CIHM Microfiche Séries (Monographs)

ICMH

Collection de microfiches (monographies)

Canadian Institute for Historical Microreproductions / institut canadien de microreproductions historiques

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Technical and Bibliographie Notes / Notes techniques et bibliographiques

The Institute has attempted to obtain the best original copy available for filming. Features of this copy which may be bibliographically unique, which may aller any of the images in the reproduction, or which may significantly change the usual method of filming are checked below.

Coloured covers / Couverture de couleur

Covers damaged / Couverture endommagée

Covers restored and/or laminated / Couverture restaurée et/ou pelliculée

I Cover title missing / Le titre de couverture manque

I j Coloured maps / Cartes géographiques en couleur

Coloured ink (i.e. other tfian blue or black) / Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire)

Coloured plates and/or illustrations / Planches et/ou illustrations en couleur

Bound with other material / Relié avec d'autres documents

Only édition available / Seule édition disponible

Tight binding may cause shadows or distortion along interior margin / La reliure serrée peut causer de l'ombre ou de la distorsion le long de la marge intérieure.

Blank leaves added during restoratlons may appear within the text. Whenever possible, thèse hâve been omitted from filming / Il se peut que certaines pages blanches ajoutées lors d'une restauration apparaissent dans le texte, mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont pas été filmées.

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L'Institut a microfilmé le meilleur exemplaire qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails de cet exem- plaire qui sont peut-être uniques du point de vue bibli- ographique, qui peuvent modifier um image reproduite, ou qui peuvent exiger une modification dans la métho- de normale de filmage sont indiqués ci-dessous.

I Coloured pages / Pages de couleur

[^_| Pages damaged / Pages endommagées

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Pages restored and/or laminated / Pages restaurées et/ou pelliculées

0 Pages discoloured, stained or foxed / Pages décolorées, tachetées ou piquées

I [ Pages detached / Pages détachées

|y^| Showthrough / Transparence

Quality of print varies / Qualité inégale de l'impression

Includes supplementary material / Comprend du matériel supplémentaire

Pages wholly or partially obscured by errata slips, tissues, etc., hâve been refilmed to ensure the best possible image / Les pages totalement ou partiellement obscurcies par un feuillet d'errata, une pelure, etc., ont été filmées à nouveau de façon à obtenir la meilleure image possible.

Opposing pages with varying colouration or discolourations are filmed twice to ensure the best possible image / Les pages s'opposant ayant des colorations variables ou des décolorations sont filmées deux fois afin d'obtenir la meilleure image possible.

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Additional comments / Commentaires supplémentaires:

La moitié de la page couverture est manquante.

This item is filmed at the réduction ratio checked below /

Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous.

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Tha copv filmad h«r« has ba«n raproducad thanks to tha ganaroaity of:

National Library of Canada

L'axamplaira filmé fut raproduit gràca A la générosité da:

Bibliothèque nationale du Canada

Tha imagas appaaring hara ara tha bast quality poMibla considaring tha condition and lagibility of tha original copy and in itaaping with tha filming contract spacificationa.

Lat imagas suivantas ont été raproduitas avac la plus grand soin, compta tanu da la condition at da la nattaté da l'axamplaira filmé, at an conformité avac las conditions du contrat da filmaga.

Original copias in printad papar covars ara flimad baginning with tha front covar and anding on tha last paga with a printad or illuatratad impraa- sion, or tha back covar whan appropriata. AH othar original copias ara fiimad baginning on tha first paga with a printad or illuatratad impraa- sion, and anding on tha last paga with a printad or illuatratad imprassion.

Las axamplairas originaux dont la couvartura an papiar aat impriméa sont filmés an commançant par la pramiar plat at nn tarminant soit par la darniéra paga qui comporta una amprainta d'impraasion ou d'illustration, soit par la sacond plet, salon la cas. Tous las autras axamplairas originaux sont filmés an commançant par la pramiéra paga qui comporta una ampraintb d'impraasion ou d'illustration at an tarminani par la darniéra paga qui comporta una talla amprainta.

Tha last racordad frama on aach microficha shall contain tha symbol «^^ (maaning "CON- TINUED"), or tha symbol V Imaaning "END"), whichavrr applias.

Un daa symbolas suivants apparaîtra sur la darniéra imaga da chaqua microficha. salon la cas: la symbola ^^^ signifia "A SUIVRE", la symboia signifia "FIN".

Mapa, platas, charts. atc, may ba filmad at diffarant raduction ratios. Thosa too larga to ba antiraiy includad in ona axpoaura ara filmad baginning in tha uppar laft hand cornar. laft to right and top to bortom, as many f ramas as raquirad. Tha following diagrams illustrata tha mathod:

Las cartaa. planchas, tablaaux, atc. pauvant être filmés é das taux da réduction différents. Lorsqua la document ast trop grand pour âtra raproduit an un saul cliché, il ast filmé à partir da l'angla supérieur gauche, de gauche à droite. et da haut an bas. an prenant le nombre d'imagaa néceasaira. Las diagrammes suivants illustrent la méthode.

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LES AVENTURES

A-V t -/v>-i<L<y

EXTRAORDINAIRES

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DEUX CANAYENS

Charivari Littéraire Cl ocientirique

Titolne Pelquier.

Baptiste Courtemanche. (Tous droits réservés.)

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I-ipri«erie A.-P. PiMonTLÏiûree, Mo.tréal. P.y

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CopyrighteG at the Ministery of Agriculture, Ottawa. Copyrighted in 1918 by Jules Jehin, at Washington In- ternational Copyright Seeured.

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Les Aventures Ei^traordinaires de Deux Canayens

Par JULES JEHIN

COMMENT TITOINK PELQllKR C'HKRCHANT INK SITIA- TION SOCIALK FIT LA UENCONTllK INATTENDIE DE ^OX VIEIL AMI HAI'TISTE COIRTEMAN'CHE.

C'est tout (le niêni*' une singulière chose que l'existence se disait TItoine Pelquier (Antoine Pelletier) en mettant les pieds sur le débarcadère du "Grand Central Terminal Station" à New- York.

II promena tout tlabord un regard circulaire autour de lui, considéra la foule énorme qui l'environnait de toutes p^irts, et se laissant pousser par la cohue il parvint à une des portes don- nant sur la quarante-deuxième rue.

Une fois sur le trottoir 11 jeta un oeil indécis sur ce < tii !>n- tourait, puis ne put s'empêcher d'admirer les flots de lumlpres étincelantes s'échappant des enseignes électriques, il con; uléf» avec un Intérêt mitigé de terreur le va-et-vient des auton.ohile*. et des tramways et se demanda comment il allait sortir tU- rp tumulte.

"Tout cela c'est bien beau, se disalt-il, c'est comne on di- rait en grand ce que l'on voit sur le boulevard St-Laurent. Mai^^ U va m" falloir trouver un hôtel. Je me suis laissé dire qu'cà Npw York il y en avait poar tous les goûts. Cependant II ne faut pas que j'oublie que ma bourse n'est pas ill'mitée, que mes écono- mies, quoique grassouiUettes, ne peuvent durer éternellement, et il me faut songer aux jours futurs."

Si. souvenant des conseils d'un ami qui, lui, avait vécu à New York, U avisa un agent de police et dans un anglais oui eût fait frémir un linguiste même indulgent, U lui demanda ce qu'il désirait.

Le policeman y mettant beaucoup de bonne volonté finit

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par coiuprondre et lui indiqua un hôtel «itué troisième avenue, non loin de la station du clieinin «'.' fer élevé.

Tifoln»' se rendît «ans encoiiibre à l'endroit indiqué et re- tint (iuiLH un hôtel du trente-sixième ordre une chambre eonve- nable à raison d'un dollar par Jour ou six en la prenant à la se- maine.

Notre ami paya un»' semaine d'avance, donna son billet de bagage au bureau de l'hô'el pour qu'on fit venir sa malle, puis sentant la faim aiguillonner son estomac, il s'eii fut dans un restaurant «les environs il se fit servir à dîner.

Lesté, mais très fatigué, il remit toute idée de promenade pour le lendemain, et s'en revint tout simplement à l'hôtel il se coucha et s'endormit du sommeil du juste.

Titoine Pelquier, ou plutôt le docteur Antoine Pelletier, pou- vait avoir de trente à trente-cinq ans, de taille moyenne, assez bien découpé, il était très brun avec une barbe taillée à la fran- çaise, une chevelure abondante qu'il rejetait artistiquement en arrière. Il possédait de grands yeux noirs qui ne manquaient pas d'une certaine expression.

Pelquier pardonnez-moi cette dénomination toute ter- roire venait directement de Montréal, depuis plusieurs an- nées Il exerçait la profession de chirurgien dentiste dans le quar- tier de Ste-Cunégonde.

Au bonheur d'extraire incisives et molaires, Titoine unis- sait les déli» ^ incontestables d'être le légitime époux de la gente Madcme Pelletier, née Philomène Tranchemontagne, de Shawinigan.

Notre ami n'était pas ce qu'il serait convenu d'appeler un mauvais "gas", il n'était pas joueur, avait, il est vrai, un petit faible pour la pipe et . . . son mélange de tabac rouge et de ques- nel, était connu de ses amis eux aussi amateurs de vrais ta- bacs canadiens de la Pointe St-Charles à St-Henri des Tan- neries. Il ne crachait pas dans le "petit blanc", mais comme il en fallait gros pour le "mettre en brosse", on n'y faisait pas trop attention.

Cependant, et cela comme pour justifier le proverbe qui dit : "Le bonheur parfait n'existe pas en ce monde", Titoine Pelquier. quoique tout semblait bien marcher pour lui, la clientèle était bonne et en plus il venait d'hériter d'une tante de Trois-Rivières, découvrit un jour (cela, hélas! arrive dans les meilleures famil- les) qu'il existait une pierre d'échoppement pour son bonheur et cela lorsque, oh! ironie du sort! Il eut la certitude que sa dou-

<p ^'•poijHP (ru'o Phlloniôiu' TratuheinoiUapno .!r Shawinij.an) ni- Bo contt^ntait pas dp l.> ( ril.l.-r de detto8 i.,ais aussi oriunien ti... son craru' «!•• Ja plus phi-r.nnu'-nalo paire de nés o ;*on puisse souhaiter à un i arf, celui-ci fût-il ni.'-iiH' de «>'orn ■.)■..•.

f'hiloniiiii' TrancheuionlaKiio

Or. Titoine, de sa nature, n'aimait pas les dettes, il savai' qu'il existe des moyens pour parer à cet inconvénient, mais ce qui Je chatouilla fort désagréablement fut la question des cor- nes. Après avoir bien réfléchi, pesé et repesé les moindres dé- tails de la situation, il décida de mettre entre lui et sa suave moi- tié (née Philomène Tranchemontagne de Shavvinigan) la ligne 45lème. 11 se rend donc chez son notaire, liquida en sourdine son capital et pre. t un bon pair le train, il partit à la recher- che de la liberté et ..u bonheur.

Voici donc en quelques mots par quelle suite do circons- tances nous trouvons Titoine Pelquier à New- York.

Le lendemain du jour commence notre récit, Titoine, re- posé, après avoir déjeuné, l'esprit libre, le coeur plein des plun hautes aspirations, se rendit à la giire du "C.rand Central", non pas dans l'intention de s'informer de l'heure des trains en par- tance pour Montréal, mais simplement pour y acheter un jour- nal et s'asseoir confortablement dans la salle d'attente et lire tout à son aise dans les journaux du matin les colonnes des "Help Wanted".

Après avoir lu et relu ce qui l'intéressait, il s'arrêta à une annonce, tira un guide de New-York qu'il avait avec lui et après l'avoir con' ilté il se dit à demi-voix:

"Diable, c'est rudement loin la Place de la Batterie, c'est presqu'aussi quasiment loin que d'aller du Mile-End au Sault- au-Récollet."

Ces paroles, que ce adant il avait prononcées fort bas, ne

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le furent pas assez pour ne pas être entendues d'un individu qui semblait sommeiller sur le même banc. Cet individu se leva, se frotta les yeux, et ae tournant vers Pelquier il s'écria :

"Est-ce vous, monsieur, qui venez de prononcer le nom béni de ma paroisse natale''"

Pelquier, des plus étonné de s'entendre interpeller en fran- çais par un inconnu, se retourna et lui répondit:

"Veuillez vous expliquer!

"Ai-je rêvé, mais il me semble que vous avez parlé du Sault- au-RécoUet?" dit l'étranger.

"C'est bien possible que j'ai proitioncé le nom du Sault-au- Récollet, je connais bien cette place-là.

"Alors, dit l'individu, si vous connaissez le Sault-au-Récol- let, vous venez de Montréal, vous êtes un Canayen, ou que le Cric-me-Croque, comme disait mon ami Alphonse Christin.

"Cette histoire, dit notre ami, en se rengorgeant, si je suis canayen, j'vous cré, pour vouh «servir. Je suis le docteur Antoine Pelletier de Ste-Cunégonde.

"C'est pas à croire, dit l'inconnu dont les yeux se rempli- rent de larmes. Titoine Pelquier, c'est-y Dieu vrai! Et lui pre- nant les mains il les serra à les broyer.

Titoine dégagea sa main en faisant une grimace. "Je vous jure, monsieur, dit-il, que c'est bien le nom qui m'a été donné au baptême de mon défunt père.

"Alors, dites-moi, fit l'inconnu d'une voix de plus en plus émue, n'auriez-vous pas fait vos études au collège de l'Assomp- tion?

"En effet, répondit Pelquier, j'y étais dans la classe de M. Latulippe.

Et tu ne me reconnais pas?

'Et tu ne me reconnais pas, ingrat, fit l'inconnu, moi. ton ancien condisciple, celui qui t'aidait à faire tes versions grec- ques lorsque nous étions en rhétorique.

"Je vous avoue en toute sincérité que je ne me remets pas Totre physionomie, dit Titoine de plus en plus intrigué.

"Ohî les hommes, chefs-d'oeuvre d'ingratitude, dit l'incon- nu en faisant un geste magistral, regarde-moi bien en face, Ti- toine Pelquier, et ose dire que tu ne reconnais pas ton vieux ca- marade, Baptiste Courtemanche.

"Pas possible, s'écria Pelquier, en lui serrant la main, vrai, là, mon pauvre ami, t'es légèrement changé, car il faut dire qu'il y a quelque chose comme vingt ans que nous nous sommes vus.

"Ceci est \Tai. dit Baptiste en soupirant, nous avons sensi- blement vieUIi l'un et l'autre, en vingt ans, vois-tu, bien des cho- ses changent. Alors, tu es devenu docteur et tu restes à New- York?

"Je suis nouvellement arrivé ici, dit Pelquier, depuis hier. Je suis docteur, c'est-à-dire, en chirurgie dentaire.

"Tu es dentiste, pas mal, tu voyages, c'est beau, es-tu ma- rié? demanda Baptiste.

"Hélas! soupira Titoine.

"Je comprends, dit Baptiste Courtemanche en devenant sé- rieux à son tour, tu as peut-être pincé un mauvais numéro à la grande loterie du mariage, tu es dans le cas de ce pêcheur qui croyait pêcher un maskinongé et qui attrape une barbotte. C'est parfois dur, mon pauvre vieux, mais il faut en prendre son parti.

"C'est ce que je suis en train de faire, répondit Titoine, mais assez parié de moi, dis-moi ce que tu as fait depuis notre sortie du collège?

"Voici, dit Courtemanche:

"Je me suis rendu à Montréal, j'étudiais le génie civil à l'Ecole Polytechnique. Au bout de quatre ans, j'obtenais mes di- plômes et me lançais dans la vie active. Un diplôme, vois-tu, c'est très beau à faire encadrer et à accrocher au mur, mais au point de vue pratique ce n'est encore que le premier pas vers l'Inconnu. C'est souvent un diplôme d'illusions dont le réveU est l'acheminement verb la réalité. Comme bien des jeunes, je crus que le fait d'avoir passé mes examens c'était la porte du succès qui était devant moi toute grande ouverte. Hélas! lorsque je fus livré à moi-même, je m'aperçus que j'étais bien peu de chose et que j'avais, avant de connaître ce qu'il faut réellement savoir, beaucoup à travailler.

A force de ténacité, j'obtins quelques travaux d'arpentage, puis quelques amis influents me procurèrent un emploi dans une compagnie minière. Je fis alors assez d'argent pour pouvoir en- fin réaliser mon ambition, c'est-à-dire, je pus partir pour les Etats-Unis et de je m'en fus en Europe j'obtenais succes- sivement mes diplôme? de docteur en sciences chimiques et d'ex- pert ingénieur électricien.

"Superbe! s'écria Pelquier, et avec cela tu as enfin réussi!

"Superbement, fit Baptiste en faisant un geste à la Don Cé- sar de Bazan et jetant un regard sur ses habits délabrés. Je n'en ai peut-être pas l'air, mais le hasard secondant mes recherches a placé en mes mains les moyens d'arriver à une fortune fan- tastique.

"Ah! bah! fit Titoine stupéfait.

"Il en est pourtant ainsi, cher ami, oui, d'une fortune qm saura me placer aussi haut que l'ambition d'un homme peut pré- tendre, continua Baptiste Courtemanche.

Et voyant que la physionomie de son ami avait des airs de

doutes:

"Tu vois mon apparence, continua l'ingénieur, mes vête- ments délabrés, rien n'est pour appuyer mes dires et cepen- dant cette fortune je n'ai qu'à tendre la main pour la saisir.

"Qui t'en empêche ? dit Pelquier.

"Le le\ier indispensable à la réalisation de toutes les oeu- vres humaines.

"Il te faut un levier? Voyons, conte-moi cela, dit Pelquier.

"Alors viens, dit l'ingénieur en prenant le bras de son ami,

je vais te dire tout.

Et les deux amis, bras dessus bras dessous, sortirent de la gare et se dirigèrent vers la Sixième Avenue.

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COMME QUOI BAPTISTE COURTEMANCHE ETAIT PEUT- ETRE PLUS RICHE QU'IL N'EN AVAIT L'AIR.

Nos deux amis, bras dessus bras dessous, avaient donc quit- té la gare du Grand Central et remontaient tranquillement la 42ième Rue en causant, Courtemanche conduisant son ancien condisciple vers la Sixième Avenue.

Pelquier admirait les monuments, la Bibhothèque Munici- pale. l'Eolian Hall et les superbes magasins qui se trouvaient sur leur passage. L'époux de Philomène Tranchemontagne (de

Shawinigan) ne se lassait de contempler toutes ces merveilles avec un provincial ébahissement.

"New-York, disait-il à Baptiste, c'est tout de même ce qu'il est convenu d'appeler une grosse paroisse. Les bâtisses y sont d'une hauteur à vous donner Ir vertige, leur construction ne manque pas d'une certaine originalité et de grandeur, et si les Américains continuent, on ne sait ils s'arrêteront, et on fré- mit en songeant aux cités fabuleuses qu'habiteront nos arrières- petits neveux. Vois ces automobiles qui sillonnent en tous sens les avenues et les rues. Les voitures à chevaux deviennent de plus en plus rares, et si cela continue, nos fiers coursiers ne se verront plus que comme curiosités dans les jardins zoologiques.

"C'est le progrès, mon cher ami, dit Baptiste en souriant, et nous sommes encore qu'à la genèse du grand bouleversement scientifique qui va bouleverser le monde. La guerre actuelle au- ra été la source d'un grand nombre de découvertes et de perfec- tionnements qui n'auraient sans elle jamais vu le jour ou du moins n'auraient été étudiés et mis en pratique qu'à une époque beaucoup plus tardive. Vois ce qui se passe en ce moment dans la vieille Europe, tout est mis en mouvement pour perpétrer le crime, assouvir les passions destructives les plus subtiles, em- ployer la science pour accomplie la destruction et faire servir le mot civilisation comme camouflage de la haine et de l'hypocri- sie. Rien n'a été négligé, l'éther, le sol et les ondes. L'homme aujourd'hui ne se contente plus de s'entregorger sur la terre, mais comme des taupes se fraient des voies souterraines pour

Tout ce que tu me dis-là c'est pas 'battable".

mieux frapper leurs victimes. Le ciel est sillonné d'aéroplanes et de zeppelins qui planent dans les airs, vont scruter les posi-

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tions ennemies et porter la mort. L'océan est envahi par des sous-marins qui traîtreusement ne se contentent pas de couler les navires de guerre, mais frappent aveuglément ceux portant les femmes, les enfants et les pauvres blessés, ceci en se servant du mot "Kultur" pour cacher celui de férocité.

i elquler écoutait toutes ces belles paroles d'une oreille dis- traite et lorsqu'ils furent arrivés au niveau de la vingt-huitième rue il dit à son ami:

"Tout ce que tu me dis c'est pas "battable". mais je n'en commence pas moins à sentir mon estomac qui me dit que l'heu- re du "lunch" ne doit pas être éloignée.

Courtemanche qui lui aussi avait faim, conduisit son ami dans un restaurant français tous deux s'apprêtèrent à faire honneur au repas.

"Alors, fit Pelquier en attaquant une excellente côtelette aux petits pois, tu me disais donc que tu n'avais qu'à tendre la main pour saisir cette bonne dame Fortune.

"n en est pourtant ainsi, répondit Baptiste, et je désire te convaincre par d'autres arguments que de vaines paroles, mais par des documents et des chiffres.

"Diable, fit Pelquier, cela devient sérieux.

"D'autant plus, continua Courtemanche, que ces chiffres et documents sont à même de convaincre les plus incrédules.

"Et ces documents, tu les as avec toi? demanda Pelquier.

"Non, je les ai chez moi, dit Baptiste. Nous irons tantôt les chercher et je te les lirai ce soir à tête reposée.

"En attendant, fit Titoine, dis-moi un mot de tes voyages en Europe, surtout sur ton séjour à Paris, ville que j'ai toujours rêvé de visiter.

"Paris, mon cher ami, dit Baptiste Courtemanche, voici la ville par excellence que tout homme intelligent doit connaître. C'est le centre incomparable dans lequel se concentrent toutes les grandeurs de la pensée humaine et comme disait si bien no- tre grand poète Louis Fréchette:

Paris, ce boulevard de dix siècles de gloire. Orgueil et désespoir des rois et des césars, Foyer de la science et temple des beaux-art Folle comme Babel, sainte comme Solimf .

Oui, mon vieux, dans cette ville-là, vois-tu, il y en a pour tous les goûts. Veux-tu travailler la musique, la peinture, la lit- térature, tu y trouves tout ce qu3 tu peux désirer. As-tu des vel-

Il

léités pour les sciences, tu y sera chez toi. Désires-tu devenir un Esculape artiste du bistouri ou au stétoscope. tu .^ saura"

des, et non seulement au point de vue théorique, ma', à celui de

enralors';:"'"'; T""'^" '^''^ ""^ "««'^^^ ' - s dt We to, ? P.r "" '' ' '" "' "'^"^''•^^ """« P^»-' ^*«» de sembla- ew " ''• P^' d'hyPO<^risie. pas de ces écrans qui ca-

chent le Vice. ma.s le plein jour que les esprits francs et ou- verts ne craignent pas. «■= ei ou

que ZZi^t '"'''f^'' ''^"' '•' ^^^^"'^^' "^^•«- d*«-"^oi. lors- que tu étais la, y as-tu rencontré beaucoup de Canayens?

J te cre , cit Baptiste, et des quantités, mais il ne faut nas croire que tous ceux qui vont y sont que pour s'amuser ^

t^viri^f "/h ', '°'^^P"" '^"^'^^ '' -PP-^- à leirs con^

ance au n^" '' '"'' ''"'^' ^' '^^ '^''^ ^^"^«^'^'- ^^^ connais- sances qu ils y ont acquises.

"Et au nombre de ceux que tu as vus là-bas. y avait-il d'as- sez intéressants? demanda Pelquier. <^ •« « *s

^ "Pour ça, oui, même certains d'entre eux m'ont vivement amuses, mais j en ai rencontré un surtout qui valait son pesant dor. un drôle de coco, bon garçon, naïf au possible et dont tu vas prendre d'autant plus d'intérêt qu'il jouera, je n'en doute pas,^un assez grand rôle dans les projets d'avenir dont je t'ai

Pel uier ^"'^^'^"■" ^^ ^' Particulier, ce brave homme? demanda

"Particulier! dit Courtemanche en éclatant de rire, écoute et tu vas juger par toi-même. (•)

"J'habitais à cette épciue un hôtel de famille situé au No 49 de la rue Bonaparte et s'appelant l'J .oi st-Georgos Ce n'é- ta t certes pas l'Hôtel Continental ni f «and Hôtel, mais plu- tôt une hôtellerie de famille l'on trouvait bon gîte et bonne table. Lon y rencontrait beaucoup d'étudiants à l'aise et à cette époque était très fréquentée par les Canadiens-français

"Un matin que je revenais d'une promenade matinale dans les Jardins du Luxembourg, mon attention fut attirée ceci en face de mon hôtel - par un individu qui s'était posé comme un piquet juste au coin de la rue Bonaparte et de la rue du Four

"Cet individu avait une apparence si cocasse que je ne pus m empêcher de l'observer. Figures-toi un bonhomme petit- ven-

» Celte histoire, sauf les noms, est absolument authentique.

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tru, court sur jambes, une figure patibulaire avec un nez en trompette, des yeux en trous de vrille et la lèvre supérieure sur- montée d'une moustache rousse eu broussaiUes.

"Comme vêtements, un complet jaune foncé quadnllé de rouge, des pantalons venant un peu plus haut que les chevilles, un melon à rebord plat et d'une couleur indescriptible était posé sur sa tête; il portait à la main un parapluie roux, jadis noir, terminé par un pommeau en tête de canard.

"Voici un modèle, pensai-je, que "i mon ami Suzor Côté voyait, il brûlerait de l'envie de l'esquisser.

"Que diable, qu'est-ce? D'où vient-il? Que cherche-t-il*' In- trigué je m'approchais de lui et lui demandais:

"Monsieur, cherchez-vous quelque chose?

"Il me considéra pendant quelques secondes, puis proba- blement rassuré par mon sourire engageant il me demanda:

"C'est-y loin d'icitte éiousque se trouve l'Hôtel St-Georges?

Stupéfait, je reculais surpris et lui dis :

"Vous êtes canayen, vous?

"Comment que vous voyez ça? me demanda-t-il étonné.

"C'est pas tant que ça se voit, lui dis-je. mais ça s'entend.

C'est-y loin d'icitte éiousque se trouve l'Hôtt'l St-Geor^ps?

"C'est pas créyable, me dit-il, mais vrai, là, vous avez la de- vinette bien placée.

"Alors vous cherchez l'Hôtel St-Georges? lui demandal-je.

"C'est ben de mêoie, me répondit-il.

"Alors, venez avec moi, lui dis-je, c'est justement que j'habite.

"Si vous demeurez là, fit-il, vous connaissez peut-être l'hom- me que je veux voir, un Canayen lui itou, qui répond au nom de Baptiste Courtemanche.

13

«"'î? T?°°"°^ P^'" D"^^>' dit-U. j'arrive de Montréal et ce maUn m étant rendu au Bureau Canadien on m'a donné vo- tre adresse comm« étant celui le plus à même de me faire visiter Jrans.

"En voUà une bonne, pensai-je, baUader ce brave homme à travers Paris ceci n'est pas exactement une sinécure, ils en ont des drôles d idées au bureau canadien, enfin, exécutons-nous'

Enchanté de vous connaître. M. Duval, veuiUez me suivre je vais vous conduire à ma chambre.

"Le bonhomme s'instalia dans la meUleure chaise que Ma- dame Lenflé. la propriétaire, avait mise à ma disposition et com- mença son récit.

III

UN VOYAGEUR PEU ORDINAIRE.

"Comme je viens d'avoir l'honneur de vous le dire me dit puval, je ne suis à Paris que depuis quelques jours et très em- barrasse de me trouver dans une aussi grande viUe. ne sachant ou diriger mes pas et ne connaissant personne.

"Vous vous demandez sans doute comment U se fait que je sois rendu icitte et par queUe suite de circonstances je me suis décidé à laisser ma famiUe. mon intérieur, pour courir le monde

"Je vous dois, pour votre gouverne, quelques mots d'expU- cations.

"Comme j'ai eu l'honneur de vous le dire, je me nomme Phihas Duval, j'habite à Montréal le maison que j'ai fait bâUr non loin des anciens terrains des exhibitions", avenue Bloom- field, SI vous connaissez ça? De mon métier je fais dans la bâ- tisse (sic). J'suis "enteurpreneur".

"Je suis quelque part dans le Grand-Nord, près des Isles de Sorel. Mon père qui était fermier en service d un "gros habi- tant", m'envoya après que j'eusse fait ma première communion chez un de mes parents qui était lui-même fermier au service d un seigneur, non loin de Berthier. Après trois ans d'api.rentis- sage, mon père m'envoya aux Trois-Rivières chez un de mes cousins qui m'employa d'abord pour la brique puis ensuite qui me fit faire dans la pierre. Ah! Monsieur Courtemanche la pier- re c'est de l'or en barre. D'omTier je devins foreman, puis je fis a mon compte et je devins "enteurpreneur". C'est alors que j'é-

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pousals ma Délima qui me donna trolfi beaux enfants et je fis bâtir ma maison.

"Tout ceci est fort beau mais ne m'explique pas encore vo- tre voyage dans les vieux pays, lui dls-je.

"J'arrive au point, continua Duval. Un jour, le cousin de la cousine de la femme de journée de ma femme, qui était conduc- teur ''ur les p'tits chars, me donna un livre sur la vie de Napo- léon, l'empereur des Fran(;:iis, qui avait été publié en gravures par le journal "The Star".

"Publié en gravures, que voulez-vous dire? lui dis- je. "Quelque cho.-^ comme une espèce d'album représentant le grand empereur depuis son t 'ifance au collège jusqu'à sa mort sur l'Ile Ste-Hélène, qu'on est prié de ne pas confondre avec cel- le qui se trouve en face de Montréal.

"Donc, mon bon Monsieur Courtemanche, j'ai regardé cet album page par page avec le plus grand intérêt, et quoique je ne suis Bas un homme "instruite", ce dont vous vous êtes peut-être aperçu, Je me suis dit: Philias Duval, maintenant que t'as de l'ar- gent et que tu peux faire comme les vrais nonsieurs, t'es pas pour mourir avant d'aller voir la vieille mère-patrie et les en- droits "éiousqu'il" a vécu le grand Napoléon.

"Voyager, c'est "ben" simple, cela est vrai, pour un homme "d'inducation", mais pour un Canayen qui a passé la plus gran- de partie de sa vie à faire dans la pierre, c'est pas si commode, aussi je m'en suis allé trouver une de mes connaissances qui a fait son cours au CoUège de Ste-Thérèse, et je lui ai demandé ses avis. J'ai lu quelque part, lui dis-je, qu'il y avait des gens qui voyageaient incognito ou quelque chose de même, comment

faut-il faire? ,

Après m'avoir considéré, il me répondit:

"Mon vieux, voyage comme t'es!

"Vous voyez que j'ai suivi son conseil et me voici.

