IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l îlfiM m •^ 1^ 2.2 2.0 1.8 1-25 1.4 1.6 4 6" ► Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. )4580 (716) 872-4503 fc ^ CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHM/ICMH Collection de microfiches. Canadian Institute for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques =>".*, Ci* Tachnical and Bibliographie Notas/Notes tachniquas at bibiiographiquas The Instituta has attamptad to obtain the bast original copy availabla for filming. Faaturaa of this copy which may ba bibliographically unique, which may altar any of the imagée in the reproduction, or which may significantly change the usual method of filming. are checked below. □ Colnured covers/ Couverture de couleur I I Covers damaged/ D D D D Couverture endommagée Covers restored and/or laminated/ Couverture restaurée et/ou pelliculée I I Cover title missing/ La titra de couverture manque Coloured maps/ Cartes géographiques en couleur Coloured ink (i.e. other than blue or black)/ Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou r jire) r~7\ Coloured plates and/or illustrations/ Planches et/ou illustrations en couleur Bound with other material/ Relié avec d'autres documents Tight binding may cause shadows or distortion along interior margin/ La re liura serrée peut causer de l'ombre ou de la distorsion le long de la marge intérieure Blank laaves added during restoration may appear within the text. 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Q Additional commenta:/ Commentaires supplémentaires; Les pages froissées peuvent causer de la distorsion. This item is filmed at the réduction ratio checked below/ Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous. 10X 14X 18X 22X 26X 30X y 12X 16X 20X 24X 28X 32X The copy filmed hère has been reproduced thanks to the generosity of : Seminary of Québec Library L'exemplaire filmé fut reproduit grâce à la générosité de: Séminaire de Québec Bibliothèque The Images appearing hera ara tha bast quailty possible considaring tha condition and lagibility of tha original copy and in kaaping with tha fllmlng contract spécification*. Original copies In printed paper covers ara filmed beginning with the front cover and ending on the last page with a printed or illustratad impres» sion, or the back cover when appropriate. AU other original copies are filmed beginning on the first page with a printed or illustratad impres- sion, and ending on the last page with a printed or illustratad impression. Les images suivantes ont été reproduites avec le plus grand soin, compte tenu de la condition et de la netteté de l'exempialre filmé, et en conformité avec les conditions du contrat de filmaga. Les exemplaires originaux dont la couverture en papier est imprimée sont filmés en commençant par le premier plat et en terminant soit par la dernière page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration, soit par le second plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires originaux sont filmés en commençant par la première page qui comporte une empreinte d'impression ou d'illustration et en terminant par la dernière page qui comporte une telle empreinte. The last recorded frame on each microfiche shall contain the symbol — »- (meaning "CON- TINUED"). or the symbol V (meaning "END"), whichever applies. Un des symboles suivants apparaîtra sur la dernière image de chaque microfiche, selon le cas: le symbole — •> signifie "A SUIVRE", le symbole V signifie "FIN". Maps. plates, charts. etc.. may be filmed at différent réduction ratios. Thoae too large to be antireiy included in one exposure are filmed beginning in the upper left hand corner, laft to right and top to bottom. as many frames as required. The following diagrams illustrate the method: Les cartes, planches, tableaux, etc.. peuvent être filmés è des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite, et de haut en bas, en prenant le nombre d'images nécessaire. Los diagrammes suivants illustrent la méthode. 1 2 3 1 2 3 4 5 6 1 ( H] HISTOIRE NATURELLE DE BUFFON. OISEAU TOME X. Il ' V r-~-> r-f ^ I 1-* J 1 Ci ^ ê V «. cil ^- ] 7 /. j O ■■-■■•y ♦'«*■ .*i^* -Hl^-"»-. HISTC ISTOIRE NATURELLE DE BUFFON, classée par ordre, genres et espèces, d'après le système de Linnc j AVEC LES CARACTÈRES GÉNÉRIQUES et la nomenclature Linnéenne ; Par RENé-RiCHAHD CASTEL , auteur du poëme des Jetantes. « NOUVELLE É J^V^^ <Ç^^ ^-r'*^ TOME ;'^r!/(. 9 DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELBT. A PARIS, Chez Deterville, rue du Battoir, n® iG. AN X 180 2* I •v.i-î' > >•• ; . li. Piur / ïofn . .\ Di'xfeth' t/cf. Jftict'/u' {fcufj*- 1. l/Ol^TAUl>3i . a . LA C ANEPETIKUK oit PETITE OI^ TAUDE . / / V ...... N o/n •SSgJN^g '3m \h 1 9va(p . i L\ ft^i ^**'> :iT|t->-. Jïfiidi ■^imwl; x i'«'/'*^';. ? S I t '■ } .-t^iM^» • {S' •V^'. . j-. • - * ■•V ' . • iK J- *« .i » s« »r?>»*- ; *"^ j.,\. i,. ..* . \^ N I HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX, ■« L X« GENRE. ' por- d'ail- leut se use de t pos- bran« DE I*OUTARDB. |3 elle et s'y soutenir, on peut croire , sur le témoignage des anciens et des mo- dernes , que les lévriers et les chiens courans la peuvent forcer: on la chasse aussi avec l'oiseau de proie, ou enfin on lui tend des filets, et on l'attire où l'on veut en faisant paroître un cheval à propos , ou seulement en s'affublant de la peau d'un de ces animaux. Il n'est point de piège , si grossier qu'il soit , qui ne doive réussir ^ s'il est vrai , comme le dit Elien, que dans le royau- me de Pont les renards viennent à bout de les attirer à eux en se couchant contre terre, et relevant leur queue, à laquelle ils donnent-, autant qu'ils peu- vent, l'apparence et les mouvemens du cou d'un oiseau; les outardes, qui prennent, dit -on, cet objet pour un oiseau de leur espèce , s'approchent sans défiance , et deviennent la proie de l'animal rusé 5 mais cela suppose bien de la subtilité dans le renard , bien de la stupidité dans l'outarde, et peut- Oiseaux. X, * il' w \ < 14 HISTOIRE NATURELLE être encore plus de crédulité dans l'écrivain. J'ai dit que ces oiseaux alloient quel- quefois par troupes de cinquante ou Soixante ; cela arrive sur - tout en au- tomne dans les plaines Ck i-x Grande- Bretagne; ils se rër niiu niors dans les terres semées de nir^ 'pes, et y font de très-granls dê^.âts. Eu France, ou les voit passer vegulièrement au prin- temps et en automne , mais par plus petites troupes , et elles ne se posent guère que sur les lieux les plus élevés. On a observé le&r passage en Bourgo- gne, en Champagne et en Lorrai*^e. L'outarde se trouve dans la Lybie , aux environs d'Alexandrie, selon Plu- larquej dans la Syrie, dans la Grèce , en Espagne , en France , dans les plai- nes du Poitou et de la Champagne pouilleuse , dans les contrées ouvertes de l'est au sud de la Grande-Breta- gne , depuis la province de Dorset jus- qiv,. 1 ■-:; de A^. de et de la Lolhiane i .1 en lei où: qu( LeI È\ ■■•S*'^.»''!*»'**' -'^. . ^ T ^t.1lÊttf.f->.r^.'i> ce 1 é dans \i quel' nte ou en au- rrande- 's dans ty font , 011 prin- 3r plus posent élèves, 'ourgo- i*^e. Lybie, n Piu« jrèce , s plai- 1 pagne ivertes Breta- et jus- thiane DE L OUTARDE. \ù t en grosse ; dans les Pays-Bas , en Al- lemagne , en Ukraine et en Pologne , où, selon Rzaczynski , elle passe quel- quefois l'hiver au milieu des neiges. Les auteurs de la Zoologie Britanni- que assurent que ces oiseaux ne s'éloi- gnent guère du pays qui les a vus naître , et que leurs plus grandes excursions ne vont pas au-delà de vingt à trente milles; mais Aldrovande prétend que sur la fin de l'automne ils arrivent par troupes en Hollande , et se tiennent par préférence dans les campagnes éloi- gnées des villes et des lieux habités. M. Linnaeus dit qu'ils passent en Hol- lande et en Angleterre. Aristote parle aussi de leur migration ; mais c'est on point qui demande à être éclairci par des observations plus exac tes. Aldrovande reproche è Gesner d'ê- tre tombé dans quelque contradiction à cet égard , sur ce qu'il dit que l'ou- tarde s'en va avec les cailles, ayant dit plus haut qu'elle ne quittât point la i ?*" ^-T-XSij^"^»-: tG histoire naturelle Suisse où elle est rare , et qu'on y en prenoit quelquefois l'hiver; mais cela peut se concilier, ce ine, semble, en admettant la migration des outardes , et la resserrant dans des limites, comme les auteurs de la Zoologie Britannique ; d'ailleurs , celles qui se trouvent en Suisse sont des outardes égarées, dé- paysées , eu petit nombre , et dont les mœurs ne peuvent représenter celles de l'espèce : né pourroit - on pas dire aussi que l'on n'a point de preuves que celles qu'on prend quelquefois à Zu- rich, pendant fhiver, soient les mê- mes qui y ont passé l'été précédent ? Ce qui paroît de plus certain , c'est que l'outarde ne se trouve que rare- ment dans les contrées montagneuses ou bien peuplées,, coqame la Suisse, le Tyrol, l'Italie, plusieurs provinces d'Espagne, de France, d'Angleterre et d'Allemagne ; et que lorsqu'elle s'y ren- contre, c'est presque toujours en hiver. Mais, quoiqu'elle puisse subsister dans \ yf lel qii saj ail n( V( \v( ^1»- ■MK'^t^ 3n y en ais cela We, en tardes , :îomme nique; ent en ^, dé^ ont les ceiiea is dire es que a 2u- s mê- it? , c'est rare- leuses \^isse , 'inces rre et ' reii- iver. dans I I DE L O U TARDE. IJ Jes pays froids , et qu'elle soit, selon quelques auteurs, un oiseau de .pas- sage , il ne paroît pas néanmoins qu'elle ait jamais passé en Amérique par le. nord ; car , bien que les relations des voyageurs soient remplies d'outardes trouvées dans ce nouveau continent , il est aisé de reconnoître que ces pré-r tendues outardes sont des oiseaux aqua- tiques , et absolument difFérens de la véritable outarde dont il est ici ques- tion. M. Barrère parle bien d'une ou- tarde cendrée d'Amérique , dans son Essai d Ornithologie, qu'il dit avoir ob- servée ', mais 1°. il ne paroît pas l'avoir vue en Amérique , puisqu'il n'en fait aucune mention dans isa France équi- noxiale; 2°. il est leseul, avec M. Klein> qui paris d'une outarde américaine : or , celle de M. Klein , qui est le macu^ cagua.de Marcgrave, n'a poirit les ca- ractères propres à ce genre, puisqu'elle a quatre doigts à chaque pied , et le bas de la jambe garni de plumes jusqu'à V w.^ W-.^-— 1 l8 HISTOIRE NATURELLIS SOU articulation avec le tarse ; qu'etl© est sans queue, et qu'elle n'a guère d'autre rapport avec l'outarde , que d'ê- tre un oiseau pesant qui ne se perche ni ne voie presque point. A l'égard de M. Barrère , son autorité n'est pas d'un assez grand poids en Histoire naturelle, pour que son témoignage doive pré- valoir contre celui de tous les autres; 3". enfin , son outarde cendrée d'A- mérique a bien l'air d'être la femelle de l'outarde d'Afrique , laquelle est en effet toute couleur de cendre , selon M. Linnaeus. On me demandera peut - être pour- quoi un oiseau , qui , quoique pesant, a cependant des ailes , et qui s'en sert quelquefois , n'est point passé en Amé- rique par le nord , comme ont fait plusieurs quadrupèdes : je répondrai que l'outarde n'y est point passée , parce que , quoiqu'elle vole en effet , ce n'est guère que lorsqu'elle est pour- suivie ; parce qu'elle ne vole jamais H dû étei étei les soie ,. ^ -l-w -^ i^*'J'«^*^<«^'*-J»^- »* C *-=r***«*'^'*V.-* • K BELOUTARDE. ig bien loin , et que d'ailleurs elle évi(e sur-tout les eaux , selon la remarque de Belon : d'ofii il suit quelle n'a pas dû se hasarder à franchir de grandes étendues de nier 5 je dis de grandes étendues, quoique œlles qui séparent les deux continens du côté du nord , soient bien moindres que celles qui les séparent entre les tropiques , elles sont néanmoins considérables , par rapport à l'espace que l'outarde peut parcourir d'un seul vol. On peut donc regarder l'outarde comme un oiseau propre et naturel à l'ancien continent , et qui , dans ce continent, ne paroit point attaché à un climat particulier, puisqu'il peut vivre en Ljbie sur les côtes de la mer bal- tique, et dans tous les pays intermé* diaires. C'est un très-bon gibier; la chair des jeunes , un peu gardée , est sur -tout excellente ; et, si quelques écrivains ont dit le contraire, c'est pour avoir 20 HISTOIRE NATURELLE confondu lotis avec Votus, comme je l'ai remarqué plus haut. Je ne sais pourquoi Hippocriite. l'inlerdisoit aux personnes qui tomboient du: mal; caduc* Pline reconnoît dans la graisse d'ou- tarde la vertu de soulager les maux de mamelles qui surviennent aux nou- velles accouchées. On se sert des pen-^ nés de cet oiseau, comme on fait de celles d'oie et de cjgne, pour écrire 5 et les pêcheurs les recherchent pour les attacher à leurs hameçons , parce qu'ils croient que les petites taches noires dont elles sont émaillées parois^ sent autant de petites mouches aux poissons qu'eUes attirent par cette feusse apparence. LA PETITE OUTARDE, vulgairement LA CANEPETIÈRE. Cet oiseau ne diffère de l'outarde que parce qu'il est beaucoup plus pe- ^it , et par quelques variétés dans le ■m i qu| ta| da| res sai l'iJ coi un ra oi si s^ il u ï I .^. i. ,.r ._^», -•-,,».. ^... > _,fl««>«rs-l .»>..>«•» m- .•."«•• LLE omme je ' ne sais isoit aux alicaduc^ sse d'ou- maux de ux nou- ées pen- sait de écrire ^ m pour > parce taches parois-n ^s aux B fausse ERE. i tarde s pe- ns Je DE L OUTARDE. 21 P I plumage : il a aussi cela de commun avec l'outarde , qu'on lui a donné Je 2iom de cane et de canard, quoiqu'il n'ait pas plus d'affiuité qu'elle avec les oiseaux aquatiques, et qu'on ne le voie jamais. autour des eaux. Belon prétend qu'on l'a ainsi nommé , parce qu'il se tapit contre terre comme font les canes dans l'eau, etM. Saleme, parce qu'il ressemble en quelque chose à un canard sauvage ,-et qu'il vole comme lui : mais l'incertitude et le peu d'accord de ces conjectures étymologiques font voir qu'un rapport aussi vague , et sur-tout un rapport unique , n'est point une raison suffisante pour appliquer à un oiseau le nom d'un autre oiseau ; car si un lecteur qui trouve ce nom , ne saisit point le rapport qu'on a voulu indiquer , il prendra nécessairement une fausse idée : or , il y a beaucoup à parier que ce rapport , étant unique , ne sera saisi que très-rarement. La dénomination de petite outarde 1 ■. n !-l 1 2.1 HISTOIRE NATURELLE que j'ai pr^^férée , n est point sujette h cet iiiconvënient , car i'oiseau dont il a agit ayant tous les principaux carac- tères de l'outarde , à l'exception de la grandeur, le nom composé de petite outarde lui convient dans presque toute la plénitude de sa signification, et ne peut guère produire d'erreur. Belon a soupçonné que cet oiseau étoit le tetrax d'Athénée , se fondant sur un passage de cet auteur où il le compare, pour la grandeur, au spermolo- gus, que Belon prend pour un Jreux , espèce de grosse corneille • mais Aldro- vande assure au contraire que le sper- mologus est une espèce de moineau , et que par conséquent le tetrax , auquel Athénée le compare pour la grandeur, ne sauroit être la petite outarde; aussi Willulghby prétend-il que cet oiseau n'a point été nommé par les anciens. Le même Aldrovande nous dit que les pêcheurs de Rome ont donné , sans qu'on sache pourquoi , le nom de stella poi il£ plu I\US M. et '^i -■. sen son drc pet ter i É voi aul cor qu m po co pi pr sa b( » c LIE sujette à I dont il X carac- on de la le petite ue toute 1, et ne t oiseau fondant où il le ermolo' freux , Aldro- e sper- >ineaii , auquel ndeur, ; aussi oiseau 'iens. lit que î , sans ! Stella DE L OUTARDE. 'fs- % a3 à un oiseau qu'il avoit pris d'abord pour la petite outarde, mais qu'ensuite il a jugé différent, en y regardant de plus près: cependant, malgré un aveu aussi formel , Ray , et d'après lui M. Saler ne , disent que la canepetière et le Stella avis d'Aldrovande parois- sent être de la même espèce, et M. Bris- son place sans dilficuUé le Stella d'Al- drovande parmi les synonymes de la petite outarde 5 il semble même impu- ter à Charleton et à Willulghby d'a- voir pensé de même , quoique ces deux auteurs aient été attentifs à ne point confondre ces deux sortes d'oiseaux , que , selon toute apparence, ils n'avoient point vus. Cet oiseau est une véritable outarde , comme j'ai dit, mais construite sur une plus petite échelle, d'où M. Klein a pris occasion de l'appeler outarde naine; sa longueur , prise du bout du bec au bout des ongles , est de dix-huit pouces, c'est - à - dire , plus d'une fois moiiidra MmftMMril ■■7^ ( ^ 24 HISTOIRE NATURELLE que la même dimension prise dans la Jurande outarde : celte seuie mesure donne toutes les autres, et il n'en faut pas conclure, avec M. Ray, que la pe- tite outarde soit à la grande comme un est à deux , mais comme un est à huit , puisque les volumes des corps sembla- bles sont entre eux comme les cubes de celles de leurs dimensions simples qui se correspondent ; sa grosseur est à- peu - près celle d'un faisan , elle a , (omme la grande outarde, trois doigts seulement à chaque pied , le bas de la jhmbe sans pkunes , le bec des gallina- cés, et un duvet couleur de rose sur toutes les plumes du corps; mais elle a deux pennes.de moins à la queue, une penne de plus à chaque aile, dont les dernières pennes vont , l'aile étant pliée-, presque aussi loin que les pre- mières , par lesquelles on entend les plus éloignées du corps; outre cela , le mâle n'a point ces barbes de plumes qu'a le mâle de la grande espèce , et 4 par - .,> - .«4^*^..; LtE î dans la : mesure n'en faut ue la pe- 'mme un st à huit , sembla- cubes de iples qui r est à- elle a, is doigts )as de la gallina- t"ose sur lais elle queue , e , dont le étant es pre- snd les ;ela, le ilumes DELOUTA DE. 25 é: M. Klein ajoute que son plumage est moins beau que celui de la femelle , contre ce qui se voit le plus souvent dans les oiseaux : mais, à ces différences près , qui sont assez légères , on re- trouve, dans la petite espèce, tous les attributs extérieurs de la grande, et même presque toutes les qualités inté- rieures , le même naturel , les mêmes mœurs, les mêmes habitudes ^ il sem- ble que la petite soit éclose d'un œuf de la grande, dont le germe auroiteu une moindre force de développement. Le mâle se distingue de la femelle par un double collier blanc , et par quelques autres variétés dans les cou- leurs^ mais celles de la partie supé- rieure du corps sont presque les mê- mes dans les deux sexes , et sont beau- coup moins sujettes à varier dans les différens individus , ainsi que Belon l'avoit remarqué. Selon M. Salerne , ces oiseaux ont un cri particulier d'amour qui com- Oiseaux. X. , I â h ) r I [ k 3 } ' :/ i ( s z6 HISTOIRE NATURELLE mence au mois de mai : ce cri est brout ou proutj ils le répètent sur- tout la nuit , et on l'etttend de fort loin 5 alors les mâles se battent entr'eux avec achar- nement , et tachent de se rendre maî- tres chacun d'un certain district; un seul suffit à plusieurs femelles , et la place du rendez - vous d'amour est battue comme faire d'une grange. La femelle pond au mois de juin trois , quatre et jusqu'à cinq œufs fort beaux, d'un vert luisant ; lorsque ses petilS'Soat éclos , elle les mène comme la poule mène les siens. Ils ne commen- cent à voler que vers le milieu du mois d'août ; et quand ils entendent du bruit , ils se tapissent contre terre, et se lais- seroient plutôt écraser que de remuer de la place. On prend les mâles au piège, en les attirant avec une femelle empaillée, dont on imite le cri : on les chasse aussi avec f oiseau de proie; mais, en géné- ral , ces oiseaux sont fort difficiles à i «P su m et sa ïf *«s/ est brout -tout Ja >in ; alors ecachar- dre maî- ti'ict; ua îs , et Ja noiir est de juin eufs fort sque ses comme >mmen- du mois u bruit, se iais« remuer , en les paillée, ise aussi n génë- Sciles à 4 \ ' DE l'outarde. *7 approcher, étant toujours aux agut ts sur quelque hauteur dans les avoines ; mais jamais, dit-on, dans les seigles et les blés : lorsque, sur la fin de la belle saison, ils se disposent à quitter le pays pour passer dans un autre , on les voit se rassembler par troupes ; et pour lors il n'y a plus de différence entre les jeunes et les vieux. Ils se nourrissent , suivant Belon , comme ceux de la grande espèce, c'est- à-dire, d'herbes et de graines, et outre cela de fourmis , de scarabées et de pe- tites mouches; mais y selon M. Salerne, les insectes sont leur nourriture princi- pale; seulement ils mangent quelque- fois au printemps les feuilles les plus tendres du laiteron. La petite outarde est moins répan- due que la grande , et paroît confinée- dans une zone beaucoup plus étroite. M. Linneeus dit qu'elle se trouve en Europe, et particulièrement en Fran- ce; cela est un peu vague , car ily a de« fi ')\ û \M l\: '"—- lgp~-- .£^ r> < S a5 HISTOIRE NATURELLE pays très-considérables en Europe et même de grandes provinces en France où elle est inconnue : on peut mettre les climats de la Suède et de la Pologne au nombre de ceux où elle ne se plaît point j car M. Linneeus lui-même n'en fait aucune mention dans sa Fauna Sue^ cica , ni le P. Rzaczynski dans son His* toire naturelle de Pologne ; et M. Klein n'en a vu qu'une seule à Dantzick , laquelle venoit de la ménagerie du marcgrave de Bareith. Il faut qu'elle ne soit pas non plus bien commune en Allemagne, puisque Frisch , qui s'attache à décrire et re- présenter les oiseaux de cette région , et qui parle assez au long de la grande outarde , ne dit pas un mot de celle-ci , et que Schwenckfeld ne la nomme seu- lement pas. Gesner se contente de donner son nom dans la liste des oiseaux qu'il n'a- voit jamais vus , et il est bien prouvé <|u'en effet il n'avoit jamais vu celui- ci,] vol de en M. I -•'■a ■1 LE jrope et France t meure Pologne se plaît rae n'en na Sue- on His" i Klein ntzick , srie du m plus uiscjue et ré- gion , rande le-ci , eseu- r son n'a- elui- ,-;<*'. DELOUTIRDB. 2^ ci , puisqu'il lui suppose des pieds velus comme à lattagas, ce qui donne lieu de croire qu'il est au moins fort rare en Suisse. Les auteurs de la Zoologie Britan- nique , qui se sont voués à ne décrire aucun animal qui ne fût breton ou du moins d'origine bretonne , auroient cru manquer à leur vœu , s'ils eussent dé- crit une petite outarde , qui avoit été cependant tuée dans la province de Cornouailles , mais qu'ils ont regardée comme un oiseau égaré , et tout-à-fait étranger à la Grande-Bretagne; elle l'est en effet à un tel point , qu'un in- dividu de cette espèce ayant été pré- senté à la société royale , aucun des membres qui étoient présens ce jour- là ne le reconnut , et qu'on fut obligé de députer à M. L'dwards pour savoir cequec'étoit. D'un autre côté , Belon nous assure que de son temps les ambassadeurs de Venise , de Ferrare et du pape , à qui :■ r î vf ■-^m^mvmmSLZ -^ f: \. i \ ..', > a '. !> 3o HISTOIRE NATURELLE il en montra une , ne la reconnurent pas mieux , ni personne de leur suite , et que quelques-uns la prirent pour une faisane ; d'où il conclut avec raison qu'elle doit être fort rare en Italie; et cela est vraisenàblable, quoique M. Ray /passant par Modène, en ait vu une au marché : voilà donc la Po* logne , la Suède , la Grande-^Bretagne , l'Allemagne , la Suisse et l'Italie , à excepter du nombre des pays de l'Eu- rope où se trouve la petite outarde; et ce qui ponrrôit- faire croire que ces ex- ceptions sont 'encore trop limitées, et que la France est le seul climat pro- pre , le seul pays naturel de cet oiseau , c'est que les naturalistes français sont ceux qui paroissent le connoître mieux, et presque les seuls qui en parlent d'a- près leurs propres or^ser va tions, et que tous les autres , excepté M. Klein , qui n'en avoit vu qu'un , n'en parlent qu^ d'après Belon. Mais il ne faut pas même croire que ;V >élm LE on mirent ur suite , pour une îc raison 1 Italie; quoique , en ait :; Ja Po- retagne ,- talie , à îel'Eu-^ arde^et ■ œs ex-' ilées , et lat pro- oiseau , ais sont mieux, înt d'a- ) et que in , qui nt que ire que ■M' 33 E L G U T A K D E. 5| la petite outarde soit également com- mune dans tou* les cantons de la Fran- ce ; je connois de très-grandes provin- ces de ce royaume où elle ne se voit point. M. Salerne dit qu'on la trouve assez communément dans laBeauce (où ce- pendant e l le n'est que passa^^ère ) , qu'on la voit arriver vers le milieu d'avril , et s'en aller aux approches de l'hiver : il ajoute qu'elle se plaît dans les terres maigres et pierreuses , raison pourquoi on l'appelle canepetrace , et ses petits petraceaux. On la voit aussi dans le Berri , où elle est connue sous le nom de canepetrotte : enfin elle doit être connue dans Je Maine et la Norman- die, puisque Belon , jugeant de toutes les autres provinces de France par celle- ci, qu'il connoissoit le mieux, avance qu'iV n'y a paysan dans ce royaume qui ne la sache nommer, La petite outarde est naturellement rusée et soupçouneuse , au point que .>*«'... ''S#-.iy(,.^r: 3^ t;l Ai Si HISTOIRE NATURELLB cela a passé en proverbe, et que l'on dit des personnes qui montrent ce ca- ractère , gu ils font de la canepetière. Lorsque ces oiseaux soupçonnent quelque danger, ils partent , et font un vol de deux ou trois cents pas , très- roides et fort près de terre -, puis , lors- qu'ils sont posés, ils courent si vite qu'à peine un homme les pourroit at- teindre. La chair de la petite outarde est noire , et d'un goût exquis ; M. Klein nous assure que les œufs de la femelle qu'il a eus étoient très-bons à man- ger, et il ajoute que la chair de cette femelle éloit meilleure que celle de la femelle du petit coq de brujrères , et dont il pouvoit juger par comparaison. Quant à l'organisation intérieure, elle est à-peu-près la même, suivant Belon , que dans le commun des gra- nivores. Oisl ou f' i ;^2s-»i*c."; E ue l'on t ce ca- etière. donnent font un s, très- 3, lors- si vite roit al- rde est Klein emelle I man- e cette ede la res , et raison, ieure , uivaiit s gra- DE L OUTARDE. OJ Oiseaux étrangers gui ont rapport aux Outardes, I. LE L O HON G, ou L'OUTARDE HUPPÉE D'ARABIE. L'oiseau que les Arabes appellent lohong, et que M. Edwards a dessiné et décrit le premier , est à-peu-près de la grosseur de notre grande outarde ; il a , comme elle , trois doigts à chaque pied, dirigés de même, seulement un peu plus courts ; les pieds , le bec et le cou plus longs , et pra-oît en général modelé sur des proportions plus lé- gères. Le plumage de la partie supérieure du corps est plus brun , et semblable à celui de la bécasse , c'est-à-dire, fauve rayé de brun-foncé , avec des taches blanches en forme de croissant sur les i' •i^Sf^" _00^~. ^>**"' ■h Ê » 34 HISTOIRB NATURELLE ailes; le dessous du corps est blanc, ainsi que le contour de la partie supé- rieure de l'aile ; le sommet de la tête, la gorge et le devant du cou , ont des raies transversales d'un brun -obscur sur un fond cendré ; le bas de la jambe, le bec et les pieds, sont d'un brun-clair et jaunâtre ; la queue est tombante comme celle de la perdrix , et traver- sée par une bande noire 5 les grandes pennes de l'aile et la huppe sont de cette même couleur. Cette huppe est un trait fort remar- quable dans l'outarde d'Arabie; elle est pointue, dirigée en arrière , et fort inclinée à l'horizon ; de sa base elle jette en avant deux lignes noires , dont l'une, plus longue, passe sur l'œil et lui forme une espèce de sourcil; l'au- tre, beaucoup plus courte, se dirige comme pour embrasser l'œil par-des- sous, mais n'arrive point jusqu'à l'œil , lequel est noir et placé au milieu d'un espace bkuc. ■; *^V -* \> ^î^a^eyf^""' * ThM"" LLE est bianc , nie supé- de Jatête, , ont des n - obscur la jambe, brun-clair tombante et traver- s grandes s sont de rt remar-» ibiej elle 'e , et fort base elle ires, dont r l'œil et cil; lau- se dirige par-des- a'à l'œil , lieu d'un D E l' O U T A R D E. 35' En regardant cette huppe de profil et d'un peu loin , on croiroit voir des oreilles un peu couchées , et qui se portent en arrière ; et comme l'ou- tarde d'Arabie a été sans doute plus connue des Grecs que la nôtre, il est vraisemblable qu'ils l'ont nommée otis^ à cause de ces espèces d'oreilles , de même qu'ils ont nommé le duc otus ou otos , à cause de deux aigreites sem- . blables qui le distinguent des chouettes. Un individu de cette espèce, qui ■sgr venoit de Moka dans l'Arabie heu- reuse , a vécu plusieurs années à Lon- dres , dans les volières de M. Hans Sioane; et M. Edwards, qui nous eu a donné la figure coloriée, ne nous a conservé aucun détail sur ses mœurs , I ses habitudes , ni même sur sa façon :• de se nourrir. m Wi ''mmmatm" #-^- = >->Mfciiâi''' 06 HISTOIRE MATURBILE II. I L'OUTARDE D'AFRIQUE. tel m: 1 i ï } ^ Cest celle dont M. Linnœus fait sa quatrième espèce : elle diffère de l'ou- tarde d'Arabie par les couleurs du plu- mage ; le noir y domine , mais le dos est cendré et les oreilles blanches. Le mâle a le bec et les pieds jaunes , le sommet de la tête cendré , et le bord extérieur des ailes blanc ; mais la fe- melle est par-tout de couleur cendrée, à l'exception du ventre et des cuisses, qui sont noires comme dans l'outarde des Indes. Cet oiseau se trouve en Ethiopie , Selon M. Linnaeus ; et il y a grande apparence que celui dont le voyageur Le Maire parle sous le nom à' autruche volante du Sénégal n'est pas un oiseau différent : car , quoique ce voyageur en dise peu de chose , ce peu s'accorde m •^1 ^'■' -^^ tA ^ t. ■ '-. » :le QUE. us fait sa de l'ou- p du plu- is le dos ches. Le unes, Je le bord is la fc- îendrée, cuisses, outarde thiopie , grande ojrageur utruche n oiseau >yageur uccorde Vf 1) E l' 0 U T A H D E. Zy en partie et ne disconvient en rien nvec la description ci -dessus : selon Jui, son plumage est gris et noir, sa chair délicieuse j et sa grosseur à-peu- près de celle du cjgne. Mais cette con- jecture tire une nouvelle force du té- moignage de M. Adanson : cet habile naturaliste ayant tué au Sénégal , et par conséquent examiné de près , une de ces autruches volantes , nous assure qu'elle ressemble, à bien des égards, à notre outarde d'Europe, mais qu'elle en diffère par la couleur du plumage , qui est généralement d'un gris-cendré, par son cou qui est beaucoup plus long, et par une espèce de huppe qu'elle a derrière la tête. Celte huppe est sans doute ce que M. Linnaeus appelle les oreilles, et cette couleur gris - cendré est précisément celle de la femelle; et comme ce sont- Jà les principaux traits par lesquels l'outarde d'Afrique de M. LinnaBus et l'autruche volante du Sénégal dif- Oiscaux. X. 4 ?