IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 M 1.25 ■M K2S II us ^ m lllll-^ i.4 INI 1.6 II -► 7] 72 / '^:> /À ^ '/ Hiotographic Sdences Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14580 (716) 872-4503 A CIHM/ICMH Microfiche Séries. CIHM/iCIViH Collection de microfiches. Canadian Instituts for Historical Microreproductions / Institut canadien de microreproductions historiques -r éS Tschnical and Bibliographie Notas/Notas tachniquaa at bibliographiquaa Tha Instituta has anamptad to obtain tha bast original copy availabla for filming. Faaturas of thii copy which may ba bibliographically uniqua. which may aitar any of tha imagaa in tha raproduction. or which may significantly changa tha usual mathod of filming. ara chockad balow. □ Colourad covars/ Couvartura da coulaur rn Covars damagad/ D D D D Couvartura andommagéa Covars rastorad and/or laminatad/ Couvartura rastauréa at/ou palliculéa I I Covar titia missing/ La titra da couvartura manqua Colourad maps/ Cartas géographiquas an coulaur □ Colourad ink (i.a. othar than blua or black)/ Encra da coulaur (i.a. autra qua blaua ou noira) r~y{ Colourad platas and/or illustrations/ Planchas at/ou illustrations 9n coulaur Bound with othar matarial/ Ralié dvac d'autras documants [~7| Tight binding may causa shadows or distortion along intarior margin/ La r9 liura sarrée paut causar da l'ombra ou da la distorsion le long de la marge intérieure Blank laavas addad during rastoration may appaar within tha taxt. 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Tha Iast racordad frama on aach microficha shaii contain tha symboi — ^ (maanlng "CON- TINUED"), or tha symboi y (maanlng "END"), whichavar appiiaa. Maps, piatas, charts, atc, may ba fiimad at diffarant raduction ratios. Thoaa too larga to ba antiraly includad in ona axpoaura ara fiimad baginning In tha uppar laft hand cornar, laft to right and top to bottom, as many framas as raquirad. Tha followlng diagrams lllustrata tha mathod: L'axamplaira filmé fut raproduit grica à la générosité da: Séminaire de Québec Bibliothèque Laa imagaa suivantaa ont été raproduitas avac la plua grand soin, compta tenu da la condition at da la nattaté da l'axamplaira filmé, at an conformité avac laa conditions du contrat da filmaga. Laa axamplairas originaux dont la couvartura an papiar aat impriméa aont filmés an commançant par la pramiar plat at an tarminant soit par la darniéra paga qui comporta una amprainta d'Imprassion ou d'illustration, soit par la sacond plat, salon la caa. Toua laa autraa axamplairas originaux aont fiiméa an commançant par la pramiéra paga qui comporte una amprainta d'Impraaaion ou d'Iiluatration at an tarminant par la darniéra paga qui comporta una talla amprainta. Un daa symboiaa suivants apparaîtra sur la darniéra imaga da chaqua microficha, salon la caa: la symbola — »• signifia "A SUIVRE", la symbola ▼ signifia "FIN". Laa cartas, pianchaa, tablaaux, atc. pauvant étra filmés é daa taux da réduction différants. Loraqua la documant ast trop grand pour étra raproduit an un saul cliché, il aat filmé é partir da l'angia aupériaur gauche, da gaucha é droite, et de haut en baa, en prenant le nombre d'imagea nécessaire. Les diagrammes suivante iiluatrant la méthode. 1 2 3 1 2 3 4 5 6 1*1^^ ,«>T|1.' '\\ >»■;> : '-vï: ■♦, / ;,, . t »• • \ ■• 1* .'' ' t H t ' .. - \ '.- *\ ^... .^^. ■ •P ' ■• :- l Nt i • ■'■ 1 ;■ ■ ''infr Ç .4^ y-";-.. l , •* j^ A ' ;-J ■ t' , > 1 ' - .« ï( -'- ?■ f ■ _,T' •J- '. i-v- HISTOIRE NATURELLE DE B U F F O N. OISEAUX. TOME XI. '/ \ %- y^ ^-«^•«►' -^.. -1-V^ , ./ Sa \ \ \%',\\"\ '., (,) j-ïi.VL HHîOTr.ni .>ï O ^ 'i U'â'- E.-^.:.J. „. ^^...'»<'~'.>'«' ""«»'"»"' inmwi"!'" ly 'f*»**»"*'* ' .2 u /■- H a I O' '1 ï "a épi ■■» ISTOIRE NATUR D E B lï # •»■■♦ V classée par ordres, ge ^ d'après le système AVEC LES CARACTÈRES et la nomenclature Linnéenne } Par RENE-RICHARD CASTEL > auteuT du poèm* 11 * ^ àt» Plantes» KOVVELLE £D TOME X «V -rN'i '-•i;.,;*^<4*. ' ^ .v-.«. fV Î>È t'iMPRÎMÊRlE DE CllAt»ËLET- Clieâi DEtERViLLE, rue du Battoir ^ n^ lS« AK X— 1 80 3< i //i ir ^'-' ■• *' ->.- •''»••-. .-■--•-•**--?-^''"">--~»*p^-j^jj,;^^ -.*js^^ KSr.-^i^ .T.t jît«î A n: :) 51 a zi n :i k i h 'î rr. va :i a s /*^^- m HISTOIRE NATURELLE. p.fS QISEA.UX. 'U P • ■ j > . . < > 1 ^4 ^l^■i ^ ^*-v ■"•f to" J r , ( ; ( 'i n 4 RISTOIRS NATtrRELLS VU la chaleur varier du trente - hui- tième au vingt-quatrième degré, sans qu'il en résultât d'inconvénient pour la couvée; mais il faut remarquer qu'ici l'excès est beaucoup plus à craindre que le défaut, et que quelques heures du trente-huitième et même du trente- sixième degré , feroient plus de mal que quelques jours du vingt-quatrième ; et la preuve que cette quantité de moindre chaleur peut encore être dimi- nuée sans inconvénient , c-est qu a yant trouvé , dans une prairie qu'on fau-* choit, le nid d'une perdrix, et ayant gardé et tenu à l'ombre les oeufs pen<» dant trente-stx heures , qu'on ne put trouver de poule pour les couver , ils éclorent néanmoins tous au bout de trois jours , excepté ceux qui avoient été ouverts pour voir où en étoient les perdreaux; à la vérité, ils étoient très* avancés , et sans doute , il faut un degré de chaleur plus fort dans les commen» cemens de Tiacubatioa que sur la £a ri D U T A I s A w. -t 1 »f 9 9e ce même temps , où la chaleur du petit oiseau suffit presque seule à son développement. A l'égard de son humidité, comme elle est fort contraire au succès de rincubatton , il faut avoir des moyens sûrs pour reconnoître si elle a pénétré dans le four, pour la dissiper lorsqu'elle y a pénétré , et pour empêcher qu'il n'eu vienne de nouvelle, orfrîtj^ ayiï^»^^» • L'hygromètre le plus simple DU F A 18 AN.- Il souci, que sa constituûonj^Ei^estâensU blement altérée , et qu'il distinguer de toute autj mère qui mène ses peti plumea hérissées et ses ai soit au son enroué de si différentes inflexions t( sives, et ayant toutes ui preinte de sollicitude et d'al terneile.! *•- DU FAISAN. i3 tous les soins de la poule pour élever ses petits , si ces soins supposoient né- cessairement un degré d'attention et d'affection égal à celui de la mère elle- même ; il suffit, pour réussir, de re- marquer les principales circonstances de la conduite de la poule, et ses pro- cédés à l'égard de ses petits , et de les imiter autant qu'il est possible. Par exemple, ayant observé que le princi- pal but des soins de la mère est de conduire ses poussins dans des lieux où ils puissent trouver à se nourrir , et de les garantir du froid et de toutes les injures de l'air , on a imaginé le moyeii de leur procurer tout cela avec encore plus d'avantage que la mère ne peut le faire ; s'ils naissent en hiver, on les tient pendant un mois ou six semaines dans une étuve échauffée au même degré que les fours d'incubation : seu- lement on les en tire cinq ou six fois par jour pour leur donner à manger au grand air , et sur-tout au soleil 3 la Oiseaux. XI. :i 11; M 14 HISTOIRE VATURELLE chaleur de l'étuve favorise leur déve- loppement, l'air extérieur les fortifie, et ils prospèrent : de la mie de pain , des jaunes d'œufs, de la soupe, du millet, sont leur première nourriture : si c'est en été , on ne les tient dans l'étuve que trois ou quatre jours, et, dans tous les temps , on ne les tire de l'étuve que pour les faire passer dans la poussinière ; c'est une espèce de cage carrée, fermée par -devant d'un gril- lage en fiUde-fer , ou d'un simple filet, et par -dessus d'un couvercle à char- nière ; c'est dans cette cage que les poussins trouvent à manger : mais, lors- qu'ils ont mangé et couru suffisam- ment, il leur faut un abri où ils puis- sent se réchauffer et se reposer ; et c'est pour cela que les poulets qui sont menés par une mère ont coutume de se rassembler alors sous ses ailes. M. de Réaumur a imaginé pour ce même usage une mère artificielle i c'est une boîte doublée de peau de mouton, dont ""«■ïinte:,. *''t!«im:&ii^itKi:^'^'^^'''''*'^l^l^^m-^^''^ -'■-■'. "-^tSm D U F A I s A N. l5 ]al>aseest carrée , et le dessus incliné comme le dessus d'un pupitre; il place cette boîte à l'un des bouts de sa pous- sinière , de manière que les poulets puissent y entrer de plein-pied et en faire le tour au moins de trois côtés , et il l'échauffé par-dessous au moyen d'une chaufferette qu'on renouvelle selon le besoin ; l'inclinaison du cou- vercle de cette espèce de pupitre offre des hauteurs différentes pour les pou- lets de différentes tailles : mais comme ils ont coutume , sur - tout lorsqu'ils ont froid, de se presser et même de s'entasser en montant les uns sur les autres , et que , dans cette foule , les pe- tits et les foibles courent risque d'être étouffés , on tient cette boîte ou mère artificielle ouverte par les deux bouts, ou plutôt on ne la ferme aux deux bouts que par un rideau que le plus petit poulet puisse soulever facile- ment , afin qu'il ait toujours la facilité de sortir lorsqu'il se sent trop pressé; IV tf»*-» •!•«'■♦- l6 HISTOIRE NATURELLE après quoi il peut, en faisant le tour, revenir par l'autre bout et choisir une place moins dangereuse. M. de Réau- mur tâche encore de prévenir ce même inconvénient par une autre précau- tion , c'est de tenir le couvercle de la mère artificielle incliné assez bas pour que les poulets ne puissent pas monter les uns sur les autres; et, à mesure que les poulets croissent , il élève le cou- vercle, en ajoutant sur le côté de la boite des hausses proportionnées : il renchérit encore sur tout cela , en di- visant ses plus grandes poussinières en deux par une cloison transversale , afin de pouvoir séparer les poulets de différentes grandeurs ; il les fait mettre aussi sur des roulettes pour la facilité du transport , car il faut absolument les rentrer dans la chambre toutes les nuits , et même pendant le jour lorsque le temps est rude ; et il faut que cette chambre soit échauffée en temps d'hi- ver : mais, au reste, il est bon, dans ' wi ii»>Kii>i ^fnf \r ..i^-^ ■'*^ ;'"*. -'^-i*'^ ' ,, ^^■f*m- ^■^~*j>f|y>"' DU FAISAN. .1. 17 les temps qui ne sont ni froids ni plu- vieux, d'exposer les poussinières au grand air et au soleil , avec la seule précaution de les garantir du vent; on peut même en tenir les portes ouver- tes, les poulets apprendront bientôt à sortir pour aller gratter le fumier ou becqueter l'iierbe tendre, et à rentrer pour prendre leur repas ou sY'chaufFer sous la mère artificielle ; si l'on ne veu t pas courir le risque de les laisser ainsi vaguer en liberté , on ajoute au bout de la poussinière une cage à poulets ordinaire, qui, communiquant avec la première , leur fournira un plus grand espace pour s'ébattre, et une prome- nade close où ils seront en sûreté. Mais plus on les tient en captivité, plus il faut être exact à leur fournir une nourriture qui leur convienne : outre le millet, les jaunes d'œufs, la soupe et la mie de pain , les jeunes pou- lets aiment aussi la navette, le chene- vis , et autres menus grains de ce fi id HISTOIRE NATUReLLE genre; les pois , les fèves, les lentilles, le riz , l'orge et l'a^'oine mondés , le turquis écrasé et le blé noir. Il con- vient, et c'est même une écononaie, de faire crever dans l'eau bouillante la plupart de ces graines avant de les le^r donner; celte économie va à v'i cin- quième sur le froment, à deux cMcrvi'è- mes sur l'orge, à une raritif* ; «r le tur- quis, à rien sur l'avoine et le blé noir; il y auroit de la perte à faire crever le seigle , mais c'est de toutes ces grai- nes celle que les poulets aiment le moins. Enfin on peut leur donner, à mesure qu'ils deviennent grands , de tout ce que nous mangeons nous-mê- mes, excepté les amandes amères et les grains de café; toute viande ha- chée, cuite ou crue, leur est bonne> sur-tout les vers de terre ; c'est le met» dont ces oiseaux , qu'on croit si peu carnassiers , paroissent être le plus friands , et peut-être ne leur manque- Ml , comme a ^. 'autres ' a un Dec ^h( '■•mm^ ..,- -r-K.:-^.-. #t»:^ m-^.^..» DU FAISAN. 'Q de crochu et des sei res pour être de vëri- tabl(^ oiseau/ de proie. Cependant il faut avouer qu'ils ne diffèrent pas moins des oiseaux de proie par la façon de digérer et par Ja struc- ture de l'estomac, que par le bec et par les ongles 5 l'estCMiiac de ceux-ci est membraneux , et leur digestion s'opère par le moyen d'un dissolvant qui varie dans les différentes espèces , mais dont l'action est l>ien constatée; au lieu que les gallinacés peuvent étu regardé» comme ayant trois estomacs : savoir, 1°. le jabot, qui est une espèce de poche membraneuse où les grains sont d'abord macérés, et commencent à se ramollir ^ 2°. la partie la plus évasée du canal intermédiaire entre le jabot et le gésier , et la plus voisine de celui-ci ; elle est tapissée d'une quantité de pe- tites glandes qui fournissent un suc dont les alimens peuvent aussi se pénétrer à leur passage • 3°. enfin le gésie , qui fournit un suc manifestement i cide , 20 HISTOIRE NATURELLE l H ^ puisque de l'eau dans laquelle on a J)rové sa membrane interne devient une bonne présure pour faire cailler les crèmes 5 c'est ce troisième estomac qui ncJiève, par l'action puissante de ses muscles , la digestion qui n'avoit été que préparée dans les deux premiers. La force de ses muscles est plus grande qu'on ne le croiroit^ en moins de qua- tre heures elle réduit en poudre impal- pable une boule d'un verre assez épais pour porter un poids d'environ quatre livres; en quarante -huit heures elle divise Jongitudinalement, en deux es- pèces de gouttières, plusieurs tubes de verre de quatre lignes de diamètre et d'une ligne d'épaisseur, dont, au bout de ce temps , toutes les parties aiguës et tranchantes se trouvent émoussées et le poh détruit, sur-tout celui de la par- tie convexe : elle est aussi capable d'a- platir des tubes de 1er -blanc, et de broyer jusqu'à dix-sept noisettes dans l'espace de vingt-quatre heures, et cela if!*'?» DU FAISAN. 21 par des compressions multipliées, par une alternative de frottement dont il est difficile de voir la mécanique.. M. de Réaumur, ayant fait nombre de tenta- tives pour la découvrir , n'a apperçu qu'une seule fois des mouvemens un peu sensibles dans cette partie 5 il vit dans un chapon, dont il a voit mis le gésier à découvert , des portions de ce viscère se contracter , s'applatir et se relever ensuite; il observa des espèces de cor- dons charnus qui se formoient à su sur- face, ou plutôt qui paroissoient s'y for- mer, parce qu'il se faisoit entre deux des enfoncemens qui les séparoient, et. tous ces mouvemens sembloient se pro- pager comme par ondes et très-lente- ment. Ce qui prouve que dans les gallinacés la digestion se fait principalement par l'action des muscles du gésier , et non par celle d'un dissolvant quelconque, c'est que, si l'on fait avaler à l'un de ce^ oiseaux un petit tube de plomb ouvert 'S , in ' ■ 1 i \^ I ÏWI 22 HISTOIRS NATURELLE par les deux bouts, mais assez épais pour n'être point applati par l'effort du gésier, et dans lequel on aura introduit un grain d'orge , le tube de plomb aura perdu sensiblement de son poids dans l'espace de deux jours 5 et le grain d'orge qu'il renferme , fût - il cuit et même mondé , se retrouvera au bout de deux jours un peu renflé , mais aussi peu altéré que si on l'eût laissé pendant le même temps dans tout autre endroit également humide; au lieu que ce même grain , et d'autres beaucoup plus durs , qui ne seroienl pas garantis par un tube , seroient digérés en beaucoup moins de temps. Une chose qui peut aider encore à l'action du gésier, c'est que les oiseaux en tiennent la cavité remplie autant qu'il est possible , et par là mettent en jeu les quatre muscles dont il est com- posé ; à défaut dje grains , ils le lestent avec de l'herbe et même avec de petits cailloux , lesquels , par leur dureté et ._iâ»»3P'! DU FAISAIT. 23 leurs inégalités , sont des instrumens propres à broyer les grains avec les- quels ils sont continuellement froissés ; je dis par leurs inégalités , car, lorsqu'ils sont polis, ils passent fort vite , il ny a que les raboteux qui restent ; ils abon- dent d'autant plus dans le gésier, qu'il s'y trouve moins d'alimens j et ils y sé- journent beaucoup plus de temps qu'au- cune autre matière digestible ou non digestible. Et l'on ne sera point surpris que la membrane intérieure de cet estomac soit assez forte pour résister à la réac- tion de tant de corps durs sur lesquels elle agit sans relâcbe, si Ton fait atten- tion que cette membrane est en effet fort épaisse et d'une substance analo- gue à celle de la corne 5 d'ailleurs , ne sait-on pas que les morceaux de bois et les cuirs, dont on se sert pour frotter avec une poudre extrêmement dure les corps auxquels on veut donner le poli, résistent fort long-temps ? On peut n il i ■ k> < •mmmmmm 'I &4 HISTOIRE NATURELLE encore supposer que cette membrane dure se sépare de Ja même manière que la peau calleuse des maius de ceux qui travaillent à des ouvrages de force. Au reste, quoique les petites pierres puissent contribuer à la digestion , il n'est pas bien avéré que les oiseaux gra- nivores ajent une intention bien déci- dée en les avalant. Redi ayant renfer- mé deux chapons avec de l'eau et de ces petites pierres pour toute nourriture, ils burent beaucoup d'eau et mouru- rent , l'un au bout de vingt jours , l'au- tre au bout de vingt - quatre , et tous deux sans avoir avalé une seule pierre. Redi en trouva bien quelques - unes dans leur gésier; mais c'étoit de celles qu'ils avoient avalées précédemment. Les organes servant à la respiration consistent en un poumon semblable à celui des animaux terrestres , et dix cellules aériennes, dont il y en a huit dans la poitrine qui communiquent immédiatement avec le poumon , et i '■ê vi3 l -''**-' ,-*»- et 4 f DUFAISAN. 25 deux plus grandes par le bas -ventre qui communiquent avec les huit pré- cédentes : lorsque dans Tinspiraiion ie thorax est dilaté , l'air entre par le larynx dans le poumon , passe du pou- mon dans les huit cellules aériennes supérieures, qui attirent aussi, en se dilatant , celui des deux cellules du bas -ventre , et celles-ci s'affaissent à proportion j lorsqu'au contraire le pou- mon et les cellules supérieures s'affais- sent dans l'expiration , pressent l'air contenu dans leur cavité , cet air sort en partie par le larynx , et repasse en partie des huit cellules de la poi- trine dans les deux cellules du bas-ven- tre , lesquelles se dilatant alors par luie mécanique assez analogue à celle d'un soufflet à deux âmes : mais ce n'est point ici le lieu de développer tous les ressorts de cette mécanique,* il suffira de remarquer que dans les oi- seaux qui r.o volent point , comme l'autrucho , le cazoar , et dans ceux qui Oiseaux XI. S '•m ».3alfcwj. ..-.■«â?^k.'ife!h<«^^- &G HISTOIRE NATURELLB 1 « i m volent pesamment , tels que les galli- nacés , la quatrième cellule de chaque côté est plus petite. Toutes ces différences d'organisation en entraînent nécessairement beau- coup d'autres , sans parler des anches membraneuses observées dans quel- ques oiseaux. M. Duverney a fait voir sur un coq vivant, que la voix, dans ces oiseaux , ne se formoit pas vers le iarynx comme dans les quadrupèdes , mais au bas de la trachée-artère , vers la bifurcation, où M. Perrault a vu un larynx interne. Outre cela , M. Héris- sant a observé dans les principales branches du poumon , des membranes sémi-lunaires posées transversalement les unes au-dessus des autres , de façon qu'elles n'occupent que la moitié de la cavité de ces bronches , laissant à fair un libre cours par l'autre demi-cavité 5 et il a jugé avec raison , que ces mem- branes dévoient concourir à la forma- tion de la voix des oiseaux , mais moins 1 a ^v--*--- ■■■3»(-k»-. .^>^1*^*.- >»./—.•, ».,„^:-j' S galli- cliaque lisation beau- anches i quel- ait voir i, dans vers le pèdes , B, vers 1 vu un Héris- cipaies ibranes lement B façon lé de la ; a lair cavité; meni- forma- moins DUITAISAN. 27 ««sentiel lement encore que la mem- brane de l'os de la lunette , laquelle termine une cavité assez considérable, qui se trouve au-dessus de la partie supérieure et interne de la poitrine, et qui a aussi quelque communication avec les cellules aériennes supérieures: cet anatomiste dit s'être assuré , par des expériences réitérées , que lorsque cette membrane est percée , la voix se perd aussi ; et que pour la faire enten- dre de nouveau, il faut boucher exac- tement l'ouverture de la membrane, et empêcher que l'air ne puisse sortir. D'après de si grandes différences observées dans l'appareil des organes de la voix ; ne paroîtra-t-il pas singu- lier que les oiseaux , avec leur langue cartilagineuse et leurs lèvres de cor- nes , aient plus de facilité à imiter nos chants et même notre parole , que ceux d'entre les quadrupèdes qui ressem- blent le plus à l'homme ; tant il est difficile de juger de l'usage des parties I % /^î *«■■« x,-jt -m.wmm-^ 28 HISTOIRE NATURELLE par leur simple structure , et tant il est vrai que la modification de la voix et des sons dépend presqu en entier de la sensibilité de louie! Le tube intestinal est fort long dans les gallinacés, et surpasse d'en- viron cinq fois la longueur de l'ani- mal, prise de l'extrémité du bec jus- qu'à l'anus ; on y trouve deux caecum d'environ six pouces , qui prennent naissance à l'endroit où le colon se joint à l'iléon , le rectum s'élargit à son ex- trémité et forme un réceptacle com* mun qu'on a appelé cloaque , où se rendent séparément les excrémens so- lides et liquides , et d'où ils sortent à- la-fois sans être néanmoins entière- ment mêlés : les parties caractéristi- ques de sexes s'y trouvent aussi 5 sa- voir, dans les poules la vulve ou l'ori- fice de ïoviductus; et dans les coqs les deux verges, c'est-à-dire , les mamelons des deux vaisseaux spermatiques ; la vulve est placée, comme nous l'avons TMii ■■4^-'-^' < sa- ,. 1 on- 1 >qs les i lelons i îsj la 1 ayons i DUrAlSAN. 29 dil plus haut, au-dessus de l'anus, et par conséquent tout au rebours de ce qu'elle est dans les quadrupèdes. On savoit, dès le temps d'Aristote, que tout oiseau mâle avoit des testicu- les , et qu'ils étoient cachés dans l'inté- rieur du corps; on attribuoit même à celte situation la véhémence de l'ap- pétit du maie pour la femelle, qui a, disoit-on moins d'ardeur , parce que l'ovaire est plus près du diaphragme et par conséquent plus a portée d'être rafraîchi par l'air de la respiration : au reste , les testicules ne sont pas tellement propres au mâle , que l'on n'en trouve aussi dans la femelle de quelques espèces d'oiseaux , comme dans la canepetière, et peut-être l'ou- tarde. Quelquefois les mâles n'en ont qu'un, mais le plus souvent ils en ont deux, et il s'en faut beaucoup que la grosseur de ces espèces de glandes soit proportionnée à celle de l'oiseau. L'ai- gle les a comme des pois, et un poulet fl ai ■0 mffmmm l'U ' ^ I \ ; \ \ i i) > > if il i I f 3o HISXOIÎIE NATtrnELLÉ de quatre mois les a déjà comme des olives^ engi'néral, leur grosseur varie, non- seulement d'une espèce à l'autre, mais encore dans la même espèce, et n'est jamais plus remarquable que dans le temps des amours. Au reste, quel- que peu considérable qu'en soit le vo- lume , ils jouent un grand rôle dans l'économie animale , et cela se voit clairement par le^» changemens qui arrivent à la suittî de leur extirpa- tion. Cette opération se fait commu- nément aux poulets qui ont tiois ou quatre mois; celui qui la subit prend désormais plus de chair, et sa chair, qui devie>ii plus succulente et plus dé- licate , donne aux chimistes des pro- duits difiPérens que ceux qu'elle eût donnés avant la castration ; il n'est presque plus sujet à la mue , de même que le cerf, qui est dans le même cas, ne quitte plus son bois; il n'a plus le même chant, sa voix devient enrouée et il ne la fuit entendre que rarement; me des r varie, l'autre, •èce, et ue dans , quel- le vo- e dans îe voit ns qui Ktirpa- mmu- ois ou prend chair, us dé- s pro- ie eût nest même e cas, lus le rouée nent; DU FAISAN. Zt traité durement par les coqs , avec dédain par les poules, privé de tous les appétits qui ont rapport à la reproduc- tion, il est non-seulement exclus de la société de ses semblables , il est encore , pour ainsi dire, séparé de son espèce; c'est un être isolé, hors d'oeuvre, dont toutes les facultés se replient sur lui- même et n'ont pour but que sa conser- vation individuelle 5 manger, dormir et s'engraisser , voilà désormais ses principales fonctions et tout ce qu'on peut lui demander : cependant , avec un peu d'industrie , on peut tirer parti de sa foiblesse même , et de sa docilité qui en est la suite , en lui donnant des habitudes utiles; celle, par exemple, de conduire et d'élever les jeunes pou- lets ; il ne faut pour cela que le tenir pendant quelques jours dans une pri- son obscure 5 ne l'en tirant qu'à des heures réglées pour lui donner à man- ger, et l'accoutumant peu à peu à la vue et à la compagnie de quelques pou- t '^ / A «S-*'*-«-v • *ï.*âlfc», :^^ae!i#M . 32 HISTOIRE NATURELLE ii j «. lets un peu forts , il prendra bientôt ces poulets en amitié, et les conduira avec autant d'affection et d'assiduité que le feroit leur mère ; il en conduira même plus que la mère, parce qu'il en peut réchauffer sous ses ailes un plus grand nombre à -la -fois. La mère- poule, débarrassée de ce soin, se remet- tra plus tôt à pondre , et de cette ma- nière les chapons , quoique voués à la stérilité, contribueront encore indirec- tement à la conservation et à la mul- tiplication de leur espèce. Un si grand changement dans les mœurs du chapon, produit par une cause si petite et si peu suffisante en apparence , est un fait d'autant plus remarquable, qu'il est confirmé par un très- grand nombre d'expériences que les hommes ont tentées sur d'autres espèces, et qu'ils ont osé étendre jus- que sur leurs semblables. On a fait sur les poulets un essai beaucoup moins cruel , et qui n'est ( p>*im>r:-y:-:^- '^i'»<^3é«fef^ '^(N^far^jCi Wjjtïi^iitwiSV'-..--^- .,/ LE bientôt londuira issiduité conduira qu'il en un plus mère- ! remel- tte mâ- les à la ndirec- a mul- ms les ar une nte en it plus par un es que autres :e jus- 1 essai i n'est 0 ■* DUTAISAN. 33 peut-être pas moins intéressant pour la physique ; c'est après leur avoir em- porté la crête, comme on fait ordinai- rement , d'y substituer un de leurs éperons naissans , qui ne sont enco 3 que de petits boutons ; ces éperons, ainsi entés, prennent peu-à-peu racine dans les chairs , en tirent de la nour- riture, et croissent souvent pkis qu'ils n'eussent fait dans le lieu de leur ori- gine : on en a vu qui avoient deux pouces et demi de longueur, et plus de trois lignes et demie de diamètre à la base, quelquefois en croissant ils se re- courbent comme les cornes de bélier , d'autres fois ils se renveisent comme celles des boucs. C'est une espèce de greffe animale dont le succès a dû paroître fort dou- teux la première fois qu'on l'a tentée , et dont il est surprenant qu'on n'ait tiré , depuis qu'elle a réussi , aucune connoissance pratique. En général les expériences destructives sont culli- ■ ■*ci ■^cmtw: -\ rt^m^^'im^^'''^^. :^f'"^ pr x m '! ■• S' a' J 34 HISTOIRE NATURELLE vées, suivies plus vivement que celles qui tendent à la conservation , parce que l'homme aime mieux jouir, et con- sommer , que faire du bien et s'ins- truire. Les poulets ne naissent point avec cette crête et ces membranes rougeâ- tres qui les distinguent des autres oi- seaux ; ce n'est qu'un mois après leur naissance que ces parties commencent à se développer; à deux mois les jeu- nes mâles chantent déjà comme les coqs, et se battent les uns contre les autres ; ils sentent qu'ils doivent se haïr , quoique le fondement de leur haine n'existe pas encore ; ce n'est guère qu'à cinq ou six mois qu'ils com- mencent à rechercher les poules , et quecelles-cicommencentàpondrejdans les deux sexes, le terme de Taccrois- sement complet est à un an ou quinze mois; les jeunes poules pondent plus, à ce qu'on dit , mais les vieilles cou- vent mieux : ce temps nécessaire à leur m ^ A -->[■ -■"'^. .^.^•^•itM/- •:^ ■■*^ . LE le celles , parce , et con- 3t s'ins- ut avec rougeâ- res oi- es leur lencent es jeu- me les lire les ^ent se le leur e n'est Is com- les , et ejdans ccrois- quinze t plus, s cou- à leur DUFAISAN. 35 accroissement indiqueroit que la durée de leur vie naturelle ne devroit être que de sept ou huit ans , si dans les oi- seaux cette durée suivoit la même pro- portion que dans les animaux quadru- pèdes 5 mais nous avons vu qu'elle est beaucoup plus longue ; un coq peut vivre jusqu'à vingt ans dans l'état de domesticité, et peut-être trente dans celui de liberté ; malheureuse- ment pour eux, nous n'avons nul in- térêt de les laisser vivre long-temps; les poulets et les chapons, qui sont destinés à paroître sur nos tables , ne passent jamais l'année , et la plu- part ne vivent qu'une saison ; les coqs et les poules qu'on emploie à la mul- tiplication de l'espèce sont épuisés assez prcmptement , et nous ne don- nons le temps à aucun de parcourir la période entière de celui qui leur a été assigné par la nature ; en sorte que ce n'est que par des hasards singuliers que l'on a vu des coqs mourir de vieillesse. Ir-'- il ■« ^ 36 HISTOIRE NATURELLE Les poules peuvent subsister par-» tout avec la protection de l'homme j aussi sont- elles répandues dans tout le monde habité ; les gens aisés en élè- vent en Islande, où elles pondent com- me ailleurs , et les pays chauds en sont pleins 5 mais la Perse est le climat pri- mitif des coqs 5 selon le docteur Tho- mas Hjde , ces oiseaux sont en abon- dance et en grande considération, sur- tout parmi certains dervis qui les re- gardent comme des horloges vivantes, et l'on sait qu'une horloge est lame de toute communauté de dervis, Dampier dit qu'il a vu et tué dans les iles de Poulocondor, des coqs sau- vages qui ne surpassoient pas nos cor- neilles en grosseur, et dont le chant, assez semblable à celui des coqs de nos basse-cours, étoit seulement plus aigu 3 il ajoute ailleurs qu'il y en a dans l'île Ti- mor et à Sanjago, l'une des îles du Cap- Vert. Gemelli Careri rapporte qu'il en avoit apperçu dans les îles Philippine s . I i ■jyJ^^-*-'^''*' , :'^'t,'.^:-j,. % ^^4. I '■ ter par-» lomme ; s tout Je en éiè- ent com- J en sont mat pri- ur Thc- n abon- 3n, sur- les re- i vantes, ame de u^ dans )qs sau- îos cor- chant, î de nos aigu ; il 'îleTi- lu Cap- lu'il en ppine s DUFAISAN. 37 et Merolla prétend qu'il y a des poules sauvages au royaume de Congo, qui sont plus belles et de meilleur goût que les poules domestiques, mais que les Nè- gres estiment peu ces sortes d'oiseaux. De leur climat naturel , quel qu'il soit , ces oiseaux se sont répandu^ fa- cilement dans le vieux continent , de- puis la Chine jusqu'au Cap- Vert, et depuis l'océan méridional jusqu'aux mers du nord : ces migrations sont fort anciennes et remontent au-delà de toute tradition historique ; mais leur établissement dans le Nouveau-Monde paroît être beaucoup plus récent. L'historien des Incas assure qu'il n'y en avoit point au Pérou avant la con- quête, et même que les poules ont été plus de trente ans sans pouvoir s'accoutumer à couver dans la vallée de Cuiso. Coréal dit positivement que les poules ont été apportées au Brésil par les Espagnols , et que les Brasiliens les connoissoientsi peu, qu'ils n'enmau- Oiseaux. XI. 4 i;, >. ' t. 58 niSï DIRE NATURELLE goient d'aucune sorte , et qu'ils regar- doient leurs œufs comme une espèce de poison. Les habitans de l'île de Saint- Domingue n'en avoient point non plus, selon le témoignage du P. Char- levoix ; et Oviedo donne comme un fait avéré, qu'elles ont été transpor- tées d'Europe en Amérique. Il est vrai qu'Acosta avance tout le contrai- re; il soutient que les poules existoient au Pérou avant l'arrivée des Espagnols 5 il en donne pour preuves, qu'elles s'ap- pellent dans la langue de paysgualpa , et leurs œxxîs ponto ; et de l'ancienneté du mot il croit pouvoir conclure celle de la chose, comme s'il n'éloit pas fort simple de penser que des Sauvages voyant pour la première fois un oiseau étranger , auront songé d'abord à le nommer, soit d'après sa ressemblance avec quelque oiseau de leur pays , soit d'après quelqu'aulre analogie; mais ce qui doit , ce semble , faire préférer ab- solument la première opinion , c'est i"^ J- "Hï' ■^••tiim'0.-^-'''^. Is regnr- spèce de e Saint- nt non ?. Char- ime un 'anspor- 11 est contrai- :istoient ►agnolsj :ess'ap- içualpa , ienneté re celle pas fort iiivages i oiseau rd à le iblance • rs , soit mais ce rer ab- , c'est D u F A I s A N. 5g qu'elle est conforme à la loi du cli- mat 5 cette loi , quoiqu'elle ne puisse avoir lieu en général à l'égard des oi- seaux, sur-tout à l'égal d de ceux qui ont l'aile forte , et à qui toutes les con- trées sont ouvertes , est néanmoins sui- vie nécessairement par ceux qui , com- me la poule , étant pesans et ennemis de l'eau, ne peuvent ni traverser \es airs comme les oiseaux qui ont le vol élevé, ni passer les mers ou même le3 grands fleuves comme ie^ quadrupèdes qui savent nager , et sont par consé- quent exclus pour jamais de tout pays séparé du leur par de grands amas d'eau , à moins que l'homme qui va par-tout ne s'avise de les transporter avec lui. Ainsi le coq est encore un animal qui appartient en propre à l'an- cien continent , et qu'il faut ajouter à la liste que j'ai donnée de tous les ani- maux qui n'existoient pas dans le Nou- veau-Monde , lorsqu'on en a fait la dé- couverte. il ». .