u iOMPENDIUM D E LOGIE TRADUiT PAR E. VINCENT A pjtsia G MASSON,EDITEUH + .A.3. G. MASSON, EDITEUR BIBLIOTHEQUE DIAMANT DES SCIENCES MEDICARES ET BIOLOGIQUES RESUME D'ANATOMIE APPLIQUfiE Par M. le Dr Paulet, professeur a la Faculte de medecine de Paris. 2e edition avec 63 figures dans le texte. 6 fr. COMPENDIUM DE PHYSIOLOGIE HUMAINE Par M. le professeur Jules Budge, traduit de l'allemand et annote par M. le Dr Eugene Vincent, avec 53 figures dans le texte. 6 fr. MANUEL DE PATHOLOGIE INTERNE Par M. le Dr Dieulafoy, agrege de la Faculte de medecine de Paris. 2 volumes de chacun 500 pages. lor volume : Appareil respiratoire — Circulation — Systeme nerveux. 6 fr. LES BANDAGES & LES APPAREILS A FRACTURES Par M. le Dr Guillemin, avec 155 figures dans le texte. 6 fr. MANUEL DU MICROSCOPE Bans ses applications au diagnostic et a la clinique , par MM. les Drs Duval et Lereboullet. 2e edition, avec 96 fi- gures dans le texte. 6 fr. PRECIS D'HYGlENE privee et sociale Par M. le Dr A. Lacassagne, professeur agrege au Val-de-Grace et a la Faculte de medecine de Montpellier. 2° edition. 7 fr. MANUEL MEDICAL D'HYDROTHERAPIE Par M. le Dr Beni-Barde, medecin en chef de I'Etablissement hydrotherapique medical de Paris et de I'Etablissement hydro- therapique d'Auteuil, avec figures dans le texte. 6 fr. G. MASSON, EDITEUR BIBLIOTHEQUE DIAMANT DES SCIENCES MEDICALES ET BIOLOGIQUES PRECIS DE MfiDECINE JUDICIAIRE Par M. le Dr A. Lacassagne, professeur agrege au Val-de-Grace et a la Faculte de medecine de Montpellier, avec figures dans le texte et 4 planches en couleur. 7 fr. 50 GUIDE PRATIQUE D'ELECTROTHERAPIE Redige d'apres les travaux et les lecons du Dr Onimus, par le Dr Bonnefoy, avec 90 figures dans le texte. 5 fr. ELEMENTS DE PHYSIQUE Appliquee a la medecine et a la 'physiologie, par M. Moi- tessier, doyen de la Faculte de medecine de Montpellier. Optique, avec 177 figures dans le texte. 7 fr. 50 MANUEL D'OPHTHALMOSCOPIE Diagnostic des maladies profondes de Vozil, par M. le Dr Daguenet, avec 11 figures dans le texte et une echelle typographique. 4 fr. MANUEL D'OPHTHALMOLOGIE Par M. le Dr Georges Camuset, avec 123 figures dans le texte, et une eau-forte, par M. Firmin Girard, representant une operation de cataracte. 7 fr. MANUEL D'OBSTETRIQUE Ou Aide-Me'moire de Veleve et du praticien, par M. le Dr Nielly. 2e edition revue et augmentee, avec 43 figures dans le texte. 6 fr. Paris. — Imp. Hotteroz, 54 bis, r. du Four. Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/compendiumdephysOObudg COMPENDIUM BE PHYSIOLOGIE HUMAINE PARIS. — IMP* SIMON RAQON ET COMP., ROE d'eRFCRTH, I COMPENDIUM DE PHYSIOLOGIE HUMAINE PAR JULIUS BUDGE Professeur d'anatomie ct de physiologie Dirccteur del'Institut anatomiquo et physiologiquea I'universile de Greifswald TRADUIT DE L'ALLEMAND ET ANNOTE AVEC L ' A U TORI S A TIO>" DE l'aDTEUR PAP. EUGENE VINCENT PARIS G. MASSON, EDITEUR [.IBP. AIRE DE l' AC AD EMI E DE M ED E CINE PLACE DE L'ECOLE-DE-MEDECINE 1874 Tons droits reserves COLLECTION IN-18 DIAMANT Ot'V RAGES Pl'BLIEM MANUEL D OBSTETRIQUE , cu Aide-memoire de l'eleve et du praticien, par M. le Dr Niei.lt, avec 43 figures dans le texte. — Prix . . . ♦ & ft*. MANUEL DU MICROSCOPE, dans ses applications au diagnos- tic et a la cllnique, par MM. Duval et Lereuoui.let , avec 98 figures dans le texte.— Prix 5 fr. COMPENDIUM DE PHYSIOLCGIE HUMAINE, par M. le profcs- sfiur Jules Budge, traduit de l'allemand et annote par Eugene Vincent, avec 55 Ggures dans le texie. — Prix 6 fr. RESUME D'ANATOMIE APPLIQUEE, par M. le Dr Paolet , pro- fesseur au Val-de-Grace. — Prix . . ^ r> fr, AVANT-PROPOS VV TRADUCTfiUR Les etudiants qui out eu l'occasion de visiter les universites allemandes, dans ces dernieres annees, ont pu voir, entre les mains de la plupart des etu- diants en medecine de l'Allemagne, le Compendium de pliysiologie du professeur d'anatomie et de phy- siologie a l'universite de Greifswald, M. le docteur Julius Budge. La faveur dont jouit ce petit livre outre-Rhin nous inspira le desir de le connaitre, et lorsque nous l'eumes etudie, la pensee de le tra- duire s'imposa bien vite a notre esprit, comme un devoir de bonne amitie a remplir envers nos collo- gues, pour lesquels la langue de Gothe et de Schil- ler est encore lettre morte. Nous avons essay c de combler quelques lacunes de l'ouvrage par des annotations et des intercala- tions dont nous avons puisc la substance et souvent le texle dans les ouvrngcs fraiicais les plus auto- vni AVANT-PROPOS. rises. Nous nous sommes particulierement applique a resumer les principes d'anatomie generate et d'his- {ologie que M. Robin professe avec tant d'eclat a la Faculte de Paris. Toutes nos intercalations et annotations sont indi- quees par des asterisques *. Nous avons reproduit dans notre traduction les excellentes figures dont l'ouvrage allemand est il- lustre, en en aj out ant quelques-unes empruntees la plupart aux Elements dliistologie de Kolliker. Nous croyons inutile d'exposer tous nos titres a 1'indulgence des lecteurs; le rang modeste que nous occupons dans la science reclame touie leur bien- veillance ; nous n'avons rien neglige pour nous en rendre digne. Eugene Vincent. Lyon, 20 avril 1874. PREFACE DE L'AUTEUR Par suite de mes nombreuses occupations, la re- vision de cette seconde edition du Compendium a ete renvoyee jusqu'a ce jour, bien que ce travail fut imperieusement exige depuis plus d'un an et demi. En effet, quoiqu'il ne se soit pas ecoule un temps bien long entre l'apparition de ces deux editions, beaucoup de choses se sont elucidees cependant dans le domaine de la science physiologique. Ainsi, par exemple, la theorie des gaz du sang a conquis un tres-haut degre de perfection ; — celles de Taction des vaisseaux lymphatiques et de la cir- culation de la lymphe ont fait des progres conside- rables; — des experiences chimiques, sur des raa- tieres jusqu'alors inconnues dans les muscles et les nerfs, ont eclairci plusieurs points obscurs; — des recherches laborieuses et fecondes, relativement a rechange des materiaux organiques, out ouvert de x PREFACE. riouveaux horizons sur ce terrain; mais c'est l'etude approfondie des centres nerveux, des fonctions dn nerf sympathique et des organes des sens, qui a particulierement attire l'attention des histologistes et des physiologistes. Aucune section n'est done restee sans avoir subi de modifications et d'additions. Mes experiences personnelles donneront, je l'es- pere, a ce livre cette certitude qui manque genera- lenient aux compilations. Je n'ai pas besoin de reclamer l'indulgence des lecteurs, lorsque je rends au nerf sympathique ses droits de nerf medullaire que j'ai toujours defendns, ni quand je le separe des nerfs ganglionnaires, eu m'appuyant sur des resultats connus qui ne per- mettent aucun doute relativement aux connexions de la moelle epiniere avec les nerfs vasculaires. Je n'en ai pas plus besoin, lorsque j'admets dans un livre, qui ne doit renfermer que des faits incontestes, mes propres experiences sur l'innervation de la ves- sie, dont beaucoup de mes confreres se sont con- vn incus. Quant a la theorie des nerfs d'arret, instruit par l'experience, j'ai cru devoir me garer des opinions extremes. Je n'ai, dans cette edition, fait entrer d'histologie el de chimie organique qu'autant que cela etait ab- solumenl necessaire pour eclairer les questions phy- PREFACE. xi siologiques.Lesformules chimiques sunt constniites d'apres la theorie des types. En ce qui regarde la mention des auteurs, jen'ai, regie commune, nomme que ceux qui ont les premiers decouvert un fait, omettant les noms de ceux qui Font ensuite appro- iondi, parce que, suivant l'adage : Inventis facile est aliquld adders. Si, en ce point, j'ai commis quelque faute, je l'ai fait sans premeditation. En tout cas, on ne decou- vrira point dans ce livre une litterature de senti- ment, refletant les passions de Tauteur, soit pour, soit contre. Pour ce qui regarde les susceptibilites excessives des ecrivains, jeles prie a l'avance de me pardonner. Budge, Gi^eiiswald. COMPENDIUM DE PHYSIOLOGIE HUMA1NE INTRODUCTION Definition. — La physiologie humaine est la science des phenomenes de la vie dans le corps humain et des lois qui les regissent. But ties phenomenes. — Le but final de toils les phenomenes vitaux du corps humain est, abstraction faite de la generation, la manifestation d'une volonte et d'une idee. Tout phenomene est un mouvement. — Tout phenomene repose sur des mouvements, que ces mouve- ments soient directement perceptibles ou que leur existence ne puisse etre inferee que de leur analogie avec d'autres mouvements perceptibles. Par exemple, le mouvement qui est produit par les vibrations de Tether et auquel est lie le phenomene dechaleur, est un mouvement de cette dernierc espece. Force. — Tout mouvement, tout phenomene, par con- j. bulge. 1 PHYSIOLOGIE HUMAIKE. sequent, est l'effet d'une force. La force est le principc pense d'un mouvement, le mouvement est le principe re- presents d'une force1. Un corps qui se meut, un corps, dont les particules subissent un changement de position, soit que ces particules s'ecartent les unes des autres pour revenir ensuite a leur position premiere, comme, parexem- ple, les particules musculaires, se rapprochent pendant la contraction d'un muscle (mouvement ondulatoire), — soit que la masse entiere du corps prenne une position diffe- rente (mouvement de translation), ce corps produit un phe- nomene de mouvement. Resistances; Constance de la force. — II n'y a pas de mouvement sans que ne se manifestent en meme temps des resistances, qui reagissent contre la force mo- trice. Le mouvement ne se produit que lorsque la force motrice est assez considerable pour vaincre les resistances, Si celles-ci deviennent egales a celle-la, le mouvement s'arrete. La force motrice ne peut plus, il est vrai, se ma- nifester de la meme maniere et atteindre le meme but, mais elle n'est pas detruite pour cela : elle se montre sous une autre forme. Quand, par exemple, dans la marche, les sur- faces articulaires convexes des condyles du femur glissent sur les surfaces articulaires concaves du tibia, la force mo- trice subit de la part du frottement un prejudice conside- rable, mais il s'engendre, en revanche, dela chaleur comme equivalent de la force de mouvement perdue. Une force peut se transmettre, se transformer, mais elle n'est jamais an- nihilee ; elle est constant e. Quand, par exemple, nous vou- lons mouvoir le bras, les forces cerebrales excitees par une |dee se portent vers la moelle epiniere, puis vers les nerfs 1 * C'est-a-dire que la force est le principe du mouvement, que le mouvemeut ne peut etre congu sans la force ; qu'une pierrc ne bougera pas de place, si aucune force ne vient la toucher; et que par suite, tout mouvement rdvele une force, qui est la cause, le principe du mouvement. E.V. INTRODUCTION. 3 moteurs, puis vers les muscles. Ainsi la force cerebrale est changee en force de travail des muscles et celle-ci se trans- forme de nouveau, par suite des resistances, en chaleur qui, rayonnant a l'exterieur, contribue a la generation de nou- velles forces mecaniques ou chimiques. Isure des substances. — A chaque mouvement, le corps qui se meut s'use, c'est-a-dire qu'il perd de ses par- ties integrantes et que la continuation des mouvements le detruira completement, s'il n'est restaure. La rapidite avec laquelle il est use depend de circonstances differentes : 1 . De la quantite des mouvements; 2. De la reparation des organes qui est inversement proportionnelle a la quantite des mouvements ; 5* Des resistances. Si un mouvement mecanique est aboli par ces dernieres et si la force motrice est convertie en une force chimique outoute autre force analogue, alors les parties serontarra- chees de leurs combinaisons, et il en resultera une grandc dissolution. Lorsque, par exemple, le mouvement muscu- laire engendre de l'acide carbonique, le muscle perd du carbone etd'autres elements qui sont necessaires a la for- mation de l'acide carbonique. 11 y a done la une perte de substance plus grande que lorsque, par exemple, une ar- tere se dilate passivement, — puis se contracte, en vertu de sa propre elasticite. 4. De la structure des parties organiques. Plusieurs re- sistent plus longtemps que d'autres aux influences Cxte- rieures. Les tissus qui ont une forme et qui sont ranges en faisceaux 'juxtaposes semblent appartenir aux premieres [celles qui resistent plus longtemps], tandis que les liquides et les parties non combinees semblent s'user plus facile- men t. Reparation des forces us^ees et transformers . — Si les forces changent constamment leur forme, si les mouvements se metamorphosent pareillement, si la sub- 4 PHYSIOLOGIE HU MAINE. tance capable de mouvement s'use, lous ces facteurs des phenomenes du corps humain doivent etre continuellement remplaces. Agents conservateurs dela vie — Circulation et Respiration. — L'experience apprend que le corps humain ne peut se conserver qua la seule condition que des aliments convenables et de l'air atmospherique lui soient apportes du dehors et que les excrements, l'urine, l'air respire, la vapeur d'eau cutanee soient expulses de son sein. Bien des fonctions, il est vrai, contribuenta maintenir le corps dans la possession des proprietes qui lui appar- tiennent: mais il y en a deux, sans lesquelles toutes les autres s'eteignent et la mort arrive fatalement, a savoir : la circulation et la respiration. Pour les prolonger aussi longtemps que possible, le resle du corps donne, quand nulle nourriture n'arrive du dehors, ses propres provisions, jusqu'ace qu'il n'y ait plus de ma- teriaux suffisants pour que les organes de la circulation et de la respiration puissent accomplir leurs travaux. Oxygene et aliments. — L'oxygene et les aliments passent dans le sang, ces deraiers sous une forme appro- priee a leur introduction et, par consequent, sous une forme differente, alteree. Les tissus se reparent aux depens des parties constituantes du sang ; leurs elements uses retour- nent au sang et finalement passent de celui-ci dans les or- ganes eliminateurs (principalement les reins, lapeau et les poumons). Travaux du corps. — Pendant que les aliments eprouventces phases multiples, il s'accomplit dans le corps une foule de travaux qu'on peut, au fond, diviser en trois classes : 1. Travail glandulaire oucellulaire, dans le sens strict du mot ; 2. Travail musculaire; 5. Travail nerveux. INTRODUCTION. 5 Le travail cellulaire proprement dit consiste en la pro- duction des matieres fluides ou solides qui servent a former lesang, puis a lubrefier, a humecter les parties, a dissimuler les substances apres, a combler les lacunes, a soutenir, et autres fins semblables. Le travail musculaire- consiste en l'execution des mou- vements par lesquels certaines parties du corps sont rap- prochees ou eloignees les unes des autres. Le travail nerveux consiste ence que, sous diverses in- fluences, par exemple, sous l'influence de l'ame oudumonde exterieur, les nerfs peuvent etre portes de l'etat de repos a l'etat d'activite, d'ou resulte une action qui se nomme tantot sentiment, tantot phenomene psychique, tantot mouvement musculaire, tantot secretion glandulaire. Forces efflcientes. — Pour que ces travaux puissent s'accomplir, il faut necessairement que des forces se deve- loppent dans le corps. Ce sont : 1 . Des forces chimiques ; 2. Mecaniques; 3. Cellulaires. Trois sortes d'influences, venant du monde exterieur, agissent sur le corps : Oxygene, aliments et impressions des sens. Ce sont des produits d'autres forces, des forces latentes, en quelque sorte, qui, pendant la vie, sont converges en forces vives, par reciprocity d'action avec une autre force existant dans le corps. La force existant a l'origine de la production d'un orga- nisme, est representee par la cellule embryonnaire, qui a ete transmise d'un individu a un individu. La 'cellule em- bryonnaire se segmente indefiniment avec des formes tou- jours nouvelles, et chaque serie presente des caracteres speciaux, tels qu'ils conviennent a chaque organe. Chaque organe est un complexus de cellules, chaque cellule un or- ganisme en petit. (V. Sect. IV.) Les cellules nevivent et 6 PHYSIOLOGIE HUMAINE, n'agissent que grace a Voxygeney grace aux aliments. Les prmcipes constitutifs des organes sont des matieres alimentaires sous une autre forme, savoir : sous une forme telle qu'ils puissent etre utilises par les cellules pour l'exe- cutiou de leur travail, et telle enfin que, devenus inca- pables de remplir aucunc fonction, ils out la destinee de quitter le corps. Force de tension et force -wive. — L'oxygene se comporte dans son action sur le corps d'une autre maniere que les aliments. On sait qu'il a une grande tendance a s'unir avec d'autres matieres. II porte en lui une force que nous ap- pellerions volonte, dansun corps sensible. On la designe sous le nom de force de tension. Que des conditions determinees ge reunissent, et la volonte deviendra action. Si l'oxygene se porte vers un autre element, il en resulte une nouvelle combinaison, la force de tension est devenue force vive. Avec la combinaison, Faction de la force cesse de se mani- fester dans le sens de tout a l'heure ; il se produit une autre espece de mouvement : la chaleur. Ce sont a present le carbone et l'hydrogene qui, dans le corps vivant, sont surtout apprehendes au col par l'oxygene pour former de l'acide carbonique et de l'eau. Les substances nutritives livrent leurs materiaux oxydables ; les elements de ces derniers, en se desagregeant, donnent lieu necessairement a d'autres decompositions. Et enfin, l'acide carbonique et l'ammoniaque, ou leurs composes, sortent du corps comme des produits terminaux. Mais les forces de tension ne sont pas renfermees seule- ment dans l'oxygene et autres elements chimiques : elles existent aussi dans les cellules. Tandis que les elements chimiques ont de la propension a contracter des combi- naisons heterogenes, les cellules ont la tendance inverse a se maintenir elles-memes. C'estune chose incontestable que les forces de tension des cellules ne devienneut jamais des forces vives, si des oxydations et autres processus chimiques INTRODUCTION. 7 n'ont pas lieu prealablement. On peut dire que les forces d'affinite chimique se convertissent en forces cellulaires et celles-cia leur tour en forces chimiques. Ce qu'on nomme l'echange de materiaux, Stoffwechsel, repose la-dessus. II est a remarquer que les forces de tension des muscles et des glandes n'arrivent pas, en general, a se manifester, avant qu'une incitation ne soit prealablement donnee par le systeme nerveux. Plusieurs auteurs ont designe cette trans- position de la force de tension des cellules nerveuses en celle des muscles et des glandes sous le nom de Rempla- cement, Anslcesung *, * HUMEURS ET TISSUS; ELEMENTS ANATOMIQUES ET PRINQIPES IMMEDIATS (QH. ROBIN) * Les corps organises se composent de tissus et d'/w- meurs. * 1° Humeurs. Les humeurs sont toute partie liquide ou demi-liquide des systemes organiques se separant par simple dissociation, sans le secours d'un agent chimique, en elements anatomiques, d'une part, et en principes immediats, d'autre part. * Elles ont pour attribut anatomique ou statique Fetat de combinaison par dissolution reciproque et melange de principes immediats nombreux, ainsi que l'etat de sus- pension dans lequel se trouvent les elements organiques qu'elles renferment. On les divise en : * A. HUMEURS CONSTITUANTES OU DE CONSTITUTION. — CeS humeurs ont pour attribut dynamique deux ordres de proprietes : 1° une seule propriete vitale, la plus elemen- mentaire et la plus generale aussi, celle de nutrition, ca- 1 *Cela veut dire que l'incitation nerveuse est remplacee par une force de mouvement equivalente, qu'il y a balance entre la cause et l'effet. 8 PHYSIOLOGIE HUMAINE. racterisee par le double mouvement ou acte continu de composition et de decombinaison ; 2° les proprietes d'hu- meurs ou physiques ou chimiques que peuvent presenter les liquides, suivant leur degre de fluidite et de com- plexity de composition. Elles sont au nombre de trois : 1° le sang ; 2° le chyle ; 5° la lymphe. Dans ces humeurs le fluide offre le degre d'organisation le plus simple, le meme que celui que possede toute substance amorphe ; mais il est, anatomiquement et physiologiquement, aux elements anatomiques solides qu'il tient en suspension, ce que l'element anatomique fondamental d'un tissu est a ses elements accessoires ; il en est la partie caracteris- tique et fondamentale qui, en raison de sa fluidite, per- met a l'humeur d'accomplir les actes essentiels qui lm\ sont devolus comme milieu interieur de 1'organisme des- tine a satisfaire au mouvement continu de renovation moleculaire de 1'ensemble de ce dernier. Les elements anatomiques figures (hematies, globules blancs, globules de la lymphe), qui s'y trouvent en suspension ne sont, au contraire, qu'accessoires. Aussi les plasmas ne peuvent, en aucune fagon, etre compares aux substances amorphes intercellulaires ou interfibrillaires, ni les humeurs etre assimilees aux tissus. * B. HUMEURS PRODU1TES OU SECRETEES, PRODUITS LIQUIDES ou secretion propremekt dite. — Proviennent des pre- cedentes ; ne sont pas organisees comme elles et ne font que remplir le role de milieu par rapport aux elements qu' elles tiennent en suspension ; n'ont pas d'elements qui leur soient propres comme les hematies le sont pour le sang ; renferment toutes une ou plusieurs substances or- ganiques liquides aux proprietes desquelles l'humeur doit ses proprietes essentielles, physiques ou chimiques, et son alterabilite. * a. Produits de perpetuation des individus. 4. ovarine, liquide de la vesicule de Granf, et liquidc visqueux des INTRODUCTION. 9 kystes ovariens ; 5. sperme ; 6. les liquides des kystes" du testicule et de l'epididyme dont les cellules deviennent souvent pavimenteuses et granuleuses, etc; 7. lait et co- lostrum, 8. blanc d'ceuf ou albumen ; 9. jaune de l'ceuf (oiseaux, etc.) ; 10. liquide de la vesicule ombilicale ; 11. substance gelatiniforme de protection des ceufs (pois- sons, insectes , etc.); 12. prostatine ; 13. cowperine male et femelle. * (3. Humeurs pro fond.es ou pennanentes. 