir des grandes populations : plus les hommes se multiplieront , plus les forêts dimi- nueront : les bois ne pouvant plus suf- fire à leur consommation , ib auront recours à ces immenses dépôts de ma- tières combustibles , dont l'usage leui^ deviendra d'autant plus nécessaire, que le globe se refroidira davantage ; néan- moins ils ne les épuiseront jamais , car une seule de ces mines de charbon con- tient peut-être plus de matière com- bustible que toutes les forêts d'une vast« contrée. %% 90 HISTOIRE NATURELLB. L'ardoise qu'on doit regarder comme une argile durcie , est formée par cou- ches qui contiennent de même du bitu- me et des végétaux, mais en bien plus petite quantité j et en même temps elles renferment souvent des coquilles , des crustacés et des poissons qu'on ne peut rapporter à aucune espèce connue. Ainsi, l'origine des charbons et des ardoises date du même temps : la seule différence qu'il y ait entre ces d^ux sor- tes de matières, c'est que les végétaux composent la majeure partie de la sub* stance des charbons de terre , au lieu que le fond de la substance de l'ardoise est le même que celui de l'argile , et que les végé^ X , ainsi que les poissons , ne paroisse,, s'y trouver qu'accidentelle-- ment et en assez petit nombre ) mais toutes deux contiennent du bitume, et sont formées par feuillets ou par cou- ches très-minces toujours parallèles en- trée) les , ce qui démontre clairement qu'elles ont également été produites par if-^ÇÊt^lJU^ -'Ma f •f^' ^-_ ■^■♦-►•■•--«■'♦m,^,^,.^ . j. ÉPOQUES DE LA NATURE. 91 ha sëdimens successifs d'une eau tran- quille , et dont les oscillations étoient parfaitement rëglëes , telles que sont celles de nos marées ordinaires^ ou des conrans constans des eaux. Reprenant donc pour un instant tout ce que je viens d'exposer , la masse du globe terrestre composée de verre en fusion y ne prësentoit d'abord que les boursouflures et lescavitës irrégulières, qui se forment à la superficie de toute matière liquéfiée par le feu, et dont le refroidissement resserre les parties : pendant ce temps et dans le progrès du refroidissement , les élémens se sont séparés , les liquations et les sublima- sions des substances métalliques et mi- nérales se sont faites , elles ont occupé les cavités des terres élevées et les fen- tes perpendiculaires des montagnes^ car ces pointes avancées au-dessus de la surface du globe s'étant refroidies les premières, elles ont aussi présenté aux élémens extérieurs les première! 14 \, ^'^ià. .' che de la Nature , et même se rappeler l'idée de ses moyens. Les molécules or- ganiques vivantes ont existé dès que les élémens d'une chaleur douce ont pu s'in- corporer avec les substances qui com- posent les corps organisés ; elles ont produit sur les parties élevées du globe une infinité de végétaux , et dans les eaux un nombre immense de coquilla- ges I de crustacés et de poissons , qui se sont bientôt multipliés par la voie de la génération. Cette multiplication des . végétaux et des coquiUages, quelque v!^ *^- ÉPOQUES DE LA NATURE. gS rapide qu'on paisse la supposer n'a pu 86 faire que dans un grand nombre de siècles , puisqu'elle a produit des volu- mes aussi prodigieux que le sont ceux de leurs détrimens; en effet , pour ju- ger de ce qui s'est passé , il faut consi- dérer ce qui se passe. Or ne faut>il pas bien des années pour que des huîtres qui s'amoncëlentdans quelquesendroits de la mer, s'y multiplient en assez grande quantité pour former une espèce de ro- cher ? Et combien n'a-t-il pas fallu de siècles pour que toute la matière cal- caire de la surface du globe ait été pro» duite ? £t n'estHin pas forcé d'admettre, non-seulement des siècles , mais des siè- cles de siècles^ pour que ces productions marines aient été nnn-seulement rédui- tes en poudre , meus transportées et dé- posées par les eaux , de manière à pou- voir former les craies , les marnes, les marbres et les pierres calcaires ? Et com- bien de siècles encore ne faut-il pas ad- mettre pour que ces mêmes matières I 'S i I I 1 } \ J 98 HISTOIRE NATURELLE. aiguisé les pointes de tous les continens terrestres. . ; D'ailleurs il est certain que les deux continens n'étoient pas encore sëparës vers notre nord , et que même leur se' paration ne s'est faite que long-temps après rétablissement de la Nature vi- vante dans nos climats septentrionaux , puisque les élëphansonten même temps existe en Sibérie et au Canada ; ce qui prouve invinciblement la continuité de l'Asie ou de l'Europe avec l'Amérique : tandis qu'au contraire, il paroit égale- ment certain que l'Afrique étoit, dès les premiers temps, séparée de l'Amérique méridionale , puisqu'on n'a pas trouvé , dans cette partie du Nouveau-Monde , un seul des animaux de l'ancien conti- nent , ni aucune dépouille qui puisse indiquer qu'ils y aient autrefois existé. Il paroît que les élépbans dont on trouve les ossemens dans l'Amérique septen- trionale, y sont demeurés confinés, ç^u'ils n'ont pvifranchir les hautes mon- iP0QU£8 DB LA NATURE. 99 tagnes qui sont au sud de l'isthme do Panama, et qu'ils n'ont jamais pënëtrë dans les vastes contrées de T Amérique méridionale ; mais il est encore plus certain que les mers qui séparent l'Afri- que et l'Amérique, existoient avant la naissance des éléphans en Afrique ; car si ces deux continens eussent été con- tigus y les animaux de Guinée se trou- Teroient an Brésil , et l'on eût trouvé des dépouilles de cesanir mxdans l'A- mérique méridionale , comme l'on en trouve dans les terres de l'Amérique septentrionale. Ainsi, dès l'origine et dans le com- mencement de la Nature vivante , les terres lett ])lus élevées du globe et les parties de notre nord , ont été les pre- mières peuplées pai les espèces d'ani- maux terrestres auxquels la grande cha- leur convient le mieux : les régions de l'équateur sont demeurées long-temps désertes , et même arides et sans mers. Les terres élevées de la Sibérie , de k \ > 'i «■« iPiM M Rt 1 i m I T îi f %■ .' ioj HISTOIRE NATURELLE. Tartarie et de plusieurs autres endroits de l'Asie , toutes celles de l'Europe qui forment la chaîne de montagnes de Ga- lice , des Pyrénées , de TAuveigne , des Alpes ^ des Apennins^ de Sicile, de la Grèce et de la Macédoine , ainsi que let monts Ripliées , Rymniques, &c. ont été les premières contrées habitées , même pendant plusieurs siècles , tan- dis que toutes les terres moins élevées étoient encore couvertes par les eaux. Pendant ce long espace de durée que la mer a séjourné sur nos terres , les sédimens et les dépôts des eaux ont formé les couches horizontales de la terre , les inférieures d'argiles , et Içs supérieures de pierres calcaires. C^est dans la mer même que s'est opérée la pétrification des marbres et des pierres : d'abord ces matières étoient molles, ayant été successivement déposées les unes sur les autres , à mesure que les eaux les amenoient et leslaissoient tom- ber en forme de sédimens^ ensuite elles 'jfe'-raw* ÉPOQUES DE LA NATURE. > se sont peu à peu durcies par la force de Taffinité de leurs parties constituan- tes, et enfin elles ont forme toutes les masses des rochers calcaires , qui sont composées de couches horizontales ou également inclinées , comme le sont toutes les autres matières déposées par les eaux» C'est dès les premiers temps de cette même période de durée que se sont dé^ posées les argiles où se trouvent les dé« bris des anciens coquillages ; et ces ani- maux à coquilles n'étoient pas les seuls alors existans dans la mer ; car , indé- pendamment des coquilesy on trouve des débris de crustacés y des pointes d'oursins, des vertèbres d'étoiles dans ces mêmes argiles. Et dans les ardoises , qui ne sont que des argiles durcies et mêlées d'un peu de bitume , on trouve, ainsi que dans les schistes, des impres- sions entières et très-bien conservées de plantes , de crustacés et de poissons' de diiféreutes grandeurs : enfin dans les I I ■tr*ï,rrr-.'î.*." h 1 * i 102 HISTOIRB NATURELLE. mimères de charbon de terre , la masse entière de charbon ne paroit composée que de débris de végétaux. Ce sont-là les plus anciens monumens de la Na- ture vivante , et les premières produc^ lions organisées tant de la mer que de ht terre. Les régions septentrionales , et lea parties les plus élevées du globe , et sur-tout les sommets des montagnes dont nous avons fait rénumération,et qui y pour la plupart , ne présentent au- jourd'hui que des faces sèches et des sommets stériles , ont donc autrefois été des terres fécondes , et les premières où ]a Nature se soit manifestée ; parce que ces parties du globe ayant été bien plutôt refroidies que les terres pins bas- ses ou plus voisines de Téquateur^ elles auront les premières reçu les eaux de l'atmosphère et toutes les autres matiè- res qui pouvoient contribuer à la fé- condation. Ainsi Ton peut présumer qu'avant l'établissement fixe des mers ^\V«4*i#, ÉPOQUES DE LA NATURE. Io3 toutes les parties de la terre qui se truu- voient supérieures aux eaux , ont été fécondées, et qu'elles ont dû dès- lors et dans ce temps produire les plantes dont nous retrouvons aujourd'hui les im- pressions dans les ardoises , et toutes les substances végétales qui composent les charbons de terre. Dans ce même temps oi!L nos terres ëtoient couvertes par la mer , et tandis que les bancs calcaires de nos collines se formoient des détrimens de ses pro' ductions , plusieurs monumens nous indiquent qu'il se détachoit du sommet des montagnes primitives et des autres parties découvertes du globe , une grande quantité de substances vitresci« blés , lesquelles sont venues par allu- vion, c'est-à-dire, par le transport des eaux , remplir les fentes et les autres intervalles que les masses calcaires lais- soient entr'elles. Ces fentes perpendi- culaires ou légèrement inclinées dan» les bancs calcaires , se sont formées par '"*■.._ ■• ■•>, s-* ; * h i#; I 104 HISTOIRE NATURELLE, le resserrement de ces matières cal- caires, lorsqu'elles se sont sëchées et durcies , de la même manière que s'é- toient faites précédemment les pre- mières fentes perpendiculaires dans les montagnes vitrescibles produites par le feu, lorsque ces matières se sont res- serrées par leur consolidation. Les pluies , les vents et les autres agens ex- térieurs, avoient déjà détaché de ces masses vitrescibles une grande quantité de petits fragmens que les eaux trans- portoient en différens endroits. £n cherchant des mines de fer dans des collines de pierres calcaires , j'ai trou- vé plusieurs fentes et cavités remplies de fer en grains , mêlées de sable vi- trescible et de petits cailloux arrondis. Ces sacs ou nids de mine de fer ne s'étendent pas horizontalement , mais descendent presque perpendiculaire- ment , et ils sont tous situés sur la crête la plus élevée des collines calcaires. J'ai reconnu plus d'une centaine de ces ■ïii*^-.»»^ ■<"mîZi»m^,. .mimmmmA^^m •'^m*^' ÉPOQUES DE LA NATURE. ïo5 sacs, et j'en ai trouve huit principaux et très-considërables dans la seule éten- due de terrein qui avoisine mes forges à une ou deux lieues de distance : tou-' tes ces mines ëtoient en grains assez menus , et plus ou moins mélangées de sable yitrescible et de petits cailloux. J'ai fait exploiter cinq de ces mines pour r usage de mes fourneaux : on a fouillé les unes à cinquante ou soixante pieds^et les autres jusqu'à cent soixante quinze pieds de profondeur : elles sont toutes également situées dans les fentes des rochers calcaires , et il n'y a dans cette contrée ni roc yitrescible » ni quartz , ni grès , ni cailloux , ni gra- nits 'y en sorte que ces mines de fer qui sont en grains plus ou moins gros , et qui sont toutes plus ou moins mélan- gées de sable yitrescible et de petits cailloux , n'ont pu se former dans les matières calcaires oh elles sont renfer- mées de tous côtés comme entre des murailles j et par conséquent elles y W »i' ( ; (5 ,.,*fc.^.. lo6 HISTOIRE NATURELLE, ont été amenées de loin par le mouve** ment des eaux qui les y auront déposées en même temps qu'elles déposoient ail- leurs des glaises et d'antres sédimens ; car ces sacs de mines de fer en grains , «ont tous surmontés ou latéralement accompagnés d'une espèce de terre li« monneuse rougeâtre , plus pétrissable 9 plus pure et plus fine que l'argile com- mune. Il paroît même que cette ten^e limonneuse , plus on moins colorée de la teinture rouge que le fer donne à la terre , est l'ancienne matrice de ces mines de fer , et que c'est dans cette même terre que les grains métalliques ont dû se former avant leur transport. Ces mines ) quoique situées dans des collines entièrement calcaires , ne con- tiennent aucun gravier do cette même nature *, il se trouve seulement , à me- sure qu'on descend, quelques masses isolées de pierre calcaire , autour des- quelles tournent les veines de la mine, toujours accompagnées de la terre ■^-^.^tsmn^- ÉPOQUES DE LA NATURE. 107 ronge , qui souvent traverse les veines de la mine; ou bien est appliquée contre les parois des rochers calcaires qui lu renferment. Et ce qui prouve d'une ma- nière évidente que ces dépôts de mine se sont faits par le mouvement des eaux » c'est qu'après avoir vidé les fentes et cavités qui les contiennent ^ on voit , à^ ne pouvoir s'y tromper , que les paroia de ces fentes ont été usées et même po- lies par l'eau , et que par conséquent elle les a remplies et baignées pendant un assez long temps avant d'y avoir dé« posé lamine de fer, les petits cailloux ^ jle sable vitrescible et la terre limon» neuse, dont ces fentes sont actuelle- ment remplies *, et l'on ne peut pas so prêter à croire que les grains de fer se soient formés dans cette terre limon* neuse depuis qu'elle a été déposée dans ces fentes de rochers : car une chose tout aussi évidente que la première s'oppose à cette idée ^ c'est que la quan« tité de mines de fer paroît surpasser do ÂoS HISTOIRE NATURELLE. beaucoup celle de la terre limonneuse. lies grains de cette substance métalli- que ont , à la vérité , tous été formés dans cette même terre , qui n'a elle- même été produite que par le résida des matières animales et végétales ; dans lequel nous démontrerons la produc- tion du fer en grains j mais cela s'est fait avant leur transport et leur dépôt dans les fentes des rochers. La terre limo*^- neuse, les grains de fer> le sable vi- trescible et les petits cailloux ont été transportés et déposés ensemble ; et si depuis il s'est formé dans cette même terre des grains de fer, ce ne peut être qu'en petite quantité. J'ai tiré de cha- cune de ces mines plusieurs milliers de tonneaux , et sans avoir mesuré exac- tement la quantité de terre limonneuse qu'on a laissée dans ces mêmes cavi- tés , j'ai vu qu'elle étoit bien moins considérable que la quantité de mine de fer dans chacune* Mais ce qui prouve encore que cet neuse. Halli- ormës . elle- résidu i^dans roduc- !8t fait )t dans imo»*- >le vi- nt été ; et si même it être e cha- [ers de exac- ineuse cavi- moins mine ic cet ÉPOQUES DE LA NATURE. I09 mines de 4er en grains ont été toutes amenées par le mouvement des eaux , c'est que, dans ce même canton , à trois lieues de distance, il 3'' a une assez grande ëtendue de terrein formant une espèce de petite plaine au-dessus des collines Cfilcaires, et aussi élevée que celles dont je viens de parler, et qu'on trouve dans ce terrein une grande quantité de mine de fer en grain , qui est très-différem- ment mélangée et autrement située^ car au lieu d'occuper les fentes perpendi- culaires et les cavités intérieures des rochers calcaires , au lieu de former un ou plusieurs sacs perpendiculaires, cette mine de fer est au contraire déposée en nappe, c'est-à-dire , par couches hori- zontales , comme tous les autres sédi- mens des eaux : au lieu de descendre profondément comme les premières , elle s'étend presque à la surface du terrein sur une épaisseur de quelques pieds : au lieu d'être mélangée de cail- loux et des sables vitre scibles, elle n'est Th. de la Terre. II. \ l i 10 " * » r. i4 110 HISTOIRE NATURELLE, au contraire mêlëe par-tout que de gra- viers et des sables calcaires. £lle pré- sente de plus un phénomène remarqua- ble ; c'est un nombre prodigieux de cornes d'ammon et d'autres anciens co- quillages , en sorte qu'il semble que la mine entière en soit composée ; tandis que dans les huit autres mines dont j'ai parlé ci-dessus , il n'existe pas le moin- dre vestige de coquilles , ni même au- cun fragment ^ aucun indice du genre calcaire , quoiqu'elles soient enfermées entre des masses de pierres entièrement calcaires. Cette autre mine y qui con- tient un nombre si prodigieux de dé- bris de coquilles marines , même des plus anciennes, aura doue été transpor- tée avec tous ces débris de coquilles , par le mouvement des eaux , et déposée en forme de sédiment par couches ho- rizontales; et les grains de fer qu'elle contient , et qui sont encore bien plus petits que ceux des premières mines , mêlées de cailloux ; auront été amenés V m' " Élu tAi ÉPOQUES DE LA NATURE. 1 1 1 avec les coquilles même. Ainsi , le transport de toutes ces matières et lo ddpôt de toutes ces mines de fer en grains, se sont faits par ail uvion à-peu- près dans le même temps, c'est-à-dire lorsque les mers couvroient encore nos collines calcaires. £t le sommet de toutes ces collines , ni les collines elles-mêmes , ne nous représentent plus à beaucoup près le même aspect qu'elles avoient lorsque les eaux les ont abandonnées. A peine leur forme primitive s'e.-t-elle mainte- nue ; leurs angles saillans et rentrans sont devenus plus obtus , leurs pentes moins rapides , leurs sommets moins élevés et plus chenus ; les pluies en ont détaché et entraîné les terres ; les col- lines sesoiic donc rabaissées peu à peu , et les vallons se sont en même temps remplis de ces terres entraînées par les eaux pluviales ou courantes. Qu'on se iiijnre ce que devoit être autrefois la forme du terrein à Paris et aux envi- il lia HISTOIRE NATURELLE, rons ; d^une part , snr les collines âe Vaugirard Jusqu'à Sève , on voit de» carrières de pierres calcaires remplies de coquilles pëtrifiëes ; de l'autre côte, vers Montmartre, des collines de plaire et de matières argileuses ; ef 'es colli- nes à-peu-près ëgalemerï ël» /yées au- dessus de la Seine , ne :.oni aujourd'hui que d'une hauteur tvc? -me'diocre ; mais au fond des puiti> que l'on a faits àBicé- tre et à l'Ecolo militaire , on a trouvé des bois travaillés de main d'hommes à soixante-quinze pieds de pi'ofondeur ; ainsi l'on ne peutdouter que cette vallée de la Seine ne se soit remplie de plus de soixante-quinze pieds, seulement depuis que les hommes existent; et qui sait de combien les collines adjacentes ont diminué dans le même temps par l'effet des pluies , et quelle étoit l'épais- seur de terre dont elles étoient autre- fois re'fî'Tus'? 11 en est de même de toutes ^e9 fu i: .^s coUii ^ et de toutes le» autres vallées y elles étoient peut-être /;POQUr.S DF. LA NATITKR. n3 du double plus élevées et du double plus pr^'Onides dans le temps que les eaux delà luer les ont laissées à décou- vert. On est tuêoie assuré que les mou-' tiigues s'abaissent encore tous les jours, et que les vallées se remplissent à- peu- près dans la même proportion ; seule - ment cett« diminution de la hauteur des montagnes ; qui ne se fait aujourd'hui que d'une manière presqu'insensible , s'est faite beaucoup p^ us vite dans les premiers temps , en raison de la plus grande rapidité de leur j>ente ; et il fau- dra maintenant plusieurs milliers d'an- nées pour que les inégalités de la sur- face de la terre se réduisent encore au- tant qu'elles l'ont fait en peu de siècles dans les premiers âges. Mais revenons à cette éf)oque anté^ rieure où les eaux , après êire arrivées des régions polaires, ont gagné celles de l'équateur. C'est dans te terres de la zone tonide où se sont faits les plus grands bouIeversemcuB j pour en être il ) i •-"«SV**» „.,! V ni Il4 HISTOIRE NATURELLE, convaincu , il ne faut que jeter les yeux sur un globe géographique, on recon- noîtra que presque tout Pespace com- pris entre les cercles de cette zone , ne présente que les débris de continens bouleversés et d'une terre ruinée. L'im- mense quantité d'îles, de détroits, de bauts et de bas-fonds, de bras de mer et de terre entrecoupés , prouve les nombreux afiPaissemens qui se sont faits dans celte vaste partie du monde. Le» montagnes y sont plus élevées , les mers plus profondes , que dans tout le reste de la terre -, et c'est sans doute lorsque CCS grands afiPaissemens se sont faits dans les contrées de l'équateur, que les eaux qui couvroient nos continens se sont abaissées et retirées en coulant à grands Ilots vers ses terres du midi, dont elles ont rempli les profondeurs , en laissant à découvert d'abord les parties les plus élevées des terres, et ensuite toute la surface de nos continens. Qu'on se représente l'immense quan- "^b^àMir * tf .