"Je considérais Philias Duval avec intérêt, poursuivit Bap- tiste Courtemanche, et je lui répondis:

"Monsieur Duval, vous avez agi en vrai patriote et en hom- me bien pensant, aussi quoique mon temps soit très limité, veuil- lez me dire en quoi je puis vous être utile. ^ ^

"Eh bien. Monsieur, dit Duval, j'aimerais que V^us me pUo- tiez un peu à travers la ville, car je vous avoue que je m'y sens complètement perdu,

"Ouf! pensais-je, comment vais- je faire pour me débarras-

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l'entir^S^J:'^^!^ crampon? Je ne pul« non plus l'évincer, c est un compatriote après tout, un Canayen comme mol.

«.., 1 "^"^ ^^'"' donnais une foule d'indications et de détails

doni«, r" '""' " "'"^'^ ''y P'''^"«'-« P°"r visiter Paris. Je lu^ donnais des notes, un plan de la viUe. et Je lui dis de venir ré^u

fes r^f . "' '"''' '■" ''^'' -"^barrasse, que je lui donnerais t^s les renseignements nécessaires, mais que pour le moment mes occupations ne me permettaient pas de l'aLomp.gnr

"Philias Duval fut bien un peu débappointé, mais il lui fal- lu faire contre mauvaise fortune bon coeur, et il me a si en m'assurant qu'il reviendrait sous peu.

ip nr,3" ^^^^' ""^"^ ^""'"^ P^"' *^'**^' '^ ^^av^ homme revenait et Je crus remarquer com.ne un nuage qui le fnublait.

"Eh bien, Monsieur Duval. êtes-vous satisfait de vos excur-

"Oui et non. fit-il en faisant une moue. Pour être une ctob-

f'^rf r T'r' '°"'^''** ""^ ^°^^« P'^-. ^«« <l«tance8^ont no, L^r, ' "°";""^«« "" P^" différentes de ceUes de chez nous, et les gens parfois singuliers.

"Ah! vous trouvez? lui dip-je. Voyons, contez-moi cela, ror,. ^^r ^^Z ^°"«-"^ê»^e. dit Philias en s'asseyant et bour- rant sa pipe. Figurez-vous qu'hier, fatigué, m ayant été prome- ner dans un parc qu'ils appeUent le Bols de Boulogne, j'étais en- tre dans une espèce de jardin planté d'arbres, situé au bout d'u

re ',p 'r?''^''^'r'""'' "' *»"'"« nomment, je me suis laissé di- re, les Champs Elysees ou quelque chose "de même". Faticué comme j a. eu l'honneur de vous le dire, je regardais autour de moi pour voir s'il n'y avait un banc ou quelque chose pour "mas- sire U y avait "ben" des bancs mais ils étaient tous occupés, ce voyant, j aperçus des chaises, il y en avait des "mas-ses" et chose singulière, il y en avait rien que quelques-unes d'occu- pées. Il parait, que je me dis, que les gens de "par icitte" aiment mieux de "s'assire" sur les bancs q\ie sur les chaises ^ je pris une des chaises, je m'assis dessus et m'appr-^tais à prendre ma pipe pour "tirer une touche", lorsqu'une grosse bonne fem- me vint à moi et me demanda deux cents.

cents?^"'' ""*"*'■ ^"^ ^^ ^"' ^'^' ^°"'"*ï"^' voulez-vous deux "Pour votre chaise, "qu'elle" me répond. "Comment pour "vot" chaise, vous ne me ferez pas "acre-

It

"Poui votr»' chal.su. "quelle" Die répond.

"L'honiine nie regarda comme

on fail |K)ur une bt'tt- en

rie' *e.

re" que par "Icltte" on doit payer dans les parcs pour "s'assire".

"C'est le règlement, qu'elle me dit.

"Le règlement? que je lui dis.

"Oui, le règlement, me dit-elle en me faisant signe de payer ou de m'en aUer. Je partis, vous comprenez, et je compris pour- quoi les gens "s'assisalent" sur les bancs plutô*. que sur les chai- ses, c'était pour rien débourser.

Dégoûté, Je continuai ma promenade et après avoir traversé un pont, je me trouvais sur un grand carré dans le fond duquel 11 y avait une grosse bâtisse au centre de laquelle je pus voir comme une espèce d'église.

"Je vais aller dans c'féglise-là, que" je me dis, si c'est com- me par "cheu" nous 11 y aura moyen de "s'assire" sans être in- commodé. J'avisais un policeman qui était justement et je lui demandais ce que c'était que cette bâtisse et l'église qui en fal-

sait le centre.

"L'homme me regarda comme on fait pour une bête curieu- se et me dit:

"Ce sont les Invalides, qu'U me répond, et dans le centre c'est la chapelle dans laquelle se trouve le tombeau de l'empe- reur Napoléon Premier.

"Vous avez dit Napoléon! m'écriais- je en bondissant, le

vrai, le grand, le. . .

"Oui, me dit le policeman, étonné lui-même de ma stupé- faction, lé tombeau d Napoléon 1er, Empereur des Français.

"Sans en écouter davantage, '- '^artis comme une flèche, vous n'y pensez pas, Monsieur ( lemanche, j'aUais entrer dans la chapelle "éiousque" se trouvait les restes de "Poléon", oui, l'homme pour qui J'avris traversé le péril des mers.

' "Cette chapelle. Monsieur, est merveUleusement bâtie en

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belle pierre et en marbre, et vous le savez, la plriiP i;a me con- naît. DanH le fond d'un «'nfonfenient «.'ntouré d'une 'bnlusire " se trouve "l'entrepophagc ' dans lequel ,se troiîN»' le corps du trrand capitaine. A cette \m' jt> nie suis senti «''niu .mon sang n'a fait qu'un tour, «t je pensais. . . repose ce qui fut gloire et gé- I .. N'ccoutant qut* le s«'iitini«'ni df j)alriotiqu»' j)i«'t»'' ([ui agitait mon àme, je magi'iiouillais îi "la baiustre" et après avoir fait un signe d»* croix jf fis une prière jiuiu- l'àmc du grand homme. J'étais plongé dans ma médilation lorsque je .sentis une mai:i s'appesantir sur mon épauh' et j entendis une voix qui me disait :

"Mon:iieur, vous êtes prié de circuler.

".Je restais stupéfait et me levant je i»< >is un regard sur cet individr qui n'était autre qu'un des gardie.i.s. !'eus lintention de protester, mais devant l'intensité de son regard je ne trouvais rien de mieux que de nie retirer. Otd, .Monsieur t'ourtemanche, je me r»'tirai.s en protestant, mais cela qu'en moi-même, car je ne voulais pas troubler le repos du héros d'Ausierlitz en élevant la voix.

"C'est fâcheux, lui dis-Je, mais sache, mon brave M. Duval, que le tombeau de Napoléon n'est pas une église ordinaire, et que la prière qu-- ^'on y fait doit rester mueUe dans le fond de la pensée. Pour ne pas vous fatiguer Inutilement dans vos pro- menades, prenez les omnibus et ainsi pour quelques sous vi)us pourrez aller dans les différents quartiers de la ville et en suivant le plan que je vous ai donné vous pourrez connaître les noms des principaux monuments.

"Vous avez raisor me dii Iluval, et dès demain mat m je vais mettre vos conseils en pratique.

"Et que fit-il? demanda Pelquier fort amusé.

"Tu vas voir, dit iîaptiste en rebourraïU sa l)ipe, viens avec moi et en nous dirigeant vers ma denienn> je te dirai la Pn de mon histoire.

Pelquier, après avoir payé la note du déjeuner, prit le bras de son ami et tous deux descendirent l;i Sixième Avenue.

IV

OU IL SERA QUESTION DE PHILIAS DUVAL EXPLORATEUR

1 'elquier et son ami Baptiste Courtemanche descen-

dirmr v, la Sixième Avenue et tournant la rue Christopher, noi, loin de l'endroit se trouve le "Jefferson Market". ils dé- bouchèrent au petit square Christopher. si toutefois ce "square"

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qui est triangulaire mérite ce nrm. Alors il» prirent place »ur un «les trois lianes, juste au-dessous de l'unique arbre qui onilirajçe ce lieu. Comme le square était désert, Us purent s'y Installer tout à leur aise, allumer leur boufl'aKle et continuer la couversutioii de la façon la plus paisible.

"Donc, continua Baptiste Courteniaiiclie, trois jours plus tard, il pouvak. être environ huit heures du soir, on frappa .' '.u porte, j illais ouvrir et à ma surprise J'aiierrus Phlha« nnvi.!. Non le Duval de l'autre jour, convenable mal^r»'■ sa tenue «'tri- quée, mais un Uuval si lamenfal>lement délabr»', sale, nn'con- naissable, qu'n! premier abord j'eus toutes les peines du monde à le reconnaître.

Il s'arrêta devant moi. un" main derrière le dos. l'autre en- tre deux boutons de son gilet, affectant une pose napoléonuien- ne. il me dit d'une voix grv .e

"Pour un Canayen vous êtes n-^s "créquien"!

Il avait l'uppareiu f d'un cliurlviiinit^r

"Je reculais stupéfait, il avait une mine telleiueîit décon- fite, ses mains et sa figure noirt. de fumée de charbon lui don- naient assez bien l'apparence d'un charbonnier et il ne présen- tait rien qui eut pu faire reconnaître l'entrepreneur.

"Oui, continua-t-il furieux, je vous remercie de vos, avis, de vod pians, tout ce que je vois c'est que vous avez voulu vous payer de ce qui me sert de tête.

"I ifin! mon cher M. Duval, dis-je stupéfait, que voulez- vous dire?

"Ce que j'veux dire, tout simp'ement que je les ai suivis vos "toryeux" de conseils, que vous avez failli me faire crever, que vous vous êtes moqué de moi en "pépère", et que c'est pas cor- rect "entoute" de la part d'un compatriote.

"Je ne vous comprends pas, dis-je. Veuillez m'expliquer ce qui vous est arrivé.

"îiimplonuMU que vous m'avez dit de motiter Hur les Imp»î- rlala des omnibus pour mieux voir la vill»\ Arrivé pn-a "d'icltte" à la gare MontparuuHse, Jui demaml»' ù un gamin (((li m'a dit de prendre le chemin dn fer 0 (f'Inture et qu«' de c»'ttt' façon en montant sur l'hnpt'rial Je ferais le tour dt> la ville.

•Je Ki'ii'ipais don< sur l't Inii)t'«rial. . . "tut-tut " et voilà le train en rout»-, d'aboni jf t\. , di-ns un couloir puia j'entrais dann un "tinel élousqu'll faisait noir, il y avait une fumée du diable, de la pou5sl(>re à ne pouvoir respirer et cela dura deux heures sans que je pus descendre. Kt vous trotivez cela, Monsieur, ••bef." correct '■d'emniencher" un honune "de nn-me"? Que voulez- vouij que je fasso maintenant, je ne puis retourner chez moi tel que je suis. s:iIo comme un "pion".

"Al<.>rs je (lus faire préparer un bain pour le pauvre Duval, et lorsqu'il fut à peu près préser table, je le fis souper et je le re- coiuluisls jusqi'e chez lui.

"A toutes les rues, à tous ?«*s carrefours il t'arrêtait et di- sait (ï'uri voix émue;

"C'est ben "matjdit". ou bien, "ça" parle au "yable":

Et comme je lui demandais la raison do ces exclamations, il me répondu:

"Dire lu'il s'.-si promené par "icitte", que son rr^gard a vu toutes ces choses!

"F^t 'onuu.i j'' lui demandais qui, il me repomlir superbe de conviction:

"C't'histoire", Poléon, parbleu!

"Harassé d'avoir ce bonhomme toi:jours à mci trous.ses. je résolus de m'en débarrasser. . . mais conunent?

"La nuit porte conseil, dit-on, et k lendemain, lorsqu'U re- vint, je lui tins ce langage:

'Monsieur Duval, l'air de Taris ne doit pas être salutaire pour vous, pourquoi ne voyageriez-vous un peu, visiter par ex- eu:ple le beau pays de France. . . ?

"J'y ai pensé, Monp'eur, je suis chaque jour dégoûté davan- tage de la vie parisienne et j'ai résolu de me rendre en Egypte.

"En Egypte"? malheureux! lui dis-je, mais nous sommes au mois d'août et c'est en Afrique, vous comprenez, en Afrique. . .

"Parfaitement, hier au soir j'ai été à la "Boucane" et j'ai rencontré une "barge" de Canayens, y avait entre eux un docteur de Lowell, dans les "States", un nommé Brindavnlne, nous avons causé d'un tas d'affaires pas pareilles et je lui ai ou- vert mon coeur et conté mes aventures. C'est alors qu'il m'a em-

manche le conseil dont à laquelle je viens d'avoir l'honneur de vous entretenir, et tous les autres présents ont secondé son avis avec enthousiasme.

"J'eus beau lui dire que l'Egypte étant en Afrique, qu'il n'é- tait pas logique d'y aller en plein mois d'août, et que s'il voulait y aller, d'attendre à l'automne ou à l'hiver, et j'appuyais mes ar- guments d'une carte de géographie dont je lui donnais toutes les explications compréhensibles à un homme de son intelligence.

"Duval me laissa me disant que le soir même il irait à la "lîoucane" et qu'il demanderait à Brindavoine et aux autres si on se moquait de lui. *

"Et suivit-il ton conseil? demanda Pelquier, très amusé de l'hiistoire.

"Tu vas voir, dit Baptiste, l'aventure ne faisait que com- mencer. Le lendemain matin, vers les sept heures, Duval se pré- sentait chez moi.

"L'excellent homme était pâle et avait toutes les apparences d'un individu n'ayant pas fermé l'oeil de toute la nuit.

"Et bien, Monsieur Duval, qu'est-ce qui me vaut l'honneur de votre visite à une heure si matinale? lui dis-je.

"Monsieur Courtemanche, me répondit-il. la gravité des circonstances en sont la cause.

"Monsieur Duval, m'éeriais-je, vous m'effraypz.

"V^oudriez-vous être mon témoin, me dit-il d'un air solen- nel.

Diable, fis-je, je croyais que Madame 3uval était toujours de ce monde et qu'à moins d'être bigame. . .

"Je dois me battre en duel, dit Philias Duval en se laissant choir sur une chaise.

"Vous battre en duel! m'écriais-jo en boiuli?sant.

"Il en est de même, fit Duval, en remuant la tête d'un air dé- sespéré.

"Enfin, lui dis-je, en approchant ma chaise de la sienne, con- tez-moi cela, vous m'étonnez au dernier point.

"Hier au soir, comme je vous le disais, je me .suis rendu à la Bducano, dit Duval, sans hésitatioi» je me suis rendu auprès dn docteur Brindavoine et je l'ai harangué en cps termes:

"Je ne comprends pas. Monsieur le Docteur, vous qui avez de "l'inducation", de vous moquer de telle façon d'un compa- triote qui pour la première fois dans son existence vient dans les , eux pays.

Il me considéra un instant, puis nie dit: voulez-vous en venir, Monsieur Duval?

n

"Je veux eu venir à ceci, c'est que c'est pas ^cliréquieu" de ▼oiiloir persuader à un lionime pour lequel on devrait avoir une certaine considération d'aller au mois d'août sur la terre de l'E- gypte qui se trouve, comme vous le savez, en Afrique, comme je me le suis laissé dire.

".Mais, Monsieur, me dit un "p'tit l'Yan^â" qui avait une lu- nette dans un oeil et qui s'était approché, effectivement que l'Egyte est située en Afrique, mais dans le nord de ce (ontinent.

"Y serait même situé dans le Nord-Ouest, que jo lui réponds, que c'est pas up climat qui doit être considéré par un C'anayen qui a femme et enfants et qui prend soin de sa santé aussi bien pour le chaud que pour le froid.

"Alors, s'écria le "Françâ", tous ici nous vous prenions i>our un héros intrépide prêt à affronter les climats les plus sévères sans la moindre hésitation, et vous semblez avoir peur d'affron- ter les rigueurs de l'Afrique et comme le grand Napoléon dont vous ne faites que parler, vous. Monsieur Philias Duval. qui fai- tes dans la pierre, hésiteriez-vous à vous faire, comme il le fit, contempler par les Pyramides?

"Monsieur, lui dis-je suffocant, s'il y a quelqu'un ici qui a peur, ce n'est certainement pas moi.

Alors. . . s'écria le "P^ançâ. . ."

"Monsieur, dis-je, je. . .

"Il n'y a pas de "je", fit le Français en me tendant une carte de visite. Voici ma carte, vous devez savoir ce que cela veut dire, et si vous ne le savez pas demandez-le à vos témoins.

"Abasourdi, je me tournais vers le docteur Brindavoine qui me dit:

"Vous vous êtes mis une belle chose sur les bras!

"Quoique je me suis mis? lui dis-je de plus en plus étonné.

"Vous lui avez dit, ou du moins vous avez insinué qu'il était un peureux, un poltron si vous préférez.

"Moi! m'écriais-je, mais je ne lui ai rien dit du tout.

"Nous en sommes témoins, firent les autres cotume un seul komme.

"Vous devez accepter et vous battre, dit F3rindavoine, ou il en' sera de la réputation de l'estimable corporation de ceux qui comme vous font dans la pien-e.

"Je ne répondis pas, me dit Duval. je restais digne et je sor- tis gravement au milieu du silence général. Ce matin je viens vous trouver et vous demander conseil.

"Monsieur Duval, lui dis-je vous me placez en face d'un

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problème peut-être plus difficile que vous ne le pensez vous-mê- me. D'abord, connaissez-vous l'adresse de votre adversaire?

"Voici sa carte, dit Duval en me présentant un bristol d'une propreté douteuse.

"Je pus lire: Vicomte Raoul de Sérac, maître d'armes bre- veté, 55 rue du Dragon.

"Diable, lui dis-je, après avoir lu, vous me semblez un hom- me bien malade.

"Vous croyez? me dit Philias Duval d'un air inquiet.

".Allons, mon pauvre ami. je vais arranger, du moins je vais essayer de régler à l'amiable toute cette affaire. Donnez-moi l'a- dresse du docteur Brindavoine et je cours cho? lui prendre des renseignemeiiîs.

"Philias Duval étant parti, je *«rminais ma toilette et me rendis rue Monsieur le Prince tait le docteur Brindavoine.

RES NON VERBA.

Le docteur Brindavoine habitait, venons-nous de dire, un hôtel meublé de la rue Monsieur le Prince. Cette rue est fort connue de tous ceux qui ont habité le Quartier Latin, étudiants en droit ou en médecine, et beaucoup surtout des disciples de l'Ecole des Beaux-Arts. L'appartement de Brindavoine n'était pas luxueux, une chambre à coucher avec un petit cabinet de toilette adjacent.

Brindavoine lui aussi était canadien, de Sorel, avait étudié la médecine à l'Université La\al. puis était allé professer à Lowell, aux Etats-Unis. C'était un beau gaillard d'environ vingt- sept à vingt-huit ans, bien découpé, bon enfant, joyeux compa- gnon qui tout en aimant bien s'amuser ne négligeait pas ses études et savait comme bien d 'autres (ie ses compatriotes alors à Paris unir le plaisir à un travail scientifique des plus séripux.

"Diable! s'écia-t-il en m'apercevant, quel bon vent vous emmène?

"Voici, lui dis-je en m'asseyant sur le siège qu'il m'offrait, je viens vous causer de l'innénarrable Monsieur Philias Duval.

"En entendant prononcer le nom de l'entrepreneur. Brinda- voine partit d'un rire homérique et fut pendant quelques minu- tes avant de pouvoir reprendre sa respiration normale.

"Parlez, me dit-il, lorsqu'il fut remis, il me tarde de vous en- tendre.

mÊÊÊ^

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"Je lui contais alors la visite de Duval, son histoire de provocation, et lui donnais tous les détails que nous connais- Eons.

"Mon cher ami, dit Brindavoine, l'histoire est plus comique encore que vous ne pouvez vous le figurer. Vous connaissez aus- si bien que moi le brave Duval, c'est dans le fond le meilleur homme que l'on puisse trouver, mais avec cela la poire la plus phénoménale que l'on puisse rencontrer. La première chose que les membres de la "Boucane" virent, ce fut l'occasion de profi- ter de la naïveté de Duval pour s'en amuser, et lorsqu'ils surent que rer'repreneur était i)ossesseur d'un joli montant en poche, non pas de s'en emparer d'une fa(;on illicite, mais de se faire payer un bon dîner par un moyen quelconque.

"Or Sérac, un charmant garçon qui est peintre mais aus&^i maître d'armes, inventa le "truc" du duel, le tour fut joué, la scè- ne préparée et notre jobard tomba dans le filet sans se douter de rien.

"Mais le duel? dis- je.

"Aura lieu, dit Brindavoine.

"Je ne vois pas du tout Philias Duval, se battant en duel, lui dis-je en riant.

"Parfaitement, nous aurons même un artiste photographe qui reproduira la scène qui ne manquera pas d'avoir un assez grand succès a- ' «néma.

"Mais les suites".' fis- je.

"Le tout ne sera qu'un simulacre des mieux organisés, fiez- vous à moi, Duval n'aura pas uiie égratignure, ni son adversaire non plus, au contraire il r°ra le héros et tenu comme tel à payer un formidable déjeuner.

"Alors vous êtes sérieux? lui dis-je.

"Des plus sérieux, me répondit-il, vous serez le témoin de Duval, trouvez-en un autre. De son côté Sérac a les siens et l'af- faire aura lieu demain au petit jour dans un coin reculé du bois de Saint-Cloud.

"Et l'arme? demandai-je. ' "Des pistolets de Liège avec des balles du même métal.

"Compris, lui dis-je, je vais chercher un copain comme se- cond témoin et je vais retrouver Duval qui m'attend dans les galeries de l'Odéon.

"Comme de fait je me rendis chez un camarade, un artiste du Gymnase, à qui je contaii. l'histoire et qui accepta tout ce que je voulus.

24

Philias Duval m'attendait depuis assez longtemps dans une des galeries de l'Odéon et regardait d'un air distrait les volumes qui encombraient les rayons des libraires.

"Eh bien! dit-il en m'apercevant, avez-vous arrangé quel- que chose?

"Oui, fis-je d'un air macabre, cela sera pour demain matin dans le bois de Saint-Cloud.

"Alors, je dois me battre! s'écria-t-il en devenant tout pâle.

"Oui, dis-je d'une voix émue en lui serrant la main, l'hon- neur de la corporation de ceux qui font dans la pierre l'exige, Philias, vous ne pouvez reculer.

"Que l'yable la mène, la maudite corporation, j'vas pas m'faire démolir la bobine par ct'esquimeau-là pour leui faire plaisir, "stacrère" que j'suis pas u pour me laisser "emmen- cher de même".

"Cependant, lui dis-je. le monde a l'oeil sur vous, toute la "Boucane" croira que vous avez eu peur et que votre courage recule par crainte de ce Sérac.

"Peur de ce freluquet-là. vous n'y pensez pas, s'écria Duval au comble de l'indignation.

"C'est ce que tous vont croire. Je sais, quant à moi, que vous ne craignez rien, que votre bravoure est à toute épreuve, mais je ne suis pas seul, hélas! pas seul mêlé à cette affaire. Dans la "Boucane", Monsieur Duval, il y a des journalistes, des correspondants de grands journaux de Montréal et de Québec, et que penserait-ou là-bas si on publiait que vous, Philias Du- val, avez perdu l'esprit chevaleresque de vos ancêtres et n'êtes plus un vrai Canayen.

"Cela serait vrai. Monsieur Courtemanche, on penserait que je suis un Canayen de seconde main. Eh bien alors, on va voir, je vais lui conter cela, à la maudite petite chenille à poil, je vais l'écraser comme une punaise.

"Souvenez-vous, lui dis-je. que se croyant l'offensé il a le choix des armes.

"Ça, j'm'en moque par exemple, qu'il prenne "hanne hache", un tomahawk, un canon, du gaz asphyxiant comme les cochons de ^ Tussiens, je lui montrerai tout de même ce qu- t qu'un

p'tit Cauayen-français.

"Je regardais Duval, continua Courtemanche, e. je me de- mandais comment cela allait finir. Tu connais les Canayen^ aus- si bien que moi. ami Pelquier, tu sais que souvent sous une rus-

^^^r

25

I

tique écorce. cwnnie disait si bioii Louis FrécliettP, ils ont l'amo d'un héros. Duval était piqué dans sou honneur, ot jamais que je sache, un vrai Canayt-n-français a faibli sur ce terrain-là.

"Or, continua Courtenianche, j'avais choisi comme second témoin un comédien, et tous deux nous allâmes à la "Boucane" régler les préliminaires de la rencontre. Tout avait été prévu et il fut décidé que l'on se rencontrerait le lendemain à neuf heu- res (ce qui était plus convenable pour tout le monde) et que l'ar- me de combat serait le pistolet.

"P*hilias Duval s'en était retourné chez lui et je ne le revis que le lendemain matin à sei)t heures lorsqu'il se présenta chez moi.

"Vous êtes prêt'? lui dis- je.

"Oui, je suis prêt, me répondit-il. Je suis cependant, je vous avoue, assez fatigué car j'ai veillé une partie de la nuit.

"Vous ne pouvi.z dormir, étant nerveux sans doute, l'idée de ce combat vous aura enlevé le sommeu mandai-je.

"Non, répondit-il en secouant la tête, ce n'es pas cela, mais ayant réfléchi je me suis dit qu'on ne savait jamais cornaient des rencontres de ce genre pouvaient se terminer et. . .

"Et? . . . fis-je en le regardant.

"J'ai fait de l'écriture et préparé un document que je vous apporte, si toutefois l'aventure se terminait à mon désavantage, je vous serais reconnaissant de le faire parvenir à mon notaire à Montréal.

"Et tirant une grande enveloppe de sa poche il me la tendit.

"Vous pouvez lire l'adresse de celui à qui je la destine, me dit Duval.

"En effet, je pus lire le nom d'un de nos notaires les plus eu rue de Mnotréal, et je pensais que ce diable de Duval avait le ju- gement mieux placé qu'il n'en avait l'air.

"Une fois habillé, je conduis Duval à la salle à manger et je l'invitais à prendre le déjeuner avec moi.

"Le repas fut vite expédié et lorsque nous sortîmes, j'aper- çus le second témoin qui venait, ayant pour la circonstance revê- tu une redingote noire style 1S30. ce qui lui donnait assez bien une allure de croque-mort.

"Maintenant que nous voici tous réunis, partons si nous ne roulons pas être en retard, lui dis-je.

"Je les conduisis prendre le bateau-mouche et nous remon- tâmes la Seine jusqu'au débarcadère de Saint-Cloud.

Xf

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"Le voyage se fit sans que personne songea à plai^aoter, tous étalent sérieux tel qu'il le convient dans des circonstances de ce genre.

Sur le débarca.dère un groupe nous attendait, c'était de Sé- rac, le docteur Brindavoine et une autre personne que je ne con-

Li' (ioclt'iii- Hiiiulavoine.

Mdiisieur Sérac.

naissais pas et qui portait une boite dont il tenait la poignée.

"Tous nous nous découvrîmes et suivant le docteur qui ou- vrait la marche, nous nous enfonçâmes dans les profondeurs de la célèbre forêt.

VI

COMMENT PHILIAS DUVAL PROUVA QU'IL N'ETAIT PAS UN CANAYEN DE SECONDE MAIN.

"Nous gravissions lentement la côte longeant la cascade. Duval causait avec le comédien. Moi, je profitais d'un moment d'inattention de l'entrepreneur pour ine rapprocher du docteur Brindavoine.

"Eh bien? lui dis-je.

"Tout va pour le mieux, nie répondit le médecin, toute la bande nous attend là-haut, la mise en scène sera parfaite, nous allons rire.

"Au bout de quinze à vingt minutes nous débouchions dans une petite clairière entourée de massifs touflus. Je ne vis per-

r «^ c^rtr^'T *

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sonne, mais je me doutais que derrière cette verdure on nous observait. Je crus du reste entendre comme le bruit d'une mani- velle que quelqu'un tournait.

"Celui qui portait lu boîte, un individu qui avait des airs d'ancien officier, nous dit en saluant:

"iMessieurs, cet endroit me parait favorable, nous pouvons nous préparer.

"Le docteur Brindavoiiie me fit signe de m'approcher de lui et me présenta celui qui venait de parler.

"Monsieur le Capitaine liaison, dit-il.

"Je saluais le cajùtaine. nous échangeâmes une vigoureuse poignée de mains, le capitaine n)e faisant un salut et sourire en- tendus.

"Alors il me prit par la main, fit un geste de la main à l'aa tre témoin et nous fit placer au centre de la clairière Puis nou plaçant dos à dos il nous fit avancer chacun de quinze pas égaux.

"Ce qui fera, dit-il, trente pas entre les combattants.

".Au tour de nous tout semblait désert, on ne voyait que ceux qui devaient prendre part au combat, et j'observais du coin de l'oeil le pauvre Duval qui était, il est vrai, bien un peu pâle, mais qui cependant faisait bonne figure, redressant sa petite taille et regardant son adversaire de lair d'un homme qui n'a pas froid aux yeux.

"Je lui fis signe de venir se mettre {•. la place que j'occupais, et l'autre témoin en fit tout autant à Sérac qui vint occuper la sienne.

Vous stMit»'Z-vouK nerveux?

Le capitaine ouvrit la boîte et en tira deux pistolets de com- bat, prenant les armes il nous les motitra et les fit examiner par les témoins.

81

"Messieurs, Il a été déchlé, dit le capitaine qui prenait la di- rection du combat, quf deux balles seulement seraient échan- gées au cri de "feu". .)♦■ i)rierais ces messieurs d'enlever leur chapeau et de relever le col de leur habit.

"Alors je m'approchais- de Duval, prit son chapeau et l'ai- dais à arranger son col. Pas un muscle de sa figure ne bougeait.

"Vous sentez-vous nerveux'.' lui murmurai-je.

".Je voudrais que "l'oléon" me voit, me dit-il crânement, il a venir "icitte lu? itou".

"A vos places. Messieurs, dit le capitaine, puis s'avançant vers chacun des combattants il leur présenta, commençant par Sérac, le pistolet de combat, puis se reculant:

"Avez-vous quelque chose à dire'.' fit-il g^ravement.

Sérac secoua la tête et Duval d'une voix de tonnerre s'écria:

"Pas une sapré miette!

"P^tonué nous nous regardions, et si j'ai bonne sou\enance, des deux combattants ce n'était pas Philias Duval qui faisait la plus mauvaise mine.

"L'arme p.ête. Messieurs, en joue . . . puis abaissant sa can- ne qu'il tenait levée:

"Feu!"

"Deux détonations se succédèrent. Duval que j'avais ins- truit sur la manière de faire, resta debout après avoir abaissé son arme. Sérac recula d'un pas. laissa tomber son pistolet et chancelant fut soutenu par le docteur Brindavoine qui s'était vivement avancé.

"J'allais à Duval à qui je pris le l 'stolet en lui demandant s'il était blessé.

"Non, dit-il, mais je pense que l'autre a reçu son compte, voyez s'il cjt fort mal?

"J'allais au groupe Sérac, ce dernier renversé sur le sol était soutenu par le capitaine, le docteur Brindavoine ayant écarté le gilet du blessé fit voir que la chemise était teintée de sang. Le médecin examina la blessure puis se relevant il dit:

"Cela ne sera rien, la balle a glissé sur une côte ne laissant qu'une blessure insignifiante.

Le capitaine Raison, toujours solennel, dit:

"Messieurs, l'honneur est satisfait.