^■'"Sfc4ij>..'!'B|jrl iviiû?. j'jiiaâa.»^ .-,^1P*î i k»^ 40 HISTOIRE NATURELLE A mesure :{ue les poules se sont éloignées de le.ir pajrs natal , qu'elles se sont accoutumées c'k un autre climat y à d'autres alimens, elles ont dû éprou- ver quelqu'altération dans leur forme, ou plutôt dans celles de leurs parties qui en étoient le plus susceptibles 5 et de ià sans doute ces variétés qui cons- tituent les différentes race.', dont je vais parler : variétés qui se perpétuent constamment dans chaque climat , soit par l'action continuée des mêmes cau- ses qui les ont produites d'abord , soit par l'attention que l'on a d'assortir les individus destinés à la propagation. Il seroit bon de dresser pour le coq , comme je l'ai fait pour le chien , une espèce d'arbre généalogique de toutes ses races, dans lequel on verroit la souche primitive et ses différentes branches , qui représenteroient les di- vers ordres d'altérations et de change- mens relatifs à ses différons états ; mais il faudroit avoir pour cela des mémoires % j i \ .^^ . !iL..T"'-~\-'f-"^^ '^^tH^M .:!>■" LE se sont qu'elles climat y i éprou- ' forme, parties blés 5 et ui cons- dont je pé tuent lat , soit les cau- rd, soit Jrlir les tion. le coq , 3n, une 3 toutes Toit la ^érentes les di- ;hange- $ ; mais moires m D U F A r s A w. 4ï plus exacts, plus détaillés que ceux que l'on trouve dans la plupart des re- lations ; ainsi je me contenterai de don- ner ici mon opinion sur la poule de no- tre climat, et de rechercher son ori- gine, après avoir fait le dénombre- mt^iit des races étrangères qui ont été décrites par les naturalistes, ou seule- ment indiquées par les voyageurs. 1°. Le coq commun : le coq de notre climat. 2°. Le coq huppé : il ne diffère du coq commun que pat une touffe de plu- mes qui s'élève sur sa tête , et il a ordi- dinairement la crête plus petite ; vrai- semblablement parce que la nourri- ture , au lieu d'être portée toute à la crête , est en partie employée à l'ac- croissement des plumes. Quelques voyageurs assurent que toutes les pou- les du Mexiques sont huppées: ces pou- les, comme toutes les autres de l'Amé- rique, y ont été transportées par les hommes , et viennent originairement m •iiV \ 'i .1 ^ \r } 42 HISTOIRE NATURELLE de l'ancien continent. Au reste, la race des poules huppées est celle que les curieux ont le plus cultivée ; et , comme il arrive à toutes les choses qu'on regarde de très-près , ils y ont remarqué un grand nombre de diffé- rences , sur-tout dans les couleurs du plumage, d'après lesquelles ils ont for- mé une multitude de races diverses , qu'ils estiment d'autant plus , que leurs couleurs sont plus belles ou plus rares; telles que les dorées et les argentées; la blanche à huppe noire , et la noire à huppe blanche ; les agates et les cha- mois; les ardoisées ou périnettes; celles à écailles de poisson et les herminées; la poule veuve, qui a de petites larmes blanches semées sur un fond rembru- ni ; la poule couleur de feu ; la poule pierrée, dont le plumage fond blanc est marqueté de noir ou de chamois , ou d'ardoise ou de doré, etc. Mais je doute fort que ces différences soient assez constantes et assez profondes pour E îste, Ja elJe que choses y ont e difié- eurs du ont for- verses , ue leurs s rares; entées; a noire es cha- 5 j celles aînées; larmes tmbru- i poule i blanc imois , lais je soient ^spour -,tS m DUFAISAN. 4?) constitî^' - des espèces vraiment diffé- rentes, comme le prétendent quel- ques curieux , qui assurent que plu- sieurs des races ci-dessus ne propagent point ensemble. 3°. Le coq sauvage de l'Asie : c'est sans doute celui qui approche le plus de la souche originaire des coqs de ce climat; car, n'ayant jamais été gêné par l'homme , ni dans le choix de sa nourriture, ni dans sa manière de vi- vre, qu'est-ce qui auroit pu altérer en lui la pureté de la première empreinte? Il n'est ni des plus grands , ni des plus petits de l'espèce , mais sa taille est moyenne entre les différentes races. Il se trouve , comme nous l'avons dit ci-devant , en plusieurs contrées de l'Asie , en Afrique et dans les îles du Cap- Vert : nous n'en avons pas de des- cription assez exacte pour pouvoir le comparer à notre coq. Je dois recom- mander ici aux voyageurs qui se trou- veront à portée de voir ces corset pou- V- h- 44 HISTOIRE NATURELLE les sauvages, de tâcher de savoir si elles font des nids , et coniment elles les font. M. Lottinger , médecin à Sarrebourg , qui a fait de nombreuses et très-bonnes observations sur les oiseaux, m'a assuré que nos poules , lorsqu'elles sont en pleine liberté , font des nids , et qu'el- les y mettent autant de soin que les perdrix. 4°. Uacoho ou coq de Madagascar : les poules de cette espèce sont très- petites , et cependant leurs œufs sont encore plus petits à proportion , puis- qu'elles en peuvent couver jusqu'à trente à la fois. 5°. Poule naine de Java , de la gros- seur d'un pigeon : il y a quelqu'appa- rence que la petite poule anglaise pour- roit bien être de la même race que celte poule de Java dont parlent les voya- geurs; car cette poule anglaise est en- core plus petite que notre poule même de France , n'étant en effet pas plus grosse qu'un pigeon de moyenne gros- 1 .4 1 \, -vi WÏ-. -Si i^s^smr^rr^--^ DIT FAISAN. 45 ' si elles les font, ebourg , (-bonnes a assuré sont en ît qu el- que les gascar : nt très- ik sont , puis- jusqu'à la gtôs- u'appa- e pour- je cette voya- est en- méme is plus 5 gros* encor .1 seur. On pourroit peut-eti ajouter à cette race la petite poule du Pég» , que les voyageurs disent n etr^3 pas plus grosse qu'une tourterelle, et avoir les pieds rogneux , mais le plu* mage très-beau. • 6". Poule de l'isthme de Darlen , plus petite que la poule commune telle a un cercle de plumes autour des jambes, une queue fort épaisse qu'elle porto droite , et le bout des ailes noir 5 elle chante avant le jour. 7*. Poules de Camboge, transportées de ce royaume aux Philippines par les Espagnols : el'ps ont les pieds si courts , que leurs ailes traînent à terre ; cette race ressemble beaucoup à celle de la poule naine de France , ou peut-être à cette poule naine qu'on nourrit en Bre- tagne à cause de sa fécondité, et qui marche toujours en sautant: au rejte, ces poules sont de la grosseur des pou- les ordinaires , et ne sont naines que par les jambes qu'elles ont très-courtes. ' (i -vfgfém.. 46 HISTOIRE NATURELLE 8°. Le coq de Banta^,, a beaucoup de rapport avec Je coq pattu de France ; il a de mêms les pieds couverts de plu- mes , niais seulement en dehors; celles des jambes sont très - longues , et lui forment des espèces de bottes qui des- cendent beaucoup plus bas que le ta- lon ; il est courageux , et se bat hardi- ment contre des coqs beaucoup plus forts que lui; il a l'iris des jeux rouge. On m'a assuré que la plupart des races patlues n'ont puint de huppe. Il y a une grosse race de poules pattues qui vient d'Angleterre , et une plus pe- tite que l'on appelle le coq nain d'An-- gleterre , qui est bien doré et à crête double. Il y en a encore une race naine , qui ne surpasse pas le pigeon commun en grosseur, et dont le plumage est tantôt blanc , tantôt blanc et doré. On comprend aussi dans les poules pattues la poule de Siam , qui est blanche et plus petite que nos poules communes, m?^^^ aucoup de ^ France ; l'ts de plu- ors; ceJies ^s, et lui s qui des- ïue Je ta- 3a t hardi- 'oup plus »x rouge, des races î. Il y a ttues qui plus pe- 'n d'An-^ à crête ommun »age est )ré. On pattues iiche et m unes» DU P A IS A N. 47 9®. Les Hollanduis parlent d'une autre espèce de coqs propre ù l'île, dô Java , où on ne les élève guère que pour la joute; ils l'appellent demi-pouU d'Inde. Selon Willulghby , il porte sa queue à-peu-près comme le dindon. C'est sans doute à cette race que l'on doit rapporter celle de ces poules sin- gulières de Java , dont parle Mandes- lo, lesquelles tiennent de la poule or- dinaire et de la poule d'Inde, et qui se battent entre elles à outrance comme les coqs. Le sieur Fournier m'a assuré que cette espèce a été vivante à Paris; elle n'a , selon lui , ni crête ni cravate ; la tête est unie comme celle du faisan ; celle poule est très-haute sur ses jam- bt;6 ; sa queue est longue et pointue , les plumes étant d'inégale longueur; et en général , la couleur des plnmes est rembrunie comme celle des plumes du vautour, 10°. Le coq d'Angleterre ne surpasse pas If. coq nain en grosseur, mais il est il ■■<¥-^*^miumm^'- ^•'SÊm i ?.. fï- ■ •! »' y 'h 'i ï 11^ 48 HISTOIRE NATURELLE beaucoup plus haut monté que notre coq commun , et c'est la principale chose qui l'en distingue : on peut donc rapporter à cette race le xolo , espèce de coq des Philippines , qui a de très- longues jambes. Au reste, le coq d'An- gleterre est supérieur à celui de France pour le combat : il a plutôt une ai- grette qu'une huppe; sou cou et son bec sont plus dégagés; et il a au-dessus des narines deux tubercules de chair , rouges comme sa crête. 11°. Le co^ cfe Tur^u/en'est remar- quable que par son beau plumage. 12°. Le coq de Hambourg, appelé aussi culotte de velours , parce qu'il a les cuisses et le ventre d'un noir ve- louté : sa démarche est grave et ma- jestueuse, son bec très -pointu, l'iris de ses yeux jaune, et ses yeux même çont entourés d'un cercle de plumes brunee, d'où part une touffe de plu- mes noires qui couvrent les oreilles; il jr a des plumes à-peu-près sembia- 1 LE îue notre principale peut donc o, espèce a de très- :îorfd'An- îe France t une ai- ^u et son au-dessus le chair, st remar- iage. ', appelé ce qu'il a noir ve- e et ma- tu, l'iris X même plumes de plu- oreilles ; sembla- DUFAISAN. 49 bles derrière la crête et au-dessous des barbes , et des taches noires , rondes et larges sur la poitrine ; les jambes et les pieds sont de couleur de plomb , excepté la plante des pieds qui est jau- nâtre. i3°. Le coq frisé dont les plumes se renversent en dehors : on en trouve à Java , au Japon et dans toute l'Asie méridionale : sans doute que ce coq appartient plus particulièrement aux pays chauds ; car les poussins de cette race sont extrêmement sensibles au froid , et n'y résistent guère dans notre climat. Le sieur Fournier ma assuré que leur plumage prend toutes sortes de couleurs, et qu'on en voit de blancs, de noirs , d'argentés, de dorés, d'ar- doisés , etc. 14". La poule à duvet du Japon : ses plumes sokit blanches , et les barbes des plumes sont détachées , et ressemblent assez à du poil ; ses pieds ont des plu- mes en dehors jusqu'à l'ongle du doigt Oiseaujc. XI. 5 !' ■^*^i *'V 7 .(* ïï) 5o HtSTOIRS NATVRELIS extérieur : cette race se trouva an Japon , à la Chine , et dans quelques autres contrées de l'Asie. Pour la pro- pager dans toute sa pureté , il faut que le père et la mère soient tous deux à duvet. i5°. Le co(j nègre , a la crête , les barbes, l'épiderme et le périoste abso- lument noirs ; ses plumes le sont aussi le plus souvent , mais quelquefois elles sont blanches. On en trouve aux Phi- lippines, à Java, à Delhi, à Sanjagc^ l'une des îles du Cap- Vert. Becmi ^ prétend que la plupart des oiseaux de cette dernière île ont les os aussi noirs que du jais , et la peau de la couleur de celle des Nègres : si ce fait est vrai , on ne peut guère attribuer celte teinture noire qu'aux alimens que les oiseaux trouvent dans cette île. On connoît [es effets de la garance , des caillelaits , des graterons, etc.; et l'on sait qu'en An- gleterre on rend blanche la chair des veaux en les nourrissant de farineux il I I f I PM SLLE rouya au quelques ur la pro- t faut que }s deux à Tête, les )ste abso- ont aussi fois elles ïux Phi- Sanjagc Becnii : seaux de issi noirs uleur de vrai, on teinture oiseaux moît les ils , des en An- air des arineux f DTTFAISAN. 5l' et autres alimens doux , mêlés avec une certaine terre ou craie que Ton trouve dans la province de Bedfort. Il seroit donc curieux d'observer à Sanjago , parmi les différentes subs- tances dont les oiseaux s'y nourris- sent , quelle est celle qui teint leur périoste en noir. Au reste, cette poule nègre est connue en France, et pour- roit s'y propager 5 mais comme la chair, lorsqu'elle est cuite , est noire et dé- goûtante, il est probable qu'on ne cher- chera pas à multiplier cette race : lors- qu'elle se mêle avec les autres , il en résulte des métis de différentes '♦..■■*' ■:Si^... -^-HiE 53 DU FAISAN. c'est - à - dire , les plus dénaturas par rhomme , il se trouve également une race de chiens sans queue , comme une ruce de coqs sans croupion. On me montra , il y a plusieurs années , un de ces chiens né sans queue ; je crus alors que ce n'étoit quun individu vicié, un monstre ; et c'est pour cela que je n'en fis aucune mention dans l'histoire du chien : ce n'est que depuis ce temps que j'ai revu ces chiens sans queue , et que je me suis assuré qu'ils forment une race constante et parti- culière comme celle des coqs sans crou- pion. Cette race de coqs a le bec et les pieds bleus ; une crête simple ou double, et point de huppe; le plumage est de toutes cotirleurs 5 et le sieur Four- niei m'a assuré que lorsqu'elle se raêle avec la race ordinaire, il en provient des métis qui n'ont qu'un demi-crou- pion , et six plumes à la queue au lieu de douze : cela peut être , mais j'ai de la peine à le croire. -■•-ïatjriîv;^:;:^ -mf: "i II Li.'jjj.r.-.^.A.^.Jt*' ^'J|,_^ '/^■■- " • V Ji' 54 HISTOmK NATUREIIE 17°. La poule à cinq doigts : celle-ci en a cinq à chaque pied , trois en avant et deux en arrière 5 et il y a même quelques individus dans cette race qui ont six doigts. 18°. Les poules de Sansevarre : ce sont celles qui donnent ces œufs qui se vendent en Perse trois ou quatre écus la pièce , et que les Persans s'amusent à choquer les uns contre les autres par manière de jeu : dans le même pays , il y a des coqs beaucoup plus beaux et plus grands , et qui coûtent jusqu'à trois cents livres. 19°. Le Cog de Cauxou de Padoue: son attribut distinctif est la grosseur ; il a souvent la crête double en forme de couronne , et une espèce de huppe qui est plus marquée dans les poules ; leur voix est beaucoup plus forte , plus grave et plus rauque, et leur poids va jusqu'à huit à dix livres : on peut rap- porter à cette belle race les grands coqs de Rhodes, de Perse, du Pégu , Ûi ^^■-~«s.-v--.*^^jf,iî.-",„^: *fv- -■"■> ><*. LIE ï* celle-ci s en avant a même 5 race qui O-T^e ! ce ifs qui se atre écus amusent utres par pays , il ^eaux et jusqu'à Padoue: rosseur ; ti forme 3 huppe poules i te, plus oids va Jt rap- grands Pégu, Dû FAISAN. 55 ces grosses poules de P liia , qui ne commencent à se couvrir de plumes que lorsqu'elles ont atteint la moitié de leur grosseur ; on sait que les pous- sins de Caux prennent leurs plumes plus tard que les poussins ordinaires. Au reste, il ftiut remarquer qu'un grand nombre d'oiseaux dont parlent les voyageurs sous le nom de coqs ou de poules, sont de toute autre espèce : telles que les poules patourdes ou pu* lourdes qui se trouvent au grand banc, et sont très-friands de foie de morue ; le coq ou la poule noire de Moscovie, qui sont coqs et poules de bruyère ; la poule rouge du Pérou , qui a beau- coup de rapport avec le faisan ; cette grosse poule à huppe , de la nouvelle Guinée , dont le plumage est bleu cé- leste , qui a le bec de pigeon , les pieds de poule commune , qui niche sur les arbres , et qui est probablement le fai- san de Banda ; la poule de Damiète , qui a le bec et les pieds rouges , uiio ■i Hi^;-f9t^".. -^. DU FAISAN. 63 avoir un rapport assez constaDt entre la couleur du plumage des oiseaux et la couleur de leurs œufs ; seulement on voit que les teintes en sont beaucoup plus foibles sur les œufs , et que le blanc domine dans plusieurs , parce que dans le plumage de plusieurs oiseaux il y a aussi plus de blanc que de toute autre couleur, sur-tout dans les femelles, dont les couleurs sont toujours moins fortes que celles du mâle : or, nos poules blanches, noires, grises, fauves, et de couleurs mêlées , produisent toutes des œufs parfaitement blancs : donc , si toutes ces poules étoient demeurées dans leur état de nature , elles seroient blanches, ou du moins auroient dans leur plumage beaucoup plus de blanc que de toute autre couleur ; les in- fluences de la domesticité, qui ont chan- gé la couleur de leurs plumes , n'ont pas assez pénétré pour altérer celle de leurs œufs : ce changement de la cou- leur des plumes n'est qu'un effet su- ^ k. 1 >, i »ïl^-- . !' «; 64 HISTOIRE NATURELLE perfîciel et accidentel qui ne se trouve que dans les pigeons, les poules, et les autres oiseaux de nos basse-cours ; car tous ceux qui son( libres et dans Fëtat de nature conservent leurs couleurs sans altération , et sans autres variétés que celles de l'âge , du sexe ou du cli- mat, qui sont toujours plus brusques , moins nuancées, plus aisées à recon- noître , et beaucoup moins nombreuses que celles de la domesticité. LE FAISAN. Il sufEt de nommer cet oiseau pour se rappeler le lieu de son origine : le faisan, c'est-à-dire l'oiseau du Phase, étoit , dit-ou , confiné dans la Colchide avant l'expédition des Argonautes 5 ce sont ces Grecs qui , en remontant le Phase pour arriver à Colchos, virent ces beaux oiseaux répandus sur les bords du fleuve, et qui, en les rappor- tant dans leur patrie, lui firent un pré- ^^■ ^ ■li',,_v*.<'»«^. -Jlb i'-M. ■t >.,:âm^^si^^'''^'^- !**■*•',>! LE trouve îs, et les urs ; car ns l'état [couleurs variétés du cli- usques, recon- breuses îu pour ine : le Phase, jlchide tes ^ ce tant le virent iur les ippor- n pré- D u ï A I s A N. 65 sent plus riche que celui de la toison d'or. Encore aujourd'hui les faisans de la Golchide ou Mingrélie, et de quelques autres contrées voisines , sont les plus beaux et les plus gros que Ton con- noisse ; c'est de là qu'ils se sont répan- dus d'un côté par la Grèce à l'occident, depuis la mer Baltique jusqu'au Cap de Bonne-Espérance et à Madagascar ; et de l'autre par la Médie dans l'orient, jusqu'à l'extrémité de la Chine et au Japon , et même dans la Tartarie : je dis par la Médie , car il paroît que cette contrée si favorable aux oiseaux , et où l'on trouve les plus beaux paons , les plus belles poules , etc. a été aussi une nouvelle patrie pour les faisans , qui s'y sont multipliés au point que ce pays seul en a fourni à beaucoup d'au- tres pays; ils sont en fort grande abon- dance en Afrique, sur-tout sur la côte des Esclaves, la Côte-d'Or, la Côte- d'Ivoire, au pays d'Issini , et dans le« • • '"^VîjÉitii,! r: w ..IH î'^ t f ; i i 65 HISTOIRE NATURELLE royaumes de Congo et d'Angola, où les Nègres les appelieni galignolea : on en trouve assez communément dans les différentes parties de l'Europe , ea Espagne, en Italie, sur -tout dans la campagne de Rome, le Milanès, et quelques îles du golfe de Naples ; en Allemagne, en France j en Angleterre; dans ces dernières contrées ils ne sont pas généralement répandus : les au- teurs de la Zoologie Britannique assu- rent positivement que , dans toute la Grande-Bretagne, on ne trouve aucun faisan dans l'état de sauvage. Sibbald s'accorde avec les Zoologistes , en di- sant qu'en Ecosse quelques gentils- hommes élèvent de ces oiseaux dans leurs maisons. Boter dit encore plus formellement que l'Irlande n'a point de faisans. M. Linnseus n'en fait au- cune mention dans le dénombrement des oiseaux de Suède f ils étoieat encore très - rares en Silésie du temps de Schweackfeld : ou ne faisait que com- ._ifr ..«^■» 'aps*k.'- ■i DUïAISAlf. 6y mencer à en avoir en Prusse il y a vingt ans, quoique la Bohême en ait une très-grande quantilë ; et , s'ils se sont multipliés en Saxe, ce n'a été que par les soins du duc Frédéric, qui eu lâcha deux cents dans le pays , avec défense de les prendre ou de les tuer. Gesner, qui avoit parcouru les mon- tagnes de Suisse , assure ny en avoir jamais vu : il est vrai que Stumpfîus absurs au contraire qu'on en trouve dans ces mêmes montagnes; mais cela peut se concilier, car il est fort possi- ble qu'il s'en trouve en effet dans un certain canton que Gesner nauroit point parcouru , tel , par exemple, que la partie qui confine au Milanès , où Olina dit qu'ils sont fort communs : il s'en faut bien qu'ils soient générale- ment répandus en France; on n'en voit que Irès-rareEsent dpns nos pro- vinces septentrionales, st probable- ment on n'y en verroit point du tout , êi UD oiseau de cette dbtiuction ne < ■ \f 4 fi i \ €d HISTOIRE NATUREItE de voit être le principal ornement des plaisirs de nos rois : mais ce n'est que par des soios co':i*iniieis , airigés avec la plus grande inielligenctv , i^a on peut les y fi iar ei leur faisant y pour ainsi dire, un climat artificiel convenable à lein îjature 5 et cela est si vrai qu'on ne voit pas qu'ib se soient multipliés dans la Brie , où il s'en s^chappe toujours quelques-uns de^ capitaineries voisi- nes , et où même ils s'apparient quel- quefois; parce qu'il est arrivé à M. Le Roi , lieutenant des chasses de Ver- sailles, d'en trouver le nid et les œufs dans les grands bois de cette province ; cependant ils y vivent dans l'état de liberté , état si favorable à la multipli- cation des animaux , et néanmoins in- suffisant pour ceux même qui, comme les faisans , paroissent en mieux sentir le prix lorsque le climat est contraire. Nous avons vu en Bourgogne un hom- me riche faire tous ses efforts, et ne rien épargner pour en peupler sa terre I i I if ï! 'A ^<''^ VK>3tejsaii»r-L -*'*i'm '*^^-- .^C^jjj înt des ist que s avec npeut ainsi able à on ne s dans Jjours voisi- quel- Ï.Le Ver- œufs ince; \t de ipli- J iii- ime nlir ire. >m- ire rre DU FAISAN. 6g située dans l'Auxois , sans en pouvoir venir à bout : tout cela me donne des doutes sur les deux faisans que Re<- gnard prétend avoir tués en Bothnie , ainsi que sur ceux qu'Olaiis Magnus dit se trouver dans la Scandinavie , et y passer l'hiver sous la neige sans pren- dre de nourriture : cette façon de pas- ser l'hiver sous la neige a plus de rapport avec les habitudes des coqs de bruyère et des gelinottes qu'avec celles des faisans; de même que le nom de gain sylvestres j qu'Olaiis donne à ces prétendus faisans, convient beaucoup mieux aux tétras ou coqs de bruyère ; et ma conjecture a d'autant plus de force, que niM.Linnaeus ni aucun bon observateur n'a dit avoir vu de véri- tables faisans dans les pays septentrio- naux ; en sorte qu'on peut croire que ce nom de faisan aura été d'abord ap- pliqué par les habitans de ces pays à des tétras ou des gelinottes , qui sont en effet très-répandus dans le nord , et i; 4i i '*!i'ap» ^O',^^- ■^ê^f^ .i ■i *' il 70 HISTOIRE NATURELLE qii*ensuîte ce nom aura été adopté sans beaucoup d'examen par les voyageurs, et même par les compilateurs, tous gens peu attentifs à distinguer les es- pèces. Cela supposé , il suffit de remarquer que le faisan a l'aile courte , et consé» quemment le vol pesant et peu élevé , pour conclure qu'il n'aura pu franchir de lui-même les mers interposées en- tre les pays chauds ou même tempé- rés de l'ancien continent et l'Améri- que 'y et cette conclusion est confirmée par l'expérience 5 car dans tout le Nouveau " Monde il ne s'est point trouvé de vrais faisans , mais seulement des oiseaux qui peuvent à toute force être regardés comme leurs représen- tans ; car je ne parle point de ces fai- sans véritables qui abondent aujour- d'hui dans les habitations de Saint- Domingue, et qui y ont été transportés par les Européens, ainsi que les paons et les pintades. DUFAISAN. 71 Le faisan est de la grosseur du coq ordinaire, et peut en quelque sorte le disputer au paon pour la beauté 3 il a le port aussi noble , la démarche aussi fièie , et le plumage presque aussi dis- tingué ; celui de la Chine a même les couleurs plus éclatantes : mais il n'a pas, comme le paon, la faculté d'éta- ler son beau plumage, ni de relever les longues plumes de sa queue, faculté qui suppose un appareil particulier de muscles moteurs dont le paon est pourvi , qui manquent au faisan, et qui établissent une différence assez considérable entre les deux esp'^ces : d'ailleurs , ce dernier n'a ni l'aigrette du paon ni sa double c^ueue, dot t l'une, plus courte, est composée des véritables pennes directrices , et l'autre , plus longue, n'est formée que des cou- vertures de celies-là : en général , le faisan paroît modelé sur des propor- tions moins légères et moins élé^'^^'ites , ayant le corps plus ramassé , le coa plus !.'■ -^-fs* W - A;' -m' r «" 72 HISTOIRE NATUAELLS raccourci , la tête plus grosse , etc. Ce qu'il y a de plus remarquable dans sa physionomie , ce sont deux pièces de couleur écarlate , au milieu desquelles sont placés les yeux , et ^A.— bouquets de plumes d'un vert- doré , qui , dans le temps des amours , s'élèvent de chaque côté au-dessus des oreilles; car dans les animaux il y a presque toujours , ainsi que je l'ai re- marqué, une production nouvelle plus ou moins sensible , qui est comme le signal d'une nouvelle génération. Ces bouquets de plumes sont apparemment ce que Pline appeloit tantôt cî s oreil- les , tantôt de petites cornes ; ,n sent à leur base une élévation ïorw^^f par leur muscle releveur : le faisan a , outre cela , à chaque oreille des plumes dont il se sert pour en fermer à son gré l'ou- verture , qui est fort grande. Les plumes du cou et du croupion ont le bout échancré en coeur, comme certaines plumes de la queue du paou. ;^> S :'Jf "^r^$lk^*f^. eic, quabJe t deux milieu MX, et verl- nours y sus des il jr a l'ai re- le plus nme le n. Ces mment s oreil- >n sent \éc par , outre 3s dont :é l'ou- oupion îomme \i paou DUTAISAW. 73 Je n'entrerai point ici dans le détail des couleurs du plumage , je dirai seu- lement qu'elles ont beaucoup moins d'éclat dans la femelle que dans le mâle , et que dans celui-ci même les reflets en sont encore plus fugitifs que dans le paon , et qu'ils dépendent non- seulement de l'incidence de la lumière, mais encore de la réunion et de la positi'^a respective de ces plumes; car si on en prend une seule à part, les re« flets verts s'évanouissent , et l'on ne voit à leur place que du brun ou du noir : les tiges des plumes du cou et du dos sont d'un beau jaune-doré , et font l'effet d'autant de lames d'or; les cou- vertures du dessus de la queue vont en diminuant, en finissent en espèces de filets : la queue est composée de dix-huit pennes , quoique Schwenck- feld n'en compte que seize; les deux du milieu sont les plus longues de toutes, etensuite les plus voisines de celles-là; chaque pied est muni d'un éperon Oiseaux. XI. 7 i ■I ,';■ il / f^^^^à^ 't^&m TW^^iii i ?'( , \ ' I U ^ w 1 > Ir }. < ' ', < 1 y 74 HISTOIRE NATURELLE court et pointu , qui a échappe à quel- ques descripteurs ; les doigts sont joints par une membrane plus large qu elle n'est orditiairement dans les oiseaux pulvérateurs : cette membrane inter- digitale plus grande semble être une première nuance par laquelle les oi- seaux de ce genre se rapprochent des oiseaux de rivière; et en e£fet, Aldro- vande remarque que le faisan se plaît dans les lieux marécageux , et il ajoute qu'on en prend quelquefois dans les marais qui sont aux environs de Bolo- gne. Olina , autre Italien , et M. Le Roi, lieutenant des chasses de Ver- sailles, ont fait la même observation: ce dernier assure que c'est toujours dans [es lieux les plus humides , et le long des mares qui se trouvent dans les grands bois de la Brie , que se tien- nent les faisans échappés des capitai- neries voisines. Quoiqu'accoutumés à la société de l'homme, quoique coni- blés de ses bienfaits ^ ces faisans s'éloi- ■'-9»w-.i» S%i- ■■'^•- DUFAISAN. 7^ guent le plus qu'il est possible de toute habitation humaine ; car ce sont des oiseaux très-sauvages, et qu'il est ex* trémement difficile d'apprivoiser : on prétend néanmoins qu'on les accoutu- me à revenir au coup de sifflet, c'est- à-dire , qu'ils s'accoutument à venir prendre la nourriture que ce coup de sifflet leur annonce toujours; mais dès que leur besoin est satisfait, ils re- viennent à leur naturel , et ne con- noissent plus la main qui les a nourris ; ce sont des esclaves indomptables qui ne peuvent se plier à la servitude , qui ne connoissent aucun bien qui puisse entrer en comparaison avec la liberté , qui cherchent continuellement à la recouvrer , et qui n'en manquent ja- mais l'occasion. Les sauvages qui vien- nent de la perdre sont furieux ; ils fondent à grands coups de bec sur le& compagnons de leur captivité , et n'é- pargnent pas même le paon. Ces oiseaux se plaisent dans les bois \ 1 *) . v t 76 HISTOIRE NATURELLE en plaine , difiërant en cela des tétras ou coqs de bruyère, qui se plaisent dans les bois en montagne : pendant la nuit , ils se perchent au haut des arbres, ils y dorment la tête sous l'aile ; leur cri , c'est-à-dire, le cri du mâle, car la femelle n'en a presque point , est entre celui du paon et celui de la pintade , mais plus près de celui-ci, et par con- séquent très-peu agréable. Leur naturel est si farouche , que non -seulement ils évitent l'homme, mais qu'ils s'évitent les uns les autres , si ce n'est au mois de mars ou d'avril , qui est le temps où le mâle recherche sa femelle ; et il est facile alors de les trouver dans les bois , parce qu'ils se trahissent eux-mêmes par un batte- ment d'ailes qui se fait entendre de fort loin< Les coq-faisans sont moins ardens que les coqs ordinaires : Frisch prétend que dans l'état de sauvage ils n'ont chacun qu'une seule femelle ; mais l'homme qui fait gloire de sou- ^^-•x*.- *'«>'!«; •V»'^^ï ';.:?«' •^.l^tssr^' ■"Tssmri DUFAISAN. 77 mettre l'ordre de la nature à son inté- rêt ou à ses fantaisies, a changé pour ainsi dire le naturel de cet oiseau , en accoutumant chaque coq à avoir jus- qu'à sept poules , et ces sept poules à se contenter d'un seul mâle pour elles toutes; car on a eu la patience de faire toutes les observations nécessaires pour déterminer cette combinaison, commô la plus avantageuse pour tirer parti de la fécondité de cet oiseau : cepen- dant quelques économistes ne donnent que deux femelles à chaque mâle , et j'avoue que c'est la méthode qui a le mieux réussi dans la conduite d'une petite faisanderie que j'ai eue quelque temps sous les yeux. Mais ces différent tes combinaisons peuvent être toutes bonnes selon les circonstances, la tem- pérature du climat, la nature du sol, la qualité et la quantité de la nourri- ture, l'étendue et l'exposition de la faisanderie , les soins du faisandier , comme seroit celui de retirer chaque J m â I • *, r .' \ P> \ „v',-. f^ »i- t,7'r ip-" 78 HISTOIRE NATURELLE poule aussitôt après qu'elle est fécon- dée par le coq, de ne les lui présentsr qu'une à une , en observant les inter- valles convenables; de lui donner pen- dant ce temps du blë sarrazin et autres nourritures échauffantes, comme on lui en donne sur la fin de l'hiver, lorsqu'on veut avancer la saison de l'amour. La faisane fait son nid à elle seule; elle choisit pour cela le recoin le plus obscur de son habitation; elle y em- ploie la paille, les feuilles, et autres choses semblables , et , quoiqu'elle le fasse fort grossièrement en apparence , elle le préfère , ainsi fait, à tout autre mieux construit , mais qui ne le seroit point par elle-même; cela est au point que si on lui en prépare un tout fait et bien fait, elle commence par le dé- truire et en éparpiller tous les maté- riaux , qu'elle arrange ensuite à sa manière. Elle ne fait qu'une ponle chaque année , du moins dans nos cli- P^^Ll- DIT TAISAîT. 7.9 ^con- Jentsr inter- pen- lulres le on |iver , ►n de lu- mais 5 cette ponte est de vingt œufs selon les uns, et de quarante à cin- quante selon les autres , sur-tout quand on exemple la faisane du soin de cou- ver ; mais celles que j'ai eu occasion de voir n'ont jamais pondu plus de douze œufs , et quelquefois moins , quoiqu'on eût l'attention de faire cou- ver leurs œufs par des poules commu- nes : elle pond ordinairement de deux ou trois jours l'un 5 ses œufs sont beau- coup moine gros que ceux de poule, et la coquille en est plus mince que ceux même de pigeons; leur couleur est un gris-verdâtre, marqueté de petites taches brunes , comme le dit très-bien Aristote, arrangées en zones circu- laires autour de l'œuf; chaque faisane en peut couver jusqu'à dix-huit. Si l'on veut entreprendre en grand ime éducation de faisans, il faut y des- tiner un parc d'une étendue propor- tionnée , qui soit en partie gazonné et en partie semé de buissons où ces oi- il p V 1 1 ' i; u t I .' r 1'] w , .