If/ ' J-J^^ 'E COLLECTION ACADÉMIQUE. sî*îeâ TOME HUITIÈME, PARTIE ÉTRANGÈRE. ' ' ■ HllAîVlT» ' Il ■ I 1 I Ji p.Ûîi *:siritessxsgsssssaesissi-.:.^zsz^ \. COLLECTION AC A D ÉMI QUE, COMPOSÉE Des Mémoires, Actes ou Journaux des plus célèbres Académies Sc Sociétés Littéraires, des Extraits des meilleurs Ouvrages Périodiques, des Traités particuliers Se des Pièces Fugitives les plus rares, CONCERNANT L'HISTOIRE NATURELLE ET LA BOTANIQUE, LA PHYSIQUE EXPÉRIMENTALE ET LA CHYMIE, LA MÉDECINE ET L'ANATOMlEi . . Ita res accendunt lumina rébus. Luc RE T, ToxME HUITIEME de la Partie Etrangère, contenant les Mémoires abrégés de l'Académie Royale de Prufle. Pat M. PAJJ L , Correfpondant de la Société Royale des Sciences de Montpellier, AlTocié ^^^ à l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de Marfeille. A P A C1k7. PANCKOUCKE, Libraire, rue des Poitevins , Hôtel de Thou, Quartier S.iint André des Arts. M. DCC. LXX. ^IFEC APPRODJTION ET PRIFILÉGE DU ROI. ^DQ.î. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. E Nord de l'Europe , fi long-tems plongé dans la barbarie , brille aujourd'hui du plus grand éclat. La lumière des Sciences , en diflipant l'ignoran- ce , y a fait naître le jour le plus beau. Ces vas- tes païs , autrefois li agreftes , par une de ces heureufes révolutions qui changent entièrement la face des Empires, le difputent maintenant aux peuples les plus ancien- nement éclairés. Rien n'a tant contribué que rétablifTement des Académies à répandre dans ces contrées le goût des Sciences & des Arts. La Suéde feule en poflede deux , l'une dans fi Capi- tale , & l'autre à Upfal , qui ont fait faire de grands pro- grès à la Chimie , & à l'Hirtoire Naturelle. Pierre le Grand , ce Prince créateur , dont le régne fer- vira à jainais d'époque à la gloire de la nation Rufle, à peine connue avant lui , en a fondé une à Peter/bourg , dont le^ il DISCOURS Mémoires compofent déjà une coUeftion très-confidérable. La PrufTe a voulu aufTi avoir fon Académie ; mais celle-ci établie fur un plan beaucoup plus vafte que toutes les au- tres , poite dans fes travaux l'empreinte du fublime & puif^ fant génie qui préiida à fa fondation. L'illuftre Leibnif^ , ce rival des Defcartes & des Newton , ce Savant li univerfel , dont un Philofophe couronné a dit (a) qu'il fembloit avoir plus d'une ame , Leibnif^ en fut le principal promoteur , & le premier Prélident ; auflî l'Académie Royale de Pruflè em- braiTe-t-elle dans fes recherches tout le fyflême des connoif- fances humaines , tout ce qui , dans le refte de l'Europe , eft l'objet des différentes fociétés littéraires qui travaillent à fenvi & avec tant de gloire , fous les aufpices & la proteûion des Souverains , à la perfeftion des Sciences & des Arts. Non contente de cette tâche immenfe , elle a établi une clafle particulière de Philofophie fpéculative, conficrée à la morale, au droit naturel , & à la plus fublime métaphyfique ; & l'on fait affez qu'elle pofléde des hommes fupérieurs dans tous les genres de connoifTances dont elle s'occupe. Pour ne parler ici que de la claffe de Philofophie expérimentale , dont les tra- vaux nous intéreffent de plus près , qui ne connoît les noms illuftres des Eller , des Mechel , des Lieberkiihn , des Pott , des Margraf, des Lehmann , des Gleditfch , des j^pinus , des Spielman , &c. 6cc ? Mais plus l'objet de ï Académie Royale de Prujjé eft éten- du , ou plutôt immenfe , & moins les perfonnes qui fe ren- ferment par goût ou par état dans l'étude des Sciences natu- relles ou expérimentales , peuvent fe procurer le corps com- plet de fes Mémoires. Ce que nous difons ici eft finguliére- ment vrai des Médecins , Chirurgiens , Anatomiftes , Phy- siciens , Botaniftes , Naturaliftes , &c. de l'Europe entière. Nous avons donc cru leur rendre le fervice le plus important , (a) T,e Roi de PruflTe , dans fes Mémoires pour fervir à l'Hiftoire de la maifon de Brandebourg. PRÉLIMINAIRE. m tn détachant de ce précieux Recueil , & en leur préfentant fous une forme peu voluinineufe , Ôi. d'une acquilition facile, tout ce qui eft le plus capable de les intérefler dans les feize volumes in-4''. que Y Académie Royale de PrujJ'e a publies de- puis fon renouvellement fous Frédéric II. furnommé le Grand à 11 jufte titi-e. Le ftile a exigé des correûions confidérables ; la plus grande partie des Mémoires qui compofent cette Collection , tels que tous ceux de M. Eller , au nombre de quatorze , la plu- part de ceux de M. Mcckel , & plulieurs de ceux de M. Gle- ditfch , &c. ne pouvoient abfolument s'en pafTer. On fait aflez combien il eft difficile de bien écrire dans un idiome étran- ger. Il y a cependant plulieurs pièces dans ce Recueil qu'on diroit avoir été écrites à Paris , tant le ftile en eft pur & cor- reft. Il faut en louer les Auteurs , & ne pas blâmer les au- tres. L'honneur que l'Académie Royale de Pruffe a fait à no- tre langue , en la préférant à la langue nationale 6c au latin , eft un hommage plus glorieux à la France que des viûoires ÔC des conquêtes , & foUicite notre indulgence fur quelques fautes de langage , Il fupérieurement rachetées d'ailleurs par le mérite du fond. M. de Formel a donné dans l'Hiftoire de l'Académie pour l'année 1745, des Extraits très-bien faits, & tels qu'on de- voit les attendre de fa plume , des Mémoires qui appartien- nent à cette année , mais il n'a pas poufle fes analyfes plus loin , trop occupé fans doute de la rédaction des Mémoires des autres Académiciens , & de ceux dont il enrichit lui-mê- me les Recueils de TAcadémie , pour avoir pu fe livrer à ce travail. Sans prétendre lutter avec un Ecrivain comme M. de Formel , nous avons cru devoir conferver le plan qu'il paroif- foit d'abord s'être formé ; l'ufage invariable de l'Académie Royale des Sciences de Paris à cet égard , en garantit l'uti- ■ lité. On trouvera donc dans nos Difcours un précis ou une courte analyfe de la plupart des Mémoires ; nous joignons a Ij IV DISCOURS quelquefois à ce prdcis rindication des nouvelles découver- tes (<3) relatives au fujet du Mémoire analyfé , autant du moins qu'elles font parvenues à notre connoiffance ; nous pre- nons auIFi de tems en tems la liberté de faire quelques re- marques de notre chef, & nous efpérons qu'on voudra bien nous les pardonner. On ne peut certainement rien ajouter à notre refpeû pour l'Académie , & pour chacun des illuflres Membres qui la compofent , aulTi n'avons-nous pas prétendu y déroger par ces remarques. Elles ne portent ordinairement que fur des queftions de Phyfique fpéculative , qu'on fait être un vafte champ d'hypothèfes & de difputes , & M. Eller , dont les Mémoires ont prefque tous une partie plus ou moins fyftématique , quoique toujours fondés fur des expériences , en eft communément fobjet. On croira bien que nous n'avons pas eu deffein d'infulter aux mânes de cet illuflre mort ; un homme qui a li bien mérité de la Phyfique & de la Médecine, & qui occupant la place des Sthal & des Hoffmann n'a pas été éclipfé par ces grands noms (6) , a des droits trop bien fondés à l'eftime du public pour qu'on doive nous foupçon- ner d'en vouloir à fa réputation. Nous foumettons d'ailleurs nous-mêmes nos remarques & tout notre travail au jugement de filluftre Corps dont il a été un Membre fi diflingué. Une Académie fondée par Leibnif{ , & dont un Roi Philofophe eft l'ame , n'a garde de vouloir profcrire la liberté de pen- fer , fur-tout lorfqu'elle s'annonce avec les égards toujours dûs à une Compagnie favante & à chacun des Savans qu'elle a jugé dignes de l'honneur de fon adoption (cj. (a) Nous n'entendons pas feulement parler ici des découvertes les plus re'centes , mais généralement de toutes celles qui ont été faites dans le cours des z; à 30 der- nières années, c'eft- à-dire, à- peu-près depuis le renouvellement de l'Académie en 1745 jufqu'à préfent. (h) M. Eller a été Sc il eft mort premier Médecin du Roi de Pruffe , de même que Sthal Si Hoffmann. (c) Il eft bon de remarquer que les Académies en donnant place dans leurs Recueils à un Mémoire , n'entendent pas garantir la vérité des principes ou des opinions de t'Auteur , ni même la certitude des faits fur lefqiiels il peut les appuyer j elles dsda- PRÉLIMINAIRE. v Les principales fources où nous avons puife , outre les Au- teurs particuliers dont nous avons été à portt^e do confulter les ouvrages , font les Mémoires des Académies , particuliè- rement ceux de l'Acade'mie Royale des Sciences de Paris , le plus beau monument du régne le plus mémorable dont l'Hif- toire ait jamais fait mention ; le vafte Diftionnaire Encyclo- pédique , fentreprife la plus hardie que l'efprit humain pût concevoir , & qui eût fait la gloire de la nation , fi des motifs que nous devons refpefter , en euffent moins traverfé Texé- cution ; & enfin les ouvrages périodiques , à la tète defquels eft le Journal des Savans , le père & le modèle de tous les au- tres Journaux ; le Journal Encyclopédique , qui peut beau- coup fournir à des recherches fcientifiques ; celui de Médeci- ne , Il heureufement commencé par feu M. de Vandermonde , & continué depuis avec tant de fuccès par M. Roux fon fuc- cefleur ; & l'année littéraire enfin dont les Belles - Lettres font , à la vérité , l'objet dominant, mais où Ton trouve ce- pendant un aiïez grand nombre de bonnes analyfes relatives aux fciences naturelles. Les Mémoires dont nous préfentons la Colleûion au PubHc embrafTent toute la claïTe de Philofophie expérimentale de l'A- cadémie Royale de Prufle , à l'exception de la partie chimi- que qui a déjà été donnée prefque toute entière féparément, & de fept à huit Mémoires de Phyfique , chargés de calcul , auxquels nous avons fubftitué un nombre à-peu-près pareil de Mémoires appartenans à la clafle de Philofophie fpéculative , que nous avons cru capables d'intérefler un plus grand nom- bre de leûeurs parmi les Médecins , les Chirurgiens d'un cer- tain ordre , les Phyficiens , les Naturaliftes , &c. Ces différens Savans trouveront dans ce Recueil une agréa- ble & piquante variété. Toutes les fciences naturelles font rem feulement par cette efpèce d'adoption , que ce Mémoire mérite l'attention des Savans, & peut les intérelTer , ce qui ne fera fans doute jamais contefté à aucun de ceux que l'Académie Royale de Prufle a publiés, VI DISCOURS foeurs , «3c fe tiennent , pour ainii dire , par la main ; aufTI n'avons-nous pas cru devoir les féparer , ayant furtout l'avan- tage de pouvoir les réunir dans un petit nombre de volumes. Nous n'ajouterons plus qu'un mot à ces préliminaires; c'eft que nous nous fommes prefque toujours fait une loi , en ren- dant compte des idées ou des découvertes des Auteurs , d'u- fer de leurs propres expreflions ; & pourquoi nous ferions- nous mis à la torture pour leur donner un autre tour , au rif- que quelquefois de les déguifer ? Le public n'y eût certaine- ment rien gagné , & ce travail nous auroit pris un tems , que nous croyons avoir été plus utilement employé à corriger des fautes contre la langue , & à faire quelques remarques , lorf- que l'occafion s'en eft préfentée. Tout l'art dont nous avons ftîit ufage dans nos analyfes , a été de rapprocher les idées , les principes , les faits répandus dans un Mémoire ou dans un Ouvrage , afin que l'efprit pût les faifir ou les embralTer d'une feule vue. Nous penfons que c'efc-là le principal , li ce n eft même l'unique avantage des extraits. Nous entrons maintenant en matière en avertiffant que cha- que Article des Difcours correfpond à un Article des Mémoi- res , & qu'ils forment une fuite non interrompue qui embraffe les feize années des travaux de l'Académie depuis fon renou- vellement en 1745 jufqu'en 1760, époque à laquelle nous fommes obligés de nous arrêter. La guerre qui , en couvrant le Roi de PruiTe de gloire , a défolé le Nord pendant plu- fieurs années , ayant difperfé l'Académie , ne lui a pas permis jufqu'ici de pouiler fes Mémoires plus loin (a). (a) Elle a fait paroitre féparcment fon Volume pour Tannée 1764. Nous donnerons une notice des Mémoires très-intérelfans renfermés dans ce Volume, & en entier celui de M. Mectel fur la folio , ce Mémoire faifani fuite , pour ainli dire , avec ceux de M. de Beaufobre fur le même fujet. PRELIMINAIRE. va ARTICLE PREMIER. \'sV/;,:7' Sur le velouté des Intefiins. CEt Article nous offre un extrait fort court d'une D if- voyez l'Hif. fertation anatomique du célèbre M. Lieberkiihn , dont la f°'''«> P- "• mort prématurée ne peut être aflez déplorée par les ama- teurs de TAnatomie. Cette Diifertation parut à Leyde en 1 744, & c'eft prefque le feul ouvrage imprimé qui nous refte de cet immortel Anatomifte , ce qui n'eft pas une médiocre perte pour la Pliyliologie , fuivant fun des plus grands juges en cette matière (■*■). Cette pièce, devenue affez rare, eft trop précieufe pour ne pas en orner cette CoUeftion ; on la trou- vera dans ÏAppendix , telle qu'elle eft fortie des mains de l'il- luftre Auteur. Long-tems avant M. Lieberkuhn , notre célèbre Académi- cien M.. Heli'etius, premier Médecin delà Reine, avoit donné à TAcadémie Royale des Sciences (^) un Mémoire fur les tu- (a)-voyez niques des inteftins , & en particulier fur le velouté , où Ton {ff,"^'^' ''* trouve bien des idées qui fe rapprochent beaucoup de celles 1721.' de notre Auteur. Les deux Anatomiftes fubftituent également aux poils , dont on prétend que la tunique des inteftins grêles eft hériffée , & à laquelle on a donné pour cette raifon le nom de veloutée, des efpèces de papilles ou de mamellons fpon- gieux, deftinés à recevoir le chile pour le tranfmettre aux vaiffeaux laftés. Selon M. Lieberkuhn , il s'ouvre un de ces vaifleaux dans chaque mamellon. Un Anatomifte cité par M. Helvetius (/») , mais d'ailleurs affez peu connu, nommé M. de (.>>) JbiJ, Remecourt , avoit conduit les vaiffeaux laûés jufqu'à la mem- ^^^" ^° ' brane papillaire. Les mamellons de M. Helvetius font femés confufément & en très-grand nombre fur toute la membrane ; ils ne font pas (*) In arts replendonim vaforum fupra omnei J. Kathanaelis Lieberkiihn iniuflrîa eminuit , cujui unicum , nugni! cum Phy/iologitt jaclurâ , hoc Jpecimen txitt, Hallev î-:icment. Phjfiolog. tom. VII. pag. 17. §. XIV, A RT 1 C L Ans. I74i vni DISCOURS T^.ronds , mais applatispar les côtés , ce qui leur donne beaucoup " de furface , percés de quantité de trous, & extrêmement fpon- gieux , toutes circonftances qui les rendent propres à recevoir (ci) Hift.de beaucoup de liqueur (a), 'i^"'^' aT"" ^^ °" ^^^ examine dans un jour bien clair , & au foleil , liy'zl^ ' avec le microfcope , toute leur furface paroîtra gercée en mille endroits comme une_ efpèce d'épongé fort fine ; outre ces mamellons qui tapiflent toute la partie interne des intet tins grêles , on y remarque encore d'efpace en efpace des émi- nences rondes comme des boutons qui font recouvertes aulïi (^fjbid. ^Q petits mamellons fpongieux {b). 11 ne faut pas une préparation bien difficile pour s'affurer de tout cela ; il fuffit de féparer une portion d'inteftin, de la fen- dre d'un côté, & de la laifler flotter dans l'eau , qu'on a foin de renouveller de tems en tems , jufqu'à ce qu'elle foit par- faitement nettoyée. Confidérée au microfcope , elle n'offrira qu'un tiffu de ces mamellons qui viennent d'être décrits , fans (0 Viii. le moindre vertige de velouté (c). Avant M. Helvetius toutes les obfervations des Anatomiftes s'accordoient à leur faire envifager la tunique interne des in- teftins grêles comme un tiffu d'une infinité de petits poils , qu'ils regardoient comme les extrémités de certains vaiffeaux capillaires. Cette apparence trompeufe de velouté venoit de ce qu'ils retournoient comme un doigt de gand la portion d'm- teftin qu'ils vouloient examiner, & la laiflbientfufpendue dans l'eau, ce qui la faifoit paroître comme hériiïee d'un nombre (j) Mém. prodigieux de petits poils , flottans dans cette eau. (d) Ceft de l'Acad. ^ç 'qj^ pgm- yQ[^ ^ans Une figure de Swammerdam , dans 1 A- '^"■^■^°''natomie de Thomas Bartholin & dans la Bibliothèque ana- tomique de M. Manget. ^ M. Helvetius a feit repréfenter l'intérieur des mteftms gre- ïinaromr**"' ^^s tel quc le microfcope le lui a offert ; fa defcription & fes ^"irTÙ'bas. figures ont eu l'approbation du plus grand de nos Anatomiftes , :%"' "" le célèbre M. Win/Iow. (c) ^' AK 1- PRÉLIMINAIRE. IX ARTICLE IL Aaxjcut Sur les fyfiêmes botaniques. ^^' ''■*^" De toutes les fciences la Botanique eft , (ans contredit , voy. rHift. celle dont la nomenclature a le plus occupa les Savans & quipag-ij. donne encore le plus d'exercice aux jeunes gens qui commen- cent à l'étudier. Elle pourroit être comparée, avec aflez de fon- dement , à la langue des Chinois , dont les fignes font fi prodi- gieufement multipliés , qu'elle exige plus de peine & de tems pour être apprife , que n'en demanderoient toutes les langues de l'Europe prifes enfemble,' grâce à notre admirable alpha- bet , qui n'eft pas aflez admiré. Savoir lire à la Chine efi: un mérite qui élevé un homme au rang des Lettrés ; chez nous , ce n'en eft pas un, parce que rien n'eft plus aifé. Vingt-quatre lettres fûffifent au nombre prefque infini des combinaifons que nous en faifons. Or , de même qu'on a réduit à un très-petit nombre les lignes de nos idées, ne pourroit-on pas efpérer qu'on parvînt enfin ^ limplifier la méthode botanique au point, qu'il fût auffi facile de la pofléder , que d'apprendre à lire ? Celui qui rendroit un pareil fervice auroit afTurément très-bien mé- rité du genre humain. Mais comment fe flatter d'un tel bon- heur ! Tout ce qu'on peut faire eft de diminuer de plus en plus les difficultés fans nombre dont la fcience botanique eft encore hériflee ; & c'eft à quoi on travaille depuis plus d'un fiècle avec une ardeur & une perfévérance dignes des plus grands éloges. On verra par pluiîeurs Mémoires de cette Colleftion que l'Académie Royale de PrufTe , à l'exemple des autres Compa- gnies favantes de l'Europe , s'eft beaucoup occupée de cet ob- jet. On donne dans cet article l'analyfe d'un difcours où M. Ludolf , ProfefTeur de Botanique, propofe les principes qu'il croit pouvoir fervir à perfectionner toutes les méthodes inven- tées jufqu'à lui. C'eft un détail dans lequel nous n'entrerons pas ; nous renvoyons à l'expolition qu'aflut de ces principes b X DISCOURS ÀrtiJÎT ou de ces projets de re'forme rilluftre Secre'taire de l'Acadé- j^^.^'", mie. Nous ignorons fi M. iu^o //a publié le difcours dont on rend compte dans cet Article , ainli qu'un autre difcours , lu pareillement à l'Académie , où il indique les différentes four- ces où les Eotaniftes ont puifé les caraûères d'après lefquels ils claffent les plantes , mais on lit dans le Journal encyclopé- dique l'extrait d'une lettre de M. Schœfer , dans laquelle ce favant Naturalifte annonce qu'il eft paivenu , après bien d'en- nui & de peines , à arracher à la Botanique prefque toutes fes épines , en réduifant toute cette fcience en tables fynophi- ques ., dont l'ufage paroît fort commode , & très-avantageux. On trouvera dans VAppendix un précis très-bien préfenté de ce nouveau plan de M. Schœfer. =^^^= ARTICLE T I I. Article ANi."i'-45. Analyfe des terres par le feu. Voy. l'Hift. M. de Formey trace dans cet article une légère idée d'un pag- 15- ouvrage célèbre de l'illuftre M. Pott , très-connu aujourd'hui en France , par la traduftion qu'on en a donnée à Paris en 1 7 5 3 . L'ouvrage dont nous voulons parler eiïhLithogéognofe ou Examen chimique des pierres & des terres^ dont l'Auteur a publié depuis deux continuations. Perfuadé que le feu eft le plus puifîant de tous les analyf- tes, M. Pott a fournis à fon aûion les terres & les pierres qui ont été l'objet de fon travail. Ses travaux l'ont conduit à re- connoître quatre efpèces de terres générales ou primitives, dont toutes les autres ne font que des mélanges ou des com- binaifons ; mais il ne croit pas qu'aucune des quatre foit la terre la plus iimple ou la plus pure , la terre véritablement élémentaire. Où chercher donc cette terre , & com- ment fe flatter de la trouver ? On ne peut former fur fon ori- gine & fon exiftence que des conjeûures , mais conjeûures qui paroîtront aflez bien fondées , fi l'on procède à cette re- cherche comme on l'a fait depuis peu dans un nouveau Diûion» PRÉLIMINAIRE. xr naire de chimie (*), dont l'Auteur, quoiqu'il ne fe nomme pas , article ne peut-être méconnu pour l'un de nos plus grands Chimif- a^.„. ,:^^. tes. Voici un léger précis de fes idées fur la terre élémentaire, en fuppofant que cette terre exifte. Les propriétés qui diftinguent le plus éminemment les fubC- tances terreufes des autres matières élémentaires , font une pefanteur , une dureté , une fixité , & une infufibilité infini- ment fupérieures à ce qu'on obferve à tous ces égards dans les autres matières élémentaires ; ce font-là les propriétés dif- tinftives & caraftériftiques de l'élément terreux. On fera donc fondé à regarder comme la terre la plus pure celle qui les réunira au plus haut degré (a). Or, cette terre eft celle que (a) dl^. les Chimiftes s'accordent à nommer, quoique très-impropre- ^^^/'j^™'^ ' ment, terre vitrifiable (■*"•*■) ; {b) & parmi les efpèces fort \'a- tom. ii. pag. riées de la même terre, le diamant, parfaitement net & ^^M,")/t;^.p. tranfparent , doit tenir le premier rang; car cette pierre l'em- 566. porte fur toutes les autres par fa dureté ; elle eft d'ailleurs abfolument apyre , c'eft-à-dire incapable de recevoir aucune altération par le feu le plus violent. Ainfî c'eft la matière même de cette pierre qu'on doit confidérer comme la terre la plus fîmple , la plus pure , & la plus élémentaire que nous connoiiïlons , & qui doit fixer nos idées fur cette terre (c). , , jy^^ L'Auteur s'appuye ici de l'autorité la plus refpeftable en Chi- 567. mie , celle du grand Stlial , qui , bien qu'il ait admis les trois terres de Bêcher , ne regarde cependant comme l'élément ter- reftre proprement dit , que la première de ces terres , c'eft- à-dire la terre vitrifiable f'ij. Nous ne pouvons douter , continue l'Auteur ^dj , que ce ne (j-^ jf,;j, foit par la tendance extrême qu'ont les parties propres de la pag- 57^- (*) Diflionnaire de chimie, contenant la théorie & la pratique de cette fcience, fon application à la Phyfiqiie, à l'Hirtoire Naturelle , à la Médecine , & à l'œco- nomie animale, &cc. i. \-o\. inS\ Paris. 1766. (**) En efiet la terre à laquelle on donne ce nom eft la moins vitrifiable de loii- ics les terres. (t) Spécimen Becfterianum. pag. 44. H". XXV. bij xn DISCOURS ffrff^ï terre les unes vers les autres , & par la force avec laquelle ji^'": elles font capables de cohérer entr'elles , que cet élément dif- fère finguliérement des autres , car on fent bien que fa du- reté , fon infufibilité , fa fixité , fa pefanteur même ne font que les effets ou les fuites néceffaires de cette propriété prin- cipale (Se eflentielle; & c'eft aflurément par cette même pro- priété que rélément terreux agit dans le fyftême entier de la nature , qu'il eft le principe de la conliftance de tout ce qu'il y a de folide dans Funivers. Mais puifque les parties de la terre tendent avec tant de force à fe réunir entr'elles , lorfque leur aggrégation eft rom- pue , & qu'elles font aflez éloignées pour qu'elles ne puiflént pas fe joindre , & épuifer leur aûion les unes fur les autres , elles doivent jouir de toute cette tendance , qui eft extrême , être en quelque forte dans un nifus violent, jufqu'à ce qu'elle foit fatisfaite , & par conféquent tendre avec la plus grande force à s'unir aux parties de matière quelconque qu'elles trouveront à leur portée , & auxquelles elles pourront fe joindre ; & dans ce fens on peut confidérer la terre comme le plus aftif & le plus paillant des élémens , quoiqu'on ne la regarde communément que comme un élément pure- (a) nid. ment paflif ^û^. pag- 573- Cette théorie ingénieufe & neuve ne manque certaine- ment pas de vraifemblance , je ne fçai cependant fi elle a autant de folidité que d'éclat. Nous ne connoiiïbns peut-être pas affez la nature de la force attraûive pour ofer afTurer que les parties propres de la terre , fuppofées ifolées , fe- roient les plus grands efforts pour fe réunir ; il eft peut-être de la nature de cette force de ne s'exercer dans les très- petits corps qu'à une diftance extrêmement légère & très-près du contaà (*); elle varie , peut-être , dans toutes les com- (*) La force de mifcibilité , comme l'attraQion de cohéfion des Phyficiens , ne s'exerce , comme il eft affe?. généralement connu , que dans ce qu'on appelle le con- m3,64 qu'il ne faut appeller qu'uae grande lieinité. rene/,Enc, t. X. p. 340. col. ). PRELIMINAIRE. xiir binaifons , & loin qu'elle foit dans cliaciine, dans ce nifus auticle violent que l'Auteur ilippofe , elle y ell peut-être oilive , & ^^i ' 1 11. 1741. a befoin , pour être mile en jeu , qu'on lui prêfente de nou- velles parties de terre , avec lefquelles les parties ifolées 6ç difperfées de l'élément terreux , puiffent s'unir. Nous ne pou- vons décider fur cet article , puifque de l'aveu de l'Auteur , (a) il n'y a point de terre pure dans cet état d'aggrégation (a) UU, rompue ; & à l'égard des compofés dans lefquels les parties primitives intégrantes de l'élément terreux ne font , dit-il (/?), C") ^^'i' combinées qu'à des parties d'eau , on feroit fondé à deman- der à l'Auteur s'il exifte de tels compofés dans la nature, & en cas qu'il y en ait , s'ils font aufli aûifs que les acides & les alcalis qu'il cite (c) , à la vérité, à l'appui de fon fyftême, (c)nii, comme des exemples d'une pareille combinaifon , mais fans : i être cependant bien afTuré qu'ils foient efFeftivement d'une aufli grande iimplicité, ainli qu'il en eft convenu lui-même ailleurs , en examinant de la manière la plus philofophique (^dj , la fu- (J) Article blime doftrine de Sthal fur la compolition primitive des felsy^''^^"""!!^' D'ailleurs lî les parties intégrantes de la terre élémentaire ont entr'elles une force d'union fi grande que le diamant , par exemple , que l'Auteur croit en être formé , réfifte à la plus grande violence du feu , fans y fouffrir la moindre alté- ration , il eft difficile de concevoir comment le travail con- tinuel de la .nature & l'aftion des autres élémens (f ) auroient («) Difl, pii les défunir & les difperfer au point qu'on ne retrouve ^^ '^'^jlT'- prefque plus de cette terre dans toute fa pureté , quoique pag.'s?^. tout porte à croire , félon l'Auteur (/) , que la malle du globe (/) ''"■ p. en eft compofée. S73-574- Il prétend que les parties de terre élémentaire qui" ont été difperfées , en s'unilfant à d'autres matières , ont foutfert des altérations , dont l'empreinte refte toujours , & qui les ren-> dent incapables de retour à leur primitive limplicité. Ainfi , par exemple , la terre qui a fait partie des animaux crufta- ces , ou plutôt de leurs coquilles & écailles , prend le çaraç^ ^___ XIV DISCOURS ART.cLTtère de celle que l'on nomme calcaire. Celle qui eft entrée ann. I74J. dans la compofition des plantes & du corps même des ani- maux , après qu'elle a été dépouillée le plus qu'il eft pof^ iible des principes de ces compofés , auxquels elle étoit unie , forme toutes les terres argilleufes : on en trouve qui partici- pent en même tems , & des propriétés des terres calcaires , & de celles des terres argilleufes ; elles font connues fous le nom de Marnes. Ces dernières , que les Chimiftes n'ont point encore fuffifamment examinées , ou font un mélange d'argille & de terre calcaire , ou bien ont reçu de la nature une élaboration qui les a transformées en une terre particu- lière , moitié calcaire , moitié argilleufe , telle paroît être (a) nid. 1^ terre des os des animaux (cr). Ce feroit fans doute , dit l'Au- P- 574 575- teur , un beau problême à réfoudre , que de purifier & fim- plifier ces terres alliées , jufqu'au point de les aflimiller par- faitement à la terre vitrifiable la plus pure , mais ce problême (b)ibid. eft vraifemblablement au-defllis des forces de l'art (i). pag- 57 • Lg difficulté de le réfoudre , & la raifon que l'Auteur ap- (0 ihid. porte de cette difficulté (c) , donnent lieu de douter , comme nous l'avons déjà dit , que la terre élémentaire , ait jamais exifté féparément (■^) en grandes malTes. De plus , la terre vitrifiable pure n'étant point propre à la végétation , & les animaux tirant tous, immédiatement ou médiatement , leur nourriture de la terre , on ne voit pas comment les diffé- rentes elpèces de terre que nous connoiflbns ne feroient dues qu'aux élaborations que la terre élémentaire ou vitrifiable , auroit foufFert dans le corps des plantes ÔC des animaux , puif- (*) M. le Baron à'Olhach dk qu'on cherclieroit vainement une terre pure dans la nature , que fi elle exiftoit feule elle échapperoit à tous nos fens (d) (t) H par (d) Ency- conféquent qu'une terre partaitemeni pure eft un être de raifon cloped. tom, XVI.paç. 171. (I) Pourquoi ne forrreroitiellè pas .par fon aggrdgation des mafles fenfibles ? (t) Ercy- 11 eft irès-vriifemblabl;, dit M. f^er:tl , { e ) qu'il exifte une terre primiiive réellement iim- cloped. tom. pie, & que l'une des quatre terres connues, fçavoir la vitrifiable, l'argilleufe , la calcaire, XIII. au mot & h oypfeafe eft la terre primitive, mais fans qu'on fâche laquelle, & quoiqu'il puiffe biea principe ( chi- être aulTi que pas une des quatre ne Toit fimple. Biie ) pag. 376. Le verre paroît être la véritable tertc élémentaire, & tous les mixtes un verre déguifé. £uf^n, Hift, Nit. PRÉLIMINAIRE. xv qu'il ne paroît pas pofiible dans ce fyrtême que ces corps ^ATTTfTt eulîent pu exifter. . ' ^■ ARTICLE IV. Sur la foludon de divers métaux par les alcalis. Perfonne n'ignore que les acides font les diffolvans ordi- Voy. l'Hift. naires des métaux ; mais ils ne pofledent pas exclulivement ^^^' ''^' cette propriété; les alcalis , tant fixes que volatils, produifent auflî cet effet, tantôt directement, comme fur le fer & fur le cuivre , & tantôt au moyen d'une diflblution antérieure des métaux par les acides (a). Sous ce dernier chef on doit ranger S"^ '''''^• V !■> 1 1 • o 1 1 w I o de Chim. lor, 1 argent, le mercure , le zinc, & le bifmuth. 1. 1. p. 77. L'alcali fixe dont M. Margraf s'eft fervi pour opérer la difTolution des précipités métalliques eft un alcali fixe diflbus , qu'il avoit fliit auparavant calciner avec du fang de bœuf def- féché ; il n'a pu l'effeûuer par les alcalis ordinaires du tar- tre & du nitre. Qu'eft-ce donc que le fang ajoute à l'alcali pour le rendre propre à diflbudre les métaux ? M. Margraf nous fait efpérer de nouvelles expériences qui éclaircironç fans doute cette queftion ; mais en attendant , il ne croit pas que cet effet doive être uniquement attribué au phlogiftique du fang , communiqué à l'alcali , ce dernier n'ayant point atta- qué du tout les métaux ci-deffus mentionnés , quoique trai- té avec le charbon végétal , & même avec un charbon ani- mal , autre que celui qui réfulte du fang calciné. Après la lefture du Mémoire de M. Margraf now^ n'avons pas été peu furpris de trouver dans le nouveau Diftion- naire de chimie {h), qu'un très-illuftre Chiinifte recommande (*)Tom; de fe fen-ir pour dilîbudre les métaiLX , par l'alcali fixe , d'un ^ .="''^- "'- alcali phlogiftique , & propre à faire le bleu de PrufTe , maisgiipqg.^a; que c'eft prêcifément le moyen de ne point réuffir que d'em- ployer un pareil alcali. Comment eft-il donc arrivé que M. Margraf^ qui eft l'illuftre Chimifte dont l'Auteur entend par- ler , ait effedivement réuiTi en l'employant , comme on ne XVI DISCOURS Art icL E peut en douter d'après fon rapport , & comme l'Auteur du ann.^'i'74î. Dictionnaire en convient lui-même dans un autre article (a)? J'avoue que je n'ai rien compris à cette critique d'un Ecri- (") Tom. y^'j-i (^'ailleurs li réfervé , fi judicieux & H inilruit. n.pag. 555. • J J - •P'ig- 555 au mot rer.- A R T I C L E V ture de mari "'^,'''!''« ''^ Sur r Electricité. le ' ^ Uéleflricité , qui depuis a été le fujet de tant d'ouvrages , '^'^y^'-^ dont on a publié tant de merveilles , & fur laquelle l'ardeur Ann. 174!- fi^g Phyliciens s'eft peut-être enfuite un peu trop rallentie , Voy.rHift. du moins à certains égards , eft un des premiers objets dont ipag. 19. TAcadémie Royale de Prufle s'eft occupée , d'abord après fon renouvellement. Dès fa première aflemblée générale, toutes les expériences qui avoieut été faites jufqu'alors fur cette matière , y furent répétées , avec le plus grand fuccès , fous la direction de M. Lieberkiihn , homme véritablement né pour hâter les )rogrès de toutes les fciences naturelles, & chez qui la figacité, les lumières , (?c la dextérité fe trouvoient réunies à un degré qui rendra fa mémoire à jamais refpedtable à l'Académie & à (6) Voyez tous les ÇdvansfhJ. C'eft lui qui le premier a imaginé de frotter Tamic'e" '^^ ^^ ^^^^ ^"^^^ '•^"^ étoifc de laine enduite de cire pour renforcer 1756. le bel l'éleftricité. C'eft encore un membre de l'Académie , M. Lu- fâk^dc^'ce '^^^fi ^'■^i ^ réufli le premier à enflammer l'efprit de vin, & grand iiom- enfuite celui de térébenthine , en les préfentant aux étincei- ^fJ;""'!'Mes d'une barre de fer élearifée. derAcadé. ARTICLE VI. mie. Sur les Baromètres électriques. TTti^cle Cet Article eft un extrait fort court de l'article XV. oii anî,. ms- l'on trouve un Mémoire peu étendu , mais curieux fur l'élec- „ tricité des baromètres. M. Ludolfle jeune y démontre cette Voy. l'Hift. . , , , , . • 1 .J ^ j 11 jjag. zo. & propriété par des expériences qui la mettent dans la plus les Mém. grande évidence. On voit bien feniîblement que le mercure p'ig-5j' en frottant contre les parois du tube , y donne lieu à tous les PRÉLIMINAIRE. xvir les principaux phénomènes qui caractérifent re'leftricitc'. ARTICLE VII. Sur la prodnciion de l'air dans le vuide. On fait combien rilluftre Halles a fait d'expériences pour Voy.l'Hift. déterminer la quantité d'air qui fe trouve naturellement com- ^''S-^'" biné oHi^lixé dans beaucoup de corps durs , tels , par exem- ple, que le calcul urinaire, dont la moitié du poids n'eft abfoliuiient que de l'air. M. Eller a été curieux de mefurer le volume de celui qui s'échappe des mélanges eifervefcens (•*") , faits dans le vuide de la machine pneumatique. La quantité dont le mercure d'un baromètre , adapté à cette machine , defcendoit dans le tube , lui indiquoit celle de l'air fourni par retfer\^efcence. On verra en quoi conlifte l'appareil de ces expériences. Les premières eurent pour objet le mélange des efprits acides avec les alcalis fecs. Deux dragmes d'yeux d'écrevifles , avec le quadruple d'efprit de fel , donnèrent 75 pouces cubiques d'air , après un combat violent , accompagné de beaucoup d'écume. Les alcalis liquides m.êlés aux acides , pareillement liqui- des, produifent une plus grande quantité d'air, l'huile de tartre par défaillance avec l'huile de vitriol , en donna juf- qu'à 1 1 o pouces cubes , toujours annoncés par la defcente du baromètre. Ces expériences , & plufieurs autres de même nature , firent penfer à M. Eller que l'eau pouvoit être fufceptible d'une véritable transformation en air élaftique. Pour s'en (*) C'eft l'air fixé dans les Tels qui les rend fufceptibles d'cftervefcence , en Cs dégageant , car l'alcali qui en eft privé n'en tait plus aucune avec les acides , Se reprend cette propriété lorfqu'on lui redonne de l'air , comme le prouve décifivement une expérience du Dofteur Blact , rapportée par M. Macbride ; & les expériences de M. Macbride lui même. Voyez les excellens St airieux eflais de ce dernier, fur la nature 8c les propriétés de l'air fixé Se fur la vertu diffblvante de la chaux vive. M. Vend appelle l'efferïcfcence , une précipitation d'air, Voy. dans l'Encyclopédie le mot tffervefcence, C xvni DISCOURS aflliref, il introduifit, à la faveur d'un robinet, dans le re'- cipient de la cloche pneumatique , les vapeurs d'une eau purgëe d'air , & chaude prefque au degré de l'ébuUition , ce qui fit bien-tôt defcendre le mercure jufqu'au bas du bai-o- métre. Cette expérience a paru à M.Eller établir décifivement la tranfmutation de l'eau en air. Mais les vapeurs de l'eau , (a) Voyez ainfî que tout fluide expanlible (a) ne peuvent-elles pas faire tick'xix.^'^ le même eifet que l'air fur le mercure du baromètre , fans changer de nature ? Et ne feroit-ce pas encore l'eau réduite en vapeur , par la chaleur des effervefcences , qui auroit fait quelquefois defcendre le mercure , du moins concurremment avec l'air , dont elle augmente beaucoup l'élafticité , fuivant les (h) Encycl. obfervations de M. Mufchcnbroek ? (b) cette clialeur égale ou pag.i8j. " même furpaffe quelquefois celle de l'eau bouillante, & pa- roît très-capable de vaporifer l'eau. Dans l'une des expérien- ces de M.Eller le verre s'échauffa au point qu'on ne pouvoit le tenir , & dans la plupart des autres il s'excita probablement aufli une chaleur proportionnée à la violence de l'effervefcence, quoique M. Eller n'en dife rien. Il annonça dès-lors à l'Ac?- démie d'autres expériences , par lefquelles il fe propofoit de démontrer la commutation de la plus grande partie de l'eau (0 Mémoi- en terre. Il a dégagé fa parole dans deux Mémoires qu'on trouve î^ens. "^^'' fous les années 1746 (c) & 1748 (J); mais ces dernières ex- (ci)E(raifur périences ne paroiffent pas plus concluantes que celles dont la formation nous venons de parler , ainfî qu'on tâcliera de le prouver aux des corps. ^^-^^^^^ ^IX & XXIIl. ffvffri ARTICLE VIII. VIII. ^ ann. 1745. M. Euler a fourni la matière de cet Article , de même que Voyez l'Hif- ^" neuvième & du dixième. Ornement de deux célèbres Aca- toire, p. 14. démies , celle de PrufTe , & celle de Petersbourg , il les enri- ap-^S"- cj^ij tour-à-tour du fruit de fes veilles & de fon génie; fon (0 Joiirn. étonnante fécondité , dit un favant Journalifte , eft un prodige Juhi'17'59. " pour les Géomètres mêmes (e). Quoique prefque tous fes PRÉLIMINAIRE. xix Mémoires appartiennent h la clafle de Mathématique , & que ÂTTmT cette CoUeftion n'ait précifénient pour objet que les fciences anm. 1:4$. naturelles ou expérimentales , nous avons penfé que ce feroit faire plailîr à ceux de nos Lefteurs qui ne font pas familiarifés avec le calcul, de leur préfenter quelque chofe de M. Euler qui pût leur donner du moins une légère idée de la profondeur 6c de la hardiefle de fes vues , & c'eft à quoi nous avons crû pouvoir fatisfaire par cet Article , & par les deux fuivans, dont nons nous contenterons d'indiquer le fujet ; celui du IX". efl: le choc & la prejfwn , ÔC celui du X^. la nature des moindres par- ties de la matière. ARTICLE XI. Tf xTffE XI. Sur de nouvelles pétrifications marines. Ann. 17;?. M. Sack a rendu compte , dans une lettre lue à l'Académie , Voy. l'Hilt. de la découverte qu'il a faite en Allemagne d'une prodigieufe P^s- J4' quantité de pétrifications marines de différentes efpèces. On indiqua à ce favant Naturalifte un endroit où fe trouve une couche de terre de fix bons pieds d'épaifTeur , qui efl: prefque entièrement compofée de ces pétrifications. La difliance où ce lieu efl de la mer , & fa pofition , qui eft fort élevée, rendent cette découverte très -digne d'attention , & concourent avec beaucoup d'autres faits femblables à prouver que les eaux de la mer ont couvert fucceflîvement, fi-non en entier, du moins en grande partie la furface du globe terreflire (*). M. Sacb a ^^ (•) Les preuves en paroilTent fi fortes , qu'on ne fera pas fans doute légèrement ^^ ébranlé par le fcepticifme léger qu'étale fur cette queftion M. de Voltaire , dans une Dirtertation fur les changemens arrivés au globe de la terre , envoyée à l'Académie de Bologne. M. de Voltaire a été trop occupé des chefs-d'œuvres immortels dont il a en- richi notre Littérature pour avoir eu le tems d'approfondir des matières de Phyfique , autantqu'il en feroit capable , fi un génie aiilîî ardent que le fien pouvoit fe borner à de froides difcuffions. Et n'euflîons-nous même pas trop perdu à cela ? Nous avons tant de Phyficiens , tant de Naturalifles , 6c fi peu de grands Poètes , 6c fur-tout de Poètes Pliilofophes ! M. de Voltaire vient de faire depuis peu de nouvelles inftances en faveur de l'opi. nion qu'il avoit défendue dans fa Dilfertation ; le public en jugera. Voyez la Défenfe de mon Onde , brochure in-8°. Genève 1767. chup, XVIIL 81 l'homme aux quarante icui, in-S". 1768. cij XX DISCOURS Article deffein dc montrer dans un fécond Mémoire que les pe'trifi- Km. 'i74î. cations dont il a donné l'hiftoire ont re'ellement appartenu à des animaux marins , & que le feul déluge univerfel a pu les amener dans les lieux où on les rencontre. On ne conteftera pas fans doute à M. Sach la vérité de fa première propoiition ("*■) , mais la féconde ne peut manquer de fouffrir de grandes difficultés. Comment, en effet , les eaux du déluge auroient-elles porté tant de coquillages dans l'inté- rieur des montagnes, à moins de fuppofer avec Woodward qu'el- les ont pii les diflbudre , mais quelle fuppofition ! En méditant un peu profondément fur cette matière , il femble qu'on ne peut guère fe défendre de croire que les montagnes ne font pas toutes d'une datte aufli ancienne que la création , celles du moins qui font formées de couches fort variées , & qui ren- ferment des productions marines & végétales. Car il paroît qu'on e(l fondé à admettre des montagnes primitives , aufli anciennes que le globe , & des montagnes plus récentes , pro- duites par les inondations & les tremblemens de terre. M. Lehmann eft celui de tous les Philofophôs qui paroît avoir le plus folidement établi cette diftinftion dans fon Ejj'ai d'une hiftoire naturelle des Couches de la terre , qui forme le ^e vo- lume de fes (Euvres phyfiques & minéralogiques , traduites (a) î Vol. en françois par M. le Baron diHolbac (a); voyez cet ouvrage, in- II. Paris & l'article Montagne dans l'Encyclopédie tom. X. Voyez aulîi ^'^^" l'article Couches de la terre dans le même Diftionnaire. Au refte , comme nous ne favons pas que M. Sach ait fait paroître fon fécond Mémoire , nous n'infifterons pas d'avantage fur cette queftion , qui n'efi: point d'ailleurs elTentiellement liée à cet Article, où il ne s'agit que de la relation du fait, lequel perdra même beaucoup de fa fingularité, fi l'on fe donne (*) M. Bertrand , qui avoit d'abord révoqué en doute que les pétrifications dont il s'a. git fulTent véritablement la dépouille d'animaux marins , a été forcé dans la fuite d'en convenir, (fc) Ce qui n'a pas empêché M. de Voltaire de renouveller ce paradoxe. Voyez la Défenf. de mon Oncle pag. 58-60. & l'Homme aux quarante écui. (fc) Voye^fii diveri traités fur l'HiJhire Naturelle de la terre , in-4°. Note de ta pag, 74» PRÉLIMINAIRE. xxi 1 CLË XI. 174Î. la peine de lire feulement dans le premier volume de l'Hiftoire art Naturelle àeM.àe Buffon (a) tout ce que cet éloquent Philofo- a phe a dit furies coquilles & les autres productions marines qui fe trouvent régulièrement entaflëes dans la terre , avec la plus ves^^de^'b"" étonnante profulion , dans toutes les parties du monde connu, théorie de la ARTICLE XII. vm. ' ^"* Sur le Sel terrefire , marin & coclile. __^__;«. M. de Formey donne dans cet Article l'extrait d'un grand " x i l "" ^ & favant Mémoire de M. de Francheville , dont il fera plus ^^''' '"'*'" particulièrement parlé fous l'année 1760. Voy.i'Hift. A R T I C L E X I 1 1. ^''^^' Sur un Microfcope Anatomique. JTVTTZ^ Ce microfcope dont on eft redevable au génie de M. Lie- ANN.1745. herkiihn , a été jugé par l'Académie d'une très-heureufe in- vention. Le grand parti que cet immortel Anatomifte en a pag°^'i}. 'a< tiré pour fes magnifiques préparations , juftifie alTez cet élo- 'es Mém. p. ge ; on en trouvera la defcription & les ufages dans l'article ^^" correlpondant des Mémoires de l'Académie pour l'année 1745. .kkka ARTICLE XIV. Aax.c.E XÏV. Sur l'origine des êtres animés. Ann. 174;. L'origine des êtres animés eft enveloppée dans une nuk pro- Voyez les fonde , dont il n'a été encore donné à perfonne de percer le ^^^- P' '^^" voile ; le défefpoir de pouvoir fonder cet abîme a f^iit imagi- ner , dès les premiers tems de la Philofophie , l'hypothèfe de la préexiftence & de la diflemination des germes. M. Heinius montre favamment dans une très-belle Difïertation , que nous avons tirée de la clafle de Philofophie fpéculative pour en or- ner ce Recueil, que cette hypothèfe remonte jufqu'à Heracli- te , Pythagore , & au père de la Médecine , qui l'a , dit-on , très-clairement expofée dans fon premier Livre de Diœta , où il dit en termes formels (b) , que toute partie dotti l'ébau' ym. 5. n. XXII DISCOURS ÂlTf 1 c L E che na pas été faite dès le commencement p,ar la nature nâ Ann. 174J. /aurait croître tout à neuf. On cite encore ici un paflage cu- rieux du Timée de Platon , qui porte qu'on feme dans Uuté' rus , comme dans un champ , des animaux que leur petiteJJ'e dérobe à la vue ; voilà donc que l'on retrouve , en quelque forte , dans ces petits animaux invilibles de Platon , les ani- malcules fpermatiques de Lewenhoeck & cVHartfoeker. Hippo- crate , ou du moins l'Auteur du I. livre de Diœta , enfeigne que les germes flottans dans l'air ou cachés dans les alimens s'introduifent dans l'homme , ainli que dans les autres ani- maux , par la respiration , la déglutition , ou de toute autre manière , & fubiffent dans le fang un premier développement lorfque l'animal eft dans l'âge d'engendrer ; le fécond dévelop- pement & le plus conlidérable, elt celui qui fe fait dans l'uté- rus ; mais on ne voit pas dans ce fyftême pourquoi la femme , de même que les femelles des autres animaux , auroientbefoin du concours du mâle pour concevoir. N'ont-elles pas tout ce qu'il faut pour cela ? Une matrice & des fucs propres à faire éclore les animalcules ? Diroit-on qu'ils ne peuvent s'intro- duire dans l'utérus que par la voie ordinaire de la généra- tion ? Ce feroit-là une fuppofition bien gratuite , dès qu'on les fuppofe flottans dans l'air , répandus dans toute la nature , & d'une petitefTe inimaginable. Quoiqu'il en foit de cette dif- ficulté , à laquelle on ne trouve point de réponfe dans la Dif- fertation de M. Heinius , ce Savant explique de la manière la plus naturelle , par l'hypothèfe des germes difleminés & préexiflans , l'étonnant phénomène de la réproduûion des polypes d'eau douce par bouture, à la façon des arbres & des plantes. Mais eft-il réellement des germes préexiftans ? Cette quef- (a-\ tîift ^^°" ^ beaucoup occupé dans tous les tems , & exerce encore Nat. in-4''. de nos jours les plus grands Philofophes. MM. de Buffon {a), vol. II. Needham (■*■) & deMaupertuis (■*"^) fe font déclarés contre les (*) Voyez fes Ohfervations microfcopiques , Se les Tranfaclions j'h'dofophiques , n°.490. (**) Voyez la Venus phyfique , les Lettres , &t fon Syftême de la Nature dans la dernière édition m-8°. de les (Euvres. PRÉLIMINAIRE. xxiir germes, qui ont trouve deux illuftres défenfeurs dans M. Ze art. ce Baron de Hallcr & M. Bonnet àe Genève; le premier, ?ënie ^'^' vafte & fublime qui a portd le flambeau de l'expérience dans *"" '^'"' toutes les parties de l'oeconomie animale , a fourni dans fes beaux Mémoires fur la formation du poulet (a) , le fait le plus décifif qu'on eût encore produit en faveur de la préexiftence du germe à la fécondation ; & le fécond , Philofophe du pre- mier ordre , & né pour s'élever aux plus hautes contempla- tions , a tiré un mer\'eilleux parti de cette belle découverte dans deux Ouvrages qui ont été accueillis du public avec tranf- port , & qui ne peuvent être aflez médités (+). L'impoffibilité de concevoir comment des corps aufTi corn- pofés que ceux des animaux , dont toutes les parties ont en- tr'elles des rapports fî intimes & fi multipliés , pourroient n'ê- tre que le fimple réfultat de la matière & du mouvement , avoit porté dès long-tems M. Bonnet , ainfi que le plus grand nombre des Phyficiens , à recourir à l'hypothèfe des germes préexiftans , & au fyftéme de l'évolution , comme à l'opinion la plus probable qu'on pût embrafler ; mais cette opinion re- çoit aujourd'liui une telle force des découvertes de M. le Ba^ ron de Haller fur l'œuf, qu'elle paroît à M. Bonnet devoir être regardée comme aufli rigoureufement démontrée qu'elle puifTe l'être. Voici en quoi confiftent cette découverte & cette dé- monftration. " Une membrane tapiflTe intérieurement le jaune de l'œuf , & cette membrane qui n'eft que la continuation de celle qui revêt l'mteftin grêle du poulet , eft commune à l'efiomac , au phannx , à la bouche , à la peau , à l'épiderrae. Une autre membrane revêt extérieurement le jaune , & cette membrane (. tères. Elles circulent , 6c fans les veines point de circidation. »» Mais les artères 6c les veines du jaune tirent leur origine >» des artères 6c des veines méfentériques du fétus : le >i cœur de celui-ci eft donc le principe de la circulation >i qui s'opère dans le jaune. Au tems de la fécondation , >' le fétus ne pefe pas la centième partie d'un grain. Le f» jaune efl alors du poids d'une dragme. Il a des vaiffeaux n proportionnés à fon énorme taille. Détachez par la pen- 5' fée une artère ombilicale du fétus ; greffez-la fur le bout j' rompu de celle qui uniiToit le jaune au corps de la pou- n le : vous voudriez par un vaifleau qui n'a qu'une dix-mil- ji lième de ligne de diamètre , faire circuler le fang du jau- >i ne , dont fartère a un dixième de ligne de largeur ! D'un >» autre côté , vous voudriez enter le conduit du jaune , 3' grand de demi-ligne , fur un inteftin qui n'a pas la millième 31 partie de ce diamètre : entreprendriez-vous de mettre la du moins pour les cas entièrement inexplicables par les loix de la mécaniqne , com- me l'a fait fon illuftre ami , M. de Haller , dans fes deux Diiî'ertations fur les monf- tres (a). Si M. Bonnet eût pris le même parti , à la vérité il n'eût point tant fait bril- ler fon efprit , &c l'étonnante fécondité de fon génie , mais aulE il n'eût pas ébranlé fon principe tbndamental fur la néceffué des germes préexillans , qui eft qu'aucun corps organique , plante ou animal, ne peut être formé de pièces de rapport, car le con- traire réfulte bien évidemment des explications que M. Bonnet donne de plulîeurs nionftres par excès , qui n'ont été tels , félon lui , que par une forte de pénétration (ïi m. ic ou de grciîé qui n'eft guère moins incomprélienfibic , fuivant la remarque d'un ce- M,iiran, Hift, lébre Philofophe ( t ) que la formation mécanique des germes 8c de l'animal. «ie l'Acïd. (a) Je n'ai vu que l'extrait que M. Vi'indow a donné Je la première dam les Mémoires ^°>'*'^ <•" de r Académie Royale dts Seiencei , & i'ientre fi M. de Haller n'auroil pas changé de- ,1'^,"- ""•„ fuis de fentiment. r o ■,4,.pag. jS, , 11' XXVI DISCOURS Article » machinc dc Mafly en mouvement avec un filet d'eau d'un ANN.'r74j. » pouce ! & puis , quelle foule de circonftances ne fau- }■) droit-il pas qui, concouruffent à la fois pour faire réuiTir )■> une greife pareille à celle que vous fuppofez. Abandonnez )■> donc cet entaflement monftrueux de fuppolitions gratuites , ,-, & lailîez-vous aller au courant des faits : vous lui rélif- (a) Con- " teriez vainement : il vous entraîneroit enfin , &c. » (a). tempintion jg demande pardon à M. le Baron de Haller fi je fais encore de la Natu- , • n ^ n r ■ •-, re , tom. I. quelques inltances ; peut-être elt-ce ma laute ; mais j avoue part. VII. q^e je ^g comprends pas bien en quoi confiée la force de cette ^' ' réponfe. Que les vaiffeaux du germe foient iimplement greffe's avec ceux du jaune , comme on peut le préfumer, ou qu'ils en foient une véritable continuation , comme le prétend M. de Haller , n'eft-ce pas toujours, dans les deux cas , entreprendre de mettre la machine de Marly en mouvement avec un filet d'eau d'un pouce , dès qu'on fuppofera que le cœur du fétus eft le principe de la circulation qui s'opère dans le jaune ? Au tems de la fécondation , le fétus , dit-on , ne pefe pas la centième par- tie d'un grain , tandis que le jaune eft alors du poids d'une dragme , & qu'il a des vaiffeaux proportionnés à fon énorme taille. Mais les vaiffeaux du cœur ne peuvent être alors que dans le rapport oà cet organe fe trouve lui-même au refte * du corps & à la maffe énorme du jaune. Or, quelle apparence que des vaiffeaux d'une petiteffe auffi exceffive puiffent tranC mettre le mouvement du cœur aux vaiffeaux du jaune , dont le calibre eft fi prodigieufement dilproportionné au leur, & y faire circuler le fang ? N'eft-ce pas-là véritablement vouloir mettre la machine de Marly en mouvement avec un filet d'eau ? Et cependant n'eft-on pas forcé de l'admettre ? Dès que l'œuf eft forti du corps de la poule , il faut de trois chofes l'une : ou que la circulation ceffe de fe faire dans l'œuf, ou qu'elle fe fafle indépendamment du fétus , ou enfin que le cœur de celui-ci en foit le principe. Mais il n'eft pas vraifemblable que la cir- culation foit totalement arrêtée dans l'oeuf, puifque des oeufa PRELIMINAIRE. xxvii fécond^'S peuvent être gardés un tems afTez confidérable par "AI T 1 C L E XIV. ks moyens que M. de Reaumur a fait connoître , & donner ^nn. 1-45. enfuite le poulet à l'ordinaire (u) , lorfqu'on les met à couver. On ne dira pas que la circulation dans le jaune foit indépen- jj"^ ){j°"g' dante du fétus , puifque cela (croit contre la fuppofition. Refte corps orga. donc que le cœur en ell le principe , malgré l'extrême difpro- ""' '°g " "' portion qui eft entre fes vaiffeaux & ceux du jaune. Cette dif- proportion , quoique énorme , ne fournit donc pas la matière d'un argument folide contre l'efpèce de greffe dont nous ad- mettons la pollibilité ; & quant à la foule de circonftances , qui feroient , dit-on , néceflaires pour la faire réuflîr , nous ré- pondons que la nature eft peut-être encore plus ingénieufe à les faire concourir enfemble , que nous ne le fommes à nous groflir les difficultés de ce concours ; & avec M. Bonnet lui- même {b) , répondant aux. objeftions tirées de la doûrine des pag^l/j"'' probabilités que M. de Mairan a oppofées aux défenfeurs des monftres par accident (c) , que le problème dont il s adt n'eft (0 ^ift. •riii ^ , , y P de l'Acad. mloiuble , que parce que nous n avons qu un tres-petit nom- Royale des bre de connues f^J. Scienc. ann. Cependant quelque difficile que paroifTe , & que foit effec- 60%.^^^' tivement ce problème , un des plus célèbres Profefleurs que la Médecine ait eu en France (^), a entrepris en quelque (-ji^i_^y;^„^ forte de le réfoudre, en expliquant, après beaucoup d'autres. Maladie des comment les artères & la veine ombilicale du fétus hu- îom"\" ' main , fe foudent , félon lui , aux artères & à la veine ombili- 78-80.' cale de l'arrière-faix , qui ne paroifTent pas moins continues (*) Depuis que ceci eft écrit M. de HjUer a répondu lui-même dans le dernier vo- lume de fon immortelle Phyfiologie. De grands hommes , qu'il ne nomme pas (e) , lui ont oppofé , comme nous venons de le taire, l'exemple de la greffe. Si cette idée n'étoit du nombre de celles qui fe prélentent naturellement à tout le ■monde , nous ferions tentés d'en avoir quelque vanité. Pour ne pas donner trop d'é- tendue à cet Article , nous renvoyons à l'Appendix les réponfes de M. de HalUr à fcs Critiques. («) Video objedionem , quel à fummls vlris facla proponitur. Pojfefieri, ut fétus in vvum , inoculations atiqua , quaji inferitur , ejufque vafa comprehendant ovi lafa. Meditando ►ero reperi, non effe in hac objedione id robur , quod à futnmo ingenii) eorum expedes , qui eam propofutrunu Elemenia Phyfiologise , tom. VIII. pag. 9J, dij xxviii DISCOURS aT^TTÎT entr'elles , que les artères & les veines du jaune avec celles aJI! mî- ^'-^ poulet. Il a crû même appercevoir des traces de cette fbu- doure , qui en démontrent , félon lui , la réalité (a). (") ^^'^- Si le poulet préexifte dans la poule , il y a bien de l'appa- rence , dit M. Bonnet {b) , que le cheval préexifte dans la ju- (t) Con- nient. . . Il en eft donc des véiicules de l'ovaire comme des deTa^Nam- oeufs de la poule ; un germe y préexifte ; mais fa fluidité & fa re , tom. I. transparence nous le dérobent ; la fécondation le rend vifible. chap xi"' Cette conféquence , li elle étoit abfolue , iroit plus loin que les prémices. Car de ce que le poulet préexifteroit dans la poule , il ne s'enfuivroit pas néceflairement que l'enfant dût préexifter dans la femme , ou le cheval dans la jument , la nature pouvant varier fes loix entre les ovipares & les vivipa- res , & placer tantôt le germe dans la femelle , & tantôt dans le mâle. Cependant M. Bonnet regardant la découverte de M. de Haller comme une bafe inébranlable , deftinée à ferv'ir d'ap- pui à tous fes raifonnemens , n'eft pas arrêté par les faits les • plus difficiles , & il faut avouer qu'il les explique avec une anerveilleufe fagacité. Mais fes explications portent - elles la conviftion dans l'efprit ? Elles étonnent plus qu'elles ne per- fuadent ; c'eft du moins , li j'ofe le dire , l'effet qu'elles ont produit fur moi. Si l'on demande , par exemple , à M. Bonnet la raifon des furprenans changemens que la liqueur prolifique de l'âne opéra fur le larinx du cheval , defliné dans l'ovaire de la jument ; il L répond (c^ que les organes générateurs du premier font dans un certain rapport à fon larinx , & qu'ils envoient , en confé- quence , à celui du fécond , des molécules qui le modifient fui- vant ce même rapport ; mais comme ces molécules font mo- difiées à leur tour par le germe , qui en vertu de fon organi- fation tend à conferver fon état primitif , il réfulte de ces (c) Voye\ Us confidératîons fur les corps organifés , tom. II. pag. ÎJO-IJS. & îes n°. î}6. 340. La préface de la Centempktivn de h Nature, &, le ch. XP. de la VIlV part, de cet Ouvrage , Sec. PRÉLIMINAIRE. xxix modifications combinées un changement dans l'organe de la "art.clT voix du petit cheval, qui fans le dénaturer entièrement , le a ^'^' rapproche beaucoup de celui de la voix de l'âne ; & de-là vient "'*" '^**" entr'autres pièces , le tambour qui fe trouve dans le larinx du mulet, & dont on ne voit aucun vertige dnns le cheval. Le mulet dont parle ici M. Bonnet , eft celui qui réfulte de l'union de l'âne avec la jument ; mais il el\ une autre efpèce de mulet qui provient de l'accouplement de l'ânefle avec le cheval ^+), On prétend (a) que celui-ci , au lieu de braire (") Vai- comme l'âne , hennit comme le cheval, raifon pour laquelle '^°"f''«^°- les anciens l'ont, dit-on, appelle C^-*-) hinnus ou hinnulus. Cette ti'onna'ire "^' conformité dans la voix , ii elle eft réelle , fuppoferoit celle de ^'^^^°"^ l'prgane. Je Cens bien que M. Bonnet, toujours fidèle à fes prin- ai^mot ml cipes , ne manqueroit pas de dire , ii on lui oppofoit ce fait , ("•'om.iii. que la liqueur prolifique du cheval agit dans ce cas fur le la- i"ûî1 ' ''^"' rinx de l'âne deflîné dans l'ovaire de l'âneffe , d'une manière inverfe de celle dont la liqueur prolifique de l'âne avoit agi , dans l'exemple précédent , fur celui du petit cheval. Mais fe- roit-il aifé de croire qu'une ftrufture aufTi compliquée que celle du larinx de l'âne , compofé de tant de pièces , eût pu ainfi dif. paroître , pour faire place à un organe aulFi fimple , que l'eft , en comparaifon, celui de la voix du cheval (/;) ? Telle eft la fécondité des principes de M. Bonnet , qu'ils expliquent même ce qui n'eft pas , je veux dire , la ftérilité du mulet , qui cependant n'eft pas réellement ftérile. Qu'il nous foit donc permis de nous défier un peu d'une telle fécondité. , , ^, Les Anciens ont écrit {cj que les mulets ont quelquefois en- VApjendhc (*) M. de Buffon dit {d) que ces deux fortes de mulets différent à plufieurs égards , M Hiftoir» mais il n'explique point en quoi confident ces différences , pas même dans Ton Arti- ,^'"'- 1°'^- cle de la Dégéncraiion des efpèces , auquel il paroit renvoyer , & où il traite de la gé- [ , "^'■*°-P'S- neration des mulets (e). * *°'- (") Ce mot a été employé .quelquefois par Anjlole pour fignifier le produit particu. ;„ J/o^ f."'' lier du mulet 8c de la jument If); mais je n'ai pas vu qu'aucun ancien en ait fait XIV.me îTï iilage pour dédgner la voix du bardeau ou petit mulet. 346. (t) Voyez Académie Royale des Sciences, année 1753. L'intérefTant & curieux (f)Buffon mémoire de M. Herijjant fur la voix des oifcaux & des luadrupédss. ii'id- p»g- 337. Dot, i. oveg XXX DISCOURS Aut.clT gendre , mais M. Bonnet prétend (aj que cela n'a jamais ét^ ANN.'wij. confirmé. On a vu néanmoins , dit-on , plus que cela à Païenne en 1703 ; une mule de trois ans mettre bas un poulin , qu'elle (a) Con- ,-iourrit de fon propre lait , dont elle avoit une affez grande (iderat. tom. , , rf ni '^ ' ^ ' • j II. pag. 247. abondance ; on nous aflure que tout Falerme a ete temom de cette men-eille ( *"^. Pinet , Tradu^eur 6c Commentateur de iin?^note" P^i'^^ , dit fbj que la mule d'un Pape avoit auJTi engendré. Ce marginale de prodige deviendroit peut-être plus commun qu'on ne penfe , lî tioàr''"'" l'on favorifoit , au lieu de les contrarier, les accouplemens de la mule & du mulet , foit entr'eux , foit avec les animaux dont ils tirent leur origine , c'eft-à-dire , avec l'âne & le cheval M. (OHift. (Je Bujfon a propofé {c) fur cela des expériences très-impor- wm.xiv"' tantes , qu'il regrette de n'être pas à portée de fuivre, & dont pag. 338 & les réfultats pourroient jetter beaucoup de lumière fur la dé- ^rM°^dl\ gradation fucceffive des efpèces dérivées ,& fur la pofllbilité de les faire remonter de nouveau aux efpèces primitives. On ne devroit pas être détourné de ces expériences par les curieufes recherches que feu M. Hebenftreit a faites fur les organes de la génération de la mule & du mulet , & fur (<0 Voyez igg ç^^^^Çqs de leur prétendue ftérilité {d) ; car ces organes , dies^dàns" ceux du mulet du moins , comparés à ceux de l'étalon & me- VAfpendix. j^g ^ l'homme, lui ont paru parfaitement bien conformés. Il eft vrai que les animalcules fpermatiques , ou les molécu- cules organiques , ne purent jamais être apperçus dans fa fé- mence , & c'eft à quoi M. Hebenftreit attribue la ftérilité du mulet. Ce vice dans la liqueur féminale en fuppofe , félon âéraL^nf '"'' M- Bonnet ( e ) , un pareil dans l'organe , quelque bien dif- tom. II. pag. pofé qu'il fût en apparence. 248. dans la » ^n. l ou note. (*) Nouvelle: littéraire! du Journal de Trévoux , OUob. 1703.. p. I«>5». _ _ ^ Comme je luis de bonne foi & que ie n'époule point de lydême , j'avouerai mgenu- ment qu'ayant fait demander des cclaircmemens fur les liei:x par M. le Marquis de MaJonia , Seigneur Sicilien , aulïï diftingué par les lumières & fes connoiflances , que par fa naiirance ; les informations qu'on a prifes n'ont pas été favorables au prodige «- clc I.XV. fous l'année 1756. (a*) Il eft certain que le germe réCde originairement dans la femelle , 5c il n'eft guère moini certain que le germe n'eft point engendré dans la femelle , qu'il a exifté de tous tems. Confiderai. lom. II. pag. 319.320. avec PRÉLIMINAIRE. xxxiii C L s V. ûvec l'air ou les alimens , fuivant l'hypothèfe de la diffémi- art i nation : mais ces deux f^-ftemes fouifrcnt tant & de li gran- ann. 1V4;. des difficultés , que j'oferois bien répondre que ni Tun ni l'autre ne feront jamais généralement reçus. Et d'abord , li nous coniidérons ce qui fcrt de bafe à l'opinion des germes préexiftans , trouvera-t-on ce fonde- ment bien folide ? La bonne Philofophie fe reconnoît im- puiflante à expliquer mécaniquement la formation des corps organifés : donc les loix du mouvement ne pem'ent fuffire à cette formation , & il faut recourir néceffairement à la puiflance immédiate de celui par qui tout exifte. Il me femble que ce raifonnement n'eft qu'un fophifme ^ & voici mes preuves , ou du moins mes doutes. Je dis , 1°. que la bonne Philofophie n'entreprend pas d'expliquer ce qui eft inexplicable , ou que li elle le fait quelquefois , ce n'efi: , pour ainli dire , qu'en s'égayant , & pour eflayer fes forces , mais qu'elle finit toujoiu-s par avouer que tous fes efforts font bien éloignés de pouvoir la con- iluire à la certitude , comme l'a fait fagement M. Bcnnet dans fes premières méditations {a) , & comme il le fait les huit prc- fouvent encore. miers chapi. 2°. De ce que la bonne Philofophie ne peut expliquer Confu^ d'une manière fatisfaiiante la formation des corps organifés , """' il ne s'enfuit pas néceilairement que ces corps ne puifTent être le réfultat des loix du mouvement établies par le Créa- teur -, car tout ce qui efl: incompréheniible n'efi: pas faux , & les bornes de notre efprit ne font pas celles du pouvoir de la nature. En outre , poun-u qu'on écarte bien loin de foi toute idée de générations fortuites , qui , je crois , n'ont plus au- cun partifan , je ne vois pas qu'il y ait du danger à admet- tre que dans le nombre prefque infini des modifications dont la matière eft fufceptible , l'organifation a pu trouver fa place ; & n'eft-il pas même plus glorieux à l'être fuprême , e aéra- Article XXXIV DISCOURS de penfer que les effets les plus compliqués de'coulent fans" An1'^74î. effort des loix ge'nérales par lefquelles il gouverne l'univers, que de le faire intervenir immédiatement dans des chofes , qui , quoiqu'elles accablent notre efprit , ne font pourtant qu'un jeu de fa toute-puiffance ? D'ailleurs , qu'eft-ce qu'un germe ? quelle ide'e fe faire d'un germe ? ce ne peut être un atome organifé ; un ato- me eft inalte'rable , & par confe'quent ne peut être orga.- nifé : un tel atome eft donc une contradiftion. Si c'eft un mixte , comme il faut le fuppofer , & qu'il exifte de tout tems , comme on le prétend, il faut donc l'admettre inal- térable auflî : or , la nature nous offre-t-elle de pareils mix- tes ? Il faudroit leur fuppofer plus de dureté ou de cohé- lîon entre leurs parties , que n'en ont l'or ou le diamant; ÔC cependant l'animal ne paroît qu'une iîmple gelée , ou quelque chofe de moins encore , lorfqu'il commence à fe MConfi- développer; & il femble , dit M. Bonnet (a), que ii l'on délations , pQuvoit remonter plus haut , on le trouveroit prefque fluide. tom. 1. pag. r . r ■> ^■rr~ i > -si; jS. 39. On voit donc combien de difncultes on auroit a dévorer pour admettre des germes préexiftans , de la manière dont on l'entend ordinairement. Il eft vrai que , comme il n'y a point de fucceflion en Dieu , & que ce qu'il a fait une fois , il peut le faire encore , on pourroit fuppofer qu'il for- me journellement des germes , à mefure que les généra- tions fe fuccédent. Mais nous ne fommes conduit à cette idée que par l'impoiribilité de concevoir , comment l'orga- nifation pourroit n'être qu'une modification de la matière & du mouvement, ordonnée par le Créateur dès l'origine du monde. Or , je le répète , comme la difficulté , ou même l'impoffibilité de concevoir une chofe , n'en prouve pas la fauffeté , il eft du moins permis de douter qu'il exifte des germes , même dans ce dernier fens ; & , fi je ne me trom- pe , cette queftion affez vaine dans fon objet , eft en- tièrement infoluble , comme toutes les queftions de Phyfî- PRÉLIMINAIRE. XXXV que fpéculative , qui ne peuvent être immëdiatement fou- raifes aux expériences ou au calcul : enforte que le fcepti- cifme eft ici , comme dans une infinité d'autres cas le feul parti raifonnable qu'il y ait à prendre. ' Je dis que la queftion des germes , quoique l'une des plus fublimes fur Icfquelles la Philofophie puiiîe s'exercer , eft ce pendant allez vame dans fon objet; en effet, qu'importe qujl y ait des germes , où qu'il n'y en ait point ? L'admi- rable organifation des êtres vivans , les rapports fans nom- bre qu on y découvre , l'infinie variété des moyens , tous diriges a une même fin , n'atteflent-ils pas hautement au'ils lont i ouvrage dune fouveraine intelligence? La chofe cft fi évidente , que ma fdi n'en feroit point du tout ébranlée fi je voyoïs des animaux fe former mécaniquement fous ires yeux , comme prétendent l'avoir vu M. Needham , & d'autres i-hyliciens , parce que Dieu feul étant auteur de la matière & du mouvement , il n'appartient qu'à lui de leur prefcrire les loix dont l'organifation feroit le réfultat : point de loi fans legiflateur; le hazard n'eft rien que l'aveu de notre igno- rance. Ceux qui ne fe rendroient pas à ces vérités , & qui ne verroient pas le doigt de Dieu dans l'organifation d'une plante ou^dun animal, fe rendroient bien moins encore aux raifons metaphyliques par lefqueUes on croiroit démontrer les germes preexiftans. Je me garderai donc bien de dire avec 1 Auteur des Penfées jhUofophiques , & beaucoup d'autres l'hilofophes, que la découverte des germes a fourni une des plus fortes preuves de l'exiftence de Dieu; il ne faut pas fau-e dépendre cette grande vérité de preuves douteufes. Les germes preexiftans ne font rien moins que démontrés. Plu- lieurs Philofophes très-religieux les ont rejettes C^^ , fins ,, ' Ve'lt ^^T"' ''/ ^"^'"'' t^'eedham, & depuis peu M. i'Abbé PÔn:eUtrl) /J- ^'Z'^''' u vouu%„";°'^""='i.''- '''Jol-^-O qui fe mocque de ton, . comme l'ancien f^rts'o" vo^u s égayer auK dépens de M. N.cdham. Ceiiii-ci aflure avok vu des an^UJe P«t 1766/ XXXVI DISCOURS en être moins intimement convaincus que les corps orga- nife's fe forment non par hazard ou fortuitement , ce qui efi: fouverainement abfurde , mais par des loix immuables établies par le Créateur. ARTICLE XV. ^"^■'W- Sur Véleciricité des Baromètres. Article XV. Voyez les C'eft le titre du Mémoire de M. Ludolff, dont nous avons Mem. p. 55- ^^j^ ^j^ ^^^ ,^q^ ^ l'Article VI. ARTICLE XVI. ann. 1746. Sur le fel fufible d'urine. Article XVI. Voyez les C'eft h M. Margraf qu'on efl particulièrement redevable Mem. 57. jg i^ pi^s grande partie des connoiflances que nous pofle- dons aujourd'hui fur ce fel. C"^) Il veut qu'on ait mis à putréfier l'urine dont on fe propofe de le retirer ; mais ce préliminaire ne paroît d'aucune conféquence à quelques Chimiftes ('*■''■) , & certains vont même jufqu'à prétendre qu'il eft plus nuiiible qu'avantageux (t> naître de rinfufîon du blé ergoté ; & fur cela M. de Voltaire s'écrie : on n'a dont plus befoin de la main du grand Demiurgos ; le maître de la nature n'ejl plus bon M Défcnf: à rien. Les germes font inutiles , tout nattra de foi-même (a). Conféquence impie , Je mcn oncU , j^j Seedham détefte fans doute. Il fuffit d'un mot pour calmer les fcrupules chap. XVIII. j^ j^n j„ foliaire : Dieu eft le feul agent véritable dans la nature ; tout le refte '^''^" n'eft que pafllf ; les germes peuvent donc bien être inutiles , mais Dieu eft d'une néccflité abfolue à tout ce qui fe tait dans l'univers. _ (*) Le fel fufible d'urine a été entrevu par f^an-Helmont , & bien décrit par (O Elem. poerhaave {b) , mais il étoit réfervé à M. Maigraf A'en développer la nature. M. clam. t. II. p. ^^^^. ^ jQ„^„_ jg ^,,d_ ,. xvu. pag. 105. irvui"'' («•) Dia. de chim. tom. II. pag. Z14. & 464. de l'edit. de Pans. U) De fait (t) M. Schlojjh- (0 dit qu'on l'obtient beaucoup plus abondamment de I urine J„i n^iivo. fraîche , parce que la putréfaaion en détruit une grande partie. M. Venel eft ce- leid. 1753. pendant d'avis, comme M. Margraf, qu'on le retire f/uj aifémm de l'urine quoa PRÉLIMINAIRE. xxxvii Outre le fel fufible ammoniacal , duquel feul M. Mar- art, cle E;raf fliit mention dans fon Mémoire fur ce fel , il y en a jinn. .746. dit-on un autre à bafe d'alcali fixe (a) , 6c on croit que (.3)Dia.de celui-ci ne fe laifle décompofer ni par la diftillation fimple , '^^™- '• "• ni même par l'intermède du feul phlogiflique (i) , d'où il s'en- 679.680. fuit que c'eft le premier qui fournit principalement l'acide (*) ihid. néceflaire à la produdion du phofphore. P^^' ''^^' ' ARTICLE XVII. ^iT\T'~' Sur le Sommeil. ^•■'■■■"■- ''^«• M. de Formel a donné dans fes mélanges de philofophie Voyez les un effai fur le fommeil , qui feroit honneur aux meilleurs '^^^"^- P-?*- Phyiiologiftes , & qui fera certainement lu avec plaifir ; fa liaifon naturelle avec le Mémoire qui fuit du même Auteur , nous a engagés à lui donner place dans cette Colloftion. >kUl. ARTICLE XVIII. TZr-m XVI II. Sur les Songes. ann. 1746. L'efTai de Tilluftre Secrétaire de l'Académie fur les fon^ Voyez les ges eft encore au-defTus du précédent ; il répand fur cette ^'^^^- P- S'' matière obfcure toute la lumière dont elle paroît être fuf- ceptible ; M. l'Abbé Richard a fait ufige des principes de notre Académicien dans un ouvrage curieux , intitulé : Tliéo~ rie des Songes, in-12 Paris. 1766. a fait putréfier (a) , & M. IVlllermoj (i) , ainfi que M. Pott (c) en phii grande quaniltè. ^^\ ^j,^ j_ M. Margraf trouve des différences confidérables entre le fel fufible d'urine , & XIV. p. 923', le fel que M. Huuft a nommé fal mirabile perlatum ; M. Schtoffer fouticnt qu'il (t) Enc. t, n'y en a aucune. M. Rouelle regarde le dernier comme un vrai Tel de Glauber {d). XII. pag. ji6, M. Mareraf croit que le fel d'urine, & fur-tout fon acide, viennent original- , \f' ^P""* rement des végétaux dont Ihomme fe nourrit , fonde lur ce qu il en a retire du phyfioi. t. VU feigle , dii froment , 6cc. Cette preuve paroît extrêmement foible à M. Fenel (e), p. jyj.not. a* il régarde ce fel comme formé par les élaborations de l'œconomie animale (/). («) Enc. «, Mais puifque divers végétaux comeftibles ont fourni du phofphore à M. Margraf , XIV. pourquoi refuferoit-on de croire que le fel dont il s'agit vient originairement des if) li'ii» plantes , du moins en partie .' Les plantes , comme corps organiques , ne peuvent- elles pas le produire , quoiqu'en moindre quantité que les animaux ? {i)Voye\ les favantes notes de M. Roux /ur le fiora faturni?pns d'Hentel , in. 4°. Paris. 1760. Il n'y a pas long-tems , dit M. Roux (ibid.) , que M. de Montamy me fit voir imeaffez grande «luantits de ce fel de Glauber bien cryftallifée , qn'U avoit leiirée * l'urine. xxxviii DISCOURS XÎfff.7 ARTICLE XIX. XIX. ' Ann. 1746. Sur les Elémens. Voyez les M. ElUr a donné fur les élémens deux Me'moires , dont Mém. pag. j^q^^^ avons Crû devoir fupprimer le premier , parce qu'il n'eft qu hiftorique , & uniquement deftiné à rendre compte des opi- nions des Philofophes de l'antiquité fur les premiers principes des corps. Dans celui qui fait le fujet de cet Article ,il expofe, en peu de mots , les fentimens des plus grands Philofophes du dernier iîècle & de celui-ci ; après quoi il entre en matière , & finit par rapporter quelques expériences, defquelles il a cru pouvoir conclurre que l'eau eft capable d'une vraie tranfmuta- tion en terre & en air. Cette conféquence eft , au moins , très-hypothétique , mais les faits font toujours précieux. M. Eller relègue au païs des chimères ce que notre grand Defcartes a écrit fur les élémens. Il penfe plus favorable- ment des monades de l'illuftre Leibnif^ ; mais fon inten- tion n'eft pas , dit-il , de rien décider fur des abftraftions «Il fefprit fe perd. Il propofe cependant de fubftituer aux êtres limples & immatériels de M. de Leibniq, des êtres funples matériels non étendus, dont l'afTemblage pût fer- vir aufti à la compolîtion des corps. Mais qu'eft-ce que des êtres matériels non étendus ? Peut-on féparer fidée de l'éten- due de celle de la matière fans l'anéantir ? Quoiqu'il en foit de cette hypothèfe des monades , très-ingénieufe fans doute, mais trop métaphyiique & trop compliquée , on en trouve une expofition très-claire dans les Inftitutions de phyfique de feue M"'^ la Marquife du Chatelet , femme qui honora fon fexe , & qui étonna le nôtre par fes talens ; 6c dans un autre ouvrage où la vanité des fyftémes eft mife dans le plus grand jour , & où celui des monades en particulier eft très-folidement réfuté ("*■). (*) Traité des fyflêmesy par M. l'Abbé i/e ConJilhic, i.vol. in il. Paris. 1749. Voyez ■aufli la dillertaiion de M. de Ji-Jli contre les monades ; ccue dilTertation a rem- PRÉLIMINAIRE. xxxix Une grande partie du Mtfmoire de M. Eller y roule fur ^Vi'x.'"'' le feu élémentaire & le phlogiftique , qu'il croit être la *«!<• »74«, même chofe ; on y retrouve les idées de Boerhaave ôc de Sthal , qui pafTent pour avoir le mieux traité cet important fujct , l'un en Phylicien , & l'autre en Chimifte. Il a reconnu par fes expériences , que la quantité dont l'eau s'évapore dans un tems donné , eft en raifon direfte de la chaleur qu'on y applique , ce dont on efl; affez per- fuadé. Mais il prétend, de plus, que l'air ne contribue point, ou ne contribue , du moins , que très-peu à ré\'aporation , ayant éprouvé , dit-il , qu'à quelques minutes près , de gouttes pareilles d'eau difparoiiToient dans le viiide de la pompe pneumatique dans le même efpace de tems qu'en plein air. Ces expériences femblent contredire l'ingénieufe théorie que M. le Roy, Profeffeur de Médecine à Montpellier, & membre de la Société Royale de la même ville , a donné de l'évaporation de l'eau dans les Mémoires de l'Académie (a) Ann, des fciences (a) & dans l'Encyclopédie (i) : théorie félon la- '75°- quelle l'eau ne s'élève & ne fe foutient dans l'air que par- (*) "r*""» ce qu'elle s'y trouve dans l'état d'une v^éritable diflblution. éiaporaiion, M. le Roi répond à l'objeûion tirée de l'évaporation dans le \a.iide , qu'il nous apprend lui avoir été propofée par un liabile Phyficien , en difant que l'eau contient une immen- . fe quantité d'air , dont on ne peut la purger entièrement , qu'elle ne peut s'évaporer fans que l'air qu'elle contient ne fe développe , & qu'il efl: impoiïîble qu'un efpace conte- nant de l'eau qui s'évapore , refte parfaitement viiide d'air (c). ^^^^ ^*'^' Il nous paroît que cette réponfe de M. le Roy ne fatif- fait pas entièrement à la difficulté , & qu'elle renferme porté le prix de Philorophie fpéculative de l'Académie Royale de Priiftc ; ce qu) prouve bien que cette fage Compagnie , en refpeftant le fublime génie de Leibnitf , n'a jamais prétendu que les fentimens de ce grand homme euirent droit de foH-^ meure tous les cfprits. xh DISCOURS même refpèce de paradoxe qu'il dit fe trouver .dans l'ob- jeftion de l'habile Phyiicien auquel il répond ; car , lî le dé- veloppement de l'air que l'eau contient toujours , quel- que foin qu'on ait de l'en purger , eft l'effet de l'éva- poration , il n'en efi: donc pas la caufe , & cette caufe , il faut nécefïairement la chercher , ce femble , non dans cet air diifé- miné & peut-être même abfolument diflbus dans l'eau , mais dans l'air ambiant & en mafle , dont on peut fuppofer , avec aflez de vraifemblance , qu'il refte toujours une certaine quantité fous la cloche, quelque attention qu'on apporte à le bien pomper ; l'évaporation une fois commencée , l'air qui fe dégage de l'eau fe joint à la mafle de fair environnant , & joint fon aftion à la lîenne. Pourroit-on expliquer par- là les expériences dont M. JVallerius a fait part à l'Acadé- ' mie Royale de Suéde (■^) ? Ces expériences , dit M. de Mairan (*''^) , ont été faites avec tout le foin poffible dans le vuide le plus parfait de la machine pneumatique , après la ceflation des bulles & l'évacuation réitérée de l'air con- tenu dans ce liquide : il en réfulte , continue M. de Mairan , que l'eau , le vin & les autres liqueurs s'évaporent dans le vuide indépendamment de toute caufe extérieure , comme le choc & le contaft de l'air ^t)- (*) De afcenfu taporum in yacuo , demonjlratio. Aucl. nie. Wallerio. Acla litt. & fcient, Suecls , ann. 1738. (**) D'Jjertation fur la g'.ace , édition de 1749. pDge 16. VI (t) Les expériences de M. Kichmnnn (a) de l'Académie Impériale de Pé- ri v'eLx lersbourg , &c celles de M. Culien , Académicien d'Edimbourg ( b) , viennent à l'appui j5^^°"j"i"a. de celles de M. IVallerius, car elles établillént de la manière la moins douieufe que cad. imp. is les fluides en évaporation font defccndre confidérablement le ihermomctre ; or , Petersb. ann. cet effet 3 licu dans le vuide de la machine pneumatique, comme dans l'air, 8c 1747. & 174S. même d'une manière beaucoup plus fenfible. On peut confulter fur cela les cir- pag. 3.^4- rieufes ?< favantes recherches d'un Anonyme ( que nous croyons être M. Roux, (J)U'.Vol. Auteur du Journal de Médecine ) fur les diftérens moyens qui ont été mis en des eiTais & ufage pour refroidir les liqueurs , brochure in-\i. qui parut en 1758, fans nom obi>rv. phyf. ^^ viHe , ni d'Imprimeur, &c oi!i l'on trouve la traduftion des deux Mémoires de & littér. d'E- j^^s Richmann & CuUen. Voyez aufli dans YEncycloféiie l'excellent article réfroi. ourg. jiijjement, ( phyfiq. & chim. ) fourni par le même Auteur. Selon l'expérience de M. Kraft, des cxhalaifons montent dans un efpace vuide d'air Se plus fortement que dans l'air. Milang. d'HiJl. Na:. tom. IV. pag. 77. 78- Nous PRELIMINAIRE. xli __ Nous laliTons à M. le Roy , dont le Mémoire fur l'ev'apo- ÂTTTTrr ration nous paroit être une des plus belles applications qu'on ans. 1746. ait faites de la Chimie à la Phylique , le foin de difliper les nuages que ces expériences de Mrs. EUcr & IVallerius fem- blent répandre fur fi théorie. On efl: en droit d'attendre de fa fagacité & de fes grandes connoiiTances chimiques , qu'il achèvera de jetter fur cet important fujet toute la lumière dont il peut être fufceptible. En introduifant la vapeur de l'eau chaude fous la cloche de la pompe pneumatique v^uide d'air , M. Eller a vil le mercure d'un baromètre , qu'il y avoit adapté , baiffer très- coniidérablement : & de-là il a cru pouvoir inférer, comme nous l'avons déjà dit, que l'eau efi: fufceptible d'une véri- table transformation en air élaftique. Il avoit déjà annoncé cette théorie , à laquelle il revient très - fouvent , dans l'Hiftoire de l'Académie pour l'année 1745 , où l'on trouve l'extrait d'un Mémoire très-curieux de notre Auteur fur la production de l'air dans le vuide (^a). Mais pour que ces . C") Voyez expériences , très-importantes en foi , fuiïent réellement rànicie^ vil. concluantes , il faudroit prouver que la vapeur de l'eau , comme telle , n'eft pas capable de produire quelques-uns des effets de l'air , & en particulier d'opérer la defcente du mercure dans le baromètre (■*"). Or , loin que M. Eller ait travaillé à écarter cette difficulté , il ne paroît pas qu'il ait foupçonné qu'elle pût lui être propofée. C'eft néanmoins ce qu'on ne pouvoit guère manquer de faire , & ce qu'a fait effeftivément , entr' autres , M. Venel dans l'Encyclopé- die {b) , en parlant d'ailleurs de M. Eller avec toute l'ef- (J) Tom. time qu'il méritoit à fi jufte titre. ^.pag. i8S. (*) I.'expanfibilitc appartient à tous les corps dans l'état de vapeur ; ainfî l'ef- prit de vin, le mercure, les acides les plus pefans, &c un très-grand nombre de liquides, très-différens par leur nature, 8i par leur gravité fpécifique , peuvent cefler d'être incompreflibles , acquérir la propriété de s'étendre, comme l'air, en tous fcns , 8c fans bornes, de foutenir, comme lui , le mercure ifjiJ ie baro- mètre, & de vaincre des réfiftances 8i des poids énormes. Encyclopédie , article expanjiiiiité , tom, VI. pag. 177. / XLîi DISCOURS "a R T 1 c lT Au refte , cette tranfmutation de l'eau en air , n'efi: pas ann'^-6. 1'^ ^^^^^^ '^o"'^ ^^^^ ^^'^ capable, félon notre Académicien; il croit qu elle peut être encore convertie en terre : il ap- puyé cette dernière prétention fur les expériences très-con- nues de Vanhelmont , de Boyle , & fur les liennes propres. Ayant femé une graine de citrouille dans un vafe plein de terre , qu'il avoit fait fécher pendant 24 heures , à une cha- leur modérée , & pefer enfuite exaûement , en arrofant la plante toutes les fois qu'elle en avoit befoin , il recueillit deux citrouilles quipefoient avec le jet & les feuilles 23 livres ,4 onces & demi. Par la calcination on obtint 5 onces , 2 gros & 22 grains d'une terre fixe , fans que la terre du vafe eût diminué , ii ce n'eft d'une demi once , que M. Eller préfiime avoir été emportée par le vent. Cette expé- rience laifTa cependant quelque fcrupule à notre Auteur , il craignit , & comment ne pas le craindre ? que l'eau dont il s'étoit fervi pour arrofer , n'eût pas toute la pureté qu'il déliroit. Pour fe délivrer de ce doute inquiétant , il ne fe fervit plus dans fes autres expériences que de l'eau diftillée au bain -marie , fur la pureté de laquelle il crut pouvoir compter , ne penfant pas que la terre pût s'élever ii haut , à (") Voyez u,^ il foible degré de chaleur (a). moires rifl-ai Mais les expériences de M. M^r^ra/établiffent le contraire de rAuteur d'une manière bien décilîve. Après 40 diftillations ('*'] l'eau mation d'es n étoit pas encore purgée de toute fa terre. Cet illuftre Chimif- corps , art. te a même obfervé que plus la chaleur dont on fe fert pour xxiii. pag. ^if^j jjgj. g{^ violente , & plus il refte de terre dans la retorte à chaque diftillation ; enforte qu'il en pafle davantage dans le récipient, lorfqu'on diftille aune chaleur modérée, comme celle du bain-marie ; c'eft de quoi M. Margraf s'eft convaincu en (*) M. Leutmann, Académicien de Petcrsbourg, dit que fi l'on filtre de l'eau de piiits à travers d'un papier gris , qu'on iaifTe enfuite fermenter ou pourrir cette eau & qu'on la filtre de nouveau , elle fera plus pure que fi on la diftilloit. Bomare^ 4ia. d'HiJl. Hat. ;n.4<'. Tom. II. pag. 6u PRÉLIMINAIRE. XLIII -^"■- a T 1 C L E XIX. proct'dant par une forte chaleur fur une eau qui avoit été ainfi  diflillée pendant i] fois au bain-marie CaJ. Il eft donc clair ANN.'f-46 que la précaution que prenoit M. Eller pour avoir une eau parfaitement pure de terre, eft précifément ce qui lui faifoit , f'')^'oy" * ^ ', '■ '■ fous ]'année manquer Ion but. ,7jg. |a ^c^ D'ailleurs , comme il ne fe fait point de végétation fans le a^a'y'e de concours de l'air extérieur , on n'a pu interdire aux plantes Maigri}!'' qu'on a voulu faire végéter dans l'eau diftillée , l'accès de celle qui efl; toujours abondamment répandue dans l'atmofphère ; mais cette eau n'eft pas exempte , à beaucoup près , de par- ties terreftres , comme le prouve l'examen chimique de l'eau de pluie & de neige , recueillies avec toute l'attention pofîi- (b) voyez ble ("bj. Or , peut-on douter que ces parties de terre , celles ^""- '/s'- du moins qui font le plus intimement unies à l'eau , ne s'in- lexam. chi- troduifent a\'ec elle dans la plante par les feuilles qui abfor-'"'^-''=''<=^"> beut l'humidité de l'air, comme le démontrent les expérien- ^rj/; ces fi connues de Halles (c) , & celles de M. Bonnet , qui , . . . ne font pas moins dignes de l'être (dj. que des vél Enfin une dernière preuve , fuivant M. Eller , de la con- S'^'-'"''' verfibilité de l'eau en terre , eft celle qu'il a retirée de l'eau diftillée en la broyant dans un mortier de verre, avec un pilon de la même matière. Une dragme de cette eau ainli triturée , commença d'abord à blanchir , & le frottement ayant été continué encore pendant 20 à 50 minutes , elle s'épaiflit par dégrés , & fe convertit enfin en partie en une terre extrême- ment fine & déliée , tandis que l'autre partie s'échappoit par l'évaporation. N'eft-il pas bien étonnant qu'un homme aiiHi éclairé que l'étoit M. Eller , ait crû avoir converti l'eau en terre par un moyen auffi fimple , auflî mécanique que la trituration dans un mortier ? Eh, où en ferions-nous, & que deviendroit l'u- nivers , fi les élémens étoient auifi muables , fans être capa- (J) foyej Iti Recherchei fur iufage dei feuilles dans les plantes. 10-4°. 1754. Premier Mémoire , de la nuirition des plantes par leurs leuiUcs. XLiv DISCOURS aTVTÎÎT blés de retour à leur premier état ? La partie folide du globe ann.'i^46. s'accroîtroit donc fans celTe , & toute ve'gétation devenant enfin imponible , les animaux feroient réduits à périr de faim & de foif. Mais j'aimerois bien autant regarder l'eau qu'on re- tire du mortier , du plâtre , ou de tout autre corps dur & fec , par la diftillation , comme un être de nouvelle création , que la terre qu'on retire de l'eau par la trituration. Cette dernière eft plus que probablem-ent contenue dans l'eau ; une partie peut auffi venir de la pouflîère qui flotte toujours dans l'air , (a) Voyez 6c une autre partie encore du mortier & du pilon , comme '^.'■^fx^^li!^' M. IVallerhis a été obligé d'en convenir fa) . quoiqu'il foit ann. 1751. daiis les mêmes prmcipes que M. Lller. ARTICLE XX. Article C7/->;- XX. i>ur le Ganglion. Ann. 174S. M. Eller expofe fur cette maladie la doftrine généralement ^\|oyez les j-eçue aujourd'luii par les meilleurs Auteurs de Chirurgie , 117. " tels qyiHeiJler , Platner , &c. Prefque tous les Anciens placent cette tumeur parmi les enkiftées , mais on ouvre , on extirpe même ces tumeurs fans accident ; & M. Eller en a vu de très- coniîdérables , tels qu'une fièvre inflammatoire , la confliric- tion fpafmodique des tendons , fuccéder à la fimple ouverture des ganglions. Cela lui a donné lieu de penfer qu'il fe trouve une différence notable entre les ganglions & les tumeurs en- kiftées ordinaires , comme lathérome , le ftéatome , le mé- liceris , & la difleftion anatomique l'a confirmé dans cette idée , en lui découvrant que la matière du ganglion eft une ef- pèce dégelée claire , tranfparente, fans odeur & fans âcreté (■*). Cette matière ne pouvant être la caufe des violens fymp- tômes dont M. Eller avoit été témoin , après l'ouverture des deux ganglions , il crut devoir la chercher dans le tendon même ; mais celui-ci ne lui parut avoir éprouvé aucune alté- (*) Ruyfch iiHelJIer l'ont trouvée telle. Voyez les Inftimtions de Chirurgie duder. nier, tom. II. pag. io8â. PRÉLIMINAIRE. xlv ration. Il foupçonna dès-lors que le ganglion eft proprement ÂTTTc ^ e une maladie de la gaine aponévrotique ou ligamenteufe , où a»w. ^i/i, les tendons font renfermés , & dans laquelle ils glliFent avec beaucoup de facilite' , à la faveur de l'humeur douce & vif- queufe qui s'y fépare. M. Eller reproche aux Anatomiftes de n'avoir pas apporté alTez d'attention à cette gaine , & de n'en avoir connu ni l'ufage ni l'origine , raifon pour laquelle ils n'ont eu, félon lui, que des idées confufes fur la nature & la forma- tion du ganglion. Voici comment notre Auteur conçoit cette formation. Si à la fuite de quelque violence extérieure (*), com- me coups , chûtes , meurtrilllires , efforts , &c. la gaine vient à fe déchirer tant foit peu , ou à s'entr'ouvrir , fhumeur dont elle eft le filtre & le réferv'oir , s'échappera infenfîblement par cette ouverture , & fe répandant dans le tiiîu adipeux de la peau , elle fe nichera dans la cellule la plus voiline , & à mefure que la colledion de l'humeur augmentera , les véficu- les les plus prochaines s'effaceront , & formeront en s'unifTant à la première , par une efpèce de concrétion , un fac ou une membrane aiTez forte pour fervir d'enveloppe ou de kifte C"*^) à la liqueur , qui par la difRpation des parties les plus fines , devient enfin une matière dure & compaûe , telle qu'on la trouve dans les Ganglions. Si la gaine ayant réfifté à l'aftion de la caufe extérieure , ne s'entr'ouvre pas entièrement , l'en- droit affoibli fera cependant obligé d'obéir à la prefTion de la liqueur linoviale , 6c de former un fac ou une tumeur fembla- ble à la précédente , qu'on peut appeller afTez proprement ane'-i vrifme de la gaine du tendon ('\ J. Mais d'où vient que la petite ouverture qu'on pratique à l'enveloppe du ganglion par la percufTion, ou par l'incifion, a (*) Le ganglion ne vient-il jamais de cauTe interne ? (•*) C'eft à-peu-près ainfi que M. Louis explique la formation des tumeurs enkif- tées. Encycloped. tom. V. pag. 691. (t) En fuivant l'analogie des deux maladies , on peut croire que cette dernière ei' pèce de ganglion peut fe changer en la première, R l'amas de la lymphe finoviale vient à rompre la gaine ; tel fut probablement dans l'origine 6c dans les progrès le monf- trucux ganglion dont il fera parlé à la fin de cet Article, xLvi DISCOURS r^Tmi tant de peine à fe réunir ? C'efl: que les mufcles & par con- ann.'^i746. léqi-ient les tendons de la main , où eft le fîége de cette ma- ladie , font dans une aftion prefque continuelle , ce qui doit naturellement empêcher la gaine de fe fermer. Quant aux ac- cidens , qui ont fuivi l'ouverture des ganglions , M. EUer les attribue à la matière de la fuppuration f'^J , laquelle irrite le tendon , qu'il regarde comme très-fenlible. Il explique par fa théorie un accident allez commun aux tendons fléchifTeurs de la main , auquel on donne le nom de crifpatura tendinis, ou en- tortillement du tendon , de même que les efpèces de nœuds que laifTe la goutte en fe dépofant fur la main. La matière de ces noeuds a paru à M. EUer entièrement femblable à celle des ganglions ou du blanc d'œuf durci par la chaleur f^'^J. M. Camper remarque (a) que la matière gélatineufe qui for- me le ganglion, pafle quelquefois fous le ligament annulaire , & produit des douleurs très-vives , accompagnées de tumeurs dans le corps du mufcle , dont elles empêchent le mouvement {h)ibii. (bj. Il ajoute que ces tumeurs quand elles font anciennes , ne p. ÎCX3.301. font plus douloureufes , & qu'on pourroit les enlever av^ti» le fcalpel , fans intéreffer les tendons , dont il eft facile de les dé- tacher , Il on ne craignoit de défigurer la main par une cica- trice fouvent plus difforme que la tumeur. Platner a donné dans fes Inftitutions de Chirurgie , ouvrage excellent , dont on nous fait efpérer la traduction , l'hiftoire d'un ganglion très-fingulier qui avoit fon fiége au tendon d'a- chille , & qui parvint fuccefîivement à un volume aufTi conli- dérable que la tête. Cette obfervation importante & très-cu- (c) itiftitut. i-jeufg ne fgj-j, p^g fg,-,5 doute trouvée déplacée ici. Voici le fait note de la p. littéralement traduit du latin de M. Platner {c). ^7ei? '" ' (*)E"e eft toujours acre , fanieufe & fe'tide. Platner , Infl. Chir. in-S", 1758. p. 415, '* (**) M. Heriffant a fait voir que la matière des nœuds dont il s'agit eft la terre cré- tacée des os , qui fouffrcnt dans cette maladie une véritable décompofition. Voyez dans le recueil de l'Académie Royale des Sciences , année 1758. le Mémoire de cet ingénieux Académicien lur les maladies des os. (a) Journ. de Méd. extrait du I, liyre des démonjiraihns anaiomiques de iW. Cam- per , tom. KVIII. pag. joo. PRÉLIMINAIRE. xlvii Un homme fautant d'une voiture , reflentit une vive douleur dans l'endroit du tendon d'achille , mais cette douleur fe paJfTa ak bîen-tôt. Deux ans aprùs , ilfe forma, entre ce tendon & les deux os de la jambe , une tumeur qui comprimoit le tendon par le milieu , Ôi qui commença à faire fluUie des deux côtes , fans empêcher pourtant d'abord le marcher. Le malade me montra vers ce tems-là cette tumeur ; mais comme la grofleur à laquelle elle étoit parvenue ne me laiflbit aucune efpërance qu'elle pût être refonte par des topiques , 6c que fa fituation cache'e entre des parties nerveufes en auroit rendu l'extirpation très-dangereufe , je défendis qu'on y touchât. Un des plus grands Chirurgiens de notre fie'cle e'tant venu tout- à-propos dans cette Ville , il fut appelle en confultation ; mais il n'ofa entreprendre l'opération , & dès-lors , il nous fut aifé de comprendre qu'on feroit enfin réduit à amputer la jambe. Le malade cependant impatient de guérir appliqua fur le mal différentes fortes d'emplâtres & d'autres topiques. Il eut re- cours à divers Praticiens étrangers d'une grande réputation , dplît qilelques-uns , à ce qu'il m'a rapporté depuis , furent d'a- vis , qu'on travc'iillât à conduire la matière épaiflîe à maturité; ce dont je l'avois dilTuadé dès le commencement. Il prit en- fin, comme c'eft l'ordinaire, des remèdes de toutes mains , même des empyriques les plus téméraires & les plus igno- rans. Tout cela irrita & accrut fi prodigieufement la tumeur , qu'elle égaloit le volume de la tête ; la peau venant enfin à s'ufer commença à fe ramollir. La fièvre fe mit de la partie , & ne quitta prefque plus le malade. Je le revis à la prière de fes aniis, mais l'état d'épuifement où je le trouvai, la fièvre qui le minoit, ne me laifTerentplus voir qu'un extrême danger dans l'unique parti que j'avois toujours cru qu'ily avoit à prendre , c'eft-à-dire dans l'amputation. Néanmoins comme c'étoit le feul , je le propofai encore , quoique le fuccès en fût très-dou^ teux , mais le malade ne put jamais s'y réfoudre. La peau s'é- tant enfin rompue en difFérens endroits , il en cQula pendant xLviir DISCOURS Tr T I c L E près de quatre mois une incroyable quantité' d'humeur acre .^^^- . ÔC fe'tide. La fonte & la pourriture des m_atières contenues dans la tumeur , y lainerent une cavité ii grande qu'il s'en falloit peu qu'elle ne s'étendît jufqu'à la partie antérieure du tibia. Le progrès de la fièvre & du marafme terminèrent à la fia les longues fouffrances du malade. Je ne doute point que la tumeur ne fût un véritable ganglion. Le volume ôi. le liége feuls m'en paroifTent extraordinaires. Les tendons ne font pas les feules parties fufceptibles de la maladie dont nous parlons ; elle peut aufîî avoir fon fiége dans les nerfs. On y obferve quelquefois de petits tubercules durs qui font de vrais ganglions , quoiqu'ils n'excèdent pas la grof- deMéd.tom! feur d'un pois (^û). Ils caufent des douleurs lancinantes très- XVIII. pag. aiguës qui tourmentent le malade nuit & jour. Ils ne cèdent point aux topiques , ainfî il faut avoir recours au fer. M. Cam- (i) ibid, per (b^ dit en avoir emporté plulieurs de cette manière , & avoir obfervé qu'ils étoient intérieurement blancs , d'une du- reté cartilagineufe , rénitens , & qu'ils étoient fitués entre les tuniques des nerfs. Au refte , M. Eller ne regarde pas comme radicale la gué- rifon qu'on obtient en frappant légèrement fur les ganglions qui viennent à la main ; l'ouverture & l'extirpation lui paroif- fent dangereufes : que faire donc pour fe délivrer de cette in- commodité ? C'eft ce que M. Eller ne dit pas. === ARTICLE XXI. Article. Ann. 1747. "^"^ ^^ vaifjdle cTétaïn. Voyez les M. Margraf démontre par les expériences les plus impor- Mém. pag. tantes & les plus exaftes , que l'étain eft foluble dans tous les acides végétaux , tels que le vinaigre , le verjus , le fuc de li- mon , &c. & en outre , que celui même qui pafTe pour le plus pur , contient prefque toujours une quantité plus ou moins confîdérable d'arfenic , dont il efl: très-difficile de le dégager , d'où il conclut , avec raifon , que l'ufage habituel de la vaiA felle PRELIMINAIRE. xlix felle d'étain , ne peut être que préjudiciable à la fonte. aTTTTÎT M. Geojfroi avoit déjà foupçonné l'exillcnce de l'arfenic XXI. Ann. 747- dans l'étain (^a) , par les vapeurs qui s'en élèvent pendant la fulion , lefquelles ont l'odeur de l'ail , & par la circonftance ^".^ '^'^'"• de rendre aigi^e les mélanges métalliques dans lefquels il en- Royale de» tre , comme le fait l'arfenic (*). il s'élève auffi de l'étain pen- Scicnc. ann. dant la calcination , des fleurs qui rongent un peu le cuivre '^^ * rouge ; & M. Gcoffroi (b) conjefture que c'efl: une portion (fc) nid: d'arlênic, qui en facilite la fublimation. Le célèbre Henchel aP-"*^'"^; indiqué encore plus clairement la préfence de l'arfenic dans l'étain C**^; mais c'efl: à notre Académicien fur-tout qu'il étoit réfervé de lever tous les doutes qu'on auroit pu encore avoir fur cet Article , ainii que fur la folubilité de l'étain dans les acides végétaux. Il ell donc bien clair maintenant , ce que peu de gens foup- çonnent , que non-feulement la vaifTelle d'étain peut être très- pernicieufe , mais encore l'étamage ordinaire , qui n'efl: qu'un mélange de plomb & d'étain , & même celui où il n'entreroit que de l'étain feul , tel qu'on s'en fert à Paris dans quelques manufaftures de vaiffeaux de fer , qui s'y font établies avec l'approbation de l'Académie Royale des Sciences (c). M. Ma- (o Hift. louin a propofé dans un Mémoire fur le zinc , de fubftituer ce ^^ '"'^"''• j • / 1 1 1 c V 11 / • ., » ann. 1742. demi métal au plomb oc a 1 etam pour 1 étamage , ayant re- pag. 46. marqué qu'il s'applique très-bien à la furface du fer & du cuivre ; il en a fait diiférens elTIaîs , qui lui ont réuffl (dj , en de^rAwtT' prenant pour guide les principes que M. de Reaumur a don- ann. 1742. nés pour faire le fer blanc (e). Un tel étamage auroit plufieurs P^^' ^^• avantages fur celui dont on a coutume de fe fervir; carie zinc diV-AcalT' étant beaucoup plus dur que l'étain , dit l'illuftre Secrétaire ann. 1725.' de l'Académie , il fera plus difficile à ufer , & comme il fe fond au (îi plus difficilement (^t) » il devra mieux rélîrter au (*) C'eft aiifïî à l'arrenic principalement que M. Mjrgra/ attribue cette propriété dans l'étain même. (*') Si on diirout de l'étain dans de l'eau régale , il fe précipite une poudre grife, qui cft de l'arfenic. Encyclop. tom. VI. pag. 8. (T) Il ne fe fond que quand il eft prcfque rouge , Dia. de Chim. tom. II. ^-ag. (58j. DISCOURS Article grand fcu ; mais ce qui efl: d'une toute autre importance , An?. ^747. ajoute M. de Mairan , il pourra prévenir les dangereux ef- fets d'un abus fort ordinaire , qui eft d'employer autant de plomb (■*■) que d'étain au blanchiment des vaifleaux de cui- ^/;) Hf line (a). ann. 174:. Il refteroit feulement à favoir fî le zinc n'auroit pas auffi pag. 45. fgg inconvéniens. Il eft malheureufement diflbluble par les aci- des vége'taux , comme l'étain , & fufpett de contenir de l'ar- fenic ; comme ce dernier, il rend tous les métaux caflans , fans en excepter l'or , & donne en brûlant une odeur approchante {h) Ency- de celle de l'ail (by 11 feroit à fouhaiter que quelqu'habile Chi- XVII. p°i'^. mifte , tel que M. Margraf, entreprît fur le zinc le même tra- 716. col. 2. vail que notre Académicien a fait fur l'étain, pour s'afliirer fi c'eft légitimement qu'on foupçonne la préfence de l'arfenic dans ce demi métal. Au refte , l'étain eft peut-être d'autant plus dangereux qu'on (0 Voyez en redoute moins les mauvais eiïets (c). Heureufement le na"de Méd. ^^xe a fait prefquc entièrement renoncer à cette vaifTelle tous ci'Avriii755. les gens ailles , & le peuple ne fe fert guère que de vailTelle tîons''^médt- ^^ terre. Si le luxe , tyran plus impérieux & plus puifTant que co - chimi- la raifon , pouvoit faire profcrire auffi la vaifTelle de cuivre , nomimies'de ^^ns doute beaucoup plus dangereufe , on feroit fondé à dire hi.Mi£a,Mé- alors que ce poifon, plusfunefte au genre humain qvie l'arfenic Faculté ^df ^ ^^ verd-de-gris , en auroit chafTé deux autres. Mais que fubf- Paris, fur les tituera-t-on au cuivre & à l'étain pour la batterie de cuifine ? ufa^es"de ^^ métal bienfaifant dont jamais perfonne n'eut à fe plain- l'éiain. dre , & à qui tant de gens doivent la vie , le fer , le fer , dis-je, (*) Le plomb ert un métal fi dangereux, qu'on redoute jufqu'au vernis dont la po- terie de terre eft incruftée tant dedans qu'en dehors (d) ; car ce vernis eft un vérita- '"''x^r^' '''^ ''"'^^ '^^ plomb , fur lequel le vin , le vinaigre , Se les autres acides végétaux peu- tom. X .pag. ^^^^ ^gj^ ^^.^ j^^ renel en reconnoilTant la folubilité du plomb par les acides, les ai. ' ■ calis & les huiles , ne veut cependant pas qu'on en conclue que l'eau de fontaine ou (c) Ihd. ijg rivière gardée dans des rélervoirs de plomb , pour fervir aux ufjges œconomiques , puifle en être altérée , & devenir préjudiciable à la fanté (/). M. Van-Swieien fait ce- (/) Uid. pendant mention de toute ime famille qui fut attaquée de la colique des Peintres pour avoir bù de l'eau qui avoir féjourné dans un vafe de plomb (^). (g) Comment, in Soerh. Âph, 1060. îora. HI. pag. 35 j. PRÉLIMINAIRE. li étamd (*J , non avec Tctain feul , ou allié de plomb , mais avec le zinc , s'il peut tenir lieu de l'un ôc de l'autre , fans en avoir le danger. ==■=— '-' Article ARTICLE XXII. J„x''^^, Le fucre des plantes. On va quelquefois chercher bien loin , ce qu'on a fort Voyez l« près de foi; le fucre en eft un exemple. M. Margraf ed par- ^^^^- P'S- venu par des moyens très-fîmples , dont on trouvera le dé- tail dans fon Mémoire , à extraire un véritable fucre de plufieurs de nos plantes les plus communes , telles que le cher\'i , la poirée blanche , & la betterave. Demi livre de racine féche de la première , lui en ont donné trois gros , celle de la féconde demi once , & celle de la troiiième deux dragmes & demi. Le fucre qu'il a retiré de ces ra- cines (■*'*)eft très-pur , & comme on voit très-abondant (t). Le menftrue dont M. Margraf s'efi: d'abord fervi pour s'aflurer de l'exiftence & de la quantité du fucre des plan- tes , efi: l'efprit de vin bien reftifié , mais délirant rendre fa découverte utile , en la rendant moins couteufe , il s'eft (*) Les uftenfiles de fer peuvent être ctamés aufll facilement que ceux de cui. vre. L'inftruftion publiée à ce fujet par le Confeil Royal de commerce , femble en avoir rendu la métliode fi connue 6c fi ailëe , qu'elle eft devenue à la portée de chaque particulier. E^tnit des npréfentations du Collège de Santé au Roi de Sueiid, tendant à faire profcrire le cuivre pour la batterie de cuifine. Voyez fous l'année 1754 l'article LI. Un ouvrier très-ingénieux & excellent Citoyen (a) , a donné depuis quelques an- (") te Sr. nées le moyen d'amollir le fer battu, de rétamer d'une manière durable , de le '^'"""S- défendre de la rouille, Se par ce moyen de fe procurer une batterie de cuifine très-.'aine, plus légère, & à moins de fraix que celle de cuivre (k). m'h^^m'" *** (**) Il n'y a que la racine de ces trois plantes qui donne du fucre , ce qui _°- "j^ eft alTez fingulier ; q'.i'eft-ce donc qui le retient ainfi dans les racines .' _ '''^" '"' ' (t) Ce produit feroit encore bien plus copieux, fi l'on s'en rapponoit à une méthode d'extraire le fucre , qui ne diflére point de celle qui eft décrite dans le Mémoire de M. Mjrgrr.f , Se qui eft donnée eft'eâivement fous le nom de cet Académicien dans le V. tome des Mêhngei d'Hlftoire Knurelle de M- /^lleon Dulac. I! eft dit dans ces mêhnnes que demi livre de racines de chervi a fourni une on- ce &c demi de fucre, 8c demi livre de celles de betterave, une once !k un quart, ce qui eft bien loin des produits énoncés dans le Mémoire de M. Margraf. 8^J A R T 1 CLE XXII. » An, ■747- LU DISCOURS contenté dans la fuite d'exprimer le fuc des plantes , de pu- rifier ce fuc , de le préparer par l'évaporation à la cryftal- lifation , & de bien dépurer les cryftaux qui en prove- noient. Ces opérations font à la portée même du peuple & des pauvres habitans de la campagne , que la découverte de M. Margraf intéreffe plus particulièrement , en ce qu'elle les met fur la voie de fe procurer du fucre dans le befoin , à beaucoup meilleur marché , qu'ils ne font obligés de l'ache- ter j & cet avantage eft encore le moindre qu'on peut fe promettre des expériences de M. Margraf : il fe propofe de reprendre encore ce travail pour donner au fucre des plantes toute la blancheur (-*■) & la pureté dont il peut être fufceptible , par les moyens dont on fe fert pour pu- rifier le fucre ordinaire. La cherté & la grande confom- mation de ce dernier (**) , doivent nous foire regarder les épreuves de M. Margraf comme un objet fort intérefTant , non-feulement pour le pauvre , mais pour tous les ordres des citoyens. Les racines de panais , & les fucs de l'aloës Américain & du bouleau , &c. ont auffi fourni du fucre à notre Académicien. Le maïz , ou blé de Turquie , fournit pareillement une liqueur propre à faire du fucre , lorfqu'il eft verd ; on trou- ve dans la tige un fuc limpide qui eft très-doux: les Sau- vages d'Amérique coupent le maïz pour en tirer le fucre. On peut encore obtenir du fucre de la ouatte. ( Afdepias ., caulc erecio fimplici annuo. Linn. Hort. Clijford. 78. ) On en (*) M. Margraf a retiré du chervi un beau fucre blanc , peu inférieur à celui , . Yraité fut des cannes à fucre. Bomare , rficJ. d'Hift. Kat. in-40. tom. I. pag. 542. les (.■''(Ijices {**)M. Pringle (a) attribue en partie à cette grande confommation qu'on fait répliques & aujourd'hui du fucre , le déclin prefque général des maladies putrides. Mais on anti-feptlques. ne peut guèrcs lui attribuer l'effet dont il s'agit, fi l'on confidére que le fucre a (J) Lemcry, prefque fait oublier l'ufage du miel (i) , dont la confommation étoit autrefois beau- dlft. des dré- coup plus forte que ne l'eft préfentement celle du fucre , & qu'il ne paroît pas gués. d'ailleurs lui céder en vertu antifepiique ; plufieurs Auteurs nous difent qu'on em- baumoit autrefois les morts avec du miel CO- CO Dici, de Med. de Jamez , tom. V.pag. 11 74. PRÉLIMINAIRE. lui tire aufli des fleurs que Ton cueille de grand matin; lorf-ARTi XX II. CLE 747- qu'elles font pleines de rofée , on en exprime un fuc qui , an.n! i dpaiffi par la cuiflbn , donne du fucre (a). (a)Enc.t. Mais de toutes les plantes, l'érable eft , après la canne ^^'.- P'*^;'^' à fucre, celle qui donne le plus de ce fel ; ceux qui délire- de rAc'ad'ide roient de s'inftruire fur la nature de ce fucre, préférable ^"'^''^''°"'' peut-être pour la fanté à celui qu'on nous apporte d'Amé- rique , fur-touc au fucre raffiné , & de la manière dont on le prépare dans le Canada , où l'on en fabrique une très- grande quantité , trouveront fur tout cela des détails très-, fatisfaifans & très-curieux dans un Mémoire préfenté à l'Aca- démie Royale des Sciences par M. Gautier , qui a rélidé quel- ques années au Canada (i) , & dans un autre Mémoire /^v ^^^ . de M. Kalm , inféré dans le XIIP. tome de ceux de l'Acadé-ii. desmcni. mie Royale de Suéde , pour l'année 1751. Jondanr'" ARTICLE XXIII. ■ = Article Sur la formation des corps. LVH^i. M. Eller dans l'efîlù qu'il a donné fur cette matière , & ,, • n. ^ r r ■ w i i Voyez le» qui elt , en quelque lorte ,une fuite ou une oependance duMém. pag, Mémoire furies élémens , pourfuit le détail de fes expé-'^s- riences fur la végétation des plantes dans l'eau , 6c ayant redoublé d'attention pour avoir cette eau dans toute fa pureté , il fe confirme toujours davantage dans l'idée d'une véritable .transformation de l'eau en terre. Mais après s'être fatisfait fur cet important article , il porte fes \aies fur la partie huileufe & la partie faline des plantes, dont l'origine lui paroît un problème très-difficile à réfoudre ; une expérience très-fimple lui en offre cependant la folutioa. Ayant expofé au foleil pendant plufieurs femaines & au cœur de l'été , dans deux vailTeaux de verre foigneufement bouchés , de l'eau de fontaine diftillée durant deux fois , & par conféquent dépouillée , félon M. Eller , de toute partie hétérogène , il s'apperçut bientôt que cette eau , ^uoiqu'ex^ Liv DISCOURS ÂTTTcTTtrêmement limpide, changeoit infenfîblement de couleur, AN.v^'1748. & que pouflant de petites bulles à fa furface , elle devenoit un peu verdàtre au fond & moins tranfparente. M. Eller ayant enfuite voulu s'aiTurer du changement que cette eau avoit fouffert pendant qu'elle avoit été expofée aux rayons du foleil , il la mit par reprifes dans un alem- bic de verre , & la fit diftiller fucceiïîvement au bain-ma- rie ; il refta au fonds de l'alembic une petite quantité d'une liqueur trouble qu'il verfa dans une petite cornue de verre , à laquelle il adapta un récipient ; il pouffa le feu par dégrés , & obtint à la fin , après quelque humidité aqueufe , des nuages blancliâtres , & un peu d'huile tirant fur le rouge , femblables à ceux que lui avoit donné la rofée & l'eau de pluie , en les diftiliant après leur avoir fait fubir une es- pèce de putréfaction. Cette expérience fut un trait de lumière pour M. Eller : elle lui fuggéra, dit-il , une idée nouvelle , & de la plus grande importance pour l'objet de fes recherches ; car il ne douta plus que les rayons folaires n'introduififfent dans l'eau une matière impalpable , qui , par l'altération qu'elle y caufe , y fait naître les deux principes qu'il défiroit de connoître. Les rayons du foleil n'agiffent pas différemment fur la vafte mafle d'eau ré- pandue autour du globe , fuivant M. Elkr , que fur l'eau de fes bouteilles. Voilà donc l'origine du fel & de l'huile des plantes. Mais qu'eft-ce que cette matière impalpable que les rayons du fo- leil introduifent dans l'eau ? Eft-ce la matière des rayons mê- mes , ou le feu élémentaire pur ? Mais l'analyfe des fels & des huiles prouve qu'ils font autre chofe qu'une fimple com- binaifon d'eau & de feu ; on ne connoît même pas dans la na- (a-) Dia. j. (jg ^g|}g combinaifon (a). D'ailleurs, l'expérience de M. de Chim .a\i ^,, , . ,,. -, , ■ ,^ n r- n j- moi{,hioi;if. Eller \o\n d être déciiive , eft formellement contredite par r^ue, tom.j,gHg5 ^qM.. Margraf {b ) ,({m ayant pareillement tenu de l'eau (il) Voyei fous l'année 1751. Vexamin chimique de Veau , (J. IX, PRELIMINAIRE. lv diftillee à la chaleur du foleil pendant Te'té , n'y apperçut pas art ,77? le moindre mouvement ni la moindre altération. L'eau de M. .^. ^'"'c Margraf étoit donc fans doute beaucoup plus pure que celle de M. Eller ; aufli ëtoit-ce de l'eau de pluie recueillie avec des attentions infinies. Mais puifque l'eau de pluie ou de neige diftillee expofée aux rayons du foleil , même avec l'abord li- bre de l'air , efl: inalte'rable , il eft évident que ces rayons ne peuvent pas agir fur l'eau parfaitement pure de la manière dont le prétend M. Ellcr ('*')• Il faut donc chercher ailleurs l'origine de l'huile & du fel des plantes j & on la trouvera dans l'air , où ces fubftances , ou du moins leurs matériaux , font abondamment répandus. Ces matériaux introduits dans la plante , avec l'iiumidité que pompent les feuilles , comme M. Eller le reconnoît lui-même , d'après les expériences de Haies & de Miller , y éprouvent des élaborations & des mo- difications nouvelles , qui donnent naiffance à toutes les elpè- ces de fubftances huileufès & falines , gommeufes & réfineu- fes , &c. que nous offre le régne végétal. =«!«=!^ ARTICLE XXIV. \"iV'' Sur Vufage des corps diaphanes de Michelius dans les cham- pignons à lames. M. Gleditfch nous fait envifager les corps diaphanes de Mém. pag. Michelius comme des organes fecondaires de la fécondation, ^'^^• non- feulement dans les champignons à lames , mais encore dans la fleur du lys blanc, dans celle du melon, &c. ou notre favant Botanifte les a découverts. ARTICLE XXV. XÏVTTTt XXV. Sur les Vifcères. ann. .748. Ceft ici la dernière pièce de M. Lieberkûhn , qu'on trou^ Voyez lej Mém. pag, (*) Selon un très-grand Chimifte (M. Venel) , h corporification ées rayons iu fo. U\\ n'eft pourtant point une opinion dépourvue de tOUt mOtif de frçbabilité, EnÇycJop. tom. VIII. au mot infohtion , pag. 791, Lvi DISCOURS ''^^fTTfîvera dans ces Mémoires; quoique très-courte, elle ne peut ^ Vx v!" ^ q^j'ajouter à Tamertume de nos regrets fur la perte d'un *""■ "■^' homme qui avoit des vues fi élevées pour la perfeftion de l'Anatomie. Pourquoi faut-il que tant d'hommes qui ne font que charger la terre d'un poids inutile , & tant d'autres qui ne femblent nés que pour le malheur de leurs fembla- bles , pouflentleur vie fort au-delà des bornes ordinaires , tandis qu'un Lieberbiihn nous eft enlevé à 46 ans ! Mais re- primons des murmures que rien ne peut autorifer ; ado- rons dans le fouverain arbitre de la vie & de la mort le droit qu'il a de difpofer de fes créatures félon les vues de fon impénétrable fageffe : ne cefTons de nous pénétrer de cette grande & coniblante vérité , qu'il fait infiniment mieux que nous , ce qui convient à chacun de nous ; 6c en jouif- fant , autant qu'il nous eft pofFible , des fruits du génie de ces hommes rares & fublimes qui ont été en fpeûacle au monde par des talens extraordinaires , modérons notre douleur, lorfqu'ils nous font ravis avant le tems, pour^aller jouir d'une meilleure vie , dans le fein de cet être fuprême , qui s'étoit plu à les combler de fes dons les plus précieux. M. Lkherkuhn fait part au public dans fon Mémoire , de deux efpèces d'injeûions qu'il croit très-fupérieures à celles de Ruyfch pour nous faire connoître la ftrufture ^ intime des plus nobles organes de notre corps ; & plus^ généreux que ce fameux Hollandois , l'illuftre Lieberkiihn n'en a point fait un fecret , & n'a pas voulu enfévelir fon art avec lui. Ses préparations anatomiques forment une des plus belles coUeaions qui foient dans l'Europe entière ; elles feroient dignes de fervir d'ornement au cabinet d'un Souverain. Pierre le grand voulut enrichir le fien de celles de Ruyfch , qu'il recompenfa magnifiquement , quoique Ruifch ne fût pas né dans fes Etats. Frédéric le grand , en s'appropriant celles du fameux Lieberbiihn , & faifant reffentir à la famille de cet illuftre mort les effets de fa munificence Royale , ho- noreroit T I C L E PRÉLIMINAIRE. lvii noreroit la mémoire d'un de fes fujets qui a fait le plus a r grand honneur à une Académie dont les travaux, auxquels f^^.'^^^e. ce Monarque Philofophe n'a pas dédaigné de s'airocier (■*■) , répandront fur fon régne une gloire plus durable , & plus chère à fon grand cœur , que l'éclat de fes viftoires. On verra dans VAppendix qui termine ce Recueil, un lé- ger précis des préparations anatomiques de M. Lieberkiihn. Il feroit à fouhaiter , qu'à l'exemple de Ruyfch , & de tant d'autres Anatomiftes , M. Lieberkiihn eût eu le tems de faire graver , ou de graver lui-même ces belles préparations C"*). C'efl: un fervice que l'Académie Royale de PrufTe pourroit rendre aux amateurs de l'Anatomie ; elle leur feroit partager l'admiration dont elle a été tant de fois faifie elle-même à la vue de ces chefs-d'oeuvres de l'art de fon Lieberkiihn , il toutefois la gravure la plus favante peut en tranfmettre dignement la repréfentation. Heureux ceux à qui il eft donné de voir & d'admirer de près de telles merveilles ! ARTICLE XXV L -=**—= A rt T 1 c L p Sur l'huile & V acide des Fourmis. xxvi. Il y a deux fortes d'huiles dans les fourmis , l'une efTen- tielle & odorante , l'autre graffe & expreflible (f); celle- ci n'étoit point connue avant M. Margraf (ft)- A l'égard de l'huile cfTentielle , Neuman , dans les Ephêmerides à'Alle- (*) Non content d'avoir monté fa lyre fur le ton le plus fublime pour célébrer le renouvellement de l'Académie , qu'il vivifie autant par fon génie & par fon exem pie, que par la glorieufc & puilfante proteflion dont il la fait joui-, ce eî-and Prmce , digne de commander aux hommes , puifqu'il fait les éclairer, a voulu conligner dans les Mémoires de cette illuftre Compagnie 1 Hiftoire de fes augures Aveux 8c plufieurs difleriations philofophiques fur les fujets les plus nobles &c les pliis'im- portans , tels que la Religion , les Lois , le Gouvernement, les Sciences & les Arts. ( ) Il etoit occupé de cet objet lorfque la mort le furprit. Voyez fou éloes à la fil) de l'année 1756. ° ' j ^11 H^, ^°"''?^''^* ''^ Trévoux les a confondues en rendant comptedu Mémoire ae M. Mjrgra/dans le 2 vol. de Juillet 1752. rin *^ 'i.^îl ''" '^^"^ '^ "^^""^ volume du Journal de Trévoux-, que fuivant Ic rapport d vîWroFa^ide , on exi>rime depuis long- tems de l'huile du fcorpion. h Akm. 174J. LYiii DISCOURS ÎÏTfffr magne , & dans fes prœUcîiones chemicœ (a) , dit avoir tiré li^^ï' ^"^ huile aromatique , & d'une odeur très-gracieufe des fourmis ; phénomène très-furpreioant , dit M. IVallerius (b) ., (a) Tom. j^^gjg qui n'a rien d'impoffible. fiiiv^ 304- Quant à l'acide , tout porte à croire qu'il efi: très-dëve- {b) Voy. loppé dans ces infeftes. Les fleurs bleues qu'on jette dans ei"r?a'fuitc ^^"^ fourmillière y deviennent rouges (■^). C'eft encore pro- de la Aline- bablement par cet acide , que les pierres fur lefquelles les four- raiogie. Pa- ^^-^ paflënt & repalTent fouvent en font à la fin rongées ('*"^)« L'acide paroît encore plus libre & plus développé dans la grande chenille de faule à queue fourchue. Le célèbre M. Bonnet a prouvé dans un Mémoire envoyé à l'Académie ((r)Voy. le Royale des Sciences (c) , que la liqueur que cette chenille tom. H. des £ j^ jaillir efl; un véritable acide & un acide très-aûif Et Mem. pre- > 1 / j ' • fentéspardi. en efiet, elle lui en a donne des marques non équivoques. vers fçavans, Quelques gouttes que M. Bonnet en fit tomber fur fa lan- les Tranfaa. gue , y cauferent une impreflion femblable à celle qu'y auroit phiioibphiq. produit le plus fort vinaigre. Une grofTe goutte de la même no. '470*.^" liqueur, introduite dans une petite^incifîon , que notre Auteur s'étoit fait au doigt avec un fcalpel , lui caufa une douleur prefque infupportable. Le fang qui couloit de la plaie fe figea , & prit une couleur plus foncée {;\J. Enfin la liqueur dont il s'agit a rougi fur le champ le papier bleu , & les fleurs de chicorée fauvage. Boerhaave a prétendu , & Ton penfe affez généralement (*) Dia. raif. d'Hift. Nat. par M. V. de Bomare , tom. II. p. 455. de la pre- jnière édition. (**) 11 s'élève d'une fourmillière ime vapeur d'une odeur forte Se defagréable , qui produit des effets très-finguliers ; elle tue en peu de minutc-s une grenouille vivante qu'on y expofe ; elle fuftbque même les fourmis dont elle s'cxhaJe , fi on les tient renfermées en grande quantité ; elle fait fur la peau l'etiet des véficatoi, res , 8i caufe des accidens eft'rayans. M. Roux , Médecin de la faculté de Paris , U. Auteur trèseftimé du Journal de Médecine', qui en a relfenti les effets, nous a donné dans fon Journal fur cette vapeur un morceau très-curieux , qu'on trouvera dans VAcjieniix. (t) Tel eft l'effet du vinaigre fur le fang; voyez art. XL. ann. 1751. les expe- ïieQces de M. EUec PRÉLIMINAIRE. lix d'après lui , que dans l'état de fanté , il n'y a jamais hors article des premières voies de l'acide pur & développti , & cela A^i.f.^40. paroît être vrai, en général , pour l'homme, & pour les animaux qui ont avec lui le plus d'analogie ; mais les infec- tes forment , comme on vient de le voir , & comme le re- marque M. Bonnet (a) , une exception conlidérable à cette ,^^ ^^^ régie , dont on a prefque fait une loi dans l'œconomie ciié. animale. ARTICLE XXVII. l^TTTTrî XX vu. Sur l art de couver les œufs ouverts. ann. 1749. Nous fommes redevables de cet art ingénieux , qui peut de- Voyez les venir utile , à M. Beguelin , Auteur de plufieurs excellens Mé- ^^^^' P^'^" moires de Métaphylîque , qui fe font diftinguer très-avanta- geufement dans la claiTe de Philofophic fpéculative. On fait combien des obfeivations fuivies fur les œufs peuvent ré- pandre de jour fur les progrès fucceOifs du développement du poulet , & par analogie , fur celui des fétus des vivipares. Auffi le grand Hippocrate ^ qui paroît avoir eu des vues aulll élevées pour la perfeftion de la théorie de la Médecine , que pour la pratique de cet art , a-t-il fait des obfervations de ce genre , & les a-t-il confeillées aux autres dans fon traité de na- turâ pueri , mais très-inutilement. Ce n'efl: guère que depuis en- ~ viron i 50 ans que Fabrice d'Aquapendente, Harvée à jamais cé- lèbre par la découverte de la circulation du fang , & fur-tout l'immortel Malpighi , ont commencé à les reprendre. Ils ont été fuivis de plufieurs autres, à la tête defquels il efi: jufte de placer l'illuftre Baron de Haller , qui, en étendant & perfeftionnant les découvertes de ceux qui l'ont précédé dans cette carrière , a cru pouvoir en conclurre avec une certitude équivalente à la (*) Voye» démon ftration, la préexiftence du germe à la fécondation (^)- rlrt'j^vV Mais aucun des Obfervateurs que nous venons de nommer de ce dii- ' ne s'étoit avifé d'obferver la gradation des accroifTemens du """ ' P^S- poulet dans des œufs ouverts. Cette méthode a cependant deux '{^*^|' °°'' hij A R T I C L E X X V l I. Ann. 1749. Lx DISCOURS ' avantages confidérables : on fuit ces accroiflemens de plus près qu'il n'a été poffible de le faire jufqu'ici , & fur le même ani- mal ; chofe d'autant plus importante , que le développement du poulet fe fait très-inégalement dans des œufs qu'on a mis à couver en même tems , étant fort accéléré dans les uns , & très-retardé dans les autres , fans compter que ce dé- veloppement s'exécutant un peu moins vite dans les œufs ou- verts , comme M. Beguelin croit l'avoir remarqué , il fera plus facile d'en obferver les progrès. La feule difficulté qui fe préfente ici eft la moifiiTure , dont il n'efl pas facile de garantir les œufs qu'on découvre trop fouvent ; mais outre qu'il ne feroit peut-être pas abfolument impoflible de la prévenir , l'expérience a convaincu M. Begue- lin que le poulet peut continuer à vivre au moins quinze jours dans un œuf ouvert , fans que la moifiiTure s'en empare , & il ne défefpere pas même qu'on ne puifle le conduire à terme ; d'ailleurs , ne fit-on que des efforts inutiles pour l'y amener, on n'en auroit pas moins recueilli le fruit de fes peines , ce qui s'offre de plus intéreffant dans la formation du poîilet étant l'ouvrage des quatre premiers jours , & l'animal fe faifant voir dès-lors à l'œil à-peu-près tel qu'il fe montre à la fin de l'in- cubation. Pour conduire facilement le germe à l'ouverture de l'œuf, M. Beguelin étoit obligé de faire fortir une partie du blanc (■^), qu'il lui rendoit enfuite , fans inconvénient pour ÏQmhryon. L'ingénieux Académicien conjeûure de-là, qu'il feroit peut-être poffible de fubftituer au blanc de l'œuf de poule qu'on veut mettre à couver , celui d'un autre oifeau , fauvage , ou domef- tique , & que le poulet par\'înt à fe développer , malgré cet échange. On conçoit que fi ces expériences délicates avoient le fuccès qu'on ofe en attendre , on pourroit aile'ment les va- rier beaucoup , tant relativement au blanc qu'aux germes. li (•) Quelques expériences de M. Beguelin lui font prérumer qu'il fuffiroit peut-êtrç pour cela de tenir l'œuf pendant cinq à fe jours verticalement fur le petit bout. R T i C L £ PRÉLIMINAIRE. lxi feroît curieux d'obferver quelle alte'ration cette nourriture .X étrangère apporteroit à l'animal, & iî de telles expériences ann^^74^ ne vont pas jufqu'à nous donner de nouvelles efpèces, dit M. Beguelin , elles répandront du moins beaucoup de jour fur la queftion qui partage encore aujourd'hui les Phyliciens, touchant l'organifation ou la non-organifation du germe , avant l'incuba- tion c^). Le favant Académicien s'efl: fervi pour fes expériences d'un cylindre de fer blanc , où les œufs étoient couverts d'une eau échauffée par un feu de lampe. Comme cette chaleur eft à- peu-près la même que celle de l'eftomac de l'homme , M. Beguelin fouhaiteroit qu'on employât cette efpèce de fourneau à étudier les altérations que la feule chaleur eft capable d'oc- cafionner fur les matières alimentaires folides & liquides , & les réfliltats du mélange de divers fucs entr'eux & avec notre fang , & à pluiicurs autres ufages qu'il laifle aux Médecins à imaginer. La première \Tae de yi. Beguelin a été fupérieurement rem- plie , d'abord par M. Pringle {a) , à qui il en a peut-être fait naître l'idée , & enfuite par M. Macbride (b) , & par l'eftima^ ble Auteur de VEjJ'ai pour fervir à lliiftoire de la putréfaclion (c) ; & la féconde a été du moins ébauchée par M. Eller (dy M. Beguelin, chargé des occupations les plus importantes fe^y déclare qu'il fe feroit un fcrupule d'accorder plus de tems à ces expériences , & qu'il laiffe aux curieux qui peuvent difpofer de leur loifir à faire ufage de fa découverte , & à donner au pu-. blic une hiftoire bien fuivie du développement des embryons. (*) Comment ces expériences décideroient-elles la queftion de J'organiration du germe avant l'incubation ! Cette organiiation n'cft-elle pas indépendante du blanc de l'œiif .' (a) Traité fur les fub/tances feptiquei & anù-feptiques, (i) EJJ'aifir h fermentation des mélanges alimentaires. (c) in-So. Paris 1766. (J) Koyej ci~aprisfous l'année 175 1. art. XL. Us expériences de M. EUcT fur h faag. humain. (e) // paroU qu'il {toit alors Prétepteur ou Gouttrneur de qutlw Priott de la fatn.iU% Royale. ' ■ Article. XXVIl. AsN. 1749. Lxn DISCOURS Nous l'avons aujourd'hui, cette hiftoire , relativement au pou- let , dans les excellens Mémoires de M. le Baron de Haller. Il ne pai-oît pas cependant qu'il ait eu d'abord connoiffance de l'invention de M. Beguelin. Comment étoit-elle e'chappëe à fa vafte érudition (a) ? Quoiqu'il en foit , le Mémoire dont nous venons de tracer une légère efquilfe , donne la plus haute idée des talens de fon Auteur pour l'obfervation 6c la Phyfique expérimentale. Son ftile , qui eft d'une correftion ôc d'une pureté continues, nous fournit un nouveau motif de regretter qu'il ne reparoifle plus dans cette Colleftion. Nous ofons l'inviter à ne pas fe livrer tout entier à la Métaphylique ; l'étude de la nature eft bien aufTi digne de l'occuper que cette fcience obfcure & contentieufe , où il eft ii difficile de fe former des principes dont on foit fatisfait foi-méme , & bien plus difficile encore de les faire recevoir aux autres. ^__ ARTICLE X X I X. (i; Ai^TicLE ^j^f. y^ nœud OU ganglion nerveux nouvellement découvert , & Ann. 1749. fur l'ufage des ganglions dans les nerfs. Voyez les C'eft ici le fujet du premier Mémoire du célèbre M. Mec- Mém. pag. ;te/ , dont le nom reparoîtra fouvent dans ce Recueil. Ce Mé- *^'' moire embraffe deux objets, comme fon titre l'annonce, fa- voir, 1°. la découverte d'un ganglion, échappé jufqu'à notre Auteur aux recherches de tous les Névrologiftes (*^ , & z'*. l'examen phyfiologique de l'ufage des ganglions. Nous allons nous borner dans cet Article à donner une légère idée de la théorie que M. Meckel s'eft formée fur ce dernier point ; nous renvoyons au Mémoire même pour le premier , les détails (a) Le Mémoire de M. Beguelin efl cité par M. de Haller dans le dernier volume de fa grande Phyfiotogie. ib) L'Article XXVIII. manque , mais cette erreur n'eft que dans le chiffre ; il n'y a point d'interruption dans les Mémoires. (*) Ce ganglion appartient au fécond rameau de la cinquième paire des nerfs ; l'Au- teur y trouve l'origine , tant cherchée , du nerf intercoftal. PRÉLIMINAIRE. LXIII purement anatomiques n'étant pas fufceptibles d'analyfe. TTVTfff Quelle eft la fin que la nature a pu fe propofer en faifant a^n'^.-''' pafler la plus grande partie des nerfs , qui fervent aux fonc- tions vitales & naturelles , par des ganglions ? C'eft une queA tien fur laquelle les fentimens ont été fort partagés. On peut néanmoins réduire à trois , ceux qui ont eu le plus de cours. Le premier , fuppofe dans les ganglions une ftrufture nuif- culaire , & les fait fervir à diriger & à accélérer le cours des efprits. Mais cette ftrufture eft démentie par TAnatomie. Le fécond, fait envifager les ganglions comme modérant la. force des ébranlemens , qui tranfmis au cerveau fans diminu- tion , feroient capables de porter le trouble dans l'origine commune des nerfs. Mais on remarque que les nerfs qui ont le plus de ganglions , comme l'intercoftal , tranfmettent très- promptement & très-vivement à l'ame les impreflions qu'ils ont reçues. Les cruels fymptômes de la paffion hyftérique en fourniffent une preuve fans réplique. Enfin , le troilième fentiment établit que les ganglions font autant de petits cerveaux , deftinés à filtrer les efprits. Ce fen- timent eft appu)^é fur ce que les ganglions font plus rouges & plus abondamment pourvus de vaifleaux que les nerfs. Mais perfonne n'ignore que l'organe de fécrétion des efprits eft d'une mollefTe & d'une délicatefle extraordinaires. Laden- fité & la dureté très-remarquables des ganglions , annoncent une autre deftination. Aucune de ces théories ne fatisfaifant M. Meckel, elles n'ont pu le fixer. Ses recherches & fes réflexions l'ont conduit à une opinion , qu'il ne craint pas que la nature défavoue. La ftrufture de tous les nerfs pourvus de ganglions , indique évi- demment un triple ufage dans les derniers. Le premier , de divifer un petit nerf en plufieurs autres ; le fécond , de diftri- buer commodément les nerfs par des directions différentes, & fouvent oppofées, aux diverfes parties où ils vont fe ren- dre ; & le troiiième , de réunir plufieurs petits filamçns ner- veux en un feul tronc. Lxiv DISCOURS aTtTTTT Quant au premier ufage , qui eft de divifer les nerfs , il fe ann^V749. montre fî fenfîblement dans pluiieurs exemples cite's par M. Meckel , qu'il ne penfe pas qu'il puifFe être révoqué en doute par quiconque aura la moindre teinture de l'Anatomie. Bor- nons-nous ici , pour abréger , au ganglion femi-lunaire , le plus grand de tous ; ce ganglion , formé par les cordons , afTez grêles , des nerfs fplanchniques , ne laiffe pas de fournir cette prodigieufe quantité de ramifications nerveufes qui vont fe difperler dans toute la maiîe des inteftins grêles , & des au- tres vifcères adominaux. Si l'on concluoit de ceci que M. Meckel attribue aux gan- glions la propriété de multiplier réellement les filets nerveux , & qu'il les regarde comme autant de petits cerveaux , qui donnent naiilance à de nouveaux nerfs , on n'auroit point du tout faiii fon idée. Il penfe feulement que les ganglions opè- rent la divifion des fibres nerveufes de chacun des nerfs qui les traverfent ; & voici comme il conçoit que cela fe fait. On fut que tout gros tronc de nerf, eft un aiTemblage de filamens nerveux ou médullaires , ( dont les derniers par leur infinie petitefTe , fe dérobent à la vue & au microfcope, ) réimis fous une enveloppe commune , fournie par la dure-mere. Cette enveloppe- pénétrant dans fintérieur du nerf, donne encore une enveloppe particulière à chaque filament nerveux , juf- qu'aux plus petits. Mais en traverfant les ganglions , les nerfs fè dépouillent de la dure-mere , qui celTant de lier & de main- tenir unis les filets nerveux , leur permet de fe divifer , & de former un plus grand nombre de nerfs , à leur fortie du gan- glion , ce qui eft prouvé par le fait. Ce dépouillement de la dure-mere eft indiqué d'ailleurs par la moUeiïe & la rougeur des nerfs qui paffent par des ganglions. Cette couleur leur eft communiquée , très-probablement , par une enveloppe cellu- laire , qu'ils reçoivent des ganglions mêmes , pour leur fervir de défenfe , au défaut de la dure-mere , qui les abandonne , n'étant nullement vraifemblable que les filets médullaires mê- mes, PRÉLIMINAIRE. lxv mes , fubiffent un pareil changement , & dépouillent la cou- art . ci. e leur blanclie qui leur eft naturelle. a^,. ,-^8. De cette réparation des filets nerveux dans les ganglions , il en réfulte encore cet autre avantage , que les nerfs , en plus grand nombre , qui en fortent, peuvent très-commo- dément fo diftribuer , fuivant toutes les direftions polTibles , aux diflFérentes parties auxquelles ils font deftinés. Du gan- glion méfentèrique , par exemple , comme d'un centre , par- tent ou rayonnent une infinité de nerfs , qui vont fe dilperfer à tout le canal inteftinal , au foie , à la rate , aux reins , &c. en fuivant la diftribution des vaifleaux , ce qui n'auroit pu fe faire avec la même facilité , & fans de très-grands in- convéniens, s'ils avoient tous été obligés de traverlêr l'ab- domen & la poitrine. Les nerfs cardiaques établiflent encore la même vérité. Quoique très-nombreux , ils fe rendent fans peine au cœur , en partant du ganglion cardiaque & du pre- mier thoracliique , au lieu que s'ils avoient été forcés de def- cendre par le col, il s'en feroit enfuivi ce double incon- vénient , qu'ils eulTent pu être ofFenfés plus facilement , & qu'ils auroient eu plus de peine à pénétrer la fubftance du cœur dans tous les fens. < Par les principes que nous venons d'expofer , on peut voir pourquoi la nature n'a pas accordé des ganglions aux nerfs deftincs au mouvement mufculaire & aux fenfationS. Ils ne pouvoient fe pafTer d'une forte enveloppe pour n'être pas blefles , foit par l'aftion des mufcles , foit par les caufes extérieures ; aufli font-ils tous revêtus de la dure mère ; la nature ne diftribue les nerfs par des ganglions , que lorf- que ces derniers fe trouvent renfermés entre des os , ou litués dans les grandes ou petites cavités du corps , cm ïli font défendus par les parties molles entre lefquelles ils fê trouvent placés. Une autre raifon confirmative de la théorie de M. Mechel , , eft que les nerfs qui fe rendent aux mufcles , s'y diftribuent A R r I C L E Lxvi DISCOURS tous fous des angles très-aigus & prefque paralle'iement aux ^xxix. j^i^res mufculaires , à moins que quelque os ou quelque ar- tère ne les obligent à fuivre un autre direction. Après avoir vu que le principal ufage des ganglions , dont il a été queftion jufqu'ici , eft de procurer la it'paration des filets nerveux qui les traverfent , on fera peut-être furpris qu'il y en ait d'autres qui font un effet tout contraire , c'eft- à-dire qui re'unilTent un grand nombre de filets en un feul tronc. C'efl: néanmoins ce qui a lieu à l'égard de tous les ganglions de la moelle épinière , où les filets médullaires qui partent de la partie antérieure & poftérieure de cette moelle , vont fe réunir. Ces filets font peut-être une conti- nuation de la fubftance médullaire du cerveau & du cerve- velet , confondue dans la moelle allongée , dont celle de l'épine eft une prolongation. Et c'eft peut-être , conjefture M. Mcchel, pour unir ces deux fortes de filets , que les nerfs de l'épine font pourvus de ganglions , outre qu'ils don- nent encore plus de folidité aux fibres de la moelle épinière , qui fans eux auroient pu être expofées à des tiraillemens douloureux dans ^ les différentes inflexions de la colomne vertebi-ale. Au refte , ces ganglions différent encore des au- tres 5 en ce qu'ils ne donnent point de tunique particulière aux nerfs qui en forïent. Ceux-ci font tous revêtus de la dure mère de la moelle épinière , parce qu'ils avoient befoin d'une enveloppe plus forte , ayant à fe diftribuer dans les mufcles; aufTi leur couleur n'eft-elle pas la même que celle des autres nerfs traverfés par des ganglions. On ne peut nier que les idées phyfiologiques de M. Mechel fur l'ufage des ganglions , ne foient très-féduifantes, & n'aient du moins une grande apparence de vérité. Cependant les vues de la nature font fî fouvent impénétrables , que les plus grands hommes ne peuvent pas toujours fe flatter de les avoir bien faifies , quelque attention qu'ils apportent à l'interroger. Nous n'avons garde de dire que notre Académicien foit dans .tuu. PRÉLIMINAIRE. -Lxvii ce cas: mail il voudra bien nous p^Finettre d'obferver , que article là théorie , quoique très-iimple , très-ingénieu(ê 6c portée au aw». 1749. plus haut degré de vraifemblance , a été contredite par des Auteurs infiniment refpeftables , tels que MM. le Cat & Monro. Celui-ci la combat dans fa defcription des nerfs du corps humain , ouvrage excellent , qu'on a joint à la traduc- tion françoifè du traité de M. Wfiitt {aj furies maladies ner- (a)Paris veufès ; & le premier dans une réponfe au Mémoire de M. ^ ^'o'- '« i»- Zinn fur Tenveloppe des nerfs , réponfe qu'on trouve à la fuite du traité fur le mouvement mufculaire (è) couronné par j. ?'')^'^|'é- l'Académie Royale de PrufTe en 1755. Nous reviendrons en- en a donné à core à cet objet en rendant compte du Mémoire de M. Zinn. J^o"<="' ^^"s M. Tarin a donné fur ce fujet des idées très-fingulières Berlin. dans le VII. vol. de l'Encyclopédie au mot ganglion. Il pen- che à croire que les ganglions des nerfs ne font pas des or- ganes purement naturels, mais le réfultat des frottemens & des tiraillemens auxquels les nerfs font expofés dans les dif- férentes parties du corps ou on les rencontre. Nous doutons que cette doûrine trouve beaucoup de partifans. Cependant comme l'article de' M. Tarin eft court , intéreflant & cu- rieux , nous avons cru faire plaifîr aux lefteurs en lui donnant place dans VAppendix. ARTICLE XXX. -Ikk- Article Sur une nouvelle méthode botanique. ann.' X XX. 1749. Nous renvoyons entièrement aux Mémoires pour le nou- voyez les veau fyftême des plantes compris dans cet Article. Il eft de Mém.p.iS^. l'invention de M. Gleditfch ; le nom feul de fon Auteur doit en faire prendre une idée avantageufe, mais ce n'efl: qu'aux plus grands Botaniftes qu'il appartient de l'apprécier. Voici le ju- gement qu'en a porté M. Adanfon , de l'Académie Royale des Sciences , dans fon bel ouvrage intitulé: Familles des ,, „, plantes (.). .-J.'pÏÏ- » Il n'y a guère de fyftême plus fimple & plus aifé dans '^^j. Article X XX. A.NK. 1749- aliK. Lxviii DISCOURS 51 l'ordre des divifions & fubdivifions des clafTes , & il y en 11 a peu de plus difficiles pour étudier la Botanique. » Pré- face pag. LXV. Nous ne craignons pas que M. Gkditfch nous fâche mau- vais gré d'avoir rapporté ce jugement d'un des plus cé- lèbres Botaniftes de l'Europe fur fon fyftême -, l'opinion que nous avons de fa candeur & de fes lumières , nous perfuade qu'il y déférera , s'il le trouve jufte , iinon , qu'il faura bien défendre fa méthode (*). ARTICLE XXXI. Article .^'^^'- Sur une fécondation artificielle du Palmier. Ann. 1749» -^ -^ „ Le Mémoire que M. Gleditfch a donné fur ce fujet eft l'un mm.l\oi. des plus curieux de cette CoUeûion ; le favant Académi- cien étant parvenu à féconder avec les fleurs d'un palmier mâle , un palmier femelle qui n'avoit jamais donné du fruit , & ayant étendu fes expériences avec le même fuccès à d'au- tres arbres , tels que le lentifque , le térébinthe &c. il en conclut que la théorie du fexe des plantes eft appuyée fur des fondemens inébranlables. Cette théorie vient cependant d'être attaquée par M. Alfion , célèbre Profelîeur de Botanique , dans un très-long Mémoire inféré dans le premier volume des effais phyfiques & littéraires de la Société d'Edimbourg. ARTICLE XXXn. i^^'jm II Vxxu^ •^"'' ^^ génération des Champignons. Ann. 1749- -^ GUditfch a fait fur la génération des champignons une Voyez les faite d'expériences qui ne peuvent manquer de paroître très- Mém.p.2o6. intéreffantes ; il les expofe dans un affez grand détail, & d'une manière fort inftruftive. (*) On annonce dans les nouvelles littéraires du Journal Encyclopédique , première partie de Novembre lyôj., png. 141 , une nouvelle édition du fyftême de IVI. Glediifch ; la première fut donnée à Berlin il y a plus de vingt ans; mais celle-ci doit être regardée, dit-on , comme un ouvrage nouveau , par les additions confidérables du favant Editeur qui s'en eft chargé. Il y a apparence que ces additions auront été fournies par l'Auteur même , ou qu'elles rentrent dans fes principes. PRELIMINAIRE. lxix ARTICLE XXXIII. W\Mc Sur un efjain prodigieux de fourmis , qui rejj'emhloit à une """ '''"' Aurore Boréale. M. Gleditfch , après avoir été témoin de ce curieux fpec- î,\Jm.^L^ tacle , le décrit en Phylicien & d'une façon très-agréable. ^'o- ARTICLE XXXIV. - >», . Sur la fertilité de la terre. xxxiv. • . 1 , ' Ans, 1749 Il n eft point de fujet plus intéreiïant que celui de cet ar- voyez les ticle , & aucun peut-être qui ait été plus négligé. Mais Té- ^^^- P^s- tude de l'Agriculture , après avoir plus ou moins langui en Europe depuis la chute de l'Empire Romain , vient enfin de le ranimer parmi nous & chez nos voifins. Les Princes com- mencent à l'honorer de leurs regards , les gens de lettres s'en occupent avec ardeur, & trente Académies travaillent à fes progrès. PuilTe ce concours de la puiflance & des lu- mières fe perpétuer d'âge en âge pour le bien de l'humanité, & préparer à ceux qui nous fuivront des jours plus for- tunés que ceux où nous avons vécu ! M. Eller , Auteur du Mémoire qui va nous occuper, exalte avec raifon les foins diftingués que les Grecs & les Romains ont confacrés à l'agriculture. Les derniers fur-tout , en re- ■ montant aux premiers fîècles de la République , l'ont plus ho- norée qu'aucun des autres peuples. C'efl: un {peftacle ravif- fant pour le fage , & qui arrache des larmes d'admiration , que celui d'un Cincinatus tiré de la charrue , pour fervir de rempart à la patrie menacée du joug étranger & déchirée par fes propres enfans , repouflant l'ennemi du dehors , ré- tabliflant le calme au dedans , & retournant enfuite , après avoir dépofé le fardeau de la fouveraine puiflance , cultiver de fes mains viâorieufes quelques arpens déterre qui fuffifoient à fes befoins. Voilà , n'en doutons pas , voilà la folide , la véritable grandeur. Rome pauvre & vertueufe eft mille fois Lxx DISCOURS TTtTTTI plus refpeftable que Rome riclie , triomphante , & enchai- , A^NN.^/-.!?. ii3"t l'univers , en attendant qu'elle s'enchaîne elle-même. M. Eller attribue la nouvelle ardeur qu'on montre aujour- d'hui pour l'Agriculture , à l'emprefîement qu'ont eu les curieux de fliire venir de toutes les parties du monde connu les fleurs & les fruits les plus rares , & aux peines qu'ils fe font données pour les naturalifer dans nos jardins. J'aime mieux croire , pour notre honneur , que ce renouvellement d'ardeur eft la fuite de cet efprit philofophique qui fe porte avidement fur tous les objets d'une utilité générale , & qui cherche à éclairer la pratique de tous les arts qui intérêt fent de plus près l'humanité. Dans le fiècle dernier , où les arts agréables portèrent des fleurs dont l'éclat ne fera ja- mais terni , on n'étoit pas moins paflionné pour le jardi- nage C"^) qu'on peut rêtre de nos jours , & cependant les travaux de la campagne n'occupoient que le laboureur , le fyftéme de politique qui prévaloit alors favorifant trop les manufadures , aux dépens de la culture des terres , & l'eC- prit philofophique , qui ne s'étoit pas encore montré aux hommes , ne leur ayant point appris combien cette pohti- que eft faufle & dangereufe ; c'eft cet efprit philofophique , dont plufieurs Ecrivains ont abufé fans doute , mais dont un plus grand nombre a trop méconnu les avantages , qui a ra- nimé de nos jours le goût de l'agriculture , & nous a ra- menés aux principes de l'immortel Sully , en nous fùfant préférer , du moins dans la fpéculation , la culture des ter- res , & généralement tous les arts utiles , à ceux qui ne fervent qu'au luxe ou à nos plaiiirs. Telle eft aujourd'hui , grâce à la philofophie à laquelle notre liècle feroit réde- v'able de fa plus folide gloire, & les hommes de leur bonheur, fi elle relpeftoit toujours la religion , autant qu'elle mérite (*) Cet art créé , fous Louis XIV, par la Quintinie pour l'utile , 8t par le Notre pour l'agréable , eft peut-être de tous les arts de goût , celui qui a le plus dé- généré parmi nous, Encyclop. tom. YlII. pag. 459, PRÉLIMINAIRE. lxxi de rétre , telle efi: , dis-je , la dilpofition ge'nérale des efprits article dans la partie penfante de la nation , faite pour donner le a.nk.^749". ton à l'autre. Mais pour qu'elle produife les fruits qu'on eft en droit d'en attendre , il faut ne'ceflairement , comme nous l'avons déjà inlinue' , le concours de l'autorité ; il faut que le Prince oppofe une digue puiiTante au torrent des mœurs qui, malgré nos lum.ières , nous entraîne à la frivolité; qu'il accueille & protège le philofophe qui tend une main fecourable au labou- reur & à l'artifan , livrés à une aveugle routine , & qui fait luire à leurs yeux étonnés le flambeau de la fcience. Sans cette proteûion , agiffante & efficace , qui fait concourir l'efprit des uns , & les bras des autres au bien général , ce feroit en pure perte qu'on établiroit des Académies d'Agriculture. Ces favantes Compagnies compoferont fans doute de fort beaux Mémoi- res , mais le revenu de nos terres n'augmentera pas. Si l'hom- me de lettres ne va lui même dans les campagnes , comme pluiieurs de nos plus refpeftables Académiciens ont été dans les atteliers (*), & s'il n'eft autorifé à s'y faire écouter , il n'enfantera fouvent dans fon cabinet que des fyftémes , comme M. Eller s'en plaint avec raifon , & le cultivateur opiniâtre- ment attaché à fes ufages , à moins qu'on ne lui faffe une falu- taire violence , s'en tiendra toujours à ce qu'il a \\\ pratiquer. Le but que fe propofe ici M. Eller eft de foumettre aux épreuves chimiques les différentes matières qui compofent la première couche de la terre. Cet examen pouvant feul nous faire juger de ce qui en fait la fécondité , notre Académicien s'étonne avec fondement qu'on l'ait abfolu^ ment négligé. Avant de paiTer à fes expériences , il établit , d'après l'illuA _(*) Après les encoiiragemens donnés à ragriculture , rien de plus digne dg ramour du Roi pour Tes peuples , de la fagelTe du gouvernement, & du zélé dont l'Académie Royale des Sciences eft animée pour le progrès des connoiiTan. ces utiles , qui eft la fin de fon inftitution ,que la nombreule deleription des ans qu'elle a tait faire par plufieurs de fes membres les plus diftingués , Bi dont elle conunue à gratifier le public. Lxxil DISCOURS A R T . c fï tre M. Pou , la divilion générale des terres , dont il forme Ll!^i\]9. trois claffes ; la première comprend les argilles , comme les bols , les terres figillées ; la féconde , les terres vitrifiables , favoir le fable & le gravier ; & la troifième les terres calcai- res , ou alcalines , comme la craye , la marne , le fpath. Cette dernière claiTe embralTe une autre forte de la même terre , qui provient de la décompolîtion des plantes & des animaux. L'Auteur l'appelle étrangère ou adoptive , parce qu'elle ne tire pas im.médiatement fon origine du globe. Lorfqu'on délaye ces différentes terres dans l'eau , le fable fe dépofe le premier , l'argille enfuite , ôc la terre adoptive occupe le haut. Le mélange & la proportion de ces terres varient beau- coup ; en général cependant la couche fertile du globe eft un compofé i". du fable ou du g;ravier ; 2^. de l'argille, & 3°. de la terre étrangère ou adoptive. En afllgnant le caraûère diftinftif de chacune de ces terres , M. Eller avance que les argilles refufent toute folution avec les acides , ce qui eft bien éloigné d'être vrai ('*^) , car l'acide vitriolique fournit au contraire , prefque le feul moyen de les obtenir pures , en les dégageant de toutes les matières hété- rogènes qui les déguifent ; en fe combinant avec elles , il for- me l'alun , dont la bafe eft une véritable argille , dans le plus (fl^ Dia. de }^3^j. degré de pureté dont elle foit peut-être fufceptible faj. au'mot'a/u^ M. Eller avance encore que la diverfité de la couleur dans p. 117. u8. les argilles dépend des terres métalliques ou alcalines. M. Macquer ne compte que les premières & le phlogiftique par- (fc) mi. xm les matières colorantes de l'argille (b). png. 169. Ççg petites remarques n'empêchent pas que les expérien- ces de M. Eller fur les argilles ne. foient très-bien entendues & très-inftruftives. (*) Voyez dans les Mém. de l'Acad. Roy. des Scienc. ann. 1758, Texcellent Mémoire de M. Macquer fur les argilles. La terre argilleufe pure & dans l'on état naturel , dit ce célèbre Chimifte , eft dilToluble en entier dans les acides , èc fingulièremeat dans l'acide vitriolique. Mém. fur Ui argilles , pag. 167. M. PRELIMINAIRE. lxxiii ^^^ M. Eller voulant s'afTurer de ce qui forme la colle ou le T7TT7Z1 "XXIV. M<.i749< lien des terres argilleufes dans l'état où la nature nous les pré- a^ fente , en a fait l'extraftion au moyen d'une forte leffive al- caline , & il s'eft convaincu que cette colle ou ce ciment eft d'une nature inflammable ou phlogiftique , car il a fait déton- ner le nitre , & réduit la chaux de plomb. Notre* Académicien étant parvenu à convertir la cendre de bois , dépouillée de fon alcali , en une mafle un peu gluante , & propre à faire quelques ouvrages de poterie capables de rélider au feu jufqu'à un certain point , eft porté à croire que la terre gralTe Ôc argilleufe tire fon origine de celle qui pro- vient de la décompolition des végétaux , unie à une matière inflammable. Mais on ne peut guère peulêr que ce foit-là l'o- rigine de toutes les argilles ^■^). M. Eller ne diflimule pas que les couches de terre grafle qui fe rencontrent fort avant dans la terre , femblent jetter du doute fur fa théorie , mais il inlinue que les différentes ré- volutions arrivées au globe , peuvent y avoir porté cette ter- Ci)Voycï re ; & en effet , on a plufieurs fois trouvé de la tourbe ou de ciopédie '^' la terre végétale , qui ne pouvoit être méconnue , à une pro- ''^nicie fondeur très-conlidérable (a). '^""'"^ Notre Auteur n'ofe décider lî l'argille peut être convertie en caillou , ou en quelqu' autre efpèce de pierre , quoique l'ex- périence dont M. Bûfm de Strasbourg a fait part à l'Académie Royale des Sciences fb) femble porter à le croire. Il finit en , montrant combien efl: néceffaire à la végétation le mélange i-Hirtoire^de des trois fortes de terres que la Providence a placées à la fur- l'Acad. ana. face du globe , & il conclut qu'on pourroit tenter des expé- '^^^" riences utiles pour établir les différentes proportions les plus avantageufes de ces terres , relativement à chaque efpèce de graine ou de plante. (*) Voyez ci- devant l'article III. de cedifcours pag. xir. Lxxiv DISCOURS A. T. CE ARTICLE XXXV. XXXV. amn. 1743. ^^j. j^^2 nouveau Baromètre , qui indique directement la vérita- ble prejfion de l'atmoff/ière , & qui corrige les défauts eau- fés par les altérations que la chaleur de Fair fait éprouver au mercure. Mémf pag!' ^^^ Phyficiens fauront gré fans doute à M. Ludotf d'avoir fiô. travaillé à perfeftionner la conftrudion du Baromètre , & les Médecins partageront leur reconnoiiTance , car robfervatiou exafte de cet inftrument peut être très-utile à ces dei'niers , non-feulement en qualité de Phyficiens , mais pour la pratique même de la Médecine , comme l'a prouvé feu M. Berryat , Médecin d'Auxerre , dans un curieux Mémoire préfenté à l'Académie Royale des Sciences , & dont nous donnerons un extrait dans VAppendix. _ ARTICLE XXXVI. Vxxv'if Sur une dilatation extraordinaire du cœur , provenant de ce *■*"■ '7'°- que le calibre de l'aorte étoit trop étroit. Voyez les M. Mecbel , Auteur de l'important & curieux Mémoire dont »»9?* ^^^" "°^^ allons tâcher de donner une idée un peu détaillée , com- mence par remarquer qu'il n'y a aucun autre exemple connu d'une dilatation anévrifmale du cœur , dont le caUbre naturel- lement trop étroit de l'aorte ait été le principe. Le fujet en qui fe trouvoit ce vice fatal de conformation étoit une pauvre fille de dix-huit ans , qui , dès fes premiè- res années , avoit été fort fujette à des emportemens , & qui , par intervalles , étoit tourmentée de palpitations de cœur & d'angoilTes , fuivies d'un tremblement univerfel. On n'apportoit d'autre remède à ces maux que de lui faire boire de fefprit de vin , ce qui ne pouvoit manquer d'empirer bien- tôt fon état. A quinze ans , les règles ayant commencé à vou- loir paroître , fans pouvoir néanmoins fe faire jour, la vio- lence des fymptômes s'en accrut encore beaucoup , & ne lui PRÉLIMINAIRE. lxxv laifTa prefque plus de relâche ; & comme cette infortunée étoit réduite pour tout fecours à Fefprit de vin , il feroit dif- ficile de fe faire l'idée d'une iîtuation plus déplorable que l'étoit la Tienne. Un Chirurgien dont on implora le fecours , voulut fuppléer aux règles par les faignées , & les rappeller par les émenagogues : mais à chaque prife de ces derniers , & à chaque flùgnée , tout alloit de mal en pis. Enfin , les règles ayant opiniâtrement refufé de fe montrer , tous les fymptômes furent portés à leur plus haut période , & la malheureufe fille , fuccombant à fes maux , mourut futFoquée, à l'âge de 1 8 ans , après avoir été alitée pendant le dernier mois de fa vie. L'ouverture du cadavre mit en évidence la caufe de tou- tes fes foufFrances. Le tronc de l'aorte defcendante & fes prin- cipales branches , étoient d'un calibre extraordinairement étroit. Dans la poitrine , le diamètre de cette artère étoit moins grand de la moitié que celui de l'artère pulmonaire , qu'elle égale , ou même qu'elle furpafle dans l'état naturel. Le cœur étoit exccfïïvement dilaté , & rempli de fang , ainfi que toutes les veines. L'Auteur a fait graver ce cœur avec fes vaif féaux , après l'avoir rempli de cire , conjointement avec un autre cœiu* , pareillement injeûé , mais dont la ftrudure eft régulière , afin qu'on pût juger exactement , par ce terme de comparaifon , de combien les proportions naturelles étoient altérées dans le cas dont il s'agit. Le diamètre de l'aorte , à fa fortie du cœur , n'eft ici que de 8 lignes , pied de Paris , tandis que celui de l'artère du poumon eft de I 5 lignes , d'où il réfulte , par un calcul de 'M.Mectel , que l'artère & les veines pulmonaires apportoient une fois & demie plus de fang au cœur que l'aorte n'en re- cevoit du ventricule gauche , ce qui fuffit pour rendre raifon de tous les fymptômes dont notre malheureufe malade a été tourmentée tant qu'elle a vécu. Eq effet, le cœur recevant par l'artère & les veines pul- hij Article XXXVI. Amm, 17/0, Lxxvi DISCOURS aT^^ÎT monaires une fois & demie plus de fang qu'il poufToit ^«K^ijl'o. ^^"^s l'aorte , ne pouvoit jamais fe vuider entièrement. Le fang qui reftoit à chaque pullation , & celui qui affluoit continuellement au cœur , irritoit cet organe , & le foUicitoit fims celle à de nouvelles contradHons , dont le tremblement du pouls , les angoiffes & les palpitations étoient des fuites inévitables & ne'ceflaires. Il paroîtra peut-être furprenant que la faignée ait toujours empiré le mal , bien loin de le calmer. Il y a cependant une raifon toute naturelle de ce fait. Les artères , en conféquence du retrécilTement de leur calibre , oppofant une trop grande réfiftance au fang chalTé par le cœur , tout ce qui augmentera cette réliftance , doit néceflairement accroître la violence du mal ; or , rel eft l'effet de la faignée. Les veines defemplies reçoivent plus librement le fang des artères , & celles-ci, dont la force fyilaltique augmente par-là , réiiftent au cœur plus qu'elles ne le faifoient auparavant ; ce dernier a donc plus de peine à fe vuider dans l'aorte ; & de-là vient l'augmentation des angoiffes , des palpitations , &c. L'augmentation des fymptômes dans le tems des régies eft encore un effet très-naturel de celle du fang ou de la plé- thore. L'aftion irritante des emmenagogues a excité de plus en plus les vaifleaux à fe contrafter , & l'ufage habituel que faifoit la malade de l'efprit de vin renforçoit fans cefTe la dif- pofition mallieureufe qu'ils avoient à fe refferrer ; les feuls re- mèdes dont on pouvoit fe promettre quelqu' avantage, font ceux qui étoient capables d'en procurer le relâchement. Mais quels remèdes pouvoient agir déterminément fur les vaifleaux reffer- rés , fans porter leur aftion fur tous les autres , & fur le cœur même, ce qui auroit toujours laiflé fubiîfter le défaut de pro- portion ? Dans le refte de ion Mémoire , M. Meckel examine , par occafion , un point de phylîologie fort curieux , & jufqu'à pré- fent fort peu éclairci. C'eft une chofe très-rconnue aujourd'hui » PRÉLIMINAIRE. Lxxvii & très-digne d'attention, que l'artère pulmonaire, par une article proportion contraire à ce qui s'obferve dans tout le refte du a.nn. 1750! corps , a plus de calibre que n'en a la veine du poumon. On fait les raifons qu'ont apporté de cette finsmlarité Hdvetius , (") Voyea . ,, ', , • / 1 c ■ • 1 c les Mcm.de qui 1 a remarquée le premier {^aj , bantorini , en le reiutant , i-Acad. Roy. ôc Michcloti dans une lettre à Aï. de Fontenelle. Mais aucun ^les ^c. aaa. de ces Auteurs ne paroît avoir touché au but. Enfin un favant '^' Suédois C^) a démontré dans une excellente DilTertation fur l'inégalité des cavités du cœur C^* ) , que la multiplicité des obftacles que le fang rencontre dans le poumon , cft la véritable caufe de ce que le ventricule droit & l'artère pulmonaire ont plus de diamètre que la veine ; il montre que la ftrufture de ce ventricule & de cette artère eft telle , qu'ils doivent céder ai- fément au fang qui les dilate , tandis que les veines lui oppo- fent plus de réiilbnce ; & cela doit être ain(î; c'eft l'infpiration qui ouvre le chemin au fang des artères dans les veines pul- monaires , en allongeant & en dépliffant ces dernières ; or , comme il y a une infinité d'occalîons dans la vie où l'infpira- tion eft fufpendue , comme dans les ris , lorfqu'on parle long- tems avec beaucoup d'aftion , &c. & où le fang eft, par confé- quent, obligé de féjourner dans le poumon , il a fallu indifpen- fablement que la nature ait formé le ventricule droit & l'artère pulmonaire fort dilatables , fans quoi les dernières ramifîca-i tions de la dernière auroient couru grand rifque de fe déchirer. Mais quelle eft enfin la raifon qui rend les veines du pou- mon plus étroites que les artères ? M. Mechel fait voir qu'il faut la chercher dans le court trajet de ces veines , «Se fur-tout dans la manière dont elles s'infèrent par cinq embouchures dans fample linus pulmonaire ; il établit clairement que ce font-là les caufes mécaniques 6c néceflaires de ce fait , dont perfonne , avant lui , n'avoit donné d'explication fitisfaifànte. Il entre à ce fujet dans un détail de preuves où il ne nous eft {*) ^iiriWIiuj. ("**) Dt :tYiiaUim coriis inaquali arr.plitudiii, Lxxvïir DISCOURS pas poflible de le fuivre. Obfervons feulement , en fi- niflant , que la dilproportion de calibre enti-e les artères & les veines pulmonaires , efi: d'une telle importance dans rœconomie animale , qu'elle fublifte même dans les cas qui fembleroient devoir la faire difparoître , comme dans celui de i'obfervation qui a donné lieu au Mémoire de M. Meckel , & que de même , que la nature a formé un ample réfervoir au fang qui trouve des obftacles à fa circulation dans le poumon, en failant le iinus & le ventricule droit du cœur , ainfi que l'artère pulmonaire , fort dilatables , elle a ménagé aufli une eP pèce d'entrepôt à ce liquide dans le vafte finus pulmonaire , où il peut féjourner pendant quelque tems , lorfqu'il éprouve de la difficulté à fortir du ventricule gauche par l'aorte. Aax.c.E ARTICLE XXXVII. XXXVII. A.NN. 17J0. Sur la nature & les propriétés de l'eau confidérée comme un dijjblvant. Voyez les M. Eller , Auteur du Mémoire qui va nous occuper , & Î44?' ^''^' du fuivant , commence par expofer les propriétés phyfiques de l'eau , fo fluidité , fon incompreflibilité (■*")& fon ex- (*) M. Eller c\k en preuve de l'incompreflibilité de l'eau les fameufes expé- riences des Académiciens de Florence (a) , qui n'ont jamais pu parvenir à di- minuer fon volume , quoi qu'ils ayent fait agir , dilent-ils , des forces peut-être mille fois plus grandes qu'il n'en faudroit pour condenfer l'air trente fois plus qu'il ne l'efi dans l'atmofphere- Mais ces Meffieurs n'ont pas regardé eux-mêmes ■ ces expériences comme abiblument décifives , puifqu'ils n'ofent alliirer s'ils n'au- roient pas pu parvenir enfin à comprimer l'eau, en répétant leurs épreuves dans (h\ Ihd '^^ vailieaux plus folides , Se avec de forces plus grandes (A/. Les expériences de t43. ' ' ''' ^^- l'Abbé Nollet , dcfquelles il réftilte que les fons peuvent être tranfmis dans l'eau , même purgée d'air , femblent établir qu'elle n'eft pas abfolument incom- prellible , ou dépourvue de toute élafticité (c). M. l'Abbé Nolkt s'étant plongé dans l'eau à plufieurs reprifes en divers tems, &c à diftërentes profondeurs , jufqu'à 18 pouces au.deflbus de la furface de l'eau, 8c avec toutes les attentions néceilbires pour rendre fes obfervations concluan- tes , le réfuhat a été que non-feulement le bruit , quoique plus ou moins aftbi- bli , fe tranfmettoit à travers l'eau, mais encore l'efpèce de bruit, les tons &c "A d nii '^^ articulations de la voix humaine (J). i-4^.paK. iô. ^"^ ^'^ r^'" '""■ '^^' expérience! dam le Je. tom. de ta ColleSion Académique, avec les commentaires de Mufchenbroek. png. 139-145. (c) Vo\ei '* curieux Mémoire de M. l'Abbé Nollet fur fouie des poiffons , & la tranfmijfmn des fons dans l'eau, dans le Recueil de l'Acad. Hoy. des Se.ann, 1743. PRÉLIMINAIRE. lxxix panfion,parles difFérens dégrés de chaleur qu'on y applique. ÂT7T7ÎÎ M. Mufchenbroeck fixe la dilatation de Teau , à compter de- \^-!^'!-\o, puis le degré de la congélation , jufqu'à celui ou elle com- mence à bouillir , à un 26e. (^) M. ElUr ayant été curieux (a) ElTai de répeter l'expérience , a vu le volume de l'eau augmenter ^"^^ Pj'y''<3"9 envu'on d une 24e. partie , dans l intervalle compris entre la congélation & l'ébullition. M. Miifchenhroeck a remarqué que dans cette latitude , le poids fpécifique de l'eau, peut augmenter d'un 65*; car il a trouvé qu'un pied cubique Rhénan d'eau péfoit en hyver 64. livres , & qu'en été la même quantité en péfoit 65. (/>). (b)ib;d§. Cette dernière obfervation de M. Mufchenbroeck paroît^^'" avoir quelque chofe de furprenant. L'eau , comme tous les autres corps , ayant plus de denfité en hy\'er , tant qu'elle demeure liquide , & par conféquent plus de mafle , fous même volume , devroit , ce femble , avoir aufTi plus de pefanteur pendant l'hyv^er. Mais il faut remarquer que l'air extérieur étant aufTi plus denfe , la même mafle d'eau en eft plus foutenue , & doit en conféquence moins pefer. En été , au contraire, l'air éprouvant une raréfaftion beaucoup plus grande que l'eau , lui préfente un milieu moins réliftant , & fa pefanteur doit augmenter dans la proportion de l'ex- cès de dilatation, de l'air fur celle de l'eau par le même dé- gré de chaleur. M. Eller prétend que l'expanfion que l'eau éprouve par la chaleur , s'étend jufqu'aux plus petites molécules de fa fubftance. Les expériences du pyrométre fur des lames de fer , ou de quelqu' autre métal , ne lui laifTent pas le moindre doute fur cela. Mais on ne voit pas comment ces expériences prouve- roient que les dernières molécules de l'eau fouffrent cha- cune en particulier une véritable dilatation. Il y a tout lieu de croire , au contraire , que l'expanfion de l'eau par la cha- leur , n'eft , pour parler le langage des Chimifles , qu'une alFeaioi} de la mafle , & non de l'élément. Lxxx DISCOURS ffr'rfrî M. Marîotte^ & après lui M. Boerhaave yOnt démontré par XXX vu. igm-j expériences que l'eau fe charge jufqu à faturation d'une ann. I7J0. ^^^|.^^jj^^ quantité d'air ; après quoi elle refufe d'en recevoir davantage. Mais ces Meflieurs ayant négligé , ainfi que les Auteurs plus modernes qui ont travaillé après eux fur la même matière , de déterminer la quantité d'eau qu'ils ont employée , & le volume d'air qu'ils y ont fait rentrer de nouveau, après l'en avoir purgée , M. Eller a voulu s'alTu- rer avec plus de précilîon qu'on ne l'avoit encore fait , de la quantité d'air dont une portion d'eau donnée peut niv turellement fe charger , & il a reconnu que cette quantité d'air n'excède pas Un 1 50e, de l'eau (■*■). Il penfe , au refte , que cet air eft dans l'eau dans l'état, non d'un limple mé- lange , mais d'une véritable diffolution , puifqu'il n'y donne aucune marque de fon élaflicité. Mais fi l'eau dilTout l'air , on peut dire , avec autant de fondement , qu'elle eft diffoute par lui , l'aftion menftruelle étant toujours réciproque entre deux corps fufceptibles de la combinaifon chimique. Cette confidération eft , probable- ment , ce qui a fait naître à M. le Roy les premières idées de fa belle théorie de l'évaporation , <5c des expériences fur lefquelles cette théorie eft appuyée. M. Eller foupçonne que le bruit éclatant du tonnerre peut dépendre de l'explolîon de l'air naturellement contenu dans l'eau , à qui le feu perçant de l'éclair rend fubitement fa liberté & fon élafticité. (*) M. Haies ( Statiq. des vegei. chap. VI. pdg. 156. ) a retiré par la difill- lation un pouce cubique d'air de 54 pouces cubiques d"eau de puits , & M. (a) Mém ds i'Abbc Nollet a trouvé par une expérience très-détaillée dans le Mémoire cité , l'Acad. ann. qu'en prenant un terme moyen entre les diflérens réfultats , l'air dont l'eau fe 1743. p. 115. charge fucceflivement & jufqu'à faturation , va à-peu-près à un 30=. du total (a). a) Ibid. Elle ne reprend cet air qu'en cinq ou fix jours (fc) ; pendant les trois à quatre premiers, elle en reprend en tems égaux des quantités àpeu-près égales, après quoi {c) Ihid. ^gj gj^-gj ^3 toujours en diminuant (c)- Au relie M. l'Abbé Nollet , n'a pas fait \d) Mém. une mention exprelVe dans fon Mém.oire de la quantité d'eau qu'il avoit emplo- préfentés à y^g j^^j (o„ expérience , mais il a mandé à M. du Tour , Correfpondant de l'Aca- ''•^'l^-'""- "■ demie, que cette quantité étoit d'environ une pinte (J). PRELIMINAIRE. lxxxi Le bruit du tonnerre ne pourroit-il pas être attribud Article y V Y V ! [ avec plus do Ibndement encore , aux gouttes inc'mes d'eau anm. 1750.' condenfe'es , & prêtes à retomber en pluye? On fait de quellesi terribles explolions l'eau eli: capable , lorfqu'on lui applique tout-à-coup un àégvé de chaleur extrêmement violent , qui ne lui donne pas le tems de s'exhaler tranquillement en vapeurs. C'efi: ce qui arrive , par exemple , quand on jette de l'eau dans de l'huile bouillante, ou qu'on verfe un métal fondu & rouge dans un moule qui contient malheu- , reuiement quelque humidité {a). de chim. t. Le feu de l'éclair , dont la chaleur ne le cède pas fans !• P^g. 367. doute à celle de l'huile bouillante & d'un métal fondu , femble pouvoir produire le même effet fur les gouttes d'eau qui fe trouvent dans fa direûion. On efi: d'autant plus porté à le croire , que la force expanlive de l'eau cft infiniment fu- périeure à celle de fair ; celui-ci ne fe dilate que d'un tiers ("*■) par tous les dégrés de chaleur intermédiaires en- tre la congélation & l'ébuUition de l'eau , au lieu qu'à ce dernier degré l'eau eft capable d'une expanfion qui en augmente le volume jufqu'à 15 ou 14 mille fois C^'^) , fe- (*) Par le c!c£;ré de chaleur qui commence à faire rougir le verre , l'air ne le dilate que dans le rapport de 3 à i (a). M Encyclop. (**) Cette dilatation remporte de beaucoup fur celle de la poudre à canon, ^g \^^ ^*' qui ne fe raréfie que 40C0 fois au-delà de fon volume , fuivant les obfcr- panfihUUi, varions les plus favorables à fa raréfaction (t) , St dans la poudre à canon même l'explofion , félon Sthal {:) , ne dépend pas de l'air, mais de l'eau du nitre. J\I. Rouelle prétend que dans les dift'érentes explofions , attribuées communément à l'air par les Piiyficiens , fi l'air agit comme un , l'eau agit comme mille {d). II eft donc très-pofllb!e qu'elle joue im roUe confidérable dans les tremblemens de terre , & les éruptions des volcans {e). (_b) Encycloped. tom. V. pag, 187. Foy. aiijfi Veffai Je phyjî^j. de Muffch. 5.873. & fiiiv. £■ fan comment, fur Us expér. de lAcai. del CimentO p.15. 140. 141. (t) Foyer fon traité du fotifre , p. 191 & fuiv. de la t:ad. franc, m-ll. Parti lj66. L'eau Iculc eft capable d'explofion comme la poudre , lorfqu'on la renferme dans Je canon d'un fufil bien bouché , ou dans une grenade que l'on place au mihcu des charbons. Id. ib. pog. 196. 197. (,d) Foyej i'Kncyclopédie tom. VI. pag. 184. au mot Expnnfibiliîé , l'un des plut fuvans & des plus beaux articles de phyj'ique de ce Diclionnatre. (e) NoUet, Icçini de p^yjique expérimentait , tom. IF, Mém. de l'.'l.iA. Key. dti Scier.i, ann. j-'jo. / Article xxxvir Lxxxii DISCOURS Ion une expérience fort connue, rapporte'e par M, Eller ^ ^"«^1^710. & par M. l'Abbé Nolkt dans fes leçons de phjfique expé- rimentale. L'Auteur revient ici à fon liypothe'fe favorite de la con- verlîon de l'eau en air. Une des plus fortes preuves qu'il en apporte , efi: la manière dont on fouffle un gros balon de verre ou récipient chimique , moyennant une bouchée d'eau poufTée par un tuyau d'acier dans une grofle boule compare , fans qu'on remarque le moindre retour de la vapeur aqueufe à la forme d'eau commune. Tout ce que cette expérience paroît prouver , eft que les molécules de l'eau ont été trop divifées & trop difpei'- fées pour pouvoir fe réunir & fe rendre fenlibles. M. Eller expofe les fentimens les plus répandus fur la manière dont l'eau opère la diilblution des fels , mais fans en adopter aucun : cette réferve eft d'autant plus louable , que de l'aveu des plus grands Chimiftes , la théorie de la diflblution eft un point encore des plus obfcurs. Mais quelque opinion qu'on embrafle à ce fujet, il pa- roît que le feu eft l'unique caufe efficiente , le feul agent dans la dilToIution. L'eau & l'air ne font que des inftru- mens dans cette opération : telle eft, du moins , la façon de penfer de notre Auteur. Ainiî , c'eft du feu que dépend la vertu diftblvante de l'eau & des menftrues fournis par la fermentation , par la putréfaûion , par les acides minéraux &c ; mais c'eft toujours l'eau qui fert de médium ou de vé- hicule à l'aftion du feu. La dernière ciafle des diiïblvans & la plus puifTante de toutes , tire fon origine , fuivant M. Eller , de l'acide univerfel répandu dans l'atmofphère. Il paroît croire , comme on a pu en juger par la leûure de fon ejjai fur la formation des corps , que l'acide en queftion eft une combinaifon du feu folaire & de l'eau , qui s'élève dans l'air par l'évaporation f û). ^) Foyei ce qui a été dit fur eelte f rétention à l'arlisle XXIII, PRÉLIMINAIRE. lxxxiii Mais, dit M. Eller . comme nous ne pourrions pas nous article. en fervir fous cette enveloppe invilible te impalpable , la a««. i?;».' nature bienfaifante a choiii encore d'autres matrices bien plus traitables pour nous. La plus abondante font les eaux de rOcéan qui abforbent le feu que leur apportent les dif- férens météores. C'efl: à ce feu peut-être qu'on doit attribuer en partie le phénomène ii fouvent obfervé pendant la nuit fur la mer , dont l'eau paroît toute lumineufe (•*"). Obfervons , avant de finir cet article , qu'il efi: faux , quoique prefque généralement reçu , que l'eau ne foit capa- ble de fouffrir qu'une quantité de chaleur déterminée , qui eft , dit-on , celle de l'ébullition. Le refte , dit M. Eller , pafTe à travers de l'eau , & fe perd dans l'air ou dans les corps voiiins. Ce n'efl: pas par cette raifon que l'eau ne prend communément que 2 I 2 dégrés de chaleur, mais parce qu'elle s'exhale alors en vapeurs , & fe dérobe à l'aûion , p.,^ du feu (û). Les effets qu'elle produit dans la machine de âcchim.t.'ï. Papin , où elle diflbut en peu de minutes les corps les plus P' 3^<'- î<57. durs, comme les os (**) , les ongles, les cornes , ôcc. ne permettent pas de douter , comme l'obferve enfuite M. Eller lui-même , qu'elle ne foit capable de prendre & de retenir, non-feulement un degré de chaleur infiniment fu- périeur à celui de fon ébuUition à fair libre , mais qui va même jufqu'à la faire rougir (/'). p-^^';?''' (*) On trouve des détails très-ctirieiix fur ce phénomène dans les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences (a) & dans le llie. tom. de ceux qui lui ont {a) Ann. clé préfentés par divers Savans ; on y lit fur ce fujct deux rnémoires très in- 1750. pag- 57- tcreÀims , l'un de M. le Ray, célèbre profeflcur de Alcdecine à Montpellier, S< 62. l'autre de M. le Commandeur de Godeheu. (**) On pourroit mettre cette propriété de l'eau à profit, en réduifant en gelée Se en bouillon , au moins pour l'ufage des pauvres , des foldats , des Hôpi- taux , &c. cette immenfe quantité d'os de bœtif Se de mouton qu'on abandonne aux chiens , ou qui fe détruilent en pure perte. Cette vue économiq'.ie , déjà indiquée par Papin en 1688. dans un in. 12 intitulé .■ manière d'amollir Ut 01 Sic. vient d'Ctre Aiivie depuis peu par ia Société Littéraire de Clermont-Ferrand , qui a fait faire à ce fujet des expériences très-importantes , dont le détail fe trouve dans les .Mercure; de France. lij Lxxxir DISCOURS ^%VÏÏ^, ARTICLE XXXVIII. X X X V 1 1 1. AxN. 17,-0. ^^^ ^^^ phénomènes de la dijfolution des fels dans feau. Voyez les Lg Mémoire dont nous allons rendre compte efl encore ,56." ' de M. Eller, & l'un des plus intéreflans de ce favant Aca- démicien. Il renferme dans un affez court efpace , le réful- tat d'un grand nombre d'expériences très-curieufes , qui, lî elles ne rendent pas entièrement raifon des différens phéno- mènes qu'offre la diffolution des fels dans l'eau , femblent propres du moins à jetter quelque lumière fur la théorie du feu , & fur la compoiition intérieure des fels. Nous allons expofer fommairement dans cet article ce que ces expérien- ces préfentent de plus important. C'eft une chofe très-connue que la plus grande partie des fels qu'on fait fondre dans l'eau, en augmentent conlîdé- rablement la froideur. On peut tirer parti de cette fingu- lière propriété des fels , pour faire de la glace dans les plus 02)XXIV. gi'^ndes chaleurs de l'été , & même fur le feu. On lit avec Recueil pag. plaifir dans les lettres édifiantes & curieufes (a) , le récit de "'' ■ l'extrême furprife que le V.Parennin Jéfuite caufa à des Man- darins Chinois en leur faifant de la glace de cette dernière façon. La nation Chinoife , qui , quoique cultivant les Sciences de tems immémorial , n'en eft pourtant encore qu'aux élé- mens , femble avoir très-peu avancé, furtout,dans la phyfique . expérimentale , dont il ne paroît pas qu'elle fe foit jamais beaucoup occupée. Divers Phylîciens, tels que MM. Geoffroy , Amontons & Mufchenbroech , avoient déjà cherché depuis long-tems à déterminer les différens dégrés de froid que certains fels produifent dans l'eau en s'y diffblvant. Mais comme ils ne s'accordent point dans les réfultats de leurs expériences , qu'ils ne les ont pas étendues d'ailleurs à toutes les efpèces des fels , n'ayant prefque pas touché aux fels neutres artificiels , M. Eller a cru pouvoir s'occuper utilement , après eux , de CLE m. PRÉLIMINAIRE. lxxxv cette recherche. Il refaite de Tes expériences , que les degrés a7 de froid communiqués à l'eau par la diffolution des fels , ^.