\^ %> *^*' \\ .0^ îs IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 1.1 I4Û 12.0 m IL25 un 1.4 U 1.6 .J V V Sciences Corporalioii 23 WIST MAIN STMIT WSBSTIR,N.Y. USM (716) •72-4503 > * ^ CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHM/ICIVIH Collection de microfiches. Canadian Instituta for Hittorical Microraproductions / Institut canadian da microraproductions hiatoriquaa Tcchnical and Bibliographie Notaa/Notas tachniquas at bîbiiographiquaa Tha Inatituta haa attamptad to obtain ttia baat original copy availabla for filming. Faaturaa of thia copy which may ba bibllographically uniqua. which may altar any of tha imagaa in tha raproduction. or which may aignificantly ehanga tha uaual mathod of filming. ara chackad balow. □ Colourad covora/ Couvartura oa coulaur r~] Covara damagad/ D D D n Couvartura andommagéa Covara raatorad and/or laminatad/ Couvartura raatauréa at/ou palliculéa I — j Covar titia miaaing/ La titra da couvartura manqua I I Colourad mapa/ Cartaa géographiquaa wt coulaur Colourad ink (i.a. othar than biua or biacic)/ Encra de coulaur (i.a. autre que bleue ou noire) r~~| Coloured platea and/or illuatrationa/ Planchée et/ou illuatrationa en couleur Bound with other material/ Reii4 avec d'autrea documenta 0Tight binding may cauaa shadowa or diatortion aiong interior margin/ La r0 liura aerréa peut cauaer de l'ombre ou de la diatoraion io long de la marge intérioura Biank laavei addad during reatoration may appear within tha taxt. 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Maps, platas, charts, atc, may ba fllmad ot diffarant raduction ratloa. Thosa too larga to ba antiraly includad in ona axposura ara fllmad baginning in tha uppar laft hand cornar, laft to right and top to bottom, as many framas as rsquirad. ThA following diagrams illustrata tha mathod: Laa cartas, planchas, tablaaux, atc. pauvant étra filméa é das taux da réduction différants. Lorsqua la documant ast trop grand pour étra raproduit an un saul cliché, il ast filmé é partir da l'angia supériaur gaucha, da gaucha é droita, at da haut an bas, an pranant la nombra d'imagas nécassaira. Las diagrammas suivants illustrant la méthoda. 1 2 3 1 2 3 4 5 6 ^ --s* . ^'■>^^« .^f.,-M.- ' "*■-' , "■(;■ ^■'^/ .' 4 . V, I: 5^ * 1 > t" ," Il HISTOIRE NATURELLE 'Hùty^^m ^''xftji'^ T^^iu:^- i;^w:^fiM^im^r:é i*W^'-W V ■>H*A't>«'.- 1.1 DE B U F F O N. , ■rt- <:- *f QUADRUPEDES. '%r T a.M E II. '-/kV;'! ^"I^r.^s. ''•■».■ **Sr.>-»(«««^ t. .i. V l-v ftl- *>>' ^'J ■f,,- Jll m ^.,L...,. .. mmmt*»-^- if i'e;i|i MO'ii'ï'J^ Lia ■»»^*.i«iiiiiiiihji£ '*•*■«» iimmi mn^iB»!^ '*^ ■»■». .», J:| l%i> HISTOIRE NATURELLE **■*■> W' DE BUFFON, classée par ordres, genres et espèces^ d*après le système de Linné j 4f^£(gPtE8 CARACTÈRES GÉNÉRIQUES LÔMiiéenne ; , ào'tear du Poëms 9. I T I O N* <0T% PE L'IMPRIMERIE DR^^RAFEL A PARIS, Chez Deterville , rue du Battoir^ n° 16, A N 3C -^ i 8 o 2» )... // ,) ' n M t ■..é:,tik»*'*i»^. ■^* .1 ».',-!' > ■ \ •1 j j 'd am A K sgio T e Hî < / "_M{v»*>i;;^^i Wû'ï^iis a a s •»»» "*^*^. •f,!^' -^ ,-. 1 ■'' ' f ■ *Ji%x*'* 5 ;■ "'^' '«'ili>W.ii aniimWM» *-*r' {.Vh!..* - ?'»■-< .-A-. . •■V..,. -fS- ♦£ n 8 1 * btg'jMiit*'' ^«W ta f ;§* f X^ ' :' '^t* ' .V - i -^^v- «'■ * V •fc. ;fj ^i^nt: ■i*''\.. '. ■■«i «. ' ï:;-«s4^.w,^^^^ ■^:-,_ , j^*. •3 (T •■«% .Jf^"^ ♦1. ii i ^!^»2U>^'tv:: ■ VÎ**.' Jiw»>.J/ . ■ \ .' \ \ 7)iMvtv ■ (réf. Lf FtTatrt trm^ AFRICAINS . ' f' -._f -M -■-- ■ "« .l-.aslî'''.. .T^àAV^r ,:.:,.-•'■,.,■.. J». m '*l *'' ; 'iii4i-^ .IS^tiTiTr. :v£rxn. •-^ I ^ myvo\m:^j^riMTJA.g ft^K L' Il O W ME. .^j.- j» ■■ il,- i' •*;%• ;>";. 4 v«> ^i4>if:V*. :^; ivr.:*»4r»,^ V i^.'f,.4UÀiAji?^jta> ,)f,* f 7>^' W-. 'm "^' U:-A -— ^ V''"^'^: ^;i"v -ffii -'■- 4'.'', ■ » w # I ^•rvï ' i? fa*--* I ^>^v >l* ». Jg*- ;u__>' - jf :îi;.H,.. ,**?'ï<: ■4-l">"I»' r^î -i-:iî: i; ■sf: ,- ■( *■*»' '•-•"»:•' .'•■ '■^\ mr : .:;::*«TÎ;:.. ^ " .«s <( «4 »« I ' « M'T,' ,v-t-' pi' ''.ri .•t*T- ■f^ïi V. ■ » ■ •r I .'S* : >H*l' ^» ■ j^ f ai» • ■ f ^ -r J ^ * ^ ' )>» » ■ - 1 - 4» ' -î» i , - - ■■■?■ » " > ■ ■ > ' "i ' i * I « I -. i,Ér^^'-,-v'-^iiÉiMiiwi' M'H- tiss. HISTOIRE NATURELLE *|v*.' 5^ .DE L' HO M M E. ■> '■ 'W i.ii/xj «UITE DES VAlllÉtis DANS I.' ESPÈCE ) ; UUMAINE. v\> ucs nalîons nombreuses qui nabî'tftit les côtes de la Méditerranée dcpui» l'Egypte Jusqu'à rOcéan, et toute Id, profondeur des terres de Barbarie jus" qu'au mont Atlas et au-delà , sont des peuples de différente origine ; les na- turels du pays , les Arabes , les Van- dales , les Espagnols , et plus ancienne^ ment les Romains et les Egyptiens, ont peuplé cette contrée d'hojmnes assez différens entr'eux ; par exemple , les habitans des montagnes d'Auress ont mn air et une physionomie différente Quadrup. II. \ if. ,.M^ :. «DE L* H O M M E. ^^ ■ de celle de leurs voisins j leur teint , loin d'être basane, est au contraire blanc et vermeil, et lenrs cheveux sont d'un jaune fonce , au lieu que les cheveux de tous les autres sont noirs , ce qui , selon M. Shaw , peut faire croire que ces hommes blonds descen- dent des Vandales , qui , après avoir été chasses, trouvèrent moyen de se rétablir dans quelques endroits de ces montagnes. Les femmes du royaume de Tripoli ne ressemblent point aux Egyptiennes dont elles sont voisines ; elles sont grandes , et elles font même consister la beauté à avoir la taille ex- cessivement longue ', elles se font, com- me les femmes arabes, des piqûres sur le visage , principalement aux joues et au menton ; elles estiment beaucoup les cheveux roux , comme en Turquie ^ et elles font même peindre en vermil- lon les cheveux de leurs enfans.«, ,. , M. Bruce assure que non-seulement leg en&ns de^ barbaresqiiQs sont fort i"*-*'' ■.<* DE L' HOMME. S bkncs en naissant, mais il ajoute un fait que je n'ai trouve nulle part j c'est que les femmes qui habitent dans les villes de Barbarie , sont d'une blan« cheur presque rebutante , d'un blanc de marbre qui tranche trop avec le rouge très-vif de leurs joues j et que ces femmes aiment la musique et la danse au point d'en être transportées ; il leur arrière même de tomber en con- vulsion et en syncope lorsqu'elles s'y livrent avec excès. Ce blanc mat des femmes de Barbarie se trouve quelque- fois en Languedoc et sur toutes nos côtes dé la Mëditeitatnée. J*ai vu plu- sieurs femmes de ces provinces avec le teint bFanc mat et les cheveux bruns ou noirs. En général, les femmes maures af- fectent toutes de porter les cheveux longs jusque sur les talons; celles qui n'ont pas beaucoup de cheveux ou qui ne les ont pas aussi longs que les autres^ en portent de postiches , et toutes les '~-ytiimii.>mt-**A^ ^ DE L'HOMM E.' tressent avec des rubans ; elles se tei* gnent le poil des paupières avec de la poudre de mine de plomb ; elles trou* > vent que la couleur sombre que cela donne aux yeux est une beauté singu- lière. Cette coutume est fort ancienne et assez générale , puisque les femmes grecques et romaines se brunissoient les yeux comme les femmes de To- rient. 55 ♦tf^âîMiiM* *i:!j ^^i^rtihu' fuT^itù 'iWil \' La plupart des femmes maures pas- seroient pour belles, même en ce pays- ci ; leurs enfans ont le plus beau teint du monde et le corps fort blanc; il est vrai que les garçons qui sont exposés au soleil brunissent bientôt, mais les filles qui se tiennent à la maison, con- servent leur beauté jusqu'à l'âge do trente ans qu'elles cessent communé- ment d'avoir des enfans ; çn récom* pense elles en ont souvent à onze ans , et se trouvent quelquefois grand'mères à vingt-deux ; et comme elles vivent aussi long-temps que les femmes euro-* :-Y-^,y,y "o. .»»■ Mi D E L' H O M M K. 5 pcennes, elles Toyent ordinairement plusieurs générations, i ft»?r^'ir^!,îv* ^.^w»:*, t * On peut remarquer en lisant la des- cription de ces dijQTérens peuples dans Marmol , que les habitans des monta- gnes de la Barbarie sont blancs, au lien que les habitans des côtes de la mer et des plaines sont basanes et ti'ès-bruns. Il dit expressément que les habitans de Capez , ville du royaume de Tunis sur la Méditerranée, sont de pauvres gens fort noirs; que ceux qui habitent le long de la rivière de Dara dans la pro- vince d^Escure au royaume de Maroc , sont fort basanés; qu'au contraire les habitans de Zarhou et des montagnes de Fez du côté du mont Atlas , sont fort blancs ; et il ajoute que ces der- niers sont si peu sensibles au froid , qu'au milieu des neiges et des glaces de ces montagnes ils s'habillent très-légè> rement, et vont tête nue toute l'année. Et à l'égard des habitans de la Numi- dic; il dit qu'ils sont plutôt basanés qu« •t 6 D s 1' H O ÏS tt s. noirs ; que les femmes y' sont même assez blanches et ont beaucoup d'em- bonpoint , qiioique les hommes soient maigres ; mais que les habitans du Grua^ den dans le fond de la Numidiésur les frontières dti Sénégal , sont plutôt noirs que ba.4anës ; an lieu que dans la pro- vince do Dàra les femmes sont belles > fraîches^ et que par-tout il y a une grande quantité d'esclaves nè^es de Vun et de l'autre seacc.-'^-!^'*'^^ -^^ *^^ Tons'kspeupl es qui habitent entre le vingtième et le trentième ou le trente -^cinquième degré de latitude •nord dans l'ancien continent depuis Ten^pire du Mogol jusqu'en Barbarie, et même dépuis le Gange Jusqu'aux €ôtes occidentales du toyaume de Ma- roc , ne sont donc pas fort différens les uns des autres , si l'on excepte les va- riétés particulières occasionnées par le mélange d'autres peuples plus septen- trionaux, qui ont conquis ou peuplé quelques-unes de ces vastes contrées. 1' ■.^.x^f|fe ,i^ lytit'" mmim f> B L' H O H M B* 7 Cette ëtendae de terre sous les mêmes parallèles , est d'environ deux mille lieues ; les hommes en général y sont bruns et basanés » mais ils sont en même temps assez beaux et assez bien faits. Si nous examinons maintenant ceux qui habitent sous un climat plus tempéré , nous trouverons que les habitans des ]3rovinces septentrionales du Mogol et de la Perse , les Arméniens, les Turcs, les Géorgiens , les Mingréliens, les Cir- cassiens^ les Grecs et tous les peuples de TEurope , sont les hommes les plus beaux , les plus blancs et les mieux faits de toute la tevre , et que quoiqu'il y ait fort loin de Oichemire en Espagne , on de la Circasécie à la France , il né laissé pas d'y avoir une singulière ressem- blance entre ces peuples si éloignés les uns des autres , mais situés à-peu-près à une égale distance de l'équateur. Les Cachemiriens , dit Bemier, sont re- nommés pour la beauté ; ils sont aussi bienfaits que les Européens, et ne tien* — *^"-^ , i D E L' H O M Ht E« nenten rien du visage tartai'c;iU n'ont point ce nez ëcacbé et ces petits yeux de cochon qu'on trouve chez leurs voi- sins ; les femmes sur -tout sont très- belles , aussi la plupart des cHrangers nouveaux-venus à la cour du Mogol y 86 fournissent de femmes cachemi- tiennes, afin d'avoir des enfans qui soient plus blancs que les Indiens , et qui puissent aussi passer pour vrais xnogols. Le sang de Géorgie est encore plus beau que celui de Cachemire ; on ne trouve pas un laid visage dans ce pays, et la nature a répandu sur la plupart des femmes, des grâces qu'on ne voit pas ailleurs; elles sont gi^andes^ bien faites, extrêmement déliées à la ceinture; elles ont le visage charmant. rlics hommes sont aussi fort beaux, ils ont naturellement de l'esprit , et ils se- roient capables des sciences et des arts, mais leur mauvaise éducation les rend . très-ignorans et très-vicieux , et il n'y • R peut-être aucun pays dans le mon^ C ■■"•--'■ îf*^ .-«»^ «^ ■»•-.. ,_«WJ wifBBiWBitiiniipftr» — ?•*" rf-V-iTWC3 ils se- rts, ;nd m'y DE L' H O M M E. 9 où le liber linage et l'ivrognerie soient . à un si haut point qu'en Géorgie. Char- din dit que les gens d'église, comme le» autres , s'enivrent très-souvent, et tien- nent chez eux de belles esclaves dont ils font des concubines -, que personne, n'en est scandalisé, parce que la cou- tume en est générale et même autori^ sée ; et il ajoute que le préfet des capu- cins lui a assuré avoir ouï dire au ca~ thoUcos ( ou appelle ainsi le patriarcha de Géorgie ) que celui qui aux grandea fêtes , comme Pâques et Noël , ne s'eni- vre pas entièrement , ne passe paSs pour chrétie.n et doit être excommu- nié. Avec tous ces vices les Géorgiens ne laissent pas d'être civils , humains , graves et modérés; ils ne se mettent que très-rarement en colère , quoiqu'ils soient ennemis irréconciliables lors- qu'ils ont conçu de la haine contre quel- Les femmes, dit Struys, sont aussi fort belles et fort blanches en Gircas- ■'^ 10 DE L' tl O M M B. BÎe , et elles pnt le plus beau teint et les plus belles couleurs du monde ; leur front est grand et uni, et sans le se- cours de l'art elles ont si peu de sour- cils , qu'on diroit que ce n'est qu'un filet de soie recourbé; elles ont les yeux grands y doux et pleins de feu , le nez bien fait, les lèvres vermeilles, la bouche riante et petite , et le menton comme il doit être pour achever un, parfait ovale ; «Iles ont le cou . - - -, .1 >■ n«i u&a^3^^. \r- .♦ fi la D B L' H O M tt £. Les Mingrëliens sont y au rapport des Voyageurs , tout aussi beaux et aussi bien faits que les Géorgiens ou les Cir- cassiens ; et il semble que ces trois peu- ples ne fassent qu'une seule et même race d'hommes, u II y a en Mingrë^ » lie, dit Chardin, des femmes mer- M vcillcusement , bien faites, d'un aiv M majestueux , de visage et de taille ad- )> mirables ; elles ont outre cela un re- M gard engageant qui caresse tous ceux » qui les regardent; les moins belles et cel< » les qui sont âgées se fardent grossière- » ment , et se peignent tout le visage > » souTxils, joues, front , neZf menton \ )i les autres se contentent de se peindre » les sourcils , elles se parent le plus » qu'elles peuvent. Leur habit est sem- )> blable à celui • des Persanes ; elles )» portent un voile qui ne couvre que le » dessus et le derrière de la tête : elle$ » ont de l'esprit, elles sont civiles et af-« » fectueuses, mais en même temps très- » perûdes, et il n'y a point de mçchan* ,.ii..».— .ij^» gr- ■ -> cetës qu'elles ne mettent eu usage » pour se faire des amans , pour les cou- )> server ou pour les perdre. Les hommes }) ont aussi bien de mauvaises qualités , » ils sont tous élevés au larcin , ils Te* )) tudient , ils en fout leur emploi, leur }) plaisir et leur honneur ; ils content » avec une satisfaction extrême les vols 3) qu'ils ont faits , ils en sont loués j ils » en tirent leur plus grande gloire ; l'as- » sassinat, le vol, le mensonge , c'est )> ce qu'ils appellent de belles actions ; » le concubinage, la bigamie, l'inceste, » sont des habitudes vertueuses en Min* )) grélie :l'on^s'y enlève les femmes les i> uns aux autres , on y prend sans scru- » pule sa tante, sa nièce, la tante de sa » femme; on épouse deux ou trois fem- M mes à la fois , et chacun entretient )) autant de concubines qu'il veut. Les » maris sont trèsrpeu jaloux ; et quand » un homme prend sa femme sur le » fait avec sou galant, il a droit de le )> contraindre à payer un cochon , et Q^uadrnp. II. a. 1 î ' r ..\ il *■} I ' i\ ' \ l4 D B L' II O M M R« » d'ordinaire il ne prend pa? d'autre i} vengeance ; le cochon m mange en-» )> tre eux trois. Ils prétendent que c'est )) 'me très-bonne et très-louable cou- f) tume d'avoir plusieurs femmes et » plusieurs concubines , parce qu'or» » engendre beaucoup d'enfant qu'^ti )) vend argent comptant , ou y l'on » échange pour des hardes ou ^ajul des i) vivres», " ' Au reste , ces esclaveii ne sont pas fort chers, caries hommes âgés depuis vingt - cinq ans jusqu'à quarante ne coûtent que quinze écus ; ceux qui sont plus âgés huit ou dix ; les belles filiejs d'entre treize et dix-huit ans , vingt écus , les autres moins -, les fem- mes douze écus , et les cnfans trois ou quatre. ' Les Turcs qui achètent un très-grand nombre de ces esclaves^ sont un peuple composé de plusieuv. «entres peuples : les A^'méniens, les rn-f^r^^' .| < ■■'■ T-'-'.fit * ■■■'■ ■'■ t •^iiiiMf"^ 19 cl'autre ange en- :quecW Me cou- Qimes et îe qu'or* w qu\ a pouà' des K>nt pas )s depuis 'ante ne îux qui îs belles it ans , les fem- trois ou s-grand peuple îuplos : rabesi^ DE L* U O M M E. l5 les Egyptiers =1 , etnir.nc avec le» Euro- péens dans le temps des crui de Chio qu'dles détrempent , pour » en faire une espèce d'onguent dont 1» elles se frottent tout le corps en i \ ■ ^ ,..<»-.^ïf-,;\-A-^ .-•îaK»-*. I 9 (l V r; 1/ M o M w t, )> l'itlntMl Mil Imiii^ ftiiA^i \mit ([iwU ;* f^MMit niiMi |() ri n(^ lunl (Ir* r/ni% AonrcjjM avfin dii lu I» lf«lnluiT n«»irti, nll<'« ln« font «n (orme )t iltuv ni <^hiv/« «n criMAttHnf , orla i^ftt il hctku k Voir (In loin , nmin l«ir) lor«« V cjn'on rn^urdo fin pr^ /» : cnt liso^n «'«t )> ffonrianl dn fonln anr. innnnUi o. il fljonin fjnn ln/>i'i*nrn«, lionininAni l'nm- inn«, nn portnni dn poil nn ftiinunn par** lin dn c;orp«, n^tnnpté lc« nlinvnnx rt la bfirhn ; (Ju'îIa An mnrvnnt, dn tntinni poin* IVd/fr , fjn*il« ni^dnnt nioilin «u- Idtif: dnnlmnx vivn rpj'il y it dn inurna , rf ({iiMm d^Urnrtipnnt In lonl. dan« di) IVan; rpiVn nninint; danw In hnin ou fippliqnnnnllnpotnmadn^rjij'on laluiMM? MnrIapHin A'f)nn-pr6Attntiinf dn fnnip« (|n'il nn l'anf. ponr cnirn nn wuï ; df» <|nn Ton (■ornmnnnniV itnnr dnn» nnbflin «liand , In poil lombn dn lni-nif;rnn nn In lavant ftnidnnicntd/naucliando Avec I* i '-Wi*. I riififiitt lï lî 1/ If o M ,\f Vé »7 imitift^l in p#'flii oi»r «^ l^iri" lire IcAmairitt, l^« piivl^ rt li'^clirvMitt cri couleur j«iirj« on roiigf? ; ÎU trignf nt •Ji»«i îns bruns que les Syriens , parce qu'il* sont plus méridionaux. ' - : ^'il ' Il en est de même chez les Grecs : ceux de la partie septentrionale de la Grèce sont fort blancs , ceux des îles on des provinces méridionales sont bruns ; généralement parlant , les fem- mes grecques sont encore plus belles et plus vives que les tnrques , et elles ont de plus l'avantage d'une beaucoup plus grande liberté. Gemelli Careri dit qne les femmes de l'île de Chio sont blanches , belles , vives et fort fami- lières avec les hommes ; que les filles voyent les étrangers fort librement, et que toutes ont la gorge entièrement découverte. Il dit aussi que les femmes grecques ont les plus beaux cheveux du monde , sur-tout dans le voisinage h '^0:'V' :-t ...^(«aK* 20 DE l' H O M M lî. i I ht de Constaiitinople ; mais il remarqué que ces femmes dont les cheveux des- cendent jusqu'aux talons , n'ont pas les traits aussi réguliers que les autres grecques. , ..v*«w <; .^ . x.. . ► Les Grecs regardent comme une très-grande beauté dans les femmes, d'avoir de grands et de gros yeux et les sourcils fort élevés ; et ils veulent que les hommes les ayent encore plus gros et plus grands. On peut remar- quer dans tous les bustes antiques, les médailles , &c. des anciens Grecs , quo les yeux sont d'une grandeuir excessive en comparaison de celle des yeux dans les bustes et les médailles romaines. ' Les habi tans des îles de l'Archipel sont presque tous grands nageurs et très - bons plongeurs. Thévenot dit qu'ils s'exercent à tirer les éponges du fond de la mer , et même les hardes et les marchandises des vaisseaux qui se perdent , et que dans l'île de Samos on ne marie pas les garçons qu'ils ne .^^ — Jl . D H l' II O M TVT E. 21 puissent plonger sons Teau à huit bras- ses au moins ; Daper dit vingt brasses, et il ajoute que dans quelques îles , conjme dans celle de Nicarie, ils ont une coutume assez bizarre, qui est de se parler de loin , sur- tout à la cam- pagne, et que ces insulaires ont la voix 81 forte qu'ils se parlent ordinairement d'un quart de lieue et souvent d'une lieue , en sorte que la conversation est coupée par de grands intervalles , la réponse n'arrivant que plusieurs se- condes après la question. Les Grecs , les Napolitains , les Sici- liens , les liabitans de Corse, de Sar- daigne , et les Espagnols , étant situés à-peu-près sous le même parallèle, sont assez semblables pour le teint ; tous ces peuples sont plus basanés que les Français , les Anglais , les Alle- mands , les Polonais , les Moldaves , les Circassiens , et tous les autres habitans du nord de l'Europe jusqu'en Lapo- nie ; oi^ , comme nous l'avons dit au 1 ( ï ^ .~.^i.^^„^M^.r ,,.».iM»«tAW<' 0 ii n i . i \ 1^ / " " / kî' V ■ » î 1'' . '22 D F. 1/ H O M M E. commencement , on trouve une auiio espèce d'hommes. Lorsqu'on fuit le voyage d'Espagne , on commence à s'appercevoir dès Bayonne de la difiFe- rence de couleur ; les femmes ont le teint un peu plus brun , elles ont aussi les yeux plus brillans. Les Espagnols sont maigres et assez petits ; ils ont la taille fine , la tête belle , les traits réguliers , les yeux beaux , les dents assez bien rangées , mais ils ont le teint jaune et basané r les petits enfans naissent fort blancs , et sont fort beaux ; mais en grandis- sant leur teint change d'une manière surprenante , l'air les jaunit , le soleil les brûle , et il est aisé de reconnoître un Espagnol , de toutes les autres na- tions européennes. On a remarqué que dans quelques provinces d'Espagne , comme aux environs de la rivière de Bidassoa, les habitans ont les oreilles d'une grandeur démesurée. Les hommes à cheveux noirs et , •*■ .-». .». *■• ■■.■-. s "ne autie 1 fait le imence à la diffe- îs ont le ont aussi et assez h tête es yeux •ange'es , basane' r blancs , frandis- nanière e soleil anoître les na- ue' que )agne , ère de reilles :s et ■M I DE L' H O M M E. a5 brans commencent à être rares eu Angleterrq , en France , en Hollande et dans les provinces septentrionales de l'Allemagne ; on n'en trouve pres- que point en Danemarck , en Suède , en Pologne. Selon M. Linnseus , les Goths sont de haute taille , ils ont les cheveux lisses , blonds , argentés , et l'iris de l'œil bleuâtre : Gothi cor pore proceriore, capillis albidis redis, oculo» rum iridihus cinereocœrulescèntibus, Les Finnois ont le corps musculeuxet charnu , les cheveux blond-jaunes et longs , l'iris de l'œil jaune-foncé : Feti-' nones corpore toroso, capillis flavispro^ lixis , oculorum iridibusfuscis. Les femmes sont fort fécondes en Suède : Rudbeck dit qu'elles y font ordinairement huit , dix ou douze en- fans , et qu'il n'est pas rare qu'elles en fassent dix-huit, vingt, vingt-quatre, vingt-huit et jusqu'à trente; il dit de plus , qu'il s'y trouve souvent des hom- mes qui passent cent ans, que quel- l ..'■ r '"*<»:•. rt /: . H l 1 «i"es.„„s vivent j.,,q„.iee„t„ "'". «t qu'il y en a ,^* ^'""■'""' *'»•" l'un a v/c„ ce„/ •'"' "" ''"'^ «^' ''"««re cent ; 3W "'•""•^-^'■^ ' t'^ou^'aste a., sujet de 1 „! " '"' 'I"c,selo„lui,,aS.M;; ;2P'""f . et J« premier paV. dû ., , °"'"S'"<^» -"«dite da„n ,t **"• ^"'' ^- r- qu'elle;;;; pirr "^ '"'^p""-^ -"P plu. chai "Cr^"''' ''-- 1"«Ja...Iesdimat,"' ?''^'''^"''''' r' '"O.U. . II. 5 s-. / t --;■' -m Vf i {; !< i. ; ; \: Al a6 DE 1/ H O M M E. chauds. Ils se nôumssoient fort mal , leucs mets favoris n^dtoictit que des concombres ou des melons d' Astracan , qu'ils meitoient pendant l'ëté confire avec de l'eau , de la farine et du sel. Ils se privoient de quelques viandes , comme de pigeofi ou de veau , par des scrupules ridicules : cependant, dès ce temps-là même les femmes vsavoient se mettre du rouge , s'arracher les sour- cils , se les peindre ou s'en former d'ar- tificiels : elles savoient aussi porter des pierreries ^ parer leurs coiffures de perles, se vêtir d'istoffes riches et pré- cieuses ; ceci ne preuve-t-il pas que la barbarie commençoit à finir , et que leur souverain n'a pas eu autant de peine à les policer que quelques auteurs ont voulu l'insinuer? Ce peuple est aujourd'hui civilisé, commerçant, cu- rieux des arts et des sciences, aimant les spectacles et les nouveautés ingé- nieuses. Il nesufiît pas d'un seul grand bomme pour faire ces changemcns ; il brt mal , que des stracan , confire : du sel. riandes , par des '■y dès ce oient se es sour- ler d*ar- »rter des ures de » et pré- 3 que la et que tant de auteurs iple est nt, cu- aimant s ingë- l grand E^ns, il DE L H O M M E. 27 faut encore que ce grand liomme naisse à propos. Quelques auteurs ont dit que l'air de Moscovie est si bon, qu'il n'y a ja- mais eu de peste ; cependant les annales du pays rapportent qu'en i4ai , et pendant les six années suivantes, la Moscovie fut tellement affligée de ma- ladies, contagieuses , que la constitution des habitans et de leurs descendans en fut altérée , peu d'hommes depuis ce temps arrivant à l'âge de cent ans , au lieu qu'auparavant il y en a voit beaucoup qui alloient au - delà de ce terme. '• ,r .^^.■-.- Les Ingriens et les Carélfcns qui Labitent les provinces septentrionales de la Moscovie^ et qui sont les naturels du pays des environs de Pétersbourg , sont des hommes vigoureux et d'une constitution robuste ; ils ont pour la plupart , les cheveux blancs ou blonds : ils ressemblent assez aux Finnois , et ils parlent la même langue , qui n'a \ \ -.%*.^ h* ^ S .' n a8 D E L' H O M M E. aucun rapport avec toutes les autres langues du nord. ' • En rëflëcliissant sur la description historique que nous venons de faire de tous les peuples de l'Europe et de l'Asie, il paroît que la couleur dépend beaucoup du climat , sans cependant qu'on puisse dire qu'elle en dépende entièrement : il y a en effet plusieurs causes qui doivent influer sur la cou- leur et même sur la forme du corps et des traits des différens peuples; l'une des principales est la nourriture , et nous examinerons dans la suite les cliangemens qu'elle peut occasionner. Une autre , qui ne laisse pas de pro- duire son effet , sont les mœurs ou la manière de vivre ; un peuple police qui vit dans une certaine aisance , qui est accoutumé à une vie réglée ^ douce et tranquille , qui }}ar les soins d'un bon gouveinement est à l'abri d'une certaine misère , et ne peut manquer des choses de première nécessité; ser^ ! A ' l'^'i » E L' H O M M r. a^ par cette seule raison composé d'hom- mes pluA forts y plus beaux et mieux faits, qu^unc nation sauvage ot indé- pendante, où chaque individu ne tirant aucun secours de la sociolé , est oblige de pourvoir à sa subsiëtance , de souf-* frir alternativement la faim ou les excès d'une nourriture souvent mau* vaisc , de s'épuiser de travaux ou d& lassitude , d'éprouver les rigueurs du climat sans pouvoir s'en garantir , d'agir en un mot plus souvent comme aniihal que comme homme» En sup- posant ces deux dilFçrens peuples sou9 un même climat , on peut croire que les hommes de la nation- sauvage se- roient plus basanés , plus laids , plus petits, phis ridés , que ceux de la nation policée.' S'ils avoient quelque avan- tage sur ceux-ci , ce seroit par la fore» ou plutôt par la dureté de leur corps ; il pourroit se faire aussi qu'il y eûfe dans cette nation sauvage beaucoup moius de bcssus , de boiteux ^ de sourds. ■ï 4 ;ir 2fo D E L' H O M M B* de louches, &c. Ces hommes dcfec- tueux vivent et même se multiplient dans une nation policëc oh l'on se supporte les uns les autres , oh le fort ne peut rien contre le foible , oh les qualités du corps font beaucoup moins que celles de l'esprit ; mais dans un peuple sauvage , comme chaque indi- vidu ne subsiste , ne vit » ne se dtSfend que par sea qualités corporelles , son adresse et sa force , ceux qui sont nialheurou^empnt nés foibles , défec- tueux , ou qui deviennent incppii^P- dés , cessent bientôt de faire partie de la nation. J'admettrojs donc trois causes , qui toutes trois cor>courent i produire le» variétés que nous remarquons dans les différens peuples de la terre. La pre- mière est l'iniluence du climat ; la se-r conde , qui tient beaucoup 4 la première^ est la nourriture ; et la troisième qui tient peut-être encore plus h la première et à la seconde sont les moeurs. Mais ..tita l E0 nea djfec* nulliplient oà l'on se où le fort le , où les >up moins dma un ^uo jndi- se détend Hea j son qui sont , ddfcc- P»itie d^ ses , qui luire les dans les U pre- emiére, me qui ©mièr© • Mais DE L' H O M M E. 3l ayant que d'exposer les raisons sur les* quelles nous croyons devoir fonder cette opinion , il est nécessaire de don- ner la description des peuples de l'Afri- que et de l'Amérique , comme nous avons donné celle des autres peuples de la terre. Nous avons déjà parlé des nations de toute la partie septentrionale de l'Afrique , depuis la mer Méditerranée jusqu'au tropique; tous ceux qui sont au-delà du tropique depuis la mer Rouge jusqu'à l'océan, sur une lar- geur d'environ peut ou cent cinquante lieues , sont «ncore des espèoes de Maures , mais si basanés qu'ils parois- sent presque tout noirs : les hommes sur-tout sont extrêmement bruns ; les femmes sontuu peu plusblaïuihes , bien faites et assez belles ^ il y a parmi ces Maures une grande quantité do mulâ- tres qui sont encore plus noirs qu'eux , parce qu'ils ont pour mères des né- gresses que les Maures achètent | et } i: . ^ .•■•*.*■■■*• ■»■ *. ^..^à»iii>a*«a* -■\ 32 DE L' H O M ME. desquelles ils ne laissent pas d'avoir beaucoup d'enfans. Au-delà de cette étendue de terrein , sous le dix - sep- tième ou dix-huitième degré de lati- tude nord et au même parallèle , on trouve les nègres du Sénégal et ceux de la Nubie , les uns sur la mer Océane et les autres sur la mer Rouge ; et en- suite tous les autres peuples de l'Afri- que qui habitent depuis ce dix - hui- tième degré de latitude nord jusqu'au dix-huitième degré de latitude sud , sont noirs , à l'exception des Ethio- piens ou Abyssins; il paroît donc que la portion du globe qui est départie par la nature à cette race d'hommeâ^ est une étendue de terrein parallèle à l'équateur , d'environ neuf cents lieues de largeur sur une longueur bien plus grande > sur-tout au nord de l'équateur ; et au-delà des dix-huit ou vingt degrés de latitude sud , les hommes ne sont plus des nègres, comme nous le dirons en parlant des Gaffres et des Hottentots^ 4 m —Wi-^tÇ~^,rf,_^,^. .,.,■-• - »*r<^«,i»».^ _%- '-\r^:. '•> I DE L' H O M M E. 33 On a été long-temps dans l'erreuc au sujet de la couleur et des traits du visage des Ethiopiens , parce qu'on les a confondus avec les Nubiens leurs voisins , qui sont cependant d'une race différente. Marinol dit que les Ethio- piens sont absolument noirs , qu'ils ont le visage large et le nez plat ; les voyageurs hollandais disent la même chose ; cependant la vérité est qu'ils sont différens des Nubiens par la cou- leur et par les traits : la couleur natu- relle des Ethiopiens est brune ou oli- vâtre, comme celle des Arabes méridio- naux , desquels ils ont probablement tiré leur origine. Ils ont la taille haute, les traits du visage bien marqués , les yeux beaux et bien fendus, le nez bien fait , les lèvres petites et les dent» blanches ; au lieu que les habitans de la Nubie ont le nez écrasé , les lèiTes grosses et épaisses , et le visage fort noir. Ces Nubiens , aussi bien que les Barbarins leurs voisins du côté de l'oo / il- 'I r "-— ---^^-^Vi i,/ t-tiuwiuw'-iijs, ■1 W" ) u » ««•ent, sont des espèces d^ „j,„ *oi/e de coton ^ v«ten,ens sont de d«sofe^eurs' "•'^'"""■''''«^««''«t »al bâties Turrr"' ""' «^«^ «* cultivées i T' ~"* ^°rt »»» *««' qu'ils le peuvent I^k'"'"*' """ ï« gens du peÏÏI ,; ^" '^'^««»" «* différem h „ni^ ^ ''^ hameaux «w , la noblesse dans Jm .,„. ■ bourgeoisie dans les autres 1 , ' " ^« peuple encore dam d4.! *""" droits îi. _ "«utres en- ,7 , V -*'' «anquent de sel „t ^ ïoptètentaupoidsdelW Ia" *^ la viande crue et J„ . "'"* «u» le second se^e\LÎ'"'^&- -""«e le plus dei:;;::f,"'sr viandes crues ; ils „« 1.1 *^' '^'' vin.<,„oi,u.ii;ï;rt ™2r;/«' *--n ordinaire est faiteT^^ 'Z W A *,-.-. M E. B nègres assez îgal. un peuple à lens sont de riches en ont »nt basses et ►nt fort mal )bles mcpri-p> uillent, au- bourgeois et meurent ce- is des autres « bameaux es uns , la et les gens autres en- 'Çl , et iJs ils aiment "» les fes- l'egardent a effet de fc point de "es; leur *vec une DE L' H O M M E. 35 graine qu'ils appellent téef, dont ils font une espèce de bière en la laissant fermenter dans Teau : ils en font aussi du pain. Ils se servent de chevaux pour voyager , etde mulets pour porter leurs marchandises j ils ont très - peu de connoissance des sciences et des arts, car leur langue n'a aucune règle , et leur manière d'écrire est très-pea perfectionnée. Il y a de vastes déserts de sable en Ethiopie , et dans cette grande pointe de terre qui s'étend jusqu'au cap Gar^ dafu. Ce pays , qu'on peut regarder comme la partie orientale de l'Ethio- pie , est presqu'entièrement inhabité ; au midi , l'Ethiopie est bornée par les Bédouins , et par quelques autres peu- ples qui suivent la loi mahométane. Les habitans ne sont pas tout- à-fait noirs dans le Zanguebar, la plupart parlent arabe et sont vêtus de toile de coton. Ce pays d'ailleurs , quoique dans U zone torride', n'est pas excessive-^ '.,..- vj m .♦• I |- 36 DE L' H O M M K. nient cliaud , cependant les nnturd.«f ont Icsclievenx noii's et crépus cornino les Nègres ; on trouve même sur toute cette côte, aussi bien qu'à Mosanibi(|ue et à Madagascar y quelques hommes blancs, qui sont, è ce qu'on prétend, Chinois d'origine, et qui s'y sont ha^ bitiiés dans ic temps que les Chinois To^^ageoient dans toutes les mers de l'orient , comme les Européens y voya- |;ent aujourd'hui ; quoi qu'il en soit de cette opinion qui me paroit hasardée , il est certain que les naturels de cette côte orientale de l'Afrique sont noirs d'origine , et que les hommes basanés ou blancs qu'on y trouve , viennent d'ailleurs. Mais pour se former uno idée juste des différences qui se trou-^ vent entre ces peuples noirs , il est né- cessaire de les examiner plus particu- lièrement. Il paroît d'abord, en rassemblant les témoignages des voyageurs , qu'il y a fj^utant de variété dans la race des noiis 4 ■^^:l !,jrV- DE I.' II O M M E# 3/ f|uc clans celle des blancs; les noirs ont , Comme les blancs, leurs Tartares et leurs Gircassicns : ceux de Guinée sont extrêmement laids et ont une odeur insupportable^ ceux de Sofala et do Mosambique sont beaux et n'ont au- cune niau\«:iâe odeur. Il est donc né- cessaire de diviser les noirs en diffé- rentes races, et il me semble qu'on peut les réduire à deux principales ^ celle des Nègres et celle des Caffrcs ; dans la première , je comprends les noirs de Nubie, du Sénégal, du Cap- Vert , de Gambie , de Serrâ-Liona , de la côte des Dents , de la côte d'Or , do celles de Juda , de Bénin , de Gabon , de Lowango , de Congo , d'Angola , et de Benguela , jusqu'au Cap -Nègre ; dans la seconde, je mets les peupl<^s qui sont au-delà du Cap-Nègre jus- qu'à la pointe de l'Afrique , oi\ ils pren- nent le nom de Hottentots , et aussi tous les peuples de la côte orientale de l'Afrique, comme ceux do la terre de Quadrup. II. i ,i 1 ^1 "1 I .i.-^ M i i ' • : i t ■A '1 ■ ^. 3^ DE L' H O M M E. Natal , (le Sofala , de Monomolapa , de Mosambiqiie , de Mcliiide ; les noirs de Madagascar et des îles voisines seront aussi des CafFres^ et non pas des Nègres. Ces deux espèces d'hommes noirs se res- semblent plus par la couleur que parles traits du visage ; leurs cheveux , leur peau, l'odeur de leur corps, leurs mœurs et leur na|:urel sont aussi très-diiférens. Ensuite en examinant en particulier les difierens peuples qui composent cha- cune de ces races noires, nous y verrons autant de variétés que dans les races blanches, et nous y trouverons tou- tes les nuances du brun au noir , comme nous avons trouvé dans les races blan- ches toutes les nuances du brun au blanc. Commençons donc par les pays qui sont au nord du Sénégal, et en sui- vant toutes les côtes de l'Afrique, con« sidérons tous les difiPérens peuples que les voyageurs ont reconnus, et desquels ils ont donné quelque de/^cription ; d'a- bord il est oeïtaiu que les naturels des 1 m ■'y \. -iï*œ E. Tiolapa , de es noirs de nés seront es Nègres, oirs se res- jue parles eux , leur irs mœurs •diiFérens. 