IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) ,„„ /, ^ ^J^ 1.0 M U I2ii 122 MS. 12.0 us ■ii u I lU L25 111 1.4 I.Ù .<6^ •w/ '/ Photographie Sdenœs Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14S80 (716)872-4503 ^O^ ^^4^ r n V'4 •%5 I ■-i I ?^ . Ô^ CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHIVI/ICIViH Collection de microfiches. Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques Tcchnical and Bibliographie Notas/Notas tachniquaa at bibliographiquaa Tha instituta haa attamptad to obtain tha baat originai copy availabla for filming. Faaturaa of thia copy which may ba bibliographieally uniqua, which may altar any of ttta imagaa in tha raproduction. or which may aignificantly changa tha uaual mathod of filming. ara chackad balow. D D D D n D 0 Colourad covara/ Couvartura da coulaur r~n Covara damagad/ Couvartura andommagéa Covara raatorad and/or laminatad/ Couvartura raatauréa at/ou pailiculéa I — I Covar titia miaaing/ La titra da couvartura manqua Colourad mapa/ Cartaa géographiquaa wn coulaur Colourad ink (i.a. othar than blua or black)/ Encra da coulaur (i.a. autra qua blaua ou noira) rj] Colourad plataa and/or illuatrationa/ L^ Planchaa at/ou illuatrationa mn coula coulaur Bound with othar mjtarial/ Ralié avac d'autraa documanta Tight binding may cauaa ahadowa or diatortion along intarior margin/ La r0 liura aarréa paut cauaar de l'ombra ou da la diatoralon la long da la marga intériaura Blank iaavaa addad during raatoration may appaar within tha taxt. Whanavar poaaibla, thaaa hava baan omittad from filming/ Il aa paut qua cartainaa pagaa blanchoa ajoutéaa lors d'una raatauration apparaisaant dana la taxta, maia, lorsqua cala était posaibla, caa pagaa n'ont paa été filméaa. Additional com/nants:/ Commantairas supplémantairas: L'Inatitut a microfilmé la maillaur axamplaira qu'il lui a été posaibla da sa procurar. Las détails da cat axamplaira qui sont paut-étra uniquas du point da vua bibiiographiqua. qui pauvant modifiar una imaga raproduita, ou qui pauvant axigar una modification dans la méthoda normala da filmaga aont indiquéa d-daasous. r~~| Colourad pagaa/ 0 Pagaa da coulaur Pagaa damagad/ Pagaa andommagéaa Pagaa raatorad and/oi Pagaa raatauréas at/ou palliculéas Pagaa discoiourad. stainad or foxai Pagaa décoloréas, tachatéas ou piquéas Pagaa datachad/ Pagaa détachéas Showthrough/ Transp«:7«inca Quality of prin Qualité inégala da l'impression Includas supplamantary matarii Comprend du metériel supplémentaire Only édition availabla/ Saule édition disponible |~~| Pagaa damagad/ |~n Pages restored and/or iacninatad/ r~] Pagaa discoiourad. stainad or foxad/ I I Pagaa datachad/ rTTj Showthrough/ r~| Quality of print varias/ r~*1 Includas supplamentary matarial/ I — I Only édition availabla/ Pagaa wholly or partially obscured by eriata slips, tissues, etc.. hava been refllmed to enaura tha beat possible image/ Lee pagea totalement ou partiellement obacurciaa par un feuillet d'errata, una pelure, etc.. ont été filmées é nouveau da façon à obtenir la meilleure imaga poasibia. Lei pages froissées peuvent causer de la distorsion. This item is filmed at tha réduction ratio chacked beiow/ Ce document eat filmé au taux da réduction indiqué ei-deaaoua. 1QX 14X itx ^x 28X 30X y 12X 16X 2DX 2éX 2IX 32X Th« oopy iKmmâ h«r« haa b««n r«proclue«d thankt to th« senaroaity of : Saminary of Quabac Library L'axamplair* flimé fut raproduit grftca à la généroaité da: Séminaira da Québae Bibliothiqua Tha imagaa appaaring hara ara tha baat quailty poaaibla eonaidaring tha condition and lagibility of tha original eopy and in Icaaping with tha fllming contr«.?et apaolf ieationa. Laa imagaa aulvantaa ont 4té raproduitaa avac la plua grand aoin, compta tanu da la condKion at da la nattaté da l'aKampiaira filmé, at an conformité avac laa conditiona du contrat da fllmaga. Original copiaa in printad papar covara ara filmad baginning with tha front eovar and anding on tha iaat paga with a printad or illuatratad impraa- aion, or tha back covar whan appropriata. Ail othar original copiaa ara filmad baginning on tha f irat paga with a printad or illuatratad impraa- aion, and anding on tha Iaat paga with a printad or illuatratad impraaaton. Laa axamplalraa originaux dont la couvartura an papiar aat Impriméa aont filméa «n commençant par la pramiar plat at an terminant aoit par la darniéra paga qui comporta una amprainta d'impraaaion ou d'illuatration. aoit par la aacond plat, aalon la caa. Toua laa autraa axamplalraa originaux aont filméa an commançant par la pramiéra paga qui comporta una amprainta d'impraaaion ou dliluatration at an terminant par la darniéra paga qui comporta una taila amprainta. Tha Iaat racordad frama on aach micrcficha ahall contain tha aymbol — »■ (maaning "CON- TINUED"). or tha aymbol y (maaning "END"), whichavar appllaa. Un daa aymbdaa auhranta apparaîtra aur la darniéra imaga da chaque microfiche, selon le caa: la aymbola >»> aignifia "A SUIVRE", le aymbola ▼ aignifia "FIN". Mapa, platea, charte, etc., mey be filmed at différent réduction ratioa. Thoae too large to be antirely included in one expoaura ar^ filmed beginning In the upper left hand corner, ieft to right and top to bottom, aa many framea aa raquired. The foliowing diagrcma iiluatrate the method: Laa cartee. planchée, tableaux, etc., peuvent être filméa é dee taux de réduction différente. Loraqua le document eat trop grand pour être reproduit en un aeul cliché, il eet filmé é pertir de l'angle aupériaur gauche, de gauche é droite, et de haut en baa. en prenent le nombre d'imegee néceeaaira. Laa diagrammea suivante illuatrent la méthode. 1 2 3 > 1 2 3 4 5 6 '.^ ^■^ik- -'  '■ 1- i HI J! '? *' J- -Ai f • •r" '■ ^ '*■■ ■■■' -^t; -, ., \ HISTOIRE NATURELLE V-,.- -^ — /^ '- ''^ "Il / \. \ i*; *"^-ÏÇr.^SM-t> DE BUFFON. , vi <»>■* I m^^m^mmmmm^^ QUADRUPEDES, T Q M £ l 1 X. -,a!**?r>*!=s>k»iv.- J ■^ ■"■^A i <^» M 1 îiilOTBllI -*. ^.J l^t ■ «fciwwVrff»»^- .Ltilitfr1*aiM'ii«iK.tiiwJNWjii^iiiiii>i>fctiiwwl' » '"W>^ STOIRE NATURELLE DE BUFFON, classée par ordres, genres e^ d'après le système de Li AVEC LES CARACT^ES GE et la nomenclature Linnée^ Var AEKi-RiCHARi} CASTES, auteur des Plantes^ XfOUVBIil^E EDITION. €' O M E V ir^x^ •♦ f^ Ji3. M" »| ^i VE L'IMPHIMERTE ■»^ A PARIS, Chez Detsryille^ rue du Battoir ^n*^ iS AN X — i 8 0 2* "•\^ :é "( •: ( ï-'J.'i/rn n f. ■^ i /'i ^ T>^ . J'i O 'ï -:? f ï "i/îiOTci'lI a a a V4»i ,.■ a.... ClNi' L^ <^^"ïii«» *^ ^ è'-^Hh' io ifîf| *>^^i|j/^ 'n^i ^^«t*W^^i,,s7, /: ■t^ ^^ aiûa; ' i^ k-uX -rjCfs *tT*«'ft*»\ r>'» /A -•^< 'ffsizîoix z\ ys waïir..4^,Y» ïiif ^ 1/. O X ■*», .^• I <,. 'Tf. . >■ '» », ■ *- •'■■-4. ' ■''!}■ j ^^/."•.-.,.v. ,...,., f '■■ fil a •>'>^>.ééJ; U i .1 a:'iYA i-^^;:. •iii'^ ■•«.d' * KH •.':^' r^'^-à Tififi. r^mM. i.j j»: lunNOO'iuos . % .i.k BiirNoa-:uos D'AnuQTJK. ^.■,' 4' ■••'t- 1'^ '««. «Iferr-!!^!!»; -rtnJxw-i.-ïi.«3r-s:-ii«t||?VT-t.rî»UA-,;îiif J^ l'fiSTOIRH. NAI'l) e ELÏ i^ *>l;iS QoAiJJtî.l.l'l tilia. «**■»•• ««'Il •■•-%■ »rv*" • ■•■«••1 nr 1^ Jfi ?v ? il .<** .-»** '.i *^'(f-'j ■P* ^M 'jv^îmwv . n.M «o.a»' ^» H.'r *' îfc >i. * 'v'^.îy^M.^ro:GK-i?,,^>'iî;«. 4'- . '> 'i" nifiU ;(„». * ■. ■. » ï- fc' ■A ,»!'* U*- t r« 1H \p^s ■■'•'• à* '* *.:»■ ft*^ --tf^F \ ,itt» ►jt. ;li,ftji .} . t -'* 1 , ' •*♦ >4. -f— e; rtnîïtt:*;,iît? I i.K-Hïi-î^t^ -''^:«^i>,' ■• f.}'. K- **?.•'• *-.fW f ^t -4 >,1 » Ît*'^ SES HISTOIRE NATURELLE DES QUADRUPÈDES. L. .'.'I , I J. 1.1 A . f y* GENRE. (.'Vf: »? '■■■■' ■ ^'■•■ (su. f ' '1 «rf-..?;3>":;j LE RHINOCÉROS, ^ *JR HI N OCEROS. . 'ï.i .■-» '»*•' «-•■ *<^V) (^:'i«:"'*i^i''ii J'".f!-it.. Caractère générique: une corne posde , . . iur le frout. , . i LE RHINOCÉROS. Après Vëlëphant, le rhinocéros st le plus puissant des animaux quadru- pèdes ; il a au moins douze pieds d& longueur ; depuis Textrëmité du xnur Quadrup. III. i, <**»!»> .iii \ ( \ ( i 9 HISTOIRE NATURELLE seau jusqu'à l'origine de la queue; 2ix a sept pieds de hauteur , et la circon- férence du corps à-peu-prës ëgale à sa longueur. Il approche donc de l'élé- phant pour le volume et parla masse, et s'il paroît bien plus petit , c'est qoe ses jambes sont bien plus courtes à proportion que celles de l'éléphant; mais il en diffère beaucoup par les fa- cultés naturelles et par l'intelligence 3 u'ayant reçu de la nature que ce qu'elle accorde assez communément à tous les quadrupèdes , privé de toute sensibilité dans la peau ^ manquant de mains et d'organes distincts pour le sens du toucher y n'ayant ^ au lieu de trompe, qu'une lèvre mobile dans la- quelle consistent tous ses moyens d'a- dresse. Il n'est guère supérieur aux autres animaux , que par la force , la grandeur et l'arme offensivie qu'ail porte sur le nez , et qui n'appartient qu'à lui ; cette arme est une corne très- jdure , solide dans toute sa longueur, et i ce nt à )ute tde le de la- ux la rte à s- et DU RHINOCÉROS. 5 placée plus avantageusement que les cornes des animaux ruminans ; celles- ci ne munissent que les parties supë» rîenres de la tête et du cou ; au lieu f|iie la corne du rhinocéros défend tou-^ te? les parties antérieures du museau et préserve d'insulte le mufle, la bou- che et la face ; en sorte que le tigre attaque plus volon^.îers Félépliant ^ dont il saisit la trompe , que le rhino- céros qu'il ne peut coiffer sans risquer d être éventré ; car le corps et les mem- bres sont recouverts d'une enveloppe impénétrable, et cet animal ne craint ni la griffe du tigre , ni l'ongle du lion> ni le fer, ni le feu du chasseur ; sa peau est un cuir noirâtre de ]a même cou- leur y mais plus épais et plus dur que celui de l'éléphant; il n'est pas sensi- ble comme lui à la piqûre des mouches ^ il ne peut aussi ni froncer ni contrac- ter sa peau j elle est seulement plissée par de grosses rides jau cou , aux épau- les et à la croupe pour faciliter le mou- ^■ 4 HISTOIRE NATURELLE vement de la tête et des jambes , qui sont massives et terminées par de lar- ges pieds armés de trois grands ongles* Il a la tête plus longue à proportion que l'éléphant ; mais il a les yeux encore plus petits , et il ne les ouvre jamais qu'à demi. La mâchoire supé- rieure avance sur l'inférieure , et la lèvre du dessus a du mouvement et peut s'alonger jusqu'à six ou sept pou- ces de longueur; elle est terminée par un appendice pointu, qui donne à cet animal plus de facilité qu'aux autres quadrupèdes pour cueillir l'herbe et en faire des poignées à- peu-près comme l'éléphant en fait avec sa trompe: cette lèvre musculeuse et flexible est ni^e espèce de main ou de trompe très-in- complète, mais qui ne laisse pas de saisir avec force et de palper avec adresse. Au lieu de ces longues dents d'ivoire qui forment les défenses de l'éléphant ,1e rhirocérosa sa puissant© corne et deux fortes dents incisives à ■t: L DU RHINOC Ê R OS. 5 chaque msichoire ; ces dents incisives qui manquent à Féldphant sont fort éloignées Tune de l'autre dans les mâ- choires du rhinocéros *, elles sont pla- cées une à une à chaque coin ou angle des mâchoires y desquelles l'inféneure est coupée carrément en devant , et il n'y a point d'autres dents incisives dans toute cette partie antérieure que l'ccouvrent les lèvres ; mais indépen- damment de ces quatre dents incisives placées en avant aux quatre coins des mâchoires^ il a de plus vingt-quatre dents molaires , six de chaque côté des deux mâchoires. Ses oreilles se tiennent, toujours droites , elles sont assez sem- blables pour la forme à celles du co- chon y seulement elles sont moins gran- des à proportion du corps ; ce sont les seules parties sur lesquelles il y ait du poil ou plutôt des soies ; l'extrémité de la queue est , comme celle de l'élé- phant , garnie d'un bouquet de grosses soies très-solides et très-dmes. •• 6 HISTOIRE NATURELLE M. Parsons, célèbre médeoin de Londres , auquel la république des let- très est redevable de plusieurs décou- vertes en 'listoire naturelle , et auquel je dois moi-même de la reconnoissance pour les marques d'estime et d'amitié dont il m'a souvent honoré , a publié eii 1 742 , une histoire naturelle du rhi- nocéros, de laquelle je vais donner l'extrait d'autant plus volontiers , que tout ce qu'écrit M. Parsons , me paroît mériter plus d'attention et de con- liance. « Le rhinocéros qui arriva à Londres en 1 739 , avoit été envoyé de Bengale. Quoique très-jeune , puisqu'il n'avoit que deux ans , les irais de sa nourriture et de son voyage montoient à près de mille livres sterling^ on lé nourrissoit avec du riz, du sucre et du foin: on lui donnoit par jour sept livres de riz , mêlé avec trois livres de sucre , qu'on lui partageoit en trois portions : on lui uonnoit . aussi beaucoup de foin , et [on [ni et ( BIT R H I N O C Ê R O ». 7 d'herbes vertes , qu'il prëfe'roit au foin; SA boisson n'étoit que de l'eau dont il buYoit à la fois une grande quantité ; il ëtoit d'un naturel tranquille et se laissoit toucber sur toutes les parties de son corps ; il ne devenoit méchant que quand on le frappoit ou lorsqu'il a voit faim ; et dans l'un et l'autre cas'^ on ne pouvoit l'appaiscîr qu'en lui don- nant à manger. Lorsqu'il ëtoit en co^ ]ère , il sautoit en avant et s'élevoit brusquement à une grande hauteur, en poussant sa tête avec furie contr© les murs , ce qu'il faisoît avec une pro- digieuse vitesse , malgré son air lourd et sa masse pesante. J'ai été souvent témoin , dit M. Pavsons , de ces niou- vemensque produisoienl l'impatience ou la colère , sur-tout les matins avant qu'on ne lui apportât son riz et son. sucre j la vivacité et la promptitude lies mouvemcns de cet animal m'ont l'ait juger , ajoute-t-il , qu'il est tout-à- iail indomptable , et qu'il atteindroit ■^. j- iiï.::&^aKSi-i!:.» Pu #- HISTOIRE NATURELLE aisément à la course un homme qui l'auroit offensé. ^ » Ce rhinocéros à l'âgé de deux ans 9 n'étoit pas plus haut qu'une jeune va- che qui n'a pas encore porté ; mais il avoit le corps fort long et fort épiais ; sa tête étoit très-grosse à proportion du corps : en la prenant depuis les oreilles jusqu'à la corne du nez, elle formoit une courbe concave dont les deux extrémités , c'est-à-dire , le bout supérieur du museau et la partie près des oreilles, sont fort relevées j lacorn& n'avoit encore qu'un pouce de hauteur^ elle étoit noire , lisse à son sommet , mais avec des rugosités à sa base et di- rigée en arrière. Les narines sont si> tuées fort bas et ne sont pas à un pouee de distance de l'ouverture de la gueule» La lèvre inférieure est assez semblable à celle du bœuf, et la lèvre supérieure ressemble plus à celle du cheval , avee^ cette différence et cet avantage^ que le- rhinocéros peut Talouger , la diriger ^^ fi A-k^ >î:A:?C^t. •««^n ■^ '■■-*)*-i}^^MA -, --«U- -■ -■^■•' -"K-.VM, .,_Jj^V*-' ■'-*^'' ' 'M»^".-^j t'^■'\èft^.■fr:'•^:"^r^:^-"T?^C'' 3v -i*i-; ", "^1 BU RHINOCÉROS. 9 la doubler en la tournant autour d'un bâton , et saisir par ce moyen les corp» qu^l yeut approcher de sa gueule. La langue de ce jeune rhinocéros ëioit doucocomme celle d'un yeau. Set yeux n'avoient nulle viracitë , ila ressem- blent à ceux du cochon pour la forme, et sont situes très>bas , c'est-à-dire, plus près de l'ouverture des narines , que dans aucun autre animal. Les oreil- les sont larges , minces à leur extré- mité y et resserrées à leur origine par une espèce d'anneau ridé. Le cou est fort court , la peau forme sur cette partie deux gros plis qui l'environnent tout autour. Les épaules sont fort grosses et fort épaisses, la peau fait à leur jointure un autre pli qui descend fious les jambes de devant. Le corps de ce jeune rhinocéros étoit en tout très- épais , et ressembloit très-bien à celui d'une vache prête à mettre bas. Il y a un autre pli entre le corps et la croupe ; OB pli descend au-dessous des jambe» ,1 ■f(1 'M ■ I { ï ^i'-«,m^' • fw.-, «» ^■*'^'V,.— — *.i I O HISTOIRE NATURELLE de derrière ; et enfin > il y a encore ua autre pli qui environne transversale- ment la partie inférieure de la croupe à quelque distance de la queue ; le ventre ëtoit gros et pendoit presqu'à terre , sur-tout à la partie moyenne ; les jambes sont rondes , épaisses , for* tes, efc toutes sont courbées en arrière à la jointure: cette jointure qui est re- couverte par un pli très-reraarquable quand l'animal est couche, disparoît lorsqu'il est debout. La queue est me- nue et courte relativement au volume du corps , celle de ce rhinocéros n'avoit que seize ou dix-sept pouces de lon- gueur ', elle s'élargit un peu à son ex- trémité où elle est garnie de quel- ques poils courts , gros et durs. La peau e8t épaisse et impénétrable ; en la prenant avec la main dans les plis , on croiroit toucher une planche ' de bois d'un demi - pouce d'épais- seur. Lorsqu'elle est tannée , dit le docteur Grew , elle est excessivement éi DU RIIINOC dare , et plus épaisse que 1 autre animal terrestre tout plus ou moins couve: tations en forme de gales rositës, qui sont assez pet' sommet du cou et du dos , degrës deviennent plus grosse descendant sur les côtés , les plus lar- ges de tontes sont sur les épaules et sur la croupe ; elles sont encore assez grosses sur Iqs cuisses et les jambes, et il y en a tout autour et tout le long des jambes jusqu'aux pieds j mais entre les plis la peau est pénétrable et même délicate et aussi douce an toucher que de la soie, tandis que Textérieur du pli est aussi rude que le reste ; cette peau tendre qui se trouve dans l'inté- rieur du pU est d'une légère couleur de chair *, et la peau du ventre est à- peu-près de même consistance et de même couleur. Au reste, on ne doit pas comparer ces tubérosités ou gales ^ dont nous venons de parler^ à desécail? ■\\ £* J. > 7', t 4 ' 1% HISTOIRE NÀTURfiLLÉ , les comme Font fait plusieurs auteurs \ Ce sont de simples durillons de la peau ^ui n'ont ni rëgularitë dans la figure , ni symétrie dans leur position respec- tive. La ^souplesse de la peau dans les '"^plis donne au rhiiiocëros la facilite du ^ mouvement de la tète, du cou et dca membres ; tout le corps , à Feàcceptioii des jointures , est inflexible et commo cuirassé. M. Farsons dit en passant , qu'il a observé une qualité très-parti» culière dans cet animal , c'est d'écouter arec une espèce d'attention suivie , tous les bruits qu'il entendoit ; de sorte que , quoiqti'endornii ou fort oCcupé à manger ou à satisfaire d'autres besoins pressans , il s'éveilloit à l'instant , le- voit la tète et écoutoit avec la plus constante attention , jusqu'à ce que lo bruit qu'il entendoit eût cessé ». " " ' Enfin f après avoir donné cette des- cription exacte du rhinocéros , M. Pdr- fions examine s'il existe ou non des rhinocéros à double corne sur le nez; ■3SÎE DURHINOCÉROS. l5 ftprès avoir compare les témoignages des anciens et des modernes , et les Inonamcns de cette espèce qu'on trouve dans les collections d'histoire natu- relle y il conclut avec vraisemblance > que les rhinocéros d'Asie n'ont com- munément qu'une corne , et que ceux d'Afrique en ont ordinairement deux. -^ ' Il est très-certain qu'il existe des rhinocéros qui n'ont qu'une corne sur le nez , et d'autres qui en ont deux ; mais il n'est pas également certain que cette variété soit constante , toujours dépendante du climat de l'Afrique ou des Indes , et qu'en conséquence de cette seule différence on puisse établir deux espèces distinctes dans le genre de cet animal. Il paroît que les rhino- céros qui n'ont qu'une corne , l'ont plus grosse et plus longue que ceux qui en ont deux : il y a des cornes simples de trois pieds et demi , et peut- être de plus de quatre pieds de longueur sur six et sept pouces de diamètre à la ^(^uadiup, m. a II . » 'V i 'AV. .fÊ^-^-s^.. l4 HISTOIRE NATURELLE base j il y a aus.si des cornes doublen » qui ont jusqu'à deux pieds de lon- gueur ; communëment, ces cornes sont brunes ou de couleur olivâtre , cepen- dant il s'en trouve de grises et même quelques-unes de blanches ^ elles n'ont qu'une lëgère concavité en forme de tasse sous leur base , par laquelle elles sont attachées à la peau du nez j tout le reste de la corne est solide et plus dur que la corne ordinaire : c'est avec cette arme, dit-on y que le rhinocéros attaque et blesse quelquefois mortelle- ment les éléphans de la plus haute taille , dont les jambes élevées permet- tent au rhinocéros, qui les a bien plus courtes , de leur porter des coups de boutoir et de corne sous le ventre , où la peau est plus sensible et plus péné- trahie : mais à^ussi lorsqu'il manque son premier coup /l'éléphant le terrasse et le tue. „, . i? :vy La corne du rhinocéros eit |:^/ •» es- timée des Indiens que riyouw ae l'élé;- V nu n H I N o 0 f n o s. pliant , non pas tau' à cau: de la matière dont cependant ils Font pla- neurs ouvrages au tour et au ciseau > mais à cause de sa substance même à li/nuelle ils accordent plusieurs quali- Ce. .pëcifiques et propriétés médici- nales. Les blanches , comme les plus rares , sont aussi celles qu'ils estiment et qu'ils recherchent le plus. Dans les présens que le roi de Siam en- voya à Louis XIV , en 1 686 , il y avoil six cornes de rhinocéros. 'Nous en avons au cabinet du roi douze de diffé-* rentes grandeurs , et une entr'autres qui , quoique tronquée , a trois pieds huit pouces et demi de longueur. Le rhinocéros , sans être ni féroce » ni carnassier , ni même extrêmement farouche ^ est cependant intraitable ; il est à-pen-près en grand , ce que le co* clion est en petit , brusque et brut > sans intelligence , sans sentiment et sans docilité : il faut même qu'il soit lujet à des accès de fureur , que rien y il - .« ifK ..— - T- ï6 HISTOIRE NATURELLE ne peut calmer : car celui qu'Emma-* uuel, roi de Portugal, envoya au pape , en iôi5 , fit périr le bâtiment sur le^ quel on le transportoit , et celui que nous avons vu à Paris ces années der- nières , s'est noyé de même en allant en Italie. Ces animaux sont aussi , comme le cochon , très-enclins à se vautrer dans la boue et à se rouler dans la fange : ils aiment les lieux humides et maréca- geux, et ils ne quittent guère les bords des rivières. On en trouve en Asie et en Afrique , à Bengale , à Siam , à Laos, au Mogol , à Sumatra, à Java, en Abys- sinie , en Ethiopie , au pays des Anzi'* cos , et jusqu'au Cap de Bonne-Espé- rance *, mais en général l'espèce en est moins nombreuse et moins répandue que celle de l'éléphant ; il ne produit qu'un seul petit à-la-fois, et à des dis- tances de temps assez considérables. Dans le premier mois , le jeune rhino- céros n'est guère plus gros qu'un chien de grande taille. Il n'a point , en nais* .-^'J-^—rta--^ ^'i^^ar'..^ ou RHINOOÉROS* 17 Bftnt f la corne sur le ne? , quoiqu'on en voie déjà le rudiment dans l<îfoetii a • à deux ans , cette corne n'a encore poussé que d'un poUce , et à si*!!: ans , elle a neuf à dix pouces , et comme l'on Gonnoit de ces cornes qui ont près de quatre pieds de longueur , il paroît qu'elles croissent au moins jusqu'au moyen âge et peut-être pendant toute la vie de l'animal , qui doit être d'une assez longue durée , puisque le rhino- céros décrit par M. Parsons , n'avoit , à deux ans, qu'environ la moitié de sa hauteur , d'où l'on peut inférer que cet animal doit vivre , comme l'homme , r"'^Tf"~ k ' ■ \^^^"^amf'^ r8 HISTOIRE NATURELLE beaucoup de plaisir. Sa peau fait le cuir le meilleur et le plus dur qu'il y ait au inonde j et non- seulement sa corne'V mais toutes les autres parties de son corps et même son sang , son urine et ses excrémens sont estimes comme de» antidotes contre le poison , ou comme des remèdes à plusieurs maladies. Ces antidotes ou remèdes , tir.»^— k«*^.•..♦•^-. -r ■j> /-.-"^iw^niy . ai HISTOIRE NATURELLE et qu'il ne voit , pour ainsi dire , que devant lui. La petitesse extrême de ses yeux , leur position basse , oblique et enfoncée , le peu de brillant et do mouvement qu'on y remarque, sem- blent confirmer ce fait. Sa voix est as* sez sourde lorsqu'il est tranquille; elle ressemble en gros au grognement du cochon , et lorsj(]u'il est en colère , son cri devient aigu et se fait entendre de fort loin. Quoiqu'il ne vive que de vé- gétaux , il ne rumine pas ; ainsi , il est probable que, comme l'éléphant, il n'a qu'un estomac et des boyaux très- cmples , et qui suppléent à l'office de la panse *, sa consommation , quoique ix)nsidérable , n'approche pas de celle de l'éléphant , et il paroît par la conti- nuité et l'épaisseur non-interrompue de sa peau, qu'il perd aussi beaucoup moins par la transpiration. m 1 ' i •■*•'. 'i*" • '"■ ... * , . .V. V ,* . DU RHINOCÉROS. 23 LE RHINOCÉROS A DEUX CORNES. M. de Baflfon a très-bien décrit le rhinocéros d'Asie, et il en a donné une figure qui est fort exacte ; il n'avoit aucune raison de soupçonner que le rhinocéros d'Afrique en différât; au- cune relation n'a insinué que ces ani- maux ne fussent pas précisément sem- blables dans tous les lieux où. ils se trouvent ; il y a cependant une très- grande différence entr'eux ; ce qui frappe le plus quand on voit un rhino- céros, tel que celui que M. de Buffon a décrit , ce sont les énormes plis de sa. peau qui partagent si singulièrement son corps, et qui ont fait croire, à ceux qui ne l'ont apperçu que de loin , qu'il étoit tout couvert de boucliers. Ces plis ne se font point remarquer dans le rhinocéros d'Afrique , et sa peau par .V S4 HISTOIRE NATURELLE roît tout unie ; si Ton compare la fi- gure que j'en donne , avec celle qu'en a donnée M. de Buffon , et qu'on fasse abstraction de la tête, on ne diroit pas qu'elles représentent deux animaux de la même espèce. C'est encore à M. le bapitaine Gordon que l'on doit la con- noissance de la véritable figure de ce rhinocéros d'Afrique , et l'on verra dans la suite que l'Histoire Naturelle lui a bien d'autres obligations : voici le précis de quelque^ remarques qu'il a ajoutées au dessin qu'il m'en a envoyé. Le rhinocéros est nommé nabalp&r les HottentotS; qui prononcent la pre- mière syllabe de ce mot avec un cla- quement de langue , qu'on ne sauroit exprimer par l'écriture. Le premier coup-d'oeil qu'on jette sur lui fait d'a- bord penser à l'hyppopotame , dont il diffère cependant très-fort par la tête ; il n'a pas non plus la peau aussi épaisse , et il n'est pas aussi difficile de la percer £u'ou le px'éteud* M. Gordon en a lui l k i±i.^ sHÈTi-s ) I DU RHITTOCÉKOd* 95 un à la distance de cent dix-bnît pas ^ avec une balle de dix à la livre ; et ^ pendant le voyage qu'il a fait dans l'in- tërieur du pays avec M. le gouverneur Plettetnberg; on en a tué une douzaine; ce qui fait voir que ces animaux ne sont point à rëpreuve des coups de fusil. Te crois cependant que ceux d'Asie ne pourroient pas être facilement perces f au moins j'en ai porte ce jugement en examinant la peau de celui dont M. de Buffon a donné la figure , et que j'ai oo casion de voir ici. v - ) . 1 1 . < i » Les rhinocéros d'Afrique ont tout le corps couvert de ces incrustations en forme de gales ou tubérosités^, qui se voyent sur ceux d'Asie , avec cette difiPérence , qu'en ceux-ci elles ne sont pas parsemées également par-tout ; il y en a moins sur le milieu du corps , et il n'y en a point à l'extrémité de» jambes; quant aux plis de la peau, comme je l'ai dit , ils sont peu remar«> ^uables. M. Gordou soupçonne qu'ik Quadrup. III, 3 'L •v., \ ^'■-7 *? lyi.-*- '^e • <(t , #fc ^ ^-A ' * -*-:$► K-^.-'-'fV --^■•^. -«pF • M f ■■/• S' •' l'- /■/ M 96 IirSTOIRE NATURELLE ne sont produits que par les mouve- mens que se donnent ces animaux; et ce qui sembleroit confirmer cette con- jecture, c'est la peau bourrée d*un jeune rhinocéros , de la longueur de cinq pieds y que nous avons ici , où il ne paroît aucun pli ; les adultes en ont un à Faine, profond de trois pouces , un autre derrière Tëpaule d'un pouce de profondeur, un derrière les oreiKus , mais peu considérable , quatre petits devant la poitrine , et deux au-dessus du talon; ceux qui se font remarquer le pi us , et qui ne se trouvent point sur ceux d'Asie , sont au nombre de neuf sur les côtes, dont le pi.is profond ne l'est que d'un demi-pouce ; autour des yeux ils ont plusieurs rides, qui ne peuvent pas passer pour des plis. )) Tous ceux que M. Gordon a vus , jeunes et vieux , avoient deux cornes f et s'il y en a en Afnque qui n en ayent qu'une, ils sont inconnus aux habi^ fans du Cap de Bonue^espérauce ^ aiusi^ '^f^ '■ -X BU RHINOCÉROS. 227 j'ai été dans Terreur quand j'ai ëcrit à 'M. Daubenton , que j'avois raison de soupçonner que les rhinocéros d'Asie avoient deux cornes y pendant que ceux du Gap n'en ont qu'une : j'avois reçu j de ce dernier endroit , des têtes à une seule corne , et des Indes , des têtes à deux cornes, mais sans aucune notice du lieu oii avoient habite ces animaux. Depuis , il m'est arrive souvent de re- cevoir des Indes des productions du Cap, et du Cap, des cuiiositës qui ont été envoyées des Indes ) c'est-là ce qui In'avoit jeté dans l'erreur , que je dois ■rectifier ici. La pins grande de ces cernes est placée sur le nez ; celle qui est représentée , étoit longue de seizB pouces; mais il y en a qui ont huit à neuf pouces de plus, sans que l'animal soit plus grand. *i' ' ' i ' ' ' » Elle est applatie en dessous.,, et comme usée en labourant la terré ; sa «econde corne avoit sa base à un deini- pouce au-dessous de la première; et ..'■^^Ati^iiJifclka' •;/• î \i ât HISTOIRE NATURELLE elle ëtoii longue de huit pouces ; Vaïi% jet Fautre sont uniquement adhérentes À la peaU; et placées sur une éminenco unie qui est au-devant de la tôte ] en les tirant fortement en arrière , on peut les ébranler, ce qui me fait un peu douter de ce que dit M. Kolbe dea prodigieux effets que le rhinocéros pio* duit. Si on Ten croit , il déracine avec sa corne les arbres ; il enlève les pierres qui s'opposent à son passage , et les jette derrière lui fort haut, à une grande distance , avec un très-grand bruit ; £n un mot , il abat tous les corps sur lesquels elle peut avoir quelque prise. •Une coi'ne si peu adhérente et si peu ierme , ne semble guère propre à de si grands efforts ; aussi M. Gordon m'écrit que le rhinocéros fait bien autant de mal avec ses pieds qu'avec sa tête...f ^, „> ... 3) Ce rhinocéros a les yeux plus petits que l'hippopotame ; ils on^ peu de blanc ; le plus grand diamètre de 1% ^prunçlle est jdc^ huit lignes 5 et Touverr DU HHINOCÊROfi. 29 tu)L*q de» paupières eat d'un pouce ; ils 80Ut situds aux côtds de la télé, pres- que, à ëgale diatApce de la bouche et dcA oreilles j ainsi , cette situi^tiou des yeux démontre )a fausseté de l'opinion de Kolbe , qui dit quelle rhinocéros ne peut voir de côté , et qu'il n'apperçoit que les objets qui sont ^ty di^oi te ligne devant lui. Il auroit peine à yoir de cette dernière manière, si tes yeux ne a'élevoient pas un peu au-dessus des rides qui. les environnent. Il paroît cependant qu'il se fie plus sur son odorat et son ouïe, que sur sa vue; aussi a-t-il les naseaux fort ouverts et longs de deux pouces et deini j ses oreilles ont neuf pouces en longueur ^ et leur contour est de deux pieds *, leur bord extérieur est garni de poils rudes longs de deux, pouces et demi, mais il n'y en a point en dedans. -^ . j) Sa couleur est d'un brun obscur , qui devient couleur de chair sous le ventre et dans les plis j mais^ comme il -< \ i ■ti- Ty... ^"^■ ! < i' I l'i V t i HTSTOÏRB NATUItELLÈ se yautre frëquemment dans la botté, il pàroît avoir la coiileui* dé la llîrre sur laquelle il se tronye ; il a sur lé corps! quelques poils noirs, mais très^ clair-semës , entre les tnbërosités de sa peau et ait^^essu^ des yeux. '^ '^'^ "*» » Il a vingt -huit dents en tout ; sa^* Voir, six molaires à chaque côte des deux mâchoires, et deux incisivcë en liàut et eh bas. Les dents d'en-haut iÉémblent être un peu plus avancées, de manière qu'elles recouvrent celles de dessous , lorsque la gueule est fer- méé ) la lèvre Supérieure nWance qxie d'un pouce au-delà de rinfôrienre. M. Gordon n'a pas eu occasion de voir s'il la peut alonger , et s'en servir pour saisir ce qu'il' veut approcher de sa gueule. '^4 -ùi. ..-i V .t,,. ^^ » Sa queue a environ un pied et demi de longueur; son extrémité est garnie de quelques poils , longs de deux ponces , qui partent de chaque càté , Comme de de lix espèces de coutures^ V ;\ { ■■-■"WIKÏJ- hv B.y iNobènois. 3i cette queue est ronde pardessus et un peu applatie en desàous. )> Led picdd ont trois doigts munis d'ohgles , ou plutôt dé sabots ; la lon- gueur des pieds de devant ëgale leur largeur , mais ceux dé derrière sont un peu àlongés. H a sous la plante du pied une semelle épaisse et mobile. )> Ces rhinocéros sont actuellement assez avant dans l'intérieur du pays ^ pour en trouver , il faut s'avancer â cent cinquante lieues dans les terres du Cap. On n'en voit guère que doux ou trois ensemble j .quelquefois cepen- dant ils marchent en plus grande com- pagnie , et ^ en marchant ^ ils tiennent leur tête baissée comme les cochons : ils courent plus vite qu'un cheval ; le moyen le plus sûr de les éviter , est de se tenir sous le vent; car leur rencontre est dangereuse. » Ils tournent souvent la tète de côté et d'autre en courant ; il semble qu'ils prennent plaisir à creuser la ' i : I. v^ y* ! il- [l ■tlU % mu St HISTOIRE KATpRELLIS terre avec leurs, cornes y q,U6lq,uefoi#;iI{( y impriment àmx sillofis pair le t>a]aii- cement de leur tête >. et alors ils sautent et courent à droite et à* gauche^ endriest sant leur queue » comme s'ils ^v^ient des vertiges. Leurs femelles n!qnt ja- mais qju'un petit à-la -fois , elles on. aussi deux cornes y et qi^ant à la gran- deur, il y a eutr'elles et les mâles ^ là înême différence qu'entre les hippopo- tames des deux sexes, c'est-à-dire , que cette différence n'est pas. considérable ^ ïeur cri est un grognement suivi d'un fort sifflement, qui ressemble un p^i^ au son d'une flirte.' On n'entend point parler au Cap de leurs prétendus coi^t bats^avec les ^éphana m^^jJ;^ ^.^ ,^^^, . t\i,tiy futv^ '•■\fÈ*\ »»>fW» .«""j • ■ (' n, ^;ifV-'^^. ■•'i' J' >i1i4r?i4 ci.i- f^ : :,:v.«>i.wX.'-* f:,-5 -î'^t^iS;'!! J^ ''i'' :» 1 . >■ ;> 1/ ..iisif. ' 1 \v f . 4ls sautent lé^ en4|r)ea r y A î; '5 <:.)*t\. i.nub •tîi*^') ^'/s-^nr; >.«*nO ;->][ _r:fiOJ" N A. I -•j-: -!*-»r-^'C!'»' HISTOIRE NATURELLE V r GENRE. L'ELEPHANT, mlepsas. Caractère générique : des dents canines et mâchelières , nez alongé en trompe. L^à L i F H A N T est , si nous voulons ne nous pas compter , l'être le plus con- sidérable de ce monde , il surpasse tous les animaux terrestres en grandeur , et il approche de l'homme par l'intelli- gence , autant au moins que la matière peut approcher de l'esprit. L'élépbànt, le chien , le castor et le singe , sont de tous les êtres animés ceux dont l'ins- tinct est le plus admirable : mais cet instinct; qui n'est que le produit de toutes les facultés , tant intérieures qu'extérieures de l'animal, se mani* '. ./-S-..-— % * t V - LLE ^ î* '■■■'■> i'^liT^Çë: '■■%. • ' ïv/r ' i ■'■ î' ^>s- E. SPHAS, ' Lf - ■ • *i VTv *./V.---" <• i: yv. ■^' roulons ne plus con- 'passo tous indcur , et • l'intelli- a matière élëpbànt, ) , sont de ont Fins- mais cet oduit de itérieures se mani* ■■!«£ ,•■" ■-.'; t: -fài' 'li'im'.t ■ ^ ■■-: •.V "1 . ii- y,'!V?f-*"'%^-1'a- >^' ;;^'/ :«'«*?ft^iK;, . , - î.;- '■',< «;>. i --» ■»/\*>>i'fi:^.r.^v' . .' 'y _i ^*j^-. .. isiM;*À;:.; , «..i^Xirj; ■1' ■*'! . 4_ ..'iVIl ' '^ ^.r-^ï ^ r,^' ^-■J- yj Tffjn.MI. TV. H Jh\feoe ,/e/. l'eleviiant . ^, ■ / ■•■ -" .' h (#'■ m mrnmimi DB l'Éléphant. 35 feste par des résultats ^' 3n diffcrens ^ans chacune de ces espèces. Le chien est naturellement , et lorsqu'il est livré à lui seul , aussi cruel , aussi sangui- naire que le loup; seulement il s'est trouve ^ dans cette nature féroce , un point flexible sur lequel nous^ avons appuyé ; le naturel du chien ne diffère donc de celui des autres animaux de proie que par ce point sensible , qui le rend susceptible d'affection et capable d'attachement ; c'est de la nature qu'il tient le germe de ce sentiment, que l'homme ensuite a cultivé , nourri;, dé-* veloppé par une ancienne et constante société avec cet animal , qui seul en étoit digne ; qui , plus susceptible , pluj^ capable qu'un autre des impressions-' étiangères, a perfectionné dans le com- merce toutes ses facultés relatives. Sa sensibilité, sa docilité, son courage> ses talens, tout jusqu'à ses manières , s'est modifié par l'exemple, et modelé sur les qualités de son maître ; l'on ne» 1 ' i \ ï m-' , ,.,^. ■•»>>»„ *»1;...,S _,• •,,;«^»>^_-. -=-*^;~!