l'è I nx^ JJ E T u R T N. 13 Pliyficiens conviennent que le fuit" empcclie abfolument toute adhéflon !^ entre le verre & l'eau. Cette vérité eft démontrée par une expérience qu'on Tome I/' a faite fur les tuyaux capillaires. Si on frotte avec du fuif les parois inter- A x x é s nés de ces tuyaux, les liqueurs ne s'y élèvent plus au-deflus du niveau , 17 -g. comme M. Sigorgiie l'a oblervé. Il faut donc conclure que la méthode adoptée par les Phyliciens ne donne pas la vraie mefure de l'adhéfion. HISTOIRii. Sur l'afcenfion &■ l'abaijfcment djs thermomètres humeâés de différentes liqueurs , & expofés au vent. jVIuscHEMEROtK nous apprend (a) que les thermomètres s'abbaiffent confiJérablement par l'acbion d'un vent dont la température efl: ég;.le à la leur, lorfqu'ils (ont mouillés, ou que le vent lui-niL-me ell humide. Ce phénomène me parut (ingulier , & je fus curieux d'en faire l'effai avec diverfes liqueurs. Voici quels furent les réfultats de mes expériences. L'eau, refprit-de-vin , le vinaigre, la crème de lait, failoient defcendre le thermomètre. Le pétrole , l'effence de girofle , l'huile d'olive & celle de lin le faifo.-ent monter. L'huile de tartre par défaillance , au même degré de température que l'air , ne le faifoit ni monter ni defcendre , Si le thermomètre demeurolt immobile, quoiqu'on foufflât dcflus. Pour être mieux alfuré que c'étoit en effet l'aiSion du vent qui faifoit montée ou defcendre le thermomètre, j'avois la précaution , lorfque j'employois les liqueurs qui dévoient le faire monter , de les faire refroidir , enforta qut leur température n'égalât pas celle de l'atmofphère. Lorfqu'on fouffloic alors fur le thermomètre, il s'élevoit d'abord au degré de la température aduelle de l'air , & le vent continuant à agir, il montoit encore plus haut ; abandonné à lui-même, il revenoit au degré de la température de l'atmof- phère; enfin, plongé dans la liqueur, il defcendoit encore plus bas. Au contraire, lorfque je faifbis l'expérience avec des liqueurs dont l'appli- cation devoit être fuiviedel'abbaiffement du thermomètre, je leur donnois un degré de chaleur fupérieur à celui de l'atmofphère , pour m'alTurer d'au- tant mieux de l'effet du vent. Les expériences que je viens de rapporter, ne femblent pouvoir s'ac- corder avec aucune propriété connue du feu ni de la chaleur. Dira-t-on que le thermomèttre monte ou defcend , parce que les liqueurs dont il eft humeifté, s'échauffent ou fe refroidiflfent par le mélange des fels dont l'air eft chargé ? Pourquoi l'huile de tartre , qui devrolt faire une efTervef- fence très- forte avec les acides répandus dans l'atmofphère , & par là exci- ter une très-grande chaleur, ne fait -elle donc ni monter ni defcendre le thermomètre? Expliquera-t- on ces effets par le frottement qui arrive entre l'air &: les liqueurs dont les thermomètres font humeftés? Mais comment fuppofer d'abord que le frottement de l'eau & des corps aqueux produite du froid? D'ailfeurs on regarde dans cette théorie, comme une chofe cer- (a) Çflai de Phyfîiiue, §S«»| 14 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SCIENCES I — taine & inconteftable, que la chaleur ne répond pas feulement au frotte- Tome I." ment, mais qu'elle varie félon la qualité des liqueurs, lefquelles doivenc AvKÈE ^^''^ P'"^^ "-"^ moins grafles , plus ou mpins inflammables. Or, mes expé- i-ira riences préfentent des effets bien oppofés à cette loi. Quoi de moins gras ^ en eftèt que l'huile de tartre? quoi de plus inflammable que l'efprit-de- HISTOIRE. vin? Quoi de plus gras que la crème de lait ? Cependant l'huile de tartre n'a produit aucun froid, au lieu que l'efprit- de-vin & la, crcme de lait en ont excité un très-grand. Je me contenterai donc d'avoir expofé ces expériences ; je laifle à des Phyficiens plus clair- voyans , le foin d'expliquer les phénomènes qu'elles m'ont offerts. Peut-être en hazarderai-je moi-même , dans la fuite, une ex- plication. J'ai entrepris de nouvelles expériences , qui , fi elles préfentent conilamment les mêmes réfultats , pourront peut-être me conduire à la con- noiflance des caufes du chaud & du froid , & en particulier de celles qui ont eu lieu dans les expériences fur les thermomètres. ( a ) Sur la caufe de l'ext'mâion de la Flamme dans un air enfermé. I, J_)ans le tems que M. le Chevalier de Saluce cherchoit à s'affurer fî le fluide élaftique qui fe développe de la poudre à canon , étoit propre à fervir d'aliment à la flamme , ce problême donna lieu à une autre quef- tion,favoir, pourquoi la flamme ne pouvoir fubfifter long - tems dans un air enfermé. Cette queftion fut agitée parmi nous, & nous compa- râmes entr'elles les différentes explications que les auteurs ont donné de ce phénomène , pour voir quelle étoit la plus vraifemblable. 2. On Ht mention , entr'autres, d'une opinion célèbre , fuivant laquelle l'extinâion de la flamme efl: l'effet des vapeurs hétérogènes qui s'en exhalent, & qui abforbent une partie de l'air renfermé, ou détruilent fon reffort, enforte que ce qui en refte ne fuffit plus pour entretenir la flamme, (b) Je trouvai que cette opinion avoit contr'elle de grandes difficultés , puifque la flamme s'éteint lorfque le mercure s'eft à peine élevé de quelque pouces, (c) tandis que fur les montagnes où l'air eft encore plus raréfié, elle fe foutient très- bien. D'ailleurs, fi l'extinétion de la flamme étoit caufée par les vapeurs & les exhalaifons fuligineufes , je (j) Voyej fous les années i7(?o, 1761 , le Mémoire de l'Auteur fur U froid pro' duit par l'évjporation, (A) L'on ne doit pas attribuer à la perle de l'efprit vital de l'air l'extinélion de la flamme de la chandelle & des méclies Tous des récipiens , mais aux vapeurs fuligineufes & acides , dont l'air fe charge , & qui , détruifànt l'élaflicité de cet air , empêchent & re- tardent l'aftion & le -mouvement élaflique du refie. Stuiiq, des végéuux expér. 117 p. ^^^^. (c) Magow dit que la flamme s'éteint lorfque jV de l'air du récipient a été abfbrbé. Cela arrive , félon M. H.illes , loc-ch. expér. 106 , p. 200, 201 , après l'abfbrption de -/y. Halles avoue même, /ti^-c;/. expér. iiç , p. 123, 214, que l'extinétion delà flamme arrive avant que le mercure ft foit élevé d'un goûte. b E T ir R I îî; tf concluoîs que la flûmme de l'alcohol devroit fc foutenîr long-tems dans un — — ^— °'™' air enfermé, puifque cette liqueur ne fournit point de matière fuligineufe, Tome 1/' mais feulement quelques vapeurs aqueufes. (d) Or , rcxpérience nous prouve Année le contraire, & la flamme de l'alcohol s'éteignit encore plutôt que celle ivro. d'une ciiandelie ou d'une huile grafle. (e) 3. M. Louis de la Grange porta un nouveau coup à cette opinion par HlSTOIREi une autre expérience. Il mit une chandelle allumée fous une cloche de verre , de manière que la cloche n'interceptoir pas entièrement le pafTage de lair extérieur; mais que fon limbe inférieur étoit éloigné de quelques travers de doigt de la table fur laquelle la chandelle étoit pofée. Malgré cela la flamme s'éteignit également. Nous crûmes donc pouvoir en con-, dure que cela n'arrivoit pas par le défaut d air ni par Ion abforption. 4. Nous elTayames enfuite n la flamme pourroit fubfifter dans un réci- pient percé d'un large trou à fon fommet; mais elle s'éteignit de la même maniàe. Deux trous pratiqués à la partie fupérieure du récipient ne l'em- pccherent pas non plus de s'éteindre : mais deux autres trous d'un égal diamètre futîirent pour l'entretenir, lorfqu'ils étoient pratiqués, l'un aa fommet , l'autre au bas du récipient. M. de la Grange propofa d'elTayer ditiérentes combinaifons de ces pofitions , & M. le Chevalier de Saluce ht taire une lanterne de fer blanc fermée partout , mais percée de deux trous à {a. partie] fupérieure , de deux autres à fi partie moyenne , & d'un pareil nombre à fa partie inférieure, dont chacun avoit environ un pouce de diamètre , & pouvoir être fermé avec un bouchon de liège. y. Dans les expériences que nous fimes avec cette lanterne , nous obfervâmes que les deux ouvertures fupérieures, ni les deux moyennes, ni les deux inférieures ne fuffifoient pas pour entretenir la flamme ; mais que deux ouvertures fuffifoient pourvii que l'une fut placée au-deffus de la flamme, & l'autre au-deflbus. M. le Chevalier de Saluce nous fit même voir qu'une feule ouverture à la bafe de la lanterne fuffifoit, pourvu qu'on l'agitât de manière que cette ouverture fut tantôt audeffous de la flamme, & tantôt au-deffus. 6. Ces expériences (embloient démontrer qu'il étoit néceffaire pour la confervation de la flamme , qu'il v eût dans le récipient un courant d'air qui, entrant par une ouverture inférieure, fortit par une autre ouverture placée au fommet. M. de la Grange fut cependant bien aife de s'aflurer encore mieux de cette direction de l'air , en approchant des corps légers de ces ouvertures. 7. Je fis obferver que nous nous en affarerions encore mieux , en y {ù) Boerhaave, Elém. cliym., Tom, I , p 170, 171 , Edit. de Paris. (f) En parcourant en(ùi;e les ouvrages de Boyle, ie reconnus que ce phénomène ne lui avoit point échappé. Après avoir parlé de l'extinction de la flamme de l'alcohol dans un air enfermé , il ajoute ce qui fuit : apris l'cxiintiion de U fljmmt , il pjrut que l'jir du récipient n avoit point été altéré; G* autant que je pus en ju^ir par Us moyens dont )' et ois alors à portée de faire ufa«e , cet air conjervoit tout J on rejfort -, ou du moins U plus Grande partie, Voyei Sufpiç, de latent, aèris qualit, , Tome 11 , p. 8 > «dit, de Genève , lêïo. •j6 Méhoîres de la Société royale nus Sciences ■ ■"" appliqu;int des fdupapes; & nous obfervâmes en effet que la flamme fe Tome I.'' conlervoit , lorfque la pofîtion des valvules étoit telle que l'air pouvoit AnI'^ée fortit P'ii' l'ouverture fupérieure , & entrer par j'infe'rieure ; mais qu'elle j^^^ s'éteisnoit lorfque ces valvules écoient appliquées dans un fens contraire. Dans le premier cas, les foupapes s'écartoient d'elles-mêmes des bords HISTOIRE, des orifices; & dans le fécond, elles fe coloient contr'eux. 8. Nous étant donc aflurés qu'il étcit en effet néceffaire, pour la con- fetvation de la flamme , que l'air entrât dans le récipient par l'ouver- ture inférieure , & qu'il en fortît par la fupérieure, je voulus effayer fi, en étabhffant entre les deux orifices, une communication, au moyen d'un tuyau courbe , la flamme fe conferveroit fous le récipient . mais elle s'é- teignit. 5). M. Halles a imaginé d'introduire par une ouverture pratiquée au fommet du récipient de la machine pneumatique, l'une des jambes d'urt fyphon , de forte qu'elle touchât prefque la platine , & il a couvert l'ori- iice de cette jambe , de trois pièces de laine. Une chandelle placée fous ce récipient y fut éteinte dans l'efpace de quelques minutes , quoique M. Halles renouvellât l'air par la pompe ; car l'air extérieur pénétroit fi librement à travers les pièces de laine qui recouvroient le fyphon, & rem- plaçoit li bien celui qui fortoit par la pompe, que la hauteur du mercure n'avoit pas augmenté d'un feul pouce. 10. En réfléchiflant fur cette expérience, M. de la Grange penfa que la flamme s'étoit éteinte, dans ce cas, parce que l'air n'avoir été renou- velle que dans la partie inférieure du récipient, & que celui de la partie fupérieure étoit demeuré immobile; & il efpéroit que la flamme fe con- ferveroit , fi on pompoit f air par le fommet du récipient , & que f air extérieur y pénétrât par l'ouverture de la platine ; car il s'établiroit alors un courant d'air femblable à celui que la flamme excite dans un air ouvert, [7] 11. Il adapta donc à l'ouverture de la platine qui communique avec la pompe un tube alfez long pour parvenir jufqu'au fommet du récipient, & il plaça la flamme de façon , que l'autre trou de la platine pat lequel on a coutume de faire paiïer le baromètre , fiât renfermé dans l'enceinte du même récipient & permît à l'air extérieur d'y entrer. Tout étant dif- pofé de la forte , quoique le robinet de la machine pneumatique fût ouvert, & que le récipient communiquât avec l'air extérieur, par le moyen de deux orifices , l'un fupérieur , l'autre inférieur , la flamme fut bientôc éteinte^ i2.'Lors au contraire qu'on pompa l'air par le fommet du récipient,, au moyen du tube , & qu'on en fnifoit entrer dans la partie inférieure par l'ouverture de la platine, la flamme fe conferva, & elle continua de briller pendant tout le tems qu'on fit agir le pifton. Ce qui démontra que deux trous qui , par eux-mêmes font hors d'état de ccnferver la flamme [i i ] , deviennent propres à cet effet, fî on détermine artiftement un courant d'air de l'inférieur vers le fupérieur. 13. Le tube q^ui faifoit cominuniquer l'ouverture fupérieure de la lanterne deTurtk. 17 lanterne , avec !a f-ipérieure , n'ayant point empêché l'cxtindiion de la — flaniait;, comme je l'ai dit. [S] AI. de la Grange conjeftura qu'il ne Toia n l.' pouvoit ^ étalilir Ipontanément aucun courant d'air dans un vaifl'eau terme; /l u .\- é £ & que fi, par le moyen de l'art, on pouvoit y exciter ce mouvement, 1779. peut-être on ^rviendroit à conferver la flamme, comme dnns l'expé- rience prcciédente. Pour s'en aflurer par l'expérience, il introduidt un tube HISTOIRE, de verre courbe dans l'ouverture par laquelle la pompe de la machine pneumatique communique avec l'air extérieur, jufqu'au fommct du réci- pient, qui étoit ouvert, & le colla avec loin: il renferma une tliandelle allumée iou'^ le récipient , & lorfqu'elle étoit lur le point de s éteindre , il (it agir le pillon , en tournant le robinet de manière , qu'en faif.nt def- cendre le pifton, il pompoit , par le moyen du tube, l'air contenu dans la partie lupérieure du récipient, & qu'en le laifant remonter, il failoic entrer cet air dans la partie inférieure par l'ouverture de la platine. Nous obfervâmes alors qu'à chaque mouvement du pifton , la flamme fe ranimoit , &: qu'elle devenolt enluite aullî vive qu'elle eut pu 1 être dans un air ouvert ; elle perfiftoit dans cet état tant que le pifton tontinuoit d'agir , mais dès que ce mouvement ceflbit, elle s'afFoi- blifloit peu à peu , & on la ranimoit de nouveau par le même moven. Nous renouvellions à notre gré ces alternatives de vigueur & de défail- lance ; & 11 le mouvement du pifton ceffoit pendant quelques fécondes, la flamme s'éteignoit tout-à-fait. Pour faire cette expérience , il étoit né- cefTaire de faire agir le pifton , avant d'avoir collé exaftement les pièces qui y fervoient , depeur que la flamme ne s'éteignît trop promptemenr. En adaptant un baromètre à la machine, nous aurions pu nous afTurer encore mieux fi réellement l'air extérieur n'avoit pas pénétré dans le récipient; mais nous négligeâmes d'abord cette attention . & charmés de la nouvtauté& de la beauté du phénomène que nous venions de découvrir, nous fon.- gâmes aulhtôt à faire d'une manière plus fimple cette expérience , qui pouvoit être appliquée aux ulages de la vie. 14." Nous comprîmes donc qu'on pourroit obtenir !e même effet, fi ayant un récipient exaftement fermé de tous côtés, nous v faifions deux ouvertures, l'une en haut, l'autre en bas, & fi nous y appliquions des- valvules, tellement difpofées, que la fupérieure , permît à l'air de fbrtir, & non pas d'entrer, & que l'inférieure au contraire lui permît d'entrer, mais non de lortir ; & fi nous établillions enfuite une communication entre les deux ouvertures , au moyen d'un tuyau courbe , foudé avec le récipient; perçant enfuite le tuyau, & l'adaptant à un fouffiet , nous jugions que , par la dilatation du foufflet , nous pomperions feulement Fair contenu dans la partie fupérieure du récipient , & qu'en la fer- mant enfuite , nous poufferions ce même air dans la partie inférieure , & que par là-même nous établirions ce courant d'air nécefiaire pour la confervation de la flamme dans un air enfermé. ly." Nous fîmes donc fabriquer , d'après ces principes , une lanterne de fer blanc , fermée par- devant par une vitre exadement foudée. pour pou- voir obferver ce qui fe paCferoit dans fa cavité. Le fond de la lanterne étoit Tome I, C i8 Mémoires de la Société koyale des Sciences -^^^^^ percé d'un trou rond , qui s'ouvroic dans un tube de quelques pouces de Tome I." longueur , pofé perpendiculairement fur la face interne du fond. Un autre AifNÉE tube pofé aullî perpendiculairement fur une lame applatie , alloit fe joindre I7jp. avec le premier , & pouvoit recevoir & foutenir une bougie allumée. . La face lupérieure de cette lame étoit enduite de cire ;^ar ce moyen , HISTOIRE, en adaptant le fécond tube avec le premier, on introduifoit la bougie dans la lanterne, & la lame enduite de cire, appliquée contre le fond de , la lanterne , s'y colloit exaâement , & en défendoit l'entrée à l'air extérieur. Nous difpofâmes tout le refte , comme j'ai dit que nous nous l'étions pro- pofé , § 14. J'obferverai (eulement que nous eûmes la précaution de fer- mer exaâement, avec du cuir , l'ouverture poftérieure du foufflet. Nous procédâmes enfuite à l'expérience, qui répondit parfaitement à notre at- tente. En effet , la flamme qui, laiifée à elle-même, s'éteignoit dans l'eC- pace d'une minute, fubtiftoit pendant auflî long-tems que nous faifions agir le foulHet ; elle s'aftoiblifloit dés que le foufflet ceflbit d'agir , &: fe ranimoit lorlque nous commencions de le mettre en jeu. \6^ Nous avions demandée l'ouvrier une lanterne exadement fermée ; Mais celle qu'il nous fabriqua n'étoit point telle. A chaque mouvement du loufflet, nous entendions le fîfflement de l'air qui y entroit , ou qui en fortoit, principalement au de-là de la vitre. & alors la flamme trop vivement lecouée , s'éteignoit , fur tout lorfque nous foufflions un peu trop fort. Mais dès-que nous eûmes bouché la plupart des jointures de la lan- terne avec de la cire & du maftic, nous obtmmes enfin l'eftet que j'ai ex- pofé daris le paragraphe précédent , & nous fûmes confirmés dans l'op- pinion ou nous étions, que la confervation de la flamme ne dépendoit pas du renouvellement de l'air, mais de fon mouvement decircondudion, puisqu'elle fe maintenoit d'autant mieux , que nous empêchions avec plus de foin l'intromillion de l'air extérieur. 11° Je crois qu'il ne fera point hors dejpropos de rapporter ce que dit à ce fujet l'illuflre P. Beccaria , dans fes Leçons de Phyjîques, Voici fes propres paroles : » i.° Secouez la flamme d'un papier fous celle d'une bougie; celle-ci s'éteint. Cela vient de ce que la première flamme écartant l'air qui eft au- delfous de celle de la bougie , celle-ci n'efl: plus contenue ni fixée par l'air qui doit la prefler de toutes parts «. 5> 2.° Placez une bougie dans un vailTeau exaâement fermé, elle s'y éteint bientôt ; placez-la dans un vaiffeau fermé de tous côtés , mais qui communique, près de fon fond, avec fair ambiant, elle s'y éteint «. ^ "5"° Mettez-la dans un vaiffeau fermé de toutes parts , excepté à fon fommer , où il y ait une ouverture d'un pouce de diamètre , elle s'y éteint pareillement «■. /: B 4.0 Mettez la dans un vaiffeau percé de deux trous femblables, dont l'un foit au-deflbus de la flamme , & l'autre au-deffîus, la flamme s'y con- fervera ; & fa direcTiion , au lieu d'être verticale , fera oblique, & déclinera du lieu de l'ouverture inférieure vers celui de la fupérieure , pratiquée au côté oppofé du vaiffeau «. »Tous ces faits prouvent, non-fewlement que l'air elt néceflaire pom D E T U R I N. Ip nourrir la Hamme , en ap;lirant fur elle dans tous les fens , mais que cet - Jiir doit fe mouvoir autour d'elle d'une manière déterminée. Hn efiet la ToM£ 1. flamme thaffe, continuellement par (a pointe , l'air placé au-defliis , lequel Année eft remplacé par celui qui eft autour de fa bafe ; il faut donc qu'un nouvel l~IS'J' «lir accoure vers la baie, pour continuer à remplacer celui qui eft chaflé dufommet.. . HISTOIRE. j> La mraiière dont on conferve les charbons ardens , confirme la vérité que je viens d'établir. Elle conlifte à les recouvrir de cendres. Par là qn les garantit d'un courant d'air qui en détnclieroit les parties ignées , & on les garde plus long tems«. Ce que nous allons dire montrera quel juge- ment on doit porter de cette théorie du P* Beccaria. 1 8.° Après que j'eus rédi;é delà manière qu'on vient de voir les ex- périences que nous avions faites fur la flamme , M. le Chevalier de Saluce en entreprit de nouvelles. Il voulut s'afl'urer (i le courant d'air, qui fe dirige de la partie inférieure du récipient vers la fupérieure, conferveroit la flamme dans les cas même où cette direcf^ion feroit oppofée à celle que l'air fuit naturellement autour de la flamme. Il prit pour cela deux fyphons de verre , dont il introduifit une branche dans le récipient fermé , & laiffa l'autre en dehors. Les deux branches enfer- mées n'étoient pas de même longueur , mais l'une étoit au-dcflu? de la flamme & l'autre au-deflbus. Il fit pomper l'air de cette dernière avec la- bouche , &il obferva qu'en continuant de pomper de la forte , la flamme fe foutenoit , quoique l'air qu'on tiroit par le (yphon inférieur ne pût être remplacé que par celui qui entroit par le fupérieur , & que le courant d'air fût parconféquent dirigé de haut en bas. Dès qu'on cefia de pom- per , la flamme s'éteignit , ainfî qu'il devoit arriver félon le §. 1 1. Il em- ploya enfuire deux autres fyphons , dont les jsmbes renfermées dans le récipient , étoient placées toutes les deux , tantôt au-deflus & tantôt au- deflûus de la flamme, & dans ces deux cas, il obferva que la P^amme fe foutenoit également. \^° Ces expériences nous paroiffbient d'autant plus douteufes , qu'elles étoient vilïblement contraires à celle de Haies, rapportée ci-deflus [p]. Nous crûmes donc devoir répéter également cette dernière , & celles de M. de Saluce; &: comme, après un grand nombre d'effjis réitérés avec toute l'exaâitudepoflible , l'événement fut toujours le même, nous foupçon- nâmes que Haies s'étoit fervi de récipiens trop amples &: trop élevés, en forte que le courant d'air fe faifoit feulement entre les deux ouvertures inférieures , tandis que l'air fupérieur, quienvironnoit la flamme , demeuroïc immobile ; ou bien qu'il avoir trop tardé de faire agir le pifton , & lorf- que la flamme commençoit déjà à s'affoiblir , ou enfin qu'il l'avoit fait agir avec trop ou trop peu de vitefife , & cela d'autant plus que nous avions plus d'une fois obfervé , dans nos expériences , que ces dernières caufes procuroient l'extlnftion de la flamme. 20.' Ces expériences n'étoient pas feulement contraires à celles d'autrui , mais encore à celles que nous avions déjà faites nous m.êmes , & à la tliéorie que nous avionscrupouvoiren déduire; car elles fembloient prouver , Cij 20 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SCIENCES ■ — *— ou que le mouvement & l'agitation quelconque de l'air étoit propre à con- T o AI E J." fer ver la flamme, ou que la confervation de la flamme de'pendoit du renou- Ann É E vellement de l'air , plutôt que de fon mouvement. Nous commençâmes donc in<^g. d'agiter un airexaftement fermé .pour voir fi la flamme feroit entretenue par ce mouvement fimple , qui n'occafionnoit aucun renouvellement; car dans JIISTOIRE. le cas contraire, il auroit fallu conclure que le mouvement de l'air ne produit pas cet effet par lui même , mais par la circulation d'air continuello qu'il occafionne autour de la flamme. Cette agitation n'empêcha pas la flamme de s'e'teindre; ce qui nous donna d'autant plus lieu de douter fi. même dans la lanterne [ ly], la Çamme ne s'étoit pas plutôt conierve'e par le renouvellement de l'air, que par fon mouvement fuivant une cer- taine direiSion déterminée ; car en ouvrant le foufflet , s'il y avoit la moin- dre ouverture aux parois de la lanterne , l'air avoit dû pénétrer par là dans fa cavité , & en le fermant , il avoit du en fortir à proportion de la ca- pacité du foufflet , & par conléquent l'air avoit dû (e renouveller. 2i.° Il efl: bien vrai que nous avions d'abord fait l'expérience dans la machine pneumatique , mais comme nous n'y avions point adapté de ba- romètre , nous ne pouvions être bien aflurés que l'air extérieur n'eût point pénétré dans le récipient [ij]. Nous crûmes donc devoir répéter cette expérience avec un fyphon ; mais comme la méthode que nous avions fuivie , étoit fort embarraflante , par la multiplicité des pièces qu'il falloir adapter avec célérité au récipient, M. le Chevalier de Saluce ima-, gina un appareil plus commode. Il adapta deux tubes de verre aux deux ouvertures de la machine pneumatique, par lefquelles on pompe l'air & on le fait fortir hors du récipient. Ces tubes, en s'éloignant des orific«s, fe portoient dans un vaifleau qui contenoit de l'eau ; là ils fe courboient & s'élevoient perpendiculairement, & alloient fe terminer, l'un quelques travers de doigt feuleinent au-defllis de la furface de la liqueur , & l'autre beaucoup plus haut. Les orifices des tubes étoient recouverts par des cônes de papier, pour rompre l'effort de l'air qui y entrolt ou en Ibrtoit, & qui auroit pu éteindre la flamme. Il plaça enfuice une bougie allumée entre les deux tubes , enforte que la flamme étoit plus élevée que le pre- mier , & moins que le fécond , à peu-près à une hauteur moyenne. Les tubes plongés dans l'eau , & la bougie furent enfuite couverts d'une cloche de verre, dont le limbe inférieur s'enfonçoit dans 1 eau, quelques travers de doigt au-delfous de fa (urface , enforte que l'air extérieur ne pouvoir y pénétrer. Lorfqu'on fit agir le pifton pour pomper l'air de l'oiifice du long tube , & le repoufler enfuite par celui du tube inférieur , l'eau montoit &■ defcendoit alternativement dans la cloche ; & ces mouvemens indiquoient que l'air extérieur n'y pénétroit pas. Or , nous obfervâmes que ce mou- vement de l'air de bas en haut n'empêcha pas la flamme de s'éteindre , le mouvement contraire , c'efl;-à dire, de haut en bas, ne la conlerva pas davantage. Elle ne dura pas même plus, dans l'un & l'autre cas, que lorf- que nous laiillons l'air tout-à fait immobile ; mais quand nous eûmes di- minué la quantité d'eau qui étoit contenue dans le vaifleau , enforte que, par le mouvement du pifton , l'air extérieur pouvoir y pénétrer fous la forme de bulles , & en relTortir glternativemeni , alors la flamme ne s'étçig o Ê T u R I tr. aj grit plus; & nous conclûmes que dans la lanrerne décrite cî deffiis [ij7, ce n étoic pas le mouvement de l'air dans une certaine dire<5tion , mais fon renouvellement , qui avoit confervé la flamme (a) ; Si qu'elle s'étoic éteinte avant qoe nous eullions bouché avec foin les fentes qu'il y avoit autour de la vitre [i6], non parce que l'air extérieur y avoit pénétré, mais parce qu'il avoit agi trop direftement & avec trop de force fur la HISTOIRE,' flamme. 22.° Il n'eft pas difficile de comprendre comment l'air n'a pas pu fe renouvelkr par deux ouvenures qui n'étoient pas dans une fituation ver- ticale , ou dans l'appareil §. il & 18, ou enfin dans notre machine. Car l'air raréfié par la flamme, & devenu (pécifiquement plus léger , efl: pouffé en haut par l'air plus péfant dont il efl environné, & ne peut forcir de la lanterne que fuivant cette diredion. Il faudroit donc , pour qu'il fût chaffé, que l'air extérieur pût venir prendre fa place en entrant par une ouverture inférieure ; & s'il ne peut pénétrer que par uue ouverture prati- quée au haut de la lanterne , il trouvera fur (es pas l'air raréfie qui tend â s'échapper dans un fens contraire, & le forcera de rentrer, à moins que les ouvertures fupérieures ne foient affez grandes, pour donner en même tems paffage à l'air qui entre & à celui qui fo)t; & , dans ce cas, ces deux ouvertures fuffiront pour le renouvellement de l'air & la conferva- tion de la flamme. M. de la Grange a étayé cette théorie d'une autre expérience [ 4 ]. Il a adapté un tuyau courbe à l'ouverture fupérieure de la lanterne , l'inférieure étant ouverte , & a fait voir que , lorfque ce tuyau eft tourné en haut, la flamme vit, &: lorfqu'il eft tourné en bas, elle s'éteint. Et cela arrive parce que, dans le premier cas, le tuyau permet à l'air raréfie de fortir , & dans le fécond , il le force à revenir fur fes pas. On explique encore par là pourquoi , dans l'expérience de M. de Saiuce , la lanterne n'ayant qu'une feule ouverture, la flamme s'eftconfer- vée; ce n'eft point parce que cette ouverture étoit tournée, tantôt en haut & tantôt en bas [j:], mais parce que l'agitation de la lantei ne avoit favorifé le renouvellement de l'air qui ne pouvoir avoir lieu , par cette feule ouverture, lorfque la lanterne étoit immobile. 23.° La machine que nous avons propofée , a donc la propriété de renouveller l'air , dans des circonftances où il ne fe renouvelleroit pas naturellement. On pourroit donc en faire ufage pour conferver la flamme, dans des lieux tellement difpofés, que l'air ne peut fe renouveller autour de la flamme , & où , par conféquent, on ne peut la conferver ; & comme ce renouvellement peut fe faire par des fentes très - petites à travers lefquelles les étincelles ne fauroient pafler, nous croyons qu'on pourroit fe fervir utilement de cette machine , pour faire , par exemple , de la poudre à canon . ou l'employer à quelqu'ouvrage que ce foit , dans la nuit , & qu'on fe mettroit , par ce moyen , à l'abri du danger de l'incen- (a) On trouve dans Boyle {Nov, exp. de nUc. int. flum. G" j/r., exp. 4, p. ii.) une machine à peu-près (èmblable, dont il Ce fetvoit pour renouvellef l'air , su moyen d'un fouiflet ordinaire Se ouvert par dcrrièrç. i2 MéMoiRES i)E r A Société royaie des Sciences mmM.^,^,,MmB (]ig_ f^^03 dernières expériences, [i8 Sr/î^v. J Nous ont fait voir que To^-î E I." les fûupapas étoient inutiles dans cette machine. Nous n'auiions point j ■ ' parlé de la théorie que nous avons d'abord expofé, [ ij, 16] & que NNEE ^^^^ avions cru devoir déduire de ces premières expériences, [13] fi ''^^^' elle n'étoit déjà devenue publique. Nous avons donc mieux aimé , à HISTOIRE. l'exemple des grands hommes, avouer ingénument notre erreur. Nous ' nous y fommes déterminés d'autant plus volontiers , que nous efpérons montrer par là , que , fi nous prenons quelque fois la liberté de com- battre les opinions des autres , nous fommes guidés par l'amour de la vérité , & non par le défir de contredire , puifque nous réformons les nôtres avec la même févérité. , ■ r • 24.° Lorfque nous nous fûmes alTusés que le mouvement leul de 1 air ne fuffifoit pas pour empêcher la flam.rrie de s'éteindre , M. le Chevalier deSaluce , excité, pour ainfi dire , par la conjefture de Haies , (a) eflaya de couvrir l'orifice des tubes avec de la toile imbibée d'huile de tartre .pour voir ce qui arriveroit en purifiant , par ce moyen , l'air qui paffoit au travers, des vapeurs dont il étoit chargé. Mais la flamme s'éteignit promp- temenc. Non content de cet effai , il introduifit dans le récipient , par fon fommet ouvert . le' ventre d'un matras , & boucha exaélement les fentes , il remplit le matras d'eau froide , pour tâcher de condenfer l'air du récipient raréfié par la flamme , & de rafiaîchlr les vapeurs qui y étoient mêlées; la flamme dcvoit alors fubfifter plus long-tems, fuppofé quelle s'éteignît véritablement par la raréfaélion de l'air ainbiant , ou par le mé- lange des vapeurs. Mais cet effai eut le même eiVet que le précédent, & ayant même employé tout à la fols la fikration & le réfrigérant, la durée de la flamme ne fut pas fenfiblement prolongée, ^ _ f 25-.° Je fus d'avis alors qu'on effayât de filtrer, à plufieurs reprifes 1 air qui entouroitla flamme, non pas Amplement à travers une toile mouillée, mais à travers une couche épaifle de différentes liqueurs^. L'appareil de la dernière expérience, [25 , 24] pouvoit être appliqué à celle-ci, pourvu qu'on coupât prefqu'au niveau de la liqueur la petite branche du tube, par lequel on fait rentrer l'air dans le récipient, Car , de cette^ manière , l'ait ayant été pompé de la branche fupérieure , & la liqueur s'étant éle- vée , il falloit néceffairement que l'orifice de la petite branche fût fub- mergé; & Pair qui y étoit pouffé , ne pouvoit pénétrer dans la cavité du récipient, qu'à travers la couche de hqueur pofée audeflus, fous la forme de bulles; fikration qui devoir non -feulement le purifier des vapeurs qui y étoient mêlées , mais encore le rafiaichir & le condenfer, prévenir le refoulement de la liqueur dans le petit tube qui y feroit plongé, & de -là dans la pompe de la machine pneumatique , M. le Chevaher de Saluce voulut, qu'au lieu de le conduire directement de la pompe dans levaiffeau, qui contenoit de l'eau , on le courbât en arc, & qu'on interrom- pît même fa continuité par une boule de verre, placée à fa partie fupérieure, dans laquelle la liqueur refoulée tomberok par fon propre poids. Tout (j) Exper. 117» p. 13» - ^33« D E T U R î N. '2^ étant préparé de la forte, nous fîmes pader l'air fuccefTivement à travers "— — ""T?? l'eau, l'huile, la dilTolution de nître & une forte diiïblution de fel de T o as E I.'"'' tartre; mais la durée de la flamme ne fut pas non-plus prolongée fenfi- Année blement. 11^9' 2.6° Nous étant donc aflurés que l'extindion de la flamme dans un efpace fermé, n'avoit point pour caufe les vapeurs aqueufes, [i , 24, 25', ] ni HISTOIRE^ l'ablorption de 1 air, ou la perte de fon reflbrt, [ 3 , 4 , ] ni fa raréfaction , qui le met hors d'état de contenir la flamme, [24., 25 ] il ne reft:oit plus qu'à examiner une dernière hypothèfe , propofée par quelques Phy- îiciens , fuivant laquelle la flamme confume en peu de tems, d; ns un air fermé, une matière qui lui fert d'aliment, ( a ) matière qui confifle prin- cipalement dans des lels nîtreux répandus dans l'air. Cette hypothcfe nous paroiflbit avoir quelque vra femblance , & parce que nos expériences nous avoient démontré la faufl'eté des autres, & parce que nous (avions que les corps gras chargés de nitre , comme la poudre à canon , s'enflamment même dans le vuide. J'eipérois donc qu'une chandelle, dont la mèche & le fuif feroienr faupoudrés de nître pulvérifé , fe conferveroit pluslong- tems dans un efpace fermé , mais elle s'y éteignit tout aufli-tôt. M. le Chevalier de Saluce fit la même expérience d'une autre manière. Il plon- gea le limbe du récipient dans de l'efprit de nître fumant , enforte que les vapeurs qui s'en élevoient , fe difperfoient dans le récipient, & environ- noientla'flamme. Maislaflammes'éteignit aufli-tôt quefi on eût employé l'eau ou toute autre liqueur, au lieu de l'efprit de nître. Inftruits par l'expérience, nous crûmes devoir rejetter^ comme les autre? hypothèfes , celle qui fait dé- pendre l'extindion de la flamme, de la confomption de fon aliment. 27.° Il nous paroiflbit démontré cependant que l'air d'un efpace fermé, étoit vicié par la flamme, puifqu'il fe trouvoit en peu de tems hors d'état de l'entretenir, quoique nous n'euflions point encore pu découvrir en quoi condfloit ce vice. Je voulus donc efl'ayer li un air dans lequel la flamme avoit été éteint , en éteindroit un autre. Je mis donc fous une cloche de verre , difpofée comme dans le §. 3 une bougie allumée , que j'y introduilis par fon ouverture inférieure ; & dès qu'elle fur éteinte , j'et fis entrer une autre par la même ouverture. Elle s'éteignit dans l'infl:ant & même une troifième bougie , que j'introduifis quelques minutes après fut éteinte de la même manière ; ce qui confirme qu'une feule ouverture quoiqu'aflez grande , ne fuffit pas pour renouveller l'air d'un récipient [25] & que c'étoit à caufe de cela, que la flamme ne pouvoit y fubfiile long-tems. 28.*' Ayant Jobfervé que la flamme altère l'air , &: que cette altératio qiù caufe l'extinètion de la flamme, fubfîlle encore quelques minutes après, je fus curieux de favoir , Ç\ , nprès un efpace de tems encore plus long , après que l'air fe feroit refroidi, & que les vapeurs de la flamme feroient tombées fur les parois du récipient , cet air recouvroit fa première falu- (i») C'eft une conjefture de Boyle. Voyez Siifpic. de hunt aêr. ijujlit,, p. 8. Mu(^ eliembr, M. de phyf. , §, 539 , & LagW , Mcmoir. de Boiogn, , Tom. IV , p. S 6. i?4 M-'^HOTRtS TiT rA SOCiêTÎÉ; royale i)ES StflENCPS ■.txji.1 iiii» !'■<■■ lJri^é•. mais coTTiTiersir corrtenu dans la cloche, qui étoit ouverte par en bns, Tome I." (^. précé.) auroit pu être inlenfiblement renouvelle par les moindres mouve- d r ■' mens des corps voifins, je pris la précaution de coller cette cloche fur une pla- inrn tine de me'tal percée de deux trous. J'introduifis, par un de ces trous, un tube ^ de verre contenant du mercure , & le fixai avec de la cire, & par l'autre lllSTOIRE. une bougie allumée portée lur un bouchon de cire molle, au moyen du- quel le trou fut fermé. Dès que la bougie fut éteinte , nous obfervâmes que le mercure montoit dans le tube , à caule de la condenfation de l'air qui avoit été raréfié par la flamme, & peut-être auffi de fon abforption ; & ce furcroît d'élévation du mercure fe maintint pendant treize heures & plus: ce qui nous démontra que l'air extérieur n'ayoit pas trouvé d'accès dans le récipient , & , par conféquent , que l'air n'avoit pu s'y renouveller. Après ce tems , & même long-tems auparavant, la ca- vité du récipient s'étoit éclaircie ; & la fumée qui l'obfcurciffoit , étoit tombée fous la forme de rofée , fur les parois de la cloche ; je retirai alors la bougie éteinte, ce que je fis avec précaution, de peur de mettre en mouvement l'air du récipient, j'en introduihs une autre. Elle n'y eut pas plutôt pénétré , que la flamme s'éteignit, comme fi on l'eût plongée dans l'eau, (a) Ce phénomène , en nous apprenant que l'air altéré con- (ervoit ce vice pendant long-tems, nous confirma dans l'idée qu'une telle altération n'étoit pas l'effet de la chaleur, qui depuis long-tems étoit diffi- pée , ni du mélange des vapeurs , qui étoient déjà tombées & condenfées fur les parois du récipient. 2(p.° Dès que je me fus afluré que l'air dans lequel la flamme a vécu , eft incapable d'en nourrir un autre , je ne laiflai plus dans la lanterne décrite §. 4 , que deux ouvertures verticales , S: après y avoir introduit une bougie allumée , j'approchai une autre bougie de l'ouverture fupé- rieure, celle-ci fut d'abord éteinte. Cela vient de ce que le courant d'air fe fait'de l'ouverture inférieure à la fupérieure, & qu'en paiTant dans la lanterne , à travers la flamme , il a été altéré , & n'efl: plus propre à entre- tenir la flamme du dehors ( §. préc. ). 50.* Lorfqu'au contraire, j'approchois la bougie de l'ouverture infé- rieure , celle qui étoit dans la lanterne s'éteignoit , parceque l'air extérieur ne parvenoit à celle-ci , qu'après avoir pafle à travers la flamme du dehors. La flamme s'éteignoit également, foit que je mîfle une chandelle de fuifen dehors, & un cierge dedans , foit que le cierge fût dedans & la chandelle en dehors , foit que j'employaffe deux chandelles ou deux cierges , foit enfin que les bougies fuflent égales ou inégales, garnies d'une mcche égale ou inégale. Puis donc que la qualité de la matière qui fert d'aliment à {a] Haies ayant mis une bougie allumée fous un récipient, dans lequel une autre bougie vcnoit d'être éteinte, a obfervé qu'elle ne s'éteignoitpas tout defiiitc, mais feu- lement dans un efpace de têms cinq fois moindre quela première [p. 101,] Mais il parois que cela eft ainfi arrivé parce que l'Auteur fut obligé de déplacer le récipient, & de le retirer de l'eau, où il étoit plongé, pour pouvoir y introduire la féconde bougie; ces mouvemens ont dû occafîonner le renouvellement d'une certaine quantité d'air , & par conféquent Ja flamme a dû fubfifter plus long-tems. D E T u R I N. ay la flamme ; ni la grolTeur de la mèche n'ont produit aucune différence , "^^^"^^T!^ il femble que l'air dans lequel une flamme a brûlé, devient incapable Tomf. I." d'en nourrir une autre quelconque. A n n s s 31.° Je confidérai que , non -feulement la flamme, mais les charbons IVJ^. ardens, (a) s'éteignent dans un efpace fermé. Perluadé que ces deux phé- 7- nomènes étoient produits par la même caufe , j'approchai un charbon HISTOUiE. ardent de l'ouverture inféri'jure de la lanterne, en laiflant un efpace fuf- fifant pour que l'air extérieur pût y pénétrer; la bougie fut cependanc éteinte. Elle s'éteignit de mcme, lorfqu'ayanc renfermé le charbon dans la lanterne , je l'approchai de l'ouverture fupérieure. 32." Haukfbée s'étoit dé;a afluré par l'expérience , que l'air qui avoir palfé fur des métaux rougis au feu , renfermé dans un récipient , y étei- gnoit la flamme. Voici la méthode qu'employé ce grand Phyiîcien. (i) Il prit un grand récipient ouvert à fon fommet, & dont l'ouverture étoit exactement fermée par une lame de cuivre & du cuir mollet. La lame étoit percée d'un petit trou, dans lequel étoit fixé un tuyau de laiton, garni d'un robinet , pour pouvoir établir ou fupprimer félon le befoin , une communication entre le récipient & le tuyau. L'extrémité oppofée du tuyau entroit dans la cavité d'une grofle mafle de cuivre , de façon cependant que l'air pouvoit pénétrer entre le tuyau & la cavité prati- quée dans cette maCTe. Après qu'on eut pompé l'air du récipient, & qu'on eut fait rougir le cuivre dans les charbons ardens, on ouvrit le robinet, l'air qui entroit dans le récipient, étoit obligé de traverfer le métal; il en fut tellement altéré, qu'il éteignit fur le champ une bougie qu'on y introduifit , après qu'on eut enlevé la plaque de cuivre. En rcfléchifiant fur cette expérience, je me perfuadai que lair avoir été altéré, dans cette expérience , de la même manière qu'il l'avoit été par la flamme & les charbons ardens dans les miennes. J'approchai donc un fer rougi de l'ou- verture inférieure de ma lanterne , de façon que l'air qui y entroit , le tou- choit en paflant. La flamme fut pareillement éteinte. 33.° Si l'altération de l'air confiftoit dans les vapeurs que la flamme exhale , il devroit certainement y avoir quelque différence par rapport à la diverfîté des fubftances qui fervent d'aliment au feu, & à celle de leurs exhalaifons. Mais j'ai fait voir que, non-feulement des flammes nourries par des alimens diftérens, mais encore les charbons allumés, & même les métaux rougis , altèrent l'air ambiant, au point que la flamme ne peut plus s'y conferver. J'étois donc porté à croire que cet effet étoit produit par la chaleur qui, dans tous les cas . efl: la même au degré près, & non par les exhalaifons , qui varient ordinairement fuivant la qualité des fubfiaTices, & cela d'autant plus, que cet air une fois altéré ne peut plus être rétabli dans fon état naturel , ni par la condenfation , ni par la filtration, ni par aucun autre moyen [24-25'.] 34..° Haukfbée a encore obfervé que l'air n'eft pobt altéré, en pafTant (a) Murdiembr. EfTai de Phyfîq. , 5 994. (*) Saggio délie Wânfaz, FUoIbf, del lign. dercham. Tom, III, p. 114- Tom, I, D Z6 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SciENCES ■ — à travers des tuyaux de verre brûlans. L'appareil dont je me fervois pour Tome I." mes expe'riences ^ me rendant celle-ci très aife'e , )e fus curieux delà ré- 4 ■ ' péter. Je pris donc une mafle de verre folide, qui avoit à peu près la fi- NNEE ^^^^ ^^^ anneau, je l'adaptai à l'extrémité d'un tube de verre, & la fis ^'^>'^' rougir au feu ; dès que je feus retirée, je f approchai de fouverture in- HISTOIRE. férieure de la lanterne; la flamme s'éteignit comme lorfque j'avois em- ployé un fer ardent. Dans ces fortes d'expériences, j'approchois toujours les charbons, le métal ou le verre rougi, de 1 ouverture inférieure, de manière qu'ils ne la fermoient pas; je Ids appliquois au contraire à côté de l'orifice, de telle forte que l'air pouvoir y pénétrer librement, & que des eoips froids, appliqués dans le même fens , n'occafionnoitnt pas l'ex > tindion de la flamme. J'ai cependant obfervé que la flamme étoit en- core plutôt éteinte par l'affluence de l'air qui pafToit fur ces corps échauf- fés, que iî l'air avoit été tout à-fait intercepté. Comme ces expériences font faciles à faire , ceux qui défireront de les vérifier pourront le faire aifé- ment. Je dois les avertir feulement qu'ils prennent garde, en approchant le verre, qu'il ne foit trop mince, point aflez chaud, ou appliqué trop tard; car le verre perd bientôt fa chaleur, fur-tout lorfqu'il efl: peu épais, & il devient incapable d'altérer l'air, comme je m'en fuis aiïuré par l'ex- périence. . 3 p" Comme il n'eft guère vraifemblable que le verre rougi au feu puifle infefter l'air par fes exhalaifons, ou en abforber l'aliment de la flamme, fur tout fi on conlidère fon extrême fixité & fon immutabilité dans le feu; c'étoit pour moi une nouvelle raifon de penfer que c'efl: la chaleur qui altère l'air, & non pas les exhalaifons dont il fe charge.^ 36.° Mais en quoi confifte donc cette altération quel'air éproiive de la part du feu, & qui fait que le feu s'y éteint aufiltôt? Ce n'eft point fa ra- réfaction , ni aucun autre changement de fes qualités fenlibles. C'eft ce qui eft prouvé par la permanence de cette altération, [27] par le té- moignage d'Haukitée, qui afliire avoir reconnu, par des expériences faites à deflein , que le paflTage de l'air à travers desmétaux ardens n'altéroit au- cune de fes qu.tlités fenfibles (a), & par celui de Greenwod, qui a obfervé pour écarter tout loupçc. _ rafraîchir celui qui avoit paffé à travers la flamme , le verre ou les char- bons ardens . en lui foifant traveifer de l'eau froide avant d'arriver^ juf- qu'àla bougie allumée. M. le Chevalier de Saluce adapta, pour cela, à un verre percé dans fon fond, un tube de verre, & l'y colla de manière que le verre pouvoir contenir de l'eau, il fit enfuite entrer dans l'orifice in- férieur de la lanterne, l'extrémité fupérieure du tube, & l'y colla pareil- lement. Ayant enfuite approché de forifice inférieur du tube, une bougie allumée , des charbons ardens ou du verre rougi au feu , nous obfervames (a') Loc. cit, \h\ )Lib. JVloc. cit., Tom, V, p. lo.xi, D E r U R I N. 27 que la flamme s'éteignolt dans la lanterne , comme fî nous avions appli- *^^'— ^^*— que ces corps immédiatement à fon ouverture inférieure ; quoique l'air T o j"»! E 1/ eût dû fc rafraîchir & fe condenfer en paflant dans la portion du tube A \ s i £ qui étoit plongée dans l'eau, & qu'il parut qu'on ne pouvoit plus avoir iv'-c. aucun doute à cet égard, je fus bien aife de répéter 1 expérience d'Haukfbée, pour m'aiïurer encore mieux de la condenfation de l'air. Mais les tubes HISTOIR! rougis au feu fe rtfTerroient par l'accès de l'air qui y abordoit avec im- pétuolité; & lorfque j'approchois du verre rougi de l'orihce par lequel l'air Hevoit pénétrer dans le récipient , il (e refroidifToit (itôt qu'il ne pour voit plus communiquer un degré de chaleur fuffifant à cet air , qui d'ail- leurs palToit fur le verre & entroit dans le récipient avec une extrême vitefle. J'abandonnai donc cette méthode pour en employer une plus fîmple & plus commode que m'indiqua i\I. le ChçvalierdeSaluce, & qui confiltoit à expofer immédiatement à un feu nud , une bouteille de verre à long col. Nous attachâmes autour du col une vellîe flafque, deflir.ée à recevoir l'air que l'action du feu feroit fortir de la bouteille, pour pou- voir l'y faire rentrer enfuite, en l'expolant au troid , par la prellion de l'air extérieur , qui , de cette manière , n'avoit aucun accès dans la bouteille. L'expérience réuflît fuivant notre attente. Ayant fait chaufier la bouteille jufqu'à incandelcence, la veflie fe gonfla; l'ayant enfuite retirée du feu, & laiflée refroidir, la velTie redevint flafque. Nous csfsàmes alors le col de la bouteille, & après lavoir renverfée , nous y introduisîmes une bougie qui s'y éteignit fur le champ , comme fi l'air venoit tout récemment d'être altéré par la flamme. 57.° Comme cette expérience démontroit que l'aftion de la chaleur opère, dans les particules intégrantes de l'air, un changement qui le rend incapable d'entretenir le feu, je ne défefpérai pas, quelque fut ce chan- gement, de rétablir l'air dans fa conftitution primitive, par l'aition du froid qui devoit produire un changement contraire. L'expérience me fit voir que je ne m'étois pas trompé dans ma conjefture. Ayant introduit une bougie allumée dans la cavité d'une bouteille, par fon col, dont je bouchai exaâement l'orifice avec de la cire molle, j'y laiffai éteindre la flamme. Je fis enluite refroidir la bouteille en l'entourant de glace, & la laillai pendant douze heures expofée au même degré de froid. Ayant en- fuite retirée la bouteille de la glace, j'attendis que la chaleur fut revenue à la température de l'appartement. Je renveifai alors la bouteille, j'en dé- bouchai le col, & j'y introduifis une autre bougie allumée; la flamme s'y loutint pendant quelque tems. Cette expérience, répétée piulieurs fois, eut toujours le même luccès. Mais lorfque je ne laiflois la bouteille dans la glace que pendant deux ou trois heures, l'air qui y étoit renfermé navoit point encore perdu fa qualité nuifible à la flamme; ce qui nous fit comprendre que l'aftion du froid devoit être long tems continuée, pour corriger la mauvaile difpofition de l'air produite par une grande chaleur. 38.° M. le Chevalier de Saluce fit la même expérience fur l'air altcré par l'aftion d'un feu extérieur : il fit chauffer une bouteille fermée avec une veflîe , comme celle du § 36, il l'a plongea dans de la glace pilée , & l'y 28 Mfmoires de la Société royale des Sciences ^ laifla pendant plufieurs heures. L'effet fut !e même; c'eft- à-dire, qu'après Tome I.*"' avoir débouché & renverfé la bouteille , la flamme qu'on y introduifit , Année fe conferva pendant quelque tems Quoique ces expériences ne foient point jyj-p. appliquables à la pratique, & qu'on ne puifle en faire ufage pour pro- ■ • longer la durée de la flamme dans un air fermé ; elles répandent , ce (emble , HISTOIRE, quelque jour fur une queftion de phyfique auparavant très-obfcure , & j'elpère qu'elles ne déplairont pas aux Phyficiens. 3^." Il me reftoit un fcrupule au fujet de la dernière expérience , car nous avions appris, à nos dépens, quelles précautions les expériences exi- gent. Je craignis que, malgré le Toin que j'avois pris de fermer exafle- ment , avec de la cire , l'ouverture de la bouteille , l'air extérieur n'eût pénétré dans fa cavité , fur-tout dans le tems que celui du dedans étoit condenfé par l'application de la glace ;& je ne voyois aucune railon qui me démontrât le contraire. Pour m'en afllirer , je pris un vaifieau de verre cylindrique , fermé de tous côtés , mais portant , auprès de fon fommet , deux tubes continus qui pénétroient dans fa cavité, j'adaptai à l'un de ces tubes un fyphon de verre, qui contenoit du mercure, & j'introdui- fis par l'autre tube, une petite bougie allumée dans la cavité du cylin- dre , & je le fermai exaâement avec un bouchon de cire molle fur lequel la bougie étoit portée. La flamme fe foutint pendant 2.^ ou 30 fécondes. Lorfqu'elle fut éteinte, nous obfervâmes que le mercure étoit monté, dans le fyphon , d'environ un pouce ; foit par l'effet de lacondenfation de l'air, auparavant raréfié par la flamme , foit par l'abforption de ce même air. Mais après avoir environné d'une couche épaifTe de glace, tout le vaifleau à l'exception des endroits oiî les tubes avoient été bouchés avec de la cire , laquelle auroit pu être détachée par le contaft de la glace & de l'eau, nous vîmes élever encore le mercure de trois ou quatre pouces , par la condenfation de l'air intérieur. Nous laiflàmes , pendant fix heures, le vailfeau expolé au même degré de froid, en ayant foin de remplacer la glace qui fe fondoit ; & nous eûmes l'attention de marquer, avec un fil, 1 élévation du mercure, foit avant, foit après l'application delà glace, nous retirâmes enfin le vaifleau de la glace, & le laifiâmes long tems ex- pofé à la température de l'appartement. Nous obfervâmes alors que le mercure defcendoit peu-à-peu à la première marque, fans defcendre plus bas, & encore moins fe remettre au niveau, d'où nous conclûmes que ce froid n'avoit point altéré le reflort de l'air , ( car la température de l'appartement étoit à peu-près la même ) & que , pendant tout le tems de l'expérience, l'air extérieur n'avoit eu aucun accès dans le récipient. Je détachai alors doucement le bouchon qui portoit la bougie éteinte , & j'en introduifîs une autre allumée. Elle s'y conferva , & aufli long-tems que la première, ce qui prouvoit bien que l'air avoit recouvré fon premier état, altéré par la flamme. 40.° Boerhaave rapporte plufieurs expériences , tant fiennes qu'étran- gères, par lefquelles il prouve que les corps fulphureux renfermés dans des récipiens , où l'air extérieur ne pénètre point , ne peuvent y être em- brafés , ni décompofés par l'aiSion d'un feu extérieur , même le plus violent. B E T rj R I N. 29 Comme ces expériences nous font extrûmement favorables, je crois devoir ""*'"'*'''^^ les rapporter ici: » le même feu, dit cet homme célèbre (a), appliqué ToM E I. au mcnie corps, varie extra,-,iinairement Ion aftion , fi les crrconltances Abr k èe font différentes, fur-tout eu égard à l'admillion de l'air pendant l'opéra- 175-^;. tion. Hook renferma un charbon dans une boi.-te de fer, qu'il ferma trcs- exaftement au moyen d'une vis adaptée au couvercle. Il expofa ensuite HISTOIRE^ pendant long-tems cette boëte à un feu des plus violens. Le charbon ne fut point brulc , & on le retrouva dans fon entier. ( Voyez la vie de cet Auteur, dans fes Œuvres poflhumes, page xxj. ) Ce Phlbrophe ingé- nieux avçit conclu de ce phénomène que l'air e!l un menftrue , qui , par fon agitation , diflbut tous les corps fulphureux , puilque le teu n'avoit aucune aétion fur eux , fans le concours de l'air : Van-Helmont avoir déjà obfervé la même chofe .dans la diftiUation, par rapport à fon char- bon éternel, ainfique Papin, {Recueil >ics Machines , pages 2^,26. J'ai moi- même expofé , en votre préfence , à un feu long & violent , de la poudre fine de boib de Gayac , & je vous ai montré qu'il en reftoit un caput mor-i tuum trcs noir, chargé d'une huile que l'adlion du feu la plus véhémente ne pouvoit en détacher. .Mais ayant mis cette poudre charboneufe fur un plat, unt; petite étincelle fuHît pour conlumer toute cette huile noire, qui fe diflipa en une fumée aromatique , & la poudre fut réduite en une cenc're blanchîire. Le camphre , une fois allumé , fe confume entièrement à l'air libre , lors même qu'il nage fur l'eau. Qu'on l'expofe au feu dans un alembic de verre, il fe fond, il monte , il le fublime; mais c'eft tou- jours du camphre; & cette opération plulîeurs fois répétée n'y produit aucun changement. Le foufre, renfermé dans des vaifleaux oii l'air exté- rieur n'a point d'accès , ne te fublime til pas cent & cent fois fans chan- ger de nature? Mais fi , pendant la fublimation, le vaiffeau eft fêlé, & que l'air y pénètre , le foufre s'enflamme auflitôt & fe dillipe en une flamme bleuâtre & une fumée acide. Le fuccin , enflammé dans un air ouvert, s'y confume prefqu'entièrament , & fert d'aliment au feu; mais fi on le diftille dans une retorte, à un feu que l'on poulie par degrés juf- qu'à une extrême violence, il fe décompofe , & fournit de l'eau , un efprit, un fel volatil acide , différentes fortes d'huile ; & le dernier degré de feu le fait monter en entier dans le col de la retorte , comme je l'ai obfervé plufieurs fois. Ainfi donc le feu n'a point fon effet ordinaire fur une ma- tière inflammable , fans le concours de l'air , ou dans un air fermé ôc immobile a. En méditant la deflus , je crus devoir rejetter ,^ à quelques égards, la théorie de ce grand homme ; il me parut quecen'étoit pas le défaut de l'air, ou fon immobilité qui empêchoit de brûler les corps dans un efpace fermé , puifque la flamme fe foutient quelque tems fous les ré- cipiens , & cela à proportion de leur capacité, favoir : jufqu'à ce que tout l'air qu'ils contiennent, ait été altéré par la chaleur [ 27 , 28 ] : il me paroiflbit plus probable que le feu extérieur, en échauffant les corps contenus dans des vaifleaux fermés, altère l'air qui les entoure, au point W Cliimie,Tora. I, p. tio. A 50 Mémoirïs de tA SocrÏTÉ royale ces Sciences '"^"^'^^ que la flamme ne peut plus y vivre ] 36]. En faifant réflexion que les .Tome I." miroirs ardens , même les plus forts , concentrent toute la chaleur dans Année un petit efpace , de telle forte qu'elle eft très-modique à quelques pouces I75j;. de diftance du foyer((j), je penfai qu'on pourroit, p£r leur moyen , com- fnuniquer aux corps rentermés fous des récipiens, un violent degré de cha- HISTOIRE. leur, fans que l'air ambiant fût altéré, & par confcquent, les enflammer , & les décompofer. L'expérience vérifia ma conjeâure : ayant mis luccef- fivement du charbon, du foufre & du camphre dans une large bouteille, dont je fermois exaftcment l'orifice, & impofé ces corps au foyer des rayons folaires ramad'és par une lentille (,h) ^ je fis fumer tous ces corps, je réduifis en cendres le charbon, dans plufîeurs points de (a furface, & j'enflammaile foufre & le camphre. Il me paroiffoic donc démontré que, fi les corps ne peuvent brûler dans un efpace fermé, cela vient de ce qu'à melure qu'ils s'échauffent & fe difpofent à s'enflammer, l'air qui les environne s'altère à proportion , & devient incapable de nourrir la flamme. Une expérience de M. le Chevalier de Saluce rend cette vérité bien fen- fible par rapport au foufre. Ayant mis du foufre dans une bouteille à col étroit , il ne s'enflamma pas , mais ayant renouvelle l'air de la bou- teille , au moyen d'un foufflet , le foufre prit feu aulîitôt. Enfin la pou- dre à canon , qui s'enflamme dans un air altéré par la chaleur , s'enflamme également par l'adion du feu appliqué hors du vaifTeau (c). J'ai même obfervé que la poudre brûle dans un air déjà altéré. J'introduifis un py- robole dans un récipient où j'avois laiffé éteindre une bougie , comme au §. 28, il y biula julqu'à ce que toute la poudre fût confumée. ■j.i.° Bovle avoit aufll embrafé, au moyen d'une lentille, des corps renfermés fous des récipiens de verre. Il y avoit même placé une efpèce de paflille compofée de telle forte , qu'une fois allumée , elle fe confumoic entièrement à l'air libre , & il avoit obfervé que cette paflille embrafée par une lentille , fe confumoit plus ou moins , à proportion de la capa- cité du récipient & de la denfité de l'air {à), en forte qu'on peut dire qu'elle s'eft éteinte au moment que tout l'air contenu dans le récipient a été altéré, & efl devenu incapable d'entretenir le feu. 42.° L'air faftice que fourniflent les corps qui fe décompofent, fuffoque la flamme , comme de célèbres Phyficiens l'ont obfervé ( e). L'explica- tion de ce phénomène eft facile à trouver , d'après nos principes. Car puifque la chaleur altère l'air, & le rend incapable de nourrir la flamme, {a) La chaleur, à cinq pouces de didance du foyer du miroir de Villette , eft à peine de 190 degrés du tliermomètre de Fahrenheit [Boerrh. Ch. I, p. 12s]. Com- bien donc ne (èra-t-elle pas moindre à la même dillance du foyer , dans des miroirs ou des lentilles beaucoup plus foibles, ou à des dillances plus con.'idérables .' (h) La lentille dont je me (êrvis , avoit environ un demi pied de foyer , elle étolt convexo-convexe, & avoit cinq travers de doigt de largeur. (i^) AI. Macquer nous avertit que , parmi les corps inflammables , ceux qui contiennent du nitre, font les (èuls qui s'enflamment dans un vaifTeau fermé, Chym. prat,, Tom. Ilg Ch. I , proc. j. C^) Fxpér. phy(Tco-mech. Cont. î , art. 7 , expér. 2,5. (<■) Boyle, Expér. phyfico-mech, Cont, 2, art. 5, expér. 3» deTurin. 31 îl faut convenir que la même chofe doit arriver à cet air faâice qui ne ^ Ce développe que par l'adion d'un feu aduel , ou par les mouvemens Tome 1." d'eiferveilcence ou de putréfaâion , lefquels font toujours accompagnes A s n è e d'une très grande chaleur , ou enfin après que les corps ou il exifte, ont 17Ç5). éprouvé l'action de la chaleur & du feu (a). 43.° En continuant de comparer nos expériences avec celles des autres HISTOIRE. Phyiiciens , nous voyons que Haies a rendu fa première falobrité à un air qui n'ell plus propre à être refpiré , en le tailant (eulenient pafler à travers une toile imbibée d'huile de tartre ( t) ; tandis qu'au con;raire , nous n'avons pu faire recouvrer Ion premier état à un air altéré par la ' flamme , en lui faifant traverfer une couciie épaiffe de la mcme liqueur [ aj ]. On doit conclure de-là que la mort des animaux, fous les récipiens, tie reconnoît pas la même caufe que l'extinâlon de la flamm* ; la Hamme s'éteint par l'altération que le feu produit dans l'air ; au lieu que les ani- maux meurent parce que l'air le charge de vapeurs hétérogènes & meur- trières , que les filtres peuvent en fépàrer; cette opinion iemble prouvée par une expérience de Boyle. Ce Phylicien ayant rentermé en même tems fous un récipient une bougie allumée & un animal vivant , obferva que la flamme s'éteignit en peu de tems , & avant que l'animal donnât aucun fîgne de mal-aife; de force que l'altération de l'air qui avoit caufé l'ex- tinftion de la flam.me , ne procuroit encore aucune incommodité à l'anirajl ( c ). 44.° Je fus curieux de voir ce que l'expérience découvriroit par rapport à la propofition inverfe , & je reconnus qu'un air dans lequel un animal étoit mort, éreignoic la flamme; ayant renfermé un moineau dans un récipient difpofé comme au §. 28, il y mourut avec les fymptomes or- dinaires; j'otai enfuite le couvercle qui fermoit l'orifice du récipient, & j'introduifis une bougie allumée; elle s'y éteignit lur le champ. Ce qui prouve qu'un air devenu meurtrier pour un animal, eft aulli meurtrier pour la flamme ; peut-être parce qu'il éprouve une double altération pen- dant le féjour que l'animal y fait , favoir, parles vapeurs dont il le charge & qui font qu'il devient nuidble à l'animal , & par la chaleur qu'il con- trafte dans fes poumon'- , chaleur qui le rend incapable d'entretenir la flamme. Cette double altération fe rencontre , ce me femble , dans un air échauffe par des charbons ardens ou par des métaux rougis (i) ; cet air n'étant pas feulement nuifible à la flamme , mais encore aux animaux. 45'.° On pourroit demander encore fi un air qui a été refpiré , éteint la flamme , feulement parce qu il a éprouvé la chaleur du poumon , ou fi ( j) Voyez fuite des recKjrches fur le fluide clafliiiue, par M. le Che^-alier dr Saluce. (*) Stutiq des végétaux , exp. 116. (.c) Nova expérimenta intra acrem & flammam vltalcm animalium , exp. i & i , & Laghi , Hiil. de l'Acad. de Bolog. , Tom. I V, p. 88 , & dans les Mémoires. Ce Ph>(î- cien oblerve cependant que la mort du moineau fut plus prompte de 36 oiinutes , dans un air charge des vapeurs de la flamme, thii, p. 81. {i) Boyle, L. C. exp. 1 , Hâuklbée, L. C. 52 MÉMOIRES DE tA SoClÏTé ROYALE CES SCIENCES — — i"^ c'eft par quelqu'autre vice qu'il a contrafté dans le corps de l'animal. Tome I." Car, quoique le feu & la chaleur rendent l'air incapable d'entretenir la ^q y . -, flamme [36], il n'eft pas dit "que d'autres caufes ne puifl'ent produire j-,Q le même effet. On ne fauroit prelque éviter l'erreur en Phyfique , pour peu que l'on veuille aller au de là de ce que l'expe'rier.ce découvre. On , • j ! ! _j_.„.._ IX „i„r:„,,„ --...fes. îilSTOIRE' ne doit cependant pas imaginer ou admettre légèrement plufîeurs cauf lorfqu'une feule peut fuffirc. La nature fait , avec une économie admirable, produire , par une feule caufe , une infinité d'effets variés à l'infini. L'ex- périence fuivante me parut propre à décider la queftion. J'enfermai une grenouille dans un verre collé fur une platine de métal [28],_ elle y mourut au bout de trois jours. Une heure après fa mort, j'ouvris 1 ori- fice de la platine , & j'introduifis une bougie allumée dans la capacité du verre ; elle y fut auOItôt éteinte , comme dans la dernière expé- rience [44]. Mais la chaleur de la grenouille efl: très modique; ce n'efl: donc pas la chaleur qui altère l'air dans les récipiens où l'on fait mourir des animaux , & l'altération de l'air qui le rend incapable de nourrir la flamme, efl: produite par plufîeurs caufes, & non par une feule. Nous n'ofons donc décider fi cette altération de l'air fadice efl uniquement oc- cafionnée par la chaleur [42], quoique le froid, long-tems continué, ait fuffi pour la corriger ( a ). 46.° Je me fuis affuré que l'air devient nuifible à la flamme, non feule- ment lorfque l'animal efc mort [ 44, 45-] , mais encore long-tems au paravant; au point qu'il étent mcme les charbons ardens. Or, l'air dans lequel la flamme a été éteinte, n'ayant pas une adion auffi maïquée fur les char- bons ardens, il femble quon peut en conclure que l'altération légère de l'air, produite par une flamme qui n'y féjourne que quelques inflans , ne iuffit pas pour éteindre les charbons , ou faire périr les animaux ; mais qu'une altération beaucoup plus confidérable , quoique effentiellement la même, qu'y produifent la chaleur des charbons allumés, long-tems con- tinuée , ou le féjour des animaux , le rend meurtrier pour les uns ou pouï les autres. Je penfe donc que les animaux font beaucoup incommodés » dans un air fermé, par les vapeurs dont il fe charge , mais qu'ils le font, encore davantage par une altération de ce même air , à peu-près fem- blable à celle qu'une chaleur long-tems continuée pourroit y produire. On pourroit m'objec'ler l'expérience de Haies [43], fuivant laquelle l'air efl mis, par la filtration, en état de fervir plus long tems à la ref- piration. Mais cet Auteur ingénu ne la donne que comme un eflai fur lequel il n'ofe pas faire beaucoup de fond (^b). Je crois donc que les vapeurs ne jouent pas ici un auflî grand rolle que je me l'étois d'abord figuré [43 ]. Ajoutez à cela que l'altération de l'air produite par le féjour & la mort des animaux , efl: auflî durable que celle qu'il contrafte parle féjour & l'extinâion de la flamme [28]. Boyle dit avoir vu mourir, (a) Voyez, fuite des recherches fur le fluide élaflique, &c, par le Chevalier de Sa-- luce. (A) Mais je ne fçai fi cela ne doit pas être attribué à quelgue palTage infenlîble que dans D E T U R r N." JJ dans l'efpace de trois minutes, un animal , dans un récipient où un autre j"*— animal avoit expiré quatre heures auparavant (a). Or, dans cet inter- Towiî l." valle , les vapeurs qui s'étoient exhalées du corps de celui-ci , & qui font A x .v é £ aqueufes , fuivant l'opinion commune (è) auroient bien eu le tems de 17 'o. fe condenfer & de tomber lur les parois du vaifTeau. L'air faftice , fourni par le chêne, gardé pendant onze jours, n'avoir point, au bout de ce HîSTOIIŒ. tems, perdu fii qualité vénéneufe , & un animal qu'on y introduifît , y fut fuffoqué dans i'inftant (c). Delà je crois qu'on peut conclure que l'air faâice , bu celui dans lequel des charbons ardens fe font éteints-, ou des animaux ont péri , efî très-confidérablement altéré , & qu'il eft vrai que, non feulement la flamme , mais même d'autres chai bons & d'autres animaux ne peuvent plus y vivre ; mais au contraire que l'air altéré par la flamme , ne contracte qu'un vice moindre , quoique de ht, même efpcce , qui fuffit pour éteindre une autre flamme, mais non pas pour fuffoquer les charbons ardens, ni pour faire périr les animaux. Au refte , lorfque je conjefture que la mort des animaux , fous les récipiens, doit être attribuée à un certam changement qui fe fait dans la conflitution^ de cet air, je fuis très- éloigné de difconvenlr que ces animaux ne puiffent être aulli beaucoup incommodés par les vapeurs qui s'exhalent de leur corp?. L'aftion des exhalaifons fur le lyflème nerveux, efl: fi fendble & a violente , que ce feroit une témérité de le nier. Je foupçonne feulemen: que ces vapeurs font moins nuifibles aux animaux, que l'altération de Kair. C'efl: cette altération qui caufe l'extinction de la flamme , dans ui> 'air fermé, comme je l'ai prouyé [^6]. M. LachUaffure que certaines exhalaifons odoriférantes l'a&biblifrent auflî (d), 47." Mais voilà peut être trop deconjeâures. Il nous- a paru que ceitff quefl:ion ne pouvoit être décidée qu'après avoir fait un grand nombre d'expériences dont le réfultat iafTe enfin dlfparoître toutes les difficultés. Il s'agiroit d'abord de déterminer jufqu'à quel point les exhalaifons deS' corps odorans, répandus dans un air fermé, font nuifibles à la flamme. M. Laghi donne à entendre qu'elles lui nuifent, mais il ne dit pas juf-- qu'où va cette aétlon. Il faudroit enfuite répéter l'expérience de Haies- [45], d'une manière plus commode que celle que nous avons em- ployée [25-], & remarquer avec foin tous les phénomènes relatifs à cet" objet , qu'elle pourroit otïrir. Enfuite eifaycr fi l'altération que l'air éprouve par le féjour & la mort d'un animal , & que j'ai dit être aflez durable [^6 ] ,. peut - être corrigée par l'application de la glace , com.me celle qui vient de la flamme [37, 38, 35]. Il feroit enfin nécefiaire de s'aflurer par l'air a-voit pu- (è faire à travers les ligatures; je ne me lôuciai pas |mcme de repéter l'expérience, crainte de m'akcrcr la poitrine en refpirant fi lôuvent ces vapeurs nui' fibles; Stat. des vég. , exp. 116. (j) Exp. phyfico-niech. , cont. i, art. 3 , exp. 11, (^) Hiller, prim. lin. pliyfio!. , $ 430. . W Halles ap. D^faguliers. /'. fag. délie tranfaz. , filofof., Tom.lV, p. «i ; la qr-s- litc vénéneufe de l'air feâice «ju'on tire des autres corps, a été démontrée par Bovlè^» I. c. art. 5. •■ r . > .• (^) h. C. pig. 8j, . Xom, I, g ^^^^^^ '54 Mémoires de r,A Société royale des Sciences ^|; Y7, l'expérience, fi l'air renfermé, qui a long tems éprouvé l'adion d'un feu extérieur , efl: encore nuilible aux animaux , lors même qu'il a été enfuite An NÉE refroidi [jiS]; en un mot il faudroit répéter fur les animaux toutes les ^1S9' expériences que nous avons faites fur la flamme, en changeant feulemeni> HiSTOIRP l'^PP'T'si' '^lon l'exigence des cas. Mais comme ces expériences exigeroienc ' ' un loilîr qui nous manque aujourd'hui, & que ce volume eft aduellement fous prefl'iv nous avons cru devoir les renvoyer à un autre tems {a). imm.ntmjt jnw^Kjaz^. DISSERTATION fur ranalogie entre le magnétifme & l'éleciricité , par M. Jean- François Cigna.. MEMOIRES. JLJ E s Phyficiens ingénieux avoient conjeâuré que les phénomènes de l'aimant appartenoient aux phénomènes éledriques , avant même qu'on eût trouvé la théorie de l'éleâricité. Ils voyoient de part & d'autre des mouvemens d'attraftion & de répulfion, & conduits par l'analogie, ils les attribuoient à un feul & même fluide , qui tombe fous les fens dans les phénomènes de l'éleftricité, mais non pas dans ceux de l'aimant. Cette opinion fut d'abord combattue par d'autres Phyficiens très-célèbres; mais les découvertes immortelles qu'on a faites dans ces derniers tems fur l'é- leftricité, viennent de lui donner un nouveau degré de probabilité. En mé- ditant fur ce fujet, je trouvai que l'analogie du fluide é'eftrique avec le fluide magnétique ctoit prouvée par quelques faits; mais que ces faits même rendoient leur identité douteufe. Ces phénomènes, quoique fort connus, n'ayant point encore été, pour la plupart, fuffifamment remar-. qués , j'ai cru devoir en faire ici une expofition détaillée. x." Les corps inégalement éledriques s'attirent; ils fe repouflfent lorf- qu'ils le font également; de même, dans l'aimant, les pôles de différent nom s'attirent, & ceux de même nom fe repouflent. {b) 2.° Les mouvemens éledriques n'ont pas lieu, fi les corps aduellement éledrifés ne (ont if olé s. Les mouvemens magnétiques ont toujours lieu; enforte qu'on doit regarder l'aimant comme toujours ifolé. 3." Les corps aduellement éledriques meuvent les corps qui font con~ duàetirs par rapport à eux; ils les attirent. L'aimant attire le fer; le fes efl: donc un coniuEleur par rapport à l'aimant. 4.° L'aimant agit fur le fer à une très-grande diftance , fi l'on place entr'eux un autre morceau de fer, grêle, & qui ne foit pas trop gros; iS l'on ote ce fer , l'adion de l'aimant ne s'étend plus à une fi grande dif- tance. Si donc l'on confidère l'aimam comme un corps qui envoyé ou (.0 Voyez, ci-après fous les années 17^0, 1761, le Mémoire de l'Auteur fiir I^ caulê qui produit l'extir.ftion de la flamme, & la mort des animaux dans un air enr fermé. {^) Cette obrervatio;i çft dç M. Dalibard j addie. à la lettre de M, Fr^nckllnj T. Iî| ! i?8, deTurtn. 55" reçoit le fluide éle(Srit|ue, on pourra confidérer le fer comme un con- "— ™^*'— * dudeur. L'aimanc pourra donc ctre comparé au globe de verre qui Tome I." poufle au dehors, ou à celui de réiine qui reçoit ik abl'orbe le fluide A.\n êe cledrique, & le fer à la chaîne qui tranfmet l'électricité. iVrp- j." Il y a pourtant cette différence, que le globe de verre ou de ré- fine ne chafle ou ne reçoit le fluide élecftrique qu'après qu'il a été frotté, MÉMOIRES, au lieu que l'aimant le fait en tout tems, & fans aucune préparation. 6.° On pourroir le comparer avec plus de fondement à un métal ex- pofé à un air éledrique , & qui eft fans cefle éleftrique lui - même , à caufe de la facilité qu'a ce métal à recevoir la matière électrique , qui y trouve moins de réfifliance que dans les autres corps, & s'y porte fans relâche ; de forte que tous les corps qui peuvent foutenir l'aimant & lui fervir de fupports, ne refufent point abfolument l'entrée de leurs pores à la matière magnétique ; mais s'en laifTent feulement pénétrer plus diffici- lement que le fer ou un autre aimant. Mais d'ailleurs les conducteurs peuvent conduire la matière électrique jufqu'a une très-grande diflance, s'ils font parfaitement ifolés , au lieu que le fer ne porte qu'à une dif- tance médiocre, la matière magnétique qui même s'afî-oiblit de plus en plus (.î). Le fer n'eft donc pas un conduâeur parfait, & les autres corps ne l'ifolent pas parfaitement. * 7.° Si on fait communiquer des corps aifluellement éleâriques à des conducteurs , le fluide électrique s'y difl:ribue, & la vertu électrique s'af- foiblit dans ces corps. De même, une grande maffe de 1er, placée dans le voifinage de l'aimant, affoiblit ou même détruit entièrement fon adion fur un morceau de fer qu'on en approche. 8." Cette explication lait comprendre pourquoi l'interpofîtion d'une grande mafle de fer intercepte l'attiaâion magnétique , tandis que celle d'un petit morceau étend cette aftion à des diftances plus confidérables \j^. Le premier de ces phénomènes en avoir impofé aux Phyfîciens, & leur avoit fait penfer que le fer interceptoit, dans ce cas, l'adion de l'aimant, parce que le fluide magnétique ne trouvoit pas un paflage libre dans fes pores (i). Cela vient plutôt de ce que le fer fe laifTe aifément péné- trer de cette matière, & la retenant dans fes pores, fait que l'aimant n'eft: plus ifolé; tout comme les conducteurs appliqués aux corps aduuellement éleftriques , les déféleftrifent bientôt , fi leur mafle efi: confîdérable , ces corps celfant de même d'être ifolés. De-là on peut comprendre comment un aimant, pofé fur une lame de fer-blanc, n'attire pas la limaille de fer placée fur le bord de la lame, fi cette lame eft fort large; au lieu que fi elle eft petite , la limaille eft attirée à une plus grande diftance qu'à forr dinaire; & pourquoi cette même limaille, pofée fur une feuille de fer- blanc, eft remuée d'autant plus fortement par un aimant appliqué à la fur- face oppofée , que la ftuille eft plus étroite. (j) En effet l'aftion de l'aimant, étendue par l'interpofîtion du fer , diminue à pro- portion que la diftance augmente. Mufcheml-». Z)//7. i/c mjon. exp. Ji, p. iii. C'eft prefque dans ce feul ouvrage que j'ai puifé tout cc qui concerne l'hiftoire des phéno^ picnes magnétiques. IJ>) Voy. Mtmoir, de l'Acad. J733, Eij ^■(5 MÉMOIRES DE tA Société royale des Science^ '— c>,° Pour m'afllirer encore mieux que le fer n'étoit pas moins perméable? Tome I.^' que les autres corps à la matière magnétique, je fis l'expérience fuivante: Année j^ luipendis une aiguille de fer à un fil de fer très- long; j'en approchai 17 fO. enfuite une épée dont la pointe étoit aimantée. Les mouvemcns de l'ai- , guille furent aulîi vits que iorfque je la fufpendis à d'autres corps. Or, A1ÉM01R.KS. dans cette expérience, l'aiguille étant fufpendue à du fer, & la pointe ai- mantée étant continue au refte de l'épée , qui n'étoit point aimantée ; il s'enfuit que l'un & l'autre corps auroit dû être parfaitement ifolé,& qu'il fi'auroit dû, par conlécuent,y avoir aucun mouvement, lî le fer avoit réellement refulé le paffage à la matière magnétique. Au refle, je mon- trerai encore plus évidemment que le fei fait véritablement l'office de .conduifieur par rapport à la matière magnétique , Iorfque je parlerai d^ l'armure de l'aimant. io.° Il y a attraction entre les corps éledrlques , Iorfque la matière élec- trique fort de l'un, &; qu'elle entre dans l'autre; il y a répulfion Iorfque' cette matière (ort de tous les deux ou entre dans tous les deux; c'cft-à- dire, que les corps éleilriques s'attirent, Iorfque le fluide éleârique s'y meut dans la même djredion , & qu'ils fe repouffent , lorfqu'il s'y meut .dans une diredlon oppofée. Puis donc que les pôles de même nom fe repouffent dans l'aimant, & que ceux de difte'rent nom s'attirent, il efl à préfumer que la matière magnétique entre par l'un de ces pôles , & qu'elle fort par l'autre. Ceci nous fait comprendre pourquoi les corps (éleftriques ne fe repouflent que dans le cas oiî l'éleâricité eft égale dans fun & dans l'autre; tandis qu'au contraire, les pôles de même nom fe repouffent, lors même qu'ils JouilTent d'une vertu magnétique inégale. En elfet , dans les corps éleâriques , pour que la diredion de la matière éledrique foit contraire , il ne fuffit pas qu'ils foient éleftrifés de la même manière , mais il faut qu'ils le foient également : au lieu qu'il fuffit que jes pôles de l'aimant foient de différens noms, pour qu'il y ait oppofition dans la direilion de la matière magnétique. 1 1.° Les corps éleftriques fe repoufl'ent après s'être d'abord attirés ; parce que l'un ayant reçu de l'autre une certaine quantité de matière élec- trique, ils font bientôt également éledrifés : au contraire, l'aimant attire conftamment le fer ; les pôles s'attirent toujours , s'ils font de différent pom , & (e repouffent toujours s'ils font de même nom. La matière ma- rnétique fç meut donc conftamment dans la même diredion à travers J'aimant & le fer , & cette diredion , dans les pôles de différent nom , eft oppofée à celle qui a lieu dans ceux de même norn (a). (j) Cette loi des mouvemens éleftriques, fuivant laquelle les corps s'auirent, fi l'é-» leftriciié e\\ inégale , & (e repou{Ii?nt fi elle eft égale, jn'eft vraie qu'autant que le fluide cleflriqiie peut Ce dillribuer également dans des corps éleftnfables par communi- cation ; enlorie que deux corps étant devenus également éleftriques , le fluide celle d'entier de l'un dans l'autre , mais tend à entrer dans l'un & dans l'autre , ou à for- tir de tous lç,î deux , félon qu'ils ont une éledricité pcfiilve ou négative. Mais lorC ou'il eft quefiion de corps dont les uns foient éleflrifables feuleme/it par communi- cation, & les autres par frottement, cette "diftribution égale du fluide éleftnque n^ peut plus fe faire, & cette loi n'a plus lieu. Je prends un morceau rie verre mincp, j»u une t;suilje ie tôle, je le fufpenç à un fil de foie, & je l'aDproche "d'un corps mé^ deTurin"; 37 '12.° Ainfi donc l'aîmant reçoit conftamment la matière magnétique par un de fes pôles, & la chalTe par l'autre; tout comme l'éleiftricité entre Tome I/* par le globe Se fort par la chaîne, ou réciproquement. Axx àe 13.° Il n'efl; donc pas nécelTaire de fuppofcr ave; Defcartes (a) une i7cg. double matière, afiîuante & effluante, dans le magnétifm?, non plus que dans l'électricité. MÉMOIRES, 14.° Toute l'aâion de l'aimant efl concentrée dans les pôles, & par- tout ailleurs que dans ces deux points elle ell à peine fenlible. La matière magnétique fe meut donc d'un pôle à l'autre, & ne fe porte <|u'en très- petite quantité par-tout ailleurs. On comprend par -là pourquoi, fi l'on coupe un aimant tranfverfalement, les deux plans produits par la (e<5iion ont des pôles de différent nom {b); car la matière magnétique (e mou- vant de l'un vers l'autre , avant la fection , un des deux plans doit de même, après la feclion , recevoir le fluide magnétique, & l'autre le tranf- mettre au dehors; & l'on doit, par coiiléquent , les regarder comme des pôles de ditférent nom [11]- IVtais au contraire, fi l'on coupe l'aimant parallèlement à fon axe, les extrémités auparavant unies fe repouffent, parce que ce font toujours des pôles de même nom (c). 1 5".° Puilque le fer eft également attiré par les deux pôles , 11 faut ab- folument qu'il reçoive la matière magnétique du pôle d'oii elle fort , & qu'il l'a tranfmette enfuire au pôle qui la reçoit , pour qu'il puilfe être pénétré par cette matière avec une égale facilité, dans quelque direiftion que ce foit. 16° Le fer acquiert la vertu magnétique par fon contaft avec l'ai- mant, mais fur-tout lorfqu'on la frotte fur un des pôles fuivant fa lon- gueur; & cette communication a lieu lors même qu'un morceau de drap efl: interpofé entre l'aimant & le fir(ii). Ainfi donc lorfque la matière magnétique a commencé une fois de s'y mouvoir dans un certain fens , «lie continue exiiuite d'y fuivre la même direftion. De-là vient que l'ex- tallique communiquant à la clialne de la macliine éleârique, de manière que la fur- face plane du verre (bit tournré vis à- vis celle du corps métallique, à la di.îance de quelques pouces. Je place au côté oppofS du verre , & à la même diuance , un con- dufteur qui conimunique avec le plancher. Le verre Ce promène de la chaîne à ce condufteur, & du condufteur A la cliaine. Car lorlque la fiir/ace du verre, qui re- garde la chaîne, reçoit les émanations de la matière élei'trique , le verre efl porte vers la chaîne , & lorfque la furface oppofée du verre tranfmet enfuite cette matière au condudeur , le verre eft porté vers celui-ci. Je fubllitue une pointe métallique à ce conducieur, aîïn qu'elle puiiTe recevoir à une plus grande dirtance les émanations qui (orient de la lurface du verre ; alors le verre demeure conrtamment attaché au corps qui communique avec la chaine ; car tandis que la pointe métallique rei;oit lej émanations qui forcent d'une lurl'ace du verre, l'jutre furface continue de recevoir celles dans fa lettre à M. Coll-nfcn i '40 AHmoires de la Société royale des Sciences ■■■— 1111 ■■■■i» Cgj. ^ tj-avirs l'armure de fer, il faut encore que tout fon mouvement Ce Tome 1" dirige vers un certain point, pour qu'elle puiile s'y accumuler & s'y con- Jî jV jv É £ 'le'i'er- C'efl: pour cela que les lames de fer avec lefquelles on arme l'ai:- ijro^ mant, ont un pied continu qui defcend au-defTous de l'aimant, & le pied 4.^ d'un côté iait lace au pied du côté oppolé. Par ce moyen, la matière ma- AIÉAlOiRES. gnétique qui vient par une des deux lames, accourt au pied du mC-me côte, & y trouve un chemin plus court Se plus facile pour arriver à l'autre: c'eft ainli que s'il y a, dans la machine éledrique, des parties qui foient plus voifines de la chaîne , toutes les émanations éledriques fe portent de ce côté , parce que ce trajet leur oifre moins de léliftance qu'aucua autre (a). 24..° L'armure ramaffant en un feul point toute la matière magnétiqu'î qui coule par les furfaces des pôles [22], on comprend pourquoi on me£ par ce moyen l'aimant en état de portei un poids de ter plus confidé- rable (t); pourquoi un aimant armé communique au fer plus de vertu que celui qui ne l'eft pasCc); pourquoi enfin la force d'un aimant armé efl, toutvs chofes égales d'ailleurs, en raifon des furfaces polaires ( ii ). 2^.° Que par le voifmage des deux pieds de l'armure , la matière mai- gnétique ioit déterminée à palTer de l'un dans l'.iutre [24]; cela efi; en- core prouvé par les faits fuivans : L'armure diminue la fphère d'aclivité ■ J 1' • 2.° Si au lieu de mettre le portant de fer fur les deux pôles de 1 airnant le plus foible , je le mettois fur ceux du plus fort. J'obfervois pareille- ment que l'attradion diminuoit dans le contaft, parce que la diâerenc» de vigueur étoit moindre. ^ ., 5.° Ayant fufpendu, parle moyen d'un fil, une aiguille aimantée , jei» approchai peu-à-peu un aimant , par le pôle de même nom que celui fur lequel elle avoit été firottée ; ce pôle foutenoit une clef. Lorlqu il tut affez près de l'aiguille , pour que la répulfion eût dû fe changer en at- traâion , fi la clef n'y avoit pas été , j'enlevois cette clef, & alors l'aiguills fe portoit pour l'ordinaire en un clin d'oeil vers l'aimant , par fa pointe* La même chofe arriva, & même encore plusfenfiblement, lorfque jap-? pliquois le portant de fer, ou un pôle de différent nom, & que je les éloignois enfuite . diminuant ainfi & rétabliffant fucceffivement la vigueur de l'aimant. Ces obfervations confirment donc cette vérité , que les pôles î> E T U K I N. 47 de même nom s'attirent à une diftance d'autant plus grande , qu'il y a ™'"'"^'^? plus de différence dans leur vigueur. Tome I."' Ainli donc, comme les conditions qui font changer plutôt ou plus tard Année la vertu direiSive d'un pôle donné , font prccifément les mêmes qui font \1^9> qu'il cfl: attiré de plus près ou de plus loin , & plus fortement ou plus foiblement par un pôle de même nom ; & comme le changement de di- fllÉMOIRES, redion du pôle efl: produit par le mouvement oppofé de la matière ma- gnétique [ i<5] ; cela confirme de plus en plus que le changement de la force répuKlve en force actradive , vient de la mCme caufe , c'efl-à-dire, de ce que le fluide qui fort du pôle le plus fort , pénètre dans le plus foible en confervant la diredion qui lui efl: propre ( a ). ^^.° Mufchenbroeck penfe que la force répuHive des pôles, à une pe- tite diftance , n'eft pas réellement diminuée ni anéantie , comme elle paroîc l'être , mais qu'elle fe joint avec la force aitraélive , qui augmentant en plus grande proportion qu'elle , à mefure que la dlfl:anci; diminue , fuffit pour la contrebalancer ou la faire difparoître , enforte que la force attrac- tive agit feule (i). Cette opinion efl: confirmée par l'expérience 3. du §. précédent , car la clef appliquée au pôle le plus fort , au lieu de repouffer le pôle foible de l'aiguille, auroit dû l'attirer au contraire ; elle confervoit cependant la force répulfive ; apparemment parce qu'elle diminuoit la force attraiSive que le pôle le plus fort exerçoit fur le plus foible, & qui , fans cela , auroit aifément furmonté & fait difparoître la première. Cette théorie de Mufchenbroeck s'accorde à merveille avec mes prin- cipes; en effet, la matière magnétique qui (ort du pôle le plus foible, produit la répulfion , par la rélifl:ance qu'elle oppofe à la matière qui fore ou pôle le plus fort; Se cette dernière lurmontant la réfiftance de l'autre , & pénétrant dans le pôle le plus foible avec la direction qui lui cfl pro- pre, produit l'attraâion par cet excès de force. 44.° La vertu de l'acier aimanté efl: plus difficilement changée , toutes chofes égales d'ailleurs, par un pôle plus fort, que celle du fer (ê). Cela ne vient il point de ce que le fluide de ce pôle pénètre moins aifément l'acier que le fer [ 28 ] ? Si donc la théorie que j'ai établis efl: véritable , les pôles de même nom de l'acier aimanté ne doivent-ils pas s'attirer plus foiblement , & à de moindres diftances que ceux du fer ? On conçoit auili très-bien , d'après cette théorie , pourquoi les pôles de même nom , tant (-0 M. MItcliell prétend que la vertu répulfive diminue avec la dirtiince, parce que la force du po!e le plus foible eil diminuée [Encycl. 1. c.]- Mais on obfervc (ouvenc que la force répulfive eft affaiblie, ou même changée en force attract've, à une diP tance où le pôle le plus foible n'a pu ni s'afFoiblir encore d'avantage, ni éprouver au- cun changement. Ainfi donc le mouvement de la matière magnétique, félon une cer-" laine direélion, fufrit pour produire l'attraclion,- mais pour changer le magnétifme , il faut q^e ce mouvement perfifie pendant quelque tems. (16). (A) De Magn. , exp. 15, il remarque qu'en rôurtrayant les forces attraâives des ré^ pulfives, celles ci fuivent la raifon inveife des dillances. (f) Encycl. 1. c. '4? MéMOiRrs PE LA Société royale des Sciences «wu. — qu'ils fe lepouflent , augmentent réciproquement leur aftion fur le fer Tome I." qui eft à leur portée I ^6], & pourquoi ils la diminuent au contraire AxM É£ lorfqu'une fois la répulfion s'eft changée en attradion ; en effet , tant que 175-0 \a répulfion dure, les fluides magnétiques forment deux courans oppofés '^^' qui fe retiennent mutuellement ; pendant l'attradion , au contraire , la ma- >1ÉA101RES. tière magnétique entre librement d'un pôle dans l'autre ; de forte que . dans le premier cas, cette matière eft portée en dehors, & s'infinue dans le fer, au lieu que , dans le fécond, elle fuit fa diredion dans le pôle quelle trouve fur fes pas. 45-.<' Telle eft la uaeftion de l'aiguille aimantée , qu'elle peut recevoir avec faci'ité la matière magnétique par une de fes extrémités , & la pouffer au-dehors par l'autre, propriété dont j'ai montré ci-deffus l'analogie avec les phénomènes éledriques [21]. De - là vient que le fer s'aimante de lui-même , par fuccellion de tems , s'il fe trouve placé dans une fituation pareille à celle qu'affefte l'aiguille aimantée , par le mouvement de la ma- tière magnétique félon la même direâion ( a). Le fer s'aimante lors même que fa ligne de direûion fait avec la méridienne magnétique un angle que!^ conque ; mais d'autant plus tard & plus fuiblement , que cet angle eft plus grand , & jamais fi c'eft un angle droit ( t ). Il s'aimante encore- d'autant plus promptement , qu'il eft plus long , relativement à fon épaif- feur, & qu'il eft plus mol ; & 1! acquiert une vertu beaucoup plus grande, fi on le fait rougir au feu avant de le mettre dans la fituation indiquée , & qu'on le laiffe enfuite refroidir , ou qu'on y verfe del'c&u froide. Celle de fes extrémités qui eft tournée vers le Nord, devient un pôle Boréal, & celle qui eft tournée auSud, eftle pôle Auftral.Une fituation oppofée leur faitperdre cette première vertu, & leur en donne une oppofée (c). Tous ces faits s'accor- dent très bien avec ce que nous avons obfervé fur le magnétifme communiqué par l'aimant [16, 20. ],d'oii Mufchembroeck conclud .cefemble , avec rai - fon {d.) : qui la vertu magnétique de la terre eft univerfelle ; quelle s'étend à tour le globe , &• qudk agit fur le fer &- le dirige de la même manière qaun aimant. _ /• j- • j '^ 46°. Une aiguille de fer, quoique npn-aimantée , fe dirige de même, moins parfaitement il eft vrai , dans le fens de la méridienne magnétique. Mais avec cette différence que l'extrémité qui eft la plus proche du pôle Boréal de la terre , fe tourne indifféremment vers le Nord , & celle qui eft plus proche du pôle auftral, fe dirige vers le Sud; de forte qu'en tournant l'aiguille, fes extrémités prennent avec une égale facilitée ^la^di- redion oppofée. On remarque cette différence dans les aiguilles qui n'ont pas demeuré affez longteras dans une certaine fituation , pour y contrac- (a) Mufchemb., diiT. exp. 151, p. nfi. \b) li' !. C. depuis Texp, jjj jufqu'à la 1^6, • (c) Id. Uid. (j) Exp. 146, p. 253, D E T U E I N. 4;} l€t un magnécirme confiant ( a ). Elles aftcctcnt alors facilement la direc- ^ tion la plus v;,^nvonab!e , pour qu'elles puillent donner paflage aux éma- Tomp. I. nations magnétiques qui coulent dans un fcns déterminé [ 21 ] ; & comme A n n è s ces émanations , tant que les aiguilles ne font pas aimantées , pénètrent avec i'JS9' une égale facilité par l'une & l'autre de fes extrémités [15. 17 ] ces ai -, — — guilles doivent prendre indiftéremment les deux directions oppofées. MEMOIRES. 47.° L'aftion magnétique de la terre n'eil pas feulement fcnfible dans le fer qui s'eft aimanté, à force de recevoir, par un long fcjourdans une certaine lituation, les écoulemens de la matière magnétique [44] ; on en ^ obferve encore les eftets dans le fer non aimanté : en effet , filon place une verge de fer dans quelque fituation , de façon qu'elle coupe la méridienne magnétique , la moitié de la verge qui incline vers le Pôle Boréal de la terre , maniiefle une vertu magnétique boréale , & celle qui incline vers le Sud , une vertu auflr^le; & en renverfant la verge , fes moitiés prennent les vertus cont- aires ; en forte que la polarité , pour me fervir de ce terme , quicfl: confiante de la part de la terre , varie dans la verge de fer , félon les changemens de fituation, tant que cette verge n'a pas acquis un magnétifme confiant ( b ). Ces faits rendent fenfible l'aâion magnétique de 1,1 terre , qu'on doit conlidérer comme un grand aimant ; ils concourent à prouver que la contrariété du magnétifme dépend de la direction con- traire de la matière magnétique; ils prouvent enfin que le fer non aimanté efl perméable à cette matière , fous quelque direction qu'il la reçoive. 48.° Puifque le fer s'aimante en recevant les émanations de la matière magnétique lelon une certaine direftion , & qu'il acquiert un magnétifme oppuié , lorfque cette maiitre le traverfe dans une direftion contraire [ l5. 45" ] ; puilqu'il s'aimante plus aifément par l'abord du fluide magné- tique qui coule dans le (ens de la méridienne terreftre, ou qui lui efl com- muniqué par un aimant , lorfqu'on l'a fait rougir au feu , & qu'on l'a lailfé refroidir à l'air , ou qu'on y a verfé de l'eau froide f c ) ; puifque l'acier , qui efl plus dur que le fer, s'cimante aulli plus difficilement (d), mais reçoit une vertu plus grande & p!us durable ( e ) ; puifque l'ignition [17], les coups, le frottement (/) détruKent cette vertu , il efl très probable que le magnétifme confifle dans une certaine difpofition des parties , au moyen de laquelle le fer efl en e'ta»- de recevoir la matière magnétique d'un côté, & de la laifler échapper de l'autre; & que cette difpofition ptut être donnée ou enlevée au fer p:;r la matière magnétique elle-même , fc cela d'autant plus aifément , qu'il efl plus mol. 49.° Les Cartéfiens , qui vouloient cNpliquer les mouvemens du ma- gnétifme par les feules loix de la méchanique , attrtbuoient aux particu- les du fluide magnét'que , ainfî qu'aux pores de l'aimant & du fer , la (.:) Savery. Voyei Sag. dellç tranC del cnal, dereliam. , Tom, V, 5 31, p. 101. (i) Jd, 1. c. , § 18, p.i-r. (0 Voyez ics endroits cités, S 18, p. 97, (ii) F.nc;, cl. I. c. (c) Mulcliembr. dllT, j>, j.^», U) ^''- p. 73 > 74. Tom, I, Q 5'o Mémoires de la Société royale des Sciences Tome I" %"''e qu'ils imaginoient être la plus convenable; ils faifoient encore in- _ ■ tervenir la réiiftance & la réadion de l'air. D'autres Phvficiens plus cir- _ ^^^^ confpeds, tels que_ Mufchenbroeck (a), 8i Wifthon (l ) , voyant que lyyo. Jfs Carte'fiens setoient trompés, font alle's jufqua révoquer en doute MEMOIRES ^'^'''^^"'^'^ ''^ '^ matière magnétique. Pour moi , j'avoue que je n'ai pu rappelier aux loix de la méchanique tous les phénomènes du magnétifme ; je ne l'ai pas même tenté; puifque la théorie de l'éleâricité n'a peint encore été conduite à ce point de perfeftion : l'unique but que je me fuis « propofé dans cette differtation , c'eft de réunir fous un même point de vue. Si de réduire à certaines clafles , une infinité de phénomènes qui pa- roiflbient ifolés , en m'appuyant fur l'analogie de l'éleâricité. Je ne difcon- viens pas qu'on n'eût pu pouffer encore plus loin que je n'ai fait, cette comparaifon. Mais j'ai cru devoir me borner aux chefs principaux, de peur qu'une trop grande prolixité, dans une matière aulli aifée , ne devînt taftidieufe. joy En voilà affez fur l'analogie du magnétifme avec l'éleâtricité. Je devrois à préfent dire un mot fur leur identité. Cette identité efl: ap- puyée fur des preuves aifez fortes; des expériences faites dans ces der- niers tems ont fait voir que l'éleftricité artificielle aimante des aiguilles de ter, & qu'elle change les pôles de celles qui le font déjà. L'obfervation nous apprend auffi que la foudre a fait changer la direftion de la bouf- fole; mais pour prononcer décifivement là delfus, il faudroit être aflliré que le fiinde électrique a produit ces effets comme matière magnétique , ou feulement comme feu ordinaire ( c), comme Mufchenbroeck l'a pré- tendu autrefois (d). Pour lever le doute, il faudroit déterminer par des expériences décifives, fi les extrémités de l'aiguille, tournées vers le Sud & le Nord , acquièrent conftamment le pôle qui répond à cette diredion, dans quelque fens qu'elles reçoivent les émanations du fluide éledrique; ou au contraire , fi , quelque foit la fituation de l'aiguille , l'extrémité de l'aiguile par où entre le fluide éledrique , devient conftamment le pôle Boréal , & celle par oii il fort, le pôle Auftral (e ); enfin fi l'aiguille placée dans le fens de l'Equateur magnétique , ne s'aimante point par l'éleftricité, femblable au fer rougi , qui ne s'aimante pas non plus lorfqu'on le laifla refroidir dans la même fituation. y I.** Au refle, il ne faut point paffer fous filence les preuves contraire? à cette identité. i,° Le fîuide magnétique , en paffant de l'aimant dans (j) DifT., p, <7 & fiiiv. de la p. ifj - 76 & p. 218. Effai de Phyfiq. $587. (*) Id. difTert. cit., p. 6ç. M. le Monnier propofe, dans les Mém. de i'Acad. des Sciences, an. 1733 1 des difficultés contre la théorie reçue delà matière magnétique. (c) En effet, il faut, pour produire le magnétifme, une ft grande quantité de fluide éleûrique; il faut tellement difpofèr l'aiguille entre deux lames de verre ,& cette ai-? guiUe doit être II mince que la matière éleftrique cliange quelquefois Ù. couleur, & l'a fait même tomber en fufion, ( d'Alibard , adtlit. in Frank-lin, Tom. II, p. 137, 147 14S) & peut par conféquent produire les mêmes effets qu'un feu violent. (d) Diif. p. iiî,exp. 106. (e) Les expériences de MM. Franklin & d'Alibard femblept jnçntrer Je contraire | Tom, II, p. 14^, 14J, D E T u R I N. yr le fer , ou du fer dans raimanr , ne donne point d'aigrettes lumincufes , -^~ rnémes dans les ténèbres , comme le fluide élediique. 2.." Il n éprouve Tome 1. aucune rédlhnce de la parc de l'air; Ton adtion n'eft pas troublée par 1 in- J{ f,- 1; é e terpofiiion d'une chandelle allumée ; il ne pétille point, il n'excite pas la ivjp. fenfation d'un petit vent frais [41 ] , tous phénomènes qui fe manitei>ent — ; ^^ dans 1 électricité. ^.° L'aimant s éledrife par le frottement , & il acquiert MÉMOHIKS. une propriété diftinde & ditlérente de la première, qui s'évanouit bientôt. 4." Les corps réiineux , la foie, qui arrêtent les émanations électriques , ne font pas le même effet par rapport à celles du magnétifme. ^.^ Aucun métal , à l'exception du fer , n'eft conducteur par rapport à la matière ma- gnétique (a), quoiqu'ils le foient tous par rapport au fluide éleûrique. 6.° Les conducteurs du fluide éleétrique peuvent fe charger facilement d'une très-grande quantité de ce fluide ; au-lieu que ceux de la matière magnétique ne peuvent en contenir qu'une certaine quantité [32]. 7.° Les conducteurs de la matière eleCtrique ne s'éleCtrifent pas par frottement, au-lieu que le fer contracte un magnétifme très-conlidérable , lorfqu'il eft frotté fur laimant. 8.° Enfin les variations de 1 atmofphère , qui ont une fi grande influence fur les phénomènes de l'éieCtricité , n'afleCtent pas de même le magnétifme , &: celles qui affeCtent le magnétilme, n'ont à leur tour aucune influence fur l'éieCtricité ( b ). Toutes ces circonflances of- frent, Tnon des preuves décifives, au moins de fortes préfomptions contre l'identité des deux fluides. EXPERIENCE Tome II fur les mouvemens ckâriques , par M. Jean-François Cigna. /J ,V f,- £ £ s I7S0, 1761. J-^'a I R eft-il -nécefFaire pour la production des fnouvemens éleClriques, ^•'o' ''>• Si jufqu'à quel point fon aCtion influe-t-eile fur eux ? C'ert: une queflion fameufe que les Académiciens de Florence, Boyle, Haukflsée , M. Nol- let & autres Phyficiens du premier ordre , fe font efforcés de réfoudre , tantôt en frottant des corps électriques dans le vuide , tantôt les y intro- duifant après les avoir frottés, tantôt enfin en arrangeant des fî!s dans un globe purgé d'air, pour voir fî, en frottant le globe , ils feroient mus & dirigés conformément aux loix de l'éieCtricité. Mais les rélulrats de ces expériences ont otferr une fi grande variété , félon que féleCtricité étoit plus ou moins forte , le vuide plus ou moins parfait, que les corps avoient plus ou moins demaffe , ou félon l'état de l'atmofphère , que cette queftion eft reflée indécife , & que les deux fen- timens oppofés ont été également foutenus par des hommes d'un grand nom. D'autres ont cru les concilier, en attribuant cette variété d'efl'ets à (a) MufTcliembr. , elTai, J 187 , n, y>) Enc, , arc. cit. 5-2 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES deux fortes d'élearicité , l'une vitrée, l'autre réfineufe , ^ foutenant que Tome IL celle-ci agit dans le vuide aufll bien que dans l'air, & l'autre dans l'air A N N È £ s feulement. , . , . Le P. Beccaria a enfin terminé ce différent , en purgeant d air le reci- 1760,1761. -j gyg^, jo^ijg l'exactitude pollible, & faifant paifer par fon fommet percé une chaîne qui y portoit l'élc ftricité plus commodément. Il a aurti eifavé d'exciter des mouvemens éleâriques dans le vuide du Baromètre. 11 avoit introduit des fils d'amiante dans la partie du tube qui eft purgéç d'air, & il approchoit par dehors un corps éleûrifé. Farces expériences, & d'autres femblables , il a fait voir clairement que les mouvemens élec- triques n'ont pas lieu dans le vuide parfait , & qu'ils languiflent dans un air raréfié, à proportion que la denfité diminue (a). Après avoir ainii démontré la nécellité de fair pour la production des mouvemens électriques, il reftoit encore à chercher s'il agit par une force cocrcitive , par fon reffort, ou par quelqu'autre propriété. Je crus que. le meilleur moyen pour m'en alTurer , étoit ae faire des expériences fur les mouvemens dans d'autres milieux que l'air & le vuide , qui font les feuls où les Phyficiens en aient fait jufqu'à préfent. Je plaçai donc entre l'extrémité d'une chaîne, plongée dans l'huile, 8c un fil de fer qui communiquoit avec le plancher, & qui étoit plongé par l'autre bout dans la même liqueur, une boule de fer lufpendue par un fil de foie , de façon qu'elle trempoit aulll dans f huile. J'éleârifai enfuite la chaîne , & je vis que la boule faifoit des ofcillations entre elle & le fil de fer, tout comme dans l'air. Mais ayant répété la même expérience dans l'eau & d'autres liqueurs qui donnent au fluide éleftrique un paflage un peu moins aifé que le fer , je ne pus parvenir à exciter le moindre mou- vement par un degré modéré & ordinaire d'éledriçité. Ces expériences femblent d'abord confirmer que les mouvemens éleftri- ques n'ont pas lieu dans le vuide ; parce que tranfmettant la rnatière élec- trique à la manière des condufteurs , ce fluide ne peut s'y arrêter. Elles prouvent enfuite que l'adion de l'air dans la produiiion de ces mouvemens , ne dépend pas de fon élafticité , puifqu'ils ont lieu dans J'huile , qui en efl: dépourvue. Il paroît donc que fon aélion confifl:e dans fa force cocrcitive qui le rend propre à ifoler les corps qu'on expofe à i'éledricité. Elles prouvent enfin que les autres milieux font d'autant plus favorables à ces mouvemens, que le fluide éleârique trouve plus de ûilfi- culte à les traverfer, qu'il n'en trouve à traverfer les corps qui y font placés . lorfqu'il fe répand de tous côtés par fon reffort , ou qu'il pafle dé l'un dans l'autre dans les cas où il y efl: inégalement diflribué. On voit donc que toufe la théorie de l'éleâricité confifle dans la réfolu- tion du problême fuivant: étant donnés un fluide élaftique , des conduc- teurs qui le tranfmettent ,& auxquels il fe diflribué également ou inégav îement , & enfin un milieu qui arrête le mouvement de ce fluide élaflique , & comprime les conducfteurs de quelque manière que ce puifle être , dé- . ■ 3i (a) Dans fts Lettres à M. Beccari , Lctt.1u.S82, 8^,109,110, terminer les loix qu'obfervent les mouvemens produits par l'inégale pref- '""— *— — ^ fion du milieu réprimant , lorfque le fluide élaftique fe répand en tout Tome III, fens, ou qu'il pafTe d'un condufteur dans l'autre pour rétablir l'équilibre. A.vxÉes Le P. Beccaria a publié fur ce fujet de belles découvertes, & il nous en nd.^jé'H fait erpérer de nouvelles qui pourront jetter un grand jour fur la théorie de l'élcétricité. (j) i'->â' 5».« Sun quelques expériences nouvelles concernant L'éleârkité, Par M. Jean-François Cigna. jVl. Nollet m'envoya , il y a quelques tetns , l'excellente traduâion fran- çoile qu'il a faite de l'Ouvrage de M. Symmer; tradudion à laquelle il a joint des notes inftruâives {b). Parmi plulieurs expériences nouvelles & ingénieules que cet Ouvrage contient, je fus fur tout frappé de celles qui nous font voir deux fortes d'éleâiicités diflinc-les & oppolées dans des bas de foie frottés, & dans des verres éleârifés par communication. Ces ex- périences me parurent propres à mieux développer les influences récipro- ques & les rapports mutuels de ces deux éleâricités , & à éclaircir la théorie de l'explofion éledrique. Je crus donc devoir m'occuper auOi de cet objet. Je publie aujourd'hui le réfultat de mes expériences. Les faits que j'ai pâ raflembler font infuffifans, & ne peuvent encore fervir à for- mer un corps de Doftrine; mais je les crois alfez intéreffans pour que des mains plus habiles puiffent un jour en tirer parti. CHAPITRE PREMIER. Du frottement de deux rubans de foie de même couleur. J E pris deux rubans de foie blancs , récemment féchés au feu : je les pofii l'un fur l'autre, & les étendis fur un plan lifle & poli; tantôt de la nature des condudeurs , comme les métaux , tantôt propre à ifoler les corps éleflrifss, comme le verre. Je les frottai enfuite avec une règle d'ivoire tranchante. Les rubans furent éleflrifcs & s'attachèrent au plan fur lequel ils étoient appliqués. Lorfque je les en eus (éparc's, tous les deux à la fois, ils s'attirèrent l'un l'autre; celui qui étoit au-deflus, & qui avoir été frotté immédiatement , manifeftoit une éledricité réfineufe & plus forte, & l'autre une électricité vitrée. Mais lorfque je les éloignois l'un après l'autre du plan fur lequel ils avoient été frottés , ils fe repouU. foient. & maniféftoient tous les deux une éledricité réhneufe. (j) L. c. 5 93 & luivant. (A) Espcriences & obfervations nouvelles 'concernant ré^cArlcité, par M. Roter| S/ramcr, j*-î. MÉMOIRES DE LA SoCléTÉ ROYALE DES SciFNCES 2.° Il arrivoit quelquefois cependant que les rubans fe repoulToient Tome III, lors même que je les éloignois du plan tous deux en même tems; & cela A.v.vÉJSs toutes les fois que le ruban fupérieur s'étoit féparé de l'intérieur pendant 17^1- 17^?, le frottement, ou qu'ils n'étoient point aCTez tendus, & que le ruban infé- rieur avoir été lui-même frotté contre le plan , enforte qu'il contradtoit une éleftricité du même genre que celle du ruban fupérieur. j." Je me fuis en effet aflfuré que, pour le frottement qui produit l'é- leftricité , il n'eft pas néceffaire que l'un des deux corps coure beau- coup fur l'autre; car, lorfque j'enveloppois mes deux rubans blancs avec une feuille de plomb ou de papier doré affez roide, ils s'éleclrifoient aflez feniiblement par le feul frottement de la feuille. 4.'- Lorfqu'on fépare les rubans du plan fur lequel ils ont été frottés [ I, 2J on voit fortir des bluettes entr'eux & le plan, à l'endroit oii la réparation commence; & la même chofe arrive lorfqu'après avoir ôté de defTus le plan les rubans qui font alors adhérens l'un à l'autre on vient à les féparer. Mais lorfqu'une fois on les a éloignés du plan, ou quon les a féparés l'un de l'autre, on a beau les rapprocher, foit du plan, foit entr'eux, lorfqu'on les fépare de nouveau, il n'y a plus de bluettes. y." Pareillement quoique les rubans fe repouffent lorfqu'on les fépare du plan l'un après l'autre [ i], fi cependant on les été tous les deux à la fois,& qu ils s'attirent par conféquent, ils continuent enfuite de s attirer lors même que, les ayant appliqués de nouveau fur le plan, on les ote l'un après l'autre; & réciproquement fi les rubans fe repouffent pour avoir été féparés l'un après l'autre du plan , ils continuent de fe repouffer , lors même qu'ayant été pofés de nouveau fur le plan, on les en fépare tous les deux à la fois. 6.° On voit par-là comment il efl: poffible que les deux rubans s'at- tirent par un de leurs bouts , & fe repouffent par 1 autre. Il n'eft quef- tion pour cela , lorfqu'ils ont été frottés, que de les tirer enfemble d un côté, & féparément de l'autre. Mais je parlerai dans la fuite plus au long de ces phénomènes. 7.° Tant qu'on laiffe les rubans fur le plan où ils ont été frottés, ils donnent à peine quelques foibles fignes d'éleftricité; mais fi on les tire tous deux à la fois, de façon qu'ils foient adhérens l'un à l'autre, ils don- nent, à l'une & à l'autre f^ce, des fignes d'une éleâricité réfineufe bien marquée [i], & ils fe comportent comme un feul ruban qui auroit cette électricité. Lorfqu enfuite on les remet fur le plan , les fignes éledriques dilparoiffent pour fe montrer de nouveau quand on retire les rubans; & ct-s alternatives continuent jufqu'à ce que toute leur éleftricité foit pu. fée. 8.' Si au lieu d'appliquer les deux rubans éleftrifés au plan hffe fur le- quel ils ont été frottés, on les pofe fur un corps raboteux, qui toit élec- trifable par communication, par exemple, fur une toile de chanvre ou de coton qui n ait pas été féchée , leurs éledricités fe mettent auflîtôt en équilibre, en forte que, lorfqu'on éloigne 4es rubans de ce fupport, ils ne donnent aucun figne d'éleariglté tant qu'ils demeureiit unis; mais des (^uon D E T U R I K. y^ les fépare, ils ftianifeftent des éleâricités oppofées & égales, lefquelles dif- ~ paroiilent lorfqu'on les unit de nouveau, & ainfi de fuite. TomeIHi p." Il y a plus. Des rubans qui fe repoulTent, & qui ayant été pofés A n n è £s l'un au-deiïlis de l'autre fur le condufteur lide & poli , continuent de fe ni-.nei repoulTer lorfqu'on les tire féparément [y], quoiqu'ils adhéraflent aupa- ravant au conducteur; fi on les pofe l'un fur l'autre à la furface du con- dufteur raboteux, ils commenceront à s'attirer au bout de quelques fé- condes, comme on le voit lorlqu'on vient à les tirer ou féparément ou tous les deux à la fois. Cela vient de ce que l'éledricité du ruban qui touche à la furface raboteufe, s'eft changée en une éledricité contraire, & ert: devenue vhrée de rélineufe qu'elle étoit. io.° De là vient que , fi on frotte de la rr.éme manière que je l'ai dît [ I ] deux rubans blancs fur une furface raboteufe , ils acquièrent toujours des éleftricités oppofées entr'elies, enforte que, de quelque manière qu'on les retire enfuite , le ruban lupérieur poflède toujours l'éledricité réfineufe , & l'inférieur l'éleftricité vitrée. 1 1.° Un condufteur quelconque , terminé en pointe , produit le même effet que le conducteur raboteux fur lequel on pofe les rubans [ >î°> & Méni. de l'Acad,, Tom. cit., P» ^53. H.) 6o Mémoires DE r, A Sociéxé kovalk des Sciences bas avec la main , après les avoir chauffes, le noir acquiert toujours l'élec" Tome II J. tricité réfineufg , & le blanc l'éledtricité vitre'e (a); car les bas cédant Jy .v££s aifëment, font moins frottés'par la main, qu'ils ne le font entr'eux [voy. 2 0, 52.]. Pourquoi deux rubans de mémecouleurn'acquièvent qu'une foible >7 1-I76J. ^|g^j.j-.jf^ (/,)_ tandis que deux rubans, aiilll de même couleur , s'élec- trifent aulli bien , par le frottement , que fi leur couleur étoit difte'rente [i , 2 ]; cela vient de ce que M. Symmer ne frottoir pas les bas^ en dehors," après les avoir chauffés [ 23 ]'; lors donc qu'ils étoient de même couleur , ils ne pouvoient acquérir d'autre vertu éleftrique, que celle qui étoit excitée par le léger frottement qu'ils éprouvoient entr'eux quand on les chaulToit ou qu'on les tiroit ; or, cette éleâricité ne pouvolt être que bien foible. Mais lorfqu'après avoir chauffé les deux bas de même couleur on les frottoit avec la main , ils acqueroieiit une éleftricité bien marquée ( c ) , tout comme les rubans de même couleur dans mes expériences [1,2.]. Nous comprenons encore pourquoi il eft néceffaire de tirer les deux bas en même tems (d;); car h on les tire l'un après l'autre, ils fe frotteront dans une direction "tout oppofée à celle dont ils s'étoient frottés lorfqu'on les avoit chauffés , ce qui doit énerver leur vertu éledrique ; Si d'ailleurs c'eft une loi générale que deux corps doués d'éleftricités oppofées , fe déféleftrifent bien plutôt quand on les fépare , que quand on les laiffe unis. Si on met le bas noir par-deffas le blanc, ce qui paroît avoir été le cas le plus ordinaire dam les expériences de M. Symmer (e) , & qu'on les frotte avec la main; comme le frottement de la main & celui du bas blanc contre le bas noir concourent alors à donner à celui-ci le même genre d'ékaricité; favoir, l'éleâricité réfineufe [ 17, 2y J, il s'enfuit que la vertu éledrique du bas noir doit être beaucoup plus forte que celle du bas blanc , & il doit en réfulter les mêmes effets qi^enous avons déjà remarquéspar rapport aux deux rubans qu'on tire en même tems, ou l'un après l'autre, du plan fur lequel ils ont été éledrifés [ 1 ]. Il fuit enfin de ce que nous avons dit , que les bas s'éledrifent principalement dans le tems qu'on chauffe l'un fur l'autre , ou , s'ils ont été chauffés en même tems ( f) , lorfqu'on les étend; car quand on les ôte , comme on les tire tous les deux à la fois, ils ne peuvent guère fe frotter réciproquement , & lors même qu'on les tire l'un après l'autre , ce frottement en fens contraire, occafionne, comme (j) Comme dans les expériences de M. NoUet, Mcm. de l'Acad. , Tom, , cit. ^ p. 145. 152. (*) Symmer, p. i 3°' ,, , ■ • r (f) Un bas blanc mis fur un autre bas blanc, ou un bas noir mis fur un autre bas noir. S: frotté avec la main, l'clearife aulfi , mais moins fortement, dit M. Nol- Jet, not. fur Symmer. Il dit ailleurs qu'il faut ufer de précaution pour déterminer le deg'ré d'éiedricité , & qu'il a fait avec des rubans de foie des expériences qui iem- blent contraires à celles de M. Symmer. (d) Il faut bien prendre garde de les défunir , Synimef', p. 8 , 9. (e) Comme p. ro, 11, 50,51, 143 , '44- J'-'i trouvé que le bas noir ne doit poi.-tfon élearilMlité fur le bas hlanc, &c. , NoUet, not. lur Symmer . p, 41. (/) Il efï api indiprern comme an met les bas. S) mmer , p. 8. Il paroit que M, Nollet les raettoit tous ies deux, à h fois, Mém, de l'Acad., Tom,, cit., p. 14 J, t) E T U R I K. 6t jelVidlt, une très-grande déperdition d'e'ledricite'. Après qu'on a tiré les '™™"^*^™* bas , ils font fortement adhcrens l'un à l'autre ; preuve certaine qu'ils e'toient Tome III« de'jà élcétrifc's, & que cette cledricite' ne doit point être attribuée au frotte- Ann éea ment qui fe fait quand on les délunit [a). ,^g, .,^5^^ CHAPITREIII. De l'adhcfion conjlantc des rubans e'kâriques aux plans lijjès & polis. '■* ' J £ fufpendis une lame de plomb, lifle & polie, avec des rils de foie,' de forte qu'elle étoit parfaitement ifolée. Je pris enfuite un ruban qui avoir l'éledricité vitrée , en obfervant de tenir éloignée de la lame de plomb la main qui le foutenoit, & je l'approchai de la furface de cette lame. lien fut foiblement attiré. Mais ayant porté mon doigt vers le plomb , je vis éclater une bluette entre le doigt & la lame , & dès ce même moment le ruban fut attiré avec beaucoup plus de force, & s'attacha étroitement à la lame de plomb. Cette adhéfion continua cnfu ze (h); mais tant que la lame & le ruban demeurèrent ainfi unis, ils ne donnèrent plus ni l'un ni faatre aucun figne d'éledricité. En féparant enfin le ruban de la lame , il fortit une autre bluette, & le ruban donna, comme auparavant, de» fignes d'éleftricité. jy." Tout fe palToit de la même manière lorfque le ruban avoit l'élec-; tricité réfineufe. 36'. Si on pofe, comme je l'ai dit [34], un ruban animé de l'éleclri- cité réfineufe ou vitrée fur une lame de plomb . & qu'on ne retire aucune bluette , la lame repouiïe un autre ruban qui a la même éleftiicité, Sc f attire s'il a l'éleftricité oppofée. Mais fi on tire auparavant une bluette, la lame attire ce ruban dans l'un & dans l'autre cas. Si après avoir tiré la bluette, on ôte le premier ruban , le plomb en attire un autre quia l'eledricité du même genre , & le repouCfe s'il a l'électricité oppofée. 37.° Ainfi la lame de plomb fur laquelle on a pofé le ruban éledrifé, reçoit l'éledricité du même genre , en vertu de laquelle il repouflTe un ruban qui a la même électricité ; mais lorfqu'on a tiré la bluette . & qu il a été déféledtrifé par l'approche du doigt , il agit comm.e un corps dé- pourvu d'éledricité , & il attire indifféremment l'un & l'autre ruban. Enfin fi on tire le premier ruban de deffus la lame de plomb, celle-ci devient en état de reprendre l'éleêlricité qu'elle a perdue , elle reçoit une vertu ( J ) M. Nollet le foupi;onne auffi dans fes notes fur Symmer, p. ip. _ ^ (A) Cette adhéfion confiante des rubans éleârXcs aux furfaces lilTes a d'abord etc ûbftrvce par M, Symmer, p 68, 69, & depuis par M. Nollet. Mais l'explication que ce dernier donne de ce phénomène , n'ed applicable qu'à i'adliéfion de I3 ^ie au-'^ 'U*l ^es des corps qui ne font pas çleftrifablçs par commuaication. €2 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SCIENCES ^" contraire à celle du ruban , & donne une bluette fitôt qu'on en approche Tome III. le doigt. y, . D%° Pareillement le ruban donne des fignes d'éledrlcité , tant qu'on n'a pas dépouillé le plomb de l'éleârricité du même genre par l'approche du J7 i - 17 f. jJqJo-j . loifqu'on a tiré la bluette, il fe comporte comme s-'il n'étoit pas éleftrifé , & fi on le fépare de la lame de plomb , fon éledricité fe ma- nifefle de nouveau. 59.° Il eft donc vifible que le ruban éledrifé qu'on pofe fur la furfaee liffe de la lame de plomb , tend à communiquer à cette lame une éledri- cité oppofée & égale à la fienne ; que, quand par l'approche du doigt, il excite cette éledricité dans la lame , alors le ruban & le plomb étant également éleftriques, mais d'une éleftricité oppofée , adhérent fortement l'un à l'autre , & n'exercent plus aucune aâion éleârique fur les corps am- bians ; & qu'enfin , lorfqu'on les fépare , ils manifeftent des éleftricités oppofées & égales. 4.0.° Cela eft confirmé par les étoiles ou aigrettes lumineufîs qui fortent 'de la lame & du ruban. En effet , fi , lorfqu'on pofe le ruban éledrifé fur la furfaee lilTe de la lame de plomb [ 54, 3 ; ] , on dirige une pointe de métal vers la (urface oppofée de la lame , on verra à fon extrémité une étoile fi le ruban a l'éleâriciré vitrée , & une aigrette fi le ruban a l'élec- tricité réfineufe. Cette aigrette ou cette étoile difparoît bientôt, & l'on n'obferve plus à la pointe métallique aucun figne d'ékftricité, quelque tems que l'on laiffe le ruban appliqué (ur la lame de plomb. Si enfin on fépare le ruban de la lame, la pointe donne de nouveau des fignes d'ékétricité ; mais d'une électricité oppofée, c'eft à-dire, qu'on y voit une aigrette fi le ruban fépare a l'éleftricité vitrée, & une étoile s'il a réledricité réfi- neufe. Si au lieu d'approcher fimplement la pointe de métal de la lame de plomb , on les fait toucher . tous ces effets auront également lieu , mais dans un ordre renverfé, comme on juge bien (a). _ 41." Un ruban éleftrifé communique donc une éledricité oppofée & égale à la fienne à la lame de plomb [ 3P ] , de la même manière qu'il la com- munique à un autre ruban non éleftrifé [12. 13 ]. Il y_a feulement cette différence , que le rubdU étant moins perméable au fluide éleftrique , il ne peut recevoir cette éledricité contraire que lorfqu'on en approche la pointe métallique [ i J ] ; au lieu qu'elle fe communique aifément au plomb , qui eft un condufteur, par l'approche Se de la pointe métallique & de tout autre condufteur , de quelque figure qu'il foit. Pareillement , comme quand le ruban éleélrifé a communiqué une éleâricité oppofée & égale à la fienne au ruban non-éleftrique , l'un & l'autre perd fon athmofphere [ 8 ] ; ainfi lorfque le ruban éleftrique a éledrifé le plomb, ni lui ni le plomb ne donnent aucun figne d'éleâricité tant qu'ils font unis , mais ils manifeftent des électricités oppofées & égales auffitôt qu'on les fépare [59l- A.1P On comnrend à oréfent. pourquoi fi l'on pofe fuccefTivement fur 42." On comprend à préfent, pourquoi fi l'on pc ( j ) Voyez fur ces fignes éleitriiiues , le P. Beccaria. EUdric, artifii. , 5 loo & fw- Vant, t> E T U R I M. Ç^ la furface lîffe d'une lame de plomb , deux rubans qui aient une éleftri- "^^^^^T^ cité oppofée & égale [ 8 ] , il fort une bluctte entre le plomb & le doigt ; T o M E III. & pourquoi il en fort une autre lorlqu'on ote fuccedivement les rubans; Ann èes pourquoi aucontraire il n'y a point de bluette fi on met ou fi on ôte i^ci-iték les deux rubans à la fois; pourquoi 11 on pofe fur un ruban électrique & adhérent à la lame de plomb, un autre ruban qui ait une élecftricité op- pofée & égale I S ] , le premier ruban quitte le plomb pour s'attacher à l'autre (a) , & il fort en même tems une bluette entre le plomb & le doigt. Cela vient de ce que les rubans, dont l'éleftricité efi: égale & oppofée, en agiffant 1 un fur l'autre, ceflent d'agir fur les corps ambians [§. cit.], & de ce que le plomb n'éprouvant plus l'aftion du ruban qui s'en fépare, peut perdre l'éleétricité qu il en avoit reçue, & produit une bluette. Enfin on comprend pourquoi deux ou plufieurs rubans qui ont une même élec- tricité, & qui fe repouffent par conféquent, pofés fuccefiivement fur la lame de plomb, excitent chacun une bluette entr'elle& le doigt, fe collent en même tems au plomb , les uns fur les autres , & font éclater de nou-. veau les mêmes bluettes lorfqu'on les retire l'un après l'autre. 45.° Puifque le plomb reçoit une éleftricité oppofée & égale à celle du ruban qu'on pofe fur fa furface [39], on voit que les condufteurs peu- vent, au moins dans cette expérience, recevoir, & laifler enfuite échapper autant de fluide éleftrique , qu'en contiennent les corps éleftrifables par frottement , & qu'on a tort de -prétendre que ces derniers contiennent beaucoup plus de matière élcdrique que les condufteurs (fc). 4.4..° J'ai même fait une expérience qui femble prouver diredement que les corps de l'une & de l'autre clafle contiennent une égale quantité de fluide éledrique. J'ai mis, en été, de la glace dans un vaifleau de métal fufpendu avec des fils de foie. J'ai placé autour du vaifleau des corps légers éleârifables par communication , lefquels pouvoient être mis en mouvement par le p'us foible degré de vertu éledrique excitée dans le vaifleau. Toute la glace s'eft fondue lans que ces corps aient été mus le moins du monde. Mais l'eau , comme on lait , porte la commotion , 8e fert pour armer intérieurement la bouttille de l'expérience de Leyde , au lieu qu'un morceau de glace ne peut fervir à cet ufage (c). Il faut donc ranger la glace parmi les corps imperméables aux émanations élec- triques, & l'eau parmi les condudeurs ( J)- Si dor^cles corps inéledrifa- bles par communication , contenoient réellement une quantité de fluide éledrique beaucoup plus confidérable que les condudeurs , la glace deve- nant condudeur en fe fondant , auroit dû laifler échapper dans le vaifleau de métal une excelîive quantité de ce fluide , & en retenir feulement ce que comportoit fa nouvelle qualité de condudeur. Mais coipme on n'ob- ferve rien de pareil, il devient très probable qu'il y a une égale quantité (a) C'eft ce qui a été aulTi remarque p?.r M. Symmer, p. Cj. (A ) Franklin , Tom. I,p. \%6, 107& 196, & lOî de la Traduâion Françoifc, ( 1 1 • ' • !_■ A % pointe, ou de les angles, il etoit d abord attire, mais bientôt après re- pouflé. En approchant alors mon doigt de la lame de plomb, j'en tirois une bluette, & le ruban e'toit attiré de nouveau, pour être encore re- poulTé dès que je retirois le doigt, & ces alternatives continuoient pat l'approche & l'éloignement fucceffifs du doigt, julqu'à ce que toute l'é- ledtricité fut épuifée. 46. '^ Il réfulte de là que, dans cette expérience, le ruban communi- que au plomb une éleftricité du mêm-e genre qui produit l'attradion dans le tems qu'elle fe communique , & la répulfion lorfqu'elle efl: une fois communiquée. Si enfuite on déféleiftrife le plomb par fapproche du doigt, le ruban partage avec lui le reflfe de fon électricité , d'où s'enfuivent une nouvelle attraction & une nouvelle répulOon, &: cela continue jufqu'à ce que le ruban ait perdu toute fon életflricité. 47.° Si on compare cette expérience avec celle que J'ai rapportée au Ç. 34, on verra que dans celle-ci le ruban a communiqué au plomb une éleiftricitéoppdfée légale [41], & dans celle là uneéleftricirédu même genre [4^] ; & voilà pourquoi , dans le premier cas , il y a adhéfion confiante entre le ruban & le plomb, au lieu que , dans le fécond, l'attraâion fe change bientôt en répulfion. Toute la différence de ces effets paroit dépendre de ce que , dans lapremiere expérience , le ruban eft appliqué à la furface plane du plomb ; au lieu que , dansia (econde, il efi: approché de fes angles; car lorfqu'ileft appli- qué à la furface plane , comme fon éleftricité ne peut le quitter que difficile- ment, parce que la foie efi: un corps qui n'eft gueres perméable à la mitière éleètrique , ni fe répandre dans le plomb , tout fon effet fe borne à attirer dans. le plomb, à l'approche du doigt, une éicd'icité oppofée &Léga!e, avec la- quelle celle du raban puifie fe mettre en équ. libre [41]. Mais au con- traire, lorfqu'on approche le ruban des angles de la lame de plomb, l'aâion de ces pointes fait que 1 éii^dricité pafle plus aifément du ruban dans le mé- tal, & il arrive la même chofe que fi le ruban étoit plus perméable à la matière ékdrique [ i j ] ; delà vient que le plomb reçoit l'éleftricité du même genre, & qu'on obferve dans les mouvemens entre la lame & le ru- ban, les mêmes loix que celles qui ont lieu dans les mouvemens des corps éleclrifables par communication ( i> )» (.î) M. Franklin dit pareillement, d'après Wilfôn , que la cire fondue S; la réfine- font des condufleurs (Loc. ult. cit.). Cependant le P. Beccaria a démontré par dej expériences très exaftcs que lés réfines fondues ne deviennent pas éleftriques par le feui refroidilTenient, mais par un frottement qu'on leur a laliïé éprouver par mégarde. {t) M. /Epinus a pareillement obfèrvé qu'un tube éledrifé par frottement, avoii communiqué à l'ordmaire réleâricité vitrée , (èmblable à celle qu'il poffédoit , à une lame de cuivre qu'on lui prétêntoit à une diltance convenable. Mais lortque la &C- ■ tance ctoit trop grande pour que l'éleâricité pût fiirmonter la ré/îflance del'air , & parvenir ju%u'à la lanie > le tube fdifoit paffer des corps yoiiîns dans cette lame l'éleârlcité contraire 48, D E T U R 1 K. '6f ^8°. Après avoir établi cette difiindion , il efl: facile de répondre à une ""^ queftion propofée par M. Nollet; favoir, pourquoi il arrive commune- ToM e III. ment que les feuilles de métal font alternativement attirées & repouiïzes Années par un tube de verre , ou par les corps réfineux cleftrifés. tandis que d'au- ^^, _ tre fois, elles font feulement attirées, & s'attachent opiniâtrement à la fur- " ^ face de ces corps {a). Nous dirons donc que , lorfque le corps éleétrifé ed; tel qu'il ne communique pas aifément fon éleftricité (/;),les feuilles qui ont leurs bords ou leurs angles tourne's vers ce corps , font précifé- ment dans le cas du §45"; & doivent par conféquent être attirées & re- pouflées alternativement; au lieu que celles qui ont leur furface plane tour- née vers le corps éleârique, ou des angles en fens contraire, ce qui pro- duit le même eftet que I attouchement du doigt (/), ou que l'on pofe avec la main fur le corps éledrifé, tombent dans |le cas du § 54, & par conféquent font foumifes aux mêmes loix, c'eft-à-dire qu'elles éprouvent une adhéfion confiante. 45?.'' Le ruban életSrifé , en communiquant l'éleftricité oppofée au ru- ban non-éleftrique , n'en étoit pas beaucoup affoibli; & il pouvolt don- ner fucceflivement à plufieurs rubans la même éleâriciré contraire [ 12 , 13]. Tout de même le ruban électrique, féparé du plomb auquel il a communiqué une éledricité oppofée & égale [34], conferve la fîenne prefque fans aucun déchet ; & voilà pourquoi le même ruban peut com- muniquer fucceifivement à plufieurs autres lames de plomb la même élec- tricité oppofée & égale, ou, ce qui efl: la même chofe , la rendre à la même lame lorfqu'on en a tiré une bluetce , &: qu'elle a été déféleftrifée par l'approche du doigt, ce qu'on peut répéter julqu'à ce que toute f'é- ledricité du ruban foit anéantie. Ainfi donc, à chaque adhéfion du ru- ban à la lame de plomb, le doigt tirera une bluette de cette lame, ce il en tirera une. autre, mais oppofée à la première, à chaque féparation, de forte que, fi la première bluette marque l'éleélricité réfineufe , la féconde marquera l'éleélricité vitrée. On pourra donc tirer du plomb autant de bluettes du même genre ^ qu'on y applique de fois le ruban , & autant • de bluettes d'un autre genre & oppofées aux premières, qu'on fepare de fois le ruban de la lame. c'e(l-:\-dlre !a rcfineufê, [ V. Nov, Corn. Ac. Petropol., Tom. VIIl. M. Canton avolt déjà propofé des expériences (êmblables. [ F. les expériences de cet Auteur , .TJoutces aux œuvres de M. Franklin, édit. de Par. T. II depuis la p. 289, jufqu'i la page 193 ]. Ainrtdonc l'éleâricitc interceptée par l'imerpo/îiion des corps qui refuient le pafliige à la maticfe eleflrique , comme dans les expériences de MM. -îipinus & Canton , ou retenue dans les corps électriques , de faqon qu'elle ne peut (e répandre dans les conduifteurs, comme dans les miennes, attire dans ces condufteurs l'éleiftricité contraire, qui leur vient des forps ambiar.s. (j) Notes fur Symraer, p. ÇS, & Mém. de l'Acad. p. 254. {h) On verra plus bas quels font les cas où ils ne la communiquent pas aitemenf. (c) C'ed une obtërvation que Al, NoUet avoit déià faite. Si vous approcliei des feuilles d« métal , ou d'autres corps légers d'un tube médiocrement élec'irile , vous otjervtrei trci-jouvi'it 1 dit-il, qu'uni partie di ces corps p.iro,t comme collée su corps éudrijue fend-iiH ,j:ie l\iutre pjToit JouliYie G* (ommt (ptraip^e;. P/pii fut l'àleiSriciié , p. 76^ lomel, " ' 1 '66 MÉMOIRES DE LA SoCléTé ROYALE DES SCIENCES — r-o.o II eft vrai que les bluetîes vont en diminuant à mefure que le Tome III. ruban perd fon éledricité; mais comme cette déperdition fe fait lentement, Ajvuéss on peut par l'application & la réparation alternatives du ruban , avoir ua i76i . i7(îî 3*^^^ grand nombre de bluettes , mêmes aflez fortes, fi on procède avec un " pgu de célérité. En effet, ayant pris avec la main l'armure extérieure de la bou- teille de Leyde, & ayant tiré avec le crochet une bluette de la lame de plomb , à chaque application d'un ruban doué de l'éleâricité vitrée fur f» furface plane, tandis que, dans la féparation du ruban, je tirois les bluettes avec un condufteur qui ne communiquoit pas à la bouteille , j'en obtins -7 jufqu'à quarante affez vives & qui s'affoibliffoient peu, & la bouteille en fut chargée au point de donner la commotion , fa furface interne ayant reçu l'éledricité vitrée, & fa furface externe l'éleftricité réfineufe. Lorfque je faifois pafler dans la bouteille les bluettes qui éclatoient à chaque fé- paratlon du ruban d'avec la lame , & que je tirois avec un condudteur étran- ger celles qui paroifToient à chaque adhéfion , la bouteille fe chargeoic aufiî , & donnoit la commotion ; mais fa furface interne avoir alors l'élec- tricité réfineufe , & l'externe l'éleilricité vitrée. Lorfque je faifois pafTer dans la bouteille les bluettes que je tirois , tant dans l'union du ruban avec la lame, que dans leur féparation , elle ne s'éleftrifoit pas, parce que les éledricités oppofées fe détruifoient l'une l'autre. Enfin , lorfque je faifois ces expériences 'avec un ruban qui avoir l'éleâricité réfineufe , les mêmes effets avoient lieu, mais dans un ordre renverfé , comme on juge bien. Tout ceci confirme ce qui a été prouvé ci-deiTus par d'autres rai- fons [ 35», 40] ; favoir, que les bluettes qui éclatent entre le doigt & le plomb, tant dans l'union du ruban avec le plomb, que dans leur fépa-, ration , font produites par l'éledlricité contraire du plomb lui-même. ji.° M. Symmer chargeoit la bouteille de Leyde avec l'éleâricité des bas qu'il y faifoit paffer au moyen d'une pointe de fer [45 , 4.7 ], & il en refultoit une commotion proportionnée à la force de la vertu éledrique des bas f a ). Pour moi j'obtiens autant de bluettes égales à réledricité aftuelle d'un bas, que j'approche de fois ce bas de la lame de plomb, & un pareil nombre , mais d'une nature oppofée , qu'on l'en éloigne de fois ; & j'ai , par conféquent , trouvé un moyen aifé de multiplier l'é- ledlricité fans frottement. ja.° Ce que j'ai dit jufqu'à prefent peut fournir la raifon d'un phéno- mène dont j'ai parlé ci-deffus [7]; favoir , pourquoi les rubans ne donnent aucun figne d'éledricité tant qu'ils demeurent unis au plan_ fur lequel ils ont été frottés, au lieu que leur éledricité fe manifefte aulfi tôt qu'on les en éloigne. Cela vient de ce que féleétricité réfineufe efl contrebalancée par l'élecT:ricité vitrée du plan , comme on s'en affure en ifolant le plan avant d'ôcer le ruban. Celui ci ne doit donc exercer aucune ai^ion fur les corps ambians jufqu'à ce qu'étant féparé du plan , fon élearicité ne foiç plus contrebalancée. [j] Pag. 40)11, D E T U R I N. <57 CHAPITRE IV. ToMBlIi: Des phénomènes qu offre un tube purgé d air , ou rempli de corps ,7^^. .^^^^ éUârifables par communication. De l'analogie des bas doués d'électricités oppofécs avec le verre chargé. De la durée de l'élec- tricité dans les corps inéleârifables par communication. ^^' Si on pofe deux glaces planes, nues & bien sèches, appliquées l'une à l'autre, fur un condufteur Itiïe.uni, par exemple, fur une feuille de pa- pier doré, qui communique avec le plancher, & qu'on les frotte comme les rubans [ §. I J , ellss s'éledrifent & fe collent enfemble & avec la feuille de papier doré. Si, au lieu de papier doré, on employé une plaque de plomb médiocrement épaifle, elle s'attache également au verre, & s'y fou- tient, malgré fon poids, par l'acTion de la vertu éledrique. y^." Tant que le papier doré demeure attaché aux glaces, celles-ci ' donnent à peine quelques fignes d'éledricité; mais fi on fépare le papier & qu'on laiflTe les glaces unies, elles manifeftent une éledricité vitrée à l'une & l'autre face; car elles repouffent de part & d'autre un rubandoué de l'éledricité vitrée, & attirent un ruban doué de l'éledricité réimeufc. Si l'on applique de nouveau le papier aux glaces, leur éledricité difpa- roit auflitôt, & ces alternatives continuent enfuite à mefiire qu'on éloigne ou qu'on approche le papier, jufqu'à ce que toute réleftricité des glaces foit anéantie. yy." Si on attache à la feuille de papier , ou à la lame de plomp pla- cées au deffbus des glaces, un ruban de foie au moyen duquel on puifle la féparer des glaces éleétrifées, fans la toucher Se fans lui faire perdre fon éleâricité.on verra un corps léger fufpendu avec un fil de foie , al- ler & venir continuellement de la feuille ou de la lame vers les glaces , & de celles-ci vers celles-là, & l'on obfervera tous les autres fignes qui indiquent dans la feuille ou la lame , une éledricité oppofée à celle des glaces, & par conféquent, l'éleâricité réfineufe. 5-6.° Les glaces elles-mêmes avoient des éleâricités oppofées , de forts qu'après les avoir féparées, le corps léger fufpendu avec un fil de foie fe promenoir pareillement de l'une à l'autre. La glace fupérieure avoit l'é- leftricité vitrée & plus forte , & l'inférieure l'éleétricité réfineufe. S7.° Pour peu qu'on réfléchifle fur cette expérience, on verra qu'elle eft précifément la mîme que celle où deux rubans de même couleur, appliqués l'un à l'autre , & frottés fur un plan éleftrifable par communi- cation, en étoient enfuite féparés en même tems [1] ; en effet, dans celle-ci, le ruban fupérieur reçoit l'électricité réfineufe, laquelle fe trouve contre- balancée par l'éleftricité vitrée qui fe communique, partie au ruban in- férieur, partie au plan qui le foutient [7 , 5-2 ] ; & dans l'autre, l'éleâricité vitrée fe trouve dans la glace fupérieure , & l'éleftricité réfineufe qui la contrebalance, fe communique, partie à la glace inférieure, partie a 1 ar- jnure placée au-deflbus; & voilà pourquoi l'éledcicité des glaces ne fe ma-: ?S Mémoires de la SociÉTé roVAle des Sciences _ nifefte à l'égard des corps ambians, que lorfqu'on a oté l'équilibre pat TomeIIJ. l'éloignement de l'armure. Av NÉss O" peut donc faire fur ces glaces les mêmes expériences que j'ai faites 17^1 -i7Êf ^^^ '^^ rubans éleâriquss, & qui ont été expofées dans le chapitre précédenr. yS. "Si on ôte l'armure liffe fur laquelle on a frotté les glaces [5'5], pour les pofer fur la lurface raboteufe d'un conduéteur, ou 11 on les frotte fur cette furface, elles exercent à peine, lorfqu'on les en fépare , quelque aftion éleârique fur les corps ambians ; elles s'attachent cependant l'une à l'autre, & lorfqu'on lesdéfunit, elles raanifeftent des éleftricités oppofées & égales , lefquelles difparoiflrent de nouveau lorfqu'on les réunit encore; & ces alternatives continuent jufqu'à ce que les glaces foient tout-à-fait _ défeledrifées. Ces phénomènes font encore femblables à ceux qu'offrent deux rubans dans les mêmes circonftances [8^10], yp. ° Il eft clair à préfent que mon expérience [ ^5 ] revient à celle de Hauklbée {a) , dans laquelle un globe de verre ou un tube de verre, purgé d'air ou rempli de corps éleftrifables par communication , ne donne , psc le frottement , aucun ligne d'éleâricité , ou du moins n'en donne que de trts-foibles, au lieu que les lignes d'éleétricité, fe manifeftent, fans aucun frottement nouveau, dès qu'on fait rentrer l'air (t), ou qu'on tire les conduc- teurs enfermés. Il faut donc expliquer l'expérience d'Haukfbée en difant que l'électricité vitrée réfide dans la furface extérieure du verre; & que l'éleétri- cité rélîneufe égale à la première, fe répand dans la furface intérieure & dans l'armure , ou dans le vuide qui en fait l'office [ J7 J . en forte que , tant que ces deux éledricités oppofées font égales & fe contrebalancent l'une l'autre, elles ne donnent extérieurement aucun figne de leur exiftenee; mais lorf- qu'on a oté l'armure, l'éleâricité réfineufe efi: aftoiblie , & la vitrée prenant le deffus , commence à fe manifefter. (c ). 60° Il réfulte encore de mes expériences que , pour la réuffite de celle d'HauklLée , il eft néceffaire que les condufteurs , dont le tube efl: rem- pli , foient tels qu'ils s'appliquent exadement à fa furface interne , & lui forment une armure uniforme; car s'ils font anguleux, inégaux & rabo- teux, l'éledricité réflneufe reftera entièrement , ou du moins en très-grancje partie dans la fuiface interne du verre; &, quoiqu'on ôte enfuite les con- dufteurs , après le frottement, les éledricités oppofées continueront d'être en équilibre , & la vertu éledrique ne fe raanifeftera que peu ou point au dehors [yS]. 61.° Si on arme de part & d'autre les glaces éledrifées de la mg- nière que je l'ai dit [53, j8], le contad de ces armures oppofées ae donnera aucune commotion; & même les rubans [7] & les glaces, quoi- [j] Experim. l'hyf. JlLch. , Tom. I , p. 177 & fuiv. Voy. aulli de Semblables exn périences faites par M. Dufay , & rapportées par Iil. Démareil , /i;W, p. 199 & fuiv; [A] D'alibard, d'après of /on i/s C«£'/-/^i', dans rliiftoire de l'éleâricité qui précède /à traduillon des Lettres de M. Franklin, pag. \6, [f] On voit donc combien M. NoUet a eu railôn de comparer l'éleâricité cachée des bas appliqués l'un à l'autre, avec l'éleâricité cachée d'un tube rempli de corps éleç^. trifables par communication, puifque la première Ce manifefle lorfqu'on fépare les bas,' 1^ l'autre lorfju'on tire les conduâeurs lenferracs dans Je îube. NotJnr S^mnijr,^* H» • qu'entièrement enveloppés d'un condudeur uni , pai* eiîJempIe, d'une feuille ''"^*^'*'^^ de papier doré, pendant quelques minutes, continuent de demeurer col- Tome III, lés en(emb:e;& fi on les lepare, on trouve qu'ils n'ont pas encore per- Ann èes du leurs éleclricités oppofées, tandis qu'on les décharge en un moment, ,^gj . ,jgy en faifant communiquer l'armure d'un côté avec celle de l'autre. 62." J'ai fait une expérience propofée par M. Franklin. J'ai pris deux glaces planes & bien sèches; je les ai appliquées l'une à l'autre, de fa-, çon qu'elles fembloient n'en former qu'une feule; j'ai couvert la face in- férieure avec une lame éledrifable par communication , en ayant foin que cette armure ne communiquât point avec le plancher, mais demeuritifo- lée pendant tout le tems que je frottois la face fupérieure des verres unis. Je frottai enfuite à diverfes reprifes cette face fupérieure, & je tirai al- ternativement des étincelles en approchant mon doigt de l'armure : les glaces fe coUèient comme ci delTus [53J, & entr'elles & contre l'armure placée au-deffous, & fe chargèrent, comme l'a obfervé M. Franklin (j), de façon qu'ayant mis une armure fur la face fupérieure qui avoit été frottée^ le contaft fimaltané des deux armures opéroit la commotion. 63. *" Mais ce qui pourra paroitre extraordinaire, c'eft qu'après cette commotion, les glaces continuoient d'être collées l'une contre l'autre ; & quoique tant qu'elles reftoient unies, elles n'exerçaflent aucune aftion éleârrique fur les corps ambians; cependant lorfqu'on les féparoit, elles manifeftûient des éleAricités oppofées; & elles étolent, en un mot, comme d'abord après le frottement dans l'expérience précédente [j8]. Elles ac- fluéroientdonc une double éleètricité, l'une en vertu de laquelle elles don- noient la commotion, & qui s'éceignoit par la commotion même, & une autre qu'elles confervoient plus long tems. Pour être plus court, j'appel- lerai dans la fuite Franklinknne la première de ces deux éleâricités, & Symmérknne la féconde. 54..° Si après avoir défuni ces glaces [ 62 \ douées d'éleftricités oppo- fées, on toucha leurs armures, on tire une bluette de chacune, & elles font dès lors hors d'état de donner la commotion ; & la commotion n'a plus lieu lorfqu'aprcs avoir réuni les glaces ^ on fait communiquer leurs armures. Cependant l'éleAricité Symmérienne n'efl: que bien peu affoiblis par ce contaéi mutuel des armures ; car les glaces continuent de s'atti- rer réciproquement, &'un corps léger fufpendu avec un fil defoye,fe promène de l'une à l'autre , précifément comme dans l'expérience précé- dente [53 ]. dy." L'éledricité qui donne la commotion, eft donc femblable à celle ■ de la lame de plomb , qui fe dilïïpe par le feul contaél , aulTitôt qu'on en tire le ruban doué de l'éleAricité oppofée [^yl- L'éledricitéSymmé- rienne des glaces ou des rubans eft telle au contraire, que les glaces ou les rubans doués d'électricités oppofées , manifeftent , lorfqu'on les fépare . yn atmofphcre éleétrique, dont ils étoient auparavant dépourvus, mais f.;] Tom, I, p. 117, il S, *7*i - J7jS' 7O MÉMOTRÇr BS rï SdciBT'é EOYAtE Ï5SS SCilNCES ' " *— ne la perdent que lentement, & au bout d'un certain tems, par le con^ .TomeIII. taâ des corps éleârifables par communication [58 , 53 , 6^]. A V NÉ£s ^^•° Ainfi donc l'une & l'autre éleftricité lorfqu'elle n'eft plus contre- balancée par réleftricité qui lui eft oppofée, tend à s'échapper des corps où elle réfide ; mais l'éleftricité qui donne la commotion, comme celle de la lame de plomb. Te diflîpe dans un inftant en paflant dans les conduc- teurs mis à portée, au lieu que l'éleâricité Symmérienne ne fe perd que 4entement. 67.' Si l'éledricité Symmérienne pouvoir s'échapper aflez prcmpte- ment, lors de la communication des faces oppofées, elle donneroit la commotion tout de même que Véleâricité Franklinienne , & fe perdroin dans un inftant comme elle. Mais puifque le contraire arrive [61 , 63 ] , c'eft une nouvelle preuve que cette éleâricité eft plus inhérente aux corps qui la pofsèdent . & s'en dégage plus difficilement & plus tard. 68. Et en effet , fi l'on enveloppe d'un condu.Seur raboteux les glaces jou les rubans chargés de féleâricité Symmérienne, ils la perdent beau- coup plutôt que fi on les avoit enveloppés avec un condufieur uni [6j]. La raifon de cette différence, comme je l'ai infinué ailleurs [ij"], eîi que les poils de la furface raboteufe rendent plus perméables au fluide électrique les corps inéleûrifables par communication qui font auprès des rubans ou des glaces. <5p.° Si on confidère avec quelle difficulté les corps qu'on nomme iné- ieftrifables par communication , reçoivent l'éleftncité par cette voie, & combien difficilement aulTi ils fe déféledrifent lorfqu'ils l'ont une fois reçue ; fi l'on confidère particulièrement avec quelle lenteur l'air reçoit Se perd l'électricité ( a ) ; on fe perfuadera aifément que l'éledricité Symmérienne refTemble à celle de l'air , & qu'elle pénétre plus profondément dans les pores des corps inéledrifables par communication; au lieu que l'éledricitc Franklinienne a plus de rapport avec celle des condudeurs , qu'elle réfide feulement dans les corps éleftri fables par communication, ou que fi elle fe communique à ceux qui ne le font pas, elle n'affede que leur furface * Se qu'elle eft dans un état de liberté. 70.° Il fuit de là que la longue durée de l'éleârîcité n'a pas lieu feule- ment dans la foie, mais dans tous les autres corps inélecftrifables par com- munication (b); il fuit encore que les éieûricités oppofées qui donnent la commotion , n'occupent point de part & d'autre la moitié de l'épaiffeur du verre ; encore moins pafTent- elles à travers le verre d'une furface à l'autre. Il fuit enfin que l'imperméabilité des corps inéleflrifables par com- munication à la matière éleftrique, eft la feule caufe de la durée de leur éleftricité. 71.° Au refte, il n'eft pas difficile de comprendre pourquoi une lamÊ (j) Voy. Canton ; I. c. p. iP4 , & le P. Beccaria, lenera VII, où l'Auteur démontre pat rexpérience plufieurs propriétés nouvelles & fingulières de cette éleflricité de l'air. (i) Ayant éleftrifé une lame de tôle de la même manière que les glaces de M. Sym-^ jner, eÛefe colla contre la muraille j & y demeura attsphce au de-là d'une heure. b E Turin, yf fie verre dont on frotte une furface , tandis que la furface oppofée efl — ^— — ' appliquée fur une armure qui communique avec le plancher , ne peut jamais Tome III, donner la commotion; & pourquoi il en eft de la foie & de tout autre A\ n ées corps frotté de la même manière j car, comme le fait remarquer M. Fran- klin [a.) , les éledricltés oppofées qui font encore libres à chaque face du * " verre , fe dilîîpent à mefure qu'elles y parviennent , à caufe de la com- munication fmiultanée avec des conducteurs , qui fe fait d'un côté par Iq. moyen de la main qui frotte , & de l'autre par le moyen de l'armure î enforte que le verre ne peut fe charger. Mais au contraire comme une partie de ces éleiSricités , qui a pénétré plus avant dans les pores du verre, n'en fort que difficilement , & ne fe perd qu'avec beaucoup de lenteur par la feule communication des faces oppofées avec les conducteurs [6i ] ; il e(k villble qu'elle peut augmenter de plus en plus par la continuation du frottement, & fe manifefter enfin par les fignes que j'ai expofés. 72.