«^•«i*^'' '"J^ ÉPOQUES DE L\ NATURE. 1 15 titë des matières de toute espèce qui ont alors été transportées parles eaux-, combien de sédimens de différente na- ture n'ont-elles pas déposés les uns sur les autres , et combien par conséquent la première face de la terre n'a-t-elle pas changé par ses révolutions ? D'une part ; le flux et le reflux donnoient aux eaax un mouvement constant d'orient en occident-, d'autre part , lesathivions venant des pôles eroisoient ce mouve- ment, et déterminoient les efforts de la mer autant et peut-être plus vers l'é- quateur que vers l'occident. Combien d'irruptions particulières se sont faites alors de tous côtés? A mesure que quel- que grand affaissement présentoit une nouvelle profondeur^ la mers'abaissoit, elles eaux couroient pour la remplir; et quoiqu'il paroisse aujourd'hui que l'équilibre des mers soità-peu-près éta- bli , et que toute leur action se réduise à gagner quelque terrein vers l'occi- dent , et en laisser à découvert vers 'r, t. .'■,«1 \il . i'i^. vi II i la k *!' it î|'> > ^ ïlS HISTOIRE NATURELLE» y orient , il est luianmoiiis très-certaÎK qu'en gênerai les mers baissent tous les jour» de plus en plus , et qu'elles bais- seront encore à mesure qu'il se fera quelque nouvel affaissement, soit par l'effet des volcans et des tremblemens de terre , soit par des causes plus eons- tantes et plus simples ; car toutes les^ parties caverneuses de l'intérieur du f;\ohe ne sont pas encore affaissées , les volcans et les secousses de tremblemens de terre en sont une preuve démons- trative. Les eaux mineront peu à peu les voûtes et les remparts de ces caver- nes souterraines ^ et lorsqu'il s'en écrou- lera quelques-unes , la surface de la terre se déprimant dans ces endroits, formera de nouvelles vallées dont la mer viendra s'emparer. Néanmoins comme ces événemens; qui dans les commen- cemens dévoient être très-fréqiïens , sont actuellement assez rares , on peut croire que la terre est à-peu-près par- venue à un état assez tranquille pour ^^Wn'. 90ffm Ç-», • », #"4- ^ ^c-^ \» \i \ laîî HISTOIRE NATURFXLK. ainsi dire, que lavées et baigne'es pen- dant le premier temps de la chute des eaux , lesquelles se sont ccoulëes de ces lieux élevés pour occuper les terreins inférieurs dèii qu'ils se sont trouvés as- sez refroidis pour les admettre sans les rejeter en vapeurs. Il s'est donc formé successivement une mer universelle , qui n'étoit inter- rompue et surmontée que par les som- mets des montagnes d'où les premières eaux s'étoient déjà retirées en s'écoulant dans les lieux plus bas. Ces terres éle- vées ayant été travaillées les premières par le séjour et le mouvement des eaux, auront aussi été fécondées les premiè- res ', et tandis que toute la surface du globe n'étoit, pour ainsi dire, qu'un archipel général , la Nature organisée s'établissoit sur ces montagnes, elle s'y déployoit même avec une grande éner- gie; car la chaleur et l'humidité,, ces deux principes de toute fécondation , l'y trouvoieiit réunis et combinés à un. --f^'i J F.POQUK» DR LA NA -"'TRE. t?5 pTas Iiautdegrë qu'ils ne le sont aujour- d'hui dans aucun climat de la terre. Or dans ce même temps, où les terres ëlevëes au-dessus descaux secou\roient de grands arbres et de végétaux de toute espèce , la mer générale se peiiploit par- tout de poissons et de coquillage? ; elle étoit aussi le réceptacle universel de tout ce qui se détaclioit des terres qui la sur- montoient. Les scories du verre primi- tif et les matières végétales ont été en- traînées des éminences de la terre dans les profondeurs de la mer , sur le fond de laquelle elles ont formé les premières couches de sable vitrcscible , d'argile , de schiste et d'ardoise , ainsi que les mi- nières de charbon , de sel et de bitume qui dès'lors ontimprégnc toute la masse des mers. La quantité de végétaux pro- duits et détruits dans ces premières ter- res, est trop immense pour qu'on puisse se la représenter -, car quand nous ré- duirions la superficie de toutes les terres élevées alors au-dessus des eaux, à la la'l HISTOIRE NATURELLE, centième ou même à la deux centième partie de la surface du globe > c'est-à- dire , à cent trente mille lieues quarrëes, il est aisé de sentir combien ce vaste terrein de cent trente mille lieues su- perficielles a produit d'arbres et de plan* tes pendant quelques milliers d'années, combien leurs dëtrimens se sont accu- mulés, et dans quelle énorme quanti- té ils ont été entraînés et déposés sous les eaux , ou ils ont formé le fond du volume tout aussi grand des mines de charbon qui se trouvent en tant de lie ux • Il en est d(? même des mines de sel , dm celles de ter en grains, de pyrites et do toutes les autres substances dans la com- position desquelles il entre des acides , et dont la première formation n'a pu s'opérer qu'après la chute des eaux ; ces matières auront été entraînées et déposées dans les lieux bas et dans les fentes de la roche du globe, oii trouvant déjà les substances minérales sublimées par la grande chaleur de la terre ; elles '4k ii:i I » . ÉPOQUES DE LA NATURE. 125 auront forme le premier fond de ra]i- ment des vcflcana à venir ; je dis à venir, car il n'cxistoit aucun volcan en action avant rétablissement des eaux , et ils n'ont commence d'agir , ou plutôt ils n'ont pu prendre une action perma- nente qu'après leur abaissement, car l'on doit distinguer les volcans terres- tres des volcans marins; ceux-ci ne peu- vent faire que des explosions, pour ainsi dire> momentanées, parce qir'à l'ins- tant que le feu s'allume par l'cfferves- ccnce des matières pyriteuses et com - bustibles , il est immédiatement éteint par l'eau qui les couvre et se précipite à flots jusque dans leur foyer par toutes les routes que le feu s'ouvre pour en- sortir. Les volcans de la terre ont au contraire une action durable et pro- portionnée à la quantité de matière? qu'ils contiennent ; ces matières ont be* soin d'une certaine quantité d'eau pour entrer en effervescence ; et ce n'est en- suite que par k choc d'un grand vo- s, «UbVJ»' i^-. •.«•"»« • «i* ».•• . » i I. M' ït t i '.1 'Il i i.-> ïvm. 1?,6 HISTOIRE NATURELLE. lunie d'eau , que peuvent se produire leurs violentes éruptions ; et de même cju'un volcan sons-marin ne peut agir que par instans, un volcan terrestre ne peut durer qu'autant qu'il est voisin des eaux. C'est par cette raison que tous les volcans actuellement agissans sont dans les îles ou près des côtes de la mer^ et qu'on pourroit en compter oent fois plus d'ëteints que d'agissans ; car à me- sure que les eaux, en se retirant, se sont trop éloignées du pied de ces vol- cans , leurs éruptions ont diminue par degrés , et enfin ont entièrement cessé ; et les légères effervescences que l'eau pluviale aura pu causer dans leur an- cien foyer, n'aura produit d'effet sen- sible que par des circonstances parti- culières et très- rares. Les observations confirment parfai- tement ce que je dis ici de l'action des volcans : tous ceux qui sont maintenant en travail sont situés près des mers ; tous ceux qui sont éteints , et dont le rr^ ÉPOQUES DE L\ N/VTURE. 127 nombre est bien plus «îiarul , sont placés clans le milieu des lerres. ou tout au moins à quel(|ue distance de la mer ; et , quoique la plupart des volcans qui sub- sistent paroissent appartenir aux plus hautes montagnes , il a en existé beau- coup d'autres dans les émincnccs do médiocre bauteur. La date de l'âge des volcans n'est donc pas par- tout la même: d'abord, il est sûr que les premiers, c'esl- à-dire les plus anciens, n'ont pu ac- quérir une action permanente qu'après l'abaissement des eaux qui couvroieut Jcur sommet; etensuite il paroît qu'ils ont cessé d'agir dès que ces mêmes eaux se sont trop éloignées de leur voisina- ge : car , je le répète, nulle puissance, à rcxccption de celle d'une grande masse d'eau choquée contre un grand volume de feu , ne peut produire des mouve- mens aussi prodigieux que ceux de l'é- ruption des volcans. Il est vrai que nous ne voyons pas d'assez près la composition intérieure \\ • .1 1 î|t ♦1 ^'1 ¥Ai P i ') II- 1 il W lîlS HISTOIRE NATURELLK, " de ces terribles bouches à feu pour pou- voir prononcer sur leurs effets en par- faite conuoissance de cause; nous savons seulement que souvent il y a des com- munications souterraines de volcan à volcan : nous savons aussi que, quoique le foyer de leur embrasement ne soit peut-être pas à une grande distance de leur sommet > il y a néanmoins des ca- vités qui descendent beaucoup plus bas, et que ces cavités , dont la profondeur et rétendue nous sont inconnues , peu- vent être en tout ou en partie remplies des mêmes matières que celles qui sont actuellement embrasées. £» «/ > > D'autre part , l'électricité me paroit jouer un très-grand rôle dans les trem- biemens des terres et dans les éruptions des volcans : je me suis convaincu par des raisons très-solides , et par la com- paraison que j'ai faite des expériences sur l'électricité , que le fond de la ma- tière électrique est la chaleur propre du globe terrestre; les émanations conti-- I *. ^'«jr.-w-' — '■' ■•:S^***-W :«»■• A^jOk,-. --«* ou- ar- loiis ÉPOQUES DE LA NATURE. 1 59 nuelles de cette chaleur, quoique sen- nhles , ne sont pas visibles , et restent sous la forme de chaleur obscure , tant qu'elles ont leur mouvement libre et direct; mais elles produisent un feu très-vif et de fortes explosions , dès qu'elles sont détournées de leur direc- tion ou bien accumulées par le frotte- ment des corps. Les cavités intérieures^^ de la terre contenant du feu , de l'air et del'eîiu, l'action de ce premier élément doit y produire des vents impétueux , des orages bruyans et des tonnerres souterrains dont les effets peuvent être comparés à ceux de la foudre des airs : ces effets doivent même être plus vio- lons et plus durables par la forte résis- tance que la solidité de la terre oppose de tous côtés à la force électrique de ces tonnerres souterrains. Le ressort d'un air mêlé de vapeurs denses et en- flammées par l'électricité , l'effort de l'eau réduite en vapeurs élastiques par le feu , toutes les autres impulsions de ni ,.éfmm ■:^m ..tt' A. ~ éi.'i X i , '. ^*- .. ÉPOQUES DE LA NATURE. l5l tant d'endroits , suffit à l'explication des principaux phénomènes de l'action des Tolcans : par exemple , leur foyer pa- reil être assez voisin de leur sommet , mais l'orage est au-dessous. Un volcan n'est qu'un vaste fourneau , dont les soufflets , ou plutôt les ventilateurs , sont placés dans les cavités inférieures j à côté et au-dessous du foyer j ce sou t ces mêmes cavités , lorsqu'elles s'éten- dent jusqu'à la mer; qui servent de tuyaux d'aspiration pour porter en haut, non-seulement les vapeurs ^ mais les masses même de l'eau et de l'air ; c'est dans ce transport que se produit la foudre souterraine, qui s'annonce par des mugissemens, et n'éclate que par l'af- freux vomissement des matières qu'elle a frappées , brûlées et calcinées. Des tourbillons épais d'une noire fumée ou d'une flamme lugubre ; des nuages mas- sifs de cendres et de pierres-, des torrens bouillonnans de lave en fusion, roulant au loin leurs flots brûlans et destruft- ' si \ i i i H "% % ) i «1 W f) ii 1.%' w i- I l32 HISTOIRE NATURELLE, teiirs manifestent au-dehors le mouve- ment convulsif des entrailles de la terre. Ces tempêtes intestines sont d'autant plus violentes qu'elles sont plus voisi- nes des montagnes à volcan et des eaux delà mer , dont le sel et les huiles gras- ses augmentent encore l'activité du feu; les terres situëer entre le volcan et la mer ne peuvent manquer d'éprouver des secousses fréquentes : mais pour- quoi n'y at-il aucun endroit du monde oi\ l'on n'ait ressenti, même de mémoire d'homme , quelques tremblemens, quel- que trépidation , causés par cesmouve- mens intérieurs de la terre ? Ils sont à la vérité moins violens et bien plus rares dans le milieu des continens éloignés des volcans et des mers ; mais ne sont- ils pas des e^ets dépendans des mêmes causes ? pourquoi donc se font-ils res- sentir où ces causes n'existent pas, c'est- è dire , dans les lieux où il n'y a ni mers ni volcans ? La réponse est aisée , c'est qu'il y a eu des mers par-tout et l îl ÉPOQUES DE LA NATURE. 1.^3 •des volcans presque par- tout; etqiie, quoique leurs éruptions aient cessé lorsque les mers s'en sont éloignées , leur feu subsiste, et nous est démontré parles sources des huiles terrestres, par lesfoniaines chaudes et sulfureuses qui se trouvent fréquemment au pied des montagnes jusque dans le milieu des plus grands continens : ces feux des an- ciens volcans , devenus plus tranquilles depuis la retraite des eaux , suffisent néanmoins pour exciter de temps en temps des mou vemens intérieurs et pro- duire de légères secousses , dont les os- cillations ^ont dirigées dans le sens des cavités de la terre, et peut être dans la direction des eaux ou des veines des mélanx , comm'e conducteurs de cette électricité souterraine. On pourra me demander encore , pourquoi tous les volcans sont situés dans les montagnes? Pourquoi parois- sent-ils être d'autant plus ardens que les montagnes sont plus hautes ? Quelle est Th. (le la Terre. IX* 12 V I » • \54 HISTOIRE NATURELLE, la cause qui a pu disposer ces (énormes cheminées dans l'intérieur des murs les plus solideset les plus élevés du globe? Si Ton a bien compris ce que j'ai dit au sujet des inégalités produites par le pre- mier refroidissement, lorsque les ma- tières en fusion se sont consolidées , on sentira que les chaînes des hautes mon-' tagnes nous représentent les plus gran- des bour soufflures qui se sont faites à la surface du globe daris le temps qu'il a pris sa consistance : i'a plupart des mon- tagnes sont donc situées sur des cavi- tés , auxquelles aboutissent les fentes perpendiculaires qui les tranchent du haut en bas : ces cavernes et ces fentes contiennent des matières qui s'enflam- ment par la seule effervescence , ou qui sont allumées par les étincelles électri- ques de la chaleur intérieure du globe. Dès que le feu commence à se faire sentir , l'air attiré par la raréfaction en augmente la force et produit bientôt un grand inceu(Ue , dont l'effet est de pro- 'l^■ ^ .5Vi i^.POQUES DE LANATUnE. l35 duire à son tour les mouvemens et les orages intestins , les tonnerres souter- rains et toutes les impulsions^ les bruits et les secousses qui précèdent et accom- pagnent l'éruption des volcans. On doit donc cesser d'être étonné que les vol- Ceins soient tous situés dans les hautes montagnes^ puisque ce sont les seuls anciens endroits de la terre oà les cavi- tés intérieures se soient maintenues, les seuls où ces cavités communiquent de bas en haut, par des fentes qui ne sont pas encore comblées , et endn les seuls où l'espace vide étoit assez vaste pour contenir la très grande quantité de ma- tières qui servent d'aliment au feu des volcans permanens et encore subsistans. Au reste , ils s'éteindront comme les au- tres dans la suite des siècles j leurs érup- tions cesseront : oserai-je même dire que les hommes pourroient y contri- buer ? En coûteroit-il autant pour cou- per la communication d'un volcan avec la mer voisine ^ qu'il en a coûté pour I / f ■ -' 1 '! r j u 1 i k, IM V M*; ^i)m } r 11 I 11 l56 HISTOIRE NATURFLLl'. construire les pyramides d'Eg^'ptc? Ces moiiuinens inutiles d'une gloire fausse et vaine , noua apprennent au moins qu'en employant les mêmes forces pour des monumens de sagesse , nous pour- rions faire de très-grandes choses , et peut-être maîtriser la Nature, au point de faire cesser, ou du moins de diriger les ravages du feu, comme nous savons déjà , par notre art , diriger et rompre les efforts de l'eau. Jusqu'au temps de l'action des vol- cans , il n'existoit sur le globe que trois sortes de matières; i°. les vitrescibles , produites par le feu primitif; a^. les calcaires , formées par l'intermède do l'eau ; 3°. toutes les substances produi- tes par le détriment des animaux et des végétaux; mais le fe ii des volcans a donné naissance à des matières d^une quatrième sorte, qui souvent participent de la na- ture des trois autres. La première classe renferme non-seulement les matières premières solides et vitrescibles doitl ÉPOQUES DK LA NATURE. iSf la- nature n'a point été altérée , et ciui forment le fond du globe, ainsi que le noyau de toutes les montagnes primor- diales, mais encore les sables, les scliis- tes , les ardoises , les argiles et toutes les matières vitrescibliRs décomposées et transportées par les eaux. La seconde classe contient toutes les matières cal- caires, c'est-à-dire, toutes les substan- ces produites par les coquillages et les autres animaux de la mer -, elles s'éten" dent sur des provinces entières , et cou- vrent même d'assear vastes contrées , elles se trouvent aussi à des profondeurs assez considéral)]es, et elles environnent les bases des montagnes les plus élevées jusqu'à une très-grande hauteur. La troisième classe comprend toutes les substances qui doivent leur origine aux matières animales et végétales , et ces substances sont en très-grand nombre j leur quantité par oît immense , car elles recouvrent toute la superficie de la tcrre.Eufin la quatrième classe est celle l38 HISTOIRE NATURELLE. des matières soulevées et rejetées par les volcans, dont ([uelques unes parois- sent être un mélange des premières ; et d'autres , pures de tout mélange , ont subi une seconde action du feu qui leur a donné un nouveau caractère. Nous rapportons à ces quatre classes, toutes les substances minérales, parce qu'en les examinant , on peut toujours reconnoîtreà laquelle de ces classes elles appartiennent, et par conséquent pro- noncer sur leur origine ; ce qui sul&t pour nous indiquer à-peu-près le temps de leur formation \ car , comme nous venons de l'exposer , il paroi t claire- ïnent que toutes les matières vitresci- bles solides, et qui n'ont pas changé de nature ni de situation , ont été produi- tes par le feu primitif, et que leur for- mation appartient au temps de notre se- conde époque ) tandis que la formation des matières calcaires , ainsi que celle des argiles, des charbons, &c. , n'a eu lieu que dans des temps subséquens^ ÉPOQUES DE LA NATURE. l3^ et doit êtL'e rapportée à notre troisième époque. Et comiiie dans les matières rejetées par les volcans on trouve quel- quefois des substances calcaires , et sou- vent des soufres et des bitumes , on ne peut guère douter que la formation de ces substances rejetées par les volcans, ne soit encore postérieure à la forma- tion de toutes ces matières , et n'appar- tienne à notre quatrième époque. Quoique la quantité des matières re« jetées par les volcans soit très-petite en comparaison de la quantité de matières calcaires, elles ne laissent pas d'occu- ])er d'assez g]*ands espaces sur la sur- face des terres situées aux environs de ces montagnes ardentes et de celles dont les feux sont éteints et assoupis. Par leurs éruptions réitérées , elles ont com- blé les vallées, couvert les plaines > et même produit d'autres montagnes. En- suite lorsque les éruptions ont cessé , la plupart des volcans ont continué de brûler; mais d'un fou paisible et qui /> 'n t ï4o HISTOIRE NATVRELrn. ne produit aucnno cxplovsioii violente, farce qu'étant éloignes des mers , il n'y a plus de choc de l'eau contre le feu; les matières en eifervesccnce et les substances combustibfes anciennement enflammées , continuent de brûler , et c'est ce qui fait aujourd'hui la chaleur de toutes nos eaux thermales; elles pas- sent siir les foyers de ce feu souterrain > et sortent très -chaudes du sein de la terre. Il ya aussi quelques exemples do' mines de charbon qui brûlent de temps immémorial j et qui se sont allumées par la foudre souterraine ou par le feu tranquille d'un volcan dont les érup- tions ont cessé: ces eaux thermales et ces mines allumées se trouvent souvent, comme les volcans éteints , dans les terres éloignées de la mer. lia surface de la terre nous présente en mille endroits les vestiges et les preu- vesde l'existence de ces volcans éteints : dans laFrance seule , nous conuoissons le» vieux volcans de l'Auvergne , d* trOQVV.S DR LA NATUHK. i/il Velaî, tlii Vivarais, de la Provence et cluLan<;uc'loc. En Italie, presque toute ]a terre est formée de débris de matiè- res volcanisL^es , et il en est de même de plusieurs autres contrées. Mais pour rëunir les objets sous un point de vu€ général , et concevoir nettement Tor- dre des boulcvcrsemens que les vol- cans ont produits à la surface du globe 7 il faut reprendre notre troisième épo- que à cette date oà la mer étolt uni- verselle, et couvroit toute la surface du globe , à l'exception des lieux élevés 8ur lesquels s'étoit fait le premier mé- lanine des scories vitrées de la masse terrestre avec les eaux ; c'est à cette même date que les végétaux ont pris naissance et qu'ils se sont multipliés sur les terres que la mer venoit d'aban- donner*, les volcans n'existoient pas en- core , car les matières qui servent d'ali- ment à leur feu, c'est-à-dire, les bitu- mes , les charbons de terre , les pyri- tes et même les acides , ne pouvoient li '■ j «'-i l l4a HISTOIRE NATURELl^E. s'être formes prëcëdemment , puisque leur composition suppose l'intermède de l'eau et la destruction des végétaux. Ainsi les premiers volcans ont existé dans les terres élevées du milieu des continens ; et à mesure que les mers en s'abaissant se sont éloignées de leur pied , leurs feux se sont assoupis et ont cessé de produire ces éruptions violentes qui ne peuvent s'opérer que par le conflit d'une grande masse d'eau contre un grand volume de feu. Or il a fallu vingt mille ans pour cet abaisse- ment successif des mers et pour la for- mation de toutes nos collines calcaires ; et comme les amas des matières combus- tibles et minérales qui servent d'aliment aux volcans , n'ont pu se déposer que successivement , et qu'il a dû s'écouler beaucoup de temps avant qu'elles se soient mises en action, ce n'est guère que sur la fin de cette période , c'est- à-dire , àcinquante mille ans de la for- mation du globe , que les volcans ont ÉPOQUES DE LA NATURE. l43 commencé à ravager la terre ; comme le3 environs de tous les lieux découverts étoient encore baignés des eaux , il y a eu des volcans presque par-tout , et il s'est fait de fréquentes et prodigieu- ses éruptions qui n'ont cessé qu'après ]a retraite des mers ; mais cette retraite ne pouvant se faire que par l'affaisse- ment des boursoufflures du globe , il est souvent arrivé que l'eau venant à Ilots remplir la profondeur de ces terres af- faissées , elle a mis en action les volcans sous-marins qui , par leur explosion , ont soulevé une partie de ces terres nouvellement affaissées ; et les ont quel- quefois poussées au-dessus du niveau de la mer , où elles ont formé des îles nouvelles , comme nous l'avons vu dans la petite île formée auprès de celle de Santorin ', néanmoins ces effets sont ra- res , et l'action des volcans aous-marius n'est ni permanente ni assez puissante pour élever un grand espace de terre «u-dessus de la surface des mers: les f i r • ( M 17 ï44 HISTOIRE NATURELLE, volcans terrestres , par la continuité do leurs éruptions , ont au contraire cou- vert de leurs déblais tous les lerreins qui les environnoieutjils ont, parle dé-^ pôt successif de leurs laves , formé de nouvelles couches ; ces laves devenues fécondes avec le temps sont une preuvo invincible que la surface primitive do la terre , d'abord en fusion , puis conso> lidée , a pu de mêni« devenir féconde : enfin les volcans ont aussi produit ct.