"Je fis signe à Duval qui s'avança vers Sérac qui lui tendit la i n.

.Monsieur, dit le blessé, que tout ceci ne soit considéré que oomiVie un simple malentendu, donnez-moi la main.

"Philias Duval serra la main de son adversaire et voulut mène l'aider à marcher.

'^H' |)»mis.'z v<)\is (1.. mon Irociiiois?

deniandais-je au capi-

"Que pensez-vous de mon Iroquoit taine.

"Tout sinii)Ienient qu'il s'est admirablement conduit pour un amateur et que bien des habitués de la pelouse ne font pas plus belle figure. Votre Iroquois. comme vous dites, vient de not.s prouver que malgré qu'il ait le corps d'un avorton il possè- de l'ame d'un brave.

Le déjeuner fut servi dans un des (halets-restaurants nous attendaient une dizaine des membres de la "Houcane" Ce chalet bien connu des visiteurs de Saint-Cloud possède une ter- rasse - laquell'j on aperçoit la Seine et l'on a vue sur le va- et-vient des bateaux-mouches et embarcations de toutes sortes qui sillonnent le fleuve.

"C'est que fut servi le déjeuner et Philias Duval devenu le héros de la fête fut l'objet d'un véritable triomphe. On le fî* causer, il chanta même des chansons des chantiers dont une- "La Fille du Tailleur" eut un succès énorme.

, "Le brave Duval paya tout ce que l'on voulut et ce duel lui coûta environ six cents francs.

"Et que penses-tu de cela, ami Pelquier? dit Courtemanche. Cette histoire niérite-t-elle d'être contée?

"Et qu'advint-il de ce brave Philias, après son duel devint-il un des fidèles de la Boucane ou continua-t-il son voyage' de- manda Titolne.

"Il quitta Paris quelques jours après et je ne le revis qu'il y

^ s

30

a trois mois lorsque par hasard je le rencontrais à cette même station nous nous sommes vus ce matin. Je lui fis part do ma découverte et il fut si iiUt-ressô de la chose que depuis je suis en correspondance avec lui et que j'attends d'un jour à l'autre une lettre de lui m'annoii^-ant son arrivée à New-York, ceci pour mettre par écrit les bases de notre acte d'association.

"p]t tu «^rois que réellement ta découverte est si extraordi- naire que cela? demanda Pelquier vivement intéressé.

"Tu vas en juger par toi-même, dit Courtemanche en se le- vant. Je reste à deux pas d'ici, rue Orove, viens avec moi. je vai^ te montrer mes docuiueiits et en même teisips voir si Thilias Uu- val ne m'a pas écrit.

VII

poniQroi II. NK vwT p.\y Toijorus jrc.EK l'oiskau

v\n s.\ cxv.K.

Cette partie de New-York hal)iiait l'ingénieur Baptiste Courtemanche n'était pas à cette époque, pas plus qu'elle n.: l'est aujourd'hui, une des portions sélects du "Creater New- York", mais au contraire un qua'iier i)()puleux bouleversé par la prolongation des grande^, avenues et composé de nuiisons pe- tites, laides, de proportions fi de style disparates.

C'est la continuation du vieux Manhattan aux rues sinueu- ses et étroites. Mais cependant, pour l'observateur il est facile d^; se rendre compte aux vestiges de quelques résidences encore belles et spacieuses, que ce quartier aujourd'hui peuplé par une populace juive et italienne, fut autrefois un des plus riches et fashionables de la ville.

La ville a grandi du Parc de la Batterie, de llhuison a la ri- vière de l'Est montant systématiquement vers la rivière du Nord pour se déverser bien au-delà ei envahir le Bronx et les campa- gnes environnantes, ceci avec une prodigieuse rapidité.

J'ai connu et causé avec plus d'un vieil habitant de New- York me disant qu'au temps de leur jeunesse les limites de la ville étaient situées non loin de Madi^on Square et que par les beaux jours d'été on allait faire des excursion., et pioi-es-niques dans les bois et buissons incultes qui sont mainten ..it le Parc

Central. . , .,

Autrefois le peuple et la masse des électeurs le soir des élec- tions se pressaient dans les environs du City Hall, puis ce fut

'jmw^

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Utiioii riquan-. Je iiu- souviens fort l)ien que la promiôre f^lwtiuii I»n''si(U';ui Ik- à luquoll.' j,> fus t-Muoin. on allai» ïo soir i-lierch.'r le résultat des élections à lltiion Square, la seconde fois «était au Square Mudison. puis lors de la première nomination du Prési- dent VVoodrow VVilson la foule se riuiil au Herahl Sqiuire tandis qu'à la dernier»" tout •■tait mont." au Times Sqiuire. Ceci porte à CToire que la iL'âi.Mr.e rue deviendra i ant que de nombreuses aiiî.ées se soient ér-oulées le centre d<> la «'Ile monstre.

l/habitation ({u'hanitait Courtemancne. rue (îrove, était d'un.' api)an'nce plutôt maussade. (;ii grimpait à son quatrième par un escalier de pierre, véritable casse-cou .sombre et «lissant.

I^ chambre qu'il habitait était eii son genre tout un poème, noi; i)as un de ceu.x respiratit lu fraîcheur et embaumant d'un

l.:i <'•..• ml)rf qu'il luihilait

parfum exquis, mais au contraire un cloaque infecte et noir. Cette pièce était tout à la fois chambre à coucher, cuisine et la- bo -atoire. l'n lit, s'il est possibk de donner ce nom à l'agglomé- ration de draps sales et couvertiues malpropres. Deux tables, une servant pour écrire, l'autre un peu plus grande portant un réchaud à pétrole et des ustensiles de cuisine. Dans im coin un évier plein d'eau stagnante et répandant une odeur "sui gene- ris". Comme siège une caisse à savon renversée.

Pelquier après avoir jeté un coup d'oeil sur l'ameublement, recula instinctivement et fut saisi à la gorge par l'âcreté deg émanations s'échappant des choses qui l'entouraient et fut prig d'une quinte de toux qui le secoua fortement.

Pauvre Titoine. en voyant !e t.audis qu'habitait son ancior. condisciple, il se prit à regretter son confortable appartement de la rue Vinet à Montréal et y aurait arrêté sa pensée si l'image

- Il wr II iiM 1

82

de «a s(iuvt> inoitit- (ik't l'hiloinriie Tratirheinotitagiu- de Sba- winigaiO ih> ko fut préH(>nt('<> à Ha |>«-i)K('>e. 11 surmonta son dé- goût «^t s'avaii<;a avec précaution dauH l'Intérieur de la pl^ce.

"Tu dois constater qu'il Hcnt Ici fortement le renfernif' et qu'il manque d'oxygène, dit Haptiste.

"Kn effet, fit l'elquier en se bouchant le nez, il serait bon d'ouvrir la fenêtre.

"En fait de fenêtre, je n'ai que cette ouveriine donnant hur un ventilateur, mais comme il est très étroit, dit Court emaïuhe en indiquant l'ouverture, l'air qu'il donne est loin d'être suffi- sant.

".Mors dépêchons-nous, dit Titoine. Prends tes documents et allons dans un endroit l'on puisse respirer.

Courtemanche ne se fit pas prier et ouvrant un coffre qui se trouvait près du lit il en tira des documenis assez volumineux qu'il prit avec lui, puis fermant à clef le coffre il dit à son ami:

"Viens, j'ai en niains des documents qui vont t'émerveiller, sortons.

"Oui, sortons, dit Titoine en bondissant vers la porte, mais conduis-moi je puisse avoir de l'air. Lorsqu'il fui .sur le seuil, le dentiste res^ ' aiit à pleÏJis poumons s'écria:

"('omment diable peux-tu vivre dans cette boîte'.'

"Bah! fit t^ourtemanche en secouant tristement la tête, j'y vis avec l'espérance de bientôt en sortir. C'est dur pour com- mencer mais quand on ne peut faire autrement on finit par s'y habituer.

"Pour moi, mon vieux, dit Pelquier, je pourrais jamais m'y faire. Pouah! viens qu'on prenne un coup de n'importe quoi afin de chasser cette maudite odeur, j'en ai plein le nez et la gorge.

"Ils se rendirent dans un bar faisant le coin de la rue Chris- topher et y avalèrent plutôt qu'ils ne l)urcnt deux on trois verres de bière.

".Maintenant remontons vers mon quartier et nous trou- verons bien un endroit nous pourrons causer tout à notre aise, dit Pelquier.

Les deux amis remontèrent tout on causant la sixième ave- nue, entrèrent se reposer ( aviron une heure dans un cinéma, puis après avoir pris un excellent dîner dans un restaurant de la quarante-deuxième rue, Titoine conduisit son ami à son hô- tel.

"Ici au moins, dit-il, nous ne serons pas dérangés, viens

t, miA%.

33

da:i.-. ma < liariihi'V J" vais y faii" niotitor uno bout.'Ulo d.' whis- K«\v el (It's ciRaros, .>t nous pounrjii.-i < aus.'r muai iDiiRttMnpa qu.' noua (J»>sin)iis, ef «t-ia sans »•(!•■' inii»orttin»''s

"Tu ne peux te fuir.» urit» i(|.'»>, coiulmia b* (l< iitist»-. df 1 j!!- t'Mvt que J,. iif>rf»> à ta (i.''iouv.'rl.>, iiihui»' avant de sa\oir ce dont il t>>t(»urnt'. Au (■ollè.ui' de 1 Assoinjxiou tu étai.-> toujimrs !»• pr-'- niier ou niatiitMuatiques .m < onibleu fois J'ai otinMidu M l^- tulippf dire ou parlant de t«)i:

"Il fera sou cluMuiti ce c;arçon-là!"

I.es doux amis se uiirenf à leiu- aise. fiilevi'r»Mit leur liabit, dt'iîrafèrout leur col pour donnei plus dais*' à la respiration, en- fin lorsqu'ils euroiii allumé leur bouffarde, ("ourtenianche ayant déballé ses manuscrits qu'il idaça sur la table, il commença les prélimiiuiires de son récit

"La science, dit-il. qui cependant semble si avancée, est au point de vue de certaines de ses branches encjre 5 la genèse. Chaque jour l'horizon scientifique s'agrandit et des choses qui semblaient être fabuleuses, fantastiques, se sont réalisées et tous les jours parviennent à un degré supérieur de perf-'ction- nement sans toutefois être arrivées à leur ai)ogée.

"Nous voyons des minéraux qui existaient, soit à l'état de pureté ou alliés à d'autres éléments, se faire découvrir, isoler et appliquer, augmentant de ce fait la richesse de l'industrie, le progrès de la science.

"Des inventions que nous croyons dues à l'ima.gination d'un cerveau çurexcité, devenir à la suite, non plus des chimères mais des réalités.

"Combien de fois étant au collège je me plaisais à lire les livres de Jules Verne. les voyages du "N'autilus" sous les mers. "Robur le Conquérant", les "Aventures d'un Chinois en Chine", et cependant ces li\Tes faisaient entrevoir des possibilités puis- qu'aujourd'hui nous avons les sous-marins, les aéroplanes, le phonographe.

"L'électricité, nous savons qu'elle existe, nous l'employons, nous en faisons presque notre esclave, sans cependant savoir -^e que c'est.

"Tous les jours se créent des choses auxquelles nos pères étaient bien loin même de penser, et nous les considérons com- me étant toutes naturelles. Ils se crc" lient cependant bien en droit de croire être arrivés au "nec plus ultra"", alors nous qui voyons que nous sommes encore ) .;. de la réalisation complète,

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quelle idée pouvons-nous faire des choses de l'avenir, lorsque nous considérons froidement ce que nous sommes par rapport à ce qu'étaient nos ancêtres.

"Arrête là, mon vieux, lit Pelquier, nous savons ce que c'e t que la vapeur, nous nous servons de l'électricité, comme tu d - fort bien, mais nos ancêtres n'étaient pas non plus des chenilles, quoique nous autres, Canayens, nous n'avons pas la prétention de descendre des Egyptiens, explique-moi comment il se fait qu'ils construisaient des pyramides de pierres à faire frémir ton ami Philias Duval et sans aucun autre moteur que la force des bras?

•'C'est vrai, dit Baptiste songeur, cela porte à dire, mon cher, et souviens-toi bien de mes paroles: "Avec l'aide de Dieu il nest rien qui soit impossible au génie de l'homme".

"Ça c'est ben beau, dit Pelquier, mais tu ne me parles pas de ton invention.

"Nous y voici, répondit Baptiste Courtemanche en versant du "Canadian Club Rye" dans son verre et celui de son ami, écoute quelque chose qui va te faire rêver.

VllI LA PLUS GRANDE DECOUVERTE DU SIECLE.

"La science qui nous paraît être arrivée non loin de son apogée, comme je viens de te le dire, continua Baptiste Courte- manche, nous réserve les surprises qui semblent sortir du do- maine de la fantasmagorie.

"Au nombre des études pour lesquelles j'ai toujours eu de la prédilection et qui suscitèrent tout particulièrement mon atten- tion est l'aérologie. J ai lu et étudié à peu près tout ce qui a été écrit et fait en ce qui concerne cette science, depuis les travaux des Frères Montgolfier jusqu'aux aéroplanes et dirigeables les plus perfectionnés de nos jours.

"^La conclusion de mes études et de mes observations fut que l'on ne deviendrait jamais réellement et complètement les maîtres de l'air avec des machines plus légères que cet élément, ou, ne pouvant suivant les théories et procédés actuels, lutter en maîtres contre les courants atmosphériques et les caprices mé- téréologiques.

"Mais comment? me disair-je. . . , et j'en étais arrivé là, lors- qu'un Joiir, et ceci par le plus grand des hasards, je découvris ce que mon imagination m'avait fait entrevoir, la réalisation de mes rêves les plus chimériques.

i-r«f^ m

"J'avais osé croire à un olênieiit plus léger que l'air. Pour- quoi pas? Ne connaissons-nous pas des métaux qui existaient rviis que nous ignorions, le "radium" par exempl»', 1" "uranium". '' .l'y a pas si longtemps qu'un savant découvrit (jue 1' "hydro- ; ène" se solidifiait et était de nature métallique. Nous avons le "mercure " par exemple qui fst nu métal liquide, si cette déno- mination peut être considérée exacte. Tout ceci me torturait si bien l'esprit que je crus que je (ievenais fou et que si je ne met- tais un terme aux fougues de mon imagination, je finirais par aller habiter une des cellules de l'Asile de la Lon^iue-Pointe.

"J'en étais donc dans mes vagues hypothèses, lorsqu'un beau jour il m'arriva l'étrange aventure qui devait bouleverser mon existence toute entière.

"J'étais depuis quelques mois de retour de mon voyage d'Europe et j'avais accepté ceci pour remettre à flot mes finances ébréchées ime position en qualité d'ingénieur dans une compagnie opérant des tracés dans l'Ouest canadien, ceci pour le compte d'une compagnie de chemin de fer voulant éta- blir une ligne jusqu'au Yukon.

"Tu me vois d'ici, moi venant fout droit de Paris, tomber dans la solitude la plus absolue car à part une trentaine d'hom- mes qui étaient sous mes ordres, je ne voyais âme qtji vive. Des montagnes, des vallées, des précipices, d'interminables forêts de sapins, rien que ronces et rochers, pas la moindr<> distraction que celle de travailler à relever des plans et étudier des chemins pratiquables.

11 faut avoir bes^oin dr paKner sa crofito de pain pour pe livrer à une vie '^emblaVile.

3<>

Il faut avoir bt^soin do g;ii?i»er sa croûte de pain po r se li- vrer à une vie semblable. C'était parfois d'une monotonie écra- sante, surtout l'hiver, lorsque terrés dans des grottes c nme des bêtes fauves, ou vivant dans det^ liuttes comme les hommes des chantiers, n'ayant le soir an'une lanterne pour nous éclairer, nous ne savions parfois ci lauiit tuer le temps et la temp.'^ra- ture s'en mêlant, nous ne pouvions sortir travailler au dehors.

"Ah! mou bon ami. je regrettais bien alors les beaux jours d'autrefois, les heures d'études passées auprès d'un bon feu et les bibliothèques dans lesquelles je faisais mes recherches. J'a- vais bien avec moi un petit matériel chimique pour faire des re- cherches, mais le laboratoire rudimentaire que je m'étais cons- truit était insuffisant et c'était tout juste assez pour procéder à de simples analyses.

"Or j'étais cette fois-là à la tête d'une équipe d'ingénieurs et d'ouvriers. Depuis huit longs jours nous avions eu un temps épouvantable, d'abord de la pluie, puis de la neige et un vent à ne pouvoir se tenir debout.

Profitaiit d'un jour que le temps semblait d'avoir des inten- tions de se mettre au beau, je voulus en profiter afin de prendre un peu d'exercice et donner à mes membres le mouvement réclamaient. Je dis à mes hommes que j'allais voir dans les c rons si je ne trouverais pas du gibier, car nous étions à court ae viande fraîche.

Je saisis donc mon fusil et allègrement je prenais le chemin de la montagne.

Le gibier qui généralement était très abondant en cet en- droit, ce matin-là était d'une rareté désespérante. Ne voulant cependant pas revenir bredouille au camp et croyant que je trou- verais ce que je cherchais sur les crêtes escarpées qui étaient au- dessus de moi, je m'élançais dans un sentier débouchant à un endroit j'avais d'un côté un mur de pierre coupé presqu'à pic et de l'autre un précipice. Devant mes yeux se déroulait un pa- norama de toute beauté. A mes pieds, mais à une hauteur verti- gineuse, je pouvais voir notre campement et mes compagnons qui m'apparurent comme des pygmées. Au loin et bordant l'ho- rizon, des montagnes immenses qui, se découpant dans l'azur du ciel, toutes blanches de neige, leurs glaciers miroitant aux rayons du soleil, prenaient un aspect vraiment féerique que le pinceau d'un peintre même très habile aurait eu de la difficulté à reproduire.

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1

37

"Je marchais donc r-ur î-- h* m' du irêcipice et quoique j"«>u.s- se fait bien ait» nrion je mettais mon jiied, je glissais tout: ;'i coup ft tombais sur le sol. la i)eute était assez forte et j'aurais été entraîné vers le gouffre lorscjne. linstinct de la conservation l'emportant, je saisis le ro( her et pus enfin après un effort dé- sespéré me ret nre en sûreté.

"J'étais ] ut frémissant cramponné à l'aspérité d'un rot-, et lorsque je revins de mon émoi je m'aperçus que dans ma main je tenais une parcelle de pierre qui dans les efforts que j'avais faits pour ne pas tomber dans labime s'était détachée du rocher. Je jetai tout d'abcrd sur ce caillou un coup d'oeil distrait et le laissai tomber à mes pieds, lorsque je m'aperçus, oh! prodige! qu'av lieu de tomber lourdement comme toute autre jiierre au- rait fait, elle tombait lentement coniirie si une force surnaturelle la retenait en l'air.

"Très étonné, du pied je lempêchai de rouler dans l'abîme, et me baissant je la pris et ia mis dans ma poche, in peu plus loin et me trouvant en uu endroit oii j<' i)ouvais circuler i)lus à mon aise et sans danger, je renotivelai avec cette même pierre l'expérience et à plusieurs reprises le caillou retomba avec une lenteur extrême. De x'ius en plus étonné je.xaminai cette pierre qui, dans l'ordre naturel des choses, aurait peser près d'une li\Te n'en avait à peine un once.

"Décidément, me dis-je, voici une particularité qui mérite d'être éclairée, et je glissai la pierre dans ma poche, cette fois dans l'intention de l'emporter au camp et tirer au clair l'étrange phénomène que j'avais observé.

"De retour au camp, sans rien dire de mon aventure à mes compagnons, je plaçai le minerai dans mon coffre remettant au lendemain le soin de l'examiner attentivement.

"Et qu'en advlnt-il? demanda Titoine Pelquier, qui écoutait l'histoire avec intérêt tout en lançant au plafond des nuages de fumée.

"Tu vas voir, dit Baptiste Courtemanche en se ver; .. .t à boire:

"Le lendemain, comme le beau temps continuait et cette fois-là probablement pour un certain temps, mes compagnons partirent continuer leurs travaux d'arpentage et je leur donnai ceci dans le but de rester au camp une raison qui leur pa- rut logique.

"Lorsque je fus seul, j'allai à mon coffre, y prit le caillou et

K'l««q4U»-.i«jW^ *.'^t,fA

38

encore à plusieurs reprises je renouvelai lexpérience et ceci avec toujours le même résultat.

"Voyons, me dis-je. il n'est pas naturel que cette pierre à 1 encontre de ce que f.-raient ses congénères, tombe sur le sol comme une plume, l..rsquelle devrait tomber comme du plomb

"Et me souvenant de ce que nous disait notre professeur M. Utulippe. au collège de TAssomption: -Il n'est pas d'effet sans cause-, je constatais leffet. mais la coquine de cause que pouvait-elle bien être?

"Je me mis de suite à l'oeuvre et après bien des tâtonne- ments, bien des recherches, je finis par isoler deux éléments dis- tincts, nouveaux pour moi. mais dont je ne pouvais poursuivre I étude n'ayant pas sous la main le matériel ni le laboratoire voulu.

"Je me souvenais bien de l'endroit exact j'avais trouvé cette pierre, j'y retournais les jours suiv. ts et je fus assez heu- reux pour en trouver de semblables incrustées au rocher mais je remarquais qu'en cet endroit seulement ce minerai existait et constatais en plus qu on ne l'y trouvait qu'en très pet-'te quan- tité. J'en pris quelques éehaiifillons que j'emportais avec moi et je plaçais le tout en sûreté, remettant mes recherches au jour ou je serais en position de les examiner comme je le désirais.

"En effet, un mois plus tard, nous jWioiis bagage et au prin- temps je revenais à Montréal après avoir touché un montant as- sez respectable, fruit de -non labeur.

"Une des premières choses que je fis fut. connue bien tu t eu doutes, de me monter un laboratoire et continuer mes re- cherchas sur mon précieux minerai.

"Ceux qui ont fait de la chimie savent aussi bien que moi les difficultés sans nombre qui existent pour arriver à isoler des éléments. Il faut des soins minutieux, constants, une attention infinie aux moindres détails, ceci d'autant plus que je n'avais pas a traiter des éléments connus, mais au contraire des substances inconnues. Il me fallait les isoler et prendre en considératian toutes leurs propriétés physiques et chimiques.

"Je n'avais à ma disposition qu'une petite quantité de mine- rai, car je n'avais pu en emi)orter avec moi plus de cent livres.

"Après cinq mois d'i n tra\ail incessant, je finis par obtenir et ceci grâce à la richesse extraordinaire du minerai que je possédais un granune de deux éléments dont je dus étulier les propriétés et les affinités.

.3!»

"Je n'entrorai pas dans df's d«'tails techniques quiiii hotnine du métier seul pourrait comprendre; mais sache qu'uu de ces nouveaux métaux était phis k'^er que l'air atmosphérique et que l'autre possédait une force électro-magnétique dune puissance extraordinaire.

"Je donnais donc, non pas à caus(> de leurs qualités chimi- ques mais pour leurs facultés physiques aux deux éléments r-ie je venais de découvrir, les noms de "Légium" et de "Populéum'. le premier à cause de son incomparable légèreté, l'autre pour sa valeur électro-magnétique.

"Maintenant que je possédais ces deux trésors incompara- bles, je les étudiais et cherchais quelle pourrait être k^ir utihfé.

IX

PAR QCOf RAPTISTK ('(jrRTK.M.X.VCHJ.: K.XI'LIQCE Di:s CHOSES IXCOMPKKIlK.\Sil!M-:s AIX FAriLTKS I\-

tkll;:cti-ellks hk titoixe pklqiikr.

"Cher ami. dit Titoine IViquier en déhouchant sa piiH> et s'apprêtaiit à remettre dw tabac rlatis le fourneau brûlant, ton histoire m'intéresse au plus haut iK)iiit. mais jo t 'avouerai qu.> b> tabac et le whisk.n- m'ont légèrement chauffé îe palais .'f la jaii- gue. ceci, sans compter (lue je me sens l'estomac dans h-s ta-

l8US.

"C'est justement ce que j'éprouve moi-même, dit Coiune- manche.

"Alors je vais sonner et nous faire apporter de quoi boire et manger, dit Titoine en se levant.

"A quoi bon. fit Courtemaïuhe. Allons siu- l'avenue acheter des sandwiches et de la bière, puis t— is reviendrons causer tout en mangeant.

Comme il ne se faisait pas très tard, les commerçants n'a- vaient pas encore fermé leurs boutiques et tios amis ayant trou- vée ce qu'ils désiraient, revinrent à l'hôtel les bras chargés de pa- quets.

"Maintenant, mon brave ami. dit Titoine Pelquier, buvons et mangeons et j'écouterai avec plaisir la suite de ton histoire.

En effet, lorsqu'il fut bien repu, Baptiste Courtemanche ayant allumé sa pipe continua son récit:

"Comme je te le disais, j'avais à étudier les deux nouveaux

ilHiiMÉi

l..îiH-ms ,.{ surfont siivoir quHle pcunaii ênv Irur utilité J'a- vais pns. ai-je (lit. plus ilv nun mois à i^s isoler, vt j> savais on- (• 1>-Kiun) .-tait une substance j.our ainsi dire incolore ^rrs nialeable Mais en uiênie tenijis d'une résistance extrême X'ayrnt pas (1 athnité pour les autres métaux sauf p-our le Populéunr au- quel .1 semblait êir.. attiré par la puissance électro-mag.rtidue . e ce dernier. L'air ne l'oxy.lait ,.as et je constatais que les a( i- des les plus corrosifs ne semblaient pas avoir de prise avec lui

"Le Populéum est une substance d'apnarence métallique «I un jaune nacré, possédant, comme je viens de te le dire une puissance électro-magnétique dont j. „e pms encore m'.'xpU- quer 1 origine.

■Tout relii cfst •p'N'tp fjeii beau".

"Tout cela c'est "p'tête ben beau", dit Pelquier. mai^ ces grand.s mots-là, vois-tu. ça m'emplit. Mais il y a une chose qui me frappe, sans me faire du mal, bien entendu, c'est ton his- toire de meta! qtii s'envolerait en l'air comme un vulgaire volatil- le. Quand j'étais enfant et que j'allais à la "p'tite" école on jouait a pigeon vole, tu te souviens sans doute de ce jeu-là. mais SI on eut levé la main lorsqu'on aurait dit "métal vole'», on au- rait été condamné à payer un gage.

"Pourtant cela est, continua Courtemanche. .Te «;ai<? fort bien que mes dires vont en faire crier beaucoup, que des savants

^'1^

41

rar jalcusif. dirnut qu.- >• Miis .;,, halluciiH'. que ma (ànaivrie *^f ariti-sMcmifiqu.-. •,.■ nposaut sur aucuiH- (i..iu«V logique •^-us qu*. miri.port.' apivs tout, ils hm seront pour avoir , ri.'- irop MU\ resteront Honiiés <m. voyant i.. n.sultat. et h- muuiU' *-ntier K^n tonlra les «ôtt-s. se .lesopiic-ra la ra'e, ce qui sera très bon pour les labricants <le mé.i.fiiies patentées ou brevetées comnie on (lit a Paris.

"Et pourtant, .ontinua liaptist^- fourteniaiiche, il n'v a rien qui son impossible à la science moderne, un chimiste allemand a (lecotivert que Ihydrogéne phu é ;, la pression de milliers d'at- mosphères pouvait se solidifier. Il est vrai qu'il nen aperçut que de mmn.scules j.arcelles, mais IV.vpérience n'en était pas moins (■oncluante. riiydrog«Mie cependant est connu comme f,'a/ e„tro dans la composition de léiher. Pourquoi pas le "F/-j;ium- ' IVmr- qnoi retuserait-on de reconnaître .-on existence? Tout .inij.le- ir.ent parce qu'on ne le connaît j.as e . de ce fait, on ne la jamais étudié. _ ■■

("est un cliimiste hoche (jui a dé.ouv. rt le truc de P' dro- K'iie. alors ça m epafe plus, vois-ru. ces cochons-là sont suscep- tibles de n.etfre la scierce à totaes les sauces. .\-ont-iIs pas in- vente le feu liquide, tu entends. Hapti.ste Courtemanche <est comme on dirait du feu qui serait de IVau. après cela, mon vieux on i.eut tout (liRérer. voire même une substance métallique qui prendrait son vol comme la ?;entille allonette de la chanson..

"Bah! fit Baptiste, il ne faut pas aller si loin, et tour derniè- rement encore le Professeur Keinflesh oe Duceldorlî, en étudiant les •dimethylphemylpyTazoton- et le "Aréta-aminoparaoxvlen- zoate de hexamethyleneletarmine" découvrit un jour que

"Arrête! s'écria Titoine Pelquier. (mi bondissant jusqu'au bout de la chambre, je veux bien croire à tout ce que tu voudras mais epargne-iîioi. sarde pour toi ces mots que je ne puis com- prendre, (lis-moi. et ceci eu un style plus compréhensible pour moi, a quoi pourra te servir cette découverte et comment ces deux éléments pourront te conduire à la fortune?

"Alors, je vais être bref, sache tout simplement qu'avec un grain de "Légium' j'ai pu soulever un poids d'au-delà de vingt hvres. Donc, tu peux comprendre qu'en obtenant une quantité suffisante de cet élément, il me sera possible de soi>]ever à une hauteur déterminée'le poids désiré, fit Courtemanche en regar- dant fixement son ami.

"C'est ben beau, répondit Titoine. mais une fois rendu en l'air, comment le feras-tu redescendre?

'lia

IL'

■■('■«•SI just.'nM'i.t la la l).-aiil.' d,- la d.'-c (.nv.-itr ♦■( «i m coin- pre.i.ls ,„,.' !.. ■•!'<,pul,-..nn' a^it ni st-ns ( ..ntraiiv du -Logintu- et qu.' p.ac.- dHi.,- (MMtaine faroii latliru.aliquehu'id dt'.frmi- u.'t' .-1 .„„. jai d.'.(<.uv.-r(».. jv puis ivg.iianst.r et .uMMi-aliscr cet- h- puissance do trlle lan.u ,„,.■ >• la conduis à volonté tout chuu- nio av.'c iiM a,.ros(at on priii ivKularis.'r linlensit.' d'uu cour;.ut t'IettnqiH'.

'1'' n-.v (()m|)iviMls pas Krandchos.-, dit l'.'lqui.M- avec au Mn.i.ac... mais voi.x-tu en venir avec- tout ce chiniagras'^

"Tout sinii.leu.ent que le '•l'opuléuni" étant un élément Hectro-uumnétique. je puis non seulement refoula ri^ier laction (lu '•Lejïmm- nuiis aussi m'en servir comme a^ent pour activer un moteur.

••.If n'y conii)rends absolument rien du tout, répondit Titoi- ne, dont les pupilles se dilataient tant il y mettait de l.onne vo- lante, essayant mais en vain de voir clair dans tout ce que lui disait son ami. Kt à (,uoi « ela te servira-t-ilV

'•A {|uoi? malheureu.x: mais c'est la clef de h, navigation aé- in-nn.- l-lle ,,ur je lavais idéalisée et ,,ni s,- trouve par ce fait non i.ius une simple possibilité, mais qui sera une réalisation le j«»ur ou ayant assez daryent |)our retourner dans le Xord-Ouest caiKuiien. .rirai à lendroit dont je fai i»arlé. et jai ici dans ces maiiiisc -rus les indications exactes de ces lieu.v. et alors prenant le minerai nécessaire j.- i.ourrais réunir assez de "Lésium et de '•l'opuléum- pour réaliser la véritable navigation aérienne et n rendre maître de l'espace.