-^-^ DUFA.ISAN. 83 chauds , et les poules trop grasses sont moins fécondes , et pondent des œufs à coquille molle et faciles à écraser. Bi durée de fincubation est de vingt à vingt-cinq jours, suivant la plupart des auteurs et ma propre observation : Palladius la fixe à trente, mais c'est une erreur qui n'auroit pas dû reparoî- tre dans la Maison Rustique 5 car le pays où Palladius écrivoit étoit pliw chaud que le nôtre , les œufs de faisans uy dévoient pas être plus de temps à éclore que dans le nôtre , où ils éclosent au bout d'environ trois semaines, d'où il suit que le mot trigesi mus a été subs- titué par les copistes au mot vigesimus. Il faut tenir la couveuse dans un en- droit éloigné du bruit et un peu enter- ré, afin qu'elle y soit plus à l'abri des inégalités de la température et des im- pressions du tonnerre. Dès que les petits faisans sont éclos, ils commencent à courir comme font tous les gallinacés^ on les laisse ordinai- i> ^ . .u-i, jiiimfiTllIliriilf ^'^i:Aim^jMIUi''c ( I i 1 84 HISTOIHB NATTTHELLB rement vingt-quatre heures sans leur rien donner; au bout de ce temps, on met la mère et les petits dans une boîte que l'on porte tous les jours aux champs, dans un lieu semé de blé, dorge, de gazon, et sur-tout abondant en œufs de fourmis : cette boîte doit avoir pour couvercle m\e espèce de petit toit fer- mé de planches légères , qu'on puisse ôter et remettre à volonté , selon les circonstances ; elle doit aussi avoir à Tune de ses extrémités un retranche- ment où l'on tient la mère renfermée par des cloisons à claire-voie, qui don- nent passage aux faisandeaux : du reste, on leur laisse toute liberté de sortir de la boîte et d'y rentrer à leur gré ; les gloussemens de la mère prisonnière et Je besoin de se réchauffer de temps en temps sous ses ailes, les rappelleront sans cesse , et les empêcheront de s'é- carter beaucoup : on a coutume de réu- nir trois ou quatre couvées à-peu-près de même âge, pour n'en former qu'une fn t # - DU FAISAN, 85 seule bande capable d'occuper la mère, ei •, laquelle elle puisse suflBre. On les nourrit d'abord , comme on nourrit tous les jeunes poussins , avec un mélange d'œufs durs , de mie de pain et de feuilles de laitue hachés en- semble , et avec des œufs de fourmis de prés : mais il y a deux attentions es- sentielles dans ces premiers temps, la première est de ne point les laisser boire du tout, et de ne les lâcher cha- que jour que lorsque la rosée est éva- porée, vu qu'à cet âge toute humidité leur est contraire ; et c'est , pour [& dire en passant , une des raisons pourquoi les couvées de faisans sauvages ne réus- sissent guère dans notre pays; car ces faisans , comnt je l'ai remarqué plus haut , se tenant par préférence dans les lieux les plus frais et les plus humi- des, il est difficile que les jeunes faisan- deaux n'3' périssent : la seconde atten- tion qu'il faut avoir, c'est de leur don- ner peu et souvent , et dès le matin , en Oiseaux. XI, S ri V\ }i;- ■■^ (,' f*5 Mi ■à. i 86 HISTOIRE NATURELLE enlre-mélan' >u jours les œufs de four- mis avec les autres •îlimens. Le second mois on peut déjà leur don- ner une nourriture plus substantielle; des œufs de fourmis de bois, du tur- quis, du blé, de loige, du millet, des fèves moulues, en augmentant insen- siblement la distancé des repas. Ce temps est celui où ils commen- cent à être sU|c?ts à la vermine : la plu- part des modernes recommandent, pour les en délivrer, de nettoyer la boîte, et même de la supprimer entièrement, à l'exception de son petit toit que l'on conserve pour leur servir d'abri. Mais Olina donne un conseil qui avoit été indiqué par Aristote, et qui me paroît mieux réfléchi et plus conforme à la nature de ces oiseaux ; ils sont du nom- bre des pulvérateurs , et ils périssent lorsqu'ils ne se poudrent point. Olina veut donc qu'on mette à leur portée des petits tas de terre sèche ou de sa- blon très-fîu , dans lesquels ils puissent U ■i>it D u r A I s . N. 87 se vautrer et se délivrer ainsi des piqû- res incommodes des insectes. Il faut être ausi,^ très -exact à leur donner de leau nette , et à la leur renouve'er «veu^ ; autrement , ils courroîenf n de la pe^jie , à la- quelle il y ' pu de remède, sui- vant les muU ), quoique Falladius ordonne tout uniment de la leur ôter comme on Tôte aux poulets , et de leur frotter le bec avec de l'ail broyé dans de la poix liquide. Le troisième mois amène de nou- veaux dangers : les plumes de leur queue tombent alors , et il leur en pousse de nouvelles; c'est une espèce de crise pour eux comme pour les paons : mais les œufs de fourmis sont encore ici une ressource, car ils hâtent le moment critique , et en diminuent le danger , pourvu qu'on ne leur en donne pas trop, car l'excès en seroit pernicieux. A mesure que les jeunes faisandeaux ! i i i ■m •y y î,r ^^«H'^PIIIW *fc^ &. IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) 1.0 l.l 11.25 UÀf23. 150 u lia us 1.4 2.5 - IIIIM 1.6 V] <^ /2 / .^>> ^^^ % .^ '/ Photographie Scienœs Corporation 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N.Y. 14S80 (716) 872-4503 ^S^ \ \\ ^V \ ^qU C^ -.ï.'ûi.t'.'ïrJ.'&Li^ 88 HISTOIRE NATURELLE deviennent grands , leur régime ap- proche davantage de celui des vieux; et dès la fin du troisièihe mois, on peut les lâcher dans l'endroit que Ton veut peupler : mais tel est l'effet de la domesticité sur les anima u;^ qui y ont vécu quelque temps, que ceux même qui , comme les faisans , ont le pen- chant le plus invincible pour la liberté, ne peuvent y être rendus tout d'un coup et sans observer les gradations; de même qu'un bon estomac, affoibli par des alimens trop légers , ne peut s'accoutumer que peu à peu à une nourriture plus forte. Il faut d'abord transporter la boîte qui contient la couvée , dans l'endroit oii l'on veut les lâcher; on aura soin de leur don- ner la nourriture qu'ils aiment le mieux , mais jamais dans le même en- droit, et en diminuant la quantité cha- que jour, afin de les obliger à chercher eux-mêmes ce qui leur convient, et à ïiiive connoissance avec la campagne ; fM \ J 1 / V >v. "♦■' D U F A I s A N. 89 lorsqu'ils seront en état de trouver leur subsistance ^ ce sera le moment de leur donner la liberté et de les ren- dre à la nature; ils deviendront bien- tôt aussi sauvages que ceux qui sont nés dans les bois, à cela près qu'ils con- serveront une sorte d'afiection pour les lieux où ils auront été bien traités dans leur premier âge. L'homme ayant réussi à forcer le naturel du faisan, en l'accoutumant à se joindre à plusieurs femelles, a tenté de lui faire encore une nouvelle vio- lence , en l'obligeant de se mêler avec une espèce étrangère 5 et ses tentatives ont eu quelque succès , mais ce n'a pas été sans beaucoup de soins et de précautions : on a pris un jeune coq- faisan qui ne s'étoit encore accouplé avec aucune faisane 5 on l'a renfermé dans un lieu étroit et foiblement éclairé par en haut ; on lui a choisi de jeunes poules , dont le plumage approchoit de celui de la faisane; on a mis ces jeunes J i" v_.. ^ HISTOIRE NATURELLE poules dans une case attenant à celle du coq-faisan y et qui n*en étoit séparée que par une espèce de grille dont les mailles étoient assez grandes pour lais- ser passer la tête et le cou , mais non le corps de ces oiseaux ; on a ainsi ac- coutumé le coq-faisan à voir ces poules , et même à vivre avec elles , parce qu'on ne lui a donné de nourriture que dans leur case, joignant la grille de sépa- ration : lorsque la connoissance a été faite et qu'on a vu la saison de l'amour approcher, on a nourri ce jeune coq et ses poules de la manière la plus pro- pre à les échauffer et à leur faire éprou- ver le besoin de se joindre; et quand ce besoin a été bien marqué , on a ouvert la commuai' ^ion : il est arrivé quelquefois que k âsan , fidèle à la nature , comme indigné de la mésal- liance à laquelle on vouloit le con- traindre , a maltraité et même mis à mort les premières poules qu'on lui ^voit données ; s'il ne s'adoucissoit « t -ï -_.m'*--' X7 - ■ -,*#■ "iiVTîP" DU FAISAN. 9Ï point, on le domploil en lui touchant le bec avec un fer rouge d'une part, et de l'autre , en excitant son temp^ rament par des fomentations appro- priées : enfin, le besoin de s'unir aug- mentant tous les jours , et )a nature travaillant sans cesse contre elle-même» le faisan s'est accouplé avec les poules ordinaires , et il en a résulté des œufs pointillés de noir comme ceux de la faisane, mais beaucoup plus gros, les- quels ont produit des bâtards qui par- ticipoient des deux espèces , et qui étoient même , selon quelques-uns , plus délicats et meilleurs au goût que les If^gitimes, mais incapables, à ce qu*on dit , de perpétuer leur race , quoique, selon Longolius, les femelles de ces mulets, jointes avec leur père, donnent de véritables faisans. On a encore observé de ne donner au coq- faisan que des poules qui n avoient ja- mais été cochées , et même de les re- nouveler à chaque couvée, soit pour ■ ^^-''-'S-iWlfi-'- '•-.".t-^iî'-i*- ABSwA^'^^fesîrîîÈ Si 92 HISTOIRE NATURELLE exciter davantage le faisan ( car Thom- me juge toujours des autres êtres par lui-même ), soit parce qu'on a prétendu remarquer que lorsque les mêmes pou- les étoient fécondées une seconde fois par le même faisan, il en résultoit une race dégénérée. V. ^"' ' - - - On dit que le faisan est un oiseau stupide , qui se croit bien en sûreté lorsque sa tête est cachée , comme on l'a dit de tant d'autres , et qui se laisse prendre à tous les pièges : lorqu'on le chasse au chien couchant , et qu'il a été rencontré, il regarde fixement le chien tant qu'il est en arrêt , et donne tout le temps au chasseur de le tirer à son aise : il suffit de lui présenter sa propre image, ou seulement un mor- ceau d'étoffe rouge sur une toile blan- che , pour l'attirer dans le piège : on le prend encore en tendant des lacets ou des filets sur les chemins oii il passe le soir et le matin pour aller boire ; enfin, on le chasse à l'oiseau de proie. ■ -^ • jf '^■«**-^ii."i»' Jkx*-,, ■«Çf-l*»"*. -.'^ ,i*«(»»»i fîa"4»! une ; ^ ^ D U F A I s A N. ' ^3 et l'on prétend que ceux qui sont pris de cette manière sont plus tendres et de meilleur goût. L'automne est le temps de l'année où ils sont le plus gras : on peut engraisser les jeunes dans l'épinette avec la pompe , com- me toute autre volaille ; mais il faut bien prendre garde, en leur introdui- sant la petite boulette dans le gosier, de ne leur pas renverser la langue, car ils mourroient sur-le-champ. ^ > Un faisandeau bien gras est un nior- ceau exquis, et en même temps une nourriture très -saine ; aussi ce mets a-t*il été de tout temps réservé pour la table des riches , et Ton a regardé comme une prodigalité insensée la fan- taisie qu'eut Héliogabale d'en nourrir les lions de sa ménagerie. Suivant Olina et M. Le Roi , cet oiseau vit comme les poules commu- nes , environ six à sept ans ; et c'est sans aucun fondement qu'on a pré- tendu connoître son âge par le nom-» l ■ 94 HISTOIRE NATURELLE bre des bandes transversales de sa queue. ,V i;,,':, ,; ;...,,.. LE JFAISAN BLANC. l On ne connoît point assez l'histoire de cette variété de l'espèce du faisan » pour savoir à quelle cause ou doit rap« porter la blancheur de son plumage : l'analogie nous conduiroit à croire qu elle est un efiet du froid , c^mme dans le paon blanc. Il est vrai que le faisan ne s'est point enfoncé dans les pays septentrionaux autant que le paon; mais aussi sa blancheur n'est point parfaite , puisqu'il a, selon M. Brisr son , des taches d'un violet foncé sur le cou , et d'autres taches roussâtres sur le dos ; et que , selon Olina , les mâles montrent quelquefois les cou- leurs franches des faisans ordinaires sur la tête et sur le cou : ce dernier auteur dit que les faisans blancs vien- nois de Flandre; mais sans dor.te qu'en ir DU FAISAN.'' 95 Flandre on dit qu'ils viennent encore de plus loin du côte du nord : il ajoute que les femelles sont d'une blancheur plus parfaite que les mâles ; et je re- marque que la femelle du faisan ordi- naire a aussi plus de blanc dans son plumage que n'en a le mâle. ' ' ' LE FAISAN VARIÉ. CoMMB le paon blanc, mélë avec le paon ordinaire, a produit le paon varié ou panaché , ainsi l'on peut croire que le faisan blanc, se mêlant avec le faiscin ordinaire , a produit le faisan varié dont il s'agit ici ; d'autant plus que ce dernier a exactement la même forme et la même gréteeur que l'espèce ordi- naire , et que son plumage , dont le fond est blanc , se trouve sem(^ û& ta- ches qui réunissent toutes les coi leurs de notre faisan. .'^^-n^i^-ivAi-im: '. o Frisch remarque que le faisan varié n'est point bon pour la propagation. m ,-;-...:j*i«|r(i*t. )/ \ 96 HISTOIRE NATURELLE LE COCQU AR, ou LE FAISAN BATARD. Le nom dejaisan-huneru que Frisch donne à cette variété du faisan, in- dique qu'il le regarde comme le pro- duit du mélange du faisan avec la poule ordinaire ; et, en effet, le faisan bâtard représente l'espèce du faisan par son cercle rouge autour des yeux et par sa longue queue ; et il se rapproche du coq ordinaire par les couleurs commu- nes et obscures de son plumage , qui a beaucoup de gris plus ou moins foncé : le faisan bâtard est aussi plus petit que le faisan ordinaire , et il ne vaut rien pour perpétuer l'espèce , ce qui con- vient assez à un métis, ou si l'on veut à un mulet, mt]: .î. . ?-■ :;:u ;i!; r>- *.; f ' Frisch nous apprend qu on en élève beaucoup en Allemagne à cause du profit qu'on en retire, et c'est en effet un très-bon manger. ,, ' ; ; *' 3' !.■ ■^ •..' ■'JL^fV^^-'-vi'.^Au BU FAISAN. S7 Oiseaux étrangers gui ont rapport au Faisan. . ,. , 'J.M r>i:\v î:,';m, LE FAISAN DORÉ, ou LE TRICOLOR huppé de la Chine, Quelques auteurs ont donné à cet oiseau le nom àe faisan rouge; on eût été presque aussi bien fondé à lui don- ner celui àe faisan bleu, et ces deux dénominations auroient été aussi im- parfaites que celle de faisan doré, puis- que toutes les trois , n'indiquant que l'une des trois couleurs éclatantes qui brillent sur son plumage , semblent exclure les deux autres : c'est ce qui m'a donné l'idée de lui imposer un nouveau nom , et j'ai cru que celui de tricolor huppé de la Chine le caracté- riseroit mieux , puisqu'il présente à l'esprit ses attributs les plus apparens, , On peat regarder ce faisan comme une variété du faisan ordinaire, qui s'est embelli sous un ciel plus beau ; ce Oisieauj^. ^I. 9 * ! •«aaMMM ..Mec. 98 HISTOIRE NATURELLIE sont deux branches d'une même fa- mille qui se sont séparées depuis long* temps , qui même ont formé deux ra- ces distinctes, et qui cependant se re- connoissent encore j car elles s'allient , se mêlent , et produisent ensemble ; mais il faut avouer que leur produit tient un peu de la stérilité des mulets , comme nous le verrons plus bas ; ce qui prouve de plus en plus lancienneté de la séparation des deux races. Le tricolor huppé de la Chine est plus petit que qotre faisan*. ;.. La beauté frappante de cet oisekîi lui a valu d'être cultivé et multiplié dans nos faisanderies , où il est assez commua aujourd'hui : son nom de tri* color huppé indique le rouge , le jaune- doré et le bleu qui dominent dans son plumage , et les longues et belles plumes qu'il a sur la tête , et qu'il relève quand il veut en manière de huppe ; il a l'iris, le bec , les pieds et les ongles jaunes , la queue plus longue ù proportion que DIT TAISAN. t t .Of) notre faisan, pins émaill^e, et en gé- ï\éja\ le plumage plus brillant : au-des- sus des plumes de la queue sortent d'au- tres plumes longues et étroites , de cou- leur ëcarlate , dont la tige est jaune ^ ii n'a point les .yeux entourés d'une peau rouge comme le faisan d'Europe ; en un mot, il paroît avoir subi fortement l'in- fluence du climat. -^ La femelle du faisan doré est un peu plus petite que le mâle , elle a la queue moins longue; les couleurs de son plu- mage sont fort ordinaires , et encore moins agréables que celles de notre faisane ; mais quelquefois elle devient, avec le temps , aussi belle que le mâle : on en a vu en Angleterre , chez my- lady Essez , une qui , dans l'espace de six ans , avoit graduellement changé sa couleur ignoble de bécasse en la belle couleur du mâle, duquel elle ne se dis- tinguoit plus que par les yeux et par la longueur de la queue. IDes personnes intelligentes , qui ont été à portée d'ob* % /■ '#'>nw;i ^ ■ _^».-v w'4f"» J^*2'^ir^i v^ :*- y "-^^i'n- ^ii^£tt^i^%'S'K-- n i < 100 HISTOIRE NATURELLE server ces oiseaux , m'ont assuré que ce changement de couleur avoit lieu dans la plupart des femelles ^ qu'il corn-* mençoit lorsqu elles avoient quatre ans , temps où le mâle commençoit aussi à prendre du dégoût pour elles et à les maltraiter ; qu'il leur venoit alors de ces plumes longues et étroites , qui dans le mâle accompagnent les plumes de la queue; en un mot, que plus elles avan- çoient en âge , plus elles devenoient semblables aux mâles , comme cela a lieu plus ou moins dans presque tous les animaux. ^ > - M. Edwards assure qu'on a vu pa- reillement chez le duc de Leeds, une faisane commune dont le plumage étoit devenu semblable à celui du faisan mâle; et il ajoute que de tels change- mens de couleurs n'ont guère lieu que parmi les oiseaux qui vivent dans la domesticité. Les œufs de la faisane dorée ressem- blent beaucoup à ceux de la pintade » »- \ DIT FAISAN. lOI et sont plus petits à proportion que ceux de la poule domestique , et plus rou- g pâtres que ceux de nos faisans. Le docteur Hans Sloane a conservé un mâle environ quinze ans ; il paroît que c'est un oiseau robuste , puisqu'il vit si long-temps hors de son paj^s ; il s'accoutume fort bien au nôtre , et y multiplie assez facilement ; il multi- plie même avec notre faisane d'Eu- rope. M. ILù Roi , lieutenant des chasses de Versailles , ayant mis une de ces faisanes de la Chine avec un coq-faisan de ce pays -ci , il en a résulté deux faisans mâles fort ressemblaus aux nô- tres , cependant avec le plumage mal teint , et n'ayant que quelques plumes jaunes sur la tète , comme le faisan de la Chine. Ces deux jeunes mâles métis ayant été mis avec des faisanes d'Eu- rope , l'un féconda la sienne la seconde année, et il en a résulté une poulefai- sane qui n'a jamais pu devenir féconde; et les deux coqs métis n'ont rien produit • • iA^ ■ f,r ::■'■' SSpr^tWW ï'f> t r V ) f 102 HISTOIRE N A-TITUELLIS de plus jusqu'à la quatrième année , temps où ils trouvèrent le moyen de s'échapper à travers leurs filets. Il y a grande apparence que le tri- color huppé dont il s'agit dans cet ar- ticle , est ce beau faisan dont on dit que les plumes se vendent dans la Chine plus cher que l'oiseau même ; et que c'est aussi celui que Marco -Paolo ad- mira dans un de ses voyages de la Chine, et dont la queue avoit deux à trois pieds de long. LE FAISAN NOIR ET BLANC de la Chine, La figure de nos planches enlumi- nées n'a été dessinée que d'après l'oi- seau empaillé, et je ne doute pas que celle de M, Edwards , qui a été faite et retouchée à loisir d'après le vivant , et qui a été recherchée pour les plus petits détails d'après l'oiseau mort, ne représente plus exactement ce faisan , -t-- *\fmfA.^*f** ""^IMl IÉ.lWVijL M, ., DU TAISAK. io3 et ne donne une idée plus jirete de son port , de son air , etc. Il est aisé de juger, par la seule ins- pection de la figure , que c'est une va- riété du faisan , modelé pour la forme totale sur les proportions du tricolor huppé de la Chine , mais beaucoup plus gros, puisqu'il surpasse même le fai- san d'Europe ; il a avec ce dernier un trait de ressemblance bien remarqua- ble , c'est la bordure rouge des yeux qu'il a même plus large et plus éten- due 5 car elle lui tombe de chaque côté au-dessous du bec inférieur en forme de barbillons , et d'autre part elle s'élève comme une double crête au-dessus du bec supérieur. La femelle est un peu plus petite que le mâle , dont elle difï^re beaucoup par la couleur ; elle n a ni le dessus du corps blanc comme lui , ni le dessous d'un beau noir avec des reflets de pourpre ; on n'apperçoit dans tout son plumage qu'une échappée de blanc au- ;> i .'/ il ù y I 1» 4* \i/ < 104 HISTOIRS NATURKLLF. dessous des yeux ; le reste est d'un rouge - brun plus ou moins foncé , ex- cepté sous le ventre et dans les plumes latérales de la queue, où Ton voit des l)andes noires transversales sur un fond gris. A tous autres égards, la femelle dififère moins du mâle dans cette race, que dans toutes les autres races de fai- san; elle a, comme lui, une huppe sur la tête , les yeux entourés d'une bor- dure rouge , et les pieds de même cou- leur. Comme aucun naturaliste, ni même aucun voyageur ne nous a donné le plus léger indice sur l'origine du faisan noir et blanc , nous sommes réduits sur cela aux seules conjectures; la mienne seroit que , de même que le faisan de Géorgie , s étant avancé vers l'orient 5 et ayant fixé son séjour dans les pro- vinces méridionales ou tempérées de la Chine, est devenu le tricolor huppé; aitisi, le faisan blanc de nos pays froids ou de la Turlarie, ayant passé dans les c t\ 'ïuKiiii^- * • '" " ' ~'~l I " DU FAISAN. io5 provinces septentrionales de la Chine , est devenu le faisan noir et blanc de cet article, lequel aura pris plus de grosseur que le faisan primitif ou de Géorgie , parce qu'il aura trouvé dans ces provinces une nourriture plus abon- dante ou plus analogue. à son tempéra- ment , mais qui porte l'empreinte du nouveau climat dans son port, son air , sa forme extérieure , semblable au port, à lair, à la forme extérieure du tricolor huppé de la Chine, et qui a conservé du faisan primitif la bordure rouge des yeux, laquelle même a pris en lui plus d'étendue et de volume , sans doute par les mêmes causes qui l'ont rendu lui-même plus gros et plus grand que le faisan ordinaire. L'ARGUS, OH LE LUEN. Om trouve au nord de la Chine une es- pèce de faisan, dont les ailes et la queue £>ont semées d'un très-grand nombre de . \ // /-' /\ ri 1- / 106 HISTOIRE NATURELLE taches rondes semblables à des yeux , d'où on lui a donné le nom A' Argus ; les deux plumes du milieu de la queue sont très-longues , et excèdent de beau- coup toutes les autres. Cet oiseau est de la grosseur du dindon ; il a sur la tête une double huppe qui se coucha en arrière. ' '' L* H O A Z I N. i \ (l Selon Hernandez , l'hoazin n'est pas tout-à-fait aussi gros qu'une poule d'Inde; il a le bec courbé , la poitrine d'un blanc - jaunâtre ; les ailes et la queue marquées de taches ou raies blanches , à un pouce de distance les unes des autres ; le dos , le dessus du cou , les côtés de la tête d'un fauve- brun ; les pieds de couleur obscure : il porte une huppe composée de plumes blanches d'un côté , et noires de l'autre 5 il ne paroît pas qu'il puisse la relever à eongré. 1. :■ ■M «.wiii'ii— ' iiw'W'Mqpacs; -i*<«»jfflt£L^jifiu:u:ii" DUïAISAN. 107 Sa voix est très-forte, et c'est moins un cri qu'un hurlement : on dit qu'il prononce son nom , apparemment d'un ton lugubre et effrayant ; il n'en fal- loit pas davantage pour le faire passer chez des peuples grossiers pour un oiseau de mauvais augure ; et, comme par-tout on suppose beaucoup de puis- sance à ce que l'on craint , ces mêmes peuples ont cru trouver en lui des re- mèdes aux maladies les plus graves; mais on ne dit pas qu ils s'en nour* rissent ; ils s'en abstiennent en effet, peut-être par une suite de cette même crainte , ou par répugnance fondée sur ce qu'il fait sa pâture ordinaire de ser- pens : il se tient communément dans les grandes forêts , perché sur les ar- bres le long des eaux, pour guetter et surprendre ces reptiles. Il se trouve dans les contrées les plus chaudes du Mexique; Hernandez ajoute qu'il pa- roît en automne, ce qui feroit soup- çonner que c'est un oiseau de passage. V 4^ ! ( Î'. I08 HISTOIRE KATURELLIE M. Aublet m*assure que cet oiseau 8*apprivoise ; qu'on en voit parfois de domestiques chez les Indiens , et que les Français les appellent des paons : ils nourrissent leurs petits de fourmis , de vers et d'autres insectes. M,;i' LECARACARA. J'appelle ainsi, d'après son propre cri , ce bel oiseau des Antilles , dont le P. du Tertre a donné la description. Si tous les oiseaux d'Amérique , qui ont été pris pour des faisans, doivent se rapporter aux hoccos , le caracara doit avoir place parmi ces derniers , car les Français des Antilles, et d'après eux le P. du Tertre , lui ont donné le nom àç. faisan, « Ce faisan, dit -il, est un fort bel oiseau , gros comme un cha- pon , plus haut monté , sur des pieds de paon , il a le cou beaucoup plus long que celui d'un coq , et le bec et la tête approchant de ceux du corbeau^ il a f^ a \ ) / DU FAISAN. ' 109 toutes les plumes du cou et du poitrail d'un beau bleu luisant, et aussi agréa- ble que les plumes des paons ^ tout le dos est d'un gris-brun , et les ailes et la queue , qu'il a assez courtes , sont noires. ■ ■fiv»>.«-' ,..',..■,• /.i^'h- /:• ■ » Quand cet oiseau est apprivoisé , il fait le maître dans la i^Ciaison, et en chasse, à coups de bec, les pûules-d'inde et les poules communes , et les tue quel- quefois; il en veut même aux chiens, qu'il becqueté en traître. . . . J'en ai vu un. . . qui étoit ennemi mortel des Nè- gres , et n'en pouvoit souSrir un seul dans la case qu'il ne becquetât par les jambes ou par les pieds , jusqu'à en faire sortir le sang. » C$ux qui en ont mangé m'ont assuré que sa chair est aussi bonne que celle des faisans de France. •'■■'■;:'•; ■ ■■nr-^,''- •—,»•'«> Comment M. Ray a-t-il pu soup- çonner qu'un tel oiseau fût l'oiseau de proie dont parle Marcgrave sous le même nom de oaracara? Il est vrai Oiseaux. XI. 10 j-**^ I» ' :î no HISTOIRE HATURELLS qu'il fait la guerre aux poules ; mais c est seulement lorsqu'il est apprivoisé et pour les chasser , en un mot, comme il fait aux chiens et aux Nègres : on reconnoit plutôt à cela le naturel ja- loux d'un animai domestique qui ne souffre point ceux qui peuvent parta- ger avec lui la faveur du maître , que les mœurs féroces d'un oiseau de proie qui se jette sur les autres oiseaux pour les déchirer et s'en nourrir : d'ailleurs , il n'est point ordinaire que la chair d'un oiseau de proie soit bonne à man-> ger, comme l'est celle de notre cara- cara : enfin il paroît que le caracara de Marcgrave a la queue et les ailes beaucoup plus longues à proportion que celui du F. du Tertre. Espèces connues dans ce genre* Le Coq , la Poule , phasîanus Gallus, Le Faisan y phasianus Colchicus. L'Argus , ou le Luen , phasianus ^rgus. Le Faisan doré , phasimius^ Pictus, , , D U ï A I s A H. . 1 1 f Le Faisan noir et blano , pha*ianus Njc» themtrus, .„ . . „ - ., . Le Parraqua ^ phasianus Parraka, L*HoitlalIotl f phatianus Mexioanus, L'Hoazin , phasianu* Crhtatus, Le Katraca , phasianus Motmot, \ iw *• r-' JyJUMIMMInBW (1 E"'' %■ I V 112 BISTOIRI MATURSILS X / X'^iSiaMîi ' 'i I I «(..U .1 " » Vl^i i \i. '\ . ()•• LXVIIP GENRE. LA PEINTADE, itumid<. Caractère générique : deux caroncuies à la base des mandibules. LA PEINTADE. •La peiiitade a été connue et très-bien désignée par les anciens. Aristote n'en parie qu'une seule fois dans tous ses ouvrages sur les animaux^ il là nomme méléagride , et dit que ses œufs sont marquetés de petites taches. Varron en fait mention sous le nom de poule d'Afrique : c'est , selon lui , un oiseau de^grande taille, à plumage varié , dont le do :»s' rond , et qui étoit fort rare à Rom* ,1 -■, I ■■» t. - . •» ■Cl' ; ». ?•' ♦^v. ■♦**•-. ■^^--^•v^^^ll^.. '«•k .i \ f -li [ 1 ' " • '-, -^ '^ " \ * ,U - s «I {•■ *.V .. !*r ^nlk ^ -^r hMm-m^— «iq^tfaiy Séâ (»'> Pat, JX'*^ À. Dcj'eve aft r ritlain tlculp 1 J.A rKINIADi:. al.APKINTADF. A rUKTK. I % .'1' w DE LA PEINTADE. II, Pline dit les mêmes choses que Vai- ron , et semble n'avoir fait que le co- pier , à moins qu'on ne veuille attri- buer la ressemblance des descriptions à l'identité de l'objet décrit : il répète aussi ce qu Aristote avoit dit de la cou- leur des œufs ; et il ajoute que les pein- tades de Numidie étoient les plus esti- mées, d'où on a donné à l'espèce le nom de poule numidique par excel- lence. Golumelle en reconnoissoit de deux sortes, qui se ressembloient en tout point , excepté que l'une avoit les bar- billons bleus, et que l'autre les avoit rouges î et cette différence avoit paru assez considérable aux anciens , pour constituer deux espèces ou races dési- gnées par deux noms distincts : ils ap- peloient méléagride la poule aux bar- billons rouges, et poule africaine celle aux barbillons bleus , n'ayant pas ob- servé ces oiseaux d'assez près pour s'appercevoir que la première étoit la U fci^ — ■■.fc.taw .M« \ it4 histoire naturelle femelle , et la seconde le mâle d'une seule et même espèce, comme l'ont re- marqué MM. de TAcadémie. Quoi qu'il en soit , il paroît que la peintade , élevée autrefois à Rome avec tant de soin , s'étoit perdue en Eu^ rope, puisqu'on n'en retrouve plus au- cune trace chez les écrivains du moyen âge , et qu'on n'a recommencé à en parler que depuis que les Européens ont fréquenté les côtes occidentales de l'Afrique , en allant aux Indes par le Cap de Bonne-Espérance^ non-seule- ment ils l'ont répandue en Europe , mais ils font encore transportée en Amérique : et, cet oiseau ayant éprou- vé diverses altérations dans ses quali- tés extérieures par les influences des •* divers climats, il ne faut pas s'étonner si les modernes , soit naturalistes , soit voyageurs, en ont encore plus multi- plié les races que les anciens. Fricli distingue, comme Columelle, la peintade à barbillons rouges de celle DE LA PEINTADI. Il5 à barbillons bleus ; mais il reconnoît entr elles plusieurs autres différences : selon lui , cette dernière, qui ne se trouve guère qu'en Italie, n'est point bonne à manger ; elle est plus petite, elle se tient volontiers dans les endroits marécageux , et prend peu de soin de ses petits : ces deux derniers traits se retrouvent dans la méléagride de Cly- tus de Milet. « On les tient , dit - il , dans un lieu aquatique ; et elles mon- trent si peu d'attachement pour leurs petits , que les prêtres commis à leur garde sont obligés de prendre soin de la couvée. » Mais il ajoute que leur grosseur est celle d'une poule de belle race : il paroît aussi , par un passage de Pline , que ce naturaliste regardoit la '■ méléagride comme un oiseau aquati- que ; celle à barbillons rouges est au contraire, selon M. Frisch, plus grosse qu'un faisan , se plait dans les lieux secs , élève soigneusement ses pe- tits, etc. [ \ ,.-h 116' ItrSTOIllK NATTTRUrnR DainpitM* assure ({iio dans Tilo dd Maj, 1*11110 do celios du Cap-Vert, il y a d(^s pointndos dont lu chair ost oxtrnordinairoinent blancho ; d atilros dont la chair est noire, et (fue toutes Tont tendre et délicate ; le P. Labat en dit autant : cette difltVence, si elle est vraie , me paroît d'autant plus con- sidc^ruble, qu'elle nepourroitétro attri- l)M(^e an changement de climat, puis- que dans celte île, qui avoisino T Afri- que, les peintades sont comme dans leur pays natal, à moins qu'on ne veuille dire que les mômes causes particuUères qui teignent en noir la peau et le pé- rioste de la plupart des oiseaux des îles de San- Jago , voisines de l'île de May, noircissent aussi dans cette dernière la chair des peintades. Lel'. Charlevoix prétend qu'il y en n une espèce à Saint-Domingue plus petite que l'espèce ordinaire 5 mais co sont apparemment ces peintades mar- ronnes, provenant de celles qui y -1 ♦- 1 ni8tAPEIHTAT)«. 117 fiirrînl IrnnsporK^os par le» Caftlillnn» p(;ii nprè» la conqu/^l« cl« l'îl(3 ; œllo ruce étant devenue SHUvage, et s'c^Uint comme nntiirnlisf^e dan» le pHy», aura «éprouve l'influence naturelle de ce climat, laquelle tend à alCoiblir, amoin- drir, détériorer les cflpèceH, comme je l'ai fait voir ailleurs ; et, ce qui est digne de remarcpie , c'est que c(;tte race , ori- ginaire de Guinée, et qui, transportée en Amérique , y avoit subi l'état de domesticité, n'a pu, dans la suite, être ramenée à cet état , et que les colons de Saint-Domingue ont été obligés d'en faire venir de moins i'arouches d'Afrique , pour les élever et les mul- tiplier dans les basse-cours : est-C/e pour avoir vécu dans un pays plus désert, plus agreste , et dont les habitans étoient sauvages, quecespeintades mar- ronnes sont devenues sauvages elles- mêmes? ou ne seroit-co pas aussi pour avoir été effarouchées par les chasseurs européens , et sur -tout par les Fran- ÏM\ * ^1» "y* ^ -^ % UÏÏ i i Il8 HISTOIRE NATURELLE çais, qui en ont détruit un grand nom- bre, selon le P. Margat, jésuite? Marcgrave en a vu de huppées qui venoient de Sierra - Liona , et qui avoient autour du cou une espèce de collier membraneux d'un cendré-bleuâ- tre ; et c'est encore ici une de ces variétés que j'appelle primitives , et qui méritent d'autant plus d'attention y qu'elles sont antérieures à tout chan- gement de climat. Le jésuite Margat , qui n'admet point de différence spécifique entre la poule africaine et la méléagride des anciens, dit qu'il y en a de deux cou- leurs à Saint-Domingue, les unes ayant des taches noires et blanches disposées par compartimens en forme de rhom- boïdes , et les autres ^tant d'un gris plus cendré; il ajoute qu elles ont tou- tes du blanc sous le ventre , au-dessous et aux extrémités des ailes. La peintade a un trait marqué de ressemblance avec le dindon , c'est de I 1- •--. DB LA PEIKTADE. x: n*avoir point de plumes à la tête ni à la partie supérieure du cou ; et cela a donne lieu à plusieurs ornithologistes , tels que Belon , Gesner , Aldrovande et Klein, de prendre le dindon pour la mélëagride des anciens; mais, outre les différences nombreuses et tranchées qui se trouvent, soit entre ces deux espèces , soit entre ce que Ton voit dans le dindon, et ce que les anciens ont dit de la méléagride, il suffit, pour mettre en évidence la fausseté de cette con- jecture, de se rappeler les preuves par lesquelles j'ai établi, à l'article du din- don , que cet oiseau est propre et par- ticulier à l'Amérique, qu'il vole pesam- ment, ne nage point du tout, et que, par conséquent, il n'a pu franchir la vaste étendue des mers qui sépare l'Amérique de notre continent; d'^où il suit qu'avant la découverte de TA^^. mérique il étoit entièrement inconnu dans notre continent , et que les anciens. ! it il ni 120 HISTOIRE NATURELLB n'ont pu en parler sous le nom de mé- léagride. ....