° De là vient que la foie , même enveloppée d'une lame électrifable far communication , acquiert l'éiedriclté Symmerienne par cette lame 3, 20, 32], femblable en quelque façon au tourmalin qui s'éleftrife par la chaleur d'un milieu éledrilable par communication , dans lequel on le plonge ( b ). 73.° De tout ce que j'ai dit jufqu'ici , on peut conclure, ce femble^ l.° que fi l'une des deux éieftricités ; favoir, la vitrée ou la réfineufe , s'attache à une furface des verres ou autres corps inéleftrifables par com- munication , l'éleâricité oppofée accourt, (i rien ne s'y oppofe, vers l'autra furface , dans une égale quantité. 2.° Que ces deux électricités tendent l'une vers l'autre, & tiennent par là unis les lames des corps inéledrifables par communication dans lefquelles elles réfident, ^.^ Qu'en tendant l'une vers l'autre , elles ne cherchent point à fe répandre au-dehors , & ne for-, ment d'atmofphère ni d'un côté ni de l'autre. 4.° Que cependant elles pénètrent difficilement dans l'épaiffeur de la lame, y." Que fi elles trouvent un chemin plus aifé & plus commode pour fe réunir , ce qui arrive lorf- qu'on fait communiquer-les faces oppofées avec des condudeurs, les par- ties de ces éledricités qui font encore libres , s'échappent par cette voie ,■ & venant à fe rencontrer, fe détruifent réciproquement. 6." Mais que les parties qui ont pénétré plus avant dans les pores de la lame , quoiqu'elles tendent à s'échapper par la même voie, ne pouvant fe dégager ailément des entraves que ces pores leur oppofent, n'enfilent cette route qu'avec beaucoup plus de lenteur, à moins qu'on n'aide à leur fortie , en appro- chant de chaque côté un conduifleur terminé en pointe [(Î8]. 7." Comme les deux éleftricités oppofées ont une tendance l'une vers l'autre , il arrive que fi l'on procure une ifl'ue à l'une des deux feulement , par l'approche d'un condufteur, tandis que l'autre eft retenue dans la place , la première ne peut pas mCme s'échapper, contenue par l'action de la féconde (■;) r ■ III ■ ■ I'* fj) Loc. utt. cit. (*) Hifloire de l'Académie de Berlin , Tome XII , p. 1C5 & fiiiv. i Kî. le'] Ibid. p. 9 , iS£ , iç6 , Joi & ailleurs, {d} L. C, p. 140 & fiiiv. [t] L. C, p. 184 , i8ç. [/] M, rfjrfon avoit placé dans les armures l'éleâricité qui donne la commotion; fjiiie , p. 140, Cet Auteur a audi propofé contre la doârine de M. Franklin, dfs obr jeftions aux^ueljçs ce dernier a répondu , Tom. I, p. 164 & iuir, elle D E T U R I w. 73 elle psiTe dans la furface extérieure du verre , ou dans fes premières cou- ches, lorfqu'on ôte l'armure. Je vais rapporter ces expc'riences: elles Tome IIL pourront donner occalîon, à des efprits plus pcnctrans , de s'afTurer en- Années core mieux de la vérité du fait. 1761- irCj. 77.° J'ai pris plufieurs rubans de foie de la mcme couleur , cinq ou fix par exemple , bien fechés & appliqués les uns aux autres ; je les ai pofés fur la furface llfle d'un corps cleftrilable par communication, & je lésai frottes avec une re.^le d'ivoire, en prenant garde quejes rubans, pendant le frottement, ne fe défuniflent point, & ne fronafient point contre le fupport. Le frottement achevé, lorfque je les ai étés l'un aprcs l'autre, en commençant par celui qui couvroit tous les autres, j'ai vu paroitre , à chaque fjis, une étincelle entre les rubans , précifément dans les points où ils étoient fépnrés ; & l'étincelle fe montroit pareillement dans la fc'para- tion du ruban le plus bas, d'avec le fupport. Chaque ruban, ôté de cette manière, avoir l'électricité réfineu.c. 78.° Lorfque, au lieu d'ôrer les rubans l'un après l'autre, je les ôtois tous en même tems , ils s'uniflbient en un feul paquet , qui donnoit de part & d'autre des fignes d'une éleftricité réfineule prépondérante. Si j'ap- pliquais alors la furface qui avoir été pofée fur la lame unie, à une fur- Îahc rab'::teufe, pour que les éleftricités oppofées fe miflent en équilibre [ yS] , & que j'otaffe enfuite les rubans l'un après l'autre, mais dans un ordre renverfé & commençant par le plus bas , il paroifiToit aulll des bluer- tes à chaque féparation ; mais tous les rubans avoient alors l'éledricité vi- trée, à l'exception du ruban fupérieur, qui avoir confervé l'électricité rélîneufe , acquile par le frottement. •ri<)° De là vient que, lorfque je frottois , fur un fupport raboteux, les rubans appliqués les uns aux autres, & que je les ôtois enfuite tous à la fois , pour avoir un paquet , dans lequel les éleiftricités oppofées des deux fices fulTenc en équilibre [yS], tous les rubans intermédiaires avoient l'éleâricité du même genre que le premier ou que le dernier, félon qu'en les réparant du fupport , j'avois commencé par détacher le plus haut ou le plus bas. 80." Si on ôte les rubans deux à deux [77, 78, 7P,], ils font at- tachés l'un à l'autre , & ont la même électricité que fi on n'en avoir ôté qu'un feul ; mais fi on les fépare , on reconnoitra que cette éledriciié réfide dans le ruban extérieur , &que l'intérieur, qui efl: attaché aux autres rubans , a une éledricité oppofée & beaucoup plus foible. 81." Je foupçonne donc que le frottement [77 ', n'éledrife propre- ment que le ruban fupérieur , & que les autres ne reçoivent que peu ou point déleftricité; mais que la lame qui fert de fupport, reçoit une clecftricité égale & oppofée qui fe met en équilibre avec celle du rubaa fupérieur , &: qui empêche que celui-ci ne donne des fignes d'électricité ; que quand on ôte les rubans l'un après l'autre, en commençant par le fupérieur , l'éleêtricité de celui-ci palle dans le fécond , fous la forme d'une étincelle , du fécond au troilieme , & ainfi de fuite jufci'u'au dernier, Jom, I, K, 74 Mémoires de la Société royale des Sciences _■„ ^ ^ voila pourquoi tous les rubans acquièrent alors l'ékcliicité de même! Tome III. genre que celle du ruban fupérieur. A.VNEES 82.° Si on fépare du fupport tous les rubans à la fois [78], il efî i75z, 171JJ. vraifemblnble que l'éledricité du fupport, qui eft en équilibre avec celle du ruban fupérieur, pafle en partie dans le ruban inférieur (ous la forme d'une bluette , & par-là tous les rubans font collés les uns aux autres , & ne forment qu'un feul paquet; mais que, comme réledbicité du fup- port n'a pas pu pafler en entier dans le ruban inférieur , celle du ruban îiipérieur prévaut) alors. Si on pafle alors le paquet de rubans fur un corps raboteux, ces corps tranfmettant avec plus de force la matière életrlrique [ij"]) en fera pafTer dans le ruban inférieur une quantité fuf- fifante pour pouvoir contrebalancer , par fa vertu contraire , l'éledricité du ruban fupérieur. Si donc on ôte alors les rubans l'un après l'autre , en commençant par le plus bas, l'éleftricité de ce dernier palTera pareil- lement de l'un à l'autre fous la forme de bluettes , & par conféquenc les rubans intermédiaires recevront une éleftricité de même genre que celle du ruban inférieur, & oppofée à celle du ruban fupérieur. 83."' Lorfqu'on tire les rubans deux à deux [80], celui qui efl: au- deffus a l'éleilricité qu'il a acquife par le frottement , ou qu'il a reçue du ruban fupérieur, lors de leur féparation , & celui qui efl: au-defl^ous a uns électricité oppofée , qu'il a reçue du ruban auquel il étoit appliqué ; mais cette éleftricité efl: beaucoup moindre , pulfque ce ruban ne peut avoir que celle qu'il a pu recevoir du fupport , à travers les autres rubans. 84.° Puifque , lors de la féparation des rubans , l'éleftricité pafle du ru- ban fupérieur ou du ruban inférieur [81, 82 , ] , ou plutôt de l'un & de l'autre en même tems [83], dans les rubans intermédiaires , fous la for- me d'une étincelle , on ne doit pas être furpris que , lorfqu'on a réuni de nouveau les rubans en un feul paquet , leur féparation fe faffe fans bluet- tes; car l'éledricité ayant déjà pafle de l'un dans l'autre, cette commu- nication n'a plus lieu , & il ne peut plus y avoir de bluettes. 1 8 J.*^ On comprend aufli par là , pourquoi deux rubans qui fe repouflent pour avoir été féparcs l'un après l'autre du fupport ou des autres rubans, ou qui s'attirent pour en avoir été féparés en même tems i continuent en- fuite de fe repoufler ou de s'attirer comme auparavant , lorfqu'après les avoir appliqués de nouveau au fupport ou aux autres rubans ^ on les tire en- fuite ou l'un après l'autre , ou tous les deux à la fois. Car , c'efl: di.ns la première féparation que ces rubans s'éledtrlfent , & on ne change plus rien à leur état, en les appliquant de nouveau au fupport ou aux autres ru- bans. Cette explication nous fournit la raifon de la plupart des phéno- mènes expofés dans le premier chapitre , [ depuis le §. i. , jufqu au §. i o. ]]• 8(5.° J_ai pareillement pofé des rubans, appliqués les uns aux autres , fur une lame de métal ^ qui recevoit l'éleftricité du globe , & j'ai appro- ché de l'autre face de ces rubans une pointe métallique , en la promenant fuivant leur longueur. Lorfqu'enfuite, le globe cefîant d'être frotté. J'ai examiné ces rubans , j'ai obfervé les mêmes cjiofes que dans les expérien- D E T U R I N. 7; (Ces rapportées ci-defTus; c'eft-à-dire que, félon l'ordre dans lequel Je ti- rois les rubans , ils reçevoient tous de la lame de métal , l'éleûricité con- ï o M E III. traire ou la mCme , à l'exception du premier ruban, qui ayant reçu la Ann èes vertu cleétrique de la pointe métallique, avoir toujours une éledricitc ,7^1-176$. oppofée à celle de la lame, 87.° L'analogie, ou plutôt l'identité des phénomènes, fembic donc prouver que l'électricité e(t dcpofée, lors delà féparation des armures, de celles-ci dans les furfaces du verre, tout de même qu'elle pafTc des ru- bans fupérieurs dans les inférieurs, ou du fupport dans le ruban le plus proche. 88." Et en efFet, ayant armé un carreau de verre , bien fec, avec des lames de plomb , qui étoient fimplement appliquées & non collées, dès que le verre eut été chargé à l'ordinaire , les lames s'y attachèrent étroitement, & ayant voulu les défunir, il parut uns bluette dans les lieux de la fé- paration. 89.» J'armai de la même façon plufieurs pièces de fatin pofces les unes fur les autres , & les chargeai. ( La charge ne pût être bien forte , parce que l'éleârlcité pafloit à travers l'épaiffeur de l'étoffe , d'une furface à l'autre). Les armures s'attachèrent de même fortement à la furface du fa- tin ; mais ayant voulu en féparer une , avec quelque précaution que je le fille, je ns pus jamais empêcher qu'une bluette n'éclatât dans quelqu'un des points de li féparation , & paflant à travers l'épaifleur du fatin , ne parvint à l'autre armure; le fatin étoit déchargé par là , & l'armure op- pofée s'en détachoit & tomboit par fon propre poids. 510.° Il eîl donc vraifemblable que ce font les électricités oppofées , réiidant principalement dans les armures , qui collent celles- ci contre le verre ou le fatin, & qui fe jettant dans les furfaces du verre, produifent des étincelles [ 88] lorfqu'on en fépare les armures. Comme le mouve- ment de la matière électrique eil alors très-rapide , on ne peut ôter uns armure fans que ce fluide, traverfant le liitin , parvienne à l'armure op- pofée [ 85) ]. 5)1." L'expérience femble prouver cependant que toute l'éleâricité des armures n'eft point dépofée dans les furfaces du corps armé, mais qu'une partie y trouve uns réliftance qui lui fait prendre une autre direc'tion ( voy, le chap. précéi ) ; en effet , fi après qu'on a ôtc les armures du verre chargé , les eledricitcs oppofées continuent d'être en équilibre , cela vient de ce que chaque face repouffe une égale quantité de matière élec- trique; & lorfque l'une des furfaces des verres ou des rubans étoit élec- trifée par frottement, tandis que l'autre furface ne recevoir fon éleftricité que de l'armure qui y étoit appliquée , dans le tems qu'on la féparoit, il arrivolt conftamment que toute l'éleélricité de l'armure ne fe dépofoic point dans cette furface ; car les électricités oppofées , qui étoient aupa- ravant en équilibre , celToient de l'être aufli tôt qu'on ôtoit cette armure , & celle de la furface frottée devenoit la plus forte ,. preuve certaine que la lame avoit emporté avec elle une partie de l'éleftiiçité [ voyez chap. I. §. 4.]. ii. jj "jS Mémoires de la Sociéxé ro7Ale des Sciences;, ^^ 5)2." D'autres expériences viennent encore à l'appuide cette théorie. Sî To M eIII. un carreau de verre , dont la furface inréri.;ure efi armée , & la fupérieure Années nue , reçoit réleftricité par une pointe de métal fulpendue à la chaîne , ,-gj.j g il fecharije, & les éledricités onpofées demeurent en équilibre tant que l'armure refte unie à la fui face intérieure; mais dès qu'on enlève cette ar- mure j l'éledricité de la furface fupérieure devient la plus forte. Si la fur- face fupérieure eft armée , & qu'elle reçoive immédiatement l'éleftricité de Ja chaîne , tandis qu'on approche la pointe de métal de la furface in- férieure nue , & qu'on la promène fuivant tous les points qui répondent: à l'armure fupérieure, le verre fe charge aulli, les électricités oppofées fe mettent en équilibre , & l'armure s'attache au carreau ; mais lorfqu'on l'erj détache , il paroît bisn qu'elle n'a pas dépofé toute fon éledricité dans la furface du verre , car celle de la furface inférieure commence à prévaloir , & fe manifefte à l'une & à l'autre furface. 93.° Pour réfumer en peu de|mots tout ce que je viens de dire, on voit que , dans le verre & les autres corps inélectrlfables par communi- cation ^ des deux électricités oppofées, celle-là prédomine toujours, qui a été communiquée avec plus de force à l'une ou à l'autre face. Si donc oa la communique à une face par le frottement ou par l'approche dès pointes, tandis que l'autre face ne la reçoit que d'une furfice unie , la première l'emportera fur la féconde; mais elles feront en équilibre lorfque l'une & l'autre face aura reçu l'électricité d'une furfice unie , ou de pointes égale- ment aiguës, ou qu'une face aura été élecTirifée par frottement, & l'autra par l'approche d'une pointe. P4.° Il eft probable , d'après ce que nous venons de dire , que les électricités qui donnent la commotion , réfident principalement dans les armures fort éledrifables par communication, & qu'elles ne paflent qu'avec beaucoup de peine dans les pores des corps armés. Mais une partie affez confidérable des éleétricités palTe dans les furfaces de ces derniers , dans le tems qu'on détache les armures , parce que ces éleétricités oppofées , tendent l'uni vers l'autre avec tant de force , qu'elles ne fe laiiïent point écartée de la forte. L'éleftricité pafle avec plus de facilité dans les pores des corps inéleélrifables par communication , au moyen du frottement ou par l'ap- I proche des pointes, & pénètre alors dans les couches extérieures aullî aifément qne dans les conduéleurs. pj". Il réfulte de là , qu'il peut arriver que les condufteurs contiennent autant de matière éleétrique que les corps inéledrifables par communi- cation [43 , 44,] ; mais qu'on ne peut charger les premiers autant que les féconds, parce que les deux éleftricités oppofées s'y mêlant auflî-tôt, elles ne peuvent s'y contrebalancer. On ne peut obtenir cet effet que par l'interpofîtion d'un corps inéleârifable par communication; & il arrive par- ia que les électricités oppofées , accumulées à la furface de ces corps, fe diflipentenfuite.pourlaplus grande partie, même dans l'airquiyoppofe une jcéfiftance, lorfqu'on a détaché les lames inéledrifables par communication , fi E T ir R I K. 11 qui leur fervent de point d'appui, & que ceflant d'agir l'une fur 1 autre, -^ : — -— elles ccfiTcnt de fe contrcbalnncer par cette aftion réciproque ( a). Tome 111. 5)6." On comprend encore par là pourquoi tous les corps inélectrifab'.es A.w xéss par communication, du moins tous ceux qu'on a éprouvés jufqu'aujour- nOi-iTe^i d'hui , font également propres pour le coup foudroyant, La porcelaine , le talc ib), le criflal de montagne (c), les réimes , la cire d'Elpagne {à), la foie [ 8i) ] , l'air même (e) peuvent être chargés comme le verre , & donner la commotion comme lui. Les qualités de ces corps par rapport à la denlité , à l'éleÔricité , à la mollefle , à la fluidité , ou à leur carac- tère particulier, font abfolum;nt indifférentes ; il fuffit qu'ils puiffl-nt, par leur interpofition , empêcher le mélange des éledricités oppofées , q_ui tendent l'une vers l'autre. S'^.^ Enfin, ce que nous avons dit , fournit une explication fatisfaifante d'une très-belle expérience de M. Symnier. Si on applique l'un fur l'autre deux carreaux de verre armés par dehors feulement, ils fe chargent &: le collent entr'eux { /) ; au contraire, fi on arme les deux faces de chaquu carreau , la furface Supérieure de l'un & de 1 autre reçoit à l'ordinaire l'élec- tricité vitrée , & l'inférieure une électricité réfineufe , égale à la première (q) . & par conféquent il n'y a aucune adhéfion véritable entre les carreaux (/i). En effet, lorfqu'il n'y a point d'armure entre les deux carreaux, il n'y a aucun corps dans lequel l'éleAricité puiile fe mouvoir , fi ce n'eft les armures extérieures, en forte que l'éledricité qu'on fait paffbr dans lune des deux , ne peut attirer l'électricité oppofée & égale que dans l'armure oppolée, en forte que les éledricités contraires & éjples ne réfident que dans les furfaces oppofées des carreaux. Mais lorfqu'il y a des armures entre les carreaux , ces arm.ures fourniffent une élecîricité mobile : l'élec- tricité vitrée qui paffe du globe dans l'armure fupérieure , attire dans l'ar-: mure la plus proche une électricité réfineufe égale ,& l'autre armure in- termédiaire recevant l'électricité vitrée , eft en état d'attirer dans l'armurç inférieure une égale quantité d'éledricité réfineufe. Lorfqu'enluite on dé- charge en même tems les carreaux, en faifant communiquer enfemble les [j) Comme dans l'expérience du §. (^4 , & dans celle de M. Symmor, que je rap- porterai au §. 97, où les verres chargés étant délunis pendant un (êul inîlant, quoi- qu'ils ne foient toucliés par aucun conduéteur, l'éleciriciié fe diflipe en très-grande partie dans l'air , comme le prouve la force furprenante avec laquelle eft chalîé dans ce moment, un corps é!eitri(âble par communication placé lur l'armure fupérieure, par Ifi fi.*Hemciit qui fe fait entendre , & par l'éclat de lumière qui paroit fur les furfaces du verre , (i on eft dans un lieu obtcur-, & voilà pourquoi fi on unit de nouveau le; verres, ils ne donnent plus qu'une foible commotion, ou même point du tout, r* ] Beccaria, Let. à M. Nollet, §. 471 , Encyclop. art. coup Joudroy^n:. [f] Nollet, Leçons, Tom VI, p. 477. . _ [i ] Bcccaria , Let. V , §. 148 & fuiv. .-Eplnus , HIlî. de l'Acad, de Berlin , Tom.' f,it. p. II?, 110. ii] vEpinus , L. c. £/] Symmer, p. iij, 114; f ,?] •''/. p. " 19, Franklin, Tom. I. p. ijj , i}i, ^h} Syniroer , ibidt yS Mémoires de la Socii'Xê royale des Sciences deux armures extérieures, lelearicité vitrée &- réledricité réfineufe deS I omeUI, armures intermédiaires s'y diftribuent également, & les remettent dans AnnÉ£s leur état naturel. Or, fi le fluide élecftrique paifoit , comme le prétend .i76i:i76j. ^^- Franklin, d'une furface du verre dans l'autre, & reftoit renfermée dans les pores de l'une & de l'autre [7-1-], pourquoi, lors même qu'il n'y a point d'armures intermédiaires , l'éleclricité vitrée de la furface in- terne du carreau fupérieur, ne céderoit elle pas fa place à l'éleâricité rélmeufe de la furface contigue du carreau inférieur, & ne prendroitelle pas la fienne ? Car ces furfaces fe touchant dans tous leurs points , le fluide éleûrique n'a befoin d'aucun véhicule pour pafTer de l'une dans l'autre , unique fonétion que M. Franklin attribuoit aux armures (a), ^8.0 Quant à l'autre preuve que ce Phyficien tire du déchirement d'une portion de l'armure, à l'endroit d'où fort l'étincelle [74], il me paroîî qu'on peut tout auffi bien attribuer cet effet à la réperculïïon du fluide éledrique , qu'à fon palTage dired au travers des armures (/') ; d'autant plus que l'explofion fait quelquefois cafl'er les verres eux mêmes ( c), quoi- que l'étincelle ne doive jamais traverfer leur épaiffeur. CHAPITRE VL "De la nature des éleSric'ue's oppofées. 5pp. '^ /\PRÉS avoir établi, par les expériences que j'ai rapportées [y-f] & par un grand nombre d'autres {i) , l'éxiftence des deux éleâricités op- pofées. M, Franklin explique cette contrariété par une hypotlièfe très- fïmvile , qui a eu la plu; grande vogue. Il fuppofe que l'une des deux éleftricités oppofées eft produite par l'excès, & l'autre par le défaut de matière éleftrique , eu égard à la quantité qu'un corps en contient na- turellement; Si voilà pourquoi elles fe détruifent en fe mêlant également. On fentira toute la beauté de cette théorie, fi on confidère combien eft fimple la marche de la nature , mcme dans les phénomènes les plus com- pliqués. On ne fauroit défavouer cependant qu'il efl permis de recourir è toute autre hypothèfe , fi les expériences l'exigent, pourvu qu'on ex- [a'\ Cette expérience de M. Symmer n'a réuni à M. NoHet qu'après pludeurs eflaii inutiles, V. Mém. de TAcad. L. c. p. i6j. Car, comme je l'ai obièrvc , l'Iiumidité ïa plus légère, attachée par liazard aux verres, fait qu'ils Ce chargent tout de même que s'il y avoit une armure intermédiaire. On voit donc qu'on doit écarter avec encore plus de foin toute humidité dans cette expérience & les autres fêmblables rapportée!!- ti-deniis , que dans la plupart des autres expériences éleéiriques, puilqu'il faut une moin- dre hum;dité pour fêrvir d'armure , qu'il n'en faut pour empêcher les verrss dî ft charger. ib] V. Franklin, Tom. I. p. 187. [c] Id. Tom. I. p. 187. J(/3 Tom. I, depuis la pag. 8j, jufqu'à la pag. jj & ailleurs. n E T u R f If. 7jj 7 pllque aufTi heureufement par e!!e l'oppofîtion des deux élei^ricités (a). 100° M. Symmer, qui a confirmé cecte oppofition par des preuves Tome III. nouvelles (b) , a cru devoir fubftituer une autre l\)'potlièfe à celle de A.vj^éss M. Franklin, il foutienc que les deux éleftricicés contraires font produites , c ., sr par deux forces également pofidves de part 6" tTautre , dont la contrariété & la réadion mutuelle fait naître tous les phénomènes éledriques , & il attribue ces deux forces contraires à deux fluides d'une nature c.ppofée (c). iOi.° Quoique ce Pliyficien n'ait rien ofé avancer de plus fur la nature de ces deux fluides (d), on voit que fon hypothèfe demande qu'on les fuppofe élaftiques & s'attirant l'un l'autre ; car ils ne fe mettront alors en repos qu'après s'être également mêlés, & je fais ici cette fuppofition, moins pour interpéter les fentimens de cet Homme célèbre , fur une chofe OLi il a afteflé de ne pas développer fon opinion, que pour faire voir jufqu'à quel point cette .hypothèfe faiisfiiit aux phénomènes. 102.'^ En admettant cette hypothèfe , on explique tout auflî bien les expériences de MM. Watfon & Franklin , relatives aux mouvemens des émanations éleftriques (e) ; & l'on comprend également pourquoi l'élec- tricité vitrée , qui entre dans la pointe des condudeurs aigus (/) , ou dans le fommet de la colonne de mercure dans les baromètres communicans (g) , & l'éledricité réfineufe qui en fort, ou l'éleclricité vitrée qui en fort £c l'éledricité réfineufe qui y entre , font de la même efpèce ; car dès que l'un des deux élemens prédominera dans un corps quelconque , il fe ré- pandra dans les corps a'.nbians, & il abordera une égale quantité de l'autre élément, jufqu'à ce que l'un & l'autre foit également diflribué. Lorfqu'on place une lame , inéledrifable par communication , entre un conduc- teur éledrifé, & un autre condudeur qui communique avec le plancher, ce dernier recevra du plancher une égale quantité de l'élément oppofé, laquelle ne pouvant paAlr au de-là, à caufe de la réfiftance de cette lame, s'attachera à la furface de celle ci , jufqu'à ce qu'on ait ouvert la voie pour qu'il puille fe mêler avec l'autre élément. On comprend fans peine par là les phénomènes rapportés au §. 75 , & tous les autres qui regardent les corps inélefrrifables par communication; pourquoi, par exemple , les deux élémens demeurent en repos lorfqu'ils font également mêlés dans les deux faces oppofées du verre? pourquoi !e verre fe charge , lorfqu'ils font tellement féparés que l'électricité vitrée réfide dans une face , &; la réfineufe dans l'autre ? & pourquoi le verre rentre dans fon état naturel par la feule diftribution égale des deux élémens [74]:' On comprend, avec la £•'] Voy. Bsccaria, L. II, §. 6), Itl Pag. 116 , I 17. ff J Pag. III ,& 119. [i] Pag. i!o. [f] Voy. Franklin, L. ult. c'a. U\ Voy. Beccaria, eUttrUi/mo tnificUlt , pjfflm, & Franklin , Toin. II. p. \6i_ [a'J Voy. les expérienMt de M. Wilfon, rapportées dans les Mcm. de l'Acsd. nSz^ So Mémoires de la SoCiaTÉ eOyale des Sciences •oÊm jj,^mg faj;iiit^ ^ tom: ce que j'ai dit aux chapitres III & IV , fur l'éledrî- T o M E III. cité des corps inélectrifables par communication , en fuppofant que l'élé- A N N É ES nient fur-abondant eft tellement embarralTé dans leurs pores , qu'il ne s'en dégage qu'avec beaucoup de peine, & que rélénient contraire, qui doit •■ " '-' '•- venir prendre la place du premier, ne pénètre de même leurs pores que difficilement, & téjourne par conféquent long-tems dans les conduifteurs qu'on leur préfente , à moins que ces conducteurs , étant pointus , ne fa- cilitent la forcie du premier élément & l'entrée du fécond. 103° Mais M. Symmer prétend de plus que fon hypothèfe eft: prou- vée par des expériences direiftes. il s'appuie (ur ce que la commotion fe fait fentir dans les deux bras , lorfqu'on décharge le verre (a) , & lur ce que le trou que l'éleitricité fait alors en traverlant une feuille de papier, a des déchirures , dont la direâion eft: oppolée dans les deux faces da verre, ce qui lui paroît une preuve certaine de la direâion oppofée des deux forces (b). Il rapporte même une expérience qui démiontre encore plus fenliblement, & qui met , pour ainfi dire, fous les }'eux cette con- trariété de directions : il a oblervé qu'en enveloppant une lame mince de métal dans des feuilles de papier , la commotion paflant à travers le papier , fait fur cette lame deux impre/îions qui font continues avec les trous que l'éleftricité a faits en traverlant le papier, & en fens contraires '"' — aurti heureufement pourquoi , lorfqu'elles ne peuvent fe mêler, elles s'ex- MEMOIRES citent & fe contrebalancent réciproquement , & n'agiflent pas autrement l'une fur l'autre, que fi elles exerçoient l'une contre l'autre une attra<::Hon mutuelle [41 , 73 . 74 . i»;" . ] Mais en voilà bien afTez fur une queftion extrêmement obfcure , qui partage les fentimens des plus grands Phyfi- ciens. Tout mon deflein a été de faire voir que toute hypothèfe dans la- quelle on explique la contrariété des électricités qui tendent l'une vers l'autre & leur deftrudtion, lorfqu'elles viennent à fe confondre, s'accorde égale- ment avec les phénomènes connus jufqu'à ce jour. MÉMOIRE Sur la nature du fluide élaflique qui fe développe de la poudre à canon, par M. le Chevalier de Salvces. \_j Esfentlmensdeceux qui ont traité delà poudre à canon, font fiparta^és; leurs raifonnemensfontfifpécieux&paroilTentfi bien appuyésfurle vrai, qu'il n'ell pas polllble au premier coup d'oeil de fe décider fur le cas qu'on en doic faire. Le plan que je me propole de fuivre dans une matière aulli épineufe & aullî obfcure , eft de procéder le plus méthodiquement qu'il me fera pot- fible , à un nombre d'expériences décilives , dont je donnerai une exade defcription , après avoir expofé en racourci les opinions de plufieurs grands Hommes, qui m'ont précédé dans cette recherche. Des réfultats des ex- périences , je tâcherai de déduire toutes les conféquences qui découlent de l'entière connoiffance de la nature de ce fiuide, & de l'exacle ob- fervation des phénomènes; c'eft par cet enchaînement naturel des fiiits, que je tâcherai de lever les doutes qui partagent encore les Phyfîciens. Je n'entrerai dans aucun détail qui ait rapport à la pratique ; plufieurs célèbres Auteur? , excités par l'importance & par la difficulté du fujet , y ont exercé leurs talens; on a pu calculer l'adion de ce fluide fans en connoitre la nature , & on a tiré de cette théorie tous les fecours dont la pratique avoit befoin ; c'eft un bonheur pour les hommes , qu'ils puifTenr, avec la feule connoiffance des effets naturels , en faire des applications heureufes aux ufages les plus utiles à la fociété , avant d'être affurés des caufes qui les produifent. j.*" Les opinion» furies effets de la poudre à canon &fur leurs caufes, Tortii l. 1, ?2 MéMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SciENCES ie peuvent réduire à deux principales; M. le Chevalier Ifaac NeWTon(a),' Tome I. qu'on peut confidérer comme Auteur de la première, penfe que la fubite Akn EE &c véhémente raréfadion de la matière qui s'enflame & s'échauffe tics-vi- j_ç„_ vement, la convertit en vapeurs, dont l'adion violente fe nianifefte par ■ ^ une explofion & une force prodigieufe ; car, dit-il , le charbon &le foufre MEMOIRES qui s'allument aifément , mettent en feu lefalpétre, dont l'efprit converti en fumée , détonne avec violence Le foufre , qui eft volatil , fe change aufli en vapeur , ce qui augmente l'explofion. M. 'WoIff& plufieurs autres penfoient de même (b). 2° La féconde opinion eft que , lorfqiie la poudre prend feu , il fe développe un fluide , dont l'élafticité étoit auparavant fixée , & qui avoic la forme d'un corps folide. ^.^ Quoique ce principe foit 'adopté par plufîeurs illuftres Auteurs, tels que M. Boyle (c) , Papin (^), Jean Bernoulli (e), de la Hire (/) . Belidor , &c. tous ne conviennent pas de la nature de ce fluide , ni de la manière dont il agit. Quelques uns , comme M, Halles , ont conclu par la reflemblance de ce fluide avec celui qu'ils avoient tiré d'autres corps iblides par la diftillation ou par d'autres procédés , qu'il étoit de véritable air, fans qu'ils fe foient cependant attachés à en faire une analyfe parti- culière, telle que paroît l'exiger la délicateffe & l'importance du fujet. 4.° M, Muichembroeck ( g ) , dont l'habileté dans les expériences eft univerfellement reconnue , doute que le fluide élaflique que l'on retire des corps foit de véritable air; il oppofe plufieurs objedions au fentiment de M. Halles, & tâche même par plufieurs raifons de démontrer que ce n'ell: point en effet un air véritable. y." L'autorité des grands Hommes que je viens de citer , ne fervant qu'à augmenter mon incertitude fur la nature de ce fluide , j'ai eu recours , comme je me l'étois propofé , aux expériences, unique reifource pour démêler le vrai, &: pour terminer les diiférens. 6." Je démontre d'abord , à l'aide de l'expérience , l'infufifance de la première opinion. Je fais ênfuite une fcrupuleufe analyfe du fluide en (a^Pulvis tormentarius , cum îgnem concipit, ablt in fumum flammantem. Carbo jiimirum, & fulahur ignem concipiunt facillimè , nitrunique accendunt; nitrique (pi- ritus indè in vaporem rarefaflus, promit cum explofîone , (îmiliter ac zqux vapor ex ^olipilâ ; (ulphur quoque , ut eft volatile , convertit fe itldem in vaporem ; id quod explofionem illam adauget Explofio itaque pulveris tormentarii oritur ex céleri ac violenta adione, qui iota permixtio fubitô ac vehementer calefafla, rarefit utique , ■vel convertit (è in fumura five vaporem : qui denique vapor aCtionis iflius violentiâ eodcm lempore candefaftus, flammsB nimirum ipeciem exhibet. ÇiiotJI, x, pcjî opi, va^. 159, 140. I^h) Mufch. Phyf.Tom. I. p. 432. {c) Op. var. p. 36. ((i)Tranf. phil, \e) Op. om. Tom. T. difl!". de EfFerVt & ferm. Page n; < (/)Difr- de l'an. t7oz. {g) Coll. Acad. Tom. I. add. 38. » E T U R I N. 8Î ^^_^____ queftion , obfervanc à peu-près la méthode qu'à tenue M. Halles ( a ) pour -— —r en examiner d'autres. Je reponds en troilîème lieu, aux objeftions de M. •"• o M E i. Miifclicmbroeck, en apportant les raifons que l'expérience m'a fournies. Ann es 7." Je me flatte de tournir par ce procédé de nouvelles lumières fur il S 9 la théorie phyfique de la poudre, & d'a/oir, par un moyen naturel &: • ^ — fîmple , donné la folution d'autres queftions: favoir , de la manière dont MEMOIRES la poudre prend feu dans le vuide , & des effets qui en réfultent. k.° En premier lieu , perfonne n'ignore que les vapeurs aqueuies perdent leur éiafticité & fe con\ ertilTent en eau en fe réfroidiffant ; je prouverai dans la fuite , que le fluide élaftique de la poudre ne perd que peu de fon élaflicité (b) , & que par conféquent il ne fauroit être produit par des vapeurs aqueuies. 5)." M. Halles informé des expériences de MM.Boyle,Papin , Bernoullî , &c. ConnoilTantCc) d'ailleurs la grande quantité d'air que consent le fal- pêtre , & ayant égard aux raifons expofées ci-devant , ne balance point à croire que ce ne foit de l'air véritable. Cette conjedure cependant efl combattue , ainfî que je l'ai dit, par les raifons fuivantes de M. Muf- chembroeck. I.° Que le fluide n'efl point propre à la refpiration, 2.° Qu'il n'entretient point le feu. 10.° M. Halles (J) loupçonne que les effets font produits par le mêlanga des exhalaifons fulfureufes , ayant démontré qu'elles abforbent l'air , & qu'elles nuifent à la refpiration , ce qu'il appuyé encore des expériences de M. Haukfbée (e). Pour favoir à quoi m'en tenir, je n'ai pas héf]té de tenter la féparation des exhalaifons fulfureufes , pour tromparer en- fuite le fluide qui en feroit purgé avec celui qui les contiendroit encore. II. "î J'ai voulu d'abord m'afTurer que le fluide nuit aUx animaux. hxpenence première ■ J'ai mis une Caille fous un récipient A , en forme de bouteille , placé fur la pompe pneumatique"; de l'embouchure B du récipient fortoit un tube de verre , à l'extrémité C duquel étoit un petit flacon oîi j'avois mis de la poudre ; j'ai lutté fortement toutes les jointures , j'ai pompé •enfuite à'deux reprifes une partie de l'air , après quoi j'ai fait placer un flambeau , dont la flamme répondoit exaftement à l'ejidroit D où étoit la poudre dans It; flacon; j'ai continué rprèscela à pomper l'air, jufqu'à (j)Stat. des végét. p. \66, (*) J'ai dit que le fluide claftique de h poudre, perd un peu de fon clafticité , parce que vraiment, dans l'expérience que j'en ai feite, il eft arrivé quelque changement à la hauteur du mercure; i'aurois cependant lieu de douter que ratmofphère ait pu y con- tribuer, c'eft pourquoi je me propo(ê de la répéter avec plus d'exaâitude. (0 Voyez Statique des Végétaux , pag. 1 5 9, (J) liiJ. pag. 163. {e) Uid, pag i?7. ' Lij ?4 Mémoires de la Société royale des Sciences ji-iiii».!»». j,g q^g l'animal donnàr des marques aliurées qu'il touchoit à fa fin , terme TomeI, précis où la poudre devoi: s'enBammer, & que j'avois trouvé après plu- Année fieurs épreuves. En effet, elle a pris feu , & le fluide paffant dans le ré- j_ç.»_ cipient a étouffe l'animal; il cft donc prouvé que le fluide élaftique delà . L_ poudre eft pernicieux & mortel aux animaux. MEMOIRES I2.° Les phénomènes que j'ai obfervés dans cette occafion, font les fuivnns: i." Qu'une flamme foible & bleuâtre fe manifefte lorfque la poudre commence à entrer en tufion. 3°. Que lorfqu'elle s'embrafe totalement elle ne fait point de bruit , & fe convertit en une nuée opaque. Les difficultés que j'ai rencontrées dans l'exécution de cette expérience, rn'ayant obligé de la répéter bien des fois , j'ai eu occafion de remarquer les précautions qu'il y faut apporter ; je vais indiquer les principales pour épargner de la peine à ceux qui voudront la répéter. I." Le flacon doit être bien fec , car fans cela il fe fend dans le tems que la poudre prend feu ; pour réniédier à cet inconvénient, j'ai cou- tume de l'expofer au feu , dont je lui fais fentir peu-à-peu la violence ; je l'y tiens pendant long tems, ayant foin, pour prévenir la fufion , de Je changer de fituation. 2°. La poudre doit être piiée finement, parce que la propagation du feu étant interrompue dans le vuide , les grains ainfi divifés en parties fort petites , font plus contigus , &: le feu s'y met plus aifément tout à la fois, lorfqu'ils font échauifés. 3.'^ La plus grande facilité qu'a la poudre à s'enflammer à l'air libre , lorfqu'elle efi: pilée , & la perte de force qu'elle paroît fouffrir par cette opération, (car elle détonne alors foiblement; m'ont déterminé à en mettre une plus grande quantité dans le flacon ; en effet , l'événement a très-bien confirmé mon attente ; on peut en mettre davantage fans rif- quer de brifer les vaiffeaux. Ce qui eft d'autant plus utile dans cette ex- périence , qu'il faut une aflez grande quantité de fluide , fans qu'il foit polTible de faire un grand vuide , à caufe que l'animal périroit. Cet effet viendroit-il de ce que la vitefle avec laquelle l'air recouvre fon élafticité , trouvant moinsde réfiftance , à caufe que les parties n'adhèrent plus entr'elles par un fi fort contaft , la force en feroit amoindrie ? 13.° Cette façon de mettre le feu à la poudre en échauffant le verre, rne paroît la plus propre & la plus fimple , outre les avantages qu'elle a d'être plus adive, & d'en allumer une plus grande quantité, parce qu'elle peut embraffTer une furface plus étendue. Ce qui n'arrive pas en fe fervant d'un miroir ou d'un verre ardent , puifque par ce moyen on n'embrâfe que les grains fur lefquels tombent les rayons, car il faut remarquer , ainfi que je l'ai dit en paflant feulement [ II ], que la poudre, dans le vuide, ne s'embrafe qu'après qu'une forte chaleur l'a mife en fufion ; le miroir ou verre ardent ne produit ces eftçts que fur peu de grains expofés en fon aâion , ôi l'appiicatiou d'iiq feç D E T U R I N. Sy ^^^^^^ rouge fous le difque delà platine de la pompe, eft une manière trop -— ■-- pe'nibie . qui a en partie le dcfagre'ment ci-devant indiqué ; &, qui plus 1 OM E 1. eft. elle ne peut convenir dans des expériences aulli délicates. Ar^t-'És 14." Par ce qui a été dit, on voit clairement, en premier lieu, que 1759. ce n'eft qu'en vertu de la réfiftance de l'air extérieur que la poudre dé- tonne , puifque dans un air fort rare , l'explofion fe fait fans déconnation. MEMOIRES En fécond lieu, que l'air qui fe trouve dans les intervalles de la poudre grainée , fert à la propagation du feu. Car l'on fait , comme je l'ai dit [13], qu'en fe fervant du miroir ou du fer rouge , l'on ne peut en- flammer toute la poudre ; & fi la communicacion du feu n'étoit point interdite, l'inflammation de peu de grains devroit fuffire pour mettre le refte en feu , & c'ell aufll pour cette raifon que je la fais piler , comme je l'ai fait obferver [11]. ly." La conjecture de M. Halles ne me paroiffoit pas moms fondée après l'expérience que je venois de f^ire; & dans l'intention démettre fin à toute controverfe , je commençai par réfléchir fur la nature de chaque ingrédient, aSn de me former duiluidefidée laplusjufte ,& ayant confidéré que le lalpccre contient un alk ili fixe & un acide volatil, que le foufre eft compofé d'un acide 6c d une matière inflammable , que le charbon enfin contient une grande quantité de phlogiftique, j'imaginai que le fluide feroit compofé de parties homogènes à celles des fubftances primitives qui le fourniffent, & en conléquence de ce jugement, je m'attachai à tenter la féparaàon des exhalaifons pernicieufes par une voie chimique. _ Perfuadé donc que le fluide contiendroit effentiellement des parties acides . vitrioliques & nitreufes , & une grande quantité de matières grof- fières [ i;], j'eus recours à une fubftance alkaline, qui retenant par une plus grande affinité les premières, interdiroit , à l'aide des filtres, le paf- {àge aux autres ; &: pour m'en convaincre , je fis l'expérience fuivante. Expérience féconde. 16." Je ne changeai à l'appareil de la première expérience, que le tube qui fert de communication du récipient au flacon ; j'en employai un fait n'eft cependant deTurik. toi 28.° Par tout ce que je viens de dire , il eft clair , que les moyens propres pour rendre à l'air la propriété d'ct;e conllntnmeitt ciafiique , & Tom e I. de (ervir à la refpiration des animaux, ne peuvent lui rendre aulli celle A.vjvèe d'entretenir le feu . parce que les fumées, les exhalaifons & les vapeurs 17^0 endommagent les deux premières , Se la ciialeur dcti ult celle-ci ; mais comme ces caufes font réunies dans 1 inflammation de la poudre, tous ces carac- MEMOIRES tères de l'air doivent nécclTairement louftar toutes ces ahéraiion» (a). 2.(y.'' Apres avoir établi ce principe ui.iverlcl dans le plein, j'ai voulu examiner les effets qui furviendroient en tirant une partie de 1 air du ré- cipient ; à cet effet , je difporiii , icloa la méthode donc fe fervent les Phyficiens, une petite phlole qui contenoic de l'efprit de nitre, de telle forte qu'on pouvoit , par le moyen d'une- "erge qui pafloit à travers le fommet du rccipie;it, verfer le liquide ùans un vafe où j'avois mis de l'huile de tartre fans iiirroouire de i';àr : je pompai à peu -près la moitié de l'air, & ap.ts cela , je laturai le aiclanî^e , la laixtion fe Ht avec une efferv&fcence extraordinaire , diC lorte qu'une partie du mélange fe ré- pandit lar la platine axxc v.a g'.and bnuilîoni.ement ; les ofcillations fui- vitent à l'oidinaiie, & âpre? que le mouvemtnr eut celle, le mercure qui étoit reRé fufpeitdu dans la jambe expofée à 1 air , commenta à re- monte.' daos roppofée , 6i s'arrêta enluite à peu-près à la même hauteur où il étoit avant la nâxtion; je laiflai l'appareil pendant long tems, & n'étant furvenu rfuci'.n changement au mercure, j'obfervai que le fel ..ii'étoic formé qie çà & là en très petite quantité ^ j'expofai à l'air cette piixtion Lx. le fcl fe forma. 30.° Je répécai deux fois cette expérience, pour introduire le flambeau «jui fe conlcrva allumé ; mais on en voit aflez la raifon , c'eft qu'en ouvrant le trou de la platine, il s'introduiGt beaucoup d'air commun & frais qui iervit à remplacer celui qui manquoit. 31." L'on voit, partout ce que je viens de rapporter, qu'il eft très- naturel qu'il fe développe de l'air en mêlant les deux liquides , &: qu'il foit enfuite entièrement abforbé ; que le falpctre , qui ne diftere du nître régénéré que parce qu'il eft naturel, contient une grande quantité d'air; enconféquence de cesnotions , d'ailleurs confirn'ïées par une infinité d'autres expériences , que les Phyficiens ont faites , je cherchai à m'affurer fi le fal-. pas propre à entretenir le feu. Les raifôns que j'ai détaillées fuffifbient ftuies pour dé- truire la (ëconde objection du célèbre Mufchembroek , & pour donner plus de poids à mon (èntiment , que j'avois appu;, i d'un nombre de faits , mais comme nous avons réufTi à jetter les fondemens d'une théorie (ur cette importante partie delà Phyfique,' & que, ne nous étant pas contentés d'avoir démêlé la véritable caufë de la déprava- tion de l'ait , relativement à la nourriture de la flamme dans des lieux clos , nous avons trouvé des moyens propres à lui rendre cette venu , j'ai cru nécelTaire de tenter deî expériences par lefquels je pufie confirmer de plus en plus ce que j'avois dit , d'autant plus que le mobile de nos recherches fur ce point injérclTant ^yoit été le défit de r«7 jibudre la difficulté de l'Auteur mentionné, "(a) Voyez, ci-devant ri///?DjVc, *lEAiOiR£S 102 MÉMOIRES DE LA SoCII^TÉ ROYALE DES SciENCE' — ^^ ptitie a par lui-même la propriété expanfive , & je fis l'expérience delà Tome I. manière que je vais déGrire. A.vjvés 32°, Je fermai hermétiquement dans une fiole de verre du falpêtreii i-jcQ^ la quantité du falpêtre occupoit environ j de la capacité, je la mis enfuite fur ic ft'.; , que j'augmenrai par degrés , enforte que l'air fe développoit peu-à- peu , "fans fouffrir une grande raréfadion , au commencement de l'opération, & fe trouvoit enfuite trcs-raréfié lorlque ce qui reftoit étoic contraint de fe déployer ; -après cinq ou fix minutes la fiole fe brifa avec un peu d'expîofîon ; m'étant déterminé à répéter l'expérience , je jugeai à propos de fceller en même tems une autre fiole avec un bou- chon de liège poulie à force & bien battu, & après l'avoir mife fur les charbons , en même tems qa'une autiJ' j'ajoutai l'acide vitriolique, uni à différentes bafes , afin d'avoir une efpcce MEMOIRES de poudre fulminante , dont les combinaifons des compofans fuflent variées ; mais je n'ai pas réulli non plus que dans celle du tartre vitriolé ; je crois que ce que j'ai dit par rapp.^rt à celle-là, donne auflî la raifon de ce que je viens d'expofer. Il me refte encore bien des recherches , que je me fuis propolces fur la poudre à canon, fur la poudre fulminante , & fur le rapport que peuvent avoir avec elle les métaux fulminans ; mais je me réferve do traiter plus amplement de la première dans la traduction que je donnerai de l'ouvrage de M. Benjamin Kobins, qui a déjà été enrichi par les notes que le grand Géomètre M. Euler y a taites; & j'aurai occafion une autre fois de parlcT des deux dernières. RÉF LEXIONS. Tour fervïr de fuite aux Mémoires fur le fluide élaftique de la Poudre à Canon , par M. le Chevalier de Saluces. CHAPITRE PREMIER. De FaSion de Vair fur la poudre ; de Lt propagation , de V inflammation & de la détonation. IJans les Mémoires que j'ai donnés précédemment , je me fuis parti- ~=: rr" culièrement attaché à examiner la nature du fluide élaftique ^ qui fe OME II, développe de la poudre à canon, à l'occafion de fon inflammation, & AnnÉ£ ]'analife phifico-chimique que j'en ai faite, m'a donné occafion d'entrer ir^o-'?*'.' dans la difcuillon de plufieurs phénomènes qui partageoient les fentimens des ^j-e J4. Sa vans. Les objections des célèbres MM. Mulchembroek & Bernoulli, " ~ ' m'ont paru les plus folides & mériter le plus d'être développées & réfolues; c'efl: ce que je me flatte d'avoir fait , & je ne donnerai maintenant à cet égard que quelques obfervations & réflexions que j'ai faites depuis : mon principal but dans ce Mémoire eft d'expofer & de démontrer, par des expé- riences, nombre de vérités & de queftions qui n'ont été jufqu'à préfent que très-imparfaitement traitées , & dont perfonne n'a encore donne aucune folution : telles font , par exemple , celles de déterm.iner qucik efl la véritable aBion de l'air natunlfur la poudre -• comment les principes aElifs de la poudre font développés à Voccafion de l'inflammation ; je tâcherai aufll de démJler le degré de clialeur néceflaire pour l'enflammer , &c. je ne m'ariêterai point à (j) On voit alfément que le foye de foufre , dont je parle , ne feut £as (è faire f^ une chaleur auflî modique que celui, qu'on fait coramuntmsr.ti .•0-17^1. îio MiÎMOinEs Dr la Société koi'Ale des Sciences »^..._^K.fi.jL«— fgijg d'avance ie détail de toutes les queftlons que j'aurai occafion de •T o M E II. traiter , quelques unes étant purement accidentelles , Se quelques autres ne 4 " V É£ ^^ paroiflant pas d'une alTez grande conféquence pour mériter que j'en prévienne mes leâ:eurs;je me contenterai donc d'en indiquer les princi- pales; favoir : i°. pourquoi dans h vuide ^ quoique la poudre y prenne feu , la propa'^aîion de la flamme nefe fait pas d'un grain à l'autre. 2". Je traiterai de la chaleur nécejjairc pour ï enflammer , fait dans Voir libre , fait dans le vuide , &" cela félon la dofe & la qualité des compofans. 3°. J'expoferal la méthode dont je me fuis fervi pour mefurer ïimenjité de la chaleur de différentes quantités de poudre dans k plein , &" les effets qu'elle peut produire. 4°. Je parlerai des vapeurs de foufre , de la poudre ê.es mèches Sr des chandelles allumées ^ dcc. Se î'aurai occafion de faire des réflexions fur la méthode dont on fait ufage dans les expériences fur es fujet. 5°. Je finirai par un examen de la poudre qu'on peut faire fans foufre, 2. Tous les Phyficiens ont obfervé que la poudre ne brûle que très-lente- ment, trcs-difficilement , & en petite quantité dans le vuide ; mais quelques- uns fe font contentés de rapporter fimplement le fait ( a ) , d'autres onc confondu ce phénomène avec ce qui arrive à toutes les efpèces de flam- mes, & l'ont attribué à quelque propriété paniculière de l'air. Un fait que j'ai rapporté dans mon fécond Mémoire [ §. 42 ] , & un examen réfléchi , d'autres expériences faites par plufieurs Auteurs , m'ont donné lieu de penfei que ce n'étoit que dans la prellion qu'exerce l'air fur la flamme qu'on en devoit chercher la raifon. En effet , j'ai fait voir que la poudre s'enflamme dans quelque air infedé que ce foit , & Boyle ( h ) nous affure qu'une fufée continue à brûler fous i'eau|: la flamme de la poudre n'a donc lefoin que d'une prefion qui en augmente Cintenflté en la retenant autour des grains ? C'efl: une vérité que l'expérience que je vais rapporter me parok mettre hors de doute ; elle a été faite par M. le Chevalier d'Antoni , pour montrer les difterences entre les quantités de poudre qui s'enflamment dans le plein & dans le vuide. Quoique cette expérience n'ait pas été faite dans la vue que je viens de propofer , on verra cependant que l'appli- cation en efl: direfte & qu'elle fert à établir folidement la théorie en queflion s fans entrer dans une defcription étendue de la machine dont M. d'Antoni s'efl: fervi , il fuffit de dire que l'eflentiel confille en ce que le tuyau qui contient la poudre n'efl: point vuide d'air , tandis que par le moyen d'une veflle ou parchemin , en interceptant la communication qu'il a avec un grand récipient que l'on place fur une pompe pneumatique , on peuc pomper l'air contenu dans le récipient où l'y laifler ; on met enfulte la poudre en feu , & le fluide ne peut fe faire jour qu'à travers la veiîîe. Or , il arrive que lorfque le récipient efl: vuide d'air , il s'enflamme beaucoup moins de poudre que lorfqu'il efl: plein : en réfléchiflant fur les circonfliances • ' ■ - - (j) Boyle , Experim, cira reUt, fiam, & aër, tit, 3. page 1É4 Se léj , Haukiiée, Slariotte & plufieurs autres, ( A ) Boyle , Loco cit. deTurin. m de cette expérience , nous pouvons aifément reconnoître la vérité que ' ' — nous venons de propofer; car le tuyau qui contient la poudre étant égale- Tome II, ment plein d'air , lorfque le récipient auquel il tient , eft plein ou vuide ; Année il eft clair que dans le cas où il efl: vuide, la propagation du feu celTe , ,7éo-i7Éi parce qu'au moment que le parcliemin efl rompu, par l'explofion des ' premiers grains, l'air naturel contenu dans le tuyau . cefle auflî de compri- mer la flamme, laquelle, en fe raréHant, n'a plus aflez de chaleur pout mettre en feu les grains qui reflent. 3. Il n'eft pas moins ailé de voir , en rapprochant les circonftances de ces expériences , que l'air ne fait point d'autre fonélion que de comprimer la poudre ; & qu'en s'oppofant à la libre expanfion de la flamme &c du fluide , il procure une inteniité fuffifaite au feu des premiers grains pour enflammer les autres ; & à mefure que la prellion efl: plus grande , la propagation du feu efl aulll plus prompte. Cette plus grande Intenfité dépend donc de la denjicé qu2 la flamme acquiert par la preffion: 4. Delà il efl facile de rendre raifon pourquoi en enflammant la poudrei dans un récipient par le moyen d'un verre ardent ou d'un fer rouge , au commencement on ne met en feu que les grains qui font immédiatement atteints par le feu, & pourquoi enfuite , à mefure qu'il fe développe du fluide élafliqus , la propagation du feu fe fait aux grains voifins, & cela plus ou moms piomptement , félon que la quantité d'air développé efl plus ou moins grande, eu égard à l'efpace qu'il doit occuper : il efl vrai que ces degrés d'accélération ne font point- adez fenf^bles dans le vuide , parce qu'étant obligé d'employer de petites quantités de poudre pour prévenir les accldens fâcheux , qui ne manqueroient pas d'arriver à l'occafion de l'inflammation, il ne fe développe que de très-petites quantités de fluide: pour s'en alTurer donc & en faire une comparaifon folide avec l'air naturel i il efl nécefîaire qu'il s'en produife autant qu'il en faut pour réfifler confi- dérablement à l'expanfion de la flamme de la poudre qui continue à s'en- fîammer, afin que la flamme d'une certaine quantité foit fuflîfante pouc mettre en feu celle qui la fuit , de façon que la propagation fe fera avec la même vitefie qu'à l'air libre , lorfqu'il fe fera développé affez de fluide pour être en équilibre avec l'air extérieur, ce qui efl en effet prouvé par les expériences de Huigcns &: de Mufchembroeck. Celles dont je vais donnei; «détail peuvent fervir de confirmation à ce que je viens d'avancer, EXPÉRIENCE. Je mis une fufée enflammée dans un récipient , j'en pompai l'aîr , 3c le fluide nouvellement engendré , avec beaucoup de vitefTe. A chaque coup de piflon , on voyoit diminuer la flamme. Lorfqu'elle parut éteinte ,' je lis rentrer un peu d'air, qui la révivifia dans l'inflant , Se elle brûla enfuite avec plus de vivacité , à mefure qu'il fe dévcloppolt de nouveau fluide : je lis. une féconde fois le vuide , 6c je continuai pendant quelque temps à Ii2 MÉMOIRES pE LA Société roîale des Sciences „,„-,^,„^,^,„ pomper le peu de fluide qui pouvoit encore fe reproduire, & la fufce' ~y- t7" s'éteignit. 1 o ME 11. ^ Q,^ ,,e trouvera pas mauvais que je fafle obferver d'avance que je Ann ÈE ine fuis aufll fervl de l'expérience fuivante pour déterminer la force & 1760-17^1, l'élafticité du fluide qui fe développe de la poudre à canon, comme on le verra dans la fuits. Un tuvau de verre de la longueur d'environ neuf pieds de Roy , &; recourbé' de deux côtés , fut placé fur une planche de même longueur perpendiculaire à l'horizon ; la partie fupérieure communiquoit avec un autre tu}-au très mince & d'un fort petit diamètre, qui étant parallèle au premier, étoit foigneufement maftiqué à la pompe pneumatique; & lorf- qu'on avoit tout le vuide poiïîble , on interceptoit hermétiquement la com- Tnunication entre les deux tuyaux à l'endroit de la jonftion , afin de fimpli- fier la machine & la rendre moins fujette à fe caflbr : la partie inférieure ,' auffi recourbée & parallèle au grand tuyau , n'en étoit que la continuation ,' & étoit de la longueur de 30 pouces environ ; elle tenoit à un autre tuyau placé horizontalement & d'un diamètre prefque triple , lequel étoit uni , îa longueur environ d'un pied , & portoit enfuite au moins une douzaine de boules foufflées dans le même tuyau, du diamètre d'un demi- pouce environ chacune , & gardant entr'elles un efpace cylindrique d'un pouce à un pouce & demi : par le moyen d'un autre petit tuyau on pouvoit faire le vuide dans cette autre partie de la machine , & lorfque le mercure étoit de niveau , on fcelloit hermétiquement ce tuyau : chacune des boules contenoit une égale quantité de poudre en poids ; je me fervois d'une cuiller de verre faite à peu-près comme celles avec lefquelies on fert les pièces d'artillerie , & j'évitai par ce moyen , l'inconvénient de ne pas mettre chaque dofe dans fa boule : je mettois enfuite des charbons ardens dans une cuiller de fer , que je plaçois fous la première boule, dont la poudre s'enflammoit après quelque temps , en faifant monter le mercure à une certaine hauteur : lorfque tout étoit froid, je mettois la cuiller de fer fous la féconde boule, 2i je continuois de la même manière pour les fuivantes. Or, il arrivoit que pendant que le mercure étoit plus bas que lorfque j'avois fait le vuide dans le long tuyau , la poudre de chaque boule ne prenoit feu , que quand le charbon allumé étoit diflbut ; mais aufll^tôt que cette colonne avoit: atteint à peu-près- la même hauteur, le feu fe communiquoit d'une boule à l'autre , de forte que le mercure étoit pouffé à une hauteur qui n'étoic pas comparable avec les précédentes ; & une fois entre autres , oij il fg irouvoit encore plufieurs boules à prendre feu , la machine fut brifée de ce côté avec un bruit extraordinaire & quelque dommage de la part des aflîftans. 7. II eft inutile de répéter ici les indudions que nous avons déjà tirées ; nous DE Turin. lij nous obferverons feulement que dans un même re'cipîent , où la difFe'rence "^ "Tf confifte en ce qu'il folt plein ou vuide d'air, la flamme de la poudre fe ^°^^- '^'■^ trouve comprimée , dans un cas , par un poids , qui réfide à fon expanfion , -^ i^ n k b & augmente par-là fa denfité , & que dans l'autre elle peut librement fe lyso-i/éi. répandre ; ce qui doit faire une grande différence dans l'aftivité. ha. propixgation du feu ejl donc interceptée dans le vuide , parce que laflamma des grains ^ qui font en feu ^ pouvant fe dilater lihremem j Vintenjîté de chaque particule enflammée n'efî pas fuffifime pour mettre en feu les grains auxquels elle touche : tic ce défaut d'intendté , qui dépend du défaut de prellion , n'eft autre qu'une diminution de l'intendté de la flamme. 7. La prellion donc ou la réfiflance , &c. de quelque nature qu'elle foit , produira toujours les phénomènes dont il efl ici queflion ; favoir fa faci- lité à l'inflammation & à la communication du feu, & à mefure qu'elle fera plus grande , jufqu'à un certain point , ces deux phénomènes feront plus prompts, le développement du fluide plus fimultané & la détonation plus confidérable (a) , delà les différences obfervées dans les effets d'une arme à feu chargée avec la même quantité de poudre de la même qualité (t), ( J ) Nous avons démontré [_§. 4 & j. } qu'une réfîflance quelconque fert à la pro- pagation du feu , & que le fluide élaftique a aufTi cette propriété. C'elï ce qui eft encore confirmé par M. Huigens & par M. Jean Mulchembroeck dans (on appendice à la phyfîque de IVl. lôn frère, pjje Sz. Le mcme avertit de pomper le fluide à cliaque projeAion de poudre que l'on fait dans un récipient vuide d'air; zt^t fans cate précaution il je fait une fucciffion d^in/laimnation de la poudre , que t on fait tomber jur le fer rowej à celle qui ejt dans la fiole , (^ le vaifj'eîu peut en être brijé avec danger pour ceux qui font Inexpérience, (i) On ne trouvera pas mauvais que je faiïè ici une petite digreflion , pour faire mieuv (èntir l'idée que l'on doit (è f)rmer de i'aâion de l'air naturel fur la poudre. On ne fiuroit lui faire franchir de certaines bornes , fins tomber dans des inconfé- çiiences , qui ne peuvent qu'induire dans des erreurs grofficres. La preflion donc que fait l'air naturel, ou autre corps quelconque fur la poudre , (ert à nous procurer une propagation du feu plus ou moins prompte , fuivant qu'elle s'oppofi; plus ou moins à h dilatation des parties enflammées de la vapeur , & qu'elle l'oblige à réagir avec d'autant plus de violence fur la poudre; d'ailleurs elle n'eft point la canTe de la flamme de la poudre, non plus que de l'explofion , comme le remarque IV!. iVlufclienibroeck dans une note qu'il fiit à des expériences des Académiciens de Florence , fur la fumée dans le vuidç, oîi il s'exprime en ces termes : il parait par cette expérience que La Jiamme &* l'explojlon de la paudre ne dépendent point de la compreffion de l'air. L'expérience , fiir laquelle il Ce fonde , ert qu'ayant jette quelques grains de poudre fur un fer rouge dans le vuide, il ne Ce fit qu'une flamme bleue : mais il ajoute que !i on en jette plulîeurs enfemble , ils s'enflamment, font explofion & brifent le vaiflèau, R F. M A R Q. V E, Puif]ne la poudre peut s'enflammer dans le vuide , St iê décompo(êr , îl e(l clair que la prelênce de l'air, ou de quclqu'autre corps comprimant, n'eft point néceflaire pour produire ni la flamme , ni l'explolion. La flamme étant caufée par cette propriété que les phlogiftiques ont en général de le diftîper , locfqu'ils ont acquis le degré de chaleur nécelTaire pour les féparer dc-s matières groftîères , auxqueLes ils Cm: unis, Tom, I. p ,. 114 Mémoires °^ ^^ Société royale des Sciences 'Zr~ ~j^7~ 8. Il eft très-important de concevoir la diflerence qu'il y a entre la preflîon néceflaire' pour s'oppofer à la dilatation de la vapeur enflammée, & la Ak if E E prellion que l'on peut taire éprouver à la poudre mcme , puifqu a proportion i7o'o-i7Si. que la flamme til plus comprimée , & par conféquent plus dénie , la pro- pagation du feu ell d'autant plus aifée, comme nous venons de l'oblerver. Ne pourroit-on pas fôupçonner que ce fût une elpece d'évaporation des parties plus volatiles agitées par un mouvement très-violent l L'explûlion n'eil autre cliofe que le changement que foufire l'air contenu dans la poudre dans le temps de l'inflammation ; & l'on doit confidcrer trois diffcrens états dans cette circonflance, fiivoir celui de l'extrême condenfation où il eft avant l'inflammation, l'état naturel qu'il doit acquérir avant de pafler à celui de dilatation ; & ce dernier, enfin, qu'il acquitrt plus ou moins, fuivant la plus grande quantité de chaleur qu'il afFeâe. lie U prompiuiiJe donc ^ fr d: la véhémence , uvec Uj-juslUs ji juit U Jiicceffion de ces états oppojcs , dépend cette force jurprenante de h pondre* Il n'eî! pas furprenant que les vaifTeaux foient brifés dans l'expérience que propoft le célèbre M. Mufchembroeck, puifque les grains , en tombant fur le fer rouge, trouvent tous un degré de chaleur fuffifant pour les mettre en feu, & les décompofer en méme- tems , (ans qu'ils loit nécelTaire qu'un grain communique le feu à celui qui le fait; & par conféquent cette quantité de fluide étant développée avec une fimultanéité prodi- gieulê, heurte ruiemeiit contre les parois du vaifTeau & les fait céder. Pour que pareil effet pu'iïe avoir lieu , il n'ell pas néceflaire qu'il le produife une quantité de fluide , laquelle étant condenfée , puifle cire en équilibre avec rathmofphcre ; car il faut avoir égard à la dilatation que lôuftre le fluide dans cette circonflance, & à la vitciTe avec laquelle il (ê développe, de Cône qu'une même quantité de fluide développé plus ou moins lîmuitanément fera (auter , ou non, le vaiffeau, dans lequel il k produit. N. B. On me permettra de faire une application de ces réilexions en en rapprochant un phénomène , qui ne manque pas d'arriver lorfqu'on ne fert pas les armes à feu avec toute la précaution nécelTaire : lors donc que dans quelque arme à feu que ce lôit, on n'a pas fûin de faire pafler les bouchons contre la charge , ou que la balle vient à être engagée plus haut qu'elle ne devrolt être , & pour dire la choie plus fimplement , enfin , Ç\ l'on vient à laillèr un intervalle un peu conlidérable entre les parties de la charge , l'arme crève dans cet endroit , & c'ell parce que une grande quantité de fluide étant développée, & venant à heurter contre cette ré(iflance , dont les parties ne peuvent céder avec une égale viteiTe , le fluide réagit fur toute la partie de l'arme dans laquelle il Ce trouve renfermé, & la flamme de même, de (ôrte que toute la poudre qui refle eft enflammée à la fois, ce qui n'arrive pas Ci le fluide peut fe dilater à proportion qu'il Ce développe; parce que alors la preflion lur la flamme reliant à peu-près la même , la fucceflîion de l'inflammation eft plus uniforme. On ne trouvera pas mauvais que j'ajoute que la réfiftance n'étant pas infurmontable, c'eft-à dire, que !a partie de la charge, qui ell engagée , pouvant céder à la prelfion du fluide , U arrivera que fuivant le plus ou moins de viielîe du développement l'arme crèvera , ou non ; de lôrle qu'en employant deux quantités diftèrentes de poudre , dont la proportion des compofiins foit la même , & que la feule différence conlifte en ce que l'une foit plus aifce à le décompolêr que l'autre , ce qui dépend du grainage, de l'arrangement qu'on t.îche de lui procurer & d'un certain rapport qu'elle a avec l'arme , comme nous venons de le dire , celle-ci , quoiqu'en moindre quantité , fera crever l'arme plus aifément que l'autre, qui eft en plus grande quantité , & cela , parce que la fimultanéité du développement fera telle , qu'elle ne dannera pas le temps à l'obftacle fuppofé de le déranger , au lieu que l'autre lui communiquera plus fûcceffive- nient les degrés de vitefle néceflaire pour entrer en mouvement. On voit aflez que je ne donne point ceci comme une vérité abfblue & non fliceptible de différentes modifications ; je me borne feulement à dire qu'il y a des cas où cela doit arriver ainC, / t) E T U R I N. J 1 J Au contraire , à mefurc que la poudre eft plus comprimée , la flamme pénètre plus dilficilement , comme il arrive à tous les combuftibles qui^ Tome 11. toutes chofes d'ailleurs égales, brûlent plus lentement, à mefure que leurs Année pnrtiïs font plus étroitement liées enfemble. Ainfi la denfitc de l'air qui 1750-176». comprime la llamme fans comprimer les grains, facilite toujours la propa- gation du feu , à mefure qu'elle eft plus grande; & cela arrive par la pref- fion du fluide engendré , quand il ell retenu par des parois qui ne peuvent céder, comme dans le fufil pyropneumatique de M. le Chevalier d'Antoni; au contraire, quand on prelîe fortement la poudre dans un tuyau ouvert, la prellion fur la flamme n'eft pas plus grande , & par furcroit elle trouve plus de difficulté à pénétrer ce corps compacte : delà le plus de lenteuf dans la propagation de la flamm.e. 9. C'efl: ce que l'on voit fenfibiement dans les armes à feu oii le bouchon qui fert pour arranger la poudre & lui f^ùre occuper un moindre efpace que celui qu'elle occupoit , fans fon fecours , s'oppofe en même-temps à la dilatation du fluide, lequel comprime par là la flamme de la poudre qui a pris feu : or , (uivant que la preflîon retombe plus fur l'une des deux circonf- tances énoncées , les effets qui en réfultent font différens ; car le bouchon étant pouffé avec force le long de l'arme jufques fur la poudre fans la refTerrer trop , fert à empêcher la dilatation du fluide , lequel gêne la dilata- tion de la flamme des premiers grains mis en feu , de forte que la flamme peut réagir avec d'autant plus d'intenCté fur les grains qui reflent , &: , par conlcquent , la propagation du feu devient plus prompte &; plus facile : le contraire arrive , lorfque le bouchon , fans être exad, eft trop refoulé fur la poudre , puifqu'elle devient alors plus lente. La quantité abfolue de poudre qui peut s'enflammer , dans une arme donnée, doit donc dépendre du rapport relatif de ces deux circonflances combinées enfem- ble. Pour éclaircir encore davantage ce que nous venons de dire , il ne fera pas hors de propos d'en faire une application pratique ; elle fe préfente d'elle - même dans les piftolets qui ont une chambre pour la poudre, & une pour la balle; on efl: obligé d'en déviffer le canon pour les charger, parce que le diamètre du trou , par lequel doit fortir la balle,, efl: un peu plus petit que celui de la balle même. Cette diflérence de diam.ètre oblige la balle à changer de configuration , ce qui , fuppof^mt un plus grand effort, donne le tems à un plus grand développement de fluide , lequel, par fa denlité , s'oppofe à la dilatation de la flamme des grains qui font déjà en feu , & fait qu'elle agit avec plus d'intenfité fur les autres , de forte que les premiers développemens font beaucoup moins prompts que ceux qui fuivent. Les carabines rayées nous fourniffent encore un autre exemple , mais un plus grand détail feroit en pure perte, vu que nous ne ferions que répéter ce que nous avons déjà dit. 10. Pour qu'il s'enfuive donc le plus grand effort poflible d'une charge donnée dans une arme à feu , il faut que le fluide fe développe le plus limultanément qu'il efl pofTible , ce qui dépend de la combinaifon de la vitefTe dans la propagation du feu 8c de fon intenlîté : celles ci dépendent Pij iï6 Mémoires de la Société koyale des Scie n' ces !!■""""" ™'f!!-!^ d'un certain rapport encre la quantité de matière de chaque grain, & les Tome II. interftices qui (ont entre eux & celui de l'arme avec la charge (a). A fi N k E II- O" obtiendra le plus grand des efforts poffibles, fi on ajoute à ces \i6h-\t6\, conditions, que le mélange des compofans, foit tel que le phlogiftique & l'acide nitreux (oient combinés entre eux dans une proportion convenable. 12. Pour ce qui regarde la détonation , il eft vidble que puifqu'elle fe fait par la collifîon & l'impulfion des parties de l'air nouvellement engendré , contre celles de l'air extérieur , qui ne peuvent céder avec une égale vitelTe , [ Mém. i'^'. §. i$.\ elle diminuera d'autant plus, que le milieu fera plus rare , de même que le fon, dont le plus ou moins d'intendté dépend de la plus ou moins grande denfité du milieu dans lequel on l'excite ; donc la détonation ceffera lorfque cette caufe n'aura plus lieu. CHAPITRE II. De la chaleur néceffaire pour enflammer la poudre dans le plein & dans le vuide. iT j ■ a j\ féconde queftion que je me fuis propofée, fiivoir quel eft le degré de chaleur nécejjaire pour enflammer la poudre , renferme plulîeurs cas difFérens qui me femblent mériter d'être 'traités féparcment ; & quoique un tel examen paroifle entièrement ifolé & de peu de conféquence , je le crois digne de quelque attention : en effet, outre la nouveauté des phénomènes qu'il prélente , il peut être d'un grand fecours pour découvrir les loix (impies , luivant lefquelles fe fait le grand jeu de cette force fi étonnante. Afin de fimplifier la queftion autant qu'il eft poflîble , j'ai jugé à propos de commencer par fixer le degré de chaleur nécelTaire pour difpofer chacun des compofans à être''décompofé ; j'ai fait enfuite les différentes combinaifons , & j'ai déduit des réfultats que j'ai eu , les vérités principales qui en découlent direffement. 14. J'ai été obligé de faire ufage de deux méthodes différentes dans le cours des expériences que j'ai cru nécelîaires à ce fujet, & j'en détaillerai les raifons avant d'expofer les réfultats. Elles me paroiffent les plus com- modes & les plus fimples , peut-être, qu'on puiffe imaginer ; l'une eft ( J ) Comme la force de la poudre dépend de la viteiTe avec laquelle le fluide fe dé- veloppe , & par conféquent de l'aftion plus ou moins vive de la flamme fur la fuhC- tance des grains , il paroit que , toutes choies d'ailleurs égales, on doit préférer la poudre ronde a la poudre irrégulière, parce qu'elle offre à la flamme un pafl^age toujours égal & uniforme , au lieu qu'il peut arriver que les fiirfaces planes'de la poudre irrégulicre venant s'arranger l'une contre l'autre , empêchent la libre communication du feu. Quant à la groffeur des grains , il elî conflant qu'il en eft une qui eft favorable à la fimulta- néité de l'inflammation , & c'eft à une expérience éclairée à la déterminer. Quand on aura déterminé la quantité abfôlue de fluide qui le développe d'une quantité de poudre donnée , ce ftra un problème purement géométriijue d'afligier les proportions des armes à feu. b E T U R I K. 117 fcependant préférable à l'autre dans des cas particuliers , que j'aurai foin r*" ^^™T^ d'indiquer. Tome II. ij. Dans la premicre , il ne s'agilToit que de mettre les fubftances dans A,\- .wèe des morceaux de flacon, que j'expofois enfuite à un bain d'huile, dans 1760-1761; lequel étoit un tliermomctre , dont la jambe formoit un ar^le, pour plus grande commodité , & dont la marche étoit fort fenlible ; c'eft par ce moyen que j'ai trouvé que le foufre , foit lorlqu'il eft foui , foit lorfqu'il eft mêlé avec le falpctre & le charbon , prend toujours feu à peu- près au cinq cents quatre vingt- treizième degré de Farenheit, & qu'un moment après la poudre détone (a); mais il n'en a pas été de même de chacune des fiibftances féparément , car le falpttre ne pouvoir pas fe fondre , non plus que le charbon s'enflammer , ni enfin un mélange des deux ne pouvoit fe décompofer par la chaleur qui lui étoit ainii communiquée par l'huile bouillante. 1(5. Il faut remarquer, que fi on met la poudre , quelque tems avant que l'huile ait acquis le degré de chaleur qui lui efl: néceQaire , pour tranfmettre à la poudre celui qu'il faut pour prendre feu , ou que les degrés de fèu foient communiqués trop lentement, la poudre ne peut plus s'enflam- mer par ce moyen ( è ) , il arrive la même chofe à celle que l'on met darrs des récipiens à long col ; il faut pour lors , employer un plus grand degré de chaleur pour la faire détoner : nous tâcherons de démêler la raifon de ces phénomènes quand il en fera tems , & nous expoferons en attendant, la féconde méthode dont j'ai fait ufage. 17. Je mettois les fubftances fur une platine de fer-blanc, qui avoitun enfoncement fphérique de trois lignes environ de diamètre en largeur , 2l d'une demi-ligne en profondeur ; elle étoit fixée dans une rainure , pour plus de sûreté; &i une petite lampe , dont le lumignon étoit conftammenc de quatre-vingt-huit fils de coton fin , étoit placée avec foin fous la cavité de la platine, en mcme-tems qu'on làchoit un pendule, dont le nombre des vibrations étoit de foixante-feize par minute; elles étoient comptées tout haut par une perlonne , pendant qu'une autre marquoit le nombre que la première prononçoit , au moment que je donnois le (ignal convenu. 18. Cette manière de faire les expériences, quoique fort fimple, & jifTez exacte, n'eft pas, à beaucoup près, aufli décifive que la première, laquelle eft plus uniforme , & la chaleur peut fe tranfmettre avec plus d'égalité ; mais celle là eft: en détaut, d'autre part, en ce qu'elle ne donne pas alfez de chaleur pour répondre à l'enchaînement des expériences néceffaires : nous n'oublierons cependant pas l'avantage eflentiel qu'elle a fur l'autre , qui eft qu'elle donne des rcfultats abfolus , pendant que la féconde n'en donne que de relatifs. ( j ) M. Ainmontons a trouvé que la poudre s'enflamme au mcme degré de chaleur qui lait fondre la grenaille de plomb. Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris, an. ïyoj , pj^i 147. (A ) La poudre ^rainée psrd plus facilement encore fon inflamn^abilitç pat ce moyen j fluc la poudre pikc. , "^ Mémoires de la Société royalf. des Sciences To-HF rr ^^' I^ dois avertir, de plus, que cette féconde méthode exitre beau- ^ -i^. coup d attentions. Je ne les paierai pas fous filence . afin d'épargner de ^.v^£s h peine a ceux qui voudroienc répéter mes expériences. 1760-176:. 1°. Il faut tâcher de procurer , autant qu'il eft pollible, de l'égalité dans a Hamme; ceftce qu'on peut obtenir , à peu près, en laiffant toujours la Jampe allumée, fans toucher au lumignon, qu'on aura foin de ne pas éparpiller. Le lin incombuaible fcroit préférable ; mais le coton fin eft aufli dun tres-bon ufage , en l'employant dans une lampe à efprit-de vin; car il ne peut y avoir d'équivoque , moyennant qu'on air foin d'ajouter de 1 alkohol a chaque expérience. 2". On aura foin de mettre, de tems en tems, de nouvelle huile dans la lampe. 5 . La platine , dont on fe fervira , fera grande . parce que , fans cette précaution , le feu de !a lampe fe communiquera au foufre. 4 . On la laiiïera , de plus, entièrement refroidir, après qu'on l'aura bien nettoyée en tous fens. J^ Il ne faut ôter la lampe de deffous la platine que lorfque le foufre lera tout brûlé; & s'il tntre du falpétre dans le -mélange, il ne fera pas mal d'y mettre un charbon allumé, pour décompofer ce qui peut en être refté. '^ '^ 6°. Les fubftances doivent enfin être mefurées exaclement ; & pour obtenir quelque précifion dans leur arrangement fur la platine , on n'a qu'à pafler une ratififoire fur la cavité de cette platine. Voici les réfukats que j'ai «us en fuivant cette méthode. EXPÉRIENCE. I. Le foufre entra en fufîon à cinq vibrations, fut entièrement fondu a dix , & s'enflamma à quinze. II. Le falpétre commença à fe fondre à vingt-cinq vibrations, & fut tout en fufion à cinquante. III. Le charbon commença à prendre feu à trente-fix vibrations , & fut tout enflammé à cinquante. , ^^- -Le foufre combiné avec le falpétre, à parties égales, commença a le fondre à douze vibrations, s'enflamma régulièrement entre quinze Se vingt; étant entièrement fondu à vingt cinq , la flamme changea de cou- leur , & devint blanchâtre ; ce qui me fit appercevoir que le falpétre étoic décompofé par le foufre. En effet, ayant examiné le réfidu , je trouvai qu une partie du falpétre a\'oit été réellement décompofée; j'obfervai auffi, dans cette occafion , que fi on ôte la flamme de deflbus la platine , aufli-tôt que le loufre a pris feu, le même bruis entièrement fans que le falpétre fe decompole ; la même chofe ne manque pas d'arriver fî on met le feu avec un charbon rouge au foufre qu'on a mêlé avec du falpétre. -itt;rieur écliaufe uniformément tous les grains , lâns qu'il (bit befôin que le feu iè communique fuccelTivement , de forte qu'elle s'embralè toute , & je fuis trcs-perfiiadé que les effets en font plus grands, propoStion gardée. {t) On pouvolt de cette fai;on mettre la poudre fins altérer les capacités , & en cas que le^ llacon eût lôufFert , on pouvoit en fubftituer aiftment un de ceux que j'avois piefurcs. 126 Mémoires de la Société royale des Sciences ^ rextrémité de la courbure trempoic dans une fiole de mercure , & une Tome II. planche à laquelle on ajuftoit une graduation mouvante foutenoit le baro- An NÉES mètre, & mettoit rObfervateur à l'abri de tout danger; la quantité de n6o-n6ï ^"'"^2 étoit toujours la même , favoir de 26 j pouces ou environ , & pour plus grande précaution , je ne cherchai point à le poufler aulli loin que i'aurois pu , car il reftoit à peu- près 8 lignes d'air dans le cas 011 j'avois fait montée le mercure à la hauteur fufdite, & qui efl celui oii il y avoit plus de vuide : je dois de plus avertir qu'après avoir fait avec la même ftation autant d'expériences qu'il étoit pollible , & dont le terme étoit fixé par la def- cente du mercure jufqu'au niveau. Je changeai la fbation & je les répétai de la même manière fur celle-ci ; il eft vrai qu'à mefure qu'il reftoit plus d'air, la fuite diminuoit de termes; j'avois mefuré & choifi enfin plufieurs flacons précifément de la même capacité, pour (ubftituer en cas de befoin : je commençai donc de brûler des quantités de poudre qui étoient entre elles dans le rapport des nombres naturels i , 2 , 3,4, 5", &:c. & le mercure étoit à la hauteur de 26 \ pouces ; je répétai (îx fois cette expérience avec la même flation , en confervant le même rapport entre les quantités, & je trouvai que les dépredîons moyennes dans l'inflammation , fuivoient auffi la même proportion , de même que le fluide refroidi , favoir à peu-près celle des nombres ci deflus. Ayant enfuite fait la flation du mercure à 26 pouces & demi , & enfuite à 2(î, j'en eus les mêmes réiultats; je me fuis fervi enfuite du rapport d'i , 2 , 4 , 8 , &c. pour les quantités de poudre que j'eraployois , & les déprellîons y répondirent. 42. Enfin, il ell: très- confiant que la force ou l'élafticité de plufieurs quantités d'une même qualité de poudre, & les qualités de fluide permanent, font proportionnelles aux quantités de poudre em.ployées , favoir fi elle eft double, triple , quadruple , &c. il le développe deux, trois, quatre fois autant de fluide , & les effets font doubles , triples , quadruples , &c, pourvu que la preflion foit la même. 43. Ce que nous avons va ci-devant, fert à nous faire connoître les quantités réelles du fluide après le développement fait , & après fa parfaite condenlation , relativement aux quantités de poudre employée , & l'élaf- ticité de ce même fluide , à l'occafion du développement : or , en faifant une foufliraêlion , l'on aura la fomme de toutes les dilatations, c'efl-à-dire celle de l'air jufqu'au moment de l'inflammation, celle qu'il fouftre encore dans cette occafion ; & celle du fluide qui fe développe , & comme l'air réfidu eft confiant , on peur déterminer à peu-près fa dilatation dans ce tems de l'inflammation par la comparaifon de plufieurs réfultats. En effet , lorfque le fluide efi refroidi , la quantité d'air naturel que l'on a laiflé dans la machine, agit toujours de même, puifque la quantité en eft fup- pofée égale , au lieu que cette aâion e.({ différemment altérée par la préfence du feu , & je l'ai confidérée fous différens points de vue , fuivant que la quantité de poudre que je brûlois dans la même capacité , étoit plus ou moins grande ; mais la dilatation de l'air qui refioit dans la machine étant donne'e, par l'obfervation , on n'a qu'à la déduire, & ce qui refte.v D E T U R I K. j2- N N É E .S 1760-1761, comprend feulement la raréfliftion que foulVc le (luide, & celle qu'efruitii-^ les parties de l'air qui ont un attouchement immédiat avec les parties Tome II enflammées; de forte que l'on pourroit, fans erreur groflîcre , les conlî- /s dérer comme faifant partie du fluide qui fe produit : ou , fi l'on veut l'appréJer, on peut, à mon avis , pofer la dilatation totale de l'air , à celle du fluide comme 2, 5. Car il eit bon d'obic-rver que le fluide eft entiè- rement confondu dans les parties enflammées de la poudre , tandis quà l'air la communication de la chaleur ne fe fait que par couches ; quoique cette eflimation paroifle tout à fait arbitraire , je iuis ôflez porte à croire qu'elle ne s'écarte pas trop de la vérité; mais nous n oublierons pas de dire que dans les armes à feu elle fera moindre encore, & que l'on peut mc-me ^la négliger entièrement, vu la petite quantité qu'il s'en trouve, eu égard à la quaniité du fluide qui fe produit; & il eft même très plaufible que la plu; grande partie en cfl: chaflëe par la lumière , du moment que le feu fe communique; mais après tout, la détermination n'étant pas trop grande , les efeurs ne fauroieiit être de conféquence. 4-1-. Ces expériences nous fourniflent encore quelque autre induftion ; en premier lieu , que les dilatations de la même quantité d'air qui reRe dans la machine, à compter du moment qu'on applique le feu , iufqu'à celui où la poudre s'enflamme , font toujours les mêmes, quoiqu'on varie les quantités de poudre ; la quantité de feu qu'on applique extérieurement n'apporte donc aucun changement à cette circonftance; c'eft ce qui eft aflTez clair , moyennant que la quantité d'air foit confliante , & que l'ar- rangement de la poudre foit à peu-près le même ; car s'il faut un degré de chaleur fixe pour enflammer la poudre , ce même degré ne peut aufll dilater l'air que jufqu'à un point déterminé, fiuf qu'on ne fafle de grandes diftérences, qui dépendent pour lors de ce que nous avons déjà dit [§. 2;]. D'ailleurs, le feu étant vif, les différences s'évanouiflent , & le plus c)u le moins n'en fait que dans les vitefl"es des effets ; en fécond lieu , le fluide , à l'occafion de l'inflammation , occupe une efpace à peu- près double de celui qu'il occupe étant condenfé. Nous avons vu [ Mé- moire II. §. 12. ] que la denfité du fluide dans la poudre cft environ de 212b'. Donc, en doublant ce nombre, nous aurons 423-6 pour la dila- tation dans l'inflammation , dilatation qui eft conforme , autant qu'on peut en juger, à celle que MM. Amontons & Belidor ont aflignée. 45-. Par la méthode que je viens de propofer, il eft aifé de conftruire une échelle de la force du fluide de la poudre . lorfque la prefllon eft conftante J'en expoferai maintenant une autre où cette preflîon va en augmentant, & qui n'exigeant pas à chaque réfultat un nouvel appareil., me paroît plus commode ; j'ai donné la defcription de la machine dans le Ch.ipitre I. f §. 5. ]; & pour l'employer avec plus de fuccès à l'ufage dont il eft queftion , j'y ai ajouté une règle graduée qui peut fe mouvoir dans une couliffe . & qui, depuis la furfacc fupérieure du vif argent, côtoyant le long tuyau, fert à en indiquer la marche; il ne reftoit plus que 8 a 5> lignes d'air dans les deux parties de la machine, chaque boule 128 Mémoires de la SociÉxii koyale des Sciences contenoit un grain de la meilleure poudre grainée , & j'avois foin de '■ — - lailTer parfaitement condenfer le fluide avant de palfer à l'inflammation Tome IL. ^^ j^ poudre, qui étoit dans la fuivante : par le nombre des vibrations A.wNÈEs d'un pendule , je voyois à peu-près de combien la preffion augmente'e \^(>ns pour obtenir le même effet , par un procédé exempt de toute équi- voque ; ce détail fera fuivi de celui des fubftances que j'y ai foumifes , & de ce qui en eft réfulté. 6^. Je mettois les fubftances qui dévoient être enflammées dans de* flacons , par le moyen d'un bout de tuyau de communication , qui étoit iiermériquement attaché à côté de leurs cols , Se dont l'extrémité étoit jointe , de la même manière , à un long tuyau recourbé en forme de baro- mètre , qui contenoit du mercure , & fervoit à en faire les fonctions ; fuivant l'efpèce de flamme qui devoir s'y exciter, & le moyen que je deyois employer a cet effet , je laifTois tout l'air dans la capacité , ou j'en faifois fortir une partie , en me fervant du feu , comme j'ai déjà dit ; l'ouverture latérale , par laquelle j'avois introduit les fubftances étant bouchée avec de la cire d'Efpagne , j'excitois la flamme , ou avec le miroir ardent , comme pour le foufre , ou avec une flamme ; je confervois enfuite cet appareil , & j'examinois plufieurs fois le jour ; je l'avois mis au même endroit un baromètre . un thernjomètrs & un flacQn fermé, portant à fon extrémité J54 Mémoires de r,A Société royale des Sciences un tuyr,u recourbé avec du vif argent, ce qui faifoit une même machine 1 O ME 11, Si dans le fond un barofcope. Annéjes 66, Comme je ne pouvois pas entreprendre un travail de longue lyCo-iTCi, haleine, je me fuis contenté de choifir le foufre , la poudre , & de la mèche , pour_ voir ce qui leur arrivoit ; j'enflammai le foufre avec une Jentille, & j'ai vu, de même qu'Olaus Borrichius , une fumée, qui pafToit à travers des pores du verre , à l'endroit où tombent les rayons raflemblés par le foyer ; mais le mercure ne fit plus aucun mouvement , depuis que 1 air du flacon fut reffoidi ; dans celui où j'avois mis deux grains de }30udre , j'avois environ quatre pouces de moins d'air ; je la mis en feu à l'aide de la flamme d'un flambeau, & après une demi-heure, environ, ayant marqué le point d'élévation , le vif argent fut immobile , jufqu'à ce qu'il arriva des variations dans l'athmofphère , la même chofe efi arrivée aux mèches. 6-j. Je n'irai pas plus loin pour le préfent, fliute de tems; quant à ce qui regarde les chandelles, M. le Dodeur Cigna, notïe ami & favant confrère, rapportera les expériences que nous avons faites; fi mes devoirs me le permettent , je me propofe de faire des nouvelles recherches fur ce fujet , de répéter les expériences qui femblent d'une exaditude plus rigoureufe, & particulièrement celles du Chap. VI. de la fl:atique des ^végétaux, digne ouvrage du célèbre feu M. Halles. 68. La délicatefle du fujet ne me permet pas de difTîmuIer , en finif- fant, que l'on ne fauroit être aflez fur fes gardes pour obvier aux moindres petits inconvéniens, car ils deviennent très-effentiels ; en effet, avec quelle facilité, par exemple, l'air ne fe rarcfle-t-il pas? Son élaflicité augmentée, fait qu'on ne peut pas s'appercevoir que la quantité abfolue dans la même capacité efl: diminuée. CHAPITRE V. Examen de la poudre fans foufre. ^S).V_jE Chapitre efi: particulièrement deftiné à quelques réflexions que l'on peut faire dans la pratique de la poudre fans foufre ; j'avois déjà établi dans mon fécond Mémoire quelques-uns des principes fur lefquels elles font appuyées ; je crois qu'en y joignant ce qu'on lit dans les Chapitres IF. & Iir, de celui-ci , nous pourrons être en état d'appré- cier d'avance les effets qu'on en doit attendre , fans fe jetter aveuglément dans des moyens toujours coûteux & trop incertains, quand ils ne font pas appuyés fur la théorie. Je dois ici avertir que l'Auteur de l'article , Feux artificiels , dans l'Encyclopédie , efl le premier qui ait propofé d'ap- pliquer cette poudre à l'ufage de l'artillerie ; je l'ignorois quand j'écrivis CE T Ù R I K. ' 135' mon fécond Mémoire, & je n'ai pu en f;ùre mention que dans une note; ^ je fuis , au rcde bien éloigné de lui accorder tous Its avantages que cet Tome II. Auteur fembia en attendre. A m f: é £ i 70. fl fuir , à la vérité , de ce que nous avons dit jufqu'à préfent , qu'on inso-iTOt, çeut, avec une moindre quantité de cette poudre, que delà commune, chalTer un projeélile jufqu'à une dillance donnée , ce qui peut faire une diftérence ail'cz confidérable dans la confommation de h poudre, & plus encore dans la dcpenfe , puifqus , toutes choies d'ailleurs égr.les , cette efpcce de poudre efi: moins difpendieuie. Si cependant on réfléchit fur !a caufe de la plus grande force de cette poudre . on verra qu'il réiuhe de cef avantage même , des inconvéniens aflez conlidérables. 71. La force de la poudre, en général , ne peut dépendre que de la quantité du fluide qui s'en dével;)ppe , 6c de la plus grande vitefle &: limultanéité avec laquelle fe fait ce développement [Chap. 2. §. 39. 40]. On voit alkz que la fupériorité de cette pi.udre fur l'autre ne peut, dans le cas dont li s'agit , être l'etret d'une plus grande quantité de fluide , puifque le laipt'ire fe trouve dans cette charge en momûre quantité que dans fnûtre ; elle dépend donc abfolument de la plus grande viteflTe avec laquelle fe fait la propa»^,ation du fc-u & le développement du fluide, [ Chap. IF. §. ^(8. ] enforte que dans le cas d'un effet confliant , les quantités des différentes poudres doivent, en .quelque forte , être en raifon inverte de cette même vitefle. 72. Cela pofé , le dérangement dans la direéfion ou dans le pointe- ment d'une pièce d'artillerie, ne pouvant être occafionné que par l'aftion du fluide élafliique , qui fait, par Ion développement» reculer le canon dans une ligne différente de la direétion qu'on lui avoir donnée , foit à caufe de l'irrégularité de la pièce , plus riche de métal d'un côté que de l'autre , foit par fimperfeétion des roues , de la platte forme , ou de quel- que autre cr.ufe feniblable ; il eft aifé d3 voir que ces dérangemens feront plus confidérables dans le cas d'un développement plus prompt. 73. En eG'et , en fuppofant que l'aftion de deux charges oîi la vitcfTe qu'elles impriment au boulet foit la même, il efl évident que fi le canon ne fouffroit dans fon recul la réfîflance du frottement , il eft évident , dis-je , que les dérangemens dans la direction , feroisnt abfolument les mêmes ; mais il n'en va pas alnfî , fi nous voulons f lire attention à ces réfiftances; car l'exprelîion de l'élément de la vltefTe avec laquelle 1^ pièce efl pouffée en arrière, n'efl plus alors proportionnel à la preliion qu'exerce * fur elle le fluide élaftique , mais à cette même preflion diminuée d'une autre quantité qu'on peut fuppofer proportionnelle à la viteffe du recul à chaque inftant : or , fi dans cette hypothèfe , on cherche , au moyen du calcul intégral , l'expreflion générale de cette viteffe , en faifant, comme la nature du problème le requiert , que cette viteffe fût la même quand le fluide élaftique ceffe d'agir fur le canon , quelque foit l'éiafticité du fluide, ou, ce qui revient au même, qu'on fuppofât que cette vittffe dji: ê're la même ; fi on n'a pas égard aux réfiÂances , on la uouvera toujours 7^6 Mémoires de la Société i^oyale des Sciences plus petite quand l'élafticité efi: moindre (a) , d'où il eft aifé de conclure Tome II. que le recul, Se, par conféqueiit ledérangementdu pointement fera toujours ■^^n££s P'us grand pour une poudre plus violente, quoique les portées foienc i7iîo-,76i. égaies. 74. Il elr évident que ce que nous venons de dire , peut également s'appliquer au cas oii le bouchon introduit dans le canon avec violence, fait une plus grande réfiitance au fluide ; un autre inconvénient, fort confi- dérable , dont nous avons fait mention plus haut [ Chap. Y'. ] c'eft le péril de faire crever plus facilement les pièces , en fe fervant de la poudre lans foufre ; je me contente pour cela de renvoyer à l'endroit cité. y.y. Je paffe aux détauts de cette poudre qui ne dépendent pas, comme ceux dont nous venons de parler, de la force avec laquelle elle fe déve- loppe , mais plutôt de la nature des principes dont elle eft compofée. Plulîeurs expériences que j'ai faites lur cette poudre , à différentes reprifes , & par des méthodes diverfes , m'ont convaincu qu'elle s'enflamme beau- coup plus difficilement que la poudre commune ; M. le Marquis de Birague , dont la fagacité & fur- tout l'amour des Sciences font affez connus , a été préfent à plufieurs des eflais que j'ai faits fur cette matière. il efb vrai qu'on pourroit, en quelque forte, remédier à cet inconvénient en fe fervant d'un charbon plus léger; mais il eft facile de s'appercevoir, qu'étant dans ce cas nécefllure d'employer une plus grande quantité de charbon pour procurer l'entière décompofition du falpêtre , cette poudre perdroit alors beaucoup de cette force , qui fait fon unique mérite. On déduit facilement delà, que la force de la poudre eft , toutes chofes égales {a) Une réflexion bien fimple pourra aider à concevoir fans calcul cette vérité,' fF/^'. /. PI. y.] Quelle que foit la loi du développement du fluide élaltiquc , ilellvifible que les viteflesdes boulets chafl'ésparles deuxdiflrrentes cliarges, pourront àcliaque inflant ctre repréfentées par celle de deux corps qui dcfcendroient librement le long des deux courbes quelconques AG, AQ; Si que puilïju'on fuppofë les deux portées égales, ces courbes doivent être terminées par l'borizontale li Q. Il efl encore évident que (i l'on fait abfiraftion du frottement, les viteiïes du cansn dans fôn recul à chaque infiant, iêront proportionnelles i celles des boulets , & par conféquent encore à celles des corps ^ui descendent dans A G Si AQ, Cela pofé , pour trouver quels changemens , le frottement peut caufèr aux vitefles des reculs dans ces deux cas , imaginons que ce lônt ces corps eux-mêmes qui éprouvent cette réfiftance dans leurs mouvemens iëlon A G 8c AQ. Et fuppofons pour un moment qu'ils ayent une vitelTe égale aux points £>, E, '( Suppofiticn qui eft vraie en efl-et pour le point A , où la vitefle des deux corps eft nulle). Il eft clair en tirant U ce , infiniment proche de CE, que les réfiftances qu'éprouvent ces corps étant proportionnelles aux vitefTes , & par conféquent égales en JOE, elles agiront plus fur le corps qui fe meut félon A Q\, puifque £ i- i> Dd. Donc la viteffe du corps qui fê meut dans A Q , fera toujours plus petite dans le cas dit frottement, que celle du corps qui fê meut dans ^C, quand tous les deux feront par- venus à une horizontale quelconque H (^ ; 8i par conféquent quand l'aétion des fluides ceffera entièrement fur le canon , la vitefle du recul fera plus petite , quand la charge fera plus lente à fê décompolêr, même dans le cas où ces reculs lêroient égaux, en faifant abflraâion de ces réfiftances j & c'êfl là 9 peu-près le cas que nous avons lûppolè des 4eux portées égales, d'ailleurs i l7fo-i76r. B E T U r> I N'. I J 7 d'ailleurs , toujours proportionnelle à la plus prompte décompofition du ""'^^f^^^T? ialpêtre,&, par conféquent , à la plus grande difikulté qu'elle a de prendre ToM£lJ. feu (a). ^. ^ Années 76. On fait combien le grainage eft ne'cellaire à la poudre, en général, pour lufage de faâion , & celle-ci le foutient difficilement ; car quoique on ait différentes méthodes de la rendre propre au grainage , elles font toutes impraticables en grand (fc). (j) Comme le charbon n'ert compofc- que par l'union d'une fiibfiance inflammable à des parties terrellres, il s'enfuit naturellement que la différence dans la qualité du charbon confifle dans le rapport où ces lubflances fe trouvent combinées entre, elles : cela pofé , il en doit réfulter des différences dans l'inflammabilité & dans i'aâion qu'il peut exercer (îir le (alpétre, d'où il e(l évident qu'il doit s'en trouver une efpcce, telle, où ces deux propriétés ftient les plus grandes poflibles ; & ce (eroit l'efpèce qui lêr- viroit avec le plus de fucccs dans les armes à feu. L'expérience peut l'adlgner avec facilité. D'ailleurs , il n'eff pas moins aifc de déterminer par ce moyen celle qu'on doit préférer dans les différens ufages qu'on (ê propofè. La quantité de charbon nécefTiire pour procurer la totale dccompofition d'une quantité de falpctre, doit donc être déter- minée relativement à (à qualité. ( i ) Cafimlr Simienowicz , dans (on grand Art de l'Artillerie , rapporte la méthode dont les payfans Cofaques font ulàge pour faire la poudre. Elle conlîfle à mettre les dotes convenables de (alpétre , de foufre & de charbon , dans un pot , avec de l'eau qu'on fait bouillir ju(qu'à ce que les fubftances (oient épaidles par l'évaporation de l'eau, ils patTent enfuite cette p.ite au tamis & la réduilcnt en grains. Cetie manauvre, il faut l'avouer, cfl fort commode , parce qu'on peut taire de la poudre en fort peu de tems,& on peut épargner les moulins, de même qu'un nombre d'opérations qui (ont indifpenn'.bles dans celle qu'on fabrique communément; mais elle efi fujette à de grands inconvéniens ; car , en premier lieu , on ne peut la faire qu'en petite quantité ; en en (ècond lieu , la poudre que l'on fait ainlî, 'ert beaucoup moins forte, & la manufac- ture en eft plus dangereulè , outre qu'elle requiert plus de (oins & de circon(peétion de la part des Ouvriers ; je crois auiïï que la main-d'œuvre en feroit plus couteu(ë. Sans entrer dans la difcufllon de ces inconvéniens , je vais donner un détail des moyens dont je me fuis (èrvi peur en délivrer cette méthode, laifTant a part celui delà nianu''aiiurer grand , puil'que la choJè e(l ablolument impraticable. 1 ■'. Au lieu d'eau , j'ai emplové une fois du vinaigre , & une autre fois , de l'urine , parce que ces liqueurs , & principale- ment le vinaigre , ne font pas une difTolution intime du (alpétre , comme fait l'eau ; elles attaquent plutôt le charbon, de manière que le mélange eftplus exaiS & plus uni- forme, car les fubffances ne peuvent pas fe féparer (î aifénient. Le vinaigre contenant du phlogirtique , loin de délayer celui du charbon , contribue en quelque fai.on à le rendre meilleur ; ia même ciio(è a lieu avec l'urine. M. le Chevalier de Robilant , Blajor d'.\rtillerie , & Infpefteur-Général des iMines de Sa Majerté , dont le mérite , le favoir & l'afTiduité avec laquelle il cultive les Sciences , font également reconnus , m'a communiqué des vues fur cet objet. Ces vues ne pourroient être que fort utiles & fort inflruétives. 11 eft porté à croire qu'on peut (ê fervir avec fucccs du vinaigre' pour humcfler la poudre, lorlqu'on la manuliiéiure dans les moulins. Je le pen(ê au(!i. Je pen(è de même relativement à tous les liquides, qui , comme le vinaigre, contien- nent du phlogiftiquc, & dont la partie aqueuiè peut s'évaporer avec facilité ; quoiqu'f.n puilfe dire quelque praticien par routine, i". Je n'ai pas voulu me (êrvir d'un trop gr.ind degré de chaleur dans l'évaporation , parce que la (èparation des deux compofins, auroit été, par-lî facilitée. A cet effet j'ai mis une fois le pot au bain-marie chauffe jufqu'a éo ou 70 degrés de Réaumur. Une autre (bis , le petit chaudron a été expo(e fiu feu nud , avec un thermomètre qui en touchoit le fond , &c. 3°. j'ai broyé fans i.Om, I, S TOM E II. A lir N F. B S 1760 -1761, 138 MÉMOIRES DE LA SoCrBTÉ ROYALE DES SCIENCES 77. Enfin , cette poudre attire davantage riiumidité de l'air , inconvé- nient très-confide'i-able , fans doute , puifqu'elle ert par-là incapable d'être confervée long - tems dans les magafins. D'ailleurs, elle falit & ronge extrêmement les armes à feu , parce qu il re'fulte de fa décompofition uii alkali fixe , qu'on fait être un ces corrofifs les plus violens , & , qui , lorf- qu'il s'humede à l'air, ronge tivi-prorr.tement le métaux. 78. Il feroit donc néceflauc d'djouter à la poudre fans foufre "une fubrtance, qui, dans le tems de (a décompofition , fe faibît de cet alkali, & formât avec lui une iubftance neutre : c'eft précifément une des fondions du foufre dans la poudre commune. Ilfert auflià la délivrer , par fa vifcofité. de l'mconvénieiit d'attirer fi facilement l'humidité de l'air , ce qui , comme nous l'avons vu plus haut, eft un des défauts les plus eflentiels de la poudre fans foufre. 7p. Réfumons enfin ici les raifons que nous venons de rapporter pour préférer la poudre dont on fe fert aujourd'hui à celle que nous venons d'examiner , & foumettons-Ies d'un coup d'œil au jugement du ledeur éclairé & impartial. ^ , , a 80. En premier lieu , le foufre, par la facilité quil a de s enflammer, rend la poudre plus propre à l'ufage de toutes les armes à feu , & fi fon développement eft moins prompt , c'eft moins un défaut , dans prefque toutes les circonftances , qu'un avantage réel . puifqiie nous avons fait voir qu'un développement trop fimultané ruine très -facilement les armes à feu, & rend les pointemens trop incertains ; le foufre empêche , outre cela, J'adion de l'alkali fixe fur les métaux, dont elles font faites, en formant avec lui , lors de la décompofition , du taure vitriolé {a); enfin le foufre par fa vifcofité , rend le grainage facile à fe faire & à fe foutenir . & empêche la poudre d'attirer trop facilement l'humidité de l'air, ce qui la rend fupérieure à la poudre fans foufre , même pour l'ufage des mines , où les autres inconvéniens de cette dernière pourroient être confidérés comme des avantages réels. difcontmuer les fubftances avec une fpatule de bois. l,orfque la matière a ete bien écaiflie i'ai Ôté le chaudron du feu , en continuant .1 broyer lufqu a ce que la pâte m'ait paru lliffilam.nent deffécliée & propre au grainage. Je l'ai étendue pou. lors lut une olanclie ; enluite je l'ai pafTée au tamis ; la poudre , lans foufre, que ) ai faite de cette façon , étoit pour le moins aunl forte que celle que j'ai faite en la bro) ant l.r ""e Pierre comme dit M. Perrinet d'Orval , ou en la fa.fant piler pendant dix heures dans un mortier , elle avoit même l'avantage de foutenir mieux fon grainage , S; )e ne me luis appercu d'aucune différence alTei conlidérable , quant a cetie propriété , entre r poudre & la poudre commune. Malgré cela , nous en reviendrons toujours a concl que la poudre ne pouvant fe faire ainfi qu'en détad & en petit , cette méthode nQ paroit pas propre à l'ulàge ordinaire , qui exige des opérations en grand. _ ( a ) Loin d'obvier avec cette poudre à l'évafement des lumières , comme )e 1 avoiS foupeonné [ ^//m. Il §. Î7.] on le facilite, ainfi que nous venons de le voir. entre cette ure , DE Turin. ISP "" ~ ~ TomeII, ADDITION A^,,ÈEs j4ux reflexions fur le fluide élajî'ique de la poudre à canon , par M. le Chevalier de Saluces. X L m'efl tombé entre les mains un livre qui a pour titre VAriiUerie raifonnée , après que mon Mémoire a été imprimé , & j'y ai trouvé quel- ques propofitions qui font entièrement oppofés a ce que j'ai avance , & qui, en mcme-tems , ne me femblent appuvées , ni fur une théorie lurai- neufe , ni fur des expériences exades ; je ne rapporterai que les plus frappantes. 1. La première \pag« 86] porte en fubflrance , qu'en parvenant à dilpofer le canal de la lumière , de manière que le feu prenne au centre de la charjre , il en réfulte de petites diftérences dans les portées ; je ne lui contefterai pas le fait , lorfque la charge fera proportionnée à l'arme; mais je dirai feulement en paffant, que comme on réullît à accélérer par-là I inflammation totale de la poudre , on peut auflî augmenter (a charge; c'eft enfuite à l'expérience à juger , fi l'avantage qui rélulte ainfi d'un plus grand effort, n'efi: point balancé par bien d'autres inconvéniens , & entre autres par ceux que nous avons indiqués [ §. 72 & 73 ]. 2. La féconde proportion [paçe 91 ] eft que l'objet des chambres qu'on fait aux pièces de 24 & de i (5 , e/Z de diminuer Ceffort de la poudre fur la lumière , ce qui efl: abïurde : car cet effort fe faifant par la diftribution uniforme du fluide développé, la preflion eft égale dans tous les points. II fe feroit d'ailleurs exprimé plus exaâement dans la féconde raifon qu'il apporte , favoir , de la plus jurande épaijjèur de l'arme dans cet endroit , s'il avoir dit que l'effet en eft modifié. 5. La troifîème , qu'il paroît déduire de l'expcrieHce [page 1O5] ne me femble pas mériter d'être réfutée férieufement ; je ne ferai que la rapporter dans fon entier , &; je prierai le leiftcur de voir ce que j'ai dit à cet égard dans le Chap. T'. Von a trowé ^ dit-il , que les pièces chargées fans bouchon fur la poudre ^ portoient régulièrement plus lainxiue cellei ^uoii tiroit ai'ec des bouchons refoulés , favoir ^ de fx ou huit coups fur la poudre , fuivant Vufage , ù" de fix fur le boulet, &c. Nous obfervons enfin qu il faut qu'il ait employé de très -petites quantités de poudre dans les pièces dont il a fait ufage, &: cela devient alors très-naturel; mais c'eft un des préjugés dont on a pas encore pu fe défaire , & qui eft la fource de beaucoup de maximes équivoques & fouvent faufles. Nous avons un exemple dans la théorie du jet des bombes, que les Auteurs modernes n'ont pas encore voulu abandonner , & que quelqu'un d'entre eux s'efforce même de nous perfuader être aflez exacte , prétendant que les difle'rences qui réfultent dans la pratique, ne font d'aucune confidération. Généralement Si] 1760-17(1. 140 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SCIENCES — — *— " je crois que les eflais en petit , dans ce qui regarde l'artillerie , font non- ToME II. feulement fuperflus, mais même pernicieux, parce que nous ne connoif- Années fons point les loix fuivant lefquelles agiilent toutes les caufes qui concourent , ^ à produire un efret. C'efl: pour cela aufli que tous les problèmes qui y \^ 0-17 • ^^^ rapport , fe réduifent, en pailant à la rigueur , à des cas particuliers. 4. L'expérience nous apprend que, de deux qualités de poudre, il arrive louvent que , dans les petites charges , une a l'avaiitage fur l'autre; & que non-feulement elle ne le conierve plus dans les grandes (.v) ; mais que fa force en eft alors diminuée, & j'obferve que c'eft celle qui eft plus facile à s'enflammer, jufqu a un certain point, qui a l'avantage dans les petites charges , & au contraire , que celle qui a moins d'inflammabilîté , gagne dans le fervice en grand. Ne feroit-ce point, parce que dans les grandes charges, le plus ou moins grand eftbrt dépend entièrement de l'intenflté de la flamme dont la matière eft fufceptible, au lieu que, dans les petites charges, il n'efl: pas néceflaire qu'elle foit li grande, parce qu'elles font bientôt détruites, & qu'elles font dans un moindre rapport avec l'arme , pendant que le diamètre de la lumière femble en avoir un plus grand dans les petites, que dans les grandes armes ? f. Je ne conçois pas non plus ce que l'Auteur du livre en queftion prétend déduire de ce raifonnement ( fiJge 142 reri la fin) : le peu de longueur de Vame du canon fait aujji que le boulet perd moins de [on mouve- ments iff quil éprouve une moindre réjijîance de la part de Vair qui s'oppofe à fa fortie. Cette raifon de la moindre réjijîance de la part de l'air, ne me paroît pas conforme aux principes de la phyfique ; car la colonne d'air pèfe & réfifte également fur un cylindre long ou court , puifqu'elle eft toujours en équilibre avec le refte de l'atmolphère. $ur le froid eau fé par r évaporanon &■ autres phénomènes fcniblablcsj par M. Jean-François Cigna N^ous avons rapporté ci-devant quelques expériences fur le réfroidif- fement produit par l'adion du vent fur des thermomètres mouillés de différentes liqueurs (a). Nous ignorions alors celles que M. Cullen a voit publiées depuis long-tems fur ce fujet ; elles font fort ingénieufes, & l'Au- teur s'efforce avec beaucoup de fagacité de remonter jufqu'à la caufe des phénomènes. J'ai depuis comparé nos expériences avec la théorie folide qu'il a établie {b); & j'ai reconnu qu'elles n'avoient pas été faites avec (,v) Manuel de l'Artificier, page lé. (j) Voy. l'Hilloire, pages 13 6" 14. (4) Dans les Elfais l^hyfiques & Littéraires de la Société d'Edimbourg, Edition de J755, Tonii i> pa^e 14J. Cetfe 4in«rtation a été traduite 5 gour Ja première fois, «fj DE T U R I K. I^I toute l'exaâitude pofTible , & qu'on pouvoir fe frayer une nouvelle route «.„__^ dans ces recherches. J'ai donc cru devoir revenir aux expe'riences avec '^ 77~ plus de précautions & de foin qu'auparavant, Je vais en expofer ici le ^ ^^'^ ^^• réfuitat. Animées I. M. Cullen a obfervé, & c'efl: une remarque qui avoit déjà été faite "760-1761, par M. de Mairan (c), queleau n'efl: pas la ieule liqueur qui fafle bailler le thermomètre lorfque fa boule en eft mouillée ; mais que les autres liqueurs produilent le même effet toutes k: fois qu'elles font au même de.^ré de température que l'air ambiant. Il a obfervé que la liqueur du thermomètre continue de defcendre julqu'à ce que la boule foit sèche que fi on mouille de nouveau la boule , la liqueur defcend encore plus bas (li) ; que l'abbainement efl: d'autant plus conlidérable , toutes chofes égales d'ailleurs , que la liqueur dont la boule eft mouillée, eft plus volatile (e) ; & enlin , qu'il eft plus grand dans le vuide que dans l'air: d'où il conclut avec raifon qu'on doit attribuer la defcente du thermomètre à l'évapora- tion , & que l'évaporation eft non-feulement accélérée & augmentée par le vent (/)j mais qu'elle eft plus conlidérable dans un air plus raréfié, puifque la liqueur du thermomètre y delcend davantage (g). :l. m. Cullen a cependant remarqué que les acides minéraux concentrés, préfentent ici une exception , ôc qu'ils font monter la liqueur du thermo- mètre , loin de la fiire defcendre. Il attribue cet effet à la chaleur qui réfulte de l'union de l'acide concentré avec l'eau contenue dans l'air (/;), puifque l'acide délayé dans le double d'eau, a produit un efïet contraire (i) ; cette opinion de M. Cullen nous paroît confirmée par une de nos expé- riences. Nous avons en effet obfervé que l'huile de rartre par défaillance, qui ne peut ni abforber l'humidité de l'air, ni laiffer échapper que très- difficilement, par l'évaporation , l'eau dont elle eft chargée, n'a aucune aâion fur la liqueur du thermomètre. Nous avons avancé que les huiles par exprellion & les huiles diftilées , faifoient monter cette liqueur ; mais après avoir vu, dans les expériences de M. Cullen, que les huiles même diftilées ( i ) l'avoient au contraire fait defcendre . nous répétâmes l'ex- périence avec plus de précautions; & ayant employé des thermomètres françois par M, Roux , & publiée dans l'ouvrage intitulé Richtrchis Hijloriques O CritiquiS jur te refroidijfement des liqueurs. Cet excellent livre ne nous eft parvenu que fur la fin de 1755 , nos Mémoires avoient été imprimés des le commencement de la. même année. ( <; ) Dans fa dilTertatlon fur la glace, 174?. ^d) Recherches, pi^e 97 & fuiv. (f) Ibid. fJ!,v.f 99, loo, ICI. {j ) M. Mulchenbroeck avoit déjà dit , Effai de Pliyfique^ 5. g6i , que fi on expofe la boule du thermomètre mouillée à un vent d'une égale température , la liqueur delcend dans le tube. Cet ouvrage avoit éié traduit en frani^ois & publié dès i'amiés 173?, (^0 Recherches, p2«esia^, loj. (/i) Ibid. pi^e loi, ( i ) Ibid 1. c. il dit qu'ils ont produit un froid prefque plus grand que l'eau. Il n'a pu fflayer fi , moins délayés, ils eulTent produit le même effet, fiit iOJ. ( * ) Recherches, me 100, 142 Mi^MoiEES DE LA Société royale des Sctencîs plus fenfibles (0> "0"S reconnûmes , en effet, que les huiles eflentiellea Tome II. agiiïbient de la manière que M. Cullen l'avoit avancé; mais que leur f - adion étoit moindre (jue celle de toute autre liqueur , comme cet Auteur l'avoit remarqué lui-même. Nous reconnûmes encore que les huiles graffes 1760-1761. j^>Qpg'j.Q^„j aucun changement fenfible ; enforre que nous fûmes portés à croire que l'élévation que nous avions autrefois obfervée , pouvoir être attribuée à ce que l'huile eflentie'.le étoit vieille, ou peut être à une chaleur communiquée par la proximité de celui qui agitoit le foufflet (m ). L'im- inutabilité du thermomètre par les huiles gralTes , lefquelles ne fouflrenc aucune évaporation (n) , s'accorde très-bien avec la théorie de M. Cullen. 3, Au refte plufieurs faits confirment que l'élévation du thermomètre dont la boule efl: mouillée d'un acide minéral , eft due à l'abforption de l'humidité de l'air, & d'abord les acides concentrés expofés à Tair dans des vaiflTeaux ouverts, augmentent de poids , félon l'obfervarion de M. Goul- dius (0) .• or cette augmentation ne peut venir que de l'eau dont l'air eft char"-é; & comme cette augmentation de poids va toujours en diminuant à mefu% que les acides fe foulent de l'humidité de l'air, & qu'elle ceffe enfin toutà-fait; de même les thermomètres plongés dans les acides concentrés, montrent une chaleur fupérieure à celle des corps ambians; mais cette chaleur diminue enfuite par degrés & fe réduit à la température commune ; c'eft ce qu'il eft très- facile de vérifier. Enfin les acides minéraux reçoivent ime au"-mentation de poids d'autant plus confidérable dans un tems donné, qu'ils p^réfentent plus de furface à l'air (p) ; de même l'huile de vitriol qui n'avoit d'abord fait monter que de quatre degrés un thermomètre plongé dans un tube, le fit monter encore defept degrés , lorfqu'il eut été expofé à l'air ouvert ; d'où l'on voit que les acides minéraux s'échauftent par le contaft de l'air , dans la même proportion qu'ils y augmentent de poids , & par conféquent, que c'eft la même caufe qui produit l'un &: l'autre effet , favoir , l'abforption de l'humidité de l'air (ç ) ; & un PhyAcien^ient de démontrer (r) que le Pyrophore de Homberg , s'enflamme à l'air par le même méchanifme. (/) M. Cullen s'ed fervi d'un thermomètre à air, /Jj?f 99. •tri (m) Un anonyme , dans une lettre à l'Auteur du LonJon Clironikle , atTure avoir o^'ervè' «lue le thermomètre mouillé avec l'efprif-de-vin , le vinaigre , le lait S: l'eau , le refroidit jufqu'à ce que la boule foit sèche , & qu'il s'échaufte au contraire lorlqu'on le mouille avec l'huile d'olive ou de lin ; & il dit que la caufe du premier phénomène e(t fenfible , favoir, l'c-vaporation , mais que celle du fécond efl obfcure. Voyez, /ow«j/ Etr.tn^er , Janvier i 761. Nouvelles d'' Anj^letejre , §. 8. page no. (n) Quoiqu'expofees pendant très-long- tems à l'air , elles ne fouflrent aucun déchet par l'cvaporation. Voyez. EncyclopM, art, évaporation. io) Tranjjaions i'hilofophiqiies , ann. 168 \ n. 1^6. .trc. 3. ( ,; ) M. Cullen s'étoit propofé de faire l'expérience dans le vuide pour décider la queftion làns réplique, voye^ pjge toi. ^ ^, • j' • j ( r) Suvigny , Mémoires de Mathématique & de Phyfique prcfentes a l'Academie dei Sciences, tome j, p-'j;e i8o&luivant. J76o-lj6l, DE Turin. I^j 4. Cetts expérience feule fur la chaleur que contraftent Ie<; acides '*'^"— — — concentre's par l'abforption de l'eau contenue dans l'air, nous fournit la Tome II. raifon d'un phénomène furprenant rapporté par M. Gcoffrov (s); c'eft que Année» fî on mcle de l'efprit de vitriol avec du fel ammoniac , il le fait une efler- vefcence qui fait defcendre lu liqueur du thermomctre plongé dans le mélange ; tandis que la liqueur monte beaucoup , fi le thermomctre eft feulement expofé aux vapeurs qui s'en élèvent. On fait en elïèt que pai ce mélange, on dégage un acide marin , d'autant plus concentré , que l'huile de vitriol ell plus forte ( t); l'élévation du thermomètre doit donc être attribuée dans ce cas à l'acide marin qui fe dillipe (ous la forme de vapeurs, & s'échauffe en ablurbant l'hurr.idité répandue dans l'atmofphère. L'expé- rience m'3 appris en eflet que la chaleur eft moindre à pioportion que l'huile de vitriol eft moins concentrée, enforte que fi on ne le mêle avec le fel ammoniac qu'après l'avoir foulé d'eau , les vapeurs qui s'exhalent du mélange n'excitent plus aucune chaleur fenfible ; car ces vapeurs font alors formées par un acide marin délayé, qui ne peut plus s'échauffer avec l'eau dont l'air eft chargé. y. Quant au rélroidiffement du thermomètre plongé dans ce mélange , il y a bien de l'apparence qu'il eft produit par le fel ammoniac , qui fe diffout alors dans l'eau , qui entre dans la compofition de l'huile de vitriol (u). Car j'ai éprouvé d'abord que plus l'huile de vitriol eft aqueufe, plus, toutes choies égales d'ailleurs, le réfroidiffement eft confidérable; & qu'au con- traire, s'il eft extrêmement concentré, l'effervefcence eft chaude au lieu d'être froide , ainfi que d'autres Phyficiens l'ont remarqué depuis long- tems {x). D'ailleurs, d'autres fels, les alcalis volatils (y), par exemple, le nître (5;), en un, mot tous les fels qui réfroidiffent leau ^ réfroidiffent: ( j) Mémoires de TAcadcmie, 1700 , page 113. (f ) Micquer, Chymie Pratique, tome i, page iij, tome i, page 53^. ( u ) M. Roux penfè en général que le réfroidilTement produit par le mélange d« difFérens (èls avec les acides, déiiend delà Solution de ces ftls dans l'eau dont les acides (ont chargés , pages 41 , 43. ( .V ) » Les .académiciens de Florence ont obfèrvé , dit Boyie , que l'huile de vitriol Ce y refroidit au lieu de s'échauffer , lorfqu'on y mêle du fel ammoniac ; & 'ai obftrvé la » même choie p.ir rapport à l'efprit de lôufre reâiiîc. Cependant en répétant l'expé- « rience des Académiciens de Florence fur l'huile de vitriol , j'ai oblèrvé le contraire » de ce qu'ils dilênt ». Boyle , de cator. (y j'igor, orig. mech. exper. 15 , page 3 14 ; mais M. Rouviere a fait voir depuis que l'huile de vitriol efl refroidie par le fel ammo- niac , lorfqu'il eft affoibli , & l'échaufte extrêmement lorlqu'il eft concentré , voye^^ Recherches, page 43, dans les notes. ( y) L'huile de vitriol, délayée avec douie fois autant d'eau , a fait une effervescence froide avec le fel volatil de fel ammoni;ic [Boyle, 1. c. exp. 5 , page 196 ] & l'huile de vitriol concentrée , a fait une elfervefcence chaude avec le ir.tme fêl, Uem , ibidem « exp. 7. page^ 196 , 197. ( f ) "Trois dragmes d'huile de vitriol mêlées avec une dragme de nitre pulvérifc , ont augmenté la chaleur de 3 âegrés. Trois dragmes de la même huile affoiblie avec le tfiple d'eau , & deux dragmes de nitre , ont diminué la chalsut dç ? degrés, Alufth, in (emeni. Çigm 10?, Jio, J. ii^coUeS. acad. 144 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ K O Y A I. E DES ScirNCES de même l'huile de vitriol délayée , au lieu qu'ils l'échauffent lorfqu'eîle _. jy efl: concentrée; de forte, cependant , qu'étant moins propres que le fel 1 OME 11. gjnrjjQni^c à refroidir l'eau, il faut que 1 huile de vitriol foit très- délayée, A,v N-ÉE3 pour qu'ils puiflent la refroidir {a). Au refle le froid , dans cette expérience .1760-1761, ne paroît tiullement être l'effet de l'eflervefcence ; puifqu'il efl: également produit par des fels qui ne font point effervefcence avec les acides ( è ). Tout ce que fait ici l'effervefcence , c'eft d'exciter un mouvement intefl:in qui accélère la folution du fel ammoniac dans l'eau combinée avec l'efprit acide, & à augmenter un peu, par-là, le degré du froid. Il réfulte en effet des expériences de M. Beccari (c), que les fels neutres ne fe diiïblvent que très -difficilement dans l'eau, s'ils y font en repos. L'elîervefcence augmente donc le froid en favorifant la diffolution du fel , précifément comme le mouvement que l'on excite en fecouant la liqueur avec un bâton (d), 6. Cela pofé, on voit combien efl: peu fondée l'opinion de quelques Phyficiens qui prétendent que felfervefcence chafle dans ces fortes de cas les particules ignées qui font contenues dans le mélange ; & que le mélange eft refroidi par - là , tandis que les vapeurs qui s'en élèvent , emportent avec elles les particules ignées , échauffent au contraire un thermomètre qui y efl: expofé ( e ).. En effet , pour que cette théorie fût bonne , il faudroit que les vapeurs fufTent d'autant plus chaudes, que le mélange feroit plus froid ; mais au contraire , lorfque l'huile de vitriol eft extrêmement con- centrée , le mélange s'échauffe, comme je l'ai dit, bien loin de fe refroidir; & cependant les vapeurs qui s'en élèvent alors font toujours très chaudes; & lorfque l'huile de vitrioj eft extrêmement délayée , ces vapeurs n'ont aucune chaleur fenfible , quoique le mélange foit très-froid ; & en général , l'eau qui eft combinée avec l'efprit acide , & qui fait une effervefcence d'autant plus froide , qu'elle eft plus abondante , ne rend p?.s les vapeurs plus chaudes à proportion, comme il s'enfuivroit de cette théorie, mais plus froides. D'ailleurs , il y a d'autres effervefcences froides , comme celle d'un fel alcali volatil avec un acide quelconque , & avec l'huile de vitriol même , qui n'excitent par des vapeurs chaudes , parce qu'alors il ne fe {a) De la vient que l'huile de vitriol qui ctoit refroidie par le fel ammoniac , dans les expériences de Murchenbroeck [1. c. §. 130] étoit au contraire cchaufFé par le nitre, à moins qu'on ne l'affoiblit encore davantage [voyer la note précédente] & par le fel marin [Geoffroy, 1. c. f.yf 113 ] & en effet, le fel marin a refroidi l'eau de 1 degrés feulement , le nitre de 8 , & le fel ammoniac Ae l z , fuivant les expériences de i\'l. hller [Acad.de Berlin, 1750, ys.rà'f 8;]. ( A ) C'eft ainfi que l'efprit de nitre & le nître mêlés produifènt du froid , ain/i que le vinaigre avec tous les fels qui ont la propriété de refroidir l'eau [Geoffroy, 1. c] au contraire les efprits acides très-délayés font effervefcence , mais ne produiftnt aucun froid avec les efprits alcalins, c'eft-à-dire les fels alcalis déjà dilTous dans l'eau [Boerh, Am. chfin. tome I , p^ge ^o^, exp. 3 ] (c) Comment. Bonon. tome I, p.ij;e 40î- ( à) Boyle. Tranftétion , n. i 5 , art. I , an. i 666, (<) Mufclienbr. /« cemerit, page 214, n, 10. dégage 17^3-17^1. dégage nucun acide concentre; ce qui prouve encore que la chaleur dus "^ vap<;ur=; ne de'pend pas de l'expulfion des particules igne'es , ce qui fc-roit Tome II. commun à tous les mélanges qui engendrent du froid , mais à la concentra- Années non de l'acide qui s'e'chappe. Auliî ai je trouvé pareillement chaudes les . vapeurs qui s'élèvent impétueufement du mélange du Tel marin avecl'hùile de virriol (/) , quoique l'cffervelcence qui les produit foit clniude & non pas froide; car dans ce tas, 1 huile de vitriol dégage du Tel marin le mê'me acide que du fel ammoniac , & cet acide concentré fe dillipe en vapeurs qui s'échauflent pareillement pr.r la même raifon. 7. Mais pour revenir à mon fujet , d'où cette digreflîon m'a un peu écarté, favoir, le réfroidiflement caufé par l'évapcration ; on a demandé fi les lùiueurs contenues dans des vaifleaux ouverts , fe réfroidilTent par l'éva- poration de leur furlace fupérieure. Les expériences de M. Cullen démon- trent clairement que cela arrive en effet ainfî dans le vuide (^'); mais l'expérience fiite dans le plein n'offre rien d'affez confiant ; car M. Baume nflure qu'à moins que la liqueur ne touche immédiatement le thermomètre • fon évaporation n'y produit pas le moindre changement ; & que dans des cucurbites ou des bouteilles de verre contenant de l'éther , foit qu'elles foient ouvertes ou bouchées, le thermomètre plongé un peu profondément dans cette liqueur , k tient au degré de la température aduelle de l'atmol- phère (/i); dans un autre endroit il avance fans reflriclion que l'éther, foit nitreux, foit vitriolique , renfermé dans des vafes de verre, fait defcendre de 4 degrés la liqueur des thermomètres qu'on y plonge , & la tient dans cet état de dépredion {i). Enfin il dit ailleurs que le thermomètre fait avec du mercure , baiffe d'un degré dans l'éther nitreux , & le thermo- mètre à elprir de- vin, d'un demi degré {k). Pour moi^ j'ai obfervé que dans des vailfeaux cylindriques d'un pouce de diamètre, & remplis d'efprit volatil de fel ammoniac fait avec la chaux ; le thermomètre baillbic d'envi- ron 4 degrés , foit que la boule fût placée immédiatement fous la furface de la liqueur , foit qu'elle y fut plongée à la profondeur d'environ- trois pouces. L'un &: l'autre thermomètre baiffoit peu-à-peu jufqu'à ce qu'il marquât quatre degrés au-deflbus de la température aftuelle ; & ils fe main- tenoient dans le même état jufqu'à ce que l'évaporarion diminuât par ki diffipation des particules volatiles de l'efprit alcalin. Dans des v^-iif- feaux dont l'ouverture étoit égale , mais dont le ventre éroit plus renflé, j'ai obfervé que l'évaporation produifoit un moindre réfroidiflement , & cela à proportion de la capacité du ventre. D'où il fuit qu'à la vérité , les couches, tant fupérieures , qu'inférieures d'une liqueur, fe réfroidiflent (/) Geoffroy , 1. c, (?) Recherches, pa!;e log, {A) DifTertation fur l'éther, pjgts 9S, 99. exp, li, 13. (/) Ibid. pj:;e 87, exp. ^. Reche^cE:/;!^",.';.'''!' ^'^^ '■ ^^- ^°'"' ^voudéj* remarqué ces varîauomi Tome I, T" 1^6 Mémoires de la Société royale des Sciences également par l'efFet de 1 evaporation ; mais que le réfroidiflement eft d'au- T o M E II. tant plus confidérable , que la furface qui s'évapore eft plus grande elle- ylivMÉBs même j par rapport à l'autre furface par laquelle la chaleur des corps 1760 -i7«i ambians tend à y pénétrer, ou à la mafle qui doit être refroidie, ou même au produit de ces deux quantités. Si donc lethermomètre fimplement mouillé par une liqueur volatile , eft plus refroidi que quand il eft plongé , ce n'eft pas parce que la liqueur qui s'évapore le touche immédiatement dans le premier cas, mais pjrce que la furface qui s'évapore eft plus grande par rapport à la mafle qui doit être rétroidie; comme nous avons vu que le thermomètre s'échaurfe davantage lorfqu'il eft mouillé avec un acide concentré, quand il eft plongé dans cette même liqueur [ 3 -] delà vient qu'un thermomètre mouillé de quelque liqueur volatile fe refroidit d'autant plus que fa boule eft plus petite ( / ) » parce que la furface qui s'évapore eft d'autant plus grande, relativement à la malle à refroidir, que la boule à moins de volume. 8. Puifque l'évaporation diminue la chaleur , il s'enfuit néceflairement qu'elle doit la diminuer d'autant plus , qu'elle eft plus confidérable ; Se comme l'évaporation augmente à proportion de la chaleur , il s'enfuit que les corps fe réfroidiflent d'autant plus par févaporation , qu'ils font plus échauffes ; & ainfi le temps que les corps volatils mettent à fe refroi- dir, doit être eftimé , non -feulement , par le rapport de la furface à la malfe, fuivanc la règle générale, mais encore par la grandeur de la fur- face qui s'évapore aftuellement. J'ai obfervé , en effet , que de l'eau bouillante couverte d'une couche d'huile , fe refroidit beaucoup plus tard , toutes chofes égales d'ailleurs , que lorfqu'elle eft nue & expofée à l'air libre. Dans ce dernier cas , elles ne reftoit que les } du même tems pour parvenir au même degré , parce que l'évaporation favorifoit fon réfrcidinenient. Ceci peut fournir la raifon d'un phénomène obfervé autrefois par Borri- chius ( m) : cet Auteur dit que fi on place les uns dans les autres des vaiffeaux contenans de l'eau , lorfque l'eau du vaifleau extérieur commen- cera à bouillir , celle qui eft contenue dans les autres eft d'autant plus éloignée du degré de chaleur de l'ébullition , que les vaiffeaux font plus intérieurs ; & il s'eft affuré par le thermomètre , qu'il y avoir entre l'eaii d'un vaifleau & celle de celui qui y étoit immédiatement renfermé , una différence de deux degrés de chaleur ou même de trois , félon l'épaifTeur des vaiffeaux ou la matière dont ils étoient faits. On pourroit par ce moyen conferver conftamment un degré de chaleur quelconque au-deffous de celle de l'eau bouillante. c). M. Cullen a obfervé, comme je l'ai déjà dit, que l'évaporation produit un réfroidiffement plus confidérable dans le vuide [ i ]; il remarque cepen- dant que le réfroidiffement & par conféquent l'évaporation , ceflfs aufli - tôt (/) Cullen , 1. c. page 99. (m) AS« HjfnUnJIa , an. 1^71 , 1^71 , oblërv, 73^ D E T U R I N. 147 que In Ilqueuv qui s'évapoi'e cefle de laifTer échapper des bulles ( n ). ^"""""^^^ M. Homberg avoir déjà obfervé quelque choie a approchant , favoir , Tome II. que les liqueurs volatiles placées par le vuide, éprouvent, tant qu'il en A^tn éss fort des bulles , un déchet beaucoup plus conGdérabîe , que lorfque les j^âo-i/Ct, bulles ont ci;(lc de paroitre, ce qui lui fuiloit foupçonner que l'évaporation qui fe fait dans le vuide , devoit être attribuée à l'éruptioa des bulles d'air (o), & ceux qui font dépendre de l'air l'évaporation ôa liqueurs, fe fon-ient fur cette obfervation (f). Mais une expérience faire fous un récipient fermé tt plein d'air, a démontré que l'évaporation ne C' fTc point parce (juc les bulles d'air manquent , mais parce que l'efpace efl déj.. 1 empli , &, pour ainfi dire , (oulé de vapeurs. Ln effet, l'évaporation de l'eipric volaciL produilït peu-à-peu un froid qui fit baiifer par degrés le thermo- mètre. Mais enfuite la liqueur du thermomètre , parvenue à fon plus grand abbaiflement , recommença à monter , & fe rétablit au degré de tempé- rature de l'atmofphere. Or, il étoit bien confiant que le theimomètre n'avoit point remonté par le défaut de parties volatiles; car, après avoir ôté le récipient, & l'évaporation ayant recommencé, il s'abbaifla de nou- veau. Au refte , le froid produit fous ce récipient fermé & plein d'air , étoit d'autant plus foible , que la capacité du récipient étoit moindre , en forte que les liqueurs mêmes les plus volatiles , comme l'efprit de fel ammoniac préparé avec la chaux, placées fous un récipient étroit , ne fe réfroidilfoient pas fenfiblement par l'évaporation ; ce qui prouve encore mieux que ce froid efl réellement produit par l'évaporation , & ne laifle aucun lieu de douter que l'évaporation ne ceffe en effet dans un efpace fermé, foit vuide , foit rempli d'air , lorfque la capacité du récipient efl pleine & comme foulée de vapeurs. 10. Le froid efl plus Rrand , toutes chofes égales d'ailleurs, dans un air plus raréfié , mais auflî il ceffe beaucoup plutôt , & le thermomètre y revient plus promptement à la température extérieure que dans un air plus denfe , en forte que la durée du froid , produit par l'évaporation , augmente comme la denfîté de l'air ; il augmente même en plus grande proportion , autant que je puis en juger par des expériences peu exactes a la vérité , & fur lefquelles je ne puis pas faire beaucoup de fond , parce que j'avois employé l'efprit volatil de fel ammoniac , dont la volatilité diminue à mefure que fes particules les plus fubtiles s'évaporent , de façon que le froid diminuoit , parce que les vapeurs déjà élevées , mettoienc obftacle à l'évaporation , mais encore parce que les parties volatiles étoient {r.) Recherches, pj^e loç ; il eft dit que l'évaporation de l'efprit de (êl ammoniac avoit été (î forte dans le vuide, que l'eau qui étoit autour du vaiffeau, s'étoit changée en glace. (0) Acjà. dit Sciences 1697, p.ti;e î9f — 198 ; mais je prouverai plus bas , §. 19, note q , que ces bulles ne Ibnt pas formées par l'ait dans la plupart des liqueurs volatiles. ip) La plupart des Phyijciens en(èignoient avant M. CuUen , que les li^}ueurs n'éya- porenc que peu dans un ait raréfié, & rien ou presque rien dans le vuide. .J7ÉO-I76I. 14-8 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SCIENCES épuifées. Il feroit intéreflant de pouvoir s'adurer , en employant une Tome II. liqueur qui s'évaporât uniformément, de la vérité de cette loi, (avoir, fi Années le froid diminue, & s'il eft en même-tems plus durable, félon les dilïerens desrrés de denfité de l'air. On peut cependant conclure, ce fembie, de ce qui a déjà été dit , que plus l'air eft denfe , plus il s'oppofe à l'évaporation, & que cette réfiftance , toutes chofes égales d'ailleurs, croît en plus grande proportion que la denfité. Par la même raifon, le froid, dans un tel air, doit être moindre mais plus durable, parce que les vapeurs s'exhalant plus lentement , mettent aufli plus de tems à fe ramafler en alfez grande quan- tité pour arrêter les progrès de l'évaporation. II. Puis donc, qu'un efpace quelconque, foit vuide, foit rempli d'air, devient d'autant moins propre à recevoir de nouvelles vapeurs qu'il eji eft déjà plus chargé, en forte que l'évaporation cefle enfin tout-à-fait; on comprend , pourquoi dans une atmofphère humide , les corps mouillés qui font expofésà l'air , fe réfroidiflent moins par lévaporation de leur humidité que pendant un tems fec {q); pourquoi un vent qui renou- velle fans ceffe l'air autour des corps qui évaporent , augmente en même- tems l'évaporation (r) & le froid {s); pourquoi les corps humides fe sèchent prefque auHltôt par le mouvement de l'air à tout moment renou- velle dans leur voillnage , que par l'effet de la chaleur {t) ; pourquoi , enfin, une eau foulée d'un fel qu'elle a diflbus, ne forme point de criftaux dans le vuide (m), non plus que l'eau forte mêlée avec la le/Iîve de tartre (jr)?Ce n'eft pas le défaut d'un air néceffaire pour la compofirion .du nître, qui empêche la criftallifation dans ce dernier cas (y), pu.fque le mélange d'eau forte & de fel de tartre, loin d'abforber l'air, en fournie au contraire une grande quantité ( f ) ; mais le défaut d'évaporation ; ce qui eft démontré par une autre expérience; fi au lieu de lellive du tartre, on emploie du fel de tartre fec , il formera du vrai nître avec l'eau forte, même dans la vuide (&). Car le fel de tartre n'étant point diflous dans l'eau , mais fous une forme sèche , l'évaporation n'eft plus nécefiaire pour que le nître , qui s'eft formé , puifle fe féparer de la petite quantité d'eau dont l'eau forte eft chargée ; & l'acide nîtreux ne pouvant plus refter diflbus en auffi grande quantité dans l'eau , après fa combinaifon avec ( ^ ) C'eft ce qu'ont obîërvé MM. de Mairan & Ricliman , voyei Recherches , pj^âssij - .86, §. 9> fS' 90 , $. lï ' (r) Mufchenbr. EîTai, §. 961, (.f) Mairan, ap. Roux, exp. I, pages 370 & 371. {i) Defaguliers, tome II, pjge 93. («) l'ur ce qu'il ne plut point s'échipper de vjpeurs d un récipient vuide, Boylt, expi phifico-mech, continuât. II, art. xi , exper. i, page ^90, ( X ) Idem. Tentamen circi partes nitri, Seft. XXIX, page 778, (_y ) Comme Haies , ftat. des végét. exp. T, , page 161, (r) Bo)le, contin. II, art. xi, exp. y, page 390. f ci* ) Idem. 1. c, & centamen cirça panes niiri, Seft. xxi, Tome II. D E T u R r N. r^p le fel alcali. Si doit par confdquenc fe liiparcr de la liqueur âc Ce dépo(er fous la forme de nitre fur les parois & au fond du vaifleau. 1 2. Puifque l'air oppofe une réfiftance aux vapeurs qui s'exhalent des corps, il eft vifible que les vapeurs & l'air ne doivent pas fe mêler aifc- Ajvxées ment enfembl», & l'on comprend aife'ment pourquoi une goutte d'eau i7^o-'7*U réioute en vapeurs dans une bouteille par l'action du t'eu, chalfe au-deiiors prelquetout l'air que la bouteille contient, & réciproquement , pourquoi l'air introduit dans le vuide, repoufle les vapeurs difperfe'es fur les parois du récipient (a); d'où il faut conclure encore que l'évaporation dépend d'une autre caufe que de l'air , &c qu'il faut peut-être attribuer unique- ment à la chaleur & au mouvement d'expanfion qui en efl: l'eftet. 15. Quoiqu'il foi: bien démontré, par des expériences fi frappantes, que l'évaporation ne dépend pas de l'air , d'autres expériences iemblent prouver cependant que les vapeurs, fur-tout aqueufes, font foutenues par l'aftion de ce fluide: en effet, lorfqu'on pompe l'air du récipient, on voit les vapeurs aqueufes fous la forme d'un léger nuage {h) fur les parois du récipient qui en font obfcurcies (c). Audi, quoique Homberg, ayant obfervé qu'une terre humediée s'entrouvroit plutôt dans le vuide que dans l'air , en eut conclu que l'eau s'évapore plus vite dans le vuide ; il penfoit cependant que les vapeurs s'y élèvent moins haut que dans l'air (i) ; Se en effet, les vapeurs aqueufes élevées par un certain degré de chaleur , doivent avoir une certaine denfité déterminée , à raifon da laquelle elles doivent s'élever ou defcendre dans un fluide plus ou moins dénie (e) ; mais cette raréfafèion & cette expenfion de l'eau & des autres fluides , qui les réfout en vapeurs , ne dépend point du tout de la préfence ou de l'ablence de l'air ; & fi les vapeurs fe féparent de l'air , pendant qu'on fait le vuide, il paroît que ce n'efl point parce qu'elles ceffent d'étrs foutenues ; mais parce qu'étant moins expanfibles que l'air , elles fe dila- tent moins aullî , Se font forcées de l'abandonner (/) , à l'exception de celles qui intimement mêlées avec lui , ou y adhérant , font entrainées avec lui dans fon expanfion. Que les vapeurs aqueufes , expofées même une chaleur médiocre , aient peu d'élafticité , & ne faffent parconfé- quent que peu d'effort pour fe raréfier , c'efl: ce qui eft prouvé par une ( .! ) HaUs, 1. c. pj;e î^;. (A) Même (ans Ce fêrvir de peaux mouillées. Nollet , Leçons de Phyfique , Leq. t; exp. 1 & 3 , pjs,es 140, 341. Leçon II, Seâ. II, expérience 3 , p-i^i 161. (c) Boerh. Chim. tome I , fjocj- 147 , 248. (i^ IVlémoires de l'Académie des Sciences, I «93 , ;7j;jj^« 9j', 94 , 598, (^ ) Defa^ulier , tome II , ;>jof ni, "* (f) A proprement parler elle ne bout pas,, Car elle continue de .s'échauffer jufqu'à ce qu'elle s'enflamme. Martine , Dijert. IF fur U chaUur , art. Vlll , Piges 135 , A3*' ^37- '• ,'•• ' . ■ (G") Martine, 1. c Boerh. pi^e 397. ^ ' ' • (j) Martine, pt'^i »jz. Bocrhaav. pa^e ^96, fur l'alcohol, , (*) Je m'en fuis a/Turé par une expcrienee. ' le) Recherch. pJ^et 95 , 1 00, lom, I. y I5'4 MÉMOIRES PE LA SoClÉxé ROYALE DES SCIENCES — diflerens degrés de chaleur de ces liqueurs expofe'es à l'ébullition , & les Tome II. différens degrés de réfroidiflement qu'elles éprouvent dans les expériences AifNÊEs de ce Phyficien , ne peuvent dépendre que de leur différente fixité ou ijso-iyei. volatilité ; & par conféquent que l'ébullition commence dans les liqueurs, lorfqu'elles ne peuvent plus acquérir un plus grand degré de chaleur (d) ; c'eft-àdire , lorfque la chaleur a tellement augmenté 1 evaporation , que celle-ci fait perdre à la liqueur tout autant de chaleur qu'elle en reçoit. Et voilà pourquoi , dans la machine de Papin , où les vapeurs font retenues , les liqueurs peuvent s'échauffer jufqu'à un degré indéterminé ( e ). 19. Puifque l'évaporation eft retardée par l'air , & cela, à proportion de fa denfité ; puifqu'elle fe fait avec plus de liberté dans le vuide [p] . on comprend maintenant pourquoi la chaleur des liqueurs bouillantes -eft d'autant plus grande (/), que le mercure eft plus élevé dans le /baromètre (g) . & pourquoi elle eft au contraire très-foible dans le vuide (/i). Quelques-uns, il eft vrai, qui attribuent à l'air qui s'échappe, l'évaporation plus prompte dans le vuide [p.] prétendent aufll que c'eft .lui qui accélère l'ébullition des liqueurs; mais le mouvement inteftin qui réfulte de l'ébullition, ne doit point être confondu avec.celui qu'accalîonue l'air qui s'échappe : car quoique l'ébullition fafle naître des bulles fembla- ' blés aux bulles d'air, elle n'exifte cependant pas des oiidulations comme J'air qui fort des liqueurs quand on fait le vuide ( j)'> d'ailleurs cet air qui s'échappe, n'empêche pas les liqueurs d'acquérir un degré de chaleur plus confidérable (A) ;|au lieu que les liqueurs qui bouillent dans le vuide «jêrne , ne peuvent plus s'échatifter davantage {l). En général le degré (^d) Amontons & Farealielt , ap. Eoerhaawe, \. c. page 91. ■ (e) Boerhaawe dit [J.c./. 93.] que l'eau acquieit dans cet-te -maphiRe. une chaleur ^us forte de 3 6, degrés, que celle qu'elle peut acquérir ordinairement. DéfaguKer^ a V-B une Toudure d'éiain & de plomb fondue', dans la macliine en queftion , par la chaleur de Teau bouillante [tome II, page 41 1 ]• "M. NoUet a vu fondie l'étain & le plomb jettes "dans VenulLtçons de l'/ix/,tomelV,fjgéii$'i, & Mufchenbroeck , ces mêmes métaux ikfpendus dans lleaii par le moyen de fils, de cuivre. iEJJai.de l'byj. §• «Jî]. - (/) «Le poids de l'air foutenu par l'eau , contient les vapeurs & empêche l'eau de •M-bourHirjurqu'à ce qu'rfle aitartinis un degré de chaleur binrpins grand que celui qui « fuffit pour la faire bouillir dans le vuide >\, Newton , queft. XI , après l'optique , p. 1 4Q. Defaguliers dit à-peu-prcs la même chofê ,' tome II , f J^f îi î-, ainfi que d'autres. (.') Bocrh. i. c. pAiies-9iy 93., Martine, 1 ciDiJ. I. §. 9]. {h) L'eau bout dans le vUide'au '96 degré du thermomètre de .t^ahrçpli.^Bof Wavire^ 1. c. Mufchenbr. 5. ,879, voy^'f ci-delTous, note. (f). '<>.:.> ■' \[ ■ '^ • ) ' (i) Mufchenbr. S. 879. - ( : . Ik) Voye7 ci-deffus, note (^M), Cependant ks. Ibqpe.urs n. acquièrent ^uj). p}us ^f(ind degré de chaleur, qu'autant qu'e'tes tapeurs ranwïïees dlins un v.l!.ireaii;fe/mÇoj_retardent J'ébuUition comme elles, retiudenç. l'évaporation [ g. >, ]• De-1.\ vient que Vç'tiiiAi^n.de Te.-u, dans le vuide, fe Fait par liitervalles, à caulè 'de l'erupticn, & de,h -çop^|jiatipa alternatives des vapeurs • d'e-là'vient qu'en verfant' 3e Vèaii froide fur le récipient ,')?oyr condenfer les vapeurs, l'ébullition devient plus violente!. Hiigheas «c Rapin.,//-ii«/:.n.'J*'4'i art. IV,] & plus longue loffqu.evroiixpntinue:de feirej agir Jé.,piftan |;B,9y^^^ <^^^ pliyfuo-mécli, exp. 43. ' ^ ,i; ' , •,.■ '•' (/) Ainii, dans un air ouvert, les bulles comi^çpfen^ .^ s'^cha(^et df. :■• f^^ a« \ D U T U F I N, ïjf àg. chaleur qu'elles peuvenr recevoir ,; efl proportionné à la pefanteur de — ■ — - l'atmo'phere ( "( ) ; aulfi cCz ti!e moindre fur les montagnes (n). Enfin ToiME 1I« l'ébullitlon el aullî plus eu moins prompte dans, le vuide, félon que les A .\ S- 1 e a liqueurs font plus ou moins utiles {o'y. De-là vi.;nt que cerfalnes liqueurs 1750-1761. ne bouillent pas dans le vu;de , quoiqu'excellivement échauffées, & quoi- qu'elles laiflent échapper beaucoup d'air (p ) ; tandis que d'autres liqueurs qui n'en contiennent que peu un point , & , entr'autres , l'eau qui ^ a étJ purgée par une ébullition précédente (5) , n'ont befoin , pour bouillir que d'une chaleur trcs-modJrée. 20. On a voulu lavoir pourquoi certains corps folides fe rcfroldiflent plus tard dans le vuide que dans le pleine air, & au contraire, certaines' liqueurs , comme l'eau , fe réfroidiflent plus tard dans le plein air que dans le vuide ( r ). La réponfe à cette quertion eft claire d'après ce qui a été dit; c'eft-à dire, que le réfroidiflement des corps folides & fixes qui TCO degré de thermom. de Faliren. Acad. de Rerl. 1759 . p-i^i 69]. Elle continue donc à s'échauffer de la quantité de 71 degré. D^r'; le vuide, les bulles commencent 1 s'échapper au Sa degré -, & l'eau continue de s'échaufter , avajit de bouillir , de 4^ degrés. C'efl peut-être pour avoir vu ce ïnouvemcnt des bulles , que M. Nollet a cm ) L'huile d'olive, par exemple, qui, de toutes les liqueurs , e(l peut-être celle qui contient le plus d'air , fuivant Boyle [ 1. c. exp. 14 ] S: qui cependant ne peut jamais bouillir dans le vuide. Voyez, la note précédente. il) Sur l'eau purgée d'air par l'ébuUition , v.v-ez Boyle [ 1. c. exp. 45 ] ; (ur l'efprit- de-vin , Papin [1. c. ] ; fur l'efprit volatil de fel ammoniac, Cullen l\. c. pj-;i loù]. Quoique l'eiprit-de-vin contienne peu d'air [Haies, 1. c. exp. 66,] & l'efprit volatil, atnfi que l'eau qui a bouilli , n'en contienne point du tout [ Boerh. I, c. pjge 273]. D'ailleurs l'eau , dans lôr état naturel même , contient à peine -^ d'air [ Haies, I. c. 1; auffi lorfqu'elle bout dans le vuide , bc fait-elle pas baiffer fenfiblement le mercure dans le fyphon [Hughens, iranfud. n. 12: , art. IV,]. D'où il fuit que les bulles que M. CuUen a vu (brtir de l'efprit-de-vin & de l'efprit volatil , dans le vuide [y] n'étoient pas ile l'air, pour la plus grande partie, mais la liqueur même raréfiée par l'aélion du feu [ Voyez Mufchenb. 5. 587, n. 3.]; car comme ces liqueurs bouillent très-prompte- ment dans l'air [ §. précédent ] i! eft vrailëmblable que la chaleur des corps ambiars fiimt pour les faire bouillir dans le vuide , à moins que le tems ne lôit très-froid , Se que cette ébullition dure jufqu'a ce que les vapeurs ramaiïees la repriment, voy. n. >'). ( '■ ) L'eau chaude (ë refroidit plus promptement dans le vuide (êlon S'gravefande , $. lî 2 I , & (ëlon M. Galeati , Corn, Bonon. t. II. part. \. p. 31 4. Toutes cliofes d'aillc U's égales , b verge du pyromètte fe raccourcit un petj plus tard dans le vuide que fous ua Vij 1$6 MéMOIRBS DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SciENCBS - — dépend feulement de la propagation égaie de la chaleur, fe fait plus len- ToM E II. tement dans le vuide ; au lieu que le réfroidiffèment des liqueurs dépendant Années non-feulement de cette propagation de la chaleur, mais encore de l'éva- 1760-1761, poratïon(8), 2c l'évaporation étant plus forte dans le vuide (p); la promptitude du réfroidiflement caufé par l'évaporation , pourra non-feule- ment compenfer la lenteur de celui qui eft opéré par la fimple propagation de la chaleur , mais même la furpafler. En effet , ayant enfermé la boule d'un thermomètre fait avec le mercure dans le centre d'un globe de verre creux , je pompai l'air contenu dans le globe, au moyen d'un petit tuyau qui en perçoit l'épaifleur , & je le jettai dans l'eau bouillante pour le faire chauffer également. Enfin le mercure étant au 70 degré de M. de Réau- niur, je plongeai le globe dans une autre eau qui étoit au dixième degré au-deifus de o. Le mercure defcendit au 20 degré dans fefpace de 14 minutes & |. Ayant répété la même expérience , avec cette différence que je fis entrer l'air dans le globe , le tems du réfroidiffèment fut de 5 minutes \ environ (i). On voit par-là que le mercure du thermo- mètre , au contraire de l'eau , fe refroidit plus tard dans le vuide qu'en plein air , foit parce qu'il eft plus fixe , foit par ce qu'enfermé dans un tube de verre, il ne pourroit s évaporer, quand même il feroit très volatil. Et il eft très-vraifemblable qu'il en feroit de même des autres liqueurs iixes, ou même volatiles , fi elles étoient ainfi enfermées. 21. La caufe du réfroidiffèment, produit par l'évaporation, confîftant en ce que la chaleur des liqueurs volatiles fe diflipe plus vite par leurs vapeurs , que fa perte ne peut-être réparée par les corps ambians ( 8 ) ; je fus curieux de cnercher quels corps font les plus propres à tranfmettre la chaleur ; cette découverte me paroiffoit propre , non-feulement à répan- dre du jour fur cette matière , mais encore à perfeâionner la théorie de la chaleur. Je mis donc des quantités égales d'huile d'olive, d'alcohol , d'eau & de mercure , dans des taffes égales & femblables , & je leur donnai le tems de fe mettre au degré de la température aâuelle qui étoit pour lors la dixième au-deffus de o. du thermomètre de M. de Réaumur. Je plongeai enfuite fucceiîlvement dans chacune de ces liqueurs un thermomètre échauffé jufqu'au foixante dixième degré, & j'obfervai le tems que le mer- cure mettoit à defcendre du foixante-dixième degré au vingtième. II y mit dix minutes & vingt fécondes dans l'air ouvert , quatre-vingt dix neuf (ècondes dans l'huile d'olive , 144.1 dans falcohol , vingt-cinq dans l'eau, onze dans le mercure. L'expérience répétée m'ofïiit à peine une différence récipient rempli d'air. Mufchenb/n ciment, pages 1-^7 , 138, ce qui a engage cet Auteuf à propcfêr cette queftion ; pourquoi têtu je refroidit- elle plus vite dans le vuide, tandis que le fer y rejle plus long-tems chaud qu'en plein air ? (j-) Newton rapporte une expérience femblable , tians laquelle deux thermomètres égaux étoient renfermés dans deux cylindres de verre creux égaux, dont l'un étoit vuide; & l'autre rempli d'air ; & il dit que le tliermoraètre ne s'écfiautFe pas moins & prefque auffi tôt dans le premier cylindre que dans le fécond , (i on les porte tous les deu.\ d'un pppartemçnc froid dans un chaud, ^u$Il, XYIII , apjrès l'optiijue , fj^e i ^t. D E T U R I N. I5'7 d'une ou deux fécondes (O- Le thermomètre fe réfroldiflbtt en un tems ^^"^^"^ égal dans l'huile d'olive , foit qu'elle fût feule, foit qu'elle fût couverte Tome II. d'une le'gère couche d'alcohol. Les tenis du réfroidiflement dans l'air, A^tkèes l'huile d'olive, l'alcohol , l'eau & le mercure, furent donc à peu près 17^0-1701, comme les nombres 224., 20, 9, 5", 2.11 fuit de-là, premièrement, que la perméabilité de ces liqueurs à la chaleur , n'eft pas en raifon de leur volatilité ni de leur denfité ; il fuit en fécond lieu qu'on peut regarder comme une loi à peu-près générale , que les corps font d'autant moins propres à tranfmettre la chaleur , qu'ils font plus gras ; ainfi l'eau la tranfmet plus vite que les liqueurs inflammables . 