^ mornes ou tertres qui se voient dans tou- tes les montagnes à volcan , et ils ont élevé ces remparts de basalte , qui ser- vent de côtes aux mers dont ils sont voisins. Ainsi après que l'eau , par des mouvcmens uniformes et conslans, eut achevé la constru<^tion horizontale des couches de la terre , le feu des volcans , par des explosions subites, a bouleversé, tranché et couvert plusieurs de ces couches ; et Vxm ne doit pas être étonné de voir sortir du sein des volcans , des matières de toute espèce, des cendres , ÈPOQTTES DÉ LA NATURE. l45 des pierres calcinées , des terres brû- lées , ni de trouver ces matières mé- langées de substances calcaires et vi-^ trescibles dont ces mêmes couches sont composées. Les tremblemens de terre ont dû se faire sentir long-temps avant l'éruption des volcans : dès les premiers momens de l'affaissement des cavernes , il s'est fait de violentes secousses qui ont pro- duit des effets tout aussi violens et bien plus étendus que ceux des volcans. Pour s'en former l'idée, supposons qu'une caverne soutenant un terrein de cent lieues quarrées , ce qui ne feroit qu'une des petites boursoufflures du globe , se soit tout- à-coup écroulée, cet écroule- ment n'aura-t-il pas été nécessairement suivi d'une commotion qui se sera com- muniquée et fait sentir très-loin par un tremblement plus ou moins violent ? Quoique cent lieues quarrées ne fassent que la deux cent soixante millième par- tie de la surface de la terre; la chute d« Th. do U Terre. II. i3 *V^ t l46 HISTOIRE NATURELLE. cette masse n'a pu manquer d'ébranler toutes les terres adjacentes , et de faire peut-être écrouler en même temps les cavernes VQisines: il ne s'est donc fait aucun affaissement un peu considérable qui n'ait été accompagné de violentes . secousses de tremblement de terre, dont le mouvement s'est communiqué par la force du ressort dont toute matière est douée , et qui a dû se propager quel - quefois très-loin par les routes que peu- vent offrir les vides de la terre , dan» lesquels les vents sou terrains, excités par ces commotions , auront peut-être allu- mé Içs feux des volcans j en sorte que d'une seule cause, c'est-à-dire, de l'af- faissement d'une caverne , il a pu résul- ter plusieuics çffets , tous grands , et la plupart terribles. D'abord l'abaissement de la mei , forcée de courir à grands flots pour remplir cette nouvelle pro- fondeur, et laisser par conséquent à dé- couvert de nouveaux terreins : 2°. l'é- branlement des terres voisines ; parla 1^ ÉPOQUES DE LA NATURE. \^J^ commotion de la chute des matières so- lides qui formoient les voûtes de la ca- verne ; et cet ébranlement fait pencher les montagnes, les fend vers leur som- met, et en détache des masses qui rou- lent jusqu'à leur base-: 3°. le même mou- vement produit par la commotion et propagé par les vents et les fenx sou- terrains , soulève au loin la terre et les eaux, élève des terres et des mor- nes , foi'mè des gouffres et des crevasses , change le cours des rivières , tarit les anciennes sources , en produit de nou- velles , et ravage en moins de temps que je ne le puis dire , tout ce qui se trouve dans sa direction. Nous devons donc cesser d'être surpris de voir entant de lieux l'uniformité de l'ouvrage hori- zontal des eaux détruite et tranchée par des fentes incîinéey, des éboulemens ir- réguliers , et souvent cachée par des déblais informes , accumulés sans or- dre , non plus que de trouver de si gran- des contrées toutes recouvertes ue ma- >>* T. '■■■•■-••* I ï48 HISTOIRE NATURELLE. tières rejetces par les volcans : ce dé- sordre cause par les tremblemens de terre, ne fait néanmoins que masquer la Nature aux yeux de ceux qui ne la voient qu'en petit , et qui d'un effet ac- cidentel et particulier, font une cause générale et constante. C'est l'eau seule qui , comme cause générale et subsé- quente à celle du feu primitif, a achevé de cojistruire et de figurer la surface actuelle de la terre j et ce qui manque à l'uniformité de cette construction uni- verselle, n'est que l'effet particulier de la cause accidentelle des tremblemens de terre et de Taclion des volcans. Or, dans cette construction delà sur- face de la terre par le mouvement et le sédiment des eaux , il faut distinguer deux périodes de temps : la première a commencé après rétablissement de la mer universelle, c'est-à-dire , après la dépuration parfaite de l'atmosphère^ par la chute des eaux et de toutes les matières volatiles que l'ardeur du globe ÉPOQUES DE LA NA'^URE. l^ig y tenoit reléguets : cette période a dure autant qu'il é loi t nécessaire pour multi- plier les coquillages , au point de rem- plir de leurs dépouilles toutes nos col- lineà calcaires ) autant qu'il ëtoit néces- saire pour multiplier les végétaux, et pour former de leurs débris toutes nos mines do charbon; cnGn autant qu'il étoit nécessaire pour convertir les sco- ries du verre primitif en argiles , et for- mer les acides, les sels, les pyrites, &c. Tous ces premiers et grands effets ont été produits ensemble dans les temps qui se sont écoulés depuis l'établisse- ment des eaux j usqu'à le ur abaissement, liusuile a commencé la seconde pério- de. Cette retraite des eaux ne s'est pas faite tout-à-coup , mais par une longue succession de temps , dans laquelle il faut encore saisir des points diiférens. Les montagnes composées de pierres calcairer. ont certainement été construi- tes dans celte mer ancienne, dontjes diâerens courans les ont tout aussi cer- i ii n • ..-SM>t.v'4 ?i*3?î6**- IV, l52 HISTOIRE NATURELLE. En coiisuléraiit les vallons voivsinsdc ces njontagncs, nous recoiinoîhons que ]e point de Luiigres (-lant le plus cicvc , il a élu déeouverl le premier dans le temps que les eaux se sont abaissées : auparavant ce sommet étoit reeouvert coïnmc tout le reste par les eaux, puis- qu'il est composé de matières calcaires; mais au moment qu'il a été découvert, la mer ne pouvant plus le surmonter, tous ses mouvemens se sont réduits à battre ce sommet des deux coiés, et par conséquent à creuser j par des courans constaus, les vallons et les vallées que suivent aujourd'hui les ruisseaux et les rivières qui coulent des deux côtés de ces montagues. La preuve évidente que les vallées ont toutes été creusées par des courans réguliers etconstans, c'est que leurs angles saillans correspondent par-tout à des angles renlrans : seule- ment on observe que les eaux ayant suivi les pentes les plus rapides , et n'ayant entamé d'abord que les tcrrcins !\; "■Ifcl-lHfciLji^llMn -•>?"*■' ' l-'i^'^- ÉPOQUES DE LA. NATURE. l55 les moins solides et les plus aisés à diviser, il se trouve souvent une diffé- rence remarquable entre les deux co- teaux qui bordent la vallée. On voit quelquefois un escarpement considé- rable et des rochers à pic d'un côté , tandis que de l'autre , les bancs de pierro sont couverts de terres en pente dou- ce ; et cela est arrivé nécessairement toutes les fois que la force du courant s'est portée plus d'un côté que de l'au- tre, et aussi toutes les fois qu'il aura été troublé ou secondé par un autre cou- rant. Si l'on suit le cours d'une rivière ou d'un ruisseau voisin des montagnes d'où, descendent leurs sources , on recon- noîtra aisément la figure et même la na- ture des terres qui forment les coteaux de la vallée. Dans les endroits oii elle est étroite, la direction de la rivière et l'angle de son cours indiquent au pre- mier coup-d'œil le côté vers lequel se doivent porter ses eaux, et par consé- '■i ) . fi •■N.. t' 162 HISTOIRE NATURELLE, lierai et commun, ils se sont étendus en largeur , et ouï; parconscquent élargi les vallées , dont 1 ;.; côtes sont aussi moins escarpées , parc.- qu-' lo «rouTC- meiitdiîseauxy éJ./itpluslibrect moins rapide nue dans les vallons étroits des terreins voissirisHu sommet. L'on doii encore rrîrrMrqoer que la direction des coiiran ; a varié dans leur Cv)nrs , et que la déclinaison des coteaux a changé par la même cause. Les cou- rans dont la pente étoit vers le midi, et qui nous sont représentés par les val- lons de la Tille , de la Venelle , de la Yingeanne, du Saulonetde la Mance , ont agi plus fortement contre les co- teaux tournés vers le sommet de Lan- gies et à l'aspect du nord. Les courans au contraire dont la pente étoit vers le nord , et qui nous sont représentés par les vallons de l'Aujon, de laSuize , de la Marne , et du Rognon , ainsi que par ceux de la Meuse , ont plus fortement ugi contre les coteaux qui sont tournés *.■■ s-** ^S' ^^*%; " me lit iriiés t ÉPOQUES DE LA NATURE. 1 C)^ vers ce même sommet de Laiigres , et qui se trouvent à l'aspect du midi. Il y avoit donc , lorsque les eaux ont laisse le sommet de Langres à décou- vert , une mer dont les moiivemens et les courans même etoient dirigés vers le nord , et de l'autre coté de ce som- met, une autre mer dont les mouve- mens étoient dirigés vers le midi ; ees deux mers battoient les deux flancs op- posés de cette chaîne de montagnes, comme Ton voit dans la mer actuelle les eaux battre les deux flancs opposés d'une longue île ou d'un promontoire avancé : il n'est donc pas étonnant que tous les coteaux escarpés de ces val- lons , se trouvent également des deux côtés de ce sommet général des mon- tagnes j ce n'est que l'eflet nécessaire d'une cause très- évidente. Si l'on considère le terrein qui en- vironne l'une des sources de la Marne prèsdel.angres , on rcconnoîtra qu'ello Wit d'iui demi - cercle coupé presque )i i ! ■V 'i fi ' f î64 HISTOIRE NATURELLE. à- plomb ; et en examinant les lits de pierre de celte espèce d'aniphilhéàlre , on se démontrera fjue ceux des deux cotés et ceux du fond de l'arc de cercle qu'il présente , étoicnt autrefois con- tinus, et ne faisoient qu'une seule mas- se , que les eaux ont détruite dans la partie qui forme aujourd'hui ce demi- cercle. On verra la même chose à l'ori- gine des deux autres sources de la Mar- ne ; savoir , dans le vallon de Balesme et dans celui de Saint-Maurice; tout ce terrein étoit continu , avant l'abaisse- ment de la mer ; et cette espèce de pro- montoire , à l'extrémité duquel la ville de Langres est située , étoIt dans ce même temps continu , non-seulement av^ec ces premiers terreins , mais avec coux de Breuvoiia , de Pcigney , de !Noidan-le-Rocheux , &c. Il est aisé de 5e convaincre , par ses yeux , que la continuité de ces terreins n'a été dé- truite que parle mouvement etTactiou des eaux. u } lits de h t'a Ire , es deux le cercle 315 con- ile mas- dans la B demi- 1 a 1 ori- laMar- îalesme tout ce abaisse- de pro- la ville dans ce ilemrnt lis avec îy , de aisé de que la étc dé- 'actioii EPOQUES DE L\ NATURE. t(>5 Dans cette chaîne de la montagne de Langres , on trouve plusieurs colline? Lsolecs , les unes en forme de cônes tronqués , comme colle de Montsau- geon ; les autres en forme elliptique , Gomme celle de Montbard, de Montréal*, et d'autres tout aussi remarquables , au- tour des sources de la Meuse , vers Clé- mont et Montigny-le-roi , qui est situé sur un monticule adhérent au continent par une langue de terre très-étroite. On voit encore une de ces collines isolées àAndilly, «ne autre auprès d'Hcuilly- Coton , &c. Nous devons observer qu'en général ces collîr'^s calcaires isolée sont moins hautes que celh^s qui les e » vironnent , et desquelles ces collines sont actuellement séparées, parce que le courant remplissant toute la largeur du vallon , passoit par dessus ces colli- nes isolées avec un mouvement direct, et les détruisoit par le sommet ; ^ 7is qu'il ne faisoit que baigner le terrein des coteaux du vallon , et ne les atta- / 1 I [■, { 1' * N l6G HISTOIRE NATURELLE. quoît que par un mouvement oblique -, eu sorte que les montagnes , qui bordent les vallons , sont demeurées plus élc« véesqueles collines isolées qui se trou- vent entre deux. A Montbard , par exemple, la hauteur de la colline isolée uu - aes^'us de laquelle sont situés les murs de l'ancien château, n*e:;^ que de cent quarante pieds ; tandis que les mon- tagnes qui bordent le vallon des deux côtés , au nord et au midi , en ont plus de trois cent cinquante ; et il en est de même des autres collines calcaires que nous venons de citr^' : toutes cei'«s qui sont isolées, sont en même tempr? .. )ins élevées que les autres, parce qu'étant au milieu du vallon et au fil de l'eau , elles ont été minées sur leurs sommets parle courant, toujours plus violent et J)lu«? rapide dans le milieu que vers les bords de son cours. JiOrsqu'oa regarde ces escarpemens , souvent élevés à pic à plusieurs toises f^e hauteur j lorsqu'on les voit compo- 7 1 t<5 ■#• ■* oblique ; i bordent )lus clc« se trou- rd , par ne isolée itués les ^ que de les mon- tes deux jnf plus n est de ires que îP»s qui in .. )ius [u'étant l'eau , )mniets )leut et e vers mens , toises ompo- ÉPOQUES DE LA NATURE. 167 ses du haut en bas de bancs de pierres calcaires très-massives et fort dures , on est émerveillé du temps prodigieux qu'il faut supposer pour que les eaux aient ouvert et creusé ces énormes tran- chées. Mais deux circonstances ont con- couru à l'accélération de ce grand ou- vrage : l'une de ces circonstances est que , dans toutes les collines et monta- gnes ca.oaircs , les lits supérieurs sont les moins compactes et les plus tendres , en sorte que les eaux ont aisément en- tamé la superficie du terrein , et formé la première ravine qui a dirigé leur cours : la seconde circonstance est que, quoique ces bancs de matière calcaire se soient formés et même séchés et pé- trifiés sous les eaux de la mer, il est néanmoins très-certain qu'ils n'étoient d'abord que des sédimens superposés de matières molles , lesquelles n'ont ac- quis de la dureté que successivement par l'action de la gravité sur la masse totale , et par l'exercice de la force / . i ■ 1,"' ') î \ n 1$ .' '■h H ' i{îH HISTOIRE natitrku.t:. tVafluiitc de leurs parties consliliiantc». Nous sommes doue assures quo ces mu- tières n'avoienl pas acquis loute la soli« 'àk-ii fi». i \ % 178 HISTOIRL NATURELLE. que les pôles, et que par consdqiieut cette cause secondaire du refroidisse- ment agissant plus proniptement et plus puissamment que les deux premières causes , la chaleur des terres du nord se sera considérablement attiédie par la recette des eaux ; tandis que la cha- leur des terres méridionales se main- tenoitet ne pouvoit diminuer que par sa propre déperdition. Et quand même on m'objecteroit que la chute des eaux, soit sur l'équateur, soit sur les pôles, n'étant que la suite du refroidissement à un certain degré de chacune de ces deux parties du globe , elle n'a eu lieu dans l'une et dans l'autre que quand la température de la terre et celle des eaux tombantes ont été respectivement les mêmes , et que par conséquent cette chute d'eau n'a pas autant contribué que je le dis à accélérer le refroidissement sous le pôle plus que sous l'éqviateur , ou sera forcé de convenir que les va- peurs t par conséquent les eaux tom- i I LE. nsdquent froid isse « mtetplus crémières î du nord tiédie par ne la cha- se mairi- )r que par ind mémo des eaux, les pôles, issementà ne de ces l'a eu lieu quand la e des eaux cment les Lient cette ribuc que issement qualeur , le les va- aux tom- ÉPOQUES DE LA NATURE. 179 bantes sur l'equateur , avoient plus de clia^ AV à cause de Faction du soleil, et que , par cette raison , elles ont re- froidi plus lentement les terres de la zone torride ; en sorte que j'admettrois au moins neuf à dix mille ans entre le temps de la naissance des élëplians dans les contrées septentrionales et le t^mp» ou ils se sont retirés jusqu'aux contrées les plus méridionales j car le froid ne venoit et ne vient encore que d'en-haut: les pluies continuelles qui tomboient sur les parties polaires du globe en ac- céléroient incessamment le refroidisse- ment, tandis qu aucune cause exté- rieure ne contribuoit à celui des parties de réq_uateuf. O»' cette cause qui nous paroit si sensible oar les neiges de nos hivers et les grcles de noire été , ce froid qui , des hautes régions de l'air , nous arrive par intervalle , tomboit à- plombet sans intfirruption sur les terres septentrionales , et les a refroidies bien plus promptement que n'ont pu se re- V I 'a I i I i •M î8o HISTOIRE NATURELLE. froid ir les terrr<î do l't^qualeiir , sur les- quelles ces muiiatres du froid, l'eau, la neige ut la griMe , ne pouvoieut agir ni tomber. D'ailleurs , nous devons faire entrer ici une considération très-impor- tante sur les limites qui bornent la du- rée de la Nature vivante : nous en avons établi le premier terme i)ossible à trente -cinq mille ans de la formation du globe terresliC, et le dernier terme il quatre-vingt-treize mille ans, à dater de ce jour ; ce qui fait cent trente-deux mille ans pour la durée absolue de cette belle Nature. Voilà les limites les plus éloignées et la plus grande étendue de durée que nous ayons donnée , d'après nos hypothèses, à la vie de la Nature sensible -, jtte vie aura pu commencer à trente-cinq ou tiente-six mille ans , parce qu'alors le globe étoit assez re- froidi à ses parties polaires pour qu'on pût le toucher sans se brûler , et elle pourra no finir que dans quatre-vingt- treize raille ans , lorsque le globe sera ÉPOQUES DE LA NaTURE. l8l plus froid que la glace. Mais , entre ces deux limites si ëloiVnëes , il faut eu admettre d'aiitres pL s rapprochées; leg eaux et toute s les matières qui sont tombées to ^ios| 'lère n'ont cesse d'être dans m d'ébullition qu'au moment uii 'o .v^oit les toucher sans se brûler ; est donc que long- temps après cette période de trente-six mille ans , que les êtres doués d'une sensibilité pareille à celle que nous leur connoissons; ont pu naître et subsis- ter y car si la terre , l'air et l'eau pre- noient tout-à-coup ce degré de cha« leur qui ne nous permettroit de pou<« voir les toucher sans en être vivement offensés; y auroit-il un seul des êtres actuels capable de résister à cette cha- leur mortelle , puisqu'elle excéderoit de beaucoup la chaleur vitale de leur corps ? Il a pu exister alors des végé- taux ; des coquillages et des poissons d'une nature moins sensible à la cha- leur, dont les espèces ont été anéanties Th. de la Terre. II. 16 1 1 n r II I ^1 i^'iP fm fX*f- ^ \ V V ^■ Sr IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l 11.25 ttk u lU U ■4.0 25 2.2 2.0 u 11.6 6" ^11 4'' ^ Hl0bgFEI{to Sdeoces Corporaticai u WIST MAIN STimT WnSnR,N.V. I4SM (71é)l72Ui03 I iM «rSTOiRE NATURELLE, par le refroidissement dans les âges fi'ubsëtjupns , et ce sont ceux dont no^is trouvons les dépouilles et les dctrimens dans les ilnines de charbon , dans les ar- doises , dans les schistes et dans les cou- ches d'argile , aussi bien que dans les bancs de marbt^s et des autres matières calcaires -, mais toutes les espèces plus sensibles , et partîculièrenient les «mi- maux teri-estres, n'ont pu naîtr'e et se multiplier que dans dès temps posté- rieurs et j^lus voisins du nôtre. Et dans quelle contrée du nord les premiers animaux terrestre;^ auront-ils pris naissance ? N'est-il pas probable que c'est dans les terreis les plus éle- vées , J)uisqù'élles ont été refroidies availt les autres ? et n'est-il pas égale- jlient probable que les éiéphans et les autres animaux actuelleltient habitant les terres du midi, sont nés les premiers de tous ; et qu'ils ont occupé ces terres du nord pendant quelques milliers d'à n- ttées ; et long-temps avant la naissance ■ "*..