'articulier 9sent cha- y verrons les races ons tou- Cj comme ces blan- au blanc, pays qui en sui- ue, eon« pies que desquels >n ; d'a- irels des DE L' H O M M E. 3g îlestJanaries ne sont pas des nègres, puisque les voyageurs assurent que les anciens habitans de ces îles ëtoient bienfaits, d'une belle taille , d'une forte complexion ; que les femmes étoient belles , et avoient les cheveux fort beaux et fort fins, et que ceux qui habiloient la partie mëridicnale de chacune de ces îles ëtoient plus oli» vâtres que ceux qui demeuroient dans la partie septentrionale. Duret ^ page ya de la relation de son voyage à Lima, nouA apprend que les anciens habitans de l'îie de Tënëriffe ëtoient une nation robuste et de haute taille , mais maigre et basanée , que la plupart avoient le nez plat. Ces peuples, comme Ton voit , n*ont rien de commun avec les Nègres , si ce n'est le ne a plat ; ceux qui habitent dans le conti- nent de l'Afrique à la même hauteur de ces îles sont des Maures assez basa- nes, mais qui appartiennent, aussi bien que ces insulaires, à la race des blancs. ■ii^- KIWW "«••«•■IPP . •( 4b î) E L' H O M M E. Les liabitiins du Cap-Blanc sonff en- core des Maures qui suivent la loi mahomëtane ; ils ne demeurent pas long-temps dans un même lieu , ils sont errans comme les Arabes , de place en place , selon les pâturages qu'ils y trou- .vent pour leur bëtail dont le lait leur sert de nourriture j ils ont des che-* .vaux, des chameaux, des bœufs, des chèvres , des moutons ; ils commercent avec les Nègres qui leur donnent huit ou dix esclaves pour un cheval, et deux ou trois pour un chameau ; c'est da ces Maures que nous tirons la gomme ara- l)ique , ils en font dissoudre dans le lait îlont ils se nourrissent, ils ne mangent que très-rarement de la viande , et ils ne tuent guère leurs bestiaux que quand ils les voient près de mourir de vieil- lesse ou de maladie. Ces Maures s'étendent jusqu'à la ri- vière du Sénégal, qui les sépare d'avec les Nègres-, les Maures, comme nous venons de le dire , ne sont que basanés j 1 ,p.:.-^„- „.. r^j* P E L' H O M M E. 4l ils habitent au nord du fleuve , les Nè- gres sont au midi et sont absolument noirs; les Maures sont errans dans la . campagne , les Nègres sont sédentaires et habitent dans des villages j les pre- miers sont libres et indépendans , les seconds ont des rois qui les tyrannisent et dont ils sont esclaves; les Maures sont assez petits , maigres et de mau- vaise mine^ avec de l'esprit et de la fi- nesse ; les Nègres , au contraire , sont grands, gros, bien faits, mais niais et sans génie ; enfin le pays habité par les Maures n'est que du sable si stérile qu'on n'y trouve de la verdure qu'en très-peu d'endroits^ au lieu que le pays des Nègres est gras , fécond en pâtu- rages, en millet et en arbres toujours verds, qui à la vérité ne portent pres- que aucun fruit bon à manger. ,i i^; On trouve en quelques endroits , au nord et au midi du fleuve , une espèce d'hommes qu'on appelle Foules , qui semblent faire la nuance entre les ^1 w •• ».^*V tf* %^^»-^^I^V^Av t-*^ »«l,.lWll ■*■ "■^riigi II. 42 D E L' H O M M K. Maures et les Nègres , et qui pour- roient bien n'être que des mulâtres produits par le mélange des deux na- tions -, ces Foules ne sont pas tout-à- fait noirs comme les Nègres, mais ils sont bien plus bruns que les Maures et tiennent le milieu entre les deux; ils sont aussi plus civilises que les Nè- gres , ils suivent la loi de Mahomet comme les Maures, et reçoivent as- sez bien les étrangers. Les iles du Cap-Verd sont de même toutes peuplées de mulâtres venus des premiers Portugais qui sW établirent > et des Nègros qu'ils y trouvèrent ; on les appelle Nègres couleur de cuiure , parce qu'en effet , quoiqu'ils ressem- blent assez aux Nègres par les traits , ils sont cependant moins noirs , ou plutôt ils sont jaunâtres ; au reste ils sont bien faits et spirituels , mais fort paresseux ; ils ne vivent pour ainsi dire que de chasse et de pêche; ils dres- sent leurs chiens à chasser e^t à pren- D B L' H O M M B. 43 cire les chèvres sauvages; ils font part de leurs femmes et de leurs filles aux étrangers ; pour peu qu'ils veuillent les pa jer ; ils donnent aussi pour des épingles ou d'autres choses de pareille valeur , de fort beaux perroquets très- faciles à apprivoiser , de belles coquil-* les , appelées porceLânes y et même de Tamblre gris , &c. ., Les premiers Nègres qu'on trouve , sont donc ceux qui habitent le bord méridional du Sénégal *, ces peuples , aussi bien que ceux qui occupent tou^ tes les terres comprises entre cette ri- vière et celle de Gambie , s'appellent Jalofes ; il<; suiit tous fort noirs , bien proportionnés , et d'une taille assez avantageuse, les traits de leur visage sont moins durs que ceux des autres Nègres ; il y en a , sur-tout des femmes , qui ont des traits fort réguliers ; iU ont aussi les mêmes idées que nous de la beauté , car ils veulent de beaux yeux , une petite bouolie , des lèvres \i *- ♦•■ '44 D E L* H O M M E. proportîonnëes, et un nez bien fait ; il n'y a que sur le fond du tableau qu'ils pensent différemment; il faut que la couleur soit très-noire et trës^luisante: ils ont aussi la peau très-fine et très-^ douce, et il y a parmi eux d'aus^ belles femmes , à la couleur près , que dans aucun autre pays du monde ; elles sont ordinairement très-bien faites, Irès-gaies , très-vives , et très-portées à l'amour ; elles ont du goût pour tous les hommes , et particulièrement pour les blancs qu'elles clicrclient avec em* pressement, tant pour se satisfaire , que pour en obtenir quelque présent : leurs maris ne s'opposent point à leur penchant pour les étrangers, et ils n'en sont jaloux que quand elles ont commerce avec des hommes de leur nation : ils se battent même souvent à ce sujet à coups de sabre ou de cou- teau , au lieu qu'ils offrent souvent aux étrangers leurs femmes, leurs filles ou leurs aoBur&i et tiennent à honneur do m DE L' H O M M E. 45 n'èlre pas refuses. Au reste ces femmes ont toujours la pipe à la bouche , et leur peau ne laisse pas d'avoir aussi une odeur désagréable lorqu'elles sont échauffées , quoique l'odeur de ces Nè- gres du Sénégal soit beaucoup moins forte que celle des autres Nègres j elles aiment beaucoup à sauter et à danser au bruit d'une calebasse, d'un tam- bour ou d'un chaudron ; tous les mou- vemens de leurs danses sont autant d© postures lascives et de gestes indécens. mies se baignent souvent et elles se li- ment les dents pour les rendre plus éga- les ; la plupart des filles avant que de se marier se fon t broder la peau de différen- tes figures d'animaux y de fleurs , &c. I^es Négresses portent presque tou- jours leurs petits enfans sur le dos pendant qu'elles travaillent; quelques voyageurs prétendent que c'est par cette raison que les Nègres ont com- munément le ventre gros et le nez ap- plati ] la mère en se haussant et se bais.^ •M "if" t it > 4i5 * D E L' H O M M E. sant par secousses , fait donner du nez contre son dos à l'enfant, qui pour éviter le coup se retire en arrière au- tant qu'il le peut, en avançant le ven- tre, ïls ont tous les cheveux noirs et crépus comme de la laine frisée , c'est aussi par les cheveux et par la couleur qu'ils diffèrent principalement des au- tres hommes , car leurs traits ne sont peut-être pas si différens de ceux des Européens que le visage tartare l'est du visage français. Le Père du Tertre dit expressément que si presque tous les Nègres sont camus, c'est parce que les pères et mères écrasent le nez à leur-en- fans -, qu'ils leurs pressent aussi les lèvres pour les rendre plus grosses ; et que ceux auxquels on ne fait ni l'une ni l'autre de ces opérations , ont les traita du visage aussi beaux , le nez aussi élevé , et les lèvres aussi minces que les Européens ; cependant ceci ne doit s'entendre que des Nègres du Sénégal , qui sont de tous les Nègres les plus ; M E. mer du nez i qui pour arrière au- ?ant le ven- ux noirs et Visëe, c'est • la couleur ent des au- its ne sont e ceux des are Test du Tertre dit le tous les rce que les 'àleursen- JÎ les lèvres '; et que i Tu ne ni t les traita nez aussi inces que ci ne doit Sénégal , les plus DE L' H O M M E. iy beaux et les mieux faits ; et il paroît que dans presque tous les autres peu- ples nègres , les grosses lèvres et le nez large et ëpatté sont des traits don- nes par la nature > qui ont servi de mo- dèle à l'art qui est chez eux en usage d'applatir le nez et de grossir les lè- vres à ceux qui sont néA avec cette perfection de moins. Les Négresses sont fort fécondes et accouchent avec beaucoup de facilite r.t sans aucun secours; les suites de 'tvars couches ne sont point fâcheuses , et il ne leur faut qu'un jour ou deux de repos pour se rétablir; elles sont très-bonnes nourrices , et elles ont une très-grande tendresse pour leurs en-* fans ; elles sont aussi beaucoup plus spirituelles et plus adroites que les hommes ; elles cherchent même à se donner des vertus, comme celles de la discrétion et de la tempérance. Le Père du Jaric dit que pour s'accoutu- mer à manger et parler peu ; les Nér '"^-.»î 'i-* •'■•*: / (\ fr Vî 48 DE L II O St M E. 1^ i )i / / ■ gresses Jafolcs prennent de l'eau le matin et la tiennent dans leur bouclie pendant tout le temps qu'elles s'occu- pent à leurs affaires domestiques, et qu'elles ne la rejettent que quand l'heure du premier repas est arrivée. Les Nègres de l'île de Gorëe et da la côte du Cap-Verd sont, comme ceux du bord du Sénégal , bien faits et très-noirs : ils font un si grand cas dfi leur couleur , qui est en effet d'un noir d'ébène profond et éclatant , qu'ils méprisenii: les autres Nègres qui ne sont pas si noirs, comme les blancs mé- prisent les basanés *, quoiqu'ils soient forts et robustes, ils sont très-pares- seux ; ils n'ont point de blé , point de vin , point de fruits ; ils ne vivent que de poisson et de millet , ils ne mangent que très-rarement de la viande ; et quoiqu'ils aitnt fort peu de mets à choisir , ils ne veulent point manger d'herbes, et ils comparent les Euro- péens aux chevaux ; parce qu'ils manr .^p^ *— ..^ '.>^-1ï'(dfe.. tiâàôïï de Teau ]o leur boucbe elles s'occu- lestiques, et que quand est arrivée. Gorëe et de Ht , comme ; bien faits si grand cas n eflFet d'un îtant , qu'ils 'res qui ne i blancs mé- u'ils soient très-pares- é, point de vivent que le mangent riande ; et de mets à nt manger les Euro- u'ils rnsen-^ DE L' H O M M E. 49 de l'herbe lu reste ils aiment passionnément l'eau-de-vie , dont ils s'enivrent souvent j ils vendent leurs enfans , lenrs parens , et quelquefois ils se vendent eux-mêmes pour en avoir. Ils vont presque nus ; leur vê- tement ne consiste que dans une toilo de coton qui les couvre depuis la cein- ture jusqu'au milieu de la cuisse ; c'est tout ce que la chaleur du pays leur permet , disent-ils , de porter sur eux ; la mauvaise chère qu'ils font et la pau- vreté dans laquelle ils vivent , ne les empêchent pas d'être contens et très- gais ; ils croyent que leur pays est le meilleur et le plus beau climat de la terre , qu'ils sont eux-mêmes les plus beaux hommes de l'univers , parce qu'ils sont les plus noirs j et si leurs femmes ne marquoient pas du goût pour les blancs , ils en feroient fort peu de cas à cause de leur couleur. Quoique les Nègres de Serra-Liona ne soient pas tout-à-fait aussi noirs quo Quadrup. II. û If ' n ■*\; .■*-^- - — • — - -- •■**iw.r '^"*^tV ,; ■S il ■V: î..'' 5o T)E L' HOMME* ceux du Sénégal , ils ne sont cependant pas , comme le dit Struys, tome I,page 93, d'une couleur roussâtre et basanée, ils sont , comme ceux de Guinée y d'un noir un peu moins foncé que les pre- miers. Ce qui a pu tromper ce voya- ge :ir , c'est que ces Nègres de Serra- liiona et de Guinée se peignent sou- vent tout le corps de rouge et d'autres couleurs ) ils se peignent aussi le tour des yeux de blanc ^ de jaune , derouge, et se font des marques et des raies de différentes couleurs sur le visage ; ils se iont aussi les uns et les autres dé- chiqueter la peau pour y imprimer des ligures de bêtes ou de plantes ^ les fem- mes sont encore plus débauchées que celles du Sénégal , il y en a un très- grand nombre qui sont publiques , et cela ne les déshonore en aucune façon. Ces Nègres , hommes et femmes , vont toujours la tête découverte , ils se ra- sent ou se coupent les cheveux , qui sont fort courts , de plusieurs manières ■»-^-. t cependant orne I,page et basanëe, liiiëe y d'un ue les pre- T ce voya- s de Serra- gnent sou» et d'autres Livssi le tour , derouge, es raies de visage ; ils autres d^ iprimerdes s j les fem- ichees que a un très- liques, et une fa.çon. mes, vont ils se ra- eux , qui î manière» -1.1 DE L' H O M M E. 5l différentes , ils portent des pen ans d*oreilles qui pèsent jusqu'à trois ou quatre onces ; ces pendans d'oreilles «ont des dents , des coquilles , des cor- nes , des morceaux de bois , &c. ; il y en a aussi qui se font percer la lèvre supérieure ou les narines pour y sus- pendre de pareils ornemens ; leur vê- tement consiste en une espèce de ta- blier fait d'écorco d'arbre , et quelque» peaux de singe qu'ils portent par-desstis ce tablier , ils attachent à ces peaux des sonnailles semblables à celles que portent nos mulets •, ils couchent sur des nattes de jonc , et ils mangent du poisson ou de ta viande lorsqu'ils peu- vent en avoir ; mais leur principal© nourriture sont des iguanes ou des ba- nanes. Ils n'ont aucun goût que celui des femmes , et aucun désir que celui de ne rien faire ; leurs maisons ne sont que de misérables chaumières , ils de- meurent très-souvent dans des lieux sauvages , et dans des terres stériles . *.„, ^»«»— ..-»*♦■*' - -^ ^. «.-«Iv.,^ i ' A i n 5a DE L' H O M M E. tandis qu'il ne liendroit qu'à eux d'ha- biter de belles vallées , des collines agrt^ables et couvertes d'arbres , et des campagnes vertes , fertiles et entre- coupées do rivières et do ruisseaux agréables ; mais tout cela ne leur fait aucun plaisir , ils ont la même indiffé- rence presque sur tout ; les chemins qui conduisent d'un lieu à un autre sont ordinairement ^eux fois plus longs qu'il ne faut ; ils ne cherchent point à les rendre plus courts , et quoiqu'on leur en indique les moyens , ils ne pen- sent jamais à passer par le plus court y ils suivent machinalement le chemin battu , et se soucient si peu de perdre ou d'employer leur temps , qu'ils ne le iiiesurent jamais. Quoique les Nègres de Guinée soient d'une santé ferme et très-bonne , rare- ment arrivent-ils cependant à une cer- taine vieillesse; un Nègre de cinquante ons est dans son pays un homme fort V^eux j ils parolssent l'être dès l'âge do m>\ DE L' U O M M E. 53 quarante : l'usage prcmaturd des ieni- mes est peut-être la cause de la brië' vetc de leur vie ; les enfaiis sont si dé- l)auchës et si peu contraints par les pères et mères , que dès leur plus ten- dre jeunesse ils se livrent à tout ce que la nature leur suggère ; rien n'est si rare que de trouver dans ce peuple quelque fille qui puisse se souvenir du temps auquel elle a cessé d'être vierge* Les Iiabitans de l'île Saint-Thomas , de l'île d' Anabon , &c. sont des Nègre» semblables à ceux du continent voisin ', ils y sont seulement en bien plus petit nombre , parce qve les Européens les ont chassés , et qu'ils n'ont gardé que ceux qu'ils ont réduits en esclavage. Ils vont nus , hommes et femmes, à l'ex- ception d'un petit tablier de coton. Mandelslo dit que les Européens qui se sont habitués ou qui s'habituent ac- tuellement dans cette île de Sainte- Thomas , qui n'est qu'à un degré et demi de l'équateur ,, conservent leur I* '■■.ç#Ah^*^*^ " ■wM ««^ '•"U: ■MtW^^M». 54 DE L' H O M M E. couleur , et demeurent blancs jusqu'à la troisième général ion ; et il semble insinuer qu'après cela ils deviennent noirs ; mais il ne me paroît pas que ce changement puisse se faire en aussi peu de temps. Les Nègres de la cote de Juda et d'Arada sont moins noirs que ceux da Sénégal et de Guinée , et même que Ceux de Congo : ils aiment beaucoup là chair de chien ^ et la préfèrent à toutes les autres viandes ; ordinairement la première pièce de leur festin est un chien rôti ; le goût pour la chair de chien n'est pas particulier aux Nègres , les Sauvages de l'Amérique septentrio- nale et quelques nations tartares ont le même goût j on dit même qu'en Tar- tarie on châtre les chiens pour les en- graisser et les rendre meilleurs à manger. Selon Pigafetta , et selon l'auteur du voyage de Drack , qui paroît avoir copié knot à mot Pigafetta sur cet article , les Nègres de Coit^o sont noirs , mais ■'■«ritii— *<*^<|W i .:-■'-< *^^--,J^..^:mUl*^ V-** ^'^'M F. ns jusqu'à il semble ^viennent •as que ce aussi peu Juda et ' ceux dtt ême que Lucoup là. ; à toutes ment la 1 est un chair de Nègres, >tentrio- ires ont 'en Tar- ies en- Bianger. teur du •ir copié article , ; mais f \ DE l' H O M M E. 55 les uns plus que les autres , et moins que les Sénégalois ; ils ont pour la plu- part les cheveux noirs et crépus , mais quelques-uns les ont roux ; les hommes sont de grandeur médiocre : les uns ont les yeux bruns , et les autres couleur de vert de mer ; ils n'ont pas les lèvres si grosses que les autres Nègres , et les traits de leur visage sont assez sembla- bles à ceux des Européens. lisent des usages très-singuliers dans certaines provinces de Congo : par exemple , lorsque quelqu'un meurt à Lowango , ils placent le cadavre sur une espèce d'amphithéâtre élevé de six pieds , dans la posture d'un homme qui est assis les mains appuyées sur les ge> noux , ils l'habillent de ce qu'ils ont do plus beau, et ensuite ils allument du feu devant et derrière le cadavre ; à mesure qu'il se dessèche et que les étof- fes s'imbibent , ils le couvrent d'autres étoffes jusqu'à ce qu'il soit entièrement desséché , après quoi ils le portent en )■■ {\ l â { ...•*i et ils ressemblent assez aux Hottentots , desquels ils sont voi- sins du côté du midi. Ces Hottentots au contraire sont bien connus^ et presque tous les voyageurs en ont parlé : ce ne sont pas des Nègres , mais des Caffres , qui ne seroient que basanés s'ils ne se noircissoient pas la peau avec des grais- ses et des couleurs. M. Kolbo , 9 li a fait une description si exacte de ces peuples; les regarde cependant comms ( m t' { —'--s e— !-— •• 1 .;..—'■: , ., ,, .:,:vrv'. :•.:',' .i:_v,. ;>^-.-';;^^"' r^'J'" ^'^ .!W- ce qui fait ][uatre cents [ue ces honi'- tioirs que lea nblent assess ils sont voi- tottentots au et presque >arlë : ce ne des Caffres , is s'ils ne se 'ecdesgrais- olbo , q 11 a icte de ces iant commo D E V^ H O M M E. 65 des Nègres ; il assure qu'ils ont tous les cheveux courts, noira, frises et lai- neux comme ceux des Nègres y et qu'il n'a jamais vu un seul Hottentot avec des cheveux longs. Cela seul ne suffit pas y ce me semble , pour qu'on doive les regarder comme de vrais Nègres: d'abord ils en diffèrent absolument par la couleur. M. Kolbe dit qu'ils sont couleur d'olive ; et jamais noirs, quel- que peine qu'ils se donnent pour le de- venir ; ensuite il me paroît assez diffi- cile de pr(»ioncer sur leurs. cheveux, puisqu'ils ne les peignent ni ne les la- vent jamais, qu'ils les frottent tous Ica jours, d'une très-grande quantité de graisse et de suie mêlées ensemble , et qu'il s'y amasse tant de poussière et d'ordure, que se collant à la longue les uns STJCs. siutres, ils ressemblent à la toi- son d'un mouton noir, rempli de crot- tes. D'ailleurs leur naturel est différent de celui à§i^ Nègres ; cenx*Hîi aiment la. propreté;» 8*mi sédentaires, et s'accou- ' »i ;*r>^i^ •ai' 6^6 DE L' H O M M E. turtieht aisément au joug de la servitu- de : les Hottentots au cantraire sont de la plus affreuse mal-propreté ; ils sont er- rans , indépeudans et trèsrjaloux de leur liberté : ces difierences sont, comme Ton Toit, plus qxie suffisantes pour qu'on doive les regarder comme un peuple dif- férent des Nègres que nous avons décrits. Gama^ qui le premier doubla le Cap de Bonne-ïlspérance , et fraya la route des Indes aux nations européennes , arriva à la baie de Sainte-H^Hène le 4 novembre i4q7 , il trouva que les ha- bitans étoieht fort noirs , de petite taille et de fort mauvaise mine ; mais il ne dit pas qu'ils fussent naturelle- ment noirs comme les Nègres, et sans doute ils ne lui ont paru £art tidirs ^tie par la graisse et la >suie doiU ils se frot- tent pour tâcher de âe rond#é t^s. Ce voyageur ajoute que rartieulation de leur voix ressembloit à des soupirs , qu'ils étoient vétus de pealux de bêties , que leurs armes étoient des bâtons dur- Π1 -4. Hm.tiAiié>iiiiC. /r M E. de la servi tu- Ltraire sont de ^te' ; ils sont er- jaloux de leur it, comme Ton » pour qu'on un peuple dif- avonsdëGrits. iouWa le Cap irayala route suropëennes , -Hélène le 4 a que les ha> , de petite mine; mais t naturëlle- gres, et «ans >rt ndirs ^\ie I. iUsefrot- id#é teis. Ce CUlation de es âoupirs , »x de bêtes ^ îâtojis dur- ■ij M 11' D E L' H O M ]« ». 67 cis au fea , armes par la pointe d*une corne do quelque animal; &€. Ces peu- ples n'aroient dpnc aucUn de» arts en usage ohea les Nègres. Les voyageur» hoUaudds disent que les Sauvages qui sont au nord du Cap , sont des hommes plus petits que les Européens > qu'ils ont le teint roux- brun , quelq«tes-'uns plus roux et d'au- tres moins , qn'ils sont fort laids , et qu'ils ckereh€f»t à se rendre noirs par la couleur qu'ils s'appliquent sur le corps et sur le visage ) que leur che^ velure est semblable à celle d'un pen- du qui a demeure quelque; temps au gibet; Ils^sentdans un autre endroit, que les Hottentots sont de ta couleur des mnlàtres , qu'ils ont le visage dif- forme, qu'ils sont d'une taille ^nédio- cre f maigres et fort lëgers à la course ; que leur langage est étrange , et qu'ils gloussent ooihnïe des coqs d'fnde. Le Père Tackard dit que quoiqu'ils aient oommufiéiîlent les ckeveux presque ( l -•éSîM*?**** 'À 68 DE LHOMME* aussi cotonneux que ceux des Nègres-^ il y en a cependant plusieurs qui les cvnt plus longs , et qu'ils les laissent flotter sur leurs épaules; il ajoute même que parmi eux il s'en trouve d'aussi blancs q^i^ ^ «^ Européens^ mais qu'ils se noircissen/i: avec de la graisse et de la poudre d'une certaine pierre noire , dont ils se frottent le visage et tout le corps ', que leurs femmes sont naturel- lement fort blanches y mais qu'afin de plaire à leurs maris elles se noircissent comme eux. Ovington dit que les Hot- tentotssont plus basanes .ae les antie Indiens , qu'il n'y a point de peuple qui ressemble tant aux Nègres par la cou- leur et par les traits ; que cependant ils ne sont pas si noirs, que leurs cheveux ne sont pas si crépus ni leur nez si plat. Voi( ce que rapporte M. le vicomte deQuerhoënt, au sujet dô cette ex- croissance de pi AU que les voyageurs ont appelée le tablier des Kottentotes.. (( U t/^ faux que les femmes hotr 7î:-! mi m%:i ,^*^' ■«*'■««« ,¥*(»■-■.■*>-*»■ ■ if^^^'^nm des Nègre»^ leurs qai les ( les laissent ajoute même ouve d'aussi t mais qu'ils graisse et de )ierre noire , le et tout le lont naturel- is qu'afin de 5 noircissent que les Hot- ae les antre e peuple qui s par la cou- lependant ils urs cheveux nez si plat. '., le vicomte e cette ex- voyageurs [ottentotes.. îmmea hotr D E L' H O M M E. 69 tentotes aient un tablier naturel qui re- couvre les parties de leur sexe ; tous les babitansduCap de Bonne-Espërance as- surent le contraire , et je l'ai ouï dire au lord Gordon qui ë toit allé passer quelque temps chez ces peuples pour en être cer- tain y mais il m'a assuré en même temps que toutes les femmes qu'il avoit vues avoient deux protubérances char- nues qui sortoien., d'entre les grandes lèvres au-dessus du clitoris, et tom« boient d'environ deux ou trois travers de doigt j qu'au premier coup-d'œil, ce> deux excroissances ne paroissoient p< nt séparées. Il m'a dit aussi que quelquefois ces femmes s'entouroient le ventre de quelque membrane d'a- V nal , et que c'est ce qui aura pu don- ner lieu à l'histoire du tablier. Il est fort difiicile de faire cette vérification y elles sont naturellement très-modes-* tes , il faut les enivrer pour en veniï à bout. Ce peuple n'est pas si excès-* sivement laid que la plupart des voya- f re ' I fO » E L'H O M M E. geiirs veillent le faire accroire; j'ai trouve qu'il avoit les traits plus appro- cbans deâ Européens que les Nègres d'Afrique. Tous les Hottentots que j'ai Vus étoient d'une taille très -médiocre ; Hs sont peu courageux , aiment avec excès les liqueurs fortes , et paroisscnt fort flegmatiques. ^ s ï :? :p t u.-. • Tous les Hottentots ont le nez fort plat et fort large ; ils nePauroient ce- pendant ]#as tel si les mères ne se fai- «oient un devoir de leur applatit le nez peu de temps après leur naissance ; elles regardent un nez proéminent comme une difTormité ; ils ont aussi les lèvres fort grasses , sur-fout la supé- rieure , les dents fort blanches , les sourcils épais , la tète grosse , le corps maigre , les membres menus ; ils ne vi- vent guère passé quarante ans : la mal- propreté dans laquelle ils se plaisent et croupissent , et les viandes infectées et corrompues dont ils font leur prin- cipale nourriture ; sont sans doute les '':"~Hr< yi E. :croire; j'ai i plus appro- ) les Nègres ntots que j'ai s -médiocre ; aiment avec et paroissent t le nez fort .^auroient ce- res ne se fai- pplatit le nez ir naissance *, proéminent } ont aussi les out la supé- )lanclîes , les )sse , le corps us 5 ils ne vi- 5 ans : la mal- s se plaisent des infectées nt leur prin- Eins doute les DE L' H O M M E. 7I causes qui contribuent le plus au peu de durée de leur vie. Je pourrois m'é- tendre bien davantage sur la descrip- tion de ce vilain peuple ; mais comme presque tous les voyageurs en ont écrit fort au long , je me cpAtentM*ai d*y renvoyer. Seulement je ne dois pas passer sous silence un fait rapporté par Tavernier , c'est que les Hollandais ayant pris une petite fille liottentote peu de temps après sa naissance , et l'ayant élevée parmi eux , elle devint aussi blanche qu'une Européenne, et U présume que tout ce peuple seroit as- sez blanc, s'il n'étoit pas dans l'usage de se barbouiller continuellement avec des drogues noires. ... , *f>'j^ ^ • - -^ En remontant le long de la côte dô l'Afrique au-delà du Cap de Bonne- Espérance f on trouve la terre de Na« tal; les habitans sont déjà différens des Hottentots, ils sont beaucoup lûoiiïs malpropres et moins laids, ils sont aussi naturellement plus noirs ^ Us ont le yir \ ;• ■l .-.«'Iri 'r% ^'-fr*'"^"^- j^: ■^■^m,Mn' ''"""" ' '<^^|»iawi»ii«-.«W>.»«-*r^ta»*^ • 'Jl^r.. '■~'W» 'I 1/ M y. »\ i- 72 D E l' H O M M Ê. sage en ovale , le nez bien proportion- ne , les dents blanches , la mine agréa- ble , les cheveux naturellement frises ; mais ils ont aussi un peu de goût pour l£t graisse , car ils portent des bonnets faits de suif de bœuf ^ et ces bonnets ont huit à dix pouces de hauteur j ils emploient i}eaacOup de temps à les faire , car il faut pour cela que le suif soit bien ëpuré : ils ne l'appliquent que peu à peu , et le mêlent si bien dans leurs cheveux qu'il ne se défait jamais. M. Kolbe prétend qu'ils ont le nez plat, même de nfàssance^ et sans qu'^n le leur applatisse, et qu'ils diffèrent aussi des Hottentots en ce qu'ils ne bé- gayent point , qu'ils ne frappent point leur palais de leur langue comme ces derniers , qu'ils ont àes maisons, qu'ils cultivent la terre, y sèment une es- pèce de maïs ou blé de Turquie, dont ils font de la bière ; boisson inconnue aux Hottentots. ;^ . Après U terre de Natal ; on trouve .■fl?p*- ■•■■**' S:*^ -'-'-♦-*? Vp^, mAim !ii-."-..'"t'^'*[i(i proportiofl- mine agrëa- neut frises ; goût pour la sonnets faits lets ont huit Is emploient faire , car il if soit bien t que peu à i dans leurs : jamais. M. le nez plat , ins qu'^n le ffèrent aussi a'ils ne bë- appent point ; comme ces lisons, qu'ils lent une es- urquie, dont on inconnue , on trouve DE L' H O M M E. '/S celle de Sofala et du Monomotapa 9 selon Pigafetta , les peuples de Sofala font noirs, mais plus grands et plus gros que les autres Caffres ; c'est aux environs de ce royaume de Sofala que cet auteur place les Amazones , u?ais rien n'est plus incertain que ce qu'on a débité sur le sujet de ces femmes guer- rières. Ceux du Monomotapa sont . au rapport des voyageurs hollandais , as- sez grands, bien faits dans leur taille, noirs , et de bonne complexion ; les jeu- np" filles vont nues et ne portent qu'au morceau de toile de coton j mais dès qu'elles sont mariées , elles prennent des vêteraens. Ces peuples quoiqu'as- sez noirs , sont difîiérens des Nègres , ils n'ont pas les traits si durs ni si laids, leur corps n'a point de mauvaise odeur , et ils ne peuvent supporter laservitnde ni le travail j le Père Charlevoix dit qu'on a vu en Amérique de ces noirs du Monomotapa et de Madagascar , q'a'ils n'ont jamais pu servir et qu'ils y Qiiadrup. II. 7 i î>-^ / : 1} u *in lA^ 74 D K L' H O M M E. ptfrissenl même en fort peu de temps. Ces peuples de Matlagascar et de Mo' sambique sont noirs , les uns plus et les autres moins : ceux de Madagascar ont les cheveux du sommet de la tête moins crépus que ceux de Mosambique : ni les uns ni les autres ne sont des vrais Nègres; et quoique ceux de la cote soient fort soumis aux Portugais , ceux de Tintérieur du continent sont fort sauvages et jaloux de leur liberté , ils vont tous absolument nus ^ hommes et femmes -, ils se nourrissent de chair d'éléphant et font commerce de l'i* voire. Il y a des hommes de différentes espèces à Madagascar , sur - tout des noirs et des blancs qui , quoique foit basanés , semblent être d'une autre race : les premiers ont les cheveux noirs et crépus , les seconds les ont moins noirs, moins frisés et plus longs : l'opinion commune des voyageurs est que les blancs tirent leur oi^igine des Ciiinois ; mais , comme le remarque *':ssr ■-*▼'■- '.4* S. de temps, et de Mo- plus et le» gascar ont tête moins ibique : ni ; des viaiis île la cote igais , ceux t sont fort iberté , ils hommes et Lt de chair prce de l'i-^ diirérei\tes -tout des loique fort 'une autre is cheveux lids les ont lus longs ; rageurs est [rigine des remarç[ue n E L' Il O M M E. 75 fort bien François Canche, il y a plus d'apparence qu'ils sont de race euro- péenne', car il assure que de tous ceuK (jn'il a vus, aucun n'avoit le nez ni le visage plat comme les Chinois ; il dit aussi que ces blancs le sont plus quo les Castillans , que leurs cheveux sont longs , et qu'à l'égard des noirs ils no sont pas camus comme ceux du conti- nent , et qu'ils ont les lèvres assez; minces. Il y a aussi dans cette île une grande quantité d'hommes de couleur olivâtre ou basanée , ils proviennent apparemment du mélange des noirs et des blancs j le voyageur que je viens de citer ,dit que ceux de la baie de Saint- Augustin sont basanés , tju'ils n'ont point de ba be , qu'ils ont les cheveux longs et lisses, qu'ils sont de haute taille et bien proportionnés ; et enlln qu'ils sont tous circoncis, quoiqu'il y ait grande apparence qu'ils n'ont ja- mais entendu parler de la loi de Ma- homet , puisqu'ils n'ont ni temples , ni 'f l) fcl»- 76 DE L' H O M M E. mosquées , ni religion. Les Françcrîs ont été les premiers qui ayent abordé et fait un établissement dans cette île , qui ne fat pas soutenu ; lorsqu'ils y descendirent, ils y trouvèrent les hom- mes blancs dont nous venons de parler, et ils y remarquèrent que 1er. noirs qu'en doit regarder comme les natu- rels du pays , avoient du respect pour ces blancs. Cette île de Madagascar est extrêmement peuplée et fort abon- dante en pâturage et en bétail : les hommes et les femmes sont fort dé- bauchés , et celles qui s'abandonnent publiquement ne sont pas déshonorées ; ils aiment tous beaucoup à danser , h chanter et à se divertir ; et quoiqu'ils soient fort paresseux , ils ne laissent pas d'avoir quelque connoissance des arts mécaniques : ils ont des labou- reurs, des forgerons , des charpentiers, des potiers , et même des orfèvres ; ils n'ont cependant aucune commodité dans leurs maisons , aucuns meuble» ^ .1 ■ ■illWfclli IVI E. jCS Françcris lyent abordé ms cette île , lorsqu'ils y ent les hom- ns de parler, ne les noirs ne les natu- respect pour adagascar est ; fort abon- L bétail : les ont fort dé- ibandonnent ésbonorées ; à danser , à et quoiqu'ils ne laissent lissance des des labou- larpentiers, rfèvres ; ils commodité 13 meuble» j D E L'H O M M E. 7/ ils couchent sur des nattes y ils man- gent la chair presque crue , et dévorent même le cuir de leurs bœufs après en avoir fait un peu griller le poil j il» mangent aussi la cire avec le miel ; le» gens du peuple vont presque tous nus , les plus riches ont des caleçons ou de» jupons de coton et de soie. . Les peuples qui habitent l'intérieur de r Afrique ne nous sont pas assez con- suls pour pouvoir les décrire ; ceux que les Arabes appellent Zingues , sont des noirs presque sauvages ; Marmol dit qu'ils multiplient prodigieusement , et qu'iltiinonderoient tous les pays voisins si de temps en temps il n'y avoit pas une grande mortalité parmi eux , cau- sée par des vents chauds. ïl paroît par tout ce que nous venons de rapporter, que les Nègres propre- ment dits sont différens des Caffres , qui sont des noirs d'une autre espèce ) ftiaivS ce que ces descriptions indiquent cncoie plus clairement, c'est que la 1 -s^: -J&a^ •.-!»- ï,**^ -**V»- r l\ f 78 DE L' H O M M E. couleur dépend pricipalcmcnt du clt- mat , et que les traits dépendent beau- coup des usages oi!i sont les dilFérens peuples de s'écraser le nez , de se reti- rer les paupières , de s'alonger les oreil- les, de se grossir les lèvres, de s'applatir le visage , etc. Rien ne prouve mieux combien le climat influe sur la couleur , que de trouver sons le même parallèle , à plus de mille lieues de distance , des peuples aussi semblables que le sont les Sénégalois et les Nubiens , et de voir que les Hottentots qui n'ont pu tirer leur origine que des nations noires, sont cependant les plus blancs de toiis ces peuples de l'Afrique , parce qu'en effet ils sont dans le climat le plus froid d& cette partie du monde -, et si l'on s'éton- ne de ce que sur les bords du Sénégal on trouve d'un coté une nation basa- née , et de l'autre côté nue nation en- tièrement noire , on peut se souvenir de ce que nous avons déjà insinué au sujet des tffeU de la nourriture , ils •i n E 1/ HOMME. 79 (Toîvcnt influer sur la couleur conimo sur les autres habitudes du corps ; et si on en veut un exemple , on peut eu donner un tiré des animaux , que tout le monde est en état de vérifier *, les lièvres de plaine et des endroits aqua- tiques ont la cliair bien plus blanche que ceux des montagnes et des terrein» secs , et dans le même lieu ceux qui habitent la prairie sont tous dilFérens de ceux qui demeurent sur les colli- nes ; la couleur de la cliair vient de celle du sang et des autres humeurs du corps , sur la qualité desquelles la nour- ri Lure doit nécessairement influer. L'origine des noirs a dans tous les temps fait une grande question ; les Anciens qui ne connoissoient guère que ceux de Nubie , les regardoient comme faisant la dernière nuance des peuples basanés , et ils l^s confondoient avec les Ethiopiens et les autres nations de cette partie Te l'Afrique, qiu, quoique extrêmement bruns , tiennent plus de -■ l'»l. . I. •mt*-m;ijrty»0mi »■ So DE l' M O M M £. la race blanche que de la race noire ^ ils pensoicntdonc que la différente cou- leur des hommes ne provenoit que de la difiPérence du climat, et que ce qui proluisoit la noirceur de ces peuples , étoit la trop grande ardeur du soleil à laquelle ils sont perpétuellement ex- poses : cette opinion , qui est fort vrai- semblable, a souffert de grandes diffi- cultés lorsqu'on reconnut qu*au-de]à de Fa Nubie, dans un ch'mat encore pi us méridional , et sous l'équateur m^me , comme à Melinde et à Monbaze , la plupart des hommes ne sont pas noirs comme les Nubiens , mais seulement fort basanés ; et lorsqu'on eut observé qu'en transportant des noirs de leur climat brûlant dans des pays tempérés, ils n'ont rien perdu de leur couleur et l'ont également communiquée à leurs descendans. Mais si Von fait attention d'un côté à la migration des différens peuples , et de l'autre au temps qu il faut peut-êt."s pour noircir ou pour y» DE L' H O M M E. St blanchir iin^ race , on verra que tout peut se concilier avec le sentiment des Anciens j car les liabitans naturels de cette parti 3 de l'Afrique sont les Nu^ biens, qui sont noirs et originairement noirs , et qui demeureront perpe'tuel- Icment noirs tant qu'ils habiteront le même climat, et qu'ils ne se mêleront pas avec les blancs ; les Ethiopiens au contraire, les Abyssins et même ceux de Melinde , qui tirent leur originedea blancs , puisqu'ils ont la même religion et les mêmes usages que les Arabes , et qu'ils leur ressemblent par la couleur, sont à la vérité encore plus basanés que les Arabes méridionaux, mais cela mê- me prouve que dans un»- même race d'hommes, le plus ou moii s de noir dépend delà plus ou moins grande ar- deur du climat ; il faut peut-être plu- sieurs siècles et une succession d'un grand nombre de générations pour qu'une race blanche prenne par nuan- ces la coulcut brune, et devienne enfin S n ) m 1 DE L' H O M M E. tout-à-fait noire ; miiis ilyaapparencr qu'avec le tempà un peuple blanc trans- porté du nord à l'ëquateur, pourvoit devenir brun et même tout-à-fait noij-, sur-tout si ce même peuple cliangroit de mœurs et ne se cervoit pour nourri- ture que des productions du pays chaud dans lequel il anroit été transporté. L'objection qu'on pourroit faire con- tre cette opinion , et qu'on voudroit tirer de la différence des traits , ne me paroi t pas bien forte ; car on peut rc- pondre qu'il y a moins de différence entre les traits d'un Nègre qu'on nVura pas défiguré dans son enfance, et les traits d'un Européen , qu'entre ceux d'un Tartare ou «^ un Chinois ^ et ceux d'un Gircassien ou d'un Grec ; et à l'é- gard des cheveux, leur nature dépend si fort de celle de la peau , qu'on ne doit les regarder que comme faisant une différence très-accidentelle , puis^ qu'on trouve dans le même pays et dans la même ville deâ hommes qui , ? nourri- es chaud porté, aire con- v^oudroit , ne me peut r(*- ffërence »n n'aura , et les pre ceux et ceux et à Fë- dëpend l'on ne faisant , puis^ )ays et s qui , D E L' H O M M E. 83 cjuoiquc blancs, ne laissent pas d'avoir les cheveux très-difFërens les un tes autres, au point qu'on tro ive même en France des hommes o ui ^ ont r usai courts et aussi crëpus qu'^it grès , et que d'ailleurs on voit oiiirat, le froid et le chaud influent . * sur la couleur des cheveux des homaieset du poil des animaux, qu'il n'y a point de cheveux noirs dans les royaumes du nord, et que les écureuils, les liè- vres , les belettes et plusieurs autres animaux y sont blancs ou presque blancs, tandis qu'ils sont bruns ou gris dans les pays moins froids ; cette diffé- rence , qui est produite par l'influence du froid ou du chaud, est même si marquée , que dans la plupart des pays du nord , comme dans la Suède , cer- tains animaux, comme les lièvres , sont tout gris pendant l'été , et tout blancs pendant l'hiver. Mais il y a une autre raison beau« coup plus forte contre celte opinion , > .. > isataie^..