^^^ ..l^, - '■ 1 /- 1 A o AnN. 1750. dmerent prefque autant que les fels mêmes , & que certains réchauffent aflez confîdérablement , loin de la refroidir. Tout ce qu on peut en conclurre de décilîf, dit notre Auteur, eft que les fels formés de l'union de l'alcali volatil à l'acide mi- néral , comme le falmiac , le nitre , le criftal minéral , font ceux qui refroidilîent le plus. Le fel volatil de corne de cerf tout feul produit cependant un effet pareil. Parmi les trois fels neutres nommés , il n'y a que le pre- mier , favoir le filmiac , plus connu fous le nom de fel am- moniac , qui appuyé la conclulion de l'Auteur , puifque dans les deux autres l'acide minéral eft joint à un alcali fixe , & non à l'alcali volatil , comme M. Eller ne pouvoit l'ignorer (J^J. Après avoir montré l'infuffifance de la plupart des expli- cations qu'on donne du refroidifïement de l'eau par les fels , M. Eller leur en fubftitue une autre qui ne paroît pas mieux fondée. Tous ces fels participent, dit-il, de l'acide univer- fel , qui n'eft autre chofe quunfeu concentré Ad^ws l'eau (^^. .(") Voyez Or , ce feu potentiel , lorfqu'il fe trouve développé par la rarrxxiH, diflolution , attire probablement les molécules de feu qu'il rencontre dans l'eau , & la rend par conféquent plus froide pour quelques minutes. Une expérience qui meritoit d'être répétée , lui paroît confirmer cette hypothéfe. M. Eller ayant plongé dans une terrine qui contenoit un demi fceau d'eau chaude, dont le thermomètre de M. de Reaumiir marquoit exaftement le degré , une barre de fer rouge près du côté de la terrine oppofé à celui où le thermomètre étoit appuyé , il s'apperçut que ce dernier baifTa de trois dégrés dans la première minute qui fuivit l'immerfion ; mais quelques inf- tans après toute l'eau de la terrine acquit le degré de cJia^ leur que la barre de fer rouge devoit naturellement \u\ communiquer. (*) Cette faute doit être raife fans doute fur !q compte de l'Imprimcyr^ Article VIII. 17J0. Lxxxvi DISCOURS Cette expérience , très-di^ne d'attention en elle-même (^ A AwN. 17J0.' »e paroît pas pouvoir fervir à expliquer le pluinoméne du re- froidilTement de l'eau par les fels ; car ce refroidiflement n'efl pas inftantané .: il fe foutient pendant un tems conlidërable. D'ailleurs , pourquoi le fel de fedlitz & le fel admirable de Glauber , compofé de l'acide \ itriolique & de l'alcali marin , échaufïent-ils l'eau au lieu de la refroidir ? Pourquoi le vi- triol calciné à blancheur augmente-t-il cette chaleur de feize dégrés ? Attribuera-t-on cet effet à la grande quantité des particules de feu que la calcination y laifïe ? Mais d'où vient donc que ces particules de feu , dégagées par la diflblution , n'ont pas attiré celles de l'eau , & n'y ont pas caufé un refroi- diflement du moins inftantané , comme la barre de fer rouge ? M. Eller ayant voulu s'afllu-er de la quantité précife de fel dont une portion d'eau déterminée eft capable de fe charger, a fait un grand nombre d'expériences , dont on trouve ici les réfultats ; & comme il vit que cette quantité différoit alTez notablement pour les diiférens fels , il conjeûura que cette différence dépendoit peut-être de la denfité plus ou moins grande des fels , préfumant que ceux qui avoient plus de malle fous même volume , & qui par conféquent étoient plus poreux , auroient befoin d'une moindre quantité d'eau que ceux dont la folidité étoit plus grande. Pour éclaircir ce doute , il commença une fuite d'autres expériences , tendant à déterminer au jufte la péfanteur fpécifique de chaque fel , par comparaifon à l'eau , & c'eft à quoi il parvint par un procédé aufTi lîmple qu'ingénieux. Mais il demeura convaincu par ces nouvelles expériences que fa conjeûure portoit à faux, le fel volatil de corne de cerf, par exemple , exigeant trois fois autant d'eau que le vitriol blanc, quoiqu'ils ayent même (*) Elle avoit étc déjà faite par M. Gcoffroi , qui en donne une explication totit atifS précaire que noii'C Auteur. Voyez les Mém. Je VAcad. Roy. deiSiienc. ann. 1700. pag. 119. 12s. PRÉLIMINAIRE. lxxxvii poids fpécifique , étant d'une mafTe égale , fous même volume. TfTTTTÎ L'un des phénomènes les plus linçuliers de la difTolution V^^'"' des fels dans l'eau , efi: qu'elle efl capable de fe charger d'une quantité déterminée de cliaque fel , fans que fon volume aug- mente , ou que le vafe qui la contient en foit plus rempli. Pour déterminer avec exactitude de combien de fel l'eau peut fe charger de cette façon , M. Eller prit une boule creufe de verre , furmontée d'un tube de lo à 12 pouces , dont le diamètre n'avoit que 3 lignes. 8 onces d'eau rempliflbient la boule , & à-peu-près la moitié du tube. Il marqua foigneu- fement l'endroit où l'eau s'arrêta dans le dernier. Il changea l'eau pour chaque efpèce de fel , bien purifié & mis en pou- dre , & tint compte de la quantité dont elle fe chargea de chacun de ces fels , avant de pafTer la marque du tube , comme on le verra dans le Mémoire. M. Eller conclut de ces expériences , que les molécules primitives de l'eau ont des pores ou des interfaces , dans lef- quels les atomes du fel peuvent fe loger fans augmenter fon volume. Le mercure feul, fuivant M. Eller, jouit de cette pro- priété de l'eau ; il s'unit avec certains corps métalliques , fous forme d'amalgame , fans que fon volume en foit acru (*^. L'extrême mobilité & l'inlîpidité de l'eau , portent M. Eller à croire que fes dernières molécules font fphériques C""^^ , comme celles du mercure. Quelques Phyiiciens modernes ayant examiné les vapeurs de l'eau bouillante , à la loupe , & à travers les rayons du foleil , en ont trouvé les parties globulaires (ty' ; M. Eller a fait la même obfen-ation fur les vapeurs qui s'élèvent du mercure à un certain degré de chaleur, (*) M. Eller dit , fans que fa majji en foit augmentée , mais U efl évident que c'eft du volume dont il s'agit. (**) M. Eller conjeâure que ce foiM les particules du feu , de qui l'eau tient fa fluidité , qui rcndem celles de ce liquide fphériques , en éraourt'ant leurs angles , ce qui eft une vue bien fyftêmatique. (1) M. Mufchenbroeck conjefture aulîî , comme M. Eller , & précifément fur les mêmes preuves, que les plus petites molécules de l'eau font fphériques. FflyM Jbn «//ai de phyjique §. 863. ri/, Lxxxviii DISCOURS À R T I c l1 Un autre phénomène plus e'tonnant encore que tous ceux A^N^Tylôl' dont il a été queftion jufqu'ici , c'eft que l'eau parfaitement faturée d'un fel , en peut diflbudre encore d'une féconde & d'une troilième elpèce , fans abandonner la moindre partie du premier. Ce phénomène a été remarqué , mais non approfondi par quelques Auteurs. M. Eller a voulu le faire , en déterminant par des expériences exaûes , dont il donne le réfultat en forme de table , la quantité de fel dont 8 onces d'eau diftillée font encore capables de fe charger , après avoir été déjà foulées d'un autre fel. M. Eller rend raifon de ceci , en difant que les pores de l'eau , étant probablement diiïérens , ainfi que les der- nières molécules des fels , celles d'une certaine efpèce de fel ne peuvent remplir que les pores qui leur font propor- tionnés , pendant que la même eau en peut recevoir d'au- tres , dont les figures font différentes de la première. La forme confiante & déterminée que prend chaque efpèce de fel en fe cryflalliflmt , donne déjà lieu de penfer que leurs molécules primitives font effedivement diverfement confi- gurées , & les obfervations de M. Eller achèvent d'en con- vaincre , car ayant examiné au microfcope les diffolutions bien ûturées de toutes fortes de fels , il a remarqué une étonnante variété de figures dans tous ces fels. {"^J ARTICLE XXXIX. Examen chimique de Veau. Voyez les Cette analyfe de l'eau , fupérieurement exécutée par M. Mcm. pag. Margraf, intérefîe également les Médecms & les Phyliciens. *^'' On fait combien il importe aux uns & aux autres d'avoir des tonnoiffances auffi sûres , aufTi précifes & auffi étendues qu'il ell poflible , d'un élément dont on retire tant d'utilités dans la vie , & qui joue un fi grand rôle dans toute la nature. fM M Elhr (lit avoir fait graver ces différentes figures des fels, vues au microf- '■■'"■ • tien trouvé dans les planches qui y tût relatif, quoique nous cope : mais nous n'avons rien trouve uaub n.» i.iu.>..,.v.. >i> - ^ .... ........ , flj'ons eu fous les yeux deux exemplaires des Mémoires de 1 Académie. Avant PRÉLIMINAIRE. lxxxix Avant M. Margraf'û ne paroît pas qu'on fe foit autant at- ÂT~r C l E X XXIX. tachti à Tanalyfe chuniqiie de l'eau , que le niéritoit Timpor- amn. 175/. tance de l'objet. Le travail de cet habile Chimifte lui a valu le fuffrage des juges les plus éclaires & les plus difficiles {a). Aufll les expériences qui compofent le corps de fon Mémoire doivent-elles être regardées comme un modèle d'exadtitude , fur laquelle il a fçu renchérir encore dans un fécond Mémoire, qu'on trouvera fous Tannée 1756 (b^. (*) Voyee M. IVallerhis a préfenté, depuis M.Margraf^ à l'Académie art/xvu."' Royale de Suéde, en 1760 , trois Mémoires fous ce titre : Re- eherches fur la nature de la terre qui fe tire de Veau , des plan- tes &■ des animaux (cj. Comme les réfultats des expériences des deux Académiciens ne s'accordent pas toujours , nous avons cru qu'il feroit utile de placer ici un petit précis du Mémoire de M. ÎVallerius , qui roule fiu- la terre qu'on tiie de l'eau. On peut élever deux queftions à l'égard de cette terre , & demander i". quelle e{ï fa nature, & 2°. d'où elle provient ou quelle en eft l'origine. Nous allons d'abord nous attacher à la première de ces queftions , comme à la plus importante. Les expériences de M. Margraf l'ont convaincu , que la plus grande partie de la terre qu'on obtient de l'eau la plus pure par la diftillation , eft , dans toutes fes qualités & rela- tions , une vraie terre calcaire. M. JVallerius eft cependant furpris de voir que tant de grands Chimiftes en aient eu cette dSi'^^S opinion {d). Il réfulte de fes expériences que c'eft une terre ronû'ôbach, fufible & foluble dans les acides , à l'aide de la chaleur (ej. ^f^'^ f^lj Celle qu'il a obtenue de l'eau de neige diftillée par la tritu- 560. ' ' ''' ration expofée au feu de manière a rougir à peine , fe durcit , (a) Voyej l'éloge qu'en fait M. Venel dans VEncydop. tom. V. p. 19t. a:i mot enu. (-■) Ces recherches fc trouvent dans le Recueil des Mémoires les ylus imé-elTa-.s de Chimie & d'Hijïoire Naturelle des Académies d%'-fal & de Stoclolm , publiés depuis I7ÎO jufqu'en 1760. i vol.in iz. Paris 1764. Nous devons cet important Recueil à M. le Baron d'Olback , à qui l'Encydopé- «e £* le public a\ oient déjà de tris-grandes obligations. m xc DISCOURS Article fc lie , & Ics Hcides ii'oiit plus aucunc prife fur elle ; à un feu ann'!^ ^j7;i. plus fort , elle fe réduit proraptement en un verre blanc & (a) ib aa tranfparent (rî). La terre qu'on obtient par la diftillation , fe 548. comporte de même au feu de fuiion , mais elle exige un de'gré (6) ib. pag. Je fe^ pi^is fort, & fe change en un verre de couleur verte (b). °* M. Margraf ne fait mention d'aucune terre tirée de l'eau qui foit futible ou vitrefcible par elle-même ; mais outre fa terre calcaire , il en a obtenu une autre non foluble dans les acides , ni fufible au feu , fans addition , mais qui étant mêlée à la dofe de deux parties , fur une partie de fel de tartre le plus pur , dans un creufet bien luté , recouvert d'un autre creu- îet , & expofée à un violent feu de fuiion , s'eft convertie en un verre clair (t). Outre la diftillation dont M. ÎVallerius s'eft fervi , à l'exem- ple de M. Margraf, il a fait encore ufage , pour retirer la {d) Voyez terre de l'eau , de la trituration , à l'exemple de M. Eller (d\ fous lannee ,, , ,. ,,^ ^ . -, .^, r ■> ■ 1746. art. 11 y a quelque lieu detre lurpris que M. Margraj n ait pas eu XIX. le Me- j-ecours à ce moyen. Il en a cependant employé un fort ana- EiUr fur les logue. Il enferma deux onces d'eau diftillée dans un vaifiTeau élémens. Je verre haut de 10 pouces , & large d'un à deux pouces env^iron , exaftement fermé par le haut avec un bouchon de verre bien poli ; après quoi il fit fécouer continuellement le tube par un homme , qui le faifoit aller fans ceffe de bas en haut , & de haut en bas. Après huit jours l'eau devint trou- ble , & les fecouffes ayant été continuées huit autres jours encore , M. Margraf "pwt voir diftinftement , fur-tout aux ra- (e) Voyez yons du foleil , les parties de terre qui flottoient dans l'eau (e). èxamen"de Avant de pafler à la féconde queftion , qui regarde fori- l'eau. j. IX. gine de cette terre , nous allons rapporter les réfultats , extrê- mement curieux, que M. IVallerius a obtenus de la trituration de l'eau , dans un mortier de verre. A chaque fois il n'a pris qu'une ou tout au plus deux drag- mes d'eau de fontaine ou de rivière diftillée , & en triturant 3 voici ce qu'il a remarqué : (0 Toyeï ann. 1756. art. KFU. la 2«. analyfe de Veau de M. Margraf, §.XIL PRÉLIMINAIRE. xci 1°. Il a fenti plus de rc'liftance à faire tourner le pilon, article 2°. Après deux heures , Teau eil devenue d'un blanc de am.n. 1751! lait. j". Au bout de quatre ou cinq jours , en continuant à triturer , il ne reftoit qu'une terre fine & blanche comme de la craie , qui s'étoit fortement attachée au mortier & au pilon. D'une dragme d'eau triturée de cette façon , on a ob- tenu environ un fcrupule & demi de terre , tantôt plus & tantôt moins , à proportion de l'attention qu'on avoit appor- tée à triturer , afin qu'il ne s'évaporât point une trop grande quantité d'eau , pendant une fi longue trituration. Ce produit fe rapporte aflez , dit M. IVallerius , à celui que Boyle a ob- tenu en dilHUant de l'eau 200 fois , comme il le rapporte lui- même. Si l'on fait évaporer l'eau qui a pris une couleur de lait , on obtient cette terre plus promptement , mais en moin- /upr" pag.' dre quantité faj. s-H' 54S. L'eau de neige diftillée foumife à la trituration , a offert , à très-peu-près , à l'Académicien Suédois , les mêmes phéno- mènes que l'eau de fontaine & de rivière. Mais que penfer de l'origine de la terre qu'on obtient ainfi de l'eau diftillée la plus pure ? M. IVallerius croit pouvoir con- clurre des expériences précédentes , que cette terre eft com- pofée de celle qui eft fournie par l'eau , 6c de celle qui fe dé- tache du mortier. Ce qui appuyé cette dernière conjeûure , eft que la terre qu'on retire de l'eau par la trituration dans ) un vailfeau de verre , fe fond & fe vitrifie plus aifément que (h) nu. celle qu'on obtient par la diftillation (bj. P^S- 5^^" Mais cette terre ne peut pas venir totalement du vaiffeau ou du mortier , puifqu'elle a une fi grande reflemblance avec celle qu'on obtient par la diftillation. Elle ne vient point non plus d'une difTohition , continue M. IVallerius , puisqu'on ne connoît point de terre minérale femblable , & qu'elle ne fe trouveroit pas toujours après les diftillations réitérées de la même eau , fi elle n'y étoit que mêlée ; à quoi il faut ajouter qu'elle a beaucoup de peine à fe laiïTer diflbudre dans l'eau m ij xcii DISCOURS 'i wr "ÂTticle (^aj. Refte donc, conclut M. IVallerius , qu'elle provient de ANN.^i7ji. l'eau même , qui s'eft re'ellement convertie en terre. Il croit (a) ihid ^^^^^ tranfmutation très-pofîible : aufli n'eft-il pas e'tonné que pag. 561. Newton dife dans fon Optique , qu'il eft venu à bout de faire rougir l'eau , & de la changer en verre , & quOlaùs Rudheck avance dans (on Atlantique , que la fonte de la neige laifie tou- jours un fédiment terreux , qui accroît continuellement la (i) ibii. maffe du globe (b). En terminant fon Mémoire M. IVallerius re'pond aux ob- jeûions , qu'il imagine pouvoir être faites contre fon fentiment, qu'on retrouve encore dans fon Hydrologie , où il n'eft pas (0 pag' 9- appuyé fur des preuves plus fortes que celles qu'on lit ici (c). ^ ^°- Ses réponfes n'ont pas fans doute paru bien convaincantes à l'Académie Royale de Suéde , qui n'a permis que les confé- quences que notre Auteur tire de fes expériences , en faveur de la tranfmutation de l'eau en terre , fuflent inférées dans fes Mémoires , que parce qu'elles peuvent donner lieu à de nou- velles recherches {d). 1°. L'Auteur femble reconnoitre que l'eau confidérée dans ie) ihid. fes parties conrtituantes eft inaltérable (e). Comment donc la pag. 56i. malîe qui en réfulte pourroit-elle fubir un changement aufH grand que celui qui la convertiroit en terre ? Il eft plus éton- nant , dit M. IVallerius , de voir le mercure, qui eft un corps (/) ibid. fluide & volatil , fe changer en un corps folide & fixe (f). Mais ce changement dans le mercure ne s'opère que par le froid ( fuivant les nouvelles expériences de l'Académie de Petersbourg ) (^), ou par les amalgames. Or , c'eft auflî ce qui arrive à feau ; à un certain degré de froid elle fe convertit en glace ; & l'on fait bien qu'elle peut entrer dans la compofition des corps les plus durs , les plus fecs , & les plus confiftans , tels que le plâtre & le mortier. Mais dans aucun de ces cas , elle ne change de nature , non plus que le mer- (rf) Voy. pag, 564. la note qui termine le Mémoire de iW. Walleriusyîjr la terre de Veau, (•) Nous parlerons plus particulièrement ailleurs de ces importantes £<. curieufes expériences^ PRÉLIMINAIRE. xciii cure. On peut toujours la ramener aifément à Ton premier XTrT^^^^ ëtat ; & il en ell: de même de la poudre fëche à laquelle xVxiV/ on réduit le mercure par la trituration, & par d'autres mo- '*""'' '^"' yens analogues. Le grand Boerhaave a Tuffifamment prouve par Tes belles & laborieufes expériences fur le mercure , com- muniquées aux Académies Royales de Londres & de Paris ( + ), que quelques tortures qu'on fafle fubir à ce minéral , & quelles que foient les ditférentes formes fous lefquelles il fe préfen- te, ce n'eft jamais que du mercure, auquel on rend facile- ment fon éclat & fa liquidité. Or , peut-on en dire autant de la terre qu'on obtient de feau ? Pour que l'indudion tirée du mercure eût quelque force , il faudroit que cette terre pût redevenir de l'eau. 2°. M. Wallerius croit que la terre feule , & qui n'eft point unie à une fubftance propre à la volatilifer , ne peut s'élever avec l'eau par la diftillation. Mais , quelle preuve a-t-on de cela ? Connoît-on les dernières bornes de la divifion dont l'élément terreux eft fufceptible ? Et ne peut-il pas fe trouver des terres qui foient folubles dans l'eau , par elles-mêmes , en tout, ou en partie ('^'^J ? (*) 11 a laifTé une fuite manurcrite de ces expériences qu'on trouve dans les nou. veaux mémoires de l'Académie Impériale de Pétersbourg. (•*) M. Birtrand rapporte dans fon Piciionnjire des fojjiles (a) une expérience très- (j) la-l". curicufe , qui met fous les yeux Se fait , pour ainfi dire , toucher au doigt la folu- "763. bilité de la terre par l'eau. J'ai pris , dit ce favant Phyficien , des eaux minérales de la Brevine , dans le Comté de Neufchâtel. J'en ai rempli des bouteilles , qui ont été exaflement bouchées au mois de Jiiillet. Cette eau placée d;ms une bonne cave , s'eft bien-tôt troublée. Les bouteilles étoient couchées. Au bout de deux mois &c demi, il s'eft fait un dépôt li, moneux & brun , qui avoil un pouce de hauteur , tout le long du corps de la bou. teille couchée. L'eau qui occupoit le relie efl devenue limpide. Au printems fuivant j'ai agité ces bouteilles , l'eau a été troublée au point de devenir noirâtre. Le len- demain j'ai trouvé que le dépôt s'éioit formé de nouvea-i , le refte paroilToit une eau bien tranfparente : au bout de huit jours , réitérant chaque jour cette opération, je m'appcrçus que le dépôt diminuoit, fans que l'eau perdit de fa tranfparence. En. fin, après fix femaines , il n'y eut plus ni fédiment ni dépôt, 8» l'eau étoit auffi lim, pide , que lorfqu'elle avoir été prife à la fource. Après cette nouvelle diirolution , 1 eau n'a plus tait de fédiment , & il ne s'eft plus fait de féparation. Dicïionnaire dei f Mem. pug. l'eKaftitude & les attentions qu il étoit capable d y apporter. 186. S'étant propofé de mêler le fang avec plulieurs fortes de mé- dicamens , pour voir quel feroit l'efFet de ces différens mé- langes , il les a conftamment tenus à une chaleur parfaitement égale à celle du corps humain. Mais avant de pafTer au détail de fes expériences , il donne quelques conlidérations généra- les fur le liquide vital qui en a été l'objet , & enfuite l'ana- lyfe naturelle du fling , tel qu'il s'offre hors de nos vaiiTeaux , fans lui faire éprouver l'aftion du feu , ni d'aucun autre agent chimique. La première chofe qui fe fépare de la mafTe rouge fe mon- tre fous l'apparence d'eau commune , & n'en diffère réelle- ment que par un peu de fel volatil, qu'elle enlevé en s'évapo- rant , & qui s'annonce par l'odeur. M. Eller regarde comme probable que ce fel n'eft autre chofe que le fel marin , con- verti en alcali volatil , par l'union intime qu'il contrafte avec la partie grafîe des alimens , & par le jeu des vaifTeaux. Mais on regarde affez généralement le fel marin comme étranger à l'œconomie animale , dont il élude , dit-on , tou- tes les forces. D'ailleurs , il y a tout lieu [de croire que le fel dont il s'agit n'eft point un alcaU volatil pur , mais un fel ammoniacal ; car il y a grande apparence qu'il n'y a pas plus d'alcali volatil développé dans le corps humain en lanté , que d'acide libre & pur. Ceux à qui il refteroit quelque doute fur cet article , pourroient expofer du fyrop de violette à la vapeur qui s'élève du fang, pour voir s'il en feroit verdi, ce que nous ne croyons pas (*). La partie rouge ou le cruor eft d'une 12^. partie plus pe- (*) Ea ûqua parum oiora , pêne inJîpiJa , nultum aul acidcc indolis Jîgnum , aut alca- line edit. Eadtm ferfpirationit materia eJJ'e t idetur, Haller Elem. phyfiol. tom. 11. p. 58. Il xcviii DISCOURS ITVTTn fante que l'eau , & la férofitéou le ferum, feulement d'un ^S^- hn^niu M. Eller ayant eu la curiolité de répe'ter l'ingénieufe ex- périence imaginée par le Dofteur Jarin , pour déterminer le volume ou la grofleur du globule fanguin , a trouvé que le dia- mètre de celui-ci ell la i 960^. partie d'un pouce. L'expérience a été réitérée à Londres avec le microfcope folaire , & le mi- cromètre de M. Cuff. Lcwenhoech a prétendu que chaque globule rouge étoitcom- pofé de l'affemblage ou de l'union de 36 globules blancs ou lymphatiques. M. Eller femble craindre que ce célèbre obfer- / vateur n'ait pas été ici à l'épreuve de quelqu'illulîon ; & en effet , M. le Baron de Haller a démontré dans fa grande & h^-fiok!^'"" immortelle Phyliologie (^7) , le peu de fondement de cette t'om.'°ii°.^lib. hypothèfe fi accréditée , dont le grand Boerhaave a fait un des ^'66 68^' ^PPi-iis de fa Phyfiologie , & de fa Pathologie. ^ " ' L'aûion & la réaûion du nombre innombrable des petits vailTeaux que le chyle a à parcourir , en donnant plus de den- fité & de compatibilité à fes globules , leur communiquent enfin la couleur rouge du fang , en changeant vraifemblable- ment , dit M. Eller , la réfraftion de la lumière , à-peu-près comme nous voyons changer en un infl;ant,la blancheur éblouif- fante de la neige, en une couleur jaunâtre , par une forte prêt fion. Cette explication ne manque pas de vraifemblance ; mais eft-elle bien folide ? Après ces préliminaires M. Eller rend compte de fes mé- langes , & des phénomènes dont ils ont été fuivis. Mais cette partie de fon Mémoire n'étant pas fufceptible d'extrait , nous y renvoyons le Lefteur , en nous bornant ici à quelques ré- fultats. L'alcaU fixe communique au mélange une fluidité extraor- dinaire , qui fubfifte pendant plufieurs jours fans diminution , & l'alcali volatil produit le même effet , d'une manière plus marquée encore. PRELIMINAIRE. xcix Ceci s'accorde parfaitement avec les diflolutions au fang aux- ÂTVTcTê quelles Tabus des alcalis volatils a donné lieu quelquefois (a), awn. l'rrt. Le fel d'Epfon ou d'Angleterre conferva auffi pendant plu- -■,,,, fîeurs jours le fîing entièrement fluide. H;xam ciibi Le fel d'ozeille le rendit pîde & Ijvide. L'arfenic , au con- '^"■' '^^ '^.^- traire , lui donna une belle couleur d'un rouge foncé & lui- ,2. ' faut. Le microfcope montra cependant les petites fphères dif- foutes , & comme en mouvement , entremêlées par-ci par-là de petits cryftaux à pointes triangulaires , & tranchans com- me de petits javelots. Le fublimé corrolif rendit le fang d'un rouge brun , comme le foie des animaux , mais la fluidité fub- fifta toujoiu's , méine après le refroidiiîement. Des trois aci- des minéraux , le vitriolique & le marin coagulèrent forte- inent le fang; l'acide nitreux l'épaifllt feulement un peu, fans l'empêcher d'être coulant , & aucun des trois ne détruilit le globule fanguin , d'où l'on voit , dit M. Eiler , que les corro- lifs les plus puifîans , ne portent pas tant leur aftion deftruc- ti\'e fur les fluides que fur les folides de notre corps. Au relie , l'Auteur ne s'exagère pas le mérite de fes expé- riences ; il avoue franchement , au contraire , qu'il ne les juge pas fort intérefTantes ; & en effet , il ne paroît pas qu'il puifle en réfulter de grands avantages pour la pratique de la Mé- decine. Elles ne nous éclairent pas beaucoup , non plus , fur la natiu-e & la compolition du fing , & l'on fait aflez combien peu on a retiré de lumière fur cet objet de l'analyfe chimi- que à la violence du feu ; l'analyfe menftruelle , trop négligée- jufqu'ici , & juftement célébrée par plufieurs grands Chimif- tes(*), y en répandroit fins doute davantage. Le fwant Au- teur du nouveau Diûionnaire de Chimie indique la voie qu'on (*) Voyez les éloges que donne à cette eTpèce d'analyfe M. Venel dans plufieurs ar- ticles de VEncyclo^édie ; &c dans un beau ftlémoirc fur Tanalyfe végétale préfcnté à l'Académie Royale des Sciences. On trouve ce Mémoire dans le deuxième volume des Correipondans. n ij c DISCOURS A R T i c Te devroît tenir dans l'application de ce nouveau moyen ; ce ann'^^tji. feroit de fépareraufliexaftement qu'il feroit poffible, & d'exa- miner enfuite chacune à part, la ferofité , la partie rouge , & la matière blanche ou gelatineufe , qu'on obtient du coagulum par la lotion , trois parties analogues à celles que le lait fournit par fa féparation fpontane'e , & qui paroiffent en tirer immé- (a) Dia. diatement leur origine (aj. de chimie t. j^ivers Médecins , comme Pitcaïrne ('*) avoient de'ja fliit 395!^^" ^^'^' les mêmes expériences que M. Eller (m le fang , mais peut- être avec moins d'exaûitude & de précilion. XTt.c.e a R T I C L E X L I. XLl. ann. 175I' Sur la Pneumonanthe. Voyez les Nqus renvovons entièrement aux Mémoires pour cette plante. r=**= ARTICLE XLII. Article f^^^^l^;,. Sur les nerfs de la face. Voyez les L^^ defcription que M. Meckel donne des nerfs de la face , Mem.p.301.^ la figure qu'il y a joint, font de ces chefs-d'œuvre rares d'anatomie , faits pour exciter l'admiration de tous les Sa- vans , & tels qu'on pouvoit les attendre du célèbre Au- teur de la fameufe differtation de quinto pari nervorum. La figure a été fupérieurement rendue par un Chirurgien C"-*-) qui joint à des talens très-diftingués dans fon art , le goût le plus éclairé & le plus vif pour l'anatomie. Cette pièce mérite de fervir de décoration au cabinet de tous les curieux. (*) Voyez fes EUmenta tneiica mathematica. (**) M. Pamard , le Fils, M', ez Arts & en Chirurgie , Correfpondant de l'Aca- aémie Royale de Chirurgie de Paris , Chirurgien Mpjor de l'Hôtel-Dieu , & Pen- fionnaire de la Ville d'Avignon. PRÉLIMINAIRE. CI ARTICLE XLIII. TÛm":' Sur une plaie de tête avec fracas des os du crâne , & déper- *'"'■ '^'*' dition confidérahle du cerveau. Cet article renferme Thiftoire très-détaillee d'une plaie Mém^p"?»" de tête extrêmement grave , occalionnce par l'aîle d'un mou- lin à vent. Le coup porté , félon les apparences , par der- rière , ayant fracaiïe le pariétal , l'avoit pouffé fous l'os du front , & avoit fait fortir la portion du cerveau foulée. On effaya de rétablir dans fon niveau la partie de l'os enclavée fous le coronal , mais on ne put en venir à bout. On pré- tend même que le trépan étoit impraticable , & que d'ailleurs cette opération eût été funefte au bleffé ; qu'elle eût en- dommagé encore davantage le cerveau, occalionné des con^ vullions , une grande perte de fang & la mort même , comme il arriva dans un cas à-peu-près pareil , rapporté par Meehren. Cet exemple , & l'abfence des fymptômes qui indiquent évi- demment le trépan , déterminèrent à s'en paffer , & le bleffé, qui étoit un enfant de Cleves , âgé de i 2 ans , fe trouva parfaitement guéri, au bout de 10 femaines. Cette obfen'ation ayant été communiquée au Collège de Médecine par ordre du Roi , qui voulut prendre connoifr fance de ce fait , M. Elkr en fit part à l'Académie , & y joignit des réflexions intéreffantes , fur lefquelles nous cro- yons devoir faire quelques remarques , ainfi que fur le cas qui y a donné lieu. L'Académie a jugé le Mémoire de M, Eller digne de trouver place parmi ceux de la claffe de Fhi- lofophie Spéculative, & c'eft de-là d'où nous ra\'ons tire pour le faire entrer dans cette coUeûion , comme apparte^ nant du moins autant à la Chirurgie , qu'à la Métaphylique. M. Eller fait mention de plulieurs cas , defquels il réfulte que les plaies du cerveau ne font pas né:effairement mor- telles , qyioiqu Hippocrate ait décidé le contraire dans fes Aphorifmes. 11 explique d'une manière très-fatisfaifante les A II T 1 CL X LUI. A.VN. I7S2 cil DISCOURS phénomènes ou les accidens dont ces blefTures font fuivies , relativement aux fonftions du corps , & aux ope'rations de l'ame , & finit en applaudifTant à la conduite qu'on a tenue dans le traitement de celle qui a été l'occaiion de fon Me'- moire. Nous feroit-il permis de dire, après une approbation aufli honorable que l'eft celle de M. Eller , que cette conduite ne nous femble pas devoir être propoiee pour modèle. L'in- te'rét de riiumanité nous a paru l'exiger ; c'eft donc un devoir dont nous ne pouvions nous difpenfer. M. Quefnay établit très-folidement , dans un excellent Mémoire yî/r le trépan dans les cas douteux , inféré dans le I . tome de ceux de l'Académie Royale de Chirurgie , qu'on doit toujours trépaner dans les fraûures & les enfoncemens du crâne. Voudroit-on , dit cet illuftre Auteur , fe régler fur les accidens ? Ces lignes font bien moins certains que ceux qu'on rejette ; car fouvent les accidens primitifs font peu confidé- rables , ou manquent entièrement , quoiqu'il y ait épanche- ment fous le crâne , ou léfion aux membranes du cerveau , & au cerveau même , tandis que fort fouvent il en arrive de très-fàcheux par une fimple commotion du cerveau , oà le trépan eft inutile. D'ailleurs , quand les accidens primitifs manqueroient , ou quand on auroit réufîi à les diffiper par la diète & par les faignées , on auroit encore à craindre les accidens confécutifs , & fouvent nous fommes avertis trop tard pour le trépan lorfque ces derniers paroiflent. Quand il y a frafture ou enfoncement , on ne doit donc pas fe régler fur ces accidens , ni les attendre , parce qu'on a alors des fignes fuffifans , & moins redoutables , que ces accidens con- fécutifs , qu'on voudroit attendre pour fe déterminer. Ceux qui font dans d'autres principes ne peuvent appuyer leur fenti- ment que fur les observations qui nous affurent , que beaucoup de coups à la tête avec frafture ou enfoncement , ont été guéris fans le fecours du trépan. Mais de telles obfervations PRELIMINAIRE cni ne doivent pas faire règle , fiirtout quand elles font contre- "Ârt.clI dites par d'autres, qui l'emportent inriniinent par le nombre A^HÎ''i7ji & par la fureté qui en re'fulte pour les malades (a). (OMém.de Tel eft le précis de toute la doctrine de M. Quejnay fur ce ''Acad. Koy. point important & délicat de chirurgie. Or , li nous jugeons , in.?-\xom.\. d'après cette doftrine à laquelle des faits nombreux èc très- P- '9i- '»*- fiigement analyfés ont conduit le favant Académicien , du traitement qu'on a mis en œuvre dans l'occaiion dont il s'agit , on ne croira pas que ce fût le parti le plus sûr qu'on eût à prendre pour le blelfé , bien que l'événement femble l'avoir jufîifié. Le fuccès ne juftifie pas toujours aux yeux des Juges éclairés , quoiqu'il foit pour le public une preuve fans répli- que d'habileté. Souvent les obfervations les plus brillantes font plus capables d'égarer que de conduire dans la pratique de la Médecine & de la Chirurgie. Entraînés par le fuccès, on, ne faifit communément dans de telles obfervations , que ce qu'elles préfentent de plus frappant : on néglige de les rame- ner aux principes les plus invariables de l'art , & l'on érip-e en régie, ce qui ne doit être regardé , tout au plus , que comme une exception heureufe & rare , qui ne fauroit tirer à con- féquence. C'eft fous ce dernier point de vue que nous paroît devoir être confidérée la guèrifon du bleffé de Cleves. A la vérité , on dit que le trépan étoit impraticable , mais il ne paroît pas que le fracas fût affez confidérable pour rendre l'opération im- poffible ; & quant aux inconvéniens dont on prétend qu'il pouvoit être fuivi , il femble qu'ils étoient moins à craindre que les accidens aufquels l'enfoncement du crâne pouvoit donner lieu. L'obfervation de Meebren ne conclut rien : le malade , qui étoit un matelot robufte , avoit reçu llir le pa- riétal droit un coup iî violent, qu'une portion de cet os avoit ^té poufTée fous le crâne ; après avoir été trépané deux fois » il fut attaqué d'une hémorragie conlidérable accompagnée de vomiflèment , de diarrhée & de convullîons ; la fupurati.ou civ DISCOURS Article qui avolt été jufqu^alors fort bonne , diminua, & le bleffé Ann. 17J1. ^''" ■ mourut en fommeillant. Ce n'eft pas Flie'morragie , fans doute , qui a fait périr un matelot robufte ; l'on fait afTez que cet accident n'ert guère s à craindre dans l'ope'ration du tre'pan ; & à l'égard des au- tres fymptômes , le vomiffement , la diarrhée ë<. les convul- iions , quelle preuve déciiîve a-t-on qu'ils ayent été l'effet du trépan , & qu'ils ne fuffent pas arrivés de même , li l'on n'eût pas trépané ? Le Médecin qui dirigea la cure , & qui en a donné la re- lation , jugea que la portion d'os enfoncée en comprimant la plaie du cerveau , prévenoit l'hémorragie & l'épanchement du fang ; que lî l'on pratiquoit le trépan , le cerveau prefque vulde, acquerroit trop d'efpace , & que le fang, à la faveur de ce grand vuide , eut pu le répandre fous le crâne , Ce mêler avec le pus , enflammer le cerveau , caufer la pourriture & la mort. Mais il n'eft pas certain qu'il fut arrivé d'hémorragie , & en fuppofant que les vaifleaux eulTent fourni une certaine quantité de fang , il auroit trouvé une iffue Cac'ûe par l'ou- verture du trépan , qu'on eût pu multiplier fi le befoin l'avoit exigé. On fait que Stalpal-Vanderwiel en a fait jufqu'à vingt- {tt) Voyez fept (a) dans un feul cas. fur la muiti- Lg Médecin fait remarquer que le 4=. jour l'enfant'' fut at- plicile des , • i !• o '-l'f trépans un taque d Un cours de ventre qui en dura dix , oC qu il tut un très -bon j^^j^ ^^j^^ retenir fon urine, ce qui lui fit craindre les fuites M*Ç«/mjy de fon état , quoique les apparences fuffent d'ailleurs des '' me'de l'A P^^^^ iavorables. caT/mie Ro"- H paroît inconteftable que ces accidens dépendant , très- yaie de chi- probablement , de l'état du cerveau , fur-tout l'incontinence rurgie. (l'ui-iiie ^ on eût dû travailler a élever la pièce d'os enfoncée , pour faire ceffer la comprefTion , & pour évacuer le fang ou le pus , qui auroient pu féjourner dans ce précieux organe. Concluons donc avec ^. Quefnay qu'on ne doit jamais fe dilp enfer PRÉLIMINAIRE. rv difpenfer de recourir au trëpan dans les fraftures & les en- * Yj],<=|'-,' foncemens du crâne , à moins que l'écartement des os n'en ann. 17J1. difpenfe évidemment. Cette doûrine doit être d'autant plus fortement inculquëe , que la pratique contraire a d'illuftres par- tifans , parmi les Auteurs inéme les plus célèbres , dont le nom n'eft que trop capable d'en impofer. On peut compter parmi ces derniers M. Heijter^ qui, loin de prefcrire le trépan dans les fraftures qui ne font pas aûuellement accompagnées d'accidens dénotans l'épanchement , veut qu'on s'en tienne d'abord aux remèdes généraux , aux vulnéraires , aux fter- nutatoires ("*■) , dans les cas mêmes où il fuppofe l'épanche- ment déjà formé {a). («) ru. Les fraftures ne font pas même en certaines occafions de ^^'-^"r '"^' fimples fignes qui indiquent le trépan , mais des caufes qui tom. ,."c"ap* l'exigent, fuivant M. ÇueyTzûj-, quoiqu'il n'y ait ni enfoncement, X'V. §. j/- ni fragmens ofTeux qui aient perdu le niveau ; il rapporte ^ " ^'* quelques obferv^ations qui femblent appuyer cette remarque. Nous ferons encore, d'après M. Quefnayyiine obfervation , qui ne paroîtra pas fans doute déplacée ici. C'eft que dans les plaies de tête fans lézion apparente au crâne , où l'on ne peut être déterminé au trépan que par les accidens , il importe très-fort de fe rendre attentif au tems auquel ils arrivent. Ces accidens font de deux fortes , primitifs & confécutifs ; les premiers , qui fe déclarent dans l'inftant du coup , font une fuite ordinaire de la commotion, i, 175», PRÉLIMINAIRE. cvii du vin, une autre avec le baume de Fioraventi, une autre avec l'huile de térébenthine , & une autre enfin avec le baume du Commandeur de Perne. Celle qui avoit été dans l'ofprit de vin s'étoit raréfiée & confidérablement attendrie ; elle fe corrompit enfuite plus promptement que les autres : les mêmes changemens arrivèrent aulli à celle qui étoit dans le vin , mais il furent beaucoup moins conlidérables. La portion qui avoit été dans le baume de Fioraventi fe trouva au contraire un peu plus refferrée & raffermie. Ce dernir effet fut encore plus remarquable dans celles qui avoient été dans rhuile de térébentine & dans le baume du Commandeur. Il réfidte de ces expériences que les huiles effentielles bal- famiques font préférables aux huiles alkoolifées pour réprimer les dégorgemens du cerveau & pour les préveriir. M. de la Feyronie a remarqué depuis , que la pratique s'accorde en effet parfaitement avec les expériences (u). (a) nu. Au furplus , les guèrifons des plaies de tête avec perte ^^^' ^^'*' confidérable du cerveau , ne doivent pas nous caufer une admiration ftérile , mais nous faire comprendre que cet or- gane ed capable de foutenir des opérations que jufqu'à pré- fent on n'av-oit ofé entreprendre. C'eft ainlî , par exemple , que dans les plaies de tète avec épanchement , & dans les fupurations intérieures du crâne , û après avoir fait le tré- pan on ne trouvoit la matière ni au-deffus ni au-deffous de la dure-mere , on ne devroit pas hélîter d'ouvrir le cei-veau même pour tâcher de la découvrir ; on peut y faire auffi des perquiiitions pour en extraire les corps étrangers qui s'y trou- veroient engagés , comme bàles , fquilles d'os &c ; emporter des fungus , des carcinomes qui fe forment quelquefois à fa furface ; en retrancher des portions confidérables. Tout cela eft favamment établi dans un excellent Mémoire de M. Quefnay fur les plaies du cerveau , (b) où l'on trouve une riche coUeûion (i) I". vol de faits, & les conféquences importantes qui en réfultent ^^^l'^'l"^- pour la perfeftion de l'art, relativement à ces plaies , & àdechir. d'autres maladies de cet organe. o ij cvin DISCOURS ^Vl',^:" article XLIV. bur la végétation des graines. La philofophie fchohftique , jargon barbare & vurde d'idées , dont les hommes , à la honte de la raifon , avoient bien voulu fe contenter pendant plus de deux mille ans » ayant fait place enfin au goût de la phyfique expe'rimen- tale & de l'obfervation , les Philofophes commencèrent à tourner leurs regards fur eux-mêmes , & défirant connoître au moins le domicile de cet être fublime & d'une origine toute celefte , qui penfe en eux , ils obéirent avec ardeur , quant à cette partie , au précepte gravé fur la porte du plus célèbre temple de la Grèce : Connois-toi ,toi-méme : & l'anatomie de l'homme fit bientôt les plus grands pro- grès. Cette première curiofité fatisfaite , on voulut péné- trer enfuite dans la ftrufture des animaux , & enfin dans celle des plantes , dont l'organifation , prefque en tout fem- blable à la nôtre , ne mérite pas moins de nous occuper. Les premiers fcrutateurs de l'oeconomie végétale , furent le grand Malpighi, à qui fanatomie humaine devoit déjà tant, Grew & Lewenhoeck. Ils ont été fuivis par d'autres, qui ont parcouru avec diftinftion la même carrière, tels que Hook, TreM/, Guettard , Moeller , & deptiis peu l'illuftre Bonnet(*J^ homme d'un génie véritablement philofophique , fait pour exceller dans toutes les fciences naturelles , & dans celles mêmes d'un ordre encore plus relevé (■*"*■) , dont l'objer paroît fi inacceffible à l'efprit humain. Après avoir rendu à ces illuftres prédéceffeurs , le tribut d'éloges qu'ils méritent à fi jufle titre , M. Eller annonce que les merveilles qui brillent avec tant d'éclat dans les re- (*) Voyez fe? belles Recherches fur l'iifage J^s feuillet ians Us plantes & fur quel" fues autres fu]ets rehnifi à Vhiftoire de la végétation in-4''. 1754. («*) Son EJJ'ai analytique des facultés de l'ame. prOUV.e-qu'il eft MéiaphUÎCien auffî &l)Hjne , que grand &c i^rofond iftttiralifte. PRÉLIMINAIRE. cix produûions du règne végétal , l'ont enflammé du défir d'en art. cl c' pénétrer le myftère , ôi de marcher fur les traces de ces A^K!'i'7^i» grands hommes ; mais qu'étant déterminé à ne rien avan- cer dans fon Mémoire qu'il n'ait exaftement vu & fcrupu~ leufement examiné par lui-même , il ne citera perfonne. Son objet eft de fuivre le progrès de la végétation , ou du développement de la graine , depuis le moment où elle commence à poufler , jufqu'à l'entière perfeûion de la plante , & d'en donner l'hiftoire en peu de mots. En traitant un fujet qui avoit déjà exercé tant d'illuftres obfervateurs , M. Eller ne pouvoit guères compter fur de grandes découvertes. Mais n'eût-il fait que confirmer celles qu'on avoit faites avant lui, & les préfenter réunies dans un petit efpace , fon travail mériteroit notre reconnoiffance. Nous ne doutons pas qu'à la lefture de fon Mémoire , le public n'en porte le même jugement. Nous n'avons pas deflein de fuivre M. Eller dans le détail de fes expériences , & nous n'ajouterons plus que quelques mots. On fait que la perpendicularité de la tige des plantes à rhorifon , dans quelque fens que la graine ait été fëmée , eft un phénomène qui a donné la torture aux plus grands Phyliciens. M. Eller en propofe une nouvelle explication qu'on verra dans fon Mémoire. Il croit que l'huile plus ou moins tenue , qui eft un pro- duit chimique de toutes les graines , eft ce qui les fpécifie , & ce qui conftitue leur caraûère prolifique , conjointement avec l'organifuion primitive, propre à chacune Ç*J. L'huile furabondante , qui fe trouve également & dans les graines & dans les œufs des animaux, établit, fuivant la remarque d'un célèbre Chimifte (a) , une analogie très- (a) Dia. tte chim. t. II. au mot miS ( ) Par le moyen de ce qu'il y a d'huileux dans les fémences , la nanire écarte pag. 156^ ne l'cmbrion toute humidité étrangère, & retient cet efprit fiibti! , pur 6t vo, «til , qui eft la plus çar&ite. çroduftioa de la plaatç. Encychged, lom, XIMU ex DISCOURS XT^Tc L E digne d'attention. Il ne paroît pas cependant qu'elle ait dans annVJsï. 1^ graine une deftination aufïï relevée que celle que lui attribue ici M. Elkr. Il femble que fa fonûion à Fiiïùe des lobes , qui en font le réfervoir , & d'où elle fort fous la for- me d'un fuc émulfif , eft uniquement de fournir à la petite plante une nourriture proportionne'e à la délicatefTe de fes (d) Ency- organes {a) , en attendant qu'elle puifle s'accommoder de xv^au mot ^^^"'^ qu'elle tire de la terre par la radicule (*). Cependant Végétation^, nous ne voyons pas que dans l'œuf, le jaune où l'huile ré- 954- iîde , ferve également à la nourriture du poulet, pendant tout le tems de l'incubation , puifqu'il n'a prefque rien perdu (6) Se- de fon poids (i), lorfque le poulet a pris fon dernier degré ?ur"a forma- d'accroiffbment dans l'œuf, & qu'il e(l prêt à percer fa co- tion du pou- que. L'analogie entre l'œuf & la graine ne fe foutient donc 141. " * Au refte , les expériences de MM. de Buffon & Néedham fur les graines mifes à infufer , ayant préfenté a M. Eller les les mêmes réfultats , lui ont fait adopter les idées de ces _ (*) Toutes les platites à qui on rétranche les lobes de très- bonne heure, pe- riflent en peu de tems , ou languiflent , &c ne prenent jamais un entier accroilfe- ment. Enc. tom. Xf^I. p. 954. On peut levrer la plantule du lait qu'elle puife dans la graine. On y parvient en coupant adroitement les deux troncs qui la tiennent attachée aux lobes. J'imaginai cette expérience délicate pour m'afTurer de l'ufage des lobes , &c elle m'a réuflî bien des fois. Mais , les plantes que j'avois ainfi privées de leur lait , font refiées toute leur vie des plantes en miniature, d'une petiteiïe fingulière, & dont un Bo- tanirte auroit méconnu l'efpèce. Ces miniatures ont pourtant pouffé des feuilles (d)Voy. les & des fleurs (a) ; &c cette curieufe expérience , m'a appris combien les lobes font fecherches iur mUes aux premiers accroilfemens de l'embrion. Conftdéraiions fur les corps orsani. lufdee des r-.ooo t b femlfe, dans /''V'°"'- '-S-'p^-"-/^'-,- ■■ • r .a ,• r , les plantes , '^^ noyau de 1 Amende renferme origmairement une fubltance glaireufe analogue art, LXXXIX. au jaune de l'œuf , furmontée d'une véficule pleine d'une liqueur traiifparente , ana- logue au blanc , & qui font l'une & l'autre deflinées à nourrir l'embrion caché dans le fruit (t). Il tire cette nourriture par de petits vallfcaux qu'on voit enfuite fe ramifier dans l'intérieur des lobes , & qui peuvent être comparés aux vailTeaux ombilicant du poulet. Je luis parvenu à les rendre très-fenfîbles par des injeflions colorées (c). Id ib. pag. 155. (b) Phyjîqiie des arbres , par M. Duhamel , liv, III. art. VIII. Ire. pan. liv. IV, Ch. I. pag. 3. féconde part. (c) Recherches fur l'ufage des feuilles dans les plantes &c.pag. 256. PRÉLIMINAIRE. cxi Meflieurs fur la réproduftion des plantes , & re)etter,comme eux , les germes préexiftans. _ ARTICLE XLV. ^Vlv.'" Sur des efj'ains de fauterelles qui caufent d'extrêmes ravages dans les campagnes. M. Gleditfch fait une peinture très-touchante des dom- Voyej lei mages que cauferent en 1750, dans la Marche de Brande- '^^"'' P'S- bourg , d'immenfes colonnes des fauterelles , qui y portè- rent la défolation, en dévorant toute les efpèces de grains. Plulieurs Auteurs en avoient déjà parlé avant notre Acadé- micien. Mais toutes les figures & les defcriptions qu'on en avoit données , fans excepter les plus eftimées , étoient encore aflez défedueufes , & laiflbient beaucoup à délirer. Pour qu'on pût diftinguer les fauterelles dont il s'agit , de toutes les autres , M. Gleditfch commence par en donner une lifte générale , qui comprend toutes les elpèces , tant celles qui font connues du vulgaire même , que celles qui ont attiré plus particulièrement l'attention des Naturaliftes , & il y joint des figures qui les mettent fous les yeux du ledteur. Ce qui rend fi redoutables les fauterelles qui font l'objet du Mémoire de M. Gleditfch , c'eft qu'elles voyagent en troupes innombrables , & que dans leur furie elles n'épargnent quoique ce foit, quoiqu'elles s'attaquent d'abord de préfé- rence aux herbes & aux plantes les plus tendres & les plus fucculentes. Heureufement la nature a donné à ces hôtes fi formidables , le goût ou finftinft d'une vie errante , qui fait qu'ils ne s'arrêtent jamais long-tems dans le même endroit; mais en moins de rien , dans l'efpace feulement de quelques heures , ils y caufent des dommages inexprimables , & mal- heur aux lieux où ils vont exercer enfuite leur cruelle voracité. Leur accouplement préfente une fingularité qui n'avoit été encore remarquées que par notre Auteur. 11 a vu trois cxii DISCOURS Article mâles s'accoupler avec la même femelle. La grande quantité' an'n. 17/2, d'œufs à féconder exige que les approches fe réitèrent ; mais avant M. Gkditfch on ne favoit pas avec certitude fi ç'étoit le même mâle qui les répétoit , ou s'il étoit relevé par d'autres. Quand le tems de travailler à la propagation de l'efpèce eft venu , les ditférentes légions de fauterelles fe raftem- blent comme de concert , & s'en occupent pendant iîx à fept femaines avec ardeur , après quoi elles languiffent & meurent , moins encore des fatigues de leurs amours que des cruelles blelTures qu'elles fe font. Il femble que la nature a voulu prévenir par cet inftinft deftrufteur leur exceiîive propagation , & la contenir dans de juftes bornes. Si fes vues & fes deffeins n'étoient fouvent couverts pour nous du voile le plus fombre , nous ferions , ce femble , fondés à remarquer ici, qu'elle paroît être en contradiftion avec elle-même , en ne produifant que pour détruire. Mais gardons-nous de tirer cette confequence; il n'y a point de contradiûion dans la nature. Le trouble & la confulîon où les fauterelles fe trouvent lorfqu'elles travaillent à la propagation , eft la circonftance la plus favorable qu'on puilTe failir pour les détruire , & c'eft un point que M. Gleditfch fe promet de traiter au long dans un autre Mémoire , qu'il n'a point encore donné. Les œufs que la femelle dépofe , après qu'ils font fécondés , font unis entr'eux par une forte de mucofîté tenace , qui en empêche la difperlîon , & cachés dans une efpèce de ûc ou d'enveloppe membraneufe , où ils reftent renfermés pendant fix à fept mois , avant que d'éclore. La nature , qui a fait ces infeûes fi voraces , leur a donné des organes appropriés à leur deftination. Aufli leur cruelle l'apacité s'exerce-t-elle impitoyablement fur tout ce qui fe préfente. Non contens de dévorer les fruits de la terre, ils pénétrent jufques dans les greniers , où ils s'attaquent à tout , & rongent jufqu'aux habits de laine des malheureux cam- pagnards , X L V. 17/1. PRELIMINAIRE. cxm^_ pagnards, comme fi leur fureur n'étoit pas encore fatisfaite article de tous les maux qu'ils leur ont fait dans les champs. f,^^ Les flmterelles s'élèvent dans l'air d'autant plus haut que le tems eft plus ferein & plus fec. Cet air ayant plus de denJité , les foutient mieux, au lieu qu'un air humide, outre qu'il efi: trop ■léger , les engourdit en humeûant leurs aîles ; aufTi ne s'élevent-elles guères , & retombent-elles bien vite, lorfqu'on veut les chaiïer par un tems de pluie , ou vers le le\er & le coucher dufoleil. Ne pouvant voler , elles font réduites alors à marcher fur leur pies , & il eft facile de les détruire , fans qu'il foit néceflaire de leur lancer de l'eau bouillante , au moyen d'une certaine féringue de nouvelle in\'ention , dont on a fait beaucoup de bruit , ôc qu'on a exaltée comme uii merveilleux fecret. Des nuées effroyables de fauterelles qui obfcurcilToient l'air , étant venu fondre fur un village , en moins de rien tout le territoire en fut couvert. Le Seigneur de ce canton imagina un moyen aiïez fîngulier pour leur donner la chaffe. Ayant raiïemblé fes vail'aux & fes voilins , il leur ordonna de jetter de grands cris , & de faire le plus de bruit qu'il feroit pofllble , en frappant avec violence fur divers inftrumens de cuivre. Les fauterelles eiFrayées de tout ce tintamarre, le préparèrent au départ; mais l'air encore chargé de rofée ne leur permit pas de s'élever de plus de 6 pies au-deiïlis des bleds. On appréhendoit même qu'elles ne retombaflent ; mais au lever du foleil , elles prirent un plus grand eflbr , qui , à la faveur du vent qui fouffloit, les porta bientôt fur les terres d'un autre village. Les habitans avertis du danger qui les me- naçoit, leur firent la même réception, & parvinrent heu- reufement à s'en délivrer , à force de cris & de bruit. Elles continuèrent donc leur route ; mais la chaleur du jour ra- réfiant l'air, elles fondirent tout-à-coup fur d'autres terres, ■où l'on n'avoit pris aucune précaution pour les recevoir , & dont elles ravagèrent les blés en peu de tems. Leurs dernières cxiv DISCOURS ^YvfrTË diviiions fe répandirent jufqu'aux environs de Berlin , où XLV. jjjm- arrivée fut marquée par les mêmes dégâts , Ôc où elles firent craindre , non lans beaucoup de railbn , de les voir renouveller au printems prochain , lî l'hyver étoit favorable aux œufs qu'elles y avoient dépofés en abondance. Cette crainte , trop bien fondée , rendit toute l'Allemagne attentive à chercher des moyens pour fe préferver d'un fléau aufll redoutable. Les fauterelles ont à la vérité des ennemis fort acharnés dans les infeftes , les oifeaux , les renards , les cochons , les coqs de Bruyère , les étourneaux , &c. mais tous ces ennemis enfemble n'en détruifent pas la centième partie. On n'en fera pas furpris lorfqu'on faura que chaque femelle a communément dans fes ovaires ijo à 150 œufs fécondés. Le premier expédient dont on s'avifa fut de bouleverfer rapidement les terres , dans l'efpérance de faire périr les - œufs ; mais outre que ce bouleverfement eft infuffifint , il a des inconvéniens confidérabics. Il y a des moyens plus efficaces pour faire périr tout à la fois les œufs & les jeunes fauterelles par milliers. Ces moyens feront détaillés dans un fécond Mémoire ; mais en attendant , M. Gleditfch remarque judicieufement , qu'en tout genre de calamité publique , on ne doit confier qu'à des perfonnes intelligentes , attentives , zélées , & laborieufes le foin d'y remédier. Depuis leur féjour dans l'œuf jufqu'à la mort , les fauterelles pafTent par cinq états différens , dont la conlidération eft d'autant plus importante, que chacun d'eux indique les remèdes qui lui conviennent ; l'examen approfondi de ces différens états , & les expédiens qu'ils auront fuggéré pour couper racine à l'énorme multiplication de ces infeftes i\ redoutables , feront la matière du nouveau Mémoire que M. Gleditfch nous fait efpérer , & qu'on lira , fans doute , avec plus de fruit encore , & non moins de (Iitisfaftion que celui-ci. PRÉLIMINAIRE. cxv ^ ARTICLE XLVI. ^itf^ Sur une plante ajje^ particulière , qui croît aux environs des a«n. 1751. eaux chaudes de Carlsbad en Bohême. La plante dont il s'agit ici eft la tremelle ; ce que M.Springs- j^J^^'"J" fdd en dit eft curieux , & fe fait lire avec plaifîr : avant no- 4,0?' ^^ ' tre Acade'micien , on rapportoit cette âibftance au règne mi- néral ; il eft le premier qui ait découvert , à l'aide du microf- cope , que c'eft une efpèce de moufle. Quelques années au- paravant , M. de Secondât, 'rCis de notre immortel Montefquieu , avoit déjà obfervé le même végétal dans les eaux de Das & de Bagneres. Il fit part de fa découverte à h Société Royale de Londres (ay Perfonne, que je fâche, dit M. de Secondât ., n'avoit parlé de cette plante , avant que j'en donnafle la def- cription , il y a deux ans (* J , à la rentrée publique de notre Académie (**). =*»(--- ARTICLE X L V I L *xl\' 11/ Ann. 1753. Sur fépiderme , le corps reticulaire , le cerveau des Nègres , & fur une maladie extraordinaire du péritoine. Les recherches de M. Meckel jettent le plus grand jour fur yoye^ '« la nature de l'épiderme & du réfeau de Malpighi. Il établit ^ j^^""' invinciblement que ni l'un ni l'autre ne font des corps orga- niques , mais le produit de la mucofité cutanée, fournie, pour la plus grande partie , par les vaifleaux excrétoires de la peau; il prouve , non moins invinciblement , que la noirceur des Nè- gres rélîde dans le corps muqueux , ce qui , à la vérité , n'eft plus contefté d'aucun Anatomifte. Une découverte très-cu- rieafe l'a conduit à conjefturer que le fuc nerveux peut con- courir à la formation de la mucofité de Malpighi , & contri- buer à la colorer. Il a trouvé que la fubftance médullaire du (a) Voyei les tranfaëi. philofophiq. année 1744. "". 472. fag. 27 & 28. Je ta traduc- tion françoije de M. Dcmours , Médecin de h faculté de Pa'is, (*) Nous prcliimons que c'eft en 1741. ("*) L'Académie de Bordeaux, Article cxvi DISCOURS Article cerveau dans les Nègres , au lieu d'être uniformément blan- ^'-^"- clie , comme dans les Blancs , eft d'une teinte très-bleuâtre , ^^ '"'" qui fe diffipe d'abord à l'air. Cette intéreflante découverte ^ vérifiée par l'illullre Académicien fur un fécond Nègre , a été confirmée encore par M. le Cat. Nous ferons mention des expériences & des obfervations de ce Savant célèbre à tanf de titres ; & nous donnerons , en faveur des Etrangers fur- tout , un extrait très-détaillé de fon Traité de la peau hu- maine , ouvrage très-curieux , & pour tout dire en un mot y digne de fon Auteur. La maladie du péritoine , que M. Meckel décrit dans un grand détail , confiftoit en une infinité de tubercules ftéato- mateux , dont cette membrane étoit parfémée dans toute foix étendue , fans en excepter l'enveloppe extérieure qu'il four- nit aux différens vifcères du bas-ventre. ARTICLE X L V 1 1 L Article A^N.^iyn'.' Sur l'enveloppe des nerfs. Voyez les L'opinion prefque générale des Anatomiftes ,^ à remonter Mém. pag. jufqu'à Galien , eft que la dure & la pie-mere fourniffent à ^^^' chaque nerf qui fort du crâne & de la moelle épinière , une enveloppe qui l'accompagne depuis fon origine jufqu'à fa^ter- minaifon. Cette efpèce d'accord unanime , n'a pas empêché M. de Haller de conjeaurer que cette enveloppe n'eft qu'une flmple toile cellulaire ; 6c M. Zinn , fon élevé , attaché à cet ïlluftre maître par le double lien de la reconnoiflànce & de la plus haute eftime , s'eft efforcé de vérifier par fes travaux ana- tomiques cette conjeûure , qu'il a jugé fort importante par fon influence fur l'une des plus fublinies queftions de la Phy- fiologie , comme nous le verrons plus bas. Voici un léger pré- cis de fes recherches. Lorfque les aerfs font parvenus, aux trous du crâne qui doi- vent leur livrer paffage , la dure-mere , auparavant fortement eoUée auji os , fe réfléchit fur eux, 6c leur forme, une efpèce de- PRÉLIMINAIRE. cxvii gaine ou d'ëtui , dans lequel ils font reçus ; mais à Tifflie des art. cTe, trous , cette membrane fe comporte différemment fuivant la a„„. ,„;. deftination différente des nerfs. Quand ils vont (è rendre d'abord dans les mufcles , la tunique extérieure de la dure- mere les abandonne , & fe réfléchiffant de nouveau fur les. os , va fe perdre dans le périofte. L'autre lame continue en- core à envelopper les nerfs jufqu'à une petite diftance ; mais bien-tôt fa texture fe relâche , & dégénère enfin , infenfible- ment , en un fimple tifTu cellulaire , qui ne diffère en rien de ceux du voifînage avec lefquels il fe confond. Les nerfs défendus par des os , ou qui parcourent des par- ties très-molles , ne reçoivent pas mêine en fortant du crâne de lame de la dure-mere , cette dernière fe réfléchit toute entière fur les os. Le nerf optique forme une exception unique à cette régîe?. il eft revêtu dans tout fon trajet, jufqu'à la prunelle de la lame interne de la dure-mere , qui ne fe change point ici en tifTu cellulaire. On croit communément que cette lame forme la. fclérotique ou cornée opaque. Mais M..Zinn dit s'être convaincu, que la fclérotique e(ï une tunique propre à l'œil , & abfolu- ment indépendante de la dure-mere , de même que la cho- roïde l'eft de la pie-mere , ce qu'il fe propofe de démontrer- ailleurs phis en détail (aj. Comme cette théorie combat la doftrine de M. le Cal y. que M. Zinn attaque nommément dans fon Mémoii^e , M. le: Cat a cru devoir fe défendre , en répondant à notre Académi- cien , 6c c'eflr ce qu'il a fait dans une DifTertation fur les mé- ninges du cerveau , qui fe trouve à la fuite de fon traité fur le mouvement mufailaire. Il fbutient ici , ainfi qu'il favoit déjà foute nu dans fon Traité des Sens , que la fclérotique & la choroïde font des \'raies continuations de la dure & de la pie- («) Voyej fa Dtfcripilon àiatomique de l'ccil de l'homme , ic-^". avec figures , Coltin-, gve 1755. ^- le Cat , en généreux émule de M. Ilaa donne de grjndt iU^et à cet iw». *Mje dam fa rwtytlk Fhyfiviosit, cxviii DISCOURS ATTfffï mère , & il fe flatte de l'avoir démontré à l'Académie Royale* Ajin^i'î"! des Sciences (a). Il s'appuye des expériences de Malpighi fur les yeux du bœuf & du fpadon ; expériences dont il réfulte l'HmoTre^de que le globe entier de l'œil h'eft qu'une continuation du nerf l'Acad. ann. optique. '739- P- '5- yi Zinn fiùt un jufte & magnifique éloge de la théorie de M. Meckd fur les ganglions , qu'il adopte entièrement & fans rellriftion. M. le Cat eft encore ici dans d'autres principes que nos deux illuftres Académiciens. Il trouve abfolument im- probable que les ganglions n'aient été faits que pour fournir des tifïlis cellulaires aux nerfs qui en partent ; le bel emploi , s'écrie-t-il , pour des organes conftruits avec tant d'art ! Mais la vérité nous oblige d'obferver que ce n'efl pas-là , fuivant M. Zinn , l'unique deftination des ganglions , ni même la plus importante ; elle n'eft que fecondaire ; leur ufage principal eft de procurer une communication intime des filets nerveux fournis par diiïerens troncs , ce que ne feroient pas auffi- bien les limples plexus , où les filets médullaires ne font que collés les uns aux autres. M. Mecbel avoit déjà infinué la mê- me chofe des ganglions des nerfs de la moelle épinière. Voyez fous Tannée 1749 l'Article XXIX. Du refte , M. le Cat paroît avoir très-attentivement examiné la ftrufture des ganglions , dans l'homme & dans le cheval, où les objets font encore plus diftinûs. Ses recherches & fes diffec- tions l'ont ramené aux idées de Lancqi , qui regarde les gan- glions comme autant de petits cei-veaux. M. le Cat leur trou- ve , comme ce dernier , une ftrufture véritablement mufcu- C) Voyez laire, que M.Meckel leur refufe , ainfi que nous favons dit(<7). rart! XXIX. Il a fournis cette Itru^ure aux yeux , autant qu'elle peut l'ê- tre , dans une planche très-bien deflînée par lui-même , 6c qui termine fon ouvrage. Quant à l'objet principal de la difpute entre M.^ le Cat & M. Zinn fitr la continuité des méninges fervant d'enveloppe aux nerfs V ces M", fe rapprochent fur bien de points , & dif- PRÉLIMINAIRE. cxix firent en quelques autres. M. Zinn foutient que la dure-mere T»r77t7 îè confume toute en tiflli cellulaire , incapable de tranfmettre asn. 17/j. les fenfations au cerveau , la toile cellulaire n'ayant point , fé- lon lui , d'organifation , & n e'tant limplement formcfe que d'une humeur glutineufe , durcie par les pulfations des artè- res, & Taftion des parties circonvoilînes (*) , outre que celle qui revêt les nerfs n'eft pas continue dans tous à la dure- mcre. M. le Cat oppofe à cela fes difleftions , qui ne lui per- mettent pas de douter que la dure-mere ne fournifre une tu- nique aux nerfs , depuis leur fortie du crâne jufqu'à leur ter- minaifon , & il ne croit pas qu'on puifTe placer ailleurs que dans les méninges , & particulièrement dans la pie-merc , qui occupe tout l'intérieur du cerveau , le fiége des fenfations. Il prétend que la fubftance médullaire eft infenfible , & d'ailleurs dépourvue d'organifation C*"*^). Ce n'eft, fuivant M. le Cat ^ qu'un fluide vifqueux qui coule dans les nerfs , formés uni- quement de la dure & de la pie-mere. Dans la Baleine cette fubftance n'eft qu'une liqucu' tranfparente , comme l'eau-de- vie , dont on compofe le blanc de Baleine , en la faifant épaif- fîr artiriciellement. Les nerfs de la Sèche ont des cavités fi évidentes , qu'il y en a du calibre d'ime ligne de diamètre , que M. le Cat a injeftés avec des fyphons de ce volume , & (*) On fe perfuadera , \e crois , difficilement , que le tirtli cellulaire , cet organe fi important 8c fi univorlel , qui , de l'axe du corps à la lurtace , forme le lien de toutes nos parties, qui compoPe peut-être plus de la moitié de notre fubftjnce , & qui joue un fi grand rolle dans l'ccconomie anim.ile , tant en lanté q\ren maladie (.i), ne Toit pas quelque cliofc d'organilë. M. Zmn étend la prétt-ntion jui'qu'à la dure. mère, qu'il croit n'être qu'une fimple toile cellulaire, réduite en u-e membrane forte &c folide par la puliation des vailTeaux , tt. fa preflion contre les os. Mais la faulx , la tente du cervelet, &C. ont-elles pu être formées par cette prcfilon , Se peut-on penfer que quelque c'iofe d'aulii régulier que la dure-mere, confidérée •. • • " dans fa totalité & fes dépendances , ne foit qu'un fluide épaiffi n. condc ifé ? Certes , fi cela étoit , je ne vois pis pourquoi on ne pourroit pas en dire autant de toutes -• •'■" les autres parties , qui, plus probiblemcnt , ont la même origine. ' (a) Voye^ Ui recherches fur le tijj'u rn:ijiieux ou l'ora.i-ie cellulaire , fjr M. de Bordeu j in 12. Pj'ij 1767. & une excellente ihèfe de M. Thyeri, /ur/é tij]'u cellulaire , foittenuç aux écoles de Médecine de Paris en I7S7. (**) On retrouve à peu- près la même idée dans le I. Mémoire de M. le Camm (Ijf le cerveau, imprimé en 176a. parmi quelques autres Mémoires de Médecine,' cxx DISCOURS ATTrôTË il y coule un fluide aufli palpable & plus coulant que celui Ann. 1753. xLviii. jjg j^Qg veines & de nos artères. Avant M. le Cat., un célèbre Naturalise (a) avoit de'ja fait la même obfervation. Des en- {a) Swam. £-jjjg acéphales nés à terme , qu'on a remarqué être plus vifs que les enfans parfaitement conformés , & les animaux qui ont confervé pendant pluiieurs heures la vie & le mouvement, quoiqu'on leur eût vuidé le cerveau , font encore des faits que M. le Cat cite à l'appui de fa théorie , & qui paroilTent avoir effedlivement beaucoup de force. La toile cellulaire eft , fuivant M. Zinn , le fiége de plu- sieurs maladies de ces organes , qui n'affeûant ni la moelle nile cerveau , font les feules fufceptibles de guèrifon. On con- çoit que s'il arrive quelqu'obftruftion aux vaiffeaux répandus dans cette toile » ils pourront comprimer la fubflance médul- laire du nerf, & que cette fubftance peut être pareillement irritée par une humeur acrimonieufe qui féjourneroit dans le tiffu cellulaire , d'où peuvent réfulter une infinité de maux diiférens. M. Zinn croit qu'on doit rapporter à la première caufè les paralylies qui ont cédé à l'éleûricité , & il explique Ja manière dont il conçoit que peut agir ce nouveau moyen de guèrifon , peut-être trop négligé aujourd'hui , après avoir été annoncé d'abord avec tout l'enthouliafme de la nou- veauté C"^. Il attribue encore à l'inflammation de la toile cellulaire les cruels fymptômes qu'on croit communément réfulter de la pi- queure des tendons , & ceux des panaris de la plus mauvaife ^„. efpèce f ^*> *xVix.'' ARTICLEXLIX. ''"■ '^''' Sur Vorigine & la génération des métaux. Voyez les ^_ £.j^^^. ^ ^q^^^ fm- cet unportant & curieux fujet , un '^5' (*) Voyez l'Appendix. (*') Le célèbre Camper eft en ceci âe l'avis de notre Auteur: voyez le premier li- vre de fes DémonftratioTis Anatomico-parliologiques, m. folio , Amftetd. 1760. ou l'ex- trait que M. Roux en a donné dans (on Journal de Médecine d'Avril 1763. Mémoire A R T I C I. K PRÉLIMINAIRE. cxxt Mémoire très-fiwant & fort étendu , qu'on peut regarder comme un morceau des plus conlidérables que nous ayions ann^'itJj. en notre langue fur cette matière ; il l'examine à fond & dans tous fcs détails. Nous ne faurions entreprendre de les abréger , fins leur faire perdre beaucoup de leur prix. Nous nous contenterons donc d'en préfenter une légère idée au Lefteur , avec quelques remarques que nous foumettons d'a- vance à fon jugement, fur les endroits du Mémoire de M. El- ler qui nous en paroîtront les plus fufceptibles. Le favant Aca- démicien rend compte d'abord de divers fecours qui l'ont mis en état d'écrire fur l'origine & la formation des métaux ; dès fa jeunelTe il a eu l'avantage ineftimable de fuivre lui-même les travaux des mines , & depuis il a formé une riche colleftion de minéraux , & n'a jamais perdu cet objet de vue. Un des grands obftacles qui ont retardé les progrès de la Métallurgie , outre la difficulté de fe frayer une voie à tra- vers les rochers jufques dans les entrailles de la terre , eft l'efpèce de jargon hétéroclite & barbare que les ouvriers des mines fe font forgés , & leur grofîière ignorance qui les rend incapables de donner à un Phyfîcien les éclaircifTemens dont il auroit befoin. C'eft peut-être à cela qu'on doit attribuer , en grande partie , le filence des Hiftoriens Grecs & Latins fur l'art de fouiller les mines , art cependant fi utile & mê- me fi néceflliire au genre liumain , qu'il ne pourroit que très- difficilement fubfifter fans l'ufage du plus commun des mé- taux (''*■). Une autre raifon encore de ce filence des Hifto- riens , eft l'éloignement que les anciens Philofophes avoient pour l'étude de la Métallurgie , éloignement fondé fur l'état de ceux qui étoient employés aux travaux des mines ; ce n'é- (*) l.e Fer. M. ElUr l'appeHe le plus vil', mais il y a apparence qu'il n'a voulu dire que le fiis commun ; car à juger du prix des métaux par les divers degrés d'utilités qu'on en retire, le fer, loin d'être le plus vil , devroit être regardé comme le plus prccieux ; aulTi eft-ce le plus abondant , & celui que la nature a mis le plus à la nor- tée de l'homme , ou qu'eUe a le moins caché. cxxii DISCOURS toient que des efclaves ou des criminels ; & Ton crut que la Philofophie ne pouvoit defcendre jufqu'à eux , fans s'expofer h partager le mépris d'hommes auffi vils , & s'alTocier , pour ainfi dire , à leur infamie (*) Cette crainte li peu philofophique , en de'tournant les vrais Savans de l'étude de la Métallurgie , livra cette fcience aux Sophifles , ou à des fpéculateurs oififs , qui remplis d'i- dées purement fyftématiques , imaginèrent pouvoir faire ar- tificiellement de l'or & de l'argent, en, imitant le travail de la nature : telle fut probablement l'origine de l'Alchymie. Les Arabes , chez qui les fciences palîerent , après la chute de l'Empire Romain , donnèrent nailTance à la Chimie , qui fut entre leurs mains un art de nouvelle création ; mais ils ne. le firent malheiu-eufement fervir qu'à la vue chimérique de la tranfmutation des métaux. Il n'eft jamais queftion que de cela dans leurs Auteurs. Une fcience auffi vaine dans fon objet , mais en même tems fi féduifante , ne pouvoit manquer d'avoir de nombreux partifans dans les fiécles d'ignorance ; auffi étoit-ce prefque la feule qui flit cultivée dans ces tems de barbarie , où la rai- fon fembloit avoir fouiFert une éclipfe totale , fur-tout dans (*) J'ai peine à croire cfiie ce foit-là la véritable cauft qui a retardé les progrès de la métallurgie , fur-tout chez les Grecs : on fait que les Philofophes de cette nation foulèrent aux pieds tous les préjuges avec une liberté qui n'eut jamais d'exemple ail- leurs que dans la Grèce (a). Quelle apparence donc qu'ils aient été détournés de l'é- lude des mines par la crainte pufillanime que leur attribue ici M. ElUr \ La véritable raifon , je penfe , cft qu'uniquement occupés de la métaphyfique & de la morale , ils négligèrent les mines , comme toutes les autres branches de la Phyfique expéri- mentale. Quant aux Roinains , ils n'ont jamais beaucoup brillé par les Sciences , ni dans les beaux jours de la République, oi'i ils furent les maîtres du monde (**) , ni fous les Empereurs , où ils n'étoient plus que de vils efclaves. P/ine eft prefque le feul Savant îlluftre que Rome ait produit , & Pline encore avec tout fon génie , fon favoir & fa philofophie , n'cft giières , peut-être , qu'un Collefleur en Phyfique & en Hiftoire Na. lurelle , comme Celfe parmi les Médecins. (a) Voyej dans l'Encyclopédie , l'article Philofophie des Grecs. (**) Fn Philofophie les maîtres du monde n'ont été que des écoliers. Encyclopédiex Article Fhilofophie des Romaini. PRÉLIMINAIRE. cx^crn les cloîtres, où cet art, dit M. Elle r y flattoit extrêmement articTI la pareile & l'ambition des moines C^J- akn. i7fj. Ce qiii ell déplorable , c'eft que les plus grands hommes d'alors , tels que Roger Bacon , Albert le Grand , Arnaud de Villeneuve , &c. ne s'occupèrent que de cet objet. Dans la fuite le defelpoir ou l'extrême difficulté de l'atteindre , fit qu'on fe toiu-na du côté de la véritable Chimie. Elle fut ap- pliquée fucceOivement à l'analyfe de tous les corps , & dans peu , elle devn:t la bafe & le plus ferme appui de la Métal- lurgie , fms qu'on perdît cependant encore entièrement de vue la tranfmutation des métaux. Pour paivenir à cette tranfmutation fi ardemment défirée , il falloit commencer par établir de quels principes les mé- taux font compofés. Les uns eurent recours aux quatre ëlé- mens d'AriJiote , certains aux influences des aftres , & le plus grand nombre au foufre , au fel & au mercure ; cette ef- pèce de triumvirat métallique , fubfifla jufqu'au tems du cé- lèbre Becker , génie fublime , qui , vers le milieu du dernier fiécle , a porté la lumière dans la théorie chimique. Il fubfti- tua à ces principes , alors généralement reçus , fes trois fa- meufes terres , de l'union defquelles réfultent , félon lui , tou- tes les fubftances métalliques & minérales. La première eft la terre vitrifiable : c'efi: elle qui compof» la plus grande partie du métal , & forme la bafe du corps métallique ; elle provient de l'union primordiale & indivifible de la terre la plus pure avec l'eau , de laquelle refaite une matière faline univerfelle & fufible , fufceptible de vitrifica- tion , & qui fournit aufli la principale matière de toutes les (*) Je crains bien que M. Eller ne rende pas ici une juftice exaûc aux Moines ; dans les tems doni il parle , ils étoient beaucoup plus laborieux ou moins fainéans Tju'ils ne le l'ont affez généralement aujourd'hui. Nous leur avons même obligation de nous avoir confervé les grands Auteurs de l'Antiquité , qui , fans eux , couroicnt rif- que de fe perdre , ce qui nous eût , peut-être , lailVé dans la barbarie des àgcs d'igno- rance , ou auroit , du moins , prodigieufement retardé les progrès de l'eiprit humain. L'a ici fcrvice mérite uae éternelle reconnoiiTancc. , 9'>" cxxiY DISCOURS pierres vitrifiables , depuis le caillou & le gravier , jurqu'a-à Article aLVi7J3. diamant (■*•). La féconde terre nomme'e fulfureufe , eft un principe uni- verfel , de nature féche & terreufe , très-abondamment re'- pandu dans les trois règnes delà nature, & particulièrement dans les corps gras ôi inflammables. On ne peut douter qu'il ne foit un des principes conftituans des métaux , puifqu'oii leur redonne la forme & l'éclat métallique en le leur refti- tuant , lorfqu'ils en ont été dépouillés par la calcination. Ce principe fournit à tous les corps la cole ou le lien qui en unit les plus petites parties C"^^}' C'eft lui auQi qui colore les mé- taux & les pierres précieuies. Le dernier principe métallique de Bêcher , eft une terre fluide , à laquelle il donne l'épithéte de mercurielle , deftinée pour les métaux feuls , qui tiennent d'elle leur éclat C'^J , ÔC C*) D'où vient donc que le diamant , formé de cette matière faline Se fuiïble , ré- fifte fi puifTammcnt à la fufion , & ne le laifl'e point diffbudre dans l'eau ? M. Mac. quer foupçonne avec plus de vraifembjance, que la terre vitrifiable la plus pure, dont (a') Voyez il coi, que [g diamant eft compolc , eft la vraie terre élémen-taire ou primitive (a). fous l'année ^,«j [y[_ Macbride , Cliirurgien de Dublin, a entrepris de prouver par des expé- i74!^le^lll ^ fig„(.g5 aufquelles on a fait beaucoup d'accueil (o) , que l'air fixé qui fe trouve en difcou^rs. ° ' plus pu moins grande quantité dans tous les corps , eft le moyen d'union , qui en lie toutes les parties. Mais comme l'air n'entre pas dans la compofition des métaux, le ( c ) Jn - 8°. favant S» modeftc Auteur de i'EJJlii pour fervU à VHiftoire de la putréfaciion [c) , con- Paris. 1766. p. jeQure que le pjilogiftique en tient lieu chez eux. On voit qu'il avoit été prévenu dans Î46, cette conieQure par Becker , &<: par M. ElUr. (h) L'ouvrage de M. Macbride , i'un des plut ingénieux & des plus intérejfans pour la Phvfque Cf la Médecine , qui aient paru depuis long tems , a pour titre : EJJais d'Expériencei. I". Sur la fermentanon des mélanges alimentaires. 2°. Sur la nature & les propriétés de l'air fixe. 3°. Sur les pouvoirs refpectifs &■ la manière d'agir iei diffèrentei efpéces d'antifep~ tiques. ■ - ' 40. Sur le fiorhut , avec une nouvelle méthode pour prévenir ou guérir celte maladie à la mer. ^ . , - 50. Sur la vertu d-.£folianle de l'eau de chaux (d). iPaiis. 1766. ' ^- Abbadie , Chirurgien de M. le Duc de Penthievre , nous a donné la traiuclion de cet important Ouvrage. (t) L'exiftence de la terre mercurielle dans les métaux n'eft rien moins que dé- montrée (e). Mais en fuppofant qu'elle exiftât , on ne pourroit pas lui attribuer l'é- VA^ T"^'^ cl^' ^ l'' malléabilité des métaux , puifqu'on les dépouille de ces propriétés par la '''" fouTviaaion du plilogifti^ue , biçn 511e cette prétendue terre merairielle refle inféga- PRELIMINAIRE, cxxv la propriété de s'étendre fous le marteau. Malgré fon ex- article trême volatilité , elle s'unit avec tant de force à la terre a^nS^- vitrifiable , qu'elle ne peut en être détachée par le feu le plus a£tif , & de là vient rimpoffibilité de les obtenir fé- parément. La calcination des métaux démontre avec évi- dence runion indifToluble de ces deux terres , puifqu'il fuffit de fournir du phlogiftique aux chaux métalliques pour réf. fufciter le métal. Sthal , le Newton de la Chimie , à qui Becker eft re- devable d'une grande partie de fa gloire , ayant adopté ces trois principes C^) , en a établi l'exirtence , particulièrement du fécond, avec une admirable fagacité ; & M.Eller, qui en en a reconnu aufll la folidité , a cru devoir les prendre pour guides dans fes recherches fur les métaux , mais avec quelques reftriftions qu'il a jugées néceflaires. Après cette légère expolïtion de la théorie de Becker , M. Eller nous fait part de fes propres idées fur la géné- ration des métaux ; dans l'état de mines ils font toujours minéralifés par le foufre & par l'arfenic , & très-fouvent par les deux enfemble (■^*). Cette confidération fait penfer à M. Eller que ces deux fubftances font des agens néceflaires- à leur formation , particulièrement l'arfenic ("i"^. Il a fait rablement unie dans la calcination à la terre vitrifiable , félon Becker. M. EUer s'é- loigne en ceci du fentiment de cet Auteur. Au furplus , en admettant la terre mer- curielle , on peut encore nier que l'union de ces deux terres foit entièrement indilV foluble ; car on fait que quand les métaux cnt fouîicrt une trop longue calcina.^ tion , une partie de la chaux métallique n'eft plus capable de rédiiétion. Cent livres d'une matière que Becker ne nomme point , lui ont donné quelques onces de terre mercurielle ; il auroit bien dû nous dire ce que c'eft que cette matière dont il a tiré quelques onces de cette terre , le procédé dont il s'eft iervi pour l'obtC'» nir , 8< les propriétés caraflèriftiques de ce produit. Nous ferions encore plus curieux de favoir, comment Bêcher s'y eft pris pour for. mer im véritable métal , en combinant les trois terres métalliques qu'il avoit tirées de. J'alcali fixe , du nitre & du fel marin. (•) Sthal n'a jamais formellcmeut adopté le principe merciiriel. Voyez VApj-endixx. (**) Ils ne le font quelquefois ni par l'un ni par l'autre. Voy. la note qui fuit< (t) L'Académie Royale de Prulfe a jugé fans doute que l'influence dont l'ar-. fcnic peut être dans la formation des métaux , étoit une queftion digne d'être difcutée ; car elle l'a propofée en 1756 pour 1« fujet du prix de philofopliie. est?, périitienulc , en ces termes; cxxvi . DISCOURS Article quelqucs expénenccs pour déterminer jufqu'à quel point le anm^j?}'?. dernier peut y concourir. II eft très-remarquable que ce corps lingulier a prefque la péfanteur métallique ,■ qu'il eft » Déterminer fi l'arfenic qui Ce trouve en grande quantité dans les mines mé- » talliques de divers genres, eft le véritable principe des métaux , ou bien fi c'eft » une fubilance qui en naît Se en fort par voie d'excrétion , ce qu'il faut éta- » blir par des expériences fofides , & fufHfamment réitérées » . Le prix fut renvoyé à deux ans , les Auteurs ne s'étant point attachés à faire (a) Journal jgj expériences demandées par l'Académie (a). B /mière''part ^^- ^ ■'"-/'' ■'^pon'' négativement à la première partie de cette queftion qu'il a dé^Novembre' ^1 occafion d'examiner; il croit que l'arfenic n'eft ni la caufe efficiente , ni un 1757. p. 144. agent abfolument nécelfaire à la formation des métaux (fc) , fondé fur ce que l'or n'efi jamais minéralifé , que l'argent fe trouve trèsfouvent natif (*), &c qu'il n'eft aucun des autres métaux , à l'exception peut-être du fer , qui ne fe rencontre quelquefois fous cette forme ; que l'arfenic d'ailleurs n'eft pas avec le foufre la feule fubftance minéralifante ; la mine d'argent d'Annaberg dans la baife Autriche (c) Uid. p. découverte par M. de Jufti , n'ofiie pas le moindre vertige de l'un ni de l'autre (0 « 358.339.' quoiqu'elle foit extraordinairement riche, Se un véritable tréfor pour la maifoa d'Autriche. L'argent y eft minéralifé par l'alcali fixe Se volatil ; M. de Jujli connoît (i) thid. p. plufieurs autres mines femblables : il ne doute pas que l'or^ même, qu'on croit 358-361. ' n'être jamais minéralifé, ne puiffe l'être quelquefois de cette manière (J) , ce qu'il (c) im. p- '""-'''n^ 2ufii à croire de tous les autres métaux Si demi métaux (e). La décou- .^j/ ' verte des mines alcalines (**) , outre qu'elle étend la fphère de nos connoiflances • en nous indiquant ime troifième moyen de minéralifation , qui étoit encore igno- ré, nous ouvre une nouvelle fource de richelfes , les pierres calcaires Si les f ,. f,., marbres qui leur fervent de mairice , étant très-communs (/). M. Lehmann ne ,'■''■ P" fait aucune meniion non plus du foufre ni de l'arfenic, dans la defcription qu'il * '■ donne dans ces Mémoires, année 1758, d'une mine d'argent lamelleufe ; Si l'on feroit peut-être fondé à appliquer à l'arfenic ce que l'illuflre Sthal dit du foufre qui minéralifé les métaux , qu'on n'eft pas plus autorifé à attribuer la génération de ces derniers au foufre , qu'on ne le feroit à rapporter la formation de celui- ci aux métaux ig). Obfervons , en pafTant , que AT. de Juftt veut nous faire regarder l'arfenic , non comme une iiibftance métallique , ou très-prochainement difpofée à le devenir, mais comme im véritable fel , fur ce qu'il en a toutes les propriétés (A) , 6c qu'il (,) ihii. p. ne peut gt,e converti,fcIon lui, en régule , fans addition de métal (1) ; mais en cela M. 5^^> de Jufti nous permettra d'oblerver qu'il fe trompe. M. Brandi donne dans le IH. tome des dftes de l'Académie âCUpfal pour l'année 173} , un procédé par lequel il obtient le régule d'arfenic en traitant ce dernier avec les deux alcalis fixe Se volatil . Se le (t) MêUng. d'HiJl. Nat. 10m. ni. pag. 329. 350. (*) On trouva au Hartj un morceau d'argent Ji confidérahîe , qu'étant battu , on en fit une table où pouvaient i'affeoir 14 perfonnei. Bomare , dift. d'Hift. nat. in-43. tom. I. pag. 180. / (t) Nous tenons çiie le fer même ne doit pas être excepté. (**) Suivant M. le Baron d'Holbach { Encycloped. tom. IX. pag. 738. ) on peut encore révoquer en doute la réalité de cette découverte. (^) Traité du foufre , pag. Ï48. de la traduci. frang. in-ll. Paris 1766. (/i) Mil. d'hijl. nai. tom, III. pag. 367, .kkka Article XLl X. PRÉLIMINAIRE. cxxvii r^duftible en régule par la fimple addition du phlogiftique , & qu'il poflede , en outre, la propriété de fe diflbudre dans anJ^'ith, l'eau , ce qui doit le faire regarder comme tenant le milieu entre les fels & les métaux. M. Eller conclut de fes expé- riences , que l'arfenic contient les trois principes de Becker , i". le phlogiftique ; car en détachant les criftaux provenus d'une di/Tolution de ce corps dans l'eau , ils jetterent des étincelles , dans un lieu qui n'étoit que médiocrement obfcur. 2". Les mêmes criftaux , fournis à la diftillation , laifTerent au fond de la cornue une lame tranfparente d'un très-beau verre , inaltérable à l'air. j°. Ces criftaux diftillés par portions égales avec le mercure , convertirent le dernier en fublimé corrofif femblable en tout à celui qu'on obtient par le fel marin , fi ce n'eft qu'il eft un peu jauni par le phlogiftique de l'arfenic. Le réfultat de cette dernière expérience indique donc une très-grande affinité entre l'arfenic & l'acide ma- rin , & par confequent la préfence du principe mercuriel dans le premier (a) , n'y ayant que cet acide qui ait la propriété de réduire le mercure en fublimé corrofif (i). L'éclat , la fufion ôc la malléabilité des métaux dépendent fel ammoniac (t). Le même M. Branit l'obtient par vm proce'dé plus fimple encore, favoir par le moyen du favon feul (0 , £c M. Macquer par l'huile d'olive pure (m). M Dlft. 4« • Il eft donc conftant que l'arfenic tient extrêmement du métal ; ce corps iinguiier , ^|"""e • 'o=i. & même unique en fon genre , participant également à la qualité faline & métal- ' *"' ^ ^' liquc , eft une de ces lubftances ambiguës ou mal définies, par lefquelles la namre pafle d'un genre à un autre, par des nuances infcnfibles , qui empêchent que la chaîne des êtres ne fouflïe des interruptions, iuivant la remarque d'un lavant Chimiftc (n). (,) M, Mit- (i) l^oyej le Ricueil des Mém. de Mm. & d'hlft. nat. des Acad, d'L'ffil & de ^ucr, dift. d« Slotolm , par M. U Baron d'Olbach , tom. 1. pag. 6 & y. cKimie , toi^, (m) Ib. pas 584. 38s "• P- »»»• (a) On ne peut nier que ces expériences de M. EUer ne foienf très ciirieufes & très- imposantes. H fcroit à fouhaiter que quelques grands Thimifte; , tels que M^''; Port 6.. M-irgra/vouliiffent les réitérer , £>: entrepriiTcnt , fn part: ulier, de faire du lublimé corrofif fimplement avec de l'arfenic & du mercure , à l'exemple de M. H.ler. (A) En diftillant un mélange d'arfenic , & d'acide virriolique concentré , M, Ma:quer a retiré quelquefois un acide vitriolique qui avoil une odeur U«S'nipo>i fanie d'acide marja. Dia. de Mm. lom. /. pag. i8j. cxxviîi DISCOURS ÀRTi JT7 inconteftablement du principe fulphureux , puifqu'on les de'- X^J; ',^j3. pouille de ces propriétés en le leur ôtant , & qu'on les leur rend , en leur redonnant du phlogiftique. M. Eller croit , comme Bêcher^ que ce dernier eft un prin- cipe d'union pour les parties de tous les corps , n'y en ayant aucun qu'on ne réduife en cendres , lorfqu'on les en prive par le moyen du feu. Mais ce principe où le phlogiflique n'efl: pas le feu élé- mentaire pur 6c iîmple , mais ce feu uni intimement à l'eau fous la direction formatrice du foleil , comme M. Eller fe (^) Dans Ton flatte de l'avoir démontré ailleurs (ay ^°lJn''/J''" C'eft Becker qui le premier a place le phlogiftique parmi corps, vnyez ig5 principes conftituans des métaux , & qui a commencé l'art. XXIII. 1, /. . A 1 ■ y j • r r ' i dficcDiicours. d en fure connoitre la nature; mais il etoit relerve au grand Sthal de jetter fur ce fujet tout le jour dont il peut être fufceptible (i). Audi cette partie de fa théorie eft-elle au- jourd'hui univerfellement reçue des plus célèbres Chimiftes. L'excès de péfanteur fpécifique des métaux fur tous les corps connus (c^ , eft ce qui les caraûérife le plus effen- tiellement , & cette propriété , li diftinftive , ils la tiennent du (t) On trouve auffi des idées neuves , appuyées de nombreufes expériences , fur la matière du ieu , le feu élémentaire & le plilogiftique , dans un ouvrage tout '(a;EnAoùt récent dont le journal des favans a rendu un compte très. avantageux (.i) , & dont *'7<'7' la traduftion a été donnée à Paris fous ce titre .• Effais de chimie fur h chaux vite, la miitilre étejhgue & éUBrique , le feu , & Vacide univerfcl yrimitlf , axée un fufplément fur lis élémens , traduit de l'Allemand de M. Frédéric Meyer , t vol. ih-it. Paris 1765. L'Auteur diftingue trois matières dans le feu élémentaire , aufquelles il afiigne des qualités difiéi entes. En applaudifiant au génie &c aux travaux de M. Meyer , nous ne faurions nous empêcher de craindre qu'à force de multiplier, de diviler & de fubtilifer, pour ainfi dire, la matière du feu, on ne parvienne enfin à ne plus s'entendre. Le zélé du traducteur , à qui nous fommes redevables de nous avoir fait connoître les idées , certainement très-ingénieufes , de M. Meyer , e(l très loinble. Wais nous lui eulTions eu plus d'obligation encore , s'il eût pris la peine de foigner un peu plus fon ftyle. On ne pouvoit le rendre trop clair pour {aciliter l'intel- ligence d'un ouvrage dont la leÔure fatigue un peu l'attention , quelque envie qu'on ait de s'inftruire. (c) Un pié cube de marbre péfe i$t livres , & un pareil volume d'étain , qui «R te moiiis péfant des métaux , en péfe 516. Diclhn. de chimie , tom. i. p. 81. ■ principe PRÉLIMINAIRE cxxix principe mercuriel qui, fuivant Becker , réMe dans Tacide 7777711 du fel marin (a). M. E lier avoue qu'il n'efl: pas facile d'en anh'^'its'î- indiquer l'origine ', mais qu'on ne peut le méconnokre dans les métaux , puifqu'il les fpécifie {bj. Il croit d'ailleurs être parvenu à le rendre prefque fen- fible ; la combinaifon intime de l'acide marin concentré , avec les fleurs d'antimoine ou celles de zinc , le lui ont montré , dit-il, feparément,& prefque à découvert (c). Les principes métalliques ainli établis , il ne refte plus qu'à favoir,par quel mécanifme la nature les combine & les unit , fous la forme de métaux ; ces principes fe trouvent abondamment répandus dans le fein de la terre ; nous avons vu , que , fuivant M. ^//er, l'arfenic les réunit tous les trois ; & chacun des acides minéraux en renferme un; félon Becker^ l'acide vitriolique , la terre vitrifiante ; l'acide nitreux , le phlogillique ; & l'acide marin , le principe mercuriel. Il efl: de la plus grande vraifemblance que les métaux fe forment par voie d'évaporation. Les vapeurs que la chaleur fouterraine élevé en contiennent les matériaux ; il s'excite entre ces derniers , une forte de fermentation , dont la combinaifon métalUque eft le réfultat; lorfqu'elle eft celfée , les molécules infiniment déliées des métaux , fe dépofent fur les parois du roc , & forment le filon par des incruftations (a) 11 n'eft nullement nécelTaire de recourir A la terre mercurielle , pour rendre railbn de cet excès de pefanteur. On peut ailément le concevoir en ftippolant que dans les métaux , les principes que tout le monde y rcconnoît , font plus rap- prochés , ou le touchent par plus de points , que dans aucun des corps non mé- talliques les pluspéfans, tels que les terres, les pierres, &c. {h). W Dlfl. de (t) Pétition de principe ; il les fpécifie , s'il y réfidc: il faut donc commencer ' "'' • '; "' par établir rexiftcnce de ce principe dans les métaux, non par de fimples in- y. '• * ••• duflions , mais par des expériences décifives , qui le falfent toucher , pour ainfi dire , à l'œil ik au doigt. (O Cela mérite attention. M. EUer poiivoit donc comparer ce principe aux nutres, Se nous dire en quoi il leur retTemble ou en difl'ére , ce qui nous auroit fans doute donné des lumières plus sûres & plus étendues que celles qu'on a eues jufqu'à préfent fur la combinaifon métallique. Pourquoi ne faire que glilfer fur des expériences de cette importance ? on ne pouvoit trop les détailler pour mciu-e les autres en état de le^ répéter. r cxxx DISCOURS art.cJT fucceflîves ; tel eft tout le myftère de la génération des mé- A^J!\%. taux, dans le fyftême de M. Eller; il faut en voir les preu- ves & le développement chez lui. Dans le refte de fon Mémoire , M. Ellcr explique , à l'aide des principes qui ont été expofés jufqu'ici , la compo- lition de tous les métaux , & demi-métaux , & l'on juge bien qu'il fait jouer un grand rôle à l'arfenic. Il concourt fur-tout à la production des métaux blancs , tels que l'ar- gent & l'étain , dont les mines en font ordinairement fur- chargées. On le retire par les expériences du célèbre M. (a) Voyez Margraf (a) de l'étain le plus pur qui foit dans le commerce, rart. XXI. yjjg expérience du fimeux Henckel porte M. Eller à croire nn. 1747- ^^^,-^ entre effentiellement dans la compofition de l'argent; cet illuftre Chimifte ayant fait coupeller , avec du plomb de l'arfenic , précipité de feau forte, par une terre crétacée , en obtint un petit bouton d'argent le plus fin , & M. Ellcr en a produit un femblable , par le mélange & la digeftion de l'arfenic avec le foufre minéral , le régule d'antimoine » & le fublimé corrofif , en certaine proportion (_^J. (•) Henhel & M. Eller ont-ils donc véritablement produit de l'argent ? Eft-il au pouvoir des hommes de former un métal , ou d'ennoblir ceux que la nature a déjà faits ? Grande 8c difficile queftion , qui fe trouve fupérieurement difcutée dans le fi)Tom II nouveau Diftionnaire de Chimie (n). 1,'ennobliiVement des métaux, déjà formés aux mots mé- par la nature , femble préfenter moins de difficulté. M. de JujH , grand Juge dans ces iiuxSimiiMi- matières, donne dans la féconde partie de fes nouvelles verUés phyfiques {h), un fatîon, procédé pour faire de l'or , fur la vérité duquel il n'a point de. doute. Il ne con- feille cependant à perfonne de s'y livrer , à caufe du danger dont on eft menacé de la part du fublimé corrofif qui entre dans ce procédé , & de la_ modicité du produit , qui dédommage à peine de la dépenfe qu'on eft obligé de faire , & fur. tout de la perte du tcms ; mais il n'en eft pas moins perfuadé de la poiïïbiliié de l'ennobliflément des métaux. Il poiïéde lui-même ime tabatière faite d'un or dont la plus grande partie eft provenue d'un travail , entrepris a delfein de fe convaincre de cette poffibilité. A la vérité , il n'a pas rétiré ue grand profit de , , „. , cette produfiion (c). W i"'"- 9- jy^_ j^ j,^iii dit encore avoir vérifié Ec conftaté par de nouveaux eftais , tes expe- ^' ■ ^'^' riences par lefquelles notre célèbre Homberg prétend avoir démontré qu'il fe trouve dans l'argent un grand nombre de parties très-prochainement difpofécs à devenk {J) Ibid, p. de Tor , &. qui tiennent le milieu entre l'un & l'autre {d). {h) Voyei les mélanges d'Hifloire Naturelle de M. Alleon du Lac Tome ///. page 314-515. P R É L I M I N A I R E. cxxxï Le miroir ardent & la coupelle manifeftent une grande AB_T.^t ^ quantit(i de terre furabondante dans l'ëtain. a^s. nu- Le cuivre paroît prefqu'uniquement compofé de foufre, uni à la terre mercurielle. La terre vitrefcible n'entre pref- que pour rien dans Hi combinaifon. M. Eller incline très-fort à croire qu'il n'exifte point de vrai fer dans la nature, mais feulement une terre martiale, formée de l'union de la terre vitrefcible au principe mer- curiel, que l'art convertit , enfuite, en métal enluifournifTant du phlogiftique ('*). L'argent retiré par Hencttl pouvoit être contenu dans le plomb , ou même dans la craie ; car M. de Jujli a trouvé fans mC-lange d'aucun métal , une quan- tiié d'argent allez confidérablc dans toutes les pierres calcaires (a). M. Lehmann j, W ' • • connoît une forte de marbre qui contient julqu'à 3 onces 6t demi d'argent par ' ,j) ;j;j , quintal (fr). On a tiré par les etTais ordinaires dix marcs d'argent par qumta! d'une i[i_^ ^ j,^', fubftance minérale molle, blanche & de la nature de la craie, qui fe trouve - w.., dans de riches mines de Hongrie (c-) ; & quant à l'argent obtenu par M. ElUr , ^^^> •»" »' ne pouvoit-ir pas le trouver en nature dans l'arfenic , par qui ce métal eft fi fouvent minéralii'é, ou même dans le régule d'antimoine ? Une expérience de cette conféquence méritoit bien que M. ElUr la répétât & la détaillât de façon à ne lailTer aucun doute. (*) M. de Jujli eft aulli de ce fentiment, qu'il a tâché d'établir dans fes noa. tellei lériiés ph}/iquei (J). Cependant M. Margraf a tiré lui-même d'une mine d'étain plufieurs morceaux confidérables de fer , qui a toutes les propriétés du fer natif; il cft duftile & s'étend fous le marteau (e). M. Poti dans_ la IL partie de fa Lhhogeognofie indique plufieurs endroits où il fe trouve du même ter (/). (/)p. îéj. M. Rouelle (g) en a reçu du Sénégal , où il y en a , dit-on , des roches entières (/s) ; 164. il l'a trouvé duOile, 8t malléable fans aucim travail préliminaire. ( On conjeflure que ce fer eft redevable de fa forme à quelque volcan qui aura pu faire la fonftion de fourneau de forge) {i). Or, s'il fe trouve du fer natif ou vierge dans la na- ture , à plus forte railbn doit on préfumer qu'il en exifte de mincralifé fous (i véritable forme, & non pas feulement fous celle d'une fimple terre fernigineufe qui ait abfokiment befoin de l'addition du phlogiftique pour devenir un vrai métal. M. Eller qui paroît regarder la propriété d'être attiré par l'aiman , comme un caraftère diftinftif du fer , Se qui refufe cette propriété à la terre martiale , feroit oblige d'en convenir : car M. Lehmann {!:) connoît beaucoup d'endroits oii il (') Traita fe trouve du fable qui fe lailTe attirer par l'aiman. Ce caraftère eft fi parti- o=Ij formation culier au fer, qu'il ne le perd pas lorfqu'il eft allié , même à très-forte dofe ,,"""'"" P- comme à la moitié , au tiers , &c. avec la plupart des autres métaux , favoir l'or , * (94 ; l'Académie dite des princes , deftinée à divers exercices utiles , tant du corps que de l'efprir y fom. I. A 2, HIST OIRE DU REN OUVELLEMEN T fondée en 1705 , fans parler d'autres fondations moins confitiérafales. Mais entre tous ces établiffemens , l'un des plus diftingués eft fans con- tredit celui de la Société Royale des Sciences. Perfonne n'ignore comment l'idée de ces compagnies Vivantes naquit en Europe dans le fiécle palFé , 8c comment on les a vu fe multiplier à l'envi dans les principaux Royaumes de cette partie du monde. Les Philofophes ayant fécoué le joug tyran- nique d'Ariftote , fe livrèrent pendant quelque tems à la manie des fyftê- mes. De grands génies employèrent à élever ces édifices chimériques , un tems 8c des talens dont ils auroient pu faire un beaucoup meilleur ufage. Heureufement on fentit bientôt la vanité de cette occupation , 8c l'on fe hâta de prendre le bon parti , en fe bornant à étudier la nature , à ob- ferver les phénomènes , 6c à enregillrer ces obfervations , en attendant qu'elles forment un corps complet , d'où l'on puilTe déduire un fyftême appuyé fur les fondemens inébranlables de l'expérience. L'utilité déjà reconnue de ces Sociétés fit donc fouhaiter à FRIDERIC L d'enrichir fa capitale d'un femblable ornement. Une circonftance par- ticulière acheva de l'y déterminer , c'eft la reforme du Calendrier , arri- vée au commencement de ce liécle. Elle demandoit divers changemens dans les calendriers annuels , qui étoient employés dans le pays , 8c qu'il s'agilfoit déformais de calculer allronomiquement. Cela ne pouvoit s'exé- cuter , qu'en deftinant d'habiles Aftronomes à y travailler , & en leur conftruifant pour cet effet un obfervatoire. Cette idée amenoit aiïez na- turellement celle d'une Société des Sciences ; auffi tout fut-il compris dans le même plan. Les Lettres - Patentes pour rére£lion de cette Société furent datées du 1 1 Juillet 1700 , jour de la naiffance du Monarque , qui étoit venu au monde le 11 Juillet 1657. Divers obflacles retardèrent de quelques années l'exécution de ce def- fein. Un des principaux fut fans contredit la guerre , dont les flammes embrafoient alors prefque toute l'Europe. De tout tems ce redoutable fléau a été pernicieux aux lettres. Les difficultés s'applanirent enfin , 6c l'entier établiflement de la Société fut confirmé par des Statuts , qui réglèrent 1^ forme de fes alTemblées , l'objet de fes travaux , &C l'adminiftration de fes revenus , datés du 1 3 Juin 1710. Les bâtimens deftinés aux, aflemblées de la Société, 8c ceux de l'obfervatoire s'achevèrent , les membres furent nommés & divifés en clafles , les dignités de Proteâeur , de Prélident , 8c de Vice - Préfident furent conférées à des perfonnes très- dignes d'en être revêtues, ôc le jour Iplemnel de l'inauguration fut .fixé au 19 Janvier 171 1. On avoir célébré la veille J'anniverfaire du couronnnément de FRIDERIC I. , ôc cette féconde fête méritoitbicn d'être en quelque fotce liée à la.p^emièrei DE i: A C A D È M JE» 5 La loi que je me fuis impofc d'être fitccint dans cette narration , me fait paflér fous filence les circonftances de cette folemnité ; je dirai feulement que M. de Printjen , Miniftrc d'État , Chevalier de l'Aigle noire , & Protedeur de la Société nailTànte , prononça dans cette occafon un dif^ cours qui fut généralement applaudi , & que M. JMonski , Prédicateur de la Cour , Vice-Préiîdent de la Société , & faifant les fonctions de Préfident en l'abfence de Mr. de Lcibnit^ , y répondit par un autre ■difcours , digne de la réputation qu'il s'étoit déjà acquife. Je viens de nommer M. de Leihnit^ : il y auroit de l'injudice , ou plu- tôt de l'ingratitude à n'en faire qu'une auffi légère mention. Ce grand homme , qui a fait tant d'honneur à l'Allemagne , ce rival de Dcfcarus & de Newton , peut être regardé comme le promoteur de la Société Royale des Sciences de Berlin. Ce fut fa fageflè qui en fournit les principales kié-es ; ce fut fa perfévérance qui furmonta les principaux obflacles j ce furent fes lumières , qui éclairèrent & guidèrent les premiers pas des membres de la Société : il en fut en un mot , non-feulement le Préfident , mais en quelque forte l'ame tant qu'il vécut. On voit dans fes lettres ■une foule de témoignages de l'affeâion qu'il lui portoit , & des foins qu'il prenoit pour elle. Il y eut une médaille frappée à la naiflance de la Société. Le portrait du Roi couronné de lauriers , étoit gravé d'un coté avec cette légende autour : Frider. primvs, d. g. Kfx BoRVSSi.t: ,- & fur le revers, la devife que l'Académie s'étoit choiSe. Le corps de cette devife eft un ai^Ie s-'élevant vers les aftres ; & l'ame , les mots , Cognât a ad sidéra TESDiTi & dans l'exergue ; SOCIETAS SCJE^TIARUM ReGIA. FuND. Berolini. opt. princ. natal, XL IV. De grands noms illuftrerent la lifte de l'Académie dès fon origine. On compta parmi les Etrangers , les Bcrnou'dli , Gid'ulmini , Hartfoeher , Varignon , Bafnagc , Turretin , U'ercnfcls , Wolf, &c. & parmi les Re- gnicoles , les Beger , Schott , Kirch , la Croie , des VignoUi , Hojfman , Jablonsli , Frifch , Cfc. Sous de C heureux aufpices la Société des Sciences commença à s'acquitter des fondions qui lui étoient impofées. Son inauguration &voit été déjà précédée d'un volume de fes Mémoires fous le titre de Mifcdlanea Bcrolinenfia. Berlin in-^°. 1710. Ce premier tome a été fuivi d'un fécond en 1723 , d'un troifième en 1727 , d'un quatrième en 1734, PHYSIQUE GENERALE, ARTICLE V. N Sur l'Ekciricité. Ous venons de voir dans l'Hiftoire du renouvellement de i'Acadé- I mie , que le premier fujet fur lequel les Phyfîciens qui en font ^'-t ■'""ver membres ont tourné leurs vues , c'eft l'Eleftricité , & que dans la première kieftilcité. alTèmblée générale on a fait toutes les expériences qui concernent ce Phé- nomène finoulier. Ces expériences furent précédées d'un difcours de M. Ellcr , Direâeur de la Clallë de Phyfique , dans lequel il rendit compte des anciennes découvertes fur cette matière , & des nouvelles obfervations dont on eft redevable aux recherches des membres de l'Académie. Le premier qui fe foit attaché à l'examen de cette propriété des corps , fut Guillaume Gilbert , qui vivoit à Londres au commencement du fiécle palTë. Il donne dans fon livre de Magncte , une énumération de divers corps qui poflèdent , auffi-bicn que l'ambre , la vertu éledrique. Ce pre- mier pas étant fait , les Phyficiens les plus dillingués multiplièrent en quelque forte à l'envi par leurs recherches , le nombre des corps aux- quels cette propriété convenoit , & n'en laifïèrent aucun fans le mettre, pour ainfi dire , à la queftion. Nous rapporterions ici les progrès des Gue- richc, Boyle , Hauhshce , Gray , fi l'on ne les trouvoit déjà parfaitement détaillés par Mr. Dufuy , dans fon Hijloire de l'Ekciricité , inférée dans les . Mémoires de f Académie des Sciences de Paris. * »Ant.ee,-53. C'eft à Mr. Gray que nous devons les plus belles obfervations fur ce P-^'^.^; ^^ ''*■ fujet , & il les a pouflées jufqu'au point de pouvoir en déduire les lobe de rEleî N N t- £ jg petits vaiflèaux au fond de la cloche. Mais comme pour méfurer 1745. exaftement le nouvel air produit par les expériences , il falloit trouver la capacité de la cloche , & la comparer avec les dégrés par lefquels le mercure monte ou defcend dans un tube attaché à la machine pneumatique , M. Ellcr prit fes précautions , & trouva que fa cloche contenoit 24Z pouces cubiques d'Angleterre en rabattant la capacité de deux verres , qui dévoient relier au fond de la cloche pour faire les mèlan^'es néceffaires. L'air étant exaûement pompé , le mercure montoit à 2 0 ''pouces anglois. Chaque pouce étant divifé en deux hgnes , donne le produit de 290 lignes-, de forte que l'élévation du mercure à 290 lignes emporte 242 pouces cubiques d'air. Si le contenu de la cloche aJoit été de 290 pouces , chaque ligne de l'elevation du mercure auroit emporté un pouce cubique d'air; mais les 48 l'gnes de trop reftant a r-artaoer entre 242 pouces , cela donne un j- de ligne fur chaque couce & par conféquent 6 lignes d'élévation du mercure , emportent 5 pouces cubiques d'air hors de la cloche. Il s'enfuit au contraire que la produaion de $ pouces cubiques d'un air nouveau , doit faire bailler le mercure de 6 lignes dans le Baromètre de la pompe. ^ Acres ces préliminaires , M. ElUr put procéder furement a fes expériences ; les premières eurent pour objet le mélange des alcalis fecs avec les efprits acides. ,, r • j i" Deux dragmes d'yeux d'écreviffes avec quatre fois autant d efprit de vinaiêre produifirent une courte effervefcence , qui fit baiffer le mercure de I S lignes , ce qui indique la formation de 1 2 pouces cubiques d air fous^ia^cloche.^ dofe d'yeux d'écriviffes mêlée avec le quadruple d'efprit de fei caufa un combat violent , qui repandit de l'écume de toutes parts , 6 l'abbaiffement fubit du mercure annonça la produaion de 75 pouces cubiaues d'un air nouveau. 3°. Le corail rouge mêlé dans la même proportion , donna feulement <2 pouces d'air. , , , . ,, r-^ j„ ^ 4". Une dragme de limaille de fer mêlée avec demi once d efprit de fel ; caufa une petite agitation , mais le mercure ne branla point , & ainfî cet eiTai ne fit point naître d'air. „ r • j 7°. Mais la même quantité de limaille mêlée avec autant d'efprit de nître fournit îo pouces cubiques d'air. rr r 60 'L'huile de vitriol avec autantde limaille, fit une effervefcence médiocre , & il ne fe forma qu'environ onze pouces cubiques d gir. 7^ Une dragme de fel de tartre avec une demi once d'eipnt de nitre. forma 48 pouces cubiques d'air. DES SCIENCES DE BERLIN. 23 8°. Le même fel dans la même quantité , mêlé avec l'efprit de fcl .. ^~ commun , en fournit 42 pouces. . '' o". Enfin , le mélange de ce fel , avec l'huile de vitriol dans la proportion fùfdite , montra à-peu-près la même quantité d'air. 17 4 5' Voyons à préfent les effets du mélange des alcalis liquides avec les^ acides. 1". Une demi once d'huile de tartre par défaillance avec autant d'huile de vitriol , firent une très-forte effervcfccnce , & le mercure defccndit avec rapidité julqu'à 1 3 2 lignes ; de forte qu'il s'étoit formé dans un inftant iio pouces culsiques d'air élallique. Cette expérience échaufra le verre où s'étoit paffé le combat des deux liqueurs , au point qu'on ne pouvoit le tenir , & il fe forma au fond de ce verre un très-beau criftal , qui fut produit pendant l'excès de la chaleur en une minute de tcms. 2°. La même huile de tartre mêlée avec l'efprit de nître dans la quantité fufdite , procura 100 pouces cubiques d'air, à la fuite d'une effervefccnce faiis ciialeur. 3". Le mélange de cette huile avec l'efprit de fel marin , fe fit à-peu-près de la même manière, &. forma 92 pouces cubiques d'air. Toutes ces expériences rirent naître une nouv..'lle idée à M. Eller ^ c'efl: celle de la transformation de l'eau commune en air éiaftique. Pour cet effet , il fit faire une boule concave de cuivre , & l'ayant remplie de deux pouces cubiques d'une eau prefque bouillante , dont il avoit auparavant tiré l'air commun , cette eau dilToute en vapeurs entra par le moyen d'un robinet , fous la ciociie dans le vuide , & bientôt après le mercure defcendit jufqu'au bas du Baromètre. C'ell ce que M. Eller appelle l'eau changée en air , foupçonnant que Taftion de la chaleur pourroit ôter à l'eau cette forte adhérence de fes parties , qui dans foa état naturel la met en état de réfifter à toute compreflion , & changer fes particules ainfi féparées , en corps fpheroïdes , ou fphercs concaves , qui admettroient la comprelfion Ci la roflitution réciproque qu'oa obferve dans l'air ; en un mot , qui deviendroient du véritable au-. Notre Phyficien va plus loin encore , & fe propofe de démontrer dans la fuite , pas d'autres expériences , la converfion réelle de la plus grande partie de l'eau en terre fixe & homogène ^ de forte que cela nous rameneroit infenfiblement au premier principe de la phyfique la plus ancienne , à celui de Thaïes » que l'eau ell l'origine de toutes chofes. 24 HISTOIRE DE VACADÉMIE ROYALE ToM. I. rr — ■ ""i^ I 'ijj^ A N N É E 1745. A R T I C L E V 1 1 1. Sur lu lumière & Us couleurs. ==== TL y a une refTemblance très-marquée entre la lumière & le fon. La lumière & X A- Une OC 1 autre de ces deux choies arrivent a nous par des lignes les couleurs, droites , à moins qu'elles ne rencontrent des obftacles : & dans ce cas même , la relfemblance continue d'avoir lieu. Comme les miroirs nous renvoyent les images par réflexion , les échos nous réfléchifîènt pareillenient les fons ; & pour la réfraction , fi elle n'eft pas auffi aifée à obferver dans le fon que dans la lumière , on ne fauroit pourtant douter que le fon , en pafTant par des corps propres à le tranfmettre , ne change de diredion. Une pareille harmonie entre les effets , femble en indiquer entre les caufes , & fait efpérer de trouver dans la tliéorie du fon , de quoi éclaircir celle de la lumière. On convient unanimement que le fon confîfte dans un mouvement vibratoire des particules de l'air. Ce mouvement confifte dans une fuite de comprenions , par lefquelles ce fluide élaltique tranfmet jufqu'à des diftances fort éloignées , la première compreffion , dont l'effet devient continuellement plus petit. Une feule percuffion de l'air ne fuffit pas pour la produftion d'un fon ; il faut des percuffions réitérées , telles que font celles qu'une corde ou une cloche , étant mifes en mouvement , font capables de produire dans l'air. Dès que le mouvement vibratoire cefïè , le fon ceffe fubitement. L'air en foi eft indifférent à toutes fortes de fons , & leur diverfité vient uniquement du mouvement du corps fonore. Un Phyficien moderne des plus diftingués , a là-deffus une idée contraire. Il croit qu'il y a dans l'air autant de particules différentes par rapport au reflbrt , qu'il y a de fons difFérens , & qu'il n'y a qu'une efpèce de ces particules , qui foit mife en mouvement pour chaque fon. Mais il eft prefque impoffible de concevoir comment une infinité de particules d'un reîîbrt différent peuvent être en équilibre entr'elles. Il faut bien prendre garde de ne pas confondre dans le fon la propagation de chaque impreffion avec la fréquence des imprefîîons fucceffives. Ce n'eft que la fréquence qui produit la fenfation du fon ; car de-Ià vient la diverfité des fons par rapport au gi-ave & à l'aigu ; & un fon déterminé n'eft autre chofe que la perception d'un nombre déterminé d'impreflions , qui frappent l'oreille dans un tems donné. De ces obfervations fur le fon , M. Euler s'eft propofé de tirer des fecoufs DES SCIENCES DE BERLIN,. 25 fecours pour expliquer la produftion de la lumière. Comme le fon confifte ,, dans la propagation d'un mouvement vibratoire par l'air, il lui paroît i ''^* ^* d'abord tris - vraifembiable que la lumière confifte dans une pareille N' « £ propagation d'un mouvement vibratoire d'un autre milieu élaftique qu'on '7 4 5- nomme VEther. L ell vrai qu'on eft d'abord arrêté par l'autorité du grand Newton , à qui l'on eft fi redevable fur cette matière , ôc qui foutenoit au contraire que les rayons de la lumière fortent immédiatement du foleil , ou de tout autre corps lumineux , avec cette viteffè fi prodigieufe que nous reconnoiflbns dans la lumière. Mais c'eft l'hypotéfe du vuide qui a jette ce Philofophe dans une opinion expofée à des difficultés infurmontables ; car premièrement on ne fçauroit nier l'cxiftence d'un éther , ou d'un fluide incomparablement plus fubtil & plus élaftique que l'air. Les phénomènes de la dureté , de l'élafticité , de la péfanteur , du magnétifme & de l'éleftricité des corps , prouvent abfolument l'cxiftence d'un tel fluide , à moins qu'on ne veuille recourir à des qualités occultes; & ce fluide eft incompatible avec l'explofion actuelle des rayons du foleil. D'ailleurs , la perte de la matière folaire feroit fi grande , que cela feul fuflEroit pour démontrer la fauflèté de l'hypothéfe. La lumière eft donc dans l'étlier la même chofe que le fon dans l'air, & les rayons font auffi peu des émanations du globe du foleil qui arrivent à notre œil , que les fons font des émanations des corps fonores qui arrivent à notre oreille. Que la lumière foit une fuite des impreffions fucceffives , produites dans Téther , c'eft ce que pluficurs grands Phyficiens ont déjà foutenu & prouvé. Ce qu'il y a de particulier à l'hypotliéfe de M. EuUr , c'eft fon parallèle entre le fon ôc la lumière , & c'eft auffi Jà-dcfliis feulement que nous infifterons. Pour produire la lumière , ou pour affcfter le fc^is de h vue , il faut deux chofes : premièrement , une caufe capable de comprimer quelques particules de l'édicr :, en fécond lieu , que cette caufe excite un mouvement fubit , & beaucoup plus vif que celui d'une corde , vu que l'édier eft un fluide incomparablement plus fubtil que l'air. Les impreftïons fucceffives qui partent d'un point lumineux dans l'étlier , quoiqu'elles foient tranfmifes par des couches concentriques , ne laiffènt pas d'agir fur nos fens félon des lignes droites , de la manière dont nous fommes accoutumés de nous repréfenter l'adion des rayons. La direftion reétiligne eft néanmoins changée , tant par la réflexion que par la réfraôion. Il n'y a point encore d'expériences qui puKTènt déterminer l'élafticité & la denfité de l'éther , de la connoiffànce defquelles dépendroit celle de la vlteffe avec laquelle les impreffions de la lumière font tranfmifes : mais il eft pourtant certain que ce milieu eft incomparablement plus D 16 HISTOIRE DE VACADÉMIE ROYALE ■j. ~-r fubtil & moins denfe que l'air. Ainfî , la vîtefTe de la lumière doit être ^ N n'é É '''^" ^^^^ grande que celle du fon , car la vîtefTe avec laquelle les impreliions le répandent dans un milieu élaftique , eft comme la racine ^^-" quarrée de l'élalHcité divifée par la denfité ; de forte que la diminution de la denfîté accroît auffi-bien la vîteflè que l'augmentation de Ttlailicité. Or , les expériences qui prouvent l'exiftcnce de l'éther , prou\^ent en mème-tems que Ion élalticité eft incomparablement plus grande que celle de l'air que nous refpirons , & par conféquent ces deux raitbns concourent à augmenter la vîtelïè de la lumière. Les obfervations s'accordent ici très - bien avec le raifonnement ; car elles font voir que la lumière du foleil vient à nous environ en 8 minutes. En fuppofant donc la parallaxe horifontale du foleil de lo fécondes, la diftance du foleil à la terre fera de 2 000 demi diamètres de la terre , d'où Ll efl: aifé de conclure que la lumière parcourt dans une féconde un efpace de 800000000 pieds, le fon ne faifant dans le mème-tems que 1000 pieds environ. La vlteliè de la lumière fera donc 800000 fois plus grande que celle du fon ; & par ^ conléquent , fi nous fuppofons que la matière de l'étJier cfl 800000 fois plus fubtile que l'air , fon élailicité fera aullî 800000 fois plus grande que celle de l'air , ce qui s'accorde fort bien avec le peu que nous connoiffons de l'éther. Comme la div^erfité des fons vient uniquement des différens nombres d'impreffions , qui fe font fentir dans un tems donné à l'oreille , ainfi la divcriité des fentimens de la vue dépendra des ditFérens nombres d'impreffions , qui frappent dans un tems donné les yeux. Et conijne nous ne trouvons point de plus grande diverfité dans la lumière , que celle des couleurs , nous ne pouvons gueres douter que les diverfes couleurs ne foient produites par les ditlérens nombres des imprelîions que nous recevons dans un tems donné , par exemple , dans une féconde. Cette réflexion efl: bien importante : car elle ne mené pas moins qu'à la formation des idées diftinétes des couleurs , & à leur définition réelle : car fuppofé que la perception de loooo imprelîions produife dans nos yeux la fenfation de la couleur rouge , nous pourrions dire : la couleur rouge n'eft autre chofe que la perception de loooo impreffions dans une féconde, & ainfî de toute autre couleur , qui feroit pareillement déterminée par le nombre des impreffions dans un tems donné. La théorie des fons eft; beaucoup plus avancée à cet égard ; car pour chaque fon propofé , on peut déterminer le nombre des vibrations qui le produifent. Le fon le plus grave que l'on puiflè appercevoir , efl: produit environ par 30 vibrations dans une féconde , & le plus aigu par 4000 environ dans le même tems. Les vibrations de l'éther doivent être biea plus fréquentes. Pofons que le plus petit nombre qui foit capable de DES SCIENCES DE BERLIN. 27 produire une couleur foit loooo dans une féconde, puifque la lumière '.. . ' parcourt 20000000 pieds dans une féconde; il y aura dans cet intervalle . *^*''/. * loooo couches comprimées, & par conféquent la diftance entre deux n N E couches comprimées feroit 1000 pieds. La grandeur de ces diftanccs nous ^74 5- fait aifément concevoir pourquoi les rayons qui viennent à nous de diftérens corps ne fe confondent pas entr'eux , & comment une multitude incroyable de différens rayons peut paflèr par un petit trou fans fe troubler; phénomène inexplicable , fi les rayons étoient lancés des corps par un mouvement aduel , & avec une vîtelïè au-deffiis de toute imagination. On a été communément dans l'idée que la lumière paflê à travers les pores des corps tranfparens , difpofés pour cet effet en ligne droite ; mais cette opinion a des difficultés qui la rendent infoutenable. Pour qu'elle fut vraie , il faudroit qu'il y eût dans ces corps des pores en tout fens difpofés en ligne droite , ce qui ne laifïéroit aucune pbce pour la matière propre des corps : & en admettant même l'exiftence de tous ces canaux , la refraâion fe feroit fans aucune caufe. Ce font donc inconteftablement les parties propres des corps tranfparens qui tranfmettent la lumière , & voici comment : la furface des corps étant frappée par les particules comprimées de l'éther , en foufFre elle-même quelque compreffion , qui fe communique aux particules intérieures. Si donc le tilTù des corps efl tel que toutes les particules fe communiquent cntr'elles les impreffions d'un bout des corps jufqu'à l'autre , il eft manifefte que la lumière doit être tranfmife par ces corps auffibien que par l'étlier même. Ainfi un corps tranfparent n'efl autre chofe qu'un amas de particules élafliques fi étroitement liées enfemble , que les impreffions caufées à un bout fe communiquent par tout le corps , comme cela fe fait dans l'éther. L'opacité au contraire aura deux caufes , le défaut d'élaflicité dans les parties , & celui du tiflu , qui ne fera pas alTèz étroit pour communiquer l'impreffion de la lumière d'une partie à l'autre. La différente refrangibilité , qui eft l'une des plus importantes découvertes de Newton , découle naturellement de la théorie de M. Euler. Les rayons des différentes couleurs ne différent entr'eux que par rapport à la fréquence des compreffions , qui viennent frapper l'organe de la vue dans un tems donné ; & cette même différence eft la caufe que les rayons des diverfes couleurs fouffrent différentes réfractions. Les expériences du prifme montrent que les rayons rouges fouftrent la plus petite réfraition , & les rayons violets la plus grande , d'où il s'enfuit que la fréquence des compreffions ou des vibrations eft la plus grande dans la couleur rouge , & la plus petite dans la couleur violette. Les autres couleurs tiennent le milieu , & leurs vibrations font moins fréquentes Dij 78 HISTOIRE DE VACADÈMIE ROVALE ^^ que dans la couleur rouge , mais plus fréquentes que dans la couleur i OM. 1. yiojette, Cela s'entend des couleurs pures & hautes , telles que l'arc-en- ^ .V N E E ^jgj ^ jg pfif|-ne i^ous les préfentent. Les autres couleurs mêlées ou '745' balles , ne diftérent entr'elles que comme les tons de diverses oftaves. Ainfi, au cas qu'un rayon rouge faffe loooo vibrations dans une féconde, des rayons qui font 5000 , ou 2500 , ou 625 vibrations dans le même tems , produiront auflî une coideur rouge , mais moins haute que la première. Par conféquent il y aura plufîeurs couleurs différentes de chaque nom , comme on a dans un clavecin plufîeurs tons qu'on exprime par la même lettre. Après ce qui vient d'être dit , la réflexion des rayons & l'égalité entre les angles d'incidence & de réflexion , font des chofes qui s'expliquent d'elles-mêmes. 11 n'efl: pas moins évident que , ni la réflexion , ni la réfraâion ne change point la nature des rayons ■., de forte qu'un rayon rouge demeure toujours rouge , foit qu'il fouffre des réflexions ou des réfraftions ; car la couleur dépend du nombre des impreffions qui entrent ' dans l'œil dans un tems donné ; & ce nombre ne change ni par l'une , ni par l'autre manière , qui ne font qu'altérer la direétion. La plus grande difficulté au fujet des couleurs , confifte à comprendre comment d'un corps coloré , par exemple , rouge , les rayons rouges font les feids réfléchis , puifque la réflexion repoulîè tous les rayons également. On a eu recours à une prétendue réfraftion faite fur la furface des corps colorés , par laquelle les rayons de divcrfes couleurs feroient comme triés , & tellement tranfmis fur une furface réfléchiflànte , que les feuls rayons de la couleur du corps foient réfléchis ; mais cet expédient fourmille de diflicultés , & en particulier , il ne fauroit avoir lieu que lorfque les rayons tombent fur le corps fous un angle donné. Or , les corps opaques confervant toujours la même couleur , de quelque côté qu'ils foient illuminés , cette explication eft évidemment contraire à la nature. Celle des Cartéfiens , qui fait confifter les couleurs dans les différens mélanges de l'ombre & de la lumière , tombe de même dès qu'on a démontré la diverfité des rayons. Il ne refl:e donc qu'à foutenir que les rayons qui font voir les corps opaques , font formés dans leur furface même , comme les rayons qui partent d'une lumière font formés à la furface de cette lumière ; & alors toute la différence confiftera en ce que les corps lumineux n'ont pas befoin d'une autre lumière , au lieu que les corps opaques ne produifent des rayons que lorfqu'ils font illuminés. Suivant cette hypothéfe , la furface des corps opaques eft remplie de petites molécules élaftiques, qui étant ébranlées , acquièrent un mouvement vibratoire , par lequel elles achèvent un certain nombre de vibrations dans un tems donné. Le nombre des DES SCIENCES DE BERLIN. 29 vibrations dépend de la force avec laquelle les rayons ébranlent la furface, •— « & du rertbrt des particules dont cette lurface eft compofée : dt-là toute I om. 1. la diverfité des couleurs. Nous ne faurions entrer dans le détail de A s s É e l'explication des phénomènes dont M. EuUr rend railbn , en fuivant les 1 7 4 5» principes qui viennent d'ctrc établis. IJ fuffit de dire que s'il ne conduit pas fon liyporhéle jufqu'à la démonftration , il lui donne au moins une très-grande lupcriorité lur toutes celles que cette matière avoit occasionné julcju'i préfent. gH ' ' '>^ ?^ ARTICLE IX. Sur le chcc G" Id prcjjïon. 0\ donne le nom «^.e force en général aux caufes qui peuvent changer ___,,^_^ l'état des corps, & fincnic , qui ne fert qu'à maintenir chaque Le 4. jma corps dans fon état, IcîTiblo d'abord ne pouvoir èti-e comprife dans cette ''-j^^ choc & dénomination. Cependant l'inertie peut être caufe que l'état d'auffes lapredon. corps foit changé , en apportant des obftaclcs à la continuation de leur mouvement , ou à fa direction ; ik. alors , quand on lui contelteroit la qualité de force dans le corps où elle réiide , on ne fauroit du moins nier qu'elle ne pafle en force dans les autres. Mais M. Eulcr veut lui accorder des prérogatives bien plus étendues , CJc coniltruit une hypotliéfe qui ne va pas moins qu'à faire de l'inertie le principe de tous les changemens qui arrivent dans le monde , fans qu'il y ait d'autres forces dans la nature que celles que l'inertie y excite. Pour établir cette opinion , il remarque d'abord que l'inertie eii véritablement une force , par laquelle le corps réiifte à toutes les caufes qui voudroient le tirer de ion état aâuel , foit de mouvement , foit de repos. Cette réfîflance apporte néceiîairement du changement à l'état des corps qui l'éprouvent. Or , le monde étant plein de corps qui fe choquent , & qui réfîitent les unes aux autres , l'inertie feule luffit pour produire tous les effets du mouvement , fans qu'il foit befoin de placer dans les corps des forces motrices. De plus , l'inertie eft une propriété générale de toute matière , comme Vétendue & l'impénétrabilité. Elle eft proportionnelle à la maflè des corps , & leur état de repos ou de mouvement n'y cb_ange rien. Dans, les corps mus elle conferve deux chofes , la viteflè & la direftion , & elle s'exerce contre les deux fortes d'obftacles qui s'y oppofent. Elle change la vîteflTe des uns , & c'eft l'effer du choc ; elle détourne la «Ureftion des auïres , & c'eft l'effet de la prelïon. Ces deux fortes dc: 30 HISTOIRE DE VACADÉMIE ROFALE forces qu'on diftingue ordinairement entr'elies , la force de percuffion & I OM. I. ^gjjg jjg prefïîon, ne font donc au fond que des effets de l'inertie. A J^ N h E iviais rinertic ne déploie ces forces que quand l'état du corps où elle ^745- réfide eft changé, & aulîî long-tems que le changement dure. Quand l'obftacle s'arrête , l'inertie relie , pour ainlî dire , oifive , jufqu'à ce que de nouveaux obffacles viennent l'occuper. Dès qu'on apperçoit donc des forces dans le monde , c'eft une preuve évidente qu'il eft arrivé du changement dans l'état des corps. Toute force , comme nous venons de l'infinuer , eft ou choc , ou preffion. La théorie de celle-ci a été à-peu-près conduite à fa perfeâion dans la ftatique & dans la méchanique. Il n'en eft pas de même des percuffions ou chocs ; quoique leur eftet pour le dérangement de l'état des corps foit hors de contelîation , on n'a pas encore de régie certaine de comparaifon entre les divers chocs. Suivant Leibniti &. fes partifans , les deux forces font incommenfurables , & de-là la fameufe diftinûion entre les forces vives & les forces mortes. On fait auffi la difpute fur le produit , tant de la maflè que de la vitelïè dans les corps qui fe choquent , difpute qui ne fauroit être terminée tant qu'on ne convient pas de l'effet par la grandeur duquel il faut mefurer cette force. M. Eukr remarque , au fujet de cette difpute , qu'on ne fauroit abfolument attribuer aucune force au corps mû , ni en général à aucun corps confidéré en foi ; mais que la force qu'exerce un corps , quand il en choque un autre , fe rapporte uniquement à la relation où ce corps fe rencontre avec d'autres. En effet , un corps n'a rien en propre que fon inertie , qui eft toujours la même ; & lorfque cette inertie devient force pour réfifter aux corps contigus qui apportent un changement d'état , elle ne peut plus être définie , parce c^u'elle dépend du changement qui arrive dans le corps où elle fe trouve. La quantité de cette force dépend des circonftances externes qui accompagnent le choc. Si le choc , auffi-bien que la preffion , ne peut s'exécuter que dans un tems donné , ces deux forces ne feront plus hétérogènes , on pourra les comparer , &: toute la diftinftion entre forces mortes & forces vices s'évanouit. Or , il eft démontré que l'effet du choc de deux ou de plufieurs corps n'eft pas produit dans un inftant , mais qu'il demande un certain " intervalle de tems : l'expérience met cette vérité ibus les yeux. Le petit creux encore vilîble après le choc qui eft imprimé aux corps qui ont quelque raoUelïè , ne peut aiïùrément pas fe faire dans un inftant ; & la loi générale de la nature , que rien ne fe fait par faut , répugne à ce qu'un auflî grand changement que l'eft celui que le choc apporte quelquefois à l'état de deux corps , foit un effet inftantané. Ainli , la mefure des forces vives peut être prife de celles des forces mortes qui DES SCIENCES DE BERLIN. 31 leur font égales , ou pour mieux dire , il n'y a point de forces mortes ; =s & celles que les corps exercent les uns fur les autres dans la pcrcuffion , ^ ^"' }' appartiennent au genre des prclLons. ^ ^' •'' lî' ï Refte donc à déterminer les preffions pour chaque moment du choc- '74 5* car la force de pcrcuHion n'cll: autre chofc que l'opération d'une preflion variable , qui dure pendant un efpace de tems donné ; & pour la méfurer il faut déhnir premièrement le tems de la durée du choc , enfuite aHigner la preflïon qui répond à chaque moment de tems. La dureté , l'élafticité la mollcflc des corps doivent aufli être prifes en confidération : & c'eft ici où M. Eulcr entre dans les calculs , & démontre la vérité de fon- importante découverte , qui peut terminer une controverfe , au fujct de laquelle les principaux Géomètres & Phyficiens font encore partagés , & dans laquelle , contre l'ordinaire des Matliématiques , il paroît y avoir eu beaucoup de logomachie. {gy ^iw;^'^'-- ^ ARTICLE X. Sur la nature des moindres parties de la matière. LE principe de l'indifcernibilité efl: à préfent généralement avoué. . Manifefte dans les grands corps, le microfcope le découvre avec la » Juin 1744. même évidence dans les petits. La divcrhté qui différencie les corrs ^'l"'^ "'* J ri II* (11. »-vy*^j j moindres par- ne regarde pas feulement la hgure & 1 arrangement des parties ; elle '■" de ^ '"»- s'étend aux qualités moins eflèntidles , qui différent par-tout fi confidé- ''"*" rablcment, qu'on ne fauroit trouver deux corps qui pofîédent la même qualité dans le même degré. On a lieu de croire , par exemple , qu'il n'y a pas au monde deux corps qui foient parfaitement teints de la même couleur. La grandeur elle-mtme ne fauroit être exceptée, malgré l'exaétirude que nous apportons à donner à certaines choies les mêmes dimenfions , ou les mêmes poids -, tout ce que nous faifons , c'eft de détruire les différences fenfibles , mais il en refte toujours d'imperceptibles. Il y a deux fources d'où réfulte la diverfité des corps ; l'une , c'eft la • diverfité des particules mêmes dont iJs font compofés ; & l'autre , celle * qui fc trouve dans leur arrangement. L'une & l'autre -eft capable de produire une infinité de variations. On ne fauroit néanmoins bien déterminer , fi les plus petites & dernières molécules de la matière font fufceptibles de di^'erfité dans leur t'tar ; au moins , fi elles n'avoient plus de parties dont elles fufîènt compofées , ks deux caules de la diverfité ceOeroient. La queftion , fi les plus petites particules de matière font toutes jz HISTOIRE DE VACADÉMIE ROYALE femblables entr'elles ou non, étant très - importante , tant en PhyfiquS qu'en Métaphyfique , M. Eulcr s'eft propofé de l'examiner , & nous allons donner le réfultat de fes recherches. Entre les diverfes routes qui pouvoient être fuivies dans cette difcuffion , M. Eulcr s'eft borné à comparer le rapport qu'il y a entre l'étendue & l'inertie des moindres molécules de la matière. Quoique les expériences ne puilïènt pas aller jufques-là , il eft connu en général , & Newton l'a démontre prefque géométriquement , que les poids des corps font propor- tionnels à leur inertie. La péfanteur , puifqu'elle eft proportionnelle à l'inertie , eft donc une jufte mefurc de la quantité de matière dont chaque corps eft compofé. L'expérience enfeigne encore que tous les corps diiTcrent par rapport à leur gravité fpécirique ■■, & comme cette diveriîté ne leur vient que des parties dont ils font compofés , il femble d'abord que ces moindres particules mêmes doivent varier à l'infini par rapport à leur gravité îpéciiîque. Mais M. Euler prétend démontrer d'une manière inconteftable , ^3uze pieds de hauteur , & confîftent en différentes couches , dont la troifième eft de iîx bons pieds & toute de pierres , ou plutôt de pétrifications , dans un lit d'une terre de couleur de fer mêlée de terre grafîè. C'eft cette couche gui n'eft autre chofe qu'un amas prodigieux d'animaux miu-ins pétrifiés. En entrant dans ce chemin , M. Sud: & fon ami , trouvèrent d'abord répandue par terre une très-grande quantité des pierres dites conchytcs , cochka , globofa , peclines , echini , èi ce qui piqua le plus leur curiofité , quelques cornes d'ammon de différentes efpèces & de différentes grandeurs. Mais quelle ne fut pas leur furprife , ou plutôt leur joie , lorfqu'en fouillant dans la couche dont je viens de parler , ils virent que chaque pièce qu'ils en tiroient , étoit une vraie pétrification marine entière , où du moins une pierre avec l'empreinte de quelque coquillage marin ? Vrai Pérou pour eux , ils ne manquèrent pas de profiter de l'occafion , & de fe charger de ces richeffes , autant que le tems & les commodités préfentes le leur permettoient. Cet endroit elt alTurément très-remarquable , & mérite préferablement h beaucoup d'autres , une place dans l'Hiftoire naturelle des foffilles d'Allemagne , vu la quantité extraordinaire de pétrifications marines qu'on y trouve entaffées les unes fur les autres. Il y a quelques endroits en Angleterre & en Italie , où l'on voit avec admiration de femblables morceaux de pétrifications. Mais ces endroits là font proches de la mer , & les pétrifications qu'on y trouve ne font que d'une ou deux fortes d'animaux marins , au rapport de Lijler & de Janus PLincus , l'un Anglois & l'autre Italien , tous deux grands amateurs de l'Hiftoire naturelle , & très-exads dans leurs écrits. Notre efpèce de carrière mérite donc beaucoup plus l'admiration & les recherches des curieux , tant a caufe de fon éloignement de la mer , & de fa fituation dans un pays fort élevé , que parce quelle renferme feule dans un aflez petit efpace tant de différentes fortes de pétrifications marines. Entre les pièces du butin que remportèrent nos favans naturaliffes , la pjus remarquable eil une corne d'ummQn de la première grandeur , & de Eij 36 HISTOIRE DE VACADÈMIE ROYALE ■ j- cette efpèce que Schcuchier nomme fpinatum & Jlriatum Jlrils crajjlonbus ^ '.' j'unicularibus falcath. La couleur en efl jaunâtre , tirant un peu fur le brun clair -^ c'eft une efpèce de ces pierres qu'on appelle en Allemagne 7 ■^ J' eijcn-jhin , mais avec cette particularité , que par-ci par-là , & fur-tout dans le creux du grand tour , tout eft cryflallifé. On y remarque très» diftinâement l'épine du dos , & ce qui eft fort remarquable , on voit entre le premier & le fécond tour à la fraâure , encore un morceau d'os d'une vertèbre. Le diamètre du tout eft d'un pied de rhin ua pouce (Se huit lignes ; celui du premier tour , de trois pouces ; du fécond , d'un pouce & dix lignes • & du troifième , d'onze lignes. M. Sach fe félicite avec raifon de poflèder cette pièce , puifqu'on ne trouve gueres de cornes d'ammon qui foient auflî grandes , & peut-être point qui le foient davantage. Dans fon premier difcours en forme de lettre , lu dans l'Académie , M. Sack s'eft borné à la relation dont nous venons de donner le précis , mais il la fera fuivre d'un autre difcours , dans lequel il fe propofe de faire voir que par les feules cornes d'ammon on peut démontrer, i". que ces fortes de pétrifications ont été réellement des animaux marins , & que par conféquent les deux hypothéfes contraires touchant l'origine des foflilles font viiîblement faulles ; 2°. que ces pétrifications n'ont pu abfolument venir dans les endroits où on les troui^e , que par ua déluge univerfel. ë^ •— ■ — ^■^O""'— - — tH@ ARTICLE XI L Sur le Sel terrejlre , marin (j cocîile^ 17 Uaembic LE fel eft fi généralement répandu dans les corps , & la Chimie l'y trouve fi conftamment dans les analyfes qu'elle en fait , que quelques Sel terreftre , Phyficiens l'ont regardé comme le premier principe de la nature. Si ce marin coc- ^.^^^g éjj,i„gt^t jjg j^j convient pas , au moins ne peut-on lui refufer une place honorable , quelque fyftême qu'on imagine pour rendre raifon de la formation des corps. M. de Franchcvilk , aidé des connoiflànces que fes leâures & fa propre expérience lui ont fournies , a donné à l'Académie une dinértatioE phyfique & hiftorique fort intéreffante , fur les fels que l'on tire des entrailles de la terre , ou qu'on extrait des eaux des fources falées & de la mer. Il y examine d'abord fi la falure des fources vient de la mer , ou des fels foffiUes , ik il décide pofîtivement en faveur de la dernière caiife. B DES SCIENCES DE BERLIN. 37 penfe que toutes les eaux font à-peu-près delà rriL-me nature •originairement, ^j* £c que la dift'érence de leur goût ne vient que des terres qui leur fervent ""■ ^' de lit : fans cela leur falure , li elle avoit fon principe dans l'eau feule _^ ^ ^ ^ _ * feroit filtrée tic évaporée depuis long-tems. 11 faut donc admettre une caufe ' ^ ^ ^' falante , diltinde quWi,! > car ce mot eft mis ipour x'lê-<,! invifible , & cette origine en explique le fens & la force. Tout ce qui exifte donc avant de paroitre aux yeux des hommes eft i» "A^«dans l'état d'invifîbilité : tout ce qui , après avoir été vilible , devient fi petit qu'il fe dérobe à tous les fens , rentre Us 'A^>i». par conféquent tout ce qui naît, eft produit, paroît, tout, dis-je , fort de I'a^îj!. & tout ce qui meurt , eft détruit , difparoît , y rentre. On comprend par-là quelle étoit la penfée de Pythagore , lorfqu'il difoit qu'il étoit venu de lW>n au fejour des hommes \% wlia ff£«poî7ïyEV!ir v'ill. Pour confidérer préfentement d'une façon plus particulière , comment cette arrivée & ce départ des animaux a lieu , continuons à développer avec notre dofte guide , le fyftême d^Kippoctate. Ce grand homme établit pour principe , avec Heraclite & Pythagore , que toute la force de la nature , & la caufe prochaine de tous les phénomènes , fe trouve dans un combat perpétuel des chofes qui paroilfent contraires , & dont chacune néanmoins dans ce combat conferve fon état , & concourt avec fon contraire à produire les efifcts naturels. Sans ce combat tout périroit. C'eft la fameufe ««,r»rp.ir; d'Heraclite , cet effort perpétuel des chofes contraires les unes contre les autres , en vertu duquel ce Philofophe DES SCIENCES DE BERLIN. 47 dit dans Diogene Lacrcc , que la liaifon de cet univers fubfifle. Je me =— trompe fort , ou nous trouvons ici ce que les plus grands Philofophcs de ce ^ ""• ' ficelé ont mis dans tout fon jour , cette double force de la nature 6c des ^ ^ ^ ^ corps, la force aflive & la force paffive , qu'ils appellent aulfi force ^745- d'incrtie ëi de réfîftancc. Il n'cft pas befoin que nous démontrions ici que ce font deux forces contraires , qui opèrent tout ce qui fe fait naturel- lement dans le monde. C'eft la concordia difcors rcrum d'Emuédocle • c'efl le jr>\ifiis «x«.7». ^il,,!, fur lequel on peut voir ce que dit Ariftote de mundo , Gap. V. IX. Cette double force , Hlppocrate l'appelle le feu & l'eau , ou fi vous aimez mieux cette idée , il place l'une dans le feu & l'autre dans l'eau • la force adive dans le premier , la force paffive dans le fécond. Ecoutons-le encore parler au Ciiapitre V I. « Les animaux , toutes les autres chofes , » l'homme lui-même , confiftent en deux chofes douées d'une puiflancè » oppofée , mais qui confpirent à un ufage commun , favoir , le feu & » l'eau. Ces deux principes fufHfent pour produire & pour expliquer » tous les phénomènes. >. Les Stoïciens ne s'éloignoient pas de cette opinion , à en juger par la manière dont Ciccron expofe leur fentiment. * *Dtnji.dtor: Le palTage fui/ant montre en particulier , que par le feu les anciens y- ^^^^- * n'entendoient pas ce feu matériel qui fert à nos ufages. Hic nojler io-nis /'^^ quem ufus vitœ requirit , conjccior ejl & confumtor omnium , idemqul quocumquc invafit , cu,îc7a dijlurbat ac dijjipat. Contra die corporeus (loge dans les corps ) Vitalis & falutaris omnia confinât, dit, auget tf Jujhnet. t Cucron prouve enfuite que cette chaleur falutaire eft fL.c.C.p. répandue partout , & que c'eft fon adtion qui vivifie & fait croitre toutes ^^• les femences. ,. \^^ ^"'^ P'"^ fac''^' après toutes ces obfervations , d'entendre ce que dit Hippocra^j au Chap. IV. « Chacune de ces chofes à part , ( le feu » ou l'eau,; ne fe lufiit pas à foi même pour conferver fon état ou » pour en produire quelqu'autre. Voici la nature de chacun de ces » principes , & la force qu'il a en partage. Le feu peut tout mouvoir, ".^axT^ ^*^'"' 'n^" ^°'" ''^'' ' "^ "^^ ^°"fe5 ^o'^res de manières , »' celt-à-dire , que fi la force adive étoit feule dans le monde , eUe ne produiroit nen^ car pour toute produaion , ou effet quelconque, elle requiert la force paffive fur la-iuelle elle puilfe a-ir. Il feroit !up. .-u de remarquer que cette dernière force , c'eft ce que nos Philofophes ai rdlcnt ia inauere. r r . XI. Les Savans ne font pas d'accord fur la première orIHne des ^imalcules & des femences : la plupart affirment avec Dj.hnes de m:Lc,Tan-lic , que le premier animal , le premier homme renfermoient *es principes , les rudimens de toute leur poftérité fi;ture : d'autres B. 48 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROFALE Li '"isss. prétendent que tout eft plein d'ames , l'air , l'eau , la terre. C'eft la doi^rine lOM.l. i^yx^tiippocrati a enfeigné après Heraclite & Pythagore. Lewenlioech l'a Année i-e,iouvcllée , & un bon nombre de Philofophes l'ont adoptée d'après lui. '74 5- Diogcne Lacrce * rapporte que Pythagore difoit que tout l'air ejl rempli *L.Vin.ii. d'ames'iim S^'t â-ivl» %, i'tfx ■^■■'%!i>i/i^Mm, & qu'Heraclite f a cru que tout iL.lX.j, était plein d'ames & de démons vàila ^vxZi'tDixtï^x' ^xtfti»ai> ^rxifiii. Arijïote attribue ce même dogme à Thaïes. C'eft en effet la doârine la plus ancienne & la plus exactement conforme à la philofophie mofaïque ; car l'Hiftorien facré dit expreflèmsnt , qu'au commencement de toutes chofes , Dieu a créé non-feulement les arbres & les plantes , mais encore les fémonces de toutes les plantes Ôi de tous les arbres ^ non-feulement les animaux , mais la vertu prolifique elle-même , fi j'oie ainfi parler ; vertu qui n'auroit pu avoir lieu , fi les principes de tous les végétaux (Se de tous les animaux n'avoient exifté tout à la fois. Xil. Cette idée eft alïiarément celle de toutes , qui approche le plus de la vérité , fi tant eft que ce ne foit pas la vérité elle-même ; auffi a-t-eile été foutenue par les plus habiles Phyficiens , comme le P. Fabri , Perrault , Sturm & plufieurs autres. En effet, & comme nous l'avons déjà remarqué au commencement de cette dilfèrtation , le hazard , une rencontre fortuite de particules , ne fauroient jamais produire le corps d'aucun animal , ou faire qu'un animal produife fon femblable , à moins qu'il n'y ait déjà l'efquilïè & le premier trait , qui foient fufceptibles d'accroiffement. Rapportons donc toute la glofre de cet ouvrage au Créateur , qui a couvert toute la furface de la terre , qui a même rempli l'air & l'eau de fémences , & d'une infinité d'animalcules que leur petiteflè îbuftrait à l'empire de nos fens ^ & ces fémences exiftant une fois , tout ce qui peut arriver , c'eft qu'elles fe développent , s'accroiflènt & deviennent des malles fenfibles. Ce font les animalcules que les Philofophes appellent tantôt -^/vXM . tantôt démons , quelquefois ^S« , comme on le voit dans Hippocrate , Cap. V. 21. C'eft aufli ce que Platon femble avoir voulu dire à la fin du Timée, lorfqu'il s'exprime ainfi. « On féme dans » l'utérus comme dans un champ , des animaux , qui à caufe de leur peti- » teffe , échappent à la vue , & qui ne paroiifent pas encore formés , » mais ils reçoivent au - dedans la nourriture "Aj-Via-;V._ . 5<; MÉMOIRES DE UACADÉMIE ROYALE ' cie papier. Toutes ces difpofîtions étant faites , & Tair en queftion T o M. I. ^^.^j^j. exactement poinpé , les fils & les petits morceaux de papier ont /î N N É £ ^j.^ attirés avec la même vivacité qu'avant Textraâion de l'air , toutes 17 4 5' les fois qu'on a tiré l'air de la capfule inférieure du Baromètre, accom- modée pour cet eftet , à l'aide d'un fyphon qui produit des vibrations dans le mercure , tandis que le Baromètre même demeure immobile. Mais il fe palTe encore ici d'autres chofes dignes de remarque. Premièrement, les petits morceaux de papier , après avoir été attirés , font quelquefois violemment repoufïés , & même comme le verre extérieur n'efl; pas à plus d'un pouce d'éloignement du tube du Baromètre , le fil ainlî repoufle va fouvent s'y attacher pendant quelques minutes , en forte qu'il faut attendre afiez long-tems , avant que de pouvoir répéter l'expérience. J'ai même obfervé que les fils DD , qui pendent aux cotés du verre extérieur , font attirés , quand le mercure eft mû dans le tube du Baromètre par le moyen du fyphon. Afin donc que le fils intérieurs ne puiffènt s'attacher au verre externe , & pour n'être plus troublé dans l'expérience, j'ai fulaftitué au premier verre un autre verre d'un plus grand diamètre , dans lequel j'ai renfermé la partie fupérieure du baromètre avec les fils fufpendus j enforte qu'aucun mouvement externe , ni le vent , ni le fouffle de la bouche , ni l'agitation même d'un évantail ne puffent y faire aucune impreffion , après quoi l'expérience peut être réitérée auffi fouvent qu'on le veut , & fans fouffrir aucun retardement. Une chofe encore bien remarquable ici , c'eft la continuation de l'éleftricité dans fa force , après que le verre qui environne le Baromètre a été purgé d'air , quoique les expériences fi connues à'Haukshée femblent établir le contraire ; car dans la fphère d'Hauhsbée , après qu'elle a été pompée , les fils , tant extérieurs qu'intérieurs , ne donnent plus aucune marque d'éleâricitè. L'atti-aftion des Baromètres étant donc d'une certitude inconteftable , on ne fauroit douter non plus que cet effet ne doive être rapporté à l'èkaricité. On fait en effet qu'elle a lieu toutes les fois , i°. que l'on frotte les corps qui y font naturellement difpofés ; 2°. lorfque le frottement eft fuivi d'attraftion & de répulfion ; 3°. quand le corps frotté jette des étincelles & de la lumière ; 4°. dont on entend l'explofion & le pétillement; & 5°. enfin , lorfqu'on obferve que la force atti-a£five fe propage & fe communique aux corps voifins. Or , toutes ces circonftances accompagnent notre attraftion : car i". le verre , un des corps les plus éleftriques, elt frotte lorfque le mercure y monte & defcend , fur - tout avec un contait afïéz immédiat. 2". NolTe attraction ne fe remarque que dans les Baro- mètres lumineux ; & cette lumièrequi fe manifefte dans le vuide intérieur du Baromètre , eil tout-à-fait femblable à celle qu'Hauhbéc a vue , il 4tcm-'dc lucad-jlov- Je jB Uom. 1 111 ^9 paa. 56- ' m- 1 in l2-pad- 1^8- . A -lO J.tui-c Sciilusit- I I T) K s SCIENCES DE BERLIN. $7 il y a clcj;i long-tems, clans le grand tube dont il fe fervoit ordinairement n j pour fes expériences cleariques ; car lorfqu'il le bouchoit aux deux Ton. I. extrémités , tk en tiroit l'air , les étincelles qu'on voyoit auparavant s'envoler Année avec abondance dans l'air , cciïbient à la vérité ; mais II l'on continuoit 17 4 5- à frotter le tube , il y nailTbit une lumière large & pâle , mais afTez forte. 3". Comme un grand tube ordinaire de verre, fi on le frotte avec la main, ou avec un drap , donne des étincelles accompagnées de petits bruits ou petillemcns ; de même dans le Baromètre lumineux , lorfqu'on met entre la planche à laquelle il efl: attaché , & le tube où le mercure fait fes vibrations , un morceau de papier, on entend allez diRinftement un petit bruit , qu'on peut comparer à celui que les vers cachés dans le bois font en le rongeant. Enfin le mouvement des fils DD , rapporté ci-defTùs , s'accorde tout-à-fait avec la communication de mouvement & d'attrac- tion que le célèbre Grdy a découvert. Pour préparer avec facilité & avec fuccès les Baromètres lumineux , fur lefquels fculs on peut faire ces obfei-vations , il faut remplir jufqu'à la moitié un tube de verre avec du mercure le plus pur , & en plongeant jufqu'au fond un fil d'archal , tenir le tube dans une fituation prefcue horifontale fur des charbons allumés , afin que le mercure s'échauffe ôc bouilliilc. Quand il a celle de bouillir , on rafraîchit le tube , on achevé de le remplir , ôi on l'introduit , de la manière qui convient , dans un petit vaiiTcau de verre qui contient du mercure , après quoi la capfule de verre avec fon couvercle de bois verni , qui flirmonte le tube , eft collée de telle forte , que l'air n'a plus de communication que par une feule ouverture, à laquelle on peut appliquer le f)phon, E^ = uiQjh; ^ ARTICLE XVI. s=— — loM.ll. Examen Chimique d'un Sel d'urine fort remarquable , qui contient l'acide du Année phofphore. 1746. Par M. M À R G R A F. Traduit du Latin, C> E fel , que les Chimiftes appellent fel fufible d'urine , fel du nii- ^ crocofme & fel natif d'urine , eft le même dont j'ai rapporté dans nos M:fciLl:mea * une circonftance remarquable , favoir , qu'en ie niHant • Tom. VU. avec un inflammable fubtil , il donne, par la diflillation , le pholpi.ore. P- j-ji. §• 37^ C'elî ce qui m'a fourni l'occafion de foumettre ce fel à une analyie ciùmique plus exacte. H 5? MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROVALE - "yr^ II. Mais avant que d'entamer ce fiijet , je crois qu'il ne fera pas fuperRu i "■*'* i de décrire d'une manière circonftanciée la préparation ou la réparation de ANNEE £-2 fei ^ parce que R cette féparation n'efl: pas aliéz exaûe , les expériences 2740. fui/antes ne fauroient réuifir. III. La matière qui fert de fujet à la préparation de ce fel , c'eft l'urine humaine en état de putréfaétion. II efl poiiible à la vérité de féparer le fel de l'urine encore fraîche j mais la chofe eft beaucoup plus facile après la putréfaction. IV. Il s'agit donc de ramaflèr en grande quantité , pendant l'efpace de cinq à fix femaines , l'urine d'iiommes fains , & dont la boillbn ordinaire foit la bière , d'en procurer la putréfaéHon par une chaleur modérée , de la faire enfuite cuire peu-à-peu dans des vaillèaux de terre , bien entourés de verre , jufqu'à la confiftance d'un fîrop liquide. En mettant cette liqueur épailïè à la cave , ou dans un autre endroit frais , il s'en formera , au bout de quatre femaines , & plutôt encore en hiver , des cryftaux d'une figure tout à-fait lingulière , qui ne font pas encore le fel tout pur ; mais dont on le tire par la dépuration , Ôi. defquels il faut féparer ce. qui refte de liquide. V. Ces cryllaux falins encore impurs , doivent être fondus de nouveau dans un verre , en y verfant autant d'eau qu'en demande leur foîution , qu'il faut enfuite filtrer auJh chaude qu'il eft poffible , à travers le papier gris, dans un vafe dont l'orifice foit large. Après cela, qu'on remette cette foîution dans un endroit frais , & au bout~de peu de jours on retrouvera des cryftaux , mais beaucoup plus pui's que les précédens , qu'il faut fecher après les avoir féparés du liquide à travers un papier gris en plufieurs doubles. Que l'on confcrve à part ces cryftaux engendrés les premiers ( § IV ) & après en avoir féparé le liquide, qu'on le faite évaporer environ jufqu'à la moitié. En le mettant à la cave , il fe cryftaUiiéra derechef un peu du même fel , mais qui fera plus brun & plus mêlé de fels hétérogènes ; c'eft pourquoi il fera nécefiàire de le "dépurer auffi à part. VI. Les moyens fufdits ayant donc" dégagé ce fel des parties les plus groffières , il faut réitérer encore deux ou trois fois l'opération de la foîution , de la filtration & de la cryftallifation , jufqu'à ce que ce fe! foit devenu parfaitement blanc & dépouillé de toute odeur. Dans cette opération, le fel qui eft requis pour faire les expériences fuivantes, fe cryftallife toujours le premier , & il eu fort aifé à diftinguer de celui qui paroit enfuite fous la forme de cryftaux longs & cubiques. En procédant ainlî , 120 ou 130 mefures d'urine vous rendront peut-être trois ou quatre onces de feJ très-blanc & très-pur. Il excite fur la langue une faveur ■«n peu fraîche ; il ne fe réduit point en pouflière à l'air chaud ; il ne décrépite point fur les charbons ardens ; il y écume plutôt comme le borax & fe fond ; DES SCIENCES DE BERLIN. j^ ' expofc à un feu pkis ardent , & que l'on poufTc au dernier degré , il en . réfultc un corps pellucide & fcmblable au verre j il ne redevient pas même ^°^'' ^^' opaque après le refroidilîément, mais il conferve toujours fa clarté comme -^ ^' ^ ^ ^ un verre blanc & clair; enfin, étant diffous dans l'eau, il ne fe remet ^74^' jamais de lui-même en cryftaux falins fecs. VII. On ne fauroit pourtant parvenir de cette manière , à fénarer entièrement de l'urine tout le fel de cette efpèce qui s'y trouve ii en demeure toujours beaucoup; car le liquide , féparé des opérations fufditcs de la cryftallifation , étant évaporé de nouveau , eft encore fort propre à la préparation du phofphore , & par conféquent il ne faut point le rejetter entièrement , quoiqu'il ne fournilTè pas une quantité de phofphore auffi grande que celle qu'on en tire lorfqu'on y a laiflé tout le fel qui y eft mêlé. Les caufes qui empêchent l'entière féparatlon de ce fel font probablement , 1°. La quantité de l'extrait onfliueux , qui empêche la cryftallifation - 2°. & principalement la diffipation du fel volatil urineux , qui arrive à ce fel , tant dans l'infpiflàtion de l'urine , que dans fa dépuration : car ce fel , privé de fon fel volatil , refufe de prendre un forme faline feche. Si on le diftout fréquemment dans l'eau bouillante , 11 perd toujours une partie de fon efprit urineux ( comme l'odeur le prouve fuffifamnient ) & ainfi il ne fe cryftallife pas; ce que l'on peut pourtant corriger en quelque forte, on y ajoutant un peu d'efprit volatil de fel ammoniac. C'eft pourquoi m! Kmpt * s'y eft mal pris , autant que j'en puis juger , en examinant tout fon ' W'rf. dt travail , lorfqu'il a dépuré à un feu violent fon fel encore impur , pour tn^'l'u,"'"'''!' féparer ce qu'il y a d'huUeux. J'en conclus avec certitude, qu'au lieu de ^'. ""'''''* notte fel , il en a employé un autre, qu'on peut aufli trouver dans l'urine , mais qui n'a que très-peu de rapports avec le notre. En efiet , le fîen fe fond à la vérité comme le nôtre au charbon par le moyen du chalumeau, & il s'arrondit , il eft auffi clair & tranfparent ; mais après le refroidiftèment il redevient auffitôt opaque , & il ne poflède aucune des autres propriétés que nous avons indiquées à la fin du § précédent : car fi après la fufion on le diffout de nouveau dans l'eau , & qu'on l'évaporé jufqu'à ce qu'il s'y forme une pellicule , il fe met encore en cryftaux ; & fi on le mêle avec un inflammable & qu'on le diftille , il ne donne point le phofphore , dont la production eft pourtant le principal caradère de ce J, g., remarqirable. Il feroit fuperflu de rapporter ici toutes les autres Oifterences qui diftinquent le fel que M. Haupt a nommé Jal mirablle pcrlatum , d'avec le nôtre, d'autant plus que je me propofe d'examiner dans l'occafioii ce fel d'une façon plus particulière , & d'en développer les propriétés. VIU.Le fel que j'ai décrit, §§ V & VI , étant donc bien dépuré Sa H ij 6o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE T jif 11 parfaitement blanc, efl: un fel moyen, même ammoniacal , mais tout-à-fait a ' ■' particulier , puifqu'il n'eft point uni étroitement avec le fel urineux , & „ qu'il s'en fépare à une médiocre chaleur fans être mis en feu , de manière ^ ' qu'il ne refte que l'acide feul j circonftance que je n'ai obfervé dans aucun autre fel ammoniacal fec: & cet acide qui refte , dégagé du fel urineux, eft d'une nature lî iingulière , que jufqu'à préfent je n'ai pu le comparer avec aucun autre. IX. J'ai pris i6 onces de ce fel brifé en menues parcelles, je lésai mis dans une retorte de verre , de façon que la moitié à-peu-près de la retorte étoit remplie ; & après avoir bouché exactement toutes les jointures du récipient , j'ai diltillé infenfiblement & par dégrés au feu de fable. D'abord le fel à jette de l'écume, enfuite il a quitté peuà-peu fon efprit urineux dans la diftillation ^ & de cette manière, en augmentant le feu, fans aller pourtant jufqu'à la plus haute chaleur , j'ai tiré 8 onces d'efprit volatil urineux , & environ i6 grains de fublimé ammoniacal. Cet efprit étoit extrêmement volatil , & reflémbloit fort à l'efprit de fel ammoniac préparé avec la chaux vive. Mis au froid , il ne s'y eft formé aucuns cryftaux j il eft refté dans la retorte 8 onces d'un corps poreux & fragile. X. C'eft donc ce réfidu qui contient l'acide , qui ne fe découvre entièrement qu'après avoir réduit cette matière à un feu violent en une malîè pellucide , blanche , claire & femblable au verre. J'ai mis les 8 onces que nous avons vu, § IX, être reftés après la diftillation dans un creufet de Hefïè tout neuf & bien net , le remplilîànt jufqu'à la moitié, & je l'ai expofé par dégrés à une fi grande chaleur , que le tout s'eft fondu en une malfè tranfparente. Durant la fulion cette maflè écumoit, jufqu'à ce qu'à la tin il en réfulta un corps clair & tranfparent , que je fis couler fur une lame chauffée de fer bien poli. En le péfant encore chaud , je trouvai le poids de fept onces & demie ; & ainfi j'aurois perdu une demi once , qui peut aifément s'être attachée au creufet. Le degré de feu que j'ai employé pour cette opération , eft prefque égal à celui par lequel on convertit le plomb en litharge. XI. Cependant il ne faut pas croire que ce réfidu , demeurant au fond de la retorte , fuivant le § IX , perde quelque chofe de fon acide dans la fufion. J'ai diftillé une once d'un femblable réfidu dans une retorte de terre , à laquelle j'avois adapté & lutté un récipient , en y employant pendant quelques heures le feu le plus violent , pareil à celui dont je jne fers pour la préparation du phofphore ; mais , excepté un peu d'humidité, je n'en ai pu tirer aucun acide, ni rien de fublimé ; ce qui reftoit étoit fort clair & tranfparent ; & l'avant eyaftement féparé de la letorte que j'avois brifée , je le pefai , ik j'y trouvai fept dragmes , un DES SCIENCES DE BERLIN. 6i fcrupule & quinze grains ; ainfi il y inanquoit 2 j grains , que l'on peut aifem.-nt compter pour le peu d'numidité que la dillillation avoit chaflë, & f "'^ pour ce qui peut être relié adhèrent à la retortc de terre brifée. ""^ XII. Il eft donc bien évident , par tout ce que je viens de dire , que ce ' ^ fel eft un corps très-fixe , qui rélifte à la plus grande violence du feu , & dont on ne fauroit feparer , ni acide , ni quoi que ce foit , fans l'addi- tion de quelqu'autre matière. La fuite va prouver que c'eft un corps fiimo-dcidc, XIII. Cette matière femblable au verre , qui refte non-feulement dans le crcufet , mais aufli dans la retorte , fe dillbut entièrement dans deux ou trois parties d'eau diftillée bien pure , & fe change en une liqueur claire, tranfparente , un peu épailfe , & qui - ne rellèmble pas mal à l'huile concentrée de vitriol. Cette liqueur poflède les propriétés de tous les acides , de forte que , i\ EUe entre en effervefcence avec l'alcali volatil , & 2°. Avec l'alcali fixe , & même elle forme avec l'un & l'autre , des elpèces de fel moyen tout - à - fait particulières. 3"*. Elle précipite les corps dilTbus dans les alcalis , & même , 4". EUe dilïôut les terres alcalines. Toutes ces propriétés paroitront dans un plus grand jour , en examinant les rapports de ce fel avec les métaux , les fels , les terres 6c les autres corps femblables. XIV. J'ai donc mis cette liqueur , ou ce fel dilTous , dans deux ou trois parties d'eau , avec divers métaux , dans des vailîeaux de verre , lui faifant fubir une forte digeftion , & j'ai obfervé les circonftances fuivantes. 1°. Ce fel n'a pu dilïbudre , ni par la digeftion , ni par la coftion , l'or en feuilles minces , non pas même après que j'y eus verfé une quantité aflèz conCdérable d'acide nitreux , pour voir fi ce fel pouvoit être rapporté à la claflè des fels communs , ik fi l'eau regale réfultoit de fon mélange avec l'efprit de nitre. 2°. Il ne ronge point non plus l'argent dans la digeftion & dans la coôion , (Se ce métal en feuilles minces n'a point été diflbus par la coition dans cette liqueur. 3°. De fine limaille de cuivre n'a été que fort peu rongée par ce fel dans la digeftion. 4°. Au contraire , le fer fe diflbut très-fortement , & avec une certaine effervefcence dans cette liqueur faline, où il fe change enfin en une matière trouble , comme limoneufe & tirant fur le bleu. s'- L'étain ûc 6"*. Le plomb en font peu rongés. 7°' La raclure de zinc eft rongée enuèrement , & fe change en une Sz MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE pouffière blanche , qui étant délayée dans l'eau & filtrée , efi: fortement ToM. IL précipitée par l'huile de tartre. /Innée go_ ^g régule d'antimoine pulvérifé, eft auffi diiTous en partie par ce i 7 4 (?. £-gj j3i,5 la digeftion , comme le montre à l'œil la précipitation par l'huile de tartre. 9°. Au contraire , cette liqueur acide refufe de toucher au bifmuth. 1 0°. Enfin , elle tire de ce qu'on appelle vulgairement * cobaltum pro cœruleo , calciné , une couleur rouge. XV. Mais ce fel dans fa forme feche , attaque beaucoup plus vigou- reufement les corps métalliques ; & les expériences que j'ai faites là-deiïiis , ont été accompagnées des circonllances fuivantes , qui me paroiilënt dignes d'attention. 1°. En mettant enfemble en fufion à un feu violent , dans un creufet bien fermé , deux fcrupules d'or le plus pur , & en pouffière très-fubtile , avec deux dragmes de ce fel femblable au verre , dont il a été fait mention , § X , le poids n'a pas été confidérablement changé , mais les fcories ont pris une couleur pourprée. 2°. Le même poids d'argent parfaitement épuré , & très-fin , mêlé avec 2 dragmes de ce fel , & traité de la même manière , a donné des fcories toutes particulières , jaunâtres & médiocrement opaques , & l'argent a perdu 4 grains de fon poids. 3°. En procédant de même fur deux fcrupules du meilleur cuivre , joints à la quantité fufdite de fel , il en eft refulté des fcories vertes , & le cuivre n'a perdu que 2 grains , quoique les fcories fiUïènt fortement teintes. La chofe me paroît bien remarquable , puifqu'elle donne lieu de préfumer , qu'il s'eft infinué une partie de ce fel dans le cuivre , qui efi: devenu non-feulement plus fragile , mais plus blanc , & cette blancheur augmente en fondant encore deux ou trois fois ce cuivre avec la quantité fufdite de fel. ^ 4°. En fondant 2 fcrupules de limaille de fer bien pure , ôc féparee par le moyen de l'aiman , avec la même quantité de fel , j'ai obfervé les phénomènes fuivans. Pendant la fufion ce mixte s'élevoit en écume , & jettoit continuellement de petits éclairs , qui faifoient un fpeaacle tout-à-fait réjouilTant , & qui n'eft autre chofe que le phofphore engendré par la partie inflammable du fer & par l'acide de ce fel. Si l'on veut verfer cette maffe , lorfqu'elle eft dans fa plus grande liquidité , oit peut le faire par le haut , & l'on aura par ce moyen une fcorie en forme de verre , couverte à fa furface d'une efpèce de feuille métallique , & qui étant brifée change fa couleur en jaunâtre. Le refte du fer demeure au fond du creufet , moitié fondu , moitié vitrifié & fpongieux. * Allemand Bknfarhtn-KoiMt. C'«ft la mine d'où l'on wi U matière qui teint le verre en bisu. DES SCIENCES DE BERLIN. 63 5°. La fufion de ce fel avec rétain, produit des effets particuliers & ''yî^ tout-à-fait remarquables. En fondant dans un creufct recouvert deux . "^'\ ' fcrupulos d'ctain avec 2 dragmes de ce fel , il s'en diUout une partie ^ ^^' coiilidérable , comme le prouve manifellement la couleur blanchâtre des ' 7 4 »• fcorics : le poiJs du régule eil d'une dragme Ôi deux grains 5 ainli il y a perte de 18 grains. Sa texture toute particulière, entièrement feuilletée , brillante , & quand on la rompt , femolable au zinc , aufli-bien que fa grande fragilité , montrent d'abord qu'il y eft arrivé un changement remarquaûle. Ce régule mis fur des charbons ardens , ou embrafé , commence par couler , & enfuite s'enflamme comme le zinc , ou le phofphore , ce qui elt bien digne d'attention , &. fait futhfammcnt connoltre que la fuoltance indammable de l'étain , fe mêle ici comme en un inltant avec l'acide de ce fel , & forme avec lui le phofphore , qui demeure uni au métal jufqu'à ce qu'il en foit chalîé par un nouvel embrafement. Je ne fçaurois décider quel elt le changement réel que les métaux fouftVent dans ces opérations, & fi avec le lems on pourra produire par ce moyen quelque chofe de plus confidérable^ je lailïè la chofe indécife, en attendant que des expériences incontellables pouflees plus lom , me mènent à la certitude. Il me fuffit pour le préfent d'être aflùré que ce fel efl le feul qui fallc éprouver de pareils changemens aux corps métalli- ques. Une chofe encore bien digne de remarque , c'eft que ce régule d'étain peut aifément s'amalgamer avec quatre parties de mercure. 6\ Il y a les mêmes relations entre le plomb & ce fel ; car celui-ci dans la quantité fufdite étant fondu avec le plomb , forme un métal qui rellèm'jle au précédent , quant à l'inflammation fur les charbons , excepté qu'il eft encore malléable , & qu'il ne s'embrafe pas avec tant de véhé- mence. A l'égard du poids , il y avoit perte de 1 6 grains , puifque je n'en retirai qu'un fcrupule & quatre grains. Les fcories étoient prefque femblables aux précédentes. 7'. Le mercure précipité de fa folution dans l'eau forte par le moyen de l'huile de tartre par défaillance , & bien édulcoré , ell aufli diiibus par ce fel. Car en prenant deux fcrupules du précipité fufdit mêlés avec deux dragmes de ce fel , (Se en les diftillant d'une retone de verre, par Un feu augmenté jufqu'à la plus forte chaleur, il ne s'eft fublimé pas plus de douze grains de mercure , ôi ainfi il en eft refté un fcrupule ' * , * couleur blanche. La pouflière jiunâtre bien édulcorée , deffëchée & ^ enluite diftillée d'une retorte de verre à un feu violent , lailîé paroître de ' ^ ' nouveau comme du mercure vif, qui s'échappe en forme coulante. Il lailTè pourtant auJÏi quelque chofe de femblable au verre ; ce qui vient peut-être du refle du fel qui y eft encore attaché. 8°. Deux fcrupules de régule d'antimoine pulverifé mis en fufion avec 2 dragmes de ce fel , ont perdu 839 grains ; le régule devient d'un beau brillant & ftrié ; mais les fcories font un peu opaques. 9". J'ai procédé fur le bifmuth comme fur le régule d'antimoine , & j'ai obfervé les mêmes phénomènes. Il y a 8 grains de perte fur deux fcrupules , & les fcories ont été femblables : pour le bifmuth en lui-même , il a foufFert peu de changemens. I o". Deux fcrupules de zinc limés en pouffière très-fubtile , mêlés au mortier avec deux dragmes de ce fel , & diftillés d'une retorte de verre , en augmentant le feu jufqu'à la plus forte chaleur, fournirent un fort beau phofphore , qui s'engendre de la partie inflammable du zinc & de l'acide contenu dans notre fel , & cela à un feu très-moderé. Ce qui refte eft gris , un peu fondu par le bas , & fon poids n'excède guère 2 dragmes. Si on le fond dans un petit creufet de Helîè , en forte qu'il coule entièrement , on jouira du fpeftacle le plus agréable , en voyant une infinité de flammes du phofphore , femblables à des éclairs , fortir de cette matière , & faire en même tems une efpèce de détonnation ; après le refroidillèment , on trouve encore dans le creufet un relidu allez femblable aux fcories grifes du verre. II". En mêlant au mortier deux fcrupules d'arfenic blanc , avec 2 dragmes de ce fel , & les expofant dans une retorte de verre à un feu violent , la plus grande partie de l'arfenic fe fépare de ce mixte , lorfqu'il fe met en feu ; mais il en refte pourtant aflèz pour augmenter le poids du fel de 8 à 10 grains. Ce fel étant expofé à l'air devient humide, fort blanc & trouble , en forte qu'il rellémble prefque à un arfenic cryftallin , quoique étant refroidi il acquière une tranfparence médiocre. I î'\ Si l'on diftille 2 fcrupules de foufFre pur mêlés avec 2 dragmes de ce fel , en les expofant dans la retorte de verre à l'aftion de la plus forte chaleur , le fouftre s'élève fans changement dans le cou de la retorte. Le fel qui refte ne change point non plus , Ôc fe réduit par la fulîon en une liqueur claire. 13"^. Le mélange du cinnabre & de ce fel dans les proportions tant de fois mentionnées , étant diilillé , il n'y paro't aucun changement remar- quable ; car le cinnabre remonte dans fa forme ordinaire , & je n'ai obfervé aucune altération dans le refte. 14°. DES SCIENCES DE BERLIN. 65 14°. Une partie de ce fel mêlée avec dix parties de la magnéfie des ' -i vitriers , pulverifée & fondue dans un vaiflèau recouvert , fc change en ^ '^^^' ^^' un mixte à demi tranfparent, & dont quelques parties font bluàtres • ce "^ '^ ^ ^ * mixte étant expofé à l'air n'attire point l'humidité. Les côtés du creufc't & ' ^ ■* ^* les bords de cette maflè fe revêtent d'une belle couleur de pourpre. XVJ. Notre (el mêlé & fondu avec diverfes terres métalliques , chaux & crocus , les dilîbut aufli ; car , 1°. En fondant dans un vaiflèau recouvert , une partie de chaux d'argent précipitée de l'eau forte par le moyen de l'huile de tartre paf défaillance & bien édulcorée , avec trois parties de ce fel dégagé de fon fel urineux , il ne s'ell fait reduftion que d'une fort petite quantité ; & les fcories paroiflènt troubles , blanchâtres , & tirant un peu fur le verd. ' 2°. La même quantité de précipité jaune d'argent , tiré de l'eau forte par le moyen de ce fel , avant qu'il foit privé de fon fel urineux , avec la quantité fufdite de notre fel , fondue dans un vaiiïèau recouvert , a lailïé pareillement échapper un petit grain d'argent ; les fcories étoient d'un blanc bluâtre & opaques , ce qui indique qu'il s'y étoit difîbus un peu d'argent. i°. Une partie de cette pouflîère d'argent précipité par l'efprit volatil de vitriol , préparé en diftillant le vitriol à la manière de Sthal dans une retorte percée ■■, une partie, dis-je, de cette pouflîère bien édul- corée, ik diftillée avec trois parties de notre fel dans une retorte de verre , en augmentant le feu jufqu'à la plus forte chaleur , confluoit aifément dans la retorte , & formoit une maflè tout - à - fait belle à voir teinte de couleur de rofe , mais cependant opaque , qui durant la fufion , avoit donné à la partie du veite quelle avoit touché , une belle couleur d'un rouge changeant en jaune. Fondant enfuite dans la retorte une partie de cette maflè avec une partie égale de la maffe que j'avois faite avec la chaux de mercure , voyez §. XV. n*^. 7, le tout confluoit en un corps tranfparent & rougeatre , foluble dans l'eau diftillée , & laiflànt échapper dans cette folution un précipité jaunâtre que j'cdulcorai , & qui étant enfuite expofé dans une petite retorte à un feu violent , laiiToit de nouveau aller quelques parties de mercure qui s'attachoient au cou de la retorte. Cette petite retorte fut teinte jufqu'au cou d'une couleur jaune tirant fur le rouge , fur-tout dans l'endroit que le précipité même avoit touché ;le refte qui étoit blanc , « qui n'étoit point fondu , ne vouloit pas entièrement couler dans un creufet expofé à un feu violent , mais il s'y faifoit pourtant par - ci par-là la réduction de quelcjues grains d'argent. 4 • Une partie de crocus de venus préparé par la folution & par l'extraftion , faites par le moyen de l'efprit de fel ammoniac , fondue avec 66 MÉMOIRES DE VACADÉMÎE ROYALE "j, ''yr' trois parties de notre fel , rendoit de belles fcories vertes , dans lefquelJes ^ ' . ' tout le cuivre étoit difïôus. ^ S°. Une partie de crocus de mars , préparé par le vinaigre de vin diftillé ' ^ ■ par Fextradion & la calcination , fondue avec trois parties de ce fel , donnoit des fcories uniformes d'un brun tirant fur le noir. 6'^. La chaux de faturne préparée par la calcination , & fondue dans la quantité fufdite avec notre fel dans un vafe recouvert , fournit un mixte d'un blanc verdàtre. Le verd de cette couleur doit être attribué à quelques particules de cuivre , qui fe trouvent mêlées parmi le plomb. 7°. La chaux pure d'étain préparée par la calcination , mêlée & traitée de la manière fufdite , à donné une maflè blanche. 8". La chaux d'antimoine bien bridée , ou même celle du régule d'antimoine , fondue dans la même proportion avec ce fel , conflue pareillement en fcories blanchâtres. ( 9". La chaux de bifmuth , préparée en la brûlant d'une manière douce & lente , & jointe à notre fel dans la quantité ci-deflias , a fourni une malTe tirant fur le jaune. 10°. En procédant de même fur ce fel mêlé dans la fufdite proportion avec le zinc calciné , ou même avec les fleurs de zinc , il en refulte une malle fort blanche , à demi opaque , Se couleur d'opale. Tous ces mélanges , excepté ceux qui fe font avec l'argent , étant expofés à un air humide , ne fe fondent point ; mais demeurent fecs. XVII. De plus , ce fel dégagé de fa partie urineufe , m'a fourni , en le mêlant avec diverfes terres , les obfervations fuivantes. 1°. Une partie de craye pure avec trois parties de ce fel , fondue dans un creufet couvert à un feu très-violent , a donné un corps à demi tranf- parent , femblable au verre , & auquel l'air ne communiquoit aucune humidité. 2°. Ayant procédé de même fur une pareille quantité de marbre , réduit en pouffière très-fubtile , mais auparavant calciné , mêlé avec trois parties de ce fel , le mélange avoir débordé & s'étoit fi finement écoulé, que je ne trouvai prefque rien , qu'un peu de matière vitrifiée au fond du creufet. 3°. La même quantité d'albâtre pulverifé après avoir été calciné , fondue à un feu violent dans un vaiflèau couvert avec la portion ordinaire de ce fel , a formé un mélange qui s'efl: pareillement écoulé du vafe , . mais non pas en fi grande abondance que le précèdent. Ce qui efl: reftq dans le creufet , étoit àdemi tranfparent , & demeuroit fec à l'air , comme la préparation faite avec la craye. 4°. Une partie de feuilles de talc * fondue de la même manière , * En Allemand Afar/'cng/jj, DES SCIENCES DE BERLIN. 67 avec la quantité fufdite de notre fel , s'eft auffi entièrement écoulée hors —^^''^^^ du vailTèâu , & avoit comme enduit d'un verre le fond du creufet moins '' ^^' ^^' cependant que dans l'expérience rapportée n°. 2. Le produit de celle-ci -^ ^ N É s cxpofé à l'air n'y devient pas humide. 1746'. S'^. De la craye d'Efpagne bien lavée & réduite en pouffière , jointe à notre fel dans la proportion fufdite , tSc traitée de même , forme une malïè à demi tranfparente , qui brille quand on la brife , qui n'efl: pas entièrement fondue , & qui parolt en partie fpongieufe. 