14. Humeur aqueuse ; 15. hyaloide ; 16. humeur de Cotugno ; 17. li- quide du peritoine, des plevres et du pericarde, normaux et morbides ; 18. liquide encephalo-rachidien ; 19. syno- vie ; 20. serosite des oedemes ; 21. pus et ses varietes ; 22. liquide des vesicules closes des glandes vasculaires. * -j'. Produits excremento-recre'mentitiels. 23. venin des serpents ; 24. salive sous-maxillaire ; 25. salive paroti- dienne ; 26. salive proprement dite ou mixte ; 27. mu- cus des amygdales ; 28. sue pancreatique ; 29. bile ; 50. sue gastrique ; 31. sue duodenal; 52. mucus de l'intestin grele ; 35. mucus du gros intestin (sues intes- tinaux) ; 54. larmes ; 55. mucus nasal ou pituitaire ; 36. mucus des larmiers et de la conjonctive ; 57. mu- cus bronchique et pulmonaire ; 58. mucus vesical ; 59. mucus vaginal ; 40. bouchon gelatineux du col de l'ute- rus ; 41. mucus du corps uterin ; 42. mucus des trom- pes (varietes morbides nombreuses de tous ces mucus dans les kystes d'origine glandulaire) ; 45. mucus cu- tane des poissons et de leurs tubes mucipares de la ligne laterale ; 44. sebacine cutanee, preputiale (ou sme- gma des grandes levres) et meibonienne ; 45. muse et secretions preputiales analogues ; 46. civette, castoreum, et secretions anoperineales analogues; 47. cerumen; 48. liquide des follicules glomerules de l'aisselle ; 49. serine (soie) ; 50 cire. C. humeurs excrementitielles. — 51 Urine; 52. li- 1. 10 PHYSIOLOGIE HUMAINE. quide amniotique ; 53. liquide allanto'idien ; 54. exha- lation aqueuse cutanee et pulmonaire. * D. PRODUITS MEDIATS, LIQUIDES OU DEMI-LIQUIDES. — 55. bol alimentaire ; 56. chyme ; 57. miel ; 58. matieres fe- cales ; 59. meconium. * Tissus. Parties similaires solides des systemes qui se subdivisent par simple dissociation en elements anatomi- ques, ou vice versa ; ce sont des parties solides du corps formees par la reunion d'elements anatomiques encheve- tres, ou simplement juxtaposes. * Les tissus ont pour caractere d'ordre organique d'etre formes de matiere organisee et d'avoir une structure, savoir : d'etre construits de telle ou telle espece d'ele- ments ; mais, en outre, ils ont un attribut anatomique ou caractere qui leur est propre, une texture speciale, c'est-a-dire un arrangement particulier des elements ana- tomiques. — A ce caractere (texture) se rattachent comme attributs physiologiques plusieurs proprietes appelees pro- prietes de tissus. * Les unes sont d'ordre physico-chimique. Ce sont : 1° la consistance et la tenacite ; 2° V extensibilite ; 3° la retractilite, qui peuvent exister independamment l'une de l'autre; 4° V elasticiie ; 5° Yhygrometricite. Les autres sont d'ordre organique. Ce sont : 1° celle de nutrition, a la- quelle se rattachent : a. la propriete d' absorption, b. celle de secretion. 2° celle de developpement, qui differe ici de ce qu'elle est dans les elements, car le developpement du tissu est caracterise a la fois par le developpement ou augmentation de volume des elements existants, et par la generation d'elements nouveaux a cote des precedents. 5° celle de reproduction ou regeneration (exception pour les tissus musculaires et les parenchymes). 4° celle de contractilite, et 5° celle d'lNiNERVATiON, qui sont des pro- prietes dites de la vie auimale, et n'appartiennent qu'a quelques tissus seulement. INTRODUCTION. 11 * Les tissus se divisent * : A. en constituants et B. en pro- duits, suivant qu'ils composent essentiellementl'organisme, on qu'ils ne sont que des parties accessoires perfectionnant la constitution des premiers, emanes d'eux pourtant et susceptibles de s'en detacher sans les detruire. — Les tissus produits offrent le degre de texture le plus simple, lis sont formes chacun par une seule espece d' element, par simple juxtaposition des elements anatomiques ; ils ne sont pas vasculaires a l'etat normal, et ne le sont que dans certaines productions morbides qui en derivent. Ces tissus ne sont ni sensibles, ni contractiles. Ce sont : a, Produits normaux ou de perfectionnement. 1. Tissu epidermique ou epithelial (ecailles et certains poils des insectes) : 2. tissu ceratinien ou ungueo-corneal (sub- stance propre), ongles, cornes, etc. (derivant de l'epithe- lium) ; 5. tissu squameal ou squameux (ecailles des pois- sons) ; 4. tissu pileux ou des poils (substance propre) ; 5. tissu chitoneal (crustaces, insectes, etc.), cellules encrou- tees decalcaire; 6. tissu pigmentaire, tissu de l'ivoire dentaire et des ecailles des poissonsplaco'ides; 8. email ou tissu de l'email dentaire, ou des ecailles des poissons 1 * On sait qu'a un point de vue plus general, les tissus sont ra- menes, par les auteurs d'une autre ecole, a trois groupes : ler Groope. Tissus composes de cellules juxtaposees sans sub- stance intermediaire (epithelium des muqueuses, des glandes, epidermes, cristallin). 2e Groupe. Tissus composes de cellules separees les unes des au- tres par une substance intermediaire, dite substance intercellu- laire, fondamentale (tissus conjonctifs : inuqueux, fibreux, adipeux, reticule, elastique ; tissu osseux, tissu cartilagineux). 5a Gf.oupe. Tissus composes de cellules ayant acquis un develop- pement special tel, qu'elles sont le plus souvent devenues mecon- naissables, en tant que cellules, (tissu musculaire, tissu nerveux = Cornil et Ranvier ; tissu vasculaire = Virchow). Voyez Manuel d' histologic pathologique, de Cornil et Ranvier, 1869, 1" par tie, 1" section, § 2; et Pathologic cellulaire . de Vir- chow, trad, de Picard, 1868, chap, it 12 PHYSIOLOGIB HUMAINE. ganoides ; 9. tissu du cristallin (fibres dentelees et tubes a noyaux) ; 10. tissu de la capsule du cristallin; 11. tissu de la membrane de Demours ; 12. membrane de Ruysch ; 13. tissu des tubes demi-circulaires. * Les tissus consiituants offrent le degre de texture le plus complexe, lis sont formes, par enchevetrement d'e- lements anatomiques qui sont toujours de plusieurs es- peces. lis sont vasculaires pour la plupart, et plusieurs sont sensibles ou contractiles. lis se divisent en : I. tissus proprements dits, et II, tissus parenchymaleux ouparen- chymes. * Les tissus proprement dits offrent tous une espece d'element (fibre, tube, ou cellule, etc.), dite fondamen- tale, predominant quant a la masse, et donnant au tissu les principales proprietes physiologiques dont jouit cette espece d'element. Ces proprietes sont legerement modi- fiees par la presence des elements accessoires dont les proprietes tendent a masquer un peu celles de l'element principal. lis se divisent en : a. tissus temporaries, tran- sitoires ou embryonnaires. * 1 . Tissu blastodermique ou a cellules blastodermiques ou embryonnaires : 1° du feuillet sereux ; 2° du feuillet vasculaire ; 3° du feuillet muqueux. * 2. Tissu embryonnaire proprement dit ou a noyaux embryoplastiques, succedant a celui des feuillets sereux et muqueux ; tissu embryoplastique morbide (tissu fibro- plastique a noyaux des auteurs) . * 3. Tissu de la corde dorsale, entierement forme de cellules ; defmitif chez quelques poissons et batraciens. * b, Tissus definitifs, normaux et pathologiques. * 4. Tissu ou substance bomogene (substance homogene et granulations ne se trouvant que chez les inarticules et les embryons) ; * 5. Tissu meduilaire des os. * 6. Tissu adipeux (et lipomes). INTRODUCTION. 13 * 7. Tissu lamineux (premiere variete : colloide normal et morbide ; matiere amorphe et granulations predomi- nantes) ; — deuxieme variete : tissu fibro-plastique ; — troisieme variete : tissu des vegetations, ou bourgeons, ou granulations des plaies) ; 8. tissu fibreux et ligamen- teux ; memes elements que le tissu lamineux, difference de texture et quelquefois de proportion des elements ac- cessoires, (perioste, sclerotique, tissu aponevrotique) ; * 9. Tissu corneen ou de la cornee ; * 10 Tissu tendineux; 14. tissu jaune elastique ; 12. tissu dermique ou cutane ; 15. tissu muqueux ou de la trame des muqueuses ; 14. tissu sereux et tissu synovial; 15. tissu phanerophore ; 16. tissu erectile ; 17. tissu inusculaire de la vie animale ; 18. tissu musculaire visce- ral ; 19. tissu des nerfs ou nerveux ; 20 tissu ganglion- naire ; 21 tissu cerebral ; 22. tissu retinien ; 23. tissu electrique ; 24. tissu cartilagineux, et fibro-cartilagineux ; 25. tissu osseux. * Parenchijmes. On entend par parenchyme un tissu propre aux organes glanduleux, compose de grains agglo- meres, unis par du tissu lamineux, et se dechirant avec plus ou moins de facilite. Les parenchymes sont vascu- larizes, constitues par des tubes ou des vesicules closes, tapisses d' epithelium, ce qu'on n'observe pas dans les tissus proprement dits ; souvent formes d'un plus grand nombre d'especes d'elements anatomiques que ces derniers ; ja- mais l'une d'elles ne predomine sur les autres, n'est, en un mot, element anatomique et caracteristique fondamen- tal par sa masse et par son mode de texture, comme les fibres musculaires, les tubes nerveux, etc., le sont pour les tissus correspondants. Seulement, dans chaque espece de parenchyme, on observe quelque chose de special dans la forme ou la structure de l'epithelium qui concourt a sa texture. II y a en outre quelque chose de caracteristique dans le mode d'enchevetrement reciproque des elements, 14 PHYSIOLOGIE HUMAINE, special a chaque espece de paren chyme. Les parenchymes ont en raeme temps des caracteres exterieurs, une con- sistance, etc., qui les distinguent nettement des autres tissus. Les parenchymes ne se reproduisent pas, ne se regenerent pas apres ablation d'une portion de leur masse. Us ont pour attribut physiologique : a. de produire des liquides generalement caracterises par la presence de quel- que principe special, souvent cristallisable, fabrique dans l'organe (glande), et pouvant, du lieu ou il est produit, rentrer dans le sang veineux (glandes sans conduits excre- teurs ou vasculaires sanguines) ou etre expulse pour etre quelquefois resorbe (fluides excrementitiels des glandes proprement dites a conduits excreteurs : foie, pancreas, glandes salivaires, de Brunner, mammaires, etc.) ; b. de rejeter en dehors, ou d'echanger des principes preexis- lants dans le sang (1. rein, 2. poumon, 5. placenta), ou d'etre le siege de la production d'elements anatomiques speciaux (4. ovaire, 5. testicule). * Les parenchymes se divisent ; * A. en parenchymes glcmdulaires ou glandes. Ce sont des parenchymes speciaux, d'une structure complexe, of- frant des alternatives de repos et d'action tres-prononcees, a des intervalles de temps souvent tres-rapproches, sans regularite ni periodicite analogues a celles que presentent, sous Finfluence regularisatrice du systeme nerveux, les mou- vements despoumons ou des muscles. On les voit devenir le siege de productions tres-variees, lorsque, abusant de la possibilite indirecte, mais volontaire, de les faire agir, nous en usons sans aucune regie. Leurs epitheliums, parta- geant avec tous les elements qui ont la forme de noijaux ou de cellules la propriete de se developper et de se multiplier avec rapidite, compriment les elements des tissus voisins, les envahissent en s'interposant a eux, et determinent l'atrophie de ces elements. Formant alors des productions epitheliales, friables, parce qu'elles n'ont pas ou presque INTRODUCTION, 15 pas de trame fibreuse, elles se dissocient, s'ulcerent avec rapidite, des qu'elles ne sont pas recouvertes par la peau, Gagnant, d'autre part, en profondeur, elles envahissent aussi les organes voisins. Tout parenchyme glandulaire opere une secretion speciale distincte des secretions gene- rales qui ont lieu dans les autres tissus, tels que les tissus sereux, muqueux, etc., et le produit contient quelque prin- cipe immediat particulier, cristallisable, ou coagulable, forme dans la glande, sans qu'il preexistat dans le sang. Les parenchymes glandulaires n'ont pas une forme speciale pour les mailles des reseaux capillaires qui se distribuent autour des tubes secreteurs ou des vesicules closes ; ces mailles peuvent etre un peu plus ou moins serrees, mais elles conservent, a peu de chose pres, la forme qu'elles ont dans le tissu cellulaire. La disposition des capillaires n'a rien de special ni d'analogue aux dispositions particu- lieres qu'on observe dans les parenchymes non glandu- laires, tels que le rein, le poumon, le placenta, etc. Les glandes, envisagees comme organes, se divisent et se clas- sent en plusieurs especes, d'apres la disposition des tubes ou des secreteurs, ou des vesicules closes, qui sont avec 1' epithelium special, les parties essentielles. Les diverses especes de glandes sont : A. Follicules : 1° enccecumou non enroules : 2° glomerulaires ou enroules. B. Glandes en grappe : 1° simple, on a acinus unique ordinairement (glandes de Brunner) ; 2° composee ou a acini multiples (glandes salivaires . . . ) . C . Glandes sans conduits excreteurs ou vasculaires (rate, ganglions lymphatiques, thymus, thyro'ide, capsules surrenales, plaques de Peyer, amyg- dales). II y a dans les glandes deux choses differentes, ayant chacune leur structure propre. C'est, d'une part, le tissu secreteur represente par les culs-de-sac de chaque acinus, ou tubes secreteurs, portion secretanie ; il y a, d'autre part, la portion excretante ou conduits excreteurs. Chacune de ces portions a un epithelium different : pour 10 PHYSIOLOGIE HUMAINE. la mamelle, par exemple, il est nucleaire dans les acini ; pavimenteux, dans les conduits excreteurs. Les paroisn'ont pas nonplus la meme structure. * B. en parenchymes non glandulaires. Ces derniers se distinguent anatomiquemeut des autres par une disposition speciale de leurs capillaires (rein, poumon, placenta) qui ne se retrouve pas dans les glandes, ou par quelque autre particularite propre de structure (ovaire, testicule). Physio- logiquement, ils ne font que rejeter ou prendre des prin- cipestout formes dans le sang (poumon, placenta, rein) sans sans rien fabriquer de toutes pieces, ou bien ils sont le siege de la production, par genese aux depens d'un blas- teme, d' elements anatomiques particuliers, fait bien diffe- rent des secretions proprement dites (spermatozo'ides , ovules). Les parenchymes non glandulaires sont : 1. Pa- renchymes testiculaire et ovarien. 2. Parenchyme pulmo- naire. 3. Parench, renal. 4. Parench, branchiaax (memes elements que dans le pulmonaire, ou plus simplifies, sur- tout chez les invertebres) . 5. Parench. ylacent aire ou chorio- allantoidien. 6. Parench. ombilical ou de la vesicule om- fo'/ica/^ (tres-developpe chez quelques selaciens et sauriens). * Les humeurs et les tissus sont ramenes par l'analyse anatomique, c'est-a-dire sans decomposition chimique et par simple dedoublement successif a des corps irreductibles. Les elements organiques, ces parties constituantes elemen- taires, se divisent en : elements anatomiques etprincipes immediats. * I. Elements anatomiques. — On donne ce noma de tres-petits corps formes de matiere organisee, libres ou contigus, presentant un ensemble de caracteres geometri- ques, physiques et chimiques speciaux, ainsi qu'une struc- ture sans analogue avec celle des corps bruts ; caracteres qui, quoique variables de l'un a 1' autre, entre certaines limites, leur sont cependant tout a fait propre s (fibres elas- tiques, tubes nerveux, cellules epitheliales, cellules des INTRODUCTION. 17 plantes, etc.) Les elements anatomiques animaux se distin- guent de ceux des vegetaux en ce qu'ils sont formes de substances organiques azotees, le plus souvent sans cloison lorsque ce sont des tubes, sans cavite lors raeme qu'ils ont la forme dite de cellule. C'est par leur reunion, leur enche- vetrement en nombre plus ou moins considerable, que sont constitues les tissus ; a eux seulement, comme le fait re- marquer Bichat, et non aux tissus proprement dits et aux organes, que s'applique Tidee de vie. Leur forme de fibres, de tubes, de cellules plus ou moins compliquee, de corpus- cules arrondis ou ramifies, ou de masse homogene, molle, granuleuse, ou parsemee de divers corpuscules determines, leur structure, en unmot, et aussi leur mollesse, leurs reac- tions diverses au contact des reactifs, les distinguent de tous les etres connus et en font des corps entierement nou- veaux. A la notion dC elements se rattachent, comme attribut statique, la forme, le volume et la structure de chacun d'eux, et, comme attribut dynamique, deux ordres de pro- prietes : 1° Proprietes physico-chimiques, en correlation immediate avecla forme, .le volume, etc. : ce sont, a l'etat d'ebauche, les proprietes de tissu ; 2° Proprietes vitales. * Les elements anatomiques a etudier sont : * lre Tribu. Elements constiiuants. la section. Matieres amorphes, homogenes, unissantes (intercellulaires), avec ou sans granulations. 2° section. Elements ayant la forme de globules, cellules, noyaux et vesicules : A. Elements transitoires, temporaires ou cellules embryonnaires. 1. Cel- lules embryonnaires des ovules vegetaux ; a. males, passant par metamorpbose a l'etat : 1° de grains de pollen, 2° de spermatozoides des algues, des fougeres, etc. ; b femelles, passant a l'etat d'elements defmitifs par metamorphose. 2. Cellules embryonnaires des ovules animaux: a. males, passant par metamorphose a Tetat de spermatozoides b. femelles. 5. Cellules de la cicatricule. B. Cellules, vesi- cules et noyaux defmitifs, ou des tissus constituants, defi- 18 PHYSIOLOGIE HUMAINE. nitifs, 4, Cellules de la corde dorsale ; 5, hematies; 6. leu- cocytes ; 7. myelocytes; 8, cytoblastions ; 9. cellules gan- glionnaires ; 10. medulloceles ; 11. myeloplaxes ; 12. ele- ments embryo-plastiques ; 13. substance du tissu phanero- phore amorphe, granuleuse quelquefois, avec des noyaux, qu fibro'ide(matricedesongles,bulbe despoils, etc.). ^section. Elements ayant forme de fibres pleines : 14. fibres lami- neuses ; 15. elements ou fibres elastiques ; 16. fibres-cel- lules; 17. fibres musculaires lisses de la vie animale de quelques invertebres ; 18. fibrilles musculaires striees dela vie animale, reunies en faisceaux stries. 4e section. Ele- ments tubuleux : 19. tubes larges des nerfs moteurs, ou sans cellules; 20. tubes larges des nerfs sensitifs ou a cel- lules ganglionnaires ; 21. tubes minces ou sympathiques, a cellules ; 22. tubes minces ou sympathiques moteurs, sans cellules ; 23. tubes des capillaires ; 24. myolemme ; 25. ba- tonnets delaretine (ils ne sontpas creux). 5e section. Ele- ments formes de substances amorphes avec corpuscules ou cellules et cavite; 26. substance des cartilages; 27. sub- stance des os ; 28. substance du tissu electrique. * 2a Tribu. Elements produits ou elements des produits. A. Transitoires ou temporaires. 1. ovules : 1° du male, 2° dela femelle ; 2. spermatozo'ides (produits par metamor- phose des cellules embryonnaires de l'ovule male); 3. cel- lules du jaune de l'ceuf ; 4. cellules de la face interne de la vesicule ombilicale (sauriens, etc.). B. Profonds ou perma- nents interieurs ; 5. cellules du cristallin ; 6. fibres a noyaux du cristallin (tubes ?) ; 7 . fibres dentelees sans noyaux ; 8. substance de la capsule du cristallin; 9. substance des canaux demi-circulaires ; 10. substance dela membrane de Demours ; 11. spicules siliceuses deseponges; 12. spicules calcaires deseponges ; 13. substance descoraux; 14. sub- stance des polypiers ; 15. substance du tissu de l'enveloppe des echinodermes ; C. Produits superficiels ou caducs ; 16. elements epitheliaux : l°pavimenteux, 2° cylindriques, INTRODUCTION, 19 3* spheriques, 4* nucleaires ; 17. substance des ongles et comes (derive des cellules epitheliales metamorphosees) ; 18, Substance des poils et fanons ; 19. substance des ecailles de poissons ; 20. substance du tissu chitoneal (cek lules incrustees) ; 21. Substance du tissu du fil spiral des trachees d'insectes ; 22. Substance du tissu ostreal (cellules encroutees de calcaire) ; 23, substance de l'ivoire dentaire; 24. substance de l'email. * II. Principes immediats des vegetaux et des ani- maux. Ce sont les derniers corps solides, liquides, ga- zeux auxquels on puisse, par la saine analyse anatomique, c'est-a-dire sans decomposition chimique, mais par coagu- lations et cristallisations successives, ramener la substance organisee, savoir, les diverses humeurs et les elements ana- tomiques, ou vice versa; ce sont des corps definis ou non, generalement tres-complexes, gazeux, liquides ou solides, constituant par dissolution reciproque la substance orga- nisee, savoir, les humeurs, et, par combinaison speciale, les elements anatomiques. Les principes immediats ont pour caractere d'ordre organique de constituer la sub- stance du corps ou matter e organisee proprement dite, en raison de leur reunion en nombre considerable et de l'etat liquide ou demi-solide qu'ils presentent par union speciale et dissolution reciproque et complexe les uns a l'aide des autres. C'est la le fait d'organisation le plus sim- ple, le plus elementaire ; mais c'est aussi le plus important, parce que c'est sur lui que reposent tous les autres. Les principes immediats se divisent en trois classes, dont on retrouve quelques especes simultanement dans toute par- celle de substance organisee. * Ire Classe. — Principes cristallisables ou volatils sans decomposition, d'origine minerale ; ils sortent de l'organisme au moins en partie, quanta la masse, tels qu'ils y etaient entres. 