3c le mercure plus vite que l'eau. Cela nous découvre une propriété de la chaleur nouvelle , importante , & qui lui eft commune avec le fluide éleârique ; favoir, que les corps les plus propres à tranfmettre le feu éledrique , font auflî les plus propres à tranf- mettre la chaleur. Il n'y a jufqu'à préfent qu'une feule exception que j'ai indiquée au §. précédent ; c'eft que les corps échautFés y perdent plus tard leur chaleur , tandis qu'ils s'y déféleèirifent plutôt. Cependant ce qui a été dit , fait comprendre pourquoi la laine , les poils & autres matières femblables , placées autour des corps, confervent long- tems leur chaleur ( u ) ; pourquoi le coton conferve aufli plus long-tems un froid artificiel ( x ) ; pourquoi la glace fe fond bientôt dans l'eau , un peu moins dans l'huile de térébenthine , plus tard dans l'huile d'olive, & plus tard encore en plein air iy) : Car puifque ces corps n'agiflent point fur la glace comme corrofifs ^ il eft: vifible qu'ils doivent la fondre plutôt ou plus tard, félon qu'ils font plus ou moins propres à communiquer la chaleur. Mais| je traiterai une autrefois plus au long & ex profejfo ce fujet intéreflant. 22. M. Cullen a obfervé que la liqueur du thermomètre placé fous le récipient de la machine pneumatique , s'abbaifle de I ou 2 degrés lorf- qu on a fait le vuide ; qu'elle revient enfuite , dans le vuide même , à la température de l'atmofphère ; de enfin qu'elle s'élève encore de i ou 2 degrés lorfqu'on a fait rentrer l'air dans le récipient ( j). Ce phénomène, comme on voit, n'a rien de commun avec tous ceux dont j'ai parlé, 8c 1 on n'apperçoit aucune raifon qui fafle concevoir pourquoi l'air fait montée la liqueur du thermomètre lorfqu'il entre précipitamment dans le récipient, (f ) Martine avance, 1. c. pjgeslli, njj que les corps Ce réfroidiffênt dans l'air feulement huit fois plus tard que dans l'eau ; & dans le mercure , de deux (ëcondes ftulement par minute plutôt que dans l'eau; mais il avoit fait chauffer le thermomètre moins que moi , & il le laifTa refroidir prefque jufqu'au degré de la température de l'atmofphère. Pour moi je l'ai fait chauffer davantage , & je n'ai tenu compte que du tems que le mercure a mis à defcendre à 10 degrés au-deiïus de la température. Par ce moyen, j'ai obfervé une différence plus (ènfible. C'eft ainfi que la différence de perméabilité entre les corps métalliques & l'eau, par rapport au fluide ékéfrique, fê fait à peine fèntirtlorfque l'cledricité eft modique , mais Ce manifefle fuffifâmment , lorfque l'éleâriché eft plus fortç, («) Mufchenb. £/7ji , tome I. /"J^e 474. ( X ) Fahrenh. ap. Boerh, 1, c, page 88, (y) Roux d'après Boyle , 1. c. pagts î?, Jo, ( f ) Recherches , page j 04, ijS- Mémoires de la Société royale des Sciences 't'oI ÎT~ ^^""'^ 'î"'' '^ ^'^''^ baifler au contraire lorfqu'il en fort avec lenteur. Ce- • pendant, pour ce qui ell de l'abbaiflement , c'eft un fait qui avoit été déjà Anne£s apperçu par M. Galeati , & il j'attribuoit à ce que l'air (outenu par le iT6Q-ij6i. thermomètre, en reflerre un peu le tube, & que cette preflîon venant à- cefler lorfqu'on fait le vuide , le tube fe dilate , ce qui doit faire baifler la liqueur qui / eft renfermée (Gr). Je me (uis afluré que cette opinion s'ac- corde avec l'expérience : en effet , j'ai vu la iiqueu- du thermomètre purgé d'air defcendre de la même façon lorfque j'ouvrois la partie fupérieure du tube , & que l'air extérieur y pénétroit librement , & que comprimant la liqueur, il fe mettoit en équilibre avec l'air qui preflbit le verre extérieu- rement. Car la liqueur, elle-m.ême, étant incomprellible , on ne peut attri- buer la déprellion , dans cette expérience , qu'à la dilatation du verre. La liqueur ne defcendoit pas de même dans ces thermomètres ouverts lorfque je faifois l'expérience dans le vuide , parce qu'en pompant l'air , on faifoit ceffer également la prellion intérieure Se extérieure {a). Enfin , Boyle a aufii obfervé que dans un tube ouvert , adapté à un ovale de verre creux , l'eau s'abbailToit de \ de pouce , lorfqu'ayant introduit dans le récipient de la machine pneumatique , l'ovale & le tube qui fortoit par le fommet du récipient , & ayant pompé l'air , la furface externe de l'ovale étoit rnoins preflee , tandis que l'air extérieur continuoit d'agir fur la liqueur & contre la furface interne du verre : aufli , dès qu'on rendoit l'air au réci- pient, la liqueur remontoit-elle au point où elle étoit auparavant ( h). On voit par- là que M. Galeati a deviné la vraie caufe de ce phenomë'ne; mais puifque , félon l'obfervation de M. Cullen , le thermomètre reve- noit à fon premier état, même dans le vuide, c'eft un ligne que la chaleur avoit un peu augmenté dans cet intervalle de tems ; & voilà pourquoi , lorlqu'il eut rendu l'air, la liqueur monta encore d'autant de degrés qu'elle sîétoit abbaiflee lorfqu'il avait pompé l'air. Sur la caufe de Vexwiàïon de la flamme £• de la mon des animaux dans un air fermé, par M. Je an-François Cigna, J AI tâché de prouver ci - devant , que l'extindion de la flamme & du feu , fous le récipient , ne dépend pas de la fumée qui s'en exhale , T-^ „ ,. Ti "^ ^^ '3 diminution du reffbrt de l'air fermé (a). Fondé fur des coniedures 1 O M E il. I Li -' • " . . ■ 5 • _ probables , j ai même avance que les autres vapeurs quelconques n avoient 1760-1761 ( &■) Comment. Sonon. tome II, part I. pjj;es 318,319. - ô' '^8« ( j) Dans les thermomètres ouverts , la liqueur monte tant (oit peu , lorfqu'on a ûxt le vuide , parce que l'air renfermé dans les pores de la liqueur , fe dégage alors , n'étant plus prefTé par l'air extérieur, fah^rrani, comment, tionon. 1, Q, p-ige Jio. (i) Exper. phyfico-mech. exp. 39, pJgc 47, (a) Voyez VHiJioire, page «4 & fuiv. deTurin. ïJP ici aucune influence , ce que l'altération de l'air par la clialeur , étoit la T^^""^?? véritable caufe de ce phénomcne. Comme un air altéré par le féjour que T o itt E II. Jes animaux y ont fait, éteint la flamme fur le champ, j'ai cru que l'un A f/f/Éss & l'autre effet dépendoit d'une même caufe , laquelle ne ditféroit que du i7(;o-i70j. plus au moins. Mais ayant enfuite reconnu que les grenouilles , dont la chaleur efl: extrêmement foible , n'altèrent pas moins l'air que les autres animaux , je commençois à douter de la vérité de ma conjefture , & je fongeai à faire des expériences nouvelles & propres à réfoudre enfin cette queftion (b). Dans le tems que je faifois ces expériences, je m'apperçus qu'il y avoit quelques points , dans ma diflertation , qui avoient oefoin d'ctre réformés, & que les vapeurs avoient plus de part aux phénomènes mentionnés , que je ne l'avois perifé. Je crus donc devoir reprendre ce fujet , & le fuccès de mes vavaux a été tel , que je fuis aujourd'hui ea état, fi je ne me trompe , de dire à cet égard, des chofes moins dou- teufes & plus précifes. I. J'ai avancé dans ma première difTertatlon , que l'air dans lequel une flamme a été éteinte , eft tellement vicié , que lorfqu'on y en introduit une autre, même long-temps après , elle s'y éteint fubitement (c). J'ai .aulfi avancé, d'après Boyle , que la même chofe arrive par rapport aux animaux , & ce Phyficien dit qu'un animal mourut dans l'efpace de trois minutes dans un air , où un autre animal étoit mort quatre heures au- paravant (d). Je répétai de la manière fuivante cette expérience de Boyle, qui confifle à enfermer fucceflivement plufieurs animaux dans le même air. Je fufpendis une cloche de verre dont la capacité pouvoit contenir environ feize livres d'eau , de manière que fon bord inférieur étoit enfoncé de trois travers de doigt dans l'eau d'un vaiffeau placé au-deffous. J'avois adapté à fa partie interne & fupérieure , une poulie fur laquelle paflbit une corde. Une cage étoit fufpendue à l'un des bouts de cette corde, & l'autre fortoit de la cloche en paflant fous fon bord inférieur au travers de l'eau, de forte que je l'avois (ous ma main , & que je pouvois élever la cage à volonté. Une autre corde attachée au fond de la cage , fortoit auffi du réci- pient en paCTant fous fon bord inférieur , & lervoit à abaifler la cage 8c à la retirer du récipient en la faifant pafler au travers de l'eau. Par ce moyen, un oifeau renfermé dans la cage pouvoit être introduit dans le récipient , ou en être retiré , (ans que l'air de la cage fut renouvelle , l'eau qui couvroit de tous côtés le bord du récipient , empêchant l'accès de (i) Voyez. {'Hijloire, page 14 & fuivantes. (t) Uid. Si on allume de nouveau une bougie dans un air où elle s'eft déjà éteinte ,' elle s'y éteint plutôt qu'auparavant ( Boyle , nov. exper, circa reUt, inter Jtrem 6* fijm, \itiL. animât, tome 1I(. pj.«r 168 ) en cinq fois moins de tems , (êlon Haies ( exp. 6. pj^e loi ) ; dans le moment même , fuivant Vanhelmont ( Mignum oponet , " p. Tjo, n. 59 ). Voy. ci-deffiis l'Hift./u^f 14 & -fuiv. dans les notes. Un air qui, 3 palTc à travers la flamme de l'etprit-de-vin , éteint fubitement une autre flamme , ( Haukftée, exp. phyfuo-mich. tome I, art. X ). Il en eft de même de celle ijui a paiTé à travers la flamme des charbons ( Défaguliers , tome II , f J,'f 43^). i^i) Exper, phyjuomech, cent, II , an, V, exp, II. loo Mémoires de la Société royale des Sciences *— ' l'air extérieur. Tout étant ainfi difpofé , j introdulfis d'abord dans le réci- ToME il. pient un chardonneret enfermé dans la cage. Pendant les deux premières Années heures Toifeau abforba l'air, ce qui fit nnonter l'eau d'environ un pouce 1760-1 c au-delTus du point où elle étoit auparavant ; mais cette abforption & l'élévation de l'eau furent eniuite toujours moins conddérables. L'animal paroiflbit d'abord n'être point incommotlé ; mais bientôt il commença à refpirer difficilement, & la fuffocation ordinaire en pareils cas, augmen- tant , il expira au bout de quatre heures & un quart. Après l'avoir retiré du récipient , j'y introduits de la même manière un autre chardonneret , qui fut d'abord effouHé , & qui mourut dans l'efpace de deux minutes (e). Le troificme chardonneret expira au bout d'une minute , & le quatrième après un peu plus d'une demi minute. Ces derniers , qui avoient été introduits dans le récipient , dans le tems que l'air en étoit déjà confidérablement altéré , furent tourmentés par les convulfions , le vomidement & l'afl'ou- piflemenr. Après les quatre premières heures l'eau cefla de monter , au moins fenfiblement. Je verfai enfuite de l'eau par dehors, ce qui fit tellement condenfer l'air renfermé dans la cloche , que l'eau fe remit au niveau. Un autre chardonneret que j'introduifis alors , ne vécut pas une minute. Il mourut fans avoir dimi- nué davantage le reffort de l'air. Il réfulte donc de ces faits que l'air dans lequel les animaux ont féjourné , eft tellement altéré , que d'autres animaux y expirent en très- peu de tems. 2. La flamme & les animaux ne font pas lés feuls êtres qui ne peuvent vivre dans un air altéré par une autre flamme ou par un autre animal. Les plantes même , qui languiflent bientôt dans un air qui n'efl: pas renou- velle (/)■ y périflent en très peu de tems , fi cet air a déjà été altéré par le féjour que d'autres plantes y ont fait , & ne diminuent plus fon .élafticité, fi elle a été déjà affoiblie par une autre plante (g ). 5. La durée de la vie des animaux, fous les récipiens , eft , toutes cliofes égales d'ailleurs, en raifon direfte du volume d'air, & inverfe du nombre des animaux , comme M. Veratti l'a obfervé ( k ). Ce Phyficien dit cependant avoir reconnu une efpèce d'exception à cette loi par rapport aux grenouilles , qui meurent dans le même efpace de tems , foit qu'il y en ait peu enfemble, foit qu'il y en ait beaucoup (/) ; il a auiFi remarqué qu'elles meurent fans avoir éprouvé aucune difficulté de refpirer (â), quoiqu'elles ne laiiTent pas d'affoiblir le reffort de l'air ( Z ) , & qu'elles (f) Quelques buUes d'air a voient traverfé l'eau & pafle dans le récipieDt, dans le tems que j'en retirois la cage, (/) Voyez. Haller in Boerh. toflie IF, part. J , pagt 8p , note 58, & élem, phyfiol, tome lU^pjgeji'; , n. f. g. (g) Haies flat. des véget. exp. iiî,n. 7, pages ï78j 17? > 180, (A) Comment. Bonon. tome II, part. II. (i) Ibid, pages 175 , 17^, (A) Page 177. \l) tagczye. ^érllTent l r E T U K I N. I^I pi^fllTent, félon lui, dans un air fermé, parla mcme eau fe qui fait mourir ~^^ les autres animaux ( m ). Tome II, Une preuve, entr'autres , que les grenouilles altèrent en effet l'air des A^/,vs£s récipiens dans kfquels on lus renferme, c'eft qu'elles rendent, ainfi que 1763-176:, les autres animaux, cet air incapable d'entretenir la flamme (n); & ce qui prouve qu'elles ne fauroient non plus vivre long-temsdans un air vicié, c'eft la Iclion fubite qu'elles éprouvent de la part d'un air artificiel ( 0 ). 4. Ces phénomènes ayant quelque chofe de merveilleux & de fîngu- lier , je fus curieux de faire là-defius quelques expériences. Je voulus m'alfurer d'abord julqu'a quel point la refpiration étoit néceffnire aux grenouilles. Nous lifons à ce fujet , qu'elles meurent en dix minutes dans le vuide de Torricelli (p); Se que dans celui de Boyle, elles tombent en trois heures dans un état de langueur qui n'étoit pas ablbiument mortel lorfqu'on les retiroit {q)^ Se meurent dans l'efpace de lix heures (r) ou de fept tout au plus {s); tandis que d'autres fois, on les a vu mourir en deux heures (t) , ou prolonger pendant plus de vingt fept heures une vie languiffante ( w ). On peut encore douter cependant G les grenouilles ne meurent pas, parce qu'elles ceffent d'être preffées par l'air extérieur , plutôt que faute de pouvoir refpirer. Je fus donc curieux de favoir combien de tems elles pourroient vivre dans l'eau ; & comme à la furface des eaux , elles jouiffent de la faculté de refpirer de tems en tems , je les attachai au fond. Au bout d'une heure, elles me parurent mortes & fans mouvement ; mais en y regardant de plus près , je m'apperçus que de huit en huit ou de dix en dix minutes , elles faifoient , même fous l'eais , un mouvement pour refpirer, qu'elles s'efforçoient enfuite de brifer leurs liens, après quoi elles refloient derechef immobiles & comme mortes , pour recommencer les mêmes mouvemens après un égal intervalle. Cinq heures après l'immer- fion , ces mouvemens ayant totalement ceffé , j'en retirai une de l'eau ; mais ayant enfuite cru appercevoir dans les autres un foible mouvement de refpiration , j'attendis encore une heure pour retirer la féconde. Enfin au bout de fept heures , tout mouvement ayant entièrement ceffé, je retirai les trois qui reftoient encore dans l'eau; je les mis toutes féparémenr, & quelques heures après, je m'apperçus que les deux premières qui avoient été tirées de l'eau cinq Se fix heures après l'immerfîon , étoient vivantes ; mais les trois autres, qui avoient refté fept heures fous l'eau , ne donnèrent aucun figne de vie , & je ne pus les y rappeller ni par la chaleur , ni (m) Com. Bon. pjge 174. (n) r-'cyei l'Hift. j. 4Ç pjge JI, ( o ) Boyle , fhyfuo-mech. coni. II , art. V, exp. 4 , y , 7. (f ) Florent, pj-^t 51, coll. acad. (y ) Boyle, nov. exp. pneum, tit. 1, exp. i , & tranC n, 61, {/■) Idem , I. c. exp. 1. ( j ) Idem , 1. c. exp. <;. (t)ldtm, e\p.phyJîcomech.cont. II, art. VI, exp. 7, ( u ) Mufchenb, in cunem. p^^es j i , j 1, Tome I, Y I () 2 M É M 0 r R E 5 DE L A S O C î é T É E O V A L F. DES S CI E N' C E S par des irritations. Ces expériences furent faites au mois de Septembre, 1 OME 11. jg thermomètre de M. de Réaumur étant au quinzième degré au deflus Ajvatéss de o; circonftance que je n'ai pas dû omettre, car je vois que, dans i75o-i7tfi. d'autres expériences, les grenouilles ont vécu fous les eaux julqu'à fix jours & plus (x). Si qu il peut arriver qu'engourdies par le froid, elles confervent leur vie plus long-tems encore comme les autres animaux (y ). y. Je vais à prélent expofer les phénomènes que les grenouilles ont préfentés dans un air fermé. De quatre grenouilles , j'en mis une fous un récipient qui pouvoir contenir douze onces d'eau ; la féconde fous un réci- pient double du premier , la troifième fous un récipient quadruple , & je lailfai la quatrième à l'air ouvett. Le thermomètre de M. de Réaumur étoit alors au vingtième degré; quarante-huite heures après , elles étoienc encore toutes vivantes ; au bout de foixante heures , elles étoient toutes mortes , (i bien que je ne pus les rappeller à la vie. La difficulté de relpirer fut infenfible ou nulle dans celles qui étoient fous les récipiens , & leur refpira- tiori ne différoit pas fenfiblement de la refpiration de celle que j'avois laiffée à l'air libre. 6. Voyant donc que les grenouilles mouroient aulii promptement dans un air ouvert que fous les récipiens j je commençai à foupçonner que leur mort ne dépendoi: point de l'exclufion de l'air extérieur , mais de q-el- qu'autre caufe , & fur-tout du défaut d'eau ; car on fait que les grenouilles peuvent vivre pendant des femaines & même des mois entiers , dans une eau même très-limpide, fans aucun aliment (f). Je crus donc devoir mettre de l'eau avec les grenouilles fous le] récipient , afin qu'en éloignant cette dernière caufe de mort , je fufle mieux en état de juger de l'influence de l'air fermé. 7. J'enfermai donc avec de l'eau une grenouille fous un récipient , & trois fous un autre de même grandeur [ l'efpace qu'occupoit l'eau dans l'un & dans l'autre , étoit tel , que celui qui refloit à l'air , auroit pu contenir encore vingt onces d'eau ]. J'enfermai une autre grenouille fans eau fous un récipient qui pouvoit en contenir auflî ^ingt onces ; enfin j'en JaifTai une autre à l'air libre. Le thermomètre de M. de Réaumur étoit alors au cinquième degré au - deflus de o. vingt heures après toutes les grenouilles vivoient encore. Au bout de vingt heures, celles qui étoient au nombre de trois fous un récipient où il y avoir de l'eau , étoient mortes , & je ne pus les rappeller à la vie en étant le récipient. Celle qui étoit feule avec de l'eau fous un autre récipient , vivoit encore au bout de cinquante -cinq heures, mais elle étoit morte à la foixante- troifième. Celle que j'avois enfermée fans eau, vivoit encore au bout de vingt-fîx heures; mais je la trouvai morte après vingt-huit , & le renouvellement de l'air (.v)Browne, erreurs popuhlres, liv. IH , pjge jij. (y) Elém. pliy/îol. tome III, pjge z66. (f ; Swamerdam bib. natur. pj^'e 170 , coll. acad. J'ai fôuvent obfervé la même cliofe. deTurin, i()3 ne la fit point revenir ; enfin celle que j'avois laiflee à l'air libre, étoit très- — languifLnte, il cft vrai, mais vivoit encore le cinquième jour. Ayant répété foME 11. la même expérience , des trois qui étoient eiitcrmées enfemble avec de Années l'eau, la première vécut 20 heures, la féconde 30, & la troifième }J. Ainfi 1760-1761. ces trois vies ajoutées enfemble n'ont pas duré au-delà de 8 j heures. Celle qui avoit été enfermée feule avec de l'eau, paroifibit déjà morte au bouc de 75" heures; mais le renouvellement de l'air lui rendit la vie ; celle qui avais été enfermée fins eau , mourut au bout de 24 heures ; enfin celle que j'avois laidée à l'air libre , vivoit encore le dixième jour. 8. Les grenouilles qui étoient fous les récipiens où il y avoit de l'eau, fe tenoient d'abord au fond de cette eau , ne montoien: que par intervalles à fa furface pour refpirer ; mais enfuite elles y venoient plus fouveat, & fur la fin elles n'en bougeoient plus , &: refpiroient continuellement. La refpiration étoit d'abord fréquente & petite , enfuite fréquente , profonde & diificile : lorfqu'elles paroilToient toucher à leur dernier moment , elles ne pouvoient plus fe foutenir qu'avec peine à la furtace , & enfonçoient la tète dans l'eau. Elles nageoienc pourtant quelquefois avec de grands efforts, & fitifoient des infpirations profondes. Les convulfîons étoient fréquentes à cette époque. Les grenouilles enfermées fans eau n'en eurent point, & les fignes de la léfion de la refpiration furent moins fenfibles chez elles. 5). On voit par-là que la durée de la vie des grenouilles enfermées dans un récipient où il y a de l'eau , eft à peu près proportionnée à la quantité d'air qui refte dans le récipient ; qu'elles y meurent , comme les autres animaux, faute d'y pouvoir refpirer; &, ce qui ne laifle plus aucun doute à cet égard, que le renouvellement de l'air fuffit aulli pour les rappeller à la vie, lorfqu'elles font fur le point d'expirer par la difficulté de refpirer & par les convulfions. 10. On a vu que dans les dernières expériences [7] les grenouilles laiffées en plein air ont vécu davantage que celles qui étoient enfermées fans eau fous les récipiens, au lieu que leur mort avoit été aulli prompte dans la première expérience [ j" ] ; difterence qui vient peut-être de celle de la conftitution des grenouilles ou de la température de l'air. Je voulus donc eflayer encore d'enfermer des grenouilles en nombre inégal , fans eau , fous des récipiens égaux , & j'obfervai pour la féconde fois qu'elles vivoient plus leng-tems lorfquelles étoient en moindre nombre . comme quand il y avoit de l'eau fous les récipiens, quoique cette durée ne fuivit pas bien exactement la raifon inverfe du nombre des grenouilles; & quel- ques-unes qui paroid'oient immobiles & mortes furent rappellées à la vie par le renouvellement de l'air. -I I. Ainfi donc , non feulement les grenouilles meurent plutôt dans un air fermé , que dans un air ouvert , mais encore leur mort eft plus prompts dans le premier cas, lorfqu'elles font en plus grand nombre fous un même récipient [9, 10]; d'où il fuit que leur mort eft accélérée par une autre caufe que par l'interclufion de l'air , ou que la durée de leur vie eft ea j(?4 Mémoires di: la' Société rovale des Sciences — raifon de la quantité d'air. Il y a beaucoup de variations à cet égard Tome II. lorfqu'on les enferme fans eau [3 , f ] ; mais lorfqu'on met de l'eau fous Années 'es récipiens, ces variations n'ont plus lieu; les gienouilles périfTent par 1760-1761 l'interclulion de lair , & cela d autant plus promptement , que la quantité d'air ell moindre; elles meurent avec les mcmes iymptômes que les autres animaux , & elles font . comme eux, rappellées à la vie par le renouvelle- ment de l'air . lorfqu'elles touchent à leur dernier moment. 1 2. Je me fuis alTuré , par l'expérience , que la durée de la flamme efl , fous les récipiens, à peu-près en raifon inverle du nombre, comme celle de la vie des animaux , pourvu que les bougies foient égales , & qu'elles brûlent également; &: PMes a oblervé que de deux chandelles qui brûlent fous des récipiens inégaux , celle qui eft Ions le plus grand , dure davan- tage ; & que des deux chandelles inégales qui brûlent fous des récipiens égaux , la plus groffe s'éteint la première {a). Le même Auteur dit , il eft vrai , qu'une flamme égale duroit moins à proportion dans une plus grand récipient; mais comme il avertit en mcrae-tems qu'une chandelle égale abforboit aulli fous le plus grand récipient , un quantité d'air beaucoup plus confidérable ( i ) , il eft vraifemblable qu'elle y brûloit aullî avec plus de vivacité ; & voilà pourquoi elle y duroit moins qu'il femble qu'elle n'auroit dû. On verra en effet ci-deOfous [30] que la grandeur de la flamme répond , à très-peu près , à la quantité d'air. Ce qui confirme mon opinion, c'eft que le déchet que fouiïroient une ou plufieurs chan- delles homogènes , étoit à peu-près en raifon de la capacité du récipient, ou de la quantité d'air qui y étoit contenu. Pareillement le P. Beccaria m'a dit avoir obfervé , en faifant calciner de la limaille d'étain ou de plomb dans des vaiffeaux de verre fermés hermétiquement, il n'avoit pu convertir en chaux qu'une partie de ces métaux ; & que la quantité de chaux étoit d'autant plus grande , que le vaifleau avoir plus de capacité. 13. Les expériences dont j'ai parlé jufqu'à préfent , avoient été faites dans un air d'égale denfité. Mais il parut intéreffant de favoir jufqu'à quel point les différences de denfité de ce fluide influeroient fur la durée de la vie des animaux. J'avois une bouteille contenant environ cinquante livres d'eau , dont le col éroit fermé par une vis de cuivre , & dont chaque côté portoit un petit tube de verre , lefquels communiquoient avec l'in- térieur de la bouteille. J'adaptai à l'un de ces tubes un fyphon oii il y avoir du mercure , dont la hauteur m'indiquât le degré de denfité de l'air renfermé dans la bouteille , & j'adaptai l'autre à la machine pneumatique. Je mis enfuite un moineau dans la bouteille ( c ) , & après l'avoir bien (j1 Exp. lo^iipagt 198. ( i ) Esp I 06 , 107 , pjges 200 , lor , loz. ( c ) Une Alouette renfermée dans un air raréfié d'une moitié , vomit auiîî trois fois, & (ë trouva mieux enlùite , enlbrte qu'au bout d'un quart d'heure , elle ne paroiiToit point encore en danger de mort, Bojle , novt exper, pneumat, VA, XI , exp. 4 j f< Kanfad, n, 53, D E T U R I hr. K^J* fermée avec la vis , je pompai l'air jufqu'à ce que le mercure fut élevé ?^ dans le fyphon de i(5 pouces & lO lignes au-defTus du niveau. Jotai alors Tome II. la communication entre la bouteille & la pompe. Il y avoir deux minutes A.v xéss que le moineau étoit enfermé. i7(Jo-i7«t. L'animal vomit dès le commencement , 11 effuya quelques convulfions , enfuite il parut fe trouver alTez bien pendant quelque tems. Sa refpiration étoit d'abord petite & fréquente (d); elle le devint encore plus dans la fuite ; bientôt elle fut fréquente & profonde , & enfin profonde & rare ; il furvint alors des convullions qui terminèrent fa vie. Le mercure s'étoit E eu-à-peu élevé dans le fyphon , de forte qu'à la mort de l'animal , fa auteur étoit augmentée d'environ 4. { lignes. A compter du moment que la communication du tube avec la pompe pneumatique avoir été interrom- pue , le moineau vécut 3 y minutes. Après la mort de l'animal , j'introduifis affez d'air dans le récipient pour faire defcendre le mercure de trois pouces; une heure & demi après , je reconnus qu'il avoir remonté de plus d'une ligne. Mais je n'oferois alTurer que ce changement ne fut pas l'effet de quelque variation dans la température de l'air , quoique le tliermomètr» n'en indiquât aucune. Après avoir lavé la bouteille , j'introduifis un autre moineau : je pompai l'air , de façon cependant que le mercure ne s'élevoir dans le fyphon que de I 3 pouces j lignes , & j'ôtai la communication de la bouteille avec la pompe. Toutes ces opérations furent faites, comme la première fois, dans l'efpace de deux minutes depuis l'intromidion du moineau. Cet animal effuya les mêmes fymptômes que le premier. Il vécut 70 minutes; à fa mort , le mercure étoit élevé de fept lignes au-defTus du point où il étoit au commencement. Enfin j'introduifis un troifième moineau dans la bouteille , fans en avoir raréfié l'air ( la hauteur du mercure étoit alors de 27 pouces 6 lignes ). Les fymptômes furent les mêmes à l'exception des convulfions. L'animal vécut trois heures & demi. A fa mort , le mercure étoit monté dans le fyphon d'environ i pouce & i 7 ligne. 14.. Dans ces expériences , les quantités d'air enfermé étoient entr'elles comme les nombresi28, i6p, 550, & par conféquent, à peu-près comme 3 , 4,8. La durée de la vie desmoineaux fut comme les nombres 3 5,70,210, &à peu près comme i , 2, 6; d'où il fuit premièrement que dans des airs de différente denfité , elle ne répond pas à la quantité d'air ; mais qu'elle augmente en plus grande proportion que la quantité d'air , lorfque fa denfité eft plus grande , & par conléquent , que la même quantité d'air foutient plus long-tems la vie des animaux , lorfqu'elle eft condenfée , que lorfqu'elle eft raréfiée, L'expérience que j'ai faite dans un air raréfié , Boyle l'a faite dans un ((/) Li refpiration eft également fréquente & laborieufe fur les hautes montagnes i comme celles du Pérou, où l'air eft extrêmement raréfié [Bouguer, Alcm. de l'Acad, t744 j p-!^' %<îi]' Elle eft plus rare au contraire dans un air condenfé [Bojle, exp, fkijleo-méeh, eont, II > art, ^ , exp. 6, m»^^*~m^wBMkMamm l56 iMÉMOlRES DE LA SoClÉTÉ KOYALE DES SCIENCES air condenfé. Ce Phyficien ayant enfermé deux rats fous des récipiens 1 OME 11, ^g3ux dans l'un defquels l'nir n'étoit pas plus condenfé que l'air extérieur, A N ME ES au lieu qu'il avoit une deniité double dans l'autre ; le rat enfermé fous ce 17Ê0-1761. dernier, vécut quinze fois autant que l'autre, quoique la quantité d'air fût double feulement ( e ). ly. Il fuit encore de ces expériences , que les animaux enfermés fous les récipiens diminuent d'autant plus le reflbrt de l'air , toutes chofes égales d'ailleurs, que fa denfité efl plus grande, & que cette diminution eft prc(- que en raifon de la cenfité : on peut même en conclure avec vrailemblance que le reflbrt d'un nouvel air introduit après la mort des animaux , eft également aflolbli. i5. Ce que j'ai dit des animaux. Haies l'a obfervé par rapport à la flamme. Il s'efl: afluré qu'elle dure plus de la moitié moins dans un air deux fois plus raréfié , & par conféquent que fa durée n'efi point du tout proportionnée à la quantité d'air enfermé (/). 17. Puifque la même quantité d'air entretient d'autant plus long-tems la flamme ou la vie des animaux, qu'il efl plus condenfé; on comprend pourquoi ^22 pouces d'air qui, dans le degré ordinaire de denfité , ne peuvent fcrvlr à la refpiration que pendant 2 '- minutes (g), fuffifent au plongeur pour 5 minutes & plus , lorfqu'ils (ont comprimés & condenfés dans la cloche par le poids de l'eau ( h ). Et il eft vraifemblable que la même quantité d'air peut être refpirée d'autant plus long-tems que la cloche eft plus enfoncée fous les eaux (i). 18. Mes expériences prouvent encore qu'un air raréfié n'eft point nullible à la flamme & à la vie des animaux par fa rareté même, mais parce qu'il eft plutôt altéré que loifqu'il eft plus denfe ; car dans un tel air, les animaux refplrent d'abord fans peine (A); leur refpiration ne devient laborieufe que par degrés , & d'autant plus tard que le récipient a plus de capacité ; tout s'y paffe, en un mot, comme dans un air qui a fa denfité naturelle [ 13 ]. Au lieu que fi l'air étoit pernicieux par fa rareté même, il le feroit également, quelle que fût la capacité du récipient. Il eft fenfible d'ailleurs qu'il fuffit que l'air foit aflez denfe pour pouvoir dilater le poulmon par fa prelîîon ; or , pour dilater le poulmon, il fuffit que cette preffion pulfle foumettre la réfiftance qu'oppofe la force contraâile de ce vlfcère ( car il n'y a aucun air thorachique qui augmente cette réfiftance ; & cette prefllon excède à peine celle de deux pouces de mercure (i) î ( «) l,oc, ult. cil, (/) Statique des végétaux, page 234, ( i' ) IhiJ. Append. exp. VI, pj;e 371. ( h ) Car cent pouces (ufflfent pour une minute , Halley , phll. iranf, n. 349. Deftgul. leçons, tome II, pa^es 2 3<;,47 5. (i) Cependant Def-iguliers dit que le tems pendant lequel l'air cil propre à être rslpiré , eft en raifon de Ion volume , quelle que loit fa den/îté. (i) Il faut excepter une extrême rareté, comme fur les montagnes fart élevées; Voyez §. 1 3 , n. ^. .«_ . (/) Haies, L c. exp. m piges 114, 21 j. Il eft vrai que l'expérience fut faite fut E n T u R I N'. i6y d'où il fuir qu'un air, même extrémemement raréfié, exerce encore une **^^— ™^— prellion fuffilante pour le méchanifme de la réfpiration. Tome II. ip. Pour m'affurer encore mieux quel eft le degré de raréfaâion de Années lair que les animaux peuvent foutenir , je fis l'expérience fuivante : j'in- fjsa-nùi troduilis un moineau dans une bouteille de verre dont je bouchai l'ou- verture avec une vellie flafque étroitement liée autour de fon col. Je mis la bouteille & un autre moineau fous le récipient de la machine pneu- matique, & je pompai l'air jufqu'à ce que le mercure s'élevât à la hauteur de i() pouces dans un fyphon qui étoit adapté au lécipient [ 1 élévation du mercure dans le baromètre étoit alors de 27 \ pouces ] ; je fis enfuite entrer aflez d'air par le robinet pour que le mercure baifsât de deux pouces; je pompai de nouveau la même quantité d'air , & je continuai pendant une demie heure d'introduire &: de pomper 1 air alternativement &: à plufieurs reprifes. Par ce moyen l'un & l'autre moineau fe trouvoit toujours dans un airégalement raréfié, & capable de foutenir 7 r p. ou , tout au plus 9 ; de mercure , avec cette diftérence cependant que le moineau renfermé dans la bouteille, refpiroit continuellement le même air, tandis que celui qui étoit hors de la bouteille & immédiatement fous le récipient , refpiroit un air fans ceffe renouvelle. Celui-ci vomit d'abord ( m ), mais enfuite il fe trouva bien , & il étoit plein de vie & de fanté lorfque je le retirai au bout d'une demie heure ; l'autre au contraire refpira toujours plus difficilement , eut des mouvemens convulfifs , & mourut peu de tems après que je l'eus tiré du récipient. 20. Il reluire de cette expérience qu'un air, même extrêment raréfié, fous le récipient pneumatique , eft propre à entretenir la refpiration & la vie, pourvu qu'il foit renouvelle; & voilà pourquoi les animaux fupportent beaucoup mieux la condenfation d'un air renfermé , qu'une raréfaâion égale (n); voilà encore pourquoi la flamme brûle & les animaux vivent fur les plus hautes montagnes, quoique l'air y foit extrêmement raréfié (0) , tandis qu'ils meurent bientôt fous un récipient dont on a raréfié fair au même degré {p }. La raifon en eft que , fur les montagnes , l'air eft ouvert des animaux morts ; & exp. 1 1 ^ , p^i^^s il 6, 117. Ayant appliqué un f)'phon au côté ouvert d'un chien , il ob(êrva que l'efprit-de-vin s'y élevoit à peine de (ïx pouces dans|un infpimrion ordinaire, & de trente pouces dans l'infpiration la plus violente, C'eft là la mefure de la force de réfiftance que le poulmon diflendu oppofè à l'air infpiré. (m) La refpiration futaufll toujours moins profonde & plus fréquente : le vomiflement doit être attribué au cliangement fubit de l'air [ voy. not. c. §.1^ ] & la fréquence de U refpiration , à la raréfaâion même de l'air [ voy. ibid. note d. & §. 1 8 , n. X ]. (n) Les Plongeurs peuvent vivre , fous la cloche , dans un air neuf fois plus denfê, que l'air extérieur [ Mufchenb. effai, §. I4li] & les animaux n'ont éprouvé aucune incommodité dans une m?chine où l'air étoit huit fois plus denfê [ Haller d'après Birch , I. G. pjjc I 94 , not. o ]. Au contraire une Alouette mourut dans un air quatre fois plus rare [ Boyle , nav. exper, pneumJt. tit. XL exp. 3 ]. (0) l'oye^ Haller , 1. c. pj^e 1S9 , note i , k , pj«e ipj , note i , c , pajt 197, note o, p, 1/. Lp) ^' 138,- c'irconftanc^ t> E T u R r N. 3^9 circonflance qui m';i induit en erreur : en cir-t , nyant employé ic, bouteiile;, ■"-'" ""TJ donc le verre étuit pluse'pais, j'ai eu un rclultat tout diôérent : d'ailleurs, je Tome II. n'ai pas dillimulé , dans ma première diflertation, que l'air altéré parleféjour Ax .vé es que des animaux morts y ont fait, efl: pareillement nulfible à la flamme. x-jco-itCi. Cfette circonflance auroit dû me faire douter de la vérité de l'opinion que j'avois d'abord embraffée ( r ). Au refte , Defaguliers nous avertit que l'air qui a palTé fur des métaux rougis , n'eft altéré qu'autant qu'il s'imprègne des vapeurs qu'il reçoit ou de ces métaux même (») ou des charbons fur lefquels on les a mis (v) , & il dit que les expériences d'HauklLée man- quent d'exaftitude à cet égard. Enfin je me fuis afliiré que l'air renfermé dans une fiole qui avoit refté pendant des mois entiers dans un poi'le très- chaud , n'avoit contracté aucune qualité nuifible. Voilà donc ce qu'il faut penfer fur les expériences qui paroiflent contraires à l'opinion qui attribue aux vapeurs l'cxtinclion de la flamme. Quant aux autres raifons fur lef- quelles je m'étois fondé pour la rejetcer , nous verrons dans la fuite qu'elles font bien moins concluantes que je ne l'avois cru (.v). 2j. Si nous confidérons les phénomènes qu'offre principalement la diminution de l'élaflicité de l'air par le féjour qu'y font les animaux , nous reconnoîtrons évidemment que leur fufïocation efl l'ouvrage des vapeurs. Il confie , en effet , que le reffort de l'air ell détruit par ces fortes de vapeurs qui s'attachent tellement à fes particules , qu'elles diminuent, par leur interpofition , la force répulfîve qu'elles exercent les unes fur les autres (y). Voilà donc pourquoi i". le reflorc de l'air fouffi-e d'abord une grande diminution , laquelle devient toujours moindre , à proportion que cet air chargé de vapeurs, fe trouve hors d'état d'en recevoir de nouvelles ; qu'enfin , 2". lorfqu'il en eft entièrement laturé , fon reffort ne peut plus être diminué (f ). Et qu'alors ."j". fî on introduit de nouvel air , le reffort recommence à diminuer (a). De -là vient 4°. que l'air fadicequi fe développe déjà foulé de vapeurs , & reçu dans un récipient qui en efl: pareillement foulé, n'y fouffre non plus aucune perte de fon reffort {b j. Tandis qu'il en fouffre , ce femble , lorfqu'il eft reçu dans fair {t)'L.c.§. 45 , 4«, 47, ( u ) Comme l'air qui reçoit des vapeurs du zinc rougi , leçons , tome i , /'•'j'^ 4^f » 468. I V ) Comme dans les expériences d'Haukfbce , dans lerquelles le fer ou l'air toucholent les charbons , ibiJ. page 435, (x) §. Î4, J5, 28, 53. ( y ) Voyez Defaguliers , 1. c. pa,:its 41 , 43. HdSes p-ij/im, (f) Haies. Fxper 10 rt, /jJijf lo:. ( .; ) L'air nouveau fait efifèrvelcence avec l'air impur. Idem , append. exp, 3 , fj^t 341 & fuivantes ( A ) Si on excepte cette perte (ûbite qui efl caufce par le rcfroidiffement de l'air Jlouvellernent engendré , ou des vapeurs qui y (ont mclées. C'eft ainfi que l'air faâice fourni par la corne de cerf qu'on a brûlée dans le vuide avec un miroir ardent, ne (ôuffre plus, une heure après, aucune dimmution de fon reffort [Boyle, contin. 11, art. VIH. fxp. a, pj^e 375]. U en «Il de même de J'ait fourni p« un papier foufSc brûlé ijo Mémoires de la Société royale des Sciences '!-"""" '1 — ^r ordinaire , puilqu'il diminue à Ton tour 1 elafticité de celui ci par les vapeurs ToM E 11. dont il eft iuipregni ( c ) ; cela fait comprendre y", pourquoi certains JiNN ÉEs corps qui donnent de l'aii' dans le vulde , ou même dans un air laturé 1760 -i7éi. *^^ vapeurs, en abforbent au contraire dans un air ordinaire & pur, ren- fermé fous un récipient ( i). Parce que l'élafticité de l'air renfermé dimi- nue plus par l'effet des vapeurs dont il fe charge , qu'elle n'augmente par le nouvel air qui s'y joint. Cela fait comprendre encore 5°. pourquoi certains corps renfermés (eus des récipiens (emblent fournir de l'air & en abforber tour-à-tour, parce que l'une de ces caufes l'emporte tour- à-tour fur l'autre, le reffort de l'air enlermé augmente & diminue audî tour-à-tour (e); & pourquoi cependant 7'^. des corps qui diminuoienc d'abord l'élafticité d'un air renfermé , finiffent par l'augmenter , lorfque cette élaflicité eft déjà affoiblie par les vapeurs dont l'air efi faturé, au point qu'elle ne lauroit plus l'être par les nouvelles vapeurs qui s'exhalent, ou du moins affez pour compenfer l'accroiflement qu'elle reçoit de la part du nouvel air qui fe développe (/). 24. Ces phénomènes s'accordent tout-à-fait avec ceux qu'offrent les animaux enfermés fous le récipient. Car 1°. ils diminuent d'abord plus vite le reffort de l'air, & cette diminution devient enfuite toujours plus lente (g), de façon 2". que lorfque l'air eft une fois faturé de vapeurs, fon relfort ne peut plus être diminué. Mais j*-'. ii on introduit alors un nouvel air, il m'a paru que les vapeurs qui s'y mêlent, occafionnent une nouvelle dimi- nution du reffort [ ly ]■ Et comme le reflort d'un air déjà faturé de vapeurs ne peut plus erre diminué par elles , il arrive 4". que la quantité de cette diminution répond , non au nombre des animaux , mais à la quantité d'air renfermé [ §. cit. ] & que, la quantité d'air étant la même, le reffort eft à peu-près également alfoibli , quelque foit le nombre des animaux ( ft), parce que, quelque foit leur nombre, ils ne peuvent répan- dair confcquent en affoiblir le reflbrt au-delà d'un certain terme. Delà Tome II. vient j*^. que fî on enferme des animaux dans un air déjà chargé des A::n ées vapeurs d'autres animaux, ils y meurent très-promptcment , fans avoir 1760-17^1. pu diminuer encore fenfiblement l'élafticiré de cet air [ i ], & que même 6°. les animaux qui peuv-cnt vivre pendant quelque tems dans un air faturé de vapeurs [ 4 ] , non feulement ne continuent pas jufqu'à la fin de dimi- nuer fon reffort , mais engendrent au contraire un air nouveau avant que de mourir (i); c'eft ainfi que certains mélanges dont nous avons parlé , engendrent de l'air dans un air faturé de leurs propres exhalaifons , tandis qu'ils abforbent l'air- ordinaire [ n, 7. §. prccc'd. ]. 25". Ainfi donc , puifque la diminution du relfort de l'air elT: l'effet des vapeurs qui s'y mêlent, ceux-là fe trompent qui attribuent cette dimi- nution à l'abforption de l'air dans les poumons &: à fon paffage dans le fang. Car en quelle quantité ()ue l'air pénétrât dans le fang , il faudroic toujours qu'il en lortît une quantité pareille par les poumons ou par quelqu'autre voie, & par conféquent l'eflet feroit nul (i). Mais outre cela , fi cette hypothèfe étoit véritable , il s'enfuivroit que la quantité d'air abforbé feroit d'autant plus grande , qu'il y auroit un plus grand nombre d'animaux fous le récipient [ v. n. 4. §. précéd. ]. Enfin il ne devroit y avoir aucune diminution de retfort dans un air fort raréfié ; celui qui s'échapperoit du fang & des humeurs des animaux , étant plus denfe , devroit même augmenter l'claflicité de l'air ambiant ; or les expériences démontrent precifément le contraire [ly ]. 26. C'eft: conformément aux mêmes loix [13] que les plantes diminuent le reffort de l'air fous les récipiens. En répandant leurs vapeurs dans cet air , elles en affoiblifTent peu-à-peu l'élafticité , &: leur évaporation diminuant à proportion, elles languiflent, & avant qu'elles périflent les vapeurs qui émanent de leur fein , ont déjà fi fort alToibli le reflort de l'air enfermé , qu'une nouvelle plante y périt en très-peu de tems , fans pouvoir caufer une plus grande diminution d'élafticité [ 2 ]. 27. Les phénomènes qu'offre la diminution du reffort de l'air par la flamme , difierent des précédens à plufieurs égards. Car 1°. la flamme ligne ; deux le firent detcendre de 10 lignes, S: trois de i pouce, dans les expcriences de M. Veratti, enlorte que le mercure delcendit à peu-prcs également dans ces trois cas ; parce que, comme nous l'apprend l'Auteur, le nombre des oifeaux fut compenfc par la brièveté de leur vie [ 1. c. p-''^is 171 , 171 ]. Il a obfcrvé la même loi par rapport aux grenouilles [ pjig \-i6 ]. Mais il y eut quelque variété par rapport aux Cailles {p.i^ezll'^. Halles a aufîî obfèrvé que l'ablbrpiion de l'air eft à proportion moindre dans les grands récipiens que dans les petits , mais il n'a pas fait l'expérience fur des animaux de même efpèce, exp. 7. p-is^e 201 , 203. (/) M. Veratti dit la même cliofe des grenouilles, p3;:,es 177, 178. (i) Il s'accumuleroit dans le fang une prodigieutê quantité d'air, s'il y en entroit toutes les heires loo grains ou 95J pouces, fuivant le calcul de Haies, 1, c. exp, no* fo^e III, 211. XI) I7ÊO-I76I' 172 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SCIENCES _ non feulement ne diminue pas d'abord l'élafticité de l'air enfermé , mais Tome II. elle commence par l'augmenter ; elle la diminue enlulte peu à-peu , & cette Anné£s diminution croît de telle forte, qu'elle eft àfon plus haut point après l'extinftion de la flamme ( i). 2°. La flamme aftbiblit d'autant plus le rcrfort de l'air que les bougies font plus grofles ou en plus grand nombre dans le même récipient, quoiqu'elles brûlent moins _ long- temps à proportion qu'elles fouffrent le même déchet [ 12], ce qui prouve qu'elles exhalent dans cet air la même quantité de vapeurs ( i ) ; & au contraire dans des récipiens inégaux, des flammes égales produifcnt une diminution à-peu- près é'^ale d'élafliciré (m); de forte que l'ablorpiion ne répond pas à la quantité d'air ni à la durée de la flamme , mais à fa grandeur. De là vient 3°. qu'une flamme introduite dans un air où une autre a été étLinte , s'y éteint trcs-promptement à la vérité, en forte que (a durée y e(ï tout- au-plus la cinquième partie de celle de la première (n) , mais continue cecendant de diminuer le reffort de l'air ( 0 ). Et que même 4.°. dans un air chargé des vapeurs de l'eau bouillante , la flamme aftoiblit encore plus ce reflbrt, quoiqu'elle dure encore moins (p). 28. Il fuit, de ce que je viens de dire, que la diminution du refl"ort de l'air produite par la flamme , doit être attribuée à la raréfaêlion. En effet la raréfaètion efl: toujours la m^ême , lorlque la flamme eft égale, quelle que foit la capacité du récipient ; elle efl: plus grande dans le même récipient fi la flamme efl: aufll plus grande , où s'il y a un plus grand nombre de bougies; elle efl: égale dans un air pur & dans unairinfedé; Scelle efl: d'au- tant plus grande que l'air eft plus humide , & , par conféquent , plus dilatable par la chaleur : car lorfque la flamme commencera de languir , & à plus forte raifon lorfqu'elle fera éteinte , l'air étant toujours moins raréfié par la chaleur , fe condenfera , & fon reiïort diminuera par conféquent à pro- portion que la chaleur fera moindre. 20. Pour difcerner les efî'ets de la raréfaâion d'avec ceux des exhalai- fons qui aftbibliflent le reflbrt de l'air , je fis l'expérience fuivante : je mis dans un vaifleau plein d'eau une bougie portée fur un fupport . & je la (O Haies, exp. 106. pj?f 100. _ ^__ (/) Des bougies plus grodes abfôrbent davantage fous le même récipient , Halet exp. J 06, page 101 jplufieurs flammes étant enfermées avec un animal fous un récipient, la dcprenrion''du mercure a été plus prompte & plus confidéraUe. Laglii , comniinc. Jionon. tome 4, page i'-. _ , /• 1 ■ 1 r i (m) Haies avertit , il e(l vrai , que la flamme abforbe un peu plus fous un plus grand récipient ; mais il remarque en méme-tems que l'abforption & la durée de la flamme ont été moindres qu'elles n'auroient dû l'être eu égard à la quantité d'air ; ce qui me fait foupçonner avec fondement que la flamme étoit un peu plus grande , .voyei §. II. (/j) Voyez. §. I. c. n. (0 ) Haies, exp. 106 , p.t<;e lor. exp. 103 , pj^^e 198. (p ) Dans un tel air la flamme a duré 64 fécondes , tandis que , dans une pareille jiuantité d'air pur, elle en duroit 70 , & cependant elle ablbrba pluj de j d'air dans 1» première exfiérjçnce. Id. exp, m, pa^es z^i ^ ij7. deTurin. 1-70 couvris d'un récipient ; après avoir rais l'eau au niveau par le moyen «___^___ d'un [)phon , je plon^ec-i le lyphon dans l'eau, pour pouvoir melurer vp rr" par l'éie'vation de l'eau lous le récipient , la diminution de l'air enfermé, OMi. 11. lequel ne communiquoit plus avec lair extérieur. Au(li-tôt que la flamme -^-va'/^x commença à languir, l'eau s'éleva, & cette élévation fut beaucoup plus 1760-1761, prompre au moment que la flamme s'éteignit. L'eau continua de monter encore quelque tems jufqu'à ce que l'air fut entièrement refroidi : 19 mefurai alors exadement la plus grande élévation à laquelle l'eau étoit parvenue. Je répétai enfuite cette expérience , en plaçant la bougie fur la jambe du fyphon qui devoit être introduite dans le récipient, de manière qu'en inclinant le fyphon , cette jambe entrât dans l'eau , & la flamme y fût plongée d'cbord après & s'y éteignit. J'avois ainfi difpofé l'appareil dans la vue de pouvoir éteindre la flamme, au(îi-tôt que j'aurois ô:é la commu- nication de l'air enfermé avec l'air extérieur qui auroit pu , fans cela , réparer la perte du refTort produite par la flamme , fans lui donner le tems d'abforber la moindre quantité d'air ; enforte que l'élévation de l'eau renfermée fous le récipient , au-defl'us du niveau , après l'extinâion de la flamme , ne reconnut prefque d'autre caufe que la condenfation de l'air, fans pouvoir être attribuée à fon abforption oii à la diminution de fon reflbrt. Cependant l'eau monta à la même hauteur que dans la première expérience , quoique , dans celle-ci , la flamme eiit duré afiez long tems pour pouvoir abforber une certaine quantité d'air , fi toute fois cette abforption ell: réelle. Il y eut feulement quelque légère difterence produite par le plus ou moins de volume de la flamme ; & plus nous obiervions que la flamme fut égale dans l'une & l'autre expérience , moins il y avoir d'inégalité dans l'élévation de l'eau (q ). 50. On voit donc que la flamme d'une bougie ne diminue que peu ou pomt le reilort de l'air , & que l'élévation de l'eau fous ks récipiens dans lefquels la flamme s'éteint , doit être attribuée à la condenfation de l'air d'abord raréfié par la chaleur, plutôt qu'à la diminution de fon reflbrt ; & qu'enfin il n'eft pas poflîble de décider fi la flamltie affaiblit le reflbrt de l'air plus que ne fait la refpiration des animaux , fi on ne parvient à difcerner les efiets de la raréfaction d'avec ceux de la diminution de l'élafticité. 31. Cependant G l'on confidère que le phofphore embrafé dans un récipient par le moyen d'un verre lenticulaire , ou dans un vaifleau fermé par une ch.ileur extérieure (r) , diminue le rtffort de l'air; qt:e le pyro- phore produit le même effet lorfquil s'échauffe ou s'embrafe de lui-même fous un récipient (s); que les fumées fulphureules refroidies par l'appli- cation de linges trempés dans l'eau froide fur la furface extérieure du (î) J'* ^'■é aidé d.ins cette expérience par Al. le Comte de Saluées. ( r , Ha'es , pj;;,ri 1+7 , 157. (f) U.ex-s. i^tpj^ij iji, iji. Boyle, ncciiluc.ohCio, pj^elt. pu««s^Rrvi 174. MÉX.IOIRES DE i- Société royale des Sciences "^^ récipient, affoibliflent de nouveau ce même rtflort, des qu'on les cdiaufTe Toiiir-. II, par l'application de l'eau bouillante (t); que la diminution du refTort Ajv ,vÉ ES produite par le fouffre allumé, ou même par une flamme ordinaire , fe , , manifefte encore vingt ou trente heures après l'extindion de 1-a flamme, c'eftà-dire long-tems après que tout efl: refroidi («); fi l'on conddcre enfin que le fouffre (1') . ou même une fîamme ordinaire (a) ,' allumé avec un verre lenticulaire fous un récipient de verre, diminuent auffi l'élafticité de l'air, on en conclura que certaines flammes au moins, &: peut-être les flammes ordinaires ont réellement la propriété d'ailoiblir le refTort de l'air. Les expériences de Haies démontrent , ce femble , que tantôt elles laffoibliflent , & tantôt elles engendrent de nouvel air, fuivant les qualités de la matière qui leur fert d'aliment. Ce Phyficien a obfervé, en effet, que certains corps inflammables diminuent le reflbrt de l'air , lorfqu'on les foumet à la diflillation, tandis que d'autres corps pareillement inflamma- bles , & les huiles elles - mêmes fourniffint une quantité d'air confi- "■ dérable (y ). 32. Toute fois, les expériences que j'ai rapportées, prouvent que la diminution du refTort de l'air produite par les vapeurs de la flamme , efl beaucoup moindre que celle qui eft l'effet du réfroidiffement & de la condenfation de l'air : en effet le foufïre diminue beaucoup moins ce reffort lorfqu'on le diftille que lorfqu'on l'enflamme (^ ) ; & deux grains de phof- phore embrafés & placés enfuite fous un récipient , ont abforbé vingt- huit pouces d'air, tandis qu'ils n'en abforboient que treize , lorfqu'on les plaçoit d'abord dans un vaifleau fermé , & qu'on les embrafoit enfuite au moyen d'un feu extérieur ( &" ). Ces dernières expériences font voir de plus combien efi: imparfaite la mefure de la diminution du refTort de l'air , prife de l'élévation de l'eau ou du mercure. 33. Au refte, que la flamme diminue le reflbrt de l'air, non en Tabfor- bant , mais en l'imprégnant de fes vapeurs qui , par leur mélange ^ s'op- pofent à la force répulfive de fes particules [23 ] c'efl: ce qui eft: prouvé, comme Haies Tobferve , parce qu'après la déflagration du foufre , il ne refle plus qu'une terre sèche , qui certainement ne contient point d'air {a). (f) Elles ont abfôrbé 13 pouces d'air en cinq jours , Haies, exp. loi , pjge 196. («) IJ. page 147, & exp, lotf , page îoo. Si Ton confidère cependant que l'air (h refroidit très-lentement , il eft probable qu'il faut plulîeurs heures dans les grands récipiens pour revenir a la température de ratmofphère. Et le thermomètre d'Amonions fait voir avec quelle lenteur l'air Ce refroidit en effet. ( V ) Le fouffre allumé a abfôrbé au-delà de deux pintes d'air produit par la détonation du nitre. Id. exp. iii, pjgez'iJ, ( X ) C'étoit la flamme d'un papier fouffiré & niiré. IJ. page 201, Mais l'Auteur n« dit pas jufqu'à quel point elle diminua le relTort de l'air, (y) Sur les Huiles , exp. 6^, Sur U Cire, exp, 64, ({■) Id. exp. 76 , page 163. (&-) Id. exp. î4. ( tf ) Expérience ixo, page ijtf. D E T U R I K. 17J 34. Après avoir démontré que ce font en effet les vapeurs qui éteignent la flamme iJc tuent les animaux fous les récipiens, la première chofe que Tome II. nous ayons à faire , c'eft de nous affurer fi lun Se l'autre eftet efl: produit A a- tf i s s par les mêmes vapeurs ou par des vapeurs diftérentes. Nous avons déjà j-rco-nii vu que l'air corrompu par des animaux, tant chauds que froids (t), éteint la fl.mime fur le champ. De même Papin a oblervé qu'une flamme placée fous un récipient tellement fermé qu'on ne pouvoir renouveller l'air autour d'elle qu'au moyen d'un tube , s'éteignoit toutes les fois qu'au lieu d'un air pur, elle recevoir un air fortant des poumons d'un homme ( c). Mais un air altéré par la flamme , quelque matière qui lui ferve d'aliment, ne nuit point toufours aux animaux , quoiqu'il éteigne fubitement une autre "" flamine (ii^ijmais félon la nature de cet aliment, tantôt il efl: extrême- ment nuilible , & tantôt il l'efl: à peine fenfiblement. M. Laghi a obfervé que des animaux enfermés avec des flammes ordinaires , leur ont furvécu long-tems ( e ) ; il efl: vrai que les animaux mouroient plutôt lorlqu'il y {ivoit une flamine fous le récipient , que lorfqu'il n'y en avoit point (/) ; mais leur moit étoit plus prompte encore lorfqu'il y avoit plulieurs flam- mes (g ) ; il paroît donc que ce n'efl: pas par leurs vapeurs que les flammes ont nui à ces animaux , puilque la quantité de vapeurs efl: toujours la même en quelque nombre que foient les flammes , par la raifon qu'elles durent d'autant moins que le nombre en efl plus grand, & que le déchet total efl toujours le même [12]. Il elT: plus vraifemblable que la flamme nuit alors aux animaux par la raréfadion de l'air qu'elle occafionne , & qui efl d'autant plus confidérable , que le nombre des flammes eft plus grand , ce tjui fait qu'il refte alors moins d'air dans le récipient , & que l'eau s'y élève davantage (/i ). C'eft ainfi qu'un moineau mourut en moins d'une heure dans un récipient dont l'air avoit été raréfié par une chaleur extérieure, tandis qu'un pareil moineau vécut 73 minutes dans le même récipient dont l'air avoit aufll été échauffé, mais n'avoit pu fe raréfier, parce qu'il étoit exadement fermé ( i ). M. Boyle aflure (k) , & je l'ai vérifié (i) foye^ l'Hift. 1. c. §. 44, 45. (f) Aâ. de Leipf. an. 16S9 , pj^e ^S6 , colkd:.zc?s.d. (d) Vo\ei §. I , c, n. ( <• ) Mém, de l'Acad de Bol. tome 4 , p.tf;e 88. Une fôuris mile Cous un récipient avec une bougie allumée, y relia neuf ou dix fois aucant que la flamme, après que celle-ci eut été éteinte , (ans paroitre encore incommodée [ Boyle de nUt.inurj crtm fj Jl^mmam vuil. aiimal. Tome III , exp. i , pa-^e ié8. (/) Wn Moineau a vécu 4 heures 48 minutes (ôus un récipient plein des vapeurs d'une chandelle. Un autre vécut j heures 14 minutes feus le même récipient dans un air pur , 1. c. gi. („") l'a^.e ix. (A) li^m, l.c. {i)Uem ,\. c.pjge 87. {k ) Un ojlêau ne parut point incommodé après avoir refte fous un récipient cinq ou Gx fois autant qu'une flamme qui s'étoit éteinte [ 1. ult. cit. /7j^j^r, 185- MÉMOIRE Sur la différente folubilité des Sels neutres dans l'Efprit-de-vin , contenant des ohfervadons particulières fur plufieurs efpèces de ces Sels, par M. MaCQUER. J_j'e X a m e n des propriétés des Sels neutres eft une des plus importantes , • "^ mais en même temps une des plus vafles matières que nous offre la Chi- Tome IIJ. mie , fur-tout fl l'on étend, comme cela eft à propos, la dénomination de Années Sels neutres à toutes les combinaifons des acides quelconques avec toutes 17(1-176^. les fubflances terreufes , alkalines , falines & métalliques, avec lefquelles ces acides font capables de s'unir. La clafle de ces corps, compofés ou fur- "'•'' '' compotes , eft fi étendue , qu'il s'en faut encore beaucoup qu'on les con- noifle tous ; il en refte un grand nombre que les Chimiftes n'ont jamais vu , & l'on peut dire même que toutes les propriétés des Sels neutres les plus communs & les plus utiles , ne nous font encore point connues. *Une des propriétés de ces fels , qu'il efl le plus important de connoitre , c'efl leur diflolubilité plus ou moins grande , c'efi: cette propriété qui peut donner le plus de lumière fur le véritable état , ou lur le degré de fatu- ration réciproque de leurs acides & de leurs bafes ; il efl: aifé de fentir aufll que c'eft de cette même propriété que dépendent principalement les phé- nomènes de leur criftallifation , & que , par conféquent , elle eft intime- ment liée avec la théorie de cette grande & intéreffante opération. Mais quelques belles que foient les Ipéculations qu'on puifle faire fur ces objets, il n'eft pas moins certain qu'elles ne peuvent être qu'incertaines & même trompeufes, à moins qu'elles ne foient fondées fur les faits ; or, les faits nous manquent précifément fur cette matière, ou du moins nous pouvons aflurer qu'il s'en faut encore beaucoup qu'on ait conftaté tous ceux qu'il eft eflentiel de connoitre. Plufieurs bons Chimiftes ont à la •vérité déterminé la quantité que peut diflbudre l'eau de plufieurs des Sels neutres des plus connus , & c'eft alTurément un très - grand avan- tage ; mais l'eau n'eft pas le feul diflblvant qui ait de l'aétion fur les fels ; l'efprit-de-vin qui eft un menftrue tenant en même tems de la nature de l'eftu & de celle de l'huile , eft capable d'agir aulll fur ces compofés & d'en diffoudre plufieurs, en plus grande quantité que l'eau même; or, perfonne que je fâche n'a entrepris de déterminer quels font les fels , dont l'efprit-devin eft le diflblvant , & de quelle quantité il fe charge de cha- cun de ces fels, on fait feulement en gros, qu'il y a cenains fels que lefprit- de vin diflbut , tels que la terre foliée, le fel fedatif, tandis qu'il ne touche point à d'autres; mais c'eft là tout ce que l'on fait, & cet objet mérite aflurément bien qu'on fe donne la peine de l'examiner plus à fond ; une Tome I. A a iS(? Mémoires de la Société royale des Sciences. ■~ ?^ fuite d'expériences exaftes fur cette matière ne peut donc manquer de Tome III. répandre du jour, non-feulement fur la Mature des différens fels, mais encore Ann ÉEs ^^'^ celle de l'elprit-de-vin ; lurlqu'on connoitra bien quels font les fels y-fi-. .-,/;? que ce menftriie diflout , quels font ceux qu'il ne diflbut point, on fera '/6--1705, / , it , r • ji - • 1 • > 1 ni a portée a entreprendre une autre luite d expériences relatives a la cnital- lilation de ces derniers , qu'on pourra procurer par des additions fuccelfi- ves de ditférentes quantités d'elprit - de - vin dans l'eau qui les tient en diffolution: enfin , l'elprit de vin étant un des diflbivans qu'oti peut em- ployer avec le plus de fuccès dans l'analyfe des végétaux & des animaux par les menftrues, laquelle eft fans contredit la plus exafte & la plu? iure de toutes , on fera à portée de connoître quelles font celles des p;irties falines de ces compofés que l'efprit - de - vin en peut extraire , &c de les féparer enluite de ce diffblvant pour les obtenir dans leur état naturel, & fans qu elles aient fouftert la moindre altération. Ce font là les principales confidérations qui m'ont déterminé à entre- prendre le travail que j'ai l'honneur de préfenter à Tilluflra Académie des Sciences de Turin , & de foumettre à fes lumières ; mais , comme je l'ai ■ déjà remarqué , cet objet eft d'une étendue fi confidérable , qu'il feroit impolfible de l'épuifer dans un feul Mémoire ; j'ai donc été obligé de me borner dans celui-ci à un certain nombre de fels ; j'ai choifis ceux qui réfultent de l'union des trois acides minéraux , vitrioliquei , riitreux &• marîn , avec la terre calcaire j Valkali fixe végétal^ Valkali fixe minéral , ou la ba^e du fel commun ^ Valkali l'olaiil , l'argent j le cuirre , le fer & le mercure. Comme la qualité de l'efprit - de - vin peut influer beaucoup fur les réfultats des expériences de la nature de celles dont je vais rendre compte; il efl: à propos que je détermine de quelle efpece étoit l'efprit-de-vin donc je me fuis lervi ; 11 a été le même pour toutes les expériences. J'ai cru devoir me fervir defprit-de- vin le plus déphlegmé & le mieux reâifié qu'il feroit poflible , mais rediSé fans aucune addition ni intermède , & fimplement par des diftillations bien ménagées & luffifamment réitérées, dans l'appréhenfion , ou qu'il ne fut altéré par l'aflion des intermèdes, ou qu'il n'en enlevât quelques portions avec lui dans la difiillation , & que cela n'occafionnàt quelque faux réfultat dans les expériences. Celui dont je me fuis fervi & qui avoit été reftifié , comme je l'ai dit , fans aucun intermède , pefoit fix gros cinquante-quatre grains , dans une fiole qui contient jufte une once d'eau diftillée ; le thermomètre de M. de Réau- mur étant à dix degrés au-delTus du terme de la glace. Je fai qu'il eft polTible d'avoir de l'efprit-de-vin encore plus déphlegmé; j'en ai vu qui ne pefoit fix que gros 48 345? grains dans la bouteille d'une once d'eau, mais j'ai donné la préférence à celui dont je viens de parler, pour les raifons que j'ai dites, fauf à regarder comme nulles les quantités de fel qu'il poarroic diflbudre à raifon de fon peu de phlègme furabondant , quand ces quantités ne feroient que proportionnées à ce peu de phlègme, c'efi-à dire aflez petites pour ne pouvoir être ni pefées, ni même appréciées. En fécond lieu , comme l'eau de la crillallifetion. des fels pouvoit 1761-17^5.. n E T U R I N. Jtj contribuer au/îl à en faire diflbudre une beaucoup plus grande qu.mtité -^îîrTîî?^ dans r*lprit-de vin , tous ceux des fels que j'ai, fournis à mes expériences , ToM E Uf, ont été d'abord entièrement dépouillés de leur eau de criflallifation par la A,\'N ées defliccation la plus exa&e ; j'ai vcrié dan:> un marras , fur chacun de ces fels ainfi préparés, une demie once de mon e(prit devin ; j'ai mis le matras bouché fur un bain de fable , & je l'ai thauflc jufqu'à ce que l'efprit-de-vin commençât à bouillir; j'ai (iltré cet efprit-de-vin tout bouillant, je l'ai laifle refroidir pour obferver les criftallifations qui pourroient fe faire par réfroidiffement , après quoi j'ai fait évaporer entièrement cet efprit- de-vin. pour recueillir & pefer ce. qu'il lailTcit de réfidu falin. Toutes ces circonflances ont été obfervécs pour chacune de mes expériences ; elles on été aulU réitérées chacune deux fois de h même lÎTianiere , avec cette dift-ircnce que la féconde fois je faifois brûler mon efprit-de-vin après la digeftion fur le fel , au lieu de l'évaporer, pour examiner les phénomènes que fa flamme pourroit préfenter. • Ta r t r e Vitriolé. Après avoir compofé le tartre l'itriolé moi même par la combinaifon exa Sel Ammoniacal Vitriolique. ~ Tome III, J'ai fait le Sd. Ammoniacal vitrioUque , qu'on nomme aufli Sel Ammo- A f: n é k i nlacal fecret de Glauber , en combmant sjnfemble , jufqu'au point de ijii-nCu faturation, de l'acide vitriolique concentré avec de l'alkali volatil concret, dégagé du Sel Ammoniac , par l'alkali fixe ; il s'efl: fait dans l'inflant du mélange une très vive effervefcence ; il s'efl: excité beaucoup de chaleur ; il s'en efl: éle^*é beaucoup de vapeurs fort épaifles d'une odeur fingulicrc. Ce fel étant au point de faturation & bien dcfleché étoit très-blanc , d'une faveur vive & piquante , mais ni acide, ni alkaline ; il s'efl criftallifé en aiguilles comme le nitre, &: ne s'efl: pomt humefté à l'air. L'efprit de-vin qui avoir bouilli fur ce fel a lairte former par le réfroidiffement (le thermomètre de M. de Réaumur étant à quatorze degrés au-deffus de zéro) quelques petits ciiftaux autour du matras ; ces criftaux étoient comme des points lï petits , que je n'ai pu en diflinguer la figure à la loupe ; cet efprit-de- vin n'a laiflé par fon entière évaporation qu'un enduit extrêmement mince & inappréciable. Sa flamme d'ailleurs ne diftéroit en rien de celle de lefprit-de-vin pur. Je conclus de là que l'efprit-de vin ne diffout point leSel Ammoniacal vitriolique. Nota. J'ai réitéré l'expérience précédente avec du Sel Ammoniacal vitriolique , auquel j'-avois donné pour bafe l'alkali volatil f.vor du Sel Ammoniac dégagé par la chaux , & il n'y a point eu de différence dans les réfukats. Sel Ammoniacal N i t r e u x. J'ai fait du Sel Ammoniacal Nîtriux en mettant, jufqu'à parfaite faturation , de l'efprit volatil de Sel Ammoniac, dégagé par la chaux, avec de l'acide nitreux très -pur. Cette combinaifon s'eft faite prefque fans effervefcence , mais il s'en eft élevé une quantité très- confidérable de vapeurs blanches fort épaiffes. Ces vapeurs viennent des portions d'acide & d'alkali volatil qui s'élèvent avant de s'être combinées , & qui fe rencontre & s'uniffenc en l'air. Ce fel , après avoir été defféché , avoit une faveur de nître très- fraîche, mais beaucoup plus vive & plus piquante que celle du nître à bafe d'alkali fixe. L'éfprit-de-vin après avoir bouilli fur ce fel , & en avoir diffous beaucoup , comme on va le voir , le laiffoit criflallifer abondam- ment par le moindre réfroidiffement; ces criffaux étoient en petites aiguilles de la figure de celles du nître ; l'efprit-de-vin chargé de ce fel m'a paru avoir un odeur approchante de celle de l'éther nUreux ; il a laiffé après fon entière évaporation un gros & demi , ou cent huit grains de nître ammo- niacal. La flamme de cet efprit de-v.n étoit plus blanche & plus lumineufe que celle de l'efprit de-vin pur; elle noirciffoit un peu les corps blancs qu'on y expofoit, comme le fait celle de Uther; après que cette flamme a eu ceffé d'elle-même , il efl: reflé environ la moitié de la liqueur qui avoit une faveur de nître ammoniacal très-forte. ipO MÉMOlRfiS t)È LA SoCléTÉ ROYALE DES SciEMCES La porcion de ce fel qui s'e'toit criftallifée dans l'efpi it- de-vin , étoit Tome III. en criftaux tranfparens , parce qu'ils retenoient vrailemblablement de Années l'esprit dans leur criftallifation , comme les ll-ls criftallife's dans l'eau re^ 1761-17^5. tiennent pareillement une certaine quantité de cette eau (iuns leurs criftaux. . J'ai laifle ces criftaux expofés'à l'air pendant cinq ou fix jours , le thermo- mètre étant à 18 & 15J degrés ; ils ont perdu de leur tranfparence , mais ne font point devenus friables & en poudre , comme ceux du fel de Glauber *£ autres fels qui perdent beaucoup de leur eau de criflallifation par la feule expofition à l'air; au contraire, ils ont acquis une confiftance plus ferme , & adhéroient alTez fortement au verre qui le conrenoit. L'efprit- de-vin dilTout , comme on le voit par cette expérience 'il\ de fon poids du fel ammoniacal nîtreux. Sel Ammoniac. L'Efprit-de vin traité par la méthode commune à toutes mes autres expériences avec le Sel Ammoniac ordinaire , a diffbut de ce fel , & en a laifTé criflallifer une quantité fenfible par le réFroidiflement ; il s'efl: trouvé, après fon entière évaporation , qu'il en avoir diHl'Ut vingt-quatre grain?. La fiamme de cet efprit-de-vin ne m'a pas paru différer de celle de i'efprit-de vin pur. L'eigrit de-vin diflbut donc -\t, de fon poids de fel ammoniac. Sel vitriolique à bafe calcaire ou féUn'm. Comme les Chymiftes favent préfentement , que \es pierres fpéciilaires gypfetifes, lont des fels neuties formés de lunion de l'acide vitriolique avec de la terre calcaire ; qu'elles ne font, en un mot, que ce qu'on nomme félenhe, j'ai choifî pour l'expérience préfente, de notre pierre fpéculaire de» environs de Paris. Après l'avoir bien lavée & nétoyée, je l'ai calcinée & je l'ai traitée avec l'efprit-de-vin comme les autres fèls. Ce qu'il en a lailTé après fon entière évaporation , n'étoit qu'un enduit infiniment mince •& trop peu confidérnble pour pouvoir être recueilli & apprécié; ainfi je mers ce fel , par les raifons que j'ai dites , au nombre de ceux que l'efprit-de vin ne dilTout pas, La flamme d'ailleurs de cet efprit-de-vin n'avoit rien d'extraordinaire. N I T K E A BASE CALCAIRE. J'ai fait le vitre calcaire j en combinant enfemble , jufqu'au point de faturarion , de l'acide nitreux très-pur avec de la craye de Champagne ]avée i après avoir filrré cette diflbkitlon , je l'ai faite évaporer jufqu'â forte pe'licnle , & l'ayant expofée au frais de la nuit, le rherm.omètre étant à onze Jpgiés au defius d* zéro , cette liqueur s'efî coaeulée en une ma^I^ criftallifée en petites ai^^uilles extrêmement fines, raffemblées en falfteaux DE T U R I K. ipi Se formant comme des pinceaux ou broflfcs ; il y avoit autour de la capfule ^ qui conrenoit cette matière , quelques points criftallifcs en crittaux plus Tome III. petits que les plus petits grains defablon; ces points e'toicnt environnés Années circulaiiement de petites aiguilles pareilles à celles des brofles , & ces lyii-iyéf. aiguilles y aboutillent comme à un centre , enforte que cela repréfentoic autant de petits foleils rayonnans , 'qu'il y avoit de points. Ce fel avoi: une faveur tics acre & rrcs-amere, & attiroit fortement l'humiditc de l'air. Ayant voulu achever de le deiréclier à feu modéré , je n'ai pu y réufTir pendant vinj^t quatre heures; ce n'ctoit toujours qu'une liqueur vifqueufe , un peu roufle , couverte d'une peau ; elle le coaguloit lorlqu'elle n'étoit plus échauffée , mais elle fe réfolvoit en liqueur tout de iuite par l'humidité de l'air, quoique le tems fut alors très fec (c'étoit le 3 Juin) & que le- thermomètre fut à vingt-deux degrés ; elle avoit la conliftance &: la poiJ]':rie du miel. J'ai donc été oblige d'employer le feu nud au lieu du bain de fable , dont je me fervois d'abord pour deffecher ; elle s'efl réduite par la defficcation entière en une matière blanche ayant l'apparence d'une terre ; il ne s'eft néanmoins exhalé pendant cette defficcation aucunes vapeurs d'acide nîtreux. J'ai pulvérifé ce fel & l'ai mis tout chaud dans un matras , il eft fi déliquefcent que malgré la promptitude avec laquelle je faifois cette opération , il s'humectoit un peu , éranr même encore chaud. J'ai verfé defius tout de fuite la quantité ordinaire d'c(prit-de-vin , & j'ai , obfervé que cet efprit-de-vin en diffolvoit beaucoup fans le fecours dç l'ébullition ; à ce degré de chaleur il en a diflout une plus grande quantité , & s'en eft même faturé, car il reftoit encore au fond du fel non diffout. L'efprit-de-vin , chargé de ce nitre calcaire , avoit une couleur rouffe &: une confiftance huileufe , à peu-près comme celle de .1 huile d'amandes. Ayant laiflé refroidir cette diffolution , je n'y ai remarqué aucune criftal- lifation ; il^ft vrai qu'il faifoic alors fort chaud ; le tîiermomètre étoit à vingt-deux degrés. Il s'eft feulement formé au fond de la^queur un léger fédiment terreux rouiïeâtre. J'ai fait évaporer cette diffolution fpiritueufe jufqu'à ficcité ; elle s'efi: delTéchée à une chaleur beaucoup moindre que n'avoit fait ce même fel dilTous dans l'eau ; le réfidu lec pefoit une demi- once , c'eft-à-dire deux cenïs quatre-vingt huit grains, autant que fefprit- de-vin employé. La flamme de cet efpritdevin étoit d'abord femblable à celle de l'efprit-de-vin ordinaire , mais elle efl bien - tôt devenue grande , lumineufe , rouge , décrépitant & pétillante , elle a laiiTé , après s'éirç éteinte, un réfidu blanc falin très - abondant & déliquefcent. Sel Marin a base calcaire. J'ai fait diffoudre de la même cray» dans de bon acide marin jufqu'à parfaite faturation ; il en a réfulté une liqueur faline neutre , qui ayant été filtrée & évaporée , avoit une faveur falée acre & amère. La dellicca- tion de ce fel s'efi: faite un peu plus facilement que celle du nitre calcaire; cependant il a fallu employer aufll le feu nud ^ &: le fel ,qui a refté m'a ip2 MÉMOIRES DE LA SO(îléTÉ ROVALEDES SClËtïCES ,11 paru auflî avide de l'humidité & aulîl déliquefcent que le nitre calcaire. Tome TII L'efprit-de vin traite avec et fel marin calcaire en a difîous aullî fon poids égal, , ' & la flamme de cet efpritde-vin étoit toute femblable à celle de l'efprit- Annbes (Je_vin faturé de nître calcaire. V I T R I o L DE Lune. J'ai fait le vitriol de lune , qui efl: une combinaifon de l'acide vitrolique avec l'argent , par précipitation , de' la manière fuivante. J'ai verfé de l'acide vitriolique concentré dans une difTolution d'argent faite par l'acide nîtreux ; il s'efl: fait aulli-tot, comme cela arrive toujours, un dépôt blanc, ■qui eft un compofé d'acide vitriolique & d'argent , & que je crois devoir nommer vitiiol de lune ou d'argent. Il ne s'efl: prefque pas excité de chaleur dans cette opération ; j'ai verfé plus d'acide vitriolique qu'il n'en falloit pour féparer tout l'argent d'avec l'acide nîtreux. La liqueur ayant été étendue dans de l'eau diftillée, pour faciliter la précipitation, étoit très- acide ; je l'ai décantée deifus le dépôt ; j'ai féparé du vitriol de lune tout l'excès d'acide , ou plutôt tout l'acide libre , par plufieurs lotions dans de l'eau diftillée & par imbibitions dans le papier gris, jufqu'à ce que ce (el ne fit plus aicuie impreflion de rouge fur le papier bleu; après avoir parfaitement deffeché ce fel , je l'ai fait bouillir dans mon efprit-de vin , il ne s'en efl rien diflTous , & la flamme de cet efprit-de- vin ne difléroit en rien de celle de l'efp rit- de-vin pur. NiTRE de lune nommti communément crijlaux de lune. J'ai fait deflecher parfaitement des criftaux de lune , & ayant verfé deffus la quantité ordinaire de mon efprit-de- vin ; il m'a paru qu'il s'en diflblvoit ; la liqneur mife à bouillir , a pris une odeur d'ether nîtreux, & s'eft un peu troublée par une efpece de poudre noirâtre; je l'ai filtrée toute bouillante , comme dans toutes les autres expériences; à mefure qu'elle fe réfroidiffoit , il y paroiflbit une grande quantité de crifraux figurés en rombes minces qui fe formoient à la furface. Ces rombes font produits par quatre triangles un peu inclinés dans le m.éme fens , en forte qu'ils ne font pas dans un même plan , leurs fommets réunis font au miliea du tombe une efpèce de pointe pyramidale , mais fort peu élevée , & leurs côtés communs repréfentent deux diagonales , qui fe coupent par leur milieu; le tout reflemble donc à une pyramide à quatre faces extra- mement bafle & comme applatie : chaque face triangulaire paroît formée de lignes parallèles au côté oppofé au fommet. L'efprit-de-vin aptes fon entière évaporation , a laiffé un gros 12 grains de ce fel nîtreux. Sa flamme étoit plus blanche & plus lumineufe que celle de l'efprit de-vin pur & accompagnée d'un peu de fuliginofité; l'efprit de vin dilTout donc jVî de fon poids de nître de lune. LUNS I7«i-I7«ji DE T U K I K. 1^3 Lune Cornée. Tome III. , ^ ^ _ _ A jf trÉ £s Tm fait de la June cor/iee en verlant de l'acide marin dans une diffblu- tion d'argent par l'acide nîcreux , &: je l'ai traitée comme j'avois fait le vitriol de lune par un lavage à l'eau diftille'e , jufqu'à ce qu'elle ne donnâç plus aucune marque d'acidité. L'efprit-de-vin n'en a rien dilTous , même à l'aide de l'cbullition. La flamme de cet efprit-de-vin n'avoit rien dç particulier. Vi T R I o L DE Mercure. Le fel réfultant de l'union de l'acide vitriolique avec le mercure ', que je nomme vitriol de mercure , & qu'il faut bien diflinguer du turbith minéral , en ce que ce dernier ne contient prefque point , ou même point du tout d'acide vitriolique , ce vitriol de mercure , dls-je , a été fait par le même procédé dont j'ai parlé pour le vitriol de lune , c'efl-à-dire en verfant de l'acide vitriolique dans une diflblution de mercure faite par l'acide nîtreux. Je n'ai lavé que légèrement à l'eau diftillée le dépôt blanc qui fe forme dans cette opération , parce qu'on fait que par un grand lavage on lui enlève tout fon acide, & qu'on le réduit en une efpèce de précipité jaune indiflbluble même dans l'eau, & qu'on nomme turbiih minéral, ou plutôt parce qu'on décompofe cette corabinaifon , & qu'on la fépare en deux autres, dont l'une eft le turbitli dont je viens de parler. Se l'autre refte difloute dans l'eau des lavages & ne contient que fort peu de mercure , tenu en dilfolution par une très-grande quantité d'acide : or , ce n'étoit ni l'une ni l'autre de ces préparations de mercure dont j'avois intention de reconnoître le degré de diflblubilité dans l'efprit-de-vin ; ayant donc lavé légèrement, comme je l'ai dit, le vitriol mercuriel qui s'étoit formé dans mon opération , je l'ai fait féciier parfaitement au bain de fable ; il étoit , après cette dediccation , très-blanc & très- beau ; je l'ai traité avec l'efprit-de- vin jufqu'à l'ébullition , comme les autres, & je n'ai remarqué aucune d'iC- folution : ayant filtré cette liqueur toute chaude, il ne s'y eft rien criftal- lifé par le réfroidiffement; il n'eft rien refté non plus après fon entière éva- poration. La flamme de cet efprit-de-vin étoit comme celle de l'efprit-de- vin pur ; elle n'a laifTé aucun réfidu fenfible , après qu'elle a eu cefle d'elle-même ; le vailTeau dans lequel cet efprit de- vin avoit brûlé étoit lec ; il avoit feulement une légère faveur acerbe métallique , & l'ayant frotté avec un papier bleu mouillé, ce papier s'eft trouvé un peu rougi: il fui' delà que l'efprit de- vin ne diffout point fendblement le fel vitriolique mercuriel ou vitriol de mercure , même à l'aide d'un peu d'acide libre. Ni T RE DE Me r c u r e. _ Ayant fait dilToudre jufqu'à faturaùon du mercure dans de l'acide nîtreux Tomt I. B b %l6i-\y6^. 1$\ MÉMOIRES DE LA SoClETÉ ROYALE DES SCIENCES ^^^^"^^n très-pur, ]m obtenu une grande quantité de criftaux de/êi rt;frct/.vî?7erctfn'cL TôME III, que je nomme nltri de mercure ; j'ai lavé ces criftaux à plufieurs eaux A'n N à ES diftillées, &: je les ai fait égouter fur du papier gris ; après les avoir par- faitement féchés , je les ai traités par l'ébullition avec l'efprit-de-vin comme les fels ci-deflus ; ces criftaux , qui étoient blancs avant d'avoir bouilli dans l'efprit-de-vin , font devenus par cette ébullition d'un jaune citronné un peu gris ; l'efprit-de-vin qui avoir fervi à cette opération, ayant été évaporé entièrement , n'a lalflé qu'un léger enduit d'un fel un peu argentin, & fi mince ([ue je n'ai pu le recueillir. La flamme de cet efprit-de-vin ne difléroit point fenfiblement de celle de l'efprit-de vin pur ; cependant elle a donné quelques légères marques de fuliginofité; il elt refté , après qu'elle a eu ceffé d'elle-même , un enduit lalin argentin , comme après l'évapo- ration ; cet enduit a un peu rougi le papier bleu ; ayant lavé à plufieurs eaux diftillées le nître mercuriel fur lequel l'efprit de vin avoit bouilli, il lu'a paru que l'eau en diflblvoit fort peu, & il a pris une couleur de plus en plus jaune , comme cela arrive au turbith minéral ; je ne tire , pour le préfent , d'autre conféquence de cette expérience , fi non que l'efprit-de-vin ne diflbut qu'une quantité prefque infenfible du nître de mercure dans l'état où je l'ai employé : comme je trouve quelque chofe de fmgulier dans ce fait , je me propofe de faire dans la fuite d'autres expériences pour l'éclaircir. Me R C VRE SUBLIMÉ CORROSIF. De tous les compofés de mercure & d'acide marin , c'efl: celui qu'on nomma fublimé corrojif qui eft le plus falin , & c'efl: par cette raifon que je l'ai choiil par préférence aux autres , pour en examiner la diflolubilité dans l'efprit de-vin. J'ai donc f.ùt bouillir de mon efprit-de-vin fur ce fel , de l'ayant filtré tout chaud, j'ai obfervé qu'il le criftallifoit beaucoup de fel par le réfroidiflement ; cet efprit-de-vin a laifl^ par Ion entière évapora- tion deux gros & demi & un fcrupule, ou 204. grains de fublimé corrofif. Sa flamme étoit d'abord comme celle de l'eiprit-de-vin ordinaire , mais bien-tôt elle efl: devenue plus grande, plus jaune & plus lumineufe; elle étoit mêlée de quelques traits de couleur bleue , fur- tout fur la fin ; elle étoit très-décrépitante. L'efprit-de-vin diflbut donc {j| de fon poids de fublimé corrofif : il eft vrai que voyant que l'efprit de-vin diffolvoit beaucoup de ce fel par l'ébullition , je l'ai laifle bouillir plus long-tems que les autres fels. Vitriol de Mars. Ayant delTéché du vitriol de mars au bain de fable fans le liquéfier , je l'ai fait bouillir avec mon efprit-de-vin , il m'a paru qu'il ne fe dilfol- voit rien ou qu'infiniment peu de chofe. L'efprit-de-vin décanté de defllis ce fel n'a rien laiflç cnftallifer par le réfroidiflement , & par fon entière D E T u R I >r. ipy évaporation 11 n'a lalfie qu'un léger enduit brun trop peu confidérable r: — pour pouvoir être recueilli. Cet cfprit-devin a brùld comme l'efprit-dc-vin 0-"ii- -lil. pur , & n'a laide dans la capfule où il avoit brûlé, qu'une tache brune, ^'.v.véjes Avant appliqué un papier bleu mouillé fur cette tache, il a été rougi i7ïi-i76;. fenfiblement. Il paroït par cette expérience que l'efprit-de vin ne diflbut point le vitriol martial. N 1 T R E DE Mars. J'ai fait dilToudre peu-à peu de la limaille de fer non rouillée dans de l'acide nîtreux trcs-pur ; il m'a été impoflfible de faturer cet acide au point de ne plus rougir le papier bleu ; la diflblution s'eft épaillie confidérable- ment ; j'y ai ajouté de l'eau & de nouvelle limaille, le tout s'eft mis en une cfpèce de pâte , &: malgré cela la diflblution étoit encore fort acide ; elle étoit de couleur roulTe rougeâtre ; je l'ai fait évaporer à ficcité ; il s'eft exhalé pendant cette évafioration beaucoup de vapeurs acides d'une odeur très-pénétrante. Le réfidu fec écoit de couleur brune. Je l'ai traitée avec l'efprit-de vin ; ce diflblvant a pris delfus , à l'aide d'une chaleur modérée , une couleur rouge de briques affez foncée ; mais l'ayant porté jufqu'à l'ébullition , il a perdu prefque toute fa couleur en dépofant un îediment confidérable. Ce: efprit-de-vin filtré &: évaporé jufqu'à ficcité, n'a lailTé que quatre grains de matière acide d'un jaune de fafran très-foncé ; ce fel martial a eu beaucoup de peine à fe deffécher entièrement & étoit fi déliquefcent qu'il s'efl: humecté étant même encore chaud. La flamme de cet efprit-de-vin étoit d'abord comme à l'ordinaire , mais quand il y en a eu environ un tiers de brûlé , elle eft devenue rouge & pétillante & a duré de la forte jufqu'à la fin ; il eft relté dans la capfule un enduit rouge brun alTez confidérable. Se un peu de liqueur fort acerbe & fort acide. Il faut remarquer fur cette expérience que l'efprit-de vin diffoudroit, vraifemblablement , une beaucoup plus grande quantité de ce nître mar- tial fans le fecours d'aucune humidité, fi l'on pouvoit le deffécher entière- ment fans féparer prefque tout l'acide nîtreux d'avec le fer; mais cet acide tient fi peu à ce métal, que je crois que cela n'eft pas poflible. Sel Marin Martial. J'ai fait dilToudre peu-à peu de la limaille de fer bien nette dans de bon acide marin ; la dilTolution s'eft très-bien faite fans que le fer fe changeât en fafran de mars & fans s'épailllr. Il eft à remarquer au fujet de cette diflolution , que les vapeurs qui s'en élèvent ont une odeur défagréable , pénétrante &: fort diflérente de celle de l'acide marin pur; elles font audl fort inflammables & font une explofion violente quand on les allume dans un vaifleau clos. J'ai fourni une grande quantité de limaille à cette diffolution , mcme après qu'il n'y avoit plus d'effervef-, cence , mais malgré cela elle lougiflbic toujours un peu le papier bleu « Pb ij ï9'^ MÉMOIRES ds laSociéttî royale des Sciences • je l'ai faite évaporer ^ il s'efl: formé delTus une pellicule faline, luifante Sa Tome III. ^ y„ pgy chatoyante. L'ayant laiflee refroidir quand elle a été à ce An ,vÉ ES point, elle s'eft toute coagulée en cviftaux cor.ius, donc je n'ai pu diftinguer ;i75i-i7ffj. la ligure, même à la loupe. Ayant continué l'évaporation au bain de falle, jufqu'à ficcité, la defficcarion a eu beaucoup de peine à fe faire; il a fallu une journée entière pour cela ; fur la fin ce fui avoir une odeur tout-à-fait femblable à celle du vitriol de mars lorfqu'on le delTéche. Ce même fel marin martial avoic une couleur de rouille affez claire & afiez vive , lorf- qu'il n'étoit que médiocrement chauft'é; mais cette couleur devenoit beau- coup plus rouge & plus brune , lorfqu'il l'étoit davantage ; l'efprit-de-vin a pris, par l'ébullition fur ce fel, une couleur de rouille un peu trouble & un peu changeante par l'oppolîtion ou l'interpofition de la lumière ; ayant fournis cette diffolution à l'évaporation, il a fallu beaucoup de tems pour defféchec entièrement le réfidu, il pefoit un demi gros ou trente- llx grains ; il étoit d'une couleur jaune brung , & s'humedoit à l'air , mais lentement; il a fallu fept ou huit jours pour le réfoudre totalement en liqueur. La flamme de cet efprit-de-vin étoit affez blanche & affez bril- lante; à mefure que la déflagration avançolt, elle devenoit plus lu'iiineufe ^ plus blanche ; elle étoit accompagnée fur la fin de beaucoup de petites étincelles blanches & brillantes comme des étoiles d'artifices; il eft rei!:é après cette combuftion un réfidu jaune brun allez confidérable , d'une faveur martiale fl:yptique. L'efprit-de-vin diffout donc V/ï ^e fon poids de fd marin martial. Vitriol de Cuivre, Le vitriol de cuivre defféché parfaitement eft devenu prefque blanc f l'efprit-de-vin que j'ai fait bouillir deffus n'a pris aucune couleur ; le même efprit-de-vin n'a laiflié aucun réfidu par fon entière évaporation ; il a brûlé comme refprit-de-vin pur & n'a pareillement laiffé aucun réfidu après fa déflagration , ce qui prouve que l'efprit-de-vin ne diflbut point le vitriol de cuivre. NiT RE A BASE DE C V I V R E. J'ai fait diffoudre du cuivre rouge très-pur dans de l'acide nîtreux auffî très- pur; la diffolution s'efl: faite d'elle-même très-rapidement, après qu'elle a été entièrement faturée de cuivre ; elle avoit une couleur bleue tirant fur le verd céladon ; elle étoit troublée par une chaux de cuivre de m-jme couleur, mais infiniment plus pâle que la liqueur & prefque blanche. J'ai fait évaporer cette diffolution au bain de fable , il s'efl: formé deffus uiie pellicule de criftaux confus ; l'ayant alors laiffée refroidir , elle s'efl: coa- gulée toute entière en une maffe de petits criftaux fi confus , qu'il m'a été impoflîble d'en difcerner la figure , même à l'aide d'une bonne loupe ; ces criftaux fe font enfuite humeftés & réfous totalement en liqueur en DE Turin. 1^7 fort peu de .tenis. J'ai rernis cette, liqueur en cvaporatîon , la pellicule s'eil reformée de nouveau , & par le réfroidinTemcnt toute la malle s'eft Tomu I I. encore coagulée; ayant entrepris de la deffccher enfuite entièrement, elle A n nées sert; li jucfice à la première imprellion de la chaleur; mais comme elle ■nsx-i-'ct reftoit toujours en cet état , jôii augmenté le teu ; alors , quoi(iu'à la referve de la pellicule de la furface , le (el demeurât toujours liquide , il a com- mencé à en fortir be;iucoup de vapeurs d'acide nitreux très- pénétrantes ; ces vapeurs m'ont fait connoître que cette liquidité , que j'attribuois à de l'eau fur abondante au fel , n'étoit qu'une vraie fufîon de ce mcme fel , & que ce ne feroit qu'en lui enlevant fon acide par l'aâion du feu , eu le décompofant, en un mot , totalement , que je pourrois l'amener fur le feu à l'état de folidité sèche ; l'ayant donc retiré de deffus le feu , il s'eft figé fur le champ en une matière très-dure & fort avide de 1 humidité de lair; j'ai pulvérifé promptement ce fel & après l'avoir mis encore chaud dans un matras , j'ai verfé par deflus la quantité ordinaire d'efpritde-vin. Je lai laiifé agir à froid pendant deux jours: dans cet efpace de tems , il a pris une belle couleur bleue de faphir allez foncée, & il eft refté au fond du matras une efpèce de chaux de cuivre d'un verd bleu pâle. Par 1 ébuilicion cette couleur n'a point pris plus d'intenluc ; j'ai donc filtré la liqueur , elle a pafTe très-claire &; du plus beau bleu de faphir ; il efl: refté lur le filtre beaucoup de chaux de cuivre de couleur de verd de gris fort pîie. Cette diiïblution , après fon entière évaporation , a laiCTé quarante-huit grains de nître à bafe de cuivre ; la flamme de cet efprit-de- vm étoit d'abord comme à l'ordinaire , mais elle eft bien-tôt devenue beaucoup plus blanche , plus lumineufe & d'un verd très - beau ; cette flamme étoir accompagnée d'une quantité allez coifidcrable de fumée fuligineufe nolrciflante : il s'eft formé autour de la liqueur enflammée ur» bourlet de matière verte qui s'eft noirci en patrie par la chaleur & qui a pris un caraftère charbonneux , auili s'eft elle allumée , elle brûle en rougiffant comme un charbon ; il eft refté après la flamme celfée d'elle- . même, une quantité alTez confidérable de fel bleu en liqueur; l'efprit-de- vin a diflous comme on voit dans cette expérience {^^ de fon poids de nitrz à bafe de. cuivre. Sel Marin a base de Cuivre. ai pris, pour compofer le fd marin a bafe de cuivre, du fil de cuivre rouge très pur , je l'ai mis dans l'acide marin allez fort, diftiilée par l'acide vitriolique pur à la manière de glauber; la furface de cuivre s'eft ternie promptement, mais fans qu'il parut aucun autre figne de dlflblution ; 11 a fallu le fecours du bain de fable pour faire agir l'acide fur ce métal; alors les lignes ordinaires aux diffolkitions des métaux parles acides ont parus, mais je fus étonné de voir que la liqueur, à mefure que la diftblution fe lauoit, au heu de prendre une couleur verte, comme je m'y attendols, prenoit, au contraire , une couleur de café , qui devenoit de plus en plus ip8 Mémoires de ia SociéTÉ koyale des Sciences """*"" ' "'!^ brune & foncée. Lorfque la diflblution a été à peu-près au point de ToMK III. faturation , elle étoit un peu épaide ; elle rougiflbit encore fenfiblement le •^ ^v A-£ £s papier bleu , quoique d'ailleurs l'acide ne parût plus du tout agir fur le 1762 -i76î cuivre qui reftoit. J'ai verfé cette diflolution dans une capfule pour l'évaporer ; & ayant rincé le matras avec de l'eau, j'ai vu aufli avec fur- prife que le peu de dllfolution brune reftée dans le matras, eft devenue d'un très beau verd tirant fur le bleu aulîi-tôt qu'elle a été étendue dans l'eau , & cette couleur s'eft communiquée au refte de la dilTolution dans laquelle j'avois mêlé cette rinfure; par l'évaporation elle s'eft réduite prefque toute en criftaux de couleur verte & figurés en aiguilles ; le peu de liqueur qui baignoir ces criftaux étoit redevenue fauve brun par l'évaporation ; enfin , lorfque tout a été évaporé jufqu'à ficcité , le verd des ciiftaux a difparu & tout étoit abfolument brun ; j'ai mis ce fel tout chaud dans mon efprit ■ de • vin ; ce diiïblvant a pris prefque auflî-tôt un verd très-foncé & a diffout beaucoup de ce fel fans le fecours d'autre chaleur que celle de l'air, qui à la vérité étoit très-grande ce jour là , & de vingt- huit à vingt-neuf degrés ( c' étoit le 26 Août ). L'efprit-de-vin chargé de ce fel, a fourni , après fort peu d'évaporation , beaucoup de criftaux du plus beau verd ; ils étoient aiguillés & comme foyeux ; par la defliccation , ils ont perdu tout leur verd & font devenus abfolument bruns : ils péfoient quarante- huit grains après avoir été bien defléchés. La flamme de l'efprit- de-vin chargé de ce fel étoit du plus beau verd ; on y appercevoit cependant des efpèces de fulgurations blanches & rouges ; & il eft refté après la combuftion de felprit de-vin beaucoup de fel dont une partie étoit verte & l'autre brune. Les changemens de couleur qui arrivent à ce fel , fulvant la quantité d'eau plus ou moins grande à laquelle il eft uni , ont quelque chofe de fîngulier & de remarquable ; lorsqu'il eft fec , ou qu'il ne contient que très-peu d'eau , il eft d'un jaune fauve foncé brun ; à mefure qu'on y ajoute de l'eau, il devient fucceflivement verd d'olives, beau verd de pré plein & foncé, verd bleuâtre, & enfin lorfqu'il eft étendu dans beaucoup d'eau, il eft entièrement bleu , mais clair ; il repaffe enfuite fucceflivement par toutes ces mêmes couleurs^ jufqu'à redevenir tout brun, à mefure qu'on fait évaporer l'eau qui le tient diflous. Ces phénomènes mon fait foup- çonner que ce fel de couleurs fi différentes lorfqu'il eft plus ou moins (ec pourroit être la matière d'une forte d'encre de fywpathie. J'en ai fait l'effai ; ayant tracé des caraétères fur du papier blanc avec fa diflolution étendue dans beaucoup d'eau laquelle eft comme je l'ai dit d'un bleu pâle , ces caraftères, après qu'ils fe furent féchés fimplement à l'air , étoient invidbles à caufe du peu d'intenfité de la couleur; mais les ayant chauffés, j'ai vu aufli tôt paroître l'écriture d'un jaune vif très-beau. Cette couleur qui n'eft qu'une teinte affoiblie du fauve brun qu'a le fel en mafl^e lorfqu'il eft parfaitement defléché , m'a rappelle que M. Baume , très habile Chymifte de cette ville , avoir publié dès IJSI ^^^^ '^ cours de Chymie que nous faifions enfemble, une encre de fîmpathie dont les efîets font tous V 13 E T U R I K. ipp fçmblablos à celle donc je parle actuellement ; & comme la bafc de ^^ j'encre de M. Baume eft du cuis're de même que dans celle-ci, quoique Tome III. le procédé qu'il a donne pour la faire foit diô'érent , je ne doute nulle- A.vxÉes ment que ces deux encres fympatiques ne foient efTentielIement de même i-jé^-i-js^, eTpcce , & je reconnois avec plailir que M. Baume eft le premier qui ait obfervé ceue forte d'encre, & qui en ait parlé; ce Chymifte convenoit, ea annonçant cette encre, qu'elle n'avoit pas la propriété de redevenir invi- lïble par la fimple expofition à l'air , auHi parfaitement que l'encre fym- patique tirée du cobalt , & s'eft: toujours propoié de lui donner cette qualité ; mais des recherches d'une plus grande importance l'en ont empêché juf- quà préfent ; celle dont je viens de parler avoit aulil le même défaut, mais après les obfervations que j'avois faites fur les changemens de couleur de fel de cuivre, & fur la caufe prochaine de ces changemens, il métoit bien facile de donner à cette encre la propriété defirée ; on a vu. que la diliérence des couleurs du fel marin cuivreux dépend uniquement de la quantité d'eau plus ou moins grande à laquelle il eft uni ; fi donc lorfqu'il paroît en jaune par la delliccation parfaite fur le papier , il ne difparoit point enfuite entièrement par l'expofition à l'air, cela ne peut venir que de ce qu'il n'attire pas affez promptement & afl'ez efficacement l'humidité de l'air, & en effet ce fel , quoique déliquefcent , n'efl: pas à beaucoup près du nombre de ceux qui polsèdent cette qualité au plus haut point : il ne s'agiffoit donc pour donner à 1 encre en queftion la propriété de difparoître entièrement , que de la rendre plus avide de l'hu- midité de l'air que ne l'efi: naturellement le fel marin cuivreux, & c'eft à quoi je fuis parvenu facilement en mêlant dans fa dilTolution un autre fel exempt de toute couleur , qui ne peut le décompofer , & qui eft infini- ment plus déliquefcent ; il y en a affurément plufieurs qui peuvent être employés pour cela avec fuccès ; j'avois fous la main le fel marin à bafe craye qui m'avoit fervi dans mes expériences précédentes ; j'en ai mêlé dans la dilTolution de fel marin cuivreux à peu-près autant qu'elle pouvoit contenir de ce dernier fel ; j'y ai ajouté un peu d'excès d'acide marin & de leau, enforre que le tout avoit une couleur d'algue marine affez belle, & ayant fait l'épreuve de cette encre , j'ai trouvé qu'elle difparoilloit prefque aullî bien que celle de cobalt ; je rappelle au refte ici que l'acide marin qui m'a fervi pour ma diflblution de cuivre avoit été diftillé par l'acide vitriolique libre , parce qu'il n'eft pas impoflible qu'un peu de ce dernier acide , mêlé avec le premier , ne contribue aux effets dont j'ai parlé ; j'avertis audl ceux qui voudrolent vérifier cette encre , que c'eft le fel marin à bafe de craye auquel j'ai donné la préférence lur les autres fels marins à bafe calcaire , parce qu'il m'a paru par des expériences faites antérieurement fur les combinaifons de l'acide marin avec différentes terres calcaires , que les fels qui en réfultoient n'étoient pas tous égale- ment déliquefcens, Se que celui-ci l'étoit beaucoup plus que la plus parc des autres. ^200 Mémoires de r.A Sociiri royale bes Scien'ces T^ME IjT ^^- "'^"''^'-'^^ ^" ""^^^ aucune prétention à cette efpèce d'encre de fym-^ _ • pathie, non-feulement, parce que je n'en fuis pas le premier cbfervateur, ^jvJVE ES mais encore parce que ce n'efl: là qu'un de ces petits faits curieux qui fe i7éi-ijc^. préfentent comme d'eux-mêmes aux Chymifles dans leurs recherches; & auxquels on ne doit donner qu'un moment d'attention , quand on n'a pas intention d'en développer la théorie. Je ne me fuis peut être que trop arrêté a celui-ci , c'eft pourquoi je me hâte de revenir à mon objet principal. Les expériences dont j'ai rendu compte dans le Mémoire , quoique déjà nombreufes , ne le font cependant point encore aiïez, à beaucoup près, pour en tirer des conféquences & une théorie générale ; elles font entre- voir à la venté que les fels neutres font d'autant plus diffolubles dans l'efprit-devin , que leur acide eft moins fortement uni avec leur bafe , & qu'à cet égard , ils fuivent par rapport à l'efprit-de-vin à peu-près la même règle que par rapport à l'eau , mais la faturation plus ou moins parflûte de l'acide des fels n'efl certainement point l'unique caufe de leurs différens degrés de diflolubilité dans l'efprit-de-vin , car il y en a qui fe difTolvent en plus grande quantité dans ce menftrue que dans l'eau même. Le principe phlogiftique ou inflammable , influe , probablement , beaucoup dans les effets de ces diffolubilités ; mais je le repète , nous n'avons point encore affez de faits connus fur ces objets pour en développer la théorie générale, je m'abftiens donc pour le préfent de toute fpéculation à cet égard, & je me borne à quelques réflexions particulières fur les expériences dont j'ai rendu compte. En raflemblant fous un même point de vue tous les fels vitrioliques que j'ai examinés , il fe trouve qu'il n'y en a aucun que l'efpiit-de-vin ait diflbus , ou du moins dont il ait diifous une quantité fenfible , & le fel de glauber eft le feul qui ait apporté quelque changement à fa flamme. Si cette indiflolubilité fe foutient dans les autres fels vitrioliques qui me refl:ent à examiner , elle fera une nouvelle preuve de la fupériorité déjà reconnue de l'acide vitriolique fur les autres acides , à raifon de fa plus grande (implicite & de la plus grande force avec laquelle il efl: capable d'adhérer à toutes les fubftances fufceptibles d'union avec les acides; aufïï ai je déjà fait obferver ailleurs que dans la clafle de fes vitrioliques nous n'en connoiffons encore aucun qui ne ioit crifl;a!lifable . ou dont la qualité déliquefcente annonce une connexion foible de l'acide avec fa bafe. Comme aucun de mes feîs vitrioliques ne s'efl: trouvé fenfîblement diflbkible dans refprir-de vin , il n'eft point étonnant qu'ils n'ayent occa- lionné aucun changement à la flamme de cet efprit , mais on pourroit être furpris que je n^aie obfervé aucune couleur verte à la flamme de celui que i'avois fait bouillir fur le vitriol de cuivre , tandis que M.' Bourdelin dit dans fon ^'émoire de 1 Académie des Sciences de Paris pour l'année 175" f. qu'ayant fait brûler de refprit-de-vln fur du vitriol de cuivre, il a obfervé une belle couleur veite dans fa flamme. Il eft très certain cependant que la DE Turin. 20t la contradiiTtlon qui fe trouve entre nos deux expériences n'efl qu'apparente , i— ^— .^ & qu'elles font exactement vraies l'une & l'autre. M. Bourdelin avoit pour Xome III but, dans le Mémoire que je viens de citer, non d examiner le degré de , ditFérente dilToIubilité des Tels dans l'efprit-de vin , mais de reconnoitre -vArr^* s'il s'en trouvcroit quelqu'autre que le fel fedatif qui eût la propriété de '7fi-i7*î. communiquer une couleur verte à fa flamme ; il n'étoit pas néceflaire en conféquence que ce Savant Chymifle prit comme moi la précaution de priver fes fcls de leur eau de crillallifation avant de les foumcttre à l'adion de l'efprir-de-vin , nulfi ne dit-il point qu'il eiit defléché le vitriol de cuivre , fur lequel il a fait (on expérience , & l'on ne doit point douter que ce ne foit l'eau de criftallifation de ce fel qu''il ait rendu mifcible à l'efprit-de- vin en quantité fuffifante pour verdir la flamme , d'autant plus qu'il efl: prouvé par plufieurs des expériences dont j'ai rendu compte, qu'il ne faut qu'une quantité de lel infiniment petite , pour changer confi- dérablement la flamme de cette liqueur. Ces difrérences démontrent bien au refle , combien il étoit néceflaire que je prifTe la précaution de priver mes fels de toute humidité lur-abondante , pour en reconnoitre au jufle le degré de diflblubilité. Si nous jettons après cela auffi un coup d'ceil général furies fels nîtreux, nous verrons que tous ceux que j'ai fournis à l'expérience fe font comportés à l'égard de l'elprit-devin bien différemment des fels vitrioliques ; on fait que l'acide nîtreux tient en général infiniment moins que l'acide vitrio- lique aux différentes fubftances qui peuvent former des fels neutres avec ces acides; il efl démontré aufli en chimie que ce même acide renferme le principe inflammable dans fa compofition ; or il eft très probable que ce Ibnt là les deux caufes principales de la difTolubilité des fels dans l'efprit-de vin ; aufll réfulte-t-il des expériences que j'ai rapportées, que prefque tous les fels nîtreux font difîolubles dans l'efprit-de- vin , & la plupart même en quantité confidérable; il v a cependant deux de ces fels qui font une forte d'exception ; le premier c'efl le nître de mercure , dont l'efprit-de vin n'a pas dilTous une quantité fenfible , & le fécond, le nitre de m.ars, dont le menftrue n'a difTous que fort peu, quoique ce c'ernier fel foit très-déliquefcent & paroifTe par cette qualité devoir être un des plus difTolubles. Je n'ajoute rien pour le préfent à ce que j'ai dit aux articles de ces fels , ce font ces effets dont la caufe demande à être recher- chée par un plus grand nombre d'expériences : mais il efl: bon de remar- quer encore au fujet de nos fels nîtreux , qu'il n'y en a aucun qui n'ait altéré fenfiblement la flamme de l'efprit-de vin , ce qui indique toujours une grande difpofîtion de leur part à s'unir à ce dilTolvant, en tout ou en partie. Au refte , cette altération de la flamme de l'efprit-de vin par les fels neutres efl encore un objet important , qui mérite beaucoup d'atten- tion , & dont il paroit qu'on pourra retirer autant de connoillances nouvelles fur la nature des fels , que de leur difTolubilité même ; mais il demande aulli une nombreufe fuite d'expériences Se d'obfervaticms. Nous entrevoyons feulement par celles qui font déjà faites , que la flamme d* Jom, I, Ce ,J7*i-ï7*î. 202 MEMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES - —* refpiit-ds-vm peuc recevoir trois fortes d'altérations de la part des fels. .Tome III. La première, de devenir plus jaune, plus rouge , plus grande, & plus ^UN££S de'crépitante; la féconde, d'être plus blanche, plus lumineule , & en mcme- tems plus ou moins fuligineufe ; &: la troifième , de contrafter quelque couleur particulière, comme par exemple la couleur verte que lui donnent les iels à bafe de cuivre. Je foupçonne que la première de ces qualités à lieu lorfque c'eft le Tel neutre entier, ic comme iel neutre, qui agit dans cette flamme ; que la féconde e'I produite particulièrement par l'acide des fels, lequel donne à l'efprit de-vin un caradcre plus ou moins appro- chant de celui de l'éther , &: que la troihème eft due principalement à la bafe oi!i à la fubftance qui eft unie à l'acide des fels ; mais tout ceci a beloin d'une plus grande fuite d'expériences pour être éclairci. Enlin, les phénomènes des fels neutres contenant l'acide marin ^ réunis audi fous un même point de vue , nous font connoître que ces 'eis (e font diflous, pour la plupart, dans l'efprit-de vin, & ont caulé de l'altéra- tion à fa flamme; ainfî , à cet égard , l'acide marin paroît difFérer de l'acide vitriolique , à peu-près comme l'acide nîtreux , mais il eft bien remarquable que le compote de mercure & d'acide marin , ioit infiniment plus diflo- lubie dans l'efprit-de-vin , que les fels réiultans de l'union de cette fubf- tance métallique avec les autres acides , & que ce même compofé , ( Is fublimé corrofif) le diCTolve en plus grande quantité dans l'efprit de-vin que dans l'eau même. L'acide de ce fcl , ni même la manière particulière dont il eft uni au mercure ne paroiflent pas les feules caules de cette fingu- lière diflblubilité; je foupçonne que la nature de cette fjbftance m.étallique très-abondante en principe inflammable, & qui eft peut-être même celle de toutes qui en contient le plus, influe pour beaucoup dans les phénomènes de fa din.blubiHté ; mais c'eft encore là une objet qui demande des recher- ches & des expériences ultérieures; je finis par une dernière remarque fur la nature de la flamme de l'efprit-de vin traité avec les fels contenant l'acide marin ; je fais donc obferver que de tous ceux de ces fels que j'ai examinés jufqu'à préfent , le fel marin martial eft le feul qui ait donné à cette ^amme la couleur blanche & un caraélère rapproché de celui de la flamme de l'éther; je ne doute point que parmi ceux qui reftent à exami- miner, il ne s'en trouve plufieurs autres qui produifent le mêmeefîet ; m.ais en attendant on peut toujours en inférer que le fer eft un des métaux qui peuvent communiquer un caradère particulier à l'acide marin , par la^ (quantité abondante de principe inflammable qu'il lui tranfmec. DE Turin. 203 De l'aâlon de la chaux vive fur différentes fubjîances , par M. le Comte de Saluces. Tome III. A X N È £S ■ P. LusiEURS Savans ont traité de la chaux, & leurs produflions font très iiitérefTantes ; mais les réfultnts diftc'rens qu'ils ont eus de leurs travaux, ayant fait naître une diverfité de fentimens fur la nature de cette fubftance, la vérité fe trouva aind balancée, par la réputation des Grands- Hommes qui y avoient confacré leurs foins , & , à quelques opinions près , on demeura dans la perplexité & dans l'incertitude : c'eft pour cette raifon , qu'après ce qu'en avoient dit les Hartman , les Fickus , les Vanhelmont , les Stahl, les Lemery, les Zwelpher, les Ludovici , les Kunkel & beau- coup d autres que j'omettrai pour plus de brièveté, M. du Fay en entreprit lin nouvel examen : fon travail ne fut néanmoins ni des plus fuivis , ni décidf; car quoiqu'il eût retiré un fel delà chaux, il n'en a pas détermine la nature. M. Malouin travailla enfuite fur le même fujet , 6i prouva que la chaux contenoit un fel félénixute. M. Macquer voulut voir de plus, fî fes propriétés étoient dues à quelque matière faline , qui concourût à fa formation, & il a démontré le contraire. M. Pott tourna (es vues fur les phénomènes que préfente la diflolution de la chaux vive dans l'acide nitreux. AI. du Hamel obferva ce qui réfultoic de la combinaifon de cette fubftance avec tous les acides , & augmenta par-là le nombre des connoifTances qu'on avoit fur cette matière; en traitant enfuite de la nature du fel ammo- niac , & ayant examiné qu'elle pouvoit être la caufe de la conRante déconiporition de ce fe! en liqueur en employant la chaux pour intermède, ce Savant conclud dune fuite d'expériences très-ingénieufes, que la chaux n'agit pas feulement fur l'acide du fel ammoniac , mais encore fur la matière grafle qui efl: de l'effence des alkalis volatils. M. Brandt donna aulTi un Mémoire en 1745) à l'Académie Royale de Suède fut la chaux ; le premier objet qu'il a eu en vue a été de décider fî elle eft entièrement diffoluble dans l'eau ; enfuite il confidéra , fi par fa combinaiion avec les acides , il réfulte des fels neutres , & il a trouvé que ni l'un ni l'autre n'avoit lieu. Il entra après dans une comparaifon de (es effets avec ceux des alkalis fixes, & il finit par des recherches fur les matières qui contiennent une terre femblnble à la chaux. M. Hoffmann a de même fait différentes expériences fur la chaux vive , & il lui attribue un principe terreftre très-fixe , & un autre volatil prefque de la nature du feu j il prétend que le feu ne fait qu'unir ces deux principes avec plus de force, & qu'on peut en féparer celui qui efl: volatil par la cuifTon dans l'eau ; M. Nadault donna enfuite une differtation remplie d'expériences toutes nouvelles , & fort ingénieufes dans le recueil que l'Académie Rovale des (Sciences fait paroître fous le titre de Mémoires préfentés à l'Académie Ce ij 204 Mémoires de la So'ciÉTê rôvàle des Sciences pai- divers Savans, &C. Tome II. Mais tous ces iiluftres écrivains ont ea- Tome III. pour but, dans l'examen qu'ils ont fait delà chaux, de voir fi elle contenoit Annéss quelque matière faline , h cette matière entroic dans fa compofition , &C it6-'-i76u quelle en étoit la nature. AI. du Hamel efl: le feul que je lâche qui ait développé par occafion , & dans le cas particulier du fel ammoniac , la propriété dont nous avons parié; propriété qu'on connoilfoit en quelque façon ; cas on favoit , par exemple , qu'on pouvoit rendre , par fon moyen , diflblubles dans l'eau les huiles , & les grailfes , en formant avec elles una efpèce de (aven ; ces connoiflances étoient pourtant trop vagues Se trop peu circonflanciées , pour que l'on en put inférer ce que ce Savant a enfuite établi par des procédés fort élégans. M. Talducci avoit donné dès l'an 1671 des expériences fur ce fujet , & il svoit déjà obfervé que la chaux vive combinée avec le foufre augmentoit de poids, malgré l'inflam- mation de cette fubftance , & quelqu'autre phénomène qui léfulte de fon union avec l'acide nîtreux , ou avec quelqu'autre matière; ces expériences, quoique ingénieufes , ne font cependant que des faits ifolés qui ne lui laifscrent pas foupçonner la propriété qu'a la chaux vive d'attaquer la partie phlogiftique de plufieurs corps ; c'eiT: ce qui fait l'objei: de ce Mé- moire , que je crois d'autant plus intéreflant , qu'il n'a encore été traité par perfonne fous ce point de vue, & que fourniffant des phénomènes nouveaux , on peut en tirer des obfervations dont l'utilité fera d'autant plus feiifible , qu'on pourra , en les comparant à d'autres déjà connues , développer bien des vérités importantes & ignorées. 2. C'efl: donc de cette matière , que nous appelions aufîi du nom de viatière iiifiammable ^ ou foufre principe , &c. qu'il fera queflion dans ce ]\lémoire , & qu'il eft nécellaire de bien diftinguer de ce qu'on entend communément par matière grafle; car l'union qu'elle contradc avec toutes les parties qui compofent une fubftance grafle , n'eft: pas , à beaucoup près, aullî intime que l'eft celle qu'elle contraéle avec cette partie, dont la préfence , ou la privation , apporte des altérations , & des changemens fi conlldérables au corps. 3. Comme un tel examen pourroit m'engager dans un grand nombre d'expériences, dont aucune à la vérité n'eft à négliger, mais dont le détail me méneroit cependant trop loin, je me borne à donner maintenant une idée de mon travail. Je rendrai compte , par parties , de ce que j'ai fait & de ce qui me refte encore à faire ; je clioifîrai pour ce Mémoire les expériences dont les réfijltats m'ont fourni quelques phénomènes , ou quelques obfervations plus particulières. Pour fuivre un ordre , je com- mencerai par expofer ce qui eft réiulté Be la combinaifon de la chaux avec le foufre ; & pour pouvoir procurer tous les éclaircifTemens que je crois néceffaires, je me propofe de faire obferver , en méme-tems, ce que m'a donné le mélange du foufre avec l'alkali fixe , mélange qu'on connaît fous le nom de foie de foufre , & le mélange du foie de foufre avec 1| çhavjx , c'sft de ce donc je vais rendre compte, ï> E T u R i î?. aoj EXPÉRIENCE PREMIERE. Tome III, Combinai/on dufoufre avec la chaux; dufoufre avec kfcldepotaffe; & du foie de foufre avec la chaux, 4.J AI fait du foie de foufre, en mêlant quatre parties de fel de tartre avec une partie de foufre fondu , j'ai diffous ce mélange dans l'eau , ds même que les luivans. J'ai fait aulli un mélange de quatre parties de chaux vive avec une partie de loufre fondu. Enlin , j'ai fait un troifième foie de foufre avec fix parties de chaux , trois d'alkali lixe & une de foufre. J'ai mis les trois cucurbites garnies de leurs chapiteaux foigneufeaient luttes djns un mcme bain de fable. ^. Dans les deux premières combinaifons la plus grande partie du foufre fe fublima au chapiteau ; on voyoit néanmoins des taches blanches très- luifances , & principalement dans !e col des cucurbites , le caput morcuuin étoit noir dans celle de la chaux, & roux jaunâtre dans celle du foie de foufre, je ne m'arrêterai pas à examiner ces rcfultats, me réfervar.t à le faire , lorfque j'en aurai eu de plus confidérables. 6. Le troifième mélange , (avoir celui du foie de foufre avec la chaux m'a fourni des obfervations plus remarquables; car il ne laifla rien fublimer, & la liqueur qui palfa dans le récipient, quoiqu'infipide & fans odeur, changeoit cependant en rouge le papier bleu; il efl: vrai qu'elle ne faifoit point fenfiblement effervefcence avec les alkalis , je fuis cependant très- perfuadé , qu'elle contenoit un peu d'acide ; parce qu'outre ces indices , j'ai trouvé, depuis mon travail tait, que M. Seehiius en avoic retiré. Se qu'au fentiment de M. Voge! , cet efprit tient de 1 urineux (a ). Le capuc jnortuum étoit d'un blanc éclatant contre les parois du verre , noir dans le milieu , bourfoufié , facile à fe réduire en poulîîère , gras au toucher , d'un goût trèsfulé. J'en retirai par la dilTolution , filtrntion ik déllkcation , una fubftance très blanche, cotonneule , feuilletée, à peu-près, comme lacterre foliée , cette fubftance étoit couverte de petits criftaux luifant tris déliés jqui s'éîevoient en pointes, & fe croifoient comme les brins d'une étoffa de laine blanche : fon odeur approchoic beaucoup de celle que prend l'urine évaporée en conlîftance de miel , fa faveur étoit amère &c un peu lalée. 7. Ayant répété cette expérience , en fubftltuant au fel concret du fel qui étoit tombé en déliquefcence , je commenij-ai par remarquer que la liqueur avoit pris une couleur beaucoup plus chargée , je la décantai , ^ — % ( j ) Ce phénomène piéftnte ijuelque cliofê d'extraordinaire, njais je ne dois pas (ILfllrauler iju'il a été obl'ervé par plufieurs Savans, N NEES ■20(5" MÉMOIRES DE Lk SoCIÉTÉ ROYALE DES SCXENCES L M ^ g[]g j^g changea plus fenfiblement en rouge le papier bleu , mais elle Tome III. faifoit une vive effervefcence avec les acides (b). Ayant enl'uite calciné A.-v xÉ ES 'ss matières dont j'avois décanté la liqueur, elles fe (ont réduites en une 1-6-1.-1 61 ni^f^s pulvérulents , fpongieufe, très-légère , noirâtre dans la partie fupé- rieure, bleuâcre dans l'intéiieur de Ja lubilance , & très-bl-'.iche dans les autres endroits, comme Is cûvut mortuum de l'expérience précédente. S. J'ai réitéré les deux combmaifons précédentes ^ m;'iî Je rapport de la chaux ,& de l'alkali-fixe , au loufre étoit dans chacune de lo: i. Le foie de foutre a fourni une grande quantité de matière lublimée au chapiteau & au col du matras. p. Cette matière étoit très blanche & ne paroilTolt tirer un peu fur le jaune qu'au bord du chapiteau; elle étoit fi grafle que js ne pus la détacher du verre , fans qu'elle s'engageât au pinceau , de manière à ne pouvoir l'en retirer qu'en la mettant dans l'eau. Elle s'y efc prefqu'entiérement diuLate. Ce qui reP-oit à la furlare s'eft enfin précipité fous la forme d'ur.e poudre blanche trèr fine , & la diflolution du blanc un neu jaunâtre devint claire , & paroifToit rirei fur le b'eu. J'en pris une partie que je (oumis aux expériences dont je vais donner le réfulrar. 10. Elle fe mêloit avec beaucoup d'effervefcence & de chaleur à l'huile de vitriol , & donnoit un peu d'odeur fulphureufe. 11. Elle ne foufiroit aucun changement avec l'eau forte, & exhaloit feulement un peu d'odeur fulfureufe. 12. Avec l'alkali fixe il fe fit dans la liqueur un petit mouvement qui Teiïembloit à un principe de fermentation, Si il s'éleva un peu d'odeur de leflive. I 3. II arriva à peu-près la même chofe avec l'efprit volatil de fel ammo- niac, & il me parut qu'il émoufloit l'odeur pénétrante qu'il avoit (c). ( A ) La contradiflion apparente qui fe manifefte dans ces réfultats , en ce qu'ils donnent des fignes d'alkali & d'acide , ne viendroit-elle point de ce que , par cette combinailbn , l'acide vitriolique ei'it perdu un peu de fiin affinité avec le phlogiflique , de manicre que (on union n'étant plus (î fone , chacun des principes du mélange pfit agir avec liberté fur des nouvelles fubflances avec lesquelles ils auroient quelque rapport, fans que ces principes néanmoins pufTent contrader entre eux de liaifiin à caufè préci- fénient du phlogiflique , qui dans cette rencontre, produifit l'effet qu'on voit arriver ordinairement d.ins la diftiilation des plantes qui donnent de l'acide &■ de l'alfiali volatil/ Si on réfléchit fur la facilité qu'il y a à décompofèr par la feule évaporation lente, le foutre dans le foie de foufre, & à en retirer du tartre vitriolé, il paroît par cette con- jeflure , qu'elle n'eft pas entièrement deftituée de probabilité. (c) Je dois avertir que le meilleur moyen que j'aie trouvé pour découvrir pins (ên/î- blement l'exiflence de l'acide vitriolique a été d'employer la dilTolution du fel marin , ou celle du (êl ammoninc ; car quelqu'afFoibli que cet acide fût par l'eau , quelque jnatqué qu'il fût par des (ubftances hétérogènes , les /ignés de fa présence étoient beau- coup plus fenfiblfs dans ces Solutions , qu'ils ne l'étoient avec les alkaiis fixes ou volatils : c'eft là une obfervation gui m'a paru trop intéreffante pour négliger d'en lendre compte. D K T u n r N. 2C7 14. Je filtrai le rede de la liqueur , & la fis évaporer ; j'en retirai par ' ' ' — une deiliccation totale une croûte scclie , jaunâtre, tirant un peu fur le ToMi; Ili. roux, je crus devoir redilfoudre cette l'ubrtance , pourvoir fi en lui enle- Années yant la partie plus grafle qu'elle contenoit , elle pourroit fe criftallifer. & i/Si-jyér. je vis que la diflblution prenoit une couleur rouge très-belle , & qu'en mème-tems elle lailfoit précipiter une matière brune, laquelle ne s'enflam- moit pas comme le foufre, quoiqu'elle en manifeRàt encore un peu l'odeur; cette diirolution filtrée n'a pu fe cryftallifer, & étant évaporée à ficcité elle donna de nouveau une pellicule. Cette pellicule ne faifoit point d'effervef- cence avec l'iiuile de vitriol; elle n'étoit point altérée par l'eau forte, &i donnoit avec l'un & l'autre une odeur fjlphureufe. ly. J'examinai ce qui étoit refté fur le filtre, & il me parut à la couleur que ce n'étoit qu'une efpcce de fleurs de foufre combinée cependrint avec beaucoup de matières étrangères. Il efl toujours certain que ce réfidu contenoit encore du foufre, ce qu'on {i) reconnoiflcit à fa couleur un peu jaunâtre, & à des pointes bleuâtres qui en exhaloient l'odeur , lorfque je le faifois chauffer , jufqu'à brûler le filtre ; de mcrae qu'à la propriété qu'il avoit de furnager l'eau dans laquelle on le mettoit ; de ne fouffrit aucune altération étant mêlé avec l'eau forte , quoiqu'il fit effcrvefcence avec l'huile de vitriol ; ce qui me porte à croire que le fel qui fe fublime, fouftre, par cette opération , une efpèce de décompofition , en ce qu'une partie de l'acide fulfureux fe détache de l'^lkali fixe , avec lequel il avoit contrafté une union fuffifante pour le volatilifer, & qu'avant cette altéra- tion ce compofé étoit une efpèce de fel fjlfureux de Stahl , qui ne difl'cre de celui qu'on fait à feu ouvert , que parce qu'il contient une plus grande quantité de phlogiftique; car, certainement, il n'en pafle pas autant dans la liqueur du récipient , & il n'en refle pas , outre cela , une aufll grande quantité dans h caput mortuum, qu'il s'en dilllpe par la combuftion à l'ait libre ; nous verrons , en effet , que la liqueur paffée dans le récipient étoit fenfiblement acide ; il eft vrai qu'elle manifeftoit une odeur fulfu- reufe , lorfqu'on la mcloit avec l'huile de vitriol; mais j'ai lieu de penfer que cette odeur eft produite par une efpcce de défunion qui fe fait d'une partie du phlogiftique du foufre , lorfqu'il eft combiné avec l'alkali fixe , de manière qu'un peu d'acide vitriolique fe convertit en efprit fulphureux, & qu'étant délayé dans plus ou moins d'eau , approche plus de l'odeur du foufre bvûlant , ou de celle du foie de foufre. 16, Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à miettre un charbon ardent dans l'huile de vitriol , il s'élèvera d'abord des vapeurs fulfureufes volatiles ; qu on diminue la force de ces vapeurs , par l'addition de l'eau , on trou- vera que ces vapeurs s'affoiblifient à mefure que feau eft en plus grande (J) Les fleurs de (burre qu'on fait avec le lel polichrefle ne devroient-elles p.tj plutôt leur blancheur à une petite quantité de ce (el , que le foufre eniève dans la fublimatlon , qu'a l'atténuation que le (ôufre fubit dans (es parties par l'intermède de ce ig\} N'en fèrolt-il pas de racraedu magillère par une rai&n oppofce/ 208 MÉMOIRES T)^E LA SoClÉTÉ ROYAI-E DES SciENCES „:,.... ^.-j j. quantité, au point de changer cette odeur en une odeur très-approchante " ~ rTT de celle du foie de foufre , ii elle n'eft pas tout à-fait la même (e). o .ME in. ^ Dans le caput mortuum enfin , il fe trouve très-peu de phlogiftique, A.v .\ é ES gy égard à Tacide & à l'alkali fixe; car on verra qu'on obtient, par la lixi- J7U1-17IÎJ, viation , filtration &: évaporation , un fel luifant , pendant qu'il ^^e refte que très peu de matière fur le filtre , laquelle ne s'enflamme point: il eft vrai que cette fubftance faline n'eft pas totalement débarraflee du phlogif- tique ; car, fans cela, il devroit rélulter un trrtre vitriolé; mais je crois que c'eft aullî un fcl fulfureux , qui approche plus du tartre vitriolé commun en ce qu'il contient moins de phlogiftique, que celui qui fe vo'.atilife , & qui probablement ne doit fa volatilité , qu'à la grande quantité de phlogiftique à laquelle il eft uni , le fel de tartre étant une des matières les plus fixes. \2. C'elt encore ici un exemple de la volatilité que peuvent acquérir les alkalis fixes, par l'addition du phlogiftique; nous nommerons le premier lel volatil . & le fécond fel fixe fulfureux (/). La liqueur qui pafla dans le récipient , étoit un peu trouble , & avoit une odeur fingulicre , étant mêlée avec l'huile de vitriol , elle s'échaufta confidérablement & développa une forte odeur de foufre brûlant; avec l'eau forte, elle donna des fumées dont on ne pouvoit pas diftinguer la couleur, mais qui avoient l'odeur des vapeurs de l'efprit de nitre fumant : elle fit effervefcence avec l'alkali fixe, de même qu'avec l'alkali volatil , le caput mortuum étoit une fubftance compade blanche, tirant fur le gris à fa partie fupérieure ; gris brun à la iurface inférieure , avec une partie très-blanche au centre ; j'en eflayai un peu, comme j'ai fait ci-devant , & il en réfulta ce qui fuit; favoir. 19, Il fit une vive effervefcence avec les acides , fe couvrit d'une matière onftueufe; prit une couleur brime avec l'huile de vitriol , laiteufe avec l'eau-forte , ne manifcfta aucun changement ni avec l^alkali fixe , ni avec l'a.kali volatil : il fe fit un précipité dans chacun de ces mélanges. Ce précipité étoit tanné dans l'acide vitriolique , verd clair dans l'eau-forte , tanné plus clair dans l'alkali fixe , & prefque noir dans l'alkali volatil. ,20. J'ai diffous le refte, je l'ai filtré, & fait évaporer jufqu'à ficcité, & il fe forma une croûte épaifTe criftalline &: afTez ferme , qui avoit une faveur onâueufe , piquante , araère , & un peu l'odeur d'œufs pourris , moins ' e") L» petite quantité de phlogiftique qui fè trouve combinée avec un acide vitriolique afFoibli par beaucoup d'eau , eft la cîufe de cette odeur fœtide ; ce qui a été très-biea prouvé par yJ/. Hoffmann, pagâ no, lome 11; or, dans l'addition qu'on fait de l'huile de vitriol au (ê! en queflion , on combine l'acide vitriolique avec le phlogiftique fiir»r abondant du fel , ce qui doit nécefl"airement manifefier l'odeur des œufs pourris. (/) J'ai dit un exemple de la volatilité qu'acquièrent les alkalis fixes, par l'addition du phlogiftique , pour m'exprimer (èlon l'acception commune ; car j'aurai occasion de faire voir , dans la fuite , qu'elle doit être attribuée , en grande partie , à l'affociation qui s'eft faite de quelque peu d'acide , de manière qu'on doit regarder ces produits comme des compofés d acide de matières inflannuabks Si d'une fubftance fixe au moyen de l'eau, cependant |^ DE Turin. 209 cependant qu'elle ne l'avoit avant que la diflblution fût filtrée : c cfl là le *"""™^*^^ fel dont nous avons parlé ci-devant. §. 17. Tome III. 21. Il reft.i fur le iiUre une matière grife fans faveur & fans odeur qui A n tfÉEs ne brùioit point, étant mife fur le charbon ardent, mais qui y prenoit , 1751 -i 76 j, feulements une couleur blanche; elle faifoit une vive cffervefcence avec les acides , & manifeftoit une forte odeur fulphureufe avec 1 huile de vitriol ; ayant enfuite mêlé la combinaifon de ce réfîdu avec l'eau-forte , dans celle faite avec l'huile de vitriol , il s'eft enlevé une quantité de vapeurs fî prodigieufe , qu'il paroilToit que le mélange dût s'enB.immer; j'y projettai des charbons en feu , & les vapeurs s'élevèrent avec une force furprenante ; elles étoient d'une couleur jaune très- vive , & rcpan- doient une violente odeur d'efprit de nitre fumant, mClée d'efprit fulphu- : reux : le refte de la liqueur , qui ne s'étoit pas dilTîpée , continua à répandre des vapeurs jaunes rougeàtres pendant plus de vingt-quatre heures que je le gardai ; elles relTembloient parfaitement à celles de l'efprit de nitre fuTiant , &: n'avoient plus rien de fulphureux; ce qui montre que l'affi- nité de l'acide vitriolique avec la matière inflammable, eft encore fupé- rieure dans cette occafion à celle des autres acides. 2,y.. Le célèbre Stahl a été le premier, qui ait donné ce procédé, pour décompofer le foufre , & pour faire du tartre vitriolé ; mais c'efl: tou- jours par le concours de l'air libre que fe fr.ifoit cette opération; perfonne , que je fâche , n'ayant cru , jufqu'à préfent , qu'elle pût réuflir dans les vaifîeaux fermés ; on peut confulter à ce fujet les lavantes notes que l'illuflre M. Baron à faites fur Lemery (g), & c'eft de cette différence, que nous devons déduire celles de nos réfultats ; car le phlogiflique , ne pouvant fe dilllper , fe combine , en partie avec l'acide qui fe détache du foufre , & qui efl: alors délayé dans beaucoup d'eau, pendant que le relie qui efl la partie la plus confldérable , fe joint au fel de tartre avec un peu d'acide vitriolique ; d'où il réfulte un fel volatil fulphureux , qui contient une plus grande quantité de phlogiftique que le caput mortuum (h), 23. Le foie de foufre fait avec la chaux vive. Si dilTous dans l'eau, donna de même une matière fublimée au chapiteau Se au col du matras; elle étoit encore plus blanche & en plus grande quantité , que celle du foie de foufre fait avec l'alkali-tixe , & avoit une apparence crillalline un peu (.?) '^«y? Cours (Je Cl-.imie, &c. par AJ. Z-irmîry, nouvelle édition revue, corrigée & augmemce d'un grand nombre dénotes, &c. par M. Bjror. , 1757 , F-ti' 4^î- (/j) Ces (èls me paroifTent être les nicmes que le (êl neutre que AI. Siypius a obfërvé dnns les eaux minérales. 11 le reccnnoit de mcme nature que le fèl fulphureux de Stahi dont il ne diffère , que parce qu'il ne (ê laifTe pas décomoolèr par les acides nitreux St marin , S: il en conclud qu'il ne doit cela , qu'à ce qu'il eft moins volatil ; je crois de mcme que le (êl du cjpiit mi.-iuum neù. qu'un tartre vitriolé altéré par un peu de plilogilîique, &neut-étrc, (ûrclia'gé d'acide, ce qui empéciieroit d'autant plus la crillal- liûtion de ces fèh; comme le remarque M> Jumkcr, Tome I, 15 d 210 MÉMOIRns DE LA SoCIÉTÉ ROYALK DES SCIENCES —---.■-.., — ft« terne ; elle étoit onftueufe , & il me l'a fallu diflbudre dans l'eau pour Tome III. l'en retirer; rien ne furnageoit dans cettte diflolunon; leulement après quel- An N É ES qiJS ^^"^'' q'J e'''^ f^t repolée, il le Ht un prétipité blanc , un peu vtrdâtre ; j'ajoutai de nouvelle eau , & il le diflout encore une partie du précipité: la liqueur parut toujours un peu trouble. J'en pris une partie , comme i'avois fait pour le foie de foufre, & la mclai avec les acides, & les alkalis. 2-\. Meléeavec l'acide vitriolique,elles'échaufta,fîtune viveefl'ervelcence, & donna une odeur de foufre brûlant. Avec l'Eau lorte, elle s'échauffaun peu, répandit des vapeurs , mais ne donna aucun fîgne fenlible d'effervefcence. ay. Avec l'aikali lixe 11 s'éleva des bulles d'air; je ne négligerai pas de faire obferver ici, que dans le mélange de la diffolution avec l'iiuile de vitriol, il le fit un précipité brun qui s élevoit en petits filamens aux côtés du verre : il ne paroiflbit qu'un peu de pouflière très-fine & très- blanche dans celui de l'eau-forte : celui de l'aikali fixe étoit plus confidérable , de même que celui de l'aikali volatil, avec la difterence, que ce dernier étoit d'un verd un peu plus foncé. 26. Je crus devoir ajouter de nouvelle eau dans le refte de la diffolution , pour voir fi le nouveau précipité ne l'étoit point faute de diffolvant ; mais quoiqu'il fe méliit à l'eau dans le tems de l'addition , ce précipité paroilToit néanmoins à peu près en même quantité , après que j'avois laiffé repoler la diffolution ; je la filtrai enfin , je la fis évaporer julqu'à ficcité, & j'en retirai une fubftance qui adhéroit confidérablement à la terrine; ce n'étoit qu'une croûte bien mince d'une couleur fauve; elle répandoit un peu de fumée, étant expofée au feu , s'y noirciffoit , fans s'enflammer & fans donner d'odeur fulphureufe bien fenfible. 27. Elle faifoit une vive effervefcence avec les acides, & manlfefioit avec eux une forte odeur fulphureufe. 28. Il fe faifoit auHI un peu de mouvement en la mêlant avec l'aikali fixe & avec l'alkalivolatil. Voici encore un autre exemple de la volatilifation d'une matière très fixe. Dépend-elle du phlogiflique , de manière que par fon moyen, la matière fixe change de nature , & prenne un caraftère volatil? Ou bien exifleroit-il des parties volatiles par elles-mêmes dans la chaux , mais dont la propriété feroit fufpendue , par une combinaifon toute par- ticulière qui feroit détruite par l'addition de l'eau ? C'eft ici le fentiment du célèbre M. Hoffmann que nous aurons occafion de difcuter dans la fuite. 2p. La liqueur , qui paffa dans le récipient étoit claire , ne donnoit aucune odeur , & ne faifoit fentir aucune faveur étant mife fur la langue. Elle faifoit une violente effervefcence avec les acides , & développoit avec eux une puiffante odeur fulphureufe. 30. Elle excitoit auffi un mouvement en la mêlant aux alkalis; mais , ce mouvement paroiffoit plutôt de fermentation. 31. Le caput mortuum étoit une fubflance bourfoufflée , grife, tirant fur le noir dans fa partie fupérieure , blanche dans le centre de la maffe , DETuKIN. 211 & un peu noirâtre au fond ; elle c'toic grafle au toucher . foit dans fa partie grile, foit dans celle qui étoit parfaitement blanche; &; fe rédui- Tomk III. foit avec beaucoup Je facilité en une poullicre très fine, qui s'attachoit Années aux doigts: fon odeur approcholt de celle du foie de foufre, fon goût i76i-i76j. étoit un peu amer, & fcrabloit tenir comme un glu à la langue. Je l'ai diflbut dans beaucoup d'eau; après l'avoir filtrée, je l'ai fait évaporer. 32. Lorfque la dilfolution fut environ à moitié évaporée, il fe forma à la furface une forte pellicule, fans qu'il fe précipitât rien au fond ; ce qui me fit penfer qu'elle pourroit bien fe criftalifer : mais ce fut inutilement que je l'expofai , pendant une nuit, au froid; je pris donc le parti de l'évaporer à liccité. 53. J'en retirai , par ce moyen, une croûte faline d'un goût falé &: amer, avant qu'elle fut entièrement delTéchéa ; mais lorfqu'elle fut réduite à une entière delTiccation , au goût , elle reffembloit afl'ez à du fel commun , à la feule différence près , qu'elle étoit un peu moins falée que le fel marin; déplus elle étoit un peu onctueufe, kiilTant quelque trace d'une matière terreufe , grafle , brûlée par l'acide vitriolique ; ayant enfuite pris ce qui étoit refté fur le hlrre , & ra)ant mis dans l'eau bouillante que j'ajou- tois à chaque fois que je filtrois la difl"olution qui s'étoit faite , je mis toutes ces diQolutions fur la croûte laline dont je viens de parler, & j'en eus, par l'évaporation une croûte qui, du blanc avoit paflé au jaunâtre, d'un goût fade, & ayant la conlillance d'une terre. 34. Cette fubftance diOoute dans l'eau, fait beaucoup d'effervefcence avec l'huile de vitriol , donne une forte odeur fulphureufe, prend une couleur laiteufe , au moment du mélange , s'éclaircit , fait un précipité blanc , & une écume gralle à la furface de la liqueur. Après qu'on a verfé une certaine quantité d eau- forte, l'effervefcence fe manifcfte avec de fumées blanches , Se après quelque tems, il fe fait un petit précipité. 35-. Il fe fait un peu de mouvement avec l'alkali fixe . il fe forme enfuite un coaj^ulum blanc , qui nage dans la liqueur devenue laiteufe , avec un petit précipité roux jaunâtre. On voit le même mouvement avec l'alkali volatil , la liqueur prenant une couleur rouifàtre ; apiès être repofce, on ne fent plus d'odeur uri- Jieufe, il fe fait un précipité brun ; & on voit une tranche à la furface delà liqueur, qui rcficmble à une huile. 36. Ce qui eft refté fur le filtre étoit une matière grife foncée, qui perdoit un peu de fa couleur, étant delTéchée ; pour l'en enlever , l'ayant mife fur une potie de fer à un feu violent, jufqu'à faire rougir à blanc la poêle , elle a comm-'ncé par prendre une couleur jaune fans fumée ni odeur , oile devint enfuite blanche. 37, J'ai pris une partie de ce réfidu que j'avois fait deflecher fur la filtre, & je 1 ai foumis aux expériences ordinaires. Il fit une violente eServefceace avec les acides , & il man'fefta une Ddij 212 MéMOIKES DE LA SoCI^:TÉ ROYALE DES SCIENCES ~ — " puifl'ante odeur fulphureufe volatile avec l'huile de vitriol , & une très- I o ME 111, forte odeur d'elprit de nître fumant avec l'eau-forte ; dans le premier , une A.v !v Ê ES écume furnageoit la liqueur que j'avois étendue dans l'eau , & l'on voyoit [i75i;-i75f. des petites particules qui s'y foutenoient, il fe fit au furplus un précipité gris brun ; dans le fécond on découvroit de même cette écume grafle , qui adhéroit aux parois du verre , & il n'y avoir point de précipité fenfible. 38. Dans les alkalis , il parut fe faire un peu de mouvement, & il fe fit, fur-tout dans l'alkali Hxe , une précipitation, à ce que j'ai pu conjec- turer, prefqu'entière de ce réfidu, lequel prit une couleur obfcure. 39. Ce même réfidu, calciné, donna les mêmes lignes d'effervefcence avec les acides , & de mouvement avec les alkalis; mais avec plus de force, de mérne que pour les odeurs qu'il développa dans le mélange des acides : cette écume fe montra aufîi avec l'huile de vitriol , mais elle n'étoit pas en fi grande quantité, & le précipité en fut plus abondant, plus clair & moins léger , rien ne le foutenant dans l'eau ; dans l'eau-forte , il ne fe lit point d'écume. 40. Avec les alkalis, il fe fit un précipité très-abondant 5 mais plus clair que celui dont nous avons parlé ci-devant. 41. Je réitérai cette expérience, en mettant vingt-quatre parties de chaux fur une de foufre, & j'obfervai que la matière fublimée au chapi- teau, &: au col de la cucurbite , étoit très-blanche & luiiante , fans le moindre vertige de jaune; on y découvroit même des ciiftallifations en aflez grande quantité; mais elles" étoient tellement entrelacées les unes dans les autres, qu'on n'en pouvoit pas diftinguer la figure; cette matière étoit néanmoins très- gralTe , & la partie qui adhéroit au verre ne put être enlevée qu'en la dilfolvant dans l'eau. J'en mis un peu de celle que j'avois détachée avec le pinceau fur les charbons ardens , & je vis qu'elle fe gonfloit, comme fait l'alun, pendant qu'elle donnoit des fumées qui fen- toient le foufre ; je fis dilToudre le refle , & je mêlai de cette dilfolution avec de l'huile de vitriol , de l'eau-forte , de l'alkali fixe , & de l'alkali volatil; je remarquai, outre les effets dont nous avons parlés ci-devant, §. 25. 24. 25", qu'elle manifeftoit l'odeur de foie de foufre avec l'huile de vitriol , une odeur fulphureufe avec l'eau-forte ; qu'elle fe troubloit , devenoit laiteufe, & formoit une efpece de Cfijcju/Km , exhalant une forte odeur de leflive , après s'être repofée , avec l'alkali fixe : par l'évaporation du refle de cette diflolution filtrée, je retirai une fubftance grafle, amère, un peu falée , laiflant une imprefllon terreufe fur la langue, elle étoit par écailles comme la crème de chaux defféchée , ce fel manifeftoit une forte odeur de foufre brûlant avec les acides , & faifoit effervefcence avec eux; il ne faifoit voir , au refte , aucun mouvement avec les alkalis , & déve- loppoit l'odeur urineufe volatile du fel ammoniac, 42. Je faturai d'acide vitriolique le peu qui me reûoit de ce fel , je retendis dans l'eau, & après l'avoir filtré & évaporé, j'en eus un fel blanc fait, à peu-près , comme le précédent qui reffembloit à un fel félénitique. D E T U R I N. 21? mais dont le goût âpre & ftlptique approchoit beaucoup de celui de l'alun. -"*? Je tentai de le faite criftaliifer par l'addition d'une lellive, mais je n'en Tome III. retirai qu'une fubftance qu'il fallut delTécher , & qui reffemblûit à des An.\-É£s coquilles d'œufs pilées , & dont la faveur étoit extrêmement ftiptique, & i-jCi-iTC^, laifl'oit enfuire une imprellion terreufe fur la langue. 43. Les réfultats des expériences faites fur la liqueur ont été les mêmes, que ceux dont j'ai parle, §. 25). 50. 4f. Le ccifiu mortuum ne diffsroit du précédent §. 31. qu'en ce qu'il paroilToit plus léi^er & plus brun à fa furface. Je trouvai : Qu'il faifoit une forte effervefcence avec l'acide vitriolique fulfurcux. Avec l'eau-forte, il fit auflî beaucoup d'eifervefcence , & manifefla unç forte odeur , telle que celle que donne l'efprit de nitre fumant. 45-. Avec l'huile de tartre, on voyoit un petit mouvement qui portoit de la chaux , pour fe rendre à la furface de la liqueur ; & je crois être fondé à penfer, que ce mouvement étoit produit par l'air, qui le dévelop- poit de la chaux : mêlé enfin avec l'eau , il failoit effervefcence comme la ■ • poudre de la chaux , & , à peu-près , comme la creta bathenfu. 4<î. Ayant mis le réfidu qui étoit fur le filtre , & qui y étoit en aflez grande quantité , dans un creufet fur le feu; je remarquai de petits points de flamme bleuâtre, qui indiquoient qu'il contenoit encore un peu de foufre, quoiqu'en petite quantité ; il paroiffoit enfuite de petites étincelles de feu , comme fi elles euflent été de poudre de charbon : après un feu très- vif, cette terre qui étoit grifâtre , devint d'une couleur beaucoup plus claire; elle ne fe dififolvoit qu'en très-petite quantité dans l'eau : il fe fit un précipité confidérable d'une terr^ très-fine & très-blanche , d'ail- leurs infipide & inodore : ce réfidu mêlé à l'huile de tartre développa une odeur urineufe , pendant qu'il en donnoit une de lelIive . lorfqu'il n'étoit point calciné. EXPÉRIENCE SECONDE. Combinai/on de la Chaux avec le Foie de Soufre décompofc par L'addition de l'acide vitriolique. 47. J E mêlai du Soufre avec du Sel de potafle , & je noyai ce mélange dans l'huile de tartre où j'avois mis la chaux ; lorfque ce mélange fe fut repofé , je le faturai d'acide vitriolique , pour fiîciliter le dégagement du foufre, & je le fournis à la diftillation au bain de fable; le feu étant très- vif au commencement , il fe fit néanmoins une féparation des fubftances félon leur différente gravité fpécifique ; mais la liqueur qui fe montroic rouge dans le matras , monta claire , & après elle , il pafla un peu de foufre dans le bec du chapiteau : lorfqu'il ne parut plus d'humidité , je 214 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SCIENCES •— pouffai le feu jufqu'à faire rougir le (abic, & il fe fublima dans le chapiteau Tome III. des taches blanches en petite quantité; voyant, enfin, que le caput mor- Annèes tuuin avoit une apparence vitreule brune, je laifiai refroidir le matras ; i76z-i76<, ^'ay3nt enfuite décoëfté , il s'éleva une violente exhalaifon de vapeurs volatiles qui avoient une odeur urineufe ; cette odeur étoit encore plus développée dans la matière faline du chapiteau. !* 4.8. La liqueur, qui étoit paflée dans le récipient, étoit un peu laiteufe, & n'avoit point d'odeur. Mêlée à l'acide vitriolique , elle ne fit point d'etfervefcence , & développa feulement un peu d'odeur fulfureufe ; avec l'acide nitreux, elle produifit le même effet. . 4p. Mêlée à l'alkali fixe , il me parut qu'elle avoit développé quelque peu d'odeur urineufe. Mclée enfin , à une diflolution de fel |voIatil concret dans 1 huile de tartre, mélange qui ne donnoit plus qu'une foible odeur urineufe, elle fe renouvella avec beaucoup de force. jo. Le foupçon que j'avois formé, que cette liqueur pût contenir du fel ammoniac , me fit penfer à la mêler à l'eau-forte , pour en faire une eau égale ; je mis de l'or dans la liqueur, elle l'a entièrement dilTous (i). yi. En confidérant les rélultats de toutes ces expériences , il paroît qu'on peut conclure que le foulre a changé quant à fes propriétés prin- cipales , & que raffociation de la chaux , & des alkalis fixes le rend fufceptible de plufieurs modifications , & d'une décompofition dans fes principes qui ne peut fe faire d'ailleurs , que par la combuftion à l'air libre ; mais comme les fubflances , qui fe meloient & fe noyoient dans l'eau qui pafloit dans le récipient, & celles qui fe fublimoient dans le ( i ) J}/, du Iljmcl a oblervé , /ujr:uum , %6i , dans fix livres d'eau ; il s'en eft diflbuc environ trois gros; je la filtrai, & ayant divifé cette diîToIution , je mis du fel de potatTe dans une partie , elle devint d'un jaune clair, il ne fe fit point du tout d'etfervefcence , & il parut feulement un peu de précipité; mais comme je n'ai eu aucune marque qui m'indiquât le point de fatu- ration , je ne fus pas fi ce peu de précipité n'a point été produit par de l'alkali furabondant ; ce qui me paroît d'ailleurs très-probable. Il s'éleva néanmoins à la furface de la liqueur une fubftance blanche qui reflembloic à de la grailTe figée , & qui , peu-à-peu , fe précipita. J'avois vu la même chofe dans le mélange du foie de foufre avec la chaux : toutes les fois que j'ajoutois du fel de potalTe , le mélange alors fembloit même fe gonfler, & il en fortoit une grande quantité de bulles d'air ; mais revenons à l'expérience ; je décantai la liqueur, & la fis évaporer au bain de fable, ce qui me fournit un fel gras , fait à peu- près, comme celui du « 42 , lomi I, E e ^ ai9 MéjioinEs nr ia Société royale pes Sciences mais ayant l'odeur d'uiiiie lîvaporcc Lins aucune dilR'iencc; fon goût ccoit ToMiî m. foit acide (^t>;nt bien delllVlK.' ( / ) , amer, un peu lliptiquc , & lailVoit ^.\fj^s£s ""<^ imprelllon onrtucu(e lur la lanp,ue , d'ailleurs très- avide de liiumiditc. ,J76>-i7fj, ^7- *^'-' M"' "^f*^'f '"■■ '«^ '''t'c dellcclié à l'air, ^toit comme du limon , il le pctrilloic avec l'eau ; mais il le t'cndoit au feu , il exhaloit un peu d'odeur de loufre brûlant , & il paroilloit akcré par une autre odeur ijui reilemliloit à du Camphre; il no donnoit point de lljmiue, l'on poids ne fut pas l'enlîblement diniinui^ il devine très blanc c\: approclioit beaucoup de la craye friable. 6S. Je mis le relie de la dillolution dans un alenibic de verre, ôc après la dillillation finie , je trouvai une croûte grife claire , dont le centre étoit roux noirâtre. Je ne pus dctaclier cette partie , tant elle adîicroit au verre ; je pris le parti de la dilloudre dans l'eau pour la remettre à évaporer julquà (iccité , (ans pouller le teu (ur la (în (comme j'avois fait dans la dilHllation, pour voir s'il ne fe fubiimoit rien au chapiteau) &: j'eus encore une crade rouHe qui fentoit la graille brûlée , & très adirérente à la capfule ; dans le milieu , on lemarquoit une tache qui ne rellembloit pas mal à unu pierre , dont on tire le gypfe , qui ell un peu argentine; j'eus beaucoup de dirticulté à la détacher , ïc elle relll-mblL-it exademenc à la poullicro par (a couleur. J'en mis aulli une prile fur un fer rouge , elle y jetta beaucoup de fumce d'une odeur de graille brûlée . & y prit la couleur du charbon ; l'ayant mile dans l'eau elle parut s'y dilloudre ; mais elle fe précipita en entier , autant que j'en pus juger lorfqu'elle fut bien repofée. (5p. Eu conlidérant maintenant tous ces rélultats , nous commençons par reconno:tre i". une décompolition du foufre , dont une grande partie de l'acide fe convertit en elprlt luifureux. 2'^. Qu'uie partie, î^ prob-ablomenc la plus grande du phlogiùiqus qui entroit dans la formation du foufre, S unit à des parties de la chaux , & fe volatilité. 3°. Que les fels qui rcfultent ainli de la combinaifon de l'acide vitriolique avec la chaux , font trcs-di!l"o!ubles dans l'eau , propriété contraire à la nature des félénites, qui font les tels rélultans de l'union de cet acide avec les terres calcaires ; foit que CCS le!s loienc naturels , foit qu'ils foient le produit de l'art. 4". Qu'on peut obtenir une liqueur , & mcme du fel volatil urineux , phénomène cependant déjà connu , &: qu'on trouve dans plu/îeurs Auteurs. j"'. Que la chaux perd par ce moyen toutes (es propriétés , &: qu'il relie une partie qui ell très-diflicile à le dilloudre dans l'eau ; il n a apparence que c'ell la partie qui , e'tanc faturéç d'acide vitriolique , ne contient poinc de plilogirtique. 70. Ceft de l'union du phlogiftique que nous devons déduire cette (/) Tout le mc^nde ("lit, que de la conibinailôn de la chaux avec un alkali fixf j n rélulte le cauilique potentiel dont le lèrvent les Chirurgiens ; celui-ci cependant diit^ r«it de la pierre à cautère , en ce qu'il ctoic très-blanc. T) E T U R I N', 2 in plus grande diiïolubllité , en ce que, par fon alTotir.rion , l'iicldc s'unir r^ d'une inanicre moins intime tk moins forte avec la bafe terrcufe , d'où il ^^■■^^ iH» luit que l'eau a une plus grande adtion fur te compofé (/n). An n è ^a 71. Cet cflct ne doit cependant pas être feulement regarde comme '7f:-i7(î. particulier nu piilogiftiquc, car je penfe qu'un principe i. même en paflant que cette induction efl d'autant plus fondée, qu'on voit que c'eft de là que dc'pend la diflolubilité du foulre dans l'eau par rintermcde de l'alkali fixe. 72. Ne pourroit-on pas auOi penfer que la décompofition des corps vient de ce que le dilTolvant a une plus grande affinité avec la partie plilo^^iflique du corps dont il eft le menffrue, que n'en ont toutes les autres parties intégrantes de ce nume corps avec la partie plilogiflique? Cette conjefturc , je l'avoue , (oufire de grandes difficultés ; mais elle n'eft pas dénuée de probabilité , & elle pourroit être difcutée avec plus de fondement autre part : d'ailleurs , elle paroit être le fondement de la théorie des doubles affinités. 