■,. Le plumage de la peintade,sans avoir des couleurs riches et éclatantes, est cependant très-distingué : c'est un fond gris-bleuâtre, plus ou moins foncé, sur lequel sont semées assez régulièrement des taches blanches plus ou moins ron- des , représentant assez bien des perles ; d'où quelques moderner* ont donné à cet oiseau le nom de poules perlées, et les anciens ceux de varia et dé guttata. Tel étoit du moins le plumage dt? la peintade dans son climat natal ; mais , depuis qu'elle a été transportée dans d'autres régio ît , elle a pris plus de blanc, témoin les peintades à poitrine blanche de la Jamaïque et de Saint- Domingue, et ces peintades parfaite- ment blanches dont parle M. Edwards; en sorte que la blancheur de la poitrine , dont M. Brisson a fait le caractère d'une variété, n'est qu'une altération commencée de la couleur naturelle , DE LA PEINTADK. 121. OU plutôt n'est que le passage de celte couleur à la blancheur parfaite. Les plumes de la partie moyenne du cou sont fort courtes à l'endroit qui joint sa partie supérieure, où il n'y en a point du tout ; puis elles vont tou- jours croissant de longueur jusqu'à la poitrine, où elles ont près de trois pouces. Ces plumes sont duvetées depuis leur racine jusqu'à environ la moitié de leur longueur; et cette partie duve- tée est recouvert© par l'extrémité des plumes du rang précédent , laquelle est composée de barbes fermes et accro- chées les unes aux autres. La peintade a les ailes courtes et la queue pendante, comme la perdrix; ce qui, joint à la disposition de ses plumes, la fiiit paroître bossue {Genus gibberum. Pline ) ; mais cette bosse n'est qu'une fausse apparence, et il n'en reste plus aucun vestige lorsque l'oiseau est plumé. k Oiseaux. XI. XI «r 1 122 HISTOIRE NATURELLE Sa grosseur est à-peu-près celle de la poule commune; mais elle a la forme de la perdrix, d'où lui est venu le nom de perdrix de Terre-Neuve; seulement elle a les pieds plus élevés , et le cou plus long et plus menu dans le haut. Les barbillons , qui prennent nais- sance du bec supérieur, n'ont point de forme constante , étant ovales dans les unes , et carrés ou triangulaires dans les autres: ils sont rouges dans la femelle et bleuâtres dans le mAle; et c'est, selon MM. de l'Académie et M. Brisson , la seule chose qui distin- gue les deux sexes ; mais d'autres au- teurs ont assigné d'autres différences tirées des couleurs du plumage , des barbillons , du tubercule calleux de la tête, des caroncules , des narines , de la grosseur du corps; des soies ou filets àeV occiput, etc. soit que ces variétés dépendent en effet de la différence du sexe j soit que, par un vice de logique « fi '.=>»-•■••-<,«'- delapeintadî;. i23 trop commun , on les ait regardées comme propres au sexe de l'individu où elles se trou voient accidentelle- ment , et par des causes toutes diffé- rentes. En arrière des barbillons , on voit sur les côtés de la tête , la très-petite ouverture des oreilles, qui dans la plu- part des oiseaux , est ombragée par des plumes, et se trouve ici à découvert; mais ce qui est propre à la peintade , c'est ce tubercule calleux , cette espèce de casque qui s'élève sur sa tête , et que Belon compare assez mal -à-propos au tubercule , ou plutôt à la corne de la girafFe ; il est semblable par sa forme à la contre-épreuve du bonnet ducàl du doge de Venise , ou, si l'on veut, à ce bonnet mis sens devant derrière ; sa couleur varie dans les différens su- jets du blanc au rougeâtre , en passant par le jaune et le brun; sa substance intérieure est comme celle d'une chair endurcie et calleuse; ce noyau est re- ftm' 124 HISTOIRE NATURELLE couvert d'une peau sèche et ridëe qui s'étend sur ['occiput et sur les côtés de la tête, mais qui est échancrée à l'en- droit des yeux. Les physiciens à causes finales n'ont pas manqué de dire que cette callosité étoit un casque vérita- ble, une arme défensive donnée aux peintades, pour les munir contre leurs atteintes réciproques, attendu que ce sont des oiseaux querelleurs , qui ont le bec très-fort et le crâne très-foible. Les yeux sont grands et couverts , la paupière supérieure a de longs poils noirs relevés en haut , et le cristallin est plus convexe en dedans qu'en dehors. M. Perrault assure que le bec est semblable à celui de la poule, le j<5suite Margal le fait trois fois plus gros, très- dur et très-pointu 5 les ongles sont aussi plus aigus , selon le P. Labatj mais tous s'accordent , anciens et modernes , à dire que les pieds n'ont point d'épe- rons. La peintade est un oiseau très-criard , '■*'.'*■ ***.. i <■ .>• DE LA PEINT ADE. 12^ et ce n'est pas sans raison que Browne l'a appelée gallus clamosus j son cri est aigre et perçant, et à la longue il de- vient tellement incommode, que quoi- que la chair de la peintade soit un ex- cellent manger et bien supérieur à la volaille ordinaire, la plupart des co- lons d'Amérique ont renoncé à en éle- ver 5 les Grecs avoient un mot particu- lier pour exprimer ce cri ; Elien dit que la méléagiide prononce à-peu-près son nom 3 le docteur Cai, que son cri approche de celui de la perdrix, sans être néanmoins aussi éclatant 5 Belon, guil est quasi comme celui des petits poussins nouvellement éclos ; mais il as- sure positivement qu'il est dissembla- ble à celui des poules communes 5 et je ne sais pourquoi Aldrovande et M. Sa- lerne lui font dire le contraire. C'est un oiseau vif, inquiet et tur- bulent, qui n'aime point à se tenir en place , et qui sait se rendre maître dans la basse-cour i il se fait craindre des din- • • I2f) ntSTOlRE NATURELLE doiîs même , et, quoique beaucoup plus petit, il leur en impose par sa pétu- lance. « La peintade, dit le P. Margat , a plutôt iiût dix tours et donné vingt coups de bec , que ces gros oiseaux n'ont pensé à se mettre en défense. » Ces poules de Numidie semblent avoir Ja même façon de combattre que l'his- torien Salluste attribue aux cavaliers numides: a Leur charge, dit -il, est brusque et irrégulière : trouvent-ils de la résistance , ils tournent le dos , et un instant après ils sont sur l'enne- mi.» On pourroit à cet exemple en joindre beaucoup d'autres qui attestent l'influence du climat sur le naturel des animaux , r4insi que sur le génie natio- nal des liabitans : l'éléphant joint à beaucoup de force et d'industrie une disposition à l'esclavage ; le chameau est laborieux , patient et sobre ; le do- gue ne démord point. Elien raconte que, dans une certaine île , la méléagvide est respectée des BE LA PETNTADE. 127 Oiseaux de proie ; mais je crois que, dans tous les pays du monde , les oiseaux de proie attaqueront par préférence toute autre volaille qui aura le bec moins fort, point de casque sur la tête, et qui ne saura pas si bien se défendre. La peintade est du nombre des oi- seaux pulvérateurs qui cherchent , dans la poussière où ils se vautrent , un remède contre l'incommodité des insectes ; elle gratte aussi la terre com- me nos poiries communes , et va par troupes très-nombreuses : on en voit à l'île de May des volées de deux ou trois cents; les Insulaires les chassent au chien courant , sans autres armes que des bâtons ; comme elles ont les ailes forts courtes , elles volent pesamment; mais elles courent très-vîte, et, selon Belon , en tenant la tête élevée comme la girafife; elles se perchent la nuit pour dormir , et quelquefois la journée, sur les murs de clôture, sur les haies et même sur les toits des maisons et sur laB m s T o i n F. n A t tr r f. l t e les arbres; elles sont soigneuses, dit encore Belon , en ponrchassant leur vivre ; et en effet elles doivent consom- iTier beaucoup, et avoir plus de besoins que les poules domestiques , vu le peu de longueur de leurs intestins. Il paroît par le témoignage des an- ciens et des modernes , et par les demi- membranes qui unissent les doigts des pieds, que la peintade est un oiseau demi-aquatique ; aussi celles de Guinée qui ont recouvré leur liberté à Saint- Domingue , ne suivant plus que l'im- pulsion du naturel , clierchent de pré- férence les lieux aquatiques et maré- cageux. . .* , Si on les élève de jeunesse, elle» s'apprivoisent très-bien. Brue raconte qu étant sur la côte du Sénégal, il reçut en présent d'une princesse du pays, deux peintades , fune mâle et l'autre femelle , toutes deux si familières qu elles venoient manger sur son as- iieltes et qu'ayaut la liberté de volw DE LA PSINTADE. 129 j «u rivnge, elles se rendoient régulière- ment sur la barque au son de la cloche qui annonçoit le diner et le souper ; Moore dit qu elles sont aussi farouches que le sont les faisans en Angleterre ; mais je doute qu'on ait vu des faisans aussi privés que les deux peintades de Brue ; et ce qui prouve que les pein- tades ne sont pas fort farouches , c'est qu elles reçoivent la nourriture qu'on leur présente au moment même où elles viennent d'être prises. Tout bien considéré, il me semble que leur na- turel approche beaucoup plus de ce- lui de la perdrix que de celui du faisan. La poule peintade pond et couve à- peu-près comme la poule commune ; mais il paroît que sa fécondité n'est pas la même en différens climats , ou du moins qu'elle est beaucoup plus grande dans l'état de domesticité où elle re- gorge de nourriture, que dans l'état de sauvage où , étant nourrie moinn > ^*i U- 1 1^'i^gtA.M ï3o HISTOIRE NATURELLE largement , elle abonde moins en mo- lécules organiques superflues. On m'a assuré qu eilt; est sauvage à riledeFrance,et qu'elle y pond huit, dix et douze œufs à terre dans les bois ; au li«!i que celles qui sont domestiques à Saint-Domingue , et qui cherchent aussi le plus épais des haies et des brous- sailles pour y déposer leurs œufs, en pondent jusqu'à cent etcentcifiquantc, pourvu qu'il en reste toujours quel- qu'un dans le nid. % Ces œufs sont plus petits à propor- tion que ceux de la poule ordinaire, et ils ont aussi la coquille beaucoup plus dure : mais il y a une différence remarquable entre ceux de la peintade domestique et ceux de la peintade sau- vage; ceux-ci ont de petites taches rondes comme celles du plumage , et qui n avoient point échappé à Aristote ; au lieu que ceux de la peintade domes- tique sont d'abord d'un rouge assez vif, qui devient ensuite plus sombre , et ■^.^ 1 DE LA FEINTADS. l3r enfin couleur de rose sèche, en se re- froidissant : si ce fait est vrai , comme me l'a assuré M. Fournier qui en a beau- coup élevé, il faudroit en conclure qu& les influences de la domesticité sont ici assez profondes, pour altérer non-seu- lement 'es couleurs du plumage, comme nous l'avons vu ci-dessus, mais encore celle de la matière dont se forme la coquille des œufs; et comme cela n'ar- rive pas dans les autres espèces , c'est encore une raison de plus pour regar- der la nature de la peintade comme moins fixe et plus sujette à varier que celle des autres oiseaux. La peintade a-t-elle soin ou non de sa couvée ? c'est un problême qui n'est pas encore résolu : Belon dit ouï, sans restriction ; Frisch est aussi pour l'af- firmative à l'égard de la grande espèce qui aime les lieux secs, et il assure que le contraire est vrai de la petite espèce qui se plaît dans les marécages; mais le plus grand nombre des témoignages ■ I \) i I ■-. \ i) [ \ n if- n î ' l3a HISTOIRE NATUREItE lui attribue de l'indifférence sur cet article 5 et le jésuite Margat nous ap- prend qu'à Saint-Domingue , on ne lui permet pas de couver elle-même ses œufs , par la raison qu'elle ne s'y atta- che point , et qu'elle abandonne sou- vent ses petits 5 on préfère, dit-il, de les faire couver par des poules d'Inde, ou par des poules communes. Je ne trouve rien sur la durée de l'incubation; mais à juger par la gros- seur de l'oiseau, et par ce que l'on sait des espèces auxquelles il a le plus de rapport , on peut la supposer de trois semaines , plus ou moins, selon la cha- leur de la saison ou du climat , l'assi- duité de la couveuse, etc. Au commencement les jeunes pein- tadeaux n'ont encore ni barbillons , ni sans doute de casque ; ils ressemblent alors par le plumage , par la couleur des pieds et du bec , à des perdreaux rouges ; et il n'est pas aisé de distin- guer les jeunes mâles des vieilles fe- ^^r*^^^- t V'1 DELAPEINTADE. l33 inelles; car : —st dans toutes Jes espèces que la maturité des femelles ressemble à Tenfance des mâles. Les peintadeaux sont fort délicats et très -difficiles à élever dans nos pajs septentrionaux , comme étant origi- naires des climats brûlans de l'Afrique ; ils se nourrissent, ainsi que les vieux, à Saint-Domingue, avec du millet, selon le P. Margat; dans fîle de May, avec des cigales et des vers qu'ils trou- vent eux-mêmes, en grattant la terre avec leurs ongles; et, selon Frisch, ils vivent de toutes sortes de graines et d'insectes. liC coq peinlade produit aussi avec la poule domestique , mais c'est une espèce de génération artificielle qui demande des précautions ; la prin- cipale est de les élever ensemble de jeunesse , et les oiseaux métis qui résultent de ce mélange forment une race bâtarde , imparfaite , désavouée pour ainsi dire de la nature, et qui, ne Oiseaux, XI, ' I3 ' / • ' 1 M 5 ' n s • H m 1 *■ w;.V.V« M^'> l34 HISTOIRE NATURELIK pondant guère que des œufs clairs, n'a pu jusqu'ici se perpétuer régulièrement. Les peintadeaux des basse-cours sont d'un fort bon goût, et nullement infé- rieurs aux perdreaux ; mais les sauva- ges ou marrons de Saint-Domingue, sont un mets exquis et au-dessus du faisan. Les œufs de peintades sont aussi fort bons à manger. Nous avons vu que cet oiseau étoft d'origine africaine , et de là tous les noms qui lui ont été donnés de poule africaine , numidique , étrangère ; de poule de Barbarie, de Tunis, de Mau- ritanie , de Lybie , de Guinée ( d'où s'est formé le nom de Guinetle), d'E- gypte, de Pharaon, et même de Jéru- salem. Quelques Mahométans s'étant avisés de les annoncer sous le nom de poules de Jérusalem , les vendirent aux Chrétiens tout ce qu'ils voulurent: mais ceux - ci s'étant apperçus de la fraude , les revendirent à profit à de / -.S' • î ...A«»« wf-"»»» l36 HISTOIRE NATURELrS eu Europe ; mais coïv.iae ces oiseaux ëtoient accoutument à un climat très- cliaud, ils nont pu s'habituer dans les pays glacés qui bordent la mer Balti- que ; aussi n'en est - il pas question dans la Fauna Suecica de M. Linnœus. M. Klein paroît n'en parler que sur le rapport d'autrui , et nous voyons même qu'au commencement du siècle ils étoient encore fort rares en An- gleterre. Varron nous apprend que de son temps les poules africaines ( c'est ainsi qu'il appelle les peintades) se vendoient fort cher à Rome à cause de leur rare- té; elles étoient beaucoup plus com- munes en Grèce du temps de Pausa- nias , puisque cet auteur dit positive- ment que la méléagride étoit , avec l'oie commune , l'offrande ordinaire * des personnes peu aisées dans les mystères solennels d'Isis : malgré cela , on ne doit point se persuader que les peintades fussent naturelles à la .'^ A'TJC-t- ,^ **Pm^t • 4' t DE LA PEINT A DE. l7>7 Grèce, puisque, selon Alliénée, 'es Etoiiens passoient pour être les pre- ïiiiers (les Grecs qui eussent eu de ces oisciiux dans leur pays : d'un autre côte j'apperçois quelque trace de mi- gration régulière dans les combats que ces oiseaux venoient se livrer tous ies ans en Béotie , sur le tombeau de Méléa- gre , et qui ne sont pas moins cités par les naturalistes que par les mytlio- loi^istes^ c'est de là que leur est venu Je nom de niéléagrides , comme celui de peiutades leur a été donné moins à cause de la beauté que de l'agréable distribution des couleurs dont leur plu- mage est peint. Espèce connue dans ce genre. La Peintade, numida Meleagrîs. • • l38 HISTOIRE NATURELLE *t. S \ LXIX' GENRE. ■ '■! ' LE TETRAS, tjstrjo. Caractère générique : sourcils nus ; ma- melonnnés. LE TÉTRAS, ou LE GRAND COQ DE BRUYÈRE. Si l'on ne jugeoit des choses que par les noms , on pourroit prendre cet oiseau ou pour un coq sauvage , ou pour un faisan; car on lui donne en plusieurs pays , et sur- tout en Italie , le nom de coq sauvage , gallo alpestre, selvatico ; tandis qu'en d'autres pays on lui donne celui de faisan bruyant et de faisan sauvage 5 cependant il dif- i ■ l .J#**»' .'■* * ■ i .iH • ■- 4' -i ' '' • . , ïï: , k . -i' -■ - * i tir -« ,>i ffll I l } ^lÇ<|p Ton, . AV. J\i(/ . /.3/; U X LE GnAlvrD TTCTRAS . a LP. PKTFr TETRAS • : BU TÉTRAS, ; ïSg 1ère du faisan par sa queue , qui est une fois plus courte à proportion , et d'une toute autre forme; parle nom- bre des grandes plumes qui la com- posent , par l'étendue de son vol re- lativement à ses autres dimensions , par ses pieds patlus et dénués d'épe- rons, etc. D'ailleurs, quoique ces deux espèces d'oiseaux se plaisent également dans les bois, on ne les rencontre pres- que jamais dans les mêmes lieux , parce que le faisan, qui craint le froid, se tient dans les bois en plaines , au lieu que le coq de bruyère cherche le froid et habite les bois qui couronnent le sommet des hautes montagnes , d'où lui sont venus les noms de coq de mon- tagnes et de coq de bois. Ceux qui , à l'exemple de Gesner et de quelques autres, voudroient le re- garder comme un coq sauvage , pour- roient , à la vérité , se fonder sur quel- ques analogies; car il j en a effet plu- sieurs traits de ressemblance avec le i '» { i à 1 140 HISTOIRE NAT:7RELL]5 coq orainaire , soit dans la forme totale du corps , soit dans la cotifigu ration particulière du bec, soit par cette peau rouge plus ou moins saillante dont les yeux sont surmontés, soit par la sin- gularité de ses plumes , qui sont pres^ que toutes doubles , et sortent deux de chaque tuyau, ce qui, suivîuit Belon, est propre au coq de nos basse-cours. Enfin ces oiseaux ont aussi des habi- tudes communes : dans les deux espè^ ces, il faut plusieurs femelles au mâle; les femelles ne font point de nid , elles couvent leurs œufs avec beaucoup d'as- siduité, et montrent une grande affec- tion pour leurs petits quand ils sont éclos 3 mais si l'on fait attention que le coq de bruyère n a point de membra- nes sous le bec et point d'éperons aux pieds ; que ses pieds sont couverts de plumes , et ses doigts bordés d'une es- pèce de dentelure; qu'il a dans la queue deux pennes de plus que le coq ; que celte queue ne se divise point en deux DU TÉTRAS. i4r plans comme celle du coq aiais qu'it la relève en éventail comme le dindon ; que la grandeur totale de cet oiseau est quadruple de celle des coqs ordinaires; qu'il se plaît dans les pays froids, tan- dis que les coqs prospèrent beaucoup mieux dans les pays tempérés; qu'il n'y a point d'exemple avéré du mé- lange de ces deux espèces ; que leurs œufs ne sont pas de la même couleur; enfin , si l'on se souvient des preuves par lesquelles je crois avoir établi que l'espèce du coq est originaire des con- trées tempérées de l'Asie , où les voya- geurs n'ont presque jamais vu de coqs de bruyère , on ne pourra guère se persuader que ceux-ci soient la souche de ceux-là • et l'on reviendra bientôt d'une erreur occasionnée , comme tant d'autres , par une fausse dénomination. Pour moi , afin d'éviter toute équi- voque, je donnerai dans cet article au coq de bruyère le nom de tétras, for- . mé de celui de tetroo, qui me paroît i^ ; i i 142 HISTOIRE NÂTITRELXB être son plus ancien nom latin, et qu'il conserve encore aujourd'hui dans Ja Sclavonie , où il s'appelle tetrez ; on pourroit aussi lui donner celui de ce- dron , tiré de cedrone, nom sous lequel il est connu en plusieurs contrées d'Ita- lie : les Grisons l'appellent stolzo , du mot allemand stolx , qui signifie quel- que cliose de superbe ou d'imposant , et qui est applicable au coq de brujère , à cause de sa grandeur et de sa beauté ; par la même raison, les habitans des Pyrénées lui donnent le nom de paon sauvage; celui à'urogailus , sous lequel il est souvent désigné par les modernes qui ont écrit en latin, vient de ur, Qur, urus, qui veut dire sauvage , et dont s'est formé en allemand le mot auev" hahn , ou ourh - hahn , lequel , selon Frisch, désigne un oiseau qui se tient dans les lieux peu fréquentés et de difficile accès ; il signifie aussi un oiseau de marais , et c'est de là que lui est venu le nom rlet-hahu , coq de marais , ^¥f DU TÉTRAS. 143 quoD lui donne dans Ja Souabe, et même en Ecosse. Aristote ne dit que deux mots d'un oiseau qu'il appelle tetrix , et que les Athéniens appeloient ourax : Cet oi- seau , dit -il, ne niche point sur les arbies ni sur la terre , mais parmi les plantes basses et rampantes. Tetrix quam Athenienses vocant vfctyii nec ur- bori, nec terrœ nidumsuum committit, sedfrutici. Sur quoi il est à propos de re- marquer que l'expression grecque n'a pas été fidèlement rendue par Gaza ; car , I °. Aristote ne parle point ici d'ar- brisseau {frutici), mais seulement de plantes basses, ce qui ressemble plus au gramen et à la mousse qu'à des ar- brisseaux; 2°. Aristote ne dit point que le tetrix fasse de nid sur ces plantes bas- ses, il dit seulement qu'il y niche, ce qui peut paroilre la même chose à un littérateur, mais non à un naturaliste, vu qu'un oiseau peut nicher , c'est-à- dire, pondre et couver ses œufs, sans i: i ) I il 144 HISTOIRE NATURELLE faire de nid ; et c'est précisément le cas du tetrix , selon Aristote lui-même , qui dit , quelques lignes plus haut , que l'alouette et le tetrix ne déposent point leurs œufs dans des nids, mais qu'ils pondent sur la terre, ainsi que tous les oiseaux pesans , et qu'ils cachent leurs œufs dans l'herbe drue. Or ce qu'a dit Aristote du tetrix dans ces deux passages , ainsi rectifiés l'un par l'autre , présente plusieurs indica- tions qui conviennent à notre tétras , dont la femelle ne fait point de nid , mais dépose ses œufs sur la mousse, et les couvre de feuilles avec grand soin lorsqu'elle est obligée de les quitter; d'ailleurs le nom latin tetrao , par lequel Pline désigne le coq de bruyère, a un rap port évident avec le nom grec tetrix, sans compter l'analogie qui se trouve entre le nom athénien ourax et le nom cora- poséow?/i-/ïfl/z/t^quelesAllemandsappli^ quentau même oiseau, analogiequi pro- bablement n'est qu'un effet du hasard» '^ .iV ) DWTÉTRAS. 145 Mais ce qui pourroit jeter quelques doutes sur l'identité du tetrix d'Aris- tote avec le tetrao de Pline , c'est que ce dernier , parlant de son tetrao avec quelque détail , ne cite point ce qu'A- ristote avoit dit du tetrix , ce que vrai- semblablement il n'eût pas manqué da faire , selon sa coutume, s'il eût regardé son tetrao comme étant le même oiseau que le tetrix d* Aristote , à moins qu'on ne veuille dire qu'Aristote ayant parlé fort superficiellement du tetrix , Pline n'a pas dû faire grande attention au peu qu'il en avoit dit. A l'égard du grand tetrax dont parle Athénée , ce n'est certainement pas notre tétras , puisqu'il a des espèces de barbillons charnus et semblables à ceux du coq , lesquels prennent nais- sance auprès des oreilles et descendent au-dessous du bec, caractère absolu- ment étranger au tétras, et qui désigne bien plutôt la méléagride bu poule de Numidie , qui est notre peintade. \\ )ii(f Oiseaux. Xf. i3 H.t w : VTfSl^Jii'i. âWrt^l,,^ ! / f. V < . Il I ■• 146 HISTOIRE NATURELLE Le petit tetrax , dont parle le même aiUeur , n'est , selon lui , qu'un très- petit oiseau , et par sa petitesse même, exclu de toute comparaison avec notre Ultras, qui est un oiseau de la première grandeur. A l'égard du tetrax du poète Neme- sianus qui insiste sur sa stupidité , Ges- ner le regarde comme une espèce d'ou- tarde; mais je lui trouve encore un trait caractérisé de ressemblance avec Ja méléagride; ce sont les couleurs de son plumage , dont le fond est gris cendré , semé de taches en forme de gouttes; c'est bien là le plumage de la peinlade, appelée par quelques-uns g-a/- lina guttata. Mais , quoi qu'il en soit de toutes ces conjectures , il est hors de doute que les deux espèces de tetrao de Pline sont de vrais tétras ou coqs de bruyère : le beau noir lustré de leur plumage , leurs sourcils couleur de feu , qui repré- sentent des espèces de flammes dont ^ - ^,*r««w.»«r^- DU TÉTRAS. I4<7 leurs yeux sont surmontés; leur séjour dans les pays froids et sur les hautes montagnes , la délicatesse de leur chair , Sont autant de propriétés qui se ren- contrent dans le grand et le petit té- tras , et qui ne se trouvent réunies dans aucun autre oiseau : nous apptr- cevons même , dans la description de Pline , les traces d'une singularité qui n'a été connue que par très - neu de modernes : moriuntur contumaciâ, dit cet auteur, spiritu revocato : ce qui se rapporte à une observation n n*^ rqua- ble , que Frisch a insérée dans l'his- toire de cet oiseau ; ce naturaliste nayant point trouvé de langue dans le bec d'un coq de bruyère mort , et lui ayant ouvert le gosier , y retrouva la langue qui s'y étoit retirée avec toutes ses dépendances ; et il faut que cela arrive le plusoulknirement, puis- que c'est une opinion commune parmi les chasseurs, que les cc" de bruyère n'ont point de langue 5 peut - être en M 4 'H 4 3^f V I t/r ^- V , * , i n 148 HISTOIRE NATURELLE est- il de même de cet aigle noir dont Pline fait mention , et de cet oiseau du Brdsil dont parle Scaliger , lequel passoit aussi pour n'avoir point de lan- gue, sans doute sur le rapport de quel- ques voyageurs crédules , ou de chas- seurs peu attentifs , qui ne voient pres- que jamais les animaux que morts ou mourans , et sur-tout , parce qu'aucun observateur no leur avoit regardé dans ie gosier. L'autre espèce de tetrao , dont Pline parle au même endroit , est beaucoup plus grande , puisqu'elle surpasse l'ou- tarde et même le vautour dont elle a le plumage , et qu'elle ne le cède qu'à l'autruche ; du reste , c'est un oiseau h\ {lésant qu'il se laisse quelquefois pren- dre à la main. Belon prétend que cette espèce de tetrao n'est point connue des modernes , qui , selon lui , n'ont jamais vu de tétras ou coqs de bruyère plus grands que l'outarde : d'ailleurs , on pourroit douter que l'oiseau désigna ^jifcrfvi" msiA- *»•*:: ' » U TÉ TR A s. " 149 dans ce passage de Pline, par les noms diOtis et à' avis - tarda , fût notre ou- tarde dont la chair est d'un fort bon goût , au lieu que Xavis-tarda de Pline étoit un mauvais manger : damnatas in cibis; mais on ne doit pas conclure pour cela avec Belon , que le grand tétras n'est autre chose que Yavis-tarda , puisque Pline , dans ce même passage , nomme le tétras et lavis-tarda , et qu'il les compare comme des oiseaux d'es- pèces différentes. ' ■"■' "'' *^ " Pour moi , après avoir tout bien pesé , j'aimerois mieux dire, 1°. que le pre- mier tétras dont parle Pline , est le tétras de la petite espèce , à qui tout ce qu'il dit en cet endroit est encore plus appli- cable qu'au grand. â®. Que son grand tetrao est notre grand tétras , et qu'il n'en exagère pas la grosseur , en disant qu'il surpasse l'outarde ; car j'ai pesé moi-même une grande outarde qui avoit trois pieds trois pouces de l'extrémité du bec à L».* t:i| ', -1 In ;■ i ) I ( n I l5o HISTOIRE NATURELLE celle des ongles , six pieds et demi de vol , et qui s'est trouvée du poids de douze livres y or , l'on sait , et l'on verra bientôt que , parmi les tétras de la grande espèce , il y en a qui pèsent davantage. ; .; ; ^ . Le tétras ou grand coq de bruyère a près de quatre pieds de vol ; son poids est conimunément de douze à quinze livres : Aldrovande dit qu'il en. avoit vu un qui pesoit vingt - trois livres , mais ce sont des livres de Bologne, qui sont , seulement de dix onces 5 en sorte que les vingt - trois ne font pas quinze livres de seize onces. Le coq noir des montagnes de Moscovie dé- crit par Albin , et qui n est autre chose qu'un tétras de la grande espèce, pe- soit dix livres sans plumes et tout vidé ; et le même auteur dit que les Heures de Norwège, qui sont devrais tétras, sont de la grandeur d'une outarde. Cet oiseau gratte la terre comme tous les frugivores j il a le bec fort et DU TÉTRAS. l5r tranchant, la l;angiie pointue, et dans le palais un enfoncement proportionné au volume de la langue ; les pieds sont aussi très - forts et garnis de plumes par-devant; le jabot est excessivement grand ; mais du reste fait , ainsi que le gésier , à-peu-près comme dans le coq domestique : la peau du gésier est ve- loutée à l'endroit de l'adhérence des muscles. Le tétras vit de feuilles ou de soiiv- mités de sapins , de genévrier, de cèdre, de saule, de bouleau, de peuplier blanc, de coudrier, de myrtille, de ronce, de chardons, de pomme de pin, de feuil- les et de fleurs du blé sarrasin , de la gesse , du mille-feuille , du pissenlit , du trèfle, de la vesce et de l'orobe, principalement lorsque ces plantes sont encore tendres; car lorsque les graines commencent à se former , il ne touche phis aux Heurs, et il se contente des feuilles ; il mange aussi , sur - tout la première année , des mûres sauvages , I i )'■(' ï52 HISTOIRE NATtrRELLE de la faine , des œufs de fourmis , etc. On a remarqué , au contraire, que plu- sieurs autres plantes ne convenoient point à cet oiseau , entre autres la livé- che, l'éclairé, i'hièble, raigremoine, le muguet, le froment, l'ortie, etc. On a observé dans le gésier des té- tras que l'on a ouverts de petits cail- loux semblables à ceux que l'on voit dans le gésier de la volaille ordinaire , preuve certaine qu'ils ne se contentent point des feuilles et des fleurs qu'ils prennent sur les arbres , mais qu'ils vivent encore de grains qu'ils trou- vent en grattant la terre. Lorsqu'ils mangent trop de baies de genièvre, leur chair, qui est excellente , con- tracte un mauvais goût; et, suivant la remarque de Pline , elle ne conserve pas long-temps sa bonne qualité, dans les cages et les volières où l'on veut quelquefois les nourrir par curiosité. La femelle ne diffère du mâle que par la taille et par le plumage , étant ^MmK ^^ -DV TÉTRAS. l53 plus petite et moins noire 5 au reste , elle l'emporte sur le mâle par l'agréa- ble est oiseaux variété des couleurs point ordinaire dans iei même dans les autres animaux , com- me nous l'avons remarqué en faisant l'histoire des quadrupèdes 5 et , selon Willulghby, c'est faute d'avoir connu cette exception , que Gesner a fait de la femelle une autre espèce de tétras sous le nom de grygallus major, formé de l'allemand , grugel-hahn ; de même qu'il a fait aussi une espèce de la femelle du petit tétras, à laquelle il a donné le nom de grygallus minor; cependant Gesner prétend n'avoir établi ses es- pèces , qu'après avoir observé avec grand soin tous les individus, excepté le grygallus minor , et s'être assuré qu'ils avoient des différences bien ca- ractérisées : d'un autre côté , Schwenck- feld, qui étoit à portée des montagnes , et qui avoit examiné souvent et avec beaucoup d'attention le grygallus, as- !■ U û i v^'^- t)'\ I; il *1 1 I I I 1 l54 HISTOIRE NATURELLE sure que c'est la femelle du tétras ; ruais il faut avouer que dans c^tte es- pèce, et peut-être dais beaucoup d'au- tres, les couleurs du pîîiîTîs^e .«{ ii- su- jettes à de gîandes variétés , .selon le le sexe, Tâge^ le climat, et les diverses îîïitres eu constances r celui nue nous avons fait de:';siner est un peii huppé. M. Brisson ae parie pc t de huppe dans sa description 5 et, des deux figures données par Aldrovande , l'une est huppée et l'autre ne l'est point. Quel- ques " uns prétendent que le tétras , lorsqu'il est •jeune , a beaucoup de blanc dans son plumage , et que ce blanc se perd à mesure quil vieillit, au point que c'est un mo jen de connoîlre l'âge de l'oiseau ; il semble même que le nombre des pennes de la queue ne soit pas toujours égal, car Linnœus le fixe à dix-huit dans sa Faiina Suecica , et M. Brisson à seize dans son Ornitholo- gie; et, ce qu'il y a de plus singulier, Schwenckfeld , qui avoit vu et exa- DU TÉTRAS. miné beaucoup de ces oiseaux , prétend que, soit dans la grande, soit dans la petite espèce, les femelles ont dix-huit pennes à la queue , et les mâles douze seulement , d'où il suit que toute mé- thode , qui prendra pour caractères spécifiques des différences aussi varia- bles que le sont les couleurs des plumes et même leur nombre , sera sujette au grand inconvénient de multiplier [es espèces , je veux dire les espèces no- minales , ou plutôt les nouvelles phra- ses 5 de surcharger la mémoire des commençans, de leur donner de faus- ses idées des choses , et par conséquent de rendre l'étude de la nature plus difBcile. Les tétras mâles commencent à entrer en chaleur dans les premiers jours de février ; cette chaleur est cians toute sa force vers les derniers jouis de mars , et continue jusqu'à la pousse des feuilles. Chaque coq , pen- dant sa chaleur , se tient dans un cer- ¥1 ifl !