^-,,- ,^;. •;-*i*£i»-*^»ii(jir" -'-\:i^"..A«Çf IMAGE EVALUAi'ION TEST TARGET (MT-3) ^ // // ^ >. K. ^ 1.0 l.l lU 14.0 125 2.0 U& • :-■■■■. ■ .'-- ' .' 1.25 |||U II 1.6 ^ 6" ► 'W/ Photographie Sdenœs Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14S80 (716) 872-4503 »% '4 \ 1^ mtmm % Si 84 DE L' H O M M E. et qui d'abord paroit invincible c'est qu'on a découvert un continent en- tier , un nouveau monde , dont la plus grande partie des terres habitées se trouvent situées dans la Zone torride , et où cependant il ne se trouve pas un bomme noir , tous les habitans de cette partie de la terre étant plus ou moins rouges , plus ou-moins basanés ou cou* leur de cuivre ; car on auroit dû trou- ver aux îles Antilles ; au Mexique , au royaume de Santa-Fé , dans la Guiane, dans le pays des Amazones et dans le Pékou, des Nègres , ou du moins des peuples noirs , puisque ces pays de l'A- mérique sont situés sous la même lati- tude que le Sénégal , la Guinée et le pays d'Angola en Afrique; on auroit dû trouver au Brésil , auParaguai , au Chili , des hommes semblables aux Gaf- fres , aux Hottentots , si le climat ou la distance du pôle étoit la cause de la couleur des hommes. Mais avant que d'exposer ce qu'on pet.t dire sur ce t .Xi. ""'%>■> lit ^ij iiiiy(m'itiit--"i(t'iit il>«,'^'t -- -■*^' "fit» lî» ikni- ^rjtJ»*»-*» ->. ■•^mi*;tfc«,' i« - *>.'. ..u- » ( r;t ,'(.'• r !•: '.ai >V/if ,'» >i« oi^ ,•<; !>' ., Ui *-» i <* *. ♦ t-, ^^i '(J ■iW :»t '-v' » -, • {, I ^ :■■■■. -il- , f-.n Jîiî'i •,t;'' •■*■ I • ;» la-. fî-ti li-tVO; ■\ ■ . ''r .!'■ '«^t riM.: ,Hi t. • t f ^ UlJ. Vt î.:* ■■iU^i' "V 1^ yi:.-* '•» «•■;aui i. ;*n^vi. *J«i,4'i*^ii^" ^~**'=-*ti'î^»PBie''*^**'.5é'«^ .^^^jU'^ffl^.aK*''*'*»:^'-' 4' \l'aa. 0. Ibm M. /' m ,'t ,:^ a" i l'M' ■ «■ " \y -^ur ;'r , V. •-' v- .. -Ui î ; * r^ . «.. :U!tî; • /' . • 'J •,; t ,: ..ut q '. JTd'.mf» AMKUIQITAINS •*».T- ,^y. J-'Jta» ■ o*...^ iil^ , , .V .'■^1/- \!^ \ •v./> • ' «t.; \ - J- * ■:,'î ■» ■. .;.■ D B L' H O M M E. SS snjet, nous croyons qu'il est nécessaire de considérer tous les diffërens peuples de l'Amërique, comme nous avons con- sidéré ceux des autres parties du mon- de, après quoi nous serons plus en état de&irede justes comparaisons^ et d'en tirer des résultats généraux. -;;* Variétés de V espèce humaine dans le nouveau continent. En commençant par le nord, on trouve f comme nous l'avons dit , dans les parties les plus septentrionales de l'Amérique, des espèces de Lapons semblables à ceux d'Europe ou aux Samoïèdes d'Asie ; et quoiqu'ils soient peu nombreux en comparaison de ceux- ci, ne laissent pas d'être répandus dans une étendue de terre fort con- sidérable. Ceux qui habitent les terres du détroit de Davis sont petits , d'un ^eint olivâtre, ils ont les jambes cour- tes et grosses , ils sont habiles pêcheurs ^ Quadrup. II. % i i i ■M ■'.;■•■ y.- \ J ; 4 ■fi ■.•V '/' >• ^ ■'*i^': fe^^^*Si^ Oi/c^^i* •rK ■■~».«.jKlrj / i 86 DE L' H O M M E. ils mangent leur poisson et leur viande crus 'y leur boisson est de Feau pure ou du sang de chien de mer; ils sont fort robustes et vivent fort long-temps. Voilà ^ comme l'on voit, la figure, la couleur et les mœurs des Lapons ; et ce qu'il y de singulier , c'est que de même qu'on trouve auprès des Lapons en Europe les Finnois qui sont blancs, beaux assez grands et assez bien faits , on trouve aussi auprès de ces Lapons d'Amérique , une autre espèce d'hom* mes qui sont grands , bien faits et assez, blancs , avec les traits du visage fort réguliers. Les Sauvages de la baie de Hudson et du nord de la Terre de La- brador, ne paroissent pas être de la même race que les premiers, quoiqu'ils soient laids, petits, mal faits; ils ont le visage presqu'entièrement couvert de poil comme les Sauvages du pays d'Yeço au nord du Japon; ils habitent l'cté sous des tentes faites de peaux d'origiiîil ou, d§ caribou, l'hiver ils vi- a ■' ■ 1^ . ^vï ^y.;^" *>><■ s,*' vm fHmUt'^' iJàr^:^ n B 1' H O M M E. Èj Tent 80118 terre comme ]e8 Lapons et les Samoïëdes ; et se couchent comme enx tous pêle-mêle sans aucune dis- tinction ; ils vivent aussi fort long- temps, quoiqu'ils ne se nourrissent que de chair ou de poissons crus. Les Sau- vages de Terre-Neuve ressemblent as- sez à ceux du dëtroit de Davis : ils sont de petite taille, ils n'ont que peu ou point de barbe, leur visage est large et plat y leurs yeux gros, et ils sont géné- ralement assez camus; le voyageur qui en donne cette description , dit qu'ils ressemblent assez bien aux Sauvages du continent septentrional, et des en- virons du Groenland. * An-dessous de ces Sauvages qui sont répandus dans les pa^-^ies les plus sep- tentrionales de l'Améri'][ne , on trouve d'autres Sauvages plus nombreux et tout différens des premiers : ces Sau- vages sont ceux du Canada et de toute la profondeur des terres jusqu'aux As- siniboils ; ils sont tous assez grands^ '%\ -.^***ii»** »o' 88 D F. V H O IVE M E. robustes, forts et assez bien faits \ ils ont tous les cheveux et les yeux noirs , les dents très-blanches, le teint ba- sane , peu de barbe , et point ou pres- que point de poil en aucune partie du corps ; ils sont durs et infatigables à la marche , très - légers à la course ; ils supportent aussi aisément la faim que les plus grands excès de nourriture ^ ils sont hardis , courageux , fiers , graves et modérés ; enfin ils ressemblent si fort aux Tartares orientaux par la couleur de la peau , des cheveux et des yeux , par le peu de barbe et de poil , et au ss par le naturel et les mœurs , qu'on les croiroit issus de cette nation , si on ne les regardoit pas comme séparés les uns des autres par une vaste mer ; ils sont aussi sous la même latitude , ce qui prouve encore combien le climat influe sur la couleur et même sur la figure des hommes. En un mot, on trouve dans le nouveau continent » comme dans l'ancien; d'abord des hom- / 1% ^ ■•*■«» >T^:^!:-».*^j '***«.jrSi%|.j^B^«*»Aii**.*^ j»»^*_^_ ■•♦-**•■ ■■ t *n,^'-*/ DE L' H O M M E* 89 mes au nord semblables aux Lapons , et aussi des hommes blancs et à clie- Ireux blonds semblables aux peuples du nord de l'Europe , ensuite des hom- mes Telus semblables aux Sauvages d' Yeço , et enfin les Sauvages du Ga-^ nada et de toute la terre ferme , jus- qu'au golfe du Mexique , qui ressem- blent aux Tartarçs par tant d'endroits , qu'on ne douteroit pas qu'ils ne fussent Tartares en effet, si l'on n'ëtoit em- barrasse sur la possibilité de la migra- tion. Cependant si l'on fait attentioa. au petit nombre d'hommes qu'on a. trouve dans cette étendue immense des terres de l'Amérique septentrio- nale , et qu'aucun de ces hommes n'é- toit encore civilisé, on ne pourra guère se refuser à croire que toutes ces na-, tions sauvages ne soient de nouvelles jjsuplades produites par quelques indi-. vidus échappés d'un peuple plus nom-' breux. Il est vrai qu'on prétend que dans l'Amérique septentrionale , en la «»• .^:sK V.-' . / 90 1) fi L' II O M M £• prenant depuis le nord jusqu'aux tlef Lucayes et au Mississipi , il ne reste pas actuellement la vingtième partie du nombre des peuples naturels qui y ^toicnt lorsqu'on en fit la découverte,* et que ces nations sauvages ont été ou dëtruitesou riSduites à un si petit nom- bre d'hommes , que nous rie devons pa« tout-à-fait en juger 'aujourd'hui com- me nous en aurions juge dans ce temps ; mais quand même on accorderoit quo l'Amërique septentrionale avoit alors vingt fois plus d'habitans qu'il n'en reste auJQurd'hui , cela n'empêche pas qu'on ne dût la considérer dès -lors comme une terre déserté on si nouvel» lement peuplée , qtle les hommes n'a- voicnt pas encore eu lé temps de s'y multiplier. M. Fabry que j'ai cité , et qui a, fait un très-long voyage dans la profondeur des terres an nord • ouest du Mississipi , où personne n'avoit en- core pénétre , et où par conséquent les nations sauvages n'ont pas été détrui- n E L* H O M MÊ. §1 tes, m'^a assnrë que cette partie de FAme'riqiie est si dëserte , qu'il a sou- vent fait cent et deux cents lieues sans trouver une face humaine, ni aucun autre vestige qui pût indiquer qu'il y eût quelque habitation voisine des lieux qu'il parconroit ; et lorsqu'il ren« controit quelques-unes de ces habita- tions , c'ëtoit toujours à des distances extrêmement grandes les unes des au- tres , et dans chacune il n'y avoit sou- vent qu'une seule famille , quelquefois deux ou trois , mais rarement plus de vingt personnes ensemble , et ces vingt ^personnes ëtQient ëloigntSes de cent lieues de vingt autres personnes. Il est vrai que le long dos fleuves et des lacs que l'on a remontas ou suivis , on a trouve des nations sauvages composées d'un bien plus grand nombre d'hom- mes , et qu'il en reste encore quelques- unes qui ne laissent pas d'être assez nombreu ses pour inquiéter quelquefois les habitans de nos colonies \ mais ces ^ j:;-^ia»iife».u> - -l.-* - ^•'^'- '^^'^ .!■ i 92 D £ L' H O M M E. nations les plus uorabreuses se rédui- sent à trois ou quatre mille personnes, ^t ces trois ou quatre mille personnes sont répandues dans un espace de ter- rein couvent plus grand que tout le royaume de France ^ de sorte que je suis persuadé qu'on pourroit avancer , fians crainte de se tromper , que dan,s une seule ville comme Paris , il y a plus d'hommes qu'il h'y a de Sauvages dans toute cette partie de l'Amérique septentrionale comprise entre la mer du Nord et la mer du Sud , depuis le golfe du Mexique jusqu'au nord, quoi- que cette étendue de terre soit beau- coup plus grande que toute l'Eu- rope. ^ ^ ^-mù^^m^x^^''':^ Ija multiplication des nommes tient encore plus à la société qu'à la nature , et les hommes ne sont si nombreux en comparaison des animaux sauvages , que parce qu'ils se sont réunis en so- ciété , qu'ils se sont aidés , défendus , fiecourus mutuellement. Dans cette ;:•?;*^.J»i4.^::^;uL.i^fa;.,;^■V--^•^ ;„..«;,•&,. fixi-^'< i":»*- DE L' H O M M £• 9? partie de l'Amérique dont nous venons de parler , les bisons sont peut-être plus abondans que les hommes ; mais de la même façon que le nombre des hom- mes ne peut augmenter considérable- ment que par leur réunion en société, c'est le nombre des hommes déjà aug- menté à un certain point qui produit presque nécessairement la société; il est tionc à présumer que comme l'on n'a trouvé dans toute cette partie de l'Amérique aucune nation civilisée ,1e nombre des hommes y étoit encore trop petit , et leur établissement dans ces contrées trop nouveau pour qu^iU aient pu sentir la nécessité ou même les avantages de se réunir en société ; car quoique ces nations sauvages eus- sent des espèces de mœurs ou de cou- tûmes particulières à chacune, et que les unes fussent plus ou moins farou- ches , plus ou moins cruelles , plus ou moins courageuses , elles étoient toutes également stupides , également igna-r U ... : '^r^-. y Jt, ï\ 1> K L' H O M M E. rantes , ëgaleinent dënuëes d'arts et d'industrie. ^ ^^v..^ i** /< - -> . -►^ - Je ne crois donc pas devoir m'ëten- dre beaucoup sur ce qui a rapport aux coutumes de ces nations sauvages; tous les auteurs qui en ont parle , n'ont pas fait attention que ce qu'ils nous don- noientpour des usages constans et pour les mœurs d'une société d'hommes, n'étoit que des actions particulières à quelques individus souvent déterminés par les circonstances ou par le caprice : certaines nations, nous disent-ils, man^ gent leurs ennemis , d'autres les brû- lent, d'autres les mutilent ; les unes sont perpétuellement en guerre , d'au- tres cherchent à vivre en paix ; chez les unes ou tue son père lorsqu'il a at- teint un certain âge , chez les autres les pères et mères mangent leurs en^ fans : toutes ces histoires sur lesquelles les voyageurs se sont étendus avec tant de complaisance, se réduisent à des récits de faits particuliers, et signi- \ ■il I '-•'~-*^*Nl^», ^ ' - ,V,> '. l ' G)mme ils n'ont qu'un très-petit nombre d'idëes, ils n'ont aussi qu'une très-petite quantité d'expressions , qui toutes ne peuvent rouler que sur les clioses les plus générales et les objets les plus communs ', et quand même la plupart de ces expressions seroient différentes , comme elles se réduisent à un fort petit nombre de termes , ils ne peuvent manquer de s'entendre en trèS'peu de temps ; et il doit être plus facile à un Sauvage d'entendre et de parler toutes les langues des autres Sau- vages , qu'il ne l'est à un homme d'une nation policée d'apprendre celle i*. . «.» f V M- 4» 4K D E L' H O M M E. 97 d'une autre nation également policée. Autant il est donc inutile de se trop étendre sur les coutumes et les mœurs de ces prétendues nations, autant il seroit peut-être nécessaire d'examiner la nature de l'individu ; l'homme sau- vage est en effet de tous les animaux le plus singulier , le moins connu , et le plus difficile à décrire ; mais nous distinguons si peu ce que la nature seule nous a donné de ce que l'éducation , l'imitation , l'art et l'exemple nous ont communiqué , ou nous le confondons si bien, qu'il ne seroit pas étonnant que nous nous méconnussions tota- lement au portrait d'un Sauvage , s'il nous étoit présenté avec les vraies cou* leurs et les seuls traits natnrels qui doi** vent en faire le caractère. .• v Un Sauvage absolument sauvage , tel que l'enfant élevé avec les ours , dont parle Conor , le jeune homme trouvé dans les forêts d'Hanower, ou la petite fille trouvée dans les bois en France , Quadrup, II. 9 '(« I 'j *'*""tT11**'' 'i***mf •'^-**îiS.V«««'.,jii._Jd«|H. '■"*-'*>|i;^J^,|^V*»'-*'''''~"~"'"^~-»-' / k*^: •■»'?îte*i»<(i«' m { l 98 D E L' H O M M E. seroient un spectacle curieux pour nn philosophe : il pourroit , en observant «on sauvage , évaluer au juste la force des appétits de la nature ^ il y verroit Famé à découvert , il en distingueroit tous les mouvemens naturels, et peut- être y reconnoîtroit-il plus de douceur, de tranquillité et de calme que dans la sienne ; peut-être verroit-il clairement que la vertu appartient à l'homme sau- vage plus qu'à l'homme ci viiiséj et que le vice n'a pris naissance que dans la société. Mais revenons à notre principal ob- jet : si l'on n'a rencontré dans toute l'A- mérique septentrionale que des Sau- vages , on a trouvé au Mexique et au Pérou des hommes civilisés , des peu- ples policés , soumis à des loix et gou- vernés par des rois : ils avoient de l'in- dustrie , défit arts , et une espèce de re- ligion , ils habitoient dans des viUes où. l'ordi^e et là police étoient mainlc- iius par l'autorité du souverain : ce» :)'f-méij^^.. x^->- ■ •■"■Vil».. *«i .m^^'^ê»^^-* »^ 'tW- ^' JW. iv.. ^^«M.. v^ DE L H O M M E. 99 peuples , qui d'ailleurs ëtoient assez nombreux , ne peuvent pas êtïe regar- dés comme des nations nouvelles ou des hommes provenus de quelques in- dividus échappes des peuples de FEu- rope ou de l'Asie dont ils sont si éloi- gnés j d'ailleurs, si les Sauvages de F A- mcrique septentrionale ressemblent aux Tartares parce qu'ils sont situés sous la même latitude , ceux-ci qui «ont 4 comme les Nègres, sous la zone torride , ne leur ressemblent point. Quelle est donc l'origine de ces peuples^ et quelle est aussi la vraie cause de la différence de couleur dans les hommes, puisque celle de l'influence du climat «e trouve ici tout-à-fait démentie ? Avant que de satisfaire autant que je le pourrai à ces questions , il faut continuer notre examen, et donner la description de ces hommes qui parois- sent en effet si différcns de ce qu'ils devroient être , si la distance du pôle étoit la cause principale de la variété / IIJ h 100 D K L' 11 O M M £• qui se trouve dans l'espèce humaine. Nous avons dëjà donne celle des Sau- vages du nord et des Sauvages du Ca- nada ; ceux de la Floride , du Mississipi, et des ^utres parties mëridionales du continent de l'Amérique septentrio- nale sont plus basanés que ceux du Canada , sans cependant qu'on puisse dire qu'ils soient bruns ; lliuilc et les couleurs dont ils se frottent le co.^^ , les font paroître plus olivâtres qu'ils ne le sont en effet. Gorëal dit que les femmes de la Floride sont grandes , fortes , et de couleur olivâtre comme les hommes , qu'halles ont les bras , les jambes et le coips peints de plusieurs couleurs qui sont ineffaçables , parce qu'elles ont été imprimées dans les chairs par le moyen de plusieurs pi- qûres , et que la couleur olivâtre des lins et des autres ne vient pas tant de l'ardeur du soleil que de certaines huiles dont , pour ainsi dire , ils se ver- nissent 1$ peau ^ il ajoute que ces fem- ^^m •.-«iSp>-->...,.; DE L' U O M M U. lot mes sont foFt agiles ^ qja^elLes passent ^ la nagp de grandes rivières en tenant jndoie leur enfant avec le bras y et qu'elles grimpent avec une paieiUe agilité sur les arbres ]c9 plvs élevés ; tout cela leur est commun avec les femmes sauvag^^s du Canada et des autres contrées de ^'Amérique. L'aur- teur de l'histoire nalureUe et morale des Antilles, ditg^ncles Apal&cliilcs^ peuples voisins de la. Floride , sont des lapromes d'une assez^ grande- stature , de couleur olivâtre et biçn propor- tionnés ; q^u'ils ont tous les cheveux noirs et longs ; et il aioute que les Ca^ jaXbes. ou Sauvages des îles- Antilles sortant de ces Sauvages de la Floride , et qu'ils se souviennent même par tra^- dition idu temps de leur migration. ? Les naturels des^ Ues Lucayes sont moins basanés que ceux> de Saintr Domingue et de l'île de Cube ;, mais il veste si peu des uns et des autres au- Ipurd'huî; qiii'on ne peut guère vérifier ( !' :^ !i Si mm 7' loa D E 1/ Il O HT M E. ce que nons en ont dit les premiers voyageurs c«^ics : il n'y « rien qu'ils ne Wm^ D J; 1/ H O M M K. 10S »oi( nt cajjuMrs do Irtirc [>our •« ro- iiicllrcrii lilKTto j et lorsqu'iU voyant: ({110 cela leur est impossible, îlflaimnit mieux se laisser mourir de fuim et de melniicolie, que de vivre pour travail- ler. On s'est quelquefois servi des Ar- rouages , qui sont plus doux que les Caraïbes ; mais ce n'est que pour la chasse et pour la pècbc y exercices qu'ils aiment , et auxquels ils s^nt accou' tu nies dans leur pays , et encore faut-il , si l'on veut conserver ces esc'aves sau- vages , les traiter avec autan, de dou- ceur au moins que nous traitons nos domestiques en France , sans cela ils s'enfuient ou përîsseut de mélancolie. Il en est à-peu-prës de même des es- claves brésiliens, quoique co soient de tous les Sauvages ceux qui paroissent ^tro les moins stupides f les moiik'^ mé- lancoliques et les moins paresseux ce- pendant on peut y en les traitant avec bonté , les engager à tout faire , si ce n'est de travailler à la terre , parx:a I /, €,'« I i Mm 106 D E L' H O M M E. qu'ils s'imaginent que la culture de Ta terre est ce qui caractérise l'esclavage. Les femmes sauvages sont toutes plus petites que les hommes ; celles des Caraïbes sont grasses et assez bien faites , elles ont les yeux et les cheveux noirs , le tour du visage rond , la bou- che petite , les dents fort blanches , Fair plus gai , plus riant et plus ouvert que les hommes ; elles ont cependant de la modestie et sont assez réservées ^ elles se barbouillent de rocou ^ mais elles ne se font pas des raies noires sur le visage et sur le corps comme les bommes; elles ne portent qu'un petit tablier de huit ou dix pouces de lar- geur sur cinq à six pouces de hauteur ; ce tablier est ordinairement dé toile de coton couverte de petits grains de verre ; ils ont celte toile et cette ras- sade des Européens , qui en font corn* merce avec eux ; ces femmes portent aussi plusieurs colliers de rassade , qui leur environnent le cou et descendent i i r u f*^fc-tl D B L' H O TU M E. 107 sur leur sein *, elles ont des bracelets de même espèce aux poignets et au- dessus des coudes , et des pendans d'o- reilles de pierre bleue ou de grains de verre enfiles. Un dernier ornement qui leur est particulier , et que les hommes n'ont jamais , c'est une espèce de brodequins de toile de coton , garnis de rassade , qui prend depuis la clie-> ville du pied jusqu'au-dessus du gras de jambe ; dès que les filles ont atteint l'âge de puberté , on leur donne un tablier , et on leur fait en même temps des brodequins aux jambes qu'elles ne peuvent jamais ôter ; ils sont si serrés , qu'ils ne peuvent ni monter ni des- cendre ; et comme ils empêchent le bas de la jambe de grossir , les molets deviennent beaucoup plus gros et pi as fermes qu'ils ne le seroient naturelle- meiit. Les peuples qui habitent actuelle- ment le Mexique et la Nouvelle-Es- pagne , sont si mêlés , qu'à peine trou- ^?^ïJ^Ï*^ ••»<«»*«!'. ■'%^^4^' f|P^« 108 DE L' H O M M £. Te-t-ou deux visages qui soient de la même couleur. Il y a dans la ville de Mexico des blancs d'Europe , des In- diens du nord et du sud de l'Amérique, des Nègres d'Afrique , des mulâtres , des métis , en sorte qu'on y voit des hommes de toutes les nuances de cou- leurs qui peuvent être entre le blanc et le noir. Les naturels du pays sont Ibrt bruns et de couleur d'olive , bien faits et dispos y ils ont peu de poils , même aux sourcils : ils ont cependant tous les cheveux fort longs et fort noirs. '' ''■'■'"'■ ■ ' •"'■ ■ '■•^- ■' Selon Wafer, les babitans de l'isthme de l'Amérique sont ordinairement de bonne taille et d'une jolie tournure ; ils ont la jambe fine , les bras bien faits , la poitrine large , ils sont actifs et lé- gers à la course ; les femmes sont pe- tites et ramassées , et n'ont pas la viva- cité des hommes , quoique les jeunes ayent de l'embonpoint , la taille jolie ctl'œil vif j les unes et les autres ont le ,' 1 i ;W •"^••w«^. ^»fc»*v^/'i.'ç^^j^ „.*-ïi... D E L' H O M M E. 109 visage rond , le nez gros et court , les yeux grands, et pour la plupart gris , pétillaiis et pleins de feu, sur -tout dans la jeunesse ; le front élevé , les dents blanches et bien rangées, les lèvres minces, la bouche d'une gran- deur médiocre, et, en gros, tous les traits assez réguliers. Ils ont aussi tous , hommes et femmes , les cheveux noirs, longs, plats et rudes, et les hommes auroient de la barbe s'ils ne se la fai- soient arracher j ils ont le teint ba- sané , de couleur de cuivre jaune ou d'orange, et les sourcils noirs comme du jais. Ces peuples que nous venons de dé- crire, ne sont pas les seuls habitans naturels de l'isthme ; on trouve , parmif eux , des hommes tout différens ', et quoiqu'ils soient en très-petit nombre , ils méritent d'être remarqués : ces hommes sont blancs , mais ce blanc n'est pas celui des Européens, c'est plutôt un blanc do lait; qui approcha Quadrup. II» 10 > S i ^ ^ n ■ V î . Ws?.- -&.-«— ■:,^^ IlO 1> E L' H O M M E. beaucoup de la couleur du poil d'un cheval blanc j leur peau est aussi toute couverte, plus ou moins, d'une espèce de duvet court et blanchâtre, mais qui n'est pas si ëpais sur les joues et sur le front , qu'on ne puisse aisément distin- guer la peau ; leurs sourcils sont d'un blanc de lait , aussi bien que leurs che- veux qui sont très-beaux, de la lon- gueur de sept à huit pouces et à demi- frisés. Ces Indiens , hommes et femmes , ne sont pas si grands que les autres ; et ce qu'ils ont encore de très-singulier, c'est que leurs paupières sont d'une figure oblongue , ou plutôt en forme de croissant dont les pointes tournent len-bas : ils ont les yeux si foibles , qu'ils ile voyent presque pas en plein jour j ils ne peuvent supporter la lumière du soleil , et ne voyent bien qu'à celle de la lune; ils sont d'une complexion fort délicate en comparaison des autres Indiens ; ils craignent les exercices pé- nibles, ils dorment pendant le jour ; et ■^ ''*'*% ■ E. poil d'ua ussi toute ine espèce f mais qui 8 et sur le mt distin- sont d'un leurs clie- de la lon- ct à demi- ;t femmes y es autres; -singulier) ont d'une en forme 3 tournent >les, qu'ils ein jour ; a lumière qu'à celle Dmplexion des autres srcices pè- le jour ; et DE L' II O M M E. m ne sortent que la nuit; et lorsque la lune luit, ils courent dans les endroits les plus sombres des forôts aussi vite que lés autres le peuvent faire de jour , à cela près qu'ils ne sont ni aussi ro-' bustes , ni aussi vigoureux. Au reste , ces hommes ne forment pas une race particulière et distincte -, mais il arrive quelquefois qu'un père et une mère qui sont tous deux couleur de cuivre jaune , ont un enfant tel que nous ve- nons de le décrire. Wafer qui rapporte ces faits , dit qu'il a vu lui-même un de ces enfans qui n'avoit pas encore un an* •*■, u< -■ .;-.^ .-...., vj v;-; :?iivuV' rr . : Si cela est , cette couleur et cette habitude singulière du corps de ces In- diens blancs , ne seroient qu'une es- pèce de maladie qu'ils tiendroient do leurs pères et mères ; mais en suppo- sant que ce dernier fait ne fût pas bien avéré , c'est-à-dire , qu'au lieu de ve- nir des Indiens jaunes ils fissent une race à part , alors ils resscmbleroient f, f % -■*V.'''*ite-*«— ' «-,-..*-• «.V - rS- *■<<■ AjOt^-'j*^' j; .*. r^*^^ ' I lia D E L' H O M M £. aux Ghacrelas de Java , et aux Beclas de Ceylan , dont nous avons parlé ; ou «i ce fait est bien vrai , et que ces blancs iiaissefit en eflFet de pères et nièies couleur de cuivre , ou pourra croire que les Cliacrelas et les Bedas viennent aussi de pères et mères basanés , et que tous ces hommes blancs qu'on trouve à de si grandes distances les uns des autres , sont des individus qui ont dégénéré de leur race par quelque cause accidentelle. ' - >' : J'avoue que cette dernière opinion me paroît la plus vraisemblable , et que si les voyageurs nous eussent donné des descriptions aussi exactes des Bedas et des Cbacrelas que Wafer l'a fait des Darîens , nous eussions peut-être re- connu qu'ils ne pouvoient pas plus que ceux-ci être d'origine européenne. Ce qui me paroit appuyer beaucoup cette manière de penser , c'est que parmi les Nègres , il naît aussi des blancs do pères et mères noirs : on trouve la des- V ■y» _....*. '■"'t^mSi^ »•«•*»» -<:ni»n't** v/*fi{>>»c-;i'-i' > ' E. aux Bedas I parlé ; ou i ces blancs et nièies urra croire s viennent asanës , et ancs qu'on îces les uns lus qui ont ir quelque îre opinion ible , et que t donné des es Bedas et l'a fait des ut-être re- as plus que péenne. Ce icoup cette que parmi s blancs de uve la des- D B L* H O M M E. Il5 cription de deux de ces Nègres blancs dans l'histoire de Tacadémie ; j'ai vu moi-même l'un des deux ; et on assure qu'il s'en trouve un assez grand nom- bre en Afrique parmi les autres Nègres. Ce que j'en ai vu , indépendamment de ce qu'en disent les voyageurs, ne me lais- se aucun doute sur leur origine : ces Nè- gres blancs sont des Nègres dégénérés de leur race -, ce ne sont pas une esi)èce d'hommes particulière et constante , ce sont des individus singuliers qui ro font qu'une variété accidentelle j en un mot, ils sont parmi les Nègres ce que Wafer dit que nos Indiens blancs sont parmi les Indiens jaunes , et ce que sont ap- paremment les Chacrelas et les Bedas parmi les Indiens bruns : ce qu'il y a de plus singulier , c'est que cette va- riation de la nature ne se trouve que du noir au blanc , et non pas du blanc au noir ; car elle arrive chez les Nègres, chez les Indiens les plus bruns et aussi chez les Indiens les plus jaunes , c'est* '■»*-st¥--«(i 'H*Hi*^*-:, l^i i 1^ > ll4 B E L' H O M M F. à-dire , dans toutes les races d'hommes qui sont les plus ëloignces du blanc, et il n'arrive jamais chez les Indiens qu'il naisse des individus noirs : une autre singularité , c'est que tous cea peuples des Indes orientales , de l'A- frique et de l'Amérique , chez lesquels on trouve ces hommes blancs , sont tous sous la même latitude ; l'isthme de Darien , le pays des Nègres et Cey- lan , sont absolument sous le même parallèle. Le blanc paroît donc être la couleur primitive de la nature, que le climat , la nourriture et les moeurs altèrent et changent, même jusqu'au jaune , au brun et au noir , et qui reparoît dans de certaines circonstan- ces, mais avec une si grande altéra- tion, qu'il ne ressemble point au blanc primitif, qui, en eifet, a été dénaturé par les causes que nous venons d'indiquer» En tout, les deux extrêmes se rap- prochent presque toujours : la nature, aussi parfaite qu'elle peut l'être, a fait .>,..v#-''• t-SP-'-lf— «'^■.-.«i»-^.. r>*%-^ il6 DE L' H O M M K. ont ordinairement les ycnx foiblcs : j'ai aussi remarque qu'ils avoicnt sou- vent l'oreille dure ; et on prétend que les chiens qui sont absolument blancs et sans aucune tacbe , sont sourds -, je ne sais si cela est géu^raleinçnt vrai , je puis seulement assurer que j'en ai vu plusieurs qui l'étoient en effet. Lci Indie/is du Pérou sont aussi cou- leur de cui ne comme ceux de IHstbme , sur-tout ceux qui habitent le bord de la mer et les terres basses ; car ceux qui demeurent dans les pays élevés , comme entre les deux chaînes des Cor- dillères , sont presque aussi blancs que les Européens j les uns sont à une lieue de hauteur au-dessus dos autres ^ et cette différence d'élévation sur le globe , fait autant qu'une différence de mille lieues en latitude pour la température du climat. En effet -, tous les Indiens naturels de la terre ferme qui habitent le long de la rivière des Amazones et le continent de la Guiane, sont basc^- .^..jagd^.^sxg:*!';^'***^^ i=>--**«" DE l/ H O M M E. 117 nés et (le couleur rougeatre plus ou moins claire : la diversité delà nuance, dit M. do la Condamine, a vraisem- blablement pour cause principale la différente température de l'air des paya qu'ils habitent , variée depuis la grande chaleur de la zone torridc jusqu'au froid causé par le voisinage de la neige. Quelques-uns de ces Sauvages , comme les Omaguas , applatissent le visage de leurs enfans en leur serrant la tête en- tre deux planches ; quelques autres se percent les narines , les lèvres ou les joues pour y passer des os de poissons , des plumes d'oiseaux et d'autres orne- mena , la plupart se percent les oreil- les , se les agrandissent prodigieuse- ment, et remplissent le trou du lobe d'un gros bouquet de fleurs ou d'herbe qui leur sert de pendans d'oreilles. Je ne dirai rien des Amazones dont on a tant parlé , on peut consulter à ce su- jet ceux qui en ont écrit ; et après lea avoir lus , on n'y trouvera rien d'assea 1 i V J •»»J*5'!^i5}iiÇj,j, 1 8 n i: L' Il o ivi M K. I t\: m if Kk- Br' m if' ^m. ilv' , :\ nr^:- j)osilir pour CDiiNlator l*cxiHt<;nco ais Qtiflqiies voyageur» foiil: monliou (Viiiio iinlioii (liiiiH lu OuiiiiH!, doiiL Itvs lioiniiifVH Moiit plus iioii'N qiit) Ioiih 1(vh oiiUas IiiilioiiK : ios AiTii.H, (lîl IIaIcI^^Ii, floiil. pir8(|ii(' nnsHi tioiiA que les Nè- grcM; ila 8onl i'orl vigoureux , et ilfl no servent tie iliclics cinpDÎsoiinc'cs. Cet auteur parle aussi d'une autre nation cVJndiens qui ont le eou si court et les t^paules si t^levees, que leurs youx pa- roissent être sur les épaules, cl leur bouche dans leur poitrine; cette dil- forniité si monstrueuse n'est sûrement jms naturelle ; et il y a grande appa- rence que CCS Sauvages qui se plaisent tant à défigurer lu nature en applatis- saut, en arrondissant, en alongeant la tête de leurs enlans, auront aussi imaginé de leur faire rentrer le cou dans les épaules; il ne faut pour don- ner naissance à toutes ceis bizarreries , c^ue l'idée de se rendre, par ces diffor- J ► 'i*^*-**-! *^iiiwi Ml ■wwiim t^-)f*Sf^^'^'^- V'iilfcfiïi ^^ ' n R 1/ II O M M V 1M> t: innniiou i, dont Jtvs 10 loil.H |(\H il UaIi'i^'Ii, 10 les Nè- c, et ild MO iinres. Cet tro nation Dnrt et les \ yonx pa- 8, Cl leur cette dil- 8 Arc ment kIc appa- e plaisent applntis- alon^reunt ont aus.^i r le cou our don- arreries , es diUur* mitt'it plu» eflVoyablcM et plus terri I)I<>a i\ leurA ennemi.i. }a'h ScyliieH, aiilrc- joi.4 ai\Hni Nuiivaffcs que le sont aujonr- d'iuii lea Americuinn, avoient uppu> rennnent les int^nicH idée» qu'il» n'a- lisoicnt de la niAnie layon ; et c'est co qui a flans doute donné lieu à co que les Ancien» ont écrit au nujet des liommcH acliéphales , cynocéphales , 8cc Les Sauvages du Brésil sont à-peu- près de la taille des Européens , niai:* ])lu8 forts , plus robustes et plus dispos; ils ne sont pas sujets à autant de uia^ ladies , et ils vivent communément plus long-temps: leurs cheveux;, cpii sont noirs, blanchissent rarement dans la vieillesse ; ils sont basanés et d'une couleur brune qui tire un peu sur le rouge; ils ont la t(He grosse , les épau- les larges et les cheveux longs; ils s'ar- rachent la barbe, le poil du corps, et même les sourcils et les cils , ce qui leur donne un regard extraordinaire et farouche ] ils se percent la lùvre de II 11 ^ »J , « %W»i *>»-•». -»-**-*■ 120 D E L' H O M M E» dessous pour y passer un petit os poli comme de l'ivoire ou une pierre verte assez grosse ; les mères écrasent le nez de leurs enfans peu de temps après la naissance ; ils vont tous absolument nus , et se peignent le corps de difiFë- rentes couleurs. Ceux qui habitent dans les terres voisines des côtes de la mer, se sont un peu civilisés par le commerce volontaire ou forcé qu'ils ont avec les Portugais ; mais ceux de l'intérieur des terres sont encore , pour la plupart, absolument sauvages : ce n'est pas même par la force, et en voulant les réduire à un dur esclavage, qu'on vient à bout de les policer ; les missions ont formé plus d'hommes dans ces nations barbares que les armées victorieuses des princes, qui les ont subjuguées: le Faraguai n'a été con- quis que de cette façon; la douceur, le bon exemple , la charité et l'exer- cice de la vertu constamment pratiqué par les missionnaires; ont touché ces V., % ' \ ■ i ^ DE L* H O M M E. 121 Sauvages , et vaincu leur défiance et leur férocité ; ils sont venus souvent d'eux-mêmes demander à connoîlre la loi qui rendoit les hommes si parfaits , ils se sont soumis à cette loi et réunis en société : rien ne fait plus d'honneur à la religion que d'avoir civilisé ces nations, et jeté les fondemens d'un empire sans autres armes que celles de la vertu. Les habitans de cette contrée du Paraguai ont communément la taille assez belle et assez élevée ; ils ont le visage un peu long et la couleur olivâ- tre. Il règne quelquefois parmi eux une maladie extraordinaire , c'est une es- pèce de lèpre qui leur couvre tout le corps , et y forme une croûte sembla- ble à des écailles de poisson ; cette in- commodité ne leur cause aucune dou- leur , ni même aucun autre dérange- ment dans la santé. lies Indiens du Chili sont , au rap- port de M. Frezier, d'une couleur ba- Quadrup» IL j\ *♦ v4 • I I \ 1212 DE l' II () M M K. sanécqui tirciin peu sur celle dacuivro l'oiigc , coïniiie celle des Indiens du Pé- rou : celte couleur est différente do celle des mulâtres; comme ils viennent iVun blanc et d'une Négresse ou d'une blanclie et d'un Nègre , leur couleur est brune, c'est- à-diie, mêlée de blanc et de noir ; au lieu que dans tout le con- tinent de l'Amérique méridionale , les Indiens sont jaunes ou plutôt rougeâ- tres. Les ha bi tans du Chili sont de bonne taille: ils ont les membres gros, la poitrine large , le visage peu agréa* blc et sans barbe , les yeux petits , les oreilles longues , les cheveux noirs, platset gros comme du crin ; ils s'alon- ^ent les oreilles , et ils s'arrachent la barbe avec des pinces faites de coquil- les : la plupart vont nus , quoique le climat soit froid; ils t)ortent seulement sur leurs épaules quelques peaux d'a- nimaux. C'est à l'extrémité du Chili, vers les terres magellaniques , que se trouve, à ce qu'on prétend; uneiracQ t il il •■*■■*■ ^^ " Hi '*wî^^P'fl^Bi^^WP^"w?