<■ t , i' W] tf- " " ■ -«pVr ■• f^ h m b j 38 HISTOIRE NATURELLE fèrent de notre outarde d'Europe, on peut en induire, ce me semble, que ces deux oiseaux se ressemblent beaucoup; et par la même raison on peut encole étendre à tous deux ce qui a été ob- servé sur chacun en particulier; par exemple , qu'ils ont à-peu-près la gros- seur de notre outarde, et le cou plus long : cette longueur du cou dont parle M. Adanson est un trait de ressem- blance avec l'outarde d'Arabie , qui habite à-peu-près le même climat ; et l'on ne peut tirer aucune conséquence contraire du silence de M. Linnœus, puisqu'il n'indique pas une seule di- mension de son outarde d'Afrique; à l'égard de la grosseur, Le Maire fait celle de l'autruche volante égale à celle du cygne , et M. Adanson à cella de l'outarde d'Europe, puisque, ayant dit qu'elle lui ressembloit à bien des égards, et ayant indiqué les principales diffé- rences , il n'en établit aucune à cet égard; et comme d'ailleurs l'Ethiopie ,Ml a '•- VjL,^ ut. Or, il ici , a et ne l'a les plu- ; l'a re- î figure exacte : i le bec le bout wards, •exacte ns dif- ter les 1) K 1. OUTARDE. 4ï ''à M yeux sur In figure (le l'onlarde des Indes, et la comparer avec celle des pluviers, pour reconnoître qu'elle e»» difïëro I)eaucoup par le port total , et par les proportions, ayant le cou plus long, les ailes plus courtes et la forme du corps plus dëvelopp(5e : ajoutez à cela qu'elle est quatre lois plus grosse /// II yjr., '«Vi '**^'*^ ■•.-feîs: %; .•A=^. ( ■ ' \ ^ ■ • I • I J)i, <•,'),,■ ^/,./ i I.Al'TIU'CIIK. :.. J.r, CASOAIl. y ^.w *7.l Ul ï lelég dit co enfin dote, fanes philoj iiaturi mal ! si rei] nant leurs mat, l'Asie dans plés, déser que 1 couru La race 1 jusqu n'est cieur cette Ois H, \ ---idK-* DE l'autruche. 49 le législateur des Juifs la leur inter- dit comme une nourriture immonde : enfin il en est question dans Héro- dote, le plus ancien des historiens pro- fanes , et dans les écrits des premiers philosophes qui ont traité des chose» naturelles; en effet, comment un ani- mal si considérable par sa grandeur, si reinarqu?ble par sa forme, si éton- nant par sa fécondité, attaché d'ail- leurs par sa nature à un certain cli- mat , qui est l'Afrique et une partie de l'Asie, auroit-il pu demeurer inconnu dans des pays si anciennement peu- plés, où il se trouve à la vérité des déserts, mais où il ne s'en trouve point que l'homme n'ait pénétrés et par- courus. La race de Tautruche est donc une race très-ancienne , puisqu'elle prouve jusqu'aux premiers temps ; mais elle n'est pas moins pure qu'elle est an- cienne; elle a su se conserver pendant cette longue suite de siècles , et tou- Oiseaux. X. 5 31 t 5o HISTOIRE NATURELLE jours dans la même terre, sans altéra- tion comme sans mésalliance; en sorte qu'elle est dans les oiseaux , comme l'éléphant dans les quadrupèdes, uae espèce entièrement isolée et distin- guée de toutes les autres espèces par des caractères aussi frappans qu'iuva- mbles. L'autruche passe pour être le plus grand des oiseaux ; mais elle est privée , par sa grandeur même , de la princi- pale prérogative des oiseaux , je veux dire la puissance de voler : Tune de celles sur qui Vallisnieri a fait ses ob- servations pesoit , quoique très - mai- gre, cinquante - cinq livres tout écor- chée et vidée de ses parties intérieur res; en sorte que, passant vingt à vingt- cinq livres pour ces parties et pour la graisse qui lui manquoit, on peut, sans rien outrer, fixer le poids moyen d'une autruche vivante , et médiocrement grasse , à soixante et quinze ou quatre- vingts livres : or, quelle force ne fau- '^ LE î altéra- en sorte comme es, uae distin- îces par ju'iiiva- le plus privée, princi- je veux l'une de t sesob- « - mai- ut écor- ntérieur ; à vingl- pour la 3ut,sans en d'une crement quatre- ne fau- r E l' A U T R U C H E. 1)1 droit -il pas dans les ailes et dans les muscles moteurs de ces ailes pour soulever et soutenir au milieu des airs une masse aussi pesante? Les forces de la nature paroissent infinies lorsqu'on la contemple en gros et d'une vue gé- nérale; mais, lorsqu'on la considère de près et en détail , on trouve que tout est limité ; et c'est à bien saisir les li- mites que s'est prescrites la nature par sagesse, et non par impuissance, que consiste la bonne méthode d'étudier et ses ouvrages et ses opérations. Ici un poids de soixante et quinze livres est supérieur, par sa seule résistance , à tous les moyens que la nature fait employer pour élever et faire voguer dans le fluide de l'atmosphère des corps dont la gravité spécifique est un millier de fois plus grande que celle de ce fluide j et c'est par cette raison qu'aucun des oiseaux dont la masse approche de celle de l'autruche, tels que le touyou, le casoar , le dronte , n'ont ni ne peu- ^■i -tt - ' Ht\ V-- 53 HISTOIRE NATURELLE vent avoir la faciillé de voler. 11 est vrai que la pesanleiir n'est pas le seul obstacle qui s'y oppose; la force des muscles pectoraux , la grandeur des ailes , leur situation avantageuse , la fermeté de leurs pennes (i), etc. se- roieut ici des conditions d'autant plus nécessaires, que la résistance à vaincre est plus grande : or , toutes ces condi- tions leur manquent absolument; car, pour me renfermer dans ce qui regarde l'autruche , cet oiseau , à vrai dire , n'a point d'ailes , puisque les plumes qui sortent de ses ailerons sont toutes effilées , décomposées , et que leurs barbes sont de longues soies détachées (i) N'ota, J'appelle ainsi les grandes plu- mes de l'aile et de la queue qui servent soit à l'action du vol , soit i\ sa direction , me conformant en cela à l'analogie de la langue latine et à l'usage des écrivains des bons siècles , lesquels n'ont jamais employé le mot penna dans un autre sena< Rapidis secat pennis. ViRGiLE. la ^.. li II e^i le seul ce des ur des se , la te. se- nt plus vaincre condi- t; car, egarde dire, élûmes toutes I leurs :achées les plu- ent soit tn , me langue is bons lojé le Rapidis DE L A U T H U C II E. les unes des autres , et ne peuvent faire corps ensemble pour frapper l'air avec avantage, ce qui est la principale fonction des pennes de l'aile ; celles de la queue sont aussi de la même struc- ture , et ne peuvent par conséquent opposer h l'air une résistance conve- nable ; elles ne sont pas même dispo- sées pour pouvoir gouverner le vol eu s'étalant ou se resserrant à propos, et en prenant différentes incli maisons ; et, ce qu'il y a de remarquable , c'est que toutes les plumes cwi recouvrent le (;orps sont encorti faites de même. I/autruche n'a pas, comme la plupart des autres oiseaux, des plumes de plu- sieurs sortes, les unes lanugineuses et duvetées, qui sont immédiatement suv la peau , les autres d'une consistance plus ferme et plus serrée qui recou- vrent les premières , et d'autres encore plus forii:*^ Jt plus longues qui servent au mouveir ^ , et répondent à ce qu'on appelle ^es œuvjes vives dans uu :;Sr''«^ à 54 HISTOIRE NATURELLES vaisseau : toutes les plumes de l'autru- che sont de la même espèce , toutes ont pour barbes des filets détachés , sans consistance , sans adhérence récipro- que; en un mot, toutes sont inutiles pour voler ou pour diriger le vol ; aussi l'autruche est attachée à la terre comme par une double chaîne , son ex- cessive pesanteur et la conformation de ses ailes; et elle est condamnée à en parcourir laborieusement la surface , comme les quadrupèdes , sans pouvoir jamais s'élever dans l'air; aussi a-t-elle, soit au-dedans , soit au-dehors , beau- coup de traits de ressemblance avec ces animaux : comme eux , elle a sur la plus grande partie du corps du poil plutôt que des plumes ; sa tête et ses lianes n'ont même que peu ou point de poil , non plus que ses cuisses, qui sont très - grosses , très - musculeuses , et où réside sa principale force 5 ses grands pieds nerveux et charnus, qui n'ont que deux doigts , ont beaucoup >.i --gt--^- E V l'a a Im- ites ont sans écipro- inutiles e vol ; a terre son ex- matîon \ée h en jrface , )Ouvoir^ i-t-elle, , bean- :e avec le a sur du poil î et ses u point les , qui leuses , ;e 5 ses us, qui aucoiip '■,'ldï DE LA U TR U CHE. 53 de rapport avec les pieds du chameau , qui lui - même est un animal singu- lier entre les quadrupèdes par la forme de ses pieds ; ses ailes , armées de deux piquans semblables à ceux du porc- épic, sont moins des ailes que des es- pèces de bras qui lui ont été donnés pour se défendre ; l'orifice des oreilles esta découvert, et seulement garni de poil dans la partie intérieure où est le canal auditif j sa paupière supérieure est mobile , comme dans presque tous les quadrupèdes , et bordée de longs cils , comme dans l'homme et l'élé- phant ; la forme totale de ses jeux a plus de rapport avec les yeux humains qu'avec ceux des oiseaux , et ils sont disposés de manière qu'ils peuvent voir tous deux à - la - fois le même objet 5 enfin les espaces calleux et dénués de plumes et de poils qu'elle a, comme le chameau , au bas du sternum et à l'en- droit des os pubis , en déposant de sa grande pesanteur , la mettent de ni- U- 1 /" 3r:'Sfg^: .--sar*-ya'ii>iiri ihi - '... .■■» 1 % f 56 HISTOIRE NATURELLE veau avec les bêtes de somme les plus terrestres , les plus lourdes par elles- mêmes , et qu'on a coutume de sur- charger des plus rudes ftirdeaux. Thé- venot étoit si frappé de la ressem- blance de l'autruche avec le chameau dromadaire , qu'il a cru lui voir une bosse sur le dos 5 mais, quoiqu'elle ait le dos arqué , on n'y trouve rien da pareil à cette éminence charnue des chameaux et des dromadaires. Si , de l'examen de la forme exté- rieure , nous passons à celui de la cor- formation interne, nous trouverons à l'autruche de nouvelles dissemblances avec les oiseaux , et de nouveaux rap- ports avec les quadrupèdes. Une tête fort petite, applatie, et composée d'os très - tendres et très- foibles 5 mais fortifiée à son sommet par une plaque de corne, est soutenue dans une situation horizontale sur une colonne osseuse d'environ trois pieds de haut, et couiposée de dix-sepl ver- ■m /.y ■'3 M 1û LE les plus ir eïies^ de sur- :. Thé- essern- lanieau air une elle ait •ien do lue des B exlé- la cor- irons à blances IX rap- ;ie, et t très- )inmet utenue ur une pieds )l ver- DE l' AUTRUCHE. ; 67 lèbres : la situation ordinaire du corps est aussi parallèle à l'horizon; le dosa deux pieds de long et sept vertèbres , auxquelles s'articulent sept paires de cotes, dont deux de fausses et cinq de vraies ; ces dernières sont doubles à leur origine, puis se réunissent en une seule branche. La clavicule est formée d'une troisième paire de fausses côtes; les cinq véritables vont s'attacher, par des appendices cartilagineuses, au ster^ :^ num^ qui ne descend point jusqu'au bas du ventre, comme dans la plupart des oiseaux : il est aussi beaucoup moins saillant au-dehors ; sa forme a du rapport avec celle d'un bouclier, 1 et il a plus de largeur que dans l'homme même. De l'os sacrum naît une espèce de queue composée de sept vertèbres semblables aux vertèbres humaines ; le fémur a un pied de long ; le libia et le tarse un pied et demi chacun ; et chaque doigt est composé de trois phalanges , comme dans l'homme , et , iî \ ' ■^.;^ M . f * ;-3 % •< ^^■éi- V l\ ^^■ 58 HISTOIRE NATURELLE coiitTC ce qui se voit ordinairement dans les doigts des oiseaux , lesquels ont très- rarement un nombre égal de phalanges. A l'égard des sens externes , j'ai dëji\ parlé de la langue, de Toreille et de la forme extérieure de Toeil; j'ajouterai seulement ici que sa structure interne est celle qu'on observe ordinairement dans les oiseaux. M. RamLy prétend que le globe, tiré de son orbite, prend de lui-même une forme presque trian- gulaire ; il a aussi trouvé l'humeur aqueuse en plus grande quantité, et l'humeur vitrée en moindre quantité qu'à l'ordinaire. Les narines sont dans le bec supé- rieur, non loin de sa base; il s'élève du milieu de chacune des deux ouver- tures une protubérance cartilagineuse revêtue d'une membrane très - fine , et ces ouvertures communiquent avec Je palais par deux conduits qui y abou- tissent dans une fente assez considé- E renient esquels ^gai de 'ai cléjc\ t de la outerai interne renient Drétend prend e trian* lumeur ité, et [uantité ?i supë- s'élève ouver- gineu5e -fine , it avec / abon- jnsidé- DBL' AUTRUCHE. 5^ rable. On se tromperoit si Ton vonloit conclure de la structure un peu com- pliquée de cet organe que î'autrucho excelle par le sens de l'odorat, les faits les mieux constatés nous apprendront bientôt tout le contraire 5 et il paroît, en général , que les sensations prin- cipales et dominantes de cet animal sont celles de la vue et du sixièuia sens. Cet exposé succinct est suffisant pour confirmer l'idée que j'ai donnée d'abord de cet animal singulier, qui doit être regardé comme un être de nature équi- voque , et faisant la nuance entre le quadrupède et l'oiseau; sa place, dans une méthode où l'on se proposeroit de représenter le vrai système de la na- ture , ne seroit ni dans la classe des oiseaux ni dans celle des quadrupèdes, mais sur le passage de l'une à l'autre r en effet, quel autre rang assigner à un animal dont le • orps, mi-partie d'oi- seau et de quctdrupède , est porté sur 1 .'■ ir^ M ■.■.•i^,-t;T - '^^"^ -*' .} ":z LE i ; mais oiseau- même ; arence , témoins ;un n'en droit de saccoii- euve du ître fort Théve- s'assor- ue mâle iage des )end du est tou- 3 d'été , nent de rionale , 5 r Afri- ture du sur leur DE l'autru che. 65 M I manière de couver ; dans la zone tor- ride , elles se contentent de déposer leurs œufs sur un amas de sable qu'elles ont formé grossièrement avec leurs pieds, et où la seule chaleur du soleil les fait éclore ; à peine les couvent- elles pendant la nuit , et cela même n'est pas toujours nécessaire , puisqu'on eu a vu éclore qui n'avoient point été couvés par la mère , ni même exposés aux rayons du soleil ; mais, quoique les autruches ne couvent point ou que très-peu leurs œufs, il s'en faut beau- coup qu'elles les abandonnent : au con- traire, elles veillent assidûment à leur conservation , et ne if ^ perdent guère de vue ; c'est de là qu'on a dps occasion de dire qu'elles les convoie : /. jes yeux, à la lettre ; et Diodore rapporte une façon de prendre ces animaux , fondé* sur leur grand attachement pour leur couvée , c'est de planter en terre , aux environs du nid et à une juste hauteur, des pieux armés de f^'^^^es bien acé- il. r- 1 !)' % €4 HISTOIRE NATURELLE rées , dans lesquelles la mère s'enferre d'elle-même lorsqu'elle revient avec empressement se poser sur ses œufs. Quoique le climat de la France soit beaucoup moins chaud que celui de la Barbarie , on a vu des autruches pondre à la ménagerie de Versailles ; mais MM. de l'Académie ont lent(' inutile- ment de faire éciore ces œufs par une in- cubation artificielle , soit en employant la chaleur du soleil, ou celle d'un feu gradué et ménagé avec art : ils n'ont jamais pu parvenir à découvrir dans les uns ni dans les autres, aucune or- gani'ntion comriT^ncée, ni mémo au- cune disposition î oarenlr i la géné- ration d'un nouvel être; le jaune et le blanc de celui qui av>it été exposé au feu , s'étoient un peu épn^ssis ; celui qui avoit été mis au soleil avoit con- tracté une très - mauvaise odeur ; et aucun ne présentoit la moindre appa- rence d'un fœtus ébauché , en sorte ^ue cette incubation philosophique ■A - m * •y^'; LE enferre nt avec eufs. nce soit ni de Ja pondre ; mais nutile- r une in- ployant l'un feu Is n'ont ir dans une or- îrae au- a géné- ne et le posé au ; celui ")it con- eur ; et 3 appa- 1 sorte phicjue DELAUTRUCHE. 65 neut aucun succès. M. de Réaumur ii'exisloit pas encore. Ces œufs sont très-durs , très-pesans et très-gros : mais on se les représente quelquefois encore plus gros qu'ils ne sont en efFel, en prenant des œufs de crocodiles pour des œufs d'autruche ; on a dit qu'ils éloient comme la tête d'un enfant, qu'ils pouvoient contenir jusqu'à une pinte de liqueur, qu'ils pe- soient quinze livres, et qu'une autru- che en pondoit cinquante dans une an- née ; Élien a dit jusqu'à quatre - vingts. Mais la plupart de ces faits me parois- sent évidemment exagérés; car, i °. com- ment se peut-il faire qu'un œuf dont la coque ne pèse pas plus d'une livre , et qui contient au plus une pinte de li- queur , soit du poids total d-^ quinze livres ? iï faudroit pour ceia que le fclanc et le jaune de cet œuf fussent sept fois plus denses que l'eau, trois fois plus que le marbre , et à - peu - près autant que l'étain , ce qui est dur à supposer. t • a il 1 1 t^iij^wiï*,-.^^ ,: ' ^ 66 TTISTOIRE NATURELLE i 2°. Enadmellaut avec Willulghby, que Taulruche pond dans une aiiiK^e cinquante œufs , pesant quinze livres chacun, il s'ensuivroil que le poids to- tal de la ponte seroit de sept cent cin- quante livres , ce qui est beaucoup pour un animal qui n'en pèse que quatre- vinj^ts. Il me paroît donc qu'il y a une ré- duction considérable à f.iire , tant sur le poids des œufs que sur leur nombre, et il est fâcheux qu'on n'ait pas de Mé- moires assez sûrs pour déterminer avec justesse la quantité de cette réduction. On pourroit , en attendant , fixer le nombre des œufs d'après Aristote , h vingt - cinq ou trente ; et d'après les modernes qui ont parlé le plus sage- ment, à trente-six : eu admettant deux ou trois couvées , et douze œufs par chaque couvée , on pourroit encore déterminer le poids de chaque œuf à trois ou quatre livres, en passant une livre plus ou moins pour la coque, et f i I S-. 1' }^l> et DE l' A UTRUCIIE. 6X deux ou trois livres pour la pinte de blanc et de jaune qu'elle contient ; ainsi il y a bien loin de cette fixation conjecturale à une observation précise. Beaucoup de gens écrivent, mais il en est peu qui mesurent , qui pèsent , qui comparent; de quinze ou seize autru- ^ ches , dont on a fait Ja dissection eu diffdrens pays, il n'y en a qu'une seule qui ait été pesée , et c'est celle dont nous devons la description à Vallis- nieri. On ne sait pas mieux le temps qui est nécessaire pour l'incubation des œufs : tout ce qu'on sait , ou plutôt tout ce qu'on assure , c'est qu'aussitôt que les jeunes autruches sont écloses , elles sont en état de marcher, et même de courir et de chercher leur nourri- ture , en sorte que dans la zone torride, où elles trouvent le degré de chaleur qui leur convient et la nourriture qui leur est propre , elles sont émancipées en naissant, et sont abandonnées de leur mère , dont les soins leur sont inutiles : l^ K . Il •t ^^r^:^ *f 68 HISTOIRE NATURELLE mais dans les pajs moins chauds , par exemple au Cap de Bonne-Espérance, Ja mère veille à ses petits tant que ses secours leur sont nécesaires , et par- tout les soins sont proportionnes aux besoins. Les jeunes autruches sont d'un gris- cendré la première année , et ont des plumes par-tout . mais ce sont de faus- ses plumes qui tombent bientôt d'elles- mêmes pour ne plus revenir sur les parties qui doivent être nues , comme la tête , le haut du cou , les cuisses , les flancs et le dessous des ailes; elles sont remplacées sur le reste du corps par des plumes alternativement blan- ches et noires , et quelquefois grises par le mélange de ces deux couleurs fondues ensemble; les plus courtes sont sur la partie inférieure du cou , la seule qui en soit revêtue ; elles deviennent plu:i longues sur le ventre et sur le dos ; les plus longues de toutes sont à l'exw trémité de la queue et des ailes, et ca # i ^»m LE ds, par )érance, que ses et par- nés aux Lin gris- ou t des de faus- : d'elles- sur les comme cuisses , 5s; elles kl corps it blan- is grises :ouIeurs rtes sont Ja seule ieunent le dos ; a lex« s, et 09 :^a 1 DE l'autruche. ()() sont les plus recherchées. M. Klein dit, d'après Albert, que les plumes du dos sont très-noires dans les mâles , et brunes dans les femelles : cependant , MM. de l'Académie qui ont disséqué huit autruches , dont cinq milles et trois femelles , ont trouvé le plumage à-peu-près semblable dans les unes et les autres ; mais on n'en a jamais vu qui eussent les plumes rouges , vertes , bleues et jaunes, comme Cardan sem- ble l'avoir cru par une méprise bien déplacée dans un ouvrage sur la sub' tilité, Redi a reconnu , par de nombreuse» observations , que presque tous les oi- seaux étoient sujets à avoir de la ver- mine dans leurs plumes , et même da plusieurs espèces ; et que la plupart avoient leurs insectes particuliers qui ne se rencontroient point ailleurs; mais il n'en a jamais trouvé en aucune sai- son dans les autruches , quoiqu'il ait fait ses observations sur douze de ce* -QlV^âi* f-. ¥ V M. 70 H I S T 0 I B ï N \ T U R F. L L K nniiiinux , dont quelques-uns étoient rteiuiniMit arriv(^s de lîurbarie. D'un aulriMÔlé, Valli-^iiieri, qui en a disséqn(^ deux , u'a trouve dans leur intérieur ni louihrils, ni vois, ni in- sectes (fuelconques ; il seinbU» qu'aucun de ces animaux n'ait dappoiit pour la chair de l'autruche , qu'ils l'ëvitetit in^me et la craignent , et que cette cliair ait quelque qualilt^ contraire à leur mulliplication , à moins qu'on ne veuille attribuer cet ellet , du moins pour l'intérieur , à la force de l'esto- mac et de tous les oriyaies digestifs: car l'autruche a une grande réputation à cet égard ; il y a bien des gens encore qui croient que lie digère le fer, comme la volaille commune digère les grains d'orge ; quelques auteurs ont même avancé qu'elle digéroit le fer rouge : mais ou me dispensera , sans doute , de réfuter sérieusement cette dernière as- sertion ; ce sera bien assez de dé ter- jniiierj d'après les laits, dans quel seu5 # •^^Jà *^ * )iii5e DE l'autruche. 71 on peut dire que l'autruche digère le fer à froid. Il est certain ([ue ces animaux vi- vent principalement de matières vc^gd- tales, qu'ils ont le ^(^si(M' muni de mus- cles très-lbrts , comme tous les grani- vores , et qu'ils avalent Tort souvent du fer, du cuivre, des pierres, du verre, du bois, et tout ce ((ui se prc^^sente ; ja ne lîierois pas même qu'ils n'avalassent quelquefois du fer rouge, pourvu que ce fut en petite quantilt'^ ; et je ne pense pas avec cela (jue ce fut impunément : il paroît (ju'ils avalent tout ce qu'ils trouvent, jusqu'à ce que leurs grands estomacs soient entièrement pleins , et que le besoin de les lester par un volu- me sullisant de matière, est j'une de* principales causes de leur voracité. Dans les sujets disséqués par Warren et par Ramby, les ventricules étoient itllement remplis et distendus, que la j)remière idée qui vint à ces deux ana- lomistes fut de douter que ces animaux ' ^:'>'.' H î \ ■ 1; i \ r 72 HISTOIRE NATURELLE faussent jamais pu digérer une telle sur- ciiarge de nourriture. Rambj ajoute que les matières contenues dans ces ventricules paroissoient n'avoir subi qu'une légère altération. Vallisnieri trouva aussi le premier ventricule en- tièrement plein d'herbes , de fruits , de légumes, de noix, de cordes, de pierres , de verre , de cuivre jaune «t rouge , de fer, d'élain , de plomb et de bois; il y en avoit entre autres un mor- ceau, et c'étoit le dernier avalé, puis- qu'il étoit tout au-dessus, lequel ne pe- soit pas loin d'une livre. MM. de l'Aca- démie assurent que les ventricules des huit autruches qu'ils ont observées se sont toujours trouvés remplis de foin , d'herbes, d'orge, de fèves, d'os, de monnoies , de cuivre et de cailloux , dont quelques-uns avoient la grosseur d'un œuf. L'autruche entassse donc le^ matières dans ses estomacs à raison de leur capacité , et par la nécessité de les remplir; et comme elle digère av^ec fa- fSa»iA-. 'éiàé ■v..^ *« # î sur- joute is ces subi snieri [e en- duits , s, de jne 6t >etde i mor- puis- nepe- l'Aca- es des ées se foin , Ds, de loux , osseur )nc le? $on de de les rQC fa- VM t- DELAUTRUCHE. 7^ cilité et promptitude, il est aisé de comprendre pourquoi elle est insa- tiable. Mais , quelque insatiable qu'elle soit, on me demandera toujours, non pas pourquoi elle consomme tant de nour- riture , mais pourquoi elle avale des matières qui ne peuvent point la nour- rir, et qui peuvent même lui faire beaucoup de mal : je répondrai que c'est parce qu'elle est privée du sens du goût; et cela est d'autant plus vrai- semblable , que sa langue , étant bien examinée par d'habiles anatomistes , leur a paru dépourvue de toutes ces papilles sensibles et nerveuses , dans lesquelles on croit , avec assez de fon- dement, que réside la sensation du goût : je croirois naême qu'elle auroit le sens de fodorat fort obtus , car ce sens est celui qui sert le plus aux animaux pour le discernement de leur nourriture; et l'autruche a si peu de ce discernement, qu'elle avale non-seulement le fer, les Oiseaux. X, 7 . l'VI 11 ^-^l"h^Sf»-~ .-.*-Si« //ii >) ï ': fi ^ ' , \ 74 HISTOIRE NATURELLE cailloux , le verre , mais même le cui- vre, qui a une si mauvaise odeur; et que Vallisnieri en a vu une qui étoit morte pour avoir dévoré une grande quantité de chaux vive : les gallinacés, et autres granivores qui n'ont pas les organes du goût fort sensibles, avalent bien de petites pierres, qu'ils prennent apparemment pour de petites graines , lorsqu'elles sont mêlées ensemble; mais, si on leur présente pour toute nourri- ture un nombre connu de ces petites pierres , ils mourront de faim sans en avaler une seule; à plus forte raison ne toucheroient-ils point à la chaux vive : et l'on peut conclure de là , ce me sem- ble, que l'autruche est un des oiseaux dont les sens du goût , de l'odorat , et même celui du toucher dans les parties internes de la bouche , sont les plus émoussés et les plus obtus, en quoi il faut convenir qu'elle s'éloigne beau- coup de la nature des quadrupèdes. Mais enfin que deviennent les subs- DE L A U T R U C H E. tances dures, reirî; fractaires et uuisibles , que l'autruche avale sans choix et dans la seule intention de se remplir ? que deviennent sur-tout le cuivre, levorre, le fer ? Sur cela les avis sont partagés , et chacun cite des faits à l'appui de son opinion. M. Perrault , ayant trouvé soixante et dix doubles dans l'estomac d'un de ces animaux , remarqua qu'ils étoient la plupart usés et consumés presque aux trois quarts; mais il jugea que c'étoit plutôt par leur frottement mutuel et celui des ca'îiloux que par l'action d'aucun acide, vu que quel- ques-uns de ces doubles, qui étoient bossus 5 se trouvèrent fort osés du côt(5 convexe , qui étoit aussi le plus exposi aux frotteraens, et nullement endom- magés du côté concave ; d'où il con- clut que, dans les oiseaux, l'a dissolu- tion de la nourriture ne se fait pas seu- lement par des esprits subtils et péné- trans, mais encore par l'action organi- que du ventricule, qui comprime et bat *'i 1 I li i «^ f V 76 HISTOIRE NATURELLE incessamment les alimens avec les corps durs que ces mêmes animaux ont l'ins- tinct d'avaler 3 et , comme toutes les matières contenues dans cet estomac étoient teintes en vert, il conclut en- core que la dissolution du cuivre s'y ëtoit faite non par un dissolvant par- ticulier, ni par voie de digestion, mais de la même manière quelle se feroit si l'on broyoit ce métal avec i\es her- bes, ou avec quelque liqueur acide ou salée : il ajoute que le cuivre , bien loin de se tourner en nourriture dans l'estomac de l'autruche, y agissoit au contraire comme poison , et que tou- tes celles qui eu avaloient beaucoup mouroient bientôt après. Vallisnieri pense au contraire que l'autruche digère ou dissout les corps durs, principalement par l'action du dissolvant de l'estomac , sans exclure celle des chocs et frottemens, qui peu- vent aider à cette action principale; voici ses preuves : H 11 .fe-3»>-^;_ A^, r^yl • D E l' A U T R a C II E. 77 ' I*. Les morceaux de bois, de fer ou de verre , qui ont séjourné quelque temps dans les ventricules de l'an- truche , ne sont point lisses et luisans comme ils devroient l'être s'ils eussent été usés par le frottement; mais ils sont raboteux , sillonnés , criblés com- me ils doivent lelre , en supposant qu'ils aient été rongés par un dissol- vant actif. 2°. Ce dissolvant réduit les corps les plus durs , de même que les herbes , les grains et les os , en molécules im- palpables qu'on peut appercevoir au microscope , et même à l'œil nu. 3". Il a trouvé dans un estomac d'autruche un clou implanté dans l'une de ses parois , et qui traversoit cet es- toa-ic de façon que les parois opposées ne p.uvoient s'approcher, ni par con- séquent comprimer les matières con- tenues autant qu'elles le font d'ordi- naire : cependant les alimens étoient aussi bien dissous dans ce veutrioiil® i 78 HISTOIRE ::, ATUREL LE que dans un autre qui n'étoit traversé d'au :r i> clou, ce qui prouve au moins que ta digestion ne se fait pas dans l'au- truche uniquement par trituration. 4°. Il a vu un dé à coudre, de cuivre, trouvé dans l'estomac d'un chapon , lequel n'étoit rongé que dans le seul endroit par où il touchoit au gésier, et qui par conséquent étoit le moins ex- posé aux cliocs des autres corps durs; preuvo que la dissoUuion des métaux dans l'estomac des chapons se fait phi- tôt par l'action d'un dissolvant , quel qu'il soit, queparcell'^ des chocs et des frottemens ; et cette conséquence s e- tend assez naturetlement aux autruches. 5®. Il a vu une pièce de monnoie rongée si profondément, que son poids étoit réduit h trois grains. 6". Les glandes du premier estomac donnent, étant pressées, une liqueur visqueuse, jaunâtre, insipide, et ciui néanmoins imprime très-promptement Bur le fer une tache obscure. ■■-^5~^^. -if^ i i D K L A U T R U C H E. 79 y». Enfin l'activité de ces si/cs, la force des muscles du gosier , et la cou- le teint les exrréi des 'U( mens comme ell^ teint ceux des personnes qui font u' ^^Gi> martiaux et les digérer ) ) '> nant à l'appui des faits prérti- ( iti-rise Vallisnieri à conjectu- rer, pas tout-à-fait que les autru- ches digèrent le fer et s'en nourrissent , comme divers insectes ou reptiles se nourrissent de terre et de pierres, mais que les pierres, les métaux, et sur- tout le fer, dissous par le suc des glan- des, servent à tempérer comme absor- bans les fermens trop actifs de l'esto- mac; qu'ils peuvent se mêler à la nour- riture comme élémens utiles , l'assai- sonner, augmenter la force des solides, et d'autant plus que le fer entre, com- me on sait , dans la composition des êtres vivans , et que, lorsqu'il est suffi- samment atténué par des acides con- venables , il se volatilise et acquiert i4 1 IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 4?y '<>!% vi <^ /2 1.0 2.5 .■frilM 'ââ IM 1112.2 l.l 1.25 ^ 1^ 1.4 y Photographie Sciences Corporation 2.0 I.