■' If 1 i I i' i I : I '. l56 HISTOIRE NATURELLE tain canton d'où il ne s'éloigne pas ; on le voit alors soir et matin se prome- nant sur le tronc d'un gros pin ou d'un autre arbre, ayant la queue étalée en rond , les ailes traînantes, le cou porté en avant , la tête enflée , sans doute par le redressement de ses plumes, et prenant toutes sortes de postures ex- traordinaires , tant il est tourmenté par le besoin de répandre ses molécules organiques superflues : il a un cri par- ticulier pour appeler ses femelles, qui Ili répondent et accourent sous l'arbre où il se tient, et d'où il descend bien« tôt pour les cocher et les féconder : c'est probablement à cause de ce cri singulier, qui est très -fort, et se fait entendre de loin, qu'on lui a donné le nom de faisan brvyant : ce cri com- mence par une espèce d'explosion, sui- vie d'une voix aigre et perçante, sem- blable au cri d'une faulx qu'on aiguise; cette. voix cesse et recommence alter- nativement , et après avoir ainsi coii- h, f 1 \ / à DU TÉTRAS. iSy tînué à plusieurs reprises pendant uno heure environ , elle finit par une ex- plosion semblable à la première. Le tétras , qui , dans tout autre temps, est fort difficile à approcher, se laisse surprendre très - aisément lors- qu'il est en amour, et sur-tout tandis qu'il fait entendre son cri de rappel ; il est alors si étourdi du bruit qu'il fait lui-même, ou, si l'on veut, tellement enivré, que ni la vue d'un homme ni même les coups de fusil ne le détermi- nent à prendre sa volée; il semble qu'il ne voie ni n'entende, et qu'il soit dana une espèce d'extase : c'est pour cela que l'on dit communément, et qu. l'on a même écrit que le téiras est alors sourd et aveugle ; cependant il ne l'est guère que comme le sont, en pareille circonstance, presque tous les animaux, sans en excepter l'homme 5 tous éprou- vent "plus ou moins cette extase d'a- mour, mais apparemment qu'el ..t plus marquée dans le tétras; car en Al- Oiscaux XI. 14 ( I i l58 HISTOIRE NATURELLE lemagne on donne le nom A'aouer-hahn ^tdx amoureux qui paroissent avoir ou- blié tout autre soin pour s'occuper uniquement de l'objet de leur passion, et âuéme à toute personne qui montre uni Tpv. .biiité stupide pour ses plus grands intérêts. Qn juge bien que c'est cette saison où les tétras sont eu amour, que l'on choisit pour leur donner la chasse ou pour leur tendre des pièges. Je donne- rai, en parlant de la petite espèce à queue fourchue, quelques détails sur cette chasse, snr-tout reux qui seront les plus propres à faire connoitre '*îs mœurs et le naturel de ces oiseaux : ^e me bornerai à dire ici que Ton fiiit très - bien , même pour favoriser la multiplication de Tespèce, de détruire les vieux coqs , parce qu'ils ne souffrent point d'autres coqs sur leurs plaisirs, et cela dan? une étendue de terrein assez considérable: en sorte que, ne pouv ut servir à toutes les poules de I DU TÉTRAS. ïSg leiir district , plusieurs d'entr'elles sont privées de mâles, et ne produisent que des œufs inféconds. Quelques oiseleurs prétendent qu'a- vant de s'accoupler ces animaux se préparent une place bien nette et bien unie 5 et je ne doute pas qu'en effet on n'ait vu des places, mais je doute fort que les tétras ayent eu la prévoyance de les préparer; il est bien plus simple de penser que ces places sont les end roits du rendez-vous habituel du coq avec ses poules, lesquels endroits doivent être, au bout d'un mois ou deux de fréquentation journalière , certaine- ment plus battus que le reste du ter-^ rein. La femelle du tétras pond ordinaire- ment cinq ou six œufs au moins , et huit ou neuf au plus ; Schweuckfeld prétend que la première ponte est de huit, et les suivantes de douze, qua- torze et jusqu'à seize : ces œtifs sont blancs, marquetés de jaune , et, selon ■ï3..ir~ fi ifiO HISTOIRR NATURELLE le même Schwenckfeld , plus gros que ceux des poules ordinaires 5 elle le» dépose sur la mousse en un lieu lec, où elle les couve seule et sans être «idée par le mâle : lorsqu'elle est obli- gée de les quitter pour aller chercher sa nourriture, elle les cache sous les feuilles avec grand soin; et, quoiqu'elle soit d'un naturel très - sauvage , si on l'approche tandis qu'elle est sur ses œufs elle reste, et ne les abandonne que Irès-difficilement , l'amour de la couvée l'emportant en celte occasion sur la crainte du danger. Dès que les petits sont éclos , ils se mettent à courir avec beaucoup de légèreté ; ils courent même avant qu'ils soient tout-à-fait éclos, puisqu'on en voit qui vont et viennent ayant encore ime partie de leur coquille adhérente à leur corps : la mère les conduit avec beaucoup de sollicitude et d'affection ; elle les promène dans les bois, où ils se nourrissent d'œufs de fourmis , de j*^ DU TÉTRAS. I^f mûres sauvages , etc. La famille de- meure unie tout le reste de l'année, et jusqu'à ce que la saison de l'amour, leur donnant de nouveaux besoins et de nouveaux intérêts, les dispers/s, et sur- tout les mâles, qui aiment à vivre sépa- rément 5 car, comme nous l'avons vu, ils ne se souffrent pas les uns les autres , et ils ne vivent guère avec leurs fe- melles que lorsque le besoin les leur rend nécessaires. Les tétras , comme je l'ai dit , se plaisent sur les hautes montagnes ; mais cela n'est vrai que pour les cli- mats tempérés; car dans les pays très- froids, comme à la baie d'Hudson, ils préfèrent la plaine et les lieux bas, où ils trouvent apparemment la même température que sur nos plus hautes montagnes. Il y en a dans les Alpes, dans les Pyrénées, sur les montagnes d'Auvergne, de Savoie, de Suisse, de Weslphalie, de Souabe, de Moscovie, d'Ecosse, sur celles de Grèce et d'Italie, J \ i h? ■ f & ; 1^ h: I 1^2 HISTOmE îf ATUTIELLE en Norwège et même au nord de- l'Amérique 5 on croit que la race s'en est perdue en Irlande , où elle existoit autrefois. On dit que les oiseaux de proie en détruisent beaucoup , soit qu'ils choi- sissent, pour les attaquer, le temps où l'ivresse de l'amour les rend si faciles à surprendre, soit que , trouvant leur chair de meilleur goût, ils leur donnent la chasse par préférence» LE PETIT TÉTRAS, au COQ DE BRUYÈRE à qu*ue fourchue^ Voici encore un coq et un faisan qui n'est ni coq ni faisan; on fa appelé petit coq sauvage, coq de bruyère, coq de bouleau , etc. faisan noir, faisan de montagne; on lui a même donné le nom de perdrix , de gelinotte, mais , dans le vrai , c'est le petit tétras , c'est le pre- mier tetrao de Pline , c'est le tetrao ou \i.^ogiallds-minorà.^ la plupart des mo- DUTÉTRAS. l6Z âernes : quelques naturalistes, tels que Rzaczynski , l'ont pris pour le tetrax du poète Nemesianus; mais c'est sans doute faute d'avoir remarqué que la grosseur de ce tetrax est , selon Neme- sianus même, égale à celle de l'oie et de la grue ', au lieu que, selon Gesiier, Schv\renckfeld , Aldrovande et quel- ques autres observateurs qui ont vu par eux-mêmes, le petit tétras n'est guère plus gros qu'un coq ordinaire, mais seulement d'une forme un peu plus alongée, et que sa femelle, selon M. Ray, n'est pas tout-à-fait aussi grosse que notre poule commune. Turner , en parlant de sa poule mo- resque, ainsi appelée, dit-il, non pas à cause de son plumage qui ressemble à celui de la perdrix , mais à cause de Ja couleur du mâle qui est noir , lui donne une crête rouge et charnue , et deux espèces de barbillons de même substance et de même couleur 5 en quoi Willulghby prétend qu'il se trompe; -■^' J 164 HISTOIRE NATURELLE mais cela est d'autant plus difficile à croire, que Turner parle d'un oiseau de son pays (apud nos est), et qu'il s'agit d'un caractère trop frappant pour que l'on puisse s'y méprendre : or, en supposant que Turner ne s'est point trompé en effet sur cette crête et sur ces barbillons, et, d'autre part, considérant qu'il ne dit point que sa poule moresque ait la queue fourchue, je serois porté à la regarder comme une autre espèce , ou , si l'on veut , comme une autre race de petit tétras , semblable à la première par !a gros- seur, par le différent plumage du mâle et de la femelle, par les mœurs, le naturel , le goût des mêmes nourri- tures , etc. mais qui s'en distingue par ses barbillons charnus et par sa queue non fourchue ; et , ce qui me confirme dans cette idée , c'est que je trouve dans Gesner un oiseau sous le nom de gallus sylvestrls, lequel a aussi des bar- billons et la queue non fourchue, du DU TÉTRAS. 16^ reste fort ressemblant au petit tétras ; en sorte qu'on peut et qu'on doit , ce me semble, le regarder comme un in- dividu de Ja même espèce que la poule moresque de Turner , d'autant plus que , dans cette espèce , le mâle porte en Ecosse (d'où l'on avoit envoyé à Gesner la figure de l'oiseau) le nom de cog noir, et la femelle celui de poule grise; ce qui indique précisément la diffé- rence de plumage qui , dans les espèces de tétras , se trouve entre les deux sexes. Le petit télras , dont il s'agit ici , n'est petit que parce qu'on le compare avec le grand tétras ; il pèse trois à quatre livres, et il est encore, après celui-là, le plus grand de tous les oi- seaux qu'on appelle coqs de bois. Il a beaucoup de choses communes avec le grand tétras, sourcils rouges ,> pieds pattus et sans éperons , doigts dentelés, tache blanche à l'aile, etc. mais il en difîere par deux caractère» f ^i l66 HISTOIRE NATURELLI très-apparens : il est beaucoup moins gros , et il a la queue fourchue , non- seulement parce que les pennes ou grandes plumes du milieu sont plus courtes que les extérieures , mais en- core parce que celles-ci se recourbent en dehors : de plus, le mâle de cette petite espèce a plus de noir , et un noir plus décidé que le mâle de la grande espèce; il a de plus grands sourcils; j'appelle ainsi cette peau rouge et glan- duleuse qu'il a au-dessus des yeux; mais la grandeur de ces sourcils est sujette à quelque variation dans les • mêmes individus en différens temps, comme nous le verrons plus bas. La femelle est une fois plus petite que le mâle ; elle a la queue moins fourchue , et les couleurs de son plu- mage sont si différentes, que Gesner s'est cru en droit d'en former une es- pèce séparée qu'il a désignée par le nom de grygallus minor, comme je l'ai re- marqué ci - dessus dans l'histoire du r.' I ">■ ,' DU TÉTRAS, 167 grand tétras : au reste , cette différence de plumage entre les deux sexes ne se décide qu'au bout d'un certain temps ; les jeunes mâles sont d'abord de la cou- leur de leur mère , et conservent cette couleur jusqu'à la première automne ; sur la fin de cette saison, et pendant l'hiver, ils prennent des nuances de plus en plus foncées, jusqu'à ce qu'ils soient d'un noir bleuâtre, et ils retien- nent cette dernière couleur toute leur vie, sans autres changemens que ceux que je vais indiquer : 1°. ils prennent plus de bleu à mesure qu'ils avancent en âge; 2°. à trois ans, et non plus tôt, ils prennent une tache blanche sous le bec; 3°. lorsqu'ils sont très -vieux, il paroît une autre tache d'un noir varié sous la queue, où auparavant les plu- mes étoient toutes blanches : Charleton et quelques autres ajoutent qu'il y a d'autant moins de taches blanches à la queue, que l'oiseau est plus vieux ; en sorte que le nombre plus ou moijis i î '■I 168 HISTOIRE NATURELLS grand de ces taches est un indice pour reconnoitre son âge. Les naturalistes , qui ont compté assez unanimement vingt -six pennes dans l'aile du petit tétras , ne s'accor- dent point entr'eux sur le nombre des pennes de la queue , et l'on retrouve ici à -peu -près les mêmes variations dont j'ai parlé au sujet du grand tétras. Scliwenckfeld , qui donne dix - huit pennes à la femelle, n'en accorde que douze au Diâle. Willulghby, Albin, M. Brisson , en assignent seize aux mâles comme aul femelles ; les deux mâles que nous conservons au Cabinet du roi en ont tous deux dix - huit ; savoir , sept grandes de chaque côté , et quatre dans le milieu beaucoup plus courtes : ces différences viendroient- elles de ce que le nombre de ces gran- des plumes est sujet à varier réelle- ment ? ou de ce que ceux qui les ont comptées ont négligé de s'assurer au- paravant s'il n'eu manquoit aucua» 1 ■■^^■«^ar; s e pour îompté pennes accor- )re des trouve iations tétras. : - huit de que A.lbin, se aux s deux cabinet - huit ; côté, ip plus roient- 8 gran- l'éelle- ies ont ir au- lucuae I LE TÉTRAS. l6g dans les sujets soumis à leur observa- tion ? Au reste , le tétras a les ailes courtes , et par conséquent le vol pesant, et on ne le voit jamais s'élever bien haut ni aller bien loin. Les mâles et les femelles ont l'ou- verture des oreilles fort grande, les doigts unis par une membrane jusqu'à la première articulation et bordés de dentelures, la chair blanche et de fa- cile digestion, la langue molle, un peu hérissée de petites pointes et non divi- sée ; sous la langue une substance glan- duleuse, dans le palais une cavité qui répond exactement aux dimensions de la langue, le jabot très-grand , le tube intestinal long de cinquante- un pou- ces , et les appendices ou cœcum de vingt-quatre; ces appendices sont sil- lonnés de six stries ou cannelures. La différence qui se trouve entre les femelles et les mâles ne se borne pas à la superficie, elle pénètre jusqu'à J'organisation intérieure. Le docteur Oiseaux. XI,, i5 i \ 170 HISTOIRE MATURELL2 Weigandt a observé que l'os du ster^ num dans les mâles, étant regardé à la lumière , paroissoit semé d'un nombre prodigieux de petites ramifications de couleur rouge, lesquelles se croisant et recroisant en mille manières et dans toutes sortes de directions, formoient un réseau très -curieux et très-singu- lier; au lieu que dans les femelles le même os n'a que peu ou point de ces ramifications ; il est aussi plus petit et d'une couleur blanchâtre. Cet oiseau vole le plus souvent en troupe et se perche sur les arbres à- peu-près comme le faisan : il mue en été , et il se cache alors dans les lieux fourrés ou dans des endroits maréca- geux; il se nourrit principalement de feuilles et de boutons de bouleau , et de baies de bruyère , d'où lui est venu son nom français coq de bruyère, et son nom allemand birk-hahn, qui signifie coq de bouleau ; il vit aussi de chatons de coudrier , de blé et d'autres|grai- 4 I k 'i '\1 i u ster' dé à la lombre ions de isant et )i dans moient -singu- elJes le de ces petit et ent en )res à- lue en lieux aréca- ent de ïu, et i venu et son gnifîe latons grai- DU TÉTRAS. I^ï nés : l'automne il se rabat sur les g^ ids, les mûres de ronces, les bou- tons d'aune , les pommes de pin , les baies de myrtille (vitis idœa) ,dte fu- sain ou bonnet de prêtre : enfin l'hiver il se réfugie dans les grands bois, où il est réduit aux baies de genièvre, ou à chercher sous la neige celle de ïoxi- coccum ou canneberge , appelée vulgai- rement coussinet de marais ; quelque- fois même il ne mange rien du tout pendant les deux ou trois mois du plus grand hiver; car on prétend qu'en Norwège , il passe cette saison rigou- reuse sous la neige , engourdi , sans mouvement et sans prendre aucune nourriture , comme font dans nos pays plus tempérés le chauve - souris , les loirs , les lérots , les muscardins , les hérissons et les marmottes , et ( si le fait est vrai ) sans doute à -peu-prés pour les même? causes. On trouve de ces oiseaux, au nord de J' Angleterre et de l'Ecosse , dans les 1 A ^AiL-. HISTOIRE NATURELLE ij i f ■S I : en Norwège et 172 parties montue» dans les provinces septentrionales de la Suède, aux environs de Cologne, dans les Alpes Suisses , dans le Bugey où ils s'appellent gr/ano^y, selon M. Hd- bert ; en Podolie, en Lilhuanie, en Samogitie, et sur-tout en Volhinie et dans l'Ukraine, qui comprend les Pa- latinats de Kiovie et de Breslaw , où un noble Polonais en prit un jour cent trente paires d'un seul coup de filet, dit Rzaczynski, près du village de Kus- mince. Nous verrons plus bas la ma- nière dont la chasse du tétrisse fait en Courlande : ces oiseaux ne s'accoutu- ment pas facilement à un autre climat, ni à l'état de domesticité ; presque tous ceux que M le maréchal de Saxe avoit fait venir de Suède dans sa ménagerie de Cliambor , y sont morts de langueur et sans se ;jerpétuer. Le tétras entre en amour dans le temps où les saules commencent à pousser, c'est-à-dire, sur la fin de l'hî- !^ï 3^ DU TÉTRAS. 173 ver , ce que les chasseurs savent bien reconnoître à la liquK^ é de ses excré- niens; c'est alovb qu'on voit chaque jour les .iiâles se rassembler dès le matin au nun) ^ veut ou plus, dans quelque lieu **! trnnquille, envi- ronné de ma .. ^ouvert de bruyè- re , elc. qu'ils on isi pour le lieu de leur rendez-vous iiabituel : là ils s'at- taquent , ils s'entrebattent avec fu- reur , jusqu'à ce que les plus foibles ayent éié mis en fuite; après quoi les vainqueurs se promènent sur un tronc d'arbre, ou sur l'endroit le plus élevé du terrein, l'œil en feu, les sourcils gonflés , les plumes hérissées , la queue étalée en éventail , faisant la roue, battant des ailes, bondissant assez fré- quemment , et rappelant les femelles par un cri qui s'entend d'un demi-mille : son cri naturel par lequel il semble ar- ticuler le mot allemand yrai/ , monte de tierce dans cette circonstance, et il y joint un autre cri particulier , une ! • k -«•• -■ ■- -•!■>-- v^ **> ^ IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) /.Q 1.0 ■^ là^ 12.2 ^ K4 M L'élis 1.8 |||l.25 ju 11.6 < 6" ► V] ^ ^;; "î!» w '/ Photographie Sdenœs Corporation ^ 23 WEST MAIN STREET WEBSTER, N. Y. 14580 (716) 873-4503 "9) t/j > ..■«I^'i^Vt'Vll*^* ^ !#'■ M/ 174 HISTOIRE NATXTRBLLÏ espèce de roulement de gosier Irès- ëclatant ; les femelles qui sont à portée répondent à la voix des mâles par un cri qui leur est propre, elles se rassem- blent autour d eux , et reviennent très>exactement les jours suivans aii même rendez-vous ; selon le docteur Weigandt , chaque coq a deux ou trois poules auxquelles il est plus spéciale* ment affectionné. * Lorsque les femelles sont fécondées , elles vont chacune de leur côté faire leur ponte dans les taillis épais et un peu élevés ; elles pondent par terre et sans se donner beaucoup de peine pour la construction d'un nid , comme font tous les oiseaux pesans : elles pondent six ou sept œufs , selon les uns; de douze à seize , selon les autres; et de douze h vingt, selon quelques autres : les œufs sent moins gros que ceux des poules domestiques et un peu plus longuets. M. Linnaeus assure que ces poules de bruyère perdent leur fumet dans le r DIT TÉTRAS, lyS temps de l'incubation. Schwenckfeld semble insinuer que le temps de leur ponte est dérangé depuis que ces oi- seaux ont été tourmentés par les chas- seurs, et effrayés par les coups de fusil ; et il attribue aux mêmes causes la perte qu a faite l'Allemagne de plusieurs au- tres belles espèces d'oiseaux. Dès que les petits ont douze ou quinze jours , ils commencent déjà à battre des ailes et à s'essayer à voltiger , mais ce n'est qu'au bout de cinq ou six semaines qu'ils sont en état de prendre leur essor et d'aller se percher sur les arbres avec leurs rnères : c'est alors qu'on les attire avec un appeau , soit pour les prendre au filet, soit pour les tuer à coups de fusil; la mère prenant le son contrefait de cet appeau pour le piaulement de quelqu'un de ses petits qui s'est égaré, accourt et le rappelle par un cri particulier qu'elle répète souvent, comme font en pareil cas nos poules domestiques , et elle amène à sa 176 HISTOIRE NATURELtE suite le reste de la couvée qu'elle livre ainsi à la merci des chasseurs. . Quand les jeunes tétras sont un peu plus grands et qu ils commenceirt à prendre du noir dans leur plumage, ils ne se laissent pas amorcer si aisément de cette manière; mais alors jusqu'à ce qu'ils ayeut pris la moitié de leur ac*- croissement, on les chasse avec l'oiseau de proie. Le vrai temps de cette chasse est l'arrière-saison , lorsque les arbres ont quitté leurs feuilles; dans ce temps les vieux mâles choisissent uii cer- tain endroit où ils se rendent tous les matins , au lever du soleil , en rappelant par un certain cri (sur-tout quand il doit geler ou faire beai> temps) tous les autres oiseaux de \ev pèce , jeunes et vieux , mâles et femelles : lorsqu'ils sont rassemblés ils volent en troupes sur les bouleaux , ou bien , s'il n'y a point de neige sur la terre, ils se répandent dans les champs qui ont porté l'été précédent du seigle , de DU TÉTRAS. 77 l'avoine OU d'autres grains de ce genre j et c'est alors que les oiseaux de proie dressés pour cela ont beau jeu. On a en Courlaude , en Livonie et en Lithuanie , une autre manière de faire cette chasse; on se sert d'un tétras empaillé , ou bien on fait un tétras ar- tificiel avec de l'étoffe de couleur con- venable , bourrée de foin ou d'étoupe , ce qui s'appelle dans le pays une bal' vane : on attache cette balvane au bout d'un bâton , et l'on fixe ce bâton sur un bouleau , à portée du lieu que ces oi- seaux ont chossi pour leur rendez-vous d'amour , car c'est le mois d'avril , c'est- à-dire, le tempjoù ils sont en amour, que l'on prend pour faire cette chasse ; dès qu'ils apperçoivent la balvane , il se rassemblent autour d'elle , s'attaquent et se défendent d'abord comme par jeu; mais bientôt ils s'animent et s'entre- battent réellement , et avec tant de fu- reur qu'ils ne voient ni n'entendent plus rien, et que le chasseur qui est ca- / fi ! '<{ il 178 HISTOIRE NATURELLE ché près de là dans sa hutte , peut aisë- ment les prendre, même sans coup férir; ceux qu'il a pris ainsi , ii les apprivoise dans l'espace de cinq ou six jours , au point de venir manger dans la main : l'année suivante au printemps , on se sert de ces animaux apprivoisés , au lieu de balvanes j pour attirer les tétras sauvages qui viennent les attaquer , et se battent avec eux avec tant d'achar^ nement qu'ils ne s'éloignent point pour un coup de fusil : ils reviennent tous les jours de très-grand matin au lieu du lendez-vous , ils y restent jus- qu'au lever du soleil , après quoi ils s'envolent et se dispersent dans les bois €t les bruyères pour chercher leur nourriture ; sur les trois heures après midi ils reviennent au même lieu , et y restent jusqu'au soir assez tard : ils se rassemblent ainsi tous les jours , sur-tout lorsqu'il fait beau , tant que dure la saison de l'amour , c'est-à-dire , environ trois ou quatre semaines; mais -■ ».. * DU TÉTRAS. Ut aise- p férir; rivoise irs, au main: on se ) , au tétras ler, et achar- point ennent tin au Qt jus- ;uoi ils es bois r leur \ après ieu, et rd: ils jours , it que i-dire , ;mais 79 lorsqu'il fait temps , ils sont m mauvais un peu plus retirés. Les jeunes tétras ont aussi leur as- semblée particulière et leur rendez- vous séparé , où ils se rassemblent par troupes de quarante ou cinquante, et où ils s'exercent à-peu-près comme les vieux; seulement ils ont la voix plus grêle , plus enrouée , et le son en est plus coupé ; ils paroissent aussi sau- ter avec moins de liberté ; le temps de leur assemblée ne dure guère que huit jours, après quoi ils vont rejoindre les vieux. Lorsque la saison de l'amour est pas- sée, comme ils s'assemblent moins régu- lièrement, il faut une nouvelle indus- trie pour les diriger du côté de la butte du tireur de ces balvanes. Plusieurs chasseurs à cheval forment une en- ceinte plus ou moins étendue , dont cette hutte est le centre , et en se rap- prochant insensiblement, et faisant claquer leur fouet à propos, ils foni ».. * IJ l8o HISTOIRE NATURELL?. lever les tétras , et les poussent d'ar- bre en arbre du côté du tireur, qu'ils avertissent par des coups de voix , s'ils sont loin , ou un coup de sifflet s'ils sont plus près ; mais on conçoit bien que cette chasse ne peut réussir qu'autant que le tireur a disposé toutes choses , d'après la connoissance des mœurs et des habitudes de ces oiseaux : les té- tras , en volant d'un arbre sur un autre , choisissent d'un coup d'œil prompt et sûr, les branches assez fortes pour les porter , sans même en excepter les branches verticales qu'ils font plier par le poids de leur corps, et ramènent en se posant dessus à une situation à- peu-près horizontale ; en sorte qu'ils peuvent très-bien s'y soutenir, quel- que mobiles qu'elles soient. Lorsqu'ils sont posés , leur sûreté est leur pre- mier soin ; ils regardent de tous côtés , prêtant l'oreille, alongeant le cou pour reconnoître s'il n'y a point d'ennemis; et lorsqu'ils se croient bien à l'abri des su TÉTRAS. l8l oiseaux de proie et des chasseurs, ils se mettent à manger les boutons des arbres; d'après cela, un tireur intelli- gent a soin de placer ses balvanes sur des rameaux flexibles, auxquels il at- tache un cordon qu'il tire de temps en temps, pour faire imiter aux balvanes les mouvemens et les oscillations du tétras sur sa branche. De plus , il a appris par l'expérience que, lorsqu'il fait un vent violent, on peut diriger la tcte de ces balvanes contre le vent, mais que, par un temps calme , on doit les mettre les uns vis- à-vis des autres; lorsque les tétras , poussés par les chasseurs de la manière que j'ai dite , viennent droit à la hutte du tireur, celui-ci peut juger, par une observation facile, s'ils s'y poseront ou non à portée de lui ; si leur vol est iné- gal , s'ils s'approchent et s'éloignent al- ternativement en battant des ailes , il peut compter que , sinon toute la trou- pe , au moins quelques - uns s'abat- Oiseaux. XI. i$ !?« ■ 1. JÛ ITT- rvî ;> \ V I I ! 182 HISTOIRE NATURELLE tront près de lui; si au contraire, en prenant leur essor non loin de sa hutte, ils partent d'un vol rapide et soutenu , il peut conclure qu'ils iront en avant sans s'arrêter./ Lorsque les tétras se sont posés à portée du tireur , il en est averti par leurs cris réitérés jusqu'à trois fois, ou même davantage ; alors il se gardera bien dé les tirer trop brusquement; au contraire, il se tiendra immobile et sans faire le moindre bruit dans sa hut- te , pour leur donner le temps de faire toutes leurs observations et la recon- uoissance du ter rein ; après quoi , lors- qu'ils se seront établis sur leurs bran- ches , et qu'ils commenceront à man- ger, il les tirera et \<&% choisira à son aise; mais, quelque nombreuse que soit la troupe , fut-elle de cinquante , et même de cent , on ne peut guère es- pérer d'en tuer plus d'un ou deux d'un seul coup; car ces oiseaux se séparent en se perchant, et chacun choisit ordi- ■' î \ -^^^^j^érnssm^- DU TÉTRAS. l83 iiairemenl son arbre pour se poser. Les arbres isolés sont plus avantageux qu'une forêt pleine; et cette chasse est beaucoup plus facile lorsqu'ils se perchent que lorsqu'ils se tiennent à ferre ; cependant , quand il n'y a point de neige, on établit quelquefois les balvanes et la hutte dans les champs qui ont porté la même année de l'a- voine, du seigle, du blé sarrasin, ou on couvre la hutte de paille, et on fait d'assez bonnes chasses , pourvu toute- fois que le temps soit au beau ; car le mauvais temps disperse ces oiseaux , les obhge à se cacher, et en rend la chasse impossible; mais le premier beau jour qui succède la rend d'autant plus facile, et un tireur î>ien posté les i as- semble aisément avec, ses seuls ap- peaux , et sans qu'il soit besoin de chasseurs pour les pousser du côté de la hulte. ., . ^. On prétend que, lorsque ces oiseaux volent en troupes, ils ont à Içur télé -j- »^ ■^^' ■■¥":_■' "j ' K.k. n I V ■ 184 niSTOIRB NATURELLE un vieux coq qui les mène en chef ex- périmenté , et qui leur fait éviter tous les pièges des chasseurs ; en sorte qu'il est fort difficile , dans ce cas , de les pousser vers la balvane, et que l'on n'a d'autres ressources que de détourner quelques traîneurs. L'heure de cette chasse est , chaque jour , depuis le soleil levant jusqu'à dix heures ; et l'après - midi , depuis une heure jusqu'à quatre 5 mais en autom- ne , lorsque le temps est calme et cou- vert , la chasse dure toute la journée sans interruption , parce que , dans ce cas , les tétras ne changent guère de lieu : on peut les chasser de cette ma- nière, c'est-à-dire en les poussant d'arbre en arbre , jusqu'aux environs du solstice d'hiver; mais après ce temps ils deviennent plus sauvages , plus dé- fîans , plus rusés ; ils changent même leur demeure accoutumée , à moins qu'ils n'y soient retenus par la rigueur du froid ou par l'abondance des neiges. .1 '5 > rtï i l86 HISTOIRE NATURELLE souvent , et les prennent même à la course. Dans d autres pays , on prend les tétras au lacet, selon Aldrovande; on les prend aussi au filet , comme nous lavons vu ci- dessus; mais il seroit cu- rieux de savoir quelle étoit la forme , l'étendue et la disposition de ce filet sous lequel le noble Polonais dont parle Rwczjrnski en prit un jour deux cent soixante à la fois. LE PETIT TÉTRAS à queue pleine^ etc. J'ai exposé, à Tarticle précédent, les raisons que j'avois de faire de ce petit tétras une espèce ou plutôt une race séparée. Gesner en parle sous le nom de coq de bois (galliis sylvestfis) , comme d'un oiseau qui a des barbillons rouges , et une queue pleine et non fourchue ; il ajoute que le mâle s'ap- pelle coq noir en Ecosse , et la femelle poule grise fgreyhenj. Il est vrai que cet auteur, prévenu de fidée que le i ■m 1 I i LE ême à la )rend les ande; on me nous seroit cu- a forme , 3 ce fiJet ont parle eux cent einey etc. écédent , re de ce utôt une ! sous le vestfis) , irbillons et non île s'ap- feraelie DUTÈTRAS. 187 mâle et la femelle ne dévoient pas dif- férer, à un certain point, par la cou- leur des plumes , traduit ici le grejrhen par gallinafusca , poule rembrunie, afîn de rapprocher de son jfnieux la couleur des plumages ; et qu ensuite il SQ prévaut de sa version infîdelle, pour établir que celte espèce est toule autre que celle de la poule moresque de Tur- ner , par la raison que la plume de cette poule moresque ilifFère tellement de celui du mâle , qu'une personne peu au fait pourroit s'y méprendre, et regarder ce mâle et cette femelle comme appartenans à deux espèces différentes. En effet , le mâle est pres- que tout noir, et la femelle de la même couleur à -peu -près que la perdrix grise 5 mais au fond c'est un nouveau tiait de conformité qui rend plus com- plète la ressemblance de cette espèce avec celle du coq noir d'Ecosse, car Gesner prétend en effet que ces deux espèces se ressemblent dans tout le ï: 1 t \ [i i 1 188 HISTOIRS MATtrUELLE reste. Pour moi , la seule différence que j'y trouve , c'est que le coq noir d'Ecosse a de petites taches rouges sur la poitrine , les ailes et les cuisses ; mais nous avons vu dans l'histoire du petit tétras à queue fourchue , que dans les six premiers mois les jeunes mâles, qui doivent devenir tout noirs dans la suite , ont le plumage de leurs mères , c'est- à-dire , de la femelle; et il pourroit se faire que les petites taches rouges dont parle Gesner ne fussent qu'un reste de cette première livrée avant qu'elle se fût changée entièrement en un noir pur et sans mélange. Je ne sais pourquoi M. Brisson con- fond cette race ou variété , comme il l'appelle , avec le tetrao pointillé de blanc de M. Linnœus , puisqu'un des caractères de ce tetrao , nommé en suédois racklehane, est d'avoir la queue fourchue 5 et que d'ailleurs M. Linnaeus ne lui attribue point de barbillons , tandis que le tétras dont il s'agit ici a 1h 1 LE iFërence !oq noir uges sur is; mais du petit dans les Hes, qui ia suite, , c*est- irroit se ;es dont n reste quelle Un noir )n con- nme il illë de un des mé en queue nnaeus liions y ici a 1k 7i J TÉTRAS. 189 queue pleine , selon la figure donnée par Geaner, et que, selon sa descrip- tion , il a des barbillons rouges à côté du bec. Je ne vois pas non plus pourquoi M. Brisson, confondant ces deux races en une seule, n'en fait qu'une variété du petit tétras à queue fourchue, puis- qu'indépendamment des deux diffé- rences que je viens d'indiquer, M. Lin- naeus dit positivement que son tétras pointillé de blanc est plus rare , plus sauvage, et qu'il a un cri tout autre ; ce qui suppose, ce me semble, des dif- férences plus caractérisées, plus pro- fondes que celles qui d'ordinaire cons- tituent une simple variété. Il me paroîtra plus raisonnable de séparer ces deux races ou espèces de petit tétras, dont l'une, caractérisée par la queue pleine et les barbillons rouges, comprend le coq noir d'Ecosse et la poule moresque de Turner; et l'autre, ayant pour attributs ses petites l '^ ii .■',)i 1!, h^' ^ •'""aWKi,.»», l h ! l ^1 190 HISTOIRE NATURELLE taches blanches sur Ja poitrine et son cri différent, seroil formée du rackle- i^a/te des Suédois. Ainsi Ton doit compter, ce me sem- ble , quatre espèces différentes dans le genre des tétras ou coqs de bruyère : 1°. le grand tétras ou coq de bruyère; a", le petit tétras ou coq de bruyère à queue fourchue; 3°. le racklan ou rack" lehane de Suède , indiqué par M. Liu- ïiœus j 4°. la poule moresque de Tur- ner ou coq noir d'Ecosse , avec des bar- billons charnus des deux côtés du bec , et la queue pleine. Et ces quatre espèces son toutes originaires et naturelles aux climats du nord, et habitent également dans les forêts de pins et de bouleaux ; il n'y a que la troisième , c'est - à - dire le racklehane de Suède, qu'on pourroit regarder comme une variété du petit tétras, si M. Linnaeus nassuroit pas qu'il jette un cri tout différent. I II • i ne et son lu rackle- ; me sein- es dans ie bl'ujrère : bruyère ; bruyère à t ou rack- M. Liii- ! de Tur- c des bar- î du bec , n toutes ci i mats ent dans X ; il n> • dire le pourroit du petit roit pas DU TÉTRAS. •?