^ « E L' H C) M M E. 125 iliiommes dont la taille est gigantes- que ; M. Frezier dit avoir appris do plusieurs Espagnols qui avoient vu quelques - uns de ces hommes , qu'il» avoient quatre varrcs de hauteur, c'est- à-dire , neuf ou dix pieds *, selon lui , cesgéans, appelés Patagons , habilcnt le côté de l'est de la côte déserte dont les anciennes relations ont parlé , qu'on a ensuite traitées de fables, parce que l'oaa vu au détroit de Magellan , de» Indiens dont la taille ne surpassoit pas celle des autres hommes : c'est, dit-il, ce qui a pu tromper Froger dans sa re- lation du voyage de M. deGennes, car quelques vaisseaux ont vu en même temps les uns et les autres : en 1 70g , les gens du vaisseau le Jacques , dé Saint-Malo, virent sept de ces géans dans la baie Grégoire ; et ceux du vais- seau le Saint-Pierre , de Marseille , en virent six , dont ils s'approchèrent ])Dur leur offrir du pain , du vin et de Vcau-de-vie; qu'ils refusèrent , quoi- r In ^■ntm I-'' n ■ ■''I tmif*ti0iÊ»MkÊmtmm [ i i i J \ 124 D E L' H O M M E. qu'ils eussent donné à ces matelots quelques flèches , et qu'ils les eussent aides à échouer le canot du navire. Au reste, comme M. Frezier ne dit pas avoir vu lui-même aucun de cesgcans, et que les relations qui en parlent sont remplies d'exagérations sur d'autres choses , on peut encore douter qu'il existe en effet une race d'hommes toute composée de géans , sur-tout lorsqu'on leur supposera dix pieds de hauteur j car le volume du corps d'un tel homme seroit huit fois plus considérable que celui d'un homme ordinaire : il semble que la hauteur ordinaire des hommes étant de cinq pieds , les limites ne s'é- tendent guère qu'à un pied au-dessus et au-dessous ; un homme de six pieds est en effet un très-grand homme , et un homme de quatre pieds est très- petit ; les géans et les nains qui sont au- dessus et au-dessous de ces termes de grandeur , doivent être regardés com- me des variétés individuelles et acci- ^■^^:-,*~- ,ji^'fmmmmr»n. HwM im ^^> T> B 1/ IT O M M E. 125 cIciiteUes , et non pas comme des diffé- Kîiiccs permanentes qui produiroient des races constantes. • ^ - • Au reste , si ces géans des terres ma- gellaniques existent , ils sont en fort petit nombre •, car les habitans des ter- res du détroit et des îles voisines , sont des Sauvages d'une taille mëdiocre -, ils sont de couleur olivâtre , ils ont la poi- trine large , le corps assez carré , les membres gros , les cheveux noirs et plats ; en un mot , ils ressemblent pour la taille à tous les autres hommes , et par la couleur et les cheveux aux au- tres Américains. ^ *s -r^^'?* Iln*y a donc, pour ainsi dire , dans tout le nouveau continent , qu'une seu- le et même race d'hommes qui tous sont plus ou moins basanés ; et à l'ex- ception du nord de l'Amérique où il se trouve des hommes semblables aux La- pons , et aussi quelques hommes à che- veux blonds semblables aux Européen» du nord , tout le reste de cette vaste •• •••».rtH-iÊ»a^^_,._ ._.-. .-. .rt ^ .«■ •■W»*»*»«^ >M-'m0»a mt0tml M ia6 DE L' U O M M E. partie du monde ne contient que des Il om mes parmi lesquels il n'y a presque aucune diversité , au lieu que dans l'an- cien continent nous avons trouvé une prodigieuse variété dans les différens peuples : il me paroît que la raison de cette uniformité dans les hommes de l'Amérique, vient de ce qu'ils vivent tous de la même façon ) tous les Amé- ricains naturels étoient ou sont encore sauvagesou presque sauvages , les Mexi- cains et les Péruviens étoient si non* Tellement policés, qu'ils ne doivent pas faire une exception. Quelle que soit donc l'origine de ces nations saunages, elle paroît leur être commune à toutes: tous les Américains sortent d'une mê- me souche, et ils ont conservé jusqu'à présent les caractères de leur race sans grande variation , parce qu'ils sont tous demeurés sauvages, qu'ilsont tous vécu à-peu-près de la même façon, que leur climat n'est pas à iJeaucoup près aussi inégal pour le froid et pour le chaud Kai.^ •^H^ïiv- VHÉfe***^- . .u i£^^^?^9tfllW8K^^-': DE L' H O M M E. 12/ que celui do l'ancien continent , et «ju'ëtant nouvellement établis daua leur pays, les causes qui produisent des variétés n'ont pu agir assez long- temps ])our opérer des effets bien sensibles. T Chacune des raisons que je viens d'a>- vancer mérite d'être considérée en particulier : les Américains sont des peuples nouveaux , il me semble qu'on n'en peut pas douter lorsqu'on lait at- tention à leur petit nombre , à leur ignorance , et au peu de progrès que les plus civilisés d'cntr'eux avoient fait dans les arts ; car quoique les premiè- res relations de la découverte et des conquêtes de l'Amérique , nous parlent du Mexique, du Pérou, de Saint-Do-*- mingue , &c. comme de pays très- peuplés , et qu'elles nous disent que les Espagnols ont eu à combattre par-tout des armées très-nombreuses , il est aisé de ^voir que ces faits sont fort exagé- rés ; premièrement par le peu de mo- uumcns qui restent de la prétendue "j* 1 128 DE L' H O M M K. grandeur de ces peuples ; secondement par la nature même de leur pays qui , quoique peuple d'Européens plus in- dustrieux sans doute que nel'étoient les naturels, est cependant enci)re sau- vage, inculte , couvert de bois, et n'est d'ailleurs qu'un groupe de montagnes inaccessibles, inhabitables, qui ne lais- sent par conséquent que de petits es- paces propres à être cullivës et habi- tes ; troisièmement par la tradition même de ces peuples sur le temps qu'ils se sont réunis en société; les Péruviens ne comptoient que douze rois , dont le premier avoit commencé à les civil i- s ser , ainsi il n'y avoit pas trois cents ans qu'ils avoient cessé d'être com*^ me les autres entièrement sauvages > quatrièmement , par le petit nombre d'hommes qui ont été employés à faire la conquête de ces vastes contrées : quelqu'avantage que la poudre à canon pût leur donner , ils n'auroient jamais fiilbjugué ces peuples s'ils eussent été ■4 • rf - ~iS^««j<((Kn^,..#. -''"■■ lAr^r -.^r-: _s3y^((»îfefQSï*jè< ji--« ''*"". ^KiMiimm i-'- ..-^-«'î'.jftiy' ■ %•■■ ttrff^ 'vwwi!*Kf tÊÊÈt idemcnt Eiys qui , plus in- l'efeoient j)re sau- et n'est ntagnes ne lais- tits ea- t habi- aditioH s qu'ils uviens Sont le civih- , cents com* rages ; )nibre i faire irées : «non imais t tilc DE L' H O M M E. 12e) nombreux : une preuve de ce que j'a- vance , c'est, qu'on n'a jamais pu con- quérir le pays des Nègres ni les assu- jétir , quoique les effets de la poudre fussent aussi nouveaux et aussi terri- bles pour eux que pour les Américain»; la facilité avec laquelle on s'est empara de l'Amérique , me paroît ^prouver qu'elle étoit très-peu peuplée , et par conséquent nouvellement habitée. Dans le nouveau continent, la tempé- rature des différens climats estbicn plus éfijale que dans l'ancien continent; c'est encore par l'effet de plusieurs causes : il fait beaucoup moins chaud sous la zone torride en Amérique , que sous la zone torride en Afrique : les pays compris sous cette zone en Amérique , sont le Mexi- que > la Nouvelle-Espagne , le Pérou , la terre des Amazones , le Brésil et la Guiane.^ La chaleur n'est jamais fort grande au Mexique , à la Nouvelle Es- pagne et au Pérou , parce que ces con- trées sont des terres extrêmement éle- -'-■. [1^ i' l3o DE L* H O M M E. vées au-dessus du niveau ordinaire de la surface du globe. Le tlicrmomèlre, dans les grandes chaleurs ne monte pas si haut au Pérou qu'eu France j la neige qui couvre le sommet des montagnes, refroidit l'air -, et cette cause , qui n'est qu'un effet de la première, influe beau- coup sur la température de ce climat ; aussi les habitans , au lieu d'être noirs ou très-bruns, sont seulement basanés. Dans la terre des Amazones âly aune prodigieuse quantité d'eau répandue, de fleuves et de forêts^ l'air y est donc extrêmement humide , et par consé- quent beaucoup plus fiais qu'il ne le seroit dans un pays plus sec : d'ailleurs on doit observer que le vent d'est qui souffle constamment entre les tropi- ques , n'arrive au Brésil , à la terre des Amazones et à la Guiane , qu'après avoir traversé une vaste mer sur laquelle il prend de la fraîcheur qu'il porte en- suite sur toutes les terres orientales de l'Amérique équiuoxiale : c'est par .î•,^|^îîS^•^;;■ ^'^^gS^»^"- *i'*^^'!KIWPf'^*W!' . ^'"i-éi:^"^'- !t&^ U- 1) E L' II O M M E. l5l cette raison , aussi bien que par la quanti td des eaux et forôts, et par l'a- bondance de la continuité des pluies, que CCS parties de L'Amérique sont beau- coup plus tempérées qu'elles no le se- roient en eflct sans ces circonstances particulières. Mais lorsque le vent d'est a traversé les terres basses de l'Anié- rique , et qu'il arrive au Pérou , il a ac- quis un degré de chaleur plus considé- rable; aussi leroit-il plus chaud au Pé- rou qu'au Brésil ou à la Guiane , si l'é- lévation do cette contrée et les neiges qui s'y trouvent, ne refroid issoient pas l'air , et n'ôtoient pas au vent d'est toute la chaleur qu'il peut avoir ac- quise en traversant les terres : il lui en reste cependant assez pour influer sur la couleur des habitans , car ceux qui par leur situation y sont le plus expo- sés , sont les plus jaunes , et ceux qui habitent les vallées entre les monta- gnes, et qui sont à Tabri de ce vent , «ont beaucoup plus blancs que les au- ' -' -f- V II f fit- i l32 D E L' II O M M E. ti'cs. D'ailleurs, ce vent qui vient frap- per contre les hautes montagnes des Cordillères , doit se réllc^chir à d'assez grandes distances dans les terres voi- sines de CCS montagnes ) et y porter la fraîcheur qu'il a prise sur les neiges qui couvrent leurs sommets ; ces neiges elles-mêmes doivent produire des vents froids dans les temps de Icnr fonte. Toutes ces causes concourant donc à rendre le climat de la zone torride en Amérique beaucoup moins chaud , il n'est point étonnant qu'on n'y trouve pas des hommes noirs ni même bruns , comme on en trouve sous la zone torride en Afrique et en Asie, où les circons- tances sontfortdifferentes, comme nous le dirons tout-à-l'heure -, soit que l'on suppose donc que les habitans de l'Amé- rique soient très - anciennement natu- ralisés dans leur pays ou qu'ils y soient venus plus nouvellement, on ne doit pas y trouver des hommes noirs, puisqirc leur zone torride est un cliiïiat tenipcré. DE L' H O M M E. l33 La dernière maison que j'ai donn«;o de ce qu'il se trouve peu de variétés dans les hommes en Amérique , c'est runiibrmité dans leur manière do vi- vre : tous étoient sauvages ou très-nou- vellement civilisés , tous vi voient ou avoient vécu de la même façon : en sup- posant qu'ils eussent tous une origine commune , les races s'étoiont disper- sées sans s'être croisées , chaque famille faisoit une nation toujours semblable à elle-même) et presque semblable aux au- ti'es , parce que leclimat et la nourriture éloient aussi à-peu-près semblables ; ils n'avoient aucun moyen de dc'gcné- res ni de se perfectionner , ils ne pou- voient donc que demeurer toujours les mêmes etpar-toutà-peu-près les mêmes. Quant à leur première origine , jo ne doute pas , indépendamment même des raisons théologiques , qu'elle ne soit la même que la nôtre j la res- semblance des Sauvages de l'Améri- que septentrionale avec les Tarlare» Quadiup. II. 1% mmmu mm '■^jtmt-*^ .^a^tm.^3tiu4îu. V3^ Â, c rM ' ,j t^M \ • ;■'*'' . 1 r m i ■ [( i, \ l34 DE L* H O M M E. orientaux, doit faire soupçoîiner qu'ils sortent anciennement de ces peuples. Les nouvelles découvertes que les Rus-<^ ses ont faites au*delà de Kamtscbatka , de plusieurs terres et de plusieurs îles qui s'étendent jusqu'à la partie de l'ouest du continent de l'Amérique , ne laisseroient aucun doute sur la pos* sibilité delà communication , si ces dé- couvertes étoient bien constatées , et que ces terres fussent à-peu-près con- tiguës ; mais en supposant même qu'il y ait des intervalles de raer assez con- sidérables, n'est-il pas très-possible que des hommes ayent traversé ces inter- valles , et qu'ils soient allés d'eux-mê- mes chercher ces nouvelles terres ou qu'ils y ayent été jetés par la tempête ? Il y a peut-être un plus grand inter- valle de mer entre les îles Marianes et le japon , qu'entre aucune des terres qui sont au-delà de Kamtscbatka et celles de l'Amérique , et cependant les îles Marianes se sont trouvées peuplies •iM-tf -i^l^IWilpIlt^çr. DE L* H O M M E. i55 cl*hommes qui ne peuvent venir que du continent oriental. Je serois donc porto à croire que les premiers hommes qui sont venus en Amérique ontabordë aux terres qui sont au nord-ouest delà Cali- fornie ; que le froid excessif de ce climat les obligea à gagner les parties plus mé- ridionales de leur nouvelle demeure , qu'ils se fixèrent d'abord au Mexique et au Pérou, d'où ils se sont ensuite répan- dus dans toutes les parties de PAméri- que septentrionale et méridionale , car- ie Mexique et le Pérou peuvent être regardés comme les terres les plus an- ciennes de ce continent et les plus an- ciennement peuplées , puisqu'elles sont les plus élevées , et les seules oh l'on ait trouvé des hommes réunis en société. On peut aussi présumer avec une très- grande "vraisemblance , que leshabitans ♦du nord de l'Amérique au détroit de Davis , et des parties septentrionales de la terre de Labrador, sont venus du Groenland; qui n'est séparé de l'Amë- Vv 1» •t. i ■ i WiWpi /' ■ ( I i \ l36 DE L' H O M M E. rique que par la largeur de ce détroit qui n'est pas fort considérable j car, comme nous l'avons dit, ces Sauvages du détroit de Davis et ceux du Groën- land se ressemblent parfaitement ; et quant à la manière dont le Groenland aura été peuplé , on peut croire avee tout autant de vraisemblance que les liapons y auront passé depuis le Cap- Nord , qui n'en est éloigné que d'envi- ron cent cinquante lieues ; et d'aiUeurs , comme l'île d'Islande est presq >n- tiguë au Groenland , que cette xit^ n'est pas éloignée des Orcades septentrio- nales , qu'elle a été très-anciennement habitée et même fréquentée des peuplés de l'Europe , que les Danois avoient même fait des établissemens et formé des colonies dans le Groenland , il ne seroit pas étonnant qu'on trouvât dans ce pays des hommes blancs et à che- veux blonds, qui tireroient leur ori- gine de ces Danois : et il y a quel- q^u'apparence que les hommes blanca '\^... DE L' H O M M E. iS; qu'on trouve aussi au détroit de Da- vis , viennent de ces blancs d'Eu- rope qui se sont établis dans les terres da Groenland , d'où ils auront aisé- ment passé en Amérique , en traversant le petit intervalle de mer qui forme le détroit de Davis. .■. I ( » •r<.;, Insulaires de la tnêrdu Sud* ^ A regard des peuplades qui se sont trouvées dans toutes les îles nouvelle- ment découvertes dans la mer du sud et sur les terres du continent austral , nous rapporterons simplement ce qu'en ont dit les voyageurs , dont le récit semble nous démontrer que les hommes de nos antipodes sont , comme les Amé' ricains , tout aussi robustes que nous , et qu'on ne doit pas plus les accuser les uns que les autres d'avoir dégénéré. Dans les îles de la mer Pacifique situées h. quatorze degrés cinq minutes de latitude sud ; et à cent quarante- T . ■'*'«»--^ X**r'ii-**~ ■- , t, ■ "\ \^'-' .( ! Il ^- I 11' 4 !: r i •V 'lu V l38 » B L» H O M M E. cinq dçgrës quatre minutes de longi- tudi5 ouest du méridien de Londres , le Commodore Byion dit avoir trouv«i des hommes armés de piques de seize pieds au moins de longueur , qu'ils agi- toient d^un air mensbçant. Ces hommes sont d'une couleur basanée , bien pro- })ortionnés dans leur taille , et parois- sent joindre à un air de vigueur une grande agilité : je ne sache pas , dit ce voyageui? , avoir vu des hoïnmesi si lé- gers à la course. Dans plusieurs autres îles de cette même mer , et particu- lièrement dans celles qu'il a nommées îles du prince de Galles , situées à quin< ze degrés latitude sud, et cent cinquante- un degrés cinquante-trois minutes lon- gitude ouest yt et dans une autre à la- quelle son équipage donna le nom ^ile Byron , située à dix-huit degrés dix- huit minutes latitude sud y et cent soixante - treize degrés quarante -six minutes de longitude , ce voyageur trouva des peur^Iades nombreuses. C63 '"^'*^v*«-**^ ^. ..ri.:^i.: v-y -y"-.' l- DE L' H O M M E. I09 insulaires , dit -il, sont d'une taille avantageuse , bien pris et proportion- nes dans tous leurs membres ; leur teint est bronze , mais clair , les traits de leur visage n'ont rien de désagréa- ble j on y remarque un mélange d'in- trépidité et d'enjouement dont on est frappé : leurs cheveux qu'ils laissent croître , sont noirs ; on en voit qui por- tent de longues barbes , d'autres qui n'ont que des moustaches , et d'autres un seul petit bouquet à la pointe du menton. Dans plusieurs autres îles toutes si- tuées au-delà de l'équateur , dans cette même mer , le capitaine Carteret dit avoir trouvé des hommes en très- grand nombre , les uns dans des espèces de villages fortifiés de parapets de pierre , les autres en pleine campagne, mais tous armés d'arcs , de flèches ou de lances et de massues , tous très-? vigoureux et fort agiles ; ces hommes vont nuiS ou presque nus , et il assui e '*'■;/.); ift •i !■ i- 'Ifi ■■•*^-4A.t.-- ». •<»»•--■, y.,, « j-r u 1 } / I l \ i î r i4o n K i* H o M M c. avoir obstirvt^ dans plastciirs do ces ilcs , cf. uotainmoiit duiis collos qui no trouvent ^ oiikm do^ri^n dix minutes Iniitiide sud, cl àccutHoixante-fpmh'O dr|»rc^s qunrniiio-trois niiiuttcs de loii- giiiido , que les naturel» du pays ont la t^le Inineuse oounne oello des Nègres, ninis qu'ils sont moins noir» quo les Nègres de Guinée. H dit qu'il on est do nii^uio des Imbilans do l'île d'Kg- mont , qui est à dix dcgru^s quarante minutes latitude sud, et à eent soixante degrés quarante-neul' minutes de lon- gitude , et encore de ceux qui se trou- vent dans les îles découvertes par Abel Tasnian , lesquelles sont situées à qua- tre degrés trente- six minutes latitude snd , et cent cinquante-quatre degrés dix-sept minutes de longitude. Elles sont, dit Carter(^t, remplies d'habitans noirs qui ont la lôtc laineuse comme les Nègres d'Afrique. Dans les terres de la Nouvelle-Bretagne , il trouva de même quo les natux*els du pays eut de p*^? 1^ ■•■• ■ ^- SI ,v..^ i«»Sî*?''*WPWH>*. D E I* HOMME. 141 la laino à la loto C()m.iie les Nègres , inaifl qu'ils n'en ont ni le nez plat ni les groAfles lèvres. Ces derniers qui pa- roisAent Olre de la même race que ceux tics îles prMdcntes , poudrent Jours cliovciix de blanc et même leur barbe. J'ai remarqutî que cet usage de la pou* dre blanche sur les cheveux y se trouve chez les Papous , qui sont aussi des Nègros assez voisins de ceux de la Nou- velle-Brelagne. Cette espèce d'homme» noirs, h. tète laineuse, semble se trou- ver dans toutes les îles et terres basses, entre l'ëquateur et le tropique^ dans la mer du Sud. Néanmoins , dans quel- ques-unes de ces îles on trouve des hommes qui n'ont plus de laine sur la tôto , et qui sont couleur de cuivre , c'est-à-dire , plutôt rouges que noirs , avec peu do barbe et de grands et longs cheveux noirs \ ceux-ci no sont pas en- tièrement nus comme les autres dont nous avons porlt5, ils portent une naïf,© en forme de ceinture y et quoique les '. > m^ ' 'V ï42 DE L' H O M M E. Iles qu'ils habitent soicnl plus voisines de l'eqiiateur , il paroît que la clm- )eur n^ est pas aussi grande que dan» touteâ les terres où les hommes vont absolument nus , et oi\ ils ont en mémo temps de la laine au lieu de cheveux. « Les insulaires d'Otahiti , dît Sa- muel WalJis , sont grands , bien faits, agiles , dispos et d'une figure agréable. La taille des hommes est en général de cinq pieds sept à cinq pieds dix pouces ; celle des femmes est de cinq pieds six pouces. Le teint des hommes est basaué, leurs cheveux sont noirs ordinaire- ment , et quelquefois bruns y roux ou blonds , ce qui est digne de remarque, parce que les cheveux de tous les natu- i?els de l'Asie méridionale , de l'Afrique et de l'Amérique sont noirs : les enfans des deux sexes les ont ordinairement blonds. Toutes les femmes sont jolies , et quelques-unes d'une très-grande beauté. Ces insulaires tio paroissent pas regarder la continence comme unu^ \ ... î**^^WiiPl^pwK <■-* *f>i-. .'^■:z:.-jiM»fixxî ;jjgX"---*^*^ nés , d'ignames et d'un autre fruit aigre qui n'est pas bon en lui-même > mais qui donne un goût fort agréable u\x fruit à pain grille , avec lequel ils le mangent souvent. Il y a beaucoup de rats dans l'île , mais on ne leur en a point vu manger. Ils ont des filets pour la pêche ; les coquilles leur servent de couteaux. Ils n'ont point de vases ni poteries qui aillent au feu : il paroît qu'ils n'ont point d'autre boisson que de l'eau ». M. de Bougain ville nous a donné des connoissances encore plus exactes sur ces habitans de l'ilc d'Otahiti ,ou Taïti. Il paroît , par tout ce qu'en dit ce célèbre voyageur , que les Taïtiens parviennent à une grande vieillesse sans aucune incommodité et sans per* dre la finesse de leurs sens. ? / ■■•»,. ^<'»-<^ îiiSS '■^^f^wiiiKiKP^ v**-**». -''*^^«^~.iSi~-- -» -v5i. ï;»^jul.-w^:« D B C H O M M E« «45 t( Le poisson et les végéUux , (Ut-il , sont leur principale nourriture ; ils mangent rarement de la TÎande, les enfans ei les jeunes filles n*en mangent jamais : ils ne boivent que de l'ean , l'odeur du vin et de Tean-de-vie leur donne de la répngnance ^ ils en témoi- gnent aussi pour le tabac, pour h» ëpi- oeries et pour tontes les choses fortes. Le peuple de Taïti est composé de deux races d'hommes très-différentes , qui cependant ont la même langue , les mêmes mœurs , et qui paroissent sa mêler ensemUe sans distinction. La première , et c'est la plus nombreuse , produit àes hommes de la plus grando taille , il est ordinaire d'en voir de six pieds et pins ; ils sont bien faits et bien proportionnés. Rien ne distingue leurs traits de ceux des Européens : s'ils étoicnt vêtus , s*ils vivoîent moins à l'air et au grand soleil ^ ils seroient aussi blancs que nous) en général, leurs cheveux sont noirs. Quadruf . II. ÏÙ ^■K J ^• i46 DE V n o n vl m. La seconde race est d'une taille mé- diocre avec le cheveux crëpus et dur» comme du crin ,1a couleur et les traita peu dilTérens de ceux des mulâtres : les uns et les autres se laissent croître la partie inférieure de la barbe , mais ils ont tous les mouslaclies et le haut des joues rases; ils laissent aussi toute leur longueur aux ongles, excepté à celui du doigt du milieu de la main droite. Ils ont l'habitude de s'oindre les cheveux y ainsi que la barbe , avec de l'huile de cucos. La plupart vont nus , sans autre vêtement qu'une cein- ture qui leur couvre les parties natu- relles; cependant les principaux s'en- veloppent ordinairement dans une grande pièce d'étoffe qu'ils laissent tomber jusqu'aux genoux, c'est aussi le seul habillement des femmes : comme elles ne vont jamais au soleil sans être couvertes , et qu'un petit chapeau de canne garni de fleur défend leur visage de ses rayous ; elles sont beau-» DE L' H O M M B. lij eoup plus blanches que les Lommes , elles ont les traits assez délicats ; mais ce qui les distingue , c'est la beauto de leur taille et les contours de leur corps y qui ne sont pas déformés commo en Europe par qXiinze ans de la tor- ture du maillot et des corps. Au reste , tandis qu'en Europe les femmes se peignent en rou^e les joues, celles de Taïti se peignent d'ur bleu ibncë les reins et les fesses ; c\ A une parure et en même temp'> . le marque de distinction. Les honiiiies ainsi que les femmes ont les oreilles percées pour porter des perles ou des fleurs de toute espèce ; ils sont de la plus grande pro- preté et se baignent sans cesse. Leur unique passion est Tamour ; le grand nombre de femmes est le seul luxe des riches ». ' : , . • Voici maintenant l'extrait de la des- cription quiî le capitaine Cook donne de cette même ile d'Otahiti et de ses kabitaus; j'en tirerai les faits qu'on ( h * -» M n l4^ D B L' H O M M £. àmt ai«iii'i.i "i« -f^-h. DE L' H O m M E. l49 ^uiflont exposes à Fair ou au soleil. La peau des femmes d'une classe supérieu- re est délicate , douce et polie ; la for- me de leur visage est agréable , les os des joues ne sont pas «levés ; ils n'ont {)ointles yeux creux, ni le front proé*" ^minent , mais en général ils ont le nez un peu applati ; leurs yeux , et sur-tout «ceux des femmes , sont pleins d'expres- sion , quelquefois étincelans de feu . ou remplis d'une douce sensibilité ; leurs dents sont blanches et égales , et leur baleine pure. Us ont les cheveux oi^inairement roides et un peu rudes : les hommes portent leur barbe de différentes ma- nières , cependant ils en airachent tou- jours une trës^grande partie , et tien- nent le reste très-pr<^[»%. Les deux sexes ont aussi la coutume d'épiler tous les poils qui croissent sous les aisselles. Leurs mouvemens sont reBaplis de vi- gueur et d'aisance , leur tlémarche agréable ; leurs manières nobles et gé- % 1 ^ i !â%si*:«-?t:)^j,^».,t«eiHnw;jigtMlH>''^ '- • k.-j*<**l»l»».-''-— 4.î'^ (►-■—--*», .*>«•<« r »—!.„« 0'' » .» -•- . ••% l5o DE L» H O M M E. ' nërenses , et leur conduite entr'eux et envers les étrangers ; affable et civile, li semble qu'ils sont d'un caractère brave, sincère, sans soupçon ni perfi- die , et sans penchant à la vengeance et à la cruauté , mais ils sont adonnés au vol. On a vu dans cette île des per- sonnes dont la peau étoit d'un blanc mat j ils avoient aussi les cheveux, la barbe , les sourcils et les cils blancs , les yeux rouges et foibles , la vue courte , la peau teigneuse et revêtue d'une es- pèce de duvet blanc , mais il paroît que ce sont de malheureux individus , ren- dus anomales par maladies. Taos flûtes et les tambours sont leurs euls instrumens , ils font peu de cas de la chasteté: les hommes offrent aux étrangers leurs sœurs ou leurs filles par civilité ou en forme de récompense. Ils portent la licence des mœurs et de la lubricité ^ à un point que les autres nations dont on a parlé depuis le com- jneuccment du moiide jusqu'à pré** ^^■^■f..m^.' ^jr''*-'**'*-''"'*-^- '*•.■•; v%N«*^-- -^-»*''^*<' >.,^\ "•^'♦♦■^''•— ••■'.'..„-• ..-■■■> -^ •-''■',"' >_«!»,•*• DE L' H O M M Ë. iSt Benl , n*avoient pas encore atteint. . Le mariage chez eux n'est qu'une convention entre Thomme et la femmcy dont les prêtres ne se mêlent point. Ils ont adopté la circoncision sans autre, motif que celui de la propreté ; cette opération , à proprement parler, ne doit pas être appelée eirconcision , parce qu'ils ne font pas au prépuce une amputation circulaire ; ils le fendent seulement à travers la partie supérieur re , pour empêcher qu'il ne se recou- vre sur le gland , et les prêtres seuls peuvent faire cette opération ». Selon le même voyageur , les habi« tans de l'ile Huaheine , située à seize degrés quarante-trois minutes latitude sud, et à cent cinquante degrés cin- quante-deux minutes longitude ouest, ressemblent beaucoup aux Otahi tiens pour la figure , l'habillement , le lan- gage et toutes les autres habitudes. Leurs habitations , ainsi qu'à Otahi ti , sont composées seulement d'un toit t k ■ ,^*5>Wifc;-i>à*J»»^-«t :>îteiW»:^*t*JM«4|^..i»r - :-^i.. >«êw»V ' .«^ -r «f* ' • «•% ,« *-. '■ I \ i5s P E L' H n M M c. soutenu par des fioteaux. D&ns oett« ilc , qui n'est qu'à trente lieues d'Ola- hiii , lc8 hommes semMcBt'èti'e plut vigoureux et â'nne stature enoOTe plus grande, quelques-uns ont jusqn'à six pied« de haut et plus : les femmes y «ont très-jolies. Toutes cesinsulaires se iK^rrisEent de cocos , d'ignames , de ToJaiUes, de codions^ qui y sonten très- gà'and nombre. Et ils parlent tous la stiiême langue , et cette lasigue des île» de la mer du soà, s'est étendue jusqu'à la nouvelle S^'lande. ffabitans des ierres Australes. FoVR ne rien «mettre de ce que l'on connoit sur les terres Australes, je crois devoir donner ici pur extrait ce qu'il y a de plus avéré dans les décou" vertes des voyiigeurs qui ont successi- vcjncnt reconnu les côtes de ees vastes contrées , et finir par ce qn'en a dit M. Cook i qui ; l\à ^&ul; a pl^is isit de !£'«^»S!#**^!SÎS^*^K^-"*»**^''*^^ -—»♦■* #>*«.*«i^.^--^-t DE L' H O M M E. l53 découvertes que tous les navigateurs qui l'ont précède. Il paroît par la déclaration que fit Gouneville en i5o3 à l'amirauté , que TAustralasie est divisée en petits can- tons gcnvernés par des rois absolus fui so font la guerre y et qui peuvent metire jusqu'à cinq ou six cents hom- Kies en campagne \ mais Gonneville ne donne ni la latitude ni la longitude de cette terre dont il démt les habitans. Far la relation de Fernand de Qui- ros , ou Koit que les Indiens de Pile ap- pelée Ue delà belle Nation par les Espa- gnols y laquelle est située à treize de- grés de latitude sud y ont à-peu-près les mêmes moeurs que les Otahitiens ^ CCS Insulaires sont blancs, beaux et très-bien faits ; on ne peut même trop ê'étonner , dit-il^ de lu blancheur ex- trême de ce peuple ^1< .ns un climat oh l'air et le soleil devroient les bâler et noircir ; les femmes efiaceroient nos beai^t^s espagnoles si elles ctoient pa^ Qh A II A ,.u^M-««f*»# ■fl !i^«*»-*». ,*~-jr -■ ■•■ 154 n K V M O IVT M B. rtk\i:on«\; mnt vôtiios do la ci^iiituro eu bus ify (iuj) îittJo tl> palmier , et d'iui piîlît nîî»ak'{«u de k ^ »Amo tHoffo sur le? lipnabii. . . 8iir la ciUo orirnlalo clo la Nouvelle Hollande y que FernaïKl deQuiros ap- prilr îftrïv duSûmi-Eapriâf il dit avoir ap|)cr<,ui d«ss hir 'luna de trois couleur») les u))s^ tour, noirs, Icfl autres fort blancs à chv^'^oux et à barbe rouges , les autres juulUrcs ; ce qui Tii tonna fort > et lui parut un indice de la grande étendue de c< Ue contrée. Fernand de Quiros ftvoit bien raison ; car , parles nouvel- les décDiivertes du grand navigateur M. Cook, Ton est maintenant assure que celte contrée de la Nouvelle-Hol- lande est aussi étendue que l'Europe entière. Sur la même côte à quelque distance , Qniros vit une autre nation de plus haute taille et d'une couleur plus grisâtre , avec laquelle il ne fut j)as possible de conférer j ils venoient eu troupe décocher des flèçhca sur le« ""S^pt*--^-*-*-*!^ s-tCv ^^'^■ÏÏ^ D B L' II O M M B. l55 Espagnols, et on ne pouvoit Icsfairo retirer qu'à coup do mousquet. <( Abel Tasmand trouva dans les ter** res voisines d'une baie dans la Nouvelle* Zdlande,à quarante degrds cinquante minutes latitude sud , et cent quatre- vingt-onze dogrës quarante-une mi- nutes de longitude , des liabitans qui avoient la voix rude et la taille gros- se lU ëtoient d'une couleur entre le brun et le jaune , et avoient les che- veux noirgti à-peu près aussi longs et aussi épais que ceux des Japonais , at- tachés au sommet de la tête avec une plume longue et épaisse au milieu Ils avoient le milieu du corps couvert , les uns de nattes , les autres de toile de coton -y mais le reste ua corps étoit nu». La première découverte de la Nou- velle-Zélande a été faite en i642 , par Abel Tasman et Diemen ; qui ont donne leurs noms à quelques parties des côtes; jsiais toutes les jiotions que nous en \ • *• ri "1 u M. 0 i M } *-.. t:.J..\--.('liM> --'J^\j. l56 DE L' H O M M B. avions ëtoient iMen incomplètes ayant la belle navigation de M. Gook. « La taille des babitans de la Non- yelle-Zëlande , dit ce grand voyageur, est en gênerai égale à oeUe des Ettro^ péens les plus grand» ; ils ont les mem- bres charnus , forts et bien proportion- néa ; mais ils ne sont pas aussi gras que les oisifs insnlaires de la mer du Smâi Ils sont alertes , vigoureux et adroita des mains, leur teint est en général bruu ; il y en a peu qui Faynfit plus foncé que celui d'un Espagnol qui a été exposé an soleil , et celui du plus grand nombre l'est beaucoup moins ». Je dois observer en passant , que la comparaison que fait ici M. Gook des Espagnols nux Zélandais , est d'autant plus juste , que les uns sont à très-peu- près les antipodes des autres. (( Les femmes , continue M. Coolc , n'ont pas beaucoup de délicatesse danA les traits , néanmoins leur voix est d^une grande douce ui* ^ c'est par -là :S DE L' H O M M £. 167 qu\)n les distingue des hommes^ leurs habillemens ëtaut les mêmes : comme les femmes des autres pays^ elles ont plus do gaitë , d'enjouement et de vi- vacité que les hommes. Les Zëlaudais ont les cheveux et la barbe noirs ^ leurs dents sont blanches et régulières*, ils jouissent d'une santé robuste > et il y en a de fort âgés. Leur principale nourri- ture est de poisson y qu'ils ne peuvent se procurer que sur les cètes , lesquels les ne leur en fournissent en abondance que pendant un certain temps. Ils n'ont ni cochons, ni chèvres, ni volailles ^ et ils ne savent pas prendre les oiseaujr en assez grand nombre pour se noi r; excepté les chiens qu'ils mangent , ils n'ont point d'autres subsistances €^\\g la racine de fougère , les ignames et les patates ... Ils sont aussi décens et mo- destes que les insulaires de la mer du Sud sont voluptueux et indéc ^^^ -^ mais ihi ne sont pas aussi propres,... parce que , ne vivant pas dans un climat aussi Quadrup. II. i4 • ! , 1 I > ) • / ? / \ "1 mm ï58 DE L' 11 O M M 13» clmiid y ils ne se baignent pas si souvent. Leur habillement est, au premier coup-d'œil , tout-à-fait bizarre. Il est compose do feuilles d'une espèce do glayeul , qui ($tant coupées en trois ban^ des , sont entrelacëes les unes dans les autres , et forment une sorte d'ëtofle qui tient Le milieu cnlre le rëseau et le drap ; les bouts des feuilles s'ëlèvent en saillie comme de la peluche ou les nattes que l'on ëtcnd sur nos escaliers. Deux pièces de cette ëtoiFe font un ha- billement complet; l'une est attachëo sur les ëpa* 'e« avec uu ' ^rdon et pcid jusqu'aux genoux, au b t de ce ^or- don est une aiguille d'os qu^ joint en- semble les deux parties de ce vrôtement. L'autre pièce est enveloppëe autour de la ceinture, et pend presque^ à terre. Les hommes ne portent que dans cer- taines occasions cet habit de dessous ; ih ont une ceinture à laquelle pend une petite curdc destinëe à un usage très- singulier. Les Insulaires de la msv du y\) % •%:. DE L' H O M M E. l5ç^ Siià 80 fendent le prépuce pour l'era-» pêcher de couvrir le gland j les Zélan- dais ramènent au contraire le prcpuc» «ur le gland ; et afin de l'empêcher do se retirer , ils en nouent Tcxtromitë arec le cordon attache à leur ceinture, et le gland est la seule partie de leur corps qu'ils montrent avec une hohto extrême. Cet usage plus que singulier, semble être fort contraire à la propreté ; mais il a un avantage, c'est de maintenir cette partie sensible et fraîche plud long-temp» : car l'on a observé que tous les circoncis , et même ceUx qui sans être circoncis, ont le prépuce court, per- dent dans la partie qu'il couvre , la sen- sibilité plutôt que les autres hommes. « Au nord de la Nouvelle-Zélande y continue M. Cook, il y a des planta- tions d'ignames, de pommes- de-terre et de cocùs *, on n'a pas remarqué do pareilles plantations au sud, ce qui fait croire que les habitons de cette paitid ; ) i i I ) 'V. I \ ) } • '■•ft,''*f l-^/'t*.,. l6o n E L* H O M M K. dn sud ne doivent vivre que de racines do fougèro et de poisson. Il paroit qu'ils n'ont pas d'autre boisson que de l'eau. Ils jouissent sans interruption d'une bonne santo , et on n'en a pas vu un seul qui parût affecte de quelque ma- ladie. Parmi ceux qui ëtoient entière- ment nus , on ne s'est pas apperçu qu'aucun eût la plus légère éruption sur la peau , ni aucune trace de pustu* les ou de boutons ; ils ont d'ailleurs un grand nombre de vieillards parmi eux^ dont aucun n'est décrépit. Ils paroissent faire moins de cas des femmes que les Insulaires de la mer du Sud) cependant ils mangent avec elles > et les Otahitiens mangent toujour^ seuls; mais les ressemblances qu'on trouve entre ce pays et les iles de la mer du Sud , relativement aux autres usages , sont une forte preuve que tous ces Insulaires ont la même origine. . . • ÏA conformité du langage paroit éta- blir ce fait d'une manière incontesta- % '% f- '^ «h. DE L' H O M M B. l6t ble ; Tupia , jeune Otahitien que nous «▼ions avec nous , se faisoit parfaite- ment entendre des Zdlandais». M. Cook pense que ces peuples no viennent pas de rAmëriquei qui est si- Xuée à l*est de ces contrées ; et il dit qu'à moins qu'il n'y ait au sud un con- tinent assez étendu I il s'ensuivra qu'ils viennent de l'ouest. Néanmoins la lan- gue est absolument différente dans la Nouvelle-Hollande , qui est la terre la plus voisine à l'ouest de la Zélande ) et comme cette langue d'Otahiti et des autres îles de la mer Pacifique , ainsi que celle de la Zélande , ont plusieurs rapports avec les langues de l'Inde mé« ridionale , on peut présumer que toutes ces petites peuplades tirent leur origine de l'Archipel indien. « Aucun des habitans de la Nouvelle- HoUande no porte le moindre vête- ment , ajoute M. Cook ; ils parloient dans un langage si rude et si désagréa- ble; que Tnpia; jeune Otahitien , n'y \\ ) i ^:,.