6". La topafe de Saxe pulverifée , & expofée dans la même proportion avec notre fel au feu de fufion , s'eft changée en une belle malïè de couleur d'opale , qui n'attire point non plus l'air humide. 7". Il en eft de même du caillou Réduit en pouffière très-fubtile , excepté qu'il prend l'humidité de l'air. 8''. L'argile la meilleure & la plus blanche , dont on fe fert pour foire les porcelaines , mêlée & traitée de même avec notre fel , donne un mixte pareil à celui qui refuke de la craye d'Efpagne dans l'expé- rience du n". 5. 9". La terre alumineufe féparée de l'alun brûlé , & bien édulcorée avec trois parties de fel , fe change en un mixte à demi tranfparent. io°. Ce fpathum , appelle par ceux qui travaillent aux métaux fius-fpath , fondu avec le fel lufdit , offre un mixte femblable à celui qu'ont fourni la terre d'alun avec le fel. 1 1°. Le fpathum calcarium travaillé de la même manière, donne une maflè également blanche & opaque. 1 2°. Cette terre de chaux , qui s'attache aux coquemars dans lefquels on a fait bouillir pendant long-tems de l'eau de fource , donne avec notre fel un mixte pareil au précèdent. 13°. Enrin, la chaux vive avec le même fel, diffère peu des prépara- tions précédentes. Ces produits étant auffi expofés à l'air , n'attirent point l'humidité. XVin. Il refte à faire connoître les rapports de ce fel avec les autres fels , & d'abord avec les fels acides , par exemple , avec l'huile de vitriol , l'efprit de nître , & l'efprit de fel. J'ai employé ces divers acides . tous^ bien concentrés , pour diverfes expériences , dont voici les refultats, i". Une demi once de l'huile de vitriol la plus blanche, étant diftillée avec unedragmede ce fel , fe teint d'une couleur brunâtre, auiîï - tôt qu'elle entre en efFervefcence , enfuite elle devient trouble & blanche ; mais en augmentant le degré de feu , l'huile de vitriol eft montée dans le récipient ; & en le pouffant encore plus loin , ce qui reftoit dans la retorte a enfin conflué. Il s'eft attaché au cou de la retorte un peu de fublimé , qui en ayant été détaché , après ^ue le vailléau eut été 68 MÉMOIRES DE UACADÉMIE ROYALE rompu , devint humide à l'air , auffi bien que le fel reliant , qui eft d'une i OM. ^ . coujguf opaque & blanchâtre , & qui fe fondit enfin entièrement à A N N t E l'j^umidité de l'ail-, ^ 7 '^ • 2°. En procédant de même fur une dem.i once d'efprit de nître concentré , jointe à une dragme de notre fel , dans une retorte , l'efprit de niti'e fe dillilloit dans le récipient , (Se il ne fe manifeftoit rien de fublimé , & le fel reftant dans la retorte étoit tranfparent comme du verre de borax. Je verfai de cet efprit qui avoit été diftillé , fur de l'or en feuilles , pour voir li par hazard cet efprit feroit changé en eau regale ; mais je n'y pus pas découvrir la moindre trace de fel commun , l'or ne fe laiiîant point dilloudre dans cet efprit, même par la coéiion. 3°. Une demi onee d'efprit de fel commun- allez concentré , étant traitée de même avec la quantité fufdite de ce fel , il reftoit un fel ea fufîon claire , & je n'ai point remarqué qu'il fût arrivé aucun chan- gement , ni dans ce réfîdu , ni dans l'elprit diftillé j feulement il y avoit un peu de fublimé fec à peine remarquable. XIX. Notre fel a les rapports fuivans avec les alcalis fixes. En y joignant une portion égale de fel de tartre le plus pur , & en diftillant le tout dans une retorte de verre avec un feu augmenté jufqu'à la plus forte chaleur , rien ne montoit dans la diftillation , & ce qui refioit n'étoit pas en fufion claire. Je la fis diflbudre dans l'eau diftillée , je la filtrai , & l'ayant difpofée en quelque forte par l'évaporation à cryftallifer , ce qui demanda de grands foins , il naquit de cryftaux oblongs , médiocrement alcalins , parce qu'il y a trop d'alcali dans cette proportion; c'efl: pourquoi la nature même de la chofe demande que ces cryftaus foyent dégagés & dépurés de l'alcali fuperflu par de fréquentes folutions & cryftallifations. Il fe fépara auffi une terre blanchâtre , qui s'arrête dans le filtre , & dont deux dragmes du mélange fufdit m'ont fourni fept à huit grains j après- l'édulcoration & le deflëchement , cette terre , comme les précédentes , confluoit à la flamme d'une chandelle pouffée par le chalu- meau. Les cryftaux nés de ce mélange fe fondoient auffi de cette manière en un corps arrondi , qui tant qu'il étoit embrafé , paroillbit tranfparent , mais devenoit enfuite opaque. XX. Les obfarvations fuivantes concernent les rapports de ce fel avec les fels moyens. 1°. Une partie de tartre vitriolé le plus pur, exaâement mêlée avec une partie égale de ce fel , & diftillée au feu le plus violent , laiffe échapper quelques gouttes péfantes acides ( ce que ce fel ne fait point par lui-même , voyez § XL ) Ces gouttes acides font une effervefcence fenlîble avec l'aleali fixe , & après la cryftallifation , elles fournilïcnt un fel DES SCIENCES DE BERLIN. 6^ fort femblable au tartre vitriolé. Le rcfte qui eft fondu & blanc étant =^ ■ > dilfous dans l'eau & lîltré , fournit bien quelques cryftaux , mais fort ^ °'''' ^^' difficilement , & l'on peut fans peine le difloudrc de nouveau dans une ^ *^' ^ ^ ^ petite quantité d'eau , contre la nature du tartre vitriolé. Il paroit donc ' 7 4 5« que le fcl moyen employé dans cette occafion , foufFrc un grand changement. 2°. Le niti-e le plus pur , mêlé avec une panie égale de ce fel & diftillé à un feu d'abord doux , ik cnfuitc augmenté jufqu'à la plus forte chaleur , commence par exliakr des vapeurs rouges , qui indiquent que J'acide du nître fe dégage de fes liens. Ce qui relie eft couleur de fleur de pécher , mais il n'eft pas aufïi entièrement fondu que ce qui naît du mélange avec le tartre vitriolé ; il fe dilibut un peu plus diftki- lement dans l'eau , & laillè aller un peu de terre au fond de cette folution , qui étant difpofée à cryftaliiftr par la liltration & par une douce évapo- ration , fe forme en ertet en cryilaux oblongs , femblables à ceux qui nailTènt de notre fel mêlé avec le fel de taitre, § XIX. Ces cryftaux jettes fur les charbons ardens , ne détonnent point ; mais étant expofés à la flamme de la chandelle par le moyen du chalumeau , ils fe mettent en une malîè arrondie , comme le mixte engendré avec le fel de tartre. Tant que cette malle eft ardente , elle a de la tranfparence j mais elle devient opaque étant refroidie. 3°. Les rapports de noire fel avec le fel commun , refTemblent aflea aux précedens. En les diftillant dans la proponion fufdice, l'acide du fel fe fcpare allez manifeftcment. Le rendu , qui eft d'une couleur blanchâtre , fe dllfout aifément dans l'eau ; il fournit encore en partie des crj'ftaux cubiques , & décrépite fur les charbons ardens , mais en partie il parolt auflî fort changé. 4°. Le fel ammoniac mêlé dans une proportion égale avec notre feJ , & diftillé, ne fouffre aucune altération. 5. Le borax fondu de réduit en poudre, étant mêlé avec une portion- égale de notre fel , & mis en fufion dans un creufet recouvert , perce le creufet , au fond duquel il ne refte que très-peu de matière, qui i'incrufte comme un verre. XXI. Je paffe aux rapports de ce corps falin avec les folutions des corps terreftres. Une mefure , par exemple , d'eau de chaux vive étant mêlée avec cent gouttes de ce fel dilïous dans deux parties d'eau , dans un verre bien net & d'un orifice ijn peu large , nc pouflière blanche fe dépofe au fond. '74a. 7". La folution du vitriol de mars fe précipite auffi par la même liqueur, quoiqu'un peu plus ditiicilement. 8"^. Elle précipite pareillement la folution de fer dans l'acide marin ; mais ce précipité devient cohérent à la chaleur , & il en réfultc une maflc fenace , qui peut fe dillbudre de nouveau en y veri'ant de l'eau bouillante. 9°. De plus , la folution de plomb dans l'acide de nitrc, efl précipitée par cette liqueur en une pouflière blanche , aufli bien que 10°. La folution d'étain dans l'eau regale ; mais il n'en efl pas de même de la folution de ce métal dans l'acide vitrioliquc. 11°. La folution de mercure dans Tefprit de nître , & 1 2". La folution de bifmutli dans l'eau forte , font précipités par cette liqueur en une pouffière blanche. 13°. De même , la folution de zinc dans l'efjirit de nître , eft précipitée, non pas , à la vérité, fur le champ , mais après quelque tems de repos. 14". Enfin , la liqueur faline précipite pareillement le beurre d'antimoine. XXIV. Il me paroît encore convenable de faire mention des changemens que ce fel éprouve par l'addition du phlogifliquc. J'ai déjà remarqué dès le premier §. de ce mémoire , & ailleurs , que ce fel mêlé avec le phlogilH- que de la fuyc , & diitillé dans un vaiflèau fermé , produiloit le phofphore. Pour m'alTiirer donc d'autant plus du changement que le fel fouff're dans cette opération , je mis en diftillation une once de ce fél féparé de fa partie urineufe , exactement mêlé avec une demi once de fuye , & j'en tirai de cette manière une dragmc du plus beau phofphore. Je lavai bien dans de l'eau di'tillée bouillante le aiput mortuurn noir qui reftoit , je filtrai la leflîve que j'avois foigneufement recueillie , je ramaflai encore avec attention cette terre noire , & l'ayant édulcorée &. deflëchée , j'en trouv'ai encore 8 fcru- pules. Ayant difpofé toute cette lellive à cryliallifer , en l'cvaporant , elle me produiiît environ 7 dragmes de cryftaux allongés , qui demeurent fecs à l'air , mais qui fe reduifent en pon'ïière à la chaleur. En procédant de nouveau fur ces ciyftaux , joints à un inflammable , ils ne produifent plus le phofphore , ni en fondant l'étain ne le reduifent point en un régule qui ait les propriétés du phofphore. La flamme de la chandelle, pouiTée par le chalumeau , les fond en une maflè arrondie , qui demeure claire tant qu'elle eft ardente , mais qui auffi-tot après le refroidiiJemcnt , devient opaque & trouble. De plus , ce fel diiTôus dans l'eau , précipite encore la folution d'argent , de mercure , de cuivre & des autres métaux , aufli bien que celle de craye , quoiqu'il n'agilïè plus auffi forteoicut fur 72 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROTALE ■ j, ^tt' celle-ci , & qu'il ne la reduife pas en un corps tenace comme ci-deffus. Il OM. . dégage encore auffi l'acide du nître & du lel commun , quoiqu'en petite quantité ; ce qu'il faut peut-être attribuer au petit nombre de parties de ' ■* ' l'acide du phoîphore qui y font encore attachées. En effet , ce qui prouve que la première caufe de ceci doit être cherchée dans cet acide , c'eft qu'en le féparant du phofphore que l'on brûle pour cet effet , & en le mêlant & diftillant avec le nître ou le fel commun , l'acide du nître ou du fel fe fépare en grande quantité , & le refte demeure teint de couleur de fleurs de pécher. XXV. Je ne faurois donc déterminer exaûement quelle eft l'origine propre de ce fel : cependant je ne fai fi quelqu'un peut regarder comme une erreur l'opinion où je fuis , que ce fel , & fur-tout l'acide qui y eft attaché , fe trouve mêlé à quelques-uns des végétaux qui compofent les alimens & les boiflbns des hommes , & qu'il paiîè de - là dans le corps humain ; car j'ai remarqué que l'urine d'été , faifon où les hommes mangent beaucoup plus de végétaux , fournit toujours une plus grande quantité de ce fel que l'urine d'hiver. J'ai déjà obfervé dans Jes Mifcdlanea Ècroiincnjia , que la fémence de roquette , de crefibn , de moutarde , âc même le bled , lorfqu'on les brûle à un feu violent , produifent à la tin , quand le feu eft pouilé au plus haut degré , le phofphore. Il faut donc que cet acide y foit mêlé , & il l'eft fans doute dans plufieurs autres végétaux qui produiroient le même effet , & dont , comme je viens de le dire , les hommes mangent beaucoup plus en été qu'en hiver. Je n'ai donc aucun doute fur la vérité de mon opinion , & j'y perfevererai jufqu'à ce que das expériences inconteftables me faflënt voir le contraire. gg^ -=^Jé;gS^^JJJ^= jQ ARTICLE XVII. Ejjfciifur le fommeil. Par M. de F O R m e y , Secrétaire de l'Acadéiriie. NOtre vie eft partagée par la nature, en deux portions prefque égales , la veille & le fommeil. Les occupations du jour nous con- duifent au repos de la nuit ^ ce repos nous met en état de vacquer aux fondions d'une nouvelle journée , & cette fucceflîon va fon train , jufqu'à ce qu'un fommeil total & final vienne s'emparer de nous , dans l'attente, il eft vrai , d'un réveil éternel. Cette moitié de la vie , que nous paiïbns dans un état apparent de rtiort , n'eft pas , je l'avoue , à beaucoup près auffi intérefTante que celle qui eii remplie des divers événemens de notre vie , qui voit enfanter nos projets , DES SCIENCES DE BERLIN. 7? projets , réuffir ou échouer nos entreprifes , qui cft la fcène perpétuelle - . ' i de nos piaifirs & de nos douleurs. Nous ne comptons pour rien le tems ^^'^^ ^^' que nous donnons au fommcil , & à certains égards nous avons raifon ■ ^ n n È M néanmoins il fe paflê alors diverfes cliofes , tant dans le corps que dans ^7 4^' l'ame, très-intérelîàntes , & dignes d'un examen philofophique. Nous allons parler de l'état du corps , nous refervant de parler de celui de l'ame dans le difcours fuivant. Deux chofcs conftituent l'état delà veille ; le paflage libre & facile des impreffions extérieures par les organes des fens jufqu'à l'ame ; l'empire de l'ame fur les mouvemens du corps. L'abfence de ces deux chofcs produit- le fommeil , dans lequel l'ame ne reçoit aucun avis de ce qui fe paflè au-dehors , & fc trouve privée de l'exercice de fon autorité fur la machine. On paflè de la veille au fommeil avec plus ou moins de rapidité , fuivant la conftitution ou le tempérament , & fuivant certaines circonflances accidentelles d'épuifement ou de réplétion , qui accélèrent ou retardent ce changement d'état. On voit certaines perfonnes , ( & c'efi: prefque le cas de tous les jeunes gens ) qui font auffi-tôt endormies que couchées : mais comme rien ne fe fait par faut dans la nature , les mêmes circonflances préliminaii-es fe trouvent dans les dormeurs les plus rapides & dans les plus lents i feulement dans les premiers , elles s'amoncélent , pour ainfî-dire & fe fuivent de fi près , qu'on ne fauroit en obferver la fuccefïîon. Ces circonflances préliminaires confiftent : 1°. dans l'appèfantifièment des fens , qui femblent fc boucher peu-à-peu pour refufer l'accès aux aillons externes. De-là naiflènt la diminution de l'attention , qui ne fe fixe plus fur aucun des objets préfens , l'embarras de la mémoire , le calme des pallions & le défordre des raifonnemens. L'homme le plus fain paflè par une efpèce de délire ,^ fes idées fe brouillent , les liens qui les uniflènt fe relâ- chent , & à la fin fe feparent j & quand cette féparation eft complette , le fommeil commence. Nos idées , dans ce cas , reflèmblent aflèz à des chevaux qui ont été attelés & employés au travail toute Ja journée ; on les dételé le foir , mais leur guide les conduit encore , c'efl le commen- cement du fommeil ; il les mène aux champs , & les y laiflè errer & paître à leur fantaifie , c'efl la perfeélion du fommeil. Tant que nous nous fentons dormir , nous ne dormons pas encore ; ce n'efl qu'un premier degré, un afToupiflèment. Pour être véritablement entre les bras du fommeil , il faut n'avoir plus cette confcience , ce fentiment réfléchi de foi-même , qui dépend de l'exercice de la mémoire. Il n'y a peut-être perfonne qui n'ait formé quelquefois le plaifant projet de remarquer l'in fiant précis où le fommeil le faifît : peine perdue. Somnus fugicntcs opprimit , fugU infcquentes. 2°. Notre corps fe foutient pendant la veille , par l'aflion réunie d'une K 74 MÉMOIRES DE UACADÈMIE ROVALE s»- — ^= infinité de mufcles. Il eft incroyable combien il y en a qui concourent I 'loM. 11. la fois pour les adions les moins pénibles. La coutume détermine leur Année jeu , & le rend tellement aifé & concordant , qu'il femble une action i y 46, lirriple & unique. Un mulîcien n'a devant lui que les feize notes de fa tablature ; ies doigts dodtes & légers parcourent l'inflrument dont il joue avec tant de rapidité & d'aifance , qu'il femble que tout le jeu ell au bout de fes doigts. Cependant ceux-ci ne lauroient agir fans le concours d'une foule de mufcles , dont le mulicicn ne connoit ni le nom , ni la fîtuation , ni les relforts. Pour foutenir Amplement le corps & la tête , . il faut les forces réunies des mufcles du dos , des lombes , de l'épine , du col , &c. Tant que nous veillons , cela fe fait fans effort ; mais les approciies du fommeil rendent la choie difficile , le fommeil complet la rend impoilible. Après l'embarras des fens , le fécond degré du fommeil dans le corps , la féconde chofe qui fe préfente à y remarquer , c'eft donc la réfiftance infurmontable des mufcles , qui refufent de fe prêter aux mouvemens que l'ame tiroit de leur aûion peu auparavant. J'écrivois, le fommeil furvient, mes doigts tendus fe relâchent , les mufcles du poignet durs & entîés s'amoliflent , la plume chancelle , elle tombe enfin. On dit que les grues, de peur des oifeaiix de proie , mettent une d'entr'elles en fentinelle , qui fe tient fur un pied , & de l'autre empoigne un petit caillou , afia que ce caillou tombant par le relâchement de fon pied , la reveille. C'eft , ce femble , à l'imitation de ces animaux , qu'Alexandre le Grand tenoit dans fa main une boule au-defïits d'un baflîn , lorfqu'il craignoit de fe livrer au fommeil. Ce fécond degré de fommeil dans la machine , produit divers fymptô- mes , qu'on a occafion d'obferver tous les jours dans ceux qui s'endor- ment aflîs dans quelque lieu public , & fur-tout à l'Eglife , où le fommeil eft plus fréquent que partout ailleurs. Les yeux commencent par cligner , les paupières s'abailîènt , la tête chancelle ; elle tombe ; fa chute étonne le dormeur; il fe réveille en furfaut^ il tâche de s'affermir, mais en vain: nouvelle inclination plus profonde que la première;, il n'a plus la force de la rélever , le menton refte appuyé fur la poitrine , & le fommeil fe continue tranquillement dans cette attitude. Quand la tète ne fait que s'ébranler , fes mufcles ne font pas encore tous relâchés , il n'y en a que quelques - uns , comme dans ces paralytiques , dont la tête tremble , ou qui l'ont tournée vers une épaule. Mais peu après le relâchement devient total , &. la volonté ne fauroit y remédier , comme l'éprouvent fouvent à leurs dépens de pauvres foldats , qui mis en fadion , même à la portée de l'ennemi , ne peuvent trou-- ver dans le puiilànt motif de leur confervation , de quoi réfifter à la force viftorieufe du fommeil. Plaçons ici , pour égaler la matière j l'élégante defcription que Virgile fait de cet état» DES SCIENCES DE BERLIN. 75 Jivnqiâ fcrï mediam cœli nox humida metam J OM. II. Contigcrat , placidd laxârant ntembra quieti , A N N ^ S Sub remis fuji, ptr dura fcdilia , naïuœ : ' 74 "• Cùm levis achenis delapfus fomnus ab ajlris Aira dimovit uncbrofum , & difpulit umbras , fuditque has on loqudas : Mquata. fpirant aura , datur kora quieti ; Pont caput , fiffofqui oculos furare labori .... Eut Dais ramum Icth&o rore madenum , Fiqui foporatum Jlygid fuptr utraqui quajfac Tempora , cunclantique natantia lurnina Jolvic. F"ix primas inopina quics laxaverat anus , Et fupcrincumbens cum puppis parti rcvulsâ , Cumqià gubcrnaclo , liquidas projecit in undas Pracipitem , ac Jocios nequicquam fœph yocanttm, C'eft de cet état des mufcles que procède rimpoffibilité de dormir debout. La colomne de l'épine du dos eft foutenue par l'action commune de tant de mufcles , que dès que cette aftion vient à manquer en tout ou en partie , le tronc tombe. Ne finitions pas cette confidération , fans admirer la fagelTè merveilleufe de la providence , dans la réfolution des mufcles pendant le fommeil. Le premier qui s'abailTè , eft defliné à défendre un de nos organes les plus intéreflàns , & le plus expofé au danger , c'eft l'œil. Dès que nous nous difpofons à dormir , la paupière s'abailTc d'elle - même , & fert de rempart à l'œil jufqu'à notie réveil. D'un autre côté , certains mufcles fe reftèrrent plus fort , parce que leur relâchement feroit incommode & dangereux. Tels font ceux de la veflie & de l'inteftin droit , dont les fphinétcrs redoublent leur contraction. Cette diverCté de méchanifme dans des parties femlslables , fait bien reconnoître les fins que s'eft propofé le grand ouvrier. Je paiïè à un troifième changement que le fommeil opère dans la machine. Il abbat & amortit , comme nous venons de le voir , les fondions animales \ mais il anime <§c augmente les fonètions vitales. Il €ft vrai que la chofe eft en conteftation , & que d'habiles Phyficiens ont allégué de fortes raifons pour & contre. Donnons une idée de »Ep!dvi. n; cette controverfe. Hippocrate avoit déjà dit , * que dans le fommeil , les ♦• ^^^ parties intérieures font plus chaudes. Sancîorius a avancé cet aphorifme , -J- 47.48.' Kij 76 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE J'omno animales , vigiliu vitales & naturales languefcunt. Sans nommer i OM. 1 . i^ij^ grand nombre de Médecins , il fuiiit , pour achever de donner à •" cette opinion tout le poids qu'elle peut recevoir de l'autorité , il fuiîit , ^ 7 ^ ' dis-je , de dire que le célèbre Boeriuiave l'a foutenue. Ses principales railons font la chaleur des perfonnes qui dorment, la profondeur de leur relpirjtion , l'accroillémcnt de leur tranlpiration , & la force de leur pouls. Si l'on compte les battemens de pouls d'un enfant , pendant qu'il veille , 6i qu'on les compte enl'uite lorlqull dort , on les trouve pendant le lommeil moins fréquens , à la vérité , mais plus égaux , plus pleins & plus forts , & à ce iéul ligne , fans voir un enfant qui ell au berceau , on peut favoir s'il dort. Dans la phrénélie , quand le malade commence à être difpofé au fommeil , on peut juger par fon pouls de la force de fon mal. Si le pouls eit plus lent , mais plus fort que dans la veille , le fommeil fera bon ; s'il efl; plus prompt, mais plus foible , le fommeil fera de courte durée , & n'apportera aucun amendement. Un profond fommeil , fuivant cette hypothéfe , elt donc une parfaite apoplexie. Dans un apoplectique vous remarquez un peu avant la mort , un furcro'it de force vitale , fupérieur même à la mefure de cette force qu'il poHédoit étant en fanté. Dû même dans un homme qui dort d'un profond fommeil , la chaleur , la rougeur , la iueur augmentent à proportion de la force du fommeil. Donc la force du cœur , des artères & des veines s'accroît alors. Autre reiîémDlance entre l'apoplexie & le fommeil , c'eft la force de la retpiration. On entend refpirer un homme qui dort , tandis qu'on ne s'apperçoit de rien dans ceux qui veillent. Dans le premier état,ledia- - phragme eft fortement comprime , les cotes s'élèvent , & la refpiration eft parfaite. Vient-elle à s'augmenter encore , vous entendez ronfler , & le ronflement relïèmble fort à ce funelle râle , avant-coureur de la mort, fur-tout encore dans ceux qui font frappés d'apoplexie. De toutes ces obfervations M. haeihaave conclut que les fonftions vhales s'exécutent avec plus de force dans le fommeil , & que les opé- rations de la nature y font plus parfaites , favoir la codion du ventricule , le mouvement périllaltique des inteitins , la fécrétion du liquide inteftinal , de la bile , du fuc pancréatique , les changemens du fang dans le poumon , dans le ventricule droit du cœur , la diftribution par les artères , en un mot , tout le méchanifme intérieur. Les vailîèaux étant cilors bien difpofés , les fondions qui dépendent d'une aétion également continuée, vont un train que rien ne dérange & n'interrompt ^ <5c il n'y a de fufpeniîon d'adion interne qu'à l'égard du cerveau & des nerfs. Il s'eft élevé contre l'opinion que nous venons d'expofer , de très» habiles Médecins , dont il faut entendre les raifons. Ils ont nié la plupart des faits fur lefquels M. Boerluiave s'appuye , mais fur-tout l'augmentatioa DES SCIENCES DE BERLIN. 77 de la tranfpiration. Sanclorius prétendoit que dans le fommeil , on ■ tranipire k ilouble plus que dans la veiJlc , Ôc que cela va quciquctois à ■* °^' ^^' une livre par neurc. Goncr , KcU , Uodurt , Ôc d'autres moutrues, ont -^ ^' ^ É B trouvé au contraire qu'on tranlpire moins dans le l'ommed , & que cela '7 4 6', va même à la moitié Ue ciillcrence j de lorte qu'un homme tntlormi ne ptrdroit que deux onces , tandis qu'éveillé il en diliipe trois , Ck s'il travaille , quatre. U'où peut venir cette contrariété dans des c.xpcriences de fait ? Je crois que la manière de louper des difterentes nations , peut y côntritjuer. Les italiens fbupcnt plus cop ieufement que les Anglois & les Hollandois ; ainfi Stinctorius a ODiervé une plus tortc- tranipirLUoir en le réglant lur Ion jays , que ceux qui ont lait leur calcul ailleurs. Coi ter lui-même avoue, que quand le fouper a tte plus fort , la tixnipirotion augmente. Généralement parlant , on tranipire peu dans les premières heures du fommeil , &. abondamment dans les dernières. La chaleur continuée du lit ouvrant de plus en plus les pores , & caufant une plus grande détermination vers la peau , fait naître la chaleur , la moiteur , la rougeur , qu'on tiouve lur - tout dans les enfans. La coftion du ventricule n'augmente point non plus dans le fom- meil. Preuve de cela , c'ell que l'appétit renaît de midi à fept heures du foir , au lieu que depuis le louper , ant minuit, au lieu qu'en dormant, il pourroit attendre le midi fui^'aiit. Un pourroit alléguer ici l'exemple des animaux qui dorment plufieurs mois lans nourruure , & cela fans contredit parce jque la digeltion & la trani{.iration font prefque infeniîbks ; mais leur état eft accompagné d'autres circonllances , qui ne convieni.ent pas au fommeil des hommes , (k qui feroient clocher la comparaifon. Pour la coâion des humeurs par le chyle , les antagoniftes de M. Bocrhaave lui accordent qu'elle lé fait mieux dans le lommeil. Dans la veille, les mouvemens volontaires jettent quelquefois le défordre dans les mouvemens naturels, augmentent la viteile des fluides dans certains valHèaux , & la retardent dans d'autres. Le fang fe dépenfe , pour ainfi- dire , en aftions externes ; & il en doit par confcquent relier une moindre quantité pour arrofer les parties internes. Dans certains endroits du corps qui agilîènt, il fe fait une forte circulation, qui prefie eortinfclle- ment les humeurs dans les vailléaux fécrétoires ; dans d'autres elle eft fi foi' -le, que le chyle fe change à peine en fang. Un doux fon:meil rétublit l'équili ire par-tout , les vahléaux font également ouverts , les liqueurs coulent avec une détermination uniforme , la chaleur fe confcrve au nic'me point , comme celle de l'oifeau qui couve ; en un mot , il ne fe perd rien , ik tout va au proht de la machine. De-là vient qu'après un ijoa fonuncU on ell délailé , frais j difpos , vigoureux. 7» MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE iss?**:=== D y a donc un milieu à tenir entre les deux hypothéfes que j*ai ToM. il. développées, & ce milieu , le voici. La circulation eft réellement moins ta N N E E fQyiQ ja„5 le fommeil ; mais elle ei^ mieux réglée. Qu'elle foit moins forte , i y 40, j-gig paroit en ce que tout ce qui la rallentit procure le fommeil , comme les potions rafraicliilïàntes , les émulfions de pavot , la faignée, & même le grand froid qui précède la mort. Il eft vrai que les liqueurs chaudes qui augmentent le mouvement du fang & qui brouillent le cerveau , jettent aufli dans le fommeil , mais ce n'eft pas un état naturel. La veille eft donc un état mitoyen entre le fommeil caufé par le rallentit fement du fang , & celui qui naît de fon effervefcence. Le fommeil arrête certainement l'aûion de l'acide de l'eftomac , qui excite la faim & modère les fécrétions ; car lorfqu'on dort bien, les befoins naturels ne follicitent pas , la falive ne fe forme pas comme dans la veille, en un mot, les forces vitales ôc la circulation du fang agiflènt avec moins d'effort , quoiqu'en ait penfé M. Boerhaave. L'aug- mentation de force dans le pouls , qui au fonds n'a lieu qu'au com- mencement du fommeil , vient précifément de ce que le fang , en fe rallentilïànt , pouflè des ondes moins fréquentes , mais plus grolîès. La profondeur de la refpiration peut venir de plufieurs caufes , de la fîtuation où l'on eft couché , de ce que la bouche eft toujours fermée , de l'amas des m.u cofités dans le conduit par lequel l'air paflè , &c. La chaleur & la fueur du matin procèdent des couvertures fous lefquelles on eft enfeveli , & qui ne permettent pas à la tranfpiration de s'évaporer. Sans dormir , quiconque voudra fe bien couvrir & demeurer immobile , fuera abon- damment , à moins qu'il ne foit d'une conftitution non difpofée à la fueur. Et ceux qui dorment , bien loin de fuer , fouffrent un froid confidérable , s'ils ne font pas plus couverts que le jour. Enfin , & pour conclure cette difcufEon , à laquelle j'ai peut-être déjà donné trop d'étendue , le fommeil , bien loin d'échauffer & d'accélérer le mouvement du fang , appaife , ou du moins diminue les ardeurs qui viennent de la chaleur interne. Donc il régie la circulation , mais il ne l'augmente pas. Qu'eft-ce donc qui dort en nous , & à quoi attribuer les fymptômes précédens ? Pour ^expliquer diftinftement l'état du fommeil , il faut diftinguer une double machine dans l'homme. La première continue fon aftion jufqu'à la deftruélion totale de l'individu 5 elle comprend le cœur , les organes de la refpiration , le mouvement périftaltique des intefttins , & tous les mouvemens qui tirent leur origine de la fyftole & de la diaftole du cceur. D n'y a d'autre fommeil pour cette machine que celui de la mort. L'autre machine , c'eft l'animalité, to 4'''X"'-i» /^h"' • "î"^' «^ des alternatives d'adion & de repos. Ces viciflitudes font que l'homme , pendant la moitié de fa vie , eft plutôt machine qu'homme j l'animalité DES SCIENCES DE BERLIN. 79 eft enfcvclie dans la mort du fommeil ; mais la vie de la première machine dure toujours. Ces deux mons iont Jocurs , comme les appelle Homère, i"'"' { & ne diH'crent l'une de l'autre que par la durée 6c par l'étendue. A N N È r Ce que je viens de dire n'elt pas encore allez clair. Remontons à la ^74^- fource , au fiége de toutes les opérations de notre amc & de notre corps : c'ell cette fubltance moUe contenue dans la boéte oHcufe du crâne , & qu'on divilé en deux parties , le cerveau & le cervelet. Je dis que le fommeil cil la mort paliagère du cerveau , le cervelet continuant à vivre, demeurant éveillé , & ne pouvant s'endormir que quand la mort réelle nous terraifè. L'anatomie comparée julHfie cette hypothéfe. Les quadrupèdes , les oilbaux <5cc. , les poillbns qui ont leurs alternatives de veille (5c de fommeil , à - peu - près comme l'homme , ont d'une manière fenlîble la divilion du cerveau Ôc du cervelet ; au lieu qu'on ne remarque prefque aucun cerveau dans les infedes , qui eftcàlivement n'ont point d'alternatives fenlîblcs de fommeil j car il ne faut pas confondre avec le fommeil l'état de langueur ék d'engourdilîcment , par lequel les infeéles partent ; ce dernier procède prefque uniquement du froid , & la chaleur feule ranime l'animal. Entîn , pour achever de connoître diflinftemcnt le fommeil , confî- dérons-le dans les folides de dans les fluides de notre corps. Quand nous fommes éveillés , les nerfs reçoivent aifément à leur origine la liqueuc fpiritueufe qui s'y exprime du cerveau , où ce précieux extrait eft filtré , & ils 1:1 font couler promptement par-tout où elle eft nécefîàire pour exécuter les divers mouvemens volontaires. Le fang des artères carotides & vertébrales fournit aux principes de la moelle & des nerfs des efprits abondans & agiles. Le fommeil au contraire eft dans les folides une com- preffion, ou un affaiffemcnt des plus petits vaifïèaux du cerveau , de manière qu'ils ne peuvent tranfmcrtre leurs liqueurs : dans les fluides c'elt le ralenti!^ Cément des efprits , qui ne coulent pas jufqu'à la fubftance corticale du cerveau , ou qui ne s'y féparent pas pour entrer dans les conduits de la moelle lorfque la voie des poumons fe ferme. Une légère quantité de vin j " ' . ' fpiritueux anime , excite les forces animales , ce qui ne fuivroit pas de la _ coagulation ^ une tiop grande quantité abbat & accable -, & pour défcn-^ ' ■* ' nyvrer lubitement un homme , il n'y a qu'à lui faire une faignée. Après avoir examiné l'influence des folides & des liquides fur le fommeil , il faut parcourir diverfes autres caufes plus particulières. Les aromates en général ont une chaleur & une amertume que la langue fent vivement ; leur forte odeur annonce qu'il en exhale continuellement des particules très-volatiles : ces particules font aflbupiflantes. Des Apoticaircs ont afliiré à M. Boerhaave , que , lorfqu'ils recevoient d'Afie de groflès balles de fortes drogues , comme le camphre , le faffran , &c. , s'ils ouvroient d'abord plulieurs de ces balles à la fois , eux & leurs garçons étoicnt faifis d'un fommeil qu'ils avoient peine à vaincre. Maerklin rapporte , dans fon voyage des Indes orientales, que trois matelots , dans un vaillèau Hollandois , furent fuffoqués par l'odeur des aromates , & qu'un quatrième eut grand peine à en échapper. Il en eft comme des vins nouveaux qu'on tranfvafe. dans les caves ; ceux qui y travaillent font enyvrés & alîbupis par la feule vapeur. Dans tous ces cas , nous fommes fondés à croire que ce font les chofes fpiritueufes qui excitent le fommeil. Cela nous conduit à détruire un préjugé commun , qui a été en même- tems une erreur des anciens ;, c'efl: que les remèdes narcotiques produifent uniquement leur effet par le froid qu'ils glifîènt dans les veines. Néanmoins la ciguë , & d'autre chofes engourdiflàntes , font affurément chaudes. Arrêtons-nous au plus connu & au plus célèbre des narcotiques , c'eft Vopium, Ses effets bien examinés , font les mêmes que ceux de l'efprit de vin. Son ufage médiocre réjouit, & c'eft ce qui fait que les Afîatiques l'aiment fi paffionnement. Il a une vertu fortifiante : il répand même, fuivant quelques-uns , il répand dans l'ame un calme délicieux , il procure une paix intérieure & une félicité dont on fait un paradis anticipé : mais tout dépend de la dofe. Dès qu'elle eft trop forte , il affoupit , & fon ufage continuel dérange le corps & l'efprit ^ il hébête , il gâte l'elto- mac , il détruit la liberté du ventre ; fymptômes dont les orientaux font fouvent la viftime. Or , il eft conftant que l'opium augmente l'agitation du fang , & le détermine vers le cerveau. Sa fimple odeur excite la fueur , & difpofe aux jeux de l'amour , deux chofes qui naifïènt de l'accroiiTement de mouvement dans le fang. Le cadavre de ceux que l'opium fah mourir , eft d'abord corrompu , comme dans les maladies les plus, malignes. En ouvrant un chien tué par une dragme & demie d'opium, on trouva fon eftomac vuide & comme balayé par l'âcreté de l'opium » & les finuofités de fon cerveau remplies de fang. Willis rapporte l'exemple d'ua homme , qu'une trop grande dofe d'opium fit mourir en quatre DES SCIENCES DE BERLIN. 85 heures de tems , fans lui caufer aucun fommeU , mais avec un grand travail =a d'eftomac. Tous ces efi'ets ne viennent que de l'extrême volatilité des ^ °-'"' ^^' particules de l'opium. Son anaiyfe chimicjue achevé de le prouver. Pitcarn ^ ^ ^ ^ * a tiré d'une livre d'opium cinq onces & demie d'cfprit volatil , tel que celui '7 4 0'» qu'on diftille de la corne de cerf. Cette diftillation eft d'ailleurs accom- pagnée d'une puanteur infupportable. Divers Chimiftes ont auflî tiré de l'opium , le fel volatil urineux & l'huile empyreumadque. Enfin il s'allume à la flamme , & fon extrait prend feu encore plus facilement. Pourroit-on douter après cela qu'il n'agiflè comme drogue fpiritucufe & non comme calmant & rafra'ichilTànt ? Divers végétaux font narcotiques ^ les uns agiffent par la feule odeur. Une perfonne qui fe promène dans un endroit femé de la plante que nous nommons orvaU , ou toute-bonm , & les Latins Horminum , ou dans un champ de fèves en Heur , fentira naître l'envie de dormir , & s'il s'endort dans ce champ , cela le jettera dans une efpèce de ftupidité. La laitue eft narcotique au point d'empoifonner , au moins la laitue fauvage , ou celle d'Italie , qui jette, lorfqu'on la coupe, un lait blanc & odorant comme celui du pavot. Quelques Italiens , ayant voulu manger de ces laitues dans la faifon la plus chaude de l'année , il leur en a coûté la vie. Les pommes dites de Mandrugore , font mifes dans le rang des chofes précé- dentes , quoiqu'on attefle que quelques perfonnes en ont mangé publique- ment , en guife d'expérience , fans en être incommodées. Mais rien n'égale la force de la Jufquiamc : elle caufe des mouvemens convulfîfs , des fyncopes , des pertes de vue & de fentiment , des affeâions foporeufes & léthargiques , dont les fuites font ordinairement funeftes. Tous ces végétaux agiilènt comme l'opium , par leurs particules chaudes & vola- tiles. Cela fe prouve par les naufées qu'ils excitent , <5c par l'odeur forte qui accompagne leur anaiyfe. Une nouvelle caufe du fommeil , c'efl la laflîtude ou l'épuifcment : elle eft des plus eflicaces , & il en naît le fommeil le plus profond &. le plus reffemblant à la mort. On a vu des foldats, que plulieurs veilles de fuite, accompagnées de grandes fatigues , ont jette dans un accablement fi com- plet, qu'ils dormoient à côté des batteries , ùc que le bruit des canons ni des mortiers ne pouvoit les réveiller. De miferables fori^ats , que d'impitovables comités empêchent de dormir à coups de bâton pendant quelques icmnines, dorment à la fiji fous le bâton même , & font infeniibles aux couis. Un homme, qui n'étoit pas dormeur d'ailleurs , s'étant fatigué par un chemia un peu trop long à pied par les chaleurs , s'endorinit fi profondement à I auberge, qu'on enfonça la porte , &. qu'on entra avec un grand vacarme dans fa chambre , fans le reveiller. Le calme , le £lencc , la tranquillité du lieu où l'on fe trouve , font 86 MÉMOIRES DE UACADÉMIE ROYALE -^ naître le fommeLl , &: nous avons vu cideflTus combien ils le prolongent. loM. Il' jvietteg lin homme en fanté dans un lieu où fes fens foient à l'abri de Jl N N E E j.Qmg impreffion , que la lumière ni le fon ne puiiiènt y pénétrer , que fon ^ 74t>' corps n'ait aucune incommodité & fon ame aucun fouci , je pofe en fait qu'il dormira bientôt , foit qu'il ait bien diné , ou qu'il fe trouve à jeun, foit que la nuit précédente ait été bonne ou mauvaife. C'eft cet amas de circonflances aifoupillàntes qu'Ovide exprime fi élégamment dans fa belle dcfcription de Vantri de Morphîe, au Livre XI. des Métamorphofes , V. 592 & fuiv. Eft propi cimmcrios , longo fpdunca. recejfu , Mons cavus , ignavi domus & penztralia. fomni ; Que) nunqiiam radiis oriens midiufvè cadenfvi Phœbus adiré poteft : mbula. caliginc mïjla, Exhalantur hiirno , dubiœque crepufcuta lucis. Non vigil aies ibi crijlati cantibus oris Evocat amoram , nèc voce Jilentia rumpunt SoUicitivè canes , canibujvi fagacior anfer : Non fera , non ptcudes , non moti jlanûna ranii , Humanavi fonum reddunt convicia linguœ : Tuta quies habitat. La grande chaleur provoque le fommeil , & il n'eft pas poffible d'y réfifter lorfqu'elle eft jointe avec l'adtion interne des alimens. De-là la coutume inviolable de faire la fiejla dans les climats où l'été a des ardeurs brûlantes. Le froid produit auffi le même effet 5 mais lorfqu'il eft à un certain degré , il procure un fomneil dont on court rifque de ne pas fe réveiller. C'eft un avis de la dernière importance pour ceux qui ont à voyager dans de grands hyvers , comme ceux de 1709 & de 1740. 11 peut leur arriver de fentir un affoupillèment très-agréable & très-fort ; mais qu'ils prennent bien garde de ne pas s'y livrer. Bien loin de-là , qu'ils fe lèvent au lïi-tôt, mettent pied à terre, marchent, courent, & falTent tous les mouvremsns qui peuvent entretenir l'agitation du fang : c'eft l'unique reflburce contre une mort douce , mais inévitable. Les veines cutanées fe reiïërrent de toutes parts par l'aftion du froid. La fuperncie du corps dénuée de fang meurt la première. Les vailTèaux du cerveau , étant bien munis contre le froid , le fang s'y porte avec abondance par les artères qui font auffi couvertes & défendues , & les veines jugulaires plus étroites l'arrêtent dans fon retour. La coagulation du fang ne ié fait qu'après la mort , car le fang expofé à l'air ne gèle que fous un froid de 25 degrés, & la température de DES SCIENCES DE BERLIN. 87 nos climats ne fait pas defcendre le thermomètre au-defloiis de 16 degrés. '^tF Chaque animal femble avoir ("on degré déterminé de froid , cju'il eft . ""' , ' en état de foutenir. Dès qu'il en furvient un plus grand, le mouvement ^ '' „* du fang & des efprits s'arrête. L'n degré léger de froid fuflit pour la ' 7 4 ■>• plupart des infeâes ; il en faut un plus grand pour les animaux qui dorment pendant l'hyver , comme les hirondelles , &c. tandis que les boucs fauvages des Alpes , & les renards du Spitzberg réliflent au plus haut degré. En général les animaux vivent jufqu'à 80 dégrés & un peu au de-là , & il y a des hommes qui ont atteint , même paflè ce terme. A Torneo en 1736 le froid fut fi grand que les thermomètres defcendirent 65 dégrés au-deiîbus de celui qui marque la congélation de l'eau , enforte que le froid étoit précifément autant au-deflbus de ce point de congélation , que la chaleur de la peau humaine eft au-defïùs. Des Hol- landois paflérent néanmoins tout cet hyver e>.pofés à ce froid , qui augmenta julqu'à 77 , & agirent tout le jour , allant à la chaflè des loups & des renards , fans en reUèntir la moindre incommodité. Il eft donc probable qu'un homme-, en donnant du mouvement à fon corps , peut vivre non-feulement à 10 , mais à 50, à 60 degrés au-deffbus de o j mais dès que le mouvement celle , le cas change. Quiconque efîàyeroit de dormir ici en plein air entre 6 <5c i o dégrés au-dellous de o , en feroit infailliblement la victime. L'âge , en éteignant la chaleur naturelle , plonge les vieillards dans un fommeil prefque perpétuel , qui eft un avant-coureur ordinaire de la mort. En général le défaut du fang dans le cerveau eft une caufe de fommeil. Le célo'ue Urdincourt faifoit une expérience très-curieufe pour le prouver. Il prenoit le chien le plus fort & le plus féroce , l'attachoit à la renverfe fur une planche, lui découvroit les deux artères carotides, & les lioit l'une & l'autre avec un til : auffi-tot la tète de cet animal chanceloit , ik un inftant après il dormoit profondément. La ligature ôtée , il s'éveilloit. Le fang arrêté étoit donc l'unique caufe de ces fymptomes ; & remarquez que les artères vertébrales étoient néanmoins libres. Les évacuations trop fortes conduifent à la mort par le fommeil. Dans les playes où l'on a perdu beaucoup de fang , de manière quç le pouls eft anéanti , l'afibupiUèment eft un très - mauvais préfage. Il en eft de même dans les hémorragies abondantes , qui viennent d'une caufe interne. On fait que les Romains , qui fe faifoient ouvrir les veines dans le bain , s'endormoient. Les purgatifs trop violens font un effet femblable. L'embonpoint exceilif alTbupit , auffi - bien qu'il appefantit. Plus U s'amalle de graifîé , & plus les art res & les veines qui font fous la peau , fe trouvent comprimées ; delà dans les hommes fort gras , le» artères ' ainfi dire , accrochées à un point fixe , d'où elles dépendent ; c'eli-à-dire , à une fenfation , j'en conclus que tout fonge commence par une fenfation, & fe continise par une fuite d'aûes d'imagination. Cette fenfation eft aifée à concevoir après tout ce que nous avons déjà dit de l'état du corps. Toutes ces impreffions fenfibles , qui étoicnt lans effet à l'entrée de la nuit , deviennent efficaces , finon pour reveiller , au moins pour ébranler , & le premier ébranlement qui a une certaine force déter- minée , eft le principe d'un fonge. Ce fonge à toujours fon analogie avec la nature de cet ébranlement. Eft-ce, par exemple , un rayon de lumière , qui s'infinuant entre les paupières a affefté l'oeil ? notre fonge fuivant fera relatif à des objets vifibles , lumineux. Eft-ce un fon qui a frappé mes oreilles ? fi c'eft un fon doux, mélodieux, une férénade placée fous nos fenêtres , nous rêverons en conformité , & les charmes de l'harmonie auront part à notre fonge. Eft-ce au contraire un fon perçant , ou lugubre ? les voleurs , le carnage , & d'autres fcènes tragiques s'oflriront à nous. Ainfi la nature de la fenfation , mère du fonge , en déterminera l'efpèce ; ôi quoique cette fenfation foit d'une foibleiïè qui ne permette point à l'ame de l'appercevoir comme celles de la veille , fon efficacité phyfique n'en eft pas moins réelle ^ tel ébranlement extérieur répond à tel ébranlement intérieur, non à un autre , & cet ébranlement intérieur une fois donné , détermine la fuite de tous les autres. Ce n'eft pas , au refte , que tout cela ne foit fort modifié par l'état aftuel de l'ame , par fes idées familières , par fes paffions. Les impref- fions les plus récentes qu'elle a reçues , étant les plus aifées à renouveller , de - là vient la conformité fréquente que les fonges ont avec ce qui s'eft paffé dans le jour précédent. Mais toutes ces modifications n'empêchent pas que le fonge ne parte toujours d'une fenfation , & que l'efpèce de cette fenfation ne détermine celle du fonge. Je n'entens pas par fenfation les feules impreffions qui viennent des objets du dehors ; il fe palïé , outre cela , mille chofes dans notre propre corps , qui font auffi dans la clafïë des fenfations , & qui par conféquent produifent le même effet. Je me fuis couché avec la faim & la foif : le fommeil a été le plus fort , il eft vrai ; mais les inquiétudes de la faim & de la foif luttent contre lui , & fi elles ne le détruifent pas , elles produiront des fonges où il fera queftion d'alimens fohdes & liquides , & où nous croirons fatisfaire des befoins , qui renaîtront à notre réveil. Une fimple particule d'air qui fe promènera dans notre corps , & qui y occupera iiicceffivement diverfes places , produira diverfes fortes d'ébranlemens , qui DES SCIENCES DE BERLIN. 99 fcrviront de principes & de modifications à nos fongcs. Combien de fois „. ~^ une fluxion , une colique , telle auu-e affeâion incommode ne nailTènt-elles J °"' . pas pendant notre fommeil , jufqu'à ce que leur force le diflipe enfin ? -^ ^ ^^* Leur naiiîànce & leurs progrès font prefque toujours accompagnés d'états '74". de l'ame , ou de fonges qui y répondent. Je craindrois de lalîèr le Ledeur par de plus grands détails : je l'avois invité à v^ir naître ua fonge , je crois avoir dégagé ma parole j il s'agit d'appliquer mes principe à la diverfité des fonges , foit dans une même perfonne , foit dans des perfonnes différentes. Dans une même perfonne je diftinguc deux fortes de fonges , les fonges fimples & les fonges compofés. Un fonge fimple , c'cll celui qui iè continue par la fucceifion d'images femblables , ou d'aftes d'imagi- nation de la même efpèce. J'entame une converfation dès l'entrée de mon fonge , qui n'cli point interrompue , & qui le compofe tout entier ; j'affifte à un repas , à un concert , à une exécution ; la première forte d'objets n'eft point chaffée par une autre ; voilà un fonge Cmple, Pour cet effet , il faut deux chofes ; premièrement , que la fenfation d'où le fonge efl né , n'en ait point eu d'autre qui lui ait fuccédé , ou du moins que cette autre n'ait été que la réitération de la première. Secondement , que les objets foient liés dans l'imagination dans l'ordre où ils fe préfentent. Ainfi au premier égard , un coup de vent a produit l'ébranlement par où mon fonge a été occafionné ; un fécond , un troifième coup de vent d'une force à-peu-près égale pourront lailïèr à mon fonge fa fimpiicité ; mais fi une épingle de mon habillement ou quelque infeite me pique , cela fera une diverfion , & il doit en réfulter un autre genre de fonge, qui fe liant immédiatement & brufquement au premier , fera un fonge compofé , un de ces fonges irréguliers , defquels on demande avec étonnement , comment il ell poffible que l'ame puilTè faire des aflèmblages auffi bizarres ? Ainfi pour m'en tenir à mes exemples précédens , le vent m'avoit mis fur la voie de rêver à des décharges d'artillerie , à une file de carrolTès qui roulent , ou à telle autre chofe analogue au bruit; la piqûure d'un infeâe interrompra mon rêve par l'idée d'une perfonne qui me paflë fon épée au travers du corps , d'un Chirurgien qui me fait quelque incifion &c. Mais j'ai indiqué une féconde caufe de la fimpiicité des fonges , qui a lieu auffi à l'égard de leur diverfité , je veux parler de la manière dont les idées font liées dans notre imaginations J'affifte en fonge à un repas ; les fervices s'y fuivent , & tout s'y paffè à-peu-près avec la régularité d'un repas réel. R.ien n'a interrompu la fuite des idées d'où dépend la fimpiicité du fonge. Mais fi l'un des mets que mon imagination a fait paroitre , fe trouve lié intérieurement avec l'idée d'une perfonne chez qui j'en aurai mangé , d'une manière propre N ij loo MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE 'y^ - à en conferver l'impreflion , mon fonge va s'altérer ; cette perfonne 1 OM. . p^iioltra peut être à l'improvifte , & fera naître quelque incident, ou bien jl N N ' ^ je nie trouverai tranfporté toutà-coup chez elle , enluite avec elle ailleurs , i 7 4 b- ^ gi,^(5 Je fuite, conformément à la manière dont toutes ces chofes fe font originairement préfentées à moi. Or l'on a vu dans nos obfervations préliminaires ,' combien cet arrangement elT; fortuit , ik le peu de rapport qu'il y a fouvent entre des chofes que l'imagination aifbcie , par la feule raifon que les fens les ont apperçues enfemble. Cela étant , il n'cit pas furprenant qu'il y ait fort peu de fonges fimples , & que les fcènes y varient avec cette promptitude & cette extravagance apparente , qui a pourtant , comme on le voit , fes raifons phyliqucs & nécellàires. La diverfité des longes dans des perfonnes différentes eft encore plus facile à comprendre. On ne peut même guéres s'avifer d'en demander la raifon, que dans le cas où l'on fuppofe que la même fenfation a produit un fonge dans deux ou plufieurs perfonnes. Vous êtes deux dans un même lit , vous dormez l'un & l'autre , on bat l'allarme du feu ; ce bruit ne fuffit pas pour vous réveiller, mais il vous met en train de fonger. Pourquoi n'avez-vous pas tous deux le même fonge ( Je répons qu'il y en a plufieurs raifons très-évidentes. Premièrement , une impreffion du dehors ne produit jamais la même fenfation dans deux individus difFérens. Il n'y a pas deux hommes qui voient , qui entendent , qui exercent les autres fens précifément de la même façon & au même degré. Ainfi , quoique le bruit en queftion ait affe£té nos deux dormeurs , & qu'il les ait même déterminés à fonger , on ne peut le regarder comme un ébranlement parfaitement égal dans l'un & dans l'autre. En fécond lieu , plufieurs fortes diftérentes de fantômes ou d'idées d'imagination , peuvent être mifes en jeu par un fon ou un bruit , & cela dépend des idées qui nous font les plus familières. La fcène eft dans notre cerveau , & c'eft de l'état de ce cerveau qu'elle dépend. Quand donc un Officier & fon valet couchés dans la même tente , recevroient une impreffion égale d'un objet externe , & que leurs ébranlemens feroient à l'uniffon, l'ouverture de la fcène fera différente dans leurs fonges , conformément à leurs idées: l'un fe trouvera dans la mêlée , & l'autre au cabaret. Enfin, quand on accorderoit qu'une impreffion égale produiroit précifément la même idée, par exemple , que le chant des crieurs de nuit feroit rêver à deux perfonnes en même tems qu'elles font dans la même églife , & qu'elles entendent le chant du même cantique , la fuite de ces idées ceffèra d'abord d'être la même , parce que l'idée de cette égliié , ou de ce cantique , tient dans le cerveau de l'un à telle & telle chofe , tandis que dans le cerveau de l'autre , elle tient à des chofes toutes différentes» De l'églife , l'un s'imaginera retourner chez foi , vacquer à la méditation DES SCIENCES DE BERLIN. loi & à la prière ; l'autre ,( & il y en aura plus de cet ordre que du ^^ premier, ; fe trouvera conduit dans quelque niaifon de plaihr , de diffi- j^^' ^^' pation , peut-être même de debauclie. Tout comme il cft donc impoflîble ''^ ^ ^ ^ que pendant la veille deux perlbnnes aient pendant une heure , pendant ^ 7 4^' un quart d'heure , pendant une minute , les mêmes idées dans le même ordre ik au même degré , il elt pareillement impoflîble que deux perlbnnes aient préci£nient le même fonge. Quelque diverfité que l'on puillë remarquer dans les divers états fucceliifs de la matière , à laquelle le mouvement imprime fans ceflé de nouveaux changemens , la diverfité des déterminations de l'ame efl: encore infiniment iupérieure. Il ne nous rcfte plus fur ce fujet que quelques corollaires, qui ne nous arrêteront pas long-tems. Le degré de clané auquel parviennent les aôes d'imagi- nation qui conftituent les fonges , nous en procure la connoifl"arce. 11 y a un degré déterminé auquel ils commencent à être perceptibles comme dans les objets de la vue & de l'ouïe il y a un terme fixe d'où nous commençons à voir & à entendre. Ce degré exiflant une fois nous commençons à fonger , c'eft-à-dire , à appercevoir nos fonges , & à mefure que de nouveaux dégrés de clarté furviennent , les fonges font plus marqués. Or comme ces dégrés peuvent haufîér & baiflèr piufieurs fois pendant le cours d'un même fonge , de-Ià viennent ces inégalités , ces efpèces d'obfcurités , qui éclipfent prefque une partie d'un fon^e tandis que les autres confervcnt leur netteté. Ces nuances varient à l'infini & il n'elt pas befoin d'un plus grand détail pour en rendre raifon. Les fonges peuvent être détruits de deux manières ; ou lorfque nous rentrons dans l'écat du profond fommcil , ou par notre réveil. Le réveil c'elt le retour des fenfations. Dès que les fenfations claires & percep- tibles renaiflènt , les fonges font obhges de prendre la fuite. Ainfi toute notre vie eft partagée en deux états eiÎGntiellement difFérens l'un de l'autre , dont l'un elt la vérité Si la réalité , tandis que l'autre n'efl que menfonge & iUufion. Cependant fi la durée des fonges égaloit celle de la nuit , & qu'ils fufleut toujours d'une clarté fenfible , on pourront être en doute , laquelle de ces deux fituations eft la plus cfléntielle à notre bonheur , & mettre en queftion : qui feroit le plus heureux , ou le Sultan plongé pendant tout le jour dans les délices de fon ferrail , & tourmenté pendant la niiit par des rêves affreux ; ou le plus miférable de fes efclaves , qui accablé de travail & de coups pendant la journée , padèroit des nuits ravilfàntes en fonge ? A la rigueur , le beau titre de réel ne convient guéres mieux aux plaifirs dont tant de gens s'occupent pendant la veille , qu'à ceux que les fonges peuvent procurer. Cependant , & c'eft ma conclufiAn , l'état de la veille fc diflingne de celui du fommeil , parce que dans le prcanierj rien n'arrive fans. 102 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE „, ^^ caufe ou raifon fiiffifante , les événemens font liés entr'eux d'une manière ^ ' ' j.' naturelle & intelligible ;, au lieu que dans les Congés , tout eft découfu , -. fans ordre , fans vérité. Pendant la veille , un homme ne fe trouvera pas ■ ■* ■ tout-à-coup dans ma chambre , s'il n'eft venu par quelqu'un des chemins qui y conduifent ; je ne ferai pas tranfporté de Berlin à Paris , fi je ne fais le voyage ;, des perfonnes abfentes , ou même mortes , ne s'offriront point à l'improville à ma vue ; tandis que tout cela , & des chofes encore plus étranges , contraires à toutes les loix de l'ordre & de la nature , fe produifent dans les fonges. C'eft donc là le cr-lterium que nous avons pour diftinguer ces deux états ; & de la certitude même de ce critérium vient un double embarras où l'on femble quelquefois fe trouver. D'un côté , pendant la veille , s'il fe préfente à nous quelque chofe d'extraordinaire , & qui au premier coup d'oeil foit inconcevable , on fe demande à foi-même : efl-ce que je rêve ? on fe tàte pour s'afiùrer qu'on eft bien éveillé. De l'autre , quand un fonge eft bien net , bien lié , & qu'il n'a raflëmblé que des chofes poffibles , de la nature de celles qu'on éprouve étant éveillé , on eft quelquefois en fufpens , quand le fonge eft fini , fur la réalité ; on auroit du penchant à croire que les chofes fe font effeélivement paflèes ainfi. C'eft le fort de notice ame , tant qu'elle eft embaraffée des organes du corps , de ne pas pouvoir démêler exaâement la fuite de fes opérations; mais comme notre naiiïànce ici-bas nous a fait paflèr d'un fonge perpétuel & fouverainement confus , à un état mi-parti de fonges & de vérités , il faut efpèrer que notre féconde naiifance , ( & c'eft notre mort que j'appelle ainfi , ) nous élèvera à un état où la fuite de nos idées , continuellement claire & perceptible, ne fera plus entre - coupée d'aucun fommeil, ni même d'aucun fonge. G^ — — — -=>^Jis;S!i^g=— ==^ ARTICLE XIX. DlJJertation fur les Elemens , ou premiers principes des corps , dans laquelle on prouve qu''il doit y avoir des élemens , & qu'il y en a effectivement ; quils font fujets àfouffrir divers changemens , & même fufceptibles d''une parfaite tranfmutation ; & enfin que le feu élémentaire & l'eau , font les feules chofes qui méritent proprement le nom d'élcmens. Par M. Elle r. ~— T'Ai expofé dans une première difièrtation , les divers fentimens des J ^ Uiiieuji.on J Phllofophcs ancicns , 6c des modernes qui ont vécu dans le dernier men5."' " fiécle , fur l'origine , la nature , & l'exiftence des élemens. Jl me refte DES SCIENCES DE BERLIN. 103 à rapporter maintenant ce que les plus célèbres Philofophes du nôtre ' ... ont pcnfé fur cette matière ; après quoi j'ajouterai quelques réflexions / °-'"' * fur la nature de ces principes , fur leur aétion réciproque & le chan- '"^ ^ ^ ^ gement qu'ils fouô'rent , & j'aurai foin de juftirier ces réflexions par ' 7 4 <'• les expériences que j'ai eu occafîon de faire. Quoique les grands hommes de notre fiéclc ayent fecoué le joug de la philofophie fcolaftique , qui au lieu de perfectionner l'ciprit hun.ain n'étoit propre qu'à en augmenter les ténèbres , il faut avouer cependant qu'il s'en trouve très-peu qui nous ayent communiqué de réflexions juftes & folides fur les premiers principes ou fur les élemens. Cardan , qui afFectoit une fcicnce univerfelle , & qui étoit un homme à paradoxes , s'il en fut jamais ; l'incomparable Chancelier Bacon , & le profond Hohbcs en font à peine mention. Jordanus Brunus , qui avoit formé le deflein de ramener le bon fens dans l'étude de la philofophie & de la religion , & qui paya fi cher fon projet , ne parle fur cette matière que du minimum , c'efl-à-dire , de ce qu'il y a de plus petit dans les chofes corporelles ; il reconnoît ce minimum pour principe de quantité, ou pour élément aftif dans la compofition des corps j « l'atome , ajou- » te-t-il , s'y trouve privative , ou féparement , mais la monade s'y » trouve raifonnablcment dans les nombres , & efîèntieUement dans » toutes chofes. » Ceux qui fouhaiteront de connoltre plus à fond les fentimens de ce Philofophe inintelligible , qui s'égare & fe perd dans les notions de Démocrite , d^J^picure & des Cabaliftes , pourront confulter fon traité de minimo j ils conviendront avec moi , qu'on n'y ti'ouve rien de raifonnable fur les premiers principes. Campanella n'a pas mieux réuffi dans fon prodromus phdofophiiz inflaurandx. Ce qu'il dit des élemens , fait pitié ^ on en jugera par cet échantillon. Il prétend que l'air & l'eau doivent être rayés du nombre des élemens ; & pour prouver fa tliéfe , il allègue cette plaifante raifon : que l'eau ne fauroit engendrer l'eau , ni l'air produire l'air , parce que ces deux chofes font elles - mêmes des produâions du foleil , &c. Difcartcs étoit fans contredit un très - grand génie , que l'on peut appeller à jufte titre le reftaurateur & l'arbitre de la bonne philofophie. Il avoit un efprit fubhme , qui découvroit & qui développoit heureufement les myftères les plus fecrets de la nature j un efprit jufte qui établilTbit la plupart de fes vérités fur des preuves géométriques. Ce grand homme fe trouva cependant embarraflé lorfqu'il entreprit de déterminer les principes conftitutifs des corps. Il imagina qu'au commencement l'univers étoit rempli de matière , & que cette matière ayant été mife en mouve- ment , le frottement continuel de fes parties dut leur donner néceffairement des modifications diâérentes , tant par rappon à leur forme & à ieujr 104 MEMOIRES DE UACADEMIE ROYALE ■ — — = fu'jtilité , que par rapport à leur pofition & au lieu où elles alloient i OM. il. ç^ placer. Ces modifications ont produit , félon lui , ce qu'il appelle la /î N N f £ i-fj^ji^j-g ju premier , du fécond (Se du troifîème élément. Je ferois trop I 7 4 &• long fi j'entreprenois de détailler ici , avec ce Philofophe , la première origine des parties qui forment fes trois élémens. Peut-être même que je me perdrois avec lui , fi j'entreprenois d'arranger fes élémens félon fon hypothéfe , & de montrer comment ils ont pu contribuer à la produÂion de' tous les corps qui compofent ce vaite univ^ers , & leur donner non-feulement l'exiftence , mais auffi la forme qui les diftingue. H me fuffira de dire ici un mot d3 la produftion des trois élémens de D^fcdrtis. «Au commencement, dit notre Philofophe , toutes les parties » de la matière étoient d'une grandcui- égale , mais après qu'elles eurent » été mifes en mouvement , les parties les plus fubtiles , qui étoient d'une » petitelïè indéfinie , furent détachées des autres par la violente agitation » du tout , & poulfées en ligne droite pour former le foleil & les » étoiles fixes. D'autres parties qui étoient auiïî extrêmement déliées , » d'une figure fphérique , d'une quantité déterminée , & qui par cette . » railbn étoient encore divifibles ; ces parties , dis-je , ont été pouffées » par des chemins obliques pour former les cieux & les tourbillons. Enfin , » les parties matérielles qui reftoient , étant moins propres au mouvement » à caufe de leur groffièreté & de la différence de leur configuration, » ont dû néceiïàirement s'accrocher & fe lier enfemble pour former » notre globe terreltre , aulïi-bien que les autres planettes , & les » comètes. » Selon cette hypothéfe , l'origine primordiale de notre terre eft trop compofée pour que l'on puiilè la détailler ici. Elle eft formée principalement de la matière du troilième élément ; mais pour faciliter fon mouvement , il entre auffi dans fa compofition beaucoup de parties du premier , tant vers le centre de la terre , que vers fa fuperficie , fur laquelle cette matière fi fubtile eft continuellement élancée par l'aftion du foleil. L'air, ajoute notre Philofophe , n'eft autre chofe qu'un aifemblage de molécules du premier élément , qui font extrêmement déliés & flexibles pour pouvoir céder au mou^^ement des parties homogènes qui fe trouvent répandues entre les corps céleftes. Il dit encore qu'on ne découvre dans l'eau que deux fortes de molécules du troifième élément. Celles du premier ordre font compofées de parties flexibles , & nous fournirent l'eau douce j celles du fécond ordre font jointes à des parties rigides & inflexibles qui forment le fel , quand on les lépare de cet élément , qui eft naturellement doux. Difcartes enfeigne encore que les parties terreftres du troifième élément , quand elles font entraînées , & pour ainfi dire forcées de fuivre le mouvement rapide du premier , prennent alors la forme du feu. Ce font là en gros les idées que Dcjcartes s'étoit faites de l'origine des quatre élémens DES SCIENCES DE BERLIN. lOJ élemens que les anciens admcttoicnt. Il n'eft pas nccefîàire d'avertir que „, ce fyftème eft une fiaion delHtuéc de toute preuve. Les plus grands hommes : "^'\ ' de notre rems l'ont profcrit de la philofophie , parce qu'ils ont reconnu que ''' "*"' ^ les élemens de Dcjlarus n'étoient point conlbtcs par les expériences , qui ' 7 4 G'- font pourtant les feuls guides qui puilTènt furement nous conduire à la vérité en matière de phyfiquc. Cependant comme les expériences ne peuvent nous faire connoître les parties conftitutives des corps , que jufqu'à un certain point , & autant feulement qu'elles peuvent être apper- çues par les fens , les Philofophes n'en font pas demeuré -là; ils ont imaginé des parties infiniment petites , qui échappent aux fens. C'cft ce qui a donné lieu , fclon les apparences , à cette étrange hypothéfe , que la matière eft fufceptiblc de divifion à l'infini. 11 eft vrai que cette hypothéfe paroît appuyée fur les démonftrations que font les Géomètres , fur les lignes & les furfaces , & fur la progreffion des nombres , &c. ; mais il me femble que c'eft un fondement ruineux , puifque le corps géométrique n'eft qu'une étendue purement imaginaire , qui n'ayant point de parties aûuclles & déterminées , ne contient par conféquent que des parties fimplement polïîbles , qu'on peut augmenter à fon gré & jufqu'à l'infini , auffi bien que les nombres. Il me paroît , au contraire , que les corps font toujours déterminés & finis, & je ne faurois comprendre par conféquent qu'ils puilïènt renfermer des parties fufceptibles d'une divifion à l'infini. ,La plupart des Philofophes de ce tems confiderent la matière dans fes plus petites parties , comme une mafïè fimilaire & homogène , dont la grandeur , la forme , la figure , &c. font tellement diverfifiées , que la variété prefque Infinie qui fe remarque dans l'univers peut en refulter. Dans le fond leur fentimcnt n'eft pas nouveau ; il y a bien long-tems que Dcmocritc & Epicure en ont dit autant en établilTànt leurs atomes , qui étoient , félon eux , les dernières parties de la matière , & infecables par leur petiteiTè ; car quoique ces atomes fuflènt fuppofés phyfîqueiTient infecables , ils ne laiftbient pas cependant d'être étendus , & de jouir à cet égard de la même propriété que le corps dans la compofition duquel ils entroient. Enfin l'illuftre M. de Lcibnit^ , dont la pénétration femble avoir pafte la fphère de l'efprit humain dans toutes les fciences qu'il a cultivées, a bien fenti que les atomes ne renfermoient point la raifon fuftifante de l'étendue de la matière ; & comme il cherchoit par-tout cette raifon avec emprefîèment , il a cru l'avoir trouvée dans les parties non-étendues , qu'il appelle Monades, Il eft vrai que la figure fous laquelle on fe repréfente les atomes , ne détruit point en nous l'idée de l'étendue , de forte qu'on eft obligé d'avouer tacitement , que ce grand Philofophe io6 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROVALE g-———— n'avoit pas tort de demander la raifon fuffifantc de leur étendue ; car ToM. IL g Qj^ difoit : il y a de l'étendue , parce qu'il y a de petites parties Année ^jgndues , ce feroit proprement ne rien dire , & la quefttion demeureroit l j 46, toujours indécife : c'eit pourquoi notre Philofophe a jugé qu'il étoit abfolument néceffaire de defcendre à des êtres iimplcs non étendus & fans parties , ou à des monades , pour rendre railon de ce qui cft étendu & compofé de parties. Ainfi il forme fa conclufion de cette manière : les êtres étendus ou compofés exiftent , parce qu'il y a des êtres fimples» Ouelque néceflàire que foit la conclufion , elle ne laiffe pas que d'étonner notre imagination , qui ne fauroit fe repréfenter quelque chofe de corporel fans lui attribuer une efpèce d'étendue , au lieu que l'abftradion de toute étendue ne frappe point l'imagination , & n'y peint aucune image. Je m'eloigncrois trop de mon but, fi je voulois détailler ici plus amplement tout ce que cet illuftre Philofophe & fes difciples allèguent pour prouver l'exiftence des êtres fimples, leurs attributs, leur force, leurs perceptions , & par le principe des indifcernables , leur diverfité dans la même étendue , compofée de ces êtres fimples , ou monades , qui comme autant de points mathématiques , ne peuvent être faifis que par l'imagination , de forte qu'on pourroit les appeller à jufte titre , points métaphyfiques : mon intention eft encore moins de décider quelque chofe fur des abftraftions , où mon efprit fe perd. Ne pourroit-on pas imaginer auffi des êtres fimples matériels non étendus , dont l'affemblage pût former des parties corporelles , & fervir ainfi à la compofition des corps ? Il me femble que la chofe feroit plus facile à comprendre que les êtres fimples & immatériels de M. de Leibniti. Mais les nôtres auroient le malheur d'être deftitués des forces , de la perception , de l'aftivité qui dirige le mou- vement du corps , & que ce Pliilofophe attribue à fes monades. Quoiqu'il en foit , il me fuffira d'ajouter que M. de Leihnit^ regarde fes monades comme 'les premiers principes d'où les quati-e élemens tirent leur origine. Mais, comme je me propofe uniquement d'examiner les élemens communs qui frappent les fens , j'abandonne de bon cœur les autres aux profondes recherches des Métaphyficiens. Nous avons examiné jufqu'à préfent les opinions & les dogmes des plus célèbres Philofophes , tant anciens que modernes , fur la nature des élemens , c'eft-à-dire , des principes matériels qui entrent dans la com- pofition de tous les corps. Pour être en état de décider entre des opinions fi différentes , il faut de toute néceffité avoir recours aux expériences , qui font , pour ainfi-dire , la pierre de touche pour difcerner ce qui eft de bon aloi , en matière de Phyfique. Tout le monde fait que la terre , l'eau , l'air & le feu font reconnus pour les quatre élemens de notre globe. On fuppofe qu'ils entrent dans la DES SCIENCES DE BERLIN. ro; compofition de tous les corps , & que les corps venant à être détruits -— » fe réfolvent auffi en ces quatre principes j de forte qu'ils font regardés ToM. U. comme immuables , chacun dans fon genre. Quand on les définit on -^ ^' '^ ^ ^ alïùre que chacun de ces principes eft formé de parties fimplcs , ho'mo- <■ 7 4^* gènes , qui ne peuvent être altérées ni détruites , & que ces parties conllitutives d'un élément ne fauroient être changées en la nature d'un autre élément. Nous verrons dans la fuite , fi tout ce qu'on avance fur cet article elt fuffifamment conftaté par les expériences. La diftinâjon qu'on fait entre les élemens adifs &; palïifs , ne vaut peut-être pas mieux. On met au nombre des derniers la terre & l'eau , ou la terre toute feule ; mais à mon avis , il n'y a que le feu qui mérite proprement le nom d'emélent aftif. Cette fubltance fi merveilleufe qu'on trouve dans tous les corps , 6c qui les environne de toutes parts , n'y réfidc que d'une manière impercep- tible , à moins que fes parties ne foient , pour ainlî dire , contraintes à fe mettre en mouvement. 11 ne faut donc pas être furpris que tant de célèbres Philolbphes de l'antiquité aient regardé le feu comme une chofe immatérielle , de laquelle les âmes , les efprits , & Dieu lui-même tiroient leur origine. Il n'y a , comme je viens de le dire , que le mouvement qui puilTé nous convaincre de la préfence du feu , qui fe manifefte alors par une aftivité furprenante. Les différens dégrés de force qui fe trouvent dans ce mouvement , nous font aufli fentir les diftérens dégrés de chaleur depuis celui qui réjouit toutes les créatures , jufqu'à celui qui réfout ou qui détruit tous les raixtes connus dans l'univers. Les expériences des Phyficiens modernes fur cet article , font fi convaincantes , qu'elles ne lailïènt aucun lieu au moindre doute. Il ne faut que réfléchir un moment fur les divers mouvemehs qui font pofïiblcs dans la nature , pour découvrir les furprenans effets que la préfence du feu eft capable de caufer. Tous les corps élaftiques étant remués , agités , ou frottés l'un contre l'autre , produifent la chaleur. Les cailloux , les verres , les métaux les plus durs , le bois & les végétaux les plus légers , aufli bien que les parties molles & les liquides des animaux , s'échauffent par le frottement , & donnent non-feulement de la chaleur, mais une chofe plus étonnante encore , je veux dire les étincelles de l'éle£tricité. La pierre à fufil frappée contre l'acier , en détache à l'infliant des étincelles. La même chofe arrive au fer qu'on bat à coups de marteau ; & quand ces coups font frappés également & avec beaucoup de force & de viteife , on voit ce métal s'échauffer fous la main de l'ouvrier jufqu'au point qu'il allume facilement le fouffre & la poudre à canon. Ceux qui font les ouvrages au tour , n'éprouvent auflî que trop fouvcnt que deux n*Ofceaux de bois frottés l'un contre l'autre , s'échauflént jufqu'i Oij io8 MEMOIRES DE VACADEMIE ROYALE =^^ -— s'enflammer , pourvu qu'on tourne avec un peu de rapidité. Ce qui i^/' ,.' furprend encore plus , c'efl que les globules de notre fang, qui échappent r' ^ ''^'^ P'"" ^^^^^ extrême petitelïè , font capables d'exciter dans le tlier- ' ' ■^ mometre de Fahrenheit , une chaleur qui pâlie 90 & quelques dégrés , & cela par le iîmple frottement qu'ils éprouvent contre les parois élafliques des artères. Quoique l'air foit un corps invifîble & extrêmement délié , dont les parties ne peuvent avoir enfemble qu'une foible cohélion , il ne laiifè pas cependant de communiquer un certain degré de chaleur au boulet d'un canon ; ce boulet trouvant de la réiîftance dans l'air qu'il traverfe, & foufFrant une efpèce de frottement , s'échauffe d'une manière qui eft encore fenlible lorfque Ton mouvement a ceflè. Perfonne n'ignore que les rayons du foleil étant mis en mouvement par l'aétion de cet aftre , produifent la chaleur ^ mais on eft bien plus îurpris encore de voir ces mêmes rayons faire un effet incomparablement plus grand que tous les fourneaux artificiels dont on fe fert pour augmenter l'aftivité du feu. Il fuffit pour cela de les détourner de leurs lignes parallèles à la circonférence de quelques pieds , & de les rafïèmbler dans un foyer de quelques lignes au moyen d'un miroir ardent. Ce que je viens de dire prouve fuffifamment que le feu fe trouve répandu par-tout ; mais qu'il demeure fans action , à moins qu'il ne foit excité & mis en jeu par le mouvement. Je palîèrois de beaucoup les bornes où je dois me renfermer, fi je voulois m'engager ici à rechercher fi ce feu dormant & fans aftivité , qui fe trouve répandu dans tous les corps , eft la même chofe que cette matière fubtile à laquelle les Philofophes donnent le nom d'étlier , ou bien fi c'eft ce feu émané du foleil , qui darde continuellement fes rayons dans tous les interftices des corps. Je m'éloignerois aufli de mon objet en faifant mention de toutes les propriétés de cet élément , des différens dégrés de lumière & de chaleur qu'il produit , de la petitefïè incompré- henfîble de fes parties , de la force extraordinaire qui réfulte du produit de fa maffe & de fa vîteflè , des divers alimens dont il a befoin pour s'enflammer , & de plufieurs autres chofes que tant d'habiles Phyficiens de notre fiécle ont démontrées à l'aide des expériences. Je me propofe uniquement d'examiner , en paffant , la nature & l'origine de cette matière ignée , qui étant mife en mouvement , excite & entretient la chaleur dans tous les corps. On s'eft convaincu par l'analyfe des différentes fubftances qui font à notre portée , que la matière dont il s'agit , eft la caufe de l'accroifïé- ment , de la cohéfion , de la folidité & de la figure de tous les corps qui forment ce que nous appelions les trois régnes de la nature. Auffitôt DES SCIENCES DE BERLIN. ' 109 qu'elle eft mife en mouvement , elle échauffe ces corps , & le piouvement " venant à augmenter , elle les difpofe à étinceler & à s'allumer. Un nouveau ■' °^'- ^^• degré de mouvement fait éclater la flamme , qui à moins qu'on ne ^ ^ ^ ^ ^ l'arrête, va toujours en augmentant jufqu'à l'entière dellrudtion du ^74^. compofé ; la matière qui refte enfuite n'cll: plus fufceptible de feu encore moins de riamme. Les Phyficiens modernes , & fur-tout ceux qui s'appliquent à la chimie , donnent pour cette raifon le nom de pldogijlique à la matière inflammable qui fc trouve dans les corps. On ne la découvre prefque jamais dans fa iimplicitc & dans fa pureté naturelle : au contraire on la trouve toujours différemment enveloppée dans les trois fortes de corps qui compofcnt les régnes de la nature ; elle reçoit dans' chacun des modifications & des formes différentes , félon la diverfité des matières auxquelles elle s'unit. Dans les minéraux , cette matière inflammable s'unit avec l'acide & avec une terre fort déliée , fous le nom de fouffre. Les végétaux la tiennent cachée dans une matière terreflre mêlée d'une liqueur acide , entremêlée aufli de l'eau commune , qui leur fert de véhicule. Le feu en fépare la matière mflammable fous le nom d'huile , de réfine , de gomme , ôcc. Les corps des animaux n'ont pas moins de ce phlogiftique , comme on le voit dans la graillé , où cette matière huileufe & inflammable eft mêlée d'eau & de fel volatil , &c. Quand elle efl: furchargée d'eau , elle s'en échappe bien plus vite & plus promptement que lorfqu'elle ne nage dans aucun liquide , témoin ce qui arrive au bois ; car c'eft uniquement par le moyen de cette eau , qui fouffre une prompte & violente raréfaction, qu'elle produit la flamme. Le contraire arrive quand elle fe trouve embarraflèe dans une terre fubtile qui femble la fuffoquer ; elle ne fait alors qu'étinceler , comme on le voit dans les charbons fecs & dans la fuye de ramoneur , où ce phlogiftique fe trouve fixé dans fa propre terre par l'acide des végétaux. Si cette matière inflammable paroît extrêmement volatile dans la plupart des corps , elle a cependant une qualité toute oppofée dans les deux métaux parfaits , favoir , l'or & l'argent ; la matière ignée y eft unie fi étroitement à la terre métallique , qui eft la plus pure de toutes , que l'aftivité du fourneau le plus ardent n'eft pas capable de la détacher, ni de la diffiper , & c'eft ce qui fait le prix de ces deux précieux métaux. Dans les autres , l'union n'eft pas , à beaucoup près , auffi parfaite ; la matière inflammable , excitée par le feu d'un fourneau , fe met en mouvement , dk à mefure que la chaleur augmente elle s'en va en fumée , abandonnant le corps auquel elle étoit unie , & dont il ne refte plus que les cendres métalliques , dans lefquelJes on ne reconnoît plus le métal qu'elles coalUtuoient auparavant. iio MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROVALE j—— — = jyjais c'eft précifément par cette defbuâion qu'on a découvert que ToM. U. ^g phlogifti^ue , cette fubilance inflammable , ou matière ignée , eli ^ N N É £■ ^Q^Jjo^^I■s la même dans la nature , ik qu'elle ne ditfére uniquement que par i 7 4^' rapport aux diftércnres fortes d'enveloppes qui la rendent plus ou moins fenlible , mais qui ne changent nullement fon eflènce ; car auffi - tôt qu'on ajoute aux cendres métalliques dont je viens de parler , la matière inflammable , en les mêlant , par exemple , avec de la poix , de la cire de la fuye , de l'huile , des charbons piles , & autres chofes inflammables , qui fe tirent des végétaux , ou avec de la graiffe ou du fuif &c. pris de quelques animaux , les cendres embraffent d'abord la matière inflammable qui s'y trouve , & fe lient avec elle fi étroitement , qu'au moyen d'un feu de fourneau , il en réllilte une nouvelle union , qui fait reparoitre fous fa première forme le métal dont elles avoient été tirées. Cette reftitution li furprenante nous montre encore que c'eft cette matière inflammable ( qu'on peut appellcr à jufle titre k j'cu élementain univerfd , ) qui donne aux métaux leur forme & leur éclat. Elle les rend propres à être fondus & étendus fous le marteau , & leur donne les difFérens dégrés de perfeélion (k de beauté qui les diflinguent. En un mot c'eft elle uniquement qui rend les métaux propres & utiles au grand nombre d'ufages que nous en tirons. Ce feroit peut-être trop hazarder , que d'ajouter encore que fi l'orga- nifation des végétaux &. des animaux ne mettoit obftacle aux expériences , on pourroit peut-être les rétablir de la même manière que les minéraux dans l'état où ils étoient avant leur deftruétion. Si la palingenelîe peut être expliquée par des raifons naturelles , j'ai du penchant à croire qu'on la trouveroit dans la dépuration parfaite de ce principe aifif , & dans fa jufte combinaifon avec les cendres purifiées du corps végétal ou animal. ., , , •„• Il arrive néanmoins une efpèce de reftitution de cette matière phlogiltiqiie dans les cendres des végétaux , par la produifion d'un nouveau corps. On voit dans la déflagration des plantes , que l'acide , qui s'y trouve toujours , diffout quelques parties de la matière terreftre , & y enveloppe la matière inflammable fous la forme d'un fel alcalin , qui étant rendu aux cendres par la fufion , produit un corps nouveau & tranfparent , connu fous le nom de verre ou de criftal. Cette nouvelle produAion d'un corps, quieft en quelque façon indeftruûible , quoiqu'il foit tiré des végétaux , mérite affurément toute l'attention des Phyficiens , à caufe de la matière ignée qu'il contient. En frottant ce corps , on y fait naître de la chaleur , laquelle étant augmentée par dégrés , nous préfente les fiirprenans effets de l'éleftricité , qui, depuis quelque-tems , donne de l'exercice aux Philo- fophes & de l'étonnement à tout l'univers. DES SCIENCES DE BERLIN. m Les autres fcls connus , tant ceux qui exiltent naturellement , que ceux ' qui font une production de l'art , contiennent aufli une portion de cette J °^\ J' même matière élémentaire , active & igaée. C'cii: la matière inflammable , ^ -'•' ^ B qu'ils tiennent pour ainli dire cachée, qui leur donne la force avec laquelle ' 7 4 "• ils agillént. On le voit dans le falpètrc , qui en a plus que les autres fcls , comme la chofe paroît aflez par fa déflagration fubite. Les phofphores &les pyrophores, dont nous fommcs redevables aux Chimiites du dernier fiéclc , ne produifent des eflFets qui furprennent , qu'au moyen de ce principe inflammable, qui fc trouve enveloppé d'une matière faline formée du mélange de l'acide avec une terre extrêmement fubtile. La fermentation eft une autre production de l'art , dont la matière inflammable eft encore le premier mobile. Ce principe étant aidé au-dchors par une chaleur modique , & au-dedans par la vertu élaflique de l'air , met infenfiblement en jeu l'eau & l'acide , auxquels il fe trouve uni dans la liqueur des végétaux. Cette agitation raflèmblant les parties les plus puriHées , produit une liqueur fpiritueufe , telle qu'eft le vin & les autres efprits de cette forte. Si vous ôtez à ces liqueurs , par la diflillation , l'eau dont elles font furchargées , la matière inflammable y paroît dans l'état le plus pur , s'allumant à la première communication de la flamme , & allant fe perdre dans l'air, comme dans le magafin univerfel de la matière ignée. Ce même phlogiftique eft encore le premier principe de la putréfaftion dans les animaux. Elle eft produite , à-peu-près , comme la fermentation , par le mouvement qu'il excite intérieurement dans le corps animal , dont les différentes panies fourniflent un efprit & un fel ^volatils , ex- trêmement défagréables à l'odorat , avant leur dépuration. Toutes ces matières mifes en mouvement , détruifent par leur aftion la liaifon intime qui rcgnoit auparavant entre toutes les panies de l'animal. Avant que de pailèr à de nouvelles réflexions fur cette matière ignée , qui , lorfqu'un corps eft détruit par la déflagration , ou par la putréfaftion , s'échappe & fe met en liberté , il ne fera pas inutile d'avertir en paflànt , qu'on la communique aux autres corps par le moyen d'un feu extérieur , que nous tirons ordinairement des végétaux , comme en étant les plus fufceptibles. La matière inflammable pénétrant alors dans les interftices des corps, & fe joignant à celle qui s'y trouve déjà, les étend & en augmente le volume , comme on le voit dans les expériences du pyrométre ; mais quand les parties ignées entrent dans un copp% en affez grande quantité pour empêcher , ou pour diminuer les points de contad c^ui en lient toutes les parties , alors un tel corps fe fepare , & fe met en fufion , comme on le voit dans tous les fujets où cette in^tière prédoniine. Enfin , fi vous augmentez encore le feu extérieur» 112 MÉMOIRES DE UACADEMIE ROYALE ~^ '■ tout le phlogiftique fe dilïîpera & s'envolera dans l'air , à l'exception i ou. il. ppyj.,.3„j Je celui des deux métaux parfaits , qui , par les raifons que /ï N N E £ .,^. gjjggy^es , ne font point fujets à cette altération. 1740. j^^ matière inflammable étant donc dégagée en plufieurs façons des im- puretés qu'elle pouvoit avoir contraûées dans les corps qu'elle concouroit à former auparavant , n'cft après cela autre chofe que le feu élémentaire , élément aftif dans la nature , rendu à fa première lîmplicité , & à fa primitive nobleffè. Tous les phénomènes qu'on y remarque , étant par- faitement femblables à ceux que préfentent les rayons du foleil , pourquoi ne regarderoit-on pas ce feu élémentaire comme la production d'un aftre qui eit la fource de la lumière & de la chaleur ? Quoiqu'il en foit , je ne prétens pas décider ici , fi cet élément exifte par lui-même autour de notre globe , étant feulement mis en mouvement par l'aâion du foleil , ou s'il émane fucceffivement de cet aftre. Il me fufEt qu'on ne puiflè pas douter que le feu élémentaire ne reçoive fon mouvement du foleil , pour fervir à la production & à l'accroiffement de tous les corps. Suppofons à préfent , comme un fait avéré , que toute notre atmofphère foit remplie de ce feu élémentaire , par la deftruâion continuelle des corps , foit qu'elle fe faflè par la voie de la déflagration , par celle de la putrefadion , ou même par la tranfpiration & les exhalaifons des corps vivans 5 c'eft toujours l'aition du foleil qui le met en mouvement , à proportion du degré de diflance , ou de proximité où il fe trouve. Le premier phénomène remarquable que ce mouvement produit , c'eft de mettre l'eau commune, cet élément liquide qui fert à l'accroiffement & à la confervation de tous les corps , dans l'état où nous la voyons ordinairement. En effet , fi la chaleur excitée par le mouvement de la matière ignée , demeure au - deflbus de 30 à 32 dégrés du thermomètre de Fahrenheit , l'eau n'efl: plus qu'un corps tranfparenî , cryflallin , dur , &c. qui n'a point de fluidité , 6i qui n'eft propre en aucune manière à l'ufage univerfel que l'on tire de cet élément humide. L'eau commune pour être liquide , Si pour demeurer dans cet état , a donc befoin d'une certaine quantité de parties du feu élémentaire , & d'un certain degré de chaleur , qui la rende fluide , & propre à humefter ^ d'où il refulte que l'eau commune efl: dans un état de fufîon. Tout corps fufible étant rendu liquide par la chaleur , fes parties propres font dans un mouvement continuel , aufl; bien que celles du feu qui le fond , pendant tout le tems que la fufion fubfîfte. L'expérience nous montre encore , qu'auffi long-tems que la fufion dure, il fe diflRpe toujours par cette aûion quelques parties de la mailè du corps fondu , qui font feparées & exaltées dans l'air par le mouvement & la chaleur de la matière inflammable. L'eau commune fubit donc la même loi que tous les autres corps en fufion : TOM. II. DES SCIENCES DE BERLIN.* nj fufion ; il faut donc par conféquent regarder cet élément comme un corps afliicllcment fondu , & mêlé de parties ignées , dont les molécules t "''"' V' ks plus fubtiles font dans une agitation perpétuelle , auiïi long-tems qu'elle '^ ^ é' demeure dans cet état de fluidité , ou de fufion. ^7 4^. Cette obfervation , quelque fimple qu'elle foit , nous découvre la raifon de pUifieurs phénomènes que l'on remarque dans l'eau , auffi bien que dans l'air. La diffipation continuelle que l'eau fouffre quand elle eft expofée à l'air , nous indique naturellement la pétiteflc & la divifibilité de fes parties. Nous les voyons s'évaporer dans l'air, fe mêler avec l'air , y demeurer fufpendues ^ il faut donc qu'elles deviennent au-delà de 900 fois plus petites & plus légères qu'elles n'étoient fous leur première forme , puifqu'il eft certain qu'un pouce cubique d'eau efl à-peu-près 900 fois plus pefant qu'un pareil volume d'air. Au refte , ce n'eft point l'air auquel l'eau eft expofée , qui caufe l'évaporation & l'exaltation infenfible de fes parties \ l'expérience fuivante m'a convaincu du contraire. J'ai pris de l'eau nouvellement diftillée , & après l'avoir encore épurée fous la cloche d'une pompe pneumatique, j'en ai rempli une petite phiole à long cou que j'avois fait couper hori- fontalcment , j'y ai applic[ué enfuite un morceau de papier bien uni qui bouchoit la phiole , & qui touchoit toute la furface de l'eau , dont la phiole étoit remplie jufqu'au cou : après cela je renverfai la phiole en foutenant le papier d'un doigt , & je l'enfonçai par le cou dans un pot à thé que j'avois rempli d'une eau purifiée de la même manière que la précédente. Je mis alors le pot à thé fur le feu , après avoir retiré le papier du fond de l'eau. Aufti-tàt qu'elle eut commencé à bouillir , je vis de petites veffies qui montoient le long du cou de la phiole. Arrivant fucceffi- vement au - haut de la boule , elles s'échappoient enfuite au travers des pores du verre , de la même manière que les rayons de lumière y font tranfmis. Je reconnus par-là , que ces petites ampoules étoient les parties ignées qui donnent la chaleur à l'eau , & qui dans cette occalîon ne pouvoient emporter avec elles aucune partie de la fubftance de l'eau , parce que la folidité du verre y mettoit obftacle. La force qu'ont ces parties ignées de diffiper & d'emporter celles de l'eau , dépend de leur quantité. Prenez de l'eau diftillée , & au moyen d'une plume taillée en cure-dent, faites en tomber une goutte fur un morceau de verre plat & poli ; fi vous la placés dans un degré de chaleur de 40 , indiqué par le thermomètre de Fahrenheit , c'efl-à-dire , à dix dégrés do chaleur , { parce qu'il faut en fouftraire trente , dont la glace a bcfoin pour fe fondre & fe convertir en eau ) cette goutte s'exhalera infcnlîblcment , & fera toute évaporée dans l'air , dans l'efpace d'environ cinq heures ou 300 minutes. \JnQ autre goutte d'égale grollèur. 114 •MÉMOIRES DE VACADEMIE ROFALE • Sl placée au 50 degré, fuivant la graduation du même thermomètre j ToM. IL c'eft-à-dire , à 20 dégrés de chaleur , s'eft évaporée dans le terme d'environ Année ^^^ minutes. La chaleur étant encore augmentée de 10 dégrés , la ï 74*5'. cQutte a difparu dans l'efpace de 90 à 100 minutes. Enfin, lorfque je poulTai la chaleur jufqu'au 50 degré , ou au 80 du thermomètre , l'exhalaifon fe fit en zo minutes. Ainfi les dégrés de chaleur requis pour diifiper l'eau , font à-peu-près en raifon inverfe du tems ; il faut remarquer feulement que cette fupputation a varié , comme la chofe étoit inévitable ,■ félon que le tems étoit fec ou humide. J'ai obfervé encore que la chaleur pouflée au-delà de 100 dégrés, ne caufe plus cette évaporation des parties fubtiles de l'eau 5 au contraire , j'ai vu alors toute la fubftance de l'eau s'élever , ce qui efl; fur-tout arrivé lorfque la chaleur approchoit du 212 degré , qui ell celui de l'eau bouillante. Pour m'aliùrer davantage de la véritable caufe de cette évaporation , j'ai fait évaporer de femblables gouttes d'eau dans le vuide , c'efl-à-dire , fous la cloche d'une pompe pneumatique , & à quelques minutes près , je les ai vu difparoître dans le même efpace de tems qu'en plein air. J'ai encore fait préparer un inftrument , au moyen duquel je pouvois introduire fous la cloche vuidée de tout air , les eshalaifons d'une eau que i'avois fait chauffer à tel degré qu'il m'avoit plu. Je remarquai alors , que quand la chaleur que je lui avois communiqué , n'alloit pas beaucoup au-delà de 100 dégrés, l'eau non-feulement fe diffipoit fans qu'il s'attachât aucune vapeur aqueufe aux parois intérieures de la cloche , mais j'ob- fervois encore que ces exhalaifons remplaçoient fous la cloche l'air élaftique que j'en avois auparavant tiré ,du mieux qu'il m'avoit été poflîble, & je juftifiai cette obfervation par le baromètre , qui étoit attaché à la pompe pneumatique. Cette expérience me conduifit naturellement à une nouvelle conjeâure , favoir , que la matière inflammable étant mife en mouvement , les parties ignées , qui caufent la chaleur , s'introduifant dans la fubftance de l'eau , étoient capables d'en divifer & d'en féparer les dernières & plus petites molécules au point , que s'il eft vrai , par exemple , que leur diamètre devienne feulement dix fois plus grand qu'auparavant , & qu'on fuppofe que la partie ignée , attachée à cette molécule , en faflè une petite ampoule , ou veffie , comme M. Mufchenbroech le foupçonne , & comme M. Kraiicnlhin a enti'epris de le prouver par plufîeurs expériences , le volume de cette molécule d'eau fera alors comme le cube de fon diamètre , c'eft-à-dire , mille fois plus grand , & par conféquent d'une moindre pèfanteur fpécifique que l'air , qui efl: à l'eau comme 900 à i , plus ou moins. 11 paroît donc que le feu peut ôter à l'eau cette réfiftance invincible , DES SCIENCES DE BERLIN. nj en vertu de laquelle elle fe refufe à toute comprcffion : il paroit de plus que par le moyen de la chaleur l'eau peut être convertie en air. Les expériences que M. HaUs rapporte dans fa Statique des végétaux , & celles que M. Mufchenbrocck a faites confirment cette conjeôure , car toutes ces expériences tendent & fe réunifient à montrer que l'aâion de la chaleur excitée par des matières fermentantes ou fermentables ou par le combat de l'acide avec l'alcali , peut exalter & féparer les plus petites parties de l'eau , lefquelles par l'attraétion , ou par la cohélion , naturelles à tous les corps , fe dilatent & acquièrent alors vraifemblablcment une figure fphérique & concave par l'extenfion que le feu caufe dans ces molécules élaftiques , incomparablement plus petites alors que les partiel de l'eau ^ 6c c'elt , félon les apparences , de cette manière , que l'eau , quoique dellituée de toute élaliicité , peut cependant être changée en air élaitique. Les bornes que je dois me prefcrire ne me permettent pas de rapporter quelques autres expériences que j'ai faites fur le même fujet ; je les referve pour une autre occafion , & je me contente d'en indiquer ici une feule. Le feu arrêté & renfermé dans un alcali liquide , étant placé dans le vuide de la machine pneumatique , & enfuite mis en liberté par le moyen de quelque acide , comme, par exemple , l'huile de vitriol , qui dilTîbut la terre alcaline , ce feu , dis-je , par l'effervefcence qu'il caufe, change dans un inftant, l'humidité aqueufe en air élaftique; de forte qu'environ un pouce cubique d'eau , qui étoit joint à l'alcali , eft capable de détacher un récipient vuidé par la pompe , qui contient huit à neuf cens pouces cubiques d'air; ik il refle alors un fel moyen , dont la forme eft àpeu-près feclie , cryftalline & tranfparente , de la nature d'un tartre vitriolé. Après avoir ainfi reconnu que l'eau peut être convertie en air , j'ai cru devoir réfléchir enfuite fur les autres changemens dont elle pouvoit être fufceptible. Je me fouvenois d'avoir Iii dans un ouvrage de ?vl. Boyle , qui a pour titre : Chymijla Scepticui , que l'eau peut être convertie en terre. Cet Auteur le prouve par l'expérience fuivante : il prit une branche de faule qu'il planta dans un vailïèau remph de terre , qu'il avoit auparavant fechée & pefée. Au bout de cinq ans , il trouva que le faule pefoit 169 livres , quoique la terre n'eût pas perdu deux onces de fon poids. Pour me convaincre encore mieux de la même vérité , je fis une autre expé- rience ; je mis une graine de citrouille dans un vailïèau plein de terre , que j'avois fait fecher pendant 24 heures à une chaleur modique. La terre péfoit alors i 5 livres i o onces. Après l'avoir arrof.-e , je plaçai le vaiiTêau dans un endroit où il étoit peu expofé au vent & au foleil , & on arrofoit la plante quand elle en avoit befoin. A la fin de l'automne P ij ïi6 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROVALE ■ ^^ je recueillis deux citi-ouilles qui péfoient avec le jet & les feuilles 23- J OM. il. jjyjpgj ^ onces & demi. Je les fis eni'uite couper menu , je les déchargeai de /l ti N K E ^Qyjg ]^uniidité par le moyen du feu , & après une parfaite calcination j'en 1 74&» y^^j j onces 2 gros & 22 grains d'une cendre ou terre £xe. La terre da vaiflèau ayant été fechée de la même manière qu'auparavant , péfa encore 3 5 livres 9 onces ôi demi. Selon les apparences la demi once qui manquoit, avoit été emportée par le vent. Je trouvai donc une augmentation de terre qui montoit à $ onces & un quart. Pour m'aftranchir enfuite d'un doute qui m'étoit venu dans l'efprit , favoir , que l'eau dont on s'étoit fervi pour arrofer , pouvoir avoir entraîné quelque fable , ou qu'elle contenoit peut-être quelques parties terreftres qui avoient pu s'y dWoudre & s'introduire dans les racines de la plante ; je relblus de m'en éclaircir par une autre expérience. Je choilis pour cela deux oignons d'hyacinthe du même poids , ils pélbient chacun deux onces un gros & quelques grains j je plaçai l'un fur une de ces phioles de verre que l'on fait tout exprès pour faire pouflèr ces oignons dans la chambre pendant l'hiver 5 rnais au lieu de l'eau commune , dont on fe fert dans cette occafîon , je remplis la phiole d'une eau diflillée au bain marie , & j'avois foin de la tenir toujours pleine d'une eau pareillement diflillée , à mefure qu'elle s'exhaloit. Après que l'oignon eut poulïé des racines & des fleurs en abondance , je le brûlai ; j'en fis autant de l'autre , & je trouvai , après les avoir calcinés féparement tous deux , que la terre de celui qui avoit pouffe fur la phiole , péfoit fept à huit grains de plus que celle de l'autre , que j'avois confervée dans une boëte. Ces expériences me firent naître la penfée , que l'eau qui entre dans ks petits canaujc d'une plante , comme dans autant de tuyaux capillaires , étant pouflèe par l'adfion de la matière ignée , fouftroit , félon toutes les apparences , une efpèce de frottement , qui la changeoit peu-à-peu en corps folide , ou en terre. Pour m'éclaircir encore plus fur ce phénomène , je pris environ une dragme d'eau diflillée , je la mis dans un mortier de verre , à fond uni , d'une égale feftion ; je la frottai avec un pilon , qui étoit aufïi de verre , & d'une convexité proportionnée à la concavité du mortier. Au bout de quelques minutes , je remarquai que l'eau changeoit de couleur , & devenoit blanchâtre. Je continuai toujours de la frotter pendant 20 ou 30 minutes , après quoi elle s'épaifïit & fe convertit , en partie , en une terre extrêmement fine & déliée , pendant que l'autre partie s'évaporoit naturellement par la trituration. La chofe devoit arriver ainfi , par les raifons cpje j'ai alléguées il n'y a qu'un moment. J'ai, fait la même expérience avec de l'eau de fontaine , de pluye , de neige,, ayeç dç la rofée & d.e la glace fondue , & toujours avec le même fuccès.. DES SCIENCES DE BERLIN. 117 Cette terre vierge que l'on tire de l'eau & qui relîfte à toute l'adivité du feu , fans qu'il s'en diflipe la moindre partie , méritcroit bien d'être J °^^' ^^' examinée plus au long , mais le tems ne me permet pas de le faire ^ ^ ^ '^ ^ préléntement. ' 7 4 o*- Le changement manifefte que l'eau fouffre dans l'accroifTemcnt des végétaux , doit augmenter naturellement le volume de notre globe , dans- les endroits fertiles & cultivés, l'eut-étre que cette remarque peut iervir à rendre raifon , au moins en partie , c'e l'inégalité de la terre , qui s'éloigne en plufieurs endroits , de la figure fphérique. C'eft un problème dont j'abandonne la folution à ceux qu'il regarde , & je finis en concluant de tout ce que )e viens de dire , que le feu eft fans contredit le foui élément aftif , comme l'eau paroit être le feu! élément paffif ; & en outre , que cette dernière fe change en air , lorfqu'clle elt volatilifée à lin certain point , par la chaleur ; & en terre , par ks frottemens qu'elle foufFre dans les corps qui tirent d'elle leur accroillemcnt. ARTICLE XX. Expofitlon anatomiquc de Voriginc ù de la formation du Ganglion, Par M. E L L E R. COmme l'anatomie, en nous dévoilant la ftruflure du corps humain , __ nous donne une jufle idée de fcs fondtions dans l'état de fanté i-Mp.iii.on elle nous découvre fou vent auffi les caufes cachées de beaucoup de maladies , r"r'gmé''& de qu'elle nous met enfuite à portée de combattre efficacement. la fomitioa Le Ganglion , cette petite tumeur dure qui arrive alïez fréquemment '''' 6*"ê'""'' aux tendons , fur-tout à ceux des mufcles extenfcurs des doigts , fur le dos de la main , efl un exemple bien convaincant de cttte vérité. Hippocrate * donne le nom de y«vv>"««»--' à cette tumeur; & Celfe , '^'t-Jf^r/ic -J- avec tous les Auteurs anciens & modernes , l'appelle G.uigiion. /Jf,'. ^'"^' '^"' Tous ceux qui en parlent , rangent le ganglion parmi les tumeurs ^Lih.^.caf.«^ tnhijtécs , ou qui font renfermées dans un petit fac , ou enveloppe men- braneufe , tels que les athéromes , les fiéatomcs , & le meliceris , c^ui contiennent tous une matière plus ou moins dépravée. Je pan'onne cette méprife aux anciens , comme ignorant pour la pJiipart !a iiructure ■ du corps humain ^ mais iJ eft étonnant que les modernes , qui ont pouffé les recherches anatomiques jufques dans les plus petits recoins de notre corps , donnent encore dans la même erreur. il y a déjà plufieurs années ^ue je commençai à révoquer ea doute. ii8 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROFALE === la do£trme des Auteurs fur la nature de la tumeur dont il s'agit ; l'extir- ToM. il. pation qu'un Chirurgien de la campagne entreprit fur un chaflèur , qui /î N N E E ^j.^j|. incommodé d'un ganglion allez gros au carpe , me détermina à faire i 7 4G. jgj recherches plus exaâes fur l'origine & fur la caufe de cette tumeur. Quoique le Chirurgien n'eût fait qu'une très-petite divifion à la peau , autant qu'il le falloit pour fendre la tumeur en haut , & feulement pour faire écouler la matière contenue dans le fac , ce dont il s'étoit afïèz bien acquitté , il s'enfuivit néanmoins deux jours après des accidens très-fa- cheux, qui firent beaucoup foufFrir le malade; car nonobftant les remèdes topiques les mieux indiqués en pareil cas , il furvint une enflure confidérable à la main , jointe à une fièvre inflammatoire , & à une conflriâion fpafmodique des tendons dans l'avant-bras , qui ne difconti- nuerent que le 10° jour après l'opération, & la cicatrice traîna beaucoup de femaines avant de fe fermer entièrement. Tous ces fymptômes me firent faire cette réflexion : puifque les tumeurs enkiftées ci-defïùs nommées , ne montrent aucun de ces fâcheux accidens , quand on les déracine par l'opération , avec les précautions requifes , il faut que les ganglions foient d'une autre nature , & que leur origine foit différente de colle des tumeurs enkiftées. Je trouvai dans la fuite l'occafion de diiTéquer , avec toute l'attention poflîble , un ganglion , dans une perfonne tout récemment décedée ; je répétai quelque tems après la même chofe une féconde fois , avec la même exaûitude , & je m'apperçus , après la féparation de la peau extérieure , que la tumeur fphérique , couverte d'une membrane affez forte , fe reti-ecilToit vers fa bafe & formoit une efpèce de col , qui tenoit affez fort à l'un des tendons des mufcles extenfeurs des doitgs. L'ayant ouvert , je trouvai une matière allez femblable à la gelée de corne de cerf , mais un peu plus épaifïè. En examinant la racine , je reneontrai les fibres du tendon dans leur état naturel , & nullement altérées par le fac ou par la matière qu'il contenoit. Je ne pus jamais découvrir la moindre marque de corruption dans cette matière ; elle étoit d'un mélange & d'une confifl;ance tout - à - fait uniformes , claire & tranfparente , fans odeur , & fans acrété au goût. Tout cela m'étonna d'autant plus , que je ne pouvois le concilier avec les fymptômes violens que je rencontrois de nouveau dans une autre perfonne à qui on avoit fait l'extirpation de •la même manière , & avec les mêmes précautions. Je tâchai de faire évaporer l'humidité de la matière contenue dans le ganglion , ce qui ne produifit autre chofe que ce qui arrive quand on expofe le blanc d'œitf à un pareil degré de chaleur. Toutes ces circonftances me déterminèrent à cliercher l'origine & la vériubie caufe de ces phénomènes dans la llruûure du tendon mèmej DES SCIENCES DE BERLIN. 119 où je trouvai une connexion fi étroite avec le ganglion ; mais fà flxuâure ==» & fa confîllrance naturelle n'étant nullement changées à l'endroit de la i°^'' cohélîon avec la tumeur , mon embarras lubfilioit toujours , jufqu'à ce ' ^ qu'il me fouvint d'avoir, trouvé conftamment dans la dilîettion des ^ ^ ^ ^' cadavres , une efpèce de gaine ou fourreau membraneux , dans lequel les tendons fe gliilént. Chaque fibre charnue dans le corps du mufcle eft enveloppée d'une membrane très-déliée , ou d'un tillù ccllukux extrêmement tin , lequel communique avec la tunique adipeufe , ou meinbranc cellulaire , qui fe rencontre par-tout au-delious de la peau & dans les infteritices des mufcles. Or , ce tilîù fin & délié , ayant abandonné les fibres miifculaires à l'endroit où le tendon commence, y compofe cet étiiit ou cette gaine,, qui n'abandonne jamais le tendon ^ elle a fon infertion ou attache à l'os , & fe perd dans les ligamens des articulations. Mais cette gaine feroit plus embarrallànte qu'utile aux tendons , fi elle n'étoit en même tems l'organe de fécrétion d'une humeur extrêmement douce ôc vifqueufe , qui enduit par-tout les fibres tendineufes , auffi bien que les parois , ou la furface intérieure de la gaine , ce qui les rend très-gliiîàns , & facilite infiniment le mouvement rapide du tendon. Il paroit que les anatomiltes en général , ont négligé la recherche de cette gaine , ou enveloppe du tendon , & qu'ils n'ont remarqué ni fon origine , ni fon ufage. Cette inadvertence elt précilément la caufe qu'on n'a pas pris garde non plus à la vraie formation du ganglion. Suppofons à préfent qu'un tendon fouftre quelque violence extérieure , comme coups, comprenions , extenfions forcées , des contufions ou de meurtriiîùres , des efforts en levant ou poullant quelque corps péfant, &c. de forte que la gaine fe déchire un peu, ou s'entrouvre par des violences pareilles, il s'enfuivra néceflàirement , que l'humeur que l'enveloppe du tendon fé- pare , & garde dans fa cavité , s'échappera infenfiblement par cette ouverture , &. que ne trouvant point d'efpace pour fe dérober , elle fera contrainte de fe nicher dans la tunique adipeufe de la peau , & d'en étendre la cellule la plus voifine. A mefure que la colledion de cette liqueur augmente , avec le tems les vélicules les plus proches s'effacent , & forment par une efpèce de cicatrice , ou concrétion , une membrane affez forte , en forme de fac , qui renferme l'humeur vifqueufe échappée par l'ouverture de la gaine du tendon ^ cette liqueur venant à s'épaiflîr par la diffpation de fa panie la plus fubtile, forme enfin une matière dure & compaéte , telle que je l'ai rencontrée dans la dilTèftion de plufieurs ganglions. Si la force de la lézion externe n'eft pas aflez grande , pour que la gaine s'ouvre entièrement , & qu'il refte quelques lamelles entières de 120 MÉMOIRES DE UACADÈMIE ROYALE - ^^j~ la membrane qui la compofe , cet endroit , comme le plus foible , loM. IL ^^jj. j.^,jg,. ^ 1^ preffion de la liqueur qui s'amaiïé, & former par coiiféquent -" ^ ^ un fac , ou une tuineur femblable à la précédente , qu'on pourroit nommer ' '^ anerrifme de la gaine du tendon. Cette théorie vraie de la formation du ganglion , fe confirme encore par la méthode dont on fe fert , plutôt pour faire difparoître pour quelque tems le ganglion , que pour le guérir radicalement. On frappe la tumeur avec un marteau , à coups réitérés , jufqu'à ce que l'enveloppe , ou le fac fe crève ; alors l'humeur épanchée s'infinue tout à l'entour dans les cellules de la tunique adipeufe ; & comme la caufc de l'accroiflèment de la tumeur fubfîfte encore , après cette opération , le ganglion fe forme de nouveau de la même manière que j'ai dit auparavant. Il parolt peut-être extraordinaire , & même paradoxe , que cette petite ouverture ne fe ferme pas bientôt , à l'imitation des autres folutions de continuité ; mais la difficulté de la réunion fe montre d'abord , lorfqu'on confidére que les mufcles & tendons de la main , où eft le fiége des ganglions , font prefque dans une aâion continuelle , ce qui empêche conftamment la confolidation , fur-tout dans les membranes , & dans les autres parties de notre corps , dont les vaiffeaux ne charrient pas un fang rouge. Les accidens fâcheux que j'ai vu arriver deux jours après l'extirpation de ces tumeurs , ne doivent point furprendre , quand on fait réflexion £ur la fenfîbilité & la délicateffe des tendons. Le pus ou la matière qui fe forme peu de jours après l'opération dans la playe , ne peut que produire par fon piccottement , des conltriaions fpafinodiques dans les parties nerveufes , & par conféquent une comprefTion des valiFeaux fanguins , un empêchement dans la circulation du fang ; ce qui attire Tenflure , l'inflammation , la fièvre & tout ce qui en dépend. Cette expofition de l'origine & de la formation du ganglion , nous explique auflî la nature &. l'exiftence d'un autre accident , qui arrive fouvent aux tendons des mufcles fléchiflèurs des doigts dans la paume de la main , nommé Crl/patura tendinis , ou entortillement du tendon. Ce fymptôme arrivfe après des efforts très-violens , qui caufent une inflammation au tendon & à fa gaine ; par cette inflammation , la fécrétion de la liqueur vifqueufe efl: interrompue , & celle qui exifle aduellement delTechée, d'où s'enfuit une concrétion du tendon avec fa gaine , fon accourcilïëment & fa dureté. Notre théorie donne encore la raifon de ce qui arrive aux tendons des extrémités , après de fréquens accès de goutte. La matière gout- teufe dépofée fur ces endroits, y caufe au commencement, une fécrétion plus copieufe des humeyi-s , dans les gaines des tendons , & puis la chaleur DES SCIENCES DE BERLIN. tu de l'inflammation les defTeche , ce qui à la longue forme des nœuds , ou la „ goutte nouée. La matière dure & feche que j'y ai trouvée , eft entièrement J "'^' fcmblable à cette liqueur vifqueufe du ganglion deilcchée au feu , ou au '^' ^ ^ blanc d'œuf durci par la chaleur. '7 4 6". ARTICLE XXL Iom.III. A N N È E Mémoire fur la manière de JiJfouJre l'étain dans les acides des végétaux y 1747. & fur Varfcnic qui s'y trouve encore caché , avec Us expériences qui fervent de preuves. Par M. M A R G R A F. Traduit du Latin, I. L' Ntre les divers métaux que les hommes employent à leur ufage , XZ^rétain a toujours été regardé comme le moins nuifible. C'eft ce que prouve la quantité d'uflenciles qu'on en fait , tant pour manger que pour boire , comme plats , affiettes , cruches , gobelets , caffetières , pots à thé. On peut tirer la même conféquence de la coutume d'étamer les vailïêaux de cuivre & de fer ; enfin les chimilles ont plufieurs inftrumens dellinés à la diliillation & à la coâion , qui font d'étain. II. Ce qui a généralement engagé à fe former une telle idée de ce métal , n'eft autre chofe , à ce que je crois , que l'opinion où l'on efl que les acides des végétaux ont beaucoup de peine à le ronger. Car quoique le fçavant profefïèur, M. Schult^, dans fa dilTèrtation de morte in olla , imprimée à Altorff" , n'ait pu nier la folubilité de l'étain , & qu'il ait même , à caufe de cela , déconfeillé l'ufage des vaiflëaux de ce métal , il n'a pourtant en vue que les efpèces d'étain qui font mêlées de plomb , ou d'autres métaux , & nullement l'étain pur , comme on peut s'en convaincre en jettant les yeux fur les § XXVI. & XL. de fa dilTèrtation. lU. Par rapport aux corps métalliques qu'on mêle ordinairement en Allemagne avec l'étain , le plus ordinaire eft le plomb , dont les uns mettent une hvre fur fix , les autres fur dix livres d'étain pur ; & cette malïè étant réduite en fufîon , on en fait divers uftencilcs. Ce mixte porte en allemand le nom de prohc-jinn ; l'étain pur fouftre par ce moyen une grande altération , parce que le plomb qu'on y mêle le rend beaucoup plus facile à être rongé par les acides que l'on garde dans des vafes d'étain , & cela rend l'ufage de ce métal plus dangereux. Je n'entrerai point ici dans le détail des autres compolitions de ce genre, où l'on fait entrer le cuivre. 122 MÉMOIRES DE UACADÈMIE ROYALE ■ jTj^ le léton , le régule d'antimoine , ou le bifmuth , & même , le plus lOM. lu, (Jaiigereux de tous , l'arfenic , ou en nature , ou mêlé déjà fuivant diverfes proportions avec les autres corps métalliques luidits. 11 n'y a qu'à lire la ^7 47' deiïiis la dilTertation que j'ai citée , & les leçons de M. Neumann. IV. Je ne dirai rien non plus de toutes les autres efpèces d'étain altéré , & mêlé avec d'autres corps métalliques , & je m'en tiendrai uniquement à mon but -^ c'efi; de faire voir que l'étain même , le plus pur & le plus tin qu'on nous apporte des fonderies, i". peut être rongé & diffous par les acides des végétaux ; z". que dans ce même étain très-pur & très-fin, il refte encore une quantité confidérable d'arfenic. V. Il n'y a perfonne qui ne fâche ce que c'eft que l'étain ; il feroit donc fuperflu d'en donner ici une defcription étendue. Ainfî je me bornerai à dire que par les mots d'étain pur & fin , j'entends l'étain auquel on n'a joint aucun métal , 6c tel qu'on le tire de fa mine , après l'avoir feulement fait fondre feul & fans addition , en l'approchant des charbons ardens. Il y a trois efpèces principales , connues & employées , de cet étain , fçavoir. 1°. L'étain des Indes Orientales , dit de Malac , qui pafTe pour le meilleur. 2°. L'étain d'Angleterre , Et 3°. L'étain de Saxe , ou de Bohême. VI. Les acides des végétaux rongent & diiïblvent toutes ces efpèces » PrxUcl. d'étain , quoique M. Neumann l'ait formellement nié * M. le Profefléur ciym.p.i-jii. Juncher avoue à la vérité cette folution , mais ce n'eft qu'à l'égard de t JuncUri l'étain calciné ■\. La chofe eft néanmoins au-deflus de toute conteftation , t^acl^""''' ^ 1^^ expériences fuivantes vont montrer de la manière la plus claire cette folubilité de l'étain. VII. J'ai pris les trois efpèces d'étain fufdites , & j'en ai fait faire trois vafes d'égale capacité , fçavoir l'un d'étain de Malac , le fécond du meilleur étain d'Angleterre , & le troifième d'étain de Saxe. J'ai verfé dans chacun de ces vafes une quantité égale , fçavoir deux onces de vinaigre de vin pur & filtré ; & les ayant placés dans un endroit échauffé par un poêle , au bout de quelques heures le vinaigre parut tout trouble , & prit un goût métallique , mais au bout de quelques jours , il étoit devenu fi trouble , qu'on ne voyoit plus le fond du vafe , & il s'étoit dépofé au fond une certaine quantité de poudre blanche , qui n'étoit autre chofe que de l'étain à demi rongé. VIII. Au lieu de vinaigre crud , je verfai enfuite dans les mêmes vafes , après les avoir bien nettoyés , du meilleur vinaigre de vin diftiUé , & il arriva précifément la même chofe. Ce vinaigre , détachant d'abord de l'étain , devint trouble , & quelques parties gagnèrent le fonds. Au bout de quelques jours , après avoir filtré ce vinaigre , je l'ai éprouvé par ^7 47' DES SCIENCES DE BERLIN. tij Tâddition de plufieurs folutions falines , & j'ai obfervé que la folution ,.. ... ' de fel commun , celle d'alcali volatil , & celle de kl alcali fixe , y caufoient i ''■"'* . peu de précipitation , quoique les dernières folutions alcalines l'ayent plus ^ ^ ^ B fortement précipité. IX. J'ai mis enfuite dans ces mêmes vailTéaux , toujours bien nettoyés auparavant , d'autres fucs acides végétaux , par exemple, du jus de citron , du jus de grofcille filtré , du vin du Rhin , &c. & j'ai obfervé que tous ces fucs acides attaquoient l'étain. Le jus de citron à la vérité ne paroilTbit pas trouble ; cependant la fimple vue indiquoit que l'étain en avoit été rongé. Les fucs rouges perdoicnt en peu de tcms leur couleur, pour en prendre une bluâtre ^ & ii quelqu'un veut prendre la peine de faire évaporer les acides en queltion , d'en brûler le relie , & de l'éprouver enfuite fur le charbon , en excitant la flamme par le moyen du tuyau à fouder , l'étain s'y découvrira à fcs yeux d'une manière bien fenfible. X. Mais pour m'afliirer mieux combien il fe difîblvoit d'étain dans une certaine quantité de vinaigre , j'ai mis dans la cucurbite deux onces d'étain pur de Malac , tourné au tour , fur lefquellcs j'ai verfé une mefure de bon vinaigre de vin , diltillé & un peu dégagé de phlegme ; j'ai mis le tout en digeflion , en me fervant d'un feu , d'abord plus doux pendant une nuit, & enfuite augmenté pendant quelques heures jufqu'à la coâion ; l'ayant laillé refroidir , je l'ai filtré ik difîillé par la retorte au bain marie , jufqu'à ce qu'il refta environ quatre onces. A ce qui, reHoit de vinaigre ainfi difiillé , j'ai joint une quantité égale de vinaigre frais , j'ai verfé de nouveau le tout dans le même vafe d'étain , j'ai fait fuivre la digeftion , la coftion , la filtration , la diftillation , comme ci-devant , & j'ai réitéré cette opération fept à huit fois. Enfin , ayant pris la folution d'étain qui étoit demeurée dans la retorte , après ces extradions réitérées , je l'ai verfée dans une plus petite retorte , & ayant enlevé le vinaigre , en dillillant jufqu'à fa féchcreiïé , j'ai brifé la retorte , & en ayant raclé , autant qu'il étoit polïïble , le réfidu fec , je l'ai mis dans une retorte encore moindre , & en l'appliquant au récipient, j'en ai fait fortir par la dilHllation tout l'acide qui pouvoit encore y être mêlé , & cela par un feu poulfé jufqu'à l'cm'jrafement de la retorte. Tout cela étant fait , j'ai trouvé , outre la noirceur huileufe du vinaigre , une quantité , très-petite à la vérité , de fublimé qui s'étoit élevé dans le col de la retorte fous l'apparence de petits points blanchâtres ; ce qui n'eft , à mon avis , autre chofe que l'arfenic dillbus en même-tems ; le refte étoit une cendre métallique d'étain , à demi réduite, dont une partie, fondue à la flamrne du charbon par le moyen du tuyau à fouder , conflua en un grain d'étain. Par rapport au poids , j'ai trouvé trois dragmes & quelc(ues grains de cette cendre d'étain ; de forte que le vinaigre avoit dilîous de deux Q 'i iî4 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE onces un peu plus que trois dragmes d'étain ^ & celui qui étoit refté , J OM. lll. apj.^5 la folution , étoit rongé par-ci par-là , & tout entouré d'une pouflière ANNEE ijignche : peut-être même qu'en réitérant plus fouvent l'affulîon du vinaigre ^747- diftillé , on dllfoudroit encore plus d'étain. Ce qui ei't encore digne de remarque ici , c'efl: que cette pouffière blanche & fubtile , produite dans la digefiion , & qui par la folution retombe dans l'étain , empêche fortement que l'étain déjà rongé par le vinaigre de vin dillillé , continue à l'être davantage. Ajoutez encore que la folution d'étain , faite dans le vinaigre , diftillée & bien filtrée , {i l'on procède à de nouvelles digeftions & diilillations , perd infenfiblement l'acide ' du vinaigre , & lailïè tomber au fonds une pareille pouffière blanche. XI. Après toutes ces opérations , quoiqu'il ne me reliât aucun doute fur la folution de l'étain dans les acides des végétaux , & que je fulfè d'ailleurs certain que l'étain que j'avois employé étoit très-pur ; pour arriver cependant à un plus grand degré de certitude , j'ai recommencé tout mon travail , en prenant de l'étain tiré de fon minerai le plus pur , ( nommé en allemand l'um graupen ) en le faifant fondre , & en m'en fervant pour la folution dans les acides végétaux. Ce n'étoit point une peine inutile , puifque je m'alTurois pleinement par-là , que l'étain tiré du plus pur minéral étant fondu , ne contenoit au moins point d'arfenic. C'eft furquoi je m'étendrai davantage en parlant plus bas de l'exiftence de l'arfenic dans l'étain. J'ai donc pris des minéraux d'étain des plus purs & des plus riches , tels qu'on en trouve fouvent dans les mines près d'Altemberg en Saxe. On les diftingue des autres , en ce qu'ils font applatis par le haut , & ne préfentent pas une figure pyramidale , comme la plupart des minéraux d'étain de Bohême. Je fçais par une infinité d'expériences, qu'elles ne contiennent jamais aucun minéral d'arfenic , ( dit communément mifpicbel , ) ou du moins que la chofe eft très-rare. Ayant réduit au martçau ces minéraux en particules d'une extrême petiteflè , je les ai examinés chacun à part au microfcope avec toute l'exaditude poffible , pour voir fi je pourrois y découvrir quelque matière étrangère. En ayant mis deux onces dans une retorte de verre , & y ayant adapté le récipient , je l'ai diftillé pendant quelques heures à un degré de feu très-violent ; mais après le refroidiiïèment , & la retorte étant brifée , bien loin de trouver quelque chofe qui reflèmblât à de l'arfenic , il n'y avoit rien abfolument dans le col de la retorte , d'où j'ai conclu que ces minéraux d'étain étoient par- faitement exempts d'arfenic. Malgré cet extrême degré de feu , je n'ai pas trouvé le moindre déchet par rapport au poids ; feulement ces minéraux paroifToient un peu plus clairs & plus tranfparens. Les ayant enfuite bien broyés , j'en ai mis une once avec deux dragmes de fuye , embrafée à un feu DES SCIENCES DE BERLIN. 125 couvert , dans un creufet bien lutté , & je les ai mifes pendant une heure '■ à un feu de fulion ; après quoi , le tout étant refroidi , & le creulët ^ "■"■'• ^^■^• brifé , je n'ai trouvé aucun régule d'étain ; de plus , ce mixte joint à -^ ^' *■' ^^ une once de Tel de tartre , ayant été mis en fulion dans un creufet fermé , ^747' j'en tirai le plus beau régule d'étain , qui furpafloit le poids d'une demi once j je le réduilis en lames minces , fur une defquelles je verfai du vinaigre diltiHé , & les eflets de la folution furent les mêmes qui avoient eu lieu fur l'étain tiré des fonderies , & que j'ai rapportés ci-dcffus. XU. Les expériences rapportées jufqu'à préfent , font donc voir que le vinaigre dillout l'etain ; 6c il ne taut pas même toujours du vinaigre le plus fort pour cette folution : un vinaigre médiocre produit le même effet , & fans qu'il foit befoin d'une digeltion particulière. XllI. Je palîè à préfent aux preuves de l'exiltence de l'ai-fenic dans l'étain. Entre tous les métaux , l'étain eft un de ceux auxquels l'arfenic s'attache le plus volontiers , & il eft allez difficile de l'en féparer , comme l'expérience fuivante va le montrer. J'ai mis dans une retorte de verre une demi once d'étain de Malac , mêlée avec une portion égale d'arfenic blanc , & ayant adapté le récipient, j'ai diltillé ces matières dans une coupelle remplie de fable , à un feu augmenté par dégrés jufqu'à l'embrafement , ôi pouflé à la fin jufqu'au point où la retone de verre pouvoir le Ibuftrir fans fufion. Alors l'arfenic s'eft élevé dans le col de la retorte , fous l'apparence métallique d'un régule arfenical , dont après avoir brifé la retone , j'ai tiré deux dragmes & demie d'arfenic bien féparé. L'étain demeuré au fond de la retorte , s'étoit changé en une cendre blanchâtre , dont j'ai trouvé cinq dragmes & demie , &; malgré la violence du feu , il y étoit encore refté une dragme & demie d'arfenic j mais l'arfenic avoit oté à l'étain fon phlogijlique , & s'en étant revêtu lui-même , s'étoit élevé dans le col de la retorte fous une forme demi-métallique. J'ai pris cinq dragmes & demie de cet étain réduit en chaux par le moyen de l'arfenic ; je les ai mifes dans une retorte de terre lutée , & ayant adapté le récipient , je me fuis fervi d'un feu poulTé par dégrés jufqu'à une extrême violence ; ce qui étant fait , après le réfroidillement, j'ai trouvé dans le récipient un peu de liquide , qui avoit l'odeur du phofphore , & dans le col de la retorte , très-peu , environ un demi fcrupule , d'arfenic noirâtre , & en bas quelques grains péfant d'arfenic blanc criftallin. Le refte s'étoit changé de nouveau en une cendre blanchâtre d'étain , dont la panie fupérieure étoit poreufe , & la partie inférieure qui avoit touché la retorte de terre , y tenoit en partie forte- ment , & en partie paroillbit tout autour former une mafl^ femblable à du verre tirant fur le brun : tout ce que j'en ai pu racler s'eft réduit à une demi onccj pour le refte , que je n'ai pu féparer , G. j'en fouftrais 126 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROVALE •— - le poids du fublimé , & que je mette pour le fublimé & pour le liquide loM. ni. ^.^gjjjg grains , cela fera au moins encore une dragme , & il en réfultera Année conjointement avec la fubftance réduite en pouffière , le poids d'une once » 7 4 7- & d'une dragme ; d'où il paroît que même après le feu le plus violent , il étoit reflé encore une dragme d'arfenic dans l'étain. XIV. Toutes ces opérations étant faites, j'ai encore pris ces deux dragmes & demie d'arfenic qui s'étoit d'abord élevé dans la retorte de verre , fous une apparence métallique , avec le peu que j'avois encore tiré de la retorte par la violence extrême du feu ; j'ai mêlé de nouveau le tout avec une once d'étain limé , & j'ai fait une diftillation pareille à celle qui eft rapportée dans le paragraphe précédent , dans une coupelle remplie de fable , avec un feu auffi violent que le verre pouvoit le foutenir. Cette opération a fait élever une demi dragme d'arfenic fous l'apparence métallique ; le refte de l'étain , comme ci-devant , s'étoit changé en une pouffière blanchâtre , & j'en ai trouvé le poids d'une once & deux dragmes. Si l'on ajoutoit donc à cette demi dragme d'arfenic fublimé encore une demi once d'étain , & qu'on procédât de la même manière , cette quantité d'arfenic y refteroit infailliblement mêlée , & ainfi une demi once au moins d'arfenic s'attacheroit à deux onces d'étain ; ou pour tout dire en deux mots , deux onces d'étain peuvent encore contenir une demi once d'arfenic. XV. Examinons à préfent ce qui fe pafTe quand cette chaux d'étain, imprégnée d'arfenic , eft mêlée avec un phlogiftique , & enfuite réduite. J'ai donc mêlé une once & demie de cet étain fourni d'arfenic , avec trois dragmes de fuye & une once & demie de fel de tartre , & mettant le tout dans un creufet recouvert , j'ai eflàyé d'en faire un régule ; mais après la réfrigération , je n'ai trouvé qu'une maflè fpongieufe , noire , & pleine de grains métalliques. Ayant voulu la brifer le lendemain , elle s'eft confidérablement échauffée , jufqu'au point même que je ne pouvois plus toucher le mortier ; j'y ai joint de nouveau ce mélange formé de deux parties de tartre & d'une de nître , & j'ai réduit le tout par la fufion en un régule , qui , après la féparation des fcories , reflembloit à du zinc , & étoit extrêmement fragile. En le fondant encore à un feu doux , pour en féparer les fcories qui y étoient demeurées , j'en ai tiré le poids de 7 dragmes. XVI. Ce qui m'a engagé à rapporter le détail de cette expérience, c'eft uniquement le deiïèin de montrer combien l'arfenic eft étroitement uni avec l'étain , & avec quelle facilité par conféquent il peut fe mêler 3 ce métal quand on en fond les minéraux. En effet , il eft conftant que la plupart des minéraux d'étain contiennent de l'arfenic en quantité , .comme cela paroît bien clairement quand on les brûle. Mais comme oa DES SCIENCES DE BERLIN. 127 ne les fait pas brûler pendant un efpace de tems affèz long , que d'un autre côté l'arlenic cft fi étroitement uni à l'étain , & que de plus il fe trouve ^ OM. lU. encore d'autres minéraux mêlés parmi ceux d'étain , qui peuvent favorifer ^ ^ •*•' i ^ l'entrée de Tarfenic dans la terre d'étain ; enfin , que la fufîon ne peut ^74 7- fe faire fans que les charbons touchent immédiatement ces minéraux; toutes ces raifons doivent nous convaincre qu'il fe gliiîc néceflàirement une partie confidérable de ce minéral nuifîble , par la mctallifation de la ferre d'étain , dans le métal même qui en réfulte ; & qu'ainlî l'étain même le plus pur , tel qu'on nous l'apporte des fonderies , en doit contenir encore une alfez bonne quantité. De-là vient que les potiers d'étain fe plaignent fi fouvent que leur étain eft dur & fragile , îc qu'ils ont beaucoup de peine à le travailler j ce que j'attribue principalement à l'arfenic. XVil. Mais pour m'approcher de plus en plus de mon but , je vais démontrer que dans notre étain pur même * il y a de l'arfenic caché. M. Gcogroy , célèbre Profeflèur de Paris , a déjà obfervé dans les Mémoires de VAcadcmic des Sciences de l'année 1728 , que l'étain jette pendant la calcination de la fumée , qu'il croit n'être autre chofe que l'arfenic. Mais M. le Confeiller HencLcl a démontré plus évidemment encore l'cxiftence de l'arfenic dans l'étain le plus pur, en indiquant l'expérience fuivante: ** c'eft de dilioudre une demi dragme de limaDle d'étain dans une demi once d'eau regale préparée avec le fel ammoniac , d'arrêter la vapeur en y apipliquant un couvercle de papier ; & aufli-tôt qu'il paroit des floccons noirs, de procéder à la décantation de la liqueur, accompagnée d'une fort médiocre évaporation ; après quoi il paroit des cryllaux blancs , qui ne font autre choie que le pur arfenic. XVIU. Quoique cette démonflration foit conforme à la vérité , comme elle n'eft pourtant pas rapportée avec toutes les circonftances , & tous les procédés qui y appartiennent , je fuis aflùré qu'elle ne réuffira point à quiconque voudra la faire , fans être plus au fait de ce travail. A caufe de cela , & parce que les expériences précédentes, que j'avois faites dans la même vue , ne me réuÛilioient pas trop bien , j'ai pris d'autant plus de peine & de foin pour bien découvrir la vérité de celle-ci. J'ai donc obfervé , 1°. Qu'il faut préparer foi-mème l'eau forte qu'on veut y employer, parce que les efpèces d'eau forte qui fe vendent , préjudicient le plus fouvent à la réuflite de cette opération. z". Qu'il faut auffi que chacun recherche la proportion du fel ammoniac que M. Hcnckcl n'a pas marquée. 3°. Qu'il ne faut pas fe borner à une fi légère exhalation , mais qu'il faut aller jufqu'à une évaporation un peu plus forte. * Dit communément Ber^tauur'Hutun'Zinm. ■*- ^ifiut mnval-Gtifi, p. zii. 128 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE ^^ — 7JT~ 4°. Qu'il faut jetter la limaille d'étain peu-à-peu , & toujours en très- , ■ , * petite quantité , de fix à dix grains & de loin en loin dans l'eau reeale ann qu elle ne vienne pas a s echauner. 7 4 7' 5°. Qu'il n'cft pas nécellàire de faii-e attention à ces floccons noirs, parce que toute forte d'étain n'en donne pas de tels. 6^. Que la décantation elt auiïi bonne , faite fur le champ , que renvoyée au lendemain j ik qu'il eft indifférent qu'elle foit filtrée ou ne le foit pas. XIX. A l'égard donc de l'eau forte qui convient à cette expérience , je la prépare à la manière accoutumée de parties égales de vitriol calciné jufqu'à jaunir , & de nître dépuré , en appliquant le récipient , & en dilhllant d'une retorte de verre , par un feu que j'augmente infenfiblement , fept livres de mélange fufdit , fur lefquelles on a jette trois livres d'eau diltillée. En mêlant à une once de cette diflillation une demi dragme de fel ammoniac , on a de l'eau regale propre pour cette opération. XX. J'en verfe quatre onces dans un verre , qui ne fe trouve rempli par-là que jufqu'à la moitié , j'y jette à diverfes reprifes , féparées par un demi quart d'iieure d'intervalle , un demi fcrupule d'étain , & je recouvre auifi-tôt l'orifice du verre avec un papier. Alors l'étain fe- dilTout avec force , & il tombe au fond une pouffière blanche , qui repréfente l'arfenic défiré; mais en ajoutant une nouvelle quantité d'étain, il fe fait une nouvelle folution , ëc en continuant à jetter de l'étain jufqu'à la concurrence d'une demi once , vous avez une folution claire fans fédiment. Si l'on fépare la pouffière blanche fufdite du liquide qui fumage , & qu'on la falîè dilïbudre dans l'eau , & un peu évaporer cette folution , il faut moins de tems pour trouver l'arfenic renfermé dans l'étain; mais ondépenfe plus d'eau forte. XXI. Qu'on verfe cette folution d'étain , citée au § précédent , dans un vafe de verre, dont l'orifice foit ample, ( communément dit, ^ucher- gldfs , ) enforte que ce liquide remplillè à-peu-près le tiers du verre ; qu'on le couvre d'un papier gris, mais fans l'ajufter fort étroitement j qu'on mette ce verre fur du fable chaud , & qu'on fe ferve d'une chaleur douce , de manière pourtant que le liquide puiffe s'évaporer ; fi cette évaporation fe fait ainfi de la manière la plus douce qu'il efl: poffible, outre les parties aqueufes , il s'élèvera quelques vapeurs blanches ; & quand elles paroilTènt, il faut bien prendre garde dene pas trop augmenter le feu. En procédant ainfi , pendant la durée de l'évaporation , il paroîtra des cryftaux. Alors il faut d'abord ôter le verre du feu & le placer dans un lieu médiocrement froid, après quoi les cryftaux défirés fe formeront en plus grande quantité. Au bout de quelques jours , on peut faire la décantation du liquide , &. mettre fécher les cryflaus fur un papier plié en double. De DES SCIENCES DE BERLIN. 129 De cette manière , une demi once d'étain de Malac vous donnera Ton. m. à-pcu-près une demi dragme de ces cryftaux, & les autres efpcces d'étain, i" /' celui de Saxe fur-tout , en fournilTent encore davantage. Tout dépend de née bien faire l'évaporation ^ car li vers la fin vous donnez le feu un peu trop '■7 4/' fort, toute la liqueur débordera auffi-tôt le vafc , ôc vos peines feront entièrement perdues ; quand même il refteroit quelque chofe au fond du verre , vous n'en tirerez jamais des cryftaux. XXII. En dilfolvant de la manière déjà rapportée §. XX. une once d'étain dans quatre onces d'eau regale , cela donne une folution tirant fur le brun , dont il eft beaucoup plus difficile de produire des crj'ftjtux , parce qu'il n'efl: prefque pas poffible d'empêcher la liqueur de déborder le vafe-, mais û au lieu d'eau regale préparée avec le fel ammoniac , on en prend qui ait été faite avec une once d'eau forte éc une dragme d'efprit de fel , il n'y a plus rien à craindre du débordement ; mais d'un autre côté les cryftaux fe féparent beaucoup plus difficilement , & comme ils attirent fort aifément l'humidité de l'air , la féparation ne fauroit prefque avoir lieu , parce que les cryftaux font d'abord diflbus par k relie de la folution. XXIII. Ces cryftaux , à dire la vérité , ne font que de l'arfenic tout pur -, car j'en ai diftillé une dragme dans une petite retorte de verre , en y appliquant le récipient , & augmentant le feu jufqu'à l'incandefcence : alors tout s'eft élevé dans le col de la retorte , de manière qu'il n'en eft demeuré que très-peu. J'ai diftillé de nouveau ce fublimé , mêlé avec une quatriènve partie de fel de tartre , en y donnant un feu violent ; alors l'arfenic s'eft élevé fous une forme blanche tranfparente , & ce fel de tartre avoir entièrement abforbé les fels acides qui lui étoient encore attachés. L'expérience fuivante ne laifïèra aucun fujet de douter que ce fublimé foit de pur arfenic. i". Si on en met une portion fur une lame de cuivre échauffée , elle s'évanouit en fumée , laiilant une tâche blanche ; & pendant la fumée, il fe répand une odeur d'ail, comme celle de l'arfenic, laquelle fumée, quand on tient au-deffus une lame fixiide, s'y attache ea forme de pouffière blanche , femblable à l'arfenic. î". Si on mêle une portion du même fublimé avec une quatrième partie de fouffre , ôc qu'on procède à une nouvelle fublimation , le tout s'élèvera fous la forme de cet arfenic jaune , qu'on appelle vulgairement réagal. XXIV. J'ai répété toutes les opérations rapponées §. XX & XXI , en me fervant d'étain tiré des plus purs minéraux , & fondu ; mais je puis aflùrer que je n'ai découvert , par ce moyen , aucun arfenic dans cet étain. Ce qui me confirme dans mon opinion , fàvoir , qu'il peut y avoir de l'étain exempt de ce dangereux demi - métal , Ôc que l'arfenic n'eft pas abfolument requis pour former le mélange d'où réfuJtc l'éiaiû pur. R I30 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROVALE _ ... XXV. Je me fuis encore fervi de diverfes autres manières propres à ■J ■ , * tirer de l'arfenic de l'étain , & j'ai obfervé que le fel ammoniac eft ce ■ qui aide le plus à réuflir. J'en parlerai une autrefois avec plus d'étendue , ' ^ ' ■ en traitant des rapports de l'étain avec le fel ammoniac , m'étant propofé d'examiner d'une façon particulière les rapports de l'étain avec tous les autres corps. XXVI. Perfonne , à ce que j'efpére , ne pouvant conferver préfentement des doutes fur la folution de l'étain dans l'acide des végétaux , ni fur l'exiftence de l'arfenic mêlé à ce métal , il efl; aifé d'en conclure combien l'ufage perpétuel de l'étain , employé à tant d'ullenciles , doit faire de tort au corps humain , fur-tout s'il arrive d'y garder des chofes aigres ou tirant fur l'aigre. C'eft fur-tout l'arfenic qui s'y trouve mêlé , qui le rend extrê- mement nuilîble. Le tems ne me permet pas d'en dire davantage pour cette fois ; je renvoie le refte au même tems auquel j'ai promis do rendre compte des rapports de l'étain avec tous les autres corps. 6^ — ;. ,'""t^"jje= y?S ARTICLE. XXII. Expériences Chimiques , faites dans le dejfein de tirer un véritable fucre de diverfes plantes qui croijfent dans nos contrées. Par M. M A R G R A F. Traduit du Latin.. I.T~\Ersonne ne fauroit nier qu'outre les particules terreftres , refineufes , JT gommeufes , ou mucilagineufes & aqueufes , qui fe trouvent dans les plantes & dans leurs parties , il n'y en ait auffi de falines. Il paroît même qu'en tirant ces dernières du fuc exprimé des plantes , qu'on fait dépurer , épaiffir & cryftallifer , on peut les féparer des plantes fans qu'il en réfulte la deftruftion de leurs parties eiïëntielles ; & l'on en trouve une démonftra- tion évidente dans le fel acide , beaucoup plus connu que tous les autres , qu'on nomme fel effentiel d'ozeille. Je me fuis fervi de la même voie pour tirer de plufieurs plantes & de leurs diverfes parties , différens fels , par exemple , un nître véritable & parfait de l'herbe de fenouil romain , auffi bien que de toute la plante de bourrache. Dans d'autres tems , j'ai pareillement tiré du fel commun pur de l'herbe de chardon bénit , de la gratiole , & du fenouil commun ^ & une efpèce de tartrq de l'herbe de chardon marie. II. C'eit ce qui m'a fourni l'idée & l'occafion d'examiner auffi les DES SCIENCES DE BERLIN. rjr parties des cfpèces de plantes , qui font manifeftement douées d'une yyy^ faveur douce ; & après avoir entrepris divers travaux là-deHùs , j'ai { '''*'' obfcrvé que quelques-unes de ces planres contiennent non-feulement une ^ ^ ^ '=■ ^ matière approcliantc du fucre , mais même un fucre véritable & parfait , ^747' qui a une véritable relfcmblance avec le fucre commun , qu'on tire de la canne à fucre. III. Ces plantes donc , que j'ai foumifes à un examan chimique pour tirer le fucre de leurs racines , & dans lefquelles j'en ai trouvé efFedivement de véritable & en abondance , ne font point des productions étrangères ; ce font des plantes qui naiilènt dans nos contrées , auilî bien que dans d'autres, en aiîèz grande quantité^ des plantes communes , employées, qui viennent même dans un terroir médiocre , ik qui n'ont pas befoin d'une fort grande culture ; telles font , 1°. La bête blanche , ou poirée, que l'on nomme auffi , Cida offici- narum. C. B. 2°. Le chervi , Sifarum dodonœi. 3°. La bête à racine de rave, C. B. ou bête rouge. Les racines de ces trois plantes m'ont fourni jufqu'à préfent un fucre très copieux & très-pur. Les premières marques caraâèriftiques , qui indiquent la préfence du fucre renfermé dans les racines de ces plantes , font que les racines étant coupées en morceaux , & defîéchées , ont non-feulement un goût fort doux , mais encore qu'elles montrent pour l'ordinaire , fur-tout au microfcope , des particules blanchâtres 6c cryftal- lines , qui tiennent de la forme du fucre. rV. Comme le fucre cft un fel qui fe dilTbut, même dans l'efprit de vin, j'ai jugé que cette liqueur , je veux dire l'efprit de vin , en prenant du meilleur & du plus reétifié , pourroit peut-être fervir à féparer le fucre des parties des plantes. Mais pour m'alKirer auparavant combien de fucre pouvoit être dilîbus par l'efprit de vin le plus rcftifié , j'ai mis le tout à une forte digeftion , continuée jufqu'à la coâion ^ après quoi ce fucre s'eft trouvé entièrement dilîbus. Tandis que cette folution étoit encore chaude , je l'ai filtrée & mife dans un verre bien fermé avec un bouchon de liège , où l'ayant gardée environ huit jours , j'ai vu le fucre fe former de nouveau en très-beaux cryftaux. Mais il faut bien remarquer que la réuffite de cette opération demande qu'on emploie l'efprit de vii le j lus reétifîé , & que le verre , auffi bien que le fucre , foient bien fecs ; fans ces précautions , la cryftallifation a peine à fe faire. V. Tout ce que nous venons de dire étant achevé , j'ai pris des racines de bète blanche coupées en pièces rondes , & les ai fait fccher , mais avec précaution , afin qu'elles n'acquièrent -point une odeur empvréu- matiquc ; je les ai enfuite réduites en une poudre grolTîère que j'ai fait Rij 132 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE - fécher de nouveau , parce qu'elle devient aifément humide. J'ai pris de ToM. III. cette poudre groflière & delîëchée , huit onces , pendant qu'elle étoit Année encore chaude , & les ai nnifes dans un verre qu'on pouvoir boucher ; j'y '■74 7' ai verle 1 6 onces d'efprit de vin le plus redifié , & qui embraie la poudre à canon ;, par ce moyen le verre s'efl: trouvé plus d'à moitié plein , & l'ayant légèrement fermé avec un bouchon de liège , je l'ai mis à digérer à un feu de fable , pouflè jufqu'à l'ébullition de l'efprit de vin ,, & en remuant de tems en tems la pouHière qui alloit au fond pendant la digeftion , je l'ai mêlée avec la liqueur. Aulli-tôt que l'efprit de vin a commencé à bouillir , j'ai retiré le verre du feu , & j'ai verfé tout le mélange , avec autant de promptitude qu'il étoit poffible , dans un petit fac de toile , d'où j'ai fortement exprimé le liquide qui y étoit contenu ; j'ai filtré cette liqueur exprimée encore chaude , j'ai verfé la fîltration dans un verre à fond plat , j'ai mis à ce verre un bouchon de liège , & l'ai gardé dans un endroit tempéré. D'abord l'efprit de vin y ell devenu trouble , & au bout de quelques femaines il s'efl; formé un fel cryfliallin , pourvu de toutes les marques cara£l:èrifl:iques du fucre médiocrement pur, & rempli de cryftaux durs. J'ai dilïbus de nouveau ces cryfl;aux dans l'efprit de vin ; & l'on peut procéder à leur dépuration de la manière que j'ai indiquée §. IV. pour le fucre ordinaire. C'eft donc là l'expérience capitale , puifque c'eft par fon moyen qu'on peut mettre à l'épreuve toutes les parties des plantes dans lefquelles on foupçonne qu'il y a du fucre renfermé , & defquelles on voudroit le féparer. VI. En fuivant la route que je viens de tracer , j'ai tiré des trois racines fufdites defféchées , le poids de fucre fuivant , favoir : D'une demi livre de racines de bête blanche defféchées , une demi once de fucre pur -, D'une demi once de racines de chervi , trois dragmes ; ôc D'une demi livre de racines de bête rouge defféchées , deux dragmes & demie de fucre. Cependant cet efprit de vin , dont le fucre avoit été féparé par une nouvelle cryftallifation , contient encore un refte de fucre avec la partie refineufe des racines , ce qui paroît affez , fi après la cryftallifation on fait évaporer le refte au bain 5 car alors ces trois matières donnent un mixte , qui n'eft autre chofe que l'extrait réfineux , auquel fe trouve encore mêlée quelque portion de fucre. Ce qui mérite en attendant d'être remarqué , c'eft que la plus grande partie du fucre fefépareici , comme auparavant, de l'efprit de vin , & fe réduit en cryftaux , tandis que la partie réfineufe demeure dans l'efprit de vin. De plus, il paroît par l'opération que j'ai expofée dans le §. V. & dans celui-ci , que l'eau de chaux vive n'eft point du tout néceflaire , comme quelques-uns le prétendent , pour deffécher le DES SCIENCES DE BERLIN. 133 fucre <5c lui donner du corps ; mais que le fucre tout parfait & en forme "J^^ .jj~ crylblline , exiiie déjà , au moins dans les parties de nos racines. y. ','.■' Vil. M'étant ainli futlilamment alîùré de l'exiilonce du fucre par ■" ^' ^ ^ ^ l'expérience avec l'elprit de vin que j'ai rapportée §. V. cette manière de ^747» procéder à fa feparation me parut trop couteufe , & je crus devoir en chercher quelqu'autre , par laquelle il y eut du profit à tirer de cette opération. Je jugeai que ce qu'il y avoit de meilleur à faire , c'étoit de fuivre la route ordinaire , en ôtant aux parties des plantes leur fuc par le moyen de l'exprellion , en dépurant ce fuc exprimé , en l'évaporant enfuite pour le préparer à la cryftallifation , & enhn en dépurant encore les cryitaux qui en provcnoient. VIII. Ici fe rencontrent néanmoins diverfes difficultés à caufe de la fubflance farineufe mêlée dans ces racines ; mais il y a des précautions qui peuvent y remédier , parce qu'il s'agit de racines , qui muriîïènt dans un tems de l'année où la laifon n'elt plus fort chaude , c'eft-àdire , au mois d'oftobre. Ce font fur-tout les racines de chervi qui contiennent de cette fubftance farineufe , plus que les deux autres racines fufdites ; & tant que cette fubftance demeure mêlée parmi le fuc , elle le rend glutineux. Les racines de chervi étant donc, à caufe de cela, celles qui donnent le plus de peine , lorfqu'on veut en tirer le fucre, je vais d'abord m'attachcr à rapporter avec toute l'exacfitude poffible , la manière dont il faut procéder pour en féparer le fucre. IX. Qu'on prenne donc une certaine quantité de ces racines , qui font les meilleures , en odtobre , novembre, décembre , & même en janvier. Il convient d'en faire alors provilion , de même que des deux autres racines fufdites qui muriUént en meme-tems , pour les garder enfuite pendant l'hiver. Ces racines de chervi étant encore fraîches , doivent être coupées en petits morceaux , & pilées dans un monier de fer ou de pierre , jufqu'à la contiftance la plus riiince qu'il fera poflible ; enfuite de quoi , n-.cttant le tout dans un petit fac de toile , on en exprime le fuc à l'aide d'une prelTè convenable. Sur les racines qui relient dans le fac de toile après l'expreffion , on verfe un peu d'eau ( mais il faut bien prendre garde qu'elle foit froide , ) enforte qu'elles reprennent autant d'humidité qu'elles en ont perdu par la première exprehion. Cela fait , on preflé de nouveau ce mélange , on joint ce qui en provient au produit de la première expreflîon » on met le tout dans de bons vafes nets , & on le lailtè repofer , foit à la cave , foit dans quelqu'autre lieu frais , pendant vingt-quatre heures , ou fi le tems eft allez froid , pourvu néanmoins qu'il ne gèle pas , pendant quarante-huit. Cela procurera la défécation de ce fuc exprimé , qui deviendra clair , & lailTèra tomber au fond une pouffière farineufe , ou petite lie. Agrès cela onpallé à la décantation du fuc, & à fa filtration ; 134 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE =='^= ou par un feutre , ou en le verfant feulement au clair. Je vais tout dire ToM. IIL en peu de mots ; le grand point d'où dépend la réuffite de cette opération , Année conlifte dans cette dépuration faite par voie de dépôt : car li tout ce i 7 4 7- qu'il y a de farineux ne fe fépare pas bien alors , vous ne produirez jamais qu'une efpèce de glu , & point de fucre ; à quoi il faut ajouter deux remarques importantes. i". Qu'il y a certaines machines , préparées de diverfes manières , qu'on peut employer avec fuccès pour piler. 2'^. Que ce qui refte ne doit pas être jette. X. La première dépuration étant faite par dépôt ou par fîltration , on jette le fuc dans un coquemar bien net , de Icton ou de cuivre ; on met du feu delFous pour le faire bouillir , on enlevé les impuretés qui furnâgent avec une écumoire , & l'on procure une dépuration ultérieure en y j>;ttant du blanc d'ceuf ; ( ce qui peut auffi s'efFeétuer , fi vous avez pris une grande quantité de fuc à dépurer , par rinjeclion d'autres matières glu- tineufes , par exemple , du fang de bœuf &c. ) on levé encore alors l'écume la plus épailïè , & l'on palTé ce fuc écume par un linge net, ou par un feutre ; ce qui étant fait , ce fuc paroît tranfparent comme un vin clair. Il faut le recuire dans un plus petit coquemar net , jufqu'à ce qu'il n'en rcfte qu'une moindre quantité. On la remet encore dans un plus petit coquemar , & ainfi de fuite jufqu'à la confiflance d'un firop très-épais , qu'on met enfin dans des vafes nets & couverts , & qu'on garde dans un lieu chaud. Il eft à propos d'avertir auffi dans cet endroit , que ce fuc , fi vous en avez une grande quantité , peut être en quelque forte concentré en liiver par la gelée. XI. Ce fuc étant donc évaporé de la manière fufdite jufqu'à la con- fiflance d'un firop épais , & gardé pendant fix mois ou davantage , on trouve le fucrc en forme de petits cryftaux , attachés en abondance aux parois du verre. Il s'agit alors de nettoyer ces cryftaux de fucre de l'impureté que leur donne la forme de firop , ce qui réuffit à merveille , en mettant le vafe dans l'eau chaude j car auffi-tôt que cette eau eft échauffée, le mélange contenu dans le vafe devient plus liquide par le moyen de la chaleur ; quand cela eft arrivé , il faut verfer la liqueur avec les cryftaux dans un vafe de fer étamé , ou de terre , dont l'ou- verture foit large , le fonds étroit , & qui ait tout autour , auffi bien qu'au fonds , divers trous ; on met ce vafe fur un autre , & on le garde couvert dans un lieu médiocrement chaud ; alors ce qui a la forme de firop fe détache peu-à-peu , & découle dans le vafe inférieur goutte à goutte i mais ce qu'il y a de véritablement fiilin , mêlé pourtant encore avec quelques parties qui tiennent du firop , demeure dans le vafe fupérieur. Le firop féparé de cette manière fe remet dans un lieu chaud , i oM. m. DES SCIENCES DE BERLIN. 135 & il s'en détache de nouveau quelque chofe de cryflallin ; on peut le recueillir comme ci-deHùs. ^ s é a XII. Ce fucre cru & encore mêlé de plufîeurs particules en forme de lirop , peut être mis enfuite entre du papier gris replié en plufieurs '747» doubles , (k un peu comprimé fous la prelie ; alors le papier gris s'im- bibera encore de beaucoup de fuc , i:?< le lucre en deviendra plus pur. XIII. Après avoir ainiï dégagé ce fucre en grande partie de Ion impureté, il faut le faire fondre de nouveau dans l'eau , ôi. le faire écumer par le moyen du blanc d'œuf , afin que les parties impures qui y font encore mêlées s'en fcparent. On le pâlie enfuite par un linge net , & ce fuc ainfi pallé doit être recuit jufqu'à la conliltance d'un lirop épais. Alors on y ajoute un peu d'eau de chaux vive , & on lui procure encore une légère codion , à un feu médiocre , qu'il faut continuer jufqu'à ce qu'en prenant un peu de ce fuc entre le pouce & le doigt fuivant , & remuant ces doigts avec vîteflè , pour les écarter & les rapprocher fucceffivement , ce fuc fe tire en longs filamens. Dès que vous découvrez cet indice , il faut d'abord ôter le fucre du feu ,& le remuer , tant qu'il foit pcu-à- peu refroidi , & qu'il s'épaiflifie un peu. On le met enfuite dans des vafes d'une terre bien cuite , & d'une figure conique , avec une feule ouverture à la pointe , qu'on ferme avec un bouchon de bois ; on pofe defîus un autre vafe plus large , de manière que ni l'un ni l'autre ne puilîcnt bouger de leur place , 6c on garde le tout dans un lieu tempéré. Au refte , j'ai obfervé que l'eau de chaux vive qu'on ajoute , iert à délayer en quelque forte les parties mucilagineufes qui tiennent encore au fucre , de manière que ces parties ainfi atténuées , fe feparent plus facilement. : XIV. Au bout de peu de jours , vous trouverez ce fucre déjà médio- crement durci , & rempli de petits cryflaux ; mais s'il a repofé pendant environ huit jours, ou plus long-tems , il faut ôter le bouchon de bois qu'on avoit mis à la partie inférieure , & terminée en pointe , du vailïéau de figure conique , & laillèr cette ouverture libre. On peut enfuite mettre ce vafe dans un lieu médiocrement chaud , & il en découlera une quantité médiocre de firop doux , qu'on peut faire évaporer & cryftal- lifer , ou bien l'employer comme le firop ordinaire du fucre. Enfin , on paflè à plufieurs reprifes de l'eau de chaux vive avec un pinceau.' fur la furface du fucre , qui s'efl attaché au vaiflèau de terre ; & cette eau pénétrant le fucre , emporte avec elle le refle des impuretés , & tout ce qui tient du firop , qui tombe dans le vafe inférieur , & peut être ajouté au firop précédent. XV. Le fucre tiré enfin du vafe fufdit , & traité comme le fucre cru , dont j'ai parlé au §. XI. de la manière propoféc au f . XU. fe met entre 136 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE T m^ ^^ papier gris plié en plufieurs doubles ; on le comprime médiocrement i OM. • à la prelïè , & il fe defléche peu-à-peu ; après quoi il vous refte un fucre femblable au meilleur fucre jaunâtre de Saint Thomas , qu'on ' ■* ' * appelle auffi Mofcovade. C'eft-là jufqu'où j'ai poulTé le fucre qu'on peut tirer de nos racines , en fuivant les opérations que j'ai indiquées. Je referve le refte à un autre tems , où je pourrai préparer une plus grande quantité de fucre tiré de nos racines , & dépuré , en me fervant de la bête blanche , qui eft de toutes ces plantes celle qui fournit le plus de fucre j & alors je ferai paffer ce fucre par un plus grand nombre de folutions , je le dépurerai plus exaâement , par l'addition de l'eau de chaux vive , & je tâcherai de lui procurer une plus grande blancheur. XVI. Par rapport à la féparation du fucre de la bête blanche & de la bête, rouge , j'y ai procédé précifement de la même manière que ci-deffiis à l'égard des racines de chervi j feulement il faut remarquer, 1°. Que j'avois premièrement râpé ces racines , parce qu'elles font extrêmement dures , ik qu'il feroit fort difficile de les piler au mortier. 2°. Quelles ne rendent pas une he auffi blanche & auffi abondante que les racines de chervi, & qu'au contraire la bête blanche rend un fucre plus abondant & plus pur que le chervi ; & celle-ci à fon tour en fournit un plus pur que la bête rouge. Quant au refte , ce qui demeure de ces racines , auffi bien que de celles de chervi , après que l'expreffion en eft faite , a encore fon ufage , dont nous dirons tout à l'heure quelque chofe. XVII. Je reviens donc aux racines de chervi , pour montrer à quel ufage leurs reftes peuvent encore être employés. J'ai déjà dit §. IX. qu'on exprime le fuc de ces racines fraîches & pilées -, après quoi refte la partie la plus terreftre , qui conferve encore un mélange de doux. Au lieu de jetter ce refte , il faut y verfer un peu d'eau chaude jufqu'à la coniîftance d'une bouillie , y joindre un peu de lie de bierre blanche , & le difpofer alors à une fermentation vineufe. Avec ces précautions on pourra tirer en diftillant , un efprit ardent de la meilleure forte. Par rapport à cette lie , qui fe précipite du fuc exprimé au fonds du vafe , j'y ai verfé une quantité d'eau , j'ai remué la lie , j'en ai fait paffer la partie la plus fubtile par un linge médiocrement fin , & je l'ai laiflé repofer. Après le dépôt d'une nouvelle lie , j'ai fait la décantation de l'eau brune , j'ai reverfé de nouvelle eau , & j'ai procédé comme ci-deifus , continuant ce travail jufqu'à ce que j'euflè trouvé au fond du vafe une lie fubtile très -blanche , ou un mixte farineux. La décantation étant faite , j'ai mis fécher la lie à un air chaud , ou à quelque autre chaleur tempérée , & elle eft devenue parfaitement belle & femblable à DES SCIENCES DE BERLIN. 137 à la poudre à poudrer ; ce à quoi je n'ai pu parvenir jufqu'à préfent ^^ ■ avec les racines de bête blanche & rouge. ^ ^''*'- ^^■'• XVIII. Outre cela il faut encore remarquer au fujet du chcrvi , que -" ^ '"^ ^ j'ai travaillé à tirer de fon herbe ce qu'il peut y avoir de falin. Pour cet '74 7* effet , dans le tems que cette plante eft en fleur , j'ai pris l'herbe avec les tiges & les fleurs , à l'exception des racines , & en ayant fait la dépuration , je l'ai évaporé peu-à-peu jufqu'à la confîftance de firop ■ ce qui étant fait , il s'eil: bien féparé quelque chofe de falin , mais c'eft une matière qui fouftre difficilement la folution dans l'eau , & on doit plutôt la regarder comme du tartre que comme un fel doux. Pour abréger , je n'ai point pu découvrir de fucre dans cette herbe , non plus que dans celles des deux autres racines , qui ne m'ont rien donné de doux. Une chofe remarquable cependant , c'eft que les racines de ces plantes contiennent feulement ce fucre , & qu'il n'y a aucun autre fel ; tandis qu'au contraire leur herbe ne renferme rien de femblable , mais qu'on y trouve plutôt une efpèce de tartre. XIX. Quoique les racines fufdites fournilïcnt donc toujours quelque quantité de fucre , & même un fucre parfait , il pourroit pourtant arriver fortuitement, que dans une année elles rendroient une plus grande quantité de ce fel doux que dans une autre , fuivant que le tems eft plus humide , ou plus fec. On doit auffi faire attention à la parfaite maturité de ces racines. C'eft vers la fin d'Oétobre & en Novembre , qu'elles font les meilleures. J'ai même tiré d'excellent fucre de vieilles racines de chervi , qui avoient été confervées l'hiver fous terre , & dont je n'ai fait l'examen chimique qu'en Mai & au commencement de Juin ; mais il y a lieu de croire que ces racines , après que l'herbe eft parfaite- ment montée en graine , font moins propres à l'opération par laquelle on fepare le fucre. Cependant j'efpére être en état de fournir dans la fuite des détails encore plus fatisfaifans fur cette matière. XX. Ce qui a été rapporté jufqu'à préfent fait voir en général , quels ufages œconomiques on pourroit tirer de ces expériences ; il me fuffîra d'en indiquer un feul . qui eft même le moindre. Le pauvre payfan , au lieu d'un fucre cher , ou d'un mauvais firop , pourroit fe fervir de notre fucre des plantes , pourvu qu'à l'aide de certaines machines il ex- primât le fuc de ces plantes , qu'il le dépurât en quelque façon , & qu'enfuite , il le fit épaiflir jufqu'à confiftance de firop : ce fuc épaiffi feroit affurément plus pur que le firop ordinaire & noirâtre du fucre , & peut-être même que ce qui refteroit après l'expreffion pourroit encore avoir fon utilité. Outre cela , les expériences rapportées ci-deiTùs , mettent dans une pleine évidence , que ce fel doux peut être préparé dans nos contrées , tout comme dans celles qui produifent les cannes à fucre. 138 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE g a XXI. Je ferai encore mention ici de diverfes plantes , dont quclqucs- ToM. m. yj^ej contiennent bien un véritable fucre , mais en iî petite quantité , que Année ^.gjg ^^ y^^ p^j la peine de l'en tirer , quoique leur fuc ait un goût ^7^7- fort doux, & que l'on s'en ferve de la manière fufdite pour donner de la douceur aux viandes , pour préparer de l'elprit de vin , & pour plu- fieurs autres ufages femblables , pourvu qu'on ait de ces racines en grande quantité. En procédant de la même manière fur la carotte fauvage à racine jaune, par le moyen de l'cxpreffion, de la dépuration, & de l'infpiffation , j'en ai auffi tiré un fuc extrêmement doux , mais qui tenoit plus de la nature du miel que de celle du fucre ;, mais ni par la voye fufdite , ni par le moyen de l'efprit de vin , je n'ai pu tirer de ces racines aucun fucre parfait. La racine du panais , à l'aide de l'efprit de vin , a bien fourni quelque quantité , mais très-petite , de fucre ; mais je n'en^ ai pu tirer une feule parcelle d'une groiïè citrouille ronde ; deux efpèces de chiendent ont auflt rendu un fuc doux , mais dénué jufqu'à préfent de véritable fucre. XXII. J'ai auffi recueilli dans des vaifTeaux le fuc qui couloit de lui- même des fleurs de l'aloës d'Amérique de la plus grande efpèce , on de l'aloës qui fe termine en une pointe oblongue ( Aloés Pinacis C. B. ) & j'ai trouvé que cette liqueur contenoit du fucre. Pareillement le fuc qui découle en hyver des arbres de bouleau percés , étant évaporé & réduit à la confiftance de firop , fi on le laiffe répofer pendant quelque tems , il s'en fepare un fel doux , auquel néanmoins on peut plutôt donner le nom de manne que celui de fucre. Les raifins fecs étant humeftés d'une petite quantité d'eau , de manière qu'ils moUilTent , peuvent alors être piles , & le fuc qu'on en exprime , étant dépuré & épaiffi , fournira une efpèce de fucre. XXIII. Ce que je pourrois encore rapporter au fujet de nos trois racines fucrées , dont il a été queftion dans ce mémoire , je veux dire l'examen chimique de leurs parties elTentielles , & la détermination exade de la quantité de fucre qu'on en peut feparer , trouvera fa place dans quelque autre occafion , où je me réferve d'en traiter avec plus d'étendue. XXIV. Je n'ajouterai donc plus qu'un mot , pour marquer la quantité d'humeur que contient chacune des trois racines fufdites , afin qu'on puiffe mieux comprendre par là quelles font les plus propres à cette opération. La racine de bête blanche contient donc trois quarts d'eau j car une livre de ces racines , lorfqu'elles étoient fraxhes , n'a rendu après les avoir fait fécher , que quatre onces de racines feches. La racine de bête rouge eft encore plus gonflée d'eau -, car une livre de racines fraîches n'a produit que deux onces de racines féches , de forte que cette racine contient fept huitièmes d'eau. DES SCIENCES DE BERLIN. 139 A N N É 8 ARTICLE XXIII. EJJlii fur lu formation des corps , en général. Par M. E L L E K. ON fait que la recherche de la formation des corps a fort occupé les Pliilofophcs dans tous les tems. Les fentiinens des anciens fur ce fujet étoicnt fort partagés ; ils avoient recours pour expliquer la compofition des mixtes , à des principes fimples , qui ne fufïènt point réfolubles en d'autres , & ils croyoient les trouver dans l'eau & dans l'air , aullî bien que dans la terre , & même dans le feu , comme dans les quatre élcmens primitifs. Certains d'entr'eux n'en admettoient qu'un feul , d'autres d'eux , quelques - uns trois. Arijlote & fes Sénateurs les adoptoient tous les quatre , & ce nombre a fubfîflé jufqu'à nos jours , à moins qu'on ne compte auffi les trois principes que les Chimiftes ont tâché de faire valoir ;, mais qui ne font autre chofe , quand on les examine de près , que des mélanges ou des combinaifons des quatre prccedens. Les Philôfophes modernes du dernier fiécle fe font efforcés de pénétrer plus avant qu'on n'avoir encore fait dans la nature de ces élemens primitifs. Ils croyent qu'il eft de la plus grande importance d'approfondir le plus qu'il efi: poffible les dernières parties , ou molécules , qui entrent dans la compofition des corps , ou qui en font l'étendue ; ce qu'ils appellent les êtres fimples. Quelques-uns fe contentent de leur petitelïc infécable , ce qui revient aux atomes de Démocrite & d'Epicure ; d'autres tâchent d'établir leur divifion à l'infini ; d'autres encore regardent, avec M. de Leibniti , ces êtres fimples comme de parties non étendues , pour rendre raifon de ce qui efl: étendu , & qui a des parties , conformément à fon principe de la raifon fuffifante , félon lequel les êtres étendus , ou les corps , n'exillent que parce qu'il y a des êtres fimples , ou des monades. Les propriétés & les attributs de ces êtres fimples , exercent l'efprit de la plupart de nos Philôfophes modernes. On n'efl: pas tout-à-fait d'accord , fi ces êtres , qui afpirent à devenir matière , peuvent occuper un cfpace , ou non ? Si ces êtres fimples , ou ces monades enfin , font doués d'un mouvement ? S'ils poffédent une force intrinféque , ou réprcfcntative ? S'ils ont quelque reflèmblance entr'eux- , ou s'ils font dilTémblables à l'infini ? Si cette diverfité à l'infini prouve afîèz leur exiftence fcparcc l'un de l'autre ? Si de l'aflèmblage des êtres non étendus , féparément exillans , il peut rcfulter un corps étendu ? Si chaque être fimple , ou i 748. ,4o MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE , monade , contient une fuite ou continuité de changemens , qui diffère ToM. IV. jg jg fyitc de changemens de tout autre être ? &c. &c. Je n'aurois /Innée jamais fait , fi j'entreprenois ici le dénombrement de toutes ces contra- 17 48' yiétés de fentimcns , qui entretiennent la guerre parmi nos Philofophes ; comme leur différend ne paroit pas devoir être vuidé fi-tôt , j'abandonne très-volontiers ces élemens primitifs , & ces atomes , les points de Zenon ^ auffi bien que les monades de Henri Morui ik de Lcilmiiî; , & cela avec d'autant moins de répugnance , que je vois que chacun s'efforce de foutenir fon hypothéfe par des raifonnemens , fans fe mettre en peine de recourir aux expériences , pour lui donner un appui folide. Mais comme en phyfique les expériences feules font le fil crAruidne , qui nous mené à la vraie connoifî'ance de la flrudure la plus cachée des corps j'ai tâché de pénétrer par ce moyen un peu plus avant dans leur compofition , & j'ai eu la fatisfaâion de faire quelques découvertes , qui fcmblent montrer la nature dans fa plus grande fimplicité , lorfqu'elle efl occupée de cette grande opération. Dans un mémoire fur la nature & les propriétés des quatre élemens , que j'ai eu l'honneur de lire l'année pafïèe à l'Académie , j'ai démontré , par des expériences inconteftables , la converfion de l'eau en une véritable terre tixe , homogène , & inaltérable au feu. Je tâcherai de prouver à préfent , que c'eft cet élément liquide qui fournit pour la plus grande partie , la bafe , ou la matière folide aux corps , dans les trois reines de la nature. Tout le monde fait que l'eau efl une fubilance extrêmement fluide , tranfparente , fans couleur , fans goût , & fans odeur. Les Phyficiens modernes fe font donné beaucoup de peine pour en pénétrer l'intérieur, ou les parties fimples qui la compofent ; mais iufqu'ici ils n'ont pu en venir à bout , faute de mefure applicable à l'extrême petitefTe de ces parties conftitutives ; ce qui prouve aflèz leur parfaite homogénéité , qui ne permettra jamais , je penfe , une diverjité à l'mlini dans les dernières molécules de cet élément merveilleux ; en forte que le principe des indifccrnablcs court grand rifque de fouffrir ici quelque exception confidérable. Voyons préfentement de quelle manière l'eau agit pour former les corps , & premièrement ceux des végétaux. La vérité que j'entreprends d'établir avoit été déjà foupçonnée par l'ancien Philofophe Thaïes , & le grand reftaurateur de la Philofophie naturelle , le Chancelier Bacon , en étoit convaincu. Van Helmont le père , l'a prouvée par l'expérience faite fur un faule , qu'il fît croître à une grolTeur confidérable , en l'arrofant feulement avec de l'eau commune , fans que la terre du vaifTéau dans » De or!f. lequel l'abre étoit planté , diminuât de fon poids. Cela fut confirmé encore /o,m.pae.,6,. jçj expériences femblables de Robert BoyU , * & le célèbre Woodward DES SCIENCES DE BERLIN. 141 y en a joint plufîeurs autres , qu'il a communiquées à la Société Royale de Londres. Ces épreuves , il eft vrai , ne fatisfont pas entièrement un cenfeur rigide ; il pourra objecter que l'eau peut aifément dillbudre , & renfermer par conféquent dans Ton fein une terre fubtiie , qu'elle entraine de tous les lieux par où elle pâlie , avant que d'entrer dans les tuyaux des racines ; que cette terre ayant été dépofée enfuite dans les fibres des vailicaux de la plante pour fon accroiHement , lailîè échapper l'humidité , qui lui a fervi de véhicule , au travers des pores de lés branches & de fes feuilles. On peut objecter encore , qu'on découvre dans les plantes , une efpèce d'huile , ou madère inflammable , & un efprit acide ^ chofes que l'eau fimple & élémentaire ne fauroit fournir ; moins encore , ajou- tera-ton , pourroit-clle produire , par la circulation feule de la fève , toutes ces fortes de liquides ii ditiérens de l'eau , que nous préfente le régne végétal. Ces objeâions , & autres femblables , que je me fuis faites , m'ont enfin déterminé à entreprendre quelques nouvelles expériences relatives à la végétation par l'eau feule. Dans ce delîèin , j'ai pris de l'eau de fontaine la plus pure que j'ai ;.u trouver , fâchant bien qu'elle doit dépofer toutes les parties terreirres & hétérogènes dans le fable à travers kquel elle palîè fous terre , mais pour m'ailùrer encore davantage de fa pureté , je l'ai dillillee tout doucement au bain marie , c'elt-à-dire , à la chaleur de l'eau bouillante. Par cette opération , tout ce qu'il y avoit encore de parties hétérogènes s'arrêta au fond de mon alembic , & il ne coula dans le récipient qu'une eau parfaitement puritiée de toute terre, laquelle , à ce qu'on m'accordera facilement , ne peut pas monter il haut , fur-tout par un degré de chaleur qui ne caufe dans l'eau qu'une foible èvaporation. Ce fut donc avec cette eau ainlî purifiée qu2 je fis les expériences que î'avois en vue fur la végétation ; je plaçai dans plufieurs l'iaccons de verre toutes fortes de coupures de branches d'arbre , ix. fur-tout des oignons de fleurs , qui poulïerent bientôt leurs branches, feuilles oc fleurs, ijuoiqu'ils n'euflènt pour toute nourriture que cette eau purilice. Il n'éioit pas diifccile de déterminer la quantité , ou le poids de la terre , que l'eau dont il s'agit avoit fourni à l'accroiflèment des branches j car ayant une fois trouvé le poids de la terre qu'une branche qui péfoit , par exemple , une once , rendoit après la comouition & la calcinadon , il m'étoit aifé d'en inférer , que fi une branche du même poids mife dans l'eau , péfoit après y avoir végété, une fois autant, il falloit néccilàirement que la moitié des parties terreilies qui s'y trouvoient , eût Été produite de l'eau dont on J'avoit arrofée. 442 MÉMOIRES DE UACADÈMIE ROYALE - Par ces expériences je fus donc convaincu que l'eau , en fe convei*- loM.lr. tiHànt en terre, foumilîbit à tous les végétaux la bafe d'où dépend leur ^ -"^ J' ^ folidité. Mais il me reftoit encore à lever la grande difficulté, fçavoir , ^74°' £j'o^', (.£(•(•£ partie inflammable , huileufe ou réfineufe , qu'on rencontre dans les plantes , peut tirer fon origine ? Les qualités occultes des anciens , & les fermens de quelques modernes , ne me fatisfaifoient point du touli Je fus donc obligé de recourir de nouveau aux expériences. J'avois remarqué que la rofée & l'eau de pluye , amaiTëes pendant l'été , & renfermées dans des bouteilles de verre , commencent à fe troubler avec le tems , & dépofent peu-à-peu au fond un limon , ou matière trouble & épailîè. Ce phénomène méritoit attention ; je fis cette expérience. Après avoir jette l'eau qui furnâgeoit la matière bourbeufe , je la mis dans une cornue , & par le degré de feu que je donnai , je vis fortir des nuages blanchâtres , qui dans le récipient fe convertiflbient en une efpèce d'efprit acide , fuivi à la fin par un peu d'huile , ou baume rougeâtre , qui fe traînoit le long du col de la cornue. Je crus d'abord que la folution du problême étoit trouvée ; & je m'ima- ginois avoir découvert l'origine de l'acide , auffi bien que de la matière inflammable des plantes , que je cherchois depuis quelque tems. Mais des réflexions ultérieures m'apprirent , que la rofée & l'eau de pluye pour- roient , en tombant , entraîner très-facilement cette matière inflammable , dont l'air efl: toujours rempli , & qui réfide dans les vapeurs qui s'élèvent fans ceflè de la terre , à l'occafion de la combuflion & de la putrefaélion des plantes &; des animaux. Quant à l'efprit acide que j'avois obfervé dans la rofée & l'eau de pluye , je le croyois provenu de cet acide univerfel qui fe trouve conftamment dans l'atmofphère ; c'efl: cet acide dont les Cabaliftes nous vantent tant les merveilles , & qui efl leur demo" gorgon , caufe de la produftion de toutes chofes dans les trois régnes de la nature. Les doutes que je viens d'expofer , m'ayant de nouveau jette dans l'embarras , je cherchai à m'en tirer par de nouvelles expériences ; j'eus recours derechef à de l'eau de fontaine , purifiée avec foin de toute matière terreftre par la diftillation au bain de vapeurs , comme je l'indique ci-defîits. Cette eau, par une féconde diflillation , exécutée de la même manière , ne lailTa rien au fond de l'alembic , qu'une très-petite tâche tranfparente ; je fus convaincu par-là , que cette eau étoit un liquide alTez homogène , élémentaire , qui ne donnoit pas le moindre indice d'une matière acide , ou inflammable. Je m'en procurai une quantité fuffifante, dont je remplis un grand verre large & cylindrique , ayant l'ouverture égale à fon fonds ; j'eus foin de' le couvrir avec une feuille de papier , que je liai autour de l'ouverture. Une autre portion fut mifc dans une grande DES SCIENCES DE BERLIN. 143 bouteille de verre qui contenoit pluficurs mcfurcs ; l'ayant remplie jufqu'aux .