7J. Cette dccompofîtion de foufre , quelqu'extraordinalre qu'elle foir, eft pourtant fondée fur les mêmes principes que celle qui fe fait par la cloche : on fait que l'union du phlogifllque à l'acide vltriolique ne peut fe fa re , que lorfque celui-ci eft dans fon plus grand degré de concentra- tion , d'où il fuit qu'il faut rendre à l'acide le phlègme dont on l'avoic (m) Nous ne laitTerons pas d'obfcrver nuffi qu'il n'en eft pas de mtme , lor^ue la matière inflammable eft unie en particulier avec une de ces fubOanccs, car nous voyons que» lorftiu'elle s'y trouve dans une quantité convenable que nous nommerons fiiur.iiion ^ les compopjs qui n-fullent ne (ê diiïblvent plus avec la même f.xiiilc dans l'eau , ou même point du tout, ce qui paroit une preuve convaincante que c'cfl de (on interpc fiiion qu'on doit déduire la propiicK: en queftion. Il me feniblc , d'ailleurs , que ceci tient .î la théorie de la fiirabondancc d'un de» principes qui entre dans la formation d'un compoC: , d'où il paroit que doit dépendre la facilité- de leurs décompnlîtions , ou , pour prendre la cliore plus généralement , dti défaut d'un des principes , ce qui eft d'autant plus (énfibic, que les corps font plus compofét : dans rctie théorie je comprends la volatilité fiiit naturelle, foit artificielle, comme le défaut d'un des principes , ainfi que nous verrons ailleurs. Le travail que M. HoUelU a fait fur les fêls neutres capables d'une fûrabondance d'acide , fëmble confirmer ce fêntlment, en ce qu'ils m'ont paru plus ?;fcs à dérompofër. L'opération du dép?.rt par l'eau-fortc qui ne peut fê faire, que lor(^]ue la quantité de l'argent eft au moins triple de celle de l'or. La dccompofîtion du Eorax pour en retirer le (el (ïdatif (ont des exemples de la fùrabon- dance shToluc d'un principe. ■ '. La dilTolubilité du foufre dans le-, fiuiles tient de même à cette claffe ; mais nous rapporterons 3 une clafTe oppofée la diffolubiliré du foufre dans l'e.iu par l'intermède des alkalis , & par conféquent , la facilité de la décompnfition des (èls fulfureux , &c. Ces dernières doivent cire confidérées produites par le défaut d'aride , de manière que la grande affinité qui (ë trouve entre cette fubllance fâline , le phlogiftique & les alk^» fis, produit à peu-près le mcme effet, que celui qui arrive aux fels compofcs. /'u/ei C. du $ 7. Eeij 220 Mémoires dE la Société royale des Sciences "^ — ~~ — ' — ■ dépouillé, pour obtenir la décompofition du foufre; & c'efl: ce qui fe falc 1 OME 111. jg^j cette opération, qui ferc de preuve à l'exaditude de cette théorie, A.v^;ÉI:s & qui eft encore confirmée, par ce qu'on ne peut faire cette décompo- jyo'i-i/tfj. fition par le moyen de la chaux ni de l'alkali fixe fans le concours de l'eau ; c'eft pour m'afllirer de cette vérité , que j'ai fait un méUnge de 8 parties de chaux fur une de foufre , & de 8 parties d'alkali de même fur une de foufre; la chaux , & l'alkali étaient fecs : je mis ces deux mé- langes dans deux cucurbites de verre garnies de leurs chapiteaux , & de leurs récipiens bien luttes dans un bain de fable , ayant eu foin de donner au commencement un feu tout-à-fait doux pour en retirer le peu d'hu- midité , qui fe trouve toujours dans ces fubftances , quelque loin qu'on fe donne pour les avoir féches , ians qu'elle put favorifer la décompofi- tion du foufre ; en effet, je retirai quelques gouttes de liqueur dans les deux récipiens; celle de la chaux étoit néanmoins foiblenient fuUureufe , & celle de l'alkali fixe avoit une odeur urineufe très-dévelopée ( n ) ; lorfque la chaleur commença à être un peu plus grande, il s'éleva une matière blanche dans les deux cucurbites, elle ne fut pas confidérable dans le foie de foufre , mais elle le fut dans le mélange de la chaux, & il réfulta un foufre verd le long des parois de la cucurbite , pendant qu'il n'y avoit qu'urs matière à peine colorée dans le chapiteau. 74. Le caput mortuum du foie de foufre pefolt 1 onces '; 7 , la liqueur urineufe pefolt environ x ' ce qui manquoit au poids total doit être alllgné à ce qui a été fublimé. On volt cependant que l'union que contraâc le foufre avec l'alkali fixe ell: très-confidérable , puifqu'll s'en eft fublimé une fi petite quantité ( « ) En rapprocliant ce que nous avons dit § 6, 1 S , 45 , 49 . il ell aifé de voir, j ". que les différences des pliénomcnes dans les réfultats des expériences qui ne différent que pac quelques circondances , nous conduiftnt à des remarques intéreflantes. Premièrement , nous avons vu que la combinaifon de 24 parties de cliaux fur une de (ôufre, $ 46, a donné à la voûte du chapiteau un fublimé que je fatutai d'acide yitriolique , & que es qui relia fur le filtre étant bien delféché , développa une odeur urineu(ê dans l'huile (de tartre. _ , 7.. Que la liqueur du foie de ftufre , combiné avec la chaux , & décompofe par l'addiiisn de l'huile de vitriol, donna de même des marques lênlibles d'elprit volatil, 3. Que le foie de foufre mêlé avec U chaux, § 6 , djnna non-feulement de l'elprit , mais encore peu de fel volatil. 4. Que le foie de foufre fans être diffous ,$?}■, donna de même de cet efprit j pendant que nous n'avons eu qu'une liqueur qui tèntoit le foie de foufre dans une pareille tonibinaifon noyée dans l'eau, § '8. Je ne ni'arrêterai pas à des conjeflures vagues, mais je ferai feulement obferver qua l'odeur volatile urineufe qui s'eil manifellée par l'addition de l'alkali fixe, E T U R r N. 221 dans laquelle on reconnoît que la plus grande partie , doit être afligne'e ?T à de l'alkaii fixe qui a été volatilité. Tome III. 75". Le caput mortuum de la chaux pefoit 2 onces \, le phlcgrae fulfuré Années pefoit auiïî — , d'où il fuit que le fublimc a été de i^, l'odeur de ce 1-52-1765, fublimé étoic celle d'ail brûlé. 7^' Je ne négligerai pas de rendre compte ici d'un phénomène tout- a fait fingulier que j'ai obfervé , à l'occafion de l'expérience dans laquelle je m'étois propofé de procéder fur l'alkaii fixe , comme j'avois fait fur la chaux, § yi . c'eft à-dire, de chercher à le fuurer de loufre ; quoique 1 opération ait manqué p.r la rupture du vaiffèau , ce qui m'a empêché de faire fond fur les produits de la fublimation , & de ce qui étoit paffé dans les récipiens , le capuf m')rtuum néanmoins me fournit des obfcrva- tions aflez intéreffantes pour ne les pas pafTer fous filence. Je pris le cupuc moriuum de la diRiilauon dont nous avons parlé § j, & dont le poids étoit de | î, j'y ajourai \ de foufre à 6 réprifes différentes, ce qui revenoit à^^j. Le caput mortuum ne pefoit néanmoins que f, it ctoit d'un blanc éclatant , fa gravité fpécifique avoit confîdérablement diminué; il étoit gras au toucher, fans goii: & fans odeur, enfin n'ayant: aucun caradcre de fubftance faline ; j'en mêlai avec les acides, il ne fouffrit aucun changement; il me parut fe diffoudre avec facilité dans l'huile de tartre, développant en mème-tems une forte odeur de phofphore ; la liqueur retirée par la diftillation , avoit la même odeur; mais elle paroif^ foit approcher beaucoup de celle de l'elprit fulfureux , & cela eli aflez naturel; car la cucurbite étant fcellée , il ne pouvoit réfulter autre chofe, au(îi étoit elle très acide. J'ai voulu dilToudre le refte qui fe trouvoit être du poids de ~j', j'ai employé pour cela ^ d'eau; il efi: redé \ d'une matière qui fe précipitoit toujours au fond de l'eau, & environ - fur le filtre, ce qui revient à j;^ de aciere qui s'eft diflbute , je la fis évaporer à un feu très - lent , & j'en obtins un véritable fel fulfureux qui s'eft crlflallifé en aiguilles fort minces ; ce fel différoit de ceux dont nous avons parlé § 18 , non- feulement par la criftallifation , mais encore en ce qu'il faifoic une vive effervefcence avec l'acide nitreux , pendant qu'on ne voyoit prefque pas de mouvement avec l'huile de vitriol; ce phénomène me parut biea lîngulier , lorfque j'obfervai que très-peu d'eau ■ forte contitiuoit à faire eftervefcence avec beaucoup de ce fel mis à différentes reptiles , & qu'il fe précipitoit aullitôt fous fa forme ( 0 ) criftalhne. Après en avoir mis une quantité confidérable , voyant que l'effervefcence ne difcontinuoic pas, je le fis évaporer jufqu'à fîccité , je le diffous enfuite & le mis de ( 0 ) Ce phénomène eft tout-à-fait digne d'obfërvation , l'efFerveîcence n'avoir lieu qu'a la furface de l'eau -forte, le lêl fe fallait par grumeaux, de blanc il devenoit jaune , & (ê précipitoit enfuite au fond. Les vapeurs qui en exlialoient é;oient celles de l'efprit de r.itre ; le (èl réfoltant é-toit pour la plus grande partie le même qu'aupariT ,van£ , U y avoit néanmoins un peu de ùlpétre. I7i2-J7fî. 222 MÉMOIRES DE LA SoClÉTlf EOYAI.E CES SCIENCES — -^■^'— ' nouveau à évaporer , mais lentement , & il ne parut plus de criftaux , Tome III. mais une efpèce de bouillie que j'eus beaucoup de peine à defle'cher. Je A ,\' !fÈ£s n^'S ce fel lur les charbons ardens , & il y eut très-peu de déflagration ; il refta une matière très-blanche , farineufe qui refTembloit aflezà la chaux lavée, par ce que je pus en juger à la feule infpeftion. 77. Après avoir traité le foufre avec la chaux , la première idée qui me vint dans l'efprlt , fut de voir fi , en la mêlant avec les huiles , il fc feroit un déchet conOdérable , & ce que je pourrois cblerver dans la c! aux même. Je pris à cet effet 2 onces de chaux vive pilée , je la mêlai avec I once de charbon pilé & paffé par un tamis très ferré , je mis fur ce mélange \ d huile d'olive, & après avoir mêlé exactement le tout, je le mis dans une cucurbite de grès garnie d'un chapiteau de verre bien lutté & avec fon récipient à feu nud : je retirai d'abord une liqueur rougeâtre , enfuite une huile claire un peu empireumatique, & en tioificme lieu une huile jaune toute figée comme 1 huile commune eft en hiver , elle fentoit fort l'empireume & reftoit adhérente pour la plus grande partie aux parois du récipient , je filtrai la liqueur , & l'huile claire paffa avec la première , elles pefoient \; ayant enfuire rincé le récipient , je trouvai que f huile lîgée pefoit un demi gros , ce qui ajouté à ^ pour celui qui étoit reflé fur le filtre , & aux | des liqueurs filtrées , nous donne ' -' ; donc il efl: refté \ ~ qui n'ont pas paffe en liqueur malgré la vivacité du feu ; mais une partie s'eft probablement fublimée avec les parties de la chaux donc le chapiteau étoit couvert. 78. Les deux liqueurs mêlées enfemble avec l'huile de vitriol, ne don- nèrent aucun ligne de changement; elles procurèrent des fumées blanches d'une odeur aromatique dans l'eau forte; elles firent un peu d'effervefcence avec l'alkali fixe & rougirent le papier bleu , ce qui prouve que la pre- mière étoit fenfiblement acide. 79. Ce qui s'étoit fublimé étant d'une couleur roufle , & fentant l'odeur d'ail brûlé , je cherchai à le détacher du verre pour l'avoir fous une forme concrète; mais il ne me fut pas poflîble, tant la matière étoit grade. Je pris le parti de la dilfoudre dans l'eau , perfuadé que ce devoit être une efpèce de favon volatilifé par la violence du feu , elle s'eft en eilet entièrement diflbute. Je tentai cependant en vain d'en féparer l'huile par le moyen de l'acide vitriohque , il fe fit par ce moyen un précipité très-léger & par floccons. 80 Le caput mortunm étoit jaunâtre, farineux, faupoudré d'un peu de charbon au centre de la furface fupérieure. Je l'arrofai d'eau fans qu'il y ait eu la moindre effervefcence , & je vis fe former comme des gouttes de graifle qui ne reffembloient pas mal à de l'huile noire empireumatique qu'or, cive de la fuie ; &. comme le mélange étoit trop liquide, j'ajoutai * de charbon, ce qui endurcit aufli-tôt la matière; je la détrempai avec de nou- velle eau en la pétriffant, & je la fournis à une nouvelle diftillation. 81. Je retirai une liqueur claire, un peu onflueufe, qui ne faifoit aucune effervefcence avec les acides, qui en faifoit fenfiblement avec l'alkali fixe. T) E T U P. I V; 22} & rougliïbic un peu les bords du papier bleu; Ton odeur étoît celle du noir de -— iumc'e. Il fc lublima une bnnde crcs-blantlie au Chapiteau. Cette liqueui Tome 111. acidulé & ce /ublimé me firent naître la penfée de coliober de nouvelle Ankéei eau fur le cupiu morcuuin , Se de voir ce que j'en aurois ; je difpoliù 1^61-176^, 1 appareil , &; ayant mis le même Chapiteau ians récipient , révaporatioa qui (e fit pena.int la nuit enleva tout le fublimé; je lis néanmoins la dif- tiliation , & l'eau que j'en retirai , quoiqu'avant la mcnie odeur que la précédente , ne donna aucun ligne d'acide ni d'alkali, il fe tornia cependant un nouveau fublimé qui rellembloit aux fumées que laifle la bonne poudre a canon lur la batterie des moulquets. 82. Pour m'affurer fi ces fublimés dépendent du pliloglftique qui entre dans ces combinailons , ou h en effet ce font des parties volatiles qui exiflenc dans la chaux , je mciai encore J de charbon à ce caput monuuin délayé dans l'eau , & en méme-tems je mis 2 onces de charbon dans une au:re cucuibite , & 2 onces de chaux dans une troifième , pour être afluré de mes réfuhats; il paroît mcme que j'aurois dû commencer parla ; fi en effet je n'avois pas regardé ceci comme un accelloire , fans doute c'eut été ma marche; mais venons au fait : l'eau qui paffa étoit roufsâtre , onclueufe, & avoit l'odeur de la fumée du bois; d'ailleurs elle ne donna aucun figne d'acidité ; il me parut à la vérité qu'elle taifoit quelque mou- vement avec les acides, & que le papier bleu p;rdit quelque nuance de fa couleur. Ce qui fe fublima au chapiteau étoic fi peu ce chofe qu'il étoic à peine fenfible. 85. Le caput mortuum étoit une matière farineufe , un peu jaunâtre, on n'y voyoit plus de velUge de charbon , quoique j'en eulfe mis un poids égal à celui de la chaux ^ fans tenir compte de 1 huile ; fon poids n'étoit plus que d'une once z. Nous avons remarqué § 77, que le capiu mortuum , après la première difbllation devoir avoir augmenté de ^ 7 le poids de la chaux employée , qui étoit de 2 onces ; or il faut de toute nécelîité qu'il fe foir volatilifé 1 once | gros de ces fubftances par l'intermède de l'eau; il me paroit naturel d'alligner cet effet à l'eau (p) car nous voyons qu'elle étoit toujours chargée de couleur ; la première fur-tout donnoic ■ des marques fenlibles d'un fel acide : une partie doit donc avoir été con- fondue ou dilfoute par l'eau même ; l'autre , qui fans doute n'étoit pas la moins confidérable , eft celle qui s'eft fublimée au chapiteau les trois premières fois (ur-tout. Cette volatilifation de la chaux ne me paroît pas néanmoins être l'effet de l'ar"^ , Se femble nous convaincre que l'eau n'efl que le véhicule propre à dégager ces parties , qui exiftent telles dans la chaux , fans que le phlo- glllique concoure à cet effet , fi ce n'eft qu'en s'engageant dans la chaux, l'eau qui efl dans les corps dont arrive la décompontlon , par fa priva- tion, puilTe alors opérer (i^j cette léparation des principes fixes, & vola- (p) C'eft ici le dénouement du doute propofé , § »8. ( j) Les rtfultats dont nous avons renâu compte, S 81 1 81 , (èmblen: nous prouvée 224 MÉMOIRES DE LA SoCIETÉ ROYALE DES SCIENCES y T^jTt "'^ ^^ '^ chaux; en efic't , nous voyons que la quantité de matière qui Te ' ^^^ _ ' fublime va toujours en diminuant , qu'elle continue à fe faire fans addition An ti È ES de phlogiftique , & pur le feul intermède de la nouvelle eau qu'on ajoute. ^jti-iTC^, 84. Je crois pouvoir me difpenfer d'examiner ce qui regarde les fels nîtreux méle's avec la chaux; ce fujet ayant été traité avec plus d'étendue par des Savans du premier ordre (r), exigent un tems plus long que celui que je pourrois y donner pour le préfent. 11 me fuffit de rendre compte ici , que non-feulement le nître calcaire eft moins inflammable que le fnlpêtre commun , mais que la chaux fulfurée ne fait point détonner ce fel , èi que la poudre à canon diffoute dans une eau de chaux , çohobée plufieurs tois fur de nouvelle chaux, perd beaucoup de fon inflammabilité. Le travail que l'iUuftre M. Duhamel a fait fur la chaux , & fur le fel ammoniac, a jette un fi grand jour fur cette matière , qu'il ne refteplusà faire que quelques expériences, dont il a tenté quelques-unes lui- même. Sy. Celle qui paroit.être la plus naturelle, & en même-tems la plus dé- cifive, eft fans doute celle , par laquelle il s'ctoit propofé de faire du fel volatil en chargeant la chaux de phlogiftique ; mais comme je n'ai pas vu la fuite du travail dans laquel'e il fe propofe la folution de ce problème , j'ai cherché s'il étoit pûHible de réullir par un (i) procédé différent de celui dont le Savant M. Baume a fait ufage. Ce procédé, quelqu'ingénieux & quelqu'élcgant qu'il foit , me paro'it néanmoins fouftrir des difficultés pour la folution du problème en queftion : ceci ne doit cependant dimi- nuer en rien le mérite du travail de M. Baume ; car il eft en eftèt parvenu à faire non-feulement du Sel volatil en employant la chaux pour inter- rnède, mais il a encore tellement dénaturé la chaux, qu'il dit lui-même l'avoir convertie en alkali fixe ; d'ailleurs fon but n'a pas été d'examiner , fi que le chargement en queftion arrive ; car quel-jue (ôin que je me fufTe donné pour priver la chaux & l'alkali fixe de toute humidité , il eft néanmoins paffe un peu de h'queur , & il s'cft formé à la voûte du chapiteau un peu de fublimé blanc qui avoit les csraâères de ceux dont nous avons parlé , $ 8 & 23 , cependant la petite quantité de ces produits nous a encore fait connaître que ce n'efl qu'à la faveur de l'eau que le foufre peut être décompofé. ( r ) Outre les obfêrvations da ,î/. DiJumel, on trouve dans le recuei^ des ouvrages de M.^ l'ott un excellant mémoire dans lequel il redifîe bien des cliofes , gui avoient été avancées par d'autres Savans. {s) Comme il n'eft pas polTible de Ce procurer tous les éclairciflemens néceiïaires pour développer les caufts qui produifent un effet , ou qui y concourent dans unfujet quel- conque, fars chercher à dcterminer s'il n'eft produit que dans un cas particulier, où fî c'eS une loi confiante dans des circonllances déterminées (ce qui emporte la nécelfité de ecmparer le plu; grand nombre de rcfultats qu'il eft poftlUe ). On ne fera pas furpris fi , m'etant propolé l'examen de quelques phénomènes qui réfultent de Taâion de la chaux fu-r le (èl ammoriiac, ie donne une quantité d'expériences où la chaux n'entre pas, & qui ne doivent fervir qu'à me faciliter le développement de l'objet que je me fuis propofe. Je ne crois pas devoir négliger quelques obfêrvations, & quelques réflexions qui le prélênîen: Eaturellement dans le cours de ces expériences , & je me fais un plaifir de reconnoitre que te travail ne doit être regardé , dans cette partie, que comme une fuite de celui du Savant ^/. Diihimd. f » i ce O E T U R l N. 225" Ce fel volatil étoit produit entièrement par la dccompofition du fel ammo- niac , ou s'il ne s'en trouvoit pas une partie , qui fut produite par la maticrc -t- TjV animale avec laquelle il avoit phlogiftiqué la Chaux (Oi "i^is ce fut pour * réfuter un problème propofé dans le Journal de Médecine en Octobre ■"'^■^'C£3 3762 , Dans lequel il efl annoncé qu'on peut obtenir par le moyen de la »7*i-T7<'j. chaux-vive pure, l'alkali volatil du fel ammoniac fous la forme fluide ou concrète, à la volonté de l'artifte : on voit que c'en étoit nffez pour démontrer yinfibfijlance de l'énoncé du problème; mais en eflil de même pour la foluîion du problème propofé par le Savant M. Duhamel} Je crois qu'elle fuffit pour démontrer , que tant que la chaux ne change pas d« nature , elle ne peut donner de fel volatil. Sd. Voici les difficultés qui me paroiffent encore fubfifter dans leut entier. 1°, La chaux chargée d'une matière qui contienne du phlogiftique , & dans laquelle on ne puiffe foupçonnar rien de volatil , donne-t elle du fel .volatil avec le fel ammoniac ? 2°. L'elprit volatil fait par la chaux vive , ou par les chaux métalliques, U'enlève-t-il rien de l'intermède? 87. Voici les expériences que j'ai faites fur ce fujet : je commencerai par celles qui fe rapportent à la première qucftion. Je mêlai aulli exaftement qu'il me fut polîîble deux parties de charbon végétal avec une partie de chaux, j'en fis une pûte avec de l'huile d'olive; je la mis au feu dans im creufet que je fis rougir au blanc après que Thuile fut toute brûlée & réduite en charbon ; je retirai alors cette chaux , Se je la pétris avec de nouvelle huile, remettant ce mélange dans un creufet au feu ; je réitérai trois fols cette opération. 88. La chaux ainfi chargée de matières gralfas , & expofée à un très-grand feu foutenu pendant long - tems , fe réduit en une poulîîere brune féch© qui ne fait plus d'efFervefcence avec l'eau ; j'en pris ' que je mêlai avec j de fel ammoniac dans une cucurbite de verre fur un bain de fable; je com- mençai par un feu doux, que j'ai poudé enfuite jufqu'à faire rougir le fond de la cucurbite : il palTa un peu de liqueur d'une odeur foiblemenc urineufe dans le récipient , 8c le fel ammoniac s'éleva le long des parois du verre , fans qu'il fe foit fait le moindre atome de fe! volatil : je décoiffai l'alemblc, & je mis | d'eau de pluie, ayant foin de faire diflbudre autant (r) On pourroit objeâtr que par la violence du feu qui eft ncceiïaire pour cette opération , l'alkali volatil auroit dii le didîper ; mais il me paroit qu'on ne feroit pas bien fondé à pentèr ainlî ; car l'alkali volatil n'exiflam pas par lui-mcme dans ces matières, Si n'étant qu'une produflion de l'art , il eft naturel de croire que la chaux qui eft capabl» de le retenir avec tant de force dans la combinaison qu'on fait de cette (ubrtance avec le ftl ammoniac , doit de même empêcher la diflîpation qui s'en feroit en fe combi» «aQt avec le fel amnaonîacil dont cet alkali fait partie : il ell vrai qu'on pourroit même nier laprcfenceou la formation de ce fel ammoniacal, comme n'étant pas démontrée : S 3'on réfléchit cependant fur les produits de i'anaji'ê du fangi on Verra ^ue la chofe n'c(l pj» fOBt-à-fait hors dc viaifeinblance, lom, I, ' Ji '22$ M ÉMOI RTS DE LA SoCl'ÉTÉ ROYALE DES SCIENCES qu'il m'ctoit poflîble le fel qui s'étoi: élevé , mais comme il en étoit pafle Tome III. dans le récipient même, & qu'il en étoit refté dans le bec du chapiteau, AN-f/ÉES js ne crois pas que la quantité diffoute par l'eau put arriver à ï ; je «1-176? commençai de même par un feu tout-à-fait doux, & lorfque la diftillation ■ ' fut achevée, je pouffai le feu à la dernière violence, & il fe lublima fur la fin une petite quantité de matières blanches , qui s'efl; néanmoins réfoute en liqueur en continuant l'opération ; le chapiteau n'avoit pas l'odeur uri-r neufe ; il avoir plutôt une foible odeur de foie de foufre , ce qui s'accorde parfaitement bien avec les expériences de M. Malouin ; la liqueur étoit de véritable efprit de fel ammoniac qui tenoit cependant en diflolution une certaine quantité du même fel, favoir, celui qui avoit paffé dans le récipient à la première diftillation. Ce qui m'a prouvé que ce n'étoit point un fel volatil , ce font les vapeurs blanches qui exhaloient du mélange de cette liqueur avec les acides vitrioliques & nîtreux dans le tems de l'efTervefcence ; phénomène cependant qui n'a pas lieu lorfqu'on mêle avec ces acides un efprit de fel ammoniac tire de la chaux qui foit exattement pur (u) : une autre indice qui a (ervi encore à me confirmer dans ce fentiment , c'eft le mou- vement qui s'eft excité dans cette liqueur par le mélange d'un peu de fel de tartre , ce qui a augmenté coYifidérablement la force de cet efprit. Un phénomène cependant tout-à fait digne de remarque, c'eft la cou- leur verte décidée , que cet efprit fait prendre au papier bleu , ce qui paroît encore confirmer ce que nous avons dit à la n. du § 70. 85). N'ayant pu réuifir par ce procédé à retirer du fel volatil , je me doutai que cela pouvoit provenir d'une trop grande quantité de matières grafles dont j'aurois imprégné la chaux , & comme je n'étois pas dans le cas de chercher par un tâtonnement trop long à déterminer la quantité qui pourroit être néceffaire pour procurer à la chaux cette propriété étran- gère à fa nature; je me flattai d'y parvenir de même en broyant enfemble du charbon avec la chaux , & en combinant enfuite ce mélange avec un tiers de fon poids de fel ammoniac. 90,, Quoique je fufle affuré que le charbon ne peut pas par lui même décompofer le fel ammoniac; pour m'en convaincre cependant par l'expé- rience , je fis aullî un mélange de charbon Se de ce iel dont en effet je 'ne retirai rien. Dans la première de ces combinaifons , la chaux , le charbon &: le fel ammoniac que je mis dans une cucurbite de terre étoient en égale quantité, & il me rélulta une liqueur infipide, & fentant très-fort l'empi- reume , avec du fel concret à la voûte du chapiteau ; ce fel n'étoit cependant pas autre chofe que des fleurs de fel ammoniac, comme je m'en fuis affuré pn en mettant dans l'huile de vitriol avec l'huile de tartre, & la chaux, («) Je dis un efprit exaftement pur , car il arrive trcs-(ouvenl que par un coup de feu trop vif donné au commencement de l'opération , lorfque la proportion efl peu convenable entre le fel ammoniac & la chaux , il pafle du Iel dans le téci£i«nt i auflï ne làuroit on aflè/i prendre de précautions. DE T U R I K. 227 - — ■*•■*' I La liqueur quoîqu'infîpide & fans odeur urineufc donnnit les mêmes " ■■■■■■■»» /igncs, de manière que je ne favois fi le défaut de feveur & d'odeur urineufc Tome lit, devoir être attribué à la furabondance des matières graffes dont elle avoir A \n êes les caraftères les plus marqués , favoir l'onftuofité , l'odeur très empireuma- j,^,.,,^, tique , la couleur rougeàtre , l'odeur fulfureuCe qu'elle manifeflolr avec "'' 1 huile de vitriol; ou à ce que la plus grande partie du fel ammoniac fut pafTéc fans fe décompofer en forme liquide : ce fentiment me parut le plus probable; mais avant toutes chofes je crus devoir réitérer cetre expérience en varianr la dofe des marières. 91. Je retirai donc d'un mélange d'une partie de chaux- vive fur deux de charbon, & une de fel ammoniac , une liqueur dont l'odeur approchoic très fort de la précédente , & le fel qui s'étoit fublimé en plus grande quan- tité avoir un peu d'odeur urineufe , à peu-près comme les fleurs ammonia- cales métalliques, 92. Je repaffai une partie de ce fel fur deux parties de nouvelle chaux- vive, mais les produits furent très-peu confîdérables ; car ayant employé nn gros de ces fleurs , je ne retirai que quelques grains de nouvelles fleurs de fel ammoniac & quelques goûtes d'efprit urineux , malgré qus jeufTe fait cette opération à feu nud dans une cucurbite de terre. 95. Quelque foin donc que je me fois donné , je n'ai pu parvenir à retirer du fel volatil de la chaux chargée de phiogifiique tiré d'une fubftance végétale {x). Je ne prétends pas dire pour cela que la chofe ne foit pas pofTible ; fî le problème de M. Baume eft fbluble dans cette circonftance , on voit quil ne rencontre plus de difficultés; mais la folution du problème propofé par ce Savant ne leroit-elle pas plus facile , fi on employoit la pierre à. chaux, la craye, ou toute autre fubflance capable de fe convertir en chaux , mais qui n'eût pas encore fouftert l'aâion du feu , au lieu de fe lërvir de la chaux-vive ? ( -v ) La cliaux ain(î clinrgée du phlogirtique & (âturée enfu.'te d'acide vitrioliq'.ie , donne par Ja difTolution , filtration & l'cvaporaiîon, un fel qui ne m'a pa5 paru diffL-rer de l'alun de plume, & qu'on ne doit cependant pas confondre avec l'amiante, comme fait A/, Lemer y; celui-ci ed d'un goût aflringent , un peu douceâtre, blanc comme de la neige , il forme des végétations en bouquets par une cvaporation moyenne , (e bourfouffle fur le feu , enfin il a tous les caraâcres de ce Cel qui eft fort rare , & qui par-là peut devenir très-commun. Je ne (aclie pas que periônne ait encore donné i» manière d'en faire , ni cherché à connoitre ce qui entre dans fà compofition. Je décompoftii cet alun par l'addition de l'efprit volatil, dans l'efpérance de retirer du nitre , fondé fur les expériences de .V). VjlUrius & de M. l'itifch. Le premier difanc qu'il avoit retiré de ce (êl par la combinaifôn de l'acide vitriolique avec l'huile d» l'elprit- de-vin & le (el de tartre , & rapportant en mcme-tems que ce dernier en avoir ftit avec du vitriol , de l'urine putréfiée & de la chaux: or comme il fiiivroit de ces expériences que le nitre ne (eroit que l'acide vitriolique dénaturé par l'alkali volatil qui k développe par la putréfaSion , ou, félon le premier, que ce même acide chargé de matière phlogirtique _e(l combiné avec un alkali fixe; j'ai voulu voir li cette combinaifôq' jn'en fowniioit j mais je n'a» rcûcé oye du fel aauDomac4 fstret,. Ffij 228 Mémoires de la. Société RoïAtB des Sciences Comme c'eft une queftion qui ne peut être décidée que par le fait, je Tome IIJ. me difpenfeiai d'expofer les raifons qui me déterminent à penfer qu'il y A i'^ NÉ ES ait "" P'"^ gr^nà degré de probabilité, & qui m'ont engagé à propofec , cette conjefture. ■'^ ' '* Les réfukats des dernières expériences, les réflexions que m'ont fournies d'autres expériences , qui font très-connues fur le fel ammoniac , & celles du Savant M, Duhamel , m'ont engagé à en faire de nouvelles dont je vais rendre compte. Pour plus grande clarté , je commencerai par expofer quelques corol- laires que cet Illuftre Phyficien a tirés de fon travail rempli de fagacité. 33 1°, Toutes les fois que le (el urineux tiré du (el ammoniac paroît dans » la diftillation fous forme concrète , c'eft qu'il a emporté avec lui une » portion concrète de l'intermède avec lequel on l'a dirtillé. 5> a*. Toutes les fois qu'on a ce fel urineux en forme d'efprit , c'eft qu'il » a palTé dans la diftillation avec l'eau qui étoit contenue dans les matières, » & qu'au lieu d'être joint à une fubftance folide qui lui donne du corps . M il l'eft à un liquide qui le feit paroître fous cette forme qui lui eft propre». Après les expériences que nous venons de rapporter, tout cela ne fouffre plus de difficulté. Mais pourquoi la craie paflet-elle avec le fel urineux dans la diftillation, & pourquoi la chaux rélîftet-elle li puilfament à ces effets? C54.. Il nous eft encore moins difficile de répondre à ces difficultés après ce que nous avons dit de la chaux , § 83 ; car nous avons démontré que la partie volatile de cette fubftance ne peut en être dégagée qu'à la faveur de l'eau qu'on y mêle, & dont il eft probable , comme nous le verrons dans ïa fuite , que dépend la décompofition du fel ammoniac ; mais comme cette partie volatile n'eft pas en grande quantité, il eft naturel de penfer que l'eau qui lui fert de véhicule , en qufe!(|ue petite quantité qu'elle foit elle même , peut toujours difîoudre le fel volatil qui fe dégage par ce moyen (y). rjy. L'examen des différences qu'on reconnoit dansplufieurs opérations entre fefprit volatil tiré parla chaux & celui qu'on obtient avec les aikalis fixes , m'avoit fait penfer aufli que l'efprit urineux fait avec la chaux n'emportoit point de fon intermède concret ; je crus cependant devoir m'en afturer , & je fis dans ce delfein l'expérience fuivante. Je diftillai du fel ammoniac avec de la chaux éteinte à l'air dans une pucurbite de terre à laquelle j'avois adapté un chapiteau ouvert à fa partie fupérieure , pour qu'il pîlt avoir la communication avec un fécond chapi- teau de verre que j'avois foigneufement lutté au premier qui étoit de terre garni de fon réfrigérant , au moyen duquel , en rempliilant une grande partie de fa cavité . je pouvois mettre du feu autour du fécond chapiteau; je décompofai de cette manière l'efprit volatil en trois parties, c'eft-à-dire , (y) Ceci ne fuffit pas encore pour rendre] raitôn de ce fait f mais nous en ttouvçtpojl Iq dénouement pat la fuite. DE Turin; iaa^ «n une liqueur très-limpide qui avoir un peu l'odeur urîneure &r qui étoit ._«^,__ paiïeepar le bec du premier chapiteau. Une couche do terre blanche inlipide, -j; TTT fans aucune odeur urineufe & aulîi mince qu'une feuille de papier, laquelle ^^^ ^^^ adhéroit fortement au verie, & forraoit comme une zone qui tenoit du ^■'>''VÉ£e bord duchapiteau jufqu'au commencement de la voûte. Une féconde liqueur «7^1-1761, très-roufle & fans odeur qui avoir pafTé par le bec du fécond récipient. ç6. La première qui étoit limpide ne paroilloit pas augmenter fon odeuc urineufe par l'addition de l'alkali fixe; au contraire la féconde déveioppoit cette odeur avec beaucoup de force en y mêlant du fel de tartre ou de la chaux. 97. La matière blanche dont je viens de parler ne me paroît être autre chofe que la partie terreufe du (el féléniteux de la chaux qui n'efl: que la crème de la chaux même, laquelle efl: la véritable partie volatile dont noua avons parié; en effet, j'en ai retiré du fel féléniteux, en y ajoutant un peu d'huile de vitriol affoibiie par beaucoup d'eau, & il s'efl même reproduit une croûte criflalline un peu opaque & aflez femblable à la crème de chaux à la furface de la liqueur ; l'odeur fort urineufe qui fe développa de I3 féconde liqueur par le mélange de la chaux ou de l'alkali fixe , femble nous prouver la prélence d'un acide qui formoit un fel ammoniacal ; Sc je penfe que c'eft le même qui étoit auparavant engagé dans la terre en queflion, & qui formoit avec elle ki lélénite; pour me convaincre de la vérité de cette opinion , je fis une diftillation d'une partie de fel ammoniac fur deux parties de crème & d'eau de chaux que j'avois fait évaporer à ficcité , mais n'ayant obtenu qu'une très-petite quantité de liqueur urineufe , le fel ammoniac s'étant fublimé , je décoiffai l'alembic , & je mis une quantité affez confidérabie d'eau , ayant eu foin de diflbudre autant qu'il m'étoic poinble le fel ammoniac : j'en fis enfuite la diftillation , & j'obtins une liqueur foiblement urineufe, un fel par fioccons à l'orifice de la cucurbite & au bord du chapiteau ; ce fe! me parut ne fouffrir aucune altération da la part de l'eau - forte, quoiqu'il fit effervefcence avec l'huile de vitriol; 11 ne m'a pas été poffible de bien conftater fi ce fel étoit réellement ua fel ammoniacal vitriolique , je fuis cependant très-porté à le croire tel ; le capac mortuum étoit d'ailleurs un fel ammoniac fixe très-déliquefcent , qui fe bourfouffloit, & qui fe fondoit au feu en répandant des vapeurs fort épailTes. 98. Cette expérience m'engagea naturellement à examiner ce qui réfulte du mélange du fel ammoniac avec la chaux bien lavée; je pris pour cela une quantité de chaux éteinte, je la lavai douze fois dans de l'eau toujours nouvelle & toujours bouillante , je la fis enfuite deilécher fur un fupport de moulfle, & j'en mêlai trois onces avec june once de fel ammoniac; je retirai par La diftillation environ f d'efprit volatil , & il fe fublima a la voûte un fel très-blanc qui avoir de l'odeur urineufe ; comme il y en avoic Cependant très-peu, je ne pus pas m'aflurer s'il ne fe trouvoit pas encore un peu de fel ammoniac avec l'alkali urineux : ce qui cependant m'a flooné Uçu de former ce doute , c'efl; la grande «quantité de vapjur? ' ITCi-ljÉ^, 230 MÉMOIRtS DE rA S0Ct?Té ROYALE DES SciENCE* blanches & ambrées qu'il répandit en y mêlant de l'huile de vitrioF. Tome III. M. Duhamel pourtant qui avoit déjà fait cette expérience avec quelque An ?fÉ£s changement dans les circonftances , dit que le peu de fel qu'il en retira étoit de l'alkali volatil ; ce qui fuffit pour tenir en fufpens mon jugement fur une expérience que je n'ai pu répéter & qui doit être faite plus en grand. Je me contenterai pour le prêtent de faire remarquer que le caput mormum àvoit été fondu ; fa couleur étoit d'un roux clair , comme font les briques avant d'avoir fouffert l'aâion du feu ; fa faveur étoit un peu douceâtre , & avoit quelque chofe d'aftringent ; elle attiroit l'humidité à peu-près comme le fel marin qu'on fait avec la craye , mais beaucoup moins que le fel ammoniac fixe. ^p. Ayant reconnu que dans toutes les décompofFtions de fel ammo- niac pour en tirer le fel urineux volatil , il fe fait un enlèvement d'une partie de l'intermède concret; je me déterminai à reprendre mon travail da plus loin , en commençant par l'examen des effets qui arrivent au fel ammoniac fans intermède par le feu diftérement adminiflré, & enfuite par ceux que préfente la combinaifon de ce fel avec d'autres matières. EXPÉRIENCE PREMIERE. Dlfllllaùon du fd ammoniac à feu nud i fd ammoniac fluon. fîoo^ \J NE once \ de fel ammoniac en gâteau dans une cucurbite de terre , garnie d'un chapiteau de verre, me donna à un feu d'abord afl'ez vif — - deliqueur teinteun peu en jaune, foiblementfalée &:amère, développant fur la langue un goût lixiviel qui dégéneroit en un goût urineux :fon odeur étoit un peu empireumatique , elle donna des vapeurs blanches & épailTes en grande quantité avec l'huile de vitriol, s'échauffa & bouillonna conlîdérablement; elle manifefta une forte odeur urineufe avec la chaux- vive en quelque petite quantité que je l'euffe mife , pendant qu'il falloit beaucoup d'alkali fixe pour lui faire développer foiblement cette odeur. Il eft clair que cette liqueur n'efl (j) que du fel ammoniac diffbuSï dans beaucoup d'eau. ( f ) Je Toulus m'aflurer fi cette rcfblution en liqueur dcpendolt de ce que le plilo- giflique avoit abandonné cette partie du (ël pour s'unir plus intimement à la partie du lêl ammoniac qui ne pafle pas en liqueur, ou fi c'étoit Seulement à caufê de la (urabon- dance de l'eau dont ce lel eft chargé ; j'en mis à cet effet - avec — de noir de fumée , & ° 3 ont. j'en fis la diilillation au bain de fable. 'Il me vint premièrement une liqueur un peu opaque qui donnoit quelques fumées avec l'huile de vitriol , & ne donnoit d'autre odeur r.vec la chaux & l'alkali fixe que l'odeur empireumatique qu'elle avoit naturellement ; it & forma enfuite une petite quantité d'nne iiibfiance blanche qui reflêniblolt aHèi à ciu- b E T u R I N". ijr Tome III. DEUXIEME EXPÉRIENCE. A^^NÉs^ Dlflillation du fil ammoniac au bain de fable i fleurs de fil ammoniac. ïot.Jh ' E fis en même-tems cette opération dans une ciicurbite de verra au bain de fable , ayant pris la précaution de bien étendre du lel ammo- niac en lui faifant occuper tout le fond de la cucurbite ; mais je ne reti- rai que 5" à 6 gouttes de liqueur , laquelle étoit conGdérablement uri- neufe ; le refte du fel fe lublima ^ n'étant refté au fond du vaifleau qu'un peu de matière noire ; je remarquai cependant que cette fublimation peut: ctre divilée en trois parties ; la première qui fe fait à un feu tout à-faic modéré, & les fleurs en font blanches; la féconde qui exige un plus grand degré de feu , & elle fe fait principalement au parois de la cucurbite , y adhère fortement & paroît prefque avoir fouffert la fufion ; la troifième qui n'a lieu qu'après un degré de chaleur beaucoup plus grand & long- tems continué; oa obtient par celle-ci des fleurs d'un jaune très- foncé. Nous déduirons de ces deux expériences, i''. Que toutes les fois que le fel ammoniac entre en fufion avant que de fe lublimer , il doit paflec pour la plus grande partie en liqueur. 2*^. Que la différence dans l'adminiflration dufeu, foit par rapporta fa vivacité & à fa force abfolue , foit relativement aux Vaifleaux dont on fait ufage pour les opérations , apporte une différence totale dans les réfultats. TROISIEME EXPÉRIENCE. Piflillanon du fel ammoniac , qui na pas pajfé en liqueur dans la première expérience , avec la chaux vive. Efprit volatil cauflique; fil fublimé très-blanc. ï02.OuR ce qui étoit refté dans la cucurbite de la première expérience § lOO, je mis environ deux onces de chaux vive, & après avoir lutté le chapiteau & le récipient , j'en fis la diftillation dont je retirai un peu fe\ ammoniac & qui fut détruite par une huile iaune très-etnpireumatique qui s'éleva après & qui pafTa dans le récipient : comme j'ai fait cette opération au bain de fable, je n'ai pas pu pouffer le cjput monuum à un feu fuffilant pour décider fi aprH l'iiuile noire \t aVbticndcoû pas de véilubie Tel ammoniac : (nais comme d'auue pact l'alliali vclaiil i5î MÉMOIRE! CE TA SoCl'éTÏ ftOVALE DES SCIENCES. ___ plus de I d'efpric très-pénétrant Si d'une couleur jaune , avec quelques zrr grains d'un fublimé très-blanc. Le capuf mortuiim avoir une faveur très» J OME III. piç.quante, il étoit d'une couleur roulTâtre,& avolt été fondu. A/fNÊ£s loj. Le réfultat dont je viens de rendre compte , m'engagea à examiner fTéi-iiS^, Çi en enlevant feulement au fel ammoniac une partie de i'eau qu'il retient toujours en grande quantité, on peut parvenir à le décompofer , Se fous quelle forme l'alkali volatil fe préfente. Nous remarquerons en attendant, i". que le fel ammoniac, qui ne fouffre aucune décompofition avec la chaux-vive, comme l'a très-bien obfervé le Savant M. Duhamel, peut cependant être décompofé, au moins en partie, lorfqu'il eft ainfi privé d'une grande partie de fon eau. 2°. Qu'on doit néceCTairement convenir qu'il emporte des parties de l'intermède fixe , ce qui confirme ce que j'ai dit dans les §§ précédens. QUATRIEME EXPÉRIENCE. J)iJîillation du fel ammoniac légèrement calciné avec la chaux vive, Efprit volatil caujîiguej fublimé en ejjîorefcence , ayant l'odeur urineufe^ 304.OUR cette idée je pris ;^ 7 fel ammoniac en gâteau , & l'ayane niis dans un creufet au feu , je le réduifis à — „" 7 & le mêlai à ^ de chaux vive que je fis encore deflécher à un feu violent (aa) , j'obtins par la diftillation environ j de liqueur d'une force extrêmement péné- iranie & u'ane couleur jaune femblable à celle que l'on retire par les fubftances métalliques. On voyoit au furplus dans la cucurbite & dans le chapiteau une efpcce d'efflorefcence terne & acide qui avoit un peu l'odeur urineufe en la paffant entre les doigts. Le caput mortuum péfoit J- - —, il étoit fpongieux paroiflant comme criblé , rouffâtre , très- picquant , attirant beaucoup l'humidité , il fembloit au reffe avoir été fondu de même que la cucurbite ( * ). qui fe trouve dans le noir de fumée pouvoit caulêr des altérations h ce produit , je crus inutile de poufTer plus loin l'opération , d'autant plus que ces premiers rélûltats fiiffifoient pour me faire connoître que la furabondance d'eau eft la cautè principale de ia liquidité du ftl ammoniac dans le procédé dont nous avons rendu compte ; que ce (êl ammoniac fluor n'eft cependant plus aufli chargé de matière phlogiftique que lorfqu'il cil fous la forme concrète ,' & cela me paroît d'autant plus sûr , que les fleurs de fel ammo- niac qui fe fubliment , après que la liqueur eft entièrement pafTée , fcnt d'une couleujc jaune très -foncée ; les dernières même Cent rouges. eu i " ) Cette expérience découle narurelleaient de ]a précédente & lui fert de confirmatiorri ÇIN.QUIEJVLE DE T u K r N. 233 CINQUIEME EXPÉRIENCE. 'Répétition de la précédente avec du fel ammoniac prive' d'une plus grande quantité' d'eau. lOy.v^ï^TTE fingulière décompofition me porta à chercher , fi en calcinant davantage le fel ammoniac, je pourrois obtenir du fel volatil au lieu d'efprit. Je re'duifis à cet effet „-^ 7 de ce fel à ;^ | f , je le mêlai avec trois onces de chaux vive qui avoit été expofée à un grand feu pendant plus d'une heure ; j'obtins par la diftillation de ce mélange près de ^ d'efprit urineux très-péiiétrant & d'une couleur jaune comme le précédent , avec des taches blanches comme celles dont j'ai parlé précédemment ; & quoi- qu'elles fuiïent en plus grande quantité, je n'en pus pas recueillir aflez pour les examiner. SIXIEME EXPÉRIENCE. 'Addition de l'eau enlevée au fel ammoniac par la calcination. Efprit volatil. ToiaE III. ■" N NÉ E a 1761-1755. io(?.Je I E voulus au refte voir fi en rendant au ca^ut mortitum & à cette fubdance blanche la quantité d'eau à peu-près que j'avois enlevée au fel ammoniac, je retirerois encore une quantité confidérabie d'efprit volatil j ou au moins toute l'eau que j'ajoutois; & comme je ne doutois pas qu'il ne fe fût diflipé de l'alkali volatil & de l'acide marin dans la c;iIcination , je crus ne devoir employer qu'une plus petite quantité d'eau, c'eft pour- quoi je n'en mis que ~, & après avoir fcellé avcc foin les vaifleaux, j'en fis !a diftillation en commençant par un feu doux . & le poulfant fur la fin jufqu'à faire fondre la partie inférieure de la cucurbite , mais je ne retirai plus qu'^ d'efprit. Voici un réfuhat tout à fait fingulier ; nous avons obfervé § 102 , que la quantité d'efprit dans cette expérience , étoit un peu plus grande que celle du fel ammoniac qui reftoit dans le caput mor:uum de l'expérience ç 100 , & qu'au furplus il fe fublima quelques grains d'une manère blanche ; nous voyons par celle-ci que bien loin d'excéder la quantité d'eau nouvellement ajoutée , nous n'en avons pu retirer que la moitié ; mais il eft bon d'obferver que malgré que le fond de ma cucurbite ait été fondu , le degré de feu néanmoins n'aura pas été aullî confidérabie que celui qu'a fouffert l'autre cucurbite qui e'toit de terre & à feu nud. ToiiK /. G g £34 MéMOIRES DE tA SoCtéTi ROYAtE DSS SciENCHS — >— ■^— Quant à l'augmentation du poids , elle doit être attribuée aux parties Tome III. de chaux qui ont été enlevées dans l'opération, ce qui ne paroît pas avoir An kss l'efoin de plus grande démonftration : les réfultats des expériences dont j'ai rendu compte ci-devant me paroiflent plus que fuffifans pour nous con- ^^- *'*' vaincre de cette vérité. SEPTIEME EXPÉRIENCE. DiJlUlanon du fel ammoniac avec le fel ammoniac fixe. Efprit volatil fublimé très-blanc. rjoy.J E fus curieux d'obferver ce que le fel ammoniac fixe donneroic avec du nouveau fel ammoniac. Je mêlai à cette fin „^ î du fel ammoniac fixe refultant des expériences 104 & 105" , avec -zr. \ ^^ fel ammoniac fans être privé d'eau , & j'obtins environ 5;!^ | t d'efprit urineux , j d'un fublimé très-blanc , & "tt d'une matière de même fublimée qui étoit extrêmement grafTe & qui adhéroit très-fort au verre. L'ayant détachée avec un pinceau , elle étoit d un gris cendré ; étant brûlée fur du papier à la chandelle , elle donna une couleur verte à la flamme ; fon goût étoit très-falé & très-picquant fur la langue , moins cependant que celle du fublimé blanc qui communiquoit de même la couleur verte à la flamme. Le caput mortuum pefoit :£:: & un peu plus de |, il attiroit très -fort l'humidité; fa couleur étoit rouflatre, fa faveur étoit (fct) brûlante , fa texture enfin friable entre les doigts ; fon poids ne fut pas confidérablement augmenté. 108. Mon plan étant de rapprocher les diffcrens phénomènes que pré- fentent les décompofitions du fel ammoniac faites par différens intermèdes , je ne faurois négliger de rendre compte de ce que j'ai obfervé de plus remarquable dans la répétition que j'ai faite des opérations d'ailleurs très- connues. HUITIEME EXPÉRIENCE. Difîillation du fel ammoniac avec la grenaille de plomb. Efprit volatil caujlique. Plomb corné. vJ E pris -^, de plomb grenaille que je mis dans une cucurblte de verre avec f de fel ammoniac : le feu fut adrainiftré dans le commencement avec ( l'l> ) Cette fubflance me paroît devoir être mifè au nombre des caufligues les plus puifTans, B B Turin. ajj beaucoup de précaution , pour que le fcl ammoniac ne fe ftiblimit point, "*'^— ^^ & fut pouffe fur la fin avec beaucoup de vivacité, de manière que le fond Tome III. de la cucurbite s etoit prefque fondu. Aj^méss Il pafla dans le récipient un efprit jaune des plus pénétrans & dont la , force étoit encore augmentée par l'addition du lel de tartre, ce qui me fit conjefturer qu'il étoit paffe un peu de fel ammoniac fluor avec l'efpric urineux ; j'en fus d'autant plus convaincu que cet efprit faifoit une violent? effervefcence & s'échauffoit très-fort par le mélange de l'huile de vitriol, répandant alors beaucoup de vapeurs blanches qui avoient une forte odeur d'efprit de fel ; il fe fublima enfuite des fleurs de fel ammoniac d'un jaune foncé qui contenoient un peu de plomb : les deux tiers environ du caput mortuum étoient convertis en plomb corné, & ce plomb corné en occupoit la partie fupérieure, & adhéroit comme des fcories à la partie inférieure qui étoit formée par le plomb qui avoit été fondu, & que 1 acide n'avoit point attaquée. NEUVIEME EXPÉRIENCE. Dlflilladon du fel ammoniac avec le plomb & la chaux vive. Efprit volatil cauftique. ïO^.\_Jz la diftillation d'^ '- de plomb avec zr. î de chaux vive ; & I de fel ammoniac je retirai de même un efprit cauftique très- pénétrant & d'une couleur jaune ; cet efprit faifoit effervefcence avec l'huile de vitriol & reffembloit parfaitement en tout au précédent. Le caput mortuum cependant parut m'ofirir quelque différence. i°. Le plomb étoit prefque tout converti en plomb corné. 2°. La chaux fembloit n'avoir pas (ouôerc de changemens fenfibles. Pour m'en affurer davantage , j'en féparai une partie au moyen d'un tamis fort ferré ; je la mis dans un creufet au feu , & je ne remarquai aucune des vapeurs que le fel ammoniac fixe donne abondamment dans cette opération; après cela il me parut qu'elle n'attiroit pas l'humidité de l'air avec plus de force que ne fait la chaux vive com- mune, elle bouillonnoit, ou du moins elle faifoit un Cfflement en entrant dans l'eau. Les difiérences remarquables qui font entre le caput mortuum de l'expé- rience précédente & de celle-ci, me font conjeéiurer qu'il faut que l'acide marin foit délayé dans beaucoup d'eau pour attaquer le plomb ; & que c'eft pour (^cc) cette raifon que dans l'expérience précédente il n'y a eu ( '■<^ ) Je ne prétend; pas que cette (éule cautê facilite la diïïblution du plomb ; pi même des raifons de penlêr que cet effet n'a pas lieu lorsqu'elle eft toute feule , mais que dans le cas où il fe trouve de l'alkali volatil combiné avec cet acide , ce mélange exerce fon aâion fur le plomb , tant jue Cet deux fubftances ne font peint dans uo certain degrc de concentration, Gg îj 23i5 MÉMOIRES DE t A SoCléfÉ KOYALE DES SCIENCES ■^■i—— — qu'une partie du plomb convertie en plomb corné , 'pendant qu'outre le fel Tome III. ammoniac fluor il s'eft encore élevé une quantité confidérable de fleurs de A hr ' ES fel ammoniac ; ces deux effets n'ayant lieu probablement que lorfque l'acide & l'alkali volatil font dans leur plus grand degré de concentration. ^'^.^'^-'^l^^' ^"_ Que la chaux ferc à retenir une partie de l'acide du fel ammoniac qui s'échapperoit dans le commencement de l'opération avec l'alkali volatil. 3°. Que l'acide marin affoibli par beaucoup d'eau a plus d'affinité avec le plomb qu'avec la chaux i^à-à.). (di') Cette opération a fait le fujet d'une grande queftion entre les célèbres ']U. Geoffroy 6* Neumjnn. Ce dernier ayant remarqué que le Chimille François avoit placé les fubdances métalliques au-delîous des fèls , comme ayant un moindre rapport avec les acides , dans la table des affinités , lui fit oblerver que cette régie (ôuffroit des exceptions , en lui donnant pour exemple la décompofiiion du fèl ammoniac par les fubllances métalliques ; mais M. Geoffroy n'attribuant cette décompofition qu'à l'alté- ration confidérable que ces fûbdances (ôuffrent en paiïant à l'état de chaux , f.iifôit rentrer cette exception dans la loi générale, en fuppofant que les chaux métalliques contiennent quelque peu d'alkali fixe qui Ce développe , ou qui (e forme dans la calci- nation. M. Neumann répondit que fi cela eût été vrai , on n'auroit pas dû obtenir de l'efprit urineux par le minium bien lavé dans de l'eau bouillante & deiTéché , comme l'on l'obtenoit de même en l'employant fans aucune préparation , & pour couper court à toute (ôrte de difpute , il lui fit voir qu'on pouvoit fubftituer avec un égal fiiccès le plomb granulé , & fous la forme métallique ; je ne fâche pas que M. Ceojjroy ait répondu depuis au Savant Chimille du Roi de PrulTè , la preuve étant fans réplique; mais fi cette illuHre Phyficien eût cherché à s'éclaircir plus particulièrement fur cette exception en examinant avec foin les produits qu'on obtient par ces opérations , il eût fans doute vu qu'elle n'avoit lieu que dans le ras particulier de l'acide du (èl ammo- niac, qui non-feulement ell très-foible, mais qui fe trouve affocié à une grande quantité de matière phlogillique; ce qui, peut-être , ne contribue pas peu à la défunion qui le fait de cet acide d'avec l'alkali volatil , & tout au moins auroit-il reconnu que la table qu'il a drelTée ne pouvoit pas être exaâement vraie dans tous les cas , & qu'il auroit dû en former deux, comme le remarque fort-bien M. Baume, favoir, une qui expri- mât tous les rapports des fubfiances dans les opérations qui fe font par la voie humide , & une autre dans laquelle fufTent marqués les rapports en opérant par la voie lèche ; ou pour m'exprimer d'une manière plus générale, une table qui défignât le plus ou le moins d'aptitude que les fubfiances ont à s'unir, fuivant que par la combinaifon des principes Secondaires , le nouveau compofé approche plus ou moins du rapport des élémens ou des véritables principes qui conftituent des compofés plus ou moins aifés à être détruits. La Chimie ne lêroit plus alors une Icience purement expérimentale , elle pourroit fort- bien être fujette au calcul avec autant d'exaâitude que le font les fciences phyCco- jnécaniques | l'aHronomie , &c. DE T U ïî I H; 257 DIXIEME EXPÉRIENCE. Di/lillation du fel ammoniac avec le plomb & le fel de tartre. Efprit urineux. Sel volatil. lio.V^^oMME le fel ammoniac décompofé par le plomb ne donne que de l'efprit urineux , & que d'autre part les alkalis fixes donnent très-peu d'efprit, & beaucoup de (el volatil ; je me propofai dobferver les réfultats qui me viendroient de la combinaifon du plomb avec du fel de potaffe & je crus en méme-tems pouvoir m'affurer, fi dans cette opération l'acide marin attaque par prétérence l'alkali fixe comme il feroit alTez naturel : pour n'avoir rien à me reprocher, je crus devoir employer une quantité de (el ammoniac capable (eulement de faturer une quantité donnée de plomb dans la décompofition qu'il fouffriroit ; c'eft pour cette raifcn que je diftillai une once de lel ammoniac fur j„'.- de plomb . & ;^ de fel de potafle. Je dois cependant avertir que faute de plomb granulé , j'employai de petites lames minces, & que le fel de potaffe n'étoit pas bien pur^ deux circonftances qui certainement pourroient caufer des variations , & c'eft pour cela que j'en avertis. Je retirai j- '-^ d'efprit volatil très-limpide qui faifoit une violente effer- vefcence avec l'huile de vitriol , & répandoit des fumées blanches & épaiiïes; il rougiflbit un peu le papier bleu pendant qu'il étoit humide, & il devenoit blanc en fe defféchant ; cet efprit contenoit ^ d'un fel volatil criftallifé en aiguilles très-déliées. Une partie du fel ammoniac fe fublima , & il en refta une petite quantité en forme d'efflorefcence fur le caput monuum , lequel étoit d'une couleur brune parfemée de points d'une très-belle couleur bleue comme l'azur de Berlin , une partie du plomb paroilToit réduite en litharge , le relie étoit fondu avec toute la mafle , & préfentoit différentes couleurs dans la partie inférieure qui étoit tout-à- fait adhérente au verre, & (embloit ne faire qu'un tout avec lui; je me déterminai fur cela à remettre dans la cucurbite tout le fel ammoniac qui n'dvoit point été décompofé, avec :;t~ t d'eau commune fur le caput mor- tum , & à faire ainfi une nouvelle diftillation ; je retirai par ce moyen — j 1'; d'efprit de fel ammoniac un peu plus foible que le précédent , mais il ne fe fit point de fel volatil , ce qui d'ailleurs efl alTez naturel, vu que la quantité d'eau nouvellement ajoutée n'a palfé qu'en partie dans le récipient , le refte ayant été abforbé & retenu par le caput monuwn, lequel de brun qu'il étoit, pafla à un blanc éclatant ; fa faveur étoit faléa & amère comme l'eft ordinairement le fel fébrifuge; la panie du plomb qui touchoi: le fond de la cucurbite n'a fouffert d'autre altération que la fufion , & une petite partie de celui qui étoit mêlé avec l'alkali fixe vers Tc-ME III. Années 1761.-176^ 238 MÉMOIRES DELA S OClÉTÉ ROYALEDES SCIENCES "— — — —^ vers la furface fupérieure . avoir changé légèrement fa couleur j lereftene Tome III. paroiflbit avoir foufferc aucun changement , & n'étoit pas même entré Ajvn££s en fufion. ONZIEME EXPÉRIENCE. Viflillaûon du fel ammoniac avec la chaux de cuivre; ou avec le fer Efprit volatil, Ens Veneris ou Ens Martis. 1 1 1. J_/A diftillation d';;;^ \ de fel ammoniac avec :^ \ de vitriol de cuivre bien calciné m'a aufli donné un efprit urineux jaune très-pénétrant & cauftique , des fleurs de tel ammoniac teintes en jaune , & un peu en verd lorfque j'employois du fel ammoniac impur au lieu de fleurs. Le caput mor- tuum étoit une matière roufle , un peu déliquefcente & d'un goût ftiptique. La limaille de fer rouillée , ou non , me donna à peu près les mêmes réfultats. Le caput mortuum feulement me parut différer confidérablement , en ce qu'il contenoit plus d'acide ; fon goût étoit beaucoup plus âpre ; il fe gonfloit davantage & fe réfolvoit entièrement en une liqueur épaiffe & jaunâtre. L'efprit urineux qu'on retire par l'intermède des chaux ou des fubftances métalliques fous leur forme naturelle, donne toujours des marques affurées de la préfence de l'acide marin, quelque foit le rapport qu'on ait obfervé entre le fe! ammoniac & l'interm.ède ; il en eft de même de l'opération du fel ammoniac privé d'une partie de fon eau, avec la chaux, ce qui prouve que la décompofîtion n'efl: pas compktte. 112. Si nous réfléchiflbns maintenant (iir toutes ces différentes décom- pofitions & fur les circonflances qui les accompagnent, nous remarquerons que pour qu'elles puiflent avoir lieu , il eft néceflâire qu'il fe dilTipe une plus ou moins grande quantité de l'eau du fel ammoniac , & que c'eil pendant cette évaporation qu'elles arrivent. Or il m'a paru qu'il y avoit trois cas diftérens , favoir, le premier, dans ftquel eft comprife la décompofition par les alkalis fixes , & par tous les intermèdes qui donnent très-peu d'efprit & beaucoup de fel : les compofés qui reftent dans le fond du vaifleau (ont des fels qui retiennent à peu près autant d'eau que le fel ammoniac , & la retiennent même avec plus de force. Le fécond dans lequel doivent être comprifes les chaux & les fubftances métallique^ fous leur forme naturelle ; il demeure dans le fond des vaifleaux des fels q'/i attirent beaucoup l'humidité , mais qui la lâchent avec plus de facilité que les précédens. Le troificme regarde la chaux combinée avec le fel ammoniac dans des circonftances diiférentes , favoir , la chaux vive & le fel' ammoniac DE T U R i K. iîjp calciné, dontleS réfultats font les mêmes que ceux des fubftances métalliques; *— ■— — — ' la chaux vive & le fel ammoniac avec toute fon eau dont on ne retire Tome lll, aucun produit, excepté le phofphore d'Homberg ; la chaux éteinte & le Ankée» fel ammoniac fans être calciné ; la crème & l'eau de chaux évaporée à .., .^tH fjccité avec du fel ammoniac contenant toute fon eau. De toutes ces combinaifons de la chaux on a pour réHdu un fel am- moniac fixe à la vérité , mais qui diftere dans chaque opération par le plus ou moins d'eau que ces réfidus attirent ; cependant en général ces com- pofés peuvent en être privés aifément par l'aâion d'un feu plus modéré que tous les précédens , & c'eft , félon moi , de cette force plus ou moini grande de ces nouveaux compofés à retenir l'eau, que dépend la décom- pofition en efprit ou en fel volatil ; mais comme les fels volatils emportent avec eux une plus grande quantité de parties concrètes de l'intermède , il eft naturel de penfer que du moment que l'acide marin efl: dans le degré de concentration néceflaire pour former avec une partie de l'inter- mède un nouveau fel de nature fixe , l'alkali volatil fe combine par le moyen de l'acide plus délayé , & dont l'eau furabondante ne fauroit être entièrement enlevée, avec les parties de l'intermède qui refte, & forme le fel volatil concret : la chaux étant en effet une fubftance dont les parties, quoique d'une nature différente , ainfi que le penfoit le célèbre M. Hoff- mann , & que nous avons eu occafion de le conftater, retient cependant ces parties avec une force que le feu ne fait qu'augmenter ( ee ) & que l'eau feule eft capable de détruire : il efl clair que plus la chaux fera vive, moins l'eau contenue dans le fel ammoniac, quoique furabondante, pourra opérer cette défunion réciproque qui ne me paroît confifler qu'en ce que l'eau dégage la partie volatile de la chaux, qui, ayant attaqué la partie phlogiftique du fel ammoniac , facilite d'autant plus la défunion entre le fel volatil & l'acide marin , que cet acide affoibli par beaucoup d'eau paroît avoir plus d'affinité avec la chaux qu'avec l'alkali volatil, comme nous le ferons remarquer par la fuite ; d'où il fuit que pendant que la chaux efl dans fon état naturel, c'eft-à dire, que ces principes ne font pas défunis par l'eau, elle peut bien former un corps furcompofé , en s'uniffant au fel ammo- niac avec beaucoup de force , mais elle n'en peut pas procurer la décompofition. ( « ) Nous aurons ocwtîon de Toir la raifôn de cette fixité de la partie volatile de h chaux, 8c d'où lui vient cette dernière propriété. 240 Mémoires de la Société royale des Sciences Tome m. DOUZIEME EXPÉRIENCE. An NE£S 9161-176^. Dyiillation du fel ammoniac diffbus dans l'eau de chaux. Sel ammoniac fluor. Efprit de fel. Sels ammoniacaux. j 1 3.x OUR ce qui efl: de l'enlèvement de la partie inflammable des alkalis volatils par la partie de la chaux qui fe volatilité , il me paroîr très pro- bable par ce que j'ai fait obferver § 5)7, où j'ai rendu compte d'une double de'compofition qui fe fait par un tour de main parti i lier . & qui ne me paroît pas podible fans le fecours du phlogiftique qui diminue la force d'union que l'acide vitriolique a contradéu avec la partie terreufe; & cela paroît d'autant plus probable , que c'eft en faveur du feu . que cette ope'ration fe fait (/) ; car d'ailleurs la crème de chaux ne procure point d'efprit volatil non plus que l'eau de cha-.:x , comme je m'en fuis afliiré en diftillant tx: | de fel ammoniac dlifous dans -4- îvo'eau de chaux, qui contenoit beaucoup de crème de chaux ; .S: comme ce mélange étoit trop liquide, j'y ajoutai encore environ ér. de terre vitrifiable, mais les - - environ de la première liqueur que j'obtins n'e'toient que du fel ammo- niac fluor très-limpide, au fond duquel e'toit un peu de liqueur très -jaune qui reffembloit aflez à de l'huile figée , & qui , en fe mêlant par l'agitation avec l'autre, donnoit une grande quantité de bulles d'air (çç). 114. Par toutes les expériences que j'ai faites , je crois pouvoir conclure que celles d'entre les décompofitions qui méritent ce nom par excellence , font celles qui fe font par le moyen de la chaux éteinte , & de l'huile de tartre , celle de l'alkali fixe concret ne donnant qu'un fel volatil furchargé de parties hétérogènes ^ de même que les craies & les autres terres abfor- bantes : pour celles qui fe font avec les fubftances métalliques , elles font très-imparfaites (ft/i). (/) Cette opération dont j'ai parlé § S7 , a quelque chofê d'analogue à celle du foutre artificiel, , , r-jr.f ( "ç) L.i (èconde liqueur qui pafla dans le récipient etoit de véritable elprit de fel fumant ; elle''pefoit environ i- ce qui prouve que l'ea'i de chaux contient un véritable acide vitriolique, le refle'du fel amironiac fe fubl'ma en fleurs taures, parmi lefquelles il s'en irouvoit une petite quantité qui étoit d'un be?u rouge , & que je me doutai être du fel ammoniacal fecret de GIruber. La féconde liqueur mêlée à la première fervit de dlf- folvant à celle qui étoit au fond du matras, 5. toute la liqueur prit ainfi une couleur rioîette ; je ne dois cependant pas biffer ignorer que les pierres A furîl que i'avois calcinées & dont je f s ufage , contenoient vraifemblablement un peu de parties féruglneufes dont je cherchai A les délivrer par un peu d'efprit de vitriol , & par des édulcorations réitérées, j'en enlevai l'acide. . , • , n " i {lih ) Une marque certaine que la décompo/ition du (èl ammoniac n'efi pas complettc, & dont on peut juger par la feule infpeiSion , c'ell la couleur jaune qui eft toujours plus I1J-. DE T U R I M. 241 II y. Nous avons obfervé que le fel ammoniac fluor exige beaucoup """""'"^^ d'alkali fixe pour développer fon odeur urincu^e § 100, pendant que très- Tome III. peu de chaux produit cet effet, cela me paroît prouver que l'acide marin A .v nées étendu dans beaucoup d'eau, a plus d'affinité avec In chaux qu'avec l'alkali 1751-1765. volatil , & qu'il en a davantage dans cette circonflance avec celui-ci qu'avec J'alkaii fixe. 116'. Nous avons auffi remarqué § lOi , & nous l'avons repété ci- devant que le (el ammoniac avant de fe fublimer en fleurs, donne un peu de liqueur urineufe , ce qui femble nous faire voir que l'acide marin s'unit à une plus grande quantité d'alkali volatil lorfqu'il eO: foible , que lorfqu'il eft concentré. TREIZIEME EXPÉRIENCE. Di/îHladon du fel ammoniac fluor avec l'alkali fixe. Sel ammoniac fluor. I17.X OUR m'affurer fi l'acide marin délayé dans beaucoup d'eau avoit plus d'affinité avec l'alkali volatil qu'avec l'alkali fixe , je pris 7^. l de fel ammoniac fluor , & j'y mis autant de fel de potaiTe qu'il en fallut pour lui faire développer l'odeur urineufe , ce qui monta à ,^ ; mais avant que l'alkali fixe eût abforbé toute la liqueur, ce que je cherchois à faciliter par l'agitation du mélange , il ne s'élevoit plus d'odeur urineufe ; après avoir lutté avec foin le chapiteau & le récipient, j'en fis la diftillation au bain de fable, &: la liqueur qui paOa pefoit environ 12 à ij grains de plus que ne pefoit le fel ammoniac fluor , & le caput mortmm par conféquen: pefoit ces grains de moins , ce qui m'a fait voir que la liqueur avoit emporté un peu d'alkali fixe; elle étoit de même couleur qu'auparavant ,' & n'avoit point d'odeur urineufe fenfible , mais elle la développoit par l'addition de la chaux. foncée à mefûre qu'elle contient plus de Ce\ ammoniac fiuor ; S: ce qui (êrt à le prouver , c'eft la facilité avec laquelle on peut l'enlever par 1 addition d'un aikali fixe ou de U chaux. J'ai remarqué qu'elles ne (ont jamais parfaites, & qu'il arrive toujours de deux choies l'une , favoir, ou du fel ammoniac fublimé, ou de l'intermède non décompole : la première a lieu toutes les fois qu'on emplo) e une trop grande quantité de Ce\ ammoniac , & la féconde lorfjue cette quantité eft trop petite. Tom, L U b 242 MÉMOinES T)E LA SoClÉTÉ ROYALE DES SCIENCES Tome III. JJN^;Éss QUATORZIEME EXPERIENCE. 1761-176^. Dijlillation à feu nuddu caput mortuum de l'expérience précédente. Sel fublimé, 1 iS.V_jOMME j'dvois fait cette diftlllation dans une cucurbite de verre, j'en pris le caput mortuum. Si ayant reconnu qu'il contenoit de l'acide marin, quoique la liqueur dont nous avons parlé n'eût pas l'odeur urineufe , js me propofai de voir fi par la force du feu je poiivois détacher cet acide , pour examiner enfuite fi par ces difîérentes opérations il avoit fouftert quel- que changement ; je fis donc piler ^à: i i^ de ce caput mortuum , je le mis dans une cucurbite de terre à creufet avec environ { d'eau diftillée , & j'en retirai premièrement ~ ~ d'une liqueur plus toible , mais de même nature que la première, | d'un fel fublimé à la voûte de ta cornue, Sc le caput mortuum qui s'étoit réduit à t^- |fr: avoit pris une couleur bleuâ- tre : j'examinai la liqueur & le fel , l'un & l'autre donnèrent beaucoup de vapeurs blanches avec de l'huile de vitriol , développèrent une odeur urineufe nflez forte avec la chaux vive ; ils paroifloient cependant avoit du goût du fel marin , mais le fel loin de décrépiter fur une lame de fer rougie, fe dillipoit en fumée , ce qui me fit juger que c'étoit de véritable fel ammoniac. 1 1 jj. Cette expérience me fit relTouvenlr que j'avois obtenu le même effet une autre fois que j'avois voulu faire du fel volatil , & que le vaifleau ayant calTé par un coup de feu après que l'opération étoit déjà fort avan- cée , j'ai entonné le fond de ma cornue dans une cucurbite de terre , & j'en retirai par ce moyen du fel fublimé comme celui dont je viens de parler, favoir.fans odeur urineufe , fentant feulement un peu l'empireume. 120. En réfléchiffant fur les circonftances des décompofitions du fel ammoniac pour en retirer le fel volatil & peut-être l'efprit, je crois entre- voir qu'il en eft de ces fublimations comme des précipitations , c'efl-à- dire que la partie volatile enlève un peu de l'intermède fixe pendant que l'intermède retient aulfi quelque peu de la partie volatile. Seroit-ce une loi générale des volatllifations ? ■ La volatilifation dépendroit-elle de ce que par de nouvelles combinai- fons une partie des fubftances fixes devient volatile, & une partie de celles qui font volatiles prend le caraâère de fixité ? Ou enfin toutes les fubftances contiendroient- elles ces parties d'une manière diftinfte ? La féconde de ces propofitions peut fort bien être la véritable ; mais comme il fera toujours néceiïaire de quelques tours de mains pour défunir les fubftances fixes d'avec les fubftances volatiles , & pour les faire paroî- tre chacune dans fon état naturel , il me femble que la première propofi- DE Turin. 243 tîon eft la plus générale Se la plus conforme à l'expérience ; car nous :p pj- voyons qu'il eft trcspollible de faire prendre un caraiftcie de fixité en '^ °^^- -^i*» entier à une fubflance volatile par des procédés très-connus, de même Années qu'on peut volatilifer des fubltances rrès-fixes. Il efl vrai cependant que 1761-1765, dans plufieurs fubftances il fe trouve des parties plus ou moins douées de ces propriétés. 12T.1J1 QUINZIEME EXPERIENCE. Di/lUlatioii de l'efpru volatil avec du noir de fumée. EJprit urineux empireumatique. ' E tentai encore Inutilement d'obtenir du fel volatil , ou plutôt de convertir en fel refprit urineux en combinant ~. f ^^ "'^•r de fumée .avec -^z 7 d'efprit volatil fait avec la chaux , mais je ne retirai qu'une Jiqueur urineufe graflc un peu empireumatique ; la furface du caput monuum étoit de la couleur du verdet, je crus néanmoins devoir foumet- tre le caput mortuum à une chaleur plus forte , je le mis pour cela dans une cucurbite de terre , & après avoir retiré une liqueur très - limpide , d'un goût falé un peu empireumatique , qui développoit une odeur fort agréable par le fel de tartre & la chaux , qui faifoit effervefcence avec 1 huile de vitriol fans répandre de fumées , il fe fublima environ -j-^ de véri- table fel ammoniac altéré par une odeur très-empireumatique. SEIZIEME EXPERIENCE. Diftillation d'une diffolution du fel ammoniac avec le caput mortuum d'un fel vitrlolique calcaire qui avait fer\'i à une diftillation d'urine putréfiée. Efprit urineux. Sel ammoniac fuhlimé, '122. Je ne me difpenferai pas de rendre compte d'une expérience que j'ai faite pour obtenir du fel volatil , en employant de la chaux que j'avois chargée d'acide vitriolique après qu'elle avoit fervi à retirer le phlègme d'une quantité d'urine putréfiée, & qui étant ainfi combinée avec beaucoup d'huile de vitriol , me donna une quantité confidérable d'efprit urineux très-pénétrant , accompagné cependant d'une odeur un peu fcetide , cet efprit bouillonnoit f^ïï) confidérablement avec l'huile de vitriol, jettoit des (" ) Cette combinaifbn eft à peu-près celle dont parle M» VMtrius dans un Mémoire HhJj 24^ Mémoires de la Société royale des Sciences. ■ vapeufs blanches & épnifles , manifeftoit un mouvement d'effervefcence T o ni E III. avec le fel de tarire : d'où il fuit inconteftabiement que cet elprit d'urine A.VNËBs tenoit du véritable fel ammoniac en dilTolution : c'eft donc du caput j7Sl-i76$, mortuum qui refta dans cette opération que je me fuis fervi ; c'étoit une fubflance d'une furface unie , & ayant des crevafTes comme la chaux éteinte, deflechée , d'un grain tout-à-fait fin, d'une légèreté furprenante; elle étoit blanche dans fa partie fupérieure, un peu bleuâtre dans le centre, d'un goût fade , ne s'humeftant point à l'air : je mêlai -'„- * de caput mor' tuain avec -—-. de fel ammoniac & environ -7;,- \ d'eau diitillée dans une cucurbite de terre , & j'en retirai ~ \r, environ d'une efprit urineux alTIz fort , g d'un fel fublimé à la voûte , & le caput mortuum dont la couleur bleue ctoit confidérablement augmentée , pefoit environ -rô { ; ayant exa- miné le fel fublimé à la voûte , je trouvai que c'étoit du fel ammoniac. 123. Cette expérience fert à nous faire voir combien il efl: difficile d'enlever l'acide vitriolique à la chaux, de même que le phlogiftique dont elle fe charge avec tant d'avidité, & confirme en même-tems ce que nous avons dit § 112 ; favoir que le fel féléniteux enlève la partie phlogif- tique du fel ammoniac , & facilite par-là fa décompofition ; & quoique le fel fublimé ait donné des marques de fel ammoniac de même que la liqueur , ces fignes cependant ont été beaucoup plus foibles que ceux que donnent les fleurs de ce fel ou le fel fluor ; d'ailleurs la diminution de poids du caput mortuum nous prouve affez qu'il s'en efl: volatilifé une partie , & il efl probable qu'elle efl; de la nature de la partie volatile qui fe dégage de la chaux par le moyen de l'eau, c'eft-à-dire , que c'eil un fel félénit-eux. Il eft bon d'avertir auffi que dans l'efprit d'urine dont nous avons parlé ci-devant , l'on voyoit de petits corps précipités au fond de la liqueur , & d'autres qui y nageoient ; or il efl probable que ce n'étoit que de ce fel féléniteux. DIX-SEPTIEME EXPERIENCE. Séparation du fd volatil d'avec l'eau qui le tient en dijjblution au moyen du fel ammoniac. I24..jr OUR ne riefi négliger de tout ce qui me paroiflbit pouvoir con- tribuer à la formation d'un fel volatil urineux par le moyen de la chaux, je voulus eflayer fi la méthode que propofe l'illuftre M. Lemery m'en fur le nître artificiel , &: par laquelle il dit que le Doûeur l'ictfcli , qui a remporté le prix de rAcadtmie de Berlin , a fait du nitre artificiel; je n'ai pas encore eu le tems de m'affurer fi je pouvols retirer de ce fèl, mais je puis avancer que ce caput mortuum fait une grande efferveftence avec l'Iiuile de vitriol , & manifefte l'odeur infiipportable de l'efprit de nître , en répandant dans cette pccafion une grande (juantité de fuiflées DE Turin. 24J fourniroit effedlvement , & pour faciliter l'opcration , j'ai diiTous deux "^'^"^'^^ parties de fel ammoniac en gâteau , qui, comme on fait, contient beau- Tome III, coup plus de parties inflammables que les fleurs, dans trois parties -d'efprit /} ,v né s s de (el ammoniac , & je retirai fur -;r. 1 d'efprit volatil & zt. de fel ammo- tysi-i-jo^ niac une quantité allez confide'rable de très-beau (el volatil criflallirt , mais dont il ne me fut pas pollible de favoir le poids , parce que la liqueur ayant bouilli dans le fond du matras , le détruilit ^ans peu de minutes ; je l'avois cependant reconnu quelque tems avant cet accident , & fon odeur étoit beaucoup plus pénétrante que n'efl celle du fel volatil fait avec l'alkali fixe ou la craie. DIX-HUITIEME EXPÉRIENCE. Séparation du fel volatil d'avec l'eau qui le tietit en dij/blution. ïzy.V^l [ ay. V^ E réfultat me fit efpérer d'obtenir du fel volatil avec le feul efpritde fel ammoniac, comme l'avance M. Lemcry; je mis pour cela i^- | 7 d'efprit de fel ammoniac fait avec la chaux, dans un matras à long col garni de fon chapiteau; & comme j'avois obfervé qu'il eft indifpenfable pour réuffic de ne donner qu'un petit degré de chaleur afin que l'eau ne puilTe en s'évaporant détruire la formation du fel volatil , je crus devoir employer un bain-marie en prenant la précaution de ne jamais laifler bouillir l'eau en la tenant toujours entre 60 & 6j dégrés de chaleur au thermomètre de M, de Réaumur. Il fe fit etFedivement du fel volatil par ce moyen , mais ce fel n'étoit pas 11 beau ni fi volatil que le précédent ; d'ailleurs il ne fe détruit pas avec beaucoup de facilité , fa couleur eft un peu terne , & l'opération eft dès plus laborieufes {kk). dont ie ne pus pa« diftingiier afTc/. bien la couleur ; il ne me fut cependant pas pofîîble de retirer du iâlpctre par la diiTolution , la filiration & l'évaporation de ce cjfut martuum, (k/i) Cette opération , toute pénible qu'elle eft , ne laiffe pas d'ctre fort intérelTante par les (îngularités qu'elle fournit. Je dirai , avant toutes chofes, que je retirai par ce moyen environ trois gros de (êl volitil ircs-dur qui eu fans contredit plus pénétrant que celui qu'on retire par d'autres métliodes. Ce qu'il y a de plus (îngulier, c'eft qu'au-defTous de jo degrés & à 70 , jl fê détruit ,' & qu'il ne Ce forme qu'entre ces limites ; outre cela, pendant que le Ce\ le forme dans le col du matras on volt des vapeurs dans le cbapiteau , ce qui prouve que ce (êl e(J moins volatil que l'eau , apparemment à caufê des parties de chaux auxquelles il s'elî aïïbcié , & ce qui me paroit fervir de plus forte preuve à cela , c'elî qu'il Ce diflout à un degré inférieur à celui auquel Ce forme le Tel ; de manière que par cette chaleur il s'évapore une plus grande quantité d'eau qu'il ne s'élève de fel volatil pour former dot criftaux avec elle ; quant au degré fupérieur, il eft clair que cette proportion Ceci enç»r adeo ut illa indè adaugeantur vel extenuentur , ( que non modo 3> magnitudo , veriim étiam denfitas ipforum immutari poteft ) vel divi- 3> dantur in corpufcula adhuc minora, ( quo liquor, qui fuerat colo- » ratus, poterit pellucidus evadere ) vel confocicntur complura inter fe, » & in grumulos coalefcant , ( quo ex binis liquoribus peî'ucidis , confier! » poterit liquor coloratus. ) Nswt : Opt:L. II. P. 3'. Prop. V". page jj8. RECHERCHES Sur la caufe de la décompofidon du rutre & du fel marin par les intermèdes terreux , par M. Mon net. X_;A décompofîtion du nître &: du fel marin par les terres argilleufes , ;j; z~ n'étoit regardée par quelques Chimifles non inftruits des affinités chimi- ■1°"'*^^ i ♦. ques , tels que Lemery , que comme reffet dune divifion mécanique de -^-v.vsss ces fels ; lefquels préfentant par le moyen de ces intermèdes beaucoup ^jee-y-je^. de furfaces , l'aftion du feu en détachoit avec plus de facilité leur acide. Cette idée ne pouvoit paroùre guère raifonnable à ceux qui adoptèrent la ^■'«' ^^' doftrine du grand StM , qui , ayant expliqué le premier d'une manière cfaire & précife l'aftion de l'acide vitriolique fur la bafe de ces lels, trouva beaucoup plus naturel Se beaucoup plus conforme aux loix de la nature d'imaginer que ces intermèdes terreux , tels que les argiles , ne décompo- foient ces fels qu'à raifon de l'acide vitriolique qu'ils contenoient. Stahl fit plus , il voulut démontrer ce qu'il avançoit , en difant avoir obtenu du tartre vitriolé d'un réfidu d'une diftiliacion du nître avec l'argille , &: en faifant remarquer que plus on augmentoit la dofe de l'argille, plus on avoir d'efprit de nître (a); il n'en falloir pas d'avantage que l'aflertiori d'un chimifte fi célèbre , pour faire adopter ce fentiment comme une chef© (j) Les partifins de la divifion mécanique auraient bien pn objeiter à Stahl qne ce qo'il reg^rdoit comme l'effet d'une plus grande quantité d'acide , n'ctoit que i'efi't* d'une plus grande divifion qu'éprouvaient ces Icls p.ic l'augraenution des terres. Tome I, . K k 2j8 MÉMOIRES DE tA Société royale des Science^ ^^ infaillible. Aufli on ne douta plus dès-lors , que la de'compofition du ToiUE IV. nîcre & du Tel marin opéiés par les argilles, ne fe fit qu'en conlcquence de Années l'acide vitriolique. Ce fentiment eft celui qui a prévalu jufqu'à ces derniers 176S-1769 fS'^s, & qui a été confacré dans les difféiens ouvrages de chimie qu'on 3 publiés jufqu'à ce jour. Depuis que la chimie a fait quelques progrès, perfonne ne s'étoit encore avifé de vérifier ces faits; & peut- être que les chofes euflent reflé là encore long-tems , & que je n'euHe pas moi même entrepris de traiter cette quelfion , fi un DifWlateur d'eau- forte , porté par le defir de faire un plus grand profit , ne fe fût avilé, d'après ce qu'il avoir oui dire , de retirer du tartre vitriolé des réfidus de la diftillation de l'eau-forte. Mais il eut beau lefllver des tonneaux entiers de ces réfidus , il n'en retira pas la moindre partie de tartre vitriolé. Ayant fu cela , aufli bien que plufieurs autres , j'entrepris de faire une diftillation de nître bien pur avec de l'argille bien choifie , à deffein d'en examiner p'us particulièrement que je n'avois fait toutes les circonftances. Une partie de nître & trois d'argille bien deflechées furent employées. L'opération ayant été pouffée fortement, voici quel en fut le rélultat. La leflive du caput mortuum amenée pat l'évaporation jufqu'à fa fin, ne me laifla qu'un peu de nître qui n'avoit pu être décompofé. Quelque rems après je répétai cette expérience plus en grand : je fis bouillir le réfidu plus long-tems & dans une plus grande quantité d'eau ; je fis évaporer toutes mes eaux julqu'à plus de la moitié de leur volume; alors je voulus examiner quel etfet préfenteroit cette liqueur avec la diflblution mercurielle ; car, me dilois je, s'il y a du tartre vitriolé , il doit fe manifefter dans cette occafion , en donnant du turbith minéral. J'eus efFeftivement un précipité , qui me parut tel ; mais cette liqueur verdiffoit le firop violât ; ce qui me pouvoit faire préfumer que ce précipité n'étoit pas lefFet de l'acide vitriolique ; car comme je me fuis convaincu que le turbith n'eft autre chofe qu'un précipité mercuriel comme les autres (b) , j'avois lieu de foupçonner que ce précipité ne fiit occafionné par quelqu'autre chofe , peut-être par l'alkali du nître lui même modifié par la terre ou combiné avec elle , puifqu'il fe manifeftoit par la couleur verte du firop violât. Je fis évaporer la liqueur & crifl-allifer. J'eus, comme la première fois , un peu de nître. Je crus appercevoir un peu de tartre vitriolé parmi ce nître : mais pour en être mieux affuré , j'en fis l'effai par l'opération du fouffre. Je pris pour cela mon fel que je mis dans un creufer ; l'y ayant fait fondre , je fis détonner tout le nître avec de la poudre de (A) Quelque révoltante que paroifle cette aïïertion aux chimifîes qui Cont accoutu-* mh à confidérer le turbith comme une ccmbinaifon du mercure nvec l'acide vitriolique , il fatidra pourtant tôt ou tard revenir de ce préjugé , en conlîdérant que du turbith qui a été lliffilâmment lavé , ne donne pas le moindre atome de fublimé avec le fel marin ; & il convient de rendre juftice à J/. Bjumé , qui , (uivant ce qu'en dit le celcbre Auteur du Diâionnaire de chimie , paroît être le premier Chimiile qui ait entrepris de flous détromper fiir cet objet. DE Turin. o-p cHarbon , & j'eus le foin d'en mettre plus qu'il n'en falloir pour cette déton- ^*''**''^^^^ nation. Je couvris le creufct & pouflai la matière à la fonte. Cela fait, je To:,ik IV. Jeflivai ce qui étoit refté dans le creufet ; ayant filtre' cette lellive , qui Annéss avoit toute l'odeur d'un foie de foudre foible, je verfai defTus un acide, & 1766-17C9, j'eus aullîtôt toutes les marques qui accompagnent la précipitation du foufFre. Je fis une pareille diftillation du fel marin, mais je n'eus pas la moin- dre marque du fel de Glauber : je remarquai feulement que la quantité de fel marin non décompofée étoit beaucoup plus conlidérible que celle du nître; ce qui fait voir que le fel marin eft bien plus difficile à fe décompoler <3ue le nitre. D'après ces expériences , je ne pouvois douter à la vérité d'une part que Jesargilles, ou du moins quelques-unes, ne continffent un peu d'acide vitrio- lique , mais de l'autre je ne pouvois rapporter entièrement la décompo- sition de ces fels à ce peu d'acide ; & ce qui me prouvoit qu'il en falloir chercher la caufe ailleurs , c'étoit de voir que le fel marin n'étoit point décompofé dans la même proportion du nître, quoique pouffé aulîl forte- ment à la difiillation , ce qui , ce me femble , ne devroit pas être , fi cette décompofition n'étoit due qu'à l'acide vitriolique , qui aflurément a autant de facilité de décompofer le fel marin que le nitre. D'un autre côté l'ex- trême violence du feu qu'on eft obligé de donner pour enlever ces acides par ces intermèdes, tandis qu'avec beaucoup moins de feu on enlève ces acides par des intermèdes qui contiennent véritablement l'acide vitrioli- que , étoit encore pour moi une autre preuve de mon fentiment , & j'y étois d'autant plus déterminé , que M. Pou dans fa diflertation fur le fel marin, expofe plufieurs décompofîtions de ce fel par des intermèdes dans lefquels on ne peut pas raifonnablement foupçonner de l'acide vitriolique. Mais à quoi donc rapporter cette dccompofition ; eft ce feulement à la divifion mécanique que procurent ces intermèdes à ces fels^ comme l'ont cru quelques-uns de nos anciens Chimiftes ? ou eft-ce à l'union que con- trade la bafe de ces fels avec ces intermèdes ? je crois l'un St l'autre de ces effets, & j'ofe me fîater de le mettre ici en évidence. J'avois été long tems comme ayant perdu cet objet de vue, lorfque M. le Veillard, Gentilhomme ordinaire du Roi, entreprit, pours'inftruire fur cela , une diftillation de nître avec du fablon. Il emplova une partie de nître bien pur & bien fec , & trois parties de fablon , qui n'eft autre chofe que notre grès en poudre ( pour la nature). Il eut la précaution de bien laver ce fablon & de le bien faire deffécher auparavant. Il obtint un efprit de nître fumant. Ayant enfuite lellivé fon réfidu & voulant filtrer cette leflive, qui préfentoit au goût un caractère d'alkalinité bien fenfible & qui verdilToit le fîrop violât , elle fe coagula d'abord comme une gelée tranfparente ^ qui dans très-peu de tems devint folide. M. le Veillard furpris de ce qui venoit de lui arriver ne manqua pas de m'en faire parc auili bien qu'à M. Macquer comme à fes bons amis. Très-furpris moi même de ce dernier effet, je remis aullîtôt toutes mes idées de ce côté là, & j'entrepris de faire plufieurs efTais à la fois fur un fourneau de Diftillateur Kkij _^_ 2'5'0 MÉMOIRES DE LA SoCléTÉ ROYALE DES SCIENCES d'eau forre qu'on appelle galère. J'y fus invité par l'offre gracieufe de Tome IV. M.Chadard Apoticaire en charge de Monfeigneur le Duc d'Orléans, qui A^rNÊ£s tient un de ces attelliers. Je préparai en conféquence plufieurs mélanges 1166-1769, du fel marin & du fel de nître. 1°. Avec du fable de rivière, qui n'eft autre chofe que des petits fragmens de caitlous & àefikx, 2°. Avec du fablon pour obtenir le produit fingulier de M. le Vùllard, 3°. Avec du verre , du fablon , du borax & de la litarge à parties égales. Mon deflein étoit de voir par ce troifième procédé , fi en donnant à la bafe du nître & du fel marin le moyen d'entrer en vitrification, ce ne feroit pas un bon expé- dient pour décompofer plus aifément ces fels & pour obtenir leur acide plus promptement. Ces mélanges, qui étoient tous d'une demi livre de îel fur une livre & demie d'intermède , furent mis dans des cornues propres à ces fourneaux , auxquelles on joignit leur récipient de même matière ; le tout bien luté, on les pouffa à la diftillation de même qu'on a coutume de faire pour l'eau forte ; c'efl-à-dire depuis (ix heures du matin jufqu'à pareille heure du foir. Il donnèrent : 1°. Ceux du nître , une eau forte allez bonne ou paffablement forte : 2°. Ceux du fel marin, un efprit de fel à peu-près de la même force , mais en bien moindre quantité; ce qui n'eft point étonnant, vu que le fel marin fe décompofe bien plus difficilement que le nître , ainfî que nous l'avons déjà fait remarquer. Il faut pourtant en excepter celui qui étoit provenu du mélange du verre , du borax & de la litarge, qui étoit à peine aigrelet. Je ne fus point furpris de cette dif- férence , en faifant attention que l'acide marin avoir bien pu s'unir à la litarge & former avec elle un plomb corné. Je crus, en effet, en avoir remarqué dans le col de la cornue , qui s'éroit élevé par la force du feu en forme de farine ; auffi le caput mortuum de ce mélange n'étoit-il point demeuré rougeâtre comme celui du nître : il étoit blanc. Je me propofai auflîtôt d'examiner ces réfîdus avec la plus fcrupuleufe attention. Je commençai d'abord par celui du nître & du fable de rivière; îl étoit peu dur & fe brifoit aifément. J'en fis la leflîve avec une fuffifante quantité d'eau. Cette leÛive étoit fenfîblement alkaline & verdiffoit promp- tement le firop violât , & même faifoit effervefcence avec les acides : preuve rnanifefte de l'alkali. L'ayant évaporée , j'en obtins par la criftal- lifation une once & demie de nître & deux onces d'alkali fixe, qui n'étoit point pur , car il étoit gris. Je crus que cela venoit d'une portion de terre à laquelle il s'étoit uni : j'avois preffenti cette terre par des flocons qu'occafiornoit l'acide vitriolique verlé dans cette leilive. Je laiffai tomber cet alkali en idiquuim , à deflein d'en féparer enfuite cette terre par le filtre : mais ce fut inutilement. J'examinai enfuite celui du fel marin avec le iriême intermède. Il étoit beaucoup plus dur. La lelîive verdiffoit fenfiblement le firop violât; ce- pendant je n'en pus pas avoir un atome d'alkali minéral, j'en obtins quatre onces de fei marin : il ne s'en étoit donc décompofe que quatre onces. Nous voici arrivé au phénomène le plus intéreffant que nous prélentent ces diflillations : c'eft l'expérience de M. le Vcïllari , c'eft-à-dire la diftil- I » E Turin. ^^i latîon du nître par le fablon. Je fis donc la lefTive de Ce caput mortuum , '^™*'™*'?^ qui étoit rare , (pongierrx & paroiffbic comme une efpèce de fritte, fur-tout Tome IV. vers l'endroit qui rouchoit imn>cdiatement le fond de la cornue. Cette lellive /{ n ne es préfentoic au goût quelque chofe de lé^^e'rement alkali ; elle verdiffbit jjsc-irc?. cependant trcsftmfiblemcnt le lirop violât. Ayant voulu verfer deffiis quelques gouttes d'acide vitriolique, je fus agréablement fuipris de voir s'y former fur le champ un coaguLum. En faifant attention alors à ce qui étoit arrivé à M. le Vàllard , je commençai à entrevoir l'analogie qu'il y avoit entre mon re'fultat & le fien. Il faut remarquer que ce coagulum ne fe faifoit bien que pendant que la liqueur étoit chaude : l'acide y pro- duifoit alors une efpèce de mouvement d'effervefcence & la liqueur fe troubloit un peu en blanc , pendant qu'il ne produifoit pas le moindre effet dans cette liqueur lorfqu'elle étoit froide. A quoi devois-je attribuer ce coagulum , (i ce n'étoir à la terre vitrifiable que l'alkali du nître, devenu libre par l'aftion du feu , avoit diflbus ; laquelle dégagée par l'acide > au lieu de fe précipiter comme beaucoup d'autres terres , reçoit fufpen- due dans la liqueur & l'épaillifloit ainfi? Cette conjecture lî vraifemblabla fut changée entièrement en certitude par l'évaporation de cette lefllve , qui me lailfa une matière tout-à-fait femblable à une gomme . laquelle mife dans un creufet & pouflee à la fonte , me donna un verre blanc très folide. Je fus à la vérité fort furpris de voir qu'une matière qui avoic été difloute dans l'eau eût pu former un verre folidî. Il paroît donc évi- dent que le coagulum qu'avoit eu M. le Veillard venoit de ce que ù leiîive étoit très-concentrée lorfqu'il la verfa fur le filtre. Le même eftetme feroit arrivé fans doute , (î j'eufle arrêté l'évaporation de ma ledive à ce point. Il y a lieu de croire aullî que dans toutes ces circonftances l'alkali fe joint plus ou moins facilement avec les fubftances qui ont feivi d'inter- mèdes à la féparation de ces acides, fuivant la difpofition de ces mafières. Nous avons vu qu'on ne retire point d'alkali des rcfidus de la diftillatioii du nître & du fel marin par les argilles : que devient donc cet alkali s'il ne demeure pas combiné avec la terre? Nous fommes bien perfuadés que la décompofition de ces fels , fe fait d'autant plus facilement & prompte- nient que leurs bafes trouvent plus de facilité à s'unir à leurs intermèdes. Peut-être ell-ce par cette raifon que les argilles décompofent plus ailé- ment ces fels que tout autre intermède de cette efpèce , joint à leuc grande ténuité. Mais ce qu'il y a de certain , c'eft qu'on ne peut pas en attribuer l'unique caufe à cela , puifque nous avons pour exemple la dé- compofition du nître par le fable , qui nous a préfenté l'alkali à nud, lequel vaifemblablement n'a pu contrafter d'union avec le fable à caufe de fon peu de ténuité , ou bien à caufe de fon peu de difpofition pour s unir a l'alkali fixe. L'examen du réfidu de la diilillation du fel marin avec le même inter- mède n'a préfenté rien de différent de celui du fable , à l'exception qu'au lieu de quatre onces de fel marin je n'en ai eu que deux onces. Ce qui fait voir qu'il s'étolt ici dccompofé une plus grande quantité de fsl marin. 2.62 MÉMOIRES DEtA SoCléxÉ ROYALE DES SCIENCES *'*"'"''**''™' En cela il n'y a rien de fuiprenant en coiifidérant la plus grande ténuité Tome IV, du f;.blon. ■^JfNÈss Le réfidu de la dlflillation du nître par le Borax, le verre, & la litarge J76S-i-6g "® difFéroit guère de celui du fablon; il étoit comme lui très-dur & très- ' ' folide , & comme lui demi-vitrlfié vers le bas , c'eft-à-dire , vers la partie qui touchoit le fond de la cornue. Sa leflive évaporée julqu'à ficcité , ne m'a laifle qu'un peu d'alkali jaunâtre , & ne faifant pas beaucoup d'impref- fîon fur la langue. Il y a donc apparence que prefque tout l'alkali , bals du nître , a demeuré vitrifié avec les autres matières. Le pareil réfidu du fel marin m'a donné trois onces de fel non décom- pofé ; ce qui eft très furprenant , attendu que la diftillation par le fablon en avoir décompofé davantage , puifque j'ai dit n'en avoir retiré que deux onces. Par-là je vis que c'étoit inutilement que j'avois employé ces différentes matières ; ce qui me fit croire que la trop prompte vitriiication étoit un obflacle à la décompolîtion de ces fels , qui agglomérant trop promptement les parties falines en fupprime pour ainfi dire les lurfaces » & empêche par-là que leur acide en puifTe être détaché aufli aifément que fi les parties falines étoient libres & iiolées. En fuivant cette idée , je me perfuadai que les intermèdes qui s'unifToient aux alkalis fans les faire entrer en fufion , étoient plus propres pour ces décompofitions que tout autre. D'où je crus voir une nouvelle raifon pourquoi les terres argilleufes décom- pofent fi aifément ces fels , puifqu'elles font réfradaires par elles-mêmes & qu'elles portent à une divifion extrême ces fels. D'après cela je m'imagi- nai que la chaux éteinte à l'air pourroit opérer avec une forte de facilité cette Jécompofition : j'en fis donc l'elTai fur la même galère ou j'avois fait les autres , & j'eus la fatisfaâion de voir que la décompofition avoit été menée aCfez loin. J'eus par la leflive des réfidus, l'alkali combiné avec ' la chaux , cie qui formoit de la pierre à cautère , qui étoit même très- forte. De tout ce que nous venons de dire, 11 réfulte bien clairement, à ce que je crois , qu'on ne peut attribuer la décompofition du nître & du fel marin par les intermèdes terreux , à autre chofe qu'à la divifion que leur font éprouver ces terres; & que cette décompofition a lieu d'autant plus aifément que l'intermède a plus de difpofition à s'unir à la bafe de ces fels, fans fe fondre. A Paris Décembre 17^7. 5^^ ^f^ es T u B I N. i2 d'après M. Geofiroy, que la réuflire du minium ne dépendit que d'une réverbération de la flamme qu'il talloit faire éprouver continuellement à la chaux de plomb. D'autres prétendoien: y avoir réullî fans cela. Cet objet étoit refté là long-tems lorfqu'il reveilla de nouveau l'attention de quelques têtes chimiques. Car quoique chez nous nous ayons des idées de tems comme de modes, néanmoins il y en a quel- ques-unes qui reviennent à la charge , fur-tout en chimie ; fcience qui n'efi: guères au-delà de l'état d'enfance , mais que quelques uns de nos gens à fyfléme ofent croire fort avancée. Je m'embarquai donc dans la recherche du procédé pour faire le minium. Cela ne pouvoir venir plus à propos que dans un tems où j'étois occupé au cours de chimie de Vaugi- rard. Nous commençâmes d'abord par faire un eflai dans une coupelle fort large , où nous fîmes réverbérer la flamme. Quand le plomb fut réduit en chaux, bien loin de le voir palier à l'état de minium, nous vîmes qu'il fe changeoit en une efpcce de litarge. Enfin , pour ne pas entrer dans un détail inutile , je vous dirai que nous ne pûmes en venir à bout. Nous abandonnâmes cet eflai , Si nous nous mîmes à en faire un autre beaucoup plus fimple & beaucoup moins pénible. Le voici ; Nous plaçâmes une large coupelle fur un fourneau dont le diamètre fembloit être fait exprès pouc prendre juftement le fond de ce vafe. Nous mîmes dans cette coupelle trois livres do plomb, lequel ayant perdu fa forme métallique, y faifoit une épaiiTeur d'un demi pouce. Nous foutînmes un feu propre feulement â entretenir légèrement le fond du vaifleau rouge. Nous remuâmes de tems en tems la matière avec une fpatule de fer. Nous vîmes avec plaillt que la chaux de plomb , qui fut en très-peu de tems jaunâtre , tournoit infenfiblement au rouge. Au bout de vingt quatre heures le minium parut fe fixer à un rouge aflez éclatant, mais, à la vérité, un peu plus pâle que celui des HoUandois. Ce fut inutilement que nous tentâmes de lui faire prendre une plus grande intenlité : il refta abfolument au même état. Après cet elLi nous en fîmes un autre ; mais ayant voulu augmenter le degré de chaleur, enforce que le fond de la coupelle étoii très rouge,. r'.'^'f 71 'à(?4 Mémoires de ï,a Sociïxé royale ees Sciences ToMF TV "°"^ vîmes que la chaux ds plomb , bien loin de palTer en l'état de minium; »^' fe tournoit au même état que nous l'avoit donné le premier effiù. Il y a Ji tf N Ê ss plus : du minium déjà fait , expofé à un degré de chaleur au-defllis de celui }T66-iyc$. que nous avions employé pour le faire, le changea en très-peu de tems en mafficot. Il paroJt donc , que fi on n'a pu réuffir à faire du minium, cela vient de l'illufion qu'on s'efl faite fur le degré de chaleur qu'on a employé trop fort & fur cette réverbération de la flamme dont on fe fervoit fort inutilement. Pour tout dire ; mon amour-propre fe flattoit de recueillir le fruit de cette manière de faire le minium, lorfque M. Macquer , qui avoir vu répéter plufîeurs fois ce procédé, m'écrivit que Bocrhaare avoit fait la même chofe que moi. Voici un extrait de la lettre de M. Macquer fur l'objet en queftion. yy Je fuis tombé fur la Chimie de Botrhaave , dans laquelle j'ai trouvé » un procédé qui ne diftère en rien du vôtre pour faire le minium. Ce » procède eft dans le Tome II, page 288, de l'édition latine in-<\°. à 3= Paris, chez Cavelier 1733 ; je vais vous le traduire mot-à-mot. L'Au- » teur , après avoir décrit le procédé pour faire la cérufe , ajoute ». On voit par-là avec quelle facilité le plomb perd fa forme métallique ù" fî change en chaux. Cela arrive de plufîeurs manières. On fait fondre du plomb bien pur dans un vaifjeau de terre non rernifjé. Ce métal fonda eft d'abord comme du vif argent; mais bientôt il fe forme à fa furface une pellicule terns ^ui eft une efpèce de chaux. Si on enlève celte pellicule avec un inftrument de fer , la furface du plomb redevient brillante comme auparavant ; mais uns nouvelle pellicule s'y reforme auljï-tàt , il faut V enlever comme la première. De cette manière tout le plomb fe convertit en cette efpèce de chaux , qui n'eft. pas moins malfaifante que la cérufe. Cette chaux , ou mime la cérufe calcinés eu remuée long-tems fur le feu , augmente de poids ^ Gr devient peu à peu d'un rouge éclatant; c'eft ce qu'on nomme minium. On peut en faire aufji en calci- nant de même la mine de plomb. =0 A ces dernières paroles, ajoute M. Macquer, vous devez connoître » exaftement votre procédé pour faire le minium j ainfi voyez ce qu'il faut » que je tafTe à ce fujet ». Je ne crus pas devoir parler davantage de mon minium; car on n'eût pas manqué, comme c'eft l'ufage, de me traiter de plagiaire. Vous remar- querez que nous avons des gens dont tout le mérite conftfïe à faire ces fortes de confrontations , & à publier enfuite qu'on n'a rien fait que copier. A ce fujet je ne iaurois m'empécher de vous citer un exemple frappant de la bonté d'ame qu'on a pour ceux qui s'avifent de faire des expériences. M. Baume, dont la réputation vous eft connue, en travaillant fur l'éther, avoit reconnu que cette liqueur appliquée fur un corps^ en s'évaporant , y occafionnoit un froid beaucoup plus confidérable que toutes les liqueurs évaporables connues. Il eut le malheur de publier fes expériences en œême-tems que M. d? Culkn publia les flennes en Angleterre fur le même fujet; t> E T u R I ïr. 2(fy fujet : aufîî-tôt on cria au plagiaire. M. l'Abbé Nollet eut beau le jufii- _ fier dans fes leçons publiques ; il demeura pour confiant que M. Baume Xo^e IV avoit copié M. de Cullen ; comme s'il n'étoit pas dans l'ordre de la nature , * que deux hommes fe rencontrent à avoir les mêmes idées & à faire la même ^ '""' ^'^ ^ ' Je fuis Cyc. Monnet. MÉMOIRE Sur la reSification & purification de l'alkali volatil obtenu des fub/lances animales ; par M. Monnet. \_/n fait que l'alkali volatil, en fe dégageant des fubrtances animales, Pagt yfj n'eft point pur , à beaucoup près. Il fe trouve toujours uni intimement avec une matière que prefque tous les Chimiftes ont regardée comme une huile grollière. Ceft dequoi on ne peut pas douter en voyant ces alkalis volatils ; mais ce à quoi on n'a pas fait attention efl: , que ce n'eft pas feulement cette huile qui les rend impurs, il s'y trouve auffi une matière fuligineufe , laquelle efl intimement unie avec cette même huile. Cette matière peut-être confîdérée comme le refte des liens qui tenoient l'huile enchaînée ^ laquelle a été enlevée , tant à caufe de la grande volatilité de l'huile . que de fon adhérence avec elle : elle contient une très-grande quantité de cette même matière fuligineufe , qui lui donne cette couleur jaune & cette confiftance épaiffe qu'on lui connoit. Ceft cette même matière fuligineufe , qui eft la caufe aullî de la mauvaife odeur qu'ont ces huiks & ces alkalis volatils. Plus on les débarrafle de cette matière, plus on les rend volatils & agréables. Nous montrerons par la fuite la méthode la plus.prompte & la meilleure que l'on puiffe employer pour débarralTer ces huiles de cette matière fuligineufe. Pour purifier les alkalis volatils & les avoir parfaitement purs , nùn-feule- merit il faut les dépouiller de cette même matière fuligineufe , mais même il faut leur enlever jufqu'au dernier atome de l'huile ; ce qui eft très-difficile, comme on va le voir. De tous les Chimifles qui ont tenté jufqu'ici la purification des alkalij volatils , aucun n'eft encore parvenu à les obtenir abfolument purs. Les nns ont elTayé de les faire fubliraer, après les avoir mêlés avec des terres abforbanres ; d'autres ont fait pafTer plufîeurs fois de l'efprit-de-vin deffus; mais ces moyens, les meilleurs qu'on ait employés jufqu'à préfent, n'ont pomt opéré une purification parfaite , quelijue grand nombre de fois qu'ils loim I, L 1 iT66-l76^, b.'ôS MÉMOIRES DE LA Sô^lÏTÉ ROVÀtE CES SciÉNCE^ ^^"™™*"'^ ayent été réitérés. Ces alkalis volatils, quoique très-blancs d'abord , jati- ToM_E IV. nifl'oient toujours par la fuite , en même tems qu'ils confervoient une Ann ÂEs forte odeur d'empyreume. C'efl: cette conlidération qui nous détermina, M. Poulktier de la. Salle & moi, de mettre en œuvre toutes les re^ources que la chimie nous oflroit pour obtenir , s'il étoit poflible , ces fortes d'alkalis volatils abfolument purs & entièrement femblables àl'alkali volatil qu'on retire du lel ammoni ic. Nous commençâmes d'abord par faire une diftillation d'une très-grande quantité de corne de cerf. Après en avoir obtenu le produit, nous féparâ- mes d'abord le mieux qu'il nous fut poHîble , l'huile d'avec l'alkali volatil. Nous ne nous amusâmes pas à rectifier cet alkali volatil, comme c'eft l'ufage. Nous le fîmes difibudre dans fuffifante quantité d'eau, & nous verfâmes delTus de l'acide vitrioiique jufqu'à une parfaite faturation. Nous filtrâmes, & nous eûmes une liqueur faline extrêmement foncée en couleur. Il refta fur le filtre beaucoup de matière fuligineufe. Nous fimes éva- porer jufqu'à ficcité. Il nous refta une matière faline noirâtre , fentant extrêmement l'empyreume. Voici les expériences que nous fimes fur cette matière. l". Nous en prîmes une partie que nous triturâmes avec partie égale d'alkali fixe bien pur & bien blanc. Nous expofâmes ce mélange dans Tfhe cucurbite de verre , l'ayant furmontée de fon chapiteau & luté les. join- tures ; nous fîmes fublimer , par un degré de feu modéré , l'alkali volatil. Par cette opération , nous l'obtînmes aflTez blanc , mais il fentoit encore i'empyreume. Nous vîmes cependant avec plaifir , que cet àlkali volatil ne jaunifToit ni ne changeoit en vieillilfanc comme font les alkalis volatils purifiés félon la coutume ordinaire. 2'^. Une autre partie de notre matière faline fut mêlée avec deux parties 3è chaux éteintes à l'air. Ce mélange mis dans une cornue , fut poufle à la diftillation. Il patta dans le balon un efprit volatil aflez fort, mais il étoic un peu coloré Se fentoit I'empyreume. 3°. Ces deux effais ne nous ayant pas donné l'alkali volatil abfolu- ment pur, nous nous déterminâmes à palier de l'efprit-de-vin fur l'autre partie de la matière faline qui nous reftoit , jufqu'à ce que l'efprit-de-viH ne s'y colorât plus. Pour cela , nous mîmes notre matière dans un matras; jàyant verfé deflus de l'cfprit-de-vin jufqu'à la hauteur de deux doigts, nous le fîmes bouillir au bain de fable , puis nous le féparâmes pour en mettre de nouveau. L'efprit-de-vin fe colora d'abord fortement; mais y en ayant mis une troifîème. fois, il refta clair & blanc. Cependant cette matière faline n'étoit pas blanche à beaucoup près. Nous la fimes' diffoudre dans de l'eau ; nous filtrâmes. La liqueur qui paffa étoit très claii'e'S; nulle- ment colorée ; d'où nous augurâmes que nous avions fépaïé entièrement 'lés parties fuligineufes St huileufes de ce fel. Nous fîm'ê's évaporer cette liqueur. Nous obtînmes , par la criftallifation des criftaux , de ce fe'l , C eft- i dire, du fel fécret de Glauberc aflez beau. Ayant évaporé tout ce quil y avoit d'humidité , nous prîmes ce fel , que nous décompofâmiÈS avet d§ •DE T U n T K, 2(Î7 rallcall , de la même manière que nous venons de le dire plus haut. Nous ^y^*— "^ obtînmes cette fois un alkali volatil abfolument pur. La portion de cet Tome IV. alkali qui monta en liqueur, fe cril^allifa dans le flacon, en beaux crlftaux Années rranlparens. , . . . . Mii-ni^i^ On voit que ce moyen d'obtenir l'alkali volatil , qui eft un peu dis- pendieux & pe'nible , confifte à enlever premièrement l'huile qui unit la matière fuJigineufe avec l'alkali volatil. D'un autre côte , cette matière n'étant pas volatile par elle même , n'a pas de difpodtion pour s'élever dans la fublimation de l'alkali volatil. Cependant il efl: bon de la féparet par la diflblution & filtration de notre matière faline , comme nous l'avons fait avant la fublimation de l'alkali volatil, autrement nous avons éprouvé que l'alkali volatil n'eft point auflî beau . ni auûl pur. Il y a apparence que l'alkali volatil en enlève quelques parties, ou , ce qui paroîtroic affez vrai- femblable , que cette même matière fuligineufe , éprouvant l'adion du feu , fe décompofe Ci: fournit de nouveau de l'huile & de l'alkali volatil, qui altèrent la pureté de celui-ci. Pour parvenir à reiStlHer & à purifier l'huile animale ^ il faut la dépouiller de fon fuligineux. La plupart des Artiftes n'ont point employé d'autre moyen, pour parvenir à reCcKier leut huile & à la rendre blanche , que la diftiilatlon, qu'ils ont réitérée jufqu'à trente fois. Chacun fent fuiEfammenC combien une pareille manccuvre efl: ennuyeufe & difpcndieufe. Cepen- dant cette manière de purifier cette huile , a été regardée fans examen , comme celle que l'on devoir fuivre nécefl'airement pour avoir cette huile douée de toutes les qualités qu'on y defire. Quelques-uns rebutés de ce travail ont cherché à abréger cette opération , en fe fervant des inter- mèdes : Us ont employé pour cela les terres abforbantes , mais fans fuccès. Pour ne pas entrer dans un détail inutile fur ce fujet , nous dirons qu'il n'y a que les acides , qui, mêlés avec ces huiles empyreumatiques , retiennent la matière fuligineufe, la fixent en lui donnant plus de confiftance, &: Îrocurent l'huile , dès la première diftillation , très-claire & très-limpide. 1 ne s'agit po,ur cela que de verfer goutte à goutte fpr cette huile ^ d'ua acide étendu dans de l'eau jufqu'à ce qu'elle ait acquis beaucoup de confit- tance , la diftiller enfuite à une foible clialeur , fou;enir le feu toujours au même degré. L'huile qui montera fera très-claire , très- blanche & très- volatile. Il fe peut aulli qu'on foit obligé de redifier une autre fois cette huile , comme il m'eft arrivé de le faire plufieurs fois ; mais je puis alfurerque par cette féconde redlfication, cette huile fe trouve auffi bells îiu'ileft.pofllble de l'avoir. Paris et ij Avril \j6S, •# Il IJ Tome IV* 26S Mémoires de f a SoCiéTé KoVale des Sciences A^j^â^s MÉMOIRE. Sur la combinaïfon du Mercure avec le tartre ; par M. Monnet. JVloNsiEUR Margraf nous ayant fait connoître que le mercure précipité ^•'S' 93* de l'acide nîtreux , où il a été diiïbus , étoit fufceptible de fe redifloudre dans l'acide du vinaigre , audl bien que plufieurs autres fubftances métal- liques traitées de même; il étoit tout naturel, en partant de fe point, d'examiner fi la crème de tartre , le plus foible de tous les acides , ne pourroit pas opérer la même diffolution. Je lai tenté ; & j'ai eu lieu d'être fatisfait de ma tentative , tant par la réullite de cette diffblution , que par pludeurs autres obfervations que j'ai eu occafion de faire fur cet objet. [Voilà ce que je me propofe d'expofer dans ce Mémoire. Pour avoir un précipité de mercure pour faire mes expériences , je pris fix onces de mercure que je mis à dilToudre dans fuffifante quantité d'eau forte ; iorfqu'il fut parfaitement diffous , je verfai deffus autant d'alkali fixe en idiqidum qu'il en falloir pour précipiter entièrement le mercure. Je verfai ce précipité fur un filtre, & j'y pafTai plufieurs fois de l'eau chaude pour l'édulcorer parfaitement. Je fis fécher ce précipité , & il fe trouva précifément du même poids que le mercure que j'avois employé. Je ne fus point furpris de ne point trouver de l'augmentation de poids dans ce précipité , puifque j'avois déjà éprouvé qu'il étoit bien difficile d'empêcher qu'il ne reftât toujours un peu de mercure diflous dans l'eau des lavages, à à caufe de la difficulté d'attraper le véritable point de faturation de l'acide qui eft uni au mercure ; car fi l'on outrepafTe la dofe d'alkali , cet excé- dent tiendra un peu de mercure en diiïblution dans l'eau ; de même que Çi on ne met pas aflez d'alkali , l'excédent de l'acide , comme on fait, gardera une portion de mercure. Le déchet que j'eus , fut d'environ deux gros, que j'obtins de mes eaux de lavages en les faifant évaporer. Je ne marque ici la manière dont j'ai fait ce précipité, que parce qu'il efl effentiel de faire connoître la quantité de mercure qui s'efi unie à la crème de tartre ; & comme on ne peut l'évaluer que par le précipité, il efl: néceffaire de montrer la quantité de précipité que j'ai obtenu d'une quantité donnée de mercure. Premier procédé. Je pris deux onces de crème de tartre bien pulvé- ïlfée que je mis dans une terrine de grès , qui contenoit environ trois pintes d'eau, je plaçai cette terrine fur un bain de (able ; & lorfque la crème de tartre fut diiîoute , j'y mis une once de mon précipité meicuriel en remuant continuellement; il fe fit au fil tôt une petite ébullition, qui fe foutint pendant quelque minutes avec beaucoup de bulles qui venoient fe crever à la furface ; préfage de la diflblution du mercure. La couleur briquée du précipité mercuriel difparut , & il fe fit un précipité blanchâtre DE T U R I W, ^Ô'p an fond du vaifleau , beaucoup plus considérable que le volume du préci- pite roercuriel que j'y avois mis. Je filtrai alors la liqueur à travers le papier ~ . ,r gris, & j'ajoutai à ce précipité, qui avoit refté non diflbus au fond de la ^ °"^ ^V^' terrine, une autre once de crème de tartre; je verfai dtiïus autant d'eau ^^ f^Éss que la première fois. Je laiflai encore le tout le même efpace de tems , ^766-1769» c'eft-à-dire, une bonne iieure. Cette fois je n'eus point d'ébullition. Je' filtrai, & j'ajoutai de nouvelle eau bouillante fur ce qui étoit reRé au fond du vafe. Je répétai pluiïeurs fois la même chofe : mais il me rcfta encore beaucoup de ce précipité qui me paroifloit infoluble. Je fis évaporer enCem- ble toutes ces eaux falines nu bain de fable ; lorfque la liqueur fut évapo- rée d'un bon quart , il commença à paroître à la furface de petits criftaux femblables au tartre vitriolé. Je laiflai refroidir le vailTeau de lui-même fur le bain de fable; ces petits criftaux s'étant multipliés , toute la furface de l'eau en fut couverte comme d'une pellicule. Je décantai. & enlevai C€ fel , qui étoit jaunâtre : ayant voulu l'expofer au foleil pour le faire féchcr plus promptement, je fus fort furpris de l'y voir devenir noirâtre; mais me rappelant que plufieurs préparations mercurielL=s , telles que le mercure fublimé doux, le précipité blanc, éprouvent le même change- ment de couleur étant expofées au foleil ; ce fut pour moi une nouvelle confirmation de la combinaifon du mercure avec l'acide du tartre. Je fis aulli-tôt une autre expérience qui me prouva la même chofe : ce fut de frotter ce fel (ur du cuivre; il y laiffa une trace blanche: d'ailleurs ce fel annonçoit au goût quelque chofe de mercuriel ; j'achevai d'évaporer la hqueur, & il me refta un fel qui me parut beaucoup moins mercuriel que le premier. J'examinai enfuite ce qui étoit reflé fur le filtre & dans le fond de la terrine , je trouvai que c'étoit également une combinaifon du tartre par le mercure. Les expériences que je fis pour m'en afllirer, furent: premièrement de l'expoler au foleil , il y noircit ; fecondement d'en expofer fur les charbons ardens, il en partit des vapeurs qui fentoient I huile de tartre ; troidèmement , de le frotter fur du cuivre ; il le blanchit encore mieux que celui que j'avois obtenu par la crifl-allifation. Son goût étoit Bulli plus neutre, c'eft- à-dire , qu'on y fentoit moins le goût aigrelet du tartre Je commençai dès- lors à comprendre plufieurs vérite's très importantes que je détaillerai par la fuite. Premièrement, que le tartre devient d'autant plus difficile à fe dilToudre qu'il fe combine avec une plus grande quantité demercure. Secondement, que la portion de cette combinaifon qui approche le plus de l'excès d'acide , eft la première qui fe dilTout dans l'eau. Troifiè- mement .qu'il eft pollible , en fuivant ce principe , de changer cette combinaifon par de fimples lotions , qui en enlève d'abord fa p'ortion la plus acide , laifTeront en arrière le mercure avec le moins d'acide poflibie ; & qui enfin le dépouilleront totalement de fon caraftère falin. Quatrièmement, quil eil pollible de remettre les chofes telles qu'elles étoient auparavant, en reltituant au mercure le tartre qu'on lui a enlevé. Avant d'en venir aux preuves de ces quatre propofition? , je crus qu'ij 270 MÉMOIRES DE LA SoClÏTÉ ROYALE DES SCIENCES convenoit de m'allurer de la meilleLire fai^on de faire cette combinairorr i Tome IV. que je n'appellerai plus, déformais, que tartre mercuriel , à l'imitation de A .V NÉ £s ^^ combinaifon du tartre avec le fer & avec rantimoine , à qui on a donné ,-,/?< .,/:o les noms de tartre martial & de tartre émétique. Second procède. Je pris deux onces de mon précipite mercunel que je mêlai avec quatre onces de crème de tartre. Je jettai ce mélange tout à la fois dans une grande quantité d'eau bouillante ; je foutins ce mélange quelque tems fur le feu , en remuant continuellement : je filtrai & je procédai comme ci-devant ; il refta beaucoup de précipité au fond du valfleau, tout- à-fait femblable à celui de l'expérience précédente. Le tartre mercuriel que j'obtins cette fois- ci, ne me parut diftérer en rien de l'autre. Je.m'arrête ici pour faire remarquer, que quoique le vaifleau dans lequel j'avois fait cet effai n'eût pu tenir affez d'eau pour difloudre toute la crème de tartre , le mercure ne laiffa pas néanmoins d'être entièrement diflous : ce qui fait voir que la crème de tartre n'a pas befoin d'être diffoute pour agir fur le précipité mercuriel. On remarque au(li la même choie à l'égard du fer & du cuivre ; le tartre agit fur ces métaux , Se s'y unit fans être diflous. Troilïèine procélé. Enfin , après plufieurs eflais , je trouvai que le meilleur procédé et oit celui-ci. Prenez une once de précipité mercuriel i triturez le avec trois onces de crème de tartre; divifez ce mélange en quatre parties; projettez-en une fur deux pintes d'eau bouillante dans une ter- rine placée au bain de fable. Dès que l'ébullition fera paffée, c'eft- à-dire, après un demi quart d'heure , filtrez & verfez fur ce qui reftera au fond de la terrine autant d'eau bouillante que la première fois. Après un moment, filtrez comme auparavant , & mettez une autre partie du mélange dans le vaifleau; verfez y de même deux pintes d'eau bouillante, &: traitez-la ainfi que la première, & fucceflivement les autres de la même manière; mettez toutes vos liqueurs enfemble & faites les évaporer., pour obtenir, par criftallifation , le tartre mercuriel. De cette manière , on aura cette combinaifon aulli parfaite qu'il efl: poflible de l'avoir. , Malgré cela , il reftera encore au fond de la terrine un peu de précipité, que j'appellerai volontiers panacée végétale , par rapport à fon indifiolu- bilité , mais qui , je crois , n'en feroit pas moins bonne à être employée intérieurement. Le tartre mercuriel préparé de cette dernière manière , a vraiment un goût mercuriel ; il noircit aulîî davantage au foleil. Je n'oublierai pas qu'un des principaux caraftères de cette matière faline ed de verdir le lirop violât; c'eft-à-dire, lorfqu'elle eft diflbute dans l'eau. Elle fe décom- pofe avec la plus grande facilité par l'alkali fixe, qui s'empare du tartre, & le mercure fe précipite en blanc : je ferai encore obferver, que lorfqu'on fait cette décompofition au feu , ce précipité devient couleur de brique foncée. Il ne faut pas tant de crème de tartre à la vérité pour diflbudre une once de précipité mercuriel ; mais comme ce fel n'eft foluble qu'autant' I 6 E Turin. 272 Qu'il fe trouve uni à une plus grande quantité de crcme de tartre, il n'eft guère pollilile d'en employer moins, lorfqu'on veut avoir le tartre mer- Tome IV. curie! par la criflaliifation. Si on jugeoit à propos d'en avoir un qui fût A a' a- é £ s plus chargé de mercure, deux parties de crème de tartre contre une de lyôS-iyf^. mercure fuffiroient ; mais on en auroit très-peu par la criftallifation ; il en refteroit trop en précipité au fond du vaifteau , à moins d'employer des quantités d'eau immenfes ; c'eft ce qu'on va voir par l'expoluion' que je vais faire du peu de folubilité de cette matière faline. Je fis p:ifler fur un réiidu provenant de deux parties de crème de tartre & d'une de mercure , huit pintes d'eau bouillante l'une après l'autre. Ces huic pintes, évaporées jufqu'à (iccité, n'ont donné que fept gros de matière ; ce qui ne revient qu'à foixante-trois grains pour chaque pinte , au lieu qu'une pinte d'eau difTout prefque deux gros de tartre mercuriel criflallifé, obtenu par le procédé que je viens de propofer. Ce tartre mercuriel, qui étoit refté non foluble au fond du vafe, & fur lequel j'avois fait pafTer huit pintes d'eau bouillante, fe trouvoit bien différent de ce qu'il étoit auparavant ; de blanc il étoit devenu noirâtre ; il paroifToit moins falin au goût, & il fe diiïblvoit parfaitement & promp- tem.ent dans l'acide nitreux , ce qui me le fit regarder comme n'étant uni qu'à très-peu de tartre. D'où je conclus que j'avois enlevé à chaque fois que j'y avois verfé de l'eau , la portion de mon tartre mercuriel (jui étoit la plus acide , & que je l'avois amené au point où l'on pouvoir le compofer avec le turbitli minéral. En effet , on va voir que c'eft une propriété remarquable du mercure dans toutes les combinaifons qu'il contrade avec les acides ( à l'exception de facide marin ) de fe dépouiller de fes acides de plus eh plus par les lavages. Pour me confirmer là defïïis , je pris quatre onces de tartre mercurieî criftallifé réduit en poudre ; je les mis dans une petite terrine , & je fis paffer defTus fucceflîvement dix pinres d'eau bouillante , ayant eu foin de bien décanter l'eau à chaque fois. Il me refta à la fin une poudre grifê noirâtre, tout-à-fait femblable à celle qui étoit reftee dans la terrine dont je viens de parler. Je fis enfuite évaporer toutes mes ea-jx, pour en obte- nir ce qu'elles contenoient de tartre mercuriel. La première criftaliifation que j'en obtins , fut une crème de tartre affez chargée de mercure ; la féconde ne fut prefque que de la crème de tartre pure. Ceci fuit l'ordre général de la criRallifation des fels. Le fel le plus difficile à fe diffoudre , ef!: le premier à fe criftallifer. Le tartre mercuriel eft incomparablement plus difficile à fe difloudre que la crcme de tartre pure ; car, comme je l'ai déjà fait voir, le tartre mercuriel efl d'autant moins foluble , qu'il eft chargé d'une plus grande quantité de mercure. En cela on voit encore une parfaite reflemblance entreje tartre mercuriel , & toutes les autres combinaifons du mercure avec les acides. Le fublimé corrolTf fe diflout dans l'eau d'autant plus fcicilement, qu'il contient une plus grande quantité d'acide marin ; mais le mercure doux , & la panacée mercurielle font in» folubles , parce que ces préparations contiennent trop de mercure. hjz Mémoires i>ï la. Ss^crÉré rovaie des ScrEKCEJ, Mi^Mi^^M Si les fels mercuriels fe dépouillent , ainfi que nous le voyons, de' leuti T„ „ ^ TTT acides par les lavages, ils ont auffi la propriété de fe rétablir , lorfqu'oa O ME 1 V. , S- 1 • ' J) • J ) 1 I ' A ,t~ r ■ rr j, , leur reuitue la quantité d acide qu on leur a enlevée. Aulli hs-je palier peu ■/iN NEES ^ pgy yjig once de ce tartre mercuriel indilToluble à travers le filtre, en la ft66-iTf^, faifant bouillir fucceffivement avec des demi onces de crème de tartre fie trois pintes d'eau à chaque fois. J'employai de cette manière quatre onces de crème de tartre ; & le tartre mercuriel que j'en obtins, me parut tout aulTi chargé de mercure que les autres que j'avois obtenu par la criftallifa- tion. Ce qui fait voir que le tartre mercuriel criftallifé , contient bien peu de mercure , pendant que celui qui refle au fond du vaifleau , après cette combinaifon , en eft furchargé. D'après ces propriétés du tartre mercuriel , je devois être porté natu- rellement à examiner, fi dans la combinaifon du mercure avec le vinaigre je trouverois les mêmes caraiftères derelTemblance. En effet, me rappeliant tout ce que l'expérience m'avoit appris là delTus, je vis avec plaiiir cette analogie ; c'efl: ce que je confirmai par de nouvelles expériences. Je com- mençai d'abord par mettre deux onces de mon précipité mercuriel en difToIutioii avec une pinte & demie de bon vinaigre d.ftillé dans un matras. Je fis chauffer ce mélange à un bon feu de fable. Le précipité mercuriel ne tarda pas à être attaqué , & dans très-peu de tems, je vis fe former à la furface de la liqueur une pellicule criflalline très-confidérable ; j'y verfai une très- grande quantité d'eau chaude à defleindela faire diflbudre; elledifparut effec^ vement; mais ilfe forma au bout de quelque tems au fond du vafe un précipita beaucoup plus confidérable que celui qui y éioit avant la difparition de cettç pellicule. Ce qui me donna lieu de croire qu'il s'étoit fait une décompofi- tion de ce fsl; c'eft - à- dire.qu'il s'étoit tait une féparation de la por- tion la plus faline d'avec celle qui l'étoit moins; & cette dernière ne pouvant ie ten-ir en- diCTolution s'étoit précipitée au fond du vafe. Ainfi, bien loin de le regarder comme un fimple pîécipité mercuriel qui reftoit toujours îndiiïbluble dans cette occafion , comme je l'avois cru avec bien d'autres ^. je le regardai- au contraire, comme le fel mercuriel du vinaigre avec le moins d'acide pofllble. C'eft de quoi je me convainquis en en faifant la feparation par un filtre , fur lequel refta ce fel mercuriel. I! étoit jaunâtre , au lieu que la pellicule criflalline, qui avolt difparu par l'addition de l'eau , étoit blanche. Je pris ce précipité reûé fur le filtre lorfqu'il fut fec ; je le divifai sn deux parties; j'en mis une dans une grande terrine, fur laquelle je paflài une très-grande quantité d'eau bouillante à différentes fois. L'eau s'étant chargée de la partie la plus (aline de «e précipité, il ne refla eu arrière qu'une poudre noirâtre, que je comparai à celle qui étoit reftée après les lavages du tartre mercuriel. Je remis l'autre partie de mon fel mercuriel de vinaigre dans un vafe placé au bain de fable ; j'y verfai à plufieurs reprifes du vinaigre difliilé. Je parvins à en diflbudre beaucoup, je dis beaucoup , car je ne pus employer tout le vinaigre qu'auroit exigé fa diffolution radicale. Après cela je fis évaporer là liqueur qui avoir pafle au travers du làlcxe» Lorffjuç j'en eus évaporé plus de la moitié , j'eor obtins CE T u R t u, 273 obtins une cnftalllfatîon en forme de feuillets talqueux jaunâtres , avec une ^ furabondaiice de vinaigre; mais l'ayant expofce à fécher fur du papier T^^-TlV i filtrer , ce fel y devint bientôt parfaitement neutre. * On voit donc ici , que tout fe préfence de mcme que dans d'autfeS com- ^^ '^ ^^^ binaifons du mercure avec les acides; mcme indiflolubilité de ce fel à '7*'^''7^ii mefure qu'il contient davantage de mercure ; même tendance à fe décom- pofer lorfqu'on y fait pafler de l'eau. On voit encore que fans cette con-* noilfance, on rilque de travailler en aveugle fur cette combinaifon. Et il ne faut pas être furpris fi ceux qui ont entrepris de faire cette combinai-i fon, d'après M. Margraf, ont rencontré, en la faifant , des obftacles qui leur ont donné ce fel fous différentes formes & fous différentes qualitéy. C'eft ce qui m'engage à propofer un moyen d'avoir cette conbinaifon conftamment de la même qualité. Cela ne conlifte qu'à ne pas mettre de l'eau fur cette diflblution , ni avant, ni après qu'elle efl faite , & à enlever la pellicule criftalline lorsqu'elle eft formée; car s'obfiiner à la faire diffoudre avec de l'eau , pour la faire palier à travers le filtre , c'eft vouloir la décom- pofer. On doit enfuite ajouter de nouveau vinaigre fur ce qui refte au fond du vaifleau jufqu'à ce qu'on ait tout diffous; ce qui exige, à la vérité une très-grande quantité de vinaigre. Le fel qu'on obtiendra par l'évapo- ration de toutes ces diflolutions raflemblées , différera de beaucoup de celui dont je viens de parler , en ce qu'il contiendra plus uniformément de mercure, & en ce qu'il fera plus criftallin & plus blanc; mais auifi il fera avec un excès d'acide , qui peut cependant s'en féparer aifément par les papiers. Il me convient pour compléter toutes ces analogies des différentes com- binaifons du mercure avec les acides , de faire voir que l'union de l'acide nîtreux avec le mercure, préfente les mêmes phénomènes. Il eft: bien éton- nant que les Artiftes qui font (i familiers avec cette diffolution depuis tant de tems n'en n'aient pas fait mention : il femble que nous foyons condamnés à ignorer perpétuellement ce qu'il y a de plus fimple & de plus commun; cependant rien de fi aifé que de s'appercevoir de cette propriété dans l'union du mercure avec l'acide nîtreux. Si on lave, foit dans l'eau chaude , loit dans l'eau froide, des criftaux provenant de cette diffolution, on voit qu'ils fe décompofent , ils jauniffent ; la portion la plus acide fe dif- fout , pendant qu'il fe précipite une poudre d'un jaune citron, qu'on peuc appeller le turbith nitreux. Mais fi au lieu de verfer de l'eau tout fim- plement fur ces criftaux , on y verfe en même - tems quelques gouttes d'acide nîtreux , bien loin qu'il s'en précipite quelque chofe , tout fe diffout au contraire avec la plus grande facilité ; & il n'y a pas même d'autre moyen de pouvoir diffoudre ce fel. J'ajouterai de plus, que j'ai obtenu un beau turbith nîtreux par une manière bien plus fimple ; c'eft en noyant dans de l'eau chaude, une diffolution mercurielle faturée autanc qu'il étoit poffible de mercure , & conçeiurée pai l'évaporation. Terni I, AI» ■ ' 574 MÉMôffES Se ea SoCiïtS ÈSvAtt Sss ScïEîîcÈâ ïôME I.v 'PREMIÈRE EXP ÉRIENCE. An M É £S 11766 -176Q, Après cet examen^ je fis plufieurs autres expériences , à deflein de corna biner différemment le mercure avec l'acide du tartre. La première que je fis , fut de iriturer très-long-tems un gros de mercure avec trois gros de crème de tartre dans un mortier de marbre. Le mercure difparut , à la vérité, mais ce n'étoit qu'une fimple diviiion; car en ayant fait bouillir ce mélange dans de l'eau, le mercure refla au fond du vafe , fans qu'il enf parut le moindre veftige uni à cette crème de tartre. SECONDE EXPÉRIENCE. Je fus plus heureux dans la féconde expérience, en imaginant de décom» pofer le iel végétal fait avec la craye par une difiblution mercurielle , pour unir , par la voie des doubles affinités, l'acide du tartre avec le mer-» cure. J'avois déjà éprouvé que les acides purs n'agiCTent que difficilement fur les fels qui ont pour acide la crème de tartre, ou du moins qu'ils n'en dégagent pas facilement la crème de tartre , comme on devroit s'y atten- dre : très-fouvent les liqueurs reftent claires & tranfparenies lorfqu'or» .fait ces mélanges : ainfi j'étois curieux de voir ce qu'il en arriveroit dans cette occafion. Un autre motif fe joignit encore à celui-là ; ce fut de vérifier en même-tems un fait très-intéreiïant du Mémoire du célèbre M. Margraf, inféré dans le XX'. volume que l'Académie Royale de Berlin vient de publier. Dans ce Mémoire, qui a pour titre : Démonjîration de la. pojJibilUé de tirer les fels alkalis fixes du tartre par le moyen des acides, fans employer l'aBion d'un feu véhément. M. Margraf rapporte , qu'il a obtenu un vrai nître en verfant de l'acide nîtreux fur le Iel végétal fait çveç la craie. Je pouvois donc efpérer de voir ici d'une part l'acide du tartre s'unir au mercure , & de l'autre , l'acide nîtreux s'unir à la bafe de ce fel telle qu'elle fut. Je pris , en conféquence , une certaine quantité de ce fel diiïbus dans l'eau ; j'y verfai peu à peu de la diflolution mercurielle ; il s'y forma auiîl-tôt un précipité jaunâtre très-confidérable. Je filtrai la liqueur ; je fis palier de l'eau fur le précipité refté fur le filtre ^ & je rais à évaporer cette liqueur fur un bain de fable. Je ne pus en obtenir des criflaux diftindls , ce qui m'obligea à la faire évaporer jufqu'à ficcité. L'ayant fait , je paffai de l'eau chaude fur ce réfidu ; je filtrai de nouveau. Il refta fur le filtre un fel que je ne pus méconnoitre pour du tartra mercuriel , aufiî bien que ce qui étoit refté fur le premier filtre. Je fis enfuite évaporer la liqueur , laquelle me donna un vrai nître , mêlé avec un autre nître à bafe de craie. Ce dernier s'y décela par l'alknli fixe , qui en précipita la terre. Voilà donc l'expérience de M. Margraf bien confir- pée, en raéme-tems que j'obtins la combinailon du mercure avec l'acide dii tartre. fe E T 0 R î it; 27J- TROISIEME EXPERIENCE. To,ii- iv. An n é £i Je fus conduit par-là à opérer fur la crtme de tartre elle-même avec 1766-1769, la din'olution mcrcurielle , ce qui , fuivant moi , devoir en même tems îetter un grand jour fur la queftion , lavoir -.fi ["alkaii fixe exijk tout formé dans la crème de tartre, ou s'il a cté produit dans Vexpérknce que je viens de rapporter. Pour cet eftet, je pris trois onces de créine de tartre que je fis dilloudre dans une fuffifante quantité d'eau ; je verfai defllis peu A peu une diiïblution d'une once de mercure dans l'efprit de nitre : il s'y fit un précipité blanc très-abondant : je filtrai après cela la liqueur , je la mis enfuite à évaporer, & j'en obtins , en premier lieu , des criltaux qui étoient du tartre mercuriel , & à la fin un vrai nitre parfaitement criftallifé. Le pré- cipité qui étolt refté fur le filtre , bien examiné, fe trouvoit être également une combinaifon de l'acide du tartre avec le mercure. Il eft bon d'obferver que le fel de nître qu'on obtient dans cette expérience garde conllamment un excès d'acide, qu'il n'efl: pas polîlble de lui enlever autrement qu'en 1& faturant , foit avec quelqu'alkali ou avec quelque terre abforbante. QUATRIÈME EXPÉRIENCE. "Je me déterminai enfuite à faire une autre expérience fur le fel de Seignette , pour voir s'il y auroit quelque dlftérence dans les réfultats. Pour cela , je prix (ix gros de fel de Seignette; les ayant fait dilloudre dans une fuffilante quantité d'eau, je verfai deflus une difiolution de trois gro9 de mercure ; j'eus un précipité tout pareil à celui que j'avois obtenu par la dernière expérience , & enluite quelque criftaux de tartre merouriel , & fur la fin du nître quadrangulaire. Les combinaifons du mercure avec l'acide du tartre qui ont Heu dans toutes ces expériences différent de beaucoup de celles où je n'avois employé d'autres moyens que la combinaifon immédiate de la crème de tartre avec le précipité mercuriel. La première différence qui s'y trouve , c'eft que le tartre mercuriel qui en rcfulte eÛ d'une grande blancheur , pendant qu'il eft prefque impoflîble de confervcr l'autre blanc; il ell toujours plus ou moins gris, La féconde , c'eft qu'il fe diffout radicalement dans l'eau , quoiqu'il foit très-difficile à fe difloudre, puifquc fix pintes d'eau n'en ont pu difloudre que demi once. Enfin une autre différence ; c'eft qu'il fait une impreffion plus vive fur la langue : il faut cependant obferver que ce fel jaunit, lorfque ayant été une fois diffous dans feau , on en obtient des criftaux. Les différences que m'offrit ce fel ne me furprlrent point , au contraire je m'y attendois. En envifageant dans la crème de tartre une bafe alkaline, il eft tout- à- fait probable dans ce cas-ci , ou cette bafe a été enlevée, puifqu'elle s'eft unie à l'acide qui tenoit le mercure en dilTblution , la com- binaifon «eicurielle qui s'y eii faite n'a dû l'être que par l'acide pur de U Mmij ^_^_^___^ *7<5 MémotrES de r,A Société Roï'AtE des Sciekces ~ ~~ crème de tartre. Au lieu que dans le tartre mercuriel ordinaire que j'aî XoME 1 V. décrit , toute la fubftance de la crème de tartre fe trouve unie au mercure. Ajvnéss D'après cela je fus curieux d'examiner la partie acide du tartre qui s'étoit K766-i76p. unie dans cette occafion- ci avec le mercure; ce qui devoir jetter un grand jour fur l'analyle du tartre. J'ai dit ailleurs que le tartre mercuriel efl décompofé avec la plus grande facilité par l'alkali Hxe : je rélolus de me fervir de ce moyen pour reconnoître la nature de l'acide de la crème de tartre. Je pris pour cela des précipités qui s'étoient formés, foit dans le tems que j'avois décompofé le fel végétal & le (el de Seignette par la diflblution mercurielle, foit de celui que j'avois obtenu de la crème de tartre pure ; je les mis dans une terrine avec de l'eau bouillante que j'expofai fur un bain de fable chauffé ; je verfai defl'us de l'alkali fixe' refous en liqueur ; la couleur blanche difparut bientôt , & il s'y forma un précipité de mercure couleur de brique foncée. Quand je m'apperçus qu'il y avoir tout autant d'alkali fixe qu'il en falloit pour décompofer mon fel mercuriel, je filtrai la liqueur, & je l'évaporai. J'ea obtins une efpèce de fel végétal, que je ne pus pas faire criftallifer : il me parut tenir le milieu entre le fel végétal ordinaire & la terre foliée de tartre. Pour acquérir quelques connoilfances de plus fur la nature de l'acide qui conftituoit ce fel, je réfolu? de le féparer de novi l'eau de la bafe que je lui avois donné par le moyen de l'huile de vitriol , Se de l'enlever s'il étoic poflible par la diftillation. Je mis en conféquence mon fel bien defféché dans une petite cornue de verre tubulée ; j'y lutai un petit balon , & je verfai par la tubulure la moitié de fon poids d'huile de vitriol délayée dana un peu d'eau ; je pouflai le tout à la diftillation. Il monta un Flegme acidulé, Tentant l'odeur défagréable du tartre lorfqu'on le brûle. Je faturai ce flegme , acide avec un peu d'alkali fixe; il devint aufli-tôt d'une couleur jaune Verdâtre. L'ayant fait évaporer dans une petite capfule de verre ; il me refla un peu de fel fi délagréable au goût , qu'il me fembloit qu'on mettoit du tartre brûlé fur la langue. Voilà tout ce que je puis dire à préfent fuc "ies parties conftituantes du tartre. Je pafle maintenant à un autre objet, qui doit faire une fuite néceffaire de ce Mémoire ; c'eft la combinaifoii du mercure avec l'acide du vinaigre. Puifque j'ai déjà parlé de cette combinaifon , il efi: jufte que j'expofe ici , que le moyen dont je viens de parler pour unir l'acide du tartre avec le mercure, réuOit également bien pour combiner l'acide du vinaigre avec le mercure. Pour faire cette union , je pris fix gros de terre foliée de tartre; je les fis diffoudre dans beaucoup d'eau chaude , & je verfai deffus peu- q-peu une diflblution de trois gros de mercure; il parut aufli-tôt un pré- cipité jaunâtre; je filtrai la liqueur, & j'en obtins enfuite , par l'évapora- tion , le plus beau fel mercuriel qu'il foit poflible d'avoir. Il étoit en Seaux feuillets talqueux très-blancs, mais il jauniflToit dans l'eau comme l'autre ; il refta fur la fin du nître. Voilà donc un nouveau moyen d'obtenir le fel mercuriel , qui mériterolt affurément la préférence , fi la terre foliée 0'écp>t pas un objet un peu trop difpendieiix, fie T u R I ir. 1277 DnnS ce procédé, comme dans ceux que je viens d'expofer pour obtenir *— ^'*— la combinaifon du mercure avec l'acide du tartre , les dofes que je prefcris Tome IV, m'ont toujours paru les plus juftes. Mais il efl: nccefTaire d'avoir égard à la Anmées quantité d'acide que doit contenir la diflblution mercurielle : il faut qu'elle \-isc-iTCg, n'en contienne pas d'avantage que ce qu'il faut pour tenir le mercure en difFoIution , autrement il y auroit de la confufion ; car l'excédent de l'acide rîtreux retiendroit une portion de mercure , & par là en priveroit d'autant l'acide du vinaigre ou l'acide du tartre. OBSERVAT IONS CHIMIQUES. PAR M. LE COMTE DE SALUCES. Sur /'Ens Veneris de Boylc, h -*-'a Médecine a été long-tems efclave des remèdes clilmiques : leur aftivitê a (ouvent caufé des cures furprenantes , & ces faits extraordinaires ont ''•'' ' tellement excité l'enthoulîafme naturel à l'homme , principalement dans les fîècles d'ignorance , qu'on n'a pas eu le temps d'appercevoir les cruels effets , ni de re'tléchir fur les fuites funeftes de ces prétendues panacées'. Pour le bonheur de Ihumanité, des Oblervateurs judicieux, des Médecins favans &: honnêtes Hrent enfin tomber le voile d'une ignorante témérité , & tentèrent de retenir dans les bornes de la prudence l'ufage jufqu'alors immo- déré de ces remèdes , & après en avoir profcric un grand nombre , ils s'atta-i chèrent à déterminer les méthodes les plus fures pour la préparation de ceux dont ils avoient connu la bonté & l'efficacité , par les effets conftans ont changé la préparation ; quelqu'un enfin a cru trancher la difficulté en décidant que fl le colcothat efl tellement dépouillé de principes métalliques , qu'il foit réduit à une terre vierge , il n'ajoute rien à la vertu qu'à le fel ammoniac par lui- *î78 Mémoires Ï)E la Société royàliî des Science» tl$$-i769. Tome IV. • I I I. Le cloute de Eoyle fur la fublimation de quelque portion de colcothat dans l'opération (a), & le parti que Bocrhaawe , Batheus, & bien d'autres Médecins Chimiftes ont pris de fubflituer le vitriol martial à celui de cuivre, m'ont engagé à examiner un objet aulli important pour l'humanité. I V. L'énoncé de l'opération , telle que la prefcrit l'Auteur ; ne lailTe aucuiî !leu de foupçonner qu'il n'ait cru employer du vitriol de cuivre ; voici fes propres termes : rec/pe igitur hungarici , vel, hujus défedu ^ dantifcani, auc citjitfcumque boni fitrioU venerei quandtatem arbitrariam j hanc caldnatam , j'ehememi igné ^ ad ohjcuram ufque ruhedinem , dulcijica aquœ ccdtntis afflijione fréquente , donec aqua affiifa nuUam prorfus faporis immutationem recipiat. Cokothar hoc exquijitè dulcifîcatum , probèque exjïccatum ^ diligentijfimè cunt Jalis ammonïaci optimi pondère anatico comwifceatur .• mixturx hujus in rctortâvitreâ, vel fuinmo , qui per arenam excitari potejl ^ caloris gradu ^ vel apcrto e.tiam igné ^ tantum quantum ad fummitatem cenicis retortx exaltarî potejî , fublimetur ; quâ fublimatione peraSâ j e retonâ diffraclâ (capite mortucf fepofito) fuhlimatum omne eximatur, rurfumque exatTiffimè commifceaiur , qu même DE T U H I N. 281 même de continuer les expériences que j'avois entreprlfes à ce fujet , je i^>«aMaM_iMi ne laiflferai pas ignorer cependant le réfultat des obfervations que j'ai pu Tome IV^ faire , efpérant qu'elles ne feront pas tout-à-fait infrudueufes. - A .V .V E£ s ' XIII. J76S-176?. Quelque foit la nature du vernis dont la foie efl enduite , ce qui ne fait pas l'objet de ces recherches, je remarquerai que les acides altérés, même par des matières grafles , bien loin de lui enlever ce vernis, le lui redonnent, lors même qu'elles ont été blanchies ; & que fi l'on fait entrer de l'acide vitrioHque dans le bain f?.voneux , il n'efc même plus pofiible de les faire repalTer au blanc. Lorfqu'on emploie les alkaiis fixes en petite dofe , ils ne produifent pas un grand eftet fur les foies ; ils les énervent , ou même ils les décompofent, lorfque la lefllve eft un peu forte ; d'où il luit qu'il ne feroit peut-être pas d'une économie bien entendue de les expofer à un pareil rifque. Les matières abforbantes , telles que les os calcinés, les yeux d'écrévifles , &c. ne font prefque point d'effet fur les foies pour les mettre en blanc. X I V. Un favon liquide oià il cntroit beaucoup moins d'huile qu'on n'en met ordinairement dans les fabriques, au rapport de M. Géofroi, mais autant qu'il en talloit pour émoufler l'acreté de l'alkali fixe fans être aiguifé par la chaux, a très bien répondu à mon attente , & rempli toutes les indica- tions que je m'érois propofées ; car outre que les foies furent très-bien décreufées & confervèrent plus de luflre qu'elles n'ont ordinairement , on voit fenfiblement que je profitai beaucoup du côté de la dépenfe. X V. Les fentimens font partages fur les foies de la Chine , les uns penfent qu'on les décreufe, lans cependant employer de favon; les autres croient cju'elles font naturellement blanches : dans cette incertitude j'ofai former le (oupçon que cette nation li économe & fi induftrieufe fiit dans une feule opération le filage , & le dégomage : l'expérience vint à l'appui de mon idée, car , en me fervant d'une eau légèrement favoneufe, je réulîîs à filer quelques cocons jaunes & verds en foie blanche du plus beau luftre, j'ob- fervài même qu'il n'efl: pas néceffaire que le bouillon foit aulîî chaud que l'eft ordinairement feau dans les bailines , ce qui fait un nouvel objet d'épargne. XVI. Il réfulte de tout ce que je viens de dire ; 1". Qu'en fubftituant une matière favoneufe au favon manufaduré , on conferve plus de luftre aux foies , & que l'on diminue la dépenfe , d'autant plus que j'ai éprouvé qu'on Xomg /, Nn 282 Mémoires de la Société royale des Sciences ^^^ peut très bien fe fervir de cendres leiîlvées , & filtrées par le papier pofé 1 OME IV lur une pièce de laine encadrée, & dont on émoufle l'acreté par une plus Annéjss ou moins grande quantité d'huile, fuivant que la lellive eft plus ou moins \76S-\t6}, forte. 