ïr.'ïf--, ' &' 1 I .'P 36 HISTOIRE NATtJïlELLB doit donc pas lui accorder en propre tout ce qu'il paroît savoir ; ses qualités les plus relevées , les plus frappantes , sont empruntées denous j il a plus d'ac* quis que les autres animaux , parce qu'il est plus à portée d'acquérir^ que loin d'avoir, comme eux, de la répu- gnance pour l'homme , il a pour lui du penchant ; que ce sentiment doux , qui n'est jamais muet, s'est annoncé par l'envie de plaire , et a produit la doci- cilité , la fidélité , la soumission cons- tante , et en même temps le degré d'at' tentiou nécessaire pour agir en consé- quence et toujours obéir à propos. Le singe ^ au contraire, est indocile autant qu'extravagant ; sa nature est en tout point également revêche ; nulle sensibilité relative , nulle reconnois- sance des bons traitemens, nulle mé- moire des bienfaits; de l'éloignément pour la société de l'homme , de l'hor- reur pour la contrainte , du penchant à toute espèce de mal ^ ou pour mieux .■.-dÊ-**»« ^*q»i*;*" ifcttIHk jj^'»<-\'-i-\':JiJvm0i'*^ «^ LLB en proprtf les qualités rappantes , 1 plus d'ac* ux , parce uérirj que de la rëpu- »our lui du doux, qui inoncé par lit la doci- îsion cons- degré d'at- • en consé- •opos. st indocile nature est sche; nulle reconnois- nuUe mé- oignement , de rhor- i penchant our mieux. U E L' Ê L É P H A N T. 3/ dire , une forte propension à faire tout ce qui peut nuire ou déplaire. Mais cea défauts réels sont compensés par des perfections apparentes ; il est exté' rieurement conformé comme l'hom- me f il a des bras , des mains , des doigts; l'usage seul de ces parties le rend su- périeur pour l'adresse aux autres ani- maux , et les rapports qu'elles lui don- nent avec nous par la similitude des mouvemens et par la conformité des actions , nous plaisent, nous déçoivent, et nous font attribuer à de» qualités intérieures , ce qui ne dépend que de )a forme des membres. LàC castor , qui paroît être fort au- dessous du chien et du singe par les facultés individuelles , a cependant jreçu de la nature un don presque équi- valent à celui de la parole -, il se fait entendre à ceux de son espèce , et si bien entendre , qu'ils se réunissent en société, qu'ils agissent de concert , qu'ils entreprennent et exécutent de Quadrup.' III. 4 I • 'I / ^ tgtu «lia --inHKiim»»* j i**->5*ttDa*îe»*» * I t { . \ i 1\ 58 histoihb naturellb ^â*aii(ls et longs travaux en commun > et cet amour social , aussi bien que le produit de leur intelligence récipro- que , ont plus de droit à notre admi* nation, que l'adresso du singe et la fidélité du chien. Le chien n'a donc que de l'esprit ( qu'on me permette, faute de termes, de profaner ce nom ); le chien, dis-je, n'a donc que de l'esprit d'emprunt , le «inge n'en a que l'apparence, et le cas- tor n'a du sens que pour lui seul et les siens. L'éléphant leur est supérieur à tons trois ; il réunit leurs qualités les plus éminentes. La main est le prin- cipal organe de l'adresse du singe : l'é' léphant, au moyen de sa trompe, qui lui sert de bras et de main, et avec la- quelle il peut enlever et saisir les plus j>etile8 choses comme les plus grandes, les porter à sa bouche ,les poser sur son dos , les tenir embrassées ou les lancer au loin , a donc le même moyen d'a- dresse que le singe , et en même temp5 4 ■.I <É— «<■ ■*i-^-JW»W«>'* « ^« ■^ m»im»^mm^ .ELLB en commun I ii bien que !• ince rëcipro- notre admi* i ainge et la le de l'esprit te rie termes, îhien, dîs-je, 'emprunt , lo ice, et le cas- ni seul et les t supërieur à 9 qualités les i est le prin- du singe : l'ë- trompe, qui n, et avec la- saisir les plus plus grandes, poser sur son ou les lancer moyen d'à - nême temp5 DE l.' É L é F H A N T. 3g il a la docilité du chien; il est comme lui susceptible de reconnoissancc et ca- pable d'un fort atlachement ; il s'ac- !x>utume aisément k Tbomme , se sou- met moins par !a force que par les boiu traitemens^le sert avec zèle , avec fidé* lité j avec intelligence, &c. Enfin l'élé- pliant , comme le castor , aime la 80> dé lé de ses semblables , il s'en fait entendre ; on les voit souvent se ras- sembler, se disperser , agir de concert; rt s'ils n'édifient rien , s'ils ne travail- lent point en commun , re n'est peut- être que faute d'assez d'espace et de tranquillité : car les hommes se sont très - anciennement multipliés dana toutes les terres qu'habite l'éléphant; il vit donc dans l'inquiétude , et n'est- nulle part paisible possesseur d^un es- pace assez grand , assez libre pour s'y établira demeure. Nous avons vu qu'il faut toutes ces conditions et tous ces avantages pour que les talens du castor 2f manifestent , et que par- tout où les ».i..y ■"^ I ■ :) 1 f 4o HISTOIRE NATURELLE hommes se sont habitues , il perd son industrie et cesse d'édifier. Chaque être, dans la nature , a son prix réel et sa valeur relative ; si l'on veut juger au juste de l'un et de l'autre dans Vé" léphant , il faut lui accorder au moins l'intelligence du castor, l'adresse du singe , le sentiment du chien , et y ajouter ensuite les avantages particu- liers , uniques de la force , de la gran- deur et de la longue durée de la vie ; il ne faut pas oublier ses armes ou ses défenses, avec lesquelles il peut percer et vaincre le lion; il faut se représenter que sous ses pas il ébranle la terre ; que de sa main il arrache les arbres ) que d'un coup de son corps il fait brèche dans un mur ; que , terrible par la force il est encore invincible par la seule ré- sistance de sa masse , par l'épaisseur du cuir qui la couvre ; qu'il peut porter sur son dos une tour armée en guerre et chargée de plusieurs hommes; que seul il fait mouvoir des machines et \s v^^-^ ELLE il perd son ^r. Chaque prix réel et L veut juger tre dans Té- erau moins ^'adresse du [lien , et y es particu- de ]a gran- le la vie; il mes on ses peut percer représenter L terre ; que rbres ; que ^ait brèche par la force !a seule ré- paisseur du >eut porter ' en guerre imes; que ichines et ,1 1 i^ II . I> E L' É L fe P H A N T. 4l -Iranspoi'tc des fardeaux que six che^ ■vaux ne pourroient remuer, qu'à cette .'force prodigieuse il joint encore le cou^ rage , 1» prudence, le sang- froid , l'o^ bëissance exacte ; qu'il conserve de la modération même dans ses passions les plus vives ; qu'il est plus constant qu'impétueux en amour ; que dans la colère il ne méconnoît pas ses amis ; qu'il n'attaque jamais que ceux qui l'ont offensé ', qu'il se souvient des bien- faits aussi long-temps que des injures ; que n'ayant nul goût pour la chair et ne se nourrissant que de végétaux , il n'est pas né l'ennemi des autres ani- maux ; qu'enfin il est aimé de tous , puisque tous le respectent, et n'ont nulle raison de le craindre. Aussi les hommes ont-ils eu dans fous les temps pour ce grand, pour ce premier animal ^ une espèce de vénéra- tion. Les anciens le regardoient com- me un prodige , un miracle de la na- ture ( et c'est en effet son dernier ef- ■i.r 'ni / . i i I j H PI u4 (^ s-'. f 1- itt'. ^ 41a HISTOIRE MATURBI^LÏS fort) ; ils ont beaucoup exagère sesfà;- cultës naturelles; ils lui ont attribué sans hësiter des qualités intellectuelle^ et des vertus morales. Pline j JSlien, ^lin , Plutarque et d'autres auteurs |)lus modernes , n'ont pas craint de don- lier à ces animaux des mœurs raison* nées , une religion naturelle et innée • l'observance d'un culte , l'adoration quotidienne du soleil etde la lune, l'u- sage de l'ablution avant - l'adoration , l'esprit de divination , la piété envers le ciel et pour leurs semblables qu'ils assistent à la mort , et qu'après leur décès ils arrosent de leurs larmes et recouvrent de terre , &c. X»es Indiens prévenus de l'idée de la. métempsyco- se f sont encore persuadés aujourd'hui qu'un corps aussi majestueux que celui de l'élépbant, ne peut être animé qnè par l'ame d'un grand homme ou d'un roi. On respecte à 8iam , à Laos ,■ k Pégu, &C. les éléphans blancs com- mue les mânes vivans des empereurs I ''Vm liiiinirf.uiU>i.«»é> 1» ■* ♦ J*»**#,' -^■v.^,-~ zstgéré seBÎâ^ ont attribué itelleetuell^ ine; Mlien, très aateiiF» ^aintdedoii- îurs raison- le et innëe , Fadoration Ja lune , Tu- l'adoration , piété envers labiés qu'ils l'après leur i larmes et Les Indien» ëtempsyco-' ui;ourd*hui X que eclui anime qnè le ou d'uiï ^ hàos , è ancs com- empereurs ft B t'iLÊPH AN tK 4^ êe l'inde ; iU' ont chacun un palds^/ une maison t^omjpbaiée d'un noîùbeèyx^ domestique , iiné 'vaisselle d'or , àéê mets choisis, des vétemens nlagnifi-^ ques, et sont dispenser -de tout tràVàily de toute obéissance ; Pempereur irivàïii est le 'seul , detaiit lequel ils fléchissent les genoux ; et ce salùt leur est rendii par le monarque. Cependant les àften-^ lions^les respects , les offrandes les flàt-^ tent sans les corrompre, ils n'ont' donc pas une :( humaine*, cela seul déVroit «uffire poar le démontrer aux Indiens, En écartant les fables de la crédule antiquité , en rejetant aussi les fictions' puériles de la superstition toujours subsistante, il reste encore assez à l'élé* phant , aux yeux même du philosophe, pour qu'il doive le regarder comme un être dé la première distinction ; il est digne d'être connu , d'être observé j fibils tâcherons donc d'en déèrire l'his^ toire sans partialité , o'eât-à-dire, san^ admiration ni mépris : nonsle considé-^ /, ïi i 1 f (• ■ r '■^ \ < 44 HISTOIRE NATURELLE reiiQlia d'abord dans son étiat do nature lorsqu'il est indépendant jet libre , et enBiûte dans sa condition de scirvitude ou de domesticité ,. où la yolonté de son maître est en partie le mobile de la sienne. », . , •■; ,, !.■ ;>v,tw^.4t,r>, , ,..:,> V..; ^j Dans rétat d». aanyage-^ l^élépliaiit n!est ni sanguinaire. ni féroce; il est d'un naturel doux y et jamais il ne fait abuç de ses armes ou de sa force ; il ne les emploie,, il ne les exerce que pçuir se défendre lui-même ou pour proté- ger ses semblables ; il a les mœurs so^ çiales \ ou le voit rarement errant on solitaire ^ il marche ordinairement de compagnie : le plus âgé conduit la troupe , le second d'âge la fait aller et marche le dernier \ les jeunes et les foibles sont au milieu des autres \, les mères portent leurs petits et les tien- nent einbrassés de leur îrompe; ils ne gardent cet ordre que dans les mar- ches périlleuses, lorsqu'ils vont paître sur des terres cultivées j ils se pron^i^ -:• ( \-^.5J^âiiJtS-':. ELLE at do nature fit libre , et de fic^vitudô volonté de B mobile de 9 I;ëlép}iaht l'oce ; il est lis il ne fait force ; il ne ce que p^uit pour protë- ! mœurs 8o- : errant on lirement de conduit la ait aller et mes et les autres ^ les ït lestien- »pe; ils ne s les mar- rent paître I se promis ©•K îi ÉLÉPHANT. 4A fient on voyagent avec moins de pré- cautions dans les forêts et dans les soli- tudes , sans cependant se séparer abso-^ Kl ment, ni même s'écarter assez loin pour être hors de portée des secours et des avertissemens : il y en a néanmoins quelques-uns qui s'égarent ou qui traîr nent après les autres , et ce sont les seuls que les chasseurs osent attaquer ^ car il faudroit une petite armée pouia assaillir la troupe entière ^ et l'on ne pourroit la vaincre sans perdre beau- coup de monde ; il seroit même dange- reux de leur faire la moindre injure ^ ils vont droit à loffenseur y et quoique la masse de leur corps soit trës-pesan* te , leur pas est si grand , qu'ils attei- gnent aisément l'homme lé plus lé- ger à la course , ils le percent de leurs défenses ou le saisissent avec la trom- pe, le lancent comme une pierre et achèvent de le tuer en le foulant aux pîcds ; mais ce n'est que lorsqu'ils sont {provoqués qu'ils foui ainsi main-bassa /i iiii,ié^ismtÊ^- 46 HISTOIRE NATURELLE sur les hommes , ils ne font aucun mat à ceux qui ne les cherchent pas. Ce- pendant comme iis sont susceptibles et délicats sur le fait des injures , il est bon d'éviter leur rencontre , et les voyageurs qui fréquentent leur pays allument de grands feux la nuit et battent de la caisse pour les empêcher d'approcher. On prétend que lorsqu'ils ont une fois été attaqués par les hom- mes I ou qu'ils sont tora bés dans quel- que embûche^ ils ne l'oublient jamais , et qu'ils cherchent à se venger en toute occasion. Comme ils ont l'odorat ex- cellent et peut-être plus parfait qu'au- cun des an imaux , à cause de la grande étendue de leur nez , l'odeur de l'hom- me les frappe de très-loin, ils pourroient «isément le suivre à la piste. Les an- ciens ont écrit que les éléphans arra- chentl'herbe des endroits où le chasseur a passé , et qu'ils se la donnentde main en main pour que tous soient informes du passage et de la marche de l'enne- [■ ».r*>'*<'- ■ ;-«--'^.»-is-l«*î..,#'* V ^ . . -- , ^ :'k- LLB t aucun mal cnt pas. Ce- susceptibles ijures , il est tje, et les t leur pays la nuit et 138 empêcher le lorsqu'ils arles bom- 1 dans quel* ?nt jamais , jer en toute 'odorat ex- rfait qu'au- jc la grande r de rbom- 1 pourroient e. lies an- )faan8 arra- le chasseur intde main it informes î de l'enne- I^E L'ÉLÊVHANT. ^f mi. Ces animaux aiment le bord deri- fleuves , les profondes vallées, les lieux ombrages et les terreins .humides ; ils ne peuvent se passer d'eau , et la trou- blent avant de la boire ; ils en remplis- sent souvent leur trompe y soit pour la porter à leur bouche ou seulement pour se rafraîchir le nez, et s'amuser en la ré~ pandant à flot ou l'aspergeant à la ron- de -y ils ne peuvent supporter le froid et souffrent aussi de l'excès de la chaleur y car pour éviter la trop grande ardeur du soleil y ils s'enfoncent autant qu'ils peuvent dans la profondeur des forêts, les plus sombres, ils se mettent aussi assez souvent dans l'eau y le volume énorme de leur corps leur nuit moins qu'il ne leur aide à nager, ils enfon- cent moins dans l'eau que les autres animaux , et d'ailleurs la longueur de leur trompe qu'ils redressent en haut et par laquelle ils respirent , leur ôte to ute crainte d'être submergés. Leurs alimens ordinaires sont des- > ! J! t s I ^.■*j-i.»«?#'aat. — -^-; H HISTOIRE NATI7R£L14.- DE L' Ê L É P H A N T. 4^ venl malgré ces prëcantions , les élé- phans viennent s'en emparer , en clias- sent le bëtail domestique , font fuir les bommes et quelquefois renversent de fond en comble leurs minces habita- tions. Il est difficile de les épouvanter, et ils ne sont guère susceptibles de crainte. La seule chose qui les sur- prenne et puisse les arrêter , sont les feux d'artifice , les pétards qu'on leur lance , et dont l'effet subit et promp- tement renouvelé les saisit tt leur fait quelquefois rebrousser chemin. On vient très -rarement à bout de les sé- parer les uns des autres ^ car ordinai-* rement ils prennent tous ensemble le même parti d'attaquer , de passer in- différemment , ou de fuir. Lorsque les femelles entrent en cha- leur , ce grand attachement pour la société cède à un sentiment plus vif; la troupe se sépare par couples que le désir avoir formés d'avance ; ils se prennent par choix ; se dérobent , e( .Quadrup. XU. 5 ■ i / ■ *HHr-«-4t.-^*''**'"* "*" j-.»nff hl ( !■{ fîo HISTOIRE NATURELLJÎ dans leur marche Vamour paroît \eà préce'der et la pudeur les suivre ; car le mystère accompagne leurs plaisirs. On ne les a jamais vu s'accoupler, ils craignent sur-tout les regards de leurs semblables; et connoissent peut-êtro mieux que nous celte volupté pure de jouir dans le silence, et de ne s'occuper que de l'objet aimé. Ils cherchent les bois les plus épais , ils gagnent les soli- tudes les plus profondes pour se livrer sans témoins , sans trouble et sans ré- serve , à toutes les impulsions de la nature ; elles sont d'autant plus vives et plus durables , qu'elles sont plus rares et plus long-temps attendues ; la fe- melle porte deux ans; lorsqu'elle est pleine , le mâle s'en abstient , et ce n'est qu'à la troisième année que renaît la saison des amours. Ils ne produisent qu'un petit , lequel au moment de sa naissance a des dents , tête par la gueu- le f comme les autres animaux , et est çléjà plus gros qu'un sanglier ^ cepen^ 1 ^^^;ïî. -4(1. «w-*;-*»'^*--'**' ■■»***<' j^Tj r'^-'T- DR L* É L É P H A N T. 5i 9 dant les défenses ne sont pas encovo apparentes; elles commencent à percer peu de temps après, et à l'âge de six mois elles sont de quelques pouces do longueur j Tél^phant à six mois est déjà plus gros qu'un bœuf, et les défenses continuent de grandir et de croît) e jusqu'à l'âge avancé , pourvu que l'ani- mal se porte bien et soit en liberté; car on n'imagine pas à quel point reà- clavage et les alimens apprêtés dété- riorent le tempérament et changent les habitudes naturelles de l'éléphant. On vient à bout de le dompter , de le soumettre , de l'instruire , et comme il est plus fort et plus intelligent qu'un autre , il sert plus à propos, plus puis- samment et plus utilement; mais ap- paremment le dégoût de sa situation lui reste au fond du cœur , car quoi- qu'il ressente de temps en temps les plus vives atteintes de l'amour , il ne produit ni ne s'accouple dans l'état de .domesticité. Sa passion contrainte dé- f'-^f* - f.4*r».<»».^cr'** * V'--»".* ..^ -A, 5M«Qi«*»**'.-% fV 68 mSTOÎRE NATURFXT.E gf^nèrc en fureur : ne pouvant se na- tisfaire sans tt^moins , il s'indigne , il s'irrite y il devient insensé , violent, et Ton a besoin des chaînes les plus fortes et d'entraves de toutes espèces pour arrêter ses mouvemens et briser sa colère. Il diffbre donc de tous les animaux domestiques que Thomme traite ou manie comme des êtres sans volonté ', il n'est pas du nombre de ces esclaves nés que nous propageons , mu- tilons , ou multiplions pour notre uti- lité ; ici l'individu seul est esclave, l'espèce demeure indépendante, et re- fuse constamment d'accroître au profit du tyran. Cela seul suppose dans l'élé- phant des sentimens élevés au-dessus de la nature commune des bètes : res- sentir les ardeurs les plus vives et re- fuser en même temps de se satisfaire, entrer en fureur d'amour et conserver la pudeur , sont peut-être le dernier effort des vertus humaines , et ne sont dans ce majestueux animal que d^a ; 1 } f y)B l' ÉLÉPHANT. 55 actes ordinaires, auxquels il n'a jamaia manque ; rindignation de ne pouvoir s'accoupler sans témoins , plus forte que la passion même , en suspend , en détruit les effets , excite en même temps la colère , et fait que dans ces momens il est plus dangereux que tout autre animal indompté. Nous voudrions, s'il ëtoit possible , douter de ce fait , mais les naturalistes , les historiens , les voyageurs , assurent tous de concert que les éléphans n'ont jamais produit dans l'état de domesti" Qité. Les rois des Indes en nourrissent en grand nombre , et après avoir inu- tilement tente de les multiplier comme les autres animaux domestiques , ils ont pris le parti de séparer les mâles des femelles , afin de rendre moins fréquens les accès d'une chaleur stériL qu'accompagne la fureur. Il n'y a dono aucun éléphant domestique qui n'ait élé sauvage auparavant, et la manièro «le les prendre , de les dompter , de lea Q. %0»imA>m»^' *'z. ^^ HISTOIRE NATURELLE soumettre y mërite une attention par^ ticulière. Au milieu des forêts et dans un lieu voisin de ceux qu'ils fréquen- tent , on choisit un espace qu'on envi* ronne d'une forte palissade ; les plus gros arbres de la forêt servent de pieux principaux contre lesquels on attache des traverses de charpente qui soutien- nent les autres pieux : cette palissade est faite à claire-voie , en sorte qu'un homme peut y passer aisément : on y laisse une autre grande ouverture , par laquelle l'ëlëphant peut entrer , et cette baie est surmontée d'une trappe suspendue ^ ou bien elle reçoit une bar- . rière qu'on ferme derrière lui. Pour l'attirer jusque dans cette enceinte , il faut 1 aller chercher ; on conduit une femelle en chaleur et privée dans la forêt , et lorsqu'on imagine être à por- tée de la faire entendre , son gouver- neur l'oblige à faire le cri d'amour ; le mâle sauvage y répond à l'instant et se met en marche pour la joindre : on la ■Il rtt, ■*, «W^-S .■■■ifei'iiWiM>-ta*" REtLE ttention par- orêts et dans l'ils frequen- qu'on envi* de ; les plus ''ent de pieux s on attache qui soutien* tte palissade sorte qu'un Ment : on y ''erture, par entrer , et 'une trappe oit une bar-- 5 lui. Pour uceînte, il onduit une ee dans la être àpor- n gouver- amour; Je stant et se re : on la f DE l/ Ê L é P H A N T. 5^ fait marcher elle-même en lui faisant de temps en temps répéter l'appel , elle arrive la première à l'enceinte oi!i le mâle la suivant à la piste entre par la même porte ; dès qu'il se voit enfer- mé; son ardeur s'évanouit, et lorsqu'il apperçoit les chasseurs , elle se change en fureur : on lui jette des cordes à nœuds coulans pour l'arrêter j on lui met des^ntraves aux jambes et à la trompe , on amène deux ou trois élé- phans privés et conduits par des hom- mes adroits ; on essaie de les attacher avec l'éléphant sauvage ; enfin l'on vient à bout par adresse , par force , par tourment et par caresse , de le dompter en peu de jours. Je n'entrerai pas à cet égard dans un plus grand dé^ tail , et je me contenterai de citer le» voyageurs qui ont été témoins oculai- res de la chasse des éléphans ; elle est diflFérente , suivant les différens pays , et suivant la puissance et les facultés de ceux qui leur font la guerre , car au lî », 56 HTSTOTRB NATURELLE lieu de construire , comme les rois do Siam f des murailles , des terrasses , ou de faire des palissades , des parcs et de vastes enceintes , les pauvres Nè- gres se contentent des pièges les plus simples en creusant sur leur passage des fosses assez profondes pour qu'ils ne puissent en sortir lorsqu'ils y sont tombés. Les Hollandais de Ceylan , dit M> Blés , ont toujours un certain nom- bre d'élcplians en réserve , pour atten- dre l'arrivée des marchands du conti- nent de l'Inde , qui y viennent acheter ces animaux , dans la vue de le» re- vendre ensuite aux princes indiens; souvent il s'en trouve qui ne sont pas assez bien conditionnés , et que ces marchands ne peuvent vendre : ces éléphans, défectueux et rebutés , res- tent à leur maître pendant nombre d'années, et l'on s'en sert pour la chasse des cléphans sauvages. Quelquefois il arrive ; soit par la néligence des gar- •'-*; j.*5*»H -.-*. •,-,.* -4' fi ïï>t il' I i im f v^ s \\\ i \ /I il V' t-tur*^"' 58 HISTOIRE i;a.titrelle années qu'il a fait à Ceyian , que la femelle ait produit plus d'un petit à-la- fois. Dans les grandes chasses qu'on fj^it tous les ans dans cette île, aux' quelles il a assisté plusieurs fois, il en a vu souvent prendre quarante à cin^ quante , parmi lesquels il y avcit des éléphans tout jeunes ; et il dit qu'on ne pouvoit pas reconnoître quelles étoient les mères de cbacun de ce^ petits éléphans , car tous ces je ânes niiimaux paroissent faire manse com-^ mune y ils tètent indistinctement celles des femelles de toute la troupe qui ont du lait f soit qu elles ayen*t elles-mêmes un petit en propre, soit qu'elles n'en ayent point. M. Marcellus Blés a vu prendre les éléphans de trois manières différentes ^ ils vont ordinairement en troupes sé- parées f quelquefois à une lieue de dis- tance l'une de l'autre ; la première manière de les prendre est de les en- tourer par un attroupement de quatre "■^U^-n-iàfl ELLE Jan , que la un petit à-la- basses qu'on te île, aux- rsfois, il eu rante à cin- l y avoit des il dit qu'on itre quelles cun de ces î ces jeunes nanse com-^ îinent celles "pe qui ont îlles-mêmes u'elles n'en prendre les différentes; troupes se'- eue de dis- première de les en- de quatre 1 I D B L' É L É P H A N t. 5§ OU cinq cents hommes qui , resserrant toujours ces animaux de plus près, en les épouvantant par des cris , des pë*- tards , des tambours et des torches allu- mëes , les forcent à entïer dànd une espèce de parc entouré de fortes palis- sades , dont on ferme ensuite Touver- turc pour qu'ils n'en puissent sortir. La seconde manière de les chasser ne demande pas un si graiid appareil ; il suffit d'un certain nombre d'hommds lestes et agiles à la course , qui vont lès chercher dans les bois ; ils ne s'atta- quent qu'aux plus petites troupes d'ëlé- plians , qu'ils agacent et inquiètent au point de les mettre en fuite ; ils lès suivent aîsëinent à la course , et leur j,ettent un on deux lacs de cordes très- fortes aux jambes de derrière : ils tien- nent toujours le bout de ces cordés jusqu'à ce qu'ils trouvent l'ocoasion favorable de l'entortiUer autour d'un arbre ; et , lorsqu'ils parviennent à ar- fêter sÀmi un éléphant iiattT>gè dana ) t A '-• •• ,, «.-'.iM* ^ .^,,_^^ '«■ \3'm '♦'" -"^VTT^Vv. *^-i,r'-fcr'- ! I '■- '?'i I il: È ê { 60 HISTOIRE NATURELLE sa course, ils amènent à l'insi:ant deux éléphans prives, auxquels ils at.fachenl l'élëphant sauvage j et, s'il se routine , ils ordonnent aux deux apprivoisas de le baltre avec leur tiompe jusqu'à ce qu'il soit comme otourdi , et enfin ils le conduisent au lieu àc sa destination. La troisième manière de prend; ; les élcphans ., est de mener queiques fe« ruelles apprivoisées dans les forêts 5 celles ne manquent guère d'attirer quel- qu'an des éléphaiis sauvages , et de les séparer de leur troupe , alors une partie des chasseurs attaque le reste de cette . troupe pour lui faire prendre la fuite, tandis que les autres chasseurs se ren- dent maîtres de cet éléphant sauvage isolé , l'attachent avec deux femelles, et l'amènent ainsi jusqu'à l'étable ou jusqu'au parc où on veut le garder. Les éléphans, dans l'état de liberté , vivent dans une espèce de société du- rable ; chaque bande ou troupe reste «éparée^ et n'a aucun commerce iives i. : . w »r-^ .,... ■ii,ii0is»m. VM»» •»■— < ■■■•■•** ■>»'«,- ■»••<".- "'■' l^j^*-" '<. . ' RELLE l'instant deux s ils al fâchent 'il se rautine , ipprivoisKîS do ipe jusqu'à ce , et enfin il s le destination. ds prend; ^ les • queiques fe- is les forêts ^ d'attirer quel- iges , et de les [ors une partie reste de cette ndre la fuite, sseurs se ren- )hant sauvage eux femelles, à retable ou le garder, at de liberté , e société du- troupe reste nmerce iiye« I DEL' ÉLÉPHANT 6i 'autres troupes^ et même ils paroissent 'entr'éviter très-soigneusemçnt. t Lorsqu'uae de ces troupes se met en arche pour voyager ou changer de omicile , ceux des mâles qui ont les éfenses les plus grosses et les plus ongues y marchent à la tête ; et s'ils |prenoontrentdans leur route une rivière n peu profonde, ils la .passent lespre- iers à la nage, et paroissent sonder terrein du rivage opposé ; ils don- lient alors un signal par un son de leur érompe , et dès lors la troupe avertie Centre dans la rivière , et , nageant en le , les éléphans adultes transportent eurs petits en se les donuiant pour insi dire de main en main ; après quoi ous les autres les suivent, et arrivent au rivage où. les premiers |es atten- dent.' . . ■--; . -■ ;.;:. ...n| ^;.-. .:. • .. Une autre singularité remarquable/ c'est que quoiqu'ils se, tiennent tou- jours par troupes , on trouve cependant 4e temps en temps d'^s éléphans sépa-. Quadrur , .11 i. ^ ^'^m êi HISTOIRE NATURELLE tés et errans seuls et éloignée des an- tres, et qui ne sont jamais admis dans aucune compagnie , comme s'ils ëtoiënt l)annis de toute sociëtë. Ces ëlëi^ans solitaires ou reprouyés sont très^më- chans , ils attaquent souvent; les hom- mes et les tuenit ; "et tandis que , sui< le «noindre mouvement , et à la tme dt r'homme( pourvu qu'il ne -se fasse pas avec tro]> de précipitation ) , une troupe «ntière d''^ëphans s'éloignera , oes'élé* plians solitaires l'attendent non^seule- ment de pied<*ferme , mais même l'at- •taquefit aVecftireur, en sortequ'on est ■obligé de les tuer à coups de fusik On n'a jamais ^rencontré deux de ces éië- ^hans en sentie, ils vivent seuls et sont tous mâlesj et l'on ignore s'ils re- Tiherchent les femelles , car ya. ne le* a jamais vus les suivre ou les aocom- noi tr.iîf: .^^^l^t^-*%y0:r^rf,ri:a};. \Kmm^, URELLR loignés des an- aais admis dans I me s'ils ^toiëut L Ces ëyphans I sont très^me- tyent les hom- idisque, sur le et à la tue dt ne -se fasse pas )n), nne troupe igtiera y oeséU* ent iion-'seule- lais même Tat- sortequ'on est |>s defusikOn 511X deces éié- ïnt seuls et sont ;nore s*Ms re- car :>ii ne' le« ouïes aocom- on assez inté' outesies cfaas- rcellus Blés « DEL' ÉLÉPHANT. 6$ assisté , et parmi des milliers d'éléphan» qu'il dit avoir vus dansl'ile de Ceylan, à peine en a-t-il trouvé un sur dix qui fût armé de grosses et grandes défen- ses ; et {juoique ces éléplians ayent autant de force et do vigueur que les autres, ils n'ont néanmoins que do petites défenses , minces et obtuses , qui ne parviennent jamais qu'à la lon- gueur d'un pied à*peu-près ; et on no eut, dit-il, guère voir, avant l'âge de Idouze à quatorze ans , si leurs défense» deviendront longues, ou si elles reste- iront à ces petites dimensions. Le même M. Marcellus Blés m'a' écrit, en dernier lieu, qu'un parti- culier , homme très-instruit, établi depuis long-temps dans l'intérieur de l'ile de Ceylan , Pavoit assuré qu'il existe dans cette île une petite racef d'éléphans , qui ne deviennent jamais plus gros qu'une génisse : la même chose lui a été dite par plusieurs autres personnes dignes de foi ^ il est vrai^i y M' HISTOIRE NATURELLE ajoute-t-il, qu'on ne voit pas souvent ces y»'>ti»s ëlëphans , dont l'espèce ou l'i r;ic< ; 5t bien plus rare que celle des îiutres ; la longueur de leur trompe est proportionnée à leur petite taille ; ils ont plus de poil que les autres ëléphans, ils sont au&^i ^jjus sauvages, et au moin« dre bruit s'enfuient dans l'épaisseur des bois. ^ : - ' -i ; • L'éléphant une fois dompté, devient le plus doux , le plus obéissant de tous les animaux : il s'attache à celui quile soigne , il le caresse , le prévient et semble deviner tout ce qui peut lui plaire ; en peu de temps il vient à comprendre les signes et même à en- tendre l'expression des sons -, il distin- gne le ton impératif, celui de la colère ou delà satisfaction , et il agit en con* fîéqueiice. Il iie se trompe point à la parole de son maître , il reçoit ses or- dres avec attention, le» exécute avec prudence , avec empressement . sans précipitation^ <"ar ses mouveme^is sont ■■-*^ ■ : AELLE t pas souvent it l'espèce on ) que celle des ur trompe est :ite taille ; ils très ëléphansy 35, et au moin- 18 Udpaisseur ' r*( . - ■ * j. . nptë, devient issant de tous ) à celui quile B prévient et qui peut lui ?s il vient à : même à en^ ms ; il distin- ûi de la colère 1 agit en con- pe point à la reçoit ses or- îxécute avec sèment, sans ivemeiis sont D E L' É L É P H A N T, 65 [toujours mesures, et son caractère pa- roit tenir de la gravite de sa masse , ou lui apprend aisëment à fléchir les ge- noux pour donner plus de facilité à ceux qui veulent le monter j ihcaresse ses amis avec sa trompe, en salue les gens qu'on lui fait remarquer; il s'en ^crt pour enlever des fardeaux et aide lui-même à se charger ; il se laisse vêtir et semble prendre plaisir à e voir cou- vert de harnois dorés et ^de houssesr brillantes -, on Tattelle , on l'attache par des traits à des chariots, des char~ TMes, des navires, des cabestans; il t.^ égale I ont, continûment et sans se icbuter^ pourvu qu'on ne l'insulte pas i :}' des coups donnés mal-à-propos, et qu'on a t l'air de lui savoir gré de la bonne volonté avec laquelle il emploid ses forces. Celui qui le conduit ordi- nairement est monté sur son cou et se .sert d'une verge de fer , dont l'extré- mité fait le crochet, ou qui est armée d'un poinçon avec lequel on le pic|u« •• m ^ 1 1 '€G HISTOIRE NATUnELLfe sur la ItMo , à cote des oreilles pour l'a- vertir , le détourner ou le presser, mais souvent la parole suffît , sur-tout s'il a eu le temps de faire connoissance complète avec son conducteur et de prendre en lui une entière confiance; son attachement devient quelquefois si fort y si durable , st son affection si profonde , qu'il refuse ordinairement de servir sous tout autre , et qu'on l'a quelquefois vu mourir de regret d'avoir, dans un accès de colère ^ tué son gouverneur. L'espèce de rélépliant ne laisse pas d'être nombreuse , quoiqu'il ne pro- duise qu'une fois et un seul petit tous les deux ou trois ans. Plus la vie des animaux est courte et plus leur pro- duction est nombreuse ; dans l'éléphant la durée de la vie compense le petit nombre , et s'il est vrai , comme on l'assure , qu'il vive deux siècles et qu'il engendre jusqu'à cent vingt ans, cha^ que couple produit quarante petiti -<{- Vi f^^"*'. i.''»'"*«"^fc. ; «-.iW^Illfcur.l»!!».,^,^ r-— iv*N.^fc»-- .^s;::^. «■y^'-w»^ D E L' É: L É P H A N T. Gf [dans cet espace de temps : d'ailleurs n'ayant rien h craindre des autres ani- maux f et les hommes même ne les prenant qu'avec beaucoup de peine, Irespèce se soutient et se trouve géné- ralement répandue dans tous' les pays méridionaux de l'Afrique et de l'Asie j il y en a beaucoup à Ceylan, au Mogol, à Bengale , à Siam , à Pégu , et dans toutes les autres parties de l'Inde : il y en a aussi , et peut-être en plus grand nombre , dans toutes les provinces de l'Afrique méridionale , à l'exception de certains cantons qu'ils ont aban- donnés , parce que l'homme s'en est absolument emparé. Ils sont fidèles à leur patrie et constans pour leur cli- mat -, car quoiqu'ils puissent vivre dans les régions tempérées , il ne paroi t pas qu'ils ayent jamais tenté de s'y établir ni même d'y voyager ; ils étoient jadis inconnus dans nos climats. Il ne paroît pas qu'Homère, qui parle de l'ivoire , couniit l'animal qui le porte. Alexandre i y f '1^ 68 HISTOIRB NATUIIELLK est le premier qui ait montré l'éléphant à l'Europe -, il fit passer en Grèce ceux qu'il avoit conquis sur Porus -, et ce furent peutrêtre les mêmes que Pyr- rhus , plusieurs années après , employa contre les Romains clans la guerre de Tarente , et avec lesquels Curius vint triompher à Rome. Annibal ensuite en amena d'Afrique , leur fit passer la Méditerranée, les Alpes, et les condui- sit > pour ainsi dire , jusqu'aux portes de Rome. De temps immémorial les Indiens se sont servis d'éléphans à la guerre : chez ces nations mal disciplinées , c'étoit îa meilleure troupe de l'armée , et tant que l'on n'a combattu qu'avec le fer , celle quidécidoit ordinairement du sort des batailles ; cependant l'on voit par l'histoire, que les Grecs et les Romains s'accoutumèrent bientôt à ces mons- tres de guerre j ils ouvroient leurs rangs pour les laisser passer ; ils ne clier- choient point à les blesser , mais lan- ^■k 'y^mm. V. ffcs. On environne leur ivoire d'anneaux d'or et d'argent , on leur peint les oreilles et les joues , on les couronne d« guirlan- es , on leur attache des sonnettes : ils • semblent se complaire à la parure, et .plus on leur met d'ornemens, pins ils sont caressans et joyeux. Au reste, l'Inde méridionale est le seul paya oii les éléphans soient policés à ce point : en A fkique , on sait à peine les domp- ter. Les Asiatiques , très - anciennt- ment -ivilisés , se sont fait une espèce d'art de l'éducat^n de l'éléphant , et. l'ont instruit et modifié selon leurs mœurs. Mais de tous les Africain» , les seuls Carthaginois ont autrefois dressé des éléphans pour la guerre , parce que * t. 7a HISTOIRE NATURELLE dans le temps de la splendeur de leur république » ils étoient peut-être en- core plus civilises que les Orientaux. Aujoui'd'hui il n'y a point d'éléphans sauvages dans toute la partie de l'Afri- que , qui est en-deçà du mont Atlas : il y en a même peu au-delà de ces mon- tagnes jusqu'au âeuve du Sénégal ; mais il s'en trouve déjà beaucoup au Sénégal même , eii Guinée , au Con- go , à la côte des Dents , au pays d'An- te , d'Acra , de Bénin et dans toutes les autres terres du sud de l'Afrique , jusqu'à celles qui sont terminées par le Cap de Bonne -Espérance , à l'ex- ception de quelques provinces très- peuplées , telles que Fida , Ardra , &c. On en trouve de même en Abyssinie , en Ethiopie , en Nigritie , sur les côtes orientales de l'Afrique et danli l'inté- rieur des terres de toute cette partie du monde. Il y en a aussi dans les gran- des îles de l'Inde et de l'Afrique , com- me à Madagascar; à Java et jusqu'aux Philippines. 