20 PHYSIOLOGIE HUMAINE. * 1" Tribu. Principes naturellement gazeux qu liquides (oxygene, eau, etc.) * 2e Tribu. Priiicipes acides on salins (silice, carbonates, chlonires, sulfates, phosphates, etc.) * IP Classe. — Principes cristallisahles ouvolatils, sans decomposition, se formant dans l'organisme meme, et en sortant directement ou indirectement comme corps excre- mentitiels. Cette classe est la plus nomhreuse en especes tant chez les animaux que dans les plantes. * lre Tribu. Principes acides et salins (acides carbonique, lactique, urique, pneumique , citrique , tartrique, syhi- que, etc., etsels de ces acides et autres tres-nomhreux) . * 2e Tribu. Principes. alcalo'ides vegetaux et animaux, et principes neutres analogues par leur composition, et leurs proprietes (creatine, creatinine, uree, cystine, etc., cafeine, digitaline, picrotoxine, salicine, etc.). * 3e Tribu. Principes gras , graisseux ou huileux et resineux (oleine, stearine, margarine, cholesterine, etc., lauro-stearine , cerine , essence de terebenthine , cam- phre, etc., etc.). * 4* Tribu. Principes sucres. (sucre du foie, sucre de raisin, sucre de lait, sucre de canne, etc.). * IIP Classe. — Principes non cristallisahles, coagula- bles quand ils sont naturellement liquides ou solides, dont les especes se forment dans l'organisme meme a l'aide de materiaux pour lesquels ceux de la premiere classe servent de vehicule, et qui, se decomposant dans le lieu meme ou ils existent ou se sont formes, deviennent les materiaux de production des principes dela deuxieme classe. Ce sont des principes sans analogues avec ceux du regne mineral, et qui constituent la partie principale du corps des etres orga- nises, d'ou le nom de substances organiques qui leur est specialement reserve. INTRODUCTION. 21 * lre Tribu. Substances organiques solkles ou demi-so- lides (globuline, musculine, etc., cellulose, suberine, ami- don, etc.). * 2e Tribu. Substances organiques liquides ou demi-li- quides, etant comme les precedentes toutes azotees chez les animaux, mais partie non azotees, partie azotees dans les plantes (fibrine, albumine, caseine, etc., legumine, albu- mine vegetale, etc., dextrine, gomme, mucilages, pec- tine, etc.) . * oe Tribu. Substances organiques colorantes ou colorees (hematosine, biliverdine, urosacine, etc., chlorophylle, phycocyane, carthamine, etc.). * De ces trois classes de principes immediats, les deux premieres ne peuvent varier qu'en plus ou en moins, quelles que soient les conditions dans lesquelles se trouve l'eco- nomie ; leur composition et leurs proprietes ne sauraient changer sans qu'elles passent d'un etat specifique a un autre, Mais les especes de la troisieme classe sont susceptibles de presenter, en outre, des modifications dans leur constitu- tion moleculaire et dans quelques-unes de leurs proprietes, sans que leur composition elementaire varie, sans que dis- paraissent leurs caracteres specifiques fondamentaux. Ces modifications sont tres-diverses et nombreuses ; elles sont amenees lentement ou brusquement par suite de l'influence des conditions exterieures ou de milieu dans lesquelles se trouve l'economie, ou transmises directement par inocula- tion. Ces troubles sont tres-varies, ce quitient au genre de chaque modification d'une part, et de l'autre a ce que ce sont les substances organiques du sang ou de la lymphe qui sont alterees seules, oubien a ce que ce sont celles des so- lides; ils changentaussi, ou d'autres apparaissent a mesure deleur duree, parcequ'a mesure l'alteration se transmet des liquides aux substances organiques des solides, ou vice vena. (Robin.) SYMBOLES. POIDS ATOMIQtE (H=l.) 0 16.0 H 1.0 N* 14.0 C 12.0 s 52.0 p 51.0 Fl 19.0 CI 55.5 Na 25.0 K 59.1 Ca 40.0 Mg. 24.0 Si 28.0 Fe 56.0 n PHYSIOLOGIE HUMAINE. PRINCIPES £LEMENTAIRES DU CORPS HUMAIN NOMS. Oxygene. . . Hydrogene. . Azote. . . . Carbone. . . Soufre .... Phosphore. . Fluor. . . . Chlore.. . . Sodium. . . Potassium. . Calcium. . . Magnesium. . Silicium. . . Fer COMPOSES B1NAIRES (iNORGANIQU Es) QUI SE TROUVENT DANS L'ECONOMIE Eau H20 Ammouiaque NH3 (AzH5) Acide carbonique C02 Acide chlorhydrique (acide du sel) HC1 Acide sulfurique SH204 Acide phosphorique PH304 Gaz des marais (hydrure de methyle). . . . CH4 Hydrogene sulfure. . , H2S Chlorure de sodium (natriumchloride) . . . NaCl. Chlorure de potassium (kaliumchloride) . . KC1 Fluorure de calcium (calciumQuoride). . . CaFl2 Carbonate de sodium (natriumcarbonate) . . CNa203 Bicarbonate sodique CHNa03 Carbonate de calcium ". . CCa05 Phosphate anhydre de sodium PNa204 Phosphate acide de sodium PNa2H04 4 * Le poids atomique est chiffre d'apres la nouvelle theorie chi- mique. * * Dans la chimie francaise, l'azote a pour symbole ordinaire Az. INTRODUCTION. 23 Phosphate de potassium PKjO^ on PK2H04 Phosphate tribasique de calcium Pa^a^Os Phosphate acide de calcium P2CaH40s. Phosphate de magnesium P2Mg30 Sulfate de sodium SNa20 Sulfate de potassium SK204 Acide silicique Si02 * Les forces qui tendent a dissocier les elements de nos tissus pour les rendre a la terre et a l'air d'ou ils viennent, font perdre chaque jour a Fhomme adulte, par la peau, les reins, les pou- mons, etc., pres de 20 gram. Az., environ 300 gram, de C. qu'il brule a l'aide de l'O. atmospherique introduit dans le sang ; en meme temps, il expulse par les urines et la perspira- tion pulmonaire, etc., environ 3 kil. d'eau. L'organisme arri- verait done a une ruine complete en peu de temps, si des ele- ments nouveaux ne venaient du dehors reparer les pertes subies, en d'autres termes, si l'homme ne mangeait et ne bu- vait. Le soin de sa conservation est place sous la sauvegarde de deux besoins : la faim et la soif, deux formes de la douleur, cette sentinelle vigilante de l'organisme, de la vie. * La faim est la sensation particuliere qui annonce la neces- site de reparer les pertes de materiaux solides, la soif est la sensation particuliere qui annonce la necessite de reparer les pertes de liquides eprouvees par le sang. La faim et la soif, comme le besoin de respirer, comme l'instinct genesique, sont l'expression d'un etat general. (Voy. S. VI, ch. in, § 17.) * G'est aux boissons, e'est aux aliments que l'organisme em- prunte ses agents de conservation. Quelle que soit la variete des substances alimentaires, l'analyse a pu reduire a un nombre fort limite leurs principes nutritifs qui fournissent a l'orga- nisme les moyens de reparer ses pertes continuelles. * Les vegetaux comme les substances animates contiennent ces principes nutritifs. Toute la difference consiste en ce que l'alimentation animale offre sous un petit volume une grande quantite de principes azotes, principes les plus essentiels a l'entretien de la vie, tandis que les substances vegetales con- tiennent sous le meme volume une faible quantite de ces prin- cipes relativement a leur richesse en principes hydrocarbones. Herbivores et carnivores consomment done les memes principes 24 P11YSI0L0GIE HUMAINE. nutritifs (azotes, gras, amyloides, ct salins organiques). C'est pourquoi on peut nourrir cxperimentalement dcs herbivores avec de la viande et des carnivores avec des vcgetaux. Mais la ehimie n'explique pas, dit Bennett, pourquoi les herbivores laisses a eux-memes refusent la nourriture animale, et les carnivores dedaignent les substances vesetales. PRINCiPES NUTRITlfS On comprend sous ce nom les elements complexes des aliments qui, pris isoUment ne sont pas en etat de conser- ve!' le corps. lis sont tous engendres dans l'organisme ve- getal, aux depens de Fair et du sol. Le sel de cuisine seul, dans le regne mineral, est encore employe comme prin- cipe nutritif. lis se divisent en : 1. Principes azotes : A. Coagulables. — Albuminoides (substances protei- ques). Les plus importanls sont les suivants : l'element fibri- neux des chairs ou syntonine, Felement fibrineux du sang ou fibrine, l'element fibrineux des plantes ou gluten, Yal- bumine du blanc et du jaune de l'ceuf, le casenm du lait, la legumine des legumineuses. B. Substances gelatinigenes, qui, par une coction pro- longed, peuvent etre changees en gelatine soluble : tissu conjonctif, cartilage, etc, C. Alcalo'ides : la theobromine (C7HsAz402) de la feve de cacao ; la cafeine et la theine (CsH10Az402 -f H20) du cafe et du the1. 2. Principes non azoies : A. Les graisses neidres, riches en carbone (77 p. 100), du regne animal et du regne vegetal, consistant surtout dans les glycerides dcs acides stearique, palmitique et oleique(Chevreul). » * La cocaine (G,6Ha3 Az. 08) du coca, isolee par Niemann, en 1859. INTRODUCTION. 25 B. Hydrates de carbone (44 p: 100), c'est-a-dire, du carbone avec les elements de l'eau : amidon C6H100g, sucre de raisin C6H1206, sucre de lait C^H^O^ -f- H20, Sucre de canne C^H^O^. 5. principes inorganiques, qui ont ete indiques plus haut,. corame principes elementaires et comme composes binaires. ALIMENTS Les trois especes de principes nutritifs, dont il a ete question, sont frequemment meles par la nature dans une seule et meme substance, et celle-ci recoit le nom d'a/z- ment. L'instinct et F experience nous ont appris que pour Suffire a la conservation de la vie individuelle, les prin- cipes nutritifs doivent etre dans un rapport determine les uns vis4-vis des autres, ou, plus exactement, que les ele- ments dont sont constitues les principes nutritifs doivent etre livres en quantite suffisante et avoir un ordre de su- perposition determine. Ainsi, par exemple, les albumi- no'ides sont, parmi les aliments azotes, les seuls propres a conserver le corps ; les substances gelatineuses ni les substances alcaloides ne le sont point. Un homme adulte sain, actif, a besoin, par jour, d'envi- ron 20 grammes Az. et d'a peu pres 12 fois autant de C. dans son alimentation, et, outre cela, de certains sels en quan- tite suffisante (V. plus bas), savoir : des combinaisons de potasse, de soude et de chlore, et des phosphates alcalins et des terres. La composition du lait et des ceufs (y inclus la coque) apprendbien, il est vrai, quel doit etre le rapport des prin- cipes nutritifs entre eux ; mais il faut neanmoins faire at- tention que ces aliments ne sont suffisants que pour les en- fants et les jeunes animaux et que l'homme adulte et l'a- nimal adulte ont d'autres missions a remplir que celles qui incombent au premier age. C'estpourquoi Fexperimentation 2 26 PHYSIOLOGIE HUMAINE. qu'on a faite sur les aliments des adultes doit combler la lacune. Le rapport de Az. avec C. ne differe pas beaucoup, dans le kit de la femme, de celui qui existe dans les ali- ments necessaires aux adultes, maisle rapport des sels avec l'azote est tres-different. Le earbone etant la chose la plus essentielle dans les substances non azotees, on peut com- parer, au point de vue de la proportion de earbone, la graisse et les hydrates de earbone. La graisse bien expri- mee contient pres de 77 pour 100 C, l'amidon parfaite- ment sec 44 pour 100. L'amidon du commerce n'etant pas completement anhydre ne renferme, en general, que 57,5 pour 100 C, 2,4 d'amidon sont approximativement Tequivalent de 1 de graisse, et 7 de sucre de lait equivalent a 4 de graisse, 1 livre (= 500 grammes) de graisse equivaut a 2 livres 12 loth * (= 1200 gram.) d'a- midon. Parmi les substances azotees qui sont ingerees avec les aliments proprement dits, il faut aussi comprendre celles qu'on a designees sous le nom de moyens de jouissance* Elles comprennent les alcalo'ides indiques plus haut, parmi les principes nutritifs, sous C. Elles servent essentielle- ment d'excitants pour les nerfs qui, sans elles, sont de- pouilles de leur energie, au point de vue de la duree. * Les aliments azotes, et particuiierement les albumi- no'ldes, servant a la renovation, a l'entretien ou au develop- jaement des tissus, ont ete appeles aliments plastiques par Liebig. Les aliments non azotes organiques sont dits alime?its respiratoires. Telle est, en effet, la destination principale et normale de ces aliments, mais non point leur destina- tion exclusive. S'il est vrai que les substances non azotees s'unissent tres-rapidement al'O., en donnant naissance a de l'eau, du CO'2, de la chaleur, il n'est pas moins certain qu'elles peuvent egalement s'accumuler dans l'organisme : * * Loth) poids d'uue demi-once. INTRODUCTION. 27 (engraissement), et jouer ainsile role d'aliments plastiques. D'un autre cote, les albumino'ides finissent bien par s'user; tous les jours une certaine partie de nos tissus se combine avec TO. et forme aussi de l'eau, du CO2, de 1' azote libre, de l'acide urique, hippurique, de l'uree, de la creatine, de la creatinine, etc. Leur combustion n'est en somme que plus tardive, a plus longue echeance. On sait, d'autre part, que, dans l'inanition, les albumino'ides fournissent seuls aux combustions respiratoires. (Yoy. Inanition,) * RATION QUOTIDIENNE D'ALIMENTS NECESSAIRE A L'ENTRETIEN DE LA SANTE C'est un fait d'experience qu'un homme adulte qui tra- vaille se maintient en bonne sante, lorsqu'il consomme par jour : 130 grammes albumino'ides sees. . = 20,15 Az 84 — graisse = 64,68 G 400 — hydrates de carbone . = 176 G 50 — sels. (MOLESCHOTT.) * Comparez avec les pertes quotidiennes que subit l'or- ganisme d'un adulte, p. 25. * L'auteur donne dans les tableaux ci-apres l'analyse des principales substances alimentaires. * * BOISSONS * La soif ne peut etre satisfaite que par l'eau, qui est absorbee directement en nature, ou indirectement dans les aliments qui en sont imbibes. Les boissons que nous con- sommons, vin, biere, cidre, poire, eau-de-vie, the, cafe, bouillon, etc., renferment, independamment de l'eau, des principes particuliers qui les font, a ce titre, enlrer dans les divisions precedemment etablies. (Voy. Nutrition.) o co ^ © to ■«? 10 Jl CM r- ©1 to © Ul 1^ T< » r- CM «c o © -* CO 00 © CO lO C5 -- -<* CO a th h a "r* H •** CO tr- OS -<* co so to o IB © o io so . © SO t* (M s C3 © so © CO 1 1 OS so © tyi tyJ o 71 t— LO © T-< "c-i 00 i < CO S ^ CO Q S5 "=* CO 71 OS © «** SO o © SO ro CO 1-- R t< to to r~ en O so «* 10 cd © 1 _: to' o co t-- CM CM CO < CO 71 so Eh o CO 71 so OS © © CO cs 1.^ ■ CM 71 so © to (M CO "!-i CO H t. CO -r* «* 1 r^ — < © _^ 3 © •«• 1 to ■*? 5 s S cM r- f« _ o © c^ (3 52- CO S5 K s SO SO to CO « t— 0) cs c CO -r- to © Ph o so < H s © © so _^ -o cm 3 1 1 t?i «=* CM ^ CM J -- o t^ t= eB CJ CO CO fee o CO u to ~z :~ T3 CJ 'c o O CJ ^ CO o CO a ?, a CO Q -5 CO LO a V CO S rt <" — 2 CO -3 'E, S — e 3 U 3 o S ""^ f-> ?H 5 o es CO CO > o CO '-i co ■< "ea be ■"J f- co - CO cj a £0 © : t-~ JO to 3 8 5 a 'Ed - CO a CO ©H Q © © 9. © © © © © © 'S •5 a CO ' -03 h b u Sh r- as «< Ph © to CO CO JO c© 00 E3 ■< 9 pq < S co to © © © © © to © © © o 1 a CO H 1=) CO "^ O o «rH Eh O , , Ph A H« H u O Ph 3 to o at © "* © ^i © * a CO O j « a • '"tZ ~^ to y. 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Le but de ses contradictions semble etre d'operer le triage des malieres qui n'ont pas besoin de sejourner dans l'estomac, comme l'eau par exemple,ou de celles qui ont subi une action suffisante du sue gasti ique, et de favoriser le contact de ce liquide avec les ele- ments qu'il a pour fonction de preparer a l'absorption inlestinale. * Les liquides ne s'arretent pas dansreslomac, meme pendant la digestion, car on a pu constater chez une personne dont le duodenum communiquait anormalemcnt avec le colon, que des sellcs liquiies appaiaissaient presque immediatement apres l'ingestioi] d'un verre d'eau. Cette particularite semble due a la contraction des fibres obliques de la couche musculaire (cravate de Suisse) qui divise l'estomac en deux cavites ; un canal allant du cardia au pylore, et une poche lormee par la DEUXIEME SECTION. — DIGESTION. 181 region de la grande courbure; les liquidcs suivent la cavite superieure (Luschka et Kiiss) et passent direciement de l'ceso- pbage dans le duodedum. * Larger (1870) a vu, sur un chien, un sillon se dessiner sur le trajet des fibres obliques de l'estomac, en meme temps que la petite courbure de l'estomac se bombait sensiblement, par suite du relachement des fibres circulaires dans leur por- tion siluee au-dessus de la bande des fibres obliques contrac- tees. « Nous n'avons pas vu, dit-H, se former un canal complet, en ce sens que les deux faces de l'estomac ne se sont pas re- jointes inferieurement sous linfluence de la contraction des libres obliques. Mais les liquides eussent parfuitemcnt pu passer du pylore au cardial ou inversement sans se melanger aux aliments contenus dans leur portion cardinque, car celle- ci elait fortement rescerreesur son contenu, et empechait par cette etreinte ce dernier, soit de sortir, soitde se laisser pene- trer par un Hquide. » Sens da mouvemejit stomacal. — Grace a des fis- tules stomacales, on a constate (Beaumont) que le mouve- ment se dirige du cardia au pylore, et vice versa. Quand on excite le nerf vague au cou, on voit une contraction de l'es- tomac naitre au cardia et se propager de la au reste de l'organe. Les mouvemcnts de l'estomac conduisent peu a peu les substances ramollies jusqu'a l'intestin grele par le pylore. On compte en general de 4 a 5 heures pour le temps de la digestion. * Vomissement. — Le role mecanique de l'estomac est a peu pres completement passif dans les phenomenes de la regurgitation et du vomissement comme celui du mery- cisme chez les ruminants et chez l'homme (V. Longet). C'est la pression simultanee du diaphragme et des muscles abdominaux qui chasse au dehors le contenu sto- macal par la seule issue libre, I'orifice cardia (la valvule pylorique resistant). — Cependant certaines experiences I. BULGE. 11 182 PHYSIOLOGIE HUMAINE. de Schiff permettent d'affirmer que si l'estomac est, inca- pable d'expulserson contenu, il en favorise toutefois la sortie en dilatant son orifice cardia. Les fibres de la region cardiaque en se contractant redressent leur courbure et, par consequent, elargissent l'orifice. La presse abdomi- nale a besom de ce secours pour produire le vomisse- ment. C'est le pneumogastrique qui preside a Tassociation des mouvements qui determinent simultanement la presse abdominale etla dilatation de l'orifice cardiaque. * Le vomissement est un acte reflexe. Ses agents deter- minatifs impressionnent les centres nerveux, soit directe- ment, soit indirectement par l1enlremise des nerfs sensi- tifs : pneumogastrique, glosso-pharyngien. Ceux qui se servent de la voie du glosso-pharyngien (nerf nauseeux) sont appeles nauseeux; ceux qui prennent un autre che- min, sont les vomitifs purs. Generalement le meme prin- cipe produit les deux actions. II est cependant des substances medicarnenteuses qui provoquent les deux effets par la vertu de deux principes distincts. Ainsi, dans l'ipecacuanha. Taction nauseeuse est due a une matiere odorante separable par V ether, agissant sur des filets de sens special (glosso-pharyngiens, olfactifs) et faisant vo-5 mil* au moment d'etre deglutie ou meme avant ; et Tac- tion vomitive est due a Y emetine, substance separable par Valcool et agissant directement sur les filets sensitifs de la muqueuse stomacale (Magendie). * Conditions favor ables cVune bonne digestion.— \° Tem- perature stomacale d'environ 100° Fahr. — 57°, 7 cent.; — 2° Mouvement continu des parois du viscere pour pre- senter successivement au contact de la muqueuse et du sue gastrique les aliments ingeres ; — 5a Expulsion des parties d'aliments eniierement digeres pour permettre aux autres parties de subir a leur tour Taction du liquide stomacal ; — 4° Etat de division des substances digestives. * Ges conditions se realisent difficilement dans les diges- DEUXIEME SECTION. — DIGESTION. 185 tions artificielles ; aussi demandent-elles trois et quatre fois plus de temps. * La nature des aliments infliie nalurellement sur la duree de la digestion. D'apres les experiences du docteur Beaumont sur l'estomac de son Canadien Saint-Martin, les liquides disparaissent immediatement ; ils sont absorbes par les vaisseaux de l'estomac, dit le physiologiste amerirain. (Voy. p. 170 Absorption stomacale). Parmi les matieres solides les plus facilement digerees, Beaumont a note le riz et les tripes, qui sont digeres en une heure. 11 faut pour : ceufs cms, saumons, truites, pommes mures, vcnaison = 1 h. 1/2; — tapioca, gruau d'orge, lait, foie, stockfish = 2 h.; — dinde, agneau, pore = 2 h. 1/2; — Bceuf, mouton, volaille = 3 a 3 h. 1/2; — veau= 4 heures. Le Canadien de Beaumont, lorsqu'il se portait bien, digerait rapidement ; en l'espace d'une heure tout un repas com- pose de substances animales et vegetales etait converti en chyme, et au bout de 2 h. 1/2 l'estomac etait complete- ment Tide. — II resulte des faits precedents constates par Beaumont, que les idees vulgairement admises sur la di- gestibilite des aliments sont bien erronees. Nous ajoute- terons, d'une maniere generale, que plus une viande eit cuite, plus elle est difficilement digeree. * Autres circonstances qui influencent la digestion sto- macale : 1° Quantite de nourriture prise == l'estomac no doit pas etre surcharge; — 2° temps ecoule depuis le der« nier repas ; il doit toujours etre assez long pour que l'esto- mac soit vide avant de recevoir de nouveaux aliments ; -*=■ 3° l'exercice fait avant et apres le repas ; modere, il favo- rise, excessif, il trouble la digestion ; — 4° etat de 1' esprit =la tranquillite de l'ame paraitessentiellementrequise }iour une bonne digestion; — 5° la chalcur du corps doit etre d' en- viron 58° c; — 6° etat du temps ; froid, il accelere la diges- tion; — 7° Periode de la vie = digestion plus active pen- dant la eunesse que pendant la vieillesse; (Vov. Bennett.) * 184 PHYSIOLOGIE HUMAINE. CHAPITRE IV FONGTIONS DU FOIE § XIIK — VlJE D'ENSEMBLE * Structure du foie. — Ail point de vue de sa struc- ture intime, le foie offre cette particularite que, chez les vertebres et quelquesinvertebres, il est forme de deux or- ganes, de texture differente, associes Tun a l'autre. L'un est glycogene, et du groupe des glandes vasculaires san- guines, l'autre est biliaire et du groupe des glandes en grappes composees. (Voy. Developpement du foie, p. 163.) * 1. Organe glycogene. C'est lui qui constitue la masse principale du foie. II est forme par les acini ou grains glan- duleux du foie, polyedriques, larges de 1/2 millimetre a 1 millimetre et plus ; ils sont composes eux-memes de cel- lules immediatement juxtaposees, entre lesquelles passent les capillaires de la veine porte, penetrant ainsi dans l'e- paisseur des acini aussi bien qu'ils en recouvrent la surface. Cereseau tres-elegant, a mailles serrees, se reunit au centre de chaque acinus en un petit tronc commun, veine intra- lobulaire, origine des veines sus-hepatiques. Entre les lo- bules sont de minces cloisons de fibres lamineuses dont beaucoup sont a l'etat de corps fusiformes et accompagnees de matiere amorphe dont la quantite diminue dans le tissu lamineux qui entoure la veine porte et les eonduits hepati- ques, avec lequel celui des cloisons est en continuite de substance. Les cellules propres des acini glycogenes sont polyedriques, larges de 2 centiemes de millimetre ou environ. Elles renferment un ou deux noyaux (assez souvent DEUXIEME SECTION. — DIGESTION. 