=3 deux tiers , je la fermai avec un bouchon -, je les plaidai toutes deux ^ "'■'• ^f'* au foleil , au cœur de l'été pafîé , pendant plufieurs femaines , & jg ■^ N N £ K remarquai bien-tôt, que cette eau toute claire qu'elle étoit au commence- ' 74^» ment , changeoit inlenfiblement de couleur , & que pouflànt des petites veffies , & une écume mince à fa furface , elle devenoit un peu verdàtre au fond , & moins tranfparente. Quelques circonftances m'obligèrent de retirer cette eau des rayons du foleil , mais je n'oubliai pas de l'examiner , pour me procurer quelque lumière fur le changement qu'elle avoir fubi , pendant qu'elle y avoit été cxpofée. Je la mis par reprifes dans un alembic de verre , &; je la fis dilliller fucceffivement au bain marie , jufqu'à ce que j'euflé retiré toute J'eau pure & claire ; après quoi il me relta au fond de l'alembic une petite quantité d'une liqueur trouble & moins tranfparente ; je la verfai dans une petite cornue de verre , à laquelle j'adaptai un récipient , & ayant poulîé le feu par dégrés , j'obtins à la fin , après quelque humidité aqueufe, des nuages blanchâtres, & un peu d'huile tirant furie rouge, femblables à ceux que m'avoient donné en diftillant la rofée & l'eau de pluye, après avoir fubi une efpèce de putrefadion. Cette expérience rne fit naître une nouvelle idée d'une très-grande con- féquence pour l'objet de mes recherches ; car je fus convaincu que les rayons élancés du foleil , de quelque nature qu'ils puilTènt être , caufoient dans l'eau un changement elîentiel , en y introduifant une matière impal- pable , laquelle par une efpèce d'altération , qui approche de la fermen- tation , fait naitre dans l'eau les deux principes fi nécelîaires à la produdion des plantes , que je cherche is. Je me procurai auffi par-là la folution du problême de l'exiflence & de la génération de l'acide univerfel , tant vanté par la feéte cabaliftique de quelques anciens Chimilles ; car les rayons du foleil , par la chaleur qu'ils communiquent à l'eau difperfée dans le vafte eipace qui entoure notre globe , y opère la même chofe que ce que je vis naitre dans l'eau renfermée dans mes bouteilles. Quand ces vapeurs fécondées de cette façon , & condenfces en pluye , tombent & pénétrent dans la terre , elles y altèrent & changent tout ce qu'elles rencontrent, elles dilTolvent & combinent les différentes efpèces de terres ; & c'eft à cette opération de l'acide univ-erfcl , que nous devons l'exirtence des difterens fels que la terre nous fournit , comme le vitriol , l'alun , le nître , le fel commun , / ^'*'' ,;• ' '"J^i"''' leurs cavités pour laiHèr entrer l'air & recevoir la poufîière /INNE féijiifiale, Enfuite quand le tems de la fleur eft pafTé , tout le champignon i y 4 à. ^g développe , & les petites lames , couvertes auparavant de la pouliière féminale , Ibnt alors tout enflées de la fémence , qui prend des accroilîèmens infenlîbles , ' & elles s'éloignent l'une de l'autre , de manière qu'elles n'ont plus befoin de ces corps. A quoi il faut ajouter que ces corps diaphanes de Michdius , alors extrêmement tendres & petits , ne touchent point les lames oppofées , & n'ont pas la force de les féparer l'une d'avec l'autre. Il y a de plus quelques champignons , auxquels la nature ne paroît point avoir donné les corps diaphanes pour empêcher la chute prématurée des fémences , puifque ces fémences , lorfqu'elles font fécondes , & n'ont aucune maladie , font fi fortement emboêtées dans leur étui , qu'elles n'en tombent jamais , à moins que la morfure des infedes , ou quelqu' autre attaque extérieure , ne les en tirent. Or , les lames étant dans les agarics les vrais refervoirs de la fruftification , fur la partie plane defquels tombe non-feulement la fémence mâle , mais où cette fémence s'arrête dans des organes particuliers , après quoi s'enfuit la perfeftion de la fémence fécondée ; il efl: manifefte que ces corps diaphanes de Michdius , environnés d'organes femelles , dont ils font par conféquent très-proches , & demeurant dans cette fituation , depuis que les parties qui fervent à la fruftification commencent à fe développer , jufqu'à la perfeétion de la fémence , doivent être deflinés à un ufage beaucoup plus important. Et en effet , les circonflances qu'on obferve , confirment que ces corps diaphanes ont été accordés à quelques efpèces de cham- pignons en faveur de la pouffière féminale. Ce font des organes fecondaires , qui dans l'un & dans l'autre fexe des plantes , aident beaucoup à faire fleurir ^ il y a plufieurs fleurs plus parfaites , dans lefquelles ils fe rencontrent , tant dans les pifi:illes , ou organes féminins , que dans les capfules , ou organes mafculins. Ils s'y pré- fentent fous toutes fortes de figures , arrondis , anguleux , droits , d'une feule pièce , avec des branches , roides , velus , étendus , avec des feuilles , ou des tuyaux , dans un état de contradion , réfléchis , crochus , inclinés d'un côté ou de l'autre , ou fe portant de tous les côtés à la fois , &c. Dans le piftille ils occupent pour l'ordinaire cet organe particulier fur lequel fe fait, fuivant les loix de la nature, la chute de la fémence. Un exemple peut fuflire pour tous ^ c'eft celui de ce qui arrive à l'ouverture du fligmate , dans la fleur de melon , & de lis blanc. Dans le lis blanc , ce fligmate , qui efl afl^èz grand & triangulaire , fe montre , pour ainfi dire , tout hériffé de corps diaphanes afîéz confidèra- bles , qui ont leur direûion en tout fens , ôi qui envkgnnent aufli l'orifice fupérieur DES SCIENCES DE BERLIN. 153 fupéricur de fa cavité cylindrique. Ces corps reçoivent avec abondance = dans leurs intcrftices la pouflière fcminale , qui clt fécouée par l'élallicité ^ "'"' ^^' des fibres , & il n'cft pas rare qu'ils la retiennent julqu'à la chute du ^ ^' ^ ^' piftille entier, 17 4*. Ajoutez que ce qui facilite merveillcufement toute cette opération , c'eft ]a figure même de la pouffière fcminale, qui efl celle d'un globe oblong, ou fphérique , & dont la furface eft pour l'ordinaire toute hcriflëe de pointes. Il ell vrai que les fruits de la plante avortent quelquefois , mais j'ai pourtant acquis dans le cours de cet été , une pleine certitude de rentrée de la femence mâle par le ftigmate dans la cavité dujlitc. Pour cet eflet , j'ai examiné tous les mois les piftilles de pluficurs lys , & j'ai quelquefois vu la chute de la pouffière fur l'ouverture du piffille blanc. Il en ctoit prefque tout couvert , & une partie de cette pouflière , qui étoit adhérente à la fuperficie des éminences papillaires diaphanes , fe difi,poit pour l'ordinaire au bout de trois ou quatre jours , excepté feulement la partie du ftigmate , où la pouflière s'étoit infinuée plus profondement dans les interlHces des corpulcules diaphanes. Un feul de ces petits corpufcules, attrapant la cavité du Jllle , defcend plus bas que le milieu , vers le fein de l'ovaire. Sa figure s'y change tellement , qu'il femble détruit , & l'ovaire de fon coté acquiert une autre forme en fe gonflant. J'ai encore trouvé cette année une autre efpèce de corps diaphanes , qui efl: plus épaiflè, & arrondie vers le bas, au lieu qu'elle efl pointue -vers le haut. C'cft dans la capfule du melon que je l'ai obfervée , au moment même où s'exécutoit l'aéfe de la profujlon feminale. La capfule eft formée par un corps cylindrique & droit , qui eft comme couvert par une ligne qui fait divers tours de haut en bas , & de bas en haut , & qui efl chargée de farine. Les corpufcules diaphanes , tantôt en plus grande , tantôt en moindre quantité , s'élèvent comme des coins hors des cavités de cette ligne farineufe , & en perçant les bords des lames de cette ligne , ils les irritent peu-à-peu , les piquent & les difpofent à une rupture fubite. C'cft ce qui produit la difperfîon rapide de la femence, parce que les bords des lames , picotés par les éminences papillaires , éclatent avec un certain degré d'élafticité. Mes obfervations fe bornent ici , Si je n'ai garde de rien affirmer au-delà de ce que j'ai vu. C'eft la reflcmblance des corps diaphanes de Mii./it;!iuj , dans les agarics de Linnizus , avec les autres éminences papillaires, qui naiflènt dans les capfules & dans les piftilles des fleurs plus parfaites j c'eft , dis-jc , cette rci-Ièmblance qui m'a principalement conduit aux conjectures que je vicm de propofer. IJ4 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE ^^^'" ARTICLE XXV. 17 49' Sur les moyens propres à découvrir la conjîrucîion des vlfcèrcs. Par M. LiEBERKUNH TO U s ceux qui s'appliquent à l'étude du corps humain , & quî tâchent d'expliquer par la ftrufture même de cette machine , ce qu'elle fait , & ce qu'elle peut faire ; tous ceux , dis-je , qui font verfés dans ces connoiirances , favcnt fuffifammçnt que nous ne fommes pas encore parvenus allez loin , pour pouvoir démontrer comment fe font toutes les aftions naturelles. Je ne parle pas de celles que nous appelions animales , parce que les premiers organes par le moyen defquels elles s'exécutent , font d'une fi grande délicateiïè , qu'elle les rend non-feulement imperceptibles à nos obfervations , mais même qu'elle ne nous permet prefque pas d'en concevoir aucune idée. Nous ignorons , par exemple , encore comment fe fait la bile dans le foie , & comment s'opère la fécrétion de l'urine dans les reins, quoique Glijfon , Bdlini , & Eujhichius , ayent fait làdeffus de très-belles découvertes , qu'on peut trouver dans leurs excellens ouvrages. J'omets bien d'autres preuves des bornes étroites de nos connoilïànces. Cependant nous pouifons tous les jours plus loin nos recherches , & je ne doute pas qu'avec le tems on ne vienne à bout d'expliquer bien des chofes qui font encore inexplicables pour nous , & en particulier de faire des découvertes, dont on tirera beaucoup d'ufages dans la médecine. Qu'eft-ce qui nous empêche de trouver le méchanifme de ces parties , que nous pouvons néanmoins fi bien injecter avec de la cire colorée, qu'on ne fauroit douter que la matière injeftée ne paflè par tous les vailîèaux , dont ces parties font compofées ? C'elt ce qui a lieu fur-tout dans le foie , & dans les reins. Ruyfch a déjà pouffé , en quelque forte , fes injections dans tous les vaiffeaux de ces parties-là ; mais à quoi cela l'a-t-il mené ? Il n'y trouve, comme ailleurs , que ce qu'on nomme les pinceaux des vaillèaus , qui ne nous expliquent pas grand chofe. Lorfque ce célèbre Anatomifle avoit injefté quelques vifcères avec une matière molle , ou liquide , dont il n'étoitpas trop le maître , il la mâceroit, & en la contraclant beaucoup avec les mains fous l'eau, qu'il rafraîchifïbit fouvent , il faifoit paroître par-tout les pinceaux en queflion. Mais que produifoit-il par ce moyen ? Il détruifoit la liaifon des vaif- feaux plus fubtils , changeoit leur fituation , les déchiroit tous , & faifoit DES SCIENCES DE BERLIN. ijj tomber dans l'eau ce qu'il cherchoit à connoîtrc. Que diroit l'horloger le moins habile , s'il voyoit qu'on s'y prit de cette manière pour déinon- trer la ftruâure d'une montre ? Aulïï la matière molle dont Ruyfch s'eft fervi , ne convient-elle point à cet ufage. Car , dès qu'on en coupe un petit morceau pour l'expofer au microfcope , elle fort des vaiflcaux par où elle étoit entrée ; ils deviennent fiafques , la matière féparée ne montre plus que de petits points marqués, fans apparence de liaifon j enfin , & en un mot , cette matière enduit le tout d'une grailîè , qui ne permet guéres de voir autre chofe que cette graiflc même. Il faut s'y prendre plus doucement avec des ouvrages de la nature auffi délicatement travaillés , & fe fen'ir d'une matière plus dure & cohérente pour injeâer ces vaillèaux , lorfqu'on veut avoir le plaifîr d'en découvrir les merveilles. Voici une idée abrégée des moyens dont je me fuis fervi pour examiner les parties nobles de notre corps. J'appelle grandi vaiffeaux des vifcères , ceux qui n'ont pas encore de connexion avec les vaifïëaux excrétoires , & je nomme petits vaiffcaux , tant ceux qui ont cette connexion , que les excrétoires eux-mêmes. Telle eft la manière d'injefter les grands vaillèaux des vifcères. Prenez de la cire blanche , bien exempte de toute graiflè de bœuf , ou de mouton , autant que vous en voulez. Joignez-y une cinquième partie de colophone , une dixième de thérébentine de Venife , & du vermillon , ou autre couleur , autant qu'il en faut pour donner aflèz de teinte & de cohéfion à la matière refroidie. Injeftezenfuite les grands vaiflèaux avec cette matière , au point que vous voulez , en y employant toute la dextérité que demande cette opération. Donnons à préfent la m.anière de féparer les vaifTcaux fins d'avec les grands , par le moyen de la matière injeâée , en obfervant l'efpace des cavités des grands vailTèaux. Mettez-la partie Lijeftée dans de l'efprit de nître aflèz-fort, ou dans de l'huile de vitriol, détrempée dans de l'eau. LailTèz-la dedans, jusqu'à ce que l'acide ait difibus ce qui n'efl: pas de la cire. Vr<:nt:z-[:i eufuite , lavez-la dans de l'eau fraîche , & vous aurez '" p'aifir de vok les cavités des grands vailTèaux , formées en <:'"'^' Comme ces fortes de prcpar-ttons font les plus curieufes de toutes celles que les anatomiftes peu'--:nt garder dans leurs cabinets , mais qu'elles y font expofées à êf^ facilement gâtées & caffees ^ je vais fournir encore une méthode propre à les rendre plus durables , avant que d'expofer celle que demande l'examen des vailïèaux fins. Prenez deux parties de gypfe en poudre très-fubtilifé , & une partie de tuiles pulvérifées. Mêlés bien cnfemjjle ces poudres féches , dans ua V ij 155 MÉMOIRES DE UACADÉMIE ROYALE 5/ '^^ vailîèau 5 mettez - y enfuite autant d'eau de fontaine qu'il en faut pouî ioM.y. £gjj.g ^^ç p-jg g^g2 fluide, après avoir mêlé rapidement ces malles ANNEE ^^^^ j^ main. Jettez dans cette malïè votre préparation de cire , & tenez l'y ^7 49- JLifqu'à ce qu'elle ait durci. Après qu'elle a durci , & qu'on l'a fait fécher à l'air , mettez-la au feu , Ôc de degré en degré faites la chauffer jufqu'à la rougeur. Quand cette rougeur paroît , & que toute la cire eft brûlée , vous avez le moule. Dans ce moule verfez de l'argent bien fondu ; après quoi mettez le moule dans du vinaigre , & vous trouverez aiîcz de facilité à le réparer de l'argent. De cette façon on peut injeâer les vaifleaux de degré en degré , & les préparer jufqu'aux vailléaux les plus tins , que l'on injecbe enfuite de cette manière. Prenez-la matière que j'ai indiquée pour les grands vaifleaux , & ajoutez- y feulement autant d'huile de thérébentine qu'il en faut , pour l'infinuer enfuite dans les vaifleaux plus fins. Coupez après cela un petit morceau de la partie que vous voulez examiner j verfez une goutte d'eau forte fur la furface , & lailfez - l'y jufqu'à ce qu'elle ait féparé les membranes des vaifleaux. Expofezla enfin au microfcope avec le miroir de réflexion , & vous verrez un ouvrage bien plus accompli que celui que les graveurs peuvent exécuter fur des plaques de cuivre , & dans lequel vous décou- vrirez & développerez tout ce que vous fouhaitez. S^ ' — -=i-f&^ — === ^ ARTICLE XXVI. Obfervations fur Vhuilc qu'on peut exprimer des fourmis , avec quelques effais fur Vacide des mêmes infectes. Par M. M A R G R A F. Traduit du Latin^, I.T 'Huile exprimée en. ..ne graifle fluide, qu'on tire des fujets où J lelle fe trouve, fans addit\c-n d'aucunes autres graiflès, & par I3 iîmple expreflîon. Cette huile dans cet étai refûfe de fe mêler avec l'eau ; elle ne fouffre point de folution dans l'efprit dt vin le mieux réftifié , & ne s'unit point à lui ; lorfqu'on entreprend de la diHiUer avec de l'eau , elle ne paflè point par l'alembic ; quand on y joint de rulcali fixe , elle reflemble à du favon -, feule elle prend feu difficilement , mais dès qu'on y met une mèche elle brûle fans peine. De plus , dans la coâion elle réfout & pénétre le fouphre , auffi bien que les autres corps huileux , ou relîneux,j I DES' SCIENCES DE BERLIN. 157 avec la chaux de plomb , elle prend une conlîftance d'emplùtrc , & elle ■—= laillè fur le papier une tâche huiicule. -' °'^'' ^' II. C'eft une chofe afîbz reconnue ôc confiante , que le règne végétal -^ ^' ^ ^ ^ fournit une quantité conlidérable de ces huiles exprimées, qu'on tire de '7 45* divcrfcs femences , noyaux & fruits , telles l'ont les huiles de pavot , de rave, de lin, dcchanvrj, 0>: celles d'amandes ôc d'olives. Maison neconnoit prefquc point de pareilles huiljs qu'on puilïè tirer du règne animal & feparer des panies des animaux , à moins qu'on ne veuille mettre dans ce rang de légères grailles de certains poilions & de quelques autres animaux. A cela près , il n'y a rien de connu dans tout le règne animal , à quoi le nom d'huile exprimée convienne , que celle qu'on tire des jaunes d'œufs , en faifant durcir des œufs , les dépouillant enluite du blanc, faifant rôtir le jaune à petit feu , & exprimant avec une prelïé chauffée ce qui en fort, dans une quantité afïèz conlidérable. m. N'y ayant donc encore d'autre huile exprimée connue qui provienne du régne animal que celle dont je viens de parler , il m'eft arrivé de découvrir quelque chofe de femblable dans un petit infede^ & la chofe m'a paru h fingulière , que je n'ai pu m'empêcher de rapporter fans délai cette découverte , & de publier en même tems la manière de féparer cette huile du fujet en queftion. rV. L'infefte dont je veux parler eft la fourmi , qui fe trouve dans ... Linnaus * fous la dch'gnation de formica 2. , & dans Ray f fous celle s,"'"" ""' de formica mcdia rubra. Pendant les mois de Mai & de Juin de cette ii^'Jior.ey, année , je fis ramafler une quantité de ces petits animaux vivans ; & cela dans le defïein d'en tirer non-feulement l'huÛe efïènticlle qui s'y trouve, mais encore l'acide qu'ils renferment. Pour cet effet , je les mis dans une ample retorte de verre , je verfai de l'eau defîiis , je plaçai cette retorte dans une coupelle pleine de fable , j'y adaptai un récipient proportionné , & après avoir lutté les jointures , j'entrepris la diflillation , augmentant infenlîblcment le feu , & le donnant à la fin fi violent, que l'eau bouilloit. Je verfai environ la moitié de cette eau , & enfuite les vailTeaux étant refroidis , je trouvai dans le récipient une eau qui avoit quelque acidité , avec l'huile elîentielle des fourmis qui furnâgeoit. Je feparai cette huile de l'eau , comme on le'fait ordinairement avec du coton , (5c je la confervai à part. V. Je ne placerai ici qu'un petit nombre de remarques fur cette huile eflèntielle de fourmis , fçavoh: : 1°. Qu'aucun efprit de vin ordinaire le plus reftifié ne fçauroit en produire la folution ; mais qu'elle s'opère parfaitement par le moyen de l'efprit de vin , que le fel alcali fixe a délivré de fon eau fuperflue ,, & qui a été de nouveau diiUllé , ijs mèmoirî:s de vacadémie rovale ===== 2°. Que cette huile réfout entièrement le phofphore folide , mais fans 1 OM. V. qyijj £-QJj rendu lumineux par-là j Année ^o^ q^^ ^-^^^ qyg jg foupçonne cette huile de renfermer quelque légec ^749- acide, il ne fe manifefte cependant point , & ne manifefte aucune réaftion, lorfqu'on le mêle avec une portion de fèl de tartre & de limaille de fer, & qu'on l'expofe à la digeltion ; 4". Qu'il n'imprime aucune faveur brûlante à la langue ; & enfin , 5". Qu'il frappe les narines d'une odeur toute particulière. VI. Ce mixte , que nous avons dit §. IV. relier après la diftillation dans laretorte, je l'ai mis dans un petit fac de toile net, afin que le fuc acide qui paroiffoit déjà hors des fourmis , en découlât dans un vafe bien nettoyé. Cela fait , j'ai encore mis mes fourmis reftantes dans le petit fac de toile fous une preilè d'étain nette ; & j'ai preffé de toute ma force , afin d'en tirer entièrement tout l'acide. C'efl: alors qu'au bout d'un court eipace de tems , j'ai remarqué avec une extrême admiration une certaine grailTè , qui après un autre efpace de tems , s'eft montrée encore en plus grande abondance. Je l'ai enlevée avec une cuiller , & l'ai mife dans un verre bien net ; je l'ai entièrement dégagée du fuc acide aqueux qui y étoit encore attaché , & je l'ai confervée ainfi à part. VII. Quoiqu'après cette expérience je fuflè pleinement convaincu que les fourmis contenoient une huile qui peut en être exprimée , comme il me reftoit pourtant encore quelques doutes à cet égard , j'ai réitéré le même travail une féconde & une troifième fois , en prenant les fourmis les plus nettes , & en me fervant de nouveaux vaiflèaux le plus exaftement nettoyés ; & j'ai éprouvé le plus fenfible plaifir , en voyant que tout s'accordoit parfaitement avec la première opération. Bien que je n'aye pas exaélement pefé les fourmis que j'ai employées , je puis pourtant affurer qu'elles rendent une quantité d'huile qui n'eft pas des moindres. Car en rempliflànt de fourmis un verre qui contient environ fîx mefures d'eau , on peut compter d'en tirer par la voie fufdite , au moins une once & demie , & jufqu'à deux onces d'huile. VIII. Cette huile exprimée des fourmis pofTede , & fait voir tous les caraftères , & toutes les propriétés des autres huiles exprimées. Elle fent en quelque forte les fourmis -, fa couleur eft d'\in brun rougeâtre 5 fi on. l'expofe à l'air ordinaire , elle devient tranfparente ; une médiocre gelée l'epaiffit , & par conféquent diminue fa tranfparence ; elle imprime au papier une tâche huileufe ; elle nage au-defîùs de l'eau , & refufe de s'y mêler -, elle n'eft point imbibée par l'efprit de vin le plus rcélifié ; en la diftillant avec de l'eau , elle ne s'élève , ni ne paiïc par l'alembic ; elle brûle , comme tout autre huile , par le moyen de la mèche ; dans la coftion elle dilîout le fouphre , ôi fe change avec lui en foye huileux de fouphre. DES SCIENCES DE BERLIN. ijg En la mêlant avec d'autres graifTes & corps huileux , clic s'y unit & ^ en procure la folution. Cuite avec la chaux de plomb , par exemple ou ^ "'"• ^• le minium , elle conltitue une maffé de la forme ordinaire des emplâtres ■^ ^ ^' ^ * & avec le fcl alcali fixe , fur-tout le cauflique , elle fournit un favon ordinaire ' 74£>. & bien lie. IX. Ayant ainfi fuffifamment démontré , à ce que j'efpére , que cette huile qu'on tire des fourmis par voye d'expreffion a tous Ics'caraaères d'une véritable huile , je dois ajouter que l'infede qui s'attache aux racines de la plante nommée polygonus coccifcms , & fur lequel Brcynius * a dit des chofes qui méritent d'être lues , que cet infede , dis-je après qu'il s'cft dépouillé de fon enveloppe , fournit auffi une graille exprcffilile h^°'" '"'" qu'on pourroit mieux examiner li l'occafion fe préfentoit de raffemblcr "W/^l'Z-" une grande quantité de ces infedes. C'ell cette graillé mêlée à la fubftance '""'' de ces infcdes , qui empêche que les elTais de ceux qui voudroient s'en fcrvir pour teindre de la laine , & d'autres chofes en couleur de pourpre n'ayent tout le fuccès défiré , quoique cet obftacle pût être furmonté en ufant de certaines précautions , îk de moyens convenables, X. Je paflè préfentement à l'examen de l'acide des fourmis. J'ai mis dans une retorte de verre cette liqueur acide que j'avois feparée des fourmis par la voie indiquée au §. VI. & y ayant appliqué le récipient je l'ai expofée à la diftillation pour en tirer ce qu'il y avoit d'aqueux ' dans une coupelle de fable , & d'abord à petit feu , faifant une extrême attention au moment où des gouttes fort acides commenceroicnt à paroître Alors j'ai changé le récipient , & j'ai continué la diftillation , tant qu'il a voulu paiïér quelque chofe qui ne fentit pas le bruIé ; & cela étant fait ] ai trouve dans le récipient une liqueur dont le goût & l'odeur avoient une tres-fortc acidité. Pour la retorte , il y eft demeuré une malTè épaifTe tirant fur le noir, qui outre les parties gélatineufes des fourmis, renfermoit encore beaucoup d'acide , qu'on peut en féparer parfaitement , fi on le juge a propos, par la diftillation au bain marie. XI. Cet acide des fourmis entre en effervefcence avec l'un & l'autre des fels alcahs , c'eft-à-dire , avec le fixe & le volatil . & forme auflî avec l'un ? 1 autre un fel moyen. Si on le mêle jufqu'à faturation avec l'alcali Hxe , & qu enfuite on le falTe évaporer doucement , il fe réduira à la fin encryltauxoblongs,qui étant expofés à l'air , fe fondront de nouveau au bout d un certain tems. Si l'on prend ces cryftaux , ou plutôt tout ce mixte laoulé lans I avoir conduit à la cryftallifation , & que le diftiUant par dégrés flans la retorte , on falTe premièrement fortir toute l'humidité , qu'enfuite on donne un feu plus fort, & à la fin jufqu'à l'incandefcence, en le pouflànt ïeiJementque la retorte commence à fondre; par cette voie on ne trouve 0 abord qu une liqueur tr^s-peu acide, qui fait à peine la plus légère î6o MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE .^ effervefcence avec la folution de fel alcali fixe. Il fe manifefte enfuite un i ^^'' j, ' peu de liqueur plus urineufe & en partie ammoniacale : pour le reite , "^ c'eft une malîé noire fondue , qui demeure au fond de la retorte , & ^7^9' qui a la faveur de leffive , ou d'alcali fixe. Si on la fait diflbudre dans l'eau diltillée , qu'on la filtre , & qu'on en fepare l'humide fuperflu par une douce évaporation , il fe forme ^n aflèz grands cryftaux , ce qui n'a pas coutume d'arriver au fel alcali fixe ordinaire , & la plupart de ces cryftaux font d'une figure particulière. Mis fur du papier qui boit , & expofés à l'air chaud , ils fe dellëchent & demeurent dans cet état fec : néanmoins ils entrent en effervefcence avec les autres acides auffi bien qu'avec le leur propre , conformément à la nature des fols alcalis fixes , ik outre cela , ils ont une faveur fort alcaline ; en un mot , & pour abréger , ils montrent toutes les propriétés de l'alcali fixe. Il demeure donc encore incertain , ce qu'eft devenu l'acide, & où il fe tient caché? Mais quoiqu'en faifant diflbu- dre ces cryftaux dans une quantité d'eau , & les diftillant avec de l'huile de vitriol dans une retorte à tuyau , je n'aye pu en tirer rien d'acide ; cependant une vapeur blanche des plus pénétrantes , qui montoit pendant l'aifufion de l'huile de vitriol , & la facilité de ce fel à fe cryftallifer , me font foup^onner l'exiftence d'un acide fubtil , dont je pourrai peut-être dire dans la fuite quelque chofe de plus circonftancié, XII. J'ai dit dans le §. précédent , que l'acide des fourmis , avec le fel alcali volatil , forme un fel moyen. Ainfi , en lailTant tomber goutte- à-goutte fur cet acide des fourmis un efprit aqueux de fel ammoniac , jufqu'à ce qu'il n'y ait plus d'effervefcence , il en réfulte une liqueur faline moyenne ammoniacale. Lorfque j'ai diftillé ce mixte faoulé par dégrés dans une retorte de verre , à laquelle j'avois adapté le récipient , il a d'abord fourni une liqueur ammoniacale , qui dès que j'y ai verfé du fel de tartre en dilîblution , a laiiïé aller de l'urineux , & en continuant , le feu paflè de toutes parts , ne laiiïànt que très-peu de matière de charbon , & n'of- frant pas la moindre trace de fublimé fec. Ainfi, on peut fort bien comparer cette liqueur à celle qu'on prépare de la même manière par le mélange du vinaigre & de l'efprit urineux. XIII. Quant aux autres propriétés de cet acide , une chofe qui eft encore remarquable , c'eft que cet acide des fourmis ne précipite point la folution d'argent , de plomb & de mercure dans l'acide du nitre , ni celle de chaux vive dans l'acide du fel ; d'où il eft aifé de conclure que cet acide n'a aucune aflînité, ni avec celui de vitriol, ni avec celui de fe! commun. XIV. Il a les relations fuivantes avec les métaux & les demi métaux. I '. L'argent cru n'eft poit rongé par cet acide. Pour la chaux d'argent , précipitée de fa folution dans l'eiprit de nître , par la folution du fel de tartre , de bien édulcorée , lî on la foumet avec cet acide à la digeflion continuée DES SCIENCES DE BERLIN. i6t continuée jufqu'à l'ébullition , elle fe diflbut entièrement ; & l'on peut ''" ' ^ précipiter de cette folution l'argent qui y efl contenu par l'acide de fel , T"'^' Y' auffi bien que par le fel de tartre dilTbus , & même par le cuivre. As s É E 2°. Cet acide n'attaque point par lui-même la chaux de mercure , mais '7 4 9* au contraire , pendant la digeftion , le mercure eft revivifié de cette chaux dans fa forme brillante. De plus , je n'ai rien pu précipiter de ce mixte filtré , ni par l'acide du fel , ni par le fel de tartre en diiïblution. 3°. Le cuivre eil fort peu rongé par cet acide : mais pour le crocus veneris , ou le cuivre calciné , fî on en met une portion avec cet acide des fourmis à une forte digeffion , il s'en fait une entière folution ; & cette folution filtrée , & difpofée par l'évaporation à la cryflallifation , donne les plus beaux cryffaux , verds & compactes. 4°. La limaille de fer , quand en la joignant à cet acide , on la traite comme le cuivre fufdit , en efl très-violemment rongée ; & cette folution filtrée forme à la fin de petits cryflaux , ce qui efl digne de remarque , parce qu'en prenant du vinaigre diilillé , on n'obtient point de cryflaux. j". Cet acide attaque fort peu la limaille & la chaux d'étain , & de ces folutions fîlti-ées , en y ajoutant la folution de fel de tartre , je n'ai pu précipiter que très-peu de chofe, ou plutôt prefque rien. 6°. La limaille de plomb n'efl point rongée par cet acide ; mais fî l'on prend du plomJj calciné, la chofe va fort différemment: car fî l'on joint cet acide au minium, qu'on le foumette à une forte digeflion, & qu'en- fuite on filtre la folution , il en refulte de très-beaux cryflaux , qui refïèmblcnt beaucoup au fucre commun de faturne cryflallifé. y". Cet acide diflbut le zinc avec une extrême force dans la digeflion , & de cette folution filtrée fe forment de beaux cryflaux compactes , qui ne rcfîèmblent point à ceux que produit la folution du zinc dans le vinaigre diflillé. Cet acide dilTout pareillement la chaux de zinc , mais fans réadion fenfible. 8". Il ne paroît pas que cet acide attaque beaucoup le bifmuth cru , le régule d'antimoine , ni leur chaux ; car ayant verfé l'acide des fourmis fur ces corps , l'ayant mis en digeflion , & filtré , en y ajoutant enfuite la folution de fel de tartre , je n'ai remarqué qu'un changement à peine fenfible. XV. Par rapport aux corps dont la fubflance efl de terre, cet acide difïbut les coraux avec une grande véhémence , & prend enfuite avec eux une confîflance faline cryftalline , en confervant toujours une forme féche. La même chofe arrive quand on verfe cet acide fur de la craye , & cette folution donne pareillement de beaux cryflaux, qui gardent conflamment la forme féche. De plus, cet acide diflbut les yeux d'écreviflcs , les coquilles des teftacées , la pierre de chaux ,• la chaux vive , le marbre , les fputs A. ,62 MÉMOIRES DE UACADÈMIE ROYALE m. s= de chaux , les os calcinés , ou autres matières femblables , & cela avec ToM. V. une grande ébullition ; à quoi il faut ajouter, qu'avec la chaux vive il fe Année j-j^g^gg auffi en cryftaux. 1749- XVI. Ceci pourra fuffire pour le préfent au fujet des principales relations de l'acide des fourmis ; & il fera aifé d'en inférer que cet acide a une très-grande afinité avec celui du vinaigre , quoiqu'il ne lui reflèmble pas parfaitement , & n'en ait pas toutes les apparences. Quant à l'hifloire naturelle des fourmis , M. GUditJlh m'a aflùré qu'il communiqueroit dans peu , fur ce fujet , à l'Académie , des obfervations particulières Si intéreflântes. S^=== ^i!SSg^g!J=;= . ^ ARTICLE XXVII. Mémoire fur rurt de couver les Œufs ouverts. Par M. B E G u F L I N. LA machine qui m'a fervi à faire les expériences dont j'ai l'honneur de rendre compte à l'Académie , repréfente à la vue un vafe cylindrique «le deux pieds de diamètre , &. de neuf pouces de hauteur , dont l'épaifléur, tant du fond que du contour , feroit par-tout de deux pouces ; de forte que la capacité , ou cavité intérieure de ce vafe , qui efl ouvert par en haut , forme un efpace cylindrique de 20 pouces en diamètre , & de 7 pouces en hauteur. Ce vafe n'eft auti-e chofe que l'aiTemblage de deux cylindres de fer blanc , emboëtés l'un dans l'autre , dont l'extérieur a précifément 2 pieds de diamètre & 9 pouces de haut , tandis que l'intérieur n'a que 20 pouces de diamètre & 7 de hauteur. Le fond de ce cylindre intérieur efl: foutenu , au moyen de quelques appuis , à 2 pouces au-deffiis de la bafe du cylindre extérieur, ce qui fait que les bords des deux cylindres font au niveau l'un de l'autre. Un anneau , ou plutôt une zone platte de fer blanc, de la largeur de 2 pouces , foudée à fes bords , parallèlement à la bafe de la machine , couvre l'efpace vuide que les deux cylindres lailTent entr'eux. Cet anneau a deux trous d'environ 8 lignes de diamètre, qui fervent à introduire l'eau entre les deux cylindres , & à donner ifïue aux vapeurs* de cette même eau. Il efl; bon de placer encore un robinet près du fond de la machine pour pouvoir changer l'eau toutes les fois qu'on le jugera néceflàire ; & parce que le fer blanc fe rouille aifément , fur-tout aux endroits où on l'a foudé , 41 fera très-utile de le faire enduire d'une forte couche de vernis à l'huile. Cette machine , telle que je viens de la décrire , n'étoit d'abord deffinée qu'à faire éclore des poulets j au moyen du feu d'une lampe. La capacité DES SCIENCES DE BERLIN. i^ de fon fond intérieur peut contenir aifément cent œufs & plus , & l'on - = peut y en mettre quatre couches fans inconvénient , pourvu qu'on ait / '"^'' ^' l'attention de placer dans la couche fupérieure ceux qui doivent éclore -^ '^ ^ ^ ^ les premiers. ^749' On pourroit couvrir cette machine d'un couvercle de bois d'une épailTeur convenable , & qui conticndroit divers trous , qu'on ouvriroit & fermeroit , félon que l'exigeroit le degré de chaleur indiqué par le tliermo- metre 5 mais un pareil couvercle ne pouvant fervir au delTcin que j'avois de voir la formation du poulet à découvert , je me fuis contenté de couvrir les œufs d'une ferviette , & d'y étendre une couche afïèz épaiflé de coton. Comme je n'avois mis que deux couches d'œufs , il étoit affez indifférent de remplir d'eau tout l'interftice des deux cylindres, ou de n'en verfer que ' fur le fond inférieur environ la hauteur d'un pouce ; car les vapeurs qui s'élèvent de la furface de cette eau , ayant la liberté de monter de tout côté entre les deux cylindres , chauftent alïcz également le cylindre intérieur, principalement fi l'on fait un étui de bois , de carton , ou de flanelle au cylindre extérieur , pour empêcher l'air de refroidir fa furface. Mais outre que je ne voulois point me fervir de pareils étuis , je préferai de verfer une plus grande quantité d'eau , parce que je crois m'ètre apperçu que les variations du thermomètre font alors moins fréquentes , & qu'il ne faut pas un plus grand feu pour y entretenir le même degré de chaleur 5 c'eft pourquoi j'y verfai de l'eau la hauteur de 5 pouces ; en forte qu'elle étoit de niveau avec les œufs de la couche fupérieure. Je plaçai ce four cylindrique fur une table dans ma chambre , de façon qu'au moyen de deux appuis , fon fond étoit élevé de 4 pouces du defïùs de la furface de la table , afin de pouvoir placer fous la machine l'afEette qui me fert de lampe. La mèche que j'y emploie n'eft autre chofe qu'un ou deux brins de moelle de jonc, de la longueur d'un pouce, qui paflcnt par un petit tuyau de fer blanc , & qui en rempliflent aflèz exaftement la capacité pour ne pouvoir gliflèr. Ce tuyau , qui s'enfonce à moitié dans l'huile , y elt foutenu dans une polîtion perpendiculaire , par quatre petits bras en forme de croix , qui au moyen d'autant de morceaux de liège , font furnâger la niéche à i ^ de pouces de diftance du fond de la machine , de forte que la pointe de la flamme n'approche ce fond qu'à la diftance de près de 9 lignes j dès qu'une fois le degré de chaleur cft bien déterminé par la grolTeur de la mèche , & par la diftance de la flamme au fond du four , on n'a autre chofe à faire qu'à inférer , matin & foir , un nouveau brin tle moelle dans le tuyau , à la place de celui qu'on en (kc. Cette mechc confume une livre d'huile en deux jours & demi ; de forte que toute la couvée de 400 œufs ne demande que 8 livres d'huile. Si l'on veut faire la dépenfè de brûler de l'efprit de vin en place d'huile , il ne fera pas X ij ToM. V. 164 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE même nécefïàire de changer la mèche , puUqu'alors elle ne fe confume point. Année m. de Réaumur a déjà enfeigné la méthode de déterminer fur chaque 17 49' thermomètre le degré de chaleur propre à faire éclore les poulets. J'ai vcriné , luivant cette méthode , divers tliermometres de Fahrenheit , en les tenant pendant 20 jufqu'à 30 minutes fous l'aillelle , & j'ai toujours trouvé que le 32'. degré de M. de Réaumur répondoit au 96", de Fah- renlicit ^ ce qui réfulte auffi de divers calculs que j'ai faits , fuivant lefquels je trouve que deux dégrés & un quart de Fahrenheit font , à très-peu-près, un degré du tliermometre de M. de Réaumur. Pour graduer les tliermometres , tant ceux de mercure que ceux d'efprit de vin , je les defcend de leur échelle , & après avoir déterminé le 96°. degré , je le marque avec de l'encre par un cercle tracé autour du tuyau du thermomètre ; enfuite je me contente de marquer par des points d'encre lur ce même tuyau les autres dégrés au-deiious & au-defliis du 96. Par ce moyen je puis placer plus commodément les thermomètres par-tout où il convient d'en avoir , & la boule touchant précifément le fond de la caillé , ou de chaque couche , m'indique plus exaftement le degré de chaleur qui y régne , que lorfque le tliermometre eft monté fur une échelle de bois , ou de leton , qui déborde fouvent beaucoup au-deilous de la boule. IVIon defiein n'avoit été d'abord que d'amufer mon augufte Elevé , en lui procurant le plailîr de voir éclore des poulets artiHciellement , & en lui faifant obferver le progrès du poulet dans l'œuf d'un jour à l'autre. Cet aimable Prince , naturellement curieux , prenoit tant de plailîr à voir le battement des artères dans les embrions , & leurs mouvemens , qu'il ne fe laifoit point de faire ouvrir des œufs , pour y obferver les progrès du petit animal ; cela me fit fonger à un moyen de fatisfaire plus facilement fa cUriolîté. J'avois déjà tenté plus d'une fois de voir le premier dévelop- pement du poulet , en faifant un trou à la coquille ; mais outre la difficulté de trouver précifément le point de la coque qui répond au germe , j'avois éprouvé que ce germe avec toute la pellicule à laquelle il eft attaché , & qui fert d'enveloppe au jaune , s'épaiflîfïbit , & fe durciffoit en peu ào tems par le contait de l'air. Je crus pouvoir y remédier , en couvrant l'ouverture d'un morceau de verre j mais le fuccès n'en fut pas meilleur. En un mot , tant que j'ai fait l'ouverture entre les deux bouts de l'œuf , je n'ai pu réuflir à voir le développement du germe. Je ne doute pas néanmoins qu'on n'y parvint , pourvu qu'on pût couvrir exa£tem?nt l'ouverture qu'on y auroit pratiquée. Je jugeai à propos de changer de méthode ; je levai un morceau circulaire de la coque , précifément au gros bout de l'œuf , ce qui me donna une ouverture ronde de lîx ou huit lignes de diamètre j j'enlevai enfuite les deux pellicules , qui couvrent DES SCIENCES DE BERLIN. 165 le blanc de l'œuf. Le jaune étant ainfi à découvert , je le fécouai en =====» divers fens , julqu'à ce que j'euUè amené le germe lous l'ouverture • j'ai ^ °^' ^' quelquefois employé un Jjout de plume que j'enfonçois dans l'œuf pour ■'^ ^' n t B faire pirouetter le jaune. Le moyen le plus court , 6c qui m'a toujours '749» réufli , lorfque j'ai voulu l'employer , c'cll de faire écouler une partie du blanc d'œuf i alors le germe vient le placer de Ibi-méme au haut. On peut enlliite verler de nouveau dans l'œuf le blanc qu'on en avoit tiré pourvu qu'on le fallé légèrement. Le germe étant dans une lîtuation convenable , je pla(,ai l'œuf dans une petite boéte , afin que le coté pointu fût perpendiculaire au fond , & remplillànt de coton le vuide de laboëte , j'ailujettis l'œuf de manière qu'il ne put vaciller; enluite couvrant l'ouverture d'une coque d'œuf qui l'embrailoit exaétement , &. cui dcf- cendoit encore quelques lignes plus bas , je mis la boéte dans la machine cylindrique , pour y faiie couver l'œuf , ik. auffi fouvent qu'il me prenoit envie de voir le progrès du germe , je fortois la boëte , & levois le couvercle. J'ai fait la même opération à des œufs qui couvoient aduel- lement depuis un , deux & même trois jours , & le fuccès a toujours été le même , pourvu que l'opération ne durât pas allez long-tems pour le laiiîér refroidir. Je vais maintenant rapporter le fuccès qu'a eu cette expérience , que i'ai eu la curiofité de continuer pendant tout le mois de Juillet dernier; & pour épargner l'ennui de rappeller louvent les mêmes dates, je défignerai chaque embrion par le numéro de la boéte où il étoit logé. Le N-'. I. contenoit un œuf que je décoëffai le 7 Juillet. Il couvoit depuis le s , le germe étoit encore tout blanc ; le 8 , le cercle extérieur étoit rouge , ik l'on voyoit très-diftindement à l'œil nud les artères & le battement du cœur. Il continua à fe développer pendant le 9 & le 10 , quoique je le découvrillè très-fouvent. Le 1 1 , j'y obfervai un balancement, ou inouvement de libration de tout le corps , qui s'accordoit parfaitement avec le battement de l'artère , & qui étoit très-lénfible. Le 1 8 , le poulet avoit amené fa tête fous l'aile. Le 1 9 , le balancement n'étoit plus fi vilîble , mais en échange on voyoit le mouvement de fes cuilTès. Le 20, il étoit déjà couvert de plumes comme un poulet de treize jours. Le 2 1 , voyant qu'il avoit prefque confumé tout Wdbumen , je lui en donnai d'un autre œuf chaud , au moyen d'un tuyau de verre. Le 22 , il vivoit encore & continuoit de croître ; je crus devoir continuer auflî de lui fournir de Wilbumen , & peut-être lui en donnai - je trop ; depuis cette dernière injcftion , il ne donna plus aucun figne de vie. Le 2 i , il s'étoit formé une moilîilùre qui m'obligea de l'ôter. Ce poulet avoit vécu quinze jours entiers dans fa coque ouverte. M". 2. Le 8 Juillet, j'ouvris un oeuf frais , c'eft-à-dire, qui n'avoit point i66 MÉMOIRES DE UACADÉMIE ROYALE ' — -^ couvé , & le plaçai dans le cylindre. Le 9 , je n'y apperçus aucun loM.i. changement. Le 10 , il s'étoit formé un gr^nd cercle rougeâtre ,6c l'on ANNEE yQyQij quelques points ou traits rouges , épars dans l'enceinte de ce ^749' cercle. L'animal même étoit encore tout blanc 5 cependant l'ayant tenu quelque tems expofé au grand jour, j'y remarquai fort bien fans loupe le mouvement du cœur , mais plus lent & plus foible que ne l'efl; celui des poulets de trois jours. Apparemment que le petit animal périt pour avoir été trop long-tems expofé à l'air hors de fon four ; je n'y vis plus de mouvement quelques heures après. Le lendemain j'y remarquai deux tâches confidérables de fang foncé , qui paroiflbit s'être extravafé , & un commencement de moifiiïiire pas loin du corps de l'animal. Le 1 2 , la moififÏLire ayant augmenté , je fus obligé de l'ôter. Le 9 Juillet , j'ouvris un œuf qui couvoit depuis le 6. Le poulet étoit vivant , & l'on voyoit diftinâement le fang paflèr d'un ventricule à l'autre. Pour' amener l'animal fous l'ouverture , je fis écouler une grande partie de ['albumen -, cependant il continua à vivre & à croître dans le four pendant trois jours & demi. Le 12 , vers le foir, il s'y forma une moififfure , le fang fe retira des veines répandues dans le chorion , & s'engorgea dans l'animal , de telle façon qu'il en remplifïbit la capacité 5 il étoit, quand je l'ôtai, de la taille d'un poulet de fix jours. N°. 4. J'ouvris le 1 3 un œuf frais , ( toujours par le gros bout ) le germe ne parut point. Je voulus voir s'il ne fe mettroit pas infenfî- blement de lui-même dans la fituation horizqntale; ainfî je mécontentai de recouvrir lîmplement l'ouverture d'une coque d'œuf. Le 14, le germe ne paroiflbit pas encore , on voyoit déjà cependant un fegment confidérable de fon chorion , ou du cercle extérieur qui l'environne. Le 1 5. le germe n'étoit pas encore vifible , mais je vis un plus grand arc du cercle extérieur , & ce cercle ; qui la veille étoit encore blanc , paroiflbit déjà du plus beau rouge ^ enfin le 1 6 l'embrion parut entièrement a découvert au bord de l'ouverture , & le point /aillant étoit très-vifible. Je m'avifai de placer cet embrion , après l'avoir découvert , fous une cloche de verre de cinq pouces de diamètre , & de 8 pouces de haut ; j'y ajoutai un thermomètre qui refta conftamment à 92 dégrés. Je ne voulus pas augmenter le degré de chaleur pour ne pas faire périr la couvée qui étoit dans le même cylindre. Cependant le poulet ne ceflà pas de vivre , & de croître jufqu'au 18 au matin , que j'apperçus au travers de la cloche une moififliire qui fe formoit autour du chorion ; en peu d'heures les veines du chorion fe vuiderent , & tout le fang refluant vers le cœur , le petit animal pérît. Il avoit l'âge & la taille d'un poulet de fix jours , dont il avoit palTé les deux derniers à découvert fous la cloche. Je puis d'autant plus précifément faire l'ellimation de l'âge de ces embrions par X DES SCIENCES DE BERLIN. 167 leur taille , que j'en conferve dans rcfprit de vin la fuite complcttc depuis a l'âge de deux jours jufqu'à celui où ils éclofent. Io:,i.V. Le N". s- contenoit un œuf frais que j'ouvris le 13 Juillet 5 comme le "'^ nn ée germe ne paroilTôit point , je fucçai environ la moitié de Valbumen avec '■7 4 9' un tuyau de verre ; enfin le germe parut fous l'ouverture , après quoi je fis rentrer , à l'aide du même tuyau , quelque peu de blanc d'œuf que j'en avois pompé ; le germe étoit un des plus beaux que j'aye jamais vu ; c'étoit un cercle blanc du diamètre d'une ligne rameaux, ou nerfs nafaux fupérieurs antérieurs , ( c'efl le nom que je leur ai donné dans ma dilfèrtation latine , §. 62. j font trois ou quatre petits nerfs qui naiiTcnt de la furface interne du ganglion fpheno-palatin , iituce auprès du trou de ce nom (00.) Ces petits nerfs percent la dure- mere dans l'endroit où elle bouche le trou Ipheno-palatin , & parvenus dans les nannes , ou ils entrent par les folles nazales poitérieures , ils fe glillcnt entre la membrane pituitaire 6c le périofte des os du nez , & diilribuent leurs filets dans la membrane qui tapilfe les cellules poitérieures de l'os etlimoïde , dans celle de la partie poltérieure du ' cornet fupériour , de la partie poftérieure de la cloiion , Ôc de la partie fupérieure des folles nazales. IV. Le bord poltérieur du ganglion fpheno - palatin atteint prefque l'ouverture antérieure du canal , ou trou ptcrygoïdien , dans lequel s'inlinue le nerf rétrograde vidien , qui donne la racine du double nerf intercoltal. De ce bord poltérieur du ganglion fphenopalatin , fort un petit rameau d), qui, près de fon origine, entre par l'ouverture antérieure dans le canal ptcrygoïdien, & en le parcourant de la partie antérieure vers la poftérieure , il donne premièrement di-ux ou trois petits filets nerveux, qui s'appellent nerts nalaux lupérieurs poflérieurs de la cinquième paire (i/^;.) Ces petits filets périment le canulptérygoïdien ollcux latéralement jufqu'en dedans, & entrent dans la partie poftérieure des narines, & fe diftibuent à la portion de la membrane pituitaire qui tapiflè l'os vomer, V. Le nerf vidien , après avoir donné ces nerfs nafaux fupérieurs poflé- rieurs , continue Ion chemin par fon canal en arrière , &. un peu vers le dehors , * & fe divife en deux rameaux , l'un fuperliciel , ou fupérieur , (r) qui communique avec la portion dure de la feptième paire , (c) & l'autre profond (>) , qui eft la racine du nerf intercoltal. Celle-ci , ( ce que j'ai fouvent remarqué , & que j'ai trouvé dans le cadavre d'après lequel eft deffinée la figure ci-jointe , ) étant parvenue au canal carotique , à la féconde flexion de l'artère carotide , ((/) entre par dehors dans ce canal , qui eft fermé dans cet endroit , ou par une forte m^niSra;ne , ou par une mince lamelle oilèufe. Dans ce canal carotique , le nerf giiîïè fur l'artère carotide, iSc defcendant en dehors, fur la fcconde cour>bure, ou flexion de l'artère carotide , communique Ôi. fe joint aux rameaux defcendans de la fîxième paire (h, i,) qui après s'être fèparé' (.n deux petits nerfs, fe rejoignent en defcendant en un feul. Dans ce lameau » Yoy« les §§. 64. 65. & 66. ie ma Diffettation, T74 MÉMaiRES DE VACADÉMIE ROYALE ■ - de la fixième paire des nerfs , s'infère le rameau pro'ond du nerf vidien l0M.iy. jg jg cinquième (i) -, & ces deux nerfs joints enfemble , forment dans ;?^ ^^ canal carotique un nerf (u) , qui eft le commencement ou la racine du 1740. nerf intercoftal ; car en defcendant parle canal carotique il fort iiors du crâne , & fe termine dans le premier ganglion cervical du même nerf intercoftal (v) qui eft fitué hors du crâne , à la partie antérieure & fupérieure du cou. VI. Cette origine du nerf intercoftal du ganglion fpheno-palatin du fécond rameau de la cinquième paire, pourroit peut-être porter ceux qui favorifent l'opinion de M. Petit , à croire que ces racines , ou commea- cemens du nerf intercoftal , en montant par le canal carotique , s'infèrent dans le nerf de la fixièm.e paire , & dans le ganglion fpheno-palatin de la cinquième^ mais c'eft tout le contraire ; car l'épaiffeur plus confidérable de ce nerf vidien vers l'endroit où il fort du ganglion , & principalement la direftion rétrograde de l'origine des rameaux nafaux fupérieurs poftérieur du nerf vidien (ij^^ g de peur que cet ébranlement porté jufqu'au cerveau , ne caufât quelque ToM. V. défordre dans l'origine commune des nerfs ;, mais cela ne s'accorde pas A N t^ È E niieux avec l'expérience , puifqu'on remarque, au contraire , que les nerfs 17 49' qui ont le plus de ganglions , comme le nerf intercoftal , font paflèr avec beaucoup de promptitude & de vivacité , les impreffions dont ils font eux-mêmes affeôés , aux autres nerfs avec lefquels ils ont communication , & au cerveau. Pour s'en convaincre , il ne faut que faire attention aux mouvemens convulfifs , qui s'excitent avec tant de force & de précipitation dans les nerfs utérins des femmes hyftériques , lorfqu'ils font tant foit peu irrités. Enfin , ceux qui adoptent un troifième fentiment , difent qu'il fe fait dans les ganglions une nouvelle fécrétion du fluide nerveux , & ils fe fondent fur ce que les ganglions ont un plus grand nombre de vaiffeaux & une couleur plus rouge que les nerfs : mais cette conclufion n'eft nullement jufte , puifque les organes qui fervent à la ■fécrétion des efprits font d'une fubftance fort tendre , au lieu que les ganglions , dont la texture ell denfe & celluleufe , ont une dureté toute particulière. XIV. Aucune de ces théories n'ayant donc pour elle ni la nature , ni la Ja ftruflrure des ganglions , je ne puis leur accorder mon fuffrage , •■ & je vais en donner une qui a l'avantage d'être juftifiée par la ftrufture de tous les nerfs qui fe diftribuent aux ganglions. En effet, cette ftrufture indique fenfiblement & diftinûement que les ganglions nerveux ont un triple ufage. Le premier efi: de divifer un petit nerf en plufieurs autres nerfs , & d'augmenter par-là le nombre des rameaux nerveux. Le fécond, de faire parvenir les nerfs commodément par des diredions différentes aux parties auxquelles ils appartiennent ; ôc le troifième , de réunir plufieurs petites fibres nerveufes en un gros nerf. XV. Le premier ufage des ganglions , qui confifte à partager les nerfs en plufieurs branches , ne fçauroit être contefté que par quiconque n'a jamais examiné lui-même dans le corps la manière dont les nerfs fe diftribuent par les ganglions. Le grand nombre de ganglions du nerf intercoftal prouve évidemment ce que j'avance fur l'ufage des ganglions j car ils font prefque tous produits par des rameaux nerveux , & néanmoins il en fort après une quantité de nerfs beaucoup plus grande que celle qui y étoit entrée. Je ne veux, pour la convidion de ceux qui poffédent l'anatomie , alléguer ici que le plus grand ganglion du corps humain , auquel fa figure à fait donner le nom de ganglion femilunaire , parce qu'il forme un arc autour de l'artère méfentérique fupérieure , & de l'artère cœliaque. Les nerfs d'où naît ce ganglion femilunaire font ailèz grêles , puifque ce font les nerfs fplanchniques , qui étant fortis des ganglions thorachiques du nerf intercoftal , defcendent des deux côtés du tliorax , LES SCIENCES DE BERLIN. 177 thorax félon la longueur des vertèbres, & fe jettent dans l'abdomen =^7=== par le diaphragme. C eft de ces foibles rameaux que fe forme le grand ^ "^'- ^' ganglion , qui , à fon tour , déploie ces rameaux prefque fans nombre "^ ^ ^ ^ t qui vont fe rendre aux boyaux griles , après avoir enveloppé l'artère '7 45- mefentérique . & aux autres vifcères du bas ventre. De même encore le ganglion cardiaque , quoiqu'il forte d'une racine fort petite donne ce grand nombre de rameaux qui forment le plexus cardiaque. Le oanelion optlialmique naît pareillement des deux racines du premier rameau de la cinquième paire & du nerf de la troifième j cependant il produit fix petits nerfs cJiaires & fouvent davantage , & chacun de ces petits nerfs en particulier , eft plus grand que les racines qui entrent dans le ganMion Sans parler des autres ganglions méfenteriques , qui font compris fo'us là même loi , qu'il me foit permis de citer encore en preuve ce ganglion du nerf de la cinquième paire , dont j'ai donné la defcription dans ma diilertation latine * , qui porte le nom de maxillaire , parce qu'il fournit a la grande maxdlaire les nerfs dont elle eft pourvue. Ce ganglion forti du peut nerf lingual , ou hypoglojfc , envoie cinq , fix , ou même font petits rameaux nerveux à la glande dont je viens de parler. Rien nennpeche donc que l'on ne foutienne que le ganglion fpliéno-palatin femblable en cela aux autres ganglions , n'a pour office , que de donner naiiïance a plufieurs rameaux nerveux, en les faifant fortir commodément d une même origine , c'eft-à-dire , de la petite branche du fécond rameau de la cinquième paire. Car en effet ce ganglion ne doit fa nailTance qu'à deux , ou même à une feule petite racine , je veux dire à la petite branche dekendante du fécond rameau du nerf de la cinquième paire ■ (l m ) néanmoins les rameaux qu'U fournit . & qui font le vidien Vr.) l naftux (00.) & les palatins , («,.) furpaflTent prefque toutes fes racines. X\ I. Peut-être qu en me voyant conclurre de la ftrudure des ganglions & de la manière dont les nerfs qui y paffent font difpofés & diftribués ' que ces premiers font deftinés à augmenter le nombre des rameaux nerveux on fera tenté de foupçonner que je les crois capables de produire de nouveaux nerfs , & que je fuppofe par conféquent dans le corps autant de petits cerveaux qu'il y a de ganglions. Mais la preuve que je fi'is bien éloigné de cette idée , c'eft que j'ai déjà refufé plus haut , §. XHl. aux ganglions la fecrétion du fluide nerveux ; propriété qui feroit cependant indifpenfable , pour qu'ils fulîènt capables d'engendrer de nouveaux nerfs. Je vais donc continuer à puifer dans l'anatomie , & yry^- ? j '"'^ '^^ "^""^^ ' '^^ "'^«"^ qui démontrent inconteftablement ia lolidite de mon hypothéfe concernant la deftLiation des ganglions. » Pag. 94, 9j, & M not, iHd. f. t, fig. I. N°. 74. 7f, jy% MÉMOIRES DE UACADEMIE ROFALE XVn. On a prouvé depuis long-tems que les petits -tuyaux médullaires JoM. I . nerveux renfermés dans les nerfs , & qui fervent au cours des efprits Année gi^ju^gy^ , font fi fubtils qu'ils échappent entièrement aux meilleurs microt ^749- copes. Outre cela , nous voyons que tous les nerfs qui paflènt parles ganglions font plus rouges & plus mous que les autres nerfs , &c n'ont point de dure-mere proprement dite. C'eft ce que démontrent fi évidem- ment les rameaux innombrables du nerf intercoRal , aufli - bien que les rameaux du ganglion opthalmique , qu'il n'y a que ceux qui n'ont jamais vu ces nerfs qui puiffènt en douter. Cela étant ainfi établi , fuppofés qu'un petit rameau nerveux entre dans quelque ganglion , ce rameau, efi un amas de tubules nerveux. Le ganglion donc par lequel pallé le nerf , fera qu'en le traverfant les tubules de ce nerf fe féparent l'un de l'autre , & enfuite il enveloppera ces tubules nerveux d'une tunique rougeâtre & tendre. Ainfi le nerf qui eft entré dans le ganglion , fe divife par la féparation de ces tubules , en plufieurs petits faifceaux de tubules nerveux , c'efl-à-dire en plufieurs petits nerfs. Cette théorie eft d'accord avec la ftruâure du nerf , qui pafTe par uiî ganglion. Les anatomiftes favent qu'il n'y a que la dure-mere qui unifTe , & qui contienne en un feul nerf tant de tubes nerveux , & de faifceaux de tubules , & qui empêche qu'ils ne fe féparent. On remarque en diffequant tout grand nerf, qu'il n'efl que l'affemblage de plufieurs petits nerfs en un feul , fous l'enveloppe de la dure-mere. Or , les nerfs qui paffent par des ganglions , fe défont de cette enveloppe , ik c'eft ce qui donne lieu à la féparation de leurs tubules. Il réfulte donc de tout ceci qu'il n'y a aucune impoffibilité que les tubules nerveux fe féparent par le moyen des ganglions ; & ce qui achevé de prouver que cette divifion 3 réellem.ent lieu , c'eft que les nerfs qui fortent des ganglions , font en plus grand nombre que ceux qui y entrent. Ainfi il eft hors de doute que la divifion des tubules nerveux , ou de leurs faifceaux , fe fait par le moyen des ganglions , puifque ceux-ci font incapables de produire des nouveaux nerfs. XVIII. Mais les petits tuyaux médullaires nerveux , ainfi dépouillés de la dure-m.ere , ne pourroient pas , tendres comme ils font , foutenir les ébranlemens auxquels ils font continuellement expofés dans le corps , fans être bientôt comprimés & détruits , s'ils n'étoient dédommagés de cette privation par quelqu'autre enveloppe qui fubvint à leur foiblefïè. Or , c'eft l'ufage des ganglions , qui fervent à revêtir d'une nouvelle enveloppe les faifceaux des tubules nerveux , lorfqu'ils font feparés les uns des autres. On ne pourra leur refufer cette propriété , f\ l'on confidere que leur ftruiflure confifte en une fubftance celluleufe extrêmement denfe , OÙ fç diftribue un grand nombre de, vaiftèaux , propres à feparer aifément DES SCIENCES DE BERLIN. 179 quelque fluide épais , qui fc plaçant avec la partie celluleufe autour des .. ^^ tubules nerveux qui traverfcnt le ganglion , leur forme cette enveloppe j ' '. -.* molle & rougeâtrc , dont on les trouve munis , lorfqu'ils fortent des ganglions. C'eft ce que confirme la texture tendre & rougeâtre des nerfs 7 'Or* à leur fortie des ganglions \ car il n'y a aucune apparence que ce foient les fibres médullaires nerveufes elles-mêmes , qui fubiiTènt ce changement , & qui perdent la blancheur propre à la moelle ; & il eft , au contraire , très-probable qu'elles n'empruntent cette couleur rougeâtre , que de l'enveloppe qu'elles reçoivent du ganglion ; & c'eft par ce principe qu'il faut expliquer encore la couleur rougeâtre , la foiblefTè , ou la moUelTè , qu'on remarque dans les rameaux de tout le nerf intercoftal , qui ont prefque tous cela de propre , qu'ils paffënt par des ganglions , au fortir defquels ils fe partagent en plufieurs petites fibres , ou rameaux nerveux. Cette même difpofîtion fe retrouve encore dans les autres nerfs qui procè- dent des ganglions , comme les ciliaires qui doivent leur naiffance à l'opthalmique , les petits nerfs de la glande maxillaire , qui naiflènt du ganglion maxillaire , & les rameaux nafaux ; le vidien & les palatins , que fournit le ganglion fpheno-palatin , font rougeâtres & tendres , auffi bien que les rameaux du nerf intercoftal. XIX. Etant donc démontré qu'il fc fait une multiplication réelle des nerfs dans les ganglions , puifque le nombre de ceux qui en fortent , furpalîè le nombre de ceux qui y étoient entrés ; & de l'autre , que les ganglions font incapables de produire de nouveaux nerfs , il en réfulte évidem- ment que l'on ne peut attribuer cette multiplication qu'à la féparation des tuyaux , ou fibres nerveufes , eft'eftuée dans le ganglion \ & par con- féquent , que le premier ou le principal ufage des ganglions nerveux dans le corps , eft d'augmenter la quantité des nerfs , en féparant les fibres ou tuyaux nerveux , qui reçoivent enfuite du ganglion une nouvelle «nvcloppe , à la place de celle qu'ils viennent de perdre. XX. Mais outre cette première deflination , & ce principal ufage des ganglions , il femble que la nature a voulu s'en fervir aufïi pour conduire les nerfs aux parties du corps , où il s'agit de difpofer des rameaux en difFérens endroits , & avec une direftion différente , mais en faifant partir ces rameaux d'un même nerf. C'eft du moins ce que femblent démontrer prefque tous les ganglions du nerf intercoftal , qui produifent plufieurs nerfs. Le ganglion méfentérique , par exemple , envoie , pour ainfi dire , d'un même point , & difperfe des nerfs dans toute l'étendue du canal des inteftins ; parce que les filamens nerveux , qui fans cela auroient été obligés de travcrfer en trop grande quantité le thorax & l'abdomen, auroient pu fouffrir aifément une compreffion & un déchirement qui leur auroit été funefte. Mais de ce même ganglion méfentérique femi-lunaire , partent Z ij i8o MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE & fe difperfânt les nerfs qui vont fe rendre dans le foie , dans la rate^ . dans les reins, & dans tous les autres vifcères de l'abdomen : ce qui, fans (ï N N £ £ ^g ganglion , n'auroit pu s'effeâuer que par de longs rameaux , & avec ^7 49' (Je grands inconveniens , attendu fur-tout que dans les vifcères, comme le foie , la rate , & les reins , les nerfs doivent fuivre le même cours que les vailfèaux , comme peut s'en convaincre quiconque fera des recherches là-delîLis. Les nerfs cardiaques partant en abondance du ganglion cardiaque , & du premier thorachique , font envoyés facilement au cœur'j au lieu que s'ils avoient dû defcendre par le col , il en ftroit refulté ce double inconvénient , qu'ils auroient pu être ofFenfés plus aifément en fouflFrant quelque compreffion , & qu'ils auroient eu en même tenis plus de peine à pénétrer de tous côtés la fubflance du cœur. XXI. Far rapport aux ganglions du nerf intercoftal , il femble qu'outre les ufages dont j'ai déjà parlé , on peut leur attribuer encore celui-ci 5 c'efl de procurer à ce nerf principal du corps , la facilité de diftribuer dans toutes fortes de direâions fes petits rameaux à tous les vifcères vitaux , & à ceux de l'abdomen , en affujetiffant en même tems les rameaux par le moyen de l'enveloppe lâche dont ils font revêtus , aux parties auxquelles il étoit néceflàire qu'ils fe rendiflént ; & qu'eft-ce qui empêche qu'on n'en dife autant du ganglion fpheno-palatin ? Car , outre que j'ai , à-peu-près , démontré qu'il fert à féparer les tubules nerveuis dont les nerfs font compofés , l'extrême diverfité que l'on apperçoit encore dans fes rameaux efl bien digne d'attention. En effet, de ce ganglion forteiit intérieurement les nerfs naiaux , par derrière le vidien , & par en bas les palatins. Moyennant la tunique celluleufe dont il efl pourvu , ce ganglion peut fe tenir renfermé entre les os , & elle fert encore à fixer le cours des nerfs qui en fortent. Ce qui ajoute un nouveau degré d'évidence à cette aiïèrtion ^ c'eft que fî on en excepte les nerfs qui procèdent des ganglions , prefque tous les autres ne forment par leurs rameaux que des angles extrêmement aigus ^ ce qui rend ces rameaux moins propres à fuivre indif- féremment toutes fortes de direélions , tandis que les ganglions procurei>t cet avantage dans tous les endroits du corps où cela eft néceflàire. XXII. On peut encore expliquer par ce que je viens de dire , pourquoi la nature a refufé des ganglions aux autres nerfs du corps humain. Les nerfs qui fervent à mouvoir les mufcles , & qui font le véhicule des feniktions , avoient befoin d'une forte membrane pour n'être pas ofFenfés , foit par le mouvement des mufcles , ou par quelque autre force externe; ainiî il falloir qu'ils fuflènt enveloppés par la dure-mere. Mais pour les nerfs qui fe criffribuent à travers des ganglions , comme ils font deflitués de la dure-mere , & qu'ils n'ont pour toute défenfe , qu'une enveloppe lâche & rougeâtre , la moindre atteinte leur eût été nuifible , fi la nature n'avcit V E s SCIENCES DE BERLIN. i8i pourvu à leur fureté. C'eft ce qu'elle a fait en ne diftribuant les nerfs === par des ganglions , que lorfque ceux-ci fe trouvent renfermés entre des ■' °''*'" ^' os , ce qui les met fuffifamment à couvert de tout danger ; ou bien "^ '* '"*■' ^ ^ lorfqu'ils font lîtués dans de grandes cavités, ou dans de petites, entre '745' les parties molles qui y font contenues. Ainfi les tendres rameaux du nerf intercoltal , qui paflent par des. ganglions dans le thorax ou dans l'abdomen , & les nerfs ciliaires , qui , du ganglion opthalmique fc rendent dans l'œil , & fe difperfent dans les graiiïès de cet organe, trouvent leur sûreté fous ces diftérens abris. Si les nerfs qui fe dillribuent par les mufcles , étoient de la même délicatellè , ils ne pourroient foutenir la moindre irritation, ou compreflion , ians en être bleflès , & par conféquent fans endommager tout le corps. Mais nous voyons au contraire que les nerfs , qui , par leur fituation dans des cavités olïéufes , font à couvert de toute irritation , ou comprefiion extraordinaire , comme le nerf acouftique , par exemple, font entièrement destitués de la dure-mere. XXIII. En fécond lieu , les nerfs qui fe rendent aux mufcles , obfervent , en fe féparant de leur tronc , des angles très-aigus , & par ce moyen s'étendent, pour la plupart, dans la même direction que les fibres mufculeufes , ou bien dans la même direé'tion que leur propre tronc , à moins qu'ils ne foyent placés autour de quelques os , ou artères , qui changent cette direction ; comme cela paroit évidemment dans les nerfs temporaux profonds du troilième rameau du nerf de la cinquième paire , qui fe refléchiifënt autour de l'angle de la grande aile fphenoïde , & dans les frontaux du premier rameau du même nerf de la cinquième paire , qui fe refléchiflent en haut vers le front avitour du bord fupérieur de l'orbite 5 & enfin dans le nerf brachial , qui fe courbe en defcendant autour de l'os du bras. Quant aux nerfs qui changent de direction autour des artères , on peut en alléguer pour exemple , les nerfs recurrens de la huitième paire , qui fe refiéchillènt en haut autour de l'arc de l'aorte du coté gauche , & autour de l'artère fous-clavière du côté droit. XXIV. Les ganglions nerveux les plus limples , font ceux par le moyen defquels plufieurs fibres nerveufes îe réunillent en un feul nerf. C'eft principalement l'ufage des ganglions, dans lefquels les fibres nerveufes de la moelle épinlère fe jettent Ck fe raflémblent. Les recherches anatqmi.iues fur les nerfs de la moelle de l'épine du dos , nous montrent que la formation de ces nerfs fe fait par la réunion de ces fibres nerveufes , qui fortent de la partie antérieure & de la partie poftéricure de la moelle épinière , * & qui , étant ainfi forties de la moelle , s'approchent par dehors du trou qui fe trouve entre deux vertèbres , & dans lequel eît fitué le • Voysz U-deffus le Fafcic. 1. le, Anai. de M. de Haller , progr. Il, De Mtdulla fpinali , fie. I]« & III. iS2 MÉMOIRES DE VACADÈMÎE ROVALË ganglion. Ce ganglion efl: enveloppé dans la dure-mere de la moelle de ToM. l . l'épine , qui continue même à revêtir les nerfs qui en fortent , & kur donne /î N N É II ^-^ tunique extérieure ; parce que ces nerfs fe diflribuant eidliite dans les 17 49' mufcles , ont befoin d'une enveloppe plus forte que celle qui leur vient des ganglions , ce qui fait que la couleur de ces nerfs ne relïembk pas à celle des autres nerfs qui paflènt par des ganglions. XXV. Quant à l'ufage de ces ganglions de l'épine , il eft connu que la moelle epinière efl: compofée des peduncules du cerveau ôi du cervelet, unis dans la moelle allongée. Ainfi , les fibres nerveufes qui fortent de la partie antérieure , ôc de la partie poflérieure de la moelle de l'épine pour fe réunir en un feul nerf , fortent peut-être de la moelle du cerveau (k du cervelet. C'efl: peut-être aufli pour joindre enfemble ces deux fortes de fibres nerveufes que les ganglions ont été néceffiires aux nerfs de l'épine ; ians compter qu'ils fervent à atîêrmir encore plus les fibres nerveufes de la moelle épiniêre , afin que les mouvemens de l'épine du dos ne leur foient .pas nuilibles. Je me flatte donc qu'il ne refte aucune difficulté qu'on puiflè objefler contre la vérité de mon fentiment , puifqu'il efl fondé fur la nature , ou fur la flruûure des ganglions & des nerfs : & quant à fon utilité , il efl aifé de reconnoître l'infiuence qu'il a dans la phyfique du corps humain. En effet , d'où vient que les Phyfiologiftes , d'ailleurs peu d'accord entr'eux fur l'ufage qu'ils ont afligné aux ganglions , ont tous donné à gauche , en leur attribuant des effets plus merveilleux qu'ils n'en ont réellement , fi ce n'efl parce qu'ils ne les ont pas bien connus ? Dans la penfee qu'il n'y avoit que le nerf intercoflal & les nerfs de l'épine médullaire qui euflènt de pareils ganglions , ils ont été portés à leur fuppofer une vertu toute particulière , pour fortifier les nerfs , & pour procurer la circulation du fluide nerveux. Mais outre ces ganglions du nerf intercoflal , & des nerfs de l'épine , on en a découvert trois qui étoient inconnus aux anciens. L'un , qui efl l'opthalmique , doit à l'illuflre M. de Hallcr , mon refpeftable maître , l'avantage d'avoir été pour la preinière fois bien décrit & bien repréfenté -. * outre une defcription étendue que j'ai donnée, à mon tour, de ce même ganglion , -j- j'en ai découvert , & décrit , deux autres , le maxillaire , & en dernier lieu , le fpheno-palatin. Il paroît donc mani- fellement que les ganglions du nerf intercoflal n'ont aucune propriété , ni prérogative particulière par-deffiis les ganglions des autres nerfs j mais que le véritable but de la nature , en donnant des ganglions aux nerfs qui doivent étendre leurs rameaux dans toutes fortes d'angles , & fous * Dans le programme de la bafe ia crâne. C'eft le 6'^. de ceux qui fe trouvent dans le Fafc. U îcon. Anat, fig. i^af. cran. n". 30. ^-x, t Dans ma DUreii, de la j=, paiïs des nuls, §. XLVIU. U E s SCIENCES DE BERLIN. 183 toutes fortes de direâions , a été de faciliter leur divifion & leur diftribu- ~ .^ ton , en obfervant en même - tems cette loi d'épargne par rapport au . "^'l , * chemin , qu'elle fuit conftammcnt dans la diilribution des vailTcaux & des *"* ^ * nerfs du corps animal. ^7 49* Explication de la Figure. a, Xj 'Artère carotide interne , qui entre dans la cavité du crâne & dans le cerveau. b, La flexion , ou courbine de cette artèic , avant qu'elle entre dans l'on canaU On l'appelle la flexion de Couper. c, La première flexion de la même artère , lorfqii'eUe eft entrée dans fon canal, S< dans l'os pierreux des temples. «I. La féconde flexion. e. La troifième. f. La quatrième. g. Le nerf de la fixième paire du cerveau, coupé là où il entre dans l'orbite. A. Le rameau antérieur du nerf de la fixième paire , qui donne dans le fimii caverneux la racine du nerf intercoftal. j. Le rameau poftérieur de ce même nerf. Ces deux rameaux s'unifient en un nerf dans le canal carotique , après avoir laiflë une diftance entr'eux. l. Le fécond rameau de la cinquième paire , féparé du tronc , St. coupé là oîi il entre dans la fente fphénoïde de l'orbite. /. Le petit rameau defcendant de ce rameau , ou la racine antérieure du ganglion fpheno-palatin. m. La petite branche poftérietire defcendante de ce même rameau par le ganglion fpheno-palatin. n. Le ganglion fpheno-palatin. co. Les petits rameaux nafaux fr.péricurs antérieurs , qui fortent de la furface- interne de ce ganglion. p.. Le rameau vidicn , qui l'ort de la partie poftérieure de ce ganglion. q.q. Les rameaux nafaux fupérieurs poftérieurs. r. Le rameau fuperficiel ou pierreux du nerf vidien , qui communique avec la portion dure du nerf de la feptièir.e paire. ». Le rameau profond du même nerf, ou la racine du nerf intercoftal. t. La jonftion de ce rameau en un feul nerf avec le rameau defcendant du nerf . delà iixième paire , à la féconde courbure de l'artère carotide : c'eft le principe du nerf intercoftal. V. Le nerf intercoftal defcendant de fon origine fur la première courbure de l'artère carotide. V. Le ganglion cervical premier, ou long, du nerf intercoftal , tiré hors du canal carotique. w. Le nerf palatin , defcendant du ganglion fpheno-palatin. 3t. Le grand nerf palatin aincrieur. y. Le petit nerf palatin poftérieur. j. Le nerf palatin extérieur le pkis petit , qvii naît du tronc du fécond rameau de la cinquième paire. a. Le rameau defcendant de ce nerf dans le palatin grand , ou antérieur. SB, Les rameaux nafaux inférieurs du oegf palatin grand antérieur. i84 MÉMOIRES DE VACADÊMIE ROFÀLE TOM. V. S^ l== -=!^g>g;= = \f^ A. N N É B i^4c,. A R T I C L E XXX. Syjlîmc des Plantes , fondé fur la Jîtuation & la liaifon des étamines. Par M. Gleditsch. Traduit du Latin, NE m'étant prefque occupé depuis douze ans que de l'étude des fleurs des plantes & de leurs parties , dans le delîèin d'en acquérir une con- noiHànce folide , & ayant confacré plufîeurs travaux pénibles , mais agréables , à inventer divers fyftêmes fur les fleurr , l'expérience m'a convaincu qu'on peut établir , fur la différence de leurs parties & de leurs propriétés , plufieurs méthodes générales de Botanique. Et afin de ne pas borner à mon feul ufage l'utilité de ces recherches pour la véritable fcience des plantes , mais pour en faire part auffi aux jeunes gens qui étudient, ou même qui commencent à enfeigner , j'ai déduit certaines afïértions des vérités dont j'ai reconnu la certitude , & me prefcrivant des régies uniquement diâées par la raifon , j'ai évité tout ce que l'amour- propre , ou la complaifance pour autrui , auroit pu me faire adopter , de pareilles confidérations ne devant en effet entrer pour rien dans la vraie culture des fciences. Quatre parties principales des fleurs occupoient mon attention , & m'ont paru dignes d'être confîderées avec plus d'exaâitude. Les deux premières font les étamines & le piflille , dans lefquelles confifte proprement l'effence de la fructification ; les deux autres font le calice & la corolle , parties plus accidentelles , & qui ne fervent que d'enveloppe à la fruftification. J'ai confidéré chacune de ces parties des fleurs en particulier , relati- vement à l'efpèce , à \a figure , au nombre, à la fuuation , & à la proportion , & je fuis fort trompé fi ces différences principales des parties que j'ai indiquées , n'ont pas toute la certitude & l'importance requife pour fervir de fondement à des fyftêmes. Et pour dire la chofe comme elle cft , de la diverfe difpofition de chaque partie , & de l'application des différences, font nés cinq fyffèmes de Botanique, parfaitement diftinâs les uns des autres. Toutes ces parties des fleurs étant donc diverfement difpofées & appliquées , fuivant les cinq diftérences fufdites , cela diverfifie le fyftême en vingt manières , que j'ai réduites en autant de tables , en vue de le pouflër plus loin , & de le perfeftionner. Quoique le caraftère naturel des plantes confervât fa force dans toutes ces DES SCIENCES DE BERLIN. 185 ces vingt méthodes , & que plufîeurs traces de la méthode naturelle fe ren- -■ '-^^=8 contraflént dans chacune d'elles , néanmoins il n'y en avoit aucune qui ^ ^'^' ^' coïncidât parfaitement avec la méthode naturelle , mais elles étoicnt toutes ^ ^ ^ ^' ^ vifîblement artiticicUes. Cela ne m'étonna point ; car c'ell le fort commun ^7 49- non-feulement des méthodes inventées par les Botaniiles , mais de toutes celles qu'on emploie dans les autres parties de la Phyfique , pcrfonne que je fâche, n'ayant encore trouvé la véritable clef d'un fyflême naturel pour les trois régnes de la nature. Comme j'aurois entrepris un travail au-deiïus de mes forces , en voulant corriger les imperfeétions de toutes ces méthodes , je me fuis attaché à une d'entr'elles , & j'ai tâché d'en faire , à force de tems & de peine , un fyftême conduit à un point de perfection , qui le rendit plus propre que les autres au but que la Botanique fe propofe , c'eft-à-dire , à la connoillance des corps du régne végétal , & qui lui donnât , autant qu'il eft poffible , toutes les propriétés d'une bonne méthode , favoir , la certitude , l'univerfalité & la confiftancc. Parmi ces nouveaux fyflêmes , il s'en trouvoit quelques-uns dont l'ufage étoit beaucoup plus avantageux; mais il s'en trouvoit auffi que la foule des exceptions , & même des contradiftions , ne permettoit pas d'appliquer à la connoilTance des plantes. Ce que j'avance fera facilement compris par tout Botanifte un peu avancé dans fon art , qui aura jamais eflàyé de faire un fyftème. Inltruits par notre propre expérience , nous recomman- dons cet exercice aux autres comme très-utile , à caufe de l'habitude qu'il fait de contracter , de divifer tk d'arranger les plantes liées entr'ellcs par une certaine affinité naturelle ; à quoi fert merveilleufement l'idée diiiinde de la ftruéture de la fleur & de fes différences. Quand une fois on la polléde bien , rien n'elt plus aifé que de difcerner la rertemblance imaginaire , ou feinte , de celle qui eft naturelle. En effet , un Botanifte aiTez folidement inllruit pour être dans l'habitude de juger de toute la ftruûure des fleurs , & du lieu véritable ik naturel des genres , efl: tout un autre homme qu'un Botanifi;e , qui fe bornant à des idées claires , mais individuelles , des plantes , n'en a fouvent que de confufès. Ayant donc réfolu , comme je l'ai dit, de faire chobc d'une des vingt méthodes nouvellement trouvées , pour lui donner plus de certitude & de perfeftion , & la mettre à portée des commençans , une comparaifon attentive m'a déterminé pour celle dont le fondement eft pris de la fituation des étamines dans les quatre différentes parties des fleurs. La préférence que ce fyftême mérite étant une fois reconnue , je n'ai plus penfé aux autres , & ne me fuis mis en peine que de corriger celui-ci , jufqu'à ce qu'il fût parvenu à la forme fous laquelle je vais" le préfenter. Avant toutes chofes , ce fyllême fuppofe non-feulement le fixe des Aa igfi MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE =î=s^= niantes comme une vérité inconteftable , mais encore la néceffité & ToM. V. l'immutabilité du canicUrc naturel des genres : ce qui fait que je me Année y^fjoe a« fentiment de nos modernes les plus exaâs , comme Mrs. Haller , 17 49' Linnicus , Ludwig , Gcjher , de JuJJieu , Gronovius , Royen , ik autres. Le fyftème n'a que deux parties , dont la première contient toutes les plantes qui ont une effiorefcence parfaite i> mardfejie à la vue , foit que cette effiorefcence foit hermaphroditique , monoïque , ou dioïque ; l'autre partie renferme le relie des plantes , dont L'' effiorefcence parfaite fe dérobe à la vue. La difpofition des genres dans la première partie du fyftême fe réduit à quatre clalTes , dont la différence dépend uniquement de cette partie de la fleur , à laquelle les étamines font attachées , Ôc qui à caulè de cela femble conllituer des cfpèces fingulières d'efflorefcence. Toute effio- refcence des plantes de la première partie du fyftême efl donc ; ou I. Thalomostemonis, fi les étamines font attachées au refervoir même.. Voy. Mdlpigh. anat. plant, pag. 64. tab. XXIX. fig. 1 74. A. B. C. II. Petalostemonis , fi les étamines font attachées à la corolle , ou à fon neclaire. Yoy. Malpigh. pag. 62. tah. XXIX. fig. 173. A. B. C. III. Calycostemonis , fi les étamines font inférées dans le calice, ihid. p. 63. tab. XXX. fig. 175. A. & 176. A. B. C. 177. A. B. IV. Stylostemonis , fi les étamines font cohérentes avec le pijlille même. ibid. p. 62. tab. XXIX. fig, 172. A. C. D. L'efflorefcence de la première & de la féconde claflè , qu'on peut obferver dans la plus grande partie du règne végétal , efl la plus naturelle de toutes ; au lieu que fon autre efpèce , qui efl: contenue dans la troifième .claflè du fyftême , diffère beaucoup de la première , & ne fe rencontre que dans très-peu de genres. La dernière efpèce , qui conflitue la quatrième claflè , efl encore plus rare , plus fingulière , & toutà-fait étrangère. Les étamines donc , qui étant des parties efrentielles de la fleur dans fon état de perfeâion , ne manquent, & ne peuvent jamais manquer, ont , comme l'expérience l'attefte , dans les quatre parties de la fleur une fituation certaine , univerfeîle & confiante , qui forme un caradtère très-préférable à ceux que pourroient fournir leur nombre , ou leur figure , fans parler de la proportion même des étamines , qui , ( chofe très-remarquable ) efl: à caufe de cela fort inférieure à la fituation. Ainfi la fituation des étamines jointe à leur liaifon , efl un fondement incontefiable & très-fimplo du fyftême botanique , auquel un apprentif dans cet art peut s'en fier , beaucoup plus sûrement qu'au nombre , qui eft la marque la plus incertaine de toutes , ou à quelque idée de figure , le plus fouvent fort vague. Suppofons , fi l'on veut , l'univerfalité & la confiance du nombre , ou de la figuire , dans la médiode botanique , quoique perfonne ne foit DES SCIENCES DE BERLIN. 187 en état de les démontrer , ou de les défendre ; n'auroit-on pas toujouri ', grand tort de recommander aux autres comme univerfels ces fondémens ^ '''^'' ^' & d'attribuer la même univerfalité aux règles qu'on établiroit fur eux ' ^ '^ ^ ^ ^ tandis que cette univerfalité manque dans l'application ? Un commençant '74 9- au milieu de ces exceptions & de ces contradidions , ne feroit - il pas en droit de regarder l'univerfalité & la confiance de notre fyficme comme des chimères ? Nous mettons le nombre des pétales , du calue , du piJltlU du péricarpe & de la femence , dans le même rang que la fiaure ■ car quoique celle-ci foit beaucoup plus certaine que le nombre , elle n'eft pourtant rien moins qu'univerfelle & conllante. Si nous confidérons tout le règne végétal , alTurément nous y verrons toutes les fleurs conferver avec la dernière confiance cette quadruple fituation Ôc liaifon des étamines énoncées ci-dcflùs. L'expérience ne lailTè aucun doute fur cela ; j'avoue pourtant que dans un feul & même genre naturel , ordre , ou clallc , il ne fe trouve point aujourd'hui en même tems certaines efpèces naturelles , dont l'une , par exemple , ait les étamines attachées aujîyle, une autre au calice, une troifième à la corolle, une quatrième au refervoir &c. Par conféquent tous ces genres fciices avec leurs efpèces mal unies entr'eJlcs , qu'on rencontre dans les écrits de quelques Botanifies , tant d'autres que les Botaniftes eux - mêmes regardent comme incertains , & en général tous ceux qui dans prefque toutes les méthodes font vagues & fujets à l'anomalie j tout cela , dis-je, n'interelîè en rien le fondement de notre fyfiême , bien loin de le détruire. Dans les meilleures méthodes botaniques on rencontre des genres vagues & anomales , qui à caufe de l'inconftance des parties des fleurs , foufirent des exceptions par rapport à la figure , au nombre, à la fituation & à la proportion ; & il ne faut pas douter que la quantité ne s'en augmente tous les jours par les nouvelles plantes que l'on découvre continuellement dans les différentes parties du monde ; mais ces plantes ne font aucun tort à notre fyfiême particulier , puifqu'elles ne répandent aucun doute fur !a fituation , & la liaifon quadruple des étamines dans la fleur , à l'ex- ception , peut-être , de deux , fçavoir , le cucubalc & le filene de Linnœus , dont on dit que les étamines font alternativement plantées dans le refervoir de la fleur , & dans les ongles des pétales. Il n'y a pourtant rien encore de gâté ; car fi ces fleurs différent véritablement de nos quatre efpèces d'efflorefcence , elles en confiituent une cinquième, qui répugne, je l'avoue, à l'affinité & à la proportion naturelle ; mais en féparant foigneufcment , comme on doit le faire , les pétales des cinq étamines alternativement placées, ( dont les filamens, avant leur infertion dans une certaine cxpanfion mcmbraneufe & annulaire du refervoir , font dans les ongles des pétales comme dans des étuis , ik s'uniflênt à ces ongles , ) en procédant, Aa ij i88 MÉMOIRES DE VACABÉMIE ROYALE '^^ „~ dis-je , à cette féparation , la cohérence des étamines avec le réfervoif A . ' f. faute aux yeux , aufli bien que dans les corolles monopeuiles qui ne font pas percées ; par exemple , dans le perce-ne^e , dont les étamines paroiflënt ' ■^ •^* inférées dans la corolle , quand on l'arrache fans précaution , mais qui percent etfeétivement le fond , & fe placent dans le réfervoir , comme on le voit en faifant exaûement la féparation de ces parties. Cependant avec le fecours de la proportion naturelle , on explique & l'on détermine l'affinité naturelle de ces genres , qui ne fouffre point de féparation , Ôi dont le lieu ne fauroit être détruit , comme le laurier-rofe en fournit l'exemple ; car fes étamines font inférées dans le tuyau de la corolle , & néanmoins elles s'uniilènt manifeflement par en haut avec le piltille. Les genres de limonium (Se de trèfle font mis à auffi bon droit au rang des genres vagues , à caufe de leurs efpèces monopetales , & des autres exceptions qu'ils fouftrent ; & cela vaut mieux que de les exclure entièrement de la claiTè , malgré le caraftère naturel qui les y range. On rencontre des genres anomales & vagues de deux fortes ;, les uns , qui , conhdérés en eux-mêmes , font abfolument naturels & n'admettent ni réparations , ni changemens -, les autres fiâices , qui ont befoin da - changement & de correâion , principalement à caufe que ce font pour l'ordinaire les Botaniftcs qui les ont conftruits , & qu'abandonnant la direètion de la nature , il fe font plu , tantôt à diminuer les genres en multipliant les efpèces , tantôt à diminuer les efpèces en multipliant les genres , par de pures raifons de caprice. Il arrive fouvent de - là que dans les meilleures méthodes botaniques , les efpèces de ces genres , tantôt peu différentes eiitr'elles , tantôt formant des genres très-diflinâs , font rangées avec ces défauts dans les divers ordres , ou claflés ; cela vient le plus fouvent du défaut de la métliode j & alors on peut s'en prendre aux Botaniftes ; mais auffi il n'y a quelquefois aucun moyen d'éviter cette im.perfeftion partiale ; les Auteurs n'en font point refpon- fables, & c'eil feulement une preuve autentique des défauts de la méthode naturelle dans la Botanique. J'ai rang'^ dans un catalogue particulier à la fin de mon fyftême toutes ces irrégularités , qui jufqu'à préfent ont donné lieu aux confufions & aux exceptions dans prefque toutes les méthodes des fleurs , & je leur ai affigné cette place , en partie afin qu'elles ne mettent plus dans la fuite d'obftacle aux progrès dès commençans , en partie pour ôter tout prétexte aux railleurs de juger au défavantage de la folidité de mes fyltèmes^ & de la dignité de la fcience. Bien qu'on ne puiife , comme nous l'ayons déjà dit , révoquer en doute la certitude , l'univerfalité & la confl:ance de notre fyftême , nous ne diffimulons pas néanmoins que l'abondance des nouveaux genres , ce DES SCIENCES DE BERLIN. 189 donne quelquefois atteinte aux principes fur lefquels il cft fondé. Mais comme c'eft un inconvénient qui naît de la culture même de la fcience ^<^^- ^• Botanique , & du plus grand degré de perfcétion à laquelle on veut la •^ ^' ^ ^' ^ porter , il ne peut faire aucun tort au f(,avoir & à la réputation des ' 7 '^ 5' Auteurs , & il eft plus à délirer qu'à craindre. Car y auroit-il quelqu'un qui ofàt foutenir ouvertement qu'on ne doit pas chercher à donner un plus grand degré de perfection aux fciences , de peur que cela ne faflè quelque tort aux fyitèmes reçus , de munis en quelque forte du fceau de l'autorité publique ? Et comme les commençans ont befoin qu'on leur fournifTè non-feu- lement une méthode , dont les principes foient certains & indubitables mais encore que cette méthode foit facile & bien développée , j'ai crû qu'il éïoit de mon devoir de venir à leur fecours. Pour cet effet j'ai dreffé une méthode fyftemati.jue , compofée de deux parties, dont la première , qui contient les principaux corps du régne végétal , ne Ce partage qu'en quatre clafles , comme il 3 été déjà dit plus haut. Ceux qui ne font que médiocrement verfés dans l'art , comprendront fans doute du premier coup d'œil les claflés du fyfteme ^ il fuffit qu'ih fâchent dillinguer les principales parties des fleurs , fçavoir , les étan:inK^ , le jlilc , la co;ollc , le calice , & le rifcrvoir , & juger de leur lîtuation dans la fleur. Alors , en continuant à examiner eux-mêmes la fltuation des étamir.e? , ils apprendront à connoltre la clalic du fyl:éme ^ car les étamines s'oflrijont à leurs yeux, ou entièrement féparées ies unes des autres , ou liées enti'elies par quel- qu'une de leurs parties \, ce qui détermine les ordres de chaque claliè ; fçavoir, I. Par les étamines féparées les unes des autres ,• II. Par Us étamines réunies , ou liées entr'elles. Par rapport aux fccîions , ( qui dans toute méthode font plus arbitraires que le genre & la clailè , ) elles fe manifeftent dans notre fyftcmc à la première vue par la double enveloppe de la .frudlincation ; d'où il rc fuite que dans la I. III. & IV. claffès , il y a deux fcdions de plantes , fç rvoir, de celles qui ont l'elHorefcence en partage , & qui font , ou 1. Apétales, ou 2. Corollées. Dans la féconde claflfe , qui comprend les petalnjlemones , la feùion des apétales n'a pas lieu, parce que toutes les fleurs ont la corolle , ou du moins le nccîaire ; & lî le Lord , ou limbe manque , ( comme dans quckjUtî unes des fleurs qu'on nomme aggregées , J cependant le tuyau de la coroiic , ou le bas de ce tuyau , relie encore. Ainfi il n'y a point pro- 190 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROFALE ;^== prement d'apétales dans cette claiïè ; mais il eft très-aifé de leur fubftituer ToM. V. d'autres fedions ; par exemple , Année J-749' ORD. I. Etamines distinctes les unes des autres. Sefl. I . A fleur Jîmple , égale, 2. A fleur JimpLe , inégale m 3. A fleur aggregée. ORD. II. Etamines réunies, ou liées. Seâ. I. A etamines réunies ou liées par en bas , & par des filamens, 2. A etamines réunies ou liées par en haut , & par des anthères. De cette manière , la divifion & la difpofition des genres dans la première- partie du fyftême fe réduit à peu de feftions , encore moins d'ordres , & très-peu de clafïès 5 ce qui eft fort commode pour les amateurs de la Botanique. Ce petit nombre de clalïès ik d'ordres , écarte quantité de difficultés & de dégoûts , que ceux qui s'appliquent à cette étude ne peuvent manquer d'elTLiyer , quand le nombre des clafïès eft poufïè trop loin , comme par exemple dans la méthode de Cefalpin , à XV. de Hermann , à XXV. de Morifon , à XVII. de 'Ray , à XXXIII. de Tournefort , à XXII. de Boerhaave , à XXXIV. Cependant comme l'augmentation des clafTès ne prouve pas l'imperfec- tion d'un fyftème , ni leur diminution , fon excellence , nous n'avons garde de contefter à ces favans hommes , qui ont rendu de très-grands fervices à la Botanique , la liberté dont ils ont ufé de faire ces divilîons & ces arrangemens conformément à leurs idées. Mais il demeure toujours vrai que les commençans font des progrès beaucoup plus rapides , quand on augmente la valeur du caraftère naturel , en réduifant l'abondance des variétés à des efpèces , la miiltitude des efpèces à des genres , & ces genres à d'autres fupérieurs , le tout avec jugement : & ce qui eft encore d'une très-grande utilité , c'eft que la méthode ne fafîè entrer dans les genres que très-peu de claflès & d'or- dres , en confervant toujours l'affinité , autant que cela fe peut. Rien ne mérite plus d'être obfervé & bien lié dans tout fyftême que les parties, owfragmens de la méthode naturelle , tels que font les plantes umbelliferes , liliacées , verticillées , flofculeuj'es , Icgumineufes , flliqueufes , malvacées , (Sec. auffi bien que celles qui font dites gramina , &c. & je crois que fuivant les loix de la méthode , on ne doit jamais les féparer , Ken. ^Tcni ■ /f, in ■ 12 -pcii) ■ 13 if, . ic^!'â. ^ ^ncin.dc J^ticac)-t7<.oi/-dc Scr'in ■ c^m Xi'/i. 4c.pa,;- la c icA'^?5. I,iurc Sculpjit ■ DES SCIENCES DE BERLIN. jç,t ou que ce ne peut être que dans des cas d'une extrême néceffité. ', n En voila afltz pour ce qui concerne la première partie de notre ^°^'' ^' fyllème. L'aurre , qui eft la moins confidérable , comprend le rcfte des '^ ^ ^'-^^ plantes dont l'efflorcfcence parfaite fe dérobe à la vue. La plupart ' 7 4 S' de ces végétaux n'admettent point la théorie des étamines , & ne peuvent être expliqués par fon moyen. C'cft pourquoi la première efflorefcence ou celle que la fimple vue apper(,oit , eft à bon droit fuivic de l'autre ' qui eft ou entièrement cachée , ou inoblcrvable à la limple vue , à caufe de fon extrême petitefle qui ne peut être faille que par le mi'croiéope. Il n'cll pas naturel en eftet , que l'ordre de connoiffance & de démonf- tration dans une méthode qui doit être facile & à la portée des corn- mençans , débute par les plus petites de toutes les fleurs , qui échappent entièrement aux fens ; mais il faut placer à la tète celles qui peuvent ' être connues d'une manière diftinftc , afin qu'un commençant après avoir bien examiné la firudure & les différences des fleurs les plus grandes & les plus aifécs à connoître, parvienne à comprendre & à fe répréfenter les mômes chofes dans les plus petites. Il n'y a donc pour la féconde partie que deux claflès , dans lefqu'elles entrent I. Les plantes dont l'efflorefcence parfaite efl tout-à-fait inconnue. Cette clafTè n'a qu'un genre aétuellement. II. Les plantes dont l'efflorefcence parfaite fe dérobe entièrement à la vue , à caufe de leur extrême petiteffè. Les ordres de cette clalTe font naturels , & il y en a cinq, Ord. I. Les Fougères. IL Les Moujfes. m. Les Algues. IV. Les Champignons. V. Les Lithophytes. Les corollaires des genres font foi de cette divifion. Cette courte ébauche de mon fyftème pourra fuffire pour le préfent j & quelques petits ouvrages de Botanique que je me propofe de publier dans peu , en feront mieux conno'tre l'ufagc , fans que je m'étende ici à le recommander & à le faire valoir. Pour dire feulement la vérité , elle eft tout-à-fait propre à l'inftruaion ; &. en l'appliquant avec jugement , comme on peut & doit le faire , elle donnera des accroiiîèmens con. fidérables à la connoilTànce du règne végétal. U ne me refte plus qu'à demander Ôc à attendre les avis des juges i OM. V. A N N É h .{7 49- I9Î MÉMOIRES DE VACADEMIE ROYALE compétens , qui font dans l'habitude de méditer fur ces matières , & à qui il appartient de donner des décifions folides , que je recevrai avec tous les égards qui leur font dûs. Mais pour ceux qui n'ont d'autres guides que l'ignorance , ou la mauvaife humeur , qui ne s'en rapportent qu'au préjugé de l'autorité , à quelque hypothéfe précaire , ou à quelque faulTe expérience , en prenent le droit d'attaquer tout fyftême qui fe préfente fous une forme nouvelle , & de lui faire un crime de fa feule nouveauté , je ne prendrai pas la peine de leur répondre. CLEF DES CLASSES. Toute efflorefcence des Fleurs , Parfaite , Hermaphroditique , Monoïque ,' Dioïque , &c. eft 4OU mani- felle. cachée. qui eft ou ou 1. THALAMONTEMONIS, files étamines tiennent au Réfervoir. 2. PETALOSTEMONIS, fi les étamines tiennent à la Corolle , ou à fon Neâaire. 3. CALYCOSTEMONIS, fi les étamines tiennent au Calice. 4. STYLOSTEMONIS, fi les éta- mines tiennent au PifUlle, j. tout-à-fait. 6. à caufe de leur extrême petiteflè. Les ordres font formés de ce que les étamines font , ou féparées les unes des autres , ou réunies , foit entièrement , foit par la liaifon de quelqu'une de leurs parties. La Nomenclature Latine fuivante achèvera de fournir l'idée diftinûe de ce Syftème. Omnis DES SCIENCES DE BERLIN. o M N r s FLORES CENTIA PLANTARUM PERFECT A, Hermaphroditica , Monoïca , Dioïca , &c. eft VEL PATENS, QV JE VEL C L A S S I S I. THALAMOSTEMONIS, Cujus ftamina adhxrent Receptaculo. o R D o I. Staminibus à fe invicem dijlinclis. i9î S E c T I o I. L'imus. Bofia. In Floribus Apc- Celtis. tatis. * Piftacia. a. Eficarpiu, Myrica. » Morus. Chara. Almus. Hippuris. Beiula. Cliffortia. * Salix. Populus. Tamnus. Anthofpermum. Trewia. Dodonasa. Triopteris. Tetragonia. Ceratonia. Conocarpus. * * Ambarodcndrum. Juglans. Platanus. b. Hypocarpiis. » * * Hippophae. Corylus. Rajania. Quercus. Smilax. Fagiis. Diolcorea. Carpinus. Lupulus. Fraxinus. Cannabis. Urtica. ■p Parietaria. Penthorum." Chcnopodium. Pharnaceura. Atriplex. Calligonum. Spinacia. Beta. Afarum. lllecebrum. Herniaria. Chyfofplenium. Blitum. * Amaranthus. Rivinia. Celofia. Phytolacca. Achyranthes. Petiveria. Tragia. Launis. Phyllanthus. * Tlieligonum. Rhcum. Acalypha. Lapathum. Mercurialis. Perficaria. Dalechampia. Helxine. Olyris. Polvgonum. •' » Biibrta. Tetracera. • MoUugo. MyriophylJum. * Ceratophyllum. Sloanea. Salicornia. Galenia. Zannichellia. Lachuxl. Cynomorium. Bb ToM. r. A s H É E i7 4â- Ï94 Ruppia MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE Ton. V. Année An>m. Calla. .17 4 9' Dracontium. Piper. ' Saururus. * Acoius. Sparganium. Typha. * Triglochin, Sclieuchzeria. Juncus. * Eriophoiura. Cypenis. Scirpus. Schoemis. Carex. Cenchnis. Cornucopise. .Anthoxanthum. Zizania. Nardus. Sacharum. Phleiim. Alopeciirus. Paniciim. Lagiiriis. Phalaris. Ifchaemum. Melica. Orj'za. Holciis. Milium. Arundo. Aira. Poa. Cynofurus. Agroftis. l.olium. ffg)'lops. Feftuca. Bromiis. Avena. Briza. Uniola. Zea. Coiïs, Hordeum. Triticum. SecaJe. Sec Ti o II. In Floribtis Corol- latis. a. Epicarpiis. Aralia. Phyllis. Eryngiura. Lagoecia. Hydrocotyle. Aflrantia. Sanicula. Panax. Y- Stnyrnium. Paftinaca. Thapfia. iEgopodium. Anethum. Carvum. Apium. Anifum. Pimpinella. »■ Ethufa. Cicuta. Coriandnim. Oenathe. Phellandrium. Bupleurum. Sefeli. Cherophyllum. Scandix. Imperatoria. Sphondyliura. Tordylium. Caucalis. Artedia. Echinophora. Daucus. Ammi. Laferpitium. Angelica. Ferula. Cachrys. Ligufticum. Sium. Silbn. Bubon. Crithmum, - Selinum. Conium. Brunium. Athamantha. Libanotis. Peucedaniinii ♦ Circaea. Ludvvigia. Juflieva. Neurada. * Caryophyllus. Hydrangea. Hydrocaris. Stratiotes. Bromelia. ♦ Agave. Ixia. Leiicojiim. Amaryllis. b. hypocarpiis. * Anthericura. AUiiim. Ornithogalum. Squilla. Liliiim. Fritilaria. Tulipa. Erj'thronium. Gloriofa. Uvularia, Aloe. Yucca. Xyris. C(5mmelina. Tradefcantia. » Liriodendrum. Magnolia. Aiiona. Phcenix. Corypha. Antidel'ma. ChamoeropS. Carj'ota. BoralVus. Airaphaxis. Polycnemum. Potamogetoii. Elatine. Buxus. Corifpermum. Stellaria. ♦ Ifatis. * Cleome. Sifymbrium. Crambe. Eryfimum. Turritis. Cheiranthus. Helperis. Dentaria. CardaminCt Sinapis. Arabis. Raphanus. Braffica. Bunias^ Vella. Draba. AlylTum. Lunaria. Clypeola. Iberis. Thlafpi. Cochlearia. Lepidium. Anaftatica. Myagrum. Subùlarifii DES SCIENCES DE BERLIN. Sagina. Mœhiingia. Thaliftrum. Clematis. Piillàtilla. Anémone. Hepatica. Adonis. Ranunculus. ♦ Suriana. Pœonia. Helleborns. Caltha. Diofma. Ilopyrum. Garidella. Nigella. Aquilegia. Parnaflia. * Pavia. Elculus. TrapcBoliim; ♦ Malpighia. Banifteria. Acer. Refeda. Aconimm. Delphiniiim. Diftamnus. Sophora. Cercis. Baiiliinia. Parkinlbnia. Callia. Poiuciana. f9S • Menirpcrmum. Staphylsea. Hj-pecoiim. Mcdeola. * Epimedium. Empetrum. GleditHa. Làwfonia. » » Leontice. Itca. Oxalis. * Cupania. * Cornus. DLIlenia. Coriaria. Maiirocenia. •■ Sauvagea. Celaftnis. Calophyllum. Vateria. Cafline. Mammea. Menzelia. Rhus. Tribulus. Helifteres. Cotinus. Ha-matoxyhim. Ciftus. Evonymus, Adenantliera. Peganum. * Averrjioa. Corrigiola. Riita. Fagonij. Barreria. Monotropa. Zygopliyllum. ^ * » Portulaca. Hamamelis. Blairia. Saxifraga. Htigonia. Erica. Cralliila. Paris. Tetralix. Telephium. Aetaea. Bocconia. Sanguinaria, Ledum. Sedum. Tamarix. Melia. Azalia. Anacampreros, Sempervivum. Tilla>a. Podophyllwm. Chelidonium. Glaucium. Argemone. Papaver. Pyrola. » Corchonis. Triumpfetta. Clufia. Rhodiola. Chreleria. <^ Dianthus. Saponaria. Mefua. Heliocarpus. Cucubalus. Morifona. Bixa. Agroftema, Cratera. Kiggelaria. Silène. Breynia. Grewia, Tilia. Coronaria* I.ychnis. Caparis. Thea. Drypis. Granatilla. » * Nymphaea. Jatropha. Franckenia. Sarracena. Croton. Drollera. » Cneonim; Linum. Michelia. Euphorbia. Alfine. Berberis. * Ceraftium. Hedera. Sapindus. Spergula. Vitis. Paulinia. Arenaria. CifampelQS. Cardiofpermura. Holofteum. ToM. V. A N N É B W49' f^êff Bb ij ToM. V. Année 17.4 9- ,9« MÉMOIRES DE UACADÈMIE ROYALE O R D O II. Staminibus cliqua parte inter fe connexis aut coalltis, S E C T I O I. „ * , „, ., . Hypericiim In Flonbus Apcta- ^^,';.,.,,_^ us. a. Hypocarpiis. » Abies. Pinus. Cupreffiisi Thuya. » Juniperus. Taxiis. Ephedra. Rieinus. Sectio II. In Flonbus Corol- lads. a. Kyfocarpils. Citrus. Alcyrum. i Inaqualibia. » Géranium. Viola. Polygala. Heifteria. » Impatiens. » Fumaria. » Amorpha. Erythrina. Genifta. Spartium. Ulex. Crotallaria. Lupinus. Ononis. Borbonia. Achyronia. Secuiidaca. Cytifiis. Anagyris. Robinia. Phaleoliis. Dolichos. Clitoria. Lathyrus. Piliim. Vicia. Orobus. Lotus. Doiycnium. Trifolium. Antiiyllis. Melilotus. Croura. Cicer. Phaca. Galega. Pl'oralea. Colutea. Arachis. Trigonella, Medieago. Glycirrhyza. Hedilarum. ffifchynomene. Hippocrepis. Scorpiurus. Ornitlnopus. CoroniUa. Dalea. » Aftragalus; Biferrula. Tragacantha. Glycine. CLASSIS II. PETALOSTEMONIS, Cujus Stamina adhasrent Corolle aut ejus NectaRIO. O R D O I. Staminibus à fe invicem dijliniiis. Sectio I. Jn Flore Jîmplici , (equdli. a. Corollii epicarpiii. Matthiola. - Cinchona. Sherhardia. Vaillantia. Spermacoce. Gallium. Aparine. Criicianella. ApenUa. Samolus. Adoxa. Poteiium. Sanguiforba, Roella. Campanuîa. Phyteiima. Trachelium. • Morinda. Chomelia. Rondeletia. » Melojhiia. MefembryanthemuM Sambucus. Viburnum. » Bellonia. Zanonia, Genipa. Loranthus. Richordia. DES SCIENCES DE BERLIN. Hxmanthus. « Gethylis. Iris. » Pancratium. NarciUiis. Crocus. b. Hipocarpiîi. » Colchicum. SuUjocodium. * Hemerocallis. Afphoc'elus. Ciinum. Hyacinthus. Miifcari. Poiyaiithes. » Polygonatum. Afparagus. » Renealmia. Tiliandfia. » Cufciita. Najas. Houftonia. Plantage. ♦ Cenninculus. Montia. t Statice. » Gomphrcna. MimoTa. ♦ Paderina. Dapline. Olea. Brunsfclfia. Phylliiea. Chionanthus. Syringa. l.igudnim. Jaimmum. Nyclanthes. Coflba. » Siphonanthus. Kundia. Cordia. Cortufa. Triemalis. Lyfiniacliia. Anagullis. Hottonia. » Androface. Aieiia. Primiila. Soldaiiella. Menyan:hes. Hydiophyliiim. Patagonula. Diapenfia. Therphraftp. Phiox. Spigelia. Cotylédon. Mineola. Plumbago. Polemoniiim. Convolvulus. « Mirabilis. Datiira. Nicotiana. Atropa. Mandiagora. Phy/alis. Solanum. Capficum. » Gentiana. » Rauwolffia. Ccrbera. Thevetia. Plumeria. Nerion. Vinra. Tabernœmontana. Cameraria. Cercopegia. Apocynum. Cynanchura. Alclepias. Pcripioca. Sijpclia. » Chirotiis. Phylica. Cellrum. Strychnis. Chrylolphylliim. Rliamnus. Jycium. Catesbala. * Ilex. Prinos. » Caryca. Hura. » Biidleja. Ixora. Avicennia. PennEea. t- Diofpyros. Styrax. Royena. Aibiitus. Vacciniiim. Santaiiim. Andromeda. Myrfiiie. Cyclamen. » Tournefortia. » Myofotis. Symphytum. (crinthe. Cynoglolîiim. Pulmonaria. Anchuia. lirholpermum. Heliotropium. Apenigo. Lycopfîs. Borago. 197 S E C T I O II. TOM. y. In Flore Jïmplici , ^ '^ ^ ^ « inxquali. ^7 49' a, Corollii Epicarpiii, Morina. ^ Loniccra. Dierviia. * Diodia. Gefiicria. Martynia. Ovieda. Linnaja. * Miifa. * Alpinia. Canna. Amomura. Marantha. Coftus. Curcuma. » Gladiolus. Cimonia. Anthnlyza, b. Corollis Hypocaft pth. * Echium. ♦ Ajiiga. Teiit'iium. Tiicluifleraa. Thymus. Satureja. Clinopodium. Origanum. I.avandula. Hyllbpus. Horminum. MeliCà. Glechoma. Sideritis. Nepeta. Bctooica. 198 MÉMOIRES DE ' Mentha. » Ocymum. Paederota. Melitis. Veronica. DracocephaJum. Ctinila. Jufticia. Lamiiim. Utricularia. Galeopfis. Pinguiciila. Stachys. Balotta. Caefalpinia. Marrubium. ♦ Molucella. Pontederia. Leoniirus. » Orphala. Hyofcyamus. Pninella. •Celfia. Phlomis. Verbafcum. Scutellaria, » f Antirrhinum. Prafium. Cymbaria. * Eiephas. CoUifonia. Pediculaiis. Gmelina. Rhinantliiis. Monaida. Barcfia. Salvia. Halleiia. Rofmarinus. Euplirafia. Ziziphora. ^ Uiaiithera. Melampyriim, Lycopus. Orobranche. Verbena. l.athyrœa. * Sqiiamaria. Gratiola. Phelypaa. CADÉMIE ROVALE Chelone. Loefelia. Dodartia. Hebenftretia. Barleria. Limolella. Gerardia. Coris. Clerodendron. t Bontia. Melianthus. Schwalbea. * Craniolaria. Valeriana. Scrophularia. Boerhavia. 5'efamum. Digitalis. S E C T I O III. Bignonia. Acantlius. In Flore aggregato. CoIiimniEa. Ruellia. a. Corollis Epicarpitt, Befleria. * . Obularia. Knaiitîa. Creicentia, Scabiofa. Petrea. Cephalanthus. Biichnera. Diplacus. Lippia. Parthenium. Seiago L. Ambroiia. Browalha. Xanthium. Erinus. Tozzia. b. Corollis Hypocar-i Lantana. Cornutia. fiit. Virex. Globiilaria. ffginetia. Protea. Capraria. Brania. O R D O II. Staminibus aliquâ parte inter fe conncxis nul coalitls. S E C T I O I. Lavatera. Malva. Inferius , feu fila- Sida. Corymbiiim. Lobelio. m. In Flore Jîmplici. Theobroma. Melochia. Hibifciis. Trioiium. CameiUa. Urena. Malope. Hieracium. Crépis. Andryala. . r ri . Hypochoeris. b. In Flore aggregato, Leontodon. umformt. Scorzonera. * Tragopogon. Jafione. Sanchus. _ ■ r A , t j j Lampfana. àupenus J. Anthe- Leucadendron. Cichorium. Goiripiiim. Walrheria. Hermannia. Sectio II, t. Corollis Ligulatis. ris. a. In Flore fimplici, * • Rufcus. Phrenanthes. * Chondrilla. Pneiimonanthe. Laûiica. Catanance. Sholymus. Elephantopus, t. Corollis tuhulofis, Cundelia, DES SCIENCES DE B E 'ArQium. Scrratiila. Onopordon. Carduiis. Cirlium. Cinara. Carthamus. £chinops. Carlina. Stxhelina. Stœbe. ♦ Santolina. Tanacemm, Ageranim. Chrj'locoma. Tarchonanthus. Eupatorium. Cacalia. Kleinia. Senccio. , r, . Aller. '•'"'^!?:n!-^^""'Buphtalmum. Matncaria. ChrjUanthcmiira, Cotula. Anacyclus, Anthémis. Bellis. Achillea. t. Ccrollls tuhulof,., "^|^"f difformi, i.Coroltii tuhulofis, Centaurea. Xcranthemum. Cnicus. Atraftylis. * Erigeron. Gerbera. Doronicum. Solidago. Siegcsbeckia, Vesbefina. Tetragonothcca. Tagetes. Helianthiis. Rudbeckia. Calendula. Coreopfis. C L A S S I S III. ALYCOSTEMON Cujus Stamina adheerent Calyci. R L I N. 199 Arâotis. Ofteorpermum. Chrj'l'ogoiuim. Melampodium. Silphium. Othonna. Milleria. Eriocephalus. TuffiJago. t. CorolHi tuhulofis i & nudis fimul. Petafites. Conyza. Bacharis. Gnaphaliura, Bidens. Micropus. Sphœranthus. Arthcmilia. I S. i o.v. / '. /Inné* 1749* 0 R D 0 I. Staminibus à fi invicem dijlinclis. S E C T 1 0 I. S E C T I 0 II. Myrtus. Comanirt* In Floribus Apcta- • In Floribus corol- 4 Pyrus. Sibaldia. Geum. lis. lotis. Punica. Mefpilus. Dryas. «. EpicarpiU, a. Epicarpiij, Craisgus. Spiraea. t » Sorbus. Filipendula. Vifcum. Agrimonia. Rites. Aruncus. 4 4 Aizoon. 4 Gronovia. b. Hypocarpili, I.ythmm. Ammannia. Sallbla. 4 EpLlobium. Guajacum. Ifnardia. PepUs. Thefium. Œiiothera. Garcinia. 4 Rhexia. Amygdalus. Heuchera. Turnera. Pmnus. Mitella b, Uypocarpiii, 4 Melaftoma. C eralus. Padus. Muntingia. 4 » » Burmannia. Sclcranthus. Philadelphus. Rofa. » AlcIiimiUa. Plidiiim. Riibiis, Tamarindus. Aphaacs. Eiigeaia. Potemilb. Guilandina. «0» ToM. V. Année 1749' MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE O R D O II. Stamlnibus aliquâ parte coalitis aut connexis. S E C T 1 O I. Trichoramhes, r . ■ r... ^„ Momordica. Super lus ; eu An- „ Ciicuibita. Sicyos. theris, «. Cotollii Epicarpiis. fueillca. Biyonia. C L A S S I S IV. STYLOSTEMONIS. Cujus Stamina adhaerent PiSTlLLd; O R D O I. Staminibus à fe inviciem dijlinclls. S E C T I O I. In Floribus Apt- talis. a. Hypocarpiis. S E C T I O II. Herminium. /. no fus corol- '^^^ uns. a. Epicarpiis. t Orchis. Serapias. Cypripediiim. Ariftolochia. Liraodorum. Epidendron. (. Hypoearpiism Piftia.* ♦ Sifyrinchium. * Andrachne. Clucia. » Eriocaulon. Nepenthes. FLORESCENTIA PLANTARUM PERFECTA, Sec, VEL LATENS, VEL P R O R S U S. C L A S S I S V- O R D O I. Ficus. VELOB SUMMAM MINUTIE M. C L A S S I S VI. O R D o I. Fil! ces. Equîfetiim. Ophiogloflum. Ofmunda. Lonchitis. » Pteris. Tlielypteris. Polypndiiim. Alplenium. Phyllitis. Hemionitis. Ti'icho.nanes. Adianthum. Acrofticum. O R D O II. Mufci, Polytrichum. Bryum. DES SCIENCES DE B E R L I S. loi Bryum. Hypnum. Sphagnum. » Jungermannia. Marchantia, Ord o IV. Fungi. Buxbaumia. Mucor. Or DO V. AvtJÉs Mnium. Fontinalis. Blafia. Lichen. Byflus. Clavaria, Lithophyta. 17 49' Lyeopodium. Elvela. Lithoxylum. 4 Phallus. Ifis. Or DO m. Lemna. Boletus. Miltepora. A/g^e. Marfilea. Agaricus. Cellepora. Fucus. Clathrus. Tubipora. ♦ Tremella. Peziza. Madrepora. Authoceros. Ulva. Stemonitis. Spongia. Riccia. Conferva. Lycopendon. Sertularia. GENERA ANOMALA ET VAG A POTIOR A, Quae in omni mcthodo à fruâificatione defumpta ob partium quarundam floralium inconftantiam , quoad numemm , figuram , fitum & propor- tionem , &c. exceptiones indicant , & quarum fpecies diverfas faepius £mul Clajfcs , Ord'mcs , Seâiones , vel gênera ingrediuntur. Tumaria. I.upinus. Trifolium, Colutea. Ornithopus. Coronilla. Cleone. Sifymbrium. Cardamine. Raphanus. Draba. Alyrtlim. Clypeola. Lcpidium. Myagrum. Géranium. Sida. Malva. Hibifcus. Teucrium. Thymus. Origanum. HylVopus. Dracocephalum. Stachys. Leonunis. Marrubium. Prafium. Antirrhinum. Rhinanthus. Pedicularis. Orobanche. Bignonia. Capraria. Hypericum. Nymphïa. Euphorbia. Ciflus. Mimofa. Refeda. Mefembryanthemura Clematis. Thaliarum. Ranunculus. Helleborus. Potentilla. Spirasa. Agrimonia. Mirabilis. Sophora. Bauhinia. Ammannia. Monotropa. ZygophyUum. Pyrola. Andromeda. Saponaria. Cucubalus. Silène. Alfine. Cotylédon. Lychnis. Laurus. Acer. Ruta. Erica. Afparagus. Polygonatum. Hyacinthus. Aloë. Hemerocallis. Menifpermum. Azalea. Campanula. Lonicera. Rhamnus. Chironia. GentiansK Pneumonanthe. Heracleum. Myrfine. Eryngium. Scandix. Tamarix. Aralia. Statice. Staphylaea. Linum. Senecio. Scabiofa, Petafites. Fraxinus. Valeriana. Platanus. Commelina. Corifpcrmuoi. Montia. Lobelia. Lampfana. Impatiens. Salix. Myrica. Marchantia. Ce Î02 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE TOM. V. S^ == ^SSgii!J£=L ^^ An née ly^Q. ARTICLE XXXI. Effal d'une fécondation artificielle , fait fur Vefpèce de Palmier qu'on nomme , Palma Dadylifera Folio Flabelliformi. Par M. Gleditsch. Traduit du Latin. LA théorie du fexe des plantes , qui a été fi vivement & fi long-tems débattue par les Naturaliftes modernes , eft à préfent appuyée fur des fondemens inconteftables; ce font l'expérience & la raifon. Des chofes que la plupart des Phyficiens regardoient autrefois comme ridicules & imaginaires , fe prouvent aujourd'hui par les expériences les plus fimples , & avec tant d'évidence , qu'il ne relie plus le moindre lieu à toutes les objeiftions qu'on formoit contre ce fyftême , & à toutes les railleries dont on l'accabloit. Ce n'eft pas qu'il n'y ait encore quelques perfonnes qui révoquent en doute l'exiftence d'un fexe véritable dans les plantes , mais le nombre en eft fort petit , & leurs argumens ne paroillènt mériter aucune réponfe. On s'apperçoit aifément que ceux qui les font & les foutiennent , ne font point au fait de la ftrufture des parties des fleurs , & que les expériences fufiEfantes leur manquent : ainfi tous leurs coups portent en l'air. Laiffant toutes ces difputes à l'écart , je ne me fuis attaché qu'à acquérir une pleine convidion de cette diéorie ; & pour cet effet , pendant plufieurs années , j'ai fait des expériences fur des plantes de toute efpèce , & j'ai eu le plailir de voir la vérité fe découvrir à mes recherches. Mais pour appercevoir plus diftinftement la fuite ou liaifon des eftéts , & pour éviter les illufions qui fe gliflent affèz fouvent dans les obfervanons des Phyficiens , j'ai fait choix , fur-tout dans ces dernières années , de plantes durables , d'arbres de la même efpèce naturelle , ( les Sexualifies les appellent vulgairement Dioi'ijuei) dont l'un porte feulement des fleurs mâles ^ tandis que l'autre , fa compagne , qui eft tout-à-fait différente , ne porte que des fleurs femelles. De cette forte font la Ceratonia, (a) le Terebinthe, (/>) le Lentifque ^ (c) & cette efpèce de palmier daclilifére , qu'on nomme vulgairement {a) On la nomme autrement Silitjua âulcis, (t) C'eft l'efpèce dont le noyau n'eft pas bon à mingcfi (c) Celui de Chio , qui donne le maftic. DES SCIENCES DE BERLIN. zoj Chamarops & Chammnphcs. (6ce qui produit iti plantes différentes , dont les unes font miles . djutres lemelles , & d'iutres hermaphrodites. CO On m'a zSiui que ce Prince en payoit jufqu'à 100 piAoles de la fiict. Ce ij a un de 204 MÉMOIRES DE VACADEMIE ROYALE g== • Suivant le témoignage d'un homme dont le nom eft illuftre , & qui eft loM.y. jgj^j ^g 66% année, ce palmier étoit autrefois dans le jardin Royal de Année ggj-jjf, ^ jjgns une parfaite ilérilité , 6c il fe fouvient de l'y avoir vu dès fa ^7 49' plus tendre jeuneflè. Au rapport du Jardinier , cet arbre n'a jamais porté de fruits dans le jardin botanique ; 6i pour moi , depuis i 5 ans , je n'ai jamais remarqué parmi les fleurs qui tombent tous les ans de ce palmier aucun fruit parfait j encore moins ai-je pu en obferver aucun qui reniermât une fémence féconde. Mais comme j'étois fuftifamment convaincu par la théorie du iéxe des plantes , & par la connoiirance des parties de la fleur , que les femelles des végétaux , aufli bien que celles des animaux , ne peuvent dépofer des œufs féconds fans le commerce du mâle , je n'ai jamais été furpris du défaut de femence dans notre palmier. J'ai plutôt été occupé depuis long- tems de l'idée de féconder cet arbre femelle , pour laquelle il ne fe rencontre aucun mâle dans les jardins de Berlin ; mais il y en a un vivant à Leiplig , & qui fleurit tous les ans dans le jardin de Cafp. Bofe. Il ne m'a pas été difficile d'obtenir des Botanifles de Leipfîg, (a) des fleurs de ce palmier mâle , & j'en reçus au printems de 1749 dans des jours qui étoient déjà fort chauds. L'ardeur du foleil avoit tout-à-fait flétri & gâté les paquets d'étamines , & la plus grande partie de la pouf- fière des anthères étoit fortie des véfîcules feminales. Je ramaflai dans une petite cuiller une partie de cette pouffière qui s'étoit répandue en chemin îur le papier dont la boéce étoit garnie intérieurement. Si je m'étois arrêté à l'idée des Phyficiens modernes , j'aurois dû perdre toute efpérance de fécondation , puifqu'il y avoit déjà neuf jours que la poullîère des anthères étoit hors des véficules & attachée au papier. Mais la relation fuivante de M. Ludwig , qui a fait quelque féjotir dans les contrées d'Alger ik de Tunis , fit briller à mes yeux de nouvelles lueurs de fuccès. « Les habitans de l'Afrique, dit cet habile homme, n'emploient » prefque jamais les petits paquets d'étamines des palmiers mâles tout » frais pour procurer la fécondation des femelles , mais ils ont coutume X d'en prendre de fecs , & qui ont été gardés pendant quelque tems. » Cette obfervation eft cibfolument contradictoire aux expériences des modernes. Pendant les jours que j'ai indiqués, notre palmier femelle , à caufe de l'ardeur aiïèz vive du foleil , avoit entièrement déiieuri avant l'arrivée des fleurs mâles , & il ne reftoit qu'un très-petit nombre de fleurs à la pointe des branches , auxquelles pourtant fe joignit , contre toute efpérance , ua nouveau petit bouquet de fleurs tardives. Je n'y cherchai point d'autre façon que de jetter tout fimplement avec (a) Mijfisart Ludwig 6" Sodtmer, DES SCIENCES DE BERLIN. 205 la main cette partie de la pouffière des antiiéres , qui avoit été pendant ^= neuf jours hors dos véliculcs Icminalcs , adhérente au papier j de la jetter, "■''' ^' dis-je , & la répandre l'ur les heurs du palmier femelle ; & pour le "^ ^ '" ^ * pa4uet d'étamines déjà tout moili , je Tapplit^uai à ce bouquet qui avoit '■7 4 9' ileuri en dernier lieu. Cette afperlion de la pouffière fécondante étant faite , la fécondation eut le fuccès auquel je m'étois attendu j les utricules de la végétation s'enricreiit en grand nombre , & fe remplirent d'une femcnce féconde propre à une propagation ultcrieure ; ils devinrent de véritables petits œufs. Ces petits œuis , ou kmences , meurirent dans les fruits l'hyver dernier & ayant été mis en terre à l'entrée du printems de 1750 , il en clt né des plantes conformes à leur origine , c'eil-à-dire , de petits palmiers , qui prouvent d'une manière incojiteltalDle que la fécondation végétale a été pleinement accomplie , & que je ne fais point difficulté de montrer à quiconque veut s'en convaincre par fes yeux. Un nouvel ellài fort limple , & tout-à-fait femblable au précédent , au fujct de la génération des palmiers , m'a pareillement réufli à fouhait l'année dernière. Un paquet de heurs mâles de Leipfig a produit une géniture tout-à-fait aétiv^e 6c vigoureufe. Ses molécules ont promptement pénétré les higmates de notre palmier femelle , & ont eu la vertu de féconder une grande quantité de fruits , ou dattes , dont j'ai préfenté les grappes à l'Acauémie , pour les foumettre à fon examen. Je remarquerai feulement encore que , par quelque erreur , ou peut-être par la négligence du jardinier de Leiplig , le dernier paquet de heurs dont j'ai parlé , avoit été enveloppé dans de la moullé un peu humide , & qu'en chemin il s'étoit noirci , & avoit pourri jufqu'à contraéter une mauvaife odeur afïèz fenlîble. Cet eiîài fî fîmple de la fécondation artificielle de notre palmier , fait voir (|ue la plupart des difficultés que les Botaniltes étalent , & que bien fouvent ils inventent dans leurs théories , par rapport à la fécondation des végétaux , n'ont prefque aucune réalité ^ & lî elles en avoient , il fau- droit néccllàirement que la plus grande partie des plantes demeurât flérile. Les globules des anthères , qui renferment les vrais germes des femen- ces , doivent même avoir plus de confiftance dans quelques-unes des autres plantes dloïqucs ; car pendant un certain tems ils fîottent librement expofés à l'air, & fe confervent dans leur entier exemts de toute corruption , avant que de pouvoir arriver aux fligmates des plantes femelles. Il me paroit fort vraifembla')le que ces fortes de globules font revêtus, d'une cuticule moins délicate & plus denfe , qui les empêche de lâcher d'abord dans un air humide ce qu'ils contiennent : & quand l'air eft au contraire fec , je fuis perfuadé que ces globules peuvent vivre & fe. 2o6 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE ^^ conferver long-tems hors des anthères , fans être atteints de la moindre 1 OM. . corruption , & leur contenu demeurant fain & fauf. Année ^ '745. g^ .=;i!!g$>j^j;=! = ^ ARTICLE XXXII. Expérience concernant la génération des Champignons. Par M. Gleditsch. Traduit du Latin. LE quatorzième du mois de Décembre de l'année dernière ( 1748 ) par un vent de midi fort doux & tirant à la pluye , j'expofai à la chaleur modérée d'un fourneau dix vafes cylindriques bien nets , & de diverfe longueur & largeur. Les ayant enfuite numérotés , je les remplis jufqu'à la moitié , pendant qu'ils étoient encore chauds , de petits morceaux de melon de Surinam mûr & tout frais , & les ayant exadement couverts avec de la moulïèline , je les plaçai dans des lieux féparés. Je mis le vafe N^. I. dans un endroit de mon jardin où il y a de l'ombre , & qui regarde l'occident , & je répandis delïùs une quantité de feuilles pourries de tilleul , de fureau , de vigne , &c. Je pofai le N°, II. environ à 38 pieds du premier, du côté oppofé au midi, dans une chambre où l'air n'entre point pendant prefque toute l'automne. A dix pieds environ du N". I. je mis le N°. III. dans du fumier de cheval pourri , & déjà rempli d'une abondance très-grande de pièces de champignons ; & cela dans une écurie ouverte vis-à-vis de l'orient ; & à cent pieds de-là je portai le N°. IV. dans une cave allez humide , & extrê- mement pleine de vapeurs. A cent vingt-fix pas du N°. I. étoit le N°. V. fous un fceau de bois dans l'étage inférieur de la maifon, dans une chambre qui avoit été fermée pendant quelque tems , & où il y avoit beaucoup de vapeurs. Le N". VI. fut porté au plus haut étage de la maifon , & pofé à la hauteur de dix-huit pieds dans une cuifine , dont la cheminée étoit ouverte ; tandis que le N". VII. étoit dans une chambre oppofée qui regardoit l'orient , auprès de la fenêtre. Le N°. VIII. eut pour féjour une chambre de l'étage fupérieur , qu'on tient fermée toute l'année , & y fut pofé à la hauteur de vingt - quatre pieds : & enfin dans l'endroit le plus élevé de la maifon , & qui eft tout près du comble , je fufpendis al-ec un fil à la hauteur de trente pieds les N^. IX & X, afin que l'air y eût un plus libre accès. DES SCIENCES DE BERLIN. 207 Dès le dix-huit de Décembre , on remarquoit que le melon avoit =r^ foufFert dans la plupart des verres un changement qui fc manifeftoit tant .■' °''^'' ^ " à la couleur qu'à l'odeur , à l'exception des N"'. IX. & X. où les mor- ^ ^ ^ ^ ceaux de melon étoient demeurés dans leur parfaite intégrité. Le 2 1 ' ^ 4 £>. fuivant , la folution du melon en pourriture étoit tout-à-fait fenfible dans les N' '. I. II. m. & V. & à la furface de la fubftance pourrie on voyoit par - ci par -là des efflorefcences de hyjl'us en forme arrondie & com- pares. Le degré de corruption étoit moins manifefte , dans les N". IV. V'I. VII. & VllI , 6c il n'y paroilîôit aucune efflorefcence fongueufe. Pour les N'^. IX. & X. tout y étoit encore demeuré fans la moindre altération. Le tems étant toujours fort doux avec un ciel fcrein , le 24 Décembre les tâches obfcrvécs dans les N". I. II. III. & V. s'étendirent , devinrent plus nombreul'es & plus velues , & couvrirent toute la furface du melon. Mais dans un des morceaux , fous ce duvet blanc comme la nei^^e & très-fin, on voyoit d'autres parties arrondies , qui s'étendoient , & dont la couleur étoit verdâtre , cendrée ou noirâtre. Elles avoient de la reflèmblance avec les premières tâches , mais le velu de leur furface échappoit par fa petitelfë à l'œil même armé. Tous les phénomènes qui arrivoient aux petits morceaux de melon renfermés dans les différens verres , s'accordoient exactement , & jour par jour , avec ceux qu'éprouvoient des morceaux d'une grandeur confidérable que j'avois mis en dehors à côté de chaque verre. Le 28 jour de Décembre, qui étoit le 14 de l'expérience, il arriva un changement extraordinaire aux tâches, & les N". I. & V. fournirent un fpeftacle des plus agréables. Ce duvet Hn & blanc dont nous avons parlé , s'étoit augmenté au point de remplir prefque toute la capacité du verre : & cet amas comprimé & confus de filamens qui , quatre jours auparavant ne pouvoit être apper(,u par les meilleurs microfcopes , au bout de ce tems - là jettoit une quantité exceifive de filets très-minces & plus que capillaires. Ces filets étoient les uns plus courts , & garnis d'éminences comme des bouquets de plume ; les autres plus longs , & terminés par de petites têtes. Dans les principaux filets & les plus longs , les petites tètes étoient en ovale arrondi , tranfparentes & aiTcz polies , droites ou courbées ; dans les filets plus petits & plus gros , qu'on pourroit appeller monftrucux , les petites tètes étoient le double plus grandes , & de chacune d'elles fortoit un autre filet , ou pétiole , furmonté aflêz fouvent d'une très-petite tête , d'où fortoit un fécond filet ; & cela alioit quelquefois jufqu'au troifième. Le même jour j'apperçus auffi des filets dans les N'. U. & III. mais beaucoup moindres & plus rares : le refte de la fubilance n'étoit pas encore io8 MtMOIRES DE VACADÉMIE ROVALE ^- développé. Le V. avoit affurément les plus petits de tous , & l'œU nud 1 oM. V. gy^jj ijjg^ jjg ig pgine à les difcerner. ^ A 1^ ii É E j^gj j^o_ Yj_ ^ Yjii_ avoient du duvet , qui tapiffoit bien toute la cavité , '74 9' mais qui n'étoit pas auffi fourni que celui des précédens. Dans le N°. VII. les filets étoient tout-à-fait dégarnis. Lejourfufdit, 28 du mois, & le 14 de l'expérience , on commença pour la première fois à remarquer la pourriture du melon avec l'érupUon des tâches velues dans les N"^. IX. & X. , . Le premier de Janvier de cette année ( 1749 ) 'es petites têtes des féconds filets , ou pkloUs , dans les N". I. & V. étoient plus épaifles & gonflées d'une pouffière très-fubtile. Dans les N'. IL & lU. les filets étoient plus allongés avec de petites têtes épailTes & tirant fur le brun. Le duvet des N°. VII. & VIII. avoit déjà jette des filets de côté & d'autre , & dans les N^. IX. & X. où le duvet étoit le plus mince de tous , il s'étoit un peu élevé. . , m r Sous ce duvet fortoient de la fubftance pourrie du melon, des efHorel- cences , ou tâches bleuâtres tirant fur le brun , ou noirâtres , la plupart d'une texture vifqueufe , & reffemblante à de la cire , ou à du cuir. Le 6 Janvier , la rigueur de la faifon arrêta la végétation des champi- gnons , & je portai tous mes verres dans une chambre plus tempérée , afin d'y continuer mes obfervations. Le 8 , j'examinai avec un bon inicrofcope de M. Lieberhilhn , les plantes contenues dans le N°. I. & je vis diftinaement , que des femences très- déliées de trois efpèces , qui voltigent en l'air pendant l'automne , s etoient infinuées dans les verres à travers la moufleline , y avoient jette des racines dans les petits morceaux pourri? de melon , & avoient produit de petites plantes , chargées en partie de fleurs & de femences. ^ _ La première plante , qui occupoit le plus d'efpace dans le verre ,etoit celle qu'on nomme en Allemand , graver gemciner fchimmd , moihflure grife ordinaire ; mucor vulr;,a.is , capitido lucido , per matuntatem nigro , pcdkulo grifeo. Mich. n. PC. G. 2 1 5. tab. XCV. fig. i. ^ La féconde étoit cette jolie efpèce de by/us dehee , qu on dehnit , hotrytis comatci , grifea , caule Jimplici , craffiore , feminibus rotundis. Mich. n. PC. G. tab. XCI. fig. i. en AUemend , graver haar fchimmd. hlle eft beaucoup plus baflè que la précédente , & le plus fouvent couverte. Ses filets , avant le tems de la fruétification , fe divifent en plufieurs branches, font tranfparens , excepté le centre qui efl opaque , & font garnis de tuber- cules fuivant leur longueur , épars ou difpofés par rangs , comme dans la plupart des efpèces du byjfus-^ mais dans celle-ci ces tubercules font de vrais germes , qui fe dévebppent enfuite en filets , ou branches à fruit. La troifième forte de plante, qui n'occupoit que de petits efpaces au fond , DES SCIENCES DE BERLIN. 109 Rjnd , & que les deux précédentes couvroient entièrement , étoit celle -77— ^ qu'on nomme , Trctnelta fpharica , JeffiUs , gregarui, nigra. A s N é' Parmi ces petites plantes fi déliées étoient encore répandus d'autres cor- pufcules arrondis , renverfés , velus & monftrueux , qui n'acqueroicntleur 7 4y« détermination que très-lentement ; mais qui à la fin fe développoient dans Tefpèce fufdite de byjJTus, J'obfervai dans le N". II. que l'efpèce de moifilTure dont j'ai parlé , l'étoit tellement accrue en grandeur , qu'une partie de fes filets travcrfoit la mouffèline , & dépofoient dans fes petifs poils leurs femences mûres. Le N\ III. renfermoit l'efpèce de ftx//"î dont j'ai déjà fouvent parlé , entremêlée d'un très-petit nombre de plantes de moilîlTûre. Cependant ce byjfus avoit l'air tout-à-fait étranger , & ne relïémbloit point à celui qui eft repréfenté dans Miclielius , tab. XCV, fig. i. & qui a auffi crû dans le verre. Car les filets, qui autrement doivent porter leurs fruits au fommet, ou près du fommet , avoient leurs petits paquets de femence , ou au milieu, ou vers le bas ; ou bien les germes étoient répandus tout autour fuivant la longueur , ce qui rendoit ces filets annelés , ou comme couverts de verrues. De plus , ces filets partant d'une tige plus forte , étoient plus parfaits dans cette efpèce que dans les autres ; ils paroiflbient gris à l'oeil nud , mais à l'œil armé ils étoient d'un blanc de neige , & après la frudifîcation tout-à- fait noirs. Il y avoit dans le N°. IV. du hyjjus , & defTous une membrane vifqueufe , ridée & fans forme , fort femblable à la tremelle , & très-peu de moififîùres à pétioles , embarralïées dans le byjfus. On ne trouvoit dans le N^. V. comme dans le III. que du byjfus feul , avec une malTe vifqueufe femblable , qui étoit en partie fphérique , en partie ridée , déployée ou membraneufe. J'ai rencontré dans les N*^. VI. VII. & VIII. le byjfus chargé de fruits , mêlé avec plufieurs plantes imparfaites ; & pour le IX. & X. qui étoient plus élevés de 30 pieds que tous les autres , il y avoit pareillement du byjfus & de la trcmdle. Toutes ces obfervations ne permettent pas de douter, que les femences, peut-être à caufe de leur péfantcur fpécilîque , différent fuivant les lieux ; que dans les plus humides & les plus bas la moififTure a furpaffé le byjfus & la tnmdle ; au lieu que dans les plus élevés & les plus fecs , ce font le byjfus & la tremelle qui l'emportent fur la moififTure , dont je n'ai pu même trouver aucun veffige dans quelques-uns. Les femences du byjfus ne fe préfentent jamais à l'œil nud , que fort copieufement raflèmblées en une pouflière grife , ou furnâgeant à l'eau fous la forme d'une cuticule poudreufe ; mais au moindre mouvement elles s'élèvent comme des vapeurs très-fubtiles , & fe dérobent d'abord à l'œil Dd E 210 MÉMOIRES DE UACADÉMIE ROYALE - nud. J'ai raflèmblé quelquefois la fumée de cette pouffière feminale dans i oyi. V. ^^ verre mouillé & fufpendu au-delïiis des petites plantes de hyjfus , chargées ANNEE jg \Qnys femences mûres , que la plus légère preflion du doigt faifoit envoler ^749' & monter dans la cavité du verre. Les femences de hyjfus qui flottent dans l'air avec des petits œufs d'infec- tes , & des vapeurs de différente efpèce , font tantôt plus légères , tantôt plus péfantes , fuivant les divers changemens de l'air ; & par conféquent en fe delîéchant dans un air plus rare elles montent, & en s'appéfantilîànt dans un air humide & abondant en vapeurs elles defcendent. Au mois de Février , dans un poêle chaud , à caufe de la raréfaftion & de l'expanfîon de l'air, les femences panrenues à leur plus grande hauteur, fe portoient contre les vitres des fenêtres qui avoient quelque humidité , s'y attachoient fous la forme d'une pouliière très-mince , & les oblcurcifïbient. Elles végétèrent enfuite tant dans les plombs des vitres que fur les vitres mêmes , ik y firent des tâches de hyjfus très-abondantes , en forme arron- die , dont une partie fleurit , comme elles l'avoient fait dans les N". I. IL III. IV. &c. & l'autre partie périt , lorfque la chaleur du foleil furvint aui mois de Mars. Quelle étonnante petitefTè & quelle prodigieufe quantité de corpufcules parfaitement organifés , dont cent mille égalent à peine la quatrième partie d'un grain ! & cependant les genres & les efpèces en font déterminés avec toute l'exaftitude poffible j ces petites plantes vivent à l'air ; elles échappent aux yeux , elles s'attachent de toutes parts aux animaux & aux plantes tant vivantes que mortes ^ nous les refpirons avec l'air par le nez & par la bouche fans nous en appercevoir ^ tous nos alimens , toutes nos boifïbns en four- millent , & nous les engloutiflbns en mangeant & en bû/ant. S^ , î><5é" =^ ARTICLE XXXIIL Relation concernant un ejfain prodigieux de fourmis , qui re£embloit à un^ aurore boréale. Par M. G L E D I T s c H. Traduit du Latin. L'Année dernière 1749. j'ai fait diverfes courfes , en toutes fortes de rems & de faifons , dans la contrée du Havel , qui eft abondante en produâions de la nature , & où l'on peut faire bien des obfervations inté« reliantes. Errant un jour, au commencement de l'automne, à travers les herbes & les pierres , je vis s'élever en l'air un fpesftade , qui eft, à moa vDES SCIENCES DE BERLIN. ut avîs , un des plus rares & des plus finguliers. C'efl: de ce fpeftacle tout-à-fait agréable aux yeux, ("que je n'ai jamais rencontré , ni dans la Marche , ni ^ ^* ailleurs , & dont l'Hiftoire naturelle du pays ne fait aucune mention , ) que •" " '^ ^' ^ j'ai deffèin de donner un récit circonftancié. i 7 49' Il importe pourtant , ce me femble , fort peu , que je fois le feul , ou le premier , qui ait fait attention à cette merveilleufe fingularité , ou que d'autres l'ayent fait avant moi. Je ne déciderai donc rien dans ce cas dou- teux; & tout ce que je puis aiTûrer , c'efl: qu'il n'eft parvenu à ma connoif- fance aucune relation, ni obfervation, qui fe rapporte à ce fujet. Pouf ne rien déguifer , il y a aéiuellement parmi les gens de lettres quelques par- ticularités connues , mais en très-petit nombre , qui prouvent que les habitans de cette province ont réellement obfervé ce beau fpeftacle pendant plufieur» années. La meilleure partie des traditions là deffiis ne fournit que de petites obfervations tout-à-fait incomplettes , qui pafTànt de bouche en bouche fe confervent réligieufement parmi les payfans, les bouviers , les bergers , les gardeurs de chevaux , d'oyes , (Sec. Mais parce qu'une chofe efl: commune , faut-il la méprifer, fi elle eft d'ailleurs digne d'être connue, & même nécef- faire, comme celle-ci , à l'hiftoire des infectes ? Comme il faut avoir quelque indulgence pour le génie du liécle & la coutume , nous ne faifons pas ici toutes les réflexions que nous ferions en droit de faire fur l'indifférence qu'on témoigne dans notre patrie pour l'Hilloire naturelle -, & nous nous hâ- tons de venir au fait. Le 4 Septembre de cette année , fil faifoit un jour également chaud & ferein , avec un vent de fud-eft qui fouffloit fort doucement. Ce jour même , à 5 heures de l'après-midi , étant forti du village de Wagcniti , j'arrivai à un grand enclos de pâturage , qu'une haute levée de terre fépare du canal public , fort renommé dans toute la province , & vulgairement appelle des groffi Graahen. Sur cette levée , le long du chemin , régne une allée de faulcs , dont la plupart étoient déjà taillés , «Se qui conduifit mes pas à un lieu voifin , iori rempli de tuf, où je découvris une efpèce de terre fort blanche , difpofée par couches très-étroites , & dont j'avois oui dire aux habitans plufieurs chofes , qui ne s'accordoient point entr'elles. C'eli: f>our cela que je vouloi? prendre moi-même de cette terre pour l'examiner , & au premier afpeâ elle avoit l'air d'une efpèce de marne très-déliée & fort pure. Comme j'étois occupé à en ramaiTèr, au milieu de mon travail , je fus détourné tout-à- coup par la vue d'un fpeâacle qui paroilïbit entre l'orient & le feptentrion , & qui n'étoit pas moins agréable que nouveau. On aurcit dit de loin que c'étoit une aurore boréale, & je lailTailà ma terre , pour ne m'occuper que de ce que j'appercevois , & découvrir ce que ce pouvoit être. }..a fituation du lieu d'où je commençai à ob&rver ce phénomène était Dd ij 212 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE "„, „~ telle , que j'avois à ma droite le canal dont j'ai parlé , & à ma gauche les - ' , * villages de Wagcn'ni & de Bredehow. Vis-à-vis fe préfentoit un bofquet de faules aflèz bas , & au-deliiis de ces faules dans réloignement le fommet 7 4 J» d'une fort belle forêt , qu'on appelle la LietJ'chc. Cette forêt femble de loin environner la campagne voifine , tk la borner en forme de couronne. L'état du ciel favorilbit beaucoup l'apparence trompeufe du phénomène. Il étoit ferein pour la grande partie , ik l'on n'y voyoit que très-peu de nuages lumineux épars (,à & là : feulement au-deiîus de la forêt il étoit un peu obfcurci par des nuées noires. Quant à l'efpace qui féparoit le lieu où j'étois placé de ces bornes apparentes •■, il n'y avoit de l'endroit d'où je commençai à obierver le lever de ce beau fpeftacle , qu'un intervalle très - court & prefque égal jufqu'aux : bornes à droite & à gauche j mais par devant cela s'étendoit bien julqu'à deux mille pas. Le fpeftacle même s'ofFroit à mes regards de la manière fuivante. D'abord s'élevoient des colomnes de fumée , dilperlées de toutes parts en l'air , & difpofées du midi au feptentrion. Ces colomnes un peu obfcures alloient & venoient çà & là avec une vlteflè inexprimable , mais toujours en s'éle- vant , & leur élévation devint telle , qu'elles parurent s'étendre au-deiîùs des nues. Arrivées à ce point , elles ne difparoiiibient ni en tout , ni dans la moindre de leurs parties j mais au contraire , elles fembloient s'épaiffir peu-à-peu , & s'obfcurcir de plus en plus. D'autres plus tardives fuivoient les premières, & s'élevoient pareillement, ou en s'élauçant pluCeurs à la fois avec une vltelïè égale , ou en montant l'une après l'autre. Quelques-unes de ces colomnes avoient ceci de particulier, qu'elles pa- roiiibient fortir des nuées épailles fituées à l'horifon , au lieu que d'autres rnontoient en apparence de la forêt même , ou de la terre en l'air. Cette multitude de colomnes qui s'élevoient , & leur accroiiièment , durèrent l'eipace environ d'une demi heure. Je puis aflùrer que je n'ai jamais rien vu dans ce genre qui m'ait charmé à ce point-là. De tous les phénomènes qui fe palïënt dans l'air , celui qui a la reflèmblance la plus parfaite avec le fait que je rapporte , c'eft l'aurore boréale , quand du bord de fa nue i] s'élance par jets plulîeurs colomnes de flamme ik. de vapeurs , plufîeurs rayons en forme d'éclairs qui tendent à fe réunir. Tout étant dans cet état , comme j'étois fort en peine de trouver la véritable railbn de ce prodige , rien ne put m'empècher de fortir au plus vite des lieux comme enfermés parle feuillage des arbres où j'étois , pour me rendre à d'autres plus dégagés & à découvert. Je ne rapporte point les jugemens de ceux qui fe trouvoient avec moi , & qui pleins d'admiration , faifoient là-deiîiis toutes fortes de raifonnemens , qui feroient déplacés ici. Plus j'approchoiâ de l'endroit d'où j'avois obfervé peu auparavant , que DES SCIENCES DE BERLIN. iij les colomncs partoicnt , plus leur obfcurité & leur épaifTeur alloient en == augmentant. Ces colomncs mêmes , qui de loin ne paroifîoient que des ^ °"' ^' fumées , non - feulement venoient à ma rencontre , mais elles fcmbloient •^ ^ ^ ^ S aufli prendre la direûion contraire avec un mouvement fon imperceptible , ' 7^^^* & qui étoit une cfpèce de balancement. Quoique j'culTe dans le commencement, obfervé pluficurs colomnes, qui pendant une demi heure fe foutenoient ik s'accroiflbient dans l'air | cependant la fituation du lieu en fit dilparoitre pluficurs peu à-pcu, cnfortè que je n'en pouvois plus compter que 1 9. Une chofe qui me parut' remar- quable , c'eft que le diamètre apparent de chaque colomne, tant au milieu , que vers les deux extrémités , fembloit être conilamment de deux pieds. Les colomnes les plus éloignées difparoiiloient ainfi peu-à-peu ; & plufieurs fragmens inégaux , difperfés dans l'air , fe déroboient à la fin aux yeux , jufqu'à ce qu'il ne refta plus que trois colomnes , qui étoient vis-à-vis & tout près de moi , parfaitement entières depuis le haut jufcju'au bas , que je reconnus être à 20 ou 30 pas l'une de l'autre , 6c que je me trouvai à portée de foumettre à un examen plus exad. Chaque colomne qui riottoit dans l'air étoit un peu obfcure, reflembloit à un réfeau fort délié , & av'oit un mouvement inteftin, comme de trémula- tion , ou d'ondulation : mais en la confidérant de plus près , on reconnoiflbit une troupe innombrable d'infeétes volans , dont elle étoit compofée toute entière. Ces infedtes fort petits , tour-à-fait noirs & ailés , confervoient l'égalité & la forme de la colomne entière , en montant & defrendant con- tinuellement avec régularité. C'efi: de Ij que venoit , à ce que j > penfe , l'égalité du diamètre apparent par toute la colomne. De plus , qui iju'il fe joignit à cela un autre mouvement de la colomre, j^ar lequel l'air emportoit chacune d'elles dans une direction contraire , cela ne changeoit néanmoins & ne trou:)loit en rien cette égalité des infectes en montant oc en defcendant. Des trois dernières colomnes , une leule vint droit à moi ; & comme je bahinqois R je m'ôterois un peu de fon chemin , je m'y trouvai tout- à coup engagé ; ce qui la dérangea en quelque forte , & parut arrêter le cours de fa marche. La hauteur de la colomne , que j'avois vue de loin dans les nues.ou même au-delîiis , étoit déjà diminuée de zoo. pieds, & j'apper«,us toute la colomne décroître fenfi,-ilement de plus en plus» Chaque colomne , ou pour mieux dire , chaque troupe d'infedes volans , touchoit prefque à terre par fon extrémité inférieure , & elle étoit compofée de très-petites fourmis noires & a-lées , toutes , autant que je pus le voir , de la même grandeur & de la même forme. Quelques-unes de ces fourmis , en defcendant d'une extrême hauteur » toml:oient fur les arbres, les builîbns , les herbes, & même tous me habits en furent garnis ; je les portai fur moi comme moites pendant long-tems j 2t4 MÉMOIRES DE UACADÉMIE ROYALE -TT — '~'T^ & je rentrai au logis avec elles. Les autres volant de bas en haut, mon- . ' * ..* toient par pelotions , mais elles fuivoient une voie fi droite & fi étroite , que celles qui montoient n'embarraiïbient point celles qui defcendoient, ' ^ '^* ni celles-ci les premières 5 & il n'arrlvoit point , comme aux efTàins des autres infeftes , que la colomne formât des replis inégaux , courbât , s'ar- rondît , ou fe défigurât en quelqu'autre manière. Il n'y a rien de plus commun & de plus connu que ces eflàins fi nom- breux de coufins , qui paroiflènt au bord des rivières , ou dans les prairies marécageufes , qui prennent avec tant de rapidité les formes les plus variées & les plus inconftantes , & qui repréfentant une forte de colomne , s'élèvent fort haut , mais un moment après defcendent , & fe partagent en plufieurs troupes inégales & à-peu-près rondes , pour fe réunir enfuite de nouveau , puis fe partager, répétant continuellement ce manège. Les eflàins de fourmis en forme de colomne , différent de ceux-ci par l'uniformité fingulière & confiante de leur figure , de leur hauteur , & de leur égalité , qui ne fouffrent quelquefois aucune variation pendant une heure entière , à ce qu'ont obfervé les gens de la campagne. J'ai déjà parlé un peu plus haut de ces colomnes de fourmis qui s'étendent dans les nues & au-dcflus , & dont chacune m'avoit paru , de loin , monter en ligne droite ; mais en l'obfervant de plus près , je trouvai que fa fituation étoit un peu oblique : car l'extrémité fupérieure tiroit à l'orient, & l'extré- mité inférieure à l'occident. La colomne entière flottant quelquefois vers l'occident , paroiflbit non-feulement comme légèrement repouflëe , mais même forcée à prendre la fituation contraire , qu'elle ramenoit pourtant bientôt après à la première. Je pouvois imprimer tant que je voulois le même changement à la colomne , toutes les fois que j'y entrois , ou que j'en fortois ; néanmoins elle continua fon chemin , jufqu'à ce qu'il furvint une forte rofée qui la diffipa peu- à-peu. Par rapport aux fourmis mêmes, dont il a été queflion jufqu'ici, elles - appartiennent à cette petite efpèce noire, fort incommode aux œconomes, qu'on nomme en Allemand , Bijf-Miere , & qui conftruit fon domicile dans les monceaux de terre des prairies. Dans chaque fourmilière , parmi les fourmis ailées, on en apperçoit d'autres plus grandes , qui ont l'air de mouches, & qui différent du refte , non - feulement en grandeur, mais auffi en fexe , les obfervations ayant appris qu'elles étoient femelles, (a) Je n'ai point vu de fourmis de cette efpèce , mêlées parmi les petites fourmis ailées , dont les colomnes font compofées , lefquelles font les mâles, (ft) "v^i Les apparences du fexe feroient-elles douteufes dans les fourmis lort {n) Voy. An Accouni of Englifch Ana , By the Rey. Will. GouU. Lond. J747, {bj Voy. Abrut Scnpt dcfomicit Ân^tU, DES SCIENCES DE BERLIN. 2ij qu'elles font plus jeunes ? N'y auroit-il que des fourmis mâles qui forment =7=' ."- des elTàins , & volent en colomnes , ftparément des femelles ? Les femelles, ^ °^' ^' quoique les plus grandes de toutes , en le plaçant au haut de la colomne [^ ^ '^ ^ ^ ne s'éloigneroicnt elles point de la vue, de manière à ne pouvoir plus être ' 7 4 ^« diflinguces ? Ou échappcnt-clles , parte qu'il n'y en a que très-peu parmi une foule innombrable d'autres ? Y auroitil des années , & peut-être toutes où les mâles font en plus grande abondance ? Des obfervations réitérées pourront répandre du jour lur ces quolHons. Quant aux autres colomnes de fourmis que j'ai vues , je fuis aujourd'hui en doute par rapport au fcxe , fi elles ecoient toutes compofées de mâles (Sç de femelles , ou non ? Si toutes les colomnes ne renfermoient que des mâles , je pourrois conjedurer , fans rifque d'erreur , qu'il en eft des fourmis comme des abeilles , & conclure que les colomnes mâles de fourmis avoient été chaiïces des fourmilières par les femelles , tomme les maies des abeilles font tous les ans , vers le commencement de Septembre , bannis de la ruche , d'où ils s'envolent promptement , fe diliipent enfuite , - ' C'eft ce qui fait que le fpeftacle que nous avons décrit, arrive fort rarement dans les contrées feptentrionales , & il ne faut pas s'étonner qu'0/jiiî Magnus raconte , Liv. xxii. comme une rareté le combat de four- mis obfervé en 1521. dans le jardin Royal de Stokolm & dans celui d'Upfal. C'en eft afîèz pour l'idée que je m'étois propofé de donner d'un cas que je crois pouvoir être mis au nombre des plus rares que fourniflè l'hiftoire naturelle de ce pays. Sa grande conformité avec l'aurore boréale auroit pu afïùrément en impofer à quelques Phyficiens. Tous les jours on apprend quelque chofe. ARTICLE. XXXIV. Recherches fur la fertilité de la Terre en général. Par M. E L L E R. C'EST principalement dans le fiécle préfent que les gens de lettres , fur-tout ceux qui fe mêlent de Phyfique , ont commencé un peu de s'informer de la culture de la terre. Jufques-là on a regardé fans doute cette étude comme trop abjeâe , & indigne de l'application des Savans ; auffi at-elle été entièrement abandonnée au petit peuple & aux païfans. Les Grecs & les Romains , nos premiers maîtres en cette partie , comme dans tous les autres arts , penfoient d'une manière fort différente ; chez les derniers fur-tout , les Magiftrats du premier ordre , les Favoris des Empereurs , les Philofophes mêmes , n'avoient pas honte d'exercer l'agri- culture &. d'en compofer des traités ; un Varron , un Columelle , un Firgile , &c. en font d'illullres exemples. Ces hommes d'un mérite fi diflingué, pour fe délalTer des occupations férieufes de la ville , fe retiroient de tems en tems à la campagne , & ne montroient pas moins d'application à cultiver la terre qu'à gouverner l'Etat. Cette étude feroit reftée peut-être long-tems encore parmi nous dans l'obfcurité , ou même dans un entier oubli , fi l'étendue du commerce de nos jours dans les pais les plus éloignés , n'avoit fourni l'occaCon aus curieux d'apporter des plantes , ou des arbres qui donnoient des fruits exquis , ou qui montroient des fleurs d'une beauté extraordinaire. On s'apperçut bientôt que pour les faire venir ôi multiplier dans nos climats , il fallolt Ee 2i8 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE des attentions plus recherchées à la culture des jardins qu'on n'en avoit ioM. K. g^ jufqu'alors , & qu'il n'étoit pas indiiFérent de donner la même terre A N N E ^ toutes fortes de plantes , apportées de païs plus chauds ou plus ^7 49' froids. Les fleurs fur-tout, que tant de perfonnes aiment jufqu'à la folie, demandoient une toute autre préparation du terrein , pour leur procurer & leur conferver cet état magnifique qui fait le charme des yeux , que celles que nos forêts & nos prairies nous fournillènt ; & je ne crains pas de dire que cette nouvelle application à mieux cultiver les jardins, elè ce qui a donné occafion aux gens de lettres de tourner leurs vues vers l'agriculture en grand. Ce que le paifan , ou même le fleurifte , avoit appris par la feule pratique , le Phylicien tâcha de l'expliquer par le raifonnement. Le delîr d'augmenter fon revenu , porta le Phylicien propriétaire de quelques terres à faire de nouvelles épreuves i& de nouvelles expériences , qui réunirent bien ou mal , félon la valeur ou le défaut de la théorie qu'il s'étoit formée. C'eft de-là que nous font venus, depuis quelques années, cette foule de livres & de feuilles périodiques fur l'agriculture, dont nous fommes inondés, & dont les Auteurs promettent tous d'augmenter conlïdérablement les revenus des poireflèurs des terres. L'un nous apprend une nouvelle méthode d'engraifîèr le terrein ; l'autre promet de corriger un terroir ftérile par un nître aérien , dont il cherche encore l'exiftence ; quelques-uns enfeignent à préparer les grains avant que de les femer pour les rendre plus prolifiques ; dans cette vue , ils les trempent dans les folutions de div.ries fortes de fels.ou dans les leffives de différens alcalis-^ d'autres prétendent avoir trouvé le fecret , dans la nouvelle méthode de labourer la terre , en doublant les filions ; d'autres encore confeillent de planter les grains à diftances mefurées,au lieu de les femer, &c. Je ne veux point entreprendre ici l'examen de ces différentes méthodes, & de pluheurs autres femblables, dont la plupart ne font que des raifonnemens fpéculatifs deftitués d'expé- riences ; mon unique but efl: à préfent d'examiner la nature cSc les propriétés de cette couche de la terre qui fert de matrice aux femences des végétaux , & qui les fait pouilèr , croître , & porter des fruits. Cette recherche étant d'une très-grande importance , puifqu'elle développe la véritable caufe de la fertihté , auffi bien que de la fférilité de la terre : il y a lieu d'être furpris qu'elle ait été entièrement négligée. Les Phyfîciens modernes conviennent aujourd'hui que notre globe terreffre ne contribue en rien , par lui-même , à la végétation , fi ce n'efi en recevant la fémence dans fon fein , en arrêtant l'eau qui doit fervir au développement des germes , & en affermlifant les racines qui fortent fucceifivement de ces germes , & qui attirent dans la fuite cette humidité pour l'accrollfement de la plante. Les végétations qu'on produit hors de la terre dans des phioles remplies d'eau , & dans de la mouliè arrofée , coafîrment tout ce que je viens de dire. ToM. V. DES SCIENCES DE li E R L I N. 219 Quand on fe donne la peine d'examiner attentivement cette couche du gloire qu'on a trouvée propre à la végétation , on y rencontre un ailémblage de pluiîeurs petits corps, dont la nature & les propriétés font trcs-difléren- f N E s tes les unes des autres. Je me perdrois ici dans un labyrinthe , fi j'cntreprenois '749* de donner un dénoml^remcnt exact de toutes ces matières intinimcnt variées , qui font de notre terre un compofé immcnfe ; je m'arrêterai feulement à cette portion fuperficielle que les racines des végétaux touchent ou pénétrent , & que la Providence à dellinée à procurer la végétation j mais cette portion , quoique fuperficielle , ne lailîè pas de nous offrir encore un mélange de matières bien différentes , comprifes fous le nom général de ferre-, Lorfqu'on a l'adrelTè de divifcr ce compofé terreflre en fes différentes molécules homogènes , on remarque bien qu'elles fe convertit fênt toutes en une efpèce de boue coulante , en les délayant dans l'eau ; mais quand on les defTéche après , il y en a quelques-unes qui tombent en poulTière , & d'autres qui s'endurcifTent plus ou moins par le defïcche- inent. Lorfqu'on les examine par les acides , une partie refufe la folution , pendant que les autres font englouties dans les diflblvans. D'un autre coté , quand on les éprouve par le feu , appliqué avec difcernement , on les fépare en trois clailcs , fort diftin£tes chacune par fon caraétère fpécifi- que. La première efpèce de ces terres, expofée à un feu de fuCon , rélifle entièrement à la plus grande violence de cet élément fî a£lif , & fe durcit au point qu'elle jette des étincelles par le choc contre l'acier. Cette clafïe comprend les terres argilUufcs , ou à potier , les terres grajjfes jaunâtres , dont les briquetiers fe fervent , les terres bolaires , les terres figilUes , le lait de l'une , la moelle Je pierre , &c. Une autre forte de ces matières terreflres , ou pierreufes , traitée de la même façon , par le feu le plus violent , commence à fe fondre , & aidée d'un peu d'alcali , montre une efpèce de vitrilication ; c'eft pourquoi on les nomme terres vitrcjciblcs. Cette féconde claflè comprend toutes les fortes de fables , les graviers , & les petits cailloux. La troifième claflè renferme les terres , ou plutôt les pierres , qui , par le degré de feu le plus fort , commencent à fe défunir , tombent enfin en pouffière , & fe laiflènt calciner. Une branche de cette clafîè fournit une efpèce de chaux vive , & l'autre une efpèce de plâtre , qui montrent des propriétés fort diflércntes quand on les foumet à un examen chymique ultérieur. Celles qui dans cette troiiîème clafîè méritent notre attention , font La craye , la marne , le fpath & les cendres des végétaux & des animaux. On les nomme ordinairement terres alcalines , à caufe qu'elles font eftervefcence avec les acides , & qu'elles s'y dilTblvent , en tout ou en partie. D'un autre côté , les terres grailès & argilleufes pures , les terres vitrefcibles , & celles qui fe reduifent eu plâtre par la calcixiation , refufent toute folution dans ces dilîolvans. Ee ij 22C MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE "Y7„ Y ' C'eft l'habileté reconnue & l'application infatigable de M. Pott , qui a A N N é\ ^^"^^ ^ "^'^ ''^"^ "" grand jour , par une inrinité d'expériences , ces propriétés différentes des terres , qu'il a fi bien décrites & folidement prouvées dans fa Lithogenojîe. J'ai cru devoir faire ces remarques prélimi- naires , pour faciliter la connoiiïance des terres , que la providence a placées à la furface du globe , pour la végétation. Nous voyons d'abord que les champs qui permettent la culture , foit dans nos contrées , foit dans les pais plus éloignés , ne montrent pas tous le même mélange des terres dont je viens de parler. Les couches en font bien différentes ; dans les vallons , proche des rivières , & au-deffus des fources cachées , on les rencontre tout autres que fur les montagnes & dans un terroir éloigné des fleuves. Les endroits marécageux & les prairies abreuvées par des eaux croupilïàntes , nous font voir un afïèmblage de matières terreltres tout oppofé à celui d'un terroir élevé. Mais le mélange le plus ordinaire de la furface féconde de notre globe , eft un compofé où nous rencontrons, 1°. du J'dble ou du gravier ; 2". de la terre grajfe jaunâtre ; 3°. de L'argile, & 4°. de la terre étrangère , que j'appelle ici adoptive. Les terres alcalines que j'ai indiquées plus haut , n'entrent guères dans ce mélange , fi ce n'elt par artifice , lorfqu'on les y ajoute quelquefois pour augmenter la fertilité 5 ce qu'elles font en attirant l'humidité de l'air. La marne , les cendres des végétaux & des animaux, le tan, &c. font employés dans cette vue. Le fable & le gravier , qu'on trouve en très-grande abondance dans les couches fupérieures de la terre , ne différent entr'eux que par rapport à leur figure ; le premier efl extrêmement menu , & d'une forme fphérique , quand on l'examine à la loupe ; le gravier ell plus gros , & montre à la loupe de particules de toutes fortes de figures irrégulières , qui ne font , à proprement parler , qu'une infinité de petits cailloux , mêlés avec les autres fortes de terres que nous allons confidérer. Le fable & le gravier tiennent le premier rang parmi les terres vitrefcibles ; ils font déjà voir dans leur fubftance prefque tranfparente , une vitrification naturelle , ce qui les défend contre l'aftion de tous les diffolvans connus jufqu'ici ; le feu même le plus vif ne les altère que par le moyen d'un alcali qu'on y ajoute , & alors la vitrification naturelle du fable fait place à une autre efpèce de vitrification qui fournit la matière des différentes fortes de verres , ou de glaces. En outre , l'ufage du fable étant d'une très grande étendue dans la vie civile , la Providence l'a abondamment répandu par-tout ; mais j'examinerai bientôt plus en détail le fervice qu'il rend à la végétation , & à la fertilité de nos champs , & je donnerai quelques conjectures touchant fon origine. La terre graflè jaunâtre , ( Leem en Allemand ) iorfqu'elle eft: encore mêlée avec du fable, ou avec du gravier, fert à mouler & à cuire les tuiles DES SCIENCES DE BERLIN. m & les briques ; mais quand on la fépare de fa matière fabloneufe par la ^^ lotion avec l'eau commune , on la trouve , étant féchée , afîëz fine , .^ "^'' \.* prefque impalpable , & d'une couleur qui tire fur le jaune. Cette couleur -^ ^ ^ ^ * lui vient de quelque mélange de la mine de fer , qu'on rencontre prefque '■7 4 9' par-tout dans les couches fupérieures de notre globe. Pour me convaincre de ceci , je mis dans une petite phiole une portion de terre grafïè bien purifiée , & je verfai fucceilivement , à caufc de l'eft'ervefcence , de l'eau régale delTùs ; l'ayant tenue enfuite à une forte digeflion pour la cliiTbudre , je trouvai que Veau régale , après avoir tiré & dilious les molécules du fer, laifîà au fond du vaiflcau la terre graflé fort blanche ; laquelle étant lavée & nettoyée de fon diflolvant acide, étoit tout-à fait femblable à l'argile blanche bien purifiée , ou au bol blanc de Bohême ; & je fus convaincu par cette expérience , que la terre grajje jaunâtre des briquctiers , n'étoit autre chofe qu'une argile ,ou terre bolaire , mêlée de beaucoup de fable , & d'une petite portion de mine de fer. L'argile , qu'on trouve auffi dans les couches fupérieures de la terre , quelquefois même en trop grande abondance , mérite à préfent une con- fîdération fpéciale , d'autant plus que la terre grallè dont je viens de parler, en eft une efpèce. Cette terre argilleufe n'elt pas par - tout d'une même couleur ; la blanche eft la plus recherchée par les potiers ; les autres efpèces font pour l'ordinaire grifàtres , ou bleuâtres ; il y en a qui tirent fur le jaune , ou même fur le rouge. &c. Cette diverfité de couleurs dépend de quelques terres métalliques , ou alcalines qui s'y mêlent quelquefois ; mais la plupart des argilles reftent rougeâtres après qu'on les a fait rougir au feu , & montrent par-là un mélange de la mine de fer ; laquelle en étant féparée par l'eau régale , l'argile devient blanche & pure , foutenant le feu le plus fort , fans foufïrir de calcination & moins encore de vitrification. Si quelques Chimiftes ont remarqué dans leurs expériences , ces derniers effets , cela eft venu de ce qu'ils ont employé une argile furchargée de fable , ou bien de terres métalliques , ou alcalines ; & c'eft par rapport à ces corps étrangers , que leur argile a foufFert une efpèce de vitrification. Pour découvrir mieux les parties conftituantes de l'argile & des terres graiîês, j'ai pris une argile bien purifiée par rextra(fiion & par les lotions; & comme j'avois éprouvé qu'elle n'entretient aucun commerce avec les efprits acides dans fon état de pureté , je la ris bouillir pendant long-tems dans l'eau dillillée , & n'ayant remarqué aucun changement fenfible , j'ai féparé l'eau, 6i l'ayant diffipée par l'évaporation , il relloit une très-petite portion d'une pouifière blanchâtre , qui me parut tant foit peu piquante au goût. Je fis digérer & bouillir une autre portion de cette terre graflè puririée dans l'efprit de vin le mieux dephlegmé ; mais cette tentative me réulSt encore moins que celle avec l'eau dilUllée^ t2i MÉMOIRES DE VACÂDÈMIE ROVALE ^, — '-TT^ Etant ainfi convaincu que la terre argilleufe refufoit abfolument l'entrée - ' ' j,' aux djflbivans que je viens de nommer , je tentai la féparation de cette colle , ou matière viiqueufe , qui en lie les parties , & la diftingue fi fort f ^ ^' des autres terres , par un difolvant alcalin. Je préparai pour cet efFet , une lelïîve alcaline très - forte , j'en verfai une quantité fuffifante fur une portion d'argile bien purifiée , de par une digeftion & une décoftion con- venables , j'en tirai une teinture rougeâtre allez faoulée. Ayant répété avec de nouveaux diifolvans alcalins cette opération , jufqu'à ce qu'ils ne fullènt plus colorés , j'ai trouvé à la fin ma terre argilleufe bien changée. Elle ne relïèmbloit plus à ce qu'elle avoit été ; fa ténacité vifqueufe étoit tellement diminuée , qu'étant bien féchée par le feu , je pouvois aifément la mettre en pouffière en la frottant entre les doigts. La teinture jaune tirant fur le rouge que j'en avois féparée , étoit alors l'objet de mes recherches ; je difiiipai l'eau du diifolvant alcalin par l'évaporation , & le fel fixe refté au fond garda la teinture & en fut fort coloré. Etant perfuadé , au furplus , que cette colle , ou matière vifqueufe , féparée de l'argile & enveloppée par l'alcali , devoir tirer fon origine d'une matière pklogijlique , ou inflammable , j'en ai tenté la féparation par l'efprit de vin le mieux déphlegmé ; il s'en chargea un peu par une digeftion très-forte : mais ayant remarqué qu'il en reftoit encore beaucoup dans l'alcali , je féparai l'efprit , foiblement teint , de ce fel , & je le mis à diftiller dans un alembic ; mais il n'y en eut que la moitié environ qui fortit en forme d'efprit de vin , le refte étoit changé en flegme d'une odeur fort empyreumatique ; ce qui m'apprit que cette matière vifqueufe de la terre gralïè étoit du nombre des matières inflammables. Je m'aflùrai encore de cette vérité par une autre expérience ; j'avois mis ce qui reftoit dans l'alembic , dans une petite rétorte , & par la violence du feu , je fis fortir quelques gouttes qui exhaloient l'odeur du favon , marque certaine de la liaifon étroite de l'alcali avec une matière graflè inflammable. Je fus curieux enfuite de féparer entièrement cet inflammable de l'enveloppe alcaline , & de l'éprouver encore féparement ; dans cette vue , je pris la folution alcaline telle que je l'avois retirée par extraûion de la terre graflè ; j'ajoutai par reprifes , jufqu'à faturation parfaite , l'acide vitriolique, pour en faire un fel moyen , & cela par la cryjlallifation , en faifant évaporer l'humidité fuperflue. Après que toute la matière faline fut convertie par ce moyen en tartre vitriolé , il refta au fond du vailTèau Une matière vifcide d'un brun obfcur , qui manifefta bien-tôt fa nature phlogijlique par la déflagration qu'elle fubit avec du falpêtre , & par la réduction de la chaux métaUique de plomb. On obtient encore cette mcme matière inflammable , en mêlant du bon vinaigre diftillé avec la folution alcaline fufdite , au lieu de l'acide vitriolique. Je me fuis arrêté , peut-être DES SCIENCES DE BERLIN. jij un peu trop , à l'analyfe des terres graffes & argileufes ; mais j'ai cru -'-» cela nécelîaire pour occouvrir la nature & les propriétés de ce lien ^ ^^'' ^' ou de cette colle , qui pénétre fi avant dans les molécules terreflres ' ^ ti V È t & qui par-là fait le caractère fpécihque de ces fortes de terres fi ^7 '^9* nccclîàires pour augment^^r la fertilité de nos champs. Quant à leur prand ufagc mécanique, il n'elt ignoré de perfonne. Parmi les différentes efpèces de terres qui forment les couches fupérieures de notre globe , j'ai place encore en dernier lieu la terre étrangère ou adoptlvc 5 je la nomme ainlî à caufe qu'elle n'en eft pas tout-à-fait origU naire ; c'elt un accroidement qui vient du dehors , ik dont la caufe n'Ift pas bien difficile à trouver. Nous voyons tous ks jours dans nos forêts que les feuilles & les branches des arbres tombent , que les herbes de nos prairies fécheht vers la fin d'Octobre. Nous voyons auffi nos laboureurs occupés à déraciner ik à renverfer dans les champs qu'ils cultivent les chaumes & les herbes fiériles. Nous voyons encore les mêmes labour'eurs répandre du fumier fur les terres qu'ils veulent rendre fertiles. Nous favons enfin par l'expérience journalière , que tout ce qui tire fon origine des végétaux, commence peu-à-peu à le corrompre , lorfque le mouvement végétatif celle ; les parties qui avoient formé le végétal , fe difpofent à la léparation ; la colle qui les hoit enfemble , les abandonne : joignez à cela , que l'altération caufée alternativement , tantôt par la pluye , tantôt par la chaleur du foieil , avance encore cette défunion , de forte que toutes les parties végétales tombent enfin en pouliière , & montrent une efpèce de terre noirâtre , vif^ueufe & graiie , fi recherchée par les gens de la campagne pour augmenter la fertilité de leur terroir. Mon dellcin n'elt point à préfent d'examiner ici en détail fi cette def- truftion fe fait par la putrétaâion , ou par une efpèce de fermentation ou fi ces deux puiHances dellructives agiHent enfem:le pour défunir les parties qui compofent les végétaux; mon but eft feulement de confidérer cette matière végétati/e dans fa décompofition , lorfqu'elle eft réduite en pouffière , ou en terre. Pour féparer cette terre de fes femblables , c'efl-à-dire , des autres terres gralks , & du fa;>le , on n'a qu'à les délayer enfemhle dans une quantité fufiilante d'eau ; les ayant bien remuées avec un bâton , on voit que le fable tombe le jremier , (Se réfideau fond duvafe;la terre graflè, s'il y en a , fe dépofe enfuite , oc la terre tirée des végétaux occupe enfin la place fupérieure , & fe diiiingue par une couche légère , noirâtre & allez d^iée. J'en ai examiné une portion à la loupe , & j'ai remarqué parmi Ja pouffiere fort irrégulière des fragmens cylindriques , qui montroient encore quelques débris des fibres végétales dont ils avoient fi.it partie. Une petite quantité d'ua fabJe exuêinement menu tient fi fort à cette 124 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROVALE !■■■ ^^? terre, qu'on ne l'en faurolt entièrement féparer. Ayant infufé & remué cette ToM. V. ^j,j.j.g j^gjjj Ve-àVL fraîche pendant quelques jours , l'eau fembloit être chargée Année j'y,^g couleur blanchâtre , qui en troubloit la tranfparence ; mais étant ^749' féparée & mife à évaporer , il m'efl: refté une pouffière un peu grifâtre , qui caufoit une légère impreflion d'un goût falin à la langue. Une autre portion de cette terre féchée auparavant, fut mife dans une retorte , & après que j'eus donné le feu par degré , je remarquai qu'il en fortit un liquide en forme d'cfpnt , ce qui s'annonçoit par l'humidité qui filoit le long du récipient , & par les nuages blanchâtres dont le vaiflèau fut rempli 5 à la fin il monta une matière huileufe d'un beau rouge obfcur , qui fe traînoit le long du col de la retorte , au fond de laquelle je trouvai encore une terre grifâtre , obfcure, plus foncée que la cendre ordinaire de bois. Ayant examiné enfuite le liquide qui s'étoit amalfë dans le réci- pient , j'y tiouvai un efprit volatil empyreumatique , d'une odeur forte , à-peu-près , comme L'cfprit de tartre ; fa quantité étoit allez conlidérable par rapport à la terre de laquelle il avoit été féparé. Après qu'on l'eut purifié de fon huile empyreumatique par la diftillation , il n'étoit ni acide , ni alcali , ne faifant aucune effervefcence lorfque je le mêlois féparement avec l'un ou l'autre de ces deux fels. L'efprit empyreumatique huileux, dont cette terre eft fi bien pourvue , fait voir l'abondance de fa matière inflammable , laquelle n'eft autre chofe que ce lien , ou cette colle qui unit fi étroitement toutes les particules terreftres dans les végétaux , & qui réfide encore dans la terre après leur dellrudion. Lorfque cette terre eft trop expofée à la chaleur du foleil , la matière inflammable s'exhale peu-à-peu , & s'élève dans l'air avec les vapeurs aqueufes , lailTant après elle une cendre prefque ftérile ; mais quand elle fe trouve dans un terrein humide , abreuvé par de petites fources cachées , ou voifin de quelques rivières qui ont peu de pente , elle ne perd rien , au contraire elle augmente , par la corruption continuelle des racines & des plantes dont quelques efpèces croilTènt en abondance dans les endroits humides j & c'eft-là l'origine des lieux marécageux, ou nous rencontrons un amas de cette terre végétative noire , prefque fufFoquée dans les eaux croupiflàntes , aiîèz connue fous le nom de moor-erde en Allemand ; c'eft auffi celle des cefpitcs bkuminofi , ou de la tourbe des Hollan- dois j & comme elle contient une grande quantité de notre matière inflammable , elle fert à procurer la fertilité aux champs flériles. Lorfque ce principe inflammable fe joint intimement avec la terre qui tire fon origine de la deftruâion des végétaux , elle prend avec le tems la forme d'une terre grafîè ou argilleufe. Ce qui me confirme dans cette penfce , ce font les expériences que j'ai faites dans cette vue avec les cendres de bois purifiées de l'alcali qu'elles avoient contraûé dans le feu. Je DES SCIENCES DE BERLIN. iij Je me fuis donné la peine d'introduire de nouveau dans cette terre "^—^ fimpie & homogène une matière vifqueufe & inflammable , par difFérens . ^'^' ' efTais , en ajoutant auffi quelquefois un principe falin , & je ne me fuis ^ ^ ^ *• ^ point trompé dans mon attente , ayant obtenu à la fin une mafle un peu ' 7 <'S' gluante , & propre en quelque manière , à faire quelques ouvrages de potier , que le feu même ne pouvoit pas bien défunir. Il paroît du moins par ces expériences , que la terre graïïè & argilleufe eft une produâion de la nature , qui fe fert pour la former de la terre végétale , réfultante de la deftrudion des plantes & de la matière inflammable , fournie par la pluye & par les rayons du foleil ; ce principe phlogifliquc s'unit , après bien des années , fi étroitement avec cette terre , que le degré de feu le plus fort n'efl: pas capable de les féparer , ou de les détruire. Les bornes que je me fuis prefcrites dans ce mémoire , ne me per- mettent pas d'entreprendre l'examen de plufieurs autres couches de terre graflè , qu'on rencontre plus avant dans la terre, Ôi qui femblent rendre mon hypothéfe douteufe. Tout ce que je peux ajouter ici , c'eft qu'on ne parviendra jamais , félon les apparences , à déterminer les changemens difFérens que notre globe a foufl^ért depuis des fiécies , peut-être innom- brables , par tant de déluges , ou inondations , qui ont bouleverfé & confondu pèle & mêle , les différentes couches de la terre , lefquelles fe font enfuite baiflTées , & placées refpeâivement d'une manière tout-à-fait indéterminable. Par la même raifon, je n'ofe pas toucher au problême: fi la terre graflè fe peut changer avec le tems en véritable caillou , ou en quelqu'autre forte de pierres ? L'expérience de M. Ba/In a Strasbourg , dont il a communiqué le précis à l'Académie Royale de France ( voyez les mémoires de 1739 ) fembleroit le perfuader. Après cette analyfe des trois ou quatre fortes de terres affez différentes les unes des autres , que nous rencontrons le plus fouvent dans les couches les plus fuperficielles de notre globe , il eft aifé de déterminer ce que chaqu'une d'elles contribue à la fertilité. Nous comprenons facilement , que {i la couche fupérieure de la terre étoit toute fabloneufe , ou un fîmple amas de gravier & de fable , un terroir de cette nature refferoit nécefTàirement flérile , vu que la pluyc y paflèroit d'abord comme par un crible ; le refte de l'humidité feroit dcfîéché par l'ardeur du foleil , & le vent renverferoit aufïî-tôt dans ce fable mouvant le tendre germe avant qu'il pût fe développer & pouffer des racines. D'un autre côté , fi la terre grafïè jaunâtre martiale , auflî bien que celle à potier , ou l'argile , fe trouvoient privées de tout gravier , ou de fable , elles formeroient en peu de jours une mafïè fi coliérente , que les germes des grains , & même les racines tendres des plantes , y feroient indubitablement fuilot^uées j F f 2i6 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE s^i — '^Jr^ d'autant plus que nous voyons par l'expérience , que la pluye la plus . i OM. y. abondante i/.i)(- .nr'fin' €clicllc dcJ^aronu-h-c ,j,n .ncnh; le ^^cd.c de Lurfur un l'Cuc .j,uv; '■■■-..^n .hn.r eUjuc :W-/:V chaleur ,u,bu-cllc 9c lahucfphcrc e de DES SCIENCES DE BERLIN. 229 s"' 3"" , & qu'on rende C E égal h D C. Qu'on divife C D ôi B E en =7=' - 20 parties égales ; qu'on tire les lignes D B ai C E ,ik entr'cUcs les autres ^ '^''''' ^' parallèles fuivant les divifions. Qu'au premier point , depuis B on écrive "■ ^ ^ ^ ^ 13 livres 12 onces ^ quatre points au-dellus 14 livres, & ainlî de fuite. ^749» Enfin , qu'à coté de la ligne A C on marque la mefure rliinlandique , en forte que le commencement du 28° pouce foit un fcrupule au-delîiis de la bafe A B. La planche de bois du baromètre , qui doit être de bouleau , ou de fapin , parce que ces efpèces de bois font celles qui fouftrent le moins de changement par la chaleur dans la longueur de leurs fibres • cette planche, dis-je, étant donc ajuilée & travaillée, de manière que le reftangle de métal jlacé à la diftance de 27" i"" de la furface du mercure , qui répofe fur le fond de la boule d'en-bas , puilTe être avancé à volonté à droite & à gauche j alors , toutes les fois que le degré de l'échelle du thermomètre A B, qui eft indiqué par le thermomètre qu'on place dans ce moment à côté , eft mis immédiatement derrière le tuyau du baromètre , la véritable prellion de l'air au-deflùs d'un pouce quarré , fe trouve auffi-tôt indiquée par livres & onces , à coté de la ligne B E. Enfin , rien ne manquera à la perfection de cet inflrument , fi vous mettez une vis au-delïus de la boule inférieure du tuyau , à l'aide de laquelle on puiflc un peu le faire monter ou dcfcendre , afin que la furface du mercure , qui repofe fur le fond de la boule , demeure toujours vis-à-vis de la ligne , qui marque le commencement de la hauteur. Peut-être que ceux qui fe Serviront d'une femblable échelle pour les obfervations météorologiques , appercevront mieux la liaifon de ces obfervations avec les variations du Ciel , en comparant immédiatement la pèfanteur de l'air avec les phénomènes de fa température. ^ ""^'■" ,'@ 7=7= A R T I C L E XXXVI, aTs È s Obfervation (Tanatomie (j de phyfiologU , concernant une dilatation '7 3"* extraordinaire du cœur , qui venait de ce que le conduit de l'aorte ctoit trop étroit. Par M. M E c K E L. Traduit du Latin. LE célèbre M. Lancifi , Auteur très-exaft , en rapportant dans le livre également beau & utile qu'il a écrit l'ur k monven cnt du cœur & fur les anévrifmes , toutes les caufes des anév-rifmes à des dilatations du cœur , ^u'on peut appeller contre nature , en a omis une , que ni »3d MÉMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE «==■== lui , ni aucun autre , n'ont peut-être jamais obfervée , & qui pourtant ToM. VI. f^igj prefque feule pour caulër une dilatation univerfelle de tout le cœur j /Innée ^^^^ l'aorte , lorfqu'il arrive qu'elle foit plus étroite qu'elle ne l'eft natu- £ 7 3 0. rellement. En effet, il n'y a dans tout le corps humain aucune proportion qui foit auffi nécelTaire à la confervation de la fanté , que celle des forces du coeur avec les forces des artères. Auffi-tôt qu'il y arrive quelque altéra- tion , le fang ne peut plus fe mouvoir par-tout le corps avec la même liberté ; mais fi les forces du cœur font trop grandes , & la réfiftance des vaiifeaux trop foible , le fang accable par fa maiîè les artères & les veines, il les dilate, les affoiolit ,& y produit ces expanfions qu'on nomme anévrifmes , dont l'Auteur que noUs avons cité , (a) rapporte divers exemples remarquables , fans compter ceux qui fe trouvent dans d'autres ouvrages , où la même matière eft traitée. Au contraire , fi c'eft la force des artères qui furpalfe celles du cœur , alors le fang par fa trop grande quantité produit le même effet fur le cœur , en le relâchant & le dilatant fort au-delà de fon état naturel ^ ce qui ne manque pas de troubler plus ou moins la circulation naturelle de ce fluide. On trouve à la vérité , dans les Auteurs un aflèz grand nombre d'exemples d'accidens de cette nature ^ il y en a dans Lancifi (b) dans Kercbring , (c) & l'un des plus rares eft celui que rapporte Wepfer , d'une dilatation du cœur caufée par l'offifîcation de l'aorte & de fes valvules ; mais on ne lit nulle part que la ftrufervé cette diverfité propre aux veines du poumon , a penfé que la denlité du fang occahonnée par le rafra'chillèment que l'air y apporte d^ns les plus petits vailTëaus du poumon , étoit caufe que ce fluide , occupant moins d'eipace dans la veine que dans l'artère , dilatoit celle-ci da/antage , & produifoit moins cet effet fur les veines pulmonaires. Santurinus , entr'autres , a réfuté cette opinion , & a fait voir que la condenfation du fang étoit tout-à-fait infuftîfantc pour l'explication de ce phénomène. 11 a donc allégué une autre caufe , favoir, que le retour du fang fe fait avec plus de Vitellè par les veines du pou- (() Philof. uanl'. 0°. 410, Î33 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROVALE ^= ' mon , & que le paflàge eft plus difficile par l'artère pulmonaire , d'où 11 iOM. yl. 2 ijjféré que cette artère & le ventricule droit fouffrent plus de dilatation ANNEE p^j. j.gf|-g réfiflance que les veines ; mais il n'a point dit pourquoi les veines, ^750' ou l'artère du poumon ne fauroient être dilatées par la réfiflance que I3 fang leur oppolè. Michdoti , Auteur Italien , cherchant la caufe de ce fait dans l'utilité qui revient de la llruÛure étroite des veines du poumon , a voulu expliquer ce phénomène (*) en fuppofant que le fang de la veine pulmonaire a plus de fluidité que celui de l'artère , & qu'ainfi il tend & dilate moins les veines que les artères dans le poumon^ mais il fuffit, pour détruire ce fen- timent , d'oblèrvrer que la prellïon du fang étant plus grande dans les artères , y doit tout au contraire augmenter la fluidité ; au lieu que dans les veines où le fang coule fort ailément d'un canal plus étroit dans un plus large , par la force de fon poids , cet effet de la preffion ne fauroit être tel qu'il le prétend. Ajoutez encore une raifon pour laquelle le fang doit avoir plus de denfité dans les veines du poumon que dans l'artère ; c'eft que par cette vapeur qui fort des vailîèaux des poumons , & fur-tout de leurs petits rameaux artériels , le fang fe dépouille de plufieurs particules aqueufes , avant que de palTër dans la veine pulmonaire ; d'où il réfulte aécel]airem3nt qu'il avoit plus de fluidité dans l'artère, qu'il ne lui en refte dans les veines ; mais la quantité de cette vapeur n'efl: pas afîèz confidé- rable , pour caufer entre les veines du poumon & l'artère une proportion qui foit comme 233. C'eft pourtant à de pareilles opinions qu'ont acquiefcé la plupart des Phyfiologiftes ; feulement les plus modernes ont cherché dans la réfiflance du fang à fon paiïàge par l'artère du poumon , la caufe de la dilatation de cette artère & du ventricule droit ; & pour la capacité plus étroite des veines , ils l'ont attribuée à la condenfation du fang, par laquelle il occupoit moins d'efpace. Tout récemment un Suédois (Aurhillius , ) dans une fort belle dilTertation qu'il a donnée fur l'inégalité des cavités du cœur, a prouvé que la circulation même du fang , par les obftacles divers & fréquens qu'elle trouve dans le poumon , eft la caufe de ce que le ventricule droit & l'artère pulmonaire ont plus de largeur que la veine. Il fait voir que l'artère du poumon & le ventricule droit font conftruits de manière à céder facilement à la quantité du fang qui les dilate , au lieu que le paffage du fang à travers les veines du poumon n'eft pas auflî libre. En effet , c'eft l'infpiration qui fait paflër le fang des artères dans les veines pulmo- naires , en allongeant les plus petits rameaux des veines qui font affaillëes , & fe rident dans l'expiration , ce qui fait qu'ils réfîftent à leur réplétion , lorfqu'ils doivent recevoir le fang des plus petits rameaux de l'artère du (*) Dans une Lettre à M, dt Fontcntllt, DES SCIENCES DE BERLIN. 