Et alors'.' dit l'elquier. qui commençait à entrevoir quelque chose.

"Alors je ne serai pas ingrat et je saurai placer mon inven- tion au siMvice de la civilisation et de l'humanité.

"Accouches! s'écria l'eîquier palpitant, tu ferais. . .?

"Oui. Titoine l'elquier. dit Baptiste Courtemanche. Je saisis ta pen.sée. je lutterais avec les Alliés contre l'hydre infâme de 1 autocratie et je verrai à ce que justice soit faite aux droits de l'homme, à la liberté des peuples.

"Je suis ton homme, s'écria Pelquier. Je n'ai que quelque mille i)iastres à ta disposition, mais je te crois et si je ne te com- prends pas du tout ça fait rien, marche toujours.

"Tope là. Titoine Pelquier. mou vieil ami. dit Courteman- che en serrant la main de son camarade, demain Philias Duval sera ici et nous jett'^ron? ensemble les bases de notre associa-

^3

|i'm. i:„ an.M.rkiM. j- vai.> ir un>u\vvr LmiIps l.-s ,,1,.,.,... justiluu- fruesot tout tVxi.liqu.T.

I;»>s ,J,M.x a.uis travaill,.n.|it jusquV. uiu> iM-nr.. avatic.'.,. de la ...ut. et Maptist. ('<»Mrt,..naiMlH. a.r.-j.tant linvitati..,! d. s,.„ U!JU I el(|tii«T. parta^e-a c.- soir-là 1». lit ,i,. son .-..ni

X

•THI.: FKhWCH-CAXADI.W AKIMAI. XAVK; VTION COMI'AXV (LI.MITKI),

lA'pni.s assez lousten.ps lasttv .1,, jour était levé que uos boMsannsluoine IVIquieret Haptisie Courtemauche étaient t more piong.'s dans les l.ras de Morphée. Kntm ils s-éveiUèrent H après avow tenniné leur toilette ils se dirigèn t vers le bar du (u.n. lust(.ne de se n.ouille, la luette, puis allèrent se faire

Aj.rés avoir déjeuné, Courteniaueh.' proposa de se rendre nu. (.rove von- sils ne trouveraient pas des nouvelles de l'iulias Duval. ( elui-ei ayant éerit qu'il arriverait à New-York au mo- ment ou on l'attendrait le moins.

Xos deux amis étaient en face du Square Christopher lors- qtte hapt.ste pre.uint le bras de son ami lui dit en lui itidiquant ut. indivnlu qui lisait son journal assis sur un des bancs

'Il me send)le qu'il m'avait send.lé qu'il me sembLit que c est lui! ^

'Qui lui'.' demanda l'elquiei en regardant l'entreprenrur ( .'st-y possible que c'est vous'.' s'écria Duval eu aperce- vant Courtemanche. En arrivant, je me suis fait conduire chez vous, puis comme vous n'y étiez pas, je me suis assis attendant votre arrivée.

'•C'est bien à vous. M. Duval. dit Haptisle. Puis se tournant vers I elquier: Je vous présente M. Philias Duval dont j; vous ai parle, je devrais dire tu. car vous savez. M. Duval. M. le docteur Aiuoine Pelletier est un de mes plus vieux amis.

"Knchanté. Monsieur, dit Duval en serrant la main du deii- tiste. \ous êtes un Canayen vous itou?

"Oui. m'sieu. je suis dentiste à Ste-Cuné^onde de Montréal pour vous servir.

Enchanté de vous connaître, docteur Pelquier. mais je n'ai pas mal aux dents, réponait Duval. Puis se tourna-i^ vers Cor- temaache:

"Avez-vous reç- ma lettre?

^

44

"Son. lit ('(iiirH'iuiniclic, ji<Mit-«"'trr «'si-»-!!»' (liez ma iciu icr- K*'. la jaiiiiiir. < (»iiinn' mi dii it i. .Vlloiis voir si Vdus voiiU-/..

Nos trois ("aiiaytiis anivcrfiit à la loj;»' (!»• la jaiiUr«'ss»' qui r»'iiiit à l'ourtcinaiulit ilciix ou trois Idin-s au nombre desiquel- l»s h«' trouvait «clli' de Dtival.

"Aloi:. vous M'iitz passer (|ii«>I(|U)-s jours à N«'\v-York'.' »|»'- luaiidu i'.aptist»- à Duvai lors(|ii'ii rui pris «•oiitiaissaiH »• »!»• sa (orrt'sp(ui(iaiu»'.

"tjiit'l(|u»'s jours »'st le mot. ivpoiidit l'iiilias, car je dois re- partir dici aprt's-df main, .l'ai de tr<'s importauît's atfair<'s qui mapp»'llfMt au iiays. j'ai uiir «'«oh' à l)atir à St-Tinioth«'p »t un pont sur la petite rivière de iîeriitier, (jir pour votre gouverne je lais t«>ujoiirs dans la pierre.

"(.'a. c'est hieii. dit Titoine. Courtemanche m'avait Rlissé dans roi^ilje <niel(|ue chose de même, y parai* (pie \ous faiteH dans 'e gros?

"Et dans le «Ici ail, rép'Uidii (ii'renient rentrei»reneur, vous savez, la pierre, moi. ça m'< oiuiail.

"Ht comme votis me le dites dans votre lettre, v<nis v»'ri"z l'arler de nos affaires, dit Baptiste.

"Ben oui, j'vous lilis dan» ma lettre, j"sus verni icitte pour régler ctaffaire-là, elle m'intér(sse hen j.

.Alors si vous voulez, venez à ma chambre.

"Alors si vous voulez, ventz à ma chambre, elle est plus gra- "e et on peut y respirer, fit Pelquier, prenons si vous préfé- rez uiie voiture, nous y serons dans quelques minutes.

"Le docteur Pelquier est des nôtres, dit Courternanche à Duval, il est prêt lui aussi de financer pour activer la chose.

T- ^-'

4g

re. un, nn.M.x! plus „„j, y a du .api-al ,ni.„x ,• «st .).. ,„v.tV.:-,. dJt-.l ou ««rran. la ...an. ,|.. Ti, .„,.■. ,ln..,r a.tauv a um C nav u' cornnu. ..ous a.mv.s, au ...oins un s . <.,.pn,,u ''' "

-ras b.soi„ ,1. voin.n-, .li, ( u,.n..,..a,H.|.... pnM.ons I- „-a:u- wm .J.. !a .s.xi.MMo Av.m,,,.. ., av. .■ (•our...M.a,u I.' ,.,vm ...s !.. .1..

acu:.:i^;,a..:t:^^^^^^^^

l "•• .l..„u-heun. plus tanl. nu. a.ais Hai.,., inslallns <ia„. lu rha.nl.ro .l.- Titoiue I-H,,...-,- ,,,.1 lit n.ont..- ,i. ,a ,,,!'. , .

^zjt; "'7""'" '' "■"• """-'" •"anj.iL ; ,'■'

ca, c.Ue .1.. la v.mIU- ..an .l.pnis l..n^f..„,ps un. ..hos. d,. pass/ Alors nos anus .M.tn.r.MU. ou cntV.n.nc-. «liscut.'.nMU . tt ' bhrenU..s .noindres dô.ails d. leur assoc-iation. Q... s . . ,Mh La su.to d. notr.. nVit nous 1. laiss.-ra savoir, Tonj<,ûr l n que |..ur saOstair.. la l,^«itinu. ...riosi.ô .„. ..<„.„r n .s ^ , «on. les articles prin.ipanx .i. leur pro«ran.nu>:

«; ,!■,. ■• '"^■a iv (inec tour do la i);ir-

t.o scontifuju.. ot tochniciuo do la Sociôtô '

Ar.iclo Vlll. _ L,. .si,.„r PHIotior (Anioin.M, ri-dovant chi- rut-«.M.-,lo..t.s,o à Sto-Cunôgo„do. on nio do Montréal 1" ,v- co do Quoboc. au canada, et actuellon.ent sous rôsidonco à Now- York. sora.socrotairo do ladito Sociôtô.

Articio IX, _ Lo siour Duval (f'hilias Onôsinio) ontrenr- neur on la o.to do Montréal. Province do Québoo. Canada Z^.- ra lo trosorior. ^

^ Articio X. -. Lo capital sora uo cent niillo dollars {$]oo n...))

Article XI. La seconde partie du capital sera versée <,ix n.o.s après les pren.iers .xt,H.v..mosquels ioivon corn nencer immédiatement. ^^winmcncer

Comme on peut en iueer lo oai^i^ai nV. •- »-- -, - PUlias Duval s. taisait fort d'avancer™ suX^r.arii.T cessue. L-I„s.„ie„r de son cô,.^ assurait pouv* réussir aveMe"

46

montant souKtrit. il ferait !.• travail jMtur ainsi dire s«'ul, savait toninwnt •'•coudinisi'r ••! If pcrsonn»'! i-t le trnips. vt ]v diabl»; dhoninu' <''talt K'Il.-niiMit «onvaincn (in'il •'•fait («Ttain chinrtsm mains. (!•' in.Mu-r rfnt:«|.ris<'à l,nnii«> tin avec le «aitital qui lui •'■tait ver»/'.

S«'s ilt'iix assodrs ayant toutf la i ontiancr posHihlc .signc- HMit Tact»' par (h-vanf \v (U'rc d.' Ihotel qui .'tait notair.' public, ft tous 1»'H trois s.' rrndirrnt da;is uiu» banque du bas de la vdJe l'hilias Duval déposa un <h(qne au nom de Pelletler-Courte- nutnche, < hèque ()ui devait »tre i)ay«'- quatre jours après (|u'il au- rait été a((<'pté par la Han(|ue de .Montréal.

Ije rêve de Ha[)tiste C'ourtenianche se trouvait donc eu bon- ne voie de se réaliser, lardent, léternel nerf de la guerre, ne tai- sait plus obstacle. 11 n'avait plus (|uà nuircher de lavant car sans compter le montant de Philias Duval, il avait aussi à disi»o- ser du ( apital que son ami Antoine Pelletier mettait à sa dispo- sition.

De .-^on côté, l'époux de l'hiloniène Tranchenionta«ne (de Shawinifian) avait trouvé non seulement une situation .sociale Biais an>si .sans doute le moyen d'arriver à la fortune.

Quant an bon l'bilias Duval, il allait donc i)ouvoir prouver à l'humanité toute entière (|uc ceux (|ui l'ont dans la jiiejTe ne sont pas utiles seulement dac.s l'édili» ation des constructions.

Maintenant, s'écria l'hilias. je ne suis que pour trois jours à New- York et j'aimerais bien à voir si on i)eut avoir beaucoup «le "fu ' dans cette paroisse icitte.

Alors Coufteniaiiche les conduisit un peu partout, dans 1*r

>**=ri

Philias Du» .il.

prit 1<> train pour Moniré;il.

5

47 (h«àjn'M. dans li.s <iii,.|,ias ••i»iif.>r r-. . iii i

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■J::!: j;:;::r:: •;„;";!;;;;: ;;f,';;f r '"■"'■ -^^^ ^■^- p-

(Fin (i«- la Prcuiif-ro Partir.)

48

Seconde Partie.

I

BOULEVERSEMENT MONDIAL.

Depuis près de trois mois lue agitation inaccoutumée trou- blait les populations de l'univers.

Ce malaise inexplicable, étrange, se remarquait partout sur les deux hémisphères, ceci du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest. . En efl'et. de l'Archangel à l'Arabie, des Indes à l'Océanie, l'Afrique toute entière, enfin tout le monde fût-il civilisé ou bar- bare, savant ou jgnorant. rien ne fut épargné, pas même les deux Amériques, depuis la Terre de Feu aux habitations luxueu- ses des l^iedri Noirs en l'isle de Montréal.

Cette agitation, ou plutôt cette inquiétude avait pour cause l'apparition d'un phénomène inétéréologique, phénomène qui bouleversait la quiétude pul)lique et qui éveillait l'attention du monde scientifique à un tel point que la presse des deux mondes s'en empara et on vit surgir de nombreux articles et commen- taires qui tirent momentanément oublier les soucis de la grande guerre.

En effet des nianifestationt. singulières, presque surnatu- relles, avaient été remarquées, tout dabord par les astronomes. puis par les autorités militaires des grandes puissances de plus en plus en garde contre les aéroplanes et autres dirigeables, ins- truments terribles de destruction aérienne.

E^nfin le public -lui-mênîe avait pu Sf ~<?ndre compte et ob- server de lui-même ces singularités.

Ces phénomènes, disons-nous. éta. ..it caractérisées par l'apparition irrégulière et inexplicable d'une masse parfois som- bre, d'autres fois lumineuse, qu: occupait les régions élevées de l'éther. Parfois même on eut pu la prendre i)our une étoile filan- te ou une comète.

Qu'est-ce que cela pouvait bien être?

Les astrologues intrigués braquèrent leurs télescopes les plus puissants et afin de savoir ce qui en était observèrent les moindres recoins du ciel. EInftn. après bien des hésitations ce qui est permis pour une chose de cette importance ils miirent par déclarer que ce phénomène devait être im bolide détaché si- non d'une étoile de notre système planétaire ou sinon d'une pro- venance inconnue. Naturellement il était très important de con-

'f^

--^a^itlMiarw^çiWE LlKlCaî

49

naître au juste la vitesse et la marche de ce bolide, car il était essentiel de savoir s'il ne lui prendrait pas la fantaisie de venir en contact avec notre planète, et alors quels pourraient en être les résultats et les catastrophes qui en seraient la conséquenceV

De l'inquiétude universelle.

La presse, naturellement, trouva le chamj) fertile et nos bons amis les reporters en profitèrent pour y glaner toute une mois- son de faits divers plus ou moins sensationnels, dont ils confec- tionnèrent des articles mirifiques. Les extras succédèrent aux extras et les journaux se vendirent comme des petits pains.

En effet le sujet en valait la peine et nous ne pouvons blâ- mer nos excellents amis de cette bonne aubaine.

Tous se mirent donc à l'oeuvre pour trouver des renseigne- ments pouvant éclairer les lecteurs.

("est à (t'ttf' tin qu'un reporter du •('unard' ,

C'est à cette fin qu'un reporter du "Canard" de Montréal, au Canada, ayant été interviewer un astronome bien connu de Westmount, celui-ci lui apprit qu'un médecin montréalais, astro- nome distingué, avait prévu vers 1S7S le phénomène en question, que du reste il avait lui-même écrit à ce sujet à M. Camille Flam- marion et attendait incessamment une réponse de ce dernier.

Le "New York Herald" publia un article disant que les as- tronomes de l'observatoire de l'Université Columbia avaient ob- servé que le susdit bolide se dirigeait avec une rapidité vertigi- np.jse vers |p Xord-Est. et que d après les calculs il ne devait pas être à une distance fort éloignée de la croûte terrestre.

Le "Times" de Londres confirma ces observations en disant

f;-w:

59 v«s le c..,„„„ë„;?u;o,HC, """'""""'"•» -"'Waut se diriger

.oire"";',':;;: r::;™';';;™';,;''" '^'^ "'"'''"^^ -"^ '<"-"-

Qua 1„„ pouvait rerr,r en Lm! """ """""""' "' """"« >l.alt sensiblement maï.a'.ss e^ h " '^^"'«""•"' ^^ mppro- tern,i„e„ce lun.ineu" "' '""^-lière était par in-

■lonnaien, lopin ."el 1 ! ,1n " f"" ""*o^'"><^ 'l.'-Us |-an„» ,n„„I,.., l,:Hi;r„ir ^a n^r^e'pr'^t ""'"'■ "' talent dans „ne prudente réticence I . ° , .f °"°"«'- « ■•"s- journal seini-olïiciel all-,if1^ l ""*' "^ Pranefort",

«e ne devait ..r7;„t;'r tir, e'^trCt^^t'^ar ''"^ ''■'■

nonveile i„<.r.,var , " ' M iVa^ t"""' T'"^""'" ''"'''' '^ et se dirigeait vers ,e .ontine,,; asilu^ue '"" "" ■""'""'

,ne l'obiSviioire"':,':;;^ j,?j.ir ""'■f^. "^-^ -*'- « ■■"^'-

bolKIe .,u, sans In^sitat [.^ - . s ^'^tr ''T"'-? ^"^'^ "^

n..^:';:r:i:^,-;Li tr ■■ -'^^^ ---> ^

..n s,.n,bi;,i, a rdlcaprc'de'Toîie, ■''■'' '='•''""" '"""* ^' e. cela se convoi,, ,a cha^l:''» '; °' Lï'"-,/-"-"--,, concerts tirent fortune. ""<- «e ta partie et les cafés-

discnï;:rv7h'- ,::rrt''di''"'r'"^ "'"^ '^^ j»— "-

devenir sangiaMes P<""»"<I"es <,„i menacèrent de

gea au'canada dans ÏÏ™„; etoo^ ,"T' ■"" ""^ ■"" '^'''^-- ee Québec, entre ie ^N-fcSi^eH:' "TS.Lr'''''' ''™""-

.andl^rL^rfrStbi'r'". ^If:;"^ ""^'^ "•'"- ^'=- sne monde entier dans l-a^t^ni: s:in":nTi™Q„:rt!:, ^

çoncS^iiSr^:;:";^--^:;:--..»^^^^

niable ,iu, ,„enaça,t la terre et s'il venait en conucraS e»lZ'-"

51

vait avoir des conséquences si non fatales, du moins terribles

Tous attendaient donc dans lanxiété la plus grande lors- iu un beau n.atin lincroyable nouvelle que nous allons 1 re VLt jeter les peuples du gk.b. dans la plus étrange des perplexités

II

COMPLICATIONS DIPLOMATIQUES. L'Honorable M. Lansing. l'honnne d'Etat bien connu, mi-

a s s •-; ofr""""""^ '' Washington, était confortablement ass s a son secrétaire et prenait connaissance de pièces impor- tantes relatives aux questions .le politique étrangère et enait us ement de terminer la lecture d'un volumineux'dossi r or ! qu un huiss. . de service pénétra dans le cabinet et dépo a de- vant le ministre une grande et épaisse enveloppe

In(rlgu.^ l'honorable ministre jeta tout d'abord sur cette en- ve opiK. un long regard inquisiteur, puis après hésitation et l'a- voir palpée (précaution à prendre, surtout en temps de guerre et dans un pays dans lequel Ls espions fourmillent), il l'ouvrit en t,ra un document assez considérable et ajustant un lorgnon Il en commença la lecture, mais à pHn,> y eut-il je,,, l.s v4x ." commence la lecture qu'il poussa un cri de surprise ' '

Comme nous allons nous-mêmes pouvoir en juger, il y avait de quoi être étonné car voici ce qu'il venait de lir.«^

EMPIRE DE L'ESPACE. Ministère des Affaires Etrangères, Cabinet du Ministre.

(Vol. 1, Feuillet 4.)

Auto aérien "Le Wawaron". Excellence, """■■ ^^^^^ ^^'^'^le), 1917.

Mon gracieux souverain, Sa Majesté Baptiste .-emier a Je plaisir (!.. porter à votre connaissance la nouveUe de son éléva- tion au troue de î'Empire de l'Espace, dont il est devenu le très puissant souverain par la grâce de Dieu.

L'Auto-Aérien, détaché tout spécialement de sa flotte aé- nenne, est chargé de vous faire parvenir ce message.

Sa Majesté désire que vous assuriez l'Honorable Président et ic peuple de la noble et puissante nation de la République des Etats-l nis de la sincérité de ses sentiments et aussi ùf l'admi-

îl

ration profonde quelle professe à regard de ses grandes et bel- les institutions, et aussi de la part qu'elle prend pour les intérêts de la cause sacrée de la liberté et de l'humanité. De par Sa Majesté l'Empereur IJaptiste.

(Signé) ANTOINP:. Duc de Ste-Cunégonde.

iMinistre d'Etat La poudre eut-elle tombé aux pieds de l'Honorable M I^n- sing qu'il n'en eut été pas plus étonné. Il essuya ses lorgnons prit une gorgée d'eau d'un verre qui se trouvait sur le secrétaire' puis II se reprit à relire à plusieurs reprises la lettre du Duc de Ste-Cunegonde. alors le ministre américain put voir en-dessous et peint a la main sur le parcnemin un écusson: "CeT'';)lant grim- pant sur Azur" avec la devise: "Aère Perennius".

Alors l'honorable ministre fut pris d'un rire' homérique qui le secoua à un tel point qu'il faillit en perdre la respiration.

"Quel est le farceur qui a voulu se moquer ainsi de moi'^ se dit-il en essuyant ses yeux que le fait d'avoir ri avait emplis de larmes.

L'Iion. Lan.siiiK et son secrôtairt^

Alors il sonna son secrétaire et lia intima l'ordre de préve- nir le chef du "Intelligence Bureau" et qu'il désirait le voir au plus vite.

Celui-ci ne tarda pas à se présenter et tous deux eurent un long entretien qui eut pour résultat que la police se li^Ta sans perdre de temps à des recherches toutes spéciales.

Kitt:itîf::''^y,T^

<>•>

Tout semblait cep'MulaiU vouloir ui rester là. lorsqu'on ap- prit que peu de jours plus tard une lettre à peu près semblable était parvenue au bureau du ministère à Londres à l'Honorable Premier Ministre Lloyd (leorge. Celui-ei. avec son flegme tout britannique, allait passer outre sans sen inquiéter davantage lorsqu'il apprit à son grand étonnement que l'Honorable (îeor- ges Clemenceau, de Paris, en avait reçu une absolument identi- que.

Décidément la chose devenait plus sérieuse qu'on avait vou- lu le croire de prime abord et cela s'accentua davantage, lorsque J on sut qu'une lettre a.ialogue était parvenue à l'Empereur (îuil- laume II et enfin aux autres nations furein-elles belligérantes ou neutres.

La question de l'Emj)ire de l'Kspace prenait doue toutes les apparences d'une réalité, à moins "toutefois qu'on l'ut en présen- ce d mie mystification de haute envergure.

-Mais le bouquet fut lorsqu'un beau soir le -Wawaron" i)assa tout dluminé au-dessus de Londres, mais quoiqu il fut à uiu- très grande hauteur on le vh passer tout illuminé et le lendemain ma- tm on trouva sur le sol des cart<".s portant ces simph's tnots- -I e Wawaron, P. i{. \'."

Alors il n'y eut plus à douter. Il existait don.- ce fai)uleux ^'awaron.

11 §e produisit, comme on le conçoit, un véritable déchaîne- ment d'activité, non seulemem dans le domaine administratif tant gouvernemental que militaire, mais les savants de toutes parts se livrèrent aux recherches les plus échevelées.

Les encyclopédistes fouillèrent les plus précieux et anciens manuscrits des bibliothèques, tout y passa, les dictionnaires les ' plus complets, les traités de géographies les plus impeccables mais rien ne servit, le mystère de l'Empire de l'Espace restait de plus en plus impénétrable.

On allait désespérer lorsqu'un beau jour un journal de la ^ \ille Lumière, le 'Paris-Canada ', publia un article signé Un Canadien".

Cet article disait que le "Wawaron était un reptile de la fa- mille des batraciens, en somme une grenouille monstre que l'on rencontre en très grande quantité sur les bords du fleuve Saint- Laurent, au Canada, que les pâtés de ce batracien étaient fort

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54

. ^n^rT™"^'""'"" """■"= ■'= ''°'"'' ■'«S 'Mères ou des lac» il n'y

Toujours en est-Il qull existait ce "W-awaron" on lavait ob celui qui avait baptise d'un tel nom l'auto-aérien devaif Mr^VZ

sr'dr"' '" " ^^"""^ »' p-«cuiiérê„™; ,a ™:v^: ::

Québec, des connaissances peu communes.

aérien' m^l"nt"' ^'T"'' "'^ '^"^""'^'' °°"^ ^ ^«""«'- ^ "" ^^to- aérien, mais que voulez-vous, tous les goûts sont dans la nature

pourVventSff?'/'''''^'' ''''^''■'' '"'""''^ ^^^ ^-^"^^"^ ^^ -"»'"« cours '''"'■'"' '''^^ ^^'" ^^' ^''^«^^^^ !'«"•• ^'''^"S-'- «on

être fn el"^. '"'""' ^"^î^^'^'^^^ •"-^"" ^^^ qui peut-otre allait être appelé a jouer un rôle important dans les questions de noli- Uque internationale. De quel côté ce nouvel empire se nett a - 11? De quel coté ferait-il pencher la balance? Vers celui des Pu s- sancos Centrales ou pour les Alliés?

,:,,,?!' ""'"i^^'^^d ^'-^'- justesse qu'un empire possédant des di-

heuit frf."?- ^'''T""'''' ^"' '' "Wawaron" qui en quelques heuies franchissait des distances fantastiques et mettait bien en arrière tous les modèles connus, possédant une puissance de pro-

vo n.7- T- T "' '^""'^'' comprendre l'origine, s'illuminant à volonté et s ahmentant on ne savait ni comment, étaient des questions qui demandaient réflexion, surtout sachant l'impor- tance capitale de l'aérologie dans la guerre actuelle.

Les centres diplomatiques avaient cru entrevoir dans les let- tres envoyées à certaines puissances par le duc de Sainte-Cuné- gonde au nom de Baptiste 1er. une certaine tendance en faveur des Allies mais rien d'assez positif pour qu'on pu former une opinion déterminée.

Donc on vivait dans l'attente.

i:i^s.^L

65

m

GOTT MIT liC.VS.

son bureau ,1 raval ' ''''^' ■'''^"''"«"^ '^«i' "»-» 'l-vant

chancelier Herr Dootor ,».^ " '"••'»•""■'• «'" l'ouveau

Kaiser de|,uisT^,elgué Te , , """"":"•" "" Duceldort. Car le

lier que de c L, I e c'é, u ■"'"''"' """' ""'""" '" <•"'"'<■'-

de chambre '""'" '■' "'"■ P'^'-'M' "<"> valet

.alre'ëu faoe'd Z S^ 7.'::':,:'',' ','• '''""■" '"' "" '^"'- Wement awls ou nl„ a, " >,''»'"t !"■ Kronprmz qui <ouforta-

tait un umEà'iuCr,,?-', ' "■" """ '"'"'^'= "">«'"■■ '-'""«-

jK;^.^:™^j^:f:;::r;;-i;-;r=rri;;-r

]or de ses armées de l'Est les ivtraifP« =fr.,t - f'^t-ma-

avons opérées dans le Xord dp .T '^'^^^^^^'^"^^ ^J»*^ "ous

dans ,esqp,esr ^X^sTe^'^^î;;, ^ -^11^^.1:^

:c:;:,i:rstre;ui:seXr/L^^^^^^^^

d"r=i'— r^^

^ Les braves gens: dit Guillaume II.

'-Ils ont en certaines circonstances niursiiivit Rei„rfn»- , abandonné aux ennemis un certain non,b?e de ,''e ^ " ' ' cec. pour ne pas avoir .■e„cou,b.„„,e„, de les lôTe:\::Z2

&u

ont pouhsé 1-héroiHnie jiisquà sf laisst-r prpui.re priscimitTS afin d augmentpr le iionibro de bout lies à nos adversaires.

"Continuez, chancelier, continuez, dit lenipereur. vos r.'c its me comblent de gloire.

'En outre, pour sauvegarder la morale publique ils om enj- peche livroRuerie dans la population en s'emparant des vins et alcools dont ces malheureux auraient fait un fâcheux usage En plus. Ils ont poussé la chevalerie jusqu'à nrendre les femmes et jeunes filles et s'en faire les i)rotecteurs dévoués.

••Herr Chai.-eli-r. fi. Guillaume il en relevant triomphale-

I.fs braves kchs. dit Giiillamne II.

nient les crocs tombants de sa moustache jadis si conquérante, vous comblez mon coeur de joie et pour vous témoigner notre impériale satisfaction nous vous décernons des lettres patentes de noblesse de quinzième classe, quant aux héros de notre vail- lante armée, je leur décerne une averse de croix de fer, ça coûte pas cher et ça fait toujours plaisir.

"Tiens, s'écria le Kronprinz qui jusqu'alors avait conservé le silence, c'est comme dans la chanson que disait si bien Ivette Guilbert: "Ça fait toujours plaisir".

"J'ai entendu chanter cela à Paris quand j'y voyageois in- cocnito.

liMl

Ciiillaiinif II haiissu les épaules aux paroles de sou til», quaiif au «haïuelier. ému dcvajit la K*M'*'rosité de son maître il se mit à genoux et lui Italsa la main.

"Sire, dit le nouvel annohli, je ne trouve pas de mots assez éloquents pour vous exprimer Joute ma reconnaissance.

F*uis se relevant le chancelier j)oursuivit: "Votre Majesté a-t-elle j)ris en considération les questions relatives à ce "VVawaron" dont la })résence ({mimence à émou- voir les esprits? Nos parlementaires s'alarment à tort sans dou- te sur l'influence que pourrait prendre cet F^nipereur de i F^space et de la prépondérance qu'il aurait peul-être sur la politiqiie in- ternationale. Voici, ajouta-t-il. en jtlacjant un document devant l'Empereur, un mémoire que la Commission Spéciale m'a chargé de remettre à Votre .Majesté.

■'Ponnez, dit l'P'mpereur d'un ton sec.

Ciuillaume 11 prit le manuscrit, le lut attentivement, puis se levant il arpenta la pièce à ])lusienrs rej)rises une main derrière le dos, l'autre entre les boutons de son gilei. atïectant ainsi une pose na|)olé()uienne. (Ah! ce Bonaparte (|ui était tor.t à la fois son idole «'t son cauchemar î) Knfiii. après (iuei<|ues minutes il s'arrêta devant son chancelier et lui dit :

"A-t-on quehiues renseigiiements sm* (•' lîaptiste et sur l'emplacement de cet FTmpire de l'FIsjjace'.'

"Oui. Sire, répondit le chancelier, mais sans toutefois avoir pu rien obtenir.

"Et ..lon, on est-il. peut-on le trouver'? demanda

Guillaume 'I.

"C'est 1 lus que je puis vous dire. Sire, repondit le chancelier en baissant h tête.'

"Alors! s'» cria le collaborateur au "Chiffon de Papier", en donnant sur le secrétaire un lîionumental coup de poing:

"On se moque de moi!

"Non, Sire, dit le chancelier en pâlissant, personne se mo- que de vous. Vos onTres ont été exécutés à la lettre, le service d'espionnage tout entier s'est mis à l'oeuvre, s'en est oc ,e av°'; ardeur, et Votre Majesté sait fort bien que son servicô u'esp'/Vi- nage est remarquable et unique au monde.

"Ah! pour cela, dit C.uiHanme II radouci et ;.■ ec ccviction, mes espions sont incomparables. Mais, par le diable, donc peut-on trouver ce Wawaron ?