185 deux) spheriques on plus rarement ovales, et.alors volumi- neux, avec ou sans nucleole, selonles individus. Autour de lui so trouvent beaucoup de granulations qui le masquent quelquefois, mais il manque rarement a l'etat sain ; les cellules sont palies par l'acide acetique ; le noyau inattaque devient tres-evident. II n'est pas rare de trouver, chez 1 nomine snrtout, a l'etat normal, une quantite plus ou moins grande de granulations ou de gouttes graisseuses d'un jaune verdatre dans chaque cellule. Selon le plus ou le moins de congestion des reseaux sanguins ci-dessus, dans chaque acinus, c'est l'aspect jaunatre du a ces cellules epitheliales accumulees qui predomine, ou l'aspect rouge du tissu con- gestionne : d'ou la division, a l'oeil nu, de la substance du foie en rouge et jaune ; celle-ci est d'autant plus prononcee que les cellules epitheliales renferment plus de granulations graisseuses. L'artere hepatique se distribue en entier ou a peu pres sur les parois de la veine porte et des conduits he- patiques et dans le tissu lamineux qui les entoure, ou cap- sule de Glisson, mais nesert pas a la formation des reseaux cntourant les acini. *2. Or gam biliaire. C'est une glande en grappea petits acini en forme de feuilles de fougere a culs-de-sac secre- teurs peu rapproches, acini epars le long des conduits hepa- tiquesexcreteurs, danslesquels ils sejettent, etplongesdans le tissu lamineux dit capsule de Glisson, ainsi que dans les cloisons interacineuses des lobules ou grains glandu- leux de l'organe glycogene. Ces acini biliaires ne sont la que contigus aux precedents et non continus; ils sont longs de 1 a 2 dixiemes de millimetre ; leurs culs-de-sac, longs de 3 a 6 centiemes de millimetre, sont souvent plus larges que le conduit axile qui les recoit. Leur paroi propre est ho- mogene, tenace, tapissee d'un epithelium a tres-petites cellules pavimenteuses, incolores, bien que le cul-de-sac soit plein de matiere orangee ou verdatre. Dans les conduits excreteurs ou hepatiques proprement dits, l'epithelium est 186 PHYSIOLOGIE HUMAINE. prismatique, cilie. Oil Irouve de cos acini epais en forme do fouillo do fougerc jusqu'au canal cystiqno, mais non sur le choledoque. La masse representee par l'organe biliairo est petite a cote de celle qui forme l'organe glycogenc ; mais, en somme, elle est proportionnee an Yolume dos con- Fig. IS. — Empruntec a Kolliker. Reseau do cellules hepatiques de l'homme d'apres nature. Grossissement de 550 diamHres; a, cel- lules groupees en reseau; b, conduits interlobulaires; c, vides remplis par les vaisseaux. duits excreteurs et de la vesicule ou reservoir, comparativc- ment aux autres parenehymes tels que le rein , lc pan- creas, etc. (Ch. Robin.) * Cette distinction de deux organes juxtaposes dans le foic corrobore scs preuves tiroes de Fembryologie (V. p. 105), de l'histologie (Kiiss, Morel, Handfield Jones et Ch. Robin) et de la physiologic (CI. Bernard) de preuves empruntees a DEUXIEME SECTION. — DIGESTION. 187 la pathologic. Dans la cirrhose et dans la degenerescenee graisseuse du foie. la secretion biliaire devrait etre tarie si reellement elle procedait des grandes cellules hepatiques ; car, dans le premier cas, la proliferation des elements connectifs comprime ces cellules, et, dans le second cas, elles sont envahies par des globules graisseux a tel point qu'elles peuvent etre reduites a l'etat de cadavres inertes. Et cependant, dans les deux cas, la secretion biliaire con- tinue ; die est done' independante des cellules hepa- tiques, et celles-ci n'ont pas d'autre fonction que d'ela- borer la matiere glycogene, de detruire ou de creer des corpuscules sanguins. (Voy. Kiiss et Duval.) * Unite du foie. — Nombre d'histologistes se refusent a sanctionner une division aussi tranchee du foie. lis admettent entre les origines des deux systemes biliaire et glycogenique (Legros, Cornil, Gerlach, Andrejivie, Mac Gelavry, Chronszewszky, Herenz, Eberth, Budge) des rap- ports plusintimes. — Pour eux, le seul organe secreteur est la cellule hepatique. Les canalicules biliaires et les radicules veineuses sus-hepatiques ont leur source dans les memes elements, les cellules hepatiques, comme le Rhone et le Rhin, naissent du merae mont pour se rendre a une destination differente. * La feuille de fougere qua vue Robin, n'est que le produit d'une preparation defectueuse. Les culs-de- sac que presentent les voies biliaires secretent du mu- cus. Rudge, ainsi qu1on le verra plus loin, decrit des capillaires biliaires mettant en communication les canaux biliaires avec les cellules hepatiques, avec la source de la bile. Kolliker, entre beaucoup d'autres micrographes, nie Texistence de ces capillaires biliaires. II croit que les ca- nalicules biliaires les plus fins aboutissent directement par des extremitcs ouvertes aux cloisons des reseaux des cel- lules hepatiques, comme le montre la figure schemalique loempruntee a ses Elements cl 'Histologic ihumaine (Histo- 188 PHYSIOLOGIE HUMAINE. logie speciale, S. II, p. 475), « de telle sorte que la lumiere du canal se trouve bouchee par les cellules hepatiques, ou bien que les canaux biliaires, termines eux-memes en cul- de-sac, s'appliquent directement sur les cellules hepali- ques. » II ajoute : « Quelle que soit la maniere dont on se represente la liaison des reseaux de cellules hepatiques avec les canaux biliaires, on ne peut cependant revoquer en doute que cette liaison a lieu settlement a la surface des ilols du foie, et non dans leur interieur, et que par consequent la bile qui se forme dans les ilots, doit passer de cellules en cellules pour arriver au dehors. » * Si les lacunes intralobulaires indiquees par Kolliker comrae origine des canaux biliaires sont pourvues d'une paroi (Frey, MacGelavry), si la face-interne de cette paroi est revetue d'un epithelium pavimenteux (Legros), si enfin le sysleme biliaire nait d'un reseau capillaire (Budge), cela prouve, d'apres Kuss et Duval , que la conception pri- mitive d'une glande biliaire parfaitement distincte de la glande vasculaire sanguine est exacte, et de plus que la penetration de ces deux organes est encore plus intime qu'on ne le supposait. Nous ne savons jusqu'a quel point pareille conclusion est legitime. Nous croyons seulement que les recentes decouvertes histologiques sur lesquelles elle s'appuie doivent, dans la pensee de ceux qui les ont faites, servir de base a une theorie tout opposee, celle de l'unite secretoire du foie. * Proprietes du foie. — La disposition speciale en vertu de laquelle les sues qui deviennent les elements es- sentiels du sang, — comme les dissolutions des substances alimentaires existant dans l'estomac et l'intestin, comme les matieres provenant du pancreas et de la rate, lesquels appartiennent au systeme veineux des organes abdominaux, — ne se rendent pas directement au sang veineux du coeur, mais se joignent auparavaut aux elements du foie (par l'in- termediaire de la veine porte ;) en outre, la grandeur dis- DEUXIEME SECTION. — DIGESTION. 189 proportionnee du foie chez l'embryon et la participation de cetorgane a la circulation embryonnaire (voy. section VIII); enfin, son volume toujours considerable chez l'adulte (poids= 2000-2500 grammes) font conclure a un com- plexus fonctionnel important, qui n'est toutefois connuqu'en partiejusqu'a ce jour. Produits du foie. — II se produit dans le foie des substances azotees (acides biliaires, matieres coloran- tes, etc.) et des substances non azotees (glycogene, choles- terine, graisse). La bile et la substance glycogene s'y for- ment directement, pour passer ensuite, la premiere dans l'intestin, la seconcle dans le sang. II n'y a pas d'organe dans lequel la graisse se separe avec autant de facilite que dans lefoie; elle provient sans doute des albuminoides. On a aussi considere le foie comme le lieu oil se forment de nouveaux corpuscules sanguins. § XIV. — BILE O Mention de labile. — On se procure de la bile en vidant la vesicule biliaire d'animaux, de supplicies qui vien- nent de mourir. Cette bile n'est pas pure, car elle contient du mucus de la vesicule biliaire. Fistules biliaires. — Pour une etude plus exacte de la fonction, on etablit des fistules biliaires par lesquelles la bile s'ecoule au dehors (Schwann, Blondlot). Les ani- maux en supportent la soustraction complete, quand on leur donne une alimentation tres-riche (plus de la moitie en plus de la ration ordinaire). Proprietes de la bile. — La bile normale humaine est rougeatre ou verte. a une odeur particuliere, un gout tres-amer, une reaction faiblement alcaline ou neutre, un poids specifique de 1,020-1,03; melangee a du mucus vesiculate, elle se corrompt aisement ; libre de ce mucus, 11. 190 PHYSIOLOG1E HUMAINE. elle s'altere au contrairelentement. Elle nuit a la fermenta- tion comme aussi a la digestion artificielle. Qnand on mele avec de la bile de Fhuile on de la graisse chauffee, ces substances se divisent en particules tres-fmes qui se main- tiennent longtemps en suspension dans le liquide, il en resulte une emulsion. Que cette emulsion soit reparee d'une solution alcaline par une membrane, les deux liquides dif-- fuseront 1'un vers 1' autre ; l'alcali ira former un savon avec rhuile et les gouttes de graisse passeront aussi. (Wisting- hausen.) Composition chimique de la bile. — L'analyse quantitative de la bile i d'unhomme de -49 ans, decapite, a donne la composition suivante. Sur 1000 : Eau 822,7 Substances solides 177,5 Cholates alcalins. . ...... 107,9 Graisse et eholesterine. . . . 47,3 Mucus et matiere colorante. . 22,1 Sels inorganiques 10,8 (Gorit-Besasez.) Chez des chiens, des chats et des moutons on n'a trouve que 5 pour 100 environ de substances solides (Bidder et Schmidt). [' Labile est alcaline chez les herbivores et les oranivorcs pen- dant la digestion, mais acide pendant les intervalle^; elle est tou- jonrs acide chez les carnivores (Bernard). Les principes qu'elle renl'erme sont, pour 100 : l'° classe. Eau, 875; sols d'originc niine- rale (phosphates, chlorures), 10; — 2° classe. GlyeoGholate et tau- rocholate do sonde, 110; eholesterine a l'etat normal, 0,10; et des traces d'autres principes gras, tels que la lecithine ; — 5° classe. Le reste est forme de mucosine biliaire et de biliverdinc. C'est a tort que Rouelle et quelques cliiinistes apivs lui out dil que la Idle etait un savon, car il n'y a que des traces do sels a acide gras dans cette humour. (Gh. Robin).] DEUXIEME SECTION. — DIGESTION. 191 Aeides hiliaires. Experience de Pettenkofer. Matieres colorantes de la bile. Experience de Gmelin. Cholesterine. Graisse. Sels. — Parmi les elements organiques de la bile, sont connus : 1. Les glycocholate et taurocholate de s'oude ; ce der- nier predomine dans la bile humaine. Les deux acides bi- liaires se demontrent par Y experience de Pettenkofer. On ajoute a de la bile dans une tasse de porcelaine quelques gouttes d'acide sulfurique etendu et une tres-faible quantite de solution de Sucre, puis on chauffe lentement. Une tache d'unbeau rouge apparait. De tres-petites quantites d'acide biliaire peuvent etre decelees de cettemaniere. Site liquide renfermait de ralbumine, il faudrait auparavant l'eliminer par coagulation, parce que l'acide sulfurique et le sucre la font egalement rougir. 2. Matieres color antes dela bile. La principale matiere colorante est rouge, bilirubine (bilipheine, cholepyrrhinc) qu'on obtieiit en remuant de la bile avec du chloroforme (Valentiner) . Une solution alcaline de bilirubine se colore en vert, il en nait la.biliverdine, qui ne manque jamais dans une bile a reaction alcaline. II se forme encore par decom- position une autre substance colorante, savoir la brucine : bilifuscine, bilihumine. La bilirubine parait etre identique avec une matiere colorante qui se trouve clans les vieux extravasats de sang, ceux du cerveau par exemple, avec Yhemato'idine. Les matieres colorantes de la bile se ren- contrent dans lc sang et l'urine et dans toutes les parties du corps, a quelques exceptions pres, quand on a la iau- nisse. De memo si Ton injecte beaucoup d'eau ou un cbolate alcalin dans le sang d'animaux, les matieres colorantes de la bile se montrent dans l'urine. On expli- que cela en disant que l'eau et les cholatcs alcalins dis- solvent la matiere colorante du sang, forment de l'hema- to'idine, de laquelle nait ensuite de la biliverdinc. On reeonnait los matirres. colorantes de la bile on faisanl 192 PHYSIOLOGIE HUMAINE. Fig. 16. — Cristaux de cholesterine tires d'un calcul biliaire. — Gros- sisseraent 155. Yepreuve de Gmelin. Dans une eprouvette contenant de la bile etendue et rendue alcaline, on laisse tomber goutte a goulte avec beaucoup d'attention une solution concentree d'acide azotique (AzO3) et d'acide azoteux (AzO5) sansremuer. Quelque temps apres, des cercles colores apparais- p/~*w- H Ir-iO-nOOOOO co S I I co to s co r- o © oi co O th O O -r< l^ lO t« © © © Vl « r-> C .= O • = ra res il est babituellemcnt separe en placenta et en scrum. La fibrine, comme cola se presente quelquefois dans certains etats y Sull'ulfi ilo soiu]c.[ 14, 246 PHYSIOLOGIE HUMAINE. morbides, vient-elle a coaguler plus lentement, alors les corpuscules du sang, qui ontun poids specifique pluseleve, precipitent avecune partie de la fibrine, pendant que dans le serum qui est au-dessus, une partie de la fibrine coa- gule peu a peu et forme une blanche couverture, croute phlogistique, crusta phlogistica. A la surface, ou le caillot est en contact avec Fair atmo- spherique, sa matiere colorante s'oxyde ret devient rouge clair ; a 1'interieur, il presents une coloration rouge som- bre. Mais la fibrinogene n'est pas seulement contenue dans le plasma, elle Test aussi dans les liquides des cavites se- reuses, par consequent dans celui du pericarde, du peri- toine, de la vaginale, du testicule, etc. A l'etat sain, ces liquides sont parfaitement clairs ; dans une foule de mala- dies, ils presentent des grumeaux, c'est-a-dire que la fibri- nogene s'est changee en fibrine. Mais il y a une substance qui peut faire coaguler celle- ci tres-rapidement, c'est la globulin?, on paraglobuliite ou substance fibrino-plastique. On peut la tirer de diverses parties du corps, par exem- pie des corpuscules du sang, du serum, de la lentille cristallinienne, du lait, du chyle, de la cornee, etc, On 1'obtient avec la plus grande facilite, quand on fait passer, pendant un certain temps, CO2 dans du serum fortement etendu d'eau •, oe serum se trouble et il se forme un se- diment blanc. Bien qu'il existe Sans le plasma une substance coagu- lable (fibrinogene), ainsi qu'une substance coagulante (glo- buline), il ne se coagule point cependant a l'interieur des vaisseaux vivants. II est done vraisemblable que, pendant la vie, les parois vasculaires secretcnt une substance, ou d'urie facon generale exercent une action qui prive la glo- buline de son pouvoir coagulant (Briicke) ; ou bien que la globuline ne se forme de substances similaires que dans le TROISIEME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 247 sang mort. Jusqu'a present on ignore la cause de la coa- gulation. *Le sang contenu dans les vaisseaux ne se coagule pas immediatement apres la mort. Le revetement endothelial des vaisseaux subsistant longtemps apres la mort de l'ani- mal, son pouvoir d'empecher le dedoublement de la plas- mine continue son action. C'est au centre de la colonne sanguine que la coagulation commence, et grace au temps considerable pendant lequel le sang reste fluide apres la mort, la separation de la fibrine et des globules peut s'ope- rer. C'est pourquoi les caillots post mortem sont couen- neux, purement fibrineux au centre et entoures plus ou moins d'une gaine de globules rouges reunis par de la fibrine. Caillots mixtes. Dans les parties les moins de- clives se rencontrent des caillots composes entierement de fibrine, caillots blancs. * Retard de la coagulation. — Les moyens quire- tardent la coagulation sont les suivants : alcalis caustiques en tres-faible quantite ; carbonates alcalins, sulfate de so- dium, salpetre, chlorure de sodium, chlorure de potassium, eau sucree, congelation du sang, sejour du sang mort dans le cceur et les vaisseaux. Acceleration de la coagulation. — La coagula- tion est hatee par l'abord de l'air, par une temperature un peu superieure a la chaleur du corps, par l'agitation du sang hors de l'economie. § III. — EUEMENTS MORPHOLOGIQU ES DU SANG Elements morphologiques du sang. — Cor- puscules rouges, cellules incolores, granules elemental res. — Les elements morphologiques tin sang vivant sont si petits, qu'ils ne sont reconnaissables qu'avec un fort grossissement etque, par suite, ils ne pre- 248 PHYSIOLOGIE I1UMAINE. sentent quune faible resistance aux forces qui les chassent dans les vaisseaux. On distingue : 1) Les corpuscules rouges du sang, composant de beau- coup la plus grande partie des elements solides. Ce sont de petits disques plats, lisses, tres-elastiques qu'on peut comparer a des pieces de monnaie, en se representant eelles- ci creusees d'une depression en leur milieu. lis sont plus larges (en movenne 0,0076mm = l/131mm= 1/300'" en- viron) qu'epais (0,001 7mm, environ 1/1600?')- Quand ils reposent sur leurs bords, ils ont l'aspect d'un baton ; couches a plat, ce sont des cercles. Souvent ils s'agglutinent ensemble et presentent la forme dite en pile d'ecus (vov. fig. 22). Vus separement, ils apparaissent jaunes, quelquefois d'une' couleur tirant sur le vert; vus en grand nombre et juxtaposes, ils sont rouges. Leur grande elasticite se constate aisement dans le sang en cir- culation, surtout chez les grenouilles, ou on les voit chan- ger de forme dans les canaux etroits qui ne leur presentent pas une place suffisante. Leur poids specifique est plus eleve que celuiduliquide, aussi vont-ils au fond. *Les corpuscules du sang sont formes, dans l'embryon, a l'interieur des cellules de la couche vasculaire de la membrane germinative. *Chez l'adulte, nousl'avons vu, ils sont produits par les divers organes hematopoietiques. * Les globules rouges du foetus humain possedent un noyau quits perdent dans la seconde moite de la vie in- tra-uterine. * « Corpuscules sanguins des animaux. — Les cor- puscules sanguins des mammiferes adultes sont tous de- pourvus de noyau et ont la meme forme que ceux de rhomme; seuls ceux du chameau et du lama sont ellipti- ques et mesurent 0mm,008 de longueur. Ils sont, en gene- ral, plus petits que chez l'liomme; ceux du chien ont TROISIEME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 249 0mm,0065; ceux clu lapin, du rat, 0mm,006; ceux du cochon, 0mm,0056; du cheval, du bceuf, 0wm,0052; du ohat, 0fflm,005; du mouton, 0mm,045 ; les plus petits sont ceux du cochon d'Inde (0ram,002). Rarement les corpuscules sont plusgros que chez Fhorame ; ceux de l'elephant, cependant, ont 0mm,01. — Tous les vertebres cVun ordre inferieur, a tres-peu d'exceptions pres, ont des corpuscules elliptiques munis (Tun noyau de la forme d'une graine de courge. Les corpuscules des oiseaux ont de 0mm,009 a 0mm,018 de lon- gueur et un noyau spberique ; ceux des reptiles mesurent de 0mm,018a 0mm,052 de longueur, et renferment des noyaux sphe- riques ou elliptiques; les plus volumineux sont ceux des am- phibiesnus (grenouille,0mm,02o v- »■» nm„ .. . „•»„■ " vp ' ' rig. 2a, cmpruntee i Kolh- a 0mm,028 de longueur sur ker. - 1. Cellules sanguines 0,nm,015 a 0mm/18 de largeur; de la grenouille ; a, vues de protee, 0mm,054 de longueur sur face • b> vues de c6t6- d^c0" Am,„ ort ii .i lorees par l'eau. — 2. Cellules 0ra-,0o5 de largeur; salaman- sanguines du pigeon; a, vues dre, 0wm,05 de longueur.) — de fiace; &,de proiil. Les corpuscules des poissons, enfin, ont en general 0mm,012 aOmm,015 de longueur; ceux des plagiostomes seuls mesurent 0mm,02 a 0mm,032; ceux des lepidosirens, 0mm,042 en longueur et 0mm,025 en largeur. Les globules de la myxine et du petromyzon ont 0mm,01 de diamelre; ils sont arrondis et legerement concaves sur les deux faces. L'ampbioxus n'a point de corpuscules, et le leptocepbale n'a que des globules blancs. — Les corpuscules sanguins des animaux inver- tebres ressemblent aux globules blancs des animaux superieurs et sont presque toujours incolores. » (Ivolliker.) Rouget a demontre, contraircment a l'opinion rccue, que les invertebres ont aussi des globules colores; ces ele- 250 • PHYSI0L0GIE HUMANE. ments presentent, chez eux, les particula rites suivantes : ils sont granuleux, depourvus d'onveloppe, leur matiere colorante (hematine), au lieu de faire un corps homogene avec les autres principes des globules, est repandue par petites masses distinctes. Les siponcles font exception a cette regie. Leurs globules sont entoures d'une enveloppe epaisse, a double contour, et renferment une matiere homogene, rosee, tres-refringente. * Stroma et hemoglobine. Elements meca- nicgues des corpuscules dn sang. — Tout corpus- cule du sang se compose d'une substance fondamentale in- colore qu'on appelle son stroma et d'une substance colo- rante, Yhemoglobine. On peut separer la derniere de la premiere assez eompletcment pour que le stroma reste seul. On y parvient avec de l'eau, par des decharges efec- triques, par l'application d'un froid intense (Rollet), avec l'acide acetique, l'ether, le sulfocvanure de potassium, le sulfure de carbone, etc. On n'a pas encore pu bien deter- miner si les petits corps qui demeurent possedent ou non une membrane, si, generalement, il faut attribuer une en- veloppe au corpuscule sanguin intact. Les observations d'apres lesquelles ces corpuscules traites par l'uree (Kol- liker), soumis a des congelations eta des calefaetions rei- terees (Rollet), exposes a une ehaleur depassant 50° C. (M. Schultze), tombent en morceaux ; ces observations parlent dans un sens contraire. Jusqu'a present, la mem- brane des corpuscules du sang n'est pas encore demontree pour les mammiferes. *Les experiences rappelees contre l'existence d'une mem- brane enveloppante donnent de semblables resultats sur le corps des infusoires (Rouget). A-t-on le droit pour cela de refuser une enveloppe a ces animalcules? Ils en pos- sedent une manifestement on tout moins une couche cor- ticale. L'action de l'acide picrique ou chromique rend, d'ailleurs, la membrane tres-evidente ; et, chez les batra- TROISIEME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 251 ciens, elle apparait avec une nettete frappante, lorsquc, durant l'hibernaiion, il se forme, dans les globules san- guinis, soit des vacuoles incolores, soit des morcellemenls radios de la substance colorante. (Rouget.) * Coagulation des globules du sang. — Les cor- puscules du sang se ratatinent et semblent se coaguler par l'alcool, l'acide tannique, la creosote, l'acide nitrique ; ils sont dissous par les aloalis et par les acides biliaires. Une foule de substances, le cyanure de potassium, par exemple, reduisent l'hemoglobine en petits granules qui s'ecbappent du stroma en s'animant d'un mouvement mo- leculaire. 