2°. Qu'en décreufant les foies à ia bailîne , outre qu'on gagne une opération, le filage étant uniforme, la force du fil ne l'eft pas moins, crr toutes fes parties (ont également expofées à l'aftion du menftrue , ce qui ne fauroit arriver en décreufant les foies par échevaux , d'ailleurs le déchet de deux opérations ne peut manquer d'être beaucoup plus confidérable que celui d'une feule. XVII. -/ L'ufage d'un favcn extemporané, pour décreufer les foies à la baÛine, me fit naîtie l'idée de tenter la formation d'un (avon folide fans le fecours du feu ; Shav en dit un mot dans fes leçons , & nous voyons dans les matières médicales qu'on en piépare pour l'ufage médicinal. Il eft d'ailleurs aflez fimple de penfer que le favon folide n'eft qu'une combinaifon d'huile avec un alkali la plus concentrée poflîble , & que le favon liquide eft cette même combinaifon avec fur-abondance d'eau ; tout ce qui facilitera donc l'éva- poration de la partie aqueufe donnera plus ou moins promptement du favon folide. En fouettant , comme on fait pour le beurre , un mélange bien conditionné dhuile , & d'alkali minéral rendu cauftique par la chaux, on parvient à faire du favon (olide. On fent alfez qu'une machine mue par l'eau feroit d'un grand avantage dans cette opération. XVIII. Il ne me refte qu'à fouhaiter que ces folbles elîais puiflent tourner à l'utilité du public. De la teinture en noir fur la Soie. XIX. J.L y a tout lieu de croire , r> dit M. Macqucr , que dans le grand nombre » des drogues qu'on employé pour le noir il y en a beaucoup d'inutiles. r> Ce qu'il y a de plus effentiel à obferver fur la teinture noire , c'eft qu'en » général elle altère & énerve beaucoup les étoffes , en forte, que celles qui » font teintes en noir font toujours beaucoup plutôt ufées, toutes chofes » égales d'ailleurs , que celles qui font teintes en d'autres couleurs ; c'eft » principalertient à l'ao'de vitriolique de la couperofe , lequel n'eft qu'im- » parfaitement fatuié par le fer, qu'on doit attribuer cet inconvénient: » comme le fer uni à tout autre acide, & même aux acides végétaux eft » capable de produite du noir, il y a tout lieu de croire qu'en fubfti- » tuant d'autres combinaifons de ce métal à la couperofe on pourroit » remédier à cet 'inconvénient ». DE Turin, 283 ^ ^- TomkTv. Pour découvrir les défauts de cette teinture, il me paroît qu'il f\iut avant ^^^-^^ toutes chofes analifer les méthodes reçues dans ks aticliers les plus recom- '7*''"'7'^« mandés ; car , quelqu'ai: été Tignorance des Teinturiers fut le principe colorant dans la teinture en quelHon , il y a apparence qu'ils ne fe font déterminés à ajouter un fi grand nombre de nouvelles drogues que , parce qu'ils auront reconnu l'imperfeétion de leur méthode plus fimple. Il cft donc queftion de voir fi cette imperfeétion dépend du nombre de ces drc'ucs , de leur qualité , ou de la manière de les employer. XXI. Ce n'efl: que par la comparaifon entre ces méthodes , & par l'analyfe de chacune d'elles qu'on peut découvrir leurs défauts , & la route qu'il faut fuivre dans les tentatives qu'on peut faire. Je ne rapporterai que les drogues , fans parler de leur poids , qu'autant qu'il pourra avoir contribué au préjudice de cette teinture ; on pourra toujours le trouver dans l'excel- lent ouvrage de la teinture -en loie par M. JVlacquer, d'où je tire ceci. XXII. Je ne fâche pas que les écarlates , ni les foies teintes en cramoifi , foient altérées &: énervées , comme les étoffes teintes en noir. Perfonne n'ignore aujourd'hui que c'efl; avec l'eau régale qui tient de l'étain en diflo- lution qu'on en exalte la couleur, ce qui s'appelle compojïtion. On pourroit dire, il eft vrai, que dans ces couleurs l'eau forte fe combine avec le tartre blanc , mais quoique après la combinaifon faite on ne doive plus craindre l'aftion de l'acide fur l'étoffe, comme dans le noir, il eft probable qu'elle continue à fe faire fentir par la raifon qu'en donne Al. Macquer ; il eft cependant naturel de penfer que dans le tems de la combinaifon , l'acide de l'eau régale agira fur l'étolie , de même que celui de vitriol daas la teinture noire , & c'efl principalement à raifon de ces compofitions, comme nous le verrons, qu'on doit craindre d'énerver ou de brûler lis étoffes. Je ne me dillimule cependant'pas , je le répète , que l'abondance dts fubftances falines dont on fait ufage pour le noir, fubftances qui font très- faciles à être décompofées , foit une raifon qui rend les étoffes d'aut.anc moins durables qu'elles retiennent dans leurs pores plus de caufes perma- nentes de deflruftion. XXIII- En rappellant ici la combinaifon qui doit arriver de l'acide de la com- pojition avec la bafe du criflal de tartre , de manière que l'acide végétal fe trouve libre j il me paroit qu'on peut voir d'où vient la belle couleur Nnij i.o4 iviftMoiREs DE LA Société royale des Sciences de l'écarlate fur les laines , & du cramoifi fur les foies , les acides végétaux Toute 1 V, ay^nt la propriété d'exalter la couleur naturelle des teintures rouges, & Années principalement de la cochenille. Il refleroit à examiner pourquoi en décom- 1T66-IJ69, pofant le tartre par d'autres acides, ou par des alkalis , & enfin pourquoi en fubftituant une autre bafe que l'étain à l'eau régale on ne réuflit pas de même ; cela mérite trop d'attention pour que je néglige de le luivre , lorfque je ferai affuré que M. Macquer n'en a point fait l'objet de fes recher- ches dans la découverte d'une couleur d'écarlate fur les étoffes en foie , qu'il vient de donner à l'Académie des Sciences de Paris. Defcription des drogues , ou de la méthode de plujîeurs Teinturiers de Paris. XXIV. Noix de galle noire pilée , cumin , fumac , écorces de grenades , collo- quinte, agaric , coques de Levant , nerprun , pfilium , bois de campéche, gomme arabique, écume de fucre candi, de la calfonade , limaille de fer, réalgar, orpiment pilé, arfenic blanc, couperofe verte, fublimé corrofif , fel ammoniac, fel gemme, criftal minéral, litarge d'or, antimoine pilé, plumbago , verd de gris , le tout dans du vinaigre félon l'art. Méthode des Génois. X X V. Noix de galle , gomme du Sénégal , vitriol Romain , & limaille de fer dans l'eau {a). ( j ) Comme les Artilîes pourroient être bien-ai(es de fiivoir les procédés de Gênes, & de Tours, je les tranfcrirai ici d'après M. Macijuer , an de la teint, en foie. Noir de Gênes pour les velours On fait bouillir la Soie pendant quatre heures avec le quart de (on poids de fâvon blanc de Marleille , on la lave à fond, dans une chaudière de cinq-cents pintes d'eau. Faites bouillir fept livres de galle; laiifei dépofer la galle, tirei l'eau à clair, & ayant jette le marc remette/, l'eau de galle dans la même chaudière , plongez y à demi une cuiller percée à purée, dans laquelle vous mettrez, (ept livres de gomme de Sénégal , ièpt livres de vitriol Romain ou couperole , & (èpt livres de la plus belle limaille de fer. Le bain ayant dilTous ces drogues, laifTez éteindre le feu, & fermenter ce bain pendant huit jours ; enfuite faites-le chauffer, & quant il fera prêt à bouillir, mettez, de nouveau , futjiendue dans la même chaudière, la même palToire ; & ayant fait fix paquets compofés de la fixttme partie de la quantité de gomme, couperoft. S: limaille dellinée à ce bain de noir , félon la quantité de (oie, à raifon d'une livre de chacun de ces ingrédiens pour dix livres de foie , faites fondre dans la pafToire cette (ixième partie du total. Le feu étant ôté, & ayant fait jetter dix pintes d'eau froide fur le bain qui doit reder chaud à y pouvoir lenif la main, faite mettre la foie fur des lilôirs j plongez-là dans le bain, Si. D E T U R I N. 28/ Méthode de Tours. Tome IV. A N KÉ £ S I XXVI. Galle d'AIep . vitriol d'Angleterre , limaille de fer , gomme du pays. XXVII. En examinant ces trois procédés que nous pouvons réduire à deux , nous devons naturellement être frappés de la fimplicité de l'un , & du nombre prodigieux des drogues de l'autre ; il ne paroîtra pas à la pluralité que le noir de Gcnes &: de Tours , fuppofé qu'on ne les nomme pas , puifle jamais être aufîî beau , ni comparable avec celui où il entre tant de drogues : a parler cependant avec fincérité, ce noir fi fimple , eft. Se pafle pour des plus beaux , d'où viendra donc cette énorme différence ? En réflécliiflant lur les qualités des drogues, iù fur la manière de les employer , j'ai cru en entrevoir la caufe. l'y tenez pendant dix minutes ou environ, Lilê^ les échevaux quatre fols, après quoi tordez-les à la cheville fur la chaudière. Paflez fur le mcme bain de nouvelle (oie fans rien ajouter , traîtezià de même, commencez d'abord par la trame , enfuite paflêz le poil, enfin , le bain étant beaucoup refroidi , païïez y la chaîne qu'on ne veut teindre ordinairement qu'en gris noir. Toute la (oie a) ant paiïe dans ce premier bain , réchau(Fcz-le , & y remettez la pafToira avec une autre fixiènie partie de gomme, vitriol & limaille de fer, quand le bain (êra rafraîchi , comme ci-defTus, pafTe^ y la (oie comme au premier bain , ob(êrvant cette fois ICI de palTer le poil le premier , enfuite la trame, & touiours la chaîne la dernière; faites ce manège (îx fois. Tant que la (oie étoit mouillée , (on noir charmoit , même comparé avec celui de Tours, pj^t 176, Noir de Tours, Pour cent livres de (oie , on fait bouillir pendant une heure vingt livres de noix de galle d'AIep en poudre dans fùffi(ànte quantité d'eau. On laitTe en(uiie repo(êr le bain julqu'.t ce que la galle (oit précipitée au fond de la chaudière , d'où on la retire. Après quoi on ) met deux livres & demie de vitriol d'Angleterre , & douze livres de limaille de fer , vingt livres do gomme du pavs , c'ell-àdire , du prunUr, ctri/ïcr (yc. qu'on met dans une e(pèce de chaudron à deux an(ès , troué de toutes parts. On fiilpend le chau- dron avec des bâtons dans la chaudière , de manière qu'il n'aille pas au fond. On laiflè diiïoudre la gomme pendant une heure , en la remuant légèrement de tems en tems avec un bàlon. Si l'heure palTée, il rede encore de K gomme dans le chaudron , c'ed une marque que le bain qui eft de deux muids en a pris autant qu'il faut. Si au contraire toute la gomme efl difîoute on peut en remettre trois ou quatre livres. On lailTe ce chau- dron continueHement fulpendu dans la chaudière , d'où on ne l'ote que pour teindre , & on le remet enfiiite. Pendant toutes ces préparations la chaudière doit être tenue phaude , mais fans bouillir. L'engailage de la (oie Ce fait avec un tiers de galle d'AIep, On y laiiTe la foie d'abord pendant fix heures , puis pendant douze , le relie félon l'art, fiid. pjgC 78. I7<îC-l7ûS, A iV NÉ £ S iî6 Mémoires delà Société royale des Sciences ToM-E lY. XXVIII. II faut remarquer en premier lieu la préférence que le Teinturier Génois donne à la galle légère de la Romagne, & de la Sicile , tandis qu'en France on fait ufage , pour engaller pour le pie.i de' noir , de galle noire, & péfante , en trop grande quantité par rapport à la Soie ; ce qui a été relevé par les Génois au fujet de la teinture da Tours , qu'on a enfuite reâifiée : or il eft naturel de penfer que ces habiles Artiftes feront également attentifs , & fcrupuleux dans le choix des noix de galle. XXIX. J'obferve enfuite que les Génois n'ajoutent rien à la décoâion , ou bain de galle, au lieu que les François y font entrer le cumin , le funisc, &c. mais efl-il bien prouvé que toutes ces drogues poffèdent la fiipticité , & la propriété de précipiter le fer à un degré aullî éminent que la noix de galle, ainli que l'a démontré M. Léméry ? Le fait ne lemble pas favoriler cette idée. X X X. Je vois qu'après avoir ôté le marc àç la décoâion de la galle , & y àvoit fait difloudre la gomme, le vitriol , & la limaille de fer, on en ôte le feu pour laifler fermenter ce bain ou pied de noir pendant huit jours , au lieu que les François, calcul fait , teignent au plus tard dans lix jours. XXXI. Après tout enfin , je remarque que le pied de noir n'efi: chez les Génois qu'une encre fimple , pendant que dans le procédé des François il arrive néceffaireraent des décompofitions & des récompofitions ; étant très-naturel de penler que la loi des affinités fera ici obiervée comme elle l'efl: allez généralement : & par conféquent il eft naturel que l'acide vitriolique , qui n'eIT: que foiblement retenu par le fer, s'en détache pour s'emparer d'un alkaii fixe, d'un alkali volatil, &.'c. L'acide marin exercera à fon tour fa fupériorité , & au défaut d'exafte faturation , il agira en qualité de corrofîf fur la (oie même , après avoir ( b) formé du plomb corné : quant à l'arlenic , il eft probable qu'une paitie s'envolera, & que s'il en refte, qu'il fe corri^ binera avec le fer ; ce qui peut être , fait noircir la teinture & corrige ainfi Faltéraiion que doit caufer le nombre de ces décompofitions : je crois même ^ (i) Comme l'acide marin a plus d'affinité avec l'antimoine qu'avec le fublimc corrofif;, il paraît probable qu'il Ce forme un beurre d'Antimoine qui fera de même décompofé, â cau(ê de la trop grande quantité de liquide, dans lequel il Ce trouve étendu, S: en ce cas l'acide marin agit en qualité de corrofif: quoiqu'il en foit cependant , l'an riiuoine eft toujours en pure perte. DE Turin, 287 pouvoir foupçonner que cela fe paiïe ainfi , car il eft confiant que les acides ' ly étant neutraliî'cs , rtncrc relie détruite. Il eft vrai, qu'outre les acides miné- raux faturéï & neutres il refteroit encoïc un acide végétal : mais en ce cas ■nrf x ees il arriveroit que la couleur feroic due uniquement à l'acide végétal , pendant i7«6-i7'?> que les autres drogues ne (croient qu'en pure perte , & au préjudice des étoffes : peut être encore , que dans le tenis que l'acide vltnolique chafle l'iicide marin de lus bafes , l'arfenic s'en empare , quoique à la vérité , l'acide vitriolique fe trouvant ici combiné avec une fubftance métallique , il me femble qu'il doit être compris dans le cas dont parle M. Macquet dans Ton diîiionnaire de chimie , page 478. Tome II, article [d neutre arjmical. XXXII. De tout ce que nous venons de dire, il fuit que le peu de fcrupule àos Teinturiers dans les proportions, & dans le choix des drogues, a été l'ori- gine des additions empiriques qu'on a faites dans cette teinture : mais il ne faut pas imaginer pour cela qu'on ait ajouté ce grand nombre de drogues inutiles tout d'un coup. C'eft ce qui arrive dans toutes les chofes qui (ont abandonnées à ce llmples manoeuvres, que Ton ne foumet pas à la direftion de perfonnes inftruites qui en remontant à des principes exacts & fîmples, fauroient démêler les caufes , auxquelles on doit afllgner les changemens, & les altérations qu'on n'attendoit pas , & pourroient par conféquent y remédier. C'ell: une marche naturelle à l'efprit humain d'avancer toujours ; il u'appartient qu'au philofophe de retourner fur les pas. Auiïï pendant que l'un , pour réuiîir ^ fe croit obligé de compofer , & de furcompofer , l'autre reconnoit bien fouvent qu'il faut fimplifier , & par conféquenc retrancher. C'eR" ce qui paroit allez évidemment dans la teinture en noir. Nous allons le prouver par une méthode finthétique pour réunir les deux preuves les plus convaincantes que nous fournifle la chimie. XXXIII. La méthode que nous avons fulvie jufqu'à préfent, & la comparaifon des procédés reçus , nous a convaincus que plufîeurs drogues employées dans la teinture en noir font inutiles , &: même nuilîbles. Par la méthode que je me propofe maintenant , je chercherai à déterminer celles qui y entreront avec avantage. XXXIV. Après avoir décreufé la foie , je plongeai les écheveaux dans une décoc- tion de noix de galle Romaine , & après l'engallage , j'en mis un dans une terrine qui contenoit une décoétion de noix de galle faite dans l'eau, & un autre dans une décoftion faite avec le vinaigre , avec quatre gros de gomme Arabique, je les fis bien tremper l'un & l'autre ; ayant enfuite ôté les terrines de dfQ'us le feu, je mis une tafTe de diflolution da vitriol SS8 MÉMOIKES de la SoCIr.TÉ ROYALE DES SCIENCES rp rrr dans chacune , favoir fur deux parties de décoftion une de difiblution, qui OME iV. ^[qJj de quatre gros fur deux livres d'eau. ■^ .V N É £S 1766-1709. Premier réfuhat. XXXV. Dans la décoftion faite avec l'eau, la couleur noire parut à l'inftant , & îl ne fe manifefta aucun changement fenfible dans celle qui étoit faite avec le vinaigre : je plongeai alors les deux éche veaux que j'avois retirés pour ajouter le vitriol , rrtais ni l'un, ni l'autre ne furent beaucoup altérés dans la couleur, ce qui me déterminaà y ajouter encore une demie tafle de dlflo- lution fans néanmoins qu'il parût de changement bien fenfible; j'en ajoutai alors une taffe, ce qui revenoit à y parties de vitriol fur 4 de décottion de noix de galle : la foie qui étoit dans la décoftion faite avec l'eau parut alors plus noire que l'autre ; ce qui fe foutint dans les opérations qui fuivirent , jufqu'à ce que j'eus un beau noir fur les deux écheveaux ; je fus obligé a la vérité pour y réullir de dilfoudre deux gros de nouveau vitriol dans un tiers de la première quantité d'eau , & après avoir ajouté encore une tafl'e de diflblution , je retirai les écheveaux , je les fis fécher à l'ombre, & au cinquième jour je les remis dans leurs bains refpeftifs que j'avois animés , en ajoutant 5' gros de limaille de fer dans chacun ^ je les mis au feu bouillir environ une heure; je les retirai après ce tems pour les faire fécher ^ & dans 24 heures je les repaflai fur ce bain , & les lavai à fond , jufqu'à ce qu'ils ne perdiflent plus de couleur, & ils parurent alors d'un beau noir; celui , cependant qui étoit dans la décoftion avec le vinaigre parut tirer aiJ rouge , tant qu'il fut humide. XXXVI. Ayant mis deux nouveaux écheveaux dans ces bains à cette dernière opération , ils en fortirent tout aufli noirs & aulîi beaux que les deux premiers , foit après le lavage, foit après qu'ils furent parfaitement fecs : d'où il fuit évidemment , que fans multiplier les opérations on teindra toujours en beau noir toutes les fois que les ingrcdiens fe trouveront dans la pro- portion convenable. Deuxième réfuhat. XXXVII. Aux bains en queftion que nous pouvons nommer piei de noir , j'ajoutai fucceflivement du cumin, du pjîlium ^ de l'écorce de grenade ^ de la coloquinte, de l'agaric , & comme je voulois conferver un certain rapport , j'animai le bain avec du vitriol & de la limaille, mais je ne vis pas que ces fubflances en DE Turin'. aSp en auTrnentsdlnt la couleur ; le bols de CumpCcIie feulement me parut _Mi^.i.m l'avoir un peu plus foncée , mais ce qui fit varier le fond fut l'addition Tome I^ fucceflîve du fel ammoniac , du (ublimé corrofif , du fel gerrvme , du criftal minéral: car alors le noir me parûilfoit avoir tourne tantôt au brun très- ^■'^^^^■* foncé, tantôt au gris : couleurs qui changeoienr encore par l'addition du '7*«-i7*?. réalgal, de l'orpiment, de l'arfénic blcnc, de l'antimoine, du verd de gris, de la litarge , &c. & princip::lement d'une quantité de couperofe bleue Se de limaille. X X X \' I I I. Voici deux cliofes principales que j'obfervai dans la fuite de ce procédé, l". que , comme j'employai près de dix-huit jours pour toutes ces additions , les bains lailsèrent paroitre de la moilillure après que j'eus ajouté les fubftan- Ces végétales dont j'ai parlé, & 2". que l'arlénic blanc fe loutint prefqu'en entier à la (urfjce des bains , de mt'me que l'orpiineiit , quoique je les eufie fait bouillir à gros bouillons un tems conddéraBle. XXXIX. Je crois donc être fondé à conclure que les méthodes de Tours & de Gènes lont intiniment fupérlsures à celle des autres Teinturiers qui entaflenc drogues (ur drogues dans les teintures noires pour la foie. Je ne doute nul- lement qu'il n'en ioit de même pour les laines , ce que je n'ai cependant pas vérifié; au refle.tant qu'on rendra la teinture compofée , on ne gagnera rien ni du côté de la teinture même, ni dans la confervation des étoffes. La bonté donc des étoffes , le choix des drogues , la précifion dans leurs poids, le loin dans les opérations , & principalement dans l'adminiftration du feu , devoit être le lecret d'up.e bonne couleur noire ( c }. XL. Ce Mémoire étoit principalement dertiné à l'avantage des Arts , Se confacré par conféquent à l'utilité publique , je crois qu'on ne me faura pas mauvais gré de ce que je l'enrichirai de découvertes & d'obfervations qui ont été taites par d'autres, l'efprit patriotique m'impofe le devoir facré de chercher à être utile. (t) 11 paroit par !e prccis analitique que j'ai donne, J XXVIII, que dans le cahos de tant de drogues le feul acide dont (èroit formte l'encre où la teinture noire , feroit , peut- clre, le végétal ; mais j'ai eu occafion d'olilerverque la teit.ture qui en réfulte, §XXX1I, n'eft jamais d'un (î beau noir: il n'en eft pas de mvme pour les encres proprement dites, /avoir celles dont on (ë fert pour écrire , car je me lliis affuré que le noir le plus beau pour la teinture des étoffes ne paroit plus le même quand on l'emploie fur le papier. Tom, I. O Q 17S6'1769, 5>0 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DEsSciENCES Tome IV. Sur un moyen de teindre la Joie en un rouge vif de cochenille, &c. J'ai fait mention ci- devant , § XXIII , de la découverte de M. Macquer pour teindre la foie en couleur d'écarlate ; je n'avois pas encore vu l'ex- cellent Mémoire que ce célèbre Ecrivain a préfenté à l'Académie fur ce fujet, & comme, outre l'invention, non-feulement de cette couleur, mais encore de plufieurs autres tirées de même de la cochenille , il renferme , des principes très-intéreffans, je crois faire un préfent aux Savans, & en même-tems aux Artiftes & aux gens du monde , en rapportant le précis de tout ce qui eft contenu d'effentisl pour réufllr; j'en ferai donc deux parties, dans la première feront contenus les principes théoriques , dans la féconde nous donnerons la pratique ou les procédés. X L I I. L'expérience lui ayant fait connoître que les fubftances font d'autant plus difpofées à fe teindre en écarlate de cochenille , qu'elles participent d'avantage du caraûère des matières animales , ce qui eft général pour toutes les couleurs , il elTaya d'augmenter le caradère animal de la foie par des procédés analogues à ceux dont on fe fert pour le coton , mais Tes tentatives furent infruftueufes , quelques foins qu'il fe foit donné de varier les dofes de la compofition , & de fubftituer la diflolution des autres métaux & demi-mécaux blancs à celle de l'étain : ce qui lui fit fentir que la réuflite dépendoit de quelques circonflances qu'on ne pouvoit découvrir qu'en examinant avec le plus grand foin tout ce qui fe palTe dans la teinture en écarlate : il reconnut donc qu'iZ en eft de la dijjolution d'étain dans Veau régale comme de beaucoup d'autres dijjolutions de madères métalli- ques j qui fe décompofent quand on les mêle avec une grande quantité d'eau , enforte que le métal je précipite uni feulement avec trop peu d'acide j pour fouvoir demeurer diffous dans la liqueur ; que dans la teinture en écarlate , il n'y a réellement que la chaux d'étain qui foit teinte ^ car par des additions réitérées de diiïblution d'étain dans l'eau régale , faite dans une décodion de coche- nille il réuffit à en précipiter toute la partie colorante avec la terre de l'étain, de manière que la liqueur, qui furnageoit le précipité rouge, étoit aufli claire que de l'eau pure ; d'oii il iuit que la laine Êr les autres fubÇ- tances qui font fufceptibles de prendre cette couleur , ne la reçoivent que fecon~ dairement y c'efi-à dire ^ qu autant qu'elles font capables de faijir , & de retenir fortement la chaux d'étain j déjà teinte elle-même en cette couleur. X L ï II. Ces vérités bien conftatées lui firent découvrir le moyen de fair pren- dre à la foie la couleur en qusftion , en procurant le précipité d'étain fur D B T L- R I K. api Id Toie même, S: non dans le bain de cochenille; ce principe que notre ^^*™"™*'^^ Auteur a découvert en tentant de faire prendre le bleu de FrufTe aux étoiles , Tome 1 V. & dont le fucctu répondit à fon attente , lui fournit ici une réfolution A .\- .v i £ s auflî complettc : car après avoir trempé la foie dans la compofition , & iTH-f^é?. s'être affurc qu"t'.le en étoit intiméaicnt pénétrée , & uniformément mouillée dans toutes les parties , après quelques précautions qu'on trouvera dans le procédé même ( d) , il la teignit dans un bain de cochenille dont elle f ./) J'ai fait une compofition ou diiïolution d'ctain avec huit onces d'éiain de Mi'Iaq grenilllé qi!» i'zi f.iit didôudre peu-Apeu , & fort lentement dans une hvre d'eau r-g:!le, compofce d'une partie d'ef^rit de fc! , S; de deux parties d'efprit de niire : cette difTplution étoit claire S: limpide , & il ell m'-celTaire qu'elle ait cette limpidité pour la rtuflite de l'opération : je l'ai aftoiblie avec deux parties d'eau pure, quantité qui n'ert pas fuffifnie peur faire précipiter l'ctain d'une pareille difToiution , quand elle a été liien faite , c'eft-à- dire, avec la lenteur convenable, j'ai trempe dans cette liqueur la foie que je deftinois à être teinte : en un inflant elle en a été pénétrée intim.ement , & je l'ai retirée après avoir reconnu qu'elle étoit mouillée exaétement , & uniformément dans toutes lès parties; ' l'ayant enfuit* exprimée fortement , je l'ai lavée à plufieurs reprifes dans une grande quantité d'eau pure, après quoi je l'ai fait teindre dans Un bain de cochenille pure, & qui n'étoit avivé que par un ftizènie du poids de la cochenille de crème de tartre : la foie a tiré fortement toute la couleur de ce bain , & s'ell teinte en un rouge plein , vif Si d'un fort belle oeil : cette couleur a fôutenu tou; les lavages ordinaires (ans (ê ternir ,1 ni lé décharger , & a réfiilé aux mêmes épreuves & débouillis que i'écarlate (ûr laine: j*aî donc été alfuré dès-lors que la méthode que j'avois employée étoit propre à faire prendre à la foie le rou;5e de cochenille exalté par la difTolution d'étain ; en effet ayant réitéré cette expérience nombre de fois , & même en grand, elle a toujours eu le même fuccès ; j'aî conllamment obtenu des rouges fort beaux, bien pleins, & bien folides, toutes les fois que je mettois la dilfolution d'étain fur la foie mcme , & point du tout dans le bain de la cochenille. Pour réuffir à bien faire cette diflôlutien , il ne faut mettre d'abord qu'environ la douzième partie de l'étain, & la laiflcr diifoudre prefqu'en entier; enfuite continuer à ajouter le refte de l'étain par petites parties , en prenant garde que la liqueur ne s'échauffe trop; il ne faut pas qu'elle s'échaufFe à plus de 45 ou 50 degrés. Lor(qu'il ne refte plus guère d'étain à diffbudre, il faut laifTer refroidir la dilToluiion totalement, &y ajouter après cela ce rcde d'étain tout-à-!a fois , la difTolution achèvera de Ce (aturer en corrodant peu-à-peu cet étain fans prefques'échaufî'er, & prendra une couleur ambrée alTez foncée. Si les acides dont on s'eil fervi ne font pas bien forts, il pourra refier de l'étain non difTous , mais cela eft indifférent : le plus fur pour obtenir une belle couleur eft d'employer cette difîôlution pure , & fans l'afî'oiblir pôr de l'eau , comme je ne l'ai fait que parce que mes acides étoient très-concentrées, il n'e'\ point à craindre que cette difTolution , quoi- que pure endommage la (oie, parce que quand elle ell bien faite , les acides (ont (uffi- fiimment émculTés, & faturés par l'étain. Enfin une circonftance encore efTentielle à la rtuflite des nouvelles couleurs , c'efl que la (bie après avoir été imprégnée du mordant , r'en foit pqint trop dépouillée par un fort lavage avec batturc ; il faut qu'il relie dans la fo'e un peu du mordant, même furabondant, qui le répandant enfuite dans le bain de teinture lui fait prendre une nuance de rouge vif qui contribue infiniment à la beauté de la couleur. Enfin I\1. Macquer obfèrve que cette couleur reticndroit toujours un ton plus /o/V, & qu'il faut ufèr du même expédient que l'on emploie pour le carthame , & quelquefois même pour aviver la couleur de cochenille fiir la laine. On commence par donner à la fbie une teinte de jaune tirant fur l'orangé au moyen du rocou , 6c la traitant enfuite comme l'on a dit ci-devant. Oo ij 20 2 MÉMOIRES DE LA SoClÈXé ROYALE DES SCIENCES tira fortement toute la couleur avec autant de folidité que lecarlate fur toMElv; '^'"^- X L I V. 1766-1769. Tout confifte donc à faire incorporer dans la foie la terre de l'e'tain , de la délivrer enfuite par le lavage de la quantité furabondante de cette terre , qui ne feroit d'ailleurs que peu ou point adhérente, ce qui étant fait, l'opération ne fauroit manquer , en paflant la foie dans le bain de cochenille , en vertu de la propriété que M. Macquer a découvert dans la terre d'étain d'abforber, ou d'attirer la fécule colorante , & de la retenir avez force en en exaltant beaucoup la couleur par la portion d'acide quelle retient avec elle. De quelques fubfcances dont on peut tirer de l'huile, X L V. Nous venons de voir paroître dans un petit ouvrage une méthode pour fe procurer de l'huile avec une matière , dont on ne fait allez géné- ralement aucun cas , favoir le pépin de raifin ; nous ferions difpenfés de rendre compte de cet ouvrage , ii l'elprit des Sociétés littéraires n'étoic pas dirigé par le jufte emprellement de taire du bien à l'homme -de quelque nation qu'il puiflè être ; c'ell: ce qui nous engage à rendre compte de ce qui a été propolé par M. de Francheville dans un Mémoire fur une huile du rè'^ne végétal propre à remplacer fhuile d'oUve dans tous les pays trop froids pour l'olivier. X L V I. . Plus le raifm a de qualité , plus fes pépins fourniffent d'huile. La première opération condfte à les féparer du marc par le lavage & par le crible , & à les faire bien fécher au foleil ; on pratique cette opération , d'abord après qu'on a tiré le marc du prefloir , pour qu'il n'arrive pas aux pépins de fe gâter; on pafle enfuite à la mouture, où il faut ufer de la précaution de bien placer les meules pour que les grains fe diftribuent plus facilement & plus uniformément entre les deux meules ; parce que les pépins ne fe répandent pas aufll aifémenc que les grains de bled, ce Les 'couleurs'dtefeu & de cérifes , demandent trois & mcme quatre oncfes de eoclÎÈnille par cliaqne livre de (ôie. . ' ... Une remarque très-intéreflante de l'AuÉeirr, enfin , iious infiruit de l'avantage que Von peut retirer de la difTolution d'fftain appliquée fur cette matière de la manière indiquée : car elle la rend capable de tirer avec avantage prefque toutes les couleurs extraâives , c'eft-à-dire , tentes celles dont l'eau fe charge facilement fans le fecours d'aucuns fels , Se auxquelles la compofition fert de mordant .i la place de l'alun , principalement pour le; couleuts roCTo-es iou qui tirent fur le rouge , telles que ceiles-que donnent ),£ bois, d'inde , & de brefil.".. .:;...•;:, -.3 ^ - ■ DE Turin. apj qui fait au(lî qu'on ne doit y en mettre qu'un peu moins d'une mine de — '^— ^^ notre pays. Après la première mouture, on fait pader la farine par le Tome IV* crible, pour remoudre ce qui refic; enluite on fait cuire cette farine avec _^ \-n ésa un fixième de fon poids d'eau dans un chaudron. On la remue avec une ,,.^ , r , ■ ^ ■ , ■ n- . ■ ■ 17^6-176$. Ipatule, ou ce qui vaut mieux encore avec la mam; caraufli-totque lamam fie peut plus foutenir la chaleur , on met la farine dans une grofle toile fous le prefloir pour en retirer l'huile comme l'on fait pour celle de lin & d'amandes : après la première cxtraftion , on réduit de nouveau en farine ce gâteau pour la remettre une féconde fois de la même manière fous le prelfoir: il eft bond'obferver qu il ne faut pas mettreune trop grande quantité de farine à la fois, car, toutes chofes d'ailleurs égales, on retire plus d'huile d'une moindre quantité que d'une trop grande. / ESSAI D' ANALYSE Des Eaux Thermales de Vinaglio , par M. Jean-Antoine Mari NI (a). I. XJ \ Vallée où coulent les fources de ces eaux, efl dans le territoire, ^■'ô' *'i & à quatre milles deVinaglio , Village du cifiridtde Côni , & du Diocèfe de Turin , fitué près du torrent de Smra. Cette Vallée , qui a un demi- mille d'étendue , & une figure demi-circulaire , eft formée par deux Mon- tagnes fort élevées ; favoir , les Efclaiiias au Nord, & TO.avz à l'Orient Se au ftlidi. Ces Mont.ignes font entrecoupées par d'autres Vallées plus petites. La première eft couverte de forêts & de praiiies ; l'autre eft prelque nue, II. Les Forets du Mont- £y:Lî!(irti contiennent des fapins , des mélèfes , des frênes , des tilleuls , des cormiers , des cérifiers ', des aulnes ; les prés abondent en rhapontic , en biftorte , en orchis , en lychnis , en diverfcs efpèces de lis. On v trouve aufli, en divers endroits, plufîeurs efpèces de plantes rares & fort belles (t). Ce pa)'s montagneux nourrit des troupeaux innombrables, parmi lefquels il n'y a qu'un petit nombre de bœufs. On y voit errer le chamois , le lièvre blanc & la marmotte. Les oifeaux y font très-rares; le faifan & la perdrix font prefque les feuls. On trouve quantité de truites dans le torrent Ifciator , qui arrofe la vallée. On rencontre , tant vers le fommet que vers le pied du Mont-0/iva , divers folTiles. parmi '(•'") Queliue? Auteurs ont ccrit , avnnt moi , fiic les eaux de Vinaglio ; favoir, Bartbelemy Viotti de Cliviolo , en 1551; M. André Bacci, en 1571; M. François Çallin.i , en I57^ ; I\I. Etprit Rainaud , en ijSi ; & M. Jean Tanton, en 1747. • (A) Comme t'AcwiiLUA j'atiis i/:ie^r'S , odorjtij , cuneijorniiitis , inapice dtntatis^ flore ptJrn.icv, Car. allion. ilirp. r?.r. pedem. L'Abs Y M H i u M jlpiniim,jpicjtum , Joins peiiohtis, HJJrifidiSy & Ab()nthiuin ilpinum car.diitim , liumiU , joliis cjiuUnis piniulij, Ca^. Bauh. Le Card.^muje a/jrifolia linn. 2p4 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ROYAL P. DES SciENCtS lefquels on diftingue des pyrites fulpluireufes, des marcalFites, des hématites XoME IV. & une ochre ferrugineufe contenue dans du fpath ou du quartz. L'énumé- /?-v .vÉ £s ration de leurs e(pèces n'eft pas de mon fujet. i766-i76ç. ^^^' Barthélémy de Cliviolo (de bain. nat. virib. cap. 34.) dit que l'air efl: afiez tempe'ré dans ia vallée , fur-tout pendant le Printemps â: l'Automne, quoiqu'elle foit prelque toujours agitée par le vent du Sud , fur- tout quand le ciel éfl: ferein. J'ai obfervé la même chofe ; je remarquerai feulement que la direètion du vent change avec l'afpeift du foleil. Le vent fouffle de rÈft le matin, du Sud à midi , & du Sud-Oiiefl: le folr. Le coucher du foleil eft fuivi dun vent d'Oueft ou zéphir à peine fenfible. Pendant la nuit , le Thermomètre de Réaumur efl; ordinairement au feptiéme degré îiu-defllis de zéro. Le matin , lorfque le ciel eft ferein , il monte au dixième ou au douzième degré, mais quand le ciel efl; couvert, il ne s'élève pas au-defTus du fepticme ou huitième. Expofé à l'air lihre , à midi , iorfqu'aucun nuage ne couvre le loleil, il monte à peine à i y degrés. La température intérieure des maifons eft entre le douzième & le quinzième , & ne pafle jamais le dix-feptième, IV. Vers le pied de la IMontagne , on trouve, çà & là, de petites cabanes de bergers , dont la plupart font confl:ruites avec des poutres cylindriques , & couvertes de chaume ou de planches. On a choifi , pour leur emplacement, des lieux à l'abri de la chiite des rochers & des neiges; mais elles font trop éloignées des eaux Thermales. Il éroit donc néceffaire qu'il y eût une maifcn plus voifine, pour recevoir les malades. On en a bâti plufîeurs autrefois , dont on ne trouve pas même les veftigcs aujourd'hui , parce que , placées fur le penchant de la montagne ou dans la partie la plus baffe de la vallée , elles ont été abîmées par la chute des neiges &: des rochers , ou renverlées par les torrens débordés. Celle qu'on a bâti depuis peu , n'eft pas expofée aux mêmes ravages. Elle efl: folide , aflez vafle, à la fource même des eaux. Il y a un grand nombre de bains & d'étuves. V. Les fources d'eau Thermale fourdent à l'angle Méridional du Mont- Olh'A , vers l'endroit où la vallée commence à s'élargir. Je vais en faire l'énumération (ci. La première , qui fe rend dans l'ancienne foffe aux boues , paroît être un aflèmblage de plufieurs filets d'eau qui furgiffent du fond même de la fofle , & paffent à travers les boues. On l'a nommée le Fanghe , du nom vulgaire qui fignifie boue. La chaleur de cette fource eft entre 40 & 4.2 degrés (d). (c) La diftindion & la dénomination des (ôurces (ont l'ouvrage de M. Giavelli , Dofteur en Médecine, Propriétaire & Diredeur des eaux, ( ont été fi fort négliges jufqu'à ces derniers tems , qu'à l'exception d'un petit nombre qui fe font occupés férieulement à éclaircir une matière aulli intérefTmce, les Phyhciens fe (ont contentés de recueillir les expériences ,& les ob(èrvations éparfes d'autrui, & ont mieux aimé imaginer des hypo- thèfes fondées fur de tauiles opinions, que de voir & d'expérimenter eux- mêmes. Le prétexte de cette négligence eft peut-être la mauvaife réputa- tion dont a joui long-tems auprès des Médecins fages , la fe<3e des Chymiftes , & tout ce qui avoit rapport à la chymle, dont l'abus a caufé de fi grands maux à la médecine. Enfin M. Pringie a paru , & reprenant un fujet négligé depuis fi long-tems , il a ouvert une route à de nouvelles découvertes dans un pa)'s vafte & inconnu. Excité par l'exemple & les confeils de ce Médecin célèbre , je me fuis propofé de marcher fur fes traces , parce que je fentois toute l'utilité des expériences relatives à la putréfadion, & que la place que j'occupe, me procuroit le moyen de les faire avec commodité. Je n'ai pas cru cependant devoir embrafTer touc d'un coup l'hirtoire entière de la putréfadion. J'ai craint que mon atten- tion trop partagée, ne pût fe fixer fuffifamment fur chaque objet particu- lier. Je me fuis donc borné à faire des expériences (ur les humeurs du corps humain , & même feulem.ent fur les principales. Une connoiffance plus exade de ces humeurs m'a paru , plus que toute autre chofe , propre à répandre du ;our fur la caufe de plufieurs maladies internes, fur l'explication de leui-s fymptômes &: fur leur traitement. Comme le réfultat de mes expériences n'eft pas toujours conforme à celui qu'à obtenu M. Pringie, je m'attacherai principalement à expofer les caufes qui ont pu donner lieu à cette diverfiré. Je pafferai fous filence tous les eflais infrudueux que j'ai faits en grand nombre , avant de parvenir à quelque chofe de certain. Je ne parlerai que de ceux qui peuvent fournir quelque lumière. I. Un homme âgé de jo ans étant mort d'un idère invétéré, fans fièvre, j'ouvris, vingr-quatre heures après, fon cadavre, qui avoit été laifle, pendant ce tems, dans un lieu froid. C'étoit dans le cœur de l'Hyver. Je trouvai les gros inteftins farcis d'excréraens cendrés , & les inteftins 302 Mémoires de tA Sociêxiê rovale des Sciences '""^""^^^^ grêles paifemés çà & là d'une mucofité jaunâtre. Le canal cholédoque & ToM E P'. le conduit cyftique étoient libres. La véfîcule du fiel contenoit une énorme Année quantité de bile noirâtre. L'ayant percée, je reçus cette bile dans un verre; j_-_ elle étoit vifqueufe , tenace & médiocrement fétide. J'en pris une petite ■'' portion , fur laquelle je verfai une ou deux gouttes d'eau forte : il fe fit une effervefcence accompagnée de bulles d'air qui fe portoit à la furface de la liqueur, d'un fifflement qu'on entendoit diftinftement en approchant l'oreille du vafe, & d'une chaleur qui étoit même lenfible au taft. IL Je partageai le refte de la bile en trois portions , que je mis dans autant de vaifleaux ouverts. J'expofai ces vaifTeaux à divers degrés de chaleur, favoir; le premier, dans un fourneau échauffé au cinquantième degré du Thermomètre de Réaumur ; le fécond , dans un autre fourne. u échauffe au vingt-cinquième degré du même Thermomètre, & letroifième, à la température de ma chambre , qui étoit entre le feptième & le dixième degré. Vingt-quatre heures après, j'effayai l'adion des acides fur chacune de ces trois portions. Celle qui avoit éprouvé la chaleur de 35" degrés, étoit devenue plus claire , & donna à peine quelques marques de la plus légère effervefcence. La féconde portion , que j'avois expofée à une chaleur de 25" degrés , s'étoit aulfi éclaircie , & ne fit guères plus d'effervefcence avec les acides. Mais la troifième , que j'avois laiffee à la température de ma chambre , confervoit toute fa vifcofité , & l'acide y excita une effer- vefcence non moins vive qu'auparavant [ I ]. Quelques heures après , je répétai cette dernière expérience en préfence de MM. le ClievalierdeSaluce, Louis de la Grange , Cigna & Michel-Antoine Plazza , témoins éclairés & non fufpefts. m. J'avois auffi tiré des veines du cadavre une certaine quantité de fang dont la couleur tiroit fur le jaune. De l'efprit de nître afibibli , que j'y verfai fur le champ ^ y excita pareillement une effervefcence, mais beaucoup moindre que celle de la bile. Je mis le refie de ce fang er^ digeftion pendant quelques heures. Sa férolité jaune fe (épara de la partie rouge, qui demeura teinte d'une couleur jaunâtre. Je l'expofai à la chaleur des mêmes fourneaux que la bile ; mais il ne ceffa pas , comme elle , de faire effervefcence avec les acides, & à peine y eut-il, à cet égard, quel- que diminution fenfible. IV. Je crois pouvoir conclure de ces expériences; I ''. Que les humeurs peuvent , dans les maladies , devenir alcalefcenres au point de faire effervefcence avec les acides ; car il n'efl pas vraifemblable que cette dégénération ait été l'effet du féjour du cadavre , pendant vingt- quatre heures, dans un lieu froid, où des humeurs faines atiroient à peine contradé un pareil degré d'alcalefcence dans l'efpace de plufieurs jours. 2°. Qu'un léger degré de pourriture & de puanteur qui, hors du corps, ne feroit accompagné d'aucun figne d'alcalefcence , comme je le ferai voir plus bas, fuffîr, dans le corps, pour produire de l'alkali. 3 ^. Que l'alkali formé dans le corps eft extrêmement volatil & développé dans Id bile , puifqu'une chaleur modique de 2^ degrés fuifit pour le DE Turin. 30J _^.,_„,_ dinîper prefque ciuicrenu'nc en vingt-quatre heures ; mais que , dans le ;l ' ?„,' lan;^, il elt uni plus étroitement aux autres principes , ou moins volatil, _' puilqu'il s'en exhale une moindre quantité dans le même efpacede tems. As n ée & au même degré de chaleur. iVJi'' V. Cette dernière obfervation me donna lieu de conjefturer que , fi dans les expériences qui ont été faites fur la putréfaction , quelques Auteurs aiïlircnt avoir remarqué des figp.es non équivoques d'alcalefcencei tandis , que d'autres prérendent qu'il n'en exifte prefque aucun , cette différence pouvoit venir des divers degrés de clialeur , de la durée pTus ou moins longue de la putréfadion , & du plus ou moins de liberté qu'avoit l'alkali de s'évaporer. VI. Les mêmes expériences que j'avois faite fur la bile putride , furent répétées fur la biic faine, fur la partie rouge du fang& fur le /èrHm. J'en expofai 1 féparément trois portions aux trois degrés de chaleur dont j'ai parlé [ 11 ] ; j'clfayois tous les jours l'aftion des acides minéraux fur ces liqueurs ; je reconnus que, de toutes les humeurs, la bile efl: celle qui fait le plutôt eftervefcence avec eux (^2), & la bile humaine plus promptement encore que celle du bœuf. La partie rouge du fang fit elfervelcence avec les acides un peu plus tard, & Is ferum plus tard encore. Cette effervefcence le manifeftoit par les mêmes fignes que j'ai rapportés ci-deflus [I]. Elle eut lieu non feulement avec les acides minéraux, mais avec le vinaigre didillé trcs-aiioibli. Les portions d'humeurs qui avoient été expolées à un degré anihciel de chaleur , devinrent plutôt fétides , & leur état d'eftervef- cence fe manifefta plus promptement. Cet état parvint même plus vite à fon plus haut degré; après quoi, la chaleur demeurant toujours la même, non-feulement l'eftervefcence cefla d'avoir lieu (b) , mais la puanteur infupportable que ces humeurs exhaloient , fut changée en une odeuc herbacée qui n'étoit pas défagréable ( c ). Au refte la fétidité fe montra avant l'eftervefcence , & finit aulll plus tard. Vn. Sur l'effervefcence des humeurs putréfiées avec les acides minéraux , il eft à propos d'obferver , pour plus grand éclairciflfement , que je me fervois, pour l'ordinaire, d'une efprit de nitre fi foible qu'il n'excitoit que peu ou point de mouvement dans l'eau commune. On ne peut donc attribuer l'effervefcence à la concentration de l'acide (J). Je penfe même (j) Baglivi obferve que U bile efl, de toutes les humeurs, celle qui fe coFrom^t le plutôt , opâr. omn. page 459 , & Henninger, que c'eft celle qui donne le plus d'alkali, voy. Haller , not. i, ad, § 99 , injliiitt. ISoerhajv. (*) he fer mit , expofc à une clialeur de ;5 degrés, ne fit mcme iamais d'effervefcence, ce qui prouve que l'alkali fe didlpoit dans la mcme proportion qu'il Ce formoit. ( c) La bile, mi(ê dans un lieu ticde , devient bientôt rance & fétide _, & contraéle une odeur d'ambre. Bocr/uav. praUùi. § 99. J'ai obfervé la raétne chofe par rapport aux autres humeurs. (d) C'ed ce qui arrive à la bile (aine, qui fait effervefcence avec les acides trcs- forts, félon l'obfervation de Verrheyen & d'Homberg, Mémoire de l'Académie Royale , des Sciences, année 1700, par la mcme caufe, à peu-près , qui fait que l'eau commune s'échauffe lorfqu'on y verfe de l'huile de vitriol, lioerh. {hem. Tome II , pJ^i joi. J04 MÉiMOires de la Société royale des Sciences que cette concentration i'auroit empêchée ; les humeurs animales , fubl- • tement & fortement coagulées par l'acide concentré , réfifteroient à ce mouvement. L'eflèrvefcence a été très- vive avec le vinaigre diftillé, qui n'avoit pas la force de les coaguler ; j'ai même vu quelquefois cet acide faire élever en écume tout le jcrum putréfié. VIII. En réfiéchiflantfurles circonftances des expériences'de M. Pringle, je trouve qu'il a expofé les corps putrides qui en ont été l'objet, à une chaleur de i oo degrés du Thermomètre de Fahrenheit , lefquels répondent à peu-près au trentième de celui de Kéauniur. Or , à ce degré de chaleur, les humeurs animales fe putréfient très-promptement , il efl vrai, mais perdent aulîibien vite l'alkalefcence que la putréfaârion leur a fait con- trader. Ainfi , comme les limites du tems pendant lequel les humeurs qui fe putréfient , donnent des fignes d'alkalelcence , font irès-reflerrées; il a pu arriver fort aifément que M. Pringle n'en ait apperçu aucun s'il a fait fes expériences hors de ce tems, c'eft-à-dire, avant que l'alkali fût formé, ou après qu'il s'étoit exhalé. Bien plus ; quand même fes expériences auroient été faites dans le tems convenables , comme le degré de chaleur qu'il a employé , faifoit évaporer l'alkali dans la même proportion qu'il fs formoit , il n'a dû appercevoir que des fignes obfcurs d'effervefcence , tandis que j'en ai obfervé de très-fenfibles à une moindre chaleur. Jepenfe donc que , fi M. Pringle avoit employé le même degré de chaleur que moi, fes expériences auroient eu le même réfultat que les miennes; à moins qu'on ne veuille attribuer cette différence à la difpofition difterente des individus d'où les humeurs ont été tirées [ I. III. ] ou au différent degré de concentration des acides , ou enfin à quelque autre caufe que je ne puis pénétrer. IX. Après avoir diffous du fang en l'agitant fortement dans le rems •qu'il couloit de la veine , je le laiffai putréfier dans cet état de liquétadion. La couleur rouge éclatante qu'il avoit d'abord, devint peu-à peu bruns ou noirâtre. Ce changement ne fe fit pas en rnême-tems dans toute la mafle, mais il commença par la partie fupérieure , & parvînt infenfible- ment jufqu'à l'inférieure. X. Le fang liquéfié de la forte fe corrompit & donna des fîgnes 'd'alka- lefcence plus tard que la partie rouge du" fang féparée de la férofité ; parce que le ferum eft , de toutes les humeurs, celle dont la putréfadion eft la plus tardive. XI. M'étant afTuré , par les expériences précédentes , qu'une chaleur modérée fuffit pour diffiper l'alkali , je voulus effayer s'il feroit pollible de l'arrêter & de le recueillir. Je mis donc dans un alembic de verre de la férofité de fang tiré depuis quelques heures à des fébricitans. Je plaçai cet alembic dans un fourneau dont la chaleur étoit entre le vingt-cinquièire & le vingt- huitième degré duThermomètre de Réaumur. Le col de l'alembic paffoit par une ouverture pratiquée au couvercle du fourneau , afin que Je chapiteau qui y étoit adapté, ne confervùt que la chaleur de lo degrés, qui- étoit celle de l'appartement , Si que la vapeur put s'y raïuailer & s'y condenfer CE T U R I K» ^Of condenfer en liqueur. Je luttai une fîole au bec du chapiteau pour recevoir la liqueur diftillée. De deux jours l'un , j'en recueillois trois dragmes. Les ^j^T je, acides eurent fur elle une aftion différente en ditfcrens tems. La portion * qui vint la première, étoit claire & limpide, avoir la même odeur & la ^^^és même faveur que le ferum, & ne fit aucune effervefcence avec les acides l7Ji?» ni avec les aikalis. Celle qui vint enfuite, étoit légèrement fétide; elle avoir la même faveur & la même limpidité. Il en fut de même de la trolfième portion. Jufqueslà point d'effervefence. La quatrième exhaloit une odeur infede, étoit trouble, opaque, blanchâtre, mais ne fit aucune effervefcence. L'acide lui donna feulement une légère teinte rouge. La cinquième portion , favoir, celle qui monta après le dixième jour, fut de nouveau limpide; les acides y excitèrent une eifervefcence accompagnée de fifflement qu'on encendoit en approchant l'oreille du vafe, de bulles d'air & d'écume (e). La fixième portion étoit également claire , & fit une effervefcence moins vive. Voyant enfuite qu'il ne montoic plus rien à ce degré de chaleur, je caffai l'alembic pour examiner le réfidu. Je trouvai une croûte glutineufe , rouffàtre, femblable à du cuir , d'une odeur inlupportable , mais qui ne fit pas la moindre effervefcence avec les acides. Cette expérience démontre, fi je ne me trompe, que l'alkali s'exhale à une chaleur de 2j à 28 degrés, que , fi on le retient , il fait effervefcence avec les acides, & que la maffe qui refte , quoique très-fétide, n'eft plus alkaline , en forte que l'efi'ervefcence n'y a plus lieu. XIL Ayant mis du fang dans un vaiffeau exadement fermé, il con- ferva plus long-tems fon caraftère alkalin , quoiqu'expofé à une chaleur de 25 degrés. Lorfque j'ôtai le bouchon, des vapeurs s'échappèrent avec beaucoup de violence , & répandirent dans toute la chambre une odeur des plus infedes. Cette explofion efl: apparemment produite par l'air que la purréfaâion dégage. Cette expérience nous fait comprendre pourquoi les humeurs contenues dans les vaiffeaux du corps, quoiqu'à peine fétides, font déjà aikalines [IV. 2.] tandis que , hors du corps & dans des vafes ouverts, elles exhalent une odeur très-puante avant de donner des fignes d'alkalefcence [VI]. C'eft que, dans le premier cas , l'alkali eft retenu en dedans ; au lieu qu'à l'air libre , on ne peut le découvrir que lorfqu'il commence à s'en former une plus grande quantité qu'il ne s'en évapore. XIII. La férofité laine n'ayant donné de l'alkali qu'au bout de dix jours [ X ]. Je penfe que c'eft: là auflî l'époque de fa putréfadion , foie parce que, de toutes les humeurs, la férofité eft celle dont la putréfac- tion eft la plus lente. Je ne doutois pas qu'en diftillant quelque humeur déjà putréfiée , elle ne fournit de l'alkali. Je voulus donc répéter fur les humeurs corrompues la même expérience à laquelle j'avois fournis la féro- fité faine ; afin de pouvoir déterminer le tems auquel l'alkali commence à {() Je (ts cette expérience le matin , en prilênce de M. Cigna. L'ayant rcpéiée le fbir devant M. Bruni, elle ne manqua pas totalement, mais l'cffervedence fut moins forte, La liqueur n'altéra pas du tout ia couleur de la teinture de Tournefôl, Tome I, Q q JOlJ MÉMOrRES DE LA SOCIÉTÉ ROYAtE DES SCIENCES ^— ^*— — monter , & m'affurer fi la liqueur diftillée changeroit les couleurs bleues Tome F', des végétaux , ce que je n'avois pu voir dans l'expérience précédente. Année pour avoir ufé d'un trop grand délai. Je pris du fang putrérié & faiCant effervefcence avec les acides; c'étoit la feule humeur corrompue que j'eufle '75P* giofj fous la main. Je le mis dans un alembic de verre, & l'expofai au même degré de chaleur & dans le même fourneau que celui de l'expérience précédente. Le premier jour, il monta deux dragmes de liqueur. J'y mêlai dive» acides; il fe fit une violente effervefcence. Cette liqueur mêlée avec le Sirop Violât , lui donna un aufll beau verd qu'auroit pu faire fefprit volatil de corne de cerf. Ce Sirop ayant été rougi par l'eau forte, la même liqueur fit difparoître la couleur rouge , & rétablit la violette. La liqueur qui monta les cinq jours^uivans , eut le même caraiftère alkalin. Après ce tems, voyant qu'il ne montoit plus rien , je caffai l'alembic, & je trouvai au fond une croûte (emblable à celle dont j'ai parlé [ XI ], Cette croûte couvroit un refte de liqueur ayant la confiftance d'un Sirop, qui manifefta encore un caraâère alkalin, mais très-foible , en forte que l'ayant laiffée douze heures fur ma fenêtre , dont la température étoit alors d'environ 12 degrés du Thermomètre de Réaumur, l'alkali fe dillipa de manière qu'il n'en refla plus aucune trace, XIV. Il efl donc prouvé par l'efFervefcence avec les acides , & par l'altération des couleurs , que la vapeur qui s'exhale , à un léger degré de chaleur, des humeurs putréfiées, efl véritablement alkaline. J'aurois mieux aimé faire Teflai du changement des couleurs avec les humeurs putréfiées elles-mêmes. Mais l'opacité trouble du/èrum , la couleur rouge du fang, & jaune de la bile , auroient rendu ces expériences trop douteufes , & pour éviter toute erreur, je crus devoir préférer la liqueur limpide qui s'élevoit de ces humeurs par la diftillation. XV. Le réfidu de cette diftillation exhaloit une odeur très-fétide , quoiqu'il n'y eût plus d'alkali ; d'où il fuit que l'alkali peut, à la vérité, exalter la puanteur, & la rendre plus pénétrante, mais non pas la pro- duire, puisqu'elle fubfifle encore après que l'alkali s'eft entièrement diflîpé. XVI. Cependant comme , par l'effet de la chaleur continuée , non feule- • ment l'alkalefcence , mais la puanteur elle-même difparoît à la fin [ VI ] ; il paroît que cette odeur efl: auffi produite par des corpufcules volatils , mais différens des particules alkalines , fe formant ordinairement plutôt & s'évaporant plus tard [VIII]. D'ailleurs l'alkalefcence peut fe trouver jointe à une légère puanteur , comme nous l'avons vu [ XIII ] , & une très-grande puanteur peut exifter fans alcalefcence , comme la dernière expérience le fait voir [ XI XII J. Tout cela établit de plus en plus la différence qu'il faut admettre entre l'alkalefcence & la fétidité , différence que M. Pringle a démontrée d'une autre manière , en faifant obferver que les vapeurs de l'urine putréfiée ne font pas malfaifantes , quoiqu'elle con- tienne une plus grande quantité d'alkali qu'aucune des autres humeurs corrompues, tandis que les uiiafnies de celles-ci font très-dangereux. DE T u K r N. 307 XVIT. De tout ce qui précède , il réfulte que l'akali volatil n'eft pas le produit néceflaire de la putréfadiion , Hc que le degré de l'alkalefcence Tome 1", ne répond pas toujours à celui de la putridité. On peut en inférer encore A.\ n ts que, dans les végétaux, les fels naturels font transformés en alkalis volatils 17 70. par leur mélange avec les parties huileufes , effet du mouvement de la putréfaftion ; & que , dans les animaux , le même mouvement achevé de former ou développer l'alkali déjà ébauché par l'adion des vifcères , ou combiné avec d'autres principes. C'eft pour cela que la putréfaftion en- gendre une quantité de fel alkali volatil d'autant plus grande, que le mixte contient naturellement plus de fel & d'autres principes capables, par leur combinaifon , de donner aux fels préexiftans l'alkalinité volatile. En effet, les [plantes jacefcentes, & qui donnent un acide par la diftillation , ceffent d'en fournir lorfque , par l'aâiion des folides des animaux , elles ont été allîmilées au fang & aux humeurs (/). Ainfi changées , elles fe putréfient promptement , & l'analyfe en retire une grande quantité d'alkali volatil , au lieu de l'acide qu'elles contenoient naturellement ( % ). Les corps aftuel • leraent putrides , dillillés, fournifTent de l'alkali volatil encore plus promp- tement (/ï); la plupart des autres fels font détruits par l'aftion des vifcères & par la putréfaction , & l'on ne trouve plus d'alkali fixe dans les cendres des matières animales brûlées (i); les humeurs qui contiennent le plus de fel, comme l'urine, donnent audi le plus d'alkali volatil, en fe putré- fiant (')• D'après toutes ces confidérations , on ne peut guères fe difpenfer d'admettre le fentiment des Chymiftes qui attribuent l'origine de l'alkali volatil aux autres fels altérés par l'aftion des folides des animaux, par la putréfadion ou par le feu , de manière qu'il ne refte plus aucun vertige de leur ancienne forme (i). On aura moins de peine à comprendre à préfent comment les fels volatils peuvent avoir une vertu antifeptique (i), quoiqu'ils foient eux-mêmes des produite de la putréfaction. En effet, la quantité d'alkali qu'elle engendre, eft toujours proportionnée à celle des fels préexiftans ; & ceux-ci n'ayant pas fuffi pour empêcher la putréfac- tion , il n'eft pas étonnant que les fels alkalis qu'elle a fait naître , ne fuffifent pas non plus pour en arrêter les progrès. Cependant lorfque les fels naturels abondent extrêmement dans un mixte , il femble que l'alkali volatil formé de leurs débris , eft capable de retarder la pourriture. L'urine nous en offre un exemple. Cette humeur ne fe corrompt pas à un C haut (/) Micquer , Elem. de Chym. theor. Ch. \^ ■> p^^e i73 & 174, & Elera. de Chym. prai. Tome II, fJgn 377, 380. (^ ) Idtm. ibid. pii,e 381 & fuirant, (À) Idim, \\yA, fi2^es 378, 379. (;) Idem. ibid. fJ^es j8o, 581. (/■) Pringle, Trait, fur les fubft. fept. & antifept. Mém. i, Exper. ^■,f^^ic \6\. (k) Marquer, ibid. & fj«es 343, 344. 349, 350- . , (/ ■ !M. Pringle l'alTure, I. c. Mém. 1 , Exper. x , 3. Je l'ai fouvent obferve moi- même; -^ : •; e découverte a été confirmée par les expériences de M. Gilbert, theu de tuira. .L , Leipfîck, 1753 , §. 7, pj^e 1 j. Qq 'i 308 MÉMOIRES DE tA SoClÉTÉ ROYALE DES SCIENCES __^Mi.a,^ degré que les autres , & n'exhale pas des miafmes auflî malfaifans (m). ;;; 7^ XVIII. J'ai obfervé que l'urine laine ne fe putréfioit que dans l'efpace iJ. OM E 1 . j^ ^^^j^ jours , de manière à faire eflfervercence avec les acides ; au lieu Année q^g (-elle d'un homme attaqué de fièvre putride , eft parvenu en 24 heures 17^9' à ce désiré d'alkaielcence. Le fang tiré à cet homme parut auiïi plutôt alkalefcent que celui d'un pleurétique. Mais ces faits appartiennent à une autre clafle d'expériences dont je compte m'occuper dans la luite. XIX. Dans tout le cours des expériences dont ce Mémoire contient le détail, je n'ai pas voulu m'en rapporter uniquement à mes fens. J'y ai toujours appelle M. Bruni , ProfelTeur d'Anatomie , Membre de la Société Royale de Londres , comme un homme dont la fagacité pouvoit reâi- tier mes erreurs , & le témoignage donner du poids à mes obfervations. P. S. M. Navier (n) ayant expofé de la chair de bœuf à un degré de chaleur entre le neuvième & le vingtième du thermomètre de Réaumur, dans des vaifleaux exaâement bouchés , la putréfaftion la liquéfia. Il la diftilla alors au bain de fable , dans une retorte luttée avec le récipient. 11 en retira d'abord une liqueur claire , blanchâtre & fétide , qui rougit un peu le papier bleu. Il reconnut cependant que cette liqueur contenoit beaucoup de fel alkali volatil , puifque le mélange d'un alkali fixe en fit exhaler un efprit volatil urineux. Il pouffa enfuite le feu jufqu'à ce que la retorte rougit. Une liqueur femblable continua de monter alors pendant un quart d'heure ^ chargée d'une petite quantité d'huile. Elle fut fuivie d'un fel volatil blanc , concret , qui s'attacha en petite quantité au col d» la retorte , fous la forme d'une végétation , & de vapeurs qui s'élèvant pendant un quart d'heure, formèrent une huile groffière de couleur d'ambre. M. Navier ayant diftillé de la même manière de la chair fraîche au bain de fable , la liqueur qui monta à ce degré de chaleur , étoit limpide , & ne donna aucun figne d'alkalefcence. Le fel alkali volatil ne s'éleva qu'à un feu violent. Ces expériences font parfaitement conformes aux miennes. M. Navier n'a employé , pour la putréfadion , qu'une chaleur douce, & a renfermé la chair de bœuf dans des vaifTeaux exaftement bouchés. Voilà pourquoi l'alkali fut retenu & s'éleva à un degré de chaleur ttès-doux, diffbus dans la liqueur qui monta la crémière. La chair fraîche, au contraire, ne donna de l'alkali volatil qu'après que le feu eut été pouffé vivement (0). (m) Pringle, 1. c. Mém. i , Exper. i , page i6i, (n) J'avois déjà rédigé & même livré à l'Imprimeur mes observations, lorfque j'ai eu connoifTance de la dilTertation de M. Navier fur le ramollilTement des os. Les expé-i riences que ie cite, fe trouvent à la page 33. ( 0 ) M. Macquer obferve , Chym. prat. Tome II , pages ;78 , 379 , que c'eft une propriété commune à toutes les fubftances animales , de donner de l'alkali volatil à un léger degré de chaleur lorfqu'elles font corrompues , Si de n'en fournir qu'à un feu violent lorf^u'elles font fraîches. D E T U R I N. 30p SECOND ESSAI. Sur la putréfdâion des humeurs animales, 6* en particulier fur le Sérum & la Couenne. E toutes les humeurs , le pus me paroît être celle dont l'origine & la D nature font les plus obfcures & les plus incertaines. Il leflemble aux-j-oME II humeurs corrompues par (on odeur légèrement fe'tide ; mais il en diffère beaucoup par fon caradcrc doux, bénin & prefque balfamique. Son épaif- ■"■"^'^^ ^^ feur, fa confidance égale, fa denfité, fa blancheur doivent le faire regarder '7^o-'7^'. comme une humeur putride d'une efpèce toute particulière. La plupart ,,^,,^ go des Médecins & des Chirurgiens l'ont regardé comme un produit de l'aètion " vitale , parce qu'ils ne voyoient , hors du corps , aucune humeur préparée par la nature ou par l'art qui lui reflemblâr. Enfin le célèbre Pringle a découvert fa véritable origine & fa formation , & les a expliquées pac une expérience bien fenfible. Il a obfervé que leferum^ tenu en digeftion, dépofe un fédiment parfaitement femblable au pus. Cette découverte m'a paru mériter d'être vérifiée & perfeâionnée , s'il étoit polîîble ; & j'ai fait un grand nombre d'expériences qui confirment, fi je ne me trompe, la théorie de M. Pringle, l'éclairciffent, & développent les applications étendues qu'on peut en faire à la pathologie. J'en ai aullî fait, à cette occa- fion , quelques-unes fur la couenne. Je les foumets au jugement des Savans. I. J'ai conftamment obfervé que \sferum dépofe, en fe putréfiant , deux fortes de fédimens. Le premier s'en fépare dès les premiers jours lorfqu'on le tient en digeftion , fans que la liqueur foit d'abord devenue trouble ; il eft très-blanc ; il s'attache au fond du vafe ^ & il efl: d'autant plus épais que la chaleur delà digeftion, a été moindre à une chaleur moyenne, comme celle du dixième degré duThermomètre de Réaumur; ilétoit tout-à-fait femblable à cette membrane déliée qui fe forme dans les hydropiques , & tapifte leurs vifceres. Une partie de la matière qui fe féparoit du ferum , nageoit fur la furface, fous la forme de cette membrane. Le fécond lédiment (e dépofe plus tard, & \e ferum fe trouble toujours auparavant (a). Il eft d'abord moins compaifte & d'une couleur plus cendrée ; mais il prend infenfible- ment, avec une couleur blanchùtre, plus de confiftence & d'opacité. Lorfque la chaleur de la digeftion étoit un peu forte , le premier fédi- ment fe confondoit tellement avec le fécond , qu'il n'étoit plus pofTîble de les diftinguer. Le premier alors étoit en petite quantité, &, dans un vafe d'une palme de profondeur , il occupoit à peine au fond , une épaif- feur de deux ou trois lignes. Le fécond étol: plus abondant ; il excédoit (a) Pringle, Tome II, Trait, fur les fubft. fept, & antifèp.Exper, KLV,rage ijj. 510 MEMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SCIENCES *'^™*^™— le tiers du volume du ferum. Le premier fédiment Ce dépofe , comme je Tome II. l'ai dit, dans l'efpace d'un ou deux jours, à une chaleur égale à celle du A J^ vÉ £s corps humain. Le fécond ne fe dépofe qu'au bout de cinq ou fîx jours, 1760-1761. °" même plus tard. II. Le fédiment fe dépofe d'autant plutôt , que la chaleur eft plus forte. J'ai cru remarquer qu'il fe dépofoit beaucoup plus promptement dans des vaiffeaux étroits que dans de plus larges , lorfque la furface du ferum étoit couverte d'huile. Il m'a femblé auili qu'il fe dépofoit un peu plus tard dans des vaiffeaux fermés hermétiquement , que dans ceux où j'avois ■feulement verfé de l'huile fur la furface du ferum , & plus tard dans ceux-ci que dans ceux où le ferum étoit expofé au contaâ de l'air. III. Au refte, quoique le fécond fédiment fût ordinairement d'un blanc cendré , opaque & homogène , & qu'il occupât le fond du vafe dans une pofition horizontale ; il fe montroit quelquefois dans un état différent , fur-tout fi lejerum avoit été fourni par un fujet dont les humeurs étoient viciées , ou fi fa couleur étoit altérée par la bile ou par quelque autre humeur. Ce fédiment étoit alors inégal, divifé en floccons , & s'amaffoit, partie au fond , partie à la furface ; c'eft ce qui arrivoit principalement lorfque les vaiffeaux étoient ouverts & expofés à une chaleur égale à celle du corps humain ou plus forte. La partie la plus tenue de la liqueur s'évaporant avant que le fédiment fe dépofât , ce dépôt fe faifoit fi confufé- ment, qu'il étoit' plus ou moins noir, fétide, glutineux & femblable au réfidu du ferum diftillé (b ). IV. C'eft à ces caufes ou à d'autres femblables qu'il faut attribuer, je penfe, la couleur verte que M. |Pringle a trouvée à la liqueur qui furna- geoit au-deffus du fédiment (c). J'ai obfervé moi-même deux fois cette couleur dans d\i ferum fourni par des fujets ibériques, expofé à une chaleur de 2j degrés. Mais lorfque j'ai employé du ferum fourni par des perfoimes faines , & que je l'ai tenu en digeftion , couvert d'huile , ou dans des vaiffeaux fermés hermétiquement, à une chaleur de 2j ou 30 degrés, la liqueur qui furnageoit, étoit conftamment fans couleur, & d'autant plus limpide qu'elle avoit été tenue plus long tems en digeftion. V. Il n'eft prefque pas néceffaire de dire que , quand le fédiment f dépofoit, il s'échappoit toujours du /èr«m une certaine quantité d'air, qui paffoit , en forme de bulles , au travers de l'huile qui le couvroit. Cette quantité d'air, étoit quelquefois fi confidérable, qu'il failoit éclater avec fracas des vaiffeaux même affez forts , fermés hermétiquement , fur-tout lorfqu'il y avoit beaucoup de ferum & peu d'efpace vuide. VI. C'eft cette preffion de l'air , à ce que je crois , qui fait que le fédiment fe dépofe plus tard dans les vaiffeaux fermés hermétiquement [II]. On fait en effet par des expériences démoriftratives de Boyle , que le (t) Voy. le premier Eflai fut la putréfaflion des humeurs animales. iO L. c. B E T U R I N. 5 1 r mouvement inteftln des liqueurs, Si , par conféquent, celui de la putréfac- ^^'^'''^TT tion, d'où dépend la féparution du lédiment , eft retardé ou empêché en Tome II. railon de la compreflîon que ces liqueurs éprouvent. Années 1°. Le pus eft blanchâtre , opaque, épais (li). J'ai déjà dit que le 1760-17151. fédiment a les mCmes qualités. 2°. Le pus fe diflbut dans l'eau, & le repos fufïit enfuite pour le faire dépofer (e). Je me, fuis alTuré par l'expérience, qu'il en eft de même du fédiment. 3°. Le pus ne fe co.igule pas par l'aétion du froid (/). Le fédiment ne fe coagule pas non plus. 4-'. Le pus bien conditionné a prefque toujours de la puanteur (g), mais légère & à peine fenfible ( h ). De même , lorfque le fédiment fe dépofe, il n'exhale qu'une odeur tiès-peu fétide ( i) ; les acides n'y excitent encore aucune «ftervefcence ; j'ai même oblervé qu'il fe coagule par leur action & par celle du feu , ainlî que la liqueur qui furnage au-de(l'us , ce qui n'arrive point au yèrMin tout-à- tait putrélié(Â). J'ai également reconnu par l'expérience, que le pus fe coaguloit par le mélange de l'alkool & des acides, & par Taêtion d'une chaleur à peu-près égale àcelle qui coagule le fédiment. Ces propriétés communes concourent fortement à prouver que le pus tire fon origine du /erum. y". Enfin on prétend que le pus eft inflammable (O; l'analyfe du ferum prouve aulll qu il n'eft pas dépourvu de particules phlogiftiques (m). VIII. Les phénomènes qu'otfrent les plaies , viennent à l'appui de notre fyftème. Selon Boerhaave, après que 1 hémorragie a cefle , dans une plaie , il en coule une humeur claire , rougeâtre , tenue ( n ) , qui , au bout de' trois ou quatre jours, plus ou moins, devient tenace , blanche , grafle , d'une conhftence épaifle, en un mot, qui fe change en pus (0), Si l'otï confidère que ce changement n'a pas lieu lorfque la plaie n'eft pas couvert© d'une croûte qui fe forme naturellement, ou d'un emplâtre (p ) ; on com- prendra aifément, (i je ne me trompe, comment le pus eft laifte dans les plaies par \e ferum épanché, après la réforption de la partie la plus tenue de ( J) Quefnay, di U fuppurjtiony pjgis i, 5. M. Efchenbach dit qu'il eft d'un blanc tirant fur le jaune, prix ds l'Acjd. de Chir. Tome II, pd^^e 571. (f) Traité des Tumeurs & des Ulcères, Tome I , pu^e 39, (/) Idem. ibid. (j) Idem. xhiJ, (h) Quefiiay, 1. c. Elchenbach , d'après Aquapcndente , 1. c. pjge 373. Grashuîs," iiiJ, pjfi 17 9. ( O Pringle dit que le ferum Ce trouble avant de devenir fétide, L c. p3;;t z8i. (A) Haller, d'après Malpighi , tUm. phyjiol. Tom. II, pa^i 131. Schwencke dît pourtant que le jtrum putride ft coagule , aptes l'efFervelcence , avec les acides misé- raux trcs-concentrés, A^mj/o/. ^j^^e 134, (/) Haller, 1. c. pi^e 118 , note h, (m) Idem. ihid. page 139. ( n) De coi;nojc, & cunnd. morb. aphor. I jS , n. 4. . («) Ibid, n. 7. , (/») Van-Swieten, comment, § 158, n. 4, TomeI,/jg< xjo.Grashuis,!. Ci/<^»»Î7« 512 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SciENCES ^__^BB celui-ci. Je ne doute pas qu'il ne foie formé d'une lymphe épaiffie , quoî- ^ TT qu'un Auteur célèbre foutienne que la lymphe ne s'épaillit jamais , quel- que tems qu elle lejourne dans une plaie (q) , Se qu elle iert leulement a Aff A'Ess j-3[x,ollir les extrémités des artères pour qu'elles laiffent échapper la matière 17*0-17*1. phlogiflique qui doit être changée en pus (r). Ne voit-on pas tous les jours , dans des plaies fans inflammation, ou même dans un état oppofé à l'inflammation , s'établir une fuppuration louable , qui favorife la guérifon & produit même la cicatrice ( i ) ? Les paupières des enfans , qui ont demeuré collées pendant quelque tems , rendent fouvent une matière fem- blable (f ) , fans qu'il y ait aucun ligne d'inflammation ni de fuppuration. M. Pringle ajoute à ces raifons que les fêtons occalionnent un aifoibliffe- ment confiJérable par la grande quantité de pus qu'ils fourniffent journel- lement ( u ) ; ce qui n'arriveroit pas fi la matière n'étoit fournie que par la partie , & non aux dépens de toute la malTe des humeurs. M. de Haen obierve lui-même que le pus coule quelquefois des plaies en fi grande abondance , que les bleffés meurent d'épuifement. Mais la matière phlo- gifliique ftagnante dans l'extrémité des vaifleaux , ne paroît pas pouvoir égaler feulement la centième partie du pus. Tous ces effets fe conçoivent bien plus facilement dans le fyftême qui rapporte l'origine du pus à la dégénération du femm (v) , fans qu'il foit néceflaire de fuppofer qu'il fe forme dans les vaiffeaux ( x). D'autant plus qu'on voit quelquefois , comme îp l'ai dit , du pus bien conditionné dans des plaies fans inflammation locale, & fans altération dans la maffe générale des humeurs (j). IX. Le fédiment du ferum , qui eft d'abord clair & peu épais , devient plus compacte, blanc & opaque par une digellion continuée. La même chofe arrive au pus fourni par une plaie ou une inflammation. Il eft d'abord gqUeux & limpide , & ne prend de l'opacité, de la confiftence & de la blancheur que peu-à-peu , & à mefure qu'il fe digère & fe mûrit , comme on dit. X. Dans les inflammations , le ferum s'épanche avec la partie rouge du fang dans le tiffu cellulaire (f). On peut comprendre par là pourquoi le pus des inflammations eft plus putrefcible (a); car il réfulte des expé- riences de M. Pringle (b) Si. des miennes (c) , que la partie rouge du fang eft plus inclinée à la putréfaâlon que le ferum, (^) De Haen, Tome II, p.i^es Ji-Jô. (r) Idem. if'iJ, pages 3 7-4 3 • (j) Quefnay, 1. c. pjges 6, 7, ( r ) Grashuis , 1. C. fJge 199, («)L. c. (v) Fa«es 44, 45. (.v) De Haen , 1. c. & Quefnay, I. c. pa^es 6, 7. (jy ) '/■'J- ij) Haller. E/em. phyfiol. Tome I,/'J^<'S37, 38, Iiy» Ilff. (j) Qiiefnay, 1. c. /?JJ« IJ. (A) Epérience XLI. ■- i«) Voyei le ftenuet eflài fur la puttéfaftion des humeurs animales; XI, D E T U R I K. 515" XI. Au refte le ferum peut ctre dirpofé de manière à dépofer fon fédi- _ dimenc avec plus ou moins de facilité ; comme il paroît par l'exemple t^ TT de ces furoncles qui, dès le premier jour , commencent à fuppurer (d), & de ces efquinancies qui tournillent du pus à la même époque (e). Si le ■"■''''' é ss pus fe forme alors (/) en moins de tems que le fcdiment n'en met à fe '7fo-i76i. féparer du ferum , à une chaleur égale à celle du corps humain, je l'attri- bue à la difpofition particulière dont je viens de parler , à l'excès de la chaleur inflammatoire fur la chaleur naturelle , & à la petite quantité de ferum épnnché [II] ; & je n'oferois décider s'il eft polîible qu'il forte quelquefois des vaifleaux , du pus déjà tout formé [VIII]. Ce que j'ai dit , fait comprendre pourquoi le tiflu cellulaire eft ordinairement le ficge du pus (g), fa laxité le rendant propre à recevoir le ferum épanché ; & pourquoi la difparition de l'œdcme qui furvient à une partie enflammée eft un figne de réfolution (h) , le ferum étant alors réforbé avant d'être changé en pus. XII. Le ferum épanché qui forme les hydropifies, ne fe putréfie ordi- nairement que bien peu (i) ; car il ne fait eftervefcence ni avec les acides , ni avec les alkalis (k); les acides (l) l'alkool , le feu (m) le coagulent comme la férofité faine, Je l'attribue à la conftitution froide des malades , à un refte de circulation de l'humeur répandue , & à ce qu'elle remplie entièrement les cavités où elle fcjourne , circonftances qui doivent retarder fon altération [II]. Il ne faut donc pas être furpris fi ce ferum ne forme point alors du pus , mais feulement un fédiment fcmblable au premier dont j'ai parlé [I], qui couvre les vifcères fous la forme d'une membrane. Mais lorfqu'il fe putréfie davantage , ce qu'on connoit par la foif , la fièvre , les éréfypèles & ia tympanite , il fe forme de vrai pus , comme les obfervations le démontrent (,n). Lorfqu'il eft encore peu corrompu & fans odeur , j'ai obfervé qu'il dépofoit un véritable fédiment par la digeftion. Cela prouve que les membranes qui tapiflent les vifcères des hydropiques, font formées, non par la matière du fécond fédiment; mais par celle du premier, puis- que celle-là y exifte encore , & peut fe dépofer enfin par l'efièt d'une digeftion plus long-tems continuée. XIII. La membrane des hydropiques dont je viens de parler (o) , (d) De Haen , Tome l ■, pjgeî 10, it, (< ) Ibid. p.t^e îi. (/) Quefhay dit que , dans les plaies enflammées , on trouve du pus dès le fécond ou troifième jour, 1. c. pj^es 19, lo. (g) Grashuis, l. c, page 195. (A) Queftay, 1. c. pages 23, 14. (i) Bohn , Uthjl. vulmr. page 149. (A) Haller , 1. c. ;;j,'; 134, (/) Uid. d'après Malpighi t pagt 136, note m, (m)L. c. (n ) yoyi^ la difTert. de Sairman , fur un abcès interne d'une grofleur prodigîeulêj c'eft la cent vingt-fîxicme des thèfes recueillies par M. de Haller. ((?) La membrane qui tapilTe les vi/cères enflammés , oflie les mênles phénomènes." Xomj /. R r 514 Mémoires de la Société royalf. des Sciences — — — — ayant été mife en digedion dans un fourneau , s'eft réduite en une gelée Tome II. ^ l'iquelle j'ai trouvé toutes les qualités du pus [VIIJ. C'eft ainfi que le A . premier fédiment prend , par une digeftion continuée, la nature du (econd, .\EEs ^^. ^^ véritablement purifarme , & fe confond avec lui [I]. Tout cela .1750-17^1, ^^ perfuade que la membrane des hydropiques & les deux fédimens font fournis par une même matière , laquelle , par une moindre digeflion , fe dcpofe en moindre quantité, & torme ou le premier lédiment ou la mem- brane , & , par une digeftion plus adive & plus longue , devient plus abondante, & forme le lecond fédiment, qui eft un pus véritable. XIV. Quelques Auteuts ayant prétendu que la graifle fournit feule ou prefque feule la matière du pus (/>), je voulus voir ce qu'elle deviendroit en la mettant en digeftion. Mais j'obfervai qu'elle ranciflbit , le putréfioic & devenoit jaune , lans dépofer aucun fédiment ni rien d'analogue au pus. Je crois donc qu'elle efl: plus capable de vicier le pus que de le former. On fait , en effet que les ulcères véroliques , dans lelquels une graifle rance & putride fe mêle au pus, font communément fordides, & donnent une mauvaife fuppuration ( ^ ). XV. Le fang tenu en digeftion , même pendant un tems fort long , dans des vailTeaux fermés hermétiquement , eft devenu feulement plus fluide , & d'une couleur foncée ; mais il ne s'eft pas dlvifé en diverfes parties , & il n'a fourni rien de femblable au pus , par la couleur & les autres qualités. Je regarde donc comme peu probable , l'opinion de ceux qui attribuent l'origine du pus aux globules fanguins atténués par le mouvement vital ( a ). Il eft plus vralfemblable que le fang , mêlé avec les autres principes du pus, ne fert qu'à le rendre plus fétide & de m.auvaife qualité , comme je l'ai remarque [ X ] , par rapport au pus des inflammations ; & j'ai même obfervé qu'en mêlant du fang avec le yèrum , le fédiment eft plus foncé & plus fétide. XVI. Pareillement , la bile , mêlée avec le [trum , altère d'autant plus la couleur du fédiment , & lui donne des qualités d'autant plus éloignées de celles du pus , qu'elle abonde-davantage. Voilà pourquoi les abcès du foie fournifl"ent rarement une fuppuration louable, comme il eft prouvé par l'obfervation (i ) , & l'éréfypèle donne une matière ichoreufe plutôt qu'un vrai pus ( S* ). l-es meliceris & autres tumeurs froides , dont la fuppuration eft tardive , ftroient-ils produits par la même matière ? (p) Grashuis , 1. c. fJ^es 197, zjj. (î) Idem. iiiJ, (r) Platner , C/iirurg. 5 î4. Quefîiay , Trait, de la (âignée , f.i.?w 418,419, prétend que le pus eft formé par la couenne, &jOj^>« 415, 4 i^ j dit que la couenne elle-même eft formée par la partie rouge du iàng , qui eft détruite , & change de couleur. (i) Au moins quand l'abcès Ce ttouve dans la fubflance même de ce vilcère, car je ne nie pas qu'il puiiïe fe former du pus louable fbus Ci membrane , lorlque Con paren-r chyme n'eft pas affedé. (S'^ Cottet , Jy/1, frjx,§ lio & ailleurs. \76o-iT6i, deTurin. 315: XVII. Je voulus favoir enfin quel feroit le produit des parties folides "— ™'^— ' mlfes en digeftion. Je plongeai des morceaux de viande dans de l'eau & Toms II. dans du ferum ; après y avoir attaché du petits poids pour empêcher que A jf jv é£s devenus plus légers par la putréfaâion , ils ne montaftent à la fuperficie. Je couvris d'huile l'une & l'autre liqueur , & j'expofai les deux vafes à une chaleur de digeftion. Le morceau qui étoit dans l'eau , fe changea en une efpèce de poudre pâle qui n'avoit aucune analogie avec le pus ; l'autre , qui étoit dans \e ferum, fe divifa en petits filamens qui , mC-lés avec le fédiment purulent , en altérèrent l'égalité & la couleur ( r ). XVIII. De tout ce que j'ai dit, il réfulte évidemment que le pus n'efl pas le produit du mouvement vital (u), fi ce n'eft en tant qu'il eft la caufe efficiente de la chaleur , laquelle favorife la dégénération fpontanée des humeurs ; il réfulte encore que la matière du pus n'eft pas fournie par la partie rouge du fang , la graille , la bile ni les parties folides , mais par le ferum feul , & que toutes les autres humeurs ou les parties folides , mêlées avec le ferum , altèrent le pus. XIX. L'ichor Si la fanie font donc produits par la dégénération d'une humeur quelconque mêlée avec le ferum , enfuite d'une longue flagnation , ou d'une chaleur trop forte ou inégale ; par le vice du ferum lui-même, ou enfin par le mauvais état de la partie , qui répand une férofité falée ou dépravée de quelque autre manière. C'eft peut-être par cette raifon que la BelUdona. & la Ciguë , qui font narcotiques, & relâchent les vaifleaux, changent en pus bien conditionné l'ichor cancéreux , &: procurent une fuppuration fi abondante, que les malades en fcnt quelquefois épuifés (1). XX. Si l'on garde long-tems du fenan dans un vaifiTeau fermé hermé- tiquement, il devient de plus en plus limpide [IV], après que le fédiment s'eft dépofé , de manière qu'il relTemble enfin à l'eau de roche la plus tranf- parente. Mais, à cette époque, le fédiment eft dilîîpé prefque en entier, & il ne refte plus à fa place qu'un petit amas de frat;mens menus , fem- blables à une fubftance calcaire ou à du fable ( r ). C'eft ce que j'ai obfervé dans du ferum que j'avois gardé pendant plufieurs mois. L'eau qui fur- nage alors, eft toute évaporable & fétide. Elle devient feulement un peu opaque & laiteufe par le mélange des acides concentrés , & fait avec eux une vive effervefcence , fans cependant fe coaguler. L'eftervefcence n'a (/) De Haen nie que lei parties (ôlides le changent en pus, & que l'homogénéité de cette humeur pulllè être altérée par les filamens des parties lôlidss que lô.n acrimonie détache. (k) C'étolt là l'opinion coirmune des Médecins (^Voy. Boerhaave , aph. 38, &Ia plupart des autres Auteurs aiMnt que 1\1. Pringle eJJt fait voir qu'il fê forme une humeur purulente par la feule di'géncration du jcrum. ( V ). Sur U Bilhdonj , voy. de Haen , 1. c. pj^es 43,4iî,&fîirla cîgue > Storck , rfe cicut. page 104 , coroll. 8. { At I M. h'Uer a trouvé dans du Itrum deffeché, de? molécules friables, fcmblables aux tophus des goutteux. Foyei IVIémoires de l'Académie Royale de Berlin , Tome XI, Rr ij Sl6 MéMOIRES DE tA.S0ClÉTÉ ROYALF. DES SCIENCES .^.^,^_,_ plus lieu fi on la laiffe feulement pendant deux jours à l'air libre. La fubftance -— ~~~~ calcaire dont je viens de parler, feroit-elle la matière propre du Skirre ? Tome II, XXI. On voit, par ce que je viens de dire , de quelle manière il faut Ajvnéjss interpréter M. Pringle, lorlqu'il dit que le fédiment , une fois formé, ne 17^0-1761. change pas de couleur , & ne fe reméle plus avec le /erum Cj). Le fédiment eft formé, félon lui, par la terre élémentaire deftinée à la nutrition. Pour vérifier cette afTertion , je voulus voir quelle efpèce de fédiment fourniroit le fcram des animaux dont les os avoient été temts en rouge par l'ufage de la carence. Mais le fédiment fut comme à l'ordmaire , d'un blanc un peu XXn. Je fus curieux de favoir r-ufll ce que deviendroit \e ferum coagulé ' par l'aétion du feu , en le mettant en digeftioii dans un vailTeau fermé. Il le fondit peu-à peu , laiffa éch::pper un peu d'eau , & fe convertit en une efpèce de gelée , qui , après s'être ramollie peu-à- peu , dépofa une matière parfaitement femblable au p'-euiier fédiment [ I ] , & fe dilTolvant enfuite de plus en plus , fournit cette autre efpèce de fédiment calcaire dont j'ai parlé [ XX ] , fur lequel nageoit une eau très limpide. Mais tous ces effets ont eu lieu plus tard que dans le ferum non coagulé ( f ). XXIII. Le blanc d'oeuf, mis en digeftion , a éprouvé les mêmes change- mens , & m'a offert abfolument les mêmes phénomènes que le feriiw. Il devint très-fluide , après avoir dépofé fon fédiment. Mais ces effets eurent aufll lieu plus tard que dans le ferum , & le fédiment fut plus cendré , & prefque noirâtre. r- t , • r , XXIV. Quelques Auteurs ayant penle que la couenne etoit formée de la même matière que le pus (a) , j'ai cru devoir la foumettre à quel- ques expériences dont je vais expofer le réfultat. M. Pringle a obfervé que la couenne , couverte d'une foucoupe, en été ,'tomboit en deliquhim au bout de quelques jours ( è ). Je me fuis affuré que le même changement a lieu dans des vaifTeaux fermés herméti- quement , en forte que la couenne devenoit fluide d'autant plutôt , qu'elle était moins épaiCfe & moins compade , à mefure qu'elle fe ramoliffoit, elle rougiflbit de plus en plus , quoique j'eufle efluyé exactement tout le fang qui y étoit adhérent , de forte qu'elle fut tout-àfait rouge, après s'être fondue. Je comniençois à foupçonner que la couenne étoit en eHet formée par les globules du fang , qui avoient perdu leur couleur. XXV. Mais m'étant enfuite procuré des couennes très- blanches (c) & (7) c'eft'apparemment ce qui a faît croire à M. Petit que le firum coagulé par le feu, ne fe difTout pas par la putréfaflion, epi/i. 11, page z$. ... ( a ) Quefnay, de UJaionéi , nouvelle édition , p^g. 418,419, penfe que la croûte glai- reufe eft formée par la partie rouge du fang , tellement dccompofee par l'adion augmentée des vaifTeaux, qu'elle en perd fa couleur. V.q/ei aufli Sauvages, de l'influmm. § 87, de Haen , paft. H , pjges 17 & ii. (b) Expérience LXII. ... j {c) Elles éioient parfaitement blanches parce que je les avois lavées , pendant vingt- uatre heures, dans plulîeurs eaux, ^uj en avoient été rougies. DeTuRIN. 3ij molles , i'obfervnl qu'elles fc réiol voient en une liqueur limpide, fans cou- leur & ("emblable à de l'huile. Il me pniut donc plus vraileniblable que la ^ rougeur de la couenne, dans l'expérience précédente, venoit de quelques -^^"^ ^ ^• globules fanguins qui y étoient engagés , & qui s'en étant féparcs , pendant ^-v^^^s qu'elle fe dilHolvoit , étoient redevenus vifibks (i). Queinay obferve en "760-1761. etlet ( e ) que la couenne retient quelquefois un {i grand nombre de '^lobules fanguins, qu'elle en ed: toute rouge, qu'on la confond avec le coaguhim du fang, 6c qu'il n'eft pas pollible d'en reconnoître l'épaiffeur, à moins qu'en la fendant avec un couteau, on n'obferve jufqu'à quelle profondeur la dureté & la réliftance fe font fentir (/). XXVI. La couenne diflbute. & changée en une liqueur huileufe, étoit fétide j cependant les acides & le feu la coaguloient encore , &^ ce qui a plus de rapport avec mon fujet , quelque tems qu'elle eût été tenue en digeftion , dans un vaiiïeau fermé hermétiquement , elle ne perdit pas cette forme huileufe, ni ne dépofa de fédiment puriforme, mais feulement un très-petit nombre de molécules femblables à une poudre très-fine & cendrée. 11 eft donc probable que la couenne eft formée par des parties du feniin différentes de celles qui compofent le fédiment^ & qu'elle diftere aullî de la membrane des hydropiques , puifque celle-ci , tenue en digeftion , ne devient pas fluide , mais puriforme [ XIII ]. XXV II. La chaleur coagule de nouveau la couenne diflbute. On com- prend par-là pourquoi la couenne fe dilfout plutôt dans l'eau froide que dans l'eau chaude, ainfi que M. de Haen l'a oblervé (g). C'eft que , comme le ferum , elle tombe plus tard en deliquium, lorfqu'elle a été endurcie par la chaleur de l'eau [ XXII ]. Au refte . la chaleur de digeftion diftbut la couenne d'autant plutôt , qu'elle eft plus forte , pourvu qu'elle excède peu la chaleur du corps humain. XXVII [. L'humeur qui doit former la couenne , étant d'abSrd fluide lorfqu'on tire le fang, & fe ramaflant à la furface fous la forme d'une huile , qui , par le repos , fe condenfe , & forme une croûte (h ) , je voulus effayer fi, femblable à la glace, elle recouvreroit fa fluidité primitive, en l'expo- fant à une chaleur égale à celle du corps humain. Mais j'oblërvai le contraire. Elle ne fut dilToute qu'au bout de deux jours ; elle étoit déjà fétide alors , & le froid ne lui redonna plus fon ancienne confiftence; d"ou je conclus que cette diflblution eft l'effet de la putréfaction , & non pas de la chaleur. XXIX. Quelques Auteurs ont prétendu que le nître , l'eau nitrée, Se (J) J'ai vu une couenne qui m'a paru propre à répandre du jour fiir la manière dont cette croùt* Ce forme. Elfe étoit cpailTê , dure & fortement attachée au cjj^'u.'Hm qu'elle recouvroit. Vers le bord de la palette, elle fe prolongeoit en une membrane mucqueufê, qui Ce ramollifl^int peu-à-peu , fembloit être une produrtlon du Jemm dans lequel elle étoit plongée, formant une efpèce de couronne autour du coagu/um, ( pige 114, 320 MéMoiRBS DE r.A Société royale des ScrENCEs Il coagule de nouveau lorfque l'alkali s'eft évaporé , de façon cependant iïT" ~ jij qu'elle ne recouvre pas fa première confiftance & fa première couleur , mais qu'elle prend la forme d'une gelée molle & tremblante ( c ). J'ai A.vNEEs voulu (avoir ce qui arriveroit en verfanc de l'eau ou des acides fur la 1751-175J. folution de la couenne par les alkalis. L'addition de l'eau fit ramaffer la membrane dilfoute à la furface de la liqueur , fous la forme d'une gelée , ce qui prouve que la couenne n'acquiert pas un caraftère favonneux dans fa diflolution par les alkalis volatils , puifqu'elle n'efl: pas foluble dans l'eau, L'efprit de nître précipita fur le champ au fond du vaiffeau la croûte diffbute, & la fit reparoïtre fous fa blancheur & fa confîflance premières. Il fuit de-là que fi la couenne diffoute forme une efpèce de gelée par l'évapora- ' tion de l'akali volatil ou par le mélange de l'eau , c'eft parce qu'elle retient , en fe coagulant, des parties aqueufes dans fes pores; & que, fi les acides minéraux lui rendent fa forme & fa denfité primitives , c'eft parce qu'ils s'uniffent à l'eau ainfi qu'aux alkalis & l'entraînent avec eux. 4.. Je voulus encore examiner la nature de la matière fabuleufe à laquelle fe réduit, par le laps du tems, le fédiment puriforme de la férofité {d). Pour cela , je le mêlai fuccellîvement avec différentes liqueurs, favoir, l'eau, l'efprit-de-vin , le vinaigre diftillé, l'efprit de nître &; l'alkali volatil. Les trois premiers menftrues n'eurent aucune aiSion fur elle ; mais elle fut promptement & parfaitement dilToute par les deux derniers. Ces concrétions ne font donc pas de nature faline puilqu'elles font indiflolubles dans l'eau. Elles font femblables à la partie albumineufe du fentm en ce que l'efprit- de vin ne peut les difToudre , &c que les alkalis volatils les diffolvent très- bien ; mais elles en diffèrent par leur diffblubilité dans les acides minéraux , lefquels coagulent au contraire la partie albumineufe de la férofité. j. Il fuit encore de là que ces concrétions terreufes diffèrent de la matière tophacée des goutteux; car celle-ci s'eft diffoute en vingt-quatre heures dans le vinaigre diftillé & dans l'efprit de fel , & n'a pu fe diffbudre dans l'efprit de fel ammoniac, de corne de cerf & d'urine (e)^ propriétés oppofées à celles de la concrétion terreufe dont je parle. Cette concrétion ne diffère pas moins des calculs , foit urinaires , foit biliaires, dont j'ai vu quelques uns n'être point entamés par les mêmes alkalis. 6. Ayant gardé pendant long-tems dans des vaifleaux fermés, de la couenne qui s'étoit diffoute fpontanément (/) , je remarquai que cette liqueur trouble avoir formé des concrétions tout à-fait femblables à celles qui font produites par le fédiment purulent duferum , & qui, foumifes aux mêmes épreuves , décéloient une même nature [ 4 ]. Il paroît donc que la couenne diûToute diffère moins de ce fédiment purulent ', qu'on ne (<:) EfTai 71. § 50. (d) roy(i EfTaîII. § ^o. (f)Pinelli >f^,'',ç/o deUe tranfaiioni ■, Tome IV, pjse 157; {/) EfTai II. 5 20. feroit r deTuriNo 521 feroir porté à le croire d'abord (g), vu la diverfité de couleur & de ._^i^^^ conllftance. Cela confirme l'opinion de ceux qui penfent que l'une & l'autre -^ ^ TTr font formées par une même matière (ft) , favoir, la partie albumineufe du ferum ; & cette opinion efl; encore prouvée par d'autres expériences que je ^^ •vsss vais rapporter. "17*1-1765, 7. Je coupai en très-petits morceaux du Hing coagu'é; je les lavai à pJufieurs reprifes pour en enlever tous les globules, & ne LùiTer que la partie tîbreufe blanche (i). Je fis enfuite lur cette partie fibreufe les même expé- riences que j'avois déjà faites fur la couenne. Elles m'offrirent conftamment les mêmes réfultats. Mife en digefti jd dcns des vaifleaux fermés , elle forma un licjuamen ; elle fe durcit dans l'efprit-de vin & les acides minéraux , elle fut parfaitement diflbute par les alkaLs volatils pour fe coaguler de nouveau après leur évaporation. 8. Il réfulte de tout cela que la couenne eft formée de la même fubftance que la partie hbreufe & blanchâtre du coagiihim , ce(\.-k-dWe , de la partie albumineufe du ferum , ainfi que Malpighi (l), Haller (m) Si d'autres Grands-Hommes l'avoient penfé. On conçoit facilement après cela pour- quoi la couenne s'attache conftamment à la lurface fupérieure du cojgulum ; pourquoi retenant quelquefois des globules fanguins dans fes interfiices.elle ne ditfcre alors du fang coagulé que par une couleur plus pâle & un peu plus de dureté ( n ) ; pourquoi , dans le fcorbut , oij la cohéfion des globules fdnguins avec la partie fibreufe efi diminuée, la couenne eft plus épaifle fo); pourquoi, dans les inflammations, l'épaifleur delà couenne augmente à proportion de ce que la quantité de fang diminue {p) ; pourquoi j'ai obiervé une couenne qui étoit entourée d'un cercle de floccons, en forme de couronne, difperfés dans la férofité ( q) ; pourquoi enfin la partie fibreufe & la couenne ne contiennent l'une & l'autre qu'une petite quantité de fer (r). 9. Il eft très probable que , lorfque le fang efl tiré , la partie aqueufe de la férolité, pAT le défaut de mouvement ou de chaleur, & peut être de tous les deux, eft hors d'état de tenir en diflolution une aullî grande quantité de partie albumineufe qu'auparavant; & qu'elle en laifle échapper une portion à peu près comme l'eau chaude dans laquelle on a fait dilfoudre certains (A) Sauvages , de l'inflammation , (S 87. de Haen part. II, cap. II , pa^t a. Quefnay, de !a (aignée , /ij^'f^ 419 1 4 10. (i) Kiy^ff Malpiglii, de potypo-, page 5 3 . Menghini , Acad. de Bologne, Tome IF, part. II , pA^e 154. Kronaver, dans la phyfiol. d'Haller , jtidind. Tome VIII, part. II , pj^i 139. (l) Ibid. 1. c. (;.v) Tome 1 1, phyfîol. pages i:(î, 117, lîS, («) Queliiay, 1. c. /ij,ç« 411 , 412. (o) Lind , Tr.iité du Scorbut. (p) Quefnay, 1. c. fJ,'" 4iî, 4i£r. ( y ) FfTai II, $ 15, note d. (/■) Mengl'.iiii, 1. c. pjge ij^. Xorae I, S s 522 Mémoires de la Société royale des Sciences ^ fj>]s, dès qu'elle vient à fe refroidir. On peut conjeélurer que cette portion y n- T tT "^e '•' fubrtance albumineufe ainfi coagulée par le repos & par le froid , "'*^"^ _ ■ s'unit avec les globules fanguins, & forme avec eux le coagtdum; & que la J.vNÉEi- ^Q^jji^^g ef(. forme'e par cette même fubftance fe'pare'e de la partie aqueufe , 17(51-17^5. louqu'en fe coagulant , elle n'a retenu que peu ou point de globules fanguins , foit parce qu'étant plus expofée au froid , elle s'eft coagulée plus promptement ,' foit parce qu'elle étoit plus encline à la coagulation , foit parce que fon adhéHon naturelle aux globules fanguins étoit diminuée En eftet, il eft probable qu'une coagulation plus prompte , occa(]onné( par l'aftion du froid , contribue à la formation de la couenne , puifque cette couenne aiTefte toujours la partie fupérieure du coagulum , laquelle eft plus fexpofée au froid, quoique la couenne (oit fpécifiquement plus péfante que la férofité, & puifque la couenne a lieu plus fréquemment en Hiver qu'en Eté. Qu'une plus grande tendance à la concrétion concoure aufli à la formation de la couenne , c'eft ce qui e(l prouvé par les maladies inflam- matoires dans Icfquelles on obferve communément cette croûte, & par fa dureté , qui indique dans le ftrum une concrefcibilité plus confidérable. L'exiflence de la couenne dans le fcorbut , la cachexie & l'hydropifie , maladies où le fang eft quelquefois couenneux , cela femble prouver encore que la diminution de l'adhéfion du fang avec la partie albumineufe, a quel- que part à fa production (j). lo. Avant plongé des morceaux de coagulum non lavé, dans un acide minéral & dans l'eiprit de-vin , ils s'y durcirent pareillement; mais ils ne furent pas aufli bien diiTous enfuite par l'alkali volatil , que lorfque le coat^uliim avoir été lavé. Seulement refprit volatil fe teignoit du fang, & le grumeau noirciflbit & demeuroit entier (O; ce qui prouve que les globules fanguins qui fe trouvent mêlés avec la partie fibreule, empêchent que celle-ci foit dilToute par les fels alkalis volatils. 1 1. Si l'on reçoit dans de l'eau du fang fortant de la veine, les globules fanguins font délayés dans cette eau , & la partie albumineufe fe coagu- lant prefque feu'e, forme ces floccons fi connus qui font très-peu coloréi & prefqu'entiérement blancs. Je me fuis aflTuré que ces floccons font à peu-près de même nature que la couenne & le coiigulum\awé. Car ils fe durciflent dans l'efprit-de vin , &: s'y confervent fans altération ; ils fe diflolvent parfaitement dans l'efprit volatil ; & ils fe changent , par la digeflion , en une liqueur purulente. Il eft égal en effet que les globules fanguins foient tellement délayés par l'eau dans laquelle on reçoit le fang fortant de la veine , qu'ils ne puiflent être retenus dans les interftices de la partie albumineufe du ferum lorfqu'elle fe coagule ; ou qu'y étant déjà engagés, &; formant le coagulum avec elle, on les en fépare par des lotions répétées. ( j) M. Haller indique ces deux caufès, ji/j'tW. Tome VIII , cAy/o/. pages 14». '43. (O Celle expérience, fait? par M. Haller , a eu le même réfuhat , /-/yi^o/. Tome 11^ p^^e Si, r s T u R I r. 52? 12. Il n;c p.îio't encore que la membrane de Ruyfch , que l'on produit ~ par l'agitation du fang , eft formée par la fubllance albumineufe du fennn. Tome II f. Je reçus dans une fiole de verre du fang fortnnt de \a veine d'un animal ; A\ k ê et je l'agitai vivement en fecounnt pendant long-temps la bouteille; l'aj'ant lyéi-wfiî, enfuite cafTJe , & ayant varié le (ang dans un autre valiïcau. Je remarquai qu'il étoit lluide, écumeux i\: d'un rouge brillant; mais je trouvai qu'il s'y étoit formé plusieurs caillo'S durs & blanchâtres , qui me parurent relfembler à la couenne par leur couleur & par leur comlflance. Ils en avoiint auili les propriétés ; car ils fe diCToIvoient dan: les mêmes mcnflrues, ils fe durcilToient & fe coniervoient lans altération dans les mêmes lioueurs , & tenus en digeflion dans un vailTeau fermé , ils fe changeoient de même en un liquide putride purulent. 13. Cette membrane de Ruyfch n'eft donc autre chofe que la partie albumineufe du fifum , que , l'agitation empêche de s'unir aux globules fanguins , en fe coagulant; ou plutôt, qui, dans le tems qu'elle fe coagule, eft tellement lavée par la fcrofité, que les globules fanguins font délayés dans celle-ci, enforte que cette partie albumineufe demeure blanche, & pofsède les autres qualités des concrétions a'.bumineufes. Puifque les globules fanguins ne fe coagulent qu'à la faveur de la fubflance albumineufe ; ori comprend pourquoi le fang duquel on a féparé la membrane de Ruyfch, demeure diflous («)■ Et fi l'on confidcre qu'il n'y a qu'une portion de la fubftance albumineufe qui fe fépare fpontanément de la férofité , on concevra pourquoi le fcrum qui a déjà été dépouillé de cette portion coagulée par le repos , ou convertie par l'agitation en membrane Ruyf- chienne, eft hors d'état après cela de fournir derechef une pareille mem- brane ( V ) quoiqu'il foit toujours concrefcible par l'aclion des acides miné- raux, de l'efprit-de-vin ou du feu {x). En eftet leyèri!m ne contient alors de fubftance albumireufe qu'autant qu'il peut en tenir en dliTolution , & il n'en laiffe plus rien échapper; ainfi, quoiqu'il conferve fa concrefcibilité, il ne peut plus fournir de membrane. 14. Ce que j'ai dit , fait comprendre encore pourquoi le fang qui a été agité, ne fournit point de couenne ; car la portion de fubftance albujriineufe qui devoit la former , s'efl: convertis , par l'agitation , en membrane de Ruyfch. On voit aullî que la portion de cette fubfiiance qui fe coagule fpontanément lorfque le fang a été tiré , & qui forme le thrombus {y) , fe coagule moins par le défaut de mouvemens que par l'action du froid ; puifque l'agitation la fait féparer de même , & la change en membrane de Ruyfch. Cela eft prouvé d'ailleurs par les expériences précédentes, & peut être regardé comme une chofe démontrée , s'il efl vrai que du fang gardé ( « ) De Haen , pages jo , 91, pi, (v) Uid. 1. c. (x) Idem, pages 88, 89, 53, ^4; (^) Sjdenham , de i'Uuritide^- Ssij 3 24 MÉMOIRES DELA SoCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES ,^,^,,„,m^M^mm à un degré de chaleur égale à celle de l'animal qui l'a fourni , conferve :f 777 fa fluidité pendant un trcs-long-tems (?). i OMH m. ^ jj léfulte de toutes ces expériences que la partie fibreufe du coa- A.vNÉss pii'iiin, les caillots que forment le fang reçu dans l'eau, la membrane de i75i-i7é;. f^uvfch Se la couenne font tous de même nature , & formés par la fubiknce albumineufe au firum. Je crois donc que fi quelques Auteurs ont eu , dans leurs expériences , des réfultats oppofés aux miens , & que s'ils ont avancé que le coaguluw du fang lavé & les floccons formés par le fang reçu dans l'eau chaude, fe diffolvent dans l'efprit-de-vin, c'efl: parce qu'ils fe font fervis d'un efpritde vin trop aqueux, ou parce qu'ils ont fait leurs expériences dans des vailTeaux ouverts , en forte que la partie fpiritueule de l'alkool s'étant évaporée , la putréfadion s'eft emparée de ce coaaidum ou de ces floccons; ou enfin qu'ils ont été induits en erreur par quelqu'autre circonftance; car dans les diverfes expériences où j'ai employé de l'efprit devin commun , & qui n'étoit pas trop bien reâifié , j ai toujours obfervé que ces différentes concrétions (e durcifloient comme la couenne, & je les conferve ainfi durcies dans cette liqueur , depuis déjà bien du tems. 1 6. J'ai été curieux d'examiner quelle feroit l'aâion des alkalis fixes fur ces diftérentes concrétions albumineufes , qui fe diffolvent fi bien dans les alkalis volatils. Mais j'ai obfervé que l'huile de tartre par défaillance les durcifloit toutes au contraire , ainfi que l'efprit-de-vin ; & elles s'y font confervées long-tems fans altération , quoiqu'expofées à une chaleur de digeftion , & je crois qu'on pourroic aufli les conferver pendant plufieurs années dans cette liqueur. 17. Il me femble que les expériences précédentes peuvent répandre quelque jour fur une queftion qui s'eft élevée , dans ces derniers tems , entre des Ecrivains du premier ordre, & qui a été vivement débacue de part & d'autre , favoir , li les fels alkalis s'oppofent à la putréfadion , ou l'accé- lèrent au contraire. Cette queftion ne pouvoit guère erre décidée par l'odorat, puifque les alkalis fixes font exhaler une odeur d'alkali volatil même des humeurs animales faines , & que les alkalis , par l'odeur qui leur eft propre , ne permettent pas de reconnoître fi celle qui s'exhale , eft l'effet de l'alkali ajouté , ou d'un fel volatil nouveau , produit par la putréfadion. Mais puifqu'il eft certain que la férofité fe liquéfie par la putréfadion , & perd fa concrefcibilité , il devient probable que l'un & l'autre alkali s'oppofe à la pourriture. En effet , on a vu par les expériences rapportées , que la partie gélatineufe du firum fe durcit dans la liqueur de tartre ; & quoiqu'elle fe diffolve dans l'efprit volatil de fel ammoniac pré- paré avec la chaux, il y conferve pendant très long-tems fa concrefcibilité, laquelle fe manifefte auffi-tôt par la coagulation, dès que l'alkali s'eft évaporé. Il paroît donc que l'un & l'autre alkali doivent être rangés parmi les antifeptiques , même les plus adifs. (£) Schwentke, lUnucol, pages jo, 103 , icj. D E T U R I K. 325* 18. En efTayant l'aftion de l'eau de chaux fur la couenne & les autres _______ concrétions de la partie albumineufe du forum , j'ai reconnu qu'elle les ""^ convertilToit d'abord , comme l'efprit volatil de fel ammoniac préparé avec "^^"^ ^^^* la chaux, en une efpèce de gelée tremblante, & qu'elle les difTolvoit eniuite ■^■v^é y;s parfaitement. L'eau-forte verlée fur cette folution, les précipitoit tnfuite '7ii-i76i. au fond du vaifleau fous leur première forme d'un coagidum blanc. Ip. Je défirois encore de trouver le fel eflentiel du fang dans la partie aqueufe de la férodté. Je féparai donc cette partie aqueufe duferum d'avec la partie albumineufe , tantôt par la voie de la congélation [ i ], tantôt en les expofant au feu & coagulant par là cette dernière. Mais je ne pus m'en procurer de cette façon qu'une petite quantité, ou bien elle étoit fi épaifle & fi trouble , qu'elle n'étoit pas du tout propre au defTeih que je me propofois. Voici donc l'expédient dont je m'avifai : j'avois vu dans M. de Haen d'), que la férofité mêlée avec l'eau bouillante , la rend laiteufe , & ne forme aucun coagulum, quelque long-tems que l'eau bouille; je penfai donc que fi je parvenois à féparer de l'eau les parties albumi- neufes dnferum qui y feroient ainfi difperfées, en faifant enfuite évaporer l'eau d'une manière convenable, je viendrois à bout d'obtenir des criftaux du fel eflentiel qui y eft contenu. Ayant donc mêlé du ferum dans une grande quantité d'eau , & l'ayant rendue laiteufe par l'ébullitioii , je parvins . il eft vrai , à rendre cette eau limpide en la filtrant auditôt , & à féparer la partie aqueuledu/eriim d'avec la partie concrefcible , en (orte qu'il m'étoic aifé de la concentrer fur le feu ; mais , quoique , par l'évaporation , elle prît un goût extrêmement falé ^ cependant expofée au froid , elle ne donna point de criftaux ; ce qui me fait conjeâturer que le fel eflentiel n'eft pas criftallifable , ou du moins qu'il ne fe criftallife que très-diffici- lement. Mais je traiterai peut-être un jour ce fujet. 20. Il me refte à rapporter deux expériences , dont l'une regarde les animaux qui font fuffoqués dans un lieu trop chaud , & l'autre , ceux qui meurent de faim. Ces expériences ne font point étrangères aux matières que j'ai traités , puifque des Ecrivains célèbres ont prétendu que la mort , dans ces deux cas , eft l'effet de la putréfadion. 21. Deux lapins mis dans une ctuve échauffée au 35^ degré du Ther- momètre de Réaumur , y furent fuflbqués , après être tombé dans un extrême abbatement, le premier en j heures, l'autre en 18. Je trouvai les poumons enflammés; mais il n'y avoir aucune odeur putride, & le fang ni la bile ne firent aucune eftervefcence avec les acides. Un chat robufte mourut en 6 heures dans la même étuve , échauffée du 38''". au .5.0'. degré du même Thermomètre. Un autre lapin , après avoir fupporté 2 heures le même degré de chaleur, en fut retiré vivant, & mourut peu de tems après. Dans lun &; dans l'autre animal , je trouvai les poumons enflammés; mais ni l'un ni l'autre n'exhala d'odeur puante, ni ne donna aucun autre figne de putréfaftion. Je fuis donc porté à croire que les (f) L. c. /iJ^vj 86, S7. • iC Mf:,;oi?.hs de la Soci ix/: ecy ale de:^ SciexceS - hommes célèbres qui ont obfervé le contralfe, ont peut être laide quelque ToHE III. tems les animaux dans le lieu chaud, après qu'ils avoienr expiré, ce qui a Ji.vx-É£s § ^' (a) Dorflen ap. Haller, nor. 5 , § ioj. {b) Goiter, comp. traft, 31, § ?j n.g, & Rega, Shw«ncke ell du même fëntîment ^ Hamatol^ page n_6. CE T U R I K. ^2-1 au récipient. Le fang confervoit pourtant encore fa couleur rouge & "^— ■■■ éclatante. Tome I. 2. Mais lorfqu en continuant de pomper, le fang fe fut affaifTé. fa couleur Aa-n È£ devint noire & tonce'e , ce que nous reconnûmes aifc'ment en la comparant avec celle du fang que nous avions laifle à l'air libre. Cette couleur ^'^^^' obfcure & foncée n'aft'ec'ioit pas feulement la furface fupérieure du fan^ mais toute la malTe. Ayant enfuite retiré le verre du re'cipient, ce fang recouvra bientôt la couleur rouge & brillante à fa furface, & l'air fsénétrant enfuite plus profondément, cette couleur fe répandit peu-à-peu dans les couches fuivantes , en forte que le P. Beccaria trouva quelque tems après tout le fang contenu dans ce verre , d'une couleur auill rouge & aufli brillante qu'avant l'expérience. 3. [a] Puis donc que ie fang doit fa couleur rouge à l'air qu'il contient, nous comprenons avec Loier, pourquoi le fang de la veine pulmonaire efl: d'un rouge vif & brillant , comme le fang artériel , & pourquoi , au contraire , le fang de l'artère pulmonaire reflèmble au fang veineux par fa couleur noirâtre. [h\ Pourquoi l'on n'obferve plus aucune différence entre le fang artériel & le fang veineux , lorfqu'ils ont refté lun & l'autre , expofés à l'air pendant quelque tems ( x ). [c] Pourquoi la même différence n'a point lieu lorfque la trachée artère eft bouchée , & l'accès de l'air dans le poumon , intercepté. [i] Pourquoi l'on rétablit cette différence en foufflant de l'air dans le poumon d'un cadavre ( c ). [e] Pourquoi le fang qui vient du poumon, eft ordinairement écumeux & d'un rouge éclatant. [/] Pourquoi, dans le férus, où l'on fait qu'il ne fe fait pas de refpi- ration , le fang eft toujours aqueux , & d'une couleur obfcure & rouil- lée C^)- [ ^ ] Pourquoi , dans l'érilîpèle & dans le^ autres maladies accompagnées d'un cornmencement de putréfaction , le fang eft d'un rouge très vif (e); puifque l'eftet de la pourriture eft de développer l'air; & pourquoi, lorfque la putréfiftion a fait de plus grands progrès , le fang devient noirâtre & iivide; car alors tout 1 air qu'il contenoit . s'eft didipé. [/z] Pourquoi enfin , dans les parties gangrenées, qui deviennent emphy- fémateufes parl'aétion de l'air que la putréfadion dégage , le fang qui fort par les fcarifications , à une couleur noirâtre. Le fang qu'on a liquéfié en l'agitant, & qui offre une couleur rouge brillante dans toute fa maffe , devient noir lorfqu'il fe putréfie ; &: ce qu'il ( f. ) Haminerkhemdt , Thclé fur la d:rtcrence entre le fang artériel & le fans ineux , $ II. ° (c) Lower, de mot. covà. pj^e 1 Î9 , & fuîvant Bohon &Duverney, «DaiRaUer. . II, §. ÎOO. / ' r » id) Haller, I. c. Jf) Gorter, Chirurg. , $ 14, 19 & ailleurs, veine I) 32S MéMOTRES DE LA SOCIBT* ROYALE ri F "^ ^''lENCES ^^^ ^ y a de remarquable , c'eft que ce (.hsngemeiu de couleur , commence ^ — — par les couches fupcrieures , & ne fe fait que fucceflivement dans les 1 o M E I. ;„f^rieures , comme M. Gaber l'a obfervé dans les expériences fur la Année putiéfacSion. Cela vient apparemment de ce que les premières couches 177p. laiifent échapper l'air qu'elles coniiennent, plus facilement que les aurres. Il refte à déterminer fi le fang perd dans les veines la couleur rouge qu'il a acquife dans le poumon, parce que l'air qu'il contenoit , s'échappe par la tranfpiration (/); ou parce qu'il perd fon reflbrt. On comprendroit peut-être alors pourquoi la ditférence entre le fang artériel & le fang veineux eft tantôt fort confidérable , & tantôt nulle ( g ). 4, Tant que le fang eft liquide, il eft également coloré par-tout; mais les anciens mcme avoient remarqué que , dès qu'il fe coagule, la rougeur ne fe maintient qu'à la furface fupérieure , & que le fond devient noir (/z); & la plupart d'entre eux, d'après Galien (i), attribuoient cette couleur noire à f humeur mélancholique, qui , plus pefante que le refte du iang, tomboit au fond du vafe. Quelques modernes ne fe font pas beaucoup écartés de cette opinion en prétendant que la rougeur des couches fupé- rieures venoit des parties fulfureufes , légères & déliées , & la noirceur des couches inférieures, des parties plus denfes & terreftres du fang (k) ; & quoique , en renverfant le coagidutn de haut en bas (!) , les couches rouges deviennent noires & réciproquement , ils ont cru pouvoir concilier ce fait avec leur hypothèfe , en fuppofant que les parties gro/îlères , terreftres & noires du fang quittoient alors la partie fupérieure, & gagnoient le fond par leur propre poids (m). Mais on a peine à comprendre comment cela peut arriver dans une mafle folide & compade , telle que le fang coagulé, ainfi donc, la caufe de ce phénomène étoit encore inconnue, j'ai fait les expériences fuivantes pour tacher de la découvrir. j". Je pris du fang qu'on avoit tiré à un pleurétique ; j'en mis une égale quantité dans deux verres égaux & femblables ; je couvris l'une de ces deux portions avec de l'huile à la hauteur d'un pouce , & je laiflai l'autre à l'air libre. L'une & l'autre fe coagulèrent. La dernière prit une couleur rouge très-vive à fa furface expofée à l'air , tandis que les parties qui touchoient aux parois du verre , devinrent noires & foncées. Quant à l'autre portion , après avoir tiré l'huile au moyen d'un chalumeau , je (/) C'eft l'opinion de M. Mery, vqye^ Haller , n. j, J 201 , qui la combat, note a , § 4^2. ig) Haller, prim. /in. phyfiol. § 117) io<î > au refte M. Hammerfcliemdt a confirmé depuis peu la réalité de cette difFérence. L. c. $ 11. (A) Ariftot. Hijî. anim. lib. 3, cap. 19. Hippocr. de GUndulis , 1, 6, (i ) Comment, in ; epidem. i , f , Jt AirjiiU, hh. de élan. 2,11. (/t) Sliwencke , HamMoU c. il , p^i' 117. Gorter, conip. tr. 3 i , J 22 , n. 3 & plufîeurs autres. (/) C'eft Fracaïïatus qui, le premier a fait cette obfervation , tnnj. philof, année lfi67, num. 17 , art. 4 , & il attiibue cet effet à l'air. (m j Shwencke , 1, c. Il prétend qu'il ) a des globules plus péfans que les autres, la •deTurin. 325) la trouvai noire dans toute fon étendue; mais lorfqu'elle eut été quelque ^^^^^^^—^ tcms expofce à l'air, fa (urface fupe'rieure prit une couleur rouge, & il n'y I ome 1. eut plus de noir que quelques points où il y avoit encore un refte d'huile. Année Je répétai enfuite cette expérience, devant le P. Beccaria , fur du fang 11^9» de veau récemment tiré, & le rélultat en fut le même. 6. Puis donc que la couleur noire n'aftcéte pas feulement la partie infé- rieure du coagiilum , mais encore les parties qui touchent aux parois du verre ( n ) , il s'en fuit évidemment qu'un ne doit pas l'attribuer aux parties grodières qui tombent au fond ; &: puifque la furfice (upérieure devient, noire elle-même lorfqu'on la couvre d'huile, il devient certain que la couleur rouge eft l'effet du contaél immédiat de l'air. On ne fauroit donc l'attribuer aux parties du fang les plus déliées & les plus légères, à moins qu'on n'entende par-là que ces parties fe méknt avec l'air contigu , qui les diffout & en écarte les molécules , enforte qu'elles forment une couche fpécifiquenient moins pelante que les autres (0), fans qu'elles aient rien d'ailleurs par elles-mêmes qui les rende différentes des autres parties du 7. J'ai effavé de renverfer la même hvpothcfe par une autre expérience que j'ai vue enfuite dans Lower (p). J'enlevai avec un couteau la furface fupérieure & rouge d'une portion de fang coagulée. La couche fuivante étoit noire ; mais elle devint bientôt rouge par le contact de l'air ; de forte qu'en enlevant fuccellîvement toutes les couches avec le couteau , j'aurois pu les rendre femblables à la première. S. D'ailleurs le codgiduin n'efl: jamais rouge qu'à fa furface fupérieure , foit que le vafe foit large ou étroit. Cependant (i la rougeur du lang étoic produite par des molécules plus légères, la couche rouge devroit être d'autant plus épaifTe que le vafe feroit plus étroit; & il n'arriveroit jamais qu'une petite quantité de fang , mife dans un large vaiffeau, devint entiè- rement rouge, comme nous le voyons arriver tous les jours. ç. Enfin je m'avifai de mettre fur un réfeau , du fang coagulé dans un verre , & dont , par conféquent , les furfaces inférieure & latérales croient noires. Bientôt ces furfaces devinrent rouges comme la fupérieure, & le coag'.dtun parut également coloré dans toute fon étendue. 10. Ces expériences détruifent audî l'opinion de ceux qui penfent que la noirceur des couches inférieures du fang efl: produite par le poids Se la prefîion des couches fupérieures. Car nous avons vu qu'une couche d'huile très-légère , & qui , par eonféquent , n'exerce qu'une prellion bien modique, fuifit pour noircir la furface fupérieure du coagulum, D'jilieurs, : rrr — ; — 1 — n — i . . (■/;) Bocrhaave a obîervé la même ciioie, voye^ Chem. Tome I ypage iSi, édit. de Paris. _ ■ _ (o) C'ed'Ià ropihîori de Lewénoect , vo/Vjfès'oBIervâtîôiis (ùr'lê'Tà'ngi îaitesàii mois de Juin 1674. -. ' (f)L.c. Tom. /. Tt 55Ô MÉMOIRES DE LA SociéTé eoyalH des Sciences fuivant cetto opinion , la noirceur du coa^yrum devroit aller en augmen- tant de bas en iiaut ; or, elle eft égale par-tout où l'air extcrieur n'a point d'accès. 1 1. Ainfi donc, puifque la furface fupérieure du fang eft rouge , quand elie efl expclés au contaift de l'air , & qu'elle devient noire lorlqu'ello ceiie de l'éprouver [ J ] > & q^ie pareillement la furface inférieure perd fa couleur noire ordinaire, & devient rouge dès que l'air la touche \_'j^', puifque tout le coagiàum peut devenir rouge , (i on expofe en même tems ou fuccellivement toutes fes parties au contad de l'air [7. 8.] ; puifqa'on n'obferve pas dans les couleurs rouge &: noire , des nuances & des dégra- dations fuccelîives à raiion de la hauteur de la colonne du fang , mais que ces couleurs font également répandues dans toute fa mafle [10]; puifqu'entin le fang noircit lorfque l'air contenu dans fes pores vient à s'échapper [ 2 ] , il en rélulce évidemment que la couleur rouge du fang eil produite par le contad de l'air. 12. On voit par -là pourquoi, lorfqu'on mtle de l'air avec le fang, en l'agitant , il fe coagule plus tard , & prend une couleur rouge plus vive C'î)- .... ■ Et pourquoi ce qui entretient le fang dans un état de fluidité, entretient auflî fa rougeur, & réciproquement. 15. Le (ang devient plus denfe en fe coagulant ( r ) , & cependant il perd fa rougeur, comme on fa vu. Cette couleur ne vient donc pas, comma quelques uns l'ont prétendu , de la condenlation qu'il éprouve dans le poumon. Que fi, par cette condenfation du feng , ils entendent celle de fes globules , & non de la mafle totale , fur quelle expérience fondent-ils cette opinion ? Hammerfchemidt n'a pu obferver , avec le microfcope , aucune diiïérence entre les globules du fang artériel & ceux du fang veineux {î);cq qui prouve que la diverfité de couleur ne dépend pas de l'état des parties conftituantes du fang , mais de leur mixtion & de leur difpolition difl^érente, les unes à l'égard des autres. 14. Puifque le fang du fétus efl: en même - tems aqueux & d'une couleur foncée [ 3-/] , on voit que le mélange de la férodté ne fuffit pas pour produire la couleur rouge du fang. I y. Quant à la trituration que le fang éprouve dans le poumon , regardée par la plupart des Auteurs , comme la caufe de fa rougeur. Lower a déjà fait voit qu'il en éprouve une beaucoup plus confidérable ^dans les mufcles ( 0 ; & cependant le fang qui fort des mufcles efl: noirâtre. Mais de plus, Lower ayant foufflé de l'air dans le poumon d'un chien étranglé, k fang recouvra par -là fa rougeur ordinaire j or il devoit avoir été comprimé plutôt que trituré. (y) Voyei Lower, Haies & autres. (r) Jurin, Tra/if. phil. trad. Ital. de Derhara , Tome III , ;ia»« 3, exp, 13. (/)L. c. § 6. (O L'IIluflce Sauvages penfe de même, Elem, fhyfiol, page 110, deTurin. 551 16. Quant à la caufe qui fait noiràr le fang coagulé, dans les parties d'accès, il n'eft pas aifé de la dcce: miner. Eft - ce où l'air n'a point d'accès, il n'eft pas aifé de la déte: miner. Eft - ce Tomk I. parce que les parties celTeiit alors de recevoir les fels contenus dans Année l'air , ou tels autres corpufcuies propres à produire la couleur rouge !* Cela n'eft guère probable; car, même dans un efpace fermé, la furface fupérieure de fang conlerve très-long-tems fa rougeur, pour peu d'air qu'il y ait au-deffus. La couleui rouge feroit-elle produite par la prefllon de l'atmofphère ? On verra que non fl on fait attention que la furface fupérieure du coagulum noircit , lorfqu'on la couvre d'une légère couche d'huile, quoiqu'elle n'éprouve pas moins alors cttte prefiion que fi elle étoit expofée au contaâ: immédiat de l'air. Seroit-ce enfin que le fang doit fa couleur rouge à l'interpofition de l'air entre fes globules, & qu'il ne noircit en fe coagulant, que parce qu'il chafTe cet air de fes pores, ou du moins parce que cet air devient alors tellement fixe qu'il eft incapable de produire le même eftet? C'eft ce que femblent prouver l'augmentation de denfité dans le fang coagulé, & l'émiflion de 1 air qui fe fait dans les autres liqueurs qui (e coagulent. 17^0-1767. OBSERVATIONS Sur le cours du Pô , avec des recherches fur les caujès des changeniens qu'il a foufferts ; par M. Ca r en a. Xj'arT & la nature ont également eu part aux changemens qui font — — ^i^— arrivés dans le cours du Pô , je me propofe dans ce Mémoire de fixer Tome iT la quantité. Se l'époque des plus confidérables d'entre eux: j'ofe nie flatter a que ces recherches pourront paroitre intéreffantes , & que les réflexions ^^■'^■^■«'•s' que j'aurai foin de faire fur les caufes de ces changemens, feront de quelque utilité à l'avancement de la Géographie Phylique. 1. Polybe compare la région arrofée par le Pô, à un triangle dont la bafe eft le rivage Adriatique , les Alpes & les Apennins en font les deux côtés. La longueur de la chaîne principale des Alpes depuis le Col- de -Tende, jufqu'à l'extrémité du Golphe Adriatique, eft de 62 j milles (a); celle d'une partie des Alpes , & des Apennins depuis cette montagne jufqu'à Sinigaglia , eft de 325" ; la bafe enfin , favoir la longueur de la voie romaine, qui, depuis cette ville conduifoit le long de la mer Adriatique jufqu'à Tricjh , eft de ■)1S milles. Elle a donc ijsj- milles de circuit. Strabon donne à cette pleine 2100 ftades \_262 ; milles] de longueur ( j ) Je fubilitue ces melures à celle que donne le texte aflèz. fautif de Polybe .lu livre IT. D.inç tout le cours de ce Mcmoirc , je fais ufâge des anciens milles romains de 756 to.lcs. Tt ;; 532 MéMoinEs de r,A Soci^xé rovalk des Sciences fur une largeur à peu-prcs égale entre Anconc & Triejle. Il déduit cette Tome II. (jimenOon de celle des côtés du triangle décric par Polybe , dont elle A.fNÈEs fait la hauteur. ,1750-1761. 2. C'eft une loi affez conftamment obfervée par la nature j que les montagnes qui fe trouvent plus éloignées de la mer font les plus élevées , & contiennent aullî la fource des plus grands fleuves. Celles de la Suiffe , des Grifons & du Vallais, font les plus hautes de l'Europe , & c'tft aulli dans leur partie la plus élevée , que le Rhône, le Rhin & le Télîn prennent leur naiflance. La chaîne des Alpes qui , de-là , s'étend à l'Ert jufqu'à la mer Adriatique , & au Sud , jufqu'au Golphe de- Lion, & qui va toujours en décroilTant à mefure qu'elle approche delà nier {a), ne fournit l'ori- gine à aucun autre fleuve qui foit aulli conhdérable , que ceux dont nous venons de parler; fi nous en exceptons le Pô; mais il efi à remarquer que , quoique le Mont-K'i/t), don: il prend fa fource, foit moins haut que celles qui font olus avancées dans la même chaîne , il l'efl: cependant beaucoup plus que toutes les autres montagnes qui lui font voifines ( i) ; c'efl: donc là un cas particulier , qui rentre dans la régie générale, à laquelle il fembloit pppofc. 3. Pline obferve que le Pô reçoit tout -au -plus trente rivières , & Cluvier dit qu'il en reçoit quarante j dont quinze le déchargent fur la Êjauche , & les autres fur la droite de ce fleuve : tous les deux ont cepen • dant raifon , car Pline ne prend en compte que les plus grandes ; & de fon temps après le Réno , le Pô ne recevoit plus que le Samerno : les autres fleuves dcchargeoient leurs eaux dans la Padufa , marais qui s'étendoit le long de la droite du Pô, depuis le Réno jufqu'à Ravenne. 4. En général il reçoit plus de rivières fur fa droite , mais il en reçoit de plus grandes fur la gauche ; parce que la chaîne des Alpes étant plus haute que celle des Apennins , ces montagnes contiennent dans leur fein plus d'eau ; & le lieu le plus incliné de la plaine fe trouve plus près des Apennins que des Alpes ; ce qui fait que le cours de ce fleuve efl: plus éloigné de ces dernières , & que la partie de la plaine qui eft à fa gauche, eft plus grande que celle qui eft à fa droite (c) ; & les rivières qui découlent (.0 Scheuclizer \_ Mém. SuUe Mont. in. Tom. IV. S.i«g. Trnjji filos.^ a trouvé par des obfervations barométriques exaftes , que la plus grande élévation du iVlont- Adula ou de Saint-Gotlurd & des montagnes voilmes , peut aller à 1400 toifès environ de hauteur perpendiculaire fur le i.iveau de la mer ; & RI. Needam a trouvé de même, que la partie de Mont-Tourné fur laquelle il a pu faire les obfèrvations en a 1S33, fans confidérer les hauteurs latérales qui (ont plus élevées; le Mont-llèran 1182. 4; le glacier où le (ommet du Mont-Cenis 434. De ces obfervalions, & de ce que le Alont- Tourné efl lîtué prefqu'au milieu de la chaîne des Alpes , il conclud , que cette mon- tagne doit être la plus haute de l'Europe , que c'eft une erreur de croire que le IWont- Cenis S: le Mont-A'i/o égalent en liauteur les montagnes qui font plus avancées dans la chaîne. ( A ) Ce qui a fait exprimer Pline en ces termes : Padus e«remio Montis-Vefuli Seljîffi'num in cacumcn e.'jii p'iJànJo fonte profliiens , L. III. C. XVI. ( c ) Univtriam pluniiieni ita ( Pudus ) dividit , ut mujor lon^e p4rs e^ fit ^ QU£ a4 ^Ipcis, 6* Hadriaiicum Jinum porrigitiir, Polj'b, L> II, D E T u R r îT. 5 5 3" ■dos Apennins nyant moins de trajet à faire que celles qui viennent des Alpes, font aulli reçues dcins le P6 avant qu'elles puiHenife réunir plufieui s ~ rT r ! , ' 1 t r 1 OMi". il, enlemble. J. Cinq des rivières, qui Te déchargent à la gauche du Pô, fortent des ■nA'/.-££* lacs enclavés dans les Alpes, que la nature paroit avoir formés pourfervir 1760-17^1. à en modérer la rapidité : car la pente des Alpes étant fort grande (a), les fleuves qui s'en précipitent furmonteroient fouvent leur bords &c pro- duiroient d'impétueufe inondations dans les plaines , fi le courant des eaux n'étoit pas railenti par ces réceptacles qui lui oppofent une grande réiiftance , & leur permettent en même-temps de s'étendre dans un elpace horizontal , qu'on oblerve conftamment être d'autant plus grand , que ces rivières font plus conlidérablcs , & que leurs cours eft plus rapide : en effet on voit que le lac de Genève , qui eft traverfé par le Rhône , Se celui de Confiance, qui l'eft par le Rliin , font les plus grands lacs au- delà des Alpes , de même que les plus grands en deçà, font le lac majeur, qui eft traverfé par le Téfm, celui de Corne par l'Adda, & celui de Garda par la Sarca. 6. Le grand nombre de rivières , qui vont décharger leurs eaux ea afTez grande quantité dans le Pô, le rendent non-ieulement le plus abon- dant de l'Italie , mais félon Pline , il n'y en a pas d'autre qui , a cours égal , reçoive un plus grand accroillement. » Nec alius amnium tam brevi fpado » majoris incrementi efl. Urgcwr quippe jquarum mole ^ ù" in profundion a^nur ^ » grdvis tzrrx , &c !>. Outre cette quantité , qui eft à peu-près confiante , les neiges dont ces montagnes font couvertes , concourent encore à le faire grollir confidérablement dans la faifon dis fontes, qui, félon Pline, arri- voit au lever de la canicule : « Augetur ad canis onum liquatis nhdhus » .- Polybe diloit la même cliofe deux iiccles avant V[\ne; fluit autem maximus , piàclurrimufqM ad canis ortum , auBus liquatis nivihus in pr«diBis momihiu. Le lever héliaque de la canicule à Rome , où écrivoient ces deux Auteurs, fe faiioit du tems de Polybe le 29 Juillet, & de celui de Pline le premier Aoilt : c'eft en effet fur la fin de Juillet que la fonte des neiges produit cet accroiflement dans le Pô; cependant le lever de la canicule ne peut plus lervir à en défigner le tems ; car ( à caufe de la précellîon des équi- noxes ) ils fe fait aujourd'hui feize jours plus tard. Ce fleuve reçoit aulli d'autres accroiflemens en Automne & au Printems, qui font produits par les pluies qui tombent ordmairement dans ces deux (allons de l'année. 7. La longueur de fon cours, depuis fa fou rce jufqu'à fon embouchure, eft félon Pline de 300 milles, ce qui eft exacflement vrai, fi on ne tient compte que de fes plus grand détours. La diftance entre la première & la ( j ) En général la pente des chaînes des montagnes efl beaucoup plus rapide ver^ le Sud que vers le Nord. Sch^uc/ir. I.oco cit. Quant aux Alpes, cela e(l confirmé par cette obftrvation : du Mont-Saint-Gothard à rembouchure du Rliin il y a en ligne droite 450 milles , & de la même montagne à l'embouchure du P6 il n'y en a (jue i8», ijonc la delcente des Alpes vers l'Italie eft de deux fois & demie plus rapide. 554 MéMOIRES DE LA SoCléxÉ ROYALE DES SciENCES ~ dernière embouchure étoit, du tems de cet Fciivain , de t>8 milles, & elle ToiviE II. répond à celle qu'on trouve entre l'embouchure de la Fo^/a Augufla dans Années le port de Claffis , Se celle de la FoJ]a Clodia , par laquelle le Pô méloit 1760-1761. f<^s eaux avec celles des fleuves Medoaci , & formoit le port Edro. Il obferve auflî que ce fleuve commence à ttre navigable à ïurin; Polybe ell d'accord avec lui, en difant que les navires le remontoient par l'embou- chure Olane l'efpace de ujo milles, car cette diftance porte entre cette ville &r le confluent de la Duria-major , oii le Pô , félon Pline , commence à avoir une plus grande profondeur (a). Aujourd'hui on le remonte aufll au-deflus de Turin jufqu'aux confluens de la Vraita & de la Maira , mais les barques à voiles ne paflent pas au-delà du pont (i). Je joindrai à ces notions préliminaires fur le cours du Pô en général , deux mots fur les nations principales qui ont peuplé la région qu'il arrofe, & dont l'induftrie ou la parefle ont contribué à fes changemens. 8. Les premiers habitans de l'Italie étant venus par terre , la région arrofée par le Pô fut la première à être peuplée. Ils étoient Celtes d'ori- gines ; dans l'intérieur du pays ils conferverent le nom d'Omiri, & fur les côtes ils fe donnèrent celui de Lli-gour (homme de mer) nom que les Latins changèrent en Ligiir & Ligures. Les Tyrrhéniens abordés aux côtes de la mer inférieure , chafsèrent ces peuples de la région entre le Tybre & la Macra , dix fiècles avant l'ère vulgaire. Ayant enfuite traverfé les Apennins , ils les obligèrent à fe retirer vers les Alpes & vers le haut Pô , & ils s'établirent des deux côtés du Pô jufqu'à VAdige , où les Veneti s'opposèrent, & mirent des bornes à leurs conquêtes. Les Tyrrhéniens, peuple induftrieux & navigateur comme les Phéniciens , defquels ils tiroient leur origine , deflechèrent de grands marais autour du bas Pô , & creusèrent de longs canaux , qui ouvrirent au fleuve de nouvelles' embouchures , ce qui rendit leur commerce fur la mer fupérieure très- floriffant ; mais les Gaulois defcendus des Alpes , dès l'an 6^00 , avant l'ère vulgaire, s'étant établis dans la plaine , les contraignirent à abandonner ces régions. p. Une grande partie de cette nation méprifant l'agriculture , & le commerce , menoit une vie pafl:orale & ne refpiroit que la guerre; le Pô, & les autres rivières de cette région abandonnées à elles-mêmes, furmontè- rent bien-tôt leurs bords, & fubmergèrent une partie de la plaine, que les Pvomains, qui les chafsèrent & fournirent , ne parvinrent à deffècher en partie, qu'avec de très-grands frais; les ioins que ces derniers apportèrent pour réuffir dans leur entreprife , fervent à nous donner une idée de l'importance de rendre durables ces ouvrages fi utiles ; car tandis qu'ils (a) Plin, iib. III. C. XVI. ( i) Les Celtes donnèrent au Pô le nom de l'adis d^ns h. partie fupérieure de fon cours; celui de Bodài/v;, dans l'endroit où il commence à être plus profond : c"e!l la partie du milieu ; & à la Méridionale des deux branches , dans leiijueUcs il le divilôit, cciui de Rédune, dont j'aurai oçcaiîon de parler dans ia fuite. DE Turin". 335" conflriiifirent avec une foliditc admirable leurs grands chemins, dont quel- -= ~i i ' 'lue partie, en côtoyant les fleuves, leur fervoit de di^ue , ils creincrertc oi! •. pluiieurs grands canaux , entre lef'juels croit fort avantageux celui qui , Ann Ée.i rie Ravenm, fervoit à ouvrir la communication entre les bouches du Pô . lyco-::'',!, du Tartaro, de L'Adige , & des autres rivières juiqu'à Alnno , dans une longueur de 120 milles (a). Mais les nations barbares qui ravagcrenc l'Italie des la fin du IV liccle , & qui s'y e'tablirent dans les fuivons, firent prefqu'un dc?rert de ce pays fi peuplé &: fi fertile : le refte des habitant opprimés dans l'efclavage ne pût infpirer que fort tarda les maîtres t.uouches le goût de l'agriculture , de la navigation , & des arts utiles ; c'eft alors que les rivières, & les canaux comblés du limon qu'ils charioient de ces plaines , débordèrent de tous côtés , & en (ubmergèrent de nouveau une grande partie : les peuples s'étant enfin policés & le pays repeuplé , on vit les villes de la Lombardie des le ficelé XI. deffécher les marais , bâtir de nouvelles habitations fur les lieux que les eaux laillbient à découvert , tJc creaier des canaux (jui en ranimèrent le commerce , & en arrosèrent les campagnes. 10. Deux chaînes de montagnes, qui , du Mont-Vij'h , s'étendent vers la plaine à l'EA , dirigent le cours du Pu vers cette plage jufqu ù ce qu'étant lorti des collines , la pente générale delà plaine, déterminée par la cour- bure des Alpes du Sud au Nord , en dirige le cours de ce côté; enfin , dans le lieu , ou la plaine eft le plus retrécie par la continuation des Alpes maritimes (i) d'un côté, & des Alpes Grecques, & Pennines (c) de l'autre, il ell: obligé de reprendre fa première dircflion. 11. Ces grandes courbures, toujours dépendantes de celles des monta- gnes, en allongeant le cours des fleuves , diminuent la vitelTe qu'ils acqué- reroient néceflairement , s'ils defcendoient directement à la mer du fommet des montagnes dont ils tirent leur origine ; ce qu'on doit confidcrer comme un très-grand avantage , car ces fleuves coulant avec une trop grande lapidité , fe creuferoieut bien-tôt des lits profonds au-deflous du niveau des terres , & deviendroient par-là peu propres à la navigation & à l'arro- fement des campagnes. Quant à leurs petits détours dans fes montagnes, ceux qui font déterminés par leurs angles faillans & rentrans , qui multi- plient fes réactions & diminuent l'inclination du plan , font perdre aux- eaux une partie de la vîtefle qu'ils ont acquife dans la defcente , & qui produiroit de grands dommages dans les plaines , qu'ils vont parcourir ; ceux qu'ils fe creufent dans les plaines par l'inégalité Se par l'hétérogénéité du fol , qui offre plus ou moins de réfiflance à leur mouvement , ne pro- y duifent pas des avantages égaux; car au contraire ils endommagent fouvent jf par leurs variations. C'eft à l'art de perfeâionner la nature , où cela eft, Ca) L. III. C. XVI. (A) Les collines du Afonferrai. _ ^ ( <: ) Les collines du Canavei qui bordent la Doira-SautU juf^u'à M"]/^'» 53<^ Mémoires de la Société royale des Sciences. ai'é. Mais la théorie n'a pas encore e'té entièrement établie (ur fes vrai^ Tome II. P^nt^ipes, & l'on voie fouvent faire à la pratique des eftbrts inutiles. ^ . 12. La partie de la plaine, qui efl: plus proche des montagnes , à une pente plus rapide que celle qui approche davantage de la mer , & les 1760-1761. jleuvt^s _ yj fortir des montagnes , ont encore une grande partie de la vitciïe acquife par la defcente ; or , après qu'ils ont dépolé à leur pied les grandes pierres qu'ils en ont détachés & roulés dans les vallées , ils le déchargent des plus petites^ jufqu'à'Ce que le mouvement devenant beau- coup moins rapide , ils dépofent le fable : mais comme il eft encore trop grand pour que le limon , qu'ils commencent à chariet en rongeant les plaines, puifle fe féparer & fe précipiter au fond de leurs lits, loin d'en être élevés , ils fe creufent davantage ; il s'en fuit delà que les changem.ens qu'ils fubiflent pendant un certain efpace^ ne fe font que par corrohon ; c'eft ce qui arrive à cette première partie du cours du Pô dans le Piémont proprement dit. ij. Concevons les eaux du fleuve parvenus à l'entrée d'une plaine, elles fe creuferont un lit dans la partie la plus bafle ; & fi dans le long efpace qui leur refte à parcourir, elles trouvent un fol gras & fertile , elles fe chargeront de limon , pour le dépofer un peu plus bas , quand leur différens détours & le peu de pente de la plaine, leur auront fait perdre fuffifamment de leur vitelTe : le fond du fleuve fe rehauffera donc infen- fîblement , & les eaux furmontant leurs bords, fe creuléront de nouveaux lits fur la partie de la plaine latérale qui eft la plus bafle ; fi la mer eft encore beaucoup éloignée , & fi par quelque réfiftance dans le fol , le fleuve ne peut y porter droit fes eaux , ces nouveaux lits fe réunif- fent à l'ancien : voilà des îles formées par les branches du fleuve , qui quittera encore par la même raifon ces nouveaux lits pour rentrer dans les anciens , ou pour s'en creufcr d'autres. Cette plaine rehaufl'ée dans les endroits plus bas, facilite encore ces changemens ; puifque le fleuve ne s'écoulant plus dans une vallée . mais fur une plaine allez unie & rendue de niveau par les différentes couches de limon , dont le fol a été couvert à plulicurs repriles , en inonde une grande partie , fubmerge les villes 8c les campagnes , Se y forme des marais & des lacs. Le fleuve qui , au commencement, ne débouchoit dans la mer que par une feule embouchure, y ayant dépofé beaucoup de limon, eft enfuice obligé de fe divifcr, d'où il fe forme des îles d'une iîçuie triangulaire dont un côté eft baigné par la mer , & les deux autres, par les branches des fleuves : le limon luccefllve- ment dépofé , fait de nouveau fubdivifer le fleuve , & il le forme de nouvel'es îles; ces nouvelles branches, enfin, qui divergent entre el'es. fe réunl(l''ent aux premières , d'oii il réfulte d'autres divifions. G eft par c^es: différentes variations que fe font les prolong nions du continent : & que s'îl'fë 'tTôuvè dans la mer des' îles , qui foient proches du fleuve, elles font enclavées & réunies au continent qui s'avance vers elles. 14. Tout ce que nous venons de dire eft arrivé à notre fleuve ; les { qui s'enflammoit lorfqu'on la brifoit , & qu'on nommoit Spinus (e). Les bains chauds de la Porrata fur le bord du Réno au midi de Bologne (/) , font formés par les eaux qui forcent en grande quantité d'un rocher de même nature. Lorfqu'on frappe ces pierres on en voit lorcir des étincelles , dont le nom grec 2?7iVt£p dérive par conféquent de celui de Scru'e qu oa doit fuppléer dans le Thefaurus lingitx grceca d'Henri Etienne : Plme(g) affure que fi on laifloit tomber un charbon allumé dans le territoire i^Aricia, la terre s'enflammoit, que dans la Sabine & dans le territoire de liano, une forte de pierre prenoit feu lorfqu'on l'oignoit : cette région au- tour du bas Pô abonde en fources fulphureufes; & fans parler des célèbres bains chauds à'Abano , dans le territoire de Comacchio , il y avoir encore au VI fiécle un endroit qui s'appelloit Ignis &- Bajas, fitué entre l'Eridat» & la Volane (.h). . Pline affure que dans les Apennins au Sud de Bologne l'an ^i, avant l'ère vulgaire, à la vue d'un grand nombre de Chevaliers Romains , deux grands rochers s'entrechoquèrent fi rudement & avec un fi grand bruit, que la fumée & la flamme s'en éleva au ciel , & que dans leur chute ils écrasèrent plufieurs villages (i). Plutarque dit que dans le pays habité jadis par les Celtes , un globe de feu (ou une bloc de matière en feu]j (a) Diod. fie. lib. 4. Plut, in Thefco. (i) Freret. nouv. oblerv. cliron. P. i, ic) Antiq. Rom. lib. i. (rf) PHn. lib. III. C. XVI. {e) Lib. de Mirandis. ( f ) Léandre Alberti , qui les vit , en donne cette defcrîption : Efcono que/le acque cdidi in grande abhondani-i , di japore Jiljo , da un .ihj jjjjo di minera di jolfo, Sopri. a "ran fajlo veg«onJî in quà e in là ujcire jUune fiammette di juoco ivi accendendoji U terra • e Ipinto il juoco vedefî ^ermina- «£a lerra , e prndure eihe. Mette capo net Renif quifl acqua onde non e meravi^lia je C acqiia del Reno e tanto jana a heverla, P.ig. JJS-» il dit aufli , qu'au Sud de Bologne , près d^ l'ietramala , on voit un trou dont û, fort continuellement de grandes flammes, pa^e 325. (^) 1.1b. II. C. IC7. (A) Arinellus loc. cit, \i) Lib. II. Ç. 8j. i7«o-i7«l. D E T U R t N. 339 lancé en l'air dans une éruption, tomba dans l'Eridan & s'y éteignit (a). **"''"^^™*^ Valtrius Flaccus nous apprend la même chofe par ce vers: Tome II. Acer G* Eridani trepidum globus ihat in amncm. Argon. 1. Vi V. 430. A N N E Et ' Voilà l'explication d'une partie de la fameufe fable de Phaëton. Les bornes de mon fujct ne me permettent pas d'y inférer ici mes recherches fur la première p;irtie de cette ancienne tradition d'un embrafemenr qu'éprouva la terre , & fur fa caufe : je les réfetve à un autre lieu. Les Poètes ayanc trop défiguré cette tradition , la rendirent abfurde ; & pour cela Strabon, Pline, Diodore de Sicile la rejettent abfolument; Polybe n'en décide rien j Lucien dans fon Dialogue de l'Ambre, avec fa naïveté ordinaire , la tourne en ridicule, mais dans le Dialogue de VAIlrologie^ il tâche d'en donner une explication morale. Les fentimens des Mitologirtes font partagés fur ce fujet ; mais c'eft fans le moindre fondement que nos Hiftoriens , trompés par les impoftures d'Annius de Viterbe , ont prétendu trouver dans Pkaeton le fondateur de Turin. 17. Appollonius de Rode (h) dit que l'eau du lac, dans lequel tomba Phaëton à demi brûlée , en fut fi infeâée , que les oifeaux qui voloient deiïus , n'en pouvant fupporter la puanteur , y tomboient morts ; Se que t[uand elle débordoit par le foufîe du vent impétueux , tune ( eleâlriguita:) in Eridanum provolvuntur fréquenter cunElce , ccfluanti fluxu. Le nom de lago [euro qiJe conferve un village entre Ferrare & le Pô grande , déjà nommé lacus ohjcurus dans des anciennes chartres, indique précifément le lieu oii étoit l'étang ou lac obfcur ( /.c>.«;nTf ;.///( i:f) dont cet Auteur fait: mention , & qui fut dans les ficelés fuivans comblé par le limon du fleuve , fur-tout depuis que la branche , qu'on appelle Pô grande , creufa fon lit (de ce côté. 1 8. Dans la campagne fulfureufe entre Cume & Poi'^uolo , appellée par les anciens Phlegrxus Campus , l'an I5'58 , après de grands tremblemens , on vit la terre s'ouvrir & jetter une fi grande quantité de pierres enflammées & de cendres , qu'il s'en forma une montagne de ^ milles de circuit , & le lac Lucrin en fut prefqu'entièrement couvert (c). Ariftote (d) nous apprend comment dans la même campagne s'eft formée la folfûtara i cet Auteur, en parlant des tremblemens de terre, donne la defcription d'une efpèce plus particulière (& qu'on peut à plusjufte raifon appeller un volcan) laquelle fe fait quand la terre après s'ctre alternativement gonflée & ralîîfe, ( ij ) Tzetze , Chiliad, IV. n. 137, après avoir expofc le Conte des Poctes fur Phaston Ait: Plutarchut Butcm folv'tt naturaSui : Globum igneum tetra coltlcj erupïjft ^ ^ ixtinctum autem , cum in Jïuenta Eridani incldlJJ'ct , Hi/loria mcnûonem facit ( in libro ) : quantum exMncn extemorum ? (S) AfyevavTiK. Lib. V. v. ffi? , &c. (f ) V. Léand. Alberti. Dtfcrir, Ital, tdit, an, ijSlf, piige 177, id)Méteor. lib. II. cap. VIII. y V »j 540 Mémoires de Ca Société ROVAtB feEs Scieîtces j^Mi^^^^ s'ouvre enfin & élance une quantité de pierres : un de ces trembkmens , dit-if i Tome II l'oulcTcrfa le champ Phlegrée , de même qu'une région ligujîique. Ces dernières , * paroles regardent l'origine des fameux Campi Lapidei qu'on appelle aujour-, ANXEEfi d'hui le Crau entre Marfeille & le Rhône; les circonftances fabuleufes, ,17^0-1761, (Jont igs anciens l'envelopèrent , racontant que Jupiter (a ) avoit fait pleu- voir une nuée de pierre fur les Liguriens , Albion &■ Bergion , fils de ■Neptune , tombe aifément : le nom de bcrg figcifioit dans la langue Celti- que une montagne , & celui d'alben ou alpen ^ une montagne fort haute : deux montagnes baignées par la mer s'étant donc ouvertes par la force d'un volcan, élancèrent une prodigieufe quantité de pierres, qui retombant, couvrirent une étendue de pays {b) , &i. abîmèrent plufieurs peuplades de Liguriens , qui l'habitoient ip. Celle des deux îles EleBrides . fur laquelle les ThefTaliens bâtirent la ville de Spine , femble être fortie de la mer par I3 force d'un volcan. Pline en dénombre dix dans l'Archipel, qui fortirent ,de cette manière , parmi iefquelles celle de Tlierajl^ aujourd'hui Sancorini , qui en fortit l'an 237, avant l'ère vulgaire, porte toutes les marques de l'adion du feu ; on en vit fortir une autre à côté de celle-ci l'an 17051. Dans les mers d'Italie, le Vulcanello (rocher entre l'île de Lipari & celle de Vulcano) l'île d'Ischia, celle de Procida , & une autre qui fortit dans I3 mer de Tofcane , l'an 206, avant l'ère vulgaire, eurent la même origine ( c). Ces îles font toutes hérifle'es de rochers; or telle étoit, félon Apollonius de Rhode, l'île Elec~ triàe (d), 20. Le Géographe Scylax , qui écrivoit vers l'an yoo, avant l'ère vuH gaire (e), mais qui s'eft fervi dans la defcription des côtes de l'Italie, de mémoires d'environ un fîècle plus anciens , dit que la ville de Spine étoiç fituée près du fleuve du même pom , qu'on remontoit pour y parvenic lefpace de 20 ftades [2 \ milles]. Les Géographes Eudoxe & Artemidore, au rapport d'Etienne de Byzance (/) avoient écrit fur cette ville & fur Iç fleuve Spinus. C'efl; le fameux Eridan des Grecs & des Latins, Hérodote (g ) révoqua en doute l'exiftance d'un fleuve de même nom dans les mera Septentrionales, foupçonnant que ce nom , qui lui fembloit Grec, eût été forgé par les Poètes ; & Strabon nie abfolument qu'il y ait jamais eu de fleuve de ce nom, & de l'ambre à fon embouchure. Cependant quoique Pline (h) foit d'accord avec lui fur ce point , il aflure néanmoins que l'embouciiure Spinédque étoit autrefois appellée \' Eridan (i). Les Grecs qui »" : ' : : r : ~~" >i (j ) Mêla, lib. II. cap. V. Appollod. de Diis lib. II, ( * ) De douze millçs de long fur dix de large. {c) Pline, lib. II, cap. 87. {d) In inju/am j/peram EUdrida ferebantuf. Argon, lib. iV^ V. 5813 O) Herod. lib. IV. c. 4^. ■ ... (f ) V. ^-TTIVU.. (^O Lib. III. c. iiç. (A) Lib. XXXVII, c, iij (/} tjb, III. c. \É, î) E T U R t H. 54!" eomftierçoient à Splne connoKToient cette branche du Pô fous le nom «.■■_ii.,^ id'H'f ifuyot , & leurs anciens Poètes, qui célèbrent Phaeton , imités par les ^ TT" iatins, retendirent à tout le fleuve. Âlais ce nom étoit Celtique, & les " Celtes ne le donnoient qu'à cette branche , qui fe diviloit à Codrea (a) Années fur la droite. Ce lieu dans lequel on trouva quelques inlcriptions qui en '7^0-1764, confirment l'antiquité, étoit encore appelle dans le fiècle XI. Ca^M de Reda (b), Si. Prilcien dans fes antiquités de Ferrure , afliire que le Pô ne ■fe divifoit pas à Ferrure , mais quelque milles au deflous , à Codrea , qui avoic Ce nom , parce que la branche du Pô , qu'on nommoit Eridane, prenoit *• ( E T U R I K. 24P prefque manqué dans cette branche. Le Pô d^Ariano & les branches fui- __^„..i«^ vantes font nouvelles. Celle que Pline appelle Cjirbonaria, eft la branche -,; tT c]ui coule du village de Corboia , où les diftances marque'es dans la table ' Théodofienne portent la manfion ai W\ Maria; cette branche avec la Fojja -^'VAri £■* Pliilijîina, & le fleuve Tartaro prolongèrent beaucoup le continent, & y ii6o-\T6ti enclavèrent les îles formées par une chaîne des collines , & entre autres celle où eft bâtie Lono , Lauretum , qu'on trouve dès le \'IV ficelé dans Je nombre des lieux , qui dans les lacunes de P^enife avoient échappé à la domination des Longobards. Pline parle du célèbre port d'Atria , donc les Tyrrhéniens, fondateurs de cette ville, fe fervoient pour faire fur la mer fupérieure un commerce f\ grand , qu'elle en prit fon nom à'Atriatique changé depuis en celui d'Adriatique, Près de cette ville, qui vit peuà peu s'enlever la mer & le commerce, il y a vers le Sud un petit marais ifolé (a) , qui femble avoir été ce fameu.x porc comblé par le limon , qui en éloigna la mer de treize milles. 5 I. La FoJJa Philijhna , dont le nom indique une des nations Phénicien- nes , qui compofoienc la nation connue par les Grecs fous le nom de Tyrfeni , fut creufée par ce peuple pour enlever , à ce qu'il femble , aux Theffaliens de Spine , avec l'eau de trois anciennes branches du Pô , le commerce & la défenfe naturelle qu'ils trouvoient au milieu des eaux. Ce qui leur réuffit : & les Theffaliens furent contrains de fe retirer dans la Grèce (b). Ce canal conduifoit l'eau du Pô jufqu'à Adria ; Prifcien en décric les vertiges depuis Cajîdnuovo , où il fe dérachoit du Pô jufqu'à Cerigna.no & Me\ana (c), où le fleuve 'Tartaro y méloit fes eaux pour déboucher dans la mer \^Voyei la Cartel Mais dans le tems des Romains les eaux couloient de nouveau en abondance dans la Volana Se dans YEridan; foit qu'ils euflent réglé la difl:ribution entre ces deux branches, & la Fojfa Philijlina , afin qu'elles fulTent toutes navigables ; foit que le Pô, pour avoir coulé du tems des Tyrrhéniens, trois, où quatre fiècles en plus grande abondance dans cette dernière , en eue élevé le lit & diftribué de nouveau une plus grande quantité de fes eaux dans les deux premières; car du tems de Polybe l'embouchure Olane formoit un porc des plus sûrs de la mer Adriatique , & l'embouchure fpinetique du tems de Pline en formoit un d'affez grande capacité ; l'Empereur Claude defcendit fur un grand navire dans l'Adriatique par cette branche ; & au IV' fiècle les troupes Romaines embarquées à OJîiglia defcendoient encore par cette branche & par la Foffa Augufla jufqu'à Ravcnne (d). Depuis le tems des Romains l'eau alla en décroilTant dans la FoJJa Phdijhna , qu'on trouve encore défignée comme le confin de plufieurs campagnes dans quelques Chartres avec le nom de Pekflina ou Peleflrina ; & elle cefla d'y coulée ( a ) V. Cjrij del Polejîne di rovigo dit Bonifaiio, {h) Dionys halic. lib. i. Strab. lib, V. (<) F. Albcni , pj^e 3JI. b. ^d) Tab. Théod. Segm, IV. édit. vindob. i7J3i ^yo Mémoires de la Société roïaï.e t»Es ScîEncis ~ du Pô depuis le XIP (iècle ; fes vertiges confervent le nom de Piflrina,- .Tome II, ^2. La diredlion de ces branches du Pô fait voir que la partie de la- An N K£s plaine, où couloient le Sagh & VEridan, & qui en étoit au commencement ^jio-i76i. '"^ P'"^ inclinée du tems des Tyrrhéniens , avoir déjà été élevée par le limon au-deflus de cette partie, qui eft à la gauche du cours de la premère; ce qui eft aufli prouvé par la direâion du cours de l'eau dans cette fuite de canaux creufés par les Romains , fur lefquels , félon Pline , on navigeoiî de Ratenne jufqu'à Altino ; l'itinéraire d'Antonin marquoit aux troupes Romaines cette navigation (a) , que Caflîodore décrit dans une lettre aux Tribuns de la marine de la province Venttia. Ces canaux étoient forî împortans dans ces temps antérieurs à l'invention de la bouflble , dans lefquels on craignoit de perdre de vue les côtes : dans les mois orageux on navigeoit en grande fureté fur fes canaux ( è ) , il auroit été fort dangereux de côtoyer !e rivage de la mer aux ambouchares du Pô , à caufe des courans & des bancs de fable qui varioient beaucoup , & qu'on ne connoiffoit pas trop. Entre X'kridati & la Vclane [ Voyi^ la Carte \ continuoit la Fofja Augujîa près d'un lieu de même nom, & l'eau y couloit de la Volam ; car telle éroit la direâion d'un Rivus Badcrinus (c). Le lit de cette branche étoit donc alors plus élevé que celui ce VEridan. L'eau de la Eoffa Neronia couloit de l'autre côté de la Volana jufque dans la FoJJa PhiliJJina. , & la pente du fol continuoit même au-delà de VAdigCy car Pline affure que le Fô meloit fes eaux avec celles àsl'Adige ^àuTogi^ fenus & des deux Medoaci (d). Ce qui arrivoit au moyen du canal appsllé SiU'us LoîjÇiu(e), qui depuis ArUino les conduifoir par Corbola dans le Turtaro, & de-là traverfoit VAdige à Caput Aggeris (Cavar'^ere)ôc après avoir reçu le fleuve l'ogiforus (/), unt partie de fes eaux débouchant dans les Lagunes de Venifi , avoit ouvert la langue de terre oppofée & formé le port de Brondolo (.g); l'autre partie continuoit fon cours dans la Fojja Clodia , à laquel venoit fe joindre un canal , qui conduifoit une partie de l'eau du Medoacus major ( !a Brenta) & du Medoacus minor (k) : ces eaux avoient rompu la même langue , & formé l'ouverture qu'on appelle Porto di Ckioggia, 5J. Le limon dépofé par ces branches & canaux, produifîtune grande mégalité d'élévation dans le fol, dont s'enfuivirent de grands changemens ( a ) Ravenna ; indt navigjntur feiptem Marii altinum ufcjiii, (b) Comme vtntis juvientibus mjre fiierit claufum , vid voiis panditur fir amunijï' fima Jluviorum (jc. Cuffiod, vjr, lib. XÏI, ép. 14. ( c ) Dipl. an, T013, in ûppend. Difija de. ta S. Sede per Commacchiom (d) His je padiis mijcet , ac per hac effundilur : 1. cit» (f) Cliron. Ferrar. 