-., i^'3.'r-i»**« f •*.-_•? •'.^,. /' lf)2 DE L' H O M M E. entendoit pas un seul raot. Ces hommes de la Nouvelle -Hollande paroissent hardis ; ils sont armés de lances , et semblent s'occuper de la pêche. Leurs lances sont de la longueur de six à quinze pieds, avec quatre branches, dont chacune est tiès- pointue et armée d'un os de poisson. . . . En général, ils paroissent d'un naturel fort sauvage , puisqu'on ne put jamais les engager de se laisser approcher. Cependant on par- vint pour la première fois à voir quel- ques naturels du pays dans les envi- rons delà rivière à! Endeavour. Ceux-cJ étoient armés de javelines et de lances, avoient les membres d'une petitesse re- marquable; ils étoient cependant d'une taille ordinaire pour la hauteur : leur peau étoit couleur de suie ou de choco- lat foncé ; leurs cheveux étoient noirs sans être laineux , mais coupés courts , les uns les avoient lisses et les autres bouclés. . . . Les traits de leur visage u'étûientpas désagréables j ils avoieiAt ( "K^S •Vi-fci^ ■'* mkJÉ^^ ^^'w^tsUj: , r ' ■■ -vi ^ .«-■'TH. -,^_, fcV»J l'^-^H.liyiLL**!'^ Wr.-- ■') D É l'^H O ]VI m B. i6^ les yeux très-vife , les dents blanches et unies , la voix douce et harmonieuse^ et répëtoient quelques mota qu'on leur faisoit prononcer avec beaucoup de fa- cilité. Tous ont un trou fait à travers- le cartilage qui sépare les deux narines^ dans lequel ils mettent un os d^oiseaa de la grosseur d'un doigt et de cinq ou six pouces de long. Ils ont aussi des trous à leurs oreilles , quoiqu'ils n'aient point de pendans, peut-être y en mtttent-ils qu'on n'a pas vus. . . Par après on s'est •4|/perçu que leur peau n'étoit yas aussi brune qu'elle a voit paru d'abord ; cd que l'on avoit pris pour leur teint de nature, n'étoit que l'efiFet de la pous- sière et de la fumée dans laquelle ils sont peut-être obligés de dormir , mal- gré la chaleur du climat, pour se*pré- server des mosquites , insectes très-in- commodes. Ils sont entièrement nus, et paroissent être d'une activité et d'une agilité extrêmes. . . . Au reste ^ la Nouvelle-Hollande est ) \ ■--^«^ *^'^«-«^.-- .i*-.. jia.«.««^^K&i»a^^,^eaiQ!»r«^iî*i|f — SCV l64 D B L' H O M M K. beaucoup plus grande qu'aucune autre contrée du monde connu , qui ne porte pas le nom de continent. La longueur âe la côte sur laquelle on a navigue , réduite en ligne droite , ne comprend pas moins de vingt-sept degrés; de sorte que sa surface en quarré doit être beau- coup plus grande que celle de toute l'Europe. Jjes habitans de cette v&ste terre ne paroissent pas nombreux ; les hcHnmes et les femmes y sont entièrement nus... On n'apperçoit sur leur corps aucune trace de maladie on ift 4 I ■'■»-. fW «v ■ *■ i canines des mâ- '-"•'•4 *i'^ '#-1^. >■■ -d**^'' « 1 '» i ■V V) t '■■; • u h A ■) r r 1,^ , n. • >.. :. :»" \ ' i .^ m ,^ r.'io "o'i-: .>L > • .1 lit !«.' l l^revf 1 l.F. JOC'KO 2 l/oUWHi-oriANCr. i\ i; * mé\ h a fc q V lè fc Vi V v; 8C ir I c< g T^'. DES SINGES. 1G9 rent de celui des autres singes: il n'a- Toit ni l'impj ence du magot , ni la mt^chan :etë du babouin , ni Textrava- gun^^e f' ^ guenons. Le signe et la pa- role «aii at pour faire agir notre cran ig , il falloit le bâton pour le babi>u et le fouet pour tous les autres, qu. n'obéissent guère qu'à la force des coups. J'ai vu cet animal prë- senter sa main pour reconduire les gens qui venoient le visiter , se promener gravement avec eux et comme de com- pagnie; je l'ai vu s'asseoir à table , dé- ployer sa serviette , s'en essuyer les lèvres , se servir de la cuiller et de la fourchette pour porter à sa bouche , verser lui-même sa boisson dans un verre , le choquer lorsqu'il y ^toit in- vité, aller prendre une tasse et une soucoupe , l'apporter sur la table j y mettre du sucre , y verser du thé , le laisser refroidir pour le boire , et tout cela sans autre instigation que les si- gnes ou la parole de son maître , et sur- Quadnip. II. iS L .Su^Tî* IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) ^/ <_ "% A '^' '^^ "/// 7 1.0 1.1 lÂi|2£ 125 Ug "^^ mÊÊÊk ^ Vik 12.2 lU |l-25 II 1.4 ||.6 \ - •« 6" ► Hiotograiinc Sdenœs Corporalioii 23 WEST MAIN STRIET WEBSTER, N. Y. 14580 (7U)«72-4S03 \ 'V \ ÏJO HISTOIRE NATUAELtÉ Vent de lui-même. Il ne faisoit du mat à personne , s'approchoit même avec circonspection, etseprësentoit comme pour demander des caresses *, il aimoit prodigieusement les bonbons , tout le inonde lui en donnoit, et comme il avoit une toux fréquente et la poi- trine attaquée , cette grande quantité de choses sucrées contribua sans doute à abréger sa vie : il ne vécut à Paris qu'un été , et mourut l'hiver suivant à Londres : il mangeoit presque de tout , seulement il préféroit les fruits mûrs et secs à tous l^s autres alimens ; il bu- voit du vin , mais en petite quantité > et lé laissoit volontiers pour du lait, du thé ou d'autres liqueurs douces. Tulpius, qui a donné une bonne des- cription avec la figure d'un de ces ani- maux qu'on avoit présenté vivant à Frédéric-Henri , prince d'Orange , en raconte les mêmes choses à-peu-près que celles que nous avons vues r us- mêmes ; et que nous yenon» de i:app<>r- DES SINGES. 171 ter. Mais si l'on veiit reconnoître ce qui appartient en propre à cet animal , et le distinguer de ce qu'il a voit reçu de son maître ; si Ton veut séparer sa nature de son éducation , qui en efiet lui ëtoit étrangère , puisqu'au lieu de la tenir de ses père et mère , il Favoit reçue des hommes , il faut comparer ces faits , dont nous avons été témoins^ avec ceux que nous ont donnés les voyageurs qui ont vu ces animaux dans leur état de nature , en liberté et en captivité. M. de la Brosse , qui avoit acheté d'un Nègre deux petits orangs- outangs qui n'avoient qu'un an d'âge , ne dit pas si le Nègre les avoit édu- qiiés; il paroi t assurer au contraire que c'étoit d'eux- mêmes qu'ils faisoient une grande partie des chose^j! que noua avons rapportées ci-dessu3. <( Ces ani- maux, dit-il , ont l'instinct de s'asseoir à table comme les hommes ; ils man- gent de tout sans distinction ) ils so servei^t de couteau ^ de la cuiller et d^^ -^>i "•'•iiiiiW'i ■' '» *»*\__^-..*- n V b I l s. 1 ) > 172 HISTOIRE NATURELLE la fourchette pour couper et prendre ce qu'on leur sert sur Tassiettc : ils boivent du TÎn et d'autres liqueurs. Nous les portâmes à bord ; quand ils ^toientà table, ils se faisoient entendre des mousses lorsqu'ils avoient besoin de quelque chose; et quelquefois^ quand ces enfans refusoient de leur donner ce qu'ils demandoient, ils se mettoient en colère , leur saisissoient les bras , les taiordoient et les abattoient sous eux... Le mâle fut malade en rade ; il se fai« «oit soigner comme une personne; il fut même saigne deux fois au bras droit: toutes les fois qu'il se trouva depuis incommodé , il montroit son bras pour qu'on h Ignât , comme s'il eût sa que cela lui avoit fait du bien». Henri Grosse dit « qu'il se trouve de ces animaux vers le nord de Coroman- del , dans les forêts du domaine du Raïa de Carnatc ; qu'on en fit présent de deux , l'un mâle , l'autre femelle , à M. Horne , gouverneur de Bombay ; t 1 •=-,--.*- *^^r ^ t DES 8 I N O £ S.^ 1 7S qu'ils avoieiit à peine deux pieds de haut , mais la forme entièrement hu- mainej qu'ik marchoient sur leurs deux, pieds , et q^u'ils ëtoient d'un blanc pâle> sans autres cheveux m poils qu'aux eit« droits où nous eu avons com munément^ que leurs actions étoient très-sembla- bles pour la plupart aux actions humai- nes f et que leur mélancolie faisoit voir qu'ils sentoient fort biea leur capti- vité ; qu'ils faisoient leur lit avec soin dans la cage dans laquelle on les avoit envoyés sur le vaisseau, que quand on les regai'doit, ils cachoient avec leurs maiiia les parties que la modestie em« pêche de montrer. La femelle , ajoute- t-il, mourut de maladie sur le vais- seau , et le mâle donnant toutes sortes de signes de douleur , prit tellement à cœur la mort de sa compagne , qu'il refusa de* manger et ne lui survécut pas plu» de deux jours »v François Pyrard rapporte « qu'il se trouve dans la provincç de Sierra-Lionu ■''•^^f^. ■ **^^^-"<^;^ff'^"^'*''— ^ ■ -.,^' 1 .^ ,»'^J_«W*»v.. ■0k iÊt': ''&*»fc* «^«v.- I< -T.- 174 HISTOIRE NATURELLE une espèce d'animaux nppele'e harh , qui sont gros et membrus^ lesquels ont une telle industrie , qui si on les nour- rit et instruit de jeunesse , ils servent comme une personne \ qu'ils marchent d'ordinaire sur les deux pattes de der- rière seulement ; qu'ils pilent ce qu'on leur donne à piler dans des mortiers, qu'ils vont quénr de l'eau à la rivière dans de petites cruches qu^ih portent toutes pleines sur leur tête ; mais qu'ar- rivant bientôt à la porte de la maison^ si on ne leur prend bientôt leurs cru- ches, ils les laissent tomber, et voyant la cruche versée et rompue , ifs se met- tent à crier et à pleurer ». Le Père du Jaric , cité par Niéremberg, dit la même chose et presque dans les mêmes ter- mes. Le témoignage de Schoutten, s'accorde avec celui de Pyrard au su- jet de l'éducation de ces animaux» ' « On en prend, dit-il , avec des lacs , on les apprivoise , on leur apprend à marcher sur les pieds do derrière et à -- % r ■■■^'i^n»*<:Jit.,. .1- .»,.:-< ■■' t {: DES SINGES. 175 se servir des pieds de devant , qui sont à - peu - près comme des mains , pour faire certains ouvrages et même ceux du mënage , comme rincer des verres , donner à boire, tourner la broche, &c. ». J'ai vu à Java , dit le Guat , un singe fort extraordinaire : c'étoit une femel- le ; elle étoit de grande taille et mar- choit souvent fort droite sur ses pieds de derrière ; alors elle cachoit d'une de SCS mains l'endroit de son corps qui dis- tinguoit son sexe ; elle avoit le visage sans autre poil que celui des sourcils, et elle ressembloit assez en général à ces faces grotesques des femmes hot- tentotes que j'ai vues au Cap: elle faivsoit tous les jours proprement son lit , s'y couchoit la tête sur un oreil- ler, et se couvroit d'une couverture... Quand elle avoit mal à la tête, elle se serroit d'un mouchoir, et c'étoit un plaisir de la voir ainsi coiffée dana son lit. Je pourrois en rciconter diver- ses autres petites choses qui paroisseni ■*««»^i*îtes,- ■^■MlllftWdl'll, '"' '«!œC?s*^j(?^'t Il .t^jtw^nSk .- ■fJ^ ■i ■■ 17^ HISTOIRE NATURELLE expressément singulières; mais f ayone qi!ie je ne pouvais pas admirer eela au- tant que le faismt la multitude , parce que n'ignorant pas le dessein qu'on avoit de porter cet animal en Europe pour le faire voir, f'avois beaucoup de penchant à supposer qu'on Tavoit dres- se à la plupart des singeries que le peu- ple regardoit comme lui étant naiu- velles; à la Tëritë c'étoit une supposi- tion. 11 mourut à la hauteur du Cap^ de Bonne-Ëspërance dans un yaissean sur lequel ).^étois j il est certain que la figure de ce singe rcsscmhloit beaucoup* à celle de l'homme, &c. ». Gemelli Ca- rei.'i dit en avoir vu un qui se plai- guoit comme un enfanli, qui marchoit sur les deux pieds de derrièFe\, en por^ tant sa natte sous son bras pour se cou*- eher et dormir. Ces singe» ^ i^oute-t- il , paroîssent avoir plus d'esprit que- les hommes;, à certains ëgards : car^ quand ils ne trouvent plus de fruits- sur les montag^ies» ils vont au bord ^aiï-^^Mtti- V'-^'*nf>«ni.i)„ii iM'Tiitoi»**^' DES SINGES. \JJ de la uier ou ils attrapent dea crabes, des huîtres et autres choses sembla" blés. Il y a une espèce d'huitres qu'on appelle taclopo, qui pèsent plusieurs li- vres et qui sont souvent ouvertes sur le rivage j or le singe craignant que quand il veut les manger, elles ne lui attrapent la patte en se refermant, il jette une pierre dans la coquille qui l'empêche de se fermer , et ensuite il mange rhuitre sans crainte. H Sur les câtes de la rivière de Gam- bie , dit Froger , les singes y sont plus gi os et plus mëchans qu'en aucun en- droit de l'Afrique } les Nègres les crai- gnent,, et ils ne peuvent aller seuls danA la campagne sans courir risque d'être attaqués par ces animaux qu' ^.^urprë- sentent un bâton et les obligciit à ae batttre. . . . «Souvent on les a vus por- ter sur les arbres des enfans de sept à huit ans qu^on avoit une peine incroya* ble à leur ôter ; la plupart des Nègres croient que c'est uneL nation étranger» trm , j •■ ^.» .<* ♦ ■*•-..,. 178 HISTOIRE NATURELLE qui est venue s'établir dans leur pays , et que s'ils ne parlent pait, c'est qu'ils craignent qu'on ne les oblige à tra- vailler ». « On sepasseroit bien, dit un autre voyageur, de voir à Macacar un aussi grand nombre de singes , car leur ren- contre est souvent funeste ; il faut toujours être bien arme pour s'en dé- fendre ils n'ont point de queue , ils se tiennent toujours droits comme des hommes , et ne vont jamais que sur les deux pieds de derrière ». Voilà , du moins à très-peu près , tout ce que les voyageurs les moins crédules et les plus vëridiques nous disent de cet animal; j'ai cru devoir rapporter leurs passages en entier , parce que tout peut paroître impor- tant dans l'histoire d'une bête si res- semblante à l'homme : et pour qu'on puisse prononcer avec encore plus de connoissance sur sa nature , nous aU Ions exposer aussi toutes les différcii^ ..%•). é^L* DÈS S I N ÛB d« 179 tes qui uloigncnt cette espèce de l'es^ pèce humaine , et toutes les confor^ mites qui l'en approchent II diffère de rhomme à l'extérieur par le nez qui n'est pas proéminent, par le front qui est trop court , par le menton qui n'est pas relevé à la base ; il a les oreil- les proportionnellement trop grandes , les yeux trop voisins l'un de l'autre ; l'intervalle entre le nez et la bouche est aussi trop étendu : ce sont là les seules différences de la face de l'orang- outang avec le visage de l'homme. Le corps et les membres diffèrent en ce que les cuisses sont relativement trop courtes, les bras trop longs, lespoucM trop petits , la paume des mains trop longue et trop serrée , les pieds plutôt faits comme des mains que comme des pieds Iii7jaains ; les parties do la géné- ration du mâle ne sont différentes de celles de l'homme, qu'en ce qu'il n'y a point de frein au prépuce ; les par- ties de la femelle sont à l'extérieur ■/• -. 5»li•i^"J».T>i^."T l8r> HISTOIRE NATURELLE luit semblablea à celles de U femme. Arintërieur, cette espèce diffère do l'espèce humaine par le liombre des liôtcs ; l'homme n'en a que douze , l'o- vang-outang en a treize ) il a aussi les Tertèhrei du cou plus courtes , les os du bassin plus serres , les hanches plus pla- tes , les orbites des yeux plus enfoncées ; il n'y a point d'apophyse épineuse à la première vertèbre du cou ; les reins sont plus ronds que ceux de l'homme , et les uretères ont une forme différente*, aussi bien que la vessie et la vésicule du fiel , qui sont plus étroites et plus lon- gues que dans l'homme. Toute9 les au- tres parties du corps , de la tête et des membres , tant extérieures qu'inté- rieures f sont si parfaitement sembla- bles à celles de l'homme , qu'on ne peut les comparer sans admiration , et sans être étonné que d'une conformation si pareille et d'une organisation qui est absolument la même , il n'en résulte («s les mêmes effets. Par exemple ; fU -"^J^li'i..'. -,Jt^-f.: ^r>.-^,.i^- "rfy^iç^: > ' r~rr^ ttïtnt, ère do e des , ro- i8si les I osda lupla- ncëes; 180 à la uasont , et lea rente', :ule an us lon- les au- t et de8 l'inUS- ;mbïa- epeut it sans tion si lui est résulte le , /it Des s I n g k s. iSi langue et tous les organes de la voix sont les mêmes que dans l'homme, et cependant l'orang-outang ne parle pas ; le cerveau est absolument de la mêm# iqrme et de la même proportion , et il ne pense pas : y a-t-il une preuve plus évidente que la matière seule , quoique parfaitement organisée , ne peut pro- duire ni la pensée ni la parole qui en est le signe, à moins qu'elle ne soit ani mée par un principe supérieur ? L'hom- me et Vorang-outang sont les seuls qui ayent des fesses et des mollets , et qui par conséquent soient faits pour mar^- cher debout ; les seuls qui ayent In poi- trine large , les épaules applaties , et les vertèbres conformées l'un comme l'au- tre ', les seuls dont le cerveau, le cœur, lesjpoumons, le foie, la rate, le pan- créas, l'estomac , les boyaux soient ab- solument pareils; les seuls qui ayent l'appendice vermiculaire au cœcum ; enfin l'orang-outang ressemble plus à l'homme qu'à aucun des animaux , plua Quadrup. II. lô '•j 4ir' i i !1 i kV 182 HISTOIRE NATURELLE même qu'aux babouins et aux gue- nons , non-seulement par toutes les. parties que je viens d'indiquer , mais encore par la largeur du visage , la forme du crâne , des mâchoires , des dents , des autres os de» la tête et de la face ; par la grosseur des doigts et du pouce, parla figure des ongles, par le nombre de vertèbres lombaires et sa- crées , et par celui des os du coccix j et enfin par la conformité daiis les arti- culations, dans la grandeur et la figure de la rotule, dans celle du sternum^ &c» En sorte qu'en comparant cet ani- mal avec ceux qui lui ressemblent le plus f comme avec le magot , le babouin ou la guenon^ il se trouve encore avoir plus de conformité avec l'homme qu'a- vec ces animaux , dont les espèces ce- pendant paroissent être si voisines de la sienne , qu'on les a toutes désignées par le même nom de singes : ainsi les Indiens sont excusables de l'avoir as- f ocié à l'espèce hum^e par le nom il'o \ ./ V j(.. , - »> DES SINGES. l83 9* orang-outang , homme sauvage, puis- qu'il ressemble à l'homme par le corps plus qu'il ne ressemble aux autres sin- ges ou k aucun autre animal. Caractères distinctifs de cette espèce. L'oRANG-ouTANO n'a point d'aba- joues , c'est - à - dire , point de poche» au-dcdan? des joues , point de queue , point de callosités sur les fesses ; il lc9 a renflées et charnues ; il a toutes les dents et même les canines semblables à celles de 'l'homme ; il a la face plate , nue et basanée ; les oreilles, les mains ^ les pieds , la poitrine , le ventre aussi nus y il a des poils sur la tête qui des- cendent en forme de cheveux des deux côtés des tempes , du poil sur le dos et sur les lombes , mais en petite quanti- té \ il a cinq ou six pieds de hauteur y et marche toujours droit sur ses deux pieds. Nous n'avons pas été à portée de vérifier si les femelles sont sujettes '" i .■*»• ■'^ -,.|,.»»«"i)»«i^»#;'' '^MWW-^B*' *yj»T w^sS^SBT :. ( 184 HISTOIRE NATURELLE comme les femmes à l'ëcoulèment pé-« riodique, mais nous le présumons , et par analo^e nous ne pouvons guère en douter. ( 1 i LE G IB BON. Le gibbon se tient toujours debout,, lors même qu41 marche à quatre pieds , parce que ses bras sont aussi) longs que son corps et ses jambes ; nous l'ayon» vu vivant , il n'avoit pas trois pieds de hauteur , mais il ëtoit jeune , il ëtoit en captivité : ainsi l'on doit présumer qu'il n'avoit pas encore acquis toutes ses dimensions , et que dans l'état de nature, lorsqu'il est adulte, il parvient au moins à quatre pieds de hauteur : il n'a nulle apparence de queue ; mais le caractère qui le distingue évidemment des autres singes > c'est cette prodigieu- se grandeur de ses bras qui sont aussi longs que le corps et les jambes pris ensemble , en sorte que l'animal étant i > \. •;^V^^"*X. ..•«•^-«i»-» -», . .< ,.ji.»^"^'''''s...*i»'.'-'n«,.M^--..w»»»*»w»~ DES SINGES. lS5 debout sur ses pieds de derrière , ses mains touchent encore à terre , et qu'il peut marcher à quatre pieds sans que son corps se penche ; il a tout autour de la face un cercle de poil gris , de ma^ nière qu'elle so pre'sente comme si elle étoit environnée d'un cadre rond , ce qui don ne à ce singe un air très-extraor- d inaire ; ses yeux sont grands, mais enfoncés, ses oreilles niies et bien bor- dées , sa face est applatie , de couleur tannée et assez semblable à celle de l'homme : le gibbon est, après l'orang- outang et le pithèque , celui qui appro- cheroit le plus de la figure humaine , si la longueur excessive de ses bras ne le rendoit pas difforme : car dans l'état de nature l'homme auroit aussi une mine bien étrange ^ les cheveux et la barbe, s'ils étoient négligés , forme- roient autour de son visage un cadre de poil assez semblable à celui qui en- vironne la face du gibbon. > Ce singe nous a paru d'un naturel Z^Mî^i '^■AttL^ .,#«--.•'<»., ■Ite»»-»*^ >■"*«**■■■-: -"^x-^. î |A. 1 l85 HISTOIRE NATURELLE tranquille, et de mœurs assez douces; ses mouvemens n'ëtoient ni trop brus- ques, ni trop précipités; il prenoit dou- cement ce qu'on lui donnoit à manger ; on le nourrissoit de pain , de fruits , d'amandes , &c. Il craignoit beaucoup le froid et l'humidité , et il n'a pas Tecu long-temps hors de son pays natal : il est originaire des Indes orientales y particulièrement des terres de Coro- mandel, de Malaca et des îles Molu- ques. Il paroît qu'il se trouve aussi dans des provinces moins méridionales , et qu'on doit rapporter au gibbon , le sin- ge du royaume de Gannaure , frontière de la Chine , que quelques voyageurs ont indiqué sous le nom de fefé ; au reste cette espèce varie pour la gran- deur et pour les couleurs du poil ; il y en a deux au Cabinet , dont le second , quoiqu'adulte , est bien plus petit que le premier , et n'a que du brun dans tous les endroits où l'autre a' du noir ; mais comme ils se ressemblent parfai- ■3' SE 8 8 IN GE S. l8f tement à tous autres ëgards , nous no doutons pas qu'ils ne soient toua deux d'une seule et même espèce. Caractères distinctif 8 de cette espècet ■• •) liE gibbon n'a point de queue > il a les fesses pelées avec de légères callosi- tés ; sa face est plate, brune et envi- ronnée tout autour d'an cercle de poil» gris; il a les deuts canines plus grandes à proportion que celles de rhômme'^ il a les oreilles nues , noires et arrondies , le poil brun ou gris suivant l'âge ou la race, lés bras excessivement longs : il marche sur ses- deux pieds de derrière ^ il a deux pieds et demi ou trois pied» de hauteur. La femelle est sujette y comme les femmes , à un écoulement périodique de sang. / n\ • \ > , /,- f 'AwiC. >',.'' ■ ;« '■ .!..•» «'}«i«(^#--if » ■ -■=* '«r-' " l88 HISTOIRE NATURELLE ! I l LE PITHÈQUE. I L paroit y par les témoignages des linoiens , que le pithèque est le plus doux , le plu8 docile de tous les singes qui leur ëtoient connus, et quHl ëtoit commnu on Asie aussi bien que dan» la Libye et dans les autres province» de l'Afrique , qui dtoient fréquentëes par les voyageurs greos et romains \ c'est ce qui me fait présumer qu'on doit rapporter à cette espèce de singe les passages suivans de Léon l'Africain et do Marmol :ils disent, que les singe» à longue queue qu'on voit en Mauri- tanie, et que les Africains appellent mones , viennent du pays dos Nègres, mais que les singes sans queue sont naturels, et se trouvent eu très-grando quantité dans les montagnes de Mau- ritanie, de JBugie et de Constantino. n Ils ont , dit Marmol , les pieds , lea mains , et s'il faut ainsi dire , le visago ■? ■.•^s'-^'*^:,^c:^«<^ it- .-*« ■w.---- '^''^'' •^♦-^•"W..^^. Ht-t*"*' . oi-.<<»* DBS SINGES.' 189 ^e riiommo , avec beaucoup d^caprit et de malice. Ils vivent d'herbeA ^ do blé et de toutes sortes de fruits qu'ib vont en troupes dérober dans les jar- dins ou dans les champs ; mais arant que de sortir de leur fort , il y en a un qui monte sur une dminenoe , d'où il découvre toute la campagne ; et quand il ne voit paroi tro personne , il fait Bigno aux autres par un cri pour les faire sortir, et ne bouge de-là tandis qu'i!s sont dehors ) mais si-tôt qu'il voit venir quelqu'un , il jette de grands cris , et sautant d'arbre en arbre tous se sauvent dans les montagnes; c'est une chose admirable que de les voir fuir , car les femelles portent sur leur dos quatre ou cinq petits , et ne lais- sent pas avec cela de faire de grands sauts de branche en branche. Il s'en prend quantité , par diverses inven- tions, quoiqu'ils soient fort fins : quand ils deviennent farouches , ils mordent; mais pour peu qu'on les flatte ^ ils s'api>< ■,:%...•>,, t . ^imKm'M'^w^^'r^-*"''ff0i?*- " igo ITfSTOTT^E NATURELLE ^nivoisuiil aisoincnt ; ils font grand tort uu Iruit et au blc, parce qu'ils ne font autre chose que le cueillir , cou- per et jeter par terre , soit qu'il soit luûr ou non, et en perdent beaucoup plus qu'ils n'en mangent et qu'ils n'en cui portent: ceux qui sont apprivoises font des choses incroyables , imitant l'homme en tout ce qu'ils voient». Kolbo rapporte les mêmes faits à-peu-près au sujet des singes du Cap de Bonne- Ilspérance \ mais on voit par la fi^ re et la description qu'il en donne , que ces singes sont des babouins , qui ont ime queue courte y le museau alongë , les ongles pointus y &c. et qu'ils sont aussi beaucoup plus gros et plus forts que ces singes de Mauritanie : on pout donc présumer que Kolbe a copié le passage de Marmol , et appliqué aux babouins du Cap les habitudes natu- relles des pithèques de Mauritanie. Le pithèque, le magot et le babouin que nous avons 4ppelé/>a/?fo» , étoient ■■V -*^;, '■"■^Jlttfc.. iîJt-^A.^ .^ j*--».,»-»***'^-***-*»-^».*--»'' DES SINGB9. 191 tous trois connus des anciens ; aussi ces animaux se trouvent dans TAsio mineure , en Arabie , dans la hauto £gypte et dans toute la partie septen- trionale de PAfrique : on pourroit donc aussi appliquer ce passage deMarmol à tous trois ; mais il est clair qu'il ne convient pas au babouin , puisqu'il y est dit que ces singes n'ont point do queue; et ce qui me fait présumer que ce n'est pas du magot , mais du pithè- que dont cet auteur a parle , c'est que le ma^ot n'est pas aisé à apprivoiser , qu'il ne produit ordinairement quo deux petits , et non pas quatre ou cinq , comme le dit Mannol ; au lieu que le pithèque qui est plus petit , doit eu produire davantage ; d'ailleurs il est plus doux et plus docile que le magot, qui ne s'apprivoise qu'avec peine et ne se prive jamais parfaitement. Je me suis convaincu , par toutes ces rai- sons , que ce n'est point au magot , mais au pithèque qu'il faut appliquer ■■/ : f n ..■jS**f»- .r***»-» '^'Sll>)0m^'*r0W::"*IS^^ ït Si \ t i i< if 119a HTSTOTÏIE NATÙRRLLÊ ce passage des auteurs Africains ; il en est de même de celui de Rubruquis , QVL il est fait mention des singes du Gathay ; il dit : u Qu'ils ont en toutes choses la forme et les façons des hom- mes.... qu'ils ne sont pas plus hauts qu'une coudée , et tout couverts de poils ; qu'ils habitent dans des caver- nes j que pour les prendre » on y porte des boissons fortes et enivrantes qu'ils viennent tous ensemble goûter de ce breuvage , en criant chinchin , dont on leur a donné le nom de chin- chin , et qu'ils s'enivrent si bien qu'ils s'endorment: ; en sorte que les chasseurs les prennent aisément»» Ce» carac- tères ne conviennent qu'au pithèque, et point du tout au magot : nous avons €u celui-ci vivant , et nous ne l'avons jamais entendu crier chinchin ; d'ail- leurs il a beaucoup plus d'une coudéd de hauteur , et ressemble moins à l'homme que ne le dit l'auteur. Nous avons eu les mêmes raisons pour aj^-* DBS SINGES. 19^ pliquer au pithèque et non point ru magot f la figure et Tindication de Pros- per Alpin ^ par laquelle il asssure que les petits singes sans queue qu'il a vue «n Egypte , s'apprivoisent plus vite et plus aisément que les autres; qu'ils ont plus d'intelligence et d'industrie , et qu'ils sont aussi plus gais et plus plai- sans que tous les autres : or ; le magot est d'une grosge et assez grande taille ; il est maussade , triste , farouche et ne s'apprivoise qu'à demi : les caractères que donne ici Prosper Alpin à son singe sans queue , ne conviennent donc en aucune manière au magot , et ne peuvent appartenir à un autre animal qu'au pithèque. *«*»J*^' * '«-.ii»»f i-t i ■/ >" •. i i:t:'n,t ; , • ' ■ : 'f ■ !Î Caractères diatinetifs de cette espèce. ' '-■ Le pithèque n'a point de queue , il B^a point les dents canines plus grandes à proportion que celles de l'homme ; il a la face plate , les ongles plats aussi ^ Quadrup. II. 17 «aa-^s i.'gh-â*»' kI W r ^ . m' . *w.ji*iiiab«'f¥;.#^ ' n «9^ HISTOIRE NATUnFXL» et arrondis commo ceux Je rhommo. Il marche sur ses deux pieds ; il a en- viron une coudée , c*est-à dire , toa|; au plus un pied et demi do haute' ir ;, •on naturel est doux y et on ^>j>|Jh- voise aisément. Les ancieuit ont dit que la femelle est srjetU: A Pécoale- ment périodique y et rkii&io^ie ne Aou^ permet pas d'eu douter. m i.'> ••iil.a! 'j'rr •- \.-» >•. ......... ..,/:, \- . î J. .LE MAGOT, [ Cet animal est de tous les singes , c'est-à-dire , de tous ceux qui n^ont point do queue, celui qui s'accommode le miewc de la teippérature de notre climat : nous en avons nourri un pen- dant plusieurs années ; l'été il se plai- soit à l'air , et l'hiver on pouvoit le tenir dans une chambre sans feu. Quoi- qu'il ne fû* pas délicat , il étoit tou- jours triste t! '-'vvent r jssade : il faisoit égaxwUicnt la grimace pour mâr- /qucr sa coléra ou montrer ion app^'i K« r^- D£a SIN0 1S8. 195 tif : ses liioiiyeniciis étoient brusques » ses manières grossières , et sa physioT nomie encore plu» laide que ridicule ; pour peu qu'il fût agite de pasion il rnontroit et grinçoil les dents en re- muant la mâchoire ; il remplissoit les poches de ses joues de tout ce qu'on lui donnoit , et il mangeoit générale- ment de tout, àl'exception de la viande crue I du fromage et d'autre* choscti fermentées : il aimoit à se jucher pour dormir , sur un barreau , sur une patt9 de fer ; on le tenoit toujours à la ci laîne, parce que malgré sa longue domesti- cité , il n'en étoit pas plus civilisé , pas plus attaché à ses maîtres : il avoit ap- paremment été mal cduqué ; car j en ai vu d'autres de la même espèce, rjui en tout étoieut mieux , plus connois- sans, plus obéissans , même plus gai ,. et assez dociles pour apprendre à dai^- ser , à gesticuler en cadence , et à se laisser tranquillement vêtir et coiffer. Ce singe peut avoir deux pieds et :\ J) 196 HISTOTÏIE NATURELLE demi ou trois pieds de hauteur lors- qu4l est debout sur ses jambes de der- rière ; la femelle est plus petite que le mâle ; il marche plus volontiers à quatre pieds qu'à deux : lorsqu'il est en repos^ il est presque toujours assis , et son corps porte sur deux callositës très- ëminentes qui sont situées au bas de la région où devroient être les fesses ; l'anusestplusëlevë, ainsi il est assis plus bas que sur le cul : aussi son corps est plus incliné que celui d'un homme assis ; il diffère àupithègue ou singe proprement dit , 1°. en ce qu'il a le museau gros e* avancé comme un dogue , au lieu que le pithèque a la face applatie j a'*, en ce qu'il a de longues dents canines, tan~ dis que le pithèque ne les a pas plus longues à proportion que l'homme; 3°. en ce qu'il n'a pas les ongles des doigts aussi plats et aussi arrondis , et enfin parce qu'il est plus grand , plus trapu et d'un naturel moins docile et moins doux. . v >'^'T"#..'j!j.'"-^'' R**s'i^*wmrîsw!8P*i'"** -«i DES SINGES. 197 Au reste , il y a quelques yariëtës •dans l'espèce du magot j nous en avons vu de différentes grandeurs, et de poils plus ou moins fonces et plus ou moins fournis ; il paroît même que les cinq animaux dont Prosper Alpin a donné les figures et les indications sous le nom de cinocéphales , sont tous cinq des ma- gots , qui ne diffèrent que par la gran- deur et par quelques autres caractè- res trop légers pour qu'on doive en faire des espèces distinctes et séparées. Il paroît aussi que l'espèce en est asses généralement répandue dans tous les climats chauds de l'ancien continent , et qu'on la trouve également en Tar- tarie , en Arabie , en Ethiopie , au Ma- labar , en Barbarie , en Mauritanie et jusque dans les terres du Cap de Bonne- Espérance. Caractères distinctifs de cette espèce. Le magot n'a point de queue, quoi- qu'il ait un petit bout de peau qui en >> Il •• 111^ — iiim ii.»»;-''"»'-^ vf^-^ mittm M .Il I { 198 IlISTOTRE NATURELLE ait l'apparence; il a des abajoues , de grosses callosités proéminentes sur les fesses ; des dents canines beaucoup plus longues à proportion que celles de l'homme ; la face relevée par le bas en forme de museau , semblable à celui du dogue. Il a du duvet sur la face ; du poil brun verdâtre sur le corps et jaune blanchâtre sous le ventre. Il marche sur ses deux pieds de derrière et plus souvent à quatre ; il a trois pieds ou trois pieds et demi de hau- teur, et il paroît qu'il y a dans cette espèce des races qui sont encore plus grandes. Les femelles sont , comme les femmes , sujettes à un écoulement pé- riodique de sang. .»■ •if'4Ki^m'-*A^'>éi*it.-<* ^ paroît encore beaucoup plus gros qvil n'est ; mais qui , dans le réel , est sii puissant et si fort , qu'il viendroit ai- iiément à bout d'un ou de plusieurs -**.(•„;-.—-*• .JI-'*TK,.ii:;^miax)m:^fii>'i'ii* --^■ïC-'^HÇSi»'*'-*''''^^ D £ s 8 I N G E s. SOI hommes , s'ils n'ëtoient point armés : d'ailleurs il paroît continuellement ex- cité par cette passion qui rend furieux les animaux les plus doux ; il est inso- lemment lubrique , et affecte de se montrer en cet état. Il semble faire parade de toutes ces nudités , présen- tant son derrière plus souvent que sa tête , sur-tout dès qu'il apperçoit des femmes , pour lesquelles il déploie une telle effronterie , qu'elle ne peut naître que du désir le plus immodéré. Le ma- got et quelques autres ont bien les mêmes inclinations ; mais comme ils sont plus petits et moins pétulans , on les rend modestes à coups de fouet, an lieu que le babouin est non-seulement incorrigible sur cola , mais intraitable à tous autres égards. Quelque violente que soit la passion de ces animaux , ils ne produisent pas dans les pays tempérés ; la femelle ne fait ordinairement quNin petit qu'elle porte entre ses bras , et attaché , pour ^Aif^^^sm^zâàl^ÈM/^:''' ■M'VfÊl «02 HISTOIRE NATURELLE ainsi dire , à sa mamelle j elle est su- jette , comme la femme , à i'ëvacua* tion périodique^ et cela lui est commua avec toutes les autres femelles de sin- ges qui ont les fesses nues : au reste f ces babouins , quoique médians et féro- ces, ne sont pas du nombre des ani- maux carnassiers ; ils se nourrissent principalement de fruits , de racines et de crains ; ils se réunissent et s'enten- dent pour piller les jardins ; ils se jet- tent les fruits de main en main et par-dessus les murs , et font de grands dégâts dans toutes les terres cultivées. Caractères distinctifs de cette espèce. Le papion a des abajoues et de lar- ges callosités sur les fesses , qui sont nues et de couleur de sang ; il a la queue arquée et de sept ou huit pouces de long ; les dents canines beaucoup plus longues et plus grosses à proportion que celles de l'homme \ le museau très-gros <■ --. ^-"^tvr^imSC-m DES SINGES. 22o3 et très-long ; les oreilles nues y mais point bordées , le corps massif et ra- masse , les membres gros et courts , les parties génitales nues et couleur de chair ; le poil long et touffu , d'un brun roussâtre et de couleur assez uniforme sur tout le corps *, il marche plus sou- vent à quatre qu'à deux pieds ; il a trois ou quatre pieds de hauteur lors- qu'il est debout ; il paroît qu'il y a dans cette espèce des races encore plus gran- des et d'autres beaucoup plus petites. Le babouin que nous ayons fait repré- senter est de la petite espèce , nous l'avons soigneusement comparé an grand Babouin on Papion , et nous n'avons remarqué d'autres différences entr'eux que celle de la grandeur , et cette diiférence ne venoit pas de celle de l'âge ) car le petit babouin nous a paru adulte comme le grand. Les fc- juelles sont sujettes , comme les fem- elles ; à un écoulement périodique. .ao4 illSXOlHlS NATURELLE LE M A I M O N. ? Si: M. Eilwaitls nous a donne la figure «t la iloscriptioiidu cot Hniinal sous U iltinonnuatiou de singe à queue de ro- chon y co caractère particulier suilit pour lo iaire recouuoitre , car il est le •eui de tous les Kibouias et guenons qui ait la queue nue , menue et tour- née comme celle du | cochon. Il est à- peu-prl's de la grandeur du magot et ressemble si fort au macaque qu'où pourroit le prendre pour une varié liS de cette espèce y si sa queue n'etoit pus tout- à-fait différente : il a la face nue et basanée , les yeux cliâtains ; les pau< pières noires , le nez plat , les lèvres minces avec quelques poils roides, mais trop courts pour faire une moustache apparente. Le mai mon , quoique très- vif et plein de feu , n'a rien de la pétulance impudente des babouins : il est doux , tr^itable et même c&- a figure , 80U8 la le de C(J- ;r suflît I est le guonout et tour- II est à- nagot et le qu'on i variole btoit pus face nue , les pau- es lèvres les, mais loustaclie q[UO très- îii de la ibouins : ôrae ca- /A 'À. ^» -m s*:,.