2) Les corpuscules blancs ou incolores du sangoude la lymphe (voy. plushaut, p. 226), petits globules non colores, ayant en moyenne 0,01 lmm = 1/200'" = l/88mra de dia- metre, ne contenant pas d'hemoglobine comme les rouges, mais presentant un noyau et une masse contractile fine- nient granuleus ? (protoplasma) . Chauffes, les corpuscules blancs fraichement recueillis changent leur forme ronde, devienneut denteles, envoient desprolongements, a l'instar des amibes et s'emparent meme des molecules de cinna- bre, etc., mises a leur portee (M. Schultze). * « Structure des corpuscules du sang (Bennett). Les opi- nions emises sur cette question sont trop nombreuses pour (Hre seulement enumerees. Nous ne pouvons rappeler que les principales : 1. Les corpuscules colores du sang sont des animalcules (Kircher, Borelli) ; — 2. Des globules de graisse (Malpighi); — 5. Sont formes de 6 parties, dont chacune est coinposee de 6 parties egalement (Leuweuhoeck). Cette opinion estait la base de la celebre theorie de Terror loci mise en avant par Boerhaave. — 4. Le corpuscule du sang est un anneau (de la Torre). — 5. Une vesicule contenant un noyau mobile et libre (llcwson) ; — 6. Un corps librineux solide de forme bi- concave (Young, Hodgkin, Lister, Gulliver); — 7. Une 252 PHYSIOLOGIE HUMAINE. vesicule renfermant un noyau entoure d'air (Schulz); — 8. Une vesicule contenant une matiere colorante semi-lluide (Donne); — 9. Une cellule organisee contenant G noyaux; — 10. Un corps renfermant un filament spiral, base ele- mentaire de tous les tissus (Martin Barry); — 11. Une vesicule contenant un noyau fixe sur ellepar ses deux poles et entoure d'un liquide colore (Rees et Lane); — 12. Une vesicule ayantune double enveloppe (Roberts, Hensen); — 13. Un corps homogene sur le vivant, se 'coagulant en partie, lorsqu'il abandonne Torganisme, et devenant solide surtout a son centre. (De Blainville, Mandl, Savary.) « De toules ces opinions, dit Bennett, la derniere est celle qui me parait le plus pres de la verite. Je crois que les cor- pus cules du sang des mammiferes consistent en une mem- brane et en un certain contenu solide. J'ai reussi, en plus d'une occasion, lorsque j'examinai des globules de sang tres- frais, a dilacerer la membrane et a voir alors le liquide renferme s'echapper au dehors. Si Ton soumet des glo- bules et particulierement ceux du lezard d'eau a Taction d'un coagulant, on pent apercevoir des rides a la surface de la membrane. Le contenu fluide se coagule et probablement comme le croyait de Blainville, plus specialement au cen- tre, ainsi que cela se presente dans le cristallin et clans la moelle des tubes nerveux. Cette hypothese s'harmonisc tres-bien avec la grande elasticite du corpuscule sanguin vivant, — son pouvoir endosmo-exosmotique, — i'influence des reactifs sur lui, — sa proeminencc centrale demon- tree par le professeur Fren, de Chicago, et Tissue d'une matiere gluante, capable de se charger de pigment apres addition d'acide lannique. » * Vie des corpuscules du sang. — Comme lout ce qui a vie, les corpuscules sanguins naissent, vivent et meurent. Nous avons vu precedemment leur origine (v. p. 242). — Leur vie et leur forme sont entrelcnues par Toxygene; si on les prive de cet element, ils se dissolvent. — Comment TROISIER SECTION. — LYMPHE ET SANG. 253 meurent-ils? c'esf un mjstere. On ne rencontre pas dans le sang des elements qu'on puisse appeler les detritus des corpuscules rouges disparus. Mais il est des organes oil la presence de ces detritus semble manifeste. Le sang qui sort de la rate contient 1/2 moins de cruor, et la pulpe splenique est certainement composee en grande par tie des corpuscules vieux et dechus du sang. *Nous avons vu precedemment (p. 189) que le foie fabri- que des corpuscules rouges. Les raisons qu'on allegue a l'appui de cette opinion sontplus specieuses que vraies. *Sans doute les veines sus-hepatiques contiennent 1/2 et meme 2/5 (517 parties de globules rouges pour 1,000 par- ties de sang; en poids, au lieu de 141, Lehmann) plus cle globules rouges que la veine porte. Mais cette augmentation n'est qu'apparente; elje resulte de la concentration du sang, dont le plasma est absorbe en grande quantite par la secre- tion biliaire. Dans le liquor du sang sus-hepatique la pro- portion d'eau est descendue a 68 0/0, au lieu de 77 0/0, et ses corpuscules se trouvent reduits en nombre dans le rapport de 1 gl. bl. pour 170 rouges, an lieu de 1 gl. bl. pour 740 rouges, rapport cle ces elements dans la veine porte (decharge de la Y. splenique). En faisant abstraction de la concentration du plasma dans le foie, comment expliquer 1'augmenlation des globules blancs dans lc sang sus-hepa- tique, si ce n'est par une production reelle de ces elements, ou par la destruction d'un grand nombre de globules rou- ges. Aucun physiologiste n'a emis la pensee que le foie produisit des corpuscules rouges. II est done vraisem- blable que ces derniers se detruiscnt dans la glande he- patique. Cette conclusion est tout a fait en harmonic avec les notions chimiques que nous possedons sur la matierc eolorante de la bile. Elle parait identique avec rhema- toidine, un derive cle rhemaline du sang. Ce seraient clone les produits de la destruction des corpuscules rouges clans le sang qui eoloreraient la bile. On a objecte que la bile des j. uudck. 15 254 PHYSIOLOGIE HUMAINE. invertebres a sang incolore est neanmoins coloree. Celte objection tombe devant les decouvertes de Rouget, qui a constate chez ces animaux des corpuscules colores, et de- vant celles de Fumouzc qui a demontre, par l'analyse spectrale, que chez les invertebres dont lc sang est repute incolore, I'hemoglobine se trouve a l'ctat de dissolution dans le serum. *En resume, le foie peut ctre considero plutot comme un atelier de destruction que de formation des corpuscules rouges. (V. Kiiss.)* II y a dans le sang environ 1 globule blanc contre 500 rouges. Apres l'usage de substances nutritives, de medica- ments toniques ; mais surtout clans les hypertrophies de la rale, ils augmentent eonsiderablemont. lis naissent dans les glandes conglomerees (Voy. p. 228 etseq.), ct ils sont vraisemblablement soumis a un grand nombre de meta- morphoses. On pense qu'ils se changent en corpuscules rouges du sang (de Recklinghausen). 5) De petits corpuscules poussiereux, de couleur sombre, vraisemblablement de la graisse divisee et des debris de corpuscules sanguins. On les appelle granules elemen- ted res. § IV. — COMPOSITION GHlMIQUfe DU SANG ' 11 y a dans le sang des substances prdvenant de trois sources differerttes : 1) Celles qui sont apporteeS par1 le canfll thoracique ct les veines caves ; * ' Voici la composition du sang dans les valssdaui; d'apres Charles Robin : * A. Elements anatomiques en suspension, en moyenue, 111 p. 1000 chez l'homme, et chez la femine 1^7 pour 1000. Cc sunt : 1° des hematies ; 2° des leucocytes. *B. Plasma, distinct du serum en cc que la iihrine a l'elat liquide on fait partie. Sa composition cstcomplcxc. U reiil'ermc : PtuNcir'E* TROISIEME SECTION. — LYMPHE Et SANG. 255 2) Cellos qui naissent clans le sang merae, en vertu de processus chimiques ; 5) Celles qui ypenetrent par diffusion hors des tissus. On trouve dans le sang, abstraction faite des gaz (savoir : CO-,0 et Az), des elements azotes, non azotes et mineraux, mais dans d'autres rapports que dans les aliments, ou les substances non azotees figurent pour 4 environ et les azo- tees pour 1. Dans le sang, il n'y a pour substance non azotee que de la graisse et une faible quantite de sucrc (CI. Bernard). La graisse n'y est meme repandue que par- de la premiere classe : 1° oxvgene rendu a l'etat gazcux, 24 centi- metres cubes pour 1000 claus le sang arteriel ; 11 centimetres cubes dans le sang veineux; 2° hydrogcne, quelquefois des traces; 5° azote, 15 centimetres cubes pour 1000 dans le sang arteriel, et 15 centimetres cubes dans le sang veineux ; 4° acide carbonique, 64 centimetres cubes pour 1000 dans le sang arteriel, et seulemeut 55 centimetres cubes pour 1000 dans le sang veineux; 5° Eau, 779 en poids pour 1000 chez Thornine, 791 chez la femme ; 6° chlorurc de sodium, 5 a 4; 7° cblorure de potassium ; 8° chlorhydrate d'am- moniaque ; 9° sulfate de potassc ; 10° sulfate de soude ; 11° Carbo- nate de soude ; 12° de potasse ; 15° de chaux ; 14° de magnesie ; J 5° phosphate de soude; 16" de potasse; 17° de magnesie; 18° de chaux des os 0,55 pour 1000 ; 19" Silicc probablement; 23° pho- sphate de fcr, probablement des traces ; 21° cuivre, plomb et man- ganese, des traces a un etat de combinaisou qui n'est pas connu. — Pbihcipes de la deuxieme classe. — Premiere tribu : 1° lactate de soude; 2° Lactate de chaux probablement; 5° hippurate de soude ; 4° pneumate de soude ; 5° urate de soude ; 6° urate de potassc pro- bablement ; 7° urate de chaux ou d'ammoniaque probablement ; 8° acetate de soude probablement. — Deuxieme tribu : 9° uree ; 10° creatine; 11" creatinine. — Troisieme tribu : 12° oleate de soude; 15° margarate de sonde; 14° stearate de soude; 15° Valerate de soude ; 16" butyrate de soude ; lous ces sels ou abides gras dans la proportion de 1 pour 1000 ; 17° oleine ; 18° margarine; 19° stea- linc dans la proportion de 1, 60 pour 1000, soit unis aux savons, soit en suspension it l'etat de gouttclettcs blanchissant le scrum; 20° matiere grassc phosphoree, 0,4S pour 1000; 21° Seroline, 0,02 pour 1000; 22° cholcsteriuc, 0,08 pour 1000. — Quatrieme tribu : 25° glycose. — Pringipes de la troisieme classe. — 1° Fibrine, 250 j>. 1000; 2° albumine, 69 pour 100 chez l'hoinnie, 70 chez la femme; 5° aibumiuosc; 4° Liliverdinc, des traces.* 256 PHYSIOLOGIE HUMAINE. cimonieusement. Sur 1,000 parties de sang, elle forme environ 1,6-1,9 (Becquerel et Roclier) , et se presenlo dans le plasma en partie sous forme de graisse neutre, en partie sous forme de savon. Sur 1,000 parties de sang, on trouve, au contraire, 200 parties environ d'albumi- no'ides. On peut presumer que la graisse se. dissout tres- rapideinent dans le sang ou quelle s'en elimine avec une tres-grande promptitude . Produits de decomposition. — On peut encore montrer dansle sang des produits de decomposition, comme de l'uree, de l'acide urique, de l'acide hippurique, de la creatine, de la creatinine, toutefois en quantite extremement faible, de telle sorte qu'il est a presumer qu'ils s'eliminent du sang avec une rapidite extraordinaire. Albuminoides. — On trouve plusieurs especes d'al- buminoides dans le sang : 1 . Fibrinogene ou fibrine du plasma ; 2. Globuline ou substance fibrino-plastique (V.p. 245) du plasma et du serum ; 3. Albuminate de soude ou caseine du serum (Pamun), precipitable dans le serum par une faible quantite d'acide acetique ; ■4. Albumine proprement dite du serum. Elle se distin- gue de l'albumine de l'ceuf, en ce que cette derniere coagule par l'ether et presente sur le plan de polarisa- tion une deviation a gaucbe plus faible que celle de ralbumine du serum. Celle-ci se distingue de la globuline en ce quelle se trouble, ll est vrai, par la chaleur, mais ne forme pas de coagulum et qu'elle est precipitee par le gaz C02 ; * L'albumine du serum traussude normalement des vais- scaux. Elle en sort en tres-grande quantite lorsque le cours du sang est arrete par une ligature ou une compression. Le but physiologique de celtc issue du serum et de l'albu- mine qu'il rcnferme est bicn ccrtainement la nutrition des TROISIEME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 257 tissus, mais ilne faudraitpas croire, d'apres Kiiss, que c'est Talbumine elle-meme qui nourrit les elements histologiques; ce sont les peptones (v. plus Las) contenues avec elle dans le serum exsude qui remplissent ce role ; elles sont eminem- ment aptes a se transformer en tissus. Pour lui, l'albu- mine du serum n'aurait pas d'autre fonction que d'empe- cher le sang d'adherer aux parois des vaisseaux.* 5. Hemoglobine des corpuscnles du sang (V. p. 262). 6. Une forme d'albuminoide semblable a la peptone, non precipitable par la chaleur, bioxyde de proteine (Mulder) et une substance qui se comporte comme le protagon (L. Hermann). Elements miner aux du sang. — La moitie environ de la cendre du sang se compose de sel de cuisine, lequel revient en majeure partie, en totalite peut-etre, au serum, tandis quele chlorure de potassium se rencontre en quantite plus grande dans les corpuscules. Ces derniers, a l'instar des muscles, renferment generalement plus de potassium ; le serum contient plus de sels de soude. II est digne de re- marque que, dans la cendre du sang des animaux qui se nourrissent de matieres vegetales, il y a moins de potasse et moins d'acide phosphorique que chez les omnivores et les carnivores. * Si les elements figures du sang renferment la majeure partie des sels de potasse trouves dans cette humeur con- stituante, il est done bien indique de mettre surtout ces sels en usage, lorsqu'on a a combattre une affection qui interesse directement les corpuscules sanguins (aglobidie, acruorie). * Toutefois, les sels de potasium ayant la propriete de ralentir les mouvements du coeur, il convient de les ad- ministrer a des doses prudentes (Rabuteau).* 11 est bien peu de metaux dont on n'ait pas soupconne rexistence dans le sang : le fer, le manganese *(travaux do Gromier, de Lyon)*, le cuivre, etc. 258 PJIYSIQLQGIE HUMAINE, § V. — QUANTITE DES PRINCIPES UES PLUS IMPORTANTS BANS 1000 PARTIES DE SANG SOXT CONTENDS I)'a1>RES C. SCHMIDT Corpuscules. . 515 . 04 Plasma,. . . 486.96 en a . 2 " CC K a £3 < a w a a o O a i/> w ■a 549.71 165.55 159.59 459.00 47.96 788.71 211.29 a . * 59.89 .95 5.74 4.14 7.88 EX CHIFFRES RONDS, LE SANG COXTIENT AD TOTAL : 78 0/0 Eau C Az 16 0/0 Hemoglobine, cm entrcnt. 8.67 2.56 4 0/0 Albumine.. 2.14 0.62 0.4 0/0 Fibrine. 0.2 0/0 Graisse. 0.8 0/0 Sels. II y a dans le serum 8-9 0/0 d'albuminc, clans les corpuscules 50 j), 100 d 'hemoglobine, § VI. — FIBRINE Preparation. — On prepare la fibrine coagulee en battant dn sang frais ou en lavant le caillot du sang. On petrit le caillot dans l'eau jusqu'a ce qu'il soit Wane, puis on le traite avec de l'acide chlorhydrique etendu (onchoisit cet acide a cause des phosphates doubles de chaux et de magnesie). Propriety's . — A L'etai humide, elle est tres-elastique, blanche, amorphe — on bien se compose, lorsqu'on l'a pre- TROISIEME SECTION. — LYMP1IE ET SAlsG. 259 paree en fouettant le sang, de filaments eonfns — et se corrompt assez vite; a Fetal. sec, elle est grise et tres-roide. Elle contient toujours des elements inorganiques qui res- tent dans le creuset apres la calcination. Elle est insoluble dans l'eau, l'alcool et 1'ether ; soluble dans les alcalis, dans l'acide acetique egalement; elle decompose l'hyperoxyde d'hydrogene. La fibrine coagulee du sang de l'homme et de quelques animaux (non detous), du pore, par exemple, est transformed par l'eau de nitre chaude (50-40° C), comme aussi par la putrefaction, en albumine; et, en resume, elle a avec cette derniere des liens de parente tres-etroits. * L'histoire de la fibrine n'est point encore assise, e'est dire qu'elle a suscite de nombreuses hypotheses. *On croyait autrefois que la fibrine provenait des globules du sang, et qu'elle se rencontrait a l'etat liquide dans le sang, grace aux proprietes fluidifiantes du chlorure de so- dium ou de l'ammoniaque. Verdeil et Robin ont demontre en 1851 , que la fibrine ne preexiste pas dans le sang comme substance concrete, que son etat normal est l'etat liquide, etat qu'elle ne perd qu'au dehors de 1'organisme. *Bechamp et Estor ont invente une theorie qui parait etonnante jusqu'a preuves peremptoires. D'apres eux, la fi- brine ne serait pas un corps inerte ; elle resulterait du groupement de molecules organiques vivantes, de mi" crozymas. * Quant au role de la fibrine, il etait pour les physiologis- tes d'une epoque encore peu eloignee, d'une importance capitale, puisque cette substance, en sa qualite d'albumine perfectionnee, etait la substance nutritive par excellence. * Actuellement, les idees sont toutes differentes sur la na- ture et le role de la fibrine. On a constate que les substan- ces les plus nutritives contiennent peu de fibrine et que, chez un sujet donne, cet element azote n'est nullement en rapport avec la force et la vigueur de 1'organisme. Tousles anatomo-pathologistes ne savent-ils pas aujourd'hui que le 260 PHYSIOLOGIE HUMA1NE. jeune, la fatigue, les maladies cachectiques, toutes les in- fluences debilitantcs entrainent l'augmentation de la fi- brine, que l'adulteen possede plus que l'enfant, qu'elle se reproduit tres-vite apres la saignee, et enfin qu'elle nevient pas du dehors, qu'elle nait dans l'economie ? Et puisque la fibrine se forme par exces, lorsque 1'organisme s'use rapi- clement (fievre, inflammation), n'est-on pas en droit de la regarder comme un dechet de la nutrition des tissus? Brown-Sequard a remarque que les muscles produisent beaucoup plus de fibrine que les autres tissus, et qu'ils en fournissent en quantite d'autant plus grande qu'ils ont exe- cute plus de mouvements. La fibrine est done comme CO2 un produit excrementitiel de la nutrition des tissus. Elle donne lieu a la formation cl'uree , d'acide urique dont Tapparition dans les urines coincide avec la presence en exces de la fibrine dans le sang (inflammation, fie - vre). L'hvperinose est toujours la consequence de l'in- flammation, et non sa cause. Virchow, dans sa Pathologic cellulaire, enseigne que les epanchements inflammatoires dont les cavites viscerales sont le siege, ne resultent pas, comme le pretend l'ecole de Vienne, d'une exsudalion de la fibrine du sang au travers des parois capillaires, mais reconnaissent pour cause une suractivite nutritive des ele- ments cellulaires, laquelle donne lieu a une quantite de de- chets organiques, e'est-a-dire de fibrine trop grande pour qu'elle soit emportee tout entiere, comme al'etat normal par la circulation. Voyonsles idees admises, a Theure qu'il est, surl'originede la fibrine. Endeux mots, on la considereavec Denis (de Commercy) et Schmidt, comme le produit d'un dedoublement. Suivant ces auteurs, lapartie albumineuse du sang est composee de deux substances : l°La Serine (52 pour 1,000 de sang), coagulable par la chaleur et les acides seulement; 2° la Plasmine (25 pour 1,000 de sang), coa- gulable par le chlorure de sodium, et pouvant se redissou- dredans 10 a 12 fois son poids d'eau. — Cette solution TROISIEME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 261 de plasmine comme la plasmine normale, peut se separer spontanement en deux parts, l'une coagulee est la fibrine concrete (5 a 4 pour 1,000 de sang), 1'antre demeurant dissoute (mais pouvant etre coagulee par le sulfate de ma- gnesie), est la fibrine dissoute 22 pour 1,000). * II resulte de ces faits, que la coagulation du sang est tout simplement le dedoublement de la plasmine en fibrine concrete et en fibrine dissoute. *Les composes de la fibrine suivent une progression in- verse dans leurs variations; plus la fibrine concrete aug- mente, plus la fibrine dissoute diminue et reciproquement. *La nouvelle methode d'investigation a permis de deceler la presence de la fibrine dans le sang sus-hepatique et de prouver que certaines inflammations dont les -caillots sont faibles, n'echappent pas a laloi commune de Yhyperinose. 11 suffit, en effet, de soumettre le sang qui sort du foie (avoir soin de le preserver de tout melange avec la bile — Vulpian) a faction coagulante du chlorure de sodium, de dissoudre ensuite le coagulum obtenu dans 10 a 15 fois son poids d'eau, puis d'exposerla solution a fair ou delabattre, pour voir que le sang sus-hepatique repute sans fibrine, renferme bien la proportion normale de fibrine concrete (2 a 4 pour 1,000). Les memes moyens appliques an sang de certaines inflammations hypinosiques en apparence, y revelent une augmentation de fibrine reelle. — Dans le sang sus-hepatique comme dans le sang des inflammations dont il vient d'etre parle, une cause inconnue empechait le dedoublement de la plasmine. * Germain See croit done que dans les maladies en gene- ral comme dans les anemies, il ne saurait etre question a proprement parler, d'exces ou de defaut de fibrine. II faut dire que la plasmine est plus ou moins parfaite, que ses deux elements constitutifs la partagent d'une facon plus ou moins inegale et qu'ils se dissocient avec plus ou moins defacilite. 15. 