^'*- ÉPOQUES DE LA NATURE. l83 des rennes qui habitent aujourd'htii ces mêmes terres du nord ? ,,. Dans ce temps , qui n'est guère éloi- gné du nôtre que de quinze mille ans , les élt^phans , les rhinocéros , k» hip- popotames , et probablement toutes les espèces qui ne peuvent se multiplier actiiellement que sous la zone torride , viyoient donc et se multiplioient dans les terres dy nord , dont la chaleur étoit a!U même degré , et par conséquent tout aussi convenable à leur nature-, ils y ëtoient en grand nombre , ils y ont séjourné long -temps j la quantité d'ivoi- re, et de leurs autres dépouilles que l'on a découvertes , et que l'on découvre tous les jours dans ces contrées septen* trionale», nous démontre évidemment qu'elles ont été leur patrie , leur pays natal, et certainement la première terre qu'ils ayent ocbupée : mais, de plus , ils ont existé en même temps dans les contrées septentrionales de l'Europe , d^ l'Asie et de l'Amérique 5 ce qui nous '( » il û. ri fi ; ^ '*»: i84 HISTOIRE NÂTURBLLE. fait connoitre que les deux continenâ ëtoieni alors contigus , et qu'ils n'ont été séparés que dans des temps subsé- quens. J'ai dit que nous avions au Ca« binet du roi des défenses d'éléphans trouvées en Russie et en Sibérie , et d'autres qui ont été trouvées au Cana- da , près de la rivière d'Ohio. Les gros- ses dents molaires de l'hippopotame et de rénorme animal dont Fespèce est perdue , nous sont arrivées du Canada, et d'autres toutes semblables sont ve- nues de Tartarie et de Sibérie. On ne peut donc pas douter que ces animaux qui n'habitent aujourd'hui que les terres du midi de notre continent ^ n'exis- tassent aussi dans les terre? ;tentrio-> nales de l'autre et dans le même temps : car la terre étoit également chaude ou refroidie au même degré dans tous deux* Btce n'est pas seulement dans les terres, du nord qu'on a trouvé ces dépouilles d'animaux du midi ; mais elles se trou* vent encore dans tous les pays tem* >^' ÉPOQUES DE LA NATURE. l85 pérés , en France , en Allemagne , en Italie, en Angleterre , &c. Nous avons sur cela des mon umens authentiques; c'est'à-dire , des défenses d^ëlëphans et d'autres ossemens de ces animaux trou«- vcs dans plusieurs provinces de l'Eu* rope, ,. Dans les temps prëcédens, ces mémen terres septentrionales ëtoient recouver- tes par les eaux de la mer , lesquelles , par leur mouvement, y ont produit les mêmes effets que par- tout ailleurs :elles en ont figure les collines , elles les ont compQsëes de couches horizontales, elles ont dépose les argiles et les ma* tières calcaires en forme de sëdiment ; car on trouve dans ces terres du nord , comme dans nos contrëes , les coquil-^ lages et les dëbris des autres produc^ tionis marines enfouis à d'assez grandes profondeurs dans Tintërieur de la terre, tandis que ce n'est , pour ainsi dire , qu'à sa superficie , c'est-à-dire , à quel- ques pieds de profondeur , que l'on ^ il I «f I, h 1 ' -,1 '1 JStS HISTOltlE NATUREI.LF. trouve les squelettes d'elephaus , de rLi- nocéros et les autres dépouilles des ani- maux terrestre». Il paroît même que ces premiers ani- maux terrestres étoient , comme les premiers animaux marins, plus grands qu'ils ne le sont aujourd'hui. Nous avons parlé de ces énormes dents quarrées à pointes mousses , qui ont appartenu à un animal plus grand que l'éléphant, et dont l'espèGe ne suhsiste plus : nous avons indiqué ces coquillages en volu- tes, qui ont jusqu'à huit pieds de dia- mètre sur un pied d'épaisseur ; et nous avons vu de même des défenses , des dents , des omoplates, des fémurs d'elé- phans d'une taille supérieure à celle des éléphans actaellement exiâtans. Nous avons reconnu , par la comparaison im- médiate des dents m âchelières des hip- popotames d'aujourd'hui avec les gros* acs dents qui nous sont venues de lar Sibérie et du Canada, que les anciens hip- popot aunes aux^i^utils ces grosses deut* |v --J— - — • y--- .-bUi^^V.^j^ï^KA . ÉPOQUES DELA NATURE. 187 «m t autrefois appartenu, étoient au moins quatre fois plus volumineux t^uo ne le sont les hippopotames actiielle- ment existans. Ces grands ossemens et ces e'nofmes dents , sont des témoins snbsistans de la grande force de la Na- ture dans ces premiers âges : mais, pour ne pas perdre de vue notre objet prin- cipal , suivons nos éléplians dans leur viarclie progreswsive du nord au midi. Nous ne pouvons douter qu'après avoir occupé les parties septentrionales de la Russie et de la Sibérie jusqu'au 60® degré, où l'on a trouvé leurs dé- pouilles en grande quantité , ils n'aient ensuite gagné les terres moins septen- trionales, puisqu'on- trouve encore de ces mêmes dépouilles en Moscovie , en Pologne , en Allemagne , en Angleterre, en France , en Italie ; en sorte qu'à me- sure que les terres du nord se refroidis- soient , ces animaux eberchoient des tierres plus chaudes ; et il est clair que tous les climats ; depuis le nord jusqu'à il M V I l I ■! n 188 HISTOIRE NATURELLE. l'ëquateur^ ont successivement joui du degrë de chaleur convenable à leur na- ture : ainsi ^ q^uoique de mëmoire d'hom» me y l'espèce de l'élëphant ne paroisse avoir occupe que les climats actuelle-* ment les plus chauds dans notre conti- nent , c'est-à-dire, les terres qui s'éten- dent à-peu-près à 30 degrés des deux côtés de l'équateur, et qu'ils y parois- nent GonHnés depuis plusieurs siècles ;i les mouumeus de leurs dépouilles trou- vées dans toutes les paFtics tempérées de ce même continent , démontrent qu'ila ont aussi liabité pendant autant de siè- cles les difféiens climats de ce mémo ^continent; d'abord , du 6o®an5o® de- gré , puis du 5o^ au 4o«, ensuite du 4o* ftu 3o« , et du 30** au 20®, enfin du ^o* à l'équateur et au-delà à la même dis- tance, On pourroit même présumer qu'en faisant des recherches en Lapo- liie , dans les terres de l'ïlurope et de l'Asie qui sont au-delà du 68® degrë , QU pourvoit y tirouver de même des dë^ A NU .. ^ '•~-*^|i T j1 JtU 'OUBt.Mit- ../, ÉPOQUES DE LA NATURE. 189 fenses et des ossemensd'ëléplians, ainsi que des autres animaux du midi , à moins qu'on ne veuille supposer ( ce qui n'est pas sans vraisemblance ) que la surface de la terre étant réellement encore plus élevée en Sibérie que dans toutes les provinces qui Tavoisinenl du côté du nord , ces mêmes terres de la Sibérie ont été les premières abandon- nées par les eaux , et par conséquent les premières oiîi les animaux terrestres aient pu s'établir. Quoi qu'il en soit, il est certain que les éléphans ont vécu , produit, multiplié pendant plusieurs siècles , dans celte même Sibérie et dans le nord de la R ussie •, qu'ensuite ils ont gagné les terres du 5o<' au 4oe degré , et qu'ils y ont subsistd plus long -temps que dans leur terre natale , et encore plus long - temps dans les contrées du 4oe au 3oe degré , &c. parce que le re* froidissement successif du globe a tou- jours été plus lent, à mesure que lea climats se sont trouvés plus voisins do II i /' 1 Al r V" uJaK<%iÊii.'.''"' u-\ \) ^ \ ^ igd HISTOIRE NATURELT.i;, l'équateur, tant par la plus forte épais- seur du globe que par la plus grande chaleur du soleil. Noua avons fixé , d'après nos hypo- thèses , le premier instant possible du commencement de la Nature vivante à trente-cinq ou trente-six mille ans , à dater de la formation du globe , parce que ce n'est qu'à ce t instant qnon au- roit pu commencer à le toucher sans se brûler , en donnant vingt-cinq mille ans de plus pour achever l'ouvrage immense de la construction de nos montagnes calcaires , pour leur figu- ration par angles saillans et rentrans > pour l'abaissement des mers , pour les ravages des volcans et pour le dessèche- ment delà surface de la terre ^ noua ne compterons qu'environ quinze mille ans depuis le temps où la terre, après avoir essuyé , éprouvé tant de boule- versemcns et de changemens ^ s'est en- fin trouvée dans un état plus calme et assez fixe pour que les causes de des- V7 ÉPOQUES DE LÀ NATURE, igi tmction iic fussent pas plus puissantes et plus générales que celles de la pro- duction. Donnant donc quinze mille ans d'ancienneté à la Nature vivante, telle qu'elle nous est parvenue , c'est-à-dire, <|uinze mille ans d'ancicnnetë aux es- pèces d'animaux terrestres nées dans les terres du nord, et actuellement exis- tantes dans celles du midi , nous pour- ' rons supposer qu'il y a peut-être cinq mille ans que les cHëphans sont confines dans la zone torride , et qu'ils ont sé- journe tout autant de temps dans les cli- mats qui forment aujourd'hui les zones tempéi-ées , et peut-être autant dans les climats du nord , où ils ont pris nais- sance. Mais cette marche régulière qu'ont siiîvie les plus grands , lés premiers ani^ maux de notre coiilinent , paroît avoir eouffert des obstacles dans l'autrfc: il est très-ciertain qu'on a trouvé , et il est très-prohable qu'on tiouvera encore des défenses et desoissemens d^éléj^aiis \ :. ■f: . 1 ( ( 1 », . 1} 'i 1^ 191 HISTOIRE NATURELLE. en Canada , dans le pays dos Illinois , au Mexique et dans quelques autres en- droits de TAmérique septentrionale , mais nous n'avons aucune observation, aucun monument qui nous indiquent le même fait pour les terres de F Améri- que méridionale. D'ailleurs l'espèce même de l'éléphant qui s'est conservée dans l'ancien continent^ ne subsiste plus dans l'autre : non-seulement cette es- pèce , ni aucune autre de toutes celles des animaux terrestres qui occupent ac- tuellement les terres méridionales de notre continent , ne se sont trouvées dans les terres méridionales du Nou- veau-Monde, mais même ilparoit qu^ils n'ont existé que dans les contrées sep- tentrionales de ce nouveau continent ; et cela , dans le même temps qu'ils exis- toient dans celles de notre continent. Ce fait ne démon tre-t-il pas que l'an- cien etle nouveau continent n'étoient pas alors séparés vers le nord , et qu& leur séparation ne s'est faite (][ue postée "■"^..^ fVr^^. tlPOQUES DE LA NATUllE. ig5 lîenrement au temps de Pexistence des ëlëphans dans l'Am 196 HISTOIRE NATlTREt LE. propres forces , n'a enfanté que des ani- maux plus foibleset beaucoup plus pe- tits que ceux qui sont venus du nord pour peupler nos contrées du midi. Je dis que les animaux qui peuplent aujourd'hui les terres du midi de notre continent , y sont venus du nord , etjo crois pouvoir l'affirmer avec tout fon- dement ; car ; d'une part , les monumens que nous venons d'exposer , le démon- trent ; et , d'autre côté , nous ne con- noissons aucune espèce grande et prin- cipale y actuellement subsistante dans ces terres du midi, qui n'ait existé pré- cédemment dans les terres du nord , puisqu'on y trouve des défenses et des ossemens d'éléphans , des squelettes de rhinocéros, des dents d'hippopotames et des têtes monstrueuses de bœufs , qui ont frappé par leur grandeur , et qu'il est plus probable qu'on y a trouvé de môme des débris de plusieurs autres espèces moins remarquables ; en sorte que si l'on veut distinguer dans les ter- ^' I éPOQUES DE LA NATURE. 19-7 tes méridionales de notre continent lea animaux qui y sont arrivé» du nord , de ceux que cette même terre a pu pro- duire par ses propres, forces , on re- coniioîtra que tout ce qu'il y a de co- lossal et de grand dans la Nature^ a été forme dans les terres du nord ; et que si celles de l*ëquateur ont pro- duit quelques animaux^ ce sont des os» pèces inférieures, bien plus petite^ que les premières. Mais ce qui doit faire douter de cette production, c'est que ces espèces que nous supposons ici produites par les propres forces des terres mëridionalea de notre continent , auroient dû ressem- bler aux animaux des terres méridiona- les de l'autre continent , lesquels n'ont de même été produits que par la propre force de cette terre isolée : c'est néan- moins tout le contraire , car aucun des animaux de l'Amérique méridionale ne ressemble assez aux animaux des terres du midi ie notre continent ; pour qu'oie ''■'^■■' 0gn if*-'^îii-^ ^^ »^* ^ '■*- ^1^ -»*'^'RiM»w[^ ' ij 199 HISTOIIIE NATURELLE. puisse les regarder comme de la même espèce ; ils sont , pour la plupart , d'uue forme si différente , que ce n'est qu'a- près un long examen qu'on peut les soupçonner d'être les reprësentans de quelques-uns de ceux: de notre conti- nent. Quelle différence de l'éléphant au tapir, qui .cependant est , de tous, lo seul qu'on puisse lui comparer , mais qui s'en éloignç déjà beaucoup par la figure, et prodigieusement par la gran» deur ; car ce tapir , cet éléphant du Nouveau-Monde , n'a ni trompe ni dé- fenses, et n'est guère plus grand qu'un âne? Aucun animal de l'Amérique mé- ridionale ne ressemble au rhinocéros , aucun à l'hippopotame , aucun à la gi- raffe*, et quelle différence encore entre le lama et le chameau , quoiqu'elle soit moins giande qu'entre le tapir et l'élé- phant? L'établissement de la Nature vivante, »ur-tout de celle des animaux terres- tres, s'est donc fait dans l'Amérique n A- .JL.:.:. i' *' EPOQUES DE LA NATURE. li)5 méridionale , bien postcrieurement à son séjour déjà fixé dans les terres du nord, et peut-être la différence du temps est-elle de plus de quatre ou cinq mille ans. Nous avons exposé une partie des faits et des raisons qui doivent faire pen- ser que le Nouveau-Monde , sur -tout dans ses parties méridionales , est une terre plus récemment peuplée que celle de notre continent; que la Nature, bien loin d'y être dégénérée par vétusté , y est au contraire née tard , et n'y a ja- uiais existé avec les mêmes forces, la même puissance activé que dans les con- trées septentrionales ; car on ne peut douter , après ce qui vient d'être dit , que les grandes et premières forma- tions des êtres animés , ne se soient fai- tes dans les terres élevées du nord , d'où elles ont successivement passé dans les contrées du midi sous la même for- me , et sans avoir rien perdu que sur les dimensions de leur grandeur. Nos clcplians et nos hippopotames; qui non* m If "?rS'SIK^*^*t^**Nfc» J h i i aoo HISTOIRE NATURELLE, paroisseiit si gros , ont eu des ancêtres ])liis grands dans les temps qu'ils liabi- toient les teiTes septentrionales oà il» ont laissé leurs dépouilles j les céta- cés d'aujourd'hui sont aussi moins gros qu'ils ne l'étoient anciennement , mais c'est peut- être par une autre raison. Les baleines , les gibbars , molars , cachalots , narwals et autres grands ce* tacés , appartiennent aux mers septen- trionales ; tandis que l'on ne trouve dans les mers tempérées et méridiona- les, que les lamantins, les dugons, les marsouins, qui tous sont inférieurs aux premiers en grandeur. Il semble donc , au premier coup-d'œil , que la Nature ait opéré d'une manière contraire et par une succession inverse , puisque tous les plus grands animaux terrestres se trouvent actuellement dans les contrées d u midi , tandis que tous les plus grands animaux marins n'habitent que les ré- gions de notre pôle. Et pourquoi ces grandes et presque monstrueuses espë-- .-r*MS- ÉPOQUES DE LA NATUKE. 2oi ces paroissent-elles confinées da^s ce» mers froid-»^ âoa HISTOTRE NATURELLE* jusqu'à cent pieds de longueur , tandis que les plus grandes que l'on prend ac- tuellement , n'en ont que soixante : on pourroit même expliquer d'une manière assez satisfaisante , les raisons de cette différence de grandeur. Car les balei- nes , ainsi que tous les autres cétacés , et même la plupart des poissons , vivent ^ans comparaison b^en plus long-temps qu'aucun des animaux terrestres ; et dës-lors ; leur entier accroissement de- inande aussi un temps beaucoup plus long. Or , quand on a commencé la pê- che des baleines, il y a cent cinquante ou deux cents ans , on a trouvé les plu3 âgées et celles qui avoient pris leur en- tier accroissement *, on les a poursui- vies , chassées de préférence , enfin ou ]les a détruites, et il ne reste aujourd'hui dans les mers fréquentées par nos pê^ cheurs , que celles qui n'ont pas encore atteint toutes leurs dimensions : car y comme nous l'avons dit ailleurs, une baleine peut bien vivre mille ans, puis- •^P'? ' iO^ «nii^f , ..ihfy-M ÉPOQUES DE LA NATURE. Po3 qu'une carpe en vit plus de deux cents. La permanence du séjour de ces grands animaux dans les mers boréale?, semble fournir une nouvelle preuve de la continuité des contlnens vers les ré- gions de notre nord , et nous indiquer que cet état de continuité a subsisté long-temps ; car i.i ces animaux ma- rins, que nous supposerons pour un mon:....!: nés en même temps que les ëléphans , eussent trouvé la route ou- verte , ils auroient gagné les mers ô \i midi , pour peu que le refroidissemen t des eaux leur eût été contraire ; et cela seroit arrivé, s'ils eussent pris naissance dans le temps que la mer étoit encoro chaude. On doit donc présumer que leur existence est postérieure à celle des élé- phans et des autres animaux qui ne peu~ vent subsister que dans les climats du midi. Cependant il se pourroit aussi que la difiFérence de température fût , jpour ainsi dire, indifférente, ou beaucoup ixu>iais sensible aux animaux aquatiques V i I 1^ ^ f ; f «o4 HISTOIRE NATURELLE. tju'aux animaux terrestres. Le froid et le chaud sur la surface de la terre et do la mer , suivent h la viSrité l'ordre des climats, et la chaleur de l'intérieur dn ^lohe est la même dans le sein de la mer et dans celui de la terre à la même pro» fondeur ; mais les variations de tempe» rature qui sont si grandes à la surface de la terre , sont beaucoup moindres , et presque nulles à quelques toises de profondeur sous les eaux. Les injures de l'air ne s'y font pas sentir , et ces grands cétacés ne les éprouvent pas ," ou du moins peuvent s'en garantir j d'ailleurs , par la nature même de leur organisation , ils paroissent être plutôt munis contre le froid que contre la gran- de chaleur ; car ^ quoique leur sang soit à-peu-près aussi chaud que celui des animaux quadrupèdes , l'énorme quan- tité de lard et d'huile qui recouvre leur corps, en les privant du sentiment vif qu'ont les autres animaux > les défend «n même temps de toutes les impres- ÉPOQUES DE LA NATURE. 2o5 sîons extérieures ; et il est à présumer qu'ils restent où ils sont , parce qu'ils n'ont pas même le sentiment qui pour- roit les conduire vers une tempéra- ture plus douce y ni l'idée de se trouver mieux ailleurs \ car il faut de l'instinct pour se mettre à son aise , il en faut pour se déterminer à changer de demeure , et il y a des animaux et même des hom- mes si bruts , qu'ils préfèrent de languir dans leur ingrate terre natale ^ àla pei- ne qu'il faudroit prendre pour se gîter plus commodément ailleurs : il est donc très -probable que ces cachalots ; que nous voyons de temps en temps arriver des mers septentrionales sur nos côtes , ne se décident pas à faire ces voyages pour jouir d'une température plus dou- ce , maisqu'ils y sont déterminés par les colonnes de harengs , de maquereaux et d'autres petits poissons qu'ils suivent et avalent par milliers. Toutes ces considérations nous font présumer que les régions de notre nor4 Tli.delaTerre.il. i^ iiJ 't / 206 HISTOIRE NATURELLE. soit fie la mer, soit de la terre , ont non- seulement ét(^ les premières fécondëeSy mais que c'est (mcore dans ces mêmes régions que la Nature vivante s'est éle- vëe à ses plus grandes dimensions. Et comment expliquer cette supériorité dd force et cette priorité de formation don- née à cette régioil du nord exclusive- ment à toutes les autres parties de la terre ? car nous voyons par Texemple de l'Amérique méridionale , dans les terres de laquelle il ne se trouve que de petits animaux , et dans les mers le seid lamantin , qui est aussi petit en compa- raison de la baleine , que le tapir l'est eu comparaison de l'élépliaut *, nous voyons , dis-je , par cet exemple frap- pant, que la Nature n'a jamais produit dans les terres du midi des animaux comparables en grandeur aux animaux du nord ; et nous voyons à> inf^me,par un second exemple tiréder taor r'usns, que , dails les terres ihénaionales de iiotre continent ; les plus grands ani- 'ib^^ irOQUES DE LA NATURE, flo; nmuxflont ceux qui sont venus du nord y et (|ue s'il s'en est pi oduit dans ces ter- res de notre midi , ce ne sont que de» espèces très-inférieures aux premières en grandeur et en force. On doit même cr qui sont indestructibles et toujours ac- tives, se réuniroient pour composer i, I ^ \[ ao8 HISTOIRE NATURELLE. d'autres corps organisés ; mais ëtant en- tièrement absorbées par les moules in- térieurs des êtres existans , il ne peut se. former d'espèces nouvelles , du moins dans les premières classes de la Nature^ telles que celles des grands animaux. Or CCS grands animaux sont arrivés du nord sur les terres du midi; ils s'y sont nourris, reproduits, multipliés, et ont par conséquent absorbé les molécules vivantes; en sorte qu'ils n'en ont point laissé de superflues qui auroient pu for- mer des espèces nouvelles ; tandis qu'au contraire dans les terres de l'Amérique méridionale, où les grands animaux du nord n'ont pu pénétrer , les molécules organiques vivantes ne se trouvant ab- sorbées par aucun moule animal déjà subsistant , elles se seront réunies pour former des espèces qui ne ressemblent point aux autres , et qui toutes sont in- férieures , tant par la force que par la grandeur , à celles des animaux venus du nord. -*« .