1. c, (J ) Ce fleuve qui avoit fâ fource dans le territoire de Padoue près des bains d'Abano-y a changé de cours & de nom, (g ) Plin. ihid. V. la Carte du Padonan de Magin. (h) Les Padouans en ont beaucoup changé le cours; entre Fadoue & Piere di Sacc(^f pn l'appelle FiumUeilo, V. Magin, itid. B E T u R r jt. 55"! dans leurs cours. Dans la partie de la plaine comprife entre la Voîane &c ^ ^ , t Ja rojja Plutijlwa , qui le trouva pur cette railon moins élevée que le ut de ces deux branches, il s'en forma une nouvelle , qui aujourd'hui efl la Années plus abondante de toutes. Environ l'an iijo, les habitans des lieux 1760-1761^ voilins de Ruina , envieux de la profpérité , dont jouilToient les Cultiva- teurs de fon territoire très-fertile, coupèrent au-delfus de cet endroit la rive gauche du Pô , qui fubmergea cette campagne , & fit de grands ravages en s'ouvrant une iflue dans la mer ; enfin les Ferrarois, avec bien du travail firent des digues tout le long de fon cours, & il fe creufa fon lit. On appella cette branche la Rotia di Ficarolo {a). Dès le XIV' liècle les eaux y couloient en telle abondance , qu'elles égaloient celles des deux autres branches Volana & Pnmaro ( t ) ; de nos temps la plus grande partie des eaux du Pô coule dans ladite branche , qu'on appelle par cette raifon le Pô Grande ; elle changea fouvent fes embouchures , qui produifirent: une telle prolongation de continent , que , fuivant la carte dts PP. Bofcovich la. le Maire , il y a aujourd'hui 17 railles de diftance entre Ariano & la partie la plus avancée du rivage voilîn. L'Adige , dans la dernière partie de ion cours , c-îu-à-dire après s'être dirigé vers l'Eft , réhaufle de même beaucoup fon lit': delà ces changemens de lit , qu'il a fait entre la Badia de Vanidga^ia Se Cavar^ere [^oye^ la Carte] & les fréquentes ruptures qu'il fait à fes rives (c). Ce réhaufiement de fol a empêché la Rotta di Ficarolo de couler dans le lit de ce fleuve qui eft aujourd'hui plus élevé, que la branche du Pô délie Fornaci à Anconetta ; car de cet endroit on remonte à force de chevaux le canal de Loredo , qui eft aifez rapide (d); les eaux de ÏAdigs coulent aulîi dans le Tartaro par le canal qu'on appelle Scortico , & celle du Tartaro dans le Pô par la Fojj'a Polifella (e). Ces canaux, félon Prifcien, furent creufés pour décharger au moyen d'une partie de l'eau de l'Adige, celles des grands marais , qui font dans ces lieux ; mais ils font fouvent enflés par les eaux de l'Adige, du Tartaro &: du Menaco , de telle forte, qu'ils inondent une grande étendue de pays (/). 5 4. Toutes ces branches du Po , & ces canaux trop multipliés , ont fouvent produit des grandes inondations , pour peu que les pluies ayent été abon- dantes ; celle entre autres qui arriva l'an 589 , fit de terribles ravages ( g). Le moyen de les empêcher & d'alTurer un lit plus confiant au fleuve j eft de faire enforte qu'il fe divife en moins de branche qu'il foit pollible. Cela femble un paradoxe fuivant le préjugé commun , que les eaux doivent (j) Albert!, page 34?, b. (A) Chron. Ferrar. 1. cit. (c) Cette brandie qu'on appelle VAd'igetto eH l'ancien lit de l'Adige \ qui dan» plufieurs Chartres de cette Abbaye efl appelle Adeje VecLo ou Flumen ytclum, (J) Voyage d'Europe, Tome VI. BJ,'f 781. (e) On doit obtèrver que ces canaux font pref^u'un angle droit entre Ut fleuYes '^digty Taruro & Pô. (/) Alberti, pjge iîl. b. isi^l/'l Hift. MiffeU lib. XVUr, ^ya Mémoires de la SociÉrê bo7Ale des Science?. Fo M E II. ^^'P'^f "^ais les fleuves à proportion de leur diramation ; que , par exemple t An N ' * • ''°" ''p"^'^ "^ "." f^ÊLive un canal d'une capacité égale à celle de fon lit, ^^"* ^'sau doive y baiffer de moitié; & au contraire que fi on fait confluer 97J0-1761. dans le lit d'un fleuve une quantité d'eau égale à celle qui y coule ordi- nairement, l'eau doive s'y élever du double. Mais ceux qui jugent ainfi, n'obfervent pas que c'eft à la vitefle qu'on doit faire le plus d'attention dans le cours des fleuves, &: qu'elle croît en raifon de la mafle des eaux qu'on y fait confluer. M. Genneté (a) a prouvé en dernier lieu par des expé- riences exaftes , que les eaux des fleuves ainfi divifées ne doivent baiiïer que de peu, & qu'on peut y en faire confluer une aflez grande quantité fans craindre des inondations ; car après avoir fait couler dans un canal artificiel une quantité d'eau confiante , & avoir marqué la hauteur qu'elle avoit, il y fit confluer dans une autre canal une quantité d'eau égale ^ & il obferva qu'elle ne s'élevoic que d'-'j ; il joignit un troificme canal. Se l'eau re s'éleva que d'-'j, & ainfi de fiiite; & au contraire ayant divifé leau d'un canal commun en deux égaux, il obferva , que l'eaa ne baifToit dans ces canaux que d'-'^, dans trois à'~ , dans quatre d'-^V, & ainfi de fuite. La vîtelTe que les eaux d'un fleuve , qui étoit divile , acquièrent étant réunies , produit encore cet autre avantage, qu'il fe fait moins de dépofition de limon fur le fond du lit. M. Genneté fait efpérer un autre ouvrage, dans lequel il donnera entre autres méthodes celle de nettoyer aiféir.ent les lits des fleuves : il eft abfolument nécelTaire de le faire fi on veut leur aflfiirer un lit confiant dans la partie de leurs cours , ou ils com- mencent à le réhaufTer. ^y. Quant aux autres changemens arrivés au cours du Pô , au-defTus oel endroit, oià il fedivife.je n'en marquerai aullî que les plus confidérables. Dans le fiè.le XI, il couloit entre Lu^-^ara &" Su^ara vers S. Benedetto , où il recevoit le fleuve Lirone; & la partie du cours qu'il a aujourd'hui entre Bor^ofone & S. Giacomo , étoit le lit de \'Oglio , dans lequel il coula après avoir rompu à la gauche de Lunara. A Plaifance , dont il baigne les murailles , il couloit à un mille & demi vers le Nord ; car telle étoit la diflance du Poniis ou Emporium Placentinum , qu'Annibal manqua de furprendre, &: qui étoit fitué près du fleuve , du même côté que la ville; la voie romaine , qui de Plaifance conduifoit à ce port , fubfiftoit encore dans le moyen âge ( è ) ; le long des murailles de la ville couloit dans le Pô' un fleuve appelle Fons Augujîi , & les fources qui naiffoient dans fon lit étoient fi abondantes qu'on le navigeoit au grand avantage de la ville} dans le fiècle XIV, il y couloit quelques fois dans une partie des eaux du Pô & de la Trebia ( c) ; & depuis ce tems le Pô ayant élevé fon ancien ht au-deflus de celui de ce fleuve , il y tranfporta toutes fes eaux. Près («) Réflexions fur le cours des fleuves. (b ) S^ius vijm publicam , quce nb iirhe PUcentia ad Placentinum Ptrtum dueil, Dipl* an. 879 , publ. par Campi Jloria EccL di ?iac. Tome I. (0 Chron, Placent, in. Tom. XVI. Rer. Italie, [âge jï£. DE Turin". jj'j «Je Pavie il coulolt autrefois dans cet ancien lit , qu'on appelle la Rotta , & .^««^.^^ qui contient encore une partie de fes eaux ; le Téfin y confluoit à un demi- tT I 7T •11 j n • • 1 n» 1 ■ < r j • .- 1 OME 11, mille de Faite ; mais le ro ayant rompu le rivage a la droite , ht ren- . gorger le Téfin, & inonda la campagne voiline ; enfin , ayant tîxc fon ■"^^c^* cours, le Téjîn y tranfporta fon confluent à 4 milles à l'Efl: de Favie, & 1760-17^1» les marais fe deflcchèrent , & laifsèrent à découvert l'ile appeliée Mc^ano {a). Entre les confluens de la Sejîa & de la Doira Bauria ^ il a fouvent changé de lit. La voie romaine qui s'étendoit le long de fa rive gauche entre les villes de Quadracx & Rigomagus , l'empèchoit de fe jetter fur la plaine; mais le Pô & les eaux qui couloient au-delà de la voie ayant réhaufTé lo fol , &: couvert cette digue , il fe détacha depuis ces tems des collines du Mon-Ferrat , rompit fa rive gauche, fecreufa de nouveaux lits & emporta Jes ruines de Rigomagus, rebâti fur la fin du fiècle VI. fûus le nom de Tridinum , après avoir contraint les habitans à tranfporter leurs habitations plus loin de fon bord , où ils bâtirent l'an 12 10 la ville de Trin (b). Mais ces nouveaux lits ayant été audi réhaufles, le fleuve reprit fon cours dans les anciens ; ainfi l'an 12^7, il avoit quitté fon lit vers Pala^^olo , & setoit jette vers la colline où eft la Rocca délie Donne (c). Il l'a fouvent changé depuis ; & aujourd'hui entre la Doira & la Sejia , il coule prefque par-tout divifé en deux lits. L'an i5io, quantité de pierres ayant éboulé du rocher de Verrue, dont il baignoit le pié , il fut contraint de fe jetter vers Crefcentin, où il fe creufa le lit dans lequel il coule depuis ce tems; car il ne fervit de rien que de lui faire une digue fans en avoir dégagé le lit de ces pierres-: il l'emporta à la première inondation (d), 36. Ces changemens , comme j'ai obfervé au § i j , font produits par le peu de pente qu'a le lit du fleuve. A Turin il n'eft élevé que de 100 toifes fur le niveau de la mer (e). Or à caufe de tous fes petits détours , le plan de fon cours depuis cette ville eft long d'environ 300 milles, La defcente de l'eau ne feroit donc que de /, de toife pour chaque mille s'il couloit fur un plan ; mais elle eft plus grande que cette quantité vers Turin , & moindre vers l'emboachure; car comme il dépofe dans la partie inférieure de fon cours toujours plus de limon , il rehauife de plus en plus , & rend courbe cette fuperficie fur laquelle il coule ; on doit donc la confidérer comme co.mpofée d'un grand nombre de plans, dont la hauteur va toujours -en diminuant ; & diftribuer cette defcente & la viteiTe de l'eau en raifort de leur inclinaifon ; mais defiitués d'obfervations dans d'autres parties de fon cours , on ne peut pas la déterminer : les plus importantes feroient celles de la hauteur de fa fource , Se du lieu où fes eaux reparoiflenc ( j ) On donnoit dans le moyen âge à ces (brtes d'iles le nom de JUtdUnum. Muratori D.lTert. XXI. ( A ) V. Iric. Dijfert. de Rigomjgo , & Hift. Trid. lib. I , pjges 1 4 , «4 , fi j, (c) Sommirio Comm, Fcntantto, e Gaiuno 174J. (. Ces trois fontaines fe réuniffent, & le fleuve fe pré- cipite des rochers avec un très-grand bruit, en roulant de grofles pierres, & eft fi abondant d'eaux, qu'il pourroit faire tourner une meule , fans avoir cependant aucun lit confiant dans ce fol pierreux. Enfin , après un cours de vingt un milles Romains (/) dans la vallée , dont la plus grande largeur n'excède pas un mille , à fon entrée dans la plaine , il fe perd entre Revel & Salaces abforbé par le gravier qu'il y a porté ; de forte qu'en Eté on le (a) Mais il Ce méprend en difânt , que fur ce (ômmet îl y a deUH fontaines; dont l'une donne la (ource à la Durance Si. ilzDoira , & l'autre plus bafîè au Pô , page 384 g J). 1185 , il copie trop à la lettre le texte de Sirabon au liv. IV. (i ) Cluver, Ital. ant. lib. 1. c. 35. Plin, 1. c. l'adiis e gremio VefulU Montis» (c) Mdj 1. II. c. 4. Cluver, ibid, ( (/) L. I r. c, 103. ( f ) Guichemon , Hifl. généal. de la R. Maifôn de Savoye. L. i. c. 3. C'eft le pertuîs du Mont - yifo , aujourd'hui comblé de pierres , qui fê détachèrent de la cave de Is montagne. Un Auteur de ce tems le décrit ainfî: jj il y a un nouveau paflage bien raer- » veilleux pour entrer au pays d'Italie ; c'eft par un pertuis qu'on a fait à coté du Mont- 3> Vilôl par une montagne qu'on a percée tout outre puis 14 ans en çà , & dure environ !»> un get d'arbalêtre.». Jacq. Sigault ; totale des dejcriptions dts fafftgei des GtuU* fji Italie ^ publiée par Camuzat. Melang, Hifl, page lix^ ^f) Pu de 14 milles du Piémont. ceTurin. 35'y pafle à pieds fccs. Si dans les autres faifons de l'année il coule avec peu "— fléaux (a). Pline ne sert pas exprimé avec fon exaditude ordinaire en Tome II, fuppofant qu'il coule par un conduit fouterrain ( b) : conitnfque fefe cunicido , An n à et G" ïn forribienjîum agrq^iterum exoriens ; car on fent en padlint fur ce gravier néo-nii le bruit de l'eau dont il efl: imbibé. Il coule de nouveau vers la lin du territoire de Revel , peu loin de l'Abbaye de Stapharde; où il reçoit fur fa droite le torrent Bronda , & quatre milles au-deffous , un canal , qui conduit une partie des eaux de la Vraita , creufé par ordre du Marquis Mainfroy IV de Saluces , pour arrofer la campagne appellée la Gcrbola , qu'il fit défricher , & enfuite il reçoit cette rivière , & la Maira. Les Cartes Géographiques marquent un canal de navigation , qui conduit une partie des eaux de la Stura dans le Pô , peu au-deffus de Carignan;\\ avoit été projette dans le fiècle dernier par le célèbre Marquis de Pianezza,' & exécuté dans fa partie entre Carmagnole Sz le P6 (c); mais fa more interrompit cet ouvrage , qui auroit été fort avantageux au commerce entre Nice & Turin , fur- tout depuis qu'on fait de fi grands travaux au Porc de Nice. Delà jufqu'au Fanaro , le Pô ne reçoit que des torrens. La Trebia & les rivières fuivanres inondoient une grande étendue de la plaine avant que les Romains euffent fondé leur colonie de Plaifance l'an 218 avant l'ère vulgaire. EmiUus Scaurus , qui fit conftiuire la voie Emilienne entre Rimini & Plaifance , fit écouler ces marais dans le Pô , en creufant un grand canal navigable fur le territoire de Parme (d) ; dont une partie fubfifte encore fous le nom de la Parmigiana. Je m'étendrois trop en décrivant les change- mens de cours des rivières de la Lombardie , & les canaux qu'on a faits en différens teins , fur-tout dans le Modenois , le Bolonois & le Ferramis ; on peut confulter les ouvrages qu'ont fait à cette occafion Manfredi &c Gugliel- xnini, & ceux que j'indique dans la note (e). 38. Entre les rivières que le Pô reçoit à fa gauche , la petite Doire efï groifie par le torrent Cinifella , qui coule du lac qui eft fur la plaine du Mom-Cenis. Ce lac étoit autrefois beaucoup plus grand (/) ; c'efl: parce qu il occupoit toute cette plaine , qui a cinq milles de long , fur un de large, que les Romains ne pratiquèrent point une voie fur cette montagne; mais une grande partie de fes eaux ayant écoulé , Charlemagne y pafla avec fon armée en 774. (g). Elle porte toutes les marques des volcans ; car (j) Chieta Cor. Ré:iU. (A) Cela a lieu dans le R/iône , U Milfe G* le Ni^rq^., qui coulent fous des rocher»' dont la chaîne traverfe leurs cours. C;esak de Bel. Gall. iib. i. Guichen. lib, i. c. î« Plin. lib. 1 1, c. 103, (c) On l'appelle le Navilio. (,y)Strab. lib. V. (e) Corradi^ Effttti dannofi delU paluii , ce. Modem 1717, /ilve/lri defcr. Patudi Adtiaticht. Muratori antiq. Italie, dirfèrt. XXI. (f) Superne in (avis juibufdam locis niJEnuf (ontÎMtur Utut; Juoçue fjntes , C^(, Strab. lib. IV. " f ^ ' {g) V' Eginhart. in V, CaroU M. ^f6 Mémoires de tA SocrëTê royalb des SciSNCES il V ^ autour du lac des cavités en forme de cônes renverfés, qu'on nS ~ jY peut attribuer qu'aux exhalailons du feu ; & il femble qu'elle ait pris (on nom , * ( /W. Ccm(ius) des cendres. Les volcans & Its trembiemens de terre ont Ajyfirées p^-Q^u'n de grands changemens dans les montagnes; Pline aflure que les l7 dans les prairies il en gâte & brûle les herbes». L'Auteur delà chro- nique de Plaifunce fait une obfervation femblable fur les rivières Nura & Trebia ; & dit que le Pô rend fort fertiles les terres qu'il inonde , quoiqu'il caufe fouvent des dommages à fes voifins (c). Pline obferve aufli que le Pô dans fes inondations , agris quami'is torremior, nd tamen ex rapto Jîbi i'indicans, atque ubi liquit agros, ubertate largior. Ce qu'il faut entendre de la plus grande partie de fon cours dans la plaine. Ces différens effets font produits par les terres & les fels ou par l'ocre & le fable qu'ils charient dgns une partie de leurs cours , & dépofent dans une autre. 4,0. La Doira. Bautia mêloit anciennement fes eaux avec celles d'un lac , qui étoit formé par le baffin que font les collines , qui s'élargifTent à Ii'rée j & fe retréciffent de nouveau à Majfé. Les lacs de Viverone & de Candia en font des parties , qui , ayant une plus grande profondeur , ne laifsèrent point écouler toutes leurs eaux. La partie à la gauche de la rivière étok plus grande que celle de la droite. Àiarius qui le décrit , afïùre qu'on voyoit dans le Comté de Main , Se près de Viverone les murailles des ports qu'il y avoit fur ce lac , & les anneaux de fer, auxquels on attachoit les bateaux. L'eau de la Duria, qui couloir dans le Pô, ayant plçrgi le détroit de MaJfé , entraîna avec elle la plus grande partie des eaux ( J ) La hauteur de cette montagne étoit donc plus grande que celle qui a été obrervée à la Glacière [ K. § 1. nou a J & qui feroit trop petite à l'égard de la diflancç pu elle e(l du Mont-Tourné. (è) Lib. de Beilo Canepic : in princ. Rer. Ita!. To;iie XVI. (c) Flumen nuris , quod dijlac a civicate per quatuor milliaria , ejl optimus fluviuf ara terris impin^uandis , G* pro pannis Uhorandis ; non ejl enim terra ita mdU , fi irrigelur nb aquj ijîa , quod non efficinur oprima , 6* eji fluvius Jjtis magnus. Flumiiâ^ freyia a^uu rn^U efifrg terris i mm as Jacinnatmit^itilult Ton>çXVI>/'J|« J*U fi E T U R t W. 5jy 'éa lac. ta table Théodofienne en marque un confide'rable à la fource de _^.^__ cette rivière; Ptolémée l'appelle le lac Pœmn . & dit que la Duria avoit fa ~ fource à côté de ce lac (a). II ne marquent pas des lacs fi petits que "^""^ ^^' celui du Ruio . duquel coule une de fes deux fouces. Il femble donc qu'on ^nn èe» en puifle conclure que la vallée de Courmajeur dans laquelle coule l'autre ^760-1761. fource , ait été occupée par un lac dont les eaux fe foient de même écoulées. Cette table marque aulîi un Lacus Cujius à la fource d'une rivière fans nom , qui ne peut être autre que la Sejta. Il eft aflez vraifemblable que le lac dont coule cette rivière , ait été beaucoup plus grand ; un Auteur qui décrit exadement le diocèfe de Novare {b), alTure que les villages qui font dans le fond de la vallée de la Sejia font aflez nouveaux. Le même Auteur décrit un autre lac de quelques trois milles de long & de large , qui étoit près de \aSefîa, entre Prd & Grinafco , dont l'eau a écoulé avec celle de cette rivière ; & une partie du lac majeur , qui a été remplie par le limon porté par la rivière Toja. Quoique les trois grands lacs (^c) n'ayent pas été depuis plufieurs ficelés rétrécis dans leur longueur par les fleuves qui les traversèrent : les mefures qu'en donnent les anciens & les modernes étant à peu-près égales (ii) ; cependant les pierres & le fable qu'ils y portent. & que leur courant roule bien avant dans le lac . en réhauflent néceflai- rement le fond ; ce qui fait que l'eau s'y foutient encore à une hauteur à peu -près égale à celle qu'ils avoient il y a deux mille ans. quoiqu'il en écoule par les rivières qui en fortent , plus qu'il n'y en entre. ^^ Tant de fleuves qui prolongent le continent à leurs embouchures , comme j'ai prouvé à l'égard du Pô , & qui réhauflent de leur limon le fond de la mer, tandis qu'ils la refsèrrent de tous côtés , doivent contraindre fes eaux de s'élever fenfiblement . & de fubmerger les terres qu'elles baignoient , qui deviennent toujours plus bafles que le niveau de la mer. Quelques Natu- ralifles. qui ont tâché d'établir le contraire, c'elt à-dire, que la mer s'éloigne toujours plus des côtes , & que les eaux fe retirant continuellement dans les cavités de la terre , laifleront enfin le fond de la mer à fec : qu'au com- niencement la terre sèche ne confiftoit que dans une ile, dont les bornes s'étendirent jufqu'à former les vaftes continens , qui font aujourd'hui découverts . ont tiré cette conféquence d obfervations trop bornées. M. Linneus (e) entre autres , la déduit de celles qu'il a faites dans le* Golphe Bothnique. Ce Golphe long & étroit , dans lequel fe décharge ua grand nombre de fleuves, qui y portent beaucoup de pierres & de limon, deviendra toujours plus rétréci ; & ces fleuves qui defcendent des montagnes fort hautes. & qui après un cours peu long , mais d'autant plus rapide. - — . (.1) Geogr. l.III, c. I. ^b) Carol, j Bj/tUcjpeiri y nnviriai (c) Maieur, de Côme & de Garda, Id) Polyb. ^fudSiyh. lib. IV. in fine, itin. anio/t, VtigUano U Riyf dtl Verijn*i JPju/i Joyii-I.jru , hc. deCcT. * ^«) Differu de Teiiure Aaiitatili i/ivol, ii.Amoenit^ 5f8 MéMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE CES SCIENCES ■i ■ déchargent leurs eaux dans) la mer , fe creufent dans la plaine qu'slâî Tome II. parcourent des lits toujours plus profonds (a); mais il en auroit déduit /» ~- tout le contraire s'il eût obfervé que mcme dans la mer Baltique l'île de, Rit„in étoit autrefois une partie du continent ; que la mer a beaucoup 1760-1761. ^^j^^f^^. jg3 côtés occidentales du Dannemarck, & fur celle delaFa/e} que dans les Pays-Bas l'eau du Rhin ayant cefle de couler par l'embouchure du lacFWo Ja m.er y entra, & fubmergea une grande étendue de /^aji (/Oî & fans chercher plus loin des exemples , qu'elle entra de même par l'emboti^- chure du Pô Vergenefe . y forma un lac qui n'avoit encore dans le XVI' fiècle que 12 milles de circuit, mais qui fubergeant de plus en plus les terres voifines , en a aujourd'hui 60 ; qu'on voit le long des côtes de la Méditerranée les ruines de plulieurs villes au milieu de fes eaux , &c. La furface de la terre doit enfin plus perdre que gagner ( c ) ; & fi la révélation ne nous enfeignoit pas qu'elle ne doit plus éprouver un déluge (d) , mais un embrafement (e) , on en devroit conclure que dans la fuite d'un grand nombre de fiècles elle feroit toute couverte par les eaux. LETTRE Ve D. M. Rofredl , Abbé de Cafanova, à M'. L. C. D. S^. fur les nouvelles obfervations Microfiopiques de M. Néedham, f fes notes fur les Recherches de M. Spallaniani, & ToMF. IV. I. J'ai lu, Monfieur, avec toute l'attention, dont je fuis capable ; eî ' d.^.r, notes ou les remarques que M. Néedham vient de donner au public iur les ^ ^,^,£ss ^.^^^^^^^^^^^ Microfcopiques de M. VAUé Spallaniam ; & puifqu en m envoyant '^"^"^'^V j.g Yivre , vous m'avez chargé de vous en donner mon fentiment, je vous jt'u^e 109. Je dirai fans détour ; car je fais bien qu'un Philofophe tel que vous , ne peut trouver rien de bon, s'il n'y apperçoit la vérité. II. Vous n'ignorez pas, Monfieur, que lorfque M. Néedham mit au jour en IVJO, fes découvertes imérejjantes fur la compoption &" la décompo- fiiion des corps organifés, il ne s'étoit propofé que de donner un petit eflai » qui ne devoir être confidéré, difolt-il, que comme une légère elquille ». d'un ouvrage futur (/) » , comme une ébauche de ce qu'il fe propoloit (a) Us lacs, quî font fi néceffaires dans ce pays, y font fort étendus & en grand nombre. ^ .1 ( l> ) Occupé aujourd'hui par le Golphe , appelle Zuider-Zée. (c) Mons cadens defluit , C/ faxum uansfenur de loco juo, LaflJeS ixcavant ajUtC t G* allu.ione p.iulLtim lerra conjumituf , Job. XIV) l8 > I^. ( quelles il en a ajouté plufieurs autres pour confirmer mes fentimens là- » deffus. Il va les publier en forme de lettres , & vous les verrez bientôt ». Or, pendant que le public encore incertain de la vraie valeur de ce grand nombre d'ob/ervations que M. Néedham gardoit toujours par devers lui; pendant, qu'au lieu des lettres du Profelfeur de Reggio, il avoit vu paroître la dilTertation du Profeffeur de Modène, M. l'Abbé Spallanzani, qui, dans fes nouvelles recherches fur les êires microfcopiques ^ loin d'appuyer les ancien- nes obfervations de M. N. en avoit montré le foible ; pendant que l'on s'intérefToit de plus en plus à tout ce qui pouvoit fournir des lumières pour le dénouement de cette fameufe queftion ; enfin le fufdit M. Néedham, après avoir montré tant d'indifférence pour les fouhaits du public, vient de rompre fon profond filence. Il entreprend de traiter de nouveau la queftion de l'origine des animalcules microfcopiques; il critique les obferva- tions de M. l'Abbé Spallanzani , & il y oppofe des raifonnemens ; mais quant à ce grand nombre d'obfervations qu'il avoit faites depuis vingt ans, & que l'on avoit tant envie d'apprendre , il n'a pas encore jugé d'en dire le mot , & on diroit qu'il penfe que les Savans font alTez inf^ruits , dès qu'ils favent que tout doit être comme il l'avoir déjà dit. ■ III. Mais (i j'ai été un peu furpris de n'avoir pas trouvé dans l'ouvrage en queftion , les obfervations qui dévoient naturellement y tenir la première place, je l'ai été encore plus d'y avoir rencontré tant de chofes auxquelles je ne m'attendols aucunement. On favoit bien que cet Auteur avoit une efpèce de pafGon pour fa m.anicre de penfer fur les matières qui regardent W III I——— m I ■ ^^— "^M^^^^^^ (j) Obfèrvation , 14?. _ (A ) Vingt-fix , pjge 2o8, {c) Page 140 (i) Bonnet coofid, Tome II, pa^e jijj 5^0 Mémoires de tk SociÉTé kovale des Sciences ,,.,..,^__ la métaphyfique , mais il n'avoir pas encore donné de certaines marques ■ _ — ^rr de mépris au défavantage de ceux qui, dans ces queftions, fe permettenç iToME IV. j^ liberté de penfer différemment, comme il vient de le faire dans foa A N NÉES jjernier ouvrage que j'ai fouj les yeux. On diroit qu'il en veut à tous ou 47tf6-J7Éj. à prefque tous les Savans; mais c'eft principalement contre lej Philofophe» du fiècle que portent Tes traits les plus perçans. Ce ne font pas des mots échappés dans la chaleur de la difpute , ou des manières équivoques de s'exprimer , mais ce font plutôt des duretés recherchées dont il a fait choix , qui ne peuvent avoir d'autre but que celui de faire fentir aux Philofophes, que tout Savant qui n'eft pas dans fes principes , doit, par cela même, avoir un efprit borné & fort rempli de préju.'îés. Je ne me ferai pas un devoir, Monfieur, d'aller cueillir cette elpèce de fleurs qui font difperfées dans le livre de M. Néedham , mais je dois pourtant vous en donner quelques petits échantillons par lefquels vous puiflîez juger du refte. IV. Si vous voulez d'abord un eflai de l'efprit qui règne dans ces ouvrage , je vous prie de Jetter les yeux fur ce qu'il dit de Defcartes à la pa^e 206. » Defcartes paroît, & pour ne pas tomber dans l'inconvénient « d'une efpèce de génération équivoque des idées , autant que pour affer- w mir la morale.. . . il imagine la Fable des Idées Innées, qu'il repréfente 3> ^rojjîèrement fous la notion de traces matérielles dans nos cerveaux ='. Jecrois que ce doit être la première fois que l'on a rangé Defcartes parmi ces gens qui donnent dans des grofîièretés. V. On fait que l'hypothèfe des germes préexlflans a été le fyftême favori des plus grands Philofophes du fiècle palfé & du courant. Je veux bien que cela ne foit pas une raifon affez forte pour nous obliger à l'admettre; mais du moins paroît il qu'elle devroit en être une pour nous engager à en ufer avec de certains égards, qu'un mérite fupérieur a tou- jours droit d'attendre de ceux même qui font dans des opinions difiérentes. M. Néedham, plus que tout autre, devoit faire attention à ce que je viens de dire; lui qui veut pafTer pour difciple de Leibnitz; car pour peu qu'il ait lu de ce Philofophe, il ne devoit pas ignorer qu'il a^ toujours foutenu la préexiftence des germes comme une partie effentielle à Ton fyftême. Or voyons comment notre Auteur s'exprime fur cette hypothèfe. » C'efl uns » pure défaite peu digne d'un Phyfîcien. . . .rien moins que fcientifique. . . , & fi nos connoifTances en phyllque, à mefure qxi'elles fe généralifent , doivent fe réfoudre en pareilles défaites , rien n'eft plus futile qu'une » philofophie qui ne mène à rien (a)r,. Mais cette hypothèfe, cette philo- fophie qui ne mène à rien , nous méneroit pourtant à affermir de plus en plus la démonftration du premier des principes de la religion. Cependant, félon les principes de M. Néedham, cette manière de raifonner eft pitoyable, même à l'en croire , elle efb ridicule. Ecoutons-le. -= Pour prévenir les » calomnies & les préjugés ridicules de ceux qui, fous le prétexte de venger (a) Page 139, MO, 15 E T O F I K. 5^1 >> les droits de la divinité, n'ont cherché qu'à détruire notre fyflcme fvit _ ~ »' la génération, il eft abfolument néceflaire , &c. (rt)». 1 ombI V* VI. Notre Auteur voudroit dans les Philolophes un peu plus de retenue A .s hèb« lorfqu'il s'agit de rejetter des dcfcripticfns que les voyageurs nous donnent, i766-i7Éy« & qui paroiflent faunes & bizarres , telle , par exemple, que celle de Guillaume Pilon, de la fauterelle Loiiva Deos qui fixe les pieds en terre, y prend racine & devient une plante (b). La maxime peut être fort bonne; feulement il refle à favoir fi on l'a fuggérée par l'amour feul de la vérité ; fur quoi il eft jufte de s'en rapporter à l'Auteur même, qui dans cett« occafion a bien voulu nous dévoiler l'intérieur de fon cœur. » Je fuis » d'autant plus porté, dit-il , à faire cette remarque. . . . que je /ùis bien aije » d'avoir occalion de relever un défaut qui revient trop fouvent dans nos » Ecrivains modernes. Diim vitant ftulti vida in contraria ruunt (c)». Etre bien aife de relever des défauts ! Cela ne paroît pas de la bonne philofophie. \n. Cependant je ne m'arrêterai pas fur de pareils traits , ni (ur tant d'autres de même nature, qui le préfentent , à la vérité, un peu trop fouvent dr.ns l'ouvrage que j'examine, mais que l'on pourroit peut-être exculer , en faifant attention que Ion Auteur y a voulu paroitre comme un Savant qui penfe avec force , & s'exprime par conléquent avec une franchife pleinement philofophique. Lifez, Monfieur, & admirez le tour qu'il a donné à une petite leçon qu'il nous fait , pour nous apprendre le peu de cas qu'un vrai Philolophe doit faire des louanges &: des expreilions obligeantes , dont on prétendroit l'honorer, a Si je n'étois pas parfaitement »• au fait du peu de valeur que l'on doit attacher aux éloges trop intérefies 93 des Philofophes modernes , dont la foiblefle , en ce point , égale pour » le moins celle des littérateurs pédantefques du feizième fiècle, & dont le 5> public eft la dupe en tout temps, je devrois rougir des louanges exceflives s» dont je me trouve accablé par M. l'Abbé Spallanzani dans tout le cours » de cet ouvrage. Je le connois perfonnellement , & je le connois comme s> un Philofophe intègre, très-eftimable à tous égards. Je lui dois par confé- =• quent des remercimens , mais c'eft: en avouant avec franchife que le mauvais exemple de nos philofophes l'entraîne bien au-delà du vrai, & que fon flyle en fait de louanges, fent trop le vice puérile du fiècle (ci) 3>, Vlir. Il ne fied pas mal à un vrai Philofophe d'écrire avec une certaine franchife ; il faut pourtant avouer qu'elle doit avoir des bornes au-delà def- quelles il n'eft pas permis de paflfer fans s'expofer à rencontrer des Philofo- phes aufll portés à la franchife , & qui fe croiroient autorifés à employer des exprertions que nous avons cru nous devoir interdire. Je fais cette remarque parce qu'il me paroît, que, fur cet article , M. Néedham a urj peu e.xcédé , & qu'il auroit dû en quelque occafion modérer cette vivacité .— ^ 1 ' ' ' ' _ (j) Pages 140, I4r. (A) Pages 258, 15J« ( ^62 Mémoires D E LA Société ROTAtE DES SciEKCEs ^""^^"T^ d'imagination , qui ne lui a pas toujours permis d'eftimer au jufte la véritable Tome IV* force des coups qu'il a prétendu porter contre la plupart des Philofophes. Années IX. Voici, Monlieur , un endroit de fon livre que j'aurois bien voulu [ijÉS-ijea qu'il ^^^ fupprimé ; d'autant plus "que la penfée qui y eft renfermée , a ~ ' fort l'air d'une pure fatyre qui ne mène à rien pour le développement des matières en queftion. «Ceux, dit-il, qui, peut-être, ne connoiffent pas »> encore aflez la philofophie de Leibnitz , peuvent jetter les yeux fur les » injlltutions Leibnitiennes ou précis de la Alonadologk. Je penle qu'il eft » impollîble à celui qui aura la force d'efprit néceffaire pour faifir cette » métaphyfique (ublime de refufer de s'y rendre. Je confeillerai en méme- j> temps à celui qui ne l'entendra pas de s'en tenir en tout , à la foi du » Charbonnier , & de ne jamais pouffer fes recherches en philofophie , en » morale ou en religion au-delà de ce qui eft palpable & fenfible (a)». Voilà , Monfieur , un décret des plus tranchans. Ceux qui ne font pas Leibnitiens , font voir par-là qu'ils n'entendent pas cette métaphyfique; car il eft impollîble à celui qui aura la force d'efprit néceffaire pour la faifir; de refufer de s'y rendre ; & ceux qui ne l'entendent pas doivent fe bornée à s'en tenir , en tout , à la foi du Charbonnier. Que diroit le célèbre Clarke , lui , qui , à la tête des Philofophes Anglois , foutenoitj contre Leibnitz qu'il ne comprenoit rien à fa doârine des Monades {b)} Encore cette faillie feroit-elle fupportable, fi de nos jours la métaphyfique Leib- nitienne eiît prit le deffus , au moins fi elle étoit un peu plus répandue parmi les Savans qu'elle ne l'eft en effet : mais c'eft un fait connu, qu'il eft fi rare de rencontrer hors de l'Allemagne un Phiiofophe Leib- nitien, que cela paffe pour une efpèce de phénomène. A s'en tenir donc au Conleil que M. Néedham a bien voulu donner aux Savans de l'Europe, il feroit fort à propos qu'ils fe bornaffent déformais à la fois du Charbon- nier, fans jamais fe mêler de pouffer leurs recherches en philofophie, en morale, ou en religion au-delà de ce qui eft palpable & fenfible. X. Cependant, que direz-vous , Monfieur , fi je prétends vous foutenir; que malgré l'opinion de Monfieur Néedham qu'il n'y ait de bonne métaphy- Jique que celle de Leibnif^ ( c ) ? Malgré ces beaux mots d^hres fimples , êtrei répréfemaclfs , raifon juffifante , harmonie préétablie dont il fe fert ; malgré auflî le choix qu'il a fait de la fameufe devife de Leibnitz fungar vice cotis , pour en orner le frontifpice de fon dernier ouvrage ; fi je prétends , dis-je , vous foutenir que M. Néedham n'eft rien moins que Leibnitien ? Que les principes de fa philofophie font prefque toujours en oppofition avec ceux du Phiiofophe de TAUemagne ? Il fe pourroit bien que du premier abord vous prifllez mon affertion comme quelque chofe qui fenti- roit un peu le paradoxe , d'autant plus que M. Néedham affure formelle- ment avoir établi fes principes métaphyjîques fur les premiers élémens de la, \ ■ — ' ' I >i («) Page 147. (i) Recueil de lettres entre Leibnitr & Clarke, V°. lettre de Clatke. (c) Notes fur Içs Découvertes Microlcopiijues , pjge 14?, inatière d'après Leïbnltz 'a), mais qunnd je ne voudrois pas me ftrvir TTT^TT^T^ d'une réponfe fort naturelle, qui eft de dire qu'il s'agit d'un point, que l'on Tome 1 V. ne doit pas décider par autorité , il m'en refteroit toujours une trcs-forte Si. Amxéjls très-admillîble ; & c'eft M. Néelham lui-même qui peut me la fournir iT66-n69, dans fon ouvrage des oblervations microfcopiques auquel il nous renvoie dans ce même endroit. Lifez , Monfieur , le paflage qui fuit , & enfuite vous me ferez l'honneur de me dire fi vous jugez que M. Nccdliam ait toujours penfé avoir puifé fa métaphyfique dans celle de Leibnitz. » Ceux » qui n'ont pas une connaijjancz exaHe & diJiinEle de ce que Platon , Cud- » 'vcorth , Greu , Mallebranche , Leibriit^ , Bercklei & Pope , ont écrit , » particulièrement fur cette partie de la philofophie, où les puilfances piiy- » iîques les plus élevées commencent à s'allier avec les dernières caufes » métr.phyfiques, diront indiftéremment, félon que les penfces de quelques- » uns de ces Savans feront alors préfentées à leur efprit , que je n'ai fait » que renouveller les idées de tel Philofophe , qui n'ont jamais été géné- » ralement reçues , & qui font maintenant prefqu'oubliées. Mais. . . .il n'y j> a pas deux de ces Auteurs qui s'accordent parfaitement , & la plupart » d'entre eux établififent des principes diredement contradidoires à tout » le refte. IL ejl vrai que mon Jyjïéme paraît avoir , & a en effet quelque chofe j> de ceux de tout ces Philofophes ^ mais cependant il en eflfort différent. . . . Cette » légère reflemblance dans les idées qu'il paroît y avoir entre eux & moi, » n'efl pas plus grande que celle qu'ils ont les uns avec les autres (i) ». XI. C'efl l'exafte vérité qui elt peinte dans le paflage que je viens de produire, & je n'infifterois pas d'avantage fur ce point, fi je ne voyois qu'en entrant là-deflus dans quelques détails propres à faire comprendre l'oppofition qui fe rencontre entre la métaphyfique de Leibnitz , & celle de M. Néedham , je pourrai donner en mcme-tems des éclairciflemens fur les vrais principes de celui-ci; principes qui (ont détaillés dans fon livre des nouvelles obfervations fur la génération , la compojïtion &* la décom- pojîtion des fubfîances animales & végétales qu'on a imprimé à Paris en 17 fo, & auquel il nous renvoie toujours, tant pour ce qui regarde fa métapliyfi- cjue, que pour ce qui fe rapporte à fes obfervations microfcopiques. A la vérité M. l'Abbé de Lignac a employé la cinquième partie de fes lettres à un Amériquain , à l'expofition & à la réfutation des principes métaphy- fiques de notre Auteur ; mais il eft aifé de comprendre , dès le commen- cement même de fon ouvrage, que l'on ne doit pas s'attendre à y trouver la matière mife dans un certain jour , car il débute par dire » ne vous » flattez pas de comprendre le fyftême que je vais vous expofer; je me j) propofe uniquement de vous faire fentir qu'il eft d'une oblcurité inac- » cellible». Il dit encore dans le corps de l'ouvrage , » ne cherchons point 5> à entendre M. Néedham , ce feroit entreprendre l'impoflible ; mais tâdjons '» de découvrir par quels fentiers , ou par quels égaremens il eft arrivé à (j) Nouvelles recherches Phyfiques & Mécaphyfiques fur la nature, v- p-iS' 3 5« ^b) Nouvelles Obfervations Microfcopiques, ojj« itfo, iSj, Zz ij '5(?4 Mémotres de tA Socréxë royale Des Sciences ~ r~r 5J une philofophie fi extraordinaire (a) ». C'étoit précife'ment ce ^u'il falloic V. fyjpg ^ jj^gfj j-'gfi. (,g q^jg jy{_ jjg i^i^^^i- n'a point fait. AtfNÊEs XII. Je commence maintenant mon examen par remarquer qu'à la jjâô-ijSf, rigueur il ne feroit pas même néceiïaire de connoitre à fond les deux fyftê- mes, celui de M. Leibnitz & celui de M. Néedbam , pour fe convaincre de la diftérence elTentielle qu'il doit y avoir de l'un k l'autre. Dès que l'on fait que les principes fondamentaux d'un fyftémedifent le oui, là ou ceux de l'autre difent précifément le non, pourrat-il y avoir du doute fur l'oppo- fition des fyftemes? Il faut expliquer la nature incelligihlemmt ; il n'y a point de communication d'adion entre fuhflance & fubjîance ; voilà les deux pôles fur lefquels roule la machine philofophique de M. Leibnitz ^ & il n'y aura qu'à y ajouter l'influence du principe de la raijon fujjifante , pour y donner le branle. On peut expliquer la nature par des inintdligi- lles .- on doit fuppofer une influence d'avion as fuhflance à fuhflance : on peut philofopher fans donner lieu au principe de la raifon fujffante ; ce font les maximes de cette métaphyfique qu'il a plu à M. Néedham «d'appellei Leibnitienne. Mais il faut que je m'explique. Xllf. Quand on dit qu'il faut| expliquer la nature intelligiblement , cela lîgnifie, d'après Defcartes , qu'en philofophie il n'y a pas de bons raifon- nemens, fi les idées que l'on combine, ne font pas claires & diftinftes; mais comme il paraît que ce principe conçu fous cette notion^ renferme un fens équivoque , il faudra le développer un peu mieux. Il efl: impollible qu'une intelligence finie & bornée , puifle fe former une idée difiinde de ce qui a un rapport immédiat à la nature d'un être infini & fans bornes; mais il eft très-poflîble que quelque intelligence , quoique bornée , comprenne DU la nature , ou les propriétés d'un être fini & limité , tel qu'efi: en effet tout le fenfible qui nous environne i-, La conception des créatures» dit M. Leibnitz » n'efl: pas la mefure du pouvoir de Dieu , mais leur aptitude » ou force de concevoir , efi la mefure du pouvoir de la nature ; tout ce ?3 qui efl conforme à l'ordre naturel , pouvant être conçu ou entendu par r> quelque créature ( t ) ». Il fuit de-là, que pour expliquer intelligiblement une propriété, une qualité de quelque fubfiance , il faut les faire dérivée de fa nature , comme des modifications explicables , c'eft- à-dire podibig d'être conçues & expliquées au moins par quelque etprit à qui Dieu donneroit une ouverture (uffifante. On peut donc comprendre fous quelle efpèce d'inintelligibilité je range les principes métaphyfiques de M. Néed- ham ; il faut feulement un exemple pour rendre la chofe plus fenfible. Il prétend qu'il y a dans la nature des êtres qu'il appelle des Agens moteurs ; ils font incapables de fe donner du mouvement , mais ils (e meuvent & font moteurs lorfqu'ils fe rencontrent dans un certain rapport de coexiC- tanqe avec quelques êtres d'une nature différente. Voilà ce qui s'appelle chez Leibnuz , expliquer les chofes inintelligiblemem : la pofition d'un être k { j ) Lettre XII , p.ige éo. J5) Nouveaux EfT^js fur i'çntencjement humain c Amflerdam 176^ , pj^e zo,. b E T O R T N. 5^3* ______ r^ard de l'au^é, ne change rien dans l'intérieur de chacun de ces deux ;r — — ^-r- étros , & il n'eft pas polîible que l'on conçoive la produâion d'un efFe: ■'^OMe 1 V. fans qu'il y ait préalablement un cliangement dans l'ctre qui en efl: la Années caufe; c'eft donner aux êtres des propriétés qu'on ne fauroit concevoir qui 1766-1769, puifTen: dériver de leur etTence, c'eft expliquer la nature inmtcUigihlemenc , & on a coutume d'appeller un Auteur inintelligible , quand il explique les chofes inimelUgibiment. XIV. C'eft en prenant le mot dans ce fens métaphyfique, que j'ai pré- tendu dire que la pliilofophle de M. Néedham heurte de Iront le principe fondamental de celle de Leibnitz^ qui eft , d'expliquer la nature ininiMi-' giblemenc , mais chez les Logiciens ce mot a une autre lignification , qui paroît être celle que tant de critiques y ont donnée lorlqu'ils ont accufé les livres de M. Néedham d'une oblcurité impénétrable. J'avoue que d'entre- prendre d'examiner ici la queftion, fi ces critiques ont porté, ou non , un jugement fans connoilîance de caufe , c'eft un véritable hors d'œuvre qui rompt l'enchainement de mes remarques , mais puifque j'y ai été amené par la matiète même que je traite , vous me permettrez bien, Monfieur, c'en dire quelque chofe que vous ne regarderez s'il vous plait, que comme une efpèce d'épifode. XV. Ce qui fait le plus fouvent qu'un livre eft obfcur . c'eft que fon Auteur fe fert de termes dans un fens indéterminé, & ne prend aucun foin de s'en former , & d'en donner des notions diftindes. Kui^o autcm fcripta. omnis generis obfcuritate lahorant , dit M. Wolff , quoi terminis uiantur auBoni nonfatis explicaiis , nec ipfimet eamdcm prorfiis notionem eidem termina jun'j,ant (a). Voilà le principe qui doit décider de cette efpèce d'obfcurité logique que Ion a tant imputée aux livres de M. Néedham. Maintenant, Mondeur, je foumets à votre examen le paflage fuivant que je prends de fon dernier ouvrage ; à la vérité il eft un peu trop long , mais il paroic qu'il eft caradtériftique, & il faut que je vous le donne en fon entier. y> A » proportion que la philofophie pénètre plus avant dans la conftitutioa 31 de la nature , elle apperçoit plus diftincflement que , dans l'homme, tout x> favoir pris diftributivement, ou même collectivement , eft toujours relatif. 30 La chaîne de favoir , telle que nous l'appercevons au-dedans de nous- j> mêmes , eft compofée de relations diverfes dan- une ligne non interrom- » pue ; comme il eft toujours formé par comparaifon , il eft toujour.c dans » chique partie alternativement pofitif & négatif. Semblable au fyftcme 3D de l'univers, fon obiet immédiat, il a commencé par la non exiftence , » le chaos & les ténèbres. Sa nature eft conforme à la conftitution de cet s univers , dont il eft le repréfentatif , & l'univers dans fon exiftence totale s eft auflî toujours rdatif par rapport à la divinité , fa caufe première , Se » relatif aullî dans toute la gradation de fes parties, lefquelles comparées x> entre elles , font a leur tour , comme le favoir, alternativement négatives » Si pofitives ; tout dans l'univers eft adion & réadion , ce qui ne peut (j ) VColfF iogica , pa^e 8ip. 0. M66-\-369. ^66 MÉMOIRES DE LA SoClÈxé ROYALE DES SCIENCES wÊm^^imaÊm^ ^ fubfîfter qu'entre des êtres pofîtifs & négatifs ; la lumière même nous eit Tome IV. » tranfmife , comme nous l'apprend le Chevalier Nnvton par des accès AnnÉ£s » conflans de vibrations douces Non-feulement la matière brute, & » la matière exaltée , font l'une & l'autre négatives & pofitives , fans » quoi il n'y auroit ni aftion ni réaâion , mais aufll dans l'échelle de » l'exaltation de la matière , les diverfes parties font l'une à l'autre négatives j) & pofitives^ d'où la vitalité fe répand dans chaque portion fenfible. La «règle en eft (î exafte, que le plus puiiïant agent matériel, le pouvoir y éleftrique même fe diftingue dans fes diverfes portions, fes qualités & fes :b quantités, en pofitif & négatif; il eft conftitué jufqu'à l'échelle des cou- » leurs vilîbles , de fai^on que les quantités graduées de la lumière deviennent » l'une pour l'autre , ombre & lumière , & font encore bien au-delà de » l'obfervation & de la portée des meilleurs inftrumens optiques. Enfin , " l'agent fenfitif étant au vital , & le principe intelligent étant au fenfitif » dans cette réciprocité de relation mutuelle , ou cette caufalhé de politif » & de négatif; non -feulement la vitalité eft répandue dans la matière orga- «> nifée , mais dans les claffes intermédiaires, elle eft douée de fenfation par K l'addition d'un principe immatériel, Se dans l'homme, la fenfation eft » animée d'intelligence par l'addition d'un agent fpirituel (12 ) ='. L'embarras que tous ces pojicifs & négatifs cauferoient pour l'intelligence de ce long palHige , eft levé en partie quelques pages après ( t ) ; car on peut y voir que l'Auteur a voulu dire que dans la nature , il y a par-tout du plus &: du moins , & que ce qui commence à être n'étoit que négatif avant qu'il commençât à être. Cela pofé , Monfieur , je voudrois bien vous prier de me dire li ce pojîtif Gr négatif ed toujours pris dans le même fens, & s'il lignifie toujours la même chofe alors aufli que l'on dit : ['agent fenjitif étant au vital ^ ùf le principe intelligent étant au fenfitif dans cette caufalité de pofitif &■ de négatif. J'aurai occafion dans la fuite de faire encore quel- que remarque fur ce texte, juftement par rapport à la diftérente fignificar lion qu'on y donne a» mot négatif. Je reprends mon fujet. XVL Le fécond principe dont j'ai parlé ci-deffus , eft qu'une influence réelle ou tranfmifjîon de quelque efpèce , ou qualité entre des fubfiances , efi inintelligible^ îy par conféquent inadtniffible. Delà dérivent les trois fyftêmes métaphyfiques, le Cartéfien, l'Idéalifte & le Leibnitien ; car fi l'on rejette toute aftion , on fera Idédife ; fi pour expliquer la nature on prétend que l'aftion des fubftances eft réellement inexplicable par leur nature , mais que c'eft Dieu même qui eft la caufe immédiate de toute adtion, on fera Cartéfien ; mais fi d'une part on veut qu'il ne foit pas raifonnable de fup- pofer que Dieu à tout moment donne à l'univers un ordre , qui n'eft pas explicable par la nature des chofes , & que d'autre part on prétende que l'adion des fubftances foit explicable quoiqu'il n'y ait pas entre elles une influence réelle ou tranfmiffion de qualité, pour lors il me parok (a) Nouvelles Rechetihes , j!j£es 17, 18, {/>) Page ij. DE Turin. g g? évident qu'il n'y aura plus de fyflcme poflible que celui de M. Leibnitz. _; j {," Dans ces fuppodcions , chaque (ubftance fera aftive, mais aucune n'agira * fur l'aurre , & la dépendance que la nature nous offre par tout de l'aftion ^n^ ées d'une fubftance (ur l'autre ne fera qu'idéale , & elle le fera en ce que 1166-^169* i).eu fera coexifter ces fubftances dans un te! ordre, que quoique chaque fubftance agilfe continuellement par la force qu'il lui a donnée fans en recevoir de dehors, il paroit pourtant qu'elle agiile par. une force étran- gère. Si on veut enfuite détermifier la nature de cette force propre aux fubftances qui compofent le monde matériel, il paroît que l'on doit tombée inévitablement dans le fyfteme des lubftances repréit-ntaiives d'où l'ua après l'autre découleront les do.;mes de la philolophie Leibnitienne , pourvu qu'entre les principes qui doivent lervir à les prouver , on donne accès à celui de la raifm fujfijame pris dans toute cette extenfion, que M. Leib- nitz lui adonnée. C'efl: pour cette connexion & dépendance de principes qui fait , fans contredit, l'un des plus grands mérites de cette philofophie , que M. Leibnitz , dans une lettre au Père Des BoJJei , lui difoit " tels font » mes principes qu'à peine peut on les féparer l'un de l'autre , qu'on eu »> connoifle bien un , on les connoît tous : qui unum bene noyit omnia a noi'ic { a) ■>'. XVII. Apparemment que M. Leibnit^ n'avoit point le don de prophétie, lui qui n'a pas prévu qu'un tems viendroitoù un Savant fe diroit Lelbnitien fans fe croire obligé de p\\\\oÇop\\Qt intelligiblement , fans jamais faire place dans fes raifonnemens au principe de la raifon fujfifante , & fans même douter de l'influence réelle des fubftances. Et en effet il n'efl: pas néceffaire d'entrer bien avant dans tous les détours de la métaph)'fique de M. Néedham , pour connoitre , à n'en pouvoir douter , qu'elle pofe uniquement fur la fuppofition d'une influence réelle , & d'une communication de qualités de fubftance à fubftance. S'il ne s'agifl'oit donc uniquement que de prouver, que parmi les Sa vans il doit y en avoir qui, n'étant point Leibnitiens ne fuivent pourtant pas le confeil de M. Néedham de s'en tenir en tout à la foi du Ch-rbonnier , je pourrois fort bien me paffer d'approtondir davan- tage fes opinions , & de les comparera celles de M. Lcibnit^; mais puifque je me 'fuis propofé principalement de vous donner ^ Monfieur , quelques remarques iur le fond de fa métaphyfique , il faut bien que je remplifle mes engagemens. XVIII. Cependant , Monfieur , il eft bon que je commence par me donner auprès de vous un peu de relief, en vous priant de faire attention à la difficulté , & au danger de l'entreprife de me hazarder à donner un ordre aux penfées métaphyfiques d; M. N^eilum. Je puis en cela m'appuyer fur l'autorité de M. l'Abbé Rc:;hy, Editeur du dernier ouvrage de notre Philofophe , qui, dans fon difcours préliminaire (b), nous donne fur ce point fon fentiment , qui eft celui qui fuit « M. Néedham , n'a imaginé le ■ — ■ > . I I I I I ( j) Leib. Opéra, Tom. II, pj^c îjJI. (.t) P. LI. A68 Mémoires de la Société eoyale des Sciences ^ ~ T t7 ^ fyftéme qu'il nous donne qu'en fouillant dans toutes les prrifondeurs aë ' » la phyfique , & même de la métaphyfique la plus abftraite ; c'eR peut être /INNEES j, cette métaphyfique qui effarouche ou qui rend les avenues de la choie ii66-ij6S, ï, plus difficiles j'. Il eft vrai pourtant que M. Néedham eft fur ce point-îà d'une toute autre opinion : il penche à croire que !a difficulté de percer bien avant dans la profondeur de (es penfées me'taphyfiques doit venir du trop grand éclat de la lumière qu'elles jettent, & qui doit taire bien du dégât dans des vues faites comme les nôtres. Ecoutons-le un moment, ce s'il a plu à M. Clément , Auteur d'une certaine prétendue Année littéraire, » de fortir des bornes de fon titre pour s'élancer dans les régions de la 3' philofophie , & d'appeller métaphyfique inintelligible ce qu'il n'entend » pas , & même alchimie métaphyfique , par une figure inconnue aux Ora- i> teurs , ce que j'ai écrit dans le tems; fa critique peut fervir à prouvée 3> que ces chofes jettoient une lumière trop éclatante & trop vii'e qui ojfuf- =' quoit fa foible rue ^ mais elle n'ôte point pour cela leur prix aux yeux / » du vrai Philofophe & du Naturalise éclairé. Ce que les petits efprits » inventent tous les jours pour mafquer leur ignorance , ne fait rien à la V choie » (a ). Cependant cette lumière , malgré fon grand éclat , ne devoit prs encore avoir brillé aux yeux de M. Néedham dans le tems qu'il écrivoic M fon ouvrage des obfervations microfcopiques , puifqu'on peut y lire ce qui fuit. M Pour le préfent je n'ai qu'une chofe à faire remarquer au ledeur » & une grâce à lui demander, qu'en confidération de l'obfcurité répandue 5» fur le fujet que j'ai peut-être , trop témérairement entrepris d'examiner, 3> il ne pourra guères me refufer la grâce que j'ai à lui demander, e(t » de fuipendre fon jugement fur ces réflexions jufqu'à ce qu'il les ait lues 31 entièrement ; peut-être même feroic-il befoin d'une féconde ledure a :» caufe de la multiplicité des idées que j'ai été obligé de jetter fur le papier , 3J en peu de tems, & de renfermer en quelques pages, ce qui ne peut man- quer à ks rendre obfcures (b) jj. Pour moi je tiens que comme il y a un art pour bien difcerner les objets , & que cet art eft de donner du jour à ce qui eft obfcur, de dévoiler ce qui nous eft caché fous des enveloppes, & d'écaxter les rayons malfaifans lorfqu'its nous empêchent de nous (ervic avantageufement de notre vue ; ainfi je penfe que le même art peut bien encore nous aider pour nous décider fi un objet eft réellement, ou n'eft: pas difcernable. C'eft à peu-près ce que j'ai fait pour mettre à ma portée cttie noui/eîle métaphyjique que M. Néedham nous dit d'avoir établie (c); maintenant il ne s'agit, Monfieur, que de vous donner le réfultat de mes recherches. XIX. Ua&ion &• la réaBion nom lieu qu'entre des êtres de différens ordres , & même oppofés {d) , voilà la propofition fondamentale fut (a) Notes ou Remarques, &c. p<3ges îîj, 15 f. (i ) Nouvelles Obfervations, pages 258, 1^9, (c) Remarques a , pjge 1 60. {d) Nouvelles Obfervations, page jij» laquelW D E T U R T N, ' 3 (îp laquelle rcule toute la métaphyfîque de M. Néedham ; propofition qu'il = — - "doit avoir regardée comme un vrai axiome , car on a beau en chercher 1 om B i V» la preuve , on ne la trouve nulle part , (culement on s apperçoit par la fuite A n se b a de ce qu'il dit dans fon ouvrage , que laHion étant oppofée à la réaBion ^ 1766-1763, il ne fe peut que les êtres qui agiltent, & ceux qui réagifient , ne foienc aulîi entre eux de ditférens ordres, & même oppofés. Or cette propofîtion r'eft rien moins qu'une axiome ; à lui prêter un fens favorable elle eft évidemment faulfe , mais elle eft: encore quelque chofe de pis (î on la prend à la rigueur de fon expredlon. La force ou la puiiïance d'agir, & la force ou la puiiTance de réagir peuvent être des attributs , ou f\ l'on veut , des propriétés eflentielles de quelques êtres , mais YaHion & la réaùlion ne feront jamais que des modes, des modifications, ou des accidens de quelques êtres ; & tout étudiant en philofophie fait quede l'oppofîtion du modeàl'oppofition des êtres modifiés, la conféquence efl: nulle ; même fans être philofophe , tout homme connoit parfuiremenc bien que malgré l'oppofîtion qu'il y a entre Caclion d'aimer & l'avion as haïr, c'eft pourtant toujours un feul être, & non pas deux êtres oppofés, qui dans le même homme , a tantôt de l'amour, & tantôt de la haine; mais je veux bien me perfuader que celui-là n'eft pas le fens que M. Néed- ham a voulu donner à Ion axiome , & que par \'a&ion il a entendu parler de la puiffance d'agir, & par la réaclion, de la puifTance de réagir , & fon raifonnement portera fur ce principe , que les êtres dont les propriétés efPentielIes font oppofées, ou d'un ordre différent, doivent être auOîoppofées, ou d'un ordre différent. Mais dans ce cas il auroit fallu prouver que la puiffance d'agir efl: oppofée à la puiffance de réagir ; or il eft évident que cela n'efl pas. La puiffance d'agir eft une puiffance de faire changer d'état à un au-re être, & la puiffance de réagir ne dit auQI ni plus ni moins qu'une puiffance de faire changer d'état à un autre être , & toute la différence n'eft que dans l'ordre de fuccelTion réciproque de VaBion & de la pajjion. L'être qui agit ^ commence par faire changer d'état à un être qu'on appelle /j.î/^/, & enfuite il en change lui-même par l'aêtion de cet être pallîf; &: celui ci , après avoir change d'état par l'adion du premier , agit à fon tour fur celui là Se en changé l'état. Do;ic dans l'adion & laréaftion, l'être qui agit eft aSif, & enfuite pajjlf, & l'être qui réagit eft paljlf Se enfuite aBif. D'où tirerons- nous donc la conféquence de la néceftlté d'une oppolîtion de nature entre ces deux erres ? Ici , Monfieur , je vous prie de remarquer la fîngularité de la manière de penfer en philofophie de Ai. Néedham : les plus grands Philofophes ont toujours --egardé comme inconcevable la poffibillté de Taêlion réciproque enrre des fubftance? d'une nature différente ; & voila <]ue fjlon la méfiohyfiqae de notre Philofophe , ce n'eft qu'entre des fubftances de différent ordre & d'une nature oppofée , que l'on peut con- cevoir la ponibilif; (1 acliins réciproques. XX. On comrirend .':.fément qu'un Philofophe accoutumé à généralifer fes iaécs & à vo'.r la na'u'-e en grand , tirera un bon parti de l'axiome que je viens d'examiner j aulli eft-ce fur ce fondement que M. J) que l'idée direde de réfiftance ou d'adtivité » motrice , n'eft guère plus à notre égard qu'une idée purement négative » de fon alternative : qu'il paroît que tel eft l'ordre aduel de nos connoif- B fances, que nous ne pouvons concevoir l'agent réfiftant comme réfiftant » fans l'agent moteur , ni l'agent moteur comme moteur fans le réfiftant ( 6 ) : » que tout ce qui eft pofitif dans l'idée de réfiftance ou de mouvement , c'eft: » l'adion fpécifique produdrice de ces effets (cj: que le mouvement, ï> quoique phyfiquemehc & dans fon origine , foit une aftiqn abfolue (ujet convenable (è) «. Comme il eft permis aux Philolophes de donner aux fubftances telles propriéccs qui peuvent le mieux s'accorder aux fyl- témes qu'ils ont imaginés , on pourroit fort bien pafler à M. Néedham fon railonnement , pourvu que l'on ne vienne pas à l'examiner de près î car fi l'on y fait attention & qu'on l'approfondifle un peu , il ne fera piîs difficile de s'appercevoir que fes prmcipes font tout-à-fait anti-Leibnitiens,, de de plus on aura bien de la peine à s'empêcher de les juger fort extraor- dinaires. Un agent moteur, c'eft-à-dire un être qui par fa nature a une force motrice , n'a pas de mouvement, & ne peut ni en communiquer, ni en prendre des autres agens moteurs. Cela , fans doute , n'eft pas Leib' nitlen , car ]VL Leibnitz, parlant de la force motrice, nous dit '> chez moi i> la force eft toujours accompagrlBe d'un mouvement eHeiflif ( c ) » & M. Wolif explique diftindrement le rapport qu'il doit y avoir entre la force^ & fon elfet dilant. Pojha vi ponuur aElio Appanc adto vim ira concipi dtbere ^ ut ex ea aElw fequi kitelligatur ; quam primum in agence ipfi ponitur. liaque quamprimum in mobili ponitur vis motnx , in eodem concipitur aclia. motrix, unde pendet tranflatio per fpdtium (à). XXVn. Ce que je viens de citer , fait alTez connoîrre fi ces principe» de la métaphyfique de M. Néedham font établis d'après ceux de Lcibnit^ j voyons à préfent, s'ils ne reffèntent pas trop le paradoxe. On'nous dit que- l'adivité motrice , fans la réliftance n'a aucun effet , mais que li l'on veut (avoir quel effet elle produit lorlqu'elle eft oppofée à un agent contraire,, on répondra que c'eft le mouvement (e): de plus , on nous dit que la réfiftance eft une puiflance propre à certains principes qui , par leur nature- détruifent tout mouvement , quoiqu'ils n'y parviennent pas toujours (/). Je ne faurois réfléchir fur cette idée fans me rappeller un trait de M. Aymen dans Ion premier Mémoire fur les maladies des bleds, où, à propos de la découverte des fameufes anguilles de M. Néedham , il dit » cet Auteur, !> d'ailleurs fi célèbre , mais trop amateur du merveilleux (.?)». En eftet , les merveilles font ici prodiguées & entaffées les unes fur les autres ; orj. y voit des fubftances dont les forces n'ont point d'eftets , que, lorfqu'eiles le rencontrent avec d'autres fubftances dont la nature eft précifément une ( ■D E T U R t n. ' ■' Air .puiffance pour détruire ce même eftiet : pour donner naKTance au meuve- ,^r^ f iv" .ment , il eil d'une nécellité ablolue de fuppofer un être qui , -par fa nature le détruile : l'agent moteur, maigre Ta force motrice ^ ne peut avoir du /i.v.vs^.s mouvement, &: toutefois il peut le le donner, iorlqu'il eft en oppodtion 1766-1769, avec un être qui le détruit : le même agent réfiftant qui , par-là qu'il eft réfîflant , contient dans fon eflence la raifon pourquoi le mouvement eft détruit , contient aulli la raifon pourquoi le mouvement eft produit. Si tout cela n'eft pas un peu paradoxe, au moins avouerez vouS', Monlieur, qu'il eft fort merveilleux, ît peut-être qu'il vous paroitra aulli un peu inintelligible , foit que vous preniez ce mot dans le lens de Leibnitz, & (oit que vous le preniez dans celui que les Logiciens lui donnent. XXVIII. Du refte, il n'eft pas befoin , Monfieur , que je vous faiïe remarquer , que ces principes de M. Néedham fuppofent une commu- nication de fubftances à fubftances : car l'élément réfiltant ne pourroir jamais avoir du mouvement, s'il ne recevoit quelque chofe qu'il n'avoit pas avant l'aftion de l'agenL moteur. Ce principe, comme je l'ai déjà fait obferver , -eft r.inripode de la philofoplrie Leibnitienne qui ne s'accommodera pas non plus de l'explication qu'il a donnée du mouvement dans les niafles matérielles , lorfqu'il a dit. » Toutes les fois que quelque quantité de ce » compofé , que nous appelions matière , eft en mouvement , le mouvement » doit être eftimé comme parfaitement co étendu avec la matière , car il » anime chaque partie (a) ». Je ne ferai pas de remarques particulières fur la dodrine contenue dans ce paOTage , feulement je vous prie de la com- parer à celle de Wolff , que voici. Qiicefo mminim , qux nam tibi ejî ris tnotricis ided, quam per exienfum dijf'undi affirmas ^ dum mobiU in idem impingic ? Qiuim nam dtffujîonis ifliiis ideam habes ? . . . . Adi'erterunt difpcul- tates ïdtdlifiae , qui nodum Gordium non foLi/entes , fed fezantes exiftendam realein corporum negarunt. Et Jane omni xvo dijficultate! inextricabiles ripe Junt , fia ex communicatione motus emergunt , ubi eam pro transfujïone vis tnotricis ex uno fubjeHo in alterum imaginaris Quamobrem apparet , quoi im'itis principiis rationis ajjumatur vim motricem tum demum in corpore nafci , quando ad motum iwpdlitur ( b), XXIX. Avant que de pafTer outre il faut que je me propofe une difficulté qui n'a vraiment d'autre fondement , qu'un pur équivoque , mais qui feroit que la plus grande partie de ce que j'ai dit n'auroit plus de fens , (1 elle étoit appuyée fur quelque chofe de réel. Voici, Monlieur, de quoi il s'agit. M. l'Abbé Regley, Editeur du dernier ouvrage de M. Néedham dans fon difcours préliminaire , prélente les principes de fon Auteur bien diffé- remment de ce que j'ai fait. « Il y a jj dit-il , (uivant M. Néedham , deux *> efpèce d'être fimples, l'un eft un être mouvant, l'autre un être réfiftant... . pli eft porté à croire que l'être réfiftant, ou, fi l'on veut, la réliftance ,{j) Néedh. Nouv. ohCer. page 449. l_i] Horg fuecejfive M'S^bur^, an. I7}0, de n»ioite eorporUt 37^ Mémoires de la Société roVale des Sciences Tome I V " "'^^ autre chofe, qu'une moindre a^livité ^ une efpcce de négation ^ maîî ■ * » qu'il n'y a là dedans rien de pofiiif proprement dit (a) ». Mais il efl: évi- •WAT E£s dent, queJVI. Regley .féduitpar les exprellions e'quivoques& incertaines de .t7à6-ij69. fon Auteur .n'enapasfaifi le fensqui nepourroit (ubfifter, tel que l'Editeur a voulu nous le préfenter , fans transformer le livre des Obferi'ations fur la- génération en pur galimatias. M. Néedham ne dit pas que la réfiflance n'a rien de pofitif, mais au contraire il foutient , que » la réiîftance doit être » regarde'e comme ur\c force pofitive ( è ) » , de plus il nous dit , que » l'agent ré{iflant& le moteur différent e/^è«fje/(ement l'un de l'autre, &font d'une nature » entièrement oppofée (c ) »; or différer elfentiellement & être d'une nature entièrement oppolée ne fignifie pas avoir Amplement une moindre aftivité. Alais par-deffus tout cela je dois remarquer , que M. Néedham , de crainte que l'on ne donnât ce mauvais tour à la doârine , a voulu en avertir formellement (es lefteurs. » La forte habitude >» dit-il , que nous avons 3> contractée dans les écoles d'affocier les deux idées de mouvement Se 30 d'aftivité de telle manière , que nous ne concevons aucune efpèce d activité D inférieure , que le plus petit degré de mouvement rend difficile à concevoir » la réliflance pofitive , comme une puijjànce aBive innée (d)". Tous ces pofitifs & négatifs entaffés dans le texte que j'ai produit au § XIV, & qui ne fignifient pas toujours la même choie , doivent avoir occafionné à l'Editeur cette faulTe interprétation du fens que M. Néedham donne à fon -principe de réfîftance ; & cela même prouve que notre Philofophe n'efè pas toujours affez intelligible. XXX. Je palTe à préfent à la féconde branche du fy/l^me de M. Néed- ham , à fes élémens fimples & inétendus, les agens réfiftans & moteurs, entant que, par leur adlon & réaftion réciproque, ils forment ce compofé fenfible que nous appelions matière. Ici je dois , avant tout, remarque? la néceilité qu'il y a de diftinguer la matière & l'étendue entant qu'elles font quelque chofe de réel exiftant hors de nous, de la même matière. Si. de l'étendue confidérée feulement par rapport à nos idées ; fans cette attention on court rifque de confondre des chofes bien difparates , & l'on pourroit paroître Leibnitien , lorfque vraiment on eft dans des prm- cipes fort oppofés à ceux qui font propres à cette philofophie : je m ex- plique làdelfus en peu de mots. M. Leibnitz tâche d'établir la nature des premiers principes conftiturifs de la matière ; il les donne tels, qu'il n'eft plus poffible d'expliquer par eux l'étendue & les autres qualités primaires de la matière, fuppofé que ces qualités foient en elles-mêmes conformes aux idées excitées en nous par leurs actions fur les organes de notre corps ; de-là il eft en droit de tirer cette conféquence , que nos idées ne nous repréfentent pas les qualités primaires de la matière telles qu'elles font en _(.o r*. xiviii. (i) Nouvelles obfèrvatlons , pj^e 439. (c) Idem, pjgc 37c. , (d) Idem, pj^e 43e. . éks. > E E T u R I lî. 577 elles-mêmes, & qu'il ne faut pas >. chercher une plus grande réalité dniis .^ » les choies fendbles hors de nous , que celle de phénomènes réglés (a)^-. ^ ~ Tv* or il eft clair que l'énoncé dans la dernière propofition eft bien une fuite - -IV. du fyftéme de Leibnitz , mais qu'il n'en eft pas le principe. J'ai dû faire ■^'"^'■^'^d cette remarque pour en inférer, que l'opinion de ceux d'entre les Philo-i '7*^''7<î5'. fophes qui ne veulent pas que l'on juge de la réalité des qualités primaires de la matière par la nature des idées que nous en avons, ne peut pas vrai- ment fe bien foutenir fans fuppoter les principes de la phiiofophie Leibni- nenne , mais que ce font ces principes, & non pas cette opiiùon ifolée que l'on a coutume d'appeiler la Métaphvfîtjue de Leibnitz. XXXI. Audi e(l-il vrai , que M. Néedham ne fe donne pour Leibnirien , que parce qu'il eft d'avis que ces principes fur l'eflence &c la natlirc de la inatière font les mêmes que ceux de Leibnitz. Que Ton examine bien m nous dit-il ■>' ce fyftême , on lui trouvera de la conformité avec la bonne méta- 30 phyfîque , j'entends celle de Leibnitz qai traite l'effence primitive de la » matière , & la nature de ces principes ( i ) » ; &: dans un autre endroit da fon dernier ouvrage il appelle fon lylléme « les principes métaphyfiqucs » que nous avons établis fur les premiers élémens de la matière d'après 3) Leibnitz ( c ) ". C'eft pourquoi il feroit bon de commencer par expofec les vrais principes delà matière dans lefyftémedeLeiinw^', pour les comparer enfuite à ceux qui fontpropres au f)-ftcmede M. Néedham; mais, Mon/ïeur, je n'ignore pas que vous connoiffcz affez bien les premiers, pour que je ne doive pas entrer dans ce détail , il me fuffira de vous rappeller , que la différence des états intérieurs dans chaque Monade ou être fimple , entant qu'il en réfulte un rapport fixe de l'un à l'autre , & une exigeance de co-exifter félon ce rapport , eft la véritable clef du fyftême Leibnitien. XXX.ir. Toutefois cette clef n'eft pas celle qu'il nous faut , pour pénétrer dans les myftères du fyftême de M. Néedham , mais il faut fe tenir ferme à ce principe que la matière eft compofée de deux efpèces d'ctres fimples d'une nature fpécifiquement oppofée , dont les uns produifent le mouvement quand ils font en compagnie de ceux qui le détruifent ; de là on aura la facilité de pouvoir comprendre comment des êtres fimples peu- vent former une étendue, & comment cette étendue fera folide, mobile, impénétrable , divifible. Commençons par l'étendue. XXXIIL M. Néedham veut que l'étendue, confidérée comme étendue, foit un genre qui fe divile en deux efpèces : vraiment il auroit fallu définir cette étendue confidérée comme genre, mais il ne l'a point fait, & il me femble qu'il a fort bien fait de ne pas la définir, car^ fans-doute, il n'auroic pu s'en tirer au contentement des Logiciens, qui prétendent que la définition du genre doit être applicable aux efpèces fubordonnées ; or le moyen d'en trouver une applicable aux deux efpèces d'étendue , telles qu'il nous les ■^ — ■ I . 1 1 I (a) Leibnitz , Lett. T. II , pj»f yg, ^i ) Néedham , Remaïques, pjge 146, (c) Nouvelles Recherches, /j^< 35, Tome I, B ^1> 57S MÉMOIRES DELA SoClÉTÉ ROYALE DÈS SCIENCES a données? Savoir l'étendue qui efl un pur rien , & l'écendue qui efl une com-^ Tome IV. binaifon cTêcres aElifs. Cette divifion de l'érendue en deux efpèces différentes Années mérite d'être approfondie, & il faut, Monfieur , que je vous la préfente n66-n63, <^''"S les propres termes de l'Auteur : je fuis fort tenté de croire que c efl; de-là que l'on doit partir pour avoir le dénouement de la pièce méthaphy- fique de M. Néedham. Voici donc ce qu'il dit. » Il y a une étendue fans » folidité, que nous attribuons au pur elpace, du même genre précifémenc » que la pure étendue dans la matière , ii nous faifons abftraftion de la » folidité. Il femble qu'on confidère toujours cette étendue , foit d'efpace » ou de matière , comme une vraie qualité phyfique également pofitive » dans les deux cas , quoiqu'en eflet l'une ne loit qu'un vuide in-aElif à » notre égard, un par rien, & l'autre une combinaifon d'êtres i:f?/fi (a) ». Je commencerai par dire un mot de cette étendue qui eft quelque chofe, & je paflerai enfuite à l'étendue qui eft un pur rien. XXXIV. M L'étendue r, félon notre Auteur ^ confidérée comme étendue ,' » n'eft rien de plus phifîquement qu'une certaine quantité déterminée d'adion » extérieure (^ ) ". Cette définition qui paroît d'abord dire quelque chofe, ne dit pourtant rien autre fi non que l'étendue conjîdérée phifîquement efl quelque chofe qui préfuppofe l'idée de détendue. Pour voir fi je dis vrai, il n'y aqu'àôterde la définition ces deux mots, aêîion extérieure, & y mettre â leur place ce que dans la métaphifique de M. Néedham fignifient ces mots , & alors on aura la définition qui fuit : l'étendue n'ejl rien de plus phifîquement au une certaine quantité de mouvement ; or il n'eft pas poffible , dans aucun fyftême que ce foit , d'expliquer ce que c'efl: qu'un mouvement extérieur fans préfuppofer l'idée de l'étendue ; car le mouvement préfuppofe au moins la poflîbilité d'une ligne droite qui doit marquer la direâion dans laquelle le mouvement efl podible ; donc on ne peut expliquer l'étendue par le mouvement fans faire comprendre que l'on efl abfolument hors du cas de pouvoir expliquer nos principes. XXXV. Confidérons maintenant cette efpèce d'étendue qu'on nous dit n'être qu'un pur rien ; peut-être que nous trouverons que ce pur rien eft la pièce fondamentale du fyftême de M. Néedham. Pour vous dire, fans détour ma penfée , Monfieur , il me paroît que notre Philofophe , malgré fa réfolution de faire main-bafTe fur la métaphifique généralement reçue, ÔC fur la Cartéfienne principalement , n'en a cependant pas eu toujours affez pour fe débarrafler de certains principes qu'il avoit puifés dans les clafles ; & il en eft arrivé que fon fyftême , qui ne parle que des êtres fimples & inétendus , eft pourtant fi intimement mêlé à la fuppofition d'une étendue, qui exifte indépendemment des êtres fimples , qu'il fe trouve par-là au- deffus de la portée de l'intelligence humaine. M. N. nous apprend donc ici , que quoique l'étendue n'ait d'autre réalité que celle des aâions des " "— (a) Néedham, Nouvelles obrêrvations , page 4f7i l beTurin. 57P clcmens fimples , 11 y a cependant une autre étendue , c'cft à-dire celle du J^r-T? ur vuide ; & comme cela eW une coniradittion de principes trop mani- Tome IV, ;fte , il prétend adoucir la cliofe en foutenant que ce vuide eft un pur A .v jv é sr rien. Ce n'eft pns feulement dans le paflage que j'ai produit ci dellus lyca-nco § XXXII, que l'on voit que M. Néedham eft pour le vuide, mais cela paroïc encore par d'autres endroits , comme dans celui qui fuit. «Defcartes * paroit, & fiùt condfter l'efTence de la matière dans l'étendue ; lefpace Se »' le corps deviennent une feule & même cliofe , l'Univers dans fon abon- y dance languit, & toute la nature perd fon adivité dans un plein univerfel , infini (a) », Ce texte n'a pas befoin de commentaire pour apprendre que le vuide y e(i regardé comme néceffaire au mouvement. Il nous dit ailleurs que la fphtre qu'occupe aduellerrienr notre fyftème , fe trouve 0 une jujle étendue par le moyen des agens r^flans qui modèrent l'activité des agens moteurs , ou de la force expanfive ; mais , dit-il » fi la force » expanfive agifloit feule & librement fans éprouver aucune puiflance =0 antagonifte , la matière feroit réduite en un infiant à fes premiers prin- » ci'pes , &: difperfée par conféquent fans aucune liaifon dans une fphère immenfe {b) ». On voit ici une fphère d'une jufle étendue devenir par linadion des agens réfiflans , une fphère immenfe , & conféquemment saggrandir infiniment par l'addition d un rien ^ c'eft à-dire, d'un pur efpac« vuide ; & comme dans cette fphère immenfe il n'y aura plus d'aftion & ce réa(ftion , car on fuppofe qu'il n'y ait plus de réliflance , il n'y aura non plus de cette efpèce d'étendue qu'on nous a dit devoir être quelque chofe, &: nous aurons pourtant une étendue immenfe fans rien d'étendu. Je dirai ici, d'après Leibnitz, qui dans fes écrits contre Clarke , a tant combattu de pareilles idées , que « l'étendue doit être l'affedion d'un » étendu; mais fi cet efpace efl: vuide , il fera un attribut fans fujet, une » étendue d'aucun étendu Ce font IdoLi Tribus, chimère toutes pures »& imaginations fuperficielles (c) ». Tous ceux qui font pour le vuide » fe laiffent plus mener par l'imagination que par la ralfon. Quand j'étois » jeune garçon , je donnai aulÏÏ dans le vuide & dans les atomes j mais » la raifon me ramena (d)^. XXXVI. Il efl néceCfaire que je produlfe encore un pafTage , qui prouve y E ce quil me paroît, que la fimplicité des élémens inétendus de M. Néed- ham n'eft que dans les mots & nullement dans les idées. S'étant propofé de prouver que les élémens ou les agens qui compofent la matière doivent être d'une nature oppofce ; il prétend que fi cela n'étoit pas, t. chaque a» agent exécuteroit fes aftions à part dans fa petite fphère fans en afi"e(flet I» aucune autre (e) ». Il me femble qu'exécuter fes aElions veut dire agir. (j) Nouvelles observations, page 457. (b) Idem , page m, (t) Leibnitz, quatrième Lettre, Tom. II. pigt iij, 130, ( qui traite l'eflence primitive de la matière, & la nature de fes principes. » Selon ce Philofophe , ces principes limples & inétendus , comme caufes, « font aftifs par eflence , & produifent par leur aâion & réaâion com- 3> binées , les phénomènes de l'étendue folide , du mouvement , de la figure , » & de la divifibilité ( a ) ". Commentons un peu ce texte , félon ce Phi- lofophe ces principes fiinples &" inétendus, Êrc. Ces principes fimples & iné- tendus le font dans le fyftême de Leibnit^, tout autrement que dans celui de M. Néedham ; ils ne fuppofent pas l'idée de mouvement, ils n'ont pas de petite fphère d'aftivité , ils ne laiiïent pas d'efpace vuide entre les deux, & ne peuvent pas paiïer à occuper une fphère immenfe après en avoir occupé une plus petite. Sont aElifs par ejfence. Mais leurs adions n eft pas une force inotrice., & une réfiftance ; elle n'eft pas extérieure , mais feulement inté- rieure ; & leur adivité n'eft qu'une force pour paflTer de l'un à l'autre état repréfentatif de l'univers : félon la métaphifique de M. Néedham ^ l'adivité eft un effort d'un être fimple pour en poufler un autre, qui de fon côté, fait un effort pour détruire l'adion du premier .• &* produifent par leur aBion & réaSlion combinées, les phénomènes de l'étendue folide , du mouvement, Crc, Pour gloffer ce texte , il faut commencer par le redifier , car s'agiflant ici de l'eflence primitive de la matière & de la nature de fes principes , il ne doit pas être queftion de phénomène. On entend communément par phé-'. nomène un effet fenfible dont on n'a qu'une perception confufe ; & dans ce fens, fi l'on dit que la matière eft un phénomène, c'eft que l'on fuppofe qu'jn nous, fa perception eft confufe ; mais tout phénomène fuppofe quel- que réalité, & il s'agit d'alligner la nature de ces réalités, quand on fe propofe d'expliquer l'eflence primitive d'une chofe. Je retrancherai donc (iu. texte ce mot de f/bénomène , & je lirai fimplement , Gr produifent par Çfl Remarque} , page ijtf, D E 1 U R r N. ^gf leur a^ion &" rèa^lon combinée, l'étendue folide, le mouvement^ Cj-c. Ce qui reprc'fente un fens rceilement conforme aux principes de M. Ne'ediiam qui _ — pi;nfu que la matière ell un re'lulcat d'action & de re'adion conçues à fa ^^' .V If E ES manière , mais nullement conformes à la métaphilique de M. Lcibnit? qui ^ a précifément rejette cette idée dans une lettre contre Va^nerius (â); & i76fi-i7É3, quant au mouvement, il n'efl non plus dans le fyAéme à^Leibnii^, une fuite d'action & de réadion ; mais , pour me fervir de fes paroles mêmes. » Ce »5 qu'il y a de réel, eft la force ou la puiflance, c'eft-à-dire. ce qu'il y a « dans l'e'tat préfenc qui porte avec lui un changement: pour l'avenir 33. Le refte n'en eft que phe'nomène & rapport (t). Toute fois, quand oiî regarde les phénomènes du côté de nos perceptions , il efl: vrai alors & il l'efl: dans tout fyftéme , qu'ils dépendent de l'adion & de la réaction c'eft-à dire , de l'adion des objets extérieurs fur les organes de nos fens Se de la réadion de ces organes. XXXVIII. Il faut encore que je dife deux mots de la divifibilité de la matière & de fon impénétrabilité; à voir d'une parties témoignages d'efiime que M. Néedham a rendus au mérite diflingué de Leibnitz , & d'autre parc à réfléchir fur les expreflions peu mefurées dont il s'efl fervi pour ravaler l'opinion de la divifibilité de la matière , on diroit que fur ce point il I doit être fort Leibnitien , mais il n'efl; rien moins que cela. Voici l'arrêt prononcé pac notre Auteum^ L'être matériel , félon hfeniiment commun qu'on prétend même » porter jufqu'à la démonftration. efl: non-feolement compofé d'infiniment » petits, en quelque fens , par une gradation non interroippue , mais d'une "infinité d'infiniment petits. Credat judaus appella. C'efî ici un abime ou » la vérité fe perd & s'annéantit; c'efl: non-feulement un myftère, mais une j> contradidion ouverte qui choque le fens commun (c)». Or.Monfieur de tous, oii de prefque tous les ouvrages philofophiques de M. Leibnitz ! ouvrez celui qu'il vous plaira , de je vous répons que vous y trouverez , que ce Sentiment , qui choque le fens commun , eft précifément celui de Leibnitz ■ mais pour vous épargner cette peine , je rapporterai ici deux ou trois paflages choifis entre un grand nombre d'autres. Sememiam nojîram de. perpétua àivifibilhate prohaûone deftUutam ctnkt refponfio (du Médecin Sthal) Quaji non pro eâ ex cent libri pleni demonjîrationibus (d). Contendu refpon/lo aBualem cujujlibet partis fubiivifionem eJJ'efuper omnem conceptibilitatem, quici fcdicet conceptum cum imaginatione confundit (e). Cxterum hxo dinji'o non tantum in Geometria , fed etiam in Phyfica locum habet Q»; hxc non animaÀvertit , parum ajjiirgit ad incredibilem naiurx majeflatem (f). d Je fuia » tellement pour l'infini aduel , qu'au lieu d'admettre que la nature l'ab- »hûrre, comme l'on dit vulgairement, je tiens qu'elle l'affcde par- tout (j) Oper. Tom. \\ , page i2rf. (i) Journ. des Savans op. Tom. II , pj^i jp, (c) Remarques, &c. pjge ifS. (d) Refponf. ad Sthal. ob(êrv. pj^e i ji. O) Ibid. {J) Animadr. ad Sdial, Phj-Gca, 140, 5^2 Mémoires de r. a Société kovalr des Sciences °-°°°° o pour mieux marquer les perfedlons de fon Auteur ( a ) ". Du refte , ' s'U. ToMF. IV. penfe que par cette doftrine on veuille donner à entendre, qu'un corps A .v.vÉES fini & borné , contienne un infini ahfolu , & que cet infini puifTe réfulter par \t66-\-j69, l'addition de parties ou de nombres ; il a raifon de la regarder comme contradidoire; mais aullî n'eft-ce pas cela que l'on prétend foutenir, lorf- au'on dit que la matière efl: compolée d'une infinité d'infiniment petits. XXXIX. Pour ce qui eft de Yimpénétrabilité ^ M. Néedham eft dans les principes de Leibnitz , tout comme il l'eft dans tout le refte ; on doit dore favoir que » l'impénétrabilité qu'on attribue communément, quoique » fans y avoir fait affez de réflexion , à la matière , ne lui appartient pas, » mais feulement aux êtres fimples , les premiers principes de la matière (b). V L'impénétrabilité eft un réfultat d'aâion & de réaftion , conlidérée «> généralement entre des êtres oppofés de quelque efpèce qu'ils foient (c)»i Des gens qui voudroient faire un peu les difficiles pourroient répondre à Al. Néedham , que puifque dans fes principes les agens moteurs n'ont point entre eux-mêmes ni d'aâion , ni de réadion , & qu'il en eft tout de même des a"-ens réfiftans ; il faudroit admettre cette impénétrabilité comme quel- que chofe qui n'a lieu que dans le cas de l'oppofition de ces deux efpèces d'êtres , c'eft-à-dire , pour me fervir d'une exprelfion de Ldhnïti^, comme un petit être fubfiftant , qui peut entrer & fortir comme les pigeons d'un colombier. Il continue à expofer fa dodrine fur l'impénétrabilité . difant » je fuis fort furpris qu'on ait toujours affocié deux idées auffi con- » tradidoires . q^s l'impénétrabilité & la divifibilité inhnie. (d) ». Sur cela M. Leibnitz a bien voulu fe donner la peine de lui répondre d'avance. Innuitur foliditatem impenetrabilem cum divifibilitate in infinitum fiare nonpojje. i)ei non video quid divifibiiuas faciat , aut noceat , cum de impenetrahiiiiate a^imr. Sive dii'ifibik fie corpus , five indivifibiU . aliud in fuiim locum non edmittet , nifi indè excédât ( e). • j •% XL. J'en ai dit affez , Monlleur , pour vous mettre au fait des pièces qui peuvent fervir à réfoudre la queftion , s'il eft plus naturej de penfer que les principes Métaphyfiques de M. Néedham foient établis d'après Leibnitz, ^èmme il femble qu'il le penfe lui-même à préfent (/) , ou bien s'il paroît «}u'il ait rencontré plus jufte quand il a écrit que ces deux fyftêmes étoient fort différens , n'ayant entre eux qu'une légèie reffemblance (g). Cependant j'ignore fi lorfqu'il a plu à M. Néedham de nous renvoyer à la Métaphy- fique de Leibnitz . il a entendu parler feulement de cette partie qui ne va pas au-delà de la confidération des principes conftitutifs de la matière , ou bien fi par déférence au fentiment de fon Philofophe , qui regardoit les parties ( j) Journal des Savans, op. Tom. il, pa^ i4J. (i) Néedham, Nouvelles obfervations , f.igs 455. (f) Ibidem, page Jjtf. ((/^ Ibidem, page 451. ( «) Leib. Phyfica, /ij»f 141. •' • (/) Néedham, Nouvelles recherclies Phyfîc. fige JJi (£) Nouvelles obftrvations , /j^< 163. ■ deTurin. 383 de fa Métaphyfîque comme étroitement liées l'une à l'autre , Qui itnum '^^ bene novit , omnia mvit , il ait voulu nous les propofer, toutes également, Tome IV. comme les uniques fources où l'on doive puifer les élcmens de ce qu'il Années appelle la bonne Métaphyfique. Je ne ferois pas dans l'incertitude fur ce 1765-175?. point fi je n'appercevois dans la façon de s'exprimer de notre Savant un certain propos déterminé de s'en rapprocher en toute occadon , par renon- ciation , de cette manière de phrafes propres uniquement de la philofo- phie Leibnitienne; mais d'autre part il e(\ évidente à n'en pouvoir douter, que l'oppofition entre les idées des deux Métaphyficicns eft complette er> tout & par-tour. Je ne déciderai donc rien fur la queflion , fi M, Néed-» ham permet , ou ne permet pas à ceux qui, fur certains points capitaux ne font pas Leibnitiens , de pouffer leurs recherches au-delà du fenfible, & je me bornerai feulement à vous prouver, Monfieur, qu'il devroit avoir un peu d'intérêt à fe décider fur cette queftion pour l'affirmative. XLI. Comme dans la Métaphyfique de notre Philofophe » rien n'eft pluj » certain que cette efpèce d'axiome, nihil efl in imdkElu , quod prius non fuerit 30 in fenfu ( a ) » ; il ne doit pas être furprenant , vu fa franchife philofo- phique , qu'il fe foit fervi d'exprelTîons un peu fortes pour marquer le peu de cas qu'il fait de ceux d'entre les Philofophes qui méconnoiiïbient des axiomes d'une telle évidence. » Defcartes paroit» nous dit-il » & pour s> ne pas tomber dans l'inconvénient d'une elpèce de génération équivoque >j des idées, autant que pour affermir la morale...- il imagine la j ai le. M des idées innées qu il repréfente grofflèremem fous les notions de traces s> matérielles dans nos cerveaux ( i ) ". Cela , dis-je , n'efl pas trop fur- prenant , mais il l'efl; pourtant un peu qu'il ait ignoré que le fyflême Leib- nitien ne peut fe pafler de la fuppofition des idées innées. M. Leibnitz a parlé de cette queflion dans plufieurs endroits de fes ouvrages ; iH a même traitée difFufément dans fes Nouveaux ejpzis fur Véteniement humain ; mais je me borne ici , Monfieur , à vous en préfenter un feul paflage. » Peut-on » nier , qu'il y ait beaucoup d'inné en notre efprit , puifque nous fommes 3> innés à nous mêmes pour ainfi dire ; & qu'il y ait en nous, être, unité, M fubftance , durée , changement , aâion , perception , plaifir & mille autres » objets de nos idées inteHeduelles ? Ces objets étant immédiats & toujours S' préfens à notre entendement ; pourquoi s'étonner que nous dilions que ïj ces idées nous font innées avec tout ce qui en dépend? Je me fuis fervi aufll »> de la cowparaifon d'une pierre de marbre qui a des reines , plutôt que '> d'une pierre de maibre tout unie, ou des tablettes vuides , c'eftà-dire » de ce qui s'appelle tabula rafa chez les Philofophes ; car fi l'ame reflem- « bloit à ces tablettes vuides , les vérités feroient en nous comme la figure M d'Hercule eft dans un marbre quand le marbre eft tout-à fait indifférent » ? recevoir ou cette figure, ou quelqu'autre. Mais s'il y avoir des veines » dans la pierre , qui marquadent la figure d'Hercule piéférablement à (if) Nouvelles obtërvations, page ^S^, : .(* ) Remarque à la pa^e ic5. 584 Mémoires de tA-Sociiri royaliï des Sciences . » d'autres fiijufes , cette pierre y feroit plus déterminée , & Hercule /^ To M E I v" " feroit comme inné en quelque façon , quoiqu'il follût du travail pour , , * » découvrir ces veines , & pour les nettoyer par la polilTure en retranchant ' 3» ce qui les empêche de paroitre(a)n. On voit par ce texte que M. Leibnitz .*7(i6-ij6^, j, donné dans des grollierecés encore plus malin es que celles de Defcartes, car vous comprenez bien, Moniieur, que des traces dans nos cerveaux font quelque chofe de plus fin (]ue des veines dans un marbre, XLII. Puifque M. Néedham fe tient à fon axiome, nihil efl in intellccluà quoi prias non fucrit in fenfu ; il efl aifé d'imaginer qu'il n'eit pas dans le îyftcme de l'Harmonie préétablie ; mais de favoir quel efl précifément le fien fur l'origine de nos idées, c'efl: ce que l'on ne peut pas dire au juftei car il en a donné deux , l'un contraire à l'autre. Si l'on veut s'en tenir à ce qu'il en a écrit dans fon ouvrage de ij^O, il me femble qu'on doit dire qu'il efi de l'opinion du Dofteur Clarke qui penfoit que les images des cbjets font portées par les organe's des fens dans le fenforium , oii l'ame les apperçoit comme dans un miroir; mais fi l'on s'en rapporte à ce qu'il nous» dit dans fon dernier ouvrage , on devroit penfer qu'il eft pour l'influence très- phyfique du corps fur l'ame. Là, il nous a dit" que les adions extérieures 30 engendrent néceffairement des imprellions intérieures .... quiproduifent 3» des différences idéales entre objet & objet. .. .différences j qui comme » rapports , affeâent l'sme elle-même qui, dans fon /en/èniim voit comme 3> dans un miroir tout ce qui fe pafle hors d'elle ( è ) » ; mais dans fon nouveau livre il veut » que cette exaltation graduée , cette aftivité pro- S3 greirive dont la matière eft douée , principes de toutes les métamor- »î phofes phyfiques ou chimiques. . . .en agiffantfur l'ame par des imprejjîons mjenjîbks, l'excite à penfer & lui en fournifle la matière (c) ». Or il eft vrai qu'outre que ces deux fentimens ont été expreffément combattus pat Leibnit^ dans fes écrits contre M. Clarke, ils font de plus inalliables avec les principes Métaphyfiques de notre Philofophe. Dans la première de ces deux opinions, l'ame n'appercevra rien dans fon miroir que ce qu'il y a, & fuivant le fyftême de M. Néedham , il ne peut y avoir que de l'aiftion Se de la réaâion, c'eft-à-dire, du mouvement & de la réfiftance au mouve- ment; or à la vérité ce n'eft pas cela qu'elle volt lorfqu'elle s'apperçoit de ce qui fe paffe hors d'elle. Mais fi l'on vouloit s'en tenir au fécond fentimenr, & dire que la matière exaltée agit fur l'ame par des imprefftons fen[îbles , c'eft- à-dire par le mouvement , alors on doit fe rappeller que dans les principes de notre Métaphyficien, cette efpèce d'aftion ne peut avoir lieu que fur un être réjijîant., fur un être qui par fa nature détruit le mouvement , & par conféquent l'ame devroit être quelque chofe d'analogue à la matière brute & réfiftante; & je fuis fur que M. Néedham n'avouera pas cela : je p _ — _ — ■ I ■ » I I II (j') Avant propoC pjge 7. (i) Nouvelles obfèrvations, /?.7»f »y I. (f ) Remarqnes> &c./j^< 132. ; ceTurim. jSj- ne m'arrête pns fur ces cxprenions d'ctres rcprefcntatifs ^ & d'efets repréjen- ___^; lactfs dont il s'efl aulll feivi quelquefois , car il eft trop clair que ces Tome IV. phrafes Lei'oniticnnes ont dans cette Métaphyfique un tout autre fens. Axfj éet XLIII. Pour achever mon paralèlle , il me refle encore à parler de 1^66-17*9. la raifûn fuffifaiitc , de celui des indifcernables , de la loi de la cominuité , & de la nature de la réproduclion végétale & animale ; mais pour ce qui e(i des deux premiers points , ce feroit en pure perte que je voudrois, Monfieur , vous en entretenir, comme fi je prétendois vous prouver que M. Nilidlnm n'efl: pas pour ilmrmonie préétablie : ce font des chofes qui fautent aux yeux , & qui n'ont pas befoin de preuves. On en peut dire de même du fyficme de la réproduâion r fi l'on n'a pas lu tous les ouvrages de Leibnitz , au moins tout le monde conr.oît-il fa Théodicée , Se fait par conféquent qu'il y foutient la prcexiftence des germes ; mais il en parle encore plus précilément dans diiïerens endroits de fes autres ouvrages, il ne me refis donc qu'à faire quelques obfervations fur la loi de la cominuité. XLIV. M. l'Abbé de Lignac a fort bien remarqué l'influence qu'a fur- tout le fylK'me de M. Néedham la prévention , où il eft, pour une certaine échdlc d'ctres, exadement graduée. » Il forme » dit il » une échelle d'ares » dont 11 efi extrêmement préoccLipc ; c'efl cette échelle qui l'a probable- » ment engagé dans la routa obfcure qu'il a fuivie ( a ) ". Cela eft encore plus fenfible dans fon der.iier livre , où il n'eft pas pofîîble que l'on ne s'apperçoivs que c'efl; cette échelle qui décide de tour. Les fentimens qu'il en a , font fi compliqués & fi variables , qu'il n'efl: pas trop facile de les bien démcler & de Its préfenter au net fans fe jetter dans de longues recherches, ce qu'il ne m'eft pas permis de faire à préfent, d'autant plus, JMonfieur, que ma lettre eft déjà aflez longue, & que même fans entrer fur ce point-là dans des diicuflrons de quelque étendue, je ne manque point de matériaux pour vous en écrire une féconde, je ne ferai donc qu'effleurer la matière , &: je me bornerai à des remarques les plus courtes qu'il me fera pollible de donner. On connoilloit dans la Philofophie Scholaftique une loi de la nature qui portoit , que naturel ahhornt a faitu , loi que M. Leibnitz a expliqué diC- tinftement par celle qu'il appelle la loi de la continuiié. " Rien ne fe fait tour d'un coup r> dit- il " & c'eft une de mes plus grandes » maximes fi: des plus vérifiées que la nature ne fait jamais des fauts (tj«. C'eft donc en confcquer.ce de cette loi, que les changemens dans la nature n'arrivent pas tout d'un coup, & que rien ne va d'un degré fenfible à l'autre , fans pafier par tous les degrés intermédiaires pollibles : un corps qui eft en mouvement n"a pas paffé du repos à fon plus haut degré de vitefle, r.i une eau froide n'eft pas devenue chaude tout d'un coup, mais par une parfaite graduation. Ce n'eft pas vraiment dans ce fens , que M. Néedham a confidéré la graduation dans l'ordre des changemens qui (.0 Lvart? à un Amërimin, 1. xii, pj^e I l'S, (/•) N't'uveaux liiïiis, &c. pj^i 11, Tome I, C ce 585 MEMOIRES DE LA SoCléTÉ ROYALE DES SCIENCES ^- ^^ ^ ^ ^^ arrivent dans la nature , lorfqii'il nous a tant parle â'exaltauon graditie ; ^ 777 d'échelle campktte . exraBanem ^radii point de l'aâivité motrice , & à l'autre la réfiftance fon antagonifte ( b ). ■ » Ces a^^ens ou principes contraires font combinés enfemble par toute la » nature en toute proportion imaginable ^ pour produire des diflérences ■ » fpécifiques entre les parties intégrantes de fubftance à fubftance , d'élé- » ment depuis les greffiers , & les plus pefans , jufqu'au plus légers , & » plus mobiles. Par conféquent , enlin , toute la nature eft variée , non- » feulement dans une échelle d'agens fimples ou de premiers principes , j> mais auffi dans une échelle de combinaifons qui, relatives l'une à l'autre, » font ou motrices pénétrables ou pénétrantes en toute proportion ima- » ginable, ou quantité de réfiftance ou d'adivité motrice, & paflent fuc- » celllvement d'un état à un autre : elles allimilent ou font aiîimilées, elles 7> font attradives ou répulfives , & produifent les fympathies ou les antipa- » thies phyfiques {a) «, XLVII. Ce feul début , Monfieur , vous fait afiez comprendre que je ne dois pas m'enfoncer dans ce labyrinthe , crainte de ne m'en pouvoir tirer qu'avec bien de la peine ; il vaut donc mieux fe mettre un peu au lar^e, fans s'engager dans le fort des détours dont la pièce eft embarrailée. Il me' femble donc qu'avant tout il feroit à propos de favoir fi ce fyftéme , tel qu'il a été combiné par M. Néedham , eft feulement imaginaire , ou bien fi on nous l'a donné comme quelque chofe de conféquent à des prin- cipes fûrs & évidens. A la vérité il n'eft pas trop facile de déterrer ce prin- cipe dans les écrits de notre Auteur ; il y eft pourtant . & il faut l'allet cherchera la dernière feuille de fon livre de 17JO, où à lapage joS , il dit, 3> que Dieu, comme dit l'Ecriture , eft le Dieu de l'ordre , & la Philofophie 31 nous apprend qu'il eft le Dieu de p'harmonie a. De ce principe doit s'enfuivre , qu'il y aura dans cet univers de l'ordre & de l'harmonie ; refte » favoir , fi cet ordie Se cette harmonie font précifément ce qu'il a plû (a) Néedham, ObCezv. page 344, (A) Pages 54'-. 342. (^)Pagei 341» 343. D E T U R I N. 5 87 à M. Néedham d'y mettre pour former cette échelle graduée qui varie ,«.^^„,^_^ à chaque pas par des nuances les plus délicates. Voyons li cela eft. 7^ \ Tri' XLVIII. Dieu cfl le Dieu de l'ordre &■ de L'harmoriie ; donc fi l'ccre q.ui. yënc " ' * & celui qui penje, iont des êtres fimples , il faut aulli que l'être quldétruir ^-^ 'V^ss le mouvement & celui qui le produit fuient des êtres (impies ^ autrement' '?5S-i7tfj. il n'y aura plus d'harmonie ou d'échelle complette :. cette conléquence à la vérité ne me frappe pas beaucoup. D'ailleurs il me pacoû que je ferois fort embarrafle à monter par cette échelle, y ayant de trop grands fauta à faire pour paffsr d'un échelon à l'autre, car ce qui /enr ^ ne me parole pas- moins éloigne de ce qui fe meut j que ce qui produit le mouvement le doit être de ce qui le détruit. Ce raifonnement , s'il était recevable , pnouveroit pour les Alonades de Leibnitz , & le paiTage feroit. des fubflancei qui ont de la fenfation , c eft- à- dire, des perceptions claires aux fubllaocss qui, par leur nature, n'ont que des perceptions obfcures. Cependant ja ne. dilli- mulerai pas que M. Nêediiam n'a pas manqué de foins pour réufllr à mettre tout en ordre, & rendre fon échelle pratiquable le plus q.u il fe pouvoir. Le premier expédient a été d'avoir recours à des mots , & par-là le mouve- ment qui, dans la façon de penler commune, ne diiiére quepar la direâion, & les degrés de célérité , eft devenu anç force txpanjhe , une exaltation graduée , &■ une ritahié quipervaie tout le règne végétal en l'exdltantjam difcondnuaiion i mais comme cette reflource n'étoir pas encore tout ce qu'il lui falioit peur perfeétionner dans toutes fes parties la grande échelle de l'exlftance , il a, voulu y fuppléer, permettez-moi, Monfieur, dappellerles chofes par leur nom, il a voulu, dis-)e,y fuppléer par une efpèce de jeu de marionettes ou, fi vous voulez , par des petits tours de finges. Il a donc luppofé que les animalcules microfcopiques , les poly-pes , les vers de terre & quelques autres de ces êtres , que l'on appelle communément des animaux , n'ont aucun principe de fenfation , & ne font rien autre chofe que des êtres vitaux ou des êtres dans lefquels le mouvement étant beaucoup exalté , opère fur des organes encore délicats & plus exquis que ceux que nous avons , & en partant de- là il accomplit la grande échelle de l'exijîance avec la plus grande facilité du monde. On peut donc j) comprendre comment un être 03 fimplement vital peut paroître fenfitif & jouer h rôle d'un animal dans =• fon économie, & même , julqu'à un certain point dans fa connoiflance. — a» La vitalité qui pîirvade tout le règne végétal en l'exaltcQt (ans difcon- to tinuation , fe tentine p.ir ce moyen d'une manière fenfible aux êtres, où M In fenfation la plus exqui(ê , avec routes fes connollfances particulières » Se purement fenfitives, çuoique (in^^e de la raifon jufqu'à un certain point,. M finit où l'entendement s'élève & répand fes premiers rayons =; fi le Diew de l'ordre & de l'harmonie eût deftiné dans la protondeur de fes confeils & de fes décrets, de faire éclater 1 immennté de fa gloire par la création d'une échelle d'êtres dont la graduation fut imperceptible , peut on douter un moment qu'elle ne dût fe trouver plutôt duos les réalités que dans les apparences? XLIX. L'opinioa fur cette échelle exaâ;ement graduée, feUe qce l'on! Ce ij 5'88 Ml^.MOI RES DE LA S'OClÉTÉ ROVALR DEsScinNCES prétend l'ctnblir , vient originairement de la combinaifon de deux prin- ToME IV. cipes de la pbiiofophie de Leibiiiiz , dont l'un efl: la loi de continuité, An KK£f ^ l'autre le lyfténic du monde meilleur, qui exclud ce que l'on appelle le -,, ' '; vuide des iotmss vacuumfoemarum. Si l'on regarde la chofe d'après les .' ■ pnncipes de Lfeibnuz, el.e n elt pas telle que des gens ont coutume de la reprélenter ou de la défigurer. Dans ces principes on fuppofe que Dieu n a créé l'univers qu'en vue d'une fin générale qu'il s'eft propofée : que le décret de Dieu regarde la totalité des chofes en tant qu'elles le rappor- tent à cette fin générale; que tous les êtres fimultanés pris, foit colledi- vement , ioit dillributivement , & fucceflîvement, ne font compris dans les décrets de Dieu pofitifs ou permillifs qu'en tant qu'ils fe rapportent, comme fin fubordonnée à la fin générale & direde : que Dieu en créant l'univers doit y avoir mis tous les êtres, toutes les réalités & toutes les perfedions, non pas pollibles , mais compollîbles à la fin générale , & aux fins fiibor- données qui font l'objet du décret divin. » Je crois , dit Leibnitz , qu'il y 3J a néceflairement des efpèces qui n'ont jamais été, & ne feront jamais, » n'étant pas compollîbles avec cette fuite des créatures que Dieu a choifie , 31 mais je crois que toutes les chofes^ que la parfaite harmonie de l'univers » pouvoir y recevoir y font ( a ) « , or il paroît que pour le fond , M. Néed-. ham efl: a peu -près dans les mêmes principes , mais il efl fi occupé de la formation de fon échelle, que l'on diroit qu'elle eft chez lui le principe, au lieu qu'elle n'en devroit être qu'une conféquence. Il veut que les ani- maux communs ayent une ame fenfitive ; cette ame efl: donc dans fon fyftéme une réalité poflible : il veut que les vers de terre , les polypes , les étoiles de mer , les animalcules microfcopiques foient fournis d'organes encore plus exquis que ceux que nous avons , mais il ne veut pas qu'ils ayent un principe de fenlation ; pourquoi cette réalité poflible n'aura- t-elle pas lieu puifque le fujet en eft capable ? D'ailleurs je ne conçois pas trop des moyens pour allier les principes que je viens de rapporter , avec la dodrine de M, Néedham, où il dit, que » l'anéantiflement d'un 3, grain de fable , d'une montagne fur la terre , d'une efpèce d'animaux 5. ou de plantes , ou même d'une planette, ne peut affeder le tout que fort » légèrement & fans aucune conféquence (£) ". Enfin , Monfieur , je tiens que la graduation de cette échelle peut bien former un objet digne de l'attention d'un Obfervateur, mais qu'il n'efl: pas raifonnable d'en faire un principe , d'où l'on parte pour façonner la nature à fa fantaifie. Vous trouverez apparemment , Monfieur , que je tarde bien à exécuter ce que vous m'avez témoigné defirer fur l'ouvrage de M. Néedham , vous ne me demandiez pas des remarques fur la Métaphyfique ; j'efpère vous fatisfaire dans une féconde lettre, & que vous approuverez alors ce que j'ai obfervé dans celle-ci; m'ayant paru difficile de ne pas m'occupec à difcuter cette Métaphyfique qui paroît faire dans l'intention de l'Auteur {a) Nouv. Eiïais (ur V entend » page 2^7. lit) Néedham , nouvelle^ recherches fur la nat. pjge 59^ n E T u R I K. 3-89 la principale pnrtic de (es ouvrages, r> En attendant que je puilTe r.i'ac- — y quitter de ma parole aggrcez les affurances des fcntimens diftingués avec Tome. IV. M Iciquels j'ai l'honneur d'ctre. An nées Du Monaftère de Cafanova ce 1 3 De'cembre I7!T E T u R I îT. 3P3 Italicus 'j fanguineus ^ fcutdlo longliudine ahdominis : fubtus [ wacuUs , fupra fafciis longitudinalibus nigris. Tome IIL Elle eft rouge. Il y a au corfelet fix bandes longitudinales A x n é e s noires, & quatre à l'e'cuflbn. Le bord & la furface inférieure 1761-17^5. du ventre font bigarrés de noir & de rouge. Le bout des ailes fupérieures eft noir ; celui des ailes inférieures eft feulemenc noirâtre. 4. PunBatus, oblongus, lamina tlifiracis eîytrifque luuo-tejlaceis •• maciilis quatuor nigris. La tête , le corfelet , le ventre & l'écufTon ont une couleur bleuâtre. Il y a deux points noirs fur le corfelet. Les fourreaux des ailes font jaunâtres. Leur bord eft marqué d'une petite ligne blanche , & rextrémité d'une tache de mCme couleur & d'une autre qui eft la noire & qui couche la première. Il v a aullî un point blanc à la pointe membraneufe du fourreau. Les pieds font jaunâtres. L'extrémité des jambes eft noire. Segujinus , antennis apice capillaribus : corpora oblongo nigro : elytro- rum apicibus coccineis. ^ Elle eft toute noire & liflè. La poitxe du fourreau eft marquée d'une tache écarlate ; & l'extrémité de cette pointe eft noire. Les pieds font jaunâtres. La bafe des jambes eft noire, Aphis , Puceron , Jaceœ, LEPIDOPTERES. Papilio , Papilloih lo. Ajax, MachaoïTt Atalama. Antiopa, Mxra. Galathea. Cardui. Rhamni. Brafficce. Juriina. Jiznira. Ca'.bum. Hyale. ^^eria. Prorfi. L'rticcs. Lucina. Cinxia. Ladionict. Terne I, 25 dâ Tome III An yr Ê £S 594 MÉMOIRES DE LA SoCIÉTÉ ROYALE DES SciENCEï Arion. ArgioLus. Idas. Comma. Malvce. Tages, Linea ^ alis integerrimis divaricatisfulvis immaculatis : primoribus fupra lineola nigra. Il eft femblable au papillon comma, excepté qu'il n'a aucune tache. Sphinx. Populi. Stellatarum. Porcellus. FiUpendulx. Virginca , alis Juperioribus cyaneïs ; maculis quinque ^ punElifqut totidem rubris albo marginatis. Il eft femblable à celui de h JîUpenduk. Les ailes inférieures font de couleur écarlate ; leur bord exte'rieur eft bleu , & l'in- férieur teftacé. Il en diffère cependant par la couleur verdâtre • du corfelet , par le bord qui en eft blanc , par un double collier de même couleur, & par des taches & des points rouges dont le contour eft blanc. Ces points, qui font au nombre de cinq , occupent la place de la fixième tache de la Jîlipen- dule j vers l'extrémité de l'aile. Ligata , alis omnibus nigris albo maculatis : abdominis fafcia lata aurea. La pointe des antennes eft blanchâtre. Le ventre eft bleu , & traverfé à fa bafe & dans fon milieu d'une bande dorée. Il y a une tache dorée fur les quatre pieds de derrière. Variegata , abdoinine barbato : alis hyalinisj margine ferrugineis. Le premier & le fécond fegment du ventre font verds , le quatrième & le cinquième font couleur de fer. Le cinquième & le fixième ont une barbe blanche aux côtés , & noire a 1 extrémité. Le deflbus du ventre eft couleur de fer. Le corfelet & la tête font verds, la poitrine blanche ; les antennes noires & les ailes blanches, tranfparentes avec un bord cou- leur de fer. PhaljENA . Phalène. Caja. Salicis. Plantaginis. Ypjilon. PaBa. CroJJ'ulariata, Claucinalis, D E T U R I N. ^py yertîcalh, -?? Purpuralis. Tome ilL Atomaria. AxtrÉEa Viridana. 1761-176$, Trigondla. Swamerdamella. PentddaByla. NEVROPTERES. LlBELLULA. Quadrifafciata. Fridrifchdaknfis, Sanguinea. Frumend, Triedra , E. alis omnibus hafi lutefcentîbus : pimBo marginali alb'ido , abdomine triangulari. Pedemontana ^ dis hyalinis macula fufca : punêlo marsinali, cor- poreque fanguineo. B. alis hyalinis macula fufca : punElo marginali luteo : abdomint full'O. E , le front , la poitrine, le ventre & le point marginal rouges. Le corfelet & la tache des ailes qui eft proche du point margi- nal bruns, B , le front , la poitrine & le point marginal jaunes. Le corfelet & le ventre de couleur fauve. Les pieds noirs dans l'un & dans l'autre. I Virgo. B&- E. Puella, a.B.D. Ephemera. Bioculata. Hemerobius, Hemerobe, Perla. Chryfops. Panorpa , Panorpe. Communis. Icalica , lutca alis aqualibus , punBo marginali : ahdomine falcato. Elle reflemble tout-à-fait à la ùpuU par fon port extérieur; mais elle a quatre ailes, & l'e'peron de la panorpe, quoiqu'elle foit moins commune. Elle eft toute jaunàrre. Les antennes font foyeufes ; les yeux & la pointe de l'éperon font brans. Lé ventre eft jaune au-deffus , verdâtre au defTous , brun à fon extrémité. Les pieds font très-longs , avec une double épine à l'extrémité de la jambe. Les ailes font égalas jaunâtres avec un point marginal de même couleur. H YMENOPTERES. Tenthredo Mouche à fcie. Pratenfis, Viridis, Ddd ij '2 0(5' Mémoires de la Société r ovale des Sciences Tome III. UJhdata. AiV2JÉ£s Saltuum. X76Z-17SU Septentrionalis. Quadrimaculata ^ antennis clavatis, nigra pilofa : fronts , fcutelloi abdominifque maculis quatuor Jlai'is. Elle efl: trcs-grofle & toute noire. Le fiont , 1 ecuflon , le fécond & le troifième fegment du ventre font traverfés par- deffus d'une large bande jaune. Dans le fécond fegment cette bande eft de'coupée de chaque côté , & dans le troifième elle eft interrompue, enforte qu'elle forme quatre taches. Le cor- felet & les fegmens font lifles au-deflbus , & velus aux bords. Les antennes font en mafle. Les mâchoires iont fortes ; les pattes velues ; les tarfes garnis de foyes rouges , & les ailes fauves. Bifafciata, antennis feptemnodiis nigra i abdominis fafciis duohus , ' ubiifque pojîicis albis. Elle eft toute d'un noir foncé. Le fécond & le troifième fegment du ventre font blancs au-deflus , ainfi que les jambes poftérieures. Quelques individus ont deux points blancs fur le quatrième fegment. IcHNEUMON, Ichneumon. Extenforius. CompunElor, Manifejiator. Glaucopterus. Appindigafliff. Defertor. Luteus. Comitator, PunBator j niger j ahdomine fubtus albido bifariam punBato : pedibus fubfiai'is, il eft noir & fans tache. Le ventre eft blanc au-deffus avec quatre points noirs de chaque côté. Les pieds font jaunâtres. S P H E X. Sabulofa. JEgyptia. Yes^X , G\xèpe. CoarBata. Quinque fafciata , nigra ^Thorace, lineis, punilifque ^ abdommt fajcds quinque, punBifque quatuor luteii. La pointe des antennes & les pieds font de couleur fauve. Les jambes font noires à leur bafe. Il y a de petites rayes à la bafe du corfelet & vers les ailes. Il y a quatre points fur le .dos , & un fur les côtés de part & d'autre. Vers la jomture du ventre , au lieu d'ccuflbn, il y a trois lignes, dont la fupé- rieure eft tranfverfale , & dans quelques individus , interrompue , §c jaune. Dans la jointure même du ventre, il y a de\ix taches DE Turin." 397 jaunes. Le ventre eft traverfé de cinq bandes découpées , dont — rrrr la première, éloignée des autres, n'occupe que le dos , & quatre points jaunes, deux plus grands entre la première & Années la féconde bande , & deux plus petits fur la bafe du ventre. i7*i-'7*f« Sa pointe eft jaune aufli. Il y a une variété deux fois plus petite. Hortkola , nigra thorace Uneola,punBif<]ue duahus: abdominefafciis quinque intemiptis , pedibiifque lureis. Antennes fauves ; raie interrompue à la bafe du corfelec; raie entière entre les ailes. 6. Maculata j nigra, thorace iinmaculato.'ahdomineinacuUs 6 albis, aUs bajî fulvis. Elle eit d un noir foncé , pavfemée de points creux ^ peu velue. Point d'yeux. Quatre grandes taches blanclies égales fur le dos du fécond & troiiième fegment du ventre ; deux plus petites fur la quatrième. Ailes dorées depuis la bafe jufqu'au milieu. Apis, Abeille, Manuata, SuccinSa. • Truncorum. Hortorum, Pratorum. Terrejîris. Lapidaria. Aceri'orum. Mufcorum. Infubrica , nigra nitida : aUs cxruleis nitemihu!. Elle eft fort grofle , toute noire & liffe. Le bord du corfeleti la poitrine, le deffbus du ventre & les pattes légèrement velus. Les tarfes des pattes poftérieures très-velus. Ailes d'un très- beau bleu femblabie à celui de l'arc-en-ciel. Regardez à contre jour , elles paroiflent d'un brun foncé. Fulva, hirfuca nigra, thorace abdomineque fulvis. Faludofa , hirfuta nigra : thorace amicè ac pofiicè j abdomint anticè flavis ; ano albido, Elle eft toute noire & velue. Le corfelet eft jaune à Ces bords antérieur & poftérieur , & le ventre à fon bord anté- rieur feulement. Le pénultième fegment du ventre ^ & l'antépé- nultième font jaunâtres. La pointe en eft noiie. Formica , Fourmi. Herculeana. Fufca. DIPTERES. TiPULA , Tlpule. Crocata. MuscA , Mouche. Arbuflorum. 5p8 Mémoires de la Sociéxé royale des Sciences "— Menthajîrl. Tome III. NoElïluca. Années Carnaria. ^76^-^76u Domejiica. Cadavenna. Scolopacea, Mellina. Vdeniina , antennis plumatis glabra. Thorace ferrugimo ; abdo- mine fiavo cinguUs duobus nigris. Elle eft grofle. Le front eft corné , jaune , les yeux bruns. Corfelet & écuffon couleur de ferjuifant, borde's de foyes noires. Pieds de couleur de fer foncé; ventre jaune. Bords du premier & fécond fegmens noirs; bandes noires au-deflbus; ailes jaunâtres tirant fur le fauve. CinEla^ antennis fetar lis pilofa ^ thorace ca:rulefcente : ahdomine fetnigineo : linea dorfali nigra. Bouche argentée. Corfelet noir , liffe avec trois raies cou- leur de lait. Ventre ovoïde , foyeux , couleur de fer , traverfé par-deflus d'une raie 'longitudinale interrompue, noire .en- touré au milieu d'une petite raie blanche qui n'eft vdible que fous un certain jour. Pieds noirs , jambes jaunâtres. CuLEx , Moucheron. Pipiens. AsiLUS , Taon. Forcipaïus. Tipuioidis, APTERES. Termes. Fatidkum. AcAt\us^ Ciron , Tique. Gymncpterorum. SUR UNE NOUVELLE ESPECE DE SANGSUE, gur les .maux qu'elle caufe ,& les moyens d'y remédier; Par M. Pierre-Marie Dana. H I RU DO alpina , nigricans , ventre ad médium bilineato , explanato , cprpore ab on Ù caudd nulld deprefionc difiinao. Planche I. Fig. 4-3. P'i' ^99. Cette fangfue eft un animalcule aflez femblable à la fangfue ordinaire par fa forme extérieure ; mais elle eft toujours beaucoup plus petite. Sa plus grande longueur n'excède jamais deux lignes, fa largeur eft rarement DE Turin. ^99 de plus dune lurne , & fon cpaifleur el1; encore moindre. Ces dimenfions^^ „ ^ rry - I 1 I j 1 /i-r J r' ■ 1 lOME 111. eprouvt-nt de grands changemens dans le mouvement progreliit de 1 animal. Tantôt il fe raccourcit & il prend alors la forme d'un hemifphcre un peu années allongé; tantôt il s'étend, &: il efl fort long & fort mince. i7ei-i7«î| J'appellerai k dos , la face fupérieure convexe ; le i entre , la furface inférieure applatie. L'extrémité mince qui fe préfente la première quand l'animal fe meut progrellivement , aura le nom de bouche , & 1 extrémité poftérieure aura celui de queue , quoique fort improprement. J'appellerai encore contraction , le mouvement par lequel l'animal fe raccourcit , & exienfion , celui par lequel il s'allonge. La Ji^. 4,/»/. /, repréfcnte le dos de l'animal non raccourci, la^;^. j, fon ventre; la ^^'. 6, repréfente le dos, tel qu'il eft pendant la contra&ion de l'animal, le tout de grandeur naturelle. Les Jîg. 7, 8 & p , repréfentent les mêmes parties, mais telles qu on les voit au microTcope. Le dos de ranim.al, lorfqu'il n'efl point raccourci, paroît , au premier coup d'oeil , d'un noir luifant. Mais fî on l'obferve attentivement , on verra que ce noir eft plus foncé à fa partie moyenne , qui eft la plus élevée, que vers les bords, oii s'éclaircillant peuà-peu, il fe change en un gris foncé. Si , pour mieux voir encore , on a recours au microfcope , on verra que d'un fond gris tirant fur le blanc , s'élèvent des poils noirs très-ferrés fur le milieu du dos , & qui deviennent toujours plus rares en avançant vers les bords; ce qui fait que le gris y eft plus fenfible. La face inférieure du corps eft applatie [ l'./g. y &: ^.] & le gris y domine davantage que fur le dos. On voit partir de la bouche une ligne plus blanche que le refte du corps de l'animal , & qui s'étend directement juf- qu'aux deux tiers de fa longueur, où elle fe termine en une véiicule blanche 2», laquelle eft plus proéminente & plus gonflée pendant la contraftion que durant l'extenfion. Cette ligne blanchitre eft accompagnée, à droite & à gauche, de deux autres lignes d'une couleur obfcure [ i'. fg. 8. ] qui entourent la véficule , & qui forment au-delà un point ou une tache noire. La ligne blanchâtre eft une aire comprife entre ces deux dernières lignes. L'extrémité antérieure O , eft formée par un prolongement fort mince du corps, de la longueur d'une demi-ligne. Elle reffemble exadement à un demi - cône tronqué , & , pendant l'extenfion , elle paroit furmontée d'angles faillans. Cette partie mérite feule, à proprement parler, le nom de bouche , puifqu'on y apperçoit , à l'aide de la loupe, à fa partie infé- rieure , une légère échancrure femilunaire , pofée entre les angles. On en voit la trace en O [ fig. 8 ]. L'extrémité poftérieure C . eft arrondie, & elle n'eft féparée du refte du corps par aucune ligne de divifion ; elle n'eft pas non plus aflez muice pour qu'on puiffe la regarder comme une véritable queue. .Les bords qui féparent la face inférieure applatie d'avec la face fupé- rieure convexe, ont par-tout à peu-près la même couleur; Si ce n elt guère qu'au microfcope qu'on peut, ainfi que dans les autres parties, y 400 Mémoires de la Société royale des Sciences. To M E I iF ^PP^i'c^'^'O''' "^ss rides , lorfque l'animal fe meut ; rides qu'on apperçoit a l'œil fimple , dans la fangfiie ordinaire. Aa- u EEs Cette fangfue exécute, comme je l'^i dit, fes mouvemens progreflîfs par 3761-1765. une contraftion & une extenfîon alternatives. Quand elle le raccourcir, elle lixe Ai partie antérieure , & am.cne vers elle le relie de fon coips. Dans ce mouvement de contrr.cTion , elle prend la forme d'un hémilphère un peu allongé ; les dimenfions verticale & tranfverfale augmente , &; tout le corps devient plus épais jufqu'à la bouche. Le dos eft alors plus luluinc & d'un noir plus foncé [ v./g. 6 & p ]. Quand elle s'allonge , & c'eft alors , à proprement parler , qu'elle fe meut progreffivement , elle tient fa queue immobile, & étend la partie antérieure de fon corps. Alors les dimenlions verticale & tranfverfale diminuent , & fa longueur eft deux fois plus con- iîdéra')!e que dans l'état de contraftion. Dans le. tems de ces mouvemens , la partie qui contient la bouche , ne fe dilate jamais orbiculaivement , mais elle s'amincit peu-à-peu , enforte qu'on ne fauroit afligner aucune ligne de féparation entre le col & le refte du corps. On peut dire la même chofe de la queue, qui eft mcme moins diftinguée du refte du corps que la tête. Ces obfervations ont été faites fur plus de trente individus , & les réiultats ont toujours été les mêmes, Je vais à préfent expofer quelques expériences que j'ai faites^ pour mieux: ccnnoître la nature de ces fangfues. Ayant plongé mon doigt dans une fontaine où il y avoir un grand nombre de ces fangfues , elles réfusèrent conftamment de monter, & de s'y attacher. J'en pris une dans ma main avec un peu d'eau. Elle vécut & continua de fe mouvoir avec vivacité tant que l'eau conferva fa fraî- cheur; mais dès que cette eau commença à s'échauffer, par la chaleur de la main , du foleil ou de l'atmofphère, l'animal éprouva un mal-aile ; il s'agita d'abord, il tomba dans un état de langueur, & auroit bientôt péri, fi je n'avois promptement renouvelle l'eau. Ces fymptômes qui annon- çoient fa mort, fe fuccédoient plus rapidement lorique je le mettois à fec Ce fut envain que j'effayai de tranfporter des fangfues v vantes ; elles mou- rurent toutes avant d'arriver à la plaine, quoique' j'eufte pris des précau- tions pour que l'eau ne fût point échauffée. Quand je mettois cet animal fur fon dos, il ne pouvoit avancer, mais il fe rouloit , fe tortilloit de différentes manières , jufqu'à ce qu'enfin lî pût fixer fa bouche ou fa queue. Alors il fe tournoi: aifémenî, & repren- nent fa fituation ordinaire, il marclioit comme auparavant. Je m'y fuis piis de toutes les manières pour diflequer ces fangfues, & j'en ai attentivement examiné toutes les parties avec un microfcope qui rendoit les objets huit fois plus gros. Je n'ai pu y découvrir qu'un uibe très-minee & tranfparent , qui , comme les inteftlns , faifoit une infinité de circonvolutions dans l'intérieur de l'animal, Z<. qui, lorfqiion le cou- poit , rendoit une humeur limpide. Ce tube , quatre ou cinq minutes après avoir été féparé , confervoit encore un mouvement de contradion j nuis une demie heure après, l'animal étoit tellement defleché, qu'on ne pouvoit deTurih. 401 pouvoir plus y appercevoir rien d'organique. Si je mettois fur une pierre _^r? eciiaufféc p;ir le foleil , des fangfues entières , elles fe rappc'tiiroient & fe Tome III, delTéchoien: tellement au bout d'une demie-heure, qu'il ne reftoit plus Ann èes qu'une pellicule mince & sèche. Elles fe defféchoient pareillement lorCque \-ji-!.-\Ti', je les gnrdois dans ma main pendant quelque tems. Au rtfte, la fubftance intérieure de l'animal , qui efl; fort molle & prefque gélatineufe , eft recou- verte par une membrane mince & délie'e qui paroit noire & opaque , mais qui efl tranfparente lorsqu'on l'examine lépare'ment. Je range cet animal parmi les fangfues , quoiqu'il ait des caraftères qui ne s'accordent point avec ceux par lefquels M. Linnius a défigné ce genre. En effet , il n'a ni bouche ni queue qui fe dilatent orbiculairement. Mais fa configuration & fon port extérieur démontrent que c'eft réellement une efpèce de fangfue. Ce fut au mois d'Août que je découvris cette efpèce de f^ingfue au fond des fontaines qui font fur les hautes Alpes , dans les endroits les moins expofés au foleil. On les trouve communément fur le chemin du Monaflère des PP. de Citeaux à Gj.r!LXt , ainlî que vers fe Caranqui & Biitifol. On en trouve auflî de l'autre côté des Alpes, à l'endroit appelle Bric à^Mindin. Les Habitans de ces montagnes les nomment en langue du pays , le Sioure ou Soâre. Les maux qu'elles caufent , leur ont appris à les connoître , & à les éviter foigneufement. Elles nuifent aux hommes & aux troupeaux , & fî on les avale en buvant , elles caufent une mort certaine , à moins qu'on n'y apporte un prompt remède. Ceux qui font ufage de 1 eau de ces fontaines , ont foin d'en enlever auparavant les fangfues, ou du moins d en creufer le lit très-profondément; & ils évitent d'agiter l'eau en la puifant , moyennant quoi ils fe préîervent de tout danger, parce que ces animaux ne quittent jamais le fond, & ne vivent que fur le fable ou fur la vafe. Frappé de la iîngularité de cette efpèce de fangfue, & des maux qu'elle caufe , j'interrogeai les gens du pays pour favoir d'eux tout ce qu'une longue expérience pouvoit leur en avoir appris. Leurs réponfes furent allez uni- formes. C'eft d'après leur rapport que je vais expofer les fymptômes qu'on éprouve , lorfqu'on a eu le malheur d'avaler quelqu'un de ces animaux. Le malade fe plaint d'abord d'un fentiment d'érolion à la région du ven- tricule. Bientôt après il efl cruellement tourmenté par des coliques atroces & des riauféos conànusiies ; il tlichit le tronc ik prcffe fon ventre avec les mains , efpérant pouvoir diminuer par ce moyen la violence des douleurs. Ces douleurs font quelquefois Ci excedlves , qu'il ne peut ni fe tenir debout, ni fe dreffer, encore moins retourner à fa maifon , & qu'il tombe fur la place. Il relient dans le ventre une chaleur brûlante & douloureufe ; il grince des dents , il s'agite , il a des fvilToni , il délire , il eft furieux par intervalles; le hoquet & le vomiirement furviennent, le vi'i;^e devient livide. Quelques uns , après le frilTori , éprouvent des con- vuKions ic une fièvre terribles. Enfin une fueur froide s'empare de tout le lonii I. . E ee 4^2 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DEsSciENCES __^^^ corps, & l'on meurt avant la fin du jour. Il en eft peu qui vivent jufqu'au ^ ji-T lendemain. i o M E m. ^,^^ ^-^^jj qyg périflent ceux qui ne font pas fecourus. Si les me'dica- Ax'VÉss mens font adminiftrés un peu trop tard, la plupart dts lymptôrnes (ont I7.ÎI-I76Î. moins violens, il eft vrai, & quelques-uns même font entiéreniunr calmés; mais la guérifon du malade efl: très-difficile , & il a encore biende la peine à fe rétablir parfaitement. Au refte on a vu revenir des portes du tombeau la plupart de ceux à qui on a pu faire prendre à tems du lel ou de l'huile & de l'agaric. Ces remèdes paffent pour de vrais antidotes parmi les habitans de ces contrées. Il eft très-rare de voir réchapper des malades qui n'ont pris aucun médi- cament, foit parce qu'ils le trouvoient feuls , ou parce qu'ils étoient trop éloignés des lieux oii l'on auroit pu trouver des lecours. On m'a afluré, que le petit nombre de ceux qui dévoient leur guérifon aux feuls etlurts de la nature, n'avoient été en état de retourner chez eux que le lendemain, après la ceffation du délire & des convulfions , & que leur convalefcence avoit é:é longue & difficile. L'agaric eft fort commun dans ce pays, à caufe de la grande quan-; tité de mélèzes qu'il y a fur ces montagnes. On en fait des piovifions , & le mêlant avec du poivre , on en forme une pâte qu'on emploie indif- tinCtement dans toutes fortes de maladies. Les habitans de ces cantons fe purgent ou fe font vomir avec de l'agaric qu'ils mêlent avec de l'huile , & plus rarement avec du lait. Il n'eft donc pas furprenant qu'ils en faflent également ufage pour ceux qui ont avalé des fangfues, & qu'ils le prônent comme le fpccifique le plus puilfant, dont la vertu leur eft garantie pat une infinité d'expériences. Quelques payfans me vantèrent beaucoup les effets du fel commun , & ils me furent confirmés par un Chirurgien ; mais on n'en fait guère d'uiage qu'au défaut de l'agaric ou autres remèdes. _ Ils ont encore remarqué que l'eau tiède , le petit lait , ou le lait avalés promptement en grande quantité , adouciflbient confidérablement le mal . fans néanmoins en détruire les fymptômes aufli efficacement que l'agaric. Les malades ne font même alors parfaitement guéris qu'après plufieurs mois; jufqu'à ce tems ils reftent fans appétit, & dans une langueur conti- nuelle avec gonflement douloureux du ventre , pâleur du vifage & acca- blement extrême. Telles font les obfervatîons que j'ai recueillies avec le plus grand foin parmi les habitans des lieux que j'ai indiqués. Leur témoignage ne peut être regardé comme fufpei^:- J'ai donc cru devoir en faire part au public, tant pour faire connoître aux voyageurs cet animal dangereux , & îa manière de remédier aux maux qu'il pourroit leur caufer , que pour en donner une idée aux amateurs de fHiftoire Naturelle. Je joindrai à ces obfervations celles que j'ai eu occafion de faire fur lg6 animaux connus fous le nom d'ortks de mer , dans un voyage fur les t) E T U R 1 N. 403 Apennins , & de là dans le Comté de Nice jufqu'à la mer, fous les auf- .,,.„__^ pices de M. le Marquis Caiffbtti, Infpedeur de la Littérature. M. François ^ Trr Peyrolier, Peintre, Botanifte du Roi, qui m'accompagnoit dans ce voyage, °^^ a deflîné lous mes yeux ces animaux vivans, fous leurs couleurs naturelles, ^vjv^ss On peut donc compter fur l'exactitude des figures que j'en donne, puif- ^762.-176^. qu'elles onc été gravées d'après ces deOins. Sur quelques différences de l'animal connu fous le nom d'OrÛQ de mer ; par M,- Pierre-Marie Dana. I. ARMÉNISTARL Gbnre. Animal corpore fuhcartilagineo , tenui , complanato ^ hafi ah erc&a vélo divifa , arcubui lineata , margine tentaculato. Espèce. Armeniflari uiuacuUs in membranam perfeElè coalitis. PI. I, Fig. 10 & II. V^jET animal, vu de loin , paroît d'un beau bleu dans toute fon étendue; ^''g' tes. mais fi l'on examine de plus prcs , on diftingue une couleur argentée confondue avec la première. Il efl formé de deux parties planes, d'une fubflance membraneufe approchant du cartilage , dont l'une pqr s [fie. 10 & I j.] eft plus ample & oblonguc;'elle a pris le nom de bafe, parce qu'elle occupe la partie inférieure du corps de l'animal , lorfqu'il eft dans l'eau ; l'autre t] î[ r [fîg. 11.] ell: inégalement triangulaire & attachée perpendi- culairement à la première par fon plus grand côté DCA. Comme elle a la figure d'un voile déployé , je lui en donnerai le nom , d'autant plus qu'il a déjà fervi depuis long-tems à défigner la féconde efpèce de ce genre, connue fous le nom de Veklla, La bafe de l'anima! pqrs, eft obbngue, un peu ovale & fortobtufe; elle a près de deux pouces dans fa plus grande longueur ; fa largeur n'efè tout au plus que d'un pouce. Sa furface fupéneure efl légèrement convexe. Le voile la divife en deux parties égales , en s'y attachant obliquement , de manière que fon plan fait un angle aigu avec la ligne ;7cr qui mefure la plus grande longueur de la bafe. La face interne delà bafe [repréfentée en entier, ^ij. 10. ] eft légèrement concave, fur-tout vers le centre C. Elle a une tache elliptique roufle qui s'étend depuis le centre jufqu'à la diftance de trois^ lignes de part & d'autre ; cette tache a dans fon milieu plus d'une ligne de largeur , & fa partie centrale paroît communiquer avec une finuofité CX qui eft au-dcfius , & qui appartient au voile. E ee ij 1761-17^.5. ^04 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYAtE DES SClSNCES Il iiimiii^w»» L'une & l'autre fuiface de la bafe eft entièrement couverte d'une Tome III. membrane ou pellicule mince , mais ferme, tatqueufe, de couleur nrgentée Aj<^nf.es ^ brillante. Elles renferment l'une & l'autre une lubfiance cartilajjineufe très-fine, & l'on y voit plulieurs arcs bleus, ou plutôt plufieurs canaux remplis d'une liqueur bleue. C'eft de l'union étroite de ces canaux & de la fubliance cartilagineufe avec les membranes que dépend la fermeté & l'claf- ticité vraiment cartilagineufe de la bafe. Il ell vrai que les humeurs elles- mêmes y contribuent un peu; car la baie de \'/!nr-eniJîari de!sèchée, devient fragile , la fubftance cartilagineufe inrerpofée t.itre les membranes & les canaux, ne peut en être féparée que très difficilement , & au lieu de con- ferver la forme d'un.caitilage entier , ne paroit plus que fous celle de plufieurs écailles détachées. Le voile q^r [Jîg. il.] paroît formé , non-feulement du prolongement des membranes de ia bafe , mais encore d'une lame cartilagineufe très- fine , renfermée dans ces membranes; car, quoique les yeux ne puiffent pas la diftingu jr, le r.i6t y trouve les propriétés des cartilages , & princi- palement une dureté qui ne femble pas pouvoir venir de l'union leule des msmbranes. On ne peut mieux comparer le voile, dans l'animal frais , qu'à une lame mince de talc qui feroit élevée fur la bafe; il en a la tranfpa- rence , la ténuité & la flexibilité mêlée de roideur. La marge fupérieure du voile eft inégalement crénelée, ou irrégulièrement ondée ; c'eft là que , finit la fobftance cartilagineufe ; mais les membranes s'étendent encore d'une ligne au delà, toujours unies fous la forme d'une pellicule fort mince. Leur tranfparence & leur extrême ténuité les dérobent aux yeux , lorf- qu'on a tiré l'animal de l'eau ; elles tombent alors fur la partie ferme du voile ; mais fi on replonge l'animal dans l'eau , elles reparoiiTent fous la forme d'une pellicule flottante & très-mobile. On obferve fur le voile q^r, lorfqu'il eft frais, quelques lignes qui, partant de la bafe, montent peu- à-peu , & difparoiflênt vers la partie fupérieure ; mais je n'y ai pas remar- qué, comme dans la %'eleUa, des lignes arquées, difpofées félon la longueur du voile , & prefque parallèles à fon limbe. Le voile defscché eft tout-à-fait tranfparent , fort mince & extrême- ment fragile. On n'y découvre plus aucune trace des lignes ou rayes dont je viens de parler. A l'endroit où le côté inférieur du voile eft attaché à la face concave de la bafe , on remarque un finus d'un bleu tirant fur le brun D A^ plus grand dans fon milieu , Se qui s'évanouit peu-à-peu vers l'une & l'autre extrémité D & ^. Ce finus part de la membrane fupérieure de la bafe , qui, en s'allongeant de part & d'autre pour former le voile (j 7 r, forme cette cavité , laquelle eft d'autant plus grande qu'elle eft plus près du centre C. Cet écartement des membranes fe continue enluite en haut , depuis le centre jufqu'au milieu de la hauteur du voile, où elle cefle d'être vifible , après s'être rétrécie peu-à-peu en montant dans une direâion vertica'e , [ K. C X , fig. 1 1 ]. Dans l'animal frais , ces cavités contiennent une humeur d'un bleu DE T ir R r N. 407 «"oufsâtre, d'autant plus foncée qu'elle eft plus près de la bafe. On trouve -' cette humeur en plus grande quantité vers le centre C , & elle paroitToME lil. communiquer avec la partie fupérieure de la taclic dont j'ai parlé , quoi- An n éfs que la matière roulsâtre & gélatineufe qui forme cette tache, n'ait prefque ne--\i(^. pu fortir par le linus que j'avois ouvert à deffein en A' avec une épingle , nial;j;ré la coniprellion que je failois avec le doigt. 1 L'un & l'autre legment de la bafe eft traverfé par des canaux coniques au nombre de feize & au-delà, qui paroiflent autant d'arcs bleus. Je n'en ai fait graver que la moitié pour qu'on pût en mieux diflinguer la diftribu- tion. La largeur de ces canaux & la diftance qui les fépare , font plus grandes dans la portion la plus large de l'un & de l'autre fegment , & moindres dans la plus étroite. Au-delà du diamètre /jCr de la bafe par rapporta l'origine du voile, il en nait de plus gros, quife fléchilïént en arcs .paralèllemcnt à la marge, diminuent enluiie, fe rapprochent, & devenant plus droits , difparoilTent enfin dans la partie oppofée ou aiguè- du mcme legmenr. Ainfi l'extrémité la plus groiie & dillintfte des canaux d'un fegment fe trouve très-près de l'extrémité mince & prefque imperceptible de ceux de l'autre fegment en A C D ; mais elles font tellement féparées par le voile , que ces canaux n'ont entre eux aucune communication immédiate. Je n'ai pu voir aflTez diftinctcment fi c'eft là que fe terminent les canaux de la bafe, ou s'ils fe continuent dans ceux du voile , quoique j'aye examiné l'animal frais & delléché, avec le microfcope. Il efl certain cependant qu'à la partie commune au voile & à la bafe ^ il y a des arcs très-minces d'où partent des lignes extrêmement fines & bleues qui vont fe diftribuer fur le voile. La grolîe extrémité des canaux de la bafe fe manifefte au ta<5t même , & les doigts y diftinguent l'augmentation d'épaiffeur qui en réfulte dans cette partie. Dans l'animal defleché, on fépare ces canaux d'avec les membranes fans beaucoup de peine ; ils paroiflent alors blancs , plus petits & plus rapproché l'un de l'autre. De la tache de la bafe dont j'ai parlé, fous la membrane inférieure , partent des lignes molles & bleues, comme autant de rayons, qui coupent en tout fens les arcs que je viens de décrire. Les membranes de la bafe s'étendent conjointement deux lignes au-delà de fa marge cartilagineufe, & fe continuent en une feule membrane molle & imbibée d'une humeur d'un beau bleu. Cette membrane, qui eft formée par celles de l'une & de l'autre face de la bafe, eft mobile & flottante. Sa marge eft: très-peu déchiquetée & comme ondée par des plis. On y diflingue des lignes droites d'un bleu foncé , qui fuivent la direction des lignes radiées de la bafe , & féparent les plis dont je viens de parler ; elle eft fort tendre & très-Iifle. On ne peut prefque venir à bout de la deflc- cher; elle demeure collée au papier qu'elle teint en bleu. Si on la manie quand elle eft fraîche, elle fe réfout prefque entièrement en une muco- fité bleue ; lorfqu^elle eft réfléchie fur la bafe , elle la fait paroître d'une couleur bleue uniforme. .ivui "animal eft couvert d'une humeur rauqueufe fort gluante. Je n'ai 406 MÉMOtRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SciENCES , pu y obferver , même avec le microfcope , aucune bouche ou autre- ^ rrriTT ouvenure extcrieure quelconque. i o M E lii, ^^^^^ efpèce à' Anncmflari a été portée par un gros coup de vent de A.vNÈEs 5uj j-^f ig rivage de l'exttémité Méridional- du col de Saint Alban, près j-(*;-i7é5. (je la côte de Nice. Frappé de fa nouveauté, je la montrai à des Pécheurs & leur demandai s'ils l'avoient vue quelquefois. Ils me répondirent qu'ils en i^noroient le nom, & qu'ils avoient eu rarement l'occafion de la voir; mais qu'ils en connolffoient une autre bonne à manger , que l'on pêche abondamment au piintems après les tempêtes, & qui vient , lelon eux, des côtes d'Aftrique. D'après la defcription qu'ils m'en firent, je compris qu'ils vouloient parler de la Vddla. Je ne m'arrêterai pas à differter fur la manière dont cet animal pourvoit à fa fublîft ance & à la propagation de fon efpèce. Je ne pourrois donner Jà defllis que des conjectures bazardées. Prend t-il fa nourriture par l'abforp- tion d'une fubftance alimenteufe qui entre dans des pores invifibles, diftri^ bues fur toute la furface des membranes ? Cette humeur ainfi abforbée , entre-t-elle enfuite dans les canaux & les finus dont j'ai parlé, & parvient- elle au centre , comme à la partie principale ? C'ed: ce qu'il eft très-difficile de déterminer. Ce qui eft certain, c'eft que cet animal n'a ni bouche, ni même aucun vifcère. Il eft plus difficile encoie de découvrir le méeha- nifme de la génération. On comprendra que cette efpèce nouvelle ne peur être rapponée à aucun des genres connus , & qu'elle conftitue par conféquent un nouveau genre , fi on prend la peine de comparer la ddcr!.ption que j'en ai donne* avec les plus approchantes des Zoologiftes, & particulièrement de l'illuilre Vonlinné. L'animal avec lequel celui ci a le plus de rapport, eft la Vddla des Auteurs, que Vonlinné rapporte au genre des Médules. Mais ils doivent en être féparés l'un & l'autre , & ce célèbre Naturalifte n'a vrailerabla- blement placé la Vddla au dernier rang des efpèces de Médufe, que parce qu'il a reconnu qu'elle s'écartoit plus que toutes les autres , du caraâère générique. En effet fi on excepte le nom d'Ortie de mer qui lui a été donné p.nr tes anciens, à caufe de l'imprelîion femblable à celle de l'ortie, qu'elle fait fur la peau , & fa comeftibilité , il lui refte à peine quelque chofe de commun avec les Orties de mer qui appartiennent au genre des Médufes. Les autres efpèces de ce genre n'ont pas une ftrudure fem- blable , ni une confiftance cartilagineufe ou approchante de celle du carti- lage. Enfin les Auteurs ne parlent d'aucune bouche inférieure centrale dans la Vddla , & je n'en ai point trouvé non plus dans l'animal en queftion. Elle devroit pourtant s'y trouver pour qu'on put les rapporter aux Médufes, fans rien changer au caradère générique qu'en a donné Vonlinné. La néceilité d'établir un nouveau genre pour ces deux efpèces , a été non-feulement fentrc , mais expreffément remarquée par M. Marc Carburi (a). (a) Lerrer.1 frpra un infetto niarino , Oc. Nova rMColta d'opujadi Jcitmi/ui t fdolofici, Tom, I!I. Viiieiia , 1758. D E T U R I K. ' 40-7 dans fa defcription de la Veldla. Cependant après lui , le favant M. J. B. ,,«^_„^L-i Bohadfchius (a), prétéranc le caraûcre fourni par l'urtication à ceux que ^ VVT donne la ftrudure , n'a pas fait difficulté de la ranger parmi les autres ^^^^ ' orties de mer, quoiqu'il prétende d'ailleurs qu'elle a une ftrudure femblable A.knf.es à celle des autres Médules. Mais ni mon efpèce, ni la Vthiia ne s'accordent i7éi-i7*î» avec le caractère générique de Vonlinné . par la figure cylindrique ou orbiculaire , qu'il dit être commune à toutes les Médufes (i), ni par la ftrudure interne qu'il leur attribue ; ce qui donne lieu de douter fi cet homme célèbre a eu réellement fous les )'eux l'animal décrit par Carburi, ou û c'en eft un autre, d autant plus que le corps de l'animal qu'il a vu, étoit fi mince, dit-il, qu'il s'étoit évaporé à l'air & diflous dans l'efprit- de-vin , au lieu que mon Armmïjlan &: celui de Carburi, peuvent faci- lement être deflechés & conlervés, fur-tout la partie qui en forme la bafe. D'ailleurs le voile me paroit devoir fournir le caracrcre d'un nouveau genre qui comprendra les deux efpcces rrentionnées , lesquelles ne diffé- rent pas beaucoup entre elles pour la ftrudure , quoiqu'on y obferve des différences fpécifîques allez remarquables. La première efpèce fera donc la Veldla dont Fern. Imperato ( c ) , Cr Fab. Columna (A) ont parlé & dont M. Carburi a donné en dernier lieu une defcription élégante avec figures. La féconde efpèce , caradérifée principalement par l'intégrité des jambes {tînticula) fera celle dont il eft ici queftion. Enfin pour ce qui concerne le nom , j'ai cru devoir retenir celui i^Ar- menijlari fous lequel la Veldla a d'abord été fort bien décrite par M. Car- buri. Le nom trivial de Vdella fera donc pour la première efpèce , & en donnera un qui voudra à la féconde que je viens de décrire. I I. MÉDUSES. Première espèce. Médusa pzr comraEliomm hemifphxrlca , levis , untacuUs plurimis , membrana: interius 24 - punÛatx nvolutione detegeniis. Planche I. Fig. 12, 13, 14, ij &: 16. Si on examine cet animal avant de le retirer du lieu où il eft attaché, il paroît fous la forme d'un hémifphère plus ou moins parfait , de couleur écarlate , étroitement adhérent à un rocher par fa partie inférieure appla- tie , &; mobile en tout fens par fa partie convexe. Lorfqu'il fe contr;ide , _i -^ — — ___^_^^^^__^_^^^.^___^_^^^____^______^_^^ (a) DijuitufJjmjnimaUtusnijrinis, torumque propriitjtihui, Drefde 175 1 pj^t 1 jé, {h)l'.2S<: 155. ( 0 Hirt. Natur. pj^(! 679, elle e(l gravée, frf^if 6i%. ( d ) AquatiU G* urreftr, ohjerv, Defcrip. pj^e XX , & fig. pjge. XXII , cdit. de Rome li--^. 40*? MÉMOtRf» DE LA SoClÉTÉ KOVALE DES SCIENCES T par quelque caufe que ce foit , il prend une forms parfaitement hémifphé- Tome III. rique [r. PI. I. Fi-^. 12, ij &14-] & (i on l'examine dans fon e'tat de dila- A A'.vÉss tation ou d'expanfion , il poufTe en dehors & montre des parties qui étoient ■nii-i7S< cachées auparavant. Je donnerai le nom de contraftion à fon premier état , & celui de dilatation ou d'expanfion au fécond [ v.Jîg, i j ]. Je décrirai donc cet animal fous chacune de ces deux apparences , & fous d'autres encore que fes mouvemens lui donnent , ou qu'on découvre par la diflec- tion. J'ai tâché d'ailleurs d'en dellîner la ftrudure auffi parfaite qu'il étoit pollible. Pour voir dans fon entier la furface Inférieure de cette Médufe , il faut la détacher exaiflement du rocher auquel elle adhère fortement [ v.Jîg. 12 ] ; je n'ai pu le fliiie fans déchirement , tant que l'animal vivoit ; mais l'ayant iaiflfé mourir dans de l'eau douce, où je Tavois plongé avec la portion dt" rocher à laquelle il étoit attaché , & en ayant enfulte féparé les fragmens pierreux , je fuis parvenu à voir dilinclement cette partie inférieure dans toute fon intégrité. Elle efl: lifle & polie, d'un beau rouge, & a un pouce de diamètre , comme on voit^^. 14. PI. I. Elle efl: platte & uniforme, mais divifée par des lignes radiées , d'un rouge plus foncé , en plulieurs fegmensà peu prè^ triangulaires, terminés ^ par leur fommet , à un point ou centre oîi fe trouve une ouverture commune à tous. Sur la face convexe de l'animal contradé [Jïg. 1 2 & 1 3 ] , à travers l'ou- .verture dont je viens de parler , on entrevoit une infinité de dents rouges, ou les pointes des jambes , dont '■& parlerai bientôt , difpolées circulairement , & formant les parois d'un trou qui eft la continuation de cette ouver- ture. L'extrémiié des jambes efl plus ou moins diftinèle & allongée , feloa que l'ouverture augmente ou diminue. Le refte de la convexité hémifphé- rique efl: lilfe & d'un rouge vif, alTez femblable à du fang coagulé , recou- vert d'une membrane fort mince que j'appelerai épidémie. Cet épiderme efl: comnrun à l'une & à l'autre furface. Lorfqu'il efl: parvenu à l'ouverture , il fe réfléchit en dedans , fe répand fur toutes les parties internes, &: forme avec une fubflance gélatineufe ténue qu^elle renferme, une forte de couverture mobile & rétraciile qui s'étend & fe replie fur les parties qu'elle recouvre , comme le prépuce fur le gland de l'homme , enforte qu'on peut lui donner le même nom. Dans l'animal contradé f jÇçf 1 2 & 1 5 ] , ce prépuce conflitue lapanie apparente & la plus confîdérable de la convexité hémifphérique , & fe continue inférieurement avec îe refle de cette même convexité. Il fe replie, dans l'anima! dilaté, & alors fa face concave Se interne devient convexe , & manifefle fon origine interne l fig. 15] laquelle fe trouve un peu au-deffous de la hauteur de tout l'hémif- phère. Cette furface interne du prépuce eft lifTe & d'un rouge éclatant , à l'exception de vingt-quatre points gris, peu, mais également éloignés l'un de l'autre , à une demie ligne du bord circulaire du prépuce. Ces points font recouverts du même épiderme , mais d'une manière plu^ lâche ; & fi oa les foulève avec une aiguille, ils offrent un petit tube borgne Se court, de couleur grife. Le DE T U R I V. 409 Le prépuce , en fe repliant , laifTc nppcrcevoir d'autres parties que j'ai ; *^ fait graver dans la même figure 15. On découvre alors un autre petit ^ 0 .m e III. hémifplitre C'O . concentrique au premier, lifle , rougeâtre , renferme A .\ n é e s dans le grand , comme un noyau , dont la convexité eft percée d'une 1761-1765. ouverture correfpondante & femblable à l'autre, félon la mcmc direc- tion (/). L'animal a la faculté de contraftcr & dilater cette féconde ouverture , mais non pas de la faire difparoitre par la révolution de fcs parties , comme l'ouverture extérieure du prépuce du grand hémifphcre. Autour de la bafe de ce petit hémifpère , on voit une elpcce de couronne ou de zone [îînJ%* ^S] '^''^" rouge plus foncé que le refle, laquelle s'étend d'une ligne & plus entre la bafe de Ihémifphère & l'origine interne du prépuce. Elle efl: formée par un double rang ferré d'éminences mam- millaires de la même couleur, difpofées deux à deux, ou petites franges coniques, applaties, féparées l'une de l'autre, mobiles, longues de plus d'une ligne & demie, & larges d'une demi-ligne tout au plus à leur bafe ou origine , s'aminciirant enfuite peu-àpeu , & terminées en une pointe très-aigue , mobile &: flottante. Les pointes des jambes fe tournent en dedans , pendant la contraction de l'animal , mais dans le temps de l'expan- fion , elles divergent en dehors, & forme une zone radiée. Outre ces parties qu'on apperçoit dans les divers mouvemens que fait l'animal , fî l'ont veut examiner les parties internes du petit hémifplùre {li), il faut faire avec précaution une incilîon félon fa convexité , jufqu'à ca qu'on puiiïe relever les parties coupées , lefquelles font d'une fubflance femblable à celle du prépuce du grand hémifphcre. Après les avoir repliées , [ V, la jîo-. 