• .91 1 ■4 LE PETIT TÉTRAS à plumage varialU Les grands tétras sont communs en Laponie , sur - tout lorsque la disette des fruits dont Ils se nourrissent , ou bien l'excessive multiplication de l'es- pèce les oblige de quitter les forets de la Suède et de la Scandinavie pour se réfugier vers le nord : cependant on n a jamais dit qu'on eût vu dans ces cli- mats glacés de grands tétras blancs ; les couleurs de leur plumage sont, par leur fixité et leur consistance , à l'é- preuve de la rigueur du froid \ il eu est de même des petits tétras noirs , qui sont aussi communs en Courlando et dans le nord de la Pologne que les grands le sont en Laponie; mais le doc- teur Weigandt , le jésuite Rjzaczynski et M. Klein , assurent qu'il y a en Gourlande une autre espèce de petit tétras, qu'ils appellent tétras blanc, quoiqu'il ne soit blanc qu'en hiver, et dont le plumage devient tous les ans, en î» -iT-^ -j». il) (^ i A 11 f fi ^' r \ il I ! k ^ û 1 ^, 192 HISTOIRE NATURELLE été, d'un brun-rougeâtre selon le doc- teur Weigandt , et d'un gris-bleuâtre selon Rzaczynski : ces variations ont lieu pour les mâles comme pour les fe- melles; en sorte que, dans tous les temps, les individus des deux sexes ont exac- tement les mêmes couleurs : ils ne se perchent point sur les arbres comme les autres tétras , et ils se plaisent sur- tout dans les taitlis épais et les bruyè- res, où ils ont coutume de choisir cha- que année un certain espace de terrein , où ils s'assemblent ordinairement; s'ils ont été dispersés par les chasseurs, ou par l'oiseau de proie, ou par un orage , c'est là qu'ils se réunissent bientôt après , en se rappelant les uns les autres. Si on leur donne la chasse, il faut, la première fois qu'on les fait partir, re- marquer soigneusement la remise ; car ce sera , à coup sur , le lieu de leur tendez-vous de l'année , et ils ne par- tiront pas si facilement une seconde ibis, sur -tout s'ils apperçoivent les l ■! LLB n le doc- -bleuâtre liions ont )ur les fê- les tempSy ont exac- : ils ne se s comme lisent sur- es bruyè- Loisir châ- le terrein , ment; s'ils ,sseurs, ou un orage y t bientôt les autres. 1 faut, la arlir, re- mise ; car I de leur s ne par- seconde vivent les DU TÉTRAS. ig3 chasseurs 5 au contraire , ils se tapiront contre terre , et se cacheront de leur mieux ; mais c'est alors qu'il est facile de les tirer. On voit qu'ils diffèrent des tëtras noirs, non-seulement par la couleur ^ et par l'uniformité du plumage du mâle et de la femelle , mais encore par leurs habitudes , puisqu'ils ne se perchent point ; ils dîHerent aussi des lagopèdes^ vulgairement perdrix blanches, en ce qu'ils se tiennent , non sur les hautes montagnes, mais dans les bois et les bruyères ; d'ailleurs, on ne dit point qu'ils ayent les pieds velus jusque sous les doigts^ comme les lagopèdes; et j'avoue que je jes aurois rangés plus vo^ lontiers parmi les françolinsou attagas, que parmi les tétras, si je n'a vois cm devoir soumettre mes conjectures à l'au- torité de trois écrivains instruits , et parlant d'un oiseau de leur pays, ,; 5 Oiseaux. XI. »7 -..cJW "■''**"»»»" ■' 194 HISTOIRI NATURELLE LA GELINOTTE. /' I a lio u s avons vu ci-dessus que , dans toutes les espèces de tétras , la femelle différoit du mâle par les couleurs du plumage , au point que plusieurs natu- ralistes n ont pu croire qu'ils fussent oi- seaux de même espèce. Schwenckfeld , et d'après lui Rzaczinski , est tombé dans un défant tout opposé , en con- fondant , dans une seule et même es- pèce , la gelinotte ou poule des cou- driers, et le francalin; ce qu'il n'a pu faire que par une induction forcée et mal entendue, vu les nombreuses diffé- rences qui se trouvent entre ces deux espèces. Frisch çst tombé dans une mé- prise de même genr« , et ne faisant qu'un seul oiseau de Vattagen et de l'/ra- sel-huhn , qui est la poule des coudriers ou gelinotte , et en ne donnant sous cette double dénomination que l'his- toire de la gelinotte , tirée presque mot % :le T E. [ue , dans dL femelle ileurs du urs natu- issent oi- mckfeld , st tombé en con- aéme es- des cou- il n'a pu forcée et ises diffé- ces deux une mé- e faisant tdel'Afl- coudriers ant sous ue r bis- que mot ''i . ► * ■*■'•' ....-'>■'■ .- ; ; fc • * ■ ' i- ,. u->* -, :*■ • . . , n^ 1.- ■■-««*.?/#■>-<» l*;«^ï>V*Jt-'.AW- .*^*--' [ % t i LA CtELTIVO Le fiffinn Jciilif ■ i . LE LAGOPÈdFx . / / DU TÉTRAS. igS 9 mot de Gesner, erreur dont il auroit dû, ce itie semble, être préservf^ par une autre qui lui avoit fait confondre, d'à- près Gharleton , le petit tétras avec la gelinotte, laquelle n est autre que cette mf me poule des coudriers : à Tëgard du tinL t' .1, nous verrons à son article , h quelle autre espèce il pourroit se fap* porter beaucoup plus naturellemefit. Tout ce que dit Varroa de sa pcala rustique ou sauvage convient très - bien à la gelinotte ; 6t Belon ne doute pas que ce ne soit la même espèce : c'éloit , selon Vrrron , un oiseau d'une très- grande rareté à Rome , qu on ne pou- voit élever que dans des cages , tant il étoit difficile à apprivoiser , et qui ne pondoit presque jamais dans Tétat de captivité ; et c'est ce que Belon et Sciiwenckfeld disent de la gelinotte : le premier donne en deux mots une idée fort juste de cet oiseau, et plus com- plète qu'on ne pourroit faire par la des- cription la plus détaillée. «Quisefein- 5t#<4^"i -a»**"- t^6 HISTOIRE TîATlTïlELLB dra , dit-il , voir quelque espèce de per-^ drix métive eritre la rouge et la grise, et tenir je ^ne sais quoi des plumes du faisan , aura la perspective de la geli- notte de bols. » ' Le mâle se distingué de la femelle par une taché noire très-marqtiée qu'il a 60US la gorge, e^ par ses flammes où sourcils qui sont d^un rouge beaucoup. J)lus vif: la grosseur de ces oiseaux est celle d'une bartavelle 5 ils ont environ vingt-un pouces d'efnvèrgùre , lesaile^ courtes , et par çonàéquenl lé Vol pe- sant; et ce n'est qu'avec beaucoup d'ef- fort et de bruit qu'ils prennent leur volée ; en récompense , ils courent Irès- ^ite. Il y a dans chaque aile vingt-qua- ixe pennes presque toutes égales , et seize à la queue. Schweuckfeld dit quinze ; mais c'est une erreur d'autant plus grossière , qu'il n'est peut-être pas un seul oiseau qui ait le nombre des pennes de la queue impair 5 celle de la gelinotte est traversée vers son exlré- '= fj LIE 5ce de per^ t la grise, )l urnes du ie la géli- , ' i' !a femelle qtiëe qu'il atnmes où beaucoup. )iseaux est Il environ , les ailesi lé vol pe- coup d'ef- nent leur lient Irès- ângt-qua- gales , et ;kfeld dit r d'autant t-etre pas libre des elle de la on extré- D U T É T R A s, I()7 nn'të par une large bande noivâlre , in- terrompue seulement par les deiix pen- nes du milieii : je n'insiste sur cette cir- constance que parce que, selon Ta re- marque de Willulgliby , dai^s la plu- part des oiseaux , ces deux mêmes pen- nes du milieu n'observent point l'élôî- gnemenl des penres. latérales , et sor- tent un peu plus haut où un peu pluâ bas 5 en sorte qu'ici la différente cou- leur de ces pennes semblfeix)it dépendre de la différencéde leur position : les ge- linottes ont, comme les tétras, les sdiir^ cils rouges, les doigts bordés de petites dentelures, mais plus courtes ; l'ongle du doigt du milieu tranchant , et les pieds garnis de plumes par -devant, mais seulement jusqu'au milieu du tar- se; le ventricule ou gésiek* hiùscùleux; le tube intestinal long de trente et quel- ques pouces 3 les appendices ou tœcum de treize à quatorze , et sillontiés par des cannelures : leur chair est blanche lorsr cju'elle est cuite, mais cependant plus • ^ ! *■ Il j'i |i 1 ;i il _ ^ 1 t 5' \ ï<)3 HISTOIRE NATURELLE aii-dedaus qu'au -dehors; et ceux qui l'ont examinée de plus près prétendent y avoir reconnu quatre couleurs diffé- rentes , comme on a trouvé trois goûls difTérens dans celle des outardes et des tétras: quoi qu'il en soit, celle des ge- linottes est exquise, et c'est de là que lui vient , dit-on , son nom latin bonasa, 8t son nom hongrois tsckasarmadar, qui veut dire oweûturfe César , comme si ui; si bon morceau devoit être réservé ex- cUisivement pour l'empereur : c'est en effet un morceau fort estimé; et Gesner remarque que c'est le seul qu'on se per- mettoit de faire reparoître deux fois sur la table des princes. Dans le royaume de Bohême, on en yiiange beaucoup au temps de Pâques , comme on mange de l'agneau en Fran- ce j et l'on s'en envoyé en présent les uns aux autres. Leur nourriture , soit en été , soit en hiver , est à-peu-prèe la même que colle des tétras : on trouve en élé dans .fi "**V .. -■^ -r-^^r^î* ■■ E |eux qui tendent •s diffë- is goûls s et des des ge- la que bonasOf dar, qui ne si ui; ?rvé ex- c'est en t Gesner 1 se per- ; fois sur B, on en Pâques , n Fran- senl les ié , soit ne que lé dans ■% -V DU TÉTRAS. igp feur ventricule des baies de sorbier, de xnjrtiiie et de bruyère, des mûres de ronces, des graines de sureau des Alpes , des siliques de saltarella ^des chatons de bouleau et de coudrier , etc. , et en hiver des baies de genièvre, des boutons de bouleau, des sommités de bruyère, de sapin, de genévrier, et quelques autres plantes toujours vertes : on nourrit aussi les gelinottes qu'on tient captives dans les volières, avec du blé , de l'orge ,. d'autres grains ; mais elles ont encore cela de commun avec les tétras, qu'el- les ne survivent pas long -temps à la perle de leur liberté, soit qu'on les ren- ferme dans des prisons trop étroites et peu convenables, soit que leur naturel sauvage , ou plutôt généreux , ne puisse s'accoutumer à aucune sorte de prison. La chasse s'en fait en deux temps de l'année, au printemps et en automr ne ; mais elle réussit sur-tout dans cette saison ; les oiseleurs , et même les chas- seurs les attirent avec des appeaux qui "- ;<9T^- & l l^ aOO HISTOIRE NATURELLE imitent leur cri , et ils ne manquent pas d'amener des chevaux avec eux, parce que c'est une opinion commune que les gelinottes ailnent beaucoup ces sortes d'animaux. Autre Remarque de chasseurs : si l'on prend d'abord uu mâle , la femelle qui le cherche cons- tamment revient plusieurs fois, ame- nant d'autres mâles à sa suite ; au lieu que si c'est la femelle qui est prise la pi'cmière , le raâld s'attache tout de suite à une autre femelle , et ne repa- roît plus : ce qu'il y a de plus certain , c'est que si ou surprend un de ces oi- seaux mâle ou femelle , et qu'on le fasse lever , c'est toujours avec grand bruit qu'il part, et son instinct le porte à se jrter dans un sapin touffu , ôiV. il reste immobile avec une patience singulière pendant tout lé temps que le chasseur le guette : ordinairement ces oiseaux ne se posent qu'au centre de l'arbfe , c'est-à-dire , dans l'endroit où les bran- ches sortent du tronc. 4 il i. % 'M Il il \ D U T ï: T R A s. 201 ' Selon l'opinion des chasseurs , les gelinottes entrent en amour et se cou-? plenl dès les moiô d'octobre et de no^ vembrej et il est vrai que dans ce tenips l'on ne tue que des mâles , qu'on appelle avec une espèce de sifflet qui imite le cri très-aigu delà femelle 3 les mâles, arrivent à l'appeau en agitant les ailes d'une façon fort bruyante, et on les tire dès qu'ils se sont posés. Les gelinottes femelles , en leur qua-^ lité d'oiseaux pesàns, font 'leur nid à terre , et le cachent d'ordinaire sous des coudriers ou sous la grande fou-» gère de montagne : elles pondent or- dinairement douze ou quinze œufs , et même jusqu'à vingt, un peu plus gros que des œufs de pigeons; elles les cou- vent pendant trois semaines , et n'a- mènent guère à bien que sept ou huit petits, qui courent dès qu'ils sontéclos, comme font la plupart des oiseaux bra- çhyptères ou à ailes courtes, Pès que ces petits sont él^yé^ , ^^ ï i i I, « . if ^iwSÎ « \\ 20a HISTOIRE NATURELLE qu'ils se U*ouvenl en éiai de voler, les père et mère les éloignent du canton qu'ils se sont approprié, et ces petits, 6'assor lissant par paires , vont cher- clier chacun de leur côté un asyie où ils puissent former leur établissement, pon- dre, couver , et élever aussi des petits, qu'ils traiteront ensuite de la même manière. Les gelinottes se plaisent dans les forets où elles trouvent une nourrilure convenable , et leur sûreté contre les oiseaux de proie qu'elles redoutent ex- érêmement , et dont elles se garantis- sent en se perchant sur les basses bran-v ches : quelques - uns ont dit qu'elles préfér oient les forêts en montagnes ; mais elles habitent aussi les forêts en plaines , puisqu'on en voit beaucoup aux environs de Nuremberg : elles abondent aussi dans les bois qui sont aux pieds des Alpes, de l'Apennin , et de la montagne des Géans en Silésie, en Pologne , etc. Autrefeis^ elles étoient i ■M * n \ LE oler, les 1 canton s petits, it chér- ie où ils înt, pon- s petits , même laiis les jrrilure nlre les 311 1 ex- irantis- s bran-^ [u'elles agnes ; êts en ucoup elles L sont in, et lésie, toient DU TÉTRAS. ao.1 en si gwnde quantité , selon Varron , dans une petite île de la mer Ligustique , aujourd'hui le golfe de Gênes , qu'on Tappeloit , pour cette raison , i'Ue aux gelinottes, LA GELINOTTE D'ECOSSE. Si cet oiseau est le même que le Gal- lus palustris de Gesner comme le croit M. Brisson , on peut assurer que la fi- gure qu'en donne Gesner , n'est rien moins qu'exacte , puisqu'on n'y voit point de plumes sur les pieds, et qu'on y voit au contraire des barbillons rou- ges sous le bec ^ mais aussi ne seroit-i l pas plus naturel ' de soupçonner que cette figure est celle d'un autre oiseau ? Quoi qu'il en soit, ce gallus^ palustris , ou coq de marais , est un excellent man- ger ; et tout ce qu'on sait de son his- toire, c'est qu'il se plaît dans les lieux marécageux , comme son nom de coq de marais le fait assez entendre. Le^ :* *» < i04 HISTOIRE NATUREtLË auteurs de la Zoologie Britannique pré-» tendent que la gelinotte d'Ecosse de M. BrLsson n'est «utre que le ptarmi^ gan dans son habit d'été , et que son plumage devient presque tout blanc en hiver; mais il faut qu'il perde aussi en été les plumes qui lui couvrent les doigts ; caf M. Brisson dit positivement qu'elle n'a de plumes que jusqu'à l'ori- gine des doigts , et le ptarmigan de la Zoologie Britannique en 3 jusqu'aux ongles; d'ailleurs, ces deux animaux j tels qu'ils sont représentés dans la Zoo- logie et 'dans M. Brisson, ne se ressem- blent, ni par le port, ni par la phjsio» nomie, ni par la conformation totale : quoi qu'il en soit, la ^^élinotle d'Bcosse de M. Brisson est un peu plus grosse que la nôtre, et a la queue plus courte; elle lient de la gelinotte des Py reliées par la longueur de ses ailes , par ses pieds garnis antérieurement de plumes JAisqu'à l'origine des doigts , par la lon- gueur du doigt du :nilifc;u.5 rçUuivement î(,A LU TÉTRAS. 2o5 que prë-* ;osse de ptarmi- que son )ianc en aussi en rent les ivement u'à l'ori^ an de la iisqu'aux limaux ^ 3 la Zoo- ! ressem- L physior 1 totaie : d'Ecosse is grosse s courte ; 'y réliées par ses î plumes * la lon- ivemeàit aux deux latéraux , et par la brièveté du doigt de derrière ; elle en diffère en ce que ses doigts sont sans dentelures, et sa queue sans ces deux plumes lon- gues et étroites, qui sont le caractère le plus frappant de la gelinotte des Pyrénées. LE GANGA, vulgair. LA GELINOTTE des Pyrénées. Le ganga ou la gelinotte des Pyré- nées pareil avoir un naturel tout dif- férent de celui de la vraie gelinotte ; car, 1°. il a les ailes beaucoup plus lon- gues, relativement à ses autres dimen- sions : il doit donc avoir le vol ou ra- pide ou léger, et conséquemment avoir d'autres habitudes , d'autres mœurs qu'un oiseau pesant; car l'on sait com- bien les mœurs et le naturel d'un ani- mal dépendent de ses facultés; 2°. nous voyons par les observatiojns du docteur Roussel, citées dans la description de M. Edwards, que cet oiseau, qui vole Oiseaux. XI» s8 ' ♦ i ir ao6 HISTOIRE NATUREL Lie par troupes , se tient la plus grancîe partie de Tanuée dans les déserts de la Syrie, et ne se rapproche de la ville d' Alep que dans les mois de mai et de juin, et lorsqu'il est contraint par la soif de chercher les lieux où il y a de l'eau : or , nous avons vu dans l'his- toire de la gelinotte que c'est un oiseau fort peureux , et qui ne se croit en suretë contre ia serre de l'autouv que lorsqu'il est dans les bois les plus épais; autre différence qui n'est peut-être qu'une suite de la preniière , et qui , jointe à plusieurs autres différences do détail facilçs à saisir par la comparaison des figures et des descr.^lions , pour- roit faire douter avec fondement si l'on a eu raisoii de rapporter à un même genre des natures aussi diverses^ Le ganga , que les Catalans appellent aussi perdrix de Garrira, est à-peu- près de la grosseur d'une perdrix grise; elle a le tour des yeux noir, et point de flammes ou sourcils rouges au-desr ï *'**?*.- s grande serls de la e Ja ville mai et de t\t par Ja il y a de ans l'his- Lin oiseau crcil en tour que us épais- îut - être et qui , ences do pa raison , pour- ment si r à lin iverses^ >pieJJent à-peu- X grise I t point au-desr DU TÉTRAS. 207 SUS des yeux ; le bec presque droit , l'ouverture des narines à la base du bec supérieur et joignant les plumes du front, Je devant des pieds couvert de plumes jusqu'à l'origine des doigts, les ailes assez longues, la tige des gran- des plumes des ailes noire ; les deux pennes du milieu de la queue une fois plus longues que les autres , et fort étroites dans la partie excédante ; les pennes latérales vont toujours en s'ac- courcissant de part et d'autre, jusqu'à la dernière. Il est à remarquer que, de tous ces traits qui caractérisent celte prétendue gelinotte des Pyrénées , il n'y en a peut-être pas un seul qui con- vienne exactement à la gelinotte pro- prement dite. La femelle est de la même grosseur que le mâle; mais elle en diffère par' son plumage , dont les couleurs sont moins belles , et par les filets de sa' queue qui sont moins longs : il paroît que le mâle s^ une lâche noire sous la M- -■ ^'^1^^ uitH w t,s roi n K n A r v it ici, mc ^orgo, fM \\\\o la rciiirlln, un liiMi d»^ < olio («rho , n hoii lwunlr.i ilo la mi^iiin vtuilrur (|ui lut nubraMnnl In cou vu loiino île riïllicM*. CcWo tMjuVo HO Irouvf» dam In plu- ^vu'l iUm pav!* rhaudn do ruuriou con- ttuout ; ou Ks|K)^uo , dam loi ptirlioi nuSivlu>ualos do lit KntttOo, oit lUilio, rw Svrio , ou Tui'(|nio ol Aiwhio, v\\ Jiitrhaiio, ol iitôuuMtu St^ui^gai. CvM ici In lioit dt^ tappotlor ro (pic^ M. SImw tiouH appioud du Iviltaviah oit }i,tMitiol(e do Uarhario , cl qui vsi toul co qit'ou ou sait , «fiit quo lo lec- teur pttisse coittpat'or SOS qunliuVs avoc ccllOvS du gattga oit g(Miin)tte des Pyrë- n<*08, ol juger si ce sont eu ofFel deux iudividus do la mèuie espiVo. « Le kittaviah , dil-il , est uu oiseau j;rauivoix>, et qui vole par troupes : il a la foriue et la taille d'uu pij;eou ordiuaire, les pieds couverts de petites plumes, cl poiut de doii;t poslc^rieur; Û se plaît daus les lerreius incultes et -.-i ...i-"*- 1) t; T r^. rn A i. mi) nl«Mil(*i*; \i\ «niilnii' *\r «»»M corp^i rn\ mi Imiim lilni/'itin Iik lirlt^ fin unir; il n In vciilrn iioii/ltm ri un (kmkimiiI |niinM niMiM Im ^()rgr;( lwi(|(iO|)liiiti(iiir)l/i (|iiiMin n iiii(« (n( lin l)l(iii(-.lin i\ non rxliV'rnil/i , <'l('cllr.s(lii liiilirii lonl l(iiif;iirHrt poin- tiir.HCoiiiinn (iiiim \r mvinps tiuft^t/rspirr i c)ii iT.Hlo, na clinirrnt roii^o him- lu \hh^ triiu*, iiuiin (cllr (l(!» niiHArfi cnI i)!/!!!" clus r*ll() rflt hoiitiH à tnangnr , et de liu ilo (ii[',r.'itinii. » i; A T T A (J A S. (]kt oi.snuu rnl 1(î rrancollii do Hclon, qu'il ï\c iliul pus ami'oiHÏWy comme ont f'.iit quolcjuCH oruilliologisto» , avec le fiancoiin ((u'u d/'cril Olitia -, ce sont deux oiseaux lrè.s-difl(^rens , fioit par la forme du corps, soit par les Jjabi- tudcs iialurelles : le dernier se tioirt dans les plaines et les lieux bas ; il n'a pointées beaux sourcils couleur de feu, qui donnent à l'aulre une physionomie m ïi ' ,1 1 arO HISTOIRE NATURELLE si distinguée 3 il a Je cou plus court , le corps plus ramassé , les pieds rou- geâtres garnis d'éperons et sans plumes, comtne les doigts sans dentelures , c'est- à-dire qu'il n'a presque rien de com- m LUI avec le fraucolin dont il s'agit ici, et auquel, pour prévenir toute équi- voque, je conserverai le nom d'atta- gas , qui lui a été donné, dit-on, par onomatopée , et d'après son propre cri. ï^es anciens ont beaucoup parlé de Xattagas ou aito^e/i (car ils emploient in- di Téremment ces deux noms). Alexan- dre Myndien nous apprend, dans Athé- née, qu'il était un peu plus gros qu'une perdrix, et que sort plumage, dont le fond tiroit au rougeâtre, étoit émaillé de plusieurs couleurs. Aristophane avoit dit à-peu-près la même chose j mais Aristote , selon son excellente coutume de ûiire connoître un objet ignoré par sa comparaison avec des objets communs , compare le plumage DU TÉTRAS. 211 de ratlagen avec celui de la bécasse ( sr/oÀ ^oz. ). Alexandre Mjndieii ajoute qu'il a les ailes courtes et le vol pesant 5 et Tliéophraste observe qu'il a la propriété qu'ont tous les oiseaux pesans, tels que la perdrix, le coq, le faisan, elc.de naître avec des plumes, et d'être en état de courir au moment qu'il vient d'éclore : de plus , en sa même qualiié d'oiseau pesant, il est encore pulvérateur et frugivore, vi- vant de baies et de grains qu'il trouve, tantôt sur les plantes mêmes , tantôt en grattant la terre avec ses ongles 5 et, comme il court plus qu'il ne vole, on s'est avisé de le chasser au chien courant, et on y a réussi. Pline, Elien et quelques autres di- sent que ces oiseaux perdent la voix en perdant la liberté , et que la même roideur de naturel , qui les rend muets dans l'état de captivité , les rend aussi très - difficiles à apprivoiser. Varron donne cependant la inanière de lea > *-., « **" V î ^ IS; t:? 212 HISTOIRE NATURELLE élever , et qui est à-peu-près la même que celle dont on élevoit les paons, les faisans, les poules de Numidie, les perdrix, etc. riine assure que cet oiseau , qui avoit été fort rare , étoit devenu plus coni- iftun de son temps; qu'on en trouvoit en Espagne, dans la Gaule et sur les Alpes, mais que ceux d'Ionie étoient les plus estimés : il dit ailleurs qu'il n'y en avoit point dans l'île de Crête. Aristophane parle de ceux qui se troii- voient aux environs de Mégare , dans l'Achaïe. Clément d'Alexandrie nous apprend que ceux d'Egypte éloieiit ceux dont les gourmands faisoient le plus de cas : il y eu avoit aussi en Phrygie, selon Aulugelle, qui dit que c'est un oiseau asiatique. Apicius donne la manière d'apprêter le franco lin , qu'il joint à la perdrix; et S. Jérôme en parle dans ses lettres comme d'un morceau fort recherché. Maintenant, pour juger si Yattagen ^\ ^x% DU TÉTRAS. 210 des anciens est notre attagas ou fran- colin, il ne s'agit que de faire l'his- toire de cet oiseau d'après les mé- moires des modernes, et de com-» parer. Cet oiseau est plus gros que la bar- tavelle, et pèse environ dix-neuf on-» ces ; ses jeux sont surmontés par deux sourcils rouges fort grands , lesquels sont formés d'une membrane charnue, arrondie et découpée par le dessus , et qui s'élève plus haut que le sommet de la tête 5 les ouvertures des narines sont revêtues de petites plumes , qui font un effet assez agréable ; le plumage est mêlé de roux, de noir et de blanc; mais la femelle a moins de roux et plus de blanc que le mâle : la membrane de ses sourcils eti moins saillante et beau- coup moins découpée , d'un rouge moins vif, et en général les couleurs de son plumage sont plus foibles; de plus, elle est dénuée de ces plumes noires, poin- lillées de blanc , qui forment au mâle ii i)-j'- ai4 HISTOIRE NATURELLB Une huppe sur la tête, et sous le bec un3 espèce de barbe. Le mâle et la femelle ont la queue à-peu-près comme la perdrix; mais un peu plus longue ; elle est composée d& Seize pennes, et les deux du milieu Sont variées dçs mêmes couleurs que celles du dos, tandis que toutes les la^ térales sont noires; les ailes sont fort courtes, elles ont chacune vingt-quatre pennes , et c'est la troisième, à compter du bout de l'aile, qui est la plus longue de toutes : les pieds sont revêtus de plumes jusqu'aux doigts, selon M. Bris- son, et jusqu'aux ongles, selon Wil- lulghby î ces ongles sont noirâtres, ainsi que le bec; les doigts gris-brun, et bor- dés d'une bande membraneuse étroite et dentelée. Belon assure avoir vu dans le même temps, à Venise, des francolins ( c'est ainsi qu'il nomme nos attagas ) dont le plumage étoit tel qu'il vient d'être dit , et d'autres qui étoient tout liiê^ncs, et que les Italiens appeloient LLE >us le beo t la queue ; mais un nposée de à a milieu ilears que lies les la^ ; sont fort tigt-quatre à compter lus longue evêtus (le 1 M. Bris- Ion Wil- tres, ainsi in,etbor- îse étroite ir vu dans francolins attagas) u'il vient oient tout ippeloien^ DU T iT R A s. 2t3 du même nom àe francolins. Ceux-ci ressembloient exactement aux pre- miers , à l'exception de la couleur ; et , d'un autre côté , ils avoient tant de rapport avec la perdrix blanche de Savoie, que Belon les regarde comme appartenant à l'espèce que Pline a dé- signée sous le nom de lagopus altéra i selon cette opinion , qui me paroît fondée, Yattagen de Pline seroit notre attagas à plumage varié) et la seconde espèce de lagopus seroit notre attagas blanc , qui difïere de l'autre attagas par la blancheur de son plumage , et de la première espèce de lagopus ap- pelée vulgairement perdrix blanche ^ soit par sa graftdeur , soit par ses pieds , qui ne sont pas velus en dessous. Tous ces oiseaux , selon Belon , vi- vent de grains et d'insectes; la Zoologie Britannique ajoute les sommités de brujère et \q& baies des plantes qui croissent sur les montagnes. L'attagas est en efïet un oiseau d« #\ .^! ^ 2î6 HISTOIRE NATURELLE montagne -, Willulghby assure qu'il descend rarement dans les plaines, et même sur le penchant des cjteaux, et qu'il ne se plaît que sur les sommets les plus élevés : on le trouve sur les Pyrénées . les Alpes , les montagnes d'Auvergne, de Dauphiaé, de Suisse, du pays de Foix , d'Espagne, d'Angle- terre, de Sicile, du pays de Vicence , dans la Laponie^ enfin sur l'Olympe en Phrygie, où les Grecs modernes l'appellent en langue vulgaire tçiginari , mot évidemment formé de 7^yi>uctçtoç que l'on trouve dans Suidas , et qui vient lui-même à'attagen ou attagas , lequel est le nom primitif. Quoique cet oiseau soit d'un naturel très-sauvage , on a trouvé dans l'île de Chypre , comme autrefois à Rome, le secret de les nourrir dans des volières, si toutefois l'oiseau dont parle Alexan- der Benedictus est notre attagas 5 ce qui m'en feroit douter, c'est que le francolin représeuté planche CCXLVl '■^^ifWb'ssK.'- ^^a DU TETRAS. 217 d'Edwards , et qui venoit certainement de rile de Chypre , a beaucoup moins de rapport au nôtre que celui d'Olina, et que nous savons d'ailleurs que celui- ci pouvoit s'élever et se nourrir dans les volières. Ces attagas domestiques peuvent être plus gros qre les sauvages; mais ceux-ci sont toujours préférés pour le bon goût de leur chair; on les met au- dessus de la perdrix. A Rome , wrifran- colino s'appelle par excellence un mor- ceau de cardinal ; au reste , c'est une viande qui se corrompt très-prompte- ment , et qu'il est difficile d'envoyer au loin ; aussi les chasseurs ne man- quent-ils pas, dès qu'ils les ont tués, de les vider et de leur remplir le ventre de bruyère verte : Pline dit la même chose du iagopus; et il faut avouer que tous ces oiseaux ont beaucoup de rap- port les uns avec les autres. Les attagas se recherchent et s'ac- couplent au printemps : la femelle Oiseaux. XI. 19 I ¥ 1 '* ir i \ 21 8 HISTOIRE NATURELLE pond sur la terre , comme tous Jes oi- seaux pesans j sa ponte est de huit ou dix œufs aigus par l'un des bouts , longs de dix -huit ou vingt lignes , pointillés do rouge-brnn , excepté en une ou deux places aux environs du petit bout : le temps de l'incubation est d'une vingtaine de jours ^ la cou- vée reste attachée à la mère, et la suit tout l'été ; l'hiver , les petits ayant pris la plus grande partie de leur ac- croissement , se forment en troupes de quarante ou cinquante , et deviennent singulièrement sauvages : tant qu'ils sont jeunes, ils sont fort sujets à avoir les intestins farcis de vers ou lombrils ; quelquefois on les voit voltiger ayant de ces sortes de vers qui leur pendent de l'anus de la longueur d'un pied. Présentement , si l'on compare ce que les modernes ont dit de notre atta-' gas avec ce que les anciens en a voient remarqi»é , on s'appercevra que les pre- miers ont été plus exacts à tout dire ; E les 01- mit ou bouts , lignes , jplé en ons du ibalion la con- t la suit \ ayant 3ur ac- Lipes de iennent t qu'ils à avoir nbrils ; : ayant end en t lied, ►are ce e atta-* ivoient es pre- t dire ; ! I DUT É TUAS. 219 mais en même lem '^ ' on reconnoîtra que les principaux caractères avoient été très-bien indiqués par les anciens ; et l'on conclura de la conforoiité de ces caractères , que ïattagen des an- ciens et notre attagas est un seul et même oiseau. Au reste , quelque peine que j'aie prise pour démêler les propriétés qui Girt été attribuées pêle-mêle aux dif- férentes espèces d'oiseaux auxquelles on a donné le nom àe francolin , et pour ne donner à notre attagas que celles qui lui convenoîent réellement, je dois avouer que je ne suis pas sûr d'avoir toujours également réussi à débrouiller ce chaos 5 et mon incerti- tude à cet égard ne vient que de la licence que se sont donnée plusieurs naturalistes , d'appliquer un mêma nom à des espèces différentes , et phw sieurs noms à la même espèce; licence tout -à- fait déraisonnable, et contre laquelle on ne peut trop s'élever, ^puis" Il h >-'^., ■Tl»iAi