--♦•..,• •■ ^* «^ «•«*.* TÉ* •#J-'»»' ÉPOQUES DE LA NÀTUIlE. 20^ Ces deux formations , quoique d'un temps difiPérent,se sont faites delà même manière et par les mêmes moyens j et si les premières sont supérieures à tous ëgards aux dernières , c'est que la fë- conditë de la terre , c'est-à-dire , la quantité de la matière organique vi^ Tante, ëtoit moins abondante dans ces climats méridionaux que dans celui du nord. On peut en donner la raison sans la chercher ailleurs que dans notre hy- pothèse j car toutes les parties aqueuses, huileuses et ductiles, qui dévoient en-* trer dans la composition des êtres or- ganises, sont tombées avec les eaux sur les parties septentrionales du globe, bien plutôt et en bien plus grande quan- tité que sur les parties méridionales ; c'est dans ces matières aqueuses et duc^ tiles que les molécules organiques vi- vantes ont commencé à exercer leur puissance pour modeler et développer les corps organisés ; et comme les mole- cules organiques ne sont produites que. , : F mo HiSTOIRE NATURELLE, parla chaleur sûr les matières ductiles, elles étoient aussi plus abondantes dans les terres du nord , qu'elles n'ont pu l'être dans les terres du midi , où ces mê^ mes matières ëtoient en moindre quan- tité ; il n'est pas étonnant que les pre- mières, les plus fortes et les plus grandes productions de la Nature vivante , se soient utiles dans ces mêmes terres du nord, tandis' que dans celles de l'equa"* tour , et particulièrement dans celles d& l'Amérique méridionale y où la quantité de ces mêmes matières ductiles étoit bien moindre , il ne s'est formé que de» espèces inférieures plus petites eJ. plu» fbibles que celles des terres du nord. . Mais revenons à l'objet principal de ijiotre époque : dans ce même temps où les éléphans habitoieni nos terres sep- tentrionales , les arbres et les plantes qui couvrent actuellement nos contrées méridionales, existoient aussi dans ces mêmes terres du nord. Les monumens semblent le démontrer , car toutes les s. it *■- EPOQUES DE LA NATURE. 2ll impressions bien avérées des plantes qu'on a trouvées dans nos ardoises et nos charbons , présentent la figure de plantes qui n'existent actuellement que dans les Grandes-Indes ou dans les au- tres parties du midi. On pourra m'ob- jecter , malgré la certitude du fait , par l'évidence de ces preuves , que les ar- bres et les plantes n'ont pu voyager comme les animaux , ni par conséquent se transporter du nord au midi. A cela je réponds : i°. Que ce transport ne s'est pas fait tout-à-coup , mais successive- ment j les espèces de végétaux sont se- mées de proche en proche dans les ter- res dont la température leur devenoit convenable , et ensuite ces mêmes es- pèces , après avoir gagné jusqu'aux con- trées de l'équateur, auront péri dans celles du nord, dont elles ne pouvoient plus supporter le froid -, 2°. ce trans- port ou plutôt ces accrues successives de bois, ne sont pas même nécessaires pour rendre raison de l'existence de ces \ 1 û 212 HISTOIKE NATURELLE. végétaux dans les pays méridionaux ; car en général la même température , c'est-à-dire , le même degré de clialeu» produit par-tout les mêmes plantes sans qu'elles y aient été transportées. La population des terres méridionales par les végétaux , est donc encore plus sim- ple que par les animaux. Il reste celle de l'homme : a-t-elle été contemporaine à celle des animaux ? Des motifs majeurs et des raisons très- solides se joignent ici pour prouver qu'elle s'est faite postérieurement à toutes nos époques, et que l'homme est en efiet * le grand et dernier œuvre de la création. On ne manquera pas de nous dire que Fanalogie semble démon- trer que l'espèce humaine a suivi la même marche , et qu'elle date du même temps que les autres espèces , qu'elle »'estmême plus universellement répan- due j et que si l'époque de sa création est postérieure à celle des aninicaux, rien ne prouve que l'homme n'ait pas ait -t-elle laux? 5 très- ouver eut à me est irre de >as de Rinon- vi la mêmie lu'eUe ëpan- satjon laux , pas ail ÉPOQUES DE LA NATURE. 2t3 ihoins subi les mêmes loixde la Nature , les mêmes altérations, les mêmes chau- gemens. Nous conviendrons que l'es- pèce humaine ne diffère pas essentiel- lement des autres espèces par ses facul- tés corporelles, et qu'à cet égard soa Sort eût été le même à-peu-près que celui des autres espèces ; mais pouvons- nous douter que nous ne différions prodigieusement des animaux par le rayon divin qu'il a plu au souverain Être de nous départir ? Ne voyons- nous pas que dans l'homme la matière est conduite par l'esprit? Il a donc pu modifier les effets de la Nature ; il a trouvé le moyen de résister aux intem- péries des climats ; il a créé de la cha- leur lorsque le froid Fa détruite : la découverte et les usages de l'élément du feu, dus à sa seule intelligence^ Tout rendu plus fort et plus robuste qu'aucun des animaux , et l'ont mis en état do braver les tristes effets du refroidisse- ment. D'autres arts, c'est-à-dire, d'au* ' Il ■■H âl4 HÏSTOIHE NATURELLE. t^es Uftits de sQKi intelligence , lui ont fourni (les yêtemens , des armes , et bieutôl il s'est trouvé le maître du do- maine de la terre : ces mêmes arts lui ont donné les moyens d'en parcourir toute la surface , et de s'habituer par- tout ; parce qu'avec plus ou moins de précautions , tous le^ climats lui sont devenua, pour ainsi dire^ égaux. II n'est dyne pas étonnant que , quoiqu'il ix'existe aucun des animaux du midi de notre continent dans l'autre , l'homme seul , c'est-à-dire son espèce , se trouve également dans cette terre isolée de l'Amérique méridionale , qui paroît n'avoir eu aucune part aux premières formations des animaux , et aussi dans toutes les parties froides ou chaudes de la surface de la terre ; car quelque part et quelque loin que l'on ait pénétré de- puis la perfection de l'art de la naviga- tion, l'homme a trouvé par- tout des liommes : les terres les plus disgraciées , les îles les plus isolées, les plus éloi- -1 ■¥ I ÉPOQUES DE LA NATURE, 2i5 gnëes des continens^ se sont presque toutes trouvées peuplées j et Ton ne peut pas dire que ces hommes , tels que ceux des îles Mariancs ou ceux d'Ota- hiti et des autres petites îles situées dans le milieu des mers à de si grandes distances de toutes terres habitées , ne soient néanmoins des hommes de notre espèce , puisqu'ils peuvent produire avec nous , et que les petites différences 4u'oii remarque dans leur nature , n^ sont que de légères variétés causées par l'influence du climat et de la nourrir ture. NéanmoiUs si l'on considère que riiomine > qui peut se munir aisément contre le froid , fte peut au contraire se défendre par aucun moyen contre la chaleur trop grande; que même il souffre beaucoup dans les climats que les animaux du midi cherchent de pré- féreitce , on aura une raison de plus pour croire que la création de l'homme a été postérieure à celle de ces grands 1-'^. !*i| n ]§ à,i. fil6 HISTOIRE NATURELLE. animaux. Le souverain Être n'a pa| rëpandu le souffle de vie dans le même instant sur toute la surface de la terre; il a commence par féconder les mers , et ensuite les terres les plus ëlevëes ) et il a voulu donner tout le temps néces- saire à la terre pour se consolider , se refroidir , se découvrir , se sécher , et arriver enfin à Tétat de repos et de tranquillité où l'homme pouvoit être le témoin intelligent , l'admirateur pai- sible du grand spectacle de la Nature et des merveilles de la création. Ainsi, nous sommes persuadés, indépendam- ment de l'autorité des livres sacrés, que l'homme a été créé le dernier , et qu'il n'est venu prendre le sceptre de la terre que quand elle s'est trouvée digne de son empire. Il paroît néan- moins que son premier séjour a d'abord été, comme celui des animaux terres- ti'es , dans les hautes terres de l'Asie ; que c'est dans ces mêmes terres oii sont liés les arts de première nécessité , »t n'a pai Le même la terre ^ es mers , vëes; et )8 nëces- ider , se cher, et )s et de oit être :eur pai- ature et i. Ainsi. )endam- sacrés , nier^ et ptre de trouvée t nëan» d'abord terres- l'Asie 5 où sont (itë; »t ÉPOQUES DE LA NATVRE. 217 bientôt après ^ les sciences , également nécessaires à l'exercice de la puissance de l'homme , et sans lesquelles il n'au- roit pu former de société , ni compter sa vie , ni commander aux animaux , ni se servir autrement des végétaux que pour les bi'outer. Mais nous nous réser- vons d'exposer dans notre dernière Époque les principaux faits qui ont rap- port à l'histoire des premiers hommes* '■^ " > >.t ■ : SIXTÈME iPOQVS. Lorsque s'est faite la séparation des i , t . « r i '< , j continens. . j ).. L E temps de la séparation des conti- nens est certainement postéiîeur au temps où les éléphans habitoient les terres du nord, puisqu'alors leur espèce^ étoit également subsistante en Améri- que , en Europe et en Asie. Cela nous est démontré par les monumens qui sont les dépouilles de ces animaux^ Th. de la Terre. Il, 19 n 2l8 MISTOIKE NATURELLE. trouvées dans lea parties septentrio- nales âi\ nouveau continent , comme (Tans celles de l'ancien. Mais comment est-il arrivt' que cette séparation àeà continens paroisse s'être faite* en deux endroits ; par deux bandes dseplen- trionales, toujours ens'éîargwsant,- jas- qu*aux coiitrées le» plus méridional <3b? Pourquoi ces bandes de mer ne sp trouvent-elles pas au contraire presque parallèles à Féqoiatefir, puis^u^te mou- vement général des mers se ikit d'orient en occident ? N'est-ce pa?" «me nonvelk preuve que les eaux sont primitive- ment venues des pôles, et qu'elles n'on t ^agne lésf' parties de Féi^uwteuv qi.e s«ccessîvemcnt?Tant qiîi'a duré lia ehute des eaux, et Jtisqii'il Fentière déj^ura^- tîônde rtttfHtMpfaère-, leur mouvement général a été dmgédes pôftss à l'é^ua^ teur ; et comme elles venoient en plus grande quantité du pôle aitstral, elles ofit formé c^ vastes mersi dans cet hi- f^POQUES nr. LA NÀTUHR. 2\f^ misplière, lesquelles vont eu se letrt- Cissant de plus en plus dans riiemi- sphère boréal, jusqnes sous le cercle polaire ; et c'est par ce mouvement dirige du sud au nord que les eaux ont aiguise toutes les pointes des conti- liens; mais après leur entier ëtablisse- ment sur lasuiTace de la terre , qu'elles surmontoient par-tout de deux mille toises, leur mouvement des pôles à Fëquateur ne se sera-t-il pas combiné , avant de cesser, avec le mouvement d'oncnt en occident? Et lorsqu'il a cessé tuut-à fait , les eaux entraînées par le seul mouvement d'orient en occident , n'ont-elles pas escarpé tous les revers occidentaux des continens terrestres , quand elles se sont successivement abais- sées? et enfin n'est-ce pas après leur retraite que tous les continens ont paru^ et que leurs contours ont pris leur der- nière forriie? No us observerons d'abord que l'é ten- due des terres dans l'hémisphère ba« >4 A i I »«!'/ H 4 il' ■,/ 1 - r. — ./'*•.. ÉPOQUES lyP. LA NATURE. 225 scrvations sur lesquels je fande cette opinion. 1°. Quoiqu'il soit probable que le» terres du Groenland tiennent à celle» de l'Amérique , l'on n'en est pas assuré, car cette terre du Groenland en est sé- parée d'abord par le détroit de Davis qui ne laisse pas d'être fort large, et ensuite par la baie de Bassin qui l'est encore plus ; et cette baie s'étend jus- qu'au 78® degré, en sorte que ce n'est qu'au-delà de ce terme que le Groen- land et l'Amérique peuvent être con- tigus. 2°. LeSpitjsberg'paroît être une con- tinuité de terres de la côte orientale du Groenland ; et il y a un assez grand intervalle de mer entre cette côte du Groenland, et celle de la Laponie; ainsi; l'on ne peut guère imaginer que lesélé- plians de Sibérie ou de Russie aient pu passer au Groenland : il en est de même de leur passage par la bande de terre j^ue l'on peut supposer entre la Nor- 4. I -ni* V i .>» ■•♦., i i mi ^1 * lé à I ii '. p- fe 224 HISTOIRE NATURELLE, wège,- l'Ecosse, l'Islande et le Groen- land , car cet intervalle nous présente des mers d'une largeur assez considé- rable ; et d'ailleurs ces terres , ainsi que celles du Groenland , sont plus septen- trionales que celles où l'on trouve les osàemeus d'éléphans , tant au Canada qu'en Sibérie : il n'est donc pas vrai- semblable que ce soit par ce chemin , actuellement détruit de fondencomble^ que CCS animaux aient communiqué d'un continent à l'autre. 3°. Quoique la distance de l'Espagne au Canada soit beaucoup plus grande que celle de l'Ecosse au Groenland , cette route me paroi troit la plus natu- relle de toutes , si nous étions forcés d'admettre le passage des éléphans d'Europe en Amérique; car ce grand intervalle de mer entre l'Espagne et les terres voisines du Canada , est prodi- gieusement raccourci par les bancs et les îles dont il est semé; et ce qui pour- roit donner quelque probabilité de plu« / f E. Groèn- jrésente sonsidë- insi que septen- juve les Canada is vrai- lemin , îomblc, unique Ispagne grande niand , natu- forcés éphans grand e et ]es prodi- nes et pour- leplutt ÉPOQUES DE LA NATURE. 225 à cette présomption , c'est la tradition de la submersion de l'Atlantide. 4°. L'on voit que de ces trois che- mins , les deux premiers paroissent im- praticables, et le dernier si long , qu'il y a peu de vraisemblance que les éié- pbans aient pu passer d'Europe en Amé- rique. En même temps il y a des rai- sons très-fortes qui me portent à croire que cette communication des éléplians d'un continent à l'autre , a dû se faire par les contrées septentrionales de l'Asie , voisines de l'Amérique. Nous avons observé qu'en général toutes les côtes , toutes les pentes des terres sont plus rapides vers les mers à l'occident, lesquelles , par cette raison , sont ordi- nairement plus profondes que les mers à l'orient : nous avons vu qu'au con- traire tous les continens s'étendent en longues pentes douces vers ces mers do l'orient. On peut donc présumer avec fondement , que les mers orientales au- delà et au-dessus de Kamtschatka n'ont \ I r i ■i\ n 11 ! f '>\t,f .*. H M. 1/ î 1 ■• 1 226 HISTOIRE NATURELLE. que peu de profondeur ; et l'on a déjà reconnu qu'elles sont semées d'une très- grande quantité d'îles , dont quelques- unes forment des terreins d'une vaste étendue ; c'est un archipel qui s'étend depuis Kamtschatka jusqu'à moitié. de la distance de l'Asie à l'Amérique sous le 60® degré, et qui semble y toucher sous le cercle polaire par les îles d'A- nadir et par la pointe du continent de l'Asie. D'ailleurs les voyageurs , qui ont également fréquenté les côtes occiden- tales du nord de l'Amérique , et les terres orientales depuis Kamtschatka jusqu'au nord de cette partie de l'Asie, conviennent que les naturels de ces deux contrées d'Amérique et d'Asie se ressemblent si fort, qu'on ne peul guère douter qu'ils ne soient issus les uns des autres; non-seulement ils se ressemblent par la taille , par la forme des traits , la couleur des cheveux et la conformation du corps et des membres , mais encore iùTOQVES DE LA NATURE. 227 par les mœurs et même par le langage : il y a donc une très-giande probabilité que c'est de ces terres de l'Asie que l'Amérique a reçu ses premiers babi- 4ans de toutes espèces , à moins qu'on ne voulût prétendre que les élépbans et tous les autres animaux , ainsi que les végétaux , ont été créés en grand nombre à-aus lova les climats où la t«m* pérature pouvoit leur convenir ; suppo- silion bai:die et pkisque gratuite, puis- qu'il suffît de deurx individu» ou même d'un seul, c'est-à-dire^ d'un ou deux moivles uiae Sois dioiiBés et doués de la faculté de se reproàume , pour qu'en un eertaiffi nombre de si:ècl«s la terre se soit peuplée de totus les êtres organisés , dont la reproduction suppose ou non le coaeo>urs des sexes . . : , . .1 En céiléchissaiitsur la tradition de la fiubmecsioii de 1'Atlan.tide , ii m'a paru que k&anekfi» Egyptiens iqui nousl'oni transmise, avoient des communications de cumunusce pav h Nil et la Méditeicr / i ^1 228 HISTOIRE NATURELLE. ranée , jusqu'en Espagne et en Mauri* tanie y et que c'est par cette communi- cation qu'ils auront été informés de ce fait ) qui , quelque grand et quelque mémorable qu'il soit, ne seroit pas par- venu à leur connoissance s'ils n'étoient pas sortis de leur pays , fort éloigné du lieu de l'événement ; il sembleroit donc que la Méditerranée , et même le détroit qui la joint à l'Océan existoient avant la submersion de l'Atlantide ; néanmoins l'ouverture du détroit pour- roit bien être de la même date . Les causes qui ont produit l'affaissementsu- bit de cette vaste terre ont dû s'éten- dre aux environs \ la même commotion qui l'a détruite a pu faire écrouler la petite portion des montagnes qui fer- moit autrefois le détroit ; les tremble- mens de terre qui y même de nos jours se font encore sentir si violemment aux environs de Lisbonne , nous indiquent assez qu'ils ne sont que les derniers ef- fets d'une aucienue et plus puissant* i t 1 1 \ fi MU. 1 Mauri- >mmuni> nés de ce quelque pas par- tie toieiit éloigné mbleroit même le cistoîent lantide ; oitpour- itc. Les imentsu- à s'éten- nmotion rouler la qui fer- remble- los jours ifent aux idiquent niers ef- uissanU I •i ÉPOQUES DE LA NATURE, aag cause , à laquelle on peut attribuer l'af- faissement de cette portion de monta- 5!nes. Mais qu'étoitla Méditerranée avant la rupture de cette barrière du côté de rOcéan , et de celle qui fermoit le Bos- phore à son autre ertrémité vers la mer Noire ? Pour répondre à cette question d'une manière satisfaisante , il faut réunir sous un même coup-d'oeil l'Asie, l'Eu- rope et l'Afrique , ne les regarder que comme un seul continent , et se repré- senter la forme en relief de la surface de tout ce continent avec le cours de ^^^ fleuves : il est certain que ceux qui tom- bent dans le lac Aral et dans la mer Cas- pienne , ne fournissent qu'autant d'eau que ces lacs en perdent par l'évapora- tion \ il est encore certain que la mer Noire reçoit en proportion de son étéiv* due , beaucoup plus d'eau par les fleu« ves , que n'en reçoit la Méditerranée \ auçsi la mer Noire se décharge -t-ell^ ïh. de la Terre. II. 20 X i 1 \ r y 23o HISTOIRE NATURELLE. par le Bosphore de ce qu'elle a de trop ; tandis qu'au contraire la Méditerranée, qui ne reçoit qu'une petite quantité d'eau par les fleuves, en tire de l'Océan et de la mer Noire : ainsi , malgré cette communication avec l'Océan , la mer Méditerranée et ces autres mers inté- rieures , ne doivent être regardées que comme des lacs dont l'étendue a varié , etquine sontpas aujourd'hui tels qu'ils ctoient auireibis : la mer Caspienne de- voit être beaucoup plus grande et la Méditerranée plus petite, avant l'ouver- ture des détroits du Bosphore et de Gi- braltar j le lac Aral et la Caspienne ne faisoient qu'un seul grand lac , qui é toi t le réceptacle commun du Volga , du Jatk , du Sirderoias , de l'Oxus et de toutes les autres eaux qui ne pou voie ut arriver à l'Océan : ces fleuves ont ame- né successivement les limons et les sa- bles qui séparent aujourd'hui la Cas- pienne de l'Aral ; le volume d'eau a dimiauié dans ces fleuves ^ mesure que ï I* EPOQUES DE LA NATURE. 