* i tr.4 '^r^t,., •I» ►,''; .1 .j i . Il >i ■♦'■;. ■i^ ■■ » » W I- ' rt ■*' ■ ■ ■ -'-'^Â- ; ^àkïW^U'î^''. -.4^ ^35r*ïi3S^>''^ f » .». ■ u <>■ .ti J,- «,i > t ,;; '.:< ?.'A i? li^ .)ii- :;/^-.t ':■ if ■"r ■.f ti »!,',/«•!•..;;*: i.-.< il v:.- i-\ iir-. ■\:,. ,• 1. » W' I ? *' 'i.'i I' ,. .{' i ^ ) ' ri •« ,-, e- 7^ J\ït7 . /OO Tom /J I I-K .MANDUll.L i I.l'. MMMON ^n rC8£ vra vin sou clin ris j M. an I Ca I call( reco pou< gués me: des face nus jaun elle ^iial Q DES SINGES. So5 ressaut. On le trouve à. Sumatra , et vraisemblablement dans les autres pro- vinces de rinde méridionale ; aussi souffrc-t-il avec peine le froid de notre climat : celui que nous avons vu à Pa- ris , n'a vëcu que peu de temps , et M. Edwards dit n'avoir gardé qu'un an à Londres celui qu'il a décrit. (, Caractères distinctifi de cette espèce. Le maimon a des abajoues et des callosités sur les fesses , la queue nue , recoquillée et longue de cinq ou six pouces , les dents canines pas plus lon- gues à proportion que celles de l'hom- me : le museau très-large , les orbites des yeux fort saillantes au-dessus ; la face , les oreilles , les mains et les pieds nus , et de couleur de chair ; i«ï poil d*un noir-olive sur le corps , et d'un jaune roussâtre sur le ventre -, il mar- che tantôt sur deux pieds et tantôt sur quatre : il a deux pieds ou deux pieds Quadrup. II. lô ( V 2o6 HISTOIRE NATURELLE et demi de hauteur lorsqu'il est deboitt. La femelle est sujette à l*ëcoulement périodique. LE MANDRILL. , '•'.U;.' 'hTj li..y>"J fi 'i Ce babouin est d'une laideur désa- gréable et dégoûtante ; indépendam- ment de son nez tout plat ou plutôt de deux naseaux dont découle continuel- lement une morve qu'il recueille avec la langue ; indépendamment de son très-gros et long museau, de son corps trapu, de seafesses couleur de sang et de son anus apparent, et placé , pour ainsi dire , dans les lombes, il a encore la face violette et sillonnée , des deux côtés , de rides profondes et longitudi- nales qui en augmentent beaucoup la tristesse et la difformité *, il est aussi plus grand et peut-être plus fort que le papion , mais il est en même temps plus tranquille et moins féroce : nous donnons ici la figure du mâle et de la f ■ ■ ■ ». . i.' «. "—"W m * . — ^ » •'• - DES SINGES. 207 femelle que nous avons vus vi vans j soit qu'ils eussent ëté mieux cduques , on que naturellement ils soient plus doux que le papion , ils nous ont paru plus traitables et moins impudens sans être moins désagréables. Cette espèce de babouin se trouve à la Gôte-d'Or et dans les autres pro- vinces méridionales de l'Afrique, oà les Nègres l'appelent boggo et les Eu- ropéens mandrill } il paroît qu'après l'orang-outang- , c'est le plus grand de tous les singes et de tous les babouins» Smith raconte qu'on lui fit présent d'une femelle mandrill , qui n'étoit âgée que de six mois ^ et qui étoit déjà aussi grande à cet âge qu'un babouin adulte : il dit aussi que ces mandrills marchent toujours sur deux pieds , qu'ils pleurent et qu'ils gémissent com- me des hommes *, qu'ils ont une vio- lente passion poui' les femmes , et qu'ils ne manquent pas de les attaquer avec succès lorsqu'ils les trouvent à l'écart. (I \ \\ ■mm <^t!^';ïlt!WKW!P."*! $$''■ '-'■ ' i 208 HISTOIRE NATURELLE Caractères distinctifs de cetùe espèce*. U Le mandrill a des abajoues et des callosités sur les fesses ; il a la queue très-courte , et seulement de deux ou trois pouces de long ; les dents canine» beaucoup plus grosses et plus longuet à proportion que celles de l'homme ; le museau très-gros et très-long, et sillonné des deux côtés de rides longi- tudinales , profondes et très>marquées ; la face nue et de couleur bleuâtre ; les oreilles nues , aussi-bien que le dedans des mains et des pieds ; le poil long , d'un brun roussâtre sur le corps , et grîs sur la poitrine et le ventre ; il marche sur deux pieds plus souvent que sur quatre ; il a quatre ou quatre pieds et demi de hauteur lorsqu'il est debout ; il paroit même qu'il y en a d'encore plus grands. Les femelles sont sujettes , comme les femmes , à l'écou- lement périodique. DES SINGES. ao^- t'OUANDEROU ET LE LOWANDO. ( Queue alongée ; guenons. ) Quoique ces anirnaiix nous paroi's- 8cnt être d'une seule et même espèce , nous n'avons pas laisse die leur con' server à chacun le nom> qu'ils portent dans leur pays natal à Ceylan , parce qu'ils forment au moins deux races distinctes et constantes» L'ouanderou a le corps couvert de poils bruns et Hoirs , avec une large chevelure et une grande barbe blanche ; au contraire , le lowando a le corps couvert de poils blanchâtre», avec la chevelure et la barbe noires : il y a encore , dans le même pays, une troisième race ou va* riëtëqui pourroit bien-être la tige com- mune des d€ux autres , parée qu'elle est d'une couleur uniforme et entière- ment blanche ,. corps, chevelure et bflxbe: ces trois animaux ne sont pas m ! I I . \ V •^.0^.^9P^<^il^f) il » i i\i^KKi)«^vuh\i(|ut> iv mol («rrt'oi#i'(M.vvV0iM)ii«i«%t(>K , fi \\\\\ MÎ^tullfi xit^m^on , ri «(Uf |mr roua<^(ttirtil. i>r itnm m voit M luut A|i)>liqiu^, (tuinquo toit liou q\tc Ittuiiiml dont il tii iri qitcts* ON NU* NU il' i H É-^**»»»***- .— --:-ifc»»<^i*«*-* .^,,^.,i. — .l»:^*;!^.. ^-.„ Mil N ^ f N (MO fl« (Il l'iMIl Im ^ iTMilll IMIi IIOM Midi (MMll M«Mlf ('ft|»<'t'»'i ttlMlM tH<*»ÉM' «l»MM«»« M|»^^l' il»' llMlllMlill 4 (Ut M(; huilVI' ((1 A((ll'l)«|i(f4 ; |)»t (-omm'i|(M livn MAM K »«Mlîtlf(i(«'(IH (il 4 AOr l(>l(f A ll'N (IIIMlhl'IKn ()'(i|l(M('l fl(i ttllt^M t\n\ , tu(A()ii'iU i^nort'dl )«* f;lif((Nl (1 !(• (mxm d'iMt fiMi(riril, (i(i ((tN(i()iM>(d i/mn df^ !(() n|t)di(jlM( (Ml(« dl>MI/(IMIIMl)H(f /f(7IM ^^M^ trMjiM'Mf 4 vinifiou Okia^i^^ivI /^//i- fimiMil lioniM* |MMM ri(4>f^/i> «jiriU «ri ludli Ail (♦'«1»^ ^ (♦•« l>/ll«», ituiil «î (iH'MjiAHn «iiTon ♦ «»( i \\ lU. lis'oîi f ir p^».,.; ■ % 'i: \ H ï^ .;■ ^' K if lî /• .'l'O s iinrv^'ix r i iWiti l y *■ ' » . t • «'t;> il 4.''.- ■'., XX*' '■■%' '\ «tv- -V » .r-tn*f '^nt îî;-'. irnu'. j^fj^^^'iù ,ti • i ?» .fi ♦i'i#^ . é int- Mn\ ^,iW^ y\% iiîtt hw rm ^4,^^? ^^ ,n^^ iv:nij ^,P I -* 11. K «W ' /;v»^ ' .'.% . "ri V-*iï. '•'•■<-' '"i' m i> i 4£. ^^^,f ,^^ ^): V imk''frMy' "-■> > .^, ^••f^ îH/> ■<* .'f rïUii*^ - ^"^mÊÊÈf:---*^ "J'. . ''■•*''1*lî€**-''»ti'%flP^|^5l|p|^' «ES SINGES. 2l3 cette espîiCG, des racefi qui varient par fa couleur du poil ; les uns ont celui du corps noir et la barbe blanche , les au- tres ont le poil du corps blanchâtre et la barbe noire. Ils marchent à quatre pieds plus souvent qu'à deux , et ils ont trois pieds ou trois pieds et demi de hauteur lorsqu'ils sont debout. Les femelles sont sujettes à l'ëcoulement périodique» LE MALBROUCK ET LE BONNET- CHINOIS. « Crs animaux , disent les voya- geurs , dérobent les fruits et sur-tout les cannes de sucre ; l'un d'eux fait sen- tinelle sur un arbre , pendant que les autres se chargent du butin : s'il ap- perçoit quelqu'un , il crie : Houp, Jioup, houp , d'une voix haute et distincte. Au moment de l'avis, tous jettent le^  .:jixi- ' I ai4 iiisToniE naturelle cannes qu'ils tcnoient dans la inniti gauche, et ils sVnfuicnt eu cuuranl ù trois pieds )( etsUls sont vivement pour- suivis, ils jettent encore ce qu'ils tc- noient dans la main droite^ et se sau- vent en grimpant sur les arbres qui sont leur demeure ordinaire : ils sau- tent d'arbres en arbres ] les femelles même cliargices de leurs petits, qui les tiennent étroitement embrassées, sau- tent aussi comme les autres , mais tombent quelquefois. Ces animaux ne s'apprivoisent qu'à demi , il faut tou- jours les tenir i la chaîne ; ils ne pro- duisent pas dans leur état de servitude , même dans leur pays ; il faut qu'ils soient en liberté dans leui's bois. Lors- que les fruits et les plantes succulentes leur manquent , ils mangent des in- sectes , et quelquefois ils descendent sur les bords des fleuves et de la mer pour attraper des poissons et des cra- bes ; ils mettent leur queue entre les pinces du crabe , et dès qu'elles serrent DftS SINGGS. Sl5 ils l'enlëvent brusquement et l'empor-' tent pour 1o manger à leur aise. Il cueillent les noix de cocos, et savent ibrt bien en tirer la liqueur pour la boire , et le noyau pour le manger. Ils boivent aussi du zari qui dëgoutte par des bamboches qu'on met exprès à la ci me des arbres pour en attirer la li- queur , et ils se servent de l'occasion. On les prend par le moyen des noix de cocos où l'on fait une petite ouver- ture ; ils y fourrent la patte avec peine, parce que le trou est étroit , et les gens qui sont à l'affût les prennent avant qu'ils ne puissent se dégager. "O ais ies provinces de l'Inde ^ habitées par les Bramans , qui , comme l'on sait , épargnent la vie de tous les animaux , les singes , plus respectés encore que tous les autres , sont en nombre infini ; ils viennent en troupe dans les villes , ils entrent dand les maisons à toute heure , en toute liberté ) en sorte que ceux qui vendent des denrées^ et «ur-^ < • r k f ; H ,: ./ aiG HISTOIIIE NATURELLE tout des fruits , des Idgumcs , &c. ont bien de '^]a peine aies conserver ». Il y «i dans Amadabad , capitale de Guzu- rate, deux ou tix)is hôpitaux d'ani- maux > où. l'on nourrit les singes estro- pies, invalides, et même ceux qui , sans être malades , veulent y demeurer. Deux fois par semaine , les singes du voisinage de cette ville se rendent (l'eux-mêmes tous ensemble dans le» rues , ensuite ils montent sur les mi^i- sons qui ont cbncune une petite ter- liasse , oh Ton va coucher pendant les grandes chaleurs ; on ne manque pas de mettre ces deux jours - là , sur ces petites terrasses , du riz , du millet, des cannes de sucre dans la saison, et au- tres choses semblables j car si par ha- oard les singes ne trouvoicnt pas leur provision sur ces terrasses, ils rom- proient les tuiles dont le reste de la maison est couvert, et feroient un jgrand désordre. Ils ne mangent rien Sans le bien sentir auparavant ; et lors- m 1 . 1 1 "Il DKS STNG1I8. Qt; i^u^n» sont repus , ilti remplissent poiu: le lendomain les poches de leurs jonen. Les oiseaux no peuvent guère nicher sur les arbres dans les endroits i>i\ il y a beaucoup de singes , car ils ne man- quent jamais de dëtriiiro les nids et do jeter les œnfs par terre. Les ennemis les plus redoutables pour les singes ne sont ni le tigre ni les autres bêtes fi^roces , car ils leur (échappent aisément par leur légërctiS et par le choix de leur domicile au'd es- sus des arbres^ où il n*y a que les ser- pcns qui aillent les chercher et sachent les surprendre. Les singes, dit un voyageur, sont en possession d'être maîtres des forêts ; car il n'y a ni tigres ni lions qui leur disputent lo terrein ; ils n'ont rien à craindre que les serpens , qui , nuit et jour, leur font la guerre ; il y en a de prodigieuse grandeur, qui tout d'un coup avalent un singe *, d'autres moins gros , mais plus agiles , les vont cher* Quadrup. II. i^ '' t Si ■ i.ti ri F t h 218 HISTOIRE NATURELLE cher jusques sur les arbres. . . Ils ëpienf le temps où ils sont endormis , &c. Caractères distinctifs de cette espèce, lu £ malbrouck a des abajoues et des callositës sur les fesses , la queue à-peu- près longue comme la tête et le corps^ pris ensemble, les paupières couleur de chair, la face d'un gris cendré , les yeur, grands , le museau large et relève , it oreilles grandes , minces et couleur ;i chair : il porte un bandeau de poils gris , comme la mone ; mais au reste il a le poil d'une couleur uniforme, d'un jau- ne brun sur les parties supérieures du corps, et d'un gris jaunâtre sur celles du dessous ; il marche à quatre pieds , et il y a environ un pied et demi de longueur depuis l'extrémité du museau jusqu'à l'origine de la queue. Le bonnet- chinois paroît être une variété .du malbrouck ; il en diffère en ce qu'il a le poil du sommet de la têt« , .... f- DES SINGES. 219 disposé en forme de calotte ou de bon- net plat f et que sa queue est plus lon- gue à proportion du corps. Les femel- les 9 dans ces deux races sont sujettes , comme les femmes , à l'écoulement pé- riodique. . ! » . I • '; ( ,• »> .1 \ < LE MACAQUE ET L' AIGRETTE. '. De toutes les guenons ou singes à longue queue, le macaque est celui qui approche le plus des babouins j il a com- me eux, le corps court et ramassé, la tête grosse , le museau large , le nez plat, les joues ridées , et en même temps il est plus gros et plus grand que la plu- part des autres guenons ; il est d'une laideur hideuse , en sorte qu'on pour- X'oit le regarder comme une petite es- pèce de babouin , s'il n'en différoit pas par la queue qu'il porte en arc comme eux, mais qui est longue et bien touffue : au lieu que celle des babouins en géné- ral, est fort courte. Cette espèce est i1i If} làao HTSTOIKE NATUHBLLE originaire de G>ngo et des autres par« ties de T Afriqiie mëridionalc ; elle est nombreuse et sujette à plusieurs yarié- tés pour la grandeur y les couleurs et la disposition du poil. Celui qu'Hassel- quist a décrit , avoit le corps long àe plus de deux pieds , et ceux que nous avons >7us ne l'avoient guère que d'un pied et demi; celui que nous appelons ici V Aigrette , parce qu'il a sur le som- met de la tète un ëpi ou aigrette de - poil, ne nous a paru qu'une Tr.riëté du premier auquel il ressemble en tout y . à l'exception de cette différence et de '. quelques autres légères variétés dans le poil. Ils ont tous deux les mœurs douces et sont assez dociles ; mais in- dépendamment d'une odeur de fourmi ou de faux musc qu'ils répandent au- tour d'eux , ils sont si mal-propres , si laids et même si affreux lorsqu'ils font la grimace , qu'on ne peut les regarder sans horreur et dégoût. Ces guenons vont souvent par troupes et *e rassem- t \ -DBS SINGES.' 92t bleiit , sur-tout pour voler des fruits et des îëgumes. Bosman raconte qu'el- les prennent dans chaque patte un ou deux pieds de milhio, autant sous le ars bras et autant dans leur bouche y qu'el- les s'en retournent ainsi chargées , sau- tant continuellement sur les pattes de derrière , et que quand on les poursuit , elles jettent les tiges de milhio qu'elles tenoient dans les mains et sous les bras, ne gardant que celles qui sont entre leurs dents , afin de pouvoir fuir plus vite sur les quatre pieds ; au reste, ( ajoute ce voyageur ) elles examinent avec la dernière exactitude chaque tige de milhio qu'elles arrachent , et si elle ne leur plaît pas , elles la rejettent à terre et en arrachent d'autres ; eu sorte que par leur bizarre délicatesse , elles causent beaucoup plus de domma- ges encore que par leurs vols. ' ' m " iii.i,r<»wni *tV';r!g^"'J.iXiK«Mi' ^.\!'j-j;;;g':f ,jgg^ L'-**'*a.5r- a22 HISTOIRB NATURELLK Caractères distf/ictifs de ces epèces, . - ï . ,. , L £ macaque a des abajoues et des callosités sur les fesses-, il a la queue longue à -peu -près comme la tête et le corps pris ensemble, d'environ d j K- h uit à vingt pouces ; la tête grosse , le museau très-gros , la face nue , livide et ridée , les oreilles velues , le corps court et ramassé, les jambes courtes et grosses ; le poil des parties supérieu- res est d'un cendré verdâti'e, et sur la poitrine et le ventre d'un gris jau- nâtre , il porte une petite crête de poil au-dessus de la tête ; il marche à qua- tre et quelquefois à deux pieds j la lon- gueur de son corps , y compris celle de la tête, est d'environ dix-huit ou vingt pouces. Il paroît qu'il y a dans cette espèce , des races beaucoup plus gran- des et d'autres plus petites, telles que celle qui suit. L'aigrette lie nous paroît être qu'une ^r ^' **^-39*w.^«»..^-^^i^-''^^*^=*'— »i*-...-"vA<-- il.. «*«*»&»*'*'' .»i**fc-'is5i m ,(ii da4 htstoihr natuhellk bcautodes couioura de luur poil; diaIa il doit appartenir de prëfëreiice à celui dont il est ipi question. Il est d'un beau veit sur le corps , d'un beau blanc sur la gorge et le ventre , et il a la face d'un beau noir j d'ailleurs il se trouve en Mauritanie et dans les terres de l'an- cienne Cartbage : ainsi il y a toute ap- parence qu'il ëtoit connu des Grecs et des Romains , et que c'ëtoit l'une des guenons ou singes à longue queue , aux- quels ils donnoient le nom de callitrix. Il y a d'autres guenons de couleur blon- de dans les terres voisines de l'Egypte ^ soit du côté de l'Ethiopie , soit de celui de l'Arabie » que les anciens ont aussi désignées par le nom générique de calli- trix. Prpsper Alpin et Pietro délia lYalle parlent de ces^ calli triches de couleur blonde ; nous n'avons pas vu cette espèce blonde , qui n'est peut-être qu'une variété de celle-ci ou de celle de la mone, qui est très • commune dans ces mêmes contrées. ^'*S*5î'ï''t:-- -" ^-i«^-i.-*— - ^i««*>i£Û»'-*.^-*-" DESSINGES. 335 Ail reste , il paroi t que le calli triche ou singe vert se trouve au Sënc^gal ^ aussi bien qu'en Mauritanie et aux îles du Cap'Vert. M. Adanson rapporte que les environs des bois de Fodor , lo long du fleuve Niger, sont remplis do singes verts. <( Je n'apperçus ces singes , dit cet auteur , que par les tranches qu'ils cassoient au haut des arbres > d*oi!i elles tomboient sur moi : car ils ëtoient d'ailleurs fort silencieux , et si légers dans leurs gambades , qu'il eût éié difficile de lès entendre \ je n'allai pas plus loin , et j'en tuai d'abord un , deux et même trois, sans que les autres parussent effrayés \ cependant lorsque la plupart se sentirent blesses , ils com- mencèrent à se mettre à l'abri , les uns en se cachant derrière les grosses bran- ches , les autres en descendant à terre ; d'autres enfin j et o'ëtoit le plus grand nombre , s'ëlançoient de la pointe d'un arbre sur la cime d'un autre Pendant ce petit manège, je continuoia 32^ nrSTOIHE NVTUIIEU.E toujours à liicr dessus, et j'en tuai jus- qu'au nombre de vingt-trois en moins d'une heure et dans un espace do vingt toises y sans qu'aucun d'eux eût jeté un seul cri , quoiqu'ils se fussent plusieurs lois rassemblés par compagnie en sour- cillant f grinçant des dents et faisant mine de vouloir m'attaquer ». M Caractères distinctifs de cette espèce, . liE callitriçhe a des abajoues et des callosités sur les fesses ', la queue beau- coup plus longue que la tête et le corps pris ensemble j il a la tête petite , le museau alongé, la face noire aussi bien que les oreilles ; il porte une bande étroite au lieu de sourcils au bas du front, et cette bande est de longs poils noirs. Il est d'un vert yif mêlé d'un peu de jaune sur le corps , et d'un blanc jaunâtre sui la poitrinei et le ventre; il marche à quatre pieds, et la longueur de son corps ; y compris celle de la tête, î! DES SINGES. S?,/ est d'environ quinze pouces. LafeincUe est sujette à rdcoulement périodique. LE MOUSTAC. L E moustac nous paro't être du i.ié- me pays que le macaque, parce qu'il a ) comme lui , le corps plus court et phi s ramassé que les autres guenons ; c'est très-vraisemblablement le même ani- mal que les voyageurs de Guinée ont appelé blanc-nez , parce qu'en effet , il a les lèvres au-dessous du nez d'une blancheur éclatante ; tandis que le reste de sa face est d'un bleu noirâtre : il a aussi deux toupets de poils jaunes au- dessous des oreilles, ce qui lui donne l'air très -singulier ; et comme il est en même temps d'assez petite taille , c'est de tous les singes à longue queue celui qui nous a paru le plus joli. ; i 998 HISTOIRE NATURELLE Caractères disôinctifs de cette espèce. Le moiistac a des abajoues et des callosilés sur les fesses, la queue beau- coup plus longue que la té le et le corps pris ensemble , elle a dix-neuf ou vingt pouces de longueur ; il a la face d'un noir bleuâtre avec une grande et large marque blanche en forme de chevron au-dessous du nez et sur toute l'éteU' due de la lèvre supérieure , qui est nue dans toute cette partie ; elle est seulement bordée de poils noirs , aussi bien que la le vre inférieure tout autour de la bouche : il a le corps court et ra' massé ; il porte deux gros toupets de poil d'un jaune vif au-dessous des oreil' les ; il a aussi un toupet de poil hérissé au-dessus de la tête ; le poil du corps est d'un cendré verdâtre ; la poitrine et le ventre d*un cendré blanchâtre; il marche à quatre pieds, et il n'a qu'en- viron un pied de longueur , la tête et l,-J^.^-*^-Y DES SINGES. 99.9 ]e corps compris. La femelle est sujette à rëcoulement périodique. i '• . ■ LE MANGABEY. . ^ Nous ayons eu deux individuë de cette .espèce de guenons ou singes à longue queue; tous deux nor<9 ont été donnes sous la dénomination de ain, ea de Madagascar '. il est facile de les «dis- tinguer de tous les autres pa] u« carac- tère très-apparent. Les mangabeys ont les paupières nues et d'une blancheur frappante ; ils ont aussi le museau gros, large et alongë y et un bourrelet sail- lant autour des yeux. Ils varient pour les couleurs ^ les uns ont le poil de la tête noir > celui du cou et du dessus du corps brun fauve, vl le ventre blanc ; les autres l'ont plus clair sur la tête et sur le corps , vt ils difièrent sur-tout des premiers par un large collier de poils blancs qui leur environne le cou et les joues : tous deux portent la Quadrup. II. 2a \.r i. I i t I 1 •( . I 23o HISTOIRE NATURELLE queue relevée , et ont le poil long et touffu ; ils sont du même pays que le vari ; et comme ils lui ressemblent par l'alongement du museau , par la lon- gueur de la queue , par la manière de la porter , et par les variétés de la cou- leur du poil , ils me paroissent faire la nuance entre les makis et les guenons. . '... -...- .... ^ Caractères distinctifs de cette espèce, ■ ■ . ■•,-,(. ■ . ■ ; . ■• 1 ., ! . ..» .i-.i . ... - • Le mangabey a des abajoues et des callosités sur les fesses, la queue aussi longue que la tête et le corps pris en- semble. Il a un bourrelet proéminent auiour des yeux, et la paupière supé- rieure d'une blancheur frappante. Son museau est gros et long, ses sourcils sont d'un poil roide et bérissé , ses oreil< les sont noires et presque nues j le poil des parties supérieures du corps est brun , et celui des parties inférieures . est gris. Il y a variété dans cette espè- ce ; les uns étant de couleur uniform<; , f 1 ■ "'^^^'^'^W^IWï^ _ .Mi**m de sifciCf « A Mada- Lutre espèce a un cha- înt le pliw rière 5 elle !ux taches ' est plus 7 mais plus ri ) î cette t de fèves, idrivoure , cliy». Le la queue mes , sont issez cjai- gascar est >uc de la les grands de l'Asie ' DES SINGES. produisent des bézoards qu'oji trouve dans leur e^loniac , et dont la qualité est supérieure à celle des J>^'zpaids des clièvrea et des gazelles. Ces gra^ids sin- ges des parties méridional^es de rjude, sont J/ouanderon et le doue ; nous croyons donc que c'est à ces espèces qu'il faut rapporter 1^ production des bézoards : on prétend que ces bézoards de singe sont toujours d'une forme ronde , au lieu que les autres bézoards sont de différentes figures. / if'tf) tfj '■»f.r-.' ' Caractères distinctifs de cette espèce, ■ I !.. . ><••»• ■ t / , . ..... ^ i, , i . • . • Le doue n'a point de callosités sur les fesses, il les a garnies de poil par- tout ; sa queue , quoique longue , ne l'est pas autant que la tête et le corps pris ensemble; il a la face rouge et couverte d'un duvet roux, les oreilles nues et de même couleur que la face, les lèvies brunes aussi bien que les orbites des yeux, i6 poil de cou' vs ). \ i ,j,„-:-r.î'.*^... ■■y:ir^::--!i: il 236 HISTOIRE NATURELLE très-vives €i- très- vaiiees j il porte un bandeau et mi coJ'ier triji brun pour- pre ) il à du blanc sur lo front , sur la tête , sur le corps , les bras , les jam- bes , &c, vjie espèce le barbe d'un bkiic jaunâtre : il t^. du noir an-dessus dtt froïît et à la partie supérieure des bras ) les parties du dessous du corps sont d'un gris cendré et d'an jaune blancbâtre ; la queue est blanche , aussi bien que le bas des lombes : il marche aussi souvent sur deux pieds que sur quatre ^ et il a trois pieds et demi ou quatre pieds de hauteur , lorsqu'il est debout. l'ignore si les femelles , dans cette espèce , sont sujettes à l'e'coule- ment périodique. L A M a^"HE. La mone est la plus commune des guenons ou singes à longue queue nous l'avons eu vivante pendant pîu sieurs anu^c'j c'est, avec le magol ■••»<«<~ti«j»>=' ;,i>nr-' •*»«•***■'■.• _^* DES SINGES. 23/ l'espèce qui s'accommode le mieux de la température de notre climat : cela «eul suffiroit pour prouver qu'il n'est pas onginaire des pays les plus chauds de l'Afrique et des Indes méridionales, et elle se trouve en eflfet en Barbarie , en Arabie , en Perse , et dans les autres parties de l'Asie qui étoient connues des anciens *, ils l'avoient désignée par le nom de kebos , cebus, cœphus, à cause de la variété de ses couleurs ; elle a en. effet la face brune, avec une espèce de barbe mêlée de blanc , de jaune et d'un peu de noir ; le poil du dessus de la tête et du cou , mêlé du jaune et de Aoir ; celui du dos mêlé de roux et de noir ; le ventre blanchâtre aussi bien que l'intérieur des cuisses et des jam- bes, l'extérieur des jambes et les pieds iioirs , la queue d'un gris foncé , deux petites taches blanches, une de chaque côté de l'origine de la queue , un crois- s-'nt de poil gris sur le front j une bande noire depuis les yeux jusqu'aux i i\ \ "1 I t ■'AT%.< . 1^ ' \ t /: a18 HISTOIRE NATURELLE oreilles, et depuis les oreilles jusqu'à l'ëpaule et au bras : quelques- uns l'ont appelée nonne par corruption de mone-, d'autres à cause de sa barbe grise , l'ont appelée le vieillard ; mais la dé- nomination vulgaire sous laquelle la mone est la plus connue , est celle de singe varié , et cette dénomination réi pond parfaitement au nom kehos quo lui avoient donné les Grecs , et qui par la définition d'Aristote désigne une guenon ou singea longue q'ieue , de couleur variée. En général , les guenons sont d'im naturel beaucoup plus doux que les ba- bouins , et d'un caractère moins triste que les singes ; elles sont vives jusqu'à l'extravagance et sans férocité \ car el- les deviennent dociles dès qu'on les fixe par la crainte : la mone en particulier est susceptible d'éducation , et même d'un certain attachement pour ceux qui la soignent ; celle que nous avons nourrie se laissoit toucher et enlever ■^tsm*! T-Hr— »-.■-'»■«>.■■'**» '.MA. 1 I •i- DES SINGES. riSg par les gens qu'elle corinoissoit , mais elle se refusoit aux autres, et même les mordoit , elle cherchoit aussi à se mettre en liberté : on la tenoit attachée avec une longue chaîne ; quand elle pouvoit ou la rompre ou s'en délivrer , elle s'enfuyoit à la campagne , et quoi- qu'elle ne revînt pas d'elle-même , elle se laissoit assez aisémentrcprendre par son maître : elle mangeoit de tout , de la viande cuite , du pain /et sur-tout des fruits -, elle cherchoit aussi ^^^ arai- gnées , les foui mis , les insectes j *^V ■>■ rcmplissoit ses abajoues , lorsqu'on ^ui donnoit plusieurs morceaux de suite : cette habitude est commune à tous les babouins et guenonr , auxquels la na- ture a donné ces espèces de poches au bas des joues, où ils peuvent garder une quantité d'alimens assez : \«id« pour se nourrir un jour ou deux. Hf»^ f .\ i \ \ I S II \J Jw t (|j 1 m\ h )\\ Ï l;i i. H ; » ■ a4o UISTOIRE NATURRLX.K Caractères diatinctifs de cette espèce, La mone a des abajoues et des cal- Josités sur les fesses ^ elle a la queue d'environ deux pieds de longueur, plus longue d'un demi-pied que la tête et le corps piis ensemble ^ la tête petite et ronde , le museau gros et court > la face couleur de chair basanée -, elle porte un bandeau de poils gris sur le front , une bande de p ^ils noirs (^u* s'étend tit% yeux aux oreilles, et des -eilles jus- qu'aux épaules et aux bras; die a une espèce de barbe grise former par les poils de la gorge et du dessous du r , qui sont plus longs que les autres ; i>on poil est d'un noir roussâtrc sur le corps , blanchâtre sous le ventre jl'ex- térie.'-ir des jambes et les pieds sont noirs , la nueuc est d'un gris brun avec deux taches blanches de chaque côté de son origine-, elle marche à quatis; pieds, et la longueur de sa tête et di» -1PS9Nrtfc D £ s s I N G E s. a4l «on corps , pris enàemble depuis Tex- trëmitë du museau jusqu'à Toriginc de la queue , est d'environ un pied et demi. La femelle est sujette, comme les fem- mes ; à Fëcoulement périodique. LE P A T A S. ri f Le patas est encore du même pa3's et à-peu- près de la même grosseur que le macaque ; mais il en difière en co qu'il a le corps plus alougë , la face moins hideuse , et le poil plus beau ; il est même remarquable par la couleur brillante de sa robe ; qui est d'un roux si vif qu'elle parojt a'voir été peinte ; nous avons vu deux de ces animaux qui font variété dans l'espèce : le pre- mier porte un bandeau de poils noirs au-dessus des yeux , qui s'étt ud d'une oreille à l'autre *, le second ne diffère du premier que par la couleur de ce bandeau qui est blanc ; tous deux ont 4.1,1 poil long au-dessous du menton et Qus^^rup, IIv - -^^^ m >\ \ aii HISTOÏRB NATUHÎÎLLB autour des joues , ce qui leur fait une belle barbe; mais le premier Ta jaune , et le second Ta blanche : cette varie të paroit en indiquer d'autres dans la cou- leur du poil , et je suis fort porté à croire que l'espèce de guenon couleur de chat sauvage dont parle Marmol , et qu'il dit venir du pays des Nègres, sont des variétés de l'espèce du patas. Ces guenons sont moins adroites que les autres , et en même temps elles sont extrêmement curieuses. <( Je les ai vues , dit Brue, descendre .du haut des arbres jusqu'à l'extrémité des bran- ches pour admirer les barques à leur passage; elles les considéroient quel- que temps , et paroissant s'entretenir de ce qu'elles avoient vu , elles aban- donnoient la place à celles qui arri- voient après ; quelques-unes devinrent familières jusqu'à jeter des branches aux Français , qui leur répondirent à coups de fusil ; il en tomba quelques- unes , d'autres demeurèrent blessées ; i 1 "' ( -;: %r'::-\ ' S^ '■'" * ■ ■■^-f Jr - DES SINGES. a43 et tout le reste tomba dans une ëtrango consternation ; une partie se mit à pousser des cris affreux , une autre à ramasser des pierres pour les jeter à leurs ennemis^ quelques-unes se vidè- rent le ventre dans leur main , et s'ef- forcèrent d'envoyer ce pressent aux spectateurs ; mais s'appercevant k la fin que le combat étoit du moins égal , elles prirent le parti de se retirer ». ^^^. Il est à présumer que c'est de cette même espèce de guenon dont parle Le Maire, u On ne sauroit exprimcr> dit ne voyageur , le dégât que, les sinses font dans les terres du Sënëga)t lorsque le mil et les grains , dont ils se nourris- sent , sont eu maturité : ils s'assem- blent quarante ou cinquante ; l'un d'eux demeure è^n , sentinelle sur un arbre^ écoute et regarde de tpus cotés pendant que les autres font la récolte ; dès qu'il: apperçoit quelqu'un ,. il crie comme un .enragé pour avertir les au- tres , qui.» ;aa signal > s'enfuient jly;9<^ . ( aU HISTOIRE NATURl T.Î,E leur proie, sautant d'un arbre à l'autre avec une prodigieuse agilitë : les fe- melles qui portent leurs petits contre leur ventre , s'enfuient comme les au- tres , et sautent comme si elles n'a^ voient rien ». Au reste , quoiqu'il y ait dans toutes les terres de l'Afrique un très-grand nombre d'espèces de singes, de babouins et de guenons , dont quelques-unes pa- roissent assez semblables , les voya« geurs ont cependant remarque qu'elles ne se mêlent jamais , et que pour l'or- dinaire chaque espèce habite un quar- tier différent. Caractères distinctifa de cette espèce, ■ Le patas a des abajoues et des callo- sités sur les fesses ; sa queue est moins longue que !a tête et le colrps pris en- semble ; il a le sommet de la tête plat, le museau long , le corps alongé , les jambes longues ^ il a du poil noir sur le ' 'i i l'autre les fc- i contre ! les ail- les n'a- is toutes bs-grand »abouins unes pa- s voya- j qu'elles 3ur l'or- m quar- espèce, les callo- \t moins >ris en- jte plat, igé , les ir sur le 3 « \ DES SINGES. â45 xtfiz , et un bai^deau étroit de même couleur au-dessus des yeux , qui s'é- tend d'une oreille à l'autre j le poil de toutes les parties supérieures du corps est d'un roux presque , rouge , et celui des parties de dessous , telles que la gorge , la poitrine et le ventre , est d'uA gris jaunâtre. Il y a variété dans cette espèce pour la couleur du bandeau qui- est au-dessus dies yeux ; les uns Font noir f et les autres blanc. Ils n'agitent , 1 -y - ■ont' ^iiâchoire , comme le font les autres guenons lorsqu'elles sont en co- lère ) ils marchent à quatre pieds plus souvent qu'à deux , et ils ont environ un pied et demi ou deux pieds /depuis le bout du museau jusqu'à l'origine -cfc la queue. Il paroît , par le témoignage des voyageurs , qu'il y en a de plus grands. Les femelles sont sujettes , comme les femmes ; à UP écoulement perioaique^. ' /^ / 'f y îi>-**j .'Aan i^ -* *■ '..A.. ... 'WS 24G HISTOIRE NATUREUn LE T A L A P Q I N. '' Hi Cette guenon est (le petite taille , et (l'une assez jolie figare ; soivuojji pa- roîtroit indiquer qu'elle se trouve à Siani et dans les autres provinees de l'Asie orientale , mais nous ne pouvons rassurer ; seulement , il est certain qu'elle est originaire de l'ancien conti- nent et qu'elle ne se trouve point dans le nouveau , parce qu'elle a des aba- joues et des callosités sur les fesses, et que ces deux caractères n'appartien- nent ni aux sa^oins ni aux sapajous , qui sont les seuls aniînaux du Nouveau Monde qu'on puissti comparer aux guenons. ^:l^ Ce qui. me porte à croire, ind(ipen- duinment du nom , que cette guenon se trouve plus communément aux Indes orientales qu'en Afrique , c'est que les vo3^ageurs rapportent que la plupart des singes de cette partie de l'Asie out le poil d'un vert brun. ^*n •^T^'T^*/#*^ i:.^.^*-,-**-—'- cliftÉPg*^^'""" ■ -■a--M|ljrtjF*|!y^ ^^1 ..DES SINGES. 247 (( Les singes de Giizaraic , disent- ils , sont d'un vert brun , ils ont 1^ barbe et les sourcils longs et blancs ; ces animaux (juc les Banianes laissent niiiUiplier à l'infini par un principe do religion , sont si familiers , qu'ils en- trent dajis les maisons à toute heure et en si grand nombre, que les marchands de fruits et de confitures ont beaucoup de peine à conserver leurs marchan- dises ». . .1 I- ? L'OUARINE ET L'ALOUATE. »1j'v<..< • -■« k«'f ( Queue prenante j sapajous. ) , .,,, (. ,> .. ..... X ., f.... -..--.. L'ouARiNE ft l'alouate sont les plus grands animaux quadrumanes du nou- veau eontineril ; ils sui passent de beau- coup les plus /^rosses guenons et appro- chent de la grandeur des babouins : ils ont la queue prenante , et sont par conséquent de la famillle des sapajous , dans laquelle ils tiennent un rang bien ■ f , m \ i..î !( ...rrf Àm.,^^; a4à, ursTôiHE natûrelt.e distinct , non-seulement par leur tail^ îe, rtiais aussi par leur voix, qui re<* tentît comme un tambour , et se fait entendre à une très-grande distança. « Marcgrave raconte , que tous les jours , matin et soir , les ouarines s'as' semblent dans les bois ; que l'un d'en- tr'eux prend une place élevée ^ et fait signe de la maiti aux autres de s'asseoir autour de lui pour l'écouter ; que dès qu'il les voit placés , il commence uu discours à voix si haute et si précipi- tée , qu'à l'entendre de loin , on croi- roit qu'ils crient tous ensemble -, que cependant II n'y en a qu'un seul , et que pendant tout le temps qu'il parle , tous les autres sont dans le plus grand silence j qu'ensuite lorsqu'il cesse , il fait signe- de la main aux autres de répondre , et qu'à l'instïsnt tous se mettent à crier ensemble , jusqu'à ce que par un autre signe de la main , il leur ordonne le silence ; que dans le moment Us obéissent et se taisent j ,»**■ , '^-..Jlsi., -*:;"i?,.„ &..■•*; .^.