  • '. ,-^.-.t,.. \, 220 HISTOIRE NATURELLE qu'elle ne tend qu'à obscurcir les ma- tières, et à préparer des tortures infi- nies à quiconque voudra lier ses pro- pres connoissances et celles de son siè- cle , avec les découvertes des siècles précédens. L'ATTAGAS BLANC. àC ■4 Cet oiseau se trouve sur les monta- gnes de Suisse , et sur celles qui sont autour de Vicence : je n'ai rien à ajou- ter à ce que j'en ai dit dans l'histoire de l'attagas ordinaire , sinon que l'oi- seau dont Gesner a fait la seconde es- pèce de lagopus me semble être un de ces attagas blancs , quoique dans son plumage le blanc ne soit pur que sur le ventre et sur les ailes, et qu'il soit mêlé plus ou moins de brun et de noir sur le reste du corps 5 mais nous avons vu ci- dessus que, parmi les attagas, les mâles avoient moins de blanc que les femel- les; de plus, on sait que la couleur des r les ma- res infî- ies pro- son siè- i siècles NC. • monta- pi sont à ajou- ' histoire ue loi- )nde es- être un lans son le sur le jit mêlé ir sur le s vu ci- s mâles femel- eur des D U T É T R A s. 221 jeunes oiseaux , et sur-tout des oiseaux de ce genre , ne prend guère sa consis- tance qu'après la première année; et comme d'ailleurs tout le reste de la description de Gesner semble fait pour caractériser un attagas , sourcils rou- ges, nus, arrondis et saillaiis; pieds ve- lus jusqu'aux ongles, mais non par- dessous ; bec court et noir ; queue courte aussi; habitation sur les mon- tagnes de Suisse , etc. je pense que l'oi- seau décrit par Gesner , étoit un atla- ga biaio, et que c'étoit un mâle en- core jeune , qui n'avoit pas pris tout son accroissement , d'autant qu'il ne pesoit que quatorze onces, au lieu de dix-neuf, qui est le poids des attagas ordinaires. J'en dis autant, et pour* les mêmeà raisons, de la troisième espèce de logo- pus de Gesner , et qui paroît être le même oiseau que celui dont le jésuite Rzaczinski parle sous le nom polonais de Parowa, Ils ont tous deux une par- • • 9.' r f / '-îjr»:- -^^, i K 222 HISTOIHE NATURELLE lie des nileâ et le ventre blancs , le dus et Je reste du corps de couleur variée : tous deux ont les pieds velus, le vol pesant, la chair excellente, et sont de la grosseur d'une jeune poule. Rzac- zinski en reconnoît deux espèces: l'une plus petite, que j'ai ici en vue 5 l'autre plus grosse , et qui pourroit bien être une espèce de gelinotte. Cet auteur ajoute qu'on trouve de ces oiseaux parfaitement blancs dans le Palatinat de Novogorod. Je ne range pas ces oi- seaux parmi les lagopèdes, comme a fait M. Brisson de la seconde et de Ja troisième espèce de lagopus de Gesner, parce qu'ils ne sont pas en effet lago- pèdes; c'est-à-dire, qu'ils n'ont point les pieds velus par-dessous, et que ce caractère est d'autant plus décisif qu'il est plus anciennement reconnu , et que par conséquent il paroît avoir plus de consistance. LB , Ip dos variée : le vol sont de Rzac- 5s: l'une ; Taiitie ien elle auteur oiseaux alatinat 5 ces oi- nime a 3t de Ja Gesner, et lago- it point que ce sif qu'il , et que plus de DU TÉTRAS. LE LAGOPÈDE. s^S Cet oiseau est celui auquel on a donné le nom Aeptrdrix blanche, mais très -improprement, puisque ce n'est point une perdrix, et qu'il n'est blanc que pendant l'hiver , et à cause du grand froid auquel il est exposé pen- dant celte saison sur les hautes mon- tagnes des pays du nord , où il se tient ordinairement. Aristote , qui ne con- noissoit point le lagopède, savoit que les perdrix, les cailles, les hirondelles, les moineaux , les corbeaux et même les lièvres, les cerfs et les ours , éprou- vent, dans les mérnes circonstances, le même changement de couleur. Scali- ger y ajoute les aigles , les vautours , les épervi^rs, les milans, les tourte- relles, les renards^ et il seroit facile d'alonger cette liste du nom de plu- sieurs oiseaux et quadrupèdes, sur les- quels le froid produit ou pourroit pro- K I: H TM i-m- .'■^H l' 1 \A A 224 HISTOIRE NATURELLE duire de semblables effets; d'où il suit que la couleur blanche est ici un attri- but variable, et qui ne doit pas être employé comme un caractère distinc- tif de l'espèce dont il s'agit 5 et d'au- tant moins que plusieurs espèces du même genre , telles que celles du petit tétras blanc , selon le docteur Wei- gandt et Rzaczinski , et de Tattagas blanc, selon Belon , sont sujettes aux mêmes variations dans la couleur ds leur plumage ; et il est étonnant que Frisch ait ignoré que son francolin blanc de montagne , qui est notre lago- pède, y fût aussi sujet , ou que , l'ayant su, il n'en ait point parlé : il dit seule- ment qu'on lui avoit rapporté qu'on ne voyoit point en été de francolins blancs ; et plus bas il ajoute qu'on en avoit quelquefois tiré ( sans doute en été ) qui avoient les ailes et le dos bruns, mais qu'il n'en avoit jamais vu ; c'étoit bien le lieu de dire que ces oi- seaux nétoient blancs que l'hiver, etc. "^■■ÎN «^•---Ip*-' LE i il suit a attri- as être listînc- !t d'au- ;ces du du petit Wei- attagas tes aux leur ds mt que 'ancolin 'e lago- l'ayant t seule- qu'on ncolins l'on en )ute en le dos ais vu ; ces oi- îr, etc. DU TÉTRAS. 225 J*ai dit qu'Aristote ne connoissoit pas notre lagopède; et, quoique ce soifc un fait négatif, j'en ai la preuve posi- tive dans ce passage de son histoire des animaux , où il assure que le lièvre est le seul animal qui ait du poil sous les pieds; certainement s'il eût connu un oiseau qui eût eu aussi du poil sous les pieds , il n'auroit pas manqué d'en faire mention dans cet endroit , où il s'oc- cupoit en général , selon sa manière , de la comparaison des parties corres- pondantes dans les animaux , et par conséquent des plumes des oiseaux , ainsi que des poils des quadrupèdes. Le nom de lagopède , que je donne à cet oiseau , n'est rien moins qu'un nouveau nom ; c'est au contraire celui que Pline ^t les anciens lui ont donné, qu'on a mal-à-propos appliqué à quel- ques oiseaux de nuit, lesquels ont le dessus , et non le dessous des pieds , garni de plumes; mais qui doit être conservé exclusivement à l'espèce dont if>. !. ( aL26 HISTOIRE NATURELLE il sagit ici , avec d'autant plus de raison, qu'il exprime un attribut uni- que parmi les oiseaux , qui eôt d'avoir, comme le lièvre, le dessous des pieds velus. Pline ajoute à ce caractère distinctif du lagopus ou lagopède, sa grosseur, qui est celle du pigeon , sa couleur qui est blanche , la qualité de sa chair qui est excellente , son séjour de pré- férence qui est le sommet des Alpes, enfin ^ sa nature qui est d'être très- sauvage et peu susceptible d'être ap- privoisé I il finit par dire que sa chair se corrompt fort promptement. L'exactitude laborieuse des moder- nes a complète cette description à l'antique , qui ne présente que les mas- ses principales; le premier trait qu'ils ont ajouté au tableau , et qui n'eut point échappé à Pline s'il eût vu l'oi- seau par lui-même, c'est cette peau glanduleuse qui lui forme au-dessus dès ^yeux des espèces de sourcils ïqW" ■f: LE plus (le but uni- d'avoir, es pieds listinctif rosseur , couleur sa chair de pré- 1 Alpes, tre très- être ap- sa chair t. moder- ption à les mas- it qu'ils ji n'eût vu i'oi- e peau - dessus ils l'ou' DU TÉTRAS. 22' i g.3s, mais d'un rouge plus vif dans le mâle que dans la femelle; celle-ci est aussi plus petite , et n'a point sur la tête les deux traits noirs qui , dans le mâle, vont de la base du bec aux jeux, et même au-delà des jeux en se diri- geant vers les oreilles : à cela près, le mâle et la femelle se ressemblent dans tout le reste , quant à la forme ex- térieure ; et tout ce que j'en dirai dans la suite sera commun à l'un et Il rdicheur des lagopèdes n est pas universelle et sans aucun mélange dans le temps même où ils sont les plus blancs , c'est-à-dire , au milieu de l'hi- ver; la principale exception est dans les pennes de la queue , dont la plupart sont noires avec un peu de blanc à la pointe; mais il paroît, par les descrip- tions, que ce ne sont pas constamment les mêmes pennes qui sont daps cette couleur. Dans le sujet que nous avons fait dessiner, et dans d'autres que nous s» ^\ .r i / > !■ 228 HISTOIRE NATURELLE avons examinés , nous avons trouvé la C[ueue composée de deux rangs de plu- mes l'un sur l'autre ; celui de dessus blanc en entier , et celui de dessous noir, ayant chacun quatorze plumes. Klein parle d'un oiseau de cette espèce qu'il avoit reçu de Prusse, le 20 jan- vier 1747 , et qui éloit entièrement blanc, excepté le bec, la partie infié- rieure de la queue el la tige de six pennes de l'aile. Le pasteur lapon Samuel F«.héen, qu'il cite, assure que sa poule de neige, qui est notre lago- pède , n'avoit pas une seule plume noire , excepté la femelle qui en avoit une de cette couleur à chaque aile, et la perdrix blanche dont parle Gesner étoit en effet toute blanche, excepté autour des oreilles, où elle avoit quel- ques marques noires; les couvertures de la queue qui sont blanches et ^'é- tendent par toute sa longueur, ^ re- couvrent les plumes noires, ont donné lieu à la plupart de ces méprises. ^mr: < n DU TÉTRAS. zag M, Brisson compte dix-huit pennes dans la queue, tandis que Willulghby et la plupart des autres ornithologistes n'en comptent que seize, et qu'il n'y en a réellement que quatorze : il semble que le plumage de cet oiseau , tout variable qu'il est , est sujet à moins de variétés que l'on n'en trouve dans les descriptions des naturalistes. Les aiie9 ont vingt-quatre pen:ies , dont la troi- sième , à compter de la plus exté- rieure , est la plus longue ; et ces trois pennes, ainsi que les trois suivantes de chaque côté, ont la tige noire lors même qu'elles sont blanches 3 le duvet qui environne les pieds et les doigts jusqu'aux ongles est fort doux et fort épais , et Ion n'a pas manqué de dire que c'étoient des espèces de gants four- rés que la nature avoit accordés à ces oiseaux , pour les garantir des grands froids auxquels ils sont exposés; leurs ongles sont fort longs , même celui du petit doigt de derrière , celui du doigî Oiseaux. XI. SQ "irr-intm''t»im-''y \'J^- 'i f \ a3o HisTOii : naturelle du milieu est creusé par-dessous, selon ta longueur 9 et ies bords en sont tran- chans , ce qui lui donne de la facilité pour se creuser des trous dans la neige. Le lagopède est au moins de la gros- seur d'un pigeon privé, selon Willulhg- by > il a quatorze à quinze pouces de long , vingt-un à vingt-deux pouces de vol , et pèse quatorze onces; le nôtre* est un peu moins gros : majs M. Lin- na^ns a remarqué qu'il y en avoit de différentes grandeurs, et que le plus petit de tous étoit celui des Alpes ; il est vrai (fu il ajoute au même endroit , que cet oiseau se trouve dans les forêts des provinces au nord , et sur«tout de la Laponie , ce qui me leroit douter que ce fût la même espèce que notre lago-^ pède des Alpes, qui a des habitudes toutes différeates , puisqu'il ne &e plaît que sur les plus hantes montagnes ; à moins qu'on ne veuille dire q«e ki tem- pérature q!ui règne sur la cime de nos Alpes est à-peui-près la iqéme que "'v *« — »>J 'ti --""■nf:' Dt; TÉTRAS. 2Z1 celle des vallées et des forêts de La* ponie j mais ce qui achève de me ber- suadei* qu'il y a ici confusion d'espèces^ c'est le peu d'accord des écrivains sur le cri du lagopède. Belon dit qu il chan* te comme la perdrix J Gesner , que s^ voix a quelque chdste de celle du cerf i Linnéeus comparé son ramage à un ca- quet babillard et à un rire moqueur* Enfin, Willulghby parle des plumêà des pieds comme d'un duvet doux fplU' tnulis fnollibus) , et Frisch les coitipare à des soies de cochon. Ot, comment rapporter à la même espèce, di3s oiseauît qui diffèrent pat la grandeur, par leâ habitudes naturelles, par la voix, pai? la qualité de leurs plumes, je pourroi^ encore ajouter par leurs couleurs? cat nous avons vu que celle des penties dô la queue n'est rien moins que conâlâh-» te 5 mais ici les couleurs du plumage sontsi variables dans le même individu, qu'il ne seroit pas raisonnable d'en faire le caractère de l'espèce : je me crois ^ I 'iif û ^Tm^i^^ 'j^m- -*î. , DU TÉTRAS. a39 pèce les couleurs du plumage sont va- riables. La perdrix blanche dont il s*agit ici est de grosseur piojeniie entre la per- drix et le faisan ; et elle auroit assez la forme de la perdrix , si elle n'avoit pas la queue un peu longue. Le sujet re- présenté dans la planche LXXii d'Ed- wards est un coq tel qu'il est au prin- temps , lorsqu'il commence à prendre sa livrée d'été, et lorsqu éprouvant les iniluences de cette saison d'amour il a ses sourciis membraneux plus rcuges et plus saillans, plus élevés , tels , en un mot , que ceux de l'attagas ; il a en outre de petites plumes blanches au- tour désireux, et d'autres à la base du bec , lesquelles recouvrent les orifices desnarines^ les deux pennes du milieu sont variées comme celles du cou, les deux suivantes sont blanches , et tou- tes les autres noirâtres avec du blanc à ia pointe , en été comme en hiver. La livrée d'été «e s'étojid que sur ja U\ 1 ■l ,1 1 '^'». t « i f 1 11 1 tl 1 i a40 HISTOIRE NATURELLE partie supérieure du corps j le ventre reste toujours blanc; les pieds et les doigts sont entièrement couverts de plumes , ou plutôt de poils blancs; les ongles sont moins courbés qu'ils ne le sont ordinairement dans les oiseaux. Celte perdrix blanche se tient toute Tannée à la baie d'Hudson ; elle y passe les nuits dans des trous qu'elle sait se creuser sous la neige , dont la consis- tance en ces contrées est comme celle d'un sable très-fin. Le matin elle prend son essor et s'élève droit eu haut en secouant la neige de dessus ses ailes; elle mange le matin et le soir , et ne pa- roît pas craindre le soleil comme notre lagopède des Alpes , puisqu'elle se tient tous les jours exposée à l'action de ses rayons, dans le temps de la journée où ils ont le plus de force. M. Edwards a reçu ce même oiseau de Norwège,qui me paroit faire la nuance entre le la- gopède dont il a les pieds , et l'attagas Uont il a les grands sourcils rouges. 1 r.-*^ 'Vf*r- .:**- , «tSrt*-' :,i*tt. DU TÉTRAS. 241 Oiseaux étrangers gui ont rapport aux Coqs de bruyère, aux Gelinottes, aux Attagas f etc. z. LA GELINOTTE DU CANADA. £ ];. L s abonde toute l'année dans le» terres voisines de la buie d'Hudson : elle y habite par préférence les plaines et les lieux b'*s ; au lieu que sous un autre ciel, ta même espèce, dit M. Ëllis , ne se trouve que dans des terres fort élevées , et même au sommet des mon- tagnes : en Canada , elle porte le nom de perdrix. . ' Le mâle est plus petit que la geli- notte ordinaire , il a les sourcils rouges, les narines couvertes de petites plumes noires, les ailes courtes, les pieds velus jusqu'au bas du ta«rse, les doigts et les ongles gris, le bec noir; en général , il est d'une couleur ^ri rembrunie , et Oiseaux. XT. ai U ...-.««i*»»:**^ 4f, . i 242 HISTOIRE MÂTURSLL8 qui n'est ëgayée que par quelques ta- ches blanches autour des yeux, sur les flancs et en quelques autres endroits. La femelle est plus petite que le mâle i elle a les couleurs de son plu- mage moins sombres et plus variées ; elle lui ressemble dans tout le reste. L'un et l'autre mangent des pignons de pin , des baies de genévrier, etc. ; on les trouve dans le nord de l'Améri- que en très - grande quantité , et on en fait des provisions aux approches de l'hiver , la gelée les saisit et les conserve; et, à mesure qu'on veut en manger , ou les fait dégeler dans feau froide. II. LE COQ DE BRUYÈRE A FRAISE, ou LA GROSSE GELINOTTE deCanqda, £l LE est un peu plus grosse que la gelinotte ordinaire , et lui ressemble par ses ailes courtes , et en ce que les ■:;!*S ■■**.l»aiJ*»»>J DU TETRAS. 24J plumes qui couvrent ses pieds ne des- cendent pas jusqu'aux doigts; mais elle n'a ni sourcils rouges ni cercles de cette couleur autour des yeux ; ce qui la caractérise , ce sont deux touffes de plumes plus longues que les autres et recourbées en bas , qu'elle a au haut de la poitrine , une de chaque côté : les plumes de ces touffes sont d'un beau noii , ayant sur leurs bords des reflets brillans qui jouent entre la couleur d'or et le vert; l'oiseau peut relever, quand il veut , ces espèces de fausses ailes y qui, lorsqu'elles sont pliées, tombent de part et d'autre, sur la partie supé- rieure des ailes véritables ; le bec , les doigts, les ongles sont d'un brun- rougeatre. Cet oiseau, selon M. Edwards, est fort commun dans le Marjrland et la Pensjlvanie , où on lui donne le nom ée faisan : cependant il a , par son na- turel et ses habitudes , beaucoup plus d'affinité avec le tétras ou coq de if il ■> H, 11 l« î»44 HISTOIRE NATURELLE bruyère : il tient le milieu pour !a grosseur entre le fâisaû et h pardrix; ses pieds sont garnis dé plumes , (Sl se? doigts dentelés siir lév bords cor/iton ceux des tétras; son bec est semblable à celui un coq orrlinaire ^ l'ouverture des narines est recôul^erte par de pe- tites plumes qui nîtîsseat de la base au bec , et se dirigent en av?ïnt ; toui îe c^essus d'j corps, compris la tête, la c|ueiie ei les ailes , estémaillé de difFé- - entes couleurs brunes , plus ou moins claires, d'orangé et de noir; la gorge est d'un orangé brillant , quoiqu'un peu foncé ; l'estomac , le ventre et les cuisses ont des tacbes noires en forme de croissant , distribuées avec régula- rité sur un fond blanc ; il a sur la tête et autour du cou , de longues plumes, dont il peut, en leâ redressant à son gré, se former une huppe et une sorte de fraise , ce qu'il fait principalement lorsqu'il est en amour ; il relève en même temps les plumes de sa queuo k;«j -**r-,,?«itt»>»~tN«te »#*.-• tifr •» ■« B U T É T R A s. 245 en faisant la roue, gonflant son jabot, traînant les ailes , et accompagnant son action d'un bruit sourd et d'un bour** donnement semblable à celui du coq d'Inde 5 et il a de plus, pour rappeler sa femelle , un battement d'ailes très-^ singulier et assez fort pour se faire entendre à un demi-mille de distance par un temps calme ; il se plait à cet exercice au printemps et en automne ^ qui sont letempà de sia chaleur^ et ii le répète tous Ids jours à des heures ré-^ glées ; savoir, à iieuf heures du matin ^ et sur les quatre heures do soir , mais toujours ëtailt posé sur an tronc sec : lorsqu'il commeâc^^ il met d'abord uti intervalle d'environ deux secondes e«* tre chaque battement , puis accélë^ rant la vitesse par degrés^ tes coups se succèdent à la fin avec tant de rapi-» dilé , qu'ils ne font plus qu'un petit bruit continu , ^mbla^ble à celui d'un tarnbour, d'autresf disent d'un tonnerre éloigné : ce bruit dure envifoa un^ mmyj^ 246 HISTOIRE NATUREttS minute , et recommence par les mêmes gradations après sept ou huit minutes de repos; tout ce bruit n'est qu'une in- vitation d'amour que le mâle adresse à ses femelles , que celles-ci entendent de loin , et qui devient l'annonce d'une génération nouvelle , mais qui ne de- vient aussi que trop souvent un signal de destruction ; car les chasseurs aver- tis par ce bruit, qui n'est point pour eux , s'approchent de l'oiseau sans être apperçus , et saisissent le moment de cette espèce à ) convulsion pour les tirer à coup sûr : je dis sans en être apperçus ; car dès que cet oiseau voit un homme , il s'arrête aussitôt, fût -il dans la plus grande violence de son mouvement, et il s'envole à trois ou quatre cents pas : ce sont bien là les habitudes de nos tétras d'Europe et leurs mœurs , quoi- qu'un peu outrées. La nourriture ordinaire de ceux de Pensylvanie, sont les grains, les fruits y les raisins, et sur-tout les baies de lierre , ■i:J .«„-• rjT »#-*»•*& i; lip'^ Vl ,/ .:&--«:C^' \ est BU TÉTRAS. rquable 247 rce que reman^ Dates sont un poison pour plusieurs ani- maux. '*" ' Ils ne couvent que deux fois l'année» apparemment au printemps et en au- tomne, qui sont les deux saisons où Je mâle bat des ailes : ils font leurs nids à terre avec des feuilles, ou à cote d'un tronc sec couché par terre ou /au pied d'un arbre debout, ce qui dénote un oiseau pesant : ils pondent de douze à seize œufs, et les couvent environ trois semaines; la mère a fort à cœ jr la con« servation de ses petits ; elle s'6xpose à tout pour les défendre , et cherche à attirer sur elle-même les dangers :{ui tes menacent; ses petits , de leur côté , savent se cacher très -finement dans les feuil- les ; mais tout cela n'empêche pas que les oiseaux de proie n'eu détruisent beaucoup : la couvée forme une com- pagnie qui ne se divise qu'au printemps de Tannée suivante. Ces oiseaux sont fort sauvages , et i \j K ri \ I V\ w . 248 HISTOIRE W A.TtJRELtl? rien ne peut les apprivoiser; si on en L' . ccu.er par des potiles ordinaires, ïL s ëchapperont et s'enfuiront dans Je§ bois presque aussitôt qu'ils seront éclos. Leur chair est blanche ti très - bonne à mander r j coq dô qui tttd linottes faisans DU TÉTRAS. 249 dont on lui a aussi donné le nom : cette gelinotte à longue queue, représentée dans la planche cxriî de M. Edwards , est une femelle ; elle a la grosseur, la couleur et la longue queue du Faisî^n ; le plumage du mâle est plus rembruni , plus lustré, et il a des reflets à l'endroit du cou : ce mâle se tient Aussi très-droit , et il a la démarche fière ; différences qui se retrouvent co» stamment entre le mâle et la femelle dans toutes les es- pèces qui appartiennent à ce genre d'oi- seau. M. Edwards n'a pas osé donner des sourcils rouges à cette femelle^ parce qu r n'a vu que l'oiseau empaillé, sur lequel ce caractère n'étoit point assesî apparent; les pieds étoient pattus , les doigts dentelés sur les bords , le doigt p térieur fort court. A la baie d'Hudsdn , on donne à ces gelinottes le nom àe faisan i en effet, ils font, par leur longue queue, la nuance entre les gelinottes et les faisans ; les deux pennes du milieu de celte queue, i^k r-«»P*v, U , «I SSO HISTOIRE NATURELLB excèdent denviron deux pouces les deux suivantes de part et d'autre, et ainsi de suite : ces oiseaux se trouvent aussi en Virginie, dans les bois et lieux inhabités. LA PERDRIX GRISE. Quoiqu'Aldrovande, jugeant des autres pays par celui qu'il habitoit, dise ^que les perdrix grises sont communes par-tout , il est certain néanmoins qu'il n'y en a point dans l'île de Crète ; et il est probable qu'il n y en a jamais eu dans la Grèce, puisqu' Athénée marque de la surprise de ce que toutes les per- drix d'Italie n avoient pas le bec rou- ge, comme elles l'avoient en Grèce; elles ne sont pas même également com- munes dans toutes les parties de l'Eu- rope; et il paroît en général qu'elles fuyent la grande chaleur comme le grand froid , car on n'en voit point en Afrique, ni en Laponie; et les provin- ces les plus tempérées de la France et Wl - "1 iiiiinii I ,ftP''y ^^i r:^^- DU TÉTRAS. 25l de rAllemagne , sont celles où elles abondent le plus : il est vrai que Bote- ri us a dit qu'il ny avoit point de per* drix en Irlande; mais cela doit s'enten- dre des perdix rouges qui ne se trou- vent pas même en Angleterre (selon les meilleurs auteurs de cette nation ) , et qui ne se sont pas encore avancées de ce côlë • là au - delà des îles de Jersey et Guernesej. La perdrix grise est assez répandue en Suède , où M. Linueeus dit qu'elle passe l'hiver sous la neige dans des espèces de clapiers qui ont deux ouvertures; cette manière d'hi- verner sous la neige ressemble fort à la perdrix blanche dont nous avons donné l'histoire sous le nom de lago- pède; et si ce fait nétoit point attesté par un homme de la réputation de M. Linnœus, j'y soupçonnerois quelque méprise, d'autant plus qu'en France, les longs hivers, et sur-tout ceux où il tombe beaucoup de neige , détruisent une grande quantité de perdrix : enfin , *i '«if«*^_^ 1»! I il' ' Il • "m , "! lit. '.eot^cle perpétuel d'un couple heu- reux pouvoient ajouter m penchant h ^ "^f^>y^ -ai^i)^ MmÊfÊlIH . J 1 DO" TÉTRAS. âDJ» de La nature et aux influences du prin- temps. La perdrix grise est aussi d'un na- turel plus doux que la rouge , et n'est point difficile à apprivoiser; lorsqu'elle n'est point tourmentée, elle se familia» rise aisément avec l'homme : cependant on n'en a jamais formé de troupeaux qui sussent se laisser conduire comme fout les perdrix rouges ; car Olina nous avertit que c'est de cette dernière es> pèce que l'on doit entendre ce que les voyageurs nous disent en général de ces nombreux troupeaux de perdrix qu'on élève dans quelques îles de la Méditerranée. Les perdrix grises ont aussi l'instinct plus social entr'elies ; car chaque famiïla vit toujours réunie en une seule bande , qu'on appelle volée ou compagnie; jusqu'au temps ou l'amour , qui l'a voit formée , la divise pour en unir les membres plus étroite- ment deu:«.àdeux; celles même dont ^ par quelque accident , les pontes n'opt Oiseaux. XI» 2a *\ V >. H' ! i li.. a54 HISTOIRE NATU&SLLK point réussi , se rejoignant ensemble et nux débris des compagnies qui ont le piussouâèrt, forment, sur la fin de l'été, de nouvelles compagnies souvent plus nombreuses que les premières , et qui subsistent jusqu'à la pariade de Tannée suivante. Ces oiseaux se plaisent dans les pays à blé , Gt sur-tout dans ceux où les terres sont bien cultivées et marnées, sans doute parce qu'ils y trouvent une nour- riture plus abondante , soit en grains » soit en insçctes , ou peut - être aussi parce que les selâ de la marne , qui con- tribuent si fort à la fécondité du sol , sont analogues à l^ur tempérament ou à kur goût : les perdrix grises aiment la pleine campagne, et ne se réfugient dans les taillis et les vignes que lors- qu'elles sont poursuivie par le chas' seur ou par l'oiseau de proie ; mais ja- mais eWen m s'enfoncent dans les forêts, 9t l'on dit même asç&z communément qu'elles ne passoiit jamais la nuit dan^ 1 ( i t i f d r?" .'J^- ■ "^^^t rtîW^T ^ Dtr TÉTRAS. i55 I les buissons ni dans les vignes; cepen- dant on a trouvé un nid de perdrix dans un buisson, au pied d'une rigne. Elles commencent à s*appârier dès là fin dé riiiver , après les grandes gelées, c'est-à-dire que chaque mâle cherche alors à s'assortir avec une femelle; mais ce nouvel arrangement ne se fait pas sans qu'il y ait entre les mâles, et quel- quefois entre les femelles, des combats fort vifs : faire la guerre et l'amour ne sont presque qu'une même chose pour la plupart des animaux, et sur -tout pour ceux en qui l'amour est un besoin aussi pressant qu'il Test pour la per-* drix ; aussi les femelles de cette espèce pondent - ell^^ sans aVoir eu dé com- merce avec 1$ mâle, comme les poules ordinaires. Lorsque les perdrix sont une fois appariées , elles ne se quit- tent plus, et vivent dans une union et une fidélité à toute épreuve : quelque- fois, lorsqu'à prè| la pariade il survient des froids un peyi vifs , toutes ces pai- «A)p>- M] à f ( / « »j6 histoire k aturelle res se réunissent et se reforment en compagnie. Les perdrix grises ne 8*accouplent guère , du moins en France , que sur ]a fin de mars , plus d'un mois après qu'elles ont commencé de s'apparier, et elles ne se mettent à pondre que dans les mois de mai et même de juin , lorsque l'hiver a été long : en général , elles font leurs nids sans beaucoup de soins et d'apprêts; un peu d'herbe et de paille grossièrement arrangées dans le pas d'un bœuf ou d'un cheval , quelque- fois même celle qui s'y trouve natu- rellement, il ne leur en faut pas da- vantage : cependant on a remarqué que les femelles. un peu âgées, et déjà instruites par l'expérience des pontes précédentes, apportoient plus de pré- caution que les toutes jeunes , soit pour garantir le nid des eaux qui pourroient le submerger, soit pour le mettre en gûreté contre leurs ennemis , en choi- sissant un endroit un peu élevé , et ^i-V^ ' DTjr TÉTRAS. 257 défendu naturellement par des brous- sailles : elles pondent ordinairement de quinze à vingt œufs , et quelquefois jusqu'à vingt-cinq ;; mais les couvées des toutes jeunes et celles des vieilles sont beaucoup moins nombreuses , ainsi que les secondes couvées que des perdrix de bon âge recommencent lorsque la première n'a pas réussi , et qu'on appelle en certains pays des réf- coquées : ces œufs sont à-peu-près de la couleur de ceux du pigeon % Pline dit qu'ifs sont blancs ; la durée de l'incu- bation est d'environ trois semaines , un peu plus, un peu moins, suivant les degrés de chaleur. La femelle se charge seule de cou-, ver, et, pendant ce temps, elle éprouve une mue considérable , car presque toutes les plumes du ventre lui tom- bent; elle couve avec beaucoup d'assi- duité, et on prétend quelle ne quitte jamais ses œufs sans les couvrir de feuilles 5 le mule se tient ordinairement • « i; m .j.™ n 1 C'-l nil'h a58 HISTOIRE NATURELLE à portée du nid, attentif à la femelle, et toujours prêt à l'accompagnier lors-^ qu'elle se lève pour aiier chercher de la nourriture; t^t son attachenleht est si fidèle et si pur, qu'il préfère ces devoirs pénibles à des plaisirs faciles que lui annoncent les cris répétés des autres perdrix , auxquels il répond quelquefois , mais qui ne lui font ja* mais abandonner sâ fèrtielle pour suivre î'étratigôrê. Au bout du temps marqué, lorsque la saison est favorable et que la couvée va bien , les petits percent leur coque assez facilement , courent au moment même qu'ils éètôsent, et souvent emportent avec ^mk une par- tie de leur côquillej mais il arrive aussi quelquefois qu^*ils ne peuvent foi*eer leur prison , et qu'ils meurent à ift peine : dans ce cas , on trouve les plti«- tùes du jeune oiseau coFlées cotttare les parois intérieures de l'œuf, et cela doit arriver nécessairement toutes les fois que l'œuf a éprouvé une ohaletir I dut:é;tras. aSp trop forte. Pour rejnédier k cet in- convénient, Oïl met les œufs dans l'eau pendant duq ou six minutes , f'deuf pompe à travers sa coquille les parties les plu» ténues de l'eau , 6t l'effet dfe cette humidité est de disposer les plu- mes qtii sôtit co!lée9 à là coquille à s'eti détacher plus rticilement ", peut- être aussi que cette espèce de bain ra- fraîchit le jeune oiseau, et lui donne asseÉ de force pour briser sa coquille avec le bec i il en est de métne des pigeons, et probableunèrtt de plusieurs oiseaux utiles dont on pourra sauver tm grand nombre par lé procédé que je viens d'indiquer , ou par quelqu'au- tfé procédé analogue. lié m^lé, qui n'a point pris de pan au soin dé couver les œufs , partage avec la mère celui d'élever les petits ; ils les mènent en commun , les appel- lent sans cesse , leur montrent la nour- riture qui leur convient , et leur ap- prennent à se la procurer en gratttrnt ^ y 1 1 m m ^^^^j^.-si^^te s6o HISTOIRE NATITRKLLB la terre avec leurs ongles ; il n'est pas rare de les trouver accroupis l'un au-* près de l'autre , et couvrant de leurs ailes leurs petits poussins , dont les têtes sortent de tous côtés avec des yeux fort vifs ; dans ce cas, le père et la mère se déterminent difficileoient à partir , et un chasseur qui aime la conservation du gibier se détermine encore plus difficilement à les troubler dans une fonction si intéressante ; mais enfin si un chien s'emporte , et qu'il les approche de trop près , c'est toujours le mâle qui part le premier en poussant des cris particuliers , ré- servés pour cette seule circonstance; il ne manque gu^re de se poser à trente ou quarante pas , et on en a vu plu- sieurs fois revenir sur le chien en bat- tant des ailes, tant l'amour paternel inspire de courage aux animaux les plus timides ! mais quelquefois il ins- . pire encore à ceux-ci une sorte de pru- dence, et des moyeus combinés pour 1 ■i» ,. )#• ^«^^^■-— ' [.s est pas un au-* 5 leurs }nt les ec des père et iement ime la ermine roubler ssante ; fte , et 3, c'est jreraier , ré- stauce ; trente u plu- in bat- lernel ux les il ins- e pru- 3 pour DUTÉTRAS. 201 sauver leur couvée : ou a vu le mâle, après sëlre préiiînté, prendre la fuile, mais fuir pesamment et en traînant l'aile , comme pour attirer Tennemi par l'espërauce d'une proie facile , et , fuyant toujours assez pour nélre point I pris, mais pas assez pour décourager le chasseur, il l'écarté de plus en plus de la couvée 5 d'autre côté, la femelle, qui part un instant après le mâle, s'é- loigne beaucoup plus , et toujours dans une autre direction ; à peine s'est-elle abattue , qu'elle revient sur-le-champ en courant le long des sillons , et s'ap- proche de ses petits, qui se sont blottis, chacun de son côté , dans les herbes et dans les feuilles ; elle les "assemble promptemeut, et, avant qut ic chien qui s'est emporté après le mâle ait eu le temps de revenir , elle les a déjà emmenés fort loin sans que le chas- seur ait entendu le moindre bruit. C'est une remarque assez génc^ralement vraie parmi les animaux que l'ardeur •4) .« « r\ .e- ,- ., ■ -^*' ^ -iç..:!^' M ÇV i 1 i i6'2 HISTOIRE NATURELLE <{u*ils éprouvent pour l'actf 3 la gé- ftération est la mesure des soins qu'ils prennent pour le produit de cet acte : iôut est conséquent dans la nature, et la perdrix en est un e temple ; car il y a peu d'oiseaux aussi î^sciiD , comme il en est peu qui soignent leurs petits avec une vigilance plus assidue et plus <;ourageuse : cet amciir de la couvée dégénère quelquefois en fureur contré les couvées étrangères , que la mère poursuit souvent et maltraite à grands coups de bec. Les perdreaux ont les pieds jaunes en naissant; cette couleur s'éclaircit ensuite , et devient blanchâtre , puis elle brunit 5 et enfi»^ devient tout-à- fait noire dans les per "^rix de trois ou quatre ans : c'est un moyen de con- noître toujours leur âge ; on le con- noît encore à la forme de la dernière plume de l'aile , laquelle est pointue après la première mue, et qui l'année suivante est entièrement arrondie. '^ inée su TÉTRAS. ft63 La première nourriture des per* dreaux , ce sont les œufe de foui r is ^ les petits insectes qu'ils trouvent sut la terre, et les herbes; ceux qu'on nourrit dans les maiso la li la graine asses long-rtemps , ^ t i ap« parence que c esl leur dei. ^ our'^ riture ; à tout âge ils prëf J J« laitue, la chicorée, le mouron, le lai«* teron , le séneçon, et même la pointe des blës verts : dès le mois de novembre on leur en trouve le jabot rempli , et pendant l'hiver il» savent bien laller chercher sous la neige ; lorsqu'elle est endurcie par la gelëe , ils sont réduits à aller auprès des fonlaiiies chaudes qui ne ^ont ppint glacé^ , et à vivre des herbes qui croissent sur leurs bords, et qui leur sont très«contraires : en été on ne les voit pas boire. Ce n'est qu'après trois mois passés que les jeunes perdreaux poussent le Foyge; car les perdrix grises ont aussi du rouge à côté des tempes, entre l'otii -' :k' r.V-- -•■-«(ï**^»-". \^ % ^, ^%.S' o 7^f^-^-^- IMAGE EVALUATION TEST TARGET (MT-3) /. .•^ ^"Aif -v <►" f5^ K # 1.0 1.1 2.5 2.2 2.0 m 1.25 ,.4|||||,.6 ^ 6" ► % V] Va %' ^/. /À 7 Photographie Sciences Corporation \ •^ ;\ \ ^t par- us sa* iutions rv: .1 » |b réu- > chant éable: mage, )uïi le as sans tes ont i^enteut ,u mâle ie qu'eu D tr TétB. A s. ' ' S.65 fe qui! est plus fort et plus traînant; le mâle se distingue encore de la fe- melle par un éperon obtus qu'il a à chaque pied, et par une marque noire en forme de fer à cheval qu'il a sou^ le ventre, et que la femelle na pas. ~ Dans celle espèce, comme dans beau- cou d'autres , il naît plus de maies que de femelles, et il importe, pour la réus- site des couvées , de détruire les mâles surnuméraires, qui ne font que trou- bler les paires assorties et nuire à la pro- pagation. La manière la plus usitée de les prendre, c'est de les faire rappeler au temps dé la pariade par une femelle à qui , dans cette circonstance, on donne le nom de chanterelle ; la meilleure pour cet usage est celle qui a été prise vieille; les mâles accourent à sa voix et se livrent aux chasseurs, ou don- nent dans les pièges qu'on leui a ten- dus; cet appeau naturel les attire si puissamment , qu'on en a vu venii" sur le toit des maisons et jusque sur Oiseaux. XI. j3 i iu , ,!■*■.. t * ■^*»- iJJa^tSÉj*"'' . i mm ak66 HISTOIRE NATURELLE l'épaule de l'oiseleur : parmi les piég^ qu'on peut leur tendre pour s'en ren- dre maître , le plus sûr et le moins sujet à jnconvéniens , c'est la tonnelle, es- pèce de grande nasse où sont poussée^ les perdrix par un homme déguisé à-> peu-près en vache , et pour c[ue l'^ilu- sion soit plus complète, tenant eq sa main une (le ces petites clochettes qu on met tiu cou du l^étail ; iocs- qu'elles sont engagées dans les filets^ on choisit à la main les mâles super- flus, quelquefois même tous les mâles, et on donne la liberté aux femelles» Les perdrix grises sont oiseau^, .Sjé- dentaires , qui non seulçme^it res^çnt dans le même paj'^s , mais qui s'écactent le moins qu'ils vent du canton où ih ont passé leiu jeunesse, et qui y réV^iennent toujours : elles craigijen^ beaucoup ('oiseau de proie ^ lorsqu'elles Tout apperçu , elles se mettent en tas les unes contre les autres , et tiennent ferme, quoique l'oiseau , qui les voif^ j ren- sujet ,68- Lsé à- '^Uu- er^ sa lettes lOKS- iuper- nâles. lies» ^.sfé- esliçnA âttent on où u'elies en tas lunent voili D U T É T R A s. 2()7 aussi fort bien , les approche ëe très-p> près en rasant la terre , pour tacher aen ikire partir (Quelqu'une et de la prendre au vol. Au milieu de tant d^ënnemis et de dangers , on sent bien qu'il en est peu qui vivent âge de per- drix; quelques-uns fixent là durée de feur vie à sept années, et prétendent que la force de l'â^e et le temps de la pleine ponte est de deux à trois ans ^ et qu'à six elles ne pondent plus. OU- na dit qu'elles vivent douze ou quinze ans. On a tenté avec succès de les mul- tiplier dans les parcs , pour en peuple^ Jes teries qui en étoient dénuées, et l'on a reconnu qu'on pouvoir les élever, à très-peu près, comme nous avons dit qu'on élevoit les faisans ^ seulement il ne faut pas compter sur les qeufs des perdrix domestiques. Il est rare qu'el- les pondent dans cet état, encore plus rare qu'elles s'apparient et s'accou- plent^ mais on né les a jamais vu cou- j\ -■^ .