2^1 les montagnes dont ils entraînent les terres , ont diminue dt ' auteur : il est donc très - probable que ce grand lac qui est au centre de PAsie , ëtoit an- ciennement encore plus grand , et qu'il communiquoit avec la mer Noire avant la rupture du Bosphore ) car dans cette supposition , qui me paroît bien fondée , la mer Noire , qui reçoit aujourd'hui plus d*eau qu'elle ne pourroit en per- dre par Févaporation ; étant alors jointe avec la Caspienne , qui n'en reçoit qu'autant qu'elle en perd , la surface de ces deux mers réunies étoit assez éten- due pour que toutes les eaux amenées par les fleuves , fussent enlevées par révaporation. D'ailleurs le Don et le Volga sont si voisins l'un de l'autre au nord de ces deux mers , qu'on ne peut guère dou- ter qu'elles ne fussent réunies dans le temps oi\ le Bosphore encore fermé , ne donnoit à leurs eaux aucune issuo vers la Méditerranée : ainsi , celles à& I 1 1 l ^.' atÇa ttTSTOIRE NATUBELT.E. la mer Noire et de ses dépendance» ^ étoicnt alors répandues sur toutes les terres basses qui avoisinent le Don , \% Donjec , &c. et celles de la mer Cas- pienne couvroient les terres voisinei du Volga , ce qui formoit un lac plus long que large, qui réunissoit ces deux mers. Si l'on compare l'étendue actuelle du lac Aral , de la mer Caspienne et de la mer Noire , avec l'étendue que nous leur supposons dans le temps de leur continuité , c'esi -à-dire , avant l'ouver- ture du Bo«»pliore , on sera convaincu que la surface de ces eanx étant alors plus que double de ce qu'elle est au- jourd'hui , révaporation seule sufHsoit pour en maintenir l'équilibre sans dé- bordement. Ce bassin qui étoit alors peut-être aussi grand que l'est aujourd'hui celui de la Méditerranée , recevoit etconlc- noit les eaux de tous les fleuves de l'in- térieur du continent de l'Asie, lesquel- les f par la j^osition des montagnes , ne '■I ' I: 'f ' . / iPOQUES DE LA NATURE. 235 ponvoient s^écouler d'aucun cAté pour se rendre dans TOccan ; ce grand bassin étoitle rëceptacle commun des eaux du Danube, du Don , du Volga , du Jaïk> dm Sirderoias , et de plusieurs autres ri- vières très-considérables qui arrivent aces fleuves ou qui tombent immëdia^ tnment dans ces mers intérieures. Ce bassin , situé au centre du continent , recevoit les eaux des terres de l'Europe dont les pentes sont dirigées vers le cours du Danube , c'est-à-dire , de la pins grande partie de l'Allemagne , de la Moj davie , de l'Ukraine et de la Tur- quie d'Europe j il recevoit de même les eaux d'une grande partie des terres de l'Asie au nord , par le Don , le Don jec , le Volga , le Jaik , &c. et au midi par le Sirderoias et POxus : ce qui présente une très- vaste étendue de terre dont tontes les eaux se versoient dans ce ré- ceptacle commun ; tandis que le bassin de la Méditerranée ne recevoit alors que cgrlles du Nil, du Rhône , du Pô et de \ A \ \ r l^ ' '.p a.V* HISTOIRE NATURELLE. quelques autres rivières : de sorte qu^en comparant l'étendue des terres qui four- nissent les eaux a ces derniers fleuves , on reconnoitra évidemment que cette éiendue est de moitié plus petite. Nous sommes donc bien fondés à présumer qu'avant la rupture du Bosphore etcelle du détroit de Gibraltar , la mer Noire réunie avec la mer Caspienne et l'Aral, formoient un bassin d'u^e étendue dou- ble de ce qu'il en reste ; et qu'au con- trairelaMéditerranéeétoit dans le même temps de moitié plus petite qu'elle ne l'est aujourd'hui. Tant que les barrières du Bosphore et de Gibraltar ont subsisté , la Médi- terranée n'étoit donc qu'un lac d'assez médiocre étendue , dont l'évaporation suflisoit à la recette des eaux du Nil , du Rhône et des autres rivières qui lui appar tienncn t , mais en supposant , com- me les traditions semblent l'indiquer, que le Bt)spliore se soit ouvert le pre- mier . la Méditerranée aura d^s lors coa- I 'l SI i !i \ Il /' l ÉPOQUES DE LA NATURE. a3fl sidcrablement augmenté, et en mémo proportion que le bassin supérieur do la mer Noire et de la Caspienne aura diminue : ce grand effet n'a rien que de très -naturel , car les eaux de la mer Noire , supérieures à celles de la Médi- terranée ) agissant continuellement par leur poids et par leur mouvement con- tre les terres qui fermoient le Bosphore, elles les auront minées par la base , elles eu auront attaqué les endroits les plus foibles, ou peut - être auront -elles été amenées par quelqu'afFaissement causé par un tremblement de terre ; et s'étant une fois ouvert cette issue , elles auront inondé toutes les terres inférieures , et causé le plus ancien déluge de notre continent ; car il est nécessaire que cette rupture du Bosphore ait produit tout- à-conp une grande inondation perma- nente , qui a noyé , dès ces premiers temps , toutes les plus basses terres de la Grèce et des provinces adjacentes , etceltc inondation s'est en même temps- 1 M aiS HISTOIRE NATURELLE, étendue sur les terres qui environnoient anciennement le bassin de la Méditer- ranée , laquelle s'est dès-lors élevée de plusieurs pieds , et aura couvert pour jamais les basses terres de son voisina- ge , encore plus du côté de l'Afrique que de celui de l'Europe ; car les côtes de Mauritanie et de la Barbarie sont très- basses en comparaison de celles de l'Es- pagne , de la France et de l'Italie tout le long de cette mer ; ainsi le continent a perdu en Afrique et en Europe autant de terre qu'il en gagnoit , pour ainsi dire , en Asie par la retraite des eaux entre la mer Noire , la Caspienne et l'Aral. Ensuite il y a eu un second déluge lorsque la porte du détroit de Gibraltar s'est ouverte , les eaux de l'Océan ont dû produire dans la Méditerranée une seconde augmentation , et ont achevé d'inonder les terres qui n'étoient pas submergées. Ce n'est peut-être que dans ce second temps qUe s'est formé le golfe î niioîent fëditer- evée de irt pour voisina- Afrique les côtes onttrès- de l'Es- ilie tout antinent 3 autant lur ainsi fes eaux ienne et d déluge ribraltar ■ésLïi ont née une : achevé ient pas ] ne dans le golfe ÉPOQUES DE LA NATURE. 237 Adriatique , ainsi que la séparation dé la Sicile et des autres îles. Quoi qu'il en «oit, ce n'est qu'après ces deux grands ëvénemens que Téqui libre de ces deux mers intérieures a pu s'établir et qu'el- les ont pris leurs dimensions à-peu- près telles que nous les voyons aujour- d'hui. Au reste ; Fépoque de la séparation des deux grands continens , et même celle de la rupture de ces barrières de l'Océan et de la mer Noire, paroissent être bien plus anciennes que la date des déluges dont les hommes ont conservé la mémoire : celui de Deucalion n'est que d'environ quinze cents ans avant Tère chrétienne , et celui d*Ogygès de dix-huit cents ans ; tous deux n'ont été que des mondationc- particulières dont la première ravagea la Tliessalie , et la seconde les terres de l'At tique ; tous deux n'ont été produits que par une cause particulière et passagère comme leurs effets ; quelques secousses d'uiv f- \ à il I I î I 'i t ui i 5 ' !M- i /, ' I f 1 1 I a38 HISTOIRE NATURELLE, tremblement de terre ont pu soulever le» eaux des mers voisines et les faire refluer sur les terres , qm auront ëto inondées pendant un petit temps sans être submergées à demeure. Le déluge de l'Arménie et de l'Egypte , dont la tradition s'est conservée chez les Egyp- tiens et les Hébreux , quoique plus an- cien d'environ cinq siècles que celui d'Ogygès , est encore bien récent en comparaison des évcnemens dont nous Venons de parler, puisque l'on necompte qu'environ quatre mille centannéesde- puis ce premier déluge , et qu'il est très-certain que le tem ps où les éléphans liabitoient les terres du nord étoit bien antérieur à cette date moderne : car nous sommes assurés , par les livres les plus anciens , que l'ivoire se tiroit des pays méridionaux ; par conséquent nous ne pouvons douter qu'il n'y ait plus de trois mille ans que les éléphans habitent les terres oii ils se trouvent aujourd'hui. On doit donc regarder ces trois délu- ' i, I EPOQUES DE LA NATURE. 2^9 gcs, quelque mémorables qu'ils soient , comme des inondations passagères qui n'ont point change la surface de la terre , tandis que la séparation des deux con- tinens du côté de FEurope , n'a pu se faire qu'en submergeant à jamais les ter- res qui les réunissoient : il en est de même de la plus grande partie des ter- reins actuellement couverts par les eaux de la Méditerranée ; ils ont étésubmer^ gés pour toujours dès les temps où les porte: '-* sont oiiverteaaux deux extré- nûtëi ■ jette mer intérieure pour re- cevoir les eaux de la mer Noire et celles de VOùéstn, • •-• .iîJcvvi.;. -y - Ge» événcmens , quoîqtiie postérieurs à l'établissement des animatix terrestres dan» le» contrées du nord , ont peut- être précédé leur arrivée dans les terres du midi ; car nous avons démontré dans l'époque précédente , qu'il s'est écoulé bien des siècles avant que les éléphans de Sibérie aient pu venir en Afrique , ou dans les paitics méridionales d« I I i m % f R|.|( u: ■14 t. ^ 1^ «4o HISTOIRE NATURELLE» llnde. Nous avons compté dix mille ans pour cette espèce de migration qui ne «'est faite qu'à mesure du refroidisse- ment successif et fort lent des diifërens climats depuis le cercle polaire à l'équa- teur. Ainsi , la séparation des continens, la submersion des terres qui les réunis- soient , celle des terreins adjacens à l'ancien lac de la Méditerranée , et enfin la séparation de la mer NoirC;^ de la Cas- pienne et de l'Aral /quoique toutes pos- térieures à l'établissement de ces ani- maux dans les contrées du nord, pour- roient bien être antérieures à la popu- lation des terres du midi; dont la chaleur trop grande alors ne permettoitpasaux êtres sensibles de s'y habituer , ni même d'en approcher. Le soleil étoit encore l'ennemi de la Nature dans ces régions brûlantes de leur propre chaleur , et il n'en est devenu le père que quand cette chaleur intérieure delà terre s'est as8e% attiédie pour ne pas offenser la sensibi- mé des êtres qui nouis ressemblent. Il ^ ',5 3^1 RPOQUES DE LA NATURE. n*y r. peut-être pas cinq mille ans que les terres de la zone torride sont habi- tées y tandis qu'on en doit compter au moins quinze mille depuis l'établisse- ment de& animaux terrestres dans les contrées du nord. ' Les hautes montagnes, quoique si- tuées dans les climats les plus chauds ^ se sont refroidies peut-être aussi promp* tement que celles des pays tempérés , parce qu'étant plus élevées que ces der- nières, elles forment des pointes plus éloignées de la masse du globe; l'on doit donc considérer qu'indépendam- ment du refroidissement général et suc- cessif de la terre depuis les pôles à l'équa* leur , il y a eu des refroidissemcr s par- ticuliers plus ou moins prompts dans toutes les montagne» et dans les terres, élevées des différentes parties du globe, et que , dans le temps de sa trop grande chaleur , les seuls lieux qui fussent con- venables à la Nature vivante , ont été les sommets des montagnes et les autre» Th,deUT9rie,U. %\ ( I |f i/.' w i y ■' a42 HISTOIRE NATURELLE. terres élevées , telles que celles de la Sibérie elde la baute Tailarie. '♦' ^ ïx>i'sque toutes les eaux ont été éta- blies sur le globe , leur mouvement d'orient en occident a escarpé les revers occidentaux de tous les continens pen- dant tout le Lemps qu'a duré l'abaisse- ment des nlors : ensuite ce même mou- vement d'orient en occident a dirigé les eaux contre les pentes douces des terres orientales , et l'océan s'est emparé de leurs anciennes côtes ; et de plus , il pa-' roît avoir tranché tontes les pointes des cïontinens terrestres , et avoir formé les détroits de Magellan à la pointe de l'A- mériqtie , de Geylan à la pointe de l'Inw de, de Forbisher à celle du Groen- land , &c. C'est à la date d'environ dix mille ans , à compter de ce jour , en ariière , que je placerois la séparation de l'Eu- rope et de l'Amérique ; et c'est-à-peu- près dans ce même temps que l'Angle- terre a été séparée de la Franc» ; riji> de la lié éta- '^emeiit revers is pen- ibàisse- e mou- rîgé les a terres )aré de il pâ- tîtes des |rmé le» de r A- de l'In-r Groè'n- c mille rnère , 3 TEu- à-peu- Angle- ÉPOQUES DE LA NATURE. 243 lande de l'Angleterre , la Sicile de 1*1 ta- lie , la Sardaigne de la Corse, et toutes deux du continent de l'Afrique j c'est peut-être aussi dans ce même temps que les Ahtilles, Saint-Domingue et Cuba ont ^tc sëparës du continent de l'Amérique : toutes ces divisions par- ticulières sont contemporaines ou de peu postérieures à la grande séparation des deux continens ; la plupart même ne paroissent être que l«s suites néces- saires de cette grande division •, laquelle ayantouvei't une large route aux eaux de Tocéan , leur aura permis de refluer sur toutes les terres basses , d'en atta- quer par leur mouvement les parties les moins solides , de les miner peu à peu , et de les trancher enfin jusqu'à les séparer des continens voisins. On peut attribuer la division entre l'Europe et l'Amérique à l'affaissement des terres qui formoient autrefois l'At- lantide ; et la séparation entre l'Asie et l'Amérique ( si elle existe réellement ) rt^-'-îv ^n --jC' ,.?* ! ÏM il ^ U, ? S44 HISTOIRE NATURELLE* supposeroit un pareil affaissement dans les mers septentrionales de Forient; mais la tradition ne nous a conservé que la mémoire de la submersion de la Taprobane , terre située dans le voisi- nage de la zone torride, et par consé- quent trop éloignée pour avoir influé sur cette séparation des continens vers le nord. L'inspection du globe nous indique à la vérité qu'il y a eu des bou- leversemens plus grands et plus fré- quens dans FOcéan indien que dans aucune autre partie du monde ; et que non-seulement il s'est fait de grands cbangemens dans ces contrées par l'af- faissement des cavernes , les tremble- mens de terre et l'action des volcans, mais encore par l'effet continuel du mouvement général des mers qui, cons- tamment dirigées d'orient enocoident, ont gagné une grande étendue de tev- rein sur les côtes anciennes de l'Asie , et ont formé les petites mers intérieurei^ de^ Kamlwclialka ; de la Corée, de la ^> COIM- îoident, de tejf- l'Asie, rieure/^ > de la ÉPOQUES DE LA NATURE. a45 Chine , &c. H paroi t même qu'elles ont aussi noyë toutes les terres basses qut ëtoientà Foricntde ce continent; car si l'on tire une ligne depuis l'extrëmito septentrionale de l'Asie , en passant par la pointe de Kamtschatka- jusqu'à 1» nouvelle Guinée , c'est-à-dire , depuis- le cercle polaire jusqu'à l'ëquateur^ on Terra que les îles Mariannes et celle» des Calanos , qui se trouvent dans la direction de cette ligne auv une lon- gueur de plus de- deux cent cinquantô h'cues^ sont les vestes on. plutôt les slo^ ciennes côtes de ces vaste» terres en- vahies par la mer : ensuite , si l'en con^ sidère les terres depuis celles du Japon: à Formose , de Formose aux Philip- pines, des Philippines à la nouvelle Guinée , on sera porté à croire que le continent de l'Asie étoit autrefois con- "tigu avec celui de la nouvelle Hollande, lequel s'aiguise et aboutit en pointe vers le midi , comme tous les autres grands fontinens. r'' •jl ' l( 246 HISTOIRE NATURELLE, Ces bouleversemcns si inul1tiplî(^s et si ëvidens dans les mers méridionales » renvahissement tout aussi évident des anciennes terres orientales par les eaux de ce même Océan, nous indiquent assez les prodigieux cbangemens qui tout arrivés dans cette vaste partie du mon- de, sur tout ditus les contrées voisines de Féquateur; cependant ni l'une ni l'autre de ces grandes causes n'a pu pro- duire la séparation de l'Asie et de l'Amérique vers le nord ; il sembleroit an contraire que si ces continens eussent élé séparés au lieu d'être continus, les affaissemens vers le midi et l'irruption des eaux dans les terres de Forieni , aiiroicnt dû attirer celles du nord^ et par conséquent découvrir la terre de ce lie région entre l'Asie et l'Amérique : cette considération confirme les raisons que jai données ci -devant pour la continuité réelle des deux continens Ti rs le nord en Asie. Après la séparation de l'Europe et :l • • ,,»,.../<^.v,^. ",, > i ÉPOQUES DE LA NATURE, 24/ de rAmérique , après la rupture des détroits , les eaux ont cesse d'envahir de grands espaces, et dans la suite , la terre a plus gagne sur la mer qu'elle n'a perdu; car indépendamment des ter- reins de l'intérieur de l'Asie , nouvel- lement abandonnés par les eau?: , tels que ceux qui environnent la Caspienne et l'Aral , indépendamment de toutes les côtes en pente douce que cette der- nière retraite des eaux laissoit à décou- vert , les grands fleuves ont presque tous formé des îles et de nouvelles con- trées près de leurs embouchures. On sait que le Delta de l'Egypte, dont retendue ne laisse pas d'être considé- jable , n'est qu'un attérissement produit par les dépôts du Nil : il en est de même de la grande île à l'entrée du fleuve Amour, dans la mer orientale de la Tartane chinoise. En Amérique , la partie méridionale de la Louisiane près du fleuve Mississipi, et la partie ovieiUale située à Fembouchure de la ) i I » ft48 HISTOIRE NATURELLE. rivière des Amazones, sont des terris nouvellement formées par le d^pôt de ces grands fleuves. Mais nous ne pou- vons choisir un exemple plus grand d'une contrée récente que celui des vas- tes terres de la Guiane ; leur aspect nous rappellera l'idée de la Nature bru- te y et nous présentera le tableau nuancé de la formation successive d'une terre nouvelle. Dans une étendue de plus de cent vingt lieues , depuis l'embouchure de la rivière de Giyenne jusqu'à celle des Amazones , la mer , de niveau avec la terre , n'a d'autre £ond que de la vase , et d'autres côtes qu'une couronne de bois aquatiques de mangles ou paléiu- viers, dont les racines, les tiges et les branches courbées trempent également dans l'eau salée , et ne présentent que des halliers aqueux qu'on ne peut pé- nétrer qu'en canot et la hache à la main. Ce fond de vase s'étend en pente douce à plusieurs lieues sous les eaux •• » j*-. ,. EPOQUES DB LA NATUR^ ^49 Ae la mer. Du côtcf de la terre , au-delà de cette large lisière de palétuviers , dont les branches plus inclinées -vers Teau qu'élevées vers le ciel , forment un fort qui sert de repaire aux animaux immondes , s'étendent encore des «a- vannes noyées , plantées de palmiers lataniera , et jonchées de leurs débris : ces lataniers sont de grands arbres^dout à la vérité le pied est encore dans Feau, mais dont la tête et les branches élevées et garnies de fruits, invitent les oiseaux k s'y percher. Au-delà des palétuviers et des lataniers , l'on ne trouve' encore que des bois mous , des cornons , des pineaux ({\\i ne croissent pas dans l'eau^ mais dans les terreins bourbeux aux- quels aboutissent les savannes noyées : ensuite commencent des forêts d'une autre essence ^ les terres s'élèvent en pente douce et marquent , pour &.rusl dire , leur élévation par la solidité et la dureté des bois qu'elles produi*!ent ^ enfin , après quelques lieues de chemin \i ■ni aSo HISTOITIE NATURELLE. en ligne directe depuis la mer, on trouTe des collines dont les coteaux , quoique rapides, et même les sommets^ sont également garnis d'une grande épaisseur de bonne terre , plantée par- tout d'arbres de tous âges , si pressés , si serrés les uns contre les autres , que leurs cimes entrelacées laissent à peine passer la lumière du soleil , et sous leur ombre épaisse entretiennent une humi- dité si froide , que le voyageur est obli- gé d'allumer du feu pour y passer la nuit ; tandis qu'à quelque distance de ces sombres forêts, dans les lieux dé- frichés , la chaleur excessive pendant le jour est encore trop grande pendant la nuit. Cette vaste terre des côtes et de l'intérieur de la Guiane , n'est donc qu'une forêt , tout aussi vaste , dans laquelle des sauvages en petit nombre ont fait quelques clairières et des petits abattis pour pouvoir s'y domicilier sans perdre la jouissance de la chaleur de la terre et de la lumière du jour. LE. mer, on coteaux , iommets^ i grande itée par- pressés , très , que t à peine sous leur nehumi- est obli- passer la stancc de lieux dé- pendant ! pendant ^tes et de 'est donc ite, dans t nombre des petits ;iliersans leur de la ÉIPOQUKS DELA NATURE. 