Ô m <*' V iV \\ "% .V '^% ». ô^ ■^o"' r^ ^9,^ 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 ^' •V ^:%^ C?. l/j I ■ » 80 HISTOIRE WATX7RELLE une tendance à végéter, pour ainsi dire , et à prendre des formes analogues à celles des plantes , comme on le voit dans l'arbre de mars 5 et c'est en effet le seul sens raisonnable dans lequel on puisse dire que l'autruche digère le fer; et, quand elle auroit l'estomac assez fort pour le digérer véritablement, ce n'est que par une erreur bien ridicule qu'on auroit pu attribuer à ce gésier , comme on a fait, la qualité d'un remède et la> vertu d'aider à la digestion , puisqu'on ne peut nier qu'il ne soit par lui-même un morceau tout-à- fait indigeste : mais telle est la nature de l'esprit humain ; lorsqu'il est une fois frappé de quelque objet rare et singulier , il se plaît à le rendre plus singulier encore , en lui attribuant des propriétés chimériques et souvent absurdes : c'est ainsi qu'on a prétendu que les pierres les plus trans- parentes qu'on trouve dans les ven- tricules de l'autruche avoient aussi la vertu , étant portées au cou , de faire . . ,« ,^ài^^ DE l'autruche, 8r faire de bonnes digestions ; que la tu- nique intérieure de son gésier avoit celle de ranimer un tempérament af- foibli, et d'inspirer de l'amour,' soa foie, celle de guérir le mal caduc; son sang, celle de rétablir la vue; la coque de ses oeufs réduite en poudra, celle de soulager les douleurs de la goutte et de la vgravelle, etc. Vallisnieri a eu occa- sion de constater , par ses expériences , la fausseté de la plupart de ces préten- dues vertus; et ses expériences sont d'autant plus décisives , qu'il les a fUi- tes sur les personnes les plus crédules et les plus prévenues. <■ ■ \ L'autruche est un oiseau pjopre et particulier à l'Afrique, aux îles voi- sines de ce continent, et à la partie de l'Asie qui confine à l'Afrique : ces ré- gions j qui sont le pays natal du cha- meau , du rhinocéros, de l'éléphant et de plusieurs autres grands animaux, dévoient être aussi la patrie de l'au-* truche , qui est l'éléphant des oiseaux. t:iiaS»f**SL.xA', AJ „^t.. ""^î^' ■Tjp.^ i',^ 82 H I s T O I RE NATURE t LE ,'É '•>' Mïs OiiLîiu du Nouveau-Monde , les vieux ont jusqu'à six pieds de haut; et Waler, qui a mesuid la cuisse d'un des plus grands , l'a trouvée presque é^ale à ceÎJe d'un homme; il a le long cou, la petite tcle et le bec applati de l'autruche; mais pour tout le reste, il a plus de rppport avec le casoar ; je trouve même dans l'histoire du Brésil, par M. l'abbé Prévôt, mais point ail- leurs, l'indication d'une espèce de corne que cet oiseau a sur le bec, et qui, si elle existoit en cfFet, seroit un trait do ressemblance de plus avec le casoar. Son corps est de forme ovoïde , et paroît presqu'entièremend rond lors- qu'il est revêtu de toutes ses plumes; ses ailes sont très -courtes et inutile* î A h liP , à Ï ^ï< i i lof) lusTornF. N \ TU n r, T. T. I-; I ïom* !(♦ vol (]IIOI(( Il on |>V( <^lni pi<^d so roposo coninn* sur uno osptVt» ih^ talon. On al- Irihuo v^ co\[o couforuvation la dilli- cullt^ qu'il a do sr t(M\ir sur un ttM'rciii {^lissant , ot d'y inarchor sans londxn*; CM! n^otnpouso il oourl trevs-li^^^reniont on pl(Mno oanipaj;no , (Movanl tautôt nno ailt», tanlôl uu(» aulro, niais avoc dos iuionlions ([ui no sont pas onooro biou oolaircios ; Maro«;ravo pri^lond quo c'ost afin ih* son sorvir cotnincî d'une voile pour prendre le vent 5 Nie- kv;' A # l) K L A IJ T n U C H K. I07 rcnilHM'g, (|iu5c/(;hI pour rmdn; le veut (U)iitniircniix(:iiinis((iii le poiirHuivoiit; j^soii (^l Klein, pour ( hnii^(;r .souvent Ja direction do hh courst», ufiii dVvilci* jMir c(\H zip,-/a^;H les llèt lies des Sauvii- ^(*8 ; diuitrcii, (*n(iu , ((u'il duMclu; A s'exciter h (ourir plus vîI(î, eu m; pi- (piiuU Jui-nieine (ivcc une espè( cî d'ni- ^uillondout.se.snile.ssoulann('>ei>; lu^ii.s, cpioi C|u'il vi\, Moil d(;s iutenlious des tuuyous , il vni wYiiùii qu'ils courent «ver. uno tr(]«' grande vîlessc, et (ju'il est dillu-ili^ à aucun ciilen de cliassu do pouvoir Wa alleiudre : ou ou cite un , qui , se voytMit coupe') , sYdan^iu uvec unv (elle vivac|(d, qu'il eu imposa aux chiens , et s'ijchappa vers les monla- ^nes. Dans l'iiupossibiliu'; do les forcer, J^\s iJauvages sont réduits ù user d'a- dresse et à leur leudro des pièces pour les prendre. Marcgrave dit (ju'ils vi- vent do chair et de IVuils; mais, si ou les eût mieux observés , ou eût re- connu sans doute, pour laquelle de I08 HISTOIRE NATURELLE ces deux sortes de nourritures ils ont un appétit de préférence ; au défaut des faits , on peut conjecturer que ces oi- seaux ayant le même instinct que celui des autruches et des frugivores, qui est d'avaler des pierres , du fer et autres corps durs , ils sont aussi frugivores - €t que s'ils mangent quelquefois de la chair , c'est ou parce qu'ils sont pres- sés par la faim, ou qu'ayant les sens du goût et de l'odorat obtus comme l'autruche, ils avalent indistinctement tout ce qui se présente. Nieremberg conte des choses fort étranges au sujet de leur propagation : selon lui , c'est le mâle qui se charge de couver les œufs; pour cela il fait en sorte de rassembler vingt ou trente femelles, afin qu'elles pondent dans un même nid; dès qu'elles ont pondu, il les chasse à grands coups de bec, et vient se poser sur leurs œufs, avec la singulière précaution d'en laisser deux à l'écart qu'il ne couve point; lorsque ■t ils ont aut des ces oi- 16 celui qui est autres ivores ; Ls de la it près- les sens comme stement ses fort ^gation : charge fait eu trente dans un )ndu, il bec, et avec la ;er deux lorsque DE LAUTRUCHE. lOp les autres commencent à éclore , ces deux-là se trouvent gâtés , et le mâle prévoyant ne manque pas d'en casser un, qui attire une multitude de mou- ches , de scarabées et d'autres insectes dont les petits se nourrissent; lorsque le premier est consommé, le couveur entame le second , et s'en sert au même usage. Il est certain que tout cela a pu arriver naturellement ; il a pu se faire que les œufs inféconds se soient cassés par accident, qu'ils ayent attiré des in- sectes , lesquels ajent servi de pâture aux jeunes touyous : il n'y a que l'in- tention du père qui soit suspecte ici ; car ce sont toujours ces intentions qu'on prête assez légèrement aux bêtes, qui font le roman de l'Histoire naturelle. A l'égard de ce mâle, qui se charge, dit -on, de couver à l'exclusion des femelles, je serois fort porté à dou- ter du fait, et comme peu avéré, et comme contraire à l'ordre de la nature : mais ce n'est pas assez d'indiquer une Oiseaux, X. lo ' n i if \ * \i 110 HISTOIRE NATURELLE erreur , il faut , autant qu'on peut , en découvrir les causes, qui remon- tent quelquefois jusqu'à la vérité 5 je croirois donc volontiers que celle-ci est fondée sur ce qu'on aura trouvé à quelques couveuses des testicules , et peut-être une apparence de verge, comme on en voit à l'autruche fe- melle , et qu'on se sera cru en droit d'en conclure que c'étoient autant de mâles. Wafer dit avoir apperçu dans une terre déserte , au nord de la Plala , vers le trente-quatrième degré de lati- tude méridionale, une quantité d'œufs de touyou dans le sable, où, selon lui , ces oiseaux les laissent couver : si ce fait est vrai, les détails que donne Nie- remberg sur l'incubation de ces mêmes œufs ne peuvent l'être que dans un climat moins chaud et plus voisin du pôle 5 en effet, les Hollandais trouvè- rent aux environs du port Désiré , qui est au quarante-septième degré de la- ■l H i\ peut , emon- té; je ;lJe-ci trouvé icules , verge , lie fe- 1 droit ant de ns une Plata , de lati- d'œufs Ion lui , : SI ce le Nie- mênies ans un isin du rouvè- é , qui de la- 'j ii. DE l'autruche. III titude, un touyou qui couvoit et qu'ils firent envoler 5 ils comptèrent dix-neuf œufs dans le nid : c'est ainsi que les autruches ne couvent point ou pres- que point leurs œufs sous la zone tor- ride, et qu'elles les couvent au Cap de Bonne - Espérance , où la chaleur du climat ne seroit pas suffisante pour les faire éclore. Lorsque les jeunes touyous viennent de naître, ils sont familiers et suivent la première personne qu'ils rencon- trent ; mais en vieillissant ils acquiè- rent de l'expérience , et deviennent sauvages : il paroît qu'en général leur chair est un assez bon manger, non cependant celle des vieux , qui est dure et de mauvais goût : ou pourroit per- fectionner cette viande, en élevant des troupeaux de jeunes toujous ; ce qui seroit facile, vu les grandes dis- positions qu'ils ont à s'apprivoiser, les engraissant et employant tous les moyens qui nous ont réussi à l'égard 1^ 112 HISTOIRE NATURELLE des dindons, qui viennent également des climats chauds et tempérés du con- tinent de l'Amérique. Leurs plumes ne sont pas , à beau- coup près, aussi belles que celles de lautruche^ Coréal dit même qu'elles ne peuvent servir à rien : il seroit à désirer qu'au lieu de nous parler de leur peu de valeur , les voyageurs nous eussent donné une idée juste de leur structure : on a trop écrit de l'autru- che, et pas assez du touyou.Pour faire l'histoire de la première, la plus grande difficulté a été de rassembler tous les faits , de comparer tous les exposés , de discuter toutes les opinions , de saisir la vérité égarée dans le labyrinthe des avis divers ou noyée dans l'abon- dance des paroles : mais, pour parler du touyou, nous avons été souvent obli- gés de deviner ce qui est d'après ce qui doit être , de commenter un mot échappé par hasard, d'interpréter jus- qu'au silence 5 au défaut du vrai , de ■ .A. \i f ' >J r '"t ' 1 ^'\ l'ii ( 14 1 1 ^A 1 DE LAUTRl/CIIE II.) nous contenter du vraisemblable ; eu nu mot, de nous résoudre à douter de la plus grande partie de faits princi- paux, et à ignorer presque tout le res- te , jusqu'à ce que les observations fu- tures nous mettent en état de remplir les lacunes , que , faute de Mémoires suffisans , nous laissons aujourd'hui dans son histoire. LE CASOAR. nthe 3on- erdu obli- 's ce mot jus- , de Les Hollandais sont les premiers qui ont fait voir cet oiseau en Eumpe ; ils le rapportèrent de l'ile de Java , en 1597, à leur retour du premier voyage qu'ils avoient fait aux Indes orientales : les habitans du pays l'ap- pellent eme , dont nous avons fait emeu : ceux qui l'ont apporté lui ont aussi donné le nom de cassoware, que nous prononçons casoar , et que j'ai adopté, parce qu'il n'a jamais été ap- phqué à aucun autre oiseau 5 au lieu ■ 1' I M .— Ï •i k' 114 HISTOIRE NATURELLE que celui d'émeu a été appliqué, quoi- que mal-à-propos, au toujou, comme nous l'avons vu ci - dessus dans l'his- loire de cet oiseau. Le casoar, sans être aussi grand ni même aussi gros que l'autruche, paroit plus massif aux yeux, parce qu'avec ini corps d'un volume presque égal il a le cou et les pieds moins longs et beaucoup plus gros à proportion , et la partie du corps plus renflée^ ce qui lui donne un air plus lourd. Celui qui a été décrit par MM. de l'Académie des Sciences avoit cinq pieds et demi du bout du bec au bout des ongles : celui que Clusius a observé ëtoit d'un quart plus petit. Houtman lui donne une grosseur double de celle du cygne: et d'autres Hollandais celle d'un mouton : cette variété de mesu- res, loin de nuire à la vérité, est au contraire la seule chose qui puisse nous donner une connoissance approchée de la véritable grandeur du casoar 5 car la i I LIE et inf^-- i un peu ^aroissent n'ont que u plutôt eniés ; en la peau de diffé- ôtés, d'uQ ouge par- nais prin- t ces pla- relevées de rides e cou est qu'il y a ces cou- îient fort crit par lits dans s décou- ironnés, •4^ DE l'autruche. II() comme les paupières, de petits poilî* noirs. Le caso^r a K s ailes encore plus pe- tites que l'autruche, et tout aussi inu- tiles pour le vol; elles sont armées de piquans, et mômP en plus grand nom- bre que celles de l'autruche. Clusius en a trouvé quatre à chaque aile, MM. da l'Académie cinq , et on en compte sept bien distinctes dans la figure de Frich ; ce sont comme des tuyaux de plumes qui paroissent rouges à leur extrémité, et sont creux dans toute leur longueur ; ils contiennent dans leur cavité une espèce de moelle sem- blable à celles des plumes naissantes des autres oiseaux : celui du milieu a près d'un pied de longueur et environ trois lignes de diamètre, c'est le plus long de tous; les latéraux vont en dé- croissant de part et d'autre comme les doigts de la main , et à-peu-pres dans le même ordre. Swammerdam s'en ser- voit en guise de chalumeau pour souf- î' M' i y n ï a il / 120 HISTOIRE NATURELLE lier des parties très-délicates , comme les trachées des insectes, etc. On a dit que ces ailes avoient été données au casoar pour l'aider à aller plus vite ; d'autres qu'il pouvoit s'en servir pour frapper , comme a\tec des houssines ; mais personne ne dit avoir vu quel usage il en fait réellement. Le casoar a encore cela de commun avec l'autru- che qu'ir n'a qu'une seule espèce de plumes sur tout le corps, aux ailes, autour du croupion, etc. mais la plu- part de ces plumes sont doubles , cha- que tuyau donnant ordinairement nais- sance à deux tiges plus ou moins lon- gues, et souvent inégales entr'elles ; elles ne sont pas d'une structure uni- forme dans toute leur longueur , les liges sont plates , noires et luisantes , divisées par nœuds en dessous, etcha- que^'hœud produit une barbe ou un filet, avec cette différence que, depuis la racine au milieu de la tige, ces filets sont plus courts, plus souples, plus I 'si' M ■.V, ■i> .LE comme On a dit inées au LIS vite ; vir pour ^ussines ; vu quel casoar a ; l'autru- spèce de Lix ailes, s la plu- es, cha- entnais- ins lon- tr'elles ; lure uni- eur , les lisantes , et cha- ou un , depuis Ices filets s, plus DE L AUTRUCHE. 121 m branchus, et pour ainsi dire duvetés , et d'une couleur de gris tanné; au lieu que , depuis le milieu de la même tige à son extrémité, ils sont plus longs , plus durs et de couleur noire ; et comme ces derniers recouvrent les autres , et sont les seuls qui paroissent, le casoar , vu de quelque distance , semble être un animal velu , et du même poil que l'ours ou le sanglier; les plumes les plus courtes sont au cou , les plus longues autour du croupion , et les moyennes dans l'espace intermédiaire ; celles du croupion ont jusqu'à quatorze pouces , et retombent sur la partie postérieure du corps; elles tiennent lieu delà queue qui manque absolument. Il j a, comme à l'autruche, un es- pace calleux et nu sur le sternum , à l'endroit où porte le poids du corps lors- que l'oiseau est couché, et cette partie est plus saillante et plus relevée dans le casoar que dans l'autruche. Les cuisses et les jambessont revêtues Oiseaux. X. n II ^^ 123 HISTOIRE NATURELLE de plumes presque jusqu'auprès du genou , et ces plumes tiroient au gris de ceudre dans le sujet observé par Clusius : les pieds , qui sont très-gros et très - nerveux , ont trois doigts , et non pas quatre , comme le dit Bonlius , tous trois diriiiës en avant. Les Hollan- dais racontent que le casoar se sert de ses pieds pour sa délense , en ruant et frappant par derrière comme un cheval, selon les uns; et, selon les autres, s'ë- lançant en avant contre celui qui l'at- taque, et le renversant avec les pieds , dont il lui frappe rudement la poi- trine. Clusius, qui en a vu un vivant dans les jardins du comte de Solms à la Haye, dit qu'il ne se sert point de son bec pour se défendre , mais qu'il se porte obliquement sur son adversaire , et qu'il le frappe en ruant ; il ajoute que le même comte de Solms lui mon- tra un arbre gros comme la cuisse que cet oiseau a voit fort maltraité , et en- tièrement écorché avec ses pieds et ses ■& -*vV LE près du au gris rvé par l'ès-gros )igts, et 3ontius , Hollan- ! sert de ruant et i cheval, res, s'é- :[ui l'at- s pieds , kl poi- vivant ims à la de sou qu'il se ersaire , l ajoute ui moll- isse que et en- ds et ses I DE L AUTRUCHE. 120 rtn^^les. Il est vrai qu'on n'a pas remar- c[ué à la ménagerie de Versailles que les casoars qu'on y a gardés fussent si méchans et si forts , mais peut - être étoient-ils plus apprivoisés que celui de Clusius : d'ailleurs, ils vivoient dans l'abondance et dans une plus étroite captivité, toutes circonstances qui adou- cissent à la longue les mœurs des ani- maux qui ne sont pas absolument féro- ces , énervent leur courage , abâtardis- sent leur naturel et les rendent mécon- iioissables au travers des habitudes nou- vellement acquises. Les ongles du casoar sont très-durs, noirs au -dehors, et blancs en dedans. LinucGus dit qu'il frappe avec l'ongle du milieu , qui est le plus graind ; ce- pendant les descriptions et les figures de MM. de l'Académie et de M. Bris- son représentent l'ongle du doigt inté- rieur comme le plus grand , et il l'est en effet. Son allure est bizarre ; il semble 124 mSTOTRF, N ATTJT^ K M. P; (ju'il rue du derrirro, fiiisaiit en même temps im demi saut en avant; mais, malgré la mauvaise grâce de sa démar- (lie , on pnHeiid qu'il court plus vile ([ue le meilleur coureur ; la vitesse est tellement l'attribut des oiseaux, que les plus i^esans de celte famille sont encore plus l(*gers à la course que les plus légers d'entre les animaux ter- restres. Le casoar a la langue dentelée sur les bords, et si courte, qu'on a dit do lui, comme du coq de bruyère, qu'il n'en avoit point : celle qu'a observée M. Perrault avoit seulement un pouce «le long et huit lignes de large ; il avale tout ce qu'on lui jette , c'est-à-dire, tout corps dont le volume est propor- tionné à l'ouverture de son bec. tTriscii ne voit avec raison , danr celle habi- tude , qu'un trait de conformité avec les gallinacés , qui avaient leurs ali- mens tout entiers et sans les briser dans leur bec 5 mais les Hollandais, qui ;n inrinc t ; mais , i dërnar- )lus vile liosse est tx, que lie sont que Jps ux lei- îlée sur L dit do î, qu'il 3sei'V(^e 1 pouce I avale - dire , •ropor- Friscli habi- avec j ali- briv' T)F, T. A UTP V OTT T?, 12.1 S, rivser qui k ■'i I pnroissent avoir voulu rendre plus iu- tt^ressante l'histoire de cet oiseau , déjà sisingidier, en y ajoutant du merveil- leux, n'ont pas manqué dédite, com- me on l'a dit de l'aulrurlie, qu'il ava- Joit non-scMdement les pierres, le fer, \ei^ glaçons , etc. mais encore des char- bons ardens, et sans même en paroître incommodé. On dit aussi qu'il rend très-prompfe- mentce qu'il a pris , et quelquefois des pommes de la grosseur du poing aussi entières qu'il les avoit avalées; et en elFet, le tube intestinal est si court, que les alimens doivent passer très - vite ; et œux qui , par leur dureté sont capa- bles de quelque résistance , doivent éprouver peu d'altération dans un si petit trajet, sur- tout lorsque les fonc- tions de l'estomac sont dérangées par quelque maladie : on a assuré à Clu- sius que dans ce cas il rendoit quel- quefois les œufs de poule, dont il étoil fort friand , tels qu'il les avoit pris , • ''.il .-«K-' / ^^«^■■IWMHWI-.- 126 HISTOIRE NATURELLE c'est-à-dire , bien entiers avec la coque , et que , les avalant une seconde fois , il les digéroit bien : le fonds de la ne ur- riture de ce même casoar , qui étoit celui du comte de Solms , c'éloit du pain blanc coupé par gros morceaux, ce qui prouve qu'il est frugivore , ou plutôt omnivore, puisqu'il dévore en efïet tout ce qu'on lui présente , et que s'il a le jabot et le double estomac des animaux qui vivent de matières végétales, il a les courts intestins des animaux c*irnassiers. Le tube intes- tinal de celui qui a été disséqué par MM. de l'Académie avoit quatre pieds huit pouces de long et deux pouces de diamètre dans toute son étendue ; le cœcum étoit double, et n'avoit pas plus d'une ligne de diamètre sur trois , quatre et cinq pouces de longueur : à ce compte, le casoar a les intestins treize fois plus courts que l'autruche , ou du moins de celles qui les ont le plus longs ; et par cette raison, il doit être encore ^b«-. L E i coque , ibis, il la 11 ( iir- ui étoit iloit du rceaux , )re , ou 7ore en ite , et 'sloiricjc liUières lins des inles- [ué par e pieds ices de ue ; le as plus trois , leur : à treize ou du longs ; ?ncore DE L A U T R U C ÎT E. 127 plus vorace et avoir plus de disposiliou à manger de la chair , c'est ce dont ou pourra s'assurer , lorqu'au lieu de se contenter d'examiner des cadavres, les observateurs s'attacheront à étudier la nature vivante. Les œufs de la femelle sont d'un gris de cendre , tir.: it au verdâtre , moins gros et plus alongc's que ceux de l'autruche, et semés d'une mulli- tude de petits tubercules d'un vert foncéj la coque n'en est pas fort épaisse, selon Clusius , qui en a vu plusieurs^ le plus grand de tous ceux qu'il a ob- servés avoit quinze pouces de tour d'un sens, et un peu plus de douze de l'autre. Ls casoar a les poumons et les dix cellules à air comme les autres oiseaux , et particulièieinent comme les oiseaux pesans , cette bourse ou membrane noire propre aux yeux des oiseaux , et celte paupière interne qui , comme on sait, est retenue dans le grand angle de 4 il ■'•S>i#-»Ml«;^4i«8>>*- )émy>»^ ^.^mmmi'^'mmm >>l T26 ITîSTOTRE NATURELLE J'œil des oiseaux pnr deux muscles ordiuaii'es , et qui est ramenée par iiislans sur Ja coniëe par l'actioa d'une espèce de poulie musculaire qui mérite toute la curiosité des ariato- luistes. Le midi de la partie orientale de l'Asie paroit être le vjai climat du ca- 8oar ; son domaine commence pour ainsi dire où finit celui de l'autruche, qui n'a jamais beaucoup dépassé le Gange , comme nous l'avons vu dans son histoire; au lieu que celui - ci se trouve dans les îles Moîuques , dans celles de Banda, de Java, deSumatra, et dans les parties correspondantes du continent : mais il s'en faut bien que cette espèce soit aussi multipliée dans son district que l'autruche l'est dans le sien , puisque nous voyons un roi de Joardam , dans l'île de Java, faire pré- sent d'un casoar à Scellinger, capitaine de vaisseau hollandais , comme d'un oiseau rare 5 la raison en est , ce me * LI.E imiscfes née par l'action aire qui • ariato- % itale de ^ t du ca- e pour truelle, assé le m dans - ci se , dans matra, ites du m que fe dans lans le roi de re pré- ; )itaine î d'un t e me DE l'autruche. 129 semble, que les Indes oilcutales sont beaucoup plus peuplées que l'Afrique ; et l'on sait qu'à mesure que riiomme se muhiplie dans une contrée , il dé- truit ou fait fuir devant lui les ani- maux sauvages qui vont toujours cher- chant des asjdes plus paisibles, des ter- res moins habitées ou occupées par des peuples moins policés , et par consé- quent moi)if^ dostructeurs. Il .si remarquable que le casoar , l'an! ruche et le touyou , les trois plus f;ros oiseaux que l'on connoisse , sont tous trois attachés au climat de la zone torride , qu'ils semblent s'être partagée entre eux , et où ils se maintiennent chacun dans leur îerrein , sans se mêler ni se surmarcher 5 tous trois véritable- ment terrestres, incapables de voler, mais courant d'une très - grande vi- tesse; tous trois avalent à - peu - près tout ce qu'on leur jette , grains , her- bes, chairs, os, pierres, cailloux, fer, glaçons, etc. tous trois ont le cou plus m^'^^tm^ T W \i\ 1 OO HISTOIRE NATURELLE on moins long, les pieds liaulset Irès- forls , moins de doigts qne la plnpart des oiseaux , et l'autruche encore moins qne les deux autres ; tous trois n'ont de plumes que d'une seule sorte, difld- renles des plumes des autres oiseaux, et différentes dans chacune de ces trois espèces ; tous trois n'en ont point du tout sur la têle et le haut du cou, ils manquent de queue proprement dite, et n'ont que des ailes imparfaites, gar- nies de quelques tnjaux sans aucunes barbes, comme nous avons remarqué que les quadrupèdes des pajs chauds avoient moins de poil que ceux des ré- gions du nord; tous trois, en un mot, paroissent être la production naturelle et propre de la zone torride : mais, mal- gré tant de rapports , ces trois espèces sont différenciées par des caractères trop frappans pour qu'on puisse les confondre : l'autruche se dislingue du casoar et du touyou par sa grandeur, par ses pieds de chameau , et par la na- è. 4 Is et Irès- a plupart Jre moins ois n'ont le, diiïi}- oiseaux, I ces trois point du cou, ils ent dite, tes, gar- aucunes ^marqué î chauds c des ré- Lin mot, a tu relie is, mal- espèces ractères sse les gue du ndeur, r la na- I D E l'autruche. i;^i tnre de ses plumes ; elle diflere du casoar, en particulier , par la nudité do ses cuisses et do ses lianes , par hi lona^iuîur et la capacité de ses intes- tins, et parce ([u'elle n'a point de vési- cule du fiel ; et le casoar diirèro du toujou et de l'aulruclie par ses cuisses couvertes de plumes, presque jusqu'au tarse, pur les barbillons rouges qui lui tombent sur le cou , et par le casque qu'il a sur la lête. Mais j'apperçois encore dcUis ce der- nier caractère dislinctif, une analogie avec les deux autres espèces ; car ce casque n'est antre chose , commd ou sait , (ju'un renlleinent des os du crâne , lequel est recouvert d'une enveloppe de corne ; et nous avons vu , dans l'his- toire de l'autruche et du touyou , que la partie supérieure du crâne de ces deux animaux éloit pareillement munie d'une plaque dure et calleuse. I 1J3 IIISTOIRK NATURELLE Espèces connues dans ce genre. I/Aiitrnclie, struthio Camelus, Le Casoar, struthio Casuarius. liC Tou jou , struthio Hhea, DU DnONTE. 333 L X T r GENRE. LE DRONTE, didus. Caractère générique : bec rétréci dans son milieu , ridé; lace nue. LE DRONTE. h On regarde conimunément la légèreté comme un attribut propre aux oiseaux; mais si l'on vouloit ^ Faire le carac- lère essentiel de celle classe, le d roule n'auroit aucun titre pour y être admis ; car , loin d'annuiirer la légèreté par ses proportions ou par ses mouvemens, il paroît fait exprès pour nous donner l'idée du plus lourd des êtres organisés. Beprésentez-vous un corps inassil" et Oiseaux. X. la i: 4f^Hqr- .4lff;ii.iiji»i>niii 'i ï34 HISTOIRE NA TURELLE presque cubique , à peine soutenu sur deux piliers très-gros et très-courts , surmonté d'une tête si extraordinaire qu'on la prendroit pour la fantaisie d'un peintre de grotesques ; cette tête portée sur un cou renforcé et goi- treux, consiste presque toute entière dans un bec énorme où sont deux gros yeux noirs entourés d'un cercle blanc, et dont l'ouverture des mandibules se prolonge bien au-delà des yeux, et presque jusqu'aux oreilles. Ces deux mandibules, concaves dans le milieu de leur longueur , renflées par les deux bouts et recourbées à la pointe en sens contraire, ressemblent à deux cuillers pointues qui s'appliquent l'une à l'autre, la convexité en dehors; de tout cela il résulte une physionomie stupide et vorace , et qui , pour comble de diffor- mité, est accompagnée d'un bord de plumes, lequel, suivant le contour de la base du bec, s'avance en pointe sur le front, puis s'arrondit autour de la LE itenu sur -courts , ordinaire fantaisie :ette tête I et goî- 3 entière eux gros le blanc, ibules se ^eux, et ]es deux nilieu de es deux ! en sens : cuillers à l'autre, it cela il ipide et e difFor- bord de itour de )inte sur ir de la DU DRONTE. i35 face en manière de capuchon , d'où lui est venu le nom de cygne encapuchonné (cycnus cucullatus). La grosseur qui , dans les animaux , suppose la force, ne produit ici que la pesanteur; l'autruche, le toujou, le casoar, ne sont pas plus en ëtat de voler que le dronte , mais du moins ils sont très-vîtesà la course; au lieu que le dronte paroît accablé de son propre poids , et avoir à peine la force de se traîner : c'est dans les oiseaux ce que le paresseux est dans les quadrupèdes ; on diroit qu'il est composé d'une ma- tière brute, inactive, où les molécules vivantes ont été trop épargnées ; il a des ailes , mais ces ailes sont trop cour- tes et trop foibles pour l'élever dans les airs; il a une queue, mais celte queue est disproportionnée et hors de sa place; on le prendroit pour une tor- tue qui se seroit affublée de la dépouille d'un oiseau, et la nature, en lui accor- dant ces ornemens inutiles , semble t h ■-"^jt/t^-i^x:- «i^ 1 M r l36 HISTOIRE NATURELLE avoir voulu ajouter l'einbaiTas à la pesanteur , la gaucherie des mouve- mens à l'inertie de la masse, et ren- dre sa lourde épaisseur encore plus choquante , en faisant souvenir qu'il est un oiseau. Les premiers Hollandais qui le vi- rent dans l'île Maurice, aujourd'hui l'île de France , l'appelèrent waigh- vogel , oiseau de dégoût, autantàcause de sa figure rebutante que du mauvais gOLitdesa chair : cet oiseau bizarre est très-gros , et n'est surpassé à cet égard que par les trois précédens, car il sur- passe le cygne et le dindon. M. Brisson donne pour un de ses caractères, d'avoir la partie inférieure des jambes dénuée de plumes j cepen- dant la planche CCXCIV d'Edvards le représente avec des plumes, non-seule- ment jusqu'au bas de la jambe, mais encore jusqu'au-dessous de son articu- iatioii avec le tarse ; le bec supérieur est noirâtre dans toute son étendue, Mfcii»ii'ii-ou-*.;=^r. f rn&i S à la loiive- et ren- 3 plus r qu'il le vi- ird'liui walgh- à cause lauvais irre est . égard de ses rieure cepen- irds le seule- mais rdcu- érieur ndue, DU DRONTE. iZj exreplé sur Ja courbure de sou crochet où il y a une tache rouge; les ouver- tures des narines sont à-peu-près dans sa partie moyenne , tout proche de deux replis transversaux qui s'élèvent en cet endroit sur sa surface. Les plumes du dronte sont en gé- néral fort douces; le gris est leur cou- leur dominante, mais plus foncé sur toute la partie supérieure et au bas des jambes, et plus clair sur l'estomac, le ventre r^f tout le dessous du corps • il y a du jr et du blanc dans les plumes des aiies et dans celles de la queue , qui paroissent frisées , et sont eu fort petit nombre. Clusius n'en compte que quatre ou cinq. Les pieds et les doigts sont jaunes, et les ongles noirs ; chaque pied a qua- tre doigts , dont trois dirigés eu avant et le quatrième en arrière; c'est celui- ci qui a l'ongle le plus long. Quelques-uns ont prétendu que le dronte avoit ordinairement dans l'es- ■,»^*., 1 l33 HISTOIRE NATURELLE tomac une pierre aussi grosse que le poing, et à laquelle on n'a pas manqué d'attribuer Ja méwie origine et les mêmes vertus qu'aux bézoards ; mais Clusius, qui a vu deux de ces pierres de forme et de grandeur différentes, pense que l'oiseau les avoit avalées comme font les granivores , et qu'elles ne s'étoient point formées dans son es- tomac. Le dronte paroît propre et parti- culier aux îîes de France et de Bour- bon, et probablemeiil aux terres de ce continent qui en sont les moins éloignées ; mais je ne sache pas qu'au- cun voyageur ait dit l'avoir vu ailleurs que dans ces deux îles. LE SOLITAIRE ET L'OISEAU DE NAZARE. Le solitaire dont parleul Léguât et Carré, et Toiseau de Nazareth dont parle Fr. Gauche , paroissent avoir % U À I tA'iÈ.f -■^:' t"*.; LE 2 que Je manqué ! et les s; mais erres de ;, pense comme îlles ne ;on es- par ti- Bour- res de moins qu'au- illeurs tl E E. uat et dont avoir i . ■ i? H DU DRONTE. iZg beaucoup de rapports avec le dronte , mais ils en diffèrent aussi en plusieurs points 3 et j'ai cru devoir rapporter ce qu'en disent ces voyageurs, parce que si ces trois noms ne désignent qu'une seule et unique espèce , les relations diverses ne pourront qu'en cornplt^ter l'jiistoire, et si au contraire ils dési- gnent trois espèces différentes, ce que j'ai à dire pourra être regardé comme lin commencement d'histoire de cha- cune, ou du moins comme une notice de nouvelles espèces à examiner, de même que l'on voit dans les cartes géo- graphiques une indication des terres inconnues 5 dans tous les cas ce sera un avis aux naturalistes qui se trouveront à portée d'observer ces oiseaux de plus près, de les comparer , s'il est possible , et de nous en donner une connoissance plus distincte et plus précise : les seules questions que l'on a faites sur des cho- sec ignorées , ont valu souvent plus d'une découverte. I r^ i f] •i<5-' I 1 h 140 iîistoihe n.