'M '4k r..%?^^BlS| ?»,'* ...#'' JHELLK ndeur de leur peut-être en- les Orientaux, int d'<;iëphans irtie de l'Afri- i mont Atlas : ?là de ces mon- du Sénégal ; beaucoup au née , au Con- au pays d*An- t dans toutes àe l'Afrique , terminées par iwce , à l'ex- évinces très- a, Ardra,&c. n Abyssinie , , sur les côtes t d&n% l'inté- 8 cette partie dans les gran- ^frique , corn- et jusqu'aux DE L' É L É P H A N T. yS Après avoir conféré les témoignages es historiens et des voyageurs , il nous paru que les éléplians sont actuelle- lent plus nombreux, plus fréqnens en frique qu'en Asie; ils y sont aussi oins défians, moins sauvages, moins étirés dans les solitudes : il semble u'ils connoissent l'impéritie et le peu e puissance des hommes auxquels ils %mt affaire dans cette partie du monde ; lus viennent tous les jours et sans au- cune crainte jusqu'à leurs habitations ; fis traitent les Nègres avec cette indif- férence naturelle et dédaigneuse qu'ils ^ t)nt pour tous les animaux, ils ne les re- ^tjgardentpas comme des êtres puissans, i*jforts et redoutables, mais comme une |;espèce cauteleuse, qui ne fait que dres- ser des embûches, qui n'ose les attaquer en face , et qui ignore l'art de les réduire en servitude. C'est en effet par cet art connu de tout temps par les Orientaux, que ces animaux ont été réduits à un «loindre nombre ^ les éléphans sauva- Qiiudrujp. m. 7 « I r-**-^^ tf. 74 HISTOIRE NATURELLE ges, qu'ils rendent domestiques^ de- viennent par la captivité autant d'eu'^ iiciques volontaires dans lesquels se ta- irit chaque jour la source des généra- tions; au lieu qu'eu Afrique, où iU 8out tous libres , l'espèce se soutient et ppprroit même augmenter en perdant davantage , parce que tous les individus t:ravaiUent constamment à sa répara* lion. Je ne vois pas qu'on puisse attri^ buer a une autre cause cette différence de nombre dans l'espèce j ca&* en con- sid^rftnt les autres effets, il paroît que Je climat de l'Inde méridionale et dç l'Afrique orientale est la vraie patrie , lie pays naturel et le séjour le plus cx>n- i,yçn^ble à l'éléphant ;, il y est beaucoup *|>l]as grand, beaucoup pliAs fort qu'en .O^jinée et dai;is toutes les autres par- ,ties de l'Afrique occidentale j l'Inde piéridionale et ^'Af^q^e orientale, sont dont les contrées dont la terre et Je ciel lui conviennent le mieux *, et §m effet ^ il craint l'excessive chaleur. .i...i ^■-..-Çî^fcdKV- DE L' ÉLÉPHANT. 75 il n'habite jamais dans les sables hvà- lans y et il ne se trouve en grand nom* brc dans le pays des Nègres^ que le long des rivières et non dans les terres êkvëes; au lieu qu'aux Indes ) les plus ptiissansy les plus courageux de l'es- pèce et dont les armes sont les plus for- tes et les plus grandes , s'appellent élé' phan» de monéagne , et habitent en effet les hauteurs où l'air étant pUia tempéré , les eaux moins impures , les atimens plus sains , leur nature arrive à son plein développement et acquiert toute son étendue , toute sa perfipction. En général , les éléphans d'Asie l'em- portent par la taille , par la force , &c. sur ceux de l'Afrique ; et en particu- lier ceux de Ceylan sont encore supé- rieurs à tous ceux de l'Asie, non par la grandeur , mais par le courage et par Fintelligence : probablement ils ne doi- vent ces qualités qu'à leur éducation plnspeiiectionnée à Ceyla- qu'ailleurs ; mais tous les voyageurs ont célébra î^ 11. 96 histoihe naturelle les eléphans de cette ile, où, comnit l'on sait, ]e teirein est groupé par mon' tagnes , qui vont en s'elevant à mesure qu'on avance vers le centre , et où la chaleur, quoique très -grande^ n'est 5)as aussi excessive qu'au Sénégal , en Guinée et dans toutes les autres par- ties occidentales de l'Afrique. Les an- ciens qui ne connoissoient de cette par- tie du monde que les terres situées entre le mont Atlas et la Méditerra- nc'e, avoient remarqué que les élépbans de la Libye étoient bien plus petits .que cf ux des Indes ; il n'y en a plus au- jourd'hui dans cette partie de l'Afrir .que, et cela prouve encore, comme nous Ta vous dit à l'article du Lion, que les hommes y sont plus nombreux do tios jours, qu'ils ne Tétoient dans le siècle de Carthage. Les eléphans se sont retirés à mesure que les hommes les ont inquiétés j mais en voyageant sous le ciel de l'Afrique , ils n'ont pas changé de nature i car ceux du Séné- DE L' É L é P H A N T. 77 ^nl , de la Guinée , &c. 80i>t , comme l'étoient ceux de la Li; ye, beaucoup plus petits que ceux des Grandes-Indes. La force de ces animaux est propor- tionnelle à leur grandeur ; les ëléphans des Indes portent aisément trois ou quatre milliers ; les pluit petits , c'est^ à-dire, ceux d'Afrique, enlèvent li- brement un poids de deux cents livres avec leur trompe , et le placent eux- mêmes sur leurs ëpaules ; ils prennent dans cette trompe une grande quantité d'eau qu'ils rejettent en haut ou à la ronde; à une ou deux toises de dis- tance ; ils peuvent porter plus d'un millier pesant sur leurs défenses ; la trompe leur sert à casser les branches des arbres , et les défenses à arraci)- r les arbres mêmes. On peut encore ju- ger de leur force par la vitesse de leur mouvement , comparée à la masse de leur corps -: ils font au pas ordin&ir« à -peu -près autant de chemin qu'un cheval en fait au petit trot , et autant 78 î! oTOIRE NATURELLE ^u\\n cheval au galop lorsqu'il c:>u- lent , ce qui clans l'ctat de liberté ne leur arrive guère que quand ils sont animes de colère ou poussés par la crainte. On mène ordinairement au pas les éléplians domestiques ; ils font aisément et sans fatigue quinv:e ou vingt lieues par jour ; et quand on veut les presser, ils peuvent en ^lire trente-cinq ou quarante. On les entend marcher de très-loin , et l'on peut aussi les suivre de très-près à la piste , car les traces qu'ils laissent sur la terre ne sont pas équivoques; et dans les lerreins oh le pied marque, elles ont quinze ou dix-huit pouces de diamètre. Un éléphant domestiqua r^nd peut- être à son maître plus de service que cinq ou six chevaux , mais il lui faut du foin et une nourriture abondant^ et choisie ; il coûte environ quatre francs ou cent sous par jour à nourrir. On lui donne ordinairement du risj cl:ud ou cuit, mêlé avec de l'eau , et L '^à^mti^-^-^mt^^ H-' ***-«\ DE L' É L /^: P H A N T. 7g on prétend qu'il faut ceni livres de riz par jour y pour qu'il s'entretien- ne dans sa pleine vigueur ; on lui donne aussi de l'herbe pour le ra- IValcliir, car il est sujet à s'écLar f(T, et il faut le Aener à Teau r V laisser baigner deux ou trois fois jour. Il apprend aisément à se lavej lui-même ; il prend de l'eau dans sa trompe , il la porte à sa bouche pour boire , et ensuite en retournant sa trompe , il en laisse couler le reste à flots sur toutes les parties de son corps» l*our donner une idée des services qn'il peut rendre , il sufïira de dire ^ '^ •X 8o HISTOIRE NATURELLE force , ils ne cassent ni n'endomnra- gent rien de ce qu'on leur confie ; qu'ils font tourner et passer ces paquets du bord des eaux, dans un bateau sans les laisser mouiller , les posant douce- ment et les arrangeant où l'on veut lea placer : et quand ils les ont dépo- sés dans l'endroit qu'on leur montre , ils essayent avec leur trompe s'ils sont bien situés , et que quand c'est un ton- neau qui roule, ils vont d'eux-mêmes chercher des pierres pour le caler et l'établir solidement , &c. Lorsque l'éléphant est bien soigné , il vit long- temps quoiqu'en captivité , et l'on doit présumer que dans l'état de liberté , sa vie est encore plus Ion-; gne. Quelques auteurs ont écrit qu'il vivoit quatre ou cinq cents ans , d'au- tres deux ou trois cents, et d'autres enfin cent vingt , cent trente , ou cent cinquante ans. Je crois oue le terme moyen est le vrai , et que si l'on «'est assure que des éléphaus captifs ; Mi>^%j..m- *^ 'i. k»i «w^*— -•■ rAL^JâS»"*- -ï.-*. •-'* .*(>, 4; ....jaaiùt4,:.1iteji-".?"-'^^^ éàFw^uâtimmm *': ^^ *"im*"!^^3%>àt- - — — rt^ HE L'ÉLÉPHANT. 8r Vivent cent vingt ou cent trente ans, ceux qui sont libres et qui iouissent do tontes les aisances de la vie et de ton» les droits de la nature , doivent vivre au moins deux cents ans ; de même si la durée de la gestation est de deux ans , et s'il leur faut trente ans pour prendre tout leur accroissement , on peut encore être assure que leur vie s'éten^* ^I HISTOIRE NATURELLE vingt<( livres de pain , douze pintes clé TÎn et deux seaux de potage , où il en- troit <;nGore quatre on cinq livres de pain ; et de deux jours l'un^ au lieu de potages , deux seaux de riz cuit dans l'eau , sans compter ce qui lui étoit donné par ceux qui le visitoient : il avoit encore tous les jours Une gerbe de blë pour s'amuser , car après avoir mange le grain des ëpis , il faisôit de» poignëes de la paille, et il s'en servoit pour chasser les mouches ; il prenoit plaisir à la ronipre par petits mor- ceaux , ce qu'il faisoit fort adroitement avec sa trompe, et comme oti le me- noit prom«?ner presque tous les jours , il arrachoit l'herbe et la mangeoit. L'éléphant qui étoit dernièrement à Naples, où, conlme l'on sait, la chaleur est plus grande qU'à Paria, n'y a cepen- dant vécu qu'un petit nombre d'an- nées : ceux qu'on a transportés vivans jusqu'à Pétersbourg, périssent succes- sivement malgré l'abri, les couvertu- •^it,-« ft*«- m-"*m>& DE L' ÉLÉPHANT. 83 r^s, les poêles ; ainsi Ton peut assurer que cet animal ne peut subsister de lui-même nulle part en Europe , et encore moins s'y multiplier. Mais je suis étonné que les Portugais qui ont connu y pour ainsi dire , les premiers le prix et l'utilité de ces animaux dans les Indes orientales n'en aient pas trans- porté danslesclimt^tsciliauds du Brésil, oh peuitrêtre en les laissant libres , il» auroient peuplé. !La couleur ordinaire dès élépbans est d'un gris cendré ou noirâtre; les blancs , comme nous l'a- vons dit ^ sont extrêmement rares , et on cite ceux qu'on a wiis eu difiFérens temps dans quelques enditot)ts des In- ;des , où il s'en trouve àus^ quelques- uns qui sont rouap, iet -ises élépbans blancs et rouges sont très-estimés ; au reste ces variétés scnat si rares, qu'on ne doit pas les regarder comme subsis- tantes par des races distinctes dans l'espèce*; mais plutôt ooAime des qua- lités accidentelles et purement indivi' ■ï ti HISTOIRE NATURELLE duelles ) car s'il en ëtoit autrement , on connoîtroit le paya des ëlëphantf blancs , celui deis rouges , et celui dea noirs, comme Ton connoît les climats des hommes blancs, rouges et noirs. « On trouve aux Indes des ël^phans d» trois sortes, dit le Père Vincent Ma- rie : les blancs qui sont les plus grands , les plus doux , les plua paisibles , sont estimes et adorés, par plusieurs nations, ccomme des dieux } les roux, tels quo ceux de Ceylan , quoiqu'ils soient lef plus petits de corsage, sont les plus Ta-> leurcux, les plus forts , les plus ner- veux , les meilleurs pour la guerre ; les autres , soit par inclination naturelle, soit parce qu'ils reconnoissent en eux quelque chose de plus excellent, leur portent un grand respect ; la troisième espèce est celle des noirs, qui sont les plus communs et les moins estimes. Cet auteur est le seul qui paroisse indiquer que le climat particulier des ëlëphans roux ou rouges est Ceylan ; les autros I>E L'£ LéPH A NT. 85 Irbyàgciirs n'en font aucune mention. Il assuré aussi que lesclëphans de Cey- lansont plus petits que les autres. Thë- venot dif la même chose dans la rela- tion de son voyage , page 960 , mais d'autres disent ou indiquent lé con* traire ' : enfin le Père Vincent Marie est encore le seul qui ait écrit que les ëléphans blancs sont les plus grands: le Père Tachard assuré ^ au contraire > que rëlëphant blanc du- roi de Siam ëtoit assez petit , quoiquMl fût très- vieu3C Après avoir comparé les tëmoi- ghages des voyageurs au sujet de la grandeur des ëléphans dans les diffé- rens pays, et réduit les différentes me- sures dont ils se sont servis y il' me pa» roit qùé les plus petits 'ëléphans sont ceux de l'Afrique occidentale et sep- tentrioiialé>'et que lés anciens, qui ne cémioissoient que cette partie septen- trionale de l'Afrique /oht eu raison de dire qu|en général lès ëléphans des In-* des étoient beaucoup plus grands quQ Quadrup. III. U çewx de rA&ique. Mais dans les terrcf orientales de cette partie du p^pnde , qui ëtoient incpnnues des anciens , les ëlëpfaans se spi^t trouves a^ssi grands , et peut-être même plus grands qu'^u^ Indes -y et d^^ns cette ^^Tcni^ve fé-^ gion , il parol^ q^e vçeux de J^ianii , de Fëgu , &p, Tef^ortent pfir ta titille sur ceux de Ceylf n, qi^i cepençliVfit , de l'a- veu un^liiniç de tous los voyageurs, sont les plua courageux et les pli^s^^r telligens. ::, » Après avoir indiqtié l^s principaux faits au sujet :de l'espèee > examinons en détail les fUcultus de l'individu^ les sens , les mouveméns , la grai^eur , la force > Tadi^s^e , l'inteliigenice, &c. ili'éiëpliant a .lea yeux tr^s-^petiM rcla-r tivement au voltiime despo ccMrp^, p:ffif§ ils sont brillana et spirituels j; «t Ce qui les distingue de ceux de tousles a^r^ animaux , c'est rcxp^ssion patbëtiquf du sentiment et là conduite presque rëflëchie dç tou^ leurs mouvemens y il V. les tôut-ne leTitement et avec tlouceur ver» aoiï ihàitf e , il à potir lui le regard de l'amitië , celui de l'attention lors-» qu'il parle , le coup-d'œil de l'intelli- gence qnatid il l'a écoute , celui de la pénëtt'ation lorsqu'il VèfUt le prévenir ; il semble réfléchir ^ d^ibérer , penser et ne se déterminer qu'après avoir exa- miné et regardé à plusieurs fois et dans précipitation, sans passion, les si*« gnes auxquels il doit obéir. Les chiens , dont les yeux ont beaucoup d'exprès*- siotl , sont des animaux trop vifs pour qu'on puisflè distinguer aiàément les nuances successives de leurs sensations ; mais comme l'éléphant est naturelle- ment grave et modéré , on lit pour ainsi dire dans ses yeux , dont les mou- vemens se succèdent lenitâiient, l'or- dre et la suite de se^ affections inlé- ricures. ' • ^' ' n a l'ouïe très-bonne , et cet organe est à l'extérieur , comme celui de l'o- dorat, plus marqué dans l'éléphant «,,«.■»• -* •» - *,»-s-,.,^,*^.i%;,r*^-'*»-pf ' ■-■• ■- ■' — "^^ I / 88 HISTOIRE NATURELLE quo dans aucun autre animal; ses oreil- les sont très - grandes , beaucoup plus longues , même à proportion du corps , que celles de Vâne , et applaties contre la tête comme celles de Thomme : elles sont ordinairement pendantes ; mais il Jes relève et les remue avec une grande facilité y elles lui servent à essuyer ses yeux , à les préserver de l'incommodi- té de la poussière et des mouches. Il se délecte an son dos instrumens , et paroit aimer la musique ; il apprend aisément à marquer la mesure , à se remuer en cadence et à joindre à propos quelques accejis au bruit des tambours et au son des trompettes. Son odorat est exquis, et il aime avec passion les parfums de tonte espèce et sur-tout les fleurs odorantes ; il les choi- sit , il les cueille une à une , il en fait des bouquets, et après en avoir savou- ré Todeur , il les porte à sa bouche et semble les goûter. La fleur d'orange est i^u de ses mets les plus délicieux ^ U. ■■\3^s <^* . ..... f. i DE L' ÉLÉPHANT. *9 dépouille avec sa trompe un oranger de toute sa verdure et en mange les fruits, les fleurs, les feuilles et jusqu'au | jeune bois. Il choisit dans les prairies les plantes odoriférantes , et dans les bois il préfère les cocotiers , les bana- niers , les palmiers , les sagoux ; et comme ces arbres sont moelleux et tendres , il en mange non-seulement les feuilles, les fruits , mais même les branches , le troiic et les racines : car quand il ne peut arracher ces bran- ches avec sa trompe , il les déracine avec ses défenses. A l'égard du sens du toucher , il ne Ta, pour ainsi dire^ que dans la trompe, mais il est aussi délicat , aussi distinct dans cette espèce de main que dans celle de l'homme. Cette trompe , côm- po •f ■> /,,■» . t 92 HISTOIRE NATURELLE mais un triple sens , dont les fonctions re'unies et conibinëes, sont en mémo temps la cause et produisent les effets de cette intelligence et de ces facultés qui distinguent l'éléphant et l'élèvent au-dessus de tous les animaux. Il est moins sujet qu'aucun autre aux erreurs du sens de la vue, parce qu'il les rec- tifie promptement par le sens du tou- cher , et que se servant de sa trompe comme d'un long bras pour toucher les corps au loin, il prend , comme nous ^ des idées nettes de la distance par ce moyen , au lieu que les autres animaux ( à l'exception du singe et de quelques autres , qui ont des espèces de bras et de mains ) ne peuvent acquérir ces mêmes idées qu'en parcourant l'espace avec leur corps. Le toucher est de tous les sens celui qui est le plus relatif à la connoissance j la délicatesse du toucher donne l'idée delà substance des corps^ la flexibilité dans les parties de cet or- gane donne l'idée de leur forme cxté- i^m^gm^i j I DEL' ÉLÉPHANT. g3 rîeure , la puissance de succion celle de leur pesanteur , l'odorat celle de leur» qualités^ et la longueur du bras celle de leur distance *, ainsi par un seul et même membre, et pour ainsi dire, par un acte unique ou simultané , rélé- pbant sent, apperçoitet juge plusieurs choses à la fois j or une sensation mul* tiple équivaut en quelque sorte à la ré£[exio*A ^ donc quoique cet animal soit, ainsi que tous les autres ^ privé do la puissance de réfléchir, comme ses sensations se trouvent combinées dans l'organe même , qu'elles sont contem- poraines , et pour ainsi dire, indivises les unes avec les autres , il n'est pas étonnant qu'il ait de lui-même des es- pèces d'idées et qu'il acquière en peu de temps celles qu'on veut lui trans- mettre. La réminiscence doit être ici plus parfaite que dans aucune autre espèce d'animal ; car la mémoire tient beaucoup aux circonstances des actes j «t toute sensation isolée , quoique trèsr I tI (■i *4 itiSrbiii èAtèiiktlii^ triré, lid làiàse aucune tràcfe distînclo Ai durable \ mais plusieurs sensations comt)iiieéà et contemporaines font des impressions profondes et des emprein- tes étendues ; en sorte que si rëîëpliant: ne pèilt se rappeler Une idée par le Seul toùicfaer , lès sctlsations voiisines et accessoires de l'odorat et dé la force de âiiccioii , qui ont agi en même temps que Iç toucher, lui aident à s'en rap- peler Te ^oiivciiir ; dans nong-mênies ,. Ta mèntéutre manière dé rendre là me- ihoire âdellé , est dé se servir successi- veihéîit de tous nos sens pour considérer lin objet, et é^èât faute de cet usagé com- biné des sehs que l'homme oublie plus de choses! qti'il n'en retient. KvU| ^^'^*- Au resté , quoique l^ëléphant ait plui dé itiéfnôif*e et plus d'intelligence qu'au- éun des animaux , il a cependant le cerveau plus petit que la plupart d'en- tr'eux , relativement au volume de ^oh corps : ce que je ne rapporte que CQinmé une preuve particulière , que ,KiS«ll*. .<»*>""'" P E L' É L È P H A N ,T. 9? le ceirveau n'est ppint le siège ^es ^en- timens,, le sensori\/tm çomniuii y lequel réside aiA çonti^fd^ç ilaiis }e^ «nerfs de^ sens et d^ns 1^3 mçmbrfiop» de la tête,; fiiisçi les ni^^f^ gui s'étendent dans la tronipe4e l'él^ptont, aont^n ^i. grande quantité ^ ^[n'ils égniv^ilent pour le nom^ jbre à tç^s ceii^ qui se distribuent dans le j;este dncprps. C'est donc çn yertu 4<> -Cette cpmbinai^on singulière def sei^s et j^e Cj?^ facultç^s uniques de la trompe , que cet aninial est aupé- rieur «jVx st^^ir^s par Vintelli^ence , inalgrc VéTçioia^^é de sa masse , inal^rç 1^ difipr9ppr1;iç^ dç sa forme; car Félé^ .ph»nt i|^ 6fi^ên^cJ;^n)ps nn inirac)p 4'intpltew ,ç|:.,W monstre de mâ- tine ;. Je^ ;ï^çp^ trè|S-^,pfiis et sans 9Xir cune go^pî^^^ le coq court et presque ^nfexil?l^,f ^^ tê^e petite et difformç , l^s pv§m^ .ç?{^Çessives et le nez encore ?l)ç^Vi9ppjR,p\us i^^çessif , le^ je\qL trop petits, ai^4pçU.|;tt^Vfle,:, Je n^embr^e ..-■» ^:m 7 9^ HISTOIRE NATUREI.1B sives , droites et peu flexibles, lé pîeci si court et si pel*lt qu'il paroit être nul, la peau dure , épaisse et éàlleûise : tou- tes ces diffprmitës paroissatit d'autant plus , que toutes spht inodelëes en grand ; toutes d'autant* plus désagréa- bles à l'œil, que la plupart n'ôlit point d'exemple dans le reste de la ' nature ; aucun aiiimal.n'àyant ni là tête, ni les pieds , lii le nez , ni les oréîlléà' , ni les t défenses faites ou placées comme celles Cde l'éléphant/' '^^ m^t^r^^i^m^^^^o^h^^ * ^ ïî résulte , pour l'animal , plusieurs inconvéhiens de cette conformation bizarre ; il peut à peiiié tourner la tête, il nie peut se tourner Itii-niême^ pour rélrograder , qu'en faisant un circuit : les chasseurs qui l'attaqâdit par-deis rière ou par le flanc, évitent les effets de sa vengeance par dés liioUyemens cirulaires, ils ont le temps de lui poir- ter de nouvelles atteintes pendant qu'il fait eff*rt pour se tourner' côntr'éùi. lies jambes , dont lii njgidit^ n'est pa» ,: .Am» .>• -'/■\^Liiiii- . ^.'l-.:^-:, i.;^/ï:"-iavi:-'; i'i» Ï)Ë L'ÉLÉÏ^H A NT. 9^ aussi grande que celle du cou et du corps , ne fléchissent néanmoins que lentement et difficilement*, elles sont fortement articulées avec les cuisses. Il a le genou comme l'homme , et le pied aussi bas ; mais ce pied sans éten- due , est aussi sans ressort et sans force^ et le genou est dur et sans souplesse : cependant tant que l'éléphant est jeune et qu'il se porte bien , il le fléchit pour se coucher, pour se laisser ou monter ou charger ; mais dès qu'il est vieux ou malade , ce mouvement devient si difficile qu'il aime mieux dormir de- bout , et que si on le fait coucher par force, il faut ensuite des machines pour le relever et le remettre en pied. Les défenses qui deviennent avec l'âgo d'un poids énorme , n'étant pas situées dans une position verticale , comme - les cornes des autres animaux , forment deux longs leviers qui, dans cette direc-.^ tion presque horizontale , fatiguent ^ prodigieusement la tête et la tirent en Quadrup. III* ^ ' ''i *.. . -, m "^-^'v 98 HISTOIRE NATURELLE bas; en sorte que l'animal est quelque- fois oblige de faire des trous dans le mur de sa loge pour les soutenir et se soulager de leur poids. Il a le désavan- tage d'avoir l'organe de l'odorat très- éloigne de celui du goût, l'incommoditë de ne pouvoir rien saisir à terre avec sa bouche , parce que son cou court ne peut plier pour laisser baisser assez la tête j il faut qu'il prenne sa nourriture et même sa boisson avec le nez , il la porte ensuite , non pas à Tentrëe de la gueule, mais jusqu'à son gosier ; et lorsque sa trompe est remplie d'eau , il en fourre l'extrémité jusqu'à la ra- cide de la langue , apparemment pour rabaisser Tépiglotte et pour empêcher la liqueur qui passe avec impétuosité d'entrer dans le larynx ; car il pousse cette eau par la force de la même ha- leine qu'il avoit employée pour la pom- per , elle sort de la trompe avec bruit, et entre dans le gosier avec précipita- tion ; la langue , la bouche ni les lèvres V' sier ; et ! d'eau , à la ra- nt pour npêcber ëtuosité pousse me ha- lapom- c bruit, 5cipîta- 8 lèvres DE L* É L É P H A N T. 99 ne lui servent pas à sucer ou laper sa boisson. Dans Taccouplement, la fe- melle se couche, sur le dos. Ainsi Félëphant ne s'àceouple , ne mange , ni ne boit comme les autres animaux. Le son de sa voix est aussi très-singulier, si l'on en croit les an^ ciens , elle se divise , pour ainsi dire > en deux modes très-difierens et fort inégaux , il passe du son par le nez , ainsi que par la bouche , ce son prend des inflexions de cette longue trom- pette , il est rauqueetfilé comme celui d'un instrument d'airain , tandis que la voix qui passe par la bouche est entrecoupée de pauses courtes et de soupirs durs. Ce fait avance par Aris - tote , et ensuite répété par les natura* listes et même par quelques voyageurs^ est vraisemblablement faux , ou du moins n'est pas exact. M. de Bussy assure positivement que l'éléphant ne pousse aucun cri par la trompe : cepen- dant comme en fermant exactement , w »»r-w.t.i'i-'%'^«^ j^ «»'«>« ■■iiwWliiw>,aiBMH.^sg» • •"■li^f.'jUitminaf" .!•■ '" 102 HISTOIRE NATURELLE endroits où elle ne s'est ni dess^ch^e ni durcie : la piqûre des mouches se fait si bien sentir à rëléphant, qu'il emploie non-seulement ses mouvemens naturels , mais même les ressources de son intelligence pour s'en délivrer j il se sert de sa queue , de ses oreilles , de sa trompe pour les frapperait fronce sa peau par-tout où. elle peut se con- tracter , et les écrase entre ses rides ; il prend des branches d'arbres , des rameaux , des poignées de longue paille pour les chasser ; et lorsque tout cela lui manque, il ramasse de la poussière avec sa trompe et en couvre tous le» endroits sensibles ; on l'a vu se poudrer ainsi plusieurs fois par jour, et se pou- drer à propos , c'est-à-dire en sortant du bain. L'usage de l'eau est près* qu'aussi nécessaire à ces animaux, que celui de l'air et de la terre ; lorsqu'ils sont libres ils quittent rarement le bord des rivières , ils se mettent sou- vent dansl'ean jusqu'au ventre , et il* 1 ^'i^'V ' ■• \f"h^" * •■ ,* ■ • ■■; .....^«.►.-f^v*^;.-^- ;'■' "iv/T -'^■^^■^^ 1>E l/Ûh'kvn AST. 10^ y passent quelques heures tous les jours. Aux Indes, où l'on a appris à tes traiter de la manière qui convient le mieux à leur naturel et à leur tem- pérament, on les lave avec soin, et on leur donne tout le temps nécessaire et toutes les facilites possibles pour se laver eux-mêmes ; on nettoie leur peau en ta frottant avec de la pierre ponce, et ensuite on leur met des essences ^ de l'huile et des couleurs. La conformation des pieds et des jambes est encore singulière et diflTé- rente dans Télëphant do ce qu'elle est dans la plupart des autres animaux : les jambes de devant paroissent avoir plus de hauteur que celles de derrière, cependant celles-ci sont un peu plus longues , elles ne sont pas pliëcs ea deux endroits comme les jambes de derrière du cheval ou du bœuf, dans lesquelles la caisse est presqu'entière- ment engagée dans la croupe , le genou très-près du ventre , et les os du pied ■<'*«i>i«««»«(*»«««»v- •^'«t^»- *►*;,!.•..— -■«...»•. — —, »»„^«...» «.»»„,<-». ^ -••• ^. <*»,... . t( 104 HISTOIRE NATURELLB si vlevc^s et si loDgs qu'ils paroissent faire un grande partie de la jambe ; dans l'ëldpliant, ai; contraire, cette partie est très-courte et pose à terre ; il a le genou comme l'homme au milieu de la jambe cl non pas près du vent7e : co pied si court et si petit est p»*, •. 'i^ en cinq doigts ,'qui tous sont rccouverls par la peau et dont aucun n'est appa- rent au-dehors. On voit acuiement des espèces d'ongles dont le nombre varie , quoique celui des doigts soit constant, car il y a toujours cinq doigts à chaque pied , et ordinairement aussi cinq on- gles , mais quelquefois il ne s'en trouve que quatre ou même trois , et dans ce cas , ils ne correspondent pas exacte- ment à l'extrémité des doigts. Au res- te , cette variété , qui n'a été observée que sur de jeunes éléphans transportés en Europe , paroît être purement ac- cidentelle , et dépend vraisemblable- ment de la manière dont l'éléphant a été traité ànn? hi^ r^emiei ^smj^s dç =v, - ****«> -•v.^l^^V'*-*' DE l'ÈLÉPHAKT. 1o5 «ou .' f roissejiicnt. La plante du pied est revêtue ^l'une semelle de cuir dur comuie la corne et qui déborde tout autour j c'( si de cette niëm*^ substance dont sont formds les ongles. Les oreilles de l'ëlépliant sont très- longues , il s'en sert comme d'un éven- tail , il les fait remuer et claquer com- me il lui plaît ; sa queue n'est pas plus longue que l'oreille , et n'a ordinaire- ment que deux pieds et demi ou trois pieds de longueur : elle es' assez me- |iue, pointue et garnie à ]'extrëmit<$ d'une houppe de gros poils m plutôt de filets de corne noirs , luisans et soli- des; ce poil ou cette corne est de la grosseur et de la force d'un gi'os fil- de- fer, et un homme ne peut le casser en le tirant avec les mains quoiq u'il soit élastique et pliant ; aurestecetto houp- pe de poils est un ornement très recher- ché des Négresses , qui y attachent ap- paremment quel que superstition ; une queue d'éléphant se vend quèlquefoia iv..- ♦■■ ri^Su •0' 106 HISTOIRE NATURELLE deux ou trois esclaves , et les Nègres Imsarlent souvent leur vie pour tnclier «lo la couper et de l'enlever à l'animal vivant. Outre cette houppe de gros poils qui est à l'extrémité , la queue est couverte , ou plutôt parsemée dana sa longueur, de soies dures et plus gros- ses que celles du sanglier ^ il se trouve aussi de ces soies sur la partie convexe de la trompe etaux paupières, où elles sont quelquefois longues de plus d'un pied ; ces soies ou poils aux deux pau- pières ne se trouvent guère que dans l'homme , le singe et l'éléphaut. Le climat , la nourriture et la con- dition influent beaucoup sur l'accrois- sement et la grandeur de l'éléphant; en général , ceux qui sont pris jeut^es et réduits à cet âge en captivité n'arri- vent jamais aux dimensions entières de la nature ; les plus grands éléphans des Indes et des côtes orientales de l'A- frique ont quatorze pieds de hauteur ; les plus petits; qui se trouvent au Se- I IV ■■*,''^*> -. .-■ ;.» : .' -«'. -»^ > V** «i«*-^' :o K l'éléphant. 107 negal et Jans les autres parties de l'A- frique occideiitale n'ont que dix ou onze pieds, et tous ceux qu'on a ame- nés jeunes en Europe ne se sont pas élevés à cette hauteur. Celui de la mé- nagerie de Versailles qui -venoit de Congo, n'avoit que sept pieds et demi de hautenr à l'âge de dix-sept ans ; en treize ans qu'il vécut il ne grandit que d'un pied , en sorte qu'à quatre ans lors- qu'il fut envoyé , il n'avoit que six: pieds et demi de bauteur ; et comme l'accroissement va toujours de moins en moins , on ne peut pas supposer que s'il fût arrivé à l'âge de trente ans, qui est le terme ordinaire de raccroisse- nient entier , il eût acquis plus de huit pieds de hauteur ; ainsi , la condition ou l'état de domesticité réduit au moins d'un tiers l'accroissement de l'animal , non-seulement en hauteur , mais dans toutes les autres dimensions. La lon- gueur du corps mesurée depuis l'œil jusqu'à l'origine de la queue est à-peu- ^ lt)8 HISTOIRE NATURELLE près égale à sa hauteur prise au niveau du garrot. Un éléphant des Indes de quatorze pieds de hauteur, est donc plus de sept fois plus gros et plus pesant que ne l'étoit l'éléphant de Versailles. En comparant raccroissement de cet animal à celui de l'homme , nous trou- verons que l'enfant ayant communé- ment trente-un pouces , c'est-à-dire , la moitié de sa hauteur à deux ans^ et prenant son accroissement entier en vingt ans , l'éléphant qui ne le prend qu'en trente , doit avoir la moitié de sa hauteur à trois ans ; et de même si l'on veut juger de l'énormité de la masse de l'élépliant , on trouvera , le volume du corps d'un homme étant supposé de deux pieds et demi cubiques, que celui du corps d'un éléphant de qua- torze pieds de longueur, et auquel on ne supposeroit que trois pieds d'épais- seur et de largeur moyenne, seroit cin- quante fois aussi gros, et gue par con- idquent un éléphant doit peser autant ..y DE L' É L é P H A N T. 109 que cinquante hommes ». J ai vu , dit le P. Vincent Marie , quelques éléphans qui avoient quatorze ou quinze pieds de hauteur, avec la longueur et la gros- seur proportionnées. Le mâle est tou- jours plus grand que la femelle. Le prix de ces animaux augmente à pro- portion de la grandeur , qui se mesure depuis l'œil jusqu'à l'extrémité du dos , et quand cette dimension atteint un certain terme , le prix s'accroît comme celui des pierres précieuses. <( Les élé- phans de Guinée , dit Bosman , ont dix , douze ou treize pieds de haut ; ils sont incomparablement plus petits que ceux des Indes orientales , puisque ceux qui ont écrit l'histoire de ces pays- là donnent à ceux-ci plus de coudées de haut que ceux-là n'en ont de pieds. J'ai vu des éléphans de treize pieds de haut, dit Edward Terri , et j'ai trouvé bien des gens qui m'ont dit en avoir vu de quinze pieds de haut». De ces témoignages et de plusieurs autres Quiàdrup. m. 10 % ^ \ t 110 IIISTOIRr. NATUHKLLE qu'on poiuToit encore rassembler , ou doit conclure que la taille la plus ordi- naire des élcplians est de dix à on7.c pieds, que ceux de treize et de qua- torze pieds de hauteur sont très-rarts , cl que les plus petits ont au moins neuf pieds lorsqu'ils ont pris tout leur ac- croissement dans l'état de liberté. Ces masses énormes de matières ne laissent pas , comme nous l'avons dit , de se mouvoir avec beaucoup de vitesse ; elles sont soutenues par quatre mem- bres qui ressemblent moins à des jam- bes qu'à des piliers ou des colonnes massives de quinze ou dix-huit pouces de diamètre ) et de cinq ou six pieds de hauteur ; ces jambes sont donc une ou deux fois plus longues que celles de l'homme : ainsi quand l'cJéphant ne feroit qu'un pas tandis qu'un homme en fait deux , il le surpasseroit à la course. Au reste , le pas ordinaire da l'éléphant n'est pas plus vite que celui du cheval; mais quand on le pousse, i^ 1 DK L' ÉLÉPHANT. Ht prend une espèce d'amble qui , pour hi Vitesse , équivaut au galop. Il exo- cttle donc avec promptitude et même avec asst^z de liberté tous les mouve- incns directs , mais il manque absolu- Mient de facilité pour les mouvemens obliques ou rétrogrades; c'est ordinai- rement dans les clic^mins étroits et creux oh il a peine à se retourner , que îe? Nègres l'attaquent et lui coupent le» queue , qui pour eux est d'un aussi j!;rand prix que tout le reste de la bête ; il a beaucoup de peine à descendre les pentes trop rapides , il est obligé de plier les jambes de derrière , afin qu'en descendant, le devant du corps con- iicrve le niveau avec la croupe , et que le poids de sa propre masse ne le pré- cipite pas. Il nage aussi très-bien, quoi- que la forme de ses jambes et de ses pieds paroisse indiquer le contraire ; mais comme la capacité de la poitrine vl du ventre est très grande , que le volume des poumons et des intestins lill « «, r r ^ i I lia HISTOIRE NATURELLE est énorme , et que toutes ces grandes parties sont remplies d'air ou de ma- tières plus légères que l'eau , il enfonce moins qu'un autre ; il a dès-lors moins de résistance à vaincre , et peut par conséquent nager plus vite en faisant moins d'efiforts et moins de mouvemens des jambes que les autres. Aussi s^en sert-on très-ulilement pour le passage des rivières : outre deux pièces de ca- non de trois ou quatre livres de balles , dont on le charge dans ces occasions , ou lui mot encore sur le corps une infi- nité d'équipages, indépendamment do quantité de personnes qui s'attachent à ses oreilles et à sa queue pour passer l'eau; lorsqu'il est ainsi chargé, il nage entre deux eaux , et on ne lui voit que la trompe qu'il tient élevée pour res- pirer. Quoique l'éléphant ne se nourrisse ordinairement que d'herbes et de bois tendre , et qu'il lui faille un prodigieux volume de cette espèce d'aliment pour '-i^-»«^i*#''*W», ■>^_,,.J^ '••.«*W^ •.* !•*.-<'■ .-,/•■-,»■•■'%-< pour DE L'ÉLKPHANT. 1^3 pouvoir en tirer la quantité de molé- cules organiques nécessaires à la nutri* lion d'un aussi vaste corps, il n'a ce- pendant pas plusieurs estomacs comme la plupart des animaux qui se nourris- stmt de même ; il n'a qu'un estomac, il ne rumine pas, il est plutôt conformé comme le choval que comme le bœuf on les autres animaux ruminans*, la }>ansc qui lui manque est suppléée par la grosseur et l'étendue des intestins et sur- tout du colon , qui a deux ou trois pieds de diamètre sur quinze ou vingt de longueur ; l'estomac est en tout bien plus petit que le colon , n'ayant que trois pieds et demi ou quatre pieds cfe longueur sur un pied ou un pied et demi dans sa plus grande largeur ; pour remplir d'aussi grandes capacités, il faut que l'animal mange, pour ainsi dire, continuellement, sur-tout lors- qu'il n'a pas de nourriture plus sub- stantielle que l'herbe j aussi les éléphans tauvages sont presque toujours occupés ut*»»» »»«'l 11 I - ll4 HISTOIRE NATURELLE à arracher des herbes , cueillir des feuil- les ou casser du jeune bois; et les domestiques auxquels on donne une grande quantité de riz ne laissent pas encore de cueillir des herbes dès qu'ils se trouvent à portée de le faire. Quel- cjiie grand que soit l'appétit de l'élé- phant, il mange avec modération, et son goût pour la propreté l'emporte sur le scn liment du besoin-, son adresse à séparer avec sa trompe les bonnes feuilles d'avec les mauvaises, et le soin qu'il a de les bien secouer pour qu'il n'y reste point d'insectes ni de sable, sont des choses agréables à voir; il aime beaucoup le vin, les liqueurs spiritueu- ses, l'eau-de-vie, l'arac, &c. On lui fait faire les corvées les plus pénible» et les entreprises les plus fortes en lui montrant un vase rempli de ces li- queurs , et en le lui promettant pour prix de ses travaux : il paroît aimer aussi la fumée du tabac , mais elle rélourdit et l'enivre j il craint toutes è^^. Trtnijil Aitàll II Wt I» ., !