25 1 Ija grande épaisseur de terre végé- tale qui se trouve jusques sur le som- met des collines, démontre la formation récente de toute la contrée *, elleT^st en effet au point qu'au-dessus de l'une de ces collines nommée la OahrieUê^on voit un petit lac peuplé de orocdàilcs cay- mana que là mer y A laissés , à cinq ou six lieUés de distance et à six oti sept cents pieds de hauteur au-dessus de son niveau. Nulle part on ne ti-ouve de la pierre calcaire ; car on transporte de France la chaux nécessaire pour bâtir à Cayenne : ce qu'on appelle -pierre à rapets n'est point une pierre ; mais une lavo de volcan, trouée comtKie les sco- ries des forges : cette lave se présenté en blocs épars ou en monceaux irrégulîei's dans quelques montagnes où l'on voit les bouches des anciens volcans qui sont actuellement éteints parce que la mer s'est retirée et éloignée du pied de ces montagnes. Tout concourt donc à prou- ver qu'il n'y a j^as long-temps que l>'-<^i^**V y * W" "■ îes dans ne peut s l'Ame- ;n grand carrés , 5 le sont terre. commu- ï: pour- iqtie au- as croire les ëlé- Ame'ri- nsi dire, dans ce lie a été mbre des ées peu- 01 1 avoir ancienne duNou- s monta* e sa lou- 8 ; or on ÉPOQUES DE LA NATURE. !l55 sait qu'en général les habi tans des mon- tagnes sont plus grands et plus forts que ceux des vallées ou des plaines. Supposant donc quelques couples de géans passés d'Asie en Amérique, oii ils auront trouvé la liberté , la tran- quillité., la paix ou d'autres avantages que peut-être ils n'avoient pas chez eux, n'auront-ils pas clioisi dans les terres de leur nouveau domaine celles qui leur convenoient le mieux, tant pour la cha- leur que pour la salubrité de l'air et des eaux ? ils auront fixé leur domicile à une hauteur médiocre dans les monta- gnes; ils se seront arrêtés sous le cli- mat le plus favorable à leur multiplica- tion ; et comme ils avoient peu d'occa- sions de se mésallier , puisque toutes les terres voisines étoient désertes , ou du moins tout aussi nouvellement peu- plées par un petit nombre d'hommes bien inférieuirs en force , leur race gi gantesque s'est propagée sans obstacles et presque sans mélange -, elle a duré l \^ y f \l V Ml" •^M^V-tt»*^* ù56 HISTOIRE NATITKFLLK. et subsiste jusqu'à ce jour, tandis qu'il y a nombre de siècles qu'elle f» Mé de- truite dans les lieux de son or5;^ine eu Asie , par la très-grande el pluiy an- cienne population de cette partie du monde. Mais autant les ! '>mmes se sont mul- * ti plies dans les terres q?(i son t actuelle- nier: t chaudes et tenipe'ries > autant l<'"r •îHjmbre a diminué dans ceUes q^i sont «le inup.^ trop froides. Le nord du Cjoënland, de la Laponic, du Spilz- berg , de la nouvelle Zemble , de la terre des Samoyèdes , aussi bien qu'une par- tie de celles qui avoisinent la mer Gla- ciale jusqu'^ l'extrémité de l'Asie au îiord de Kamtschatka, sont actuellement désertes ou plutôt dépeuplées depuis un temps assez moderne. On voit même par les cartes russes , que depuis les embouchures des jleuves Olenek, Lena et Jana , sous les 7^ et 74*» degrés , la route tout le long des côtes de cette mer Glaciale jusqu'à la terre des Tschu-* m i / — ^i û^<. -. t ..*-,„ -■*âtr k^' ifepOQUES DE LA NATURE. nS'f tschis, ëloit autrefois fort fréquentée , et qu'actuellement elle est impraticable, ou tout au moins si difficile, qu'elle est abandonnée. Ces mêmes cartes nous montrent que des trois vaisseaux par- tis en i648 , de l'embouchure commu- ne des fleuves de Kolima et Olomon, sous le 72e degré , un seul a doublé le cap de la terre des Tschutschis sous le 7 5® degré, et seul est arrivé, disent les mêmes cartes , aux îles d'Anadir, voisines de l'Amérique , sous le cercle polaire : mais autant je suis persuadé de la vérité de ces premiers faits , autant je doute de celle du dernier; car cette même carte qui présente , par une suiûe de points , la route de ce vaisseau russe autour de la terre des Tschutschis, porte en même temps en toutes lettres qu'on ne connoît pas l'étendue de cette torre j or quand même on auroit , en 1 G48 , parcouru cette mer et fait le tour de cette pointe de l'Asie, il est sûr que depuis ce temps les Russes , quoique ■ï i ii rt. uA II h ^ . r •V>-.-*-'>.l i f ■t'if HSS HTSTOÏRE NATURELLE. ti'ès-intercssés à cette navigation pour arriver au Karntschatka et (le-là au Ja- pon et à la Cliinc , l'ont entièrement abandonnée ; mais peut - être aussi se sont-ils réservé pour eux seuls la con- noissance de cette route autour de cette terre des Tschutschis qui forme l'ex- trérnilé la plus septentrionale et la plu» avancée du continent de l'Asie. Quoi qu'il en soit, toutes les régions septentrionales au-delà du jG^ degré depuis le nord de la Norwège jusqu'à l'exlrémitéde l'Asie, sont actuellement dénuée d'habitans , à l'exception de quelques malheureux que les Danois et les Russes ont établis pour la peclie , et qui seuls entretiennent un reste de population et de commerce dans ce cli- mat glacé. Les terres du nord, autrefois assez chaudes pour faire multiplier les éléphans et les hippopotames, s'étant déjà refroidies au point de ne pouvoir nourrir que des ours blancs et des rcji- ues, seront dans quelques milliers d'an- -i^^-._,,'' ".'l^t, ÉPOQUES DE LA NATVRE. 259 nées entièrement dénuées et désertes par les seuls effets du refroidissement. Il y a même de très^fortes raisons qui me portent à croire que la région do notre pôle , qui n'a pas été recomiue , ne le sera jamais ; car ce refroidisse- ment glacial me paroi t s'être emparé du pôle jusqu'à la dislance de sept ou huit degrés, et il est plus probable que toute cette plage polaire , autrefois terre ou mer , n'est aujourd'hui que glace. Et si cette présomption est fondée , le circuit et l'étendue de ces glaces , loin do diminuer , ne pourra qu'augmenter avec le refroidissement de la terre. Or, si nous considérons ce qui se passe «ur les hautes montagnes , mèriAj dans nos climats , nous y trouverons une nou- velle preuve démonstrative de la réalité de ce refroidissement , et nous en tire- l'ons en même temps une comparaison qui me paroît frappante. On trouve au- dessus des Alpes , dans une longueui» de plus d? soixante lieues sur vingt et {■ y\ \ »; (! \. r4 II tr I , --• » .. i:.«--i»j»'pique du capricorne, il y a peut-être quinze fois plus de mer que de terio : cet liémi- sphère austral a donc été de tout temps, comme ilTestencoiM? aujourd'hui, beau- coup plus aqueux et plus froid que lo 1-f -•/ 2G8 HISTOIRE NATURELLE. nôtre , et il n'y a pas d'apparence que passé le 5o^ degré , l'on y trouve ja- mais de terres heureuses et tempérées. Il est donc presque certain que les gla- ces ont envahi une plus grande étendue sous le pôle antarctique , et que leur circonférence s'étend peut - être beau- coup plus loin que celle des glaces du pôle arctique. Ces immenses glacières des deux pôles , produites par le refroi- dissement, iront comme la glacière des Alpes, toujours en augmentant. La pos- térité ne tardera pas à le savoir , et nous nous croyons fondés à le présumer d'a- près notre théorie , et d'après les faits que nous venons d'exposer , auxquels nous devons ajouter celui des glaces permanentes qui se sont formées depuis quelqvies siècles contre la côte orientale dn Groenland ; on peut encore y jcLi- dre l'aiii^mcntation des glaces près de la nouvelle Zenible dans le détroit de Wcigbats , dont le passage est devriiu j)lus diilicile et presque impraticable j 11 m \ éi ' I I: L,, ■«. .»» ,^»r»-.rf»... -.inrt^"*«""««»^* Vhr^i! ■ ÉPOQUES DE LA NATURE. 2% et enfin l'impossibilité ou l'on est de parcourir la mer Glaciale au nord de l'Asie ; car, malgré ce qu'en ont dit les Russes, il est très-douteux^que les côtes de cette mer les plus avancées vers le nord, aient été reconnues, et qu'ils aient fait le tour de la pointe septentrionale de FAsie. Nous voilà , comme je me le suis pro- posé, descendus du sommet de l'échelle du temps , jusqu'à des siècles assez voi- sins du nôtre ; nous avons passé du chaos à la lumière, de l'incandescence du globe à son premier refroidissement , et cette période de temps a été de vingt- cinq mille ans. Le second degré de refroi- dissement a permis la chute des eaux ^ et a produit la dépuration de Fatmo- sphère, depuis vingt-cinq à trente-cinq mille ans. Dans la troisième époque s'est fait l'établissement de la mer uni- versel le , la production des premiers co- quillages et des premiers végétaux , la construction de la surface de U terre par .(' K=rr:-X- IJ - »- lu' StJO HISTOIRE NATURELLE. lits horizontaux , ouvrage de quinze ou vingt autres milliers d'années. Sur la lîii de la troisième époque et au com- mencement de la quatrième , s'est faito la retraite des eaux , les courans de la mer ont creusé nos vallons , et les feux souterrains ont commencé de ravager la terre par leurs explosions. Tous ces derniers mouvemens ont duré dix mille ans de plus ; et en somme totale , ces grands événcmens , ces opérations et ces constructions, supposisjnt au moins iincsuccession de soixante mille années. Après quoi , la Nature dans son premier moment de lepos , a donné ses produc- tions les plus nobles j la cinquième épo- que nous présente la naissance des ani- maux terrestres. Il est vrai que ce re- pos n'étoit pas absolu , la terre n'éloit pas encore tout-à-fait tranquille , puis- que ce n'est qu'après la naissance des premiers animaux terrestres que s'est faite la séparation des contincns et que sont arrivés les grauds cliangcmcus que I fpOQUES PK LA N.VTUTIK. 37' je viens d'cposer dans ccUe sixième '^^'Zreste, j'ai fuit ce que rai P"P°"'^ •ioSn V dans chacune de ces pe- ^r adulée du temps à la g.ar.deur 'r .vrats i'ai tâché , d'après n^e» des ouvrages ) a ^^^^^^ ^^^_ hypothèses , de ^'^^'J^ .^.^^aeluNa- cessif des grandes '^.'^^°;"* °' .t,„dula * ,.» «ansnéanmoins avoir preit-i tuie.sansnca „i encore moins saisir à son origine , et encor ravoir embrassée dans toute son eten- arE mes hypothèses fu.ent-e^es . *'.• et mon tableau ne fut- il "Cesq^n e"ès.imr.rfniledec^^^ trNat«re,jes"isconvaincuquetous ÏuW bonne-foi, voudrouteKa- S^Jtte esquisse , et ,a co.uparei ricle modèle, trouveront assez de re Wanee pour pouvoir an moms .atis- faire leurs yeux , et fixer le les plus grands objets de U piu r ualuielle. ; î «72 HISTOIRE NATURELLE. À il j i l'i^ I SEPTiiME ET DERlSlillE EPOQUE. Ltorsque lapuissance de VJiomme a se* condé celle de la nature» Les premiers hommes , témoins des mouvemens convulsifs de la terre en- coie récens et; très-fréquens , n'ayant que les montagnes pour asylcs contre les inondations, chassés souvent de ce« mêmes asyles par le feu des volcan», tremblans sur une terre qui tremhloit sous leurs pieds , nus d'esprit et de corps , exposés aux injures de tous les élémens , victimes de la fureur des ani- maux féroces , dont ils ne pouvoient éviter de devenir la proie , tous égale- ment pénétrés du sentiment commun d'une terreur funeste , tous également pressés par la nécessité , n'ont-ils pas très-promptement cherché à se r'^unir , d'abord pour se défendre par le nom- bre ) ensuite pour s'ait er et travailler ÉPOQUES DE LA NATURE. 27^ ^e concert à se faire un domicile et des armes ? Ils ont commencé par aiguiser en forme de liachej. , ces cailloux durs , ces jades , ces pierres de foudre , que l'on a cru tombées des nues et formées par le tonnerre, et qui néanmoins ne sont que les premiers monumens de l'art de l'homme dans Fétat de pure na- ture : il aura bientôt tiré du feu de ces mêmes cailloux en les frappant les uns contre les autres *, il aura saisi la flamme des volcans ou profité du feu de leurs laves brûlantes pour le communiquer , pour se faire jour dans les forets, les broussailles ; car avec le secours de ce puissant élément, il a nettoyé , assaini , purifié les terreins qu'il vouloit habi- ter; avec la hache de pierre , •[ a tran- ché , coupé les arbres ^menuisc ies bois, façonné ses armes et les instrumens d© première nécessité; et, après s'être mu- nis de massues et d'autres armes pesan- tes et défensives , ces premiers hommes n'ont-ils pas trouvé le moyen d'en faire S r I <■• ■i ;' 1'^ i' r! \ti 1) ^ y I i ffl '^1 4 ' \ ' w\ Émmâêf i 274 HISTOIRE NATlRPiLLE. cl'ofToiisivrs plus Ictères pourattciii(lr( de loin? Un nerf, un tour' u d'animal, des filsd'aloës ou Tecorc.; souple d'une plante ligneuse , leur ont servi de corde pour réunir les deux cxlrémiles d'uni branche t'iastique dont ils ont fait leur arc -, ils ont aiguise' d'autres petits cail- loux pour en armer la ll.jche ; bientôl ils auront eu des filets , des radeaux . des canots , et s*en sont tenus là tant qu'ils n'ont formé que de petites nations composées de quclc{iie6 familles, ou plu- tôt de parens issus d'une même famille, comme nous le voyons encore aujour- d'hui chez les Sauvages qui veulent de- meurer sauvages , et qui le peuvent , dans les lieux oii l'espace libre ne leur manque jias plus que le gibier, le pois- son et les fruits. Mais , dans tous ceux où l'espace s'est trouvé confiné par les eaux, ou resserré par les hautes mon- tagnes, ces petites nations devenues trop nombreuses , ont été forcées de partager leur ter rein entre elles , et c'est de eu 1^ i^rOQUES DlC LA NATURE. 27 5 nionieiit que la terre est devenue le do- maine de riiomme ; il en a pris posses- sion par ses travaux de culture , d« ' it- lacliernent h. la patrie a suivi de ti ès- prcs les premiers actes df" sa propriété ; l'intdrêt particulier taisant ^^ ^ci in- térêt nalioual , l'ordre , 1 '^ t et les loix ont du succéder , et la pren- dre de la consistance et des foi ^^j. Néanmoins ces hommes, profondé- ment affectés des calamités de leur pre- mier état , et ayant encore sous leurs yeux les ravages des inondations , les incendies des volcans , les gouffres ou- verts par les secousses de la terre , ont conservé un souvenir durable et pres- que éternel de ces malheurs du monde : l'idée qu'iPdoit périr par un déluge universel , ou par un embrasement gé- néral ; le respect pour certaines mon- tagnes s-.ir lesquelles ils s'étoient sauvés des inondations ; l'horreur pour ces autres montagnes qui lançoient des feux plus terribles que ceux du tonnerre j la ) )\ 'i II ' 1 '4 IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 1.1 Sf là» 12.0 u ■UUh m ^o \ ^ k |1.Î5|U Il 1.6 < 6" - ► S5 \ \ V Sciences Corporation 23 WCST MAIN STRIiT WnSTn,N.Y. 145 W (716) •72-4 J03 4s O^ 'V ^^ vV il 276 HISTOIRE NATURELLE» vue de ces combats de la terre contre le ciel , fondement de la fable des titans et de leurs assauts contre les dieux ; l'opi- nion de l'existence réelle d'un être malfaisant , la crainte et la superstition quien sont le premier produit j tous ces sentimens fondes sur la terreur^ se sont dès*lors emparés à jamais du cœur et de l'esprit de l'homme 5 à peine est-il encore aujourd'hui rassuré par l'expé- rience des temps , par le calme qui a succédé à ces siècles d'orage, enfin par la connoissance des effets et des opéra- tions de la Nature ; connoissance qui n'a pu ^'acquérir qu'après l'établissement de quelque grande société dans des ter- res paisibles. Ce n'est point en Afrique ni dans les terres de l'Asie les plus avancées vers le midi, que les grandes sociétés ont pu d'abord se former j ces contrées étoicnt encore brûlantes et désertes : ce n'est point en Amérique , qui n'est évidem- ment , à l'exception de ses chaînes de EPOQUES DE LA NATURE. a'J'j montagnes , qu'une terre nouvelle ; ce n'est pas même en Europe ^ qui n'a reçu que fort tard les lumières de l'Orient , que se sont établis les premiers hommes civilisés ^ puisqu'avant la fondation de Kome , les contrées les plus heureuses de cette partie du monde , telles que l'Italie , la France et l'Allemagne^ n'étoient encore peuplées que d'hom- mes plus qu'à demi sauvages. Lisez Ta- cite j sur les mœurs des Germains \ c'est le tableau de celle des Hurons , ou plutôt des habitudes de l'espèce humaine entière sortant de l'état de nature. C'est donc dans les contrées septentrionales de l'Asie que s'est élevée la tige dej connoissances de l'homme ; et c'est sur ce tronc de l'arbre de la science que s'est élevé le trône de sa puissance : plus il a su ^ plus il a pu ; mais aussi , moins il a fait^ moins il a su. Tout cek suppose les hommes actifs dans un cli- mat heureux y sous un ciel pur pour l'observer; sur une terre féconde pour Tb. de la Terre. II. 1^ i \k /■■ .n.-' :«?s?«t'*w-,7..-^:'.. (>*j(M?f^l.4|^ MfT' \ loiiiiiiiiiimt'fi ,1 ï I { I f / II il '? » 578 HISTOIRE NATURELLE» la cultiver , dans une contrëe privilé- giée , à Tabri cl es inondations j éloignée des volcans , plus élevée et par consé- quent plus anciennement tempérée que les autres. Or toutes ces conditions, toutes ces circonstances , se sont trou- vées réunies dans le centre du continent de TAsie , depuis le quarantième degré de latitude jusqu'au cinquante-cin- quième . Les fleuves qui portent lenn eaux dans la mer du Nord , dans TOcéan oriental , dans les mers du midi et dans la Caspienne^ partent également decette région élevée qui fait {aujourd'hui partie de la Sibérie méridionale et de la Tarta- ne : c'est donc dans cette terre plus éle- vée , plus solid'* e les autres , puis- qu'elle leur sert de centre , et qu'elle est éloignée de près de cinq cents lieues de tous les océaiis ^ c'est dans cette contrée privilégiée que s'est formé le premier peuple digne de porter ce nom^ digne de tous nosrespects, comme créateur des sciences , des arts et de kl I ÉPOQUES DE LA NATURE. ÙJC^ toutes les institutions utiles : cette vé- rité nous est également démontrée par les monumens de l'Histoire naturelle et par les progrès presque inconcevables de l'ancienne astronomie. Comment des hommes si nouveaux ont-ils pu trouver la période lunisolaire de six cents ans ? Je me borne à ce seul fait , quoiqu'on puisse en citer beaucoup d'autres tout aussi merveilleux et tout aussi oonstans: ils savoient donc autant d'astronomie qu'en savoit de nos jours Dominique Cassini , qui le premier a démontré la réalité et l'exactitude de cette période du six cents ans ; connoissance à laquelle ni les Chaldéens , ni les Egyptiens , ni les Grecs , ne sont pas arrivés j connois- sance qui suppose celle des mouvemens précis de la Lune et de la Terre , et qui exige une grande perfection dans les instrumens nécessaires aux observa- tions ; connoissance qui ne peut s'ac- quérir qu'après avoir tout acquis , la- quelle n'étant fondée que sur une Ion* V'I /i. M, II < '11 ■'^^■ ». ^%. <;*-.*■ ^ 4,v. ***?•-•♦- V ■^' —TUtt^if^^t^S;;' . I ; I* !' ïM\ ; M'' 1 ' ' 1 } M 1 1 il KàK il ma B^B? J f \i m 1 380 HISTOIRE NATURELLE. gue suite de recherches , d'études et ds travaux astronomiques , suppose au moins deux ou trois mille ans de culture à l'esprit humain pour y parvenir. Ce premier peuple a été très-heu- reux , puisqu'il est devenu très- savant} il a joui , pendant plusieurs siècles , de la paix ; du repos, du loisir nécessaires à cette culture de l'esprit^ de laquelle dépend le fruit de toutes les autres cultures. Pour se douter de la période de six cents ans , il falloit au moins douze cents ans d'observations: pour l'assurer comme fait certain , il en a fallu plus du double ; voilà donc déjà trois mille ans d'études astronomiques, et nous n'en serons pas étonnés , puis- qu'il a fallu ce même temps aux astro- nomes, en les comptant depuis les Clial- déens jusqu'à nous, pour reconnoître cette période •, et ces premiers trois mille ans d'observations astronomiques n'ont-ils pas été nécessairement précé- dés de quelques siècles où la science . *' *>->)» i EPOQUES Dr. LA NATURE. 281 n'étoit pas née ? six mille ans, à comp- ter de ce jonr , sont-ils sufBsans pour remonter à Vëpoque la plus noble de Fhistoire de l'homme , et même pour le suivre dans les premiers progrès qu'il a faits dans les arts et dans les •cienccs ? Mais malheureusement elles ont été perdues ces hautes et belles sciences , ellf^s ne nous sont parvenues que par débris trop informes pour nous servir autrement qu'à reconnoître leur exis- tence passée. L'invention de la formule d'après laquelle les Brames calculent les éclipses , suppose autant de science que la construction de nos cphémé- rides , et cependant ces mêmes Brames n'ont pas la moindre idée de la com- position de l'univers j ils n'en ont que de fausses sur le mouvement,la grandeur et la position des planètes j ils calcu- lent les éclipses sans en connoître la théorie, guidés comme des machines par une gamme fondée sur des formule» ' 1 1 lu «Ifc.. •-•*>•-. R;$n^ 'irf*** f 4 j. • ••'4»»*«^^ 'iî i' ai i 382 HISTOIRE NATURELLE. sa van les qu'ils ne comprennent pas et que probablement leurs ancêtres n'ont point inventées, puisqu'ils n'ont rien perfectionne , et qu'ils n'ont pas trans- mis le moindre rayon de la science à leurs descendans ; ces formules ne sont entre leurs mains , que des méthodes de pratique ; mais elles supposent des connoissances profondes dont ils n'ont pas les élémens , dont ils n'ont pas même conservé les moindres vestiges , et qui par conséquent ne leur ont jamais ap- partenu. Ces méthodes ne peuvent donc venir que de cet ancien peuple savant qui a voit réduit en formules le» mou- vemens des astres , et qui , par une longue suite d'observations , étoit par- venu non-seulement à )a prédiction des éclipses , mais à la connoissance bien plus difficile de la période de six cents ans , et de tous les faits astronoi^iques que cette cpnnpissance exige et suppose nécessairement. Je crois être fondé à dire que les *^'.*.#" ,.,iS:'i^*^ •;JC', ,0^, --"t ::: ^^'"^m^^^XS^^^^Z^ *■ ..■*5t^\iRajSS'!fK-jH*?^>*âuKi'^e4«à***-''^A^^**'^S^''.*^- é'ii V-' '•vii^v^K ,<*i%-4|^,.-«rs ÊrOQUKS DE LA NATURE. 