\ tu ri: I, lf. Le solitaire de l'île Rodri^mieesl un lr(\s-^ros oiseau , piiis([u'il y a des mâ- les qui pèsent jusqu'à (juai'aule-ciiu[ livres : le plumage de ceux-ci est ordi- iinirement mêlé de gris et de brun; mais, dans les femelles, c'est lanlôi lo brun et tanlot le jaune-blond qui do- mine. Carré dit que le plumage de ces oiseaux est d'une couleur chan- f^canle , liranl sur le jaune , ce qui convient à celui de la femelle , et il ajoute qu'il lui a paru d'une bcaulé admirable. Les femtPes ont au-dessus du bec conmieun bandeau de veuve; leurs plumes se renflent des deuxcôlësde la poilrine en deux toufïbs blanches qui représentent imparfaitement le sein d'une femme j les plumes des cuisses s'arrondissent par le bout en lorme de coquilles, ce qui fait un fort bon effet; eljCommesi ces femelles senloient leurs avantages, elles ont grand soin d'ar- ranger leur plumage , de le polir avec '•>^.^.^ >mi%i^'m>^' "'*^ 'x*- '^■^ L_if' r t«r<'> DU T^ R 0 N 1' K lif ;e-ciiui 'st ordi- B brun; a 11 tôt lo qui do- ua ii,e de r cliaiî- cc qui e j et il i bcauk'^ 1 du hoc ; leurs es de la les qui lî sein cuisses |)rnio de u effet ; ut leurs n d'ar- lir avec -' > le 1)PC cl do l'ujusler ^)n\squo coMli- nnelleineul , eu wsorte qu'inie pliune ne passe pas l'autre : elles ont , selon Lei;uat , l'air noble et gracieux tout ensemble; et ce voyageur assure que souvent leur bonne mine leur a sauvé Ja vie ; si cela est ainsi , et que le soli- taire et le (Ironie soient de la même esprce , il faut admettre une très- f^randc diflerenre entre le maie et la f 'mol le, (fuant à la lionne mine. Ccl oiseau à (|uelc[ue rapport avec le dinJoii; il en aurait les pieds et le bec hi ses pied.-, iù^loienl pas p!us élevés et son b(x; plus crochu; il a aussi le cou plus lonij; proportionnellement , l'œil noir et vif, îa tête sans créle ni huppe; sou derrière, qui est arrondi à-peu-près comme la croupe d'un cheval, est re- vêtu de ces plumes qu'on appelle cou- vertures. Le solitaire ne peut se servir de ses riles pour voler, mais elles ne lui sont pas inutiles à d'autres égard? : fosde j i i i IK ' ï42 HISTOIHE NATURELLK l'aileron se renfle à son extrémité en une espèce de bouton sphériqne qui se cache dans les plumes et lui sert à deut usages ; premièrement pour se défen- dre, comme il fait aussi avec son bec ; en second lieu , pour faire une espèco de battement ou de moulinet en pi- rouettant vingt ou trente fois du même côté dans l'espace de quatre à cinq minutes ; c'est ainsi , dit-on , que le mâle rappelle sa compagne avec un bruit qui a du rapport à celui d'une cresserelle , et s'entend de deux cents pas. On voit rarement ces oiseaux en troupes, quoique l'espèce soit assez nombreuse^ quelques-uns disent même qu'on n'en voit guère deux ensemble. Ils cherchent les lieux écartés pour faire leur ponte; ils construisent leurs nids de feuilles de palmiers amoncelées à la hauîeur d'un pied et demi , la fe- melle pond dans ce nid un œuf beau- coup plus gros qu'un œuf d'oie, et le ti n ■"•«•».< iA.^m.. LLF. ëmité en ue qui se jrtà dent se d^feii- son bec ; le espèce ît en pi- lu même 3 à cinq , que Je avec un ui d'une )ux cents aux en ►it assez it même isemble. es pour nt leurs ncelées la fe- f beau- , et le DU D HONTE. 143 mâle partage avec elle la fonction de couver. Pendant tout le temps de l'incuba- tion , et même celui de l'éducation , ils ne souffrent aucun oiseau de leur es- pèce à plus de deux cents pas à la ron- de j et l'on prétend avoir remarqué qne c'est le mâle qui chasse les mâles, et la femelle qui chasse les femelles j re- marque difficile à faire sur un oiseau qui passe su vie dans les lieux les plut sauvages et les plus écartés. L'œuf, car il paroit que ces oiseaux n'en pondent qu'un ou plutôt n'en couvent qu'un à-la-fois 5 fœuf, dis-je, ne vient à éclore qu'au bout de sept semaines, et le petit n'est en état de pourvoir à ses besoins que plusieurs mois après : pendant tout ce temps le père et la mère en ont soin , et cette seule circonstance doit lui procurer un instinct plus perfectionné que celui de fautruche , laquelle peut en nais- sant subsister par elle-même, et qui, ÎTT-1 I l44 HISTOIRE NATURELLE n'ayant jamais besoin du secours do ses père et mère , vit isMe , sans au- cune habitude intime avec eux, et se prive ainsi des avantnj^es de leur so- ciété qui , comme je l'ai dit ailleurs , est la première éducation des animaux et celle qui développe le plus leurs qua- lités naturelles; aussi l'autruche passe- t-elle pour le pins slupide des oiseaux. Lorsque l'éducation du jeune soli- taire est finie, le père et la mère de- meurent toujours unis et fidèles l'un k l'autre, quoiqu'ils aillent quelquefois se mêler parmi d'autres oiseaux de leur espèce : les soins qu'ils ont donnés en commun au fruit de leur union, sem- blent en avoir resserré les liens , et lorsque la saison les y invite ils recom- mencent une nouvelle ponte. On assure qu'à tout âge on leur trouve une pierre dans le gésier, com- me au dronte ; cette pierre est grosse comme un œuf de poule, plate d'un côté , convexe de l'autre , et un peu i ^ ""^ , 'ï>'*:~.^îr. leur corn- I DU D R 0 N ï E. 145 raboleiise est assez dure pour servir de pierre à aiguiser ; on ajoute que cette pierre est toujours seule dans Jeur es- tomac, et qu'elle est trop grosse pour pouvoir passer par le canal intermé- diaire qui fait la seule communication du jabot au gésier, d'où l'on voudroit conclure que cette pierre se forme na- turellement, et à la manière des bé- zoards , dans le gésier du solitaire ; mais pour moi, j'en conclus seulement que cet oiseau est granivore , c[u'il avale des pierres et des cailloux comme tous les oiseaux de cette classe, notamment comme l'autruche, le touyou, le casoar et le dronte , et que le canal de com- înunication du jabot au gésier est susceptible d'une dilatation plus grande que ne l'a cru Léguât. Le seul nom de solitaire indique un naturel sauvage 3 et comment ne le se - roit-il pas ? comment un oiseau qui compose lui seul toute la couvée, et qui par conséquent passe les premiers Oiseaux. X. i3 1 ■> / I J ^ 1 4f) HISTOIRE N A T U R K L L F. temps (le sa vie sans ttiiciuie sociéu? avec d'autres oiseaux de son âoe , et n'ayant qu'un commerce de ntV.essil(^ avec ses père et mère , sauvages eux- mêmes ne seroil-il pas maintenu par l'exemple et par l'habitude? On sait combien les premières habitudes ont d'influence sur les premières inclina- tions qui forment le naturel ; et il est à prësumer que toute espèce où la fe- melle ne couvera qu'un œuf à-la-fois sera sauvage comme notre solitaire : cependant il paroît encore plus timide que sauvage, car il se laisse approcher et s'approche même assez familière- ment , sur-tout lorsqu'on ne court pas après lui, et qu'il n'a pas encore beau- coup d'expérience; mais il est impossi- ble de l'apprivoiser. On l'attrape diffi- cilement dans les bois où il peut échap- per aux chasseurs par la ruse et par son adresse à se cacher; mais, comme il ne court pas fort vite, on le prend aisément dans les plaines et dans le* V . I DU DTIONTE. I47 lieux ouverts: quand on l'a nrrêtc'î, il ne jelle aucun cri, mais il iaisse tom- ber des larmes , et refuse opiniâtre- ment toute nourriture. M. Caron , di- recteur de la Compagnie des Indes à Madaj^ascar, en ayant fait embarquer deux venant de l'île de Bourbon pour les envoyer au roi , ils moururent dans Je vaisseau sans avoir voulu boire ni nianf^er. Le temps de leur donner la chasse est depuis le mois de mars an mois de septembre, qui est l'hiver des contrées qu'ils habitent , et qui est aussi le temps où ils sont le plus gras. La chair des jeunes sur-tout est d'un goût excel- lent. Telle est l'idée que Léguât nous donne du solitaire ; il en parle non- seulement comme témoin oculaire , mais comme un observateur qui s'éloiJ attaché particulièrement et long-temps à étudier les mœurs et les habitudes de cet oiseau ; et en effet , sa relation , ?e:s^»pss. i •!. .1 i; !' ! \'i i i ,1 148 HISTOIRE NATURELLE quoique gâtée en quelques endroits par des idées fabuleuses , contient néan- moins plus de détails historiques sur le solitaire , que je n'en trouve dans une foule d'écrits sur des oiseaux plus généralement et plus anciennement connus. On parle de l'autruche depuis trente siocles , et l'on ignore aujour- dhui combien elle pond d'œufs, et combien elle est de temps à les cou- ver. L'oiseau de Nazareth , appelé sans doute ainsi par corruption , pour avoir été trouvé dans l'île de Nazare , a été observé par Fr. Gauche dans l'île Maurice, aujourd'hui l'île Française; c'est un très-gros oiseau , et plus gros qu'un cjgne. Au lieu de plumes il a tout le corps couvert d'un duvet noir, et cependant il n'est pas absolument sans plumes, car il en a de noires aux ailes et de frisées sur le croupion, qui lui tiennent lieu de queue; il a le bec gros , recourbé un peu par-dessous , les -- ^ •^^ï^J / DU D R 0 N T E. 14?) jambes ( c'est-à-dire les pieds) hautes et couvertes d'écaillés , trois doigts h chaque pied , le cri de l'oison , et sa chair est médiocrement bonne. La femelle ne pond qu'un œuf, et cet œuf est blanc et gros comme un pain d'un sou : on trouve ordinaire- ment à côté une pierre blanche de la grosseur d'un œuf de poule , et peut- être celle pierre fait-elle ici le même effet que ces œufs de craie blanche que les fermières ont coutume de mettre dans le nid où elles veulent faire pon- dre leurs poules. Celle de Nazare pond à terre dans les forêts sur de petits tas d'herbes -et de feuilles qu'elle a for- més; si on tue le petit, on trouve une pierre grise dans son gésier; la figure de cet oiseau , est-il dit dans une note, se trouve dans \e journal de la seconde navigation des Hollandais aux Indes orientales , et ils l'appellent oiseau de nausée : ces dernières paroles semblent décider la question de l'identité de l'es- W :tH • • .* il r's- ) t \.if {< .;! î5o iiiSTomE naturelliî: pèce entre le dioiUe et l'oiseau de Na- zare , et la prouveroieiit en eflët , si leurs descriptions ne présentoient des différences essentielles , notamment dans le nombre des doigts j mais sans entrer dans celle discussion particu- lière , et sans prétendre résoudre un problème où il n'y pas encore assez de données , je me contenterai d'indi- quer ici les rapports et les différences qui résultent de la comparaison des trois descriptions. Je vois d'abord , en comparant ces trois oiseaux à la fois, qu'ils apparlien- îient au même climat et presque aux mêmes contrées; car le dronfe liabito l'île de Bourbon et i'ile Française , a laquelle il semble aroir donné son nom d'île au Cjgne, comme je l'ai remar- qué plus haut. Le solitaire habitoit l'île R-odrigue dans le temps qu'elle éloit entièrement déserte , et on l'a vu dans l'île Bourbon, l'oiseau de Na- «are se trouve dans Tiie de Nazare , X *^- ? DU DRONTTÎ. (Voii il a tiré son nom , et dans l'île Française; or ces quatre îles sont voi- sines ies unes des autres; et il est à re- marquer qu'aucun de ces oiseaux n'a été apperçu dans le continent. Ils se ressemblent aussi tous trois plus ou moins par la grosseur, Tim- puissancc de voler, par la forme des ailes, de la queue et du corps entier; et on leur a trouvé à tous une ou plu- sieurs pierres dans le gésier , ce qui les suppose tous trois granivores ; outre cela ils ont tous trois une allure fort lente ; car , quoique Léguât ne dise rien de celle du solitaire, on peut ju- ger par la figure qu'il donne à la fe- melle, que c'est un oiseau très-pesant. Comparant ensuite ces ni^^mes oi- seaux pris deux à deux, je vois que le plumage du d roule se rapproche de ce- lui du solitaire pour la couleur, et de celui de l'oiseau de (Naznre pour la qua- lité de la plume, qui n'est que du du- vet ; et que ces deux derniers oiseaux 1 il r ■: ^n 1/ •T.*- >■■ ^irMI_^« '*«**-> iSa IIISTOIKE NATURELLE conviennent encore en ce qu'ils ne pon- dent et ne couvent qu'un œuf. Je vois de plus qu'on a appliqué au dronle et ù l'oiseau de Nazare le même nom d'oiseau de dégoût. Voilà les rapports, et voici les diffé- rences. Le solitaire a îes plumes de la cuisse arrondies par le bout en coquilles , ce qui suppose de véritables plumes com- me en ont ordinairement les oiseaux, et non du duvet comme en ont le dronte et l'oiseau de Nazare. La femelle du soliîaire a deux touf- fes de plume blanches sur la poitrine ; on ne dit rien de pareil de la femelle des deux autres. Le dronte a les plumes qui bordent la base du bec, disposées en manière de capuchon ; et cette disposition est si frappante , qu'on en a fait le trait caractéristique de sa dénomination ( cycnus cucullatus ) ; de plus il a les yeux dans le bec , ce qui n'est pas I cet sa et de K^ ''^.~. ^^ — -' -".~-' "*-#'.' ce DU DRONTE. ib.3 moins frappant ; et 1 on peut croire que Léguât n'a rien vu de pareil dans Je so- litaire , puisqu'il se contente de dire de cet oiseau , qu'il avoit tant observé , que sa tête éloii sans crête et sans huppe ; et Gauche ne dit rien du tout de celle de l'oiseau de Nazare. Les deux derniers sont haut mon- tés , au lieu que le dronts a les pieds très-gros et très-courts. Celui-ci et le solitaire , qu'on dit avoir à-peu-près les pieds du dindon , ont quatre doigts , et l'oiseau de Na- zare n en a que trois , selon le témoi- gnage de Gauche. Le solitaire a un battement d'ailes très-remarquable , et qui n'a point été remarqué dans les deux autres. Enfin , il paroît que la chair des so- litaires, et sur-tout des jeunes, est ex- cellente 5 que celle de l'oiseau de Na- zare est médiocre , et celle du dronte mauvaise. Si cette comparaison, qui a été faite ') i k 104 IIÏSTOIRE NATURELLE {ivec la plus grande exactitude , ne nons met pas en état de prendre un pi LE 1 A O N. Si l'empire appartenoit à la beauté et non à la force, le paon seroit, sans contredit, le roi des oiseaux; il n'en est point sur qui la nature ait versé ses trésors avec plus de profusion : la ^lille grande, le port imposant, la démarche fière , la figure noble , les proportions du corps élégantes et sveltes , tout ce qui annonce un être de distinction lui a été donné ; une aigrette mobile et if- •f^,.^>'^*^5%ri E. i\ O. igrelte f « ■ ; ■*■ -/' beau lé ;, sans il n'en rsé ses \ ^oille larcbe )rtious ont ce on Ju! >i]e cî 'V. X; < 'I : { W \ .■- '■ \ „ • ■' -' ■'. I i(^ 4«f.'Vy.- f H • ••; 1 • . ■ ■ ,>•; .^^^ il.' '^# s i.'f u 'loin ^^ l\\ret>> I ^ .; «<.■ J , L i: 1> A (> N a J/J \^K I\ O IN3 N I * . U **> Il •*■■ \ »l\ 1^^ on] son nirl col flei refl rui D U P A O N. 167 l(^gère, peinte des plus riches cou leurs, orne sii tèle et {'('lève sans la churger; son incomparable pluma<;e semble réu- nir tout ce qui flatte nos yeux dans le coloris tendre et frais des plus belles fleurs , tout ce qui les éblouit dans les reflets pétillans des pierreries , tout ce qui les étonne dans l'état majestueux de l'arc-en-ciel ; non-seulement la na- ture a réuni sur le plumage du paon toutes les couleurs du ciel et de la terre pour en faire le chef-d'œuvre de sa magnificence , elle les a encore mêlées, assorties, nuancées, fondues de sou inimitable pinceau , et en a fait un tableau unique , où elles tirent de leurs mélanges avec des nuances plus som- bres , et de leurs oppositions entr'elles , un nouveau lustre et des effets de lu- mière si sublimes , que notre art ne peut ni les imiter ni les décrire. Tel paroît à nos jeux le plumage du paon lorsqu'il se promène paisible et seul dans un beau jour de printemps ; Ui«eaux. X< z-f ■ij •''»'tmi.ii»il^.: /T ^Mw l58 HISTOIRE NATURELLE mais si sa femelle vient toul-à-coup à paroître , si les feux de l'amour , se joignant aux secrètes influences de la saison , le tirent de son repos, lui inspirent une nouvelle ardeur et de nouveaux désirs, alors toutes ses beau- tés se multiplient, ses yeux s'animent et prennent de l'expression , son ai- grette s'agite sur sa télé et annonce l'émotion intérieure; les longues plu- mes de sa queue déploient, en se rele- vant , leurs richesses éblouissantes ; sa tête et son cou, se renversant noble- ment en arrière , se dessinent avec grâce sur ce fond radieux , où la lu- mière du soleil se joue en mille ma- nières, se perd et se reproduit sans cesse , et semble prendre un nouvel éclat plus doux et plus moelleux, de nouvelles couleurs plus variées et plus harmonieuses ; chaque mouvement de l'oiseau produit des milliers de nuan- ces nouvelles, des gerbes de reflets on- dojrans et fugitifs, sans cesse remplacés LE -à-coup amour , uces de pos, lui i: et de 3sbeau- miment son ai- innonce les plu- se rele- ites ; sa Hoble- it avec la Iu- le ma- it sans nouvel jx, de et plus 3nt de nuan- 3ls on- Dlacés DU PAON. llH par d'autres reflets , et d'autres nuan- ces toujours diverses et toujours admi- rables. Le paon ne semble alors connoître ses avantages que pour en Hiire liom- mage à sa compagne, qui en est privée sans en elre moins chérie j et ja viva- cité que l'ardeur de l'amour mêlé à son action ne fait qu'ajouter de nouvelles grâces à ses mouvemens, qui sont na- turellement nobles , fiers et majes- tueux, et qui, dans ces momcns , sont accompagnés d'un murmure énergi- que et sourd , qui exprime le désir. Mais ces plumes brillantes qui sur- passent en éclat les plus belles fleurs, se flétrissent aussi comme elles , et tombent chaque année ; ie paon , com- me s'il sentoit la honte de sa perte, craitit de se faire voir dans cet état Inuniliant, et cherche les retraites les plus sombres pour s'y cacher à tous les yeux, jusqu'à ce qu'un nouveau prin- temps 5 lui rendant sa parure accoutu- Mi ■■, > f ■Il >■ t. V t " ïl l6o HISTOIRE NATURELLE mee, le ramène sur la scène pour y jouir des hommages dus à sa beauté; car on prétend qu'il en jouit en effet , qu'il est sensible à l'admiration, que le vrai moyen de l'engager à étaler ses belles plumes , c'est de lui donner des regards d'attention et des louanges; et qu'au contraire , lorsqu'on paroit Je regarder froidement et sans beaucoup d'intérêt, il replie tous ces trésors et les cache à qui ne sait point les ad- mirer. Quoique le paon soit depuis long- temps comme naturalisé en Europe, cependant il n'en est pas plus origi- naire; ce sont les Indes orientales, c'est le climat qui produit le saphir, le rubis , la topaze , qui doit être re- gardé comme son pays natal : c'est de là qu'il a passé dans la partie occiden- tale de l'Asie, où , selon le témoignage posi tif de Théophraste , cité par PI ine , il av^oit été apporté d'ailleurs; au lieu qu'il ne paroit pas avoir passé de la V( In so kii>^^' N-r.J lies, hir , re- ;tde en- age ine. DU PAO N. l6l partie la ])lus orientale de l'Asie, qui est la Chine, dans les Indes; car les voj^ageurs s'accordent à dire que , quoi- que les paons soient fort communs aux Indes orientales, on ne voit à la Chine que ceux qu'on y transporte des autres pays , ce qui prouve au moins qu'ils sont très-rares à la Chine. Elien assure que ce sont les Barbares qui ont fait présent à la Grèce de ce bel oiseau , et ces Barbares ne peuvent guère être que les Indiens; puisque c'est aux Indes qu'Alexandre , qui avoit par- couru l'Asie, et qui connoissoit bien la Grèce , en a vu pour la première fois : d'ailleurs , il n'est point de pays où ils soient plus généralement répan- dus et en aussi grande abondance que dans les Indes. Mandesso et Théveîiot en ont trouvé un i7;rand nombre dans la province de Guzaratte ; Tavernier dans toutes les Indes, mais particuliè- rement dans les territoires de Baro- che, de Cambaja et de Broudra ; Fran- 'ri > il . 1 »i! 1 ■ « r ■» l()2 HISTOIRE NATURELLE cois Pyrard aux environs de Calicut; les Hollandais sur toute la côte de Ma- labar; Lintscot dans Tîie de Cejlan : l'auteur du second voyage de Siam dans les forêts sur les frontières de ce royaume , du côté de Camboge, et aux environs de la rivière de Meinam; Le Geiilil à Java; Gemelli Curreri dans les îles Calamianes , situées entre les Philippines et Bornéo. Si on ajoute à cela que, dans presque toutes ces con- trées, les paons vivent dans l'clat de sauvage, qu'ils ne sont nulle part, ni si grands, ni si féconds, on ne pourra s'empêcher de regarder les Indes com- me leur climat naturel ; et en effet, un si bel ciseau ne pouvoit guère manquer d'appartenir à ce pays si riche , si abon- dant en choses précieuses, où se trou- vent la beauté , la richesse en tout genre, l'or , les perles, les pierreries, et qui doit être regardé comme le cli- mat du luxe de la nature : cette opi- nion est confirmée en quelque sorte •^ ■ ''■■" ni '4 le DU PAON. sacré ; a .65 texte sacre ; car nous voyons que les paons sont comptés parmi les choses précieuses que la flotte de Salo- mon rapportoit tous les trois ans ; et il est clair que c'est ou des Indes, ou de la côte d'Afrique la plus voisine des Indes , que cette flotte , formée et équi- pée sur la mer Rouge, et qui ne pou- voit s'éloigner des côtes , liroit ses ri- chesses : or , il y a de fortes raisons de croire que ce n'étoit point des côtes d'Afrique; car jamais voyageur n'a dit avoir apperçu dans toute l'Afri- que , ni même dans les îles adjacentes, des paons sauvages qui pussent être regardés comme propres et naturels à ce pays, si ce n'est dans l'ile de Sainte- Hélène, où l'amiral Verhovven trouva des paons qu'on ne pouvoit prendre qu'en les tuant à coups de fusil; mais on ne se persuadera pas apparemment que la flotte de Salomon , qui n'avoit point de boussole, se rendît tous les trois ans à file de Sainte-Hélène, où 1 ¥ « f' \ V à 164 HISTOTT.E NATURELLE d'ailleurs elle n'auroit trouvé ni cr , iii argent, ni ivoire, ni presque rien de tout ce qu'elle cherchoit : déplus, il me paroît vraisemblable que celte île , éloignëe de trois cents lieues du continent , n'avoil pas même de paons du temps de Salomon ; mais que ceux qu'y trouvèrent les Hollandais y Hvoient été lâchés par les Portugais, à qui elle avoit appartenu , ou par d'au- tres , et qu'ils s'y éloient 'multipliés d'autant plus facilement, que l'île de Sainte-Hélène n'a , dit-on , ni bête venimeuse ni animal vorace. On ne peut guère douter que les paons que Kolbe a vus au Cap de Bon- ne-Espérance, et qu'il dit être parfai- tement seml)lables à ceux d'Europe, quoique la figure qu'il en donne s'en éloigne beaucoup, n'eussent la même origine que ceux de Sainte-Hélène, et qu'ils n'y eussent été apportés par quel- ques-uns des vaisseaux européens , qui arrivent en fouie sur cette côte. qu qui oisj qu A iG5 DU PAON. On peut dire la même chose de ceux que les voyageurs ont apperçus au royaume de Congo , avec des dindons qui certainement n'étoient point des oiseaux d'Afrique , et encore de ceux que J'on trouve sur les confins d'An- gola , dans un bois environné de murs, où on les entretient pour le roi du pays : cette conjecture est fortifiée par le té- moiotîP'j;^ 'e Bosman , qui dit en ter- mes f<>!'i»iols qu'il n'y a point de paons sur !;/ Côte-d'Or, et que l'oiseau pris p.ir M. de Foquembrog et par d'autres pour un paon est un oiseau tout dif- férent appelé kroon-vogel. De plus , la dénomination de paon d'Afrique , donnée par la plupart des voyageurs aux demoiselles de Numi- die , est encore une preuve directe que l'Afrique ne produit point de paons 5 et si l'on en a vu anciennement en Lybie, comme le rapporte Eustathe ., c'en étoit sans donte qui avoient passé ou qu'on avoit portés dans cette contrée I 1 I hi: fl ir lG6 HISTOIRE NATlTRF.r. LE (le l'AlViquo , Tiiiie des plus voisines de la Jiidëe, où Salomon en avoilrnis long-temps auparavant; mais il ne pa- roît pas qu'ils l'eussent adoptée pour leur patrie, et qu'ils s'y fussent beau- coup multipliés, puisqu'il y avoit des loix très -sévères contre ceux qui en avoient tué ou seulement blessé quel- ques-uns. Il est donc à présumer que ce n'étoit point des côtes d'Afrique que la Hotte de Salomon rapportoit les paons ; des côtes d'Afrique, dis-je, où ils sont fort rares, et où l'on n'en trouvée point dans l'état de sauvage ; mais bien des côtes d'Asie où ils abondent, où ils vi- vent presque par-tout en liberté, où ils subsistent et se multiplient sans le secours de l'homme, où ils ont plus de grosseur, plus de fécondité que par- tout ailleurs, où ils sont, en un mol, comme sont tous les animaux dans leur climat natm'cl. Des Indes ils auront facilement passé dah iiui f D U P A 0 N. 167 dans la partie occirlentale de l'Asie; aussi vovons-noiis dans Diodore de Si* rile ((u'il y en avoit l'^aucoiip dans la Babylonie : la Média en nourrissoit aussi de très-beaux, et en si grande quanlitc , que cet oiseau en a eu le sur- nom à'avis Medica. Thilostrate parle de ceux du Phase, ({ui avoient une huppe bleue , et les voyageurs en ont vu en Perse. De l'Asie ils ont passé dans la Grè- ce , où ils furent d'abord si rares, qu'à Athènes on les montra pendant trente ans à chaque néoménie comme un objet de curiosité , et qu'on accouroit en foule des villes voisines pour {qs voir. On ne trouve pas l'époque certn'*ne de cette émigration du paon de \È . ic dans la Grèce ; mais il y a preuve qu'il n'a commencé à paroitre dans ce der- nier pays que depuis le temps d'A- lexandre, et que sa première station, au sortir de l'Asie , a été l'ile de SauQOs. > l68 HISTOIRE NAT l/RELLB Le^ pHuiis n ont donc paru dans la Grèce que dt'pnis Alexandre; cu' ce conquérant n'en vit pour la première fois que dans les Indes , comme je l'ai déjà remarqué , et il fut tellement frappé de leur beauté , qu'il défendit de les tuer sous des peines très-sévè- res ; maij il y a toute apparence que peu de temps après Alexandre , et même avant la fin de son règne , ils devinrent fort communs ; car nous voyous dans le poète Antiplianes, con- temporain de ce prince , et qui lui a survécu , qu'une seule paire de paons apportée en Grèce s'y étoit multipliée à un iel point , qu'il y en avoit autant c]i:e dt cailles : et d'ailleurs Aristote , qui ne survécut que deux ans à son élève, parie en plusieurs e droits des paons comme d'oiseaux fort connus. E[\ second lieu, que l'ile de Samos ait été leur première station à leur passage d'Asie en Europe , c'est ce qui est probable par la position inôiue de I ^îl %s'^ D U P A 0 N. iGiJ celte île, qui est très-voisine du con- tinent de l'Asie ; et , de plus , cela est prouvé par un passage formel de Mo- iiodotus; quelques-uns même, forçant le sens de ce passage, et se p.é^ nt de certaines médailles samienn' s antiques où étoit représentée avec un paon à ses pieds, ont pretf: que Sanios étoit la patrie première un paon, le vrai lieu de son origine, d'où il s'étoit répandu dans l'orient comme dans l'occident; mais il est aisé devoir, on pesant les paroles de Menodotus, qu'il n'a voulu dire autre chose, sinon qu'on avoit vu des paons àSamos avant d'en avoir vu dans aucune autre con- trée située hors du continent de l'x^sie, de même qu'on avoit vu dans l'Eolie (ou l'Etolie) des méléagrides, qui sont bien connues pour être des oiseaux d'Afrique , avant d'en voir en aucun autre lieu de la Grèce (Velut,,.. quas infleagrldas vocant ex JEltoUâ) : d'ail- leurs , l'ile de Samos ofFroit aux paons , \ Oiseaux. X, lâ IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) fe 1.0 l.l 1.25 2.5 Z2 1.8 ^'^ 111 l.ô — 6" '^*J>/a / /À %^ y Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 %/i^ ^ lyO HISTOIRE NATURELLE un climat qui leur convenoit , puisqu'ils y subsistoient dans l'état de sauvage, et qu'Aulugelle regarde ceux de cette île comme les plus beaux de tous. Ces raisons étoient plus que suffisan- tes pour servir de fondement à la dé- nomination d'oiseau de Samos , que quelques auteurs ont donnée au paon ; mais on ne pourroit pas la lui appliquer aujourd'hui , puisque M. de Tourne- fort ne fait aucune mention du paon dans la description de cette île, qu'il dit être toute pleine de perdrix, de bé- casses , de bécassines , de grives ^ de pigeons sauvages , de tourterelles , de bec -figues, et d'une volaille excel- lente 5 et il i\y a pas d'apparence que M. de Tournefort ait voulu compren- dre sous la dénomination générique de volaille un oiseau aussi considérable et aussi distingué. Les paons ayant passé de l'Asie dans la Grèce , se sont ensuite avancés dans les parties méridionales de l'Europe, 3) ir P A 0 N. 171 et, de proche en proche, en France, en Allemagne, en Suisse et jusque dans la Suède , où , à la vérité , ils ne subsis- tent qu'en petit nombre , à force de soins , et non sans une altération consi- dérable de leur plumage , comme nous ie verrons dans la suite. Enfin les Européens , qui , par l'é- tendue de leur commerce et de leur navigation , embrassent le globe en- tier, les ont répandus d'abord sur les côtes d'Afrique, et dans quelques îles adjacentes; ensuite dans le Mexique, et de là dans le Pérou et dans quel- ques-unes des Antilles, comme Saint- Domingue et la Jamaïque, où l'on en voit beaucoup aujourd'hui , et où , avant cela, il n'y en avoit pas un seul , par une suite de la loi générale du cli- mat, qui exclut du Nouveau - Monde tout animal terrestre attaché , par sa nature , aux pays chauds de l'ancien continent; loi à laquelle les oiseaux pesans ne sont pas moins assujettis que \ ;tl ^-^-'^•!c;SaP- 17a HISTOIRE NATURELLE f les quadrupède r peut nier que les paons ne soient pas des oiseaux pesans, et les anciens l'avoient fort bien remarqué : il ne faut que jeter un coup d'œil sur leur conformation extérieure, pour juger qu'ils ne peu- vent pas voler bien haut ni bien long- temps ; la grosseur du corps , la briè- veté des ailes et la longueur embarras- sante de la queue, sont autant d'obsta- cles qui les empêchent de fendre Tair avec légèreté : d'ailleurs, les climnts septentrionaux ne conviennent poittt à leur nature, et ils n'y restent jamais de leur plein gré. Le coq paon n'a guère moins d'ar- deur pour ses femelles, ri guère moins d'acharnement à se battre avec les autres mâles, que le coq ordinaire 5 il en auroit même davantage s'il étoit vrai ce qu'on en dit que , lorsqu'il n'a qu'une ou deux poules, il les tour- mente , les fatigue , les rend stériles à force de les féconder, et trouble l'œuvre .