- E ur tail"^ qui te* t se fait listance. ous les ties s'as- m d'en- , et fait s'asseoir que dès lence un précipi* on croi- île j que seul , et il parle , us grand ;es8e , il litres de tous se LSqu'à ce ain , il dans- le isent j DES SINGE Si » »> alg qu'enfin , alors le premier reprend son discours ou sa chanson , et que ce n'est qu'après l'avoir encore ëcoutë bien at- tentivement qu'ils se sëparent et rom* peut l'assemblée ». Ces faits dont Marc- grave dit avoir été plusieurs fois té- moin , pourroient bien être exagérés et assaisonnés d'un peu de merveil- leux : le tout n'est peut-être fondé quo sur le bruit effroyable que font ces ani- maux : ils ont dans la gorge une espèce de tambour osseux dans la concavité duquel le son de leur voix grossit , s« multiplie et forme des hurlcmens pair écho j aussi a-t-on distingué ces sapa- jous de tous les autres par le nom de hurleurs : nous n'avons pas vu l'ouarî- ne , mais nous avons les dépouilles d'un alouate et un embryon desséché de cette même espèce , dans lequel l'ins- trument du gi'and bruit , c'est-à-dire , l'os de la gorge est déjà très-sensible. Selon Marcgrave , l'ouarine a la fac© lai f^e et carrée , les yeux noirs et bril'-- I'! if Mil \ «1 'M '?»^^ *a??* -«■tp"*^ Il 25o HISTOIRE NATURELLE ]ans , les oreilles courtes et arrondies > la queue nue à son extrëmitd , avec laquelle il s'accroche et s'attache fer- mement à tout ce qu'il peut embrasser: les poils de tout le corps sont noirs , longs , luisans et polis ; les poils plus longs sous le menton et sur la gorgelui forment une espèce de barbe ronde ; le poil des mains ; des piç43 j^t d?uiie partie de ia. queue est bru^^^Jue mâlo est de la .même couleur diÇ, lu, femelle , et il n'en diffère qu'en ce qu'il est un peu plus grand. Les femelles portent leurs petits sur le dos , et sautent avec cette charge de branches, en branches, et d'arbres en arbres j les petits embras- sent avec les bras et |es mains le Corps de leur mère dans la pait'tie : la plus étroite , et s'y tiennent fermement attachés tant qu'elle est en mouve- ment. Au reste , ces animaux sont sau- vages et mechans , on ne peut les ap- privoiser ni même les dompter ; ils mordent cruellement , et quoiqu'ils ne "****-i.»J!Pï- E »]idies > , avec ;he fer- brasser: t noirs , ils plus jorgelni ronde ; ;t d?uiie lie mâle remelle, 1 est un portent eut avec anches , embras- le corps la plus mement mouve- ont sau- les ap- ter ; ils u'ils ne D E S S I N G E S." 25l soîên*^pas du nombre des animaux car- nassiers et féroces , ils ne laissent pas d^nspirer de la crainte , tant par leur voix effroyable que par leur air d'im- pudence : comme ils ne viv«it que de fruits , de légumes , de graines et de quelques insectes , leur chair n'est pas mauvaise à manger, a Les chasseurs , dit Oexmelin , apportèrent sur le soir des singes qu'ils avoient tués dans les terres du cap Gracias-à-Dio ; on fit rôtir ime partie de ces singes et bouillir l'autre , ce qui nous sembla fort bon ^ la chair en est comme celle du lièvre , mais elle n'a pas le même goût étant >in peu douceâtre, c'est pourquoi il y faut mettre beaucoup de sel en la fai - sant cuire ; la gi-aisse en est jaune com- me celle du chapon , et plus même , et a fort bon goiit ; nous ne ve'cûmes qu© de "es animaux pendant tout le temps que nous fumes là , parce que nous ne trouvions pas autre chose ; si bien que tous les jours les chasseurs eu apport, \ I '4 ..^■ .v«v.; 254 HISTOIRE NATURELLE jamaii» qu'un petit , qu'elles portent cle la même manière que les Négresses portent leur enfant^ ce petit sur le dos de sa mère lui embrasse le cou par-dessus les épaules avec les deux pattes de de- vant^ et des doux de derrière il la tient par le milieu du corps : quand elle veut lui donner à téter , elle le prend daiis ses pattes, et lui présente la mamelle comme les femmes On n*a point d'autre moyen d'avoir le petit que de tuer la mère , car il ne l'abandonne jamais ■ étant morte , il tombe avec elle , et alors on le peut prendre. Lorsque ces animaux sont embarrassés , ils s'entr'aident pour pas- ser d'un arbre ou d'un ruisseau à un autre, ou dans quelqu'autre rencontre que ce puisse être On a coutume ce les entendre de plus d'une grande lieue ». Dampierre confirme la plupart de ces faits , néanmoins il assure que ces animaux produisent ordinairement '•-:::. l '-: :%^--.^«^: '■•MN*rfi*iUv8p'r ■ -ie'v'»"^!^* DES SINGES. a55 deux petits , et .^ae la mère en porte un sous le iras et l'autre sur le dos. En gênera^ , h <^\ IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l ttàËTA mis mm m22 2.0 lU lU u ■ 4.0 I m " -_/; . ,- ■ IPi'-^iyià ♦ < 6" ► ^iT y Photographie Sdenœs Corporation 23 WIST MAIN STRICT WIBSTIR.N.Y. 14S80 (716)872-4503 '^ .*^% ::'aS^:; '-■^■■T^',r^s:-^-^-^;(^<^ .i>. 356 HISTOIRE NATURELLE L'alouate a les mêmes caractères que Touarine , et ne paroît en (li£férer qu'en ce qu'il n'a point de barbe bien marquée et qu'il a le poil d'un rouge brun , au lieu que l'ouarine Fa noir. J'ignore si les femelles dans ces espèces 9ont sujettes à l'écoulement périodi* que ; mais , par analogie , je présume que non , ayant observé généralement .qu'il n'y avoit que les singes babouins jet guenons à fesses nues qui soient su- jettes à cet écoulement. - , , ,. , .^ , . j LE COAITA. ' 1, « fù î,i^.»- « • i <.'.•■*•«■/ K 'i -, . L E coaïta est , après l'ouarine et l'alouate , le plus grand dés sapajous ; je l'ai vu vivant à l'hôtel de M. le duc de Bouillon , où , par sa familiarité et même par ses caresses empressées , il méritoit l'affection de ceux qui le soi- gnoient : mais malgré les bons traite- mens et les soins , ilne put résister aux froids de l'hiver 1/64 j il mourut; el \ • !*• «i*-i-*?:' ërea îerer bien ouge noir. pèces :iodi- sume îment »ouiQs at su- yit vj •,■7 } rr>' to ■ ■■ x.\':-.. ine et »a)0us y le duc irité et les , il le 5oi- Itraite- ler aux ut; el vv.K c-iL^Arr ■V • ît- iA\ .s,\iVoi; ■«'. 'Il' '■H. >*' /■■ — 4SS"' ^111 1 ■ij,a»'»«t^i>1> .aMJ À^^i^)|M#*g^!!^^!^f ?^y»^'"'*-'^ iitt- IW^- 7^-^Y I., . .ei C O .:i ï 1/ .i. ■ , ,4?}Jo?.€îit. ; «mis mC'Ji^rtî les loj^i» _>^rài£^- , .!/ ^'^ c» ïiiB soitvi, il fie pwi cm-iîi'V a^U. ^*''*''''**^'W»***^ '*<»»iMi» /tMt/t tfi'uf/t 1 I.K COAITA a F.K SAJOU lUU'N |: J' ■ ia'tidhti^^fe^ttlla vi^ -"**««»9«^'. •^^««««S DESSINO ES. ^Sf fat regretté de son maître , qui eut la bonté de me l'envoyer pour le placer au cabinet du roi. l'en ai vu un autre chez M. le marquis de Moutmirail : celui-ci étoit un mâle, et le premier une femelle , tous deux étoient égale- ment traitables et bien apprivoisés. Ce sapajou , par son naturel doux et do- cile , diffère donc beaucoup de l'oua- i;ine et de l'alouate , qui sont indomp- tables et farouches ; il en diffère aussi , en ce qu'il n'a pas comme eux une po^ clie ossfjuse dans la gorge \ il a comme Touarine le poil noir , mais hérissé ; il en diffère encore , aussi bien que de tous les autres sapajous , en ce qu'il n'a que quatre doigts aux mains et que le pouce lui manque \ par ce seul carac- tère et par sa queue prenante , il est aisé de le distinguer des guenons y. qui toutes ont la queue lâche et cinq doigts aux mains. Ces sapajous sont intelligens et très- adroits ; ils vont de compagnie, s'aver-; -,««-..„. 1* '^'^^' '»58 HISTOIRE NAtURBLlE tissent, s'aident et se secourent ; la queue leur sert exactement d'une cin- quième main ; il paroît même qu'ils font plus de choses avec la queue qu'a- vec les mains ou les pieds : la nature semble les avoir dédommages par -là du pouce qui leur manque. On assure qu'ils pèchent et prennent du poisson avec cette longue queue , et cela ne me paroît pas incroyable , car nous avons vu l'un de nos coaïtas prendre de même avec sa queue et amener à lui un écu- reuil qu'on lui avoit donné pour com- pagnon dans sa chambre. Ils ont l'a- dresse de casser l'écaillé des huîtres pour les manger: et il est certain qu'ils se suspendent plusieurs les uns au bout des autres , soit pour traverser un ruis- seau , soit pour s'élancer d'un arbre à un autre* Ils ne produisent ordinaire- ment qu'un ou deux petits, qu'ils por- tent toujours sur le dos ; ils mangent du poisson , des vers et des insectes , mais les fruits sont leur nourriture la ■'■'•=^**'*''***"*^i*l»r.^*f;'te i»!.'i.4i^-j«^-i'.. ii aminiîRia'iî'iJiiiij.j.*'»"-^ ■•" »v*<;^ ■• ■"■Mtit. ■'^:- n D B S 8 I N G E 8« a5(^ pi UA ordinaire: ils deviennent trës-gras dans le temps de l'abondance et de la maturité des fruits , et Ton prétend qu'alors leur chair est fort bonne à ' If^w-* w' H ^'vr- W*> î$'^. \ S. ià^f0^tr^t^},i^ '*>-1 manger. ^ Caraciéreê dUtinctifi de cette espèce. Le coaïta n'a ni abajoues ni callosi- tés sur les fesses *y il a la queue prenante et très^longue , la cloison des narines très-épaisse , et les narines ouvertes à côté et non pas au-dessous du nez ) il n'a que quatre doigts aux mt&ins ou pieds de devant ; il a le poil et la peau iroirs, la face nue et tannée; les oreil* les aussi nues et faites comme celle5 «I0 l'homme ; il a environ un pied et demi de longueur^ et laqueue est plus longue que le corps et la tête pris ensemble \ il marche à quatre pieds. 96o HISTOIRE NATURELLE t.. a" •«» ,'\ « L B S A J O U. ai aaiiL Nous connoissons deux vnriëtés clan» cette espèce , le sajou brun qu'on apr pelle vulgairement le singe-capucin, et le sajou gris qui ne diffère du sajou brun que par les couleurs du poil ; ils sont de la même grandeur, de la même figure et du même naturel : tous deux «ont très^vifS) très-agiles et très -piai- sans par leur adresse et leur lëg^retë > nous les avons eus vivans , ot il nous a jiaru que de tous les sapajous ce sont feux auxquels la température de notre climat disconvenoit le moins ; ils y sub- sistent sans peine et pendant quelques tmnëes, pourvu qu'on les tienne dans \nie chambre à feu pendant l'hiver; ils pouventmêmc produire^etnous en cite- rons plusieurs exemples : il est né deux, de ces petits animaux chez madame la marquise de Pompadour à Versail- les , un chez M. de Rëaumur à Paris > X •^- x-- \ DBA d t N G F S. a6l et un autre chez madame de Poursel en Gâtinois : mais chaque portée n'est ici que d'un petit , au lieu que dans leur climat ils en font souvent deux. Au reste , ces sajous sont fantasques dans leurs goûts et dans leurs affec- tions-, ils paroissent avoir une forte inclination pour de certaines person* nés, et une grande aversion pourd'au^ très, et cela constamment. tarf^ 1-4 Nous avoirs observe dans ces ani-> maux une singularité , qui fait qu'on prend souvent les femelles pour les mâles : le clitoris est proéminent au-* dehors et paroit autant que la verge du mâle. \h V »1 Caractères distinctifs de cette espèce. f^ Les sajous n'ont ni abajoues ni cal- losités sur les fesses, ils ont la face et les oreilles couleur de chair avec un peu de duvet par-dessus *, la cloison des na- ^inçs épaisse, et; Icb tiarines ouvertes :^awLr-iii*i ^ «*»»•• « •^■-•^ifcuV fc s jto^Mfc, ^ ^J<4tii« 1* "! 962 inSTOTRE NATURELLE A côte et non pas au-dessons du nez ; les yeux châtains et placés assez près Tun de l'autre ; ils ont la queue pre- nante f nue par-dessus à Textrémitë , et fort touffue sur tout le reste de sa longueur ; les uns ont le poil noir et brun f tant autour de la face que sur toutes les parties supérieures du corps ; les autres l'ont gris autour de la face , et d'un fauve brun sur le corps ; ils ont également les mains noires et nues; ils n'ont qu'un pied de longueur de- puis l'extrémité du museau jusqu'à l'origine de la queue ; ils marchent à quatre pieds. Les femelles ne sont pas sujettes à l'écoulement pério- dique. fcr\M. ki:. LESAI. Les Toyagenrs ont indiqué ces ani- maux sous le nom de Pleureurs , parce qu'ils ont un cri plaintif, et que pour peu qu'on les contrarie ; ils ont l'air de ■■ *, a ■ DB8 0INGB8* 2)63 •e lamenter ; d'autres les ont appelés singea muaquéa , parce qu'ils ont , comme le macaque , une odeur de iaux musc ; d'autrea enfin leur ont donne le nom de macaque , qu'ils avoient em« pruntë du macaque de Guinée : mais les macaques sont des guenons à queue lâche f et ceux-ci sont de la famille des sapajous, car ils ont la queue prenan- te. Ils n'ont que deux mamelles , et ne produisent qu'un ou deux petits ; ils sont doux , dociles et si craintifs , quo leur cri ordinaire , qui ressemble à ce- lui du rat, devient un gémissement dès qu'on les menace. Dans ce pays-ci , ils mangent des hannetons et des li- maçons de préférence à tous les autres alimens qu'on peut leur présenter ; mais au Bà'ésil , dans leur pays natal , ils vi- vent principalement de graines et do fruits sauvages qu'ils cueillent sur les arbres, où ils demeurent, et d'oi\ ils no descendent que rarement à terre. k f- ■*iii«^^»(^':^^Jii^^\::^4^^_ ■ I . , 1 264 HISTOIRE NATURELLE Caractères distinctlfs de cette espèce. ' s ( li c S sais n'ont ni abajoues ni callo- sités sur les fesses \ ils ont la cloison des narines fort épaisse , ot l'ouver- ture des narines à côté et non pas au« dessous du nez ; la face ronde et plate y les oreilles presque nues ; ils ont la queue prenante y nue par-dessous vers l'extrémité , le poil d'un brun noirâ- tre sur les parties supérieures du corps , et d'un fauve pâle ou m^me d'un blanc sale sur les parties inférieures. Ces animaux n'ont qu'un pied ou quatorze pouces de grandeur , leur queue cHt plus longue que le corps et la tête pris ensemble ; ils marchent à quatre pieds. Les femelles ne sont pas sujettes à l'é- coulement périodique. >3»UMll^Ul2^^^ta^^d& ' U£6 81NQES. LE S A ï M I R I. a()5 I^R saïmiri est connu vnl^qaiiemenl! »3\ia le nom de sapajou aurorey de napU' jou orangé t et de Hupnjoujanfw , il est as- dcz connu àlaGuiane,et c'est parcetto raison que quelques voyageurs l'ont aus- si indiqnë sous /uddnoniination de mpu- jou de Cayenne, Par la gentillesse de ses mouvemens, par sa petite taille, parla couleur brillante de sa robe, par la gran- deur et le feu de ses yeux , pur son j)e- tit visage arrondi , lesaVmiri a toujours eu la prëlt^rence sur tous les autres sa- pajous -, et c'est en cflet le plus joli , le plus mignon de tous : mais il est aussi le plus dëlicat , le plus difllcile à trans- porter et à conserver. Par tous ces ca- ractères, et particulièrement encora par celui delà queue, il paroit faire la nuance entre les sapajous et les Nagoitis; car la queue £ans 6lre absolument inu- tile et lûclie comme celle des sagoins; Quaùrup. II. 2t3 îfal \ i / '*f.««» '>■- «^ i f < Il H i; 1 l a66 HISTOIRE NATURELLE n'est pas aussi musclée que celle des sajous ; elle n'est , pour ainsi dire » qu'à demi-prenante , et quoiqu'il s'en serve pour s'aider à monter et descen- dre , il ne peut ni s'attacher forte-, ment , ni saisir avec fermeté , ni ame- ner à lui les choses qu'il désire ; et l'on ne peut plus comparer cette queue à une main comme noua l'avons fait pour les autres sapajous. i Caractères distinctifa de cette espèce^ Le saïmiri n'a ni abajoues ni callo- sités sur les fesses ; il a la cloison des narines épaisse , les narines ouvertes à côté et non pas au-dessous du nez , il n'a, pour ainsi dire, point de front; son poil est d'un jaune brillant ; il a deux bourrelets de chair eu forme d'anneau autour des yeux ; il a le nez élevé à la racine et applati à l'endroit des narines ; la bouche petite y la face plate et nue , les oreilles garnies de poil DES SINGES. 2G7 et nn peu pointues ; la queue à demi- prenante , plus longue que le corps; il n'a guère que dix ou onze pouces de longueur depuis le bout du museau jusqu'à Forigine de la queue; il se tient aisément sur ses pieds de derrière , mais il marche ordinairement à quatre pieds. La femelle n'est pas sujette à Fëcoulement périodique. h LE S A K I. allô- des rtes ez ^ ntj il a irme nez roit ace U ( Queue non-prenante j sagoins, ) Le saki que l'on appelle vulgaire- ment «ztz^^ à queue de renard, parce qu'il a la queue garnie de poils très- longs , est le plus grand des sagoins : lorsqu'il est adulte, il a environ dix- sept pouces de longueur , au lieu que des cinq antres sagoins , le plus grand n'en a que neuf ou dix. Le saki a le poil très-long sur le corps , et encore plus long sur la queue ; il a la face rousse et ,.'»•* --f- 266 HISTOIRE NATURELLE couverte d'un duvet blanchâtre ; il est aisé à reconnoître et à distinguer de tous les autres sagoins , de tous les sa« pajous et de toutes les guenons , par les caractères suivans. Caractères distinctifs de cette espèce, liE saki n'a ni abajoues ni callosités sur les fessesj il a la queue lâche, non pre- nante et de plus d'une moitié plus lon- gue que la tête et le corps pris ensem- ble ; la cloison entre les narines fort épaisse, et leurs ouvertures à côté; la face tannée et couverte d'un duvetfin, court et blanchâtre ^ le poil des par- ties supérieures du corps d'un brun noir j celui du ventre et des autres par* lies inférieures d'un blanc roussâtre ; le poil par-tout très-long et encore plus long sur la queue , dont il déborde l'extrétnité de près de deux pouces ; ce poil de la queue est ordinairement d'un brun noirâtre comme celui du ^>' \¥ l'tM âtre-,ile8t tinguer de tous les sa- Buons , par P;- ?tte espèce. ni callosité» 3he,nonpre- tié plus Ion- pris ensem- narines fort resàcôlé; la m duvet fin, )oil des par- d^un brun ss autres par- D roussâtre ; g et encore nt il déborde 3UX pouces; dinairemcnt ae celui du v^! •^ ■-m^?, «à^sà 1 . I /ouistiti, h . LK MICO . .,»,"-.. '..J*^-*?!.. ■*'.'-■. ■ ti ] ** "^-^ ■.Kfm ' ^ • 1 ..» l*M'V :!*-..-A »i41» *■' o . ctît /i:iii>Ui it>!3.n ■•''''.' «* qwily ï k ysi '?** V V im pu il oJ^ rU.vrT»> 0 îiinj^aerf/ a*} im.*: r-?îlU« WMil* {' :Cii m.^: ■h XatM f^ d *w' VviîTvn'î u u pt î ^*n itf^5îi:i wrps .«'''!. U It-tf^ coiTîpr?^, .s^' a ïi^rs-'i' if^ :=*x: î':^n \u /> ,} n\ t.t.t*^-^v l^î* r ;«f ■<é: ^^^fl^^ >4t>v^i:v^;: M'Vw>d 'Ml *^^< pie!'' U/'/O. ,^4 i\é\ .t' **>' -i: US 'tH! f <.f>'i,v; (;' ;».^- :t^t h>>- m /^(^v^M'ït»-'' .H m, r Ht s k***%'* 1*^' i- '*' » ■ ï \'i,<; **'î'*****' '*'^'^''^^i> *-**jeh. ■ ■;^* ^--^ ^a. ,^ * |.-»u»^'*M^'" MHH "'.vm] f ■.•%:i7 »» -■»? il '''-fi/, . ) 'f,'i>i>r» . Vii .t* ^f r 1 .* . ■)■ •■■■. *«-< •4' ;v^«--;%^*^;^'?^.,^.i-u j" * • ^*ï>^ '.. ;r :ï ^^s > > V ..t .t. 'ii 5 • ' t' ;■, » "«^âg^' ■>»s!-»'>i»M>..m».^mm^i^é f-t **4-^ 1 : \ DES SINGES. 2% corps. Il paroit qu'il y a variété dans cotte espèce pour la couleur du poil , et qu'il se trouve des sakis qui ont le poil du corps et de la queue d^vin fauve roussâtre : cet animal marche à quatre pieds , et a près d'un pied et demi de longueur depuis l'extrémité du nez jusqu'à l'origine de la queue. Les fe- melles dans cette espèce ne sont pas sujettes à l'écoulement périodique. L'O U I S T I T L £%'■ }t- ■ ;tva .-*»;•■ V ii -. li'ouisTiTi n'a pas undcmi^pieddé longueur , le corps et la tête compris, et sa queue a plus d'un pied de long> elle est marquée comme celle du mo- coco par des anneaux alternativement noirs et blancs*, le poil en est plus long et plus fourni que celui du mococo : l'ouistiti a la face nue et d'une couleur de chair assez foncée ; il est coi£Pé fort singulièrement par deux toupets de longs poils blancs au-devant des oreil- I I r«- et il est très-vraisemblable que Xefonhea o u guereza de Ludolph , est ou le mo^ coco ou le loris , qui se trouvent dans les terres méridionales de l'ancien con- tinent. M. Edwards dit encore que lo sanglin {ouistiti)^ lorsqu'il esteubuuiie ..i>»>Mitoiiw« v>«^>^ DES SINGES. 371 Mnt^ , a le poil très-fourni et très- touffu ; que Tun de ceux qu'il a tus , et qui ëtoit des plus vigoureux , se nourrissoit de plusieurs choses, comme do biscuits , fruits , légumes , insectes ^ limaçons, et qu'un jour étant déchaîné^ il fe jeta sur un petit poisson doré de la Chine qui étoit dans un bassin , qu'il le tua et le dévora avidement ; qu'en- suite on lui donna des petites anguilles qui l'effrayèrent d'abord en s'entor- tillant autour de son cou y mais que bientôt il s'en rendit maître et les mangea. Enfin M. Edwards ajoute un exemple , qui prouve que ces petits animaux pourroient peut être se mul- tiplier dans les contrées méridionales de l'Europe ) ils ont, dit-il, produit des petits en Portugal, où le climat leur est favorable ; ces petits sont d'abord fort laids , n'ayant presque point de poil sur le corps *, ils s'at- tachent fortement aux têtes de leur mère : quand ils sont devenus un peu \ 1- ,. 4kK»^«-'..w>f»»'*™ î> iî^f^i'WlIf^*?:*-" fl7a ITTSTOTRE NATURELtiB grands, ils bg cratnponent iortenionl sur sou dos ou sur ses épaules ; et quand elle est lasso de les porter , elle s^en débarrasse en se frottant contre la muraille ; lorsqu'elle lésa écartés, le m:\lo en prend soin sur-le-champ, et les laisse grimper sur son dos pour -ou- la^^er la icmelle. Caractères distinctifs de cette espèce, .L'ouistiti n'a ni abajoues ni callo- sités sur les fesses ; il a la queue lâche , non prenante, fort touffue , annelée altuinativement de noir et de blanc , ou plutôt de brun ou de gris, et une fois plus longue que la tête et le corps pris ensemble ; la cloison des narines fort épaisse , et leurs ouvertures à côté ; la tête ronde, couverte de poil noir au-dessus du front, Fur le bas duquel il y a an -dessus du ncT ; i ^ arque ^ '- a- che et sans poil ; su iiici; e^L aussi pres- que sans poil et d'une couleur de chair r I— -■'*'* :i. -t'>.^'"^*^ ^ >*•! «^ j' "ï^'**-. *„ , i»- ■> ^^â. f- &>"" '-*' ■-■'J ■...^.- •i.i*- DES SfT^GES. 373 foncée; il a les deux côtes do la tête , au-devant des on i lies , deux toupets de longs poils blancs ; ses oreilles sont arrondies , plates , minces et nues ; ses yeux sont d'un châtain rougeâtrc ; le corps est couTcrt d'un poil doux d'un gris cendré et d'un gris plus clair , et môle d'un peu de jaune sur la gorge , la poitrine et le ventre ; il marche à quatre pieds y et n*a souvent pas un demi-j[Hed de longueur depuis le bout du nez jusqu'à l'origine de la queu«k Les femelles ne sont pas sujettes à Vccoulemeat périodique^ % tj* LE FINCH E. Le piHche , quoique fort petit, l'est cependant moinsque l'ouistiti et même que le tamarin ; il a environ neuf pouces de long, la tête et le corps compris , et sa queue est au moins une fois plus longue. Il est remarquable par l'espèce de chevelure blanche et liss»; mm mn^^ammr'mm m M 274 HISTOIRE NATURELLE qu'il porte au-dessus et aux côt^s de la tétO; d'autant que cette couleur tranche merveilleusement sur celle de la face qui est noire et ombrée par un petit duvet gris ; il a les yeux tout noirs , la quette d'un roux vif à son origine et jusqu'à près de la moitié de sa longueur , oîi elle change de couleur et devient d'un noir brun jusqu'à l'ex- trémité j le poil des parties supérieures du corps est d'un brun fauve *, celui de la poitrine , du ventre , des mains et des pieds est blanc, la peau est noire par-tout, même sous les parties ob. le poil est blanc : il a la gorge nue et noire comme la face : c'est encore un joli animal et d'une figure très singulière ; sa voix est douce et ressemble plus au chant d'un petit oiseau qu'au cri d'un animal ; il est très>délicat , et ce n'est qu'avec de grandes précautions qu'on peut le transporter d'Amérique en Europe. DES SINGES. 275 ut.%J y [[Caractères diatinctifs de cette espèce, i Ls pinche n'a ni abajoues ni callo- sités sur les fesses j il a la queue lâche, non prenante et une fois plus longue que la tête et le corps pris ensemble ; la cloison entre les narines épaisse , et leurs ouvertures à côte ; la face , la gorge et les oreilles noires , de longs poils blancs eh forme de cheveux lisses , le museau large , la face ronde; le poil du corps assez long, brun fauve ou roux sur le corps y jusqu'auprès de la queue où il devient orangé ; blanc sur la poitrine , le ventre , les mains et les pieds oCi il est plus court que suit le corps; la queue d'un roux vif à son origine et dans la première partie de sa longueur y ensuite d'un roux brun , et enfin noir à son extrémité ; il mar- che à quatre pieds y et n'a qu'environ neuf pouces de longueur en tout. Les femelles ne sont pas sujettes à Técoulc- ment périodique. ''-* I: tr i' ■ l h ; 376 HISTOIRE NATURELLE LE MARIKINA. Le marikina est assez vulgairement <3onnn sous le nom de petit singe-lion; nous n'admettons pas cette dénomina- tion composée ; parce que le marikina n'est point un singe, mais un sagoin ; et que d'ailleurs il ne ressemble pas plus au lion , qu'une allouette ressem- ble à une autruche , et qu'il n'a 4e rap- port avec lui que par l'espèce de cri- nière qu'il porte autour de la face , et par le petit flocon de poils qui tertniiiQ sa queue. Il a le poil toufiFu , long j soyeux et lustré , la tête ronde , la face brune, les yeux roux, les oreilles rondes , nues et cachées sous les longs poils qui enviroiment sa face ; ces }')oils sont d'un roux vif , ceux du corps et de la queue sont d'un jaune trèspàl« et presque blanc : cet animal a les mêmes manières , la même vivacité et les mêmes iuciinati ons que les autres •«-K*^ r^çàJNi '^... 1 ) DES SINGES. 377 tegoins, et il paroît être d'un tempé- rament un peu plus robuste , car nous en avons vu un qui a vécu cinq ou six ans à Paris , avec la seule attention de le garder pendant l'hiver dans une chambre où tous les jours on allumoit dineu. CJaractères distinctifs de cette espèce. [lies mgs ils b et )àl« les et très li E marikina n'a ni abajoues ni cal- losités sur les fesses ; il a la queue lâ- che , non prenante et presque une fois plus longue que la tête et le corps pris ensemble ; la cloison entre les narines épaisse et leur ouverture à côté ; il a les oreilles rondes et nues; de longs poil^ d'4in roux doré autour de la face ; du poil presqu'aussi long , d'un blanc jaunâtre et luisant , sur tout le reste du corps y avec un flocon assez sensi- ble à l'extrémité de la queue ; il mar- che à quatre pieds, et n'a qu'environ huit ou neuf pouces de longueur en Quadrup. II« 24 •tut;*»' '-^■»0Um t,r l f \ f { 1 i i \ ! ^ (' i M li 1 1 ! I (, 978 HTSTOrRE NATURELLE tout. La femelle n'est pas sujette à l'ë' coulement périodique. w'"* ■>'• LE M I C O. "*; Cest à M. de la Condamine quo nous devons la connoissance de cet ani- mal. <( Celui, dit-il, dont le gouverneur du Para m'avoit fait présent , étoit Tuni- que de son espèce qu'on eût vu dans le pays ^ le poil de son corps étoit argenté et de la couleur des plus beaux cheveux blonds , celui de sa queue étoit d'un marron lustré approchant du noir. IL avoit une autre singularité plus remar- quable : ses oreilles, ses joues et son museau étoient teints d'un vermillon si vif, qu'on avoit peine à se persuader que cette couleur fût naturelle ; je l'ai gardé pendant un an , et il étoit encore en vie lorsque j'écrivois ceci, presque à la vue des côtes de France, où je me faisois un plaisir de l'apporter vivant : malgré les précautions continuelles t • 1 i^iBlW"'-ftiy:, • .irtijj^,- * ►♦ + B 1 ^ "^ ,T^' .)" BBS SINGES. 279 que je prenoii pour le prëserver du froid, la rigueur de la saison Ta vrai- semblablement fait mourir.... Tout ce que j'ai pu faire a été de le conserver dans l'eau-de-vie , ce qui suffira peut- être pour faire voir que je n'ai rien exagërë dans ma description». Par ce rëcit de M. de la Condamine , il est aise de voir que cet animal auquel nous ap- pliquons le nom de mico, est d'une es- pèce très -différente et vraisemblable* ment beaucoup plus rare que les sagoins précëdens et que le tamarin dont noua allons parler , puisqu'aucun auteur ni aucun voyageur avant lui , n'en avoit fait mention , quoique ce petit animal soit très- remarquable par le rouge vif qui anime sa face et par la beauté de son poil. ' ^ Caractères distinctifs de cette espèce» Le mico n'a ni abajoues ni callosités sur les fesses 3 il a la queue lâche ^ non ' -.-«««^♦■«^ ^)iii I y-i' 1 wi*.^* 1 ' i I 1 ; 11 i a8o HISTOIRE NATURELLE prenante et d'environ moitié plus lon- gue que la tête et le corps pris ensem- ble; la cloison des narines moins épaisse que les autres sagoins, mais leurs ou- vertures sont situées de même à côté et non pas au bas du nez ; il a la faco et les oreilles nues , et couleur do ver- millon ; le museau court , les yeux éloignés Vira de l'autre , les oreilles grandes, le poil d'un beau blanc ar- genté, celui de la queue d'un brun lustré et presque noir; il marche à quatre pieds , et il n'a qu'environ sept ou huit pouces de longueur en tout. Lies femelles ne sont pas sujettes à l'é- coulement pé riodique. ' W^ r^n xîdï J^-i v ; LE TAMARIN. ^■'■tir Le tamarin est remarquable par ses larges oreilles et ses pieds jaunes ; c'est un joli animal, très- vif , aisé à appri- voiser, mais si délicat qu'il ne peut ré- sister long -temps à l'intempérie de notre climat. r, • ■! f "."^^f*^-' ■ , .- t.a*"'-' * ■'^', DES SIiNGES. S Si Caractères distinctifs de cette espèce^ '4' L E tamarin n'a ni abajoues ni callo* flltëa sur les fesses ; il a la queue lâche , non prenante , et une fois plus longue que la tête et le corps pris ensemble ; la cloison entre les narines fort épaisse et leurs ouvertures à côté ; la face cou«f leur de chair obscure ; les oreilles car- rées , larges , nues et de là même cou- leur; les yeux châtains , la.lèvre supé- Heure fendue à-peu-près comme celle du lièvre \ la tête , le corps et la queue garnis de poils d'un brun noir et un peu hérissés y quoique doux ; les mains et les piedd , couverts de poils courts d'un jaune orangé ; il a le corps et les jambes bien proportionnés ; il marche à quatre pieds, et la tête et le corps pris ensemble n'ont que sept ou huit pouces de longueur. Les femelles ne sont pas sujettes à l'écoulemeut,|)ério- dique. . . , ' 1 ^.. , ;- ■ ■• , A ->>; 6 1 V 1 M' ^- i "^^^«ÏÏ^-i;.!, .r!:^^^^^^^*^^^, ^.Ç:.^^S.> f Sl8s HISTOIRE KATVREXiLB r. ,% Espèces ëônttues dans le genre des Singes. '. U^^ l^r •i'r*fr^«| 'ii.i>i.j<,r) >Hi* ù'-k:^ ^..x un tt, tir '•'■.■'•') r" ■ . . (.Vir^'j'- '■' ■ .;„.,v . nu[^ .- î , ■ r^Vw'î.»^:-', -fU» *j,».r,t.". ,)^ii/ ...1 .S.i;-'v: ' *!?.•. ».-^V^'^*''''.'Tftt iiiiiwii i»0|» M'i» ' 1"' nu I Tii ii»iïi]_in t «.™« L'. rf .-•■-■.,, *~-'-*l «ij^.. I ait . .«-• »•-•• ulU) •*.! .t«,jor^ ■♦il ^.^kIc. V •■■,* • •-» <■ ..4» > T .4.^ ...1 . i V>''*,:T ■'^ .V. ■ '■.}•. ■' '''- * -ri Z^tVfM» def. J.e fUùn Ohif/' X. LE MAKt. X. LE MOC OC O f i ^ft • aJ» ♦■*■*' V» -n »^*^« •'»* L l; M A K ^ . i;»':»r'';?îî- OsTWtvT'V ,i>4 1»'»*" *.' ^'• i * > ' t *'* ♦v. ?. .'k .:-^!- .f î c *?. ev*.; Ul'VftV**': »«"-'•' î".'^*^. MU in**«*'i*î' v é1 U »*lSll''^<^l*9t?** mn -'■^m^ . ï»tî '^'-.iî 4^> U»4^ï i'-H 4'4itt?''* «w* - ^m*3fïf-.*i>^';* ^î'^&^ ^»«î <^''^ : t»5i (^t}: .fft}>i ; w ■ >*■■»• -jr^. ' \. m'. c i % •"i?.. t .4_.iîr S: -s t •,a^,.:.^?jr\^"^^^^'f4fiW^^;'; :f,\^y . 1 ^ . .J'£:7»****ï^" •* - DES MAKIS. a85 1/ III' GENRE. LE MAKI, LBMVR. Caractère générique : six dents incisives à la mâchoire inférieure. LE LORIS. \ ■' %- JLe loris est un petit animal qui se trouve à Ceylan , et qui est très-remar- quable par rélëgance de sa figure et la singularité de sa conformation : il est peut-être de tous les animaux celui qui a le corps le plus long relativement à sa grosseur ; il a neuf vertèbres lom- baires , au lieu que tous les autres ani- maux n'en ont que cinq , six ou sept ; et c'est de-là que dépend l'alongement il H^ Il % i a86 HISTOIRE NATURELLE de son corps , qui paroit d'autant plus long qu'il n'est pas termine par une queue. Sa tête est tout-à-fait ronde , et son museau efit presque perpendicu-* laire sur cette sphère; ses yeux sont excessivement gros et très-voisins l'un de l'autre ; ses oreilles larges et arron- dies sont garnies en dedans de trois oreillons en forme de petite conque. Il nous paroît que c'est le même animal dont parle Thëvenot dans les termes suivans : «Je vis, auMogol, des sin- i) ges dont on faisoit grand cas , qu'un }) homme avoit apportes de Ceylan ; on » les estimoit parce qu'ils n'ëtoient pas » plus gros rue le poing y et qu'ils sont }) d'une espèce différente des singes or- 1) dinaires ; ils ont le front plat , les » yeux ronds et grands, jaunes et clairs » comme ceux de certains chats ; leur A museau est fort pointu , et le dedans n des oreilles est jaune ; ils n'ont point i> de queue Quand je les exami- )> nai , ils se tenoient sur les pieds de I '•'S^StSh*'' »ES MAKI s. „o, >. dmiére, et s'embr«,oie„t «.«ven? «regardant fixement le n,„„°i ' » «'effaroucher ». "'"'* «"" - I-E MONGO TJs. le nez noir et L "^f,'* ^^''^-^ne, -it ainsi aSL",:rVu"^'' î-:ï:;ftenL-- f ^ «her des fruit, , du sZT f "' '=^''- des confitures domin,;:,?!"^* »«;on.voitbie„de,aX W prendre , et il>n,„pj t^'ieaiere- tta petit grogaemeni Vf / ti I V m-.,iafSK i i â88 HISTOIRE NATURELLE presque continuel ; et lorsqu'il sVn- nuyoit et qu'on le laissoit seul , il se fuisoit entendre de fort loin par un croassement tout semblable à celui de la grenouille : c'étoit un mâle, il cher- clioit les chattes^ et même se satisiui- 8oit avec elles ; mais sans accouplement intime et sans production. Il craignoit le froid et l'humidité , il ne s'éloignoit jamais du feu , et se tenoit debout pour se chauffer : on le nourrissoit avec du pain et des fruits -y sa langue ëtoit rude comme celle d'un chat ; et si on le laissoit faire , il lëchoit la main jusqu'à la faire rougir , et finissoit souvent par l'entamer avec les dents. Le froid de l'hiver 1760 le ût mourir , quoiqu'il ne fût pas sorti du coin du feu ; il ëtoit très-brusque dans ses mouvemens , et fort pëtulant par instans ; cependant il dormoit souvent le jour , mais d'un sommeil lëger que le moindre bruit interrompoit. il y a dans cette espèce de mongous V ni <.: fm»'"": ■'• '"'nfMf:*^'-- . "ES MAKI8. fiO- »»«» co„t«,dit d'une esSff *T* imidm n„„. "*'* ''«» deux avons cru devoir £ S' ^"^ "°"» j-'-ui4rrrolï:;?,rr- 1 on vient à acquérir 1« „,' " deux animaux ,"e,^ tT?" ?"*' "" semble, et au'il . ""^'«nt point en- * et quija soient ans» azo*^ Çwadrup. II. 2$ ^1' 990 HISTOIRE NATURELLE L E V A a I. Le vari est d'une mëchancetë farou- che dans son état de liberté. Les voya- geurs disent « que ces animaux sont fu- ii rieux comme des tigres , et qu'ils I) font un tel bruit dans les bois, que ^ » s'il y en a deux, il semble qu'il y en l) ait un cent , et qn'ils sont très-difii- i) ciles à apprivoiser » . En effet, la toîx du vari tient un peu du rugissement mi ,,,...,/*.-.. Le ' DES MAKIS. 293 cle quatre pieds : il santé de meilleuro grâce et plus légèrement qu'il ne mar- che; il est assez silencieux et ne fait entendre sa voix que par un cri court et aigu , qu'il laisse , pour ainsi dire ^ échapper lorsqu'on le surprend ou qn'on l'irrite. Il dort assis , le museau incliné et appuyé sur sa poitrine ; il n'a pas le corps plus gros qu'un chat, mais il l'a plus long -, et il paroît plus grand; parce qu'il est plus élevé sur ses jambes : son poil , quoique très-doux au toucher n'est pas couché , et se tient assez fermement droit. . ' ' - ^ * • ' ' 'Les mococos , les mongous et les varis sont du même pays et paroisaent être confinés à Madagàlscar , au Mo- zambique et aux terres voisine» de ces lies; il ne paroît ^ par aucun témoi- gnage des voyageurs , qu'on les ait trou- vés nulle part ailleurs ; il semble qu'ils soient dans l'ancien continent, ce quo sont dans le nouveau, les marmoses , les cayopoUins , les phalangers qui ont ..i^fii^ -*»«»•!"'"'"* ^*l»i'l«a..^W* •■•«.i.>,i.j» _.*-»•»*»»■} W^..3_„ ..'_•. 'm ^^:^J..-X'!^^ .tr, ^9^ HISTOIRE NATURELLE quatre mains comme les makis , et qui-, comme tous les autres animaux du nou- veau Monde , sont fort petits en com- paraison de ceux de l'ancien ; et à re- gard de la forme y les makis semblent £Eiire la nuance entre les singes à longue queue et les animaux fissipèdes , car itls ont quatre mains et une longue queue comme ces singes , et en même temps ils ont le museau long comme les renards ou les fouines \ cependant ila tiennent plus des singes par les habi^ tudes essentielles \ car, quoiqu'ils man- gent quelquefois de la chair etqu'ib se plaisent aussi à ëpier les oiseaux , ila sont cependant moins carnassiers quo frugivores, et ils préfèrent même dans- Fëtat de domesticité les fruits^ les raci» nés et le ]|^i% à la chair cuite pu crtte«> r. , . ^. ••. I X .•l^. *^s^i«*,-.«»»*'«<«** f^-'-Jaw^^^.(j»y<|it|^-..<^ „ DES MAKI S*v ^ , ât)5^ Espèces connues dans le genre des Makis* Le Loris , lemur Tardigraduâ L'Indri , lemur Indri, Le Potto y lemur Potto» Le Mongous , lemur MoTigo»; Le Vari , lemur Macaco, Le Mococo , lemur Catta, : Le Maki à bourres, lemur Laniger, Le Maki volant^ lemur Volant, r # • I , / 'MH/JO- ; "vn t "î *l .'•q *i^wintfc.:'' ' • !■■ j • \ '1 > « »»'< ' ' 1 'rîc;;l;iv'' ' :*'"' .1 ' '._ . '; ' ' ,' * '' " 1 '.T'^::vr:-*i!^^. ?."■'■ . •■ *■_■/? '■■ ' >-'"*fTH "V^î*" .' " ' ' '"■■i- ; ■ '. UiV'Z 2"vi:!' ■ ■ 1 - r---'' » ■•»#*•■— ■'K:.:.i.. 996 HISTOIRE NATURELLE IV GENRE. H LA CHAUVE-SOURIS, r Bspsn T I Lio, » > • • Garaeière générique : mains palmëes- volatiles. LA CHAUVE-SOURIS. (Quoique tout soit également parfak en soi , puisque tout est sorti des main» clu créateur , il est cependant relative- ment à nous , des êtres accomplis , et d'autres qui semblent être imparfaits ou difibrmes. Les premiers sont ceux dont la figure nous paroît agréable et complète, parce que toutes les partie» sont bien ensemble ; que le corps et les- *Hf, «.,. *■ «. • .^. «^ ^. f>»^-4'««<^)|M;»irifciteiiyji&i 'K'.