■«■ ' ■■*i- «**•»«,.» •-■^ ,. ■"^"« «n;*-^*». ^f** .*!,*■•- D t: l' fî l k p II a n t. 1 1 5 les mauvaises odeurs , et il a une hor- reur si grande pour le cochon, que le «cul cri de cet animal renient et le fait fuir. Pour achever de donner nue ide'e du naturel et de l'intelligence de ce sin- gulier animal , nous croyons devoir donner ici des notes qui nous ont été t oinmuniquées par M. le marquis de Muntmirail, lequel non-seulement a bien voulu les demander et les recueil- lir, mais s'est aussi donné la peine de traduire de l'italien et de l'allemand , tout ce qui a rapport à l'histoire des animaux dans quelques livres qui m'é- toicnt inconnus j son goût pour les art8 et les sciences , son zèle pour leur avancement, sont fondés sur un discer- nement exquis et sur des connoissances très-étendues dans toutes les parties de l'Histoire Naturelle : nous publie- yonc donc , avec autant de plaisir que ilc reconnoissance , les bontés dont il nous honore et les lumières que non» '-^#«.I^<«*ih,].«4>W. sdi.1 .f -. >jpvr**i->n j... f ï Ml i *- >. 116 HISTOIRE NATURELLE lui devons ; l'on verra dans la suite de cet ouvrage, combien nous aurons oc- casion de rappeler son nom. « On se » sert de l'élcphant pour le transport 3) de l'artillerie sur les montagnes , et » c'est -là oh son intelligence se fait )) mieux sentir. Voici comme il s'y » prençl : pendant que les bœufs attelés )) à la pièce de canon font elFort pour la )> traîner en liau y , l'éléphant pousse la )) culasse avec son front ; et à chaque )) efl'ort qu'il fait, il soutient l'affût avec » son genou qu'il place à la roue : il )) semble qu'il comprenne ce qu'on lui » dit. Son conducteur veut-il lui faire )) faire quelque corvée pénible , il lui » explique de quoi il est question , et )) lui détaille les raisons qui doivent 3) l'engager à obéir ; si l'éléphant mar- )) que de la répugnance à ce qu'il exige )> de lui , le cornac ( c'est ainsi qu'on ap- » pelle son conducteur ) promet de lui )) donner de l'arac ou quelque chose n qu'il aime : alors l'animal se prête à *if;i.î«'— ■ * — »>— — ' ■ • Ml ^ -^•»».. ,f<-»^j .■»i.,„*A«^f»«*--Y.,*A - DE L* ÉLÉPHANT. II7 ntoiit; mais il est dangereux do lui » manquer de parole: plus d'uncornae 1» en a été la victime. Il s'est passe à ce » sujet dans le Dekan, un trait qui meri- i> ted'étrerapportc,etqui,toutincroya. ï) hle qu'il paroit , est cependant exactc- » ment vrai. Un tUéphant venoit de so 11 venger de son cornac en le tuant, sa » femme témoin de ce spectacle, prit n ses deux enfans et les jeta aux pieds » de l'animal encore tout furieux , en » lui disant : Puisque tu as lue mon mor i> riy ôte-moi aussi la vie ainsi qu'âmes M enfans. L'clépliant s'an êta tout court, i> s'adoucit, et comme s'il eût été tou- » ché de regret, prit avec sa trompe lo 1» plus grand de ces deux enfans, le » mit sur son cou , l'adopta pour son » cornac, et n'en voulut point souffrir » d'autre. » Si l'éléphant est vindicatif , il n'est » pas moins reconnoissant. Un soldat )> de Pondicheri , qui avoit coutume de » porter à un de ces animaux un« i^^ i-i •»♦•/,*•' •-«'^-"ifcfc*». •- >V»,**.»f *-*»«i|»v*fh'i^^.-^,>i-a^^^i*.Ai,»'-.^.-.. ,.^ , «•• f 118 HISTOIRE NATURELLE )> certaine mesure d'arac chaque foîji » qu'il iouclioit son prêt , ayant un » jour bu plus que de raison , et so » voyant poursuivi par la garde qui le » vouloit conduire en prison, se rëfu- » gia sous reléphant et s'y endormit. )) Ce fut en vain que la garde tenta de » l'aiTaclier de cet asyle ; l'cléphant le » défendit avec sa trompe. Le lendc- » main le soldat revenu de son ivresse, >) frémit à son réveil de so trouver cou- }) ché sous un animal d'une grosseur si )) énorme. L'éléphant qui sans doute » s'apperçut de son effroi, le caressa » avec sa trompe pour le rassurer, et lui )) fit entendre qu'il pouvoit s'en aller. )) L'éléphant tombe quelquefois dan» )) une espèce de folie qui lui ôte la do- » cilité et le rend même très-redouta- » ble, et on est alors obligé de le tuer, » On se contente quelquefois de l'atta- )) cher avec de grosses chaînes de fer » dans l'espérance qu'il viendra à rési- }} piscence. Mais quand il est dans son ^ DE LVÎ: L É P II A N T. 1 19 » tHat naturel y les dorileurs les plusai- » giios ne peuvent rengager à iaire du » mal à qui ne lui en a pas fait. Un )) éléphant, furieux des blessures qu'il » avoitrf'çues à la bataille d'Hambourg, » couroit à travers champs et poussoit )) des cris affreux ; un soldat qui , mal' » gré les avertissemens de ses camara- )) des, n'avoit pu fuir, peut-être par- }) ce qu'il étoit blessé, se trouva à sa )) rencontre : l'éléphant craignit de le » fouler aux pieds , le prit avec sa i) trompe , le plaça doucement de coté, » continua sa route ». Je n'ai pas cru devoir rien retrancher de ces notes que je viens de transcrire : elles ont été données à M. le marquis de Mont- mirait, par M. de Bussy , qui a dcmeu< ré dix ans dans l'Inde , et qui pendant ce long séjour y a servi très-utilement l'état et la nation. Il avoit plusieurs éléphans à son service , il les montoit très-souvent, lesvoyoit tous les jours, et étoit à portée d'en voir beaucoup - 1-^ "^-'^ ■■ --^yî^r- „ 120 HISTOIRE NATURELLE d'autres et de les observer. Ainsi , ces notes et toutes les autres que j'ai ci- tées , avec le nom de M. de Bussy, me paroissent mériter ime égale confiance, MM. de^l'Académie des Sciences nous ont aussi laissé quelques faits qu'ils avoient appris de ceux qui gouver- noient l'éléphant à la ménagerie de Versailles, et ces faits me paroissent aussi mériter de trouver place ici. « L'é- )> lépliant se m bl oit connoître quand on M se nioquoit de lui , et s'en souvenir )) pour s'en venger quand il en trouvoit )) l'occasion. A un homme qui l'a voit )) trompé , faisant semblant de lui jeter î) quelque chose dans la gueule , il lui )) donna un coup de sa trompe qui le » renversa et lui rompit deux côtes , M ensuite de quoi il le foula aux pieds )) et lui rompit une jambe, et s'étant )> agenouillé, lui voulut enfoncer ses » défenses dans le ventre , lesquelles )) n'entrèrent que dans la teiTe aux 1$ deux côtés de la cuisse , qui ne fut DE L'ÉLÉPHANT. lî»I » point blessée. Il écrasa un autre hom- » me , le froissant contre une muraille )) pour le même sujet. Un peintre le >) vouloit dessiner en une attitude ex- » traordinaire , qui étoit de tenir sa )) trompe levée et la gueule ouverte : )) le valet du peintre , pour le faire de- )) meurer en cet état , lui jetoit des )) fruits dans la gueule , et le plus sou- )) vent faisoit semblant d'en jeter , il )) en fut indigné , et comme s'il eût » connu que l'envie que le peintre » avoit de le dessiner étoit la cause de i) cette importunilé , an lieu de s'en » prendre au valet , il s'adressa au )) maître , et lui jeta par sa trompe une )) quantité d'eau , dont il gâta le pa- }) pier sur lequel le peintre dessinoit. î) Il se servoit ordinairement bien )) moins de sa force que de son adresse, )) laquelle étoit telle qu'il s'ôtoit avec )) beaucoup de facilité une grosse dou- )) ble courroie, dont il avoit la jamb« » attachée , la défaisant de la boucle et Quadiup. Xllt 11 ; n Kmm.«tmmmM > .'>^*mm V, 12a HISTOIRE NATURELLE *) de l'ardillon ; et comme on eut entor- » tillé cette boucle d'une petite corde » renouée à beaucoup de nœuds , il dé- )) nouoit tout sans rien rompre. Une )) nuit après s'être ainsi dépêtre de sa }> courroie , il rompit la porte de sa » loge si adroitement , que son gouver- )) neur n'en fut point éveillé j de-là )) passa dans plusieurs cours de la mé" )) nagerie , brisant les portes fermées , n et abattant la maçonnerie quand » elles étoient trop petites pour le lais- » ser passer, et il alla ainsi dans la loge )) des autres animaux, ce qui les épou- » vanta tellement , qu'ils s'enfuirent » tous se cacher dans les lieux les plus » reculés du parc ». Enfin pour ne rien omettre de ce qui peut contribuer à faire connoître toutes les facultés naturelles et toutes les qualités acquises par un animal si supérieur aux autres , nous ajouterons encore quelques faits que nous avons tirés des voyageurs les moins suspects. V / \. '» r"' ..\t DE L'ÉLÉPHANT. 123 « Ti'éléphant , même sauvage ( dit le )) Père Vincent Marie ) , ne laisse pas )) d'avoir des vertus-, il est généreux et » tempérant , et quand il est doraes- )) tique , on l'estime par sa douceur et )) sa fidélité envers son maître , son )) amitié pour celui qui le gouverne, &c. )) S'il est destiné à servir immédiate- )) ment les princes , il connoît sa for- )) tune et conserve une gravité <:onve- » nable à son emploi ) si au contraire }) on le destine à des travaux moins » honorables , il s'altriste , se trouble et )) laisse voir clairement qu'il s'abaisse )) malgré lui. A la guerre , dans le pre- » mier choc , il est impétueux et fier , )) il est le même quand il est enveloppé » par les chasseurs , mais il perd le cou. )) rage lorsqu'il est vaincu.... Il combat )) avec ses défenses , et ne craint rien )) moins que de perdre sa trompe , qui » par sa consistance est facile à cou- » per.... Au reste , il est naturellement » doux ; il n'attaque personne à moins , •■•^ II'. i,.*^»»i**i- . \ t. 124 HISTOIRE NATURELLE )) qu'on ne l'offense, il semble même se » plaire en compagnie , et il aime sur- )) tout les enfans , il les caresse et pa- » roît reconnoître en eux leur inno- )) cence. î) L'éléphant , dit François Pyrard , » est l'animal qui a le plus de jugement j) et de connoissance , de sorte qu'on le » diroit avoir quelque usage de raison , 3> outre qu'il est infiniment profitable 3) et de service à l'homme. S'il est » question de monter dessus , il est tel- )) lement souple , obéissant et dresse )> pour se ranger à la commodité de u l'horrime et qualité de la personne w qui s'en veut servir , que se pliant 3) bas il aide lui-même à celui qui veut » monter dessus et le soulage avec sa )) trompe.... Il est si obéissant qu'on lui 3) fait faire tout ce que l'on vent, )) pourvu qu'on le prenne de douceur... )) il fait tout ce qu'on lui dit , il caresse )) ceux qu'on lui montre , &c. a En donnant aux éléphans ; disent D E l' É L É P H A N T. 1^5 y> les voyageurs hollandais , tout ce qui 3) peut leur plaire , on les rend aussi }) prives et aussi soumis que le sont les }) hommes. L'on peut dire qu'il ne leur )) manque que la parole.... Ils sont or- ») gueilleux et ambitieux ; mais ils se ») souviennent du bien qu'on leur a I) fait et ont de la reconnoissance , jus- » ques-là qu'ils ne manquent point de 9) baisser la tête pour marque de res- 9) pect en passant devant les maisons j) où ils ont été bien traites. ... Ils so » laissent conduire et commander par » un enfant , mais ils veulent être î) loue's et che'ris. On ne sauroit se mo- •)) quer ^d'eux ni les injurier qu'ils no » l'entendent , et ceux qui le font doi- ï) vent bien prendre garde à eux , car » ils seront bien Iieureux s'ils s'empê- )) chent d'être arrosés de l'eau des » trompes de ces animaux ou d'être j» jetés par terre le visage contre la 1) poussière. '}) Les éléphans y dit le Père Phi- J lii^-'^f^'^' 0*«»-*«** ment et du raisonnement des liom- » mes.... Si on compare les singes aux t) éléphans , ils ne sembleront que des i) animaux très-lourds et très-brutaux ; )) et en effet les éléphans sont si hon- î) iiêtes , qu'ils ne sauroient souffrir » qu'on les voie lorsqu'ils s'accou- » plent , et si de hasard quelqu'un les » avoit vus en cette action , ils s'en 3) vengeroient infailliblement , &c 3) Ils saluent en fléchissant les genoux » et en baissant la têto , et lorsque leur )) maître veut les monter , ils lui présen- » tent si adroitement le pied qu'il s'en » peut servir comme d'un degré. Lors- » qu'on a pris un éléphant sauvage et » qu'on lui a lié les pieds , le chasseur » l'aborde , le salue, lui fait des ex- M cuses de ce qu'il l'a lié , lui proteste » que ce n'est pas pour lui faire inju- M re.... lui expose que la plupart du jiy temps il avoit faute de nourriture );i daiu son premier état ; au lieu que 1^ DE L' ÉLÉPHANT. 127 » dësoi'iuais il sera parfaitement bien » traite f qu'il lui en fait la promesse ; M le chasseur n'a pas plutôt achevé ce )) discours obligeant , que Tëléphant le M suit comme feroit un très -doux n agneau , il ne faut pas pourtant con- i> dure de-là que l'éléphant ait l'intel- » ligence des langues , mais seulement » qu'ayant une très- parfaite estimati- )) ve , il connoît les divers mouvemens » d'estime ou de mépris, d'amitié ou de >) haine , et tous les autres dont les » hommes sont agités envers lui ; et » pour cette cause il est plus aisé à » dompter par les raisons que par les j) coups et par les verges.... Il jette des )) pierres fort loin et fort droit avec sa }) trompe, et il s'en sert pour verser » de l'eau avec laquelle il se lave le » corps. » De cinq éléplians , dit Tavernier , w que les chasseurs avoient pris , trois )) se sauvèrent , quoiqu'ils eussent des » chaînes et des cordes autour de leur i ):'' f; .,-.;.•: '«s. « .. -,. " T ■ * , / •^.ii^...,^*„.^*4^4^j,_a,ff*,*..>'™-j| ■m wi» i.ii 'T' ♦«» ■ ^^'liti^^^fcJ^tiA^'' '"^ |[!^.''^IPWWRW^^*"V' i'I * t l!l8 HISTOIRE NATUtlF.T.LK » corps et ni(^iiio ilc leurs jambes. Coi » gens-lù nous disent une eliost; surprc- » nantu et qui est (out-à-luit aihni- » ruble , si on peut la croire ; c'est que » ces éb^pliaus ayant étc5 une fois attra- )> pés et étant sortis du piégo , si on les » fuit entier dans les bois , ils sont dans » lu déliance et arracuent avec \v\\v )) trompe une grosse bran(^lic dont ils » vont , sondant par-tout avant que )) d'asseoir leur pied , s'il n'y a point do » Irons à leur passage pour n^^trc pas }> attrapés uno seconde fois; co qui fai- a soit désespérer aux cbassenrs , qui )) nous contoient cette histoire , de pou- 4) voir reprendre aisément les trois élé- » plians qui leur étoient échappés.. . . » Nous vîmes les deux autres éléphans )) qu'on avoit pris , chacun de ces élé« » plians sauvages étoit entre deux élé- » phans privés ; et autour des sauvages )) il y avoit six hommes tenant des lan- » ces à feu , qui parloient à ces ani- » maux eu leur préseutant à manger^ et .iS!e::.sS£S»i.-»*^'--»- *•,-*•" <> ,■'■.„-*'«";'>>-'■-- '*»-''"^-> DE L'ÉLÉPHANT, lag p (lisant en leur langage : Prends calaet )) le mauffiu C'tHoicnt (lu p(;lilc8 boites }) do foin y ded muiceaiix do hucic huIl* » ot du riz cuit avec de Teau et ibreo » grain do poivre. Quand lYdépImut )) sauvage ne voidoit pa.s faire ce (ju'on » lui commandoit , les hommes ordon- )) noient aux L4(5plion8 priv(5s de le bat- )) Iro , ce (Qu'ils Taisoient aussi- t(U, l'un }) le frappant sur le front et «ur la loto )) avec sa trompe y et lorsqu'il fuisoit >) mine de se revancher contre celui-là, )) l'autre lo frappoit de son cM , do I) sorte que le pauvre (3l(3pliant sauvago )) ne sa voit plus où il en (;toit , ce qui )) lui apprenoit à ob(;ir. )) J'ai plusieurs fois observe , dit Ed- 1) ward Terri , que l'tjk'phant fait plu- )) sieurs choses qui tiennent plus du rai- )) sonnement humain que du simple )) instinct naturel qu'on lui attribue. » Il fait tout ce que son maître lui com- » mande. S'il veut qu'il fasse peur à a quelqu'un , il s'avance vers lui avco ,'■; ^)^iV^9>*r.,. i. >. I l!^0 HISTOIRE NATURELLE )) la mémo fureur que s'il le vouloît » mettre en pièces , et lorsqu'il en est » tout proche , il s'arrête tout court )) sans lui faire aucun mal. Si le maître )) veut faire affront à un autre , il parle )< à l'oléphant , qui prendra avec sa )) trompe de l'eau du ruisseau et de la )) boue , et la lui jettera au nez. Sa )) trompe est faite d'un cartilage , elle » pend entre les dents , quelques-uns » l'appellent sa main , à cause qu'en n plusieurs occasions elle lui rend le )> même service que la main fait aux 3) hommes ... Le M ogol en a qui ser- )) vent de bourreaux aux criminels » condamnés à mort. Si leur conduc- )) teur leur commande de dépêcher » promptement ces misérables , ils les }> mettent en pièces en un moment )) avec leurs pieds ; et au contraire s'il 3) leur commande de les faire languir , » ils leur rompent les os les uns après i) les autres , et leur font souffrir un sup- )) plice aussi cruel que celui de la roue »• -'^<(... sup- |ue»4 DE L* ÉLÉPHANT. l3l Nous pourrions citer encore plu- sieurs autres faits aussi curieux et aussi intéressans que ceux qu'on vient de lire y mais nous aurions bientôt exccfdo les limites que nous avons tâché de nous prescrire dans cet ouvrage. Nous no serions pas même entrés dans un aussi grand détail , si l'éléphant n'étoit de tous les animaux le premier à tous égards , celui par conséquent qui mé- ritoit le plus d'attention ; nous n'avons rien dit de la production de son ivoire ^ parce que M. Daubenton nous paroît avoir épuisé ce sujet dans sa description des différentes parties de l'éléphant. On verra combien d'observations utiles et nouvelles il a faites sur la nature et la qualité de Ti voire d^^s ses différena états , et en même temps on sera bien aise de savoir qu'il a rendu à l'éléphant les défenses et les os prodigieux qu'on attribuoit au mammout. J'avoue que j'étois moi-même dans l'incertitude à cet égard y j'avois plusieurs fois consi* ;; H II ^>- V .1 |ialfeiMMi ; t i ;.v Quadrup* lit» if .. ' i i.« ta '>f lii»tf,...Rrfiri ■^ ■■ Jvr-^-E '■■■%nm t .'T»^ • ii>r"j '-~' L ■, ■ '. . '-■;^:yj'"if«-Vï''-f ;"''j#'> .-s'r^J ..,■-,, y"^Jt 134 HISTOIRE NATURELLE •t-i^: ..;.» :>'Vïy:. f,^j.^.lîVj^h V I r GENRE. * '■ ;i /: L'ODOBÈNE ou MORSE, TRICHECHUS, <, Caractère générique : des dents canines à la mâchoire supérieure , les mâ- chelières formées d'un os ridé , Içs pieds réunis. ' '.' LE MORSE. « » Il .' /. f J^ E nom de vache- marine , sous le- quel le morse est le plus généralement connu , a été très-mal appliqué , puis- que l'animal qu'il désigne ne ressem- ble en rien à la vache terrestre ; le nom d'éléphant de mer , que d'autres lui ont donné, est mieux imaginé;. 'i- '■'. "•*' f.»' îf '- f m ■ •;■ i^l* 'h. m n: i-- il . a»MV»* a. Mr*' •*"**' mmmmmmmmm î?t ' ■■■ V'fi •.-«».V.»-.V V- r |,«. ,( . ■ » J j ^* 'V«'' Â- *■ Ci i * ^âv)it h:i; i. '.' • '...,■ i \i^.> fi, \'i'f i'^'yUO^'Hi \! .^i:i tnv » . ' c * < nii " ;:•;!. < vrn î:0?îr} i ? ? >'\ A l.A i i ■■ !ï ( î iî,'-. .na< ini ;:cimu-, ^! O ^\ ':■] T <:{}' 'i'-' •i'U; ■«Hr liit; ;f , î Ç I î*~ ••i;.»u , K -iî :^».; s -vrî «HH H ! J • <• lu »3( I.Ï •Hi-. :ÏV:^Î, ii'i in tlUi 'U-fTii fe. ;•> •"ig Tiffn. .M Paa^iH i-t* JJiMVtte \ 1. J.K MORSK a 1.1?: I.AMANTTN . hl m *• V t t^ ( (< n DE S O D a B h K £ S. l35 parce qu'il est fbiidé sur un rapport unique _, et sur un caractère trës^appa- rent "Le morse a , comme l'ëlëpbant^, deux grandes défenses d'ivoire qui sor- tent de la mâchoire supérieure , et il a. la tête conformée , ou plutôt défor^ mée , de la même manière que Félë- phant f auquel il ressembleroit en en-« tier par cette partie capitale , s'il avoit ii^ne trompe ; ma,i8 le morse est non- seulement privé de cet instrument qui sert de bras et de main à l'élépbant , il l'est encore de l'usage des vrais bras et des jambes ; ces membres sont, com- ine dans les phoques , enfermés sous sa pç^u ; il ne sort au-dethore que les deux. mains et les deux pieds ; son corps est alongé , renflé par la partie de l'avanC^ étroit vers celle de, l'arrière, par-tout couvert d'un poil court ; les doigts des pieds et des mains sont enveloppés dans une membrane^ et terminés par des ongles courts et pointus, de grosses s W§ Sin. fprnae jfe TO^ltapl^es environ- ■-'%-.' p^ 'l f r ^u J^S HISTOIRE NATURELLI^ lient la gueule; la langue est ëchaiï^' crée; il n'y a point de conques aux oreilles , &c« en sorte qu'à l'exception des deux grandes défenses qui lui chan- gent la forme de la tête , et des dents incisives qui lui manquent en haut et en bas , le morse, ressemble pour tout le reste au phoque ; il est seulement beaucoup plus grand, plus gros et plus fort : les plus grands phoques li'ont tout au plus que sept ou huit pieds ; le morse en a communément douze , et il s'en trouve de seize pieds de lon- ""gueur et de huit ou neuf pieds de tour.' n a encore de commun avec les pho- ques d'habiter les mêmes lieux, et ori les trouve presque toujours ensemble; ils ont beaucoup d^habitndes commu--- |ics , ils se tiennent' également dans ^eâu , ils vont également à terre ; ils montent de mêmesur les glaçons ; ifs alaitent et élèvent de même leurs pe- tits ; ils se nourrissent des mêmeâ àli- tnens; ils vivent de même en société i* 'V. ^' pp"**»-' fchan^l es au'^e ^ ieptioii i chan^' I dent»' laut et ir tout lement etplua li'ont ieds ; le ize ,■ et de lon-^ e tour.' s pho- et oh emble ; ommiï- it dans re •, ûa ons ; ifs lirs pe- neÉ dli- sûciëté et voyagent > çiTtgt'a^ nombccl. Mai^ l'fliipèce du morse pe. varie pas autant q\ke celie ài\ phoque) il: paroît qu'il n^ ya passi loi)i.y>,qu«'Ù est pius attaché k çqn climat |<9t que rp4 eQ trouve trèsr rarement ailleui;s que dan^ les mers 4«l Hfi^à: aussi;. k phoque ë toit connu des anciens , et le morse oae l'ëtoit pas. - •^rJf^ plupart 4<^, voyageurs qui ont fréquente leSf perfi . 1 '**»*'■> f-t^- , ■ V » ■ * - mmn II* s,>i\ ji^- ^iiS HISTOIRE NVlTUinSIXB t ^nes qui en sont voisines , et on en Voit ^quelquefois des IroUpeaux die quatre^ . Vingts, cent et jtisqti-à deux cents, par^ ^fioulièrement des morses , qui peuvent y rester quelques jours de suite , et jusqu'à ce que la fainvlfei ramène 4 la mer. Ces animati:^ ressemblent beau^ coup à l'extérieur aux phoques , mai* ils sont plus fort éf^lus gros ; ils ont cinq doigts aux paltes'comme les phc quës , mais leurs afâgléfT^btiiplus coUi^sy et leur tête est plu^dpàisiHe> plus rôUâfe et plus forte ; la pëau dU morse , ^ptritti» cipalement vers'îfe côtt , est éj)aiissed!uh' poufce , ridée et couverte d'un poil très^ court de di fiPéren tes- Couleurs : sa mâ- choire supérieure est armée de deUx dents d'une demi-auné ou d'une aune de longueur *, ces défenses , qui sont Creuses à la racine, dëvièhhent encore plus grandes à mesiire que Fanimat vieilKt ; on en voit quelquefois qui n'en ont qu'une , parce qu'ils ont perdu l'âU- tre en se battant , du seulement eut- , ,«J^«t» iV y a deux na-^ sqauxy desquels ces minimaux soufflent de l'eau comme la baleine, sans cepen- dant faire beaucoiup (Jle; bruit; leurs yeux sont étinoelans , rouges et en- flammés ;pendant left chaleurs de l'été , et comme ils ne peu/vent soujBTrir alors l'improssion que l'eau fait sur les yeux, ils.se tiennent plus voiou tiers dans les plaines en été que dans tout autre temps....; On voit beaucoup de morses vers le Spitzberg On les tue sur t&rre avec des lances On les chasse poixr.ie profit qu'on tire de leurs dents et de leur graisse ; l'huile en est pres- qu'aussi estimée que colle de la baleine ; leurs deux dents valant auUint au9 »**<-■.,-' '.■ >■".. ■.'.■■ . >--*t -■;.> v" .-;■■'•■• ■• ■ ■ ■ ' :■■■.-.■ ,- ,..T '. ■I '\ )4o HISTOmlB NATURELLE toute leur • jjtaWs© ; l'intëmur de cieÉ < «dents a pltil«^ dé valeur que IHvoire; 8ur-toat dàh» les grosses dents qui sont ^ 'd'une substâyi'ée ^liis compacta o^ plus flure que le'fi petites. Si Ton vend tlti florin la iivro' "dé l'ivoire des petites dents , celui des grosses sie vc^tld trois ou quatre , et so^ivent cinq florins*^' une dent médiocre p^se trois livres. . . ; V .* i et un morse ordinaire fournit une demi- :;tonne d'hililé^ aii^si ^ l'animal eiitier produit treutok-six florins ^ savoir , dix.- liuit pour sek dents à trois florins la livre , et autant pour sa graisse. . . . . Autrefois on trouvoit de grands trou^ peaux de ces animauix: sur terre ^ mais nos vaisseaux > qui vont tous les ans dans ce pays pour la poche de la baleine, les ont tellement épouvantes , qu'ils se sont retires dans des lieux écartés > et que ceux qui y restent nevoxitplus 8ur la terre en troupes , mais denlea- rent dans l'eau ou dispersés çà et là sur les glaces j lorsqu'on a joint un dp .çq3 I;«;g3,; on sépare de la tête avec une hache les deux dents , ou l'on coupe la tête pour- ne pas endommager les dents , et ou la* fait bouillir dans une, chaudière ; aprèa cela , on coupe la graisse en longuea* trat'iclies , et on la porte au vaisseau..^ Les morses sont aussi difficiles à suivret à force de rames que les baleines , et on lance souvent en vain le harpon ^ parce qu'outre que la baleine est plua aisée à toucher, le harpon ne glisse pus aussi facilement dessus que sur le mmse.. .... On Ji'atteijat souvent par ^ ^ u > t lia iifnTontw N\Ttrnr.i.t.w * lit>iK \W\n A\v\s \\\w Umuf Inrir rt bfi^H ni|i{iii#(^ , nvant tli* |t(itwolr |trrcrr mw |H'tiit (lui't^ ri ftpniiHii \ oVnt poiinpinl il rnl Mi^rM!h«r A lVttp|»orinu' lin riuliHMi 00 tn pfHitiiit^ii bimi londiiM )< pHivi^ijun |Mv louUM*M»lln ^»rM»>, on U |tm*(H>i^ut (iintoitrmf^nt( mtoonfit oonp \Um ooftr pnifir et on relut» 1a Unw «u ploNvitn, ponr cnip^ohrr qn^il no U pn^nni^ vlAttM ma gntfulo ) ot: qu'il ne hlrUNo ooloi qni Tut" lut) un ) noit iiv<^o Toxlrt^niitt^ ilo Mca denlA , «oil ii%t»o lu Ittnoe m(^ni« , oonn mo wliirsliii'rivi^ tinelcjnefoi*. Copm» ()«n( t^'Mo Htlnqne sur nn petit glA^H)tt \\t doro iHoirtiA iong^trmpA, pitrco qtio lo nior^e « hlosvSt^ ou non , Hf jeltû awm* iM ilttOî* IViiu ; et pur consifqurnt on prv4V>\o de r*t!ttqner »nr terre.... Mni« on ne U\>uvc o«s Ahiiiiâuk que dau^i de* Ji 1) n N o 1) n n le n n m. i^»«1 riiiti'oilN prii rh(r|tirtiliU, (MMMrtiiMUtin riln Av MollVti ^lrrl•l^r^ lu Worliitul , (Immii lf«iilriTi«Nf|iiiriivirmiiituil IrNbiiirm ((Mliit'iMonf vt ()ti Klork , ut «illniirM tliiiiM IdM plitliii*M Tort, t^uurlilrn nt niir (lr« lmiiriii(lr«ii(ihtn,(loiil Im vnipiMrnnY ii'itp- pi'ovliritl qiiti ritrtiittntil ; rniitr iii^tnn qiiVm y iTiKiontrff, iiiHlrtiilr pur Idm pnrMi^uiifiotiN qn'iU ont rMiitJrM, m \t tollfltnotit fitit' Irtim gnrctru , r)u'M'< «o titiniif^nt toiiH «Mm yvhn dn T'^nii (tniir pouvoir n'y pit^cipifrr pn'iipVrtirril. il'rii a! fuit mol - fn<^mn IVxp^'rimujo roir In grniul Imtin do Miililn dr Mil', drr* riiîrc If Worlniul , oCi jn rfiu^HiIrni 11110 tmiipo da trmito on c|imi'niHo do end nnimaiiK \ Jos min t^oinitt lotit nu bord do IVait ^ Ioa nntroii iiVn ('doiont qitoprtii^loignt^d; iioum iioiim anMmrn qu(d(pic«lioure« ftT',»' do rrirttri? piml i\ tcrro , dttiin roHpi^ra • qu'ils ^*cn- gngrroicnt nri pru plu. .vont daiiR la plaino , et C( mplnitt rioii« m appro- cher 'f mais comme cela uenous xùumH i) It. ♦-' l44 HISTOIRE NATURELLE pas, les morses s'étant toujours tenu» sur leurs gardes , nous abordâmes avec deux chaloupes y en les dépassant à droite et à gauche ; ils furent presque tous dans l'eau au moment où nous arrivions à terre , de sorte que noire chasse se réduisit à en blesser quelques- uns , qui se jetèrent dans la mer, de même que ceux qui n'avoient pas été touchés, et nous n'eûmes que ceux que nous tirâmes de nouveau dans l'eau.... Anciennement , et avant d'avoir été persécutés , les morses s'avançoient fort avant dans les terres ; de sorte que , dans les hautes marées, ils étoient assez loin de l'eau, et que , dans le temps de la basse mer , la distance étant encore beaucoup plus grande , on les abordoit aisément On marchoit de front vers ces animaux pour leur couper la retraite du côté de la mer, ilsvoyoient tous ces préparatifs sans aucune crain- te ; et souvent chaque chasseur en tuoit un avant qu'il pût regagner l'eau. Oa : y DES ODOBENES. l45 faisoit une barrière de leurs cadavre», et on laissoît quelques gens à l'afiriit pour assommer ceux qui restoient ; on en luoit quelquefois trois ou quatre cents On voit , par la prodigieuse quantité d^ossemens de ces animaux dont la terre est jonchée , qu'ils ont été autrefois très-nombreux Quand ils sont blessés , ils deviennent furieux, frappant de côté et d'autre avec leurs dents ; ils brisent les armes ou les font tomber des mains de ceux qui les atta- quent , et à la fin , enragés de colère , ils mettent leur tête entre leurs pattes ou nageoires, et se laissent ainsi rouler dans l'eau Quand ils sont en grand nombre, ils deviennent si audacieux que , pour se secourir les uns les autres , ils entourent les chaloupes, cherchant à les percer avec leurs dents , ou à les renverser en frappant contre le bord Au reste , cet éléphant de mer , avant de connoitre les hommes, ne craiguoit aucun ennemi , parce qu'il avoit su Quadrup. III. i3 , { i / ;^^., } • ^ '\' '^ •J i l46 HISTOIRE NATURELLE dompter les ours cruels qui se tien- nent dans le Groenland , qu'on peut mettre au nombre des voleurs de mer » . 11 paroît que l'espèce en ëtoit au- trefois beaucoup plus répandue qu'elle ne Test aujourd'hui , on la trou- voit dans les mers des zones tempé- rées , dans le golfe du Canada , sur les côtes de l' Acadie , &c. Mais elle est maintenant confinée dans les mcra arctiques : on ne trouve des morses que dans cette zone froide , et même il y en a peu dans les endroits fréquen- tés , peu dans la mer Glaciale de l'Eu- rope , et encore assez peu dans le lac du Groenland, du détroit de Davis et des auties parties du nord de l'Amé- rique , parce qu'à l'occasion de la pê- clie de la baleine , on les a depuis long- temps inquiétés et chassés. Dès la fin du seizième siècle , les habitans de 5aint-Malo alloient aux îles Ramées prendre des morses, qui , dans ce temps , «'y trouvoient en grand nombre ; il n'y t -.:».j*t.jM!toi»irfi' It^.. ■'. S/^ DES O D O B È N E S. 14/ a pas cent ans que ceux du Port-Royal , au Canada, envoyoient des barques au Cap -de -Sables , Cap -Fourchu , à la. chasse de ces animaux , qui depuis se sont éloignés de ces parages, aussi-bien que de ceux des mer» de l'Europe ; car on ne les trouve en grand nombre que dans la mer Glaciale de l'Asie , depuis l'embouchure de l'Obyjusqu'à la pointe la plus orientale de ce continent , dont les côtes sont très-peu fréquentées ; on en voit fort rarement dans les mers tem- jîérées j l'espèce qui se trouve sous la zone torride et dans les mers des In- des ^ est différente de nos morses du nord; ceux-ci craignent vraisembla-. blement ou la chaleur ou la salure des mers méridionales ; et comme ils ne les ont jamais traversées , on ne les a pas trouvés vers l'autre pôle , tandis qu'on y voit les grands et les petits phoques de notre nord , et que même ils y sont plus nombreux que dans uo» terres arctiques. , i / / ■*■ ■<«»-,,.. mt li\ V -> ^t ^'■. l48 HISTOIRE NATURELLE Cependant le morse peut vivre au moins quelque temps dans un climat tempéré : Evrard Worst dit avoir vu en Angleterre un de ces animaux vi- vant , et âgé de trois mois , que l'on ne mettoit dans l'eau que pendant un pe- tit espace de temps chaque jour, et qui se traînoit et rampoit sur la terre ; il ne dit pas qu'il fût incommodé de la chaleur de l'air ; il dit au contraire que lorsqu'on le touchoit , il avoit la mine d'un animal furieux et robuste , et qu'il respiroit très-fortement par les nari- nes. Ce jeune morse étoit de la gran- deur d'un veau , et assez ressemblant à un phoque; il avoit la tête ronde, les yeux gros , les narines plates et noires , qu'il ouvroit et fermoit à volonté ; il n'a voit point d'oreilles, mais seulement deux trous pour entendre : l'ouverture de la gueule étoit assez petite , la mâ- choire supérieure étoit garnie d'une moustache de poils carlilagîneux, gros >iet rudes j la mâchoire inférieure étoit i\ DES OUOBÈMES. l49e triangulaire, la langue épaisse , courte ^ et le dedans delà gueule ninni y de côte et d'antre, de dents plates-, les pied» de devant et ceux de derrière étoient larges , et l'arrière du corps ressem- bloit en entier à celui d'un phoque ; cette partie de derrière rampoit plutôt qu'elle ne marchoit; les pieds de de- vant étoient tournés en avant, et ceux de derrière en arrière , ils étoient tous divisés en cinq doigts, recouverts d'un© forte membrane *,...... la peau étoit épaisse , dure et couverte d'un poil court et délié , de couleur cendrée ; cet animal grondoit comme un san- glier , et quelquei'ois crioit d'une voix grosse et forte, on l'a voit apporté de la Nouvelle-Zemble ; il n'avoit point en- core les grandes dents ou défenses^ mais on voyoit à la mâchoire supé- rieure les bosses d*oïi dles dévoient Kortir ; on le nourrissoit avec de la bouillie d'avoine ou de mil; il suçoit kntem/'nt plutôt qu'il ne mangeoit j il ■%é . j»m*rW*- i'k lii^"""---^ ■jiA.iSi». ..^ . ,.j M» l5o HISTOIRE NATURELLE approclloit de son maître avec grand elFort et en grordant ; cependant il le suivoit lor^cju'on lui pr«sentoit à manger. Cette ol)ser v'âtîoii , qai ia nne une iùée asse» juste ;^ii morse , fait voir en mOnh' temp;^ qu'il peut vivre dans un cliiuat trmpéré j noaniiioias it ne pa- roît pas qu'il puisse supporter une grande cbalear , ni qu*il ait jamais fré- quente les mers du midi pour passer d'un pôle à l'autre ; plusieurs voyageurs parlent de vaches marines qu'ils ont vues dans les Indes , mais elles sont d'une autre espèce j celle du morse est toujours aisée à reconnoitre par ses longues défenses ; l'éléphant est le seul auimal qui en ait de pareilles ; cette production est un effet rare dans la nature , puisque de tous les animaux: terrestres et amphibies , l'éléphant et le morse , auxquels elle appartient, sont des espèces isolées, umjues dans leur genre , et qu'il n'y a aucune au- I M'— fci'y ^■w^iirtiH'hi- ■ ---'Vf -»- ■ V*(b..(W|u V^ ,»-.*~,f^- ' ' •; PL^ ODOBENE». l'>t ire espèce d'animal qui porte ce ca- ractère. , ' ^„ _,,-. .-...,. ■4. .«•» T.ï?.> On assare que les morses ne s'ac- couplent pas à la manière des autres quadrupèdes , mais à rebours ; la fe- melle met bas en hiver sur la terre oa «ur la glace , et ne produit ordinaire- ment qu'un petit , qui est , en naissant , déjà gros comme un «ochond'unan : nous ignorons la durée de la gestation j mais y à en juger par celle de l'accrois- sement y et aussi par la grandeur de l'animal , elle doit être de plus de neuf iriois ; les morses ne peuvent pas tou- jours rester dans Feau ; ils sont obligé* d'aller à terre , soit pour alaiter leur» j)etits, soit pour d'autres besoins; lors- qu'ils se trouvent dans la nécessité de grimper sur des rivages quelquefois es- carpés et sur, des glaçons , ils se ser- vent de leurs défenses pour s'accro- cher , et de leurs mains , pour faire avancer la lourde masse de leur corps. On prétend qu'ils se nourrissent de co- i- ; 1 '*-'">^'*ltt,im0> ''"^.jt^ifS-f^- .' W1 "; \ t. ; \ l52 HISTOIRE NATURELLE quillages qui sont attachés au fond de la mer, et qu'ils se servent aussi de leurs défenses pour les arracher ; d'autres disent qu'ils ne vivent que d'une certaine herbe à larges feuilles qui croît dans la mer, et qu'ils ne man- gent ni chair ni poisson ; mais je drois ces opinions mal fondées , et il y a apparence que le morse vit de proie comme le phoque , et sur-tout de ha- rengs et d'autres petits poissons ; car il ne mange pas lorsqu'il est sur la terre , et c'est le besoin de nourriture qui lo contraint de retourner à la mer. Nous ajouterons à ce que nous avons dit du morse , quelques observations que M. Grantz a faites sur cet animal dans son voyage au Groenland. « Un de ces moi\ses , dit -il, avoit dix-huit pieds de longueur , et à-peu- près autant de circonférence dans sa plus grande épaisseur; sa peau n'étoit pas unie , mais ridée par tout le corps , «l plus encore autour du '^ou vsa iy:aiss« Ç îiia.-î.'.ari-f . t.A-»'» *»■'«»— yi.-^ .^j?*«.if »:/....i l'^.'r..-»' ^i.