-^f^j /' DU PAON. ,73 de la f^^nc'ration à force d'en répéter les actes : dans ce cas, les œufs sorlen: de Voviductus avant qu'ils ayent eu le teff.ps d'acquérir leur maturité; pour mettre à profit celte violence de tem- pérament, il faut donner au mâle cinq ou six femelles; au lieu que le coq ordinaire , qui peut suffire à quinze ou vingt poules, s'il est réduit à une seule, la féconde encore utilement , et la rend mère d'une multitude de petits poussins. Les paonnes ont aussi le tempérament fort lascif; et, lorsqu'elles sont privées de mâles, elles s'excitent entr'elles et en se frottant dans la poussière (car ce sont oiseaux pulvérateurs), et, se pro- curant une fécondité imparfaite , elles pondent des œufs clairs et sans germe, dont il ne résulte rien de vivant; mais cela n'arrive guère qu'au printemps, lorsque le retour d'une chaleur douce et vivifiante réveille la nature , et ajoute un nouvel aiguillon au penchant ; ) i\ 174 HISTOIRE NATURELLE qu'ont tous les êtres animt^s à se re- produire; et c'est peut-être par cette raison qu'on a donné à ces œufs le nom de zéphyriens fova zephyria) , non qu'on se 30 it persuadé qu'un doux zé- phyr suffise pour imprégner les paonnes et tous les oiseaux femelles qui pon- dent sans la coopération du mâle, mais parce qu'elles ne pondent guère de ces œufs que dans la nouvelle saison , an- noncée ordinairement et même dési- gnée par les zéphyrs. Je croirois aussi fort volontiers que la vue de leur mâle piaffant autour d'elles, étalant sa belle queue, faisant la roue , et leur montrant toute 1 ex- pression du désir, peut les animer en- core davantage, et leur faire produire un plus grand nombre de ces œufs sté- riles ; mais ce que je ne croirai jamais, c'est que ce manège agréable , ces ca- resses superficielles , et , si j'ose ainsi parler, toutes ces courbettes de petit- maître, puissent opérer une féconda- . / # . DU PAON. 175 lion véritable , tant qu'il ne s'y joindra pas une union plus intime et des appro- ches plus efficaces 5 et , si quelques per- sonnes ont cru que des paonnes avoient été fécondées ainsi par les yeux, c'est qu'apparemment ces paonnes avoient été couveites réellement sans qu'on s'en fût apperçu. L'âge de la pleine fécondité pour ces oiseaux est à trois ans , selon Aristote et Columelle , et même selon Pline , qui, en répétant ce qu'a dit Aristote, y fait quelques changemensj Varron fixe cet âge à deux ans , et des personnes qui ont observé ces oiseaux m'assurent que les femelles commencent déjà à pondre dans notre climat à un an, sans doute des œufs stériles | mais presque tous s'accordent à dire que l'âge de trois ans est celui où les mâles ont pris leur entier accroissement, où ils sont en état de cocher leur poule , et où la puissance d'engendrer s'annonce eu eux par une production nouvelle très- / i j lyS HISTOIRE NATURELLE considérable, celle des longues et belles plumes de leur queue, et par l'habitude qu'ils prennent aussitôt de les déployer en se pavanant et faisant la roue ; le superflu de la nourriture, n'ayant plus rien à produire dans l'individu , va s'employer à la reproduction de l'es- pèce. C'est au printemps que ces oiseaux se recherchent et se joignent 5 si on veut les avancer, on leur donnera le matin à jeun, tous les cinq jours, des fèves légèrement grillées , selon le pré- cepte de Columelle. La femelle pond ses œufs peu de temps après quelle a été fécondée ; elle ne pond pas tous les jours , mais seulement de trois ou quatre jours l'un : elle ne fait qu'une poiUe par an, selon Aristote , et cette ponte est de huit œufs la première année , et de douze les années suivantes : mais cela doit s'entendre des paonnes à qui on laisse le soin de couver elies-mémes leurs œufs ..d«.- '* -'^^V, .Sk S.^;jr..,,«,jfe-'; D U P A o N. i^y et de mener leurs petits^ au lieu que , si on leur enlève leurs œufs à mesure qu'elles pondent pour les faire couver par des poules vulgaires, elles feront trois pontes, selon Columelle; la pre- mière de cinq œufs , la seconde de quatre , et la troisième de deux ou trois. 11 paroît qu'elles sont moins fé- condes dans ce pays -ci, où elles ne pondent guère que quatre ou cinq œufs par an ; et qu'au contraire elles sont beaucoup plus fécondes aux Indes, où , selon Pie-re Martyr, elles en pon- dent de vingt à trente, comme je l'ai remarqué plus haut : c'est qu'en géné- ral la température du climat a beau- coup d'influence sur tout ce qui a rap- port à la génération , et c'est la clef de plusieurs contradictions apparentes qui se trouvent entre ce que disent les anciens et ce qui se passe sous nos yeux. Dans un pays plus chaud , les mâles seront plus ardens , ils se bat- tront enlr'eux , il leur faudra un plus jW.yj X t ■ \ 1, I 178 HISTOIRE NATURELLE grand nombre de femelles, et celles-ci pondront un plus grand nombre d'œufs ; au lieu que, dans un pays plus froid, elles seront moins fécondes , et les mâles moins chauds et plus paisibles. Si on laisse à la paonne la liberté d'agir selon son instinct , elle déposera ses œufs dans un lieu secret et retiré ; ses œufs sont blancs et tachetés comme ceux de dinde, et à -peu -près de la même grosseur; lorsque sa ponte est finie , elle se met à couver. On prétend qu elle est sujette à pon- dre pendant la nuit, ou plutôt à laisser échapper ses œufs de dessus le juchoir où elle est perchée; c'est pourquoi oa recommande d'étendre de la paille au- dessous , pour empêcher qu'ils ne se brisent. Pendant tout le temps de l'incuba- tioLi la paonne évite soigneusement le mâle, et tâche sur-tout de lui dérober sa marche lorsqu'elle retourne à ses œufs; car dans celte espèce, comme ,^ - -'■t. .*. est DU PAON. lyg dans celle du coq et de bien d*aiitres, le mâle , plus ardent et moins fidèle au vœu de la nature , est plus occupé de son plaisir particulier que de la mul- tiplication de son espèce 5 et , s'il peut surprendre la couveuse sur ses œufs, il les casse en s'approchant d'elle , et peut-être y met-il de l'intention , et cherclie-t-il à se délivrer d'un obstacle qui l'empêche de jouir : quelques-uns ont cru qu'il ne les cassoit que par sou empressement à les couver lui-même, ce seroit un motif bien différent. L'His- toire naturelle aura toujours beaucoup d'incertitudes; il faudroit, pour les lui ôter , observer tout par soi - même j mais qui peut tout observer ? La paonne couve de vingt - sept à trente jours, plus ou moins, selon la température du climat et de la saison : pendant ce temps on a soin de lui met- tre à portée une quantité suffisante de nourriture, de peur qu'étant obligée d'aller se repaître au loin elle ne quitte (■■f f' 180 HISTOIRE NATURELLE ses œufs trop long - temps , et ne les laisse refroidir ; il faut aussi prendre garde de la troubler dans son nid, ek de lui donner de l'ombrage ; car, par une suite de son naturel inquiet et dëfiant, si elle se voit découverte, elle abandonnera ses œufs el^ recommen- cera une nouvelle ponte qui ne vauiia pas lu première , à cause de la proxi- mité de l'hiver. On prétend que la paonne ne fait ja- mais éclore tous ses œufs à-la-fois, mais que , dès qu'elle voit quelques poussins éclos , elle quitte tout pour les con- duire; dans ce cas, il faudra prendre les œufs qui ne seront point encore ouverts , et les mettre éclore sous une autre couveuse ou dans un four d'in- cubation. Ëlien nous dit que la paonne ne reste pas constamment sur ses œufs , et qu'elle passe quelquefois deux jours sans y revenir ; ce qui nuit à la réus- site de la couvée. Mais je soupçonne D U P A 0 N. jt\l quelque méprise dans ce passage d'É- lieii , qui aura appliqué ù l'incubation ce qu'Aristote et Pline ont dit de la ponte , laquelle en effet est interrom- pue par deux ou trois jours de repos au lieu que de pareilles interruptions dans l'aclion de couver paroissent contraires à l'ordre de la nature, et h ce qui s'observe dans toutes les espèces C/onnues des oiseaux , si ce n'est dans les pays où la chaleur de l'air et du sol a;i;>roche du degré nécessaire pour l'incubation. Quand les petits sont éclos , il faut les laisser sous la mère pandant vingt- quatre heures , après quoi on pourra les transporter sous une mue. Frisch veut qu'on ne les rende à la mère que quelques jours après. Leur première nourriture sera la farine d'orge détrempée dans du vin ; du froment ramolli dans l'eau , ou même de la bouillie cuite et refroidie ; dans la suite, on pourra leur donner du Oiseaux. X. iS m- \ l8a HISTOIRE NATUR ELLE fromage blanc bien pressé , et sans au- cun pelit-lait, mêlé avec des poireaux hachés, et même des sauterelles, dont on dit qu'ils sont très-friands; mais il finit auparavant ôter les pieds à ces insectes. Quand ils auront six mois , ils mangeront du froment, de l'orge, du marc de cidre et de poiré, et même ils pinceront l'herbe tendre; mais cette nourriture seule ne suffiroit, point , quoiqu' Athénée les appelle gramini^ vores. On a observé que les premiers jours , la mère ne revenoit jamais coucher avec sa couvée, dans le nid ordinaire, ni même deux fois dans un même en- diait; et comme cette couvée si tendre et qui ne peut encore monter sur les arbres , est exposée à beaucoup de ris- ques, on doit y veiller de près pendant ces premiers jours, épier l'endroit que la mère aura choisi pour son gîte , et mettre ses petits en sûreté sous une mue , ou dans une enceinte formée DU PAON. l85 en plein champ avec des claies prépa- rées, etc. Les paonneaux , jusqu'à ce qu'ils soient un peu forts , portent mal leurs ailes , les ont traînantes , et ne savent pas encore s'en servir : dans ces com- mencemens , la mère les prend tous les soirs sur son dos , et les porte l'un après l'autre sur la branche où ils doivent passer la nuit ; le lendemain matin elle saute devant eux du haut de l'ar- bre en bas , et les accoutume à en faire autant pour la suivre , et à faire usage de leurs ailes. Une mère paonne , et même une poule ordinaire , peut mener jusqu'à vingt- cinq petits paonneaux , selon Columel- le 5 mais seulement quinze , selon Palla- dius ; et ce dernier nombre est plus que suffisant dans les pays froids , où les petits ont besoin de se réchauffer de temps en temps, et de se mettre à l'abri sous les ailes de la mère qui ne pourroit pas en garantir vingt-cinq à la fois. I : * .1 l84 HISTOIRE N TURBLLK On dit que si ih poule ordinaire qui mène ses poussins voit une couvée de petits paonneuux, elle est tellement frappée de leur beauté, qu'elle se dé- goûte de ses petits , et les abandonne pour s'attacher à ces étrangers; ce que je rapporte ici non comme un lait vrai , mais comme un fait à vérifier; d'autant plus qu'il me paroît s'écarter du cours ordinaire de la nature , et que dans les premiers temps, les petits paonneaux ne sont pas beaucoup plus beaux que les poussins. A mesure que les jeunes paonneaux se fortifient, ils commencent à se battre (sur -tout dans les pays chauds); et^ c'est pour cela que les anciens , qui paroissent s'être beaucoup plus occu- pés que nous de l'éducation de ces oi- seaux , les tenoient dî^ns de petites cases séparées : mais les meilleurs en- droits pour les élever, c'étoient , selon eux , ces petites îles qui se trouvent en quantité sur les côtes d'Italie, telle, D U PAON. i8j par exemple , cfue celle de Planasie , appartenante anx Pisans : ce sont eu efïet les seuls endroits où l'on puisse les laisser en liberté, et presque dans l'état de sauvage , sans craindre qu'ils s'échappent, attendu qu'ils volent peu et ne nagent point du tout , et sans craindre qu'ils deviennent la proie de leurs ennemis, dont la petite île doit être purgée: ils peuvent y vivre, selon leur naturel et leurs appétits , sans contrainte, sans inquiétude, ils y pros- péroient mieux , et ce qui n'étoit pas négligé par les Romains , leur chair éloit d'un meilleur goiit : seulement pour avoir l'œil dessus, et reconnoîtrc si leur nombre augmentoit ou dimi- nuoit, on les accoutumoit à se rendre tous les jours à une heure marquée et à un certain signal , autour de la maison où on leur jetoit quelques poignées de grain pour les attirer. Lorsque les petits ont un mois d'âge ou un peu plus , l'aigrette commence à ,t • i , ^ 180 HISTOIRE NATURELLE leur pousser, et alors ils sont malades coinme les dindonneaux lorsqu'ils pous- sent le rousse : ce n'est que de ce mo- ment que le coq - paon les reconnoît pour les siens ; car tant qu'ils n'ont point d'aigrette, il les poursuit comme étrangers ; on ne doit néanmoins les mettre avec les grands que lorsqu'ils ont sept mois, et s'ils ne se.perclioient pas d'eux-mêmes sur le juchoir, il faut les y accoutumer, et ne point souffrir qu'ils dorment à terre, à cause du froid et de l'humidité. L'aigrette est composée de petites plumes, dont la tige est garnie depuis la base jusqu'auprès du sommet, non de barbes , mnis de petits filets rares et détachées; le sommet est formé de barbes ordinaires unies ensemble , et peintes des plus belles couleurs. Le nombre de ces petites plumes est variable; j'en ai compté vingt - cinq dans un maie, et trente dans une fe- melle ; mais je n'ai pas observé un 1 i est fe- un DU PAON. 187 nssez grand nombre d'individus pour assurer qu'il ne puisse pas y en avoir plus ou moins. L'aigrette n'est pas un cône renversé comme on le pourroit croire, sa base, qui est en haut , forme une ellipse fort a longée , dont le grand axe est posé selon la longueur de la tête ; toutes les plu- mes qui la composent ont un mouve- meqt particulier assez sensible, par le- quel elles s'approchent ou s'écartent les unes des autres , au gré de l'oiseau , et un mouvement général par lequel l'ai- grette entière , tantôt se renverse en ar- rière, et tantôt se relève sur la tête. Les sommets de cette aigrette ont, ainsi que tout le reste du plumage , des couleurs bien plus éclatantes dans le mâle que dans la femelle ; outre cela , le coq-paon se distingue de sa poule, dès l'âge de trois mois , par un peu de jaune qui paroîtau bout de l'aile; dans la suite il s'en distingue par la grosseur, par un éperon à chaque pied , par la longueur tm ^\ 188 HISTOIRE NATURELLE de sa queue, et par la faculté de la re- lever et d'en étaler les belles plumes , ce qui s'appelle /à/ré? la roue. Wil- lulgliby croit que le paon ne partage qu'avec le dindon cette faculté remar-r quable : cependant on verra dans le cours de cette histoire qu'elle leur est commune avec quelques tétras ou coqs de bruyère , quelques pigeons, etc. Les plumes de la queue , ou plutôt ces longues couvertures qui naissent de dessus le dos auprès du croupion , sont en grand ce que celles de l'aigrette sont en petit ; leur tige est pareillement gar- nie, depuis sa base jusque près de l'ex- trémité, de filets détachés de couleur changeante, et elle se termine par une plaque de barbes réunies , ornée de ce qu'on appelle lœil, ou le miroir: c'est une tache brillante , émaillée des plus belles couleurs^ jaune doré de plusieurs nuances, vert changeant en bleu et en violet éclatant , selon les difïérens as- pects ; et tout cela empruntant encore •■^. D U P A 0 N. 189 lin nouveau lustre de la couleur du cen- tre qui est un beau noir velouté. Les deux plumes du milieu ont en- viron quatre pieds et demi , et sont les plus longues de toutes , les latérales allant toujours en diminuant de lon- gueur jusqu'à la plus extérieure ; l'ai- grette ne tombe point, mais la queue tombe chaque année , en tout ou en partie , vers la fin de juillet, et repoussa au printemps; et pendant cet intervalle l'oiseau est triste et se cache. La couleur la plus permanente de la tête, de la gorge , du cou et de la poi- trine, c'est le bleu avec difFérens re- flets de violet, d'or et de vert éclatant; tous ces reflets , qui renaissent et se. multiplient sans cesse sur son plumage , sont une ressource que la Nature sem- ble s'être ménagée pour y faire paroî- tre, successivement et sans confusion, un nombre de couleurs beaucoup plus grand que son étendue ne sembloit le comporter : ce n'est qu'à la faveur de i I QO HISTOIRE NATURELLE cette heureuse industrie que le paon pouvoit suffire à recevoir tous les dons qu'elle lui destinoit. De chaque côté de la tête , on voit un renflement formé par les petites plumes qui recouvrent le trou de To- reille. Les paons paroissent se caresser ré- ciproquement avec le bec ; mais en y regardant de plus près , j'ai reconnu qu'ils se a;rattoient les uns les autres au- tour de la tête , où ils ont des poux très-vifs et très-agiles ; on les voit cou- rir sur la peau blanche qui entoure leurs jeux , et cela ne peut manquer de leur causer une sensation incommode; aussi se prêtent- ils avec beaucoup de com- plaisance , lorsqu'un autre les gratte. Ces oiseaux se rendent les maîtres dans la basse-cour, et se font respecter de l'autre volaille qui n'ose prendre sa pâture qu'après qu'ils ont fini leur re- pas : leur façon de manger est à-peii- près celles des gallinacés , ils saisisent le paon dons n voit jeliles le l'o- er ré- î en y connu es au- poux it cou- e leurs le leur ; aussi com- te. laîtres Ipecter Idre sa mr re- |-pen- >ent le DU PAON. i^r grain de la pointe du bec et l'avalent sans le broyer. Pour boire, ils plongent le bec dans l'eau , où ils font cinq ou six mouvemens assez prompts de la mâchoire infé- rieure , puis en se relevant et tenant leur tête dans une situation horizon- tale, ils avalent l'eau dont leur bouche s'étoit remplie, sans faire aucun mou- vement du bec. Les alimens sont reçus dans l'œsopha- ge, où l'on a observé, un peu au-dessus de l'orifice antérieur de l'estomac , un bulbe glanduleux , rempli de petits tuyaux qui donnent en abondance une liqueur limpide. L'estomac est revêtu à l'extérieur d*un grand nombre de fibres motrices. Dans un de ces oiseaux, quia été disséqué par Gaspard Bartholin , il y avoit bien deux conduits biliaires; mais il ne se trouva qu'un seul canal pancréa- tique , quoique d'ordinaire il y en ait deux dans les joiseaux. ^i\ w. ./ ,ff : 192 HISTOIHK NATURELLE Le cœcum (*toit double , et dirige d'ar- rière en avant ; il (^galoit en longueur tons les autres intestins ensemble, et les surpassoit en capacité. Le croupion est très - gros , parce qu'il est chargé des muscles qui servent à redresser la queue et à répanouir. Les excrémens sont ordinairement moulés, et chargés d'un peu de cette matière blanche qui se trouve sur les exciémens de tous les gallinacés et de beaucoup d'autres oiseaux. On m'assure qu'ils dorment , tantôt en cachant la tête sous l'aile, tantôt en foisant rentrer leur cou en eux-mêmes , et ayant le bec au vent. Les paons aiment la propreté , et c'est par cette raison qu'ils tâchent de re- couvrir et d'enfouir leurs ordures , et non parce qu'ils envient à l'homme les avantages qu'il pourroit retirer de leurs excréaiens , qu'on dit être bons pour Je mal des yeux , pour améliorer la terre , etc. , mais dont apparemment ils î d'ar- ^ueur et les parce rvent ir. îment 1 celle ur les et de tantôt itôt en êiues , 2t c'est e re- s , et Ine les leurs pour Irer la !nt iU DU PAON. lyZ ne connoissent pas toutes leà propriélés. Quoiqu'ilsne puissent pas voler beau- coup , ils aiment à grimper; ils passent ordinairement la nuit sur les combles des maisons , où ils causent beaucoup de dommage , et sur les arbres les plus élevés; c'est de là qu'ils font. souvent entendre leur voix qu'on s'accorde à trouver désagréable , peut-être parce qu'elle trouble le sommeil , et d'après laquelle on prétend que s'est formé leur nom dans presque toutes les lan- gues. .On prétend que la femelle n'a qu'un seul cri qu'elle ne fait guère entendre qu'au printemps , mais que le mâle en a ..trois : pour moi j'ai reconnu qu'il avoit deux tons , l'un plus graVe , qui tient plus du hautbois ; l'autriB plus RÎgu , précisément à l'octave du pre- mier, et qui tient plus des sons per- çans de la trompette ; et j'avoue qu'à mon oreille ces deux tons n'ont rien de choquant, de même que je n'ai rien Oiseaux. X. t? \É' 11 I -rfttsr.^ ir».. 194 HISTOIRE NATURErtE pu voir de difioime dans ses pieds; et ce n'est qu'en prêtant aux paons nos mauvais raisonneinens et nu'îine nos vices , iprou a pu supposer que leur cri ii'étoit autre chose qu'un gémissenic ni arraché à leur vanité , toutes les lois qu'ils ap])ei(-oivent la laideur de leurs pied*^. 1 iiéonhraste avance que leurs cris souvent répétés sont un présage de pluie; d'autres qu'ils l'annoncent aussi lorsqu'ils grimpent plus haut que de coutume; d'autres que ces métiies cris pronostiquoient la mort à quelque voi- sin ; d'autres enfin , que ces oiseaux portoient toujours sous l'aile un inor> ceau de racine de lin comme un amu- letle naturelle pour se préserver des fascinations.... tant il est vrai que toute chose dont on a beaucoup parlé a l'ait dire beaucoup d'inepties ! Outre les difFérens cris dont j'ai fait mention, le mâle et la femelle produi- sent encore un certain hruit sourd , i i i D U P A 0 N. I(j5 lin craquement dloufTiS, nixî voix in- térieure et renfermée , qu'ils répètent souvent, et quand ils sont inquiets, et quand ils paroissent tranquilles ou même contens. Pline dit qu'on i remarqué de la sympathie entre lespij.»'ons et les pnons; et Cléarque parle l'un le ces deriiers, qui avoit pris un t allacheme it pour une jeune pe sonm qu« l'ayant vue mourir, il ne put lui su^^vi re. Mais une sympathie plus nalui ! ^ et mieux fon- dée , c'est celle qui a ' observée en- tre les paons et les dm ons : ces deux oi eaux sont du petit u libre des oi- seaux qui redressent 1» ur queue et font la roue, ce qui sup )se bien des qualités Communes, aussi s'accordent- ils mieux ensemble qu'avec tout le reste de la volaille ; et l'o-- prétend même qu'on a vu un coq-paun couvrir inie pcule d'Inde, ce qui indiqueroit une gnnde analogie entre les deux espèces. I »ïi«s^»!i. at-^M^ . i\ \Ci 1^)6 HISTOIRE Naturelle Là durëe de Ja vie du pùon est de vingt -cinq ans selon les anciens» et cette délernîination me paroit bièh fondée, puisqu'on sait que le pâou est entièrement formé avant trois ans , et que les oiseaux en général vivent plus long-temps que les quadrupèdes, par-^ ce que leurs os sont plus ductiles; mais je suis surpris que M. Willulghby ait cru , sur l'autorité d'^Elien , que cet oiseau vivoit jusqu'à cent ans , d'autant plus que iô cécit d'^lien est mêlé de plusieurs circonstances visiblement fa- buleuses. J'ai déjà dit que le paon se liourris- soit de toutes sortes de graines comme les gallinacés ; les anciens luidonnoient ordinairement par mois un boisseau de froment, pesant environ vingt li- vres; il est bon de savoir que la fleur de sureau leUr est contraire , et que la feuille d'ortie est mortelle aux jeunes paonneaux , selon Franzius. Comme les paons vivent aux Indes S^ t' r « •> - \r est de ns, et i bièh loii est ns , et nt plus i , par- j; mais iby ait [ue C(ît l'autartt lêlé de lent fà- lourris- comme nnoient oisseau ingt li- la fleur que la jeunes Indes DU PAON, dans rétat de 197 'est aussi dans sauvage ce pays qu'on a inventé l'art de leur don- ner la chasse : on ne peut guère les ap- procher de jour, quoiqu'ils se répandent dans les champs par troupes ftssez nom- breuses , parce que , dès qu .3 décou- vrent le chasseur, ils fuient devant lui plus vite que la perdrix , et s'enfon- cent dans les broussailles où il n'est guère possible de les suivre; ce n'est donc que la nuit qu'on parvient à les prendre , et. voici de quelle manière se fait cette chasse aux environs de Cam^aie^ On s'approche de l'arbre sur lequel ils soiit perchés, on leur présente une espèce de bannière , qui porte deux chandelles allumées, et où l'on a pein' des paoqs au naturel 5 le paon , ébloif l par cette liimière , ou bien occupé à considérer les paons eu peinture qui sont sur la bannière , avance le cou , le retire , Talonge encore , et lorsqu'il se Irouve dans un nœud coulant qui y a i I 1 i I9C HISTOIRK NATURIÎLIC éiôi \)\i\v.6 expiTS , OU tiro la corde et on se rend maître de l'oiseau. Nous avons vu que les Grecs lai- soient grand cas du paon, mais ce n'é- toit que pour rassasier leurs yeux de Ja beauté, de sort plumage : au lieu que ]es lloinains, qui ont poussé plus loin tous les excès du luxe , parce qu'ils (Ploient plus puissans , se sont rassasiés repliement de sa chair; c-e lut l'orateur Hortensius qui imagina le premier d'en faire servir sur sa table , et son exemple ajant élé suivi , cet oiàeau devint très-cher à Rome , et les empe- reurs renchérissant sur le luxe des particuliers , on vit un Vitelllius , un Héliogabale, mettre leur gloire à rem- plir des plats immenses de têtes et de cervelles de paons , de langues de phénicoptères , de foie de scares , et à en composer des mets insipides , qui n'a voient d'autre mérite que de sup- poser une dépense prodigieuse et un luxe excessivement destructeur. i; •: \ • D ir PAON. î()() Bans ces temps -là un tmupeau de cent de ces oiseniix pouvoit rendte soixante mille sesterces, en n'exigeant de celui à qui on en confioit le soin que trois paons par couvée ; ces soixante înille sesterces reviennent, selon l'éva- luation de Gassendi , à dix ou douze mille francs; chez les Grecs, le maie et la femelle se vendoient mille di allâ- mes, ce qui revient à hitit cents qua- tre-vingt-sept livres dix sous , selon la plus forte évaluation , et à vingt- quatre livres selon la plus foible : mais il me paroît que cette dernière est beaucoup trop foible, sans quoi le pas- sage suivant d'Athénée ne srgnifieroit rien. N'y a-t-il pas de la fureur à nour- rir des paons dont le prix n'est pas moindre cjute celui des statues ! Ce prix étoit bien tombé au commence- ment du seizième siècle, puisque dans la nouvelle coutume du Bourbonnois, qui est de iBar , un paon n'étoit estimé que deux sous six deniers de ce temps-là. 1 1^ ...—._*. — •.. -.- 1 Mi ri M-^ 1' :j 11 20Q HISTOIRE NATURELLE que M. Dupré de Saint-Maur évalue à trois livres quinze sous d'aujourd'hui. Mais il parpît que peu-à-près cette épo- que , le prix de ces oiseaux se releva ; car Bruyeir nous apprend qu'aux en- environs de Lisieux , où loi^ avoit la fa- cilité de les nourrir avec du marc de <;idre , on en élevoit des troupeaux dont on tiroit beaucoup de profit , par- ce que j çouame ils étoient fort rares dans le r^ste du royaume , on en en- voyoit de là dc^ps toutes (es grandes villes pour les rçpas d'a|ipaveil ; au reste, il ny a gyère que les jeunes quç ion puisse nianger; les viçqx sQnt trop durs, et d'autant plus durs „ que leur chair est nHturqlleinent fort sèche 5 et c est sans doute à cette qualité qu'elle doit la propriété singulière , et qui paroit ^sse» avérée , de se conserver sans corruption pendant plusieurs an- nées 5, on en sert cependant quelquefois de vieqx, iic^is c'est plus ponn* l'appa- veil que pour l'usage, car on les sert ïii ^ E évalue rd'hui. te épo- •eleva j ux fin- it la fa- larc de j peaux : , par- t rares en en- ;i:ande8 \l : au les que ai trop le leur be; et u'eJle et qui server rs an- uefois appa- s sert il i DU P A O M. 20 r revêtus de leurs belles plumes , et c'est une recherche de luxe assez bien en- tendu que l'élégance industrieuse des modernes a ajoutée à la magnificence effrénée des anciens : c'étoit sur un paon ainsi préparé que nos anciens cheva- liers faisoieut, dans les grandes occa- sions, leur vœu appelé le vœu du paon. On employoit autrefois les plumes de paon à faire des espèces d'éventails; on en formoit des couronnes en guise de laurier pour les poètes appelés troubadours. Gesner a vu une étoffe dont la chaîne étoit de soie et de £1 d'or, et la trame de ces mêmes plu- mes; tel étoit sans doute le manteau tissu de plumes de paon , qu'envoya le pape Paul m au roi Pépin. Selon Aldrovande , les cjeufs de paon sont regardés par tous les modernes comme une mauvaise nourriture, tan- dis que les anciens les mettoient au premier rang, et avant ceux d'oie et de poule commune : il explique celte lii Il ■ mk \- ■ tti ■" h% ;V li^h 2(^a II t S I 0 1 n K N A T IT n F T. T. R routradii'tioiuMi disant ((u'ils sont boiiR «u ^out vi mauvais h la santé ; reste À examiner si lu lenjpéraluro iln cli- luat H auroil pas oucoro ici ((uel([iriii- iliionœ. L E P A O IN B LAN C. liK climat n*înllu(^ pas moins sur lo plumage des oiseaux i]uo sui* lo pelafi;(î des quadruptNdes : nous avons vu dans les volumes piAédens (|ue le li(Nvre, i'Jiermiue, et la plupart des autres ani- maux étoient sujets ù devenir blancs dans les pajs IVoids, sur-tout pendant rjiiver; et voici une esptVo de paons, ou, si l'on veut, une variété qui paroît «voir éprouvé les mêmes etl'els par la même cause , et plus ji,rands encore , puisqu'elle a produit une race cons- tante dans cette espèce, et qu'elle sem- ble avoir ap plus Ibrlement sur les plumes de cet oiseau ; car la blancheur des lièvres et des hermines n'est que passagère, et n'a lieu que pendant Ihi- A. que riii- DU P A O 5. 2o3 vcM* , ainsi (jiu^ c('\U^ (le Ifl gi^liuollo iilanclio on du hi'j;(>p(>(l(î ; nci lien que !(> pnoi) hlniic est toujours blanc, et dans lou8 I(îs pays , \'6{é comme l'hi- ver , à lloiue coinnio à Torneo ; et celle couleiu* nouvelle est même «i fixe, (|ue des œid's de cet oiseau pon- dus et éclos (Ml Jtalie, doiuient encor Irova o des paons blancs. Celui (|u AIdrovande a l'ait dessiner , c4oit né à Bologne , d'où il uvoit pris occasion de douter int les temps stances ans les l'Asie, es pays é trans- passer, t par le e sache itte mi- 'est pas un côté Scaliger blancs ►uis ibrt ôté , je recs ne ^ristote âgé m* D U P A 0 N. 20I7 ration des animaux , des couleurs va- riétés du paon, et ensuite des perdrix blanches, des corbeaux blancs, des moineaux blancs , ne dit pas un mot des paons blancs. • Les modernes ne disent rien non plus de rhistoire de ses oiseaux ; si ce n'est que leurs petits sont fort délicats à élever : cependant il est vraisembla- ble que l'influence du climat ne s'est point bornée à leur plumage, et qu'elle se sera étendue plus ou moins jusque sur leur tempérament , leurs habi- tudes, leurs mœurs ; et je m'étonne qu'aucun naturaliste ne se soit encore avisé d'observer les progrès , ou du moins le résultat de ces observations plus intéressantes et plus profondes : il me semble qu'une seule observation de ce genre seroit plus intéressante , feroit plus pour l'Histoire naturelle, que d'aller compter scrupuleusement toutes les plumes des oiseaux , et dé- crire laborieusement toutes les teintes Oiseaux. X. 18 iif <"-■ 20G HISTOIRE NATURELLE et demi-teintes de chacune de leurs barbes dans les quatre parties du monde. Au reste , quoique leur plumage soit entièrement blanc, et particuliè- rement les longues plumes de leur queiie, cependant on y distingue en- core à l'extrémité des vestiges mar- qués de ces miroirs qui en faisoient le plus bel ornement , tant l'empreinte dés couleurs primitives étoit pro- fonde i II seroit curieux de chercher à ressusciter ces couleurs , et de déter- miner par l'expérience, combien de temps et quel nombre de générations il faudroit dans un climat convenable, tel que les Indes , pour leur rendre leur premier éclat. LE PAON PANACHÉ. Frisch croit que le paon panaché n'est autre chose que le produit du mélange des deux précédens , je veux leurs du iS image iculiè- e leur Lie en- i mar- ient le preinte t pro- rcher à déler- 3Îen de irations nable, rendra É. maclié luit du veux X u V A 0 F. 207 clire du paon ordiiKiire et du paon blanc; et il porte en effet sur son plu- mage l'empreinte de cette double ori gine; car il a du blanc sur le ventre , sur les ailes et sur les joues , et dans tout le reste, il est comme le poan or- dinaire, si ce n'est que les miroirs de la queue ne sont ni si larges , ni si ronds , ni si bien terminés : tout ce que je trouve dans les auteurs sur l'histoire particulière de cet oiseau se réduit à ceci,que leurs petits ne sont pas aussi dé- licats à élever que ceux du paon blanc. Oiseaux étrangers qui paraissent avoir rapport avec le Faon, I. LE CHINQUIS. Dans l'incertitude où je suis, si cet oiseau est un véritable paon ou non, je lui donne, ou plutôt je lui con- serve le nom de chinquis , formé de son nom chinois chin-tchien-khi , c'est 0 I ^c- Jt... - *"**^i«J4ei^ ^ar*"**.