-.fTif"-. .,,4^.. H M' t.ty ' M' •J .w'î. '^m<^^"^ " *ï.i ' '^'/•■-ijri'-' ■ ... i-*'*: •' MV .^ l'H-yj'i^ ■ -fi ^'^ • .4 .^i?')H»*'-^ ■^H, ^^1 .« , •^ ^î/;i^^^-t:fj^.;-::., •u). t*«^*:. *f 1 • ^ i» 1' JO; |S 1. II ( ni' 4^^ "^^«'■■■AiyWÉMBTW >\}: \ >}; O >TK *•■.'• 4 ' :i) T •i; .» , . . •■, :'«. . t. 'i >), r ■ y » "<■»» ■'-<4tAif'' -^— ii*« 1 I. p, ■— waH*vatët--IWÊI[W' ■j^-.jtim'^»' 1 I.A CllAUVi: SOUIUS. J.J.K V'IUliVCIIKVAIi. 5 i;01li:il.l.An. 4 î.K l'KUDKLANCl'^ u i \ ii\ ! 'S f ^4 < s i ■On initiii ■ — r» -Il II i^^*^*B DES CHAUVE-SOURIS- 29? membres sont proportionnés, les mou- vemens assortis , toutes les fonctions faciles et naturelles. Les autres , qui nous paroisssent hideux, sont ceux dont les qualités nous sont nuisibles , ceux dont la nature s'éloigne de la n&turo commune , et dont la forme est trop différente des formes ordinaires des- quelles nous- avons reçu les premières sensations , et tiré les idées qui nous servent de modèle pour juger. Une tête humaine sur un cou de cheval , le corps couvert de plumes , et terminé par une queue de poisson, n'ofiFrent un tableau d*une énorme difformité que parce qu'on y réunit ce que la nature a de plus éloigné : un animal qui , comme la chauve -souris, est à demi- quadrupède , à demi-volatile, et qui n'est en tout ni l'un ni l'autre , est pour ainsi dire un être-monstre , en ce que réunissant les attributs de deux genres si différens , il ne ressemble à aucun des modèles que nous offrent 1 -h i ! > f !i » t H i 298 HISTOIRE NATURELLE les grandes classes de la nature \ il n'est qu'imparfaitement quadrupède, et il est encore plus imparfaitement oiseau. Un quadrupède doit avoir quatre pieds, un oiseau a des plumes et des ailes ^ dans la chauve-souris les pieds de de- vant ne sont ni des pieds ni des ailes,, quoiqu'elle s'en serve pour voler , et qu'elle puisse aussi s'en servir pour s& traîner : ce sont en eilet des extrémités difibrmes , dont les os sont monstrueu- sement alongés, et réunis par une mem^ brane qui n'est couverte ni de plumes^ ni même de poil , comme ie reste du ' corps ; ce sont des espèces d'ailerons » ou , si l'on veut , des pattes ailées , oiï l'on ne voit que l'ongle d'un pouce court , et dont les quatre autres doigts très-longs ne peuvent agir qu'ensem- ble, et n'ont point de mouvemens pro- pres , ni de fonctions séparées : ce sont des espèces de mains dix fois plus grandes qne les pieds, et en tout quatre fois plus longues que le corps entier d^ ^ 1 DES CHAUVE-SOURIS. 299 ranimai ; ce sont , en un mot , des par- ties qui ont plutôt l'air d'un caprice que d'une production régulière. Cette membrane couvre les bras , forme les mains ouïes ailes de l'animal, se réunît à la peau de son corps , et enveloppe en même temps ses jambes et même sa queue qui , par cette jonction bizarre , devient , pour ainsi dire , Fun de ses doigts. Ajoutez à ces disparates et à ces disproportions du corps et des mem- bres , les difformités de la tête , qui souvent sont encore plus grandes ; car dans quelques espèces , le nez est à peine visible , les yeux sont enfoncés tout près de la conque de l'oreille , et se confondent avec les joues : dans d'autres , les oreilles sont aussi longues que le corps, ou bien la face est tor- tillée en forme de fer à cheval , et le nez recouvert par une espèce de crête. La plupart ont la tête surmontée par quatre oreillons, toutes ont les yeux petits > obscurs et couverts^ le nez , ou *»">, M 200 HISTOIRE NATURELLE plutôt les naseaux informes , la gueule fendue de Fune à l'autre oreille *, toutes aussi cherchent à se cacher , fuyent la lumière, n'habitent que les lieux tënë- breux , n'en sortent que la nuit , y ren- trent au point du jour pour demeurer :;ollëes contre les murs. Leur mou- vement dans l'air est moins un vol qu'une espèce de voltigement incer- tain , qu'elles semblent n'exécuter que par efiPort et d'une manière gauche j elles s'élèvent de terre avec peine , elles ne volent jamais à une grande iiauteur ; elles ne peuvent qu'imparfai- tement précipiter y ralentir ou même diriger leur vol ; il n'est ni très-rapide ni bien direct , il se fait par des vibra- tions brusques dans une direction obli- que et tortueuse ; elles ne laissent pas de saisir , en passant ^ les moucherons , les cousins et sur-t0ut les papillons phalènes qui ne volent que la nuit , elles les avalent ; pour ainsi dire tout entiers ; et Ton voit dans leurs excrër '■•■aii-: Ions lit, tout îrér DES CHAUVE-SOURIS. 5oi mens lesdëbris des ailes e des autres parties sèches qui ne peuvent se digé- rer. Etant un jour descendu dans les grottes d'Arci pour en examiner les stalactites ^ je fus surpris de trouver sur un terrein tout couvert d'albâtre , et dans un lieu si ténébreux et si pro- fond , une espèce de terre qui étoit d'une toute autre nature ; c'étoit un tas épais et large de plusieurs pieds d'une matière noirâtre , presqu'en- tièrement composée de portions d'ailes et de pattes de mouches et de papil- lons , comme si ces insectes se fussent rassemblés en nombre immense , et réunis dans ce lieu pour y périr et pourrir ensemble. Cen'étoit cependant autre chose que de la fiente de chauve- souris , amoncelée .'probablement pen- dant plusieurs années dans l'endroit de ces voûtes souterraines , qu'elles babitoient de préférence ; car dans toute l'étendue de ces grottes , qui est de plus d'un demi -quart de lieue, jo Quadrup. II» aG '■1 X 1 ' . I < • ] \ i 302 HISTOIRE NÀTUnELLE ne vis aucun autre amas d'une pareille matière , et je jugeai que les chauve- souris avoient fixe dans cet endroit leur demeure commune , parce qu'il y parvenoit encore une très-foible lu- mière par l'ouverture de la grotte , et qu'elles n'alloient pas plus avant pour ne pus s'enfoncer dans une obscurité trop profonde. Les chauve - souris sont de vrais quadrupèdes , elles n'ont rien de com- mun que le vol avec les oiseaux ; mais comme l'action de voler suppose une très-grande force dans la partie supé- rieure du corps et dans les membres antérieurs , elles ont les muscles pec- toraux beaucoup plus forts et plus chiirnus qu'aucun des quadrupèdes , et l'on peut dire que par-là elles res- semblent encore aux oiseaux ; elles eu diffèrent par tout le reste de la con- formation , tant extérieure qu'inté- rieure ; les poumons , le cœur , les or- ganes de la génération ; tous les autres DES CHAUVE-SOURIS. 3o3 viscères sont semblables à ceux des quadrupèdes y elles produisent , comme les quadrupèdes , leurs petits vivans ; enfm c^esonty comme eux y des dents et des mamelles : l'on assure qu'elles ne portent que deux petits , qu'elles les alaitent et les transportent même en volant. C'est en été qu'elles s'ac- couplent et qu'elles mettent bas , car elles sont engourdies pendant l'hiver : les unes se recouvrent de leurs ailes comme d'un manteau ^ s'accrochent à la voûte de leur souterraiil par les pieds de deiTière , et demeurent ainsi sus- pendues ; les autres se collent contre les murs ou sa recèlent dans des trous, elles sont toujours en nombre pour se défendre du froid : toutes passent l'hi- ver sans bouger, sans manger , ne se réveillent qu'au printemps , et se re- cèlent de nouveau vers la fin de l'au- tomne. Elles supportent plus aisément la diète que le froid > elles peuvent passer plusieurs jours sans manger , et ' )i } -^y i*t. '99' ■ ■«• ^■■■< K I < \ I • 1 \ i \ \) i 3o4 HISTOIRE NATURETLE cependant elles sont du nombre des animaux carnassiers j car lorsqu'elles peuvent entrer dans un office , elles s'attachent aux quartiers de lard qui y sont sus£)endus, et elles mangent aussi de la viande crue ou cuite, fraîche ou corrompue. L'OREILLAR. li'oKEiLiiAR est peut-être plus com- mun que la chauve-souris proprement dite ; il est bien plus petit de corps ; U a aussi les ailes beaucoup plus courtes , le museau moins gros et plus pointu , .les oreilles d'une grandeur dëmesurëe. Il habite en Europe. LA NOCTULE. La noctule est très-commune en France ^ on la trouve sons les toits , sous les gouttières de plomb des châ- teaux; des églises ; et aussi dans les e F e d 1. DKS CHAUVE-SOURIS. 3o5 ▼îcnr arbres creux ; elle est pres- qu'aussi grosse que la chauve-souris ; elle a les oreilles courtes et larges , le poil ronssâtre , la voix aigre , perçante et assez semblable au son d'un timbre de fer. ."î LA SÉROTINE. liA sërotine est plus petite que lii chauve-souris et que la noctulc ; elle est à-peu-près de la grandeur de Foreil- lar f mais elle en diffère par les oreilles qu'elle a courtes et pointues , et par la (ïonlenr du poil ; elle a les ailes plus noires et le poil d'un brun plus foncd. Elle habite eu France et en Allemagne. i LA PIPISTRELLE. ' 1 '. W ' ' La pipistrelle n'est pas à beaucoup près aussi grosse que la chauve-souris ou la noctule^ ni même que la sérotine bii Toreillar j de toutes les chauve- '1 - k ' ^S^ -îfôstf^ ,«jp«(«li*îftS-';à»r ••-1»'.- .. n»< •*»-•' ï -,»—^ «».-,«* »- l; i. 3o6 HISTOIRE NATURELLE souris c'est la plus petite et la moins laide , quoiqu'elle ait la lèvre supé- rieure fort renflëe , les yeux très-pe- tits , très-enfoncës , et le front très- couvert de poil. Elle habite en Fiance ,. assez rarement en Allemagne: elle mul- tiplie l'art peu* LA BARBASTELLE. , Cet animal est à-peu-près de la grosseur de l'oreiUar ) il a les oreilles aussi larges , mais hîen moins longues : le nom de barhaatelU lui convientd'au- tant mieux qu'il paroit avoir une grosse moustache , ce qui cependant n'est qu'une apparence occasionnée par le renflement des joues qui forment un bourrelet au-dessus des lèvres i il a le museau très-court , le nez fort applati et les yeux presque duos les QreiUes^ Il habite en Bonrgogu>j. DES CHAUVE-SOURIS. 3o;^ LE FER-A-CHEVAL. Cette espèce est très- frappante par la singulière difformitë de sa face > dont le trait le plus apparent et le plus marque est un bourrelet en forme de fer*à-cheval autour du nez et sur 1« lèvre supérieure ; on la trouve très- communëment en France , dars les murs et dans les caveaux des vieux châteaux abandonnes. Il y en a de pt« tites et de grosses , mais qui > oxi : au reste si semblables par la forme , que nous les avons jugëes de la même es- pèce; seulement, comme nous en avons beaucoup vu sans en trouver de gran- deur moyenne entre les grosses et les petites , nous ne décidons pas si Fâgo seul produit cette diiférenco , ou si c'est une variété co:>'- tinte dans la même espèce. 1 .'I \ } rSH^&Jie».' lo^*»"' 5o8 HISTOIRE NATURELLE LA ROUSSETTE, LA RO U GET-TB ) ET LE VAMPIRE. , ... • ^' li A roussette et la rongette nous psi^ Toiâsent faire deux espèce» distincteff^ mais qui sont si voisines l'une de Tau- tre , et qui se ressemblent à tant d'é- gards , que nous croyons devoir les présenter ensemble. La seconde nô diffère de la première que par lagran« deur du corps et les couleurs du poil ; la roussette dont le poil est d'un roux brun , a neuf pouces de longueiir de- puis le bout du museau jusqu'à l'extré- mité du corps , et trois pieds d'enver- gure lorque les membranes qui lui ser- vent d'ailes sont étendues; la rougette, dont le poil est cendré brun, n'a guèra que cinq pouces et demi de longueur et deux pieds d'envergure. Elle porte sur le cou un demi-coUier d'un rouge vif , mêlé d'orangé , dont on n'apper- k >. -, *' •i'f t, at^ _ v-^ir-* ^*^V^«M|MJa«;- *-. DES CHAUVE-SOURIS. 5o9 çolt aucun vestige sur le cou de la roussette : elles sont toutes deux à' peu- près des mêmes climats chauds de l'an- cien continent ; on les trouve à Mada- gascar , à rile de Bourbon , à Ternate , aux Philippines et dans les autres îles de TArchipel indien , où il paroît qu'elles sont plus communes que dans la terre-ferme des continens voisins. On trouve aussi dans les pays les plus chauds du nouveau Monde un au* tre quadrupède volant dont on ne nous a pas transmis le nom américain , et que nous appellerons vampire , parce qu'il suce le sang des hommes et des animaux qui dorment , sans leur cau- ser assez de douleur pour les éveiller : cet animal d^Amérique est d'une es- pèce différente de celle de la roussette et de la rougette , qui toutes deux ne se trouvent qu'en Afrique et dans l'Asie méridionale. Le vampire est pins petit que la rougette qui est plus petite elle-même que la roussette. Le SlO HISTOIRE NATURELLE premier , lorsqu'il vole , paroît être de la grosseur d^un pigeon , la seconde de la grosseur d'un corbeau , et la troi- sième de celle d'une grosse poule. La rougette et la roussette ont toutes deux la tête assez bien faite , les oreil- les courtes, le museau bien arrondi et à-peu-près de la forme de celui d'un chien. Le vampire au contraire a le museau plus alougë , il a l'aspect hi- heux comme les plus laides chauve* souris; la tête informe et surmontée de grandes oreilles fort ouvertes et fort droites ; il a le nez contrefait ^ les narines en entonnoir , avec une membrane au-dessus qui s'ëlève en forme de corno ou de crête pointue et qui augmente de beaucoup la diffor- mité de sa face. Ainsi l'on ne peut douter que cette espèce ne soit toute autre que celles de la roussette et de la rougette. Le vampire est aussi mal- faisant que difforme ; il inquiète l'hom- me y tourmente et détruit les animauxt •.ijfaiwi^f' -«•iK DES CHAUVE-SOURIS. 3lt Nons ne pouvons citer un témoignage plus authentique et plus récent que celui de M. de la Gondamine : lies )) chauve-souris , dit-il , qui sucent le » sang des chevaux , des mulets , et )> même des hommes quand ils ne s'en » garantissent pas en dormant à Pabri }) d'un pavillon, sont un fléau commun )) à la plupart des pays chauds de l'Ame- » rique *, il y en a de monstrueuses pour )) la grosseur : elles ont détruit entiè- » rement à Borja et en divers autres » endroits le gros bétail que les mis- » sionnaires y avoient introduit y et » qui commençoit à s'y multiplier ». Ces faits sont confirmés par plusieurs autres historiens et voyageurs. Pierre Martyr , qui a écrit assez peu de temps après la conquête de l'Amérique méri- dionale y dit qu'il y a dans les terres de l'isthme de Darien des chauve-souris qui sucent le sang des hommes et des Animaux pendant qu'ils dorment, jus- qu'à les épuiser , et même au point de tv- JR * i ■Tf- ■(.^i r. ' \ 3ia HISTOIRE NATURELLE les faire mourir. Jumilla assure la mé- me chose , aussi bien que don George Juan et don Anloine de Ulloa. Il pa- roi t en confdrant ces témoignages , que l'espèce de ces chauve-souris qui sucent le sang est nombreuse et très* commune dans toute rAmërique mé- ridionale ; néanmoins nous n'avons pa jusqu'ici nous en procurer un seul in- dividu, mais on peut voir dansSeba la figure et la description de cet animal , dont le nez est si extraordinaire , que je suis très-étonnë que les voyageuis ne l'aient pas remarque , et ne se soient point ëcriés sur cette difformité qui saute aux yeux , et de laquelle ce- pendant ils n'ont fait aucune mention. Il se pourroit donc que l'animal ëtran-^ ge dont Seba nous a donne la figure^ ne fût pas celui que nous indiquons ici sous le nom de vampire , c'est-à-dire , celui qui suce le sang ; il se pourroit aussi que cette figure de Seba fût infidelle ou chargée ; enfin il se pourroit que c« t '. •,»».■«(«(!»»«*(;•**. :»''V*f,!f >/igjg^-: DES CHAUVE-SOURIS. 3l3 nez difforme fût nne monstruositë ou une variété accidentelle , quoiqu'il y ait des exemples de ces difformités constantes dans quelques autres espè- ces de chauve -âouris : le temps éclair- cira ces obscurités et fixera nos incer- titudes. A Fcigard de la roussette et de la rougctte , elles sont toutes deux au cabinet du roi , et elles sont venues de l'ile de Bourbon ; ces deux espèces ne se trouvent que dans Fancien continent , et ne sont nulle part aussi nombreuses en Afrique et en Asie , que celle du vampire l*est en Amérique. Ces ani- maux sont plus grands , plus forts et peut-être plusméchans que le vampire; mais c'est à force ouverte , en plein jour aussi bien que la nuit , qu'ils fonî: leur dégât ; ils tuent les volailles et les petits animaux ; ils se {^^tttent même &JLV les bommes , les insultent et les blessent au visage par des morsures cruelles : et aucun voyageur ne dit Quadrup. II. 37 i i'' i .» j l/i^; .1/ ^' ' i ( ! 5l4 IITSTOIRK NVrUUKM.R qu'ils sucent le suiig des liomincs et des animaux eiuk'^ini^. Les anaieiis coIl^t/issoîent inmaiTai- tmient cet» quadrupèdes «iU^8 , m ù sont def> espùcc.ï de iiii>nstres, et îi o!it vrai- semblable que c'est d'après ces luodè- lus bi'/.tures de la iif^ture qm le; r iina-> |i;iinatiosi « deB?;li«c les harpie.*^, I^esaiies, ïes dents , m grifTos , l^\ cruauté ; la vuracitë , \a 6u\eié , loua les attributs diiFurmes , toutes les facultés nuisibles des harpies , conviennent assez à nos roussettes. Hérodote paroit les avoir indiquées lorsqu^il a dit qu'il yavoitde grandes chauve- souris qui incommo- doient beaucoup les hommes qui al- loient recueillir la casse autour des marais de l'Asie; qu'ils étoient obligea de se couvrir de cuir I0 corps et le "v/isage pour se garantir de leurs mor- aures dangereuses. Les roussettes sont des animaux carnassiers , voraces et qui mangent de tout ^ car lorsque la chair ou le poisson s,Sl' %;iiK»'.«>Wu.t.«MIM» N' 'n. ??*■■• -TJ75 DCA CHAUVE-SOUniA. 7t5 leur manque , oUcs se nourrisBent de vt^g($taux et de fruits de toute espèce; elles boivent le suc des ptlmicrs , et il est ais^ de les enivrer et de les prendre en mettant à portde de leur retraite des vases remplis d'eau de palmier ou de quelqu*autre liqueur fermentëe : elle» s^aitachent et se suspendent aux arbres avec leurs ongles \ elles vont ordinai- rement en troupe , et plus la nuit qiio le jour *, elles fuient les lieux trop fré-> qucntës et demeurent dans des déserts , sur-tout dans les îles inhabitées. Les femelles n'ont que deux mamelles pla- cées sur la poitrine , et ne produisent qu'on petit nombre , mois plus d'une fois par an. La chair de ces animaux , fur - tout lorsqu'ils sont jeunes , n'est pas mauvaise à manger ; les Indiens la trouvent bonne , et ils en comparent le goût à celui de la perdrix ou du lapin. ^ ï . •->- .: .- *^- : -.-^ Les voyageurs do l'Amérique s*ao- cord'int à dire que les grandes chauve- 1 \fy i \ I 3l6 HISTOIRE NATURELLE souris de ce nouveau continent su-* cent , sans les ëveiller , le sang des hommes et des animaux endormis. Les vo3^ageurs de l'Asie et de TAfrique , qui font mention de la roussette ou de la rougette , ne parlent pas de ce fait singulier ; néanmoins leur silence ne fait pas une preuve complète , sur- tout , y ayant tant de conformité et tant d'autres ressemblances entre les roussettes et ces grandes chauve-souris que nous avons appelées vampires ; nous avons donc cru devoir examiner comment il est possible que ces ani- maux puissent sucer le sang sans cau- ser en même temps une douleur au moins assez sensible pour éveiller une personne endormie. S'ils entamoient la chair avec leurs dents^ qui sont très- fortes et grosses comme celles des au- tres quadrupèdes de leur taille, l'hom- me le plus profondément endormi , et les animaux sur-tout , dont le sommeil est plus léger que celui de l'homme , (■ ( ! .n w timmiM^mn » DES CH AU VB-SOURia. 5 1 7 Beroient brusquement réveilles par U douleur de cette morsure : il en est de même des blessures qu'ils pourroient faire avec leurs ongles *, ce n'est donc qu'avec la langue qu'ils peuvent faire des ouvertures assez subtiles dans la peau pour en tirer du sang et ouvrir les veines sans causer une vive douleur. Nous n'avons pas été à portée de voir la langue du vampire ; mais celle des roussettes , que M. Daubenton a exa- minée avec soin , semble indiquer la possibilité du fait : cette langue est pointue et hérissée de papilles dures très-fines , tiës-aiguës et dirigées en arrière ; ces pointes qui sont très . .es peuvent s'insinuer dans les pores de la peau , les élargir et pénétrer assez avant pour que le sang obéisse à la suo cion continuelle dé la langue. Mais c'est assez raisonner sur ce fait , dont tout^ les circonstances ne v'^^-"' sont pas men connues , et dont qtieiques>- unes sont peut-être exagérées ou mal ) \ I II '*vS«.4 - 'I k \ * 1 i ( 'i 5t8 HtâTOIRB NAttnfitt/E rendues par 1rs ticrivains (][ui notls ÎM ont transtnisos. ' 'i- ii'-o. • > « Les roussettes et les rougetteé ( dit M. de la Niix ) sont naturelles dans les îles de France , de Bourbon et de Madagascar. Il y a cinquante ans et pUis f en 1771 ) que j'habite celle do i)ourbon. Quand j'y arrivai , en sep- tembre 17 22, ces animaux étoitnt aussi communs , même dans les quartiers déjà établis , qu'ils y sont rares actuel- lement. La raisoh «il eât natnrf^lle ; 1°. la forêt n'étoit pas encore éloignée dés établis^emens , et il leur faut la forêt : aujourd'hui t Me est très-r .culée. *2^. La roussette est vivipare , • ne met au jour qu'un seul petit par 0:1. 3^. Elle est chassée pour sa viande, pour sa graisse , pour les jeunes indi- Tidus , pendant tout l'été , tout l'au- tomne et ané partie de l'hiver, par les Blancs au fusil , par les Nègres ai^îlet ; il faut que Vcspèce diminue beaucoup et tn peu de tem^j j outre qu'abandon: I>fiS CHAUVE-SOtTRî^. 3l9 nant les quartiers établis pour se reti- rer dans les lieux qui ne le sont pas en- core , et dans l'intérieur de Tile , les Nègres marrons ne les épargnent pas quand ils le peuvent. )) Le temps des amours de ces ani- maux est ici yers le mois de mai , c'est- à-dire , en général , dans le milieu do Fautomne. Celui de la sortie des foetus est "environ un mois après Téquinoxe du printemps; ainsi la durée de la ges- tation est de quatre et demi à cinq mois. J'ignbre celle de Faccroissement des petits , mais je sais qu'il paroît fait au solstice d'hiver , c'est-à-dire , à peu- près au bout de Luit mois , depuis la naissance. Je saiâ de plus qu'on ne voit plus dtt petites roussettes passé avril et mai , temps auquel on distingue ai- sément Ifes vieilles des jeunes , par les couleurs plus vives des robes de celles- ci. Iks vieilles grisonnent , je ne sais pas au bout de qurl temps , et c'est pour lors qu'elles àont très-dures ; les mâlc$ 3ao HISTOIRE NATURELLE aur-tout ; c'eat pour lors que ceux-ci sentent très -fort, comme je l'ai ob- «ervé , qu'il n'y a que les Nègres qui puissent eu manger , et qu'il n'y a de bon que leur graisse , dont en gênerai l'espèce est assez bien pourvue depuis la fin du printemps jusqu'au commen- cement de l'hiver. ; r î^-, . } )) Ce n'est certainement pas la chair de quelque espèce que ce soit qui four- nit l'embonpoint des roussettes et de» rougcttes , ni même qui fait le moin- drement partie de leur nourriture ; ce n'est pas de la viande qu'il leur faut. Bref , ces animaux ne sont point du tout carnassiers , ils sont et ne sont que frugivores. Les bananes , les pêche», les goyaves , bien des sortes de fruits dont nos forêts sont successivement pourvues , les baies de guy et autres , voilà de quoi ils se nourrissent , et ils ne se nourrissent que de cela; il& sont encore très-friands de sucs de ffrtai- nes ileurs à ombelles ; telles entf'au- U l DES CHAUVE-SOURIS* S^t très celles de nos bois puans , dont le nectareum est très-succinct ', ce sont cea fleurs très-abondantes en janvier et fé- vrier , plus généralement au cœur de Tété , qui attirent vers le bas de notre Sle les roussettes en grand nombre *, elles font pleuvoir à terre les étamines nombreuses de ces fleurs , et il est très- probable que c'est pour la succion du nectareum des fleurs à ombelles , peut- être encore de nombre d'autres fleur» de genres différens , que Jeur langue est telle que l'apprend l'exacte et savante description qu'en a donnée M. Daubenton. J'observerai que la mangue est un fruit dont la peau est résineuse , et que nos animaux n'y tou- chent point. Je sais qu'en cage on leur a fait manger du pain , des cannes de sucre , &c. Je n'ai pas su si on leur avoit fait manger de la viande » crue sur-tout ; mais en eussent-elles mangé en cage y ce n'est point dans l'état d'es- clavage que je les considère ^ il change ■ Il u 'I f Jhù HISTOIRE NATURELLE trop les mœurs , les caractères , leH habitudes de tous les animaux. Dans le très- vrai , l'homme n'a rien à craindre de ceux-ci pour lui personnellement ni pour sa volaille. Il leur est de toute impossibilité de prendre , je ne dis paa une poule , mais le moindre petit oiseau. Une roussette ne peut pas , comme un faucon , comme un ëper- vier y 8cc. , fondre sur une proie. Si elle approche trop la terre , elle y tombe et ne peut reprendre le vol qu'en grimpant contre quelque appui quo ce i^uisse être , fût-ce un homme qu'elle rencontrât. Une fois à terre , «lie ne peut que s'y traîner maussade- ment et assez lentement, aussi ne s'y tient-elle que le moins de temps qu'elle peut ; elle n'est point faite pour la course. Voudroit-elle attraper un oi- seau sur uns branche ? la draine avec laquelle elle est souvent obligée d'en parcourir une pour aller vers le bout mettre le vent dans ses voiles , pour i j|IMIil»i>«ll«''i' ïuwv »4lMMilÙlll» 1 DES CHAUVE-SOURIS. 3a.1 aller prendre son vol , montre évi- demment que telles tentatives ne lui réussiroient jamais. Et , afin do me mieux faire entendre , je dois dire que , pour s'envoler , ces animaux ne peuvent , comme les oiseaux , s'élancer dans l'air ; il faut qu'ils le battent des ailes à plusieurs reprises , avant de àé" pendre les griffes de leurs pattes de l'endroit où ils se sont accrochés ; et quelque pleines que soient les 'voiles en quittant la place , leur poids les < '*-"■«» , et pour s'élever ils parcourent la concavité d'une courbe. Mais la place oi!i ils se trouvent quand il faut partir , n'est pas tpujours commode pour le jeu libre de leurs ailes ; il peut se trouver des branches trop proches qui l'ompê'* cheroient , et dans cette conjoncture la roussette parcourt la branche jus* qu'à ce qu'elle puisse prendre son essor sans risque. Il arrive assez souvent i dans une nombreuse troupe de cesquflb* 4rnpèdes volans^ surprime ; ou par ui^ I. 'fi |tï^l*=a... ' ti < 3a4 HISTOIRB NATURELLE coup de tonnerre , ou de fusil , ou par tel autre ëpouvantail subit , et sur- prise sur un arbre de mëdiocre hau- teur , comme de vingt à trente pieds , sous les branches ; il arrive , dis-jc , Bssez ordinairement que plusieurs tom- bent jusqu'à terre avant d'avoir pu prendre l'air nécessaire pour les sou- tenir , et on les voit incontinent re- monler le long des arbres qui se trou- vent à leur portée , pour prendre leur vol si- tôt qu'elles le peuvent. Que l'on se représente des voyageurs chassant ces animaux qu'ils ne cmm&' DES CHAUVE-SOURtS. 32^ êc ruant sur les hommes , cherchant à ies blesser au visage , les dévorant, &c. et au bout du compte cela se réduira à la rencontre fortuite d'animaux d'es- pèces bien différentes qui avoient gran- de peur les uns des autres. J'ai dit plus haut qu'il falloit la forêt aux rousset-^ tes ; on voit bien ici que c'est par ins- tinct de conservation qu'elles la cher- chent , et non par caractère sauvage et farouche. A ce que j'ai déjà fait con- noître des roussettes et des rougettes, si j'ajoute qu'elles ne donnent point fiur la charogne , que naturellement elles ne mangent point à terre , qu'il faut qu'elles soient appendues pour prendre leiàr nourriture, j'aurai, je pense , détruit le préjugé qui les fait carnivores, vorcces, méchantes, cruel- les, &c. Si je dis de plus que leur vol est aussi lourd, aussi bruyant , sur-tout proche de terre . que celui des vampi- res doit rêtre peu, doit être léger, j'aurai, par ce dernier caractère, éloi- Quadrup. III. 2$ ->•»*• 0i^W'i „ •i l: S26 HISTOIRE NATURELLE gné considérablement encore une es- pèce de Tautre. )> De ce que Ton voit parfois des roussettes raser la surface de Veau , ù- peu-près comme fait l'hirondelle, on les a fait se nourrir de poisson, on en a fait des pêcheurs , et il le falloit bien , dès qu'on vouloit qu'elles man- geassent de tout. Cette chair ne leur convient pas plus que toute autre. En- core une fois, elles ne se nourrissent que de végétaux. C'est pour se baigner qu'elles rasent l'eau, et si elles se sou- tiennent au vol plus près de l'eau qu'el- les ne peuvent de la terre , c'est que la résistance de celle-ci intéresse le batte- ment des ailes qui est libre sur l'eau. De ceci résulte évidemment la pro- preté naturelle des roussettes. J'en ai bien vu , j'en ai bien tué , je n'ai ja- mais trouvé sur aucune d'elles la moin- dre saleté ', elles sont aussi propres que .le sont en général les oiseaux. )> lift raus.«ette n'est pas de ces tLoi^. ri i. M -ji*"i>. *» es- DES CHAUVE-SOURIS, 32J Ddaiix que nous sommes port^^s à trou- ver beaux , elle est même dëplaisante à voir en mouvement et de près. Il n*y a qu'un seul point de vue , et il n'y a qu'une seule attitude qui lui soit avan- tageuse relativement à nous^ dans la- quelle on la voit avec une sorte de plaisir , dans laquelle tout ce qu'elle a de hideux, de monstrueux disparoît. Branchée à un arbre, elle s'y tient la tête en bas , les ai les pliëes et exacte- ment plaquée s contre le corps : ainsi sa voilure, qui fait sa difformité, de même que ses pattes de derrière qui la soutiennent , à l'aide des griffes dont elles sont armées , ne paroisscnt point. L'on ne voit en pendant qu'un corps rond , potelé , vêtu d'une robe d'un brun foncé , très-propre et bien colo- rié, auquel tient une tête dont la phy- sionomie a quelque chose de vif et de fin. Voilà Tattitudc de repos des rous- settes ; elles n'ont que celle-là, et c'est celle dans laquelle elles se tiennent le MMH 1 1 r/- * oa8 HISTOIRE NATURELLE plus long>temps pendant le jour. Quant au point de vue , c'est à nous à le choi* sir : il faut se plaoer do manière à les voir dans un demi-raccourci , c'est-à* dire , à l'élévation au-dessus de terre de quarante à soixante pieds , et dans une distance de cent cinquante pieds plus ou moins. Maintenant qu'on se représente la tête d'un grand arbre garnie dans son pourtour et dans son milieu de cent, cent cinquante , peut- être deux cents de pareilles girandoles^ n'ayant de mouvement que celui que le vent donne aux branches , et l'on se fera l'idée d'un tableau qui m'a toujours paru curieux , et qui se fait regarder avec plaisir. Dans les cabinets les plus ricbes en sujets d'histoire naturelle , on ne manque pas de placer une roussette éployée, et dans toute l'étendue de son envergure ; de sorte qu'on la montre dans son action et dans tout son laid. Il faudroit , me semble^ s'il étoit possible ^ en montre? m. WiwB» ""-' DES CHAUVE-SOURIS. 5a^ à côté ou au-dessus, quelqu'une dana l'attitude naturelle du repos. ii Je terminerai ces notes , en disant que la roussette et la roiigette four- nissent une nouirîture saine. On n'a jamais entendu dire que qui que ce soit en ait été incommodé, quoiq^ae nom- bre de fois on en ait maiifijé avec excès : cela ne doit point surprendre , des qu» l'on sait bien que ces animaux ne vi- •vent que de fruits mûrs , do sucs et de fleurs , et peut-être des exiidations de nombre d'arbres. Je le soupçonnois fortement ; le passage d'Hciodotc me le fait croire ; mais je ne l'ai pas assez vu pour donner la chose comme une vérité constante )x. -■ ajif -«ai , l.' '^'^ . "'V:' -a»»' 35o lIISTOinB NATURELLE ^i-l^^ % I ■ LA CHAUVE-SOURIS F E RD E-L A N C E. D A N s le grand nombre de chauve- fiouris qui ii'otoicnt ni nommées ni connues , nous en avons indiqué quel* ques-uncs par des noms empruntés des langues étrangères, et d'autres par des dénomi nations tirées de leur caractère le plus frappant ; il y en a une que nous avons appelée le fer-à-eheval , parce qu'elle porte au-devant de sa face un relief exactement semblable à la forme d'un fer-à-clieval. Nous nommons de même celle dont il est ici question, le /t;/* de-lance, parce qu'elle présente une crtte ou membrane en forme de trèfle très-pointu , et qui res- semble parfaitement à une fer de -lance garni de ses oreillons. Quoique ce ca- ractère suffise seul pour la faire re- conuoître et distinguer de toutes les avitr s , on peut encore ajouter qu'elle ,!■(•". ft ••»«.».>%.,»»• -■vj»<">. ■m^smm!*^'-'- -«*- — I DES CHAUVE-SOURIS. 35l a'a presque point de queue, qu'elle est tt-pcu-près du même poil et de !a même grosseur que la chauve - souris com- mune ; mais qu'au lieu d'avoir comme elle et comme la plupart des autres chauve-souris, six dents incisives à la mâchoire inférieure, elle n'en a que quatre : au reste , cette espèce qui est fort commune en Amérique , ne se trouve point en Europe. Il y a au Séndgal une autre chauve- souris y qui a aussi une membrane sur le nez^ mais cette membrane, ^u liea d avoir la forme d'un fer-de-lance ou d'un fcr-à-cheval , comme dans les deux chauve -souris dont nous venons de faire menii : n , a une figure plus simple et ressembla à une feuille ovale : ce» trois chauve-souris , étant de diiFcrena climats, ne sont pas de simples variétés, mais des espèces distinctes et séparées. M. Daubcnton a donné la description de cette chauve-souris du Sénégal sous le nom de la. feuille j dans les Mémoires *; ê 'j8fc'>V:| ««-**«'*** ■ iwi.mM.i •»'%^v*-.. "«•"••■"'^lïxn*" ■■»iiii«> «m I» n, ■«-i^M fi ^33 HISTOIRE NATURELLE ^e VAcadém : _;tf« sciences , année ty5^f page 3y4. . Les chauve-souris, qui ont d^jà de grands rapports avec les oiseaux par leur vol , par leurs ailes et par la force des muscles pectoraux, paroissent s'en approcher encore par ces membranes ou crêtes qu'elles ont sur la face : ces parties excéda' tes , qui ne se présen- tent d'abord que comme des difformités superflues , sont les caractères réels et les nuances visibles de l'ambiguité de la nature entre ces quadrupèdes volans et les oiseaux ; car la plupart de ceux- ci ont aussi des membranes et des crêtes autour du bec et de la tête , qui paroissert tout aussi superflus que celles vlea chauve-souris. . LA CJÉPHALOTTE. Cette espèce de chauvo-souris ^ jusqu'à présent inconnue des natura- listes , se trojive aux îles Moluques , d'oCi on a, envoyé deux individus fe^ ■•*<« =■••»»♦*•■ DES CH\UVE-80ITRIS. 353 melles à M. Se' ' sir, à Amsterdam. La femelle ne ^>roduit qu'un pclit; on peut le conjecturer , parce quo M. Viih 'lan^ 'a dissection qu'il a faite d*i ne ^a femelles , n*a trouve qu'un It » Il appeii tte chauve-souris ct!- phaloUe, parce qu'elle a la têle plus grosse à proportion du corps que les autres cbauve-souris ; le cou y est aussi plus distinct , parce qu'il est moins couvert de poil. « Cette chauve - souris , continue M. Pallas , diirère de toutes les autres jriar les dents , des souris ou même des hérissons, paroissant plutôt faites pour entamer les fruits que pour déchirer une proie ; les dents canines , dans la mâchoire supérieure , sont séparées par deux petites dents ; et dans la mâchoire inférieure, ces petites dents manquent, et les deux canines de cette mâchoiro sont comme les incisives dans les sou- ris )), \ >:'->«•>■ <^, IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l 11.25 lâàlM |25 |io ■^~ H^H Uî Uii 12.2 us u I 2.0 14 11.6 11 1 w "1 * v: / '/ Hiotographic Sdenœs Corporation 33 WIST MAIN STRilT WEBSTiR.N.Y. 14580 (716)872-4503 ^ v ç<^ 4 Q> <\ ; , ' ■ '■■■' •\/:'"'V'->^;' ' ''■'-■-'' ^ ■"■"''"!;•• - ' "''t'-'";^. ' '^^•^t■^i ^■' >" "?"■■ V "'^-^ 'r' ■'■"■ -:, "'■' *■■ ■ 'f-7^'; ', ';■ " '.ft.';^.' ' if''': * ^■ ■ V''^^ -"■=; ^' '--. " -tI''.' k ^ ■ [ .,.^::-:::Mx'M-^ "' -■%< '■■■ ■ 7 '■''■■' ^ ',' * ;,■ . ■■■ #•, ■ ;,^| '/v^-^'v^^^x '^r''-^^ ;; '\ : -"^ " "/'"' '''' -^''y':'-:' ■ h. '''-.■ -' ■ .■■ '' " .' /"■- ' ' " :t <" 'fc "'-'*;■■'' ;■'■ !,' *. Ht; ■", ■ ■ . - ; ■ ■ ^ . ,,,i,;i .-'V :;. ";-■;:.": "l'V" ''":f>"'ï'.- / ■/v^..-g':;. 334 HISTOIRE NATURELLE s, Espèces connues dans le genre des Chauve -souris. La Roussette et la Rougctte , veaperiilio Vamp}- rus. Le Vampire , vespertilio Spectrum. La Lunette , vespertiUo Perspicillatuç, La Loluque , vespertito Spasma. Le Fer- de-lance , vespertilio Hastatus» La Musaraigne , vespertilio Soricinus» ' La T.'éporine , vespertilio LeporinuS' L'Oreillar , vespertilio Auritua» La Chauve -souris commune , vespertilio Murinus, LaMoctulPy vespertilio Noctula. La Sérotine , vespertilio Serotinus. La Pipistrelle , vespertilio Pipistrellus, LaBarbastelle yvespertilio Barhastellus» Le Campagnol-volant , vespertilio Hispi-^ dus. Le Muscardîn-volant , vespertilio Pictus. La Marmotte-volante , vespertilio Nigrita» Le Mulot-volant , vespertilio Molossus, La Céphalottc f vespertil o Cephalotes» La Vurinam , vespertilio Lepturus* Le Fer-à"Cheval , vespertilio Ferrum ! ui' nuttu -y, .-•H»*» ••»**• »-— •»•« »4f J-^ "t«^^:HI^ •^i«t«'*^*»**^«*^*>'. ..-î V. DES CH AU VE- SOURIS. 335 La Neuyork, vespertilio Noveèoracensism La Grande-aile , vespertilio Lascopterus, La Grosse- q^ueue , vespértilio Lasiuru^, ^ . \ FIN DU TOM£ b£COM>. •. ,* T'^;^ %, *' ■ 1.1 -m i