^ .; , v "■ -i' DES O D O B È N E S. l53 ctoît blanche et ferme comme du lard , épaisse d'environ trois pouces; la figure de sa tète étoit ovale ; la bouche étoit si étroite, qu'on pouvoit à peine yfair» entrer le doigt; la lèvre inférieure est triangulaire , terminée en ])ointe j un peu avancée entre le» deux longues défenses qui partent de la mâchoire supérieure ; sur les deux lèvres , et de chaque côté du nez , on voit une peau spongieuse, d'où sortent des mousta- ches d'un poil épais et rude , longue» de six ou sept pouces , tressées comme une corde à trois brins , ce qui donne à cet animal une sorte de majc ^é hi- deuse. Il se nourrit principalement '^'^ moules et d'algue marine ; les défei.ot.s avoient vingt- sept pouces de longueur, dont sept pouces étoient cachés dans l'é- paisseur de la peau Jb dans les alvéole» qui s'étendent jusqu'au crâne ; chaque défense pesoit quatre livres et demie , e t le crâne entier vingt-quatre lî - v ». Selon le voyageur Kracheniunikowy t ■ ^ l54 HISTOIRE NATURELLE les mortes , qu'il appelle cheuaux-ma" rins , n'entrent pas , comme les pho- ques , dans les eaux douces , et ne re* montent pas les rivières. « On voit peu de ces animaux, dit-il, dans les envi- rons de Kamtschatka , et , si l'on en ti^itvc , ce n'est que dans les mers qui sont au nord ; on en prend beaucoup auprès du QVi\yTchukotskoi ^ où ils sont plus gros et plus nombreux que par- tout ailleurs ; le prix de leurs dents dépend do leur grandeur et de leur poids ; les plus chères sont celles qui jièsent vingt livres , mais ellt'<» sont fort rares ; on en voit mêm' peu qui pèsent dix à douze livres , leur poids ordinaire n'étant que de ci::q ou six livres ». Frédéric Martens a voit déjà observé quelques- unes des habitudes naturelles de ces animaux ; il assure qu'ils sont forts et courageux, et qu'ils se défen- dent les uns les autres avec une réso- lution extraordinaiie. « Lorsque j'en >-"«*"1^-VSg?g>Py^' DBS O D O B Ji: N E S. l55 blessois un , dit-il , les autres s'asscm- bloient autour du bateau , et le per- çoicnt à coups de défenses , d'auties s'élevoient hors de l'eau , et faisoieiit tout leur possible pour s'élancer de- dans, nous en tuâmes plusieurs cen- taines à l'île de Muff, . . et l'on se con- tente ordinairement d'en emporter la tête pour arracher les défenses ». Ces animaux , comme l'on sait , vont en très-grandes troupes , et ils étoient autrefois en quantité presque innombrable dans plusieurs endroits des mers septentrionales. M. Gmelin rapporte, qu'en 1706 et 1706, les An- glais en tuèrent , à l'île de Chery, sept à huit cents en six heures; qu'en 1708, ils en tuèrent , en sept heures , neuf cents j et en 1710, en une journée , huit cents. « On trouve , dit-il , les dents de ces animaux sur les bas bords de la mer, et il y a apparence que cet dents viennent de ceux qui meurent: on trouve en grand nombre de ces \ . \v I I « 1 l56 HISTOIRE NATURELLE dents du eàté des Tschurschis , où ces peuples les ramassent en monceaux pour en faire des outils »• On voit , par les relations de tous les voyageurs qui ont fréquenté les mers du nord , qu'on a fait une énorme des- truction de ces grands animauiC; et que l'espèce en est actuellement bien moins nombreuse qu'elle ne l'étoit jadis -, ils se sont retirés vers le nord et dans les lieux les moins fréquentés par les pê- cheurs , qui n'en rencontrent plus dans 1rs mêmes endroits où ils étoient an- ciennement en si grand nombre. Nous verrons qu'il en estàpeu-prèsde même des phoques et de tous ces amphibies marins , dont le naturel les porte à se réunir en troupeaux , et former une espèce de société : l'homme a rompu toutes ces sociétés , et la plupart de ces animaux vivent actuellement dans un état de dispersion , et ne peuvent se rassembler qu'auprès des terres dé- sertes et inconnues. m ?1 • . '» • 'h DES ODOBÈNES. iSf^ LE D U G O N. Le dugon est un animal de la mer de l'Afrique et des Indes orientales , duquel nousn'avuns vu que deux têtes dëcliarnees ou tronquées , et qui , par cette partie , ressemble plus au morse qu'à tout autre animal ; sa tête est à-peu-près déformée de la même ma- nière par la profondeur des alvéoles , d'où naissent à la mâchoire supérieure deux dents longues d'un demi-pied ; ces dents sont plutôt de grandes inci- sives que des défenses j elles ne s'éten- dent pas directement hors de la gueule^ comme celles du morse-, elles sont beaucoup plus courtes et plus minces, etd'ailleurs elles sont situées au-devant de la mâchoire , et tout près l'une de l'autre , comme des dents incisives , au lieu que les défenses du morse lais- sent entr'elles un intervalle considé- rable , et ne sont pas situées à la pointe^ Quadrup. III. i4 '''*MtiîtU*^~"*'if''^'ht. -^ i) *itaw.»* ( ri l5S HISTOIRE NATURELLE mais à côté de la mâchoire snpërienre. Les dents maclielières du dugon diiFè- rent aussi, tant pour le nombre que pour la position et la forme , des dents du morse ; ainsi nous ne doutons pas que ce ne soit un animal d'espèce dif- férente. Quelques voy^.geurs qui en ont parlé l'ont confondu avec le lion marin. Innigo de Biervillas dit qu'on tua près du Cap de Bonne-Espérance un lion marin , qui avoit dix pieds de longueur et quatre de grosseur , la tête comme celle d'un veau d'un an , de gros yeux affreux , les oreilles courtes, avec une barbe hérissée , les pieds fort larges, et les jambes si courtes que le ventre touchoit à terre , et il ajoute qu'on emporta les deux défenses qui sortoient d'un demi-pied hors de la gueule; ce dernier caractère ne con- vient point au lion marin qui n'a point de défenses , iîiais des dents semblables à celles du phoque ; et c'est ce qui m'a fait juger que ce n'étoit point un lion i DES O 1) O B È N E S. l5g marin , mais l'animal auquel nous don- nons le nom de dugon ; d'autres voya- geurs me paroissent l'avoir indique sous la dénomination amours ma? in ; Spilberg et Mandelslo rapportent : u Qu^b. l'île de Sainte-Elisabeth , sur les côtes d'Afrique ; il y a des animaux qu'il faudroit plutôt appeler des ours marins que des loups marins , parce que par leur poil , leur couleur et leur tête , ils ressemblent beaucoup aux ours , et qu'ils ont seulementle museau plus aigu; au'ils ressemblent encore aux our . par lej» *-.. . vemens qu'ils font et ipiti' la manière dont ils les font, à l'exception du mouvement des jambes de derrière qu'ils ne fiïHit que traîner ; qu'au reste ces amphibies ont l'air alFreux , ne fuient point à l'aspect de l'homme, et mordent avec assez de force pour couper le fût d'une pertui- saiie , et que, quoique boiteux des jambes de derrière, ils ne laissent pas de marcher assez vite pour qu'un '- U. ._;^*i^*«i '*^« ^\m^ •^~' - m-^ti^'"- fï ' ll r M |/ \» 11 ■t. 1? là •f # 160 HISTOIRE NATURELLE liomme qiii court ait de la peine à les joindre. Le Guat dit avoir vu , près du Cap de Bonne-Espérance , une vache marine de couleur roussâtre -, elle avoit le corps rond et épais, l'oeil gros, les dents ou défenses longues , le mufle un peu retroussé , et il ajoute qu'un mate- lot lui assura que cet animal , dont il ne pouvoit voirquele devant du corps, parce qu'il étoit dans l'eau , avoit des pieds ». Cette vache marine de Le Guat , l'ours marin de Spilberg et le lion marin de Biervillas , me paroissent être tous trois le même aiilmal que le dugon , dont la tête nous a été envoyée de riie -de-France , et qui par.consé- ouent se trouve dans les mers méri- dionales , depuis le Cap de lîonne-Espé- rance jusqu'aux îles Philippines. Au reste nous ne pouvons pas assurer que cet animal , qui ressemble un peu au morse par ia tête et les défenses , ait comme lui quatre pieds ; nous ne le présumons que par analogie , et par DES ODOBENE8. l6l rindication des voyayeurs que nous avons cités. LE LAMANTtN. S,V „,.«?- «WIV- 1 r • i Vi i N rCa HISTOIRE NATURFXLB telle même dii'eclion, en 3urte qu'au ]))'omior coup-d'œil il sembleroit qup les premiers auroient une queue divi- sée en trois ^ et que , dans les derniers, CCS trois parties se seroient réunies pour Xi' en formel' qu'une sevde ; mais ])ar une inspeclion plus attentive, et siii-tout par la dissection , l'on voit qiPil ne s'est point fait de réunion , qu'il n'y a nul vestige des os des cuisses et des jambes , et que ceux qui forment la queue des lamantins sont de simples vertèbres isolées et semblables à celles des cétacés qui n'ont point de pieds ; ainsi , ces ani- maux sont cétacés par ces parties de l'arrière de le m corps , et ne tiennent plus aux quadrupèdes que par les deux pieds ou deux mains qui sont en avant à côté de leur poitrine. Oviédo jne paroît être le premier auteur qui ait donné une espèce d'histoire et de tlescr(j>tion du lamantin. ((On le trou- ve assez fréquemment, dit il , sur les ii; ^#» DES O D O B È N E S. l€3 côtes de Saint - Doiuingue ; c'est viii très-gros animal d'une figure informe , qui a la tête plus grosse que celle d'un bœuf , les yeux petits , deux pieds ou deux mains près de la tête Cjui lui ser- vent à nager-, il n'a point d'écaillés , mais il est couvert d'une peau ou plu- tôt d'un cuir épais. C'est un animal fort doux; il remonte les fleuves, et mange les herbes du rivage, auxquel- les il peut atteindre sans sortir de l'eau ; il nage à la surface ; pour le prendre , on tâche de s'en approcher sur une nacelle ou un radeau , et on lui lance inie grosse flèche atta- chée à un très-long cordeau ; dès qu'il se sent frappé , il s'enfuit et emporte avec lui la flèche et le cordeau à l'ex- trémité duquel on a soin d'attacher un gros morceau de liège ou de bois léger pour servir de bouée et de renseigne- ment. Lorsque l animal a perdu, par cette blessure , son sang et ses forces, il gagne la terre , alors ou reprend l'ex- i i jSfcsBr'-»'*— .sm- I n ' 164 HISTOIRE ilATURELLE trc^mitc dii cordeau, on le roule jus- qu'à ce qu'il n'en reste plus que quel- ques brasses ; et , à l'aide de la vague , on tire peu à peu l'animal vers le bord ^ ou bien on achève de le tuer dans l'eau à coups de lance. Il est si jjesant , qu'il faut une voiture attelée de deux bœufs pour le transporter j sa chair est excellente , et , quand elle est fraîche> on la mangeroit plutôt comme du bœuf c|ue commo du poisson ; en la décou- pant et la faisant sécher et mariner , elle pre^xd , avec le temps , le goût de la chair du thon , et elle est encore meil- leure. Il y a de ces animaux qui ont plus de quinze pieds de longueur , sur six pieds d'épaisseur ; la partie de l'ar- rière du corps est beaucoup plus me- Mueet va toujours en diminuant jus- qu'à la queue , qui ensuite s'élargit à son extrémité. Comme les Espagnols, ajoute Oviédo , donnent le nom de mains aux pieds de d( vant de tous les quadrupèdes , et comnn' cet animal «B=sa«a»-**^« Bur , sur DES ODOBÈNES. lS5 ii*a que des pieds de devant , ils lui ont donne la dénomination d'animal -.à mains , manati ; il n'a point d'oreilles externes , mais seulement deux trous par lesquels il entend ; sa peau n'a que quelques poils assez rares , et elle est d'un gris cendré et de l'épaisseur d'un pouce , on en fait des semelles dje sou- liers , des baudriers , &c. La femelle a deux mamelles sur la poitrine . et elle produit ordinairement deqx petits qu'elle alaite » . Tous ces faits , rappor- tés par Oviédo , sont vrais , et il est singulier que Cieça, et plusieurs autres après lui , aient assuré que k* lamantin sort souvent de l'eau pour aller paître sur lai erre; ils lui ont faussement at- tribué cette habitude naturelle , in- duits en erreur par l'analogie du morse et des phoques , qui sortent en effet de l'eau et séjournent à terre 5 mais il est certain que le lamantin ne quitte ja- mais l'eau , et qu'il préfère le séjour des eaux douces à celui de l'eau salée» \u l6fi HISTOIRE NATUBELLIS fl Cliisius dit la avoir vu et mesui peau d'un de ces aiiiniaux^ et l'avoir trouvée de seize pieds et demi de lon- gueur, et de sept pieds et demi de lar- geur : les deux pieds ou les deux mains étoient fort larges , avec des ongles courts. Gomar^ assure qu'il s'en trou- ve quelquefois qui ont vingt pieds do longueur , et il ajoute que ces animaux fréquentent aussi bien les eaux des fleuves que celles de la mer j il raconte qu'on enavoit élevé et nourri un jeune dans un lac à Saint-Domingue , pen« dant vmgt-çix ans , qu'il étoit si doux et si privé, qu'il prenoit doucement la nourriture qu'on lui présentoit , qu'il entendoit son nom , et que , quand on lappeloit , il sortoit de l'eau et se traî- noit en rampant jusqu'à la maison pour y recevoir sa nourriture; qu'il sem- bloit se plaire à entendre la voix hu- maine et le chant des enfans , qu'il n'en avoit nulle peur , qu'il les laissoit asseoir sur son dos , et qu'il les passoi^ m^rmÊfmsss. DES ODOBiîNES. 167 d'un bord d'un lac à l'autre sans se plon- ;4 c dans l'eau , et sans leur faire au- cun mal. Ce fait ne peut être vrai dans toutes ses circonstances : il paroît accommodé à la fable du dau- phin des anciens ; car le lamantin ne fient absolument se traîner sur Ja terre. Herrera dit peu de chose de plus au sujet de cet animal j il assure seule- ment que, quoiqu'il soit très-gros, il nage si facilement qu'il ne fait aucun bruit dans l'eau , et qu'il se plonge dès qu'il entend quelque chose de loin. Binet dit que le lamantin est gros comme un bœuf, et tout rond comme un tonneau-, -^u'il a une petite tète et peu de queue ; tjue sa peau est rude et épaisse comme celle d'un éléphant, qu'il y en a de si gros , qu'on en tira plus de six ceats livres de viande Irès- bonne à mander ; que sa graisse est aussi douce ^ue le beurre ; que cet ani- lG8 HlSTOmE NATURELLE lïîal se plaî 'ins les rivières proche d« leur embouchure à la mer, pour y brou- ter l'herbe qui croît le long des rivages ; qu'il y a de certains endroits , à dix ou douze lieues de Cayenne , où Ton eu trouve un si grand nombre que Ton peut dans un jour en remplir une longue barque , pourvu qu'on ait des gens qui se servent bien du harpon. Le P. du Tertre, qui de'crit au long la chasse ou la pêche du lamantin , s'accorde presque en tout avec les auteurs que nous venons de citer ; cependant il dit que cet animal n'a qu») quatre doigts et quatre ongles à chaque main , et il ajoute qu'il se nourrit d'une petite herbe qui croît dans la mer , qu'il la broute comme le bœuf fait de celle des prés j et qu'après s'être rempli de cette pâture , il cherche les rivières et les eaux douces , où il s'abreuve deux fois par jour-, qu'après avoir bien bu et bien mangé , il s'endort le mufle à demi hors de l'eau , ce qui le fait remarquer DES O D O B i'i NES. 1 fîf) de loin ; que la femellr fait deux petits qui la suivent par to'it ; et que si ou prend la mère on .st assuré d'avoir les petits , qii nt Tabundonnent pas, même ap os morl , et ne font que tournoyer au de la barque qui remporte. «ni^r fait me paroît très-suspect , j nèmc contredit par d'autres voyageurs , qui assurent quo le lamantin ne produit qu'un petit , tous les gros animaux quadrupèdes ou cétacés ne produisent ordinairement qu'un petit ; la seule analogie suffit pour qu'on se refuse à croire que le la- mantin en produise toujours deux , comme l'assure le 1*. du Tertre. Oex- mclin remarque que le lamantin a la queue située comme les cétacés , et non pas comme les poissons à écailles qui Font tous dans la direction verti- cale du dos au ventre , au lieu que la baleine et les autres cétacés ont la queue située transversalement , c'est- à-dire , d'un côté à l'autre du corps j Quadrup. III. i^ i '1 ■1 II ;— fe-Je^- IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) /. 4^ 1.0 l.l 11.25 Iàâ|2j8 |25 itt Uii 12.2 tti .3. Mil Uâ 12.0 Ht U II U 116 o ^ ^>^'} // ^ / ftoographic Sdenœs Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14S80 (716)872-4503 ;V \ ^ SJ <^ ^y^ --^rS ,.^ f^ O^ i tyo JEUSTOIRE NATURELLE il dît que le lamantin n'a point de dent a de devant , mais seulement une callosité dure comme nn os , avec laquelle il pince rherbe \ qu'il a néanmoins tren- te-deux dents molaires ; qu'il ne voit pas bien , à cause de la petitesse de ses yeux , qui n'ont que fort peu d'hu- meur et point d'iris ) qu'il a peu de cervelle , mais qu'au dëfaut de bons yeux , il a l'oreille excellente -, qu'il n'a point de langue ; que le lait des femelles , dont il assure avoir goûte 7 est d'un très-bon goût ; qu'elles ne pro- duifent qu'un seul petit , qu'elles em- brassent et portent avec la main j qu'el* les l'alaitent pendant un an , après quoi il est en état de se pourvoir lui- même et de manger de l'herbe ; que cet akiimala, depuis le cou jusqu'àla queuC; cinquante - deux vertèbres j qu'il se nouiTit comme< la tortue , mais qu'il ne peut ni marcher u ramper sur la terre. Tous ces faits sont assez exacts , et même celui des cinquante-deux ver- i ti iJ^-.-«». „> •' r e dentji pilosité uelle il as tren- ne voit B de ses 1 d'hu- peu de de bons 5 *, qu'il lait des • goûté y i ne pro- lles em- 1 j qu'el- , après oir Ini- que cet queuC; u'il se LS qu'il sur la ixacts , : ver- DES ODOBÈNBS. I71' tèbres , car M. Daubenton a trouve dans l'embryon qu'il a disséqué vingt- huit vertèbres da^s laqueue, seize dansi le dos , et six , ou plutôt sept , dans le cou. Seulement , ce voyageur se trom- pe au sujet de la langi^e > elle ^e man- que point au lamantin ; mais il est vrai qu'elle est attachée en dessops» et pres- que jusqu'à son extrémité à la mâchoiro inférieure. On trouve dans le Voyage aux lies de l'Amérique , Paris , ¥jaa , une a^ez bonne 4escriptiou du laman- tin , et de la manière dont on le hfirpon- |ie *, l'auteur C3t d'accord sur tous les faits principaux avec ceux que nou9 avons cités ; mais il observe « que cet animal est devenu raye au3^ AnUUes , depuis que les bords de la mer sont ha* bités j celui qu'il vit et qu'il mesura, avoit quatprsie pieds neuf ppuces , der puis le bout du mufle jusqu'à la nais- sance de la queue ; il étoit tout rond jusqu'à cet endroit ; sa tête étoit grosse » sa gueule large avec de grandes babi- i { ,f- \ -Si- \ i?^ 172 HISTOIRE NATURELLE îles et quelques poils longs et rudes au- dessus ; ses yeuxdtoient très-petits par rtipport à sa tête , et ses oreilles no paroissent que comme deux petits trous j le cou est fort gros et fort court, et sans un petit mouvement qui le fait un peu plier , il no seroit pas possible de distinguer la tête du reste du corps. Quelques auteurs prétendent , ajoute- t-il , que cet animal se sert de ses deux mains ou nageoires pour se traîner sur terre ; je me suis soigiïeusement infor- nié de ce fait , personne n'a vu cet ani- mal à terre , et il ne lui est pas possi- ble de marcher ni d'y ramper, ses pieds de devant ou ses mains ne lui servant que ir tenir ses petits pendant qu'il leur uonne à téter ; la femelle a deux: mamelles rondes, je les mesurai , dit Fauteur , elles avoient chacune sept pouces de diamètre sur environ qua- tre d'élévation ; le mamelon étoit gros comme le pouce et sortoit d'un bon doigt au-dehors \ le corps avoit huit D IS s O DO B é N ES. IjS pîecis deux pouces de circonférence ; la queue etoit comme une large palette de dix-neuf pouces de long , et de quinze pouces dans sa plus grande largeur ^ et l'épaisseur à rextrémité étoit d'en- viron trois pouces j la peau étoit épaisse sur le dos presque comme un double cuir de bœuf , mais elle étoit beau- coup plus mince sous le ventre ; elle est d'une couleur d'ardoise brune , d'un gros grain et rude , avec des poils de même couleur , claii'-semcs , gros et assez longs. Ce lamantin pesoit envi- ron Luit cents livres ; on a voit pris le petit avec la mère ; il avoit à-peu- près trois pieds de long ; on fit rôtir à la broche le côté de la queue , on trouva cette chair aussi bonne et aussi délicate que du veau. L'herbe dont ces animaux se nourrissent , est longue de huit à dix pouces , étroite , pointue , tendre et d'un assez beau ' vert ; on voit des endroits sur les bords et sur les bas-fonds de la mer , ou cetta '1^ \ \ J-Wv U ; ■• 174 HISTOIHB NATURELLE lierbc est si abondante , que le fond paroîl être une prairie , les tortues en mangent aussi , 8cc. n Le Père Magnin de Fribourg , dit que le lamantin man- ge riierbe qu'il peut atteindre , sans cependant sortir de l'eau . . . . j qu'il a les yeux petits et de la grosseur d'une noisette ; les oreilles si fermetés , qu'à peine il y peut entrer une aiguille ; qu'au-dedans des oreilles se trouvent deux petits os perces ; que les Indiens ont coutume de porter ces petits os pondus au cou comme un petit bijou...» et que son cri ressemble à u|i petilr mugissement. Le P. Gumilla rapporte qu'il y avoit une infinité de lamantins dansles grands lacs de l'Orénoque. « Ces animaux , dit-il , pèsent cliacun depuis cinq cents jusqu'à sept cent cinquante livres j ils se nourrissent d'herbe j ils ont les yeux fort petits , et les trous des oreilles encore plus petits j ils viennent paî(re snrle rivage lorsque la rivièreeèt basse» DIvS ODOBÈNES. lyS La femelle met toujours bas deux pe- tits , elle les porte à ses mamelles avec ses bras , et les serre si fo^t qu'ils ne s'en séparent jamais , quelque mouve- ment qu'elle fasse ; les petits , lo^rsqu'ila viennent de naître , ne laissent pas do peser chacun trente livres-, le lait qu'ils tctent est très-épais. Â.u-dcssoDs de la peau , qui est bien pi us épaisse que celle d'un bœuf, on trouve quatre envelop- pes ou couches , dont deux ^ont de graisse , et les deux autres d'une chair fort délicate et savoureuse , qvii , étant rôtie , a l'odeur du cochon et le goût du veau. Ces animaux , lorsqu'il doit pleuvoir , bondissent hors de l'eau à une hauteur assez considérable ». Il paroît que le P. GumiUa se trompe comme le P. du Tertre , en disant que la fe- melle produit deux petits : il est pres- que certain , comme nous l'avons dit , qu'elle n'en produit qu'un. Enfin M. de la Gondamine , qui a hken voulu nous donner un dessin qu'i). ■\.i "» * Ji ..•.-,j,,. ,. <♦♦■,«*• '"- ' 1= R < j 176 HISTOIRE NATURELLE a fait lui-même du lamanlin , sur la rivière des Amazones , parle plus pré- cisément et mieux que tous les autres, des habitudes naturelles de cet animal. <( Sa chair , dit-il, et sa graisse ont assez de rapport à celle du veau ; le Père d'Acuna rend sa ressemblance avec le bœuf encore plus complète , enlui don- nant des cornes dont la nature ne l'a point pourvu ; il n'est pas amphibie , à proprement parler , puisqu'il ne sort jamais de l'eau entièrement , et n'en peut sortir , n'ayant que deux nageoi- res assez près de la tête , plates et eij forme d'ailerons , de quinze à seize pouces de long , qui lui tiennent lieu de bras et de mains ; il ne fait qu'avan- cer sa tête hors de l'eau pour atteindre l'herbe sur le rivage. Celui que je des- sinai , ajoute M. de la Condamine , étoit femelle , sa longueur étoit de sept pieds et demi de roi , et sa plus grande largeur de deux pieds. J'en ai vu depuis de plus grands ^-les yeux de cet animal •j*' '■K' ' " ,"» " •" -r*-^.'*^' MME -■■ .!,?.■ -^.I^- lw.^^^->l««^.;il.^«.^..l ::-.:^ DES ODOBÈNES. I77 n'ont anciine proportion à la grandeur de son corps ; ils sont ronds et n'ont que trois lignes de diamètre j l'ouver- ture de ses oreilles est encore plus pe- tite et ne paroit qu'un trou d'cpingle. Le manati n'est pas particulier à la rivière des Amazones y il n'est pas moins commun dans l'Orcnoque ; il se trouve aussi , quoique moins fréquem- ment , dans rOyapoc et dans plusieurs autres rivières des environs de Cayenne et des côtes de la Guiane , et vraisem- blablement ailleurs. C'est le même qu'on nommoit autrefois Manati , et qu'on nomme aujourd'hui Lamantin à Cayenne et dans les îles françaises d'A- mérique ; mais je crois l'espèce un peu différente. Il ne se rencontre pas en haute mer , il est n^eme rare près des embouchures des rivières ; mais on le trouve à plus de mille lieues de la mer dans la plupart des grandes rivières qui descendent dans celle des Amazones ^ comme dans le Guallaga^ le Fastaça^ &c< ( ' ti7«*~i»«»— *r#r-»-"--^-...- »; ! H'^S UlâTOTRB NATURELLE Il n'est arrête , en remontant l'Ama-* zone , que par le Pongo ( cataracte ) (le Borja , au-dessaa duquel on n'en trouve plus »« Voilà le précis , à-peu-prfes , de tout ce que Ton sait du lamantin ; il seroit à désirer que nos habitans de Cayen- ne , parmi lesquels il y a maintenant des personnes instruites et qui aiment l'histoire naturelle > observassent cet animal et fissent la description de bc$ parties intérieures , sur-tout de celles de la respiration , de la digestion et de la génération. Il paroit t tnaiai nous n'en sommes pas sûrs , qu'il a le trou ovale du cœur ouvert , les poumons singulièrement conformés , l'estomac divisé en plusieurs portions , qui peut- être forment plusieurs estomacs dif^ férens , comme dans les animaux ru- minans. Au reste , l'espèce du lamantin n'est pas confinée aux mers et aux fleuves du nouveau Monde , il paroît qu'ello <' .4 t \:v-^> DE s Ô DO BÈ K ES. I79 existe aussi sur les côtes et dans les ri- vières de l'Afrique. M. Adanson a vu des lamantins au Sénégal ; il en a rap- porté une tête qu'il nous a donnée, et en même temps il a bien voulu me communiquer la description de cet ani- mal , qu'il a faite sur les lieux , et je crois devoir la rapporter en entier. « J'ai vu beaucoup des ces animaux p dit M. Adanson -, les plus grands n'a^ voient que huit pieds de longueur , et pesoient environ huit cents livres ; une femelle de cinq pieds trois pouces de long ne pesoit que cent quatre-vingt- quatorze livres ; leur couleur est cen- drée noire ; les poils sont très rares sur tout le corps , ils sont en forme de soies longues de neuf lignes ; la tête est conique et d'une grosseur médiocre y relativement au volume du corps ; les yeux sont ronds et très-petits : l'iris est d'un bleu foncé , et la prunelle noi- re ^ le museau est presque cylindrique , les deux mâchoires sont à-peu-prvs *•! l i ( /l r I 180 HISTOIRE NATURELLE également larges , les lèvres sont cliar* nues et fort épaisses ; il n'y a que des dents molaires , tant À la mâchoire d'en- Iiaut qu'à celle d'en-bas : la langue est de forme ovale et attachée presque jusqu'à son extrémité à la mâchoire inférieure. Il est singulier , continue M. Adanson , que presque tous les au- teurs ou voyageurs ayent donné des oreilles à cet animal : je n'ai pu en trouver dans aucun , pas même un trou assez fin pour pouvoir y produire un stylet : il a deux bras ou nageoires pla^ ces à l'origine de la tête , qui n'est dis- tinguée du tronc par aucune espèce de cou , ni par des épaules sensibles ; ces bras sont à-peu-prës cylindriques , composés de trois articulations princi- pales , dont l'antérieure forme une es- pèce demainapplatie , dans laquelle les doigts ne se distinguent que par quatre ongles d'un rouge binin et luisant: la queue est horizontale comme celle des baleines, et elle a la forme d'une pelle yuÉg^BÉÉâJMy '■"■**'"'•--' yfi'i iri DES ODOBÈNBS. l8l à four. Les femclleA ont deux mamelles plus elliptiques que rondes, placcfes près de Taissclle des bras ; la peau est un cuir épais de six lignes sous le vcn-' tre, de neuf lignes sur le dos, et d*un pouce et demi sur la tête. La graisse est blanche et épaisse de deux ou trois pouces : la chair est d'un rouge pâle , plus pâle et plus délicate que celle du veau. Les Nègres Oualofes ou Jalofes , appellent cet animal lereou. IL vit d'her- bes, et se trouve à l'embouchure du fleuve Niger ». On voit par cette description , que le lamantin du Sénégal ne dilïere , pour ainsi dire , en rien dé celui de Cayen- ue ; et par une comparaison faite de la tête de ce lamantin du Sénégal avec celle d'un fœtus de lamaiitin de Cayen- ne , M. Daubenton présume aussi qu'ils sont de même espèce. liC témoignage des voyageurs s'accorde avec notre opi- nion *, celui de Dampier sur-tout est positif, et les observations qu'il a faites Quadrnp. III. i6 ' ':'{ \ ■ )*\ . l f :■ i i H\ i ï82 HISTOIRE NATURELLE 8ur cet animal méritent de trouver jplace ici. Ce n'est pas seulement dans la rivière de Blewfield , qui prend son origine entre les rivières de Nicarague «t de Verague, que j'ai vu des maiia* tes (lamantins ), j'en ai aussi vu dans la baie de Gampêchc > sur les côtes de Bocca del drago , et de Bocca del loro, dans la rivière de Darien , et dans les petites îles méridionales de Cuba \ j'ai entendu dire qu'il s'en est trouvé quel- ques-uns au nord de la Jamaïque, et en grande quantité dans la rivière de Surinam , qui est un pays fort bas : j'en ai vu aussi à Mindanao , qui est une des îles Philippines , et sur la cota de la Nouvelle-Hollande Cet ani- mai aime l'eau qui a un goat de sel , aussi se tient«il communément dans les rivières voisines de la mer j c'est peut-être pour cette raison qu'on n'en voit point dans les mers du Sud, oà la côte est généralement Laute, l'eau pro- fonde tout proclie de terre, les vagiiri «I> DES QDOBÈNES. l83 grosses , si ce n'est dans la baie de Pa- nama y OÙ cependant il n'y en a point; mais les Indes occidentales étant y pour Ainsi dire, une grande baie composée de plusieurs petites y sont ordinaire- ment une terre basse où les eaux qui «ont peu profondes fournissent une nourriture convenable au lamantin : on le trouve quelquefois dans l'eau sa- lée , quelquefois aussi dans l'eau douce, mais jamais fort avant en mer : ceux qui sont à la mer et dans les lieux où il n'y a ni rivières ni bras de mer où ils puissent entrer , viennent néan- moins en vingt -quatre heures > une foison deux, à l'embouchure de la ri- vière d'eau douce la plus voisine Ils ne viennent jamais à terre ni dans une eau si basse qu'ils ne puissent y nager -, leur chair est saine et de très- bon goût, leur peau est aussi d'une grande utilité. Les lamantins et les tortues se trouvent ordinairement dans les mêmes endroits y et se nourrissent ~r ,.,'">. 1 ) l84 HTSTOIUB NATITHELLK des mêmes herbes qui croissent sur les hauts - fonds de la mer , à quel» ques pieds de profondeur sous l'eau, et sur les rivagcrs bas que couvre la marée ». F/ V SN n ] I Espèces connues dans le genre des Odobènes ou des Morses. Le Morse , trichechus Bosmarus» Le Dugon , trichechus Dugong. Le Lamaatiti , trichechus Manatus* "■ ••\>- r.\ . . ... • . .,'',, • ' i i^ ♦ •" ■ ; ' ■ ; . . > < . ^ : n:'' •■.:■■'■•■,-: 1 1 ^ . ' i !i  r .*■•<■ 1 -A... .._,, ...v....,,, vV;, .+ ' :■> LLK isscnt sur , à quel- lous Peau, couvre la genre des 'ses* itus. Patf.jSA Jû/fi . lU, 1 . T AîNAir . a . l/Al, ADUIiTE . , " .•#.., f^^^^ P ^ J* % '^ ^» f.^ t %.■ r.<»'*- t.u^^ -f-iX ' .iV. ' i*-»--t fc t » •,.. i V M.« S il l: + .|k-^%.«*V ■*.-*• rt» :E k*A.RI'^>-i''^; A. , c"^ --^-^ . ^' ♦.' ,,•* .-f f»v.'î. t;^ «. -'uitt V :H' '<•'?♦ -'i'' u.-. Mrr*:? ^jj H ri '.'•: î'.<>în?ri *i ' ' ■ y ' .1 ^ ' !HU W' ' * <,'«'5r>>h *',""'• 4- i r.f ti-'i *♦ ^*^' f\il liM i ^.>' H»jr lii r i*"n ■ « T.r ?( -r-M fruu4&,v.î, /4'M ■»!' 5"k' W ! '\V' f II ■* -i»"'.»i W" >•; 1 "Ct'i ' «5,.^? -f-V 4Îi?- ;^&^ï C-2Sp*^ «i*»^»;,^- ,,-^^^^.y.-, , *A^ • ^^'l'^iwr .''g'^-»,'Éiiipiiinii! > ■ ^'.JS'.'^^K ( ? ' V, f ■■«< ri »^— -*-y- DE» PARESSEUX. r8& '\iif}'\ ''f >»; if' /» ■ •/.!»'■■■'■ "_ ■ f ' • ' ■' li-i'A'i.t^'"-' ■*.•■; : . ■ ;'.?■,.(> ; ., . "►'l > IV GENRE. LE PARESSEUX, bradypvs. 'i\ '.>! 1'.%' .'>.•.. ^«* Caractère générique : dents molaires , dont les deux antérieures sont plus longues ; ni dents incisives ni cani- nes j corps velu. L'UN ALT ET L'AÏ. i.i'oN a donné à ces deux animaux l'épithëte de paresseux , à cause de la lenteur de leurs mouvemens et de la difficulté qu'ils ont à marcher; mais nous avons cru devoir leur conserver les noms qu'ils portent dans leur pays natal , d'abord pour ne les pas confon- dre ayec d'autres animaux presque h '3^-«»«»^5|^. .-«B>, '-*W^9'™Hlrt^|(^»v*8Çs-5 t86 HTSTOIRE ÎJATURKLLB aussi paresseux qu'eux , et encore pour les distinguer nettement l'un de l'au- tre : car , quoiqu'ils se ressemblent à plusieurs égards , ils diffèrent néan- moins tant à l'extérieur qu'à l'inté- rieur y. par des caractères si marqués , qu'il n'est pas possible , lorsqu'on les a examinés, de les prendre l'un pour l'autre, ni même de douter qu'ils ne soient de deux espèces très- éloignées. Ij'unau n'a point de queue et n'a que deux ongles aux pieds de deyant j l'aï porte une queue courte et trois ongles à tons les pieds. L'unau a le museau pins long, le front plus élevé, Ic^preil- le!i plus apparentes que l'aï; il a aussi le poil tout différent : à l'intérieur , ses viscères sont autrement situés , et cou- formés différemment dans quelques- unes de leurs parties \ mais le caractère le pilus distinctif^ et en me tue temps le plus singulier , c'est que l'unau a quarante-six côtes, tandis que l'aï n'en a que Aingl-buit ; cela seul suppose^ l V<^-""^-- ■•""""- -'^ ii«»-.r^^.-.-,., ._:^«É^0i^^ î DES PARESSEUX. 189 polni de doigts séparément mobiles , mais deux ou troi» ongles excessiye* ment longs , recourbes en dessous , qui ne peuvent se mouvoir qu'ensemble , se nuisent plus à marcher qu'ils ne servent à grimper : la lenteur , la stu- pidité , l'abandon de son être, et mémo la douleur habituelle, rësultans de cetto conformation bizarre et négligée ; point d'aimcs pour attaquer ou se défendre ; nul moyen de sécurité , pas même eit grattant la terre j nulle ressource de sahit dans la fuite : confinés , je ne di» pas au pays , mais à la motte de terre y à l'arbre sous lequel ils sont nés ; prw sonniers au milieu de l'espace, ne pou- vant parcourir qu'une toise en une heure , grimpant avec peine , se traî- nant avec douleur ^ une voix plaintive et par accens entrecoupés , qu'ils n'o- sent élever que la nuit -, tout annonce leur misère , tout nous rappelle cc& monstres par défaut, ces ébauches im-^ parfaites mille fois projetées^ exéca— r 1 ( \ ^^k*» ^', T •■•>».»'^/t--'»v.,V...«-''^- -iv.'V^,./- * * v.^ " .. à- ,,» .«.„^.,,-'^-v»4j 190 HISTOIRE NATURELLE tées par la naturo > qui , ayant à peine la facultë dV ^dster , n'ont dû subsister qu'un temps , et ont été depuis effacëes de la liste des t^lres ; et en effet , si lot terres qu'habitent et l'unau :^t^'aïn'(5- toient pas des dëserls, si los (cm '.es et les animaux puissan** t^y lussent an- ciennement multi^■♦ -/^ *"j'**^;> DES PARESSEUX. ig? ceasivement les feuilles de chaque ra- meau; passent ainsi plusieurs semaines sans pouvoir délayer par aucune bois- son cette nourriture aride; et lorsqu'ils ont ruiné leur fonds , et que l'arbre est entièrement nu , ils y restent encore retenus par l'impossibilité d'en descen- dre; enfin , quand le besoin se fait de nouveau sentir , qu'il presse et qu'il devient plus vif que la crainte du dan- ger de la mort, ne pouvant descendre , ils se laissent tomber et tombent très- lourdement comme un bloc , une masse sans ressort ; car leurs jambes roides et paresseuses n'ont pas le temps d© «'étendre pour rompre le coup. A terre , ils sont livrés à tous leurs ennemis : comme leur chair n'est pas absolument mauvaise, les hommes et les auimaux de proie les cherchent et les tuent; il paroît qu'ils multiplient peu, ou du moins que s'ils produisent fré- quemment , ce n'est qu'en petit nom* bre; car ils n'ont que deux mamelles j Quadrup. III. 17 1 J. ■■ • - { i ^mi-^-P**^*"^"^' f i. Ai 194 HISTOIRE NATURELLE tout concourt donc à les détruire , et 11 est bien difficile que l'espèce se main- tienne ; il est vrai que quoiqu'ils soient lents , gauches , et presqu'inhabiles au mouvement , ils sont durs , forts de corps et vivaces ; qu'ils peuvent sup- porter long-temps la privation de toute nourriture ; que couverts d'un poil épais et sec , et ne pouvant faire d'exer- cice, ils dissipent peu et engraissent par le repos , quelque maigres que soient leurs alimens j et que , quoi-- qu'ils n'aient ni bois , ni cornes sur la tête, ni sabots aux pieds, ni dents in-< cisives à la mâchoire inférieure , ils sont cependant du nombre des animaux ru- minans , et ont , oomme eux , plusieurs estomacs ; que par conséquent ils peu- vent compenser ce qui manque à la qualité de la nourriture par la quantité qu'ils en prennent à la £[>is ; et ce qui est encore extrêmement singulier, c'est qu'au lieu d'avoir , comme les rumi- nans; des intestins très-longs ; ils les DES PARESSEUX. igS ont très-petits et plus courts que les animaux carnivores. L'anibiguitë de la nature paroît à découvert par ce con- traste ; l'unau et l'aï sont certainement des animaux ruminans, ils ont quatre estomacs , et en même temps ils man- quent de tous les caractères tant ex- térieurs qu'intérieurs qui appartiens ncnt généralement à tous les autres animaux ruminans. Au reste ^ si la misère qui résulte du défaut de sentiment n'est pas la plus grande de toutes , celle de ces animaux> quoique très-apparente , pourroit ne pas être réelle ; car ils paroissent très* mal ou très-peu sentir : leur air mornr^ leur regard pesant , leur résistance in- dolente aux coups qu'ils reçoivent sans s'émouvoir, annoncent leur insensibi- lité ; et ce qui la démontre, c'est qu'en les soumettant au scalpel , en leur ar- rachant le cœur et les viscères , ils ne meurent pas à l'instant Pison, quia fait cette dure expérience , dit que lo f -s i i À^ y ■-**■ 'j-flÊflffj'*^^'''^' f-JL-: 196 HISTOIRE NATURELLE cœur si'paré du corps battoit encore vivement pendant une demi - heure , et que ranimai remuoit toujours les jambes comme s'il n'eût ëtc qu'assou- pi ; par ces rapports , ce quadrupède se rapproche non-seulement de la tor- tue , dont il a déjà la lenteur^ mais en- core des autres, reptiles et de tous ceux qui n'ont pas un centre de sentiment * unique et bien distinct. Or tous ces êtres sont misérables sans être malheu- reux; et dans ses productions les plus négligées , la nature paroît toujours plus en mère qu'en marâtre. Ces deux animaux appartiennent également l'un et l'autre aux terres méridionales du nouveau continent , et ne se trouvent nulle part dans l'an- cien. Nous avons déjà dit que l'éditeur du Cabinet de Séba s'étoit trompé , en donnant à l'unau le nom de paresseux de Ceylan : cette errtur adoptée par MM. Klein, Linnaeus etBrisson, est en- core plus évidente aujourd'hui qu'elle *«»n*<»i-V^ DES PARESSEUX. 