^ -^ \' 'h 2t)8 îl l s T 0 T n R NATURELLE l;i (lixit^iiu^ ospèc • du j^iMiro dca laisans t\v M. Brissoii; il se tiHiuvo au Tihel, d'nd cet nu leur a pris occasiou do le nommer/jmm du Tibet, Sa f»rossPui' est celle de la piutade; il a l'iris des yv.wx jauue , le bec ceudrd, les pieds gris , le lond du plumaj»ecemlr(S varit^ de lijijues noires et de points blancs; mais ce (fui eu fait l'oruement principal et disliuc- tif, ce sont de belles et grandes taches rondes d'un bleu t^clatant, cliangeant en violet et en or , re^paudues une i\ «ne sur les plumes du dos et les cou-r verliu'es des ailes , deux à deux sur les pennes des ailes, et quatre k quatre sur les lonj^uescouvertures de la queue, dont les deux du milieu sont les plus longues de toutes, les latérales allant toujours en se raccourcissant de cha- que côté. On ne sait ou pUitôt on ne dit rien de son histoire , pas même s'il fait la roue en relevant en éventail ses belles plumes chargées de miroirs. i I 1) U r A 0 N. •'MH) Il nr finiit pnsconloiulK^ Ir cltinqiiis rvcc le kiiiki , ou poule dorf^f! de la Cliim», dont il ost parité duns les rel/i- fions doNnvarolle, Trigault, duHal- de,etqui, autaul qu'on en peut ju- ger par dos descriptions iniparfailes , n'est nuire chose que tiolre tricolor huppe. II. LE SrïCIFÈRE. J'appelle ainsi le huilic^me faisan de M. Brisson , qu'AIdrovande n noin- n\^ paon du Japon , tout en avouant qu'il ne ressembloit à notre paon que par les pieds et la queue. Je lui ai donné le nom de spicifvre , i\ cause de l'aigrette en forme d't^pi qui s'ëlève sur sa têle ; celte aigrette est haute de quatre pouces , et paroît (^mail- lée de vert et de bleu ; le bec est dô couleur cendrée , plus long et plus menu que celui du paon ; l'iris est • • l\ ■.'?- ■dEtc* 210 HISTOIRE NATURELLE jaune , et le tour des yeux rouge comme dans le faisan: les plumes de la queue sont en plus petit nombre , le fond en est plus rembruni et les miroirs plus grands , mais brillans des mêmes cou- leurs que dans noire paon d'Europe; Ja distribution des couleurs forme sur la poitrine , le dos et la partie d^s ailes la plus proche du dos , des espèces d'é- cailles qui ontdifîefens reflets en diffé- rens endroits, bleus sur la partie des ailes là plus proche du dos, bleus et verts sur le dos, bleus, verts et do- rés sur la poitrine ; les autres pennes de l'aile sont vertes dans le milieu de leur longueur , ensuite jaunâtres , et finissent par être noires à leur extré- mité ; le sommet de la tête et le haut du cou ont des taches bleues , mêlées de blanc sur un fond verdâtre. Telle est à-peu-près la desciiplion qu Aldrovande a faite du mâle, d'après une figure peinte que l'empereur du Japon avoit envoyée au pape; il ne E ;omme queue bnd en rs plus es cou- iurope; me sur ^es ailes ces d'é- n diffé- rtie des bleus et , et do- pennes ûlieu de très , et r extré- le haut mêlées iCiiption , d'après ireur du î; il ne DUPAOH. 2fl dit point s'il étale sa queue comme no- tre paon , ce qu'il y a de certain, c'est qu'il ne l'étalé point dans la figure d* Al- drovande, et qu'il y est même repré- senté sans éperons aux pieds , quoi- qu Adrovande n'ait pas oublié d'en faire paroître dans la figure du paon ordinaire, qu'il a placée vis-à-vis poiit servir d'objet de comparaison. ' Selon cet auteur, la femelle est plus petite que le mâle , elle a les mêmes couleurs que lui sur la tête , le cou , la poitrine, le dos et les ailes; mais elle en diffère en ce qu'elle a le dessous du corps noir, et en ce que les couver^- tures du croupion , qui sont beaucoup plus courtes que les pennes de la queue , ^ont ornées de quatre ou t;inq miroirs assez larges , relativement à la gran- deur des plumes; le vert est la couleur dominante de la queue , les pennes en sont bordées de bleu , et les tiges de ce« pennes sont blanches. Cet oiseau paroît avoir beaucoup de :ji 2T2 HISTOIRE NATURELLE rapport avec celui dont parle Kœmp- fer dans son histoire du Japon , sous le nom ùefaisan; ce que j'en ait dit sufïil pour faire voir qu'il y a plusieurs traits de conformité et plusieurs traits de dis- semblance , soit avec le paon , soit avec le faisan, et que par conséquent il ne devoit point avoir d'autre place que celle que je lui donne ici. III. fit ■ ' ■ . ' . ■ ' • L' É P E R O N N I E R. Cet oiseau diffère du paon , non-seu- lement par le rapport de la queue, par la configuration et le nombre des pen- nes dont elle est composée, mais encore par les proportions de sa forme exté- rieure, par la grosseurdeJa tête et du cou , et en ce qu'il ne redresse et n'é- panouit point sa queue comme le paon, qu'il n'a au lieu d'aigrette qu'une es- pèce de huppe plate , formée par les plumes du sommet de la tête qui se re- LE Kœmp- , sous le dit suiîit urs traits tsdedis- soitavec !nt il ne lace que R. non-seu- pue,par les pen- encore e exté- e et du et n'é- epaon, ine es- par les i se re- D u p A o N. 2iTy lèvent, et dont Ja pointe revient un peu en avant ; enfin , le mâle diffère du coq-paon, par un double éperon qu'il a à chaque pied , caractère presque uni- que , d'après lequel je lui ai donné le nom à'éperonnier, L'éperonnier a l'iris des yeux jaune , ainsi que l'espace entre la base du bec, l'œil et le bec supérieur rouges ^ l'in- férieur brun-foncé, et les pieds d'un brun - sale : son plumage est d'une beauté admirable; la queue est semée de miroirs ou de taches brillantes, de forme ovale et d'une belle couleur de pourpre avec des reflets bleus , verls et or ; ces miroirs font d'autant plus d'effet qu'ils sont terminés et déta- chés du fond par un double cercle, l'un noir et l'autre orangé obscur. Chacjue penne de la queue a deux de ces mi- roirs accolés fun à l'autre , la ♦ige entre deux; et, malgré cela, comme cette queue a infiniment moins de plu- mes que celle du paon , elle est beau- '?■ Il (! 214 HISTOIRE NATURELLE coup moins chargée de miroirs ; mais en récompense , l'éperonnier en a une très-grande quantité sur le dos et sur les ailes, ou le paon nen a point du tout ; ces miroirs des ailes sont ronds y et comme le fond du plumage est brun , on croiroit voir une belle peau de mar- tre zibeline, enrichie de saphirs, d'o^ pales , d'émeraudes et de topazes. î Les plus grandes pennes de l'aile n'ont point de miroirs , toutes les au- tres en ont chacune un ; et quel qu'en soit l'éclat , leurs couleurs , soit dans les ailes, soit dans la queue , ne pénè- trent point jusqu'à l'autre surface de la penne , dont le dessous est d'un som- bre uniforme. Le mâle surpasse en grosseur le fai- san ordinaire; la femelle est d'un tiers plus petite que le mâle , et paroit plus leste et plus éveillée ; elle a comme lui l'iris jaune, mais point de rouge dans le bec, et la queue beaucoup plus pe- tite 5 quoique ses couleurs approchent LE rs; mais en a une s et sur point du it ronds y 3st brun, de mar- irs, d'o*- tzes. ! de laiie } les au- el qu'en oit dans le pénè- rface de un som- r le fai- un tiers oit plus nme lui ge dans us pe- rochent D u p A o N. 2 1 5 plus de celles du mâle que dans Tes" pèce des paons et des faisans , cepen- dant elles sont plus maltes , plus étein- tes 5 et nont point ce lustre, ce jeu , ces ondulations de lumière qui font un si bel effet dans les miroirs du mâle. Cet oiseau étoit vivant à Londres l'année dernière, d'où M. le chevalier Gôdrington en a envoyé des dessins co- loriés à M. Daubenton le jeune. Espèces connues dans ce genre. Le Paon, papo Cristatus, L'Éperonnier , papo Bicalcaratus, lie Chinquis , papà Thièetanu^, hé Spioifère , p^ivo Muticuf» k » m m 11 II" ^1 r' t\ un ■■■»»ni Tsr^ 2l6 HISTOIRE NATURELLE L X I Ve GENRE. LE DINDON, ME LE J GRIS. Caractère générique : face nue , verru- queuse, caronculée. LE DINDON. Si le coq ordinaire est l'oiseau leplys utile de la basse-cour , le dindon do- mestique est le plus remarquable , soit par la grandeur de sa taille, soit par la forme de sa tête, soit par certaines ha- bitudes naturelles qui ne lui sont com- munes qu'avec un petit nombre d'au- tres espèces ; sa tête , qui est fort pe- tite à proportion du corps , manque de la parure ordijnaire aux oiseaux 5 car ILLE RE. E A GRIS. ue, verru- •■•?•*■ »* •■--.'SV' i^'-'.J. I •r !-'■ eau le plus îindon (Jo- uable , soit soit par la ertaines ha- sont Gom- nbre d'au- 3St fort pe- manque de seaux 5 car m ■ x :t •*■«.*: i^'lyt ■ ■m m ri<%--M ■•^ ^■1 ,..»««, if^V^iilr y»-:'-- •^.'•'i T.? 'I-'S- *' '■i».:i • ■■■H: -m "*.:•?*; itJ-M%-:^-) \ • k t' ,twJ \ i PiT^ . A/7 \ . IJ<; DJNJ^ON . j . IJ'l MAlîATI. . Ai m { '1 i mm I i \ r/ \ l ./ îV. \^:*\ 1 ^''.:.\i"77Z ^' s»-.». , I I. k m 220 HISTOIRE NATURELLE vient furieux ; il s'ëiance , il attaque à coups de bec , et fait tous ses efforts pour éloigner un objet dont la présence semble lui être insupportable. ' Il est remarquable et très-singulier que cette caroncule conique, qui sa^ longe et se relâche loi^âque l'animal est agité d'une passion vive , se relâche de même après sa mort. * Il y a des dindons blancs, d'autreà variés de noir et de blanc, d'autres dé blanc et d'un jaune rotUssâtre, et d'au- tres d'un gris uniforrtie, qui sont lèé plus rares de tous ; mais le plus grand nombre a le plumage tirant sur le noir| avec un peu de blanc à l'extrémité des plumes; celles qui couvrent le dos et le dessus des ailes sont quarrées par lé bout; et parmi celles du croupion , et même de la poitrine , il y en a quel- ques-unes de couleurs changeantes et qui ont difFérens reflets, selon les diffé- rentes incidences de la lumière; et plus ils vieillissent, plus leurs couleurs pa- M DU DINDON. 2&Î roissent être changeantes et avoir des reflets différehs. Bien des gens croient que les dindons blancs sont les plus ro^ bustes ; et c'est par cette raison que ^ dans quelques provinces , on les élève de préférence : on en voit de notobreu^ troupeaux dan^ le Fertois en Gham-- pagne. > Lès Daturaflistes ont cbmpté vingt- huit pendes ou grandes plumes à cha^ que aite-, et dix-huk à^ la queue : maii un caractériel bien plus frappant , él qui émpêdiera à famàis de confondra cette esipèce avec aucutfe autre espèce actueWeeriéttt conhUéj 'c'est tin bouquet de crins durs tet noirs, long de cine[ à sik pouces ; lëcjiiél , dâ[ns nos climats tem- pérés, sort de la partie iiifërieuré dé cou au dindon mâle adulte daûs la se^ conde année, quelquefois nlénie dèsla fin de fa prénâiére 5 et , avant que ce bouquet paroisse , l'endroit d'où il doit sortir est marqué par un luberculo charnu. M. Linnssus dit que ces tnns V- iî. • * I*i I' i /l 22a HISTOIRE NATURELLE ne commencent à paraître qu'à la troi- sièiiie année dans les dindons qu'on élève en Suède : si ce fait est bien avë- ré , il s'ensnivroit que cette espèce de production se.feroit d'autant plus tard, que la température du pays est plus ri- goureuse ; et , à la vérité, l'un des prin- cipaux effets du froid est de ralentir toute sorte de développemens. C'est cette touffe de crins qui a valu au din- don le titre de barbu, pectore barbato , expression impropre à tous égards , puisqiit; :* n'est pas de la poitrine, maisdf L partie inférieure du cou que ces crins prennent naissance , et que d'ailleurs ce n'est, pas assez d'avojr des crins ou des poils pour avoir une barbe , il faut encore qu'ils soient autour du menton, ou de ce qui en tient lieu , com- me dans Iç vautour barbu d'Edwards. On se feroit une fausse idée de la queue du coq d'Inde, si l'on s'imaginoit que toutes, les plumes dont elle est formée fussent susceptibles de se rele- +•■■ i LE à la troi- is qu'on lien avë- ispèce de lus tard, t plus ri- des prin- ralentir [is. C'est 1 au din- barbatOy égards , joitrine , 1 cou que , et que ivojr des e barbe, tour du u , com- idwards. ée.de la naginoit elle est se rele- DU DINDON. 2'J,Z ver en éventail : à proprement parler, le dindon a deux queues , l'un» supé- rieure et Fautre inférieure ; la pre- mière est composée de dix-huit grandes plumes implantées autour du croupion , et que l'animal relève lorsqu'il piafFe; la seconde ou l'inférieure consiste en d'autres plumes moins grandes, et rest« toujours dans la situation horizontale. C'est encore un attribut propre au mâle d'avoir un éperon à chaque pic J ; ces éperons sont plus ou moins lon^s , mais ils sont toujours beaucoup plus courts et, plus mous que dans le coq ordinaire. , La poule d'Inde diffère du coq non- seulement en ce qu'elle n'a pas d'épe- rons aux pieds, ni de bouquet de crins dans la partie inférieure du co« , en ce que la caroncule conique du bec supé- rieur est plus courte et incapable de s'alongerj que cette caroncule , le bar- billon de dessoLTs le bec , et la chair glanduleuse qui recouvre la tête, sont ' I '\ .«!»&.. \' I î < 'ï i 324 HISTOIRE NATURELLE d'un luiige plus pâle; mais elle en dif- fère encore par les attribuls propres nu sexe le plus foible dans la plupart des«spèces : elle est plus petite, elle ft moins de caractère dans la physiono^ mie, moins de ressort à l'inli^rieur; moins d'aotion au dehors ; son cri n'est qu'un accent plaintif; elle n a de mou^ vement que pour chercher sa nourri^ ture ou pour fuir le danger ; enfin là faculté de faire la roue lui a été refu- sée ; ce n'est pas qu'elle n'ait la queue double comme le maie , mais elle man-* que apparemment des muscles rele^ veurs , propres à redresser les plus randes plumes dotrt ki queue supé> rieure est composée. Dans le mâle , comme darts la fe^ mell^, les orifices des narines sotit dans le bec supérieur ; et ceux des oreiller sont en arrière des yeux, fort couverts^ et comme ombragés par une multitude de petites plumes décomposées qui onï différentes directions. S I i II ï B en dif- propres i plupart te , elle ft hysionoi" îtc^rieur v cri n'ôst de mou^ i nourri^ enfin là été refu- la queue 3lle man- jies re tel- les pliia ue supé- ns la fe-^ sotit dans oreilles ouverts^ ultituda 8 qui ont DU DINDON. 225 On comprend bien que le meilleur mâle sera celui qui àUra plus de force, plus de vivacité , plus d*^éhergie dan^ toute son action : on pourra lui donner cinq ou six poules d'Inde; s'il y a plu^ sieurs mâles, ils se battront , mais non paà avec racharnement des coqs ordi^ naîres : ceux-ci , ayant plus d'ardeur pour leurs femelles , sont aussi plits animés contre ledrs rivaux, et la guerre qu'ils se font entr'eux est ordinaire^ ment un combat à outrance ; on en « vu même attaquer des coqs d'Inde deux fois plus gros qu'eux, et les mettre à mort ; les sujets de guerre ^e manquera pas entre les coqs des deux espèces , si, comme le dit Sperling, le coq d'Inde , privé de ses femelles , s'adresse auic poules ordinaires, et que les poules d'Inde, dans l'absence de leur mâle, s'offrent au coq ordinaire , et le solli- citent même assez vivement. { La guerre que les coqs d'Inde se font entr'eux est beaucoup moins violenté ^, f i \'j:k- I- n , ^ 226 HISTOIRE NATURELLE le vaincu ne cède pas ton jourfi le champ de taaille, quelquefois même \). es\, préféré par les femelles : on a remar- qué qu'un dindon blanc ajant été battu -par un dindon noir, presque tous lesdin,- donneaux de la couvée furent blancs. L'accouplement des dindons se fait à -peu-près de la même manière que celui des coqs, mais il dure plus long- temps ; et c'est peut - être par cette raison qu'il faut moins de femelles au mâle, et qu'il s'use beaucoup plus vite. J'ai dit plus haut , sur la foi de Sper- ]ing , qu'il se mêloit quelquefois avec les poules ordinaires; le même auteur prétend que, quand il est privé de ses femelles, il s'accouple aussi, non-seu- lement avec la femelle du paon (ce qui peut être), mais encore avec les canes (ce qui me paroît moins vraisemblable). La poule d'Inde n'est pas aussi fé- conde que la poule ordinaire : il faut lui donner de temps en temps du che- nevis, de l'avoine, du sarrasin, pour i-- ^\ le champ me il esf a remar- t été battu fuslesdin,- blancs. ms se fait nière que plus long- par cette îmelles au ) plus yîte. i de Sper- lefois avec me auteur ivé de ses > non-seu- on (ce qui c les canes mblable). aussi fé- : il faut )s du che- sin, pour DU DINDON. :î27 l'excitet à pondre ; et avec cela elle ne fait guère qu'une seule ponte par an , d'environ quinze œufs : lorsqu'elle en fait deux, ce qui est très -rare, elle commence la première sur la fin de l'hiver , et la seconde dans le mois d'août; ces œufs sont blancs, avec quel- ques petites taches d'un jaune - rou- geâtre; et, du reste, ils sont organisés à -peu -près comme ceux de la poule ordinaire : la poule d'Inde couve aussi les œufs de toutes sortes d'oiseaux; on juge quelle demande à couver, lors- qa'après avoir fait sa ponte elle reste dans le nid : pour que ce nid lui plaise, il faut qu'il soit en lieu sec, à une bonne exposition selon la saison , et point trop en vue ; car son instinct la porte ordi- nairement à se cacher avec grand soin lorsqu'elle couve. Ce sont les poules de Tannée précé- dente qui , d'ordinaire y sont les meil- leures couveuses ; elles se dévouent à cette QccuDation avec tant d'ardeur et ,:! ^ 4-^, h- 2.;Lb HISTOIRE NATURELLE d'assiduité, qu'elles mourroieut d'iaa' nition sur leurs œufs si Tqu n'avoit le soin de les lever uoe fois tous les jours pour leur donner à boire et à manger ; cette passion de couver est si forte et H durable , qu'elles font, quelquefois deux couvées de suite et sans aucune interruption; mais, dans ce cas, il faut les soutenir par une meilleure nourri- ture : le mâle a un instinct bien con- traire ; car , s'il apperçoit sa femelle couvant j il casse ses œufs, qu'il voit apparemment comme un obstacle à se« plaisirs.; et c'est peut-être la raison pourquoiJa femelle se cache alors «>vec tant de soin^ "Le temps venu où ces œu£9 doivent éclore, les. dindonneaux percent avec leur bec la coquille de l'œuf qui le? ren- ferme 5 mais cette coquille est quelque- fois si dure, ou les dindonneaux si foi- blés , qu'ils périroient si on ne les aidoit à la briser, ce que néanmoins il ne faut faire qu'avec beaucoup de circouspec- i I it d'ina- avoit le les jours manger ; forte et elquefois s aucune is , il faut e nou' ri- bien, con- i femelle qu'il voit tacleà ses la raison alors fvec fe doivent [cent aveq luilegren- quelcjue- [aux si foi- les aidoit il ne faut ixonspec-  DU DI ND 0 N. . 329 tien, et en suivant autant qu'il est possible les procédés de la nature : ils périroient encore bientôt, pour peu que , dans ces commencemens, on les maniât avec rudesse, qu'on leur laissât endu- rer la faim, ou qu'on les exposât aux intempéries de l'air; le froid, la pluie, et même la rosée les morfond ; le grand 8oieil les tue presque subitement; quel- quefois même ils sont écrasés sous les pieds de leur mère : voilà bien des dan- gers pour un animal si délicat; et c'est pour cette raison, et à cause de la moin- dre fécondité des poules d'Inde en Europe , que cette espèce est beau- coup moins nombreuse que celle des poules ordinaires. Dans les premiers temps il faut tenir les jeunes dindons dans un lieu chaud et sec , où l'on aura étendu une litière de fumier long bien battue; et, lorsque dans la suite on voudra les faire sortir en plein air, ce ne sera que par degrés et en choisissant les plus be^uix jours. Oiseaux. X. io \ I L * I ! i i i \\ i 1 'i fi f 23o HISTOIRE NATURELLE L'instinct des jeunes dindonneaux est d'aimer mieux à prendre leur nour- riture dans la main que de toute autre manière: on juge qu'ils ont besoin d'en prendre lorsqu'on les entend piauler, et cela leur arrive fréquemment : il laut leur donner à manger quatre ou cinq fois par jour 5 leur premier aliment sera du vin et de l'eau qu'on leur souf- flera dans le bec ; on y mêlera ensuite un peu de mie de pain ; vers le qua- trième jour on leur donnera les œufs gâlés de la couvée, cuits et hachés d'a- bord avec de la mie de pain , et ensuite avec des orties 5 ces œufs gâtés, soit de dindes, soit de poules, seront pour eux une nourriture irès-salutaire ; au bout de dix à douze jours on supprime les œufs , et on mêle les horties hachées avec du millet, ou avec la farine de turquie, d'orge, de froment ou de blé sarrasin , ou bien , pour épargner le grain, sans faire tort aux dindonneaux , avec le lait caillé, la baxdane, m peu 'i \ I DU DINDON. â.^r ^e camomille puante, de graine d'ortie et du son : dans la suite on pourra se contenter de leur donner toute sorte de fruits pourris , coupés par mor- ceaux, et sur-tout des fruits de ronces ou de mûriers blancs , etc. Lorsqu'on leur verra un air languissant, on leur mettra le bec dans du vin pour leur en faire boire un peu , et on leur fera av^^^ aussi un grain de poivre 5 quelqup^^^ ^'* paroissent engourdis et sa 7* '^^o^^e- ment lorsqu'ils ont été 5»^* P"^ P^*^ ""® pluie froide, et ibrr-^^rroient certaine- ment si on n avoi'»^« soi» ^^ les envelop- per de linges 'ûauds, et de leur souffler à plusieurs* ^P^ises un air chaud par le bec : il ^^ ^^^^^ P^^ manquer de les vi- siter «fe temps en temps, et de leur peiv:er les petites vessies qui leur vien- nent sous la langue < ' autour du crou- pion , et de leur donner de l'eau de rouille î on conseille même de leur la- ver la tête avec cette eau , pour pré- ven^ certaines maladies auxquelles ils Or--*'"^ :( », -1 2»')2 HISTOIRE N A,T U R E L L E sont sujets; mais, dans ce cas, il faut donc les essuyer €t les se^clier bien exac- tement, car on sait combien toute hu- iiiidité est contraire aux dindons du premier â^e» ; ; . . La mère les mène avec la mêflie sol- licitude que la poule mène ses pous- sins ; elle les vécliaufïë sous ses ailes ^'«c la môme affection, elle les défend avec [q m^jjjp courage; il semble que sa tencliv,,e pqur ses petits rende sa vue plus pei^nie; elle découvre foi- seau de proie f.me distancç prodi- gieuse, et lorsqu'il e.| encore invisible à tous les autres yeux; .jès qu^llç fa apperçu, elle jette un en d'effroi qui répand la consternation dauc toute la couvée ; chaque dindonneau se véfu<^'ie dans les buijssons ou §e tapit dans I V»er- be, et la libère les y retient en répétant le même cri d'effroi autant de temns que r ennemi est à portée : mais ]c voit -elle prendre son vol d'un autre côté , eïip -les ea avertit aussitôi par 17 r» mais ic * D U D I N D O N. un autre cri bien diffërenl du prennier, et qui est pour tous le signal de sortir du lieu où ils se sont cachés, et de se rasseqibler autour d'elle. Lorsque les jeunes dindons viennent d'édore , ils ont la tôte garnie d'une espèce de duvet , et n'ont encore ni chair glanduleuse ni barbillons ; ce n'est qu'à six semaines ou deux mois que ces paities se développent , et , c-on me on le dit vulgairement, que les d<îvk)ns commencent à pousser le rou- ge : le temps de ce développement est un temps critique pour eux , comme celui de la dentition pour les enfans , et c'est alors sur- tout qu'il faut mêler du vin à leur nourriture pour les forti- fier ; quelque temps avant de pousser le rouge , ils commencent déjà à se percJier. Il est rare que l'on soumette les din- donneaux à la castration comme les poulets 5 ils engraissent fort bien sans cela , et leur chair n'en est pas moins - î »■ . i ) 1 1 • • M 234 HISTOIRE NATURELLK bonne ; nouvelle preuve qu'ils sont d'un tempérament moins chaud que les coqs ordinaires. / ; Lorsqu'ils sont devenus forts , ils quittent leur mère , ou plutôt ils en sont abandonnés , parce qu'elle cher- che à faire une seconde ponte ou une seconde couvée^ plus les dindonneaux étoient foibles et délicats dans le pre- mier âge , plus ils deviennent avec le temps robustes et capables de soutenir toutes les injures du temps : ils aiment à se percher en plein air, et passent ainsi les nuils les plus froides de l'hi- ver, tantôt se soutenant sur un seul pied , et retirant l'autre dans les plu- mes de leur ventre comme pour le ré- chauffer ; tantôt , au contraire , s'ac- croupissant sur leur bâton, et s'y te- nant en équilibre : ils se mettent la tête sous l'aile pour dormir, et, pendant leur sommeil, ils ont le mouvement de la respiration sensible et très-mar- qué. ■% * . il- if BtT DINDON. 235 sont l que , il» ils en cher- su une ineaux e pre- ivec le )utenir aiment passent le rhi- seul es plu- r le ré- , s'ac- s'y te- Itent la )endant venaent s-mar- La meilleure façon de conduire les dindons devenus forts , c'feàt de les mener paître par la campagne, dans les lieux où abondent les orties et au- tres plantes de iexïv goût , dans les ver- gers lorsque les fruits commencent à tomber, etc. Mais il faut éviter soi- gneusement les pâturages où croissent les plantes qui leur sont contraires , telles que la grande digitale à fleurs rouges 5 cette plante est un véritable poison pour les dindons ; ceux qui en ont mangé éprouvent une sorte d'i- vresse, des vertiges , des convulsions, et, lorsque la dose a été un peu forte, ils finissent par mourir éthiques. On ne peut donc apporter trop de soin à dé- truire cette plante nuisible dans les lieux où l'on élève des dindons. On doit aussi avoir attention, sur- tout dans les commencemons , de ne les faire sortir le malin qu'après que le soleil a commencé de sécher la rosée, de les faire rentrer avant la chute du '■'î >':i 236 ^ H I s T O I R E NATURELLE serein , fet de les mettre à l'abri pen- dant la p 1ms grau de chaleur des jours d'été : tous, te^, soirs, lorsqu'ils revien- nent,, ou lewi' d:■*/ DU DINDON. 25l signer deux espèces aussi diffërenles que celles de la pintade et du dindon , se fût cou lente de les distinguer par une variété aussi superficielle que celle de la couleur d'une petite partie , ou d'employer des caractères tranchés qui lui sautoient aux yeux ! C'est donc rm»l-à-propos que Belou a cru pouvoir s'appuyer de l'autorité de Columelle pour donner aux din- dons une origine africaine; et ce n'^st pas avec plus de succès qu'il a cherché à se prévaloir du passage suivant de Plolomée pour leur donner une ori- gine asiatique : Triglyphon Regia in quâ gallinacei barbati esse dicuntur. Celle ïriglyphe est en effet située dans la presqu'île au-delà du Gange 5 mais on n'a aucune raispn de croire que ces coqs barl>es soient des dindons : car, 1°. il n'y a pas jusqu'à l'existence de ces coqs qui ne soit incertaine , puis- qu'elle n'est alléguée que sur la foi a un on dit {dicuntur. J 2"^. On ne peut ' .*-^ J • f l s I f I ' { 25a UISTOIRE NATURELLE donner aux dindons le nom de coqs barbus, comme je l'ai dit plus baut; ce mot de barbe appliqué à un oiseau ne pouvant sia;nifier qu'une touffe de plumes ou de poils placés sous le bec , et non ce bouquet de crins durs que les dindons ont au bas du cou. 3". Pto- lomde étoit astronome et a;ëoi5raphe , mais point du tout naturaliste; et il est visible qu'il cliercboit à jeter quel- que intérêt dans ses tables géograpbi- ques, en y mêlent sans beaucoup de critique les singularités de cluKjue pays: dans la même paj»e où il Tait mention de ces coc{s burbus, il parle de trois îles des Satyres , dont les babitans avoient des queues , et de certaines îles Manioles au nombre de dix , si- tuées à-peu-près daî^s le même climat , où l'aimant abonde au point que l'on n'ose y employer le fer dans la cons- truction des navires , de peur qu'ils ne soient attirés et retenus par la forco magnétique; mais ces queues humai- ■*"n« de coqs LJS haul; m oiseau louffe clo s le be( , durs c\v\v . 3". Plo- oi!;raplie , sic; et il iiev c|uel- ;{';o<;raphi- uicoLip de u|uepays: it mention e de trois habitans certaines e dix , si- ne climat , t que l'on 13 la cons- )eui' qnils ar la tbrce lies huuiai- D U DINDON. a55 nés , quoiqu'atlest^es par des voya- geurs et par des missionnaires jésuites, selon Geitielli Careri, sont au moins Ibrt douteuses ; ces montagnes d'ai- mant ou plutôt leurs effets sur la fer-^ rure des vaisseaux ne le sont pas moins, et l'on ne peut guère compter sur des faits mêlés avec de pareilles incertitudes. 4°. Enfin Ptolomée , à l'endroit cité, parle positivement des coqs ordinaires (galli ^allinocei), qui ne peuvent être confondus avec les coqs d'Inde , ni pour la forme exté- rieure, ni pour le plumage, ni pour le chant, ni pour les habitudes natu- relles, ni pour la couleur des œnfs, ni pour le temos de fincubation , etc. Il est vrai que Scaliger, tout en avouant que la méléagride d'Athénée ou plu- tôt de Clytus, ciié par Alliéjiée, étoit un oiseau d'Etolie , aimant les lieux aquatiques, peu attaché à sa couvée, et dont la chair sentoit le iiuuéc âge , tous caractères qui ne convieiment Oiseaux. X. 2.2 ■\i M \ il: mu ■'■■-■^ ■><*>- 1 : t ^54 HISTOIRE NATl/RELIE point au dindon , qui ne se trouve point en Etolie , fuit les lieux aquatiques , a le plus grand altachement pour ses petits, et la chair de bon goût, il n'en prétend pas moins que la méléagride est un dindon ; mais les anatomisles de l'Académie des Sciences , qui , d'a- bord étoient du même avis lorsqu'ils firent la description du coq indien , ayant examiné les choses de plus près, ont reconnu et prouvé ailleurs que la pintade étoit la vraie méléagride des anciens , en sorte qu'il doit demeurer pour constant qu'Athénée ou Cljtus, Elien , Columelle et Ptolomée, n'ont p:KS plus parlé des dindons qu'Aristote et Pline, et que ces oiseaux ont été incoAinus aux anciens. Nous ne voyons pas même qu'il en soit fait mention dans aucun ouvraire moderne , écrit avant la découverte de TArnérique : une tradition popu- laire fixe dans le seizième siècle, sous François i^% l'époque de leur première 1 'i re point tiques , our ses , il n'en éagride :omisles [ui, d'a- )rsqy'il3 indien , us près, 5 que la ride des 3ineurer Clytus, s, n'ont Aristote ont élé qu'il en ouvrage :ou verte popn- le, sous remièie /apparition en France ; car c'est dans ce temps que vivoit l'amiral Cbabot. Les auteurs de la Zoologie Britcnnique avancent , comme un fait notoire , qu'ils ont été apportés en Angleterre sous le règne de Henri viii , contem- porain de François i*'', ce qui s'accorde très - bien avec notre sentiment ; car l'Amérique ayant été découverte par Christophe Colomb, sur la fin du quin- zième siècle, et les rc^is François i" et Henri viii étant montés sur le trône au commencement du seizième siècle , il est tout naturel que ces oiseaux ap- portés d'Amérique ajentélé introduits, comme nouveautés , soit en France, soit en Angleterre , sous le règne de ces princes j et cela est confirmé par le témoignage précis de J. Sperling, qui écrivoit avant 166*0, et qui assure expressément qu'ils avoient été trans- portés des nouvelles Indes en Europe, plus d'un siècle auparavant. Tout concourt dojic à prouver ^© U m m ■} yf n ]' 256 iiistoihe naturelle r Amérique est le pays natal des din- dons ; et comme ces sortes d'oiseaux sont pesans, qu'ils 'ont pas le vol élevé, et qu'ils ne nagent point, ils n'ont pu, en aucune manière, traverser l'espace qui sépare l^s deux continens , pour aborder en Afrique, en Europe ou en Asie : ils se trouvent donc dans le cas des quadrupèdes, qui , n'ayant pu sans le secours de l'homme passer d'un con- tinent à l'autre, appartiennent exclu- sivement à l'un des deux ; et cette con- sidération donne une nouvelle force au témoignage de tant de voyageurs qui assurent n'avoir jamais vu de din- dons sauvages , soit en Asie , soit en Afrique , et n'y en avoir vu de domes- tiques que ceux qui y avoient été ap- portés d'ailleurs. Cette détermination du pays uti'urel des dindons influe beaucoup sur la solution d'une autre question , qui , au premier coup d'œîl, ne semble pas y avoir de rapport : J. Sperling , dans h : DU DINDON. 