239 poumon. La dilatation des poumons par l'infpiration , en leur donnant , plus d'clpace , les allonge , ùi au lieu que ces petits tuyaus veineux, dans J ''"''• l'expiration , étoient comprimés & ovales , ils deviennent dans i'inipiration ^ ^ ^ ^ '^ plus circulaires , ce qui en augmente très-confidcrablement la cavité. Mais ^75'^' quand l'expiration dure un peu trop long-tcms , ce qui arrive fort Ibuvent pendant la vie , foit lorfqu'on parle trop lung-tems fans reprendre haleine , ou qu'on fait quelque autre action qui prive le poumon d'air, on attire alors une plus grande quantité de fang qu'il n'en peut paiTèr dans le même tems par les veines pulmonaires , d'où il arrive que les plus petites ramiiications de ces veines , en partie obftruées par le fang , qui y circule très-lentement , réCftent au courant du fang qu'apporte Tanère du poumon. On voit donc par- là qu'il étoit d'une néceflué abfolue que l'artère avec le ventricule droit du cœur eulTent plus de dilatabilité que la veine, de peur que le fang arrêté à fon paflàge des plus petites rami- fications artérielles dans les veines corrcfpondantes , n'eût déchiré ces lameaux fi déliés , s'ils n'avoient été capables de céder. Cela fournit une explication entièrement fatisfailante du phénomène en quellion , favoir, d'où vient que la dilatation du ventricule droit eft plus grande que celle du gauche , & la dilatation de l'artère du poumon , plus grande que celle de la veine ; & je ne vois pas qu'il y ait rien à ajouter. Mais on n'a pas été plus loin , ôc l'on n'a pas feulement penfé à chercher dans la flrudure & dans l'infcrtion des veines du poumon la raifon de h lingulariié qui les rend fi étroites dans cette partie du corps , tout au contraire de ce qu'elles font dans les autres. Toutes les recherches fe font bornées à expliquer l'amplitude de l'artère du poumon tk du ventricule droit du cœur ; & l'on s'eft contenté d'attribuer la capacité étroite des veines au changement que le fang éprouve dans les poumons, & à l'augmentation de la vitellè de fon cours à travers les veines. L'Auteur Suédois que nous avons cité a cependant cru, * & avec raifon , que les obfer/ations faites fur les cadavres » UHfupn, des perfonnes , en qui les organes de la refpiration avoient beaucoup foufFert par le fang qui s'y étoit engorgé , pouvoient être d'un grand ufage pour l'explication de ce phénomène. Ltlèiiii^ement, £ cette proportion des veines aux artères du poumon demeure moindre , même dans ceux en qui le fang apporté par les veines pulmonaires fouftre des obftacles qui l'arrêtent dans fon paflage au ventricule gauche du cœur , il s'enfuit de là qua la caufe de cette diiTérente capacité des /aiiîèaux dont nous parlons , doit fe trouver dans la llruifture même des veines du poumon , B. La ftirtace du ventricule droit. C. La partie antérieure du ventriciJe droit qui doit être vue. D. L'oreillette droite. E. La veine cave ûipérieure. F. L'artère du poumon fortant du ventricule droit. C. L'artère aorte trop étroite. \ H. La fouclaviere droite. /. Son rameau carotide droit. K. La fouclaviere gauche. L. Le rameau carotide gauche. Aï. L'oreiJIctte gauche du cœur. N. Le finus pulmonaire qui avance entre les vaifléaux dans la partie poftérieure du cœur. O. La veine pulmonaire droite (upérieure. P. Le rameau de la veine pulmonaire droite inférieure. Figure II. La face poftérieure du même cœur. A. La face convexe du ventricule gauche, ou poftérieur. A La partie uolîcricure du venu:icule droit. Hh ij î44 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROVALE C. Le fînus pulmonaire fort ample , Se s'élevant beaucoup au-deflUs du finm J OM, Vl. droit. Année D. L'oreillete gauche , attachée au bord droit du (înus, ly CQ, £• La veine pulmonaire droite fupérieure 6c très- grande. F. La veine pulmonaire droite, moyenne 6c très petite. G. La veine pulmonaire droite inférieure. H. La veine pulmonaire gauche fupérieure. /. La veine pulmonaire gauche inférieure. K. Le tronc de la veine coronaire. L. L'artère aorte qui defcend en faifant \m arc> M. Le rameau droit de l'artère pulmonaire. N. Son rameau gauche coupé. O. L'artère fouclaviere droite. P. La carotide droite. Q. La fouclaviere gauche. R. La carotide gauche. S. La veine cave fupérieure. ARTICLE XXXVII. Sut la nature & Us propriétés de l'eau commune , conjîdérée comme un dijjblvant. Par M. E L L E r. L'Eau tient fa fluidité de la chaleur , ou plutôt du mélange d'une certaine quantité de molécules du feu. Cette union communique à fes parties conftituantes un mouvement intrinfeque & continuel , ainfi qu'à tout autre corps fondu , dont les parties s'agitent & fe meuvent dans tous les fens j & c'eft de-là que dépend la force pénétrante ou dilfolvante que l'eau exerce fur la plupart des corps connus dans la nature. Cette matière ignée , qui doit être regardée comme le diflblvant univerfel , ainfi qu'oa le verra ci-après , la pénétre intimement , & fait rouler fes plus petites molécules les unes fur les autres : fans ce mélange , dont l'effet produit la chaleur, ces molécules s'attirent réciproquement , & fe convertifTént en un corps folide , connu fous le nom de glace ^ tout comme la diminution de la chaleur fait, prefque dans un inftant, de la cire, de la graiffe , de la poix , du fouffre , & des métaux fondus , des corps folides & confiftans. Je ne prétens pas ici rechercher ou approfondir ce qui arrive aux premiers elemens de l'eau , lorfqu'elle agit fur les corps pour les diiïbudre , non plus que ce qui arrive aux petites parties diflbutes & cachées dans foa fein. La petitefTe extrême & peut être indéterminable des molécules de l'eau , jointe à leur tranfparence , n'étant nullement proportionnées à nos organes , tout ce que nous pouvons faire eft d'en juger par les effets oô r^ - o il =1^ J ^ o H ,=^^4^ ^1 JMtoe**' ^5: L'a ^ 4' I DES SCIENCES DE BERLIN. «4$ qui en réfultent. Sa rcfîilancc invincible à toute comprcflion , éprouvée par tant d'expériences par les Piiilofophes de l'Académie lUl Cimcnto à i "^^ Florence , a fait penfer à M. Boerhaavc que fes dernières particules conf- ^ ^ ^ ^ ^ tituantes , dévoient être extrêmement dures & immuables , puifqu'aucune ^ 7 i °' force extérieui'e n'elt capable de les altérer ; nous voyons , par exemple , qu'une planche fe fend Ôi. fc cafié lorfqu'on en frappe l'eau avec violence , êi qu'une bâle de plomb tirée d'un fuiil fur la furface d'une rivière , ou d'un lac , à un angle fort aigu , s'applatit comme fi elle avoit été lancée contre une pierre , ou quelque autre corps folide. Quoiqu'il en foit , il arrive à l'eau par le feu , ou par l'introduâion de la chaleur , la même chofe que nous voyons arriver aux autres corps foll- des , fçavoir , un allongement , ou une expanfion dans les plus petites molécules de fa fubftance. Nous fommes convaincus de cette vérité par les expériences faites avec le pyromctrc fur les lames de fer , ou de quelques autres métaux. Quelques Philofophes modernes , fur-tout les HoUandois , auxquels cet élément liquide eil autant prolitablc , par rapport au com- merce , qu'il efl dangereux par les inondations dont il les menace fî fouvent , ont tâché d'approfondir plus que les autres , à la faveur de beaucoup d'expériences , la compofition intérieure de l'eau commune. Us n'ont pas oublié de méfurer l'expanfion qu'elle foufFre par les différens dégrés de chaleur , «Se ils ont trouvé qu'elle s'étend d'i à compter du degré de fa congélation , jufqu'à celui où elle commence à bouillir. M. Mufclicnbroicb le Hxe à ^. J'ai eu la curiofité d'en faire l'épreuve moi- même ; pour cet effet , j'ai pris un tube cylindrique de verre environ de trois lignes de diamètre , dont un bout étoit fermé hermétiquement ; après l'avoir rempli d'eau commune jufqu'à -î de fa longueur , je le plaçai dans un mélange de neige avec du fel , jufqu'à ce que je remarquai que l'eau commençoit à geler. Je le retirai alors, après avoir marqué l'endroit où l'eau ainfi refroidie s'arrêtoit dans le tube. Je l'enfonçai enfuite dans un bain marie, & je l'y laiflài jufqu'à ce que l'eau du bain commençât à bouillir. Je trouvai alors que l'eau du tube étoit montée , & avoit aug- menté fon volume d'une i partie environ. Cette condenfation & cette dilatation que l'eau foufFre alternativement par l'application de différens dégrés de chaleur , nous rend raifon d'où vient que fa péfanteur fpécitique change fi fouvent; car outre les différens corps qui s'introduifent dans l'eau à fa fource , ou que la pluye entraîne en tombant & qui altèrent fon poids , M. Mufchf:nbroci:L a fort foigneufement remarqué que les diftérens dégrés de chaleur , dont nous venons de parler , peuvent augmenter ou diminuer d'un -^ Je poids fpécifîque de l'eau , puifqu'il a trouvé qu'un pied cubique rhénan d'eau péfoit en hiver 64 livres , pendant «ju'eo été la même quantité en péfoit 6$, 246 MÉMOIRES DE VACADEMIË ROVALE «^^^■^p Outre le feu, dont l'entrcmife nous fait paroître l'eau dans fon étaî i OM. , jg liquidité , nous y rencontrons encore une troilième matière également A N N - h (jifpgrfée , de dont le volume peut égaler la quantité de l'eau où elle 1750. j.e/{jg_ C'eft une fubftance aérienne , qui prend la nature de l'air élaftique ; mais dans le tems feulement où elle elt contrainte de quitter fon domicile. En effet , l'expérience fait voir , que la furface de l'eau , qu'on a mife au feu pour bouillir , commence à un certain degré de chaleur , à s'agiter un peu , & à élancer de petites molécules , qui glilïànt les unes fur les autres , s'unilïént fous la forme de petites veffies , lefquelles venant bien- tôt à crever , laiiTènt échapper un air élaftique , avec le bruit qui eft a propre à l'air comprimé &; mis en liberté par le mouvement. Cet air ne fe retire de l'eau, que lorfqu'elle a atteint le 150" degré de chaleur au thermomètre de FaKrenhcit 5 & lors qu'enfin cette matière aérienne fe trouve chaflëe , fi la chaleur augmente jufqu'au 212' degré , l'eau commence alors à bouillir , c'eft-à-dire que les particules du feu en ayant rempli toute la maflè , la travcrfent avec impétuoiîté , & en élèvent les couches fupérieures en vapeurs élafliques , femblables à celles qu'on voit fortir de l'éolipile. On fe tromperoit , du refte , fi on prenoit les premières petites bulles , dont je viens de parler , pour un air fuppofé , les croyant auffi des vapeurs aqueufes que le feu élevé , & dont il forme un air élaftique. Pour s'en convaincre , on n'a qu'à recourir à la machine pneumatique , & l'on verra que l'eau froide même , enfermée fous la cloche , commence à élancer les mêmes petites veflîes , auffi-tôt qu'on a ôté par la pompe l'équilibre de l'atmofphère , & fait ceflèr fa preflîon fur la furface de l'eau. En outre , il eft très-remarquable que cet air, qu'on a fait fortir delà fubftance de l'eau , n'y a point occupé de place dans fa nature élaftique ; ce dont on peut s'allùrer par divers phénomènes , & par plufieurs expé- riences, fi on veut y faire quelque attention. Il eft évident , par exemple , que le volume de l'eau , dont on a tiré l'air fous la cloche , ne diminue point ; il eft prouvé aufli , que l'air naturellement enfermé dans l'eau , n'y donne aucun figne de cette élafticité , qui lui eft fi propre , puifque l'eau ne fe laide jamais comprimer. D'ailleurs , l'air ne rentre que fort lentement dans une eau purgée comme il faut de cet élément ^ il demande plufieurs jours , ou même plufieurs femaines , pour s'y mêler de nouveau en une julte proportion , & l'on ne gagne rien en voulant forcer l'eau , par des fecoulîes violentes , à le recevoir fous une forme élaftique ; c'eft: ce que M. Mariotte a prouvé par l'expérience fuivante. Il a fait bouillir de l'eau pendant quelques heures de fuite , pour en chafTer entièrement l'air. Avec cette eau ainfi préparée , il a rempli une phiole , ou matras de verre , jufqu'à l'ouverture de fon cou ; il a fermé l'ouverture avec le DES SCIENCES DE BERLIN. 247 pouce , après avoir fait rentrer dans cette eau , en renverfant le matras , ~TZm yi une petite portion d'air du volume d'une noifette ; il a enfoncé enfuite à -^ i i'p le cou de la phiole dans un vailTcau rempli d'une même eau purgée d'air , , y c n & ayant auHi-tot retiré le pouce de l'ouverture , il a remarqué que cet ' ^ ' air, qui s'étoit arrêté au fond de la phiole renverfée , ne diminuoit que peu-à-peu , & que ce n'étoit qu'après plulicurs heures qu'il étoit entiè- rement reforbc dans l'eau. Après avoir fait rentrer de nouveau une femblable portion d'air dans la même eau purifiée , en ufant des mêmes précautions , il s'apperçut que cet air nouveau dcmandoit beaucoup plus de tems que le premier pour être reforbé. Il répéta cette abforption de l'air dans l'eau , jufqu'à ce qu'il remarqua que la portion d'air ne diminuoit plus pendant la fuite de plufieurs jours , ou même de plufîeurs femaines. Ce phénomène extraordinaire a fait dire à M. Mar'wnt , & après lui à M. Bocrhadvc , qui a répété cette expérience avec plus d'exaétitude encore , qu'il fe failoit ici une folution plutôt qu'un fimple mélange de particules d'air dans l'eau , l'air perdant par cette union fa nature élaftique, auifi long-tems qu'il demeure emprifonné dans l'eau. Mais comme M. Mariotte , ni les autres Phyficiens plus modernes, tels que les célèbres Mrs. Boerhauve , Mufchcnbroech , NolUt , Hambcrgcr , écc. qui allèguent & confirment cette expérience , n'ont pas déterminé , non plus que le premier , la quantité d'eau qu'ils ont prife , ni le volume de l'air qu'ils ont fait rentrer de nou»feau dans cette eau purifiée , j'ai jugé la chofe digne d'une recherche ultérieure , pour tâcher , s'il étoit poffible , de déterminer un peu plus au jufte , la quantité d'air qu'une portion d'eau donnée peut contenir , & loger naturellement dans fon iein. Pour cet effet , j'ai purgé l'eau de tout air , autant qu'il m'a été poiSble , tantôt par une décoction fulïifante , tantôt à l'aide de la pompe pneumatique ; & ayant méfuré la phiole , pour marquer le poids de l'eau qu'elle contenoit , j'y ai fait entrer un petit verre cylindrique , qui renfermoit dans fa cavité , étroitement bouchée par une petite oublie ou pâte de farine mouillée , un pouce cubique d'air , méfure de Rhin , & ayant verfé la-delfùs l'eau récemment purifiée (k encore tiède , jufqu'à ce que la phiole fut entièrement remplie , comme dans l'expérience de M. Mariotte , je remarquai bientôt , l'ayant renverfée & enfoncée dans un vaiflèau pareillement rempli de la même eau purillèe , que le couvercle de pâte du petit verre cylindrique s'ouvrit , par la force émoUiente de l'eau , & fraya le chemin à l'air qu'il contenoit , lui permettant de fortir & de fe loger au bout de la phiole renverfée; Ôi afin que l'air extérieur ne rendit pas l'expérience équivoque & douteufe , j'enfermai très-foigneu- fement le cou de la phiole dans le vaiiTcau , où il étoit enfoncé fort étroitement, afin d'ôter toute communication à l'air du dehors. L'expérience 248 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE ■ ^~ faite avec toutes ces précautions , m'a appris à la fin que la portion d'aic t^^' j-' naturellement contenu dans l'eau, n'excédoit pas fa 150° partie. Cette faculté de l'eau , d'abforber l'air par une efpèce de folution , m'a I 75 "• fait penfer que cet air répandu dans l'eau pourroit bien être la caufe du bruit du tonnerre. On fait que la chaleur folaire élève fans celïè avec les vapeurs aqueufes , fur-tout dans l'été , des exhalaifons inflammables. Or , fi ces vapeurs aqueufes extrêmement condenfées dans une nuée , & prêtes à fe réunir en gouttes pour retomber en pluye , fe trouvent expofées pendant quelques heures aux rayons d'un foleil ardent , la matière inflammable , dont les vapeurs font alors furchargées , par un frottement fubit de fes molécules , s'allume & caufe l'éclair ; ce feu perçant rend la liberté , & en même tems l'élafticité à l'air répandu dans l'eau des nuages qui fe trouvent dans la direftion de l'éclair. Or , quiconque connoît la force de l'expanfîon d'un air élaftique dans un degré de chaleur tel que le caufe l'éclair, ne fera pas étonné du bruit éclatant que le tonnerre produit , lorfque cet air fubitement dilaté , fe frayant un chemin par mille diredions oppofées , écarte avec violence l'air & l'eau de l'at- mofphère voifine , par où il pafïè 5 mais ce n'eft là qu'une fimple conjefture , fur laquelle je n'infîfte point. L'eau commune efl: donc un compofé , 1°. de fa matière primitive glaciale , 2". de l'air , & 3". du feu. C'elt de ce dernier élément qu'elle tient principalement fa fluidité & fon aâion ; mais il paroît extraordinaire que la quantité de feu , ou de chaleur qu'elle eft capable de recevoir , n'augmente pas fon poids , ni l'air fon volume ; on fait que la force expanfive de ce dernier efl: 20 fois fupérieure à la force de cohéfion de l'eau ; & pour ce qui eft du feu , chaque partie d'eau eft capable de fupporter 180 dégrés de chaleur, fans que fa péfanteur augmente , avant qu'elle s'échappe en vapeurs ; car il efl: prouvé que l'eau peut recevoir depuis le 33" degré de chaleur , jufqu'au 212" , du thermomètre de Fahrenheit, où elle commence à bouillir & à fe diffiper, fans que fa fluidité ni fon poids en foufFrent la moindre altération. J'ai cru jufqu'ici devoir examiner les parties confl:ituantes de l'eau , afin de pan'enir à mieux comprendre la vertu par laquelle elle pénétre & difibut les corps qui lui font fournis. Mais comme cette aftion dépend principale- ment de la pétitefïè de fes molécules , il faut voir ce que les Philofophes ont pu découvrir à cet égard jufqu'à préfent. Les anciens y ont fait fort peu de réflexion ; ils fe contentoient de regarder l'eau comme un élément fimple & primitif ;, comme un corps humide & froid , qui , à raifon de fa fluidité , fourniflbit le véhicule néceiîàire aux matériaux qui fervent à l'accroiiïèment des animaux , des végétaux , & des minéraux. Les moder- nes ont fait quelques tentatives de plus pour eflàycr de déterminer la petiteiïè DES SCIENCES DE BERLIN. 249 petiteflè des dernières molécules qui compofent ce corps merveilleux ; ^^ ■,^- mais ils ont été bientôt forcés de s'arrêter en chemin. Tout ce que ^ ^ '*. /. * d'innombrables expériences ont pu leur apprendre , eft que la divifion ^ fans bornfcs de ces dernières molécules , les met également hors de la ^ 7 S 0' portée de nos fens & de nos inftrumens. Cette étonnante divifîbilité , qui fe refufe à toute mefure , fe manifefte de pluficurs façons. Par exemple , les ouvertures des vaifléaux exhalans , qui s'ouvrent fous répiderme , & par lefqucls l'eau de notre fang s'échappe de tous les points de l'habitude extérieure du corps , fous forme de tranfpiration infenfible, font lî petites qu'un grain de fable , félon le calcul de Luu'cnhoeL\ en peut couvrir 24 mille. Le degré de chaleur qu'on introduit dans l'eau lorfqu'on la fait bouillir , caufe une telle fubdivifion dans fes petites particules difibutes en vapeurs , qu'elle occupe un efpace 1 3 mille fois plus grand que celui qu'elle occupoit fous la forme d'eau ; la preuve en efl très-facile : laiflez tomber une feule goutte d'eau dans un tuyau de verre à boule , dont on fait les thermomètres. Quand on chauffe cette boule fur les charbons allumés , jufqu'à ce que la goutte d'eau fe convertiïïè en vapeurs , elle remplit toute la capacité de la boule & de fon tuyau , dont elle chaflè entièrement l'air , en procurant un vuide parfait , qui fe remplit d'eau , ou de mercure , lorfqu'on a foin d'enfoncer à l'inftant le tuyau dans l'un ou l'autre de ces Huides. Or , fi on veut comparer le diamètre de la goutte d'eau avec celui de la boule de verre qu'on a employée , en comparant les cubes de leurs diamètres, on trouvera , à peu de chofe près , la force expanfive de l'eau , telle qu'on l'a énoncée ci-deiTiis. Je m'éloignerois trop de mon objet , fi je voulois examiner ici , fi l'eau réduite en vapeurs, dont l'élafticité l'emporte peut-être fur celle de l'air même , regagne toutà-fait fon premier état de liquidité fous la forme d'eau , ou fi l'adion du feu n'a pas caufè plutôt une métamorphofe dans fes derniers élemens fphériques , en les entortillant en très-menus cylindres fpirales élaftiques de nature aérienne ? Certes , quelques expé- riences faites avec l'éolipile , avec le digefteur de Papin , avec une efpèce d'éolipile appliqué à la pompe pneumatique , & fur-tout la manoeuvre par laquelle on fouffle un gros ballon de verre , ou récipient chimique , moyenant une bouchée d'eau poufTée par un tuyau d'acier dans une grofïè boule compaîte de verre fondu , fans qu'on remarque le moindre retour de la vapeur aqucufe à la forme d'eau commune , me rendent allez hardi pour adopter cette hypothéfe , jufqu'à ce qu'on me faflê voir le contraire par des expériences inconteftables. J'ai examiné jufqu'ici l'eau conhmune par rapport à fes parties conf- tituantes , auffi bien qu'à l'égard des qualités qui réfukent de l'union dcj li îjo MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE "^ diftérentes parties qui lui viennent du dehors , & qui toutes enfemble , 1 OM. (■' i. quoique d'une petitellè inconcevable , n'empêchent point leur folidité A ti n E h g^tj-ème par laquelle l'eau rélilte invinciblement à toute compreflion. i y 5 0. j.gj démontré le degré de leur extenfion par la chaleur , comme auffi leur expanlion étonnante qui les confond enhn , & les précipite dans la nature de l'air. La première chofe qui me refte maintenant à conlidérer , pour me rapprocher peu-à-peu de mon objet , efl: la qualité pénétrante de l'eau ^ mais comme cette qualité a un très-grand rapport avec Ta force dillolvante, je m'arrêterai un peu à examiner attentivement cette propriété de l'eau. En général tout le monde lui accorde cette faculté , & peu s'en faut même que quelques grands hommes n'ayent prouvé qu'elle efl un dilïblvant univerfel. Sa pénétration dans les plus petits recoins de plulîeurs corps , qui refufent l'admiifion de l'air même , femble favorifer cette hypothéfe. Mais la manière dont l'eau commune opère la folution des corps , paroît être bien différente , félon les divers principes que les Philofophes ont imaginé. Il y en a qui prétendent que l'eau par fa péfanteur fpécifique , ^ & par l'extrême petiteflë de fes molécules , entre dans les corps qu'on lui préfente à diilbudre , en écarte les plus petites parties les unes des autres , i5c les pénétre d'une façon lî intime , qu'elle les diftribue également, & les fait nager parmi fes propres molécules. Et pour mieux faire com- prendre ceci , ils ont eu foin de déterminer la nature des efpaces , des interfaces & des pores des corps , l'homogénéité de leurs parties , leur cohéiion naturelle , &c. Mais qui ne voit d'abord le peu de folidité de toutes les fuppolitions qu'ils font à ces ditférens égards , puifque ces Mrs, prononcent hardiment fur des objets qu'ils ne peuvent connoître ? Il y en a d'autres , qui , procédant avec plus de circonfpeâion , regar- dent lîmplement les corps dillblubles dans l'eau , comme un aflèmblage de petites particules homogènes , que nos yeux , aidés même des meilleurs microfcopes , ne peuvent appercevoir féparement les unes des autres ; il eft fort probable , difent-ils , que ces particules , lorfqu'elles font réunies en maffe , lailfent entr'elles de petits interltices , à la faveur defquels l'eau peut s'infinuer , & pénétrer intimement les corps à diilbudre , au point mêm.e de détruire la cohéhon de leurs dernières molécules , & cela apparemment par la même caufe qui fait entrer & monter l'eau dans les tubes capillaires. Cette explication fuppofe donc que la force de pénétration de l'eau, telle qu'elle foit, eft fupérieure à la force de cohéfion qui lie entr'elles les parties du corps foluble , en telle forte que l'eau non-feulement fe glilTe dans leurs interftices , mais les écarte & les fépare les unes des autres ; après quoi les molécules défunies de cette manière, flottent dans le diiTolvant, & ne font, félon les apparences, qu'un même compofé avec lui ; & quoique les parties des corps diiloutes daios DES SCIENCES DE BERLIN. 251 l'eau , foierit ordinairement plus péfantes que ce fluide , elles enfilent à ~ leur tour les pores de l'eau , & le diftribuent uniformément dans toute ^ °"' ^^' fa mailë , où malgré leur excès de péfanteur , elles demeurent fufpendues ^ '^ '>' ^' ^ par l'union qu'elles contradent avec les molécules aqueufes , ou par la ' 7 5 o« même caufe qui les a fait monter : ce qui fe prouve par l'expérience , puifqu'on peut toujours diflbudre , jufqu'à faturation , une quantité déterminée d'un fel quelconque dans l'eau pure , fans que fon volume augmente , ou que le vafe qui la contient en foit plus rempli. Il eft d'autres Phylîciens , qui , pour expliquer l'aÛion diflblvante de l'eau , ont recours au grand principe de l'attraction , dont l'apj^lication à notre fujet paroît fort ingenieufe. Voici , à-peu-près , comme ils s'ex- pliquent. Lorfque les particules d'un corps foluble dans l'eau , fe trouvent dans une grande quantité de ce fluide , elles en font attirées avec plus de force qu'elles ne peuvent s'attirer elles-mêmes , à caufe de l'éloigncment de ces molécules les unes des autres. Si on met cette eau en mouvement par des fécouiîès réitérées , elle attire , ou dilîbut une plus grande quantité du corps foluble , que quand elle refte en repos : il en eft de même de l'agita- tion produite par le feu ; car l'expérience nous montre que l'eau chaude eft plus dillblvante que l'eau froide , & cela en raifon des différens dégrés de chaleur dont elle eft animée. Les phénomènes de la cryftallifation des fels donnent une grande probabilité à cette hypothéfe. Un favant homme , qui la foutient , s'explique là-deflus à-peu-près de cette façon : « lorfqu'on » diminue la quantité de l'eau d'une diilbiution faline , à un certain degré » par l'évaporation , on diminue auffi par - là même cette attraâion » qui fubfiftoit entre l'eau ik le fel; car on remarque alors que les atomes » de fel fe touchent de très-près , & à raifon de leur péfanteur fpécifique , » par laquelle ils furpallènt ceux de l'eau , ils s'attirent réciproquement , » & fe joignent étroitement enlemble ; ce qu'on appelle dans la chimie » cryJliiUifation des fcls ; mais il faut remarquer néanmoins que cette » opération eft empêchée par le mouvement quelconque , foit par les » fecoulîês, ou par la chaleur; aufli la cryftalhfation ne réuftit-elle que » dans un certain degré de froid , & dans un vafe qui refle immobile. Je ne prétends pas attaquer ici les fentimens des Phyficicns qui fe font efforcés de rendre intelligible la manière dont s'opère la diiîblution des fels dans l'eau ; mais j'efpère qu'il me fera permis d'ajouter à l'expofition que j'en ai fait , ce que les expériences & le raifonnement m'ont aj pris à ce fujet. Pour m'expliquer avec plus de clarté fur cet article , je ne me bornerai pas à examiner la vertu dilîblvante de l'eau feule, je parlerai auffi en palTant , des autres corps auxquels on attribue la faculté de diflbudre , & qui font quelquefois bien ditYérens de notre élément liquide , puifqu'on en rencontra', même de puillàns , dans quelques corps fecs. Lorfqu'on li ij 252 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE ^= — j^ confulte les expériences , fur la force diiïblvante de Teau commune , on i OM. U QJ3f£].ye que cette force eft toujours proportionelle à la quantité de chaleur, yi N N t £ ^^ de feu qu'elle contient ; ainlî nous voyons qu'un foible degré de '750. j.j^3]gyj. communiqué à l'eau , ne fait quelquefois qu'amollir un corps , pendant que ce même corps eft entièrement diflous en peu de tems par l'augmentation de la chaleur , pouiïée fucceffivement jufqu'à l'ébuliition. Les fels , qui de tous les corps font ceux que l'eau diflbut le plus facile- ment , femblent confirmer ce que je viens d'avancer. Huit onces , par exemple , d'eau pure , qui n'a que le premier degré de chaleur qui la rend feulement liquide , c'eft-à-dire , le 33^ du thermomètre de Fahrenheit^ dillblvent à peine la 64^ partie de leur poids de fel commun ; ôi s'il arrive que le froid extérieur augmente à tel . point , que ce petit degré de chaleur l'abandonne , & lui permette de commencer à fe glacer , ce peu de fel l'abandonne auffi , & fe ramalïè au fond du vaiflèau. Mais au contraire , fi vous augmentez la chaleur de l'eau de dix ou douze dégrés feulement , vous verrez qu'elle diflbudra jufqu'à 2 onces de fel , & fi vous ajoutez autant de chaleur qu'elle peut en fupporter , ce qui a lieu lorfqu'elle commence à bouillir , elle tiendra en diiïolutioii une quantité de fel prefque égale à fon propre poids. Retirez alors l'eau du feu , & vous remarquerez aifément, qu'à mefure que la chaleur fe diffipe , le fel fe dégage de l'eau , & fe précipite au fond du vafe ; enfin faites palTèr fucceffivement votre eau par tous les dégrés de chaleur , jufqu'à l'état voifin de la congé- lation , & vous trouverez tout votre fel précipité au fond du vaiiTeau , ayant abandonné l'eau , defiituée de tout degré de chaleur , dans le moment où elle commence à perdre fa fluidité par la congélation. Cette expérience nous apprend , 1°. Que l'eau privée de toute chaleur ne diflbut rien. 2°. Que l'eau fert uniquement de véhicule à la chaleur , ou aux molécules de feu qu'elle cache dans fon fein. 3°. Que l'eau , par la plus grande force du feu qu'on y applique, ne peut recevoir que 211 dégrés de chaleur ; le refie paflè au travers de l'eau & fe perd dans l'air , ou dans les corps voifins. 4°. Que lorfqu'on ceffe de chauffer l'eau par dehors , toute la clialeur acquife l'abandonne peu-à-peu , & qu'il ne lui en refte enfin que celle que lui communique l'air environnant. La force dilTblvantc de l'eau efl alors exaâement proportionnée à ce degré de chaleur; & lorfqu'en hiver la chaleur deîcend jufqu'au delïbus de 33 dégrés , l'eau perd totalement fa faculté de difîbudre à mefure qu'elle approche de ce degré, La force difïblvante de l'eau eft donc toujours proportionnelle aux dégrés de chaleur qui lui font communiqués. Les corps qui fe laiflènt diiïbudre à ces différens dégrés , appartiennent ordinairement aux végé- taux 5 ou aux animaux, Mais quand on fait contraindre l'eau à recevoif DES SCIENCES DE BERLIN. dont l'eau cft environnce de toute part , dilaté avec une force ' 7 5 ". extraordinaire , empêche que le feu , qu'on continue à communiquer à l'eau bouillante, ne fe diffipe auffi promptcmcnt; il l'y concentre, pour ainfi dire , à la faveur de l'eau , qui leur fert de véhicule , les molécules ignées pénétrent dans les corps les plus durs , comme les cornes , les ongles , & les os des animaux , avec une telle violence , qu'ils fc trouvent dillbus en peu de minutes, jufqu'aux parties terreftrcs , qui tombent en pouflière. Le plomb même &. l'étain commencent à fe fondre dans ce degré de chaleur , communique à l'eau de la façon que nous venons de dire. Tout ceci montre alTcz , ce me femble , que ce n'eft pas l'eau , mais uniquement le feu , qui caufe la folution des corps , & que l'eau ne fert qu'à engloutir les atomes dilTbus , & à les diftribuer également dans toute fa maflè , laquelle doit être proportionnée à la quantité des molécules dont on veut qu'elle fe charge. J'ai confidéré jufqu'à préfent la première cJafTe des diflôlvans , qui eft la plus fimplc , celle où le feu exécute la folution des corps , qui font d'une cohéfion légère , par le moyen de l'eau , dans laquelle il fe trouve. Dans cette claiTè , Je feu communiqué de dehors à l'eau , eft fîmple , pur, & fans mélange. Mais il eft une féconde claffe de diffolvans oà le feu efl concentré dans une matière végétale huileufe & inflammable , que la fermentation a jointe à l'eau commune , à laquelle elle l'a unie fi étroitement, qu'il n'y a que la flamme qui les puific féparer, & les difperfer dans l'air , en les détruidmt. Les efprits de vin , de froment , & de plufieurs autres végétaux font des diflôlvans de ce dernier ordre. L'eau commune y efl: encore la bafe qui enveloppe cette matière phlogiftique , laquelle étant mifc en mouvement par l'application du feu extérieur ] pénétre, fépare & dilTout les corps , impénétrables aux diflôlvans de la première clalTè , où le feu dans fa pureté , efl arrêté dans l'eau limple. Quoique l'aftion de cette féconde clafle de menftrues fe borne aufli à la diflolution des végétaux , d'où elle tire fon origine , elle eft néanmoins toujours plus puiflànte que la première, puifqu'ellc attaque &. diflout les corps huileux & réfincux , que les premiers diflôlvans n'ont pas la force d'entamer. Au furplus , l'eau commune fournit également ici le vé- . hicule à la matière du feu , avec cette différence , qu'elle eft intimement unie à l'eau par la fermentation , pour produire ce qu'on appelle communément efprits vineux , dont la partie la plus fubtile , purifiée par la diftillation , & connue fous le nom d'alcohol , brûle & entretient I9 flamme la plus pure , jufqu'à ce que tout foit confommé j car lorfqu'oa tj4 MÉMOIRES DE UACADÉMIE ROYALE t ^= a l'adrefTe d'arrêter les vapeurs , que l'alcohol diffipe en brûlant , on 1 OM. ) . j.j.Qyye qyg ce n'efl: autre chofe que de l'eau fimple toute pure , & que la /INNEE jjj3jji^^ inflammable n'étoit que la plus petite portion de l'alcohol. l 7 $ 0. Si on foumet une féconde fois à la fermentation les fucs vineux dont je viens de parler , on les convertit en acide , qui , concentré par la dif- tillation, fournit un efprit pareillement acide & d'une matière bien différente de l'alcohol , puifqu'il pénétre & diffout la plupart des métaux & des minéraux , fur lefquels l'alcohol n'a point d'aûion. Mais fi la fermentation opère dans les végétaux la produftion de l'acide & de l'alcohol , la putrefaâion , à fon tour , manifefte une production analogue dans les animaux , en développant dans ces corps l'alcali volatil , qui , difperfé dans l'eau commune , nous fournit les efprits volatils de l'urine , du fang , &c. La putréfaâion n'efl: pas même toujours nécelïàire à la production de ces fortes d'efprits alcalins ^ l'étroite union des fels avec les parties gradés & huileufes , que la circulation des humeurs opère dans un animal vivant , fuffit déjà pour produire une alcaUfccnce , ou difpofîtion prochaine à la formation de l'alcali. C'eft ce que nous montre l'efprit volatil de corne de cerf , de crâne humain , de foie , &c. que la feule diftillation de ces corps nous fournit , fans le fecours de la putréfaction. Outre cette féconde clalïè de dilîblvans , l'eau commune prête encore fon miniftère à une troifième forte de menftrues , dont la force eft infiniment plus puiifànte que celle des premiers •, les molécules du feu y font concentrées d'une manière tout-à-fait incompréhenfible , dans une matière acide , qui s'unit enfuite à diverfes matrices , lefquelles fourniiîënt aux Phyficiens Chimiftes des diflblvans , auxquels les corps les plus durs qui foient connus dans la nature , font obligés d'obéir. Cet acide merveilleux fe trouve difperfé dans l'air fous la fimple enveloppe des vapeurs aqueufes j ceux qui douteroient de fon exiftence dans l'atmofphère , n'ont qu'à expofer pendant quelque tems un fel alcali bien pur , dans une chambre où l'air peut circuler lijrement , ils trouveront leur alcali changé en un fel moyen , tout comme s'ils eutfent employé un acide vitriolique pour convertir l'alcali en tartre vitriolé. Le tems , & moins encore le but que je me propofe , ne me permettent pas d'examiner à préfent le moyen dont la nature fe fert pour produire cet acide univerfel. Parmi les exhalaifons infiniment variées qui s'élèvent de la terre & des eaux, il n'y a point de doute qu'il ne s'en rencontre quelques - unes propres à recevoir & à concentrer cette' matière ignée , que l'aftre du jour , cette fource du feu & de la chaleur , lance continuellement dans toutes les matières propres à lui fervir de véhicule. Mais comme nous ne pourrions pas nous en fervir fous cette enveloppe impalpable & invilîble , la nature bienfaifante a choifi encore DES SCIENCES DE BERLIN. 255 d'autres matrices bien plus traitables pour nous. La plus abondante de CCS mauiccs , font les eaux de l'océan , qui abfbrbent le feu que leur apportent les diliérens météores , & enfuite certaines terres calcaires alcalines, métalliques, ou bitumincufes , où la matière du feu fe trouve dans une eipèce do Iblution , 6c fe préfente à nous , tantôt fous la forme de fel marin , ou d'alun , tantôt fous ceiJe de falpétre , ou de vitriol & tantôt ious la forme du fou&re commun. Perfonne n'ignore avec quelle force ce feu folaire concentré diilbut les corps les plus durs , lorlqu'il ell châtré par l'extrême violence du feu chimique , des différentes baies aux- quelles il s'étoit uni , &. qu'il nous eft offert après cette féparation, fous le nom & la forme d'efprit acide minerai; cetefprit, je l'avoue , n'eft pas toujours exademcnt lemblable à lui-même, mais cela ne doit être attribué qu'à l'altération qu'il a foufferte dans les di>rerfes matrices. Il feroit , du reffe, bien fuperriu de faire remarquer ici la nature ignée de l'acide' en quelHon ; celui qui auroit quelque doute à cet égard , n'a qu'à l'éprouver , & il aura tout heu de fe con^raincre qu'il brûle autant, & quelquefois davantage , que le feu de nos foyers. C'eft encore l'eau commune qui fournit le véhicule à ce menftrue acide & igné , & qui favorife la force de fon adion. Pour fe convaincre de cette vérité , on n'a qu'à verfer un de ces efprits acides , foit celui de fel marin , ou de vitriol , fur quelques fubflances abforbantes terreufes , comme la craye pilée , & on fera furpris de vpir la quantité d'eau commune inlipide qui fumage la craye , lorfqu'a- près la d^ffrudion de l'acide le feu a difparu. Au refte , tout ce que j'ai avancé jufqu'ici , prouve affèz que le feu efl l'unique dilîôlvant univerfel qui foit dans la nature , & que la petitelîè exuême & inaltérable des dernières molécules dont l'eau eft compofée , lui fert feulement de véhicule ôc d'enveloppe pour exercer fa force dilfolvante fur tous les corps foumis à fon action. C'eft donc avec raifon que les Philofophes Hermétiques ont alliiré que leur miftère le plus caché , pour la production d'un dilîôlvant univerfel , & pour la perfeétion du grand œuvre, confiftoit dans la combinailbn parfaite & inféparable de ce feu avec la fubftance mercurielle métallique la plus pure & la plus homogène. Je ferai voir dans le Mémoire fuivant les phénomènes qui léfultent de la diirolution de toutes les fortes de fels dans l'eau commune. MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ARTICLE. XXXVIII. Sur Us Phénomènes quife manifejlent lorfqu'on dijfout toutes les efpèces de fel dans l'eau commune , féparément. Par M. E L L E R. DAns le dernier Mémoire que j'eus l'honneur de lire , il y a quelques femaines , dans cette Affemblée , j'ai tâché d'expliquer la nature & les propriétés de Tcau commune. Tout ce que j'y ai avancé k trouve entière- ment confirmé par les expériences. J'ai prouvé , entr'autres chofes , que l'eau ne peut paroître fous la forme fluide & coulante où nous la voyons , que moyenant certaine portion de feu , ou de chaleur, qui lui procure cette fluidité ; mais que l'eau ayant reçu cette qualité du feu , lui fert , à fon tour , de véhicule , pour exercer fa force diffolvante. J'ai fait voir les différens moyens par lefquels les molécules du feu s'introduifent dans l'eau. Le premier & le plus fimple , efl: celui où le feu fe communique du dehors félon les difiïrens dégrés de la chaleur extérieure ; les autres moyens d'union entre le feu & l'eau , font un peu plus cachés ; de forte qu'on perd prefque l'idée de l'eau , lorfqu'on rencontre fous la forme qui réfulte de cette union , un liquide acre , ou corrofif , qui ne tient plus rien de la nature douce & infipide de l'eau , fi on en excepte la fluidité. Mais l'eau foufFre de bien des façons cette altération extraordinaire ; car tantôt la matière du feu lui efl communiquée par la fermentation , tantôt par la putréfaftion , d'autres fois par la deftruûion de quelques fels minéraux fous la forme d'un acide corrofif ; mais tous ces différens cas ne préfentent jamais autre chofe qu'une matière inflammable , fulphureufe , ignée , délayée dans l'eau commune , qui lui fert d'enveloppe & de véhicule. Cette confidération efl: d'autant plus néceffaire à mon objet , qu'elle rend raifon , en quelque manière , des phénomènes qui fe manifeflent dans la diflblution des différentes fortes de fels dans l'eau commune. Les Phyfîciens modernes ont déjà obfervé que cette eau , quelque pure & fimple qu'elle puiiTè être , fouffre un changement remarquable , par rapport à fa température , dès qu'on y fait diflbudre du fcl 5 car aufli-tôt que la dilïblution commence , fa chaleur diminue prefqge toujours , & elle devient plus ou moins froide , félon la qualité , ou félon la compofition différente de chaque fel. C'eft par ce moyen qu'on peut faire de la glace , même dans les plus grandes chaleurs de l'été. Je n'ignore pas que M. Gioffroi , à Paris , a déjà fait quelques expériences à ce fujet , qu'il a communiquées à l'Académie Royale des Sciences en 1700 j que M. Amonflons DES SCIENCES DE BERLIN. ^57 'Amonjlons les a réitérées à la cave de l'obfervatoire de Paris , félon fon r^ ^^.* rapport fait à la même Académie en l'année 1705 ; & qu'outre cela, M. ^ * .. * Mufchcnbrocch , dans fon excellent Commentaire fur les expériences de l'Académie dd Clmcnto , a cherché auffi à déterminer les dégrés de froid ' ^ que quelques fels produifcnt dans l'eau en s'y dillblvant. Mais comme les rapports de ces Meffieurs font fort difFércns cntr'eux , qu'ils n'ont pas examiné toutes fortes de fels , & qu'ils ont négligé prefque tout-à-fait les fels moyens artificiels , j'ai penfé qu'il pourroit être de quelque utilité , par rapport à la théorie du feu , auflîbien qu'à la connoiffàncc de la compofition différente de ces fels , que je m'occupailè de cette recherche , après les célèbres Phyfîciens que je viens de nommer. Dans cette vue , j'ai pris toutes les précautions nécelïàires pour faifir cette exaftitude que les expériences phylîques demandent. J'ai eu grand foin de choifir les fels bien purs & bien fecs , réduits en poudre impalpable ; 6 comme la quantité d'eau que telle ou telle forte de fel exige pour fa dllfolution, diffère confidérablement, j'avois déjà découvert & déterminé ces quantités relatives , dont je donnerai ci-après le précis. Les fels pré- parés , comme je viens de dire , & enfermés dans des phioles bien bouchées, furent placés quelques heures auparavant , avec l'eau qui devoit fervir à leur dilïblution , dans une chambre , où le thermomètre m'indiqua la tempéra- ture do l'air de ce jour-là j & comme le thermomètre dont je me fuis fervi pour mes expériences , eft celui de M. de Riaumur, j'ai eu foin de le tenir plongé pendant quelques minutes dans l'eau deftinée à ces expériences , pour en éprouverla température. L'ayant retiré, je remarquai qu'il indiquoit fîx dégrés de chaleur. Je pris enfuite 8 onces de cette eau pour chaque eiïài, & de chaque fel autant qu'elle pouvoit en dilTbudre. Le vitriol verd ne produifit qu'ij degré de refroidillément dans l'eau ; le vitriol bleu 3^ dégrés -, l'alun refroidit l'eau de 2-^ dégrés ; mais l'alun calciné n'y fit aucun changement. Le falmiac , au contraire , fit voir le plus grand , puifque le thermomètre bailla de 6 dégrés de chaleur , jufques un peu au-delïôus de 5 degrés de froid ; par conféquent ce fel refroidit l'eau prefqu'à 12 dégrés. Le falpètre raffiné caufa un rcfroidiffement de 8 degrés , & le cryftal minéral de 7. Le fel commun & le fel marin ne refroidirent l'eau que de 2 dégrés. Le tartre vitriolé & Varcanum dublicatum furent à 3 dégrés ; mais la crème de tartre ne montra aucun changement. Le fel d'epfom caufa 2 dégrés de froid , & le fel de feignette 7 ; mais le fel de fediitz fit monter le thermomètre de 6 dégrés à 9 , & augmenta par conféquent la chaleur de 3 dégrés. Le fel admirable de Glauber, manifefta à-peu-près le même phénomène , puifqu'il chauffoit l'eau de 4 dégrés ; mais ce ne fût rien en comparaifon du vitriol delTèché à blancheur , qui augmenta la chaleur dans l'eau de 16 degrés 5 le Kk 2j3 MÉMOIRES DE VACADEMIE ROYALE rj, 77T~ vitriol blanc l'accrut de 7 dégrés , & le fel alcali de 4. Le fel alcali A ' ^' volatil de corne de cerf, refroidit , au contraire , l'eau de 6 dégrés ; le fel volatil d'urine & le fel polychrefte feulement de 2 , &c. ' ■' ' On voit alTèz par ces expériences , que les dégrés de froid que les fels communiquent à l'eau pendant la dilïblution , font aulïi diftérens prefque que le nombre même de ces fels 3 il y en a même, qui au lieu de refroidir l'eau , lui comniuniquent encore des dégrés de chaleur aflèz confidé- rables. Tout ce qu'on peut conclure de décifif de ces expériences , eft que les fels formés de l'union de l'alcali volatil à l'acide minéral , font ceux qui refroidiffènt le plus, comme le falmiac , le falpêtre, le cryftal minéral. Le fel volatil de corne de cerf tout feul produit cependant un eftét pareil. Je fçai fort bien qu'on s'embarrailè très-peu de la folution du problème, pourquoi les fçls refroidiflént l'eau ; la plupart des Phyficiens modernes croyant l'avoir donnée en fe contentant de dire, que toute chaleur confifte dans le mouvement , & que le froid n'efl: que la diminution de ce mou- vement. Sur ce principe , le refroidilTèment plus ou moins grand que le fel apporte à l'eau , vient , félon eux , tout fimplement de ce que les parties falines étant fans mouvement , partagent celui des particules aqueufes , & le diminuent d'autant , &c. Mais il me femble qu'il arrive ici précifément le contraire 5 car de l'efFort des molécules diifblvantes de l'eau pour s'infinuer dans les pores ou interftices du fel , & de la réfiftance que les parties folides de ce dernier leur oppofent , il doit réfulter, fans contredit, une aâion mutuelle , ou une pénétration réci- proque de l'eau dans le fel , ou du fel dans l'eau ; ce qui doit plutôt augmenter que diminuer le mouvement en queftion. D'autres Phyficiens , qui ont fenti l'infuffifance de ces raifonnemens , ont tâché d'expliquer le phénomène d'une toute autre façon. Ils fuppofent que l'attraâion , ou la cohéfion des fluides avec les autres corps , eft proportionnée aux points de contaft , ou à la denfité de ces corps. Ainfi , le feu étant le plus fluide de tous les corps connus dans la nature , efl attiré & s'attache par conféquent en plus grande quantité aux corps qui ont plus de maflè , fous même volume , qu'à tous ceux qui font de moindre denfité ; c'elt , difent-ils , ce qu'on voit par l'air , qui ne peut pas être échauffé autant que l'eau , environ 800 fois plus péfante que lui j & par les métaux , qui ayant depuis 7 jufqu'à 20 fois plus de gravité fpecifique que l'eau , attirent & gardent le feu incomparablement plus long-tems que ce liquide. Or , les fels , ajoutent-ils , ayant plus de denfité que l'eau , attirent donc , lorfqu'on les y jette , les molécules du feu qui s'y trouvent , ce qui doit la rendre néceffairement plus froide , &c. Je foufcrirois volontiers à cette hypothéfe , qui paroît d'ailleurs aflèz bien imaginée , fi les expériences ne refufoient de s'y prêter. D'où vient , en iOM VI. DES SCIENCES DE BERLIN. 159 effet , que le vitriol blanc , le fcl de fedlitz & le fel admirable de Glauber , augmentent la chaleur dans l'eau au lieu de la refroidir ? Ces f "'^' ',' fels n'ont-ils pas autant de folidité , & leurs principes conftituans ne font-ils ^ ^ ^ pas les mêmes que ceux de plulîeurs autres fels qui produifcnt cependant ' 7 5<^ un effet tout contraire? En outre, comme les dégrés du refroidiiîcment , que les fels font naître dans l'eau , différent confidérabicment entr'eux , il faut , je pcnfe , chercher la folution du problème , dans la nature & les propriétés des fels mêmes. Une petite remarque pourroit , peut-être , apporter ici quelque lumière. J'ai fait voir dans le mémoire précédent , que ces fels participoient de l'acide univerfel , lequel n'efl autre chofé qu'un feu concentré dans l'eau , qui lui fert de véhicule & d'enveloppe , & qu'à la faveur de ce véhicule , il difîbut diverfes matières terreltres , ou métalliques , qu'il rencontre dans le fein de la terre. Or , ce feu potentiel , lorfqu'il fe trouve développé par la diOblution , attire pro- bablement les molécules de feu qu'il rencontre dans l'eau , 6c la rend par conféquent plus froide pour quelques minutes. Ce qui me paroît confirmer cette hypothéfe , ell l'expérience qui fuit. Je verfai environ la moitié d'un feau d'eau dans une terrine de grès , & je trouvai par le thermomètre de M. de Réaumur , que cette eau avoit pour lors j dégrés de chaleur. J'y remis le thermomètre , & ayant fait chauffer une barre de fer jufqu'à rougeur , je la plongeai dans cette eau , vis- à-vis de l'autre coté du bord de la terrine , ou le thermomètre étoit appuyé , & j'obfervai qu'il baiffa de 3 dégrés dans la première minute après l'immerlion de la barre. Cette expérience me fait croire , que le feu de la barre communiqué à l'eau , caufe fur le champ une efpèce d'attraâion des particules du feu contenues dans ce liquide , ce qiJ le rend plus froid pour quelques momens , car quelques inftans après toute l'eau de la terrine acquit le degré de chaleur que la barre échauffée devoit naturellement lui communiquer. Le fécond phénomène que préfente la difîbkition des fels , c'elt la différente quantité d'eau que chaque efpèce demande pour être dilToute. Comme cette quantité diffère beaucoup , fuivant la nature , auflî bien que félon les propriétés particulières de chaque fel , j'ai employé encore toute l'exaditude dont je fuis capable pour la déterminer comme il faut. Dans ce defîèin , j'ai pris de l'eau de fontaine bien pure , & pour m'aHùrer davantage de cette dernière qualité , je l'ai fait difliller auparavant. Pour chaque fel bien purifié , & mis en poudre , j'ai pris 8 onces d'eau. La température de l'air étoit alors , félon le thermomètre de Fahrenheit, entre 40 & 42 dégrés, & fuivant celui de M. de /îéjumur , entre 8 & lo. Le mercure dans le baromètre s'arretoit en ce tems-ià à 27 pouces I o lignes , mefure de Paris. Kkij i6o MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE -r^ ..— Ayant déterminé ainfi tout ce que je viens de dire , j'ai éprouvé que i ' ■ , ■ 8 onces de cette eau diftillée en ont difTout 91^ de vitriol vcrd , ou de fer, Année j-iui j «^ j ■ ■ \ 9 onces de vitriol bleu , ou de cuivre , 3 onces oc 6 gros de vitnol de Goflar, dcfléché à blancheur, 4 onces tk demie de vitriol blanc, 2 onces & demie d'alun , i once & demie d'alun calciné , 4 onces de falpètre raffiné , 3 onces & 4 fcrupules du fel commun de la fontaine de Halle , 3 onces & demie de fel foflile , & autant à-peu-près de fel marin , une demi once de crème de tartre , une once & demie de tartre vitriolé , une once & cinq dragmes d'^r^num iluplicatum , 3 onces & demie de nîtrc antimonial, 3 onces de cryftal minéral , 3 onces & demie de fel admirable de Glauber , 4 onces de tartre foluble , 4 onces de fel d'epfom , 5 onces & demie de fel de fedlitz , 3 onces de fel de feignette , 2 onces & demie de falmiac purifié, une once & demie de fel volatil de corne de cerf, 4 gros & demi & 10 gros de borax , 10 gros de fucre de faturne , 24 onces de fucre raffiné , &c. D'après cette détermination exacte de la différente quantité d'eau requife pour la diiïblution de chaque fel , je croyois pouvoir rendre raifon de cette diffé- rence ; mais comme la chofe ne laiUà pas de me paroître enfuite fort embarrafiànte , il me vint dans l'efprit que cette différence dépendoit , peut-être , de la folidité différente de ces fels , préfumant que ceux qui avoient peu de malle fous même volume , & qui , par çonféquent , étoient plus poreux , auroient befoin d'une moindre quantité d'eau que les autres , qui étoient plus compaâs. Pour m'en éclaircir d'une manière fatisfaifante , j'ai tâché de trouver , par le moyen de plufieurs expé- riences , le poids Çécitique de chaque efpèce de fel , par rapport à l'eau. Pour le déterminer au plus jufte , je me fuis fervi d'un cylindre de verre "de 4 à 5 lignes de diamètre que j'avois fermé à un bout ; je h remplis d'eau commune jufqu'à la moitié environ ^ je marquai exaftement l'endroit où l'eau s'arrètoit dans le cylindre 5 je verfai la-deflùs encore une once de la même eau que j'avois péfée exactement ; je marquai derechef avec beaucoup de précifion l'endroit où cette once d'eau étoit montée , de forte que j'avois alors la mefure nette d'une once d'eau entre les deux marques du cylindre. Après cela , j'ôtai cette dernière once d'eau , & je la remplaçai par des fels en gros morceaux , que je fis gliflèr au fond du cylindre , jufqu'à ce que l'eau eût remonté de la première marque à la féconde. Ayant changé l'eau pour chaque efpèce de fel , il ne m'étoit pas difficile d'en déterminer , de cette manière , le poids fpécifique , défigné par l'efpace occupé dans le cylindre par l'once d'eau ; ainfi une once d'eau commune fut remplacée par 2 onces & un quart de vitriol verd ,, par deux onces de vitriol bleu , par 3 onces Si demie de vitriol dellèchc à blancheur , par 3 onces de vitriol blanc , DES SCIENCES DE BERLIN. 261 par 2 onces & i dragmc d'alun de roclie , par a onces & demie d'alun , — ..:= calciné , par 2 onces j dragmes & demie de falpétre raffiné , par 2 ^ °^^' ^' onces & 3 quarts de Ici commun, par 3 onces de fel foftie*, par 6 ^ ^ ^ '^ ^ dragmes de crème de tartre , par 3 onces de tartre vitriolé , par 3 onces ' 7 5 0« d\ircanum dupiicatum , par 2 onces j^j=- f^ ToM. VIL ARTICLE XXXIX. AisuÉs i 7 5 I. Examen chimique de VEau. Par M. M A R G R A F. Traduit du Latin, I./^^Uakd on veut examiner des corps naturels d'un feul & môme V^ genre , il me paroît incontcftable qu'on doit toujours faire choix des plus purs & de ceux dans lefquels le mélange des particules hétérogènes eft le moindre. Ainfi , comme dans cette grande quantité de diverfes eaux qui tombent du ciel fous la forme de pluye , de neige , de rofée , de bruïne , de grêle, &c. , en traverfanr l'air pour arriver jufqu'à nous , celles qui, à mon avis, font les plus nettes , & qu'on peut recueillir telles dans la plus grande quantité , font fur-tout la pluye & la neige ; j'ai cru devoir leur donner la préférence , & commencer par elles l'examen que je me fuis propofé de faire de ces diverfes efpèces d'eau. II. De toutes les manières de recueillir l'eau de pluye & l'eau de neige , celle qui les fournit les plus fales , c'eft de les recevoir lorfqu'elles tombent des toits & des gouttières j cgr , non-feulement les tuiles , à caufe de leur terre limoneufe & martiale , mais encore les diverfes pouffières ou fumées qui s'y attachent , concourent à falir l'eau de pluye , qui par elle-même n'ell déjà que médiocrement pure. On ne fauroit non plus tirer aucun parti de cette autre manière , qui confifte à étendre un linge bien lavé fur des piquets , à mettre au milieu du linge une pierre bien nette , ou un globe péfant de verre , & à recevoir l'eau de pluye dans un vafc que l'on place au-deflbus. En eft'et, le linge eft , pour ainfi dire, fufpeét , tant à caufe des particules de favon que le lavage y laiflè , que de celles qui entrent dans fa propre compofition. Les plats de terre encore , foit qu'on les ait vernifïés , ou qu'on en ait vitrifié la furface à l'aide du fel commun , ne font guère plus fûrs , parce que à l'égard des premiers , furtout lorfque le froid eft un peu fort, l'incruftation dont ils font revêtus s'en fépare aifément , & alors l'eau qu'ils contiennent diffbut une certaine quantité de terre à potier dont le vafe eft fa^ ; & quant aux féconds , quoique le fel commun en ait rendu la furface plus compafte , ils ne font pas entièrement à l'abri du même inconvénient. Il feroit fuperflu de rapporter ici tous les divers moyens qu'on peut mettre en ufage pour recueillir l'eau de pluye 6c l'eau de neige. J'aime mieux indiquer tout d'un coup celui qui procure cette eau la plus nette j c'eft quand on la reçoit Ll ij 26S MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROVALE "^^ à plein air, dans un lieu auffi éloigné qu'il efl: poflîble des édifices , Si .°^' , ' en fe fervantpour cet effet de grands vafes de verre. Cette manière demande /[ N N K £ ^ j^ vérité un efpace de tems un peu plus long ; mais auffi elle eft fûrc & ^ 7 5 i' ^3,^5 inconvénient. Si l'on n'a pas tout d'un coup une fort grande quantité d'eau de pluye ou de neige , on peut au moins compter que celle qu'on a eft auffi pure qu'on peut fe la promettre. III. Pour exécuter donc mon delTèin , je lis choix d'un jardin iîtué aux fauxbourgs de Berlin , & dans ce jardin , d'une place dégagée & fans arbres , où je fis placer des plats de. verre d'un pied de profondeur & d'un demi pied de largeur. Je donnai charge à un homme fur qui je pouvois compter , & qui étoit à portée de s'acquitter de la commiiïion , de placer ces plats , toujours bien lavés auparavant avec de- l'eau diflillée , toutes les fois qu'il auroit plu abondamment pendant un demi jour , & que cette pluye auroit bien purgé l'air ; je chargeai , dis-je , l'homme en queftion d'expofer ces plats dans l'endroit dégagé d'arbres , & dès que la pluye cefleroit , de verfer fur le champ l'eau qu'il auroit recueillie dans des récipiens de verre nets ik foigneufement lavés avec de l'eau diftillée , de les couvrir d'un papier bien net , & de les garder dans une cave jufqu'à ce qu'il fe préfentât une autre occafion de recueillir encore de l'eau , & ainfi de fuite en s'y prenant toujours de la même manière. Par ce moyen continué , je vins à bout de rafïèmbler au-delà de cent mefures, dites iiuanes , dont chacune contient 36 onces, d'une eau de pluye pure, & recueillie avec toutes les précautions que j'ai indiquées , depuis le mois de Décembre 1749 , jufqu'à la mi-Mars 1750. Je choifis cette faifon de l'année , parce qu'alors l'air eft moins rempli d'infeâes , de pouffières & d'autres impuretés , que dans les mois d'été j mais il faut ajouter que pendant ces mois-là il tomba du ciel une plus grande quantité d'eau en pluye qu'en neige. IV. J'eus les mêmes attentions que j'ai rapportées dans le §. précédent, pour ramaiïèr la neige qui devoit fervir à mes expériences , & j'y employai l'hiver de la préfente année 1751 , qui m'a été favorable par la grande quantité de neiges qu'il a fourni. Toutes les fois donc qu'il commençoit à neiger , j'avois tout prêts mes plats de verre toujours lavés d'eau diftillée ; & après avoir attendu qu'il eût neigé environ un demi jour , & par conféquent que la terre fût bien couverte de neige , je faifois expofer ces plats dans l'endroit découvert dont j'ai parlé , d'où on les retiroit au moment que la neige ce'ftbit , pour les bien couvrir & les apporter dans un poêle chaud , afin que la neige fe fondît. L'eau de cette neige fondue étoit foigneufement mife dans des vafes neufs & bien conditionnés , qu'on avoit exaétement lavés d'eau diftillée ; & je la confervois. Je continuai ce travail tant que la faifon de la neige dura , & je vins à bout par ce DES SCIENCES DE BERLIN. 269 moyen de me procurer auffi une quantité d'eau de neige très-pure, qui alloit ^^^^^77 un peu au-dcifiis de cent quartes , ôi que j'eus foin de garder dans une a°^^' , ' cave bien fraiclie. /Innée V. C'eft de cette eau très-pure de neige & de pluye que j'ai fait ufage ' / 5 ' • pour mes expériences , dont je vais à préfcnt rendre compte. Dès que mes cent melures d'eau de pluye furent ramaflces avec tous les foins & toute la circonfpeétion dont j'ai donné le détail , je commençai par les foumcttrc à une douce dillillation , deftinée à féparcr la partie la plus volatile de cette eau, afin de pouvoir enfuite porter mon jugement, ou former mes conjectures fur ce que contenoit cette partie de l'eau qui demeuroit après la distillation. Je remplis donc jufqu'aux trois quans , de mon eau de pluye pure & claire , une grande retorte de verre , dont la capacité étoit de douze quartes , toute neuve , & qui avoit été auparavant bien lavée d'eau diftillée ; je pofai cette retorte dans une coupelle remplie de fable , & j'y adaptai un nouveau récipient , bien lavé & nettoyé auparavant avec la même eau diftillée. Ayant alors mis du feu deflbus , j'entrepris une diftillation fort douce par dégrés, en forte que mon eau ne bouilliflbit point , & qu'il ne tomboit toujours qu'une goutte après l'autre dans le récipient ; & de cette manière enfin , au bout de plufieurs jours , je forçai tant de mon eau à palïèr , que d'environ huit ou neuf mefures que j'avois mifes dans la retorte , lorfque tout fut refroidi , il n'en refta environ que deux mefures. J'ôtai foigneufement le récipient , & je verfai l'eau que j'avois trouvée dans des vafcs bien conditionnés & foigneufement lavés d'eau diflillée. Pour l'eau qui étoit demeurée dans la retorte , & qui étoit comme trouble , j'y verfai de nouveau de mon eau de pluye ramaffée , autant qu'il en falloit ; j'adaptai encore le récipient ; & ayant bien lutté les jointures, je fis une diftillation douce de la manière fufdite, & je continuai de la forte cette afFufion de nouvelle eau de pluye , & la diftillation qui la fuivoit , auflî long-tems qu'il le falloit , jufqu'à ce que toutes mes cent mefures d'eau de pluye réunies infenfiblement dans la retorte , euffent été concentrées par cette voie , & réduites à environ trois mefures. VI. Ces trois mefures qui reftoient étoient troubles , & donnoient un indice manifefte des parties terreftres qui s'y étoient mêlées. Qui auroit pu fe perfuader que dans une eau aulfi pure, auffi claire, & recueillie avec tant de précaution , les parties terreftres duflént fe manifefler d'une manière 31 fenfible ? & c'elt pourtant ce dont l'expérience me convainquit. En eftét, dans le deflèin de concentrer encore davantage l'eau fufdite, je la mis dans de plus petites retortes de verre toutes neuves , & bien lavées aupa- ravant avec l'eau diitiilée. J'eus grand foin de ne rien perdre de mon eau trouble , & ayant adapté un récipient bien net , je continuai à 270 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE i"' ' concentrer cette eau par une diflillation douce , de manière qu'à la fin il 3 OM. l'II. jj)g^ j.g^g q^g jg onces. Alors la diflillation étant achevée , je m'apper(,-us Année ^^^^ j^ liqueur qui reftoit dans la retorte , étoit encore beaucoup plus i 7 5 ^' trouble. Je mis tout ce refte , tel qu'il étoit, en prenant garde de n'en rien perdre, dans un vafe propre aie contenir, & qui avoit un grand orifice, & je le fis évaporer par une chaleur douce , jufqu'à ce qu'il n'en reliât que fix à huit onces. Les fix à huit onces demeurées dans le verre , je les filtrai par le moyen d'un papier à imprimer fort net , à travers lequel i'avois auparavant fait paflèr à diverfes reprifes de l'eau de pluye diftillée bouillante , pour le nettoyer de toute l'ordure qui pouvoit s'y trouver , & je mis en même-tems dans le filtre toute l'eau concentrée par la diflillation , avec la pouffière qui fe trouvoit au fond de cette eau. Après cela , je verfai deffus une petite quantité d'eau diflillée bouillante , pour bien emporter toutes les parties lalines que je foupçonnois s'y trouver , & je l'ajoutai à l'eau filtrée précédente. Après avoir enfuite defléché doucement mon filtre , j'examinai à la balance la pouffière terreflje , blanche & fort fubtile que j'y avois trouvée , & qui rendit exactement cent grains d'une terre blanche tirant fur le jaunâtre & fort fubtile , qui dans toutes les relations & qualités, reflembloit parfaitement à une terre calcaire. VIL A préfent il étoit nécefîàire d'examiner la liqueur que j'avois fait paflèr par le filtre , & qui, bien qu'elle eût été exactement filtrée , ne laiflbit pas d'être feulement à demi tranfparente , & teinte d'une couleur d'opale. Cette terre calcaire que j'ai dit tout à l'heure avoir été recueillie de notre eau de pluye , me fit d'abord naître la penfée , qu'il y avoit néceflàirement un acide fubtil mêlé dans cette eau , puifque c'étoit lui qui devoit avoir diiïbus la terre calcaire. Cela m'engagea à mettre dans ma liqueur filtrée 25330 gouttes d'une folution très-pure de fel de tartre ,• j'expofai enfuite ce mélange à une chaleur douce , & le laillài évaporer jufqu'à ce qu'il ne reflât qu'environ quatre onces. Pendant l'évaporation , il fe précipita encore un peu de terre blanchâtre au fond du vafe ; je la filtrai par un papier brouillard fort net , & je trouvai encore dans le filtre quelques grains de terre calcaire. En faifant évaporer ultérieurement cette liqueur filtrée , je la difpofai à la cryftallifation j & au bout de quelque tems j'en tirai un vrai fel en forme de petites picques , tout-à-fait femblables au nître , & même à la fin quelques cryftaux cubiques , qui ne difFéroient en rien du fel commun de cuifine. Ces deux fels pefoient feulement quelques grains , & ils étoient d'une couleur brunâtre; indice clair que mon eau , malgré toutes les précautions que j'avois prifes pour la recueillir, étoit cependant encore mêlée de particules huilcufes & vifqueufes ; ce qui ne pouvoit guère être autrement , puifque notre air, en toute faifon de l'année , eft abondam- ment rempli de diverfes exhalaifons , comme les pluyes du printems & de . l'été le font très-fouvent connoitre parleur feule odeur. iOM. VU. DES SCIENCES DE BERLIN. 171 VIII. Comme j'avois encore de refte ij à 20 mefures environ de mon eau de pluyc recueillie très-pure , j'en concentrai par la diftillation i j ij"^" '^J^' mefures de la manière que j'ai indiquée §. V. & VI. jufqu'à ce qu'il n'en ■" ^' ^ ^' ^ rclliit que quelques onces , que je tîltrai cnfuite ; je mêlai cette liqueur '75'* liltrée avec diverfes folutions métalliques , & les précipitations fuivantes me donnèrent tout lieu de conjecturer la préfence de l'acide du fel commun. En effet , les folutions d'argent , de mercure & de plomb , faites dans l'acide du nitre, furent précipitées par cette liqueur filtrée, & le précipité blanc fe portoit au fond. Je remarquai fur-tout que la précipi- tation fe faifoit dans la folution d'argent , avec plus de force que dans toutes les autres. Mais il eft nécedàire de ne prendre qu'une très-petite quantité de ces folutions métalliques , & d'y verfcr abondamment de l'eau de plnye concentrée ; autrement on pourroit à peine remarquer la préci- pitation , parce qu'il ne s'y trouve que très-peu d'acide de fel , comme on l'a déjà vu dans le paragraphe précèdent. IX. Les parties falincs & terreftres , qui font contenues dans l'eau de pluye , recueillie très-pure , & dont j'ai fait mention dans le §. VU. fe découvrent afléz manifeftement , fi l'on fait pourrir l'eau de pluye en l'expofant à la chaleur du foleil. Je mis pour cet effet quelques mefures de inon eau de pluye , recueillie très-pure , dans un vafe parfaitement net , & bien lavé avec de l'eau , que je pouvois boucher , & qui tenoit environ trois mefures. Je fermai bien ce vafe avec un papier brouillard bien net , en forte qu'il y avoit paflàge pour l'air , mais qu'aucune pouflière ni infede n'y pouvoient tomber j je couvris aufli le cou du verre d'un autre verre , de peur que le papier brouillard ne fe mouillât au cas qu'il furvint de la pluye. Cela fait , je pofai ce verre dans un lieu où les rayons du foleil donnoient librement au moins quatre ou cinq heures de la journée , d'une manière qui en permettoit l'adion & la réaétion. Je l'y lailfài pendant les mois de Mai , Juin , Juillet , Août , juil|u'à la moitié de Septembre de l'année 1752 , pendant lefquels mois il lit un tems affèz chaud. Dans les commcncemens je n'obfervai aucun changement remarquable , mais au bout d'un mois , j'apperçus un mouveirent intérieur , & de l'agitation : il s'élevoit de petites bulles , & on voyoit un limon verdâtre , allez femblaiile à celui qui couvre la furface de l'eau lorfqu'on dit qu'elle fleurit. Ce limon s'augmentoit de plus en plus , & s'attach.oit enfin en partie au fond , en partie aux côtés du vafe. Si donc les parties de notre eau de pluye étoient exemptes de mélange , & fur-tout que cette eau ne contint point de parties mucilagineufo$ & huilcufes , il n'y feroit arrivé aucune putrj^faiftion. M^iis la lenteur avec laque'le cette ; ut cfaition arrive , en comparaifon de celle qu'éprouvent d'autres eaux j lus impures , vient de ce qu'il ne s'y trouve qu'une uès-petite quantité des paides 272 MÉMOIRES DE VACADEMIE ROYALE ^? fufdltes j car l'eau poufïèe par la concentration de la même eau de pluye ~f^' : faite en diftillant , §. V. , ayant été pareillement expofée à une égale ANNEE chaleur du foleil , ne laifiTa pas appercevoir le moindre mouvement , bien ^75^' loin d'éprouver la putrefaiSion & la féparation des parties terrellres. X. Je paiîè à l'examen de l'eau de neige , recueillie comme il a été dit §. IV. Je procédai fur cent mefures de cette eau, infenfiblement & par dégrés , de la même manière précifément que fur l'eau de pluye , §, V. VIII. , c'eft-à-dire , que je concentrai mon eau de neige par la diflil- lation j lorfqu'elle fut concentrée , & alors trouble , je la filtrai , & après l'excication dans le filtre , mes cent mefures d'eau de neige me donnèrent 60 grains d'une véritable terre calcaire. Quant à la liqueur qui avolt paffé par le filtre , & qui , bien qu'elle eût été exaftement filtrée , étoit cependant teinte d'une couleur d'opale , & n'avoit pas une parfaite tranfparence ; je la mêlai avec cinq gouttes d'une folution de fel de tartre très-pure , & après avoir foigneufement obfervé toutes les circonftan- ces rapportées au §. VII. j'en tirai de même quelques grains de fel , qui tenoit plutôt du fel de cuiline que du fel nîtreux ; en quoi il difïeroit du fel extrait de l'eau de pluye , lequel avoit plus de rapport avec le nître. Toute la différence donc entre l'eau de pluye & l'eau de neige n'efi d'aucune importance , & fe réduit à ce que l'acide de l'eau de pluye eft plus nîtreux , & qu'elle renferme plus de terre calcaire , au lieu que l'eau de neige a plutôt un acide falin que nîtreux , & contient une moindre quantité de terre calcaire. Au refte , le peu de fel que j'avois tiré de l'eau de neige étoit pareillement d'une couleur brunâtre 5 ce qui efi un indice qu'il s'y trouve auffi des parties mucilagineufes & huileufes. Ayant expofé mon eau de neige à la chaleur du foleil pendant l'été de cette année , il lui arriva exaâement les mêmes accidens qu'à l'eau de pluye , & elle vint auffi à putrefaâion , §. IX. Je concentrai encore ce qui me reftoit des cent mefures d'eau , & elle précipita alors les mêmes folutions de métaux , dont j'ai parlé au §. VIII. XI. Les expériences dont je viens de faire le détail , me procuroient à la vérité une parfaite conviétion , que l'eau de pluye , & de neige , même la plus pure , contenoit , outre des parties fubtiles mucilagineufes & huileufes , & un peu d'acide , une certaine terre auffi , qui avoit une extrême refïèmblance avec la terre calcaire. Auffi n'eff-il pas dif- ficile de comprendre , que les exhalaifons aqueufes , mêlées avec un acide fubtil du nître & du fel , en quelque petite quantité que ce foit , peuvent dillôudre cette pouffière calcaire , qui efl le plus fouvent dans l'air , & qui fe détache des vieux édifices ruinés , & d'autres endroits femblables. Il en réfulte une efpèce de folution calcaire très-déliée , formée par le mélange de quantité de vapeurs aqueufes , qui s'élève plus haut dans l'air , DES SCIENCES DE BERLIN. 273 & fê raiïèmble dans les nuées ; d'où lorfqu'il vient à pleuvoir ou à neiger, r^^ f elle peut retomber comme une folution calcaire extrêmement déliée. J^'^' Cependant il m'a paru furprenant que l'eau même que j'avois pouflTée •" "*' ^ * en la dirtillant dans la concentration de l'eau de neige & de pluye , '75'» contint encore des parties terrcllres. Les expériences fuivantes vont confirmer la vérité de mon alTcrtion. XII. Bonichius , dans fon livre fur la fagejfe de Mercure Cf des Egyptiens , fait déjà mention de la terre cachée dans l'eau diflijlée , & il alTiire , pag. 397. que l'eau la plus claire , quand même on l'auroit délivrée de fes impuretés par dix diftillations , en réitérant fouvent la diftillation dans de nouveaux vafes de verre , peut être changée en une terre fixe & inlipide. Mais cet Auteur n'a point indiqué le poids de la terre produite par cette voie ; encore moins a-t-il enfeigné de quelle nature ^elle étoit. J'avoue néanmoins que cette expérience m'a paru d'une fi grande importance , que je n'ai pu m'empêcher d'en faire moi-même l'elïài : & après avoir rempli mon plan , il ne m'eft refté aucun doute fur /Ja vérité du réfultat. J'ai repris pour cet effet deux mefures de mon eau de pluye diftillée , §. V ^ je les ai fait de nouveau diftiller doucement d'une retorte de verre très-nette , dans un récipient neuf , net , & bien lavé avec de l'eau diftillée , & j'ai forcé l'eau à pailèr à travers le récipient bien lutté , jufqu'à ce qu'elle fût réduite environ à trois onces ; ce qui étant fait , j'obiérvai que ces trois onces qui rcfloient , étoient tout-à-fait troubles , & qu'il y avoit au fond un peu de terre blanchâtre. Ayant enfuite bien remué cette liqueur trouble qui étoit refiée dans la retorte, je la mis dans un filtre ; je verfai derechef dans la retorte une certaine quantité d'eau filtrée , afin d'en tirer abfolument tout ce qu'il y avoit de terreftre ; je la remuai bien & je la verfai dans le filtre fur la précédente. Lorfque toute l'eau fut écoulée , je delîéchai la terre que j'avois recouvrée dans le filtre , & j'en trouvai un quart de grain , dont la couleur étoit d'un jaune rougeâtre , & paroifïbit jetter quelque éclat j je remis mon eau diffillée dans une retorte neuve , nette , & bien lavée d'eau diftillée ; & ayant adapté le récipient je réitérai la difiillation , jufqu'à ce qu'il ne relta de nouveau que trois onces ; ce qui étant fait , je m'apperçus que l'eau qui me relloit étoit trouble ; je la filtrai enfuite , je recueillis la terre demeurée dans le filtre , je la fis fécher , je la péfai, & j'eus cette fois un demi grain d'une terre femblable à la précédente. Je diftlllai d'une nouvelle retorte de verre , cette eau que j'avois fait palTèr par la diftillation , je recueillis la terre , je la fis fécher , & j'en eus un grain & un 8" : cette terre , comme la précédente , brilloit , & elle avoit un peu de blancheur. Je repris l'eau qui avoit été poullce par la diftillation , & je réitérai pour la 4" fois l'opération fufdite dans de Mra Î74 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROVALE "^j^ nouveaux vafes de verre ; ce qui étant fait j'eus encore un grain & lOM.l^^. ^^^ ge jg femblable terre, qui furpafibit en blancheur la précédente. Je i" ^ ^ procédai à un cinquième travail , qui me produifît encore un grain de terre ' ' pareiOe à la précédente ^ & je continuai ainfi régulièrement l'opération jufqu'à 1 2 fois ; en forte que toutes ces opérations étant achevées , j'avois ratïèmblé une fomme totale d'environ neuf à dix grains d'une terre qui , autant que j'en puis juger jufqu'à préfent , a beaucoup de refïèmblance avec la terre calcaire , tout comme celle que j'avois tirée de l'eau de pluye ëi de l'eau de neige , fuivant ce qui a été dit §§. VI. & X. En eftét , elle entre dans une efFervefcence manifefte avec l'acide du nître , & fur-tout fî elle a fouffert auparavant quelque calcination , elle dégage la partie urineufe du fel ammoniac ; mais la trop petite quantité de cette terre ne me permit pas de la foumettre à autant d'épreuves que j'aurois fouhaité. Ayant cependant remarqué qu'elle n'étoit pas parfaitement difToute par^ l'acide du nître , je n'oferois non plus dire avec confiance , que ce foit une terre calcaire parfaite , jufqu'à ce qu'en ayant ramaffé une plus grande quantité , je puifïè entreprendre une fuite plus exafte d'épreuves. Mais comme ces eaux ne fe recueillent que lentement , ainfi qu'on peut en juger par le récit ci-deffus , j'efpére qu'on voudra bien attendre que j'aye trouvé le tems nécefTaire pour cela ; en attendant je ne doute néanmoins pas que cette terre ne conferve toujours une grande reflemblance avec la terre calcaire. XIII. Quant au refte , tout ce que j'ai dit dans le paragraphe précédent de l'eau de pluye diftillée , je puis l'aflErmer de même de l'eau de neige diftillée. En effet , les opérations femblables aux précédentes , entreprifes fur cette eau , ont fourni auffi les mêmes produits. Cette pouffière exiltante dans l'air du laboratoire , que M. Boerhaave croit- être la caufe de cet effet , ne me paroît y entrer pour rien ; car après chaque diflillation mon eau s'efl toujours trouvée pure & claire dans ie récipient , & pourtant il auroit fallu nécefTairement que j'y remarquaflè quelque pouffière, parce que les parties terreftres fe portent volontiers dans l'eau vers le fonds. De plus , la terre recueillie de mon eau n'auroit pas aflTurement été blanche, comme elle le paroît ^ mais à caufe de la pouffière fubtile du charbon , qui voltige toujours dans le laboratoire , fi elle n'avoit pas été noire , au moins auroit-elle été grisâtre. XIV. C'efl une opinion répandue , que l'eau , fur-tout de neige , lorfqu'on s'en lave , rend la peau plus douce & plus nette. Je ne vois d'autre raifon de cet effet à alléguer , finonuque cette eau , non-feulement à caufe de fa pureté , ( car elle ne charrie pas tant de particules terreftres & groffières que les autres eaux , fur-tout celles de fource , ) eft plus propre à emporter la faleté de la peau qu'elle diflbut , mais auffi qu'elle lailïè DES SCIENCES DE BERLIN. 275 dans les petits pores de la peau , en s'y deiïèchant , l'cfpèce de terre 7-' 'prf brillante qu'elle contient, & qu'ainfi, comme une efpécc de fard , cette J*^^' j pouflière ilibtile prend fur la peau la place des ordures qui s'y trouvoient. "■ ^ ^ ^ ^ On pourroit peut-être même mettre en qucftion , fi l'eau de neige & de ^ 7 5 '■» pluye , la plus pure , & après avoir été dillillée , ne produiroit pas encore mieux cet effet ? On comprend encore aifément , que les légumes , comme les pois, les fèves, les lentilles , & autres femblables , s'amollifïènt plutôt dans de femblables eaux , qui contiennent peu de terre , parce que les eaux qu'on appelle dures , étant remplies d'une beaucoup plus grande quantité de parties terreftres , ne peuvent , à caufe de cela , pénétrer fi bien les légumes ; outre qu'en cuifant , un peu de terre fe fépare toujours de cette eau , & va s'attacher à la furface des légumes ; de façon que le refte de l'eau ne peut pas s'y infinuer auffi promptcment .que cela arrive dans les eaux qui contiennent une moindre quantité de terre , telles que font celles de pluye , de neige & de rivière Ce que nous avons rapporté jufqu'ici , fait afïèz connoître que les eaux qui palîent ordinairement pour les plus pures , ne font point parfaitement exemptes de particules hétérogènes , & fur-tout de parties terreil:res j bien plus , que les eaux mêmes qu'on a très-fouvent diflillées , confervent toujours quelques parties terreflres , quoiqu'en très • petite quantité. Cependant j'ai reconnu que les eaux de fources , ou de puits que nous avons dans cette ville, font beaucoup plus impures, & mêlées de plus de parties hétérogènes 5 & fuivant les difFérens quartiers de cette grande ville , où ces fources exiftent , j'ai découvert auffi diverfes proportions des parties hétérogènes. Je crois qu'on fera bien aife que j'en rende compte ici, parce que non-feulement l'eau ert devenue à préfent une boilTbn plus commune que jamais, mais auffi parce qu'elle eft le premier ingrédient de nos autres boiflbns ordinaires , en particulier de la bière dont on ne fçauroit exécuter la préparation fans le fecours de l'eau , pour ne pas parler de la grande quantité d'eau que l'on emploie à tant d'autres chofes nécefTaires , par exemple , à préparer les alimens , &c. il efl: donc très-important d'acquérir une connoiffânce exafte de cette liqueur , dont la néceffité eft fi grande & qui fert à tant de befoins de notre vie que nous ne pouvons nous en paflèr. Et quoiqu'il ne foit pas poffible de fe mettre tout à la fois au fait des diverfes parties que les eaux de tous les quartiers de cette ville renferment , cependant le moyen dont je me fuis fervi pour l'examen d'une femblable eau , pourra fervir de règle aflTurée à ceux qui voudront en fait^ de même à l'égard des autres. Ce moyen eft certainement le meilleur de tous , & le plus naturel ; & c'eft aufii celui dont j'ai fait ufage fur l'eau de pluye & de neige ; car les épreuves hydrométriques ne fçauroient indiquer que la péfanteur & la légèreté M m ij ■^^(, MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE ~ de l'eau , fans découvrir d'une manière fur laquelle nous puiffions faire loM. VU. ^^ fonds indubitable , combien de terre & de fel fe trouvent dans une Année pareille eau , beaucoup moins de quelle nature font cette terre & ce fel. ^75^' XVI. A l'égard des épreuves chimiques ufitées , qui fe font par le moyen de l'Iiuile de tartre par défaillance , & des folutions des métaux, comme de l'argent , du plomb , &c. elles font bien un peu plus propres à indiquer les chofes que l'eau contient , mais cela ne s'étend pourtant pas à toutes , & beaucoup moins à déterminer la quantité de chacune des matières contenues. Nous n'en pouvons en effet recueillir que ce qui concerne les qualités & les relations que de telles eaux ont avec les folutions des métaux , & d'autres liqueurs de ce genre ; par exemple , fi dans une quantité d'eau je mets quelques gouttes de folution d'argent , & que mon eau renferme un fel commun , ou un fel moyen vitriolique , tel que feroit quelque fel reflèmblant au fel admirable ; alors mon eau , ^ foit qu'un fel commun , ou quelqu'autre fel moyen vitriolique s'y trouve mêlé , éprouvera toujours une précipitation par le moyen de la folution d'argent ; car cet acide , qui exiite dans de pareils fels , s'attaquera au métal , & gagnera toujours avec lui le fonds du vafe , en forme de précipité blanc. Puis-je de-la , fans examiner davantage ce précipité , conjefturer d'une manière certaine , de quelle nature eft ce fel que mon eau renfermoit ? Nullement ; mais il eft néceflfaire d'éprouver encore ce précipité par des opérations chimiques. Et comment découvriroit-on la vérité, fi le fel commun avoit exifté dans une telle eau conjointement avec un fel moyen vitriolique , compofé de l'acide du vitriol , & de la terre alcaline du fel commun , tels que font la plupart des fels des fontaines médicinales 5 comment , dis-je , les feules précipitations nous fourniroient- elles quelques connoiflànces certaines à cet égard ? Mais quand même la chofe feroit poflible , ( car à force de travail on pourroit y parvenir , ) comment déterminer la quantité , foit de fel commun encore entier qui fe trouvoit dans une telle eau , foit celle du fel moyen vitriolique dont j'ai parlé , puifqu'il n'y a que l'acide feul qui s'attache au métal ? De plus , outre les fels fufdits , ne peut-il pas s'en trouver encore d'autres efpèces dans mon eau ? Il en eft de même de l'épreuve qui a lieu , lorfque les eaux étant examinées par le moyen d'une folution de fel alcali fixe , c'eft-à-dire , de bonne huile de tartre par défaillance , dans une livre , ou une mefure de cette eau , on fait tomber infenfiblement des gouttes d'une femblable liqueur alcaline , en continuant tant qu'il fe précipite quelque chofe de l'eau. 11 eft bien trai qu'on pourroit pouffer plus loin l'examen de cette terre précipitée , en la recueillant , l'édulcorant avec l'eau , ia faifant fécher , & la péfant ^ ce qui étant fait , on connoît les parties terreftres que cette eau contenoit. Mais en y verfant une DES SCIENCES DE BERLIN. 277 femblable folution de fel alcali fixe , s'il fe trouve deux fortes de terres . ~? mêlées dans cette eau , l'une ou l'autre ne peut-elle pas être convertie ik . ' ' , ' changer de genre ? On peut voir là-dcfTiis le §. VIII. de mon Mémoire fur les parties qui coniUtuent cette forte de pierres , lefquelles étant ' ^ * calcinées par le moyen des charbons , acquièrent la force d'emprunter de la lumière de celle à laquelle on les expofe. Et même , le mélange naturel & effèntiel de ces fels , contenus dans de femblables eaux , ne pourroit-il pas être changé par ce moyen ? Cela n'empêche pas pourtant que des épreuves de ce genre ne confervent toujours leur prix. XVII. Pour ne pas infilter davantage fur ce fujet , je viens à la recherche de nos eaux de puits de Berlin ; & entre trois de ces eaux que j'ai examinées chimiquement, je commencerai parcelle du Château. La pompe d'où l'on tire cette eau , ell fituée dans la première cour, à droite du premier portail de ce qu'on appelle le vieux Château ; l'eau eli très-belle & très- claire , & le bruit commun , établi depuis long-tems fur un confentement unanime , c'eft qu'elle eft excellente à boire. J'en ai pris cent quartes , que j'ai fait dilliller doucement , fuivant la méthode du §. V. dans une retorte de verre , neuve & très-nette , & je l'ai concentrée ainfi d'une manière infenfible , jufqu'à ce qu'il ne foit refté qu'environ deux mefures dans la retorte. En diilillant , mon eau fe troubloit de plus en plus : & tout l'ouvrage étant fini, dans les deux mefures qui relièrent dans la retorte des cent que j'avois employées , je trouvai une quantité aflcz conlîdérable de parties terreftres placées au fond. Je mis tout cela , après l'avoir aupa- ravant bien remué , dans un filtre de papier brouillard , & je lavai exadement la matière terreftre qui étoit reliée dans la retorte avec la liqueur claire & tirant fur le jaunâtre , qui étoit paflée à travers le filtre ; puis je l'ajoutai à la terre déjà recueillie dans le filtre , fur laquelle je verfai alors de l'eau dilHUée chaude , afin de bien emporter tout ce qu'il y avoit de foluble dans cette terre. Quand cette eau eut paffé par le filtre , je l'ajoutai à la liqueur claire & jaunâtre de la première fikration ; je fis enfuite fécher ma terre demeurée dans le filtre, je la pefai, & j'eus une once , deux dragmes & quinze grains de terre blanche , qui ayant paffé par toutes les épreuves rapportées ci - delTùs , parolt une terre calcaire ordinaire. Après cela, j'ai aufli concentré par une dillillation ultérieure , la liqueur claire fus-mentionnée , qui avoit traverfé le filtre , en forte qu'il n'en demeura qu'environ lîx onces dans la retorte. Il fe fit ici une nouvelle précipitation d'un peu de terre , & la liqueur devint trouble. Quand j'eus verfé le tout bien exaftement de la retone en le fécouant dans un petit verre -à large orifice , je fis évaporer ultérieurement cette liqueur à une chaleur douce , jufqu'à ce qu'il n'en relia que deux onces dans le verre j ce qui étant fait , je filtrai bien par un papier brouillard ma liqueur , J78 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROVALE qui étoit déjà plus jaune , j'édulcorai avec de l'eau diftillée bouillante la terre ToM. VIL qui étoit demeurée dans le filtre , & j'ajoutai cette eau à la liqueur déjà Année git^ée auparavant ; je fis fécher la terre demeurée dans le filtre , & j'eus * 75 '• de cette manière fept grains d'une terre tendre & blanche , qui n'entroit point en efFervefcence a/ec l'eau -forte , & n'avoit aucune des propriétés de la terre calcaire , mais relTèmbloit plutôt à une terre gipfeufe. XVUI. Je m'occupai après cela de l'examen de la liqueur qui avoit traverfé le filtre. Pour cet effet , j'en procurai doucement une évaporation ultérieure , jufqu'à ce qu'il n'en refta qu'environ une demi once ; ce qui étant fait , je l'expofai à la cryftallifation , & j'en tirai un fel cubique cryflallin d'un jaune alïèz foncé. Continuant la cryftallifation , j'eus encore davantage de ce fel , qui à la fin me paroilïbit pourtant fouffrir quelque altération , les cryftaux oblongs qui s'y trouvoient entremêlés fe montrant femblables à du nître. Ce travail étant enfin achevé, j'eus deux dragmes ■• tij-ai Je j-gs cent mefures d'eau , fept dragmes & vingt grains de terre calcaire qui s'étoit féparée pendant cette diltillation ^ trois dragmes iSc demie de terre gipfeufe , qui s'étoit encore féparée dans l'évaporation du liquide reliant ; une dragme & demie de vrai nître pur , qui rellèmbloit à de petites piques oblongues ; trois dragmes de fel commun de cuifine, mêlé pourtant encore de quelques parties de n'tre , qui ne fçauroient en être pleinement & parfaitement détachées 5 enfin , 40 grains d'une vraie leffive de nitre qui demeura la dernière & refufa de fe mettre en cryftaux. Voilà donc encore une fource qui dépofe l'exiflence d'un vrai & pur nître dans l'eau ; & celle de cette dernière fource en contient plus que l'eau de la pompe fituée dans la première cour du Château , dont je n'ai pu féparer que huit grains de nître. XXIII. A préfent je palïè à l'examen d'une fource vive , qui eft hors de Berlin , & qui palîè dans l'efprit de bien des gens du peuple pour une fource médicinale. Cette fource eft environ à un demi mille de la Capitale , auprès d'un moulin à papier , fur la petite rivière nommée la Puncke , dans une contrée médiocrement agréable Ôc un peu marécageufe 9 elle fort par un fimple petit tuyau de bois , d'où une eau très-claire coule avec allez de force. J'entrepris l'examen chimique de cette eau dans la faifon de l'année la plus convenable , pendant les mois de Juillet & d'Août de cette année 1752. Lorfque je me rendis à cette fource , je me chargeai d'un verre exaâement net , & d'une quantité de noix de galle de Turquie pilées : & étant arri\fé au lieu même, après avoir confîdéré la fituation de cette fource &. la contrée qui l'environne , je remplis mon verre d'eau de la fource , après l'avoir bien rincé auparavant avec la même eau. En goûtant cette eau , je trouvai qu'elle imprimoit à la langue une faveur martiale , quoique fort foible ; & ayant jette quelques grains de mes noix de galle pilées dans mon verre plein d'eau , j'apperçus d'abord une couleur rougeâtre fort pâle , & telle qu'elle paroît dans l'eau d'Egre fort foible , fi on y met auffi de la noix de galle. Je fus pleinement afiFermi par-là dans l'idée qu'il y a dans cette fource un vrai principe martial , quoiqu'en fort petite quantité ; mais cela parut encore bien mieux par le limon jaunâtre qui fe manifefta quand l'eau eut repofé pendant environ 24 heures dans un vafe de verre pas trop exaétement bouché. J'eus donc auffi tôt foin de me faire apporter une certaine quantité de l'eau de cette fource par un homme d'une fidélité alîiarée , & qui en retournoit chercher toutes les fois que j'en avois befoin , la mettant dans des vafes de terre bien nets , & l'apportant dans les mêmes vaies bouchés avec tout le foin DES SCIENCES DE BERLIN. 281 foin poffiblc. Je concentrai cette eau par la diftillation de la manière fouvent ^^ ' '■ indiquée , & après avoir procédé peu-à-peu & par dégrés fur cent mefures ^°^' '^^^• de l'eau de cette fource , comme j'avois fait fur les eaux précédentes ^ ^ N É e j'en tirai cinq dragmes & demie de terre calcaire , & environ quatre '75 1» grains de terre gipfeufe. Quant aux fels , je ne pus en féparer qu'une demi dragme de fel moyen , femblable en toute chofe au fel admirable de Glauber , ou au fel d'Egrc. Ainfl , quoique l'eau de cette fource foit tout-à-fait foible & délayée , en tant qu'eau minérale ou médicinale , on pourroit cependant mettre en qucftion , fi en empêchant que les autres fources non martiales qui fe trouvent dans cette contrée ne s'y mêlent , elle ne pourroit point devenir plus chargée & plus efficace. En attendant , l'examen que j'en ai fait, montre alTez que l'eau dont il s'agit renferme les parties efficaces des eaux minérales & médicinales , quoiqu'en fort petite quantité. XXIV. Outre tout cela , je fuis redevable à M. le Comte Algarotti , Chambellan du Roi , de l'eau d'une fource de l'otfdam , qui eit fituée , à ce qu'on m'a dit , derrière la braflèrie Royale , auprès du grand chemin , dans un jardin entouré de paliiïàdes. Ayant donc eu en ma difpofition une quantité fuffifante de cette eau , j'ai fait les expériences fufdites ; & cent mefures m'ont donné fîx dragmes & vingt-quatre grains de terre calcaire , deux dragmes & quelques grains de fel commun de cuiffne , & quelques grains d'un fel qu'on pourroit aifément fondre par le moyen d'un chalu- meau ( Lothrolir^en , ) au-deffiis des charbons , & qui avoit allez les apparen- ces d'un fel de fontaine médicinale , ou du fel admirable de Glauber. Pour de la terre gipfeufe , je n'ai pas pu en découvrir dans cette eau. Le tems ne m'a pas permis d'examiner jufqu'ici un plus grand nombre d'eaux, parce que cette entreprife demande beaucoup de loifir & de peine; mais fi l'occafion s'en préfentoit , & qu'on m'indiquât encore quelque fource qui eût des fingularités remarquables , je me referve de continuer de femblables obfervations , & d'indiquer les parties contenues dans ces eaux , qui peuvent en être féparées. XXV. Il refte encore à confîdérer un peu plus attentivement les terres calcaires précipitées dans les eaux fufdites pendant le cours de la diftil- lation , & recueillies féparement de chacune de ces eaux. Que ces terres foient d'une nature calcaire , c'eft ce qui eft évident , & dont l'œil même peut juger ; car elles montrent toutes les marques caraâèriftiques , pro- priétés & relations que pofléde la pierre ordinaire de chaux ; fur-tout elles entrent en effervefcence avec l'acide du nître , & il les diflbut. La folution qui en provient , après avoir été filtrée , peut au.Ti être précipitée fur le champ en y verfant de l'efprit de vitriol. De plus , ces terres , quand on les embrafe auparavant , & qu'enfuite on les pile au monier avec du fel Nn 282 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ~z ammoniac , dégagent de celui-ci un fel volatil urineux :, elles donnent J OM. I II. ^^,^e alors de la caufticité au fel alcali fixe des végétaux , & mettent A N N E E ^^ folution le foufre commun par la co£lion avec l'eau. Pour abréger , ^75^' ^.£5 terres ont toutes les qualités & propriétés d'une terre calcaire, quoi- qu'elles m'aient paru encore mêlées de quelques particules martiales ^ & voici comment il m'eft arrivé de découvrir ces particules cachées dans les terres fufdites. XXVI. Comme c'eft une chofe reconnue & inconteftable, que ce qu'on appelle bleu de Prujfc doit principalement fa coLileur au fer , je ne doutai pas un moment que je ne pulïé découvrir heureufement les particules martiales entremêlées dans les terres calcaires que j'avois tirées de mes eaux , en me fervant pour cet effet d'une leffive de fel alcalin , calciné auparavant avec du fang defïèché : leflive dont j'ai déjà enfeigné la prépara- tion dans le premier to.me de nos Mémoires. Mais il étoit néceiîàire de combiner préalablement avec ces terres calcaires un acide qui en fe joignant intimement avec elles, les rendît plus difficiles à diiTôudre; & il ne me parut pas qu'il y en eût de plus propre pour cet effet que l'acide vitriolique , lequel -■ attaque la terre calcaire & s'unit avec elle , mais enfuite rend la folution de cette terre dans l'eau très-difficile. Cependant , fi on y verfe abon- damment de l'acide vitriolique , il en tire les parties martiales cachées dans la terre ^ & alors on peut s'en fervir comme d'une folution de fer dans l'acide vitriolique , la faire écouler , la filtrer , & enfin la foumettre aux expériences par le moyen de la leffive de fel alcalin , calciné avec le fang. XXVII. Je pris donc une dragme de chacune des terres calcaires que î'avois tirées de mes différentes eaux de la manière fufdite , &. je calcinai chacune à part fous la machine qu'on nomme vulgairement mouffle , pour obliger les particules huileufes qui pourroient être encore adhérentes a cette terre , d'en fortir. Je ne remarquai aucun changement fcnfible de couleur dans ces terres , feulement elles blanchirent toutes , & l'une d'en- tr'elles étoit un peu plus blanche que les autres. Cela fait , je mis chacune de ces terres calcinées dans des verres à grand orifice , dits -{uchcr-glafer , & j'y verfai de bon efprit de vitriol , préparé par le mélange de trois parties d'eau diftillée , & d'une partie d'huile de vitriol d'une bonne forte ; de manière que cette liqueur furnâgeoit de deux travers de doigt ; je fis repofer chaque mélange pendant environ une heure , je filtrai enfuite chacun à part dans un verre bien net , & je fis les obfervations fuivantes. En faifant couler goutte à goutte , d'une manière lente & infenfible , une quantité afléz confidérable de la leffive fufdite préparée du fel akalin avec le fang calciné , fur chacune des matières filtrées que j'avois extraites par le moyen de l'efprit de vitriol , des terres calcaires féparées des eaux , j« remarquai: DES SCIENCES DE BERLIN. 283 I^Que l'extrait de la terre calcaire, tirée de l'eau de la pompe delà ; '= première cour du Château , prenoir une couleur bleuâtre lorfquc j'y mêlois '^^^' ^^^' la leffive fufditc , & laiflbit tomber à la lîn quelque précipité bleu au fond "^ ^ ^ ^ * du vafe. i 7 5 i' 1°. La même chofe arrivoit , avec plus de force encore , à l'extrait de la terre tirée de la pompe fituée au coin de la rue Scliuflcr-Gafgcn , mais au contraire , 3°. Il ne fe manifefta rien de femblable à l'extrait de la terre calcaire qu'avoit fourni l'eau de notre maifon. 4°. Celui de l'eau de rivière , mêlé comme les précédentes avec ma lelïïve alcaline , laiflà tomber plus de précipité bleu que tous les autres. $°. Celui de l'eau de la féconde cour du Château , auprès du corps de garde , produifit les mêmes effets que celui de la première cour , ne laiflànt aller au fond du vafe que fort peu de précipité bleu. Au contr^re 6". Celui de l'eau de la fource médicinale , fituée auprès du moulin à papier , donna le précipité bleu le plus copieux de tous , & c'eft ce que j'avois bien pu conjeÛurer d'avance par les parties martiales qui s'étoient manifeftées dans l'eau même lorfque j'y avois jette la noix de galle pilée. 7". Enfin , l'extrait de la terre féparée de l'eau de la fource de Potfdam, eut auffi quelques vefiiges de particules martiales , en le foumettant à l'épreuve rapportée ci-deflijs. Mais une chofe que peu de gens trouveront peut-être croyable , c'eft que dans les terres les plus déliées que j'avois recueillies de l'eau diftillée de pluyc & de neige , il s'eft auffi trouvé quelque léger indice de parties martiales. XXV III. Les obfervations que je viens de rapporter me firent naître l'idée, que d'autres matières , ou d'autres genres de terre , fi l'on procédoit de même à leur égard , découvriroient peut être leurs parties martiales. C'eft ce qui m'engagea à calciner premièrement les matières que je vais indiquer, enfuite à en faire l'extraâion par l'efprit de vitriol , & enfin à eiïàyer avec ma leffive alcaline ces extraits auparavant filtrés. Ces matières étoient donc : 1. De la pierre de chaux de RudcrfJorff. 2. Du Spath calcaire à demi tranfparent. 3 . Une pierre de la veffie humaine , calcinée auparavant pendant long-tems. 4. Des os de brebis. $. Du crâne humain. Toutes ces matières , après avoir palïé par les épreuves fufdites , ont fourni un précipité bleu , fur-tout l'extrait de la pierre de chaux de RudcrfJorff, au lieu que le crâne humain en a le moins donné. 6. 7. Des coraux rouges & des coraux blancs. Les coraux rouges ont fourni plus de précipité bleu que les blancs N n ij 284 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE =7=^= 8. Des pierres de carpes , & loM. y 11. ç_ Ujjg pierre tirée d'un fiel de bœuf, ont à peine donné quelque Année i„jj[j-g obfervable de mélange martial. ^75^' i[ m'eft encore venu dans relprit de faire les mêmes épreuves fur les corps fuivans , pour juger s'ils renfermoient des parties martiales , mais fans avoir pu y rien découvrir. Ces corps étoient , 1. Du Jtaldciite de la grotte de Baumann. 2. De la dent de baleine. 3. Des mâchoires de brochet. 4. Des dents de fanglier. 5. Des écailles d'huître, ! 6. De la nacre de perles. 7. Des perles occidentales. 8. De l'ivoire. 9. De la corne de cerf. 10. Des coquilles d'œuf. 1 1 . Des pierres d'écreviflès. 12. Des coquilles de cancres de mer. 13. Des pierres de perches. Toutes ces matières ayant été auparavant calcinées jufqu'à blancheur ; ne manifefterent quoi que ce foit de martial. XXIX. Enfin , à cette occafion , la pierre des bains de Carlsbad me tomba dans l'efprit , comme une terre qui avoit été auparavant diîîbute dans l'eau ; & en ayant quatre fortes en ma puifïànce , je pris une certaine quantité de chaque forte , je calcinai ces portions féparément , je verfai deffus de l'efprit de vitriol , & je paflài à l'eflài par le moyen de la leffive fufdite ; ce qui étant fait , je reconnus qu'il s'y trouvoit auffi des particules martiales : car , 1. L'extrait de la pierre blanche , compacte & rayée des eaux de Carlsbad , après que j'y eus verfé ma leffive alcaline , montra dans la pré- cipitation une couleur foible à la vérité , mais cependant bleue. 2. La même chofe eft arrivée , en procédant d'une manière femblable fur la pierre de Carlsbad , dite pifolithos. 3. Une autre efpèce de pierre fpongieufe, & d'un jaune rougeâtre qu'on trouve au même lieu , manifefla dans l'opération un plus grand nombre de particules martiales. 4. Mais ce fut fur-tout en eflayant l'extrait d'une pierre couleur de châtaigne des bains fufdits , qu'on vit un précipité d'une couleur bleue tout-à-fait foncée. XXX. Il pourroit néanmoins refter un doute dans l'efprit de quelques perfonnes ,• c'ell que les précipités bleus dont nous venons de faire l'éiiu-. V E s SCIENCES DE BERLIN. 285 mération , ne font pas de vrais précipités martiaux ; mais les expériences : ■-=» fuivantes achèveront de procurer une pleine conviiSlion à cet égard. Qu'on '^*'"^^' ^^^' prenne une portion allez conlidérable d'extrait de terres calcaires ou ^ ^ ^' ^ ^ de diverfes elpèces de pierres , ma leffive alcaline y produira une 'pré- '75 i» cipitation. Qu'on édulcore parfaitement le précipité bleu; qu'on le calcine enfuite , & cela étant fait , on trouvera du fer fous l'apparence du fafran de mars rougeâtre. Qu'on mêle à ce fafran un peu de graillé , qu'on pétrilTe le tout en mallè , qu'on le mette dans un creufet , qu'on couvre ce creufet d'un autre plus petit qui y quadre cxaftement ; (k après avoir bien lutte toutes les jointures , qu'on l'expofe à la violence du feu , en forte qu'il devienne bien embrafé. Alors les vailîèaux étant refroidis & ouvens on trouvera une poudre noirâtre dans le creufet. Qu'on approche de cette poudre un bon aimant , & on le verra attirer affez abondamment les parti- cules martiales. Si quelqu'un avoit trop de peine à préparer ma leffive alcaline de fel alcalin fixe avec le fang calciné , il peut s'en tenir à une leffive de cendres ordinaires clavelées , pour faire la précipitation de l'extrait des terres calcaires par le moyen de l'efprit de vitriol ; elle lui fournira un précipité martial d'un jaune d'ocre , qui s'arrêtera au fond du vafe , & en con- tinuant à le traiter de la manière fufdite , il fera témoin ' des mêmes circonftances. XXXI. Au refte , je ne fçaurois pafîèr fous filence que c'eft à notre illuftre Préfident que je luis principalement redevable de l'examen chimique de l'eau fur lequel vient de rouler ce Mémoire. En effet , c'eft à fa per- fualîon que j'ai entrepris ce travail utile , dans lequel j'ai certainement goûté beaucoup de plailîr. Car à cette occafîon , j'ai trouvé & découvert diverfes chofes , que les uns nioient entièrement , & que les autres revoquoient en doute. ^ Enfin , j'ai cru devoir encore joindre ici une table fynoptique , qui réunit fous un même coup d'oeil les parties terreftres & falines que j'ai tirées des eaux , dont j'ai fait jufqu'à préfent l'examen. 5i '-^'_^ iU MÉMOIRES DE UACADÈMIE ROYALE Année ARTICLEXL. Nouvelles expériences fur le fang humain. Par M. E L L E R. DE tous les phénomènes que la confîdération attentive de la nature nous oftre , il n'y en a point à mon avis de fi frappant que la circulation de ce fluide , ( différemment modifié dans les diftérens corps , félon le befoin ou l'intention de la nature ) par le moyen duquel tout corps fe forme , prend fon accroiflèment & fe reproduit. C'elt par ce fluide que la nature débrouille & tire d'un germe invifible , cette quantité prodicieufe de plantes & d'arbres , auffi bien que les efpèces innombrables d'animaux , qui par un développement femblable , fortent & fe débarrafTent d'un point que le microfcope le plus parfait refufe de repréfenter à nos yeux. Et pourra-t-on s'imaginer , que les foffiles ou les germes métalliques , fe produifent d'une autre façon dans le fein de la terre ? d'autant plus ' que nous voyons , que notre globe même entretient une circulation per- pétuelle d'humeurs pour le foutient de la végétation , & qu'aux endroits ou cette humidité commence quelquefois à manquer , tout devient fiérile de tout périt. Mais comme ce n'efl pas mon but à préfent de pourfuiv're la fève dans fon cours à travers les plantes , moins encore de remuer les vapeurs fulphureufes & mercurielles dans les entrailles de la terre, pour apprendre de quelle manière ces efprits s'y prennent pour former leur embryon métallique , je me bornerai à l'examen de quelques phénomè- nes que j'ai obfervé dans ce fluide qui nous regarde de lî près , Ôc auquel nous devons en quelque manière notre formation , & fur-tout notre accroif' fement & notre confervation. Cette liqueur merveilleufe eft aflÈz connue fous le nom Aefang , ou de mafTe du fang , mais trop peu approfondie par rapport aux diverfes fonâtions qu'elle a dans le corps humain, quoique très-différentes entr'elles, & quelquefois même oppofées les unes aux autres. Auflî long-tems que ce fang bien conditionné parcourt avec une vîteflè convenable tant de millions de vaiffèaux , fans aucun empêchement & fans la moindre interruption , nous voyons que l'homme fe porte bien , il eft robufte & gai , & fait tout ce dont il eft capable avec ordre ik précifion. Mais otez à cet homme qui fe porte fi bien , la quantité requife du fang , par une bleffiire , ou par l'incifion de quelque gros vaiiTèau , vous vous appercevrez bientôt que fa force diminuera à mefure que le fang s'écoule ; les yeux s'obfcurciflènt par dégrés , les oreilles tintent , la langue fe roidit , il tombe en foiblelîé. DES SCIENCES DE BERLIN. 287 le corps eft fécoué , la rcfpiration s'arrête , il expire ; & de cette façon ' -s^^ qucicjuefois , l'efprit le plus fubliine & rentcndcmcnt le plus profond font ^ '^^'' ^^^' contî-aintsde s'étoutFer tout d'un coup dans le fang coagulé , auquel on n'a ^ ^ ^*' fait cependant d'autre dommage que de l'avoir empcché , d'une manière '75 '• violente , de continuer fon cours. Nous voyons arriver à-peu-près la même tragédie , lorfqu'un mouvement excelfif porte le fang avec tant de violence vers la tète , qu'il féjourne trop dans le cerveau 5 il emporte fouvent alors un athlète , ou l'homme le plus robulte , par un coup d'apoplexie , en peu de minutes. Et qui eltce encore qui ne fera pas furpris de voir le fang trop ému &. pouffé avec violence par une lièvre ardente , s'arrêter & enflammer les enveloppes du cerveau , ce qui fait quelquefois en peu de momcns , d'un Jiomme vertueux & fage , un furieux , ' celui-ci l'éprouva aufîî , & fut confirmé par cette expérience dans fon calcul. Pour me donner une fatisfadion entière là-deffus , & me convaincre de la jullelTe de cette évaluation , j'ai imité les mêmes eflàis par le moyen d'un fil d'argent le plus mince que j'ai pu trouver dans la fabrique à galons ; l'ayant fait entortiller fur une groffe éguille d'acier , égale & bien unie, j'ai compté par le moyen d'une loupe, 490 tours de ce fil dans l'efpace d'un pouce , mefure du Rliin^ par conféquent l'épaifïèur de mon fil étoit ^^ partie d'un pouce. J'ai pris enfuite quelques petites coupures de ce fil d'argent , que je plaçai entre deux petites plaques tranfparentes de talc , lefquelles me fervirent à confidérer , par le moyen d'un bon microfcope , une très-petite tâche de fang , tout récemment forti de fes vaiflèaux , & appliqué fur une de ces deux petites plaques ; Si je remarquai que l'épaiffeur , ou la groffeur de mes coupures couvroit quatre petites boules , ou fphères de fang , placées l'une auprès de l'autre en ligne droite. De là il s'enfuit que le diamètre du globule rouge efl égal à ^^ , ou à la dix-neuf cent foixantième partie d'un pouce ; de forte que les diamètres de 20 de ces petites boules égalent , à peu de chofe près , le diamètre d'un feul grain de fable de Lewenhoech. Or , les fphères étant entr'elles comme les cubes de leurs diamètres , une petite fphère , ou boule de fang rouge , contient feulement -gJL partie de la maflè d'un de ces grains , ce qui fait voir l'extrême petiteflè de ces boules. Le microfcope folaire , & le micromètre de M. Cuffk Londres , m'ont confirmé encore tout ce que je viens d'avancer. Mais cette découverte des corps fphèriques dans la maflè du fang , ne fixa point la curiofité de Lewenhoech ; il tâcha d'en découvrir encore la formation , & il s'apperçut dans la fuite, que fix boules , ou boulettes plus petites & moins rouges, fe joignirent enfemble pour en former une rouge du premier ordre , & que chacune de ces fix boulettes étoit compofée de fix autres , plus petites encore , & fans couleur. Cette dernière forte de petites fphères , com- pofent fans doute la partie fereufe , ou le/erum , qui fert de véhicule à la portion rouge du fang. De forte que fi l'imagination n'a pas opéré quelque illufion dans le jugement de Lewenhoech , chaque boule de fang rouge efl compofée de 36 autres d'un moindre volume & d'une moindre con- fiftance, ou denfité. Quoiqu'il en foit , nous remarquons toujours une attradion extraordinaire entre ces petits corps fphèriques , qui fe mani- fefte auffi-tôt que le mouvement de la circulation s'affoiblit. Alors Ja 'Voyez les Phyfico ■ mathematic»! Diffsrtations , p, 45, DES SCIENCES DE BERLIN. 291 fluidité fe perd par degré , le fang s'épaiffit & devient tenace, & en quelque ^~^ . manière folide. L'expérience nous apprend encore , qu'à mefure que la ^°"' , force de la circulation diminue , par une caufc quelconque , la portion ^ ^ ^ '- ^ rouge du fang diminue pareillement 5 alors un vifage bouffi , une couleur '75'* pâle , jointe au gonflement de tout le corps , marquent aiïéz que les petites boulettes fereufes , qui confiituent les boules rouges du fang , commencent à fe féparcr les unes des autres ; & leur mouvement deve- nant toujours plus languifîànt , elles engendrent la pituite obftruante dans la maiïé des humeurs. C'cft ce que les Médecins nomment leuco- phUgmatic , anafarque , œJemc , &c. Tout ceci conHrme non-feulement la théorie de Lewcnlwcch , mais ce phénomène nous apprend encore , que c'eft par l'aftion du cœur , & par la réaûion d'innombrables millions de petits vaiffeaux , que le chile fe forme en petites fphères fereufes , & que , par ce même mécanifme , celles-ci devenues plus dcnfes ôi plus compac- tes , fe changent à leur tour en boules rouges. Cette compreffion fuc- ceffive , en changeant la folidité des petites boulettes fereufes , change auffi vraifemblablement la rcfradion des rayons de la lumière , à-peu-près comme nous voyons changer en un inflant la blancheur éblouiiïànte de la neige , en une couleur jaunâtre , par la plus forte compreffion qu'on puilTè lui donner. On fçait que la plupart des maladies qui affectent notre corps , dé- pendent de la conliitution altérée du fang , en tant que fes parties confli- tuantes , ou fes petites boules , perdent leur état naturel , & deviennent ou trop condenfées , ou trop dilïbutes 5 le premier état produit toutes fortes d'obllrudions dans les vifceres , des maladies chroniques & des fièvres intermittentes j auffi -bien que des maladies aiguës, des fièvres chaudes & inflammatoires. La dernière circonftance , c'efl-à-dire , un fang trop diflTous , produit la perte de l'embonpoint , l'exténuation & la confomption de tout le corps , des fièvres lentes , heétiques , &c. lorfque la partie balfamiquc & nutritive du fang s'échappe en grande quantité , par les fecrétions & excrétions naturelles. L'expérience , le hazard & le raifonnement ont inventé grand nombre de remèdes pour tâcher d'arrêter le progrès de tant de maux qui nous menacent à tous momens. Les cifFércns effets que produifent ces remèdes dans les différentes maladies , nous font juger de Iciu-s opérations , & l'effet détermine leur vertu. Mais comme toutes ces différentes drogues qu'on introduit dans notre corps fous le titre de mcdiccmens , fe mêlent avec la mafiè des humeurs pour produire les effets qu'on en attend , les changemens qu'elles y cau/ent font abfolument cachés à nos fens. J'ai cru qu'il feroit de quelque utilité de foumettre à la vue le mélange des remèdes les plus approuvés , immédiatement avec le fang même 5 & Oo ij îçî MÉMOIRES DE UACADEMIE ROYALE f^, -—-• voici de quelle manière je m'y fuis pris. J'ai fait faigner fucceflîvement loin, l II. jgj^j ^g chambre plufieurs perfonnes qui fe portoient bien, & qui ne /l N N E E ^g faifoient tirer du fang que par précaution , ou plutôt par habitude. Le * 7 5 '• fang étant reçu dans un vaiflèau tiédi, fut placé auffi-tôt dans un petit bain marie portatif, chauffé par une lampe. La chaleur du bain fut réglée par le thermomètre d'une manière fi exaéie , que le degré de chaud égalant parfai- tement celui de notre corps , ne permettoit aucun changement dans la portion du fang à examiner pendant une demi heure , & même davantage. J'ai pris les mêmes précautions pour les médicamens qui doivent fervir à mes expériences ; & comme rien n'entre dans la maflé du fang que par les vailîèaux laétés , & par les veines abforbantes , qui par leur extrême petiteffe n'admettent que des fluides extraordinairement déliés , j'avois fait purifier comme il faut , & dilïbudre les fels & les corps falins dans de l'eau diftillée , ainfî que les corps gommeux , les réfineux , fous la forme de teintures , ou d'efïénces , étoient difïbus dans l'efprit de vin , comme tout le monde fait. De tous ces médicamens fîuides , j'avois fait remplir de petites bouteilles , qui furent placées aufîî dans le bain marie , pour . qu'elles priflènt le même degré de chaleur que le fang. Enfin pour faire les mélanges que j'avois en vue , j'avois choifi de petites phioles cylin- driques qui pouvoient contenir une demi once d'eau ; elles furent chauf- fées de la même manière , & par le même degré de chaleur , pour ne point caufer quelque altération dans le fang durant les expériences ; il n'y eut pas jufqu'au microfcope , qui me f«M:vit dans ces expériences , qui ne fût placé de manière à recevoir le degré de chaleur convenable à mon intention. L'ordre que je fuivis dans chaque expérience , étoit de mêler environ deux gros de fang avec un tiers ou un quart de ces drogues médicinales , en forme liquide. Le mélange fait , & ayant fécoué la petite phiole , j'avois foin de remarquer les changemens vifibles furvenus dans le fang , foit pour la couleur , foit pour la confifiance ; & immédiatement après , je prenois avec un petit pinceau une très-petite quantité de ce mélange que j'étendois entre les petites plaques tranfparentes de talc de mon microfcope , pour voir l'altération ou le changement que chaque drogue caufoit dans le fang. En procédant de cette manière , j'ai obfervé fucceffivçment les phénomènes qui fuivent. La folution de vitriol , de fer & de cuivre , changea à l'inftant le beau rouge du fang en une couleur pâle & grifâtre ;, il fe coagula par floccons fales & livides. Le microfcope fit voir dans ce mélange la même chofe ; & de plus , les globules fanguins détruits , formant de filamens irréguliers , & comme entrelaflTés de fange. La folution à'alun changea le fang en un rouge foncé , mais uniforme ; une coagulation fabite fuccédant ne changea point la couleur. Le microf- DES SCIENCES DE BERLIN. 293 cope préfenta les petites boules qui s'unifToient de tous côtés , & fein- '^^ ^,} bloient former un tifiù obfcur & peu tranfparent. . ' \ ù ' La folution du fd commun rendit le beau rouge du fang plus beau & plus clair encore-, le mélange, quoique fort égal, s'unit d'abord fous la '^^ '* forme d'une gelée luifantc. Le microfcope montra les petites boules diftinâement féparécs les unes des autres, un peu jaunâtres & tranfparentes. La folution du nitre , ou du falpctre , montra dans le mélange avec le fang les mêmes phénomènes à-peu-près , excepté que le rouge devint plus beau & plus clair encore , & que la coagulation du mélange n'arriva qu'après quelques minutes , lorfque tout fut refroidi. Le microfcope fit voir les petites boules tranfparentes , bien arrangées , & féparées les unes des autres. La folution d'un /c/ alcali fixe changea la couleur du fang en un rouge foncé , & communiqua au mélange une fluidité extraordinaire , laquelle fubfifta pendant plulîeurs jours fans la moindre altération ; le microfcope préfenta les petites boules bien féparées les unes des autres , un peu jaunâtres & tranfparentes. La folution d'un alcali volatil , fçavoir , le fd de corne de Cerf, fît voir le même phénomène , excepté que le mélange étoit encore plus fluide , fans que la couleur , ni la fluidité , fouffrilîént aucun changement pen- dant plulîeurs jours ; & les petites boules fe montrèrent bien diflinâe- ment dans le microfcope d'un beau rouge clair & tranfparent. La folution du falmiac changea la couleur du fang en un rouge plus foncé encore que les deux précédentes , mais le mélange , qui étoit fort délié d'abord , fe prit bientôt , & préfenta une gelée uniforme de la couleur fufdite. Le microfcope fit voir au commencement les petites boules afli^èz rouges & tranfparentes , mais elles changèrent bientôt leur figure fphériquo en platte allongée , & fe glilTerent les unes fur les autres , gardant néan- moins la couleur rougeâtrc. La folution du borax rendit le fang d'un beau rouge clair, mais la coagu- lation du mélange fuivit bientôt , fans que la belle couleur fût fenfîblement altérée. Les petites boules fe montrèrent dans le microfcope bien féparées les unes des autres , mais la couleur en étoit tout-à-falt blanche & tranfparente. La folution de la crime de tartre , mêlée avec le fang , ne caufa d'abord aucun changement fenfible , mais peu de momens après, ce mélange chan- gea de couleur & de confifiance. La portion la plus petite qui occupoit le haut de la petite bout-eille , étoit une ferofité tranfparente un peu rougeâtre , fous laquelle fe forma par floccons une coagulation inégale d'un rouge noirâtre , qui n'obéit qu'avec peine au mouvement quand on bailïà la phiole. Par le microfcope , on vit d'abord les petites boules 294 MÉMOIRES DE UACADÈMIE ROVALE ■■ -rjj- rondes , blanchâtres & transparentes , mais elles s'applatirent bien-tôt , en ~P^' gliflànt confufément les unes fur les autres de tous côtés. ANNEE j^^ folution du tartre vitriole , étant mêlée avec le fang , le rendit fort ^ 7 5 >■' fluide g^ d'une belle couleur d'incarnat, laquelle dura plufieurs jours fans la moindre marque de coagulation. Le microfcope préfenta les petites boules pâles , jaunâtres , tranfparentes , 6c bien féparées les unes des autres. La folution du fel polychrejle fit voir les mêmes phénomènes que le fel précédent ^ la couleur étoit la même , & le mélange garda auffi fa flui- dité pendant plufieurs jours. Le microfcope montra les petites boules jaunâtres & tranfparentes. Le fel d'Ej'Jô/i ou d'Angleterre , diffous & mêlé avec du fang , rendit le mélange entièrement fluide , d'un beau rouge clair & uni ; étant re- froidi , la fluidité continua encore pendant plufieurs jours fans la moindre altération. Le microfcope préfenta les petites boules très-déliées , d'une couleur pâle , jaunâtre & tranfparente. Le fel de feignete montra à-peu- / près la même chofe. Le fel admirable de Glauber , diffous & mêlé avec le fang , fit voir les mêmes phénomènes , à la fluidité près , car le mélange fe coagula d'abord après fon refroidiiîément. Les petites boules relièrent fort fluides , blanchâtres & tranfparentes , examinées au microfcope. La folution de fel d'ofeille , mêlée avec le fang , changea à l'inftant fon beau rouge , & le convertit en une concrétion irrégulière livide & pâle. Nonobftant cela , le microfcope préfenta les petites boules fort bien ran- gées , jaunâtres & tranfparentes. Pour voir quel eftet montreroient les drogues les plus deftruôives de notre corps , étant mêlées avec le fang , je préparai une folution d'arfenic , qui l'épaiffit dans le moment , & lui donna une belle couleur d'un rouge foncé & luifant. Le microfcope montra néanmoins les petites boules extrêmement déliées , diflbutes , & quafi en mouvement 5 parmi lefquelles je découvris diftinftement par-ci par-là de petits cryftaux à pointes trian- gulaires , tranchantes comme de petits javelots. Dans cette même vue , je fis diffoûdre auffi quelques grains de fu- llimé corrofif ; & ayant mêlé cette folution avec ma portion ordinaire de fang , je vis le mélange clianger de couleur ; il devint d'un rouge brun , à-peu-près comme le foie des animaux , mais la fluidité fubfifta toujours , même après le rcfroidiflément. Les petites boules , vues au microfcope , fembloient être détruites d'abord , pendant que le mélange étoit encore un peu chaud ; mais à mefure qu'il fe refroidit , ces petits corps fphériques , blancs & tranfparens , paroiiTbient s'entremouvoir & s'unir de part & d'autre j de petits corps fort menus , comme de petits DES SCIENCES DE BERLIN. 29S floccons de neige , fe trouvèrent entremêlés avec les boulettes de fang qui ^""""^3 iè montrèrent alors plus jaunâtres que blanches. ■' ^'''* ^ "• Après CCS expériences , les efprits acides corrolifs furent les objets de ^ *■' ^ ^ ^ mes obfervations. Pour cette tin, je mêlai feulement quelques gouttes ' 7 5 '* d'huiU de vitriol dans la quantité ordinaire de fang. Mais une chaleur brillante changea d'abord le mélange en une maflé dure , d'une couleur brune noirâtre ; je ne remarquai pourtant point , comme je lefoupçonnois, une dcftruâion des petites boules du fang ; car j'en découvris encore quantité par le microfcope , d'une couleur jaunâtre. Uefprit de nitre , mêlé avec le fang de la même manière qu'avec l'huile de vitriol , rendit le mélange un peu épais , mais coulant encore j le rouge du fang fe changea d'abord en une couleur livide , pâle comme un gris de terre. Le microfcope découvrit les petites boules dans leur état naturel j d'une couleur laiteufe & blanchâtre. Vcfpnt de Jel marin , mêlé avec le fang de la manière fufdite , fit voir les mêmes phénomènes par rapport à la couleur , mais le mélange fe chan- gea bientôt en une mallè dure , & les petites boules fe montrèrent dans le microfcope , blanches & traniparentes. Nous voyons par ces dernières expériences , que les corrofifs les plus forts n'exercent pas tant leur aition deftruâive fur les fluides que fur lis parties foiides de notre corps. J'ai fait encore quelques efTàis llir plufieurs eflcnces , ou teintures , qui ont acquis du crédit parmi les méciicaincns à la mode ; ce ne font à pro- prement parler, que les parties réfineufes de plufieurs drogues, ou fim- ples , ou diiïbutes dans l'efprit de vin. Ci.llcs que j'ai mêlées avec le fang , ont été entr'autres les efïènces ou teiiUures de myrrhe , de /affran , à'dloës, d'opium , d^ellebore , de rhubarbe , d\:mbre jaune ou de fuccin , de caftor, de jalap , de quinquina , de l'écorce de cafcarille , la teinture d'an- timoine , & le laudanum liquide de Sydenham , &c. Ces eflènces ont cela de commun, que leur mélange avec le fang caufe d'abord une coagula- tion , plus épailTè avec les unes qu'avec les autres , ce qui provient fans doute du fel que les parties réfineufes rencontrent dans le fang. La cou- leur de ces diverfes coagulations diffère auiâ beaucoup. Celles des ellènces à!alo'ès , d'opium , de myrrhe , defafran , d'ambre jaune , deviennent toutes livides & défagréables. La concrétion avec l'eflénce de cajlor & de jaLip , eft d'un rouge brun , & celle d'ellébore d'un rouge jaunâtre. La coa- gulation que les ellènces de quinquina & de cafcarille produifent dans le fang , garde en quelque manière une efpèce de fluidité ; la couleur devient fale , grisâtre ; les petites boules paroiflènt être di.ioutes & blan- châtres. La teiiiture d'antimoine montre la plus belle coagulation , d'un rouge foncé & luifant ^ & les petites boules fe préfentent , par le microfcope, fort dilUnâes los unes des autres, d'un beau rouge de feu» î9(î MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE Le laudanum liquide de Sydenham refte fluide , mêlé avec le fang ; ia ToM. vu. (-oufeur devient d'un rouge brun , les petites boules font fort ferrées , A NN É E g^ q^gj] collées enfemble , tranfparentes & blanchâtres. 11 eft à remarquer ^ 7 5 i- ici que les petites boules du fang , dans le mélange épais que l'eflènce d'opii/m a produit , femblent avoir fouffert une petite deftruilion ; du moins le microfcope y montre une cohéfion fi grande , qu'elle va jafqu'à la confufion. Les elïènces , ou plutôt les extraits & décodions des parties gommeufes des fimples , faites avec l'eau commune , ne caufent guère de changement conlîdérable dans leur mélange avec le fang , fi l'on excepte la couleur qui change plus ou moins , félon la qualité ou la quantité des fubflances gom- meufes qu'on a employées. Auffi le microfcope ne m'at-il rien découvert, pour ce qui regarde les petites boules du fang , qui méritât une attention particulière. C'eft pourquoi je ne m'arrêterai pas plus long-tems fur ces fortes de recherches , que je n'ai pas cru être fort intérelïàntes ; je ne veux pas non plus excéder à préfent les bornes d'un Phyficien , laiffant aux Médecins à juger quel ufage ils voudront faire de ces expériences. S^i. ■ =ijgss^-'" = Mgg ARTICLE XLL Obfervation fur la Pneumonanthe , nouveau genre de plante , dont le caracièrc diffère entièrement de celui de la Gentiane. Par M. Gleditsch. Traduit du Latin, IL eft bien rare de trouver quelque genre de plantes , où il n'y ait pas, dans quelqu'une des parties de la fruftifîcation , certaines chofes qui s'éloignent du nombre , de la figure , de la fituation , ou de la pro- portion qu'obferve la nature (a). Cependant , quoiqu'on puilTe regarder cette obfervation comme une propofition évidente , & au-deflùs de toute exception , l'intention de fon célèbre Auteur n'eft pas qu'on en fafîè , pour ainfi dire , un afyle où puiffent fe réfugier ces Botanifles , qui font trop amoureux des changemens & des converfîons de genre , & qui fe plaifent à en trouver par-tout. Ce n'eft pas en effet du bon plaifir des Botaniftes feuls , qu'il dépend de conftruire , & de multiplier des genres de plantes , non plus qu'après les avoir conftruits & admis , de les ôter & de les retrancher. C'eft pourquoi il n'eft pas permis de choifîr , pour conftituer le caraâère d'un genre , des fignes qui foient vagues ou feints , in) Yoy. Bundam, Betan, Ljnn, Afher, 170. den DES SCIENCES DE BERLIN. 197 d*en rejetter d'autres arbitrairement , quoique i'obfervation les préfènte ~ comme les plus naturels dans les efpèces des plantes. Car il cît d'une j^'' très-grande importance dans les trois régnes de la nature , & en particulier ^ ^ ^ ^' * dans le régne végétal, d'établir d'abord, autant qu'il eft poffible , d'une ^ 7 ^ ^' manière inconteftable , le caraâère des genres , avant que de s'occuper à trouver une métliode bonne & certaine , ou à confiruire cent fyftèmes nouveaux. Dès qu'on néglige la détermination des genres , toute la coa- noifïànce des plantes demeure imparfaite , ou même inutile. S'il faut donc dire les chofes comme elles font , c'eft une véritable injure que font à la Botanique & à ceux qui la cultivent , tous les Botaniftes qui laiflcnt la nature à l'écart , ou bien augmentent trop les genres des plantes d'après leur propre génie , & diminuent les efpèces naturelles , ou au contraire retranchent trop des genres , & multiplient exceffivement les efpèces. Les premiers , ceux qui pouffent trop loin l'accroiffement du genre des plantes, bien qu'ils embarraflènt beaucoup les apprentifs dans cette fcience, méritent néanmoins plus d'indulgence que les féconds , parce que leur importune & obfcure exaditude eft pour l'ordinaire moins nuiiîble à la connoiffance des végétaux , que les genres vagues qui font conflruits par les derniers , lorfqu'ils en diminuent trop le nombre , en faifant concourir trop d'efpèces différentes au même , enforte qu'au lieu de l'ufage & des fecours que les genres devroient fournir pour la connoifl&nce des plantes , il n'en naît que des difficultés & de la confufion. Les genres vagues , auxquels nous en voulons ici , peuvent aifément être diflingués des autres aux marques fuivantes. Les efpèces qu'on y rapporte , différant cntr'elles par les parties des fleurs , foufFrent toujours plufîeurs exceptions qui les mettent en contradiftion avec le caraâère générique qui les précède ; & il arrive que , tantôt une efpèce , tantôt plufîeurs , entrent tout à la fois dans divers genres , dans des ordres & des claffes diftindes l'une de l'autre. Nous avons fourni une lifte des genres vagues à la fin de notre fyftème de Botanique ; (b) & l'on no doit pas douter , que vu l'ardeur fingulière des Botaniftes à cet égard , & l'extrême abondance de nouvelles plantes , il ne s'en forme encore davantage , & de plus vagues. Cependant on ne doit pas compter au nombre de ces genres vagues , ceux dans lefquels , pour me fervir des expreffions du célèbre M.Linnœtis, il n'y a d'aberration que dans une ou deux des parties de la fruûification. Ce n'eft pas ici le lieu non plus de parler d'autres genres , auxquels le nom d'intermédiaires conviendroit , qui réunilTènt plufîeurs genres naturels , & mettent par - là une liaifon plus étroite entre les ordres & les claflès ; par exemple , les gramina avec les autres apétales (c) ; avec les liliacces _ fi)Voy. ann. 1749. P- '84. & fuir. {c) S(hcu' + + + + 673. + + + 136, {m) Pin, p. iSl, DES SCIENCES DE BERLIN. 299 B. Stamina m flore diftinÙa , cutnfitu antherarum. J~ y..' C. Pirtillum. ^ ,^ N li i D. Stigmata rcjlexa. i 7 < i E. Calicem fpathaceum , dchifcentem. ' ^ Fig. II. Exprimit florem gentianae , qua centaurium minus vuJgo appellatur. A. Sunt floris laciniae patentes. B. Antherse in ftaminibus dillinâis. C. Stamina diftinâa. D. Stigma p//?i/''/ungo/u/n, ù tubo floris eminens. E. Periantliium ftricîum , tubulofum , lacinils quinque divlfum. Pour préfenter donc fous un même coup d'oeil les différences entre les autres efpèces de gentiane , qui fe trouvent dans les parties de la fruc- tification , j'ai réduit celles d'entre ces efpèces qui croiflènt dans les dif- férens pays de l'Allemagne , pour en donner une plus entière connoifî'ance dans la Table qu'on trouvera à la fin de ce Mémoire. Avec ce fecours , il fera beaucoup plus aifé d'examiner & de comparer entr'elles les différences de ces efpèces ^ & de cet examen réfultera auffi-tôt le caraâère vrai & naturel de la gentiane , & la détermination des efpèces qui , en vertu de ce caraftère , peuvent être rapportées à la gentiane. Là donc où fe trou- vent les principaux attributs , ce font des efpèces fubordonnées au genre que nous venons d'indiquer j mais lorfqu'il fe trouve plufieurs fignes répugnans, c'efl; mal- à-propos qu'on a compris ces efpèces fous la gentiane^ car la feule conformité de la capfule féminale ne fuflit pas pour la réunion des efpèces fous un même genre , quand le refle n'eft pas d'accord. M. Linnœus a donc agi par de bonnes raifon , en féparant de ce genre \7i gentiane XII. CUif. (n) fous le nom de fwenia (o) , & cela non point à caufe de fa forme de corolle roulée ou ouverte , ou , comme d'autres le prétendent , à caufe de deux tubercules , qui font de petites éminences dans le pétale, à la bafe de chaque découpure (p) ^ mais plutôt 1". à caufe de l'abfence du tube dans le pétale ; 2". à caufe de ces deux petites fofïétes pleines de nedar , (/orco/ai neclariferas ciUatas,) qui font alîèz confi- dérables , & profondément placées dans chaque découpure du pétale au côté intérieur vers la bafe j 3". à caufe du _/:igma tiès-fimpU au piftille, lequel eft court & épais. C'eft en pofant fur un fcmblable fondement , fans nous arrêter à la reiïèmblance de la capfule féminale , ni à aucune autre conformité exté- rieure , que nous regardons comme entièrement diflinftes du genre de la gentiane ^ toutes les efpèces dont les anthères (q) font en forme de cône, (n) Pann. p. 191. (o) G. pi. éd. j. iji. ip) En eHit , les tubercules fe trouTcr.t aufli à la bafe du germe dans d'autres crpéces de gentiane. t t (î^ Li,in. 9. pi. 818. + t 819- + + i^■s^ Pp il 30O MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE ToM. vu, °" ^^ cylindre , comme cela fe voit dans le corymlnum , le jafion ^-^ , la Année lobclie + + & les fleurs flofculeufes & femi-flofculeufes de Tournefon (r). ^75^' Il faut rapporter ici , par exemple. I. Gentiana , anguflifolia , autumnalis , major. C. B. (s) quse pneumonantlie lobelii & tabernaemontani. voy. la planche fîg. VI. VII. VIII. II. Gentiana , afclepiadis folio, cluf. ^^\l^ pi. fîg. V. m. Gentianella ; alpina , latifolia , magno flore. C. B. ++ ++ pi. fîg. III. IV. Mais comme la coalefcence des filamens dans les plantes Ugumincufcs papilionacées véritables , les difBnguc non-feulement de ces autres plantes légumincufes papilionacécs tout-à-fait femblables , quant à l'extérieur , dont les étamines font abfolument diftinûes les unes des autres (t) , mais auffi de CCS autres plantes Ugumineufes , qui outre les étamines diftindes , ont auffi une corolle rofacée inégale (u) j de même la coalefcence des anthères diltingue les trois efpèces de gentiane , que nous venons d'indiquer , & qu'on a comprifcs jufqu'à préfent fous le genre des plantes de ce nom , & les range dans un genre , un ordre & une claffe qui différent entièrement, dès qu'on veut s'aftrcindre aux ioix d'une faine méthode. Il naît donc de - là un genre nouveau & diftinâ: des autres , auquel , à caufe de fa reflèmblance extérieure avec quelques efpèces de gentiane , nous donnons l'ancien nom & affez convenable de pneumonanthe , que l'on fait avoir été donné autrefois à la première efpèce par Lobelius lui- même , & par Tahernœmontanus ; Ôi nous allons en fîxer le caraftère. PNEUMONANTHE. Cal. Perianthium monophyllum , tubulofum , erecium , perjïjlens , tubo corollœ brevius, laciniis quinque angujlis y vel linearibus acutis , profundè divifum. Fig. m. IV. V. VI. VIL B." Cor. Petalum unicum , campanulatum , erecium , imperforatum. Tubus amplijjimus & longiffimm. Fig. III. V. VI. A. Limbus brevis , qulnquefidus , plicatus , erccîus. Fig. VI. Vel fcmirepandus. Fig. III, Stam. Filamenta quinque , Fig. IV. V. VII. VIII. C. Dijlincia Inferiùs , latiora , comprejja , tubo adnata , fuperiùs fubulata , corolla: breviora. Antherae quinque ereclœ connatœ in corpus conicum. Fig. IV. V. VIL D. Bafi fecedentes , Fig. VIII. E. (r) Syft. -Claff. Xlt. XIII. XIV. +t tt . (s) Pin, p. iSS. +t ++ ptinn. p. iSo. iSi. ++ ++ prodr. p. 92. (t) Sophora. Lin. G. pi. 404, Cercis 40 f, (u) Bnukinit-Linh, G. pi. -HK/. PuAinfinia ^07, Cajpa /jqS, tmduM ^oj. DES SCIENCES DE BERLIN. 301 Pift. Germen oblongum , Fig. VII. G. In média vcntruofum , Fig. IV. F. I^^^™**^ Ad bajin tul>cr<.ulis quinquc parvis mcllifcris injhucium ; ftylus modu brcvis , °^'' ' modo iongior ij funpUx , intra tubulum antherarum. Stigma unum , vel duo ^ ^ ^ ^ ^ Tcjlcxa. Fig. IV. K. VII. I. i 7 5 i- Pcric, Capfula oblonga , tcrcs , ventricofa , Fig. VIII. Apicc bifido , Fig. VIII. K. Unilocularis , bivalvis. Scm. Numcroja, pana, varia figura ; Receptacula duo , fingida valvce fcamdàm longitudincm adnata , ut in gentiana, S P E C I E S. 1. Pneumonanthc , foliis longis & anguftis , floribus feffilibus , alarîbus , campanuiatis. Pneumonanthc. Lobe!, icon. 309. Tabern. 1176. Gentiana anguJïifoUa , tiutumnalis , major. C. B. Pin. p. l'i'è. Rupp. FI. den. p. 17. Gentiana floribus tcrminatricihus raris, corollis ercctis , pluatis , foliis linea- Tibus. Linn. Hort. ClifF. p. 80. Gentiana foliis longis , anguflis , floribus in alis , caulis fejjîlibus. Hall. Enum. Stirp. Helv. p. 478. m' ■= — ""^>^ = ^ ARTICLE XLII. Dijfertatlon anatomique fur les nerfs de la face Par M. M E c K E L. Traduit du Latin, INTRODUCTION. DE toutes les parties de l'Anatomie , la Névrologie , ou la fcience des nerfs, eft la ILulo oi'i l'on ait encore fait fi peu de progrès. Il eft rare cju'on trouve des deicriptions exaftes des nerfs , ôc plus rare encore qu'on en voie de figures , fi ce n'efi: quelques-unes qui repréfentent un feul nerf, ou quelques-unes de fes moindres parties. Cela vient, félon toutes les apparences , de la peine qu'il en coûte pour en faire une recherche foigncufc , au moyen de la diOcâion ; de la difficulté qu'on trouve à décrire leurs différentes directions , & la manière dont ils fe partagent 5 & auffi de cet entrelacement fi compofé & fi (ubtil des plus petits filets , dont il eft £ difficile de donner la figure , que les Anatomiftes du premier ordre y ont échoué jufqu'ici. Dans la dilîèition des nerfs on rencontre, pour ainfi dire, tant de chofcs fur fon chemin qu'on peut à peine y fuffixc. Poiir entre- joî MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE prendre avec fuccès la recherche & la defcription des nerfs , il faut ToM. yil. gyQJj. j^jg une connoiflànce completta de toutes les autres branches de A N N É i: l'Anatomie , fans quoi il eft hkn dirticile de fuivre les nerfs à travers les ' 7 5 '• os , entre lès mufcles & le lo. g des vaifleaux , & de fe former de leur nombre & de leur diltribution dans toutes les ditférentes parties du corps, une idée qu'on puilïè facilement communiquer aux autres. En outre , J'-extrême ténuité des nerfs , Oc dans plulîeurs , leur grande moUefïè , exigent un Anatomifte bien exercé , qui içache diilinguer les nerfs d'autres neris & de la membrane cellulaire , laquelle raiîèmblée en filets , peut très-aîfément & très-fouvent être confondue avec les nerfs mêmes , dont il elt important de difcerner les véritables ramifications , de celles qui n'en ont que l'apparence. En troifième lieu , ce qui rend la préparation des nerfs fi ditticile , c'eft leur couleur blanchâtre , fi reffemblante à celle de la peau & du ti'ffu adipeux ; d'où il arrive que les nerfs , qui fe trouvent fous la peau , & qui font répandus dans la membrane cellulaire , échappent le plus fouvent à la vue. Mais une autre difficulté , qui eft des plus confidérables , c'eft que pour trouver & voir les plus fubtiles diitributions & anaftomofes , ou communi- cations des nerfs , dont il fe trouve ordinairement fous la peau une fi grande quantité , on eit obligé , dans la plupart des endroits, & même dans les plus difficiles , de palier dans la recherche des nerfs, de leurs rameaux jufqu'au tronc ; difficulté telle que pour quelqu'un qui eft privé d'un ouide éclairé & bien verfé dans l'Anatomie , la partie de cette fcience , qui traite des nerfs , fera celle de toutes , dont l'étude lui coûtera le plus d'ennui & de travail , & dont il ne pourra acquérir la connoiffance par lui-même , qu'au moyen d'une application foutenue & opiniâtre. Ajoutez à cela , qu'une fuite plus complette d'obfervations eft ici requife , pour nous affurer , qu'il ne nous eft échappé ni rameau , ni anaftomofe de quel- que importance, vu fur-tout la grande variété qui lé trouve dans la diftribu- tion des nerfs , qui pourroit nous faire prendre pour naturelle & ordi- naire une ftrudure peu commune , comme cela eft arrivé à ces Anato- miftes , qui ont entrepris de donner des defcriptions des nerfs fur une première infpeÛion qu'ils en ont faite , & encore très à la légère : ce n'eft qu'à l'aide d'un grand nombre d'obfervations qu'il eft poffible de décider , laquelle de deux ftrudures eft la plus commune , & la plus naturelle , ou celle qui l'eft moins , à. qui fe préfente le plus rarement à îa vue. Enfin , ce qui n'eft pas un des moindres obftacles dans la préparation & la repréfentation des nerfs les plus déliés , c'eft le prompt delTechement des filamens nerveux ; deffèchement qui ne nous permet pas toujours de iàifir la véritable route des nerfs , & d'en indiquer la grolîèur naturelle. Oa Ton. vu. DES SCIENCES DE BERLIN. 50J n'en fera pas furpris , fi l'on fait attention , que le nombre infini des fila- mens nerveux prefquc imperceptibles exige du tems, & cependant beaucoup \'^'^'' '^^^' de diligence & de précifion dans le deflinateur qui doit en tracer la figure. ■" ^ ^ ^ * C'elt à cela aulii , qu'il faut attribuer ce manque de correftion , qui ' 7 5 *• eft commun à toutes les figures de nerfs que nous avons , fans en excepter celles de U^illis & de P'kuJJcns , qui femblent plutôt être l'ouvrage de- leur imagination & de leur mémoire , que deffinées d'après nature. On y remarque , en général , un défaut alYèz confidérable ; c'cfl de faire voir les nerfs , non dans leur rapport & leur liaifon avec les différentes parties *du corps , mais comme formant une feule furface dif^infte & féparce du corps ; par où il eft arrivé , que l'ordre qu'ils ont fuivi dans la divifion des nerfs , n'a pas été naturel , ou qu'ils en ont multiplié plus qu'ils ne dévoient ks ramifications , ou qu'ils couchent un nerf fur l'autre , comme la repré- fentation , qu'ils en ont faite en plan , les y obligcoit ; aulli l'utilité de leurs figures a-t-elle été des plus médiocres : leur mémoire n'ayant pu être aflcz fidelle , les deflèins qu'ils ont donné des nerfs , ne l'ont pas été non plus , ils n'ont fait qu'induire en erreur ceux qui s'y font trop attachés. KcfaU eft le premier qui a donné cours à cette efpèce de repréfentation grolfière des nerfs féparés du corps , ce qui lui a fi mal réuffi , qu'il rappelle à la même origine des nerfs qui en ont une très-différente , & que des rameaux un peu confidérables d'un même nerf, il en fait autant de nerfs particuliers , comme on peut le voir dans la divifion qu'il donne de ce que nous appel- Ions la cinquième paire des nerfs du cerveau , dont les trois ramifica- tions ont été prifes par lui pour autant de nerfs diftin£ls. Toute l'Anti- quité a penfé comme Vcfalc , dont les figures peu exaâes des nerfs , fe trou- vent dans les ouvrages des anciens Anatomifles. Le nombre & l'ordre de l'origine des nerfs ont été , il eft vrai , redtihcs par WilUs & Vieujfcns , mais cela n'empêche pourtant pas que leurs figures , nous donnant une idée de la divifion des nerfs , telle que leur imagination & leur mémoire la leur fuggéroit , plutôt que copiée d'après nature , elles n'aient été plus préjudi- ciables qu'utiles à l'Anatomie , d'autant que l'idée qu'on en a eu dans la fuite , leur étoit trop favorable. De-là tant de fauffcs defcriptions & repré- fentations qu'ont faites U'illis , Vicujjens , Lanciii & tant d'autres , du huitième nerf Ôc de l'intercoftal , attribuant , contre toute raifon , au cordon cylindrique du nerf de la huitième paire , à l'endroit où il pafiè par le col , de grands ganglions , qui ne s'y trouvent jamais naturellemenr. De-là encore cette idée fi peu juffe , quoiqu'adoptée par les Anatomifles modernes , qui rapporte aux nerfs de la huitième paire ceux du cœur ^ quoique ceux-ci tirent entièrement leur origine de l'intercoftal , à l'ex- ception de quelques petits rameaux , qui ne font pas toujours les mêmes , & que fourniflént au cœur les nerfs recurrens de la huitième paire. On 304 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE _______ peut donc regarder les figures peu exaftes , & en quelque forte imagi- ToM. VU. naires , dont Wiiln & Vicujjcns ont orné leurs defcriptions , comme ce qui A n li ÉE z donné le plus de poids à ces dernières , le plus grand nombre des Anato- 1751. miftes aimant toujours mieux s'en rapporter à de fimples figures , pour ce qui eft des nerfs , que de s'alTurer de leur divifion ik de leur diltributioa par une recherche exafte & faite fur le corps même. Les figures A'Eujlache l'emportent en utilité fur toutes les autres -, car bien qu'il nous repréfente les nerfs hors de la liaifon qu'ils ont avec les diftéreates parties du corps ; cependant comme il étoit le plus exaft Anatomille de fon fiécle , il a fuivi avec plus d'art & de préciiion que qui que ce foit, la véritable route, & la divifion des nerfs. Rien n'empêclie cependant qu'on ne puilTe conclure de toutes les figures qui ont été données des nerfs , que leur utilité n'eft pas auffi grande qu'on eût pu l'efpérer , puifqu'au lieu de repréfenter les chofes au naturel , Si. dans leur véritable fituation , elles n'offrent à la vue que de purs fquélettes des nerfs. Et il eft certain que pour donner quelque chofe de plus fatisfaifant & de plus parfait que tout ce qui a paru iufqu'ici , il en doit coûter bien du travail , comme chacun s'en con- vaincra aifément , s'il jette les yeux fur les ouvrages des plus célèbres Névro- logiftes & Deffinateurs , où il y a encore tant de chofes à reprendre , & fur-tout s'il entreprend par lui-même une préparation complette des nerfs dans toute leur étendue , dût-il même s'en tenir à cette feule préparation , & ne pas fonger à en donner des figures. Je ne fuis pourtant pas découragé ; & confidérant d'un côté , que la Névrologie eft de toutes les parties de l'Anatomie , celle qui a le moins de détail & de figures un peu juftes , & de l'autre , que j'ai en ma difpofition un très-grand nombre de cadavres ; j'ai cru que pour répondre aux utiles intentions , & aux fages réglemens de notre augufte & très- de donner à mon travail toute la juftefîè , toute la précifion , & même toute l'élégance dont j'ai pu être capable. Dans un traité particulier j'ai déjà parlé de tout ce qui concerne les nerfs de la cinquième paire ; aujour- d'hui je me propofe de faire connoître les nerfs du vifage , & cela rela- tivement à leur première couche , telle que la figure , que j'en ai faite avec tout le foin poffible , la repréfente. SECTION DES SCIENCES DE BERLIN. 305 ToM. VU. SECTION!. ^NNÉB Remarciucs générales fur Us nerfs de la face. I.TL n'y a prcfquc aucune partie du corps humain où il fe trouve , comme A au vifagc , un auffi grand nombre de petits rameaux nerveux , qui fe corrcfpondcnt les uns aux autres d'une manière admirable. Cette abon- dance de nerfs étoit nccclTàire , pour que tant de mufcles & de parties appropriées à des fenfations particulières & diftinâes , dont le vifage eft compofc, puffènt faire leurs fondions. Et il n'étoit pas moins nécelîaire , que tous les nerfs du vifage , fi prodigieufement multipliés , euflcnt une origine différente , & qu'il y eût entr'eux en général , & enti'c chacun d'eux en particulier , comme auffi entre tous les nerfs du corps , une étroite & intime liaifon. II. En effet , autant que nous pouvons en juger , le deflTein de la nature a été de faire du vifage comme un miroir , où les divers changemens & les paffions de notre ame fe peignifïènt , fouvent même à notre infçu & malgré nous ; auffi n'y a-t-il point de paffion agréable , ou trifle & doulou- reufc , à laquelle ne réponde quelque changement du vifage. La colère le fait paroître enflammé , la triftefTe languiiTant & abattu , la joie lui donne un air animé & gracieux , la pudeur le couvre d'une rougeur fubite ; & ce ne font pas feulement les paffions qui produifent de pareils changemens , mais encore toutes les fenfations douloureufes & défagréables. Le dia- phragme cft-il ofïenfé ? cette lézion fe manifefle auflï-tôt par le fpafme cynique , ou ciiduclion des lèvres, autrement dite ris fardonien, par la raifon que ceux qui font attaqués de cette efpèce de maladie femblent toujours rire. En un mot , le corps n'éprouve aucune douleur , fans que le vifage ne fubifïè quelque changement. Or , foit que ce changement fe faffe par le moyen des mufcles, ou des vailTeaux, la force de contraélion des premiers , & l'adion des derniers fur les fluides , dépendent effentiellement des nerfs , qui feuls font le principe de toutes les fenfations , & de tous les mouve- mens des différentes parties du corps ; ce qui établit la néceflité de cette communication ou correfpondance intime, dont nous venons de parler, des nerfs du vifage entr'eux , & avec ceux des autres parties , fans quoi le vifage n'auroit pas cette propriété , qui lui efl efïèntielle , de manifefter les différentes afFeâions tant de l'amc que du corps. En outre , fi l'on fait attention au grand nombre des parties de la face, on comprendra auffi pourquoi il s'y trouve cette multitude de nerfs , qui agiffent de concert & féparément, les uns fervant à la fenfation , les autres à l'adion des vaifleaux , &, d'autres encore aux mouvemens des mufcles , Qq 30(5 MÉMOIRES DE UACADÈMIE ROYALE =•■ ^jt' enforte que le plus petit ébranlement des nerfs , eft auffi-tôt fuivl du mouve- ToM. l-n. ^^^^^ jgg mufcles qui y répondent. AtiNEE II ya, comme on fçait , dans le vifage , des parties d'une fenfibilité ex- * '^ ^ ' * quife , dont les impreffions fe communiquent aux autres parties , tant de la face que du l'efte du corps. Les lèvres , par exemple , qui font de fî bons juges du froid & du chaud, ont encore ceci de particulier, qu'à la préfence d'un objet chéri , le fentiment délicieux qu'y fait naître le baifer, pafTe dans tous les nerfs du corps , ce qui ne pourroit avoir lieu, fi les nerfs du vifage n'étoient pas auffi nombreux & auffi unis qu'ils le font avec toute la maflè des nerfs. Quoi de plus fenfible & de plus tendre encore que la furface extérieure de l'oeil ? & d'où cela vient-il , fi ce n'efl du foin que la nature a pris pour que les nerfs particuliers à l'oeil jettaflent quelques-uns de leurs rameaux dans les mufcles , ou s'unilTènt fortement entr'eux par des anafto- mofes ? Et fi l'on demande pourquoi cette fi grande fenfibilité de l'oeil ? je réponds qu'elle étoit néceflàire pour prévenir l'obfcurciffëment de la vue , qui pourroit être occafionné par la chute des corps étrangers dans l'oeil , s'il n'en étoit averti par l'irritation des nerfs , laquelle fe communique aux mufcles deftinés à l'expulfion de ces corps. Pour fe faire une idée de ce méeanifme , il faut fçavoir que les nerfs de l'œil paflTent à travers le mufcle orbiculaire des paupières , de manière que les nerfs de la conjonftive étant irrités , les petits nerfs du mufcle le font auffi , ce qui caufe dans le mufcle orbiculaire des paupières une con- traftion ou reflerrement , qui , avec l'aide des larmes , pouflè & charrie les corps étrangers vers l'angle interne de l'oeil. C'efl: par toutes ces raifons que la face eft de toutes les parties du corps celle qui a le plus grand nombre de nerfs , <îk de nerfs diftinfts , n'y en ayant aucune à la furface de laquelle il s'en porte autant. Et c'eft auffi à cette même multitude des nerfs du vifage , jointe à leur extrême finefïè , qu'on doit attribuer le manque de defcriptions & de figures exaâes de ces nerfs , perfonne jufqu'ici n'ayant faifî & expofé aux yeux avec quelque précifion , la beauté & l'élégance de la nature à cet égard. III. Pour donner une idée générale des nerfs du vifage , je remarque qu'il y a deux paires des nerfs du cerveau , dont les principaux rameaux palïànt à travers les os de la tête , fe répandent fur la face , & y forment fous la peau & parmi la graiflè tant d'anaflomofes , d'îles , de refeaux & de tiflùs , que le vifage paroît être couvert de filets , fi on dégage fes nerfs de la peau , de la graiiîè , & de la membrane cellulaire qui les environnent.. Et d'abord par trois trous du vifage fortent trois rameaux de la cinquième- paire , le premier, le fécond & le troifième , lefquels tapiflènt le front , les parties du vifage fituées fous l'orbite , & celles de la mâchoire inférieure. Le premier rameau fupérieur (fig. n". i, 14. 24.) de la première branche DES SCIENCES DE BERLIN. 307 de la cinquième paire , conduit les ficns par le trou fus-orbitaire , ( fig. ^^'^^r n°. 1. I. 2. 8. 9. 10. II. 12.) & autour du bord fupérieur de l'orbite, .''^'' * (fig. 14. 21. 23. 24. 26.) au front , à la paupière, ( fig. 4. 15. 16. 2j.) ^ ^ ^ ^ ^ & à la partie fupérieure du dos du nez. ( fig. 3 1. ) '75'» La deuxième branche du nerf de la cinquième paire occupe le milieu du viftge par fon rameau appelle fous-orbitaire (fig. n°. 11.) parce qu'il fort du trou de ce nom ( fig. 1. |. J d'où il fait paflèr fes ramifications , qui font en grand nombre , à la paupière inférieure (fig. n°. 33. 46. 63.) au nez , ( fig. n". 36. 37. 39. 49. ) à la lèvre fupérieure ( fig. n°. 42. 43. 44. 4j. jo. j2. 59. ) & aux mufcles qui fe trouvent en cet endroit, (fig. 1. G. H. I. K. L. & n°. 54. 37. jo. 52. 60.) Quant au troifième rameau , qui eft le plus bas , & naît du nerf maxillaire inférieur de la troifième branche de la cinquième paire , il fort par le trou du menton , ( fig. n°. 1 11. ) fous la chair du mufcle quarré & triangulaire du menton , & diltribue fes rameaux à la lèvre inférieure , ( fig. n°. 89. 91. 92. 94. 95. 99. ) & à fes mufcles , (fig. let. T. H. n°. 85. 58. 92, 95. ) de ce troifième rameau de la cinquième paire en fort un autre qui paiîànt devant l'oreille , monte fous la peau des tempes. ( fig. n°. 293. 298. 300. ) & fait palïèr des rameaux vers la partie antérieure de l'oreille externe ( fig. n°. 296. 297. ) & vers les tempes qu'il pourvoit de nerfs cutanés , ( fa'g. n°. 300. 301. ) , dont quelques-uns appartiennent au fécond rameau de la cinquième paire ( fig. n°. 73. 74. 75. 77.79. 81.) & fortant par les os , viennent fe rendre à la partie antérieure des tempes , Si fe difperfent fous la peau. Ces trois rameaux du nerf de la cinquième paire communiquent l'un avec l'autre , foit par des anaftomofes direétes , foit fur-tout en s'uniflànt aux ramifications de la portion dure de la feptième paire ( fig. let. r ) ainfi appelléc par les Anatomiftes, pour la diftinguer de la portion molle du même nerf de la feptième paire ou auditif. Ce dernier , qui a fon trou par- ticulier devant l'apophife maftoïde , ( fig. let. ^ ) pouffe fes rameaux ( fig. n°. 142. 149. 155. 161. 174. 188. 207. 221. 244. 251. ) vers ceux du vifage, fçavoir les trois fufdits rameaux de la cinquième paire, fe joint à eux par plufieurs anaftomofes ( fig. n°. 144. 153. 154. 157. iS^* '^°' 162. 165. 201. 202. 218. 219. 231. 232. 233. 257. 261. 294. 29$.) & les entrelaçant de fes branches , y forme plufieurs grands tiffus & refcaux. Outre cela , par le moyen des anaftomofes , il unit ces mêmes nerfs de la face avec les nerfs cervicaux ( fig. let. A- m. * H n & n°. 280. 281. 282. 283.285. 274. 275.) & devient ainfi une des premières caufes de cette liaifon , & de cette correfpondancc , qu'ont les parties du vifage avec celles de tout le corps , par où s'explique aifément le fpafme cynique , ou ris fardonien, en le rapportant à l'anaftomofe qui unit la portioo Qqij 3d8 Mémoires de uacadèmie royale !=== dure de la feptième paire aux rameaux de la troifième & quatrième paire ToM. VU. jgj cervicaux , dont le nerf diaphragmatique tire fon origine. Et fi l'on veut A N N È E cQnnoître la caufe des changemens que produifent fjr le vifage les paffions * 7 5 '♦ de l'ame , on la trouvera dans les anneaux que forment autour des artères & des veines du vifage le nerf dur & les rameaux de la cinquième paire. L'ame n'agiflànt que par le moyen des nerfs , fuivant qu'elle fait couler dans ces anneaux nerveux le fluide qui efl: répandu dans les nerfs , elle tend plus ou moins ces anneaux ; d'où il arrive , que les vaiflèaux qui y font compris, étant reflèrrés par la preffion , le fang elï porté avec plus de vîteflè dans les parties du vifage , ce qui occafionne ces alternatives de rougeur qu'on y remarque , ou bien par le retréciffement des veines le fang accu- mulé dans les plus petits vaiflèaux , qui fe trouvent fous la peau du vifage , y produit cette rougeur , qui efl; le fîgne ordinaire de la colère , de la pudeur , & de la honte. IV. Les nerfs de la face étant d'un fi grand ufage dans le corps humain ," & la connoiffance en étant abfolument néceflaire pour expliquer les divers changemens du vifage , il auroit été à fouhaiter qu'il en eût paru une defcription Si une repréfentation plus exaâe que toutes celles que nous avons jufqu'à préfeiat , lefquelles ne fuffifent pas , à beaucoup près , pour donner une idée complette de l'entrelacement & de la correfpondance de cette multitude de nerfs qui fe diftribuent aux différentes parties de la face. S E C T I O N IL Des différens Auteurs qui ont parlé de ces nerfsi V. A La tête de ma diflîèrtation fur la cinquième paire des nerfs du l\ cerveau , j'ai fait une énumération des Auteurs qui ont donné des defcriptions ou des figures de ce nerf , en commençant par Galien , & en continuant jufqu'à nos jours , de manière que je pourrois aifément me difpenfer d'y revenir. Cependant, outre l'hiftoire que j'ai donné de ce nerf, il y a encore bien de chofes à ajouter ici , au fujet des rameaux qu'il envoie au vifage. VI. Il efl à remarquer , que les Anciens n'ont guère donné que la deC- cription des rameaux , que fournit au vifage le nerf de la cinquième paire. Peu experts en Anatomie , ils fe font contenté de faire connoitre , fans aucune précifion , les nerfs qui font les plus aifés à découvrir , les cutanés & les fuperficiels , ( ou ceux de la furface , ) accommodant enfuite les fi- gures qu'ils ont donné des nerfs à la defcription tronquée qu'ils en avoient faite^ DES SCIENCES DE BERLIN. 309 Vn. Le premier Autour , dont les écrits fur l'Anatomie , foient parvenus = jufqu'à nous , Galicn , n'a fourni aucune defcription particulière des nerfs ■' "■'*'• '^^'■* de la face j il fe borne , lorfqu'il en vient à la troiCème conjugaifon des ■" ^ ^ ^ * nerfs , à décrire les rameaux de la cinquième paire qui fe répandent dans ^ 7 5 '■» la face , fçavoir , le grand frontal du premier rameau de la cinquième paire, le fous-orbitaire du fécond rameau de la cinquième paire , & le menton- nier , ou le rameau du nerf maxillaire inférieur du troifième rameau de la cinquième paire , qui fe termine à la lèvre inférieure. Pour ce qu'on appelle aujourd'hui le nerf dur de la fcptième paire , il le nomme la moindre racine de la cinquième conjugaifon , & le décrit en peu de mots & mal , en difant qu'il fe diliribue dans le mufcle buccinateur , & dans celui qui elt dit p/a- tyomamyoiJcs. VIII. Charles-Etienne , qui a traité des nerfs de la face dans une feâion particulière de fon ouvrage anatomique (a), fuit Galien prefque en tout, & ne met au nombre des nerfs en queition que les trois rameaux de la troiCème conjugaifon , indiqués par l'Auteur grec , lailTànt entièrement à -^ l'écart les rameaux du nerf dur , qu'il décrit feulement en très-peu de mots (a*). Cela fait voir combien peu d'attention mérite une pareille defcription des nerfs de la face , qui fait à peine mention des troncs de ces nerfs. IX. Nicolas Maffa (a**) a changé les dénominations ; il rapporte à la troifième conjugaifon les rameaux du nerf de la cinquième paire , & à la quatrième , le rameau fous-orbitaire , qui eft auffi de la cinquième paire. Ce que nous appelions aujourd'hui la portion dure de la feptième , il le comprend fous la fixième ^ & il décrit tous ces nerfs avec beaucoup de brièveté & de confufion , s'en tenant prefque à nommer leurs troncs j ainfi fa defcription de ces nerfs peut être regardée comme nulle. Vcfale (b) en voulant corriger Galien , décrit à la vérité les nerfs avec plus d'étendue ; mais il s'en acquitte encore mal. Il fait fortir d'un même rameau , fçavoir de la plus mince racine de la troifième paire , les nerfs de la face qu'on nomme fus-orbitaire , ou frontal , & fous-orbitaire 5 & il fait une faute plus groflière que Galien , en avançant que les rameaux delà cinquième paire fortent, non d'un feul tronc, mais de plufîeurs troncs nerveux. Selon lui le nerf frontal , qui fort du premier rameau du nerf de la cinquième paire , eft la première branche de la racine la plus mince de la troifième paire, & le rameau fous orbitaire du fécond rameau du nerf de la cinquième paire , eft une féconde branche de la même racine. Pour le nerf mentonnier du troifième rameau de la cinquième paire , il en fait un rameau de la racine la plus épaiftë des nerfs de (). Il indique auflî les moindres rameaux du nerf dur qui vont dans les mufcles biventriques & fiiloglofTés ^ mais il n'a pas été bien au fait du pafîàge des rameaux de ce nerf dur par la glande parotide , & de leur diftribution 5 c'cft ce qui lui a fait dire , que le rameau defcen- dant , ou inférieur du nerf dur , fe répandoit dans les mufcles de l'os hyoïde , & de la langue , quoiqu'il de vienne fous-cutané dans le col. Il a ajouté une figure des nerfs , tant de la cinquième paire (*) , que du nerf dur de la fcptième (**) ; mais il a négligé , comme je l'ai remarqué ci-deA fus , de repréfenter la liaifon des nerfs avec les autres parties , s'étant con- ^ Voyez i"on Anatomie imprimée à Padoue en i6j4. (d) Dans ion Anatomia Reformata ^ édit. de la Haye lésy.Iib. II. cap. ;. (bj Thomx U^dlis cerebri anacome ncryorum que dejcriptio & ufus , cap. XXII» (') Ibid. fig. I. &■ I. (t*) Ibid, cap. XXIX. tab, IX. lit. C. 1. 1. }. 4- 5. Rr 314 MÉMOIRES DE UACADÉMIE ROYALE ï= tenté de fournir un fquelette des nerfs repréfenté en plan , ce qui n'efl ni ToM. VIL f^jffifant , ni utile. Année xXII. Après WilUs , on eft redevable à M. du Verney (*) d'une def- ^75^' cription particulière du nerf dur , & de quelques rameaux de la cinquiè- me paire , qui appartiennent à l'organe de l'ouie , dans le beau Traité qu'il a donné fur cet organe, 11 dit quelque cliofe du troifième rameau de la cinrès avoir ainfi rendu compte de la manière dont ce nerf fous- orbitaire , qui cft le plus grand du fécond rameau de la cinquième jjai- re , fe diflribue dans la face , je vais décrire à préfent les autres nerfs que ce fécond rameau de la cinquième paire envoie par les os dans les au- tres parties de la face. Ils font plus petits , & la grandeur aufiî-bien que riffue en font inconftantes , ce qui fait qu'il eft difficile de les préparer & de les conferver avec tous leurs rameaux ; & c'elt la raifon pour- quoi la defcription que j'ai donnée de ces rameaux dans ma dilTértation fur le nerf de la cinquième paire , n'épuife pas tous ces rameaux & leurs variétés. L. Le nerf le plus voifin du nerf fous-orbitaire , qui entre dans la fa- ce, c'eft celui auquel fa diftribution a fait donner le nom de nerf fous- cutané de l'os de la pomette. Il naît de la partie fupérieure du fécond ra- meau de la cinquième paire , encore caché dans fon canal ; 6^ partant de cette origine , il fe gliflè en devant par la fente inférieure de l'orbite , &. ayant fourni des rameaux fous-cutanés antérieurs des tempes , dont je parle- 328 MÉMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE ,r,' rai tout-à-l'heure , il fort par un trou de l'os de la pomette, ou s'il eft dou- lOM. l il. 1 1 J ^ ble , par deux. ANNEE j^j^ j^g j^g^£ çyi-gj,^ Je l'os de jg pomette , qui eft pour l'ordinaire uni- ^ 7 5 ^' q^jg ^ fort donc par un trou du corps de cet os , fous les fibres du mufcle orbiculaire des paupières , tantôt dans la partie antérieure , tantôt dans la partie moyenne du corps du même os. ( tig. n^. 66. ) Il fe partage d'a- bord après fa fortie , & même quelquefois encore au-dedans du trou, en deux rameaux , l'un fiipérieur , l'autre inférieur. Le rameau inférieur donne un rejetton qui fe porte intérieurement au-deifus de l'os de la po- mette , & qui fe joint par une anaftomofe avec le nerf le plus extérieur de la paupière inférieure , ( fig. n-'. 67.) & un autre qui s'unit au rameau facial fupérieur du nerf dur , au-defliis du corps de l'os de la pomette , fous le mufcle orbiculaire des paupières , & dans la peau de l'os de la pomette. Pour le rameau fupérieur , il monte au-defïùs du corps de l'os de la pomette , vers le bord externe de l'orbite , où il fe réunit par une ou deux anaftomofes avec les rameaux du nerf orbitaire inférieur de la portion du- re ; mais en montant il fe difperfe dans la peau de l'os de la pomette , dans les fibres extérieures du mufcle orbiculaire , fous lefqucUes il eft ca- ché , & dans la partie externe de la paupière fupérieurc. (fig. n°, 69.) S'il y a deux rameaux cutanés de l'os de la pomette , l'inférieur & le fupérieur, alors l'inférieur , que je viens de décrire , fe joint au fupérieur au-deffus du bord externe de l'orbite, ( fig. no. 69. ) LU. Quant au rameau même fous-cutané fupérieur de l'os de la pomet- te , ( fig. n". 70. ) après être forti d'un trou qui perce quelquefois de l'orbite dans le corps de l'os de la pomette , il fe répand dans la face fous les fibres extérieures du mufcle orbiculaire des paupières , & fe di- vife en rameau externe & interne , qui l'un & l'autre fe joignent au-def- fus de l'os de la pomette par une anaftomofe a/ec le nerf inférieur fous- cutané de l'os de la pomette j mais l'extérieur defcendant en devant au- delîiis de cet os , communique avec le rameau orbitaire inférieur du nerf dur, ( fig. n°. 71.) fourniflànt des fibrilles au mufcle orbiculaire des pau- pières 5 tandis que l'intérieur , montant à travers le rameau fupérieur de l'os de la pomette , ou le bord externe de l'orbite , parvient à la partie la plus extérieure de la paupière fupérieure , (fig. n^, 72. ) & fe divife en continuant tranfverfalement fa route vers l'intérieur. LUI. Mais plus haut encore , des rameaux nerveux , fortis du fécond rameau du nerf de la cinquième paire , & fpécialement de fon rameau fous-cutané de l'os de la pomette , fe jettent dans la peau des tempes , (voy. le §. LIX. de ma dilîèrtation fur le nerf de la cinquième paire,) tantôt plus gros èi, en plus grand nombre , tantôt moindres , fuivant que DES SCIENCES DE BERLIN. 329 que le nerf fous-cutané poftéricur des tempes du troifième rameau du nerf ^ ^' de la cinquième paire cil plus grand ou plus petit ^ car s'il eft trop petit, i"'^'' , ils fervent à fupplécr à ceux de fes rameaux qui manquent fous la peau " " ^ ^ ' des tempes ; & il eft en eftet plus petit , lorfque le rameau intérieur qui ' / J '• fort du rameau fous-cutané de la mâchoire eft plus grand que le polie- rieur. Dans toutes les dilTèdions des nerfs , que j'ai fi abondamment réi- térées , je n'ai jamais manqué de trouver l'un ou l'autre des nerfs antérieurs que l'appelle fous -cutanés des tempes •■, il m'eft arrivé même allez fou- vent d'en rencontrer trois. (Ci c'elt le nomore qui eu ludiijuc uans la h- giue n'. 77. 81.) Ils nailTènt tous du nerf fufdit du fécond rameau de la cinquième paire , après fa réunion avec le nerf lacrimal du premier ra- meau du nerf de la cinquième paire 5 & fortant par un petit trou , ou plu- tôt par un canal quelquefois double, qui conduit de l'orbite par l'apophyfe fupérieure orbitaire de l'os de la pomette dans la foflè antérieure des tempes , ils entrent dans cette folTè avec l'artériole de l'artère lacrimale qui les accompagne , y montant entre le mufcle temporal & l'apophyfe orbitaire de l'os de la pomette , & fe portant le plus fouvent dans le tii'lù cellulaire fous l'aponevrofe du mufcle temporal , quelquefois auflï en dehors à travers les chairs mêmes du mufcle temporal ; jufqu'à ce que pre- nant leur iiïùe par l'aponevrofe même de ce mufcle , ils montent à la par- tie antérieure des tempes , & terminent leurs rejettons fous la peau. Tel eft l'ordre que ces nerfs obfervent dans leur cours. Ils percent, non en un, mais en divers endroits, l'aponevrofe du mufcle temporal, (ces trous font toujours vifibles dans cette aponevrofe , & répondent au nom- bre des nerfs qui les ont faits , ) mais cela n'empêche pas qu'ils ne mon- tent fouv'ent tous réunis dans la partie zigomatique antérieure de la foftè des tempes. De-là ils fe portent extérieurement fous l'aponevrofe , & étant encore fous elle , ils fe joignent quelquefois par une anaftomofe avec le nerf dur ; car ils communiquent tous, foit qu'il y en ait deux ou trois, avec les rameaux zigomatiques du nerf dur ; & à caufe de cela , j'ai fouvent obfervé comment ce nerf fous-cutané antérieur des tempes , fè divifoit en deux rameaux fous l'aponevrofe du mufcle crotaphite ; det quels l'un fortant par l'aponevrofe , & defcendant en dehors , s'unit au petit rameau qui monte des rameaux zigomatiques du nerf dur , & l'autre refléchi au-deftiis de l'aponevrofe du mufcle temporal, fous la peau, à travers les rameaux du nerf dur , fe joint fouvent , par une féconde anaftomofe , avec ce nerf , & va fe terminer dans la peau des tempes. LIV. Ainfi le premier de ces rameaux, ( fig. n". 73. ) avant que de paflér par l'aponevrofe du mufcle temporal , donne fous cette apo- nevrofe un rameau qui va en arrière , qui s'infère dans le fécond nerf fous- cutané antérieur des tempes , ( fig. n". 75. ) & perçant l'aponevrofe , T t 530 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE -„ monte au-deffus d'elle ; ( fig. no. 74. ) il reçoit enfuite par infertion un ToM. lli. j.g^g3y jy fécond rameau zigomatique du nerf dur , ( fig. n". 76. ) A N N È E g^ difperfe fes rejcttons dans la partie antérieure de la peau qui couvre le ' ^ * mufcle temporal. LV. Le fécond rameau fous-cutané des tempes , ( fig. n". 77. ) fe porte plus loin en arrière fous l'aponevrofe du mufcle temporal , & reçoit par infertion un rameau du précédent: ( fig. ne. 78. ) de -là , par un petit rameau qui va en defcendant , il fe ioint V3.r une anaftoi-nfirp a^Jpr le ti'Oiiiemu lameau zigomatique du nert dur; ( hg. n». 6o. ) mais après qu'il eft forti , fe réfléchifïànt vers le haut fous la peau des tenipi:b , ( fig. n°. 79. 3 i' s'y difperfe par fes rejettons , ik il n'eft pas rare que les derniers d'entr'eux s'unilïènt par une ou plufieurs anaftomofes , avec le rameau le plus extérieur du nerf fous-orbitaire ; ( fig. no, 8. & 84.) i'ai même vu cette anaflomofe avoir lieu avec le nerf antérieur fous-cu- tané des tempes. LVI. Enfin, le troifième des nerfs fous -cutanés antérieurs des tempes, qui manque lorfque le nerf fous-cutané poflérieur des tempes du troi- fième rameau de la cinquième paire n'a point de rameau antérieur , comme dans la figure -, fortant plus bas que ceux dont on a déjà fait rénumération , par l'aponevrofe du mufcle temporal , fe porte de fon origine (fig. no. 81.) fous l'aponevrofe fufdite en arrière. Après fa fortie , il fe refléchit en haut à travers l'aponevrofe du mufcle temporal , & étant joint avec le rameau du nerf dur iffu du fécond zigomatique, ( fig. n". 82. ) il monte fous la peau des tempes , à travers les rameaux du nerf dur , & l'artère antérieure de la furface des tempes j il com- munique quelquefois avec le premier rameau zigomatique du nerf dur , & par fes rejettons qui montent entre la peau & la calote aponevrotique de la tète , il fe termine en fibrilles dans la peau des tempes , au-devant de l'artère poltérieure de la furface des tempes. Ainfi tous ces nerfs fous-cutanés des tempes , iffiis du fécond rameau du nerf de la cinquième paire , dans un lieu caché, vont aboutir à la peau des tempes ; ils ont ainfi tous communication avec le nerf dur , & ils forment la couche extérieure des nerfs temporaux , y ayant entr'eux & les rameaux du nerf dur une fubfl:ance celluleufe , qui fe continue de la ca- lote aponevrotique de la tête fous la peau des tempes. LVU. Enfin le troifième rameau du nerf de la cinquième paire donne & diflribue , en plufieurs endroits très-difFérens de la face , trois rameaux affez confidérables. Le premier , & le principal , couvre de fes ramifica- tions la partie inférieure de la face , fçavoir la mâchoire inférieure ; & je l'appelle mentonnier , parce qu'il fort par le trou mentonnier du canal de la mâchoire inférieure , Si difperfe fes rejettons autour du menton. ( fig. DES SCIENCES DE BERLIN. jji n*. 3. ) Il fe continue du rameau maxillaire inférieur du troifième ra- ,. meau de la cinquiil-me paire, dont j'ai donné la defcription dans la cinquième J''^'' fedion de ma dilTcrtation du nerf de la cinquième paire , où je traite en '*" ^ ^ particulier ( §. XCIX. ) de ce nerf mentonnicr. ' 75 '• LVIIl. Il fort par derrière le mufcle dépreflèur de la lèvre inférieure , ou le mufcle quarré , fous la plus petite dent molaire poftérieure , par le trou mentonnier : il fe divife en trois rameaux, un inférieur, qui eft le moin- dre , & deux fupérieurs qui font plus grands ; le moindre eft fouvent déjà féparé des plus grands au-dedans du trou ^ mais quelquefois les deux fu- périeurs & plus grands montent réunis jufqu'à quelque diftance du trou mentonnicr , jufqu'à ce qu'ils fe divifent en intérieur & extérieur ^ il ar- rive auflî , mais rarement , que l'inférieur , ou le moindre , eft joint avec Je plus grand rameau intérieur. Ces deux plus grands rameaux qui montegt , je les appelle labiaux infé- rieurs , externe & interne ; & je donne au moindre rameau le nom de mufculaire , ou de fympathique du nerf mentonnier ; & cela parce que les rameaux fupérieurs vont dans la lévre inférieure , & que le moindre fe termine dans les fibres mufculaircs placées fur le menton, & fe joint par plufieurs anaftomofes avec le nerf dur. LIX. Le rameau inférieur, ou moindre, & fuivant ma dénomination, muf- culaire , ou fympathique, (fig. n°. 85.) fortant du trou mentonnier, derrière Je mufcle dépreftèur de la lévre inférieure , fe jette d'abord en avant & en arrière vers le menton ^ immédiatement après fa fortie , il communique avec le rameau inférieur du nerf dur qui a paiîé le bord de la mâchoire , •(fig. n°. 86.) le recevant par l'infertion d'un ou de plufieurs rejettons. Il continue à s'avancer en dehors & en dedans , fous le mufcle dépreflcur de la lévre inférieure , vers le menton ; il donne plufieurs rejettons à ce mufcle , & reçoit de nouveau par infertion , au moyen d'une ou de plu- fieurs anaftomofes arfïèz fortes , un rameau du nerf dur qui a paffé le bord de la mâchoire inférieure, (fig. n". 87.) Ce nerf mufculaire fe divife, fous les fibres du mufcle déprelTèur de la lévre inférieure , en rameau fu- périeur & inférieur. L'inférieur , qui eft le plus grand , allant en avant vers le menton , près du bord de la mâchoire inférieure , reçoit un petit ra- meau entier du nerf dur , qui a pafîc le bord de la mâchoire inférieure pas Join de ce nerf, & qui lui eft inféré à angle aigu : ( fig. n°. 87. ) dc-là fe divifant en plufieurs rejettons , diverfement liés entr'eux , il fe difierfe , tant dans le mufcle dépreflèur de la lévre inférieure , que dans l'origine antérieure du mufcle dépreflèur de l'angle de la bouche , dans le mufcle incifif de la mâchoire inférieure , ou dans le mufcle élévateur propre de la lévre inférieure , & dans la peau du menton , aulfi-bien que dans les fibres jiiufculaires qui là même font dffpofées tranf/erfalement dans la grailfc. Ttij 332 MÉMOIRES DE UACADÈMIE ROYALE ■ ^r LX. Quant au rameau fupéricur moindre de ce rameau inférieur do . ' ' ,, ■ nerf mentonnier , il fe joint fouvent par une anaflomofe , fous le mufcle quarré du menton, foit avec quelque rameau d'entre les fufdits du nerf dur, ' ^ * foit auffi avec fon rameau moyen qui accompagne l'anère faciale à travers le bord de la mâchoire ; ce qui étant fait , il s'infère par fes fibrilles dans le mufcle orbiculaire des lèvres , dans l'incifif inférieur de Cowper , & dans la peau du menton , fous le milieu de la lèvre inférieure. LXl. Les rameaux fupérieurs . J"":- 'es § §, Cil. CIII. & CIV. de ma dilTcr- tdiion. npres que ce nerf a donné de petits rameaux au conduit de l'ouie , il fort entre la mâchoire inférieure & l'avance mammillaire devant la partie de la glande parotide , qui ell placée dans cet endroit- là , & derrière l'artère tk la veine des tempes , en dehors vers la partie latérale de la face, au-devant de l'oreillete. ( fig. n°. 