-f u, t. 1/ ;/ 1 1 I I 268 HISTOIHE NATUR£LLE ver en prison, je veux dire renfermées dans ces parquets où les faisans niulli- plient si aisément. On est dope réduit, à faire chercher par la campagne des œufs de perdrix sauvages, et à les faire couver par des poules ordinaires : cha- gue poule peut en faire éclore environ deux douzaines, et mener pareil nom- bre de petits après qu'ils sont éolos ; ils suivropt cette étrangère comme ils àuroient suivi leur propre mère, mais ils ne reconnoissent pas si bien sa vpix; ils la reconnoissent cependant jusqu'à un certain point, et une perdrix ainsi élevée, en conserve toute sa vie l'ha* bitude de chanter aussitôt qu'elle en- tend des poules. .;._,.... Les perdreaux gris sont beaucoup moins délicats à élever que les rouges , et moins sujets aux maladies, au moins dans notre pays , ce qui feroit croire que c'est leur climat naturel. Il n'est pas même nécessaire de leur donner des opufs de fourmis , et l'on peut le§ "t — ^-> *,'•!!• %»-•.._•'>:■■ ■*A,,-«*'^ mEÊ»»'! J nées ulli- Sduit e des faire ; cha- lyiron nom- me ils , mais ivpix; jusqu'à x ainsi le l'ha- îlle en-' îaucoup rouges , moins |t croire lll n'est donner eut le§ : D w t É T R A s. 'f fitfg nourrir, comme les poulets ordinaires, avec la mie de pain , les œufs durs, etc. Lorqu'ils sont assez forts,, et qu'ils commencent à trouver par eux-mêmes leur subsistance , on les lâche dans l'en- droit même où on les a élevés, et dont, comme je l'ai dit , ils ne s'éloignent ja- mais beaucoup. ^' : . » . j^^ ^^:-.-'.:' La chair de la perdrix grise est con- nue depuis très-long> temps pour être une nourriture exquise et salutaire ; elle a deux bonnes qualités qui sont rarement réunies , c'est d'être succu- lente sans être grasse.* Ces oiseaux ont vingt-deux pennes à chaque aile, et dix-huit à la queue , dont les quatre du milieu sont de la couleur du dos. •;., Les ouvertures des narines qui se trouvent à la base du bec sont plus ^u'à demi recouvertes par un opercule de même couleur que le bec, mais d'une substance plus molle, comme dans les poules. L'espace sans plumes, qui est entre l'œil et l'oreille , est d'un rouge * • "*% ■■ryf.&-j ri] JB70 HISTOIRE HATTfllELLB plus vif dans le maie que dans Ja fe^ melle* b >v(! '}■>■">•- ^^:-f| '^îî^»"*'*» ' ^'^'j^»''"^ ,^ Le tube intestinal a environ deuic pieds et demi de long , les deux cœcum cinq à six pouces chacun. lie jabot est fort petit, et le gésier se trouve plein de graviers méiës avec la nourriture, comme c'est Tordinaire dans les gra-* iiivores. V '' LA PERDRIX 6RISE-BLAKCHE, ,> t r 'A> ' * >*;: i > ' Cbttb perdrix a été connue d*Âriis-^ fote, et olnervée par Scaliger , puisque tous deux parlent de perdrix blanche, et on ne peut point soupçonner que ni l'un ni l'autre ait voulu parler du la- gopède appelé maU à- propos perdrix blanche par quelques-uns; car pour ce qui regarde Aristoie , il ne pouvoit avoir en vue le lagopède, qui est étraiv- ger à la Grèce, à l'Asie, et à tous les pajs où il «voit des correspondatices , et ce qui le prouve ^ c'est qu'il n'a ja- mais parlé de la propriété caractéris- * ! &'ri..p».- .■Vi»<» ■ D tr T i T A A s. 271 tique de cet eiseau , qui est d'avoir les pieds vçlus jusque sous les doigts; et k i'^ard de Scaligar, il n^a pu oonfondre ces deux espèces, puisque dans le même chapitre où il parle-de la perdrix blan- che qu'il a mangée , il parl^ un peu plus bas et fort au long du laff^pus de Pline » qui a les pieds couverts de plumes , et qui est notre vrai lagopède. Au reste, il s'ent font bien que la per- drix grise^t^lânche soit aussi blanche que le lagopède : il fCy a que le fond de son plumage qyj %(>}\ de cette couleur; et l'on voit sur ce fond blanc les mêmes mouchetures que dans la perdrÎK grise» et disitribuëes dans le «néme ordr^ ; mais ce qui achève de déipontrer q^iia cette x^iSëroBoe dan«Ja ceiileur du p|:u- ma^ n>st qu'une aitémtipo 90" '"^^q* telle , imeSet parfieuluir, en un ,noÊ une variété propremeot 41(9» «it qyi n'em^pêche point qu'on m doive re- garder la perdrix blanohe comoae 4if - pertenante à l'espèce i^ la p^drix ' 7 •m ■:'^»«:4r?*' 27a HISTOIKB NATURFILB grise, c'est que, selon les naturalistes, et même selon les chasseurs , elle se mêle et va de compagnie avec elle. Un de mes amis en a vu une compagnie de dix ou douze qui étoient toutes blan- ches, et les a aussi vu se mêler avec les gi'ises au temp»de la pariade; ces per- drix blanches a voient les jreux ou plu- tôt les prunelles rouges, comme les ont lés lapins blancs , les souris blan- ches , etc. le bec et les pieds étoient ■de couleur de piortib. , j,^î^fei, >; .^ -.j LA PETITE PERDRIX GRISE. >ï*-^ r"^ J'appelle ainsi la perdrix deDamas d'Aldrovande , qui est probablement la même que la petite perdrix de pas- sage qui se montre de temps en temps en diérérentës provinces dé France^ Elle ne diffère pas seulement de la ' perdrix grise par sa taille , qui est cons- ^tâmment plus petite , mais encore par son bée qui eàt plus alongé^ par la cou- leur jjiune dé ses pieds, et sur-tout par stes , le se 5. Uu le de blan- ecles \ per- I plu- ie les blan- iloieut LISE. pâmas eaient le pas- temps nce^ de la t cons- )re par la coM- out par DU TÉTRAS. •" À73 r habitude qu elle a de changer de lieu et de voyager. On en voit quelquefois dans la Brie et ailleurs , passer par ban- des très- nombreuses , et poursuivre leur chemin sans s'arrêter. Un chas- seur des envirot^ de Monlbard , qui chassoit à Ja chanterelle , au mois de mars dernier (1770), eu vit une volée de cent cinquante on deux cents , qui parut se détourner, attirée par le cri de la chanterelle ; mais qui , dès le len- demain , avoit entièrement disparu : ce seul fait, qui est très-certain, an- nonce et les rapports et les différences qu'il y a entre ces deux perdrix ; les rapports , puisque ces perdrix étran- gères furent attirées par le chant d'une perdrix grise; les différences, puisque ces étrangères traversèrent si rapide- ment un paj's qui convient aux per- drix grises et même aux rouges , les unes et les autres y demeurant toute Tannée^ et ces différences supposent un autre instinct , et par conséquent V ,;• i? ^^: ^Z''9yT* ii ^MJ çy^:^,l't%>à^^»'^ .-w «. i i K/J »«~ii^>t \\ 174 HISTOIHB NATURELtS une autre organisation , et au moins une autre racCi '- • • -^ *iav.^;.u.v v> 'Il ne faut pas confondre cette per- drix de Damas ou de %Tie, avec la eyroperdîx d'EtiefI, que l'on trou voit aux environs d*Antioche , qui avoit le plumage noir, le bec de Couleur faifve , la chair plus compacte et de meilleur goût , et le naturel plus sauvage que les autres perdrix , car lés couleurs , comme l'on voit, ne se rapportent point ; et Elien ne dit pas que sa syro^ perdix soit un oiseau de passage : il ajoute, comme une singularité, qu'elle mangcoit des pierres, ce qui cependant est asseï ordinaire dans k» granivore». ScaHger rapporte, comme témoin oct^ laire, un fait beaucoup phis singuHery ^i a rappoirt à celui-ci : c'est que dans un canton de la Gascogne où le terrein est , fort sablonneux , la ehair des perdrix étoit remplie è\\ne quantité de petits grains de sable fort incom- modes. f. )ins «r- c la ivoit lit le lîve, \ que ïurs y ►rteftt ^ : U uelle indant vorea. OCtt- uHer, dans errein ir des antité ncom- . i • DU T ÉTR A s. > 375 LA PEKiyRIX DE MONTAGNE. Je fais uns race distincte de celte perdrix , parce qu'elle ne ressemble ni à l'espèce grise ni à la roufre : mais il seroil difficile d'assigner celle de ces- deux eypèces à laquelle elle doit se rapporter; car si d'iun oôté l'on assure qu'elle se mêle quelquiefois avec les perdrix grises , d'un autre côté sa de- meure ordinaire sur les montagnes, et la couleur rouge de son bec et de ses pieds la rapprochent aussi beaucoup des perdrix rouges, avec qui je soup- çcnne.lbri qu'elle se mêle comme aven; les grises; et^ par ces raisons, je suis^ porté à la regarder comme une race intermédiaire entre ces deux espèces principales: elle est à -peu -près de 1a grosseur de ia perdrix grise , et elle 1^ viiïgl; pennes à la qjieua. * *.>' ('■>/' M « ■ * *' ' lui t , <-l^iaiZ.41^ -i^» r n ■^- ii^'-Sîîii ' 1 j J „U t la perdrix. Aristote,' après avoir dit que c'est un oiseau pulvérateur, qui a un jabot, un gésier et de trèsrpetits coecum, qui vit quinze ans et davantage; qui, de même que (ous les autres oiseaux qui ont le vol pesant, rie construit point de nid, mais pond ses œufs à plate- terre , sur un peu d'herbe ou de feuil- les arrangées négligemment, et cepen- dant en un lieu bien exposé et défendu contre les oiseaux de proie; que dans cette espèce , qui est très-lascive, les riens l'y fi ! faits nêléi qiielr e qui je me îment ne de • i ■ ■' 3 c est jabot , i, qui Lii, de X qui point plate- leuil- :epen- ^fendu dans , les e DU TÉTRAS. 279 mâîes se battent entr'eux avec achar« nement dans la saison de l'amour 3 que les femelles pondent des œufs sans avoir eu commerce avec le mâle; que le mâle et la femelle s'arx^ouplent en ouvrant le bec et tirant la langue ; que leur ponle ordinaire est de douze 011 quinze œufs ; qu elles sont quelquefois si pressées de pondre que leurs œufs leur échappent par-tout où elles se trouvent 5 Aristole , dis-je, après avoir dit toutes ces choses qui sont incontes- tables et confirmées par le témoignage de nos observateurs, ajoute plusieurs circonstances où le vrai paroît être mêlé avec le faux , et qu'il suffit d'a- nalyser pour en tirer la vérité pure de tout mélange. 11 dit donc , i°. que les perdrix fe- melles déposent la plus grande partie de leurs œufs dans un lieu caché , pour les garantir de la pétulance du mâle qui cherche à les détruire, comme fai- sant obstacle à ses plaisirs ; ce qui a été .1 -1 .^' i —■■ i\ 280 HISTOIRE NATURELLE traite de fable par Willulghby , mais, à mon avis, un peu trop absolument, puisqu'en distinguant lé phjsic|u6 du moral, et séparant le fait observé de rintehtion supposée, ce qu'Aristote a dit se trouve vrai à là lettre , et se ré- duit à ceci, que la perdrix a, comime presque toutes iés 9^tries femelles par- mi les oiseauit, rinstinct dé cacher son nid , et qtre leis mâle^ , sur-tout lessui^« numéraires , cherchant à s accouplet au temps de fincubation , ont porté plus d'une fois un préjudice notable à la couvée , sans autfé intention que celle de jouir de la couveuse : c'est par cette raison que de tout temps on a recommandé ta destruction de ces mâ- les surnuméraires y comme uu des inOjrens les plus efficaces de favoriser la multiplication de l'espèce , non -seu- lement des perdrix , mais de plusieurs autres oiseaux sauvages. Ari'stote ajoute en second lieu quélft perdrix femelle partage les œufs d'une > ., «v «. V- ^..#**,7* ■•-■v^- BU TÉTRAS. 283 Aristote dit en quatrième lieu que les perdrix femelles conçoivent et pro- duisent des œufs lorsqu'elles se trou- vent sous le vent de leurs mâles , ou lorsque ceux-ci passent au-dessus d'el- les en volant , et même lorsqu'elles entendent leur voix; et on a répandu du ridicule sur les paroles du philoso- phe grec, comme si elles eussent signi-' fié qu'un courant d'air imprégné par les corpuscules fécondans du mâle, ou seulement mis en vibration par le son de $a voix , suffîsoit pour féconder réellement une femelle ; tandis qu'elles ne veulent dire autre chose, sinon que les perdrix femelles, ayant le tempéra- ment assez chaud pour produire des œufs d'elles-mêmes et sans commerce avec le mâle , comme je l'ai remarqué ci- dessus , tout ce qui peut exciter leur tempérament doit augmenter encore en elles cette puissance ; et l'on ne niera point que ce qui leur annonce la présence du mâle ne puisse et ne doive i s;i i*- , !!•■ a84 HISTOIRE NATUUfiLL» avoir cet effet, lequel d'aitleur» peut être produit par un simple mojen më* canique qu'Aristote nous enseigne , ou par le seul frottement qu elles éprou- vent en se vautrant dans la poussière. • D'après ces faits , il est aisé de con- cevoir que quelque passion qu'ait la perdrix pour couver , elle en a quel- quefois encore plus pour jouir, et que datis certaines circonstances elle pré- férera le plaisir de se joindre à son mâle , au dévoir de faire éclore ses pe- tits ; il peut même arriver qij'ellâ quitte la couvée par amour pour la couvée même : ce sera lorsque voyant son mâle attentif à la voix d'un autre perdrix qui k rappelle, et prêt à l'aller trouver, elle vient s'offrir à ses désirs pour prévenir une inconstance qui se- roit nuisible à la famille j elle tâche de le rendre fidèle en le rendant heureux. ' Ëliên a dit encore que lorsqu'on vou- lait faire combattre les mâles avec plus d'ardeur, c'étoit toujours en préacuce DU TÉTK A a. 281 seule ponte en deux couvres, qu'elle se charge de l'une et Je mâle de l'autre, jusqu'à la fin de l'éducation dés petits "qui en proviennent ; et cela contredit positivement l'instinct qu'il suppose au mâle, comme nous venons de le voir , de chercher à casser les œufs de sa fe- melle : mais en conciliant Aristote avec lui-même et avec la vérité , on peut dire que comme la perdrix fe- melle ne pond pas tous ses œufs daua le même endroit, puisqu'ils lui échap- pent souvent malgré elle par^tout oà elle se trouve ; et comme le mâle par- tage apparemment, dans cette espèce, ou du moins dans quelques races de cette espèce , ainsi que dans la grise , le soin de l'éducation des petits , on aura pu croire qu'il partageoit aussi ceux de l'incubation, et qu'il couvoit à part tous les œufs qui n'étoient point sous la femelle. Aristote dit en troisième lieu que les mâles se cochent les uns les autres , et 1 ,. f /;* >ï .1;' a8a HISTOIRE naturelle même qu ils cochent leurs petits aussi- tôt qu'ils sont en état de marcher, et l'on a mis cette assertion au rang de» absurdités : cependant j'ai eu occasion de citer plus d'un exemple avéré de cet excès de nature, par lequel un mâle fie sert d'un autre mâle et même de tout autre meuble , comme d'une femelle ; et ce désordre doit avoir lieu ( a plus forte raison ) parmi des oiseaux aussi iascits que les perdrix , dont les mâles , lorsqu'ils sont bien animés, ne peuvent entendre le cri de leurs femelles sans répandre leur liqueur séminale, et qui sont tellement transportés et comme enivrés dans cette saison d'amour , que, malgré leur naturel sauvage , ils vien- jient quelquefois se poser jusque sur l'oiseleur ;' et combien leur ardeur n'esl-elle pas plus vive dans un climat aussi chaud que celui de la Grèce, et lorsqu'ils ont été privés long-temps de femelles, comme cela arrive au temps de l'incubation ! i ;• , . -M ::i 11 ♦ .♦■.™ D u' TETRA s. iK deïetirs ftiuetles; parce qu'un mâle , «joule-l-il, ainfieToil mieux mourir que de montrer de la lâcheté en présence de sa femelle , ou que de paroilre de- vant elle après avoir été vaincu; mais c est encore ici le cas de séparer le fait de l'intention : il est certain que la pré- sence de la femelle anime les mâles aa combat , non pas en leur inspirant un certain point d'honneur , mais parce qu'elle exalte en eux la jalousie tou- jours proportionnée dans les animaux au besoin de jouir, et nous venons de voir combien ce besoin est pressant dans les perdrix^ C'est ainsi qu'en distinguant le phy- sique du moral , et les faits réels des suppositions précaires, on trouve la vé- rité trop souvent défigurée dans l'his- toire des animaux , par les fictions de l'homme , et par la manie qu'il a de prêter à tous les autres êtres sa na^ ture propre et sa manière de voir et de sentir. ' - ' t ÀM _>-i ¥ ïi S^6 HISTOIRE NATURELLE Comme les bartavelles ont beau- coup de choses communes avec les per* drix grises, il suffira , pour achever leur histoire, d'ajouter ici les princi- pales différences par lesquelles elles sa distinguent des dernières. Belon, qui avoit voyagé dans leur pays natal ,. nous apprei ^ qu elles ont le double de grosseur de nos perdrix, qu'elles sont fort communes , et plus Communes qu'aucun autre oiseau dans la Grèce , les îles Gyclades , et principalement ^ur les côtes de l'île de Crète (aujour- d'hui Candie ) ', qu'elles chantent au temps de l'amour, qu'elles prononcent à>peu-près le mot chacabis, d'où le Latins ont fait sans doute le mot caca- bare pour exprimer ce cri , ce qui peut- iêtre a eu quelque influence sur la for- mation des noms cv,beth , cubata , eu- beji , etc. par lesquels on a désigné la perdrix rouge dans les langues orien- tales.. Belon nous apprend encore que les DU TÉTRAS. "• 28/ bartavelles se tiennent ordinairement parmi les rochers, mais qu'elles ont l'instinct de descendre dans la. plain? pour y faire leur nid , afin que leurs petits trouvent en naissant une sub- sistance facile ; qu'elles pondent de huit jusqu'à seize œufs, de la grosseur d'un petit œuf de poule , blancs , mar- ques de petits pointa rougeâtres, et dont le jaune, qu'il appelle mojeu,ner se peut durcir. Enfin , ce qui persuade à un observateur que sa perdrix de Grèce est d'autre espèce que notre perdrix rouge, c'est qu'il y a en Italie des lieux où elles sont connues l'une et l'autre , et ont chacune un nom diffé- rent , la perdrix de Grèce celui de co-^^ thumo , et l'autre celui àeperdice, com- me si le peuple ^qui impose les noms^" n'avoit pu se méprendre, ou même distinguer par deux dénominations dit'-' férenles deux races distinctes , appar- tenantes à une seule et même espèce. Enfin il conjecture , et non sans ioude- iM a88 HISTOIRE NATURELLE ment , que cette grosse perdrix qui , suii^ant Aristote, s est mêlée avec la poule ordinaire » et a produit avec elle tl«s individus féconds , ce qui n'arrive, que rarement, selon le philosophe grec , ' et n'a lieu que dans les espèces les plus lascives, telles que celles du coq et '^e, la perdrix, ou de la barta,velle, qui fst la perdrix d'Aristote: cel'e-t. .\ en- core nne nouvelle analogie avec la poule ordinaire , c'est de couver des œufs étrangers à délaut des siens ^ il y a Ipng-temps que celle remarque a été faite , puisqu'il en jsst question dans les livres sacrés. Aristote a remarqué que les perdrix mâles, chantoient. ou crioient principa- lement dpns la^ison de l'amour, lors- qu'ils se battent entr'epx , et même avant de se battre; l'ardeur qu'iU ont pour leur femelle se tourne alors en rage contre leurs i:ivaux , et de là tous ces cris, ces co»"i'.>9U', cette espèce d'i- VI esse, cet ou'» ?* (!v x-mê; ^, cet :ti DU TÉTRAS. '89 : qui , i^ec la îc elle arrive î grec , es plus \ et '^e , .\ en- ivec la ver des iens 'y il irque a OD dans .1 . .1 perdrix incipa- •, lors- meme l'iU ont ilors en là lovi» )èGe d'i- , . cet abandon de leur propre conservation qui les a jiff^cipités plus d'une fois, je ne dis pas dans les pif^ges, mais jusque dans les mains de l'oiseleur. ^•'^"'^'''^ '•• ' '^'On a profilé de la connoissance de leiir naturel pour les attirer dans le piège, soit en leur présentant une fe- melle vers laquelle ils accourent pour en jouir-, soit en leur présentaut un' mâle sur lequel ils fondent. pour le combattit 5 et l'on a encore tiré narli de celte haine violente des mâles con- tre les mâltfs pour en faire une sorto de spectacle j oiV ces animaux, ordimi- reraent si timides et si pacifiques , se battent entre eux avec acharnement j et on n'a pas manqué de les eXciter, com- me je l'ai dit, par la présence de leurs femelles; cet usage est encore très— commun aujourd'hui dans l'île de Chy- pre j et nous voyons dans Lampridius que l'empereur Alexandre Sévère s'a- musoit beaucoup de ce genre de com- bats. - - Oiseaux. XI, 25 I i '} 290 HISTOIRE NATURELLE LA PERDRIX ROUGE b'EbRÔPÈ. Cettjs perdrix tient le mtiieM y pour la grosseur, entre la bartavelle et la perdrix gri^e ; elle n'est pas aussi ré- pand^e q^e cette dernière,^ tout cli* jaViX ne Ii^i est p^s i^pi;i : on la trouve da^s. la plMPçirt des pay§ momt^gqeux et tempéras 4^ T^lurope ^ d.e.l'iÂ^i^ et de l'Afrique j n^ais elle mX rf^re d^nft les F^a js-r^as , dans plusieurs pfMJti^s de l' Allenaffg^e et de k J$Qix(^^«»^t m X'oa a teaté iqu^ilein^pt df> if .mi^lùpUer , quoique les fc^isaTis y ep^séi)>t l;>i^tn ri^iis- si : on n'ein voit point du touV en Au?- gleterre , i;ii dans certaiues îles des en.vi- rons de I^emnos;, tandis qu'uue seule pi^ir^: portée dans là petite ile d'^^/ia- phe (au^jourd'hui Nantio), j pullula tel- leu)ent, qiie le^ habitans furent sur le point de leiir céder la place : ce séjour leur est si iavqrable , qu'encore au- jourd'hui l'on est obligé d'y détruire leurs œufs par milliers, vers les félt« f.^jf-.Jr''^.; : j . DU TÉTRAS. . 2()f de Pâques, de peur que Jes perdrix qui eu viendroient ne détruisisÉsent en- tièrement les moissons; et cef œufa accomodés à toutes sauces , nourris- sent les insulaites pendant plusieurs • lOUFS» li.» *-■...(-!-' -'■■ > •^■ Les perdrix rouges se ti«ntiehl sur les montagnes qui produisent beaucoup de brujrères et de broussailles , et quel- quefois sur les mêmes montagnes où se trouvent certaines gelinottes , mal-à- propos appelées /i>«»rrfr/a? blanches, mais ^ dans des parties moins élevées, et pat conséquent moins froideis et moins sau- vages. Fendant l'hiver, elles se recèlent sous des abris de rochers bien exposés, et se répandent peu 5 le reste de l'an- née , elles se tiennent dans les brous- sailles, s'y font chercher long - temps par les chasseurs , et partent difficile- .ment ; on m'assure qu'elles résistent souvent mieux que les grises aux ri- gueurs de l'hiver , et que, bien qu'elles soient plus aisées à prendre dans les s p. * ïi ■-4 xga HISTOIRE NATURELLE difiërens pièges que les grises , il s'en trouve toujours à -peu -près le mênie nombre au printemps, dans les endroits qui leur conviennent : elles vivent de grains, d'herbes, de limaces, de che- nilles , d œufs de fourmis et d'autres insectes ; mais leur chair se sent quel- quefois des alimens dont elles vivent. £lien rapporte que les perdrix de Cyrrha , ville maritime de la Phocide , sur le golfe de Corynthe , sont de mau- vais goût, parce qu elles se nourrissent d'ail. . •. . -.4'> ■. '■> i--- -n') *[/'-' "<■■ Elles volent pesamment et avec ef- fort, comme font les grises; et on peut les reconnoître de même, sans les voir, au seul bruit qu'elles fontavec leurs ailes en prenant leur volée : leur ins- tinct est de plonger dans les précipices lorsqu'on les surprend sur les monta- gnes , et de regagner le sommet lors- qu'on va à la remise. Dans les plaines, elles filent droit et avecroideur; lors- qu'elles sont suivies de près , et poussées mmja^ [1 s'en mênie idroits ent de e che- autres t quel- vivent. rix de locide , e mau- rrissent t > • " *# * vec ef- on peut es voir, c leurs îur ins- 5cipices nionta- et lors- )laines, r 5 Icrs- oussées D U T Ê T R A S. 2^3 vivement, elles se réfugient dans les bois, se perchent même sur les arbres , et se terrent quelquefois ; ce que ne font point les perdrix grises. Les perdrix rouges différent encore des grises par le naturel et les mœurs, -elles sont moins sociales : à la vérité , elles vont par compagnies , mais il ne règne pas dans ces compagnies une union aussi parfaite : quoique élevées ensemble , les perdrix rouges se tien- nent plus éloignées les unes dés au- trels; elles ne partent point ensemble, ne vont pas toutes du même côté , et ne se rappellent pas ensuite avec le même empressement , si ce n est au temps de Tamour; et alors même cha- que paire se réunit séparément : enfin, lorsque cette saison est passée , et que la femelle est CKCupée à couver , le mâle la quitte, et la laisse seule chargée du soin de la famille ; en quoi nos per-' drix rouges paroissent aussi différer des perdrix rouges de r%ypte, puisque les • & f:^' Vf \ i-— 294 HISTOIRE NATURELLE prêtres égyptiens j a voient choisi pouF J emblème d'un bon ménage deux per- drix , Tune mâle, et l'autre femelle , couvant chacune de son côté. Par une suite de leur naturel sau- vage , les perdrix rougis que Ton tâche de nfiuUiplier dans les parcs , et que Ton élève à-peu-près cooime les fai- sans , sont encore plus difficiles à éle- ver, exigent plus de soins et de pré- cautions pour les accoulumer à la cap- tivité , ou pour mieux dire , elle» ne s y accoutument jamais, puisque les petits perdreaux rouges qui sont écbs dans la faisanderie, et qui n'ont ^aimis connu la liberté , languissent dans cette pri- son, qu'on cherche à leur rendre agréa- ble de toutes manières , et nnieurent bientôt d'ennui ou d'une maladie qui en est la suite, si on ne les lâche dans le temps où ils commenceni à avoir la têie garnie de plumfes. . ,■ « > r ,. ; Ces faits , qui m'ont été fournis par M. Le Roy , .{croissent contredire ce «I L pOUP IX per- aelle, ;l sau- 1 tâche et que es fai- à éle- le pré- ia cap- 1$ ne s y ft petits daQs la connu te pri- jagcëa- leurent die qui dedans ^voir la nis par dire ce DU TÉTRAS. 2^5 qu'on rapporte des perdrix d'Asie et de quelques iles de l'Archipel , et même de Provence, où on en a vu des troupes nombreuses qui olx^issoient à ia voix de leur conducteur avec une docilité singulière. Forphire parle d'une per- drix privée, venant de Carthage, qui accouroit à la voix de son maître , le caressoit , et exprimoit son attache- ment par des inflexions de voix que le sentiment sembloit produire , et qui étoient toutes différentes de son cri ordinaire. Mundella et Gesner en ont élevé eux-mêmes qui étoient devenues très-familières ; il paroît même , par plusieurs passages des anciens , qu'on en étoit venu jusqu'à leur apprendre à chanter où à perfectionner leur chant naturel, qui, du moins dans certaines races ^ passoit pour un ramage agréable. Mais tout cela peut se concilier, en disant que cet oiseau est moins ennemi de rhomme que de l'esclavage , qu'il est des moyens d'apprivoiser et de sub- ^r '"^ f I \1 ^immmr î i M \ * i &g6 HISTOIRE NATURELLE juguer ranimai le plus sauvage, c'est- à-dire , le plus amoureux de sa liberté , et que ce moyen est de le traiter selon 6a nature , en lui laissant autant de li- berté qu'il est possible î sous ce point de vue , la société de la perdrix appri- voisée avec riiomme qui sait s'en faire obéir est du genre le plus intéressant et le plus noble ; elle n'est fondée , ni sur le besoin , ni sur l'intérêt , ni sur une douceur stupide, mais sur la sym- pathie, le goût réciproque, le choix volontaire; il faut même, pour bien réussir, qu'elle soit absolument volon- taire et libre : la perdrix ne s'attache à l'homme , ne se soumet à ses volon- tés, qu'autant que l'homme lui laisse perpétuellement le pouvoir de le quit- ter 5 et, lorsqu'on veut lui imposer une loi trop dure , une contrainte au-delà de ce qu'exige toute société , en un mot, lorsqu'on veut la réduire à l'es- clavage domestique , son naturel si doux se révolte , et le regret profond .V ;i 111 ' • J D U T É T R A S. i ' ' 297 de sa liberté perdue étouffe en elle les plus forts penchans de la nature; celui de se conserver, on fa vue souvent se tourmenter dans sa prison jusqu'à se casser la tête et mourir ; celui de se reproduire, elle y montre une répu- gnatice invincible ; et si quelquefois on la vit cédant à l'ardeur du tempéra- ment et à fintlueuce de la saison , s'ac- coupler et pondre en cage, jamais on ne fa vue s'occuper efficacement , dans la volière la plus commode et la plus spacieuse , à perpétuer une race es- clave. , .,/... i LA PERDRIX ROUGÇ- BLANCHE. Dans la race de la perdrix rouge, la blancheur du plumage est comme dans la race de la perdrix grise , un effet accidentel de^ quelque cause particu- lière , et qui prouve l'analogie des deux races : celle blancheur n'est cependant point universelle, car la tête conserve ordinairement sa couleur; le bèc et les \i 2^8 HISTOIRE NATURELLE pieds restent rouges ; et , comme d'ail- leurs on la trouve ordinairement' avec les perdrix roiigeâ , on est fondé à Ja regarder conrme une variété indivi- duelle de ceue race de perdrix. '- - \ • . . { ^_ * . ' * 1 1 * ■ i * i ■ . , j ,, t , LE FICANGOLIN. t ï { Ce nom de francoHii e6t encore im de ceux qui ont été appli(!jué à de» oiseaux fort diffërens : nous avons déjà vu ci - dessus' qu^il avoit été donné k l'atiagas; et il paroit, par un passage de Gesner, que l'oiseau connu à Venise sous le nom àefrancolin est une espèce de gérinotle (hazel-Jiuhn), Le francolin de INapies est plus gros qu'une poule ordinaire; et, à vrai dire, ^ la longueur die ^s pieds, de son bêc et de son cou , ne permet point d'en faire ni une gelinotte , ni un francolin. Tout ce qu'on dit du francolin de Ferrare , c'est qu'il a les pieds rouges et vit de poissons : l'oiseau du Spitz- )Vf"-' DU TÉTEAS. ^99 à'ail- 'avec >à la idivi- . ' If. "■ ■'.' ' ' N. are im à des isdéjà Bgede sesous èce de isgros idire,, elde faire ni ilin de rouges ISpitz- berg , auquel on a donné le nom de francolin , s'appelle aussi coureur de ri^ vnge, parce quil ne s'éloigne jamais beaucoup de la c6te où il trouve la nourriture qui lui convient ; savoir , des vers gris et des chevrettes ; mais il n'est pas plus gros qu'une alouette. Le francolin dont Olina donne la descrip* tion et la figure est celui dont il s'agit ici; celui de M. Edwards en diffère eu quelques points, et paroit être e^i^te- ment le même oiseau que ie francolin de M. de Tournefort , qui se. rapproche aussi de celui de EenrarCjen ce qu'il se plaît sur les cotes de la mer et dans les lieux marécageux. X -M i'. ^tifin le nôtre paroit différer de ces trois derniers , et ménae de celui de M. Brisson , soit par la couleur du plu- mage , et même du bec , soit par les dinoiensions-et le port de la queue , qui estplus longuedans la figure de M. Bris ^■ son, plus épanouie dans la nôtre, et tombante dans celles de M. {klwards Mi / / \^ I s? 1 1 'Il M^Èmmmm :i 000 HISTOIRE NATUREL I S et d'Olina; mais, malgré cela, jecix)i9 que le fiaiicoliu d'Olina , celui de M. de Tournefort , celui d'Edwards, celui de M. Brissôn et le mien , sont tous de la même espèce, attendu qu'ils ont beau- coup de choses communes , et que les petites différences qu'on a observées entre eux ne sont pas assez caractéri- sées pour constituer des espèces diver- ses, et peuvent d'ailleurs être relatives à l'âge , au sexe , au climat, ou à d'au- tres causes particulières. Il est certain que le francolih a beau- coup de rapports avec la perdrix 5 et c'est ce qui a porté Olina , Linnaeus et Brisson à les ranger parmi les perdrix» Four moi , après avoir examiné de près et comparé ces deux sortes d'oiseaux , j'ai cru avoir observé entre eux assez de différences pour les séparer ; en effet, le francolin difiere des perdrix , non- seulement par les couleurs du plumage , par la forme totale , par le port de la queue et par son cri , mais encore parce ;4j!;?««r^^ v»!!.*.^.- Ér*-"^"**W.-'- i DU TÉTRAS. 3oi qu'il a un éperon à chaque jambe; tau- dis que la perdrix mâle n'a qu'un tuber- cule calleux au lieu d'(5peron. Le francoliu est aussi beaucoup moins répandu que la perdrix : il pa- roît qu'il ne peut guère subsister qtio dans les pays chauds; l'Espagne, l'Italie et Ja Sicile, sont presque les seuls pays de l'Europe où il se trouve; on en voit aussi à Rhodes, dans l'île de Chypre, à Samos, dans la Barbarie, et sur-tout aux environs de Tunis , en Egypte , sur les côtes d'Asie et à Bengale. Dans tous ces pays on trouve des francolins et des perdrix , qui ont cliacun leurs noms distincts et leur espèce séparée. La rareté de ces oiseaux en Europe, jointe au bon goût de leur chair, ont donné lieu aux défenses rigoureuses qui ont été faites en plusieurs pays de les tuer; et de là on prétend qu'ils ont eu le nom àe francolin , comme jouis- sant d'une sorte de franchise sous la sauve-^arde de ces défenses. 1 ) Oiseaux, XI. SiQ à ■f !^ ( \ > ^ V I I > i I. \ .% O02 HISTOIRE NATURELLE - On sait peu de chose de cet oiseau au-delà de ce que montre la figure : son plumage est fort beau ^ il a un col- lier très remarquable de couleur oran- gée ; sa grosseur surpasse un peu celle de la perdrix grise : la femelle est un peu plus petite que le mâle, et les cou- leurs de sou plumage sont plus foibles et moins variées. Ces oiseaux vivent de grains : on peut les élever dans des volières; mais il faut avoir l'atleiilion de leur donner à chacun une petite loge où ils puis- sent se tapir et se cacher, et de répau- {dre dans la volière du sable et quel- r* Itid l OIO HISTOIRE NATURELLE tent de la base du bec , et se prolongent sur les côtés de iv. tête; ces bandes sont alternativement de couleur claire et rembrunie. IV. LA PERDRIX de la Nouifell&.Anghterre . Je mets cet oiseau d'Amérirjiîc et les suivans à la suite des perdrix , non que je les regarde comme dé véritables perdrix , mais tout au plus comme leurs représentans , parce que ce sont ceux des oiseaux du Nouveau - Monde qui ont le plus de rapport avec les perdrix, lesquelles certainement n'ont pas l'aile assez forte ni le vol assez élevé pour avoir pu traverser les mers qui sépa- rent le vieux continent du nouveau, ' L'oiseau dont il s'agit ici est plus petit que la perdrix grise ; il a l'iris jaune , le bec noir , la gorge blanche , et deux bandes de la même couleur qui vont de la base du bec jusque derrière *,i^srîr»vJc^î*^- ■■,..*-<_;y . .'»;.*w.^« m.é:». 1 DU TETRAS. on la léte en passant sur les yeux; il a aussi quelques taches blanches au haut du cou : le dessous du corps est jaunâ- tre rayé de noir, et le dessus d'un brun tirant au roux, à -peu -près comme dans la perdrix rouge, mais bigarré de roir : cet oiseau a la queue courte cumme toutes les perdrix ; il se trouve non-seulement dans la Nouvelle-An- gleterre , mais encore à la Jamaïque , quoique ces deux climats soient difFé- rens. M. Albin en a nourri assez long- temps avec du blé et du chenevis. FIN DU TOME ONZIEME. )■■•;" ..:1 DK L'IMPRIMERIE DE GUILLEMIÎs ET. -^:'4 :',,;>^"--...^:^-ï^^3^:%