"Dans les: airs, Sire, répondit Reindflesh.

e winmB^3hiF-^iniii^mBanxiF*f¥rK::-f-

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uuo mir,X"oZii:;""""" - ■""■"" "■' •■">•"'.■ *. ... ,.„

une Uonr;:,a«^rv„t':rsta,r '"""*"' '"-• ''''■ "" ™»* dUDl Vous i„. vov,.2 dZ- "'"™''° ■'"^ Illusions! Ver-

Invincible ar,née e„u? e„'4i,?It""" "î"'"' '"'■"- ="- "<"-

ques. " '"'' l"" """S retraites stratégi-

succéieu'r.UUla''' "'"■' '"""■ '''"•""" »«"encle„.«e„,en, le

"Vous pouvez bwu en parler de f.-.n.,,,-. . tre invincible année conu.u^ H- ! ' ^' "^^'"'^ continue no-

rader ù Berlin et se^ aU anrs n . '''"' '''''• '•^^''^'"'"•^ I^^'

l>l.alen,en. Parad^ur ï^^l^^^^n:.;;;" ^^^^ *-- -Gou- rer à vôt^Mi^rcm,."''";/"""^ "" -"'--adenr ù suggé- qu'il voyau t^ni; ' '' ^^^'"^"-«'» 1'» ^-"ait e„.pêel,er lorage

; ^aHe. dit rKn.pereur „ous vous écoutons. SouaÎS;;,^::;;;,"' /^«-^^^'-t. diplon.atiques de sence serait pi!:;." L u "Sn^^^i^*^ '""''' ^"^ ^^ ^-- se trouve le Wawaro d u T ? ""^^^"^ ^"^ '^*^'»^' d" trône. Je croi; o^ n- ' ^•'^^"^^ï'er en .aluant l'héritier sant que doit It ^p iZ I r" ^^7' -\en,,ereur aussi puis- Possédant un talen, ^ ;;„ ^1;" fr."? '^•^'•^•'-•-- tible dune hyp.,cn-..e ù toute épr'ue'^' ' ''^"'" '' ''''''''■

monde"!"' ''""" ''"'"""""' "" "' ^•"" ^^'««'"^ ^^ait encore de ce "Et qui? demanda le Kaiser

bile :-"r;r„''^^' -■ ™'^' ■"■ o"^ p-- -..1- so„ p,..

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59

1.0 thancolier sortit en saluant H (;iiillaum.> Il apivs avoir réflt'chi quelques socofKles se tourna vers son ttls et lui dit:

'"Alors vous persistez à m- pas vouloir aller occuper votre poste au front à Verdur»?

"Voyonj^. mon p.'re. maintenant que le chancelier n'v est plus n(ms pouvons causer librunent, diabl avez-vous l'idée de mVnvoyer faire trist. figure à Verdun? Vous voyez bien que les Français se tnoquent d.- nous et que ces cochons-là ne se laisseront jamais battn- Kn voyez-moi sur le front russe, au moins il y a moyen de moyen ner.

"Décidément. Monsieur, dit W Kaiser avec un sourire de mé- pris. Il en est de vous pour les champs de batailles comme pour les femmes, vous aimez Ie.>< victoires faciles.

••Kt pourquoi pas-.' répondit le Kronprinz en emplissant sa coupe de c-hampapne. .^i j'aime les victoires facil.'s. vous aff^'c- tionnez les impossibilités, vou^ s.'mble/ l'avoir prouvé en vou- lant cette guerre.

"Vouloir cette gu.-rre: s'écria (Wiillauine H, nai-je pa^ dit publuiuement que je ne lavais pas désirée, et ne vous ai-je pas promis votre bâton de maréchal le joui vous prendriez Ver- dun.

"Vous n'avez pas voulu cette guerre et vous avez promis, deux belles i)hrases que l'histoire se chargera de prouver, dit le prince. Vous avez promis à la Belgique de respecter sa neutrali- té, aux Etats-Unis de prendre en considération leurs justes ré- clamations. Promis, mais à quoi cehi pourrait -il vous servir, ou ne vous croirait pas.

"Kt cependant, fit l'empereur avec rage

"Il ny a pas de cependant mon père, que voulez-vous que j'aille faire dans le Nord de la France'.' .Vos soldats n'ont pas laissé une bouteille de vin à In-ire. Quant aux femmes, c'est à peine s'ils ont eu la délicatesse d'en laisser quelques-unes d'in- tactes pour leurs officiers.

"Alors vous prétendriez que nos soldats r:e sont que des hor- des de barbares, s'écria Cuillaiime II avec rage.

"Moi. je ne prétends rien, je constate, voilà tout, répondit le Kronprinz en allumant une cigarette.

A ce moment la porte s'entrouvrit donnant passage à Reind- flesh qui précédait le Comte von Bernstorff.

"Vous savez pourquoi je vous fais venir et vous acceptez? dit Guiiiaume II à rex-aïubassadeur.

"i]f-

to

.)<• hiiih t(»..mjr 11 ,ijoiirs |>hm à tout pour !»• sonlc- dt \o- lr<- Majent.-. tV.,H.n,m von H.rn»t<.rff -n saluant jiiw|u à trrr.'

Alors caiisonK ^t voytu.K i. r. ,:ler (ettf affuirt' <lu Wav.a- nni. (lit Ciiliaiini.. Il en U-ur faisant hIku- de «asHi-oir.

IV

CK Ql'K CFCTAIT giK i. K.Ml'IUK l.K l/KSI'ACK.

Il €>8t iii<(.nt.>stal.le qu»» 1rs i«teurs (loivrni .m- d.-nandiT - r qu. som .l.v.nus nos d.ux ex. HU-nts .-.hms. In.Kénin.r Itar.Hsf *-'" iian.h.. ..f son ra .narad.. !.• rlnrwrKit n-d.-nnst*' TU<'>v.'>

Nous l.'K avons laissés - si nous lunis souvenons Lien - à .»-du (îrand Terminal Station ;. NVw-Vo.k, prenant le train WU des plus douées espérances , t emporfaiu a\ec eux 1. i ' uoses ne.essaires ,)our leur lon^ et périlleux vovaKe vers lOuest l i.nadien. eest -à-dire vers <ett pa,-ie , Nord-O.n'st lin-- ni.ur avait dé-couven les préc,. ux matériaux nécessaire, à'-a réalisation de la navi,u:ati<Hi aenen„e telle qu'il T.-vait ( on. ne

La prenuere p;,rtie ne fut en réalii,. qu-ini. lon-ne proire. "■«i<' iu> donini lieu à aucun incident .li^ne de ,ne„tion et ils se rendu-enr .ers lendroit le plu. rapproché des lieux on les •..■- «herches des Unne„x éléments devaieiu être (ahes \/, u [, ;„ tallut trotiver la main-doeuvr-' et cela ..-.tait pas aussi laci'- quon pouvait le croire. La fameuse conscription avait enlevé n-, Krand nombre dhommes. et .eux qui restaient se trouxaient em- pêches soi; p;,r d,.s obligations conunerciales ou de famille les autres se firem fortement tirer Toreille e ne .< .lé. idèrent à leur venir en aide que par l'appât du gain.

Pm-s il leur fallut feir.' construire des ateliers de construc- tJon, un lab.)ratoir... un haut fonmeau. enfin tout .e qui est né- cessaire pour la fonte et la préparation .les métaux, et ceux de 1 ingénieur Court enianche sortaient .ie beaucoup des manipula- tions ordinaires.

Knfin, après .les semaines .le travail. Courfenianche réussit a obtenir une quantité suffisante de -Légium- et de "Popu- leum" pour fabriquer lappareil d-nt il avait la .onception ap- pare-' qu'il fit dans un atelier spécial et lui seul avait accès car 11 conservait son secret avec un soin jaloux, même à un tel point que Titoine Pelquier n'était pas admis dans le laboratoire Courtemanche, avons-nous dit. avait en main assez de chaque

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-rouvaieu, dans U: , aWne ,1. l-ln;";,;::'. "■" " ""■""'"' ""' "

Comment lo ■■J'onuléiin." >t 'i

lurent bien ai.-delà .le ses espérances ^

Lorsque tout fut prêt, ringénieur téléj^raphia à Philias Dm val qu. était resté à Montréal, .le v-nir au pi vi te ' r e omp e des résultats obtenus, et en mên,e temps pouV net :::;un:;:^^" ^"'^^^'"^' '^^ '^ h-Cana-nLAenal CoL

«2

nu parfait à tous les points de vue, les trois associés se réunirent dans la chambre de l'ingénieur.

Cette réunion qui dura plusieurs heures, fut très agitée, cha- cune des propositions fut longuement discutée, pesée et analy- sée, car ce que nos amis résolurent devait être de la plus grande gravité, non seulement pour eux mais aussi pour, les conséquen- ces qui pouvaient surgir.

L'invention de Courtemanche les mettait en possession d'un empire immense, illimité, empire que les autres puissances ne pouvaient espérer atteindre vu ue leurs dirigeabUs ou aéropla- nes n'étaient que de vulgaires pygmées à côté df> celui de Bap- tiste Courtemanche.

Hiiptiste r'n.'niier. . .

L'Empire de l'Espace était à eux. personne ne saurait le leur disputer, ils étaient les maîtres de la situation.

A défaut du i)avois comme on faisait jadis pour les rois francs, Courtemanche fut hissé sur la table et proclamé Empe- reur de l'Espace avec le nom dL^ Baptiste Premier.

Dans sa reconnaissance le nouveau souverain créa l'ordre impérial du Castor dont il investit et décora du grand cordon ses deux collaborateurs. Ne trouvant pas cette faveur, pourtant si chère aux terriens même civihsés, il décerna à Titoine Pelquier les titres somptueux de Duc de Ste-Cunégonde et de Baron des Tanneries; quant à Philias Duval, il voulut flatter ses sentiment, s de légitime orgueil en faisant de l'Isle de la Barbette Ariiourrusc. propriété de l'entrepreneur, une principauté.

ÉmÊmsi'jm^ss^'iiLj^i^.i^i

«3 nictére. Celui-ci en nrnm '"'•'-'""^Sonde de foruier un mi-

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ceptée. "'™' comment cette création serait ac-

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mais un véritable autrol "e «''"f !f !^ ™"'"'^ ^ -'^™. da Baptiste. "• 1" "^" P«"se2-vous? denian-

■■Si.perbe! Je seconde la ,„,„i„„, «■,•.,■„» Ivinuier

....■ ^on:,:l:^^::^;:'!■cvlT■.'''''• ™""- »'"™"-™ ■.'■■""

"Trois I )urrah pour Ip Wauam,. ^

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niers'^élr™:;: fe ':,u'a"v:rér ""f "•" "'"'""-'" "- "- de rau.„-aér,e„ et Xcé soùs iv eli ^ T "" "■""■'"""'■ ■' """' le façon que les prtaripes de IvC rf ," "" '■"«'"i'""- <le tel- observés. '^ '"' ' "•l"'l"'re les j.lus ..iri.is fussent

réa, «^^d^^rernsS:: '" ""■'"■"■ - '' '•• '-«-

'e™st:;^::::::,-:Ssr^,-:f:;^t -'--ers,

nen ne fut dit à personne, le ••VVawar^r -, '"'"' ""'" """ ment dans l'Empire de l'Espace. ■""" " "'"" majestueuse-

EXPI,0R.-\T10NS IMPERIALES.

C..négo„,!;"':i:;;Xar .:'.'«•" r''*."'"'^'^' '' "- "' «- .-P.e de l'Espace. ^Z -^-aT" iC st^Z:»:-:

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niAme que le prince Duval en entendant cette expression qu'il ignorait, avait demandé ce que c'était pour un cirvaux, avait cru d'étiquette imi>ériale de mettre en mouvement le phonogra- phe du hord qui exécuta: "Vive la Canadienne" et de développer le drapeau "Etoiles d'Or sur Azur".

Ce fut un moment solennel et tous deux émus, tête décou- verte, écoutèrent religieusement l'hymne si cher aux vrais pa- triotes.

"Maintenant que nous v'ià z'en l'air, éiousque nous allons aller? demanda le duc Titoine avec intérêt.

"J't'avouerai en toute sincérité, répondit l'Empereur, que je u'sais pas diahle moi-même par ousqu'on pourrait ben commen- cer.

"Ça. mon vieux, c'est ben vrai, dit Titoine d'un air convain- cu, ton empire est passablement grand, il est comme qu'on di- rait étendu à l'infini, c'est pas comme lorsqu'on va au Sault-au- Récollet, ta paroisse natale, éiousqu'on a le loisir de faire des chapelles en route. Icitte, vois-tu, à moins d'aller prendre un coup dans la lune, il faut se greyer de tout ce qu'il faut avant de partir. Dans tes états il y a des nuages et des étoiles qui sont un peu loin pour qu'on aille les visiter, aussi tout et que nous avons à faire pour le moment c'est d'explorer les frontières de tes états.

"Tu parles comme un livre, répondit Baptiste devenu son- geur. Mais le moment n'est pas encore venu de nous faire con- naître. Il faut laisser les peuples de l'univers dans l'ignorance et leur faire croire qu'un phénomène étrange, incompréhensible, se passe dans les régions élevées de l'atmosphère.

"Et pourquoi ça? demanda Titoine intrigué.

"Je vais te dire, fit Courtemanche en modérant la vitesse du "Wawaron" et lui donnant une altitude pas très élevée.

"Comme tu t'en doutes, personne sur la terre, sauf Duval, savent qu'un nouvel empire a été créé. Cet empire, en réalité, nous ne le connaissons pas Jious-mêmes, et comme tu le fais très logiquement remarquer, en dehors des frontières il nous reste rien que nous puissions logiquement explorer. Chez nous c'est dans l'espace et nous rendre sur un continent, dans un pays quelconque, c'est après tout aller en pays étranger. Et. mon cher ami, si tu suis bien mon raisonnement, tu dois te rendre compte aussi bien que je le fais, qu'au point de vue strictement diplonia-

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i''d;vrn:?Ccr"'""-'^°'^' ^^'"^ '- '-''- -'- -- ^•-

"Que veux-tu. mon pauvre ami. dit Baptiste en riant tu conna.8 le proverbe: -Noblesse oblige". J-a>^,ue qu'à la lo ig^ë cela pourrait devenir monotone, mais lorsque l'o' songe fëe

saTremënt"4 :""? '"" ^'"" '' ''''''''' '^ ^-^^-^ ^'^ "-- sairement va envelopper notre présence qui sera éniematiauP

pour eux. il y a de quoi rire. Nous allons nous elïorce la en

fes t'uelTf n "" ""'" '' ''' ''^^''' ''^' bouleverses par P^ er A o f .n ' 'ï' «"«-nglantent l'Europe, ne sauront que

révélerons, formidable coup de théâtre qui jettera les peuples de la terre dans la plus profonde des perplexités

prom:nari?:. ''''' ^""^^ ^"^ ^^ ^ ^^"^ ^" '-^--p' -tt. "Eh! mon cher, répondit Baptiste, aussi longtemps qu'il fau-

n anrj 'T """ '^'"'"' '^ ''"'' '" «"«"^^ '^'»- '-Ls nous manifester tout partout, qu'aucun coin de la terre ignore notre présence, enhn qu'aucun doute ne soit possible

'Alors ça va ben. dit Pelquier, nous avons du tabac et du P tu blanc pour une escousse, et ptétre ben qu'en route y aura moyen de se procurer ce qu'il nous manquera

"C'est bien ce que j'ai pensé, ajouta Baptiste, nous resterons en I air le plus possible, ne descendant à terre que dans des en- droits isoles, ceci pour renouveler notre provision d'eau et tuer du gibier, car notre réchaud électrique nous permet de cuisiner autant que nous le voulons.

"Allons-nous commencer par rAn)érique. par le Canada' demanda Titoine. ' '^«maud.

"Non. répondit Baptiste en entraînant son ami vers sa ca- bine et lui montrant une carte de géographie. Xous allons tra- verserle Canada, les Etats-Unis, et nous nous rendrons dans I Ar.^enque du Sud en passant au-dessus du canal de Panama

Il est plus que probable que nos lecteurs n'ont jamais eu l'a- vantage de faire le tour du monde en dirigeable. Nous devons avouer que cela serait très agréable, pour le présent la chose est assez difficile, mais si nous considérons bien le train dont vont les choses, il n'y aurait rien d'.mpossib?e qu'avant bien long- te:;p.s cela se réalisât.

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valf ^r.T^ ^^«"rtemanche. pardon Sa Majesté Baptiste 1er. l'a- •entt M' "^^,^^^'-*""^ « ""^ t'-^^ Scande hauteur, devant sou- ^ent se servir de casques spéciaux, invention de l'ingénieur ceci pour ntter contre ie froid et l'état de la pression atnfoSriq: La nu.t Is descendaient en des endroits déserts ils pouvaLt renouveler leurs provisions. Souvent ils restaient toute unélôur- nee a terre chassant, péchant, et ne remontant dans lespace que lorsque la nuit était venue. espace

C'est ainsi qu'ils parcoururent les deux Amériques, ne se faisant entrevoir qu'à de très grandes hauteurs et donnant ainsi aux populations sauvages et ignorantes de fantastiques idées

Puis ce fut le tour de l'Afrique, de l'Asie, sans compter l'O- ceanie. et réservèrent l'Europe pour la fin

Nous savons ce qu'en furent les conséquences, la chimère du bohde et les discussions homériques qui en résultèrent

Leur voyage était incomparablement intéressant et même parfois des plus amusant; c'est ainsi qu'un beau jour en Afrique. Titome Pelquier. oh! ironie du sort, vit son impeccable vertu fort en danger.

Ils étaient dans l'Afrique Centrale et depuis assez longtemps ils n avaient pas atterri pour chasser et renouveler leur provi- sion de viande fraîche. Ce jour-là il faisait un temps admirable. 1 air était pur. le ciel serein, et une clairière se présenta à leurs regards. L'admirable végétation africaine se présentait à eux dans toute sa splendeur.

Atterrir le "Wawaron". l'amarrer solidement fut l'affaire de quelques minutes, et saisissant leurs fusils ils s'élancèrent vers la foret.

Ils avaient à peine parcouru deux milles que soudain un bruit etrang-e vint frapper leurs oreiUes.

Avançant avec la plus grande prudence ils purent bientôt distinguer que cp bruit venait des cases d'un village nègre oui se trouvait non loin de là. ^

Trouvant l'aventure amusante, bien armés, ne craignant rien de ces indigènes qui nécessairement seraient stupéfaits de les voir, ils avancèrent sans crainte.

Ceux qui furent étonnés ce ne furent pas les nègres mais au contraire nos amis lorsque celui qui paraissait le chef de la tnbu et qui n'était autre qu'un roi nègre, s'avança vers eux et dans un anglais impeccable leui souhaita la bienvenue

Sa Majesté nègre avait un certain vernis et heureusement

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n'était pas anthropophage, il semblait habitué à r.cvoir ,Iev ,.v Plorateurs. Très civil il les conduisit vers la case rC li e ^ ^1 -

Chaque été il partait suivi do ses esclaves et de ses favorites et e„„„ena.t avec lui ses gardes particuliers e, ses rîs orsn o bablenient pour éviter de désastreuses tentât Ons à t^t" tn^, car probablement en Afrique aussi l^'^^^.: '^^ gnent pas de soulager la caisse nationale n.nt^' Majestés, qu'elles soient blanches ou noires affection

cellent vm de palmier. Puis il donna l'ordre de faire atlncërs^fn" orchestre et le corps de ballet. avancer son

Que le lecteur et surtout les jolies lectrices n se figurent

vêtues d'un vêtement si délicat quTl fallait y mettre beauclTde bonne volonté pour s'apercevoir qu'elles en avaient un '

Tout cela sous le beau ciel d'Afrique, avec un cadre de ver dure Idéal, le parfum pénétrant des fleurs et des enceL L m au. vapeurs du vin de palmier était plus qL" .ïfiL^rpttrTrt-

Courtemanche observait, ce d ,1c dhf.mr,.. ...

Sa Majesté nègre lui aussi songeait, oui, non pas à la nmsi- que n, aux grâces de ses danseuses, mais à la longue- L que Baptiste portait en sautoir et à la gourde que Titoine avait sus-

i itéT?.e"?- ^"':' "'' ^"""^ ^^"^- ' "^"--'« à "- an s ,t tU.te de ces deux objets qu'il semblait navoir jamais vus

L mgenieur lui montra l'usage de la longue-vue. et notre bon Hn nègre pu voir à sa grande satisfaction un singe qui ^ mpaU 'i un arbre a plus de mille pieds de distance *n-.nipait

Etonné il regarda avec l'instrument danc tout^'^ !es Olr.r tïons et fut si énier^'eillé qu'il résolut de l'obtenir.

68

Il appela un esclave et ae fit apporter une cassette qu'il pré- senta à Baptiste en lui disant:

"Cette boîte contient des images qui m'ont été données par un des envoyés du roi d'Angleterre. Ces images me furent pré- sentées comme remerciement lorsque je signais un papier disant que je voulais bien lui faire l'honneur d'accepter le protectorat de leur roi. Comme ces images ne me sont d'aucune utilité et que votre lunette me serait très agréable, je désire changer avec vous. Puis se tournant vers Titoine il lui dit: J'aimerais aussi conserver en souvenir de vous cette bouteille que vous avez au côté, en échange je vous donne deux de mes plus jolies esclaves à votre choix.

Pelquier recula d'un pas et lança un regard qui voulait dire: "Vade rétro Satanas".

Pauvre Pelquier! l'ombre de Manie Pelquier (née Philomè- ne Tranchemontagne de Shawinigan) lui passa dans l'esprit, lui qui s'était débarrassé d'une blanche, il ne voulut pas de deux noires en échange, quoique d'après toutes les règles musicales il faut deux noires pour faire une blanche. Il fit un geste de dé- négation poli, mais si déterminé, que le roi n'insista pas et Titoi- ne le plus gracieusement du monde lui offrit la gourde pour rien. Le nègre leur donna alors des gibiers autant qu'ils en pou- vaient porter, et nos amis prenant congé se dirigèrent dans la direction du Wawaron.

Courtemanche avait emporté la cassette du roi avec lui et en route désireux de savoir quelles images elle contenait il l'ou- vrit et s'aperçut que ces images étaient des billets de mille livres sur la Banque d'Angleterre, et il y en avait cent.

"Décidément, dit-il à Titoine en l'aidant à placer dans le Wa- waron le gibier et la précieuse cassette, oui, décidément, les ac- tions de la "Frenrh Canadian Aerial Company, Limited", sont à la hausse.

VI

COMMENT L'AUTO-AERIEN LE "WAWARON" ENTRA AVEC GLOIRE DANS LES ANNALES DE L'HISTOIRE.

Il faudrait plus d'un volume pour narrer tous les faits, les aventures fabuleuses dont nos deux amis furent les héros, et il est à espérer qu'un jour ils publieront avec force détails non seulement ce qu'il leur fut donné de voir mais aussi les oeuvres auxquelles ils coopérèrent.

mmmm

69

Sachons cependant que durant les premiers mois de leur voyage aérien, ils firent plus de trois fois le tour du monde, voya- geant de nuit, parfois illuminée, et toujours à de très grandes hauteurs. Souvent ils atterrissaient et sans que l'auto-aérien soit vu, tant ils prenaient soin de le bien cacher, ils se rendaient à des vlDages, même dans des petites villes, ils parvenaient à se procurer des objets de grande valeur pour des sommes modi- ques.

C'est ainsi qu'ils visitèrent les Indes, la Chine, le Japon, ex- plorèrent l'Amérique Centrale, les régions mystérieuses de l'A- frique, et n'oublièrent pas l'Océanie. Ils auraient bien visité les deux pôles, mais ils remettaient ce voyage à plus tard.

Personne encore se doutait que le bolide n'était autre chose qu'un dirigeable, et nos amis se gardaient bien de révéler leur identité.

Cependant ils savaient bien que cet incognito ne pouvait durer éternellement et que l'heure approchait à laquelle le nou- vel empereur devrait se révéler et prendn» ia place qu'il voulait avoir, qu'il désirait occuper dans le concert des grandes puis- sances.

Pour cela il fallait préparer les populations du globe, pous- ser la curiosité humaine à son paroxysme et, comme nn dit en terme de théâtre, bien disposer le public pour le gran i coup de scène.

Shakespeare a dit quelque part. "The world is a stage and every man an actor".

Oui, le monde est un grand théâtre, mais l'immensité de l'espace est plus grande encore et Baptiste Courtemanche et Ti- toine Pelquier pouvaient se vanter d'être de fameux comédien?

Maintenant que leur public semblait bien préparé, il leu fallait lancer leur publicité. (II est étrange de constater combien la comédie humaine diffère en peu de chose de celle que l'on joue sur nos scènes lyriques, et ceci se comprend d'autant mieux qu'après tout au théâtre on s'efforce de représenter ce qui se passe dans la vie journalière.)

Titoine Pelquier, duc de Ste-Cunégonde et baron des Tan- neries, qui occupait à lui seul les différents ministères du gou- vernement de l'Empire de l'F^spiice, prit donc sa meilleure plume et écrivit les documents qui éniotionnèrent à un si haut degré les peuples de la terre.

Avant de partir ils s'étaient procuré des costumes spéciaux

^^t^ ''-rùft-ift

■ii'-i If.-iJf'^

^^^^^■^-^-

M

70

Us Jugèrent „r cela rSfT "' ,'f '' ^" "*^'''^- '"^'^ <^°'"'"« Depuis quelques jours, la population de la bonne vMIp rf«

La kultur teutonne

re"r„?é;/„'c^r"''''" '"°"^ ^"^ n,ame„re,.e.„.„ en furent

.e n,„?:r,„xiTrrL '^rf ' t^ ^■'"^'""'^"' - ^'

de la ^nnHa ^ -r . ^'^^^ '^ nialheureuse population

des real,sat,„„, de toute prmlère grandeur, avoir cultivées arts iTfZlr'' "^k""' ""^^ prédominante parmM s ni: ie ï H H ^'"" ''''^ «"'" »■>" P»»s'l"e de se limaglner

de se dégrader «.oralement et matériellement au demleTdè^I'

^v.'T)(C'f.-J^Vfl«B«Ë}

71

prendrJ""" ^^'^ "''''*'^ ''°"'" '''^''P"^"**''' ^oche pour le roni-

Hon '*-7T V'^'^f *^^' «einaines. des „..,is. les postes dol.serva- tiom, eta ent nuit et Jour en éveil. L-administratlon civile agis- Hant conjointement avec les autorités militaires, prenaient avec soin les précautions les plus grandes, tout était mis à loet^vre

immédiatement prévenu par des signaux en cas de danger Des

chr.? '' .T^"' d-instrun.ents spéciaux scrutaient sans relâ^ che les moindres recoins du ciel.

Aussitôt que des dirigeables ennemis étaient signalés la- larme était donnée, le feu de barrage ouvert par lartillerie et les avions anglais se mettaient en chasse. Le peuple se réfugiait dans les caves ou abris, d'autres plus braves, défiant le danger plaçaient sur les places publiques ou même montaient sur les toits pour mieux observer les différentes péripéties du combat

Or. un matin, l'alarme fut donnée et le bruit se répandit qu une attaque plus formidable que les autres avait lieu

En effet le combat était terrible. le bruit caractéristique des

ZTrV T ^^"'^' ^^^ ^^*°'^" P°"^^*^ «*>•« «"tendu de tous, ceci n;«ff" bruit des canons et aux détonations des projectiles Huit à dix super-zeppelins accompagnés d'une douzaine d'a- vions de tous genres attaquaient la ville, et la flotte aérienne bri- tannique et l'artillerie s'efforçaient non seulement de les éloi- gner mais surtout d'en abattre et en mettre hors de combat le plus grand nombre possible.

lo kS '°Ï!^' ''°"°'® °°"® ""^"^ ®" doutons, s'était réfugiée dans les abris, d autres ne voulaient rien perdre du spectacle à la fois superbe et terrible qu'il leur était donné de voir, et ils restaient sur les places publiques ou grimpaient sur les toits .voif"; ^.^^^-^^l^ valait la pein... d'être vu. deux avions allemands avaient ete abattus, un anglais avait se retirer étant hors de combat, et la bataille faisait rage, des bombes lancées par les aéroplanes boches avaient touché leurs buts, des flammes sur- gissaient des édifices atteints er des murs s'écroulaient avec fra- cas. On était donc dans la période la plus héroïque du combat lorsque quelque chose d'inouï se produisit.

Soudain une masse noire, produisant un bruit étourdissant descendit des profondeurs du ciel. La canonnade cessa comme par enchantement, les avions anglais se précipitèrent vers leurs bases et les Boches s'enfuyèrent comme si le diable fut à leurs

72

Srifil'" ?"' ''"'. '■*«"*^'^*"^ ^««^«-^nt tout dabord comme Pétrifiés, puis un cri terrible sortit de toutes les poitrines: "I^

Non. braves gens, calmez vos sens abusés, ce n'était pas le fantasmagorique bolide qui depuis si longtemps défrayait les

d"rvThérn;""u''r"^^°"^'^"'^ ^"^ ^'^'^ enfants. aHun^ai: de si véhémentes polémiques dans les Journaux, mais tout sim-

IoTmI TIT. "^'— •• ^"» portait Baptiste ,>rem e t

rLr r.r '"■' '" '"" '" Ste-Cunégonde. venant tous deux rendre visite a une nation amie

Oui. lecteurs, c'était le Wawaron portant sur son avant le 1 Lmpire de l'Espace: "Etoiles d'or sur azur"

rrinfït^^^^"^"T\' ''^''^'^^ "' P'^^*' '' "" «nthou8las«,e indes- criptible, des cris de joie, des clameurs, des hourrah! se tirent entendre à un tel point que le bruit en était étourdissant

Le ciel était libre de tout dirigeable ou avion, seul le Wawa- ron descendait graduellement ei maintenant tous pouvaient par- la.tement distinguer l'auto-aérien et son nom qui se détachait en lettres d or a son avant.

Sur la passerelle, un porie-voix à la main. Titoine. duc de bte-Cunegonde. vêtu pour la circonstance d'un costume de gé- néral de 1 époque de la révolution française en 1793. avait à ses cotés Baptiste 1er qui. lui. avait modestement endossé la capote grise et le petit chapeau du grand Napoléon.

Lorsque le Wawaron fut à ime hauteur raisonnable Pelquier se tourna vers Baptiste et lui dit:

V ,. "^^.'ï"'^/^"^ épatés nos amis les Anglais, et puis les Borhes y z ont tout de même sapré leur camp. Mon vieux, ça prend des p tits Canayens pour travailler de même.

Baptiste sourit, puis se rendit à la cabine et mettant les mains sur les manettes de propulsion il fit évoluer le Wawarcn qui fit lentemnt le tour du dôme de St-Paul. puis se dirigea vers le square Trafalgar Titoine laissa tomber un paquet qui tom- ba aux pieds de la statue de Nelson.

Des gardes qui se trouvaient prirent le paquet sur lequel était inscrit: "Au Très Honorable Lloyd George, Premier Minis- tre .

Les gardes lurent cette adresse avec surprise et donnèrent le paquet à un des "horse-guards" qui étaient de garde auprès de la statue, et celui-ci partit à toute vitesse dans la direction du palais du gouvernement.

làlIT

7S

U ministre, qui lui aussi avait aaaisté (U- sa fenêtre à tout te que nous connaissons, prit J.- paquet non sans une l^g^-re

fr?etriin:i"r;r"^^ ""^ ^"^■^'"''^^' ^^"'"^'^- -•-—

Knipire de l'Espace.