197 ne Fëtoit alors. M. le marquis de Mont- mirailaun unauvivantqui lui estvenu de Surinam ; ceux que nous avons au cabinet du roi viennent du même en- droit et de la Guiane , et je suis per- siiadë qu'on trouve Tunau, aussi-bien que l'aï, dans toute l'étendue des dé- serts de l'Amérique, depuis le Brésil au Mexique; mais que, comme il n'a jamaig fréquenté les terres du nord , il n'a pu passer d'un continent àl'autre, etsil'on a vu quelques-uns de ces animaux , soit aux Indes^ Orientales, soit aux côtes de l'Afrique, il est sûr qu'iUyavoient été transportés. Ils ne peuvent supporter le froid ; ils craignent aussi la pluie : les alternatives de l'humidité et de la lécberesse altèrent leur fourrure, qui ressemble plus à du chanvre mal se- ranco , qu'à de la laine ou du poil. Je ne puis mieux terminer cet arti- cle que par des observations qui m'ont été communiquées par M. le marquis de Montmirail , sur un unau qu'on } ftl '■y '*■'••' ii»i».ijfct ^tte-«^« u '.i 198 HISTOIRE NATURELLE nourrit depuis trois ans dans sa nif^im- goi'ic. (( Le poil de Punau est beaucoup plus doux que celui de l'aï... Il est à présumer que tout ce que les voyageurs ont dit sur la lenteur excessive des paresseux no se rapporte qu'à l'aï. L'unan , quoique très-pesnnt et d'une allure très-mal-adroite , montcroit et descendrait plusieurs fois en un jour de l'arbre le plus élevë. Cest sur In dëclin du jour et dans la nuit qu'il paroi t s'animer davantage, ce qui pour- roit faire soupçonner qu'il voit très- mal le )oar, et que sa vue ne peut lui servir que dans l'obscuritc. Quand j'achetai cet animal à Amsterdam , oïl le nourrissoit avec du biscuit de mer; 6t l'on me dit que , dans le temps de la verdure , il ne falloit le nourrir qu'avec des feuilles : on a essaye en effet de lui en donner , il en mangeoit volontiers quand elles ëtoient encore tendres; mais du moment où elles commen- çoicnt à se dessécher et à êU'c piquées ' • *■•■>..*•■- y^ ■■''■■•* » r*,. * ■"■•>-^rM>*« 'i DES PARESSEUX. 199 des vers , il lea rcjetoit. Depuis trois ans que je le conserve vivant dans ma mënagcric, sa nourriture ordinaire a ctë du pain , quelquefois des pommes et des racines, et sa boisson du lait : il saisit toujours , quoiqu'avec peine , dans une de ses pattes de devant , ce qu'il veut manger, et la grosseur da morceau augmente la difliculté qu'il a de le saisir avec ses deux ongles. Il crie rarement , son cri est bref et ne se ré- pète jamais deux fois dans le même temps : ce cri » quoique plaintif , ne ressemble point à celui de l'aï , s'il est vrai que ce son aï soit celui de sa voix. La situation la plus naturelle de l'unau, et qu'il paroH préférer à toutes les autres , est de se suspendre à une bran- che , le corps renversé en bas j quel- quefois même il dort dans celte posi- tion , les quatre pattes accrochées sur un même point , son corps décrivant un arc : la force de ses mitscles est in- croyable , mais elle lui devient inutili» l 1 ) i •'-yp^ft- ♦v-='t>™->«*ifc k \i Y r > I ' f 200 HISTOtRE NATURELLE lorsqu'il marche , car son allure n'en est ni moins contrainte ni moins va- cillante : cette conformation seule me ^aroît être une cause de la paresse de cet animal y qui n'a d'ailleurs aucun appétit violent , et ne reconnoît point ceux qui le soignent. ' ^ ^ ' « On connoît à Cayenne , dit M. de la Borde , deux espèces de ces animaux , l' une a^'çeXéQ par esse uX'JionteuXjVsLwive mouton-paresseux; celui-ci est une fois plus long que l'autre y et de la même grosseur ; il a le poil- long , épais et blan^ cliâtre , pèse environ vingt-cinq livres. Il se jette sur les hommes depuis le haut des arbres ^ mais d'une manière si lourde et si pesante , qu'il est aiso de l'éviter. Il mange le jour comme la nuit. }) Le paresseux -honteux a des taches noires , peut peser douze livres , se lient toujours sur les arbres , mange des feuilles de bois-canon , qui sont réputées poison. Leurs boyaux empoi- it,-. ■^-^émB»^t>'..'V- UES PARESSEUX. 201 sonnent les chiens qui les mangent , et néanmoins leur chair est bonne à man- ger /mais ce n'est que le peuple qui en fait usage. » Les deux espèces ne font qu'un petit qu'ils portent tout de suite sûr le dos. 11 y a grande apparence que les femelles mettent bas sur les arbres , mais on n'en est pas sûr. Ils se nour- rissent de feuilles de monbin et de bois-canon : les deux espèces sont égale- ment communes, mais un peu rares, aux environs de Cayenne. Ils se pen- dent quelquefois par leurs griffes à des branches d'arbres qui se trouvent sur les rivières , et alors il est aisé de cou- per la branche , et de les faire tomber dans l'eau, mais ils ne lâchent point prise et y restent fortement attachés avec leurs pattes de devant. )) Pour monter sur un arbre , cet animal étend nonchalamment une de ses pattes de devant qu'il pose le plus haut qu'il peut sur le pied de l'arbre j . .. .lâ»'. V • \j) ao9 HISTOIRE NATURELLE îl s'accroche ainsi avec sa longue griffe , lève ensuite son corps fort lourdement > rt petit à petit pose l'autre patte , et continue de grimper. Tous ces mouvc* mens sont exécutés avec une lenteur et une nonchalance inexprimables. Si PU en élèvo dans les maisons , ils grim- P'^nt toujours sur quelques poteaux ou même sur }v8 portes, et ils n'aiment pas se tenir k terre ; si on leur présente un bâton lorsqu'ils sont à terre , ili §'en saisissent tout de suite , et mon- tent jusqu'à l'extrëmitë)OÙils se tien- nent fortement accrochés avec les pat- t(fr de devant , et serrent avec tout le corps l'endroit où ils se sont ainsi per- ches. Ils ont un petit cri fort plaintif et langoureux , qui ne se fait pas en- tendre loin ». On voit que le paresseux-mouton de M> de la Borde est celui que nous avons appelé unau , et que son pares- seux-honteux est l'aï , dont nous avons 4onuë les descriptions et les figures. r::., DES PARESSEUX, soi Espèces connues dans le genre du Paresseux, L'Aï , hradypus Tridactylus. L'Unau | bradypus Didactylu*^ ■(.| ti« . l i..-*.-»»' •* -.^^>.^ifc.. ;âîSÇ»i*-H,##i»<~n)^rf#:*'tt-'- '■-y.--— V f\ ao4 HISTOIRE NATURELLE IX' GENRE. V il LE FOURMILLIER, MYRMECOPHAGA. Caractère générique ; point de dents y corps velu. LE TAMANOIR, LE TAMANDUA ET LE FOURMILLIER. I L existe dans l'Amérique méridio- nale trois espèces d'animaux à long museau , à gueule étroite et sans aucu- nes dents , à la langue ronde et longue, qu'ils insinuent dans lesfourmillières, et qu'ils retirent pour avaler les four- mis dont ils font leur principale nourri- j;ure. Le premier de ces mangeurs de '* •'•'• 1 ER, • I dents f R, [ILLIER. nëridio- c à long lis aucu- : longue; lillières, les foiir- e nourri- igeurs de '.Î$MC':. ^^K M0'% i J nj ,|:=;*wnl*^»' 4kK m ;«iM' iT* ■'^■■ .*Js •iî.; , kit tVf^- •rf* ' m m fy Mm Ù'ifi- !»UTi' 'nmi m '.»/• ..V ■•." 'iï^% 4Î > « ^ ■*■ > •, 1 'Ut. , ; j' ■ ^iii^fj L>' 'V 1 -.'»»'• (!fP'^'!N^'*i*' •im 'f\ vJ» -f.,.'-Ù-<«,w^ ^mt.—m.x-A'»' ^^^ém^^' '-'**»«s^26aia*fei;éi^i»*é*' .d'.l»"*-*'' ■M»*»-*' rT9mimt .•i!< ro7n.M, I*aa . :àû4 J)et de/. j I.K TAJMANOIll. a.l-K FOVlVMIJJilKlV. i \m RI J DES POUR MILLIERS, ao5 fourmis est celui que les Brasiliens ap- pellent' tamanduaguacUy c'est-à-dire , grand tamandua , et auquel les Fran- çais habitues en Amérique ont donne le nom de tfimanoir : c'est un animal qui a environ quatre pieds de longueur depuis l'esctrémité du museau jusqu'à rorigine de la queue y la tête longue de quatorze à quinze . pouces , le mu- seau très-alongé, la queue longue do deux pieds et demi ; couverte de poils rudes et longs de plus d'un pied ; le cou court , la tête étroite , les yeux petits et noirs , les oreilles arrondies , la langue menue ^ longue de plus de deux pieds, qu'il replie dans sa gueula lorsqu'il la retire toute entière. Ses jambes n'ont qu'un pied de hauteur y celles de devant sont un peu plus hautes et plus menues que celles, de derrière : il a les pieds ronds ; ceux de devant sont armés de quatre ongles, dont les deux du milieu sont les plus grands ) ceux de derrière ont cinq on- Quadrup, III. i9 :i *iVi», r0*>- -.„sg9afc*i4^...^-.«t. ,<» ^. Mt,m "w i-fc^K^ç'-— i^tm-- fi ^ 206 HISTOIRE NATURELLE gles. Les poils (te la queue , comme ceux du corps; âont mêlés de noir et de blanchâtre ; sur la queue ils sont dispo- ses en forme de panache ; l*animal la retourne sur te dos , s'en couvre tout le corps lorsqu'il veut dormir ou se met- tre à Fabri de la pluie et de l'ardeur du soleil; les longs poils de la queue et dû corps ne sont pas ronds dans tonte leur ëtendue , ils sont plats à l'extrëmitë et secs au toucher comme de l'herbe des'- séchëe : l'animal agite fréquemment et brusquement sa queue lorsqu'il est irri^ te , mais il la laisse traîner en marchant quand il est tranquille , et il balaie le chemin par où il passe: les poils des par~ ties antérieures de son corps sont moins longs que ceoÉ. des parties postérieu- res : ceux-ci sont tournés en arrière et les autres en avant ; il y a plus de blanc sur les parties antérieures , et plus de noir sur les parties postérieu- res : il y a aussi une bande noire sur le poitrail; qui se prolonge sur les cd» ,/ / ■^4*»: l(;^^>\t '"ik^] DES FOURMILLTERS. 207 tés du Corp s et se tériiiitio sur le dos près des lombes ; les jambes d^ der-^ rière sont presque, noires , celles de devant presque blanches , avec un» grande tache noire vers le milieu. Lo tamanoir marche lentement, un hom- me peut aisément l'atteindre à la cour- te ; ses pieds paroissent moins faits pour marcher que pour grimper et pour saisir des corps arrondis ; aussi serre-t-il avec une si grande force uno branche ou un bâton , qu'il n'est pas possible de les lui arracher, mè > ' > ■ t . M. de la Borde , médecin du roi à Cayenne , m'a envoyé les observations suivantes au sujet de cet animal. (( Le tamanoir habite les bois de la Guiane , or* y en connoit de deux es- pèces ; les individus de la plus grande pèsent jusqu'à cent livres; ils courent lentement et plus lourdement qu'un cochon ; ils traversent les grandes ri- vières à la nage, et alors il n'est pas dii&cile de les assommer à coups de 4 ,f """mi*- '•••f;:^..* ..«»-• . ,rt^ ao8 HISTOIRE NATURELLE bûton. Dans le bois , on les tue à coups de fusil : ils à^ sont' pas fort communs, quoique les ^chiens refusent de les chasser. ^ « 8!?ii'j0«i« sjiiH'.mf ifur/ab » Le tamanoir se sert de ses grandes griiFes pour déchirer les ruclies de poux de bois qui se trouvent par- tout sur les arbres, sur lesquels ils grimpent facilement; il faut prendre garde d'ap- procher cet animal de trop près , car ses griffes font des blessures profondes > il se défend même avec avantage con- tre les animaux les plus féroces de ce conlinent , tels que les jaguards , cou- gards, 8cc. il les déchire avec ses griffes, dont les muscles et les tendons sont d'une grande force ; ii tue beaucoup de chiens , et c'est par cette raison qu'ils refusent de le chasser. . v . *?> . , . , . £. » On voit souvent des tamanoirs dans les grandes savanes incultes ; on dit qu'ils se nourrissent de fourmis; son estomac a plus de capacité que celui "d'un homme. J'en ai ouvert ^■*«-i»sJ!H^î*w.***»^-'t'^'.' ' '"" DKS FOURMILL1ER3. St09 nn qui avoit l'estomac plein de poux de bois , qu'il avoit nouyellemenl man- gés, La structure et les dimensions de sa langue , semblent prouver qu'il peut aussi se nourrir de fourmis. Il ne fait qu'un petit dans des trous d'ar- bres près de terre -, lorsque la femelle nourrit, elle est très-dangereuse mê- me pour les hommes. Les gens du commun à Cayenne mangent la cbair de cet animal j elle est noire, sans graisse et sans fumet. Sa peau est dure et épaisse , sa langue est d'une forme presque conique comme son museau. » Le tamanoir , continua M. de la Borde , n'acquiert son accroissement entier qu'en quatre ans. Il ne respire que par les narines; Ma première ver- tèbre qui joint le cou avec la tête , la trachée- artère est fort ample , mais elle se rétrécit tout-à-coup , et forme vin conduit qui se continue jusqu'aux narines , dans cette espèce de cornet qui lui sert de mâchoire supérieure. t) 1 *i *• ►••i*-ii •»••- ^^--■^^es^.» •»51?**TTr-*--'*V"-' a 10 HISTOIIIK NATURELLE Ce cornet a un pied de longueur , et il est an moins aussi long que le reste do la tête ; il n'a aucun conduit de la tra- chëeartère à la gueule, et néanmoins l'ouverture des narines est si petite, qu'on a voit de la peine à y introduire vin tuyau do plume à écrire. Les yeux sont aussi très-petits^ et il ne voit que de côté. La graisse de cet animal est de la plus grande blancheur. Lorsqu'il traverse les eaux , il porte sa grande et longue queue repliée sur le dos et jusque sur la tête ». ^j^ . .-> MM. Aublct et Olivier m'ont assuré que le tamanoir ne se nourrit que par le moyen de sa langue , laquelle est enduite d'une humeur visqueuse et gluante , avec laquelle il prend des insectes ; ils disent aussi que sa chair n'est pas mauvaise à manger. ,. Le second de ces animaux est celui que les Américains appellent simple- ment tamandua , et auquel nous con- serverons ce nom ) il est beaucoup plus "^^f. ty *^ »??■■>» a»5«i>"».AtJ*^' : DES FOURMILLIERS. ait y. :t que le tamanoir; il n'a qu'environ dix-huit pouces depuis l'extrëmitë du museau jusqu'à l'origine de la queue : sa tête est longue de cinq pouces , son museau est alongë et courbé en dessous ; il a la queue longue de dix pouces et dénuée de poils à l'extrémité , les oreil- les droites , longues d'un pouce ; la lan- gue ronde , longue de huit pouces , placée dans une espèce de gouttière ou de canal creux au-dedans de la mâ- choire inférieure ; ses jambes n'ont guère que quatre pouces de hauteur ^ SCS pieds sont dé la même forme et ont le même nombre d'ongles que ceux du tamanoir , c'est-à-dire y quatre ongles à ceux de devant et cinq à ceux de der- rière. Il grimpe et serre aussi-bien que le tamanoir , et ne marche pas mieux ; il ne se couvre pas de sa queue qui ne pourroit lui servir d'abri étant en par- tie dénuée de poil, lequel d'ailleurs est beaucoup plus court que celui de la queue du tamanoir ; lorsqu'il dort ^ il t .«9tr_. ' ««l»»*!».. i^ «*n •- »_-»3»-«-*rîai^-^ I' V i 1 412 HIStÔIÎlE NATURELLE caclie sa tête sous son cou et sons ses jambes de devant. •• ^ •< -' ' ^ iM-^-^^'f i . Le troisième de ces animaux est celui que les Naturels de la Guianc ap- pellent ouatiriouaou. Nous lui donnons le nom de fourmi Hier pour le distinguer du tamanoir et du tamandua. Il est encore beaucoup plus petit que le ta- mandua f puisqu'il n'a que six on sept pouces de longueur depuis l'extrémito du museau jusqu'à l'origine de la queue ; il a la tète longue de deux pouces -, le museau proportionnellement be: .ucoup moins alongé que celui du tamanoir ou du tamandua ; sa queue, longue de sept pouces ; est recourbée en dessous par l'extrémité qui est dégarnie de poils ; sa langue est étroite , un peu applatie et assez longue ; le cou est presque nul , la tête est assez grosse à proportion cin corps , les yenx sont placés bas et peu éloignés des coins de la gueule ; les oreil- les sont petites et cachées dans le poil , les pmbcs n'ont que trois pouces de is^^ !^'^^'î|*»»»-»-«rj •i .»v L3';.Li^ .:.. s-*»** >»^' »*■ 'Vr^Mlïï' rifhiâli «r»'4;V«*'*i**'*«"w^' li^'AV^'^'-^''*'^-' "mi^-^ '-y') :« *#f(irf4,-."i»i! . DES FOrn MILLIERS. 2l3 hauteur, les pieds de devant n'ont que deux ongles , dont Texterne est bien plus gi'oa et bien plus long que l'inter- ne ; les pieds de derrière en ont quatre : le poil du corps est long d'environ neuf lignes ; il est doux au toucher et d'une couleur brillante , d'un roux mêle de jaune- vif , les pieds ne sont pas faits pour marcher , mais pour grimper et pour saisir ; il monte sur les arbres et se suspend aux branches par l'extré- mité de sa queue. - -" -' • - ' t - ^ Voici ce que M. de la Borde m'écrit fiur le petit f()urmillier. '^"^♦^**^ « Cet animal n'est guère plus grand qu'un écureuil , il n'est pas difficile à prendre , il marche assez lentement , s'attache , comme le paresseux, sur un bâton qu'on lui présente, dont il no cherche pas à se détdurner ; et on le porte ainsi attaché oh l'on veut. Il n'a aucun cri; on en trouve souvent d'ac- crochés à des branches par leurs griffes. Ils ne font qu'un petit dans des creux t^^ I ;i*^iièi«K*w*««^*^ 2l4 lïfSTOlRE NATURELLE cVarbreH sur des feiiillos qu'iU cbaricnt sur le dos Ils ne mangent que la nuit ; leurs grilTes sont dangereuses, et ils les serrent si fort , quW ne peut pas leui* faire lâcher prise. Ils ne sont pas rares, mais difficiles à appei cevoir sur les ar- bres ». Le tamandua fait , pour ainsi dire, la moyenne proportionnelle entre le tamanoirctle fourmillierpour la gran- deur du corps; il a, comme le tama- noir , le museau fort alongé et quatre doigts aux pieds de devant ; mais il a , comme le fourniillier, la queue dégar- nie de poil à l'extrémité , par laquelle il se suspend aux branches des arbres. Le fourmillier a aussi la même habi- tude : dans cette situation, ils balan- cent leur corps , approchent leur mu- seau des trous et des creux d'arbres, ils y insinuent leur longue langue et la retirent ensuite brusquement pour avaler les insectes qu'elle a ramassés. ; Au reste , ces trois animaux , qui i m wiiiiLini iimmm mimià r»*— • 1)E9 FOURMILLIERS. ai5 di fièrent si fort par la grandeur et par les proportions du corps , ont néan^ moins beaucoup de choses communes ^ tant pour la conformation que pour les habitudes naturelles : tous trois se nour* rissent de fourmis , et plongent aussi leur langue dans le mielet dans les au- tres substances liquides ou visqueuses; ils ramassent assez promptement les miettes de pain ^t les petits morceaux de viande hachée; on les apprivoise et on les élève aisément; ils soutiennent long- temps la privation de toute nour- riture ; ils n'avalent pas toute la liqueur qu'ils prennent en buvant, il en re- tombe une partie qui passe par les na-r rines -, ils dorment ordinairement pen- dant le jour , et changent de lieu pen- dant la nuit ; ils marchent si mal, qu'un homme peut les atteindre facilement à la course dans un lieu découvert. Lies Sauvages mangent leur chair , qui cependant est d'un très-mauvais goût. On preudx'oit de loia le tamanoir ■ ***H*»*0.>t^ ^ ^.jMM.'^'-l-*^-*^-:-'^ ai 6 HISTOIRE NATURELinS pour un grand renard , et c'est par cette raison que quelques voyageurs l'ont appelé renard américain ; il est assez fort pour se défendre d'un gros chien et même d'un jaguar : lorsqu'il en est attaqué, il se bat d'abord debout , et , comme l'ours , il se défend avec les mains dont les ongles sont meur- triers ; ensuite il se couche sur le do» pour se servir des pieds comme des mains , et dans cette situation il est presque invincible et combat opiniâ- trement jusqu'à la dernière extrémité j et même lorsqu'il a mis à mort son en- nemi , il ne le lâche que très-long-temps après ; il résiste plus qu'un autre au combat , parce qu'il est couvert d'un grand poil tou£Pu , d'un cuir fort épais ^ et qu'il a la chair peu sensible et la vie très-dure. < ■ > - : • Le tamanoir , le tamandua et le fourmillier sont des animaux naurels aux climats les plus chauds de l'Amé- rique , c'est-à-dire ; au Brésil , à la f» ■■"^'iPiu'i'ii'illOi' "T DES foubmillikhs. 217 Guiane , aux pays des Amazones , &c. On ne les trouve point en Canada ni dans les autres contrées froides du nou' veau Monde , on ne doit donc pas les retrouver dans l'ancien continent. U Espèces connues dans le genre da Fourmillier. :»?;«m|. ''jt, îOH.ff • ' i»^^^ i^".4Y^4i..> Le petit Fourmillier , myrmecophaga Di- dactyla. Le Tamanoir , myrmecophaga Juhata. Le Tainandua , myrmecophaga Tetradac- tyla> ■ ' ■ --» » f ' . i.t • '1" i;^'"OT !*! V :?'^ y l 1 # », « * ,?' f l -• Quadmp. Ul, ai8 HISTOIRE NATURELLE ■nm ; X« GENRE. )■' ustyr LE VaOLlBOTE^MjiNJÀ. Came ter e générique : point de dents | , T t V f *r Yv ^^ - corps ëcaiilc. I.E PANGOLIN ET LE PHATAGW. \.j E S animaux sont vulgairement con- nus sous le nom de lézard écaïUeux; nous avons cru devoir rejeter cette dé- nomination, 1°. parce qu'elle est com- posée, 2°. parce qu'elle est ambiguëVt qu'on l'applique à ces deux espèces , 3°, parce qu'elle a été mal imaginée , ces animaux étant non-seulement d'un autre genre , mais même d'une autre classe que les lézards qui sont des rep- F-*.4«i. «..■»>■ - "D, M—H«i«<.•' <>• ■:-J'r'-i \ i l^U. ■.ifâtli^^'ïi «^Vf y- .V ; ■ t. ¥ y ■ ■ ^4t .* ^ ^ •**: ^ ^ ' ;ï5i ' ■' ;iÉl'^ ?*#!ff?' "**»' :.' riv? " H^ i-^-^-ïHi^^û' "i- f-''. "fi 'i i-.r UJI 'i-'/ii ^-f^ •* f *" r' • »-j. m ■ ^ * '''^•' ••--*'"- t V' n i h' -^ . «nt. -4-., * •■-*■ J i- I' ^ ■. / ■î-i- T '. - ' / ■♦:i * f ? ; \ i>. j tn^''!',tt>. ^•-■tt lUKfi Û^ i: >• fie m ^ A ■'■M • H f-: f'n ( ir îpvce 'ns^ i» V ,V ', 1 ■»*.*>'. 1 .( <> •■, . » » i V iA<îl)'^f L.-;?ro<:*-'.1i J->i§u INi .^!'r, .( ■ '.V, I . •> • uïr ;5's '««. it ■; Tam^JH. raa. 2z3 so\n. t\l î-iïît ..Vmï.ic; , ;. .f. ,..,;. „ * f'- - t :^;^ <.:e^ ,>■■■*■•■ ; •;»iilr'' 1 1^; PHATAGIN. a LE PANGOIilN . ^^44p""^<»*^rf>»tifciigi«Ni^ bL..k..Ll^ • * ■4 «i ^. -tt-' ^viiiii, . iïi i ' '■ {•; ' ' m '■■ : f, ■ ■■/ M » .- "i^K 1 ;., v.# DES PHOriDQTES. SIC^ tiles ovipare»; au iiéu que le pangolin et le pbatagin sont des quadrupèdes iriviparea : ces noms. sont d'ailleurs ceux qa'iJs portent dans leur pays natal , nous ne les avouA pas crées , nous les avons seulement adoptés. l'sîjirf*»^ Tous les lézards sont recouverts en en-- tier et jusque sous le ventre d'une peau lisse et bigarrée de taches qui représen- tent des écailles, mais le pangolin et le phatagin n'ont point d'écaillés sous la gorge, sous la poitrine, ni sous le ventre; le phatagin, comme tous les autres qua- diupèdcs, a du poil sur toutes ces par- ties inférieures du corps ; le pangolin n'a qu'une peau lisse et sans poils. IjCs écailles qui revêtent et couvrent toutea les antres parties du corps de ces deux animaux ne sont pas collées en entier sur la peau , elles y sont seulement in- fixées et fm-tement adhérentes par leur partie inCerieure ; elles sont mobiles comme l' I 230 HISTOIRE NATURELLE ' volonté de l'animal ; elles se hérissent lorsqu'il est in'ité , elles se hérissent encore plus lorsqu'il se met en boule comme le hérisson : ces écailles sont si grosses , si dures et si poignantes qu'elles rebutent tous les animaux de proie , c'est nne cuirasse offensive qui blesse autant qu'elle résisle ; les plus cruels et les plus affamés , tels que le tigre , la panthère, &c. ne font que de vains ef- forts pour dérober ces animaux armés > ils les foulent, ils les roulent, mais en même temps ils se font des blessures douloureuses dès qu'ils veulent les sai- sir j ils ne peuvent lii les violenter , ni les écraser , ni les étouffer en les sur- chargeant de leur poids. Le renard qui craint de prendre avec la gueule le hé- risson en boule dont les piquaus lui déchirent le palais et la langue , le force cependant à s'étendre en le foulant aux pieds et le pressant de tout son poids ; dès que la tête paroît, il la saisit par le bout du museau et met ainsi le hérisson j DES PHOLIDOTES. 221 à mort; mais }e pangolhi et le pliata-> gin sont de tous les animaux , sans en excepter même le porc opic , cenx dont Farmure est ki plus forte et la plus of- fensive j en sorte qu'en contractant leur C/orps et présentant leurs armes, ils brave it la fureur de tous leurs en- nemis. Au reste , lorsqiie'le pangolin el le phatagin se resserrent, ils ne prennent pas , comme le hérisson , une figure glo- buleuse et imiforme , leur corps en se contractant , se met en peloton , mais leur grosse el longue queue reste au de- hors et sert de cr>'cle ou de lien au corps ; cette partie extérieure par la- quelle il paroitquc ces animaux pour- roient être saisis , se défend d'elle- même, elle est garnie dessus et dessous d'écaillés aussi dures et aussi tranchan- tes que celles dont le corps est revêtu : et comme elle est convexe en dessus et plate en dessous , et qu'elle a la formo à-peu-près d'une demi-pyramide ^ ha -1! > •la, la. f •* M J*ftÇ . 3^7 Tarn MI. X . ].K KAR ASS OU . a . J.li'.NCOVJiK RT . y i !J J\., i: 'i '?■ «■-♦^ i'.; )\V K,' M • ^ V î^i^'i" 'jÇ^"*fl^'!|P'*^i.'3 , ,,„.^, *l.îfl ■* ■ l\,? î \ ^ -..M ïl -k-W-. *?*' k»'' ? i/ii: •m: >-..ï. y- '-?.^*'?i/ /• Des tatou s. aaj h<. »> i I i-« f 1 i 'J»l ( tf X r G E N R E. LE TATOU. DASYPUs. •);»i:'V''* f Caractère générique : dents molaires ' sans incisives ni canines ^ corps cui< rassë; LE KABASSOU. * 4. ' iE kabassou nous paroît être le plus grand de tous les tatous : il a la tête plus grosse , plus large et le museau moins eflilë que les autres , les jambes plus épaisses , les pieds plus gros , la queue sans têt , particularité qui seule sufiiroit pour faire distinguer cette ^:r/cce de toutes les autres ; cinq doigts à tous les pie G, et douze ban^l'^s œobi- ^ yj 1.4 7 fi'f^^^mtfimft!^i%^x ^■^w.*--— ■ ^^^^H^^^^^^^^^^^^^^^^^HHr ' ï !■■ m l^lHIi^ ■^^^^^^^^^^■^^^■^^^■yH^ 1 M "i PI n-- ^ ^. ! aa8 HÎSTOÏRB NATURELLE îîft qui n'aiiticipent que peu les unei eut ît;.^' auti'es. 1 « bouclier de-'/ épaules îreat i/^rme nvic de quatre ou cinq l'ôiigs , composes cliactih de pèces^ qua- drangulaires asse?: grandes ; les bandes mobiles sont ansii formëes de grandes pièces , Tnais presque exactement car- rées ; celivîs qm composent les rangs du bouclier de la croupe , sont à-peu» pi'ès semblabli^s à cçMe du boucliei: ,de^ épaules; le casque ^e la tête est aussi composé de pièces assez grandes , mais irrégnlières. Entre les jointures des bandes .mobiles et des autres parties de l'armure, s'échappent quelques poil» pareils à des «oies de «ochou; il y a aussi, sur la poitrine, sur le ventre ^ sur les jambes et sur la queue des rudi- inens d'écaillés qui sont ronds, durs £t polis comme le resïe du têt, et autour /de ces petites ''cailfes on Toit de petites houpes de poil. Les pièces qui com- posent le casque de la tête , celle des deux boucliers et dç la cuirf:tr:;<$ étant ■■^-,. ' V LLE 1 les unci CK épaules ou cinq ièccs qua- les bandes le grandes nent car- ies raiigs ►nt à-peu» B est aussi ides , ii^iis tures des es parties ques poil» n; iî y a ventre, des rudi- s, dars £t et aùtoni" de petites jui corn- celle des DES TAT0IT8, Î2Î9 randes kabassou proportionnellement plus en plus petit nombre dans que dans les autres tatous, Ton doit en inférer qu'il est plus grand que les autres. îciïïA ib ui^on lï btunA} t» ïu', uo « Ce gi'os tatou , dit M. de la Borde ^ fait hiiit petits et même jiisqu'à dix dans des trous qu'il creuse fort pro- fonds. Quand on veut le découvrir j il travaille de son côté à rendre son trou plus profond , en descendant presque perpendiculairement. Il ne court que la nuit , mange des vers de terre , des poux de bois et des fourmis ; sa cbair est assez bonne à manger , et a un peu âa goût du cochon de lait ». j 'éi{'}iiin> ,rr ,f. -.y,- >-'i(^V* 'n-fî ''pL-S-f-y :fî* LE CIRQUINÇON. ' { i I ', \ r \ ) \ M Voir , \\m\ii liounlitiiM cIimoiiii d'Uiiti ••uli> lui'oo , lo pioitiiri' Mur \vn t^pniiIttM , t>l loMov^uiul Nur 1m oi'oii|iti ; lt)oîi'(|uîiivoii llVll li i|U'uil , ot u't)«t IIU' If M t^p^llloM ; on lui (tdoiiiiil \v nom dt^ ii$tou ùtfitittt*^ |>MVC0 ((ll'il 14 1(4 i^tti à*|wu*)U^N tlo la tll6iui' Toiinn «lut» oullo du lit liulrlln. l)«in» U doMuriplion dti oui ttiiiuuil, don* lh!o |uu\Grow , on iionvo (|u'll iivoit Jo iUH'pt d'onviron dix pouutiM de long , Ja l<^tci t plut, 1«M yOUX p0lttH| lOM ortMlloN longuoi)d*nn ponuo« cinq doigb aux qualro pimU » do f^i'undii ongloa long» d'un pouooanx Iwm doigLi du niiliou, aIoj) ougUii plus courU au:x; doux auttri doiglvH \ l*iirmuro do la lolo ol collo de» JAiuboa ooiiipo8(5o dMoaillos arroiulio», dVuvimn un quart du pouuo do dia- ini>tix) ; ruruiuro du cou d'une soulo pièce , ibruit^o do petites t^caillcs car- vôes'f lo bouclier dos épaules aussi d'une ._. — ^t_-J. ••"•«•Sk . .«r? '"■ '.-V^^V^j. j) n N TA T or H, a*1i mii^N (I0 purdilliiN |krtliliiN (^cNitlr* vttv l'titiN : utiN rMii^N ilti iHiutilini' , <4ttiii* vnlUi t)n\}hm (irmitiin iluiiN loiifiiM U\k iiili'r^N , Mtirit CditiiiMiN ri itM «ont pnN m^piini*! Ion Umn ildn iiuIi'«m put* uni) pnitii Hixi- bld I lu Ndiit it• i. '■»;'»• VU; . t •|; A TJiPIS BAWuDiSS. { , • Le premier aut ir qui ait indique cet animal par un- descrip ion , est Gbarlcs de l'Ecluse ( Chisius ) , il ne Ta décrit que d'après une figure ; mais on recounoît aisément aux aractères qu'elle représente , et qui sont trois bandes mobiles sur le dos , et la queue très-courte , que c'est le même animal que celui dont Marcgrave nous a donné une bonne description sous le nom de Tatu-apara : il a la tête oblongue et r-^f^.j4Jff, iSpi^jp^^^'w' « DES TATOU». 233 presque pyramidale , le museau pointu , les yeux petits y les oreilles courtes et arrondies ; le dessus de la tête couvert d'un casque d'une seule pièce ^ il a cinq doigts à tous les pieds : dans ceux du devant les deux ongles du milieu sont très-grands , le^ deux latéraux sont plus petits , et le cinquième , qui est l'extérieur et qui est fait en forme d'ergot, est encore plus petit que tous le» antres ; dans les pieds de derrière les cinq ongles sont plus courts et plus égaux. La queue est très- courte , elle n^a que deux pouces de longueur , et elle est revêtue d'un têt tout autour ; le corps a un pied de longueur sur huit pouces dans sa plus grande largeur. La cuirasse qui le couvre est partagée par quatre commissures ou divisions , et composée de trois bandes mobiles et transversales qui permettent à l'ani- mal de se courber et do se contracter en rond j la peau qni forme les commissu- res est très-souple. Les boucliers qui a ,^ „,-■--.. . .» 'smsstz. ».«- .;T«''*r'' \l I ) [';' 2Î54 HISTOIRE NATUREf.T.Ë couvrent lea ëpaûles cl la croupe, sont cotn|)oséa de pièces à cinq angles très- ëldgamment rangëes ; les trois bandes mobiles entre ces deux boucliers sont composées de pièces carrées ou bar- Idngues , et chaque pièce est chargée de petites écailles lenticulaires d'un blanc jaunâtre : Marcgrave ajoute que quand l'apar se couche pour dormir , ou que quelqu'un le touche et veut le pren- dre avec la main , il rapproche et réu- nit, pour ainsi dire , en un point ses quatre pieds , ramène sa tête sous son rentre , et se courbe si parfaitement en rond, qu'alors on le prendroit plutôt pour une coquille de mer que pour uii Animal terrestre. Cette contraction si serrée se fait au moyen de deux grands muscles qu'il a sur les côtés du corps, et l'homme le plus fort a bien de la peine à le desserrer et à le faire étendre avec les mains. «. .•♦ h i -{ ".:i .:,, -..-il ) ': ipe, sont ;les très- 8 bandes iers sont ou bar- largce de un blanc Lie quand , ou que le pren- 3 et rëu- )oint SCS sous son 3inent en t plutôt pour uu letion si \L grands orps, et a peine re avec DES TATOUS. 355 "* ; ■'" V i -.f L'ENCOUBERT , ou LE TATOU *s i • 'rvi;> ,,' ' 'I î f ■' H» '«.'♦■ , i/ I \ - ! , I 5 , xirf 1 1« ••< , A SIX BANDES. L'en COU DERT est plus grand que Ta- par f il a le dessus de la tête , du cou et du corps entier , les jambes et la queue tout autour , revêtus d'un têt osseux très-dur et composé de plu- sieurs pièces assez grandes et très-élé- gamment disposées. Il a deux boucliers, l'un sur les épaules et l'autre sur la croupe , tous deux d'une seule pièce ; il y a seulement au-delà du bouclier des épaules et près de la tête , une bande mobile entre deux jointures qui permet à l'animal de courber le cou. Le bou- clier des épaules est formé par ciuq rangs parallèles qui sont composés de pièces dont les figures sont à cinq ou six angles avec une espèce d'ovale dan» chacune y la cuirasse du 4oS; c'est-à-dire, la partie du tôt qui est entre les deux^ I y Ml ""IVWft^ÊSi ^^'l^t^l^ '■■ ■ ! i 236 HISTOIRE NATURELLE boucliers , est partagée en six bantles qiii anticipent peu les unes sur les au- tres , et qui tiennent entr'elics et aux boucliers par sept jointures d'une peau souple et épaisse ; ses bandes sont com- posées d'assez grandes pièces carrées et barlongucî. : de cette peau des join- tures il sort quelques poils blanchâ- tres et semblables à ceux qui se voyent aussi en très-petit ■noïr•^re sous la gor- ge , la poitrine et le ventre j toutes ces parties inférieures ne sont revêtues que d'une peau grenue et non pas d'un têt osseux comme les parties supérieures du corps. Le bouclier de la croupe a un bord dont la mosaïque est sem- blable à celle des bandes mobiles^ et pour le reste il est composé de pièces à-peu-près pareilles à celles du bou- clier des épaules. Le têt de la tête est long , large et d'une seule pièce jusqu'à la bande mobile du cou. L'encoubert a le museau aigu , les yeux petits et enfoncés , la langue étroite et pointue > > «•«w*-! DES TATOUS. 23/ les oreilles sans poil et sans têt , nnes , courtes et brunes comme la peau des jointures du dos ; dix-huit dents de grandeur médiocre à chaque mâchoiiey cinq doigts à tous les pieds avec des ongles assez longs , arrondis et plutôt étroits que larges ; la tête et le groin à-peu-près semblables à ceux du co- chon de lait, la queue grosse à son ori-^ gine , et diminuant toujours jusqu'à Textrémité ^ où elle est fort menue et arrondie par le bout. La couleur du co'.jjs e. ^^^^n jaune roussâtre ; Fani- mal est ordinairement épais et gras. Il fouille la terre avec une extrême fa- cilité, tant à l'aide de son groin que d» ses ongles ; il se fait un terrier oii il se tient pendant le jour, et n'en sort que le soir pour chercher sa subsistance; il boit souvent , il vit de fruits , de raci- nes, d'insectes et d'oiseaux, lorsqu'il peut en saisir. i^^f r4 i 1 ■■'# .■rj^.5;i*iih.*H». ô38 HISTOIRE TfATURELLlî LE TATUÈTE, ou TATOU A HUIT BAN DES. î Le tatuète n'est pas si grand à beau- coup près que l'encoubert ; il a la tête petite , le museau pointu , les oreilles droites un peuaîongées, la queue en- core plus longue et les jambes moins basses à proportion que l'encoubert; il a les yeux petits et noirs , quatre doigts aux pieds de devant et cinq à ceux de derrière ; la tète est couverte d'un casque , les épaules d'un bouclier , la croupe d'un autre bouclier , et le corps d'une cuirasse composée de huit ban- des mobiles qui tiennent entr'elles et aux boucliers par neuf jointures de peau flexible ; la queue est revêtue de oiiême d'un têt compose de huit an- neaux mobiles et séparés par neuf jointures de peau flexible. La couleur de la cuirasse sur le dos est d'un gris DES TATOUS. 