262 PHYSIOLOGIE HD3IAINE. *Vulpianregarde la partie albumineuse du sang, comrae formantun tout compose dont la serine, la plasmine (fi- brine concrete et fibrine dissoute) sont un produit de de- doublement, de meme que l'alcool et CO2 sont le produit du dedoublement du sucre. « Cette maniere de voir, dit Kiiss, jette un grand jour sur la pathogeuie des albuminu- ries et particulierement des albuminuries par alteration de ralbuminedusang, et des albimmuries experimentales par injection ou ingestion d'albumine (meme d'albumine reti- ree prealablement du sang de i'animal. — Experiences de CI. Bernard, de Stokvis, de Calmette). »* § VII. — HEMOGLOBINE Synonymes : Hematoglobine, hemato-cristalline, autre- fois criwr, rouge du sang. Proprtetes. — L'hemoglobine degage rapidement de l'oxygene, comme le noir de platine, en presence du super- oxyde d'hydrogene. Cette propriete est abolie dans le sang quirenferme de l'acide bleu1 (Schonbein). Des corpuscules sanguins baignes d'eau lui abandonnent rhemoglobine qui colore cette eau en rouge. En couches minces, rhemoglobine parait verte. Elle est done dichroi- tique. Au point de vue physiologique, elle se distingue par trois proprietes : 1 . Par sa proportion de fer ; 2. Par son aptitude a cristalliser (Reichert) ; 5. Par sa grande capacite d'oxydation. Composition — Dans 100 parties d'hemoglobine, il va 0,42 fer (en outre, C 54,2 — H 7,2 — Az 16,0— 021,5 -S0,7). Le fer n'est pas decele dans le sang frais par les reactifs habituels du fer. * d Acide prussique ou acide cyanhydrique. * TROISIEME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 265 Si Ton chauffe de la cendre de sang l avec de l'acido muriatique, la solution filtree sera coloree en bleu par le ferro-cyanure de potassium, en rouge par le sulfo-cyanure de potassium. Mettez dugaz chlore dans du sang, il se for- mera de grosses bulles, le sang se decolorera, deviendra gris blanc ; le liquide jaunatre filtre reagit sur le fer. D'au- tres substances organiques, quand elles sont rendues alca- lines, ne permettent pas nonplus de reconnaitre le fer. Si Ton colore de l'eau sucree dans un vase a reaction avec une goutte d'une solution d'hydrochlorate d'oxyde de fer, et qu'apres y avoir ajoute quelques gouttes d'ammoniaque, on remue, le liquide brunatre ne sera pas modifie paries reac- lifs habituels du fer. Ceux-ci n'agiront qu'apres l'addition d'un peu d'acide (Rose). II y a dans le sang environ 0,08 pour 100 de fer, par consequent 4,8 grammes sur 12 livres. Le ferexiste dans la cendre, vraisemblablement sous forme d'oxyde. Cristaox du sang. — Les cristaax d'liemoglolmie s'obtiennent du sang a l'aide du procede suivant : Meier avec un volume egal eau et 1/2 volume alcool, du sang battu et laisser en repos pendant vingt-quatre heures a 0°. Les cristaux presentent des prismes aquatre pans. lis se forment frequemment dans le sang des chiens qui a tout simple- ment repose longtemps sans plus de preparation. Les cristaux d'hemoglobine, la plupart rhomboedriques, se rencontrent souvent en grand nombre dans l'estomac des sangsues qui ont suce et qui ont ete conservees de 8-14 jours environ. Los cristaux d'hemoglobine sont, d'apres C. Schmidt, doublement refringents et pleochromatiques ; en d'autres termes, un rayon lumineux qui les traverse se divise en deux rayons, et les cristaux presentent trois couleurs de fnce 4 On docouvro a peine dos traoos <\<> fer dans la cendre du serum sanguinis. 264 PHYSIOLOGIE HUMAINE. differentes et trois couleurs d'axe differentes. A Pappareil spectral, les solutions etendues d'hemoglobine offrent deux raies sombres, dites lignes d'absorption ou bandes spectrales, dans le vert et le jaune du spectre, entre les lignes D et E de Frauenhofer. Dedoublenient de lhemoglobine. — L'hemoglo- bine se decompose par les alcalis et les acides en hematine et en substance albumineuse. Vhemato'idine qu'on trouve dans les extravasats anciens, dans l'estomac apres des he- morrhagies, est vraisemblablement identique a la biliru- bine (V. page 191). V hematine est bleu noir, insoluble dans l'eau, l'alcoolet Tether, laisse apres calcination 12,8 pour 100 de fer, se dissout facilement dans les acides et les alcalis. Ces dernieres solutions sont brun rouge sous une lumiere qui se reflechit a leur surface, vertes avec une lumiere qui les traverse. On tire l'hematine ou de l'hemine (V. plus bas) ou direc- tement du sang fouette en traitant avec du carbonate de potassium. Hemine. — Llwmine est une combinaison d'hematme et d'acide muriatique. Elle a une grande importance prati- que pour reconnaitre les taches de sang. Elle cristallise en minces lamelles rhombo'idales. Pour de- Z50 montrer l'liemine du sang, il faut broyer $li)j^$~ un [n'U do sang desseche avec une tres- 10™ petite quantitc de sel de cuisine sur un verre de montre, ajouter du vinaigre et taux'd'hemine chauffer doucement, jusqu'a cc que des bulles se forment dans le liquide et que de pctites pellicules surnagent a sa surface. C'est dans ces pellicu. les que se trouvent en masse granulcuse les cristaux brans (voy, fig. 20). L'albumine de l'hemoglobine est tres-proche parente de la globuline, ce qui avaitete soutenu dejaparBerzelius, qui re- ^ardaitlescorpuscules du saiigcomme de Fhematoglobulihe. TROISIEME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 265 Oxyhenioglobine. — L'hemoglobine telle qu'on l'ob- tient des corpuscules du sang par l'eau, la congelation, les decharges electriques, renferme 0 lachement combine. Les substances nonreductibles, comme lesulfured'ammonium, le tartrate de fer ammoniacal, lui enlevent 0 ; H, AzO, CO2 font de meme en reduisant ; l'oxyde de carbone aussi s'em- pare completement d'O et se combine intimement avec l'he- moglobine, d'ou son action toxique. L'hemoglobine libre de gaz presente an spectre une seule ligne sombre (d'absorp- tion) dans le jaune1, cclle qui contientdes caz en presente deux. * Analyse spectrale du sang. Une des plus belles appli- cations de la decouverte de Kirchhoff et Bunsen, c'est l'a- nalyse spectrale du sang. Elle a ete faite par Hoppe-Seyler (1862) et Valentin en Allemagne, Hokees et Sarby en An- gleterre ; Bert, CI. Bernard, Benoit et Fumouze en France, etc. Si l'onregarde atraversunprisme une solution eten- due du sang arteriel ou d'hemoglobine oxygenee sous la lumiere dusoleil ou d'une lampe, on ne voit pas le spectre lumineux ordinaire, mais un spectre presentant 2 larges bandes obscures entre les raies D et E', et Textinction a peu pres absolue des rayons les plus refrangibles a partir dubleu de l'indigo. *Une solution de sang veineux (sang desoxygene), ou d'hemoglobine depouillee de sonO par un agent de reduc- tion quelconque, ne donne pas le meme spectre. Les deux raies se sont fondues en une seule, dite Bande de reduc- tion de Stokes, et l'ombre qui recouvrait les parties les plus refrangibles a recule vers le violet. * Chose etonnante, l'oxyde de carbone en se combinant avecrhematoglobuline, donne un spectre quine differe de celui du sang oxygeno que par une position plus a droite des 2 raies noires. Mais ce qu'il presente de particulier * 1 Bamlc do reduction do Slokes. * 266 PHYSIOLOGIE HUMAINE. et d'important au point de vue de l'intoxication par l'oxyde de carbone, c'est que nul agent reducteur n'est capable de le modifier, d'amener la fusion des deux raies, de produirc la bande de reduction de Stokes. *Il n'est pas besoin d'insister surles services que peut rendre cette methode nouvelle d'analyse. Nous avons deja fait entrevoir qu'elle permet de reconnaitre si un empoi- sonnement a eu pour cause les vapeurs du charbon ou un autre agent toxique. Nous ajouterons qu'elle peut deceler des taches de sang deja fort anciennes sur un morceau de bois, de fer, de linge, etc... Valentin a parfailement trouve le spectre du sang dans le liquide ou il avait fait macerer des eclats d'une vieille planche de dissection hors d'usage depuis 5 ans. * Cette methode d'analyse offre les plus grandes chances de certitude. Car le spectre du sang n'a pas d'egal, et il est d'une sensibilite extraordinaire ; lui seul presente les 2 raies sombres caracteristiques, et surtout lui seul peut donner, apres reduction de son oxygene, la raie noire de Stokes. Quant a sa sensibite, elle est extremement deli- cate, puis que Valentin a obtenu les raies caracteristiques avec une solution de sang au 7 4 000e vue sous une epais- seur de 15 millimetres.* Ozone. — On sait que l'oxygene ordinaire peut, a l'aide de certains moyens, par exemple, grace a des decharges electriques, a la combustion du phosphore, subir une mo- dification appelee du nom d' ozone, lequel offre a un degre beaucoup plus eleve que l'oxygene habituel l'aptitude a l'oxydation. Les corps qui contiennent cet oxygene actif at- taquent les bouchons de liege,- blanchissent les matieres colorantes et colorent en bleu la teinture de resine de ga'iac. Tel est le cas, par exemple, pour l'essence de te- rebenthine qui est restee longtemps exposee a la lu- miere et a l'air ; elle change une partie de l'oxygene ordi- naire en oxygene actif ; mais ellf le retienf si etroitement TROISIEME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 267 combine que ses proprietes oxydantes ne se manifestent que lentement, II y a, au contraire, des substances qui, mises en contact avec les corps fixateurs d'ozone, rendent l'ozone libre et devoilent aussitot son action oxydante. On appelle ces substances ozoni feres. Parmi elles, on compte le noir de platine, le protoxyde de fer, les corpuscules du sang aussi, soit l'hemoglobine. Quand done on mele de la vieille huile de terebenthine avec de la teinture de gaiac seule- ment, onvoit une coloration bleue se dessiner tres-lentement ou pas du tout ; mais des qu'on ajoute des globules desang, une tache bleue apparait a la place de chacun d'eux. L'iode colore l'amidon en bleu, mais non l'iodure de potassium. Fait-on agir de l'ozone sur un papier amidonne et impregne d'iodure de potassium, ce papier bleuit. C'est pour cela qu'on l'emploie comme moyen propre a signaler la presence de l'ozone. De la vieille huile de terebenthine determine tres-promptement le bleuissement du papier decrit plus haut, quand on y ajoute des globules de sang (Schonbein). Mais l'hemoglobine n'est pas seulement ozonifere, ellepre- sente encore les reactions de l'ozone, et, par suite, contient de l'ozone; elle a enfin la faculte de changer l'O ordinaire en 0 actif. Placez une solution de gaiac sur du papier et laissez-la s'evaporer, puis ajoutez une solution concentree d'hemoglobine, vous obtiendrez ainsi une coloration bleue (A, Schmidt). § VIII. — SANG ARTERIEL ET SANG VEINEUX Le sang arteriel est plus riche en gaz generalement, et specialement en 0 et Az, plus pauvre en CO2 que le sang veineux. 100 volumes de sang contiennent d'apres Schoffer : Arteriel: 45,37 gaz = 1-4,00 0 — 2,02 Az — 29,99 CO3 Veineux : 41 ,24 » = 9,05 0 — 1 ,52 Az — 34,40 CO2 268 PHYSIOLOGIE HUMAINE. Le sang arteriel coagule plus promptement, il est rouge clair, deux choses qui sont vraisemblablement la conse- quence de sa plus grande proportion d'oxygene ; le sang vei- neux coagule plus lentement, il est rouge bleu. En couches epaisses le sang veineux est rouge sombre, en couches minces il est vert , par consequent il est dichroitique (Brucke). Pendant le mouvement musculaire, le sang veineux perd 0 et gagne CO2, sans devenir pour cela veritablement plus sombre (Ludwig et Szelkow). § IX. — COULEUR DU SANG L'hemoglobine dont procede la couleur du sang est mo- dified par plusieurs especes de gaz. L'oxygene la colore en rouge clair, CO"2 en rouge sombre, l'oxyde de carbone et le gaz defiant en rouge cerise, les acides mineraux en rouge brun. Les substances qui dilatent les corpuscules du sang, comme l'eau, rendent le sang plus sombre, tandis que celles qui les resserrent, comme la plupart des sels, rendent le sang plus clair. Dans ce dernier cas, les corpus- cules du sang ressemblent a des miroirs concaves et re- flechissent la lumiere ; dans le premier cas, les elements colorants pouvant mieux percer deviennent visibles ; en meme temps les corpuscules du sang devenus spheriques agissent a la facon des miroirs convexes (Henle). L'eau dissolvantrhemoglobine, le sang additionne d'une grande quantite d'eau devient transparent et prend une couleur de laque. La raison en est dans ce que ces cor- puscules etant la cause de l'opacite du sang, toutes les sub- stances, par consequent, qui dissolvent les corpuscules du sang (V. § C), feront naitre cette couleur de laque. * La difference de coloration du sang arteriel et du sang veineux tient a ce que l'oxygene du sang arteriel rapetisse les globules, les aplatit et les rend plus clairs, TR0IS1EME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 269 plus rouges. Le CO2 du sang veineux fait prendre aux globules une forme plus arrondie, plus spherique. *Toutefois, cette difference de couleur ne procede pas uniquement des modifications de forme, que les globules subissent dans le sang arteriel et dans le sang veineux. Nous avons vu que le spectre du sang veineux ne ressemblc pas a celui du sang arteriel. Chaque nature de sang a son spectre et sa coloration particuliers. 11 est done probable que le phenomene spectral et la coloration qui apparais- sent dans les memes conditions, reconnaissent la meme cause, l'etat d'oxydation ou de reduction de rhemalo- globuline dusang (voy. Analyse spectrale du sang, p. 265).* § X. — QUANTITE DU SANG * Diverses metbodes ont ete mises en usage pour arrivor a revaluation de la masse totale du sang. * 1° Saignee a blanc (Herbert, Heidenhaim) . — Elle ne donne pas la quantite exacte du sang, car il reste tou- jours du sang dans les vaisseaux, apres une saignee a blanc. * 2° Injection complete de tout le systeme vasculaire. — Ne donne que des resultats approximatifs ; car l'injection n'est pas complete, ou est excessive, jamais elle n'est par- faite. * 3° Methode de Valentin — Etant connue par remission d'une quantite donnee de sang, 10 grammes par exemple, la proportion de solide et de liquide que le sang d'un animal contient ( = 1:4), calculer la totalite du sang, d' apres le degre de dilution que lui fait subir rinjection d'une quantite determinee d'eau, 10 grammes par exemple. II suffit d'etablir une simple proportion. L'inconvenient de cette methode reside en ce que, durant rintervalle des deux saignees, le sang emprunte des liquides aux tissus ambiants.* 270 P1IYSI0L0G1E IIUMINE. 4° Methode du lavage. — Pour determiner la quantite do sang d'un animal, on a, dans ces derniers temps, employe la methode suivante (Welcker). line petite quantite de sang (A) est tiree de laveine de l'animal dont on veut determi- ner la quantite de sang, puis clle est defibrinee par battage, mesuree, pesee, etdivisee enplusieurs portions cgales. Une portion est laissee sans melange d'eau,une deuxieme con- tient l/8d'eau, 7/8 de sang, une troisieme 2/8 eau, 6/8 sang, etainsi de suite. La coloration des divers melanges est natu- rellement differente et nettement saisissable. L'animal est ensuite mis a mortpar saignee, le sang (B) recueilli estpese, Leeontenu de l'estomae, del'intestin, dela vesiculebiiiahv, de la vcssie, est vide ; puis l'animal hache et delave dans une quantite d'eau pesee. Le sang qui se trouvait encore retenu dans le corps rougit cette eau. L'intensite de la couleur du liquide de lixiviation comparee a celle des li- quides d'experience obtenus auparavant avec le sang A, permet de reconnaitre la quantite de sang qu'il contient. On a trouve par cette methode que le sang chez les chiens equivaut a 7,5 pour 100 du poids de leur corps ; chez les supplicies le rapport a ete 7,7 pour 100 (Bischof). On peut deduire de la qu'un homme adulte a 1 0-1 2 livres de sang environ. Dans 12 livres (6,000 grammes) de sang, il y a a peu pres (V. § 5) : Eau 4.680 grammes, Homoglobine, . 960 — contcnant 520, C 155,6Az Albumine . . . 240 — - 128,4G 57,2Az Fibrine. . . . 24 — — 10.SC 5,7Az Graisse 12 — — 6,4G l,9Az Sets 48 — — 25.6C 7,4Az Suivant les opinions anciennes, la totalite du sang s'ele- vaita 20 livres. * Cette methode du lavage, le meilleur, incontestable- ment, n'est pas a l'abri de tout reproche. Le lavage des tissus entrainant non-seulement le sang, mais encore les TROISIEME SECTION. — LYMPHE ET SANG, 271 particules colorantes des muscles, de la moelle des os, de la rate, etc., conduit forcement a un chiffre exagere de la masse du sang, * La quantite du sang est sujette a des variations conti- nuelles tenant a l'etat de jeune ou de repletion, de sante ou de maladie des anhnaux. CI. Bernard a constate di- rectement, en decapitant deux chiens dont Tun etait a jeun et l'autre en pleine digestion, que la masse du sang etait deux fois moins considerable chez le premier que le second. II a experimente, en outre, qu'il faut, pour tuer un animal en pleine digestion, une dose de poison, de strychnine, par exemple, double de celle qui est neces- sairepour Tempoisonner a jeun. *C'est qu'alors la Grande abondance du sang a sature l'organisme de liquides et Fa rendu moins apte a l'ab- sorption. Autre preuve de la diminution de la masse du sang, a jeun. II faut enlever 50 grammes de sang a un lapin bien nourri pour le tuer , par hemorrhagic ; apres trois jours d'inanition, il suffit de lui tirer 7 grammes seulement, pour que la saignee soit mortelle (Collard de Martigny). « On comprend, dit Kuss, quelle importance a ce fait pour le medecin, au point de vue des saignees pratiquees au debut d'une maladie, ou apres plusieurs jours de diete. » * L'augmentation de la masse du sang pendant l'absorp- tion intestinale, est due a la grande quantite de lymphe qui est alors versee dans le torrent de la circulation, Sur unevache (Colin d'Alfort) a recueilli par une fistuledu canal thoracique jusqu'a 95 litres de lymphe en 24 heures. — La masse du sang ou mieux le liquor du sang peut done se reconstituer assez promptement, apres une sai- gnee, grace a l'apport de lymphe et des liquides d'imprc- gnation des tissus ; mais il n'en est pas de memo du cruor, il lui faut beaucoup plus de temps pour reparer ses pertrs. Remarque importante pour les saignees successives.* 272 PHYSIOLOGIE HUMAINE. « Tableau general des maladies du sang. * 1 . Augmentation ou diminution du sang : Plethore , spanhemie. * 2 . Augmentation ou diminution des corpuscules colores : Polypyrenhemie (ictifw, nucleus), oligopyrenhemie. *3. Augmentation des corpuscules incolores : Leucocy- themie. *4. Augmentation des molecules adipeuscs : Lipemie. *5. Augmentation de la fibrine : dans les inflamma- tions. *6. Diminution de la fibrine : dans les fievres, exan- themes, purpura hcemorragica, scorbut. * 7. Augmentation de l'albumine ; dans la scrofule, le cancer et les tumeurs morbides. * 8 Diminution de l'albumine : dans la maladie de Bright, Yhydropisie cardiaque et la fievre puerperale. * 9. Augmentation de l'acide urique : Uremie dans les derniers stades de la maladie de Bright, dans le rhuma- tisme, la goutte et la lithiase urique. * 10. Augmentation ou diminution des sels terreux : dans le rachitisme, V osteomalacic, la lithiase phosphatique. * \\. Augmentation du sucre : Glycohemie dans le dia- bete, la lithiase oxalique. *12. Augmentation de la bile : Cholemie dans ictere. *15. Poisons de differentes especes : Toxihemie, drvi- see en : *a. Poisons animaux, tels que pus putride ou ichor- hemie (communement appelee pyohemie) ; syphilis, va- riole, scarlaline, rougeole, erysipele, morve, peste, etc.; morsure d 'animaux venimeux, etc. *b. Poisons vegetaux, tels que opium, belladone, aco- nit, feve de Calabar, strychnine, etc., etc. kc. Poisons mineraux, tels que gaz, acide carbonique, TR0IS1EME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 275 vapeur sulfureuse , mercure, arsenic, etc., etc. (Bennett).*)) Denombrement des corpuscules du sang. — Le denombrement des corpuscules d'une petite quantite donnee de sang sc fait, a l'aide du microscope, sur une table de verre portant des divisions (Yierordt). 