1 6 , qui repréfente le petit hémifphcre ouvert par une incifion qui en découvre les parties internes] on voit que la même couleur rouge fe répand dans tout l'intérieur, à l'exception d'une ligne blanche & comme tendineufe [ot , fig. i5] qui commence à la bafe interne des parties coupées , fe dirige vers leur ouverture ronde (0), & fe termine au voifi- nage de cette même ouverture. On découvre de plus une certaine convexité inégale [ voy. le milieu de la même figure] percée à Ton milieu. C'eft comme le noyau particulisr de ce petit hémifphcre. Cette convexité efl compofée de divers plis , donc cinq s'approchent l'un de l'autre vers le centre , par leur limbe obtus , marginé Se circulaire , lainTant au milieu d'eux un efpace en forme d'étoile qui forme l'efpcce de trou dont j'ai parlé. Ce trou étoile fe trouve au-deffus des deux autres ouvertures décrites ci-delTus & dans la même direcftion ; il peut s'aggrandir ou fe rétrécir félon que les plis s'écartent ou fe rapprochent l'un de l'autre; il fe termine en une cavité recouverte par les plis eux mêmes, comme par autant de lèvres ou de valvules. Cette cavité a trois lignes de diamètre , &: on la découvre aifément en écartant les plis & en les foulevant. J'ai trouvé dans cette cavité une fubftance cendrée , comme muqueufe, mêlée d'eau, qui me parut formée des débris des animaux errans à l'entour. Quoique cette efpèce de Médufe demeure conflamment attachée aux 'loin, h FCf 4IO MÉMOIRES DE LA SoCléxÉ ROYALE DES SCIENCES "^"^^"^^ rochers, qu'on ne puifle l'en féparer que difficilement , & que je ne l'aye Tome III. jamais trouvée ailleurs, cependant un examen attentif de fa ftruâure me A.v.v éss perfuade qu'elle eii: capable d'un mouvement progreflif, & que peut-être I7ii-i76< même elle quitte quelquefois (on rocher & fe promène dans les eaux. Dans le mouvement de contraction qu'elle fait lorfqu'on l'aflujettit fur fa bafe, fur-tout fi on l'irrite en même-tems, elle fe réduit à un volume trois fois moindre , & alors l'ouverture du prépuce eft à peine fenfible, ou du moins fort petite , & l'on en voit fouvent fortir , en forme d'écume , la fubftance muqueufe que j'ai dit le trouver dans (a cavité la plus profonde. Un chat auquel je donnai cet animal, le dévora avidement, & ne s'en trouva pas mal ; cependant nos Pêcheurs lui donnent , ainli qu'aux autres orties de mer j le nom de Rcjîegets. Je l'ai trouvé, au mois d'Août, dans des creux de rochers efcarpés, & il fait fon habitation dans des trous dont les parois It mettent à l'abri du foleil. Ces trous font au-deiTus du niveau de la mer , m< is ils lont fubmergés par intervalles , ou du moins arrofés par le reflux des granoes ondes. Je n'ai trouvé aucune defcription ou figure qui convienne parfaitement à cette efpèce de Médufe ; à moins qu'on ne veuille la confondre avec les orties rouges de Rondelet (a) Se de Bellon (b), Icfquelles lui reffem- blent en effet par la couleur ^ mais en différent confidérablement par le volume , la fituation de leurs jambes & la firufture des parties , co.rpme on peut s'en afl'urer en les comparant. De toutes les figures des Médufes connues, 11 n'en eft-aucune qui ait plus de rapport avec la mienne, que celle qii'a donné l'IUuftre Theod. Gronovius dans le Tome IV des AEles Hd"jetiques ; mais fi on lit attentivement leurs defcription? , on verra qu'elles diiîérent encore beaucoup entre elles, ainfi que de toutes celles que l'on connoilibit auparavant. M. Gronovius dit en eflet que toute la fubftance de l'animal décrit , efi: fort tendre & tranfparente , qu'il a quatre côtes tranfverfales & plufieurs jambes marginales très petites , égales entre elles , au moyen defquelles il faute obliquement dans Veau avec beaucoup d' agilité , en conjervant toujours fon corps dans la même direBion antérieurement. Dans mon efpèce , la couleur eft d'un rouge écarlate; la fubftance eft ferme , & le corps recouvert d'un épiderme affez fort ; il eft prefque abfolument privé de tout mouvement progrellif , & ne paroît pas pouvoir fauter dans l'eau ; enfin il n'a pas les quatre côtes dont parle M. Gronovius.- Je dois obferver que pas une des efpeces dont M. Janus Planci fait î'énumération dans fon excellent ouvrage de Minus notis, &c. ne fe rapporte à la mienne ; car dans le doute oii j'étois que (on ortie glolukufe (b ) fut la même que celle dont il s'agit ici, je priai M. Allione , (on ami & mon maître ^ de lui demander des éclairciffemens là deflus ; mais dès qu'il eut (i'jDepiici' /ii.7,cjp. 17 , page 530, (b) Aqh ..u. lib. îo, pages 340, 34t. C E T U R I N. ^] j VU !a defcriptton & la figure que je lui avoir fait pafTer, il re'pondit que -^i-!^^-^-^ c'ctoi: une efpcce nouvelle, ou au moins peu connue & non encore To M £ III. de'crite , & qu'elle diftéroit abfolumen: de toutes celles qu'il avoit décrites Â^r^.^c- lui-même dans ion ouvrage. I7«l-I765. Seconde Espèce. Si l'on obferve un grand nombre de varie'tés dans quelques efncces d'orties de mer, c'eft lur-tout dans celles que les Auteurs appellent cendrées. Les unes en effet font d'un cendré tirant fur le blanc ^ d'autres fur le gris, fur le bleu ou le pourpre; on en voit même qui font panachées de gris, de pourpre & même de verd. Mais ces variétés, ne différant que par la couleur, ne conftituent pas desefpcces diftinctcs, à moins qu'il ne s'y joigne quelqu'autre caractère tiré de la Arudure des parties , qui mérite d'être diflingué. AinG fans m'arrcter aux différentes efpèces de ce genre qu'on trouve abondamment fur les côtes de Nice , je dirai feulement quelques mots d'une efpèce plus rare , repréfentée fig, 17 & 18. Pi, I Sc que je déligne ainfi : Médusa orbkulata j utrinque comprejfa , tentaculis 7narginalibus plurimu , perpétua nudts. Le corps de cette Médufe repréfente une fphcre applatie , dont l'épaif. feur moyenne , au centre , efl: de deux lignes , & d'une ligne feulement ou un peu plus , à la circonférence. Le diamètre ou largeur efl d'environ un pouce. A l'une des faces on trouve cinq plis arqués [î^fî.jî?. 17] qui fe touchent l'un l'autre par leur convexité , vers le centre , & forment une bouche à cinq lèvres. L'une & l'autre extrémité de ces plis arqués forme plufieurs circonvolutions , elle va s'unir enfuite , vers la circonférence , à l'extrémité femblable du pli le plus proche, & fe continue avec elle. Jl arrive par- là que tous les plis, pris enfemble,' forment toute la furface, & repréfentent une forte de petit boyau attaché à un méfentère particulier, & qui fe replie fur lui-même. Sous ces cinq plis qui forment la bouche , efl une cavité d'environ deux ligne de diamètre. L'autre furface de l'animal [ 0 00 ^ Jîg. 1 8 ] eft plus applatie & prefque entièrement plane. Elle efl aulïï recouverte d'une membrane blanchâtre , marquée de rayes très - petites qui partent du centre en divergeant ; & lorfqu'on déchire cette membrane , il fort une matière gélatineufe d'un jaunç brun , qui , vue au microfcope , reffemble à des floccons d'étoupe. Aux marges comprifes entre ces deux furfaces , un peu plus près delà féconde , naît un double rang de jambes d'un gris bleuâtre [ssss^] longues d'un pouce, qui s'aminciflent peu-à-peu vers leur extrémité, oii leur couleur s'affoiblit. Ces jambes , lorfqu'elles ne font point en mouvement, divergent en forme de rayons, comme les nectaires de la F a ij 412 Mémoires de la Sociirè ROYAtE des Sciences n' TTT PaJJiflora Incarnata , ou , fi l'on veut , repréfentent très-bien une fleur i OME 111. rajiég^ jjopj |g difque ferait blanc & le rayon cendré. A.vxÉ£s Ayant gardé cette efpèce de Médufe & la précédente pendant cinq i75i-i7(îî, mois dans l'eau lalée , je l'ai examinée plufieurs fois au microfcope. J'ai obfervé , dans l'une & dans l'autre , que la pellicule qui recouvre tout le corps, conlervoit alFez bien fa fermeté, & avoit feulement contradc quel- ques rides qui fe dirigeoient de la circonférence au centre , & qui étoient fur-tout fenlibles à la (urface plane, au lieu qu'à la face où la bouche eft placée , fur le prépuce de la première efpèce , fur les plis 3c fur les jambes de l'une & de fautre , elles étoient fort petites & dirigées circulairemenc çn travers. Je ne dirai rien des mouvemens de cette efpèce de Médufe ; on en efl: déjà inftruit par la defcription qu'en a donnée mon ami AI. Verani , Médecin, qui l'a trouvée près de Ville-Franche, & me l'a communiquée bien con-, fervée dans de l'eau de mer , avec d'autres animaux marins. On fait , dis-je , que cette Médufe fe détache de fon rocher & nage quelquefois. Je n'ai trouvé aucune defcription ou figure qui puifle lui convenir. L'ortie cendrée de Rondelet (a ), autant qu'on peut en juger par la defcrip- tion & la figure imparfaites qu'il en donne , paraît en différer confidéra- blement , la couleur exceptée , par fon genre de vie , par la longueur & la difpofition de fes jambes & par d'autres caraftères. MÉMOIRE. Sur la trompe du Coujin ù fur celle du Taon, dans lequel oti donne une defcription riouvelle de plufieurs de leurs parties ; avec des remarques fur leur ufage , principalement pour la fuâion ; communiqué à M. le Comte de Saluées , par D. Maurice Roffredi , Abbé de Çafanova, Ordre de Citeaux. Tome IV. I.1-/A trompe du Coufin ayant été décrite par les plus grands maîtres Aif NÉ ES ^^'^^ ''^'^'- d'obferver ces petits corps , qui par leur fiiiefle dérobent à nos n66 -i76g ysu'^ ^^s merveilles de leur ftruâure, on pourroit douter fi ce ne feroit pas L en pure perte que l'on s'occuperoit à obferver de nouveau ce même fujet; l'uj^ei. cependant fi l'on fait attention aux defcriptions de cet organe que Swam- merdam , Leeuwenhoeck & M. de Réaumur nous ont données , on avouera , je penfe , qu'elles ne nous éclairent pas alfez , pour qu'il loit pofllble de fe former quelque idée de fa vraie ftruâure. On ne convient ni du nombre (;.») De fijcibus , lib. XFH , page Ji?. B E T U R I N. 413 des pièces qui le compofent , ni de la figure pre'cife de chacune d'elles ; - TTjr- pourra t on après cela fe décider fur leur véritiible arrangement? M. de Rc.iumur, non feulement nous fait l'aveu de l'incertitude où il étoit, fur Anné£s le nombre des pièces qui compofent cet aiguillon , fur la manière dont ii66-\i6$, elles font réunies & fur leur figure précife ; mais allant plus loin il nous apprend , quii lui parole prefqu'impoUïbk de déterminer arec certitude , de voir aujjî diflinElement qu'il Jeroit à fouhaiter toute la compofition de la trompe du Coufin. Cela prouve allez , ce me femble , combien les obfervations , que l'on a faites fur cet objet, font imparfaites, & peut-être cela prouve- t-il aullî qu il eft bien plus naturel que l'on foit rebuté de faire des nou- velles tentatives pour éclaircir ce point d'hiftoire naturelle par la difficulté d'y réudir, que détourné par l'iiiutilité même de l'entreprife. Cependant la conféquence que j'ai tirée de ce que je viens de dire n'a point été qu'il fallut défefpérer de prendre une connoiffance un peu plus exacte do cet organe , que celle qui nous a été donnée par ces fameux obferva- teurs ; mais feulement qu'apparemment il ne devoit pas être poflible de mieux faire , tant que l'on continueroit à s'en tenir, pour l'obfervation , aux méthodes qu'ils ont fuivies. II. Tout le monde connoît ce filet qui part du devant de la tête du Coufin , & qui paroît à l'œil fe terminer par quelque chofe d'allongé Se pointu. Depuis que l'on a eu la curiofité de favoir ce que c'étoit que la trompe de cet infeêle , on s'eft apperçu que ce filet n'étoit que l'étui qui cache & renferme les pièces qui forment , par leur réunion , le vrai aiguillon dont il fe fert pour percer les corps , qui peuvent lui fournir une nourriture convenable. Swammerdam ayant obfeivé qu'un petit filet à pointe fine débordoit quelquefois l'extrémité de cet étui , en conclut que cette gaine étoit un fourreau bien complet, fans fente, & percé dans fon extrémité , & comme il arrive fouvent à l'étui de s'entrouvrir & de lailler fortir par une fente une partie de l'aiguillon , au lieu de vérifier par des oljfervations l'exiflence de cette fente, il prit le parti de luppofer que quelquefois les aiguillons rompent d'eux - mêmes leur gaine. Cette méprife de Swammerdam fut relevée par Leeuvc'enhoeck , qui obferva que l'étui avoit réellement une fente d'où l'aiguillon, dans des occafions, pouvolt fortir, mais en voulant déterminer fa podtion , il prétendit qu'elle n'eft pas dans la face fupérieure , mais le long d'un de ces côtés , préten- tion qui a fort furpris M. de Réaumur, à qui l'expérience avoit appris, que rien n'étoit plus aifé que de voir qu'elle eft au - deflus. Ce fameux Obfervateur de l'Hiftoire Naturelle des infedes, a donc vu & bien prouvé que ce filet qui fe préfente à nos yeux, & qui n'eft que l'éiui qui renferme l'aiguillon eft fendu dans fa partie fupirieure ; que les bords de la fente peuvent s'écarter l'un de l'autre , & qu'il arrive quelquefois de voir la pointe de l'aiguillon s'avancer au delà de l'extrémité du fourreau. C'eft ce qui a été très -bien obfervé par M. de Réaumur ; mais que cet étui ne foit pas fendu dans toute fa longueur , qu'il foit terminé par un bouton un peu allongé , 6c que ce bouton foit percé pour lailTer fortir l'aiguillon , '414 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SctENCES ce font autant de fuppofirions , qu'il doit avoir puifées en partie dans 1 OME I^'. SwEmmerdam & en partie dans Leeuwenhotk , kins que robiervation y Années «l't eu beaucoup de part. Leeuwenhoeck ayant conçu cet étui comme un 1766-1169 fourreau d'épée qui leroit fendu d'un des entés qui répond au tranchant de la lame , & n'y ayant reconnu d'autre deftination que celle de défendre l'aiguillon dans le tems de fon inaftion, ne s'interelTa pas beaucoup pour la forme par laquelle il doit finir , & s'en étant tenu à une légère Eppa- rence , il le fit terminer par un gros bouton allongé. S\\ ammerdam toujours fort réiervé à ne rien rapporter comme vrai au-delà de ce qu'il croyoit avoir bien vu , n'a point fait terminer la gaine par un bouton , & il s'eft borné à dire, que l'on y remarquoit quelques divifions veis Ion extré- mité, & quelques poils fur chaque côté de fon fommet ; mais comme il croyoit que cette gaine étoit un fourreau bien complet, il lui fallut percée le bout pour en laifler fortir le vrai aiguillon : on peut s'appercevoir que M. de Réaumur fatisfait d'avoir exaftement déterminé la pofition de la fente, s'en eft rapporté pour le refte , aux deux Obfervateurs qui l'avoienc précédé , fans s'être occupé à examiner fi cet étui efl réellement terminé par un bouton percé ; ftrudure cependant qui ne paroît pas trop être dans le goût des ouvrages de la nature, quoique depuis que le Mémoire de M. de Réaumur a paru ^ les Naturalifies fe foient plu à nous reprélenter l'extrémité de la trompe du Coufin , comme le bout d'un bouton, dont l'ouverture fait l'effet d'un anneau. III. Mes obfervations m'ont fourni des moyens, non- feulement de redtifier & de compléter celles qui avoient dé)a été faites fur la partie de la trompe du Coufin , la plus feniible & la plus facile à être maniée , mais celles aulfi qui regardent la firudure de l'aiguillon & des pièces les plus déliées qui le compolent. Avant cependant que d'entrer dans les détails de ces obfervations , il me faut demander grâce pour ces mêmes détails , qui pourroient bien paroître pencher du côté d'une trop ennuyante précifion , aux perfonnes fur-tout, qui ne s'étant point exercées a obferver au microfcope , & qui par cela même ignorant le grand défordre que l'on rencontre dans les defcriptions d'obfervations microfcopiques, que bien des Auteurs nous ont données, penfent que l'on en a dit affez dès que l'on en préfente au leéteur les réfultats fidelles , fans qu'il faille le conduire par tous les détours où l'Obfervateur a dû pafiTer ; j'avoue que je fuis d'un tout autre fentiment , & je le fuis d'autant plus , que l'expé- rience m'a appris combien le progrès des connoiflances humaines efl retardé par la méthode de ne donner les précis des obfervations, que pour ainfi dire , en miniature Quelques momens de réflexion iur les difputes inter- minables qui fe font élevées depuis une vingtaine d'années fur les réfultats des obfervations microfcopiques des infufions des fubftan'ces animales & végétales, nous porteroient peut-être à avouer , que les trois quarts des Auteurs qui ont figuré dans cette difpute ^ n'auroient pas eu le courage d'embaraffer le public avec leurs prétendues découvertes, fi une loi facrée leur eût défendu de les publier autrement que par des écrits où les faits DE T U R I K. 4If auroient été exaftement détaillées dans toutes leurs circonftances. On ne _ ^w" doit pas craindre, ce me femble, d'être minutieux, lorique l'on ne dit que ^ ^^"^ ^^' ce qui ed: précifément néceflaire pour mettie un lecteur au fait de vérifier '^•v ^r f £S l'obfervation & de la répéter dans toutes (es circonftances. 1766-1769. IV. Pour oblerver la trompe du CouOn telle qu'elle fe montre ordi- nairement , lorfque l'infede n'en fait point ufage , je le faifis avec la pin- cette à reflbrt entre le corcelet & le ventre, ayant l'attention que les plans des bras de la pincette foient à peu-près parallcles à la face fupérieure de la trompe : par cette podtion l'on s'aflTure contre les mépriles où l'on pourroit tomber en croyant obferver le deCTus , quand ce fera peut être l'un des côtés cju'on préfente au foyer du niicrofcope; je lui coupe enfuite les ailes, les jambes, & fur-tout les antennes , afin que rien ne puifle fe trouver entre l'objet & la lentille ou la loupe , qui , pour cette obferva- tion , doit avoir deux à trois lignes de foyer : fi on le place alors contre la lumière du jour , qui doit être vive & éclairer l'objet pas des rajons qui le traverfent ; on pourra obferver que le deflus de la trompe , à com- mencer à fon articulation avec la tête jufqu'à un tiers environ de fa lon- gueur totale, ne préfente que des poils & des petites écailles ; mais de-là, jufqu'à fon extrémité , on y volt le long de (on milieu une petite ligne de couleur de marron clair qui va fe perdre vers l'extrémité de la trompe , où l'on apperçoit une pointe mal terminée & furmontée de quelques poils. Ce font les mêmes apparences ii l'on obferve le defTuus de la trompe , feulement la petite ligne n'y paroît pas aulli diflindement , que loriqu'on l'obferve dans la face fupérieure; mais on ne l'apperçoit plus Ci l'on examine la trompe par fes côtés. Cette obfervation nous apprend que Ci la pièce qu'on a commencé à examiner a une fente , elle doit fe trouver à une de fes deux faces, favoir à la fupérieure ou à l'inférieure, & non pas fur un de fes côtés , ainfi qu'il avoit paru à Leeuwenhoeck, V. Pourfuivant l'examen de l'extérieur de la trompe , on peut obferver près de (on bout un étranglement qui fait comme une divilion entre le corps de la trompe , & fon extrémité ; fi l'on oblérve cette extrémité par le defifus, elle paroît ovale & finir en pointe; mais ob'ervée des deux côtés elle préfenre fur chacun d'eux un tranchant un peu émouffé; de plus cette petite pièce , vue à chacune de fes faces la fupérieure , & l'inférieure , occupe plus d'efpace dans le champ de la lentille qu'elle n'en prend fi on l'obferve par les côtés , & p" une conféquence néceffaire elle doit avoir plus de diamètre d'un côté à l'autre, que de delfus en deflous. La trompe du Coufin ne le termine donc pas par un bouton, & fi l'on vou'oit nommer bouton un corps , qui a une figure ovale oblon^ue . deux tranch.ins des deux côtés, & qui a plus de largeur que de profondeur , du m^nns feroit-il un bouton d'une tout autre figure que celle que Leeuvrenhoeck & M. de Réaumur nous ont donnée. VI. Le même Coufîn fur lequel on a fait les obfervations précédentes, , peut encore Qrvir pour celles dont je vais parler ; il faut feulement le faifir ditliiemmenc . favoir par la tête, de forte qu'elle foit comprimée pa^ __4I*^ M^MOIKES DE LA SOCIÉTÉ ROYALF. DES SCIENCES TomV^Tv" ^^ pincette de haut en bas; mais on doit s'y prendre de fatjon , que Ton ■ extrémité où la trompe s'articule, déborde un peu les bras de la pincette. ■^■■'^ ■'^ ÉEs Pour lors fi on présente la trompe , même à l'œil nud , par un de fes côtés , 176^-1769, il arrivera le plus ordinairement d'obferver vers fon origine , que quelque chofe s'en efl: élevé , & au moyen de la même lentille dont on s'eft déjà fervi , il fera aifé de reconnoître que cette ligne qu'on avoit apperi^ue tout le long de la trompe , étoit un filet , qui à préfent efl: iorti en partie , laidant à découvert la cavité oià il étoit logé; ce que l'on apperçoit plus complettement en fixant l'obfervation tout près de l'endroit où les bords de la fente de l'étui retiennent encore une partie du filet dans fa cavité, car on peut y remarquer une petite élévation des bords , & leur rappro- chement qui oppofe une réfiftance à la fortie totale du filet. Si enluite avec quelque pointe qu'on applique vers l'extrémité de la trompe, on la force de plier en bas l'aiguillon , car à préfent on peut appeller de ce nom ce filet qui en efl: élevé , l'aiguillon , dis-je , fortira entièrement de fon étui ; mais comme il ne s'agit pas encore de l'obferver , je le coupe près de la tête , & afin qu'il ne trouble pas l'obfervation de l'étui , que je dois .poufier plus loin , il n'y a qu'à l'obferver contre la lumière du jour avec la même lentille de deux à trois lignes de foyer pour connoître que fa fente s'étend depuis l'origine de la trompe jufqu'à cet étranglement donc j'ai déjà parlé ; mais comme à cet endroit là l'étui perd fa tranfparence , on ne fauroit décider fi vraiment la fente continue ; feulement on peut s'aflurer qu'au-delà de l'étranglement il y a une divifion, car l'ob'ervation nous apprend , que le bout de la trompe ne fe termine pas en une pointe percée , & qui fafle la foniiion d'un anneau , comme on l'a dit dans quel- ques livres d'Hiftoire Naturelle; mais que l'aiguillon fe termine au moins par trois pointes bien féparées les unes des autres : cependant je dois remarquer que l'on ne pourra pas toujours réuflîr dans cette obfervation, fi pour la faire on fe fert de cette efpèce de Coufins dont la trompe eft recouverte par deux pièces oblongues & cylindriques qui reffemblent à des antennes , mais qui font appliquées aux deux côtés de l'étui de la trompe à laquelle elles fervent comme d'un fur-fourreau. A la vérité en faidfTant ce Coufin par la tête , les deux corps cylindriques s'ouvrent , & l'aiguillon peut fortir de fon étui , comme on le fait fortir dans les Coufins d'autres efpèces, mais néanmoins l'extrémité de l'étui, peut-être dépen- demment de l'habitude d'être continuellement refîerrée par les pièces cylindriques , fouvent ne s'ouvre pas aflez pour laifTer voir , fans d ulté- rieures préparations , ces pointes que l'on obfei^e aifément dans les efpèces diftérentes. Vil. Il eft aifé de comprendre qu'il ne doit pas être impofTible de fe procurer une connoifTance un peu plus complette de la ftrudure de l'étui de la trompe du Coufin que celle que je viens de donner : cet étui a une fente ; il efl^ compofé d'une matière pliante & flexible en tout fens ; on pourroit donc bien l'ouvrir entièrement ou du moins en grande partie, . & nous mettre par-là en état de connoître l'arrangement de fes parties, l'étendue D F. T U R I V. 417 i étendue de fa fente, la deftination de l'étranglement que l'on voit tout près de fon extrémité, & enfin la vraie fortnc & femploi de cette même Tome IV. extrémité. Il efl: vrai pourtant que ce feroit un projet cliimérlque que An^téss celui d'entreprendre de dilTéquer l'étui en queflion & d'en examiner les 176,5.1745. parties l'une après l'autre. La dernière pièce que l'on a nommée un bouton, na qu'un neu\'ième de ligne de longueur, & quelque chofe encore moms de largeur , comment donc s y prendre pour opérer fur de tels atomes ? Il paroit que Leeuwenhoeck aimoit qu'on penlât qu'il avoit l'art de dilTé- quer la poitrine , le pied & les terticules d'une puce. Ce font des foiblefles qu'on pafle en vue d'un mérite réel ; mais ce (ont des foibleffes qu'il ne doit pas être permis d'imiter , & le bon fens exige , à ce qui me paroît , que l'on ne faffe pas m-yflcre de certaines pratiques, qui bien fouvent ne font pas plus difficiles pour l'invention, que pour l'exécution. La méthode que j'ai fuivie pour obferver l'objet en queftion, efl: à peu-près la même que celle dont fe font fervi les Obfervateurs, qui ont employé le microf- cope , pour connoitre la flruclure des vilcères dans les plus petits infectes : on a toujours fait ufagc de quelque lluide pour en dégager lucceflivemenc les parties , & apprendre par là leur arrangement & leur liaifon. Si Swam-- merdam dansfes furprenantes obfervations a fuivi rarement cette méthode , c'eft que pour fon travail il a voulu choifir des objets, donc la nature lui permettoic d'exercer ce rare talent, qu'il eut en partage pour les plus fines préparations anatoniiques. VIII. Puifque l'étui de la trompe du Coufin efl fendu, fi l'on en coupe une partie^ & qu'on la mette dans une goûte de quelque fluide convenable, il devra s'enfuivre , que ce fluide pénétrant dans fa cavité , ou l'ouvrira entièrement, fi la fente va réellement jufqu'à fon extrémité, pu que du moins il en écartera les bords, de façon qu'il fera poffible d'obferyer d'oia vient la réfiftance qui s'oppoie à l'fcntxre ouverture de l'étui. Le fluide i que j'ai employé pour fiire cette préparation, n'efl: point de l'eau; l'expé- rience m'ayant appris qu'elle a une trop grande aèlion fur les flbres déli- cates de cet organe ; mais je me 1ers d huile d'olive , qui n'a point affez de force pour les faire contrarier. Lo .résultat de.çette préparation , efl qu'en- éffet féiranglement , dont j'ai déjà parlé , oppofe une rcliflance à l'entière ouverture de l'étui; réfiftance que l'action de l'huile n'a pu (urmontcr; il a donc fallu trouver le moyen d'augmenter Taftion de ce fluide. IX. J'ai coupé l'étui vers Ion extrémité, de forte que la partie enlevée n'avoit qu'environ ~ de ligne de longueur ; & pour la faifir , car il n'eft pas toujours Ci aifé de le faire, ayant frotté d'un peu d'huile le bouc du doigt , je l'ai fait paifer deffus le bras des petits cifeaux , où la loupe m'avoit appris que la pièce avoit coulée, elle quitta les cifeaux & s'attacha à la peau ■ d'où il ms fut facile de l'enlever avec une pointe fine. Ce font àts lames de verre d'Allemagne qui me fervent de porte-objet, & c'eft fur une de ceiles-ci , où auparavant j'avois laifTé tomber une goutte d'huile , que j'ai placé mon petit objet, qui quittant la pointe où il tenoit, s'in- troduifit dans l'huile. Pour lors prenant par les bords delà lame a [PI. III, j%. i ] Tome I, Ggg 4l8 MÉMOIRES DELA SoCléxÉ ROYALE DES SCIENCES ,„ & la tenant bien hoiizontalement , après avoir mis fui- chacune de Tes ^ TTr extre'mités un morceau bb de papier mince , j'ai appliqué fur celle-ci une ' féconde lame, me fervant de til ciré dd pour les arrêter & les unir A.vNE£s ftnbiement Tune contre l'autre. Par le moyen de cette préparation, la iTC-6-n6), goutre d'huile fe comprimant perd fa fphéricité , & en s'étalant , oblige par fon aâlon , les parties du corps infufé à fe déployer. Cette façon de préparer un objet, etl fouvent d'un grand avantage pour les obfervations que l'on doit faire avec le microlcope ; mais il faut faire attention à fa hature , afin de choifîr le papier , que l'on doit mettre entre les deux lames , d'une épaiffeur convenable ;;ux difterens degrés de compreflîon que des difîérens objets peuvent exiger. Je dois encore remarquer , que fi la goutte d'huile n , ou de quelqu'autre fluide qu'on aura renfermé entre fes lames , en fe répandant par la compreflîon , va toucher au papier , la préparation ne fera plus de fervice, & il faudra la refaire; un peu d'expé- rience apprendra facilement comment on doit s'y prendre pour qu'elle foit bien faite. Au refte un défaut qu'on pourroit reprocher à cette méthode de préparation, eft que d'une part la tranfparence des objets & leur fubtilité ne permet le plus fouvent à l'Obfervateur d'en voir la figure, que comme fi leurs parties étoient dans un même plan , étant fort difficile d'y diftinguer le deflus du deffous, les parties élevées de celles qui ont de l'enfoncement, & que d'autre part un objet qui eft renfermé entre des verres , ne peut plus être obfervé de tous fes côtés, comme il faudroit , pour conftater la vraie pofition de fes parties. Je dois avouer que ce détaut eft réel ; mais en l'avouant je ferai remarquer qu'il fubfifte toujours, de quelque manière ■que l'on s'y prenne, lorfqu'il s'agit d'obferver des objets extrêmement petits, & que ce n'eft que par la multiplication qu'on peut parvenir à s'aflurer de la fituation réelle des parties par rapport à leur tout. X. Les détails que je viens de donner , fuffifent , à ce qui me paroît , pour mettre au fait les curieux qui voudroient répéter & vérifier les obfervations que j'ai faites fur la trompe du Coufin ; ainfi je vais fupprimer ce qui regarde le manuel des préparations, & je me bornerai à en donner les réfultats , fi ce n'efl dans le cas où la nature des obfervations exigera que l'on rende compte de la route que l'on a tenue pour y parvenir. Les microfcopes dont je me fuis fervi , font le fimple de Wilfon , le double à réflexion de la façon de Cuft, & le microlcope folaire ; & le plus fouvent j'ai examiné les mêmes pièces avec les trois diflerens microfcopes, mais je me fuis fervi fur-tout du folaire pour fixer la proportion de toutes les parties de l'objet , &: pour m'aflurer de la véritable figure de quelques- unes. Je dois prier les perfonnes qui pourroient avoir quelque préjugé contre; le microfcope folaire , de faire attention qu'on ne connoît pas encore d'efpèce de microfcope qui n'ait fes défauts pnrticuliers , & qu'au furplus il pourroit fort bien arriver d'imputer à l'inftrument l'effet, peut-être, des mauvaifes pratiques de ceux qui s'en fervent XL Les figures des planches qui appartiennent à la trompe du Coufin , font deflînées fur la même échelle , & l'agrandiflement de leurs diamètres D E T U R I K. 4Tp eft de 270 fois : la figure du n" 1 1 , qui a un demi pied de longueur — ...««.■.,,.^ ne reprélence que ^ de celle de la trompe entière ; donc la longueur j^ 77V" réelle étant de -, de ligne , celle de la portion reprc'fenrée par la tigure n° 1 1 ; n'aura dans la réalité que -V de ligne. Ce qui m'a obligé de donner ■'^' '''' ^^■^ cette grandeur aux figures , eft qu on ne lauroit bien comprendre la ccm- ^7iO-ii6$. polition de la trompe , iî ces parties ne retiennent pas dans les figures les mêmes proportions qu'elles ont en nature, & que d'ailleurs, il y a des traits dans quelques-unes de ces pièces , qu'il étoit nécelTaire d'exprimer, mais qu'on ne pouvoir relever au jufte fans donner de la grandeur à toute la figure. Du refte, comme le but de ce Mémoire n'eft pas de faire une defcription complette de la trompe du Coufni, mais feulement de fuppléer à celles qui ont été données par Leeuweniioeck & M. de Fvéaumur. j'ai évité de donner des figures qu'on peut trouver dans leurs ouvrages , Se je n'ai parlé ni de fes antennes , ni de fes barbes, ni des écailles qui recouvrent l'étui de fa trompe , que je n'ai pas même fait repréfenter dans les figures pour ne pas les embarrafl'er. XII. Ce n'eft pas dans les tégumens extérieurs de l'extrémité de la tête du Coulin qu'il faut chercher l'origine de l'étui de fa trompe ; mais c'eft dans Ion intérieur qu'on la trouve à la diftance d'environ | de ligne du bout de la tête. A cette diflnnce on y ob'.erve vers chacun des deux côtés une efpèce de nœud qui a la forme de la tête d'un os de couleur de marron clair , d'où part de chaque côté un gros filet de la même cou- leur, qui d'abord (e courbe un peu vers le bas, & va enfuite tout droic jufques près de fa fortie à l'extérieur ; mais avant que d'en fortir il fe relève & remonte prenant une petite corbure , & aboutit à un noeud femblable à celui d'où le filet a fon origine. Ces deux filets font d'abord beaucoup écartés l'un de l'autre, & à commencer du nœud le plus intérieur jufqu'au fécond , ils s'avancent parallclement , mais immédiatement au de-là du fécond nœud , & à leur lortie de la tête du Coufin , ils s'inclinent l'un vers Tautre ; &: après s'être quelque peu avancés dans cette direiflion , ils le raprochent tout à-fait & le prolongent ainlî raprochés tout le long ,de l'étui , jufqu'à fon étranglement , où ils changent de forme , & par leur expanfion , produifent une efpèce de cartilage c. c. [fig- 2. ] dont la plus grande partie de fétranglement eft compofée. Ce font ces deux filets qui forment les bords de la fente de l'érui , & ce font ceux-là qui , étant de nature écailleule , donnent à toute la pièce une certaine confiftance. XIII. La partie membraneufe qui fait le corps de l'étui , a des fibres rranfverfales a. a. fort vifibles au microfcope , pourvu qu'elle fuir dépouillée des écailles qui la recouvrent, & empêchent par- là l'Obfervateur de les pouvoir appercevoir ; mais il y a de la difficulté à découvrir les fibres longitudinales , celle-ci étant beaucoup plus déliées que les tranfverfales. On peut oblerver dans l'intérieur de létui deux vaifleaux h. h. [Jtg. 3.] qui rampent tout le long de la membrane, mais que l'on ne peut plus fuivre au-delà du commencement de fon étranglement c. c. Ces vaifleaux font à peu-près du même diamètre que les filets qui forment les bords de l'étui , CgS ij 420 AlÉMOIRES DE LA.SOO'IÉI'É F O V A L H DES SCIENCES & comme ils ont Kulfi la mcrne opacité, il feioit difficile "de bien diftin-' ToKE IV. guer les uns des autres ; & ii ce r'étoit que les premiers font tortueux, 8c /l !\r A'É es 1"^ ceux-ci s'avancent en ligne droite, on pourroir ùouter 0 ces vaifleaux z-'66-nC'} "^ feroient pas des trachées , mais' j'en ai vu loitu' de la liqueur, & au furplus leur ftruifture ne reflemble pas à celle que ion obferve dais les trachées des infedes : cependant je dois; avouer que je n'ai pu découvrir par le microfcope , que ces vaifleaux ayent des ramiticaticns. XIV. La partie la plus curieufe & qui paro.r mériter le plus d'attention , efl: celle qui commence à l'étranglement de I'cl.v. & en foime l'exirémité. Au moyen de la préparation, dont j'ai parlé pius hjut , on peut faire ouvrir cette pièce & en dégager les parties, à la vérité non pas autant qu'on le pourroit fouhaiter , par l'obftacle qui s'oppofe du côté de la fubftance cartilagineufe , dont une partie de l'étranglement efl compofée ; néanmoins elle s'ouvre affez pour nous en laifTer comprendre la ftrue'^ure, & nous donner la facilité de nous la repréfenter, comme h elle étoit entiè- rement ouverte. Il eit évident par la figure 3, que fi l'étranglement ou le collet cartilagineux c. c. fe préfentoit parfaitement ouvert, nous le verrions furmonté d'une efpèce de membrane découpée par quatre grandes échan- crures, qui avec les pattiss faillantes & pointues d. d. m, nous la montrsroit, pour ainli dire, comme une main divifée en cinq doigts : que fi l'on conçoit les deux bords du collet rapprochés l'un de l'autre jufqu'à fe toucher, on comprendra aifément que de chaque côté les deux pièces d. d. dans leur état naturel doivent s'appliquer l'une contre l'autre, & même recouvrir la pièce m j donnant par là l'apparence à l'extrémité de l'étui, comme d'une elpèce de bouton, La figi'-fi 5 ^ repréfente les parties de cette extrémité autant écartées qu'il m'a été poflible de les voir, & on peut y obferver que celle du milieu m, n'efi: pas feulement plus petite & plus courte que celles de côté, mais qu'elle eft garnie d'une efpèce d'appendices, qui pourroienc bien être des poils gros & courts rangés avec lymétrie , dont on ne peu: mécsnnoître la deftination , étant ailé de comprendre qu'ils doivent fervir à aft'ermir la pointe de l'aiguillon, lorfqu'il s'y appuyé pour pénétrer dans la chair. XV. Je pafle maintenant à la defcription & à l'arrangement des pièces qui compofent l'aiguillon proprement dit. Pour peu que l'on obferve des Co'ufins avec une bonne loupe, l'on ne manquera pas de voir quelquefois la pointe fine de l'aiguillon avancée au-delà du bout de fon étui; on peut alors faifir avec la pincette la tête -du Coufin qu'on doit comprimer oeil contre œil & non pas verticalement , car on obligeroit par-là l'aiguillon à reculer. Un Oblervateur doit toujours, autant qu'il le pourra, connoître exadement qu'elle eft la partie de l'objet qu'il préfente au foyer du microfcope, & on le faura (ans équivoque dès que l'on connaît la vraie, pofition de l'objet par rapport aux bras de la pincette. Pour obferver la pièce en queftion , c'eft-à- dire , le bout de l'aiguillon , je me fers du microfcope double, monté d'une objeiftive d'environ une ligne de foyer, X^e jréfuitat d.e l'obfervation eft , que cette pojnie vue, ou par le deflus ou D E T U R I K, 421 p-sr le deffbus repréfente un cylindre cannelé qui finit par une pointe. Ifl. III, fig. 4.] & dont l'extrcmitc a fes deux côtés garnis de dentelures Tome IV. en forme arrondie; mais lorfque c'ctoit les côtes mêmes que je préfentois Ak n ées au foyer du microfcope , les dentelures difparoilfoient , ou tout à- fait , Tj6S-i769, ou feulement en partie , fclon que le centre du toyer tomboit plus ou moins ù plomb fur le côté dentelle, d'où il peut arriver, comme il arrive en efiet , que la vraie torme des dents foit altérée par leur pofition oblique à l'égard de l'axe de -la lentille , & cette dctormation lera encore plus grande (1 l'on en force le feu en approchant l'objet plus qu'il ne faudroit, C'eft par quelque caufe femblable . qu'il peut être arrivé aux trois Obfer- vateurs que j'ai nommés au commencement de ce Mémoire , d'avoir cru voir cette dentelure en forme de f.èche ou de crochet , ce qui vraiment ne répond pas à la réalité ; c'ert fur les aiguillons de l'abeille , de la guêpe & des bourdons qu'on voit cette torme de dentelure; elle convient aulii à quelques pièces de la trompe du fcorpion aquatique , & à celle de la tique des chiens ; mais il efl: certain que les dents de l'aiguillon du Coufin ont une forme arrondie. Au refte je dois avertir que h Jïgiire y, qui reprélenre l'enfemble des pièces de laiguillon , eÙ. de conféquence pour en bien comprendre la compolition. Il s'agit à prélent de les débarrafler , d'en connoitre le nombre, la forme &: leur arrangement; mais fi l'on veut y parvenir , il ne faut pas trop fe prefler en les tourmentant , comme à l'aventure & fans une méthode raifonnée, qui ait fon fondement dans la nature même de l'objet qu'on doit obferver. XVI. Si l'on prend le parti de laifler l'aiguillon attaché à la tête du Coufin & de le frotter contre le porte objet avec une pointe fine, or» pourra, il eft vrai, en dégager les parties; mais il en arrivera^ qu'à peine les pièces feront écartées les unes des autres , qu'elle fe courberont , fe fronceront & (è contourneront en différens fens ; & par furcroit d'incon- véniens , elles auront un mouvement prefque continu ; que fi d'après Leeuw'enhoeck & Ivl. de Réaumur, on le coupe près de la tête, & qu'en- fuite on le frotte fur le porte objet; alors les pièces dégagées n'auront plus ce mouvement incommode pour l'obfervation , mais elles ne retien- dront pas pour cela leur forme naturelle , qui fera toujours altérée pat leur froncement. Pour mieux f\ire fer.tir cette vérité, je ferai remarquer que Svammerdam , qui a obfervé l'aiguiilon félon la première méthode , a bien pu s'affurcr par elle du jufle nombre des pièces qui le compofent &: qu'il a fixé à fix ; mais il ne lui a pas été également poflïble de nous bien ijiflruire fur leur véritable forme & arrangement ; &: que par la féconde méthode Leeuwenoeck Se M. de Réaumur, fans avoir avancé de beaucoup les C'onnoiflances qu'on avoir déjà fur la forme de ces pièces , en ont abfolument manqué le nombre que le premier de ces Obfervateurs n'a porté qu'à quatre, & le fécond à cinq. Je crois donc , dit M. de Réaumur dans fon I\Iémoire fur les Confins, Tome IV. être bien certain que l^aiguillon q. une pièce de plus que Leeuwenoeck ne lui a donné i mais je nefai Ji c'efl 422 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SCIENCEf. faute (ïaiiTejje que je ne fuis pas parvenu à y trouver les fix pikcs de Swam- T . "^ .j^ merdam , au moins ce n'a pas été faute de foins » la difficulté venoit réelle- ^°'^^ ^' ment du côié de la préparation. _ ,. . Années ' XVII. Avant donc que de féparer les parties qui compofent 1 aiguil- n66-\769. Ion. il m'a paru convenable de débuter par prendre quelque connoif- fance générale fur fa conapofition & fon arrangement à l'égard de l'etui; ainfi j'ai choifi la circonftance où il n'en étoit pas entièrement forti, & avant porté la préparation au microfcope double monté d'une objeftive d'une ligne de foyer; je l'y ai préfenté comme fi j'euiïb voulu ubferver le deflom de l'étui ; mais alors j'ai fait tourner les pincettesfort lentement fur leur axe , iufqu'à ce que j'aie commencé à découvrir la face de l'aiguil- lon qui regarde l'ouverture de l'étui. Dépendamment de cett^ pofition de l'objet par rapport au microfcope , on eft à portée de connoître quelles font les parties de l'aiguillon qui doivent occuper le fond de fon étui ; & puifqu'en comprimant^'la tête du Coufin avec les pincettes, comme on doit le faire pour cette obfervation , ileftrare qu'il n'y ait quelques pièces qui s'en fépàrent dans une partie de leur longueur. Les oblervanons que l'on fera fur cette préparation pourront nous mettre au fait (ur la manière dont nous devons nous y prendre pour bien connoître l'organe dont il s'agir. ^ • 1 1' • -Il • • XVIII. La figure i , repréfente une portion de 1 aiguil.on qui ne tient plus à l'étui, qui peine par fon extrémité g. On y voit une grande pièce convexe dans fa face fupérieure m, m , & concave dans l'inférieure j , n, dont la ffrofleur diminue jufqu'à l'extrémité g . qui finit en pomte. Il y a deux pièces beaucoup plus petites r,o, qui font iorties en partie de la concavité de la grande pièce , & le vuide n , qu'elles ont laifle fe rend fenfible par la tranfparence de l'endroit qu'elles ont quitté. Or ces obfer- vations fuf&fent pour nous faire comprendre que la grande pièce eft de toutes, celle qu'il eft le plus important de bien connoître pour parvenir à la découverte de la ftrufture de l'aiguillon. XIX. J'ai nommé la grande pièce celle qui dans l'aiguillon eft en effet la plus grande & la plus apparente , & la caufe de cette dénomination eft l'embarras où je fuis de trouver un nom convenable à la nature & aux fondions de cette partie. Swammerdam l'a appellée la gaîne intérieure ou canule qu'il a dit être un fourreau bien complet, ce qui, à la vérité, ne répond aucunement à la nature de cette partie. Leeuwenoeck l'a nommée tantôt Vaiguillon extérieur, & tantôt \a féconde gatne, fur le fon- dement que les autres pièces de l'aiguillon font renfermées dans 1 inteneur de celle-ci ; mais on verra dans la fuite , que cela ne fauroit être vrai qu'en partie. Enfin M. de Réaumur a donné à cette pièce le nom de canule Se de tuyau, fans vouloir décider fi elle étoit fendue , ou bien fimplement cylindrique ; & on verra aulli que cette dénomination ne préfente pas à l'efprit une idée qui réponde à la ftructure de cette pièce. XX. Après donc avoir fait fortir de l'étui la pièce dont il s'agit , j'en ai D E T U R I N. 423 coupé l'extrémité, de la longueur environ de y de ligne , que j'ai placé ___,,^___, fur un verre dans une goutte d'iiuile. 11 eft elfentiel de préparer la pièce i^p 7VT en fort petits morceaux ; fi elle l'étoit en fon entier ou par grandes parties, •'°^'*^ *'• ce feroit par leur côté qu'elles fe préfenteroient à l'Oblervateur ; au con- A-'V n ées traire la forme efl très-favorable pour que la pièce fe préfente de face, iiéc-nù^. lorfque la partie qu'on porte dans la goutte d'huile eft extrêmement petite. Il réCuhc de l'obfervation , que da'is la face qui regarde l'étui , la grande pièce eft entièrement ouverte depuis fon origine à la tête du Coufin jufqu'à fort près de fon extrémité ; mais cette ouverture diffère de celle q'ji règne le long de l'étui; celle-ci peut devenir plus ou moins grande félon la différence des circonftancei , & celle-là parolt toujours fixe & d'une nj;ure qui ne change point , au moins fenfiblemcnt. Les bords de cette ouverture font foutenus de deux côtés par deux filets [ PI. 111 , Jpg. J-. ] ou , fi l'on veut, par deux paquets de petits filets écailleux, qui en forment un gros de chaque côté ^ qui depuis leur origine s'avancent prefque parallèlement l'un à l'autre jufques près de l'extrémité de l'ouverture, où en fe rapprochant par u>i ovale allongé, ils s'unifient l'un à l'autre & vont finir à la pointe ^ , de la pièce. Chacun de ces filets en a un autre à côté, qui tient la même route que les premiers; & à l'endroit b, b, on ceux-ci fe rapprochent , les filets extérieurs changent aufli de diredion & forment une efpèce d'ovale extérieur au premier dont le bout eft: cette rnême pointe d, où les filets intérieurs , après leur union , font allés fe ter- miner. Entre le filet qui forme le bord de l'ouverture , & celui qui eft à fon côté , on obferve une fort petite couliffe b , b , que cependant on ne peut découvrir qu'avec de bons microfcopes; cette coulifl'e devient plus ample vers l'extrémité de la pièce c^c, par l'écartement du filet intérieur de fextériéur. Il n'eft donc pas de cette ouverture comme de celle de l'étui, qui depuis fon origine continue jufqu'à fon bout; mais la grande pièce de l'aiguillon a un petit efpace qui n'eft point fendu, & c'eft celui qui eft depuis l'union des deux filets intérieurs jufqu'à la pointe <1 , où les quatre filets abourifîent. Les deux filets extérieurs tiennent de côté à une fubftance lifTe, luifante , fans fibres apparentes , qui paroît être comme car- tilagineufe & qui eft pliée en gouttière; cette fjbftance change bientôt de nature & devient comme membraneufe , formant le fond de la pièce , comme fi c'étoit un cul-defac , ample dès fon origine jufqu'à ^ du total de fa longueur , mais qui diminue enfuite & n'a qu'une fort petite capacité vers l'extrémité de la pièce. XXI. Après avoir bien examiné cette préparation au microfcope double, je l'ai renfermée entre deux lames pour l'oblerver au microfcope fimple & au fôlaire , &: conftater par là de plus en plus la ftrudture de la pièce & la proportion de fes partie:. Il m'a conftamment réfulté de toutes ces obiervations , que la grande pièce de l'aiguillon eft cotr.pofée en defTus d'une fubftance membraneufe ou mufculeufe ^ qui , vers les côtés fe cliange en cartilage, & ce cartilage étant plie tout le long en gouttière, donne une forme & une certaine confiftance à toute la pièce; en deflbus le mcm» '424 MÉMOIfxES DE LA S O C I É X a HOYALE DEsSciENCES '°'''™'^'""*"' cartilage tient des deux côtes à deux filets qui font fépare's par une petite Tome IV. coulifle de deux filets qui forment les bords de cette ouverture , qui fe Années prolonge tout le long de la pièce, & qui, lorfque la trompe efl: dans i7(6-]76g '^^ ^"'- "'iturel, a fon emplacement dans la fente de l'étui. XXII. C'efi: en partie autour de la grande pièce & en partie au dedans que font rangées les cinq autres , qui , par leur réunion avec la fixième , forment ce compofé , qu'on appelle l'aiguillon. Il efl: très-aifé de fe con- vaincre que ce font llx pièces qui en font l'enfemble ; il n'y a pour cela qu'à débarrafler le faifceau de fon étui, & à couper celui-ci, du moins en partie, avec les antennes de l'infefte , afin que rien ne puifle recouvrir ou embarrafler les pièces de l'aiguillon , & à plonger enluite la tête Se l'aiguillon dans une goutte , ou d'eau, ou d'huile ; car les pièces fe dégage- ront d'elles-mêmes les unes des autres, & il ne reftera plus de doute que leur nombre ne foit de fix , ni plus, ni moins; feulement il faut prendre garde à n'en pas couper quelqu'une vers l'étui, ce qui arrive quelquefois, mais fans conféquence pour fobfervation ; puilque fi le cas efl arrivé, il fera aile de s'appercevoir en obfervant , que pour lors la pièce qu: man- quera , fera une des deux dentelées , car celles-ci font les plus expofées à cet accident; & même on pourra toujours en obferver le tronçon encore attaché à la tête du Coulin ; cependr.nt s'il arrivoit que l'on ne trouvât pas toutes les fix pièces, parce que quelqu'une ne fe feroit pas dégagée des autres, il n'y a pour lors qu'à renfermer la préparation entre deux verres , de la manière que j'ai déjà dit , & tout fe débarraffera à la fatisfaâion de i'Obfervateur. XXIIi. Des cinq pièces que je dois examiner ^ il y en a deux [Jîg. 6,7, ] dont la flruâure & l'emplacement font fi décidés, qu'il ne peut refier fur cela aucun doute. Ce font celles dont l'extrémité eft dentelée & un peu courbée en arc , & qui ont été vues par tous les Obfervateurs qui ont examiné avec le microfcope l'aiguillon du Coufin, mais dont les defcrip- tions & les figures qu'ils nous en ont données, ne font rien moins qu'exaâes. Il a paru à Leeuwenoeck que l'on ne pouvoir pas fe pafler de donner à ces pièces une certaine confiflrance pour les rendre propres à percer la peau de fanimal dont le Coufin doit fuccer le fang ; il a donc cru qu'une forme applatie ne pouvoit leur convenir , mais qu'elles dévoient être formées à peu- près comme une lame d'épée à trois quarts. Ce fentiment de Leeu\venoeck a eu apparemment quelque influence fur fobfervation de M. de Réaumur , car fur ce point il s'exprime de la manière qui fuit. Lceiiwenocck a cru voir , &" ]ai cru le voir de même, (Jiiil y 0. deux pièces qui [ont fuites comme des lames d'epées à trois quarts ; ce font celles dont les pointes font recourbées Gf qui ont des dentelures fur la convexité de leur courbure. Mais la nature aime prefque toujours à s'oppofer à nos idées fyfl:émati- ques ; les pièces en queftion font léellenient fort minces, frêles & d'une forme applatie, & cependant tout eff ménagé, de façon que rien ne leur manque pour s'acquitter fans le moindre inconvénient de leur fonâion naturelle. Elles ont leur origine à côté des deux filets qui forment les bords DE Turin. 42J bords de la fente de l'étui , & comme ceux ci , à leur fortie de la tête , — :- Tont beaucoup écartés l'un de l'autre , il en efl: de même des deux pièces i O-'^'E iV. dentelées, & c'eft là la raifon pourquoi elles fortent en partie de l'étui. Années lorfque l'on comprime la tête ou le corcelet de l'inlecte. Leur ftructure eft 171Î6-17ÉJ. fort (impie ; du côté a, a, a, qui regarde le dedans de la trompe ; c'eft un petit filet arrondi ^ ou bien un afll'mblage de petits filets qui en forment un arrondi qui va droit depuis fon origine julques près de Ton extrémité, oii il prend une petite courbure dont la concavité regarde l'mtérieur de la trompe : à ce filet, fuivant toute fa longueur , tient une membrane un peu large vers l'origine de la pièce, & enluite étroite & ;.pplatie, qui , à fon extrémité, eft découpée par le bord, &: forme par- là cette elpèce de dents arrondies c , que les figures & les defcriptions des Naturaliftes nous ont repréfentées comme ayant la forme de fer de flèche. Le nombre de ces dents n'ert: pas le même dans toutes les efpèces de Ccufîns ; j'en ai compté tantôt dix & tantôt onze fur les aiguillons des efpèces communes ; mais il y en a quatorze dans celles des gros Coufins que l'on peut attraper dans les maifons de campagne fur les vitres aux mois de Novembre & de Décembre. Si après avoir préparé ces pièces dentelées dans l'huile & les avoir renfermées entre deux lames de verre, on les obferve ou au microf- cope folaire , ou au microfcope double monté d'un bon objeflif d'une ligne de foyer , on découvrira fur leurs membranes des fibres obliques b ,b , qui fe vont rendre au filet, a, a , près de la partis dentelée , ces fibres dimlnuer.t continuellemert d'obliquité par rapport au filet, .S: fe rappro- chent toujours l'une de 1 autre , mais pour lors on ne peut plus les diflin- guer ni les appercevoir. C'eft par ce rapprochement des fibres tranfver- lales que la partie dentelée de cette membrane prend un peu de fermeté & de confiftance. XXIV. M..intenant fi l'on fait attention à ces dents que le faifceau des aiguillons laiiTe voir fur fes deux côtés ifig- 4.) & fi Ton rappelle toute la ftrudure de la grande pièce (^g. 5.) on ne pourra plus héliter fur la pofition des deux pièces dentelées. Le filet a. a , (fi;;. 6,7.) qui fait un de leurs côtés , fe loge dans la petite coulifle b, {fij^. 5.) que l'on a découvert le long des deux côtés de la grande pièce & tout prés de fon ouverture : fi la capacité de cette coulifle étoit toujours proportionnée à l'épaifleur du filet qui doit s'y loger , il eft évident que les pièces dentelées en dépendance de la courbure de leur extrémité , ou refteroient immo- biles , ou que du moins elles feroient fort gênées dans leurs mouvemens ; mais cet inconvénient n'exifte point ; la couliffe vers l'extrémité de la pièce s'ouvre & laifle un emplacement commode c , aux deux aiguillons dentelés pour'pouvoir avoir leur jeu fans contrainte. Il me paroît donc qu'à parler exactement, on ne fauroit dire qu'à l'égard des pièces dentelées, la grande pièce tienne lieu d'un fécond étui : & par la même raifon il me paroît aulli que l'on ne doit pas prendre trop à la lettre les exprelFions de Leeu'ce- noeck , lorfqu'il nous dit avoir tiré ces deux pièces de la cavité intérieure du fécond étui, ce quiapparemmeot ne Cgnifie rien autre chofe.Cnon qu'il avoit lomel, Hhh 42(J Mémoires de la SaciérÉ royale des Sciences ^^"""""^"^ clégagé ces deux parties , qui auparavant e'toient unies au faifceau entier des Tome IV. aiguillons. AuN ÉES XXV. Cependant parmi les trois pièces qui me relent encore à de've- IJ66-I7SS lopper, il y en a une quieft réellement logée dans la cavité de la grande pièce comme dans un étui ; elle a fon origine au milieu de la tête du Coufin , Si fe trouve placée par fa fituation naturelle au milieu de cette cavité. M. de Réaumur doit l'avoir connue ; car on ne peut entendre , que de celle-ci, ce qu'il nous dit avoir entrevu dans quelques-unes de Tes obfervations ; y ai cru voir , dit-il , une pièce qui fe termine par une pointe longue & taillée comme celle d'un cure-dent. Une membrane dont le milieu efl: occupé, fuivant fa longueur, par deux filets écailleuxi, b, (jïg. 8.) efl ce qui entre dans fa compofition ; la membrane efl: mince & d'une largeur qui paroît moindre que celle de l'ouverture de la grande pièce , & le microfcope ne nous laiiTe point voir fes fibres, ni les longitudinales, ni les tranfverfales : à en juger un peu précipitamment, on diroit que c'efl un filet arrondi qui s'étend le long de cette membrane; mais on s'appercevra de l'erreur, fi après avoir préparé cette pièce dans une goutte d'eau ou bien d'huile , on l'obferve à quelque microfcope monté d'une forte lentille : on verra alors deux filets b,b, qui laifTent entre-deux un creux ou petit canal a ^ qui efl. de la même capacité depuis forigine de la pièce julques bien près de fon extrémité ; mais là les filets s'écartent un peu l'un de l'autre , Si laiflent voir en c , un vuide , qui fe rend encore plus fenfible end; mais enfuite ils fe rapprochent , s'uniffent & vont former la pointe de la pièce en m , tout cela donne à cette extrémité l'apparence d'une pointe longue taillée comme celle d'un cure-dent , mais en effet la réalité eft tout autre chofe. Il m'eft arrivé plufieurs fois de voirie long de ce petit canal a, de petites colomnes de liqueur féparées par des intervalles vuides ; les parties du canal où il y avoit de la liqueur, avoient l'apparence d'un tuyau , & je n'y diftinguois plus ni les deux filets, ni la cavité qu'il y a entre-deux. XXVl. Ayant commencé à décrire dans ce Mémoire les pièces qui compofent l'aiguillon par celle que j'ai nommé la grande pièce, ayant paffé enfuite à la defcript on des deux qui font dentelées & logées aux bords extérieurs de l'ouverture de cette pièce; il paroît qu'il eût été dans l'ordre de parler de celles qui ferment cette ouverture avant que d'entrer dans les détails de la pièce qui eft: logée au-dedans. Au vrai je n'ai point eu d'autres raifons de me départir de l'ordre qui paroiffbit le plus naturel, fi ce n'efl: que j'ai voulu reprélenter tout de fuite ce que l'obfervation pouvoit nous apprendre de certain & de bien confl:até fur la compofition de la trompe du Coufin , pour me réferver à parler en dernier lieu de ce qu'elle a de plus embarraflant & de plus difficile à être débrouillé. En effet, les deux dtrnières pièces de l'aiguillon, qui n'en font pourtant qu'une même double, font fort propres pour pouffera bout la patience d'un Obfervateur; mais je n'abuterai pas de celle de mon lecteur, en détaillant minutieufe- ment tous les moyens dont je me fuis lervi, pour tenter de furmonter ces difficultés. La fource de l'embarras vient de ce qu'elles ne font qu'une • I> E T U R I W. 427 membrane très-mince , fans aucun filet écailleux , fans rien de cartilagineux *'*^^^^^™ qui puiffe y donner un peu de confiftance , d'où il arrive que, ii , pour les Tome IV. obferver on les fépare du faifceau , félon la métliode commune , elles fe A.\xÉ£s préfentent au microfcope toutes contrefaites, de forte qu'il n'cft pas pollible ne$.n6o de deviner ce qu'elles font , ni en elles-mcmes ^ ni par rapport à leur arran- gement avec les autres pièces; & fi l'on en tait la préparation dans l'eau ou dans l'huile , on verra bien alors qu'elles ne font que des membranes; mais en méme-tems il fera aifé de comprendre que ces membranes doivent avoir perdu leur forme naturelle, puifqu'on les voit d'une largeur à peu-près auflî grande que celle du total du faifceau; que fi l'on prend le parti de tenter l'obfervation en les laiflant dans leur emplacement naturel , outre plufieurs autres difficultés , il y en a toujours une inlurmontable , qui eft , que la pièce que je viens de décrire ci-deffus , & qui eft logée dans la grande picce , ne pouvant en fortir , fe préfente aulïï bien au microfcope que les deux qu'on voudroit examiner, d'où, par une fuite néceflaire , il s'enfuit que le tout eft repréfenté confufément , fans qu'on puiffe démêler les objets les uns d'avec les autres. La feule refTource qui refte eft, de les obferver dans les momens que l'aéèion de l'eau ou de l'huile les oblige à fe féparer, & peut-être ne pourra-t-on pas encore réullir à fe fatisfaire entièrement par cetie méthode même , dont l'exécution eft d'ailleurs fort délicate. Cependant je donnerai la defcription de ces pièces avec la précaufion de ne pas con- fondre j avec des apparences douteufes , ce que j'y ai vu diftinftement & fans équivoque. XXVII. Chacune de ces pièces, qui, comme je l'ai déjà fait obferver, font d'une même ftruâure , a fon origine immédiatement au deflus de celles qui font dentelées, & par conféquent elle eft placée entre l'une de ces picces-ci Se le bord de la grande pièce. Sa fubftance tft membraneufe & d'une telle finefle , lorfqu'elle eft bien déployée, qu'il n'cft pas pollible d'en fuivre les bords que l'on apperçoit, ainfi que le corps nume de la membrane , qu'à la faveur des petits replis & froncemens qu'elle prend par intervalles {figure ^.) mais vers l'extrémité de la pièce, quelques- uns de ces replis ont une forme conftante ; ce font ceux que l'on voit aux deux bords de cette extrémité & qui paroiffent comme deux filets , dont celui d'un coté eft toujours plus long que celui de l'autre , & fur ce filet plus long on découvre avec un bon microfcope une crénelure à dents plates & très-fines, it formé par un alTemblage quelconque de toutes les pièces , &: non pas par l'encadrement de quelques-unes , dont l'enfemble formeroit un vrai canal , à peu-près comme on le peut obferver dans les deux trompes ou cornes du Fourmilion. XXX. Pour vérifier ce point, il eft néceffaire que j'entre dans quelques détails lur la firucture de la trompe du Taon. Je ne connois pas d'Auteurs qui l'ayent examinée , excepté M. de Réaumur , qui même , à ce qui paroît , ne la obfervée qu'à la loupe, & conféquemment n'en a pu donner que des connoilfances incomplettes & qui exigent d'être redifiées. Je ne prétends donc pas donner ici une defcription achevée de la ftrudure de cette trompe, ni répéter tout ce qui en a déjà été dit par AI. de Réaumur, mais je me bornerai aux endroits qui demandent , ou des remarques, ou des defcriptions plus complettes ; renvoyant pour le refte au Mémoire même de ce Savant fur les trompes à Utres grojjes &" charnues^ Tom. IV, Mémoire V.. XXXI. La trompe du laon efl; du genre de celles , dont la partie qui fe montre le plus fenfiblement , eft mufculeufe & fe termine par deux grofles lèvres charnues, que tout le monde a vu dans les mouches qui fréquentent les appartemens & les cuifines. Ces lèvres , celles fur-tout des grofles mouches , par exemple de la mouche bleue de la viande , préparées avantageufement & obfervées avec un bon microfcope , préfentent un fpedacle tout-à-fait magnifique, & offrent de plus , dans leurs trachées, une fingularité qui mérite l'attention des Phydciens. L,a figure ir de la Pi. III, repréfente les deux lèvres de la trompe de la mouche bleue bien étendues & écartées l'une de l'autre, où l'on peut obferver une quantité d'efpèces de cordon"; a, a, a, qui occupent beaucoup de place dans les membranes qui appartiennen: à la partie du devant des lèvres, &: fe termi- nent immédiatement au-delà de fes bords qui regardent la tête de la mouche s , s , 5. M. de Réa'_mL • n cru, fur quelques apparences, que ces cordons ou filets étoient cjs vai. .aux à liqueur, mais il eft inconteflable que ce font des trachées; ix fans • lure qu'il n'en auroit pas douté s'il eût obfervé à un bon microfcope les aux gros cordons ba^ ba, fitués tout près du diamètre qui divife les deux lèvres, car il el vifible qu'ils ne font que de grandes trachées AcàO (/j. 12.) qui fe ramifiant & donnent ^^JO MÉMOIRES DE LA SoCiBTÉ BOYALE DES SCIENCES — ^? naiflanceà ces filets, c'eft-à dire, à des trachées plus petites, dont le nombre Tome IV. fur chaque lèvre eft de cinquante-deux dus les iaons de la grande elpèce. An /fà£s & ^^ trente-huit dans ceux de l'elpèce plus petite ; les grofles mouches 1766-1J69 bleues de la viande en ont trente deux (j%. 12. ) ; on en trouve feule- ment vingt -huit dans d'autres efpe^es de grandes mouches, & moins encore dans les lèvres des mouches des plus petites efpèces. Au refte ces lèvres renferment un fort grand nombre de vaifleaux à liqueur, dont la forme eft la même que celle que l'on oblerve dans de fembhibles vaifleaux des infeftes , & par conféquent très- différente de cette ftrudure qui eft propre aux trachées. XXXII. La Imgularité que ces trachées nous offrent, & que je ne dois pas omettre ici de rapporter, eft qu'elles nous donnent la connoiffance do l'exiftance de vaifleaux à air formés par une fubftance en partie niembraneufe & en partie écailleufe, qui n'eft que roulée fuivant fa longueur. Voici la flruéf ure de cet organe : les deux grandes trachées ^ qui font la tige des ramifications, ne préfentent aucune particularité, que l'on ne puifTe obferver de même fur la plus grande partie des trachées des infeâes, mais les branches qui en font une continuation, ont une ftrufture bien fîngulière. Laj%. 12, repréfente la portion A , B ^ de la trachée qui borde ce vuide circulaire que les deux lèvres laiffent entre elles d'abord en deffous de l'échancrure m , (J?g. II.); les branches qui en partent , dont , pour ne pas trop agrandir la figure ^ on ne donne qu'une portion , font marquées par cr , ds, 0 1 ,mp, nq^ fi l'on prépare la pièce dans une goutte d'eau ( l'huile ne convient pas à cette préparation ) & qu'on ne la comprime que peu entre les deux lames qui fervent de porte objet, les trachées fe préfenteront fous la forme de tuyaux parfaits c r ^ mp , ( fi^, 12.) ; mais on y obfervera dans toute leur longueur quelque chofe d'obicur & de confus , & l'on ne faura deviner ce que cela pourroit bien être. Si entre les deux lames on met du papier plus mince , & par conféquent , fi f on comprime un peu plus la préparation, les trachées ds commenceront pour lors à perdre leur forme de tuyau complet; elles s'entrouvriront & laifferont voir la dentelure ues , eft du genre des trompes afpirantes , que M. de Réaumur a été obligé d'avouer le fait, quoique d'ailleurs il n'ait pas eu connoiCnre des trachées qui l'opèrent; on ne peut pourtant, dit- il, s empêcher de regarder la fuccion comme la principale cauje qui fait monter la liqueur dans la trompe j de regarder cette trompe comme une forte de trompe afpirante dans laquelle la liqueur efl poujjee par la prefjion de l'air extérieur; quand on fait atiemion à une circonflance , c'eji que dans certains inflans , la portion de la gnuite fur laquelle le bout de la trompe efl appliquée , devient toute moufjéufe , parce qu elle fe remplit de bulles d'air que la trompe y introduit. Après un tel aveu , il n'eft pas facile de deviner par quelle raifon valable ce fameux Naturalise a fait de la trompe du Taon une exception à cette règle , & pourquoi il a penfé que les lèvres de fa trompe ne fervent qu'à donner un appui folide à la coulifle qui foutient la partie compofée des aiguillons. S'il y a de la différence entre la flrudure de la trompe du Taon & celle des autres efpcces de mouches à lèvres mufculeu'es, &: il efl indu- bitable qu'il y en a , cette différence ne regarde pourtant pas le fond de fon mécanifme , par rapport aux organes propres , pour en former une trompe afpirante. Les deux cordons qui bordent l'intérieur & l'extrémité fupérieure .des deux lèvres de la trompe du Taon , font partagés^ tout commedans la trompe des mouches que je viens de décrire , en trois portions ; celle du milieu paroît un cartilage, & les deux extrêmes font des trachées ; mais les filets qui enveloppent celles ci font plus fubtils & plus ferrés l'un contre l'autre qu'ils ne le font dans les trachées des lèvres de la mouche. La plus grande des différences qui fe préfente entre les deux fi-rudures en queftion , efl: que dans le Faon les vaiffeaux qui partent de ces cordons ne font pas formés , comme dans la mouche , par des membranes roulées fuivant leur longueur; mais autant que j'ai pu obferver , ce font des tuyaux réellement complets. Je ne puis afifurer non plus que ceux d'entre ces rameaux qui ont leur origine dans la lame cartilaeineufe, foient une pro- longation de ces petites tiges que l'on a obfervé dans la trompe de la mouche; ce qui m'a empêché de me fat.sfaire fur ce point, c'efi: (]u'à leur origine , ces rameaux font trop près les ims des autres, pour qu'ils fe préfentent auffi dirtindement qu'il le faudroit pour s'csffiirer du fait. Cepen- dant il me paroîc inconteftable que ces petites dilférences dans la ftruéiure des b E Turin; 435 des trachées des lèvres du Taon , par rapport à l'organîzatîon que l'on " obferve dans celles de la mouche commune, ne font aucunement de nature Tome IV. à faire foupçonner que les lèvres de la trompe de celui-là n'ayent d'autre A x a- é Er deftination que celle de donner un appui folide aux aiguillons, pendant ,,'^5. que l'on efl: d'accord que dans les autres mouches elles ne fervent pas feulement à cet appui, mais aufll à vuider d'air le conduit par lequel doit monter la liqueur pour entrer dans leurs corps. XXXV. Mais quoique la ftrudure des lèvres de la trompe du Taon paroiiTe allez décifîve pour qu'on doive placer celle ci dans le genre des trompes afpirantes; il eft cependant à propos d'examiner fi les pièces qui en compofent l'aiguillon, ne font pas fi différentes de celles qui entrent dans la compofition de l'aiguillon des mouches communes , qu'on foit obligé d'imaginer d'autres principes pour rendre raifon des moyens que la nature a employés pour la nourriture de l'infede. Mais à la vérité l'obfervation nous apprend que , malgré la diverfité qui fe montre , fcit dans le nombre des pièces qui compofent l'aiguillon proprement dit , de la trompe du Taon , foit dans leur conformation comparée à celle qui fe fait voir dans les aiguillons des autres mouches , la nature n'agit ici que .fur un même modèle, qui n'eft varié qu'autant que l'exige la manière diffé- rente dont ces infedes doivent fe nourrir. Pour pièce de comparaifon je choifis l'aiguillon de la mouche commune des appartemens. Il eft logé . de même que celui du Taon, dans une coulifle charnue qui eft fur la face fupérieure de la tige qui porte les lèvres de la trompe, & cette coulifle aboutit à l'échancrure ni, (Jïg, 1 1, ) que les lèvres cd^ c d laiflent entre- deux. Il n'efl compofé que de deux pièces, dont la plus petite eft encadrée au fond de la couliflTe, & reflemble tout-à-fait à une pièce analogue ah a, (fS' ^3') que l'on trouve placée de même au fond d'une pareille coulifTe charnue de la trompe du Taon, ayant l'une & l'autre, fuivant leur longueur, trois compartimens c, d, c, divifés par deux cordons mn , mn qui abou- tifTent aux deux côtés de la pointe b de la pièce, & donnent la forme de coulifTe au compartiment du milieu d^ lequel d'ailleurs, ayant une petite concavité, fe trouve par-là arrangé en forme de conduit; la différence la plus remarquable qu'il y ait entre ces deux pièces analogues, eft que celle qui appartient au Taon , eft beaucoup plus épaiffe & d'une plus forte confiftance. XXXVI. La féconde pièce qui entre dans la compofition de l'aiguillon de la mouche eft beaucoup plus groffe , plus folide & plus ferme que la première; elle paroit avoir une forme cylindrique; mais en l'obfervant par delTous , du côté qu'elle regarde la coulifle , on découvre qu'elle eft ouverte & faite en voûte ; de forte que recouvrant la première pièce , elle doit faire, avec celle-ci, un canal qui eft placé entre la coulifle de la petite pièce & la concavi'é de la grande. Cette concavité n'occupe pas plus d'un tiers du total de la groflTeur de la pièce, c^ui fait conjedurer que fa partie fupérieure doit former un canal, ou, félon M. de Réaumur, le fuçoir de la trompe : conjeflure que l'on peut réellement appuyer de Tom, I. I ii / 454 Mkmoires de la Société royale des Sciences _________ l'oblervation , en ce qu'elle nous donne plufieuis indices de l'exiflence - ~ d'un canal , & pas un qui puilTe nous faire foupyonner que cette partie Tome IV. f^p^,.ig^,,.g pg foit qu'un compofé de lubftance folide. Delà il s'enluit que An ^vÉ£s \'anembla"-e des deux pièces de l'aiguillon de la mouche forme deux conduits, 1766-1769. dont l'une eft dans la grande pièce, & l'autre réfulte de la capacité qui eft contenue entre la couîifle de la petite pièce &. la voûte de la grande pièce qui la recouvre ; or il eft aifé de comprendre que- ces deux conduits peuvent fe vuidet d'air ;' car non-feulement les' pièces qui les compofent font encadrées dans la couliffe charnue , mais de plus elles ont leurs bords extérieurs recouverts & furmontés par les membranes de cette partie charnue ; d'oi:i il doit s'enfuivre que ces mêmes membranes feront l'office de foupape', toutes les fois, que par la dilatation des lèvres la trompe fe vuidera d'air. A préfent fi l'on me demandoit, pourquoi ces deux conduits dans la trompe de la mouche , comme s'il n'en étoit pas allez d'un , & & qu'elle peut-être leur différente deftination , on me feroit des qucftions auxquelles je ne faurois fatisfaire qu'en partie; ces fortes d'infedes doivent pomper de la liqueur; une autre liqueur doit fortir de leur corps par la trompe, pour délayer les matières de leur nourriture & les rendre propies à être pompées ; l'air auQ! doit tantôt fortir du corps des aiguillons , & • tantôt y rentrer pour aider le jeu de la fuccion ; ce font- là des fonctions bien différentes, qui, pour leur exécution , ont apparemment exigé plus d'un conduit. Tenons-nous en donc aux faits; ceux-ci nous apprennent que les organes qui, dans la mouche commune ont part à l'adion de la fuccion , font les lèvres de la trompe , les deux conduits formés par l'aflembl'age des deux pièces de l'aiguillon , & la coulifle charnue avec (es bords membraneux qui affujettiffent l'aiguillon , & font dans les occafions un obftacle à l'air extérieur de pouvoir s'introduire entre les deux pièces qui le compofent. Il s'agit maintenant de faire voir que ces organes ne fe montrent pas moins dans la trompe du Taon que dans celle de la mouche commune, , . , XXXVII. La trompe du Taon a deux Icvres a Ion extrémité , & ces lèvres font fournies de vaifleaux à air tout comme celles de la mouche commune ; elle a aufll une coulifle charnue dans laquelle loge l'aiguillon , dont la pièce qui eft encadrée dans le fond (fg. 13.) a la même ftruâure que la petite pièce de l'aiguillon de la mouche ; & comme dans cette trompe là partie brune & luifante que l'on voit le long de la face fupérieure de la coulin"e. eft la grande pièce de l'aiguillon qui couvre la petite, c'en eft auflî de même dans la trom.pe du Taon, mais la ftruâure en eft pour- tant différente; fi cela n'étoit pas, il y a apparence que l'efpèce d'inledes qu'on appelle Taon n'exifteroit pas , faute d'organe convenable pour fe procurer la nourriture ; car elle auroit bien les conduits propres pour la- faire monter dans fon corps ; mais elle manqueroit d'iiiftrumens fuffifans pour la faire parv«iir dans ces conduits . à quelques petites différences près que l'on comprendra aifément par la comparaifon des figura 15 & 14. Cette pièce (fig.i^- ) efl tout-à-fait femblable à celle ifig-t^-) qui D E T u R I K. 435' e(l logée au fond de la coulide raufculeufe , elle cft feulement beaucoup •ik^»..». plus épaiffe &: plus large que celle-ci : je ne fais pns comment il peut être Tome IV arrivé que M. de Kéaumur ait manqué cette flrudure , qui d'ailleurs ne . demande pour être bien obfervée qu'un microfcope des p'.'js médiocres; il ^ ■'■''■'-' ^ ^s lui a paru que cette pièce eft diftinguée en quatre cannelures formées par ^7^6-1769» cinq cordons qui abouriflent à fa pointe, & dont l'un en occupe l'axe dans toute fa longueur; mais c'eft juftement ce cordon du milieu qui dérange toute l'économie de la pièce & qui réellement n'exide point , pulfque ce milieu A,B,(fïg. 14.) a une cavité, & non pas un cordon. XXXVIII. Si ces deux pièces s'ajuftoient immédiatement l'une contre l'autre , il eft évident qu'il n'en réfulteroit qu'un grand canal ou conduit fait par la rencontre de leur cavité A, B , {fig, 14.) b, d, (f.g. 13.) mais il y en a deux autres qui doivent fe loger entre celles-là , & de cet emplacement dépend, comme on va le voir, la formation des deux con- duits. Ces deux pièces-ci , dit M. de Kéaumur^ font celles qui font le mieux faites en lancette , qur font les plus minces ; ù" elles font fi liffes &• d'une Jubftance fi égale, quon ny apperçoit pas la moindre fibre. Cela eft affez conforme aux obfervations qu'on peut faire avec le microfcope ; feulement je ferai remarquer que ces lames ifig- 15.) du côté fur - tout de leur courbure a ja,a, ont un petit bord membraneux b ,h ^b , qui fe prolonge jufqu'à bien près de leur pointe c, & qu'on découvre dans cette membrane des fibres perpendiculaires à la longueur des lames qui vont s'y inférer & fe perdre dans leur fubftance liffe & luifante. Il dit auflî que leur largeur eft à peu-près la même que celle de la pièce qui efi: logée dans le fond de la couliffe , ce qui ef!: vrai de la largeur de ces lames à leur origine; mais comme dans leur prolongation elles fe rétréciflent bien moins que cette pièce là; il s'enfuit qu'elles ont plus de largeur, & ne peuvent s'y appliquer fans déborder des deux côtés. Or ces deux lames minces , liffes & faites en forme de lancette fe croifent , & s'appliquent contre les cordons a, m, m, a, (fig. 13.) de la pièce d'en bas, & il eft évident que de cet e pofition il refulte un conduit b, d^ dont le plat des lames (fig. ry. ) forme la couverture ; & puifque la grande pièce (fig. 14.) recouvre l'affemblage de celle d'en bas & des deux lancettes, & que, pat conféquent , fes cordons ab ^ ab s'appuyent contre la furface fupérieure des lames , il en réfultera encore la formation d'un fécond conduit fait à contre fens du premier, c'eft-à-dire, où le plat des lames eft en bas, & la concavité A B en haut. XXXIX. Cependant cette compofition de pièces dans l'aiguillon du Taon doit pécefTairement laifler des interfaces le long des deux côtés de leur jointure, & on ne fauroit placer cette trompe entre les afpirantes, fî la machine n'efl pas pourvue d'organes propres à empêcher que l'air extérieur ne s'introduife par ces interfaces dans le corps de la trompe ; & il efl vrai qu'on ne comprend pas aullî tôt comment l'air extérieur peut-être empêché de pénétrer entre le'? bords de la grande pièce & ceux des lames qui ne fauroient s'y appliquer exaftement, par l'obftacle qu'ils doivent rencontrer lii 1) 43<î MÉMOIRES DE LA SoClÎTÉ ROYALE DES SCIENCES " du côté des cordons dont cette pièce eft fournie. Cette difficulté feroic Tome IV. réelle fi on en étoit réduit à expliquer la chofe uniquement par la predion Années ^^^ bords mufculeux de la coulifle charnue, ainfi que nous l'avons fait Ï766-17C9 ci-de(Tus en parlant de la trompe de la mouche commune ; car il faut avouer que l'aiguillon du Taon n'eft pas fi fortement appliqué contre fa coulifle , que l'efl; celui de la mouche ; & de plus il elt confiant que cet aiguillon efl: poulie au-delà de la couliiïe , & même au delà des lèvres lorfque l'infefte perce la chair d'un animal. Mais la ftruduie complette de cet organe nous fournit les moyens pour réfoudre la difficulté , ou plutôt elle nous apprend qu'il n'y en a aucune. La trompe du laon a donc encore deux pièces qui , quoiqu'extérieures au corps de l'aiguillon , ont pourtant des fondions très - edentielles qui s'y rapportent : elles lervent à faire couler le fang des veines que les lames à lancette ont ouvertes ; elles affujettiffent ces mêmes lames à la pièce fupérieure de l'aiguillon , & enfin elles peuvent empêcher l'airextérieur de pénétrerdansle corps de l'aiguillon, en s'y introduifant par les vuides qui exiftent entre les lames & l'intérieur de la grande pièce. M. de Réaumur , qui n'a obfervé ces deux pièces qu'à la loupe , s'eft borné à nous apprendre qu'elles font faites en gouttière (Jîg, 16. ) que leur emplacement efl: à chacun des deux côtés de l'aiguillon , & que c'eft dans la gouttière de chacune de ces pièces que fe loge de chaque côté le bord de la grande pièce (/g. 14. ) & le bord extérieur de chacune des lames {fig. 15.) ce qui efl: exaftement conforme à la vérité; mais d'ailleurs infuffifant pour nous faire comprendre, foit l'élégante ftructure de ces pièces, foit leur vraie deftination. J'ai fait graver la figure de ces pièces en gouttière , telle que M. de Réaumur l'a donnée {fig. 14.) feulement je l'ai portée à la proportion de mes trois figures précédentes, & cela pour faire comprendre que la fîm.ple loupe efl: d'un trop foible fecours pour obfervcr des objets d'une certaine petiteffe. XL. La figure 17, que j'en donne fur mes propres obfervations , ne fait voir que cette portion de la pièce qui, dans \a figure 16 efl marquée par a, fc, î. Se n'eft que { du total de fa longueur; l'aggrandilTement dans ma figure efl: de deux cent foixante fois fon diamètre. Afin d'en faire mieux obferver la ftrudure , je l'ai repréfentée ouverte, ainfi la gouttière ne s'y voit pas; mais on n'a qu'à concevoir que la pièce foit pliée (elon fa longueur de la façon qu'elle l'eft dans h fig. 16, pour comprendre que le fond de la gouttière efl: formé par la fubflance membraneufe a ,a, contenue entre les filets ou les cordons écailleux b,b,b,b, ( fig 17) qui commencent à l'origine de la pièce, & difparoiflent près de fon extré- mité. On voit fur un des tranchans & à l'extrémité de cette pièce une forte dentelure c,c,c; ces dents , lorfque la pièce efl à fa place naturelle, . préfentent leurs pointes vers l'intérieur de la face fupérieure de la grande pièce {figure 14). Sa face extérieure efl: auflî garnie de dents ; mais plus petites que celles qui font fur le tranchant , & leurs pointes regardent la tête de l'infeâe : les dentelures du côté d m s'étendent plus loin que du côté dn S celles-là, dans l'aflembiage des pièces qui forment l'aiguillon , D E T U R I N. 457 furmontent la ùice fupérieuie de la grande pièce , & celles-ci iie'rinent i.lM_??^ la face inférieure de rextrémité des lames faites en lancette. Du côté que Tome IV. la (ubftance membraneufe qui forme cette pièce s'applique en deflous A.\nées contre ces lames , elle fe termine par des appendices en forme de nC6-\i69. mammelons o , p , p ^ qui forment tout le long de fon bord , à commencer en o , près de la pointe de la pièce , comme une efpèce de frange dont on ne iauroit reconnoitre la dellination , qui doit être d'affu- jettir les pièces dont les bords font eiichaffés dans le creux de la gouttière. C'efl apparemment, pour la même fin que cette membrane, tout près du même bord , a dans la plus grande partie de fa longueur une petite bande s, s, s, qui paroît formée par des petits filets ferrés & comme entaflcs les uns fur les autres. Cette frange de mammelons ne fe trouve poin: au bord de la membrane qui s'applique contre la face fupérieure de la grande pièce , mais depuis m , où les dents finififent ; elle fe termine par une bande fîlamenteufe u,u femblable , mais plus large que celle qui de l'autre cùté en occupe l'intérieur s , s , s. Voilà donc une flrufture^ qui , fans d'ultérieurs éclaircilTemens , fait aflez connoitre par eile-mcme que les pièces , à qui elle appartient , font deftinées à faire couler le fang des vaiifeaux que les lancettes ont percés ; qu'elles fervent à afTujettir les unes aux autres les pièces qui entrent dans la compofition de l'aiguillon , & qu'enfin ellej peuvent, dans le cas où l'intérieur de la trompe fe vuide d'air, faire la fondion de foupape & empêcher l'air extérieur de s'introduire entre les jointures des pièces. XLI. De tout ce que je viens d'obferver fur la fîrufture de la trompe du Taon , on peut bien , ce ine femble , en tirer la conféquence qu'elle doit être rangée dans la clatTe des trompes afpirantes , ainfi que la trompe des mouches communes , & que même elle y eft ammenée par un des plus jolis mécanifmes que l'anatomie des infedes nous préfente. Au furplus la penfée de faire palier la nourriture dans le corps d'un infecle par le même mécanifme qui fait monter l'eau dans un tas de fable ou dans le corps d'une éponge , peut paroître trop lingulière pour que l'on doive s'y prêter fans des preuves fupérieures. XLII. Revenons maintenant à la trompe du Coufin & faifons remarquer que l'on s'eft un peu trop prefle lorfqu'on a allure, qu'elle n'étoit que la trompe même du Taon en petit ; la comparaifon qu'on peut faire des pièces qui compofent ces deux machines , eft plus que futfifante pour mettre en évidence qu'elles ne fe reflemblent en rien l'une à l'autre , fi ce n eft qu'on veuille y trouver de la conformité en ce que toutes les deux ont deux pièces dentelées qui font également placées en dehors du corps de Jeurs trompes. Si en effet elles étoient d'une même ftruèture, la queftion qui regarde le mécanifme qui fait monter la nourriture dans le corps du Coufin , feroit décidée; car on ne pourroit s'empêcher de tomber d'accord, que c'eft par la force de la fuccion que cet effet s'exécute ; mais cette refTemblance n'exiffe point, &fur-tout la trompe du Coufin n'a pas ces lèvres charnues qui font dans celle du Taon & des mouches communes , 433 MéMOIRES DE LA SOCIKTÉ ROYAtE DES SCIENCES ^ l'un des principaux organes de la fuccion ; il refte donc toujours à favoir rr- tTT" qu'elle peut être la caufe de l'efiet en queftion. Je dois avouer que je ne me fens pas afTez inftruit pour la réfoudre décilivement , car AjftfEES j>jj^ manqué de reflburces pour me procurer des coinoiflances plus com- 1766-1769. plettes fur !a flrudure de l'organe dont il s'agit : mais comme cette ignorance ne doit pas être une raifon pour nous permettre de donner l'eflort à l'imagination , en enfantant des prétendues loix mécaniques que la nature défavoueroit, je me bornerai uniquement à applanir la difficulté par quelques petites remarques, par lefquelles je finirai ce Mémoire, qui efl; déjà bien plus étendu que je ne me l'étois propofé lorfque je commençai à le compofer. XLill. Premièrement les Naturaliftes qui prétendent que le faifceau des aiguillons fert de conduit à la liqueur qui monte dans le corps du Coufin par les interflices qu'il doit y avoir entre pièces & pièces , font obligés d'accorder au moins que les deux pièces dentelées {figures 6 , 7.) n'entrent pour rien dans l'élévation dont il s'agit , puifqu'elles font placées à l'extérieur du corps de la trompe. On devroit bien , ce me (emble , en dire autant de la grande pièce {fig. 5.) car fa flrucSure nous montre qu'elle-même forme un grand conduit, & non pas que le conduit réfulte de fon aflemblagc avec d'autres pièces. II n'y redera donc pour faire la prétendue combinaifon que la pièce pointue (fig. 8. ) & les deux membraneufes (_/?g. p , 10.) mais fi l'on fait attention à la nature de ces pièces , & fur- tout des deux membraneufes, peut être ne fera t- on pas éloigne d'accorder , qu'il eft hors de toute vraifemblance que par le fimple rapprochement de leurs furfaces refpeâives, elles fervent comme des tuyaux capillaires deflinés à faire monter la nourriture dans le corps de la trompe , fans qu'il y ait befoin d'autre caufe pour opérer cet effet. XLIV. Je dois remarquer en fécond lieu que la forme de ces trois pièces de l'aiguillon du Coufin ne paroît rien moins que propre pour en faire des pillons afpirans ou refoulans ; & au furplus , quand même on pourroit expliquer par -là l'introduâion de la liqueur dans la partie de la trompe qui avoiiine fon bout, il refteroit toujours à favoir par quelle force elle pourroit en parcourir toute la longueur, & monter dans l'inté- rieur de la bouche de l'infefte. XLV. Mais fi cette trompe efl: vraiment afpirante , comme on doit le préfumer faute de preuves contraires, pour lors la fuccion pourroit s'exé- cuter de deux façons différentes , fans pourtant que l'obfervation nous apprenne laquelle des deux réponde en effet à la réalité. Car premièrement il fe peut que le Coufin foit fourni d'organes propres à vuider d'air le corps de fa trompe, & il eft aifé de comprendre que dans ce cas , il faut de toute nécellité que l'emplacement des deux pièces _ membraneufes ifi"- 9' 1°-) foit en dehors de l'ouverture de la grande pièce (fig. <^.) pour la fermer en s'appuyant contre fes bords extérieurs , & empêcher par - là lintroduâion d'un nouvel air dans la capacité intérieure d» la pièce. DE Turin. ^jp XLVI. Cependant il fe pourroit que le Coufin n'eût pas d'organes ««______ deflinés à vuider d'air fa trompe, & que néanmoins (on jeu ne s'exécuiàt ~ ; — • que par le moyen de la fuccion ; car on ne peut pas douter que cela ^'^"'^ -^ "• n'ait lieu dans les grands animaux, où la force mufculaire eft le refTort -^-vAii-j dont la nature fe fert pour les rendre propres à pomper des liqueurs. On 1766-1769. a vu que le fond de la grande pièce efl mufculeux ou membraneux; & je ne vois pas ce qui pourroit empccher de fuppofer que cette fubllanco peut pafTer de l'état d'affaidement à celui d'une extenfion , qui aggrandiroit la capacité intérieure de la pièce , & rendroit en conféquence l'air qui y eft contenu plus rare que l'extérieur i efiet pourtant qui fuppofe toujours que les deux pièces membraneufes ferment par le dehors l'ouverture de cette pièce. Mais enfin, ces remarques mêmes que je viens de faire, prouvent afTez que fur ce point là mes obfervations ne m'ont rien appris de décidé. CATALOGUE Des^ fiantes cueillies en Sardaigne dans le Diocèfe de Ca^liari; par M. Michel- Antoine Plar^^a, Chirurgien de Turin i drejje par M. Charles Allioni. A. Tome I. Année ^1S9- .CAXTHUS foliis inermibus, Linn. fp, pi. 6^ç. AcANTHUs fativus , feu mollis Virgilii, C. B. pin. 585. On le trouve dans les vignobles auprès de Cagliari. AcANTHUS foliis pinnatifidis fpinofis, Linn. fp. pi. 6 ^ p. AcANTHUs aculeatus, C. B. pin. 385. On le trouve dans les mêmes lieux. ^Egilops fpicâ ovatâ ariftis breviore, Linn.fp.pl. 1050. J'j^eSS, Festuca altéra capitulis duris C. B. tlie. ijr. Agrostemma glabra foliis lineari - lanceolatis , petalis emarginatis coronatis , Linn, fp. pi. 435. Lychnis foliis glabris, calyce duriore , Bocc. Sic. 27. Anagallis foliis cordatis amplexicaulibus , caulibus compreflls, Linn. fp. pi. 149. Anagallis hifpanica latifoha maximo flore , Tournef. inflit. 143. Antirrhinum foliis caulinis lanceolato-linearibus fparfis, radicalibus rotundis ternis , Linn. fp, pi, 61 J. LinTaria annua purpuro-violacea, calcaribuslongis, foliis irais rotun- dioribus , Magn. Monfp. ijp. Antirrhinum procumbens ramofum , foliis alternis ovatis acuminatis integerrimis , floribus caudatis axiilaribus. Feuilles fucculentes , lifles , alternes , alTifes; les fupérieures plus étroites, elliptiques, pointues. Pédicules plus élevés que les feuilles, un à un , &: 440 Mémoires de r,A Société PARTièuLiÈRE ne portant qu'une Heur. La fleur bleue , à gueule clofe. Éperon de !a Tome I. fleur aigu , à peu-près égals au pédicule , & de la longueur de la fleur. Année Capfule ronde , plus petite que le calyce. Seroit-ce là Linaria lufitanka _-Q maritima , polygalx folio ,To\irnei. \r\f(\t. Ijp? '''^' Anthémis caule ramofo , foliis pinnato - multifidls fetaceis , calycibus villofis pedumulatis , Linn fp. pi. Spy. EuPHTALMUM cotuls folio , C. B, pin 154. Aphanes, Linn, fp, pi, 123. Alchemilla minima montana , Col. Ecphr, 145*. Aphillantes , Linn. fp. pi 2514. Aphillantes monfpelienfium, Loh, adv, 190. Arbutus caule ereûo, foliis glabris ferratis , baccis polyfpermis , Linn. fp. pi, 5pj: Arbutus folio ferrato , C. B, pin. ^60. 11 croit abondamment fur la montagne des fept frères. Arenaria foliis fllitormibus , ftipulis membranaceis vaginantlbus, Linn. fp, pi, 423. Alsine fpergulx facie miner , feu fpergula minor fubcaeruleo flore , C, B. pin. 251. Aristolochia foliis cordatis fubfeflîlibus , obtufis, caule infirmo , floribus folitariis, Linn. fp. pi. $62. Aristolochia rotunda, flore ex purpura nigro, C, B.pin. 307. Elle croit dans champ de Siurgius. Arum a caule foliis cordato-oblongis, fpathâ bifidâ, fpadice incurvo; Linn. fp- pi. ^66. Arisakum latifolium , Cluf. Hifî. 2, p. 75. Auprès de Cagliari , & dans le territoire de Saint-Pantaleon. AsPHODELUs caule nudo , foliis ftridis fubulatis ftriatis fubfiftulofis ; Linn. fp. pi. 30p. AsPHODELUS minor, Clufîi Hijî. 1 , p. 15)7. AsPHODELUs caule nudo , foliis enfiformibus carinatïs laevibus , Linni fp.plSio. AspHODELUs albus ramofus mas, C. B. pin. 28. AsPHODELUS albus non ramofus, C. B. pin. 28. Bartsia foliis fuperioribus alternis ferratis , floribus lateralibus , Linn. fp. pi. 602. Alectorolophos italica luteo-pallida , Barrel. rar. ic. 66^, Bartsia foliis oppofitis lanceolatis obtufe ferratis , Linn. fp, pi. 6oi, Trixago apula unicaulis , Col. Ecphr. i , p. 1P9. BuLBOCODiUM foliis lanceolatis , Linn. fp. pi. 2^4. Colchicum vernum hifpanicum , C. JS. pin. 5p. Il croit auprès du bourg Ulafay , fur les bords d'un torrent. BuFONiA, Linn. fp. pi. 123. Herniaria anguftiffimo gramineo folio erefta, Magn. Hort. ^"J. BumiAS filiculis ovatis laevibus ancipitibus , Linn. fp. pi. 610. Eruca DES 3 C I E K C K S DE T U R I K. 44.! Eruc.V marltima itiilica , filiquâ haftae cufpidi fimili, C. B. pin. 99. On le trouve dans les terreins fabloneux au.x bords de la mer, &: fur- 1 ome 1. tout dans les étangs delTechc.'^'. A. y née BuPLEVKUM involucellis pentaphlllis acutis : univerfall diphillo , foliis 175P« lanceolatis petlohuis, Linn fp. pi. 237. BuPLEVRUM folio fubrotundo five vulgatilllmum , C. B, pin. 278. BupLEVRUM caule dichotomo fubnudo , involucils rninimis acutis , Linn. fp.pl. .38. BuPLEVKUM folio rigido, C. B. pin. 178. On trouve l'un & l'autre dans les terres labourées du tcnritoire de Sardara. BuPHT.iLMUM calycibus acutè foliofis, rnmis alternis , foliis lanceolatis amplexicaulibus integerrimis , Linn. fp. pi. 903. Aster luteus foliis ad florem rigidis , C. B pin, 266. Ca.mpanul.4 caule dichotomo , foliis fefWibus utrinque dentatis , Linn, fp.pl. i6ç). ÈRiN'r feu rapunculi minimum genus , Col.Phytob. 122. Capp,\ris aculeata , Linn. fp.pl, J03. Capparis fpinofa fruclu minore, folio rotunda, C, B. pi/1.480. Sur les rochers auprès de Cagliarl. Celtis foliis ovaro-lanceolatis , Linn, fp. pi. 1043. Lotus fruclu cerafi, C, B. pin. 447. Centaukea calycibus laevlbus , fquammls ovatls mucronatis , foliis I clliaiofpinofis. Tige droite , cannelée , rameufe , durei de la hauteur d'un pied ou un peu plus, rameau.x terminés par une feule fleur: premières feuilles dentelées, en lyre ; les autres entières ; linéaires , lancées. Les unes & les autres ont de petites dents armées de picquans Se plnnées; elles font droites, affez fermes , lifles. La fleur eft jaune. Le calyce eft formé d'écaiiles liffes tuilées, trcs-rapprochées, & terminées par une courte épine. Cerastiu.m iloribus pentandris petalis integris , Linn. fp. pi, J39. CisTUS arborefcens , foliis fedilibus utrinque villofis rugofîs , inferioribus ovatls bafi connatls; fummis lanceolatis; Linn. fp. pi. JI4. CisTUs mas angufUfollus , C. B. pin. 4(^4. CisTus arborefcens foliis oblongis tomentofîs incanis fefiilibus fupra aveniis , ails nudls ^ Linn. fp. pi, ^2^. CiSTus mas, folio oblongo incano , C, B. pin. i^6^. CisTUS arborefcens , foliis ovatls petlolatis utrinque hirfutis , alis nudis, Linn. fp, pi, j'24. CisTus fxmina folio falvii, C. B. pin. 4'?4. CiSTUs hcibaceusexftipulatus, foliis oppofitls trlnerviis, racemis ebracr teatls, Linn. fp, pi. ^2.6, Helianthfmu.m flore maculofo , Col. Ecphr. 2 , p, 7S. Tous ces Ciftes aiment les pâturages fecs , & viennent abondamment auprès du bourg Villanova-Tullo. Tome I, K kk 4-4*2. MÉMOIRES DE LA SoCIrTÉ PARTICULIERE CLEMATI5 cirrhis fcandens, Linn. j}. pi. 5-4.^.. Tome I. Clematis pcre-rina foliis pyii incifis ; nunc Kiigularibus , luinc ternis , Ax.vEË 'roitrncf. Cor, 20, - Clvpeola. filiculis unilocubribus monorpermis, Linn, fp. pi. 6^2. ''^' JoNTHLASFi minimum (picatum lunatum , CoLErphr. 1, p. 281. CoNvoLVULÛs foliis fajjittatis utrinque acutis , pedunculis unifloris , Linn. fp. pi. 15-5. CoNVOLvULUs minor arvenfis , C. B. pin. 29^. CoNvOLVULUS foliis fagittutis podicc truncatis. pedunculis unifloris . Linn. fp. pi. 1^6. CoNVOLvuLus major albus , C.B. pin. 294. CoN voLVULUs foliis palmacis cordatis feiiceis ; lobis répandis, pedunculis bifloris, Linn. fp. pi. 1^6, CoNVOLVULUs argenteus folio althea: , C. B. pin. 154. Crithmum foliolis laiiceokitis carnolîs, Linn. fp. pi. 246', Ckithmum feu fxniculum minus, C. B. pin. 288. Il vient fur les rochers qui bordent la mer. Croton foliis rhombceis répandis , capfulis pendulis , caule herbaceo i Linn. fp. pi. 1 004. RiciNOiDE'; ex qui paratur tourncfol gallorum , Tourn. Nrijfokacl.PariJ. 1712,^.597. Il croît abondamment dans les champs. Cyclaminus foliis cordatis acutis angulosè dentatis. Cyclamen folio angulofo, C. B. pin, 508. Il vient par-tout fur les montagnes éleve'es. Ses feuilles font plus minces Se plus larges que celles du Cyclamen vulgaire; fcs angles ou petites dents font armés d'un picquant très- court; fa corolle efl. renverfée & de couleur de pourpre. Cyngsurus paniculi Ipiculis fterilibus pendulis ternatis , floribus ariflatis , Linn. fp. pi 73. Gramen panicula pendula aurea , C. B. thc. 33. Cytisus fli^ribus lateralibus , foliis hirfutis, caule ereflo ftriato, Linn. fP-P^- 740- Cytisus monfpeffulanus medicae folio, filiquis dense congeftis &: villofls, Tournef. infit. 1^48. Daphne floribus feflilibus aggregatis axillaribus , floribus ovatis utrinque pubefcentibus nervofis, Linn. fp. pi. 5j'2, Géranium lucidum (axatile , C. B.pin. 318. Géranium pedunculis bifloris, foliis que rameis alternis, caule ramofo diffufo , calycibus muricis, Linn. fp. pi. 682. Géranium columbinum villoium petalis bifidis , FailL Parif. 7p, c. lî , f. 5. Géranium pedunculis bifloris, foliis quinque partlto-multifidis angulatis, laciniis acutis, capfulis glabrls , calycibus nrifïans , Linn. J p. pi, 6S2. Géranium foliis ad nervum quinquefidis pediculo longillimo , caule proftrato Hall. Hdvet. 367. Gentiana dichotoma , ramis unifloris , corollis quinquefidis infundibuli formibus , calycibus membrana^cis. Centaurium luteum novum, Col. Ecphr. 2. ,11. Tige haute d'une palme tout- au- plus, arrondie , liffe. Feuilles afTifes, oppofées , ovales. Les tiges fe divifent irrégulièrement de deux en deux, une ou deux fois. Corolle bleue à fegmens ovales aigus ; tube plus élevé que le calyce. La longueur du tube efl: double ou triple de celle du limbe de la corolle : le calyce à dix cannelures, il efl: membraneux tranf- parent, fes fegmens font capillaires. Gladiolus foliis enfiformibus , floribus diflantibus , Linn. _//;. pi. ^6. Gladiolus floribus uno verfu difpolltis , C.B. pin. 41. Gnaphalium caule sreélo dichocomo, floribus pyramidatis axillaribus, Linn. fp, pi. Sj'7. Gnaphalium minimum alterum noftras ftaechadis citrlnse foliis tenuif- fimis pluk. alm. 172 , t. 25)8 , f. 2. Gnaphalium caule fimpUcillimo , foliis amplexicaulibus lanceolaris denticulatis , corymbo compofito terminali. Il croît auprès de yHUinova-Tullo, Cette plante tomenteufe a une palme de hauteur. Feuilles verdâtres , droites , molles , légèrement dentées dans leur bordure. Fleurs rondes, petites , d'un rouge foible , mêlé de jaune & de verd , formant enfemble un coryn|ibe ferré, DES Sciences de Turin. 44; GypsophiLA foliis mucronatis rccutvatis , floribus aggregati? , Linn. ~— — JP'Pl'^06. . TomeI. Cat. YOPHILLUS faxatilis , ericse foliis uip'iellatis corymbis , C. B. pin. 211. Année Sur le Cap Saint-Elie , auprès de Cagiiari. ^1S9' Herniaria hirfuta, Bjiift. Hi(l. 3 , p. 579. Hesperis caille ereâro ramofo , foliis cordatis amplexicuUbus ferratis villofîs, hinn. fp. pi. 66^, Leucojum minus rotundi fulium "^ ne purpureo, Barrel. le. S-j6. Heliotropium foliis ovatis tcm^.nolii imcgerrimis rugofis , fpicis con]u3:aûs , Linn. fp. pi. 207. Hei.iotropiuai majus Diofcoric'is , C. B.pln. 2jj. Illecerrum flo;\bus biadei- ru.iiis occuhatis , capituUs terminalibus; caule eredo, Linn. fp. pi, i->j. Paronychia narboneiiiis ereda, Tmrncf, Inji. yoS. JuNiPERUs foliis quaternis patencibus fubulatis mucronatis , Linn. fp. pi. 107. JuNiPERUS major bacca ruftefcente , C B. pin. 489. JuNiPERUs foliis oppolitis ereâis decurrencibus oppofitionibus pixidatis, Linn. fp. pi. 1059. Saeina folio cupreflî , C. B. pin. 487. Lagorus fpica ovata , Linn. fp. pi 81. Gramen alopecuroides fpica rotundiore ^ C. B. The, j6, Lathvrls jjedunculis unifloiis , cirrhis diphillis , leguminibus ovatis compiertis dorfo canaliculatis , Linn. fp. pi. 740. Lathyrus fativus flore purpureo, C. J3. pin. 544. Lathyp.us pedunculis uniiloris , cirrhis aphillis, ftipulis fagittato-cordatis, Linn, fp. pi. 27' . F pin. ipo. PLANTAGOcauleramofo, foîiisintegc.nm;.. , fpicis foliofis, L.fp.pl.iJ^. PsvLLiuAi majus eredhim, C. li. pm, i^i. Plumbago foiiis amplexicaulibu;; Linn, fp. pi. IJI. Lepîdium deiuellnria dirim, C. B. pin. ipy. PoLYGOKUM fluribas pentnndns (ligynls .'iXillaribus , foliis lanceolatis, caulc flipulis obtedto fruticolo , Linn. fp. pi. 3C1. PoLYGONUM maritimum l.itifoiium , C. B. pin. 2S0. PoLYPODiL'M fronde bipiniuta, pinnis lunulatis dentaus, ftipite ftrigofo; Linn. fp. pi. 1090. FiLix aculeara major , C. B. pin, 358. PoTERiUM inerme caulibus tubangulofis, Linn, fp. pi. 5)^4. Pi.MPi.NELLA fangjifcrba minus hirûua, C, B.pin. 160. PoTERiUM fpinis ramofis, Linn. fp, pi, P54. PoTERio aiîfinis, foliis pimplnellaî, fpinofa , C, B, pin. 388. Très- commune auprès de Cagliari. PsoRALEA foiiis omnibus ternatis, pedunculis fpicatis folio longioribus, Linn. fp, pi, 765. Tkifolium bitumen redolens, C. B.pin. 327. Par-tout auprès de Cagliari. QuERCus foliis ovato- oblongis indivifis ferratifque, cortice integro, Linn. fp, pi, ppy. Ilex oblongo ferrato folio , C. B. pin. 424. Commun par-tout. QuERCUS foliis jovato-oblongis indivifis ferratis, eortice integro, Linn, fp. pi P95-. Ilex oblongo ferrato folio , C. B, pin. 424. Commun par-tout. QuERCus fo'iiis ovato - oblongis indivifis ferratis fubtus tomentofîs," cortice rimofo ftngofo , Linn. fp. pi. çpj". SuBER latifolium fempervirens , C. B pin, 424. QuERCUS foliis ovatLs indivifis fplnofo dentatis glabris, Linn.fp. pi. $çf. Ilex aculeata cocciglandifera, C. B. pin. 415. Il efl: commun dans l'endroit qu'on appelle Pedra-de-Fogu. Reseda foliis Ki-ceolatis integrij , calycibusquadrifidis, Linn. pZ.)/». 448. LuTEOLA herba falicis folio, C. B. pin, 100. Reseda foliis alcernis integerrimis^ fruilibus tetragynis. Reseda minor Incills l'oliis, Burrel. le. 587. Reseiia fo.'iis calcitrapx flore a!bo--, Mor. Hoft. Bief. Rubi\ foliis ;enis, Lum. fp. pi. lOp. RuBiA fylveftiis afpjra, C. B. pii, \i. Ru.MEx floribus hermaphroditis , valvi-.lis dentatis nudis reflexis, Linn, fp.pl. 3':,<5- AcETosA ocymi folio neapolitana , C. B. pin. 1 14. Wî.'"' 44.8 Mémoires de la SociÉxé particulière ^ - RuiiiÉx floribus dloicis, foliis lanceolato-haftatis , Litt«. _^./i!. 338. lOME 1. ^CETOSA arvenfis lenceolata, C. B. pin. 114. Ann ÈE Sagina c.iule eredo uniBoro , Linn. fp, pi. 128, ^7S$' Alsine verna glabra , l^aill. Parif. 6 , t. 3, f. 2. ^ Saxifraga foliis caulinis palmato - lobatis , cauUnis feffilibus , caule ramofo bulbifero, Linn, fp. pi, 40 j. Saxifraga bulbofa alieia bulblfera montana , Col. Ecphr. i.p, 308. ScANDix feminibus ovatis hifpidis , corollis uniformibus , caule Isevi , Linn. fp. pi. 2 jy. Myrrhis fylvelbis sequicolorum, Col. Ecphr. i , p. 1 1 8, ScANDix feminibus fubulatis hifpidis , t^oribus roftratis , caulibus Ixvibus, Linn, fp, pi, 2/7. ScANDix cretica minor C. B. pin, iy2. ScROPHaLARiA foliis difformibus , pedunculis axlUaribus aggregatis Linn.fp. pi, 620. ScROPHULAPiA foliis laciniatis, C. B. pin, 2^6, ScROPHULARiA foliis cordntis ; fuperioribus alternis , pedunculis axillar rlbus bifloris , Lhm, fp. pi. 621, ScROPHULARiA uiticje folio, C. B. pin, 2^6, SerapiAS bulbis fubrotundis , neftarii labio trifido acuminato petalis longiore , Linn. fp, pi, pj'O. Ôrchis montana italica fîore ferrugineo lingua oblonga , C. B. pin. 84. Sherardia foliis omnibus'vevticillatis,flor.busterminalibus,L._//).pLi02. KuBEOi.A arvenfis repens cKrulea , C.B.pr, Silène hirfuta , petalis emarginatis, frudibus eredis alternis Iiirfutis feflilibus , Linn. fp. pi, 417. ViscAGOcerafteifoliis,vafculiseredisfenilibus,DiiL£Wi.4i(5,f.3Qp. SisoN foliis caulinis fubcnpillaribus, Linn.fp. pi 2^2. Arumi parvum foliis facniculi , C. B. pin. i Jp. Spartium foliis ternatis , ramis angulatis fpinofis , Linn. fp. pi. 70p. Acacia trifolia , C. B. pin. 352, Taxus foliis approximatis , Linn, fp, pi. 1040. Taxus c. b. pin joj. On le trouve dans le territoire àVlaJJey ; il eft rare ailleurs. Teucrium foliis integerrimis ovatiS utrinque acutis, racemu fecundis vlllofis , Linn. fp. pi. ^6^. Marum cortufi , J. B. p, 242. Teucrium PoLiUM maritimum eredum monfpeliacum , C. B. pin. 221. PoLiUM monfpeffulanum , J, B. ^ , 2Cj^. r ,r • Thlaspi filiculis fubrotundis, foliis amplexicaulibus cordatisfublerratis, Linn, fp. pi. 646'. Thlaspi arvenfe perfoliatum majus , C.B. pin. 106. _ . ,. . . Thymus eredus , foliis revolutis ovatis , floribus verticillato-fpicatis , Ltnni Jp. pi. ^(ji. _. Thymus vulgaris folio latiorèjC. B. pf«. 2 ip. . *' BEs Sciences de Turik'. 4^p II ert commun aux environs de Cngliari. — M^i—» a ToKDYLiuM umbella conferta , foliolis ovnta - lanceolatis pinnatifidis . Tome I. Linn.fp. pi 24.1. Anmês Caucalis ftmine afpero , flofculis rubentibus, C.B. Pr. 80. On le trouve dans des fofles, aupics de Cerey. ' ^ ^•^' ToKDYLiuM umbellis fimplicibus feflîhbus , (eminibus exterioribus hif- pidis , Liiin. fp pi. 240. Caucalis nodola echinato femlne, C. B. Pr. 80. Dans les mêmes lieux. ToKDYLiUM alterum majus >^eiox.afiro; Col. Ecphr. 122. Trifolium (picis villofîs ovalibus, dentibus calycinis feraceis iqualibus, Linn. fp. pi. 768. Trifolium arvenfe humile fpicatum. Sive lagopus. C. B. pin, 528. Trifoi ium Ipicis ovalibus imbricatis , vexillis de flexis per/iftemibus, caK'cibus nudis, caule ereiSo , Linn. fp. pi. 775. Tt.iFOLiUM agrarium, Dcd. Pemp. J76. Trifolium caulibus (mplicibus, fpicis pilofis aphillis mollibus fubro- tundis , foliolis cordatis. Trifolium alopecurum fpica globoCa , Barrel. le. 1188. Tiges rondes, velues , d'une palme de hauteur. D'une ftioule large, divife'e en deux lobes quarrés un peu ovales & dentc's, s'élève' un pe'tiole long de deux pouces, qui porte trois feuilles dente'es en cœur, femblables à celles de l'oxalis. Epi arrondi, comprimé, tei minant. Calyces cannelés , couverts d'un duvet foyeux. Les dents du calyce font à peu près égales, écartées, & plus longues que le tube du calyce. Fleur polypet'ale, à peu- près égale au calyce. TuRKiTis foliis omnibus hifpidis , caulinis amplexicaulibus , L. fp.pl. 666i Erysimo fimilis hirfuta non jaciniata alba, C. B. Prodr. ^2. Veronica floribus folitariis , foliis cordatis incifis pedunculo longio- ribus Linn.fp. pi. Alsine veronicae foliis , flofculis cauliculis adhsrentibus, C.B. pin. 2jO. Veson'ica floribus folitariis, foliis cordatis planisquinquefidis,L.y/;.;)Z.lj, Alsine hederula; folio , C. B, pin. 2 jo. ViBURNUM foliis integerrimis ovatis ; ramificationibus fubtus villofo glandulofisj Linn.fpl. pi. 267, Lat-rus fylveftris corni fscmina: ioliis fubhirfutis , C. B. pin. ^61. Vicia pedunculis mult-floris , foliis reflexis ovalis mucronatis , flipulis fubden:atis, Linn. fp. pi. 734. Vicia maxima dumetorum, C. B. ;;/>!. 3SJ. Vicia leguminibus felTilibus fubbinatis eredis , foliis retufis , flipuiis notatis , Linn. fp. pi. 7 3 5. Vicia fativa vulgaris femine nigro, C.B. pin. Î44. Viola acaulis foliis cordatis , ftolonibus reptantibus, Linn. pf. pi. ç^r. Viola martia purpurea flore fimplici odoro , C. B. pin. 119. Cette plante qui eft rare en Sardaigne , croit dans le terroir d'Hierfiu Tome I. LU AfÔ MÉMOIRES DE LA SoCléTÉ ROYALE DES ScjENCES T G M E 1 1. Animées CORRECTIONS ET ADDITIONS '7^°-'^^'- ^ l'Hiftoire des Plantes de la Suiffe ; par M. Albert Page -i. DE H A L L E R. A l'imitation de mes illuftres confrères de rAcadémle de Turin , ie vais expol'er en peu de mots les corredions & les additions qui m'ont paru néceflaires dans les claffes naturelles des plantes tetrapetales , fïli- queufes , papilionace'es , didynamiques de l'un & de l'autre genre , dipface'es & à fleurs compofées ; en attendant l'édition d'un plus grand ouvrage , dont la publication dépend de la prolongation de mes jours. L'abondante colledion de plantes rares , cueillies dans leur fol natal, que je me fuis procurée . m'a mis en état de donner ici des chofes nouvelles , & d'en réformer un plus grand nombre. On me pardonnera aifément mes premières erreurs , quand on verra que je les corrige fans même en être averti par la critique. A Roche, le 2^ Décembre lyji;. PLANTES SILIQUEUSES, TETRAPETALES. Tetradynamia LinncEi. j Draba foUis hirfutis incanis , radicalibus ovath Enum.Heh: n. 2. p. S3S>' Cette plante , plus rare que les autres a été trouvée à Chaux-Ronde dans h vallée à'Ormond - Deffiis & fur le Mont - Fouly. Les feuilles forment comme des petites rofes fur terre, à peu-près comme Yareda vdlofa; elles font aulTi ovoïdes , entières , hériffées de cils & Hafques d'une manière particulière. La tige ne produit, comme dans la draba commune, qu'une, deux ou trois feuilles , ou même point du tout ; les premières font ovales j lancées , les autres plus longues. Chaque tige porte fix fleurs ou davantage . 1 dont le calyce eft velu & les pétales découpés , blancs. Le fruit eft femblable 1 à celui de la draba commune, liffe, contenant dix ou onze femences dans * l'une & l'autre capfule. Il porte le piftille . mais court & arrondi. 2. Clypeola ais perennts foliis ovatis , [cabris , calyce deciduo. j'omhlafpi luteo flore incanwn dicoides umbellatum momanum. Column. Ecp/ira/:p.28i. Je. p. 280. J'ai trouvé cette plante, qui n eft pas commune en i)uifle , au pied des rochers de pierre arénacée de Gyfenaa , auprès du pont de la rivière Emma : la defcription que j'en ai donnée dans l'Enum. HeU'ct. p. J^O, n. 2 , eft fautive. Celle-ci vaut mieux. v , • D'une racine très-tîbreufe s'élèvent une infinité de tiges a demi-courbées. fimples, hautes de neuf pouces, velues. Les feuilles tont attachées à une queue feuillée , dilatées, obtufes, oblongues , blanches , rudes , velues. Fleurs en épi , le long de la tige, portées fur des pédicules longs d'un demi- DE Turin. ^^t pouce. Le calyce efl: compofé de quatre folioles ovales lancées , un ^^^^^^.^ peu renflées en dclTous , d'un jaune pâle. Les pécules (ont beaucoup plus '^ TP grands que dans 1 elpcce commune, larges vers 1 onglet , corditormes , jaunes. Éramines proéminentes , dont quatre plus élevées , & deux plus ■"■'^^^^■^ courtes latérales. A leur origine efl: une écaille bidentés, tantôt courte, >76o-i75i, tantôt prefque égale à l'étamine , pétaloïde. Silique ovoïde, lans bordure, renflée de parc & d'autre , velue , renfermant de chaque coté une femence lenticulaire , dont l'une avorte fouvent. 3. NAsTUKTiOLUivi ulpimim folio alato , Rai. p. 826. Je fuis porté à croire aujourd'hui , d'après le nom même de cette petite plante , qu'elle ne diffère point du n.iflurtioluin alpinum tenuijjîmè divifum , qui a été trouvé fur une très-haute montagne, nommée le Col de Ferry. Cependant les feuilles font plutôt ovales que lancées , & la queue ou pétiole, qui eft large dans toutes les plantes du même genre , l'eft encore davantage dans celle-ci. 4. CocHLEARiA, I. Linn./?ii« iZfzguZo/ii. Cette plante croit naturellement dans toute la SuifTe ; on en trouve fur -tout une grande quantité dans les endroits marécageux, entre les carrières de marbre & la fource du ruiffeau Furet auprès de Roche. On dit aufll qu'il y en a dans la vallée de Moutier- Crand-Vdl , aux roches de Moutier près de U grande cafcade de la Birfe ; mais la plante qu'on m'a envoyée pour du Cochlearia étoit la Cardamine commune, y. hkTiDWiiilatifùlmm. Cette plante necroit pas feulement auprès d Orbe & de Vaud , mais encore fur le Prapio^^ montagne très-élevée Si fauvage ^ ce qui prouve qu'elle efl: véritablement indigène. 6. Ieekis j Matth. Lepidium 12 Linn. ;?. CÎ7 5. Cette plante n'appartient pas à la Diandrie ; elle a fix étamines, quatre longues & deux courtes. Pé- tales ovoïdes. Le fruit a une bafe large ; il fe refferre enfuite peu-à-peu , Se fe termine en une pointe fendue qui porte le piftille. Deux capfules conte- nant chacune une feule femence. 7. Il faut rapporter aux lepidium une jolis efpèce Thlasvi faxatik flore ru- benie, J. R. H. 5". Lepidium foUis pulpofîsfubrotundis antheris lateralihus, Enum» gott. p. 245. AI. Neuhaut l'a trouvée (ur des rochers auprès de Ruchcnette. C'efl: \'Iherisfaxaiilis. Linn. cent. II. n. 171. 8. Le Drabis a beaucoup de rapport avec ces dernières, comme RI. AI- lioni le conjedure. Il l'a appellée, comme moi, Lepidium caule repente foliis ovatis amplexicaulibus. L. C. p. ij. T. U^. En effet, la filique efl prefque quadrangulaire , fes bords étant plus faillans que la ligne moyenne qui ré- pond à la cloifon. Cette cloifon elle-même n'eft point parallèle à la largeur ou au plus grand axe , mais à la commiffure pointue de la filique. Cependant lorfque la filique s'eft ouverte & a répandu fes fémences, la cloifon de- meure plane , comme dans les alyjjum , & femble avoir été parallèle aux challîs de la filique. Je n'ai point obfervé, non plus que .M. Allioni, d'iné- galité dans les pétales, qui doive la faire ranger parmi les Iberis, Elle croit abondamment parmi les rochers des montagnes voifines. p. Ai.\ssoîi myagri folio ^ n.^,p. ^^S , il diffère totalement du Coc/ikijrw. fruit prefque rond , mais non pas élargi en travers, très-convexe; cloifon L 11 ij I76Ç-I7ÛI. 4^2 MEMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DEsSciENCES parallèle à la convexité , perfiftante. Je l'ai trouvé à feuilles tout-à-falt Tome IL pinnées dans un^ chemin dangereux nommé les Ruines, qui conduit au A/7Mé£s Mom-Tompey.^ 10. Enfin, l'ALYSsoN/o/iij pinnatis rnultiformibus floribus'racemojîs luteisi Allioni , p. 4.0 , f. 7, a été trouvée par M. Lachenal , entre Cliben & Pontem-lViefa , & entre Neuhaus 8c Haldngen, C'eH une produftion de notre pays nouvellement découverte ; c'eft même une plante nouvelle. 11. J'ai parlé dans l'énumération de trois plantes qui ont le nom commun d'Hefperis. Tous les trois naiflent dans la SuiflTe. La première , qui fe plaît fur les montagnes , a été cueillie par MM. Schuh Se Gagnebin au pied des rochers les plus élevées du Mont Chafferal, & par M. Dirernoi , au creux du vent , au pcnuis de la bif:. Sa hauteur n'eft que de neuf pouces. Feuilles tout à fait oblongues, armées de dents rares mais fouvent profondes; la tige n'efl: point branchue, fi ce n'efl vers la racine; elle eft épillce à foa fommet. Les pédicules à fleurs ont fix lignes de longueur, ils font très- fermes & forment un alTez grand angle avec la tige. Calyce tubulé , blanc , divifé en deux folioles renflées par en bas. La fleur a un peu moins d'un pouce. Les pétales ont un onglet fort long, & la partie fupé- rieure arrondie , fouftrée , venée. Silique un peu velue ; corne longue échancrée à fon extrémité. C'eft le Leucojum anguJiifoUum dpinum flore fulphureo , Allioni , p, 44 , *• p. /"'• 3- 12. La féconde plante croît en différens endroits de Sa pleine du Valais au-deflus de Lmce , où je l'ai cueillie moi-même, auffi bien que M. Ricou. M. Rifler l'a encore trouvée auprès de Diedenbeim , village d'Alface. Sa tige eft branchue , haute d'une coudée. Feuilles en grand nombre vers la terre , portées fur une queue , lancées , femblables à celles de la fcor- fonère , d'un verd de mer, fans dents , par-tout hdiiflees de poils très- fins , au lieu que dans la plante précédente elles font liffes , grêles vers la tige linéaire. La fleur eft femblable à celle de la première plante , fi ce n'eft qu'elle eft beaucoup plus petite. Silique velue, quadrangulaire. Stigmate épailTe gobuleufe. C'eft le Leucojum fylvefire, CluC p. ipcj. 15. La troifième plante, qui diffère peu de la précédente , & qu'on retrouve en Allemagne & en Sibérie , eft fort commune fur les ruches du Mont Âltenjlolberg ; je l'ai rencontrée fur des murs & des rochers auprès de Kelbra, Elle naît auflî aux environs de Jene. Les tiges ont deux coudées; elles font fort rameufes ; feuilles un peu velues, dentées , mais de loin en loin , quelques-unes même n'ont point de dents. La fleur eft plus petite que dans les deux plantes précédentes ; le ftigmate eft échancré. Les filiques font auflî quadrangulaires velues. C'eft \'Er,\s\MU m foUis ferratis lanceoLni!, Linn. cent, i , p, iS, flor. fuec. n. 602. Mais Linnius fait la filique liffe , quoiqu'elle foit velue. Quoique cette plante femble différer de la précédente, n. 12 , par fa hauteur, par fes feuilles attachées à la tige, & par la figure même de, toutes les teuilles qui lont dentées, je n'ofe cependant l'en féparer, parce qu'elle porte des fruits abfoluraent femblables. D E T u R I t;. ' 45'3 14.. TuRniTX'i foliis hlrfdtis amplexicMilibus fdiquis nutantibiii. Leucojam fyli'ejtre an^uJ}ifoU.um fore albido pan'o , Kai. ;).'7b'(j. ToME II. On en trouve une grande quantité parmi les rochers auprès de Roche, Akjvées à la Marbrière, à Agauni , auprès de Bonnevilii & ailleurs. i76o-i7^i« Au Printems cette plante a un pied ou une coudée de hauteur; toute, fes feuilles & fa tige font légèrement velues. Les feuilles radicales font^ portées fur un pétiole afTez long, hérilTées de cils afTcz mois, obtiifes'.'f ovales, lancées, armées de dents rares mais longues. La tige eft embraffée par les feuilles qui en fortent: & celles-ci diminuant peu-à-peu de largeur,' ont tout leur contour arme de petites dents. Les pédicules à fleur naifTenc du haut de la tige, & ils font en grappes de raifîn , comme la plupart" des autres plantes de cette claffe. Le calyce efi: coloré, blanchâtre, applati-^ par deflous, caryophillé. Les pétales font d'un blanc jaunâtre, légèrement" éthancrés ; leur onglet eft très-long. On trouve deux glandes à l'origine des éramines courtes. La filique velue, fa corne eft courte, fon extrémité arrondie; elle eft très-longue & a trois ou quatre pouces; elle eft vacillante ( nutans ) dans le tems de la maturité; elle eft applatie, & fes bords font ondules. Les femences font plates, ovales,, creufées par un hil & entourées d'un brou feuille. Le calyce n'eft point ridé , mais il eft médiocrement velu, comme dans Wmrntis, Linn. Sp. p. 66^ ^ n. 6; elle eft tout-à-fait femblable à la turrhis monfpelienfis ,, fi ce n'eft que le calyce eft renflé par deftbus dans celle-ci, à ce qu'il me paroît au moins par les exemplaires qui m'ont été envoyés par M. Commerfon. ly. Ekvsiml'm 10. On ne le trouve plus aujourd'huià Berne, depuis que la place pleine de décombres oij il croiflbit , eft couverte d'édifices magnifiques. 16, SiSYMBRUiM, II, I2j IJ. Je puis enfin déterminer aujourd'hui avec certitude le genre de ces plantes ; après en avoir reçu un grand nombre d'exemplaires cueillis dans leur lieu natal. Ces plantes doivent donc ^ à raifon de la difpofition de leur neâaire, être rapportées auxjînapi ou aux brajjica ; elles approchent même davantage de ce dernier genre , de la manière dont il a été déterminé par Linnïus. 17. Ainfi donc : Sin'api foliis levibus glducis pinnatis , pinnis lincaribut rariter dentatts, Enum. n. 11,, p. jyi. Eruca tcnuifolia perennis flore hueo , C. B. Sifymbrium tenuifoUum ^ Linn. Cent, i , p. i , 8, n. 50. On trouve cette plante à Genève près la porte de Cornevin , à Bâle dans un terrein fabloneux auprès de la Wiefe ,, à Bade fur les ruines d'un vieux château aux allées de Colombier. Elle eft commune en Alface, à Spire & à Manheim. Les feuilles de cette jolie plante font portées fur un long pétiole , Sc^ reffemblent afîez au polypode. Au nerf du milieu vont s'attacher des feuilles pinnées ou pinnules^ lefquelles font alternes ou oppofées , & le nerf lui- raème fe termine en une feuille lancée. Les pinnules fimples font rarement dentées, leur largeur varie & elles font alternativement plus grandes & plus 454 MÉMOIRES DE LA SoClÉTÉ ROYALE DES SCIENCES . petites; les premières font les plus courtes. & fout un angle aigu avec le nerf. - Les feuilles de la tige font fouvent entières & femblables à celles de la Tome 11. jj^^^j^^^ ^a tige eft un peu velue, ferme , d'un pied ou d'une coudée de Ann-èes h'auteur. Le calyce n'efl: point renflé en deflbus, il paroît légèrement velu, 1760-1761. quand on le regarde à la loupe ; il eft caduc. Les pétales s'élargiflent infen- fiblemerit depuis l'onglet , ils font doubles du calyce , & leurs lames font jaunes , rondes , ouvertes. Les quatre étamines longues furpaffent de b;^ucoup les deux courtes. Entre les longues étamines & le calyce , & entre une étamine courte &; le germe, font quatre glandes rondes , vertes: la corne de la filique eH courte & fon extrémité eft arrondie. Pendant la maturité la filique a un pouce & demi de longueur, elle eft applatie . un peu articulée , large de plus d'une ligne Ja corne perfide, les femences font applaties , ovales , garnies d'un hil & non ailées. 18. La féconde plante efl: le SiUA?i foliis femipinnatis rotunde dentatis hirjuns , Enum. n. 12. p. jy 2. Eruca inodora, J. B. 1 1 , p. 862. Eruca luteafylvejlr'i! cauleafpero, C.B. Cette plante . plus commune que la précédente , croit abondamment dans les foffés d'Yierdun, & entre Aarberg & IVorben dans le Valais, entre Laufane Si /es Croifetces le long du chemin ; à Bàle auprès de la bourfe & du pont du Rhin, dans les terroirs fabloneux le long du Rhin & de la Wiefe. On la trouvoit aulfi autrefois à Berne auprès d'Um-dm ^îukhof ; elle n'v exifte plus à prêtent. . Sa 'tige eft velue , anguleufe , fillonnée . droite , mais peu teime , de trois pieds de hauteur , rameufe & fourchue. Les feuilles reflèroblent à celles de la jacobée commune . & font lyrées , pour me fervir de l'exprellion de- M. Linnaeus ; elles ont un long pétiole à demi pinne ; lés pinnules an-uleufes vont en augmentant , la dernière eft impaire très- erande & obtufe ; toutes font auguleufes & armées de dents longues & rares Les feuilles de la tige font plus étroites . & leurs dents font fi longues ou elles en paroiffent à demi pinnées. Toutes ont des nervures & font velues. Les folioles du calyce font écarrées , il y en a deux qui fonc médiocrement, bombées en deffous ; toutes font légèrement velues , caduques. Les pétales ont un onglet long & une lame ronde . ils font deux fois plus longs que le calyce; leur couleur eft d'un blanc jaunâtre. Il y a dans la fleur quatre glandes difpofées comme dans la plante précédente ly.La fleur eft velue , quadrangulaire , ayant une corne courte . obtufe , terminée par une tére. Les pédicules des filiques forment un très-grand angle avec la tige ; les fillques fe courbent vers leur partie fiipéneure & deviennent pî-efque parallèles a la tige , elles font renflées, garnies de quatre angles obtus , longues d'un pouce & demi. La femence eft obtengue. _ Cette même plante porte une fleur prefque jaune dans le lit de la rivière d'Ai'e & dans le Valais. Elle ne diffère pas du ^inapï fylvejlre genevenfe , J. B. 11, p. 8;8 , cueilli dans le lit de VArve, comme je m'en fuis affuré par les exemplaires pris dans le lieu natal que M, Lederc m'a envoyés. DE Turin. ^j-j tç), Eruca tanaceti folio Moiifoni. On peut la ranger parnji les plantes ______^, de la Suifle avec autant de raifon que celles qui naiflent dans le territoire ^ TT" de Baie & de Genève. M. Claret l'a trouvée au pied du Mont-Saint-Bernard * ° ^' ^ ■'^ ■'■• dans le val d' Aoufte. A^/f^Éss 20. Il en eft de même duBRASSiCAper/oi/aM qui croît auprès de Mul- 1760-1761. haufen. 21. CA.r^DMsiU'E foliis pinnatis ffdnnis laciniatis. Elle eft fouvent apétale & n'a pour toute fleur que des étamines blanches qui fortent du calyce Se imitent la corolle. Cependant elle porte aulll, même en Suéde . des pétales blancs plus longs que le calyce (Linn. Flor. Suec. nov. édit. p. 4.64). 22. Cardumine trifoUa , plante rare à feuilles de lierre, dont les angles fe terminent en dents très - fines. Elle a été trouvée par M. Leclerc. Cardamine alplna belUdis folio glabra. J'ai trouvé dernièrement ce:te plante fur le Mont En\dnà , &: M. Claret l'a trouvée aufli au lommet du Pcnnin. 23. Mais on m'a envoyé une autre plante cueillie fur le Mont Hurcliawp dans le territoire i'Aquilégia , & qui m'a été envoyée du Mont Baldo fous le nom de Cardamine , quoiqu'elle dilière beaucoup des précédentes. Ses feuilles font entières , ovales , radicales , hériffées de cils & raboteufes. La tige a trois ou quatre pouces; elle porte une ou deux feuilles ovales lancées; elle eft fimple. Elle eft entièrement femblable, par le port exté- rieur , à la turritis ramofa valgaris ; mais elle en diffère par toute la difpo- fîtion de la fleur & du fruit. En effet la fleur eft grande , & triple de la fleur de cette petite plante; elle a un calyce blanc petaloïde, confidéra- blement bombé en delTous. Les pétales font laiteux ovales. Elle porte des filiques très-larges, ayant une corne irès-courte , droites & parallèles à la tige. Je n'ai pu favoir fi elles jouilTent d'un mouvement élaftique qui les fait jaillir & fe contourner. Il paroît parle lieu de fon origine, qu'on doit la rapporter à la Cardamine j , Seguier , Veron. p. 3 87. Si elle a , des glandes, ce que je ne puis décider pour le préfent , on doit l'appeller Arahis foliis radicalibus ovaris integcrrimis fcabris, cauk fubnudo. Elle diffère de la turritii minor , par la grandeur de fa fleur, la largeur de fes filiques & par la nudité prefque entière de fa tige. PAPILIONACÉES. 24. Je commencerai par déterminer le genre des Aflragales; la defcrip- tion que j'en avois donnée dans mon ouvrage , étant imparfaite & même fautive par la raifon que je n'avois fous mes yeux que des exemplaires tronqués, & fur-tout parce que je n'avois pas vu le fruit. Un grand nombre de nouveaux exemplaires & de fruits murs que je me fuis procurés , me mettent aujourd'hui en état de donner une delcription plus exaâe. Il faut d'abord exclure de ce genre le Tragacantha alpinafemper vivens flore purpurafceme , J. R. H. & Garidel le. Cette plante a été trouvée fur les Monts Jeman , Cheville , & entre le Javerna^ & V0vanna7^ , d'abord par ]\1. Riçou , enfuite par M. Defcoppets Si par d'autres. 4;' 6 MÉMOIRES ne la Société royale des Sciences — Racine ligneufe , très-grande, raraeufe , portant plufieurs tiges. Tiges Tome II. d'un pied, féuillées , branchues. Les pétioles des fleurs fe terminent en une An N ÈEt petite e'pine, & les relies de ce pétioles entourent la tige, ils font terminés 1760-176 ^" pointe. Feuilles légèrement velues , ovales un peu retrécies , compofées de fept à dix pinnules. Fleurs & fruits ramaflés à la bafe des tiges. Fruus velus , renflés , grêles , durs , courts. Calyce velu , cylindrique , armé de cinq dents longues & velues. Fleur longue^ droite , d'un blanc tirant fur le violet. Etendard échancré parfemé de veines d'un pourpre foncé. Les ailes ont un pédicule capillaire. La gondole eft plus courte que les ailes. Il y_a dix étamines , dont neuf font réunies , & l'autre feule. Piftille long , fili- forme, plus gros à l'extrémité. La fîlique a conflamment une feule loge contenant quatre femences noires, reniformes, féparées le"; unes des autres par quelques petices pellicules & cloifons qui ne lont point parallèles aux chaffis , mais obliques & pofées en travers. Il me paroît que cette plante n'efl; point différente de la tragacantka. majjîlienjis , que plufieurs de mes amis m'ont envoyée. Soit qu'on fade un genre du tragacantha en queftion , foit qu'on le com- prenne dans un autre , il réfulte de mes obfervations qu'il faut le féparer d'avec Vaftra^ahts. Si des Botanifles célèbres ont vu des ira^acantha dont la fîlique avoit deux loges , c'ert une variété qui appartient à ce même genre; car d'ailleurs j'ai ouvert un trop grand nontbre de ces fruits pour que la cloifon eût pu m'échapper fi elle avoit exiué. Sf. Il faut encore féparer des aflragales quelqu'autres plantes que j'avois confondues avec eux, faute d'avoir connu la flrufture de leur fruit. Vdfira. jc^i. AJIragalus alpinus minimus , Linn. FI. Lapp. p. 2.61 ^ t. ^ j f. i. Cette plante habite les mêmes lieux que la précédente ; mais elle eft un peu plus rare. On la trouve parmi les pierres fur les roches glaciales de Steineberg , Stoklicrn, Chapinfi, Enr^einia. 1\L Rampfpek l'a trouvée fur les Monts- -Wiirr/c/zen & GaUnda, Elle diffère véritablement de l'autre , n. 2^, en ce que Tes fleurs font en moins grand nombre, & plus rares dans le même épi; que les pétales font plus diftincls, l'étendard eft cannelé, les fleurs & les filiques font pendantes, & les racines, qui ont un pied de longueur dans la première, font très petites , quoique ligneufes dans celle ci. D'ailleurs , le fruit eft le même dans l'une & dans l'autre. Il eft velu , n'a qu'une loge & point de cloifon. Il eft courbe dans les exemplaires que je pofsède ; mais je n'ai pu -me procurer des Cliques parfaitement mures. Cette plante , de même que la précédente, diffère des aftragalcs par la petitefle de fa fleur. 27. III. Phaca cauUbus ereSiis ^ ramojïs ^ faliis ovacis. Ajîragaloides Alpina hirfuta erc^a foltis vicix jloribus dilutè luteis, Tilli Hort. Pifan. ;?. 1 9 , F. Xl^.f. 2. Outre les montagnes où j'ai dit qu'elle naifloit, Enum. Hdv. je l'ai trou- vée encore fur les monts Chapuife ^ Prapio^ ^ Jeman ^ Ovanna ^ Surchamp ^ aux Nombrieux. Il faut ajouter ce qui fuit à la delcription que j'en ai don- née: la racine eft d'une grofleur énorme, longue d'un pied ou d'une cou- dée ; la tige eft droite, élevée aulfi d'un pied ou d'une coudée; il y a de quatre à (ix paires de feuilles molles , velues , ovales ; à leur origine , on voit de grandes ftipules ovales- lancées; les pédicules à fleurs naiftent des aiflel- les, & portent des épis ferrés & garnis de fleurs tournées en arrière & pen- dantes. Le calice eft cylindrique, preiïé , pâle , hérifle de poils noirs , armé de cinq dents courtes toutes hériflees des mêmes poils noirs. La fleur eft d'un jaune pile, & deux fois plus longue que le calice. L'étendard a un onglet fort long, il eft plié, ovale Se comme pointu, blanc à l'exception du dos Se Tom, I. J\l m m 4^8 MÉMOIRES DE LA SoCIBTÉ ROYALE DES SCIENCES des parties voifines du dos qui font jaunes ; les aîles ont auffi un long onglet. Tome II. de longs crochets; elles font d'un jaune pâle. & un peu plus courtes que la A ■ gondole. La gondole eft d'une feule pièce ; elle eft armée de crochets .v.v EEs ^j^^^-^^ rétrogrades, obtus, & d'une pointe obtufe recourbée, jaunâtre. II 1760-1761. ^ ^ jj^ étamines, donc neuf réunies & la dixième folitaire. Le ftyle eft filiforme. Les filiques font pendantes, ovoïdes , pointues, portant le ftyle, enflées, lilles en dedans; elles n'ont qu'une loge, & renferment des femen- ces réniformes. aS. Ceft auffi pour n'avoir pas connu le fruit que M. Linnseus , Sp.pl. p. •j'yC , & moi , nous avons rangé parmi les aflragales I'Hedysarum cauk re5lo ^ ramofo ^ foliis oratis , fdiquis kviffimis venofis. Hedyfarum Alpinum, Jîliquâ kii. C. B. Scheuchzer étoit tombé dans la même erreur avant nous. . I 1- - Après avoir trouvé cette plante en diflérens lieux & dans diftérentes faifons , je puis à préfent en donner une meilleure defcription. La racine elUongue , épaifle , ligneufe , cylindrique, noire, portant plufieurs tiges. La tige droite, branchue , longue de neuf pouces, d'un pied ou même d'une coudée. Il y a fous les feuilles des fourreaux fecs , longs, terminés par une barbe. Feuilles veinées, ovales, au nombre de neuf paires & plus. Epis portés fur des pédicules qui naifleni des aiflelles des feuilles; fleurs panchées en arrière & pendantes. Les dents du calice font un peu velues , celle d'en- bas eft très -longue. Dans les fleurs , l'éten- dard eft plus court que la gondole , recourbé , plifie , échancré. Les aîles font plus courtes que la gondole, grêles , armées d'un crochet long , ré- trograde ; la gondole eft prefque perpendiculaire , obtufe , plus grande^ que les autres pétales , d'un bleu tirant fur le pourpre. Le fruit eft articulé , & compofé de quatre ou cinq pièces ovales, planes, nerveufes, ailées , mo- nofpermes,' communiquant enfemble par de petits ifthmes très -déliés. L'hedyfanim de Sibérie paroît être la même plante ; elle reffemble partaite- mert aux nôtres par fon fruit , fa fleur , & par le port extérieur ; elle n'en diffère que par la grandeur plus confîdérable de fa fleur. On trouve cette plante fur les monts Oranna ^ Surchamp ^ Chapuife ^ Eniànda, Fouly , Orgetaux j Neumnen ^ Stokhorn ^ Pilate ^ Brdrawenen^ Wangamlp , Nombriaux , Schïlt, dans le canton de Schxitz. ^ 2p. Quant aux vrais aftragales , on n'en a pas trouvé d'autres^ dans la Suifle que ceux que je vais rapporter. J'ignore ce que c'eft que I'Astba- GALUS ^ If . Cluf p. ccxxxiv . ou ['j^Jîragalus Heh'eticus , C. B. & il efl difficile de juger quel eft celui qu'il a plu à Clufius de comparer avec l'Orohus fyWatkus purpureiis vernus. Je ne connois pas non plus fon ajlragdus^ 12, 13 & 14. Je pafie fous filence l'ajlragalus vulgaris procumhens , & le Glaucus de Bivin. Ceux qui fuivent font do vrais aftragales. 30. 1. AsTRAGALUs cauk ereÛo ^ ex alis fpkifero , fdiquis teretihui lùrfiitis^ Comm. gott. iT^^i. avec fig. D E T U R T N. 4^7ûo-i7(;i. ^I.II. AsTRAGALUs cmU creHo ramofo ^ foliis linearibus hirfutis , fpicii treElh tertninatricibus ^ Enum. p. 5^7, n. 7. Onobrychis purpureo flore. Ctu(. Pann. p. 751. Il efl commun entre Leuce & Siders^ & entre OrfUres Se Bofernier. Le fruit que je n'ai pu voir que depuis peu, efl: court, & n'a pas plus de trois lignes ; il efl un peu velu, renfle'; il porte un flyle recourbé; il renferme de part & d'autre à peu près trois femences luifantes , réniformes , portant un hil proéminent. Ces aflragales ont des tiges branchues. Les fuivans n'ont que des hampes qui portent les épis , & qui naififant immédiatement de la racine, n'ont ni branches , ni feuilles. 52. III. AsTRAGALUS caille dijfufo ^ foliis ovatis fubhirfuùs ^ fcapis raiica- libus j l'ex'dlo longifjîmo ^JiUr^uis teretibus ^ Enum. V. 3. AJIragalus MonlpeUldanus ^ J. B. II. /;. 3 3 8. ( On m'en a envoyé un exem- plaire de Montpellier.) Linn. Spec. /7. 751. C'efl; le même quel' Aflragalus /}lpiniis magnn flore , C. B. Enum. 1. c. n. 3. Il efl: commun au chemin de loinbey^ un peu par defTus Olon. Racine d'une coudée , ligneufe ; elle pouffe une immenfe quantité de tiges ayant auflî une coudée de diamètre. Feuilles au nombre de dix paires, ovales, velues quand elles font jeunes & obtufes. Fleur longue d'un pouce, très-droite. Calyce long , cylindrique , couleur de rofe, découpé fupérieure- ment en fegmens longs & droits. L'étendard , comme dans le précédent, fort long, droit, plié, échancré, pourpre. Les ailes, ce qui efl très-rare dans toute cette claffe , font échancrées & divifées en deux parties, l'une "grande , l'autre petite ; leur couleur efl: pâle. La gondole efl plus courte , obtufe, couleur de pourpre foncé. Neuf étamines unies, une folitaire. Silique longue , recourbée à fon extrémité , grcle d'un bout à l'autre ; dure quand elle efl creufe , longue d'un pouce , cylindrique , un peu courbe. La commilTure des chaffis efl aflez large. Semences au nombre de flx dans l'une Se l'autre loge, noires, réniformes. mais un peu plus épaifTes à leur partie fupérieure au-deflus du hil. 33. IV. AsTr,AGALUs/c(i;)(5 apliyllis , fllicjua turnida ovato-lanceolata flyli- fera^ foliis ovaio-lanceolaiis ferkeis , Enum. n. y , t. f. On le trouve fur les rochers de Neunenen & entre Charat & Saxen dans le Valais, Ajoutez ce qui fuit à ma defcription. Feuilles foyeufes, luifanres. Elles deviennent quelquefois plus ou moins chauves. Cal)-ce pareillement foyeux , perfiftant. Fruit hcrifle de cils noirs, confiflant en une fllique ovale, ren- flée, conflamment terminée par une pointe. Semences en grand nombre, renfermées dans deux loges. Je ne les ai pas vues dans leur maturité, M m m ij 4^0 Mémoires de la Socii'té royale des Sciences 34. V. AsTKAGALUs/ca/j/î aphylUs , foUis lanceolatishirfutis.filiquavillofaj Tome II. infiata j ovata ^ Enum. n. 8. le. t. 13. Années AjlrugalusPyrcnaicus barbx Jovh folio non ramnfus ^ fiore ochrokuco iTûo-ijÉi, g^omeratoj Scheuchzer, It. Alp. IV. p. 330. Aftragalus campcjhis ^ Linn. Spec. p. y6i ^ n. 50. Il mérite Tépithète èiAlpinus; car on ne le trouve plus fur les montagnes moins élevées, comme le Jura.. Outre les lieux où j'ai dit qu'il habito't , je l'ai encore trouvé dans mes dernières lierborifations fur les montagnes glaciales de Steincberg & fur les monts JFannendlp ^ Prapio^ , Enieinda. ^ Ovanna ^ Fouly. J'ajoute les traits luivans à la defcription que j'en ai donnée. La racine a quelquefois une grofllur énorme, & un pouce de longueur. Fruit court, velu , extrêmement renflé, ovo'iûe , portant le ftyle , divifé par une cloifon. Semences nombreufes, applaties par les côtés , réniformes. • 5 5". La CoRONiLLA pr»na^ Fnum. ou minima^ J. R. H. naît au Kic/wri & Surchawp. On la trouve aufli fur le mont Jeman , entre Saint-Aubin Se le mont Falconi., & ailleurs. Elle difière du Ferrum Equinum , principalement par fes filiqucs qui font pendantes , unies au pédicule par un nœud circu- laire , & compofces de trois ou quatre pièces, ou même davantage. Ces pièces font ovales, pointues aux deux extrémités, applaties & tranchantes aux deux bords. La face applatie efl: divifée par une ligne faillante. Le tianchant a deux aîles membraneufes proéminentes, & entre ces aîles , deux lignes pareillement proéminentes, mais plus légèrement. Chaque pièce renferme une femence femblable à un haricot , mais plus longue , & di- vifée par une entaille. Cette plante diffère encore du Ferrum Equinum par fes feuilles qui font plus régulièrement ovales & plus épaifles , au nombre de quatre paires, & même de cinq dans mes exemplaires , avec une im- paire à l'extrémité. Stipules brunes, finement lancées, pofées deux à deux. Racine très longue & très-épaiffe. Telle efi: celle que M. Gagnebin a trouvée au Rocher de la Chage des Corbeaux ^ à Milledcux 8i à RejJ'ein. On me l'a envoyée de France & de Piémont avec l'épithète de minima. Il y a une plante d'Efpagne , qu'on cultive dans les jardins, & qui efi: femblable à la nôtre; elle en diffère feulement par fes flipules qui font rondes , ou qui manquent abfolument. 36. La plante que j'ai nommée Coronilla creBa j foliis maximis .. oi'adSj retujis ^ in acumen ixeuntibus^ Enum. p. 574, efi fort différente de la pré- cédente par les filiques qui ne font ni ailées ni tranchantes, & par fa dureté qui efi m.oindre. \oyei Enum. gou. p. i(58. M. Gagnebin l'a trouvée au Valde-Ru^; j'en ai vu moi-même un grand nombre (ur le mont Kunijl'erg., près de Jène., Si dans la forêt de l^'elmefen ; & M. Mieg auprès de Farnfpurg. M. Linnœus ne fait mention ni de l'une ni de l'autre, ce qui efi fur- prenant; car elles font affez répandues , & on en trouve pluOeurs defcrip- lions dans les Auteurs. 37. Orobus caule ereHo ramofo ., foliis ovato-lanceolatis j Enum, Helv. IT. 2. Cfn VOrcbus Alpinus laiifoUuSj C. B. Prodr.p. 145» DE T U R I K. 4(Jl Sei'oit-ce l'Orohus 8. Linn, Spec. p. 7^^? Il cft fovc coaimun fur les monts Luan & Nombrieux j dans la foret Tome IL d'Oi'a/t'if j ^ ailleurs , fur les montagnes du territoire d'Aquilégia. Axné es Cette phinte eft une des plus belles de la claffe des papillionnacccs. lyCo-iyfii. Tig>; droite, haute de deux coudées & plus, cannelée, anguleufc : feuilles nombrcufes, afcendantcs ; ftipules fous les branches, grofles , crochues en-deûous , ovales- lancées , dentelées. Quatre paires de feuilles ovales- lancées, hfles. Pédicules à fleur, naiflant des aiflclles des feuilles , nuds , anguleux , longs de neuf pouces. Fleurs en épi lâche , renverfées lorfqu'elles s'épanouifl'ent , pendantes, velues d'un côté feulement. Cal)'ce cylindrique , applati par les côtés , ayaiit (es fegmens fupérieurs courts, larges, un peu courbes, vis à-vis l'un de l'autre^ & les inférieurs droits & triangulaires. Fleur longue , d'un jaune pâle. Etendard étroit , plifle , roulé j comme crénelé , jaune fur le dos. Ai'es obtuies , terminées par une pointe , auîlî longue? que la gondole , armées de deux crochets obtus. Gondole portée fur un onglet fendu , avant fa lame droite, terminée par un petit éperon. Neufétamines unies, une folitaire. Style terminé par une extrémité aflez large. Silique très-longue , liffé , renfermant plufieurs lemences. Je n'ai point encore vu celles-ci dans leur maturité. Il faut à préfent changer le nom à'crobus cauU ramofo , en celui à''orohus caule ramof) creBo , foliis dlipticis obtufîs, 3 8. Une nouvelle efpèce , trouvée par M. Claret auprès d'OcTODURU.M , efl venue enrichir le genre des l'iciu de SuilTe. Comme elle a beaucoup de rapport avec la l'iciu vidgaris multiflora , il efl: bon d'en donner une defcription exacte. La tige fe continue en une racine mince & annuelle; elle efl foible , haute d'un pied ou d'une coudée, branchue, feuillée , cannelée, légère- ment velue. Stipules diviléss en deux portions, toutes les deux cannelées, lancées, terminées par une pointe, fouvent dentelées; l'inférieure n'a que -deux dents ; la fupérieure , qui eft plus grande , en a cinq ou même fept ^ fi longues, qu'elle en eft prefqu'à demi empenée. Feuilles au nombre de huit paires , dures , ayant une nervure très-fenfible , linéaires , mais plus larges vers l'extrémité qui efl: obtufe & armée d'une barbe large d'une ligne. Pédicules à fleur longs de plus de quatre pouces. Epi rare, compofé de fleurs portées fur des pédoncules d'une ligne de longueur feulement , au nombre de neuf à douze. Calyce divifé en cinq fegmens velus , dont les deux fupérieurs font très-courts , courbés l'un vers l'autre , & les trois inférieurs plus grands , triangulaires. Etendard beaucoup plus grand que les autres pétales, d'un bleu foncé , prefque tout coloré , élevé, échancré, ayant un onglet court. Ailes plus longues que la gondole , armées de crochets obtus , ayant leur lame ronde , bleue. Gondole divifée en deux, armées de crochets très obtus & d'une pointe bleue, tandis que le refle efl: blanc. Silique lifle, plate, large, fur tout dans le milieu. Douze femences. Je ne l'ai pas vue dans fa maturité. On reconnoît cette plante dans la defcription du vicia onohrycUdisjlorei 4ôi Mémoires de la Société hoyale des Sciences C. B. Prodr. p. 149. On m'en a envoyé une du Dauphiné fous le nom Tome II. de vicia anguJîifoUa purpureo-i'iolacea , filiquis lads glubris ; mais celle-ci Anatéss n'ayant que quatre femences , eft diiférenre de la nôtre. Il faut donc la ,7^0-1761. rapporter au vicia 6 , Linn. Elle diffère du Vicia mu/ry^ura yègefwm par fes fleurs qui font beaucoup plus grandes & moins nombreufes, par fes ftipules dentele'es , par fes (îliques qui font plus longues à proportion , & contiennent un plus grand nombre de femences, & par la dureté plus confidérable de toutes fes parties. 3p. Le Clymenum parifienfi fe trouve en différens endroits de laSuiffe. J'en ai trouvé une grande quantité dans les prés d'auprès du lac de Genève , dans le territoire d'Yverdun , fur les bords de la rivère de Broya, entre la Sauge Se Suggy , & dans les marais qui font entre Chambon Se CheJJèl, M. Gagnebin l'a cueillie auprès de Lanieron. 40. Parmi les plantes cueillies auprès de Vevai & dans le territoire d'Aquilégia , on m'a envoyé I'Anagykis fa:tida , fans y joindre la note de l'endroit où on l'avoit trouvé. 41. Parmi les Genista, celui que M. Gagnebin a trouvé à la chaux de fond dans la grande pâture la brèche^ 8c dans les bruyères de Bourgogne j & M. Châtelain , à Roulier Mairie de la. Brevine , diffère aflurément du genijîa hyperici folio. Cette plante , que nous regardions M. Garcin & moi comme une variété du geniJIa 2 , Enum. en diffère réellement & mérite le nom nouveau de Genista citw/e procumbeme ramofo ^ foliis ovatis, floribiis longe petiolatis. Je l'ai fcrupuleufement comparé avec le genijla foliis hyperici , avec lequel il a le plus de rapport, & j'y ai trouvé plufieurs traits de reffbmblance, jufqu'aux tiges anguleufes & branchues. Les feuilles ne font pas fort différentes , elles font feulement plus velues & point foyeufes ; d ailleurs elles font pareillement plus longues qu'ovales ^ obtufes. La diffé- rence commence à être fenfible dans les pédicules à fleurs ; en efl^et, dans îe genijîa liyperici-foUo d'Allemagne & de Montpellier, ils font courts & ont à peine une ligne , enforte que les fleurs paroiflent affifes, au lieu que dans le nôtre ils ont un pouce de longueur. La fleur efl: auflî plus grande à proportion & double. Le calyce , dans le genijîa hyperici folio , eft droit, a cinq fegmens , dont deux fupérieurs égaux , larges , triangulaires , aigus » & trois inférieurs unis entre eux; dans le nôtre, il eft en cloche, à deux lèvres, & découpé en deux fegmens recourbés, féparcs dans un efpace fort court & uni entre eux inférieurement. L'étendard a un onglet à propor- tion plus court ; il eft large , échancré , veiné. Les ailes ont un crochet plus fenfible, & font plus larges à proportion. La gondole, qui, dans l'autre, eft très- obtufe , a dans celui-ci un éperon médiocrement aigu. D'ailleurs l'étendard & la gondole font foyeux dans le premier ^ & liffes dans le nôtre. Enfin celui-ci eft moins dur dans toutes fes parties; fes feuilles n'y font ni dures , ni pliffees, & la plus grande partie des branches ne s'y durcit point. 42. Dans le Medica 3 , Enum. il y a dans la couleur une variété quî confifte en ce . 107, t. Sj". On les trouve fur les Monts IVangenalp^ Jeman , 5. Bernard ^ montagnes du Val-de- Baignes. Tige très-fimple, quand la plante eft en fleur, peu droite, 'ayant à peine trois pouces , mais acquérant un demi pied après la chute des fleurs. Celles- ci font au haut de la tige au nombre de trois ou de deux ; fouvent même il n'y en a qu'une. Elles font rapprochées tant que la plante eft dans fa vigueur j D ^ T u R t N. 473 elles s'écartent lorfqu'elles fc font fanées. Elles font grandes à proportion — : ---— àe la plante , cylindriques, mais plus courtes que celle du Fda^o 7, loMtll. écailles du calyce très-lifles brunes à leur bord. Fleurons du pourtour Ann Êsa en petit nombre imparfaits; hermaphrodites plus nombreux , en cIoi.he \t6q-\t(,i, jaune qui devient brune. Cette plante aillcre du Fdû^o 8 , par fon calyce très-lifie &: du Fda!io fpicata qu'on trouve auili (ur les Alpes , par le petit nombre de les fleurs, & par leur figure qui n'efl point conique. C'efl le GnjphaUum 2p. Linn. comme il paroît par la defcription , quoique cet Auteur lui donne d'autres (ynonimes. On ne fauroit douter de l'exilTence des fleurons hermaphrodites. 7S. Petasites Jloribui fpuatis j fl-'fcidis paucifflmis androgynis , calycls foliis lanceolatts. Cette plante efl: très-commune dansla/orer de Trarerfm, en allant an torrent des Males-Ph-rres où je l'ai cueillie. M. Châtelain l'a aufli trouvée à Roulier Mairie de la Brevinej en ditîérens lieux de la rci//ee d'Orinoni- iJejjits , & ailleurs dans les parties froides des A Ipes Brealawencn^ (s'a. Elle a beaucoup de rapport avec le Peiajîies 5 ; elle en diftete cependant non - ieulement par le duvet épais de fes feuilles & de fa tige, mais fur- tout par fon épi qui eft très - court & ne porte qu'un petit nombre de fleurs, par fa fleur qui eft (ix fois plus grande, par les fegmens du calyce qui font lancés , au lieu que dans l'autre ils (ont obtus. Le caractère efi: le même. Deux ou trois fleurs hermaphrodites feulement avec un grand nombre de femelles. Le Xeranthemum que j'ai décr'n , pa^e 7op, n'eft qu'une variété du Xerancbemuin commun. FLEURS RADIÉES. 79. Parmi les efpèces d'ERiGERON , il faut réunir enfemble les deux "premières de VEnum. lefquelles ne font que des variétés d'une feule & même efpèce. En effet les exemplaires de la première efpèce , Erigeron caule umftoro , calyce albo tnnutiun nhiiulHi) , jlanrp qui eft fort commune fur le AÏont Erf^einda & fur les n... .^^..lagnes du l^al de Bagnes , offrent une férié qui conduit par gradations jufqu'à la féconde efpèce ou petite variété , dont le calyce & les feuilles font légèrement velues , & enfin lilTes , dont la tige ne porte pareillement qu'une fleur, & qui eft la Cony^a cizrulea ai ini minir , C. B. & de cette variété à une troifième plus grande, haute d'une coudée, dont les feu. Iles de la tige font arrondies, la tige divilée en branches oppofées , terminée par quelques fleurs , & qui eft la Cony^d cœruiea alpina major , C. B. J'ai trouvé la féconde variété avec une fleur blanche fur les Monts En^einda ^ Chapuife , Forcletta^ & Prapio^. La troidème habite les Monts Danfcx , Richard , Surchamp Si Ovanna'^. La dénomination qui conviendroit le mieux à cette plante eft celle-ci. Ekigeron /lii/j imis petiolacis fubrotundis , ad caulem lanceolatts ^ jpetalis feminints ligulatis. Tome I. O o o 1760-1761, 4.74 MÉMOIRES DELA SoCIÉTÊ ROVAtE DES SCIENCES — 80. Il faut ajouter aux Aster trois efpèces nouvellement de'couvertes eit Tome II. Suifle, toutes à fleur jaune. A.