25^ àe fer , sur les flancs et snr la queue elle est cl'nn gris blamc avec des tachjea gris de fer. Le ventre est couvert d'une peau blanchâtre, grenue et semée de quelques poils. L'individu de cette es- pèce qui a été déciit par Marcgrave , avoit la tête de trois pouces de lon- gueur , les oreilles de près de deux, les jambes d'environ trois poucesde hau- teur, les deux doigts du milieu des pieds de devant d'un pouce, les ongles d'un demi-pouce ; le corps depuis le cou jusqu'à l'origine de la queue avoit sept pouces , et ia queue rieuf pouces de longueur -, le têt des boucliers pa- roît semé de petiles taches blanches , proémineiiles pt larges comme des len- tilles; les bandes mobiles qui forment la cuieassc du corps sont marquées par àt» figures triangulaires ; ce têt n'est pas dur , le plus petit plomb suffit pour ie percer et pour tuer l'animal , dont la chair est fort blanche et ti'èa-bonno à manger. T / TiSmmét^... s.*a-s««!f." i i V :^0 HISTOIRE NATURELLE I LE CACHICAME, ou TATOU A NEUF BANDES. NiEREMBERO n'a , pour ainsi dire , qu'indiqué cet animal dans la descrip- tion impai'faite qu'il en donne ; Wor- mius et Grew l'ont beaucoup mieux décrit: l'individu qui a servi de su- jet à Wormius étoit adulte et des plus grands de cette espèce j celui de Grew ëtoit plus jeune et plus petit : il est à présumer que ce titou à neuf bandes , ne fait pas une espèce réellement distincte du tatuèfe qui n'en a que buit, et auquel , à Texception de celte difiFérence , il nous a paru ressembler à tous autres égards. Nous avons deux tatous à huit bandes qui sont desséchés et qui paroissent être deux inâleff; nous avons sept ou huit ta- tous è neuf bandes , un bien entier ^ui est femelle et les autres desséchés , DES TATOUS. 24l . -^ ^.^ 1.0 l.l 11.25 Ui|21 125 U£ l&i i2.2 UUu 't* >^ y Hiotographic Sdenœs Corporation ■S" ^."^^ 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. MS80 (716)S72-4S03 É^ .V <^ 4^ o^ l48 HISTOTHE NATtJKELtfi brifier son écaille et sans ressentir .aa« cun mal. Ces ammati:^ Sont gras > rcpleis et trës-fcconds *, la femelle produit ^ ait- on , chaque mois quatre petite ; aussi Tespècc en est- elle très-nombreuse. Et comme ils sont bons à mtLûfiet • on W chasse de tontes les manières : Oï\ lei prend aisément avec des pièges que l'on tend au bord des eaux et dans les Autres lieu£ humides et chauds qu'ils habitent de prf^férence ; ils iie Véloif gnent jamais beaucoup de leurs terriers qui sont très-profonds et qu'ils tâchent de regagner dès qu'ils sont surpris. On prétend qu'ils ne craignent pas la mor- sure des serpens à sonnette^ quoiqu'elle soit aussi dangereuse que celle de la vipère; on dit qu'ils vivent en paix àvec ces reptiles, et que l'on eh trouve souvent ddns leurs trous. Les Sauvages se servent du tét des tatous à plusieurs tuages ; ils le peignent de différentes couleurs, ils en {but des corbeilles , dest mi eni lefs et DBS TATOUS. 949 boîtes et d'autres petits vaisseaux soli- des et légers. Monard , Ximënès , et plusieurs autres après eux, ont attri- bué d'admirables propriétés médicina- les à différentes parties de ces ani- maux. Ils ont assuré que le tét réduit en poudre et pris intérieurement, mê- me à petite dose , est un puissant sudo- rifique^ que l'os de la hanche aussi pul- vérisé y guérit du mal vénérien , que le premier os de la queue appliqué sur l'oreille fait entendre les sourds ^ &c. Nous n'ajoutons aucune foi à ces pro- priétés extraordinaires ; le tét et les os des tatous sont de la même nature que les os des autres animaux. Des effets aussi merveilleux ne sont jamais pro- duits que par des vertus imaginaires. jlî?l.\4fc l .-•x-li*" 'ii. >.^ / Jf 1 i t '" ■-■.^'^fW',W!..i»»«*>-^V a5o histoire naturelle I Espèces connues dans le genre des Tatous. Le Kabassoa , dasypus Unicinctua, Le Cirquinçon, dasypus iS-cinct us. L'Apar, dasypus Tricinctus, L'Encoubert , dasypus Sexcinctus. Le Tataète , dasypus Oetocinctus, JLe Cschicame , da^pus Nopemcinctut» .*^'' H ■^*^i?s|#lv*4j t ■ ^c :,*fA'.-,.'^-. ^- '^■«ft^'- •-•=i««»--#PiiP"î***'' ^ ^»KS:#- M ; I DES PH O QUES. aol X I P GENRE. i,^; ■ i^' ■t^: n -t^^-vumm-'P-.-^ LE PHOQUE, PHOCJ. Caractère générique : sîxdents incisives supérieures; quatre inférieures. ^^ LE PHOQUE COMMUN, r ou VEAUMARIN. £ N gênerai , les phoques ont la tête ronde comme l'homme , le museau lar- ge comme la loutre , les yeux grands et places haut , peu ou point d'oreilles externes , seulement deux trous audi- tifs aux côtés de la tête , des mousta- ches autour de la gueule, des dents as- lez semblables à celles du loup , 1% I ( \ ^^{^'^^-^■M^i^ymiLin^M'.^i^:'^: ww'«l<'^^_^ ■ .L.'.^ ^i^^^^y^L^ ^. .-j.'-'i.Jj-i.-i, Ml ■ ■''*^WItfWff^'_'**^5W'f|*'^lSpiH^fe^'Sbft-, I ■"\ n\ aSa HTSTOIRE NATURBLLB langue fourchue ou plutôt ëchancr^e à la pointe , le cou bien dessiné , le corps , les mains *et les pieds couverts d'un poil court et assez rade , point de bras ni d'avant-bras apparens ; mais deux mains ou plutôt deux membra- nes y deux peaux renfermant cin<| doigts et terminées par. cinq ongles ; deux pieds sans jambes tout pareils aux mains , seulement plus larges et tournés en arrière comme pour se réunir à mie queue très-courte qu'ils accompagnent des deux côtés ; le corps alongé comme celui d'un poisson , mais renflé vers la poitrine ; étroit à la par- tie du ventre , sans hanches , sans croupe et sans cuisses au-dehors ; ani- mal d'antant plus étrange qu'il paroît fictif, et qu'il est le modèle sur lequel l'imagination des poètes enfanta les tritons , les sirènes , et ces dieux de la mer à tête humaine , à corps de qua- drupède , à queue de poisson ; et le phoque règne en effet dans cet empire \ ..^*^'*^,. '^'^^ti^M^ DES PHOQVB8* 255 muet par sa Toix^ par sa figure , par son intelUgence , par les facultës , en un mot , qui lui sont communes ayec les habitans de la terre , si supérieures à celles des poissons^ qu^ils semblent être non-seulement d'un autre ordre > mais d'un monde différent^ aussi cet amphi- bie ; quoique d'une nature très-ëloignée de celle de nos animaux domesti' ques , ne laisse pas d'être susceptiblo d'une sorte d'éducation ; on le nourrit en le tenant souvent dans l'eau; on lui apprend à saluer de la tète et de la Toix y il s'accoutume à celle de son maî- tre, il vient lorsqu'il s'entend appeler, et donne plusieurs autres signes d'in- telligence et de docilité. . Il a le cerveau et le cervelet propor- tionnellement plus grands que l'hom- me , les sens aussi bons qu'aucun des quadrupèdes , par conséquent le sen- timent aussi vif, et l'intelligence aussi prompte ; l'un et l'autre se marquent par sa douceur, par ses habitudes corn- Quadrup. UI, 1 .j^«ME8 PHOQUES. a55 oœnr^ ils ne peuvent rester long-tempt sous Tean , et qu'ils sont obligés d'en sortir ou d'ëlever leur tâte aurdessu» pour respirer. *- > pwwf Mais ces avantages , qui sont très« grands , sont balancés par des impcr^^ fections qui sont encore plus grandes; Le veau marin est manchot on plutôt eatropië des quatre membres *, ses bras > •es cuisses et ses jambes sont presqu'en- tièrement enfermés dans son corps ; il ne sort au-dchors que les mains et lea pieds , lesquels sont à la vérité tous di'^ yîaé» en cinq doigts; mais ces doigts ne sont pas mobiles séparément les uns des autres , étant réimis par une forte membrane, et ces extrémités sont plu-^ tôt des nageoires que des mains et de^ pieds, des espèces d'instrumens fait» pour nager et non pour marcher \ d'ail» leurs les pieds étant dirigés en arrière^ comme la queue , ne peuvent soutenir le corps de l'animal qui , quand il est sur terre y est obligé de se traîner corn* •y , « .M.^.^nr-^4. (W1***A(«"» •-■"•••-'•■w, ^-^ -> •^^- j^^'^^av. ^i...-# *** <•/ 1 •> K^. «56 HISTOIHE NATURELLE ne un reptile et par un mouyement plus pénible ; car son corps ne pouvant ■e plier en arc , comme celui du ser- pent , pour prendre successiyement diffërens points d'appui , et avancer ainsi par la réaction du terrein , le phoque demeureroit gissant au même lieu > sans sa gueule et les mains qu'il «ccroclie à ce qu'il peut saisir > et il s'en sert avec tant de dextérité, qu'il monte assez promptement sur un rivage élevé , f ur un roeher et même sur un glaçon , quoique rapide et glissant. Il marche aussi beaucoup plus vite qu'on ne pour- roit l'imaginer ; et souvent , quoique blessé , il échappe par la fuite au chas- seur. Les phoques vivent en société , ou du moins en grand nombre , dans les mêmes lieux *, leur climat naturel est le nord, quoiqu'ils puissent vivre aussi dans les zones tempérées , et même X dsins les climati chauds ; car on en trouve quelques-uns sur les rivages de ► f^/J*"»- f »'!•••-■*,, »■'■■ DES PHOQUE8. a5f presque toutes les mers de FËurope et jusque dans le Méditerranée ; on en trouve aussi dans les mers mëridiona1e| de l'Afrique et de FAmërique ; mais ils sont infiniment plus communs, plus nombreux dans les mers septentriona- les de l'Asie , de l'Europe et de l' Amé- rique , et on les retrouve en aussi grande quantité dans celles qui sont voisines de l'autre pôle au détroit de Magellan , à l'île de Juan - Fernaa- dèSy&C. tiM^m "«•»vi'T Les femelles mettent bas en hiver ; elles font leurs petits à terre sur un banc de sabie , sur un rocher ou dant une petite île , et à quelque distance du continent; elles se tiennent assises pour les alaiter , et les nourrissent ainsi pendant douze- ou quinze jours dans l'endroit oà ils sont nés ; après quoi la mère emmène ses petits avec elle à la mer , où elle leur apprend à nager et à chercher à vivre ^ elle les prend sur son dos lorsqu'ils sont fati- ,.WifiJ^-ii:ii...«t^.«M>ï^«wv '*"^'*4'*^' '■'"'"'**'*-.■'■'■''"'*' - È«i*.4^. >*. 'rfiiitf» gi 0^8 en général vivent bien plus long« temps que les animaux quadrupèdes \ et comme le phoque fait une nuanc9 entre les uns çt les autres , il doit par- ticiper de la nature des premiers , et par conséquent vivre plus que les der- niers. . La voix du phoque peut se comparer à Faboiement d'un chien enroué : dans le premier âge, il fait entendre un cri plus clair , à-peu-près comme le miau- lement d'un chat ; les petits qu'on en- lève à leur mère miaulent continuelle^ inent , et se laissent quelquefois mou- rir d'inanition plutôt que de prendre la nourriture qu'on leur offre. Les vieux phoques aboient contre ceux qui les frappent , et font tous leurs efforts pour mordre et se venger ; en général , ces animaux sont peu craintifs^ même ils sont courageux. L'on a remarqué que le feu des éclairs ou le bruit du tonnerre , loin de les épouvanter , sem- ble les récréer j ils sortent de l'eau dans ulÉa -^■^ 1i a^O HÎSTOTRF, NATURELLE la tempête , ils quittcrit même alors leurs glaçons pour éviter «le choc des vagues , et ils vont à terre s'amuser de l'orage et recevoir la pluie, qui les ré- jouit beaucoup. Ils ont naturellement une mauvaise odeur, et que l'on sent de fort loin lorsqu'ils sont en grand nombre : il arrive souvent que , quand on les poursuit, ils lâchent leurs excré- mens , qui sont jaunes et d'une odeur abominable ; ils ont une quantité de sang prodigieuse , et comme ils ont aussi une grande surcharge de graisse, ils sont , par cette raison , d'une nature lourde et pesante *, ils dorment beau- coup et d'un sommeil profond ; ils ai- ment à dormir au soleil sur des gla- çons , sur des rochers ; et on peut les approcher sans les éveiller , c'est la manière la plus ordinaire de les pren- dre. Le voyageur Denis parle d'une es- pèce de phoque, de la taille moyenne, qui se trouve sur les côtes de l'Acadie , .-iw»»«*>«9»v ■m^sm"'^ es- DES PHOQUES. ^t ^t le P. Dutertre rapporte , d'après lui , que ces petits phoques ne s'éloignent jamais beaucoup du rivage. <( Lorsqu'ils sont sur la terre , il y en a toujours quelqu'un , dit-il , qui fait sentinelle j au premier signal qu'il donne , tous s» jettent dans la mer : au bout de quel- que temps, ils se rapprochent dcterro et s'élèvent sur leurs pattes de derrière pour voir s'il n'y ?i rien à craindre^ mais, malgré cela , on en prend un très-grand nombre à terre , et il n'est presque pas possible de les avoir autre- ment... Mais, quand ces phoques en- trent avec la marée dans les anses , il est aisé de les prendre en grande quan- tité ; on en ferme l'entrée avec des Êlets et des pieux , on n'y laisse de libre qu'un fort petit espace par où ces pho- ques se glissent dès que la marée est haute j on bouche cette ouverture dès que la mer est retirée , et ces animaux étant restés à sec , on n'a que la peine de les assommer ) on les suit en canot :i ■ ' -H ^'^m^smm^'* .-- J 2^a HISTOIRE NATURELLE dans les endroits où il y en a beau- coup , et quand ils mettent la tête hors de Teau pour respirer, on tire dessus , s'ils ne sont que blessa , on les prend sans peine , mais s'ils sont tues roides y ils vont d'abord au fond y où. de gros cbiens dressés pour cette chasse y vont les pêcher à sept ou huit brasses de pro- fondeur. -^ C'est sur les rochers et quelquefois sur la glace que ces animaux s'accou- plent , et que les mères font leurs pe- tits ) elles les alaitent dans l'eau , mais bien plus souvent à terre ; elles les lais- sent aller de temps en temps à la mer^ ensuite elles les ramènent à terre , et les exercent ainsi jusqu'à ce qu'ils puis- sent faire , en nageant y de plus longs voyages. » Kon-Seulement ces animaux four- nissent aux Groënlandais le vêtement et la nourriture, mais leurs peaux sont encore employées à couvrir leurs ten- tes et leurs canots ; ils en tirent aussi II. du Cl Ar animJ j:~ .^0^^ DES PHOQUES. 262 de l'huile pour leurs lampes, et se ser- rent des nerfs et des fibres tendineuses pour coudre leurs vêtemens ; les boyaux bien nettoyés et amincis , sont em* ployës au lieu de yerre pour leurs fe- nêtres , et la vessie de ces animaux leur sert de vase pour contenir leur huile. Ils en font sécher la chair pour la conserver pendant le temps qu'ils ne peuvent ni chasser ni pêcher ; en un mot, les phoques font la principale ressource des Groënlandais , et c'est par cette raison qu'ils s'exercent de bonne heure à la chasse de ces ani- maux, et que celui qui réussit le mieux , acquiert autant de gloire que s'il s'étoit distingué dans un combat. I in^ LE PETIT PHOQUE. Iii habite la Méditerranée , les côtes du Chili : c'est le veau marin de Pline. Aristote connoissoit assez bien cet animal, lorsqu'il a dit qu'il étoit d'uno } B(igi««iBW(«»~''*™»'«fei,*'.^.' *■•■'■--•" ■ ' que 'DES PHOQUES. a65 rapporte aussi à cette espèce un pho« que que l'on prend quelquefois aux em- bouchures du Lama , de l'Obi et du le- nisei et que les Russes appellent lièpre de mer, à cause de sa blancheur , les lièvres étant tous blancs dans ce pays pendant l'hiver. Si ce dernier animal est en effet le même que Vattarsoack de M. Crantz , et que celui de M. Kriiche- ninnikow, on voit qu'il se trouve non- seulement dans le détroit de Davis et aux environs du Groenland , mais en- core sur les côtes de la Sibérie et jus- qu'au Kamtchatka. Au reste , comme le poil de ce phoque à croissant prend différentes teintes de couleur avec l'Âge 9 il se pourroit que les phoques gris, tachetés, tigrés et cerclés, dont parlent les voyageurs du Nord , ne fus- sent que les mêmes animaux , et tous de l'espèce du phoque à croissant vu dans des âges différons , et , dans ce cas , nous serions fondés à lui rappor- ter encore une autre espèce de phoqu« Quadrup. III. aS % ,1 » ; f i V ( 266 HISTOIRE NATURELLE qui selon Kjracheninnikow^ aie ven- tre blanc jaunâtre; le reste delà peau parsemée de taches comme celle du lëopard , et dont les petits sont blancs comme de la neige lorsqu'ils viennent de naître. ç|| \ t LE PHOQUE A CAPUCHON. CsTanimal apour attribut distinctif , un capuchon de peau dans lequel il peut renfoncer sa tête jusqu'aux yeux. Les Danois et les Allemands l'ont ap- pelé hlap-mûtze , ce qui signifie bonnet rabattu. Ce phoque, dit M. Crantz , est remarquable par la laine noire qui re- vêt la peau sous un poil blanc , ce qui le fait paroître d'une assez belle cou- leur grise, mais le caractère qui le dis- tingue des autres phoques , est ce capu- chon d'une peau épaisse et velue qu'il a sur le front, et qu'on appelle cache-* museau , parce que l'animal a la faculté d'abattre cette peau sur ses yeux ^ pour .»! k \s \ % \\ D E s P H O Q U E s. 267 86 garantir des tourbillons de sable et de neige que le vent chasse trop impé- tueusement. Ces phoques font régulièrement denx voyages par an ; ils sont fort nombreux an détroit de Davis , et y résident de- puis le mois de septembre jusqu'au mois de mars ; ils en sortent alors pour aller faire leurs petits à terre, et reviennent avec eux au mois de juin fort maigres et fort épuisés ; ils en partent une se- conde fois en juillet , pour aller plus au nord, oili ils trouvent probablement une nourriture plus abondante, car ils reviennent fort gras en septembre ; leur maigreur , dans les mois de mai et juin , semble indiquer que c'est alors la saison de leurs amours , et que , dans ce temps ; ils oublient de manger, et jeûnent comme les lions et les oura- marins. ? i .>*w ù'k) >;...;.''! .. \ ■ i 'â \ ^„^ _j>^ le- y, ■ M.-' ■ ?68 HISTOIEE NATUEELTr . «* L' O U B S-M A R I N. v..\ \i^ -,*ff^-^ la EsrkcE de rours-marin parott se trouver dans tous les océans ', car les voyageurs ont rencontre et reconnu ces animaux dans les mers de l'ëquateur , et sous toutes les latitudes , jusqu'au cinquante-sixième degrë dans les deux hémisphères. Dampier est le premier qui eu ait parlé , et qui les ait indiqué* BOUS le nom à* ours-marin; quelques au- tres navigateurs Tbnt appelé phoque ^ctmmun , parce qu'on le trouve en ef- fet très-communément dans toutes les tners australes ou boréales ; mais nous devons observer que ce nom lui a été mal appliqué , puisqu'il appartient spé- cifiquement au phoque commun qui se trouvé sur nos côtes d'Europe , qui n'est pas à beaucoup près aussi grand , et qui de plus n'a point d'oreilles exté- rieures* De tous les animaux de ce genre , --,•,. M *■,;- * ^f*. >«,:. ■ri»9 .éf r '^'■Hi. » { J * '. .^; , *■ •-i#; > < ' ' ■-.*■- ,f!--nl-^^?lir^ re t ; ■ ■ ■> T i< ■t,î.~^î«ti^V.» \: ^t A ,\ \ ■ ï k " « ■^;H".?;'» ;'t»i •^- c ♦* •H :.j <• I- 4-t4iiiv. t V '^ J. M {: . ÎJé' i:'."! .\ ',; ^t •^■S( H^J/*; (. .» ; K;: 'i.'i. ti?'. lU r *•• . îïm'.ï! i!î. Tir fi-f-: Àiî / .>/<-,,<-^ ..*• :j^ riTî > ', •■> ] ;j,r< •^ir'->r, i,_ '.'■ ,->, ^SV:i''- 'V' u ./ » * '. t>3 i uni ir' 1 il S lo»;£cX hiii- '€ î&: ■f':)' ~<^; '■yi--"U î'î 'j ♦ ■Ml ii r. ii K,r î-«' ■^' :•■»■ :ui. >,5'^^/ici ij- -î î^'iiut <;' urcfile .' «' n. t M"! if\, /«'i^x; 'io â:'-^>rv rgç. %Sj. r^m. MF. i LOrilS .MAUIN 2 I.K MON 31 AUIN . ,•, ■■-\i^-,.!4^.;', ,.4- \ " ■1 vr.fi r ?T o Q tri* s. afi^ l'oard-marTn jiroU èti r* celui qai fait les pTu« grands voyages V son f^nipëra^ ment n'est pas sonmis ou s^accommodf i l'infloence de tons lev cHmats; on le tronre dans tontes les itie^s et antonr des iles peu frëquentëés ; on le rencon- tre en troupes nombreuses dans la mer ' de Kamtchatka , et sur les fies inha- bitées ^i sont entre TAsie et FAmé* rique. M. Steller a en le temps de Fob« tcnrer à Ftie de Bering, après sou malheureux naufrage : il nous apprend que ces animaux quittent an mois de juin le» oôtdi de Kamtchatka , et qu'ils j l'erfennent à la fin d'août ou au eommeUcement de septembre pour y passer l'automne et l'hiver. Dans lo temps d« départ , c'est-à-dire an mois de juin , les femelles sont prêtes à met* tre bas 9 et il paroît que Fobjet du voyage de ces animaux I est de s'éloi- gner le plus qu'ils peuvent de toute terre habftcfe pour faire tranquillement Itnrs petits , et se livrer ensuite aani) -'mtik\0njti''W'^ '•JlÊ'^ «70 HISTOIRE NATDRFJXE troubles aux plaisirs de l'amour , car les femelles entrent en chaleur un mois après qu'elles ont mis bas , tous revien- nent fort maigres au mois d'août. Ceux que M. Steller a dissëquds dans cette saison , n'avoient rien dans l'estoinac ni dans les intestins , et il prësuuie qu'ils ne mangent que peu ou point du tout tant que durent leurs amours : cette saison de plaisirs est en même temps celle des combats ; les mâles se l>attent avec fureur pour maintenir leur famille et m conserver la pro- priétd ; car lorsqu'un ours-marin mitle vient pour enlever à un autre ses filles adultes ou ses femmes , ou qu'il veut le chasserde sa place, le combat est san- glant et no se termine ordinairement que par la mort de l'un des deux, ^f^ ,, Chaque mâle a communément huit à dix femelles et quelquefois quinze ou vingt f il en est fort jaloux , et les garde avec grand soin j il se tient ordinaire- ment à la tête de toute sa famille qui •^ «---•- -^ » * »'',*..'■ ..-, ^'V. . DBS 1:H0QVE9* ::. Sff^ , est cpmposëe de ses r<)melles et de leari petitsjdesdeiix sexes; cbaçjiue icinille se tient sëparcfe , et quoique t «s animaux soient par milliers dans df certains en- droits, les familles ne se mêlent jamais) et chacune forme une petite troupe ^ à latente de laquelle est le chef*raâle qui les régit en maître ; cependant il arrive quelquefois que le chef d'une autre fa- mille arrive au combat pour protéger un de ceux qui sont aux prises y et alors la guerre devient plus générale , et le vainqueur s'empare de toute la famille des vaincus qu'il réunit à la sienne. ' *"' ^. Ces ours-marins ne craignent aucun , des autres animaux de la mer y cepen- dant ils paroissent fléchir devant le lion-marin , car ib l'évitent avec 8oin> et ne s'en approchent jamais quoique souvent établis sur le même terrein ; mais ils font une guerre cruelle à la loutre-marine (saricovienne) , qui élant plus petite et plus foible ne peut se dér *-■ •»»■<. ^, -•"«im»,^ jjtam. •■^■«r ■ i*- — ;-;'^ \ K J \ «79 H15T0TRE NATUnEÏXIS fendre contre eux. Ces animaux y qni paroissent trèa-fôroces par les combat» qu'ils se livrent , ne sont cependant ni dangereux ni redoutables; ils ne cher* cbent pas même à se défendre contre rhomme , et ils ne sont à craindre que lorsqu'on les réduit au désespoir , et qu'on les serre de si près qu'ils ne peu- vent fuir ; ils se mettent aussi de mau-* vaise humeur lorsqu'on les provoque dans le temps qu'ils jouissent de leurs femelles ;ils8e laissent assommer plutôt que de désemparer. .y/i^tp3i|**t*iR!«'- «t*^*»» La manière dont ils vivent et.agis^ £ sent entr'enx est assez remarquable. Ils paroissent aimer passionnément leur famille ; si un étranger vient à bout d'en enlever un individu > ils en témoi- gnent leurs regrets en versant des lar- mes ; ils en versent encore lorsque quel- qu'un do leur famille, qu'ils ont malt- traité, se rapproche et vient déman- der grâce ; ainsi, dans ces animaux , il paroît que la tendresse succède klm-tér .^' „-»*.rt«*'i*«i»****«*4ih«aa*^ ^ .-*sm,r¥^^ * , DE s P H OQir ES. ' ftjK Terité , et que c'est toujours à re^ct qu'ils punissent leurs femelles ou leurs petits ; le mâle semble être en même temps un bon père de famille et un chef de troupe impérieux , et jaloux de conserver son autorité, et qui ne permet pas qu'on lui manque. Les jeunes mâles vivent pendant quelque temps dans le sein de la famil- le , et la quittent lorsqu'ils sont adultes et assez forts pour se mettre à la tdte de quelques femelles dont ils se font suivre , et cette petite troupe devient bientôt une famille plus nombreuse : tant que la vigueur de Tâge dure et qu'ils sont en état de jouir de leurs fe- nldletf I ils les régissent en maîtres et ne le8ri^\;ifteni pas; mais lorsque la vieillei9(w.;a cUininué leurs forces et /amolli lenri désirs , ils les abandon- "i netitf et se retirent pour vivre solitai- reâ j l'ennui ou le regret semble les ren- dre plus féroces , car ces vieux miljBS retirés .joe témoignent aucune crainte^ M i » 1 H m f h' 1 1 ^i i} 1" 1 - »**■ =»-'-*•♦■ # > .- .#.»»*.,.»•'- H « . ■^^J»*. «,, -i»-.^ « ,.^,- ♦-. it* •■ ■^.- *- - 5» * ^x»*^-* ' *,■ W K~^r- ^tmii» fcs* 274 HISTOIRE NATURELLE et ne fuient pas comme les autres à l'aspect de l'homme ; ils grondent en montrant les dents, et se jettent même avec audace contre celui qui les atta* que sans jamais reculer ni fuir , en sorte qu'ils se laissent plutôt tuer que de prendre le parti de la retraite. h.,^ \ Les femelles , plus timides que les mâles, ont un si grand attachement pour leurs petits, que même dans lea pluspressans dangers, elles ne les aban- donnent qu'après avoir employé tout ce qu'elles ont de force et de courage pour les en garantir et les conserver, et souvent , quoique blessées , elles les emportent dans leur gueule pour lea sauver. t\ i;iiyf-,ii:xi^^- ^■ '-'■,*«» 4 . M. Steller assure que les ours^marina ont plusieurs cris différens , tour tiela» tifs aux circonstances où au3t passions qui les agitent ; lorsqu'ils sont tranquil- les sur la terre , on distingue aisément les femelles et les jeunes d'avec les Tieux mâles par le son de leurs voix, A-V. ^J»fi^- ^M. .. .«. douleur, et foJf^!!:,''^'^""'*'»*"^'' réitèrent plusieurs foi, de, ui^^" fat, tres-bon, , car il, «ont averti» «1- - « ce sens même D«,^.„. I ™'P"'*â BWlWi^ner.-iKrre'r bon coureur pour le, atteindre- il, !r - «em avec beaucoup de célérité', ;7u" Po«t de ,«rcourir e, „„e We „ne 1 I igm-'^-sa»^ • %yS HISTOIRE NATURELLE ëtendoe de plus d'un lAille d'Allema- guo; lorsqu'ib se délectent ou qu'ils s'amusent près du rivage ,ils font dans r«au di£Fërentes évolutions ; tantôt ils nagent sur le dos et tantôt sur le ven- tre ; ils paroissent même assez souvent ae tenir dans une situation presque ver- ticale ', ils se roulent , ils se plongent et s'élancent quelquefois hors de l'eau à la hauteur de quelques pieds; dans la pleine mer, ils se tiennent presque toujours sur le dos , sans néanmoins que l'on voie leurs pieds de devant, mais seulement ceux de derrière qu'ils élèvent de temps en temps au-dessus de l'eau ; et , comme ils ont le trou ovale 'du cœur ouvert , ils ont la faculté d'y rester long- temps sans avoir besoin de respirer ; ils prennent au fond de la mer les crabes et autres cnistacés et coquillages dont ils se nourrissent lors- que le poisson leur manque. Les femelles mettent bas au mois de jttin^ dans les îles désertes de l'hémi- toÊs 1^HÔ(2tJEf. à^f âph^re borëal ; et comme elles entrent; en chaleur au mois de juillet suivant ^ ôn peut en conclure que le tenips àô la gestation est au moins de dix mois ; leurs portées sont ordinairement d'un seul , ût très-^ralrement de deux petits ; les mâles en naissant sont plus gros et plus noirs que les femelles qui devien- nent bleuâtres avec l'âgé , et tachetées ou tigrées entre les jambes dé devant ; tous, mâles et femelles, naissent les yeux ouverts et ont déjà trente-deun dents , mais les dents canineis ou dë« fenses ne paroissent que quatre jours après ; les mères nourrissent leurs pe-* tits de leur lait jusqu'à leur retour sur les grandes terres , c'est-à-dire , jus- qu'à la fin d'août ; Ces petitis déjà forts î jouent souvent ensemble, et lorsqu'ils viennent à se battre , celui qui est Vain- queur est caressé par le père , et le vaincu est protégé et secouru par la luère- ■ . ,.,,,. . ■ \ -'■,^„ . > Ils choisissent ordinairement le dé' Quadrup. III, 24 lA* '-#•; ■ ayS HISTOIRE NATURELLE clia du jour pour s'acconpler ; Uim heure aupi^ravant le mâle et la femelle entrent tous deux dans la mer ; ils y nagent doucer^tent ensemble et rcvien* nent ensuite à terre. {,,;.u ,j^ -^i-fii-H m ' ' w^^^i Ce grand et gros animal est d'un naturel très- indolent , c'est mémo de tous les phoques celui qui paroit être le moins redoutable malgré sa forte taille. Peurose dit que ses matelots a'amusoient à monter sur ces phoques comme sur des chevaux; et que, quand Ils soi^ coiil fais! B IC s P H 0 Q U R 11. 9^1 11a n*Al1oient paiaflfox vUe , iU leur lai-i •uiimt doubler lo pas en Ici piquBiità coups de atylet ou de couteau , et leur fuiflaiit mémo dei inoiaioiu dam la poAu. Cependant M. Clayton, qui a fait mention de ce phoque dan« le« Trannactions philosophique! , dit que les mâles, comme ceux dirs autres phoques f sont asseas mëehans dans le temps do leurs amours. - Celui-ci est couvert d'un poil rude très-court , luisant et d'une couleur cendrée mêlJo quelquefois d'une lé- gère teinte d'olive ; son corps dont la longueur eat ordinairement de quinze à dix-huit pieds anglais > et quelquefois do vingt-quatre à vingt-cinq , est assez épais auprès des épaules , et va tou- jours en diminuant jusqu'à la queue : une femelle tuée par M. Forster, n'a- voit que treize pieds de longueur , ot en la supposant adulte , il y auroit une grande différence pour la taille entre les mâles et les femelles dans cette % \H •• ■«-«iji^'ij^ '.tt^mutài^^^^é^'' ; ! ■'m» 28a HT8T01RE NATURELLE espèce-, la lèvre supërieure avance de beaucoup sur la lèvre inférieure ; la peau de cette lèvre est mobile, ridée et bouflle tout le long du museau , et cette peau que l'animal remplit d'air à son gré, peut être comparée, pour ]a forme, à la caroncule du dindon , et c'est par ce caractère qu'on l'a désigné sous le nom de phoque à museau ridé. Il n'y a dans la tête que deux petits trous auditifs et point d'oreilles exter- nes ;, les pieds de devant sont confor- més comme ceux du phoque commun , mais ceux de derrière sont plus infor- mes et faits eu manière de nageoires *, en sorte que cet animal beaucoup plus fort et plus grand que notre phoque, est moins agile et encore plus imparfaite- ment conformé par les parties posté- rieures ) et c'est probablement par cette raison qu'il paroit indolent et très«pcu redontabk. j£»a%:.4*Ai***i ; > m M. Clayton a fait mention d'un pho- que qui se trouve dans l'hémisphère l ■ i'^ ■•K.>- f ' — ■ «<*^>.«..f. i^'j^fj^ ■•■ Mir>'' •% n\,^:»ii.*-i;ii ■-i^^i«-»»t<-:i.»;/-.ii DBS PHOQUES. d85 austral) il dit qu'on le nomme furrseal ou phoque à fourrure , parce que sou poil est plus fourni que celui des au- tres phoques , quoique sa peau soit mince. Nous no sommes pas en état du }uger par d'aussi foibles indications si ce phoque à fourrure est d'une espèce Toisino de celle du phoque à museau ridé t à côté de laquelle M. Clayton Va place, ou de celle de Fours-marin , dont la fourrure est en effet bien plus four-^ nie que celle des autres phoques. * L'auteur du voyaye d'Anson a don- né la figure et la description du pho- que à museau ridé sous le nom impro-* pre de lion-marin ; ces phoques sont si gras , qu'après avoir percé et ouvert la peau , qui est épaisse d'un pouce , ou trouve au moins un pied de graisse avant de parvenir à la chair. On tire d'un seul de ces animaux jujsqu'à cinq cents pintes d'huile ) mesure de Paris ; il sont en même temps fort sanguins ; lorsqu'on les blesse profondément et .'] i*»~ ' £V' .<>■•— <»'i»f'iii.i .^■ sans autre boussole que le soleil et la lune ; ordinairement ils les assomment à coups de perches , et quelquefois ils leur lancent des flèches empoisonnées qui les font mourir en moins de vingt" quatre heures , ou bien ils les prennent ^ ■l*' ■î) ES p it 0 0 û E S. ûHg ylTâns avec des dordes de lianes dont ils leur embarrassent les pieds. * Quoique ces animaux soient d'un naturel brut et assez sauvage , il pa- roît cependant qu'à la longue ils se fa- miliarisent avec l'homme. M. Steller dit qu'en les traitant bien , on pourroit les apprivoiser ; il ajoute qu'ils s'ëtoient si bien accoutumes à le voir , qu'ils ne i\iyoient plus à son aspect , comme au commencement ; qu'ils le regardoient paisiblement ^ en le considérant avec une espèce d'attention ; qu'enfin ils avoient si bien perdu toute craiiite,qu'il8 agissoient en toute liberté , et même s'aocouploient devant lui. M. Forster dit aussi qu'il en a vu qnclques-uns qui s'étoient si bien habitués à voir les hommes , qu'ils suivoient les cha-> loupes en mer , et qu'ils avoient l'air d'examiner ce que l'on y faisoit. ^ tsl* - Cependant quoique les lions-marins Qoient d'un naturel plus doux que les ours-marins , les mâles se livrent sou* Quadrup, III. 25 n ' ( sgo HISTOIRE NATtTRELLfi vent entr'eux des combats longs et sanglans ; on en a vu qui avoicnt lo corps entamé et couvert de grandes cicatrices. Ils se battent pour défendre leurs femelles , contre un rival qui vient s'en saisir et les enlever *, après le com- bat , le vainqueur devient le chef et lo maître de la famille entière du vaincu ; ils se battent aussi ppur conserver 1^ place que chaque mâle occupe toujours sur une grosse pierre qu'il a choisie pour domicile ^ et , lorsqu'un autre mâle vient pour l'en chasser, le combat commence , et ne finit que par la fuite ou par la mort du plus foible. Les femelles ne se battent jamais entr'elles ni avec les mâles , elles sem« blent être dans une dépendance abso- lue du chef de la famille ; elles sont ordinairement suivies de leurs petits des deux sexes ; mais lorsque deux mâles , c'est-à-dire , deux chefs de fa- milles différentes sont aux prises , tou<* tes les femelles arrivent avec leux suite :K (1, \ ^^^^^^^.^^i;^»:^^ 1 : DB9 FHOQUBS. UCfl pour être tëmoins an combat *, et si lo chef de quelque autre troupe arrive de même à ce spectacle , et prend parti pour ou contre Fnn des deux combat- tans , son exemple est bientôt suivi par plusifîfirs autres chefs , et alors la bataille devient presque générale et ne •e termine que par une grande effusion de sang y et souvent par la mort de plusieurs de ces mâles , dont les familles se réunissent au profit des vainqueurs. On a remarqué que les trop vieux mâles ne se mêlent point dans ces com- bats ^ ils sentent apparemment leur foiblesse , car ils ont soin de se tenir éloignés et de rester tranquilles sur leur pierre, sans néanmoins permettre aux autres mâles ni même aux femelles d'eu approcher, Dan^ia mêlée , la plu- part des femelles oublient leurs petits, et tâchent de s'éloigner du lieu de la scène en fuyaiit ; ce qui suppose un naturel bien différent de celui des ours-marins , dont les femelles empor- (I- IL * I I' !i / 'A-v. 999 HISTOIRE NATURELLE tent leurs petits lorsqu'elles ne peu- Vent les défendre ; cependant il y a quelquefois des mères bonnes qui em- portent aussi leurs petits dans leur gueule , d'autres qui ont assez de na- turel pour ne les point abandonner , et qui se font même assommer sur la place en cherchant à les défendre ; mais il faut que ce soit une exception, car M. Steller dit positivement que ces femelles ne paroissent avoir que très- peu d'attachement pour leurs petits , et que quand on les leur enlève , elles ne paroissent point en être émues ; il ajoute qu'il a pris des petits plusieurs fois lui-même devant lé père et la mère , sans courir le moindre risque , et sans que ces animaux insensibles ou dénaturés se soient mis en devoir de les secourir ou de les venger. Au reste , dit-il , ce n'est qu'entr'eu^ que les mâles sont féroces et cruels ^ ils maltraitent rarement leurs petits ou leurs femelles ^ ils ont pour elles .■^yjt',*.v ..imr..,. T-iwrt!W3«»^««*WW?' DES PHOQUES. agS beaucoup d'atiAchement , et ils se plai« sent à leurs caresses qu'iïs leur rendent avec complaisance ; mais ee qui paroi- troit singulier , si on n'en ayoit pas l'exemple dans nos seraib , c'est que y dans le temps des amours , ils sont moins complaisans et plus fiers ; il faut que la femelle fasse les premières avan* ces ; non>8eul6ment le mâle sultan pà- rott être indi£Pëïent et dédaigneux ,, mais il marque encore de la mauvaise humeur , et ce n'est qu'après qu'elle a réitéré plusieurs fbis ses prévenances qu'il se laisse toucher de sensibilité^, et se rend à ses instances ^ tous deux tilors se jettent à la mer, ils y font dif~ férentes évolutions , et , après avoir na-* gé doucement pendant quelque- temps. ensembles , la femelle revient la pre* mière à terre , et s'y renverse sur Ife dos pour attendre et recevoir son niaitrev ... Ces animaux, ainsi que îe^bifiri-ina- rins , choisissent toujours les îles dd- 1.» >i .- .'''JS""*" ' .ti'JiftjW'. tt3S»■ >*»i<-^- •«*— au. 4 ■»*»■< ! a()6 HISTOIRE NATURELLE est farci des poissons et des crustacës qu'ils mangent on grande quantité. La voix dos lions-marins est di£Pë- rente , selon Tâge et le sexe , et il est aise de distinguer y même de loin » le cri des mâles adultes , de celui des jeu- 'nes et des fomolles ^ les mâles ont un mugissement semblable à celui du taureau, et lorsqu'ils sont irrilus, ils marquent leur colère par un gros ron- flement ; les femelles ont aussi une espèce de mugissement, mais plus foi- ble que celui du m&Ie , et assez sem- blable an beuglement d'un jeune veau; la voix des petits a beaucoup de rap- port à celle d'un agneau âge de quel- ques mois; de sorte que de loin on oroi- roit entendre des troupeaux ie bœufs et de moutons qui seroicnt répandus sur les côtes , quoique ce ne soit réel- lement que des troupes de lious-ma- ritis , dont les mugissemens , sur des aocens et des tons difiPérens , se fout entendre d'assez loin pour avertir les voi qu5 roi c'e« iimé». • « .» ,.,v./' '.. *; 'tti iii> I - Ty?'