293.) Derrière cette artère , il fournit deux rameaux allez viCbles , qui ceignent l'artère des tempes , ik s'infèrent dans le nerf dur. L'un , qui eft'le plus pro- fond , ou l'intérieur, ( hg. n". 295. ) va de fon origine en avant, du nerf de la furface des tempes, derrière l'avance condiJoïde de la mâ- choire inférieure , fe portant en dehors à travers cette avance niie de la mâchoire & fous l'artère des tempes ; mais devant cette artère , il s'infère au rameau fupériear du nerf dur ( fig. n°. 140.) par un ou par deux rameaux ; l'inlcrtion fe fait pourtant plus fréquemment de ce rameau entier qui fort du nerf fous-cutané des tempes dans le rameau fupérieur du nerf dur ^ quelquefois auffi ce rameau eft double , & l'un & l'autre s'infèrent dans le rameau fupérieur du nerf dur. L'au- tre rameau eft extérieur , & fe porte du nerf fous-cutané poftérieur des tempes en avant à travers l'artère des tempes, ( fig. n°. 294.) & devant cette artère , il s'infère , ou fimple , ou en deux rameaux , dans le rameau fupérieur du nerf dur. De cette manière , l'artère des tempes eft conftamment renfermée dans ce filet nerveux \, & dans le grand nombre de cadavres que j'ai dilîèqués , je n'ai jamais trouvé d'autre ftrucïure : toujours de ces rameaux du nerf fous-cutané des tempes , l'un fe porte à travers l'artère des tempes , l'autre fous la^ même artère en avant vers le nerf dur. Entre ce rameau fupérieur du nerf dur , le nerf fous-cutané des tempes , & la glande parotide y. monte la veine des tempes paleillement renfermée par ces nerfs. LXIX. Après avoir fourni ces rameaux, le nerf fous-cutané pof- térieur des tempes , montant derrière l'artère temporale au-devant de. l'oreillete , donne le rameau auriculaire antérieur , ou plutôt fous-cu- tané du trjgui \, ( fig. n°. 296. ) ce rameau montant vers le tragus ,. fe joint au rameau auriculaire antérieur du nerf dur, ( fig- n°. 132. ), & pareillement au rameau qui monte de l'auriculaire poftérieur du 335 MÉMOIRES DE VACADEMÎE ROYALE ï!^= troifième nerf des cervicaux; ( fig. n°. 266. 267.) mais fc ramifiant, il 7oM. Mi. fe termine par fes rejettons fous la peau du tragus , s'infinue parmi les Année j^bj-gj j^, mufcle tragique, ( fig. n". 297. ) & s'avançant auffi quelquefois ^75^' fous la peau dans la partie antérieure deVhclix, Ayant donné ce rameau , le nerf fous-cutané poftérieur des tem- pes continue fa route , fort enfin devant le tragus fous l'artère des tempes , & devient fous-cutané. ( fig. n°. 298. ) Mais en montant devant l'oreille externe , il donne un petit rameau Uans 1^ pi; ,\e. la peau entre le tragus & l'hélix , ( fig. n". 2C)j. ) &. un autre plus haut dans la peau de lapartie antérieure de l'hélix , 6c le mufcle de l'hélix placé dans cet endroit, & s'y termine par fes fibrilles, (fig. n°. 299.) En fortant derrière l'artère des tempes , il fe divife le plus fou- vent en deux rameaux , le poflérieur & l'antérieur. Le poflérieur pla- cé devant l'hélix , & prcffant fortement l'oreille , monte dans la mem- branc celluleufe fous-cutanée , donne des rejettons dans la partie an- térieure de l'hélix , qui lé dillribuent fous fa peau avec le rameau de l'artère auriculaire antérieure. De-là , muni d'une artériole de l'au- riculaire , il monte devant l'oreille , donne un rejetton dans la peau des tempes , qui finit devant la partie fupérieure de l'oreille. Il continue de-là avec l'artère poftérieure de la furface des tempes , & fe divife en plufieurs petits rameaux , dont l'un monte au-deffus de l'oreille , à tra- vers le mufcle élévateur & l'oreille externe fous la peau ; il lui donne des fibrilles , & fe difperfant dans la peau poftérieure des tempes , il fe joint par une anaftomofe avec les rameaux du nerf occipital ; ( fig. 302. 303.) mais les rameaux antérieurs fe diftribuent autour de l'ar- tère poftérieure de la furface des tempes dans la peau des tempes , montant un peu en avant depuis la partie du milieu des tempes jufqu'à la plus élevée , & envoyant leurs derniers rejettons dans la peau. Quel- quefois ils font encore joints par en haut avec les rameaux du nerf oc- cipital , qui procède du fécond des cervicaux. ( fig. n». 300. 301. ) Ce rameau placé derrière l'artère des tempes , eft le feul dans lequel le nerf fous-cutané des tempes fe termine , fi les trois nerfs fous-cu- tanés antérieurs des tempes s'y trouvent, comme cette ftruûure a lieu dans notre figure. Mais s'il n'y a feulement qu'un ou deux des nerfs fous-cutanés an- térieurs des tempes , alors le rameau antérieur du nerf fous - cutané poftérieur des tempes , eft pour l'ordinaire plus grand que celui qui va avec l'artère poftérieure de la furface des tempes. Ce rameau tra- verfe d'abord l'artère de la furface des tempes qui n'eft pas encore divifée , & fe jette par un autre rameau fous la peau qui couvre l'a- ponevrofe du mufcle temporal , au - deiïijs du zygoma ; enfuite féparé pat DES SCIENCES DE BERLIN. 337 par la fubltance cellulcufc , qui eft une continuation de la calotte jfjf aponcvrotique de la tête , des rameaux du nerf dur , il fe diffipe en ^"'^V rejettons vers l'orbite dans la peau des tempes. De-là montant audef- " ^' ^ ^ ^ fus de l'artère antérieure de la furface des tempes , il fe partage en '75'» pluficurs rameaux , qui parcourant devant & derrière l'artère des tem- pes , la fubltance cellulcufc qui couvre l'aiioncvrofe du mufcle tempo- ral , envoyent leurs rejettons dans la peau qui couvre la partie du mi- lieu de ce mufcle ; & ces rejetions font quelquefois unis avec les pe- tits rameaux extérieurs du nerf fous-orbitaire jufqu'à l'extrémité du bord du mulclc temporal. Ainfî les rameaux du nerf de la cinquième paire fe diftribucnt pref- que par toute la face. En efFet , le premier envoie & répand des nerfs dans le front , la paupière fupérieure & le finciput ; le fécond dans le nez , la lèvre fupérieure , la paupière inférieure , la peau de la joue , & la partie antérieure des tempes 5 le troifième enfin, dans le menton, la lèvre inférieure , la bouche , la partie pollérieure des tempes , & la partie antérieure de l'oreille externe. Mais tous ces rameaux du nerf de la cinquième paire difperfés à la furface du vifage , fe joignent , tant entr'eux qu'avec les autres nerfs du corps , par des rameaux du nerf dur , dont j'ajoute ici la defcription. LXX. La feptième paire des nerfs , qui eft la cinquième des an- ciens Anatomiftes avant inUis , fe fépare dès fon origine en deux parties , l'une médullaire , très-molle & coulante , que l'on a nommé pour cela la portion molle , qui tire la plupart de fes racines du fil- Ion , ou de la fource du quatrième ventricule , lefquelles racines det cendent entre le cervelet & la moelle allongée , tandis que les autres procèdent de la produûion rétiforme du cervelet. Toutes ces racines réunies forment la portion molle de la feptième paire du cerveau , qui fe porte en dehors vers le trou acouftique , au-defliis du nerf , étant uniquement entouré de la pie-mère qui eft très- molle. Mais il n'en eft: pas de même de l'autre branche- de la feptième paire des nerfs , que les Anciens ont appelle dure à caufe qu'elle a en effet beaucoup plus de dureté que la portion molle de la feptième paire. Le célèbre If'inf. /oie lui a donné le nom de petit Jympdthitiuc , à caufe de fa liaifon avec plufieurs autres nerfs, & ce nom convient en effet parfaitement il fa diftribution. Cette féconde & moindre portion de la feptième paire des nerfs , naît pour la plus grande partie du derrière de ces deux principales allonges du cervelet , qui forment la protubérance annulaire de Jfillis , & elle reçoit quelques fibrilles qui s'y joignent des avances rétiformes de Willis , lefquelles fibrilles naiflènt au - deffus du nerf de la huitième paire , auprès des fibres de la portion molle de ce Vv 338 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE T ITjf "^''^5 ^ ^" defcendant elles fe réuniflènt avec les fibres précédentes ■y'' ' , ' pour former un feul nerf. Ces fibres font entourées de la pie- mère , qui efl: plus forte que la portion molle du nerf de la feptième paire 5 ' ^ * & cela donne plus de dureté au nerf , qui , placé fous la partie mol- le , & allant un peu plus en avant & en dehors , au-defïùs de la tu- nique arachnoïde , va fe rendre au trou acouflique avec plufîeurs pe- tits vaiireaux de la pie-mère. Fallope avoit déjà jugé que ce nerf dur , féparé de la portion molle , autrement dit le petit fympathique , devoit être regardé comme un nerf particulier du cerveau , parce que de- puis fon origine jufqu'à fa fin , il demeure toujours féparé de la por- tion molle de la feptième paire. Après que ce nerf eft entré dans le trou acouftique , continuant fa route en avant & en dehors au - deffus de la portion molle , il entre dans l'ouverture fupérieure du conduit de Fallope revêtu de la dure-mère , & defcend par ce conduit en ar- rière & par dehors , derrière la cavité du tympan , & fur-tout der- rière les offelets de l'ouie , qui portent le nom de marteau & d'en- clume. Mais quand du trou acouftique , il eft réfléchi dans ce canal , il envoie de fon arc un petit rameau , qui continuant par la fente du conduit de Fallope , tant en avant qu'intérieurement , au-deflùs de la furface antérieure de l'os pierreux , communique avec le rameau pc' treux du fécond rameau de la cinquième paire ^ 6c allant un peu plus loin , tant en avant qu'en arrière , il en fournit un autre qui s'infère dans le mufcle long ou euftachien du marteau. Ainfi le nerf dur defcendant derrière les jambes de l'enclume , en arrière & en dehors , par le canal ou aqueduc de Fallope , defcend en bas au-dedans de fon canal revêtu de la dure-mère , derrière le mufcle de l'étrier , dans lequel il fournit de fa partie interne une très-petite fibrille. Mais en defcendant perpen- diculairement , & continuant fa route entre le tympan ôi l'avance mam- millaire , il donne un petit nerf de fa partie externe , qui defcend du tronc , & qui étant réfléchi encore au-dedans du canal vers le haut & en dehors , monte par l'os pierreux au tympan , ôi porte le nom de corde du tympan. J'en ai donné une defcription étendue dans ma diiïèrtation du nerf de la cinquième paire , au §. cité , noi. m. LXXI. Ce nerf dur , ou petit fympathique , après avoir fourni la corde du tympan , & demeurant caché dans fon canal , en fort enfin par le trou ftylomaftoïdien , entre le ventre poftéricur du mufcle biventrique , der- rière l'artère auriculaire poftérieure. Lorfqu'il eft encore entier , il donne quelquefois un-rejetton qui s'infère dans le petit rameau du nerf inter- coftal qui accompagne l'artère auriculaii"e ; mais de-là il donne deux rameaux devant le mufcle biventrique , vis-à-vis de la pointe de l'apo- phyfe maftoïde , ( je les ai auffi obfervés j mais rarement , fortant du DES SCIENCES DE BERLIN. 339 tronc du nerf dur , féparés dès leur origine , ) l'antérieur , qui cft le ,. y,.' moindre , & le poftérieur , qui efl le plus grand ; lefquels s'uniiTànt a ' ' ,' de nouveau l'un à l'autre par de petits rameaux , forment une île ou un arc devant le inufcle biventrique. 7 3* LXXII. Celui de ces petits rameaux qui eft antérieur , & qu'on nomme le nerf ftilohyoïde , defcendant derrière l'artère auriculaire , fe divife de^ vant le mufcle fHlohyoïdc en plufieurs , & pour l'ordinaire en trois petits nerfs , dont le principal defcendant en avant , & intérieurement entre l'artère auriculaire & le tronc de l'artère temporale, (fig. n°. izsO fournit premièrement un rejetton qui defcend devant le mufcle flilo- hyoïde , & qui s'alTiijcttidànt à l'artère des tempes , s'infère du côté poftérieur de cette artère , à un rameau du nerf intercoftal qui monte en devant , au-defliis du côté convexe de l'artère temporale. Ainfi le nerf dur communique , à plufieurs reprifes , par le moyen de ce rameau , avec les rameaux mous du nerf intercoftal , qui accompagnent les ra- meaux de l'artère carotide dans la face. Cependant cette anaftomofe iî fréquente avec le nerf intercoftal , n'a pas conftamment lieu ; mais il n'y a fouvent qu'un rameau unique qui ait communication avec le nerf intercoftal. Après avoir fourni ces rameaux , il defcend un long efpace entre le mufcle biventrique & flilohyoïde , & fe confume prefque tout entier dans la partie poltérieure du mufcle ftilohyoïde qui eft fituée vers le mufcle biventrique , & c'eft de-là qu'il a reçu le nom de nerf jl'do' hyoïde. J'ai pourtant vu une fibre de ce nerf percer le mufcle , & avoir communication de nouveau avec le nerf intercoftal qui accompagne l'ar- tère. Mais un autre petit rameau du même nerf (fig. n". 128. ) defcend à travers le tendon du mufcle digaftrique , ou bien parvenant avec lui jufqu'à la bafe de l'os hyoïde , il s'infère dans le mufcle mylobyoïde , & la peau qui eft entre l'os hyoïde & le cartilage thyroïde , ou defcen- dant au cou fous les autres rameaux du nerf dur , il communique avec le nerf fous -cutané du col de la troifième paire des cervicaux. ( fig. n". 129. ) LXXIII. Quant au rameau poftérieur du nerf profond intérieur , qui cft plus grand que le précédent , & qui porte le nom de biventrique à caufe de fon infertion & de fon palîàge dans le mufcle de ce nom , (fig. n°. 120.) il defcend un peu en dehors devant le ventre pofté- rieur du mufcle biventrique , & communique fouvent par un petit rameau avec le rameau antérieur du nerf profond interne dur : de là fe portant en dehors dans les fibres du mufcle biventrique , il defcend par le mi- lieu de fa chair des parties extérieures & antérieures en dedans & un peu en arrière ; il donne d'abord un petit rameau fupérieur & un au- tre inférieur à ce ventre poftérieur du mufcle biventrique , & l'un Si . Vvij 340 MÉMOIRES DE UACADÈMIE ROYALE ~ ^=Y l'autre fe terminent par leurs rejetions dans les fibres de ce mufcle. i OM. yU' ( gg. n*^. 12 1.) Il continue enfuite , après avoir donné ces nerfs au muf- A s N h E ^jg biventrique , par un rameau allez fort , ou par deux , par ce ven- .' 7 5 '• tre poflérieur du mufcle biventrique , dont il perce les chairs en defcen- dant intérieurement ; & allant ainfi en dedans , il fort de ce mufcle au- defliis de fon tendron , derrière l'artère occipitale , & fe divife en deux rameaux , le fupérieur qui eft le plus grand , & l'inférieur qui eft le plus petit. Celui-ci defcend à travers l'artère occipitale , & pafiant tranf- verfalement fous le mufcle ftilohyoïde , & le ti-onc de l'artère tempo- rale , il continue tant en avant qu'intérieurement vers le bas , & en def» cendant il s'infère à angle aigu devant l'artère des tempes , derrière l'a- pophyfe fWoïde , dans le nerf du larinx de la huitième paire. Mais l'au- tre rameau plus grand étant forti du mufcle biventrique , monte en dedans profondément devant l'artère occipitale , derrière le mufcle fti- lohyoïde , entre celui-ci & l'artère occipitale, ( tîg. n°. 123. ) & mon- tant devant la veine jugulaire dans fa furface antérieure , dans la mê- me dire£iion vers le trou jig ilaire , & s'infère tantôt en dedans de ce trou , tantôt au-deffôus , un peu plus haut ou plus bas , dans lo nerf qui defcend du nerf de la huitième paire au côté intérieur de la veine jugulaire , & enfuite il fe divife en rameau du larinx & rameau de la langue de la huitième paire des nerfs. (*) LXXIV. Des rameaux profonds du nerf dur , l'autre eft le profond externe. Il naît toujours immédiatement fous le trou fiilo-mailoïdien de la partie extérieure du nerf dur, devant l'apophyfe maftoïde, adhérant fortement à fa furface antérieure , il monte en dehors & un peu en ar- rière du dur ; ( fig. n°. 114.) il fait une circonfléxion en arrière autour de l'apophyfe maftoïde , à la furface interne de laquelle il fe joint par une anaftomofe , derrière la glande parotide , avec le rameau profond antérieur du nerf auriculaire de la troifième paire des cervicaux. Mais après fa circonfléxion autour de l'apophyfe maftoïde , il reçoit au côté externe de cette apophyfe un autre rameau qui s'y infère du ra- meau auriculaire du nerf de la troifième paire des cervicaux : ( fig. n». 274. 275.) de-là montant derrière l'oreille externe, il fe divife en deux rameaux , l'un auriculaire qui monte , & l'autre occipital qui retourne, en arrière. (») Cette anaftomofe confiante entre le nerf dur de !a feptième paire & le nerf de ta huitiètne paire, fe trouve obfervée pour la première fois dans le Ftjfcu. icon. anat. de mon illufire & refpeftable maître M. de Huiler. Je l'ai trouvée coiftamment dans tous les cadavres, Si même Je plus fouvent (impie , un rameau montant du nerf dur , s inférant dans le nerf de la huitième paire au-dudans du itou par lequel ce nerf fort du crâne ; mais je n'ai pas laiffé d'obferver auffi dans plufieurs fujets un rameau defcendant dans ce même rameau du nevf de la huitième paire ; & ce rameau perçant toujours le ventre poftéticur du mufcle biventrique , fe rend au neif de la huitième paire. J'ai vu aulTi ce nerf biventrique uni par une anaftomofc avec Ig î&- meau antécieur {irafond du mif auiiculairs d; U UQiûéme pa'ue des eitneioXi DES SCIENCES DE BERLIN. 341 LXXV. Le rameau poftérieur profond auriculaire , ("fig. n". 1 1 $. ) qui w? naît aufli fbuvcnt féiiarément du nerf dur , vient à l'oreille à travers l'apo- J^^^' . phyfe mafloïde ; il monte à l'oreille externe fous le mufcle auriculaire ■" ^ " E B poltérieur , & s'y inlinue profondément, commentant derrière le con- ^7 5^' duit de l'ouïe , & la convexité extérieure de la cavité de l'oreille , qu'on appelle la conque. 11 donne un rejetton au mufcle auriculaire pofté- rieur. De-là montant entre l'os des tempes , & l'oreille interne qui y efl adhérente , il pénétre profondément une fubftance celluleufc épaiflè , & diitribue fcs fibrilles dans la partie de la convexité externe de l'oreille , qui elt la plus proche de l'os , fous fa peau ^ enfin faifant une inflexion autour de rantitnigus fous la peau vers le dedans , & parvenant dans la cavité de l'oreille dite conque , il difperfe Tes rejettons , en donnant un petit rameau inférieur fous la peau qui revêt l'intérieur de l'anthragus , & un autre qui va fous la peau de la conque de l'oreille externe. Celui- ci , après qu'il efl monté à l'oreille , fe joint avec un rameau du nerf au- riculaire du nerf poflérieur de la troifième paire des cervicaux , ( fig. Du. 274./ avec lequel auffi s'il fort féparement du nerf dur , il commu- nique profondément devant l'apophyfe mafloïde , & derrière la glande parotide. LXXVI. L'autre rameau du rameau profond externe du nerf dur , cft l'occipital du dur. fig. n'. 118. ; Il roonte fous le mufcle auriculaire poflérieur en arrière à travers l'apophy^ mafloïde , & envoie quelque- fois un plus petit rameau dans le mufcle occipital , dès avant que d'ê- tre entré dans ce mufcle poftérieur de l'oreille , 6c il a , de même que l'auriculaire , communication avec le nerf auriculaire de la troifième paire des cervicaux. < fig. n°. z-jj. , iï continue cnfuite , & au-deflùs du mufcle auriculaire poftérieur il donne un petit rameau qui monte dans la peau derrière l'oreille externe ; & rafant les bords inférieurs de l'a- dhéfîon du mufcle occipital , il pafïè fous la peau & la fubftiance cel- lulaire , & retournant en arrière il fe divife en plufieurs rejettons mous, dont les fupérieurs s'étendant dans les fibres du mufcle occipital , & les autres fe portant plus en arrière , vont fe terminer dans les fibres du mufcle fplcnius , ou maftoïdien poftérieur , qui s'infèrent dans l'os de l'occiput. LXXVII. Après avoir fourni ces rameaux profonds , le nerf dur paflè en defcendant entre l'apophyfe maftoïde , & la partie du milieu du ra- meau de la mâchoire inférieure , par la partie de la glande parotide , qui remplit la foiîè fituée entre l'apophyfe maftoïde & la mâchoire inférieure. Mais avant que d'atteindre la mâchoire vers laquelle il s'avance dans l'en- droit où il travcrfe le trou de l'artère des tempes , en pafTant un peu en dehors &. en avant par la glande parotide , il fc divife au milieu de. 34Î MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE ■*"'=' cette glande en deux grands rameaux , le fupcrieur afcendant , qui eft pour ToM. f IL l'ordinaire le plus grand , i fig. let. a. ; & l'inférieur defcendant , qui eft A N N É E ^^ moindre , ( tîg. let. q. ) de l'angle defquels il en fort quelquefois un troi- ^ 7 5 >■' fième plus petit , fçavoir le rameau des fafciaux du nerf dur. (*) LXXVIII. Le rameau fupérieur , ou entier, ou divifé en deux rameaux derrière la mâchoire , au-dedans de la glande parotide ; ou bien en deux rameaux qui ayant formé une ile , fe réuniflènt auffi-tôt après , renfer- mant quelquefois dans cette île la veine des tempes , ou fon rameau auriculaire ; paflè en montant en avant, à travers le tronc de l'artère temporale , là où cette artère continue en haut féparement de l'artère maxillaire interne , & fe divife en deux rameaux , fçavoir l'afcendant fus - zygomatique , ( fig. n". 136. ) dit auffi temporal , & l'autre fafcial qui fe porte en avant, (fig. n'. 137.) Ces deux rameaux féparés l'un de l'autre paiîènt en avant par la glande parotide , à travers la veine tem- porale , devant l'artère du même nom 5 ( fig. let. O. ) & l'ayant paflëe , ils fe réunifient en formant un arc , tel que la figure le repréfente , & que je le rencontre fouvent dans les cadavres ; ou bien une anaflomofe les joint l'un à l'autre par un moindre rameau j ou le rameau fupérieur monte en fe ramifiant vers les tempes & le rameau facial , ou inférieur, du rameau fupérieur du nerf dur , après avoir reçu par infertion des ra- meaux du nerf fous-cutané des tempes poftérieurs du troifième rameau de la cinquième paire , fe divife au-dedans de la glande parotide placée fur le mufcle maiïèter , en rameaux qui fe joignent par une anaftomofe , & forment un arc , dont la convexité regarde vers le nez , & duquel for- tent les rameaux fafciaux. C'eft ce que le célèbre Winjlow , & d'autres , appellent proprement la patte cVoie. LXXIX. Ces deux rameaux du nerf dur , le zygomatique & le facial, étant joints de la manière dont on vient de le dire avant que l'arc pro- duit par leur conjonâion foit formé , il s'y infère des nerfs aflèz forts, iflùs du nerf poflérieur des tempes , qu'on a décrit ci-defTus ; & cela s'e- xécute ainfi. Celui de ces rameaux qui eft extérieur, (fig. n". 294.} étant forti derrière l'artère des tempes de fon tronc , fçavoir du nerf fous-cutané poflérieur des tempes , en allant en dehors & en avant , palTè l'artère temporale , & continue fa route entre cette artère & la veine du même nom ; couvert du rameau fupérieur du nerf dur , ou placé un peu au-deflùs , il atteint les rameaux du nerf fupérieur du nerf dur réu- nis en arc j & lorfqu'il eft devant la veine des tempes , il s'infère dans C») Cette ftruflure fe rencontre pourtant rareinent ; & il eft très - fréquent que !a conjonc- tion de ces deux rameaux forme un arc , duquel fortent enfuite les nerfs. Cette anaftomofe ne fa fait pourtant pas toujours par les rameaux entiers venant l'un à la rencontre de l'autre ; mais elle s'exécute aufU pac l'infertion du grand lameau qui part du cameau inférieur facial dani i« zygoraatiiiue. DES SCIENCES DE BERLIN. 343 ie rameau fiicial du nerf dur , ou tout entier , ce qui arrive le plus fou- •—*' ■ vent , ou divifé en deux rameaux , ou par fes deux rameaux , le facial ^ '^^^' ^^^' & le zygomatique , s'il efl divifé en deux petits rameaux. Ainfî de ^ ^' ^ É e cette manière, du rameau fupérieur du nerf dur joint devant la veine ^75^' des tempes avec le rameau fufdit du nerf fous -cutané des tempes, il fe fait un cercle fermé par-devant , qui entoure & enferme étroitement cette veine des tempes , & cela d'autant plus , fi , comme je l'ai fou- vent trouvé , le nerf temporal du rameau du nerf dur fupérieur , don- ne derrière la veine des tempes , & avant que de la traverfer , un ra- meau , qui tendant en avant fous la veine temporale , s'infère au rameau extérieur , ou grand anaftomotique du nerf fous - cutané poflérieur des tempes du troifième rameau de la cinquième paire , avec lequel fe réu- rifTant & continuant en avant entre la veine & l'artère des tempes , il s'infère au rameau fupérieur temporal , devant la veine des tempes , qui par ce moyen fe trouve étroitement renfermée dans un lacet nerveux. Quant au rameau plus profond du nerf fous-cutané des tempes , { fîg. n°. 295. ) du troifième rameau de la cinquième paire , après qu'il a paflë en avant entre l'artère des tempes & la mâchoire inférieure fous le con- dyle de cette mâchoire , il s'infère devant cette artère dans le rameau zygomatique du nerf dur , ou tout entier , ou divifé en petits rameaux. ( fig. a". 140. fes , avec les labiaux inférieurs' & extérieurs', 'd^hs les fibreS dix' mufcle orbiculaire des lèvres, & du mufcle quarre; '" ■ "^'''' Yy.-i 3S6 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE rr, 7^ Le rameau inférieur du nerf marginal , ou angulaire de la mâchoire . ' , ' inférieure , va fous le mufcle triangulaire du menton en avant , vers le trou mentonnier , & reçoit un petit rameau qui s'y infère du tronc du • ' ■> ' nerf mentonnier ; ( fig- 256.) après quoi s'avançant ultérieurement dans le rameau mufculaire ou inférieur du nerf mentonnier , & dans le labial inférieur interne , il difperfe fes dernières fibrilles dans le mufcle orbU culaire des lèvres , le mufcle quarré , & la peau du menton. XCIV. Le rameau poflérieur de l'inférieur du nerf dur , donne tantôt plus , tantôt moins de rameaux , que j'appelle fous-cutanés fupérieurs du cou , parce qu'ils pouffent des rejetions dans la peau du cou fous la mâ- choire inférieure. De ces rameaux , l'antérieur defcendant par la glande parotide, à l'angle de la mâchoire inférieur , reçoit par infertion des ra- meaux des nerfs fous-cutanés du cou du nerf dur & du troifième des cer> vicaux , fur la glande maxillaire , fous les fibres du mufcle platyfma' 7n_you/c; ,& donne des rejettons , dont quelques - uns montent avec l'artère faciale à travers le bord de la mâchoire inférieure , ■>■, XCV. De la même manière le fécond des rameaux fous-cutanés du cou du nerf dur , après avoir reçu par infertion un rameau du fous-cu- tané du cou du nerf cervical , fe partage en plufieurs rameaux , qui fe recourbant tous vers le haut , montent à la mâchoire inférieure fous le mufcle platyfmamyoïdc 5 d'où ils fe rendent , tant dans la peau du cou fous la mâchoire inférieure , que dans les fibres du platyfma , terminant leurs derniers rejetions qui pafïènt à travers le bord de la mâchoire infé^ rieure jufqu'au menton , dans la peau & dans les mufcles placés au defliis de la mâchoire hifèrieure. XCVI. Enfin , le troifième des fous-cutanés du cou du nerf dur , ( fig. n°» 2J2. ) envoyé des remettons dans l'antérieur, & defcend auffi par fes petits rameaux :ver6 le cou ; & au-deflùs du larinx , il vient fous la peai". du cou à la rencontre d'un petit rameau , qui monte du nerf fous-cu- tané du cou de-j la .troifième paire des cervicaux , dans lequel il s'infère par plufieurs rejettons -y 6c devant le mufcle maftoïde , il fe joint de nou- veau, par une forte anaflomofe, avec le même , rameau fous-cutané du cou du nerf cervical. ,,XCVII. Mais il règne tant de diverÇté dans la difiributton de ces ra- meaux , qu'il n'y,^ prefque point de fujets où l'on ne trouve des dilFé-- rences , tant pour le nombre , que pour la divifion des rameaux ; & l'ar- rangement que préfentç^,l3,,fig,iye, ci-jointe , efl tout autre qu'il n'a cou- •jo.v. m. An k é e DES SCIENCES DE BERLIN. 357 tume d'être naturellement. Car ici ils font tous fi étroitement unis avec le fous-cutané du milieu du cou du troifième des cervicaux devant le mufclc malloïde , qu'on a de la peine à diltinguer quels font ceux que produit le nerf dur , ik quels font ceux qui procèdent des cervicaux. Ce- pendant j'ai vu le plus fouvent ces rameaux fe portant vers la mâchoire inférieure, au-dcfliis de la partie fupéricure du cou, fe joindre feule- ment dans le cou avec les rameaux du nerf cervical. En effet , comme le nerf dur réunit entr'eux d'une manière admira- ble tous les nerfs de la face , ainfi qu'on le voit abondamment par cette dcfcription , de même il raflëmble en fe liant aux nerfs cervicaux tous les nerfs inférieurs du corps ; en forte qu'on peut le mettre à bon droit au nombre des nerfs fympatiques ,■ aufli le célèbre Jf'injlûw lui en a-t-il donné le nom. Mais il y a encore un rameau appartenant à la face , qui va du troifième des nerfs cervicaux à l'oreille externe ; c'efl: pour- quoi j'en ajouterai ici la defcription. XCVIIl. Du même principe , fçavoir du troifième nerf des cervicaux, derrière le mufcle maftoïde , fortent le nerf auriculaire ( fig. lett, a, ) & le fous-cutané du cou. ( fig. lett. S ) XCIX. Le fous-cutané du cou , defcend du troifième nerf cervical , derrière le mufcle maftoïde ; & comme l'auriculaire fe réfléchit vers le haut , de même celui-ci fe porte vers le bas & en dehors , autour du bord poftérieur du mufcle maftoïde. Parvenant de cette iffiie dans le côté extérieur de ce mufcle, il fe divife en deux rameaux, le fupérieur ( fig. lett. " ) (Se l'inférieur , ( fig. n°. ziJô. J & c'eft tantôt l'inférieur tantôt le fupérieur , qui eft le plus grand. L'inférieur donne fouvent derrière le mufcle maftoïde un petit rameau defcendant fous la peau du cou ; mais de-là il defcend premièrement en forme d'arc dans le côté externe du mufcle maftoïde , fous les fibres minces du mufcle platyfmamyoule , fous la veine jugulaire externe ; après quoi il monte. En montant , il donne un petit rameau qui s'unit au rameau fupérieur defcendant du fous-cutané du cou , ( fig. n". zSy. ) & qui fe termine par quelques rejettons dans la peau du plus bas du cou. De plus, ce nerf fous-cutané inférieur du cou , donne un autre petit rameau ( fig. n°. 291. ) fous-cutané du larinx , qui difperfe fcs fibrilles fous la peau du cou qi.ii couvre le larinx. Tous ces rameaux montent d'abord fous le mufcle iddtyfmamyoïdc j ils le percent dasis la partie antérieure & fupérieure du cou , & finiflènt par des fibres fous la peau du cou , qui eft fous le menton ; fouvent aufli leurs dernières fibrilles par- viennent jufqu'à la peau du menton. D'autres rameaux d'.- ce nerf, per- cent premièrement aufti les fibres du mufcle ;i/-oiV/t; , montent fous l» peau du cou vers la mâchoire inférieure , ik s'uailîànt aux rameaux 35?. MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE — " ■' " du fous»cutané fupérieur du cou , & au rameau profond du nerf dur , JoM. I il. ^ j^g^ j^o_ 129.) après avoir paflë le bord de la mâchoire inférieure, ils A N N E h ç^ terminent par leurs rejettons fous la peau. '75'" Mais le nerf dur fe lie fur-tout avec le rameau fupérieur, ( fig. let. n. ) qui étant réfléchi vers le haut à travers le mufcle mafloïde , donne d'abord un petit rameau defcendant vers le bord antérieur du mufcle maf- toïde , & qui communique avec le fous-cutané inférieur du cou ; enfui- te un autre plus grand , qui s'enfonçant profondément devant le mufcle mafloïde , fe divifo en deux rameaux, l'un afcendant, qui cû le plus grand, (fîg. n". 279. ) & qui communique en diverfes manières avec les rameaux du nerf dur devant le mufcle mafloïde , difperfant fcs rameaux dans la partie fupérieure du cou & dans la peau de la mâchoire inférieure ; en- fin il jette un moindre rameau, ( fig. n". aiia. ) qui ayant percé le mufcle platyfmamyo'hU , vers la glande maxillaire , montant fous la peau , dif- tribue fcs rejettons dans les fibres du mufcle platyfmamyoïde , & dans la peau qui couvre la partie la plus bafîë du mufcle maffeter. C. Quant au nerf auriculaire de la troifième paire des cervicaux , c'efl: le plus grand des rameaux dans lefquels ce nerf cervical fe partage fous le mufcle mafloïde; il defcend premièrement couvert, dès fon origine, du mufcle mafloïde , va enfuite en dehors autour de la partie poftérieurc de ce mufcle , & ayant paflfé ce bord il fe réfléchit vers le haut , montant obliquement en avant , au-defliis du côté externe du mufcle mafloïde , vers l'angle de la mâchoire inférieure , derrière lequel il atteint le bord antérieur du mufcle maftoïde , au bord poftérieur duquel il étoit ap- pliqué au commencement. Etant placé au milieu du mufcle maftoïde , il fe divife en deux rameaux , l'antérieur profond , & le poftérieur, qui eft pro- prement l'auriculaire. CI. L'antérieur , qui eft le moindre, va d'abord en avant fous la peau, à travers le mufcle maftoïde , vers l'angle de la mâchoire inférieure ; & continuant profondément dans la fubftance celluleufe dure , entre le mufcle maftoïde ôi la glande parotide en dedans , il donne un rameau , qui paf- fant à travers la glande parotide, près de l'angle de la mâchoire inférieure, fous la peau qui couvre la partie inférieure de la glande parotide & du mufcle maftoïde, il difperfe fes rejettons dans la face, au-deiîiis des rameaux du nerf dur , jufqu'à la peau de la bouche. ( fig. n°. 26/1^.) A l'égard de fon autre rameau , il monte profondément entre la glande parotide & le mufcle maftoïde , donne plufîeurs rejettons à la glande pa- rotide ; Remontant devant le tendon du mufcle maftoïde, ( fîg. n'^'. 265.) il s'infère par deux rameaux à la partie antérieure , ou extérieure du pro- ceffjs maftoïde , par l'un dans le nerf digaftrique du dur , & par l'au» tre dans fon nerf occipital , formant une anaftomofe perpétuelle du ra^ DES SCIENCES DE BERLIN. 3J9 meau ariculaire avec les rameaux profonds du nerf dur. ' en. Le plus grand rameau , ou grand auriculaire , placé plus bas & j.'^^^' ' plus fous - cutané que le rameau fuùiit , fe porte vers le haut fous "^ ^ ^' ^ B la peau à travers le mufclc maitoïde. 11 fournit premièrement un petit '/'i'» rameau , devant la partie la plus près de l'oreille externe , lequel envoyant fes petits rameaux à travers la partie fupéricure de la glande parotide dans la face , va s'inférer dans la peau de la face , qui couvre devant l'oreille externe la partie fupérieure du mufcle maflétcr & le zygoma : il envoie encore dans la peau vers le tragus d'autres petits rameaux , (jui font joints par des anaflomofcs avec l'auriculaire antérieur du nerf dur, & celui du nerf fous-cutané poftérieur des tempes du troifième rameau de la cinquième paire fous la peau du tragus. ( fig. n°. 266. 267. ) cm. Mais le plus grand rameau du nerf auriculaire fe divife en deux ou trois rameaux , ou au-deftiis du mufclc maftoïde , ou plus près de l'oreille. L'un de ces rameaux , en s'elevant vers le haut , rafe le bord du mufcle flerno-maftoïdien ; ( fig. n^. 265. ) & lorfqu'il efl: parvenu à la partie inférieure de l'oreille , fes dernières pietites appendices donnent plu- iîeurs moindres rejettons. ( fig. n°. 267.) Le plus grand, qui fe porte vers l'intérieur , fous l'avance de l'hélix, entre celui-ci & l'anti- tragus , fe difperfe dans la cavité qu'on appelle la conque de l'oreille externe , fous la peau mince de laquelle il répand fes fibrilles. ( fig. n°. 268. ) L'autre rameau afcendant du nerf auriculaire , va vers l'oreille , ( fig. n", 270.) au-delliis du mufcle maftoïde , fe rendre à la partie convexe pofté- rieure de l'oreille , entre l'hélix & la conque , fur les fibres du mufcle de la fente de l'oreille ; il fe joint avec le rameau antérieur de l'auriculai- re ; & continuant à monter dans cette fente , il termine fes petits rameaux dans la peau de l'hélix , à la furfacc tant intérieure qu'extérieure de l'oreille. Le rameau poftérieur du nerf auriculaire , ( fig. n". 272.) monte au- deflùs-du mufcle maftoïde , & étant parvenu à la furface extérieure de Fapophyfc maftoïde , il donne premièrement un petit rameau , qui montant vers le mufcle poftérieur de l'oreille , s'unit par de profonds ra- meaux à l'auriculaire poftérieur & à l'occipital du nerf dur. f fig. n°. 274. 275.) De- là m.ontant vers la conque de l'oreille, ou bien fans être divifé, il monte fous la peau au-delîiis du mufcle poftérieur de l'oreil- le , dans le pli que l'oreille externe fait avec la peau des tempes , ou bien il fe divife en pluiîcurs petits rameaux , qui montent tous au-deiTiis de la convexité externe de la conque , & difperfent leurs rejettons fous la peau , jufqu'au bord le plus extérieur de l'hélix ; en forte que les derniers & plus petits rameaux , fe réfléchiftant autour du cartilage de l'hélix , vont fe dillribuer fous la peau dans la furface intérieure de l'oreille. Aiafî 2oM. Fil. 360 MÉMOIRES DE L'ACADEMIE ROFALK ce nerf auriculaire pourvoit , pour ainfi dire , par fes rameaux , à toute , la partie poftérieure de l'oreille externe ; ou aullï , ce qui arrive i'ou- vent , il monte par quelques petits rameaux , fous la peau qui couvre * ''■^ '' la partie de derrière du mufcle temporal. Mais il y a aufli des cas fré- quens , où le rameau auriculaire n'efl: pas afluz conlîdérable pour fuffire feul à toute l'oreille externe. Alors un autre rameau du troifième des cervicaux, fort plus haut que le premier, & rafant le bord poliérieur du mufcle maftoïde , ( fig- let. II. ) il- parvient derrière l'oreille externe à la partie antérieure de l'occiput , ce qui lui devroit faire porter le nom de petit occipitsl. Il donne des rameaux poftérieurs , dont les uns fe diflrihuent fous la peau du cou , & les autres allant en rebroufïànt , com- muniquent avec le nerf occipital de la féconde paire des cervicaux , & à la fin fe termjnent fous la peau de l'occiput , derrière l'oreille exter- ne , paflànt à travers le mufcle occipital dans fes fibres & dans la peau de l'occiput. Ce nerf donne alors quelques rameaux antérieurs , îi ceux-ci de l'auriculaire ne fufEfent pas , qui fe diftribuent dans l'hélix fous la peau , dans la partie fupérieure externe de l'oreille. ( fig. n". 176.) CIV. Mais ce nerf ibus-cutané de la face , qui eft marqué dans la fi- gure , ( let. *■ ) eil extrêmement rare ; je l'ai trouvé quelquefois naif- fant de la première paire des nerfs cervicaux , fortant entre le mufcle oblique fupérieur & l'inférieur du cou , & fe difperfant dans la face fous la peau qui couvre la glande parotide , & la partie du milieu du mufcle malTèter. CV. Ce font là les nerfs qui envoient une fi grande multitude de rameaux à la face ; mais les artères de la face ont auffi leurs nerfs par- ticuliers. En elFet , chacune d'elles eft accompagnée d'un petit rameau de ce nerf de l'intercoltal , ou grand fympathiquc , qui naît du ganglion cervical fupérieur , derrière la divifion de l'artère carotide , s'applique au rameau facial de la carotide , & fournit à chacune de ces artères un rameau ; de ces rameaux , celui qui monte au-defliis de l'artère des tem- pes , eft vifible dans la figure , ( fig. n°. 308. ) mais les autres qui fe trou- voient defféchés , n'ont pu être faifis par le Peintre. Ces nerfs fe ter- minent par toutes leurs fibrilles dans les tuniques des artères , & vont de l'artère faciale fe joindre par des anaftomofes au nerf dur , foit au- près de l'artère maxillaire , ou au bord de la mâchoire inférieure. CVI. De même il n'y a dans la face aucun petit rameau nerveux qui n'ait fa propre artériole pour compagne , laquelle ferpente d'abord dans la tunique celluleufe qui revêt le nerf , & répand fes rameaux dans toute cette tunique 5 de forte qu'après avoir bien rempli les vailîèaux d'une injeûion céreufe , j'ai fouvent vu tous les nerfs , jufqu'à leurs plus petits filets , d'une parfaite rougeur. SECTION DES SCIENCES DE BERLIN. 361 ToM. VII. SECTIONIV. An NÉE- De Vufage dis Nerfs de la face. CVII. T A grande abondance des nerfs de la face , produit des efFets J j fi particuliers , fi compliqués & fi furprenans , que c'eft-là , plus que dans toute autre partie du corps , où fe déploie la vertu des nerfs. On en peut alléguer deux raifons : la première , c'eft la grande variété des parties du vifage , qui toutes ayant leur ufage particulier , chacune d'elles a befoin de la fenfation & du mouvement qui lui eft propre ; & par conféquent le nombre des nerfs , leur dénudation , leur étroite liaifon , ne peut qu'y être très-confîdérable. La féconde raifon , eft cette propriété que le vifage a de repréfenter toutes les afFeâions de l'ame & du corps , en forte que des changemens & des difFérens rap- ports dos parties du vifage entr'elles , il eft facile de juger de l'état habituel ou extraordinaire tant de l'ame que du corps , comme en conviendront fans peine tous ceux qui favent jufqu'à quel degré de pré- cifîon les changemens que la maladie apporte au corps , fe peuvent li- re fur le vifage , ou de quelle manière s'y dépeignent , même à notre infçu & malgré nous , les paflîons de notre ame. CVIII. Or , tous ces changemens qui fe remarquent fur le vifage , viennent du mouvement des mufcles , qui font mus en divers fens , ou du plus ou moins de force avec laquelle le fang eft envoyé dans les plus petits vaiflèaux de la face. La fenfation & le mouvement des muC- cles , foit dans tout le corps , foit dans le vifage en particulier , pro- viennent eux-mêmes des nerfs ; ce que reconnoilTènt tous ceux qui pla- cent dans le cerveau , d'où les nerfs tirent leur origine , le principe de toutes les fenfations & de tous les mouvemens des parties du corps. C'eft donc par le moyen des mufcles , auxquels les rameaux des nerfs de la cinquième paire & du nerf dur, envoient leurs plus petites bran- ches ; c'eft , dis - je , par le moyen des mufcles , que le vifage perd en tant de manières , ou reprend fa forme naturelle , foit lorfque la bouche fe meut & fe tourne de côté & d'autre , foit lorfque le nez s'éleva ou s'abaiflè , fe reflèrre ou s'élargit , foit lorfque les yeux fe ferment , s'ouvrent , ou fe roulent dans la tête , foit enfin , lorfqu'à l'aide des mufcles frontaux , le front fe ride ou s'applanit. CIX. Les mêmes changemens ont aufti lieu , lorfque l'ame eft agitée de quelque pafiion. Un vifage où la joie eft répandue , fe fait remarquer par un front ferein , toutes les parties du vifage étant alors dans leur état naturel 3 ce qui provient de ce que le cours des efprits n'eft ni trop Zz 3é2 MÉMOIRES DE VACADEMIE ROYALE „.. rapide ni trop lent dans les nerfs. Au contraire , un vifage chagrin eft i OM. yll' fjéfiguré par les rides & difFérens plis que forme la peau du front ; A u N E E jgj efprits coulant avec plus d'abondance dans les nerfs des mufcles , ' 75 '• particulièrement du frontal , ( fig. let. M. ) du corrugateur des four- cils , & de l'orbiculaire des paupières , donnent lieu à la contraftion de ces mufcles , dont s'enfuivent les rides & les plis dans la peau. Si à ce premier chagrin fuccéde une profonde triftefle , les effets en feront beaucoup plus fenfibles ^ car alors les mufcles dont nous venons de parler , fe relïèrrent davantage au moyen des nerfs frontaux : ( fig. n". 2 1. 26.) & vu l'extrême adhéfion de ceux-ci avec les orbiculaircs des paupières , les paupières fe ferment, ce qui joint à une efpèce de con- traftion convulfive des mêmes mufcles , & à l'irritation des nerfs des vaillèaux de l'œil , produit une plus abondante fécrétion des larmes , lef- quelles par la forte contraftion du mufcle des paupières , ne peuvent fe rendre dans les conduits des points lacrimaux , E s SCIENCES DE BERLIN. i6^ î. L'artère carotide externe. s— i ■ m. L'artère maxillaire interne. ioM. VU. n. L'artère occipitale. A N N É B 0. L'artère temporale. p. L'artère fupérieure auriculaire externe. ' 7 5 '• q. La temporale Aiperficiclle antérieure. r. La branche de cette artère , qui communique avec l'artète frontale. s. L'artère frontale, branche de l'ophtalmique interne, qui accompagne le nerf frontal. t. L'artère frontale de la temporale fuperficielle antérieure, u. L'artère temporale fuperficieUe poftcrieure. V. L'anaftomoie entre l'artère temporale & l'occipitale, w. L'artère occipitale. X. L'artère angulaire. y. Le rameau qui Ce glilTe fous le mufcle quarré du menton , pour communiquer avec l'artère mentale , qui fort par le trou mental. 2. L'artère labiale inférieure. «• L'artère faciale , qui va derrière le mufcle zygonyitique. fl. L'artère labiale fupérieure. ». La branche principale de cette artère , qui forme l'anère coronaire des léwes. i'- L'artère nafale , qui va à la cloifon des narines. ». L'artère nafale externe. {. La connexion du rameau ^ avec la nafale. â. L'anaftomofe entre l'artère nafale interne & externe; s. L'artère palpébrale fupérieure, fortant du trou fus-orbitaire avec le nerf frontal. A. Seftion du mufcle frontal. fi. Le bord fupérieur de l'orbite de l'œil , oflTeux 8c dénué de fes mufcles. ». Le bord inférieur de l'orbite olfeux. |, Le trou fous-orbitaire fous le bord inférieur de l'orbite. tr. La face poftérieure de l'oreille , recourbée vers le dehors. f. Le lobe de l'oreille externe recourbée en haut. X- Le tragus. 4'. L'os qui s'appelle zygoma. «. Le durtus ou conduit falivaire fténoïdien de la glande parotide, avec une petite partie de cette glande. L Le grand nerf frontal du premier rameau de la cinquième paire , qui fort par le trou fusorbitaire. 1. Le rameau externe du grand nerf frontal. 2. Le rameau interne de ce même nerf. 3. Le troifième rameau de ce nerf, appelle anaftomoftique. 4. Le nerf palpébral fupérieur externe de ce troifième rameau. 5. La branche de ce nerf, qui fe divilant en trois rameaux, va communiquer avec le nerf fus-orbitaire de la portion de la feptième paire. 6. La branche de ce troifième rameau , qui montant vers le front fe divife en deux autres petites branches. 7. L'un qui communique avec le rameau du nerf temporal de la portion dure. 118. 8. L'autre qui montant en haut fur le front , fe joint au fécond nerf temporal fu- perficiel ou cutané antérieur. n°. 84. 9. Le rameau externe du grand nerf frontal , montant fous le mufcle frontal , tant qu'il eft ponftué , 6c fe diftribuant après en plufieurs petits rameaux fous la peau qui couvre les os du brcgme , ou future fagiialc. Aaa 370 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE s=s==^ lo. Le rameau frontal profond , qui va en haut fur le front , entre l'os du front 8c ToM, vu, le péricrane. Année ii. Les dernières fibres de ce rameau profond frontal , qui finilfent fous la peau du 1 7 ■î Z. crâne. ' •* ' 12, Le rameau interne du grand nerf frontal , fortant fous les fibres du mufcle fron- tal entre la peau du crâne , tk devenant ainfî nerf cutané. 13. La branche de ce nerf qui communique avec le petit nerf frontal , ou fous- trochléaire. 14. Le petit nerf frontal extérieur ou fiiprà-trochléaire , qui fort au-defllis du ten- don du mufcle oblique iupérieur de l'œil , appelle trochléaire. 15. Le nerf palpébral fupérieur moyen , qui le diftribue à la partie moyenne de la . paupière iiipérieure , fous les fibres du mufcle orbiculaire des paupières. 16. Le rameau de ce nerf, qui communique avec le nerf fus-orbitaire de la por. tion dure n". 160. 17. Le rameau communiquant de ce même nerf palpébral , avec le nerf infrà-tro- chléaire , ou petit frontal intérieur. 18. Le rameau communiquant avec le rameau frontal antérieur, ou cutané du front, du nerf infrà-trocliléai{e. 19. L'anaftomofe fus-orbitaire du nerf fuprà-trochléaire avec le rameau de la por- tion dure. n°. 159. 10. Le rameau du petit nerf frontal , ou fuprà-trochléaire , qui communique avec le rameau interne du grand nerf frontal. n°. i. ïi. Le rameau frontal du nerf fuprà - trochléaire. 22. Les nerfs cutanés du front antérieurs , qui fe diftribuent fous la peau qui cou- vre le mufcle frontal & l'os du front. 2j. Un rameau qui va s'unir au rameau grand frontal , fous le mufcle frontal. 24. Le nerf fous-trochleaire , ou petit frontal intérieur. 25. Le rameau palpébral interne , qui diflribuc fes fibres à la caroncule lacrymale , 8c au fac lacrymal , avec un petit rameau , qui defcend fur le ligament des paupières; il communique avec un rameau de la portion dure. n°. 170. j6. Le rameau cutané du front antérieur , qui fe diftribue fous la peau qui couvre le mufcle frontal. 27. Le rameau mulculaire de ce fous-trochléaire , qui fe diftribue dans les fibres intérieures du mufcle frontal 8c du corrugateur des foureils , &c fous la peau de la partie antérieure &c intérieure du front. 28. Le rameau cutané du nez fupérieur , du nerf nafal , du premier rameau de la cinquième paire. 29. Une petite fibre de ce nerf, qui fe diftribue dans la racine des mufcles des tempes , communément dit les pyramidaux du nez. 30. La brandie inférieure de ce nalal e.xterne fupérieur , qui communique avec le rameau du dur. 185 Se 206. 31. Les fibres qui fe diftribuent fous la peau qui couvre les os du nez. ÎI. Le nerf fous-orbitaire du fécond rameau de la cinquième paire. 32. Le nerf cutané externe fupérieur de ce nerf, qui dans cette tête fort particuliè- rement par un petit fécond trou fous-orbitaire, dans la partie inférieure A\i bord de l'orbite. 33. Le rameau qui fe réfléchit autour de la veine nafale externe à la partie anté. rieure de la paupière inférieure , où il communique avec le rameau palpébral. inférieur du dur. 184. ■34. Les fibres de ce nerf qui fe diftribuent dans l'origine du mufcle releveur de la lèvre flipérieure &c des ailes du nez , 6c fe terminent cutanés dû dos du nez. DES SCIENCES DE BERLIN. 371 55. Le rameau qui fait la communication entre ce nerf palpébrai inférieur interne ^ & le cutané du nez fupéricur. JoM. VU. 36. I.c nerf cutané du nez moyen , fécond rameau du nerf fous-orbitaire. Année 37. Le rameau, qui ayant communiqué avec le nerf 35. fe diftribuc à la partie ly: i. moyenne du dos du nez , fur les ailes des narines , 6c dans les fibres du ' -' ' mufclc comprimcur des aîlcs du nez. 38. La communication de ce nerf cutané du nez avec le rameau du dur , qui a fait les anaftomofcs avec les autres rameaux du nerf fous-orbitairc. 39. La branche de ce nerf cutané fupérieur du nez , qui diftribuc fes fibres fous la peau qui couvre les ailes des narines. 40. L'anaftomofe avec le nerf de la portion dure. 41. Le cutané du nez inférieur , troifième branche du nerf fousorbitairc. 41. Le premier ou inférieur nerf labial fupérieur , branche quatrième de ce nerf. 43. Le fécond nerf labial fupérieur, cinquième branche. 44. Le troilième nerf labial fupérieur , fixième branche. 45. Le nerf labial, fupérieur externe , ou feptièmc branche du nerf fous-orbitaire. 46. Le nerf palpébrai inférieur moyen, branche du rameau 41. de l'infrà. orbital , communément du nerf cutané inférieur du nez ; ce nerf monte autour de la veine nafale à la paupière inférieure. 47. La communication du nerf cutané inférieur du nez avec le nerf dur. 48. L'anaftomofe entre le nerf cutané inférieur, &c le premier labial fupérieur. 49. Le rameau du nerf cutané inférieur du nez , qui va autour de l'aîle du nez à la partie inférieure de la doifon de la narine , 6c s'y diftribuc fous la peau. 50. Une petite branche fortant de ce rameau &c defcendant au mufcle nafal de la lèvre fupérieure &Altinus. 51. La communication du premier nerf labial fupérieur 41. avecle nerf du dur 201. 52. Les rameaux de ce nerf labial fupériem-, qui fe diftribucnt tant au mufcle or- biculaire des lèvres H , que dans la peau de la lèvre fupérieure. 53. L'infertion du rameau du nerf dur de la feptième paire , dans le fécond nerf labial fupérieur. 54. Le nerf labial fupérieur fécond , diftribuant fes rameaux à la partie moyenne de la lèvre fupérieure , &c de fon mufcle orbiculairc. 5$. L'anaftomofe de ce rameau 43. avec le rameau 219. du nerf dur. 56. Le rameau du nerf troifième labial fupérieur 44. qui va fe diftribuer à la partie extérieure de la lèvre fupérieure. 57. La communication de ce même nerf avec le rameau labial 45. moyenant deux rameaux qui s'y infèrent. 58. L'anaftomofe de ce nerf avec le rameau 219. du nerf dur. 59. Le rameau du nerf 44. qui finit dans lemufcle releveur de l'angle de la bou- che. G. 60. Le rameau du nerf labial fupérieur externe 45. qui defcendant devant le muf de canin , fe diftribue dans ce mufcle , 6c à l'angle extérieur de la lèvre fu- périeurc. 61. La communication de ce nerf avec le rameau 219. du nerf dur. 62. Le rameau du nerf 45. qui fe joint antérieurement au rameau 218. du dur, qui eft l'anaftomofe extérieure du dur avec l'infràorbital. 63. Le nerf palpébial inférieur externe. Branche du rameau 45. qui va, de mê- me que les autres palpébrals inférieurs, remonter autour de la veine nafale à la faciale. 64. La petite btanche de ce nerf palpébrai inférieur , qui communique avec le nerf 67. rameau du cutané de l'os de la pometie, Aaa ij 37Î MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 'Xfss 65, Autre branche qui fe diftribue à la partie extérieure 6c moyenne de la pau- ToM. VIL pière inférieure. Année 66, Le nerf cutané inférieur de l'os de la pomette , branche première du rameau _ , . fécond de la cinquième paire , pafliint par l'os de la pomette , &l fortant ' •* ' par le trou inférieur du corps de l'os de la pomette. 67. Le rameau de ce nerf, qui communique avec le nerf 64. 68. Le petit rameau de ce même nerf, qui defcend fur l'os pour fe joindre au rameau 181. 69. Une autre petite branche de ce nerf, qui montant vers le trou fupérieur de l'os de la pomette , communique avec le nerf cutané fupérieur de la pomette. 70. Le nerf cutané lupérieur de l'os de la pomette , qui fort par le trou fupérieur de cet os. 71. Le rameau de ce nerf commimiquant avec le rameau 161 du dur. 72. L'autre rameau interne de ce même nerf, qui fur le bord externe de l'orbite monte &c fe diftiibue à la paupière fiipérieuie. 73. Le premier des nerts cutanés des tempes antérieurs, qui fort par la fente ou incifion faite à i'aponevrofe du mufcie temporal. 74. Le rameau de ce nerf, qui monte fur I'aponevrofe du mufcie des tempes. 75. Le rameau qui fe joint à la racine du fécond nerf cutané des tempes antérieurs, Se la racine de ce nerf. 76. La communication du rameau 153. du nerf dur avec le nerf premier cutané antérieur. 77. Le fécond nerf cutané antérieur des tempes. 78. La communication du rameau 75, & leur union en un même nerf. 79. Le rameau qui monte en haut, fe dirtribuant fous la peau qui couvre les mulcles des tempes. 80. Le rameau de ce cutané des tempes qui va fe rencontrer Se s'unir au ra- meau 152. du nerf dur. 81. Le troifième nerf cutané antérieur des tempes, tous trois du fécond rameau de la cinquième paire. 82. Son union avec le rameau du dur 143. 83. Le rameau qui monte fur les mufcles des tempes fous la peau , devant l'artère temporale fuperficielle antérieure. 84. Le rameau nerveux du fécond cutané antérieur des tempes 79. communiquant avec le rameau 8. du nerf frontal. IIL Le nerf mental , qui eft un rameau du nerf maxillaire inférieur, &c fort par le trou ou ouverture antérieure du canal de la mâchoire inférieure, appelle trou mental. 85. Le rameau mufculaire , ou fympathique de ce nerf mental. 86. La première anaftomofe confidérable de ce nerf avec le rameau 175. du dur. 87. La lèconde communication de ce nerf avec le rameau 26r. du dur. 88. Les fibres de ce nerf mental, qui finilfent dans le mufcie incifif inférieur ou élévateur de la lèvre inférieure , & dans le tranfverfaire du menton du fan- torin. 89. Le rameau labial inférieur interne du nerf mental. 90. La communication de ce nerf avec im rameau de celui du dur. n. 149. 91. Le rameau antérieur du labial inférieur interne , qui fe diftribue dans la peau du menton, & dans la paitie moyenne de la lèvre inférieu-e. 92. Le rameau moyen de ce rameau labial inférieur , qui diflribue fes rameaux à la partie un peu plus extérieure de la lèvre inféiieure. 93. Communication de ce rameau avec une branche du nerf 249. du diir. DES SCIENCES DE BERLIN. 373 94. Le rameau poftéricur du labial inférieur interne du nerf mental. ,t. prr 95. Les deux petites brandies de ce rameau , qui monte à la partie extérieure de ■''''''• ' H' la lèvre inférieure , diftribuant fcs rameaux fous le mufcle oibiculairc des A N N É E lèvres, entre les petites glandes folitaires , à la membrane qui tapiili: la lé- 175t. vre inféiieuic. 96. Petite anaftomofe entre un de ces rameaux , Se un filet du nerf 249. du dur. 97. Le rameau labial inférieur externe du nerf mental. 98. La petite branche anaftomoftiquc de ce rameau , qui s'imit au nerf 256. du dur. 99. Le rameau 97. montant Se le diftribuant dans la partie extérieure de la lèvre inférieure, à l'angle de la bouche, dans le mufcle orbiculaire des lèvres, 6t ie triangulaire du menton. 100. Anaftomofe avec le rameau 240. du dur , qui plus en haut reçoit le fécond rameau du dur , 243. )oi. Le nerf buccinateur du troifième rameau de la cinquième paire , fortant dans la face entre ie mufcle malVeterc &C le buccinateur. J02. La petite branche de ce nerf qui defcend devant le maffetere , 8c autour de la veine faciale , pour fe joindre au nerf 256. du dur. joj. Le rameau du nerf buccinateur , qui va derrière la veine & l'artère faciale. 104. Une branche de ce grand rameau du nerf buccal qui devant la veine faciale s'unit au rameau 231. du dur , &c entoure ainfi la veine faciale. 105. ConjonOion du nerf buccal 103. devant l'artère faciale avec le rameau 231 8c 232. du dur , d'où fe forme un anneau autour de la veine 6i de l'artère faciale. 106. Diftribution des fibres de ce rameau buccal dans la partie fupérieure du mufcle triangulaire du menton. 107. Les autres petites branches ou fibres du fupérieur de ce grand rameau du nerf buccal , qui fe diftijyuent dans la partie antérieure du mufcle buccinateur , 8c communiquent encore avec le rameau 220. du dur. 108. Le rameau moyen du nerf buccal , fortant fur ledit rameau de la face. J09. La conjonftion de ce nerf devant l'artère faciale avec les rameaux du dur 214 &c 216. qui vont fur la veine 8c l'artère faciale. jio. Le rameau de cette conjonftion , qui s'infère dans le misfcle buccinateur à l'angle des lèvres , derrière l'infertion du mufcle z}'gomaîique. 111. Le rameau fupérieur du nerf buccal, qui fort dans la face entre le mufcle maffetere 6c le buccinateur , delfus le conduit ftenoïdien de la parotide. 112. Le rameau fupérieur joint à la branche fupérieure du rameau moyen du nerf buccal , qui va derrière la veine faciale ; & immédiatement avant cette vei- ne , il communique avec un rameau du dur 194 Je 200. qui va fur la veine, 8< forme ainfi un anneau , qui entoure la veine faciale. 113. Les fibres de ce rameau Aipérieur du nerf buccal, qui s'infèrent dans la partie fupérieure du mul'cle buccinateur. p. Le nerf dur , ou petit fympathique de Winflow , qui derrière le lobe de l'o- reille fort par le trou ftylomaftoïdien ent e l'apophy.'e maftiïde 2c. ftyloïde. 114. Le premier petit fameau de ce nerf, nommé auriculaire poftèrieur ou occipi- tal , ou mieux le nerf profond extérieur du dur. 115. Le rameau de ce nerf qui va à la partie pollcrieure de l'oreil'c exterre Se de fon conduit externe. 116. L'anaftomofe de ce rameau avec le nerf 274. de l'auriculaire poftèrieur de la troifième paire des nerfs cervicaux. JJ7. Le rameau du nerf occipital, qui après avoir forti fur le m.ufcle poftèrieur de l'oreille externe, fe diftribuc au mufcle fupérieur de l'orciUc , 8c fous la peau qui le couvre. 374 MÉMOIRES DE VACADEMIE ROYALE 111. . ^^^. Le rameau occipital qui va en arrière vers l'occiput fous l'origine du mufcle 'JoM. m. occipital , &c finit dans ce mulcle. /Innée iio. Le rameau profond fécond intérieur, ou mufculaire interne du nerf dur. lîo. Le rameau poftérieur de ce protond interne du dur. ' 7 J '• lîi. Le rameau de ce nerf qui fe diftribue dans le ventre poftérieur du mufcle dU gaftrique. Le rameau du nerf digaftrique , qui ayant traverfe le mufcle poftérieur du di- gartrique , remonte en haut devant rapophyfe maftoïde , S< va fe joindre au rameau de la huitième paire , qui va au larinx. lij. Le nerf anaftomoftique du dur , avec la huitième paire , ayant continué fous les autres nerfs , monte derrière l'artère carotide , vers le trou de la veine jugulaire. 11 A. Le rameau antérieur du nerf profond inférieur. 125. Le premier rameau de ce nerf, qui defcend fous la glande parotide vers l'ar- tère carotide externe , derrière la mâchoire inférieure. 116. L'infertion de ce rameau dans le rameau inoû du nerf intercoftal , qui monte & le divife avec les rameaux de l'artère carotide externe. 127. Le fécond rameau de l'antérieur du nerf profond intérieur, qui s'infinue dans le mufcle ftylohyoïdien. liS. Le troifième rameau de ce nerf, qui defcend fous les autres nerfs du dur , couvert de la glande parotide , au cou , Si communique avec le cutané mo- yen du cou. 129. L'anaftomofe de ce rameau avec le rameau 287. du nerf cutané du cou moyen. A. Le rameau fupérieur du nerf dur, ou petit fympathique. 150. Le nerf zygomatique poftérieur du rameau fupérieur du dur. Le rameau auriculaire antérieur de ce nerf, qui communique avec le rameau 266. du nerf auriculaire poftérieur du nerf de la troifième paire des cervi- 131. eaux. 132. Ce nerf joint au nerf auriculaire antérieur ou cutané du tragus du nerf cu- tané poftérieur des tempes. 133. Le rameau cutuné des tempes poftérieur du nerf zygomatique. 134. Sa diftribution fur le zygoma fous le mufcle antérieur de l'oreille , dans le ra- meau qui monte fur l'aponevrofe du mufcle temporal , Se s'y diftribue fous les rameaux des nerfs cutanés des tempes de la cinquième paire. 135. Le rameau antérieur du premier nerf zygomatique, qui monte antérieure- ment diftribuant les rameaux fur la membrane aponevrotique du mufcle cro- tapbite , 8t s'unit avec le rameau 145. du zygomatique fécond. Ï36. Le rameau afcendant du fupérieur dur, ou grand zygomatique. 137. Le rameau defcendant ou facial de ce même rameau , qui s'unilfant enfemble font un arc, dont les rameaux fe dif'perfent. • n.- 138. La communication de ce rameau avec la branche 294. du nerf cutané polte- rieur des tempes , qui va fur l'artère temporale. 139. L'anaftomofe du rameau afcendant du dur avec le même nerf 294. ^ 140. L'infertion du rameau 295. du cutané poftérieur des tempes , qui va derrière l'artère temporale , dans la branche afcendante du rameau fupérieur du dur. !4i. Le rameau zygomatique fécond du rameau fupérieur du dur, ou temporal fé- cond du dur. 142. La communication de ce rameau avec le temporal poftérieur n. 133. 143. L'infertion d'une branche de la troifième branche temporale du nerf dur. !44. Le rameau , qui fur la membrane aponevrotique qui couvre le mufcle temporal, fe joint au premier temporal du dur 11. 135. DES SCIENCES DE BERLIN. J75 J45. Le rameau de ce nerf temporal fécond , qui fe diftribue fur l'aponevrofe du ■-— t mulclc temporal. ToM Fil 146. 147. Des intciliccs entre les rameaux communiquants de ce nerf, que l'on ap- A v v É e pelle en latin, infulas; en comparaifon d'une terre environnée d'un fleuve. 148. Une petite branche de ce nerf temporal qui fe joint au rameau n. 7. du nerf '75 '' fus-orbitaire. 149. Le troilièmc rameau temporal du dur. 150. Le rameau de ce nerf, qui fait la communication avec le rameau quatrième ou orbital i'upéricur. ' 151. Le rameau de ce nerf, qui monte fur le zygoma , Se va communiquer avec le nerf cutané des tempes moyen, n. 80. 152. L'autre branche de ce nerf temporal, qui ayant palTë fur le zygoma commu. nique avec le rameau 1 56. de l'orbital fupcrieur quatrième. 153. La petite branche de ce troifième temporal, qui comnumique avec le cutané antcrieiu' des tempes. 76. 154. La branche fur-orbitaire du temporal, qui parte vers le trou fur-orbitaire, fous le mufcle orbiculaire des paupières , & fe joint au rameau n. 5. du nerf fur. orbitaire ou t'rontal, iji;. Le nerf quatrième , ou orbital fupérieur du dur. 156. Le rameau de ce nerf, qui ayant pailc Ja partie antérieure du zygoma , fe con- fond avec le rameau 152. 157. La branche fur-orbitale de ce quatrième rameau. 1 58. Le rameau de cette branche , qui communique avec le rameau anaftomofti- que du frontal, n. 5. 159. Le rameau inférieur de cette branche, qui ayant donné des fibres à la pau- pière fupèrieure , communique avec le rameau 19, du nerf fuprà - troch- léaire. 160. La branche du nerf orbital fupérieur, qui ayant traverfé la paupière fupèrieure, communique avec le palpcbral fupérieur moyen du nerf fuprà-trocliléaire. 161. Le nerf cinquième ou orbital inférieur du dur, ou le malaire. 162. Le rameau de ce nerf qui communique avec le cutané fupérieur de la po- mctte. n. 71. 163. Le rameau de ce ;nerf qui fe diftribue dans la partie extérieure du mufcle or. biculaire des paupières. 164. Une autre branche de ce nerf, qui fe diftribue dans ce mufcle & dans la par- tie extérieure de la paupière fupèrieure. 165. Le rameau qui convient avec le nerf cutané inférieur de la pomette. 166. Le rameau anaftomoftique avec le même nerf cutané. 167. Le rameau qui montant vers le bord inférieur de l'orbite fe joint à un autre nerf de ce rameau , d'où nait 168. Le palpébral inférieur du dur , qui diftribue fes fibres dans les fibres muf- culaircs de lorbiculaire des paupières, qui couvre la paupière inférieure. 169. L'anaftomofe avec le rameau orbitaire inférieur du nerf facial fupérieur. J70. La petite fibre de ce rameau, qui ayant pafl'é deiïïis le ligament des paupières, commimique avec le rameau palpébral fupérieur intéiieur , du nerf petit frontal intérieur, n. 25. 17t. La branche communiquante du nerf orbitaire inférieur avec le facial fupérieur. 172. Le rameau mufculaire de l'orbiculaire des paupières , qui fe joint au rameau palpébral inférieur externe de l'inf' à-orbital. 173. Le rameau du nerf orbitaire inférieur qui communique avec le nerf facial fupérieur , avant qu'il fe gliife fous le mufcle zygomaiique , £< donne auffi un petit rameau mufculaire à ce mufcle. 375 MÉMOIRES DE VACADEMIE ROVALE 174. Le rameau facial fupcrieiir. ToM. y^ll- 173. Une branche de ce rameau qui fe joint au facial moyen , ou grand facial du dur. Année 176. L'anaflomofe du l'infertii n du rameau 295. du cutané poftérieur des tempes. 177. La branche infrà-orbitairv; du rameau facial fupérieur. ^7 J 178. La branche faciale de ce nerf. 179. Un rameau qui fe diftribue dans le mufcle grand zygomatique 180. Un autre , qui continue fous le mufcle zygomatique , 8c devant ce mufcle com- munique avec le grand ficial , ou moyen. 181. Le rameau 177. qui après avoir continué en avant fous le grand zj'gomatique , communique avec le nerf 68. rameau du cutané inférieur de l'os de la po- mctte. î8z. Le rameau fous-orbitaire du facial fupérieur , montant en devant fur le bord inférieur de l'orbite. 183. La communication de ce rameau fous-orbital avec un rameau 205. du facial moyen. Î84. La branche de ce fous-orbital qui fe joint au nerf 30. 185. Un autre filet de ce même nerf communiquant avec le nerf 28. 186. Le rameau 178. infinuant les deux branches avant le mufcle zygomatique danf les rameaux du facial moyen. 187. Un rameau mufculaire de ce nerf, qui diftribue fes fibres dans le mufcle or- biculaire des paupières. 188. Le grand nerf facial, ou facial moyen du dur. 189. La branche de ce nerf qui commimique avec le nerf facial inférieur du dur. 100. La branche fupérieure du nerf facial moyen , ou grand. 191. La petite branche communiquante de ce nerf avec le facial fupérieur. 192. Le rameau fupérieur du facial montant fous le mulcle zygomatique. 103. Le rameau intérieur du grand facial. 194. Le cutané fous - orbitaire de ce grand nerf facial. 195. Un rameau du nerf facial moyen qui va fur la veine 'faciale communiquer avec le rameau 201. delfous cette veine. 196. Un autre rameau qui defcendant derrière la même veine, commimique avec le; dit rameau ; les deux rameaux font un anneau , par lequel palfe la veine faciale. Ï97, Le rameau du grand facial qui va au-delliis de la veine faciale vers le bord infé- rieur de l'orbite. 198. Le nerf mufculaire de ce rameau , qui defcendant derrière la veine s'infimie dans le mufcle tranfverlaire du nez , ou comprimeur des narines. 199. Le rameau 197. qui montant fur le bord inférieur de l'orbite, s'infinue dans le rameau 182. 200. Le rameau inférieur du grand facial , qui fort de ce plexus , formé par le ra- meau inférieur du facial moyen Se les facials inférieurs. 101. Le rameau qui va commiuiiqucr avec le nerf du facial fupérieur 195. 201. Le rameau qui fait l'anaflomofe avec le premier rameau labial fupérieur du nerf fous -orbitaire. n. 51. toi. Un autre rameau qui fait la communication entre le facial du dur Se les labialt fupérieurs , le premier 8c le cutané du nez inférieur. 104. Le rameau du grand facial , qui monte au.de(îbus de la veine faciale vers l'angle interne de l'œil Se vers le nez. 205. La petite branche de ce nerf, qui derrière la veine faciale remonte Se com- munique avec le nerf. n. 183.. 7.o6. La conjonftion de ce rameau avec le nerf cutané du dos du nez n. 30. &c celui du dur 185. 207. Le DES SCIENCES DE BERLIN. 577 207. Le facial inférieur , qui va fur le milieu du mufcle malTetere. ss="H-a io8. La communication avec le facial fupérieur , ou grand facial du dur. ToM. Vil. 209. La communication avec le nerf facial inférieur du dur. n. Z2z. A N N É E lio. Seconde anaftomofc avec le nerf facial inférieur du dur. 1741 j:i. Troifième connexion avec le nerf facial inférieur. ' ^ * m. Infertion de ce rameau dans le grand facial. •■ îij. Le rameau inférieur du moyen facial, pareillement inféré dans le tiflu des nerfs facials. 114. Le rameau inférieur du facial moyen , qui étant forti dudit tilTu Ce joint au rameau 109. du nerf buccal. 215. Le rameau fupérieur de ce facial , qui pafle en devant fur la veine faciale. Î16. La branche communiquante de ce rameau avec le nerf buccal. 217. La petite b>anche qui s'unit parle rameau, 2 18. avec le nerf labial fupérieur externede l'infra-orbital. (n.62.) Se par l'autre rameau, 219. Avec le troifième des labials fupérieurs. n. 58. 6c le fécond ( n. 55. ) Ces deux rameaux partent deflbus le mufcle zygomatique où ils font ponftués. 220. Petite communication avec le buccal , dont les rameaux fe diftribuent aux muf- cles , qui s'attachent à l'angle de la bouche. ©. Le rameau inférieur du dur. 221. Le nerf buccal de ce rameau. 222. La branche communiquante avec le facial moyen. 223. Le rameau du facial inférieur , qui fe joignant au rameau fuivant n. 226. for- me une île. 224. La branche inférieure du buccal. 225. Le rameau communiquant avec la branche î2j. 226. La communication de ces deux uerfs, d'où nait le nerf communiquant avec le nerf 210. &c 229. 227. Le rameau du facial inférieur , qui fe joint St communique avec le cutané de la mâchoire inférieure , dont nait le nerf 228. Qui fe diftribue dans 229. l.e rameau qui monte fur le mufcle zygomatique à la grailTe des joues. 2JO. La communication avec .'e rameau 226. 131. Le rameau du facial inférieur, qui communique avec le rameau buccal, (n. 104 ) , & environne l'artère faciale. 2J2. Le rameau inférieur de ce même nerf qui communique avec le grand nerf buc- cal 1C5. &c 105. 253. La branche qui fc joint avec les branches plus inférieures du facial inférieur. 234. Le nerf du rameau 227. inférieur qui donne 235. Le rameau qui s'infère dans le petit concours inférieur des nerfs faciaux. 236. Le rameau moyen , qui fous la veine & l'artère faciale , va devant 237. La petite branche , qui fe courbe en haut devant la veine faciale , & l'ayant en- vironnée va communiquer avec le rameau inférieur du nerf buccal, n. 102. 238. Le rameau 256. qui continue derrière l'artère faciale. 239. Le rameau inférieur qui de fon origine va en devant delïïis la veine & l'artère faciale , & fe joignant devant l'artère au rameau 238. environne la veine & l'artère faciale. 240. La petite branche de cette union des rameaux 238. & 239. qui communique avec le nerf labial inférieur externe, n. 100. 241. Un autre petit filet, qui s'infère dans le tiiVu inférieur des nerfs faciaux. 242. Le rameau du facial inférieur qui communique vers l'angle delà bouche avec le nerf buccal inférieur. Bbb 37» MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE gs^ '— 243. Un autre qui s'infère dans une branche du labial inférieur externe. J OM. VLl. 244. Le rameau maxillaire inférieur du dur. Année 245. La communication avec le facial inférieur. i y c i 246. Le rameau qui communique avec les cutanés fupérieurs du col. ' ^ * 247. Le rameau du maxillaire inférieur , qui le glill'e en devant au bord de la mi. choire inférieure , d'où nait 248. Une petite branche , qui après s'être divifée en deux rameaux , environne la branche de l'artère faciale , qui communique avec l'artère maxillaire inférieure. 249. La continuation de cette branche , & la communication avec le buccal inférieur ( n. 102. ) &c avec le nerf labial inférieur interne n. 90, 93. 250. Le premier rameau cutané du col de l'inférieur du dur. 251. Le fécond rameau cutané fupérieur du col. 252. Le troifième rameau cutané fupérieur du col. 253. Le rameau inférieur du nerf maxillaire inférieur externe, qui fe confond avec les nerfs cervicaux & les cutanés fupérieurs du col. 254. Le rameau qui fort de cette union , £< va communiquer avec le rameau du ma- xillaire inférieur du dur. n. 247. 255. Le nerf de cette combinaifon des deux nerfs n. 147. & 254. 156. Le rameau de ce nerf qui communique avec le nerf 98. du nerf mental & avec le labial externe. ÎS7. Le rameau de ce même nerf, qui s'infinue & communique avec le rameau mufculaire du mental, n. 86. 258. Le rameau du nerf maxillaire inférieur , qui communique avec le rameau le plus inférieur du nerf maxillaire inférieur. 159. Le rameau du nerf maxillaire inférieiu- , qui communique avec le cutané mo» yen du col des nerfs cervicaux. 260. La branche maxillaire inférieure de cette union. ï6i. La communication de ce Tameau , avec le mufculaire du mental. ( n. 87. ) z6i. Le cutané fupériçur du col. A. Le grand nerf atniculaire poftérieur de la troifième paire des cervicaux. 263. La branche de ce nerf, qui va communiquer avec le cutané fupérieur du coL 264. Le nerf cutané latéral du vifage , qui fe diftribue fous la peau , qui couvre la glande parotide. 265. La branche antérieure de l'auriculaire poftérieur , qui monte devant le mufcle' llerno-maftoïdien. z66. Un filet de ce nerf, qui fe joint au nerf auriculaire antérieur du dur. 267. Un autre filet de ce nerf, qui communique avec le rameau auriculaire antérieur ou tragique du cutané des tempes poftérieur. 268. La branche de ce rameau auriculaire, qui entre le cartilage de l'hélix , va dans, la cavité interne innominée de l'oreille exteine. 1139. Le rameau qui fe gliife derrière le cartilage de l'hélix , & fe diftribue fous la peau de cette partie de l'oreille externe. 270. Le rameau moyen de l'auriculaire poftérieur. 271. La diftribution de ce rameau deifous la peau de la convexité poftérieure exter.» ne de l'oreille. 272. Le rameau poftérieur de l'auriculaire poftérieur. 173. La diftribution de ce rameau , à la partie externe & poftérieure convexe de l'oreille. 274. la branche de ce nerf auriculaire poftérieur qui communique avec le nerf au» riculaire poftérieur profond du dur. 275. Une autre branche qui s'infère dans le rameau occipital du dur. DES SCIENCES DE BERLIN. jyf n. Le petit nerf auriculaire poftéricur , qui monte derriirc le mufcle ftemo-maf «==*= toïdicn. ToM. yil. i^C. Le rameau qui fe diftribue à la convexité externe fupérieure de la partie porté- A H N É B rieure de l'oreille. i -r r i 177. Le filet de ce rameau, qui monte derrière l'oreille & fe diftribue dans le muf- ' ^ ' cle fupérieur de l'oreille externe , 6c communique avec le nerf cutané pofté- rieur des tempes, n. 303. 17^. I.? ramcpu citcipital du petit nerf auriculaire poftérieur. ^. Le nerf cutané du col. n. Le cutané moyen du col. 279. La branche lupcricure de ce nerf, qui fe diftribue dans 280. Le rameau , qui commimique &: fe confond avec les cutanés fupérieurs du col 8c 281. La branche qui communique avec le maxillaire intérieur. 282. Le cutané inl'érieur du viiage. »8j. Le rameau qui monte fous le mufcle platyfmamyoïde , & fe dillribue fous la peau qui couvre l'angle de la mâchoire inférieure. 184. Une aune branche cutanée de la mâchoire inférieure. 185. Le tioifième rameau cutané qui communique avec les deux rameaux du maxil. laire inférieur. i8<5. Le cutané inférieur du col , qui eft fouvent rameau de la quatrième paire des nerfs cervicaux, 6c commumunique avec ce nerf 187. Le rameau qui communique avec le profond rameau du dur. n. 129. z88. Le rameau cutané du col, qui va fous le mufcle platyfmamyoïde, vers la par- tie antérieure de la mâchoire inférieure. 189. Le cutané antérieur de la mâchoire inférieure. îjio. Le rameau qui delibus le mufcle plat)'imamyoïde monte vers la mâchoire infé. rieure , &C le diftribue dans le mufcle triangulaire U quarré du menton. 191. Le rameau inférieur du aitané du col inférieiu-. 291. Le nerf cutané du col du dur qui communique avec le nerf cutané inférieur de la quatrième paire des nerfs cervicaux, e. Le nerf cutané latéral de la face, qui ne fe trouve pas toujours, & qui eft ra. meau de la première paire des nerfs cervicaux , 8c fe diftribue fous la peau , qui couvre la partie inférieure de la glande parotide. 193. Le nerf cutané poftérieur des tempes. Î94. Le rameau de ce nerf qui va delfus l'artère temporale , & s'infère par deux ra- mcaux dans le rameau fupérieur du dur. 195. Le rameau qui fortant de ce même nerf va en devant derrière l'artère tempo- raie , & s'infmue par deux rameaux dans le fupérieur rameau du dur. f n. 14» &c 176. ) ^ 196. Le nerf auriculaire antérieur ou cutané du tragus. 197. Le nerf auriculaire antérieur du cutané des tempes , qui fe diftribue dans la partie antérieure de l'hélix. «98. Le cutané des tempes opftérieurs , continuant derrière l'artère temporale de- vant l'oreille externe. 199- } e rameau qui fe diftribue dans le mufcle releveur de l'oreille externe. îoo. Le cutané des tempes qui difpcrfe fes rameaux fur l'aponevrofe de l'épicrane fous la peau. 301. Une petite branche qui communique latéralement avec le nerf occipital. 3^2- Le rameau qui commimique avec le petit auriculaire poftérieur de la féconde paire des nerfs cervicaux. joj. La branche qui étant née monte & fait Bbbij 38o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE a=gs se 304. La communication avec le nerf occipital. ToM. VIL 305. Le nerf occipital de la féconde paire des cervicaux. Année 306. Le rameau qui communique avec ce nerf. n. 304. i y c i, 307- Le rameau qui^ montant le plus derrière s'anallomofe enfin avec la branche ' •* ' 301. du cutané des tempes. 308. Le nerf mol de l'intercoftal qui s'étend fur les rameaux de l'artère carotide ex- terne. 309. Le rameau qui va avec l'artère maxillaire interne. 310. Le rameau qui monte avec l'artère temporale. g^'' '- '•^'ijs^ =^ , ARTICLEXLUI. iggs Réflexions phllofophiques fur le cas fmguller d'un jeune garçon de dou^e 1 OM. VIII. ans , à qui l'aile d'un moulin à vent avolt enfoncé le crâne , en avoii Année fait fortir une quantité confidérable du cerveau , & qui cependant a été .'75 2. entièrement guéri , fans le moindre dérangement des facultés de l'ame. Par M. E L L E R, LE i? 0 1 ayant été informé par fa Chambre des Domaines du Du=i ché de Cleves , que dans la ville du même nom , un garçon de douze ans avoit été tellement bleffé par une des aîles d'un moulin à vent , que non-feulement les os du crâne s'étoient trouvés cafles , & entr'ouverts , mais que même une portion très -confidérable du cerveau, & de fes enve- loppes , avoit été emportée par ce terrible coup ^ de forte qu'on en avoit trouvé des morceaux fur les habits du blefTé, & à l'endroit où on avoit relevé ce pauvre garçon , qu'on croyoit d'abord roide mort , n'ayant donné aucun ligne de vie pendant quelque tems , jufqu'à ce qu'on l'eût tranfporté dans la inaifon de fes parens , où il commerça à donner quel- ques foibles marques d'une refpiration prefque éteinte , pendant qu'un Chi- rurgien avoit vifïté & panfé fa bleffure , qui toute defefperée qu'elle pa- rut d'abord , avoit été cependant parfaitement guérie au bout de dix k^ maines , fans qu'il eût relié la moindre foibleflè , ou égarement d'efprit au malade. Sa Majesté, toujours attentive aux événemens extraordinaires qui peuvent intéreiïèr le bien public , donna ordre aux Directeurs de fa Chambre des Domaines , de faire une recherche exaâe de toutes les circonÇ tances de l'accident en queflion , & de faire conllater , par ferment , les dépofitions du Médecin & des Chirurgiens qui avoient traité le blelïè , auffi - bien que celles des autres témoins , qui av<)ient vu & trouvé le pauvre gardon 3 immédiatement après fon malheureux accident. Le R Q i DES SCIENCES DE BERLIN. 381 ayant donc reçu & lu le rapport qui fuit , l'a jugé digne d'être envoyé au 7~j~p]]J" CoUcge de Médecine , pour en faire ufage comme d'une obfcrvation des . ' '^_ ^ ' plus rares , qui regardent la guérifon des blefliares defefperées & extraor- dinaires de la tête, Traduclion de la Relation faite par le Médecin & les Chirurgiens qui ont traité le blcjfé, » Le 20 Juin 1751 > a UIa 1i>.ui>.j Ju mallu , Dt.inuiU - J1.U11 .4,s.iLt3 , » fils d'un Boulanger , âgé d'environ douze ans & quatre mois , palTant fur » la galerie extérieure du moulin à vent de cette Ville , fut frappé à la tè- » te d'un coup de l'aile de ce moulin. On le trouva baigné dans fon fang, » parmi lequel il y avoit de la fubftance du cerveau , dont quelques par- » ties étoient reftées attachées fur fon front & entre les boutons de fon ha- » bit, ( ce qui , félon le rappon de ceux qui l'ont vu , pouvoit aller à » trois onces. ) Le Meunier ayant trouvé cet enfant dans ce pitoyable état, » le releva à demi mort , le defcendit , en le portant entre fes bras , & » fit appeller un Chirurgien , qui emporta , avec les cheveux , la portion » du cerveau qui étoit reftée attachée fur le front , & à l'entour de la plaie. » Le pauvre garçon étant extrêmement foible , le Chirurgien fe contenta » de panfer alors la playe avec de la charpie féche 5 après quoi , il le fit » emporter fur une chaife , enveloppé d'une couverture , dans la maifon » de fes parens. » A onze heures & demie , je fus appelle de notre bain , où j'étois » alors , chez ce malheureux garçon , que je trouvai fur un lit , prefqu'en. » tièrement froid , extrém.ement foible , avec un pouls fort bas , & ayant » perdu l'ufage de la parole ; ce qui avoit obligé le Chirurgien de le fai- » gner couché. Lorfqu'on leva le premier appareil , je trouvai du côté droit » de la tête l'os pariétal caffé de la longueur d'un doigt , obliquement , au- » defTùs du fommct , & caffé de la même longueur , obliquement auffi , vers » l'os du front j il avoit été enfoncé à f>lat de la largeur du petit doigt ^ & » je vis entre ces deux os , qui avoient gliffé l'un fur l'autre , fortir encore » le cers'eau , dont il y avoit même quelques morceaux collés à la charpie, » Par toutes ces circonftances je jugeai , que l'aLle du moulin avoit » porté ce terrible coup par derrière , & qu'ayant rompu de côté l'os pa- » riétal , il l'avoit pouflë fous l'os du front , & avoit fait fortir en même » tems la portion du cerveau foulée. Je fis mettre fur la playe , par les » deux Chirurgiens Bloem & Altrogge , des tentes de charpie trempées dans » l'eiïènce d'ambre jaune & d'agrimoine , mêlée avec un peu de miel » rofat , & par-deffus cela de petits fachets chauds d'herbes propres à » forùfier la tête , cuites dans du vin , & féchées enfuite, J'ordonnai en rnç: î82 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROVALE ToM VUl " '^^ ^^^^ ""^ potion cordiale , pour être donnée à ruillerécs. Le même A n'n É Ê " '°''^ ' ^ ^"'' heures , je trouvai l'enfant un peu mieux , avec une tievre » fymptômatique, caulée par la playe : mais il étoitfi foible , qu'il fallut cn- ' "* * » core le panier couché , ce qui le ht comme ci-deilùs. » Dans la nuit fuivante , l'enfant revint à lui-même , il commença à par- » 1er , & conta de quelle manière fon accident lui étoit arrivé. Il pria Dieu » raifonnablement , fe conibia dans fon malheur , recita mot pour mot » les Cantiques : Ah ! Dieu 6" Seigneur &C. AJi Cr.U ~...J lien ! &c. & ,> nerr jcju-LlinJt, wufirer Menjch und Uott , &c. Jcfus-Chrijl vrai Dieu Cf » vrai Homme &c. de même que les Pfeaumes 103. & 131. Il prit quel- » ques tafles de cafté au lait , ai fe remit à fommeiller. » Le lendemain matin , les parens , 6c ceux qui l'avoient veillé , m'ayant » conté ce qui s'éroir paffé , je trouvai moi-même que l'enfant s'étoit » confidérablement fortihé ; en renouvellant l'appareil , je vis que la playe » étoit fans inflammation , & que l'hémorragie avoit ceflë ; c'efl pourquoi » j'effayai s'il ne feroit pas polîible de failîr , & de remettre dans fa » place naturelle la portion du crâne qui avoit été pouHee fous l'os du » front ^ mais cela étoit impraticable à caufe de la profondeur de l'en- » foncement , de la force dont elle étoit engagée , & parce que le cer- » veau faifoit effort pour s'échapper d'entre les deux os. On ne pouvoit » pas , non plus , employer le trépan dans cette occafion , parce que l'os » du front, & le cerveau qui fortoit par-là , empêchoit qu'on ne pût re- » lever l'os pariétal , ce qui d'ailleurs n'eût fervi de rien d'un côté , & » de l'autre eût endommagé encore davantage le cerveau , & occafionné » des convuliîons , une grande perte de fang , & la mort même, » Job Van Mecbeven , dans fes obfervations médicinales , cite un cas » pareil au nôtre , arrivé à un matelot robufte , qui avoit reçu un rude » coup fur l'os pariétal droit , au deiîùs de l'extrémité du mufcle crota- » phite ; ce coup avoit pouffé une portion de l'os fous le crâne même ; & » le malade , après avoir été trépané deux fois , fut attaqué d'une hémor- » ragie confidérable , accompagnée de vomiflément , de diarrhée , & de » convulfions, de forte que la fuppuration , qui jufqu'alors avoit été fort » bonne , diminua ; ce qui fut fuivi de la mort du malade , qui rendit fon » ame en fommeillant. » Me rappellant donc cet exemple , & les malheureufes fuites qu'avoit » eu le trépan ; confidérant d'ailleurs , que notre petit malade avoit parlé » raifonnablement , prié Dieu , recité des Pfeaumes & des Cantiques » entiers , qu'il ne fe plaignoit point de maux de tête extraordinaires , & » qu'aucun fymptôme dangereux , ni la hevre , ne faifoient craindre des ») fuites funeftes , je jugeai qu'il n'étoit pas expédient de tourmenter "cet » enfant par des opérations équivoques , & d'aggraver fon mal , n'y DES SCIENCES DE BERLIN. 38^ » ayant point fur - tout de figncs prcfans , qui indiquafïènt la néceffité . u indifpenlable du trépan. Je conjcâurai plutôt, que la portion du crâne '^" ^"^* » enfoncé'h par le coup violent de l'aile du moulin , ayant fait fortir -^ ^ ^' ^ ^ » une afléz grande quantité du cerveau , cela avoit produit plus def- * 7 5 2, » pace fous la boete offcufe , en forte que la portion du crâne af- » faiilèe ne preflôit pas tant le cerveau qu'elle l'auroit fait , fi tout ce » vifcère eût refté dans la tête ; conféquences que les circonftances ren- » doient évidentes , l'enfant fe reffbuvenant de tout ce qui s'étoit paffé » Si ayant recité par cœur des Cantiques & des Pfeaumes entiers. Je jugeai » auffi , que la portion du crâne enfoncée fous l'os du front en com- » primant la playe du cerveau , prévenoit l'hémorragie & l'épanchcmrnt du » fang , dont la pourriture eut été une fuite infaillible , & pouvoit même » fervir à fa guérilbn , en tenant fes lèvres unies , ce qui eft en effet arrivé. » Il n'en auroit pas été de même , fi l'on avoit inutilement tourmenté » l'enfant par le trépan ; il fût furvenu des pertes de fang , des con- » vulfions , des fièvres ; & le cerveau , déjà prefque vuide , auroit acquis » plus d'efpace qu'il n'étoit nécellaire , & à la faveur de ce grand efpace , le » fang eût pu fe répandre fous le crâne , fe mêler avec le pus , enfiammer » le cerveaw , caufer la pourriture , & la mort , Ètoit figné , J. H. S C HU T TE , Doaeur & Médecin du Bain. J. ALTROGGE & JEAN BLOEM , Chirurgiens. Cette blelTure extraordinaire , par laquelle une portion très-confîdérable de la fubftance du cerveau a- été dabord emportée ; la perte de la mê- me fubftance , qui s'eft échappée par l'ouverture du crâne , & dans la fuite parlafupuration, perte non moins confidérable que la première ; cette blef- fure , dis-je , mérite bien que nous joignions au détail hiftorique qu'on vient de lire , quelques remarques , qui nous ont paru propres à répan- dre du jour fur les playes d'un organe auffi précieux. Les anciens Mé- decins , qui n'avoient pas une connoifTance auffi exa£te de la ftruâure & des fondions du cerveau , que l'anatomie perfeétionnée l'a procurée depuis aux modernes , en jugèrent les playes abfolument mortelles , fe fondant DES SCIENCES DE BERLIN. 38J fondant d'ailleurs , fur la dccifîon d'Hippocrate , qui dit dans le dix-huitième ^^ ....f aphorifme de la fixième fcdion , Ccrebrum dljjccîum hahcnti IcthaU. De ?^^_' * plus , ils n'avoient pas comme nous , des Chirurgiens habiles , qui fe don- ^ ^ nafïènt la peine de tranfmettre à la poflérité la mémoire des accidens ex- ^75 • traordinaires que la pratique de l'art leur préfentoit. Ce n'eft qu'au quinziè- me fiècle , époque célèbre de la renailïànce des fcicnccs & des arts , que les Médecins-Chirurgiens commencèrent à dreflèr des obfervations fur les maladies peu communes qui s'ofFroient à eux. Il efl vrai pourtant que Ga- licn & Antoine Mufa , ont un peu limité dans leurs Commentaires fur les aphorifmes d'Hippocrate , l'aiTèrtion abfolue de la mortalité des playes du cerveau. Le premier raconte la guérifon d'un homme à qui un des ventri- cules antérieurs du cerveau avoit été ouvert par une playe ; mais il attri- bue cette guérifon , plutôt au pouvoir furnaturcl des Dieux , qu'à l'habi- leté humaine. (*) Du refle , comme les blelliircs qui pénétrent jufques dans les ventricules , doivent être abfolument mortelles , je m'imagine que Galien , qui , à beaucoup près , n'étoit pas grand anatomilte , a pris l'ou- verture de l'un des linus frontaux , pour ceÙe d'un ventricule du cerveau. Antoine Mufa dit avoir vu une perfonnc , qui , ayant perdu une portion du cerveau , grolîè comme un petit œuf de poule , par une playe au crâ- ne , ne lailTà pas de guérir enh'n , mais qu'elle étoit reftée imbécile , & tout-à fait égarée pendant trois ans qu'elle furvécut à fa blefïùre. On ne voit pas bien , par fon récit , s'il a traité lui-même ce malade , ou s'il te- noit cette obfervation de quelqu'autre ; & quant à ce qu'il raconte encore de fon foldat Corfe , qui avoit eu la moitié de la tète emportée par un coup de fabre, & autant de la fubftance du cerveau, cela efl: fort fujet à caution. Le fameux Médecin Bcrengiuius , de Carpi en Italie , qui a le premier introduit l'ufage du vif argent dans le traitement des maladies vénériennes , ell le premier auffi, que je fçache, qui , dans fon excellent traité desfmcîu- " tes du crûne , a prouvé que les plaies du cerveau , & de fes enveloppes , ne font pas toujours mortelles ; il en a guéri plufieurs , nonobftant la perte confidéralîle de la fubftance du cerveau , que quelques blefTès avoient fouf- fert ; il ajoute pourtant que deux d'entr'eux relièrent paralytiques du côté droit , & moururent deux ans après. Guy de Chaididc , le premier des anciens Chirurgiens François , qui s'eft acquis une réputation diftinguée , a pareillement remarqué , dans kn traité de Chirurgie , & prouvé par fa pratique , que les plaies du cerveau n'étoient pas conftamment mortelles. Hddanus , cet obfervateur (i diffus & fi ennuyeux, raconte auffi, dans la treizième ohfcrvdtion de fa première Cen- turie , la guérifon de deux malades qui étoicnt dans le même cas. Schen- hius , dans fon Livre I. da Obfervations Médicinales , a fait une collcdion (*) Voyez Gilen. de ufu part, lib, 8. cap. lo, Ccc 386 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE X, ^fTT ^s ^^^s femblables , qu'il a tiré des anciens Auteurs , comme de Nicole , de ji '■■ ' J^'^g'' -, à'Aixœus , &c. , & que j'omets très-volontiers , pour ne pas être trop prolixe : je ne dis rien encore de ceux qu'on trouve dans les Ephé~ ' •' ' méridcs des Curieux de la Nature , & dans quelques autres Obfervateurs modernes , pour la même raifon. Mais il y a une Dijjertdtion fur Us plaies du cerveau , écrite de nos jours , qui mérite quelqu'attention. L'Auteur , le Dofteur Teubler , y raconte les circonftances de la blefïùre d'un fol- dat , qui , dans la dernière guerre , en Brabant , a eu une portion du crâne , de deux pouces & demi de diamètre , emportée par un coup de fabre , avec une partie du cerveau proportionnée , de l'épaiffeur d'un de- mi pouce ; l'Auteur ajoute , que la fuppuration avoit fait fortir encore deux cuillerées de la fubftance de ce vifcère , avant la guérifon , qui fut parfaite , & ne fut traverfée par aucun fymptôme dangereux. Une tuile de terre cuite , tombée du haut d'un toit , ayant caffé le crâne à un garçon de 1 2 ans , qui paflbit par malheur dans la rue , a donné occafion à une autre diÂèrtation , dans laquelle cette bleffure confidérable efl décrite par M. Daniel Hoffmann , ProfelTèur en Mé- decine à Tubinge. Le blefle a guéri auffi , nonobftant la perte confidé- rable d'une partie du cerveau , & les mouvemens convulfifs , qui ac- compagnèrent d'abord la guérifon du malade. On a jugé à propos de ci- ter ces deux derniers cas , parce qu'ils ont beaucoup de reiTemblance avec celui de notre bleifé de Cléves , par la reflitution entière & parfaite de la fanté. Pour ce qui regarde les autres cas allégués ci-deffus , où il efl refté aua bleffés une abolition , ou une foiblelïè de mouvement dans quelques- uns des mufcles des parties extérieures du corps , il n'eft pas difficile d'en trouver la raifon , quand on connoît un peu la ftruâure & les fondions du cerveau. Suppofons que la partie externe de ce vifcère , qu'on appelle la fubflance corticale , foit bleffée , ou une portion féparée du relie ,- comme elle n'efl autre chofe qu'un tiffij de petites artères innom- brables , qui tirent leur origine des carotides & des vertébrales , & des petites veines qui y répondent , pour recevoir le fang des artères , & le décharger après dans les finus du cerveau ; une portion de cette fubftance corticale , dis -je , emportée par la violence d'une lézion extérieure, peut fe rétablir & renaître dans la fuite, tout comme nous voyons renaître quelques parties de la peau , ou de la chair , emportées par un inftru-^ ment tranchant , de la furface externe du corps. La nature , toujours at^ tentive à la confcrvation de fon ouvrage , a tellement pourvu à cela , que la circulation perpétuelle du fang, pouflè fans ceffë les liquides contre les branches des vaillèaux coupés & raccourcis ; de forte qu'ils font for- cés de s'étendre , de s'allonger de nouveau , & de jetter de petites ré.» DES SCIENCES DE BERLIN. 387 mifications de tous cotés , qui rcmplifTént , à peu-près , le vuide occa- ,.. f^7 fionné par la bleffùre , & réparent la fubftance perdue. J^'^J' . ' Tel a été, vraifemblablemcnt , le cas de notre blefle de Cléves, & de ^ -"^ *■' ^ ceux dont Mrs. TcubUr & Hoffmann nous ont donné l'hiftoire. Leur gué- rifon a été complette par la raifon que je viens d'expofer. Mais les phé- nomènes , ou les fymptômes , font tout autres , lorfque la partie médullaire du cerveau fe trouve lézée. Nous f<,avons que cette moelle , eft une pro- duftion merveillcufe de la fubftance corticale , & en méme-tems la four- ce ou l'origine de tous les nerfs. Or, comme les nerfs fournirent aux fi- bres mufculaires la force qui leur donne le mouvement , il n'eft pas dif- ficile de voir la raifon pourquoi certains mufcles reftent perclus , & quel- quefois tout un côté du corps paralytique , dans les léfîons de cette na- ture; c'eft ce qui cft arrivé aux deux bleffés de Berengariixs , & à celui dont Jean Muys nous a donné l'hiftoire dans fes Obfcnations ; il leur eft rot té une hémiplégie après qu'ils ont été guéris. La raifon, dis-je,eneft, qu'une portion de la fubftance médullaire du cerveau , qui répond pré- cifément au principe des nerfs qui fournirent des branches aux mufcles perclus , a été détruite , ou fon organifation viciée par la violence de la caufe extérieure qui a fait la plaie. De -là il s'enfuit, qu'une léfion qui pénétre fort avant dans ce vifcère , jufques au-delà des ventricules , & dans la fubftance du cervelet , ou même dans la moelle allongée , doit être néceiTairement mortelle , peu de tems après la bleflùre , puifque les parties fournilTènt principalement les nerfs d'où dépendent les mouvemens des mufcles du cœur , du diaphragme , & ceux de la refpiration , &c. Une autre circonftance des playes du cerveau , avec déperdition d'une partie de fa fubftance , mérite encore notre attention. Plufieurs Obferva- teurs , dans les Ephemerides Germaniques, auffi-bien qu'Antoine Mufa , Forejlus , Schcnhius , & autres , ont remarqué que quelques-uns des blef- fés auxquels une portion du cerveau a été emportée, ont eu après leur gué- rifon , l'efprit égaré , ou une efpèce de folie le refte de leurs jours. Par ce que je viens de dire , on comprend que les playes de ces bleflés ont dû être des plus graves , ainfî qu'on le voit par le rapport de ces Auteurs j elles ont pénétré, fans doute , jufques dans la moelle du cerveau. On peut conjefturer , avec raifon , qu'une lézion de cette nature eft capable de jet- ter du trouble dans l'efprit , & dans la fuite de nos idées. Nous fçavons par les recherches qu'on a faites fur l'origine de l'entendement humain , que les idées fenfuelles , ou qui nous viennent par les fens , comme celle des couleurs , par exemple , caufent des impreffions , ou quelque chofe de femblable , dans notre cerveau ; aufli peut-on appeller ces fortes d'i- dées matâielles ; elles fe préfcntent à l'être qui penfe en nous , ou à i'ame, lors même que les objets de ces idées n'cxiftcnt plus ; & cette Ceci] 1752. 383 MÉMOIRES DE VACADEMIE ROYALE reproduction des idées matérielles forme en nous le raifonnement , J OM. I m. fgion l'axiome : nihil ejl in mente quod prius non fucrit in fcnjibus. Année y[^\^ ^ comme on attache les noms des chofes à chacune des idées ma- * 7 5 2. térielles , c'eft fous ces noms qu'elles font rappellées à la mémoire , qui eft cette faculté de l'être penfant par laquelle il fe repréfcnte le paflè ; de forte que cette impreflion des idées matérielles ell le principe de la réminifcence , ou du fouvenir. Toutes les opérations de l'entendement étant ainfî exécutées dans l'a- me , la plupart par les idées matérielles , & par le moyen du cerveau , il s'agit maintenant de développer comment cela fe fait ; mais je crains de me perdre dans ce vafte champ d'hypotliéfes : aufli ne prétends - je pas décider ici par quel mécanifme C3tte impreffion , ou cette marque des noms des objets fe grave dans le cerveau ; je raifonne feulement à pojleriori , & je dis qu'il faut qu'il fe faflè quelque chofe de femblable , ou d'approchant à une impreffion , ou à une marque notée dans la fubf- tance moëlleufe du cerveau ; car tout de même que la perte de la portion de cette fubftance qui conftitue l'origine des nerfs , caufe une immo- bilité dans les mufcles dans lefquels telle ou telle branche de nerf va fe rendre , ainfi la perte d'une autre portion de cette fubftance moëlleufe du cerveau , dans laquelle les impreflîons en queftion font faites , doit caufer néceffairement la perte de ces idées matérielles , ou des noms des chofes imprimées dans cette portion perdue , qui par conféquent font perdues auffi pour la perfonne qui a fouffert une telle lézion ; d'où il arrive qu'un tel homme ne peut plus tenir de difcours fuivis , plufieurs noms de chofes lui manquent au befoin , il en nomme d'autres qui n'expriment pas ce qu'il veut dire , il s'énonce d'une manière qui marque un fens égaré : on le prend donc pour un imbécile , ou on le croit fou ; & il l'efl: efFeétivement en ce point. Ce que nous avons vu arriver par une lézion violente , avec déperdi- tion de la fubftance du cerveau , peut arriver auffi quelquefois par la limple obftruâion d'une portion de cet organe ; car nous fçavons par l'expérience , qu'une obftruâion de cette nature ayant occafionné une hémiplégie , où les nerfs d'un côté du corps fe trouvent perclus , ôte le mouvement aux mufcles que cette portion bouchée de la moelle du cer- veau devoit animer. J'ai remarqué auffi chez un malade de cette efpèce , qu'il avoit perdu l'idée de plufieurs chofes , qu'il n'étoit plus capable de nommer , jufqu'à ce que ces chofes perdues , ou échappées de fa mé- moire , lui fuflënt montrées , ou nommées de nouveau ; ce qui marque fans doute , que la partie obftruée de la moelle du cerveau n'a plus de communication avec la faculté qui penfe en nous , tout de même que fi cette portion avoit été détruite par une lézion du dehors , telle que celle dont nous venons de parler, DES SCIENCES DE BERLIN. 389 L'extrt-mc vicilleflè produit encore un effet pareil , une efpèce do cal- 7 ytif lofité defliiche ik bouche j'cu-à-pcu le cerveau, & détruit en même tcms f^ , la fincflè inconcevable du tiliu de ce vifcère , & le fouvcnir des idées fen- '^ ^' *■ B fuelles qui y étoient comme en dépôt , & tout cela nous conduit à ' 7 5 ^« cette conclufion : que la moelle du cerveau , outre le mouvement muf- culaire qu'elle produit , par le moyen des nerfs , eft encore le réfervoir ou le magalin , où nos fens dépofent ces idées fenfuelles ou matéricUes que l'ctre penfant peut toujours reproduire & fe reprélenter , même lorfque les objets qui les ont fait naître , ne font plus préfens aux fens , ou aux organes extérieurs ; car fi cette faculté reproduftrice de l'être penfant pouvoit exifier d'une autre faqon , nous pourrions également penfer fans cerveau , ce qui eft démenti par l'expérience. Avant de terminer mes réflexions fur ces fortes d'accidens , le blefTé de Clévcs m'offre encore un phénomène qui mérite quelqu'attention , & qui femble contredire toutes les obfervations chirurgicales qu'une pra- tique raifonnable peut fournir. On a vu dans la relation du Médecin & des Chirurgiens , qu'une portion brifée de l'os pariétal s'étoit gliiiée fous l'os du front de la largeur d'un demi pouce. Cette portion de l'os , bien loin d'être replacée par les Chirurgiens , qui craignoient des fuites facheufes de cette opération , eft rcftée dans cette fituation contre na- ture , ce qui n'a point empêché une guérifon radicale : fur quoi on peut faire les réflexions fuivantes. 1°. La dure-mere , toute tiraillée & déchirée qu'elle a dû être par les pointes & les inégalités des os fracafïés, n'a pourtant caufé aucun de ces fymptômes dangereux dont elle eft ac- cufée , pour l'ordinaire ; ce qui confirme la théorie & les expériences de l'illuftre Hallcr & de fes élevés , qui prouvent que la dure-mere n'eft point fi fenfible qu'on le prétend , ni fi fujette aux conftridions fpaC modiques & convulfives , par des irritations quelconques, i". Que l'ha- bifeté , ou la capacité médiocre & craintive d'un Chirurgien , vaut quel- quefois mieux que la hardieflè mal placée d'un grand Opérateur ; car fi ces Mefficurs , dans le cas en queftjon , avoient voulu abfolument re- dreftér les os brifés dans leur fituation naturelle , il? auroient fans doute caufé une hémorragie mortelle , ou quelques autres fymptômes également funeftes , à un malade qui ne montroit plus qu'un fouffle de vie. •M^JIff 390 MÉMOIRES DE VACADEMIE ROYALE ToM.VlU. ^ ■■=;g;sS^ii!;= ■■ yQ ^.l'ii^ ARTICLE XLIV. Nouvelles expériences G" ohfervations fur la vcgétatlon des graines des plantes & des arbres. Par M. E L L E R. LE progrès que les fciences ont fait dans le fiècle paffé , & fur-tout les découvertes prefque innombrables dont on a enrichi la Philo- fophie naturelle , 6c en particulier , l'anatomie , tant de l'homme , que des animaux , ont engagé quelques curieux à vouloir pénétrer aufli dans l'intérieur de la flrufture des plantes , à quoi les microfcopes nouvellement perfedionnés , fembloient avoir déjà frayé la route. Les premiers qui ont réuffi dans cette entreprife , & dont les écrits méritent encore aujour- d'hui l'eftime des Phyficiens , font Grew , Malpighi & Lewenhoeh. 11 n'eft prefque rien échappé à leur vigilance infatigable de ce que la nature paroît avoir caché dans la ftruéiure des plus petites herbes , auffi-bien que dans celle des arbres les plus élevés. L'ordre merveilleux qu'elle fuit dans la produûion des individus qui compofent le règne végétal , m'a toujours frappé , & je n'ai pu m'empêcher d'employer , de tems en tems , quel- ques-uns des momens que me laiffent mes occupations ordinaires , à quelques recherches relatives à la végétation , à l'exemple des grands hommes que je viens de nommer. Mon premier objet dans ces recher- ches , a été de fuivre la nature pas-à-pas , depuis le développement du germe de la graine , jufqu'à l'entière perfeâion de la plante. Pour cet ef- fet , je femai plufieurs fortes de femences d'un gros volume dans de la terre , dont j'avois rempli quelques verres cylindriques , ayant eu foin de placer les femences de telle forte qu'un de leurs côtés touchoit im- médiatement la furface intérieure du verre , pendant que le côté oppofé reftoit entouré de terre. De cette manière , je pouvois fort bien remar- quer le gonflement de la graine , auffi-bien que l'ouverture d'où fortent la racine féminale & le germe ; ce qui me mettoit en état de diflinguer à découvert , à l'aide du microfcope , la flruâure fimple de ces deux par- îies efièntielles , par lefquelles commence la végétation & l'accroilTè- ment des plantes , ainlî que des arbres. Je me procurai encore par - là cet avantage , que je pouvois retirer mes femences de la terre , à mefure que tel ou tel degré de végétation fe manifeftoit , pour examiner , en déployant ou en difféquant la graine , à quel endroit le mouvement inté- rieur avoit commence , quelles parties fe développoient les premières , & DES SCIENCES DE BERLIN. 391 quelle étoit la ftrufture de ces parties , &c. Mais comme je ne veux 1 //m* rien avancer que je n'aye vu 6c obl'ervé moi-même , je n'aurai befoin ^ '. ' ,. ' de citer aucun des Auteurs que j'ai nommes plus haut , non plus que les autres habiles Naturaliftes qui fe font dillingués depuis, comme Lijler, ' '' Hooi , Trew , Gucttanl , Mo'clcr , & d'autres encore , qui méritent des éloges , pour les belles recherches qu'ils ont faites, foit fur la firuélure des plantes en général , ou fur quelques-unes de leurs parties en particulier. Les femenccs , ou graines , que j'ai choifies pour faire mes expé- riences , étoient parmi pluficurs autres , celle de melon , de citrouilles , de concombres , de lupins , d'amandes , de noifettes , de pois , de haricots , . de fèves , & fur-tout de groflés fèves de jardin. Il eft à remarquer , que toutes ces graines font bien plus propres à être analyfées , lorfqu'elles approchent du terme de leur maturité , que quand elles font gardées quelque tems à l'air, & par conféqucnt trop deflcchées. On découvre alors plus facilement leurs parties conftituantes 5 les enveloppes font les premières qui fe prcfentent : ce font les peaux , ou membranes qui cou- vrent le corps de la graine. L'extérieure eft la plus épailTe , elle fe dé- tache quand la graine s'enfle , & commence à pourtèr le germe ; on peut l'otcr encore fort facilement , lorfqu'on retire la graine de fa gouflè , étant encore un peu verte ; quelquefois auffi je les ai rendues propres à mes recherches , en les faifant tremper dans l'eau chaude. La fé- conde , ou l'intérieure de ces enveloppes , eft une membrane formant plufieurs plis , qui préfentent une tiflure de fibres très-fines , ou des vaiiïèaux fccrétoires , par lefquels le corps de la graine eft filtré , & qui s'endurcit dans la fuite. Et comme les graines en général , fi on en ex- cepte celles du bled , fe divifent en deux panies égales , connues fous le nom de lobes , on y rencontre encore une troifième peau extrêmement fine & tranfparente , qui couvre féparément chaque lobe en entier , & qui entre par conféquent dans l'interftice qui les unit : elle ne paroît être autre chofe que le réfervoir des humeurs fil»rées par la membrane in- térieure , & encore fluides , avant le terme de la maturité de la graine. On ne doit pas négliger ici une petite ouverture qu'on rencontre toujours dans ces enveloppes ; on la découvre au gros bout de la graine ; la petite pointe de la racine féminale y répond , & reçoit la première, par cette ouverture , l'humidité de la terre , qui la met bientôt en état de fe déplo- yer & de pouflèr les racines de la plante future. On peut découvrir, fans peine , cette petite ouverture , par une loupe qui groffit feulement tant foit peu , même dans les graines d'un plus petit volume. La graine ainfi dépouillée de fes enveloppes , fait voir fon corps à dé- couvert. On y dillingiic trois parties eJJcntieÛes , fçHifoir , les lobes , Ij ra- tine féminale j & le germe j c'eft par elles que la végétation de toute plante 39Î MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROVALE commence. Les lobes font le corps farineux de la graine , entre lefqucis 7oM. » iii. j^ racine féminale & le germe font placés, dans une petite crénelu^. A N N E E j^g corps farineux , quand on tire la graine de fa gouflè vers la fin de * 7 5 ^' fa maturité , montre par certain ménagement dans la macération , & à l'aide d'un bon microlcope , un tiiîù de vaiffeaux en forme de réfeau très- délié ; c'eft dans la périphérie , ôi. dans la furface des lobes , que ces pe- tits tuyaux commencent ^ après bien des anaflomofes , ils forment plu- lîeurs gros vaiflèaux , qui fe réunifient enfin en trois troncs , deux deG quels entrent dans le petit embrion de la racine, prefqu'en ligne droite, & le troifième remonte , par un angle fort aigu, & pénétre dans le germe; on peut découvrir encore le filet vafculeux dont nous parlons , dans pluficurs graines nouvellement tirées de la terre , pourvu qu'on fçache bien faifir certain degré de végétation , lequel a lieu quand la graine fe gonfle par le mouvement que l'humidité de la terre a communiqué aux petits vaifieaux des lobes. Le commencement de la racine féminale tient par une efpèce de cloifon au germe, lequel a fa direâion, ou s'étend vers le centre de la graine. J'en ai ouvert un grand nombre , fur-tout dans le tems qu'elles commencent à poullèr ^ elles m'ont offert , à l'aide du mi- crofcope , un amas de petites fibres longitudinales & parallèles , entrelaC- fées de petits filets vafculeux extrêmement déliés ^ les germes fendus de la même manière tout du long , faifoient voir par un bon microfcope , de petites feuilles repliées l'une lur l'autre , vers l'extrémité fupérieure j l'in- férieure , ou la bafe du germe , qui 'tient à la racine féminale par une cloi- fon mitoyenne , montre aulli , comme cette petite racine , un amas fem- blable de fibres parallèles , étroitement liées enfemble. Tous deux , la pe- tite racine , auffi-bien que le germe , font entièrement recouverts de cette membrane extrêmement fine qui enveloppe chaque lobe à part , & qui de- vient dans la fuite la bafe des tuyaux de la fève , & du tiffii vafculeux de l'écorce. J'ai continué l'examen & la diffeftion de différentes graines à me- fure qu'elles pouffoient les racines & les tiges , à quoi mes verres tranf- parens , dans lefquels je les avois plantées , m'étoient d'un grand fecours; car comme mon but étoit d'obferver tous les jours le degré de l'accroit fement , j'en pouvois retirer quelques-unes , lorfque je le trouvois à propos , pour les diiTéquer, & les examiner enfuite au microfcope , de forte qu'il ne m'échapoit prefque rien de cet ordre fi varié & fi inimitable , que la nature obferve dans la produdion des végétaux. Une chofe m'embarraffoit un peu dans ces recherches ; c'efl que la racine féminale , jointe au germe , qui ne font , pour ainfi dire , que la continuation du même corps , nourri par les mêmes vaillèaux qui for- tent des lobes de la graine , poufiènt néanmoins par des diredions dia- métralement oppofées. J'en ai trouvé la raifon par quelques expériences que I DES SCIENCES DE BERLIN. 39? que j'ai faites dans la fuite ; un phénomène entr'autres , aflèz connu , -, f/Trf m'a fourni quelques éclairciflcmens , & je me crois obligé de rexpoier j\', ■ ici ^ c'ert une obfervation fort commune , que lorfque la graine tombe dans la terre, fi le gros bout, où la racine féminale eft placée, eft en 7i • haut , celle-ci en fe développant , au lieu de fuivre cette dircftion contre nature, la change conftamment, puifqu'on la trouve bien-tôt recourbée, & qu'elle s'enfonce dans l'intérieur de la terre ; & comme dans ce cas , le germe, à l'oppofite de la racine , eft contraint d'allonger & de pouflèr fa tige en bas vers le centre de la terre , nous le voyons fe relever bien- tôt dans une diredion inverfe , qui le mené tout droit en haut , pour déployer fes feuilles & fa tige dans l'air. Ce phénomène a donné la tor- ture à beaucoup de Phyficiens : quelques-uns ont cru , que cette opéra- tion extraordinaire de la nature , étoit l'ouvrage d'une puilfance fpiri- tuelle , d'une intelligence , ou d'une ame qui dirige la végétation. Mais comme cette fuppofition eft une qualité plus occulte encore que celles des anciens Scholaftiques , j'ai fait plufieurs recherches , qui m'ont enfin convaincu, que la nature exécute tout cela par un mécanifme fort fimplc, que voici. J'ai déjà remarqué auparavant , & j'en étois inftruit par mes obfervations microfcopiques , qu'on rencontroit dans le corps farineux , ou dans les lobes de la graine, un tiiTu de petits vaiftèaux, qui fe réu- nilTôient enfuite , & finllfoient par trois branches confidérables , dont deux s'enfonçoient dans la petite racine féminale , prefqu'en ligne droite , & dont la troifième , étant d'abord defcendue , avec les deux premières , proche de leur infertion , remontoit enfuite par un angle fort aigu , & en- troit dans le petit germe. Or , confidérons maintenant ce qui arrive à la graine enfoncée dans la terre 5 la chaleur de la faifon ayant mis en mou- vement l'humidité du terroir , elle pénètre les enveloppes de la graine , & par une' efpèce de fermentation , cette humidité opère une petite diflblu- tion dans les lobes , ou corps farineux , qui eft le dépôt eftèntiel fper- matique de la plante. La partie la plus fluide de cette diflblution entre & fe panage entre les petites branches des vaiflèaux , qui fe trouvent dans tous les points du corps farineux 5 ces vaiftèaux ayant formé deux troncs , s'enfoncent dans la petite racine de la graine , où ils fe divifent de nouveau en une infinité de petites ramifications , qui y portent les premières l'hu- midité radicale & fpermatiquc des lobes pour l'aider à développer enfuite les racines de la plante. Le germe en reçoit auffi fa portion ; mais comme cette humidité y eft portée par un petit vaiflèau recourbé , la quantité n'en eft pas fi grande , ni le mouvement fi confidérable ; c'eft pourquoi il ar- rive toujours , que les racines font déjà un peu avancées , avant que le germe commence feulement à déployer fes petites feuilles. D'ailleurs , j'ai trouvé par le inicrofcope , que les petits filamens dont les racines fe for- Ddd 394 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROVALE ^^ ',.,-. ment , font creux & ouverts dans leurs extrémités ; ils fervent par con- > ' ■ . ' fcquent de tuyaux capillaires , pour attirer l'humidité de la terre ; dans le germe , au contraire , le microfcope ne montre aucune ouverture creufe , ' ■^ ' &. partant il ne fe développe que peu-à-peu , par la circulation de l'humidi- té , qui élargit infenfiblement fes fibres & fes vaifièaux. Suppofons préfen- tement, que par le renverfcment de la graine , la racine féminale pouiïat fes petits tîlamens en haut , vers la furface de la terre ; ceux-ci fe renver- fîront bien-tôt , attirés par l'humidité qui y entre , comme dans les tu- yaux capillaires , ik qui s'augmente toujours , à mefure qu'ils s'éloignent de la fuperficie de la terre. Ainfi la racine fera détournée vers les couches inférieures , qui font plus humides. Le germe , fortant à fon tour des lobes de la graine , eft pouffé en bas par la circulation de fes humeurs, qui ne trouvant point d'iiïùe , comme par les ouvertures des racines , le difpofent par ce choc , à fe détourner vers l'endroit où il rencontre la moindre réfiftance , & il la trouve , cette moindre réliftance , à mefure qu'il approche davantage de la terre ; & c'efl ainfi que le germe fe recourbe , & développe fa tige dans l'air. Après cette petite digreflion , je reviens aux expériences que j'ai faites pour m'afTurer du progrès ultérieur de la végétation. J'ai fuivi la matière farineufe , ou des lobes , à travers un tiffu de vaifTeaux extrêmement déliés , jufques dans la petite racine de la graine , & dans fon germe j c'efl ce fîuide qui procure à ces deux parties effentielles de la plante , leur premier développement , & c'eft par elles que commence la végétation. La racine , qui en a profité la première , reçoit bien-tôt après , par fes tuyaux capillaires , ou par fes fîlamens creux , une nouvelle fource d'humidité , qu'elle tire de la terre , pour fuppléer à celle des lobes de la graine , qui commence bien-tôt à tarir. J'avois remarqué avec un bon microfcope , que les deux vaifièaux qui tranfportent le fîuide des lobes de la graine dans la petite racine féminale , fe divifent en petites branches innombrables , à mefure que cette racine grofïït & pouffe les fî- lamens , qui deviennent la bafe des racines de la plante , ou de l'arbre. C'efl dans ce tiiTù de vaifièaux que l'humidité de la terre s'infinue ■., l'at- traâion des tuyaux capillaires accélère l'entrée des humeurs , & la pro- priété exhalante de l'eau en achevé l'élévation , ce qui occafionne dans la fuite la circulation de la fève. Quelque fîmple que devienne cette cir- culation , elle m'a paru, au commencement, très- remarquable , par rapport aux petits vailfeaux qui fournifîènt d'abord le premier liquide des lobes de la graine , pour l'extenfion de la petite racine féminale , & du germe ; car cette humidité étant bien-tôt épuifée , les lobes devenus fiaC- ques, & les vaifièaux vuides , les nouvelles racines de la plante, déjà for- mées j fournifîènt , à leur tour , une humidité abondante qui remplit ces DES SCIENCES DE BERLIN. 39J valflèaux évacués ; & leur tronc qui cntroit auparavant par un angle aigu , '' "'^"'^ dans le germe, fournit maintenant cette humidité par un canal d'une j''^' ' f^^' direction droite ; de forte que fes petites branches , qui recevoient la ^ ^' ^ ^ ^ première liqueur de la périphérie des lobes , & la portoicnt vers le '75^' centre , en reçoivent à préfent & la diftribucnt , par un mouvement ré- trograde , vers la périphérie de ces lobes flafques & minces. Dc-là il ar- rive , qu'étant remplis & poulies derechef par une nouvelle liqueur, tirée de la terre , ils en forcent fous la forme de deux feuilles fémilunaires , qui font toujours les premières que chaque graine à lobes donne pour entourer & défendre le tendre germe contre l'air froid , aiiffi-bien que contre la chaleur du foleil. Peu après , elles fe defTcchcnt , & tom- bent ; & cette humidité que la terre fournit par les racines , monte pré- fentement , fans autre détour , dans la nouvelle tige que la graine a pou{Iê. Avant de quitter la graine , je ne fçaurois m'empêcher de faire ici quelques réflexions qui me font venues dans l'efprit , à l'occafion des expériences & des recherches que j'ai faites fur la produétion des vé- gétaux en général. Tout le monde convient que la végétation & l'ac- croilTêment des plantes , aulïi - bien que des arbres , commence par la graine , & que chaque graine , dans fon efpèce , produit toujours une plante entièrement femblable à celle dont elle tire fon origine , mais di- verfe de toute autre efpèce , quoique la même terre & la même nourri- ture les falîé croître toutes , & les difpofe à porter le fruit , ou à per- feftionner la graine. D'où vient donc cette grande différence qui eft entre elles , foit pour la forme extérieure , foit pour leurs qualités , ou vertus intrinféques ? Certaines circonltances me paroilTent éclaircir un peu cette queltion. Nous remarquons que toutes les graines , quand on les mâ- che , impriment à la langue certain goût , ou exilaient certaine odeur fpé- cifique qui leur eft propre , qui les diftingue de toutes les autres , & qui contient en racourci le caraûère & la vertu de toute la plante ; ce qui marque fans aucun doute , que c'eft dans la graine où ce caraftère fpé- cifîque de chaque plante eft concentré ; & puifque nous le trouvons ré- pandu conftamment par toute la plante , nous n'aurons pas tort de conclure , que c'eft dans la graine , qui eft comme la matrice des végé- taux , que réfide la force fpermatique , ou produitrice de la plante entière , & que leur diverlïté prefqu'innombrable dépend de la modi- fication & des changemens que l'humeur nourricière reçoit dans ces matrices des différentes graines. Les parties conftituantes de ces dernières femblent donc mériter toute notre attention ; elles s'accordent généra- lement en ceci , que toutes fournilTènt par l'analyfe chimique , une matière grallè infîajnmable , ou une huile , qu'on tire de quelques-unes par ex- Dddij 39^ MEMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE rj, ^TTj preffion , & d'autres , en les diftillant ; cette dernière forte d'huile eft . ' , ' connue fous le nom d'huile ejfcntidls. Elles fe diilinguent toutes par cer- tain goût , ou odeur fpécifique j & c'efl: principalement dans cette ma- ' •* ' tière huileufe que réiide la vertu prolifique de chaque individu des plantes. Quelque force que paroiiTè avoir cette fubltance huileufe , pour fpé- cifier les végétaux en général , il me femblc qu'on ne devroit pas ex- clurre tout-à-fait ici les parties folidcs des graines , & fur-tout des ger- mes ; je ne fçaurois regarder ces parties folides comme entièrement pat iîves , & deltituées de toute aftivité , d'autant plus que j'ai éprouvé , ainfi que Mrs. de Buffon ôc Needham , qu'il exifte dans les graines des mo- lécules , ou atomes mobiles & agilTans. Pour m'en aiîùrer , j'ai féparé les germes de plulîeurs femences , comme d'amandes , de concombres , de melons , de fèves , de citrouilles , 6cc. & ayant mis chaque efpèce à part , dans des bouteilles bien nettes , que j'avois bouchées exactement , après avoir verfé un peu d'eau de fontaine delîias , j'ai trouvé après une macération de deux à trois femaines à la chaleur du foleil , & à la faveur d'un bon microfcope double , que plufieurs atomes commençoient à fe détacher de la mafïè commune , & montroient non - feulement un mou- vement ofcillatoire , mais encore un mouvement libre & progreflif non équivoque, à peu-près comme j'avois vu auparavant, les prétendus ani- malcules fpermatiques fe mouvoir dans la femence , & dans le jus de la viande rôtie. J'ai obfervé depuis les mêmes phénomènes dans les in- fulîons des bourgeons des arbres ; mais pour y bien réuffir , il faut tâ- cher de trouver le degré de macération qui eft en état de procurer l'exaltation de ces atomes végétans. Je ne veux pas me livrer aux con- jectures que ces expériences femblent fuggérer , fçavoir , s'il n'y auroit pas une gradation dans la nature des corps , du iimple mouvement à la vitalité , de la vitalité à la fenfation , & de la fenfation à l'intelligence , &c. J'abandonne aux Métaphyfciens les plus éclairés la folution de ce pro- blème; j'ajoute feulement ici, que je fuis convaincu d'une force expenfive , ofcillatoire , organique , végétative enfin , imprimée par la nature ter- minante aux atomes corporels , qui forment enfuite des combinaifons dif- férentes , félon les individus d'où ils tirent leur origine. Cette nouvelle digreffion répand un nouveau jour fur quelques expé- riences que j'ai faites , fur les progrès fucceffifs de la végétation. J'ai remarqué ci-deffus , que j'avois trouvé à l'aide du microfcope , certaine cloifon dans la graine , entre la petite racine féminaie ik le germe ; c'eft de cette cloifon que partent , dans une direâion oppofée, vers la racine, auiK-bien que vers le germe , ce tifl'u de vaiiTèaux qui prend fon origine des lobes de la graine , & les petits canaux cylindriques parallèles dans lef- quels la fève circule dans la iuite , & qui forment le corps ligneux de DES SCIENCES DE BERLIN. 397 la plante. Pour être plus affure encore de la réalité de cette ftrufture :f: ,,,,,- J I , ,^ n • 1 j I ■ r TOM. vin. dans la graine , on n a qu a conliderer certaines plantes dont les racines le ^ . . . développent en oignons , comme les tulipes , les hyacinthes , &c. dans lefquelles la nature a moins caché fon admirable artihce ; c'eft dans ces ' * oignons qu'on peut diflinguer , même fans le fecours du microfcope , cette cloifon , d'où les vaillèaux (?c les hlamens ligneux de la tige Ôc de la racine partent & s'étendent , dans un fcns oppolé , d'un coté vers la tige , (3c de l'autre vers les racines de lu plante , comme Mr. Mollcr , cet habile naturalifte , l'a fort bien remarqué. Si on examine la chofe avec attention , on découvre fans peine les envelojipes minces du germe & de la petite racine féminale , qui s'allongent pour former la bafe de l'écorce de la plante , à côté de laquelle s'étendent le tiflii vafculeux & les filamens ligneux qui forment le corps de la tige & des racines. Mais comme ces filamens , qui deviennent les conduits de la fève, fe développent & s'allongent toujours en ligne droite , & forment de petits canaux creux , cylindriques & parallèles , par lefquels cette fève circule , il fe détache de ce tilfu vafculeux de l'écorce de petites hbrcs collatérales , qui de la circonférence de l'écorce fe portent vers le centre de la tige , dans une direftion horifontale , &. forment un entrelalïcment avec les conduits per- pendiculaires de la fève. Dans le centre de la tige elles rencontrent un canal plus ou moins grand , félon la diverfité des plantes , ou des ar- bres ; & c'eft là où ces fibres horifontales compofent un réfeau vat culeux , fcmblable à celui de l'écorce , qui tapiiïé toutes les parois intérieures de ce canal , le refte de la cavité étant rempli par la moelle , de forte qu'il V a une correfpondance , & une liaifon étroite , entre le réieau va'fculeftx du centre , & celui de l'écorce. Les coupures horifontales des tiges de plufieurs plantes , ou arbres , nouvellement pouflées , & l'enlève- ment , ou la féparation perpendiculaire des lamelles ou pellicules de l'écorce tendre , qui viennent d'être formées au printcms , examinées à un bon microfcope , confirment fuffifamment ce que je viens d'avancer. Quelques petits , & prcfque invi^jles , que paroilTent ces filamens vaf- culeux de l'écorce , ôc flu creux de la moelle , ils contribuent très-cnèn- tiellement à l'accroiiTèment des plantes , & à la produdion des fruits. Ce font eux , fans contredit , qui fourniilent les vaillëaux préparans , qui félon la première teinture , ou impreffion qu'ils ont reçue de la fubt tance fpérifique du germe , acquièrent la faculté de reproduire le mê- me individu , duquel ils ont reçu le premier mouvement. La preuve con- vaincante de ce que j'avance fe trouve dans les bourgeons des arbres , qui percent l'écorce immédiatement au-deffiis de chaque feuille , & qui pren- nent leur origine , à ce que le microfcope nous montre , du tiiTù vaf- culcvu: dont je viens de parler. Us renferment , aufli-bicn que la graine , 175 2- 398 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE Ijr^ f^,T. toutes les parties eflentielles de l'arbre j la moindre tige développée d'un lOM. 'bourgeon, entée fur un tronc d'arbre d'une autre efpèce , aulii-bien ^ ^ ^ que la manière d'enter en bouton , ne permettent pas d'en douter -, & la nature fcmble prodiguer ici fa force multipliante , par le grand nonibre de bourgeons qu'elle reproduit. g^ _ — >^>^^ - y^ ARTICLE XLV. Des fauterelks d'Orient , qui voyagent en troupes , & qui ont fait de grands ravages dans la Marche de Brandebourg en i/SO. Par M. Gleditsch. Traduit du Latin, MALGRÉ toutes les difpofitions que l'homme le plus entendu dans les affaires œconomiques , régie fur le raifonnemont & fur l'ex- périence , en dirigeant fes opérations , <^7^ib . / h -— '-^ Mcnvde facad- ^j-dc 'Berlin iZmlIlin 12-^0^.288 ■ ^^? 11- Zfabn- nî\-\;iS! 1^ .\i^*. i im- de Xacad- 6flou- de 'J^crlin Loin Lut jF.paa. ^o 2 - U>in min 12-paa. 2 88- c^r' 12 Jém J \r w Me ni- n' jLacad-u^ou. de uicrlin Jcé.iy ^L/om-JL-in a!', pag . L02. ■ Oom m in l2paa.28B- - f i DES SCIENCES DE BERLIN. 40} niunt. Germ. Schnarr - Sprengfel. Klapper • Heufchreche. q. Locufta ; arabica , fn'c indica , omnium maxîma , migrans. viJ. Frlfch. ?^' } ins. Gcrm. IX. Roéf. Ins. tab. 5. fig. 1. i. Germ. dic AUergroJh Ara- ^ ^ ^ ^ ^ bifche oder indianifche Zug-Hcufchrecht. 17 5^' T. Locufta orientaiis , peregrinans, grcgaria, /?ve afiatica. /conem/œm/n/r naturali magnitudinem expr. vid, IV. fig. maj. (e) de qua nohis fcrmo ejl, S. Locufta ; cucuiata , major , africae littoralis , capitule acutè fafiigiato , arvtennis tenuiffimis , exiguis. qu. mantis afr. moiif. ins. Roëf. ins. 1 1 9. fig. I. 2. Ab hoc autcm 'génère omnei tu finguias infûlorum fpecies iocujlh verls uno altero-ve Jîgno tantum affines Cf fimiles exdudendas ejfe Jlutuimus , v. g. cicadas , procicadas , ranatras cl. Linnœi , ejufque laternarium ; ( en François , cigale , procigale , ranâtre , & lanternier. ) Tarn americanum (jiwm finenfem , aliaftiuc piures , quorum progenies , nec ftridet , nec faltatoriis pedibus gaudet , praterea quoque metamorphofes naturales longé alias fu- bit , quam in reliqua iocuftarum familia obfervantur. De liis variorum corn- mcntationes legi merencur praftnim quœ fparfim in Ephem nat. curiofor. in operibus Frifch. Reaumur. Pifon. Margrav. Merian. Roefel. &c. recurrunt. Après cette expofition méthodique des différentes efpèces de fauterelles, revenons à notre fauterelle orientale qui voyage par troupes , & dont les divers elTàins , compofés de légions prefqu'innombrables , aflèz reflèm- blantes à ces nuées épaillés , que leur propre poids fait quelquefois defcen- dre du Ciel , tombent fubitement fur certaines contrées , & y dévorent en un clin d'oeil les principales efpèces de grains , alors dans leur état d'ac- croilTèment , & tout pleins de fuc. On auroit peine à repréfenter les ra- vages qu'elles commettent en peu d'heures ; je fuis perfuadé cependant que les domnages qu'elles font capables de caufer , mériteroient à peine l'attention des gens de la campagne , fi elles yenoient , comme Jcs autres efpèces , en troupes moins nombreufes. Leur preiiiière furie fe décharge fur les herbes fines, & fur les plantes tendres , qui abondent le plus en fucs tempérés ; mais quand cette nourri- ture vient à leur manquer , & qu'elles viennent à groffir , tlles attaquent prefque tous les légumes, les feuilles, les écorces d'arbres , & tous les vé- gétaux en général , même ceux dont l'odeur ou la faveur ont quelque chofe de fort, d'acide, ou d'amer. Cependant la nature donne à cette perni- cieufe efpèce de fauterelles un inftin£t pour voyager , qui empcche qu'elles ne fejournent trop dans un lieu , quoiqu'elles puilTént foutenir la faim , la foif , & d'autres états fort rudes , pendant un tems très - confi- dérable. Dans ces cas néanmoins , la diferte du pâturage , ou le trop fréquent changement de nourriture , diminue leur grolTèur , & les igno- rans y font trompés , en les prenant alors pour nos grandes fauterelles de Eec ij 404 MEMOIRES DE UACADÉMIE ROYALE ■^=^ Y diverfes couleurs ^ qui fe tiennent ordinairement dans les prés. J OM. . fy[ous ne croyons pas devoir nous étendre fur le mélange fucceffif des couleurs , & les variétés que les fauterelles éprouvent à cet égard pen- ' ■^ ' dant le cours de Tété. Je laifîc à ceux qui perdent volontiers leur tems , à défîgner les chofes par des qualités fort incertaines , le foin d'indiquer les caraâères que fournirent les rayes , les tâches & les points de diverfe grandeur , & de diverfe forme , qui fe manifeflent aux ailes de ces infeftes- C'eit fans doute dans cette connoilîànce qu'esicelloit un foldat, qui vou- lut autrefois prédire à Jean Sobieski, Roi de Pologne , des prodiges éton^ nans, qu'il prétendoit annoncer par les différentes rayures &. mouchetures des fauterelles , mais il n'obtint que des railleries de ce grand Prince. . On ne remarque rien dans l'accouplement de cette efpèce de faute- relles , qui diffère de celui des autres efpèces ; mais j'ai fait à cet égard une obfervation fort fingulière ; j'ai vu trois mâles s'accoupler avec la même femelle , & fuivant toute apparence , la nature a eu des vues particulières dans cette fingularité. Quand on confidere l'extrême abon- dance des œufs , on juge que la fécondation ne feroit pas fuftifante par l'aâe copulatif d'un feul mâle ; il faut donc , ou qu'il revienne plufieurs fois à la charge , ou que d'autres le relèvent. Avant mon obfervation , on n'étoic pas sûr fi c'étoit toujours le même mâle quiréïteroit fes approches, ou fi d'autres mâles fe fervoient auflî de la même femelle. Quand les œufs ont été fécondés , la femelle de cette efpèce les dépofe en terre , fur - tout dans les terreins fabloneux , & dans les endroits un peu élevés , vignobles , vergers , collines chargées d'arbufies , ou fur ces éminences revêtues de gazon qui fe trouvent dans les campagnes & dans les forêts. Mais comme cette femelle n'a point de vagina genkalis qui forte de fon corps , ( voy. fig. IV. let. f. J elle laifïè tomber peu-à-peu fes œufs , en enfonçant plus de la moitié de fon corps en terre , ou quelquefois elle les feme & les difperfe feulement à la furface , fur le fumier , la moufle , les racines des plantes , & fur d'autres parties que les végétaux pouflènt vers le pied. Ces petits œufs font liés entr'eux par une efpèce de mu- cofîté durcie , & renfermés comme dans une membrane , où ils reflent cachés pendant fix à fept mois. Les endroits où ils pafiènt l'hyver le plus en sûreté , font ces penchans de coteaux qui font garnis de buiffons. Us font plus expofés dans les lieux unis , couverts d'herbes , ou nus , parce que les hommes & les animaux les y découvrent , & les détruifent plus facilement. Mais ce qui paroît ici le plus remarquable , c'eft le tems même de l'ac- couplement & de l'accouchement. Alors les légions de fauterelles , aupara- vant difperfées , fe rendent dans les lieux couverts d'arbuffes dont on a parlé , ou dans les champs , entre les cailloux & les pailles reftées de la DES SCIENCES DE BERLIN. 40J moifïbn , & s'y raflcmblant en troupes fort ferrées , elles fe mettent en ,^^ ■ devoir de travailler à la propagation , ouvrage qui dure rarement au-delà ^J>^^-' '■'■'■* de fix ou fept femaines. Lorfqu'il clt fini , les fauterelles des deux fexcs font •" ^' ^ ^ * cpuifces & abatucs ; elles deviennent malades , & meurent. Il eil cependant ^75^' incertain fi la plupart ne meurent pas plutôt des énormes morfures qu'el- les fc font , que de leurs amours. Les mâles dans leur chaleur , attaquent d'autres mâles , ou même des femelles , les bleiîènt , leur arrachent les membres , fur-tout les antennes ; en un mot , ces méchans infeâes fe maltraitent mutuellement avec tant de violence , que c'efl dans ces com- bats que le plus grand nombre périt. La capacité de leur petite tète , & des organes deftinés à mâcher ou à manger , fait aifément comprendre combien ces morfures doivent être rudes. Si l'on manie fans précaution les grandes fauterelles des prés , des arbres , & ces étrangères qui voyagent en troupes , on en eft quelquefois blefTé jufqu'au fang ; auffi prefque toutes les efpèces connues fe nourrit fent-elles , non-feulement des parties fucculentes & molles des plantes , tel- les que les fleiv-'s , les feuilles , les boutons & les germes , mais elles s'attaquent auffi à divers corps plus confiftans & plus durs , tels que des grains d'orge , du fucre, du pain, des fruits dans les greniers , des racines, & comme on l'a dit, aux écorces même des arbres , tout âpres, acides & aflrigentcs qu'elles font ; elles rongent jufqu'aux vètemens humides de laine des gens de la campagne. Une expérience vulgaire fait connoitre que les fauterelles qu'on a prifes fe mordent elles-mêmes , s'arrachent les pieds de derrière , les antennes , &c. Une obfervation que j'ai faite fur un mâle , achèvera de peindre la vo- racité de ces animaux. Après avoir fini l'accouplement , ce mâle ingrat exer- çoit fur la femelle une efpèce de tyrannie , dont la caufe ne pouvoit être attribuée à la difette d'alimens ; il montoit fur cette femelle , qui ré- fîlloit de toute fa force ^ il lui déchiroit la chair vive , & en fucçoit ardemment le fuc^ après quoi la pauvre femelle périt, fans avoir pu au- paravant dépofer fes œufs : fi ces exemples font communs , comme il n'y a pas lieu d'en douter , je ferois porté à croire qu'il y a des loix cont tantes établies par la nature , à l'égard de certains infeâes , pour empêcher que leur trop grande multiplication , toujours incommode ou pernicieufe aux autres animaux , ne furpaffè la quantité de pâturages dont ils ont befoin. L'état de trouble où fe trouvent les fauterelles dans la faifon de leut accouplement , fournit aux gens de la campagne une occafion très-favo-. rable , pour en détruire à peu de fraix , une immenfe quanticé a*ec toute leur race , & c'efl fur quoi nous nous étendrons principalement dans un autre mémoire, 4o5 MEMOIRES DE UACADEMIE ROYALE ^ y.j^ Les mi;;;ration5 les plus fréquentes & les plus pernicieufes des fauterelles A ' '■ ' offrent encore des circonftances à la vérité alïèz communes , mais preC qu'entièrement négligées , & qui paroiiTent mériter de l'attention. Par ' •* ' exemplï , elles montent plus vite , & s'élèvent plus haut par un tems chaud , ferein & fec ^ mais lorfque le ciel eft chargé de vapeurs & de pluye , ou qu'il fait un peu froid , auffi-bien que vers le lever & le cou- cher du foleil , elles ont plus de lenteur & de roideur , elles remuent plus diificilement leurs aîles , & ne s'élèvent pas fi haut dans l'air. Si l'on fe met à les chafler avec force dans un tcms pluvieux , ou qui tire au froid , elles commencent bien par agiter leurs a'Ies , & font effort pour s'élever , mais ne fe trouvant pas en état de foutenir un long voyage , elles defcendent d'abord , fe précipitent en quelque forte fur la terre , & font obligées de continuer leur route à pied. Alors on n'a prefque pas befoin, pour les exterminer , de ces feringues de nouvelle invention, qui fervent à darder fur elles une liqueur bouillante , & que quelques perfonnes ont propofée , fans doute par l'appas de la récompenfe, à prefque tous les Rois, Princes, & grands Seigneurs de l'Europe, comme la chofe du monde la plus utile. Sans nous arrêter à difcuter la valeur de ce prétendu fccret , nous parlerons à préfent de ces immenfes légions de fauterelles orientales, fem- blables à des nuées , qui pendant la moiiïbn de 1750. vinrent de la grande Pologne faire des incurfions fur quelques contrées du Cercle de Sternebergz perfonne ne s'y attendoit. Vers le milieu du mois de Juillet , un peu avant le foir , on s'apperçut que l'air s'obfcurcilTbit dans quelques en- droits , & que ces nuages n'étoient que d'effroyables troupes de faute- relles. Ce fpeftacle fut bien-tôt fuivi de la chute même de ces infedes , femblable à celle d'une maffè énorme , ou d'un amas de nuées que leur poids fait defcendre du ciel. Tout le territoire d'un village fort connu , nom- mé Schmagarer , en fut auffi-tôt couvert. Il n'y en eut pourtant que la moindre partie qui tombât fur les prés ou fur les campagnes ; elle ne s'y étoit pas même encore bien répandue , lorfqu'à l'approche du foir , que la rofée rendoit un peu fraix , le relie de cette immcnfe troupe fe pofa fur les arbres , les arbuftes & les buiffons , où elle formoit un af- femblage fi épais , que leurs fommets & toutes leurs feuilles pendoient vers la terre , & fe briferent en quelques endroits fous le poids. A la vue d'un Ci trille fpeâacle , le Seigneur de ce canton , qui avoit déjà efluyé d'autres dommages dans la récolte de fes fruits , chercha le moyen de fe délivrer de ces nouveaux ennemis. Il comprit que des faute- relles étrangères , qui ne s'étoient pofées fur les arbres qu'avant le foir , depuis peu d'heures , n'avoient encore pu fe difperfer dans la campa- gne. Il remarqua de quel côté le vent fouffloit , & qu'il étoit conllant : / DES SCIENCES DE BERLIN. 407 auflî-tôt ayant fait avertir les voifins , & rafTcmbler tous fcs vaflfàux , il leur i ynf prefcrivit l'orcirc qu'ils dévoient fuivre, dont la plus importante partie con- j ' .' j ' fiftoit à pouller de grands cris , 6c à faire beaucoup de bruit, en frappant avec violence fur diverfes fortes d'inftrumens de cuivre. Cette méthode , 7 > • qui fut exécutée vers la pointe du jour, réuffit avec tant de bonheur, que les fauterellcs s'ctant remifes en légions , montèrent peu-à-peu dans l'air , & quittèrent entièrement le canton. Comme l'air ctoit encore froid , & chargé de vapeurs , la nuée de ces infecftes fe remua d'a- bord avec peine , & s'éleva d'un vol afléz lent , à la hauteur d'environ Cx pieds au-deilùs des blés ; on commençoit même à craindre qu'elle ne pût monter davantage ; mais au lever du Ibleil , elle atteignit la hauteur des forets , & bien-tôt elle la paflà beaucoup : elle fut d'abord pouffée par le vent du côté de Bucholos , mais les habitans de ce territoire , déjà informés de ce qu'ils avoient à redouter , s'étoient préparés à la recevoir 5 & lorfqu'ils la virent arriver , ils tirent un fi grand bruit , & un tintamarre fi épouvantable de cris , de vafes de métal entrecho- qués, de coups de fufil , & de tout ce qui pouvoit les effrayer & les écarter, que le fuccès répondit à leurs defirs. Les fauterelles allèrent plus loin fans fe repofer ; enfuite la chaleur du jour ayant commencé à raréfier l'air , pluficurs colomnes defcendirent fubitement fur les terres de Zerhow , qui touchent à celles de DrqjOen , où les habitans , peu informés du dan- ger, ne fe mirent pas en peine de leur donner la chaflè ; mais en peu d'heures ils furent inftruits à leurs dépens , par le dégât qu'elles firent dans leurs blés. D'autres troupes ayant paffé l'Oder , fe jetterent fur les cam- pagnes fabloneufesdu Cercle deLcbus, & leurs dernières divifions parvinrent au voifinage de Beriin , où elles firent les mêmes ravages , en y lailîànt k julte crainte de voir renaître le mal au printems fi l'hiver leur étoit favorable , fur-tout dans les endroits où elles dépoferent une fort grande quantité d'oeufs. Une fi trille attente excita toute l'Allemagne à chercher des préferva- tifs ou des remèdes. Le nombre des œufs efl fi prodigieux , qu'on ne peut fe promettre a(Tèz de iécours de la part des oifeaux & des infeéfes qui font la guerre aux fauterelles. Les o/aires des femelles contiennent or- dinairement 130 à 1 50 œufs fécondés. Outre divers infeâes qui s'en nour- rillènt , elles ont d'autres ennemis dans les pourceaux , les renards , les coqs de bruyère , les corbeaux , les étourneaux , &c. mais tous ces deC truftcurs enfemble n'en confumcnt pas la centième partie. Le premier expédient qu'on mit en ufa^^o , fut de boulcverfer rapidement les terres : on jugea que les œufs dépofés fi récemment , dévoient être remués & retournés , dans l'efpérance qu'une partie feroit détruite par le mauvais tcms, & l'autre enlevée par les hommes •'■/>'"''• mufcorum, Oxonii, pag. 41 , 42. >•; V, 'ii!""' 'V",^' ''■" '= *'• '^°'- <•« "«= "llcaion , Art. XXX. W Yoy. Hiftory of plants by John Hill, londoji J7JI. p»». 79 & 81. 414 MÉMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE T^M. IX. g^ , =^i;^ ^ ^j^^^/ ARTICLE XLVII. RECHERCHES ANATOMIQUES I. Sur lu nature de Vépiderme & du réfeau , qu'on appelle Malpighien. II. Sur la diverjîté de couleur dans la fubjlance médullaire des Nègres, III. Sur la maladie du Nègre qui a fourni les obfervations des deux premiers articles , caufée par un endurcijfement Jléatomateux du pé- ritoine. Par M. M E c K E L. De la nature de Vépiderme ù du réfeau qu'on appelle Malpighien. I. T Es opinions font fort partagées fur la nature de l'épiderme , I 1 & fur fa couleur dans les Nègres. Les uns prétendent qu'il eft blanc , les autres qu'il eft noir. J'ai crû cette matière digne de l'examen le plus attentif , & j'ai profité de Toccafion favorable que j'avois , en faifant la difïèftion d'un Nègre , pour voir fi mes obfervations pourroient me mettre en état d'ajouter quelque chofe à ce que de très -ha- biles Anatomiftes ont déjà dit fur ce fujet. Quoique la_ faifon fût in- commode , ce Nègre étant mort pendant la canicule , je n'en fis pas mes recherches avec moins d'exaftitude , parce que de telles occafions font rares ici , & que ceux qui en ont déjà eu de pareilles , fe font plutôt amufés infruftueufement à conferver le mafque noir , & l'affemblage des os de cette efpèce d'hommes , qu'à difféquer leur corps d'une manière qui pût conduire à la découverte de quelques vérités utiles. IL Le 26. Juillet 1753. il mourut un Nègre de douze ans dans la mai- fon de Mr. le Comte de Neale , qui a bien voulu rendre au public & à l'Académie le fervice d'en permettre la diffeâion. Je l'ai diflèqué le lende- main de fa mort ; & comme j'avois deflèin d'étendre mes obfervations à tous les divers états de l'épiderme , & aux changemens qu'y apportent les préparations qu'on lui fait fubir , j'ai féparé du tronc un bras & un pied , dont j'ai rempli les vaiffeaux , en y injeftant une matière céreufe; ce qui a fi parfaitement réuffi , qu'à travers la peau noirâtre , on voyoit l'épi- derme d'un rouge très-vif. UI. Je n'ai pas trouvé que la peau eût la même noirceur dans toute la DES SCIENCES DE BERLIN. 415 furface du corps ; au contraire , j'ai remarqué qu'elle ctoit tout-à-fait dif- ^^ = férentc dans les divcrfes parties , & qu'elle répondoit à la plus grande ou \^'^'' . moindre épaiflcur de la peau & de l'épidermc , à l'exception de la pau- ^ ^ ^ ^ ^ me de la main & de la plante du pied. En général , la peau étoit plus ' 7 5 J» délicate que celle des blancs , fur-tout au vifage , où elle ctoit très-dé- liée ik très-polie. Sa couleur dans cette partie , étoit brunâtre ; à la nuque , où la peau & l'épidermc avoient plus d'épaiiïéur , le noir étoit plus foncé ; la noirceur alloit en augmentant dans le dos ; & vers l'os fa- crum , elle étoit à fon plus haut degré. C'étoit auffi dans cet endroit , & au plus haut de la cuilïé , particulièrement dans la région du grand trochanter , que la peau & l'épidermc étoient les plus épaifles , & l'on y trouvoit des particules féches , d'une couleur cendrée , adhérantes à l'épi- dermc , en plus grand nombre vers l'os facrum & la partie fupérieure de Ja cuilfè. La peau de la poitrine étoit tendre , & généralement plus pâle que celle du dos ; vers les mammelles , elle étoit d'un jaune tirant furie noir. Un épidémie tout-à- fait noir , épais, & que le frottement avoit rendu raboteux , couvroit la peau du coude &, de l'olécrâne ; mais de- puis le pli du coude jufques vers la main , la noirceur alloit infenfi- blement en décroilîànt, jufqu'à ce qu'au dos des doigts elle devenoit cendrée , & dans la paume de la main tout-à fait blanche & pareille à la nôtre. Il en étoit de même à la plante des pieds , où elle ne diftéroit en rien de celle des Européens. Tout comme à l'avant - bras , la couleur noire de la peau alloit infenlîblement en décroiflant jufques vers le bas du pied , de forte que celle des chevilles étoit d'un noir jaunâtre , & celle du dos du pied d'une couleur cendrée. La peau de l'abdomen qui étoit couverte d'un épiderme afïèz épais & raboteux , furpafibit en noir- ceur celle de prefque tout le refte du corps , fi l'on en excepte celle qui couvroit le bas du dos , autour de l'os facrum , les feflès & les épaules. IV. Dans la peau , fur - tout des cuifTès , il y avoit des tâches noirâ- tres difperfées , qui préfentoient une apparence différente de celle du refie de la peau ; ces tâches étoient des cicatrices de la petite vérole , que no- tre Nègre avoit eue un an avant fa mort j elles étoient de la même noir- ceur que le refte , & ne paroiflbient en différer , qu'à caufe que leur cu- ticule plus mince environnoit de petits cercles plus enfoncés que le refte de la peau , & étoit enfuite entourée d'une cuticule plus dure , ce qui for- moit au milieu une efpèce d'élévation. V. Ces marques de petite vérole, recouvertes d'un épiderme noir, font très-propres à répandre du jour fur l'origine de la cuticule & de fa cou- leur noire ; mais il faut expliquer auparavant la manière dont l'épider* me , après avoir été déuuit , ie régénère tout de nouveau. 4i5 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROVALE j „ VI. Au commencement de la petite vérole , c'eft-à-dire , dans le tems J OM. y . jg l'éruption , l'endroit où elle naît fe diftingue à peine du relie de la N^ N E £ pg^^ _ celle-ci jaunit feulement un peu avec un léger gonflement , d'u- ^ 75 3' j^e couleur cendrée à l'endroit de la puftule ; de forte que c'eft plutôt par les autres fymptômes , que par l'infpedion du corps , qu'on peut recon- noître dans les Nègres cette maladie; enfuite , pendant la fuppuration, les petites veffies s'élèvent de plus en plus , & prennent une couleur plus jaunâtre , différente de celle du refte de la peau. Le tems néceflàire pour que la petite vérole tombe & féche , eft plus long chez les Nègres que chez nous , & les grains demeurent quelquefois à demi fecs pendant trois ou quatre femaines. Quand après cela , la croûte de la petite vérole s'en eft allée , la peau paroît au commencement jaunâtre , & infenfible- ment d'un jaune tirant fur le noir : la cuticule eft brillante & fort déliée ; mais deux ou trois mois après la chute des croûtes , elle devient plus dure & en même tems plus noire , jufqu'à ce qu'elle fe retrouve au même degré de noirceur avec le refte de la peau , dont elle ne diffère plus que par l'èpaiflèur ; c'eft pourquoi la peau épaiflè des environs , paroît en même tems un peu moins noirâtre ; l'épiderme defcend auflî pro- fondément dans le cercle extérieur de la cicatrice de la petite vérole ; d'où il arrive qu'après l'avoir enlevé , on le trouve plus large que la partie de la peau qu'elle avoit couverte. En général , la même chofe a lieu dans tout l'épiderme féparé de la peau , qui eft au-deffous , il a beaucoup plus d'étendue que la peau même , ou forme une furface plus grande , parce qu'il defcend dans les filions mêmes de la peau , & n'eft pas fuf- ceptible de contraftion comme celle-ci ; c'eft ce qui paroît fur-tout au nom- bril , qui dans tous fes profonds replis, eft recouvert d'une furpeau noirâtre du double plus grande que la peau même de cette partie , auffi-bien que dans les mammellons , qui font auflî profondément revêtus dans tous leurs filions d'un épiderme fort étendu. VII. L'épiderme eft adhérent par-fout à la peau ; premièrement, par Té mo- yen d'une mucofité qui eft noire dans les Nègres ; en fécond lieu , par les racines des poils qui prennent naiffànce dans la peau , & qui font envelop- pées extérieurement de l'épiderme. De-là vient que cette adhéfîon eft plus ou moins forte en difterens endroits ; il n'y a prefque aucune partie , à l'exception de la paume des mains & de la plante des pieds , où l'épiderme n'ait cette double liaifon avec la peau, aufli voit-on généralement dans tout le corps , fur la poitrine , l'abdomen , le cou , les épaules , les bras , le dos , les cuilTès & les chevilles , que l'épiderme a du côté qui eft tour- né vers la peau , une infinité de petites racines blanches tranfparentes , qui manquent entièrement dans l'épiderme qui couvre la paume de la main &, la plante des pieds. Ces petites racines forment la con- nexion DES SCIENCES DE BERLIN. 417 nexion très - étroite qui fe trouve entre répidermc & la peau , en forte .. ..,■ qu'on ne peut les féparer qu'en détruifant par la macération la liaifon a '.' ■. ' folidc des fibres celiuleufes de la dernière , parce que c'elt alors feulement que ces petites racines adhérentes à l'épiderme , abandonnent la peau, 7 i J* VIII. Comme les Auteurs fe partagent en diverfes opinions , au fujct de ces petites racines , les uns les prenant pour des ligamens, les autres pour des vaifléaux , qui fe trouvent parmi les racines des poils , & qui entrent dans l'épiderme, j'ai apporté tous mes foins à m'aflurer de leur nature. C es petites racines arrachées , paroiflbient à la fimple vue tranfparentes , & remplies en dedans de rayes noires ; mais par le moyen d'un microfcope , qui groffit prefque infiniment les objets , j'ai vu de la manière la plus diflindte , qu'il n'y a rien qui forte de la furface intérieure de l'épiderme , à l'exce] tion des racines brillantes des poils , qui font pourvues de petits bulbes o 1 )ngs & blanchâtres. Mais , pour me procurer une plus grande certitude fur l'cxif- tence des vaillèaux qui fe rendent à l'épiderme , j'ai fait macérer trois fe- maines dans l'eau , pendant la canicule , le bras & le pied que j'avois foi- gneufement injedés. Dans cet efpace de tems tout l'épiderme qui couvroit la peau du refte du corps s'étoit féparé , & étoit tombé de lui-même , la membrane muqueufe , ou leréfeau Malpighien , ayant été réduite en une liqueur brune ; mais l'épiderme des parties injedées conferva une adhéren- ce très-ferme. En recherchant , avec toute l'attention poflîble , la caufe de ce phénomène , j'ai trouvé qu'il n'y avoit abfolument aucun petit vaiiTeau rempli , qui joignit l'épiderme avec la peau ; mais que les petites racines , ou les bulbes des poils , s'étoient engagés avec beaucoup plus de force dans la peau ; & c'étoit-là la véritable raifon de cette adhérence fi étroite. En effet, les vaifïèaux cutanés ayant été d'abord parfaitement bien remplis par l'injec- tion , pouvoient mieux réfifter à la pourriture & à la diiïblution , tandis que les fibres de la peau , plus fermes & plus ferrées , retenoient avec plus de force les bulbes des poils, plus étroitement engagés dans l'épiderme. Auffi en fai- fant„au bout de trois fcmaines, la féparation de l'épiderme , la plupart des petits bulbes des poils demeurèrent dans la peau , tandis que dans le mê- me tems , ils fortoient tous , d'eux-mêmes , de la peau qui n'avoit pas été in- jedée. Il en fut tout autrement de l'épiderme des paumes des mains & des plantes des pieds ; comme ces racines de poils y manquoient, dès le huitiè- me ou dixième jour l'épiderme fe fépara entièrement de ces parties, & des doigts , quoique la peau y fût très-rouge & très-exaftement remplie de l'in- jcétion : je la conferve encore , & l'on n'y peut appercevoir , au microfcope , le plus petit point , où les vaiffèaux qui travcrfent la peau ne s'offrent à la vue parfaitement injeâés ; mais il n'y a pas le moindre de ces vaiffèaux qui fe ren-. de à l'épiderme , ou qui aille s'y terminer. D'ailleurs , fi la liaiion étroite de l'épiderme avec la peau fe faifoit par le moyen des vaiffèaux , il faudroit GgS 4i8 MEMOIRES DE VACADEMIE ROYALE ^— =■?= affurément qu'elle fût plus forte encore aux paumes des mains & aux ToM. l X. plantes des pieds , que dans les autres endroits , puifque les vaiHeaux y abon- ^ N N É E jgj^j. gy pQJj^j qu'elles paroilTent toutes rouges , après une copieufe injec- i 7 5 3- tion. La même chofe arriva en faifant cuire la peau avec l'épiderme ; car l'a- yant mis enfuite à macérer dans un vafe d'eau , avec un morceau de peau non cuite , elle ne fe fépara pas de celle-ci , mais y demeura fermement attachée. La raifon en eft encore la même , fçavoir , que les libres cellu- leufes de la peau, plus unies entr'elles par la coftion , tenoient plus ferrées les racines ou bulbes des poils , & rendoient ainfî la liaifon de l'épiderme avec la peau , plus étroite. IX. Mais il fe préfente ici une queftion , fur la manière dont l'épiderme , dans les diverfes parties du corps , fe fépare de la peau , dont l'examen peut contribuer encore à nous en découvrir la nature. J'ai déjà indiqué deux caufes d'adhéfion , fçavoir , la membrane muqueufe , ou le réfeau Malpighien , & les racines des poils. On peut y joindre auffi les petits vaif- feaux exhalans & abforbans qui percent l'épiderme ; après la deftruftion des racines des poils & des vaillèaux , la liaifon de l'épiderme avec la peau , ne fubfifte plus. X. La macération diffout infenfiblement la membrane muqueufe , & la réduit, dans les Nègres, en une liqueur noire. Dans l'état naturel cette muco- iité n'eft pas toujours également fluide ; lorfque la cuticule a été tout fraî- chement enlevée , les particules en font fortement cohérentes , & elle tient avec tant d'opiniâtreté à l'épiderme , qu'il n'y a prefque alors au- cun moyen de l'en féparer. Mais fi vous prenez ce même épiderme , qui par la macération fe détache fort aifèment de la peau , & de la membrane muqueufe , après la dilTolution de celle-ci , & que vous les mettiez dans de l'efprit de vin , la mucofité s'épaiflît, & l'adhérence à la peau redevient fort étroite ; ce qui fait bien voir, que ce réfeau Malpighien n'efl: autre chofe qu'u- ne liqueur muqueufe épaiiïîe en forme de membrane , que la putréfadion & la macération dilTolvent fort aifèment , tandis que la peau & l'épiderme con- fervent la fermeté de leur tilïij. C'eft en général la nature des liqueurs mu- queufes & lymphatiques du corps humain , que l'efprit de vin les épaiflît , au lieu que l'eau en procure une prompte dilTolution. La même liqueur mu- queufe expofée à l'air s'épaiffit aufli , forme une croûte femblable à de la corne. XI. Mon ilhiftre & refpeaable Maître , M. de Hdller , dans l'inconipara- ble ouvrage qu'il a intitulé Effai de phyfLologie , a conjeâuré que c'étoit de cette manière que s'engendroit l'épiderme , & je vais confirmer cette opi- n , tant par la voie du raifonnement , que par celle des expériences. Les ciens , & entr'autres Vefale , {a) ont appelle la cuticule l'effiorefccnce nio Anciens (c) De humani corpoiis fabrica , lib, ii, cap. 5. pag. 155 J. DES SCIENCES DE BERLIN. 419 de la peau ; le célèbre Morgagni (a*) y a apporté quelque correâif , en -.. ^ .y' difant que l'cpiderme étoit la furface extérieure de la peau , ou une petite i '^'''' j^' lame comprimée par l'air. Ruyfch (a**) nomme poCtivement l'épiderme , l'efflorefcence des papilles nerveufes, Lewenhoek, & après lui le grand Boer- '^ 7 5 3* haavc fb) avancent que la réunion des extrémités des vaifTeaux exhalans forme l'épiderme. Enfin , Garangeot eft dans l'idée que l'épiderme eft une croûte , qui fe forme de l'endurciffèment de la mucofité cutanée , ou du ré- feau Malpighien. XII. La couleur de l'épiderme des Nègres démontre , au premier coup d'œil , qu'il eft entièrement diftimS de la peau , & qu'on ne fçauroit le pren- dre pour la furface extérieure de cette peau durcie^ car on voit une peau par- faitement blanche , fous la mucofité noire , & fous l'épiderme; & ccne mu- cofité fe diflbut facilement en liqueur , ce à quoi on ne réduira jamais la peau même ; en outre , dans les endroits où il n'y a point de vraie peau , & où fa continuité eft interrompue, comme au nombril, la cuticule exifte pourtant, & fe trouve cohérente par-tout ; elle ne finit point , avec la peau, dans la partie coupée du nombril. Il n'y auroit point de raifon , d'ailleurs , pour- quoi dans les endroits tâchés par la petite vérole , l'épiderme noir fe re- produiroitdans un nègre, qui fe trouve tranfplanté dans nos régions fepten- trionales , tandis qu'il revient blanc aux naturels du pais ; ce qui fait voir , de plus en plus , que l'épiderme eft une fubftance particulière , tout-à-fait dif- férente de la peau. XIII. Son infenfibilité eft une preuve fuffiCinte , qu'il ne doit pas être pris pour une excrelïènce des petites papilles nerveufes. L'augmentation de l'é- piderme n'accroît point le fentiment; au contraire, ilTémoulTè. Cen'eftpas que les nerfs ne puilTent contribuer, en quelque chofe, à fa génération , par le moyen des vaiiîèaux exhalans ; mais cela ne met nullement en droit de l'ap- peller une excrelïènce des nerfs , y ayant une différence totale , entre un vaiffeau , & la liqueur qu'il contient, ou qui en fort par voie d'excrétion. Suivant ce fentiment , l'épaiilcur de l'épiderme devroit être en proportion avec le nombre des nerfs , ce qui n'a point lieu dans le corps humain. Il fe diftribue aux lèvres , par exemple , une quantité immenfe de nerfs , qui font pourtant revêtus de l'épiderme le plus fin. A la plante & fur le dos du pied au contraire, la quantité des nerfs eft petite , eu égard à l'étendue de ces parties , & cependant la cuticule y eft fort épaiflè. Ajoutez à cela que la cou- leur des nerfs eft blanche dans les nègres , comme dans les autres hommes , tandis que leur épiderme eft noir , ce qui ne devroit pas avoir lieu , fi l'épi- derme tiroit fou origine des nerfs. (d*) Advcrfar. il. antmadverf. j. (a'") Thef. anat. il. afl". iv. n". 6. & Thef. ix. aff. il. n". 37. (i) InlUc. rei medics , cum Comment. Hilleri, vol. III, p. ;}7. Ggg'j 420 MEMOIRES DE VACADEMIE ROYALE ^^ , y XIV. Que ce foit la réunion des petits tuyaux exhalans qui forme l'épi- . ' / ' derme , c'eil une ilippofition que la feule vue détruit ^ il paroit plutôt , lors même qu'on le confidére au meilleur microfcope , foit fec , ou humide , que / j j> ^'gj^ yj^ ^jjf^j continu, & fans aucun trou vifible. D'ailleurs , l'épiderme fe régénère dans des endroits où il n'y a point d'embouchures de vaiflëaux exlialans , comme dans les cicatrices , que vous trouvez par-tout également recouvertes de l'épiderme , & dans le nombril où il defcend profondément jufques dans les derniers replis des vaifîéaux ombilicaux coupés ; ( de-là vient qu'il a plus d'étendue que le nombril même , quoiqu'il n'y ait là aucune vé- ritable peau , mais une fimple ouverture , qui fe rend très-fenfible dans les dilatations caufées par les.hernies, ou par la grofléflè.) Il en eft de même des marques de la petite vérole , que l'épidermere couvre par-tout. Toutes ces confidérations réunies ne me permettent pas d'adopter l'opinion , qui at- tribue à l'épiderme uïfe ftruâure organique ; elle eft , outre cela , expoféc à la même difficulté que la précédente , fçavoir , celle de la couleur noire de l'épiderme , tandis que les vailïèaux dans un Nègre font par-tout de la der- nière blancheur. XV. Forcé d'abandonner ces hypothèfes , je vais donc me fervir des ob- fervations que m'a fourni la diffèûion du Nègre qui fait le fujet de ce Mémoi- re , pour tâcher de déterminer quelle eft la nature de l'épiderme , & corn- ment il diffère du réfeau Malpighien. XVI. Par -tout où l'épiderme eft étendu fur la peau, on trouve au-def- fous une membrane muqueufe , qui dans les nègres eft noire, ou d'un brun fort foncé, C'eft cette membrane à laquelle Malpighi a donné autrefois le nom de réfeau , eftimant que c'étoit une véritable membrane , & que les nerfs & les autres vaiiTeaux en perçoient les mailles. Il n'eft pas difficile d'en faire la préparation fur une langue de bœuf , ou de mouton , cuite 5 car la codion en l'endurciffiint , lui donne de la cohélîon & l'apparen- ce d'une membrane ; mais cette préparation ne rèuffit pas de même fur la langue humaine , & beaucoup moins avec la peau de nègre cuite. C'eft pour- quoi les plus célèbres Anatomiftes , & principalement M. de Hallcr , ont ré- voqué en doute la fubftance membraneufe de cette mucofité. Cependant, il n'y a perfonne qui ne puiffe s'afïitrer de la vérité fur cet article par la voie des expériences. XVII. Dans le corps humain , la lymphe muqueufe , eft la feule partie dont la cohéfîon vifcide forme des membranes , qui fur-tout lorfqu'elles font encore toutes fraîches , & que l'air ou la chaleur ne les ont point en- core defféchées & durcies , peuvent être aifément difîbutes par la macé- ration & la putréfaâion , tandis que l'air & l'efprit de vin les durciflënt. Or c'eft ce qui arrive au réfeau malpighien. Auffi-tôt que la peau macé- rée dans l'eau éprouve la dilTolution putride , cette mucofité noire , qui eft DES SCIENCES DE BERLIN. 421 entre elle & l'épiderme , fe difTout pareillement ; d'abord elle devient mol- ^^ le , & l'on peut la fcparcr aifcment de l'épiderme , auquel elle tient avec j^'' ,' force , quand la peau eil fraîche ; clic a , dans ce dernier cas , une extrême '*" ^ ^ ^ reflcmblancc à la mucolitc pituitaire , ou la morve , qui s'attache aufiï forte- ^753' ment à la membrane des narines , en fe deflëchant. Cette matière muqueu- fe, brune dans les nègres, n'exifte pas par-tout dans la même quantité 5 elle eft beaucoup plus abondante là où la cuticule eft plus épaille, comme aux cuiHes , aux fclTcs , au dos , à l'abdomen 5 tk en moindre quantité à la poi- trine , au vifage , fous les aiHelles ; on ne fçauroit feulement l'appercevoir aux plantes des pieds & aux paumes des mains , où la couleur brune n'a pas lieu. Cette mucofité elt fi molle , qu'on peut aifément l'enlever avec le couteau ^ elle s'épaiffit dans l'efprit de vin , îk prend la forme d'une mem- brane, ce qui lui arrive auffi lorfqu'elle fe defféche; cependant, lorfqu'on la confidére au microfcope , on reconnoît que ce ii'efl: point une mem- brane d'un tilTù continu, mais que cette matière, en fe defTéchant , s'eft réunie en lames noires, plus ou moins épaiflès , 6c qu'il y a, par-ci par-là, fur la peau , des efpaces où la mucofité noire manque. Si l'on continue plus long- tems la macération , la mucofité fe diflbut entièrement fous l'épiderme , & fe mêle à l'eau qui s'infinue entre la cuticule ik la peau , formant une li- queur brune. Quand cette folution efl achevée, toute cohéfion entre l'épider- me & la peau ceifè j il s'en fépare entièrement ; & cette liqueur raflèmblée remplit l'efpace qui refte entre l'épiderme lâche & la peau. Cependant le tiiîù de l'épiderme conferve fa fermeté , & une macération long-tems con- tinuée ne fuffit pas pour la détruire. La mucofité noire eft répandue par- tout j elle efl adhérente à l'épiderme , même dans les plus profonds replis du nombril , & tant que la peau efl fraîche , elle ne le quitte jamais ; mais l'épiderme, avec la mucofité qui lui eft adhérente , en forme de membrane noire , fe détache fans peine de la peau , qui eft parfaitement blanche. Cette membrane muqucufe noire , ne peut enfuite être féparée de l'épider- me , par d'autre voie que par la macération ne. Les pieds devinrent œdémateux , & quelques jours avant la mort , la diarrhée furvint , qui fembla rendre les forces au malade , de fa- çon que la veille de fa mort il marchoit hbrement & fans anxiété ; mais dès le lendemain , l'accablement & les angoilïés le reprirent , & finirent le même jour avec fa vie. III. Pendant toute cette maladie , il n'y eut point de fièvre hedique , & l'amaigriflèment n'avoit pas été confidérable ; car il fe trouva par- tout , fous la peau , une bonne quantité de graiffè. L'abdomen demeura dur au toucher , même après la mort. Pour procéder avec circonfpedtion à la recherche du fiége du mal , je féparai les tégumens de l'abdomen , & premièrement la peau avec la graillé , que j'ôtai de delTus les mufcles. Enfuite , ayant fait la dilTèâion des mufcles , jufqu'au péritoine , je trou- vai celui-ci adhérent à toutes les parties internes , d'une manière très- forte , & qui n'étoit point naturelle. J'enlevai auffi exaâement qu'il me fut poffible , tous les mufcles , de forte qu'il ne refloit plus que le pé- ritoine. Cela fait , & n'y ayant plus aucune fubltance ceÛuleufe qui tint extérieurement au péritoine, je trouvai, au lieu de cette membrane, une croûte compofée d'une infinité de petites tumeurs lléatomateufes , co- hérentes les unes aux autres , & qui comprenoit tous les vifcères chyiifi- ques , auxquels le péritoine fert de tunique extérieure. IV. Je continuai , de cette manière , depuis la partie antérieure du pé- ritoine , jufqu'au côté gauche du diaphragme ; & je trouvai pareillement la portion du péritoine qui revêt le diaphragme , toute remplie de tuber- cules ftcatomateux , joints entr'eux par une fubftance coriacée. L'en- droit du péritoine qui étoit adhérent à l'aîle gauche de la partie apo- névrotique du diaphragme , au-defïus de la ratte , étoit prefque tout com- pofé de parties ftéatomateufes , qui tenoient fortement , non à la fubf- tance celluleufe , par laquelle le péritoine eft lié au diaphragme , mais au péritoine même, & formoit un tifTu continu ftéatomateux, tandis que la fubftance celluleufe , qui le joignoit au diaphragme , en étoit tout- à-fait exempte , & n'étoit remplie d'aucune graiûè , ni autre matière. V. La ratte , entourée de la croûte fléatomateufe très- épaiiîè du pé- ritoine , avoir par-tout h. confiftance naturelle ^ contre mon attente , elle étoit aiïèz ferme , ôi feulement un peu plus grande qu'elle ne devoit l'être naturellement. A fa furface intérieure concave tenoit l'omentum , pareillement tout rempli de tubercules ftéatomateux. Il defcendoit par le grand arc de l'eftomac , qui étoit dans fon état naturel , Si. n'ôtoit point 432 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROFALE 2="= adhérent au péritoine. Les tubercules dont il étoit garni étoient de di- ToM. IX. verfes grandeurs ; les plus gros étoient le double d'un pois , mais ils avoient Année la forme d'une lentille applatie , ou étoient de figure irrégulière. Cet omen- } 7 53' tum tenoit au péritoine par-devant j & il étoit tellement adhérent aux in- teftins , par fa partie poltérieure , qu'on ne pouvoir dillinguer l'endroit de fon attache avec le grand arc du colon ; il fembloit former une fubC- tance continue avec la portion du péritoine qui recouvre les mufcles du bas-ventre, & les inteftins. En effet , fa maflè, remplie par-tout de fiéato- mes en forme de lentilles , étoit fi généralement & fi intimement adhé- rente aux parties de l'abdomen , qu'il étoit impoflîble de découvrir où il fînilToit. Le petit épiploon étoit farci, de la même manière , de tubercules ftéatomateux , plus féparés cependant les uns des autres, que dans le grand. Pour la tunique extérieure que l'eftomac reçoit du péritoine , elle étoit entièrement dans fon état naturel. VI, Les inteftins étoient entourés , dans la partie antérieure de l'abdo- men , comme on vient de le dire , de cette croûte du péritoine & de Tomentum , compofée de ftéatomes aiTèz durs , & qui tenoit fortement par-tout à leur furface. Après l'avoir féparée , le canal même des intef- tins n'étoit pas encore vilible , il fe trouvoit caché fous une autre tuni- que , qui fuivoit , & qui , pareillement remplie de ftéatomes , environnoit immédiatement le conduit inteftinal. J'attribuai d'abord cette croûte non naturelle des inteftins , à la liqueur abdominale , qui fe feroit peut-être épaiffie & defféchée 5 & dans cette penfée , je travaillai à découvrir la tunique externe qu'ils reçoivent du péritoine. Je commençai donc à écar- ter infenfiblement cette croûte ftéatomateufe des intefiins ; mais il n'y avoit rien autre chofe defïbus , que la tunique mufculeufe & la nerveu- fe. Je féparai donc celles - ci d'une partie des intefiins grêles , afin de découvrir le conduit inteftinal. En faifant cette opération , je trouvai que la tunique mufculaire tenoit avec une extrême force à la membrane remplie de ftéatomes , comme elle a coutume de tenir à la tunique ex- terne des inteftins ; & il reftoit la tunique nerveufe , qui en forme immé- diatement le canal. Je féparai alors , avec circonfpeÛion , les fibres mufcu- laires de cette croûte extérieure, pour découvrir la tunique externe commune, qui vient du péritoine-, mais il y avoit, à fa place, une membrane en forme de croûte , femblable à la membrane précédente du péritoine , qui entouroit le canal inteftinal , & qui étoit toute remplie de tubercules ftéatomateux , prefque contigus les uns aux autres , n'y ayant que quelques parcelles du pé- ritoine qui paruflènt , par-ci par-là , entre ces ftéatomes. Quelques-uns de ceux-ci avoient pénétré à travers les fibres mufculeufes des inteftins , écar- tées les unes des autres , jufqu'à la tunique nerveufe, que je ne trouvai cepen- dant nulle part percée , ni rendue calleufe par ces tubercules ; elle s'é- toit DES SCIENCES DE BERLIN. 433 toit confervée dans une parfaite intégrité. Dans le refte du conduit in- ^. . " teftinal , j'examinai en divers endroits la tunique mufculeufe , & je trouvai ^°'^'' - ' que fous cette croûte ftéatomateufe , elle étoit dans fon état naturel , & ^ auffi forte qu'elle pouvoit l'être , par rapport à l'âge du fujet. K'ayant donc ' ^ ^ •^* rencontré aucune arace de la tunique externe des inteftins , à l'exception de cette croûte pleine de fléatomes , & le refte du péritoine ayant été dans le même état , on ne fçauroit douter que la croûte dont les intef- tins étoient entourés , ne fût pareillement une production du péritoine , qui avoit foufFert la même altération , dans la partie qui fert de tunique ex- terne , ou commune aux inteftins. Cette croûte , compofee d'une infi- nité de petits ftéatomes joints entr'eux , étoit tellement cohérente , que tout le paquet inteftinal paroiltbit une feule maflé folide , dans laquelle il étoit tout-à-fait impoflible de diftinguer les parties & les différens re- plis des inteftins , qui ne fe manifcfterent qu'après avoir enlevé cette croûte , avec la tunique mufculeufe , qui y étoit adhérente. Cette mafle inteftinale étoit encore recouverte , à la partie antérieure de l'abdomen , par une autre croûte ftéatomateufe du péritoine & de l'omentum. Mais à la partie poftérieure , autour des reins , où le péritoine manque , on trouvoit la tunique celluleufe dans fon état naturel , contenant une petite quantité de grailTe , que la chaleur faifoit couler. Cela prouve évidem- ment que c'étoit le péritoine même , & nullement la fubftance celluleufe , qui renfermoit les ftéatomes ; & la fuite achèvera d'en convaincre. VII. Le diaphragme tenoit avec beaucoup de force au coté droit de la furface convexe du foye , mais ce n'étoit point par quelque tunique celluleufe , ou par des ligamens non naturels , qui s'engendrent alTèz fou- Tent par la ftagnation de la liqueur abdominale. Cette adhéfîon venoit de la partie du péritoine qui enveloppe le diaphragme & le foye , la- quelle étoit convertie en ftéatomes. En effet , je féparai la partie muf- culeufe du diaphragme qui répond aux côtes du côté droit , du péritoi- ne ainfi dégénéré. Cette partie du diaphragme étoit dans une parfaite in- tégrité ; & la fubftance celluleufe , qui avoit fa ftruâure naturelle , étoit diftin£te du péritoine , qui revêtoit fa furface inférieure , & qui étoit G rempli de petits ftéatomes , qu'il ne paroiflbit qu'une fubftance ftéatoma- teufe continue , la ftruclure naturelle du péritoine ayant entièrement difparu. Ces tubercules ftéatomateux , unis , comme dans les mteftins , avec ceux qui fe trouvoient dans la tuniaue extérieure que le péritoine donne au foye , uniiïôient fî étroitement le dernier avec le diaphrag- me , dans ce coté droit , que les deux portions du péritoine , favoir celles qui tapiiïcnt le diaphragme & le foye , ne purent être féparées qu'en déchirant la tunique extérieure du foye , & l'arrachant d'avec la fubftan- ce de ce vifcère j car les tubercules ftéatomateux de la tunique exter- lii 434 MEMOIRES DE VACADEMIE ROrALE _ — ne , avoient pénétré jufqu'à cette fubflance du foye , fans qu'il y eut ToM. /A. g^j^^jj^g membrane entre deux;, le parenchyme de cet. organe ayant A H s É E d'ailleurs confervé fon intégrité : mais pour m'aflùrer encore mieux ^753' du véritable fiége des fiéatomes , je commençai à féparer la tunique ex- térieure du foye , dans l'endroit où elle confervoit encore fa ftrudture na- turelle , & je continuai jufqu'à ceux qui étoient afFeâés. Je trouvai fous cette membrane la fubflance même du foye dans un état tout-à-fait na- turel , ( d'une couleur un peu jaunâtre ) quoiqu'intimément adhéren- te à la tunique externe par le moyen des ftéatomes , dont celle - ci étoit farcie. Le bord aigu du lobe droit du foye , étoit adhérent aux intef- tins , par une croûte ftéatomateufe très-épaiflè & continue au péritoine, qui defcendoit du diaphragme au foye. Après avoir rompu cette croû- te , la furface inférieure & inégale du foye fe préfentoit fans altéra- tion; elle étoit jointe feulement autour de la véficule du fiel , à la tu- nique externe ftéatomateufe de l'inteftin colon. Mais la véfkule étoit garnie de plus petits tubercules ftéatomateux , qui s'y trouvoient difper- fés , & qui tenoient à la tunique externe ^ elle étoit diftante de la lar- geur d'un pouce du bord antérieur du foye ; elle contenoit très-peu de bile , qui n'étoit pas jaune , mais cendrée ; & elle étoit auffi adhéren- te aux inteftins , par des tubercules ftéatomateux. VIII. Le commencement du colon depuis l'iléon , étoit caché fous la croûte ftéatomateufe , comme confondu avec les autres inteftins , aux- quels il tenoit avec plus de force qu'au foye. Du côté gauche , fous la ratte , il étoit entouré d'une croûte ftéatomateufe , d'un pouce d'épait feur ; & il étoit adhérent fous la même croûte , au péritoine , pareil- lement ftéatomateux. De -là, en defcendant du côté droit, il étoit de nouveau entouré par - tout d'une croûte ftéatomateufe très - épaiffe , & tenoit à l'inteftin iléon. Après avoir détaché la croûte , il ne refia que la feule tunique nerveufe , la mufculeufe étant adhérente à la tu- nique externe chargée de ftéatomes ; j'eflàyai fi je pourrois fépa- rer ces deux tuniques , afin de rendre le péritoine entier vifible ; mais la tunique externe ftéatomateufe de l'inteftin étoit indillblublement liée avec les fibres charnues longitudinales , & il n'exiftoit d'autre mem- brane que celle qui étoit formée par les tubercules ftéatomateux. Il y avoit dans l'inteftin colon , quelques-uns de ces tubercules , qui pa- roilfoient pénétrer jufqu'à fa tunique nerveufe , laquelle étoit cepen- dant faine , & fans aucune altération. Il refaite de tout cet expofé , qu'ou- tre la croûte externe , formée par la portion du péritoine qui tapiflbit les mufcles de l'abdomen , & par l'omentum , il y avoit une autre croû- te particulière attachée autour de chaque inteftin , formée par fa tu- nique externe commune , & pareillement remplie de tubercules ftéa- tomateux. DES SCIENCES DE BERLIN. 