11 a donne pour 1 millimetre cube de sang, 4-5 1/2 millions de cel- lules sanguines environ. GHAPITRE III CIRCULATION DU SANG § X. — DESCRIPTION DE LA CIRCULATION Grande circulation. — Le sang se rend du ven- tricule gauche dans l'aorte et ses branches et, sans inter- rompre son cours, passe des plus fines arteres aux capil- laires, pour de la revenir dans les veines par un cours egalement ininterrompu. Le sang devient noir dans les vais- seaux capillaires. Le sang des veines, qui doivent etre envisagees comme des prolongements directs des capillaires emanes des arteres, sc ramasse en definitive- dans deux grosses veines, veine cave superieurc (20 millimetres de diametre) et veine cave inferieure (50 millimetres de dia- metre). Toutes deux sc jettent dans l'oreillette droite par sa face posterieure. Les veines du coenr se terminentdirec- tement dans cette oreillette sans passer par les veines caves. Le circuit que decrit le sang du ventricule gauche a l'oreil- lette droite s'appolle la grande circulation. Petite eireulation. — De 1'oreillette droite, le satig passe dans le ventricule droit, de celui-ci dans l'artere pul- 274 PHYSIOLOGIE HUMAINE. monairc, se distribue par les ramifications de ce vaisseau dans lcs capillaires du poumon, y reprend sa couleur rouge clair, puis, redevenu sang arteriel, rctourne a roreilletle gauche, dans laquelle s'ouvrent les quatre veines pulmo- naires. Le trajet que le sang decrit en allant du ventricule droit a l'oreillette gauche s'appelle la petite circulation. Circulation de la veine porte. — Enfin on a cou- tume de parler d'une circulation dite de la veine porte, en- tendant par ce mot le chemin que fait le sang veineux de la rate, de la majeure partie des intestins, des petits rameaux de la vesicule biliaire et des canalicules biliferes avant d'ar- river a la veine cave inferieure. II se rend tout d'ahord par la veine mesenterique superieure, la veine splenique, la mesenterique inferieure et la veine coronaire stomachi- que dans la veine porte, ensuite par les capillaires emanant de la veine porte, il se distribue dans le foie et il parvient enfin par les veines hepatiques dans la veine cave infe- rieure . § XI i- — BUT DE LA CIRCULATION 11 faut que le sang arrive a toutes les parties du corps, l'epidermc et l'epithelium exceptes, en laissant son plasma et ses gaz passer au travers des canauX capillaires. D'un autre cote, les liquides et gaz intervaseulaires diffuscnt a leur tour dansle sang. II y a par suite un double couranl, savoir : 1° un ecoulement par le lit des vaisseaux, et 2° an courant de diffusion au travers de leurs parois. § XIII. — CONDITIONS DU MAINTIEN DE LA CIRCULATION Difference de pression. — Pour que le mOiive- ment dusang soit possible, il faut, coinmc d'ailleurs pour le mouvement de tous les autres liquides, qu'il soit conduit du point d'une pregsion plus forte au point d'une pression TROISIEME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 275 plus faible ; en d'autres termes, il faut qu'il existe con- stamment une difference de pression. A l'origine du systemc vasculaire, c'est-a-dire la oil les arteres emergent des ven- tricules, la pression est plus grande qu'a la fin, c'est-a-dire 111 oil les veines versent leur contenu dans les oreillettes. Lorsque la contraction du cceiir a chasse des particules de sang, il y a chez clles tendance a se delivrer de la pression et, par consequent, a se porter oil elles seront exposees a une pression moins forte. La difference de pression se ba- lance done par un mouvement ; elle a pour cause des forces motrices. Les forces qui enlrent en jeu dans la circulation sont : 1 . La contraction des fibres musculaircs du coeur ; 2. L'elasticite des arteres; 5. La contractilite des arteres; 4. La pression atmospherique. § XIV. — FONCTIONS DU C<£(JR Structure. — Les fibres musculaires des oreillettes n'ont pas de connexion musculeuse avec les fibres muscu- laires des ventricules, ce dont on se convainc parfaitement sur un coeur cuit. Au contrairc, les fibres d'uncote se rcn- dent a 1'autre, aussi bien dans les oreillettes que dans les ventricules. C'est dans les ventricules que se trouve le point de depart et de terminaison des fibres musculaircs du coeur, c'est-a-dire les fibro-cartilages situes aux orifices des ventricules; et, en second lieu, les extremites des muscles papillaires. Pourchaque ventricule existent deux orifices : 1'un con- duit de l'oreillette dans le ventricule, 1'autre de celui-ci dans 1'artere corrcspoudante (fig. 27) ; l'orifice de l'artere pulmonaire et l'orifice auriculo-ventriculaire droit sont plus eloignes Pun de 1'autre que les orifices correspondants ducote gauche, En effet^ une valve de la valvule niitrale se 276 PHYSIOLOGIE BUMMNE. continue sans interruption avec la paroi de l'aortc au point ou se trouve le sinus de la valvule. Aussi ne voit-on sur un coaur cuit dont on a enleve les debris de valvule, que trois orifices, l'orifice de l'aorte ne constituant qu'une baie de r orifice auriculo-ventriculaire gauche. Les fibres du cceur composees de cellules a noyau soot striees transversalement.Leurs cellules s'envoient des ana- stomoses qui donnent aux faisceaux musculaires leur aspect reticule et rendent compte de la synergie et du synchro- nisme des contractions du myocarde. Les trois temps da mouvement cardiaque. — Le RHYTH.viE cardiaque presente trois temps : 1. Systole des oreillettes, pendant laquelle les deux oreillettes se contractent simultanement et tres-vite, dans la direction qui va des bouches des veines aux orifices ven- triculaires ; 2. Systole des ventricules, qui suit immediatement la premiere systole, ou, plutot, commence avant quelle soit entierement achevee et dans laquelle les ventricules se contractent simultanement . 5. line courte pause. Lorsque 70 pulsations s'executent par minute, il s'ecoulc cntre le commencement de Tune et celui de la suivante un intervalle de temps evalue a 0,857 de seconde, sur lesqucls 2/6 environ pour la systole des oreillettes, 5/6 pour la sys- tole des ventricules, 1/6 pour la pause (Dondcrs et Lan- dois). Pouls cardiaque. — An moment de la contraction des ventricules on sent la pulsation du cceur, jmlsus cor- dis, entrc la cinquieme et la sixieme cote. Le pouls car- diaque resulte de ce que la forme Oblonguc des ventricules se change en unc forme plus arrondie, de ce que son dia- motre en epaisseur augmente. Voila pourquoi la paroi thoraciquc est ebranlee, pourquoi la pointc se rnpproche de la base et vicnt heurtcr un cspace intercostal. Toutes les TROISIEME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 277 parties des ventrieules du coeur se meuvcnt dans unc direc- tion qui repond au septum dans le voisinage des orifices arteriels ; et a cause de la musculature 2 1/2 — o fois plus forte du cceur gauche, il s'operc une rotation de gauche a droite. Ainsi se produit un choc contre les par- ties ambiantes. Le pulsus cordis se fait encore sentir lorsquc la cavite U- Fig-. 27. — Representation schematique des deux moitiesdu cceur. A, moitie droite; B, moitie gauche ; a, veinc cave inferieure ; b, veine cave superieure; c, artcre pulmonaire ; dd, vcincs pulmo- naires; e, aortc; /", oreillette droite; g, ventricule droit; h, orcil- lette gauche ; i, ventricule gauche ; k, muscles papillaires ; I, valvules auriculo-ventriculaires. — Les ligues poncluees indiquent les cordes tendineuses; 1,1, les valvules scmi-lunaires. les trous a cote d'elles, a Torigine de l'aorte, simulant les arteres coro- naires. tlioraciquc est ouverte. L'action de la systole des oreillettes consiste a cxerccr une pression sur le sang contenu dans les oreillettes. Cc sang fuit a la fois du cote des vcincs ct du cote des ventrieules ; inais en (jiiantite plus grande du cote des ventrieules, pacce (me, d'une part, leur ori- 1(> 278 PHYSI0L0G1E HUMINE. fice est plus grand, et que lcs bouches contractiles des veines se resserrent, et, d'autre part, parcc que la pression est plus elevee dans les veines pleines que dans les ven- tricules qui sont vides, en majeure partie. Au moment de la systole des ventricules, le sang ne pent fuir que dans les arteres, parce que les orifices auriculo-ventriculaires sont fermes par les valvules. Valvules auriculo-ventriculaires. — Le coeur n'est jamais vide de sang pendant la vie, pas plus que le systeme vasculaire tout entier. II y a du sang, en effet, dansl'espace situe entre les valvules auriculo-ventriculaires etla paroi des ventricules (voy. fig. 27), memo au temps qui precede la diastole des ventricules. Des que les ventri- cules sont pleins de sang, les valvules (//) sont fermees par la pression sanguine, ainsi que cela se passe, quand on remplit d'eaii par les arteres un coaur mort. La pression de l'eau n'est pas en etat de pousser dans l'oreillette les lames si facilement mobiles des valvules, les filaments tendineux, chordce tendineai (fig. 27, lignes ponctuees), qui s'atta- client d'une part aux valvules, d'autre part aux muscles papillaires, y mettant obstacle. La traction des cordages est juste aussi forte que la pression de l'eau sur les valvules, = la pression sur les muscles papillaires (k). Pendant la systole des ventricules, la tension du sang augmente, proportionnellement a la contraction muscu- laire des ventricules. Mais les muscles papillaires com- posent une partie de la paroi musculaire des ventricules et leur contraction est juste aussi forte que celle des ventricules en general. Plus ces derniers se contractent, plus grande, par suite, est la tension du sang ; d'autanl plus aussi les muscles papillaires se contractent, d'autant plus vigoureusement les cordages sont tires vers le centre de la caviie vcntriculaire et par suite l'efltree du sang dans les oreilletles empechee. Pour l'intelligence parfaite des cliOses, il faul encore remarquer que les valves des TROISIEME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 279 valvules n'appartionnent pas aux ventricules, mais bien aux oreillettes et que celles-ci ne renferment que tres-peu de fibres musculaires. Valvules semi-lunaires. — Le sang des ventricules c'tant soumis, au moment de la systole ventriculaire, a une plus forte pression que celui du reste de la colonne sanguine, il s'echappe dans les arteres et ouvre les valvules semi- lunaires (1,1). Parfois les orifices des arteres coronaires (fig. 27, a cote de 1,1), se trouvent entre la paroi externe de ces valvules et la paroi arterielle. Dans ce cas, le sang qui remplit l'espace que nous venons d'indiquer, suffit a alimenter les arteres coronaires, ce dont on peut se con- vaincre en injectant un cosur mort. L'opinion d'apres la- quelle le cceur ne serait pourvu de sang que pendant la diastole (Autonomic du cceur, Fantoni, Brucke) n'est pas fondee. Quand la systole est finie, le sang s'ensache dans les espaces sacculaires des valvules sigmo'ides, et les bords de celles-ci s'appliquent exactement l'un contro i'autre, de telle sorte que le sang ne peut refluer dans les ventricules. Les deux bruits du cceur. — Au moment de Tarn- pliation des valvules auriculo-ventriculaires, par conse- quent, au moment du choc du cceur et de la systole des ventricules, le premier bruit du cceur, plus long et plus sourd, s'entend habituellement tres-distinctement, au-dessous de la quatrieme cote. Le second bruit, plus court et plus faible, s'entend au moment de l'ampliation des valvules semi-lunaires, qui, du cote droit, repondent a l'extremite sternale du deuxieme espace intercostal, et du cote gauche, repondent a la face posterieure de l'articula- tion sternale de la troisieme cote et de la portion du ster- num qui y touch©. Force et frequence des contractions du coeur. — Le sang ne circule pas seulement, lorsque les ventri- cules se contractent ; mais aussi pendant la diastole, coinme on le voit sur les arteres ou les veines ouvertes 280 PHYSIOLOGIE HUMAIKE. d'uii animal ou d'un homme vivant. Chaque partie du corps est ainsi continuellement traverser par une masse de sang et de cette maniere la depense de force que le coeur doit faire pour y maintenir ce liquide en mouvement est beaucoup plus faible que si le sang s'arretait apres chaque contraction ventriculaire. La force agissante propulsive qui se manifesto entre-temps, c'est l'elasticite des arteres, dont il sera question plus loin. Elle fait sentir son action jus- qu'a ce que les ventricules se contractent de nouveau ; et de plus elle est proportionnelle a la force de leur contrac- tion. Plus celle-ci a d'intensite, plus forte, plus prolongee est Taction de l'elasticite arterielle. — La contraction musculaire est , cceteris paribus , en rapport exact avec l'epaisseur des parois, c'cst-a-dire, avecle nombre des'fibrcs musculaires ; c'est pourquoi l'entre-temps des pulsations du cceur sera d'autant plus long que les parois cardiaques seront plus epaisses. II faut ici naturellement avoir egard encore a la longueur du chemin a parcourir par le sang. La force elastique qui, dans le chemin plus long de la grande circulation, suffit a maintenir le sang en mouve- ment pendant Pentre-temps, cette force doit done etrc plus grande que pour le chemin plus court de la petite cir- culation. C'est pourquoi l'epaisseur des parois du ventri- cule gauche est plus considerable (environ 5 fois plus) que l'epaisseur des parois ventriculaires droites. — La force des battements peut etre suppleee par la plus grande frequence des contractions, en ce sens que celle-ci main- tiendra la continuity de la circulation. La plus grande ou la moindre frequence des battements du coeur n'est autre chose que l'alternance plus ou moins precipitee d'une contraction avec une dilatation des ventri- cules. La contraction est le produit de la force contractile de leurs fibres musculaires. Le myocarde est d'ailleurs tres- elastiqiie, etplus ses fibres se contractent, plus son elasticity s'accuse et s'efforce de ramener le cceur an repos. II faut TR0IS1EME SECTION. — LYMPHE ET SANG. 281 supposer que, clurant toute la vie, une force agit sur le muscle cardiaque pour le pousser a se contracter (voyez Physiologie des nerfs). L'elasticite agit en sens contraire Plus faible est la contraction, plus faible est Taction de l'elasticite, et plus vite revient l'etat de repos, qui est con- stamment trouble par Tincitation motrice constamment agissante. La masse musculaire, comme chez les enfants ou les petits animaux , n'est-elle pas considerable , ou a-t-elle souffert de maladie, les battements cardiaques s'acce- lereront, s'il ne survient aucune complication du cote du systeme nerveux, par exemple. — Chez les nouveau-nes le chiffre des pulsations du cceur est en moyenne de 156, dans Page moyen de 70 environ, un peu plus dans un age plus avance ; le pouls cardiaque est en general plus rapide chez le sexe feminin que chez le sexe masculin, chez les sujets de petite stature que chez ceux de grande taille. II y a des agents indispensables au maintien de la con- tractilite musculaire, des agents qui 1'augmentent et vice versa. Le cceur arrache de la poitrine continuant long- temps encore a battre, on peut proceder a de semblables experiences. Les mouvements persistent beaucoup plus longtemps dans Toxygene que dans l'azote ou l'hydrogene. C'est pour cela aussi qu'un coeur qui contient du sang bat plus longtemps qu'un cceur vide. Une calefaction mo- deree excite les battements du cceur, une temperature trop elevee (au-dessus de 40° C) paralyse le muscle car- diaque ; les sels de potasse (Grandeau et Bernard), labile (Budge) affaiblissent les mouvements du coeur, Texcita- tion electrique du muscle les augmente. — Pour l'in- fluence des nerfs sur les mouvements du coeur, voy. Sec- tion VI ; pour Taction de la pression atmospheriquc, voyez plus haut. Force du coeur. — Le travail que le ventriculc gau- che accomplit consiste a lancer dans Taorte les 4 o ^H to G* — < CO -!H CO O R a ^ - « v. © Eh — ! Eh ft- Q, •5 83 ca a ft; S w & ft; S © "" a « N • CJ S3 *a o « 5 ^J 4J o & — . O '53 -— 1 < S3 &-, QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 301 Dans la premiere des experiences rapportees plus haut, la quantite d'azote elimine est inferieure a celle que conte- nait la nourriture ; le deuxieme jour cependant elle etait plus considerable. II faut done supposer que, pour un re- gime aussi riche en albumine, les metamorphoses ne s'ac- complissent pas assez rapidement dans le corps. Rapport entre la grandeur du travail et le besoin tl'Az. — Le besoin d'albuminoides croit avec la grandeur du travail effectue par le corps. Les soldats, e'est un fait d'experience, ont besoin en campagne de 50 a 60 grammes d'albuminoides en plus par jour qn'en temps depaix (Playfair). Les animaux que Ton applique au travail, les chevaux, par exemple, fournissent beaucoup moins d'ef- forts, lorsqu'ils manquent d'albuminoides. Avec une alimen- tation non azotee, il se produit facilementun etat nerveux, qu'annonce un manque de capacite effective, ce que Ton appelle l'exageration d'irritabilite. Les albuminoides sont done necessaires au travail corporel (voy. p. 27). Consummation d'azote pendant le travail. — On a fait (Voit) cette observation remarquable que, pendant le travail, la combustion de carbone augmente seule, mais non la quantite d'azote elimine, et que e'esttout le contraire pendant le repos qui suit; ainsi, par exemple, 5,51 azote sont elimines pendant l'ascension d'une haute montagne, des albuminoides ayant ete ingeres 17 heures auparavant, la derniere fois ; pendant la nuit suivante, 4,8 azote sont eli- mines (Fick et Wislicenus). On nepeut pas supposer que la consommation d'azote nesoit pas accrue par le travail, mais Lien plutot que les produits decomposes s'emmagasinent dans le corps. Au moment du travail, il se fait un afflux de sang plus considerable vers la peau et, par consequent, un afflux moins abondant a lieu cm- cote des reins, et la secretion sudorale verse sur les tegumdnts une plus grande quantite d'eau. Maintenant, que de l'tiree s'elimine par la sueur, e'est problematique. 502 PHYSIOLOGIE HUMAINE. Oii se forme l'uree? — On no sait pas ou se forme l'uree, si c'estdans le sang, dans les tissus, dans les reins. On n'en trouvc pas trace dans les muscles (de Liebig), mais on en rencontre dans differentes glandes, surtout dans lc foie (Meissner). Elle n'existe dans le sang qu'en minime quantite, a l'etat normal. Elle y augments apres 1' extirpa- tion des reins (Prevost et Dumas). La destruction des albu- minoides semble tres-active dansle foie. Si, par exemple, on consomme avec la nourriture environ deux grammes de soufrepar jour et Ton produit dansle meme temps 1000 gram- mes de bile dans le foie, il y a dans ce chiffre au moms 0,9 S repondant a environ 56 grammes d'albuminokles qui sesont par consequent decomposes dans le foie. G'est chose tres-importante ; des lors que 150 grammes d'albuminokles environ sont absorbes dans la nourriture quotidienne. Rapport de Tnree avec les albuininoi'des. — II est douteux que l'uree naisse directement des albumi- no'i'des. On connait diverses substances azotees, qu'on doit vraisemblablement considerer comme des degres interme- diaires sans qu'on puisse encore jusqu'a present demontrer la transition pour toutes. La creatine renferme 52, 0G pour 100 Az, l'acide urique 55,55,1a xanthine 56,84, la creati- nine 57,18, la sarcine 41,18, l'uree 46,6. Toutes ces substances ont moins de C que les albuminoides. D'un autre cote, la leucine, dont la presence est si frequente dans le corps et la tyrosine egalement se distinguent par leur pro- portion de carbone. Leuciue. . . 54,96 G, — 9,92 H, — 10,69 Az, — 2i,45 O sur 100 Tyrosine. . 59,67 0,-6,0811,— 7,73 Az, —26,52 0 - tandis que : Urec. . . . 20, C, -6,66 H, -46,66 Az. -26,660 - En tout cas, nous l'avons deja remarque, du carbone de- QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 503 vient libre dans la metamorphose des albumino'ides en uree et abandonne le corps sous forme d'acidecarbonique. Formation tie graisse anx depens des albu- minok'des. — Des observations rendent vraisemblablc que CO2 ne nait pas directement des albumino'ides, que de la graisse se forme tout d'abord. Yoici les preuves de cette formation de graisse aux depens des albumino'ides : 1. Dans les parties inactives, parexemple, dans des nerfs sectionnes, des muscles paralyses, etc. . . , il se forme, au sein des tissus, des globules graisseux : degeneration grais- seuse, qui naissent vraisemblablement des parties azotees des tissus; Les cadavres qui sejournent longtemps sous l'eau se changent en une sorte de produit graisseux qu'on appelle adipocire, substance blanche qui renferme 94-97 pour 100 d'acides gras ; 3. Quand on place un cristallin, un morceau d'os, etc. dans la cavite abdominale d'un animal vivant, ces matieres s'impregnentengrande partiede graisse qui vient remplacer les pertes de substances qu'elles eprouvent (R. Wagner). Ce n'est point la cependant une preuve peremptoire, parce qu'on a observe (Burdach) que des morceaux de moelle de sureau traites de cette maniere se remplissaient egalement de graisse ; 4. Les oiseaux, onle sait, deviennenttres-gras au regime de la viande depouillee de graisse ; 5. Le beurre du lait augmente considerablement avec une alimentation purementanimale (Scubotin, Kemmerich); 6. Le glycogene se forme dans le foie, meme lorsque les animauxregoivent une nourriturc exclusivement animalo (Bernard) ; 7. Le fromage de Roquefort qui est demeure quelques jours enferme dans une cave, s'y couvre d'une espece de champignon ct perd en caseine pendant que sa proportion de graisse augmente. 304 PHYSIOLOGIE HUMAINE. ELEMENTS CONSTITDTIFS. Du frontage frais. Deux mots apres. Caseine. . . . 85,43 43,28 Graisse. ... 1,83 32,31 Eau 11,84 19,26 (Blonde au.) Facilite de decomposition des albuminoides. — Des agents d'oxydation energiques transforment, hors du corps, les albuminoides en acides gras, qui, du reste, se trouvent en partie dans le corps, comme Pacide formi- que, l'acide acetique etc., puis en aldehydes de ces acides, en ammoniaque et en bases organiques instables. — Les acides, les alcalis, la putrefaction donnent aussi, aux depens des albuminoides, naissance aux substances qui se trou- vent dans le corps sous forme d'acides gras instables, de leucine, de tyrosine, etc. Role des albuminoides. — Les albuminoides rem- plissent dans le corps une double fonction : ils servent, en effet : 1. De ferment, en quelque sorte, ou, si Ton veut, ils provoquent des processus organiques par leurs metamor- phoses chimiques. Pendant que les processus organiques s'accomplissent, pendant que, par suite, Puree se forme aux depens des albuminoides apres une serie de transfor- mations intermediaires, le carbone s'oxyde, de la chaleur so developpe et des mouvements cellulaires sont determines. Les albuminoides donnent lieu a des conversions constantes de forces differentes; 2. Les organes augmentent en tons les sens par absorp- tion des albuminoides. § IV. — METAMORPHOSES DES SUBSTANCES NON AZOTEES Jusqu'a present, notre attention s'est fixeeprincipalement sur les metamorphoses de Pazote ; ici, c'est le carbone qui reclame notre examen special. QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 305 Origine ties substances non azotees dans le corps. — Les substances non azotees, hydrates de carbone et graisses, sont en partie introduces par la nourriture, en partie formees dans le corps. Lorsque les hydrates de car- bone que renferment les aliments se trouvent dans un or- gane quelconque, comme, par exemple, le sucre de raisin et la dextrine dans les muscles, on he peut decider s'ils sont sortis du sang ou s'ils se sont formes la de toutes pieces. (Juant au glycogene du foie (voy. p. 189 et seq.), il est sur qu'il s'y produit primitivement. La graisse qui se rencontre dans le corps n'est pas precisement celle qui existe dans la nourriture ; celle-ci doit done se transformer dans le corps. Nous avons deja fait observer que la graisse de l'economie pouvait encore se former aux depens de l'albumirie. Neanmoins l'espece de graisse absorbee, lors qu'elle est ingeree en grande quantite, a de rinfluence sur celle quise depose dans le corps. Des cochons, par exemple, absorbent-ils beaucoup de graisse fluide, la graisse de leurs cellules adipeuses sera plus fluide que dans d'autres circon- stances. Conversion des substances non a/otees en substances azotees. — Des substances non azotees portees dans l'economie peuvent y entrer en combinaison avec des substances azotees. Ainsi, par exemple, l'acide benzoique, l'acide de cannelle (C9 IIs 0-), le toluene (C7 H8), Thuile d'amandes ameres (C7 H8 0), l'acide quinique (C7 H1'2 06), se changent en acide hippurique et appa- raissent sous cette forme dans l'urine. C" H° 02 = acidc ]jenzo']'([iie C2 H5 Az 0- = ftlycocollc Cu IIU AzO3 + Hs0 = acidc hippurique, Combinaison de la graisse avec des elements azotes, — La graisse aussi so combine dans le corps 306 PHYSIOLOGIE HUMAINE. avec des substances azotees. On la trouve formant par- tie constituante de la plupart des organes. Le protagone, element principal dn cerveau, a, sans aucun doute, besoin pour se former de l'apport de la graisse. JLes tissus contiennent tres-peu d hydrates de carbone. — Les hydrates de carbone ne forment qu'une faible partie du sang et des tissus, bien que les aliments en renferment une grande quantity II est vraisemblable qu'ils ne se brulent pas du tout, ou seulement en petite quantite pour former de l'acide carbonique, mais qu'avant tout ils se metamorphosent en graisse. En tout cas, cette metamorphose peut s'operer dans le corps. Un pore ayant mange en treize semaines 555 livres de pois et 2,275 livres de pom- mes de terre, aliments qui ne renfermaient en somme que 8 livres, 6 de graisse, ceporc s"engraissa, dans ce temps, de 25 livres, 4. II faut done que la graisse se soit formee aux depens de la farine d'amidon. Les abeilles font de la circ avec le sucre du miel (Huber, Gundlach). Toutefois, ainsi que nous l'avons indique plus haut, la formation de la graisse exige la presence des albuminoides. Causes de 1' augmentation et de la diminution de la graisse. — La graisse se presente dans le corps en partie sous forme de graisse neutre, en partie sous forme de savon. Son augmentation dans l'economie neccs- site trois facteurs, qui doivent agir ensemble : 1. Reception insuffisante d'oxygene: 2. Gonsommation trop faible d'azote (moins de mouve- ment musculaire. — Action nerveuse diminuee). 