Auto-aérien "Le Wawaron". '

Excellence,

L, .s ofliclers de l'équipage de laufo-aérieti impérial, le Wa- waron sont heureux de sainir c ette crconstance pour vous at urer de leur plus profonde co..sidération et le prié de b^ vou-

e deT::^rV:n'^'''^"'' '^ ^"* ^^ ^" "^"'"" -^"-'« '•-"«-"-

ce de leurs respectueuses et cordiales salutations.

du otni éll?""' '''"?r'^ '" "Wawaron-. n.ai.s 11 lui fut répond

blé ïe voir ''"'"" ""' *''''"'"' '""' '"'" "'"'^'' P'"" "«''«'-

Alors il existait ce "Wawaron", lEn.piro d.. IKspace devait nece.ssa.renient exister aussi, el ce Baptiste 1er devait être un bien puissant empereur pour posséder des dirlReables aussi per- fectionnes que le "Wawaron".

et on oublia le bolide complètement. Mais ce fut surtout en Mie- niagne que la nouvelle fit sensation. Le Kaiser qui était parti pour le front surveiller une nouvelle attaque sur Soissons. revin rapido presto" à Berlin consulter son chancelier "Eh bien ! lui dit-«.

Re ndflesh. le Wawaron aussi, même si bien que nos aviateurs

«r Vu^dTeui^e:"^ '' ^^'"^"^ "•*" ^^ -"^ ^^«--^^

Guilirir^"'''^''' ^^'-^ ^^^^^ ' ^^ reclrche? demanda ■'Oui. Sire, le comte suivant vos instructions, e.st parti avec

un guide et accompagné de deux aéroplanes

"AJors. ça va bien, dit le Kaiser, si c'est BernstorfT qui s'en

occupe, je suis tranquUle.

nue Phihas Duval en hsant le compte-rendu ,les journaux se frotta joyeusement les mains.

argent'"''^""''"'' '^ ''''^"""' '" '''°^' ^"^ ''^' ^'*^" P^^^^ '"«"

ÎT^^i^Vf^i^^t^^'^

flkl»

VII

ITNE PAGE D'HISTOIRE.

Le VVawaron sêtait donc élevé dans l'espace et non amis après quelques minutes de silence, lorsqu'ils furent certains qu ils ne pouvaient être vus. regagnèrent leur cabine et reprirent leur costume habituel. it^prirt-ni

et se mit a arpenter le pont de lauto-aérien

Baptiste de son côté avait lair tourmenté, on eût dit qu'une sourde préoccupation l'agitait. Titoine après avoir jeté un re- gardsur lui, luidit:

"Eh ben. quoique t'as?

Eh ben! (luoique Cas?

Courtemanche ne répondit pas et silencieusement faisait tourner ses pouces.

"Eh ben. t'entends pas. quoique t'as donc? Maintenant que nous avons "suincé" les avions l)oches et "épastrouillé" les lon- doniens quoique l'on va faire, éiousque nous allons aller'' deman- da Pelquier.

"Sais-tu. mon cher Titoine. répondit Courtemanche dont la figure était devenue sombre et dont les traits marquaient une vive mquietude, que notre situation n'est pas si claire qu'on ai- merait à le croire. Maintenant on sait que nous existons que 1 Empire de l'Espace se manifeste d'une façon tangible et qu'au- cun doute n'est possible. Dans quelques heures le monde entier connaîtra l'aventure du Wawaron. sa présencp imprévue et le désarroi qui en est résulté pour les dirigeables allemands

'm^.§&i-

ra

vement C'ourtemanche ' ' '^♦'t'»»'!»^ gra-

* «un. h ues ganfs blancs pour "timhpr" c... i^ i massacrer les fenin.P« «» i / "muer sur le bon iiionde,

luge une baUe dL^rce^^e t^uW?""*^ '?"■' "" ''"' ...,„, v.ci>eiie. esqu on leur envoie dirp'

^^^ K .ed.r .lii.l.natlquement. répondit gravement Baptiste "Tu v.M les irévenlr? s'exclama Titolne

"Oui. iiion cher, moi.

■>•

» idant vers la *' ilrigea vers

iules. puis '■ ivec une

n'est pasun;;a.:;';:eZrSh!:n:t '" '''''''''' ^^ coeur .u des C.ns'que ut d^n^ «r:'' l^*;:?" ^'"^ ''

commentr" '""'''•"" '^ ^'■^"''' ^ "H. Titolne. mais

"Tu vas voir, répondit '^ourtenie c.r .• cabine et rectifiant !a direction du ' ^^ -. u- le continent, européen.

Pelquior, aprj j avoir observé s<m } , ; rendit à l'arrière du Wawaron et obi^P^v -> lorte jumelle.

Ils étaient environ vers le milieu de la \i^r h., v ^ , Pel,uier „„ ..garda,. c„„,„„rs orLà t.t^a^J" ■""•" '°'^'"

.es piuTr:dsTur;»";',uter.\t: t"^:'^- ■'"'"■- « -"

76

mf^w" 'f'ÎKf*" P"""" "^^'^ ^"'"« "«"^«"^ '«'»'• naturel. Atta- quer des faibles, ça c'est leur fort, mais nous, qu'ils ont toutes

d?/^-r"n, '''""'^ ^^^ P'"' '^'■*"' ^^'"^•^' ^^a»- à moins d'avoir des mitrailleuses dans le dos pour les faire avancer, ils ne grouil- leront pas. S'ils veulent être méchants, nous filerons si haut et si

TZ^Z^fT'^ ",' "' '^"'^^^"' "°"« '^i^'^àre, mes résonna- teurs électriques les mettront à la raison.

fnn,hl?J' '^^ *^"^ *" ''^"''' ""P""^'^ '^'^°'"« ^" fa*«a"t 'a grimace, tomber d ou nous sommes et l'eau est bien froide. Et le malheu-

de^p-tk bïaio ^'"'*^"' '^ ^''"'■'^^ ^ '^ ^°"'^'' ^^^''^ "" **^" ^°"P

Les avions qui se dirigeaient vers eux étaient trois hydro- aéroplanes boches très reconnaissables à leurs croix de Malte Un d eux portait un drapeau blanc.

"Ce drapeau blanc me semble de bonne augure, fit Titoine rassuré.

"Vrai, tu es naïf, dit Baptiste en souriant, généralement le drapeau blanc pour les peuples civilisés est signe d'amitié celui des parlementaires.

"Eh bien! alors? fit Pelquier.

"Ah! ah! cher vieux, dit Baptiste en riant, tu en es encore à prendre les Boches pour des gens civilisés, d'éiousque sors-tu?

Les avions allemands se dirigeaient en effet vers le "Wawa- ron", et comme le lecteur l'a cl. viné. c'était la mission envoyée par le Kaiser. Celui du milieu contenait l'ex-ambassadeur d'Al- lemagne aux Etats-Unis. Son Excellence le Comte Johann Hein- rich von BernstorfT. et à ses côtés comme pilote le Capitaine von Papen.

Lorsque l'avion portant l'ambassadeur fut assez près, celui- ci prenant son porte-voix dit:

"Je suis le Comte von Bernstorff, envoyé par l'Empereur d'AUemagne pour vous inviter à Berlin un traité vous sera proposé, traité d'alliance qui mettra peut-être en se réalisant f*n a la terrible guerre qui désole en ce moment l'humanité toute entière.

"Y parle pas mal, fit Pelquier.

"Tout v-a, mon vieux, répondit Baptiste, c'est du chocolat. Ecoute un peu. j'vas z'y conter ça.

"Monsieur l'ambassadeur, cria Baptiste en prenant son por- te-voix, vous direz à votre maître que clans l'Empire de l'Espace

77

J^ubit'ntes" n^'''" "' '°"- ««"P'^^^^ <!"« dans les cas de

bien."'' "' '^^^^ ^«' ^'^ «-nstorff qui comprenait trop

"Le peuple de l'Emoire dp i-b'u»» d«U^e. ne peu. traUeT^t'ef rpTp'.eTrr ' ™'"' "' ^^ interCr" ^""'^^^'''' ""■■- '■^'•-vou-^ c'etan.a Ben..,..

ves sous le bâton du maître "''*^'««*^"t pas comme des escla-

"Mais enfin! fit Bernstorff qui croyait rêver

nl^trefoT at sTn^f Î BT/lr ^^^^"^^^ ^'"^ -^ ^ -' I'l»istoire du monde une tache honr ''''''"" P^""" ^""^«"'•^ <^ans sirez à effacer. ^ ^''"'''""* ^"« J^^'ais vous ne réus-

votre'Sz "d^::s:t: ^^^î:::;?- -"•--. -eue est

terlooTn%téral tn\r rtVdlttT ' '^ '^^^^^"^ '^ ^- tion les résonnateurs qui firenfun Luu' ,' ■' '^^ """""^ ^" ^- Boches terrifiés senfuLntT"oute v tesse ^^""^'^"^^^'e que les

VIII

PLANS DE campa(;xp:.

avec^^^^:^'S,^:^;^7|-derEspace .tai. en guerre

long, nmis tout auss bën oue si l'^'^f '' "'" '''"'-^'' ^'^' ''' sauce. '^"'- *" ^es diplomate.s avaient gâté la

Qu'allait-il arriver?

Sorel et de Berthtr Tel 1/L^ "'''"*• "'^"^'•^^ "»" '"'" 'le

resque. boisée '"pU^^' : t ^ ^^ ^ ^"' '^^' '^"^ '^'"^ ''*^^-

immense janlin potager ur. '^ «"perfirie. ayant un

i potager, un eucos pour les bestiaux et Ihabita-

78

«on se composant dune maisonnette non loin de laquelle se trouvait une grange et un poulailler.

m«j.^^"lf^ ^^^'^ P°"'' ^*""^' *°"* "" ™^"*ï«' c'est qu'U ai- mait se retirer icm des tracas de la vie et bien souvent il en avait

feTt^f^T''!' ^^"'•^^"'^"^he et lui avait donné non seulement les particularités mais aussi le moyen de s'y rendre

L'entrepreneur lui avait donné pour une raison à lui seul connue le nom d' "Ile de h Barbette Amoureuse" trnn^,^^^"-^ ^'"''^^ Connaissait bien cette île. mais la trouvait trop éloignée et manquant de confort, c'est pourquoi elle n'y ve- nait que très rarement. L'entrepreneur y vivait donc pour ainsi dire seul, n'y ayant avec lui que son fidèle serviteur, Alphonse qui lui servait tout à la fois de valet de ferme, de cuisinier et de valet de chambre.

Tous les matins. Alphonse partait avec la chaloup. à eazo- ine et se rendait à St-Barthélemy et allait chercher au vUlaee les provisions et en même temps se rendait au burr.au de poste prendre le courrier de son maître.

Un matin, l'illustre Alphonse était donc pani suivant son habitude et s'en était allé au village. Philias Duval, histoire de -e donner de l'exercice, faisait du bois qu'il allait ensuite placer dans une caisse qui se trouvait près de la Misine.

L'entrepreneur était donc occupé t ce charmant ouvrage lorsque soudain son attention tut attirée par un bruit étrange qui semblait venir de l'autre côté de l'île. On eut dit comme le bruit que produisent les ailes à^ moulins à vent, mais beaucoup plus rapides et d'une intensité singulière. Etonné il resta tout d abord les bras en l'air, puis déposant la hache par terre il ré- solut d'aller voir dans la direction d'où venait cet étrange ta- page.

Il traversa donc le potager se dirigeant vers le bois lorsqu'il vit deux hommes sortant de la fourrée et se dirigeant de son côté.

"Que diable, qu'est-ce que cela peut bien être? se demanda- it mettant une main devant ses yeui p. .:r mieux voir il s'arrêta et poussa un cri. "Pas possible!"

Dans ces deux hommes qui marchaient en agitant leurs bras. U venait de reconnaître ses vieux amis Baptiste Courte- manche et Titoine Pelquier.

En effet, c'était nos héros, qui après avoir déclaré la guerre

79

chant qu'ils avaient ton t, ij! !h ""^''^P'-*"""'-^ -^os amis sa- son île. et connaissa„tT;hen in n ''• '*" ^''"""^ ^^"^'^^ '^•'^"^ -ndus le soir, attendant au n ItirHo '' ""'"" '^ ''^'^^^ ^--- Plaoé rénorme -WaNvaron"" nn ^ '*^ "'""^'•^''' avaient

ravoir bien ancr. îrse liri" ^ t^r^ n '""r '' '"'' ^' ^»'"- marade. "ferrent ver.^ 1 hauitation de leur ca-

La rencontre des ,r„is action.aireK

"M ? """ '""■ '<■'"<■. -i-éiousdue vous ve-

ran- .^V";C:™:: ^:''™',';; i;:;":;:": ^"-™a„.h. e„ „„ .e,..

«■•■onter.-e,,,, n„ux es" a,'riv" ' " """""'•" '' """i»"' »<

vcsiliri,"™,;:: ;::- :;;;-,;n,.^; '^.u... „., ,„ , „„„ ,

fTnvince du rabao Quesui-I "'"""■" '^ " >' a 'oujours .tans la

nmn-,i"re:;"p„tm ,'":>'!;■ i:"'"" "' '- '■■■'>■'"» v„„» v„„èr, *

Ve..™ ...Ujours . n, n.al r, 1' ;::,:"r!:;- '" !■■'" '■- vraie.

•an,«;mi;iSei;„™ air?'' I'"" "■'"-"" > "•"...rnera

Arrivé à L .naio" Duv". ;%"":. T * '"'"=' "'"""■"■■ >•' sans perdre de temps i ou r , f" "' "" ""'"^" * '"'^■^ ■ellle et des verres. ' '"""" '''"'"' " ''ra une bou-

80

"Maintenant, mes vieux, nous allona mouiOdr ça, v'ià du p'tit blanc et du tanant, car s^ins p'tit blanc, vous l'savez ben, des Canayens c'est quasiment comme des chevaux sans avoine, leur dit Duval en emplissant les verres.

"V'ià c'qu'on appelle parler en pepère, dit Titoine en enfi- lant son verre et st> faisant claquer la langue de satisfaction.

Alphonse étant arrivé avec les provisions, tous se mirent à l'oeuvre et le déjeuner terminé, nos trois amis discutèrent.

Ce qu'ils se dirent fut très important sans doute. L'après- midi, ils visitèrent le "Wawaron" et Baptiste remit à Duval l'ar- gent et les objets de valeur dont ils avaient fait l'acquisition du- rant leur voyage.

Duval compta l'argent, et après avoir considéré toutes ces choses il ne put s'empêcher de s'écrier:

"Avec tout ceci, non seulement le "Wawaron " se trouve payé, les premiers frais de la campagne assurés, et il nous reste- ra un surplus assurant à jamais notre tranquillité. 1^ "Et tu trouves qu'on a ben travaillé, demanda orgueilleuse- ment Baptiste.

"Oui. et dès deuain je pars pour Montréal, vous resterez icitte, répondit Duval. et moi j'accomplirai à la lettre ce qui a été décidé.

"Le lendemain matin, Philias Duval partait pour la métro- pole et un jour plus tard, la population montréalaise lisait avec stupéfaction dans les différents journaux de lu vilh> l'étrange

note suivante:

"Avis important. Les personnes qui furent eu relations •d'dftaircs avec Jean-Baptiste Courtemanche. ingénieur civil, et Antoine Pelquier, ci-devant chirurigien-dentiste à Ste-runégon- de de Montréal, sont priées de se rendre mercredi de la semai- ne prochaine, ceci pour règlement de compte et pour discuter de choses de la plus haute importance, sur le Champ de Mars, à dix heures très précises."

Si comme rédaction l'avis n'était pas extraordinaire, il ivtait au point de vue sensationnel. C(»urtemanche était très vonuw, la fugue du dentiste avait fait à l'époque grand bruit, et les jéré- miades de la tendre Mame Pelquier (née Philomène Tranche- montagne de Shawinigan) n'avaient pas sans avoir énormément causé l'hilarité du public. On n'oubliait pas que cette très inté- ressante personne s'était évaporée avec un sien cousin et qu'a-

81

aie comprendrait. .„e pardonnerait sans doute

L'épouse volage netait pas seule à attendre U^ jour du ren

.aw .ed.aten-ent des précautions lé,^ales et numirent uve léik, i ue huissiers de brefs et capias. ^

Il résulta de tout ce manège que les esprits s'en éuiurent et que 1 av.s unportanf fut le sujet de toutes les ....versutio,' !

pare. 1 hd as Duval télégraphia à nos amis un,- dépêche laconi- que pour leur indiquer que tou: nmrchait selcn ce qui aval é convenu. * <i>aii t u

Baptiste Courternanche et Titoine Pelquie, ne se faisaient pa.s .lluston. ils savaient fort bien qu'ils allaie,,: ,,.er ut.e^-amï P-t.e e. que la :éalisation de leurs projets dépea.luit ^^IZ^.

Le lecteur pouirait trouver étrange que nos héros n'aient pas plus tôt offert leurs services à la France, aux Etats-Unis voire même au gouvernement anglais, que d.- pa.ser pour ainsi dire par l'entremise de celui du Canada.

Ils croyaient avoir pour cela une raison. ., nous allons voir par la suite de quede nature cette raison était,

••Il n'y a pas "mèche" de "berlinguer •. il. ^.„^ tous .savoir que Baptiste 1er et le duc de St.-funégonde, :i remarquer l'el- quier. sont deux Canayens. que l'Kmpire de rKs,>a,-e ce s.uit eux qui en ont eu l'idée. Mais comment vont-ils prendre cela'.'

Pelquier n'avait pas tort .if penser ainsi, et cependant ils étaient loin de se douter qu'à Montréal l'histoire .lu Champ de Mars causait toute une sensation, que d'abord <ela avait été un colossal éclat de rire et que tout le monde par <uriosité se pro- posait d'assister au fameux rendez-vous.

Toutes les fenêtres donnant sur le Champ de Mars furent ouees à l'avance, on construisit même des e.strades sur les toit.s tout se loua à prix d'or, même que le conseil .iéeida de louer les fenêtres de l'hôtel-de-ville. simple histoire d e,î,mener u.. peu de •pognon" dans l'urne municipale.

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IX

PAR QUOI LE BOLIDE DONT ON AVAIT OIBLIE LEXIS-

TENCE REAPPARUT POl'R CAUSER UNE

CONSTERNATION.

Si les lecteurs s'en souvieniienl. le tanieux rendez-vous dont la nouvelle avait été donnée pai Tavis important" devait avoir lieu à dix heures du matin.

Dès sept heures la foule commenta à arriver, non seulement de la ville elle-même, mais aussi de la banlieue et des campa- gnes environnantes, ceci sans compter des excursions venant des villes voisines. A huit heures surgirent de toutes parts des camions, des porteurs de caisses, de chaises et d'escabeaux, d'é- chelles doubles que d'entreprenants spéculateurs louaient à des prix excessifs. Puis des camelots vendant des peanuts, des blés- d'Indfc chauds, des galettes au beurre, des mains de gingembre, et comme boisson des sirops de framboises et de la ptite bière. Depuis longtemps à Montréal on ne s'était vu à pareille fête.

Lorsque l'aiguille du cadran de l'hôtel-de-ville marqua neuf heures, l'émotion commença à gagner la foule. Et il y en avait du monde, tout était envahi, même les toits de l'hôtel-de-ville et celui du Palais de Justice. Nous ne parlerons pas des fenêtres ni des toits des autres habitations, tout était noir de monde.

A neuf heures et demie, l'émotion était grandissante, tous parlaient à la fois, un peu partout des avocats et huissiers munis de capias. même une ambulance de l'Hôpital Notre-Dame avait été appelée en cas de danger. Le service d'ordre était supérieu- rement fa>t par la police.

Au centre de la place et juchée sur une échelle la foule pou- vait voir une fenmie qui essayait d'haranguer la populace en fai- sant force gestes. Le lecteur a sans nul doute deviné que cette intéressante personnalité n'était autre que Mame Titoine Pel- quier (née Philomène Tranchemontagne de Shawinigan).

L'épouse inconsolable d;i dentiste s'était échappée de sa re- traite, poussée elle aussi par la curiosité ei désirant n'avoir qu'un seul mot d'explication, disait-elle, avec l'élu de son coeur.

A dix heures moins cinq, l'impatience de la foule atteignait son paroxysme, e; on entendait dans des groupes quelques-uns qui chantaient sur l'air des lampions: "Y viendront, y viendront pas!" (bis)

Tout à coup, à l'instant ménie l'horloge sonnait les pre-

k^ÊSLk

83

miers coups de dix heures, un cri terrible, surhumain, retentit et une clameur immense suivi d'un bouleversen.ent increvable se ht entendre: "Le bolide!"

Alors il se produisit quelque chose d'incrovable. dinou. que l.mag,nat.on la plus féconde ne saur.: au juste écrire C> peu- ple qu, tantôt avait ^assé successivement du rire à linn,atience <leva.t après lexaltation la plus vive être frappé d'un terem'- iiiiriaginable. lerreui

Tous se jetèrnt à plat ventre, croyant leur dernière heure venue es fenêtres se dégarnirent, des grappes humaines dé- gringolèrent de. toits, soit par les lucarnes ou les échehes de sauvetage. vinrinr» ue

On vit des avocats en perdre la parole, des maris pardonner H leur fen.me. des gendres embrasser leur belle-n.ère et du hai't de son échelle on put voir Mame Pelquier (née I>hilon.ène Tran- ehemontagne de Shawinigan) qui récitait à haute voix son Icte de contrition. ^

Q»elq,.es-uns plus braves que les autres ouvrirent un oeil

tZ'Z:\ T " '''"' '' ^P^'-^-^"^ ^--«- l'énorme "Wawa-

on don le drapeau constellé detoile. d'or s„r azur flottait

triomphalement. n^'ii^n

hi. 1^!"'' V''' "" ^'"«"haha. une explosion de vivats qui trou- bla 1 atmosphère, tous étaient debout, les chapeaux. les cannes les ombrelles tournoyèrent avec allégresse.

Le "Wawaron" descendit, tous distinguèrent son nom et purent voir Baptiste 1er et le duc de Ste-Cunégoncle revêtus de leur costume d'apparat.

Baptiste s -avançant sur l'avant de laufo-aérien prit son porte-voix et lorsqu'il fut assez près pour être entendu, il leur

•Canayens. me.s amis, levez vos reirards vers nous et - on- teni[>lez <leux illustres compatriotes

-;;""; d-abord ce fut du silence, puis le tunu.he recomn.enca (0 p us bel. les uns poussaient des cris ,1e joio, „, félicitations d autres au contraire de désappointement, surtout les huissier^ i(.r.squ-ils virent et constatèrent avec dépit que leur paperasse ne pouvait servir à rien. Comment aller servir du papier timbré à des bonhonunes qui sont juchés à deux cents pieds de haureur-^

hnfin le calme se rétablit et Baptiste Courte.nanche put en- fiii se faire entendre:

"Amis et chers compatriotes, vous avez tons entendu? pr;r-

mÊÊÊÊÊÊÊÊà

t4

1er du Wawaron et de lEmpIre de l'Espace, vous avez peut-être cru que c'était une chose en l'air, mais vous pouvez vous rendre compte que les affaires de ce genre ont quelquefois du bon et peuvent rendre des services à la patrie, cela soit dit dans équi- voque. \ou8 avons voulu tout d'abord manifester notre identité réelle à vous, pour que les générations présentes et futures se rendent bien compte que les Canayens-français quoiqu'on en di- se savent faire leur devoir. Nour aurions pu aller directement

Chéri de mon à me, écoute ma douleur.

soit en Angleterre ou en France, mais nous avons tenu à le faire par l'entremise du gouvernement fédéral canadien, ceci pour donner l'exemple de respect à la foi jurée des ancêtres. Nous n'entrerons pas aujourd'hui dans plus de détails, sachez cepen- dant que le gouvernement fédéral du Canada recevra une note de nous et de la réponse que nous en recevrons dépendra notre politique future.

86

volxT^r?; ? .'"^""'^«"^ ^'^« P^'-"'^^ q"« avalent éiè dites d-:me ml eut mu 'r'"';^'^- '•^«^^'•''"t frappés d'étonnomem et com-

enienu» voler, un mouchoir".

MamlTT"'^''*'"''.*""'*'"*'*' *'"' ""'• «" P"^ ♦'"tendre la voix de

«1^ ) ou' -h";;'' /"r '''"'"""'"^ Tranchemontagne de Shawini- gan) qui criait du haut de son échelle:

"Chéri de mon âme, écoute ma douleur!

"T'as qu'aouère. s'écria le duc de Ste-Cunégonde. je m'iais- se ben emplir .me fois mais pas deusse.

"Grâce: .sé(-ria l'épouse, jt'en prie en grâce, pour grâce de bonne grâce fais-moi grâce. uiM.-i.ue

Titoim. Pelquier fit alors marcher le graphophone du Wa- waron qui se n.it à exécuter: ",t is a long long lay to Tippe-

Alors ce fut du délire et la foule en déi.ienc- ,-ria-

.nurVT' 'r-'"\''*'" ""'''''• h'i'! hip: pour le Wawaron. un Lan pour hte-Cunegonde.

.Man.e l'elquier (née Philomène Trancheniontagne de Sha- win.gan, voulut monter sur le haut de son échelle, malheureu- sement la corpulente personne perdit l'équilibre et tomba inani- mée dans les bras d'un huissier qui suffoquant lui-même léven- tait avec les capias qu'il tenait dans sa main.

Quant au Wawaron, il monta dans l'espace et bientôt se per- dit dans les profondeurs de l'infini.

Ce soir-là. il n'y eut pas assez de papier à Montréal pour im- pnmer les "Extras" des différents journaux.

COMME QUOI LE MINISTERE FEDERAL FCT •■ '.rr;\^A- NEMEXT DANS DE M \UVALS Dîll S

11 est incontestable (|ue les ministres doivent avoir parfois des problèmes difficiles à résoudre.

C'est du moins ce que nous supposons car il e pliu-^ ,jik probable que la grande majorité des lecteurs pas plus q-u r.":i- teur lui-même n'ont eu l'inconvénient c' occuper une de ce^ d/î- . cates fonction!^

Cependant nous pouvons nous faire une idée de la perpl'xi'^ dans laquelle furent plongés les honorables ministres, tant ceux

86

du gouvernement fédéral d'OtUwa. que ceux des différent «ou- vernements provinciaux, lorsque le» détailn de l'arrivée du Wa- waron leur furent connus

L Hon. Sir Hubert Uoni^Mi. (|ul pourtant a déjà traversé a\ec auccès dinquiétants oraR.-s politiques. nVn fut pas inoius très inquiété, lorsque ses agents, puis la presse toute entier.', lui ap- prirent toute la vérité sans en onu'ttre ni un mot, ni ur-e virgule.

Il devint grave, se prit à rélléch;. et envisagea les consé- quences diplomatiques (jul pourral'ni résulter de cet étrang. événement. Il trouva même la chose si grave quil (-rut ^ent de notifier le conseil des ministres, de le mettre en éveil sur r. qui pourrait résulter, et après avoir délibéré avec eux obtenir leur avis.

Le télégraphe et le téléphone opérant les législateurs ne tar- dèrent pas à se réurr.

Les honorableM.

Lf.s lionoral)!»'^ étaient en délibération If)rsqu"ii!i huissier de servit>> remit une enveloppe au Président du Conseil, qui. après en avoir pri.-i connaissance, lut ce qui suit aux mini.sriv-, .bahis: Au Très Hon()ral)le Sir Robert Morden, K. ('. M. V, . eN-., »-îc.,

Premier Ministre de la Puissance du Canada. Très Honorable Min stre.

Les visées de l»rovidence peuvent quelquefois sembler aux honunes étrang. .^ et incompréhensibles.

11 n'en est cependant pas moins réel et incontestable que le trône de l'Espace nous a échu, ceci par un de ces mystérieux dé- crets que la pen.>«M' humaine ne peut comprendre et encore moins expliquer.

Nous désirons p.' > r les moyens formidables que nous pos- sédons, c'est-à-dire notre puissante et incomparable flotte

M.wm£^

•7

H.-.h..nnP. ,„. servi. .• du drojt. de la justice et de la liberté des i-eupifs.

I.U tfiiil)!, Ku.Tiv qui .■Il ( ,. iiHuuent b'/ulevers,. l'uriiv.Ts "a pas ef sans av..i. ,,., Rraïu. vl p.M.ibl,. reteiitis8e,M,.„r ,lans I hinpirc (le rKsjiace.

C'est pomquoi rKM,p,.r..(ir, suivim l'avis <].. s^... ministres •iout plusieurs s..n. nés sur le s(,l canadien, a rru nuinilesh.r sa bonne et swicere amitié au gouvernement de la Puissance du Ca- nada en lui demandant détre s.u. ir.terprèf. auprès du «ouver- nemet.t anglais et <e..x ,|es pays all.é... -... outre la France pour qui 11 professe un.- fraternelle amitié, et leur offrir sa coopéra- tion aux uouvenu'nls des armées alliées.

lue ivponsc putnia être donnée à notre représ..|..ant ofH- ciel au Canada. l'Ilon. Duval. de M iitréal.

De pai l'Kmpereur M.VPTISTK 1er.

(Signé) ANTOiXK. !),»■ ,1,. Ste.('uiiéK<mde.

Ministre d'Ktat.

(A bord luuto-aerien Impérial -Le Wawaron ". »

Après avoir reiiKieu.sement écouté la lecture de c,. docu- ment, b-s bonorables conservèrent tout d'abord le sile,„e p„is après setre regardés muttiellenent. se prirent à parler tous i\ la fois L'agitation devint telle ,,ue l'Honorable Robert fJorden avant de rétablir Tordre, dut employer les arguments les ,,lus convaincants .le son répertoire, m-'iue que la .onnette oi, fut briser.

Kn(i.: lorsque le silence fut iviabli et les esprits calmés les questions suivantes furent mises devant l'assemblée exigeant une solution entière et formelle:

1 Uuel était cet Empire de l'Kspace et ou .'tait-il situé' •-' Si existant, son gouvernement était-il rec')nnu par le concert des nations'.'

;{ Certains ministres (h' <•.• soi-disant empire s'étant dé- clnrps canadiens de naissance perdaient-ils par le lair d'avoir été nommes ministres d'un empire étrange, leur nationalité cana- dienne, et si n(m. ne tombaient-ils pas sous le coup des lois de la conscription militaire?

4 Si toutefois le prétendu Empereur de l'K.spac e était sujet anglais, pouvait-il se déclarer souverain d'un Etat celui-ci fut-Il mnnc inconnu, ceci sans l'autorisation du Conseil impé- rial Britannique?

.lamais dans l'histoire du Dominion de.-, problème^ senihla-

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8S

blés avaient f't»' j.osés. Ils pouvaient semb'or de prime abord très simples à n'scudre, mais suivant les circonstances très difficiles à élucider.

Il y avait de quoi réflécliir. la chose était d'autant plus sé- rieuse que l'on n'avait pas affaire à une vulgaire mystification, le Wawaron existaiif liel et bien, on lavait vu à Montréal et à Londres, il avait dispersé une flottille d'avions ennemis me- naçant la Capitale.

"Mais que diable, s'ils n'avaient pas laissé savoir qu'ils étaient canadiens, persoime ne t'aurait su, fit remarquer un mi- nistre.

"Ils doivent «voir une raison j.our cela, répondit Sir Robert.