435 IX. L'état des chofes n'étoit pas le même dans cette partie des in- B teftins , à laquelle le péritoine ne fournit point de tunique externe. Une ^'''^' fubflance ccllulcufe lâche entouroit , d'une manière naturelle , la portion •" ^ ^ ^' ^ tranfverfe & dépendante du duodénum , & le lioit au rein droit & ' 7 5 J* aux vaiireaux. Il ne s'y trouvoit aucune trace de tubercules fiéatoma- teux ; mais d'abord au-de(ïbus du méfocolon , on le voyoit ceint de fa croûte ftéatomateufe. ( Le pancréas , adhérent aux diverfes parties du duo- denum, étoit tout-à-fait fain , très-moû & nullement fquirreux. ) De même encore , la partie antérieure de l'inteftin reûum qui eft pourvue du péritoine , étoit couverte d'une croûte farcie de tubercules ftéato- teux , enforte que l'inteftin en étoit prefque oblitéré ; mais à fon coté poftérieur , qui regarde l'os facrum & le coccix , la fubftance celluleufe étoit dans fon état naturel ; il s'y trouvoit feulement , par-ci par-là , de petites glandes conglobées fquirreufes. Ainfi le défaut de la membra- ne ftéatomateufe dans toutes les parties des inteftins , auxquelles le pé- ritoine manque , eft un indice affuré , que c'étoit le péritoine même qui avoit fubi le changement extraordinaire que nous avons décrit juf- qu'ici. Les inteftins n'avoient éprouvé aucune altération dans leur furfa- ce intérieure ; on n'y remarquoit ni tumeur contre nature , ni léfion quel- conque , dans la tunique veloutée. Mais la plupart des glandes du mé- fentére étoient fquirreufes & blanches ; d'autres étoiCnt remplies d'une fubftance femblable à celle qui fe trouve dans les méliceris. Les plus voilines du dos , étoient les plus naturelles , quoiqu'il y en eût de fquir- reufes entremêlées. Pour le méfentére même , tout rempli de tubercu- les ftéatomateux , il étoit dans un état de contra>Stion , & ne formoit qu'une feule maiîè avec les glandes fquirreufes. Au refte , & les reins , & les grands vailTeaux , fttués derrière le péritoine , avoient confervé leur état naturel dans la fubftance celluleufe qui les environnoit , & qui n'avoit elle-même foufFert aucune altération. X. Le thorax ayant été ouvert , tout s'y trouva dans un état par- faitement naturel. Les poumons , qui n'étoient adhérens nulle part, avoient leur couleur variée de blanc , de noir & de bleu. Le coeur n'avoit pas fouftert la moindre altération ; fes ventricules ne contenoient point de fang coagulé ; la liqueur du péricarde n'excédoit pas fa jufte quan- tité ^ elle étoit feulement tant foit peu rougeâtre. Au côté droit du tho- rax, fe trouvèrent raiTèmblées quelques cuillerées d'une liqueur fcreufe; mais on auroit tort de regarder cela comme une maladie : c'étoit plutôt un effet alîèz ordinaire de la mort , & le produit de la dernière excré- tion , & de la ftagnation d'un liquide qui n'eft pas réforbé. XI. Mais la portion de la plèvre dont le diaphragme eft revêtu , n'étoit pas dans fon état naturel. Je la trouvai toute remplie de petits ftéatomes dif- liiij 43<î MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ^ 'y^ perfés , comme dans le péritoine , & intimement adhérens à la fubftance ~.^^f' t ' même de cette membrane. Après l'avoir féparce d'avec le diaphragme , en ufant de beaucoup de circonfpcûion , la fubftance celluleuîe par la- ' ^ ^' quelle elle tenoit au diaphragme , fe trouva dans une parfaite intégrité ; une petite lame mince de la plèvre , contenoit les ftéatomes qui fe déta- choient fort aifément , avec elle , du diaphragme , mais qui ne pouvoient être féparés de la plèvre même , fans détruire cette membrane. Vers les côtes , il s'y trouvoit encore quelques petits fléatomes , mais en fort petite quantité. Quant au médiailin , il n'avoit foufFert aucun changement. XII. Une maladie telle que je viens de la décrire , efl afllirément fort rare ; auffi n'ai-je rencontré dans aucun des Auteurs qui rapportent des différions de cadavres , à la fuite des maladies qui ont fait périr les ma- lades , la defcription d'un femblable état ftéatomateux du péritoine. J'ai bien trouvé le cas d'un péricarde durci par des ftéatomes, qui s'étoit rendu adhérent au cœur ; & j'en rendrai un compte détaillé dans une au- tre occafïon j mais j'aurois eu de la peine à croire poflible une pareille dégénération totale du péritoine en tubercules fléatomateux , fans que la fubftance celluleufe y participât aucunement , & je la revoquerois en- core en doute , fî l'examen le plus aâ;if ne m'avoit convaincu de fa réalité. XIII. L'énumération que j'ai donnée des parties lézées , explique pour- quoi le malade foufFroit des agitations auffi continuelles d'anxiété & d'oppreflîon. Le péritoine ftéatomateux ne pouvoit céder 5 ainfî lorC- que le ventricule & les inteftins étoient remplis , il falloir néceflaire- ment que le diaphragme fût repouflè contre le thorax , & que la cavité de la poitrine devint plus étroite , de forte que fon efpace ne fuffifoit plus à l'expanfion des poumons. Cette anxiété étoit encore augmentée par la preffion des vailfèaux du méfentere , & des veines de l'abdomen j car celle du conduit inteflinal , quand il étoit dans un état d'expanfion , devoir néceflairement agir fur ces vaiflèaux & les comprimer , ce qui faifoit refluer le fang en trop grande quantité dans ceux du poumon , qui avoient d'autant plus de difficulté à le tranfmettre , que la ca- vité retrecie de la poitrine s'oppofoit à la dilatation de ce vifcère, La force des inteftins & du ventricule favorifoit la voracité , & ai- doit la digeflion j mais la réfiflance des gros boyaux , aufîî-bien que la compreflîon des inteftins colon & reéfum , caufée par cette épaifîè croûte fléatomateufe qui les entouroit , retardoient la fortie des excré- mens. Il étoit donc inévitable que par le délai des remèdes néceffaires , l'exceffive quantité d'alimens nuifibles , ne causât une corruption tou- jours plus grande , & que les impuretés fe portant dans le fang , il ne fe formât des obftruftions , qui alloient toujours en augmentant , à caufe de la comprelEon des vaUîéaux qui le rapportoient , 6c de l'é^ r)ES SCIENCES DE BERLIN. 437 paiflîffbment des humeurs dans ceux du péritoine. Tous ces principes de ■ ^~ maladie s'étant accrus , tant faute de remèdes , que par la mauvaife J^'"^'' dictte , la matière des obftru£lions s'épaiffit de plus en plus , & étant •" ^ ^ ^ ^ entin devenue fléatomateufe , il n'ctoit plus poffible de la réfoudre ; ^7 53' en eftct , il eft bien connu , que la matière fléatomateufe une fois en- durcie , ne cède prefque plus à l'ufage d'aucun remède réfolutif , mais qu'elle conferve conltamment fa dureté , à moins qu'on ne puiiïè la détruire par la fuppuration. Ainfi une maladie auffi imprévue , & auffi inconnue que celle dont il s'agit ici , ne put être adoucie, & encore moins guérie , par l'ufage abondant des médicamens réfolvans & laxatifs ; elle permit feulement au malade de vivre jufqu'à ce que la compreffion des vailléaux chyliféres & méfaraïques , eût mis un obflacle invincible à l'entrée des fucs nourriciers dans le fang 5 & c'efl alors que le corps , 'dont les forces étoient entièrement épuifées , fut obligé de fuccomber. La diarrhée qui fe manifefta les derniers jours , venoit des liqueurs exhalées par les artères , qui n'étoient pas également réforbées , & fut augmentée enfuite par l'acrimonie des matières contenues dans le conduit inteflinal ; la grande corruption de ces mêmes matières aug- menta encore l'cxpanfion & la foibleflè des intcflins ; d'abord la quan- tité qui fut chalTëe par la diarrhée , fit un peu diminuer l'ansicté ; mais la maile & la quantité des fléatomes s'étant accrue d'une part , & de l'autre l'expaniion de l'abdomen , & la compreflîon des vaiiîèaux agiC- fant de plus en plus , l'anxiété revint avec plus de force que jamais , à caufe de l'obfLacle infurmontable que toutes ces caufes réunies oppo- ferent enfin à la circulation , de la compreffion du diaphragme , & de la dii-ficulté de refpirer qui en étoit une fuite 5 tant qu'enfin ce tour- ment cellà avec la vie du malade , dont il avoit achevé d'épuifer les forces. La caufe primitive du mal confiftoit dans l'obUruftion des petits vaiflèaux exhalans du péritoine , qui procédoit de la ténacité des humeurs ; & cette ténacité avoit été engendrée par la continuité d'un mauvais ré- gime. De là vient , qu'il n'y avoit abfolument dans l'abdomen aucune humidité, mais que tout y étoit dans un état de féchcrefle & de cohéren- ce. Les humeurs vifqueufes extravafées dans le péritoine , s'épaiffi- rent à la longue , & engendrèrent ces tubercules fléatomateux , qui auroient peut-être formé ur. feul ftéatome continu , fi la même li- queur qui féjournoit dans la caviié de l'abdomen avoit permis que l'é- paiffifTement parvint jufqu'à ce point. La maladie confidéréé en eiJe-niême fert à faire voir , combien il peut naître de maux dans le corps , d'une mauvaife diette , & de l'excès immodéré d'alimens nuifibles ; quelle eft la néccffité d'attaquer dès le commencement des maladies qui triora- 433 MÉMOIRES DE UACADÊMIE ROYALE ■; '—— phent enfuite des meilleurs rimedes ; enfin de quelle manière l'expanfîon JoM. IX. j^^ inteftins & de l'abdomen , eft une des caufes les plus fréquentes Année ^^^ oppreffions & de l'anxiété , qu'on attribue quelquefois mal-à-propos à ^753' l'état de la poitrine , & qu'on traite en conféquence d'une manière peu convenable , fans toucher à la véritable fource du mal , qu'on aug- mente par-là plutôt qu'on ne le guérit. J'ignore fi cette maladie feroit plus commune chez les Nègres , à caufe , peut-être , que leurs humeurs ont plus de vifcidhé huileufe que les nôtres 5 je laiffe ce point à examiner aux Médecins , qui ont occafîon d'en voir un plus grand nombre. ARTICLE XLVIII. Di l^nveloppe des Nerfs. Par M. Z I N N. Traduit du Latin, P'Refque tous les Anatomiftes , depuis Galien , ont été imbus de l'cpî- nion , que l'enveloppe des nerfs , dont les petits filets médullaires qui fortent du crâne , font entourés , & qui fert à les préferver de toute lé- zion , dans leur paffage à travers les mufcles , & d'autres parties , eft une vraie continuation des méninges du cerveau , qui , fans changer de na- ture , s'arrangent feulement en forme d'étui autour des nerfs qui fortent du crâne , & de la cavité des vertèbres , & continuent à les accompa- gner jufqu'à la fin. Mais comme la plupart croient que la dure -mère , & certains auflî la pie - mère , font des membranes d'une extrême fenfi- bilité , tandis que la moelle même eft deftituée de tout fentiment , on en eft aifément venu à s'imaginer que tout le fentiment dépendoit de cette enveloppe des nerfs , confidérée 'comme une des méninges du cer- veau , & que c'étoit de-là qu'il alloit aboutir au fenforium commun. De nos jours, le célèbre M. Winter , Profeflëur dans l'Univerfité de Ley^ie, a pouflè cette théorie , jufqu'à placer dans la dure-mere le premier prin- cipe, non-feulement de la fenfibilité , mais auffi de l'irritabilité, prétendant que les parties du corps humain ne font fenfibles & irritables qu'autant qu'elles procèdent de la dure-mere. On fait contre cette théorie diverfes objeftions , parmi lefquelles il y en a qui font certainement d'un grand poids ^ cependant perfonne ne s'eft avifé d'examiner , s'il étoit conforme à la vérité ana'tomique , de faire de l'enveloppe des nerfs une véritable produaion des méninges du cerveau. C'eft pourtant là le fondement prin- DES SCIENCES DE BERLIN. 439 cipal fur lequel repôfe toute cette théorie ; & dès qu'on l'aura été, tout rr=' - l'édifice qu'il porte , ne peut manquer de tomber en ruine. M, de HalUr ^ "''"' ^^' mon illultre - delîbus du niveau du vallon , & par conféquent au-deflbus de la galerie qu'on a pratiquée , on eft obligé de monter les eaux dans la galerie par des pompes qu'on fait mouvoir , à l'aide d'un moulin , s'il y a une rivière qui coule dans le voifinage , ou bien par des chevaux , &c. Outre les eaux dont je viens de parler, les mineurs font incommodés , fur-tout dans les filons profonds & éloignés des puits , d'exhalaifons mi- nérales très-fortes, & quelquefois prefque étouffantes, qui deviennent intol- lerables , lorfqu'elles font agitées par un air condenfé , & mis en mouve- ment j circonllance qui n'a lieu que trop fouvent , fur-tout dans les fai- fons ou l'air extérieur , trop pefant , empêche la fortie des exhalaifons, de forte que les mineurs font forcés de fe retirer à l'inftant , pour éviter une furtocation fubite. Mais toutes dangereufes que puiiiènt être ces exhalai- fons minérales , elles font pourtant abfolument néceflaires à la produûion des métaux ; car les crevalTes des rochers , où l'on ne les rencontre point, font ordinairement flériles , comme font celles dont les direftions appro- chent de la ligne horifontale , & qui percent facilement au jour ; ce que les mineurs Allemands expriment en difant : die hlUffte gehen j-u tage àuf , dans lefquelles il n'y a pas le moindre veflige d'une produdion minérale , ou métallique. La marque la plus sure que les vapeurs exhalantes portent les atomes , ou molécules minérales , fufpendues dans l'air , & qu'elles les ajipliquent par tout aux parois des crevalfe du roc, c'eft fans doute cette incruftation fucceffive , que nous voyons arriver dans toute la périphérie de ce creux du rocher , julqu'à ce que fa capacité en foit entièrement remplie , & le fi- lon folidement formé j ce qui eft confirmé encore par les ullenfiles , oii M mm ij 400 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROVALE r^ jTT inftrumens, que les mineurs oublient quelquefois dans les puits , ou gale- . ' 1 ' ries abandonnées ( in veriajfcnen fchacht und jlollen , ) & qu'on retrouve en- iuite tout couverts & incruftés de la mine , plufieurs années après. 7 1> S- Pour éclaircir davantage ce que je viens d'avancer , il faut remarquer qu'on ne trouve dans les Elons que des métaux minéralifés , ôc qu'il efl: fort rare d'en rencontrer de tout purs , ce qui arrive pourtant quelquefois , à l'é- gard de l'argent & du cuivre natifs , qu'on trouve , de tems-en-tems , fur- tout dans les mines de Saxe & de Norwege , en forme de fils entortil- lés , ou fous celle de pailletés très-minces , attachées aux pierres fort dures , comme le quarti crijlallifé , nommé drufen , & certaines fortes de marbre , ou pierres à fufil , que nos mineurs appellent hornjlein. La dé- puration ou l'affinage de ces métaux minéralifés , tels qu'on les tire ordi- nairement de la mine, nous montre à l'œil, l'abondance de ces exhalaifons minérales , fi nuifibles , dont j'ai parlé , Ôi que le feu chaffe dans cette dé- puration fous la forme d'une fumée épaiiTe très - incommode , dont une partie , en fe dépouillant , nous offre le foufre commun , & l'autre l'ar- fenic , compagnons inféparables de tous les métaux minéralifés , ainfi que des demi-métaux , & dont je vais maintenant tâcher de développer les parties eflèntielles , fi néceflàires à la génération métallique. J'ai décrit jufqu'ici , en détail , ces fouterrains , où la nature , quoiqu'en- veloppée des plus épailïès ténèbres , achevé fes plus nobles & fes plus pré- cieufes produftions ; j'ai fait voir que les métaux ne croiflent pas dans l'in- térieur de la terre , par hazard & fans ordre , comme on imagine que le fa- ble , ou les pierres fe produifent ;, bien loin de là , on en trouve déjà des in- dices éclatans à la furface de la terre ; une chaîne de montagnes d'une direc- tion requife , foutenue de rochers d'une profondeur indéterminable , for- me l'extérieur de cet attelier admirable , & fait voir que ce n'efl: pas le hazard qui a creufé les rochers, pour en faire la bafe & la voûte d'un filon , ou d'une veine métallique. Auffi n'ai-je pas oublié de faire remarquer que ce creux , ou cette fente du roc , qui fournit une veine métallique abondan- te , incline toujours , ou poufïè fa direûion vers la perpendiculaire de la terre , & que les mineurs ayant découvert un filon , à méfure qu'ils y dé- tâchent la mine , & avancent par conféquent en profondeur , s'apperçoi- vent d'un fuintement perpétuel , d'une humidité qui perce & coule d'en haut , auffi-bien que des vapeurs qui s'élèvent d'en bas , & qu'ils rencon- trent une température d'air toujours plus chaude , & plus mobile , lors- qu'ils pénétrent plus profondément , ce qui caufe quelquefois des exhalai- fons a abondantes , & fi nuifibles à la refpiration , que les ouvriers fe trou- vent forcés de fe retirer au plus vite vers les puits , ou vers la galerie , pour éviter la fuffocation , que les parties fulfureufes & arfénicales , fufpendues dans cette humidité dilioute , & agitée par la chaleur , leur cauferoit à l'inf- ToM.IX. A N N É s DES SCIENCES DE BERLIN. 461 tant. A cette occafion , j'ai remarqué que le foufre & l'arfenic , fe trou- voicnt généralement dans toutes les mines , & nous donnoient les métaux minéraiifés ; j'ai entin indiqué , en général , les parties conflituantes de ces deux corps-, il me refte à préfent à les examiner en détail , pour développer ^'53* leur aétion , & voir ce qu'ils peuvent contribuer à la génération des mines. J'ai dit auffi, que les Philofophes Chimiltes n'admcttoient pour premiers principes des métaux que le foufre & le mercure^ auxquels quelques-uns des plus modernes, ajoutoient encore le fel, comme un troifièmc principe ; mais on trouve bien des difficultés à établir ce duumvirat , ou même ce triumvirat métallique. Car fi on prend ces trois corps , tels qu'ils font con- nus fous CCS noms , on découvre aifément , par l'analyfe chimique , qu'ils font des compofés , & qu'ils ne peuvent par conféquent pafler pour prin- cipes , des principes devant être fimples , homogènes , & inaltérables. D'ailleurs , on n'a jamais pu venir à bout de montrer féparement ces trois principes par l'analyfe chimique la plus fcrupuleufe d'un corps métallique quelconque. La plupart des Chimiftes prétendus adeptes , ayant remarqué cette difficulté infurmontable , ont voulu nous periuader que tout corps métallique étoit , dans l'origine , un vif argent , coagulé dans la fuite par fon foufre approprié, & que fclon la qualité plus ou moins pure du vif ar- gent & du foufre , & félon le degré de la coftion , qu'ils avoient éprou- vée dans le fein de la terre , les métaux parvenoient à leur plus grande , ou à leur moindre perfedion , &c. Mais ces raifonnemens , deftitués d'ex- périences , fentent plus le cabinet , que le laboratoire , de ces prétendus Philofophes Chimiltcs. Bccher , féduit par les prOmeffès de ces adeptes , ayant entrepris auffi de travailler à la production & l'ennobliUèment des métaux , à l'imitation de la nature , qui s'occupe à les former dans les entrailles de la terre , s'apperçut bien-tôt , par les expériences fans nombre qu'il fit dans cette vue , que les vrais principes des métaux n'étoient autre chofe qu'une ma- tière terreflre , compofée de trois difièrentes fortes de terres , extrême- ment déliées & fimples , qui reftoient unies , fous la forme métallique , après la purification & le raffinement des mines , & que la différence des métaux , féparés de la mine , confiftoit principalement dans la différente proportion de ces trois terres , dans leur pureté , plus ou moins parfaite, & dans le degré de leur digeftion. J'ai déjà dit qu'il appelle la premicre de ces terres ,faline ou vitrifiante ; la féconde , terre griffe ou fiilphureufe ; & la troifième , terre fluidifiante ou mercurielle. Et quoique la Chimie métal- lurgique réfufc la féparation exade de ces trois terres , ou principes confti- tuans des métaux , ce grand Chimille tâcha d'en établir l'exilkncc par des xaifons , auffi-bien que par des expériences incontefiables , cxpofées dans ia plijfique foutcrrainc. La letrejlniti de la coinpoiïtion métallique fe 45î MEMOIRES DE VACADEMIE ROVALE ' ""^ prouve , dit - il , par la calcination , que la plupart des métaux foufFrent JoM. IX. pgj. |g fgj^i ^ py|. j^j acides diHblvans , laquelle les rend tout-à-fait méconnoif- An N É E ^^[jjg^ . ^gj. -jj fg montrent alors fous la forme d'une terre pefante , fablon- i 7 53- neufe , fans liaifon , qui n'elt plus fuleeptible de fufion au feu , ni par conféquent d'extenfion fous le marteau. La vitrification que ces cendres , ou chaux métalliques éprouvent au degré de chaleur , requis pour cette opération , a fortifié Becliér dans fon hypothèfe de la préfence de fa pre- mière terre vitrifiante dans tous les métaux , qu'il fuppofe en être la ba- fe , & en quelque façon , la matrice & le rcfervoir des deux autres ter- res. Il l'a découvre principalement dans cette pierre blanchâtre reluifan- te , félénitique , fufible , qu'on rencontre autour des riches filons , tapif- fant prefque entièrement les crévalTes du roc , ou fe trouvant du moins en- tremêlée dans fes couches. Nos mineurs la nomment le quartj ; miiis ce n'efl pas dans cette pierre feule , que cette terre vitrifiante réfide ; notre Auteur l'a trouvée dans toutes fortes de terres alcalines , même dans celle qui fert de bafe au fel alcali des végétaux. Le fécond principe métallique de Bêcher , eft la terre graflè , onâueufe & fulphureufe , laquelle étant plus humide , à ce qu'il dit , que la pré- cédente , en corrige la ficcité & colore les métaux. On la rencontre dans plufieurs fubflances renfermées dans la terre : lorfqu'elle s'unit à l'acide univerfel , elle conftitue le foufre commun ^ on la trouve quelquefois , dit Bêcher , déguifée fous la forme d'une matière vifcide , onàueufe , at- tachée aux parois des crévaflés du roc , 6c cela arrive lorfqu'elle ne ren- contre point fa matrice , ou la première terre ; nos mineurs l'appellent alors , die berg-guhr , ou le ferment minéral. Il ajoute , que c'eft par ma- nière d'évaporation que cette matière fe détache , & remplit quelquefois les filons d'une fumée épailTe , que les mineurs nomment die fchwaden , d'où procède la chaleur que nous fentons par-tout dans les puits & fi- lons profonds. Outre ces réfervoirs de la féconde terre minérale , notre Auteur la trouve auffi dans le foufre minéral & dans le falpêtre ; il re- marque encore une grande analogie entre ce fécond principe métallique , & les matières graflès , on£tueufes & huileufes , des animaux & des végétaux. Le troifième & dernier principe métallique de Bêcher , eft la terre fluidifiante , ou mercurielle , la plus efïèntielle de celles qui entrent dans la compofition des métaux , puifque c'eft d'elle qu'ils tiennent la forme métallique , au lieu que les deux premières terres entrent également dans la compofition des pierres précieufes. Notre Auteur lui attribue , en particulier , la malléabilité , ou l'extenfion fous le marteau , en quoi il paroît fe tromper , comme nous le verrons bien-tôt ; il lui accorde en- core un haut degré de volatilité & de pénétrabiliié , fondé fur ce qu'elle transforme , félon lui , les deux premières terres , en la nature métalli- DE5 SCIENCES DE BERLIN. 463 que. Cent livres de certaine matière , que notre Auteur ne nomme pas , ^"'^ ' lui ont fourni feulement quelque peu d'onces de cette terre mercurielle, . ''* ,* ' Le vif argent en contenoit quelque portion -, le rclte de ce corps mo- bile eii , lelon lui , un métal rendu liquide par la pénétrabilité de cette 7 J J* terre : aufii s'eft'orce-t-il de nous perfuader , que ce principe exalté , au- tant qu'il peut l'être , n'étoit autre chofe que le fameux aicafiejï de Pa- nicclfe & de Fan-H. m >nt. On rencontre , ajoute-r-il encore , ce prin- cipe mercuriel mafqué fous la forme d'une eau exhalante , ou d'une va- peur qui s'attache aux parois des filons , reprcfentant alors des fîlamcns fort déliés, comme l'efflorefcence du falpétre natif fur les murailles, & reluifans d'un éclat de perles : mais on n'a pas befoin , continue notre Auteur , de le chercher ii loin , puifque toute la valte étendue de l'o- céan en ell remplie ^ rite arfenicalc hlan- thc , nommée JVeiJferhUs , ou Mij'pkhl , où il cfl mêlé avec un peu de I\ n n ij 468 MÉMOIRES DE VACADÈMIE nOVALE I T^ ^^"^ martiale ; ou dans rorpiment , où il eft affocié à un peu de foufre. Je di- ioM. 1 A. j.gj feulement que les expériences particulières que j'ai tentées fur l'arfenic , /INNEE ^^^ ^j^ faites uniquement dans le deffein de répandre un peu plus de ^753' lumière , qu'on n'en a eu jufqu'ici , fur la part qu'il peut avoir à la géné- ration des métaux. J'étois d'abord frappé , en réfléchiffant , que ce corps , par fon poids fpécifîque , approchoit déjà de la nature métallique, puifqu'un peu d'une terre martiale , ou d'une terre alcaline , mêlée de phlogiftique , le convertiflènt au feu en un vrai régule , ou en demi-métal. D'un autre côté , la folubilité de l'arfenic dans l'eau me fit comprendre que c'é- toit un corps moyen , qui participoit de la nature métallique , & de la faline , en même - tems ; voici les expériences auxquelles je l'ai foumis. J'ai difïbus une livre d'arfenic criftallifé dans ij. ou i6. livres d'eau diftillée , en les faifant bouillir enfemble dans un pot de terre. 11 reftoit en- viron une quatorzième partie d'une matière terreftre , phlogiftique & in- diflbluble , qui , pouflèe par le feu , montroit dans le col de la cornue , une pouffière noirâtre , fans liaifon , comme la fuye de cheminée. La folu- tion filtrée chaudement , à mefure qu'elle fe refroidit , dépofa de tous côtés , à la furface intérieure du vaiflèau , des beaux criftaux tranfparens , un peu jaunâtres, quadrangulaires, à peu-près comme ceux du fel marin. Par l'évaporation fucceffive du refle de la folution arfenicale , j'obtins en- core de nouveaux criftaux 5 ils m'offrirent un phénomène affèz particu- lier , car en les détachant du vaiflèau , avec un couteau , ils jetterent nombre d'étinceles , même dans une obfcurité fort médiocre , & manifef- terent par-là une phofphorefcence très-curieufe , qui marque la préfence du phlogiftique dans le compofé de l'arfenic. La purification fufdite de ce minéral , & fa criftallifation , me conduifirent encore à quelques expérien- ces aflèz intéreflàntes ; par exemple , je mis une partie de ces criftaux fé* chés , dans une petite cornue de verre , & l'ayant placée dans un four- neau de fable , je pouffai le feu par dégrés , jufqu'à ce que tout le fond de la cornue rougit. L'opération finie , je trouvai la plus grande partie de l'arfenic montée dans le col de ce vaiffeau , fort unie & tranfparente , tirant fur le jaune rougeâtre 5 mais au-deflbus il reftoit une matière vi- trifiée , fous la forme d'une lame blanche , réluifante & mince , d'un très-beau verre tranfparent , qui ne fouffre dans la fuite aucune altéra- tion de la part de l'air. Pour peu qu'on réfléchiffe fur ce phénomène , on demeure convaincu de la préfence de la première terre vitri- fiante métallique dans l'arfenic. Une autre portion de cette criftallifation arfenicale , fut mêlée avec la moitié de vif argent , par une trituration convenable ; la fublimation du mélange étant faite dans une cornue de verre, comme auparavant, je trouvai que la plus grande partie du mer- cure étoit montée unie avec l'arfenic ; je mêlai derechef ce fublimé avec le DES SCIENCES DE BERLIN. 469 refte du vif argent , qui s'étoit retiré dans l'extrémité fupérieure du cou de ,.. j^ la cornue, & dans le récipient ; & la fuhlimation répétée , de cette façon, J^^_^' , ' me fournit un véritable fublimé corrofif , comme celui qu'on prépare avec l'acide du fel marin , excepté qu'il tire fur le jaune rougcâtre , cou- ' 7 5 i' leur qui provient apparemment de la portion phlogiflique de l'arfenic, in- diquée par les expériences précédentes. Un peu de réflexion fur cette dernière , nous convaincra que la propriété faline de ce minéral , approche de celle du fel marin , paifque l'acide de ce fel eft le fcul qui élève le vif argent dans la fuhlimation , & qui s'uniflè avec lui , fous la forme de fu- blimé corrofif. Les autres acides , comme celui du vitriol , ou du foufre , & celui du nitre , n'en font qu'un précipité , qui s'arrête au fond du waif- feau , même dans un grand feu ; & lorfque l'aftion extrême de cet élément , lui fait une trop grande violence , il quitte fes liens acides , ik s'élance feul avec bruit dans l'atmofphère. Pour ramener à mon but tous ces raifonnemens fondés fur l'expérience , il faut que je montre maintenant l'ordre & les moyens , dont la nature fe fert pour perfeôionner les mines métalliques. J'ai déjà dit que tous les mé- taux , à l'exception de quelque peu d'argent & de cuivre natifs , que nous tirons des filons , font minéralifés , ou qu'ils font des mines , def- quelles nous féparons les métaux par les différens procédés que prefcrit la Chimie métallurgique. Le rôtiflage & la fonte , font les princi- paux agens de cette féparation. Le premier fépare le foufre & l'arfenic , Ôi la féconde rejette la matière terreflre furabondante , fous la forme de craflè , ou fcorie vitrifiée ; de forte que l'art nous montre , en racourci , dans cette féparation , les trois matières principales qui fervent de ma- trices & d'ingrédiens à la formation & à la nourriture de l'embrion métallique. Il s'agit de faire voir à préfent , de quelle manière la nature accélère cette formation & cet accroiflèment. Nous fçavons , par l'ex- périence , que les métaux perdent leur forme métallique , à certain degré de chaleur , relatif à chaque efpèce de métal ; il fe perd dans cette occa- fîon quelques parties efîcntielles à la fubftance métallique ^ & cette perte entraine celle de quelques propriétés , pareillement eflbntielles aux métaux , fçavoir la fufion & la malléabilité j car il ne refle qu'une matière terref- tre , pefante , & défunie , ou une pouffière fans liaifon , connue fous le nom de chaux métallique. Cette dellruftion de la forme métallique , que fubifTent les quatre métaux imparfaits , nous apprend donc que la bafe des métaux eft une matière terrcftre , ou une terre ; & comme les chaux mé- talliques fe vitrifient , à un certain degré de chaleur , ainfi que les terres cal- caires , gipfeufes , &c. nous ne pouvons pas douter que la terre métalli- que ne foit du nombre des terres vitrifiantes. Etant donc convaincu qu'une terre vitrifiante conflitue la bafe des 470 MEMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE === corps métalliques ^ l'ordre demanderoit , je l'avoue , que je remontafTe ToM. IX, jufqy'à l'origine de l'exiitence des terres, & des pierres , en général: mais Année ^^^^^ recherche me meneroittrop loin, & bien au-delà des bornes d'une fim- i 7 5 3- pie dillèrtation. D'ailleurs , tant d'habiles PhyCciens nous ont fourni fur cet objet des expériences démonftrativcs , qu'il me fuftira d'ajouter feulement ici, que la terre vitritiante métallique a vraifembiablement la même origine que le relie des terres ik des fubitances pierreufes ; mais comme cette opération naturelle exige bien des années , 6i qu'il manque aux Phyfîciens Chimiiles le tems & la patience d'étendre leurs opérations aufli loin que la nature le fait ■-, la production des terres & des pierres artihcielles ne peut être que très-rare , témoins Glauber & Henchel , qui ne font enfin parvenus , qu'après bien du tems & de la peine , à former de beaux criitaux , avec des cailloux & de l'urine. Il me paroît qu'il n'y a que deux voies , par lefquelles cette produûion puiilè fe faire naturellement , ou par la converfion de certaines molécules d'eau en terre , dont j'ai prouvé non feulement la poffibilité , mais la réa- lité dans mon mémoire iur les élémens , ëi qui arrive auffi à l'eau la plus pure , lorfqu'elle dépofe , après quelque tems , une matière bourbeu- fe (*) 6c limoneule ■■, ou bien par la voie de la folution , moyennant une petite quantité imperceptible d'acide communiqué à l'eau par l'atmofphe- re , ou par les fources de la mer , & qui fe traînant enfuite , avec fon véhicule , par difterentes couches de la terre , en dillbut quelques molé- cules , lefquelles font bientôt abandonnées , lorfque ce diltolvant fe trou- ve imoujj'i j elles tombent alors au fond de l'eau , ou s'attachent aux corps voifins , & y conitituent un limon , principe de la plupart des pierres , & des pétrifications ^ & qu'eft-ce qui empêche que ces moyens ne puiiîènt concourir tous deux à la produdion de la terre des métaux ? Au refte , je fuis affuré que cette terre vitrifiante métallique eft la plus pure , la plus fimple , & la plus homogène de toutes les terres , puifque non-feu- lement la nature s'en fert pour la produftion métallique , déjà fi noble par elle-même , mais qu'elle l'emploie auffi à la génération des pierres pre- cieufes , comme nous le verrons ci-après. La raifon de la prérogative que je lui accorde , préférablement aux autres terres , eft donc la {implicite & la petiteflè inconcevable de fes molécules , purifiées & atténuées au plus haut degré , qui la rendent très-propre à être portée dans l'air par les exhalaifons minérales , avec les deux autres principes , ou terres métalli- ques i condition efléntiellement nécelïàire à l'ade de la génération des mines , comme je l'expoferai bien-tôt. Nous voyons par ce que je viens de dire , que les métaux & les pier- {*) Voyez dans le premier tome de ces Mémoires la differtation de l'Auteur fur les éUmeas , & fon Effai fui la formation des corps. £ 17 53- DES SCIENCES DE BERLIN. 471 res précieufes doivent leur exiftcnce au même principe , qui eft cette pre- r- -= mière terre , ou terre vitritiante de Bccher. Mais comme les métaux fe ^■"•'^' ^^' diltinguent des pierres , en général , par deux autres propriétés remarqua- ^ ^ '^ ^ ^ blcs , il faut que les premiers reçoivent encore quelques autres principes dans leur compolîtion, d'où rel'ultent ces nouvelles propriétés, qui font l'ex- tenlion fous le marteau , ik le poids {pécihquc , lequel furpallè celui des pierres du double, du triple, de même davantage. La première de ces propriétés , leur vient d'une terre , ou matière onétueufe , fuiphureufe mi- nérale , pendant leur formation , ou bien d'une matière onéfueufe féclic qui refte en partie , fous la forme de charbon ou de fuie , après la dé- flagration des fubftances rélineufcs, huilcufes & grafiès , de's véoétaux & des animaux , dans la réduition des chaux , ou verres métalirques. On connoît ce principe fous le nom de féconde terre , ou de principe inflamma- ble j il s'échappe dans l'air , & abandonne le corps métallique , lorfqu'on lui fait éprouver une chaleur trop forte , & trop long-tcms continuée, ce qui doit s'entendre feulement des quatre métaux imparfaits , car l'or & l'argent , par l'union intime de leurs trois principes , dans le degré le plus parfait , retiennent ce principe phlogiilique , dans le plus grand feu, fous le nom de foufre lîxe métallique , pour le dillinguer du premier , qui ell ce foufre combuftible , que le feu chalTe des quatre métaux imparfaits , & qui les abandonne , fous la forme d'une terre , ou pouffière pefantê ôc méconnoilîàble , pour ce qu'elle a été ; mais dès qu'on rend , à un certain degré de chaleur , le principe inflammable à cette chaux métallique , il rentre de nouveau dans les pores , & lui reltitue la forme métallique , avec l'éclat , la fufion , & la malléabilité 5 chofe d'autant plus frappante , qu'il eft indifFérent de quel régne de la nature nous prenions ce principe inflam- mable , pour reiïufciter la chaux métallique. L'identité de ce principe , quelle que foit la fubfiance d'où on le tire , montre l'harmonie des trois régnes , ôc n'a rien qui doive furprendre , pour peu que l'on réfléchiilè fur fon origine. Il fe forme des météores d'e l'at- mofphère , fous la diredion formatrice du foleil , comme je l'ai prouvé ailleurs , (*) & fe communique enfuite à notre globe , pour entrer comme principe eflèntiel , quoique diverfement modihé , dans tous les corps qui fe trouvent , tant à la furface , que dans l'intérieur de la terre. Ces mêmes réflexions nous apprennent auflî , que ce principe inflam- mable eft le lien , & pour ainfi dire , la colle univerfelle qui unit entr'elles les parties de tous les corps , & nous les répréfente tels qu'ils font ; dès que cette difpofition à l'inflammabilité eft mife en jeu par le mouvement requis, l'ignition & le feu aduel s'enfuivent ; ils diflblvent cette colle , ou ce lien (•) Voyez fous Virinie i74«. & 174S. le mimoiie de l'Auteur fut les démens, & l'effai fur la formation des corps, en général. 472 MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE •j !;= des corps , & diffipent le principe inflammable dans l'air vers fon origine ^ 'loM. IX. ^]'Q^•, il pgyt retourner, & rentrer dans des nouvelles combinaifons ; de forte Année q^g ^.^,5 jgj corps, foit végétaux , animaux, ou minéraux, julqu'aux pierres 175 3' les plus compactes , qui fubifTent cette aâion violente du feu , tombent égale- ment en pouflïère & en cendres , & ne montrent prefque aucun veltige de ce qu'ils ont été. Bêcher eft le premier qui a placé ce principe parmi ceux dont les métaux font compofés , & qui en a développé la nature , fous le nom de féconde terre ; mais il s'en faut bien qu'il en ait fait con- noître toutes les propriétés ; ce que feu M. Stahl a beaucoup mieux exé- cuté par un grand nombre d'expériences , qu'on trouve dans plufieurs de fes écrits. Ce même principe phlogiftique nous confirme encore l'inal- térabilité d'une partie des molécules métalliques , foumifes à l'aftion du feu , puifque les métaux font les feules fubflances qui , réduites en ceirr dres , permettent à l'art une reftitution entière , qui leur fait reprendre exaftement la même forme qu'ils avoient avant la combuflion j au lieu que tous les autres corps brûlés & calcinés font détruits fans retour, 6î incapables à jamais de toute reftitution artificielle. La féconde propriété métallique , dont j'ai parlé plus haut , je veux dire , l'excès de péfanteur fpécifique des métaux fur celle de tous les corps connus , eft la plus effentielle , & celle qui caraûérife le plus la nature métallique. Cette propriété dépend du troifième principe de Bêcher , qui eft fa terre fluidifiante ou mercurielle , laquelle transforme les deux au- tres principes en la nature du métal ; ce troifième principe tire fon origi- ne , félon lui , de la terre du fel commun , ou marin ; il ajoute que le fel marin eft un compofé de l'eau , de la terre mercurielle & de l'arfenicale. Le vif argent , dit-il , eft un métal , rendu liquide par cette terre faline fluidifiante , ou plutôt un arfenic fluide ; & l'arfenic eft compofé d'une terre fulfureufe que l'on trouve dans le fel commun , mêlée de quelques parties métalliques , &c. Il feroit à fouhaiter que ces raifonnemens , qui font le fruit d'une haute fpéculation , fuflènt appuyés fur des expériences folides & convaincantes. J'avoue qu'il eft difficile de déterminer au jufte , l'origine du principe mercuriel ; mais on ne peut nier fa préfence dans les métaux , puifqu'il les fpécifie , & leur donne le poids fpécifique , par le- quel ils fe diftinguent fi éminemment de tous les foflîles , qui ne font pas métaux. Nous voyons encore , que cette terre fe joint inféparablement à la première terre vitrifiante , de forte que le feu le plus violent n'eft pas capa- ble de les défunir. Cette union inféparable , même jufqu'à la vitrification , les rend toujours fufceptibles de recevoir de nouveau le principe inflam- mable , que la force du feu avoir chafté dans la calcination \, ce qui n'a pas lieu de même pour les autres foffiles calcinés , faute du principe mer- curiel DES SCIENCES DE BERLIN. ^-ji curlel qui leur manque. Cette mcmc union Ç\ étroite , entre la ter- ==5=5 re vitrifiante & la mcrcuriellc , empêche auffi l'analyfc exafte de cette ^ °^^' ^^' dernière , quoique la combinaifon intime de l'acide concentre du fel com- ^ ^ ^ ^ ^ rnun , avec les Heurs d'antimoine , ou du zinc , me l'aycnt montrée fépa- ' 75 J* rée , & prefque à découvert. J'cfpére pouvoir éclaircir davantage cette ma- tière par les expériences dont j'ai parlé ci-defliis , & par les phénomènes que préfentent les crévalTès , pendant que les hlons continuent à fe former. Cette confidération mérite , je crois , l'attention la plus réfléchie de tous les Phyficiens qui s'occupent à pénétrer la formation des corps. Nous avons confidéré plus haut les lieux où la nature travaille les mines métalliques , fçavoir ces crévaflès de rochers , entre lefquelles les fiions fe forment ^ j'ai remarqué que la direétion de ces crévafTes , quand elles font fertiles , approche toujours de la perpendiculaire de la terre ; il faut ajou- ter ici , qu'on ne fçauroit en déterminer la profondeur : il y en a en Al- lemagne , ou on delcend au-delà de 600 lachtcr , ou perches. Plus on ap- proche de l'origine de ces crévaiïes , plus elles s'élargiilènt , femblables au tronc d'un gros arbre qui , en s'élevant , étend fes branches de tous cô- tés ; ainfi ces crévafTès , à mefure qu'elles remontent vers la furface de la terre , diminuent de diamètre , & font quelquefois fi étroites entre le roc, qu'on les négligeroit abfolument, fi elles n'étoient farcies de la mine. La fagelîe impénétrable du Tout-puillant , a fans doute ordonné cela des la formation du globe , puifque le genre humain en fe multipliant , n'auroit pu fubfifter fans l'ufage même du plus vil de tous les métaux \ du fer. Je ne puis donc me perfuader qu'il faille recourir ici au délu- ge , qui en boulevcrfant la terre , & renverfant les rochers , auroit occa- fionné par hazard ces creux dans les rocs fauvages , comme quelques-uns le loutiennent. Ils reviendront de cette erreur , fi on leur prouve que fans ces crévaiïes , la génération des métaux auroit été très-difficile , pour ne pas dire impoffible. Je ne fuis pas étonné cependant que l'Ecriture lorfqu'elle détaille la produaion de toutes chofes , ne parle point de la création des métaux , qui ne pouvoient pas encore exifter, quoi qu'on ne puille douter que la divine SageiTe , n'eût accordé la difpofition , & le germe métallique , dès la création , aux eaux élémentaires , & fur - tout à celles de l'abîme. La chaleur en faifant naître dans ces eaux un mouvement de fermentation , les a rendues enfuite capables de poulTer des exhalaifons vaporeufes tout le long des crévalTes , & c'eff par où a commencé la produûion minérale , que nous allons maintenant expofer dans toutes fes circonflances. La produaion des filons , par l'évaporation dont je parle , elt incon- tefiablement prouvée par l'application fucceffive de la mine , fur-tout de celle qu'on nomme la pyritcufi , ( dcr kUs , ) fur le quartz criltaiifé , drufen, Ooo 474 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ^ "?^ 41^1 tapinè fouvent le toît du filon , f dus hangzmle. des ganges ), Ces crif i OM, j . ^^^^_^ librement fufpendus , ne touchent à aucun corps voifin , & leur extrême folidité ne leur permet pas de lailïèr échapper quoique ce foit à ^753' travers leurs pores. De plus , l'incruftation de la mine , le fait feulement fur les facettes de ces criftaux du côté où le filon defcend , ( ito der gang in die teuffefiit,) & d'où les vapeurs minérales s'élèvent , pendant que les autres facettes , à l'oppofite , n'éprouvent point cette incruftation. Même chofe arrive aux Jldlaciius , où l'on a vu attachée quelquefois la mine re- luifante de plomb , ( bicy-glant:^ ). D'ailleurs , des morceaux d'un roc fau- vage , détachés par hazard , & même quelques inftrumens des mineurs , perdus dans les filons abandonnés, & qu'on a retrouvés après incruftés de la mine , prouvent aiTèz ce que je viens d'avancer. La matière , ou les molé- cules qui fe trouvent enveloppées dans ces vapeurs , & qui opèrent l'incruf- tation dont il s'agit , ne font autre chofe que la mine métallique elle-mê- me , formée & accrue fucceflïvement. Le rôtiflàge & la fufion ma- nifeftent le métal qu'elle contient , comme aufli la portion du foufre & de l'arfenic , dont les métaux font toujours minéralifés , à l'exception du peu d'argent & de cuivre natifs , qu'on rencontre quelquefois dans de petits creux de filons détachés. Comme ces deux corps , le foufre & l'arfenic , font les compagnons inféparables de tout métal minéralifé , & que tous deux , fur-tout l'arfenic , tiennent déjà de la nature métallique , & qu'il ne leur manque qu'une fixation ultérieure , on ne hazardera pas beaucoup en foutenant qu'ils fourniflènt les principaux matériaux de la compofition métallique. Examinons donc préfentement , fi les véritables principes des métaux fe trouvent en effet dans ces deux corps. J'ai prouvé déjà auparavant , par des expériences inconteftables , que le foufre minéral tire fon origine de l'acide univerfel , & d'une matière graflè ou onftueufe , d'un régne quelconque de la nature. Les Chimiltes connoillènt cet acide fous le nom d'acide vitrioli- que , à caufe que le vitriol leur en fournit la plus grande partie pour leur ufage. Cet acide a la propriété d'attirer , & de s'unir les matières inflam- mables , qui fourniflènt la féconde terre métallique. Quant à l'arfenic , il tire fon origine de l'acide du fel marin ; ce qui fe prouve par le vif ar- gent , que j'ai converti au feu , en le mêlant avec cette fubfl:ance minérale , en fublimé corrofif , propriété que l'acide marin pofîéde feul , à l'exclu- iîon de tout autre acide. L'acide marin , en fe combinant avec certaines matières terrefires al- calines , conftitue le principe métallique le plus elïèntiel , ou la terre mer- curielle \ & comme l'acide univerfel, ou vitriolique , réfide principalement dans l'air, ou dans l'atmofphère , d'où il pénétre dans la terre par les mé- téores , l'acide marin a fa fource , & s'élève des entrailles de notre globe , loM. IX. DES SCIENCES DE B E R L I X. 475 pour s'aller joindre avec le premier. La nature & les propriétés de l'a- cide du fel marin prouvent atîèz qu'il tire fon origine de l'océan , & ^"'^* ^f^' fans avoir hefoin pour cela d'imaginer le centre en forme de voûte de Be- cher , au milieu de notre globe , les creux des rochers , à profondeur indé- ' / J ■?• terminable , peuvent fort aifémcnt , comme les faiines , y avoir communi- cation. Suppofons donc , ce qui ne peut manquer d'arriver , que dans cet amas d'eau , qui s'arrête à l'extrémité des crévalïès entre le roc , l'acide vitriolique fe joigne , peu-à-peu , à l'acide marin contenu déjà dans cette eau , elle deviendra avec le tems plus bourbeufe ; les acides imprégnés des matières graflès , onétueulcs & bitumineufes , qu'elles ont reçu chemin faifant , l'un de l'atmophère & de la couche fertile de la terre , l'autre du fonds de la mer , ne manqueront pas d'exciter fucceffivement un mou- vement.intcftin dans ce mélange bourbeux , ou chaotiqui -, & foit que la chaleur que nous rencontrons dans les filons foit un effet de ce mou- vement , ou qu'elle foit communiquée du centre de la terre , comme quel- ques Philofophes le prétendent, cette chaleur entretiendra & donnera de nouvelles forces à ce mouvement intef^in des différentes matières com- prifes dans ce fluide bourbeux , dont l'effet fera ( comme celui de la fer- mentation des végétaux ) un broyement , une atténuation , & une exal- tation des molécules de ces mêmes matières , infiniment divifées & réu- nies de nouveau , mais fous d'autres formes , différentes de celles qu'elles avoient auparavant ^ leur extrême petitefîè , jointe au mouvement que la chaleur des lieux entretient , leur donne afiéz de légèreté pour s'élever en vapeurs , & être poufîées le long des crévaiTès du roc , où ces exhalaifons s'épaillifTent fucceifïvement , & fe condenfent contre une matière terreftre , moUafïè , blanchâtre , quartzeufe , qui tire fon origine d'un limon qu'on appelle ici hejlieg -, elle enduit & tapiifè enfuite les crévafïès , & fert en quelque façon de mafrice à ces exhalaifons minérales , auxquelles elle fe mêle aulTi quelquefois , & leur fournit la bafe , ou la terre vitrifiante , pour achever le germe, ou l'embryon métallique ; ainfî ces exhalaifons , qui renferment les vrais principes des métaux , félon la théorie que je viens d'expofer , ayant continué pendant de longues fuites d'années de s'atta- cher aux toits & aux pavés des crévaiTes , forment par gradation les fi- lons , & rempliiïënt à la longue tout le creux du rocher. Voilà la fource la plus ordinaire des mines , & la voie la plus naturelle de leur produftion. Mais il arrive aufïî que ces vapeurs , ou exhalaifons minérales rencontrent, au lieu de la terre mollaflè quartzeufe , un roc fauvage , des pierres extrêmement dures , comme le marbre , la pierre à fufil , ( hornflein ) le fiHuk , &c. dont les furfaces leur refufent l'entrée , & ne leur permet- tent pas de s'y attacher. Les molécules métalliques , dont elles font chargées , rebondilTènt donc , & étant ainfi détournées par des corps étran» Ooo ij \-j'6 MÉMOIRES DE UACADÉMIE ROYALE ^^ - gers à leur nature , elles s'enfoncent dans quelques eaux , qu'elles rencon- j OM. ^ . jrent , pour l'ordinaire , ou amaflèes dans les creux du roc lauvage même, ou à côté , proche des ouvertures latérales des crévaffès. Ces fortes i/jj' d'eaux, imprégnées de cette façon , deviennent bourbeufes , s'épaifïiflént avec le tems , fe défléchent à la Hn , par couches , & fe préfentent alors , lorfqu'on les découvre , fous la forme d'ardoife , furchargée d'une riche mine de cuivre, mêlée d'argent, comme celle qu'on tire de nos mines àeAIans- fdil , à^Ilmenau , &c. où les empreintes de feuillages , d'herbes , de poif- fons , &c. qu'on remarque dans l'ardoife , attellent fon origine fîuide & limoneufe. Pourfuivons maintenant ce deux fidèles compagnons des métaux miné- ralifés , le foufre & l'arfenic ; nous avons découvert leur origine dans l'a- cide univerfel , ou vitriolique , & dans celui du fel marin ^ nous avons vu leur union , en forme de vapeurs , produites par un mouvement fermen- tatif , lorfqu'ils étoient encore enfoncés dans l'eau ; nous avons confidéré la propriété inflammable dans l'un , & la mercurielie dans l'autre ; nous nous fommes apperçus de la manière dont ils fe joignent avec la terre vitrifiante ; il nous relie enfin à découvrir le progrès fuccelfif qui les conduit à la na- ture métallique. La mine la plus fimple , où nous trouvons le foufre & l'arfenic prefque à découvert, efl fans contredit la pyrite , ( der kies ). Il n'y a guères de filons où l'arfenic ne fe faflè remarquer ; il y a le jaune & le blanc , qui fe diftinguent le plus , & qui méritent fingulièrement notre at- tention. Le jaune ne montre autre chofe, quand on l'examine par le feu , que le foufre commun , & une terre martiale; de-là vient que quand la ma- tière inflammable du foufre quitte fon acide dans le feu , celui-ci ditTbut la terre martiale & la convertit en vitriol , comme cela fe pratique par le rôtifiTage en Angleterre , en Allemagne , à Gojlur , & en plufieurs endroits dans le pays de Helïè. Cette diiïblution fe fait quelquefois par le fimple contaft de l'air , fans le fecours du feu ; au lieu du foufre commun que la pyrite jaune fournit , le blanc , qui fe nomme auflî mifpichd , nous oftre l'arfenic avec une terre martiale pour bafe , comme le précédent. Il y en a qui fourniffènt le foufre & l'arfenic tout enfemble , mélange qui produit le réalgar & Vorpiment , lequel imite le cinnabre natif , compofé de la terre mercurielie de l'arfenic & du foufre minéral. Outre la terre martiale , ou le fer , qui entre toujours comme bafe dans la compofition pyriteufe , on y rencontre fouvent quelques autres métaux , comme le cuivre , l'argent & l'or même , ainfi qu'il refulte des exades recherches du premier des Métal- lurgiftes modernes , feu M. Hcnchel, dans fon excellent livre intitulé Pyrito~ logia, Lorfque la pyrite arfenicale admet dans fa compofition , une terre étran- gère fauvage quelconque , qui n'eft pas de nature métallique , il en ré-. DES SCIENCES DE BERLIN. 477 fuite les différentes fortes de cobalt , entre lefquelles la fameufe efpèce qui ^= fournit le beau verre bleu de Saxe paroît avoir reçu dans Ion mélange , ou- ^ ^'^'' ^^' tre une teinture cuivrcufe , quelque portion d'une terre labloneule vitri- ^ ^ ^ ^^ fiante , qui ne permet pas la féparation des atomes du cuivre par le feu. ^7 53- L'union inféparable de l'arfenic avec quelques terres étrangères , nous offre auffi quelques mines abfolument llériles , que nos mineurs appellent BUnJe , Wolfram , Spath , &c. dont le poids nous fait foupçonner qu'elles tiennent de la nature métallique. Le principe mercuriel de l'arfenic di- géré ôc fixé davantage fous terre , nous préfente un autre minéral' ap- prochant du cobalt , par rapport à fes fleurs , & à certaine portion de l'arfenic que le feu chafle de cette mine, de laquelle il fait en même tems couler un demi métal , connu fous le nom de bij'muth , ou de marcajjïte • les deux autres demi métaux , le reguU d'antimoine & le ^inc , ne peu- vent cacher non plus leur origine arfenicale , aflèz clairement démontrée par leur fublimation , mais l'admiflïon d'une plus grande portion du principe phlogiftique dans le zinc , & de la terre vitrifiante dans le régule , modifie en différente façon la nature arfenicale , dans leur compofition. Après avoir vu l'o igine des minéraux & des demi métaux , notre fu- jet nous conduit à la confidération des métaux entiers. Retournons donc à notre principe effentiel de toute métalUïtc , qui eft la terre mercuriclle • cette terre eft formée de l'union la plus parfaite , & abfolument indiffo! lubie , de l'acide du fel marin avec fa propre terre , & auffi avec certaine portion de la première terre vitrifiante , par le moyen d'une aétion fer- mentative , qui produit cette fublimation naturelle par laquelle leurs mo- lécules font fi étroitement unies les unes aux autres , qu'il y refie auffi peu d'interftices qu'il efl poffible. De-là vient , non-feulement l'inféparabilité de ces deux terres, même dans le plus grand feu , mais fur-tout cet excès de péfanteur fpécihque dont les métaux feuls font en pofléffion & qui les dif- tingue de tous les autres foffiles , dans lefquels cette union inféparable de la terre vitrifiante avec la mercurielle n'a pas lieu , & qui par conféquent ne font point de nature métallique ; la cornuification des métaux , opérée par le principe mercuriel , qui réfide dans l'acide du fel marin , montre bien fen- fiblement que c'eil à ce principe fur-tout que les métaux font redevables de l'excès de leur péfanteur fpécifique , car la plus petite portion de cet aci- de , jointe à la folution de l'argent , dans l'eau forte , augmente prefque du double le poids de ce métal , étant fondus enfemble. Les expériences alléguées , & les induirions qu'on en tire , nous décou- vrent déjà le premier degré de la mctalléïté , ou de la compofition métal- lique dans l'arfenic 5 la terre martiale , qu'on trouve toujours allociée avec lui , dès fon origine , le convertit par l'aftion du feu en régule , ou demi mé- tal 3 les expériences dont j'ai parié ci-devant, m'ont convaincu qu'il poflèdg 478 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE ^^^^■' y= les trois principes métalliques, & qu'une digeftion ultérieure dans fes matrî- io'^- '^y-' ces , ou filons , peut lucceffivement donner à fes molécules la perfeâion ANNEE jjgg métaux. Son union perpétuelle avec la terre martiale mérite quelques i 7 5 3' réflexions ; je ne crois pas me tromper beaucoup , en confîdérant cette terre martiale comme le premier degré de la méuûlcité , car j'y vois une difpofition , ou une tendance prochaine à la nature métallique. Il n'y a guè- res de corps dans l'univers , dans lefquels on ne découvre des atomes de fer ; mille expériences en font foi ; M. Margraf , notre habile Académicien Chimifle , en a trouvé dans toutes les eaux (*). On en a nouvellement dé- couvert dans le fang des animaux à Gottinguc ^ & Mr. Gaieati à Brefcia , dans les cendres de plufîeurs. Les expériences de Mrs. Geoffroi & Lcmery y à ce fujet , font trop connues pour que j'en parle ici -, d'ailleurs, b difpo- fition de la terre martiale à devenir un vrai métal , nous a été clairement démontrée par la fameufe expérience de Bêcher, par laquelle il a produit un véritable fer de l'argile , au moyen de l'huile de lin. La fage providence a placé fa mine prefque à découvert fous le gazon , parce que c'eft le métal le plus néccllaire au genre humain ; auffi ne demande-t-il pas autant de tems pour fa perfeûion , que les autres métaux. La terre martiale n'eft pas en- core un fer complet , puifque l'aimant ne l'attire pas , mais auffi-tôt que le principe inflammable y efl: joint, le fer eft formé , de l'aiman l'attire , comme on le voit par l'expérience de Bêcher. Cette difpofition de la terre martiale à la nature métallique , paroît donner origine à la mine de cuivre ; la confufion fréquente des mines de fer & de cuivre , & la préfence du fer dans la mine du dernier réputée la plus Am- ple & la plus pure , femblent confirmer cette conjefture ; & voici com- ment je conçois la chofe. La produftion du fer par la terre martiale , ne demande peut-être qu'un fimple phlogiftique , ou inflammable , fans le fe- cours de l'acide uni au phlogiflique, comme dans le foufre minéral, au lieu que ce dernier par fon exceliive abondance , autour & dans les mines mê- mes de cuivre , achevé l'ouvrage , & convertit la terre martiale en cuivre , dans le tems requis pour cela. Cette légère liaifon de l'acide vitriolique avec le phlogiftique , dans la compofition du cuivre , fe prouve par certai- ne expérience , dans laquelle ce métal fe fond à la chandelle , & brûle pref- que comme la cire d'Éfpagne. L'expérience confifle dans l'augmentation du principe mercuriel dans ce métal, par l'acide concentré du fel marin, attaché au vif argent , qui défunit un peu le principe inflammable du cui- vre , & lui procure cette fufion facile & flammifique, L'arfenic paroît être encore le principal agent dans la produftion des mé- taux blancs , fur-tout de l'argent & de l'étain ^ ce que nous confirment les mines de ces deux métaux , qui font pour la plupart furcliargées de ce mi- C) Voyez Art, XXXIX. l'examen chimique de l'eau par M, Marircf, DES SCIENCES DE BERLIN. 479 néral. La mine rouge d'argent , ( roth gulJen erp ) , comme la plus riche , ==- en contient plus de la moitié ; Ôc la mine blanche , ainfi que la jaune , ( weïs ^ ''''''• •'^• guUin er^t und fahUcrit , ) n'en manquent pas. Non feulement il y eft at- ^ ^ ^ ^ * taché, mais il paroît entrer dans la compoluion même de ce précieux '75J« métal , & fervir à le former , félon l'expérience de feu M. Hcnchd , qui par la folution de l'arfenic dans l'eau forte, abforbée dans la craye , &cou- pellée enfuite avec du plomb , a obtenu un petit bouton d'argent le plus pur. J'en ai produit un femblable par le mélange & la digeflion de l'arlenic avec le fouftre minéral, le régule d'antimoine , & le fublimé corrofif, en certaine proportion. L'étain , qui n'admet dans fa mine aucun autre métal , ne refufe pas l'en- trée à l'arfenic ; c'efl ce que nous prouve fa mine raboteufe , nommée chez nous iingnmpen , lin-iwittcr , de laquelle on en chaflè quantité par le feu ; on peut en féparer même de l'étain le plus pur (*). La calcination de ce métal eft fort facile , & dans la vitrification , il montre abondamment d'une terre étrangère calcaire , dont fa terre vitrihante elt furchargée , & qui rend fon verre blanchâtre & opaque. Cette terre calcaire , rend pa'r fa préfence , la liaifon de la terre mercurielie avec la vitrifiante fort foible & fuperficielle ; la terre phlogiftique , ou fulphureufe , s'y trouve en petite q^aantité. On découvre facilement ces principes compofans de l'étain , fur- tout la terre calcaire , par l'opération du miroir ardent , & par celle de la coupelle. Quoique le feu ne chafTe pas une portion fenfible d'arfenic de la mine de plomb , il ne lailFe pourtant pas d'avoir la principale part à fa pro- duâion. La péfanteur du plomb montre fuffifamment que le principe mer- curicl, qui eft auffi la bafe de l'arfenic, prédomine dans fa compofition , & que la volatilité de l'arfenic a été fixée par le principe , ou par la terre vitrifiante , avec laquelle la terre arfenicale , ou mercurielie , eiï unie d'une h(,on aiïez étroite dans le plomb , & fe transforme avec elle , très-facile- ment, en un beau verre tranfparent , auHi-tôt que le feu a chaiïë le peu de principe , ou de terre inflammable , dont ce métal contient la plus petite quantité. Cette vitrification facile & complète, dont le plomb eft plus fuf- ceptible que tout autre métal, lui donne aufli la faculté de dilïôudre & de détruire les principes mal unis des autres métaux imparfaits , & des demi métaux , lorfqu'on les expofe enfemble fur la coupelle des cendres , dans h fourneau docimaitique. La violence du feu , après avoir diflîpé le phlogiftique du plomb, & des autres métaux imparfaits, convertit le plomb même en un verre extrêmement délié & pénétrant. Ce verre fi a£tif, diiîbut les principes des métaux imparfaits, chalTe une portion de la terre mercurielie en fumée , &. fe cache avec le refte de la terre vi- (•) Yoycï fous Tannie 1747. Art. XXI. les expériences de M, Margrjf à te fujct, 48o MÉMOIRES DE VACADÉMIE ROYALE trifiante la plus pure des métaux imparfaits , dans les pores de la coupel- le , & rejette les terres étrangères de ces métaux , fur-tout celle du fer , fous la forme de fcories , fur les bords de la coupelle. De-là vient que les deux métaux parfaits , l'or & l'argent, par l'union plus intime de leurs principes, qui refufe l'entrée au verre de plomb , relient purifiés fur la coupelle , ôi dé- barralïès de tout mélange des métaux imparfaits. La préfence de l'arfenic dans la mine grisâtre, ou jaune du cuivre, fahU erti, èi. fur-tout dans la pyrite de cuivre , kupfcr-hies , prouve , du moins, que le principe arfenical n'eil pas étranger ou luperflu dans la produdion du cuivre , quoique ce métal montre plus que tout autre fon origine phlogifti- que , ou fulphureufe. L'abondance exccffive du foufre commun , que fa mi- ne rejette , lorfqu'elle efl fondue en matte , & enfuite dans les difterens rô- tilTages qu'elle exige , avant que d'être fondue en cuivre noir , puis en cuiï're roléfte , ou rafiné , me portcroit quafi à croire que le foufre com- mun , en s'unilTant avec une portion de la terre mercurielle , fert prefque uniquement à la formation de ce métal. La terre vitrifiante n'entre pres- que pour rien dans la compofition , car le verre , auquel l'extrême violen- ce du feu convertit le cuivre , ne préfente qu'une vitrification impure , hé- térogène & opaque , d'un rouge foncé , tirant fur le brun , marque affu- rée qu'une terre étrangère & limoneufe concourt à fa produftion. D'ail- leurs , la couleur rougeâtre de ce métal , paroît confirmer ce que je viens d'avancer de la liaifon étroite du foufre , avec la terre mercurielle , comme principaux compofans du cuivre , la terre mercurielle , unie au foufre com- mun, préfentant une couleur pareille; c'efl ce que nous voyons arriver dans la préparation du cinnabre artificiel , par la fublimation du mercure avec le foufre minéral , & de celui-ci avec l'arfenic , dans la produéfion du réaU gar & de Vorpimcnt , comme auffi de la pierre de pyrmejhn , &c. Lorfqu'on examine les principes conlfituans du fer , il fe préfente quel- que chofe de remarquable ; c'eft qu'on ne rencontre point de pyrites , & fur- tout de pyrites arfenicales , qui ne montrent pour bafe une terre martia- le ; ce qui me fait foupçonner , avec beaucoup de vraifemblance , que la terre mercurielle , élevée fous la forme d'évaporation arfenicale , après avoir pénétré & traverfé les crévailes , die KVuffte , s'introduit de tout côté dans la terre d'alentour , & y caufe , fur-tout dans les terres grafïès , limoneufes , &c. une imprégnation minérale , approchante de la nature métallique ; les molécules de cette terre , ou veine martiale imprégnée , ne font pourtant point encore un métal complet; car elles ne font pas attirées par l'aiman, & fe refufent à cette attra£fion , fi elîèntielle à la nature du fer, quoique fondues avec des matières falines , qui ne participent point du principe phlogiflique; mais aufli-tôt que le feu introduit dans cette terre martiale fon- due , le principe inflammable , elle fe convertit en un vrai fer , qui fe laiiTè attirer DES" SCIENCES DE BERLIN. 481 attirer par Taiman ; auffi fe montre-t-elle dans prcfque toutes les terres -.. yrr qui conftituent la bafe des végétaux & des animaux , defqucllcs l'aiman at- ^ ' * , ' tire & fépare les molécules du fer, après que le feu leur a uni le plilogiftique des matières gralïés , pendant la combulUon & la calcination de ces corps. 7 0 d* Mais comme le degré de feu , qui produit la vitrification du fer , ne montre que des fcories impures , grisâtres & mal liées , on voit fuffifam- ment que le principe , ou la terre vitrifiante , fimple & pure, lui manque, tout comme au cuivre ; il lui manque encore le principe inflammable, qui, joint à l'acide univerfel , conflitue le foufre minéral , dont le cuivre abonde il fort , &-qu'on eft obligé d'en chaflèr par tant de rotiilàges ; la mine de fer foumife à l'aétion du feu , ne donne point d'indices de cet acide fur- abondant ; & par les fufions & extenfions multipliées fous le marteau , qu'on lui fait fubir , on ne tâche pas tant de chaflèr le foufre minéral fu- perflu , que de la priver de la terre étrangère furabondante , qui la rend caflante & moins dudile , quoique cette terre , ou veine martiale , puiflè participer , en quelque manière , de l'acide univerfel , qui peut lui venir de l'atmofphère , mais qui, faute de phlogiftique , n'y entre pas fous forme de foufre minéral. Ainfi le fer eft un compofé artificiel de la terre martiale , que la nature a déjà préparée par l'imprégnation de la terre limoneufe , avec la mcrcurielle , fous la forme d'évaporation arfenicale , à laquelle l'art ajoute fimplement le phlogiftique, tiré communément du charbon de bois, dont on fe fert pour fondre la mine , ou la terre martiale. Il n'eft pas queftion ici , je crois , de rechercher fi le vif argent , ou le mercure , tient de la nature arfenicale , puifque les plus grands Métallur- giftes , comme Bcc/ilt , Stahl , Hcnchel , &c. l'appellent un arfcnic fluide. Il eft très-probable , que le principe mercuriel le plus fimple , avant de fe fixer en terre arfenicale , diflbut dans la mine quelque portion d'un métal de facile folution , tel par exemple , que le plomb ; ôc ce dernier , quoi- qu'en petite quantité , l'empêche pourtant d'humeâer les furfaces des au- tres corps qu'il touche ; mais fous cette forme moyenne , entre l'eau commune & le métal , il lui manque également une ponion fuffifante de la première terre vitrifiante , auffi-bien que de la féconde terre phlogiftique , pour conftituer un métal complet 5 le peu de vapeurs que le plomls fondu laiflè échapper de fa terre phlogiftique , fi on fçait les diriger de telle forte qu'elles touchent le vif argent , & s'y introduifent , fixent j pour ainfi (lire , cette efpèce d'eau métallique ^ mais comme ce principe a été fort inconftant dans le premier corps , on ne peut pas prétendre qu'il foit plus ferme & plus ftable dans le nouveau. D'ailleurs , la pctiteflé inconcevable, & l'homogénéité inaltérable des parties conftituantes du mercure , n'ont pas permis jufqu'ici , la découverte d'un diflblvant capable de defunir fes principes , Si de les montrer féparement. Ppp 4g2 1[IEM0IRES DE VACADÉMIE nOVALE ?' 'S!=! L'or refufe tout commerce avec l'arfenic & le foufre ; auffi ne le trou- ToM. IX. yg.j.on jamais minéralile dans les riions , mais tout dépuré déjà , ( quoi. Année qu'imperceptible à taufe de la petiteilè de fes molécules ) dans quelques mi- } 7 5 3' nés d'argent , de cinnabre , &c. On le rencontre auffi quelquefois tous la for- me d'or natif, en petits branchages, ou petites paillettes extrêmement dé- liées , entrelallées dans plulîeurs fortes de pierres ; ou bien en petites par- ticules , parmi le fable de quelques rivières , qui l'ont entraîné apparcm, ment des montagnes voifînes. Comme ce précieux métal eft le feul corps qui réfiiîe entièrement à toutes les attaques de la corruption , on l'a re- gardé de tout tems , comme le chef-d'œuvre de la nature , dans le règne minéral ; il faut donc que fes principes foient les plus lîmples & les plus purs qu'il foit poilible , & tellement liés enfemble , que le tems , qui dé- truit tout ri les plus puillans diflblvans connus jufqu'ici ne les puiilent féparer. Le principe mercuriel le plus dépuré , joint à la portion du principe phlo'jiilique la plus limple & la plus déliée , a fi parfaitement rempli les pores du principe , ou de la terre vitrifiante , que l'adion du feu le plus violent que la chimie puiiïè adminiftrer , ne les fçauroit défunir. Si les ex- périences que feu M. Homberg (*) a entrepris pour détruire l'or, viennent enfin à fe vérifier, malgré les raifons que leur oppofe M. Macqucr (**), il n'y a que le feu folaire , réuni par le grand miroir ardent de Tfchirnhaufm, qui foit capable de féparer fes parties conltituantes. Quoiqu'il en foit , fi Homhcr" n'a pas entièrement effectué cette féparation , il paroît du moins avoir confirmé en partie , par cette expérience , l'exiftence des trois terres qui compofent les métaux , en général j car il a trouvé ( outre la fumée épaifïê , qu'il a remarquée pendant cette application du feu folaire , par laquelle les principes mercuriel & phlogiftique ont été diffipés dans l'air ^, le veflige d'une terre vitrifiante , féparée de l'or. L'argent , félon le rap- port circonftancié qu'il en a fait à l'Académie , a fubi exactement le mê- me fort , excepté que fes principes n'ont pas réfiflé auffi long-tems que ceux de l'or -, ce qui prouve que la fixité des principes de ce dernier efi plus parfaite que ceux de l'argent ; & le poids fpécifique de l'or, ne permet pas de douter non plus , que la terre mercurielle , comme la plus pefante , ne foit en moindre quantité dans l'argent , & par conféquent la terre vitri- fiante plus abondante dans celui-ci , que dans l'or. Le phlogiflique , au contraire , qui répand fur l'or un jaune fi beau &. fi éclatant , doit entrer en plus petite quantité dans la compofition de l'argent, puifque cette couleur y eft abforbée & entièrement couverte par la couleur blanche & reluifante de la terre mercurielle. Ce que j'ai établi jufqu'ici , montre, ce me femble , afTez clairement, (») Voy. les anciens mémoires de l'Acad. Roy. des Sciences de Paris. {**) EWmens ds Cliimis thé«iiïHe chap. YU. DES SCIENCES DE BERLIN. 483 que les métaux ne fe produifent pas par une fémence , ou par un germe ; ^^ individuel , propre à chaque métal en particulier , comme nous l'obfcr- j'^' vons dans les corps organifés des animaux ik des végétaux. Toutes les dif- ^ '*" ^ férenccs qui dillinguent les divers métaux cntr'eux , confiftent pour l'or ^ 7 S 3' & l'argent , dans la diverfe proportion des principes les plus fimples & les plus dépurés , qui conftituent ces deux métaux parfaits 5 & à l'égard des autres métaux , outre le mélange varié de ces mêmes principes géné- raux , chacun elt encore fpécihé par l'addiiion & l'aflimiiation de certaines terres & matières étrangères , comme aufli par la plus ou moins grande Laifon de ces principes homogènes , ou hétérogènes entr'eux. Ojfervons derechef, en h'nillànt, que ce n'eft pas un hazard aveugle qui a dirigé la production des métaux; li cela étoit, ils pourroient être beau- coup plus multipliés qu'ils ne le font effeâivcment , au lieu que le nombre en elt borné à îix , & à cinq demi métaux , dans tous les païs connus. La divine Sagellè , qui regarde toujours aux caufes finales , a tellement pourvu , dès l'arrangement du monde , au befoin de fes créatures , & à ceux de l'homme fur-tout , que rien n'y manquât du nécellaire , ik que rien n'y fût fuperflu , & par conféquent inutile : le nombre des corps métalliques eft donc fuffifant pour la néceffité œconomique , auffi-bien que pour la commodité du commerce , qui forme le lien des différentes nations , dont la communication impone G. fort au bonheur du genr^ iiumain. Tin du premier Tome, Pppi; "<■*. '■^,' '^^' '-S' ■'-•?' ,*-^ "^"'Wi^y "• ^m Art. XLII. Dijfertation anatomique fur les nerfs de la face. Par M. Meckel. ^°^ TABLE DES ARTICLES. Art. XLIIL Réflexions phylofophiqucs fur le cas fingulier d'un jeune gar- çon de dou^e ans , à qui Puile d'un moulin à vent avoit enfoncé le crâne en avoit fait fortir une quantité confidérable du cerveau , ij qui cependant a été entièrement guéri , fans le moindre dérangement des facultés de l'a- me. Par M. Eller. jgg Art. XLIl^. Nouvelles expériences & ohfervations fur la végétation des grai- nes des plantes , & des arbres. Par. M. Eller. jçjo Art. XLV. Des Sauterelles d'Orient , qui voyagent en troupes , Cf qui ont fuit de grands ravages dans la Marche de Brandebourg en ly^o. Par M. Gleditsch. ,qJ Art. XLVI. Ohfervation phyfiquefur une plante affci particulière , qui croît aux environs des eaux chaudes de Carisbad en Bohême , nommée félon la méthode , Tremella thermalis , gelatinofa , reticulata , fublbntiâ veficu- losà. ^jo Art. XLVII. Recherches anatomiques. I. Sur la nature de l'épiderme & du réfeau , qu'on appelle Malpighien. IL Sur la diverfité de couleur dans la fubftance médullaire des Nègres. III. Sur la maladie du Nègre qui a fourni les ohfervations des deux premiers articles , caufée par un endurcif- fement Jléatomateux du péritoine. Par M. Meckel. ^14 Art. XLVIII. De l'enveloppe des nerfs. Par M. ZiNN. 4 ^g Art. XLIX. Effai fur l'origine & la génération des métaux. Par M. jbLLERt 449 Fin de la table du premier Tome. r^ «^^«5* ^îT'^fe* '^.Ji^ ifl Il ^ ^>l^ %^~^ ^^kf* il II *^ ■ — - - =j SUPPLÉMENT =5- pour l'année POUR L' ANNÉE 1748. '^48. Obfervatlons fur la véritahle OJléocolle de la Marche de Brandebourg. Par M. Gleditsch. Traduit du Latin. I. LOrfque fa Majefté voulut bien m'accorder , i! y a quelques années, la charge de Fhyficien Provincial du Cercle de Lebus , & qu'habi- tant à la campagne , je cultivois mes études de Botanique, dans les contrées qui font en deçà & en delà de l'Oder, auffi-bien que dans celles qu'ar- rofe la Sprée , je trouvai l'occafion la plus favorable de faire dans des lieux fabloneux & incultes, plufieurs découvertes par rapport aux pierres, aux terres, & aux produftions figurées, ou pétrifiées. C'eft , par exem- ple , dans ces fortes d'endroits , que j'ai fouvent recueilli de vieilles piè- ces d'un certain foffile , fur le nom & l'origine duquel j'étois d'abord fort indécis ; je me procurai enfuite la certitude que c'étoit de véritables bran- ches du lapis fahulofus de Thomas Erajlus {*) , qu'on nomme vulgairement OjîéocolU, quoique d'autres lui aycnt impoféles nomsdeP/à/nmo/ît'um , Ho- lojlcum , foJJiU Arborcfcens , &c. (a). II. Ce foilile , l'un des plus curieux, n'a été guères connu des Auteurs qui ont écrit fur l'Hiftoire Naturelle , ou fur la matière médicale , on n'en trouve que des dcfcriptions imparfaites & confufes ; & c'eft ce qui m'a engagé à le foumettre à un examen plus attentif. Il n'étoit guères queftion que de la figure extérieure de notre folïîlc , & du lieu de fon ori- (•) Voyez la lettre qu'il écrivit à Conr. Gefncr en 1572. de naiura , mcterij , ortu , 8c i//i LjPIDJS SabvlOsI ijui in Palatinatn ad Rhcnum Rcpcritur, On la tlOUYC à la lin de la II* paic« ie fa difput, de Medicma nova fhil. theophafli. (a) Voyez hcrmann majlograpn, p. 183. & Tuiy. Tome l. * 2 MEMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ■;= gine , dans les principales relations qu'on en a données jufqu'ici ; & ourl-Mnée comme on ne faifoit pas beaucoup d'attention à la chofe même , on avoit ?748. confondu plufieurs produaions différentes ; par exemple , les gypfeufes , les arenains , les féUnitiques , les tuphacées , les Jïalacliques , les argiU Icufis , & même les concrétions falines , avec les produaions martiales , & autres métalliques figurées ; ce qui me donnera lieu de relever plufieurs erreurs , & de les reâifier , autant qu'il fera en mon pouvoir. m. Pour parvenir à mon but , j'ai fait en divers tems , & dans des faifons différentes, des courfes dans les lieux fabloneux & incultes des deux Marches , où ce foffile étoit depuis plufieurs fiècles connu de tout le monde , recueilli & employé à des ufages tant internes , qu'externes. J'ai pris les informations les plus exaftes , & j'ai mis par écrit tout ce qui con- cernoit notre foffile , par rapport au /ieu , à la yïtuation , à h figure , à la grandeur , à la proportion , & à la matière. IV. Il y a des terreins affez étendus dans la Marche Eleftorale , & dans la nouvelle , qui , bien qu'environnés de toutes parts de campagnes plus fer- tiles, & même excellentes, ne lailTent pas d'être entièrement fabloneux & pierreux ; ce qui fait que prefque aucune plante ne fauroit y vivre^, ou du moins y profpérer , excepté le tithymale , la bruyère , hftatice , Yyvraye , le jafion , le pied de chat , le bouleau , le pin , & très-peu de chien- dent. S'il en faut croire les anciens monumens , toutes ces contrées du tems de nos Ancêtres , n'étoient que d'immenfes forêts , que la négligence ou l'avarice des habitans ont détruites , & que l'on a mal à propos en- trepris de défricher , pour en faire des champs , où des prés ; ^car on n'en a fait que des terres ingrates & miférables , qui feroient à peine rétablies & fertilifées , par le travail & l'induftrie d'un fiècle entier. Il eft réfulté de cet attentat ceconomique , fi je peux m'exprimer ainfi , les m- convéniens les plus fâcheux. En labourant , on détruit le peu de mouffe , dont la terre fabloneufe elt revêtue, & enfuite , l'ardeur du foleil atténue le fable , que la violence du vent emporte de toutes parts. Il arrive quel- quefois dans de grandes tempêtes , que des lieux élevés s'applaniflent , ou qu'il fe forme des montagnes dans les plaines, enforte qu'il ne relie prei- que plus aucune efpérance , de voir ces contrées fe regarnir d'une croûte mounéufe. V. 11 eft fortvraifemblable, que les anciennes forêts dont nous avons par- lé , n'étoient compofées , outre les diverfes efpèces de chênes , que de bouleaux , de pins , de peupliers tremblans , de charmes & d'aunes ; la flérilité du terroir auroit eu peine à en nourrir d'autres. Après les avoir abbatus , nos ancêtres qui avoient du bois en abondance , ne fe font pas mis en peine d'arracher les troncs & les racines , comme le prouvent 1« amas de ces dernières , qu'on trouve enfevelis çà & là fous le fable , Si. çui , avec le tems , s'y font enfoncés de plus en plus. DES SCIENCES DE BERLIN. j VI. C'eft dans les endroits que nous venons de décrire , qu'on ren- contre une quantité confidérable de notre foflile , dans un fable plus ou ^"PP'^'"/ moins léger , blanc , gris, rouge, ou jaunâtre , fort rciïcmblant à l'cfpèce 174S. ^""" de fable , qu'on trouve ordinairement au fond des rivières. Celui qui tou- che immédiatement notre foffile , elt plus blanc & plus mou que le refle & annonce fuftifamment l'exiltence d'une terre plus déliée , qui eft d'une blancheur de neige , & qui , fous la forme & l'apparence de farine s'at- tache fortement aux mains. Quand dans les tems pluvieux , cette terre vient à fe dilîoudrc dans des lieux élevés , les eaux l'entraînent en for- me d'émulfion , dans les creux qui fe trouvent au-delïbus. VII. Cette terre fubtile ne dilfére gueres de la marne , & par l'exa- men que M. Pott en a fait, on peut la mettre au rang des véritables terres de chaux. Elle fe trouve attachée au fable, dans des proportions très -dif- férentes , depuis la hauteur de trois ou quatre pieds, jufqu'à celle de huit • & plus le fable eit voifin des branches de notre foflîle , plus la quan- tité de cette terre augmente. On peut même dire qu'il n'y a pas grande dif- férence entr'elle , & la matière même qui conflitue le corps du foffile. VIII. Quoique nous ayons infinué , que cette terre defcend le plus fou- vent des lieux élevés , dans d'autres plus bas , cela n'empêche pas qu'on n'en trouve quelquefois des lits entiers , mêlés au fable, à la profondeur de quinze ou vingt pieds ; & même tout le fonds de quelques étangs en eft , comme on peut aifément s'en convaincre , en examinant celui de divers étangs des Cercles de iJcirnim , & de Lebus. Il y en a fur-tout un bien remarquable , fitué dans le bois fort connu de Lipenenow , entre les villages de Fricdland & d'Hermersdorff , auquel on a fpéciaicment donné le nom de U'cijjcnfce , à caufe de la couleur de fon fonds ; & , pour le dire en pafTant , une chofe qui augmente encore la célébrité de cet étang , dans toute la Province , & dans celles qui y confinent , c'eft que les poiflbns , & autres animaux aquatiques , y font tout-à-fait blancs , ou du moins plus blancs qu'ailleurs , enforte qu'à la couleur feule , on peut les diftingueur aifément de ceux qu'on prend dans les étangs voifins (*). IX. Pour ce qui concerne le tems de l'année , où notre foflîle s'offre aux regards des curieux , il n'y en a point de particulier , comme quel- ques-uns le prétendent; mais ce qu'il y a de vrai, c'eft que les tems vcn- teux , ou pluvieux , font diftinguer beaucoup plus aifément les pièces de ce foffile , enforte qu'elles fe préfentent , pour ainfi dire , d'clles-mêi me«; aux yeux. L'impétuofîté du vent enlevé , par exemple, quelquefois tout le fable , & lailîè entièrement à nud les extrémités du foffile , ou au con- traire, le vent raffèmble de petits monceaux d'un fable plus luifant, fous lefquel on juge aifément que le foffile fe trouve cache ^ pareillement , une {') Voyez une petite diffsrtation que j'ai publiée ; de fat» fui^Mcfo , fcffdi 5- moUi,' ' *'; 4 MÉMOIRES VE L'ACADÉMIE ROYALE ^'— .. - pluye un peu longue , ou une fonte fubite de neige , venant à laver di" pour l'année verfes branches du foffile , qui poufïent vers la furface , les découvre 1748. tout-a-fait, & fépare d'avec le fable, le refte de la terre qui les environne. Car ces branches inhérentes, indiquent avec beaucoup plus de certitude , le tronc entier du foflîle , qui eft caché , que les pièces rompues , qu'on trouve çà i5c là , comme égarées fur la furface du fable , & que le vul- gaire des Luhophilci prend pour des indices certains & indubitables ; ces bonnes gens fe trompent le plus fouvent , & font dans le cas de ceux qui , faute de connoilîànces métalliques aflèz étendues , s'imaginent , en voyant de fragmens des mines , ou des pierres qu'on nomme Gemmes , épars dans une contrée , qu'on doit infailliblement trouver , en creufant au même endroit , des lits entiers & fouterrains de métaux , ou de gim- mci. C'eft auffi quelque choie de bien ridicule que ce que Zorn rapporte de CoUrus , (a) qui prenoit » l'Ofléocolle pour une véritable plante, à laquelle » il attribuoit une petite fleur bleue , qui lailîè , en tombant fur le fable, » des traces par le moyen defquelles on découvre le foiEle entier. » On trouve à-peuprès des chofcs du même ordre, dans le petit conte fui- vant , par lequel Ànfdme Boctius de Boot , en impofoit à la crédulité d'un certain ULLiiic Je Burcfdorff , maître d'Hôtel de l'Empereur Frédéric Ro- dolphe II. Il lui difoit : » que dans fa patrie, le lapis fahulofus' cToxïïoii » comme une plante, d'une manière tout-a-fait admirable-, & qu'au » commencement du printems , on le voyoit pouffer de terre , fous l'ap- » parence d'un petit chou cabus , avec de petites feuilles cendrées & » noirâtres , qui fe developpoient enfuite , & s'étendoient du côté de » la terre. Que dans cette petite tête qui fortoit , on trouvoit une moelle » ou pouffière , qui fe fondoit aifément en liqueur , & que les branches » de cette plante étoient oiTeufes ». Se peut-il des obfervations plus fauf- fes , & un récit plus ridicule ? X. A l'aide du vent ou des pluyes , les branches de notre foffile , fe dé- couvrent beaucoup plus aifément dans les lieux élevés , que dans les plaines. Quand on les a trouvées , on détache , avec précaution , le fable d'un côté , en fuivant la branche, jufqu'à ce qu'on foit parvenu au tronc de tout le foffile , & qu'on l'ait mis à nud , avec toutes les racines , qu'il jette de côté & d'autre. La longueur de la rscini , qu'il n'efl pas poflible de bien déterminer , mène auffi quelquefois obliquement au tronc même ; & quand on y eft arrivé , il faut ôter tout le fable , C qui a pour l'ordi- naire deux pieds au moins de hauteur ) , de manière qu'on puilîè ap- percevoir commodément du même coup d'œil , le partage & le cours des racines. Au refte , tout le fable qui eft à découvert dans les bois , (a) Botanolog. med. pag- 488. Ajoutez à ce que nous difons ici Schucnck/eUi , catal foffij, L. UI, p. 387, & Athan, Kirther muf. pag. 107, DES SCIENCES DE BERLIN. j dans les champs & dans les bruyères , eft ordinairement à la profon- ^^ deur de deux pieds ; mais dans les endroits où notre foffile croit , on pour l'année trouve déjà l'humidité , à un pied , & cette liumidité va en augmentant 17^8, d'une manière fcnfibic , étant même plus grande à proportion qu'il y a dans le fable une plu-, grande quantité de cette terre de chaux , dont nous avons parlé ci delius. Cette quantité d'humeur croupilîtante , hu- medte perpétuellement , le bas des plus grandes branches d^ notre follile, autour defquelles elle fe rencontre. XL Tant que le tronc entier eft encore renfermé dans le fable , la forme du foflile ne s'offre aux yeux que d'un côté, & alors , elle repré- fente aflèz parfaitement le bas du troiic d'un vieil arbre champêtre , par rapport à la figure , à la grandeur , à la iituation & aux proportions ; & les racines defcendent , en partie , jufqu'à la profondeur de quatre à iîx pieds , & s'étendent , en partie , oblicjuement de tous côtés. Il faut rele- ver ici ce que quelques uns des Auteurs , qui on écrit fur l'Hifloire Na- turelle , avancent de contradiétoire à la vraie fituation de ce foffile , en difant que fis branches croijjent à lu furfuce de la terre. Il y a pourtant des relations , qui font aiïèz d'accord avec notre expofé , comme celles de Beckmann (a) , d'Hermann (h) & d'EraJlus (c) , Profeiïèur autrefois affèz célèbre à Heidelberg , qui s'exprime ainfi au fujet de la grandeur 6i de la figure de notre foffile: » Aux environs du même lieu , » nous avons trouvé le tronc , qui confervoit la même grandeur , juf- » qu'aux racines , enforte qu'il reflcmbloit à un tronc d'arbre , recourbé » dans cet endroit ». XII. Ce que nous avons dit jufqu'ici , fert non-feulement à faire connoitre la figure de notre foffile , mais préfente encore plufieurs cir- conftances , qui mènent à des conclufions fort probables fur fa géné- ration. Le tronc même du foffile , dont la grandeur & rêpaiffeur va- rient, doit fans doute fon origine au tronc de quelque arbre mort, & en partie carié , ce qui fc prouve fuffifamment par la lésion & la deftruc- tion de fa firufture intérieure. Car le tronc extérieurement raboteux , eft rompu d'un côté, & crcufé par une efpèce de carie; celle-ci enlevé non- feulement toute la fubftance intérieure , dont le défaut eft fuppléé par la terre de chaux , ou par le fable , mais ne lailïé même fouvent aucun veftige de l'écorce , ni des cercles du corps ligneux. Quelquefois pour- tant , quoique rarement , on trouve encore le parenchyme à l'extrémité des racines. (a) Dans une lettre à Henri Oldcmbourg , inCetée dans les tranf. phil. du mois de Sepienw bre 1668. 1- r (è) Msjlogr, p. 184. & S. où l'Auteur donne la figure , non de tout le fuffUe , mais reulemeni d'une grolTe branche , & encore peu lîdellement, {c) Iq(, cil, Yoye» la note fui le § . 1, 6 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROVALE ■ j^^ XlII. Les racines les plus fortes & les plus voifines du tronc , foit pour raunée qu'elles defcendent profondément en ligne droite dans le fable , foit qu'elles 1748. s'étendent obliquement , font prefque toujours plus grofïès que le bras , mais elles s'amincilTènt peu à-peu en fe divifant , de forte que les derniè- res ramifications ont à peine une circonférence qui égale le diamètre d'une 'plume d'oye. Pour les productions capillaires des racines , elles ne fe trouvent en aucun endroit du folïîle , fars doute parce que leur ténuité & la délicateffe de leur texture, ne leur permet pas de réfifter à la putréfaâion ; mais on ne lailîè pas d'obferver dans les racines , des traces abondantes de leur exiftence , telles que font , par exemple , divers tubercules , des nœuds , des avances , des éminences , & de petits creux difperfés fur la furface. XIV. Quelquefois une matrice , d'une figure fingulière , entoure les racines , fur-tout les plus grandes , & les ferre étroitement ; fa fubftance n'eft pas fort cohérente, & reflêmble à de la limaille. C'eft un compofé d'écorce en pouffière , & de bois pourri ; & l'on y trouve un témoignage certain de la corruption à laquelle a été réduit , un arbre auparavant vivant ; auffi quoique le fable ne manque pas d'humidité , on ne fcauroit détacher cette matrice entière ; elle fe réduit auffitôt en une mafiè informe, en fe confondant avec la terre de chaux & le fable , fur-tout quand le fable domine dans le mélange avec la terre. La matière de notre foffile eft un mixte , qu'on a de la peine à définir ; au moins ne peut-on le faire qu'à l'égard des fragmens les plus purs ; tous les autres montrent une extrême inconfiance, tant à l'égard de leur compofition , que de leur humidité, & de leur dureté. C'ell: , ainfi par exemple , comme des obfervations fréquemment répétées le prouvent , qu'on trouve rarement le tronc & les grolïès racines, durcies ou pétrifiées dans le fable ; elles y font plutôt un peu humides ôi molles ; & lorfqu'on les expofe à l'air , elles de- viennent féches & friables. On peut établir quelques proportions dans leur compofition , mais on en découvre moins dans les autres , qui font plus petites , & qui , tant dans le fable qu'à la furface , confervent rarement le même ordre de compofition. Ces dernières , ont outre cela , une écorce purement fabloneufe , & raboteufe, d'une couleur cendrée ou mêlée ; & fous ce fable , on trouve une fubftance qui a quelque humi- dité , mais qui efl: pourtant dure , & prefque entièrement pierreufe. Cette différence a été , fi je ne me trompe , inconnue aux Auteurs , qui jufqu'à pré- fent n'avoient entrepris l'hifloire de l'OftéocoIle , que d'après les frag- mens qui fe trouvent dans les pharmacies , & qui font du nombre de ceux qui ont le plus fouffert des injures du tems. XV. La couleur du foffile, encore enféveli fous le fable , eft ordinai- rement d'un blanc tirant fur le jaune ; quelques parties ont cependant la DES SCIENCES DE BERLIN. 7 blancheur de la neige , tandis que d'autres font cendrées ou noirâtres, supplénv* Cela dépend fouvent du fable feul , & quand on l'a écarté , la blancheur pour 1 anqée de la matière fe manifefte. Quelquefois aulli ce changement de gouleur 174^. arrive par la fimple expofition à l'air. XVI. Les circonltanccs du tems & du lieu , la figure extérieure , la fituation Si. le mélange des parties , fe trouvent donc déterminées au fujet de notre foffile , par les obfervations que nous venons d'expofer. Il fem- bleroit convenable d'en ofFrir à préfent la figure aux yeux du leéteur , mais divers obftacles , déjà infinués ci-deflùs , ne le permettent pas. On en approcheroit allez , vu le rapport extrême de la forme extérieure , en faifant graver des racines mortes & cariées de divers arbres ^ en effet , il n'y auroit aucune contradidion à dire, que des changemens d'une même efpèce , pierreux , fulins , ou métalliques , peuvent arriver aux racines d'arbres de plufieurs efpèces diftérentes ; & l'expérience le confirme. Il n'y auroit non plus aucune abfurdité à prétendre , que des arbres de diverfes efpèces , venant à mourir, & enfuite à fe pourrir & fe creufer , concourent à la formation de notre foflile. XVII. Confiderons préfentement l'intérieur de ce foflîle avec plus d'attention ; nous y trouverons plufieurs chofes fort remarquables. Et d'abord , à l'égard des racines , les principales font tout-à-fait entières , & d'une fubliance prefque uniforme. Cette fubftance eft plus rare au mi- lieu , & vers l'écorce plus dure , & en quelque manière graveleufe. 11 y a cette différence entre les branches plus groflès & plus épaiflës , & les moindres , que les premières font compofées d'une matière beaucoup plus déliée , plus pure , qui , par le défaut d'une forte de glu natu- relle, a moins de cohéfion ; au lieu que les dernières , c'eft- a-dire les moindres & les plus petites , admettent le plus fouvent deux fubflances dans leur compofition. Certaines petites branches d'un feul & même tronc, quoique cachées dans un fable aflèz humide , font dures , & leur dureté augmente au point qu'elles deviennent de véritables pierres , qui jettent des étincelles , en les frappant contre l'acier. J'en ai vu quelquefois à la furface du fable plufieurs dont le centre efi creufé ; mais ce font le foleil & l'air qui les ont calcinées , hors du lieu de leur formation ; elles appartiennent à la clallè de celles que nous avons indiquées ci-deffus , §. I. & IX. XVIII. Quoique les racines de notre foflîle foient moins creufées en forme de tuyaux , lorfqu'elles ne fortent pas de leur place naturelle , on y remar-. que encore d'autres différences. Il y en a , par exemple , quelques - unes dont la fubftance eft tellement uniforme , qu'on ne fauroit diftinguer l'écorce d'avec h centre , au lieu que dans les autres , le centre eft tout percé de petits trous , qui le font reflèmbler exaftement au diploe des OS , phénomène dont nous expliquerons plus bas fa raifon , ^ qui d?-« 8 MÉMOIRES DE V ACADÉMIE ROYALE ^"^ .. ~ rive de la formation même du foffile. Dans certaines groflès branches , il po,i[.|.3„„^g demeure quelquefois des reftes de bois pourri, fans fuc , & comme de 1748. la limaille j tandis que dans d'autres , le centre du corps ligneux eft fec , dur , & prefque comme de la corne ; ce qui s'étend quelquefois , à diverfes reprîtes, jufqu'à la longueur de quatre à fix pieds. Cette portion cornée du corps ligneux , n'eft point une des moindres racines , une racine capiU laire , ( comme pourroit fe l'imaginer une perfonne peu au fait de ces ma- tières ; J pour s'afliirer du contraire , il n'y a qu'à examiner les troncs d'arbre, qui, venant à fe détruire peu-à-peu, dans des lieux marécageux, ont été creufés & rendus poreux par l'humidité naturelle du terrein. XIX. Nous avons déjà donné une idée de la matière de notre foffile , & nous avons fait connoître l'extrême rapport qu'il y a entr'elle , & la terre de chaux mêlée au fable ; pour achever de dire ici ce que nous en penfons , il n'y a prefque point , ou même point de différence , entre ces matières. Il faut feulement prendre garde qu'il ne s'agit point de ces pièces , qui étant expofées à l'air , y éprouvent des altérations. La maflè tcrreftre , qui à proprement parler , conlHtue notre foffile , eft une vraie terre de chaux , & quand on l'a nettoyée du fable & de la pourriture qui peuvent y refter , l'acide vitriolique, avec lequel elle fait une forte effer- vefcence , la diflbut en partie : je doute cependant fi c'eft une terre pure , & entièrement dégagée de la liqueur du bois pourri , ou de l'aride. Le favant Henckel (a) nie l'effervelcence & la folution de l'Oftéo- colle dans l'acide du vitriol ; mais il faut qu'il ait pris quelqu'autre foffile pour rOftéocolle de la Marche. XX. La matière de notre foffile , lorfqu'elle eft encore renfermée dans le fable , eft molle , elle a de l'humidité , fa cohérence eft lâche , & il s'en exhale une odeur acre , alTez foible cependant •, ou bien elle forme un corps graveleux , pierreux , infipide & fans odeur. Tout cela met en évidence , que la terre de chaux de ce foffile , n'eft point du gravkr fin , lié par le moyen d^une glu, comme le prétendent Th. Erajlus (b) & Her- tnann (c) ; ce dernier étant même perfuadé , que le fable fin fe convertit avec le tems dans la matière de notre foffile , ce qui répugne aux principes reçus , fuivant lefquels toute efpèce de fable étant une terre vitrifiable , fe trouve parla en oppofition avec les terres de chaux, & ne peut jamais fe changer en elles. XXL Lorfqu'on peut remarquer quelque proportion , dans la compo- iîtion de la matière de notre foffile , elle confifte , pour l'ordinaire , eii parties égales de iable & de terre de chaux , comme je m'en fuis affuré {n) Tlom fatum, pag. îSj, (b) Ubi fipr. p. 140, («) Majlogr. p, iS;. DES SCIENCES DE BERLIN. en les féparant dans l'eau , de cette manière , une once de matière pure , smJpiémT a rendu une demi once & cinq grains de terre de chaux très-déliée , où Ce pour l'année trouvoit mêlée une portion de fable commun, grofficr & pefant, qui alloit 1748. au poids d'une dragmc & quinze grains ; à quoi il falloit ajouter enfin deux dragmes d'un fable très-fin , qu'on avoit plus de peine à fcparcr du refle de la terre de chaux. Ainfî il ne manquoit au poids entier de la matière que deux fcrupulcs , qui s'étoient perdus dans la folution. L'examen chimique de notre foflile a été fait par Mrs. Kundmann , Neumann , Pott , ik quelques autres , aux écrits dcfciuels nous renvoyons ceux qui en feront curieux, le fujet n'étant pas de notre relTbrt. Nous attendons une nouvelle analyfe de l'Oftéocolle que M. Margraf nous fait clpérer (*J, XXII. Par rapport à la génération de notre foflîle , les Auteurs Ce partagent en divers fentimens ; mais les contradiftions où ils tombent vien- nent fur-tout, de ce qu'ils confondent d'une manière étonnante des corps étrangers , & entièrement différens ; il y en a aufïi qui déduifent , par exemple , l'origine de l'Oftéocolle d'une efpèce d'incruftation fortuite & confufe , falino-terreftre , ou glutineufc , pareille à celle qui produit les gingiberites , auffi - bien que plufieurs veines mêlées d'argille & de fable. Mais ce font là autant de fidtions , dont on n'a pas de peine à revenir, lorfqu'on confidere foigneufement tout ce qui a rapport à notre foffile, & qu'on l'examine attentivement , & fuivant les règles de l'Hiftoire Natu- relle , dans le lieu même de fa formation. Quelques Auteurs , mais ca très-petit nombre , ont plus approché du vrai ; tel eft Neumann , qui a pris notre foflîle pour une racine d'arbre pétrifiée , & Ferrantes Imperatus (a) , qui dit , que l'Oftéocolle eft une racine changée en pierre , molle comme du ciment , G* d'une fuhjlance fahloneufe. Ces dernières opinions font plus folidement appuyées. En effet, l'Ojléocolle , dont la figure confiante eft celle d'une racine d'arbre champêtre , n'eft réellement autre chofe qu'une femblable racine avec le bas du tronc , qui étant morte , a été pourrie dans le fable par l'humidité croupijjante , 6" dont le tcms a changé l'apparence , en la rempliffiint de terre de chaux. Les obfervations que nous rappor- terons encore dans la fuite , achèveront de juftifier notre hypothéfe. XXIII. Outre le témoignage de l'expérience , on a encore pour ga- rans de fa vérité les caraftères fuivans , qui conviennent à tout corps naturel organifé , qui a fubi la pétrification , & qui le diftinguent fenfiblemcnt de toutes les incruftations , ou produftions figurées quelconques. Ces carac- tères font la figure , la grandeur , le nombre , lafttuation , & la proportion naturelle. Quand ils fe trouvent réunis dans un corps pétrifié , & le rendent (») C'eft c»lle qui fuit ce Mémoire, {a) Hift. Nat. pag. ijj. Tome I. * * »74«. lo MtMOlRES DE UACADÉMIE ROYALE -=—■=== conflamment femblable à un corps animal ou végétal, tel qu'il étoit danS Supplem. j.^^ ^^.^j. jg ^jg ^gjg détruit entièrement tout loupçon d'incruftation , pour 1 snncc ' . . r ■ * r r 17^8. ou de telle autre formation fortuite & contule. XXIV. En parcourant des lieux champêtres & marécageux , on ren- contre çà & là des troncs d'arbre pourris , qui ont une parfaite ref- femblance avec les troncs vivans les plus fains , & qui , a en juger par leur grandeur , devroient avoir un poids très - confidérable , quoique fouvent ils pefent à peine quelques livres. C'eft qu'ils n'ont point inté- rieurement de fubflance ligneufe ; enforte que depuis la tige jufqu'aux racines c'efl une pure cavité , où il ne reite plus que les fibres cor- ticales , ôi un petit nombre de vailléaux cartilagineux du corps ligneux , bien que toutes les apparences extérieures fe confervent. Cet effet fin- gulier cil caufé par l'abord perpétuel de l'humidité, & par la ftagna- tion , qui pourrifiTent & détruifent peu-à-peu toute la fublîance intérieu- re , comme l'expérience en fait foi. XXV. Cette humeur putride & croupifTante , pénétre la tige par fon âcreté ; en paffant à travers le tiffii cellulaire jufqu'au cercle ligneux , elle obllrue partout les fibres du bois, les amollit, & les ronge, de manière qu'il en réfulte la folution de tout le continu , à la referve d'un très-petit nombre des parties les plus folides , qui femblent réfifter entière- ment à la pourriture. Des troncs & des racines dans cet état , font ce que l'on peut imaginer de plus propre à la génération de notre foffiie dans le fable , & voici comment la chofe fe paiîè. Il fe forme dans ces troncs & dans fes racines , des cavités où s'infinuent facilement , par le moyen de l'eau , le fable & la terre de chaux qu'elle a dillous. Ces terres entrant par tous les trous & les endroits cariés , defcend jufqu'aux extrémités de toute la tige & des racines , jufqu'à ce qu'avec le tems toutes ces cavités fe trouvent exaûement remplies. L'eau fuperflue trouve aifément une ifflie , dont les traces fe manifeftent dans le centre poreux ( voy. le §. XVIII. ) des branches les plus pures qui font moindres. C'eft là l'unique manière dont fe forme notre follile ; la chofe efl inconteflablement appuyée fur l'expérience , & c'eft par là que l'on explique fans peine , comment l'Oftéocolle reçoit & conferve la figure , la grandeur , ^la fî- tuation & la proportion exaûement naturelle qu'on y remarque. Qu'eft.ce donc qui pourroit nous empêcher d'imiter la formation de ce foffiie , & de produire nous mêmes en moins de tems de l'offéocolle , faite avec plus d'art , & plus pure ? Je n'y vois point de difficulté. XXVI. Au refle , on découvre la raifon de cette mollefTe des plus groiles branches de notre foffiie, dont nous avons parlé §§. XVI & XVII. En réfléchiffant fur-tout , que toute l'humidité diiiiUe pendant un plus long efpace de tems , & fans difcontinuer , à travers le fable , jufqu'au DES SCIENCES DE BERLIN. ii tronc. En effet , le corps de l'oftéocollc déjà tout formé fe trouve plus ,.^^ denfe que le fable, Ôc d'un tillù trop ferré pour tranfmcttre l'eau ; s'il le poÙH'anné'e fait, ce n'eft qu'avec beaucoup de lenteur ik de difficulté, enforte qu'il 1748. y a perpétuellement autour du foffile une humidité croupiiîantc , qui efl un véritable obllacle à la pétrilîcation. M. Hcnchd a déjà faili cette idée allez heureufement , dans celui de fes ouvrages que nous avons cité plus haut. Au furplus , il n'y a point de contradiction entre ce que nous avan- çons ici , & ce que nous avons dit au §. XiV. des plus petites branches qui font aux extrémités , & qui étant comme difperfécs & fort éloi"nces du centre , font polies , & prefque de pur fable. . XXVII. Ce que l'Auteur de la Mafdographie , & quelques autres , difent au fujet de l'incruflation , ne s'accorde point avec la vérité , tant à caufe qu'il ne s'y trouve point de glu naturelle propre à produire cet effet , ou du moins qu'elle ed trop délayée, que parce qu'on trouve fou- vent dans la maffe de notre foffile une portion égale de fable & d'or- dures. En outre , il y a divers bois morts , & des pierres , qui fe trou- vent environnés de matière pareille, à celle qui forme l'OftéocolIe , c'eff- à-dire de fable & de terre de chaux , fans qu'ils reçoivent pour cela d'in- cruflation. XXVIII. (*) Je vais continuer à dégager l'hiftoire de l'OfléocoIle de toutes les fîdions dont on l'avoit embarraflëe. Pour cet effet, je mettrai fous les yeux de l'Académie les nouvelles pièces de ce foiTile , que j'ai dernièrement recueillies , & j'y joindrai les obfervations inconteltables , que j'ai réitérées plufieurs fois , & avec toute l'attention dont je fuis capable , dans les lieux mêmes de fa formation. XXIX. J'ai toujours eu une véritable ardeur pour l'étude de l'Hif- toire Naturelle , & j'ai parcouru avidement tous les tréfors qui ont été publiés pour en étendre les bornes. L'Olléocolle m'a fourni une nouvelle occafîon de les feuilleter avec attention. Mais j'avoue ingénument , que je n'y ai jamais rien trouvé qui pût mener à quelque certitude fur la connoiffance de ce foffile ,& fonder , en particulier, un jugement afiùré fur fa génération ; au contraire , je n'ai prefque rencontré par-tout qu'une extrême confufion. Quelques-uns des échantillons que les Auteurs produi- fent , approchent, à la vérité , de la forme & de la couleur de l'Oftéo- colIe; mais la plupart n'ont aucune refïèmblance avec ce fofïile^, ni rien qui puifïè leur en mériter le nom. XXX. Il m'eft arrivé fur-tout de rencontrer fréquemment , tant dans les cabinets des curieux , que dans les pharmacies , une certaine efpèce de tuf, en partie informe, en partie compofé de l'affemblage de plu- (*) Ici commence un fécond Mémoire , que M. GUiiiJck lut à t'Academie un an après le premier , pour lui rendre compte des nouvelles obfervations , qu'il aroit faites desuis ce tems-lài I 2 MÉMOIRES DE VACADÈMIE ROYALE fieurs petits tuyaux de différente nature , qu'on faifoit paffer pour de pou'''rannée rOftéocolle. Ce tuf fe trouve en abondance dans plufieurs contrées de J748. la Thuringe , par exemple , autour de Tennjlœdt , Sondershaufen , OJl , Wef-Lreifcn & Grofen-Ebrig &c. Sur les bords de VHdpa , & en d'autres endroits , il eft caché à la profondeur d'un pied ou deux , fous les terres les plus fertiles. On prétend qu'après avoir réduit une grande quantité de ce tuf en poudre par le moyen de certaines machines par- ticulières , on le porte tous les ans à Meijjen , pour le faire entrer dans la compolition de la porcelaine. XXXI. Il m'efl: arrivé auffi afTez fouvent de trouver de la vraie Of- téocolle , mais elle étoit fi vieille «Se fi gâtée par l'action de l'air , qu'il étoit impoffible qu'elle pût lervir à des obfervations. Si l'on vouloit tirer des conclulîons générales fur la nature & le génération du foflile , d'a- près de femblables pièces altérées , on pourroit tomber dans des erreurs pareilles à celles des perfonnes , qui prenent pour des os de quelques géans d'une grandeur étonnante , les os des animaux marins qu'on rencontre fous terre. J'ai encore remarqué une plus grande confufîon à cet égard dans les pharmacies qui lont hors de la Marche , & où l'on devroit trouver de véritable OfléocoUe , suffi-bien que dans les nôtres. On n'y emploie, fur-tout vers les confins de la Forêt Noire , que du gypfe le plus commun , qui prenant le titre d'Oftéocolle , fert à tous les ufages de la Chirurgie , par une erreur très dangéreufe, mais à laquelle perfonne ne s'oppofe. XXXII. 11 femble qu'on ait quelque raifon de demander ici , poiir- quoi les Phyficiens n'ont encore dit que des chofes fi incertaines fur l'o- rigine de notre foffile , quoiqu'il y ait>environ trois fiècles qu'il en efl fait mention dans les écrits des Médecins : mais il faut remarquer que malgré l'ancienneté de fon ufage , les pièces d'Olléocolle ont été confidé- rées fort négligemment , parce qu'elles ne paroillent guère pures , & qu'elles tombent aifément en pouffiêre. Le petit peuple ramaflant ces pièces , les alloit porter à bas pris aux Apoticaires , &i leur livroit pêle-mêle les branches trouvées fous le fable , & celles qui s'étoient calcinées à la fur- face , blanches , gâtées , dures , entnmées , &c. & c'eft d'après de telles ^ pièces , que les Auteurs on fait leurs relations , qui y conviennent fort bien, 11 y a long-tems que je ni'étois apperçu que les opinions erronées de ces Auteurs derivoient principalement de cette fourre. Si les pauvres gens qui ramaiïoient l'Ofléocolle , n'avoient voulu en apporter aux Apoticaires que de bien nette , & dégagée de toute pourriture de bois & d'écorce , ceux-ci ne leur en aui oient pas fçu beaucoup plus de gré, & ne les au-p roient guère mieux payés. XXXIII. Le feul Ecrivain que je fâche , qui dans le fiècle pafle aiÊ afléz bien connu l'OiléocoIle , efl Ferrantes Imperatus, Il en a donné W9 DES SCIENCES DE BERLIN. 15 courte defcription dans fon Hijloirc Naturelle , & y a joint la figure fort '^■~' ^ t nette d'une pièce , qui paroît dvoir cié formée dans un tronc de bou- Siipplém. Icau. Quoique depuis lui , quelques Auteurs ayent parle par-ci par-là dans P°"^' ''""''' leurs écrits de l'OltéocoUe , Ôi en ayent même dit certaines chofcs né^ celTàires à favoir , perlonne néanmoins n'a pu démontrer fblidemcnt l'orisinç de ce folïile , ik. cela faute d'obfervations, XXXIV. Quant au terroir naturel de l'Oltcocolle , celui où elle habite pour ainlï dire , 6c a coutume de fe former , l'expérience , jointe au con- fentement de plufieurs Auteurs , dépofe , que le plus convenable cfl uo terroir llérile , fabloncux , ai léger j au contraire, un terrein gras, con,- filtant , argilleux , ondtucux ik limoneux , &c lorfqu'il vient à être dé- layé par quelque écoulement abondant d'eaux , laille palîèr lentement & dif- ficilement l'eau elle - même , & , à plus forte raifon , quelqu'autre terre comme celle dont l'Oltéocolle eil tonnée. L'OftéocoUe fe mêleroit ln<- timement à la terre grallë , ûans l'intérieur de laquelle elle formeroit des • lits plats , plutôt que de pénétrer une fubllance aulii confiflante. XXXV. Voici le nom des endroits fabloneux & incultes des deux Mar- ches, où j'ai fpécialement recueilli des fragmens d'Oflcocolle , & en ai ob^ fervé la génération. Le premier lieu qui m'ait fourni de véritable Olféo, colle , eft une campagne fort fabloneufe , qui confine aux villes de Fotf^ dam, Treuenbiit^cn , 6i Bdai , où je fis cette découverte en 173 f. A ces premiers fragmens , j'en joignis d'autres , que me fournit M. Fildr jnann , habile Médecin , & Phyiicien de Ruppln , qui les avoit tirés de I3 montagne fabloneufe de Crcmrnc. En 1737. je fis une récolte abondantç d'OlféocoIle dans le territoire même de Berlin , hors de la porte qu'oij nomme de Halle , & dans les terres fabloneuies , qui vont du village dp Sclweneberg à Charlottcnboura • mais les pièces étoient alïèz petites & vieilles. J'ai encore rencontré ce folfile dans plufieurs endroits du Cercle de Lcbus , entr'autres autour de la ville de Munchcnbcrg , & des village? de Hoppengarten , Quiliq , Rvjcnthul & Fricdland , où j'ai recueilli beauv coup de pièces d'Oltéocolle en divers tems , depuis 1738 jufqu'en 1741, aulli-bien que dans les diifrids voifîns de la baife Luiace , autour des villes de Bcshow , Storchow , & Licbcrofe. Mais l'abondance & la variété de rOlléocoUe régnent fur-tout dans les petites collines féches Ôc fablo- rieufes de la nouvelle Marche , & principalement dans les champs , vi- gnobles , & bruyères , qui Ibnt autour de la ville de Droffin & de Son, nembourg. C'eil là ou depuis 1742 jufqu'en 1747. j'ai fait mes plus irai- portantes obfcrvations fur la véritable génération de l'OftéocoUe. XXXVI. J'ai déjà parlé §. VlII. de la matière de notre foflîle , quand il elt enféveli dans ces lits , qu'on trouve quelquefois mêlés en grand pombre au fable. Dans la dernière courfe que j'ai faite dans le territoire 14 MÉMOIRES DE UACADÉMIE ROTALE ■■' , . ~ de Droffen , j'ai eu occafion d'examiner de nouveau de femblables lits, pour l'année q'J' fe trouvoient auprès d une vigne abandonnée. Le terroir de la vigne , »748. iterile & fablonneux , étoit couvert jufqu'à la profondeur d'environ un pied d'une efpèce de fabie blanc , léger & pur , fous lequel fe trouvoient quelques lits de terre de chaux , qui alloient obliquement de haut en bas , à fix ou huit pieds de profondeur , ( étant à-peu-près difpofés comme une certaine efpèce de pierre de taille ). Chaque lit de cette terre de chaux , de l'épaiffeur d'environ deux pouces , & qu'on auroit pu appeller plutôt une lame ou plaque de terre de chaux , étoit un peu humide 6c molle; la fubftance en étoit beaucoup plus épaiflë ik plus denfe que celle de rOftéocolle déjà formée dans le creux d'un arbre pourri , mais elle étoit tout auffi fragile. XXXVII. Cependant la fubftance de cette lame groffière permet le pafTà<»e à travers fa partie inférieure , où elle a le plus d'humidité & de molleile , à diverfes racines d'arbres & d'arbuftes , tels que le cérifier , le cornouillier , le coudrier, l'églantier , &c. dont les ramifications capillaires fe difperfent prefque par toute la lame. J'ai aufli obfervé des morceaux de bois autour de ces lames , fans en avoir jamais remarqué un feul , qui ait fouffcrt d'incruftation , ni de pétrification. XXXVIII. Dans les endroits de la vigne en quefiion, oppofés à ceux-ci , & qui font les plus élevés , on trouve fous le gazon des veines de terre de chaux , dont le mélange eft confus , & incertain , & au milieu defquelles fe rencontrent des amas de feuilles de coudrier , qui ne font pas encore pourries. Ces veines fe forment , & s'accroiffent tous les ans dans les tems de pluye, lorfque l'écoulement des eaux entraîne avec foi vers les lieux fitués plus bas , la terre de chaux avec la terre ordinaire , les feuilles , le fable , & les autres ordures , plus ou moins divifées , fous !a forme & l'apparence de rayons. Mais ni ces veines , que les ignorans confondent avec l'Oftéocolle , ni les lames dont nous avons parlé , ne conftituent pas la véritable Oftéocolle , quoiqu'elles renferment une partie de terre de chaux, qui eft même quelquefois la plus forte dans le fable. En effet, toute terre de chaux figurée , n'eft pas de l'Oftéocolle; celle-là feule doit porter ce nom , qui a fubi un changement & une concrétion , qui la rendent femblable à une vraie racine d'arbre , où celle qui a été vé- ritablement formée dans une racine d'arbre creufe & cariée, que l'eau pourrit , & remplit peu-à-peu de terre de chaux , de manière qu'elle renferme une partie de la fubftance végétale diflbute , & qu'elle retient les caractères naturels d'une racine d'arbre , favoir , la figure , la gran- deur, la fituation , & la proportion. Voilà la feule produûion qu'on puifîè nommer à jufte titre Ojléocollc , & la feule qui devroit avoir le droit d'entrer dans les pharmacies , pour fervir aux ufages de la Médecine. DES SCIENCES DE BERLIN. ij XXXIX. A la defcente des mêmes lieux , vers une haie marccageufe , '~' ' .' '" j'ai fait une petite obfervation , à laquelle je ne m'attendois point du pour ranS'g tout , & qui m'a caufé une véritable admiration. Il y a dans un endroit ef- 174S. carpe un haut Pin d'environ 60 ans , qui étend fes branches au loin , & qui eft d'une verdure «datante. Un débordement fubit d'eaux a entraîné autrefois d'autour de cet arbre une grande quantité de fable , qui couvre les couches humides du terrein voifin. Cet accident a mis entièrement à nud fes racines de devant j elles font expofées à l'air , ik par là ce bel arbre menace ruine à toute heure. XL. Cela m'a fait naître l'envie d'examiner fes racines de derrière qui font ou enfoncées dans le fable , ou couvertes de moulTè. En levant la petite enveloppe mouflcufe , il s'eit offert à ma vue un fpedacle tout- à-fait agréable , favoir , une branche de la grolfeur du bras , continue au tronc, dont toute la fubflance morte étoit changée en véritable Oftéocolle , la terre ligneufe & pourrie étant demeurée au centre. Ce cas , cer- tainement des plus rares , établît fans réplique la vérité de mon hypothéfe , puifqu'on y voit la pétrification d'une racine encore enfévelie de la lonoueur de fix pieds dans le fable , & qui tient à l'arbre vivant. Je ne crois pas qu'après cela , on puifïé encore former le moindre doute fur la gé.- nération de l'Ofléocolle. XLI. Rien ne fait plus de peine que l'extrême fragilité de notre fof- fîle , lorfqu'il eft encore tout fraix ; fragilité qui ne permet pas d'en cons- ferver aucune belle pièce entière pendant long-tems ; la feule aftion de l'air , ou le moindre mouvement , y produifent mille fentes , qui le font tomber en pièces entre les mains. XLII. Enhn , j'ai trouvé l'occafion la plus favorable de répéter toutes mes expériences fur l'OltéocoUe , & de leur donner tout le degré poflîble 'Ell la connoiffance plus exade que M. Gleditfch (*) nous a donné \^^ de rOitéocoUe , qui m'a principalement engagé à faire un examen chimique de ce mixte ; & je dois aux pièces même de ce folïile , qu'il a bien voulu me fournir , la certitude d'avoir travaillé fur la véritable Oftéo- colle , & non fur quelqu'une des matières auxquelles on a fauffement don- né ce nom. II. Toutes les expériences chimiques que je vais rapporter , ont donc Uniquement pour objet cette efpèce d'OftéocoUe , que M. Gleditfch a trou- vée entre les contrées de Sonnenhourg & de Drojfen , entre VOder ôi le War- te ; & il ne faut les entendre d'aucune autre efpèce. III. Entre les diverfes pierres d'oftéocoUe que j'ai reçues de M. Gle- ditfch , j'ai cru ne devoir foumettre à l'examen chimique , que celles qui étoient les plus pures , & dans lefquelles le mélange paroilTbit le plus parfait. J'ai fait choix en particulier de cette branche remarquable , dont M. Gleditfch a parlé dans fon Mémoire (**) , comme ayant encore fait partie d'un pin vivant , lorfqu'elle a été convertie en ofléocolle. C'étoit un morceaux épais , pas trop dur , qui repréfentoit exadement une racine d'arbre , & qui contenoit çà & là quelques fibres de la racine dont il avoit été formé , mais en petit nombre & fort minces. IV. La principale raifon pour laquelle j'ai préféré cette pièce d'oftéo- (*) Voyez le Mémoire précédent. ('•»;Ub. fup. s, Xt. colle DES SCIENCES DE BERLIN. 17 toile à toutes les autres , pour en faire le fujet de mes expériences , buup.'ëmT c'eft que je l'ai trouvée moins fabloneufe , & moins mêlée de particules pour raiince végétales que les autres , & parce que j'en ai pu tirer par la lotion une plus «7-l^' grande quantité de terre fubtile. V. J'ai donc commencé mes opérations par la lotion ou élutriation de l'oftéocolle. Pour cet effet j'en ai pris une demi livre , que j'ai d'abord bien pilée dans un mortier de verre net j je l'ai mifc enfuite dans un vafe de verre dont l'orifice ctoit large , j'y ai verfé de l'eau claire , & j'ai bien remué le tout. Après quoi , la partie la plus pefante étant tombée au fonds , j'ai verfé un inftant après la liqueur encore trouble dans un autre vafe. J'ai verfé de nouvelle eau fur ce qui étoit refté dans le vafe après la décantation , la- quelle j'ai réitéré de la même manière , continuant ce travail jufqu'à ce que l'eau ne fût plus trouble. J'ai mis repofer l'eau trouble , & peu- à-peu j'ai vu une terre blanche fubtile gagner le fonds. Cette terre, après avoir été defléchée, pefoit quatre onces & demie. Cela étant fait, j'ai auffi procuré l'exficcation de la partie la plus pefante qui étoit demeurée dans le premier verre , & j'ai trouvé trois onces & demie d'un fable fin. VI. Ayant fait la décantation & la filtration de l'eau claire qui refloit après que la terre fubtile étoit tombée au fonds , je l'ai faite évaporer jufqu'à fîccité , & j'en ai tiré une très-petite quantité de fubfiance falino-terreftre , qui étant délayée dans l'eau, a caufé une foible précipitation de la folution d'argent , de mercure & de plomb dans l'acide nitreux , mais c'étoit fî peu de chofe , que cela ne méritoit prefque pas d'attention. VII. Ayant exactement féparé de la manière fufdite , tant la terre fubtile, que la terre fablonneufe plus pefante, j'ai d'abord fournis à l'examen la terre fubtile , & j'ai obfervé qu'elle entroit en efFervefcence avec tous les acides , tant minéraux , que végétaux. L'acide vitriolique attaque cette terre avec beaucoup de violence en la faifant écumer. Cette même terre jet- tée peu-à-peu dans l'efprit de vitriol , s'en imbibe prefque entièrement , & lorfqu'elle en eft parfaitement foulée, elle forme une maffe épailTe comme de la bouillie. J'ai verfé de l'eau chaude fur cette malTë , je l'ai bien remuée, j'en ai enfuite fait la filtration , & par une évaporation convenable , je l'ai difpofée à la criilallifation. Par cette opération j'ai obtenu de petits crifiaux oblongs , mais en petit nombre. L'acide vitriolique paroit ici avoir avec l'oftéocolle , les mêmes rapports qu'avec la pierre à chaux , à la partie ter- reftre de laquelle il s'attache principalement , & c'eft pourquoi l'on ne peut en féparer que très-peu de parties falines. VIII. L'acide nitreux au contraire s'empare de notre terre avec une plus grande véhémence , ••• • \i i-^- 174a. clairement que la terre dofteocoUc dont il s agit ici, appartient a la claiTe des cailloux ou du fable , & que par conféquent , c'eft une terre vitrilîable. XV. Tout ce que nous avons dit jufqu'ici prouve donc évidemment, que les parties qui conftituent proprement l'ofléocolle font la terre de chaus & la terre fablonneufe. Je paflè à préfent aux rapports qu'on découvre dans l'oftéocollc même crue , en i'expofant à un feu découvert dans des vaiileaux fermes. J'ai mis pour cet effet huit onces d'oftéocolle crue dans une retorte de verre, & y ayant adapté le récipient, & luté exaftement toutes les jointures , j'ai donné un feu violent poulie jufqu'à l'incandefcence. Après le refroidiffemcnt j'ai trouvé dans le récipient environ deux drag- rnes d'une liqueur , qui 1. Exhaloit une odeur urineufe & en même tems empyreumatique , pa- reille à celle d'un foible efprit de corne de cerf redifié. 2. Teignoit en verd le fyrop de violettes , comme le fait l'alcali volatil, 3. Entroit dans une effervefcence fenfible avec les acides. 4. N'en faifoit abfolument aucune avec l'alcali-fixe dilTous ( quoique M, Ncumann ait affinné le contraire J , mais jcttoit plutôt quelquefois une odeur urineufe plus forte ; 5. Précipitoit les folutions de métaux faites dans les acides , par exem- . pie , la folution d'argent , de mercure & de cuivre , en donnant à cette der- nière une belle couleur d'azur , comme le font ordinairement tous les et prits urineux purs. Pour renfermer beaucoup de chofes en peu de mots , cette liqueur pof- féde toutes les qualités & propriétés de l'efprit urineux. A l'égard de cette huile empyreumatique , femblable au pétrole , que M. Neumann affùre y avoir obfervé , il ne s'en eft pas montré une feule goutte à mes yeux , quoi- que j'aie réitéré ce travail plus d'une fois. La terre que j'ai tirée de la re- torte après la diftillation , a aulfi toutes les qualités & tous les caraétères de la chaux vive , quoique le même M. Neumann (*) foutienne le con- traire. Au relie , il faut encore remarquer que cet efprit urineux d'oftéo- colle , dont nous avons parlé , tire fans doute fon origine des particules des végétaux pourries , qui fe trouvent mêlées avec ce foffile, XVI. L'Auteur que je viens de nommer affirme auffi , qu'ayant verfé de l'huile de vitriol fur de l'oftéocolle qu'il avoit mis dans une retorte à tuyau , il en avoit tiré de l'efprit de fel par la diftillation. Pour vérifier cette aflèrtion , j'ai auffi mis quatre onces d'oftéocolle crue pulvérifée dans une retorte à tuyau , & y ayant adapté le récipient , j'ai échauffé cette (*) y, Ntum. frxltci. p, i;ys. J^ES SCIENCES DE BERLIN, retorte pofée fur une coupelle remplie de fable en mprmnr a„ f j /r cnfuite ,y ai verfé à .Tiverfes rSprifes un^once d h" e /^ Si" ~'^^^- tenant le tuyau toujours foigneufement fermé & -', 1;, fi„ ^f /'"lol , pourlannég degré véhément de feu. Cela lakjai bien t ouvé'une efledil LuiTh "" ''''' le -.p.nt mais qui ne donnoit pas le moindre inrce tdl A^ôn . ,>"/ I. eto.t mf.p.de , ou tout au plus il avoit une petite faveur de brûlé 2. 1 ne precipitoit les folutions d'aucuns métaux 3. Il n entroit en effervefcence avec aucun fel alcali & 4. Il n apportoit point de changement à la couleur du (irop de violerr^c Pour abréger , c eto.t un pur mixte aqueux. Comme ce n'efï pas M ^ ' mann lu.-meme, qui a donné au public cet examen H^roi'^ m , Î^' peut que rEdkeur de fes k.ons'chynruophlrTaZt^^^^^^^ '^ '^ iont vo,r clairement que c'eft un mixte tcrrcflre comparé "^^'"J^ent, de pierre a chaux , ■' t J de fable fin , & de particules de végétaux pourries ^''J'^^-i'^^^f^'^^y^^-^iicnce de la pierre à chaux Celle du fable hn eft prouvée au § XW pourri , rournillent , fuivant ce qui a été dit an S Y\^ ^ ; r ■ • au on tireaiïément'dc ce foflile parla dSillaûca * ^'^"^ "^"^^«^ Fin du Supplément, Tom.h „ * * * iij IJla quoque Naturœ renim contemplatio , quamvis non facial Medicum , aptiorem tamen Medicinœ reddit. A. Corn. Celfus de Medicina. Prxfat. lib. I. In Ane replendorum vaforum fupra omnes Nathanaehs LiEBF.RKUHN uiduftria eminidt f cujus unicum ., magna cum Phyfiologlœ jaclura , hoc fpecimen extat. HMer. Elément, phyfiolog. tom, VU. lib. XXIY. feft. 1. 5- XIV. p. ij. APPENPIX. ^'* .-tJt &*» iTo'î» if^kV U= 7f li 5^' -^■^i^ *^>ftf* S5^ A P P E N D I X =»S^?i ARTICLE I. J. N. L I E B E R K U H N. =^ Art 1 <; ^£ 1. Dijfertatlo anatomica de fahrica & Acîlone Villorum Intejlinorum. tcnuium Hominis, §. I. IN aperta elôtaquc quacumque traftus inteftinorum tenium parte, aqua fubmerfa, tota fuperficies obfita invenitur membraniilis conicis , pcndulis , qiiarum altéra alterara bafi fua ferè attingit Se quœlibet magnitudine quintara linea partem vix aquat : VILLOS vocarunt Anatomici. In brutorum e. gr. canum , felitim , vitulomm &c. inteftinis proprie tantiim in» veniuntur villi. In hominum autem, imprimis juniorum, membraniièlae potius co- nics dantur , qus cum rariùs feriùsquc obfervats fuerint , nomen Villorum retinucrunt. §. II. Ad quemvis Villiim ( §. I- ) ex vafis majoribus tunicse vafculofs ( vid, Albini defcriptio inlejlinorum teniiium ) proccdit 1. Ramufculus vafis laftei valvulis munims. 2. Rami arteriolariim. 3. Ventila quaedam. 4. Nervus. 1°. Vidi in cadaveribus , laQe copiofo paul6 ante mortem nutritîs , vitioque pul. monum Se infarftu glandularum mefentericarum extinâis , vafa laftea cafeo re. plcta , &c quidem longe majori copia , quam ipfa vafa fanguifera , qns fimul cera viridi &c rubra irapleveram : nec laftea hwc tantum in mefenterio vidi ; quod ûe. plus accidit ; fed in ipfa ctiam tunica inteftinorum vafculofa. Servo adhiic in liquore partem mefenterii infantis proximè ad inteftini tubunj abciiîam , in qua tria hsec yaloruro gênera vidsrs Uç«t diiliaftifliroè. YiHofam ni. » A P P E N D t X. SSSsss^s— miriim cultro acutifTimo a valculofa exafte fepaiavi, poitîunciilam deinde ejus < A&TicLE j-^jpra annulum metalliciim exienfam, ea lede , ii= culis his fuis longé minores, perforant bullulam laftei ( §. 3.) Se in hanc apertis '• Impleo in arteriam mefentericam materiem ceraceam tenaciorem , ira ut redeat per venam mefenteiicam fat magna quantiiate. Examino dein microfcopio quam plurimcs villes : iiivenio in omnibus non modo diflenta vafcula ($.<}. 5. ) , fed etiam turgere ampullulam laftei cera alba plcnam. Demonftro & hoc praparatis. Impleo prseterea alla materie , quam prior , fluidiore nec magnum calorem ad fui fufionem requirente , arteriam vel venam mefentericam ; ita ut ex una earum per alteram materies eat. Continue impellere hanc ufque dum intumcfcere in- cipit cavum inteftinorum : quo aperto video rubere totam ejus fuperficiem inte. riorem ; accuratius examinans villos flaccidos tenuium inftar membranularum de- prehendo. Microfcopio autem adfpiciens vafcula ( §. 4. 5. ) omnia intégra , nec in uUo quidquam ruptura; , invenio. Quod autem villorum cava non impleta fmt , quum tamen materies colorata eiiam in traftum ufque inteftinorum peneiravit , non miror; quoniam materies nimiumftuida per foraminula (§.3.) facile exit. Sicco partem fie repletam , ac video quidem fingula vafa majora ik minora ad fin- galum villum perlinentia , fed in funiculum quafî corrugata. Anne ex his experi- mentis fequitur, ramos fupra ampullulam laftei decurrentes ( §. 4. 5. ) date alios ramos in cavum villi intrantes , iliis longe minores .'. nemo forfan negabic. Nihilominus monendum mihi heic videtur , illegitimam elfe eorum conclufioneffl , qui ajunt : impleo arteriam; redit per venam materies; urgeo amplius hanc; tur- genl villi ; intrat in cavum inteftini cera ; ergô ex villis in cavum inteftini vafcula apertis ofculis hiant. Nam fi rumpantur arteriœ ( $. 2. n. 1. ) ad villum accedentes , vel vafcula ( $. 4. 5. ) defcripta ; nonne extravafata materies diftendere villum tan- demque rumpere poteft .' Si veto examinafti iniegri inteftini , quod implevifti , fuperficiem internam , nec ullibi invenis deficientia vafa majora ( J._4. 5. ), nec fupta quoque vafa ( §. i. n. i. ) deprehendis , tune demum conclulio ifta valebit H«c autem demonfttare fi nequis, qu» ratio eft , cur minora ( J- 6. ) adeflè credas J §. VIL Uno tandem expérimente , aft quod irrito conatu fsepius repetendum erit , lî quis accuratius adhuc videre cupiat , quas ( J. i. ad 6. ) diximus , fequenti modo procédât. Sumat inteftini partem parvam , ad quam notabilis ramus arterise & vens accedit; hanc intercipiat intra annules duos metallicos , qui elateribus connexi ad fe invicem accedere conantur : ibi autem , ubi arteria ad hanc partem accedit , in uno annulorum creniilam faciat , ita ut arteria libéra, nec compreffa ad hanc par- tem accedere queat : tune huic arteriae adliget tubulum exiguum , &c huic canalem aliquot pedes longum , quem in fitu ab horizontali non multum abfcendente conf- titutum, materia non facile confiftente , benè colorata, impleat ; exponat dein par- tem inteftini microfcopio , & attenté obfervando villos , tubum fucceffive e fitU horizontali ad perpendicularem dirigat : fie videbit jucundo fpeftaculo. 1^. Materiem intrare per arterias ( §. i. n. 1. ) in villum. 1°. Dare quam plurimos ramos ferpentino modo decurrentes ( §. 4. ). j", Ex his pergere ad totidem venulas ( J. S. ) 4°. Ex his ad venam ex villo cxeuntem , y. Tune tandem per alla vafcula minora ( J. 6.) intrare in. aiupuMam laftei (9. 3. ) , diftendere hanc , & demum 6°. Exire per foramen iii apice hujus païens, AP P E n D IZ i §VIII. Article Ampullula vafïs laflei , hafleniis dcfcripta , intus rcpleta cfl fubrtantia rpongiofa, Infles per arieriam vcl venam mcleniericam , partcm iiitcfiini intra duos an. nulos mCTallicos interceptam , aditu arteriœ vel venae libcro mancnte , ut in cxpe. rimcnto (J. préccedentis ; penetrabit aër per vaTa C §• 6. ) dcfcripta in caviim vil- lorum , diftcndet hos , ik ex his per foraminula in apice biiUiilarum cxibit. Si ceflas flando , collabuntiir itcriim villi ( lit §. 6. experim. 2. ) ; fcd fi continuas , quod applicatione follis facile fit, doncc cxficcaveris , diftenii mancbunt. Tune tiil» iro raforio acutillimo finde villos , & videbis micfofcopio eorura cavum impletunj effe materie quadam fpongiofa vel cellulofa. §. I X. Sed maxime notandum , totam inteftinorum tenuium Tuperficiem internam non adeô villis obfitam efie , ut uniis alterum bafi fua pcrfeftè tangat ; fed poiius in- terftitium intra fingulos mancre : id qucd nuJis oculis , £i microfcopio pra;pii» mis patct. §. X. In interftitiorum aiitem horum fuperficie , quae bafi villorum parallela cft , ac- curatius cxaminanti vidcrc licet , olcula quam plurima aperta folliculorum , fiva potius cava favis velut fimilia , in quorum parietibus , fi iiacceiïii optimo impleta fuerint vafa in vilIis , & probe elotum inteftinum , ulterius femet confpicienda ex- hibent vafa quam plurima : in fundo autem eorumdem corpufcula qusedam ro- lunda albicantia pofita deprelienduntur. Ut autem facilius irti folliculi , eorum vafa & , quae fundum obfident , modo memorata corpufcula , inquirenti pateant ; portiuncula qiiéedam inteftinorum te- nuium , bene clota , fupra lamellam aliquam nigram extcndi débet , ut villi ab in- vicem fecedant: Immittatur deinde in lagenulam vitream parvam , ex tubo virreo ovali paratam , ut examinari micofcopio noftro ad objefta opaca accommodato queat : fie primo intuitu apparebunt folliculi quos adelVe diximus , ut & vafa in eorum parietibus ; nifi forfan nimia extenfione 6c rudiore contreftatione dertrufta fuerint. Corpufcula autem rotunda albicantia in fundo folliculorum fita difficiiius ab hac parte villofee videntur. Si autem difto modo villofara ea parte , qua cunj vafculofa colia;fit, examinaveris , facile & illa adparebunt. An verô Iiôîc corpufcula alba funt glandulae ? Examinavi ea microfeopio , quo ad magnitudinem duarum linearum aufta confpicicbantur , & vera deprehendj eiTe corpufcula glandulofa , qus prius , quum microfcopio , quod ea fub dimidis lines magnitudine tantum fiftebat , ulus fum , ex fallacia optica apparere taniunj talia ferè credidllFem. Sed vafa impleta Ik colore diftinûa in eis non erant. Di& ferunt autem folliculi ipfi non multum ab iis , qui totam interiorem craflorum in- teftinorum fuperficiem efficiuni , in quibus tamen corpufcula ilia nebuloia rotunda pondum obfervavi. §. X I, Vafculis ampullulge ( 5. 4. j. ) 6c folliculis ( $. 10. ) obducittir membrana quae. <3am , tenuis quidem , aft tenax , epidermidi non abfimilis : hwic autem cum in- hœrcant lantummodo yeficulae lafteorum ( S- 3- ) &£ vafcula C J- 4- 5- ) ^ w'î 6 A P P E N D I X. I — * folliciilorum ( §. prasc. ) membrana igitiir interna propriè dicenda effet. Article Mcmbrjiiam hanc ep dermidi ablimilem non elle inde patet , quod li parî '■ intcftini , elota priiis & apcrta, immiitatur in aquam , &c lat diu intra hanc re- linquatur vale claulb , membrana illa lecedat & non adeô facile piurefcat , ac reliquum inteftiniim. Lft quoque hsec membrana epideimidi continuata : nam (i caput infantis tam diu in aqua relinquitur, donec lecedat epidermis , fimilis mem- brana cum liac coha;rens, de interiore cris , œlbphagi , ventriculi 6i inteflinorurai fuperficie lecedit , hinc non immerito epidermis interna nuncupanda. §. XII. In portiiincula inteftini , in qua oftodecim villes numerabam , circa hos oflo- decim folliculos ( §. lo. ) depreliendi. Separata autem vafculofa à parte altéra , cor- piifcula albefcentia , rotunda , in fiindo tblliciilorum fita , valis cinfta , œquabiliter per totam fiiperficiem dilperfa ( quod propter figuram laùex ampuUulae ovalem ( 5. 3. ) fieri poieft ) inveni cenium & quadraginta quatuor. Ergo ad finguliim villum pertinent oûo hujusmodi corpulcula , hinc Se totidera foUicuU. §. XIII. Cavernul» ( §■ 10. ) (i examînantur in violenta morte recentiffimè extinûis , in- veniuniur non tantum ipfa plenœ muco fatis tenaci , fed hujus quantitas tanta eft , ut ad apices etiam villorum afcendat. §. XIV. Mucus hic ( $. praec. ) diftus inteftinalis fecerni videtur vel ope varculoriim in parietibus folliculorum ( §. 10. ) confpicuorum , vel per corpulcula in fundo eorum lita ( §. 10. ). Impleas materie fluidiflima , benè colorata , optimo fliccefïïi , arteriam vel ve- nam mefentericam ; exibit ea per orificia valbrum in cava folliculorum ( §. 10. ) li ex h'S in lubum inteftinorum. Ergo & dare poterunt miicum tenuiorem, qui parte fubtilillima ope venularum ablbrbentium orbatus fpifliorem adquirat con- fiftentiam. Alt quKritur, quomodo fciam , an ex vafcuHs minimis villorum , an ex cavis folliculorum , proveniat materies ? Injicio materiem vi dctcrminata in arteriam vel venam mefentericam: intumelcit inteOinum. Aperio hoc, video materie diftentum fuifle. Mucus autem inteftinalis adhuc in folliculis fuis haeret , 6c non video niff apices villorum. Concliido inde materiem hanc ex villorum vafculis in cavum intrafle. Injicio aliam fluidiorem adhuc materiem vi forte etiam majori : iterum diiten- ditur inteftinum : eo aperto clarè cerno , mucum ex cavernulis luis expullum re- liquœ matériel innntare , ita ut interdum integrum tubum mucofum reterat. Ergo concludo, partem materi» inieOse per extrema vaforum in folliculis ( §. 10.) vel ccrpufculorum ( ibid. ) profluxiHè. Secundo non tantum ex villis , fed ex folliculis etiam , cffluere materiem ( ex- perim. §■ 7. defcripto ) optimè obrcrvatur. En ergo veros muci inteftinorum fontes ! Quas enim ab atfttomicis pro gian- dulis inteftinorum , quibus hîec mucum fuum debeant , demonftrat» <""' » .^ loca illa glandulofa Peyeri , circa finem ilei praeprimis copiofiora , microfcopiis in- venio non diflerre , nift fiiu villorum ; ut qui hic non ade6 regulariier , ac in le- A P P E N D I X. 7 liquo inteOino, pofiii fiint : ad loca cnim glandulofa nonniilli villorum co!lefti ^^"^ ^ ' & intcr le cohicrenics , ibi ver6 fpatia ab his vacua & extremis vaforum plena ''V."' cerniintiir. Non negabo quidem , pra:primis circa fincm ilei muciim tenuiorem copiofiiis fecerni poflc , fi vaTa in folliculis feccrncntia , vel extrema vaforum me- morata , copiofiora &c ampliora adfint : id quod experientiae & obfervaiione con- venire mihi quoque vifum fuit: fcd hic mucus modo erit ad lubricandas faeces , neutiquam verô ad illinendam tntam intcftinorum fuperficicm. Cur cnim con- cipiam , fi glandulis in inteftinis hinc indc fiiis mucus fecretus dcbcatur , hune intra fingulos villos Ce infinuare potius , quam in affumpta contaûu fuo inimica î Et quare ad finem i!ei phires , quam in integro intcftino politi eriint ! Nonne propter faeces jam dum exfuccas 6c indurefcentes; ut lubricata; valvulam facile tranfcant , nec lœdant .' Et quis certè Peyerianarum glandularum numerum con- fiderans , hanc tantam muci fccreti quantiiatem proferre poiîc fibi perfuaferit f §. X V. Cavum ampullulae laftei (,§. j. ) in quovis villo ponamus aequalc cubo ' lineae; Cur per hypothefim detcrminem taniummodo viUi cavum , ratio qusrenda eft in diverfa magnitudine, figura diverfa , in divcrfis corporibus & ftaiibus eorum , praeprimis autem in impolfibilitate determinandi , quantam cavi pariem fubftantia fpongiofa occupet , qua vilii cavum repletum eft ( §. 8. ). Nec interefTe multutn pro fcopo noftro, an exaftiffimè hoc deierminemus , ex fequentibus patebit. §. XVI. In uniiis lineae quadrato partis inteftini ex adulto , quod contraftum nec flj« tibus diftentum erat , numeravi 15 villos. Latitudo hujus inteftini erat 2 pollicum , longimdo atrtem iniegri inteftini 10 pedum. In inteftinis juniorum numerus villorum neutiquam squalis eft numéro eorum- dem in adultis ; licet capacitatem cujufvis villi ex infante «qualem efle capa. ciiati villi ex adulto micrometro noftro menfuram capiens invenerim. Numeravi in peripheria inteftini ex adulto villos circiter 100. ex infante trium annorum tantummodo 50. §. X V I I. Cujusvis fibra; inteftlnonim mufcularis contrario & relaxatio minimum duabus vicibus in uno minuto primo abfolvitur. Conftat experimentis in vivis animalibus inftitutis , cefiare ferè motum intefti- norum periftalticiim , fi jejunium aliquandiu palTum fueiit animal : quo magis autem viftu recenter aiïlimpto impletum fuerit , eo vividiorem & crebriorem elFe dilatationem & contraftionem inteftinorum ; iia ut hee vel quinque vicibus in ea- dem parte fpatio minuti primi repeiantur. Ergo liciium erit afTumere uno minuto primo quamvis fibram femel relaxarî Et contrahi de novo. §. XVIII. Fibra quœvis orbicularis & longitudinalis inteftinorum tenuiiim contrafla tcrtia Ali patte 8( ultra fit longlor relaxationc. 8 ^. 'AP F E N D I X, "Â^^"^ §. X I X. Siraulac reîaxantur qiisdam fibra inteftinorum , vel ope contentorum , quae a ferie antécédente fibrariim propelluntur , dilatantur ; quiim ex circulo minore miilto major fiât , & una orbicularium ab altéra fecedat C per }. praec. ) ; fieri itaque non poteft quin 1. Unus villiis ab altcro removeatur. 2. Quum intcr fingulos villos hareat & ciim his cohœreat humor admodiim vifcofiis , fequitiir , ut villus ab altero removeri non poffit , quin latera villorum fecedant , vel à fe mutuô detrahantur. î. Quod fpongiofa materies in cavis villorum , elarticitate quadam donata , fefe reftituat , hinc cavi ampliationem adjuvet. 4. Quod apices villorum hoc quoqiie tempore liberentur à muco ( per prin- cip. phyfic. ) 5. Foraminula in apice villorum exiftentia ( (J. j. ) aperiantur & majora fiant. Hinc 6. Liquidiflîmum de cibis aflfumptis elaboratum , chylus nempè , ex adhsfione penetret per foraminula in apice villorum , & hsec ipla adimpleat ac diftendat , eo qiiidem magis , quo plus elongantur fibrae mufculares. 7. Quod quum rami arteriolarum ( §. 4. ) inter epidermidem internam ( §. 11.) &. ampullulam laftei ($.?.) decurrentes , ex ferpentino curfu in reftum magis mutentur & à comprellione quoquc liberentur ; liquidum igitur artcriofum tenuif- fimum per ramos minores ( §. 6. ) in cava villorum hiantes , hoc tempore hsc intret &c chylo admiiceatur , hanc itaque , ut peregrinum adhuc , fluido corporis humani aliquo jamdum modo affimilet. 8. Quod quoniam e ramufculis arteriofis villorum ( §■ 4- ) per venas ( §. 5. ) datur exitus liberrimus , vi arteriarum ( 5. 4. ) per venas ( $. 6. ) nihil in cavum ampulluléB intropellatur: fed cum harum venularum extremitates ( §. 6. ) dilatato villo dilaientur quoque , igitur neceffum eft, ut ex eavo quœdam chyli pars, vî adhsefionis, in has extremitates recipiatur , & quidem ea pars, quse magis per adhaefionem penetrare pofiit ( per princip. phyfic. ) bihofa nempe , quae nondum perfeftè chylo commixta eft. 9. Quod villus, fi perfeaè impleatur, nancifcatur figuram ellypiicam , vel ovo non abfimilem. §. X X. Quando autem rclaxationem hanc ( $. 18. ) contraftio excipit , fequitur Ad le invicem accedere debere villos ; quum ex circulo majori minor fiât : & «juidem i. propter figuram eorum ( J. prsc. n. 9. ) accèdent ad fe mutuô ex- Jremitates , in quibus foraminula, per quae intravit chylus , exiftunt : hinc hsc ipfa claudi necelTe eft. 1. Quod arteriolae villorum minimse ( J. 6. ) in cavum villorum hiantes hoc tcm- pore comprimantur. }. Quod ea pars chyli quœ venulas (5-6. ) intravit , ex his in majores ve- nulas propellaiur. 4. Omne lac in cavis villorum exiftens fucceffivè exprimatur in vas lafteum ess ampullula ( $. j. ) propendens. 5. Quum lac ex cavo villorum , utpote fpatio majori , in vas lafteum minus impellatur, mixtio prima hujus fiât. 6. Villus nancifcatur figuram membranularum conicarum ( 5. i. ). A P P E N D I X. §. XXI. C.um nova fit fibrariim murciilariiim , tam orbicularium , qiiam longitiidinaliiim , rclaxatio , chyliis , qui in prscedcme contraâionc ex villo in laflca propiilfiis crat, ex liis in illos redire ncquit_; qiioniam ( per J. i. n. i. ) in laflcis , proximè ad ampiilliilas, valvulae copiofiflîmEe inveniuniur , qiioe retrogielTtim dencgant: potiùs ergo necertiim eft, de novo eadem ficri, qua; ( (J. 19. ) difta Aint. Qiiod fi au- tem dein nova contraftio fiât , ea ipfa quoqiic , quae ( §. 20. ) demonftiata fimt , itcriim evenire eadcm lege dcbcnt. §. XXII. In fidem eorum , quK ( §. praeced. ) adiiili , liceat comtnemorare qiijc recen»" tiflimè ope microfcopii , quod in ufus anatomicos inveni ac conficiendum ciiravi , à me obfervata funt. Junioriim nempe animalium vivorum, canum v. g., felium , miiriiim , mefentcria attenté contemplanti laftis per vafa laftea propulfio pliiries ca fc lege miiii obf- tulit ; ut, fibris mufcularibus inteftinorum feie contratientibus , lac in vafis lafteis protrudi motu quam maniteftiffimo, inieflinis contra paulo poft dilatatis , omnem iftum iaftis motum cellare conTpexerim. Qua obfervatione liquet , contraftionem intcftinorum maximi momcnti efle ad chyli , tempore relaxationis intra villos re- cepti , propuKionem in vafa laftea j fie undam velut unda pelli , 6c conftantcm inde habcri chyli femel villis abforpti determinationem verfus vafa laftea , ope con- Iraflionis fibrarum inteftinalium. Id ipfum tamen non ade6 in confpeflum venir , nifi cum , vita ejuTniodi anima- lium languentc , motus periftallicus pariter elanguefcit. Quod fi contra etiamnum vegeiusis eft , lac in vafis lafteis , quœ intcftinis proxima funt , motu femper aequa- . bili fertur , neque alternam illam quietem ac propulfionem oftendit : quod tacilè lum ex numéro contraftionum intra datura tempus auftiore , tum ex majore earum- dem vi explicari potefl. §. XXIII. Quum autem cujuslibet villi cavum sequale fit cubo j linex (§. 14. ) ; Sj in por- lione quadrata inteftini contrafti ex adulto deprompti dentur villi viginti quinque (5. 15. ) ; latitudo autem hujus tubi inteftinalis fuerit pollicum duorum , longitude» verô oftodecim pedum : fequitur numerum villorum fuill'e 500000 , capacitatcm autem eorum fimul fumptorum aequafie quatuor digitos cubicos. §. X X I V. Qualibet itaque totius intertini tenuis contraftione , quantiias ( 5. praec. ) intli- cata in laftea , & ex his in duftum thoracicum , propellitur. Quum autem contrario ifta quolibet minuto primo duabus vicibus abrolvatur ( §: 16. ) ; intra horam ope villorum , ad mafiam languinis adtcrri poterit fluidum lac- teum aequale 480 digitis cubicis : Hoc eft : fi cubus laftis unius digiti fit a:qualis 5 drachmis medicis, 15 librse medicœ fpatio horaî eo deterentur. Nec multi'im referre, an exafti cavum villorum determinatum fuerit ( §. 15.)» ex modo diftis patet. Ponamus enim duplo majus acceptum lliilVe : eadem tamen quantitas villorum ope propelJetur , û quaiuor vicibus quamlibec iîijram fpatio unius io "^A P P E N D I X. • — ^^ mimit! prim! fe contraliere in inteftinis , cibo pk-nis , experientia demondret; Ah. I j c LE v^,|-i)ni quidom eft , qiiod numquam exaftè viHi implcaritur : led nec id etiam ne- gari poteft , qiiod nos tiim vUlorum , tum contraftionum fibrarum mufculaiium, nu- merum uiftô minorem anlimpreiimus. Nairavit mihi amicus vcii(atem amans, fe vidiflTe ab ofto bibonibiis , intra diias horas : exhaiiftas fuilVe cercvills tenuioris admodum diuretic» , quam DucjUm vo- camus , octoginta & ultra lagenas vel menfuras. Neque id ponô miium videbitiir lis , qui huciifque de vi abforbente inteflinorum tenuium à nobis demonftrata conildcrant. Potuit cnim incredibilem terè ingelli fluidi tenuioris quantitatem , opevillorum, ex cavo inteftinorum , exiguo tcmpoiis l'patio exhauriii ac in fanguinem propelii polîe ; maxime fi ftrenua fub compoiatione nova continuo ingelli copia , à lergo urgens , paulo amè ingeftum jugiter protiurerit. §. XXV. Tandem ne dubium cuidam videatur , quod ( J. 19. n. 7. 8. ) diximus, arteriolas minimas in cava viUonim pénétrantes tenuillimam fuomm humorum pariem eo in- fundere , ac chylo ibidem icceplo admilcere , venulas contra , quêe in liac ipl'a hiant, ejufdem chyli aliquam portionem ablbibcre ; vifum eft , coronidis loco, experimen- lum addere , quod , uti fdcillima opéra inftitui poteft , ita huic rei illuftrandœ per. quam appofitum efle exiftimo. Fiat ex auricalcho uibus incurvus , ex ce nico convergente in divergentem ibiens , qualis in icône lieic inferta , ad lit. A B exhibemus ramofus , altero ramulo G C de latere partis iiibi convergcntis prodeun- te , altero H F in paitem tubi diver- gentem inferto : cuilibet horum ramulo- rum fiipponatur recepiaculinn aliquod aut pelvis , ut ramulus G C extremo fiio C in pelvim D , ramulus H F fuo extremo F in pelvim E propendeat. His ita pa- ratis injicitur , fiphonis ope , vi determinata , liquidum quoddam , v. g. aqua , in tubi aperturam A : videbis id timi de himine tubi oppofito B , tum ex orificio ramuli G C in fuppofitam pelvim D , profluere ; dum intérim ejus nihil per ramu- lum H F in fuppofitam pelvim E eftundetur. Porro : in pelvim E immiitatur aqua colorata , ui extremum tubi H F intra eam demerfum fit : quod fi tum, uti fupra, aquam fimplicem per aperturam tubi A projeceris, fiet , ut aqua tinfta intra ramulum H F abrepta afcendat in cavum tubi , atque aquœ fimplici commixta , una cum hac , per aperturam B effluat. Sit itaque pars tubi A G arteriola ad villum afcendens , atque fuper eo ad apicem lUque decurrens : fit ramulus G C ramulus iflius arteriol» in cavuin ampullulœ vafis laftei penetrans .- fit pars tubi B H venula fuper villo confii- tuta , arteriola priori per G H continuata : ramulus autem H F reprefentet venofum ramulum in cavum ampulluke lafiei hiantem. His pofitis fequitur ex modo addufto experimenio , fanguinis in arteriam A propulfi aliquam partem tenuiorem , ac diametro proportionatam , per ramulum G C in cavum ampul- lulae protrudi ; rcliquum per anaftomofin arterife & venas G H in venam B ferri ; per ramulum autem venofum F H aliquam partem illius liquidi chylofî , lymphatici , quod cavo ampullulœ continetur , eadem vi in venulam H B attrahi atque cura ca humorum mafl'a , quse in hac fluit , permifceri, Quod fi itaque viliï comprimaniuî iîPPENDIX. it ^_^ totnprimaft.ir ( §. XX.) compreffis fimiil eoriimlcm arteriolîs ( ibid. n. 2.) luimo- ^ r f 1 c l Tl. riim nihil pro eo lempore vel in aricriam A G vel in ejiis ramuliim G C , vcl in Tcnam H B per anaftomofin G H petvcnire poteiit. Ubi aiilcm paulo pofl villo- nim parictcs à fe mimiô rcmovcntur ( XIX. ) iibertjs itidem rcfliruitiir mm ar. teriis , tiim venis eorumdem , ( ibid. n. 7.) atquo chylo in cavum ampiilliila; rctopto adllindctiir lymplia per ramiilos arteriolbs in idem cavum liiantes , & lariurque liqiio- ris pars aliqiia per ramuliim F H in venulam H B promovcbitur. Hifce piitem lu- culentifllmc demonftratam crte , quam iitrique luiic vaforiim ad villes acocdentiiim gciicri ( 5. XIX. j adlcripli , aûioncm, ut nullus dubitaiioni locus poni) reliuquaiur. EXPLICATIO TABULARUM. Tabula I. Fig. I. Icône prima , minore , reprœrentatur particula inteftini ilei , cujus arteriae ni- bra , vcna; viridi cera rcpletip fiint , prout nudo oculo confpicitur. Sedes illa emincntior , quam in e;us ùiperficie cernere licet , eft valvula Keikringiana , qua; parte intcriore velut in t'urcam dilcedit. Fig. II. Hujus Furcula; eam partem , quae fpeftatoris dcxtmm lanis refpicit , icon ma- jor , altéra , exhibet Icnticulam microlcopii lex linearum pedis Londinenfis rcpiEB. fcntatam , à l'iftore ac Sculpture , utrilque in lua arte prïeftantiflimis , quam exaftiflimè exprefTam. Lagenulœ vitreae immifi hanc inteftini ilei particulara , ejufque fuperficieni villofam , ciiarta inter oppofitum lagens latus & avcrfam particulae iftius fedcm intrula , ad proximum laius lagense leniter adprelfam detinui , ut villi hac en- cheirefi à fe mutu5 difcedentes ac reflexi vafcula per parietes fuos reptantia tanto diftinftius confpicienda praeberent. Quoniam itaque in margine valvu'se KerkringiansE ante diftae circiter duodecim villi inveniebantur , quorum arierice ac venx optime repletae erant ; eam ob caufam iftos potiflîmum in foco mi- crofcopii repofui ac depingendos curavi. Quicumque Villorum defcripiionem hoc opuTculo traditam attcntius perlcge- rit , ei haud difficile erit in icône ifta diftirguere , quibufnam locis Villi exhi- bcantur. Pane infima , adextris, villorum quidam prœcipuè conTpicuus eft , cui ilidcm apice fuo aher incumbit à reliquis facile dilcernendus. Alii dilîicilius paul6 ex Iconc dignoici polllint ; clariflimè autem in objcfto ipfo , ope microlcopiî dcteguntur. In parte Iconis fuprema 8i infima apices villorum fpeftare licet ; ut qui , ob eminens dorliim Valvulse Kerkringiana; , hanc ad fupeificiem la- genulaî adprelîa , non item , ut qui in medio Tunt , prefli atque ad latus refle- xi, libéré fupernè ac infernè fluftuant. Neque Iconis iftius circumfcriptio , haud relpondens circumfcrentix Iconis prioris , oftendere quemquam débet ; non enim nilî margines liiperiores ac in- feriores , accuratè defcripti lunt. Ingeniofiffimus L^onet , qui , licet hano arrem ex profelTo non traSet , ope- ram tamen luam in his iconibus aeri incidendis nobis bénigne locare haud gra- vaius eft , dsxteritate fingulari venulas villorum ab arteriolis difcernendas pra:- buit ; dum illis praeterquam quod arterias craflltie fuperent , etiam paulô opa- ciorem , quam arteriis umbram adfudit .• prout viridis color , rubro minus liqui- dus ipariter ex artis rcgulis polccbat. Tabula II. Hac Icône villos ipfos demonflrare animus non efl ; quum perpcndiculariter Tom. I. •••«• I, A P P E N D I X. in eos defïgatur oculus , adeôque apices tantum ipforum , ac vaTcula in his rep- A&IIC1.EI. tantia , nonnihil ad latus deprelTa , confpicere pofl'it. Follicules potius glandii- lolbs , qui in ambiiu villorum fiti l'uni , oftendimus. Nec difficile eft hos à villis difcernere. Parte infima tam fpifsè villi villis accumbunt , ut foUiculos interpofuos confpicere non detur. Notari autem velim , atque in hac Icône , ac in priore , ampullulas laâeorum neutiquam repletas , fed prorfus vacuas efTe ; ut ideô villi membranulas tantum flaccidas inanefque référant. Nunquam mihi arteriarum venarumque fimul in eodem inteftini fegmento , aut &< Iblarum arteriarum in villis diftributarum repleiio pulchrius ac magis ex voto fucceffit , quam cùm fort6 fortuna inteftinorum ali. quam partem volvulo fufceptam inveni : quum enim vafcula minora partis in- tercepta tenuiorem fanguinis rubri portionem continerent, villorum autem cavula prorfus omni lafte vacua eflent ; potuit hinc lis fub conditionibus injeftio feliciffi- mè cvenire. Prsterea animadvertendum eft , villos a Ce invicem haud accuratè vifu diftin- gui in Icône polVe ; quia perpendiculariter in oculum incidunt : inde , qua fede in objefto ipfo duo , très , aut quatuor etiam fingulares villi erant , ibi piftura membranul» velut fpeciem tantum exprimit. Quod fi animus fuilTct villos omnes quam diftinftilfimè atque feorfim fingulos proponere , infteftini iftam particulam paulô magis ad latus extendere debuiflem : tum verô folliculorum confpeûura lurbaffem ; quod praecipuo inftitiito meo adverfabatur. Tabula III. Tandem vlllofae inteftinorum tunicae eara fuperficiem , qua varculofœ adha». ret , hsc Icon proponit. Cernere heic eft , corpufcula illa albicantia rotunda , quae in Icone priori fundum folliculorum occupabant. Praeparata tamen quadam dein- ceps acquifivi , in quibus diftinftius , quam in hoc ipfo , comparent. Infuper ra- muli arteriarum venarumque heic confpicui funt , pariter craffitie ac umbra fua , ut fupra dixi , facillimè inter fe dignofcendi. Grandiores crafliorefque illi trun- culi , quos Icon exhiber , cum vafis vafculofae continuitati fuerunt ; reliqui au- tem tenuiores ramuli , villofam pénétrantes , ad villos procurrunt. Yen» pau- ciores , plures longé arteriols in villofam fe demergunt. Neque tamen hac Icone demonftrari exaûè potuerunt ea vafcula , quœ de hac fede villof» ad quem. libet villum progrediuntur : alioqui enim neceflum fuiflet, hanc tunicam , ut diaphanam , depingere : at tum glandulofa corpufcula obfervari non potuiflenij ut quœ , lanquam objeftum opacum , non nifi concavo microfcopii fpeculo illuf» trata ope lentis detegi poflunt. fi^ Ta/^ [ . L-or, Il Toi. m. Taèl . Icoii II cW^% apvendioc Toi - I. Icoil J. Toi. lu. Tab II Tom. Vïï ^ iS2Pav: de la nation , n'eût pas manqué fans doute de parler avec éloge de M. L-eherkuhn , fi le volume de l'Hiftoire Natu- turelle , où il eft queftion des injeilions , n'étoit antérieur au Mémoire de netre Académicien , imprimé dans le volume de l'Académie Royale de Pruffe pour l'année 1749. (d) Voye^dans le 1. Article de l'HiJloire, année lyij. rexirait que M, 4i Formey a donné Je tette pièce. (e) A Aix en Provence. (/) M, Toutnateii , DoHtur 6r ProfeJftuT de Médecine &, i'Anatomie, A P P E N D 1 X. ij C'eft de l'Anatomic fine , comme feu M. Liebtrlûhn , dont il fait Ton objet prin- ===5 cipal , & dont il s'occupe depuis douze à quinze ans avec une ardeur infatigjble. ^ ^ '"'■'■ '^ Tous ceux qui ont eu l'avantage de voir les préparatious qu'il fait des vilcircs n'en parlent qu'avec admiration ; l'Académie Royale de Prulfe en a vu , dit-on , quel- qucs-unes , que i'Autcur a foiimifcs à fon jugement. ARTICLE III. ^"Îi'l ""^ Lettre de M. Scaffer fur lei moyens de re->dre l'élude de la Botanique plus facile Journal En. & plus certaine. cyclopédique. L'Amour rend ingénieux ; il donne des vues , il fournit des expcdiens , il abrège Voy. le Dit les routes par lefquelles il tend à Ion but. Il en efl de même de toute paf- coutjpig. ix. lion parvenue a un certain degré de force. M. Scaiffer a déjà fait connoître de- puis quelques années , combien l'étude de la nature avoir d'attraits pour lui & les Mémoires qu'il a publiés fur difterentes cfpéces d'infeftes lui ont fait beau' coup d'honneur. Aujourd'hui il change d'objet ; & pnlTant aux plantes , on ap. perçoit en lui un Botanirtc tout formé, qui a non-feulement acquis des connoif- fances très- étendues dans une des fciences les plus vaftes , mais qui s'offre à fervir de guide aux autres , ik qui jurtifie fes offres par des fccoiirs réels qu'il met fous leurs yeux & à leur portée. Le partage des infeftes aux plantes a été fort facile. Celles-ci font le domicile de ceux-là; & il n'eft guères pofllblc de confidérer attentivement un inicfte qu'on trouve ala campagne, fans s'arrêtera regarder la plante à laquelle il eft attaché. Ceux mêmes qui vivent dans les eaux , ne s'y trouveroient pas , s'il n'y avoit des plantes aquatiques qui fervent à leur demeure & à leur entretien. Ce qu'il y a de fingulier , c'eft la conftance invariable avec laquelle une efpèce d'infcae fe fixe loujours à une efpèce de plante , fans vouloir chercher fa nourriture , ou dépo. fer fes œufs lur aucune autre. On ne fauroit donc poufler fort loin fa curiofité pour les infefles , fans être obligé d'apprendre le nom , la figure Se les prin- cipaux caraflères des plantes aufquelles ils appartiennent. Voilà ce qui a déter. miné l'Auteur à faire marcher de front , s'il elt permis de parler ainfi , l'infcûolo- gic & la botanique , en leur aflbciant même la médecine théorétique. Notre favant Naturalifte , non- content d'avoir parcouru ce qu'on a écrit de mieux fur la botanique, a cru devoir s'înftruire dans le livre de la nature même , Se fe -procurer une connoilfance intuitive des fiftémes, de la diftribution en chfTes 6c des genres en elpèces , qu'ont établi les plus célèbres Botaniftes. Tournefon sî M. Luduig l'ont moins embarralTé que Linnmus , dans leoucl il a trouvé d'abord de l'obf cunte ; mais elle fut diffipéo peu-à-peu , & M. S'cctffer s'eft félicité d'avoir vaincu cet obftacle , quand ;1 a découvert la foiidité des raifons Se l'utilité des préceptes ou célèbre Botanifte Suédois. '^ Celui de Ratisbonne partageoit donc fon tems , c'eft-à dire celui que les devoirs de Ion minidere lui permettent d'employer de la forte , à lire des livres de bo- tanique , a contempler les plantes , à les recueillir , à les faire fécher ; mais il trouvoit eticore beaucoup de confufion dans fes recherches , de grandes lacunes dans les collerions. Plus il avançoit , plus il s'appercevoit que . s'il n'clt pas bien diffi. cile de rapporter une fleur ou une plante à fon fiftême & à fa clalfe , la multitude , d un autre cote , des genres & des efpèees el» fi prodigieule , que l'efprit en cft vé- ntablement accable. Si jamais on a occafion de fentir les bornes de la mémoire, c clt dans cette ctudç. Les noms £* les caraftères des herbes & des plantes for- Art 1 c l b i6 A P P E N D I X. ment un énorme 8c fatiguant diâionnaire. M. Scaffer étoit tout découragé , iorfqu'au ll'l'^ '' ^ ^°^'^ ^^ quelque tems il voyoit que le nom d'une plante qu'il avoit fouvent ma- niée lui étoit échapé. Peu s'en ialloii qu'il ne regrettât le tems que celte étude lui avoit dcja coûté. Dans cet embarras , il fe rappella que le célèbre M. Baumganen , ce reTpeftable Doftcur dont l'Univeriité de Halle a déploré fi amèrement la perte , & dont lui- même fe glorifie d'avoir été le difciple , ramenoit l'éiude de toutes les Iciences à des lables lynoptiques , qui abrégeoient & facilitoient beaucoup ("on travail. Il avoit tait l'on apprentiHage fous ce maître , en réduilant fouvent à des tables de cet ordre des ouvrages confidérables. La Botanique lui parut propre à être traitée de mçme ; ££ il fe mit tout de fuite à en faire l'eiVai. Pour cet eft'et , il fe propofa de drelTer deux fortes de tables. Les premières , fondées furie fillême de Immeus, dévoient être nomméss/exuellu. Les autres , tirées de tous les fiflêmes , &c dont l'ordre feroit relatif au calice , à la corolle , &c. fe- roient nommées uniterfellei. Et c'eft de ces dernières principalement que l'Auteur veut rendre compte dans cette lettre. Il a d'abord dirtribué les plantes en clafTes , qu'il a placées fuivant leur or- dre au haut de la feuille. Enfuite il a tiré vis-à-vis des lignes , à diftances pref- qu'égales en nombre plus ou moins grand , fuivant que les différentes divifions des dallés l'exigoient. La première ligne a été pour le calice. Les fleurs ont été difpofées à fon égard , de façon que celles qui n'avoient point de calice vinfent les premières , en- fuite celles qui avoient un calice menophylle , & enfin celles qui avoient un calice poly, phylte. Parmi ces dernières il a diftingué celles qui avoient deux, trois ou plufieurs in- cilions ; & parmi celles ci , celles qui avoient deux , trois ou plufieurs feuilles. La féconde ligne contient les fleurs qui, femblables par le cjlice , différent par la corolle. Notre Botanifte , continuant les difpofitions , met à la troifième & qua- trième ligne les étamines ; à la cinquième , (ixième Se fepiième , le piJlUle ; à la huitième , le péricarpe ; &c à la neuvième, les fémences , fuivant leur nombre , leur différence &c leur figure. Et au delfous de de tout cela , il place les noms. Cette difpofition eft fi avantagoufe , q\ie le plus fouvent les étamines & le piftille lui ont fufti pour connoître certainement, & comme en un clin- d'oeil , de quel genre étoit une pbnte ou une fleur : de forte que les lignes fuivantes étoient moins pour la nécelfité de la diftinftion , que pour la perfeftion de l'hiftoire. Toutes ces di-, Vifions étant faites , il ne reftoit rien qui pût caufer de_ l'embarras dans quelques clalfes que la relVcmblancc des genres ; de forte qu'il falloit encore ajouter quel- que choie pour être en état de defcendre à chaque genre, C'eft à quoi a fervi le fiftême de Linnsuj , auquel M. Sarjfir a pour cet effet affigné la dixième ligne. Enfin comme à l'égard des plantes indigènes & exotiques , la figure & la dif- pofition des feuilles aident quelquefois à trouver plus promptcment , & à difcerner plus sfnement les efpèces , notre Botanifte y a eu égard , autant qu'il l'a jugé né- ceftaire. C'eft ainfi qu'il eft venu à bout, non fans beaucoup de travail , de réduire toute la botanique en tables exaftes. Il ne s'agiffoit plus que de recueillir le fruit de tant de peines. Pour y parvenir , M. Scxffer a pris un livre dans lequel il a marqué les clalVes de la manière qui vient d'être indiquée ; il a tiré les lignes auf. quelles il a rapporté les divers genres , 6; les différences des calices , des co- rolles , &;c. fuivant leur nombre & leur ordre : & au premier feuillet de chaque clalfe, il a cotté un petit papier oi'i eft écrit le nom de la dalTe , par exemple, monopétale , dipetale , tripetale. Muni de ce livre , dès l'entrée du printems Se pendant l'été , M. Scaffer va parcourant les campagnes , les vallées , les montagnes , les bois , les jardias , les prai- A P P E N D I X. 17 ries & les lieux marécageux. Rien de plus ravilTant que ces promenades ; il ne ^"7777"^ g fauroit fjirc un pas, jettcr un coup d'œil , fans appercevoir quelque plante , ou que!- m^ que inleûe qui ne lui fournit de nouvelles occafions d'admirer t< d'adorer le Créa- teur. Dès qu'il trouve une fleur , il l'enviiage d'abord toute entière , pour voir à quelle clalTc clic appartient, comme monopétale , dipetale , &;c. Dès qu'il en eft inftruit , il ouvre Ion livre , au moyen des titres qui en fortent , ik cherche la clalVe définie , ne doutant point que cette fleur ne fc trouve parmi les genres mar- qués. 11 cherche enfuitc le calice ; s'il n'y en a point , le figne O indique cette pri- vation. Souvent il ne le préfente que trois ou quatre genres , à l'un deliquels i! faille néceflairement que la fleur appartienne. S'il y a un calice , la table eft tout aufli commode pour indiquer d'abord les incifions , ou le nombre des feuilles. Les recherches fe continuent de même pour les corotUs , les éiaminet , les piJlilUs, &c. 8c c'eft un plaifir fans égal que de parvenir ainfi , fans rifque d'erreur , à trou- ver par le moyen de ces tables de quelle dalle eft une fleur , 6< quel eft fon nom générique. Les plaifirs de l'efprit , lorfqu'ils font une fois dominans , l'emportent de beaucoup en vivacité fur ceux des fens. Mais leur grande prérogative , & ce qui leur donne un prix infini , c'eft qu'ils peu- vent ctre communiqués. Non- feulement on peut rendre les autres participans des plaifirs intelleftucls dont on jouit, fans diminuer cette jouiflance ; maison l'aug- mente même confidérablement par la nouvelle efpèce de fatisfaftion qu'une ame bien née ne manque jamais d'éprouver , lorfqH'elle peut contribuer à l'avantage des autres. C'eft aulFi par- là que M. Scsffer prétend couronner l'es travaux , en les com- muniquant au public , iic en faifant graver les tables pour l'uiilité commune. Cette lettre eft l'avant-coureur de l'utile ouvrage qu'il prépare fur cette matière. Il invite tous les Botaniftes à le féconder , particulièrement en lui indiquant de nouveaux genres de plantes , qui ne fe trouvent pas parmi ceux que LinnLtui a indiqués. On ne fturoit avoir trop d'empreflement à fervir un homme qui leur en donne lui - même un fî bel exemple. S^ . ""'$;^^1A!- L . ^ L Article A R T I C L E I V. IV. Sur la terre vitrlfiable. Dlft.dtchim. A terre vitrifiablc , lorfqu'elle eft bien pure , eft la moins fufible & la moins vi- mêi.d'iiUl.nàt. trifiable de toutes les terres. J'ai été témoin d'une belle expérience relative ù cet objet, qu'un amateur zélé & éclairé fit faire ; on mêla de la poudre de dia- V'oy. leDif. mant avec la quantité d'alcali fixe , fuffifante pour vitrifier parfaitement toute au- '°"" P'5- *• trc matière terreufe ; on expofa ce mélange à un feu de vitrification , plus que fuffifant pour les vitrifications les plus difliciles ; £c après l'opération non-fculement on ne trouva point de verre dans le creufet , mais l'alcali scioit dilîipé en partie par la grande violence du feu , ik la poudre de diamant n'avoit pas même éprouvé un commencement de fufion. Di3. de Chimie tom. II. Art. terre pag. 568. Il y a tout lieu de croire que le feu employé dans cette expérience n'avoit pas été allez violent , car plufieurs diamans & rubis , ayant été mis dans v.n crcufct , par ordre du feu Empereur François I. qui a fait faire à Vienne des expériences fur un grand nombre de pierres précicufes , après 24 heures d'un feu très-violent, on trouva que les diamans avoicnt été entièrement diffipés &c volatilifés par l'ac- tion du feu , tandis que les rubis n'avoient rien perdu de leur forme , de leur couleur , ni de leur poids ; choie d'autant plus furprenante , que le diamant paroit formé d'une terre plus fimple 81 plus pure que le rubis. rem, /. • * • • • i8 A P P E N D I X. T^TTc L E ^^ dernier expofé au foyer du miroir ardent de TfMmhaufen , par ordre du der- 1 y. nier grand Duc de Tofcane de la maifon de Médicis , y a fouftert plufieurs alté- rarions confîdérables ; il le fondit au bout de quelques fécondes , fe couvrit comme d'une efpèce de graifle , & laifla échapper de bulles , &c. (^oyt^ l'Encydopéd. tom. XIV. pag. 425. au mot Rubis. L'opinion où l'on a été de tout tems , que le feu ne fait aucune imprelîion fur le diamant , a été démenlie par les nouvelles expériences ; cette pierre ne fe li- quéfie pas à la vérité , quoiqu'expofée pendant une demi heure aux miroirs ardens les plus aSifs , tel que celui de ViUtte , mais elle perd fon éclat , Si fe couvre de quelques tâches opaques de couleur violette. Mil. d'Hij}. Nat. tom. V. pag. 157 & 158. Article V. A R T I C L E V. Journ. de Sur la dlj'olution des métaux par l'alcali animalije. MéJ.t.XXIV. Avril , 1766. Par M. M 0 D E L , célèbre Chimifte de Petersbourg. Voyez le >^ N trouve dans les n*'. XIII & XIV. de la galette falutaire pour le il 'Mars & 4 Difc. pag. XV. \J lii-rii 17(55 , des remarques de M. Bucholtj , Médecin de IFeymar , fur les mé- thodes que M M. Margraf & IVeiJfemann ont propofées , pour rediflbudre le mer- cure déjà diflbiis dans un acide , &c précipité , foit dans un alcali fixe ou volatil , foit dans la leffive d'un alcali fixe , calciné avec du fang. M. Bucholtj imagine que M. Margraf n'a pas communiqué exaftement le procédé qu'il a fuivi pour faire cette dilîblution , St que M. IVeiJJemann l'a copie fans répéter fes expériences. Je fuis fort éloigné de me charger de la défenfe de M. Margraf; je fçai que ce célèbre Chimifte eft plus en état que perfonne de défendre fes fcntimens ; mais je crois devoir faire part au public de quelques expériences que j'ai faites fur cette matière. Voyez le Journal de Médecine , Avril 1766. pag. 343-551. M. Model conclut de fes expériences , communiquées à M. de Machy , par M. Spielman , célèbre Profcfleur de Chimie à Strasbourg , que (i M. Bucholij n'a pas réufli à répéter celles de M. Margraf , il n'a dû s'en prendre qu'à lui-même 1 ce grand Chimifte ayant communiqué fidèlement fon procédé , Se n'ayant tû aucune circonftance eflentielle (o) (*). U) Ihii. pag. 347- 348. (») On ne doit pas être fi furpris que les alcalis attaquent les métaux, puifque ces derniers peuvent même être diffous par les fels neutres les plus doux, à l'aide de la trituration & d'une chaleur très-modérée , fuivant les expériences de M, le Comte de la Garaye , & de M, Mucjusr, Voy. l'Hift. & les Mém, de l'Ac. ann. 1755. ARTICLE A P P E N D I X, 19 A R T 1 C L E V I. Sur les effervefcencei. y • • • £FFtRrEscEVCE (Chimie). Les Chimilles défignent par ce mot l'agitation inté- Voy.leDifc, rieure qu'éprouve un liquide dans le fein duquel s'opère aftuellcment l'union pjg. xvu, & cliimique de certaines fubllances. xvm. Les fubllances connues qui s'attachent avec effervefccnce , Tont l'eau en malTe jet- tée fur la chaux vive , & les acides appliqués aux alcalis , foit falins , foit terreux ; aux fubllances métalliques , aux matières huileufes , 6c à certains l'eis neutres. L'ertervefccnce a lieu , foit que les deux matières qui contraftent union , foient avant leur mélange rcfoutes en liqueur , foit que l'une des deux feulement foit li- quide. Mais il e(l elîeniiel à l'eftervefcence que l'une de ces deux fubllances foit li- quide , 1°. parce que c'efl une circonftance nécelVaire pour la diflbluiion ou l'union; 2". parce que l'etiérvefcence ne peut avoir lieu proprement que dans un liquide , com- me il paroit par la définition , 6c comme on va le voir clairement. Le mouvement de l'eftervefcence confifte en la formation d'un nombre conlî- dérable de bulles , qui fe fuccédent rapidement , 6: qui s'élèvent à la furface du liquide , où elles crèvent en lançant à une certaine diftance des molécules du même liquide. La furface du liquide tjférve/iint eft fenfiblement couverte d'un nombre pro- digieux de petits )ets , ou d'une pluye qui s'en détache , 8c qui y retombe. Cet effet eft di'i manifellement à l'éruption d'un fluide léger & élaftique. M. Muf- chenbroet , qui a fait fur les eliervefcences des expériences dont nous allons par- ler dans un inllant , l'appelle une matière élajiique , fsmblabU à l'air ; M. Halei 3 démontré que c'étoit im véritable air. Je penfe que l'air dégagé dans les eftervefcences , étoit uni , lié , combiné chi- miquement avec l'un des deux corps qui contraftent l'union , ou avec tous les deux (*) , & par cela même fixe ou non élaftique (a) , & non pas entortillé , dévidé , ou roulé fur les parties de ces corps , & qu'il étoit dégagé par leur union félon les loix de la précipitation ou des affinités. C'ell fous ce point de vue que j'ai con. fidéré Veffervefcence , lorfque je l'ai appellée une précipitation d'air dans un Mé- moire fur les eaux minérales de Selj , préfenié à l'Académie Royale des Sciences en 1750 (h). C'en donc fe faire une idée très-faufle de Veffervefcence que de regarder le mou. vement qui la conflitue , comme l'effet de la grande force d'attra£lion avec laquelle les deux corps à unir tendent l'un vers l'autre , des chocs violens qu'ils opèrent & qu'ils effuyeut , des réjaillifTemens , &c. 6c en général de l'attribuer direftement aux corps mêmes qui s'unilfent (c) ; car il exille des unions fans effertefcer.ce , quoi- qu'elles foient opérées bien plus rapidement que celles de plufieurs corps qui fe diflblvent avec ejfèrie/irence. Celle de l'huile de vitriol 8c de l'eau eft delà première efpèce. Je cite à delYein celle-ci, parce que quelques Auteurs ant appelle effenef- tence l'adlion réciproque de l'eau 8c de l'huile de vitriol , que Fnderic Hofman , par exemple, propofe comme une découverte la qualification d'effervefcence qu'il a donnée à cette aâion. (♦) La théorie de M. Vcnel fur les effervefcences a été confirmée depuis par les expérien- ces de M. Machride. 