- «»■!«» - DES PHOQUES. 997 voyageurs qu'ils approchent de la terre, que les bruines , dans ces parages , dé- robent souvent à leurs yeux. Les lions - marins marchent de la même manière que les ours- marins , c'est-à-dire, en se traînant sur la terre à l'aide de leurs pieds de devant , mais c'est encore plus pesamment et de pins mauvaise grâce ; il y en a qui sont ai lourds, et c'est probablement les vieuxi qu'ils ne quittent pas la pierre qu'ila ont choisie pour leur siëge , et sur la- quelle ils passent le )our entier à ron- fler et à dormir j les jeunes ont aussi moins de vivacité que les jeunes ours- marins; < \\ les trouve souvent endor- mis sur le rivage , mais leur sommeil est si peu profond , qu'au moindre bruit ils s'ë veillent et fuyent du côté de la mer-, lorsque les petits sont fati- gués de nager , ils se mettent sur le dos de leur mère , mais le p^re ne les y souffre pas long-temps et les en fait tomber f comme pour le» forcer de M 1 1 't Mis mi 99S HISTOIRE NATURELLE a'exercer et de se fortifier dans Felcer- cice de la nage. En général , tous cea lions-marins , tant adultes que jeunes , nagent avec beaucoup de vitesse et de lëgéreto ; ils peuvent aussi demeurer fort long-temps sous l'eau sans respi« rer ; ils exhalent une odeur forte et qui se répand au loin ; leur chair est prçsque noire et d'assez mauvais goût, aur-tout celle des mâles ; cependant M. Steller dit que la chair des pieds ou nageoires de derrière est très-bonne à manger , mais peut-être n'est-ce que pour des voyageurs , d'autant moins difficiles que ceux'-ci manquoient , pour ainsi dire , de tout autre aliment ; ila disent que la chair des autres est blan- châtre et peut se manger , quoiqu'elle aoit un peu fade et asses désagréable au goût ; leur graisse est très-abon-' dante et assess semblable à celle de l'ours-marin , et* quoique moins hui qui changent de poil lorsqu'on les transporte dans des climats dififérens. * ^ ' lie lion-marin diffère aussi de tous les antres animaux de la mer^ par un c&rao> tère qui lui a fait donner son nom y et qui lui donne en effet quelque ressem- bla iice extérieure avec le lion terresf tre , c'est une crinière de poils épais f ondoyaiis, longs de deux à trois pouces^ et de couleur jaune foncé qui s'étend sur le front , les joues , le cou et la poi- trine , cette crinière se hérisse lors- qu'il est irrité | et lui donne un air m»*- ( I f :». f - .1 ( V r M >1 ..^p.-^**»** ....:*5. ^ Soo HISTOIRE NATURELLE naçaut / la femelle , qui a le corps plus court et plus mince que le mâle , n'a pas le moindre Tesftige de cette cri-« nière , tout son poil est court > lisse ^ luisant «t d'une couleur jaunâtre assez claire 'y celui du mâle , à l'exception de la crinière , est de même luisant , poli et court , seulement il est d'un fauve-* brunâtre et plus foncé que celui de la femelle ; il n'y a point de feutre ou pe« tits poils lanugineux au-dessous des longs poils comme dans l'ours-marin ; au reste , la couleur de ces animaux Tario suivant l'âge ; les vieux mâles ont le pelage fauve comme les femeh les , et ils ont quelquefois du blanc sur le cou et la tête ; les jeunes ont ordinai- rement la même couleur fauve-foncée des mâles adultes , mais il y en a qui sont d'un brun presque noir , et d'au* tres qui sont d'izn fauve pâle commo les vieux et les femelles. ^ Le poids de ce gros animal €st d'en- viron quinze à seize cents livres, et sa ^< ,.--r. .■.^î.,-i--"*ri'<*' «,*ji,rf»"a»T.»P*ï ^.. DES PHOQUES* Bot longueur de dix à douze pieds lorsqu'il A pris tout son accroissement j les fe- melles, qui sont beaucoup plus min- ces, sont aussi plus petites , et n'ont communément que sept k huit pieds de longueur *, le corps des uns et des autres , dont le diamètre est à-peu près égal au tiers de sa longueur , a presque par-tout une épaisseur égale, et se pré* sente aux yeux comme un gros cylin« dre , plutôt fût pour rouler que pour marcher sur la terre ; aussi ce corpa trop arrondi n'y trouve d'assiette que parce qu'étant recouvert par- tout d'une graisse excessive, il prête aisément aux inégalités du terrein et aux pierres sur lesquelles l'animal se couche pour re« poser. -1 I Qaadrup. III. ) «o'-'iHi: M'"^ f a| 3o3 BISTOIRB NATCRBLLS f Espèces connues dans le genre des Phoques» Le Phoque Ours-marin y phocA ïïnina. Le Museau ridé , ou Loup-marin | phocm • Leonina. Le Lion-marin » phoca Jûhatà, Le Veau-marin , ou Phoque comvnnn^phoca Vitulina» l*e Phoque- mcine , phoca Hïonachus, Le Phoque à croissant > pàoca Groenlan* die a. Le Neit^soak , phoca Lêispida. Le Phoque à capuchon , phoca Cristatdh LeLaktak, p^caJ9ar5afa. Le petit Phoque > phoca Fusilla^ a^^À' ( aK)M«»<«««>««:*w»^*^'' ■f i .# « '1 Hfa.Jfiâ lûm^.M i. liE l^OGUE. a . LE I.EVIUER I *f' l' M "•l^v;! >!■ n-f^ n..M. F ^S^)«»'w«W-<.'W»«^-****W*«t'*^»#«" ^;:lU,i .*.' ,: *|:f 4.;iJl:? ' "W '■' ;. H if '4 iî^ls;yw€|{«:' iis-J^^^^'îsi;- i^t'^'W ■>f« «i^'' ^•t'» mî lii- •*'î». If*« ^*-. ;^ji>" ';îk4^0 .<â^!**vW««.**»(,i.* i«»l«l -'!«■**»'-'■*•■• p'e..'' \ \ 5-' I >im: 4^*- VJM-. r: 1* ^^•^ ' !■ .^ t V ,. ". :-i ■1 ... , **. '-?. il. • 4»": î4: v' : .,-iis ï ii H- •''■ t t >,< --ii ■ *-^'-* /: »*.► U' Jf^'.* Jf ira* 3. |,r. :|*àtVi:'>'. a. I-^^ liJ^''-%':^'ii^ DU C H I E K. 2q3 « îî >;>' Ur XII r GENRE. LE CHIEN, cjjfis. » Caractère générique ; six dents incisi" Tes à chaque mâchoire , les interm^ diaires de la mâchoire supérieure lobées. î "- ■U-J': il LE CHIEN. r^:- Ij a grandeur de la taille , Félégance de la forme, la force du corps ^ la li-' berté des mouvemens , toutes les qua- lités extérieures, ne sont pas ce qu'il y a de plus noble dans un être animé ; et comme nous préférons dans l'homme l'esprit à la figure , le courage à la force, les sentimensàlabeauté, nous jugeons M,iM^' ..^..fe.d«*.*fe^ ■!. 5o4 HISTOIRE NATURELLE aussi que les qualités intërieures sont ce qu'il y a de plus relevé dans l'ani" mal j c^est par elles qu41 diffère de Tant tomate , qu'il s'élève au-dessus du vé- gétal et s'approche de nous ; c'est le sentiment qui ennoblit son être , qui le ré^it , qui le vivifie y qui commande aux organes , rend les membres actifs, fait naître le désir y et donne à la ma- tière le mouvement progressif > la vo- lonté, la vie. Ijo. perfection de l'animal déjpend donc de la perfection du sentiment ; plus il est étendu , plus Fanimal a de facultés et de ressources^ pins il existe , plus il a de rapports avec le reste de l'univers; et lorsque le sentiment est délicat y exquis , lorsqu!il peut encore être perfectionné par l'éducation, l'a- nimal devient digne d'entrer en so*^ ciété avec l'homme ; il sait concourir à ses desseins , veillera sa sûreté , l'aider, le défendre , le flatter \ il sait , par des services assidus, par des caresses rdi^ L ^-.^ '*> D V CHIB ^T. 3o5 t^r^eS) se concilier son maître, le cap- tiver, et de son tyran se faire un pro- tecteur. Le chien y indépendamment de la beauté de sa forme, de là vivacité , de la force , de la légèreté , a par excellence toutes les qualités intérieures qui peu- vent lui attirer les regards de l'homme. Un naturel' ardent^ colère , même fé- roce et sanguinaire , rend le chien sau- vage redoutable à tous les animaux., et cède dans le ohien domestique aux sen- tunens l'es plus doux , au plaisir de s'at- tacher et au désir de plaire ; il vient en rampant mettre aux pieds de son maî- tre son eourage, sa force, ses talens^ il attend ses ordres pour.en faire usager il le consulte, il rihterroge , il le sup- plié, un coup-d'œit suffit; il entend les signes de sa volonté : sans avoir.^ comme l'homme , la lumière de la pen- sée , il a toute la chaleur du sentiment *, il a de plus que lui la fidélité , l'a cons- tance dans ses affections \ nulle ambi=- ''^;. î ifflMfeir:*3SiSiM-«ï;^i»««y^. *!#*?*•*> :-0^^ ^06 HISTOIRE NATURELLE lion , nul intérêt , nul désir de ren- geanco , nulle crainte que celle de àé" plaire ; il est tout zèle , toute ardeur et toute obéissance ; plus sensible au souvenir des bienfaits qu'à celui des outrages , il ne se rebute pas par les mauvais traiteniens , il les subit , les oublie , ou ne s'en souvient que pour s'attacher davantage ; loin de s'irriter ou de fuir , il s'expose lui-même à de nouvelles épreuves, il lèche cette main, instrument de douleur qui vient de le frapper, il ne lui oppose que la plainte, et la désarme enfin par la patience et la soumission. Plus docile que l'homme , plus sou- ple qu'aucun des animaux , non-seule- ment le chien s'instruit en peu de temps, mais même il se conforme aux mouveniens , aux manières , à toutes les habitudes de ceux qui lui com- mandent ; il prend le ton de la maison qu'il habite j comme les autres domes- tiques, il est dédaigneux chez les grands ^■ -'P-.ii.,.,, . f'j,uA,\''V£S::^:z:^ r^ lin rfïijBiiÉiWiM'itiiin' ëfiÉJÉiiiiii—iHi'Éfft .w>»CÀ.'i3i; "wjï-ii-»»"«-« -" D U C H 1 E N« Sof et rnstre à la campagne : toujours em- presse pour son maitre et prévenant pour ses seuls amis , il ne fait aucune attention aux gens indifférens , et se déclare contre ceux qui par état ne sont faits que pour importuner : il les connoît aux vétemens , à la voix , à leurs gestes , et les empêche d'appro-* cher. Lorsqu'on lui a confie pendant ^a nuit la garde de la maison , il devi^nt plus fier et quelquefois fdroce-, il veille, il fait la ronde, il sent do loin les ëtr il se leposc pur les dé- pouilles , n'y touche pas, même pour '«>*|^^m*^-"*" ■^^iiMàétmkiêi^'' ^ tx *-*^'^mm*^m^i:M,M.-i^M- ■ * 5o8 HISTOIRE NATURELLE satisfaire son appétit , et donne eu même temps des exemples de courage> de tempër&nce et de fidélité. On sentira de quelle importance eette espèce est dans l'ordre de la na^ ture y en supposant un instant qu'elle n'eût jamais existé. Gomment l'homme auroit-il pu , sans le secours du chien , conquérir, dompter , réduire en escla- vage les autres animaux ? Comment pourroit-il encore aujourd'hui décou- vrir, chasser , détruire les bête» sau- vages et nuisibles ? Pour se mettre en sûreté, et- pour se rendre maître de l'univers vivant , il a fallu commencer par se faire un parti parmi les ani- maux , se concilier avec douceur et par caresses ceux qui se sont trouvée capa- bles de s'attacher et d'obéir , afin de les opposer aux autres. Le premier art de l'homme a donc été Téducatibn du chien , et le fruit de cet art la conquête et la possession paisible de la terre. La plupart dus animaux ont plus e aHHNli itn D U CHIEN. d'agilitë; plus de vitesse , plus de force et même plus de courage que l'homme; la nature les a mieux munis , mieux armes \ ils ont aussi les sens, et sur- tout Todorat , plus parfaits. Avoir ga- gne une espèce courageuse et docile comme celle du chien , c'est avoir ac- quis de nouveaux sens et les facultds qui nous manquent. Les machines, les instrumens que nous avons imagines pour perfectionner nos autres sens ^ pour en augmenter l'étendue, n'ap- prochent pas , même pour l'utilité , de ces machines toutes faites que la na- ture nous présente , et qui en suppléant à l'imperfection de notre odorat , nous ont fourni de grands et d'éternels moyens de vaincre et de régner; et le chien fidèle à l'homme, conservera toujours une portion de l'empire , un degré de supériorité sur les autres ani- maux ; il leur commande , il règne lui- même à la tête d'un troupeau , il s'y fait mieux entendre que la voix du ber- ,*«!!*wv-'A-„ \ , 3 10 HISTOIRE NATURELLE ger ; la sûreté , Tordre et la discipline sont les fruits de sa vigilance et de son activité ', c'est un peuple qui lui est \ soumis , qu'il conduit , qu'il protège , et contre lequel il n'emploie jamais la force que pour y maintenir la paix. iVfais c'est sur- tout à la guerre , c'est contre les animaux ennemis ou indé- pendans , qu'éclate son courage , et que son intelligence se déploie toute entière : les talens naturels se réunis- sent ici aux qualités acquises. Dès que le bruit des armes se fait entendre , dès que le son du cor ou la voix du chas- seur a donné le signal d'une guerre prochaine^ brilUnt d'une ardeur nou-^ velle le chien marque sa joie par les plus vifs transports , il annonce par ses mouvemens et par ses cris l'impatience de combattre et le désir de vaincre ; marchant ensuite en silence , il chercho à reconnoître le pays , à découvrir , à surprendre l'ennemi dans son fort ; il recherche ses traces , il les suit pas à 4i^ -4'iv-. immiiiiigitii .1 -Jt il à JjV CHIIë^, ti et des àitté 5 indi^ accens aineretis que le temps , la distance , Fespèce et même Tâge de celui qu'il poursuite Intimide, presse > désespérant de trouver son salut dans la fuite , l'ani- mal se sert aussi de toutes ses facultés > il oppose la ruse à la sagacité ; jamais les ressources de l'instinct ne furent plus admirables : pour faire perdre sa trace , il va , "trient et revient sur ses pas : il fait des bonds, il voudroit se dé- tacher de la terre et supprimer les es- paces; il franchit d'un saut les routes^ les haies , passe à la nage les ruisseaux , les rivières ; mais toujours poursuivi > et ne pouvant anéantir son corps , il cherche à en mettre un autre à sa place ; il va lui-même troubler le repos d'un voisin plus jeune et moins expérimen- té , le faire lever , marcher , fuir avec luij et lorsqu'ils ont confondu leurs traces , lorsqu'il croit l'avoir substitué à sa mauvaise fortune, il le quitte plus brusquement encore qu'il ne l'a joint , V 'i \ m "•^mm/^ ••^' »d» ••« •*«*■»• i) 3 12 HISTOIRE NATURELLE afin de le rendre seul l'objet et la vic-^ time de l'ennemi trompé. ;v - Mais le chien, par cette supériorit» que donnent l'exercice et l'ëducation > par cette finesse de sentiment qui n'ap-^ pàrtient qu'à lui , ne perd pas l'objet de sa poursuite ; il démêle les points com- muns, délie les nœuds du fil tortueux qui seul peut y conduire , il voit de l'odorat tous les détours du labyrinthe , toutes les fausses routes où l'on a voulu l'égarer , et loin d'abandonner l'enne- mi pour un indifférent , après avoir triomphé de la ruse^ il s'indigne, il redouble d'ardeur , arrive enfin , lat- taque, et le mettant à mort, étanche dans le sang sa soif et sa haine. ,. Le penchant pour la chasse ou la guerre nous est commun avec les ani- maux*, l'homme sauvage ne sait que combattre et chasser. Tous les animaux qui aiment la chair , et qui ont de la force et des armes , chassent naturelle- ment : le lion , le tigre , dont la force est '.i'".':?*\-'-^'^--'***' '*■ ï*V' fiji toujours avec succès. Dans les pays déserts , dans les con" trées dépeuplées > il y a des chiens sau- vages, qui, pour les mœurs> ne différent des loups que par la facilité qu'on trou- ve à les apprivoiser , ils se réunissent aussi en plus grandes troupes , pour 'jhasser et attaquer en force les san- gliers , les taureaux sauvegî.s et même les lions et les tigres. En Améf ique ., ces chiens sauvages sont de races aii- cienneme.t' domestiques j ils y ont cto Quadrup. III. 37 ^-.!«»W--.*«S^ ..mâimtMà^- i:5;T.;r>.:^ \'7'^1^'; >• V i^-: |v,1 si' l'f I âl4 HISTOIRE NATURELLE transportés d'£»îrope , oS quelques-uns, ayant été ovMUéa oa abandonnés dan» ces désert.^ , s'y îon^ m^d iï^Iit''? au point qu'ils se it>nandent par troupes dans les contrée? habitées ; où ils attaquent le bétail et insultent vtîf^.mc. les hommes : on esi donc obligé do les écarter par la force , f r de les ti^r comme les autres bêles féroces j et les chiens sont tels en 'e£Pet ; tant qu'ils ne connoissent pas les hommes ; mais lorsqu'on les approche avec douceur , ils s'adoucissent/ devien- nent bientôt familiers, et demeurent 'fidèlement attachés à leurs maîtres; au iieu qaele loup, quoique pris jeune et ^levé dans les maisons , n'est doux que dans le premier âge^ ne perd jamais «on goût pdur la proie , et se livre tôt ou tard à son penchant pour la rapin« "et la destruction. L'on peut dire que le chien est le •eul animal dont la Hdélité soit à Té- ^preuve : le seul qui coimoisse toujours son maîtrd at les amis de la maison ? t.*' ■^&m RELLE quelques-uns, ndonnës dans îj[iHfc.'î au point oupes dans les attaquent le L^ les hommes : i écarter par la ime les autres is sont tels en oissent pas les i les approche ssent, devien- et demeurent rs maîtres; au pris jeune et 'est douxquo perd jamais : se livre tôt our la rapine j }•.■ ' chien est le :é soit à Fe- sse toujours la maison :Vf ■'■'•■.v.-JV/ y<'i I. : x.LE CHIEN DE BEUfVKll a.I.E T\AimET V »# € tï J 1 M. tl^ \0 fori tjvu ^ lt>r«t)i '!t>r«ou'n «rriT^^'iiii il^t*»!»*' leÉKiMt ùUt^j. jpar pi *>i|i m»i^ii.t** i -.ti^ fi»N ^i»- -.■».H»7 ■^'.;»y,^«t.j^''»» >i»,^ I» ,i«,*-*»-**.Ww...i..»*->-"*t«»" r \^i ■"4 i 4 t * .• I '.,!«■ .l^*«:. .,.-.j. l! ,^V' ,:^i^. ■-4**-. 4^- ■ 'r "^^^^f *? -i;. i. 1:. • t;- f :. -Mi,- *' ■'':1!V'^} ^r *,>!■ NsU^^"' 'llr^i^tii ..'..» ;.i ' t'^'^-t^^f ♦'l*^fi^'*'* i .vlljv" ^*h *»««ÎV!»f» •.r • j; 1^^: xy^- :>i DU C H I EN. ^tn 3i5 le seul qui , lorsqu'il arrive un incon- nu, s'en apperçoive j le seul qui enten- de son nom , et qui reconnoisse la voix domestique; le seul qui ne se coiifid pointa lui-même ; le seul qui , lorsqu'il a perdu son maître, et qu'il ne peut le trouver , l'appelle par ses gémisse- mens ; le seul qui, dans un voyage long, qu'il n'aura fait qu'une fois, se soui vienne di chemin et retrouve la route ; le seul enfin dont les talens naturels soient ëvidens, et l'éducation toujoui'S heureuse. On peut présumer avec quelque vi'aisemblance , que le chien de berger est de tous les chiens celui qui appro» che le plus de la race primitive de cette espèce, puisque dans tous les pays ha- bités par des hommes sauvages , ou même à demi civilisés, les chiens res- semblent à cette sorte de chiens plus qu'à aucun autre; que dans Je conti- nent entier du Nouveau Monde, il n'y en a voit pas d'autres; qu'on les retrouve !<- n 'V A ',. ■»-^««««tt«ï»^ii(àV* ' ' I "»■ «-" *"•■•*;"■ iil'l'l'l"* r "T'ilÉi. e7*«i»yjt*»t >■ iV ' i /^ Si6 iiistoirk: naturelle seuls de même au nord ot aii midi dé noire continent , et qu'en France ,oCl on les appelle communément chiens de Brie, et dans les autres climats tem* pérés , ils sont encore en grand nombre, quoiqu'on se soit beaucoup plus occupé à faire naître ou multiplier les autres races qui avoient plus d'agrément , qu'à conserver celle-ci qui n'a que de l'uti- lité , et qu'on a par cette raison dé- daignée f et abandonnée aux paysans chargés du soin des troupeaux. Si l'on considère aussi que ce chien , malgré sa laideur et son air triste et sauvage , est cependant supérieur par l'instinct à tous les autres chiens , qu'il a un ca« ractère décidé auquel l'éducation n'a point de part \ qu'il est le seul qui nais* se , pour ainsi dire , tout élevé , et que , guidé par le seul naturel , il s'attache de lui-même à la garde des troupeaux avec une assiduité , une vigilance, une fidélité singulière; qu'il les conduit avec une intelligence admirable et non n iT c H I E V. ^ 317 cnmtniiniqiice ; que ses talens font 1 é- tonnniicnt et le repos de son maître , tandis qu'il faut , au contraire , beau- coup de temps et de peines pour ins- truire les autres chiens et les dresser aux usa^<;.<; auxquels on les destine , on se couHruiera dans l'opinion que co cliirn cKt le vrii chien de la nature , celui qu'elle nous a donne pour la )>Iu8 grande utilité , celui qui a le plus de rapport avec l'ordre gênerai des êtres vivans , qui ont mutuellement besoin les uns des autres , celui t ufin qu'on doit regarder comme la souclie et le modèle de l'espèce entière. Et de même que l'espèce humaine paroit agreste , contrefaite et râpe tis- sée dans les climats glacés du nord ; qu'on ne trouve d'abord que de petits hommes fort laids en Laponie , en Groenland, et dans tous les pays où le froid est excessif ; mais qu'ensuite dans le climat voisin , et moins rigou- -reux , ou voit tout-à coup paroitre la 1 ^^' ■^■^' ■ 1. "«««».,». f . '■ifm^»mmMU- .„ < ( ,/ 4 .- * - ,"U ii h 1 5i8 HISTOIRE NATURELLB belle race des Finlandais , des Da- nois, etc. , qui, par leur figure, leur cou- leur et leur grande faille , sont peut* être les pi us beaux de tous les hommes , on trouve aussi dans l'espèce des chiens le même ordre et les mêmes rapports. Les cliiens de X«ajH>nie sont très-pô- tits , et n'ont pas plus d'un pied de lon- gueur. Ceux de Sibérie, quoique moins laids, ont encore les oreilles droites et l'air agreste et sauvage , tandis que , dans le climat voisin . où Ton trouve les beaux hommes dont nous venons de parler, on trouve aussi les chiens de la plus belle et de la plus grande taille. Les cliicns de Tartarie , d'Albanie ,du nord de la Grèce , du Dauemarck , de l'Irlande , sont les plus grands ^ les plus forts et les plus puissans de tous les chiens : on s'en sert pour tirer des voi- tures. Ces chiens , que nous appelons chiens d'Irlande , ont une origine très- ancienne , et se sont maintenus , quoi- qu'en petit nombre ; dausleclimatdout ,/ I ï ■i^n-" DU CHIEN. Uî 3l9 ils sont originaires. Les anciens les ap- peloicnt chiens d'Epire, chiens d'Al* banie ; et Pline rapporte , en ternies ausfli élégans qu'ënergiqnes , le combat d'un de ces chiens contre un lion, et ensuite contre un ëléphant. Ces chiens sont beaucoup plus grands que nos plus grands mâtins : conimeilssont fort ra- res en France , je n'en ai jamais vu qu'un , qui me parut avoir , tout asais^ près (le cinq pieds de hauteur, et res- sembler pour la forme au chien que nous appelons g. ^^^ rJ^^nois ; mais il en diFi'roit beaucoup par l'énorniité de fia taille: il étoit tout bianc et d'un naturel doux et tranquille. On trouve ensuite dans les endroits plus tempè- res, comme en Angleterre, en France y en Allemagne , en Espagre , en Italie^ des hommes et des chiens de toutes sortes de races : cette variété provient en partie de l'influence du climat , et en partie du concours et du mélange des races étrangères ^ ou difiereutes laiirttMh ii»»1tym^* \\ il f \ D 3ao HISTOIRE NATUREÎ-LE entr'elles , qui ont produit , en ti4s- grand nombre , des races métives oumë- ]angëea , dont nous ne parlerons point ici , parce que M. Daubenton les a de- criles et rapportées cbacune aux races pures dont elles proviennent, mais nous observerons , autant qu'il nous sera pos- sible, les ressemblances et les différences que Vabx'i, le soin, la nourriture et le cli- mat ont produites parmi ces animaux, r Le grand danois ^ le mâtin et le lé- vrier , quoique difterens au premier coup-d^ceil , ne font cependant que le même chien : le grand danois n'est qu'un mâtin plus fourni , plus cloffé ; le lévrier , un mâtin plus délié , plus effilé , et tous deux plus soignés ; et i] n'y a pas plus de différence entre un chien grand danois, vm mâtin et un lévrier , qu'enire un Hollandais ^ nu Français et un Italien. En supposant donc le mâtin originaire ou plutôt na- turel de France , il aura produit le grand danois dans un climat plus froid; '(.- DU CHIEN. '■""' 3'2l et le lévrier dans un cliin^*t plus chaud ; et c'est ce qui se trouve aussi vc^rifié par le fait , caries grands danois nou» inennent du nord , et les lévriers nous viennent de Constantinople « t du Le- vant. Le chien de berger , le chien- loup , et l'autre espèce de chien-ioup que nous appellerons chien de Sibérie, ne font aussi tous trois qu'un mémo chien : on pourvoit même y joindre le chien de Laponie , celui de Canada , celui des Hottentots et tous les autre» chiens qui ont les oreilles droites ; ils ne diffèrent en effet du chien de ber- ger que par la taille, et parce qu'ils sont plus ou moins étoffés , et que leur poil est plus ou moins rude , plus ou moins long et plus ou moins fourni Lo chien courant , le braque , le basset , le barbet et même l'épagneul , peuvent encore être regardés comme ne faisant qu'un même chien ; leur forme et lenr itjstinct sont à-peu-près les mêmes, et ib ne diffèrent entr'eux que par la hau^ ^ ! ■ V i ' i If 1) t ./" kfMlih .■«ir.....iai^ ''^iimi^Htm'mk\ésii»ii,L W^lS»" ■OK S^a HISTOIRE NATURELLE teur des jambes , et par l'ampleur des oreilles , qui dans tous sont cependant longues, molles et pendantes : ces chiens sont naturels à ce climat , et je ne croit pas qu'on doive en séparer le braque^ qu'on appelle chien de Bengale , qui ne diffère de notre braque que par la lobe. Ce qui me fait penser que ce chien n'est pas originaire de Bengale ou de quel- qu'autre endroit des Indes, et que ce n'est pas , comme quelques-uns le pré- tendent, le chienindiendont les anciens ont pailc, et qu'ils disoientêtre engen- dré d'un tigre et d'une chienne, c'estqiie ce même chien étoit connu en Italie il y a plus de cent cinquante ans , et qu'on neleregardoit pascommeuu chien venu des Indes, mais comme un braque ordi- naire : Canis sagax (vulgô brachus) dit Aldrovande , an unius vel uarii coloris ait parumrefert ; in Italiâelegitur va' rius et maculosœ lynvi peraiinilisy cum tamen niger colorvel albj^s aut fuluus non sit spernenduft* o. L* Angleterre , la France , l'Allema- gne , &c. paroîssent avoir produit le chien courant , le braque et le basset ; CC8 chiens môme dëgénërent dès qu'ils sont portës'dans des climats plus chauds, comme en Turquie , en Perse , mais les ëpagneuls et les barbets sont origi- naires d'Espagne et de Barbarie , où la température du climat fait que le poil de tous \e9 animaux est plus long , plus soyeux et plus fin que dans tous les au- tres pa5''s. Le dogue, le chien que l'on appelle petit danois ( mais fort impro- prement, puisqu'il n'a d'autre rapport avec le grand danois que d'avoir le poil court ) , le chien turc , et si l'on veut encore , le chien d'Islande , ne font aussi qu'un même chien qui , trans- porté dans un climat très-froid comme llslande , aura pris une forte fourrure de poil , et dans les climats très-chauds de l'Afrique et des Indes , »ura quitté sa robe , car le chien sans poi! , appelé cJiien turc , est encore mal nommé : ce ^ ■J' ( H > i \ I { 1 ; ' ri H Si il V ' ' t •h ■J**»^.** ^■J«A.»Sâii&WW^«*_*é,v Il 3a4 HISTOIRE NATWEiStXlî ti^est point dans le climat tompérë de la' Turquie que les chiens perdent leur poil , c'est en Guinée et dans les climats les plus chauds des Indes que ce chan- gement arrive, et le chien turc n'est autre chose qu'un petit danois qui , transporte dans les pays excessive- ment chauds , aura perdu son poil , et dont la race aura ensuite été transpor- tée en Turquie , où , Von aura eu soin de les multiplier. Xcs premiers que Von ait vus en Europe , au rapport d'Aldrovande , furent apportés de son temps en Italie ^ oi\ cependant ils ne purent, dit-il , ni durer , ni multiplier , parce que le climat éloH beaucoup trop froid pour eux ; mais comme il ne donne pas la description de ces chiens nus , nous ne savons pas s'ils ëtoicnt semblables à ceux que nous appelons aujourd'hui chiens turcs , et si l'on peut par cousëqueut les rapporter au petit danois, parce que tous les chiens, de quelque ]:£ice et de quelque pays qu'ils i Dû 0 H I B N. 3aS •oient, perdent leur poil Jaus les pays excessivement chauds, et, comme nous l'avons dit, ils perdent aussi leur ^oix; dans de certains pays ils sont tout-à- fait muets, dans d'autres ils ne per- dent que la faculté d aboyer > ils iiur* lent comme les loups ou glapi^tsent comme les renards : ils semblent par cette altération se rapprocher de leur état de nature, car ils changent aussi pour la forme et pour l'iustinct : ils deviennent laids, et prennent tous des oreilles droites et pointues. Ce n'est aussi que dans les climats tempères que les chiens conservent leur ardeur , leur courage , leur sagacité , et les au- très talens qui leur sont naturels : ils per- dent donc tout lorsqu'on les transporte dans des climats trop chauds ; mais comme si la nature ne vouloit jamais rien faire d'absolument inutile , il se trouve que dans ces mêmes pays où les chiens ne peuvent plus servir à aucun des usages auxquels nous les employons; Quadrup. III ■ i '\ r '"ff^ > ï- Il 5 ■ SlB HISTOIRE NATUKEF.LE oa les recherche pour la table , et qaê les Nègres en préfèrent la chair À celU de tous les autres animaux : on conduit les chiens au marche pour les vendre \ on les achète plus cher que le mouton, le chevreau, plus cher même que tout autre gibier; enfin le mets le plus déli- eieux d*un festin chez les Nègres est nn chien rôti. On pourroit croire que le goût si décide qu'ont ces peuples pour la chair de cet animal , vient du changement de qualité de cette même chair qui, quoique très - mauvaise à manger dans nos climats tempérés ï acquiert peut-être un autre goût dans ces climats brûlans ; mais te qui me fait penser que cela dépend plutôt de la nature de l'homme que de celle da chien , c'est que les sauvages du Cana-^ da qui habitent un pays froid , ont le même goût que les Nègres pour la chair du chien , et que nos missionnaires en ont quelquefois mangé sans dégoût « Les chiens servent en guise de mou- /'- i •^.*' 1 1. H t: 1}V CHIEN. ^ 3'if tcn pour être mangé en festin , dit le Fr.r« Sabard Theodat : ie me suis trou- ▼é diverses fois à des festins de chiens^ j'avoue véritablement que du commen- cement cela me faisoit horreur ; mais ^e n'en eiis paa mangé deux fois que j'en trouvai la chair bonne, et de goût un peu approchant de celle du porc ». * Aristote, dont je suis très-porté à respecter le témoignage , dit qu'il est rare que les animaux qui sont d'espèces diiférentes se mêlent ensemble; que cependant il est certain que cela arrive dans les chiens, les renards et les loups; que les cliiens indiens proviennent d'une autre bête sauvage semblable et d'un chien. Or pourroit croire que cette bête sauvage, a laquelle il ne donne point de nom , est l'adive ; mais il dit dans un autre endroit , que ces chiens indiens viennent du tigre et du chien ; ce qui me; par oit encore plus difficile à croire , parce ^«e le tigre est d'une na- ture* et d'une forme bien plus diffé- '. -^ 1 ) I ) >• i ) Ci 328 HISTOIHK NVTIJRr.LLK rentes de celles d ? liien, que le loup , le renard oa l'adive. Il faut convenir qu'Aristote semble lui-même infirmer son témoignage à cet égard ; car après avoir dit que les chiens indiens vien- nent d'une béte sauvage semblable au loup on au renard, il dit ailleurs qu'ils viennent du tigre; et sans énoncer si c'est du tigre et de la chienne ou du chien et de la tigresse , il ajoute seu- lement qu«^ la chose ne réussit paç d'à» bord , mais seulement à la troisième portée ; que de la première fois il ne ré- sulte encore que des tigres; qu'on at- tache des chiens dans les déserts , et qu'à moins que le tigre ne soit en cha- leur , ils sont souvent dévorés ; que ce qui fait que 'Afrique produit souvent des prodiges et des monstres, c'est que l'eau y étant très -rare et la chaleur fort grande , les animaux de différentes espèces se rencontrent assemblés en grand nombre dans le même lieu jiour boire j que c'est là qu'ils se familiari- / j l I ■ ':'J0t\ .K,»fe» mm »>-»*«»— y- •'v^fi^i^,4^^^ f'SW^'Wf^àV'jW»' '>>-^-*^ÉH»^* ^*j**,f^*i!lh t* il , r » u c H I K N. 3fl9 sent, s^accouplent et pr^xâuisent. Tout cela me paroit conjectural, incertain et même assez . iispeut pour n'y pa» ajouter f n : car plus on observe la na- ture des t. ni ' p. as on voit que rindice le p' '* ^ |j>«ren}uger, c'est l'instinct. La plus ou 15 grande perfec- tion des sens, qui ne fait pas dans rhomme une qualité ëminente ni mê- me remarquable, fait dans les animaux tout leur mérite et produit , comm& cause , tous les talens dont leur nature peut être susceptible. Je n'entrepren- drai pas de faire l'énumération de tou- tes les qualités d'un chien de chasse, oni sait assez combien l'excellence de l'o- dorat , jointe à l'éducation , lui donne d'avantage et de supériorité sur les au- tres animauxj mais ces détails n'ap- partiennent que de loin à l'Histoire naturelle j et d'ailleurs les ruses et les moyens, quoiqu'émanés de la simple nature , que les animaux sauvages met- 1-'" À I"'': 1 J;i4^#f-*rt?- ■"ar*»;'».. '»/ .3*^ '■■?*; .'*».*- -■ii*^:.:::r^--w ^¥ê: ' • ^' "^^^ r*^ ^, ^f^^. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-S) & // ^ .<^^ r/. V ^ 1.0 1.1 11.25 làâ|28 |25 ■M "^^ ■■■ us us lit u 1^ u 11.6 4V / »^«»' ^> y /À Photographie Sciences Corporation ^v ^ \ Sî :\ \ çv ^ ^^^^^ 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) «72-4503 "^ ' o^ S3o HISTOIRE NATURELLE tent en œuvre pour se dérober à la recherche ou pour éviter la poursuite et les atteintes des chiens t sont peut» être plus merveilleux que les méthodes les plus fines de Fart de la chasse. Le chirn , lorsqu'il vient de naître , n'est pas encore entièrement achevé: dans cette espèce, comme dans celle de tous les animaux qui produisent en* grand nombre , les petits , au moment de leur naissance , ne sont pas aussi par' faits que dans les animaux qui n'en pro- duisant qu'un ou deux. Les chiens nais- sent communément avec les yeux fer~ niés *, les deux paupières ne sont pas simplement collées , mais adhérentes par une membrane qui se déchire lors- que le muscle de la paupière supérieure est devenu assez fort pour la relever et vaincre cet obstacle , et la plupart des chiens n'ont les yeux ouverts qu'au dixième ou douzième jour. Dans ce même temps , les os du crâne ne sont pas achevés , le corps est bouffi ; le mu- y >~a.^<*^-> •■ wSSr I I DU CHIEN. 3^1 Bran gonfle , et leur forme n'est pas encore bien dessinée ; mais en moins d'un mois ils apprennent à faire usage de tous leurs sens , et prennent ensuite de la forme et un prompt accroissement. Auquatrième mois ils perdentquelques- unesde leurs dents qui , comme dans les autres animaux, sont bientôt rempla- cces par d'autres qui ne tombent plus : ils ont en tout quarante-deux dents ^ «avoir , six incisives en haut et six eu bas , deux canines en haut et deux en bas, quatorze mâchelières en haut et douze en bas ; mais cela n'est pas cons*> tant , il se trouve des chiens qui ont plus ou moins de dents mâchelières. Dans ce premier âge , les mnles comme les femelles s'accroupissent un peu pour pisser ; ce n'est qu'à neuf ou dix mois que les mâles , et même quelquefois les femelles , commencent à lever les cuisses, et c'est dans ce même temps qu'ils commencent à être en état d'en- gendrer. Le mâle peut s'accoupler ,rf*^ #, .•y ♦ -*f % # 33a HTSTOIRK NATrRrJLlî en tout temps , mais la femelle ne le reçoit que dans des temps marquas v c'est ordinairement deux fois par an f et plus fréquemment en hiver qu'en clc : la chaleur dure dix , douze et quel* quefois quinze jours. Les chiennes porte rit neuf semaines y c'est-à-dire, soixante- trois jours, quel* quefois soixante-deux ou soixante- un , et jamais moins de soixante ; elles produisent six, sept et quelquefois jus- qu'à douze petits; celles qui sont delà* plus grande et de la plus forte taille , produisent en plus grand nombre que les petites qui souvent ne font que qua- tre ou cinq , et qr " 'ucfois qu'un ou deux petits , sur -v-..;t dans les pre- mières portées qui sont toujours moins nombreuses que les autres dans tous les animaux. Les chiens , quoique très-ardens en amour , ne laissent pas de durer ; il ne paroi t pas même que l'âge di- minue leur ardeur , ils s'accouplent •■1 ^l_» DU CHIEN. 335 et produisent pendant toute leur vie , qui est ordinairement bornée à qua- torze ou quinze ans , quoiqu'on en ait gardé quelques-uns jusqu'à vingt. La durée de la vie est dans le chien comme dans les autres animaux y proportion- nelle au temps de Faccroissément : il est environ deux ans à croître , il vit aussi sept fois deux ans. L'on peutcon- noître son âge par les dents qui dans la jeunesse sont blanches , tranchantes et pointues , et qui , à mesurequ'il vieillit^ deviennent noires, mousses et inéga- les ; ou le connoît aussi par le poil , car il blanchit sur le museau , sur le front et autour des yeux. nX DU TOMl TROISI£MS* '-«V-» .