283 Brames n'ont pas imaginé ces formules savantss , puisque toutes leurs idées physiques sonl contraires à la théorie dont ces formules dépendent, et que s'ils eussent compris cette théorie même dans le temps qu'ils en ont reçu les ré- sultats , ils eussent conservé la science, et ne se trouveroient pas réduits à la plus grande ignorance , et livrés aux préjugés les plus ridicules sur le sys- tème du monde j car ils croient que la terre est immobile , et appuyée sur la cime d'une montagne d'or; ils pensent que la lune est éclipsée par des dra- gons aériens , que les planètes sont plus petites que la lune , &.c. Il est donc évident qu'ils n'ont jamais eu les pre- miers élémens de la théorir astrono- mique , ni même la moindre :onnois- sance des principes que supposent les méthodes dont ils se servent : mais jp dois renvoyer ici à l'excellent ouvrage que M. Bailli vient de publier sur l'an- cienne astronomie ^ dans lequel il dis« i' /'i I i >■ i i :f \ \ j ■i t \ i ' •> "! i « t f } \,:"fs.Sflti^b^;^t<'-^"*(-â*.C'*iîi ^:.Wsg^!*A.V;*-:.^ .jto»-*.»-.. ■ if l * ' ' I ii il •8i HTSTOITIE NATITRFLLE. ente à fond toutco qui est relatif à Tori- giiieet au progrès de cette science ; on verra que ses idées s'accordent avec les miennes ; et d'ailleurs il a traite ce sujet important avec une sagacitë de génie et une profondeur d'érudition qui mé- ritent des éloges de tous ceux qui s'in- téressent au progrès des sciences. Les Chinois un peu plus éclairés que les Brames, calculent assez grossiè- rement les éclipses, et les calculent tou- jours de même depuis deux ou trois mille ans ; puisqu'ils ne perfectionnent rien, ils n'ont jamais rien inventé , la science n'est donc pas plus née à la Chine qu'aux Indes. Quoiqu'aussi voisins que les Indiens du premier peuple savant, les Chinois ne paroissent pas en avoir rien tiré ; ils n'ont pas même ces for- mules astronomiques dont les Brames ont conservé l'usage , et qui sont néan- moins les premiers et grands monumen» de savoir et du bonheur de l'homme. Il ne par oit pas non plus que les Clial- ;\ ^w«»*.,^./' '*':'■* .— ^*<- N ATori- ice : on Lvec les ce sujet 5 génie ni mé- uis'in- s. fclaire's [l'ossiè- nt tou- is mille t rien , jcience Chine ns que ivant, avoir Bs for- rames nean- imens mme. Clial- ÉPOQUES DE LA NATURE. 285 déens , les Perses , les Egyptiens et les Grecs aient rien reçu de ce premier peuple éclairé ; car , dans ces contrées du Levant, la nouvelle astronomie n'est duo qu'à l'opiniâtre assiduité des ob- servateurs chaldéens , et ensuite* aux travaux des Grecs , qu'on ne doit dater que du temps de la fondation de l'école d'Alexandrie. Néanmoins cette science étoit encore bien imparfaite après deux mille ans de nouvelle culture, et même jusqu'à nos derniers siècles. Il me pa- roît donc certain que ce premier peu- ple qui avoit inventé et cultivé si heu- reusement et si long-temps l'astrono- mie , n'en a laissé que des débris et quelques résultats qu'on pouvoit rete- nir de mémoire, comme celui de la pé- riode de six cents ans que l'historien Josephe tious a transmise sans la com- prendre. lia perte des sciences, cette première plaie faite à l'humanité par la hache de la barbarie , fut sans doute l'efîet d'une ,','■ v I ! .**>'«t#*((*i." 4 ' ; if. r a86 lîISTOTRF. NVTURET.LE. malheureuse révoluLioïKjuiauradëti'uit peut-être en peu d 'années l'ouvrage et les travaux do plusieurs siècles , car nous ne pouvons douter que ce premier peuple , aussi puissant d'abord que sa- vant , ne se soit long-temps maintenu dans sa splendeur , puisqu'il a fait de si grands progrès dans les sciences , et par conséquent dans tous les arts qu'exi- ge leur étude. Mnis il y a toute appa- rence que quand les terres situées au nord de cette heureuse contrée, ontétd trop refroidies , h^s Jiommes qui les ha- bitoient , encore ignorans, farouches et barbares, auront reflué vers celte même contrée riche , abondante et cultivéo par les arts ; il est même assez étonnant qu'ils s'en soient emparés , et qu'ils y aient détruit non-seulement les germes mais même la mémoire de toute science; en sorte que trente siècles d'ignorance ont peut-être suivi les trente siècles, de lumières qui les avoient précédés. De tous ces beaux et premiers fruits de l'es* \ >W-4 fcPOQUES DE LA NATURE. 287 prit liumain , il n'en est reste que le marc ; la métaphysique religieuse no pouvant être comprise , n'avoitpas be- soin d'ëtude ; et ne deroit ni s'altérer ni se perdre que faute de mémoire, la- quelle ne manque jamais dès qu'elle est frappée du merveilleux. Aussi cette métaphysique s'est-elle répandue de ce premier centre des sciences à toutes les parties du monde. Les idoles de Ca« licut se sont trouvées les mêmes que celles de Scléginskoi. Les pèlerinages vers le grand Lama , établis à plus de deux mille lieues de distance •, l'idée de la métempsycose portée eticore plus loin , adoptée comme article de foi par les Indiens , les Ethiopiens , les Atlan- tes ; ces mêmes idées défigurées , reçues par les Chinois , les Perses , les Grecs , et parvenues jusqu'à nous; tout semble nous démontrer que la première sou- che et la tige commune des connoissan- ces humaines appartient à cette terre de la haute Asie , et que les rameaux ^î- K ■>'•'. 4 »i '*^ , r. 11Ï r< I aSS HISTO; lE NATURELLE. stériles ou dëgënërës des nobles bran- ches de cette ancienne souche ^ se sont étendus dans toutes les parties de la terre chez les peuples civilisés. £t que pouvons-nous dire de ces siè- cles de barbarie qui se sont écoulés en pure perte pour nous ? ils sont ense« velis pour jamais dans une nuit pro- fonde ; rhomme d'alors replongé dans les ténèbres de Pignorance , a , pour ainsi dire , cessé d'être homme. Car la grossièreté , suivie de l'oubli des de- voirs , commence par relâcher les liens de la société ; la barbarie achève de les rompre; les loix méprisées ou proscrites, les mœurs dégénérées en habitudes farouches , l'amour de l'hu- manité , quoique gravé en caractères sacrés 9 effacé dans les cœurs ; l'hommo enfin sans éducation , sans morale , ré- duit à mener une vie solitaire et sauva- ge , n'offre , au lieu de sa haute nature , que celle d'un être dégradé au-dessous de i'auimal. L:-' ^^^ à/- '--'"•-- ••«wiéB!^ • mçri bran- se sont i de la ces siè- ulës en t ense- it pro- 76 dans , pour , Car la des de- ler les achève sées ou Irëes en le rhu- ractères homm» aie , ré- t sauva- nature , -dessous ÉPOQUES DE LA NATURE. 28^ i^éanmoins , après la perte des scieii- tes , les arts utiles auxquels elles avoient donné naissance , se sont conservés ; la culture de la terre , devenue plus né- cessaire à mesure que le hommes se trouVoient plus nombreux, plus serrés j toutes les pratiques qu'exige cette mémo culture , tous les arts que supposent la Construction des édifices, la fabrication des idoles ot des armes , la texture des étoffes , &c. ont survécu à la science ; ils se sont répandus de proche en pro-* che , perfectionnés de loin eil loin 5 ils ont suivi le Cours des grandes popu^ lations; l'ancien empire de la Chine s'est élevé le premier, et presque en mémo temps celui des Atlantes en Afrique ; ceux du continent de l'Asie , celui êÎ0 l'Egypte , d'Ethiopie , se soilt successi- vement établis , et enfin celui de Rome^ auquel notre Europe doit son existence civile. Co n'est donc que depuis environ trente siècles que la puissance de l'hom-" me s'est réunie à celle de la Nature ; e| Xh. de la Terre. IL a5 ,#• .♦■ \ K.- ..**'>i<.«*^ ■ "!* s,*ft-f ^ '^..^ •V. I yj -^ ►-.«•►• «»<|1V»^ ÉPOQUES DE LA NATURE. 29 1 ment adore j par son art ëmané de la science , les mers ont ëté traversées , les montagnes franchies , les peuples rapproches, un nouveau monde décou- vert , mille autres terres isolées sont de- venues son domaine ; enfin la face en- tière de la terre porte aujourd'hui l'em- preinte de la puissance de l'homme , la- quelle, quoique subordonnée à celle de la Nature , souvent a fait plus qu'elle, on du moins l'a si merveilleusement se- condée , que c'est à l'aide de nos mains qu'elle s'est développée dans toute son étendue , et qu'elle est arrivée par de- grés au point de perfection et de magiii* ficence où nous la voyons aujourd'hui. Comparez en effet la Nature brute à la Nature cultivée ; comparez les petites nations sauvages de l'Amérique avec nos grands peuples civilisés 5 compa- rez même celles de l'Afrique , qui ne le sont qu'à demi; voyez en même temps rétat des terres que ces nations habi- tent , vous jugerez aisément du peu de il ■i i I ^92 HISTOIRE NATURELLE, valeur de ces hommes par le peu d'im« pressions que leuis mains ont faites sur leur sol ; soit stupidité y .soit paresse , ces hommes à demi-brutes , ces nations non police'es, grandes ou petites, ne font que peser sur le globe sans soula- ger la terre , l'a0amcr sans la féconder , détruire sans édifier , tout user sans rien renouveler. Néanmoins la condi- tion la plus méprisable de l'espèce hu- maine n'est pas celle du sauvage , mai^ celle de ces nations au quart policées , qui de tout temps ont été les vrais fléaux de la Nature humaine , et que les peuples civilisés ont encore peine à contenir aujourd'hui : ils ont, comme ïious l'avons dit, ravagé la première terre heureuse , ils en ont arraché les germes du bonheur, et détruit les fruits de la science. Et de combien d'autres invasions cette première irruption des t>arbares n'a-t-elle p?is été suivie ! C'est de ces mêmes contrées du nord, où se trouvoient autrefois tpus les biens do ^^.^■i tes sur tresse , lations es, ne soula- onder , 3r sans condi- !ce liu- licées , i vrais et que peine omme emière lié les } fruits autres on des ! C'est où se ns do ÉPOQUES DE LA NATURE. agS l'espèce humaine, qu'ensuite sont venus tous ses maux. Combien n'a-t-on pas vu de ces débordemens d'animaux à face humaine , toujours venant du nord , ravager les terres du midi ? Jetez les yeux sur les annales de tous les peu- ples , vous y compterez vingt siècles de désolation , pour cjuelques années de paix et de repos. Il a fallu six cents siècles à la Nature pour construire ses grands ouvrages , pour- attiédir la terre , pour en façonner la surface et arriver à un état tranquille; combien n'en faudra-t-il pas pour que les hommes arrivent au même point et cessent de s'inquiéter, de s'agiter et de s'entre-détruire ? Quand reconnoîtront- ils que la jouissance paisible des terres de leur patrie suffît à leur bonheur? Quand seront-ils assez sages pour ra- battre de leurs prétentions , pour re- noncer à des dominations imaginaires, à des possessions éloignées , souvent jt'Uincuses qu du moins plus à charge «« ..«,:...#►•«« ■'Wm^' •'l» - M>l|i^ r^*»4-/" -/ 3oî2 HISTOIRE NATURELLE. parce que le vent du nord se tempère en passant sur les clieminécs de celle grande ville. Une seule forêt de plus ou de moins dans un pays , suffît pour en changer la température : tant que les arbres sont sur pied, ils attirent le froid, ils diminuent par leur ombrage la cha- leur du soleil j ils produisent des va- peurs humides qui forment des nuages et retombent en pluie d'autant plus froi- de , qu'elle descend de plus haut : et si ces forets sont abandonnées à la seule Nature , ces mêmes arbres tombés de vétusté pourrissent froidement sur la terre,tandis qu'entre les mains de l'hom- me, ils servent d'aliment à l'élément du feu^ et deviennent les causes secondai- res de toute chaleur particulière. ]3ans les pays de prairie , avant la récolte des herbes , on a toujours des rosées abon- dantes et très-souvent de petites pluies^ qui cessent dès que ces herbes sont le- vées : ces petites pluies deviendroient fionc plus ubou Jantes et ne cei£eroi«ul «« «. * V-VV,.--d*^ fcV--r«* mpere ■ cetle lus ou our eu ue les froid, a cLa- s va- iiiages isfiûi- . et si seule >cs de sur ia 'il om- ntdu ndai- 33ai3s B des boii- uies, t Je- ierit :? ÉPOQUES DE LA NATURE. 3o5 pas, si nos prairies, comme les savannes do l'Amérique , étoicnt toujours cou- Tertes d'une même quantité d'herbes , qui, loin de diminuer , ne peut qu'aug- menter, par l'engrais de toutes celles qui se dessèchent et pourrissent sur la terre. Je donnerois aisément plusieurs au- tres exemples , qui tous concourent à démontrer que l'homme peut modifier les influences du climat qu'il habite, et en fixer, pour ainsi dire, la tempéra- ture au point qui lui convient : et co qu'il y a de singulier, c'est qu'il lui se- roit plus diflicile de refroidir la terre que de la réchauffer ; maître de l'élé- ment du feu , qu'il p(?ut augmenter et propager à son gré, il ne l'est pas do l'élément du iïoid, qu'il ne peut saisir lû communiquer. Le principe du froid n^est pas même une substance réelle , mais une simple privation,ou plutôt un© diminution de flialcur ', diminution qui doit être très-giaude dans les hautes. t ■ ^*^^r,.i,_^. «* 'i— .. i . ii;.5..'l il 5o4 HISTOIRE NATURELLIÎ. régions (le l'air , et qui l'est assez à une lieue de distance de la terre pour y con- vertir en grêle et en neige les vapeurs aqueuses. Car les émanations de la cha- leur propre du globe, suivent la même loi que toutes les autres quantités ou qualités physiques qui partent d'un cen- tre commun-, et leur intensité décrois- sant en raison inverse du carré de la distance, il paroît certain qu'il fait qua- tre fois plus froid à deux lieues qu'à vme lieue de hauteur dans notre atmo- sphère , en prenant chaque point de la surface de la terre pour centre. D'autre part , la chaleur intériejire du globe est constante dans toutes les saisons à lo degrés au-dessus de la congélation : ainsi , tout froid plus grand , ou plutôt toute chaleur moindre de lO degrés , ne peut arriver sur la terre que par la chute des matières refroidies dans la région supérieure de l'air, où les effets de cette chaleur propre du globe dimi- nuent d'autant plus qu'on s'élève phu aune y con- peurs cha- même es on 1 cen- rois- ÉPOQUESDE LANATURK. 5o5 haut. Or la puissance de riiomine no s'ctend pas si loin ; il ne peut faire des- cendre le froid comme il fait monter le chaud ; il n'a d'autre moyen pour se garantir de la trop grande ardeur du soleil que de créer de l'ombre -, mais il est bien plus aisé d'abattre des forêts à Ja Guiane pour en rccliauffcr la terre humide, que d'en planter en Arabie pour en rafraîchir les sables arides : ce- pendant une seule forêt dans le milieu de ces déserts brûlans , sufilroit pour les tempérer , pour y amener les eaux du ciel , pour rendre à la terre tous les principes de sa fécondité , et par con- séquent pour y faire jouir l'homme de toutes les douceurs d'un climat tem« péré. C'est de la différence de température que dépend la plus ou moins grande «•nergie de la Nature-, l'accroissement, le développement et la production même do tons les êtres organisés, ne sont que iIqf. effets particuliers de cette cause gé^ .If 4'-', '... '■'*) liijLti". . ■p^i.Mam.'***' ■■^*i^^ 3of) HISTOIRE NATURELLE, lîéi aie : ainsi riionime , en la modiBânt, peut en même temps détruire ce qui lui nuit , et faire éclore tout ce qui lui con- Tient. Heureuses les contrées oii tous les élémens de la température se trou- vent balancés, et assez avantageusement combinés pour n'opérer que de bons effets ! Mais en est-il aucune qui , dès son origine, ait eu ce privilège? aucune oii la puissance de l'homme n'ait pas se- condfî celle de la Nature, soit en attirant ou défonruant les eaux, soit en détrui- sant les herbes inutiles et les végétaux nuisibles ou superflus , soit en se conci- liant les animaux utiles et les multi- pliant ? Sur trois cents espèces d'ani- maux quadrupèdes et quinze ccjils es- pèces d'oiseaux qui peuplent la surface de la terre , l'homniQ, en a choisi dix- n( lif ou vingt j et ces vingt espèces fi- giaent seules plus grandement dans la JN.itnre, et font pi us de bien sur la terre que loutes les autres espèces réunies. L'Ics figurent plus grandement, parce ï |ui lui \i con- tous Itrou- îmeiit bons ipOQUrS DF. LA N\TITRE. Sof qu^ellcs sont clin\i»('es par l'homnie , et «fuillesa prodi^iri en sèment mnltipliées: elles opèrent de concert avec lui tout le bien qu'on peut attendre d'une sage aiiininistration de forces et de puissan- ce , pour la culture de la terre , pour le transport et le commerce de ses pro- ductions , pour l'augmentation des sub- si stances , en un mot, pour tous les be- soins , et même pour les plaisirs du seul maître qui puisse payer leurs services par ses soins. Et dans ce petit nombre d'espèces d'animaux dont l'homme a fait choix , celles delà poule et du cochon , qui sont les plus fécondes, sont aussi les plus gé- néralement répandues , comme si l'ap- titude à la pins grande multiplication ('toit accompagnée de celte vigueur de tcmpérameat qui brave tous les incon- T('niens. Ou a trouve la poule et le co- ciion dans les parties les moins fréquen- î.'es de la terre , à Otaliiti et dans les JiUrcs îles de tout temps inconnues et > ;i h »■ V îîo8 HISTOIRE NATURELLE. les plus éloignées des continena j il sem-* blo que ces espèces aient suivi celle (le r homme clans toutes ses migrations. Dans le continent igolë de rAmérique méridionale , oii nul de nos animaux n'a pu pénétx'er , on a trouvé le pécari et la poule sauvage , qui , quoique plus petit» et un peu différons du cochon et de la poule de notre continent , doivent néan. moins être regardés comme espèce» très-voisines qu'on pourroit de même réduire en domesticité ; mais l'homme sauvage n'ayant point d'idée de la so- ciété, n'a pas même clierché celle des animaux. Dans toutes les terres de l'A- mérique méridionale, les sauvages n'ont point d'animaux domestiques ; ils dé- truisent indifféremment Jcî. bonnes es- pèces comme les mauvaises ; ils ne font choix d'aucune pour les élever et les multiplier, tandis qu'une seule espèce féconde comme celle du hocco qu'ils ont sous la main , leur fourniroit sans peine et seulement avec un peu de soin 1 ♦. », ^ i.voqviis DE L\ natuhe. 509 qu'ils ne peuvent phis (le subsistances .sen procurer par leurs chasses péni- bles. Aussi le trait de l'li< premier qui commence à se civiliser , est l'em- pire qu'il sait prendre sur les animaux j et ce premier trait de son intelligence devient ensuite le plus grand caractère de sa puissance sur la Nature -, car ce n'est qu'après se les être soumis , qu'il a , par leurs secours , cliangé la face de la terre , converti les déserts en gué- jets et les bruyères en épis. En mul- tipliant les espèces utiles d'animaux, riiomme augmente sur la terre la quan- litë de mouvement et de vie; il enno- blit en même temps la suite entière des êtres, et s'ennoblit lui-même en trans- formant le végétal en animal , et tous deux en sa propre substance , qui se ré- jiand ensuite par une nombreuse mulli- ])lication ; par-tout il produit l'abon- dance , toujours suivie de la grande population j des millions d'homme^ /* df i ! h- \ i 3lO HISTOIRE NATURELLE. existent dans le même espace qu'occu- poient autrefois deux ou trois cents Sauvages ; des milliers d'animaux y où. il y avoit à peine quelques individus ; [»ar lui et pour lui les germes précieux sont les seuls développes ; les produc- tions de la classe la plus noble les seu- les cultivées ; sur l'arbre immense de la fécondité , les branches à fruits seules subsistantes et toutes perfectionnées. Le grain dont l'homme fait son pain , n'est point un don de la Nature , mais le grand , l'utile fruit de ses rechercliei et de son intelligence dans le premier des arts : nulle part sur la terre , on n'a trouvé du blé sauvage , et c'est évi- demment une herbe perfectionnée par ses soins : il a donc fallu rcconnoître et choisir entre mille et mille autres, cette herbe précieuse ; il a fallu la semer, la recueillir nombre de fois pour s'apper- ccvoir de sa multiplication , toujours proportionnée à la culture et à l'en- grais des terres. Et cette propriété , m .,J,. pam, niflis ercïie? cmier on n'a t' • îe par tre et cette îr, la Dper- joura IVn- éte, ]feP0QUES DE LA NA.TURE. 5l pour ainsi dire unique , qu'aie froment de résister dans son premier âge. au froid de nos liivcrs , quoique soumis comme toutes les plantes annuelles , à périr après avoir donné sa graine ; et la qualité merveilleuse de cette graine qui convient à tous les hommes , à tous les animaux , à presque tous les climats y qui d'ailleurs se conserve long- temps sans altération , sans perdre la puissance de se reproduire ; tout nous démontre que c'est la plus heureuse découverte que l'homme ait jamais faite , et qu» quel qu'ancien ne qu'on veuille la sup- poser, elle a néanmoins été précédée d» l'art de l'agriculture fondé sur la scien- ce , et perfectionné par l'observation. Si Von veut des exemples plus mo- dernes et même récens de la puissance de l'homme sur la nature des végétaux, il n'y a qu'à comparer nos légumes , nos fleurs et nos fruits , avec les mêmes es- pèces telles qu'elles étoient il y a cent cinquante ans ) cette comparaison peut -.*