2.^7 sa Zoologia Physica, prétend que le dindon est uii monstre ( il aiiroit dà dire un mulet ), provenant du mélange de deux espèces, celle du paon et dji Goc{ ordinaire ; mais s'il est bien prou- vé, comme je le crois, que les dindons soient d'origine américaine , il n'est pas possible qu'ils ayent été produits par le mélange de deux espèces asiati- ques , telles que le coq et le paon ; et ce qui achève de démontrer qu'en eflet cela n'est pas , c'est que dans toute l'Asie on ne trouve point de dindons sauvages, tandis qu'ils fourmillent en Amérique. Mais, dira-t-on, que si- gnifie donc ce nom de gallo-pavus (coq-pan), si anciennement appliqué au dindon ? Rien de plus simple ; le dindon étoit un oiseau étranger , qui n'avoit point de nom dans nos langues européennes ; et comme on lui a trouvé des rapports assez marqués avec le cocj et le paon , on a voulu indiquer ces rap- ports par le nom composé de gallo-* i\ lit M I ■ i A\ ■Ij» -«»,■—«-»•■- s a55 HISTOIRE N A TU II E LIS pavus ; d'après lequel Sperliiig et quel- ques autres auront cru que le dindon étoit réellement le produit du mélange de l'espèce du pa( ^lle di paon avec tandis qu'il n'y a voit que les noms de mêlés; tant il est dangerei '^ con- clure du mot à la chose ! tfl'it t important de ne point appli ^x animaux de ces noms compust i sont presque toujours susceptibles a e- quivo,que ! M. Edwards parle d'un autre mulet qu'il dit être le mélange de l'espèce du dindon avec celle du faisan ; l'individu sur lequel il a fait sa description avoit élé tué d'un coup de fusil , dans les bois voisins deHanford, dans la province de Dorset , où il fut apperçu au mois d'octobre lyôc), avec deux ou trois au- tres oiseaux de Ja même espèce : il étoit en effet d'une grosseur moyenne entre ]e faisan et le dindon , ayant trente- deux pouces de vol; une petite aigrette de plumes noires assez longues ô'éle- î*l I: * 'c» quel- indoa u coq, ms fie t it i mulet »èce du idividu n avoit es bois ovince i mois ois au- il étoit 6 entre rente- igrette ) s'éle- 1 voit sur la base du bec sup^^rieur; la tête n'étoit point nue comme celle du dindon , mais couverte de petites plu- mes lort courtes ; les yeux étoient en- tourés d'un cercle de peau rouge, mai» moins large que ' " s le faisan : on ne dit point si c^i • >t:eau relevoit Jes grandes plumes de la queue pour faire la roue 5 il paroît seulement, par la figure, qu'il la portoit ordinairement comme la porte le dindon lorsqu'il e^£ tranquille : au reste, il est à remarquer qu'il n'avoit la queue composée que de seize plumes, comme celle du coq de bruyère , tandis que celle des dindons et des faisans en a dix-huit : d'ailleurs chaque plume du corps étoit double sur une même racine , l'une ferme et plus grande, l'autre petite et duvetée, caractère qui ne convient ni au faisan ni au dindon , mais bien au coq de bruyère et au coq commun : si cepen- dant l'oiseau dont il s'agit tiroit son origine du mélange du faisan avec le /) •*/i IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l 1.25 u 1.4 2.0 1.8 1.6 ^- Photographie Sciences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 C/j /^O 4. "i i ^ 260 HISTOIRE NATURELLE dindon, ii semble quon auroit dû re- trouver en lui comme dans les autres mulets , premièrement , les caractères communs aux deux espèces primiti- veïsj en second lieu, des quaiités moyen- nes entre leurs qualités opposées , ce qui n'a point lieu ici , puisque le pré* tendu muiet de M. Edwards avoit des caractères qui manquoient absolument aux deux espèces primitives ( les plu- mes doublés ) , et qu'il manqnoit d'au^ tre^ caractères qui se trouvoient dans ces dieux espèces ( les dix-huit plumes de la qu6ue) ; et, si l'on vouloit abso- lument une espèce méiive , il y auroit plus de fondement à croire qu'elle dé- rive du mélange du corps de bruyère et du dindon , qui , comme je l'ai remar- qué , n'a que seize pennes à la queue , et qui a, les plumes doubles comme notre prétendu mulet. ; Les dindons sauvages ne diffèrent des domestiques qu'en ce qu'ils, sont beaucoup plus gros et plus noirs : du DU DINDON. 161 reste ils ont les mêmes mœurs , les mê- mes habitudes naturelles , la même stupidité ; ils se perchent dans les bois sur les branches sèches , et lorsqu'on en feit tomber quelquun d'un coup d*arme à feu , les autres restent tou- jours percliés, et pas un seul ne s'en- vole. Selon Fernandez , leur chair , quoique bonne , est plus dure et moins agréable que celle des dindons domes- tiques ; mais ils sont deux fois plus gros : hucxolotl est le nom mexicain du ma lé, et cihuatotolin le nocn de la fe- melle. Albin nous apprend qu'un grand nombre de seigneurs anglais se plaisent à élever des dindons sauvages ; et que ces oiseaux réussissent assez bien par- tout où il y a de petits bois, dés parcs ou autres enclos. Le dindon huppé n est qu'une va- riété du dindon commun , semblable à celle du coq huppé dans l'espèce du coq ordinaire ; la huppe est quelquefois noire et d'autres fois blanche, telle que K % V' V ? i' '; . ! ■ ! 262 HISTOIRE NATURELLE celle du dindon décrit par Albin : il ëtoit de la grosseur des dindons ordi- naires 5 il avoit les pieds couleur de chair 5 la partie supérieure du corps, d'un brun^-foncé 5 la poitrine, le ventre, les cuisses et la queue , blancs , ainsi que les plumes qui formoient son ai- grette; du reste il ressemhloit exacte- ment à nos dindons communs , et par la chair spongieuse et glanduleuse qui recouvroit la tête et la partie supé- rieure du cou , et par le bouquet de crins durs naissant ( en apparence ) de la poitrine , et par les éperons courte qu'il avoit à chaque pied , et par son an- tipathie singulière pour le rouge , etc. Espèce connue r^ *; ce genre, Ii« Dindon , m9leagrî:i GaUopa{>Q% '- ^ N ■ ...jt.ti» . in : il ordi- Bur de corps ) ^rentre, , ainsi son ai- exacte- et par use qui 9 supé- qiiet de nce) de is courtà [' son an- ;e , etc. [enre. t>U MARAIL. 263 ffTTP se 3=1 L X Ve GENRE. LE MARAIL, penelope. Caractère gMrique : tête ornée de pen- nes j bec dégarni de plumes à sa base. LE N A P A U L. ïj E napaul ou faisan cornu est ainsi apr» pelé , parce cju'il a en effet deux cornes Sur la tête ; ces cornes sont de couleur bleue, de forme cylindrique, obtuses à leur extrémité , couchées en arrière, et d'une substance analogue à de la chaii? calleuse ; il n a point autour des jeux ce cercle de peau rouge , quelquefois pointillés de noir, qu'ont les faisans , mais il a tout cet espace garni de poils \i iMi T:k A ■- \ '•/ 264 HISTOIRE NATURELLE noirs en guise de plumes; au-dessous de cet espace et de la base du bec infé- rieur ptend naissance une sorte de gorgerette formée d'une peau sèche , laquelle tombe et flotte librement sur la gorge et la partie supérieure du cou : cette gorgerette est noire dans son mi- lieu , semée de quelques poils de même couleur 5 et sillonnée par des rides plus ou moins profondes , en sorte qu'elle paroît capable d'extension dans l'oiseau vivant; et l'on peut croire qu'il sait la gonfler ou la resserrer à sa volonté : les parties latérales en sont bleues, avec quelques taches orangées , et sans au- cun poil en dehors; mais la face inté- rieure qui s'applique sur le cou est gar- nie de petites plumes noires, ainsi que la partie du cou qu elle recouvre ; le sommet de la tête est rouge, la partie antérieure di^ corps rougeâtre, la par- lie postérieure plus rembrunie^ sur le tout, y compris la queue et les ailes, on voit d^a taches biai^ches entourées i s dessous ?c infé- >rte de sèche , lent sur du cou : son iiii- e même des plus qu'elle , 1! oiseau il sait la nilé: les îs, avec sans au- ce inté- est gar- iiisi que ivre; le a partie la par- ; sur le î3 ailes, litourées DU M A R A I L, 265 1 de noir , semées près à près assez ré- gulièrement ; ces taches sont rondes sur l'avant, pblongues ou en forme de lar- mes sur l'arrière , et celles-ci tournëes de manière que la pointe regarde la tête; les ailes ne passent guère Torigine de la queue , d'où l'on peut conclure que c'est un oiseau pesant ; la longueur delaqi^ue n'a pu être déterminée par M.Edwards, vu qu'elle y est repré- sentéç <}ana le dessin original , comme ayant été u«ée par quelque frottement. Ilaété envoyé du Bengale à.M. Méad. ... JUY A G OU. « > ' > • :Gjet oiseau s'est nommé lui-même , car son cri , selon Marcgrave , estyacou, d'où' lui e^t venu le nom àiacupema : pour moi j'ai préféré celui d yacou , comme plus propre à le faire reconnoî- tre toutes les fois qu'on pourra le voir et l'entendre. : Quelques naturalistes l'ont mis au Oiseaux. X. 23 •m^^^^m^mm»^ -*^- 266 HISTOIRE MATURBLLE nombre des faisans , et d'autres Font rangé parmi les dindons : mais il n'est ni l'un ni l'autre ^ il n'est point un din- don, quoiqu'il ait une peau rouge sous le cou; car il en diffère à beaucoup d'au- tres égards , et par sa taille qui est à peine égale à celle d'une poule ordi- naire , et par sa tête qui est en partie revêtue de plumes, et par su huppe qui approche beaucoup plus de celle des hoccos que de celle du dindon huppé , et par ses pieds qui n'ont point d'épe- rons : d'ailleurs , on ne lui voit pas au bas du cou ce bouquet de crins durs , ni 5ur le bec cette caroncule musculeuse qu'a le coq-d'Inde , et il ne fait point la roue en relevant les plumes de sa queue. D'autre part , il n'est point un faisan ; car il a le bec grêle et alongé y la huppe des hoccos , le cou menu , une mem- brane charnue sous la gorge , les pen- nes de la queue toutes égales, et le na- turel doux et tranquille, tous attributs par lesquels il dififère des faisans ^ et il l i »ftraitf-^'U-^^"3f?!- LE •es I ont il n'est un din- Lïge sou» up d au- ui esta le ordi- ï partie ppe qui sile des huppé, : d'épe- L pas au lurs , ni puleuse 3oint la queue. faisan; huppe mem^ s pen- lena- tributs ^etil DU M A R A I L. 267 diffère par son cri du faisan et du din- don. Mais que sera-rt-ii donc ? il sera un yacou , qui aura quelques rapports avec le dindon (la membrane charnue sous la gorge, et la queue composée de pen- nes toutes égales) ; avec les faisans (l'œil entouré d'une peau noire, les ailes cour- tes et la queue longue ) ; avec les hoc- cos ( celte longue queue , la huppe et le naturel doux ) ; mais qui s'éloignera de tous par des différences assez caracté- risées et en assez grand nombre , pour constituer une espèce à part , et empê- cher qu'on ne puisse le confondre avec aucun autre oiseau. On ne peut douter que leguan ou le quan de M. Edwards ainsi appelé, selon lui , dans les Indes occidentales , appa- remment par quelque tribu de sauva- ges, ne soit au moins une variété f' 'ns l'espèce de notre jacou , dont il ne dif- fère que parce qu'il est moins haut monté, et que ses yeux sont d'une autre couleur; mais on sait que ces petites f m 26S HISTOIRE NATURELLE difFérences peuvent avoir Jieu dans M même espèce , et sur-tout parmi Ise ra- ces diverses d'une espèce apprivoisée. Le noir mêlé de brun est la couleur principale du plumage , avec différens reflets et quelques mouchetures blan- ches sur le cou , la poitrine , le ven- tre, etc. 5 les pieds sont d'un rouge assez vif. La chair de l'yacou est bonne à man- ger ; tout ce que l'on sait de ses autres propriétés se trouve indiqué dans l'ex- posé que j'ai fait au commencement de cet article , des difFérences qui le dis- tinguent des oiseaux auxquels on a voulu le comparer, ' LE MARAIL. Les auteurs ne nous disent rien de la femelle de l'yacou , excepté M. Ed- wards , qui conjecture qu'elle n'a point de huppe : d'après cette indication uni- que , et d'après la comparaison des figu- • ■s-.'^'''*.;,' ' dansk he ra- oisée. couJeur fférens s blan- e ven- rouge iman- autres s J'ex- entde e dis- on a ?n de Ed^ point uni- figiH DTJ MARAII. 26g res les plus exactes , et des oiseaux eux- mêmes conservés, je soupçonne que celui qu'on appelle communément ma- rail à Cayenne, pourroit être la femelle, ou du moins une variété de l'espèce de l'yacou 5 car j'y retrouve plusieurs rap- ports marqués avec le guan de M. Ed- wards, dans la grosseur , la couleur du plumage , la forme totale , à la huppe près que la femelle ne doit point avoir 5 dans le port du corps , la longueur de la queue , le cercle de peau rousse au- tour des yeux , l'espace rouge et nu sous la gorge , la conformation des pieds et du bec , etc. j'avoue que j'y ai aussi apperçu quelques différences ; les pen- nes de la queue sont en tuyaux d'orgue comme dans le faisan , et non point tou- tes égales comme dans le guan d'Ed- wards, et les ouvertures des narines ne sont pas si près de l'origine du bec : mais on ae seioit pas embarrassé de ci- ter nombre d'espèces où la femelle dif- fère encore plus du mâle , et où il y a ^■r !1 270 HISTOIRE NATURELLE des variétés encore plus éloignées les unes des autres. M. Aublet , qui a vu cet oiseau dans son pays natal , m'assure qu'il s'appri- voise très - aisément , et que sa chair est délicate et meilleure que celle du faisan , en ce qu'elle est plus succu- lente : il ajoute que c'est un véritable dindon , mais seulement plus petit que celui qui s'est naturalisé en Europe; et c'est un trait de conformité de plus qu'il a avec l'yacou , d'avoir été pris pour un dindon. Cet oiseau se trouve non-seulement à Cayenne , mais encore dans les pays qu'arrose la rivière des Amazones , du moins à en juger par l'identité du nom ; car M. Barrère parle d'un marail des Amazones comme d'un oiseau dont le plumage est noir, le bec vert et qui n'a point de queue : nous verrons dans l'histoire du hocco proprement dit , et du pierre de Cayenne, qu'il y a dans ces espèces des individus sans queue, •■ ".^3-*« ■ ^ ^ *- *. "f--"-^.- DU MARAIL. 2yt qu'on a pris pour des femelles ; cela se- roit-il vrai aussi des marails ? Sur la plupart de ces oiseaux étrangers et si peu connus, on ne peut, si l'on est de bonne-foi, parler qu'en hésitant et par conjecture. LE CHACAMEL. FenNANDEZ parle d'un oiseau qui est du même pays , et à-peu-près de la même grosseur que les précédens , et qui se nomme en langue mexicaine , chachalacamelt , d'où j'ai formé le nom de chacamel , afin que du moins on puisse le prononcer : sa principale pro- priété est d'avoir le cri comme la poule ordinaire, ou plutôt comme plusieurs poules ; car il est , dit-on , si fort et si continuel, qu'un seul de ces oiseaux fait autant de bruit qu'une basse-cour entière; et c'est de là que lui vient son nom mexicain , qui signifie oiseau criard il est brun sur le dos , blanc fA ^ IJ^ »*« 272 HISTOIHE NATURELLE tirant au bruii sous le ventre , et le bec et les pieds sont bleuâtres. Le chacamel se tient ordinairement sur les montagnes , comme la plupart des hoccos, et y élève ses petits. Espèces connues dans ce genre. Le Napaul , penelope Satjra. Le Giian ^ penelope Cristata, L'Yacou , penelope Cumanensis» Le Pipile, penelope JPipile. Le Marail, penelope Marail^ Le Chacamel , penelope Vociferans, f ELLE nlre , et le es. inairement ; la plupart Délits. ce genre. m IS, i srans. 'iK. ■1 1 I V\ m 1 o» i j.iws uoreoKS ««•■ 1/m . J[ . A t/Ctff, ;( v'? :s.^P^/ « ri < 'il Ififl ^ prl ^>'' ' 1 mI ' V i| £ ^ ri <î■i^ ^'wfi»- .■...'. ."w* .i««'*f .^ , t: ;' ..*<. , c^-*» v.^- -y!.-. ^r;,:A^-. j ■■»-'■ ''i»»-^ .tfJMMââai' DU H 0 C C 0. 273 •4* LXVI* GENRE. LE HOCC,0, cRjx. Caractère ge!nérique : base du bec cou- verte d'une membrane. t '> â LES HOCCOS. Tous les oiseaux que l'on désigne or- dinairement sous cette dénomination prise dans une acception générique , sont étrangers à l'Europe , et appar- tiennent aux pays chauds de l'Amé- rique ; les divers noms que les diffé- rentes tribus de sauvages leur ont don- nés , chacune en son jargon , n'ont pas moins contribué à en enfler la liste , que les phrases multiphées de nos no- ^ •t ■ V K i i. 274 HISTOIRE NATURELLE raenclateurs ; et je vais tâcher , autant que la disette d'observations me le per- mettra , de réduire ces espèces nomi- nales aux espèces réelles. LE H O C C O proprement dit. Je comprends sous cette espèce, non- seulement le mitou et le mîtouporanga de Marcgrave , que cet auteur regarde en effet comme étant de la même es- pèce 5 le coq indien de MM.de l'Aca- démie , et de plusieurs autres, le mutou ou moytou de Laet e'i de Léry , le té- mocliolli des Mexicains , et leur tepe- totolt ou oiseau de montagne , le qui- rizao ou curasso de la Jamaïque , le pocs de Frisch, le hocco de Cayenne de M. Barrère , le hocco de la Guiane ou douzième faisan de M. Brisson; mais j'y rapporte encore comme varié- tés le hocco du Brésil ou onzième faisan de M. Brisson, son hocco de Curassou, qui est son treizième faisan , le hocco du Pérou et même la poule rouge du !!!î^ .^»'«?sg LE , autant 3 le per- nomi- it, 3e,non- »oranga egarde me es- l'Aca- mulou le té- r tepe- e qui- le , le yenne ruiane isson ; varié- faisan îssou, hocco ge du DU HOCCO. 275 Pérou d'Albin, le coxolissi deFernau- dez, et le seizième faisande M. Brisson. Je me fonde sur ce que cette multi- tude de noms désigne des oiseaux qui ont beaucoup de qualités communes, et qui ne diffèrent entr'eux que par la distribution des couleurs , par quelque diversité dans la forme et les acces- soires du bec , et par d'autres accidens qui peuvent varier dans la même es- pèce à raison de l'âge , du sexe , du climat , et sur- tout dans une espèce aussi facile à apprivoiser que celle-ci , qui même l'a été en plusieurs cantons ., et qui par conséquent doit participer aux variétés auxquelles les oiseaux domestiques sont si sujets. MM. de l'Académie avoient ouï dire que leur coq indien avoit été apporté d'Afrique où il s'appeloit ano : mais comme Marcgrave et plusieurs autres observateurs nous apprennent que c'est un oiseau du Brésil , et que d'ailleurs on voit clairement , en comparant les ^ '' ''N f 9-fÊ K f> 276 HISTOIRE NATURELLE descriptions et les figures les plus exac- tes, qu'il a les ailes courtes et le vol pesant , il est difficile de se persuader qu'il ait pu traverser d'un seul vol la vaste étendue des mers qui séparent les côtes d'Afrique de celles du Brésil , et il paroît beaucoup plus naturel de supposer que les sujets observés par MM. de l'Académie , s'ils étoient réel- lement venus d'Afrique , y a voient été portés précédemment du Brésil ou de queiquautre contrée du Nouveau- Monde. On peut juger d'après les mê- mes raisons, si la dénomination du coq de Perse , employée par Jonston , est applicable à l'oiseau dont il s'agit ici. Le hocco approche de la grosseur du dindon; l'un de ses plus remarquables attributs , c'est une huppe noire , et quelquefois noire et blanche, haute de deux à trois pouces, qui s'étend depuis l'origine du bec jusque derrière la tête, et que l'oiseau peut coucher en arrière et relever à son gré, selon qu'il est «*• -4;,*ispw*^- -■-fV DU H 0 C C 0. 77 ]s exac- le vol rsuader l vol la ^parent Brésil , Lirel de rés par nt réel- ent été 1 ou de uveau- 3s mê- ducoq in, est t ici. eur du uables re, et utede depuis i tête, rrière il est < affecté différemment : cette huppe est composée de plumes étroites comme étagées , un peu inclinées en arrière , mais dont la pointe revient et se courbe en avant. Parmi ces plumes , MM. de l'Académie en ont remarqué plusieurs dont les barbes étoient renfermées jusqu'à la moitié de la longueur de la côte , dans une espèce d'étui membra- neux. La couleur dominante du plumage est le noir, qui, le plus souvent, est pur et comme velouté sur la tête et sur le cou , et quelquefois semé de mouche- tures blanches j sur le reste du corps il a des reflets verdâtres , et , dans quel- ques sujets , il se change en marron- foncé. Le bec a la forme de celui des galli- nacés , mais il est un peu plus fort ; dans les uns, il est couleur de chair et blanchâtre vers la pointe , comme dans le hocco du Brésil de M. Brisson; dans les autres, le bout du bec supérieur est Oiseaux. X. 24 S !<3ï» i) !i " S 'âl 278 HISTOIRE NATURELLE échancré des deux côtés, ce qui le fait paroître comme armé de trois pointes , la principale au milieu , et les deux latérales formées par les deux éclian- crures un peu reculées en arrière , comme dans l'un des coqs indiens de MM. de l'Académie 5 dans d'autres, il est recouvert à sa base d'une peau jaune , où sont placées les ouvertures des narines comme dans le hocco de la Guiane de M. Brisson ; dans d'autres, cette peau jaune, se prolongeant des deux côtés de la tête , va former autour des yeux un cercle de même couleur, comme dans le mitou - poranga de Marcgrave 5 dans d'autres, cette peau se renfle sur la base du bec supérieur çn une espèce de tubercule ou de bou- ton arrondi , assez dur , et gros comme une petite noix. On croit commune* ment que les femelles n'ont point ce bouton , et M. Edwards ajoute qu'il îie vient aux mâles qu'après la pre- mière année ; ce qui me paroît d'au- f-rr 'iia*^' ^péii^^''::^:-'^'^m?'-«W.>.Wl ..<»>»? E capable ;s pieds plumes etc.; au sse , le irnis de e rond, le som- 3ile qui i Laisse ersonne pennes DU n 0 c c 0. 8i 2»( ui sont :es plus breuses tbeau- nbeau- indon ; us ain- ■ces de u jabot ; av^i": rien de singuliei dans sa conrormation , ce qu'il falloit d'avoine pour remplir une demi -pinte de Pans: outre cela, dans le hocco , la substance charnue du gésier est le plus souvent fort min- ce, et sa membrane interne, au con- traire , fort épaisse et dure au point d'être cassante ; enfin la trachée-artère se dilate et se replie sur elle-même, plus ou moins vers le milieu de la four- ('hette, comme dans quelques oiseaux aquatiques , toutes choses fort difFé- férentes de ce qui se voit dans le dindon. Mais , si le hocco n'est point un dindon , les nomencla leurs modernes étoient encore moins fondés à en faire im faisan : car , outre les difl'érences qu'il est facile de remarquer, tant au- deliors qu'au-dedans , d'après ce que je viens de dire , j'en vois une déci- sive dans le naturel de ces animaux : le faisan est toujours sauvage , et, quoi- qu'éievé de jeunesse, quoique toujours ■>sl .%■ I • ■ s û aBa HISTOIRE natitrellb bien traité , bien nourri , il ne peut jamais se faire à la domesticité ; ce n'est point un domestique , c'est un prisonnier toujours inquiet , toujours ciierchant Jes moyens d'échapper , et qui maltraite même ses compagnons d'esclavage , sans jamais faire aucune société avec eux ; que s'il recouvre sa liberté, et qu'il soit rendu à l'état de sauvage pour lequel il semble élre fait , rien n'est encore plus défiant et plus ombrageux, tout objet nouveau lui est suspect , le moindre bruit l'ef- fraie , le moindre mouvement l'in- quiète ; l'ombre d'une branche agitée suffit pour lui faire prendre sa volée , tant il est attentif à sa conservation : au contraire , le hocco est un oiseau paisible , sans défiance , et même stu- pide , qui ne voit point le danger , ou du moins qui ne fait rien pour l'é- viter ; il semble s'oublier lui-même, et s'intéresser à peine à sa propre exis- tence. M. Aublet en a tué jusqu'à neuf ne peut cité 5 ce c'est un toujours pper , et npagnons 3 aucune :ouvre sa rétat de ble être léfîant et nouveau ruit l'ef- ent Fin- ie agitée a volée, rvation : n oiseau êrne stu- danger , 3our l'é- -même , jre exis- u a neuf DU n 0 c c 0. 283 de la même bande , avec le même fu- sil, qu'il rechargea autant de fois qu'il fut nécessaire ; ils eurent cette pa- tience : on conçoit bien qu'un pareil oiseau est sociable, qu'il s accommode sans peine avec les autres oiseaux do- mestiques , et qu'il s'apprivoise aisé- ment ; quoique apprivoisé , il s'écarte pendant le jour , et va même fort loin , mais il revient toujours pour coucher , à ce que m'assure le même M. Aublet ; il devient même familier au point de heurter à la porle avec son bec pour se faire ouvrir , de tirer les domestiques par l'habit lorsqu'ils l'ou- blient, de suivre son maître par -tout, et , s'il en est empêché , de l'attendre avec inquiétude , et de lui donner à son retour des marques de la joie la plus vive. Il est difficile d'imaginer des mœurs plus opposées ; et je doute qu'aucun naturahste , et même qu'aucun nomen- clateur, s'il les eût connues, eut en- ) M 284 HISTOIRE NATURELLÏ trepris de ranger ces deux oiseaux sous un même genre. Le liocco se lient volontiers sur les montagnes , si l'on s'en rapporte à la signification de son nom mexicain te- petotolt , qui veut dire oiseau de mon- tagne : on le nourrit dans la volière , de pain , de pâtée et autres choses sem- blables ; dans l'état de sauvage , les fruits sont le fonds de sa subsistance : il aime à se percher sur les arbres , sur- tout pour y passer la nuit; il vole pe- samment, comme je l'ai remarqué plus haut, mais il a la démarche fière : sa chair est blanche^ un peu sèche ; ce- pendant, lorsqu'elle est gardée suffisam- ment , c'est un bon manger. Le chevalier Hans Sloanedit en par- lant de cet oiseau, que sa queue n'a que deux pouces de long ; sur quoi M. Ed- wards le relève , et prétend qu'en di- sant dix pouces au lieu de deux , M. Huns Sloane auroit plus approché du vrai ; mais je crois cette censure Lï ElUX SOUS S sur les Drte à la icaiii te- de mon- vaiière , ises sem- D U H 0 C C 0. 285 âge les sistance : res, sur- vole pe- rqué plus fière : sa he ; ce- suffisam- t en par- e n'a que i M. Ed- u'en di- deux , ppi'oché censure trop générale et trop absolue ; car je vois Aidrovande qui , d'après le por- trait d'un oiseau de cette espèce , assure qu'il n'a point de queue; et de l'autre, M. Barrère, qui rapporte, d'après ses propres observations faites sur les lieux , que la femelle de son hocco des Ama- zones, qui est le hocco de Curassou de M. Brisson , a la queue très-peu longue ; d'où il s'ensuivroit que ce que le che- valier Hans Sloane dit trop générale- ment du hocco , doit être restreint à la seule femelle , du moins dans certaines races. LE PAUXI, ou LE PIERRE. ]N eus avons fait représenter cet oi- seau sous le nom de pierre de Cayenne, et c'est eu effet le nom qu'il portoit à la ménagerie du roi , où nous l'avons fait dessiner d'après le vivant : mais comme il porte dans son pays , qui est le Mexique , le nom de pauxi , selon u y\ ■■■ ^^■■"•'HÉIà^^^ l-X { :, I 286 HISTOIRB NATURELIÏ Fernandez , nous avons cru devoir l'in- diquer sous ces deux noms ; c'est le quatorzième faisan de M. Brisson, qu'il appelle hocco du Mexique» Cet oiseau ressemble , à plusieurs égards , au hocco précédent , mais il ea diffère aussi en plusieurs points ; il n'a point , comme lui , la tête surmontée d'une huppe , le tubercule qu'il a sur le bec est plus gros, fait en forme de poire et de couleur bleue. Fernandez dit que ce tubercule a la dureté de la pierre, et je soupçonne que c'est de là qu'est venu au pauxi le nom d'oiseau à pierre , ensuite celui de pierre, comme il a pris le nom de cusco ou de cuskew bird, et celui de poule numidique de ce même tubercule , à qui les uns ont trouvé de la ressemblance avec la noix d'Amérique, appelée cusco ou cuskew , et d'autres avec le casque de la pin- tade. Quoi qu'il en soit, ce ne sont pas là les seules différences qui distinguent la '^ i voir rin- c'est le ion, qu'il plusieurs lais il ea ts ; il n a irmontée ril a sur orme de Brnandez 3té de la est de là l'oiseau à , comme e cuskew ue de ce uns ont c, la noix I cuskew , 1 la pin- it pas là iguent là D U H 0 C C 0. 287 pauxi des hoccos précédens» il est plus petit de taille , son bec est plus fort, plus courbé, et presque autant que celui d'un perroquet; d'ailleurs, il nous est beaucoup plus rarement apporté que le hocco. M. Edwards , qui a vu ce der- nier dans presque toutes les ménage- ries , n'a jamais rencontré qu'un seul eu SCO ou pauxi dans le cours de ses recherches. Le beau noir de son plumage a des reflets bleus et couleur de pourpre , qui ne paroissent ni ne pourroient guère paroitre dans la figure. Cet oiseau se perche sur les arbres ; mais il pond à terre comme les faisans, mène ses petits et les rappelle de même : les petits vivent d'abord d'in- sectes, et ensuite, quand ils sont grands, de fruits, de grains, et de tout ce qui convient à la volaille. Le pauxi est aussi doux ; et , si l'on veut , aussi stupide que les autres hoc- cos 5 car il se laissera tirer jusqu'à six a88 HISTOIRE NATURELLE coups de fusil sans se sauver : avec cela il ne se laisse ni prendre ni toucher, se- lon Fernandez ; et M. Aublet m'assure qu'il ne se trouve que dans les lieux inhabités : c'est probablen:ent l'une deg causes de sa rareté en Europe. M. Brisson dit que la femelle ne diff'ère du mâle que par les couleurs, ayant du brun par - tout où celui-ci a du noir , et qu'elle lui est semblable dans tout le reste : mais, Aldrovande, en reconnoissant que le fond de son plumage est brun , remarque qu'elle a du cendré aux ailes et au cou , le bec moins crochu et point de queue , ce qui seroit un trait de conformité avec le hocco des Amazones de Barrère , dout la femelle, comme nous l'avons vu, a la queue beaucoup moins longue que le mâle , et ce ne sont pas les seuls oiseaux d'Amérique qui n'ayent point de queue ; il y a même tel canton de ce continent , où les poules transportées d Europe ne peuvent vivre long-temps ZiAoa^J LE vec cela )lier, se- fn'assure les lieux l'une de« oelle ne iouleurs , ;elui-ci a imblable rovande, 1 de son qu'elle a , le bec , ce qui avec Je re, dont ns vu , a gue que les seuls nt point ,on de ce isportées ig-temps sans croupion DU H 0 C G 0. 289 perdre leur queue et même leur f Espèces connues dans ce genre. Le Hocco , crax ^lector, Lt Pauxi, ou le Pierre, crax Pauxi, % Oiseaux. X. a5 •~*^wiprii ^HD I I ■nmmwhf .