Il avait rudement raison sens le savoir. Baptiste 1er et son ministre sachant i"rtin«>mmeni bien que leur incognito ne sau- rait (hirer éternellement, avait préféré opérer par les voies qui leur comblaient les plus naturelles. Allaient-ils se tromper'.' Nous en jugerons.

Apre- réfle.xion. les nn'nistres décidèrent d'un commun ac- cord de soumettre la question au Conseil Impé-ial de Londres.

U^ télégraphe fut mis en action, et un long câblogramme s'en alla estomaquer l'Honorable Lloyd 'George qui était à cent lieues de s'attendre à celle-là.

11 poussa un: "What do you think of that?" Et défiant tous les sous-marins possibles et imaginables, il s'en fut "darder " à Versailles le Conseil Central des Alliés se trouvait réunis.

Cela ne fut pas long, et ce oui fut décidé fut câblé à Ottawa: r Qu'avant d'être reconnu que l'Empire de l'Espace était tenu en demeure de faire connaître exactement sa situation géo- graphique.

2" Que le Conseil des Puissances .\lliées acceptait l'offre de smice de la flotte de Baptiste 1er. et que celle-ci entrerait placée dans la sphère d'action des forces aériennes britanniques.

3' Que les unités o cuperaient leur rôle d'escadre respec- tif, les grades des officiers conservant les mêmes prérogatives.

4' Que le choix était laissé au susdit Empire (?) soit de se rendre au désir des Alliés ou de rester neutre, dans ce cas les unités aériennes de l'Espace étaient priées de ne pas dépasser la limite des trois milles, distance réglementaire reconnue par la Convention Internationale de La Haye.

L'Hon. Robert Borden communiqua le câblogramme à ses

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coUègues, et la répons^ transmibe à IHon. Philias Duva; dans sos bureaux de la rue St-Christophe à Montréal.

I^ bon Philias lut et relut •-. plusieurs rej)rises la réponse nii-

nistérielle. et n'y comprenant rien du tout il p;irtit le jour même

pour nie de la Harbotte Amoun-use afin df la donner à ses amis.

Nos amis attendri. 'nt dans le plus doux de- 'farniente", .t

l'arrivée de Duval fut saluée avec enthousiasiiif.

Baptiste Courtemanch.' lut ii haute voix à shs amis U> pré- deux j)apier. puis sans hésitation il leur dit:

■'Il fallait s'y attendre, il y a dans tout ce!:: h.-auooup de bon mais aussi des points à considéier.

"Tu vois l,i<'ii qu'on \eut nous enrôler av.'i l'armée anglaise et qu'ainsi nous perdrions noir, libre arbitre. sé( rJa !.• du( de Ste-Ciinégonde ave<> rage.

"Oui. fit Duval. z'y pr^iidri.ifni ii-us le.-, léa. lues .t umiK laisseraient (pie la peau.

"Qu'allons-nous réi)ondre" demanda TelquitT.

"Tout simplement, répondi' Courtemanch.'. que leur de;nan-

de sera portée devant les Chambres de ri:mp:re de l'Ksiiai •■ et

qu'une réponse .sera donnée aussitôt (pie le Cor.seil aura statué.

"Eh ben alors! s'écria Pelquier. en v'ià nne be.une, et les

Chambres éious(iu'elles sont '.'

"C'fhistoire. répondit P.apti.ste. c'est pour gagner du temps voilà tout et pouvoir réfléchir tout à tiotre ais»-. "Bravo! j'comprends. s'exclama Titoine. "Vous comprenez, vous autres, dit Duvai ahuri, vous avez bougrement de la chance; quant à moi, j'y co:nprends rien du tout.

DANS L'EMfMRE DE L'ESPACE,

Depuis plus de huit jours. l'Auto-Aérien In,)-. i,..l "Le \Va- waron" avait quitté les rives enchanteresses de l'Ile de la Bar- botte Amoureuse, emportant dans les airs l■Emp^■reur liaptiste 1er et son fidèle ministre. le duc Antoine (U Si.- 'unégonde.

Comme nous le savons, les trois directeurs de la "Frencii Canadian Aeria! .Xavi^ation C()m|)any. Limited '. avaient dé< idé d'attendre ce que les circonstances voudraient bien leur donner et en même temps non seulement voir ce qu'ils pouvaient faire, mais ausi chercher à emmener les Alliés à ih-r fermes jdus ( ou- lants.

iv^^mii^'^!s^jm\:^',,)ar<

M'^":JnA

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LEspace est çraixl. et Sa Majesté, quoiqu'avant un grand amour pour son Empire, avait - chose étrange '|.our un rxéro- naute horreur du vide.

Il lour fallut don.' recommencer leur vie vagabonde, restant la majeure j.artie du temps dans les sphères élevées ei ne des- <-*^ndant a tene qua des heur.^s propices et dans des endroits déserts.

Il ny avait pas d'illusion à se faire, en dehors de l'Empire de l'Espace il n'existait aucun endroit où, diplomatiquement par- lant, ds pouvaient atterrir. Il y avait bien les nations neutres, mais il restait à savoir comment ils, y seraient reçus.

Ils étaient tenus à rester à une distance df> trois nulles cVst-a-dire à une telle hauteur que l'exisîence n'y est pas pos- sible. Et conuiient i)ouvoir ainsi se procurer des provisions et établir des relations commerciales'.'

Nos amis voyaient bien que la chose ne pouvait durer et qu'il faudrait tôt ou tard en arriver à une conclusion.

Mais laquelle'.'

En réalité il ne leur restait que tr(Ms alternatives:

I ' Trouver un Etat neutre susceptible d'accepter des re- lations amicales.

•-' ' Accéder aux exigences des Alliés. 3 ' Renouer les relations diplomatiques avec les Boches rourtemanche ouvrit la carte du monde et nos amis se mi- rent à réfléchir.

L'Europe, il n'y avait même pas à y songer.

L'Asie, pas davantage.

L'Océanie. à moins de tomber sur des anthropophages, il n'v avait pas mèche.

L'Afrique, i)eut-être que les rois nègres. . . mais ils savaient que ces derniers sont eux-mêmes sous jjrotectorat.

II restait l'Amérique, non celle du Nord, mais les républi- ques du Sud.

Mais laquelle'.' se dfMHaïulait Courtemanche en se grattant le crâne.

Titoine Pelquier l'observait et frappant son ami sur l'épau- le, il lui dit:

"Si on prenait un coup, p'fête ben qu'ça ouvrirait les idées. "Emmène-le, l'maudit coup, et voyons par éiousqu'on pour- rait ben commencer, répondit Baptiste d'un air ennuyé.

"D'abord, continua-t-il après avoir absorbé le contenu de

PI

."H-'ûSbJ*!

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son verre, est-ce que les peuples des répiibliqu«'s sud-anu'ricai- ues sont aussi en faveur des Alliés qu'on veut U> faire croire ■' Je nie suis laissé dire et il y a une escousse d»' cela que les Boches s'étaient établis de bons nids dans l'Amérique du Sud. Cette vermine-là, vois-tu. anu IVlquier, (^a s'introduit un peu |)artout éiousqu'il y a de l'argent à faire. Il ny a pas à dire, ils ont pour le conunerce un certain talent, ils sont hypocrites, per- suasifs, insinuants Ht ne craignant pas de ramper pour mieux arriver, l'etit à petit ils s'étendent, c(nnnie une tache dhuile, !-rulifiques ils augmentent insidieusement et lorsqu»; ion s'aper- çoit du danger ei que l'on songe à s'en débarra.sser il est par- fois trop tard. Ils savent profiter de tout, surtour de l'ignorance (i^^s peuples avec lesquels ils ont affaire. Dans lAmériciuc du Sud ils ont beau jeu de ce c6té-là, il leur est facile île faire briller le miroir aux alouettes qui leiu- mettra ces peuples à leur merci.

"Essayons tout de même, répndit l'elquier, s'il y a des igno- rants il y a aussi des gens éclairés qui ne doivent pus se laisser emberlicotter comme des enfants.

De ioute façon, nous n'avons rien à ponlr.-

"Allons-y. fit Baptiste, de toute façon nous n'avons rien à perdre.

Comme les lecteurs le savent sans doute, les réprbliques sud-américaines vivent dans un état de paix relatif. Les minis- tères s'y tiennent souvent par des prodiges d'équihbre, et ces pays pourtant si beaux et si riches, favorisés par les dons les plus magnifiques que la nature puisse prodiguer, se méfient cons- tamment les uns des autres.

Pour les Boches, cet état de choses donne im vaste champ

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d'exploitation e( le machiavélisme qui est leur fort y trouve un terrain tout préparé, ils n'ont qu'à semer pour récolter.

L'espionnage prussien existe comme ailleurs, éclairé, très renseigné, il voit d'avance le bénéfice qu'il peut tirer des moin- dres circonstances.

Dans l'Amérique du Sud comme ailleurs, on avait entendu perler du bolide, on l'avait vu. les journaux en avaient parlé, mais l'histoire du Wawaron était moins connue. Les agences al- lemandes, très au courant de toutes choses et se doutant que l'auto-aérien ne manquerait pas de visiter cette partie du mon- de, crurent devoir en profiter pour lancer la fausse nouvelle qu'un dirigeable ennemi était \ la veilU de venir et était animé des intentions les plus belliqueuses.

Ces bonnes gen^; t nibèrent dans le panneau, les esprits s'é- murent à un tel point que les autorités civiles et militaires cru- rent devoir se mettre sur leurs gardes.

Il s'en suivit que lorsque le Wawaro.i se présenta il fut sa- lué à coups de canon. Et nos braves amis qui se présentaient confiants, le coeur plein des plus douces espérances, durent s'en- fuir à lute vitesse vers des pays plus paisibles.

Décidément il n'y avait pas lieu d'être satisfait.

Courtemanche était rêveur. Quant à TItoine, duc de Ste- Cunégonde, il était loin d'être content.

"Les p'tites pétaques, c't'année, elles sont pas grosses, on était encore mieux reçu lorsqu'on voyageait incognito, fit-il re- marquer.

L'Empereur de l'Espace haussa les épaules et jetant sur son ministre ufT regard qui voulait en dire long, il murmura:

"J'cré ben qu'icitte on est dans la mêlasse.

"Eh ben alors, quoiq^ion va faire? s'écria le duc avec rage, on n'est pas pour rester de même, les provisions s'épuisent, il y a presque plus de p'tit blanc ni de tabac, et ça commence à me chiffonner la patience que d'avoir comme toute distraction de traverser des nuages et compter les étoiles.

"J't'avoue en toute sincérité que je me demande, répliqua Courtemanche. comment nous allons sortir de tout ceci.

"Pourquoi n accepterions-nous pas de marcher avec les gens de Londres, ils nous mangeront pas. fit remarquer Titoine.

"Pour ça. non. j'en suis certain, répondit Baptiste, mais vois-tu, Pelquier. il y a un danger.

"Et lequel? fit le duc intrigué.

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sont t,'/' TT""' '" f ■'"■• ''" ""^ ^""« ^" '•' ••VV'avvaron-, et sont .an. doute sous rimj.ression que la Motte de TEspa.e est formidable. Laissons-les sous c.tie in.pross.on. ami Pelqui 'r voyo|.s ce que les eircnstanee. vont mous donner. ^^^1 jourd hu. .tous avons le plus beau jeu. Faisons comme les gou- vernements, mon cher, de la diplomatie, voilà tout

.Mais nous n'avons p.-is d'ambassadeur, ni de ministre nlé- nipotentiaire. Ht remarquer Titoine. '

.il "'^^"'. "".^"'^' '""" ^'her. les affaires n'en iront que plus fa- cilement, Il n y aura personne pour embrouiller les choses ré- pondit gravement Baptiste Courtemanche.

xn

DIPLOMATIE AEUIEXNK.

II ne faut pas croire qu'il n'est que dans l'Empire de l'Espa- ce que l'on ait fait de la diplomatie en l'air. Hien des gouverne- ments n'en ont jamais fait autrement et dans des situations bien moins scabreuses que celle dans laquelle nos amis se trouvaient

Que faire?

Que le lect ur se place pour un moment à la place de Bap- tiste Courtemai jhe. Certes s'il avait l'avantage d'être Empe- reur d'un Empire illimité, cet avantage, si avantage il v a exis- tant dans des circonstances peut-être uniques dans l'histoire des peuples.

Figurez-vous un souverain n'ayant pas de conseil des mi- mstres à renouveler, des chambres à dissoudre, de discours du trône à prononcer, de taxes à imposer, des lois à promulguer et a faire observer, des tarifs et des impôts à faire payer, une ar- mée a entretenir, des colonies à protéger et. oh! comble des jouissances, pas de finances à équilibrer.

Certes tout cela c'était bien beau, trop beau même, et mal-

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gr«'> tous cos avantages. Sa Majesté Aérienne broyait du noir. Quant au duc TitoJne, il avait k- "spleen".

l'uiHQu'on ne voulait pas de lui, qu'on semblait lui chercher noise et que l'on n\ettait des conditions à ses offres de bon offi- ce. Baptiste 1er résolut de ne jJUh rester dans l'inaction et de fai- re la guerre pour son propre compte.

"Ça c'est ben correct, fit remarquer Pelquier. mais pour fai- re la guerre il faut des munitions et je ne crois pas qu'avec deux fusils de chasse on puisse aller bien lohi.

"Laisse faire, répondit Baptiste, déclarons toujours la guer- re, après quoi nous aviserons.

C'est ce qui fut fait.

Le Wawaron fut dirigé vers la Hollande et suivant leur bon- ne habitude ils déposèrent à l'adresse du g )uvernement hollan- dais une enveloppe contenant des lettres devant être remises aux ambassadeurs d'Allemagne. d'Autriche, de Bulgarie et de Turquie. Cela n'était peut-être pas très orthodoxe au point de vue diplomatique, mais elles n'en causèrent pas moins toute une sensation considérable.

(îuillaume 11 fit une sale tête, car après ses échecs succes- sifs au front de l'Est il n'était pas en veine de plaisanter. L'Em- pereur Charles crut en faire une maladie, surtout après la raclée de la Piava, cela lui donnait une pilule difficile à avaler. P>rdi- nand de Bulgarie en eut la jaunisse. Quant au Crand Turc, il or- donna au Pacha Mustapha de faire surveiller le Sérail.

A Londres, ce fut de la stupéfaction.

A Londres ce fut de la stupéfaction, à Paris de l'étonne- ment, et à Ottawa, au Canada, le ministère Borden essuya une

95

m..nH.|l.,ion ,ui tailU, avoir .:. «ravo . < ns^„u.M,.-..s. f^.iias

).. .1 (IM, s.. nluKl.T .laus son 11. .1.. |,, H^rt.nrt. A. m.s. .

H atffiKlit (|iir Ic.rag»' passa.

Alors il s." passa dans la viHIir Kurop.. U^s , i.os, - (,ui ,.a- -m.- peu- .tn. iMapn-nn-s ,1., «ros public n.ais ....i .io,.,.M.u: .1 rcfi.cliir aux autorit»''s.

Vn... „uH<,u..s-uns .1. ,•,.. ph.noMH...,. „„.. ...-us ,.r..,.,.,.s au Hasard parmi ceux ipii luri'iir si>;iial.v

l.p fils .-h.nri.pi.s pla..^s par k-s ai,,,,,,,.,), ,,.,. ,^, „,„,,i,.,,. •H'iK.-holla.Hlais,. tnr.n, coup... ,„ ,„ai„-. ...droits par ,'■ . ma.Ms m.oMHM.-s. .-...i aussi u>vs.^ri, ns.,..,., „ui,..xpli.ahl. IH'S n.dh.rs .1. IU.|,u.s purent ainsi .-h.H ,. r :• h.kc ... Holland.

( .u-starum d. M.unili.M.s fit explosion „:u.s 1. s .n^ron;

<i Aix-la-( l.apellf., -,..-! i uisan: un in;j m d.p.-,- ,].. . .u.--- -,1

U'Uiaiide. . .u

l'ii vastr .•iiirrpôi d-s Ml, irons d.. V,.-,n' c-.,„ ,.,,;k , ,. grandes quan.ii.s d.- l.lr, ,ut (•on.p:..,..,,...,: ,i.^:;,,i: ,,,; ,/. in- «••'iKi... don: loriKiiie 11,. |,ut éf;t, ,„,imu-.

F).'ux dfs K.-ands caïK.iis alifinan s ijonibaniî.nî fan^ m- ivnt mis hors crusafi,. d'un,, nunnrr». si .nvy;.;i,Mis (p„. i,-.;- niajor p.ussK-n eu resta ton, bal.a. Puiy ,»= fu la:, i.a! vo- •' , l'itz qui se demanda eo„.nien. il s.- faisa.. q;.,. s. s so.r -, '.';:;',n - (.isparaissaien-L d'une faroii prodigieuse.

Au premier abord o.i pourrait se demaïKie ce q.ie '!>■.- . .■ i pouvait bien avoir alTaire avec Ihis ,d:e ,!u Wavaron. mais que r(n i.reiid en ecnsid.'rafion que ni les li e'.,.^ ri 1- s pouvaient s'expliquer ,-. :uy... éieiix évé.K-me: •:-^ ou < - prêt à étiv convaincu q.ie î{aptist rî.urf.'n.an 1. >• T/ rV'iqui»- ne (levaient pas y être érraiiiiers.

L"s laiissaiices belligérantes . ;-:<;:!. -:. U m ia'in .^ ,:■■ - sonii" n'y comprenait rien.

He.-lin cependant devai, .a t.rouv- nsanxaise lorsque i',- trouvable -Ld.re Hel,..dque" fit déposer suivant son l.al.iru.i. a. exemplaire du j(,urnal sur le secrétaire du Couven.eur-Céi.érai a Bruxelles.

C"e journal ''La Libre Belgique" restera dans n,ist,,i:. e>! journalisme comme un des étenuards de la résistance à lo,,. pression. Tout ce (pie le militarisme i.russien a pu fain' pour l'a- néantir a toujours échoué et lorsque le gouverneur allema>.d U- croyait anéanti il renaissait le lendemain plus vivace ni-.^ ia- mais.

Or ce matin-là le journal contenait l'article suivant:

'.'h'-s

!0:;

^^

96

•Ia^ swIgiHMir M«''i>hlsto n»'st pa^ de la fête, lui qui pourtant avait toujrirs favorisé les iilépii dévastatriceB de son cousin Ho- lionzollfin. voir ce dripier dans son orgueil donner tout le cr»'- dit à /eus. fest siittis:int pour faire damner le meilleur des dia- i»|es d'ent»>n(lre i oii et u;atin Tingrat clianler sur tous les tons: ••(Jott nmi Huns". Aussi il s'en fut consulter les Knfers et en lit sortir le "Wawaron".

Willie Ho'Im' en eut une îittaqm- «le nerfs, lit fusill 'r ciuel- (jues civils, crucitier des reji^^ieiises. massacrer des enfants. Mê- pliislo en rit sans doute, mais le lendemain la •"Libre UelKicjne" occupait sa l'Iace luil)ituelle si;;- !•• secrétaire du (ît. verneUi-.

.Xprès ti'iit.s ces aventures, les nations hellisérantes d'un «•onintnn accord, e. c était la première fois qu'une entente sem- blalde aval» lieu dt puis l'ouvertiu-e des hostilités. Il n'y avait pas ù d'-e. W lein- f:illait ai river à une conclusion quelcoiuiue et sa- voir de quel bois le fameux Kmpereiu- de l'Kspace voulait se chauffer. On lit doiu'. à défaut d'autres nu)yens de connnunica- tions, mettre un peu partout îles plaça. ds conçus en ces termes;

"Avis.— A r empereur de 1 Kspace. soit de se rendre au:c c»)n- dJtions qui lui furent faites ou de rester neutre dans son Empire avec défense de d scendre un faire atterrir sa flotte sur auctui des cinq continents."

Or comme mu soir le Wawaron était descendu suivant son hal)itude et que ses conducteurs étaient allés '"her de l'eau fraîche, ils virent l'avis et purent en piendre connaissance.

"Kh ben. quoi'.iue t'en penses? dfnnanda Titoine.

"Mouton.s ioujours à bord du Wawaron. répondit Courte- luanche, il va nous falloir prendre une décision. On nous n:et. connue on (V\. au pied de l'échelle.

Mil

V\V REV(M.rTl()N COMME PEUT-ETRE JAMAIS PLU

EN VERRA.

ON

Le thermomètre marquait dix degrés en dessous de zéro (F), le ciel était pur, le soleil brillait au zénith, aucun murmure ne troublait l'atmosphère. .

Le wawaron nlanait à une hauteur.de six mille pieds et. ceux qui l'occupaient n'étaient à même de voir que l'espace in- a»i en haut, en bas. de tous côtés.

L'ingénieur Baptiste Courtemanche avait abandonne l'auto-

^./imiift

97

aérien aux caprices de l'éther, et contme P n'y avait atKune bri- se, quoiqu Us fUBsent à cette r^^Rlon éle-.oe, l'fiinîrme jlrlgeablH Ret)ougt>ait paa plus que ne le fait un navire j.ar un calme plat.

Courtenianche était appuyé à la rampe de la pasnorelle, se« traita ét«iient tirés et indiquaient les traces de liuiiuiétude, de l'ennui, se yeux étalent perdus dans le vagu»*. sa pentH^e dans le ?«de.

Non loin de lui, Tltoino Pelquier. assis Hur un pliant, consi- dérait avec amertume sa pipe ételne et regardait avec désespoir sa blague à tabac dans laquelle il n'y avait mémo plus une par- celle du précieux solanacée. Après avoir balancé la tête av»'C amertume l'époux de l'hllomène Tranchcmontagne (de Shawl- nigan) poussa un long soupir et sa main laissa tomber la i)i|>e qui roula sur le pont avec un bruit lugubre.

Courtenianche, que ce bruit avait tiré de sa méditai ion, leva Ifi tête et 11 jeta sur son ami un long ef triste regard, et en sou- pira U lui aussi 11 dit:

"Afi-tu cassé ta pipe?

"Vaudrait autant que je l'eusse cassé, la pauvr.', répt)t»(lit Titoine d'une voix sourde, mais dans laquelle grondait le ton- nerre.

"Voyons, Pelquier, dit Baptiste qui s'était levé et en frap- pant amicalement Titoine sur l'épaule, pourquoi cette tris.e fi- gure, cet air désespéré, les temps sont durs, il faut en r-on venir, je le sais aussi bien que toi, mais à quoi cela servirait -il de nous plaindre, nous n'en serions pas plus avancés.

"Ça, c'est ben vrai, répondit Titoine en se levant à son tour, mais il n'en est pas moins vrai aussi que nous sommes archi- cassés, pas une miette de tabac, plus une goutte de p't't blanc pour nous mouiller la luette, rien, ccmme tu sais, à peine de l'eau et quelques tablettes de beef-tea, et qui sont encore salées en ter yeux.

"C'est be" vrai, fit Baptiste dont la poitrine .se souleva avec désespoir, mais que veux-tu y faire?

' ve qui a à y faire? s'écria Titoine en regardant son , ama- rade dans lef yeux, n'importe quoi, que la maudite vie que nous menons. L'E npire de TF^pace, c'est p'tète ben beau quand on a quelque chose dans le ventre, mais quand on meurt de i'aim on n'y voit plus aucun charme.

"T'es pas raisonnable, répondit Baptiste qui ne savait quoi lui répondre.

"Pas raisonnable, s'exclama Titoine Pelquier donnant cours

»s

à Ha colôro. pas ruiKoimablc qu»- tu me dis! Kn v'Ià un»- mauvaise I>ar exeiiinl»'! Ton Hapn- empire e«t immoiiHe, k n'en «lisconvii-riK pa». il est même hI grand que Jarmiis on en venu la On. Du bleu, continua l'époux de l'hlh.mèn. TranehemoritaRne (de Shawlnl- gan), oui. du bleu ou des nuuge.s. encore <l«s nuaK«'s et totijoiirB des nuages. Je ne saurais trop le répéter. 1.^' sol»-il nouK i.rûîe. la lune iK.us fait la «rimae.' et les étoiles en clignant ont l'air de se moquer d»' nous, l'as une jirairle verte pour reposi-r nos regards fatigués ni une rivière ou nous jtuissions aller étan( lier notre soif. Kt t'apitelles cola un empire, toi. Ilaptiste 1er. Kni|»ereur des ^'ourfenianches qui n'a (|u'un seul sujet et qui n'est pas encore fai'ible (h' lui donner à numger.

Hai»tlste 1er, calme, le considéra (juelques instants, puis avec un geste (|ui .ut lait honneur à n(»tre and l'aul Cazeneuve il lui dit:

"Ingrat, je t'ai tiré du prolétariat jiour te créer duc de Ste- Cunégonde et baron des Tanneries, je t'ai élevé à la dignité de ministre, je t'ai fait chevalier giande croix de l'Ordre du Castor, commandeur de l'Ordre Impérial de rKtoile l'olaire, et dairs ma magnanimité, comme disent les grands de la terre, j'étais à la veille de te faire prince du Sault-au-Récollet.

'Que l'yable les mène les maudits titres et les vinguennes de médailles, a'écria Titolne de plus en plus furieux, Flanq jo-z- en à sciaux aux terriens civilisés qui s'épatent de ces riginnes-là, passe un steak pour me fourrer «ans l'estomac et toutes tes dé- corations je les échangerais vt iiitiers pour une bonne platée de fèves au lard.

"Des fèves au lard, dit Baptiste dont les yeux pétillèrent, des fèves au lard comme dans les chanquiers, on ferait en effet bien des bassesses pour une friandise de ce genre.

"Qu'est-ce qui nous empêche den avoir et ben d'autres cho- ses avec? fit Pelqu'r. lii-bas, au pays, Philias Duval doit nous attendre su. l'Ile - ^a Barbotte Amoureuse. Pourquoi perdre no- tre temps en quête d'aventures ridicules qui nous avancent à rien'^ Pourquoi ne pas retourner au Canada, consentir à ce que nous demandent les Alliés et combattre comme du monde pour la justice et la civilisation? Ce que nous avons fait ne compte pas. Nous serions même sous l'égide de la Couronne Britanni- que qu'après tout nous avons tout à y gagner et rien à y perdre. Nous lutterons pour la même cause qui est après tout celle de la civilisation et de la démocratie uni-erselle et pour laquelle doi- vent combattre tous ceux qui ont le coeur bien placé.

|.a!

non.'n? 'T'"l'u "'""""" '^*'""'"- '•'" '"'""^^ «••"« '"• «'""'ir's

chauvins .H.ntari... n',... sc.n, pas ,nui,.s loyaux .,u.. ,.' ..!.';;" •t nr .l.n.an.lon, „uum.. .hose Ost .|. pouvoir ].• pronvr K, .•r.c,u .s o„, ,a ,nal„ •, -:, pa,., i.s pri.s Cauav.MH son. .- ,J '^ tre I«s (it-rnicrs. *

-Anu I'..|,pK,.r, .sV.nia Haptist.- av... ...ithousias,,..-

l^s ( oiiiiiu' uti hoiunif.

'•Alors us r<'tr)unioiis? <!• nian.ia TH.. in»-.

'Oui, n-pon.lif Maptiste. ,Vst mon .|.-sir ].■ pl„s «ran.l uiai^ jo n osais fr !.. ,|ir... Allons au Canada, offrons nos s-rvic-s pour la caus.. .J».s Alliés et n.ontro.is à tous vl surlouf à la Franc- .an- notre sang est toujoiirs le même, aussi gaulois que c.lu s an- cêtres.

"Kt ton drapeau, celui de IKspaee? demanda l'.jqui.r

"Nous remplacerons les étoiles dor par des feuilles d.'rahle et comme devise (elle de Cartier: "Je me souviens".

"Fnfonc«5 les étoiles, cria Pelquier et vive le sirop .par- don, les feuilles d'érable!

••Quant à moi. j'abdique l'Empire ( 'Espace et j.- r deviens canayen. dit Baptiste, c'est plus pratique et "Vive le Canada"'

Comme les lecteurs le savent, le Wawaron était à mi-océan Courtemanche rectifia la direction et laissant derrière lui la Verte Erin il piqua dans la direction d.- Terr.-Xeuve.

Baptiste Courtemanche était retourné à la sallf des machi- nes. Pelquier, surl'avant. une longue-vue à la main, scrutait l'horizon.

Le mari de Philomène Tranchemontagne était ainsi oc ( upé lorsque tout à coup son attention fut attirée par quejqu.- dios" qui lui sembla étrange.

"Ohé, Baptiste, viens-toi-z'en, j'vois quelque chose qui ni'semble pas naturel.

"Quoique c'est'? dit Baptisf en accourant et prenant la lu- nette que lui présentait son ami.

"Vois là-bas, fit Titoine en lui indiquant un point de Ihori- zon.

'iUM^v?'

100

"Crééyé, r'Ut qu'est pas banal, dit Baptiste après avoir ob- serré le point indiqué, si j'me trompe pas, y va avoir de la danse.

En effet, l'ingénieur ne se trompait pas, un transort anglais battant le drapeau du Dominion Canadien et celui de la Croix Rouge fuyait à toute vitesse, poursuivi par un sous-marin alle- mand.

Le navire anglais avait vu le sous-marin et comme nous ve- nons de le dire fuyait aussi vite que lui en permettaient ses moyens. Comme il transportait au Canada des blessés, il avait arboré le drapeau de la Croix Rouge.

O naïveté, comme si tous ne savaient pas que pour la Itul- tur prussienne la Croix Rouge n'est qu'une cible.

"Et alors, quoi qu'on va faire? demanda Pelquitîr.

"Va dans le magasin, il nous reste encore deux des bombes que nous avons "chippées" aux bulkoviks russes, on voulait en fare cadeau aux Boches, v'ià une bonne occasion, lui répondit l'ingénieur en faisant évoluer l'auto-aérien dans la direction du sous-marin.

Pelquier sans perdre une seconde s'était précipité vers la chambre aux amunitions, et en étant sorti avec deux bombes de joli calibre, il alla se placer à l'avant du Wawaron. Lorsque l'au- to-aérien fut à environ dix pieds du sous-marin, dont l'équipa- ge était loin de se douter de ce qui allait lui arriver, il lança une première bombe qui en prenant contact éclata brisant le péris- cope et en faisant une vaste ouverture dans la coque du vais- seau. Pelquier sans perdre une seconde, lança la seconde bom- be dans l'ouverture et celle-ci éclatant fit sombrer le sous-marin qui en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire disparut dans les profondeurs de l'Océan.

Ceci fut fait avec une rapidité extrême, l'équipage et les passagers du navire anglais n'eurent le temps que de pousser un cri que le Wawaron était disparu, mais cependant pas assez vite pour que son nom ne fut vu et par conséquent son identité con- nue.

A bord du navire anglais se trouvait un des membres du ca- binet impérial de Londres, lequel ministre se rendait en Améri- que en mission auprès du gouvernement de Washington. Or ce ministre avait déjà vu le Wawaron lors de l'attaque des Boches, et connaissait toute l'histoire des pourparlers du gouvernement

anglais.

"Voici un bon point pour ce Wawaron, dit-il à ceux qui l'en- touraient, voici la seconde fois qu'il rend service à l'Empire. En wTivant je verrai à ce que ce service soit reconnu.

.•^'t-

t^inf^Ui^*

101

XIV

RARI NANTES IN GURGITE VASTO.