\ if É£s Aster cauk ramofo ^ foliis ot'ato-lanceoladsfubtus incanis odoratis , floribus lutcis umhdlatis. Hdenium montanum falicis folio fubiiis incano , Vaiil. comme je m'en fuis ■afluré par un exemplaire defieché que j'ai reçu de M. Vaillant par le , moyen de M. Staehlin. On ne fauroit y rapporter les autres plantes de même nom , puifque , comme l'oblerve très- bien cet homme célèbre, l'AJîcr 1 1 r , pannonkus Cluf. n'eu point odorant. Je l'ai trouvé en plufieurs endroits aux environs de Berne , parmi les rofeaux au-deffus de la terre d'Iiifeli près la rivière d'Arole , & enfuite parmi les faules Aufin Bodmaker , dans les îles d'auprès Huniikm & dans le defert ;Pie Eymatte. C'efl: une plante autumnale que les modernes ont peu connue. Racine ligneufe, cylindrique, pouffant par en bas un grand nombre de fibres. Tige haute de deux Qoudées , branchue,' extrêmement chargée de -fleurs , droite , ferme , rayée , velue , fouvent pourprée. Toute la plante exhale une odeur de conyze & approchante de celle du pouliot. Feuilles fans ordre, sèches , elliptiques - lancées , dentées de loin en loin , ridées, légèrement velues, un peu duvetées en deffous , blanches. Fleurs difpofées en ombelle plan, au nombre de plufieurs dans chaque rameau fort rappro- chées entre elles : feuilles extérieures du caljxe larges, lancées, rabattues, vagues, formant un double rang; feuilles intérieures droites & appliquées contre la fleur , formant de même un double rang. Pétales plans , au nombre de quarante & plus, obtus, armés de cinq dents, formant plufieurs rangs, prefque parallèles entre eux , jaunes. Fleurons très - multipliés , difque plat. Pointe des étamines rétrograde , caradère qui a engagé M. Linnius a rapporter cette plante au genre des Inula. Aigrette de la femence affez longue. Exclure de la dénomination des plantes les couleurs & les odeurs fenfibles, lorfqu'elles font confiantes^ tandis qu'on les admet par rapport aux animaux , c'efl: le propre de ceux qui croient pouvoir piefcrire des loix à la nature & les renverfer à leur gré. 8r. II. Aster foliii radkalibus petiolads elUpticis , ad caulem lanceolatîs fub caulis divijïone laciniatis. AJler luteus major folio fuccifœ , Rupp. p. 1 80 de mon édit. mais non de celle de C. B. Je foupçonne que c'efl ïlmda 4. Linn, Spec. p. 8S2. En Allemagne je l'avois trouvé à Jene , dans les lieux indiqués par Rupp. aux environs de Sal^derhelden j fur les bords de la ff^are près de Witien- haufen & ailleurs. En Suiffe, je l'ai trouvé en grande quantité fur les bords du lac de Genève , aux Grangettes , à peu de diftance de Noville. Il approche affez de YAjhrifcus , d'après la figure qu'en a donnée Clufius ; & diffère totalement de l'Afler 5. de YEnum. Scirp. Helvet, Racine mince, dure, chevelue, très-divifée. Tige velue, pourprée, haute d'une coudée ou un peu plus. Les premières feuilles (ont affez femblables à celles de la Succijfà , portées fur un pétiole , elliptiques , pointues , armées d'un très- D B T u R I V.; ^7^ petit nombre de dents , ou même non dentées , légèrement velues de part & d'autre. Feuilles de la ti:^e plus fenfiblement dentées en fcie , louvent Tome II. pourprées à leur bord , étroite à leur naifTance , celles d'en bas font plus ANifÉEa larges à leur bafc , prefque embraiïantes , elliptiques- Lncées; celles d'en i < . ^ • haut font de plus pliflees & déchiquetées. Pludeurs fleurs, à l'extrémité ' de la tige, d'un pouce de largeur & plus. Feuilles extérieures du calyce larges , femblables aux feuilles de la tige rabbatues. Feuilles intérieures étroites , légèrement velues , très -lancées à leur ex'.rémité , rabbatues lâches &!. point appliquées les unes contre les autres, comme dans XAflir d. Pétales toujours nombieux, armés de cinq dents, étroits , formant plufieurs rangs. Demi - fleurons très- petits , dilque légèrement convexe, aigrette longue & très- fournie, 82. Aster foins omnibus intc^errimis ovaiis toinentojls , caule unîfloro. Âfler montanus hirjutus , Lobel , page 3JO. M. Koch , Apoticaire à Thoun l'a trouvé à Aufder Kaniermatt , & M. Rampfek , aux environs de Kert^en. Quant à moi , je n'ai jamais pu le trouver. On le reconnoît aifément à fes feuilles luifantes , foyeufes^ affez cpaifles , couvertes d'un duvet blanc de part & d'autre , légèrement dentées en fcie à leur bord. Celles d'en bas ont un pétiole ; celles d'en haut font embraflantes , lancées. Fleur large d'un pouce. Ecailles inférieures du ' calyce luifantes , les autres non , mais toutes larges , lancées , cambrées dans mes exemplaires, par l'effet de l'âge. Demi- fleurons larges, dorés , armés de cinq dents. Fleurons en très -grand nombre , aigrette très-fournie. Chaque tige ne porte pas une fleur feulement, mais deux ou trois. Perfonne , parmi les modernes n'a trouvé l'AJhr 9. Le genre des Inuli , formé d'après un caractère peu fenfible & qu'on a beaucoup de peine à reconnoître dans les petites efpèces , eft purement artificiel. 83. A l'article du Senecio 1 1 , S. Chryfanthemum Alp.i. Cluf.PaTm. p. ^66, ajoutez qu'il efl: fort commun fur le Mont Jeman , & qu'il efl: connu fous le nom de Genipi jaune. On l'a aullî cueilli lur les montagnes du Kai de Bagnes & du Val d'Aoufte & fur le Mont Saint-Bernard. Segmens du calyce formant un (cul rang , obtus, terminés par un bord noir , n'ayant que peu ou point d'écaillés. Pétales larges , rayés , obtus » découpés , au nombre de deux ou trois feulement. Fleurons grands & pareil- lement en petit nombre. Aigrettes très-longues. 84.. J'ai trouvé au mois d'Octobre, auprès de Roche à la Marbrière, des exemplaires de la Jacobée commune , qui étoient abfolument dépourvues d'auréole. J'ai cueilli auprès du lac de Genève le Senecio 6 , qui diffère peu de la Jacobée commune , & auquel j'ai même fouvent trouvé , lorfqu'il eft jeune, le calyce cotonneux. Je n'ai point entendu parler du Senecio, 12, 14, i^, 16 , 17. Sç. L' Anthémis de Micheli efl la même plante que le Chamxmelum de Vaillant , mais ces plantes que je vais décrire , peuvent être rapportées Poo ij \j6 Mémoires DEtA SociéTé royale des Sciences au genre des Achiika , dont "les demi fleurons font courts & larges. Il y Tome II. auroit de l'inconvénient à iéparer trois ou quatre plantes femblables entre AivNÉ£s elles , qu'il convient cependant de diftingiier foigneufement , à caufe de nco-ïjéi. 'surs vertus médicinales qui font très - différentes; les unes étant acres, d'autres aromatiques, d'autres enfin n'ayant aucune qualité fenlible. 85. 1. AcHiLLEA foUis pinnans , pinnulis acute trifidis laxe difpojiiis, Parthenium alpinum , Clul. Pann. p. 262 , Hift. p. 336. Anthémis alpina faxatilis umhellata perennis calyce nigricante , Michell . p. 3 3 . M. Seguier fépare cette plante de YAchillea 1 , parce qu'elle eft uniflore ; - J mais celle de Clufius , qui eft multiflore , force d'y rapporter celle de " Micheli quoiqu'uniflore. Cette efpèce, beaucoup plus commune que les autres, croît abondam- ment le long des ruifleaux des Alpes, & notamment vers les lources du torrent à'Ai'ançon fur le Mont Enieinda^ on la trouve aullî fur les rochers des Monts Gemmi , Saint ~ Gothard , Crimjula , Furca & fur les Monis Oi'anna, Prapio'^, Surchamp , Richard & Chapuife. Racine noire, ligneufe, branchue, fibreufe, traçante, produlfant plufieurs tiges. Quand on la goûte, elle paroit d'abord infipide, mais elle laifle enfuite pendant longtems fur la langue une ardeur brûlante, & une faveur fem- blable à celle de la Pyrethre. Tiges hautes de neuf pouces ou d'un pied, dures , lifles en bas , velues vers le haut , enforte que les pétioles iont coton- neux. Feuilles d'un verd foncé, pinnées, portées fur un pétiole plat; pinnules diftinâes , planes , au nombre de dix à douze paires , dont les premières font iïmples, les fuivantes font fendues en trois fegmens aigus & le plus fouvent inégaux , & les dernières fimples comme les premières. Fleurs en ombelle, ayant jufqu'à feize fleurons. Calyce en cône renverfé, ayant fes feuilles du premier rang vertes & velues , & celle des autres rangs , jaunes avec un bord très- noir, comme dans le Cyanus. Pétales, plans, ovales , larges, obtus, armés de trois dents, blancs, au nombre de dix à douze. Ecailles brunes entre les fleurons. Fleurons blancs ; tube des étamines jaune. Toute la plante eft inodore. 87. II. AcHiLLEA aromatica foiiis pitmatis , pinnis Jîmplicibus punHatis glabris. Anthémis alpina faxatilis odorata minima perennis , Jîorihus exigiiis uinbcl- latim compaBis , Micheli , p. 59. Tanacetum alpinum odoratum , C. B. Scheuchzer , Itin. II, p. 24.2 , t. 21 , f. 3,1, IV, p. ^62. M. C. Gefner l'a trouvé fur le Mont Braulio; 3. Bauhin , fur les Mon- tagnes des Grifins, M. Scheuchzer in Pra^alUenfibus^ & moi fur le Monts Jeman , Fouly , Saint-Bernard & les montagnes du Val de Bagnes. C'eft le véritable Genipi des Médecins des. Alpes. il eft difficile de décider fi cette plante diffère de la précédente , comme de grands Botaniftes l'ont cru, ou fi.elle n'en eft qu'une variété, comme je l'ai dit dansl'finum. par une confrontation fcrupuleule , j'y ai trouvé ces diftérences. Racine fans âcreté. Tiges plus baffes , moins cotoneufes fous: -les fleu^s^ » E Turin. :j77 Feuilles d'un verd plus pâle , garnies de pinnules fimples pour la plupart — — ^^T? & en moindre nombre, favoir, de fîx à huit paires. Les feuilles font toutes Tome II, remplies de petites foflfettes, ce qui les rend pulpeufes; & vues au microf- Années cope , elles paroilTent faites en forme de réfeau. Ecailles du calyce plus 1760-17614 courtes à proportion , fur-tout les dernières, paroiffant légèrement velues au microfcope , plus compaâes, ayant leur bord plutôt brun que noir. Fleurs plus petites. Toute la plante exhale une odeur aromatique agréable & pénétrante, que la culture ne lui enlève même point. Il paroît donc que c'eft une elpèce réellement différente. Cette plante eft l'antidote des pleuréfies & des fièvres parmi les Habitans des Alpes. Frife en infufion thciforme , elle excite la lueur , Journ. Hdv. I7j8, Sept, mais elle eft chaude & elle devient nuilîble lorfqu'elle ne guérit pas. La hauteur de deux coudées de VAchillea Gmelin , T. 83. f I. m.e fait penfer qu'elle n efl: point la même que notre plante ; puifque d'ailleurs cet Auteur dit que fes fleurs font très-grandes & fa racine petite, & qu'il ne parle -point d'odeur aromatique & agréable. 88. j 1 1. AcHiLLEA aromatica foliis piimutiSj pinnulis acutis iillojïs. Elle croit fur le Mont Fouly en Valais. Cette plante diffère encore moins de la précédente , que celle-ci ne diffère de la première , puiiqu'elle eft odorante comme elle , & qu'elle a pareillement fes feuilles en réieau , parfemées de points & pulpeufes. Son odeur, quoiqu'agréable, n'eft cependant pas la même. Feuilles différentes, toutes velues , ayant douze paires de pinnules plus rapprochées , plus égales, à proportion de leur longueur, le plus fouvent fïmples, fi ce n'eft dans les feuilles radicales , oii elles font légèrement fendues en deux ou trois pièces. Par là toute la feuille eft plus longue. Les jeunes fiuilles qui font liiTes dans la plante précédente , font velues dans celle-ci; il efî vrai qu'elles fe dépouillent enfuite, mais non pas totalement. On ne peut tirer aucune différence des fleurs rapprochées, car je les ai fouvent vues dans cet état dans ï'Achdka i & 2. 85). La même plante 88 eft entièrement couverte d'un duvet fur les montagnes fort élevées; c'eft te Mii.lefolium alpinum lomentofum^ Boccone, t. 170. Odoraium nanum , p. 166, U veut qu'on l'appelle Gempi, & il mérite effeftivement ce nom, Jichillea foliis pinnatis lanugine [totis ohAuBis fîorihus albis umhellatis , Allioni Plant. Pedem. p. ^ , t. 2. Quoiqu'elle n'habite , dans cet état, que les parties les plus élevées des Alpes , elle eft cependant affez commune. Scheuchzer l'a trouvée fur les * cimes des montagnes Avcrfanorum & Prœgallienfum , Se en defcendant le Mont Furc.i du côté du Valais. J'en ai aulli beaucoup trouvé dans ce dernier lieu. Elle eft commune fur le mont Snint-Bernard , fur les montagnes du Kil de Bagnes. M. Schinz l'a cueillie à Himerrhein. Elle eft un peu plus baffe. Tige fouvent courbée; entièrement couverte, alnfi que les feuilles, d'un duvet blanc à peu-près comme dans les plantes de crête. Fleurs en ombelle ferrée; calvce velu brun dans le bord de fes 478 Mémoires de tA SocrÉi'é royalb ûes Sciences feuilles ; demi - fleurons plus petits , pareillement découpés en fegment Tome H. obtus. Feuilles longues à proportion, garnies de pinnules rapprochées. Années courtes, fendues en trois ou quatre pièces. Les fofTettes balfamiques n'y i-jéo-nei ^'-'"'- 1"^ P^^ ^"^ point (enlibles. On ne peut pas dire que cette plante fe dépouille de fon duvet en viellliflant ; car on trouve l'une & l'autre plante en fkur & dans fon état de perfeétion ; mais cette différence vient du fol , car la plante efl d'autant plus velue qu'elle habite des lieux plus élevés; & fi lorfqu'elles eft adulte, on la tranlporte dans des lieux plus bas , elle s'y dépouille de fon duvet. J'aurois fait de ces deux plantes deux efpèces diftinéles j fi je n'avois des exemplaires intermédiaires qui les réuniflent, & où l'on pafle infenfiblement de ceux qui font parfaitement lifles à ceux qui font chargés d'un duvet très-épais. £. LÀ Sbci*Tê R'oîXtE DES Sciences ' Sativum. ■• Erysimum Alliaria** V~ Tt Draba Verna. * Cheirantoides, lOMEll. Alpina. * CheirantHus Cheiri. Années Lepidium Latifolium." Incanus. l^éo'\^6l. Iberis.* Tricufpidatus. Sativum. Hesperis Matronalls. *. Thlaspi Saxatile. * Dentata. Arvenfe. * ■ S°' AUiaceum. •••• >S9* Campeftre.* Arabis Thaliana.* Burfa pafloris. TuRRiTis Glabra.î CoCHLEAiîiA Coronopus.* Hirfura. * Armoracia.* Brassica Orientalis. Glaftifolia. Campeftris. t Olficinalis. * Napus. Iberis fernper florens. .: Râpa. Umbellata. SiNAPis Arvenfis.* Amara. * A'^^-^ Alyssum Incanum. * Nigra. * Montimum. * Raphanus Sativus. Halimifolium. * Raphaniftrum.* Sinuatum. Bonias Liucago. * Clypeatum. Orientalis. Clypeola, S^ Isatis Tinétoria. * _ _ _ J'y. Crambe Maritima, BisVuTELLA Didyma. ^ Hifpanica. Auiicuiata. Cleomr Gynandra. _ , ■;...;.,... ...y 6. Ornithopodioides. LuNARiARediviva,^ Vifcofa. Cardamine Lunaria »-"S7- III. A huit étamines. OSo/emonei. Pratenfîs. * (Enotheba Bonarienfis. SiSYMBKiUM Sophia. * Biennis. * Tanacetifolium. * oO- Irio, Epilobicth Hirfutum. * Stiiailîimum. * Anguftifolium.* (f4^ ThJa!oi alyffon didttm eampijlre minus, Bauh. Pin. 107. (55) ClypeôU perennii incana , loUis fuhrotiindis , cilyce_ ieciiuo , fd'uuUs ovato acutis. Celte plante, nouvellement découverte, habite fur la cime des Alpes, in jummis alpibus cottiis. J'en donnerai la defcr.'ption , & la figure dans l'énumération des plantes du Piémont, que je dois publier dans peu. (56) Joiidr^ha jlvjjoiies apiiU /;>;«/j , Column. Ecphr. /iJ^'f 1S5. (57) hunjria foliis piniutis , folioli i Uciniatis , R oy. Leyd. 533. (58) Hefperis irijaiima Jupinî exiguj , Tourn. Inft. ii2. .(59) Hefperis exigua lutea folio dentato angufto , Boerh. Jnd. Ait. 11 , 20. iéo) Onagrj foliis , Jlore /uave-purpureo y HM. Comm. Gott. iT;i,jiage. Î2.4. t> B T Montanum. * Paluftre. * RuTA Graveolens. * Cardiospermum Halicacabum. IV. A plus de dix étamines. PolyJIemones. A. A un ftyle. Monojîylte, jEuPHORBiA Matulata. Pilofa. * Chamaefyce, * Peplus. * Lathyris. * Spinofii. * Dulcis. * Heliofcopia. * Verrucofa. * Orientalis. Platiphillos. * Cyparillias. i Paluftris. * Neriifolia. Capuc Medufi. bT 6ï, 4PÎ U R I ». Officinarum. Chelidonium Majus.* Glaucium. * Corniculatum. Hybiidum. Papaver Rhïas. * Orientale, Somnifenim. Argemonh Alexicnna. Akct^ïa Spicuta nigra. Capparis Spinofa. B. A quatre ftyles. TetraJJyU: Philadelphus Coronarius. C. A plusieurs ftyles. Polyjîylce, TORMENTILLA Eretta. * Talicprum Foctidum. * Flavum." Minus. * Aquilegifolium.? Clematis Reda. * Vitalba. * Flammula. * Inregrifolia. Tome II, 1760-1761, Classe Sixième. Plantes à fleur Tétrapétalc ou Pentapétale papilllonacée. I. Tétrapétales. A. A fix antcres. Hexantherx. Fumaria Bulbofa. * Lutea. Officinalis. * Spicata. * B. A huit anthères. OBanthenc, Polygala Vulgaris. * C. A dix antères. Decantberx. I. A une loge. Unllocuhrcs, [Tkifolium Repens. Rubens. * Agrarium. * Montanum. * Incarnatum. Anguftifolium. Arvenfe. * Clypeatum. Glomeratum, * Melilotus CornicuJata. Melilotus OlBcinalis. * Melilotus Cjcrulea. * Melilotus Italica. Lotus Tetragonolobus. Conjugata. '' Hirfuta. * Corniculata. " Dorychnium. * (Si) Eiiphorbium humile procumhens , nmis ftrr.plUibus copiojis , c^ule craffijim» tuberafo , Burm. Afr. pa^e »o , T, 10, Tome II. An if est 4p"(Î Mémoires de la Ornithopodioides.* Anthyllis Tetraphilla. f Vulneraria. * Barba jovis. * Medicago Radiata. Sativa. * Falcata.* Lupulina.* Orblcularis. * Scutellata. "* Tornata. * Intertexta.* Pnonis Spinofa. * Alopecuro'ides. Natrix. * Mitinima. Vifcofa. Rotundifolla. * CvTisus Labiirnum. GENibTA Tinftoria.* PHAstOLUS Coccineus. Caracnlla, Vulgaris. Lunatus. DoLicHOS Lflblab. Soia. HedysARUM Canadenfe. Onobrychis. * Caput Galli.* Violaceum. Paniculatum. S/'iciA Faba. Narbonenfis. Sativa. Dumetorum. * Bengalenfis. Ervum Lens. Tetrafpermum. * Hirfutum. * Ervilla. Société royale uës Sciences Oi^OEUs Tuberofus. * Vernus.* Niger.* Lathykus Aphaca. * . Articulatus. Cicera. Sativus. * Tingitanus. Piatenfis.* Latifolius. * Zeylanicus. PisUM Sativum. Maiitimum. CiCER Arietinum, Colutea Arborefcens.y jîlthiopica. Herbacea. Galega Officinalis.*_ Indigofera Tiri(5ioria; iEscHYNOMENE Amcricana. Afpera. Amof.pha Fruticofa C^i ChOTALARiA Laburnifolia. RoBiNiA Pfeudo-acacia.* Caragana. CoRONiLLA Emerus.* Securidaca. * Varia. * HiPPocKEPis Unifiliquofa,* LuPiNUS Albus. Hirfutus. ' ScoRFiURUS Subvillofa. * 2. A deux loges. Bdoculara. AsTKAGALUS GlyciphiUos. t Uliginofus. Montanus. * Epiglottis. _ BiSERRULA Pelecinus. Glycine Apios. IL Pentapétales. Glycirriza Echinata. Siliquofa. :62. n'y a que l'étendard, fans aiJes & fans gondole. dire qu'il. Uj-ex DE T C R ï 3. Ur.Ex Europsuî." Sparti' m Junceum, '' Scoparium.* Monofpcrmum. PsORALEA. Corylifolia, Bituminora. * Ceucis SiliquaPtrum. * SopHORA Alopecuroïdeî» Cassia Senna, Fiftula. Occidentalis. CharnsEcrifta. Parkinsonia Aculeata. 457 TOMK II. An NÉS» }76o-tyeti Classe Septième. Plantes à fleur pemapétale &■ à deux feinences nues. I. Semences attachées ù un pla- centa commun. Eryngium Planum. Marltimum. * Campeftre. * II. Semences fans placenta com- mun. A. A ombelle peu fenjîble. Phillis Nobla. HvDRocoTYLE Vulgans, B. A ombelle fenfible. I. A femences cannelées, a. Pétales égaux. ApiUM Petrofelinum. Graveolens. Anethum Hortenfe. Fseniculum. * LiGUSTicuM Vu'.gare. * SiUM Sifarum. Siculum. Falcaria. SisoN Amomum. Canadenfe. EuPLEvuuM Falcatum. * Cf.ithmum Maritimum. * Althamanta Cretenfis. * Oreofelinum. * b. Pétdes inégaux, Smyrniu.m Olufatrum. * jEgopodium Podagraria. * Carum Carvi * Seseli Annua. * PfNPiNELLA faxifraga. * (Enanthe Pinpinelloides. * ^THUSA Cynapium. * CoNiuM Maculatum. * 2. A femences rondes & aîléett a. A deux ailes. Peucedanum Officinale.* Ak(3elica Archangelica.* Sylveftrls, * Lucida. Imperatoria Oftruthium.* b. A quatre allés & plus. Laseepitium Latifolium. * Siler.^ AsTRANTiA Major.* 3. A femences plates ailées, Pasxinaca Sativa. ToRDYLiUM S)riacum. Maximum. * Heracleum Sphondylium. * Ferula Glauca. Ferulago. Thapsia & l'autre inférieure, entière, arrondie. Entre les deux premiers pétales latéraux & les étamines , naiflent deux lames ayant un onglet fort long , ovales, découpées, lilTes , plus pâles que les pétales, mais qui leur reficmjlent d'ailleurs parfaitement. Ces Ir.mes embraflent ici ailes inférieures de l'éperon, & concourent avec elles à garantir l'intérieut de la fleur. Antères jaunes , portées fur des fihmens p.iles. Trois filiques lifles , aflez charnues. ( 'ii,Hi)VouniUlafolhs lernaùs ,hirfutis , caide ercSo umbeUlfero. Hall.Gott. p. icS, ( 84 ) />j^u/-/j vulgaris , Bauh. Pin. 315."* t M ) Frj^jrij chiloenfis folils maxime cifnofis hirfuiis ^ DUl. Eltb, fJ^e I4Î. ^8j) Roja tuitjJlmpUx , Bauh, Pin, £36.*. f00r^'VM v>J? Juj «u Tome II, Ji jvJvÉes 502 Mi!;moires de la SociÉié royale dtîs Science^ Classe Neuvième. Fiantes à fleur hexapetale. I. A deux anthères, Okchis Bifolia. * Maculata. ■*■ Uflulata. * Ophris Ovata. * Urfînum. * Cepa. LiLiUM Candidum. Bulbiferum.* Martagon. * Serapias 87. Fritillakia Imperialîs.' IL A trois antcres. Ruscos Aculeatus. * Hypogloffum, Racemofus. * III. A Jix étamines. A un fiyle. 1 . A jliur pcfée fur le fruit* NarCJSsus Poeticus. Pfeudonarciflus. ? Jonquilla. Tazetta. Amaryllis Formofiiîîma. Pancratium Illyricum. 2. A fleur autour du fruit. Allium Sntivura. Porrum. Spcerocephalum. * Scorodopralum. Vineale. * Perlica. Erythronium Dens canis. * TuLiPA Gëfneriana. Oknithogalum Pyrenaicum. t Pyramidale. Umbellatum. * Anthericum Ramofum.* Liliago. ^ Frutefcens. Alooides. Yucca Gloiiofa. Aloifolia. Berberis Vulgaris. * Asparagus Officinalis. * Acutifolius, * IV. A neuf étamines, Laurus Nobilis. Indica. Benzoin, Classe Dixième. Plantes à fleur Polypetale. Nymphéa Alba. * Lutea. * Cactus Mammillaris.' Triangularis. Tetragonus. Hexagonus. Grandiflorus. Peruvianus. Lanuginofus. Flagelliformis. Opuntia.* Tuna. Cochenlllifer. Adonis Annua. * Anémone Hepatica. * Palniata. (87) Epipjfli.' filiis injiformihus , florihus pindiilU , Ubeilo ohiujo per oras plicJto^ Hall. Aa. Helv. I. W,pase iiu'L Pratenfis. * Coronaria. Virginiana. DE T U R I IT. Nemorofa. * Trollius Europsus. 5 50? Classe Onzième," Plantes à fleur apétale à l'exception des gramens. Tome II, Atr uÉ sa I. A filamzns réunis, RiciN'us Communis. Ephedra Diftachya. * TuYA Occidentalis. CuPRESsus Sempervirens. Dirtica. PiNUS Larix. " Abies. * JUNIPERUS Communis. * II. A jlLimcm iiftinEls. A. Ainentacées, Julifera:, Salix Fragilis. * Babylonica. Carpinus Beculus. * CoRYi-us Avellana. * . Fagus Sylvatica. * Platanus Orientalis. Pistacia Trifolia. g B. Non\amentacéa. Non julifera;. 1. A une amère. Salicorkia Annua. * Blitum Capitatum. 2. A trois antères. Ficus Communis. PoLYCNEMUM Arvenfe. 3 . A qujtre antères, Urtica Urens. * Dioica. * Cannabina. Parietaria Officinalls. * Aphanes Arvenfis. * Er-iEAGNUS Anguftifolia. * ^. A cinq antères. Salsola Kali. "^ " Soda. * Atriplex Hortenfis, Laciniata. * Halymus. * Portulacoides. * Haftata.* Chenopodium Bonus Henrlcus. f Vulvarja. * Scoparia, Botrys. * AmbrofioideS, Rubrum, * Hybridum. * Glaucum. Maritimum, Altilîimum. Salfum. Amaranthus Tricolor; Melancolicus. Blitum. * - Spinofus, Beta Vulgaris. Cannabis Sativa. HuMULUs Lupulus.* Spinacia Okracea. Ceratonia Siliqua. * Ulmus Campeftris. * Celtîs Auftralis. y. A fix antères. Smilax Afpera. * Tamus Communis. * RUMEx Patientia, Alpinus. * Crifpus. * Acutus. * Obrufîfolius. * Pukher.* Bucephalophorus, • Lunariar Veficaria, yo^ MÉMOIRES DÉ r SoCtÊTÏ RiOVAtE CBS SCrENCfi^ 'Tome II. A N N È £! •J7é0-J76l. Scutatus.. Acetofa,* Acetofella. * 6. A huit étamines. PoLiYGONUM Bidorta. * Divaricatum. * Hydropiper. * Perficaria. * Orientale. Avlculare. * Fagopyrum. Convolvulus. * Tartarlcum, 88. 7- -^ plujïeurs anthères, Mercurialis Annua. * Perennis. * Alcalypha Virginica. Arum Dracunculus. Colocafia. Maculatum.*, Arifarum.* Asarum Europxum. * Classe Douzième. Plantes à pur apetak GRAMENS. I. A deux étamines, Anthoxanthum Odoratum,* II. A trois étamines. A. A un ftyle. CyPERUS Longus. * ^fculentus. SciRPUS Paluftris. * Coix Daftylordes, Carex Filiformis. Pfeudocyperus.' B. A deux jiyles, Saccharum Officinarum, Phalabis Annua. Phleoides. * Arundinacea. ■* pANicuM Americanum. Italicum. Crus galli. * Daaylon. ■ Miliaceum. Agrostis Paradoxa. Melica Ciliata. * Nutans. * PoA Bulbofa. * Beiza MInor. * Media. * Maxima. * Cynosurus vEgyptius, Bkomus Secalinus. * Arvenfis. "* Stipj! Pennata. * AvENA Elatior. * Sativa.* Fatua. * Pratenfis. '^ Lagurus Ovatus. * Arundo Donax. Phragmites. * LoLiUM Perènne.* Elyjius Virginicus. Secale Céréale. Vlllofum. HoRDEUM Vulgare. Aîurinum. * Tkiticum jî^ftivum. Muticum. Turgidum. .8pJ ( 88 ) Ljpj!hrim acaofum dieiciim foliis pljnis cordijcrmibus , Hall. GoV„pvljLvulus tuliis lineaiibus acutis , caule ramofo fubdichotomo ," calycibus mucronatis pilolis, Linn. Sjy/?, page cj 2 5 . Convolvulus linaris tolio , Bauh. Pin. 295". Convolvulus tjliis reniformibus , peduncu'is unilloris , Linn, SyJî, page 5)24. Soldanella marltima minor, Bauh. Pin. 295'. Coius, Linn. Syjl. page 931. Coris Cïrulea maritiana , B.iuh. Pin. 2S0. CvNOSURUS pciniculï fpicuiis fterilibus pendulis ternatis , floribus arif- tatis, Linn. Syft, S 3 6. Gramen barcinonenfe panicula denfa aurea , Tciirmf. Infl. j'2j. CvTisus floribus lubkfliiibus pedunculatifque, (oliis conduplicatis tomen-. tofis, caulibus fruticofis, Linn. Syfl. page ii6~J. Trifùlium argenteum floribus luceis , Bauh. Hijl. H, page 3^9. EcHiUM caule fimplici erecto , foliis caulii.is lanceolatis .hifpidis , floribus fpicatis lateralibus , Linn. Syfl. page Ç)i6. Echium vulgare, Bauh. Pin. 2^/^. EcHiu M calycibus fruftefcentlbus diflantlbus . caule procumbente^ Linn. Syfl. page 5116. Etnium creticum latifolium rubrum , Bauh. Pin. 2J4. EuPHOEBiA umbtlla multifida dichotoma , involucellis fubcordatis , prinariis triphyllis , caule arboreo , Linn. Syfl. page 10 jo. Tithymalus dendroides , Cam. Epit. $6^. EuPHOREiA umbella quinquefida , trifida, dicbotorea, involucellis diphyllis reniformibas , foliis amplexicaulibus cordatis ferratis , Lmn. Syfl. page 104p. Tithymf^lus characlas folio ferrato, Bauh. Pin. 2jjo. EuPHORErA umbella quinquefida, trifida, bifida, involucellis ovatis; petalis integris, foliis lanceolatis fubpilofîs aplce lerrulatis, Linn. Syfl. page 1045?. Tahyn^a'us palufliris villofiis , mollior eredus , Bar. Rar. 41, T. 88j-. EuPHORBiA dichotoma, foliis intcgerrimis fimicordatis, floribus lolita- rîis axillarlbus, caul procumbentibus. Linn. Syfl. page ÎO48. Peplis marltima folio obtufo .. Buuh. Pin. 25)3. ^ EuPHORBiA umbella trifida dichotoma , involucellis lanceolatis, folila ÎJnearibus, Linn. Syfl\ page 1048. DE Turin. jo^ Tithymalus S. efula exigua , Bauh. Pin. 2.ç)i. T^""^^^ EuPHonniA umbella fubquinquefida fiinplici , involucellis ovatis, pri- Tome II. mariis triphyllis, foliis oblongis integerrimis , caule fruticofo , Linn. Sjji. Ai^ néss page 1048. ï76o-i7«i. Titymalus maritimus fpinofus, Bauk. Vin. 2^1. EuPHORBiA umbella tritida, dichotoma, involucellis ovatis, fol, integer- rlniis obovatis peciolatis, LinmSyJî. pai^e 10 j8. Peplus S. efula rotunda, Bauli. Pin. 2^1. El'Phokeia umbella fuboftifida , bitîda , involucellis fubovatis , fol. fpatulatis patentibus carnolis mucronatis maij^ine Icabris , Linn. Syji. page 1050, Tithyma'us myrfinites legitimus, Cluf. Hifl. II, page 189. EupiiORBiA umbella quadrifida , bifida , fcliis cunitoimi linearibus tridentatis, v.?\. IV, figure 3. Cette efoèce femble être couchée horizontalement fur terre. Racine blanche , (impie , tortueufe ; poulHint plufieurs petites tiges d'une demi palme de hauteur. Feuilles lifics , aflifes , prefque linéaires , plus larges vers l'extrémité & tridentées. Ombelle divilée en quatre parties. Enveloppe univerfelle compofée de quatre feuilles en cccur, plus large à leur origine, en fuite linéaires , terminées par trois dents. Ombelle partielle divifée en trois parties. Enveloppes partielles compolées de deux feuilles plus larges. Fruit lifle. EuPHOREiA umbella quinqut-fida dichotoma, involucellis cordatisacutis, foliis linearilanceolatis , ramis lloriforis , Ljnn. Syjî. 10 9. Tithymalus annuus lunato flore, linarix folio longiore, Mor. Ex, IIT. page 33p. EuPHKAsiA foliis dentato-palmatis , floribus fubcapitatis ,' Linn. SyJ{. page 1107. Euphraha tertia latifolla pratenfis , Col. Ecphr, 200, T. 202, f j. FiLAGo floribus felhlibus termin:ilibus , foliis floralibus majoribus, Linn. Sj/Z. page .235. Gnaphalium rofeum hortenfe, Eauh, Pin, 263. Franchenia foliis obovatis retufis fubtus pulveratis , Linn, Syl. page Frantrenia maritima quadrifolia fupina , chamscfyces folio & facie , Midi. Gcn 23. FuMARiA pericarpiis monofpermis racemofis, caule diffufo , Linn, Syft. page 1153. Fumaria officinarum & diofcoridis, Bauh. Pin. 143. Galicjm foliis verticillatis lineari fetaceis , pedunculis folio longioribus, Linn. Syft. 85)2. Galium nigro purpureum monranum tenuifolium. Col. E-cphr. 1. page 298. Galeopsis internodiis caulinis xqualibus , verticillis omnibus remotis i ''Linn. Syft, page 1100. Sideritis arvenfis anguflifolia rubra, Bauh, Pin, îjj. ■Jio Mémoires de la Société royale desSciences - Gentiana corollis oflofidis, foliis perfoliatis, Linn. Syfl. page 55-2. Tome II. Centaurium luteum perfoliatum , Bauh. Pin. 2-] S, Années Géranium pedunculis multifloris , calycibus pentaphyllis , floribuS 1750-1761, pentandris, foliis cordato fublobatis , Linn. Syfl. Î143. Géranium folio althxœ , Bauh. Pinn. ^51 S. GEnAî-iLM pedunculis multifloris , calycibus pentaphyllis , floribus pentandrii: , foliis ternatis lobatis , Linn. SyjL page 1143» Géranium acu longiiiima, Baif/i Pin. îiç. Globulakia caule fruticofo, foliis lanceolatis tridentatls, integrifque, Linn. page Sèè. Alytum mompelienfe , S. frutex terrlbilis , Bauh. Hifl. I, page ypS. Globularia caule herbaceo , foliis radicalibus tridentacis , caulinis lanceolatis, Lmn. Syfl. p?ge 888. Bellis cserulea caule foliofo , Bauh. Pin. 262. Gnaphalil'M fi>liis linearibus, caule fruticofo ramofo, corymbo corn- pofiro, Linn. Syfl. pr.ge 1210. Elychritum S. fthxcas citrina anguftifolia , Bauh. Pin. 264. Gnaphalu'M caule erefto cichotomo, floribus pyramidatis axillaribus, Linn. Sp. PL 8j7- Gnaphalium rr.inimum alterum noftras fîhscadis citrir.Ge foliis tenuif- fimis, Pulk-Alm. iji.T. 25)'!. f, 2. Gnaphalium caule fimpiicillîmo , foliis amplexicaulibus lanceolatis denticularis , corymbo compofito terminai! , Mifcel. launn. Tome I, page cj , avec la defcription. Voye^ r.idejjiis, page 4.44. Cette plante eft repréfentée , Flanche IV , figure 4. HiPPoCKEPis leguminibus leflilibus lolitariis , Linn. Syfl. page iitîp. Ferrum equinum filiqua fingulari , Bauh. Pin. ^4V. HvoîCiAMUb foliis petiolaris , floribus fellilibus, Linn, Syfl. page P52. Ilyofciamus albus major , Bauh. Pin. i6ç. HyoSFKis fruiflibus fubglobofis glabris , caule ramofo , Linn. Syfl. page I ipfî. Hedvpnois annua , Tourne/. Lnft. 478. Hyoseris fcapis unifloris nudis , foliis glabris lyratohaflatis angulatis, Linn. Syfl. page 11(59. Dens leonis minor foliis radiatis. Bauh. Pin. irfj, Illecebpum floribus bradeis nitidis obvallatis, caulibus procumben- libus, foliis Ixvibus , Lin?;. Syfl. page i?43. iParonychia hifpanica , Cluj. Hifl, II, 185. Inula fi)liis dentatis hirfuris , radicalibus ovatis , caulinis lanceolatis amplexicaulibus , caule paurifloro, Linn. Syfl. page 1218. Afteris altéra fpecies apula, Col. Ecphr. 1, pa'^c aji^T. 25-3. Inula foliîs oblongis inregris hirfutis caule pilolo corymbofo floribus conlertis , Linn. Syjî. page izi8. Conyza 5 , aulïriaca ^ CAuf. Hifl. XX. Lagurus fpica ovata ariftata > Linn, Syfl, page 878, * i D É T U R I N. ^li Gramen fpicatum tomentofum longiflîmis ariftis donatum, T. Sclieuch- -;z 77" Cram. jS. Tome II. Lapsana calycibus fruétus undique patentibus, radiis fubulatis, foliis Ans èes lanceoalis indiviiis , i.in«. Sjyî. page iipy. i7«û-i7«Ii Hieracium (iliqua Hilcata , Bauh. Pin. 128. LATHynus pudunculis unifloris ciriho terminatis , çirthis diphyllls , foliolis iincaribus , Linn. Sjjî. page 11 64. Lathyrus anguftillînio folio, fcmiae angulofo ^ Tournef. Infl. 5py. Lathykus pêdunculis unifloris, cinhls aphyllis , ftipulis Ifgi:uto-cor- datis , Linn. ^yjï. page 1 1 64. \îicia lutea foliis convolvuli minoris, Bauh. Pin, 345. Lavandula foliis lanceolatis - iinearibus , fpica comofa, Linn. Syji, page 10,97. Staechas brevioribus ligulis, Cbf. HiJî.I, page 344. Lavateua caule arborée , foliis feptemangularibus toraentofjs plicatis, pêdunculis conféras unifloris axilLiribus , Linn, Syjh page 1 14.7. Malva arborefcens, Dod, Pcmpt, ôyj. Lepidium foliis lanceolatis amplexicaulibus denratls , Linn. Syfl. p. 1 1 27, Draba umbellata , fiva; draba major capitulis donata , BmIi, Pin. 109. LiNUM calycibus fubulatis, foliis lanceolatis flriiftis mucronatis, mar- gine fcabris , ti^n. 5y// page 968. PafTerina lobelii , Baiili. ^Hift. III , PI. 454. Lotus leguminibus fubquinatis arcuatis compreffis , caulibus difFufis , Linn. Syft. page 1179. Lotus peculiaris (iliquofa, Cam. Hort. pi , T. 2^, Lotus capitulis aphyllis , foliis fellllibus quinatis, Linn. Syjî. page iiyg. Dorycnium monipelienfium , Lob. le. ^i. Loïus capitulis dimidiatis, caule diftufo ramofiffimo, foliis tomentofis, Linn. Syfl. page 1179. Lotus {iliquofa maritima lutea cytifi facle , Barrel. le. loji. Lysimachia calycibus corollam fuperantibus , caule erefto ramofifllmo , Linn, Syfl. page 919. Linum minimum ftellatum , Bauh. Pin. 214, Lythiu'M foliis alternis linearibus, florlbus hexandris , Linn. Syfl. page Salicaria hyffopi folio latiore , Hall, Jm. 147, T. 2 , f. 3. Medicago pêdunculis racemofis, leguminibus coch'.eatis fpinofîs, caule procumbente tomentofo , Linn. Syfl. page 1180. Media marina , Cluf. Hifl. page 243. Medicago leguminibus reniformibus, margine dentatis, foliis pinn^tis, Linn. Syfl. page 1 1 80. Loto affinis filiquis liirfutis circinnatis, Bauh. Pin. 333. Medica pêdunculis mukifloris ^ leguminibus cochleatis fpinulis hamatis » ftipulis integris , Ger. Gallopr. page y 1 8. Medica echinata hirfuta, Bauh. Hifl. page ^S6. ;'I2 Mf-WOrP.FS DELA SociÉTÉ ROYALE DE5 SciEXCES "TomeII AIenyanthes foliis cordatis integerrimis , corollis cllatis , Linn. Syfl. . ■ page (; 18. ^.v!^EEs Nymphxa lutea minor flore fimbiiato, Bauh. Pin. 1^4. J760-1761, MvosoTis feminibus midis , foliis hifpidis , racemis foliods, Linn. Syfl. pa.L^e S> 1 5 . Echium luteiim minimum, Bauh. Pin. 2^^. Ononis pedunculis unifloris lîlo fubterniinatis , foliis ternatis , ftipulis dentatis , Linn. SyjL page 1 1 60. Anonis pufilla villofa & vifcofa purpurafcente flore, Tnurn. Inft. 408. Oi^ CHis rad. fubrotundis , galea longillîme roftrata , labelio vomerem ref.rente , Hall. Orch. n. 6. ' Orthis macrophilla , Col. F.cphr. page 321. Orciiis rad. (ubrotundis labelIo holofericeo emarginato, medio proceflu breviilimo , Hall. Orch. n. y. Orchis fuciim referens major foliis fupericribus candidis & purpuraf- centibus. Bauh. Pin. 83. Orkithopus foliis ternatis fubfellilibus , impari maximo , Linn, Syfl, pr.ge 1 1 (î8. Scoipioides portulacae folio, Bauh. Pin, 287. Ohnithopus foliis pinnatis, leguminibus fubarcuatis , Linn. Syfl. page n68. Ornithopodium minus, Bauh. Pin. 3^0. Ophomna foliis pinnatifidis tomentofis , lacliiiis finuatis caule fruticofo, Linn. Syfl. page 123 c. Jacobœa maiitima, Bauh. Pin. 151. Papaver caprulis fubglobofis torofis hifpidis, caule foliofo multifloro , Linn. Syfl. page 1072. Argemone capitulo breviore , Bjh//. Pin. 17-» Passerina foliis carnoiis extus glabris, cauhbus tomentofis, Linn, Syfl. page 1004. Thymelœa tomentofa, foliis fedi minoris, Bauh. Pin. 465. Phylmkea foliis bnceolatis integerrimis, Linn. Hort. Clijf. Phyllirea angufîlfolia , B^iit/i. Pin. 47^. PiSTACiA foliis abrupte pinnatis , foliis lanceolatis , Linn, Syfl, page l2po. Lantifciis vulgaris, Bauh. Pin. 399. PisTACiA foliis impari-pirnatis , foliis ovato-lanceclacis , Linn, Sjfl, page ispo. Terebinthus vulgaris , Bauh, Pin. 400. Plantago foliis linearibus dentatis , fcapo terei'i, Linn. fyfl.ip3ge2$S. Coronopus fylveftris h'iv funor , Bauh, P m- IQO. Plantago caule ramofo fuffiuticofo, foliis integerrimis, fpicis aphyllis, Linn. S'ij}. page Sp6. Pfvliium majus creftum , Bauh. Pin. jpi. Plantago foliis lanceolatis flexuofis villofis , fpica cylindrica ereda fçapo tereti foliis longiore, Linn, Syfl, S^'j, Holofteum I deTurin. jij Holofleum Hirfutum albkans majus , Bauh. Pin. 190. PoLVGALA fioribus criitatis racemofis , cauUbus herbaceis fîmplicibiis Tomf. H, procumbentibus , foliis lineari lanteolatis, L;/în. Syl}. page 1 1 Ç4.. /i rolygala major, iiaun. Fin. 215'. Khamnus inermis, floribus divifis, ftigmate triplici , Linn.SyJî.^.p^'j, '' °''7^i» Phylica elatior, Bauh. Pin. ^yj. RuBiA foliis feniSj Linn, Syfl. page Scjj. Rubia fylveftris afpera , hauh.lPui. 33. RuMEx floribus hermaphroditis , valvulis denratis midis , pedicelHs planis reflexis , Linn. Syjî. page 5)510. Acetofa «cyrai folio , bucephalophoros , Cd, Ecphr, i, page 15 r , T. ijo. Sagittaria foliis fagittatis acutls, Linn. SyJI. page 1270. Sagicta aquatica minor latifolia , B.iw/î. Pin. i-èes idebili , Gerjr.i , pnge 324, Linn. SyJl. page 84.9. ii6o-\TSt, Chamaedrys fpmia minor rotundifolin , Bauh. Pw. 249. Verotjica floribus folitariis , foliis cordatis incilis pedunculo longlo- rîbiis, Linn. Syli. page 84p. AKine veronicae foliis , flofculis cauliculis adhïrentibus , Bauk. Pin, VicrA lej^uminibus fellîlibus reflexis piiofis pentafpermis , corollaî vexillis villoiis , Linn. Syjï. page 11 '^«î. Vicia filiquis fellîiibus erectis , foliis imis ovatis , fuperioribus linea- ribus. Hall. Hdvct. page 5-5,8. Vida anguftifolia , Rw. T. 5- y. Urtica foliis oppofitis ovatis ferratls, amentls frucllferis globofis, Linn, Sjjl. page 1265. Urtica urens pilulas ferens , Bauh. Pin. 232. DESCRIPTION De quelques Plantes , avec l'etabliffeinentcle deux genres nouveaux i par M. Charles Allion i. Or TE ai A dichctoma j axillis ramorum unijloris. Pi. V. Fig. r.'' U'uxE racine vivace , longue , cylindrique , fibreufe , naît une touffe ~ TTi" de tiges courbées, qui s'élèvent à la hauteur d'une coudée. Les tiges fe '^^^^ '■^' partagent d'abord en deux fourches & quelquefois en trois à la naiCTance Axnees des premières branches. Elles font quadrgngulaires , cannelées , un peu n^^-Mi^. rudes , vertes , articulées par des nœuds blanchâtres. ~T """* Les feuilles font d'abord elliptiques , enfuite linéaires, un peu épaifles, ""*' *- ' eiminées en pointes, alîîfes, oppofées. Elles ne naiffent qu'aux nœuds, elles font rudes , formées en gouttière en deflus, & portant en deffous une nervure longitudinale faiUante. La fleur naît par- tout dans les aifleles des fourches. Elle a rarement un pédicule. Le calyce fe ferme la nuit & s'ouvre 'e jour , fur-tout lorf- qu'il efl: frappé par les rayons du foleil , fes feuilles font droites alors. Les dernières branches fe terminent par deux fleurs, dont l'une eft aflife dans l'aiflelle des feuilles, & l'autre eft attachée par un pédicule à l'extrémité Jtt ij yKÎ MÉMorEES de la Société royale des Sctences îm*^ de la branche. Cette dernière Oeur porte au-dcflbus du calyce deux Tome III. braftéoles fembinbles aux petites feuiiies qui naiflent à l'oppolue de la A.v xÉEî divifion des rameaux. ■' ' Le calyce eft compofé de cinq feuilles concaves, elliptiques-lancées, • vertes, dont le bord eil: men.braneux & blanchâtre. De ces cinq feuilles, il y en a trois intérieures, qui contiennent proprement la fleur, & qui font plus longues. I es deux extérieures font un peu plus courtes. Le germe eft triangulaire ; il porte un ftyle verd , (impie, de la longueur de l'embryon , furmonté d'un ftigmate arrondi. Les anthères font jaunes, triangulaires, creufées par trois cannelures, pofées fur la face interne des feuilles intérieures du calyce , par le moyen d'un filament court. Elles font plus courtes que le calyce , _ ._ , ordinairement que trois , ou même que deux. Ils naiflent entre la bafe du calyce de l'ovaire. Leurs onglets font linéaires , tranfparens , rapprocliéa de l'ovaire; la lame qui les fuit, porte cinq anthères blanches, fendues en deux pièces , qui entourent le piftille en forme de couronne , un peu au-delTus de l'ovaire. Cette lame des pétales eft ovale^ légèrement pointue, concave & en forme de cuiller; la pointe en eft recourbée & crénelée. La couleur eft d'un jaune purpurin ; le bord eft blanc. Les pétales s'uniflent . au-deffus de l'ovaire & le couvrent. Le ftyle eft Hmple, court, cylindrique, furmonté d'un ftigmate barbu; épais, arqué, b'anc , fouvent poudré de la poullîère blanche des étamines. L'ovaire devient une grande capfule pendante & foutenue par une hampe courbée, comme dans les autres efpèces de violette. Elle eft triangulaire, obtufe , à trois valves, en cœur, & contenant quinze femences & plus, lesquelles -font iifles, ovales, d'une couleur purpurine foncée. Cette efpcce de violette eft peut- être la même que la Viola montana folio middfido , Clùf. Hift. ipa^i 30Î , & Bauh. Hift. 111 ,pagt y^J , ou la Viola acaulis foliis pinnatijidis ^ Linn. Spec. Plant. 1323 , dont M. de Haller a fait mention depuis peu, avec une courte defcription , dans fon énumération des plantes de Suiffe , CorrcB, VI , n. 61 ; il eft vrai que dans les defcriprions qu'en ont fait les Auteurs, il y a certaines chofes qui ne conviennent point à l'efpèce dont je parle. On ne voit jamais en eftet, que les feuilles foient fendues en dix fegmens étroits jufqu'au pédicule , confor- mément à la defcription & à la figure de J. Bauhin. Haller, en décrivant cette efpèce, dit que les feuilles font compofées de trois paires de pinnules. & que les fleurs reflemblent à celles de la Viola mania. Je n'ofe pourtant faire de la mienne une efpèce particulière & différente de celles de ces Auteurs; car on fait que ces fortes de feuilles lobées & fendues en plufieurs fegmens , offrent beaucoup de variétés , félon les lieux où naiflent les plantes , & qu'il eft poflîble que les petits pétales de notre Viola acauUs Sec. aient ailleurs un volume plus confidérable. Ainfî donc , puifque la feule figure que nous ayons de cette plante rare eft celle' de Bauhin , qui eft: aflez groflièrement deflînée , & imparfaite , il m'a paru convenable d'ea donner une defcription exafte Si. une figure plus reflemblante. EXPLICATION DES FIGURES. flanche V. Figure i. l'Ortegia. a. La fleur vue au microfcope, pour rendre les étamine^ plus fenfibles. h. Le filament avec fon anthère. c. La fleur fous fa grandeur naturelle. n E T U R I N. J2r d. L'ovaire avec le (lyle groflîs au microfcope. i^^M^ao^ e. La capfule de grandeur naturelle. TcTmT llï planche V. Figure 2. laBassia. Ann àsa. a. La fleur telle qu'elle paroît au microfcope , pour mieux '7«i-i7«j« appercevoir les éramines. b. Letamine féparce du refte de la fleur. c. Le calyce de grandeur naturelle. d. La graine vue au microfcope. €. La graine féparée de fon follicule. Planche VL Figure t. la Lindernia. a. La lèvre inférieure de la fleur , avec une portion du tube , & les étamines inférieures fendues en deux pièces, h. Le fruit ou capfule. c. Le fruit ouvert avec les femences attachées au placenta, Planclie VI. Figure 2. L\ Viola acaulis palmato - inultijîdis Ù laciniatis. a. L'ovaire déjà aflez avancé , avec les pétales, le tout vu au microfcope. b. Le pétale avec l'anthère , vus au microfcope. c. La feuille repréfentée féparément , telle qu'elle eft pout l'ordinaire. Toutes ces plantes , à l'ercception des parties de leuis fleurs , font repréfentées fous leur grandeur naturelle. SUPP LEMENT. A l' J grojlographie de Scheuchr^cr ; par M. Albert DE Halle R. y\ YANT eu occafion de comparer ma colleclion de Gramens avec celle Tome IV, de Scheuchzer , j'ai ti-ouvé dans le dernier porte- feuille de celle ci plufieurs /[Kr^^ép efpcces qui m'ont paru nouvelles , ou du moins dont les ouvrages de îjcneucnzer & de M. Vonlmne ne tont pas mention. J ai cru devoir en , décrire les caradères, & vous communiquer ces defcriptions , pour con- Pj^e 57, ferver à la pofliérité la connoiflance de ces belles plantes. I. Andropogon ypica fîmplici J locuJUnim paucijjîmh arijiat'u j cxlyce perforato, Gramen da^lyJon CEgyptiacum , fpicii fngularibus lillojîs arijlatis, Tilli « Hori. Pifun. page 7J. Feuilles dures, lilles , vaginales, contenant les épis, larges d'une lignf Tome I, V vy ^22 Mémoires de la Société royale des Sciences ^^ & demie. Chalumeau grêle, cylindrique^ femblable au jonc, d'un pied de Tome I V- hauteur ou un peu plus. Epis en grand nombre, cachés d'abord dans la Années gaine de quelques feuilles , enfuite nuds , ferrés, aigus, longs de deux n66-}769 pouces. Axe de l'épi velu avec des follettes lifTes & alternes.) Calyce renfermant deux fleurs , & compofé de deux écailles égales , prefque femblables, jointes enfemble^ fermes, lifles, elliptiques» lancées ; l'extérieure peicée, fous fon extrémité, d'un trou fort remarquable dont les bords font constamment rouges. Ce calyce renferme deux bâles florales longues , minces , fort tendres , contenant les étamines j le piftil & la femence. La plupart des fleurs fans barbe; il y en a cependant quelques-unes, à chaque épi , qui en ont une. Cette barbe part de la bafe de la bâle intérieure ; elle eft courbée & a près d'un pouce de longueur. L'autre fleur eft portée fur un pédicule aigrette. Elle reflemble d'ailleurs à la première ^ fi ce n'eft qu'elle efl: plus grêle. 2. LoLiUM locujlis fex floris ^ calyce glahro ^ fionhus ciliads. Gramen bromoides maritimum annuum glabrum j minus j fpica heteromalla ^ locujlis gracilioribus afperis loagiàs arijlatis ^ Tilli , page ij6. Cette plante croît dans la Fouille près de Bari. Racine fibreufe. Chalumeaux hauts d'un pied & demi. Feuilles vagi- nales , fe roulant aifément ^ larges d'une ligne & demie. Toutes fes parties font liffes. La panicule porte peu de fleurs. Je n'y ai trouvé aucun pédicule rameux. Enveloppes grandes, contenant fix ou fept fleurs. Calyce femblable aux fleurs , mais plus grand , uniflore , applati , barbu. La barbe efl: longue d'une ligne; elle a trois fois plus de longueur que celle des fleurs. Celle- ci font alternes , diftantes ; leur bâle interne eft plus courte , liffe , pointue. 3. FestucK paniculâ fpicatâ, locujlis trijions ^ arijîâ flore longiore. Gramen am^ullifolium glabrum paniculatum^ paniculâ denflori ù' frequentef ariflatâ l'iiio/iJ. Scheuchzer. Elle fe trouve parmi les plantes deflechées trouvées après la mort de cet Auteur. Il n'y eft pas fait mention de fon fol natal. Chalumeaux femblables au jonc , longs d'un pied & demi , garnis de nœuds noirs. Feuilles larges d'une ligne. Panicule terne, d'un verd jaunâtre, ferrée , prefque en forme d'épi , rameufe , multiflore. Ecailles du calyce fort inégales, terminées en une pointe épaifle. La plus grande eft égale à la feuille florale & prefque barbue. Ce calyce renferme deux fleurs grêles, droites , qui portent fur le dos de leur bâle extérieure une barbe dure, d'une ligne de longueur. 4. PoA glahra, paniculâ pauciflor â. , locujlis prixlnngii oBiflor'ts. Gramen maritimum annuum ininus ^ paniculâ ramoja foliuceâ , locujlis Jlrigofloribus unciam longis. Micheli, Hort. Pijan. page 71. On la trouve aux environs de Terracine & dans les Ifles près de Venife. Racines dures , très-grofles & longues. Le bas de la tige couvert de gaines sèches, blanches, luftrées. Chalumeau genouillé en bas & fléchi. Il B'élèye enfuite en ligne droite; il eft grêle, femblable au jonci haut d'un V T> T U R I ÎT. y^j pied OU d'une coudée. Feuilles lifies , larges d'une ligne. Panictile fingulière, ■■ en épi , portc.nt peu de llturs fur douze écailles. Celles-ci font grandes par Tome I V. rapport à la plante, longues d'un pouce, & portant huit fleurs alternes. Asivées Calyce inégal , lancé ; fon dos eft Taillant. C'eft ainlî que font les biles florales extérieures. Toutes ces parties font vertes , liffes , avec des bords '' "* blancs. J. PoA Paniculâ patulâ vertUillatJ. ^ locujlis terctihiis fcxfloris ^ glumis fuhobtufis. Gramen orientale paniculatum porndacx femim. Tournefort. CoroIIar. P^S^ 39- „ ,,. , . Elle a été envoyée par M. Micheli. UAira paniculâ oblongd fecundâ muticâ imbricatâ . foîiis imbricatii. Linn. page 95 j n'efl: certainement pas la nicnie. Chalumeau ferme , haut de trois pieds. Dans l'individu que j'ai fous les yeux, les feuilles font liffes, larges d'une ligne. Panicule longue d'un demi-pied & plus, droite , ferme , verticillée, ayant des pédicules grêles, évafés. Ecailles cylindriques, portant fix fleurs. Bàles du calyce inét^ales • la petite eft brune ; la grande efl brune aulfi, mais dorée à fon extrémité. L'une & l'autre eft ovale , lancée & obtufe. Biles extérieures de la fleur femblables à la plus grande de celles du calyce , brunes, dorées vers leur extrémité; bâles intérieures pointues, embriquées. Pédicules liffes. 6. PoA paniculâ ftriElâ , folio calycino aluro fetaceo ^ locujiis Jexjloris , jloralibus gluwis glabris j aciite mucronatis. Gramen paniculatum nemorofum latifolium j paniculâ nutante non ariflatd, Micheli , Hort. Pifin, page yj. Quand on la trouve dans des lieux fecs , on ajoute l'épithète alpinuiru elle habite auprès du lac à'Agnani. Tige haute de trois pieds. Feuilles larges de deux ou trois lignes, très âpres à leur bord & à leur nervure, Panicule peu étalée & portant Êeu de fleurs. L'Auteur dit qu'elle efl pendante ; elle n'a d'ailleurs aucune eauté. Epi partiel portant (îx fleurs. Les deux feuilles du calyce inégales; l'une reflemble exaftement à une foye. Fleurons grêles & longs. Les bâles extérieures ont une poinre fi longue qu'elle reflemble prefque à une arrête: elle eft cependant moindre que dans la Fejluca afpera heteromalla Scheuchzer. Bàle intérieure longue aufli & terminé en pointe. 7. PoA foliis junceis , locujlis quinquejîoris ^ petiolis villofis , dorfali lineâ eminente fubafperi, Gramen paniculatum jancoides alpinumj paniculâ purpureo Cr viridâ varie gacâ , locujlis parvis muticis. Micheli. Hort. Pifan. page 75". Elle habite en Calabre près de Cajlel-Monte fur le mont Cacciano. Racine formée de grofles fibres entrelacées. Tiges couvertes en bas de gaines qui, en fe féchant , fe divifent en filamens, hautes de deux pieds & plus , garnies de nœuds noirs. Feuilles étroites & roulées de manière qu elles reflemblent au jonc. Panicule longue de quatre pouces , peu laclie. Epis partiels à cinq fleurs. Calyce brunâtre , formé de bâles ovales y vv jj 'j"24 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCESI ^"*'*^""'^^ lancées terminées en pointe fine , égales. Fleurs alternes , ovales lancées J Tome IV. luftrées. Quand la plante eft sèche, elles font panachées de pourpre & de An xÈEs blanc. Pédicules un peu velus ^ caraâère qui rapproche cette eipcce des iTéi-iyés. Poœ pratmfis. Dos de la bâle extérieure traverfé d'une ligne Taillante un peu dentée. 8. PoAfoliis junccis, panïculâ jlriElâ ^ locujîis quadrlflorîs j calycibus fiore hrevioribus. Gramen arimdinaceum alpinum radice crafjljjimâ ^ foliis rigidis Jîriatis &* afperis, panicuLlfiifcâ &" non ariflatâ. Micheli , Hort, Pifan. page 75'. Elle vient fur les montagnes du Duché de Spolette , de Tofcane & de Modene. Chalumeaux durs , hauts de trois pieds , revêtus en bas d'une longue gaîne , comme bulbeux. Feuilles femblables au jonc, roulées. Panicule droite , portant peu de fleurs. Epis partiels grands , à quatre fleurs. Calyco plus court que les fleurs , ovale lancé , caréné , un peu inégal. Fleurs cartilagineufes , convexes d'un côté , terminées en une pointe affez ferme. Leur bâle intérieure creufe , ovale-lancée. Toutes ces parties font lifTes & ont une couleur de bois. Les fleurs font plus grandes que dans les gramina heteromalla Scheuchzer; elles n'ont point d'arrêté. 9. FoA panicidâ Jlriùlâ, foliis glaucis fulcatis , locujîu quadrifloris argute mucronads glaberrimis, Gramen paniculatum folio latiore glaiico , panicidâ alhicante paie ariflatâ, Wicheli , Uort, Pifan. page VJ. On la trouve fur les montagnes de Salerne. Chalumeau haut de trois pieds. Feuilles fillonnées. lilTes , larges d'ans ligne, d'un verd de mer. Panicule peu étalée, longue de trois ou quatre pouces. Epis partiels couleur de paille , prefque cavtilagineux , portant quatre fleurs. Calyce inégal ^ ovale-lancé, arm.é d'une arrête très-petite. Follicules très-aigus. L'une & l'autre bâle terminée en pointe fine, l'inté- rieure eft plus courte. Cette plante a du rapport avec les gramina hete- romalla de Scheuchzer. Cependant elle n'eft pas véritablement heteromalla ; la panicule ne (e porte pas exaftement d'un feul côté. 10. PoA Minima ^ paniculâ patuU ^ locuftis quadrifloris glaberrimis. Gramen maritimum annuum apulum minimum elegans capillare ^ paniculâ loliaccâ ramofâ rigidiufculâ. Micheli, Hort. Pifan. page. 71. Elle naît fur les rivages maritimes de la Fouille. I , C'eft une petite plante. Chalumeau haut d'un demi-pied. Feuilles larges d'un tiers de ligne feulement. Cependant la panicule eft lâche; les ram,eaux font prçfque conjugués & fe ramifient à diverfes reprifes; ils font écartés, un peu roides. Fleurs très-petites. 'Les deux écailles du calyce inégales, terminées en pointe. Epi partiel diftique^ portant des fleurs bien féparées , au nombre de quatre ou moins. Fleurs cylindriques , jaunes. Toutes les parties font liiïes. _ " 11. Pc A latifolia ;, pankulâ flriBâ ^ locuflis triforis calyce longioribin (ihberriinis, Cramen panlculatum juncoidcs alpinum ^ paniculâ ex albo vlrefcenie &• ^T™™??^ yton nihil pitrpurafccntc ^ diJlinSlâ ^ locujîis majoribus muiicis. Micheli , Hort. Toaie IV, P{/àn. page 7J. A:,ArÉsj, Fibix-s de la racine dures, cylindriques, noires. Tiges bulbeufes en 1755. i7fj, bas , hautes de trois pieds. Feuilles lifles , larges d'un pouce & demi. Panicule droite, portant peu de fleurs. Epis partiels à trois fleurs. Ecailles du calyce lancées, inégales. Fleurs lâches, canelées ; leur bâie extérieure elliptique , creufe , carénée ; l'intérieure égale , plane. Elles font portées fut un pédicule velu. Dans la plante sèche, toutes les parties font couleur de paille, excepté là pointe de la bâIe extérieure qui eft dorée. La fleur efl: beaucoup plus grande que dans hs pox pratenfes paniculatai 12. PoA locujlis bijîoris ^ calyce brevijjlmo , glumis ovacis obtuse acumL^ Oatis. Gramen paniculatum marhimum, gramlni pratenfi pankulato medio , C. Bi aj-iquataïui Jiinile ^ locujlis Jîngofionbus. Micheli, Hort. Pifan. Elle fe trouve près d'Ifola en Iftrie dans des terrelns falés. Faifceaux de feuilles dures , larges d'une demi -ligne , partant de la racine. Chalumeau droit, ferme, haut d'un pied ou d'une coudée. Panicule divifée en rameaux roides & droits , dilpofés deux à deux ou verticillés, peu foudivifés. Epis partiels portés fur un pédicule court , très-petits , ovoïdes, terminés en pointe. Calyce très- court, ayant l'une de fes écailles ovale, obtufe , & l'autre pointue. Fleurs deux à deux, plus longues que le calyce, d'une ligne de longueur. Leur bâle extérieure ovale , pointue; lintérieure plus mince. Toutes ces parties font lillcs , vertes & un peu livides. 13. PoA diamha ^ calycis ghunis ovatis , floribus villojîs. Gramen avenaceum annuum vïmimum elegantiffimum , panicull contraBâ Cf velitti fpicatâ ^ locujîis globofis purpurafcetitibus muticis^ Micheli , Hort, Pifan. page 74. Cette jolie plante habite dans les bruyères & fur les Apennins. ' Chaume A peine d'un demi-pied. Feuilles fétacées. Panicule en épî , longue d'un pouce. Calyce compofé de deux écailles creufes , ovales, obtufes , pâles & comme livides , renfermant deux fleurons égaux , ovoïdes j légèrement velus , jaunâtres , de la grofleur de la tête d'une épingle. 14. PoA monantha^ calyce ovato cavo inxquali j fiorc minori ^ fulcata, Gramen avenaceum momanum angujltfolium glabrum , glumis rillofis , calycihus nltiiis purpureis £y fpkndemibvj. Micheli, Horc. Pifan, page 7 J. Elle naît fur le mont Morclli. Toute la plante efl; lifle^ fans excepter les bâles. Feuilles larges d'^unô ligne , très-longues. Panicule rameufe , longue , peu touffue. Epis partiels renflés, luftrés , blancs fans arrête . uniflores, allez femblablesà ceux du gramen locujîis rubris , mais plus petits. Ecailles du calyce compaifbes, non diftiques, ovales, terminées en pointe, inégales. Fleur compofée de bâles fpmblables, mais inégales; la plus petite s'unit à la cprens de l'autre. Toutçi î:(5 Mémoires de la Socrtiri poyale des Sciencfs. les deux font traverfées de lignes , & fîHonnées comme les femences des ToiïiE IV. fleurs ombelliffères. Leur bord fupérieur efl: blanc & aigu. JI'VNÈEs ^5"" P^^A. unijlora , calycis.glumis ovato-lanceolatisfublhidisjfeminemtenîe. JT 06-11(0 Gramen miliaceum faxatik angujlifolium gUbrum perenne, paniculâfufcâ , Jimine nigro fplendeme j Micheli. Hon. Fifan. page 75. Elle croît fur les rochers des montagnes di Calci près de Pife. Fibres des racines cylindriques , épaifles. Chalumeaux hauts de trois •pieds , canelés. Feuilles larges d'un peu plus d'une ligne, lifles. Panicule d'un demi pied, très-lâche, portant environ huit fleurs fur des pédicules diflans , épars. Calyce uniflore . renflé, ovale-lancé, couleur de paille mêlée de livide. Fleur unique , femblable à l'écaillé extérieure du calyce , ovale lancée. Semence très-luifante , noire, pointue , convexe d'un côté, i traverfée d'une ligne à l'autre. La defcription de cette plante n'eft peucr ctre pas fort exafte , parce que j'en ai vu peu d'individus. 16. PoA monantim , pankulâ densâ fpicatâ , foUis patuUs, Gramen fpicatum aquaticum rarnofum annuum glabrum humifparfum, fpicn cylindracea bnviori , Micheli. Hon. Pifan. page 72. Elle habite dans le lit & les Sauffayes de lArno, Tige brifée ^ haute d'un pied. Feuilles arundinacées , évafées , larges d'une ligne &• plus , hérififées de cils. Epi long de plus d'un pouce , très- compaâ , bleuâtre, peu panicule, ayant des pédicules rameux , femblable à celui du Gramen aquaticum genkulatum ^ mais diftérent par fes bâles plus aiguës. Calyce petit, uniflore , de la grandeur de la fleur, fait de deux écailles ovales , lancées , velues , vertes. Follicule unique fait de deux baies pointues , creufes qui renferment une femence ovoide d'un brun châtain. 17. Av^NA foliis radîcalibus gracillimis , cauliniilatioribusjfpicâù' arijîii brei'ijjimis , locujîis quadrifloris. Gramen avenaceum , foliis inferiorihus gracilibus ^ fuperioribus latioribusj .Tournefort. Feuilles radicales toutes fort grêles , larges feulement d'un tiers ou d'un quart de ligne , molles , liflfes , non fétacées. Feuilles de la tige larges d'une ligne. Epi très - court , femblable à celui du Gramen glumis variis. Tige grêle, haute d'un pied ou d'un pied & demi. Calyce à deux écailles fans arrête , ovales-lancées, carénées , larges & gralTes. Epi partiel court, large , quadriflore ; la bâle extérieure efl: plus large , a trois dents , dont celle du milieu fe termine en une arrête longue de moins d'une ligne. La bâle intérieure efl: un peu plus longue & pointue. Cette defcription n'efl faite que d'après un petit nombre d'épis. 18. AvENA /oîifî kirfutis^ pankulâ JîriBâ , locujîis trifioris j glumâ Inte- rîori bifidâ , arijîâ exterioris floris longimdine, Gramen jlkatum maritimum ferodnum hirfutum minus , fpicâ brevi molli 6" laxâ, locujîis ex albo O viridi variegatis. Micheli, Hort. Pifan, page 72. Scheuchzer apris cette plante pour le Tijihoides molle, C. ]B. On la trouve entre Pife & Livourne, D E T U R I N; Jî? Cette plante a moins d'un pied de hauteur. Feuilles larges d'une ligne, ~ »y' Velues. Panicule droite, prefque en épi, rameufe, mais à rameaux courts. Toutes Tes fleurs font couvertes. Cette panicule eft luftrce & verdoyante. An s EEa Calyce ou épis partiels embriqués , triflores , petits , a deux écailles inégales 1766-1763, dont l'une efl: fort grêle; toutes les deux font plus petites que la fleur ôi vertes. Bâle extérieure des fleurs verte , terminée en une pointe blanche fendue en trois pièces , dont la moyenne eft une arrête ordinairement fléchie, égale à la fleur. L'autre balle efl: plus petite, blanche , fendue ea deux pièces. Cette plante concourt à prouver que YAvena & le Bromus font prefque le même genre. ip. AvENA diantha ^ petiolis pappcfs, glumâ florali fubkirfucâ, arijîis prxlongis. Gramen avenaceum Jîve avenu fylveflm , locujlis duplo minoribus j feminibui non nihd hirfuUs. Micheli , Cacal. Plant. Jigr, Florent. Elle a du rapport avec l'/Egiiopj avenaceus^ Hijî. Stirp. Helv, Panicule lâche, éparpillée, à pédicules minces très longs , blflores ou quadrifloles. Bàles du calyce plus longues que la fleur , très-grandes , roulées, vertes, traverfées de lignes, terminées en une pointe blanche. Fleurs alternes fur des pédicules aigrettes à leur bafe. Bâle extérieure jaune , lifTe à l'oeil nud , mais légèrement velue à la loupe , terminée en une pointe très- longue & tendre, fendue en deux pièces. L'arrête part de cette bâle ; elle efl: épaiffe jufqu'à un nœud qui en occupe le milieu, & enfuite plus mince , hériffée de cils & violette ; elle a plus d'un pouce de longueur. La balle interne eft un peu plus courte , jaune, lifie, lancée. La bâle extérieure de la fleur eft; toute velue. Ce caradère fépare cette plante de l'^gilops. 20. AvENA diantha , glirmâ florali exteriori apice lacera , petiolis pappnjîs. Gramen avenaceum alpinum minimum perenne j capillaceis foliii ^ caule lanuginofo , canefcente^ paniculâ argenté âfplendente , glumis villojh cum ariflii longioribiis , tortilihus. Mich. Pif. page 64. On la trouve fur les montagnes de Tofcane, & dans la Calabre au-deflus de Caftro di Monte , dans un lieu appelle Ile Mocco di Camiiia. Elle reflemble beaucoup à notre Apena arundinacea , Hift. Stirp. Helf, mais elle en dilïère par les feuilles qnl ne font ni larges, ni fermes ; les feuilles radicales & celles de la tige font fort étroites , roulées ; ces dernières naiflent d'une gaine aflez large. Panicule en épi longue d'un pouce fur une tige qui en a neuf. Calyce biflores & diftiques dans l'individu que je poffcde. Leurs écailles font argentées, panachées de jaune, inégales; la plus petite fe termine en une pointe algue prefque feniblable à une arrête , la grande eft: aulfi fort pointue. Fleurs alternes ; bâle extérieure oblongue , lancée, argentée, déchirée à fon extrémité, avec une arrére de près de lîx lignes , deux fois & au-delà plus longue que la fleur , brune, velue à fon commencement , fléchie par un nœud , après lequel elle devient «anche , foible & Ufle. Bâle intérieure argentée ^ fort tendre , comme î:8 Mémoires de la Société f,oyai.e des Scien'cks. TÔTmÊ"!^ aigrettée. Pédicules garnis d'une aigrette plumeure. Lorfque les étamineS . , 'y (ont, elles ajoutent à la variété des couleurs, car elles font d'un violet ^^v^VEss foncé. 4l6$'i76i. 21. AvENA àiamha , calyce flore majori , glumâ florali villosâ , arijîâ ex baft^ élevai â^ bicolore. Grarrien avenaceum maritimum annuum minus , locujîd fparfâ , panicuUt fP'^'f" ^^genteis , arijiis ereBis ad extremitaum latefcentibus. Micheli, Pi/i page 74. Elle croît à Pife & ailleurs dans les fables des rivages de la Méditerranée. Petites racines blanches. Chalumeau haut de trois pieds, garni de nœuds noirs. Les feuilles nalflent de larges gaines, ont une ligne de largeur; font liffes & dures. Panicule très chargée de fleurs , éparpillée , femblable à celle du Gramen juncciim radice albâ , divifée en pédicules tics minces^ Calyce biflore , écailles ovales-lancées, argentées ^ un peu livides & inér gales , plus grandes que les fleurs. Fleurs deux à deux ; leur bâle exté- rieure jaunâtre , velue , terminée en une pointe tendre , blanche ; de la bafe de cette bâle part une arrête noire ; droite , égale à la fleur , qui de fon extrémité élargie fe prolonge en un fil blanc beaucoup plus mince, mais s'élargiffant peu-à-peu en forme de mnffue ; ce fil eft aulli de la longueur de la fleur. Cette plante approche beaucoup du Gramen junceum radice albâ ^ mais elle en diÔère par fes feuilles, qui ne font pas du tout junciformes. 22. AvENA locuflis hifloris , flofcuUs ftriBls hrevijjimè incifa. Gramen paniculatuni arvenfe latifoUum hirfutum annuum , locuflis temtiffî'. mis viridibus &- ariflatis. Michel!, Hort. P//; page 75. Elle naît dans les champs de Tofcane. Chalumeau haut de trois pieds. Feuilles larges de trois lignes, lifTeS mais très-rudes à leur bord. Panicule d'un demi-pied & plus , très-denfe & très-preffées. Fleurs très-petites ; calyce evafé, biflore, à deux écailles inégales , terminées en pointe aiguë ; lune des deux efl fort grêle. Fleurs deux à deux, grêles ; leur bâle extérieure a fon extrémité divifée en deux ^ales , traversées de lignes ik armées d'une arrête fort mince , longue d'une demi -ligne qui part de leur extrémité. Fleurs folitaires , dures, velues, elliptiques , grêles , aiguës. Semence femblable très - adhérente , ■aigrettée à fa bafe. Le petit nombre d'individus que j'ai obfervés , ne m';i pas permis de voir la balle intérieure. Toutes les arrêtes font br;fées. 30. Phalaris calyce divaricato piano ovato ciliato^ glamâ fiorali interiori lidentatâ. ^ i»»- l r Gramen fpicatum maritimum tomentofum, fpica cylindricâ crajjiore, Michelu ' Gramen typhinum m^mimum longius fpicatum , Barrelier. Icon. 717, deTurin. J51 tibrilles de la racine longues , grêles, en grand nombre. Feuilles he'rif- fées de cils , molles , larges de deux lignes. Chalumeaux couchés fur la ^ VjT" terre. Te relevant enfuite , hauts d'un pied ou d'un pied & demi. Epi °^''^ divcifemenc coloré ^ prclTé , cylindrique, long de deux pouces. Calyces -"'Vatéss éval'cs biflores , à deux écailles ovales-lancées , planes , égales, hérifl^'es »7 la furface de l'agaric eft tout-à-fait plane & lifTe , & la meilleure loupe peut à peine y faire diflinguer quelques pores. Alors , félon qu'il a plus ou moins d'épaifTeur & de confidence, il refTemble très-bien à une pelli- cule ou à une membrane , & plus fouvent encore à ces peaux préparées dont on fait des gants. Quelquefois aufli il a l'apparence d'un cuir plus ou moins épais , flrié &c ridé en divers fens. Mais fa mollefle voloutée , fa confiftence & fa ténacité lui donnent , pour l'ordinaire , une fi grande relfemblance avec une peau , qu'on peut , en faire des gants & même des culottes, avec des lambeaux un peu larges, •oufus enfemble. J'ai appris que quelques payfans de nos montagnes en avoient fait, avec cet agaric, qu'il étoit impoflible , au premier coup d'ccil , de difUnguer des gants & des culottes de peau, fur-tout lorfque la blancheur en avoir été un peu falie par l'ufoge. La fubftance interne de cette plante efl véritablement fongueufe ; on ne peut mieux la comparer qu'à l'amadoue; mais elle en diffère par fa blancheur , & parce qu'elle ne tient pas le feu. Lorfque notre agaric n'efl adhèrent que d'un côté aux couches ligneufes de l'arbre, après avoir demeuré long tems expofé au foleil , à l'air libre ou à la pluye , il perd fa mollefle & fa flexibilité , s'endurcit , fe delTèche & devient une membrane fragile qu'on peut aifément réduire en poudre, & qui tombe en pièces d'elle même. Mais (i on l'examine dans les lieux ou il ^e divife comme en deux membranes pour mieux s'infinuer dans les plus petits interftices qu'il remplit , on le trouve d'une finefle extrême, très-mol, très flexible & quelquefois diaphane En féparant les deux lames dont il eft formé, on apperçoit des fils fort menus & très-blancs, femb'ables à du coton , dont on peut conjefturer que toute la plante eft: formée. Cette çonjç^jtp fe yéiifie , & la difpofitjqn des parties qui compofent l'agaric ïè développe^ lorfqu'on le fait macérer long-tems dans une lefTTve alcaline , '^^'^""T^ ou qu'on le brûle après l'avoir arrofé delpric de r.itre ou de virriol. Le Tome IV. fqueïette qui refle après la combuftion , oftre une oiganifation régulière , /Iaxêcs fur tout quand on l'examine à la loupe: il paroit former de tubes longitu- 1^66-1769, dinaux ou de fils aflez gros, à côté defquels font placés de part & d'autre & deux à deux, d'autres fils plus courts & plus minces, égaux entre eux, d'oi partent, à droite & à gauche, des filets plus courts encore d'une petiteiïe extrême , qui fe terminent en petits globules un peu rudes , fem- blables à des goupillons. Je ne penfe pas qu'une telle ftrutture puifl'e être l'ouvrage des acides ou du feu. Il eft plus probable que ces /^gens ne font que la rendre fenfîble en détruifant la matière qui remplit les inter- valles que les filamens laiflent entre eux. Notre agaric a une faveur très -légèrement amcre , un peu ftiptique. Il fe ramollit aifément dans la bouche , comme une peau de mouton , & acquiert , comme elle , de l'extenfibilité. Cependant la falive ne le difluuc pas entièrement ; mais en s'humedant, il prend une couleur pâle &; devient tranfparent. C'ell: une opinion générale , parmi nos montagnards , que cet agaric «l'cfl: autre chofe que le réitdu d'une térébentiiine décompofée par le tems & par la pourriture , dans les fentes des vieux troncs de mélèles d'où elle coule. Mais rien n'eft moins fondé que cette opinion. Outre que l'agaric n'eft pas inflammable, comme la térébenthine, qu'il n'en a pas l'odeur, mais une odeur particulière très foible , & qu'il n'a prefque aucune faveur, fes principes différent totalement de ceux de la térébenthine pjr leur nature & leur proportion. Leur dittérence efi: fur-tout prouvée par la ftructure régulière dont j'ai parlé , & qu'on ne trouve certainement pas dans la térébenthine. Cette vérité deviendra plus fenfîble encore par la comparaifoa des analyfes des deux fubftiinces , & parles expériences qui ont été faites fur l'agaric. J'en rapporterai quelque-unes que j'ai fait moi-même, non- feulement pour qu'on puifle porter un jugement plus certain fur cette quertion , mais pour faciliter la recherche des vertus , foit économiques, foit médicales de nore agaric. L'analyfc chymique en a été faire , à ma prière, par l'illuftre M. Graifione, Directeur du laboratoire de Chyrnie Se du cabinet de Métallurgie. Il mit dans une petite retorte de verre , bien nette, cinq dragmes, deux fcrupules & quatre grains , poids médicinal, d agaric defféché & coupé en petits morceaux. Après y avoir lutté un récipient de verre , il l'ejpofa à un feu de réverbère. Il vie d'abord monter, avec un peu de phlègme , une huile claire, jaunâ-re, légère, qui exiialoit une odeur particulière, tant foit peu fétide, aflez femblable à cel'e de ■l'huile de pétrole, de fuccin ou de térébenthine. .Une vapeur (ubtile fe répandit en même tems au loin dans tout l'appartement.. En augmentant le feu , il en tira encore une huile empyreumatique femblable , mais un "peii moins claire. Enfin , en poudant toujours lé feu, il oblirrt une autre ^uile empyreumatique plus groflîère, plus tenace , d'un brun peu fcnté, qui s'attacha forte^isnc aux parois du récipient , &: qui e.xhaloit une odevu ;5?34 Mémoires dh la Société royale des Sciences _^^111_-^^,^ ri:^mh'l:îtilB--.- -nidig :p1qs pénétrante. L'huile, fépafée du phlègme , par le i,r-V- — jrp maydn d'im entonnoir, pefoit deuxdriigmes, deux fcrupules, onze grains. 1 OME l.y. £g phlègine étoit légèrement acide; fon poids étoit d'une dr?gme, quinze Années ^rgins'. Le rélidu étoit très -noir, parfomé d'égaillés luifantes , comme ij66-i76^t talqueu(és , dont quelques-unes feulement furent attirées par l'aimant; il pefoit une dragme , un Icrupule & fix grains, La calcinution lui lîr perdre la plus grande partie de fon poids, & lui donna une couleur blanchâtre. Ce rélidu , feilivé dans de l'eau diftillée , laifla fur le filtre ime matière terreufe , couleur de fer , dont une petite portion s'attachoir au couteau aimanté. L'eau de cette lefllve , filtrée & évaporée julqu'à liccicé , ne fournit aucune fubfiance faline , mais feulement huit grains d'une terre très-fine , blanche, inodore, abforbante , qui fit eftervefcence avec le vinaigre diftillé &c fefprit de vitriol. Les Habitans des montagnes des environs de Vinaglio vantent beau- coup & employent fréquemment cet agaric pour arrêter le fang dans tous les cas d'hémorragie. C'eft un ufage fi ancien parmi eux, qu'ils ne connoif- fent guères cette fubftance que fous le nom de Sca^na-Jang , qui leur a été tranfinis par leurs ancêtres. Ils f appliquent immédiatement fur la partie d'où le fang coule ; ils le donnent même intérieurement dans la diflenterie (3) & les pertes de fang des femmes. Dans ce dernier cas & dans le flux hémorroidal excelTif, ils l'employent aulli fous la forme de peflaire ou de fuppofitoire. Ils arrêtent le fang dans les plaies , en y attachant de grands morceaux d'agaric ; & fi la plaie eft peu confidérable , elle eft bientôt cicatrifée par ce moyen. Ils s'en fervent aulfi au lieu de peau, pour étendre les emplâtres , & fur-tout la poix de Bourgogne , topique fort ufité parmi eux , pour toutes fortes de douleurs rhumatifmales , & principalement pour le lumbago. Quelquefois ils couvrent fimplement d'agaric la partie qui eft le fiège de la douleur , en quoi il ne produit d'autre effet que de garantir la peau des injures de l'air ^ de l'échauffer doucement, & d'aug- menter la tranfpiratlon. Dans l'ophtalmie . ils l'appliquent fur les yeux , après l'avoir ramolli avec la falive , & ils obfervent que le mal fe diffipe en peu de tems. Je me contente d'indiquer ici ces vertus connues de l'agaric , pouc paffer à d'autres qui font encore ignorées. Les produits chymiques de cette îiibftance nous en promettent, ce femble, un plus grand nombre, lorfqu'on voudra les employer à d'autres ufages. L'huile effentielle, foit claire , légère & tenue , foit jaune & foncée qu'on en tire, & dont l'odeur très-pénétrante, ians être défagréable , approche de celle de l'huile de pétrole , ou des efprits de fuccin & de térébenthine , auroit vraifemblablement, fur- tout fî elle étoit reftlfiée , une vertu nervine ^ réfolutive & difcuffive, par l'aélion qu'elle excerce fur les nerfs olfaéHfs & fur d'autres parties. Mêlée ( 3 ) Je le tiens de M. Giavellî , habile Médecin de Vinaglio , correspondant de Tst, Société royale des Sciences de Montpellier, DE T u R r N. yjy avec le foiifre , elle feroit même vulnéraiie. Mais je ne puis rien afTurer à __-— ,^.^_ cet égard puifque les expériences nous manquent. Je me bornerai à ce ;f Z^ que l'obfervation m'a appris. Une douleur riiumatifmale récente, occa- o M e I \ . fionnée par le froid , a été diflîpée dans la nuic même, après une on(îtion ^n nées faite le loir, avec l'huile claire dont j'ai parlé. Cette même huile, ajoutée iii<^ i-lCi. en petite quantité au tabac, fur-tout lorfqu'elle ayoit été rectifiée fur les os calcinés, lui a communiqué une odeur allez agréable, comme fuccince, & ce mélange a été employé avec fuccès comme errhin, dans les maux de • tête. Cette huile , recSitiée avec les fleurs à' Acacia ou Mimofa pkna, Lin. & une quantité d'eau fuffifante , perd prefque tout fon empyreume , 8c prend une couleur citrine. Il en faut alors très- peu pour donner au tabac une odeur forte , amie des nerfs , dont on pourroit tirer parti pour les affedions fpafmodiques. Au refte il ne tiendra qu'à nous de faire toutes les expériences nccefTîiires pour découvrir & pour conftater les vertus de notre agaric. On peut s'en procurer autant qu'on voudra , puifqu'il efl très- commun fur les montagnes des bains de Vinaglio & autres voifines. OBSERVATIONS Sur les corps glanduleux de l'Ovaire , fur /'Utérus dans l'état de grojfejffe , &• fur le Placenta y par AI. Ambroise Bertramdi. t^..^ i" J-JES anciens Anatomlltes, dépourvus d'obfervations ,' n'ont pu fe former An u èe qu'une idée faufle ou du moins très - imparfaite du méchanifme de la 17^0, génération ; & dans une matière aulH obicure , on ne doit pas fe flatter d'acquérir de grandes lumières , II on ne s'attache à fuivre pas à pas les fa c 104. progrès de la nature dans cette merveillcufe opération. Harvée a le premier frayé cette route. En la fuivant moi-même , j'ai eu occalion de faire quel» ques obfervations dont je me contenterai d'expofer ici le rcfultat , fans fonger, quant à préfent , à en tirer aucune conféquence. Les preniières ont été faites fur ce qu'on nomme les corps glanduleux de l'ovnire. Je ne m'arrêterai point à répéter fur ces corps ce qui eft déjà connu. Quelques Phyliologiftes ont demandé s'ils exiftent dans les vierges ; & les Anato- nilftes répondent qu'on ne les y trouve ni aifément , ni conftaroment. Santorini , fondé fur de (impies conjeftures , a ofé avancer que plulîeurs maladies de l'Kteruî, dont les jeunes filles font quelque(ois affligées, doivent être attribuées à l'intumefcence précoce &: violente des corps glanduleux. Le célèbre Morgagni prétend au contraire (dans une lettre qu'il m'a fait l'honneur de m'écrire , dattée du 13 Novembre 1745) ) qu'on ne trouve rien dans les jeunes filles que l'on puiffe comparer aux corps glanduleux des femmes. Quant à moi , j'ai vu dans des filles mortes, depuis l'âge de jiix ans jufqu'à vingt , 5c de la virginité defquelles j'e'tois afluré, rant par 5'3<5^ÎÉMOiRES DE LA Société royale des Sciences •" miiiiiiiMi' le genre de vie qu'elles àvoiepc mené, que par la plénitude & l'intégrité Tome l". parfaite de leurs parties génitales , j'ai vu, dis-je , dans les ovaires , des Année ftigmafés, ou certains petits grains qui m'ont paru être les premiers linéamens àz% corps glanduleux. J'en ai même quelquefois trouvé qui étoient fi gros ■* & fi gonflés, qu'ils fembloient avoir acquis tout le volume qu'ils de voient jamais avoir ; & dans une de ces filles , qui étoit robufle & fanguine, un de ces corps étoit rempli de fang noirâtre , & le mamelon en étoit gangrené. Je fuis porté à cfoire que les corps glanduleux font deftinés à préparer dans les femelles uns femence analogue à celle des mâles. Vers l'âge de douze à quatorze ans , qui efl: celui de la puberté , les véficules féminales fe dilatent pour recevoir la femence qui commence à y aborder ; & le fuc nourricier, devenu plus abondant que ne l'exigent les progrès de l'accroilTement , f& change en cette liqueur prolifique. La nutrition & la génération font en effet des opérations analogues. Malpighi alTure avoir trouvé datis des veaux nouveaux-nés, une ou deux véficules très fenfibles auxquelles étoit attachée une fubftance jaune, qui fembloit y germer. comme une efpèce de gazon. J'ai aufli obfervé cette couleur jaune dans des animaux de la même efpcce & du même âge; mais elle étoit feulement produite par une liqueur ou teinture qu'on pouvoit eflfuyer ailément, & je n'ai jamais trouvé aucune fubfiance folide , attachée à l'ovaire , que l'on pût regarder comme les premiers linéamens du corps jaune. Je n'ai pu y découvrir non plus des véficules aufli fenfibles que Malpighi ; la furface des ovaires m'a feulement paru inégale & raboteufe. Je ferai voir cependant que les corps jaunes font en effet une fubftance folide qui germe autour de \uurus , lorlque je les aurai décrits dans leur état de plénitude & de perfeftion. Ces corps repcéfentent une efpèce de gland , qui , d'un côté s'enfonce profondément dans la fubftance de l'ovaire ^ & de l'autre fe termine en mammelon à la furface. Ce mammelon reflemble au fegment d'une fphère, appliqué & collé contre une fphère plus grande. Il a quelque reflemblanoe avec le mammdon du téton. 11 eft le plus fouvent bien formé & bien développé; mais quelquefois on n'en voit point du tout, & le corps jaune s'élève feulement par un point de fa convexité. J'ai aulïï trouvé quelquefois une efpèce de verrue coupée & mal terminée par fes bords. L'ovaire eft ovale tranfverfalçment , & applati par devant & par derrière. Le corps jaune y eft attaché , tantôt à un côté, tantôt à l'autre , mais le plus fouvent au côté externe. Dans les vaches , i! occupe très -fouvent prefque toute l'étendue de l'ovaire; j'ai même trouvé plus d'une fois qu'il l'occupoit en entier. Dans les femmes, fon volume excède fouvent celui d'un pois chiche ou d'une fève , & quelquefois il acquiert celui d'une olive ou d'une cérife. Dans la brebis & dans la truye, i! a à peu près la même grofleur que daDS la femme ou un peu plus. Il n'y a ordinairement qu'un feul corps jaune, & il eft rare d'en trouver , un dans chaque ovaire ou deux dans un feul. Mais lorfqu'il a acquis un certain volume , on en trouve quelquefois tout autour d'autres plus petits, féparés du grand , ou , ce qui eft moins commun , qui femblent en être des DE T U R I K, 5-57 des appendices. Il m'efl- arrivé très-rarement de ne pas trouver des taches mm obfcures, jaunûtres, ou même d'un jaune brillant, cachées profondément, t7i ^ e' 1"' ou de petits grains , Se comme de petits boutons qui fe laiiïbient apper- cevoir à travers la tunique de l'ovaire, ou même s'élevoient au-deflus ^■'''"^^ du niveau. Dans les animaux, j'ai toujours trouvé le^Torps jaune du côté ^15^' de la corne qui contenolt le fétus, dans un état de plénitude & de perfec- tion , & je n'ai point vu que le nombre de ces corps répondit à celui des embryons, comme certains Auteurs font avancé. Les corps jaunes ont une tunique affez épaifle & ferrée, parfemée d'un grand nombre de vailfeaux fanguins , lefque's (ont fournis par les fperma- tiques & les utérins, comme je m'en fuis aduré. Le diamètre des veines y furpafle celui des artères plus que dans les autres parties du corps. Ces vaiffeaux font recouverts & enveloppés d'une tunique qui n'eft qu'un prolongement de celle de l'ovaire. On découvre aux endroits où le corps jaune eu attaché a l'ovaire, dis fibres rougeâtres, compactes , difpofées en réieau, auxquelles quelques An.itomiftes ont attribué la fonction de prefler l'oeuf, & de le poufler dans la trompe de Fallope. Ces Anatomiftes ont prétendu que les véficu'es , ou , félon eux , les cEufs deviennent plus petits ^ & difparoiffent enfin à melure que le corps glanduleux prend de l'accroiiïement. J'ai moi-même obfervé l'un des deux ovaires prelque entièrement changé en corps jaune , en lorte qu'il n'y avoit plus que peu ou point de véficules. Mais j'ai vu aulli deux véficules très-gonflées dans un corps jaune qui occupoit toute la capacité de l'ovaire, & j'en ai trouvé jufqu'à vingt & plus dans des ovaires où le corps jaune avoit pris un accroiflement conHdérable. J'ai vu fouvent l'un des deux ovaires fort tuméfié par la préfence du corps jaune & d'un grand nombre de véficules , tandis que l'autre étoi: fort petit & comme exténué ; c'eft même là ce qui arrive le plus fouvent. Les véficules qui refVent , font ordinairement attachéesau corps jaune, & j'en ai même trouvé qui adhéroienr au mammelon. Ce mammelon eft le plus fouvent percé à fon fommet , d'un petit trou qui pénétre julqu'au fond , & qui forme , par cur.féquent un c.inal ou tuyau. La membrane qui tapifTe ce canal , efl cendrée ou blan- châtre , S: il en naît fur les cotés des appendices qui s'uniffent Se fe conti- nuent avec la membrane externe du corps jaune. Quelquefois cette mem- brane efi: à peine fenfibie, ou même paroît manquer entièrement. Souvent aullI le corps jaune n'eft percé d'aucun trou. Il efl: vrùï qu'en le fendant fuivant fon axe, on trouve au milieu de fon parenchime, des traces d'une petite cavité ou iinus ; mais cela pourroit bien être leffet du déchirement. Je fuis quelquefois parvenu à gonfler le corps jaune en y foufBant de l'air au moyen d'un tuyau. En le preffant , j'en faifois fortir goutte à goutte une humeur , d'abord limpide , enluite plus épaifle , cendrée ou tirant fur le jaune. Alais je n'y ai jamais trouvé , comme RIalpighi , une cavité affez grande pour pouvoir contenir un pois. On a écrit que le corps glanduleux efl compofé de petites pièces OQ lobes ; on a cru pouvoir comparer fa flrwcture à celle des capfules Tome I, Y y y 5^8 Mémoires DE LA Société ROYALE des Sciences — atrabilaires; & l'on a prétendu qu'il cfl: formé par des prolongemens Tome I^'. variqueux du corps jaune , lemblables à de peats paquets oe graifle. J'ai ^.v.v ÉE adtueliement ious nies yeux plus de trente corps glanduleux, les uns récens, ■f-icQ d'autres macérés, quelques uns coupes en moiceaux , & je crois pouvoir avec plus de fondcmonr les comparer aux tefticules. En fendant le corps jaune (elon (on axe ouentravcis, j'appiçois de petits mammelons coni- ques, des (Iries ou appendices applatics à cliacune ûe leur face , qui, partant de la circonférence , vunt aboutir par une pointe moufle , à une fuflette longituainale commune. C es mammelons font formés de vaifleaux très déliés & très-mois , divenement enrornliés les uns avtx les autres; & lorfqu'il y a un canal membraneux qui travene le corps jaune fuivant fa longueur, les apperidices latérales qu il fournit, s'attachent aux mammelons & les afl'ujet- tifient , k-mblnbles à ces Hls qui lonr fournis par la tunique albuginée du tefticule , & qui uniflent & (outiennent les paquets des vaifleaux féminaux. Si on examine au microfcope les plus petits fragmens longitudinaux de ces mammelons , on y découvre une ftruâure analogue à celles des tefticules. En effet, ils font entortil'és , creux , gonflés & pleins de liqueur. Ayant injeâé dans l'artère fpermatique , une très -légère folution de gomme ammoniac dans l'efprit-de vin, j'ai fouvent obfervé que la liqueur pénétroit dans les mammelons, quoiqu'avec beaucoup de peine. Cela me fait penfer que le corps jaune pourroit bien n'être qu'un prolongement des vailfeaux fpermatiques mêmes ; quoique , à dire vrai j je n'aye jamais vu la matière de l'injedion parvenir julqu'aux vaifleaux de ce corps. Quelques Anatomiftes ont trouvé les ovaires & leurs véficules phlogofés,' peu de tems aprcs un accouplement técond. Mais qui leur a die que cette altération ne datoit pas de plus loin? J'ai peine à croire que cette plilogofe puifl'e être excitée dans un efpace de tems aufll court; d'autant mieux que \Mtrus , lui-même, n'offre pas des changemens (enfibles immédiatement après la fécondation. Dans les jeunes filles, les ovaires paroiflenc tiflus en dedans de failceaux très-prefle's de vaifleaux, qui deviennent très-rcages , & fleuriflent , pour ainfi dire, à l'âge ou le fein commence à fe former, & où fe montrent les autres fignes de la puberté. Ces vailîeaux envoyent des rameaux très-deliés autour des véficules; mais du fond de l'ovaire, on voit germer des poils jaunes {villi Ituii') qui entourent les véficules fous la forme d'une efpèce de gazon (graminis injlar , comme dit Malpighi) & qui n'ont rien qui puiffe les faire prendre pour le corps jaune. Ces poils s'uniflbnt tr^spromptement pour former des mammelons ou pinceaux de petits vaifleaux jaunes , defquels réfultent des efpèces de boutons qui cachent en partie les véficules ; on les prendroit pour de petits bouquets de fleurs; ils s'entortillent de plus en plus les Uns avec les autres, & ne çroiffent pas moins en folidité qu'en volume. J'ai vu quelquefois pulluler du corps jaune une efpèce d'appendice ou d'apophife que je foupçonnois d'abord n'en être qu'un mammelon prolongé , mais que je reconnus enfuite pour un autre corps jaune, attaché au premier ^ doué d'une ftruâure femblable. Je tachai alors de décoijvrir lî cett^ CE T tJ R I N. j-jp hiafle seto'it formée des véficules, par raccroKTement du duvet jaune au- i— dedans ou au dehors , ou fi elle avok germé récemment & inde'pendamment Tome I" d'elles. La plénitude de cette maflj , & rabfencc d'un follcculc quelconque /^ -xèe me décidèrent pour la dernière opinion. D ailleurs je crus reconnoi;re dans des ovaires ou le corps jaune avoit toute fa plénitude & fa perfeftion, '7;P' des rudimens d autres corps jaunes qui germoier.c alfez loin des vélîcuies, fous la forme d'un pinceau pulpeux , à peu près comme les fleurs & les boutons dans les plantes. " Avant la conception , dit l'illuRre Haller, on = voit ordinairement naître peu à peu autour de quelque vcficule , un » coc~ulum jaune , que j'ai fouvent obîervé &. qui , croillant conlldéra- » blement autour de la membrane de la vélicule, devient un corps jaune » himifplicrl-ue , difpofé en grappe &: creux. C'tft probablement dans fa » cavité qu'eft contenu le petit oeuf, ou la petite membrane creufe qui » contient l'embryon cPrim. Linn. Phyfiol. Edh. II,/?, y^j, §. dcccxxv. Ces obfervations , non-fealement , confirment les miennes , mais les ont précédées , & je ne me ferois point avifé de les répéter , {i ce célèbre Auteur n'avoir ajoute' dans le même paragraphe Se dans la même ligne , que ces corps commencent à paroUre dans la fémelk, après la conception, ce qu'il repète encore mot à mot à la fin du §. dccclvii , & ce qui ne fe trouve point dans le même paragraphe de la première édition. Ainfi donc les corps glanduleux ne font pas toujours également déve- loppés , mais leur accroillement fe fait félon certaines loix. J'ai dit que je n'en avois jamais vu deux parfaitement développés dans un même ovaire , ou un dans chaque ovaire. Ayant eu occafion d'ouvrir le cadavre d'une femme qui avoit accouché de deux jumeaux, je n'en trouvai qu'un feul , arrondi &; circonfclt. Lorsqu'ils ont piis tout leur accroiflem.ent , ils font tantôt gonflés & fermes, tantôt flafques 8c mois. Les uns font d'un jaune foncé ou même rouges; & dans ceux ci l'aflemblage des petits vaifleaux ou tuyaux qui forment la fubftance du corps jaune , fe montre plus fenfible- inent. Les autres font d'un jaune pâle & cendré & offrent une efpèce de pulpe dont il n'eft pas aifé de démêler la ftrudure. Au refle, pendant la gellation , leur volume diminue plus ou moins vite , & ils fe cliangent en de petits grains ou petites taches, qui font quelquefois d'un jaune foncé dans les femmes avancées en âge , & qui n'ont pas fait d'enfans depuis long-tems. Les petits boutons dont j'ai parlé ci deflus, fe montrent princi- palement lorlque le corps glanduleux diminue par l'effet d'une grofleflè précédente. Venons à préfent à ï'utcrus. Uuterus lui-même éprouve une préparation qui efl: néceflTaire pour la conception. Charles Etieime , ancien Anatomifte , dit , en décrivant les vaifleaux fanguins de ce vlfcère , qu'ils fe prolongent en mammelons , nommés Acetabula par Hippocrate, & qu'on peut obferver ces mammelons, non- feulement dans les femelles pleines y mais encore dans celles dont la matrice efl difpofée à recevoir la femencc du mâle. Cette découverte a été confirmée par Harvée; mais les Anatomiliies l'ont négligée, ou n'en ontipas fait alTez de cas, Pour moi, dès l'année ly^S , j'avois déjà obfervé plufieurs fois 3'40 Mémoires de la Société royale dés Sciences ,,ii„,... ,, des tubercules gonflés dans les cornes de la matrice des vaches. Je foupçonnai Tj-Tivr T''" d'abord que c'étoit l'etfet de quelque maladie , quoique je n'y ville ni dureté , , " ni ordures, ni ulcère, qui indiqualTent un état contre nature. Mais ayant Année enfuire repété fort fou vent la même obfervation fur des matrices du même lyyj?» animal , dont j'étois à portée de me procurer un grand nombre, j'imaginai que ces tubercules pouvoient fort bien être les Acefabula , qui décroillent après que la vache avoir mis bas; car en les comprimant j'en exprimois quelquefois une liqueur laiteufe , quoique ténue & limpide. Je continuai donc mes obfervations fur un grand nombre de matrices de vaches & de brebis , qui avoient été couvertes fans avoir encore été fécondées , & qu'on avoir féparées du mâle depuis une femaine ou un mois. J'y découvris les mêmes tubercules; je détachai les plus gros, & après les avoir fait macérer dans l'eau pendant quelques jours , je reconnus que leur ftrudure étoit femblable à celle du corps glanduleux pendant la gefta- tion. J'obfervai la même chofe fur des lapines que je nourriflois chez moi. Ces tubercules, lorfquils font encore fort petits, reflemblent en quelque façon à des boutons fpongieux , & ces boutons indiquent une altératioa dans la ftruélure des parties qui en font le liège , altération qui devient fenfible fi on Us compare avec le refte de la l'urface interne de Yuterus, Ils font rouges , & fi on les fait macérer long-tems dans l'eau , ils paroiflenc fous la forme de tubercules fpongieux, couverts d'un très beau réfeau a travers les mailles duquel fortent des poils ou un duvet velouté. J'ai reconnu que ce réfeau ed: une continuation de la membrane interne de Vuterus. Ces poils ont une racine profonde. On n'obferve pas la même (Iructure dans les endroits où il n'y a point de mammelons , au moins dans les quadrupèdes. Dans la brebis où les mammelons [ Acctabula ) font creufés en forme de coupe, le réfeau dont j'ai parlé, n'en occupe pas le bord., on ne l'obferve qu'à une certaine profondeur. Dans les vaches, il s'infinue dans les petits trous de la fubftance fpongieufe , & je n'ai pu l'y découvrir qu'en déchirant le tilTu de cette fubftance. Les femelles des quadrupèdes, qui ne font point fujettes au flux menflruel ; éprouvent, lorfqu'elles font en chaleur, un (uintement de fang par le vagin. J'en ai vu même un écoulement afTez confîdérable dans une jeune chienne qui étoit en amour , & qui n'avoit point été couverte. Je trouvai en divers endroits des cornes de fa matrice , fept tubercules très-diftinds , qui me parurent être les rudimens des Aatahula. Ils étoient mois, fpongieux & rougeâtres. J'en exprimai cependant une férofité laiteufe. Des vaiîTeaux gorgés de fang y abordoient de tous côtés &: s'y confondoient. J'avoue ingénuement que je n'ai rien trouvé de pareil dans les femmes, avant qu'elles aient conçu. Le célèbre Morgagni a découvert des fînus par où s'échappe le fang du flux menllruel. Je les ai toujours trouvés plus dilatés à l'approche des règles , parce qu'ils contiennent alors plus de fang; & en prelTant Witerus , j'ai obfervé que le fang^fortoit par des fentes oblongues, plutôt que par l'orifice des valfleaux. L\€fîiis vcnercus, l'aiguillon de l'aitiour, fait rougir & gonfler l'utsrus; c'eil-là le feul DE Turin. J4j changement que j'ai pu y découvrir avant la conception. Je fuis perfuadé ..■^■■^m cependant qu'il en éprouve quelqu un ; car ayant eu plufieurs^ois occafiun t~, .. p j" d'ouvrir des temmes qui étoient mortes dans les premières femaines de la groflcfle, quoique l'œuf ne fut encore adiicrent nulle part dans la matrice, Ai^ nés i'ai oblervé que ce vifcère étoit plus gonllé dans un certain endroit que ^IS^' dans les autres , que les finus y étoient plus ouverts , & que leurs lèvres y étoient plus tuméiiées & plus faillantes ; il fembloit enfin que la nature eût défigné ce lieu pour l'attache du placenta. J'ai obfervé la même cliofe dans le cas d'une grofleire tubale , dans laquelle , par conféquent , Witerus étoit vuide; ce qui fait voir encore que la matrice éprouve ce changement par elle-même j & non pas à l'occahon de l'attache du placenta. Dans le cas dont je parle, le fétus étoit fort petit i la trompe qui le contenoit, avoir Tes parois fort épaifles & parfemées de vailTeaux extrêmement gorgés de fang. L'utérus avoit une ampleur trois fois plus grande que dans l'état naturel; il étoit rouge & gonfle. Il étoit fur -tout tuméfié dans l'efpace de trois travers de doigt vers le côté où la trompe s'infinuoit ; & l'on Voyoit à fa furface interne des finus affez dilatés , dont les lèvres étoient épaifles , faillantes & un peu gonflées. Les artères fpermatiques étoient extrêmement dilatées. Les ayant injeftces , la cire pénétra à plein canal dans les finus de la matrice ; tandis que , hors le tems de la groflefle , ces artères étant parvenues à la matrice avec leur diam.ètre ordinaire , fe rappetiflent & deviennent très-menues, enforte qu'elles fe perdent dans la fubftance de ce vifcère. Enfin l'on fait que les femmes ne conçoivent qu'après que le flux menfl:ruel a commencé , & qu'elles ceffent d'être fécondes lorfque cette évacuation vient à cefl'er. Des femmes qui , après cinquante ans, étoient encore réglées , ont fait des enfans à cet âge , & les règles précoces rendent les filles plutôt nubiles. Harvée d'écrit des filamens muqueux qui partent du dernier angle ou angle fupérieur des cornes, & qui s'entrelaflTant les uns avec les autres, forment une tunique membraneufe & mucilagineufe , laquelle efl pourtant vuide , di ne contient aucun embryon. Les obfervarions des Anatomifles nous ont encore appris que les membranes de l'embryon font formées d'une forte de mucofité. J'ai eu occafion d'obferver une fois dans une trjiye, où les acerabula de Vuterus fe montroient bien fenfiblement, une toile muqueufe & fanguinolente , qui tapiiïbit toute l'étendue de l'utérus , & qui ne renfermoit pas la plus petite fubftance compade que l'on pût prendre pour un embryon; cette toile ne fe fondoit point dans l'eau; elle y furnagoit comme une membrane; elle prctoit aifément , & on pouvoit l'allonger fans déchirure. Oneûtditquec'étoit une membrane épaifle , fpon- gieufe & muqueufe, parfeméede petits boutons rouges ou taches fanglantes. Avec quelque attention que j'aye procédé à la difleftion de cet utérus, mon deflein a été^ moins de confirmer l'obfervation d'Harvéej que d'exciter la fagacitc des Anatomifl:es & de les engager à s'occuper de ce fujet in:é- reflant. Les dernières obfervations que j'ai faites fur les brebis & les vaches ri'ont offert des réfultats qui combattent l'opinion la plus univcrfeliemcnt y42 Mémoires i^e la SociÉTé RoVAtE Ces Science* -- — """.'.. .^ reçue fur la génération, & qui me font foupçonner qu'un grand nombr'e ■Tojtt£ P'. de parties différentes concourt au méclianiime de cette opération. Mais AN !>rÉ £ ce n'eftjufqu'à préfent qu'un foupçon, & il n'appartient qu'à des obfervations j_- multipliées de le changer en certitude. Le placenta, qui devient enfin une partie organique, efl: formé d'abord par une efpèce de mucofué. Dans les premiers tems de la geftation , on trouve d'abord l'œuf enveloppe d'une (ubftance muqueufe fanguinolente. C eft là la placenta que Ruyfch avoit pris pour du fang coagulé contre nature. Mais en le faifant macérer dans l'eau , on y découvre un tiflii fibreux . qu'Aîbinus eft parvenu à féparer du refte de fa fubftance. Plus la ftruâure organique du placenta foit de progrès ^ plus il devient folide ; la fubftance muqueufe devient veloutée & femblable à une moufie très- fine ; les vaifT^aux grodlffent peu- à peu , ils augmentent en folidité, & produifent enfin le cordon ombilical. Remarqués comme le volume du placenta devient à proportion plus petit , à mefure qu'il augmente ea folidité; &: comment il conferve toujours cependant fa moUefle pulpeufe, ou du rnoins fouple & fpongieufe. Le refîe des membranes du fétus , aux endroits où le placenta n'efl: point collé, demeure mol, ccUuleux, muqueux &: glutineux du même côté. Il s'attache dans les femmes , tantôt à une face de l'œuf, tantôt à l'autre (je l'ai quelquefois trouvé attaché fur l'orifice même de Vutenn ). Cependant fi le fétus conferve toujours la même fitua- tion dans fes enveloppes ^ il ne faut pas l'attribuer à l'inclinaifon de l'œuf. Le cordon ombilical ne fort pas toujours du même endroit du placenta ce qui montre que celui-ci ne végète pas toujours de la même manière ; & le placenta fe colle à la partie de la matrice la mieux difpofée ; car dans les animaux o\\ les cornes de la matrice ont des acetabula propres & diftindls, on trouve des cotylédons qui y répondent parfaitement pour le nombre , la figure & la fituation, & il ne m'eft jamais arrivé de trouvera cet égard aucun excès ou défaut. Il y a pourtant une grande différence entre la flrudure des acetabula Se celle des cotylédons ainfi que des parties oîi ils ont leur fiège , enforte qu'on ne peut pas dire qu'ils foient produits les uns & les autres par une feule même caufe , quoiqu'ils foient formés fuccef- îîvement. Cependant leur flrufture eft très- élégante ; & on y obferve tant dediverfitéj comme je l'ai dit, qu'on ne peut pas même foupçonner que les uns foient produits par le fimple contaft des autres. De plus le nombre & la figure de ces organes varient confidérablement dans les différentes efpèces d'animaux ^ & même dans les individus de la même efpèce , quoique les uns répondent toujours exactement aux autres. Le placenta humain lui-même , ne croit pas également dans toute la fuperficie ; mais on y obferve par intervalles des fioccons plus compades , plus volumineux & plus colorésj qu'on peut regarder comme autant de Cotylédons. FIN. TABLE FOUR L' HISTOIRE. 4J UR le problème de B E l L i N i , concernant la clcatricule de l'œuf, page i. Sur les différentes élévations du Mercure dans les Baromètres d'un diamètre afférent , 4. Sur la correcTion d^s irrégularités du baromètre occafionnées par Il chaleur ù par le froid , p. Sur l'in fidélité de la méthode dont les F hyficiens fe fervent pour mefurer h quantité de l'adhejion , 1 2* Sur ï'ai'cjnjton & l'abaïjftment des Thermomètres humeâés de différentes liqueurs , & cxpofés au vent , i J. Sur la cauje de l'extinction de la flamme dans un air enfermé ^ 14. TABLE POUR LES MÉMOIRES, PHYSIQUE. AGISSE RTAT 10 N fur l'analogie entre le magnétifmc & l'éleâricité , par M. Jean-François Cigna, 54. Expérience fur les mouvemens éleâriques , par le même, yi- Sur quelques expériences nouvelles concernant l'éleârieité , par le même, yj. C H A p. I. Du frottement de deux rubaiis de fok de même couleur, 53.« TABLE. Chap.il Du frottement de deux mhans de foie de différentes couleurs , ù de l'électricité des bas, découverte par M. Symmer, J7. Chap. III. De l'adhéfion confiante des rubans éleâriques aux plans liffes ù polis , 6i. Chap. IV. Des phénomènes qu offre un tube purgé d'air , ou rempli de corps éleclrifables par communication. De l'analogie des bas doués d'électricité oppo fées avec le verre chargé. De la durée de l'éleâricité dans les corps inélec- trifabks par communication , 57, Chap. V. De l'effet des armures lorfqu on charge le verre , ou d'autres corps inéleSlrifablci par communication , 72. Chap. VI. De la nature des élcctiicités oppofées , 78. Mémoire fur la nature du fluide élaflique qui fe développe de la poudre à canon , par M. le Chevalier de Saluces , 8i. Suite des recherches fur le fluide élaflique de la poudre à canon , par le même , ' 90. Jléflexions pour fervir de fuite aux Mémoires fur le fluide élaffique 4e la poudre à canon , par le même , 1 09. Chap. I. De l'aâion de l'air fur la poudre ; de la propa- gation , de l'inflammation & de la détonation, ibid. Ch A?. II. Delà chaleur néceffaire pour enflammer la poudre dans le plein & dans le vuide , n6, Chap. III. Des quantités relatives de fluide , développé de différentes quantités de la même poudre , laj. Chap. IV. Méthode dont je me fuis fervi pour mefurer l'intenfité de chaleur de différentes quantités de poudre dans le plein , ù les effets qu elle peut produire. Réflexions fur les vapeurs du foufre , de la poudre , des mèches & des chandelles allumées , ùc. & fur la méthode dont on fait ufage dans les ey^périences fur ce fujet, 128. Chap. V. Examen de la poudre fans foufre , 154. Addition aux réflexions fur le fluide élaflique de la poudre à canon , par le même y- 15P' Sur le froid caufé par l'évaporation & autres phénomènes feniblable ; par M. Jean-François Cigna, ' 4°- Surla caufe de V extinction de la flamme & de la mort des animaux dans un air fermé, par le mime, 158.Î TABLÉ. HJ; C H y M I E. MÉMOIRE fur la différente folubilité des fels neutres dans VEfprit- de-vin , contenant des obfervations particulières fur plujieurs efpèces de ces fis , par Al. JVlACQUtR , 185". De l'acïlon de la chaux vive fur différentes fubflances , par M. le. Comte DE Saluces, 205; Expérience I. Conihinaifon du foufre avec la chaux ; du foufre avec le fel de potaffe ; ù du foie de foufre avec ta chaux, 20 f. Ex P. II. Combinaifon de la chaux avec le foie de foufre décompofé par r addition de l' acide vitriolique , 21J.' Différentes expériences fur le fcl Ammoniac, ajo.' Expériences pour chercher les caufes des changemens qui arrivent au fîrop violât, par le mélange de différentes fubjlances , par le. même , ayo. Recherches fur la caufe de la décompofition du tiître G* du fel marin par les intermèdes terreux , par M. Monnet, 2J7. Lettre de M. MoNNtT à M.de SAtucts aufujet du Minium, 25j. Mémoire fur la reSiflcation & purification de l'alkali volatil obtenu des fuhftances animales ; par NI. Monnet, adf. Sur la combinaifon du mercure avec le tartre , par le même , 268. Obfervations chimiques , par M. le Comte deSaluces, 277. Sur /'Ens Veneris de B o Y L E , ibid. Sur le blan: biffage des foies , 280. De la teinture en noir fur la foie , 282.' Sur un moyen de teindre la foie en un rouge vif de coche-» nille, &c. 2po. De quelques fubflances dont on peut tirer de l'huile , 2^2. Effai d'analife des eaux Thermales Vinaglio, par M. Jean- Antoine Marini, _ 2pî: Premier effai fur la patréfaâion des humeurs animales , par M. J. B. Gabfr, 50 (. Second effai fiir la putréfaàion des humeurs animales , & en particulier fur le Seruni ù fur la Couenne , par le même , jo^. Troifième effai fur les humeurs animales , par le même , |î i?» expérience fur la couleur dufang, par M. J. F. Cigna , ^26, Zzzj y46 T A B L E; HISTOIRE NATURELLE. Observations fur le cours du Pô, avec des recherches fur la caufes des changemens quil a fouffens ; par M. Carhna. 331, Lettre de D. M. Koffkedi , Abbe de Cafanova à M. L. C. D. S. fur les nouvelles obfervations microfcopiques de M. NÉEdham, & fes not s fur les recherches dé M.SvM.LhUZ\\sii , 5^8, Catalogue des infeâes du territoire de Turin , publié par M. Charles Allioni, 389. Sur une nouvelle efpèce de Sangfue , fur les maux quelle caufe , & les moyens d'y remédier , par M. Pierre-Marie D a n a , 398. Sur quelques différences de l'animal connu fous le nom d'Ozûc de mer, /'ar le même , 403. 'Mémoire fur la trompe du Coufin & fur celle du Taon , dans Lequel on donne une defcription nouvelle de plufieurs de leurs " parties ; avec des remarques fur leur ufage , principalement pour la fuâion y communiqué à M. le Comte de Saluces , par D. M. RoFFREDi, Abbé de Cafanova. 412. Catalogue des plantes cueillies en Sardaigne dans le Diocèfe de Cagiiari , par M. Michel-Antoine Plazza, Chirurgien de Turin y dreffé par M. Charles Allioni, -535). Corrections & additions à l'hijioire des plantes de la Suiffe , par M. Albert DE Halle R , 4yo. Catalogue des plantes du Jardin Royal de Turin , par M. Charles Allioni, 482. Catalogue d'une partie des plantes qui naiffent dans l'Ifle de Corfe,par M.Fd'ixWALitipubliépar M. Charles Allioni, jo;. Defcription de quelques plantes ^ avec l' établiffement de deux genres nouveaux , par M. Charles Allioni, jiy. Supplément à l' Agroflographie de Sch.e\xchztr > par M. Albert deHaller, J2t. Sur une efpèce d'agaric ou Boletus pelliceus , par M. Jean- Pierre-Marie Dana, 53 i« A N A T O M I E. Observât IONS fur les corps glanduleux de l'Ovaire, fur /'Utérus dans l'état de groffeffe , ù fur h Placenta ; p&r M. Anabroife B e r t r a nd i , 555. Fin de h Table» Y47 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES Contenues dans l'H'iJloire & les Mémoires de la Société Royale des Sciences de Turin. Ab '.BEIl.LE , infefte Hymenoptere ; fes différentes efpcces ; leur dckrijnion, p. 197. liClDE marin ; il ne diflbut point le plomb , s'il n'eft privé de fon phlogil- tique,/". 149. Acide de vinaigre , pro- pre à rediiroudre le mercure précipité de l'ucide nitreux,/". 268. '/lUHÊSlON. Y a-t-il quelqu'adhéfion entre le mercure & le verre : f- 12. Mé- thode pour s'en alFurer , ;>. Celle gui a été adoptée parles Phyficiens, inluf- fifante pour donner la vraie melure de cette adhélîon, /). 1 3. Adhélîon de deux rubans éledtnques aux plans lifies & polis , p.6i. AGARIC. Differtation fur une efpèce d'Agaric , dont on n'a point encore une defcnption exade ,p. 5 j 1 . Sa ref- femblance avec la peau de mouton préparée, ih. fon lieu natal, /'. H-- On peut en faire des gands 2c des cu- lottes , ih. fa faveur, p, 553 ; fes ver- tus, ;>. ï34. AGKOiilÛGRAPHlE , fupplément à l'AgroftoçraphiedeSchcucnzer.jP.îii. AIR ,■ machine pour renouveller l'air , p. 21. Ert-il néceflaire pour la produiSioii des mouvemens éledlriques ? />. ^ 1 . Il ell le grand agent qui produit les ef- - fets de la poudre , p. 91; développé par l'aftion du feu , il ne fert point à la conlervacion de la flamme,/». 100. plus il ell denfe, plus il s'oppofe à Ic- vaporation , f. 148. ALKALI volatil ; méthode pour le rec- tirier & le purifier , après qu'il ert dé- gagé des fubftances auimales , p. ifi?» Alkah fixe. Exifte-t-il tout formé dans la crème de tanre ? Expérience à cet égard,/». 275. L'Alkali volatil n'eft pas le produit né- celfaire de la putréfaction , p. 507. ALLIOSI (Charles.) Son Catalogut des Infcftes du territoire de Turin,/». — Des Plantes cueillies dans le Diocèfc de Cagliari en Sardaigne , par Michel- Antoine Plazza , Chirurgien de Turin, /». 4î*. — Des Plantes du Jardin Royal de Tu- rin, p. 481. — D'une partie des Plantes qui naiflent dans rifle de Corfe,/». foç. ALUS, comment il le dilTout , &: quelle couleur il donne à la liqueur, p. 251. AMBRE; il croiffoit autrefois fur les bords de l'Éridan , /». 5 3 8. AMMOSIAC ; fel ammoniac : fes diffé- rentes diftillations ; voyez ViJllUtuion. ANIMAL. Caufe de la mort d'un animal dans un air enfermé , /». 1 4 & ' î*. Expériences fur les animaux fulTo- qués dans un lieu trop chaud,/?, jif. Sur ceux qui périflent de taim ; on ne peut attribuer leur mort à la putréfac- tion ,/». 31^. ASTOM ( le Chev.d" ) Son expérience fur les diffctences entre les quantitcs Zzz i; 548 TABLE ALPHABÉTIQUE de poudre qui s'enflamment dans le plein & dans le vuide , p. i lo. Son fU- fîl pyropneiimatique , p. 1 1 J. ■AFPVLLONIUS de Rhodes ; ce qu'il dit au fujet des ifles Éleftrides ,/». 3 3 7 ; du lac dans lequel tomba Phaëton , p. 33P- 'ARCY. ( le Chev. d') Sa démonftration fur l'inflammation de la poudre , p. 104. /IRMENISTARI, animal cartilagineux , efpèce d'ortie de mer, qui a la figure d'un voile déployé. Sa defcription ,p. 405 & fuiv. 'ARMURE éledlriquc , voyez tuariàté. •^TTELABUS , infeûe Coléopterei les deux efpèces,/>. 391. B tACON ( le Chancelier.^ Ses connoif- iances & fes conièils fur l'importance de l'hiftoire de la putréfaûion pour les progrès delaMéiiecine & de la Phyfi- que,/". 3or. "BALBI , fa Diflertation fur le problème ■ de Bellini , touchant la cicatricule de l'œuf, citée & réfutée, p. 5. Réfuta- tion de fon fyftême fur la dépreffion du mercure dans les Baromètres,/'. ^«7- BAROMETRE. Sur les différentes éléva- tions du mercure dans les baromètres de diamètre différent, p. 4- Syllême de M. Balbi à ce fujet. id. Caufe de la dépreiïion du mercure dans les baro- mètres, ici. Expériences qui prouvent qu'elle doit être atttibuee à l'aûion de l'air dont la partie fupérieure du tube ne peut être fuffifamment purgée, p. %. Réflitation du Syftême de M. Balbi qui attribue cette dépreffion à une force répulfive plus grande , & dont il place le fiège dans la partie fupérieure & vuide du baromètre , p. é & 7. Irrégularités du baromètre occafion- nées par la chaleur & le froid, f>. 9- Difficulté d'y remédier , p. 10. Défaut de la Méthode propofée par M. Lu- dolff. id. Moyen plus sûr &: plus facile d'y parvenir, p. 10 & fuiv. î/ii DE SOYE i comment Se en quel tems ils s'éleftrifènt , voyez ileffricîee. BASSIA , plante ; fa defcription ; dans quel genre on doit la placer; pourquoi ainfî nommée, />. 5 16 &: 517. BAUME. Eftets de fon encre de Cmpa- thie, p. i?8 (If fuiv. Sa manière de faire du fel alkali artificiel,/;, z i4.not. BECCARIA ( le l\ ) Sa Differtation fur l'extinftion de la flamme dans un air enfermé, p. 18. Différence de fa mé- thode avec celle de M. Halles , p. 19. Ses Expériences fur la néceffité de l'air pour les mouvemens életlriques , p» $r. Réfultat de fes expériences fur la dilTolution des fels neutres dans f eau, p. 144. Ses Expériences pour démon- trer que la couleur rouge du fang doit être attribuée à l'air qu il contient, BtÏLLADONA, fes effets fur l'ichor cancéreux , p. 3 if. BELLINI , fon problême fur la cicatri- cule de l'œuf, /. I. Voyez Cicatricule de l'auf. BERNOULLI. Solution fur la courbe que trace un corps pouffé par la force de la poudre , p. 8». Réfutation de fon argument au fujet du principe a(3if dans la poudre , p. 97. BERTRAJVDI , ( Ambroife. ) Ses obfer- vations fur les corps glanduleux de l'ovaire , fur VUicms dans l'état de grolfefle , &: fur le Placenta , p. 555- BILE, mêlée avec le Sérum ; elle altère la couleur du fédiment, p. 314. BLANCHISSAGE des foyes , p. 180. Voyez Soye. BLATTE, infeéle coléoptere, p. 39». BOERHAVE , fes expériences fur les corps fulphureux renfermés dans des récipiens , où l'air extérieur ne péné- tre point, p. 28. Réfutation de fa ma- nière de procéder, p. î-j. Sa méthode pour faire du Minium, B(£UF, chair de bœuf liquéfiée par la putréfadion , p. 308. BOLETuS PELLICEUS, efpèce d'A- garic , voyez Agaric. BOT H NIQUE, voyez Golfe. BOURDEI.IJV. Ses expériences fur la différente folubilité des fels dansl'ef- Des MATIERES. lép prit-de-vin , conformes à celles de M. Macquer , p. loi. BOYLE. Obfervations chymiques fur YEtu veneris de Boyie , />, 177. Preu- ves que dans la compolîtion de ce lemcde il s ell fervi d'un vitriol mar- tial , au lieu du vitriol de cui\-re, p. 179. Vérité de fes expériences fur le mouvement intelhn des liqueurs , p. 31 I. BRAhDT. Son Mémoire à l'Académie de Suède fur la chaux, p. 105. BUPH£6 rt , infede Coléoptere ; fa def- cripiion,/'. 35«. CAMPtCHE , bois de Campêche ; fon effet dans la teinture en noir des foies, p.:&9. CMiI'HR£, fubftitué au foufre dans la compofition de la poudre ; fes effets, p. loç. C^.VOA ,• voyez poudre à canon. CAXVHAKIûE , infeûe Coléoptere ; fa defcription ; fes différentes efpèces , p. 1.9 f. CARENA , fes obfervations fur le cours du Pô, & fes recherches fur les caufes des .changemens qu'il a foufferts , /. 33'- CASSIDA , infede Coléoptere , p. 390. CATALOGUE des Infeiles du Territoire de Tarin , publié par M. Charles Al- lioni,/'. jSj. fc— Des plantes cueillies en Sardaigne dans le Diocèfe de Cagliari,/'. 430. — Des plantes du Jardin Royal de Turin, p. 4Sî. CELLULAIRE , tiffu cellulaire , fiége ordinaire du pus ,/). 3 1 3. C£i.T£i , furent les premiers qui habitè- rent les rives du P6 ; differens noms qu'ils piirent; chaffés par les Tyrthé- niens,/". 354. CERAMUYX, infeûe Coléoptere; il y en a de pluiîeuts efpèces; leur deicrip- tion , /?. 3 9 1 . CHALEUR. Quel eft le degré néccflàire de chaleur pour enflammer la pou- dre , p. '16. Expérience à ce fujet , p. iiS. Méthode pour méfurer 1 intcolité de chaleur de différentes quantités de poudre dans le plein , & les effets qu'elle peut produire , p. 118. Elle di- minue par l'évaporation; conftquence de ce phénomène, p. i4('. CHARROI , entre dans la compofi- tion de la poudre ; fa nature ; fes pro- priétés, />. 105. Effet qu'un charbon ardent produit dans 1 huile Je vitriol, p. 107. CHARENSON , infère Coléoptere ; defcription de fes diiTérentes efpèces, />. 3'0. CHAUX vive ; fon aûion fur différentes fubftances , ^. 2^3. Sa combinailon avec le foutre, p. loç ; avec le foufte décompofé, par l'addition de l'acide vitriolique, p. 1^3. CH M'^OMElE ,• defcription de cet infeûe coléopterei fes différentes efpé- ces,/». 390. CICA:iylCUL.E DE L'ŒUF. Problême de Bellini. Cet Auteur prétend que , lorfqu'on fait cuire un œuf dans l'eau, la cicatricule eft arrachée de lafurface du jaune pour être précipitée au centre, p. '. Expériences quiprouvenc le contraire Se que Bellini s'eft trompé. p. z Si 3. Diflértation de M. Balbi où il s'efforce en vain de donner par les principes de la méchanique , la folu- tion du problème de Bellini,/». 5. CIGNA , ( J. F. ) fa Differtation fur l'a- nalogie entre le magnétifme & l'é- ledncité , p. 34 ; fon expérience fur les mouvemens éleftriques,/'. 5 1 ; fon fentiment fur quelques expériences nouvelles concernant l'éledricité , p. % ; ; fur le froid caufé par l'évapora- tion , p. 1 40 ; fur la caufe de l'extinc- tion de la flamme &: de la mort de» animaux dans un air enfermé, />. nx. Ses expériences fur lacouleur du lang, p. 31É. CIGUL. Pourquoi elle change en pus lichor cancéreux, p. 31c. CINISELLA , torrent formé par le lac qui eft far le Mont-Cenis, p. i^^. CArE , effet que produit fa combinaifon avec le falpétre,/'. IC4. CIROS , infede aptère, /;. 398, C0CHEA7LLE, infede coléoptere; fot «liÛcrentes efpcces, p. jyo. TABLE ALPHABÉTIQUE j0 COMPOSANT. Quels font les compo- (àns de la poudre , voyez Poudre. CORPS armé, corps éleftrique; voyez Eli:ciiu-ite. Raifon pourquoi certains corps iolides fè refroidiilent plus tard dans le vuide que dans le plein air, p. 15 5. Corps glanduleux de l'ovaire; voyez Ovaire. COUENNE , eflai fur fa putréfaftion , p. 509. Expérience de M. Pringle à cet égard , /'. 516; formation de la couen- ne , fa réfolution , fon odeur , fa coa- gulation, id. COURBE, que trace un corps pouffé par la force Je la poudre , p. 85. COUSIN. Defcription extérieur de fa trompe, plus détaillée que celles qu'en ont donné jufqu'à préfent les autres Obfervateurs, /'. 414 & fuiv. Manière de procéder avec plus de sûreté dans cette obfervation , p. 41?. Quel eil la nature &: l'arrangement des pièces qui compofent l'aiguillon proprement dit,f. 4ic. Defcription intérieure de la trompe ,p. 411- Elle n'eft pas celle du Taon en petit , /'. 37. CRAIE. Combinaifon de la craie de Champagne lavée , avec l'acide ni- treux ; refultat de cette combinaifon , p. 190. OJLLEN. Obfervations fur les liqueurs qui font bailler le Thermomètre , p. D pANA , ( Pierre-Marie ) fa Differtation fur une nouvelle efpèce de fang-fue, p. ;p8 ; fur les différences de l'anima! connu fous le nom Ôl Onie-de-mer , p. 403 j fur une efpèce d'agaric ou Bo- letus Pelliceus ,p. 551. DANTZICK. Vitriol deDantzick pré- férable à celui de Detfort en Angle- terre ,/'. î8o. VÈDAI.E , tems de fon arrivée dans les mes Eleûiides, p.-i-iS. DERMESTES , infefte coléoptere , p. 390. DETFORT. Le vitriol de Detfort en An- gleterre , eft d'une qualité moindre que celui de Dantzick , /?. i2o. ViPSACÉESj { plantes ) voy. Plante. ■ discoïdes, (plantes) voy. PLmtt. DISTILLATION dufel ammoniac à feu nud , /'. 1 3 o ; au bain de fable , /;. 131; avec la chaux vive , ih. avec le fel ammoniac fixe , /'. 134 > avec la gre- naille de plomb, ih. avec le plomb Se la chaux vive, p. 135 ; avec le fer, /». 13S ; avec l'alkali fixe,/». 24 1- DOIRA BAUTIA, a fafource dans des montagnes couvertes de glaces éter- nelles ; point d'or , point de poiflbns dans fon lit; fes eaux gâtent & brûlent les herbes de la prairie , />. 3 5^- DOIRE. (la petite) Elle a fon embou- chure dans le Pô ; grofile par le tor- rent Cinifella qui coule du lac qui eft fur le Mont-Cenis , p. 355. DROGUES qui entrent dans la teinture noire des foies,/;. 184 6- fuiv. EAU RÉGALE , fon ufage dans la tein- ture des foies ,/'. 183. •£.4(7.\ Thermales deVinaglio, tempéra- ture du chmat; produdions du iol où fe trouve leur fource , /'■ 1^4. Dégrés de chaleur de ces eaux , fuivant les diveifes fources qui fourniifent aux différens bains, ;;. iy5. Direûion de leurs cours ; leur couleur , leur odeur, les dépôts qu'elle forment , ih. Leur qualité, leur propriété, p. i96. Elles donnent de la faveur au pain , ik Leurs effets , lorlqu'elles font mêlées au iîrop violât, it. & p- 158. Leur vertu bienfaifante , ;'. 30°. ÉLECTRICITÉ. Son analogie avec le Magnécifme , voyez Magnetifme , p. 3 ). L'air eR-il necclfaire [50ur la pro- dudion des mouvemens éleftriques î r. 5 1 . Expériences du P. Beccana à ce fujet ,/'. 52. Manière d'éledriler deux rubans de foie de même couleur, p. 5; &juiv. Moyen de changer l'élec- tricité réfineufe d'un ruban en élec- tricité vitrée , />. 5 5- Expériences de M. Symmer pour prouver l'éleélricite des bas de foie de différentes couleurs, p. 57. Le feul frottement des bas en- tre eux peut les rendre 'éleilriques,/-, j8. En quel tems & de quelle ma- t)ES MATIERES. f)i nière les bas s'cleûiifent J/^. tfo. Ru- bans tledriques ; de leur adhtiîon confiante aux plans lilTes & polis, y. 6i. Expériences pour démontrer cette vérité, i/>. Réponiè à une queftion de M. Nollet, pourquoi il arrive commu- nément que les feuilles de métal font alternativement attirées & repouflées par un tube de verre , p. 6%. Raifon pour laquelle les rubans ne donnent aucun ligne d'éleiSlricité , tant qu'ils demeurent au plan uni lur lequel ils ont été frottés,/!. 6%. Phénomènes qu'offre un tube purgé d'air, ou rempli de corps élcftrifables par communication, p. 6i. Expérien- ces d Haiikfbée ; de quelle manière elles doivent fe faire , />. 6%. Autre ex- périence de M. Franklin fur le même fujet, p. 6ii. Analogie des bas doués •d'éleûricités oppofces avec le verre chargé, ii. Durée de l'éleftricité dans les corps inéledtrifables par communi- cation ,p. 70. Belle expérience de M. Franklin fur l'effet des armures lorfqu'on char- ge le verre , ou d'autres corps inélec- trifables par communication , />. ji. Ce qui fournit la matière éleftrique, i/-. Expériences .\ ce fujet ,/>. 7?. Preu- ve que toute l'éleélricité des armures n'clt point dépofée dans les furfaces du corps armé , p. 7 5- Les condufteurs peuvent contenir autant de matière cleiflrique , que les corps éleélrifables par communication, ». 7i<. Eleiffricités oppolees ; explication de M. Franklin fur leur nature , p. 7 S. Hypothèfe de M. Symmer fubitituée à celle de M. Franklin , p. 79. Il prétend qu'elle eft prouvée par des expérien- ces diredtes ,/>. 80. Supériorité de l'hy- pothèfe de M. Franklin, p. 81. Nature du fluide élailique qui fe dé- veloppe de la poudre à canon,/». 81. Mufchembroek doute que celui que Ton retire des corps foit de véritable air, p. 8t; qu'il n'efl point propre à la refpiration , & quil o'cntretient point le feu, r». 83. Expériences pour s'alTurer fï le fluide élaftique nuit aux animaux , ii. D'où dépend la force prodigieufe du fluide élaftique qui fe développe de la poudre à canon?/?. 90. La force élaftique de la poudre fulminante eft uniforme en tout fcns , p. 106. ÉLECrHIUES , ifles que forment les eaux du Po i origine -de leur nom i leur fîtuation ; ne fiibfiftent plus , p. 337 OJiiiv. L'une d elles fortie de la mer par la force d'un volcan, p. 340. Eh'S ykNEHlS, p.z^,i. Obfcrvations chimiques fur l'Enj veneris de M. Boy- le,/». 17'. EPHtMEKA, infeûe Nevroptere , p, 395. ESPKIT. Efprit-de-vin ; fon ufage dans la diffolution des fels , p 1S5. Quels font les fels dont il eft le difTolvant, i/'. Ofuiv. Il n'agit point fur le tartre vitriolé. ÉTU'.SSE (Charles) ancien Anato- mifte;ce qu'il dit des vailTcaiix fanguins de Xutcnis , p. ^3'i. ÉTOFtF. Pourquoi les étoffes teintes en noir font-elles de moindre réiîltance que les étoffes teintes en d'autres cou- leurs? Solurion , /'. i8j. ÉVAPURAllON. Caufe du froid ,/•. 1 4 t. Ne produit aucun changement dans le thermomètre, fl la liqueur ne tou^ che immédiatement le tube , p. i4î. Conféquence de la diminution de la chaleur par 1 évaporation , />. 1 4*. Elle eft retardée par l'air ,/'. 148. EXT/ACT/OA ; caufe de l'extincftion de la flamme dans un air enfermé,/'. 14 Se ly». FANTON. Il regarde comme futiles les expériences de M. Rainaud fur la na- ture des eaux de Vinaglio, p. 199, not. (P.) FER. Ses rapports avec Y Aimant. Voyez Miignétifme, />. 34. FEU. Pourquoi fa propagation eft in-. terceptée dans le vulde?/». 113. FLAMME. Caufe de Textinftion de la flamme dans un air enfermé; qu'on ne doit point l'attribuer aux vapeurs hétérogènes qui s'en exhalent, éc qui abforbent une partie de l'air renfermé-, p. 14. Expériences contraires à cett« 5J2 TABLE ALPHAEÉTHIQUE opinion,/'. '« ùfaiv. Diflertation liii P. Beccaria fur lai mo.niere de vcrif;-!- ce phcnomène , p. • .'. S;i méchode contraire à celle de M. Hiil'es, p. 15. Machine pour renouveller Fair dans des circonftances où il r,e fe renou- velleroit pas naturelleirciit , p. îî. Que'-'extinfl on de taf'arrmen'apoinr Four caule les v;i;!eurs aiiuciifes , ni abforption de !'?ir , ni fâ rarcfaâion, p. '-5. Mtthooe d'Hauklbée , pour dé- montrer que l'air c)U! a paflii lur des métaux rougis au feu , renfermé dans un récipient , y é-eint la flamme , p. 25. Autre méthode pour prouver que l'air n'eft point a!té:é en pafTint à tra- vers des luyaux de verres bridans,/". îf. Expériences de Boerhave par lel- quelles il prouve que les corps ful- phurcux renfermés dans des récipiens, où l'air extérieur ne pénétre point, ne peuvent y être embrafés ni décompo- fés par l'adlion d'un feu extérieur , même le plus violent,/;. 18. Son opi- nion réfutée, p. 19. L air dans lequel un animal eft mort , fous un récipient, éteint la flamme , />. 3 1 . Ce n'eft pas la chaleur qui en altère l'air,/;. 31; mais la mort de l'animal doit être attribuée à un certain changement qui fe fait dans la conftitution de- cet air, />. 33. Réfultat, qu'il eft trcs-difticile d indi- quer lacaufe del'extinftion de la flam- me dans un air enfermé , /;. 34. FLEUR , de fel ammoniac , p. 13 1. FLEUVES, avantage de leurs tours & détours, p. 535. Réflexions fur leur cours ,p. ^ 3 S. FLUIDE. Fluide élaftique ; fa nature, fes effets; voyez Èlafticue. FLUOR , fel ammoniac fluor,/». 130, 141. FOIE de foufre ; manière de le faire, />. îof. Sa combinaifon avec la chaux, par l'addition de l'acide vitriolique, p. 113. FOUILLE-MERDE , infede coléoptere, p. 390. FOL/RM/ , infe£le hymenoptere ; deux fortes , p. 397. FRANCHEVILLE ( M. de) fon mémoire fur une huile du règne végétal , propre à remplacer l'huile d'olive, p. ipi, ' FKANKLI'iS^. Son expérience fur un tube purgé d'air, p. 69 j fur l'effet des ar- mures lorlqu on charge des corps in- électrifablcs :iar communication , p. 71. Explication fur la nature des élec- tricités oppr fées,/>. 78. Supériorité de fon hypothèle fur celle de M. Symmer, p.%:. FKOIL' , caufé par l'évaporation ,p. 140. Jlaifon de ce phénomène, p. 14; 6- fuiv. il eft plus grand, toutes chofes égales d'ailleurs, dans un air raréfié, FHCTT'rk'ENT. Le feul frottement de deux bas de foie entre eux peut les rendre éleilriques , />. 5 8. GABER , (]. B.) fes expériences fur les humeurs du corps humain , p. 301 & fuiv. Différence de leur réfultat avec celles de M. Pringle, & pourquoi, p. 304. GALÏEN. Son fentiment fur la couleur rouge du fang adopté par les anciens &: par quelques modernes, p. 318; réfuté, p. 319. GAULOIS , obli|;ent les Tyrrhéniens à abandonner l'Italie, /'. ?3 4. GIAVELLl , Médecin de Vinaglio. Son fentiment fur les vertus d'une efpèce d'Agaric,qui croît en abondance fur les montagnes de ce pays, p. 534,(00^.5.) GLAUBER , manière plus facile 8c moins dangereufe de faire le fel ammoniac fecret de Glauber,p. 147 , nor. diflbut dans la liqueur , il lui donne une cou-* leur verte , />. i?'. GOLFE BOTHNIQUE; p. 3? 7. GRAINAGE , néceflaire à la poudre , GRAISSE, ne forme point le pus , mais fert plutôt à le vicier, p. 514. GRASSIONE, fon analyfe chymique d'une efpece d'agaric ,7". î3 5- GRILLON, infefte coléoptere ; de plu- lîeurs efpèces ; leur defcriptjdn , /'.- 392. GUEPE infefte hymenoptere ; defcrip- tion de quelques-unes de fes efpèces, p. i96. HAEN, DES MATIERES. H I Ç^î H/iEN. Ce qu'il dit de l'écoulement du pus d'une playe, ;>. jii. Nie , que les parties folides fe changent en pus,;'. 3if. not. (f.) fon obfervation fur la diflblution de la couenne, citée & ad- mife,;'. 317- UALES , fa méthode contraire à celle du P. Beccaria , pour connoître les caufes de l'extinftion de la flamme dans un air enfermé , ;'. 19. KALLER. Vérité de fon fentiment fur la formation de la couenne, /'. 511. Ses additions & fes correftions à l'Hilloire des Plantes de la Suifl'e , p. 4J0 j fon fupplément à l'Agroftographie de Scheuchzer , p. iji. BAJVOyiUS , continuateur du S}'ftème de Wolff,/'. 37Z. HAUKSBÉE. Comment il démontre que l'air qui a pafle fur des métaux rougis au feu , renfermé dans un récipient , y éteint la flamme, p. îj ; fa méthode pour prouver que l'air n'eft point al- téré en paflant à travers des tuyaux de verres brûlans, ;'. iS. Expériences fur des tubes purgés d'air, ;'. fi8. BEMEROBE, infefte Nevroptere; de deux fortes, p. 39?. HOFFMAN. Ses expériences fur la chaux vive,;'. 103. II prétend, qu'il exifte des parties volatiles par elles-mêmes dans la chaux, ;'. 110. Son fentiment fur la cliaux , conftaté par l'expérien- ce, ;'. ij?. HOMBERG. Obfervations fur la caufe de la diminution de la chaleur par l'é- vaporation , ;'. 149 & fuiv. HblLE diftilée fait defcendre la liqueur du Thermomètre , fuivant M. Cullen, p. 141. Huile de vitriol; effet qu'y produit un charbon ardent,;». 107. HUMEUR. Putréfadion des humeurs animales, voyez Pucréfaclion. BYDROPIQUE. Comment fe forme la membrane qui tapifle les vifcetes des jiydropiques , ;>. jij. ' ICHNEUMON , infefte Hymenopterc , dont il y a plufieurs efpeces, ;'. 396. INSECTES du territoire de Turin. Coléoptères , ;;. 389 ; Hémiptères , p. 39»; Lépidoptères, p. 39^; Né- vropteres , ;'. 395; Hyménoptères , ib. Diptères, p. }97i Aptères,;'. jy8. LABIÉES ( Plantes ) voy. Plana. LEPTURE , infeéle Coléoptere ; énumé- ration & defcription de fes diftérentcs efpèces, p. 391. LIBELWLA, infeéle Nevroptere ; def- cription de fes différentes efpèces , ;'. LIGNAC, f Abbé de ) expofition & ré- futation du fyrtéme de M. Nécdham , dans fes Lettres à un Américain , ;'. 3«3 &: ;Sf. LINDER^IA, plante ; fa defcription ; endroits où elle fe trouve; (on genre; fa vertu, ;'. ? 18 &: ^19. LUUOLFF. Défaut de fa méthode pour corriger les irrégularités du Baromè- tre , p.xo. LUSE cornée; manière de la faire, p. I9i- M MACQUER. Ses obfervations fur la dif- férente folubilité des fels neutres dans l'efprit-de-vin, ;'. iS? ùfitiv. Sa méthode pour blanchir les foyes, p. i8o. MAGNÉTISME. Analogie entre le Ma- enétifme & l'Èleétricité , p. \4. Leur différence, p. 3f. L'interpofition d'u- ne grande malTe de fer , intercepte l'attraftion magnétique , tandis que celle d'iui petit morceau étend cette aftion à des diftances plus confidéra- bles ; raifon de ce phénomène , id. Le fer n'eft pas moins perméable que les autres corps à la matière magné- tique, p. 56. ,11 acquiert la vertu ma- gnétique par fon contaâ avec l'ai- A a aa TABLE ALPHABÉTIQUE SS4! mant, p. 37. L'aftion continuée du ieu la fui fait perdre , /. 38. Pcrar- quoi attiré par l'aimant ? y. 40. Obfer- vation de Mufchenbroek , />. 41. Di- verfes Expériences fur le Magnétifme S: l'Éleftricité , f. 41 &fiiiv. La vertu magnétique de la terre eftuiiiverfelle, p. 48. Erreur des Cartéiiens fur les -mouvemens du magnétilme par les feules loix delà méchanique,/'. 49; l'Éleéiricité artificielle aimante des éguilles de fer , /'. jo. Identité du ma- gnétifine & de l'Ékdtricité , iti. 'MALOUIN, fon obfervation fur les fels féléniteux, p. ^^6. MALPIGHI. Vérité de fon opinion fur la formation de la couenne , />. 31 1. MARGRAV. Il ell le premier qui aitfait connoître que le Mercure précipité de l'acide nitreux , où il a été diflbus, étoit fufceptible defe rediffoudre dans l'acide du vinaigre, p. zf>i. MARIN, voyez, Acide marin. Sel marin ; caufe de fa compofition par les intermèdes terreux,/. îî7. MARS, vitriol de Mars; nitredeMars, p. 194 & '9î- MEDUSE , efpcce d'animal marin. Def- cription extérieure d'une Médufc nou- velle ; première efpece de ce genre ; fon anatomie ; manière de l'enlever du rocher auquel elle eft adhérente ; n'eil point venimeufe pour les ani- maux, & diffère de toutes celles qui ont été décrites , p. 407 & fuiv. MÉDUSE , féconde efpece ; fa defcrip- tion ; différente de l'Ortie cendrée de Rondelet , />. 4 1 1 & 41 î- MÉLAC; étain de Mélac ; fon ufage pour teindre les foies en un beau rou- ge ,/>. 19 1 , not. {il); manière de l'em- ployer , iK MENON (Abbé); fon Mémoire fur le le Bleu de PruiTe , /■. iî(5. MERCURE , caufe de fon élévation & de fa dépreflion dans les baromètres ; voyez Baromètr.'. Mercure fublimé corrofif ; manière de le faire, /^. 154. Mercure; fa combinaifon avec le tartre ; après avoir été diflbus_ dans l'acide nitreux , il peut fe redifloudre dans l'acide du vinaigre, />. i68. MÉTHODE des teinturiers de Paris pou» teindre les foies en noir, p. 284. Méthode de Gènes , ib. Méthode de Tours,/;. iSj. MINIUM. Diftërens elTais de M. MonneT pour trouver les moyens de le faire , p. îéj.Boerrhave veut que ce nefoitque la chaux du plomb, qui expofée long- tems fur le feu , devient peu - à - peu d'un rouge éclatant, p. 1^4. MOJVNET. Ses recherches fur la caufê de la décompofition du nitre & du fel marin , par les intermèdes terreux,/». 157. Sa Lettre à M. de Saluées au fujet du Minium , p. téj. Son Mémoireiur la redification &c purification de l'al- kali volatil obtenu des fubftances ani- males,/». z6^ ; fur la combinaifon du mercure avec le tartre , /». »68. MONTAGNES; les plus éloignées de la mer font les plus élevées & contien- nent la fource des plus grands fleuves, P-^$'-- MORDELLE , infede Coléoptere ; fes différentes elpèces; leur defcription,/?. 391. MOUCHE, infefte Diptère ; defcription de quelques-unes de fes efpèces , pr. 397 & 398. MOUCHE A SCIE , infefle Hymenop- tere ; fes efpèces; leur defcription ,p. 39? & i9é. MOUCHERON , infefte Diptère,/». 398. MUFFA, fubftance gélatineufe que dé- pofent les eaux thermales de Vinaglio, p. zjé. Sa defcription,/». 197. Sa cou- leur, fon odeur, fa pefanteur , iK MULLER ( Otton-Frédéric. ) Son Cata- logue des Infedes du territoire de Tu- rin , publié par M. Charles Allioni , p . 389. MUSCHEMBROEK. Sa découverte fur l'afcenfion & l'ahaiffement des ther- momètres , humeftés de différentes li- queurs, & expofésau vent, p. 13. Ses obfervations fur l'Éledricité &: le mar gnétifme, /». 41. N NADAULT. Sa differtation fur la chau*, imprimée dans le Recueil de l'Acadè- DES MATIERES. 5?; mie Royale Jes Sciences , fous le titre de Mémoires préfcntis à l'Acadi'miepar divin Saianj, 8cc. p. 103. IsAVlER. Son expérience fur la chair de bœuf, liquéfiée par la putréfadlion, p. 508. tlEEUHAM. Réllexions fur fes nouvelles obfervations microcolpiqucs , p. 3f8. Son fîlence fur ces prétendues obfer- vations, /». 3f f. Ses invcftives contre Defcartes, Leibnitz, dont il prétend être le difciple, & généralement con- tre tous les Philofophes qui ne font pas de fon (èntiment , p. i6o&ftiiv. Ses principes entièrement oppofés i ceux du Philofophe d'Allemagne qu'il regarde comme le feul bon Métaphy- lîeien , p. 36'. & 3^:3. Souvent en contradiétion avec lui-même,/'. 3fS. Fauflcté du principe fondamental de fa A'îétaphyfiqne, p. ^69 & fuiv. Rai- fon pour laquelle M. Néedham pré- tend être Léibnitien , jP. 377. Son l}'f- tcme fur l'étendue inintelligible ; ré- futation , ih. & juiv; la conformité de fon fj'lUme avec celui de Leib- nitz confiftc feulement dans les mots p. 380. Abfurdité de fes principes fur la divifibilité de la matière & fon im- pénétrabilité, /'. 3?i. Deux fentimens de Néedham fur l'origine des idées , l'un contraire à l'autre , p. 3 84. Son raifonncment pour la graduation des êtres fîmples, />. 58^. NEUMANS, fon Mémoire fur les chan- gemens de couleur du firop violât,/'. NEIVrOy. Réfutation de fon opinion fur les effets de la poudre à canon &: fur leurs caufes , p. 8 1. Ses recherches fur la courbe que trace un corps poulfé paria force de la poudre,/». 89. NlTRE ordinaire ; il fe diflbut dans l'ef- prit-de-vin bouillant , p. 187. Nitre à baie calcaire , formé par la combinai- fon de la craie de Cnampagne lavée avec l'acide nitreux , p. 190. Nitre de lune , communément appelle , crif- taux de lune, p. 191. Nitre de Mer- cure ; manière de le faire , p. 193. Nitre de Mars ; fa compofition , z». 15 f. JVû/R de Gènes pour la teinture des velours , p. 184 , note {a). Noir de Tours, />. t§y, not. ij. Supériorité du Noir de Gènes fut celui de Paris , p. iS?. Caufe de cette fupériorité , />. 186 & fuiv. hOLLEl'. Réponfe à une de les quel- lions ; pourquoi les feuilles de métal font alternativement attirées & re- poufl'ées par un tube de verre , p.6^.' o (SUF; voyez cicatricule de l'œuf. Le blapc-d'œuf, mis en digeftion, offre les Irncmes phénomènes que le Sérum ; chaugemens qu'il éprouve,/». ORGO , defcription de ce fleuve , tout- à-fait différent de la Doira-Bautiay p. 5 cf. ORiriE DE ^ÏER ; differtation fur quel- ques différences de cet animal ; fa de(^ cription ; fon anatomie; ne peut être rapporté au genre de l'Armeniftari , p. 403 & fuiv. OVAIRE ; corps glanduleux de l'ovai- re : exil^ent-ils dans les Vierges?/;. 53c ; leur deftination , leur torme ; corps jaunes attachés à l'ovaire , p. 5 î« ; (a defcription ; effets qu'il pro- duit dans l'ovaire , p 557. Remarque fur l'ovaire d'une femme accouchée de deux jumeaux, HiJ, PANORPE , infefte Névroptere ; fa deC- cription, p. 395. PAPILLIONACÈES (Plantes) voyez Plante. PAPILLON, infede Lépidoptère; dif- férentes efpèces , /». 393 8c 394. PERCE-OREILLE , inlefte Coléopterc, p. }91. PHAETON. Explication de la fable de Phaëton,;'. 338 & fuiv. PHALENE , inlcite Lépidoptère ; fes elpèces,?. 59f & J9Î. PHENOMENE. Ceux que prcfente un tube purgé d'air , p. 67- A a a a ij ^{6 TABLE ALPHABET H IQUE PIERRE, qui prenoit feu lorfqu'on l'oig- noit, j>. 338. PLACENTA i fa formation', fa defcrip- tion ; endroits où il s'attache , fes di- verfes configurations, 7'. 541. rLANlFETALES , ( Plantes ) voyez Plantes. FLAN TE. Les plantes périfTent dans un ' air qui n'eft pas renouvelle,/'. 160. Catalogue des Plantes cueillies dans le Diocèfe de Cagliari enSardaigne,/;. 439- Addition à l'Hifloue des Plantes de la Suifle, p. 450. Plantes Siliqueufcs, Tetrapétales , ik & fuiv. Papilliona- cées,/'. 455 ; Labiées, 7'.*4é4 ;Verti- cillées , ;'. 4^5 ; Dipfacées , ;'. 4^7 ; à fleurs agerégées , />. 4«3 ; Difcoides, . p. 470 ; a fleurs radiées , p. 475 ; Pla- nipetales , /i. 478; à fleur monopétale jimple , p. 490 ; à fleur bipétale , p. 495; à fleur tétrapétale cruciforme, ih. à fleur tétrapétale ou pentapétale papillionacée , />. 495 ; à fleur penta- pétale & à deux fcmences nues , /'. 497 ; à fleur pentapétale , mais non à deux femences nues , /i. 4j8 ; à fleur hexapétale,/'. 5o^ ; à fleur polypétale, ib. à fleur apétale , à l'exception des gramens, /'. 505 ; à fleur apétale Cra- mons , p. 504; à fleur imparfaite ou plutôt imperceptible , p. çoî. Plantes qui naiflent dans l'Ifle de Corfe , /'. 505 ù fuiv. PLAZZA, (Michel -Antoine) Plantes qu'il a cueillies dans le Diocèfe de Cagliari en Sardaigne , p. 439- PLOMB corné, /'. 134. PO. Ce qu'en dit Polybe, /. 331 ; Ri- vières qu'il reçoit dans fon fein ; le plus abondant Ûe l'Italie ; longueur de fon cours ; fa région fut peuplée la première; />. 33^ Ofuiv. Nom que les Celtes lui donnèrent , ih. not. {/>). Ses débordemens ; travaux des Romains pour les arrêter,/». 334. Sa divifion du temps de Strabo, p. 343- Chan- gemens qu'occafionna dans fon cours le limon que fes diverfes branches dé- poferent , p. 350; il rend fertiles les terres qu'il inonde , />. 555. POLYBE. Sa defcription de la région qu'arrofe le Pô, ^. j 31. POUDRE. Poudre à canon ; deux opi- nions principales fur les effets de la poudre à canon & leurs caufes,^. ?'• Opinion de Newton,/'. «1. Réfuta- tion , ih. Recherches de cet Auteur fur la courbe que trace un corps pouffé par la force de la poudre ; folution plus ample de cette matière , donnée par BernouUi , p. 89. L'air eft le grand agent qui produit les effets delà poudre, ;'. 91. Sentiment con- traire d'un Phyficien moderne ,/'. ?»• Qu'il n'eft pas vraifemblable que la force ou l'aflivité de la poudre dé- pende du volume du la flamme , /'. 95. Argument de M. BernouUi, pour démontrer que dans la poudre il faut admettre un principe plus adtif que l'air , /'. 97- Réfutation, i/>. & fuiv. Quelles font les propriétés &: les fonc- tions de chacun des compofans de la poudre ? p. 98. La poudre s'enflamme dans quciqifair infeûé que ce foit, p. 103. De quelle manière fe mani- feftent les e?ets de la poudre ,p. . 301. Le réfulratde fes expériences dif- férent de celles de M. Gaber, />. 504. Sa théorie fur le Sérum , éclaircie Se mieux développée,/». 309. Il p.rétend que le Sérum le trouble avant de de- venir fétide , p. 3" , not. (i) fes ob- fervations fur la Couenne, p. 316 6- fuiv. PRISCIEN, fon fentiment fur la divifion du Pô, p. 34'. PACERON, infeéle Hemiptere, p. 393. PUNAISE , infede Hemiptere ; defcrip- tion de fes diverfes efpcces,/;. 391 & 393- PUS,£on origine Çc fa nature incertaine. DES MATIERES. ■p. 305. On prétend qu'il eft inflamma- ble, p. 31 '. Son origine rapportée i la dcgénération du Sérum , p. ]\i. FUTRLt'ACl'lOIS des humeurs anima- les, p. 301. Elles peuvent , dans les maladies , devenir alcalefcentcs , au point de faire effervefccnce avec les acides , p. 301. QUESNAY , ce qu'il penfe de la croûte glaircufe qui (e forme fur le iang,/». 316, note \a). R liAIKAUD. Son fentiment fur les eaux de Vinaglio cité & refuté par M. Fan- ton, p. i9 9 , not. (p\ RAISIN. Méthode pour tirer de l'huile des pépins de railm , p. 151. RAVENNE ; les Romains y conftruifi- rent un poit , pour y entretenir une flotte,/'. 54e ; defcription de ce port , ii. fa fituation au milieu des eaux , /'. 347. REGLEY, (Abbé) Editeur d'un ouvra- ge de M. Néedhani , p. 3 67. RVCHERS qui s'entrechoquent ,/>. 338. rOFFREUI ( Maurice ) Abbé de Cafa- nova. Sa Lettre fur les nouvelles ob- fervations microlcopiques de M. Née- dham , /'. 558. Ofuiv. Son Mémoire fur la trompe du Cou- fin & fur celle du Tdbn , p. 41 i. ROUELLE. Sa préparation pour le bleu de Roi , rapportée dans le Mémoire de l'Abbé Menon,/;. ijê'. RUSAN DE SOIE ,• manière d'élcdri- fer deux rubans de même couleur,/'. 53 ; de changer leur éleûricité,/». jî; pourquoi adfiérants conllamment aux plans lilTes & polis.'/'. 6i ; pourquoi ne donnent aucun fione d'éledricité, tant qu'ils relient fnr'ces plans? p. 65. SALPETRE. C'eft un fcl moyen; fes ??? propriétés , p. 9?. Il contient une grande quantité d'air , p. 101. Le fal- pétrea-t-il par lui-même la propriété cxpenfive ? Expérience à ce fujet , p. lOJ. SALUCES, (Comte de) fa differtation fur l'aâion de la chaux vive fur dif- férentes fubllanccs. /'. 103. Ses expé- riences pour déterminer exadement , fi le foutfre qui relie dans la chaux après fa décompofition, n'eft plus fous la forme de foufre, p. iip. Ses ob- fervations chimiques fur VEns-veneris de Boyle, />. 177. SALUCÉS. ( le Chcv. de ) Son mémoire fur la nature du fluide élaflique qui fe développe de la poudre à canon , p. SANG , il doit fa couleur rouge à l'air mi'il contient, p. 3i£r. Pourquoi de différente couleur dans les différentes veines ? il devient noir en fe putri- fiant , ih. Gallien en attribue la raifon à l'humeur mélancholique qui tombe au fond du vafe , p. 313. Réfutation de cette opinion y p. 3111. La noirceur des couches inférieures du f^ing n'efl point produite par la prefiïon des cou- ches Uipérieures, p. ijo. Difficulté de déterminer la caufe qui fait noircir le fang dans les endroits où l'air ne pé- nétre pas, p. 331. SASG-SUE , nouvelle efpcce ; defcrip- tion de fa partie extérieure; de quelle manière elle exécute fes mouvemens; ne peut vivre hors de l'eau ; fon ana- tomie ; endroits où cette efpèce fe trouve ; maux qu'elle caufe i moyens d'y remédier , p. 3 98 & Cuiv. SCARABÉE , infeûe Col'éoptcre ; fes efpèces i fa defcrigtion , /'. 385 & 590. SCHEUCHZER, fupplément à fon Agroflographie , p. 521. SC^'LAX ; fon affertion fur la ville de Spine ,p. 540. SEIGNETTE. Expérience fur le fel de Seignette au moyen d'une diflbiution de mercure ; p. 17^. SEL. Sels neutres ; leur différente fblu- bilité dans l'efprit-dc-vin , /i. iSf. Sel marin , Sel ammoniac. Sel de Î5r8 TABLE ALPHABÉTIQUE Glauber, Sec. voy. Marin, Ammoniac, Glaiihcr , Sec. SÈPÀRAriON du fel volatil d'avec l'eau qui le tient en diflblution , /'. z4 j &Juiv. SÉROSITÉ. Elle eft de toutes les hu- meurs celle dont la putréfadlion eft la pUiî lente, p. ^oj. SEUUM , eflai fur fa putréfadlion,/'. 309. Il fe trouble avant de devenir fétide, p. 511, not. (i) Sa dégéné- ration engendre le pus ; changement qui arrive dans fon fédimentj com- ment il s'épanche,/». 31:. SËYPIUS. Son obfervation fur le fel neutre dans les eaux minérales , p. Z09 , not. SILIQUEUSES ( Plantes ) voy. Plante. SILPHA, inCe&e Coléoptere , ;>. 590. SIMIENOirŒZ.^Cafimk.) Ce qu'il dit de la méthode dont les payfans Co- faques fe fervent pour faire de la pou- dre , p. 137. nor. SIROP violât i caufes des changemens qu il éprouve, par le mélange de dif- férentes fiibftances, p. 150. Diverfes expériences à cet égard,/». 251 & fuiv. SOIE, préparation fimple pour la blan- chir,/». 180. Moins couteufe que dans les fabriques , p. zSi. Les foies de la Chine plus parfaites que les nôtres , i/'. Méthode pour les teindre en noir; défaut de la teinture employée dans les fabriques , p. lijj & fuiv. SOUFFRE. Ses propriétés connues ; les vapeurs du fouffre brûlé abforbent l'air , p. loi. Il entre dans la com- pofîtion de la poudre , i/i. combiné avec la chaux, p. 205. Manière de faire le foie de fouftre , ik II décom- pofe la chaux, p. lyy. SPHEX, infeéle hyménoptères il y en a de deux efpeces,/'. 396. SPHINX , infede Lépidoptère. Explica- tion fur la différence de fes efpèces ,p. 394. SP/AJ, ville bâtie par les PeflagesThef faliens dans l'Ille Éleftride , p. 338. Commerce qu'y faifoient les Grecs, /'. 341 ; fes vertiges fubmergés dans le marais de Commachio , p. 541. STAPHïLIN, infeite Coléoptere, />. 3 9 1. STHAL, Il eft le premier qui ait indiqué une méthode fùre pour décompolèf le fouflre, & pour faire du tartre vi- triolé ,p. 109 ; fa doétrine fur la caufe de la décompofition du nitre & du fel marin par les terres argileufes , adoptée, p. 157. STRABON, nie l'exiftance de l'Éridatl & celle de l'ambre à fon embouchu- re,/». 340. SUCRE. Le fucre a une propriété ex- panfive, moins fenfible que celle du falpétre,/». loz. Il ne peut donner d'explofion , 104. SUIF; combiné avec le faipêtre, il produit le même effet que fi on avoir mêlé du charbon avec du falpctre,/». 104. SYA^MER. Précis de fes expériences fur l'éleâricité des bas & des rubans de foie, />. ^7 ; fon hypct^è^e fur la na- ture des éleftricites oppofées , fubfti- tuée à celle de M. Franklin , /». 79; prouvée par des expériences diredes, /». 80. T TAON, infefte Diptère; deux efpèces, p. 398. Deftription nouvelle de fa trompe,/». 411; elle eft mufculeufe& fe termine par deux groflés lèvres charnues, /A 419. L'air fait le princi- pal jeu de la trompe , /». 431. Celle du taon doit être placée dans le genre des trompes afpirantes , /». 433. Deux lèvres à fon extrémité , fournies de vaiffeaux à_^air, comme celles de la mouche commune,/». 454. TARTRE vitriolé; indiffoluble par l'd"- prit-de-vin , /». 187. Sel de tartre; ré- fultat de là combinaifon avec le plomb , /». 137 ; avec le mercure , p. z6S. TAUPIN , infeéte Coléoptere ; trois for- tes ,-p. 391. TEINTURE. D'où proviennent les dé- fauts de la teinture noire? Eft- ce du nombre des drogues, de leur qualité, ou de la manière de les employer?/». Moyen de teindre la foie en un rouge vif de cochenille, 7». 290. TERMES, infefte Aptère , p. 333. DES MATIERES. TETBAPÉTALES , ( Plantes ) V03CZ P/(wrcs. THËOPOMPE , Auteur Gcographiaue; fes ouvrages crtimts des Anciens; dans quel tems il vivoit , p. 557 , not. {e). ■THERMOMÈTRE. Découverte de Muf- chembroek fur l'afcenfioo &: l'abail^ femcnt des Thermomètres humedés de diffcrentcs liqueurs & expoft-s au vent. /'. 13. Expcriences à ce fujet, Diflîcultc d expliquer ce phcnomcne , p. M- L'eau n eft pas la feule liqueur quifafle baifer le Thermomètre,;'. 141. TIPULE, infeile Diptère, ;'. 397. TIQUE , infêûe Aptère ; voyez C'trôn. TISSU cellulaire , voyez Cellulaire. TUBE ; purgé d'air : phénomtne qu'il offre , voyez Élnjlich^. TURBITH minéral ; changement qu'il produit dans la couleur clu firop vio- lât,/'. 153. Turbith , ce que c'eftjf. zî8. TïRRHÉNIENS , chaflent les Celtes des rives du Pô ; deflcchent de grands marais ; creufent des grands canaux, & font chaflcs à Jeur tour par les Gaulois, ;'. 334. u UTERUS ; il n'offre pas des change- mens fenfibles immédiatement après la fécondité, /'. 558 ; éprouve une pré- paration néceflaire pour l'accouche- ment, p. Î59. Nouvelles expériences qui préfentent de nouvelles découver- tes , /?. Î40 &fulv. VAI.LE; (Félix •) fon Catalogue des Plantes qui naiflent dans l'Ide de Cor- fe , publié par M. Charles AUioni , /. 5°J- SS9 VÉGÉTAL ; fcl végétal ; moyen de le décompofcr par une diflblution mcrcu- ricUe , f>. 17-4. VELELLA. Elpèce d'ottie de mer ; c'cft la féconde du genre des Armeniftari ; elle a la forme d'un voile déployé, 8c a été décrite fous ce nom par Carburi, p. 405 & fiùv. VERATTI. Ses obfervations fur la vie des animaux enfermés fous le réci- pient , p. i6c. VERWISANT, infeéle Coléoptere,/>, 3S'- F£RT;C/L LÉ£5 (Plantes) voy. Plante. VIEILLARD , (le) fa manière de pro- céder dans une dillillation de nitre avec du fablon , /'. ijj. VINAGLIO. Efiai d'analyfc des eaux Thermales de l'inaglio , />. zyj. Voy. Eaux Thermales de Vinaglio. VINAIGRE. Acide de vinaigre; fes pro- priétés ; voy. Acide. VIOLAT. Voyez Sirop violât. VIOLETTE. Defcripdon d'une efpccede violette, trouvée fur le mont cfcarpé de VAJiette , z'. 5 1 9- Dans quelle clafle on peut la ranger , p. 520. VISO ,Uo\\t-V'i['o ; fa defcription ; Lac qui fe trouve au milieu de fa defcente, éc donne l'origine à trois fontainesj fon embouchure entre Ravel & Sa- luées, /'. 3Ç4 ùfuiv. VITRIOL. Le vitriol de lune eft une com- binaifon Je l'acide avec l'argent, par précipitation,/». 192. Vitriol de mer- cure , />. î 9 j. Vitriol de Mars,». 194. Huile de vitriol ; effet d'un charbon ardent dans l'huile de vitriol, p. 207, Jf'CLFF. Preuves tirées de fon (j'flème, conttc les principes de M. Nécdham , p.i6s &c 37Î. Fin de la Table des Matières. i.(»ç:4te^j/" ^ tloZ/ivl. ^■Jirai/i'rrut/iu- . parité Ett\ttu/ere ■ Ti'm- z 3 ■' Jl-^2^ C^&srf- .-liuz^ietfii^Ut . f^arti<- Eh\iiU7i-re . T.^nt . /,* /'/..// d'/Zt'i/. -4,\i./c-//iii/i/f , f'iir/ie \Et/\2/i,jirc- ■ '/]'m z^"^ f I ' J J i ■ /ta ■ t~ r..//.v/. -■/r.TjciujUi , /-M/u- Etr,in.,,-re ■ T,r77i xj ' PI III.