•i.jmtidiiWMV'» 2^0 HISTOIRE NATURELLE LXVIP GENRE. LE FAISAN, vHjisiANvs. \f i Caractère générique : joues nues, lisses ; ergot ou éperon aux pieds du mâle. LE COQ. Le coq est un oiseau pesant dont la démarclie est grave et lente , et qui, ayant les ailes fort courtes , ne vole que rarement, et quelquefois avec des cris qui expriment TefFort^ il chante indifféremment la nuit et le jour, mais non pas régulièrement à certaines heu- res ; et son chant est fort différent de celui de sa femelle , quoiqu'il y ait aussi quelques femelles qui ont le même cri i LE lE. (NUS. , lisses; mâle. .''■■k.- ■ ( ■'A'' ■.^. 'k ■f' fl dont la et qui, 16 vole vec des chante ', mais es heu- rent de it aussi Ime cri ♦■ H:.*. ■■'-'- . . 't''t'-.' "■-■■'■< ■ '' '.Aji!**- J.f. i>-- • ' ' ' ■ ■'m ï / .1 ai "■■H*.| 1 u: co^ , .3 . u: faisan . 'I J 1 i £ f: i DU FAISAN. 291 du Goq, c'est-à-dire qui font le même effort du gosier avec un moindre effet; car leur voix n'est pas si forte , et ce cri n'est pas si bien articulé. Il gratte la terre pour chercher sa nourriture, il avale autant de petits cailloux que de grains , et n'en digère que mieux ; il boit en prenant de l'eau dans son bec, et levant la têle à chaque fois pour l'avaler; il dort le plus souvent un pied en l'air , et en cachant sa tcte sous l'aile du même côté ; son corps , dans sa situation naturelle, se soutient à-peu-près parallèle au plan de posi- tion ; le bec de même , le cou s'élève verticalement , le front est orné d'une crête rouge et charnue , et le dessous du bec d'une double membrane de même couleur et de même nature : ce n'est cependant ni de la chair ni des membranes , mais une substance parti- culière , et qui ne ressemble à aucune autre. Dans les deux sexes les narines sont f m 592 HISTOIRE NATURELLE placées de part et d'autre du bec supé- rieur, et les oreilles de chaque côté de la tête , avec une peau blanche au- dessous de chaque oreille ; les pieds ont ordinairement quatre doigts , quelque- fois cinq , niais toujours trois en avant et le reste en arrière ; les plumes sor- tent deux à deux de chaque tuyau , caractère assez singulier qui n'a été saisi que par très-peu de naturalistes; Ja queue est à-peu-près droite, et néan- moins capable de s'incliner du côté du cou et du côté opposé ; cette queue , dans les races de gallinacés qui en ont une , est composée de quatorze grandes plumes qui se partagent en deux plans égaux inclinés l'un à l'autre, et qui se rencontrent par leur bord supérieur 8OUS un angle plus ou moins aigu. Mais ce qui distingue le mâle, c'est que les deux plumes du milieu de la queue sont beaucoup plus longues que les au- tres , et se recourbent en arc 5 que les plumes du cou et du croupion sont î f 'p DU FAISAN. 2(j3 longues et étroites , et que leurs pieds sont armés d'éperons. Il est vrai qu'il se trouve aussi des poules qui ont des éperons , mais cela est rare 5 et les poules ainsi éperonnées ont beaucoup d'autres rapports avec le mâle; leur créle se relève ainsi que leur queue , elles imitent le chant du coq, et cher- chent à l'imiter en choses plus es- sentielles 3 mais on auroit tort de les regarder pour cela comme herma- phrodites , puisqu étant incapables des véritables fonctions du mâle , et n'ayant que du dégoût pour celles qui leur con- viendroient mieux, ce sont, à vrai dire , des individus viciés , indécis , privés de l'usage du sexe , et même des attributs essentiels de l'espèce, puis- qu'ils ne peuvent en perpétuer aucune. Un bon coq est celui qui a du feu dans les jeux , de la fierté dans la dé- marche , de la liberté dans ses mou- vemens , et toutes les proportions qui annoncent la force ; un coq ainsi fait ,■'."' I l i ïm'> ^>^. *^ II' I 2g4 HISTOIRE NATURELLE n'impritneroit pas la terreur à un lion, comme on l'a dit et écrit tant de fois , mais il inspirera de l'amour à un grand nombre de poules 5 si on veut le mé- nager, on ne lui en laissera que douze ou quinze. Columelle vouloit qu'on ne lui en donnât pas plus de cinq ; mais, quand il en auroit cinquante chaque jour , on prétend qu'il ne manqueroit à aucune : à la vérité, personne ne peut assurer que toutes ses approches soient réelles, efficaces et capables de fécon- der les œufs de la femelle. Ses désirs ne sont pas moins impétueux que ses besoins paroissent être fréquens. Le matin , lorsqu'on lui ouvre la porte du poulailler où il a ^ té renfermé pendant la nuit , le premier usage qu'il fait de sa liberté est de se joindre à ses poules; il semble que, chez 1 ui, le besoin de man- ger ne soit que le second 5 et , lorsqu'il a été privé de poules pendant du temps , il s'adresse à la première femelle qui se présente , fût-elle d'une espèce fort DU FAISAN. 295 ëloignée 3 et même il s'en fait une du premier mâle qu'il trouve en son che- min : le premier fait est cité par Aris- tote , et le second est attesté par l'ob- servation de M. Edvs^ards , et par une loi dont parle Plutarque 5 laquelle con- damnoit au feu tout coq convaincu de cet excès de nature. Les poules doivent être assorties au coq si l'on veut une race pure; mais, si l'on cherche à varier et même à per- fectionner l'espèce, il faut croiser les races. Cette observation n'avoit point échappé aux anciens ; Columelle dit positivement que les meilleurs pou- lets sont ceux qui provienjient du mé- lange d'un coq de race étrangère avec les poules communes; et nous voyons dans Athénée que l'on a voit encore enchéri sur cette idée , en donnant un coq-faisan aux poules ordinaires. Dans tous les cns, on doit choisir celles qui ont l'œil éveillé , la crête flottante et rouge , et qui n'ont point MSS '"^ — >iJ)NtfjJl>f.''^*"^V If ( 296 HISTOIRE NATURELLE d'éperons ; les proportions de leur corps sont en général plus légères que celles du mille ; cependant elles ont les plu- mes plus larges et les jambes plus bas- ses. Les bonnes fermières donnent la préférence aux poules noires , comme étant plus fécondes que les blanches , et pouvant échapper plus facilement à la vue perçante de l'oiseau de proie qui plane sur les basse-cours. Le coq a beaucoup de soin et même d'inquiétude et de souci pour ses pou- les ; il ne les perd guère de vue ; il les conduit, les défend, les menace, va chercher celles qui s'écartent , les ra- mène , et ne se livre au plaisir de man- ger que lorsqu'il les voit toutes man- ger autour de lui. A juger par ïfis diffé- rentes inflexions de sa voix et par les différentes expressions de sa mine , ou ne peut guère douter qu'il ne leur parle differens langages ; quand il les perd , il donne des signes de regrets • quoi- qu'aussi jaloux qu'amoureux, il nea .<-' ^»--JI _. . corps celles plu- 5 bas- ant la jmme iches , lent à proie même !s pou- ; il les ce, va les va- man- man- diff'é- ar les le, on V parle perd, quoi- 11 nea DU FAISAN. 2f)7 maltraite aucune , sa jalousie ne l'ir- rite que contre ses concurrens; s'il se présente un autre coq , sans lui don- ner le temps de rien entreprendre, il accourt l'œil en feu , les plumes héris- sées , se jette sur son rival, et lui livre un combat opiniâtre jusqu'à ce que l'un ou l'autre succombe, ou que le nouveau venu lui cède le champ de bataille ; le désir de jouir , toujours trop violent, le porte non -seulement à écarter tout rival , mais même tout obstacle innocent ; il bat et tue quel- quefois les poussins , pour jouir plus à son aise de la mère; mais ce seul désir est-il la cause de sa fureur jalouse ? au milieu d'un sérail nombreux et avec toutes les ressources qu'il sait se faire, comment pourroit-il craindre le besoin ou la disette ? Quelque véhémens que soient ses appétits , il semble craindre plus le partage qu'il ne désire la jouis- sance; et, comme il peut beaucoup, sa jalousie est au moins plus excusable et \ 2()8 HISTOIRE NATURELLE mieux sentie que celle des autres sul- tans; d'ailleurs, il a coirrme eux une poule favorite qu'il cherck3 de préfé- rence , et à laquelle il revient pres- qu'aussi souvent qu'il va vers les autres. Et ce qui paroît prouver que sa ja- lousie ne laisse pas d'être une passion réfléchie, quoiqu'elle ne porte pas con- tre l'objet de ses amours, c'est que plu- sieurs coqs dans une basse-cour ne ces- sent de se battre , au lieu qu'ils ne bat- tent jamais les chapons , à moins que ceux-ci ne prennent l'habitude de sui- vre quelque poule. Les hommes, qui tirent parti de tout pour leur amusement, ont bien su met- tre en œuvre cette antipathie invincible que la nature a établie entre un coq et un coq ; ils ont cultivé cette haine innée avec tant d'art, que les combats de deux oiseaux de basse-cour sont devenus des spectacles dignes d'intéresser la curiosi- té des peuples, même des peuples polis; et en même temps des moyens de dé- -•^ if -^'t E ;s sul- X une préfé- pres- autres. I sa ja- ^assion as con- Lie pla- ne ces- ne bat- ins que de sui- de tout suwiet- incible >q et un innée le deux pus des Icuriosi- !8 polis; de dé- DU FAISAN. 299 velopper ou entretenir dans les âmes cette précieuse férocité , qui est , dit-on , le germe de l'héroïsme. Ou a vu , on voit encore tous les jours, dans plus d'une contrée , des hommes de tous états ac- courir en foule à ces grotesques tour- nois j se diviser en deux partis , cha- cun de ces ^ arlis s'échauffer pour son combattant, joindre la fureur des ga- geures les plus outrées à l'intérêt d'un si beau spectacle, et le dernier coup de bec de l'oiseau vainqueur renverser la fortune de pUisieurs familles ; c'é- toit autrefois la folie des Rhodiens,des Tangriens , de ceux de Pergame ; c'est aujourd'hui celle des Chinpis, des habitans des Philippines, de Java, de l'Isthme de l'Amérique , et de quelques autres nations des deux continens. Au reste , les coqs ne sont pas les seuls oiseaux dont on ait ainsi abusé : les Athéniens , qui avoient un jour dans l'année consacré à ces com- bats de coqs , employoient aussi les ---J* 300 HISTOIRE NATURELLE cailles au même nsaj^c; et les Chinois élèvent encore aujourd'hui , pour le combat , certains petits oiseaux res- seinblans n des cailles ou ù des linot- tes ; et par -tout la manière dont ces oiseaux se batlenl est diflérente, selon les diverses ëcoles où ils ont été for- més , et selon la diversité des armes offensives dont on les affuble : mais ce qu'il y a de remar([uable , c'est que les coqs de Rhodes, qui étoient plus grands, plus forts que les autres , et beaucoup plus ardens au combat, l'étoient au contraire beaucoup moins pour les fe- melles; il ne leur falloit que trois pou- les au lieu de quinze ou vingt, soit que leur feu se fût éteint dans la solitude forcée où ils avoient coutume de vivre , soit que leur colère trop souvent exci- tée eût étouffé en eux des passions plus douces, et qui cependant étoient, dans l'origine, le principe de leur courage et la source de leurs dispositions guer- rières : les mâles de cette race étoient hinoîs )ur le c res- linot- nt ces , selon té for- avmes nais ce que les grand j, aucoup lent au les fe- ds pou- ioit que lolitude î vivre , t excl- us plus t , dans irage et guer- létoieut 3oi DU FAISAN. donc moins mâles que les autres , et les femelles, q/l souvent ne sont que ce qu'on les Tait, e^toient moins fécon- des et plus paresseuses, soit à couver leurs œufs, soit à mener leurs pous- sins : tant l'art avoit bien réussi à dé- praver la nature ! tant l'exercice des talens de la guerre est opposé à ceux de la propagation! Les poules n'ont pas besoin de coq pour produire des œufs; il en naît sans cesse de la grappe commune de l'ovaire, lesquels, indépendamment de toute communication avec le maie, peuvent y grossir , et en grossissant acquièrent leur maturité, se détachent de leur calice et de leur pédicule, ])arcourent l'oi/iV/Mc/i/^ dans toute sa longueur, clie- min faisant s'assimilent par une force qui leur est propre la lymphe dont la cavité de cet ovidiictus est remplie, en composent leur blanc , leurs membra- nes, leurs coquilles, et ne restent dans ce viscère que jusqu'à ce que ses fibres Oiseaux. X. ^26 302 HISTOIRE. MATCB.EI,LE élastiques et sensibles étant gênées, irritées par la présence de ces corps, de- venus désormais des corps étrangers , entrent en contraction, et les poussent en dehors le gros bout le premier , selon Aristote. Ces œufs sont tout ce que peut faire Ja nature prolifique de la femelle seule et abandonnée à elle-même : elle pro- duit bien un corps organisé capable d'une sorte de vie, mais non un ani- mal vivant semblable à sa mère , et ca- pable lui-même de produire d'autres animaux semblables à lui; il faut pour cela le concours du coq et le mélange intime des liqueurs séminales des deux sexes ; mais lorsqu'une fois ce mélange a eu lieu , les effets en sont durables. Harvey a observé que l'œuf d'une poule séparée du coq depuis vingt jours, n'éloit pas moins fécond que ceux qu'elle avoit pondus peu après l'accou- plement; mais l'embryon qu'il con- tenoit n'éloit pas plus avancé pour •»v T'Ktf -LE gênées , )rps, de- rangers , poussent er, selon sut faire lie seule elle pro- capable un aiii- 'e,etca- d'autres aut pour mélange les deux mélange urables. uf d'une igt jours, ue ceux l'accou- l'il con- cé pour DU PAISAN. 5o5 cela, et il ne falloit pas le tenir sous la poule moins de temps qu'aucun autre pour le faire éclore ; preuve certaine que la chaleur seule ne suffit pas pour opérer ou avancer le développement du poulet, mais qu'il faut encore que l'œuf soit formé , ou bien qu'il se trouve en lieu où il puisse transpirer, pour que l'embryon qu'il renferme soit sus- ceptible d'incubation : autrement tous les œufs qui resteroient dans Yoviductus vingt-un jours après avoir été fécondés ne manqueroient pas d'y éclore , puis- qu'ils auroient le temps et la chaleur nécessaire pour cela , et les poules se- roient tantôt ovipares et tantôt vivi- pares. Le poids moyen d'un œuf de poule ordinaire est d'environ une once six gros ; si on ouvre un de ces œufs avec précaution , on trouvera d'abord sous la coque une membrane commune qui en tapisse toute la cavité, ensuite le blanc externe qui a la forme de cette X *-A ♦te,.»..*. f» ^ X .)04 HISTOIRE NATURELLE cavité, puis le blanc interne qui csi plus arrondi que leprtV.écJpr.l, et enfin au centre de ce blanc îe jaune qui est sphérique : ces différentes parties sont contenues cbacune dans sa membrane propre; et toutes ces membranes sont atlachëes ensemble à l'endroit de ces chalazœ , ou cordons , qui forme com- me les deux pôles,du jaune , la petite vé- sicule lenticulaire appelée cicatricule , se trouve à-peu-près sur son équateur, et fixée solidement à sa surface. A l'égard de sa forme extérieure , elle est trop connue pour qu'il soit be- soin de la décrire , mais elle est asçez souvent altérée par des accidens dont il est facile , ce me semble , de rendre raison , d'après l'histoire de l'œuf même et de sa formation. Il n'est pas rare de trouver deux jau- nes dans une seule coque ; cela arrive lorsque deux œufs également mûrs se détachent en même temps de l'ovaire, parcourent ensemble ïoviductus , et. qui est , et enfin G qui est lies sont înibraiie nés sont t de ces ne com- etitevé- tricule , uateur, rieure , 5oit be- st asçez dont il rendre l'œuf IX jau- arrive ;ûrs se vajre , , et. r) CJ FAISAN. 00.) formant leur blanc sans se séparer, se trouvent réunis sous la même enve- loppe. Si par quel qu'accident facile à sup- poser, un œuf détaché depuis quelque temps de l'ovaire , se trouve arrêté dans son accroissement , et qu'étant formé autant qu'il peut f être , il se rencontre dans la sphère d'activité d'un autre œuf qui aura toute sa force, celui-ci l'entraînera avec lui, et ce sera un œuf dans uii œuf On comprendra de même comment on y trouve quelquefois une épingle ou tout autre corps étranger qui aura pu pénétrer jusque dans ['oviductus. Il y a des poules qui donnent des œufs iiardés ou «^aus coque, soit par le dé- faut de Là matière propre dont se forme la coque, soit parce qu'ils sont chassés de [' i>viductus avi\ni leur entière matu- rité; aussi n'en voit-on jamais éclore de poulet, et cela arrive , dit-on , aux poules qui sont trop grasses : des causes > • • I ■• m M ^ 5o6 HISTOIRE NATURELLT5 cîireclement contraires produisent les œufs à coque trop épaisse et même des œufs à double coque : on en a vu qui avoient conservé le pédicule par lequel ils étoient attachés à l'ovaire, d'autres qui étoient contournés en manière de croissant , d'autres qui avoient la forme d'une poire ; d'autres enfin qui por- toient sur leur coquille l'empreinte d'un soleil , d'une comète , d'une éclipse ou de tel autre objet dont on avoit l'imagination frappée, on en a même vu quelques-uns de lumineux : ce qu'il y avoit de réel dans ces premiers phé- nomènes, c'est-à-dire, les altérations de la forme de l'œuf, ou les empreintes à sa surface , ne doit s'attribuer qu'aux différentes compressions qu'il avoit éprouvées dans le temps que sa coque étoit encore assez souple pour céder à l'effort, et néanmoins assez ferme pour en conserver fimpression : il ne seroit pas tout-à-fait si facile de rendre raison des œufs lumineux 5 un docteur aile" -■^«-«.■jWft 'IL ..'•■**■•< ■»•- n LT5 sent les Ime des a vu qui ir lequel d'autres nière de la forme [ui por- npreinte e éclipse on avoit a même : ce qu'il îers phé- térations ipreintes r qu'aux il avoit sa coque céder à nie pour le seroit e raison ur alle- D U FAISAN» 3o7 mand en a observé de tels , qui étoient actuellement sous une poule blanche, fécondée, ajoute-t-il, par un coq très- ardent : on ne peut honnêtement nier la possibihté du fait ; mais comme il esUuiique, il est prudent de répéter l'observation avant de l'expliquer. A l'égard de ces prétendus œufs de coq qui sont sans jaune , et contien- nent, à ce que croit le peuple, un ser- pent , ce n'est autre chose, dans la vé- rité , que le premier produit d'une poule trop jeune, ou le dernier effort d'une poule épuisée par sa fécondité même , ou enfin ce ne sont que des œufs imparfaits dont le jaune aura été crevé dans \oviductus de la poule, soit par quelqu' accident , soit par un vice de conformation , mais qui auront toujours con ervé leurs cordons ou chalazœ , que les amis du merveilleux n'auront pas manqué de prendre pour un serpent: c'est ce que M. de la Peyronie a mis hors de doute , par la dissection d'une 0m W^ ft >; 3o8 HISTOIRE NATURELLE poule qui pondoit de ces œufs; mais ni M. de la Pejronie , ni Thomas Bar- tliolin , qui ont disséqué de prétendus coqs ovipares , ne leur ont trouvé d'œufs , ni d'ovaires , ni aucune partie équivalente. Les poules pondent indifféremment pendant toute l'année , excepté pen- dant la mue qui dure ordinairement six semaines ou deux mois sur la fin de l'automne et au commencement de l'hiver : cette mue n'est autre chose que la chute des vieilles plumes qui se détachent comme les vieilles feuilles des arbres , et comme les vieux bois des cerfs , étant poussées par les nou- velles; les coqs y sont sujets comme les poules; mais ce qu'il y a de remar- quable, c'est que les nouvelles plumes prennent quelquefois une couleur dif- férente de celles des anciennes. Un de nos observateurs a fait celte remarque sur une poule et sur un coq, et tout le monde la peut faire sur plusieurs au- s I m .LE ifs; mais nas Bar- irétendus t trouvé ne partie remment ipté pen- airenient sur la lin ement de tre chose les qui se s feuilles eux bois les iiou- comme remar- plumes eur dif- Unde îmarque k tout le îurs au- » U FAISAN. ' Zog très espèces d'oiseaux , et particulière- ment sur les bengalis dont le plumage varie presque à chaque mue^ et en gé- néral , presque tous les oiseaux ont leurs premières plumes, en naissant, d'une couleur différente de celle dont elles doivent revenir dans la suite. La fécondité ordinaire des poules consiste à pondre presque tous les jours ; en dit qu'il j en a en Samogitie, à Malaca et ailleurs , qui pondent deux fois par jour. Aristote parle de cer- ines poules d'Iilyrie qui pondoient jusqu'à trois fois , et il y a apparence que ce sont les mêmes que ces petites poules adriènes ou adriatiques dont il parle dans un autre endroit , et qui étoient renommées par leur fécondité : quelques-uns ajoutent qu'il y a telle manière de nourrir les poules commu- nes , qui leur donne cette fécondité ex- traordinaire ; la chaleur y contribue beaucoup ; on peut faire pondre les poules en hiver en les tenant dana 0^ \f M 10 HISTOIRE NATURELLÎC '•I t. :,- .i^' i\, ^ ';(' une écurie où il y a toujours du fu- mier chaud sur lequel elles puissent séjourner. Dès qu'un œuf est pondu , il com- mence à transpirer , et perd chaque jour quelques grains de son poids par l'évaporation des parties les plus vola- tiles de ses sucs : à mesure que cette évaporatioo se fait, ou bien il s'épais- sit, se duixit et se dessèche, ou bien il contracte un mauvais goût, et il se gâte enfin totalement au point qu'il devient incapable de rien produire : l'art de lui conserver long-temps tou- tes ses qualités, se réduit à mettre obs- tacle à cette transpiration par une cou- che de matière grasse quelconque, dont on enduit exactement sa coque peu de momens après qu'il a été pondu ; avec cette seule précaution on gardera pendant plusieurs mois et même pen- dant des années des œufs bons à man- ger, susceptibles d'incubation, et qui auront en un mot toutes les propriétés I I w» - ,pi- •-*!"" i S du fu- puissent , il com- i chaque poids par plus vola- que cette il s épais- , ou bien Lt , et il se loint qu'il produire : emps tou- aeltre obs- * une cou- [ique,dont :oque peu té pondu; on gardera lême pen- ns à man- on , et qui propriétés DU FAISAN. iir des œufs frais. Les habitans de Ton- quiu les conservent dans une espèce de pâte faite avec de la cendre tamisée et de la saumure, d'autres Indiens dans l'huile : le vernis peut aussi servir à conserver les œufs que l'on veut man- ger ; mais la graisse n'est pas moins bonne pour cet usage, et vaut mieux pour conserver les œufs que Ton veut faire couver , parce qu elle s'enlève plus facilement que le vernis , et qu'il faut nettoyer de tout enduit les œufs dont on veut que l'incubation réus- sisse ; car tout ce qui nuit à la trans- piration nuit aussi au succès de l'in- cubation. J'ai dit que le concoure du coq étoit nécessaire pour la fécondation des œufs, et c'est, un fait acquis par une longue et constante expérience 5 mais les détails de cet acte si essentiel dans l'histoire des animaux sont trop peu connus; on sait , à la vérité, que la verge du mâle est double, et uest autre ) '4k #«« 'f% t i w. OI2 HISTOIRE NATURELLE chose que les deux mamelons par les- quels se terminent les vaisseaux sper- matiques à l'endroit de leur insertion dans le cloaque 5 on sait que la vulve de la femelle est placée au-dessus de l'anus , et non au-dessous comme dans le? quadrupèdes ; on sait que le coq s'approche de la poule par une espèce de pas oblique, accéléré, baissant les ailes comme un coq d'Inde qui fait la roue, étalant même sa queue à demi, et accompagnant son action d'un cer- tain murmure expressif, d'un mou- veir.ent de trépidation et de tous les signes du désir pressant ; on sait qu'il s'élance sur la poule, qui le reçoit en pliant les jambes , se mettant ventre à terre, et écartant les deux plans de longues plumes dont sa queue est com- posée ; on sait que le mâle saisit avec son bec la crête ou les plumes du som- met de la têle de la femelle , soit par manière de caresse, soit pour garder l'équilibre 5 qu'il ramène la partie pos- i. I DU FAISAN. 5l5 térieure de son corps où est sa d^ ible verge, et l'applique vivement sur la partie postérieure du corps de la poule où est l'orifice correspondant; que cet accouplement dure d'autant moins qu'il est plus souvent répété, et que le coq semble s'applaudir après par un batte- ment d'ailes et par une espèce de chant de joie ou de victoire ; on sait que le coq a des testicules, que sa liqueur sé- minale réside, comme celle des qua- drupèdes , dans des vaisseaux sperma» tiques ; on sait par mes observations , que celle de la poule réside dans la cicatricule de chaque œuf; comme cel le des femelles quadrupèdes dans le corps glanduleux des testicules ; mais on ignore si la double verge du coq , ou seulement Tune des deux , pénètre dans l'orifice de la femelle ^ et même s'il y a iutromisiion réelle ou une com- pression forte , ou un simple contact j on ne sait pas encore quelle doit être précisément la condition d'un œuf poui: Qi^jeaiix, X, i''7 UJ ;>^ Al I K ir i ■ Sl4 HISTOIRE NATURELIÏ qu'il puisse être fécondé , ni jusqu'à quelle distance l'action du mâle peut «étendre; en un mol, malgré \?. nom- bre infini d'expériences et d'observa- tions que l'on a faites sur ce sujet, on ignore encore quelques-unes des prin- cipales circonstances de la fécondation. Son premier effet connu est la dila- lion de la cicatricule et la formation du poulet dans sa cavité : car c'est la cicatricule qui contient le véritable germe, et elle se trouve dans les œufs fécondés ou non, même dans ces pré- tendus œufs de coq dont j'ai parlé plus haut , mais elle est plus petite dans les œufs inféconds. Ma Ipigliy l'ayant exa- minée dans des œufs féconds nouvelle- ment pondus , et avant qu'ils eussent été couvés , vit au centre de la cicatri- cule une bulie nageant dans une li- queur , et reconnut au milieu de cette bulle, l'embryon du poulet bien for- mé; au lieu que la cicatricule des œufs inféconds et produits par la poiile seule, i4 • il' ' .■y commencés , et pour écarter les dangers qui les en- vironnent: ce qu'il y a de plus digne i • Il 4 '■Il 018 HISTOIRE NATURELLE de remarque , c'est que la situation d'une couveuse , quelqu'insipide qu'elle nous paroisse, est peut-être moins une situation d'ennui qu'un état de jouis- sance continuelle, d'autant plus déli- cieuse quelle est plus recueillie, tant la nature semble av^oir mis d'attraits à tout ce qui a rapport à la multipli- plication des êtres. L'effet de l'incubation se borne au développement de l'embryon du pou- let , qui , comme nous l'avons déjà dit, existe tout formé dansr la cicatricule de l'œuf fécondé : voici à -peu -pi es l'ordre dans lequel se fait ce dévelop- pement, ou plutôt comme il se pré- sente à l'observateur 5 et comme j'ai déjà donné dans un assez grand détail tous les faits qui ont rapport au déve- loppement du poulet dans l'œuf, je me contenterai d'en rappeler ici les circonstances essentielles. Dès que l'œuf a été couvé pendant cinq ou six heures , on voit déjà dis- 1 %. ♦s» LLE situation de qu'elle noins une de jouis- alus déli- illie, tant d'attrnits multipli- borne an i du pou- dé jà dit, icatricule peu - près dc^velop- l se pré- Qime j'ai nd détail au déve- œuf, je r ici les pendant léjà dis- BU FAISAN. 3rf tinrtement la tête du jeune poulet jointe à l'épine du dos, nageant dans la liqueur dont la bulle , qui est au centre de la cicatricule, est remplie ; sur la fin du premier jour, la léle s'est déjà recourbée en grossissant. Dès le second jour on voit les pre- mières ébauches des vertèbres qui sont comme de petits globules disposés des deux côtés du milieu de l'épine; ou voit aussi paroître le commencement des ailes et les vaisseaux ombilicaux , remarquables par leur c juleur obs- cure; le cou et la poitrine se débrouil- lent, la télé grossit toujours ; on y ap- perçoit les premiers linéamens des jeux et trois vésicules entourées , ainsi que l'épine , de membranes transpa- rentes ; la vie du fœtus devient plus manifeste; déjà l'on voit son cœur bat- tre et son sang circuler. Le troisième jour tout esL plus dis- tinct, parce que tout a grossi : rî -|u'il y a de plus remarquable, c'est le ccKur B^. f , I If # } 1 1^ 320 HISTOIRE NATURELLE qui pend hors de la poitrine et bât trois fois de suite, une fois en rece- vant par l'oreillette le sang contenu dans les veines , une seconde fois eu le renvoyant aux artères , et la troi- sième fois en le poussant dans les vais- seaux ombilicaux ; et ce mouvement continue encore vingt -quatre heures après que l'embrjon a été séparé du ]>lanc de son €euf : on apperçoit aussi des veines et des artères sur les vési- cules du cerveau; les rudimens de la moelle de l'épine commencent à s'é- tendre le long des vertèbres : enfin on voit tout ie corps du fœtus , comme enveloppé d'une partie de la liqueur environnante, qui a pris plus de con- sistance que le reste. Les jeux sont déjà fort avancés le quatrième jour ; on y reconuoît fort bien la pnuielle , le cristallin , fhu- meur vitrée : on voit outre cela dans la tête cinq vésicules remplies d'hu- meur, lesquelles se rapprochant et se ÎLLE ine et bât s en rece- ig contenu ide fois eu et la troi- ns les vais- louvement itre heures séparé du îrcoit aussi ir les vési- nens de la cent à s'é- I : enfin on , comme la liqueur us de con- avancés le )naoît fort in , l'hu- cela dans lies d'hu- lant et se D U F A I s A N. 321 recouvrant peu à peu les jours suivans, Ibrmeront enfin le cerveau enveloppé de toutes ses membranes ; les ailes croissent , les cuisses commencent à paroître , le corps à prendre de la chair. Les progrès du cinquième jour con- sistent , outre ce qui vient d'être dit , en ce que tout le corps se recouvre dune chair onctueuse; que le cœur est retenu au-dedans par une membrane fort mince, qui s'étend sur la capacité de la poitrine , et que l'on voit les vaisseaux ombilicaux sortir de l'ab- domen. Le sixième jour, la moelle de l'é- pine s'étant divisée en deux parties , continue de s'avancer le long du tronc ; le foie , qui étoit blanchâtre aupara- vant , est devenu de couleur obscure ; le cœur bat dans ses deux ventricules; ie corps du poulet est recouvert de la peau , et sur cette peau l'on voit déjà poindre les plumes. 0'-^ 4 '^^ 'l i]' i ^22 HISTOIRE NATURELLE Le bec est facile à distinguer Je sep- tième jour ; le cerveau , les ailes , les cuisses et les pieds ont acquis leur fi- gure parfaite; les deux ventricules du cœur paroissent comme deux bulles contiguës et réunies par leur partie su- périeure avec le corps des oreillettes: on remarque deux mouvemens succes- sifs dans les ventricules aussi-bien que dans les oreillettes , ce sont comme deux cœurs séparés. Le poumon paroît à la fin du neu- vième jour , et sa couleur est blan- châtre ; le dixième jour les muscles des ailes achèvent de se former, les plumes continuent de sortir ; et ce n'est que le onzième jour qu'on voit des artères , qui auparavant étoient éloignées du cœur , s'y attacher , et que cet organe se trouve parfaitement conformé et réuni en deux ventricules. Le reste n'est qu'un développement plus grand des parties, qui se fait jus- qu'à ce que le poulet casse sa coquille l^ .■/ ELLE uer Je sep- 5 ailes, les lis leur fi- tricules du ïux bulles partie su- reillettes : ;ns succes- i-bien cjue :it comme n du neii- est blan- s muscles rmer, les ir 5 et ce :juon voit [it étoient acher , et faitement îiitricules. ^ppement e fait juS' i co(|uille DU FAISAN. 323 après avoir pipé , ce qui arrive ordi- nairement le vingt-unième jour, quel- quefois le dix-huitième , d'autres fois le vingt-septième. riN DU TOME DIXIEME. hE L'IMPRIMERIE DE GUILLEMII^EX. .'- 1-.,