'Voyez dans le Difcours la note de la page xvii. (a) Voyc^ dans l'Encyclopédie Van. Mixtion. (h) Voy. cet inlérejfant (r curieux Mémoire dans le fécond tome des Correfpondans de l'Académie Rayait des Sciences. (c) yoyei dam VEiicydov. Faieellent article Chimie fpag. 41 }. «ol, t.) fourni pur M. VtatX. T»m. 1. ****** ÎO A P P E N D 1 X. ï. ^= Ueffervefcence eft ordinairement accompagnée d'une efpèce de (îfflement ou de •A R 7," ■= ■- ^ pétillement , &c de chaleur ; je dis ordinairement , parce que les eftervefcences légè- res ne font pas accompagnées d'im bruit fenfible , & qu'on a oblervé des eftervef- cences fans produftion de chaleur , Se même avec produttion réelle de froid. Le pétillement s'explique bien aifément par l'éruption violente d'un fluide élaftique , tel que l'air rallèmblé en bulles. On ne fçait ablblument rien fur la produftion de la chaleur , ni fur celle du froid. Cette chaleur eft quelquefois telle qu'elle produit l'inflammation dans les matières convenables. Celle qui s'excite parl'aflion de l'acide nitreux concentré , & de plu- (îeurs matières huileulès , eft de ce dernier génie (a). On a prétendu que la chaux s'étoit échauffée dans certaines circonllanccs jufqu'à allumer du bois ((>;. L'acide du vinaigre verfé fur les alcalis terreux , non calcinés , produit des eftervefcences froides. La fameufe effervefcence froide qui produit des vapeurs chaudes ( phénomène ef- feOivement fort fingulier ) , eft celle qui eft excitée par le mélange de l'acide vitrio- lique & du fel ammoniac (*). Les expériences de M. Mufchenbroeck que nous avons déjà annoncées , confif- tent à avoir excité des eftervefcences par un grand nombre de mélanges , à avoir cbfeivé la quantité de matière élaftique qu'elles produifoient dans le vuide (*•) , Se à avoir comparé la violence du mouvement & le degré de chaleur excités par le même mélange dans l'air, & dans le vuide. Il a réfulté de ces expériences que la plupart des eftervefcences produifoient de la m.itière élaftique & de la chaleur; que le mouvement & la chaleur produits par ce mélange étoient diflérens dans l'air &t dans le vuide , & qu'il n'y avoit aucune proportion entre ces trois phénomènes , le mouvement , la produftion de la matière élaftique , & la chaleur (O Voyei Addiment. ad tentamina experiment. captorum in Acad. del Cimenta. (a) Vûyci dans VEncydopêd. l'art. Inflammation des huiles, (i) Voy^i rEncyclopcdie art. Chaux. {*) Notum eft ex hac mifcela acidum mar'inum extricari eo magis coftcentratum , quo oleum vî- trioli eft vehementius ; (f ) itaque ex hujufmodi acido marino in vapores abeunte , & ex atmof- pher£ humido incalefcente fufpenfi thermometri calor eft repetendus. Et rêvera experiendo didici calotem eo femper minorem efte, quo adhibitum oleum minus e({ concentratum ^ ut tandem ex oleo aqua prius faturato in falem ammoniacum immitTo halitus erumperent , abfque ullo fenflbili calore ; cùm nempe ex acido matino dilate hujufmodi halitus fièrent , quod cum aimofphœra hu- mide incalefcete non poterat. Ad refrigerationem immerfi thermometri quod fpeftat , eandem folutioni falls ammoniaci in aqua olei vitrioli adfcribendam eiïe multa fuadent (d), Nâm primo expertus fum , quo oleum vi- trioli aquofius eft , citeris paribus , eo majorem exoriri frigoris gradum ; contra fi fummè concert* tratum fit , non frigidam , fed calidam cffervefcentiam cum fale ammoniaco efficere , quod & ab aliis jampridem indicatum videtur (e). Mélanges de Philo/ophie & de Mathématique de ta Soc. Roy, de Turin pour les années ijCo. & tyôi. pag. i^tf. J47. (c) Macquer Chimie pratique tome 1. pag. i2}.tom.Il. pag. !}6. {d) Generatim acidorum mtneraltum refrigerationem ex admixtis falibus variis ah eorumdem faîiun Jolutione in aqua , qua acida iilauntuT , repeiendam ifft opinatus tft , il. Roux ; reckerch. fur le !»• froidijf. des liqueurs pag. ^J. {e) Rouviere apertè docuit oleum vitrioli dilutum quidem a fale ammoniaco refrîgcrari , concentra- lum contra admodum caUferi, vid. recherch. &c. pag. ^1. in not. (»*) C'a été là piécifément aulTi l'objet des experiei'ces de M. Eller \ voyei dans le Difcouis & dans l'Hiftoire de l'Académie , ann. 1745. les articles VII. (•() Une demi once d'huile de tartre pat défaillance , avec autant d'huile de vitriol , donne- xent dans un inftant à M. Eller, à la ftiite d'une très-forte effervefcence , iji pouces cubiques d'air élaftique ; le vafe s'échauffa au point qu'on ne pouvoit le tenir j il fe forma au fond dans une minute une très-belle ctiftallifation. La même huile de tartre , mêlée avec l'efprir de nitredans la quantité fufdite , procura 100 pouccs «ubi^uet d'ail afièi iui« «ffeivefcsnte faut chaleuc. Vt](* taifl, dt l'Acad, art. VU, f, 23. 'A P P E N D I X. li Les expériences de M. HaUt nous ont inftruit davantage , parft qu'étant faites }f ,. t i « l e dans un volume d'air déterminé , & dont on a pu méfurer la diminution & l'aug- y l. mentation réelle , on a pu déterminer l'abforption aulTi-lMen que la produflion de l'air , ce qui eft impoflible en faifant les expériences dans le vuide. Les expérien- ces de M. Hatet nous ont donc appris que les matières qui excitent par leur mé- lange une violente efi'crvcfcence , produifoicnt d'abord de l'air , mais que la plu- part en ablbrbent cnfuitc ; circonftancc qui empêche de favoir (î la quantité d'air produit cft proportionnelle à la violence de l'ctiervérccnce , comme cela devroit être naturellement. Car la caufe de rabforption , 5c celle de la produQion de l'air peuvent agir dans le même tems , &c fe détruire réciproquement , du moins quant aux effets apparcns (*). Les caufes matéricUcs de l'abforption de l'air , font des vapeurs qui s'élèvent des corps eftervefcens , & que nous connoiflbns fous le nom de Ctijjii (a). Pour mettre la dernière main aux ingénieufes expériences de M. Haies fur cette matière , il faudroit donc trouver le moyen de mettre l'air produit par les effervefcences , à l'abri de l'aftion des Cliffm élevés en même tems , ou conf- later l'efficacité de ces CliJJ'ui fur l'air , leur point de faturation , ce qui eft afîiiz difficile, mais non pas impolTible. Voyez l'analyfe de l'air de M. HjUs page 174 de la traduftion françoife , fous ce titre : Expériences fur les différentes alternions de l'air dans les fermentations , 8c page 186. foiIS ce titre ; Effets de la fermentation des fubftances minérales fur l'air. On trouvera dans ces articles plufieurs expérien- ces très-intéreffantes fur les effervefcences , parmi plufieurs expériences fur des fer- mentations, car l'Auteur confond ces deux phénomènes fous le même titre. L'effervefcence diffère effentiellement de la fermentation, fur- tout par fes produits, quoiqu'elle ait avec la fermentation plufieurs propriétés communes {b). L'effer- vefcence ne reffemble en rien à l'ébullition (c) ou bouillonnement des liquides par l'aftion du feu , l'effen'efcence eft un des fignes auxquels on reconnoit le point de faturation dans la préparation des fels neutres. Encyclopédie tom. V. Article de M. Venel. A KT I C C E ARTICLE VIL VII. Réponfes Je M. le Baron de HaLLER aux difficultés qu'on lui a faites touchant Elément. phy- fa démonjlration de la préexiflence du germe à la fécondation , fondée fur la fi"^"!' '■ {j* ' continuité des yailjeaux & des membranes , entre le jaune de l'ceuf & te poulet. l-Ji-XlX.fta. DEnique direfta demonftratio adeft , quâ oftendas , certè in avibus , pullum "' in matre fuiffe. Pulli enim inteftinum continuatur cum viielli involucro (,d) Voyei le & adeô inteftini interior membrana cum epidermidi animali (e) , exterior cum cute, difcours, pag. denique cum in volucro vitelli eadem eft. x x u i- X X r I ( !• (*) U eft donc f rès - poffible que la hauteur à laquelle le mercure s'éleroit dans le vuide où TA. ElUr a fait Tes mélanges , ne lui ait pas donné exa^ement U mefure de l'air dégiigé par les ef- lervefcences. (a) Voyt\ ce mot daiis CEneyclopcdie Sr le mot GlS> (4) Voye^^ VEncyclop. an. Fermentation. {^■) Voyei ce mot dans l'Encyclopédie, & l'excellent Mémoire de M. l'Abbé NolUi fur Us eau' fes du bouillonnement des liquides , inféré parmi ceux de l'Académie Royale des Sciences , innée 174S. (d) Mvtiejean. p. 199. For^^r. ifu ;>oi/I», tom. IT. p. 1S7. &c. {e) Amnion cum epidermide , membranam vitelli pulpofam cum interiori membrana inteftinî , exterioiem Se teneram ( quse eft lamina interior membranae umbilicalis ) cum mefenierio conti-. Duari. el, Wolf. p, 118. iro. iS%. fed tes ecdem redit, • «««•« ij 22 APPENDIX. l-r- — His coUeflls adparet , ovum totum (o) matris partem efle : in qua ovarium aim v'u/ ^ omnibus ovis perinde perfcftum repcritur, qiiando nuUa mafculi familiaritas acceflTit. Deinde laetum efle partem ovi , aut certè ciim ovo inleparabili ncxu conj'ungi (f>) : vitellus enim ( & fohis qiiidem ) ovum cum fuo involuero conftituit , dum in matre eft .• led is vitellus duftu fuo cum fctu ita unitur , ut idem continuum corpus conftituar. Video objeftionem , qu» à fummis viris faûa proponitur : Pofle fieri , ut fétus in ovum, inoculatione sliquà , quafi infeiatur , ejufque vafa comprehendant ovi vafa. Meditando vero reperi , non elle in hac objeftionc id robur , quod à fummo in- genio eorum expeftes , qui eam propofuerunt. Et primo quidem fcala continua pergit à polypis (c) , quorum aut partes aliquB decedunt , aut ova (d) , & utraque in novum animal convalefcunt. Non videtur con- fentaneum , in eodem animale germen abfque maris virtute fecundante in novura fetum convalelcere, ovum ver6 egere eâ vi , quâ germen non eget. Accedunt animalia , quse virginea (e) concipiunt, pariuntque : quse eadem cum lis , quce nunquam marem norunt , numerofiflimis C/) i'iis', oftendunt , matrem "" necelfariô requiri , cu)us pars in fetum abeat , maris vero neceffitatem anguftio- ribus limitibus circuml'cribi. Sed in primis in ovo gallinaceo video, hanc infitionem locum habcre non pofle. Vitellus ovi maturi intra ovarium eadem eft magniiudine , qua eft vitellus ovi partu nunc exclufi , tefta nunc cinaus. Ejus vitelli duftus , ut in uno exemple maneam , cum inteftinali duftu unitur, idem cum eodem : neque répugnât , quin ab omiii tempore fétus inteftinum fuerit exigua vitelli hernia , cujus pars prœampla in vi- tello , pars anguftilîima in embryone nondum fecundato inteftitium fuerit. Pone viciffim , vermiculum i'permaticum mille vicium millibus (g) mihorem , quam yi- lellus, qui unciali eft diametro, advenire in ovarium , & fuum microfcopium in- leftinum oft'erre inteftino gigameo vitelli : nunquam fieri poteft , ut inter tubulum millionefies minorera , & millionefies majorera contimiitas oriatur. (•) Adfuifle in vitello principium ejufmodi duaus , inque id initium herniam aper- lam inieftini puUi Ce immifilfe , porro etiara Ibrtis legibus répugnât , etiamfi aequalis eflèt tubulus , qui ab inteftino nafcitur , & qui a vitelIo. Omnia , aut certè longé plurima , ova à gollo fundantur. Nunc incredibiliter parvum filium , quod eft duaus vitellarius fétus , in minimum pariter tubulum , qui eft duaus vuellanus vitelli , in fummo illo injeai feminis motu , femper & abfque errore fe immittere , neque unquam aberrare , omnem fidem fuperat, & à calculis pofitis retutatur. ('*). • Cum hœc fcripfiftem , novas objeaiones vir egregius C. F. Wolhus huic demonf- trationi oppofuit (t) , quam putaret , à C. BonnHo nimii faaum elle. Pnmura ergo cbjicit , vitellum ali à vafis matris gallin», & ab ils fuos ramos arteriofos habere ve- nofolque {h), ta vafa paulatim excacari , tune nova alia fubnafci , ex fétu , quœ ii» (a) Placenta eft à matre. ii/in. fponfal. pUntar. p. IJ. (b) Etiam Wolf. Erieng. p. 111. kSi'" ' (c) Elément, phyfiolog. tora. VIII. pag. 2 & J. (d) Itii. pag. 4. (t) Ibid. pae. QJ. C/1 Ihii. pas. 4. , . ^ - (J) L. XXVll. p. y-o. aeft.mat Wlntringham. tnquir. p. 19- ». 6oî. 441. 075. 7(1. 000. Vide etiam quam parvum faciat nafcentis animalis fiftema nerveum , 14!». 1-n'. 089. 19;. 206. 069. 99J. 173. 874. 071. 000. unius giani , P- 128. (») Voyez ce que nous avons répondu à cela dans le difcours , Art. XIV. pag. xxvi. & xxvil. C»») Foy. le Difcours cité. pag. 47. & 48. . ,j ■ ■• ■ co b„i;„ (i)ln thcona gcncrat. Hall.m-^", jyjj. & in getmanito libello ejufdem tituli , w-S . Bsilm Ï764. (A) Er^tug, p. 11», 117, A P P E N D I X. i^ TÎtellum didantur (u). Dcindc per niiperiores inqi)ifitinnes doflior , omnino negat ' membranas vitclli , qiias cliias mimerat , ame inciibationem adftiiire (t) , eafqiic no- '^yli'^ vas tacit , 6c port initia iiicubationis in ovo ortas (c) : ex his ergo mcmbranis cum feiu continuatis non fcqui , ctiam in matie vitelUini à ietu ftia vala habiiiile (i). Ha;c Cl. viri monita cum mcis acinotaîionibiis comparavi. Reperl membranam quidcm vitclli fempcr iinicam elli; , pulpoljm , mollem , cujus pars eft quani arcam umbilicalem dixi. Tentiem exteriorein laminam ad vitellum non pertinere , fed elIl- umbilicalis mcmbrana; interiiis lolium (e). Hafteniis Cl. virum rcftè forte monuille , vafa in matre ad vitellum iviflc, qiiae evancllant : ncqiie cnim liic propria expérimenta habeo , &c credo producenti. Novitcr etiam non generari quidem , fed ex invilibili parvitaie cum aufta magnitudine , ciimque fubeunte riibro languine , conipicua reddi , produci etiam & longiora ficri , ut fiimt majora , vallula vi- telli , qiiae l'unt in arca umbilicali , inque ipfis valvulis ejus corporis. Caeterum ma- nerc noftiœ demonftrationi fuam fiimitatem. Cerium enim efle , candem membra- nam viielli , quEe in gallinâ fuit , ciTe etiam in ovo , poftquam exclufum cft , albumins equidem , Si membranis pené cartilagineis tcftae , & teOa cinftam , &c umbilicali de- mum membrana , qua: noviter nata le fuper ipfam ditiundit nunc ex ea membrana viielli , qus jam fuit in gallina , quœ cadem in ovo fupereil , nafcitur duflus vi- telli , qui hinc cum involuero pulpolb vitclli, matris olim pane, continuatur ; inde cum fétus inteftino & cute , &c epidermide. Quare primum fétus omnino vitclli pars eft , non diffiteme viro Ci. (/) ; deinde g* in matre fétus pars ovi fuit , cum mcm- brana viielli etiam in maire fuerit , quse cum inteftinis totoque pullo indivifo nexu cohsret ('). (a) P. m. (b) P. ayS. Î79, î8o. îSl. iSl, (c) p. 282. {di U. (c) In rov. éd. t. 1. de form, Pulli. Laufanne 1760. (/)''• "• . . ,. (*) M. dt Haller ayant à répondre à M. Wolf , dont il paroit faire beaucoup de cas , & qu'il 'Bgarde comme le meilleur défenleur de ré,jitfenere qai ait encore paru (i)^ a repiis pen- dant l'été de l'année 1765 Tes obTervations fur l'œuf; il avoit déji continué de le faire pendant les étés de 1765 & 1764 (1), Ces nouvelles otfervaiiors doivent paroîire dans le Tecond tome de fes opufciiUs anatomiques ; mais en attendant qae ces opufculey voyent le jour , M, dt HatUw a cru devoir donner dans les additions qui tJimïnei'.t la grande phyfiologie » un précis des obfervations qu'il a fait de nouveau fur l'œuf en 1765. Les rél'ultats de ce grand obTervatcur s'-accordent prefque en tout, avec ceux de M. Wolj\ qui a auflî beaucoup travaillé fur la même matière : mais quoique d'accord fur les faits , il s'en faut bien qui le fuient fur les conféquen* «es , (3J ce qui n'eft que trop commun ; les induflions tirées des faits , ne doivent pas êtrç foumifes a un examen moins rigoureux que les fjits mêmes , fans quoi toute la théorie ^a Sciences Naturelles , reffembleroit bientôt à une maifon dont les fondemens feroier.t folides . tandis que le refte de l'édiÉice menaceroit ruine, il) Nerno Epigencfn efficacius défendit D, Frïderico Wolf. [ tUm. phyfiolog. tom. VIIIi p. Uî») çuem plurimi facto. ( Ib, pag. iI7 ). (2) Ihid, pag. 113. (3) Yid. addtnda ad tUm, phyfiol, corp, kuman» tom. YUI< pag« H?* 2l8i & 2l^« ^ 24 A P P E N D I X. Article g^ ■- ' -^^S^^- =^ VIII. ARTICLE VIII. Rov. des Se' ^"'' '''"■g""* ''« '" •'0'* «'u cheval , rfe /'4flc & ions plus délicates. J'oferois lui prédire qu'il trouvera ti au moins autant de diflemblances que de reffemblances. >> Nous prenons aufli la liberté d'inviter W. Herijfant a comparer les organes de la voix des deux mulets , le grand ôc le petit , tant en- tt'eux , qu'avec les mêmes organes de l'âne & du cheval. Malgré les dilTemblances annoncées par M. Bonnet , & auxquelles il e(i naturel de s'attendre , nous doutons qu'après cette comparaifon , faite avec toute l'exafliiude & la fagacité , que M. Herijfant eft capable d'y apporter , on fe fente difpofé 3 croire que le cheval deffiné en miniature dans l'ovaire de la jument, reçoive de l'impreflion du fperme de l'âne , un organe qu'il n'avoir pas originairement, (h) (t) Nous invitons encore l'ha- bile Anatomifte à comparer les matrices de la jument, de l'àneffe , & de la mule ; cet examen & les conféquences qui pourroient en réfulter par rapport à la génération , fourniroient la ma- tière d'un très-beau Mémoire académique. (d) Conjîd. tom. II. p. 234. 235. {bj Ibii. p. 151. (t) Nous n'avons garde cependant de révoquer en doute l'influence du fperme fur l'or- ftane de la voix ; le changement qu'on remarque dans celle des garçons à l'âge de puberté , 6c Ta voix toujours grêle de ceux qu'on a privés de la virilité , en font des preuves trop frappantes. M. Daumont explique d'une manière fimple , ingénieufe & plaufible , dans \' encyclopédie , (1) d'a- (i^ Tem. YI. art. eunuque pag. 1C9 6i 161, cet excellent aiticle meiitc d'être lu en entier< A P P E N D l X. 15 prouve bien que , Tuivant la penféc de M. de Riaumur , l'examen des animaux nés du mélange de différentes elpèces ert peut être le moyen le plus propre à faire con. noitre la part que chaque icxe peut ivoir à la générjtion (•). '^ A R T i g t g A R T I C L E I X. IX. Sur la dégénération Jet animaux par le mélange des efpéces , & fur la génération ^^^- **"• ''• dei muUii, "^'i'^'^Z' A Près le coup d'œi! que l'on vient de jetter fur les variétés qui nous indiquent ^' 5'''5'"' les variations particulières de chaque eipèce , il (e préicnte une confidéra- Voyez le tion plus importante & dont la vue eit bien plus étendue; c'eft celle du chan- dlfcours, pag, gement des eipèces mêmes , c'eft cette dégénération plus ancienne 6c de tout x x s x.' 8( tems immémoriale , qui paroît s'être faite dans chaque famille , ou fi l'on veut dans "xxn, chacun des genres fous lefquels on peut comprendre les eipèces voilines 6c peu différentes entr'elles. Nous n'avons dans tous les animaux terreftres que quelques efpèces ilblées , qui comme celle de l'homme , fjffcnt en même tems efpèce êc gen- re ; l'éléphant , le rhinocéros , l'hippopotame , la giraffe , forment des genres ou des efpèces fimples qui ne fe propagent qu'en ligne direfte , 8i n'ont aucunes branches collatérales ; toutes les autres paroillènt former des familles dans iefquelles on re- marque ordinairement une fouche principale & commune , de laquelle femblent être forties des tiges différentes £>c d'autant plus uombreufes , que les individus dans chaque efpèce font plus petits &t plus féconds. Sous ce point de vue , le cheval , le zèbre , 6c l'âne font tous trois de la mê- me famille ; fi le cheval eft la fouche ou le tronc principal , le zèbre £c l'àne fe^ ront les tiges collatérales ; le nombre de leurs reffemblances entr'eux étant infini- ment plus grand que celui de leurs différences , on peut les regarder comme ne faifant qu'un même genre , dont les principaux caraàères font clairement énoncés & communs à tous trois ; ils font les feuls qui foient vraiment folipèdes , c'eft- à-dire , qui ayent la corne des pieds d'une feule pièce fans aucune apparence de doigts ou d'ongles ; &c quoiqu'ils forment trois efpèces diftinftes , elles ne Ibnt ce. pendant pas abfolument ni nettement féparées , puifque l'âne produit avec la ju» ment , le cheval avec l'âneffe ; &c qu'il eft probable que fi l'on vient à bout d'appri- voifer le zèbre , Se d'affouplir fa nature fauvage Si récalcitrante , il produiroit aullî avec le cheval 8c l'âne. Ce mulet qu'on a regardé de tout tems comme une produflion viciée , comme un monftre compofé de deux natures , 6c que par cette raifon l'on a jugé inca. pable de fe reproduire hiiméme Si de former lignée , n'ert cependant pas auffi pro- fondement lezé qu'on fe l'imagine d'après ce préjugé , puifqu'il n'cft pas réellement près le fameux nftème de M. Ferrein fur la voix , (i) d'où vient qu'elle eft conftamment plus foible chez les eunuques que dans le refte des hommes On fait que dans ce fiftème , les Ions de I4 voix font plus ou moins aigus , ou plus ou moins graves , félon les difTérens degrés de tenfion fie de groifeur des lèvres de la glotte ; or , M. Daumont penfe que le fluide féminal , en s'aiTocianf à la lymphe nourricière , dans les hommes qui ne font point privés des tefticules , rend les cordes vocales plus èpaifTes tr plus fortes , ce qu'il fe.oit peut-être poflible de vérifier par U comparaifon refpeé^ive de la glotte dans les eunuques £c Us autres hommes. (1) Voy. les Mém. de l'Acad. Roy. des Scienc. aa 1741. (*) On ne peut fe faire une idée bien jufte des pièces du larinx de l'àne , & de tout ce qui le diftingue de celui du cheval , qu'en confultant les figures que M. Hcnjfjiu a ajoutéci à (ça Méi iDeii« , l'ua iii pluj «uiiciu de ce favaat ti iogéoieux Actdéouciea. ,g 'A P P E N D 1 X. == infécond , & que fa flérilité ne dépend que de certaines circonflances extériéureg A R T I c L E g^ particulières. On fait que les mulets ont Ibuvent produit dans les païs chauds ; l'on ' ^° en a même quelques exemples dans nos climats tempérés ; mais on ignore fi cette génération eft jamais provenue de la fimple union du mulet tk de la mule , ou plutôt fi le produit n'en eft pas dû à l'union du mulet avec la jument , ou encore à celle de l'âne avec h mule. , ^ , Il y a deux fortes de mulets , le premier eft le grand mulet ou mulet fimple. ment dit , qui provient de la jonftion de l'âne à la jument ; le fécond eft le petit mulet provenant du cheval Se de l'ânelfe , que nous appellerons bardeau pour le dif- tinguer de l'autre (*). Les Anciens les connoillbicni 6* les diflinguoient comme nous par deux noms différens ; ils appelloient mului le mulet provenant de l'âne & de la jument , & ils donnoient le nom de hinnus , tarde au mulet provenant du che- val 8î de l'ânefle ; ils ont alïïiré que le mulet miUm ('*) , produit avec la jument un animal auquel ils donnoient auffi le nom de ginnui (t) ou hinnus. Ils ont allure de même que la mule conçoit aiVez ailément , mais qu'elle ne peut que rarement eerfeaionner fon fruit ; & ils ajoutent que quoiqu'il y ait des exemples allez tré- quens de mules qui ont mis bas , il faut néanmoms regarder cette produaion com. me un prodige (tt). Mais qu'eft-ce qu'un prodige dans la nature , fmon un eftet plus rare que les autres! Le mulet peut donc engendrer & la mule concevoir, porter &. mettre bas dans de certaines circonftances ; ainfi il ne s'agiroit que de faire des expériences pour favoir quelles font ces circonHances , & pour acquérir de nouveaux faits dont on pourroit tirer de grandes lumières fur la dégénération des efpèces par le mélange , & par conféquent fur l'uniié ou la diverfité de cha- que genre. Il faudroit pour réuffir à ces expériences , donner le mulet à la mule, à la jument & à l'ànellé , faire la même choie avec le bardeau, & voir ce qui rc. fulteroit de ces fix accouplemens différens ; il faudroit auffi donner le cheval &; l'âne à la mule , & faire la même chofe pour la petite mule oii femelle du bardeau ; ces épreuves , quoiqu'afiéz fimples , n'ont jamais été tentées dans la vue d'en tirer des lumières : & je regrette de n'être pas à portée de les exécuter , je fuis perfuadé qu'il en réfulteroit des connoiffances que le ne fais qu'entrevoir , & que je ne puis donner que comme des préfomptions. Je crois , par exemple , que dé tous ces accouplemens , celui du mulet & de la femelle bardeau , & celui du bardeau & de la mule pourroient bien manquer abfolumcnt : que celui du mulet & de la mule , Si celui du bardeau & de fa femelle pourroient peut-être réuffir , quoique bien rarement ; mais en même tems , je préfumc que le mulet produi- ro't avec la jument plus certainement qu'avec l'ânelîe & le bardeau , plus cer- tainement avec l'ànclfe qu'avec la jument ; qu'enfin le cheval Se l'ane pourroient peut- êtie produire avec les deux mules , mais l'âne plus sûrement que le cheval : il fau- droit faire ces épreuves dans un païs chaud, pour le moins autant que l'eft notre Pro- veace , Se prendre des mulets de fept ans , des chevaux de cinq , & des ânes de qiia- m M. de Buffon dit ailleurs , que ces deux fortes de mulets différent à plufieurs égards , mais endant fans indiquer , non plus qu'ici , en quoi confident ces différences , ( i j qui méiiteroient cepend, d'être obfeivées avec le plus grand foin , fur-tout pour ce qui concerne l'organilation intérieure. {\) Voy.* le difcours ^ pag. xxiX. note (''J. (♦») Mulus equaconjunaus mulum procreavit. .. Muta quoque jam fafta gravida eft, fed non ouoad perficeret atque ederet prolera. Arijl. Hifl. Nat. lib. VI. cap. i4- (t) Le mot ginnus a été employé par AHftoie en deux fens; le premier, pour defigner généra- lement un animal imparfait , un avorton , un mulet nain , provenant quelquefois du cheval avec l'ineffe , ou de l'âne avec la jument , & le fécond , pour fignifief le produit particuher du mulet & de la jument. .••■,. v n,. va (tt) Eft in annalibus noftris mulas pepetiffe fspe rerum prodigu loco habitura. yim, H>ft. tiat. lib, VIII. cap. 44. trc A P P E N D l X. ï7 Article trc ans , parce qu'il y a cette difterenca pour ces trois animaux pour les âges de la pleine puberté. ""ix Voici les raifons d'analogie fur Icfquelles font fondées les prëfoitiptions que je viens d'indiquer. Dans l'oixlonnancc commune de la nature , ce ne font pas les màlcs , mais les femelles , qui conftiiuent l'unité des efpèces (•) ; nous favons, par l'exemple de la brebis , qui peut Icrvir à deux mâles dift'érens & produire cgaîe- mcnt du bouc ou du bélier , que la femelle influe beaucoup plus que le mile fur le fpécifique du produit , puifquc de ces deux mâles dilféiens il ne nait que des agneaux , c'cft.à-dire , des individus fpécifiquemcnt reflbmblans à la mère ; au(S le mulet rcllcmblc-t-il plus à la jument qu'à l'âne , & le bardeau plus à l'àneife qu'au cheval : dès-lors le mulet doit produire plus Jurement avec la Jument qu'atec l'ilntjje , & le b,3rdeau plui jurement avec l'SnejJ'e qu'avec la jument : de mémo le cheval fie Vàne pourroient ;ieut - être produire avec les deux mules , parce qu'étant femelles , elles ont , quoique viciées , retenu chacune plus de propriétés fpécifi- qucs que les mulets mâles ; mais l'âne doit produire avec elles plus certainement que le cheval , car il corrompt ik détruit la génération de celui-ci. A l'égard des accouplemens des mulets entr'eux , je les ai préûimés ftérilcs , parce que de deux natures déjà lézées pour la génération (*'), &c qui par leur mélange ne pourroient manquer de fe lézer davantage , on ne doit attendre qu'un produit tout- à-fait vicié ou abfolument nul. Par le mélange du mulet avec la jument , du bardeau avec l'âncflc , Se par celui du cheval & de l'âne avec les mules , on obtiendroit des individus qui re- monteroient à l'efpèce , 6< ne feroient plus que des demis mulets , lefqiicls non- feulement auroient, comme leurs parens , la puilî'ance d'engendrer avec ceux de leur efpèce originaire , mais peut-être même auroient la faculté de produire entr'eux, parce que n'étant plus lézés qu'à demi , leur produit ne feroit pas plus vicié que le font les premiers mulets ; &c fi l'union de ces demi mulets étoit encore ftérile , ou que le produit en fût rare &c difficile , il me paroit certain qu'en les rap- prochant encore d'un degré de leur efpèce originaire , les individus qui en ré- fulteroient & qui ne feroient plus lezés qu'au quart , produiroient entr'eux , 8t formeroient une nouvelle tige , qui ne feroit préciiëment ni celle du cheval ni celle de l'âne. Or , comme toiu ce qui peut être a été amené par le tems, £< fe trouve où s'eft trouvé dans la nature , je fuis tenté de croire que le mulet fécond dont parlent les Anciens , bi qui du tems d'Ariftote , exiftoit en Syrie , dans les terres au-delà de celles des Phéniciens , pouvoit bien éiro une race de ces demi mulets ou de ces quarts de mulets , qui s'étoit formée par les mélanges que nous venons d'indiquer ; car Ariftote dit exprefiément que ces mulets féconds relTembloient en tout , & autant qu'il eft polîible aux mulets inféconds. Il les diftingue aulïï très- clairement des onagres , OU ânes fumages , dont il tait mention dans le même cha- (*) Si ce principe ëioit gën^ralement vrai , on pourroit , ce femble , le taurner en objeAlon contre M. de Buffon ; mais l'exemple fur lequel il Tappuye eft-il bien aver^ ? Ex Cl. Rajtii ad- notationibus , dit iM. de Haller { aid. ad Ehtn. Phyjlol. pag. ztz.) nihil ex ove & hirco naîura eil , qui fcpinime mucram comprefTerat , etiam ut utérus Ixderetur. Sed niliil etiam ex ariete & capra provenit quam il!c fréquenter iniverat. M. de Haller avoir dit auparavant dans fes com- mentaires fur les inllitutions de Boerhaave f tom. IV p. 2.^5.), & il rdpéie encore dans fa grande phyfiologie ( tom. VllI. p. 10c.) i'ifrà% Aihcnée , & un auteur allemand ; Hircui ex ore général animal tongo dttroque îanaium pilo , & cornubus magnis contonis , hxc à maire. Capran ab ariett initam molliori ejfe lana îego. Si ces deux fortes d'agneaux ou de mulets exiftent réellement , il feroit encore bien important de les comparer très-fcrupuleufement , tant à l'extérieur qu'à l'inlé- lieur, avec l'agneau véritable , provenu de la brebis îi du bélier. {**) En quoi confifte donc cette léiion , s'il eil vrai, comme M. de Buffon le dit bientôt après , qu'il ne manque rien aux organes de la génération de ta mule Si, du mulet? Tont. 1. •*««««• 'V. ,8 A P P E N D I X. ^^ — pitre (*) ; & par confcquent on ne peut rapporter ces animaux qu'à des mulets ix"^"^^ peu viciés, & qui aiuoicnt confervé la faculté de reproduire. Il fe pourroit en- core que le mulet fécond de Tartaric , le cjigithaii , dont nous avons parlé , fût ce même mulet de Phénicie , dont la race s'elt peut-être maintenue jufqu'à ce jour. Et le zcbre lui-même qui reflemble plus au mulet qu'à l'âne & au cheval , pourroit bien avoir eu une pareille origine ; la régularité contrainte & fimcirique des cou- leurs de fon poil , qui font alternativement toujours difpofées par bandes noires Se blanches , paroît indiquer qu'elles proviennent de deux efpèces différentes , qui dans leur mélange fe font féparées autant qu'il étoit polfible ; car dans aucun de fes ouvrages la nature n'ell auffi tranchée Se aufii peu nuancée que fur la robe du zé- bre , où elle pallé brufquement £< Eliernaiivement du blanc au noir, 6c du noir au blanc fans aucun intermède dans toute l'étendue du corps de l'animal. Quoiqu'il en foit , il cft certain par tout ce que nous venons d'expcfcr , que les mulets en général , qu'on a toujours accules d'impuiflance &c de ftérilité , ne font cependant ni réellem.cnt ftériles , ni généralement inféconds ; & que ce n'eft que dans l'eipèce particulière du mulet provenant de l'àne & du cheval , que cette (ié- riliié fe manifefte , puifque le mulet qui provient du bouc , 8i de la brebis , eft aulfi fécond qu;: fa mère ou fon père ; puifque dans les oifeaux la phipart des muiets qui proviennent d'efpèces dif-férentcs ne font point inféconds. C'ed donc dans la naiure particulière du cheval ik de l'àne , qu'il faut chercher les caufes de l'iniecondité des mulets qui en proviennent ; & au lieu de fuppofcr la fté- rilité comme un défaut général & nécelfaire dans tous les mulets , la reftrain- dre au contraire au fcul mulet provenant de l'àne & du cheval , & encore donner de grandes limites à cette reftriâion , attendu que ces mêmes mulets peuvent de- venir féconds dans de certaines circonftances , £< fur- tout en fe rapprochant d'un degré de leur efpèce originaire. Les mulets qui proviennent du cheval Se do l'âne , ont les organes de la géné- ration tout aufli complets que les autres animaux ; il ne manque rien au mâle , rien à la femelle (**) , ils ont une grande abondance de liqueur féminale ; & com- me l'on ne permet guère aux mâles de s'accoupler , ils font fotivent fi preifés de la répandre , qu'ils fe couchent fur le ventre pour fe frotter entre leurs pieds de devant qu'ils replient fous la poitrine ; ils font très-ardens, & par conféquent très- indiftërens fur le choix; ils ont à-peuprès, la même véhémence de goût pour ]a mule , pour fânefle , & pour la jument. Mais il faudroit des attentions & des foins particuliers pour rendre ces accouplemens prolifiques : la trop grande ardeur , fur- tout dans les femelles, eft ordinairement fuivie de la ftérilité, & la mule eft au moins aufîi ardente que l'ànelfe : or l'on fait que celle-ci rejette la liqueur féminale du mâle , Se que pour la faire retenir Se produire , il faut lui donner des coups ou lui jetter de l'eau fur la croupe, afin de calmer les convulfions d'amour qui fub. fiftent après l'accouplement , & qui font la caufe de cette rejaculation. L'ànelfe &i |3 mule tendent donc toutes deux par leur trop grande ardeur à la ftérilité. L'âne & l'ànelfe y tendent encore par une autre caufe , comme ils font originaires des cli- (») In terra Syriâ fuper Phœnicem mulœ & coeunt 8c pariunt; fed id genus diverfum quam- quam fimile. /irijl. Hift. Anim. lib. VI. cap. 24. o ,- • /■ . Sunt in Syriâ quos mulos appellant genus diverfum ab co quod coitu eqUE & afini procteatur,: (ed fimile facie , quomodo afini fylveftres fimilitudine quàda.ni nomen urbanorum accepere ; & quiden» ut afini illi feri fie muli prœftant celeritate. Procréant e|ufmodi nuls fuo in génère ; cujus rei argumento illx funt qui tempore Pharnacs patris Pharnazabitn in terram Phrygiam veneiunt qus adhuc extant. Très tamen ex novem quos numéro olim fuiffe aiunt , fervantur hoc tempore. Idem. "\**) M. Hehcntrtit n'en convient pas , comme on le verra dans l'article fuivant ; mais il a été relevé fur plufieurs points par M, Raft, VoyciU Difcouts , notes de la page xxxi. A il T I A P P E N D I X. 29 mats diaiids » !c froid s'oppofc à leur génération , & c'cft pour cette raifon qu'on attend les clialcuis de l'été pour les taire accoupler ; loriqu'on les iailîc joindre dans i^. d'autres teins & fur tout en hiver , il e!i rare que ri.npicgiiation luivc l'accouple- ment , inéiiie réitéré ; 6c ce choix du lems qui ell néccffairc au liiccès de leur géné- ration, l'cll auiïi pour la confcrvaiion du produit , il faut que l'ânon naiflc dans un tcms chaud , autienient il périt ou languit; 8c comme la gcfiation de l'ànefl'e ell d'un an , elle met bas dans la même làilbn qu'elle a conçu : ceci prouve allez com- bien la chaleur cfl néccll'aire , non-feulement à la fécondité , mais même à la pleine vie de ces animaux ; c'eft encore par cette même raifon de la trop giandc ardeur de la femelle , qu'on lui donne le mâle prefque immédiatement après qu'elle a mis bas ; on ne lui Jailfe que fept ou huit jours de repos ou d'intervalle entre l'accouchement &c l'accouplement ; i'àneife aftbiblie par fa couche , ell alors moins ardente , les parties n'ont pas pu dans ce petit efpace de tems reprendre toute leur roidcur ; au moyen dcquoi la conception fe fait phis sûrement que quand elle eft en pleine force & que l'on ardeur la domine : on prétend que dans cette el'pice, comme dans celle du chat , le tempérament de la femelle eft encore plus ar- dent ik plus fort que celui du mjle ; cependant l'àne eft un grand exemple en ce genre , il peut aifément faillir fa femelle ou une autre plufieurs jours de fuite , & plufieurs fois par joiu- ; les premières jouiffances , loin d'éteindre ne font qu'allumer fon ardeur ; on en a vu s'excéder fans y être incités autrement que par la force de leur appétit naturel ; on en a vii mourir fur le champ de bataille , après onze ou douze conflits réitérés prefque fans intervalle , &c ne prendre pour fubvenir à cette grande & rapide dépenfe que quelques pintes d'eau. Cette même ardeur qui le confumc eft trop vive pour être durable ; l'àne étalon eft bientôt hors de combat Ik même de fervice , & c'eft peut-être pour cette raifon que l'on a pré- tendu que la femelle eft plus forte &c vit plus long-tems que le mâle ; ce qu'il y a de certain , c'eft qu'avec les ménagemens que nous avons indiqué, elle peut viv.-e trente ans , Se produire tous les ans pendant toute fa vie ; au lieu que le mâle , lorfqu'on ne le contraint pas à s'abftcnir de femelles , abufe de fcs forces au point de perdre en peu d'années la puifi'ance d'engendrer. L'âne &c l'ânellc tendent donc tous deux à la ftérilité par des propriétés commit. nés , &c auflî par des qualités difiérentes ; le cheval Se la jument y tendent de mê- me pir d'autres voies. On peut donner l'étalon à la jument neuf oti dix jours après qu'elle a mis bas , & elle peut produire cinq ou lix ans de fuite , mais après cela elle devient ftérile ; pour entretenir fa fécondité , il faut mettre un intervalle d'un an cntie chacune de fcs portées , & la traiter différemment de l'âncli'e ; au lieu de lui donner l'étalon après qu'elle a mis bas , il faut le lui réferver pour l'an- née fuivante , 8* attendre le tems où fa chaleur fc manifefte p2r les hunittirs qu'elle jette; & même avec ces attentions, il eft rare qu'elle foit féconde au-delà de vingt-ans; d'autre côté, le cheval quoique moins ardent &c plus délicat que l'àae , conferve néanmoins plus long-tems la faculté d'engendrer. On a vi'i de vieux chc- vaux qui n'avoient plus la force de monter la jument fans l'aide du palefrenier , retrouver leur vigueur des qu'ils, étoient placés , &c engendrer à l'âge de trente ans. La liqueur fcminale eft non • feulement moins abondante , mais beaucoup moins ftimulanie dans le cheval que dans l'âne; car fouvent le cheval s'accouple fans la ré- pandre , fur-tout fi on lui préfente la jument avant qu'il ne la cherche ; il pareil trifte dès qu'il a joui , & il lui faut d'affez grands intervalles de tems avant que fon ardeur tenaille. D'ailleurs , il s'en faut bien que dans cette efpèce tous les ac- coupiemens , même les plus confommés , foient prolifiques ; il y a des jumens na- turellement ftérilcs , &c d'autres en plus grand nombre qui font très-peu fécondes ; il y a aufli des étalons , qui , quoique vigoureux en apparence , n'ont que peu de «««««<« >J 30 A P P E N D I X. '■ ^^ puilTance réelle. Nous pouvons ajouter à ces raifons particulières une preuve plus ix!^"^^ évidente & plus générale du peu de fécondité dans les elpèces du cheval & de l'une ; ce l'ont de tous les animaux domefliques ceux dont l'cPpèce , quoique la plus Ibignce , eft la moins nombreule ; dans celles du bœuf, de la brebis , de la chè- vre , & fin-. tout dans celles du cochon , du chien, & du chat , les individus font dix U peut-être cent fois plus nombreux que dans celles du cheval &c de l'âne ; ainfi leur peu de fécondité eft prouvée par le fait , ik l'on doit attribuer à toutes ces caufes la ftérilité des mulets qui proviennent du mélange de ces deux efpèces naturellement peu fécondes. Dans les elpèccs au coiuraire qui , comme celle de la chèvre ik celle de la brebis , font ph:s nombreufes , &c par conféquent plus fé- condes , les m.ulets provenans de leur mélange ne font pas ftériles , & remontent pleinement à l'elpèce originaire dès la première génération , au lieu qu'il faudroit deux , trois &c peut-être quatre générations , pour que le mulet provenant du cheval &c de l'âne piit parvenir à ce même degré de réhabilitation de nature. >— 5^==^ =-.S^.-== =a= ^ Article X. A R T I C L E X. Journal En. Riinarques curieufei fur la /lirililé des Mulets. cyclopédique. Mars 3=. par- /^ Es remarques font des deux plus habiles Naturalises que l'Allemagne air en t'e , 1762. V^dans ces derniers tems , & que la mort lui a enlevés depuis peu d'années. L'un eft feu le Dofteur Hebenflieit , Doyen de la Faculté de Médecine , &c Profefi'eur à D'ifc °^ae. ^ Leipfick ; l'autre M. Klein , Secrétaire de la ville de Dantzig , qui ayant confacrc XXX. XXXI. ""^ longue vie à l'étude de l'hiftoire naturelle , s'eft acquis dans cette fcience une & XXXII. grande réputation. Le premier de ces Savans fut confulté par le feu Comte de Bruhl , grand Ecuyer du Roi de Pologne , Elefteur de Saxe , fur la ftérilité des mu- lets : voici la traduftion littérale de fa réponfe. 1) Je me hâte d'exécuter les ordres de Votre Excellence , & de lui expofer quel- » ques-unes des raifons que l'Anatomie fournit pour expliquer la ftérilité des mulets. « Je me fuis alîbcié quelques Savans dans ces recherches , ne voulant p3s m'en » rapporter uniquement à mes lumières ; &c beaucoup de fpeûateurs ont été té- « moins de toutes mes recherches. » La queftion propofée roule fur une vérité reconnue , à laquelle on n'a pu » encore oppofer aucun exemple contraire ; c'eft que les mulets , quoiqu'ils aient les » organes des deux fexes , ne fe multiplient , ni en s'accouplant enfemble , ni M par voie d'accouplement avec les ânes , ou les chevaux , cela eft confirmé par » les Ecrivains anciens & modernes; 8c l'Ecriture - Sainte dit pofitivement ( Gen. » XXXVI. 14. ) qu'/îna fils de Ziheon , petit-fils â'Efau , en Cherchant les ânclT'es de u fon père dans les déferts , trouva les mulets. Le Créateur a permis qu'il vint ainfi » diverfes produftions bâtardes , d'animaux qui ont entr'eux certains rapports , quoi- » qu'ils foient d'efpèce différente. Le lion Se la panthère engendrent le léopard , & le » lynx avec le chat fauvage , le chat lynx ( CatuiluJu). Parmi les animaux de nos con- » trées , il fe fait divers mélanges entre les poules, les pigeons , les chardonnerets , les B moineaux , les ferins , qui produifent des créatures d'une efpcce incertaine , mais » dont aucune ne fe multiplie (*). IVieler a prétendu que le cerf Se le bœuf avec (*) M. /le Buffon afTure pofitivement au contraire (voy. l'art, précédent, pag. i%.j que dans les oifeaux , la plupart des mulets qui proviennent d'efpèces différentes ne font pas inféconds ; & M, Sprengel .1 vu les bâtards provenus des ferins & des chardonnerels , multiplier effeftivement , tant en- tr'eux qu'avec leurs races paternelles & malernelles. Fo^. Us confij. fur lis corps orcanf, tom, II. p. »5i. 2J2, itU diH.d-hiJI.nat. de iW, Y. de Bomaie. A P P E N D I X. 31 » la cavale tbifoient des chevaux-cerfs , 8c une forte de bucéphales ; mais on n'en ^ » a pas des preuves fiiffifantcs (•) , au lieu que les exemples prccédens ne font nul- -^ "^ ^^^ <= ■• * » lemcnt révoqués en doute. » Comme tout ce qui arrive dans ce monde fenfible , eft fondé en raifon pour » laquelle il eft ainli , & non autrement , il faut que la fîérilitc de ces efpèces bâ- » tardes , Si en particulier celle des mulets , dérive de certaines caufes. V. E. » a l'avantage d'avoir donné les premiers ordres pour examiner le fait avec attcn- » tion ; ni les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris , ni les » Tranfaftions de la Société Royale de Londres , ni en général aucun des ouvrages » que j'ai confultés, ne fournilTent rien ; & peut-être que l'honneur d'en avoir parlé M les premiers étoit réfervé à l'Univerfité de Leipfick , honneur dont elle fera re- » devable à V. E. » En commençant la diiTeflion des mulets , je croyois trouver un défaut con- « fidérable dans les organes du fexe des mâles. Car, quoique les Auteurs aux- » quels V. E. m'avoit renvoyé , affirment pofitivement , que les mulets des deux M fcxes font éguillonnés par le défir de s'accoupler , £< s'accouplent cfieftive- w ment dans toutes les formes , je m'aitendois pourtant à trouver dans l'un ou » dans l'autre de ces fexes quelque imperfeftion confidérable dans les parties de >) la génération. Je puis cependant avoir l'honneur d'alTurer V. E. que le mulet , » comparé à l'étalon, &c même à l'homme , ne leur cède en rien dans l'exafte >) configuration des parties. Son membre eft compofé des deux verges ordinaires « éc du conduit de l'urine. J'ai montré aux fpeftaieurs , en Ibufflant comme on }> a coutume de le faire dans le membre viril , qu'il s'eft roidi , Se que les muf- j) des érefteurs du membre s'y trouvent dans la plus grande perfeftion. Les artè- >) res , les veines , 8* les deux gros nerfs de cette partie s'y trouvoient aulTi , les >) derniers même plus grands que de coutume ; 6c ce qui eft encore plus confi- » dérabie , les vairfeaux fpermaiiques étoient dans le meilleur état ; les tefticules pla- » ces dans leur bourfe , étoient attachés à leurs mufcles 8c avoient leur double peau, » Leur intérieur étoit un tiflu de millions de vailVeaus capillaires , que j'ai en par. » tie injcftés de mercure pour les envoyer à V. E. Le refervoir fpermatique en par- ») ticulier s'élevoit au - deliiis de fa place ordinaire , 84 alloit fe rendre , comme » on lobferve dans les quadrupèdes , à fon lieu déterminé , entre le reftum & ia « veffie. Là il fe déchargeoit dans les vélîcules féminaires , dont la (liiifture ana- j) tomique avoir plus de rapport à la conformation du cheval qu'à celle de l'hom- » me. De ces vélîcules féminaires partent par deux ouvertures une multitude in- « nombrable de petits vaifleaux glanduleux qui vont aboutir à la veflie. Les w vaifleaux qui portent & diftribuent le fang , font d'une extrême régularité , 6^ u dans leur origine S< dans leur terminaifon. » J'étois , pour ainfi dire , fâché de voir cette réunion de circonftances fi favora- » blés à la génération dans les muleis. Il s'agilVoit encore de taire des recherches » fur la conftitution intérieure de la fémcnce abondante de ces animaux. Mais » heureufement elle ne s'ert trouvée avoir aucune conformité avec la fémence des » animaux mâles féconds , quoique d'abord les apparences fufl'ent encore les mêmes. » Ces petites particules en mouvement qu'on trouve dans les autres fémences , M & que i'avois obfervées tout récemment dans celle d'un cliien , fur qui j'avois fait » les mêmes expériences , échappent ici entièrement à l'obfervation. On n'ignore » pas que dans la fémence de tous les animaux mâles , tant qu'elle a de la cha. « leur, on découvre, à l'aide de bons microfcopes , une multitude innombrable u de ces corpufcules agités. Leur mouvement en tous feus eft auili rapide que {*) Ex Cl. Riftii Annotaiieaihi nlhil ex cjuo & ccrra aatum eji, Hail, Add, ai tltia, fkj^l^ 3î A P P E N D I X. » celui des poiffbns dans l'eau ; ils refTemblent tous à de petits léfards avec des » pies »t une queue. Lemvenoeh , Boerhaaie 6c les autres Auteurs leiu- ont donné » le nom d'animalaïUs Jpermuiiquei , plutôt par voie de comparailbn , que con- » vaincus que ce loient en effet de petits animaux vivans. Il eft encore moins » croyable que de chacun de ces prétendus animalcules , quand il s'introduit » dans un œuf de la merc , fe forme le grand animal de la même efpèce , quoi- » que beaucoup de Phyficiens repréfement ainli l'œuvre de la génération. Il eft plus » probable que ces particules agitées , qui ont des diverfitcs de figures relatives à » celles des efpèces , font la partie aftive de la féraence par laquelle eft animé » l'embrion , qui exiftc toujours dans l'ovaire de la mère. 11 y aiu-oit encore bien » des choies à dire là-defllis. Mais il eft certain que ces animalcules fpermati- » qucs , ou petits mulets à venir, placés foigneufement âi à pUifieurs repril'es , 8c » examinés au foyer de la lentille , n'ont jamais pu être apperçus. M. le ConfeiUer « ir.ilier &c M. le Profclléur Haufen , qui ont fait chacun iéparement leurs obferva- )) tions , fo font trouvés d'accord' dans ce réfuitat. La matière étoit encore chaude; w on avoit ouvert le mulet auliitôt qu'il avoit été égorge , Êc l'on avoit pris tou- » tes le? précautions néceilaires pour qu'il ne reliât aucun doute à cet effet. On doït » donc chercher la caiife de la ftérilité du mulet dans le défaut de la partie ani- » mée , &c pour ainli dire , ignée de fa fémence (*). Nous en avons des cKem- » pies dans le régne végétal ; les petits orangers bâtards , hifaria auranfa , la ci- » tronade , les pommes rouges de la Chine , les figues , les petits raifins de Corinthe » ne portent point de fémence féconde , Se ne fe muhiplient que par la voie des » racines èc des rejettons. C'eft une queftion que je me propofe de traiter féparé- M ment. En attendant , j'envoie à V. E. l'explication que je viens de propofer de » la ftérilité du mulet ; au moins ne crois - je pas que perfonne foit en état d'en » fournir une autre , vu l'état d'intégrité où le trouvent d'ailleurs tous les organes » de la génération dans cet animal. » V. E. a eu la bonté d'envoyer aufti une mule pour en faire une femblable » diffeQion. Tous les Auteurs que j'ai lus traitent ce fujet d'une manière embar- » raffée Se équivoque ; ils rejettent imiquement fur la femelle , la caufe de la fté- » rilité. J'en ai fait la diffeftion avec les mêmes foins , Se fous les yeux d'un » aulli grand nombre de fpeftateurs , & je n'ai rien lailfé à examiner dans fes » parties naturelles. Mais , pour arriver ici à la vérité , il ne faut pas fe borner à la » conformation générale , qui femble également attefter la fécondité ; il faut ana- « lyfer les fibres les plus fubiiles de l'ovaire. Deux chofes principales s'ofirent ici à » l'obfervation. l,a première regarde les parties extérieures de la génération , qui , » à la vérité , ne différent point de celles de la cavale ; car on y trouve le clitoris « avec fes deux corps fpongieux Se fes mufcles. J'ai fait gonfler avec l'air ce » membre , qui eft tendu dans les cavales en rut. On rencontre auffi l'orifice inté- » rieur de la matrice , avec les vailfeaux glanduleux qui s'y dégorgent. Mais ce » qu'il y a de fingulier , 8c qu'aucun Auteur n'a décrit diftinftement , ( les Mé- » decins mêmes les plus experts dans la connoilVance des animaux & de leurs » maladies , n'en ayant pas fait mention , ou du moins n'y ayant pas regardé de » fi près. ) La mule a le conduit de l'urine placé d'une manière diftcrente de celle » qui a lieu dans les autres animaux ; il ne va point aux parties naturelles exte- » rieures en palVant par le clitoris & l'orifice extérieur de la matrice , mais il eft j> renfermé dans l'émi même de la matrice , 6c c'eft de là que l'urine coule. C*) Si la fémence du mulet eft toujours dépourvue de la partie animée & ignée, de laquelle dépend, félon M. Wcis/i/irar , la fécondité , d'où vient donc l'atdeur de cet animal pour l'accou.. pUment ? Je le demande encore , voii-or. un animal décidément dénie , rechercher U temella pafGonnéraent ? f-'oj'cç lei Difc. pag. xxxu. noie (tj. A P P E N D 1 X. 33 n Cette feule conformation paroitroit fuffifantc pour caufer la flerilitd de la mule : 7 ^ » car , puiique fouvcnt les cavales en urinant après raccouplement , le rendent " "^ 'y '^ *• ^ » infrudtiieux , à plus forte raifon la mule doit-clle emporter jvcc Ion urine la fc- » mence qu'elle a reçue , puifque cette urine coule dans l'intérieur même de la )) matrice. ( • ) Ajoutez à cela , que cet écoulement perpétuel d'urine durcit , &c « rend infcnliblc ("*) l'étui de la matrice, de forte qu'on n'y trouve pas, même » lorfquc la mule eft jeune , les plis & les rides ordinaires. » L'autre obfervation principale concerne l'ovaire de la mule. Il a les vaitreaux » ordinaires , artères , veines , nerfs ; ils procèdent tous des lieux accoutumés , lie » fe partagent dans l'ovaire , comme on le voit diftinftement après les avoir pré- « parés par l'injeftion du mercure. Mais cet ovaire ne contenoit aucune des vè- » iicules tranfparentes qu'on a coutume de nommer œufs , à moins que ces œufs , » qui , dans icur origine , font prcfque imperceptibles , n'aient été encore cachés « dans la partie jaune de l'ovaire ; cependant comme le fujet dj la dilVeftion avoir >> déjà l'âge requis pour l'accouplement , quelques œufs du moins auroient dû s'y w manifeller , comme dans les autres femelles de cet âge. Ainfi l'on cfl en droit de con. » clurre de l'abfence des œufs, à la ftérilité. M Un défaut alVez commun aux Naturaliftes , c'eft d'expliquer toutes les circonfr « tances qui fe préfentent , en les rapportant à l'avantage de l'opinion qu'ils ont « embralfée. C'eft par une fuite de la même façon de penfcr que je crus avoir » faifi la véritable caufe de la ftérilité , en ce que le conduit par lequel les œufs » tombent dans la matrice , s'étoit trouvé terme. J'avois rempli ce conduit de mer, » cure; &{. quoiqu'ordinairemcnt il s'échappe par les voies les pfus imperceptibles, M il n'a pu palTer dans la matrice. Charmé de trouver ce conduit bouché , je crus » tenir la folution de la queftion ; cependant , à force de fccouer le mercure , » il s'infinua dans la matrice , en gouttes , à la vérité , fi petites, que leur route no » me parut pas fuflifante pour un œuf à maturité , fur-tout ce canal devant être » beaucoup plus relâché , depuis la mort de l'anima! , que pendant fa vie. Je prie V V. E. d'ordonner qu'on m'envoie dans la fuite les matri..es des cavales & des » mules qui mourront , afin que je puiffe examiner plus foigneuferaent cette cir- » conftance ; car en fuppofant même que dans la chaleur de l'accouplement, ea « conduit reçoive quelque dilatation , Se quand même on y trotiveroit des œufs , » (i) la fécondité ne pourroit pas être déduite de là par ime conféquence nccef- « faire. Il y a bien des fruits £c des fémences qui relTemblent tout-à-fait aux M autres quant à l'extérieur ; mais le germe leur manque , &i cela décide de leuv M ftérilité. Les œufs des poules qui n'ont point eu de coq , ne ditiërent en rien » des autres (tt) , & cependant ils ne fauroicnt être couvés. Il faudroii porter le » même jugement des œufs de la mule , (n") quand même on viendroit à en dé. (*) Par l'étui de la matrice, i! faut fans doute entendre le vagin; or, comment l'urine pourroit* elle en fortant , après l'accouplement , emporter la lemcnce reçue dans la matrice ? Le relTerre* ment de Ton orifice ne lui ferme-t-il pas l'iccés de ce coté la , quand même elle pourroit rétro* grader ? Du rede , cette conformation n'eH pas particulière à la mule, on la tronve auHî dans I4 jument, félon M. Ra/l. ( Voy. te dij'cours ,pag. xxxi. not. (**). (**^ L'ardeur de la mule pour le coït, n'annonce pas cette prétendue infenfibillté. (t) Graaf Si M. Raft en lont trouvé efl'eftivement dans l'ovaire de la mule. Voy. le Difcoursj pag. XXXI. not. (*). (1i) Comment cela ? Quand m^-me on regarderolt comme démontrée , d'après les obfervations de M. di HalUr fur l'ceuf, la préexiftence du poulet à la fécondation, les œufs non fécondés différeroient encore cnentiellement des autres par le défaut de l'efprit vivifiant de la fémencedu coq , ricftiné à animer le germe. (t++) Nous n'en voyons pas la «écefliré , & nous fommes véritablement furpris que M. HtbenfUiit fs foit permis un pareil raifpnnçment. Comment cet hjbil* Phyficien n'»-t-U psj vu i}uc de ce qaa 34 A P P E N D I X. tM--- — . n couvrir. De plus , je ne connois point de matrice dans aucune autre femello Article» qui ait la peau aufli déliée , & dont la circonférence Ibit aiiifi fpacieufe que dans ^- » la mule. L'utcrus des animaux cft en général d'une fubftance fort compafte ; » celle de la mule eft à peine égale en folidité à la veffie de l'urine. Cela me la » fait croire inhabile à porter , ayant beaucoup trop de tranfparonce & de rareté , en i> comparaiibn de celle des autres animaux, pour foutenir le poids de l'embryon (*). » Le mulet n'a donc point de parties vivifiantes dans fa fémcnce ; la mule de » fon côté pèche aufli dans les chofcs elTemiellement recjuifes pour la génération , » à l'égard des œufs !k de l'aptitude de la matrice. Dès que i'aurai encore fait quel- » ques expériences fur ce dernier fexe , je pourrai rendre un compte plus détaillé » de mes obfervations ; il lliftira de ménager les organes des mules qui viendront » à mourir, fans qu'il foit befoin d'en facriher ime vivante à cet ufage. J'ai tâché » de faire déjà tourner les recherches précédentes au profit de ceux qui traitent » les maladies de ces animaux ; & après leur avoir démontré la conformation ex- » térieure des parties , j'ai fait voir qu'on peut exécuter fur ces animaux les mê- » mes opérations que fur les hommes. Je lailVe à V. E. à juger s'il ne conviendroit » pas de prépofcr aux écuries de S. M. im homme bien verfé dans la Médecine 8t » dans l'Anatomie , qui continuât les difl'eflions , Se fît rapport de tout ce qu'il » obferveroii, afin de régler là-delFus les cures qu'on peut entreprendre , &.c. » (*«) E5¥ ^ les œufs des poules vierges ne donnent pas le poulet par l'incubation , U ne s'enfuit point du tout que ceux de U mule ne puffent être fécondés ? L'exemple des graines qui ne fe reptodui- fent pas, faute de cerme, fcroit beaucoup plus concluant, s'il étoit réel. , r. ■ -) f-1 Ne pourroit-eile pas s'épailT.r , & prendre plus de conliftance par la fi^condation ? Quoiqu il en foit, comme toutes les chofes que l'Auteur allègue ici ne font pas, a beaucoup près, de caufes démontrées de (lérlUté , il faut , comme nous l'avons déjà dit ailleurs ( voy U D.fcour, pag. xxxu.) en appeller aux cxpéiiences propofécs avec tant de fageffe & de fagicué par M. *) U ne nous a pas été poffible de nous procurer les remarques de M. A;«n indiquées dai^s le préambule de cet Article; mais pour en dédommager en quelque forte le leaeur , nous aU lon! placer ici le petit extrait qu'en a donné le célèbre M. Bonne, dans le lecond volume de fes Confidérations fur les corps organlfés , avec les Réflexions qu'il y a joint. „ ^, . , ,, Dans 1° partie fuivanîe du Journal encyclopédique eft une lettre du célèbre M. Kl.nr.U. „tive à celle de M. Hdcnflnit , mais bien moins inftruftive. L'Auteur y applaudit aux obferva- .tions du Profeffeur de Leipfick , & fait fur le myftére de la génération des réflexions V^V'OU' l vent qu'il n'avoit pas cherché i approfondir ce fujet. Il rejette la préxiftence du germe dans ,1 Si M. Klein avoir plus médite ce l'ujet difficile , il auroit compn. , h' .- ■--•- r-- - ,,un geVAe dé\,«/« dans Us ovaires de la jument. & qu'il n'y avoit point de contradiclion a (.) ;. ncfaifiM. Klein avoU approfondi on non U myflirt de la géniration , mais j'avou, qne/on PyZnifJJdonn, bonne opin.ond/fcs lumièn, , & de fon .gen,en: ; 6- rr";' ^^^^."^Jû perfonns inflruius, &■ ,.i n'a.oUnt pornt defyflimc à fa.re valoir , a.u ^uu - f"' '"'"""' {f /„' ', ^mLihe,,én-ai ,rouyi\,ue des Pynhoniens. Q,.and on ne vou pas cla,r dans une ^" f^" l ''/'"'' 7efl..lpls lefeul paJ ^ue la raifon auionfe ? Ariftole dn ,iud cfl le commeneemeni de la fagejfe, il en ejl aujp le eompUment , loif^non n'a nen de mieux a mettre a fa place. ARTICLE A P P E N D 1 X. ;5 ^ ===== =»!*i$>>>i- ' . =yîa Art.^cTË ARTICLEXI. ^, Encyclop. Influence du fperme fur l'oiganifation du germe. e. XI. p. 79. IL y a beaucoup d'apparence que le germe renfermé dans le fein de la fe. Voyci cU melle , ne reçoit la rcdcmblance du mile que par l'intnilion de la liqueur Icmi- devant l'ait, nale , qui déiermine les parties du germe à fe mouvoir. Dans l'accouplement VUl. des animaux d'el'pèces diflërentes , il faut que le mouvement foit trop violent 6c comme force , cnibrte que les fluides doivent foi tir de la ligne de leur direc tien naturelle , &c fe fourvoyer pour ainfi dire. On le juge ainfi par le dérange- ment cunfidérablc qui arrive dans les parties originaires du germe. La produftion des monltres eft une preuve convaincante de ce dérangement li furprenant. 6^ = - = =^'^ Ainfî raifonnoit en 1742- M. Bjrrere , con-efpondant de l'Acadëmie Royale des Sciences , dans une Diiîertation fur la caufc de h couleur des nègres , dont on trouve un extrait fort détaillé dans le Journal des Savans de cette année. On re- trouve encore à- peu-près les mêmes principes dans les Lettres PhiloTophiques de M. Bourgnet fur le mécanilme organique, publiées en 1729. Mais il étoit rcferve' à M. Bonnet de les préfenter avec cette netteté d'idées, cetie force de raifonnement , & cette profondeur de génie qui donnent , dans les écrits , au fyfîême de ré- volution , ou de la préexiftence des germes , l'apparence la plus impofante , êc le plus haut degré de vruifemblance , s'il n'efî pas accordé aux hommes de le dé- montrer, j» admettre que le fperme do l'âne modifie le fperme du cheval. J'ai montra comment on peut n le concevoir *' (i). ï> En parlant du déplacement de l'urètre de la mule , il ajoute ; Je me rappelle une chofc t Conûdérat. fur les corps organif. pag. ayo. & ^51* dans la note. (2) Af. Bonnet difoit dans le huitième chapitre du premier volume de fus conjîde'rattons ( pa^. irg. & 1 10. ) que cela ne Je concevait pas trop bien. Le mulet lui paroijfuit plutôt un âne en grand , quun cheval vidé. Il trouvait que fa tête , /on col , fan corfa^e , fa croupe , fes jambes , femhlent le rappro* cher beaucoup plus de l'âne que du cheval , 6* qu^il ne paroît guêres tenir de celui ci que par fj grandeur , fa couleur & fon poil. ( Ibid. pag. 1 19. ) Paur rendre raifon plus facilement de la reffcmblance du mulet à Vâne , qu^il avoue ingénument n avoir pas expliqué d'une manière bien fattsfaifante y ( Ib. pag. 118.^ il fippofe { ib. pag. 111.) le germe fourni par It mâle. Ce n eft que depuis la fameufe découverte de M* de Haller fur Vauf, dont il a été Jt /auvent queftion , que M. Bonnet a changé de/entiment ; mais la nature ne change pas comme nos idées. Les rapports du mulet à Cane font encore & feront toujours les mêmes. Af. Klein a peut-être ignoré la découverte de M. de Haller , & s'il l*a connue , il a pu , ai'^ft que Af. Wolf , ( voy. ci-devant l'art. Vil. ) ne pas la trouver aufjl concluante que Af. Bonnet. Du refte , // ne nous paraît pas quil y eût de Vabfurdité a admettre des germes de mulets dans Vavaire de la jument ; le plus grand nombre de ceux que Al. Bonnet fippofe contenus dans l'ovaire de la reine abeille & de la guêpe , eft ah/olm- mcnt dépourvu de fexe , & pourvu , au contraire , d^'organes & d'inflrumens qui ne fe trouvent ni dans U mâle , m dans la femelle ; ( Confidérat. tom. II. pag. ()6. ) Or ^ ces individus finguliers ^ connus fous le nom de neutres , font quelque cho/e de plus étorinant que le mulet , où Con ne volt rien du moins aui ne rappelle /on origine y /ans en cxcepttr Vorgtne de la voix , qu'il paroît tenir de /on père. Tom, L «««««««« 3é A P P E N D I X. A K T . c L E g!^ u; — - — — tjgsi^ii^ — ■ I ygg; A R T I C L E X I I. Encycl. t.Xt. K f T^T '^'TRï ' ( Sf'""- ^ f/ii/o/. ) venir au monde. S'il falloit donner une définition rani/i-Mî^U 1-^ ''i'^" rigoiireufe de ces deux mots , naître ik mourir , on y troiiveroit peut. DilTertat. de être de la didiculté. Ce que nous en allom dire ejl purement fyjlêmatique. A propre- M.JHeiniiis fur ment parler , on ne naît point , on ne meurt point ; on étoit dès le commence, l'origine des ment des ctiofes , &c on l'era julqu'à leur conibmmation. Un point qui vivoit s'eft eues animés, ajciu ^ développé , jufqu'à un certain terme , par la jufta-pofition fucceffive d'une infinité de molécules. l'alVé ce terme il décroit , & fe refont en molécules répa- rées qui vont le répandre dans la maiVe générale &c commune. La vie ne peut être le réfultat de l'crganifation ; imaginez les trois molécules A , B , C. fi el- les font fans vie dans la combinailbn A, B , C , pourquoi commenceroient - elles à vivre dans la combinailbn ti , C , A , ou C , A , B .' cela ne fe conçoit pas. 11 n'en eft pas de l.i vie comme du mouvement ; c'eft autre chofe : ce qui a vie a mouvement, m.ais ce qui le meut ne vit pas pour cela. Si l'air, l'eau, la terre Se le tcu vienneii: à fe combiner , d'inerts qu'ils étoient auparavant, ils deviendront d'une mobilité incoercible ; mais ils ne produiront pas la vie. La vie eft une qua- lité eficniielle &;: primitive dans l'être vivant ; il ne l'acquiert point ; il ne la perd point. Il faut dirtinguer une vie inerte 8t une vie aftive : elles font entr'elles comme la force vive & la force morte : ôtez l'obftacle & la force morte deviendra force vive: ôiez l'obftacle , & la vie inerte deviendra vie aflive. II y a encore la vie de l'élément, & la vie de l'aggrégJt ou de la malfe ; rien n'ôte &. ne peut ôter à l'élément fa vie: l'aggrégat ou la malTe e(l avec le tems privée de la fienne : on vit en un point qui s'étend jufqu'à une certaine limite , fous laquelle la vie eft circonfcrite en tout fens; cet e.'pace fous lequel on vit diminue peu à -peu ; la vie devient moins aftive fous chaque point de cet efpace ; il y en a même fous lefquels elle a perdu toute fon aftivité avant la dillblution de la mafle , &c l'on finit par vivre en une infinité d'a- tomes ifolés. Les termes de vie & de mort n'ont rien d'abfolu ; ils ne défignent que les états fuccellifs d'un même être ; c'eft pour celui qui eft fortement inftruit de cette philofopliie , que l'urne qui contient la cendre d'un père , d'une mère , d'uu époux , d'une maîtrelfe , eft vraiment un objet qui touche & qui attendrit : il y refte encore de la vie & de la chaleur : cette cendre peut encore peut-être ref- fentir nos larmes & y répondre ; qui fait fi ce mouvement qu'elles y excitent en les arrofant , eft tout-à- fait dénué de fenfibiîité .' Article de M. Diderot. i==î= g^ = -:=^^^!^^^=^. — y^ Article xni. ARTICLEXIII. Encyd. tom. ^^ , j ^ . Vlll.pag.5S9. IL y a , je ne dis pas des élémens des corps , des compofés , des mixtes , des fur compofés , des tiU'us , mais des corps organifés , vivans , des animaux qui nous font imperceptibles ; & ces animaux, qui fe dérobent à nos yeux & à nos microf- eopes , font peut - être une vermine qui nous dévore , & ainfi de fuite. Qui fait où s'arrête le progrès de la nature organique & vivante ? Qui fait quelle eft l'é- tendue de réchele félon laquelle l'organifation fe fimplifie \ Qui fait oi'i aboutit le dernier terme de cette fimplicité , ou l'état de nature vivante ceffe , & celui de nature brute commence .' Article de M. Viderot, A P P E N D l X. 37 -^f^ A RM cm ARTICLEXIV. Eocycl. tom. HYlozoisme, iPhlhfoph.) cfpccc d'athéifiDc philofophique qui attribue à tous ^"''' ^ 's"' les corps, confideres cil eux - mêmes , une vie comme leur rrmr o(r„„ comme leur étant cfTcn- r iT ,- "^ ; j ........... .,..>, ,is Luiiiine leur ctant cllcn- Jicllc , lans en excepter les momdrcs atomes , mais fans aucun fentimcni ik fans eonnoiHancc réfléchie , comme (î la vie d'un côté . E< de l'autre la matière étoient deux êtres incomplets , qui joints enlemble , iormallcnt ce i/ji'on appelle corns Par cette vie, que ces Phiiolbphes attribuent à la matière , ils luppolent que toiiés les parties de la matière ont la faculté de fe difpofer d'elles-mêmes d'une manière ar tihciclle & réglée , quoique lans délibération , ni ians ré/lcxion , & de lé uoufTer à la plus grande perfection dont elles Ibient capables. Ils croient que ces part'w nar le moyen de l'organiiation , le peitcaionneni elles-mêmes, julqu'à acau'érir du fcntiment & de la connoilTancc direae , comme dans les bêtes • 6c de la raifnn ou de la connoiiiancc refléchie , comme dans les hommes (•) ' e^=======î-!.0:= ARTICLE XY. Sur h fil fufMe d'urine. Encycl. .or,. JL paroît par les obrcrvations de divers Chimiftes, qu'une longue putréfaflion eft "i^'^.''' *''' 1 cip.ble de produire dans 1 urine des générations & combinaifon de diflérens fe! M. Margraf a obierve que la putrélaétion change le fcl commun qui exiile dan, ^'"y- '' P"- l'urine , en un fel fufible. ItiJ ('•). * ^'" "'""= °^"5 ^-^^ --o^^J ^^ Cependant il y a dans l'urine du fel fufib.'e qui y cft elTentiellement contenu ^^'^^' ''' Oiais degutle, comme W.nd-W le prouve, puifqu'on l'obtient par une évaporatiôn' douce 8c lente, qui n'a pu détruire ni décompolér le fel marin /fc,J "poration. Hm'h.^" ''" '"i'^i" ""'i^ P°'"'' ?"""' ''' *"'' ■"""" • ""« '"bftance étrangère portée du dehors en dedans du corps humain , mais il a été élaboré par la coftio-, & par d autres mouvemens des organes. Se formé de fubftances dans krquelles il'n'é toit pas. tbU. pag. 924. col. t. ^ "^' M. M.rgra/ remarque qu'on ne peut féparer entièrement le fcl elTentiel de l'u- nne , ik il croit que les caules en font probablement 1°. la quantité de l'extraif onaucux, qu, empêche la criftallifation , ,^. & principalement la d.liîpation du %l déiufat'ilîr^l^'a)'""' ' " '" ' ""' '''"' '''"'■Pi«'''"0n de l'urine , que dans% Quand le fel tulîble a été parfaitement dépuré , il efl tout-à-fait blanc & fans odeur. M. Pon nous apprend que la figure de ce fel varie beaucoup , fuivant les ef- ( » ) Que d'extravagances dans ce peu de lignes ! expofer un pareil fyftème . c'ed le réfuter ) Cène obfervauon ne fe trouve ni dans le Mdmo.re fur le lel d'urine. (1) ni autani que ,e '^ f^.. A '?^'i[^: ■ ^'", '" '''=" D.fferrations de notre Académicien fur le phofphore . * Tl c ^"'S'of ■ publies a Pans par M. Jt SUch} en i-Ci. ■.JiK J" j^Sî'Vf"';^"^ pendant qu'elle eft a pourrir ;' car il réfulte des expériences très- "odui[ Gabcr(i) que la puiréfadion d.ir.pe une grande partie de l'alicali volai.l qu'elle (1) Voyii f""' l'année iy^6. l'art. XVI. .^^•' ^ "'•,•'; *• Galxrfpecmia experimenlorum circa puirefaâioacm humarum anmalium , ia m,/. cetUrtca pMofo^hico-maihcmttietfocicutit pnrant Tnurintnjît, *<**«**« jj 38 A P P E N D 1 X. fets de la chaleur, de l'évaporation , Se des difféi entes criftallifations : car il prend "^Xv"" "^ "" ''■ figuic àe la plupart des autres , coiiime du lalpctre , du vitriol , du ici ammo- niac , de l'alun , du fel admirable , &c. mais pou' l'ordinaire , il efl en criftaux biillans , oftogoncs &c priimaiiques. Les variétés de la criftallilation du Ici fufible , mériteroient d'être étudiées plus Ibigneufement qu'on ne l'a fait jufqu'ici. Ce Tel excite fur la langue une laveur un peu fraîche; il a à peu-près le goût du borax , avec lequel il prélente de reflcmblances fingulières ; (*) mis djns un crculét furies charbons ardens , il y écume , fe bourloufle , lé fond, &{ poulie des végétations: fouftlé fur le charbon avec im chalumeau , il coule en une perle ronde quand il eft convenablement purifié. Les crillaux de la féconde criftallilation fe fondent aufli en perle fur le charbon , quand ils ont été dépurés ; mais après le refroidilî'ement ils prennent une couleur de lait : mêlés avec le phlogiftique , ils ne donnent point le phol'phore comme les premiers criftaux ; après avoir été fondus , ils fe remettent facilement en criftallilation , tandis qu'on ne peut plus faire criftallifer les premiers quand une fois ils ont été liquéfiés, itid. On voit par cette différence que les criftaux de la féconde criftallifation ont les mêmes propriétés que le fel que M. Haupt a nommé /al mUabile i^erlûtum ; ce que M. Maigraf ne paroît pas avoir vu lorfqu'il a dit que ce dernier fel n'a que très-peu de rapport avec le fel microcofmique. ibid ('*). La première criftallifation ne tombe pas aifément "sn eflervefcence à l'air , mais bien la féconde , que l'air chaud commence à réduire en une poudre blan. che comme la neige , & qui au lieu de rafraîchir la langue , l'échaufie comme un charbon ardent, fans lui caufer pourtant aucune douleur, ni aucun dommage. Cette lenfation de chaleur ne s'y conferve que quand il eft bien dépouillé de toute hu. midité , &c il recouvre toujours cette chaleur , lorfqu'il l'a perdue par des calcina- tions repétées, ibid. Mrs. Poit 6< SchloJJer nient que le verre falin formé par le rcfidu de la diftillation du fel fufible d'urine , poulVé à un feu violent , falTe aucune eflervefcence fenfible , lorlqu'il ei\ dilfous dans l'eau , avec l'alcali , quoique cette eflervefcence ait lieu lorlqu'on fature avec un alcali la liqueur acide du phofphore briilé. M. Pou a dé- couvert qu'on augmente beaucoup la fufibiliié du fel fixe de l'urine , lorfqu'on dilfout ce fel purifié dans un bon efprit de fel , qu'on fait digérer la folution , qu'on la filtre , & qu'on abftrait doucement l'efprit , jufqu'à ce que le fel fe coa. gule de nouveau. Il a trouvé auffi que le fel ammoniac fixe , connu pour un fel fi fufible , étant mêlé avec autant de ièl microfcopique , loin d'en conferver la fufi- bilité ou d'en acquérir davantage , devient fragile au feu comme une écume friable & verdàtre. Les expériences remarquables de Mrs. Margraf & Pott nous apprennerrt que le fel fufible précipite les lolutions de fel ammoniac fixe , ou la lolution de cliaiix rive , faite dans l'acide du lel , la folution épaifie de craie , la folution de cailloux faite depuis long tems dans l'alcali fixe , & qu'il s'en précipite une matière vif- qucufe qui demeure cohérente comme la glu , & qui s'endurcit (iins pouvoir être ditVoute de nouveau. Ces expériences me paroifleni fortifier le fentiment de ceux qui croient que le fel de l'urine contribue à en lier la terre , pour former le calcul de la veffie. (*) M. Vtntl dit à l'article du fel fédatif (Enc. t. XIV. p. pjff. ) que ce fel a beaucoup de rap- port avec le fel d'urine. Ce rapport exifte feulement , fuivani M. I^^ilUrmoi , avec la bafe du fel fuHble , qu'il dit s'élever à un feu très-violent avec le phofphore volatil , & qui tapilTe l'intérieur du balon. l^oyei ci-aprèî l'article XVH. {**} 11 réfulte cependant des différences énoncées ici par M. Vcml , d'après M. Margraf, que t laboration . fert a ^guifer le fuc nourricier, parvenu dans les deroières filières des vaiOeaux, )» & à donner de l'aftivité aux fibres élémentaires, m Au tefle , comme il n'y a pas de témoi- gnage d'eftime plus batteur , pour un Savant ou pour un Ariille. que celui des pertonnes qui excel- lent dans le même genre où il s'exerce , je faifis cette occafion de publier que M. Keir/ regarde M. Margraf comme l'un des plus grands & des plus judicieux Chimiftes de l'Europe. Nous avoni entendu cet éloge û bien mérité de la bouche même de ce célèbre Profefleur. I (•♦; Il ne faut pas confondre , comme le fait ici M. Schloffcr , le fel fufible d'urine , avec ce- lui de M. Haupi. Le dernier , félon M. Rouille, eft un vrai fel dç Glauber. ( Voyez le Oifcouti . page XXXVII. dans les notes. Dcnique pofi gentraium falcm fufiUm , refijuum aqua itUtam longas crijlallos dtponii , tiiam euHcai , fali CUuhritno fimiUi, Spiciman apui Haller, E.lrtc, il y avoil des filamcns falins qui formoient une petite chaîne de crirtaux ; mais ils étoient trop petits , 6c en trr.p petite quantité pour pouvoir en faire l'e- xamen (t)- Dans le fond de la letortc M. SMojjer a vu une malic grife poreufc qui pefoit une demi once. la liqueur dont nous venons de parler, & qui fe trouvoit dans le récipient refroi- die &C évaporée , n'a fourni aucuns cryftairx .- elle éioit très volatile ; fa couleur étoit j.iunàtre , fon odeur iriitante, iU (i rcITemblantc i celle de l'elpiit de fel am- moniac préparé avec la chaux vive, que le plus h ibile s'y Icroit mépris; elle avoit un goût d'irrrnc qui biûloit fi langue; (') elle verdit le lyrop de violctes. ("ette li- qucur précipitoit le fublimé r orrolif dilliArs dans l'eau, iU la dilTolution devenoit très- blanche ; elle précipitoit aulii la dillblutif)n d'alun. Kn mettant cette liqiicu dans un vaiffeau ouvert , auprès duquel on avrjit placé \\n autre vailTcau de la même grati- deur &< également découvert qui contenoit de l'acide vitrirjliquc très concentré , quoi- que ces deux vaifl'e:iux fuifcnt aflcz hauts , qu'ils euHcnt une ouverture étroite , 6c qu'ils ne fiiflent remplis que iiifqu'au tiers, il s'éleva cependant fur le champ une fu. mée blanche fur la furface de leur ouverture. Quand on eut vcilé quelques gouttes de cette Irqucur fur l'huile de vitriol , on auroii dit qu'il fcroit tombé tin charbon (») Et p.ir conWquent ijn'il ne peut fournir la mariiTC du r.1 mlcrocofmique , cnmme M. Meetjiier fcn b'oit le croire (laris le II. volume de fcs EMmcnf de rhimie , pag. Î13 ? (♦•) Ne feroit ce pa» Il lerrc Hu fer (|ui paffc dans le fang avec let alimcn» , privée de fort phlogiftiquc par la caltiriaiioti ? Il fcroit impoitant & curieux d'cfi.rouvcr fi celle terre feroit reduftiWe en fer par VaMiûon du phlogiftiquc. Voye^ fur le fer du fang le premier volume dcf Mfimoirc» de l'Académie de Bologne. (>) Ces crlflaux érohrii probablement de la mi'me nature que le fublimé ammoniacal obfervd par M. Mur/va/ dam h dillillaiion du fel d'urine. Vuyer fon mémoire, §. IX. (+') M. SMoffcr difoit cependjnt leut-ir-1'hcuie qu'elle n'offti;it au fwî( , j£ • 1» vue , ni huile , Ai ftl. ardent 3 A K T I C L ( A P P E N D I X, ^j ardent dans l'eau; on entendit un fifflcmcnt , ime léecrc e(re.-vl s'en (i( une dillipanon a.n(i,r n'.' Ci, que ris.p-u ■cxXo , ci fu ce ne manere vnnhée ->ii'r Cet,e matière n'a t'prouvé aucun clianRenicnt dans l'cCp.it ,Ic vin tioiJ '":i"l que ce verre liilin .InliMis dans l'eau lermeme auuù T^ VC-le de 1 alcal, hxe. M. S.hlojj.r a téitdtc' cette expérience. N a c'prouvd iTcôntraitc : ri!^'%T' ''^""°" '"'" '"'""'''• • '• "'•'' ""• *'* P" '■'"'"'• ''• "'• " 1"' <■"" •<'"• ''«'■'^'/«^ vm'm,W°\T,''""J.''7' ''"I}"'",'''!" 'I' cryft,llif.„l„„. Non. .Irff„,d>,n. c, fcntimcn, con.r. ..ce «JcJn/,1 ' ,''''° ""''■ •"""" ''^ '7" <■'• I'"'"-!"" n.'u. ne rc«.rd..n. «oint .. pTie" e.' ;;::",;";:; co";i;m,t :: "■"""= "" ^'' """•' "—■'•""s-. ■•« <-• * >.? ... • ' r .' '*'"' ' "" "' "'• P" '• ""'''"''• •«•"VCfccnco avec f.lc.H Vç. (I) For,. Mf-, fjg, j„^, ^,/_ ,_ Tom. l, m*,.,...^^ 44 A P P E N D I X. '— les deux mnt'ères relent dans le repos le plus parfait , (*) la liqueur Ce trouble ce *" yy^i"" ^ pendant par le mélange ; ce qui paro'it mériter attention. Le fyrop de violettes n'a altéré ce verre en aucune maniçre. L'elprit de fel , comme l'ePprit de fel ammoniac préparé avec la chaux , n'ont produit aucune eftervercence ; la liqueur eft devenue laiteufe &c trouble. Par l'évaporation elle n'a donné aucuns cryftaux ; après l'évapo- ration , on a trouvé l'alcali fixe au fond , & l'efprit s'étoit dillipé. La craye jettée dans la diflbiuiion de ce verre , n'a produit aucun mouvement ; le thermomètre de Fahrenheit n'y a point varié. Ainfi après ces expériences , il ne paroît pas que M. Miirgraf ait eu railbn de regarder ce fel comme un acide. (•*) Cette efpèce de fel traité avec le fable , feroit-il du verre ? Quelles font fes vertus , quand il eft uni à un alcali fixe? Enfin feroit-il de quelque ufage en Médecine ? (") C'eft fur quoi M. Schhffer ne veut pas prononcer. La faveur du fel natiuel de l'urine , eft légèrement faline , mais point acide ni urineule. La quantité néceflaire de l'eau pour mettre ce fel en dilîblution eft fî variée , qu'on a de la peine à déterminer rien de pofitif fur cet objet. Voici ce que M. SMoJJer a fait pour parvenir à la vérité. Il a plongé fon thermomètre de Fahrenheit dsns une once d'eau très-pure ; le mer- cure étoit à 56. dégrés ; il a jette tout à la fois dans cette eau une demi once de fel naturel d'urine très- purifié & très-pulvérifé. Il a remué le vafe pour bien remuer la liqueur &c le fel. Le thermomètre defcendit à 52 ; il y refta quelque tems , Se revint à fon premier degré. Pour lors M. SchhJJer fépara avec foin le liquide du fel qui reftoit au fond du vafe : il le fit fecher, le pefa ; le poids étoit de 2 gros & demi ; d'oi'i il conclut qu'une once d'eau pouvoit dilTbudre un gros & demi de ce fel , en remuant le vafe , &c la liqueur étant à 56. dégrés de chaleur. Notre Chimifte a fait diflbudre de nouveau ces deux gros &c demi de fel qui reftoient , & il a chauffe la liqueur de façon qu'on pouvoit encore y tenir les mains , il s'en eft difibus un demi gros de plus. 11 prétend que s'il eîit fait bouillir la liqueur , la diflfolution auroic été encore bien plus tbrte ; quoiqu'il en foit , il a retiré par l'évaporation deux gros de fon fel. Ce fel fe cryftallife en petits prifmes parallèles 8t égaux entr'eux , qui ont qua- tre faces oblongues & égales entr'elles , & dont les deux extrémités font tronquées, (tt) Quand on le met fur le feu , il fe fond & fe cryftallife de nouveau après. Comme le borax , l'acide vitriolique , non plus que l'efprit de nitre 8c fe vinaigre fait avec 1-a craye , n'excitent avec lui aucune effervefcence ; il en eft de même de l'efprit alcali volatil de l'urine de l'homme putréfiée. Le /^-rop de violettes verfé avec ce fel (*) Il Y a lieu "ie croire que les expériences varient à cet égard. Car je ne peux me perfuader qu'un obfervateur auffi exaft que M. Margraf ait parlé de l'efFervefcence dont il s'agit fans en avoir été lui-même témoin : ce que M. Schloffcr avance de celle que produit l'alcali volatil fui la matière vitrifiée dont il eft ici queftion , eft une préfompiion en faveur de M. Margraf. Nous ne devons cependant pas dilTimuler que M. Po« , dont l'autorité eft fi refpeftable en chimie, eft fur ce point de l'avis de M. Schloffer. Cette différence dans les léfultats tient probablement s quelque circonftance que le tems & de nouvelles expériences nous feront connoitre. (•♦j L'acide y eft uni , fuivant M. Vend , (i) à une terre tenue & glutineufe , & fuivant M. WdUrmoi à un fel qui lui a paru être de la nature du fel fedatif. Le fel fufîble d'urine ne feroit donc point un fel purement ammoniacal , comme on l'a cru jufqu'ici , mais un comnolé d'alcali volatil , très-peu adhérent , de l'acide animal , & d'un troifième fel encore indéterminé , dont M. JFil- Icrmor feul , que je facbe , a fait mention. Voy, l'article fuivant. (t) On attribue différentes vertus médicinales au fel microcofmique ; mais elles ne font pas afleî eonftaiées , quoique ceux qui l'ont employé femblent fe réunir à dire que ce fel eft un puiflTanî apéritif. Vcml , Encyclop. tom. XIV. pag. 92J. col. i. n ■ ui (-ft) M. Pott a remarqué que la figure que prend ce fel par la cryftallifation eu tres-vatiable. (i) Encyclop. tom, XIV. {»%. 3'4- col. i. A P P E N D 1 X. 4Î __ ^iflfoiis dans de l'eau , n'a point changé de couleur ; l'alcali fixe n'a point produit d'ef- j^g^-TTcZ^ fervciccnce. Ce ("cl Ce conicive irès-fec dans l'air. (*) Quand on en jette lur du XYl. ritre en tufion , il excfte un frémillcment jufqu'à ce qu'il foit dilfous ; on ne voit plus le nitre fcintiller, ni s'enflammer , mais il s'élève un peu do fumée, ("e Tel ne fc diiibut pas dans l'elprit de vin , pas même quand il e(\ en ébuliiion. De l'el'prit de vin qui contcnoit de ce fel , 6c auquel on avoit ir.is le feu , avoit une flamme plus verd.itre qu'à l'ordinaire. (•') De nouvel efprit de vin verlë fur de l'eau qui était fatuicc de ce fel , & qui ctoit très. limpide , l'a rendu trouble fur le champ Ik blanchâ- tre ; elle dépofoit au fond 8c fur le coté du vafe des cryftaux : le thermomètre pen- dant ce tems monta de dix degrés. La chaux vive fur laquelle on jetta de ce fel , 'ne donna aucune odeur ; quand la chaleur fut un peu forte , il s'éleva une vapeur lé- gèrement alcaline. En pilant dans lui mortier de la chaux vive ik de ce fel trés-fec, il s'en exhala très peu d'alcali volatil qui à peine le faifoit fentir. M. Schhjjèr ayant jette des pailletés d'or , de la raclure d'étain , des grains de plomb , des globules de mer. ciuc , &c de petits morceaux d'argent , dans une eau faturée de ce fel , tous ces mixtes relièrent fans altération. La limaille d'acier rendoit cette dilfolution blanchâtre , mais alVcz claire. Le cuivre étoit légèrement corrodé &c couvert d'un peu de verd- de-gris ; le bifmuth étoit intaft ; le zinc fe difTolvoit alTez lentement quand on échaullbit la liqueur ; la poudre d'antimoine crud ne put pas fe dilToudre. La même liqueur verfce fur de la dilVolution d'or dans de l'eau régale ne produilit au- cun phénomène ; elle précipita fous la forme d'une poudre noire , de l'argent diflbus dans de l'eau forte. Le vif argent didbus dans de l'eau forte s'agita fur le champ , ik le changea en une malle très-blanche. Il en fut de même du cuivre , du fer, ik de l'étain dans l'eau forte. Le plomb dilVous dans l'eau forte n'éprouva aucun changement. Le bifmuth fut précipité en une poudre toute blanche. Le zinc égale, ment dilîbus dans l'eau forte , refta en repos. La dilfolulion de l'antimoine dans l'eau forte tut précipitée fous la forme d'une poudre blanche. M. S:kloJJer n'a rien éprouvé de particulier fur les vertus médicinales de ce fel naturel de l'urine ,- il s'en rapporte à Boerhaaie qui lui donne une vertu diurétique , £< à Quincy qui dans fa Pharmacopée dit qu'il eft très-efficace pour les rhumatifmes. Nous fommes redevables de plufieurs connoiflances très-utiles aux ingénieufes expériences de M. SchhJJcr. Il nous a appris d'abord que le fel que l'on retire de l'urine nouvelle , ou de celle qui a été en putréfaftion , eft précifément le même, (a) 1°. Que ce fel naturel de l'urine eft un vrai fel neutre, (i) j". Que l'acide qu'il contient eft un acide animal, (e) 4°. Que ce même acide uni à l'alcali volatil ordi- naire produit le fel naturel de l'urine régénéré. (,d) 5". Enfin , il nous a découvert (*) Il ne fe réduit point en poufTière à l'air chaud. M. Margraf. (**) Le fel fedaiif , avec lequel le fel d'urine a de fi grands rapports » pofiede éminemment la Sropnété de colorer en verd la flamme de l'efprit de vin. Voyci dans les iMémoires de l'Aca- émie Royale des Sciences, année 17Ç5. le fécond mémoire de M. Bourdelin fur le fel fedatif, & Vappcndix. Ce nouveau rapport entre nos deux tels mérite beaucoup d'attention. (a) II ne paroît pas que M. Aijrg.'j/ en ait jamais douté. (h) Nous avons déjà remarqué que ce n'eft pas un fel purement ammoniacal. Vcyi^ ci-devant pag. 44. la note (♦_) (c) Tout le monde convient que M. Murgrufeli de tous les Chimiftes celui qui a le mieux déve- loppé la natuie de cet acide fingulier. Voyci ci-après l'article XVIII. (*/_} M. Margraf femble ne l'avoir pas ignoré. Voyc\ fon mémoire fous Tannée 1746. §. VIL pag.i;?. M. SMoffer ne dit rien du fel fufible à bafe d'alcali fixe , qu'on prétend fe trouver auffi dant Vurine. y^yt^ l'art. XVI. du difcours. M. Margraf^vo'il déjà foupçonné depuis long-tems que le fel naturel de l'urine pouvoic être de plus d'une efpéce. V^oy. fes opufcules chimiques , tom. I. pag. 62. L'objet des petites remarques que nous avons faites fui les obfervations de M. Schloffer , n'eft a«««**««* ii 46 A P P E N D I X. ' = que cet acide change la nature de l'alcali volatil auquel il s'unit , 3t qu'il lui donne Article ^j^^ propriétés fingulières. Une expérience nouvelle confirme cette dernière propolî- ^ tion. Prenez de l'alcali fixe pur & bien fec ; pulvérifezle , & jettez-le dans la li- queur qui tient en diffolution du Tel naturel de l'urine : diftillez le tout ; conduirez I_e feu doucement. Alors , vous aurez , non un alcali volatil ordinaire , mais un efprit alcalin qui ne peut fe cryftallilcr , qui ne fermente pas avec les acides , mais qui mêlé avec l'acide vitriolique ik le vinaigre concentré , excite une fumée épaiffe dans l'air ; c'eft ce que Boerhaave appelle l'efprit igné , fpiritus igneus. S^. ■.sss>.== ====y;25 Article XVU. ARTICLE XVII. Encydop, Sur la bafe du fel de l'urine. t. XII. p. 517- LE phofphore en fe confumant à l'air libre , laifTe après lui une liqueur acide & glutineufe , qui par l'évaporation acquiert une confiftance folide & tranfpa- rente , &. qui attire l'humidité de l'air. Ce fel acide mêlé avec de la fuye , ou autre matière abondante en phlogiftique , reproduit du phofphore ; le fel de l'urine a donc fubi une altération dans la formation du phofphore. Car ce dernier fel ne donne aucune marque d'acidité , (*) & forme une efpèce de favon avec ks huiles grafles. L'acide du phofphore au contraire eft un acide trèspuiflant , puifqu'il précipite de leur bafe par la diftillation les autres acides. Ces obfervations nous font confidérer le fel de l'urine comme un fel neutre , dont l'acide, d'une efpèce particulière, forme le phofphore ; mais nous donnerons fur fa bafe des conjeaures. Nous l'avons cher- chée , cette bafe , & trouvée dans ce fel fingulier («*) qui tapifle l'intérieur du ba- lon , & s'élève à un feu très-violent avec le phofphore volatil ; ce fel ou bafe de l'acide du phofphore , ne nous a pas paru différer du fel fédatif (t) ; il ne manque, roit pour confirmer nos conjeûures , que de reproduire du fel d'urine , avec le fel fé- datif tit l'acide phofphorique , comme nous en avons formé avec ce fel retiré du ré- cipient & cet acide. , . -. . Article de M. milermoj , Doûeur en Médecine & Demonltrateur Royal de Chi^ mie en l'Univerfité de Montpellier. ceitainement pas de diminuer en rien le mérite de fon travail ; nous regardons au contraire fês obfervations comme un morceau également important & curieux , dont nous avons cru devoir enrichir cet Appindix , & qu'on lira fans doute avec le plus grand plaifir après le mémoire de M. Margraf. Nous euffions été charmé d'avoir pu nous procurer le traité dtfaU nrinx nmho, publié à Leyde en 1753. par M. Schlojfer ; le morceau qu'on vient de lire en eft probablement l'extrait , donné par feu M. Vandermonde , à qui nous fommes redevables du Journal de Médecine. (*) Si c'eft un fel neutre , pourquoi donneroit-il des marques d'acidité ? ■ ■ •• 7^-7 (»») Ni M. Marirnf, ni aucun autre Chimifte , n'ont fait mention du fel dont parle ici M. WU- (+) Nous avons déjà obfervé , d'après M. Vend, qu'il fe trouve en effet de grands rapporti entre k fel d'urine, & le fel fédatif. Ko^t^ l'Encyclopéd. tom. XIV. pag. 9^6. col. 2. cî» A P P E N D I X. 47 ARTICLE XVIII. '^xv'ni'^ Sur l'acide fhofphorique. pj^ ^^ (,^;_ T Elles font les propriétés du phofphore 8c de l'acide phorphorique , la plupart T?! '' "" ^*^' découvertes & conltatécs par M. Margraf. Elles prouvent que cet acide ne dif- fère pas moins de l'acide marin que de tous les autres, &c qu'il cil d'une nature particulière (*). M. Margraf , apparemment par refped pour l'opinion de S thaï , ne décide pourtant point abiblument qu'il ne foit pas de la nature de l'acide marin , mais il dit qu'en cas qu'il le foit , ce n'eft point l'acide marin pur &t crud ; il pcnfè que ce pourroit bien être ce même acide déjà combiné d'une manière intime avec une terre vitrefcible trcs-fubtile. En etîêt, la fixité 6< la vitrefcibilité qui caraâèrifenr principalement l'acide pliofphorique , femblent indiquer qu'il contient une plus grande quantité d'im pareil principe , que tous les autres acides. L'acide pholphorique paroît tenir en même tems de la nature du fel fédatif , (a) 6c de celle de l'arlenic blanc. Le Tel fédatif lans avoir de propriétés acides mar'. quées , fait cependant fonftion d'acide dans bien des occafions ; il fe combine avec les alcalis , les fature &c les réduit en fels neutres ; il eft fixe au feu , ik s'y fond en matière vitrcfcente , comme l'acide phofphorique ; enfin il décômpofe aiilli les fels neutres comme lui. L'arfenic n'eft point fixe , à la vérité , comme l'acide phofphorique , & ne dé- cômpofe que le nitre , mais il tend à la vitrification , comme cet acide ; 8c d'ail, leurs fon odeur eft tout- à-fait femblable à celle du phofphore. Au refte , ce n'eft point feulement dans l'urine des animaux que fe rencontre l'a. cide phofphorique. M. Mjrgra/s'eft afliiré que beaucoup de matières végétales , Se principalement les graines , contiennent auffi aifez de cet acide pour produire du phofphore , lorfqu'on les pouffe au feu dans des vaiiléaux clos ; ainfi il y a tout lieu de croire que cet acide fe forme dans les règnes végétal 6c animal , 6c qu'il pallé du premier dans le fécond ; (!>) mais c'eft toujours dans l'urine qu'il s'en forme la plus grande quantité. A R T i C L a ARTICLE XIX. XIX. Sur la terre du phofpkore. /,„„i^ i;,,^, DAns l'aflemblée publique de l'Académie Royale des Sciences de l'année 1759. VIL 'pjg.'2-e*] M. Fougeroux lut un Mémoire très curieux fur la diflblution du phofphore de z-i. Kuntel ; il infifta beaucoup fur une efpèce de terre qui nàgeoit dans l'eau 011 fon phofphore avoit bouilli long-tems ; elle ne s'eft pas dépofée fur le filtre , Se n'y a rendu aucune lumière ; le phofphore n'en a pas mcme paru altéré ; il a cru ccpen. dant devoir en faire mention , parce qu'il fait que M. Margraf a foupçonné dans le phofphore une terre vitrefcible , femblable à la bafe du fel marin. M. Fougeroux rc- grette de n'en avoir pu obtenir aflez pour éclaircir les doutes de ce favani Chimifte. (*) M. MacqucT difoit en 1756. en parlant du fel de l'urine dans le 11°. volume de fes Ele'meni de Chimie , pag. 513. » Il y j Heu de croire que ce fel e(l un fel marin déguifé par II mjiiérç 1. graffe avec laquelle il a été combiné pendant le féjour qu'il fait dafts le corps de l'aninul. .) (a) Voyei les deux articles précédens. [t) Vo)ci ci-deva»t l'jiucle XV. pag. 59. not. (*). c: 48 A P P E N D 1 X. An-TiciE ARTICLEXX. ^ ^' Sur le fd animal. I Omme le Tel qui domine chez les animaux , le Tel vraiment animal , paroit êtrs (de nature ammoniacale , il feroit peut-être poffible de retirer le fel micocrofmi- que de quelqu'autre liqueur que de l'urine, par exemple de la fueur (*). M. MoiUl , favant Chimiftc de Petersbourg , a tait iiilërer en 1759. dans le Com- Encyd. t. merce littéraire de Wuremfcerg, un Mémoire dans lequel il nous apprend qu'un homme ^ilIV. p. 913. malade de la fièvre chaude eut dans le tems de la crife une lueur très-ammoniacale. ^ '"'*' L'Auteur de ce Mémoire eut occafion de réitérer une femblable obfervation fur lui- même. A la fuite d'une fièvre violente , il eut des fueurs très- fortes , & s'étant lavé les mains dans de l'eau chaude oii l'on avoit mis de la potalTe , il fut frappé d'une odeur fi vive , qu'il tomba à la renverfe dans fon lit ; il répéta depuis la même expé- rience pendant plufieurs jours que durèrent encore les lueurs ou émanations am- moniacales. Ces faits font tirés d'une Differtation allemande de M. Model fur le/el ammoniacal naturel ('*). Article ARTICLEXX I. XXI. Sur la prétendue comerfion de l'eau en air. LA vapeur qui fort de l'éolypile paroît à M. Eller une nouvelle preuve de cette converfion de l'eau en air (0). Cette vapeur préfente en effet quelque chofe d "*DT '^'^' d'affez impolant ; car on peut s'en fervir comme du vent d'un foufîla; pour animer u Ui cours. |.jj£^jQ„ ju jgj, ^ p,, ppj„. diriger la flamme d'une lampe fur quelque matière dure qu'on voudroit fondre (t) ; mais ces apparences fi féduilantes n'empêchent pas qu'elle ne foit au fond que de l'eau qui s'évapore , en confervant fa nature , com- me M. l'Abbé Nollei s'en cft convaincu par des preuves fans réplique. Ayant fait plonger le bec d'un éolypile rempli d'eau bouillante , dans un verrç plein d'eau froi- de , il ne s'eft appcrçu d'aucune bulle qui ait agité la malle de l'eau , 6c fe foit élevée à la furface (c) , comme il feroit nécelVaircment arrivé , fi ce fouflle ou cette vapeur n'étoient que de l'air , ou de l'eau convertie en air , fuivant la pré- tention de notre Académicien ; 8t ce qui achevé de rendre indubitable , que la va- peur dont il s'agit n'eft que celle de l'eau , c'eft que l'éolypile manque totalement l'on effet , fi le bec en cft trop long , ou prolongé par un tuyau qu'on entretient (*) M. Hombcrg cft peut-être le feul Cliimifte qui ait jamais analifé la matière de la fueur , de même que la matière fécale ; il a retiré de la première par la diftillation une liqueur roulTe & acide (1) , qui a donné une forte couleur de feu à la teinture de tournefol. Avant la diftilla- tion la fueur avoit une odeur de petit lait aigri , & rougifl'oit légèrement le papier bleu, (i) (t*) 11 feroit utile de s'affurer fi ce fel eft effeftivement le même que le fel micocrojmique , com- me le prétend l'Auteur de l'article puirèfaclion , Encyclopéd, tom. XIII. pag. 587. (a) Voye^ fous l'année nfo. la pag. i^/). des Mémoires, (^) Mém. de l'Acad. ann. ly^S. pag. 61. (c) Ibid. pag. 61. & 62. (1) Eloil-ce [acide phofpliorigue ? Celui qu'on ohlieni de l'urine ne s'élève pas par U dlflilla^ tien à U plus grande violence du feu , fans intermède. Cette fixité efl peut-être la fuite de l'u- nion intime qu'il a contraHé par les élaborations de l'aconomit animait , ayet la lent yilrefciH^, que M. Margraf foupçonne entrer dans fa compoftiion. (2_) Vo^ei les Mem, de l'Acad, Roy. d(s Seitnc, ann, r/12. APPENDIX. 49 froid , la vapeur ayant alors tout le tcms de fc condcnfcr , avant que d'arriver à l'c "T"" -^ _■£• /» Article rificc (.1). XXI. M. liller cite encore les efFcts de la machine de Pnpin comme favorables à fon fentimeiit ; {b) mais qu'y voit-on , fi ce n'eft que l'eau ne pouvant fortir du vafc , eft contrainte de recevoir un degré de chaleur infiniment fupcrieur à celui de l'c- bullition à l'air libre , chaleur qui en convertit enfin toute la maHl; en vapeurs , qui s'échappent avec une l'orce extraordinaire lorfqu'il leur arri.c de trouver une ilfue. M. l'Abbé Nullet a vu trois pintes d'eau fe dilliper en moins de trois minutes en un jet de vapeur tellement impétueux , que fon fiflcmcnt cioit plus fort que ce- lui d'une groflc l'ulee qui s'élève en l'air. Ce fluide qui s'élançoit ù plus de trois pieds de dirtance , relfcmblcit plus à de la pouflièrc blanche 6c irès-fine qu'à de l'eau. Une autre fois , le même l'hyficien , ayant lâché un peu trop tûr le couvercle de la machine qui contenoit environ un demi feptier d'eau ; à peine eut il le tems de s'appercevoir qu'il en forioit une vapeur , tout fe dillipa en moins d'une fe. conde , Se le dedans du vailVeau demeura parfaitement fec (c). L'élévation du mercure dans le baromètre qu'on place dans le récipient de la mi- chine pneumatique , lorfqu'on fait pafler dans ce récipient la vapeur de l'eau chaude, eft un autre argument dont on a vu que M. Eller Ce fert pour établir fon opinion de la converfion de l'eau en air; (d) mais fi cette vapeur qui agit ici comme l'air, en étoit effcftivement , on devroit opérer la defcente du mercure, en faifant agir la pompe pour le retirer ; or , c'a été inutilement que M. l'Abbé Noltet a eu recours à ce moyen ; le mercure bailVoit bien d'abord de quelques lignes , mais auflîtôt après il remontoit au même point. Ce que le jeu de la pompe n'avoit pu faijc , deux grortès éponges trempées dans l'eau fraîche , Se appliquées aux parois du ré- cipient l'effeftuerent , en condcnfant la vapeur , qui par conféquent ne pouvoit êtrs que celle de l'eau (e). ^S^ r-== =:>^ff^^ — ==^ ==*=• A RT I C L e ARTICLE XXI L X^"' Sur la végétation des plantes dans l'eau. XlX^&XxVll' I M. Eller avoir eu connoilfance des expériences de M. du Hamcl (*) fur la vé- Diicows. S gétaiion des plantes dans l'eau filtrée la plus pure , il n'auroit pas manqué fans doute de les citer avec complaifance à l'appui de fon dogme favori de la conver- fion de l'eau en terre. M. du Hamcl s'eft lervi pour fes épreuves de l'eau de la Seine , qui avoir été filtrée dans une tbntaine fablée , 81 qui avoit toujours refté des mois entiers dans une cruche de grez , de forte qu'elle étoit aufli lympide qu'il foit poflible d'en avoir (/). Cet illuftre Académ.icien fit poulTer dans cette eau , de très-bclles fèves de marais , qui s'élevèrent jufqu'à trois pieds de hauteur ; elles pro- duifirent de grandes feuilles , de belles fleurs , Se quelques fruits. Deux marroniers d'inde durèrent en bon état pendant deux ans ; Se au bout de ce tems ils furent plantés en terre où ils reprirent fort bien. Un amandier fubfifta dans l'eau pendant (a) IHé. p?.g. 61. & 63, (h) Ubi fupra. (<•) na. pa«. 81. (rfj Vvyci dans U Difcours le, article, VU. «• XIX. (e) HtJÎ. de CAcad. ann. ijj^S. pag. 15. & 16. (♦) Voyez dans le volume de l'Acidémie Royale des Sciences pour l'innic 1748, le Mcmoijs de M. du Hamcl , fur les pi&ntit qu'on peut (Itver dans l'eau^ U) l^yi- P'8- 177- 50 A P P E N D I X. ^!=^'^== quatre ans , & ne périt que parce qu'on l'en laiflfa manquer : un chêne , qu'on a ■'^ VvM''^iouiours eu foin d'en fournir, étoit depuis huit ans en très-bon état, lors de la leaure du mémoire de M. du Hamel ; il produifoit chaque prmtems de belles teiiil. les &c du jeune bois, (j) Cet arbre avoit quatre ou cinq branches , & la tige prin- cipale avoil par le pied 19 à 10 lignes de circonférence; (fc) voilà donc du bois, de l'écorce , des feuilles , dit M. du Hamel , qui ne peuvent avoir été formes que de la fubftance de l'eau la plus claire & la plus pure (0- . . Je prévois , continue l'illudre Académicien , qu'on dira que l'eau que ) ai em- ployée , quelque clarifiée qu'elle fût , n'étoit point un phlegme pur ou une eau élémentaire , & que dans mes expériences le phlegme pur s'échappoit par la tranf- piration C) , après avoir dépofé dans la plante les parties huileules , falines &. ter- reufes qu'il tenoit en dilTolution : à la bonne heure ; mais comme je ne connois point de procédé chimique par lequel on retire de l'huile & du fel de l'eau pure , il réfultcroit toujours de mes expériences (") , que la nature fait dans cette o£ca. fion ranalyfe de l'eau qui eft au-defius des forces de l'art (t). Néanmoins fi M. Haies a prouvé que l'air entre dans la compofition du calcul humain , &c de plu- fieurs autres fubftances , de telle forte qu'il contribue à la dureté & au poids de ces fueftances, feroit-il plus extraordinaire de croire que l'eau que nos plantes af- pirent & l'air dont elles font environnées , que ces deux fluides , dis-je , fe puif- fent fixer dans leurs organes , & y faire partie de leur fubaance ? (d) (++) Qu'on nous permette quelques remarques fur ce qu'avance ici M. du Hamtl ; il ne connoit point , dit-il , de procédé chimique par lequel on retire de l'huile St du fel de l'eau pure. Les expériences de M. Margraf (e) ne laiflent cependant aucun doute far l'exiftence de ces deux principes dans l'eau de pluye la plus pure qu'il foit poffible de fo procurer (t++). Et comment cela ne feroit-il pas, puifque de l'a- veu de tout le monde , l'air fe charge des émanations huileufes & falines , de tous (j) Hifl. Je l'Acad. ann. 174S. pag. 73. Mcm, pag. 175. f*\ On'{e,7'ulV-b\en fondé k le d'ire . puifqu'll refaite des expériences de M. Hahs , (5m) Mais puif- qu'on n'appone aucune preuve que ces trois chofes ne puilfent fe faire fans l'in- terpofition d'un ganglion , & que nous voyons , au contraire , ces mêmes chofes s'exécuter dans des endroits où il n'y a point de ganglions , nous devons conii. nuer à reconnoître notre ignorance fur l'ulcge de ces nœuds. Article A R T I C L E X X V I IL XXVIU. Sur le même fujel. Encycl. t. VII. p. 46681 GAngliov ( /4njtom. ) nom de certaines tumeurs naturelles qu'on obferve dans nr. 1763. profulion , mais fans aucun ordre qui puilfe indiquer le pian qu'a fuivi l'Au- teur de la nature; 8t ce plan , qui fcroit le feul fyftéme naturel , a jufqu'ici échappé Voy. IcDifc aux recherches des plus h3biles Botaniftes. P'S- ^^vu. Au défaut de ce fyftême naturel , il a bien falhi avoir recours aux fy^êmes ar- tificiels , ik chercher dans les différentes parties des plantes des caraftères diliinc. tifs qui pulfent fervir à établir des clalTes , des genres &c des erpèi;es. On imagine bien que les Botaniftes fe partagèrent , 8c qu'il y eut un grand nom- bre d'arrangemens différens propofés , &c l'hiftoire de ces dirtérentes idées doit of- frir à l'efprit un fpeOaclc alVez amul'ant ; aufli M. Adanfin a t-il cru le devoir pré- fenter à fon Leûeur , dans une hiftoire de la Botanique qu'il a mife a la tête de fon ouvrage , dans laquelle il rend compte de leurs diflérens fyflémes , de leurs avan- tages & de leurs défavantages. Nous ne parlerons point ici de tous ces fyftêmes , nous excéderions les bornes qui nous font prefcrites ; &c comme tout le monde botanifte eft prefque entièrement" réuni à adopter le fyfléme de M. de Toumefort , ou celui de M. Li'inir.jj , nous eflayerons de donner une très-légère efquilVe de chacun, afin qu'on puiffe mieiix faifir en quoi celui que propofe M. Adanj'on , diftére de l'un Se de l'autre. A travers l'immenfe variété des plantes , M. de Toumefort avoit remarqué dans les fleurs une efpèce d'uniformité qui l'avoit frappé : fes obfervations répétées lui avoient {^) Cum omnino nervi ligati crajfcfcunt , ex fucco ut viditur , cum cellulopt teta dilatata ccncreto , au- pera cjl fufpUio orta t (l) omnia pan^Ua praier nuturam txp'ejjione ati^ua nata (Qt. Itr-im corum plufcultt eo loco ponunttir ^ quo prcjjio locum non habt: , ut opthalmicum , demde grj/jde inte'coiljU , & tadcm m juniorihus fttuumq-jc cidavcribus , paritti nperiuntur. Halier , Elcm, p'iyjîolog. tom. 1V« pag. 40S. {f) Ha\ûn ^ thèfe fur l'opération de l'anévrifme. /1 vcra ganfilia nervoi in canihui Iit;at&s ahiiffe, Tfchtp. M. Lamorier i pr^renté à U Sociéi^ Royale de Montpellier, un mémoire où il eft fait meniion de ces roeuds ou ganglions térultans de U ligature des neifs . aprcs les amputations. Tcm. I, *********** 6a APPENDIX. 'ÂTtTcTÎ démontré que toutes les fleurs fe rapportoient à quatorze figures différentes , ce XXIX. 1"' '"' fi' éinblir quatorze clafTes , auxquelles joignant les plantes qui n'avoient ou ne paroillbient avoir aucune fleur , ï< les arbrilîeaux ou arbres , il fe trouve en tout vingt-deux clalT'es : les différences qui Ce trouvent enftiiie entre les iVuits , don- nent fix cens foixante - treize genres ; & celle qui fe trouve entre les autres parties de la plante conftitue les efpèces. Il ei\ aifé de voir quelle facilité ce fyftéme of- fre aux Boianiftes pour rcconnoîire les plantes , quatorze figures de fleurs étant feulement imprimées dans la mémoire. Dès qu'on verra la fleur d'une plante , on faura fa claffe ; peu de jours après le t'ruit viendra décider fon genre , & ics autres par- lies feront aifément reconnoître fon efpèce. M. linr.œut le fert , comme M. de Tournefort , des parties de la fruftification , mais c'eft moins aux fleurs en général qu'il a égard , qu'aux étamines , & c'eft de leur nombre , de leur figure , de leur fituation , qu'il tire les caiaftères diftinc- tifs des genres & des efpèces des plantes, ce qui lui donne un arrangement allez dif- férent de celui de M. de Tournefort , & ces deux fyftêmes partagent aujourd'hui prefque tous les Botsiiifles. 11 cft cependant aifé de voir que ces arrangemens peuvent n'avoir rien de com- mun avec la nature des plantes , Se que leur plus ou moins d'avantage ne peut venir que d'avoir faifi des caraftères plus ou moins généraux. Mais pourquoi s'affujettir à une feule partie des plantes pour établir leur ca- raftcre .' Ne feroit-il pas plus naturel de réunir enfemble celles qui auroient ua plus grand nombre de points de relTemblance , foit dans les tiges , foit dans les fleurs, foit dans les fruits, fans affigner, pour ainfi dire , un caraûère exclufif. C'eft prccifément ce qu'a fait M. Adanfon dans l'établiffement de fes familles des plantes : une famille n'eft pas , comme dans les fyflêmes précédens , un alTeni- blage de plantes qui fe rel^émblent par la fleur , par le fruit ou par les étami- nés , mais une colleftion de celles qui ont le plus de relfemblance dans toutes leurs parties. Par-là il évite l'inconvénient dans lequel font tombes tous les métho- diftes , de fcparer fouvent &t de placer dans des genres irès-diiTérens , des plantes qui avoient vifiblement une très -grande reffemblance , £4 cela uniquement parce qu'elles différoient dans la feule partie qu'il leur avoir plu de regarder comme carac- tèriftique. On peut regarder les familles de M. Adanfon comme autant de genres très-étendus , fous lefquels fe trouvent plufieurs moindres genres déterminés par le caraûère qu'il y découvre. Les caraftères généraux des familles font tirés non-feulement de toutes les par. lies de la fruftification , mais encore de la racine , de la tige , des . 'lilles , des ftipules , de la germination , des fémences , Se généralement de toutes les parties vifî- bles des plantes. Les caraftères particuliers des genres qui compofent les familles font exprimés dans des tables, qui laillant voir du premier coup d'oeil l'uniformité d«s caraftè- res de chaque famille , offrent la différence qui caraftèrife chaque genre. Dans l'expofifion des parties de la fruftification , M. Adanfon paroit faire beau. coup de cas de la fituation refpeftive de la fleur 8* du fruit , de l'infertion des éta- mines , de l'unité ou de la pluralité des ovaires , de la fituation des grains dans les différens fruits & de la bafe de toutes les parties ; il paroit moins ellimer la pro- portion , le nombre Se la figure des différentes parties auxquelles les Méthodiftes modernes fe font fi fort attachés. Dans les caraftères qu'il tire des feuilles , il confidére principalement leur infer- tion , la figure de leurs pcduncules , les ftipules & les gaines membraneufes qui les accompagnent , leur fituation refpeftive fur la tige & fur les branches, 6c les différentes manières dont elles font enveloppées & lecouvcries par le bourgeon. A P P E N D I X. 6i Cet ouvrage étend & pcrfcflionnc beaucoup le nombre des familles naturelles = dont la recherche occ'jpc les 13<>taniftcs modernes: nous difons naïui^llei , pa-cc ^ VviV^ qu'il cf» l'Or qu'en combinant tous les lignes de reflémblance , on parviendra bien *-^'^ plus facilement à fuivre l'arrangement de la nature qu'en ne confidcr^nt que quel, ques-uns de ces lignes arbitrairement choilis. Il fembic même qu'elle ait en quelque foric avoue cette divilion des plantes par CamiKes, étant certain que les plantes d'une même famille ont toutes plus ou moins les mêmes vertus. Cet avantage n'a pas échappé à M. Adanfon , 8c il a foin de marquer les tifa. ges des dilKrentes plantes ; il y ajoute même la culture , tant de celles qui font na- turelles au climat , que de celles qu'on y apporte des pais étrangers , & donne la conftruftion des ferres néccll'aires pour leur procurer le degré de chaleur dont elles ont befoin. En un mot , on peut dire que cet ouvrage eft plein dune grande quan- tité d'obfervations nouvelles , curieufes ik très utiles. Rien n'eft plus fimple que l'arrangement de h nature , £< rien n'eft peut-être plus difficile que de le rccon- noitre U de s'y conformer : ce n'eft cependant w'k ce prix qu'on peut tirer des Sciences Se de l'Hiftoire Naturelle toute l'utilité dont elles font fulceptibles (»). ®(^=======?^î5Î>-î=: ^=W2î ARTICLE XKX. ^^XX."-' Sur h fixe des fiantes en général , & fur la fécondation du palmier en panicuUer. LA fameufe fécondation artificielle du palmier du Jardin Royal botanique de Ber- Vovez le Im , opérée par M. Gleditfch , (") & plufieurs autres faits de cette nature , vus Difc. pae. par ce célèbre Académicien , & par d'autres obfervateurs non moins diftingués . lxvui. fembloient devoir mettre le lyrtéme du fexc des plantes à l'abri de toute conteftation : nous avons déjà dit cependant que ce fyftême , qui paroit fi bien appuyé , avoit été attaqué depuis quelques années par M. Aljîon , célèbre Profelfeur de Botanique, & membre de l'Académie ^'Edimbourg ; ce ne font pas feulement des doutes qu'ii lui oppofe , il entreprend de le renverfcr par les fondemens. La differtation qu'il a donnée (ur ce fujet , dans le premier volume des elTais phylîques & littéraires de la %oàé\é ^'Edimbourg , eft une pièce très-curieufe U très, lavante, mais peu fufcep- tible d'analyfe; l'Auteur y fuit pas-à-pas, & difcute contradiaoiremcnt avec beau- coup de force , toutes les preuves tirées do l'analogie & de la flruaure des ileurs que les plus célèbres Sexualiftes, tels que Grew , Camerarius , Mjrland, Ceoffroi, ^ai7-' lant , Se fur-tout l'illullre Linnteus ont produites en faveur de ce fentiment , que le »/*l ^" ""''* '^^'^ f""'^ '*'' ""' ^"'"'f uv'e Hans cette colle-l,on , fous Vannée ty^-,. No:,s .gnorons é'oi cet extrait a été t,ré ; le, fait, j font ut> peu plus diladles que dans le Mémoire , apparemment d'apré, quelques additions t/ue M. Gletfltfch v cura faites dans Je, Mdange, de Phyftque & de Botanique , publiés à Halle en ,7if. (52 A P P E N D I X. ^ dernier prétend avoir démontre , en réunifïïint ces différentes preuves en un feul ^'^XXx''^ corps (fl); c'eft un détail qui nous mcneroit tiop loin, & qu'il faut voir chez M. Aljlon ; nous nous arrêterons Iciileinent un peu aux preuves de fuit , parce que ce font elles qui doivent décider fans retour de la fortinie de ce fyftême , dé-a connu des Anciens , (fc) 8* reçu à préfent prelque fans exception ; nous allons les parcourir fommairement. L'épinar , le mercuriale , 8i le chanvre font du nombre des plantes qui portent leurs Heurs fur un individu , & leurs femenccs fur un autre ; or , Camerarius , quoique pariifant zélé du fex'e des plantes , fur lequel il a écrit une lettre fort efti- mée , citée par M. Gleditfh (.c) , a vu trois pljutes femelles des efpèces dont nous parlons , donner des femenccs fécondes , malgré l'éloigncment , où il les avoit te- nues des plantes mâles. Les mêmes expériences répétées par M. /iljhn , lui ont donné des réfultats tout pareils, & l'ont fait douter de la vérité du fexe des plan- tes , qu'il avoit cru jufqu'alors implicitement , c'eft-àdiie fur parole. 11 traite de ridicule la fuppofiiion que ces plantes aient pu être fécondées par le vent , qui leur auroit apporté la poulîière des étamincs. (d) D'ailleurs , fi cette pouffière eft d'une necelFité abfolue à la fécondation , on réduira à la ftéiilité les plantes dont on aura retranché foigneufement tous les fommets des étamines ; M. Aljtan alîure néanmoins , que deux tulipes , auxquelles il avoit fait fubir cette efpète de caftra- tion , ne lailiérent pas d'avoir leurs ovaires remplis de femences ( * ) : en outre , puif. que les plantes fe reproduifent par des bourgeons, qui, comme la graine, renfer- ment la plante en petit , fans le fecours d'aucune fécondation , pourquoi les fe- mences en auroient- elles befoin ? On s'attend bien que M. Aljlon ne fe rend po^int à la preuve tirée de la fécon- dation artificielle du palmier, qui fait triompher , dit- il , les Sexualifies. 11 oppofc au témoignage des plus célèbres voyageurs , tels que Profj-er Alpin , & Kemfer , qui aliiirent qu'en Egypte & en Perfe , on féconde le palmier femelle , en y fufpen- dant des branches en fleurs du palmier mâle , celui du père Labat ^ lequel dans la relation de fon voyage aux ifles de l'Amérique , dit qu'à côté de fon couvent dans la Martinique , il y a un palmier , qui porte des dattes , quoiqu'il foit tout feul , & qu'il n'y en ait aucun autre , à plus de deux lieues à la ronde ; l^eJUn. gius qui, aulli bien que Profyer Alyin , a fait un long féjour en Egypte , Se qui a donné des rem.arques fur. cet Auteur , en diffère beaucoup lur le fait dont il s'agit. Profper Alpin lui-même efl obligé de convenir que l'abondance des dattes que produit l'Arabie délérte , n'eft point l'eflét d'une fécondation artifi. cielle, mais des vents, qui apportent la pouffière & la fleur des mâles jufqu'à la femelle ; fur quoi M. Aljh'n demande s'il eft vraifemblable que la nature ait aban. donné aux agitations incertaines de l'air la fertilité d'un arbre fi utile ! De plus , les informations qtie le célèbre Tournefat a pris dans l'Andaloufie où les dattes font aufli fort abondantes , n'ont rien pu lui apprendre de certain , fur l'article de la fécondation artificielle du palmier. Jean Bauhin dit n'avoir vu qu'un palmier à fruit à Montpellier : « Ceniefimum annum (a) Dans fa diffcrtation intitu'.ije : fpoifiliii pUnmrum , in-4°. Leipfîc 1746, & dans le pre- mier volume de fes Amanitates Aanlemicit , in-8°. Leyde 1749. {h) Foyei la differtation de M. Aljlon, & l'excellent ouvrage de M. du Tem , fur les dé- couvertes des Anciens attribuées aux Modernes. (c^ Voyez Us mémoires. Tome ÎI. Art. ^/. pag. yS. fif) Ce moyen de fécondation eft admis cependant par plufieurs Botaniftes phyficiens. M. C/cif/r/c/i qui paroiffoit le rejetter en 1754. { Voy. les mém. tom. lî. pag. Ç9. ) l'adopte formelle- ment dans les mémoires de l'Académie Royale de Pturte pour l'année 1764. pag. 51. (») Ces femences étaient- elles fécondes? c'eft ce que M, Alfion ne dit pas , & ce dont U falloit s'aflurei. APPENDIX. 6^ 10 fuperare credltur ^ dit-il, & vtdgà ibi perfnjfum , an:e grandem atatem ftuciutn ■ -^ M non profferre , & vix ante quinquagefutium ann^m^ ut quidam yerhibcbjiit. {a) Selon ^ **^y i y^ ^ M. Atjion , ce palVage de J î ^. *' ' '^ Enfin , M. Aljloh panche très - fort a croire que la pouflière des étamines , doit ^ Vyx''^™0'"5 être regardée comme la matière de la fécondation , que comme un fimple excrément de la plante; ( la voilà bien dégradée! ) mais quoiqu'il en (bit de tes ulages , comme il a été prouvé iufqu'à la dcmonftration , dit M. /lljlon , que les plantes peuvent fans l'on lecouis produire des femences fécondes , notre ignorance à cet égard , ne peut favoiifer le fyHêmc lexuel des modernes , ou la doftrine fuf le fexe °des végétaux , que je me fuis propofé de combattre. C'eft aux Savans à juger (! je l'ai fait avec fuccès. C'eft fur quoi nous n'avons garde de prononcer ; mais on nous permettra de dire qu'iui lynême qui réunit aujoud'hui en fa faveur le ftlffrage des Botaniftes , des Pliy- iiciens , & des N.nuraliftes de toute l'Europe , & qui d'ailleurs eft étayé fur un grand nombre de faits bien obfervcs , ne paroît pas pouvoir être renverlé par quatre ■ ou cinq expériences que lui oppole M. Aljlon : on ne peut cependant qu'applaudir aux eftorts de ce favant Profeffeur; on doit favoir gré à ceux qui ont le courage de s'élever contre les opinions les plus généralement reçues , lorl'qu'ils les croient mai fondées. Dans toutes les matières oi!i l'autorité n'a pas droit de foumettre l'eTprit , le doute conduit fouvent à la vérité ; il eft très - commun que le dogmatifme , ou la prévention , en éloignent. ^Xx'xV^ ARTICLE XXXI. Sur la génération des Champignons, VcrAeT>[k. \ JT OnCiCur Ghiitfch ayant rempli à moitié de melon de Surinam ,_& cou. ag. Lxvm. Wl vert d'ime moulfeline , dix vafes de verre expofés à la chaleur modérée d'un fourneau , il les plaça en dift'érens endroits de la maifon , depuis le jardin & le rez de chaulîëe, jufqu'au dernier étage, à une température d'air très-variée. Au bout d'un tems plus ou moins long , il s'apperçut que la furface du melon en pourrilfant , fe couvroit d'un duvet extrêmement fin , qui n'étoit autre chofe qu'un amas de pe. tits champignons nailfans , épars çà &t là , Si de petites plantes de byffus , de tre- mellc , & de moifilTure , dont M. Gltditfch a fuivi les progrès , tant à la vue fimple , qu'au microfcope de M. Lierbertuhn. On eut été fans doute bien aife de voir les figures de toutes ces petites plantes ; M. Hoak a fait graver dans fa micrographie celles de la moifiil'ure , fur laquelle M. Bradley a fait des obfervations très - inté- reflantes. (a). , -, , ■ j ,-, Le peuple , mot qui comprend prefque tous les hommes , quand il s agit de phiIo- fophie , eft bien loin de s'imaginer , que la moifilTure foit un amas de petites plan- tes, qui ont leurs fleurs & leurs femences, 8c dont la végétation eft foumife à des loix auffi confiantes & aufli régulières , que celle des plus grands arbres. Quelle étonnante petitell'e , & quelle prodigieufe quantité de corpufcules parfaitement or- ganilés , dont cent mille cgilent à peine la quatrièm* partie d'un grain , s'écrie ici avec raifon M. Glediifch ! Ce nombre innombrable de femences qui voltigent dans l'air , & dont chacune , malgré fon infinie petiteffe , conferve invariablement foii rf« RhilU , qui 3 donné à l'Académie Royale des Sciences ( i ) un Mémoire curieux fur la caprj- fication des figuiers de rifle de Malihe ; mais M. Je RivilU a été refuté fut ce point par ftU Aianfon (i) dont l'autorité eft affuiemeut du plus grand poids dans la Bouniquet ( d ) Voy. l'article fuivant. (l ) 'Voy. Le II. vol. des Mim. prif. pag. JtTr). & fair, \ 1 ) Familles des plantes , tom, 1. pag. liO. lit. t)ag, i A P P E N D l X. 6i genre 8c «on espèce , ( * ) çft peut - être tout ce qu'on peut alléguer de plus fort à = i appu. du lyftême de la d:irenimj,.on des germes ; n'cll - ,1 pas cependant de la plus "^ %\\V "^ grande vrauembUnce que toutes ces graines ne viennent onginairemeni que des pe- ' tites plantes qu'elles propagent ? 6c ne peuvcnt-elles pas le former dans chacune xiftans w'^'l"'^'"^ inconnu , lans qu'il ioit nécelTairc de recourir à des germes préc. M. CUJhfch a cru pouvoir conjeaurcr , d'après fcs expériences , que les petites lemences dont nous venons de parler , ne s'clevent peut-être à diftercnies hauteurs qui raifon des divers degrés de pcfanteur Ipccifique propres à charune avant rc' marque que la moifilTure lurpaflbit le biirus & h tremelle dans les l'eux les plus bas Se les plus humides , tandis que dans les plus élevés & les plus lecs , ce font le bilibs 8c la trumelle , qui l'ont emporté fur la moifilTure. Cela ne peut - il pas venir aulîi non de ce que les femenccs de la moifilllire , fuppolëes plus pefantes , ne peuvent pas s élever h haut , mais Iculement de ce qu'elles ont befoin de plus d'humidité pour ^u'eTês*!^"" ^ "^^ '^ tremelle, quoique peut-être auffi légères g^=======^^^ ■ .=^ ==-« ARTICLE XXXII. '^Xxxu'.' MOISISSURE , ( Grjm. & Philof. ) ce terme fe dit des corps qui fe corrompent p , v a lair par le principe d'humidité qui s'y trouve caché , & dont la corruption '•'"=>■'='•'• -^ fe montre par une efpece de duvet blanc qu'on voit à leur furface. Cette moifiiUire eft trèscurieufe à voir au microfcope ; elle y repréfente une ef pèce de prairie , d'où fortcnt des herbes & des fleurs , les unes feulement en bou- ton , d'autres toutes épanouies , &c d'autres fanées , dont chacune a fa racine fa tige , ik toutes les autres parties naturelles aux plantes. On en peut voir les fi- gures dans la Micrographie de Hook. On peut obferver la même cliofe delà moiûf, lure qui s'amalî'e fur la furface des liquides. M. BraJUy a obfervé avec grand foin cette moififllire dans un melon , & il a trouvé que la vegetition de ces petites plantes fe faifoit extrêmement vite. Chaque plante a une quantité de femences qui ne paroilTent pas être j heures à jetter racine , &c dans 6 heures de plus la plante eft dans fon état de maturité , 6c les femen- ces prêtes a en tomber. Quand le melon eût été couvert de moifimire pendant 6 jours , fa qualité végétative commença à diminuer , &c elle pafla entièrement en deux jours de plus ; alors le melon tomba en putréfadion, 8c fes parties charnues ne rendirent plus qu'une eau fétide , qui commença à avoir aiTez de mouvement dans fa (urface. Deux jours après , il y parut des vers , qui en 6 jours de plus s'enveloppe, rent dans leurs coques , où ils refterent 4 jours , 81 après ils en fortirent en état de mouche. Article de ]\1. le Chevalier de Jaucoun. (♦) Muhcli eft le premier qoi ait découvert en 1719. celles des chimpignonj , & qui ji« ...... c . , . ., . f,inj5_ MM. Ghdiifch en Adanfon fanùll, dej pUntA ^ ^ — ,.. ,. |...,i..4b> ^ui «i« ucbuuvcn en 1729* celles aes cnam prouve P" des expériences fines , que ces plantes fe reproduifent de graines". M M. Gkdtifih en I7SJ . « Baitura en 1755 , ont confirmé ces tutieufes détouvertSS. Adam ' prel. psg. cxxxvn. prêt, p _ ( a) Voy. le XIV. art, du D.fiour:. 66 A P F E N D I X, ARTICLE XXXIII. ARTICLEXXXIII. Tom. II. des Sur /'ufi/ilif des ohfervationi du Baromètre dans la pratique de la Médecine. tAém. préfcn- tés à l'Acad. Par M. B E R R Y A T , Roy, des Se. Concfpondant de V Académie, Voy. leDifc. T 'E^cès de pefanteiir Se de légèreté de l'air n'influe pas feulement fur les ma- pae. Lxxiv. ' L ladies qu'on voit régner dans les dift'érentes faifons , ou dans les changemens de tems conlidérables , il coniiibue encore au bon ou mauvais efiét de la plupart des re- mèdes. J'ai eu plufieurs occafions de vérifier cette dernière obrervation que j'ai tou- jour regardée comme d'une très -grande conféquence dans le traitement des mala- dies. Les plus favorables que j'aie rencontrées font un flux dyfientérique !k une anazarque ; la première de ces maladies dans»un jeune Capitaine qui la portoit de- puis 3 ans , & .l'autre dans l'époufe de M. Eourdeaux , toutes deux en 1746. Le jeune Officier ne fe trompoit prefque jamais dans les prédiûions fur le change, ment de tems, fur- tout lorfqu'il s'agidoit de la pluie , qu'il annonçoit pour l'ordi- naire dans le plus beau tems , & 24 heures par avance. Il en étoii exaftement averti par des tranchées plus violentes , une plus grande débilité d'eliomac , des déjcflions plus fréquentes , & ime certaine mélancolie dont il n'étoit pas maitre. L'hydropique dont j'avois fait mefurer la circonférence prodigieufe du ventre , poui- lui en faire connoître la diminution , pcrdoit quelquefois l'excédent de la mefu- re , &C la remplilToit entièrem.ent lorfqu'on étoit menacé d'une grande pluie ; les dé- jeftions , bien loin d'augmenter comme dans le cas précédent , diminuoient & fe prétoient à peine aux remèdes les plus aflifs. I.'oppreffion , la pefanteur, la roi- deur des jarrets &c autres fymptômes augmentoient confidérablement. Tout cela s'accordoit fi bien avec mon baromètre , que fans voir la malade , je prévins plu- fieurs fois fon inari fur le changement que je devois trouver , 6c je ne fus jamais trompé. Cette caufe bien connue me fervoit à ralTurer mes malades fur des accidens que je leur annonçois comme pafl'agers ; mais ce qu'elle m'indiquoit de plus important pour eux, étcit d'augmenter plus ou moins la dofc des remèdes , parce que la dofe ordinaire devenoit fans effet aux approches de la pluie , Si il étoit de confcquence de ne pas laiffer long -tems le mal dans le même degré. Dans l'un , il falloir fufpen- drc les laitages , ik oppofer par les aftrigens , 6c les ftomachiques une efpèce de barrière à la trop grande liberté du ventre , qui devoit furvenir. Dans l'autre , il falloir par des purgatifs plus irritans , rappeller dans les inteftins les eaux qui fe por- toient trop facilement à l'habitude du corps , oi'i elles trouvoient plus de relâchement, & par conféquent moins de réfiftance. Mais pour réuillr dans l'un lie l'autre cas , il ne falloit pas attendre , pour opérer , l'événement de la prédiiElion ; il s'agifibit de prévenir le mal , & d'en eftimer toute l'étendue par la caufe qui l'annonçoit. Or , rien ne pouvoit alors être d'un plus gi-and fecouis que l'obfervaiion exafte du baro- mètre ; c'efl ce que j'éprouvai avec toute la faiisfaÔion qu'on peut relfentir en pareil cas ; car mes malades par ce moyen , n'ayant pas porté un jour fans recevoir quelque fou- lagement , furent conduits à une parfaite guèrifon dans la fai fon la plus contraire. Une obfervation que j'ai eti fouvent occafion de faire l'année dernière , c'efl que dans le tems de la plus grande élévation du baromètre , plufieurs perfonnes de ma connoilîance fujettes à des maladies du genre nerveux, ne manquèrent jamais d'en avoir des A P P E N D I X. 67 Bcs attaques proportionnées à cette élévation. C'eft pourquoi depuis le 16 Janvier X^tTcTI jufqu'au 30 inclulivcment , que le baromctrc fe fomlnt à 28 pouces Se 18 pouces XKXIII. deux lignes, je vis ces mêmes pcn'onnes dans des vapeurs convulfives les plus vio- lentes , &£. en danger d'y périr, fans le recours des faignécs du pié répétées , Si des narcotiques à haute dofe ; mais ce qui acheva de me confirmer dans cette idée du baromètre , c'cfl qu'elles demeurèrent tranquilles pendant tout le mois de Février , & retombèrent dans le même état les premiers jours de Mars à l'occafion d'une nouvelle élévation du baromètre. L'état des menilrues ne paroilToit pas y influer beaucoup , puifque celles qui en étoient éloignées de quinze jours , 6c celles qui touchoient à leur terme en étoient également tourmentées. I.orfque le baromètre vcnoit prelque fubitement à fa plus grande élévation , elles étoient frappées de même ; mais lorfqu'il y venoit par degrés , voici quels étoient les (ignés avant-coureurs de cet accident , que j'ai obfervés plus particulièrement fur une jeune perfonne , qui depuis 11 ou 13 ans étoit attaquée de vapeurs hyftériques (1 violentes , que bien des gens & des Médecins mêmes les confondoient avec l'épilepfie. Sa rcfpiration devenoit de jour en jour plus difficile , elle reilèntoit fur l'eftomac un poids qui alloic toujours en augmentant, fur-tout après les repas, une grande difficulté à marcher ; fa peau, de douce & luiie qu'elle étoit, devenoit féche S< rude, fes veines aupara- vant imperceptibles fe gonfloient à vue d'oeil ; le fang lui montoit fouvent au vi- fage , & y occafionnoit un rouge foncé auquel fuccédoii une couleur pâle & plom- bée , les lèvres tant ibit peu livides , les tours des yeux battus , le regard rude , &c quelquefois égaré ; les urines étoient ou crues ou bourbeufes , le ventre parcfil'ux, le pouls fe concentroit par dégrés ; l'humeur étoit bifarre , tantôt trifte &c mélan. colique , tantôt d'une gayeté à rire fans fujet. Enfin tous ces accidens proportionnés à la conftitution de l'air, après avoir augmenté par dégrès, fe terminoient par des convulfions horribles de tout le corps avec perte de connoilfancc St de fcntimcnt. Les mouvemens de corps étoient fi violens , que 3 ou 4 perfonnes avoient bien de la peine à la foutenir. La convulfion des mufcles de l'abdomen , & du diaphragme paroilfoit repouflèr tous les vifcères dans la cavité de la poitrine , qui s'èlevoit & fe dilatoit pro- digieufement , à mefure que le ventre s'applatilToit d'une façon extraordinaire. La malade demeuroit quelque tems dans cet état fans mouvement 8c fans refpiration apparente, le pouls infcnfible, le regard fixe & féroce , le vifage une fois plus plein qu'à l'ordinaire , & relevé des plus belles couleurs. Enfuite la poitrine retomboit peu- à-peu de cette élévation , Se entroit dans des mouvemens convulfifs d'infpiration Si d'expiration aufli laborieux & aulli fréquens que ceux d'une perfonne , qui , après avoir couru long- tems Se à toutes jambes , feroit contrainte de s'arrêter Se de tomber toute eirouflèe entre les mains de fon ennemi. Delà elle paffoit à l'état le plus tranquille en apparence , tel que celui d'une perfonne qu'on voudroit reprèfcnter en extafe ; elle paroilfoit s'occuper de différentes idées ; on la voyoit fourire d'un air content , Se quelquefois rire à gorge déployée ; un moment après elle prcnoit un ton plaintif entremêlé de foupirs Se de fangiots , elle pleuroit même à chaudes larmes. Tout-à-coupelle rcprenoit un air furieux , cherchoit à fe déchirer la poiiri. ne , à s'arracher les cheveux , à fe frapper la tête contre un mur ; fon corps bondif- foit Se s'èlevoit de deflus fon lit , quelques efforts qu'on fit pour la retenir. Enfin toute cette fcène fi variée fe terminoit au bout d'une heure ou deux par un accable- ment extraordinaire & proportionné à tous les violens mouvemens qu'elle venoit de redonner. Le pouls lui revenoit avec la connoiflance , Se les douleurs plus ou moins grandes qui lui reftoient quelques jours après , étoient les feules matques par lef- quelles elle jugeoit de la violence de fon accès. Je ne dirai que deux mots du traitement de cette maladie , pour me borner à ce qui 0 plus direftement trait à l'obfervatiQn du baromètre. Comme la violence des accèt Tq/h, l. ««««•»•««««• 6Î A P P E N D I X. s==^ permettoît rarement d'y apporter aucun remède, je m'attachai à profiter de l'in. ■* Yx m''/ tcrvîlie plus ou moins long qui le trouvoit cntr'eux ; delorie que dès le lendemain d'un accès paiié, je travuillois à prévenir, ou du moins à .ftbiblir le luivant. Je dirigeois toutes ines vues . non du côté des menfti.ucs qui ont toujours été aircz abondantes & allez bien réglées , mais du tôié du genre nerveux , dont il talloit détruii e , s'il étoit pofliblc , l'éretihr.e n la troi> grande iéiilîbilité. Je tirai donc les principaux remèdes de la clalVe des caïmans , des aniihifténques , & des adoucillàns ditîéremmenl combinés , ^ propL-rtionncs à l'étnt ou je trouvois la mal.ide. Mjis tous ces remèdes ne pouvoient opérer qu'/i la longue fur une maladie qui avoit ij ou 14 ans de date ; il falloit sattendiï à voir revenir encore bien des accès. Cela arriva efteftivement , Se ce fut en obfervant ces accès , que je m'appcrçus de leur conformité avec les mouve- mens du baromètre, fur-tout lot Ique ceux ci le portoient d'une extrémité à l'autre. Je rega; liai donc cette obfervation comme un moyen d jnt je devois profiter pour pré- voir les approches des acès , S* y oppofer des remèdes plus puillans que ceux dont la malade Faiibit un ulage ordinaire. C'elt pourquoi dès que j'appercevois une éléva- tion tant foit peu confidérablo , j'avois foin d'interdire les nourritures Iblides , &c d'aug. menter la dofe des antifpafmodiques , & lorfqu'il parvenoit jufqu'à 18 dégrés ou liJ 2 lignes , ce qui eft allez rare ici , je ne craignois pas de doubler & de tripler la dofe de ces remèdes ; ainlî je donnois dans ce dernier cas jufqu'à 30 gouttes anodines , 40 de teinture de callor , dans une iniufion de mehlFe à laquelie on ajoutoit le fyrop de quinquina & l'eau de canelle orgée. A la première tentative de ce remède de pré- caution , j'eus la fatisfaftion de voir la malade tomber dans un accablement & dans une moiteur que j'entrwinspar l'ufage de la même potion partagée en s ou 6 prifes. Cet état bien oppofé à l'érétilme que je redoutois , la preferva de l'attaque dont elle étoit menacée ; ik en ulant de cette précaution , lorfqu'on le pouvoit , elle en tut toujours préfervée. En un mot , je me procurai par cette méthode des intervalles alVez longs pour tirer parti des remèdes adouciUans , tels que les bouillons appropriés , la diette blanche , les laitages , &c. qui font enfin parvenus à corriger l'aciimonie du fang , à détendre le genre nerveux, 6c à répandre le calme parfait dont la malade jouit depuis p'us d'un an. Je ne finirois pas , Ci je voulois rapporter tous les cas oîi je me fuis apperçu d'une grande différence dans l'effet des remèdes , occafionnée par le changement de tems. Il fuffit de faire obierver que pour en efpérer de bons effets , un Médecin doit s'être affuré de la difpofition du corps , & s'y conformer tant pour les dofes de ces remèdes que pour le tems où il faut les placer , & qu'ainfi il ne peut être trop at- tentif aux changemens dont elle eft fufceptible , & aux lignes qui peuvent les an- noncer. Tout le monde fait que par un tems de pluie , les purgatifs agiffcnt beau, coup plus doucement Se plus efficacement qu'en tout autre tems, &c qu'on peut même en retrancher la dofe fans diminuer leurs effets ordinaires, ce qui eft d'une grande conféquence dans bien des cas ; mais peu de perfonnes favent qu'on peut un jour ou deux avant la pluie uler du m.ême privilège ; il n'y a que le baromètre qui puilfc en avertir. Ce que je dis des purgatifs doit s'appliquer à une infinité d'autres remèdes. Juge M EST de l'A c adé m t s, II a paru que cet ouvrage pourroit donner des lumières fur une partie intéréf- fante de l'œconomie animale , 8c déterminer les yeux des bons Praticiens à tourner leurs regards vers un objet ) la rarétaftion. ou la répulfion en luppoCent au moins deux , puirqu'clles expiinient un rapport de plus ou moins grande proxi- mité , tout rapport ayant au moins deux termes. Cette doflrine eft expofée plus au long , & très philofophiquemcnt , dans la partie dogmatique de l'article Chimie de V Encyclopédie , fourni par M. ^ene/ , arti- cle qui doinie l'idée la plus diiUnguée de fon Auteur , ainfi que de l'importan- ce , de la dignité , des difficultés , & de l'utilité de la Science dont il cherche à infpirer le goûi. J'avoue qu'en mon particulier , j'ai obligation à M. Venel do m'avoir fait aimer la chimie , pour laquelle j'avois été jufqu'alors allez indifférent. Un homme aufîi éloquent que M. ^e;iel ne peut manquer de lui faire un grand nombre de proieiiies ; on pourroit appeller avec allez de fondement ce grand Chi- mifte l'apôtre de M. Rouelle , qu'il le glorifie d'avoir eu pour maiire. L'air fixe de M. H.sies , celui , par exemple , qui forme plus de la moitié du poids du calcul de la veflîe , doit être confideré encore , félon M. Venel , comme un air diflbus nu combiné (f); le feu lui-même , combiné réellement, & privé par cette union de toutes les qualités qui l'annoncent le plus manifeftement , Tend très-conce- vable la fixation de l'air beaucoup moins mobile , fans doute. ( d ) Du refte , il n'eft pas étonnant que l'air dilTous dans l'eau , n'en augmente pas fenfiblement le volume , puiique l'eau peut également fe charger d'une certaine quantité de beau, coup de fels neutres , ftns augmenter le fien , fuivant les expériences de M. Eller , qui paroilTcnt exaftes. (e) L'eau qui eft une fois faturée d'air , ne fçam'oit être forcée pnr aucun moyen à en prendre davantage , tant qu'on le lui préfentera en mafle {/) ; mais M. Venel eft parvenu à lui en donner une beaucoup plus grande quantité en rompant l'ag- grégation de ce dernier ; & cela en combinant tout doucement dans l'eau la bafe du fel marin à fon acide , jufqu'au point de faturation. L'air qui fe dégage pendant cette combinaifon , fe précipite en parties folitaires , qui s'unilfent chimiquement à celles de l'eau , au lieu de fe réunir en bulles. Deux gros d'alcali de fonde , 8t la quantité d'acide marin nécefîaire pour les faturer , ont fourni de cette façon à M. Venel ime eau, qui imite parfaitement l'eau minérale de Selq , (g) cette eau n'étant , fuivant l'analyfe que ce grand Chimille en a faite , qu'une diirolu- tion de fel marin, z^ec fur-abondance d'air. (*) Cette belle découverte de M. Venel, & toute la fuite de fon travail, fuivi avec beaucoup de foin, & une grande intelligence , au jugement de l'Académie ( A ) , doivent faire attendre impatiemment du public , l'ouvrage qu'il prépare fur les eaux minérales du Royaume , dont l'exa- ( a ) Uid. pjg. 9î. {h) It-J. (c ) IM. pag. 94. (d) Ihid. pag. 9;. ( e ) Voycifous l'ann. 1750. l'art. XXXVIII. (f) Mêm. cite , -pag. 96. (s ) ihid. pag. 99, & 100. ( * ) C'eft à cet air fur - akondaat que les eaux de Sdt^ doivent leur pltjuant , car elle» n'ont plus qu'un goûi infipide & plat , lorfqu'on les en a dépouillées par la l'ecoulTe (1) ; il en eft de même de l'eau artificielle de M. Vcml & probablement auITi de nos vins moulTeux , ici que celui de Chatnpagne. y . (A) Prcf:Lcc des Mémoiret prcfintés , pag. XU< ( I } Uid. pag. 100. A P P E N D I X. 71 Bien lui a été confié par M. le premier Médecin du Roi , Surintendant de ces -^ eaux, 6c julte appiéiiateur du mcriic & des talens. A r t i c 1. t M. du Tour, (•) correipondant de l'Académie Royale des Sciences , lui a X X l Y. communiqué des expériences , delquclles il réiulie qu'en lailanl couler l'eau par des canaux fuit étroits , comme par exemple , en la filtrant à travers le fable , elle fe dépouille de fon air ( a ). M. du Tour coniefturc que la pefanteur de l'atmofphère diminue peut-être affez quelquefois pour que l'air répandu dans l'eau acquière la facilité de s'en dégager , quoique ce ne Ibii pas fcnfiblement ; ( i ) il dit la même chofe du froid &t du chaud (v). Si ceite conjeftiuc eft foiidée, il en réfultc qu'on ne peut déterminer exaftement la quantité d'air contenue dans l'eau , dans les différentes tempéra- tures , qu'en ob.crv;ni en même lems le baromètre Se le thermomètre ; or , il pa- roit que divers Phyfi icns , 3» nommément M. ElUr , ont négligé cette précaution. Une chofe alfcz e>tiarquable , c'eft que les molécules d'air qui le dégagent de l'eau pendant l'ébulliTion , & dans le vuide delà machine pneumatique , paroilfent toutes paitir du fond du vafe ; on n'en voit aucune éclore du fcin de l'eau , tout au plus s'en c!eve-t-il qucique.unes des parois du vafe (,d). Peut-itre , dit M. du Tour , la railbn que je vais en affigner paroitra-t-elle plaufible. Les molécuies d'air qui occupent la couche inférieure d'une maflc d'eau ne font pas mouillées de toutes parts, elles ont une portion de leur mafTe appuyée immédiatement fur la furface du fond du valé , £i cette portion doit être à fec ; par conlequcnt elles feront plus difpofécs 3 Ce dilater que les autres molécules d'air , qui étant dans le fein de l'eau , en font enveloppées en entier: celles de la couche d'eau inférieure doivent donc être _les plus prêtes à tirer parti de l'affuiblinément de l'air ambiant , 8c déloger les pre, mie, es ( «). Par une femblable raifon , contiuue M. du Tour , les molécules d'eau qui font cantonnées dans la circonférence des diverfes couches d'eau qui font toutes bordées par les parois du vafe, font en place commode pour fe dérober aifément à l'eau; aufli s'élance-t- il des bulles d'air de deflus ces parois ; elles font néanmoins en pctitç quantité en comparaifon de celles qui panent du fond (/). Cette dernière obfervation femble renverfer l'explication de M. du Tour ; car enfin, pourquoi ne part il prefque point de bulles des parois du vafe ? ne préfer,. tent-elles pas plus de furface à l'air que le fond .' Et les particules d'air qui fon? en coniaft avec les parois , ne peuvent - elles pas aufll les toucher à fec ? L'expé- rience du n°. XXVL page 485. (••) paroit donner une nouvelle force à cette ob- jeftion ; d'ailleiirs pourquoi les molécules d'air qui fc trouvent dans la dernière lamo de la furface d'eau qui touche immédiatement à l'atmofphère , ne fe dégagent. «Iles pas les premières ! Ne peut on pas fuppofer que leur partie fupérieure eft -^ i*) Voyez dans le II. Tome des Mémoires préfertës à l'Acadëmie pag. 477 , texpofiiia^ d une théorie fur le renouvellement de l'air dam l'eau, & fur ta dé/union des maltira folublei çccrU far les diffolrans. ^ j ^^ i (a ) Ûid. pag. 477. n"- IV. (*) UiJ. pag. 478. n». V. (c) liid. n°. Vil. (d) lh,d. pag. 482. n". XXI. (e) IHd. pag, 485. n". XXIII. (/) lii^-^ P»g. 48?. 8c 484. n». XXIV. (**) Voici cette expérience. J'ai pris , dit M. du Tour , un de ces verres qui ont la forme d un cône tronqué ; après en avoir mouillé & frotté fuffilamment les parois intérieures pouf «n détacher l'air adhérent , je l'ai rempli d'eau , & placé dans le vuide de la machine pneu- aiatiquc , & j'ai obfervé que les bulles d'air s'élevoient en toute autre quantité dans la colomne d eau appuyée fur le fond étroit de ce verre que dans les coloituiss Uléiiles , qvu ont Uuil B»fc$ lut les Dirais inclinées, 72. A P PEN D I X. 8r" ' '~= lec ? 8t la maffe de l'air ambiant , fur-tout lorfqu'il eft autant raréfié qu'il l'eft ^■xxx^V^ dans le récipient de la machine pneumatique , quand on a t'ait agir long-tems la pompe, ne leur oftie-t-elle pas un milieu moins réfiltant à parcourir , que la malle d'eau qu'elles ont à traverler pour fe rendre du fond du vafe à la lurface % Pourroii-on due qu'il leur faut un point d'appui pour déployer leur reffort , 6{ que ce point d'appui leur ell fourni par le fond du vafe ? Mais en ce cas , pour- quoi les parois du vafe ne feroieni-elles pas le même effet î M. Mariote , £4 M, l'Abbé Nallet ayant clierché a connoître le tems que l'eau emploie à fe rall'afier d'air , ont eu des reiuliats biens diftcrens. Le premier de ces Phyfi'-iens obferve que l'eau n'avoit ceUë d'abforber l'air pendant vingt jours, 8f le tecond qu'elle s'en étoit parfaitement faoulée en fix. ( • ) M. du Tour re- marque fur cela qu'il n'eft guère poffible de conclure quelque chofe de bien précis de ces deux' expériences , parce qu'on ignore le rapport des volumes d'eau corrpjrés {a ). Dans le relie de fon Mémoire , M. du Tour recherche fi c'eft par elle-même ,ou a railbn de 1 air qu'elle lenferme , que l'eau pénétre 6t fcpare les parties des corps fournis à Ion «ftion ; il le déclare pour ce dernier fentiment , qu'il appuyé de quelques expériences , dont il faut voir le déiail dans fon Mémoire. Nous ne pouvtns en placer ici que quelques réfultats. On lait que des coings de bois fec , qu'on introduit de force dans les corpj les plus duis , comme la pierre dont on f.it les meules de moulin, & qu'on hu- mefte enjuite avec de l'eau , fe gonflent au point d'obliger les parties de ces corps à céder , b» à le féparer. On penlé affez généralement , que cet efl'et dé- pend de la force péneiran'C de l'eau , qui s'inlînuant jufques dans le tilfu le plus intime eu bois , en augmente le volume. M. du four croit ( fc) au contraire, qu'un liquide non élalliquc , comme l'eau , efl incapable d'un tel effet , £< qu'il faut né- celî'airement recourir pour l'expliquer , à un fluide élaftique , dont le reffort fe dé. bande tout à coup; t» ce fluide elt l'air , tant celui qui eft logé dans les pores du bois, que celui que l'eau y amené. A l'égard de celui qui ell renfermé dans le bois , on fait par les expériences furtout de M. HaUi , qu'il y eft extrêmement comprime, ik par conicquent qu'il doit tendre par fon reffort C" ) à en écarter les fibres. L'eau en s'infinuant dans les inierftices de ces dernières , met ce reffort en état de déployer fon aftion , & celui dont elle eft chargée elle même , recouvre auflî fon élaliicité , parce qu'elle l'abandonne , lorfqu'elle ell obligée de palVer par des filières fort étroites, comme le prouvent les expériences M. du '^o"'' ; en gé- néralifant cette ihéoiie, l'eau , ainfi que tout autre dilfolvant , paroît à M. du Tour , {c) une matière propre à contenir de l'air dans un état de compreffion , _& à l'introduire dans cet état , dansles pores d'un corps difpolé à livrer paffage à ce ( f ) M. Labbé Nollet s'eft apperçu qu'elle en abforboit plus pendant le jour que pendant Ij nuit ( I ) ; la quantité totale aLforbée pendant le jour fut à celle abforbée pendant la nuit , comme 3î cil â i8. - ce qu'il faut attribuer à ce que l'eau contraftant plus de chaleur pen- dant le jour , étoit plus ouverte , cortwne difent les Chimiftes , & difputoit plus foiblement le palTaee à l'air. Nuu de M. du Tour. pag. 480. n". XLIl. (a) Ibid. pag. 489. n". XLI. (*; liid. pag. ^qo. n". XLV. (** ) Si cet air eft divifé dans fes moindres molécules , & par conféquent diffous ou combina, fuiv;t,t l'idée de M. Vend , ("i) il eft entièrement dépouillé de fan élafticité , & ne peut l«a- dre , par cette raifon , à écarrer les Hbres du bois. {c) Ibid. pag. 495. n". UV. { I ) Me'm. de VAci2d. 1473. pag. 214. (■») Voy.fi-devmt, les pag. 69. & 70. • A P P E N D î X. 73 diflTolvant, & où cet air , quand quoique caiifc vient à lui rendre Ta dilatabilité ■■ — ^ " ordinaire, fe développe :'Vec une force capable de brifcr la prifon qui le renferme. VVy f y * M. "u Pour a fait beaucoup d'evpérienccs , qui viennent encore à l'appui de Ton ' opinion ; il a obfervc que l'eau purgée d'air n'a pas, à beaucoup près , autant d'ac, lion fur le fci; & fur le cuivre , q\ie celle qui en eft faoulée ( a ). !1 ne dilfimulo pas cependant que que qucs unes des épreuves auxquelles il a eu recours , n'ont pas été favorables à l'es i Ices ; il n'a pas remarqué des diflférences fenfibles d'allon- gement , entre des bandes de pipier 6t des cordes à boyau , mouillées avec de l'eau purgée d'jir , b< celles qui l'avoient été avec de l'eau non dépouillée de foa air (t ). Il convient que le lucre , le vitriol , le fel marin &cc. le fondent , pour le moins , auffi vite dans Tcau puigéc d'air , que dans celle qui en eft imprégnée , autant quelle peut l'éne ; ( t ) ( * ) mais tout cela ne lui paroît pas décilif contra fon fentiment ; il l'expiiquc encore conformément au lydême qu'il s'eft formé , car que n'expliquer on pas en phylique , avec autant d'efprit qu'en a M. Ju Fouri Âufli fes explications ont elles paru nouvelles & ingiinieufes à l'Académie ; elle autoii feulement déliré que les expériences f ilîent plus concluantes &t en plus grand nombre ; ik c'eft , dit 1 illuftre Secrétaire de l'Académie , ce qu'on a lieu d'at- tendre du zcle èc de la capacité de l'Auteur ( J ). Il faut efpcrer que M. Ju Tour fe rendra à une invitation auiii honorable ; les conjeftiires , dit ingénieufement un Philolbplie célèbre . ( < ) font les étincelles au feu defquelles !a bonne phyfiquç allume le flambeau de l'expérience. m ' = — -ssg= — — «g _. ARTICLE XXXV. Sur les Jlnui veineux du Cœur. MR. de Haller a communiqué à l'Académie Royale des Sciences , une obfer- ^^f^ ^^ ^,, vaiion de M. Mectel , Correfpondant de l'Académie , fur l'organe qui met les cad'érii. ann/« amphibies en état de relier fi long-tcms fous l'eau. M Mectel trouve la raifon de 1753, p. xjt, cette propriété dans deux finus veineux tris-fpacieux qu'ont ces animaux , dans lefquels le lang fe ramalTe pendant que la route des poumons lui eft interdite (/). ARTICLE XXXVI. xVxVjf Caloris diminuii & aucit phanomena nova paradoxa & confideratlones. Aiiclore J. A. Braun. »r ■ MR. Braun remarque que l'obfervation de M. RUhman avoit déia été faite par T" ■*"^""'» M. Anwnjlons ( Mém. de l'Acjd. 1699.) & que M. Mufchenbroeck ditaufC quel- jmpTiX" F*. que chofe de pareil dans fon Eli", de Phyliq. §. 96». Après quoi il ajouie , pag. 31 j: iropoiuana. «, (a) Ibid. pag. 496.500. ^- /"■<" *>** (*) Ibid. pag. 495. n". LUI, 'z"'»" ( c) lUd. pag. ;oo. ( * ) M. Bcccari , membre célèbre de l'Académie de Bologne , a fait plufiears expériences liir Us diffolutions des corps dans l'air & dans le vuide dont le réfultat , eft que , McialUaqui fcrtt /olvantur citius in aire , çitam in vacuo ; camphora , & cancorum ocuti , iUa vint fptritu , hi vilrioli , fahanlur citius in vacuo ; fait! fi fohanlur frigida , mcuilorum morem fcquantur ; aliarun rtrum , fi calida. Atque hxc phyfico pontnti Icgcs faits effc poffunc ; rerum caufas fuartmi ««q fitnt faiii. Comment. Académ. Bonon. tom. II. pars I. pae. ut, (d) Préface de, Mém. pref. pag. VII. {e) M. Bonnet y confiderat, fur Us corps organif. tom. I. pag. 14. {fi ^"S'X f'" t'tnnic ijje, le Mimoirt de M, Metkel fur une dilatatioa metrifmaU dit (Muit 74 A P P E N D I :}C. ^ ' '" ^ » ab hoc tempore ufque ad Rkhmannum , nulla , quod fcîam , hujus phasnomenl XXXVI ^" '"'^"''o '''^'' ''■''^ ' quamvis notatu digniinmum ; » par où l'on voit que M. Braim n'a point eu connoilî'unce des expériences de M. Cutlen. Le thermomètre ne baille point lorfqu'on le retire aptes l'avoir plongé dans les hni« les ciî'cntieiles £< dans les huiles grali'es. pag. 316 318. (*) Non plus que dans les acides minéraux. Bien plus , l'huile de vitriol produit une augmentation de chaleur de 8. 9. & :o. dégrés. pag. 518. Cependant l'efprit de foufre augmente le froid de deux à trois dégrés. ib. Terraini intcr frigus funt inter i 6t 9. vel ad fummura 10. Idem de produftioue caloris ab oleo vitrioli valet, p. 319. Aqua pura 6. Si 6 ~. Solutiones falium per aquam , ut falis communis , vitrioli , aluminis , nitri , &c> eirciter 6. ib. Fieri poteft , &C folet , ut dilatatio , vel expanfio , fubitô in vitro oriatur per ca- lorem externum , antequam ipfe mercurius in thermometro ab ifto calore affici & dilatari queat , quo cafu non potcft non defcenfus mcrcurii Tequi , &c frigus para- doxum , fed tantum adparens. Luculentiffimum ejiifmodi frigoris adparemis pro- duâi exemplum pra:bet illud experimentum , quo , interveniente ipfo ignc , aqua frigidior , led tantum adparenter , reddi poteft. Scilicct f; in phiolam aquâ plenam thermometrum inferitur , 6t phiola cum thermometro vafi alii aquâ pleno immiiti- tur , 6t eàdem in phiolse aquâ &c vafis eam continentis , temperie ortâ , injicitiir fubitô copia prunarum : obfervabitur hydrargyrum fubitô in thermometro defcen. dere , quod fatis paradoxum videtur, quum à calore carbonum candentium injeftorum mercurius 'non delcendere , fed adfcendere debeat , adeôque calorem , non frigus monftrare. Sed hoc frigus eft tantum adparens , non verum , non reale , pendet enim non à contraûione mercurii in thermometro contento , fed à dilatatione vitri mercurium continentis llibita , antequam mercurius à calore affici & dilatari po- teft ; nam commi.nicato calore ftatim m'îrcurius adfcendere incipit. (**) Novi comment. Petropolit. tOiTi. X. pag. 320. Ik 31'. Pari modo calor adparens oriri poteft à fubitâ vitri mercurium continentis con- traûione , dum , ut hoc potiffimum utamur , thermometrum ex aquâ fervente 8t bulliente fubitô in loco frigidiore extrahitur. Adfcendit fubitô in cxtrafto thermo- metro mercurius , feu faltus fubitus oritur, quo fafto ftatim , ut débet , rurfum def- cendere incipit. ib. p. 3zi. (*J Les huiles tant elTentielles que gtsites ne font pas delcendre le thermomëtre faute d'^va- poration. Nam , & propriis cxperimentis edoai fitmus , dit M. Braun , oUa exprejfa nihit ; fiiilalitiM pleraqiic parum aut nihil omninô evaporare, ibid. pag. 22 J. Tous les acides minéraux concentrés , l'huile de vitriol fur-tout, font baifTer le thermomètre , parce qu'ils attirent puilTamment l'humidité de l'air , & qu'ils réchauffent , comme il réfulte de* expériences de M. Braim, ib. pag. 316. Cet Académicien préfente dans une table très-curieufe ("pag. 518. 319.) les réfultats des ex- périences qu'il a faites avec différens liquides fur les accroiffemens & la diminution fuccelîive de la chaleur. (**) Cette explication donne le nœud de l'expérience de Mrs. EUer & G t offroi ,■ qai ont vfi l'un ic l'autre le mercure du thermomètre baiiTer fubitement de quelques lignes , lorfqu'on jettoit ies chatbons ardens dans de l'eau où on l'avait plongé. Foy, U Difc. pag. lxxxy. & fuiv. ARTICLE A P P E N D I X. 7S fS^ ' ' =S^ - ' f^ Article XXX VU. 'ARTICLE XXXVII. De gradibus frigorij fummit , quoi ceria jluidorum gênera ferre pojjur.t , antequam „j„, Aaim fiant J'olida , in glaàem abeuntij , &i . . Dijj'ettano experimentatii. Auclore j. A. Sciem. Imp. Braun. Purop. lom. A„ ^ , . ^ ,. . . , . Vlll. pro ann, D foliuionos raimm quod attmct , quarum phenomena primum proponcmus , ,-jCo. &■ nCi. notandiim cft , in omnibus iblutionibus eandem aquîs quant;ta:em efTe adhi- bitam , fcilicet calycem vitreum , ex quo viiium bibi Iblet , aqi;â feiè plénum. Kovtrfout Calor aquae ferè crat gradus 60 , quo ceia lundi Tnlet. Sales ipfi eundem gradum l'ann. 1750. caloris tenebant. Solutio ad punftum faturationis faOa cft. Gradus caloris uitimct , les Mcm. de quos in ftaiu fluiditatis , 8< iniiio firmitatis ferre hse folutiones potucrunt , iiotavi , M.EiUrCutiet quandô fuperficies aqu?j falfiB glacie obduci cœpit. A^^^°"!r(T't En ipfos frigoris gradus , quos in flaiu fluiditatis ultimô tulerunt diverforum fa- fion des fei lium folutiones , five fub quibus in glacicm abiere. _'°, y^^^^ ' Solutio falis communis in glaciem abiit fub gradu i8x Solutio falis ammoniac! 181 Solutio falis digeftivi fylvii 16$ Solutio facchari 161 Solutio cincrum clavellatorum 161 Solutio falis alcali depurati 160 Solutio falis eblbn 156 Solutio nitri depurati. : 155 Solutio falis fedlicenlîs : 154 Solutio aluminis 153 Solutio vitrioli veneris 151 Solutio vitrioli communis 151 Solutio boracis venetx 151 Solutio falis fibirici ... : 151 Urina ; »... 151 Solutio arcani duplicati iji Solutio tartari albi . . . ^ 151 Ex comparatione diverforum frigoris graduum ; fub quibus diverfae hx falium folutiones in glaciem abire cœperunt , adparet , folutiones falium communis & anu moniaci omnium maximos frigoris gradus fuflincri polTe , antequam ex ftatu fluidi- tatis in ftatum foliditatis vel firmitatis tranfeant. Hinc fi intereft , tempore hiemis aquam in ftatu fluiditatis manere , fale commun! in aquam injefto obtineri potiflimum poteft , quum hic fal maxime congelationem aquEc impediat , atque fal ammoniacus. Utrum verô proportio à me indicata inter gradus frigoris folutiones falium con- gelantes femper obtineat , adfirmare non aufim , quum , fi etiam cïctera omnia fint paria, eorundcm falium diverfa bonitas & puritas ell'e poffit. Non igitur in his & fe- quentibus quoque experimentis adcuratio geometrica requiri potelt , fcd Se hœc & fimilîa cum latitudine intelligenda efle facile confpicitur. Differentia graduum frigoris procul dubio pendet ïel à majore falis copia , quam diverfs folutiones recipere Se coniinere polfunt , vel etiam à diversâ falium naturâ atque texturâ. Nam quum eadem aquse quantitas , quam in experimentis noftris adhibuimus , non eandem falis diverû copiam folvere foleat , fed admodum divcrfam , fequitur , Tvm, /. ««((«««««««Il* 76 A F P E N D I X. '■ ■— ut in diverfis foliitionibiis diverfa quoqiie infit falis quantitas. Quantitatem hanc di- XxVvU ^ ^^''"'"^ laliiT" 'Il diverfis Ibliuionibus determinare miiltis experimentis non iiifeli- citer ftiiduit elUrus in commcntariis AcadeiniiE Berolinenfis anni 1750 (a). Jam major falis copia ut plurimum majus quoque impedimentum congelationi objicece poteft & Iblct , hinc mirandura non eft , aquam majoi e f. t. II. p. 39 j |. £ fg^g ^(3jjf opaque ou fort peu tranfparent, n'eft vilîblement , de même que !e 3^ JL, lait , qu'un mélange de plufieurs matières hétérogènes confondues enfemble , Vov leDifc '"'^"^ ^"■^ diflbutes les unes par les autres. On fait que quand il ne circule plus dans pae. xciji.'cic 'es vailfeaux de l'animal , Si qu'il eft en repos dans un vafe , il fe coagule , & fe c, ' ' fépare enfuite de lui-même d'abord en un caillé rouge , & en une liqueur blanche féreufe , dans laquelle nage ce caillé , &: que de plus on peut par le lavage , em- porter la partie rouge de ce même caillé , qui refte après cela fous la forme d'une matière gélatiueufe blanche. Voilà donc trois matières diftinftes dans le fang , qui paroifleni correfpondre très-bien à celles qifon trouve dans k lait ; favoir la féro- fité du fang, à celle du lait ou au petit lait, la matière gélatineufc blanche , à la partie fromageufe , H enfin la partie rouge à la fubftance butireufe ou graife. II eft d'autant plus vraifemblable , que la partie rouge du fang eft de nature huî- leufe , que les Anatomiftes qui ont examiné le fang au microfcope , ont obfervé que cette partie rouge eft fous la forme de globules nâgeans dans une liqueur blan- che , & que c'eft toujours fous une pareille forme de globules que l'ont les ma- tières huileufes , quand elles fe trouvent bien mêlées , mais non dilToutes dans une liqueur aqueufe. \a) Voyci fous cette année le Mémoire de M. ElUr touchant les phénomènes de la diffolutiioa des Tels par l'eau. (h] Voyti encore fur cela le Mémoire cité de M. £//tr. jAk t I c l I XX XIX. A P P E N B I X. 77 Cela pofé , fi l'on voiiloit examiner le fang plus exaflemcnt qu'il ne l'a été jiif- ^^'^^ ou'à piélcnt , il paioit qu'il Tcroit tics-cirentiel de commencer par fcparer les unes yy v'vn'i^ des autres les trois lubftances dont nous venons de parler, après quoi on les fou- V li- mettroit chacune en particulier aux expériences &c à l'analyfe , comme on l'a fait en partie à l'égard du- lait. 11 y a tout lieu de croire que cette manière d'analyfer Je fang , procureroit de nouvelles lumières fur fa nature 8c fur fes principes , qui ne font encore connus que très - imparfaitement , de même que ceux de toutes les autres matières animales ; la partie purement gelatincule du fang ne fe trcuveroit vraifemblablemcnt pas diflérente de toute autre gelée animale ; mais il eft à prélu. mer qu'on retireroit quelques fcls particuliers de la partie fércufe , (*) comme on l'a fait du lait & de l'urine , &£. que la partie rouge globulcufe ou gralTe , fe trou- veroit en cflet de nature huileufe : les principes acides ou alcalis volatils qu'on reti- reroit de cette fubftance dans l'analile , détermineroient fi elle eft une Iniilc vrai, ment animale , ou de nature adipeufc. ('*) S'il eft vrai qu'on retire un peu d'acide dans l'analyfe du fang , comme le difent MM. Homberg 8c Macqiter , ce fe- roit probablement dans cette fubftance rouge qu'on en trotiveroit l'origine. II eft aifé de fentir, au relie , que toutes les connoilfanccs qu'on acqucrroit par un travail bien fait fur cette matière , ne pourroient qu'étendre &c accroître celles que nous levons tant d'intérêt d'acquérir fur l'œconomie animale (t). G^»=== ===>^>g;;^!!!g^ = — =^ ARTICLE XXXIX. Sur Us nerfi de la face. E.N jettant les yeux fiir la magnifique figure que M. Mectel nous a donnée de ces Voy.UDifc. nerfs , on ne peut fe défendre d'un mouvement de furprife & d'admiration à la vue P'S- ^• de ce prodigieux nombre de filamens nerveux répandus fur tout le vifage ; doit on être furpris après cela que toutes les pallions aillent s'y peindre avec les traits les plus forts, &c pelit-on douter que l'Etre fuprême n'ait voulu faire de cette partie le miroir de l'ame ? SI la feule confidération du pouce élevoit Oalien à l'Auteur (*) M. Gaher n'a pu parvenir à faire cryftallifer le fel de la férolitd. foy. le III. tora. des Mélang. de fhil. & de Math, de la Soc. Roy. de Turin , pag. 71 & 74. (**j Ceire dernière , qui réfide patticutièrement dans la grailTe , & qui eft parfaitement analo- gue aux huiles grafTes des végétaux , diffère de l'huile animale ou combinée, en ce qu'elle four- nit affez abor.dammert de l'acide , lorfqu'on la diliillc à une chaleur fupérieure a celle de l'eau bouillante , au lieu que l'huile animale n'en donne pas un atome , (a) mais plutôt un peu d'alcali volatil. Chofe d'autant plus furprenante , que la partie gélatir.eufe des animaux , qui fournit la plus grande partie de l'huile animale , a infiniment plus de pente à s'aigrir par la fermenta- tion , que les huiles grafles & la partie rouge du fang. (t) Les Chimides n'ont encore rien publié fur la fubftance animale , ( la partie muqueufe ou nouriiciere ) , d'après fon examen exécuté par l'analj (e menftruelle ; par confequeni ils n'ont fur cette matière que des notions analogiques , des tndu£lions , des jprefTcntimens ; les no- tions pofitives & exa^es far cette fubflance peuvent feules donner la connoilTance fondamentale, première , vraiment élémentaire , intime de la formation , de l'accroilTemcnt , de la réparation , des altérations fpotanées , en un mot , de la rature de toutes les afifc«3ions purement matériel- les , & peut-être même de l'être formel des affeftions organiques des animaux. M. rtnel En- cycîoped. tom. XV. pag. ;S7. M. Gaber vient de nous donner dans fon troifième effai fur les liqueurs animales une analyfe dn fang exécutée félon les vues de M. Macquer ; c'eft un morceau tiès-curicux , & très-digne d'être confulté. Voyci le 111. tome des Mêlang. de Philofoph, & de Math, de la Soc. Roy. de Turin, pag. 6j & fuiv. (<«i«, () Ratio mcdendi in nofocomio praHUo , ro/n, /, pag. 236. 8o A P P E N D I 1^. ^ '^ (") mihi fenter.tlatn annuatim firmiorem gaudeo , quaâ Inter prttjlûntljjima artb XLi. ""■■«''la rejerenda Jît ; /icet enim mtiltit fnijlra apjHcelur ; pluribiu tamen eam fue tmendatior.em maii , ftie intégrant curationem conferre , quam nullo alio auxilio art ^rajlare potuijje , inins tejljiius reddiuir. Quoique la fortune de l'éleûricité ne loit pas encore fixée en Médecine , il y a donc lieu de croire qu'elle s'éta. blira quelqiî? jour ; de tous les Médecins qui en ont parlé , dont j'ai été à por- tée de conlulter les^ ouvrages , je n'en vois aucun , qui en ait defefperé , ou qui n'ait mên^e fondé des el'pérances fur ce nouveau moyen de guèrifon ; (*) le fuccès avec lequel on la appliqué à divcrfes maladies , ( c ) Se ce que nous con- hoiflîons déjà de fes efiets fur les corps organifés , ( >!!- ^— Il ~-~-, — ygg Article XLH. ARTICLE XLII. Ëncycl. t.Xi 'MtR'cilRIELLE ^ terre (Chimie) eu troifième terre de Bêcher. Voy. leDifc.T A terre Mercurielle eft , félon Bêcher^ le principe le plus propre, le plus pag. cxxiv. Li fpécifique des mixtes , celui dans lequel réfide leur caraftère coniîitutif , iné- & cxxvt façable , immonatis qucedam ferma caraclerifmum fuum objèrtans. C'cft à la préfence de cette terre qu'il attribue la propriété qu'ont, félon un dogme chimique qu'il adopte for. mellement , les fels volatils des plantes &c des animaux, arrachés même de ces fubflan- ces par la violence du feu , de rcpréfenter l'image , idtsam , des fubftances qui les ont fournies. La refurreftion des animaux de leurs propres cendres, la régénération des plantes , des fleurs, eli , félon lui , l'ouvrage de la terre mercurielle. Il rapporte l'expé- rience fort fingulière d'un morceau de jafpe tenu en fufion dans un creufet fer- mé , dont la couleur abandonna entièrement la matière pierreufe , & alla s'atta- cher à la partie fupérieure du creufet , &c s'y difpofer de la même manière qu'elle l'eft fur le jafpe , tant pour la diverlité des couleurs , que pour la diftribution des veines Si. des tâches : & c'eft à fa terre mercurielle qu'il attribue le tranfport, la migration de l'ame du jalpe , c'cft ainfi qu'il nomme cette matière colorée. C'eft cette terre qui donne la métalléité aux métaux , c'efl-àdire, leur mollelTe , extcnftbilité , malléabilité , liquefcibilité. Elle eft la plus pénétrante & la plus volatile des trois terres : c'eft elle qui , ibit feule , foit unie à la féconde terre , que les Chimiftes mo- dernes appellent phlogi/lique , forme les moutftetes , pouflès ou vapeurs fouterrai. nés , qui éteignent la flamme des flambeaux & des lampes des mineurs , & qui les fuftbquent eux-mêmes , ou les incommodent confidérablement. C'efl cette terre pure , ime £i réfoute , ou réduite en liqueur , qui eft le véritable aikaheft. Cette liqueur efl fi pénétrante que C\ on la refpire imprudemment , on eft frappé com- me de la foudre , accident qui arriva une fois à Bêcher , qui fut fur le point d'en périr. La terre mercurielle fe mafque , lanatur , quelquefois dans les mines fous l'apparence d'une fumée ou» d'une eau , & s'attache aufll quelquefois aux parois des {a) Rat. mcd. tom. II. pag, 154. Nous fie diflîmulerons pas que dans les trois derniers vo- lumes de cet excellent ouvrage , M. de Haen ne dit plus rien de l'éleftricité. Quel peut être 1« motif de ce (îlence ? (h) Voye^ Van-Swicien. Comment, in Boerh. Aph. tom. III. Aph. 106S. pag. ;8i & j8;. Camper , demonll. Anatomico - pathol. lib. i. pag. 8. EUcr obferrat. de cognoc. & cutand, «orhis , pag. 307. &c. ( c ) Voye\ le Ratio medendi. ( d ) Voyc-^ fur cet effets les Méio, «le l'Acad, aan, J74S, k les Rech, de M, VAbH Nelltt (m réleaticiié. XLII. A P P E N D I X. î?i galeries fur la forme d'une neige légëre 8c brillante. La terre mercurielle eft le principe de toute volatilité ; elle e(l (iirabondante dans le mercure ordinaire , "^ Vi '■ i^ "■ * qu'elle met par cet excès dans l'état de dè:ompofinon , 6c c'eft par fon accrétion au corps métallique parfait , abjolutum , qu'elle opère la mercurification. Elle eft le premier être , primum ens , du Ici marin. Quelques Chimiftes la regardent corn, me le principe de l'arlenic ; les métaux cornés , les ("cls alcalis volatifs & ammo- niacaux hii doivent leur volatilité Êen(é que le mercure n'étoit point con- tenu aftuellement dans les métaux , mais que le corps , le mixte métallique devoi{ recevoir une furabondance , un excès de lun de fes principes , ûvoir de. la terre mercurielle pour être changé en mercure coulant Selon cette opinion la mercw.ifica, lion fe fait donc par augmentation . par accrétion , par compofiiion , par fynérefe. Siahl a prononcé fur la mercurification en particulier le même arrêt que fur le dogme de la terre mercurielle en général. Ce témoignage eft très . grave , comme nous l'avons déjà cbfené en cet endroit. Mais çn f çnt avancçr que Stahl accorde 8« A P P E N D I X. même trop à cette doflrinc, & Tur tout à l'jffjjrc de la mercurlficailan en particulier» *■ "jj '. j ■• ^ en laillant le champ libre aux Chimiftcs laborieux qui voudront entreprendre d'é- Ci'aircir cette matière. '1 eut ce qui en a été écrit jufqu'à prclcnt cfl fi arbitraire quant au dogme , t< fi mal établi quant aux faits ; la manière de ces ouvrage» c(l fi al- chimique , t'crt- à-dire , fi marquée par le ton allcflé de myflère , lU le vain étalage de merveilles , que tout bon efprit cH néceUaiiemcnt rebuté de cette étude. Je n'en excepte point les ouvrages de Bechet fur cette matière , qui a été fa prétention , ou fa manie favorite , fon véritable Dun.iuichoiifmc , s'il cH permis de ^'exprimer ainfi , & de parler avec cette cfpèce d'irrévérence d'im fi grand homme. l,c fé- cond Aipplément à fa phyfiquc foutcrraine, que je me fuis dix fois obftiné à lire fur la réputation de l'Auteur, pendant le zèie de mes premières études, m'eft autant de fois tombé des mains. Lt fuppofé que les ouvrages de cette efpèce renferment réel- lement des immenfes tréfors de Science , certes c'cft acheter trop cher lu Science que de la pourfuivrc dans ces ténébreux abimes. Article de M. ytnel. ; " s^==-n — :sgg.- ' ==-==jg3 A K T 1 C L E "^ ^^"'' ARTICLE XLIII. Sur un fuhltmé tnercuriel , arfénical , qui reJfemUe , dit . on , parfaitement au fublimi corrojif. Voy. le Difc. « . Onfieur Etler eft le premier , & , fi je ne me trompe , le fcul Auteur qui ait parlé pjg. txxvii. jy^ jg ^^ fublimé arfénical, ou de cette comblnaifon du mercure avec l'arfcnic ; M. Macquer qui s'eft beaucoup occupé du dernier , & qui a préicnté fur fon fujct deux grands Mémoires à l'Académie Koyale des Sciences ,( a ) n'en fait aucime mention , non plus que M M. Brandi (h) ft Browal , (c) qui nous ont donné aufii des opéricn- ces &c des obfervations très - curicufes fur l'arlénic Au furplus, l'cxaOe reffemblancc que M. t'iler d'il fe trouver entre fon fublimé arfénical, 6t le fublimé corrofif, n'eft qu'apparente fans doute , &c purement extérieure ; car on ne peut pas fuppofer une identité de nature entre deux mixtes dont l'un des principes compofans n'eft pas commun à tous deux. Il fcroii donc à fouhaiter , comme nous l'avons déjà dit ailleurs, (<<) que quelque grand Chimiftc voulût bien foumcttre l'un &c l'autre fublimé à un examen fuivi £< régulier , afin de déterminer quelles (ont les propriété» chi- iniques propres à chacun , 6c celles qu'ils polTédent en commun. Article XLIV. ARTICI, EXLIV. Sur la produtlion ariificielte de l'argent. Voy. le Difc. T^ ^ très, grands Chimiflcs , tels que Sihal ^ Juncter , Henchel , fi-f. n'ont pa» pag.cxxx. & 1^ regardé cette produftion comme impolfible j le premier dit (e) avoir connu Csxxi, une femme très - verfcc dans la chimie & dans l'aîchimic , qiri , au moyen de quelques additions , tiroii une quantité d'argent aflcz confidérablc du cobalt i en quoi elle à juftifié l'idée que j'ai toujours eue , ajoute ce grand Chimifte , que ce { a ) Mtm. àt VAcad, ann. I746 & I748. (A; Vayi^ les aftcj de l'AcadcSmie d'Upfil , tom. III. ann, 1733. ou leïlecueil «le M. le Biroo A'Holbach tara. I. p>g. I - 8. ( c } Voyei lef Mimautt de rAcad( produit ; mais les expériences de M. Tillci (d) , £< celles qu'il a laites en loni- mun avec MM. Uillot & Mucquer , par ordre du minillère , pour fixer le tite de l'or & de l'argent (i.) , ne permettent plus de douter que les coupelles ne retiennent toujours un peu d'argent mclc avec le plomb réduit en liiliarge dont elles s'im- bibent {d) , Ik c'cft cet argent qu'on a pris mal - à - propos pour une production nouvelle , comme le prouvent l'ans réplique les trois célèbres Académiciens, (c) A R T I C L E X L V. ^Ylv.'^ Sur ta congélation du mercure. i. , „ . * Encycl. t. X. AU mois de Janvier oc l'année 1760. on a éprouve à Petcrsbourg un froid d'une rigueur exccHive ; cela a donné lieu à imc découverte très - importante fur le Voy. le Difc. mercure; on a trouvé qu'il étoit fulceptible de le changer en imc malle folidc ''''^' '^''^^''' par la gelée. Pour cet etl'ct , on a trempé la boule d'un tlierniomctrc dans une ef- '^'"''""* pèce de bouillie faite avec de la neige & de l'efprit de nitre fumant ; en remuant ce mélange avec le tliermoméire même, le mercure s'ell gôlé , & s'eft arrêté au degré 183. du thermomètre de M. de Reaumur. Ce mercure ainli pelé eft plus pelant que celui qui cft fluide ; il eH duftibic Ik malléable comme du plomb j on n'a pas pu vérifier ces expériences dans d'autres pays de l'Europe. Article de M. le Baron ti'Olbjch , pag. 375. col. fc. l.a mémorable découverte de la congélation du mercure avoit été prefTentie , & com- tne annoncée par M. Fenel ; voici comme ce grand Chimifte s'exprimoit à ce lii]et dans le IX. tome de l'Encyclopédie à l'article /,/(>cin/T^ ( Chimie ) pag. 569. & 570. Il y a tris - grande apparence que le mercure n'a été trouvé julqu'A prélcni in- rr»nri-/.fîiMf. rni^ ini-rn nit'nn n'n nti rnhfi'rvcr fntiç iin nlVi'7 tnilïlr ftrcïti» di» iln- - -, - r-- ,-.-,-.- r . - - - --■-. , ■ q' - l'efjirit de vin , long tcms cru inconcreflible , fi dont la liquidité a trouvé l'on ter- me fatal à un degré de chaleur bien fupérieur au moindre dégic connu. On peut pourluivrc la même analogie julqucs fur l'air ; il eft très vrailcniblable qu'il cft des dégrés pollibles de froid qui le convertiroient premièrement en liqueur , 6c fc- condement en glace , ou corps Iblide. S^ ■ =^ =S^;=:===;===s ygg A R T I C I, E X I, V I. * xWV ^ Sur le même fujet. HYdrargyrum pcrpctu6 adhuc in ftatii (luiditatis adparuit , nunqiiam in ftaiu fir- De çr^Mui mitatis. Summi frigoris naturalis gradus in omnibus rcgionibus obfervati i flatu /"«"'" /'•"'- fluiditatis in itatum firmitatis cum transterre non potuerunt. Ruidorum t*- (j) l^oyti le Difcours , pig. cxxx. (h) Voy. Ici M6m. de l'Ac. Roy. des Se. ann, 176», (') ''**>'t '^' Mrfm. de l'Acad. ann. 1765, (d\ Hifi. fie rA(ad, ann, i-Cj. pat;. îî. (,) Mim, dt CAad, >nn, 1763. p! 8. 81 9. Tom, I, «*«««««««•««•« 84 A P P E N D I X. i!!!!=ï=:= Habet qiiîdem Academia obfervationcs in fiberiâ faQas , qiiœ cofigelationem mefi Article (.j^-jj jndicare videntur , qiium tam in thermometris &c baromeiris Iblidiis vifus fue- ^^^ ^- rit. Quoniam autcm fiib gradibiis fiigoris miiltô inligJiioribus , in aliis barometris Si thermometris mcrcuriiis tliiidiis perftiterit ; non credibile eft , mercurium fuiHe tune "''•■'/'"■'■' f"/- temporis congelatum , &C tbrfuan nullus frigoris naturalis gradus illum figere St /^"'•"".''f^""" congelare poierit , forfan frigus artificiale magnum prsftare hoc poterit. Mercurius ^&c' Diffirtlt! igitur fluens œque ac alia metalla in flaiu fluiditatis pro métallo , ccrto caloris gradu ex'pcum. Auà. fuCo , habendus videtur, qui vero fub multo minori caloris gradu , quam reliqua me- y. .4. Uraun. talla , tundi folct , contra maximum frigoris gradum , ut fiât firmus , requirere , Cicicrum eandem naturam quam reliqua metalla , habere omnino videtur. (*) Nov. Ccmmer.t. PetiopoUt. tom. Vlll. fro ann. 1760 6c 1761. pag. 561. &C 363. _. S^ =j ==;=0= '■ ====:^ *^[^î^l^^ ARTICLE XLVII. Sur la calcmaiion de l'or & de l'argent. LA calcination de l'or a toujours été regardée comme un problème très- diffi- cile , Si plufieurs perfonnes doutent très fort de fa poflibilité. On a même été juf- »"6' '*"• qu'à dire qu'il étoit plus facile de faire de l'or , que de le décompofer ; cependant Jfiac le Hollandois , S< le célèbre Kunkel , ont prétendu qu'on pouvoit réduire l'or en une chaux ablbluo Si irrédudible , en le tenant pendant trois ou quatre mois èxpofé au feu de réverbère , fans cependant le faire entrer en fufion ; ( 'i/ y,**f s»-J uv v*/ U'*/ v«> V'*/ ^•'•' ^'•' v«'^ ^"* v«'«' ^'^ ^'•' Vi/ V. .; w «f x.-*/ v>; ^■v w v^ TABLE DE LAPPENDIX Du premier Tome. Article I. J-^ JJ/irtaelo anatomico-phyjiologica de fahr'ica 6" aclione vil- lorum intejlinorum tenuium hominis ; Aucl. J. N. LiE- BERKUHN. pag. / Art. II. Cabinet anatomique , ou Collecîion des préparations anatomiqius de feu M. LiEBERKUHN. /_5 Art. m. Lettre de M. SchaefFer fur les moyens de rendre Vètude de la Bo- tanique plus facile 6" plus certaine. tS Art. IV. Sur la terre vitrifiable. ij Art. V'. Sur la dijjolution des métaux par C alcali animalijê. iS Art. VI. Sur les Effervefcences. ip Art. VII. Réponfes de M. le Baron de HaLLER aux difficultés qiion lui a faites touchant fa démonflration de la prcexijlence du germe à la fé~ condation , fondée fur la continuité des vaijfeaux & des membranes entre le jaune de Cauf & le poulet. zr Art. VIII. Sur l'organe de la voix du cheval , de Vâne & du mulet. 24. Art. IX. Sur la dégénération des animaux par le mélange des efpèces , & fur la génération des mulets. 2J Art. X. Remarques curieufes fur la flérilitê des mulets. ^O Art. XI. Influence du fperme fur Corganifation du germe, ^J Art. XII. Sur le mot A'aitre. 3 6" Art. XIII. Echelle des êtres vivans, ibid. Art. XIV. Sur ritylo^oifme. 37 Art. XV. Sur le fel fufible domine. ibid. Art. XVI. Obfervations chimiques & pratiques fur le fel naturel de Fa- rine. 3P Art. XVII. Sur la bafe du fd de Turine. 46 Art. XVIII. Sur C acide phofphorique. 47 Art. XIX. Sur la terre du phofphore. ' ibid. Art. XX. Sur le fel animal. 48 Art. XXI. Sur la prétendue converfîon de teau en air, ibid. Art. XXII. Sur la végétation des plantes dans L'eau, 4g Art. XXIII. Sur le ganglion. 5z Art. XXIV. Sur la vaijjelle Sétain. 5-t Art. XXV. Sur les vifclres. ibicf. 5g TABLE DE L'APPENDIX. Art. XXVI. Obfervatlons de. quelques effas Jînguliers de la vapeur des fourmis , par M. Roux. , . . -^4 Art. XXVll. Sur k terme ou la durée de Cincuhation, 36" Art. XXVII. Sur la jiruclure & Cufage des ganglions des nerfs^ Sy Art. XXVIII. Sur le même fujei. ibid. Art. XXIX. Plan de Botanique de M. AdANSON. 6c) Art. XXX. Sur le fixe des plantes en général, & fur la fécondation du palmier en particulier, Ci Art. XXXI. Sur la génération des champignons, 6'4 Art. XXXII. Sur la moififiure. ^ GS Art. XXXIII. Sur l'utilité des obfcrvations du Baromètre dans la pratique de la Médecine , par M. Berryat. CG Art. XXXIV. Sur la manière d'être de Pair dans Peau. 6^ Art. XXXV. Sur les Jînus veineux du caur. 72 Art. XXXVI. Caloris diminuti & aucli phœnotnena nova paradoxa & confiderationis ; Auctore J. A. Braun. _ ibid. Art. XXXVII. De gradihus frigoris fummis , quos certa fluidorum gênera ferre poffunt , antequam fiant folida , in glaciem abeuntia , &c. diJJ'erta- tio experimentalis. Aucl. J. A. BrAUN. 7^ Art. XXXVIII. Sur le fang. yG Art. XXXIX. Sur les nerfs de la face. yy Art. XL. Sur les fauterelles qui ravagent la campagne. y8 Art. XLI. Sur tÈleclricité appliquée à la Médecine. 79 Art. XLII. Sur la terre mercurielle. _ 80 Art. XLIII. Sur un fublimé mercuriel arfénical , qui rejfemble ^ dit-on , par- faitement au fublimé corrojîf. Sz Art. XLIV. Sur la production artificielle de Cargent. ibid. Art. XLV. Sur la congélation du mercure. _ 8^ Art. XLVI. Sur le même fujet. ibio. Art. XLVII. Sur la calcination de l'or & de Cargent. 84. Fin de l'Appendix du premier Tome. ERRATA. x) IscouRS. Page iv. Hgne 25. fondée par Leibnitf , lifei fondée en quelque forte par Leibniti. Page xxxix. à la marge 1750. Ufe^ 1751. MEMOIRES. Page 204. ligne 16. Bo/e , lifez Bofc, Pour l'explication de la figure des nerfs de la face. Page 307. ligne iç. ( fig. lettr. } ) Uf. ç. Page 343. ligne 59. ( fig. n". }o. ) /i/ef 130. Faute de l'original. Page 347. //gncô. (fig. n". 146. ) /i/è{ 163. 164. Faute de l'original. Page 347. ligne 40. (fig. n°. 173. ) Ufej 171. Faute de l'original. Page }6o. /igne 8. ( fig. Icttr. n ) ''/"î "î. l'âge 379. ligne l. { fig. Icttr. n ) /i/q ÏU. Tom. /.