Après qu'ils eurent accompli l'extraordinaire fait d'arme que nous venons de relater, nos deux héros, après avoir placé sur leur tête les casques qu'ils employaient pour les altitudes élevées, donnèrent au Wawaron un élan qui lui fit atteindre une hauteur de près de quinze mille pieds, ce qui le rendit complète- ment Invisible.

Ils planèrent ainsi près de deux heures et lorsqu'ils furent certains de ne pas être vus ils redescendirent à une hauteur moyenne et après s'être débarrassés de leurs appareils ils purent continuer leur conversation.

"Mon vieux, dit Baptiste Courtemanche en tendant la main à son camarade, tu peux te vanter d'avoir du talent pour lancer les bombes, on dirait que t'as jamais fait que cela toute ta vie.

"C'est ben de même, répondit Titoine en riant, je leur ai emmenché cela à Messieurs les IJoches dans les grandes lar- geurs, ils ont en faire tout de même une drôle de tête en se sentant descendre dans le fond de l'eau en pensant qu'ils allaient servir de dîner aux marsouins.

■'Et puis après, fit Courtemanche en haussant les épaules, tu te souviens de ce que dit la Sainte Bible: "Périra par l'épée qui frappera par l'épée". Avec cela qu'ils y songent beaucoup aux sentiments, ces bougres de cochons. Est-ce qu'ils ont réflé- chi en coulant le Lusitania? Y ont-ils regardé à deux fois avant d'exterminer des navires-hôpitaux ou des steamers portant fem- mes et enfants? Non, n'est-ce pas, aussi je ne sais pas pourquoi on les ménagerait. Epargne-t-on un chien enragé? Non, n'est-ce pas. Eh bien, le Boche, mon vieux, ce n'est que cela et il n'a droit à aucune pitié.

"C'est ben cela, répondit Pelquier, et celui qui est cause de tous ces assassinats, qui a i)ermiH ces tueries aveugles et irrai- sonnées pour assouvir sa haine et affermir sa tyraïuiie. le .Néron boche doit bien trembler en songeant au compte qu'il aura ii ren- dre à Celui qui est la justice infinie.

"Tu as raison, ami Pelquier. et si les âmes ont uin' peau, ajouta Baptiste, je préfère la mienne à la sienne. Lors du juge- ment je serai plus dans mon assiette que lui dans la sienne, soit dit sans me répéter.

^^^j^^^^^s

102

"Et pour ce bougre-là on peut bien retourner le dicton et dire: A ce pêcheur misère et corde, n'est-ce pas? demanda Tl- toine.

"Mon bon ami. dit Baptiste en riant, quoique tu parles en I air, ce que tu dis a ben du bon sens, aussi pour te récompen- ser d'avoir coulé les Boches, je . . .

"Arrête la charette, s'écrit: Titoine en reculant, tu vas en- core me coller une médaille.

"Non pas. mais quelque chose de plus pratique, de plus di- gestif enfin, va voir sous le matelas de ma couchette et tu ver- ras.

"Allons voir, dit Pelquier sceptiquement. n se rendit à la ca- bme et BapUste put le voir soulever le matelas, prendre un pa- quet et pousser un cri après l'avoir ouvert:

"Du tabac!

"Oui, du vrai tabac, dit Baptiste avec un sourire. Je l'avais conservé pour une grande occasion.

"Tu es un vrai empereur, je le crie aux étoiles, j'en prends le soleU et la lune à témoin, et je puis te dire: Majesté, ta Sir est bien bonne.

"Hélas! il est trop tard, ce trône de l'Espace, je l'abdique; que celui qui le veut le prenne, pour moi, vois-tu, je le trouve trop en l'air. Je vais retourner auprès des nôtres, nous sui- vrons la marche des circonstances et verrons ce que l'avenir nous réserve.

"Alors nous retournons cheu nous, s'écria Titoine Pelquier avec enthousiasme.

"Oui, cheu nous, nous offrirons nos services à la patrie, comme tous bons citoyens doivent le faire, lui dit Courtemanche. Le Wawaron. devenu un monument national, rendra des servi- ces de premier ordre. Et quant à nous, nous aurons fait notre devoir.

"Ça y est, s'écria Pelquier, faisons notre devoir et prouvons à l'humanité toute entière que si les Canayens ont du poil aux pattes, ils en ont pas dans la paume des mains.

"Allons, dit Courtemanche en prenant le gouvernail, piqtions sur le Golfe St-Laurent, et en allant bonne allure nous y serons demain au petit jour.

En effet, le lendemain matin, l'auto-aérien planait au-des- sus du Golfe St-Laurent. Ils avaient laissé en arrière Terre-Neu- ve et l'Ile d'Anticosti, et maintenant ils étaient à même de dis-

M^^mKW

103

tin«uer parfaitement les côtes du Labrador et les moindres dé- taus du magnifique panorama qui se déroulait au-dessous deux. Le grand fleuve du Canada conser^-e son individualité de- puis ses sources jusqu'au moment dans sa majestueuse gran- deur U se jette dans l'Océan.

La suite de ses grands lacs, véritables mers intérieures, pré- sente un spectacle grandiose unique au monde. Le Niagara, lui seul, est tout un poème, et aucune plume ne saurait avec justes- ?! ^'^.^l^'^''^ ^^ '^^^"té. Ses îles sans nombre et les tributaires formidables qui en augmentent encore la magnificence à un tel pomt que le regard ne peut s'en lasser, et l'esprit se demande si c^ est bien réel, si l'on n'est pas le jouet d'une fantastique illu-

L'entrée du St-Laurent est superbe, grandiose et laisse à ce- lui qui 1 a vu une impression sévère de majestueuse grandeur bes falaises surmontées de forêts immenses, véritables remparts de roc qui semblent garder les secrets des sauvages régions qui se trouvent au-delà.

En remontant le fleuve et déjà à l'Ile d'Oriéans. la nature semble préparer le voyageur aux beautés qui vont lui être don- nées d'admirer.

Alors le fleuve s'élargit graduellement et devient si large qu'arrivé à un certain point il est imi.ossible même par un temps très clair d'apercevoir les rives opposées. La falaise, mur énor- me, se continue dune façon pour ainsi dire ininterrompue ça et que par des baies superbes et des formidables promontoires.

Baptiste Courtemanche et Titoine Pelquier regardaient tout cela avec une religieuse admiration.

"C'est tout de même bougrement beau cheu nous, dit Pel- quier. on est fier d'être Canayen quand on voit tout cela.

"Tu es dans le vrai, lui répondit Courtemanche. et on n'a pas le droit de nous taxer de chauvinisme lorsque nous sentons les beautés de notre pays. Que ceux qui doutent viennent le voir et alors ils ne s'étonneront plus de notre admiration et ils cons- tateront par eux-mêmes que notre enthousiasme est légitime et bien fondé. A moins d'être aveugle, on ne peut nier que peu de pays sont plus beaux que le nôtre.

"Et ce n'est pas seulement cela, ajouta Pelquier. Certes nous devons être fiers et remercier le Créateur de toutes choses des dons qu'il a prodigués à notre pays, mais si on cunsidère ces vil- les, ces campagnes riches et fertiles, ces champs labourés et fO-

104

conds, ces usines prospères, n'y voyons-nous pas aussi le travail incessant commencé par nos ancêtres qui n'ont pas hésité de donner leurs sueurs et leur sang pour faire du pays l'héritage magnifique qu'ils nous ont laissé. Enfin, parce que c'est qu'ils ont vécu, terre bénie du Canada français qui est leur dernière demeure et qui fut notre berceau. En un mot, ce pays que nous aimons, c'est notre patrie.

"Oui, tu as raison, lui répondit Baptiste Courtemenche en lui serrant la main, nous sommes heureux de retourner cheu nous car cela a être pour les Canayens que l'on a composé la chanson: "On revient toujours à ses anciennes amours".

Les deux amis émus avaient continué leurs observations et voyaient avec orgueil les choses grandioses qu'il leur était donné d'admirer. Lorsqu'ils furent arrivés à un certain endroit déjà le fleuve devenait moins large tout en conservant ses redouta- bles falaises, ils aperçurent un cap qui s'avançait majestueux ians les eaux du fleuve.

' '/ois donc ce cap, n'est-ce pas qu il est beau, fit remarquer Pelquier, la forêt y semble propice pour tirer un coup de fusil, si nous descendions.

"C'est le Cap Eternité, si je ne me trompe, répondit Courte- manche, nous pouvons atterrir sur une de ses extrémités, nous trouverons un endroit pour le Wawaron et après l'avoir ancré nous pourrons prendre nos armes et fouiller les taillis en quête de gibier.

Nos deux amis n'eurent pas de difficulté à trouver un en- droit propice, le Wawaron fut solidement ancré à un endroit élevé et comme le pays était désert et l'horizon ne montrait au- cun signe d'orage, même que la chaleur était suffocante.

Ils se munirent donc de provisions pour plusieurs heures et espérant pouvoir acheter dans un des villages du littoral les pro- visions qu'ils désiraient et peut-être télégraphier à Philias Du- val, ils prirent avec eux tout l'argent qu'ils possédaient à bord du Wawaron et même des documents et objets dont ils firent un paquet désirant si possible l'envoyer pai express à leur ami.

Le coeur léger ils se mirent en route. Courtemanche qui a\ait déjà exploré cette partie de la Province de Québec ouvrit la marche suivi du fidèle Pelquier qui, lui. n'était qu'un clerc en matière d'excursion.

Us descendirent donc vers le rivage, désirant côtoyer le bord ainsi à un endroit habite, car de ee côté il

du fleuv*

parv(

'<i.éii^:

v^V-

105

n'y avait aucun chemin qu'ils eussent pu suivre.

Us marchaient ainsi depuis plus de deux heures et étaient parvenus à la grève lorsque le ciel brusquement s'assombrit.

"Il semble que nous allons avoir de l'orage, c'est singulier lorsque nous avons quitté le Wawaron rien ne le faisait prévoir.

"Eh! oui, même que le ciel prend une couleur que j'ai déjà observée dans les Montagnes Rocheuses, dit Baptiste d'un air inquiet, je crois que nous allons avoir une lavasse pas ordinaire, si non un ouragan.

"Le Wawaron est-il en sûreté? demanda Titoine. Les câ- bles sont-ils assez solides pour résister à la force du vent ?

"C'était à espérer, répondit Courtcnianche, allons au bout de ce promontoire et de nous pourrons voir le Cap Eternité et l'endroit nous avons laissé k Wawaron.

Nos amis prirent leur course, mais ils avançaient avec dif- ficulté. Le vent augmentait en force, l'orage devint tempête, la tempête ouragan, il faisait si noir que le ciel ol)scurci ne pci met- tait qu'avec peine à la lumière d'éclairer leur marche.

Soudain ils entendirent un bruit étrange, grandissant, com- me ^lui que produirait un chariot monstre roulant sur des cail- loux. Les arbres plièrent, craquèrent, et les deux amis ne powc vant se tenir debout se jetèrent à plat ventre.

"C'est une trombe, cria Baptiste avec terreur, une trombe, vois. . . vois. . . là. . .

Dans les airs mille objets passaient au-dessus de leur tête avec une vitesse vertigineuse. Tout à coup un objet noir énonne traversa l'espace et deux cris déchirants, étouffés par les bruits terribles, retentit: "Le Wawaron!"

Puis tout se perdit, le vent tomba en quelques minutes et le ciel redevint serein comme si rien n'eut aiTivé.

Baptiste Courtemanche et Titoine Pelquier se i 'niaient hébétés et sans même se dire un mot prirent leurs !k's et

sans se soucier de leurs fardeaux coururent vers l'eiulruit ils avaient laissé le Wawaron.

De l'auto-aérien ils ne trouvèrent que les entraves brisées, du Wawaron plus rien, il avait été l)alayé au loin par la force de la tempête.

"Tout est perdu, sécria Baptiste avec désespoir, adieu nos espérances, la fortune, la gloire, il ne nous reste plus qu'à aller cacher notre honte et notre chagrin.

"Et pourquoi, lui répondit Tiîoinc Pelquier, il < i^t vrai qu'a-

106

vec le Wiwaron nous perdons beaucoup, mais nous sommes ri- ches et avons l'avenir devant nous.

"C'est vrai, fit Courtemanche, tout n'est pas perdu, car j'ai Ici, dit-il, en frappant le paquet qu'il avait avec lui, oui, j'ai ici un secret qui comme le Wawaron bouleversera le monde scienti- fique.

"Ainsi soit-il, dit Pelquier en prenant son fusU, allons main- tenant vers un endroit d'où nous puissions gagner Québec.

XV

RETOUR AU BERCAIL.

Baptiste Courtemanche et Titoine Pelquier avaient terminé leur beau rêve et brusquement se retrouvaient face à face avec la réalité, non pas Gros-Jean comme devant, bien loin de là, ayant devant eux si non la richesse mais du moins une aisance facile qui assurait leur tranquillité future.

Mais il leur fallait songer aux conséquences que pourrait avoir leur escapade et envisager froidement ce qui en résulte- rait.

Nos amis philosophiquement se dirigèrent vers la civilisa- tion, et Baptiste Courtemanche d'empereur devint général et conduisit la retraite qui sans être celle des Dix Milles ou voire même celle qu'opéra le Maréchal von Hindenburg. mais elle n'en avait pas moins ses difficultés.

Comme nous le savons, Baptiste Courtemanche était avant tout un homme d'action au caractère froid et résolu, habitué de- puis longtemps aux difficultés et aux périls des exploration a. Ce ne fui donc pour lui qu'un jeu d- conduire son armée, pardon, son ami Pelquier vers Tadoussac, connaissant la topographie de cette partie du pays et sachant que c'était le meilleur moyen pour gagner Québec.

Ils avaient, comme nous le savons, des provisions pour plu- sieurs jours et leurs fusils pour se défendre en cas de danger. En plus, ils possédaient quelques milliers de dollars pour faire face aux éventuaUtés.

Enfin, après une longue marche, après s'être reposés en route, ils arrivèrent à Tadoussac ils se reposèrent en atten- dant le bateau qui devait les conduire à Québec.

Parlant peu, ils passèrent inaperçus, se mêlant à la foule qui ue les connaissait pas et qui était t cent lieues de se douter

107

fouf?« 1 """'' "^"^ '^"P"'" longtemps avaient ét.^ le sujet de

toutes les conversations.

.Irrivés à Québec, ils descendirent dans un modeste hôtel se firent raser, tailler barbe et cheveux et s'achetèrent des ête-

^cuÏer '" '''^"■^ ^^^^ ^ ''"^'^^°" «°-^« ^""^ <^-'rIient

^t à ct".V.f !!^P^^r°' P*' ^ ^"^'^'' P'-^^^^^'" '^ surprendre, et d cet effet prirent le train pour St-Barthélemy

Barb^t'i^r ^"''^ *^^^"'' P'^' ^'"'^ °^°'« ^^^'^ dans son Ue de la Barbo te Amoureuse après avoir fait construire une habita- tion plus convenable il dirigeait les travaux d'un quai pour le yacht qu'il venait d'acheter. ^

lorsoue '.fph«."' °^^"P^/.'^«"'^^'' des instructions à ses ouvriers lorsque la chaloupe conduisant nos héros accosta à deux pas de

En les reconnaissant, l'entrepreneur laissa tomber un mat- teau qu'il tenait à la main et ne trouva à leur crier que: Pas pos-

Mais il l'ji fallut se rendre à l'évidence lorsqu'il entendit la voix familière de BapUste Courtemar.che qui lui dit

tendZTa ml'' "'"'' '^^"^ ""'''' ^"' ''' ''-empereur en lui tez. .*;'':t"l';iw^on^"^^' '■"'^ ''' ''''''' ^'^^""^^-^ --

rire.s^:;:r;:r^^:^î^---'" --'—

'Eh ben, répondit Titoine toujours souriant, quoi que vous U-ouvez d'emplis.sant d'vouère un Wawaron à l'e^u c\st sor état que je sache.

péfai?^''"' ^^' '^^'' ^^•'ï"'^'' ^" ^eux m'emplir, s'écria Duval stu- 'T,«nZ''"'.^?l Duyal Pelquler ne te blague pas, lui dit Courte- tTe Wstoire' ''''"' '''^''' '''"' ^" '^'^ '' ''''''''''' *°"^^ '^°- Duval les conduisit à sa maison, leur servit un verre de 7^r7r; T """'' dégustèrent avuc délice, et lorsqu'il fu- rent confortablement assis l'ingénieur commença son récit Sans nen omettre il lui fit la narration de tout ce que les lecteu s con

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. 108

naissent, enfin ce qui s'était passé depuis leur dernière entre- vue.

Philias Duval écoutait tout à la fois ravi et stupéfait, ne sa- chant d'abord quoi dire, puis enfin se levant:

"Le principal est que vous soyez de retour en vie, bien por- tant, leur dit Duval, qu'importe le Wawaron et tous les empires fussent-ils même dans l'Espace, rien n'est perdu et avec du cou- rage tout s'arrangera.

"D'autant plus que nous ne sommes pas à sec, ajouta Pel- quier, nous avons de l'argent sans compter le montant que nous vous avons laissé.

"Parfaitement, et même que ce me tant, ajouta Duval avec orgueil, je l'ai fait fructifier, j'ai spéculé à coup t ir et aujour- d'hui je suis heureux de vous dire que je dispose pour notre a":- sociation d'un capital qui nous met tous à l'aise jusqu'à la fin de nos jours.

"Cela est bien beau, mais le public, le gouvernement, que va-t-on penser de nous? demanda Titoine Pelquier avec inquié- tude.

"Oui, non seulement que vont-ils penser, mais aussi quelle conduite tiendront-ils à notre égard? ajouta Courteraanche.

"C'est ce qu'il va falloir savoir, dit Philias Duval, mais je vais prendre ce soir même le train pour Montréal, j'iiai à Otta- wa si nécessaire, je scruterai le terrain, préparerai les esprits.

"Voilcà ce qui s'appelle parler en monsieur, dit Pelquier. al- lez-y sans perdre de temps.

Après s'être préparé, avoir donné à ses amis plein pouvoir de rester sur l'île et leur avoir procuré le nécessaire, Duval par- tit pour St-Barthélemy et de pour Montréal.

fei Philias n'était pas un homme instruit comme il le disait, il avait pour lui deux excellentes qualités: il était bon financier et débrouillard en iffaires.

En arrivant à Montréal, il se rendit à son nouveau bureau de la Place d'Armes son clerc lui montra triomphalement les éditions des journaux publiés dans les derniers jours. Il y lut des articles sensationnels relatifs aux exploits du Wawaron. la lutte homérique contre le sous-marin boche et la triomphante victoi- re qui avait sauvé le navire anglais.

En plus, les "extras" disaient que les gouvernements alliés étaient prêts à traiter d'égal à égal avec l'Empereur de l'Efepaee et lui donnaient toutes les latitudes voulues.

109

«1... A^£^' ^"" ^"''^^' '■ "^'y * P'"** *1« Wawaron. et de ce fait ^u«^d En^pereur de l'EBpace. que val«-Je leur dire. cou.a.ent Jor-

««nf^r"^"^ .""''*' '""■ ^'''" '^^'^ P"'"^« ^^alt un naïf, il ôtait arant out un homme de bon sens. U trouva qu'il était n é ,

de temps il partit pour Ottawa

d^n tr'.'^l r. *''""'^''' " "' P^"^^"^»- •'^'^ «^^rte à IHon. H M.,r- lE^pr de l^Tie'"^ ^"'^ ''^'' ^^'-"^' ^" «- ^'^ Comme on le sait, Duval n'était i^as inconnu dans les mi- teux parlementaires, il fut regu, écouté, et avec sa bour.eo se bonhomie il conta aux ministres assemblés l'histoire des '^en! tures Extraordinaires de Deux Canayens"

Tous se levèrent enthousiasmés, émerveihés et firent télé- gmph.er Duva à ses amis de ve.Wr inunédiatement le rejoindre a Ottawa, que les ministres et délégués des Alliés désiraient eu! tendre le récit de leur propre bouche.

Deux Jours plus tard, nos héros étalent à Ottawa et cette fois Courtemanche put uonner un con.pte-rendu exact de la dé- couverte et des expicits du Wawaron.

Comn»e cela se conçoit, le télégraphe fut mis à la rescousse Pans Londres, enfin le monde entier y passa et non se Ze"' nos héros furent excusés, mais en plus reçurent des distinctions honorifiques des différents gouvernements

Le gouvernement du Canada ne voulut pas rester en i r.i,''- re. Sir Baptiste Courtemanche devint un des directeurs du ser- vice aéronautique et il fut proposé une situation importante à Sir Antoine Pelletier.

Nos amis cependant ne voulurent pas donner une réponse immédiate aux offres qui leur étaient faites et revinrent à Mont- réal discuter de leurs plans pour l'avenir.

XVI FINIS CORONAT OPl'S.

Comme nous pouvons nous en df.uter. "Les Aventures Ex- traordinaires de Deux Canayens" eurent un retentissement co- lossal, non seulement au Canada, mais dans l'univers tout en- tier.

Tous les journaux voulurent publier leurs portraits et un

110

photographe bien connu do Montréal paya à nos amis un fort montant pour avoir seul le privilège de faire et vendre leurs pho- tographleti. Celles-ci furent "copyi .«hted" et se vendirent par milliers.

Ceci ne fut pas le seul bénéfice que tinrent nos héros, il y eut des cigares "Le Wuwaron", des cigareitis "Les Délices de l'Empire de l'Kspace ', des corsets "Le Wawaron" supérieurs par leur légèreté, et comme le nom de "Wawaron" et d' "Ktnpi- re de rEs[»are" avait été breveté par la "Kreiich Canadiaii Arrlal Navigation Co. (Lindted), tout <eci emmena de l'eau au moulir;. Cela ne fut pas tout, un des plus grands éditeurs de New- York iit des offn's à Baptist« Courtemanche jutur ptjblier ses mémoires, mais il ne voulut vien entendre à moins d'avoir la col- laboration de Sir Titoine, (v> qui fut accepté, et un (< 'itrat fut signé pour plusieurs milliers de dollars. In Impressario de Chi- cago vint les engager i>our une série de conférences aux Ktats- Unis et au Canada, puis ensuite en Europe, ceci pour l'après- guerre, l'uis ce fut le tour des compagnies de cinématographes qui se les arrachèrent, enfin la préférence fut donnée à une des plus puissantes compagnies de New-York. Connue Courteman- che devait non seulement fournir le scénario et les deux amis, voire même Philias Duval, devaient être acteurs et devenir des célébrités cinématographiques, on comprend sans difficulté que J >s montants dépassant ceux jamais rêvés par Charlie Chaplin, Pearl White, Mary Pickford, Douglas Fairbank et les autres cé- lébrités, furent dépassés au-d^.à de toutes expectatives.

Quant au brave Philias Duval, lui non plu.» ne restait pas en arrière, une Université de l'illinois (E.-l'.) lui décerna la dis- tinction de L.L.D. Que pensez-vous de cela, ami lecteur, pour un homme qui n'était pas instruit et qui avait passé toute sa vie à faire dans la pierre".' Enfin, que voulez-vous, on a déjà vu plus fort que cela.

Les autres nations ne voulurent pas rester en arrière et toutes, sauf l'Allemagne, cela se comprend, les criblèrent de dé- corations.

Cependant Baptiste Courtemanche ne voulut i)as accepter des positions gouvernementales, il préférait attendre et conser- ver son libre arbitre, n en fut de même pour Titoine Pelquier qui ne voulut pas se séparer de son ami.

Ils étaient donc revenus à Montréal et radiaient, avons- nous dit, leurs proje*s d'avenir, lorsqu'un beau matin I s-

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tleUement ù M. Phllias Duva, ' ^"''"'" ' """•^'°-

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P^fi.™'!i:^.:St'^:^:J^;i:'!^^--*^ .o.upl.ten.ent stu- que soudain un brui voix ,1"' "''";'" ' T ^'"""'•'"-'. lors- VTait pour parler. "" ^'''*'""'' ''» •^""^•'•»' '1"'*' «u-

l'ne voix criait:

"Eh! PhiJias, éiousque t'es?

I^ne autre voix ajouta:

"Nous v'ià, c'est nous autres'

"Philomène!

jetée à plat ventre et lui -ivor,/ , '- ^' ^'P*^"^^ «'♦'tait

enlacés: ^'''"' ""'°"''^' '«« -fambes de ...s braa

"Titoine, disait-elle r^ .«„* . ' ' ' '

mes, les accents de ma c /„^f [ ^"f^"«'ble à mes lar- coeur? «e ma c . ne toucheraient-iiR pas ton

112

"Femme, lui répondit Pelqul^r. élouiqu'y iont le» sermenU prêtés aux pieds den auteU. la fldélit<^ dont à laqueUe tu devais être à toute épreuve, ces dette» dont tu enveniraaia ma tranqui- Uté. et enfin ce Télesphore Dumouchel avec lequel tu as pris la poudre d'escampette?

•Télesphore Dumouchel! s'écria Philoméne en ouvrant les bras, ce qui permit à Pelquler de se remettre d'aplomb. Pour- quoi prononcer le nom de ce malheureux qu'à la demande de ma tante je conduisais à Hoston subir une oin^ration dont 11 est dé- cédé.

"Dumoi ^hel est mo.i! dit Pelquler.

"Oui. mort, réiwndit Phllomène qui s'était relevée, c-t 11 m'a laissé sa ferme de St-TIniothé et un bloc de maison da.is le Faubourg Québec, sans compt. d»J8 parts dans les P'tlts Chars. •Et pourquoi que tu im l'as pasdlt plus tôt? fit Pelquler su- bitement radouci.

"C'est parce que t'étais parti lorsque je suis revenu, et qu'y

avait pas moyen de savoir élousque tu ( lai .. Tu comprends

maintenant, mon Titolne. et tu pardonneras à ta fr -ne éplorée.

"Vas-y, dit Courtemanche en poussant jon ami dans les

bras de sa femme.

"J'veux ben te crère pour cette fols, mais que ça recommen- ce plus, fit Titolne en lui ouvrant les bras.

"J'te le jure, foi du Bon Yeux, répondit Phllomène en se je- tant dans les bras de son époux et le serrant dans ses bras.

Duval s'essuya les yeux et leur dit la voix pleine de larmes: i^ "Soyez heureux.

Alors Baptiste Courtemanche d'un geste théâtral étendant au-dessus de leurs têtes ses mains ei). signe de bénédiction: "Per omnla saecula saeculorum. "Amen, glapit le garçon de bureau.

lin

i;r!i.()..i K.

^ «'st pliiKit ct.iirlii^i.di (|iH iioii.s .|..vri(>iiw ,H.!i>. ,|ii. .|ii..i. qil.' ...|„.|Mliii,( 1rs au-i.tm-.-s ,|.- H;,|,|jsi.. rniin.M..;iii( h. .1 Ti-

olll.' IV|(|lli.'| II.. S»M»ll>l.li( i»a> ;i\ni| .|.. liluMr

IMadviiit-il ,1.. nos I,. ,u> i ..>i <• ,,,,, ,i,f, 1 ..ss.,:, ,ai.s <l«Mii«' nos h'c'ii'Urs.

.M. U- Dr Sir Aiitoin.' .-t |.;i.i.v p..|(|ui. (.(uis.rvniis-iui ,■,. PoiM' „,. i..|„|ir.-iif a S(-Tiiii..i|„-,. .,u j|> ,,| ,.,„ ,„,...,.ssini, ,1,. la siipMl).' i.'iTo laissô.. |,ar ■|V|..sp|,.,n. |m,i,i,„„|„.i Tituin.- . har- Kea l'hilias Duval .1.' lui (raiisr.riii,., la uuuU'st,- liahnaiicn .|.,i y .'tail rriK"'.- en un (■li;-|t..aii aux alh.r.-s .i,Maii.li..s.-s. I/.'iitr.'pr.-- iM'iir «harK^'u un arrlilM'ct.. < ana.ii.M.. an, i-n ,'.|,.v,. ,1,, r|.:,.u|,. cirs I5.'au.x-.\rt.s .1." F'aris. qui (i; un plan <|ui rrsi..,,, . .uiiiur i„o- tl«'l»' (lu K«-nr.. dans larcliiif, 'un- (anadi.'i.r,..

l'Iiilias iJuval ti»'v<Miu un iioniiiM' (■.■Irlirc, s.- vit noiiiiixi- prt^sident d»- plusieurs roiniiaKiiirs tiiian<itiv>, «inj (■,.rt,.s uv p,.,.- dirent pas. U ville de Montn'i-l !.• < (.iiipcra avant |,.i,m. mp^ au nombre de ses éclicvins ..| . mais, amis I.Mh-i.rs. qiM' ( .'la n-sie entre nous, il est lorieii.cnt (luestiou ,|,. IVjevfr a la .lijinit.- de Conseiller L('Kislatir de la l'roviiKv de gu.'h.c Mais .liut n'en i)urlez pas. e'est un st'cp't dHfai.

Quant à Haptistf CoMiK-nuii die, pardon, Sir lîaptist»., il travailla, d'abord à i)ivpai.f ses ( ' if-'ieiiccs. ses nninoires ,'t le scénario j)our le ciDéma. In joui ,11.. Tiloiii.' ['.■Uiui.r < aiisait avee lui, Tex-duc de Ste-(,*un»'Koii.i.- lui (l.-inanda:

"Dis (l(Mie. Maptiste, ei rWawaron. n'y |i<'nses-tu plus, ttc le regrett»'s-(u x)as?

'Si. due ami. j'y peiis. souvt'iit. ]•■ le rt'm-etu- n jr nr l'ou- blierai jaiiuiis. Lorsque nous aurons tt-rniiiH' nos eoiu'.r.iK ,.s et mes travaux litf»''ra'res. j.- verrai à la possibilité d,- lui troiiv.-r un suceesseiu".

"Mais je croyais qui! n'y avait plus (!•■ l/'fiium ni d,- l'opu- îéiini. (|(ie tu ne pouvais [ilus frou\t'r trace de cfs minerais', lui demanda Pelquier intrigué.

"P.ah: répondit en riani l'ingénieur, ces mim-rais si non au Yukon doivent exister autre part, mais m dois te souvenir que j'avais dans la chambre des machines du Wawaron une caisse vohunineuse dont je ne voulus jamais te laisser conmiiire le se- cret, f-aisse contenant non pa.s ser.Iemrr.i les minefais duni tu

114

me parles, mais une invention ou plutôt une découverte qui était tout le secret du Wawaron. secret que je conserve et qu'avant longtt^nips révolutioniKM-a le monde entier.

"Et ce secret? demanda Titoine Pelquier.

"Que cela reste entre nous, mais je possède la clef d'une chose reclierchée depuis bien des années, mais qui avant moi n'avait jamais pu être résolue

"Voyons, parle, dit Pelquier impatienté.

"Le mouvement perpétuel! répondit Courtemanche avec orgueil.

"Le mouvement perpétuel! s'écria Titoine Pelquier stupé- fait.

"Oui, cher ami. qui remplace la vapeur, produit l'électricité, la chaleur, enfin tout ce qni peut rendre l'homme maître de la nature et réalise ce que je te disais autrefois: "Qu'avec laide de Dieu rien n'est impossible au génie de l'homme"

(Fin des Aventures de Deux Canayens.)

JULES JEHIN.

New- York, 12 juillet 191S.

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