5. Introduction de C trop considerable. Aucun de ces facteurs n'agit isolement. Dans les condi- tions opposees, la graisse se consomme. Ainsi, par exem- ple, le coussinet graisseux sous-cutane diminuera vite si l'on retranche de la nourriture. On n'a pu decider si, en pareil cas, la graisse neutre peut passer dans le sang ou s'il se fait une saponification, grace a l'alcali du sang, et QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 507 si, par cette voie, les acides gras se versant dans la circula- tion, brulent en formant de l'acide earbonique. Role de la graisse. — Les graisses, independam- ment de leur utilite mecanique, servent principalement d'agents de la respiration, a laquelle les albumino'ides he contribuent que pour une faible part. Si le corps ne ren- ferme que des albumino'ides et pas de graisse ou d'hydra- tes de carbone, il en faut une quantite beaucoup plusgrande pour entretenir la vie normale. Un chien, qui recevait 500 grammes d'aliments albuminigeres, eliminait par les uri- nes plus d'azote qu'il n'y en avait dans sa nourriture. Ce plus devait done etre fourni par la chair de son propre corps pour completer la quantite de carbone necessaire. Si, au contraire, on ajoutait aux 500 grammes de viande autant de graisse qu'il en faut pour la respiration, la quan- tite d'azote de l'urine repondait a celle de la viande (Bis- choff et Voit). C. — FORCES ORGANIQUES ET CELLULAIRES Parties constituantes de la cellule. — Une cel- lule rossemble originairement a un corpuscule mou se com- posant essentiellement de deux parties, Tune appelee p-o- toplasma (une sorte de matiere germinative capable de mouvement), 1' autre appelee noyau. Celui-ci manque sou- vent et alors le protoplasma constitue a lui seul la cellule. Ce protoplasma est une substance qui parait homogene, sans structure, frequemmentgranuleuse. A la circonference externe, il y a tres-souvent, peut-etre n'est-ce qu'un epais- sissement du grumeau protoplasmatique, une membrane ; et, en outre, il se forme entre les cellules des vegetations speciales qu'on nomine substance intercelhdaire, et qu'il faut peut-ctrc envisager comme un produit du protoplasma au dehors. Les cellules sont aiusi plus ou moins separecs les uncs des autrcs. 308 PHYSIOLOGIE HUMAINE. Dans les organismes inferieurs, leshydres,parexemple, il n'y a pas de separation de ce genre, toute la masse du corps est homogene ; on l'appelle sarcode (Dujardin). Ce n'est au fond pas autre chose que du protoplasma. II n'est pas invraisemblable que le noyau de la cellule soit un epaississement de la substance protoplasmatique au point central. Les parties constituantes de la cellule complete sont done : enveloppe, protoplasma, noyau et nucleole. *Cette conception de la cellule appartient a Schwann. Dans ces dernieres annees, la definition de la cellule a ete profondement modifiee par les travaux de Max Schidtze , de Recklinghausen, Kuhn, L. Beale, etc. Un tres-grand de cellules, par exemple, les globules blancs, les cellules embryonnaires, n'ont pas de membrane; il en est de meme des cellules de la moelle des os, dans la couche de developpement et des cellules meres qui se rencontrent dans le meme point. Ces cellules qui n'ont pas de membrane possedent un protoplasme qui presente des mouvements amiboides. « La definition de la cellule se trouve ainsi reduite a une masse de protoplasma ren- fermant un noyau. » (Cornil et Ranvier.)* PHENOMENES DES CELLULES * Les principaux phenomenes qui ont ete observes jusqu'a ce jour dans les cellules consistent en : 1. Croissance, multiplication et leurs suites ; 2. Affinite pour certains elements du sang et action fer- mentative sur eux ; 5. Mouvements. § V. — ACCROISSEMENT, MULTIPLICATION DES CELLULES ET LEURS CONSEQUENCES Difference de grandeur des cellules au\ dif- ferents ages. — On entend par croissance un agrandis- QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 309 seinent dans le sens transversal et le sens longitudinal. Si Ton compare, par example, les cartilages d'un adultc avec ceux d'un enfant, on en constate la difference considerable au premier regard. La substance intercellulaire augmente egalement. ■Des coupes musculaires longitudinales et transversales montrent lameme chose, chez les enfants et les adultes. II faut en conclure que le protoplasma de ces cellules est en etat de s'assimiler des elements provenant clu sang. Croissance. — Les cellules ne croissent pas toutes. A cette categorie appartiennent, par exemple, les corpuscules du sang, les epitheliums qui ne sont pas plus gros chez les adultes que chez les enfants. Jusqu'a quarante ans le corps augmente en longueur et en poids ; a partir de cet age, jusqu'a la fin dela vie, ilpcrd. Un garcon nouveau-ne me- sure en moyenne 1/2 metre, une fille 0m,49. Le poids du premier s'eleve, en moyenne, a 5k,20, celui de la secondc a 2k,91. A 40 ans, un homme mesurc lm,68, une femmc lm,579 ; le poids moyen de celui-la est de 65k,67, de cclle-ci 55k,23. Le poids el la longueur de chaque argane en particulier croissent d'unc facon correspondante jusqu'a l'age moven de la vie. Plusieurs organes doivent merae s'accroitre toutc la vie ; le coeur, par exemple. Formation de nouvellcs cellules. — La crois- sance d'un organc ne repose pas simplemcnt sur l'accrois- sement de chaque cellule en particulier, mais encore sur la production de nouvellcs cellules. Que cette multiplica- tion de cellules, une veritable generation, par consequent, nit lieu, on en a de nombreux examples dans les observa- tions suivantes : 1. Le processus de la segmentation. Dans le developpe- ment de* l'ceuf, on rcmarque des cellules qui presentcnt des elrangleincnts, de telle sortc qu'a cote de cellules simples, on en voit 2, 4, 8 et plus reunies dans une seule 310 PHYSIOLOGIE HUMAINE. capsule. II faiit done supposcr que la premiere cellule s'est divisee en 2, etc. La division doit toujours commencer ici par le noyau. (Voy. fig. -4, des Elements d'histologie de Kolliker.) On voit sur les cartilages des cellules simples les lines a cote des autres, puis d'autres qui se tiennent deux dans line meme capsule, separees par une ligne etroite ; souvent il y en a trois et meme plus dans une seule capsule, d'ou Ton a conclu a une segmentation, bien qu'on n'ait pas en- core d'observation positive a cet egard. (Voy. fig. 6, des Elements d'histologie de Kolliker.) 2. Les glandes lactees sont des glandes en grappe qui, comme toutes les glandes, se composent d'une membrane amorphe tapissee a sa face interne d'un epithelium glandulaire. A la fin de lagrossesse, il se forme de la graissc dans 16s cellules epitheliales, ces cellules se detachent, penetrant, apres la parturition, dans les canaux excreteurs des glandes, crevent et deversent leur contenu, le lait. La secretion lactee peut etre entretenue pendant des an- nees, et il serait absurde de supposer que le nombre des cellules de l'etat de virginite a suffi pour livrer cettc grandc quantite de lait. Quand une vache laitiere peut secreter en dixmois 5,000 kilogrammes de lait etpar la meme environ 120 kilogrammes de graisse ; et quand cela se repetc d'an- nee en annee, on a la preuve suffisante d'une formation nouvelle de cellules. 5. Chaque jour, la rate livre au sang un grand nombre de cellules lymphatiques, pendant que, proportionncllement, il en entre peu dans la rate avec le sang qui s'y rend. Dans far tere spleuiquc, il y a 1 corpuscule incolorc, pour 2,200 roup. Dans la vcinc spleoique, — 1 — 60 — (HlRX.) A. On a constate par la numeration dirccle des fibres des muscles (gastrocnemiens) d'une jejune et. d'une vieille gre- QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 31 1 nouille que les fibres musculaires se multiplient (vraisem- blablement par scission) (Budge). 5. Un grand nombre deneoformations pathologiqucs. Lc processus par lequel la multiplication des cellules a lieu est toujours enveloppc detenebres. 11 n'y a de sur que ceci, c'est qu'elles naissent comrae tous les autres orga- nismes de cellules preexistantes. Cependant on ne connait pas encore tous les modes de reproduction. *0RIGINE DES CELLULES. — PROLIFERATION ET BLASTEME. * Remack, VircUow. — Envisageant l'ovule comme une cellule dont l'enveloppe est representee par la membrane vitel- line, le contenu par le vitellus, le noyau par la vesicule germi- native, et le nucleole par la tache germinative, Remak a constate que l'embryon est forme par la segmentation de cet ovule. Apres la fecondation, le vitellus se partage en deux, chaque moitie se divise a son tour, et ainsi de suite, jusqu'a ce que le vi- tellus soit transforme en une masse de spheres qui lui don- nent un aspect muriforme. Les spheres ou cellules qui resul- tent de la segmentation du vitellus vont tapisser la face in- terne de la membrane vitelline de maniere a former trois cou- ches qui constituent les trois feuillets du blastoderme. Cost par de nouvellcs divisions des cellules de ces feuillets queprcn- nent naissance les cellules dont se composent les divers tissus de l'embryon. 'Toutes les cellules naissent done de cellules preexistantes, et lcur genealogie remonte jusqu'jt l'ovule, Remak les a vu naitre suivant trois modes : scission ou scissiparite, par bourgeonnement et par formation endogdne. Telle fut l'ceu- vre de Remak, le pere de la theorie de la proliferation. *Vircho\v n'a fait que transporter dans le domaine pathologi- quc ce que Remak avait decouvert dans la physiologic du de- vcloppement des animaux. En etablissant que toute formation nouvqllc de cellules, que toute neoplasie repose sur la proli- feration de cellules preexistantes, il a reuni par de nouveaux liens la pathologic et la physiologic. 512 MYSIOLOGIE HUMAINE. *« Omnis cellula e celluld, » tel est l'axiomequ'il s'efforga de graver sur le frontispice de la science. A cet axiomc foti- damental, indiscutable, suivant lui, il en ajouta un autre non moins absolu, Yirritabilite (intravasculaire pour Broussais) des etres vivants. Cette propriete generale se manifeste de trois fagons : l'irritabilite fonctionnellc, l'irritabilite nutritive, Yk- ritabilite formalrice. Ainsi, par exemple, l'inflammation n'a pas d! autre cause qu'une irritation d'abord fonctionnellc, puis nutritive et enfin formatrice des cellules, et la suppuration est ainsi ravnenee a la proliferation des cellules plasmatiques du tissu conjonctif. Les cellules des neoplasmes pathologiques naissent egalement par la division de cellules preexistanles dans le lieu meme ou siege la tumeur, et les tissus nouvellement formes par elles se substituent a une certaine quantite de parties normales du corps. Toute neoplasie est la consequence d'une irritation particuliere des elements cellulaires. (Voir pour plus de details la Pathologie cellulaire de Yirchow, le Ma- nuel d'histologie pathologique, de Cornil et Ranvier, le Traite cVMstologie pathologique, de Rindfleisch, etc.) * Schwann, Robin. — La theorie de la proliferation avait ete precedee par celle de la generation spontanee des cellules dans un milieu liquide ou semi-fluide appele blasteme ou cysto- blasteme. Le blasteme existe au sein des cellules deja cxis- tantes ou dans les espaces qui les separcnt. * Schwann appliqua a l'etude des tissus animaux les decou- vertes de Scbleiden dans les tissus vegelaux, en d'autres ter~ mes il demontra que l'animal comme le vegetal est un compose de cellules. Ces elements naissent, d'apres lui, de la facon suivante : Au milieu du blasteme apparaissent des granula- tions moleculaires qui s'aggloniereht et s'entourent d'une membrane. Le noyau est aimi forme. Ce noyau agit sur le blasteme environnant comme un centre d'attraction; de nou - vclles molecules viennent se deposer sur le noyau, puis il se forme une membrane qui complete la cellule. *Malgre la grande autorite de Yirchow, malgre l'engouement qui rendit preponderantes, pendant une dizaine d'annees sur- tout, les doctrines du celebre histologiste de Berlin, la doc- trine de la genesc ne perit pas. De puissantes intelligences l'ont defenduc et la soutiennent encore, Nous n'osons pas af- QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 515 firmer qu'elle est a la veille de triompher ; mais nous pouvons dire qu'elle sort de l'oubli. * Broca professe la tkeorie du blasteme dans son Traite des tumeurs. Pour lui, « cette substance emane direclement du sang-, dont elle se separe en traversant par exsudalion les pa- rois des dernieres ramifications vasculaires. Elle commence done par etre liquide, mais plus tard elle pasfe a l'etat solide. Ce changement d'etat peut s'effectuer de deux manieres : tan- tot il est le resultat d'une coagulation pure et simple qui pre- cede 1c moment de l'onjanisation proprement dite, et tanlot il marche de front avec l'organisation elle-meine. \( Pendant la periode courte ou longuequi precede cette soli- dification, la substance du blasteme s'infdtre par imbibition dans les espaces intervasculaires , si le lieu ou elle a ete se- paree du rang est tres-rapproche de la face libre d'une mem- brane, elle peut transsuder a travers cette membrane et se re- pandre en couche a sa surface ; si elle est secretee au contact d'un tissu prive de vaissemx, elle peut s'imbiber dans l'epais- seur de ce tissu. C'cst par cc dernier mecanisme que les or- ganes non-vasculaires recoivent le blasteme normal indispensa- ble a leur accroissement et a leur nutrition ; et les elements pathologiques qui se forment quelquefois dans ces organ es prouvent que les blastemes anormaux pcuventy penetrcr aussi par la meme voie. » * Mais le plus illustre et le principal representant actuel de la tbeorie du blasteme est Ch. Robin, noire savant micrograpbe, le pere et le propagateur de l'bistologie en France. * « Pendant la renovation moleculaire continue ou nutrition, l'acte d'assimilation consiste, comme on le sait, en unc forma- tion dans l'intimite de cbaque element anatomique de principes im media ts qui sont semblables a ceux de la substance meme de ce dernier; ils sont pourtant differcnts de ceux du plasma sanguin (notons ce point de divergence avee l'opinion de Eroca) qui en a fourni les materiaux avec transmission endosmo-exos- motiquc rlc cbaque element a ceux qui l'avoisinent et recipro- quement. Mors que cette formation assimilatricc l'rmporte sur la decomposition desassimilatrice, elle amene l'augmentation de masse de l'element; mais, fait capital, cette formation de princi- pes s'etend bientot au dcla, au dehors meme de cet element, en 18 514 PHYSIO LOGIE HUMAINE. ce que, des qu'il a atteint un certain degre de developpement, l'exces des principes qu'il assimile suinte en quelque sorte hors de chaeun de ces elements et s'interpose a eux. Ce sont la ces principes immediats qui, envisages synthetiquement dans leur ensemble et dans leur association en tout organise, liquide ou demi-liquide, et n'ayant qu'une courle existence distincte de cello des parties ambiantes, recoivent le nom de blasteme. » * Le blasteme est done un produit exsude des elements ana- tomiques. C'est le plasma elabore par ces elements. II en re- suite qu'il doit varier d'un individu a l'autre, selon l'etat du sang et des tissus. * Quelle est la composition du blasteme? II y a autant de blaslemes que de tissus. Celui qu'on peut le mieux recueillir et examiner, le blasteme des plaies se presente, vu au micros- cope, « a l'etat de matiere homogene deja parsemee de fines granulations moleculaires, la plupart grisatres et d'autres jau- natres graisseuses. Bientot, dans ce blasteme et a ses depens, naissent des noyaux embryoplastiques d'abord, des fibres la- mineuses et des capillaires. * « II y a la generation d'individus nouveaux qui ne derivent d'aucun autre directement. Ces elements nouveaux n'ont, pour naltre, besoin de ceux qui les precedent ou les entourent au moment de leur apparition que comme condition d'existence et de production ou d'apport des principes qui s'associent entre eux, d'ou les termes genese^ naissance, etc... * « Partout ou existent des elements anatomiques vegetauxou animaux en voie de renovation moleculaire active, on peut saisir sur le fait l'appafition ou la generation d'autres elements anatomiques. On n'a encore vu cette generation que la ; par suite, si la genese des elements anatomiques est une genera- tion spontanee en ce qu'elle consiste en une apparition de particules formecsde substance organisee, alors qu'clles n'exis- taient pas la quelques instants auparavant, on voit aussi que par les conditions dans Idsquelies a lieu cettc apparition, cclle genese est nettement distincte de l'lieterogenie, dite genera- tion d'etres dans des milieux cosmologiques et non orga- nises. » * Les principes rentermes dans les blastemes sont entrairtcs par Vaffinite chimiquc a se grduper moleculairement pour for- QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 515 mer « une genese, ou generation, de nouvelles particules eMe- mentaires de substance organisee amorphe ou iiguree. » *« II est important de remarquer que c'est par un phenomene de genese que debute l'apparition du premier element analo- mique figure qui prendra part a la constitution du nouvel etre? en un lieu ou nul autre element figure n'existait, et ou on ne peut le faire provenir d'une scission prolifiante do quelquc cbose d'anteeedent. — Fait capital, ce n'est pas la segmenta- tion du vitellus qui est le pbenomene initial par lequel de- bute l'indication de la constitution de cette individualite nou- velle (vitellus feconde) ; celle-ci est, au contraire, annoncee par un acte de genese, celui de la generation autonome du noyau vitellin au sein d'une masse homogene en voie de re- novation moleculaire continue, le vitellus feconde. Ce n'est quo posterieurement a V autogenese de ce noyau que commence la segmentation, tant de ce dernier meme que du vitellus, seg- mentation qui a pour resultat l'individualisation de la masse vitelline en cellules blastodermiques ou embryonnaires. » (Li- sez art. Blaslcme dans le t. IX du Dictionnaire encyclop. des sciences medicates.) * Les cellules embryonnaires resultant de la segmentation du vitellus ne tardent pas a se ramollir puis a se liquefier. * Le liquide qu'elles forment en se fondant, est le blasleme, — ou apparaissent bientot des noyaux embryo pi astiques me- surant de 0mm,004 a 0mm,006 au debut, et atteignant rapidement de grandes dimensions, 0mm,008 a 0mm,010. De ces noyaux, les uns restent libres, les aulres s'entourent de granulations mo- leculaires et s'elevent a des formations superieures, cellules, tubes, fibres, etc. *Telleest l'origine des cellules, et telle l'origine de l'embiyon. * La formation par genese se presente surtout : 1° pour la for- mation de 1'ovule femelle ou male ; 2° pour la production du noyau vitellin et des tissus de l'embryon par le blasteme re- sultant de la fonte des cellules blastodermiques ; 5° cbez l'ani- mal developpe, pour la production et le renouvellement des epitheliums et de l'epidermc ; 4° enfin, presque tous les neo- plasmes doivent leur origine a ce mode de generation. Dans la plupart des autres cas, la theoric cellulairc est acceptee. Robin n'est done pas exclusif. 516 PHYSIOLOGIE HUMAINE. * Quant a VirritabiMte de Virchow, voici comment elleest ju- gee par Robin : . ..« Les expressions irritabilite et irritation nutritive, plastique, formatrice des cellules, des fibres, etc., irritabilite ou irritation fonctionnelle, ne representent qu'une conception ontologique, une entite, une creation de 1'esprit par laquelle on attribue a la substance organisee une propriety qu'elle n'a pas, a moins qu'on ne designe par ces mots, les proprietes memes de nutrition, de developpement, de genera- tion, de contractilite, d'innervation ou la possibility de leurs variations correlatives aux conditions moleculaires et physiques d'existence intrinseque et extrinseque des elements anatomi- ques, conditions dites de milieu tant exterieur qu'interieur. » *En 1867, Legros et Onimus ont fourni de nouvelles armes a la theorie de Robin en publiant leurs Experiences sur la (je- ncse des leucocytes. * D'apres ces observateurs, si Ton introduit sous la peau d'un la pin de petits sacs en baudruche remplis de serosite de vesi- catoire prealablcment filtree, on trouve, vingt-quatre beures apres, cette serosite trouble et contenant un grand nombre de leucocytes. IVest-il pas evident alors que les leucocytes se for- meraient spontanement dans un liquide amorpbeet vivant? *Lortet, de Lyon, et apres lui Cornil et Ranvier ont objecte que les leucocytes, au lieu de se former aux depens de la se- rosite renfermee dans la baudruche, provenaient-du dehors; que, grace a leurs mouvements amiboldes, ils traversaient la membrane animale. Onimus y a repondu par des experiences dans lesquelles il s'est servi de membranes tres-resistantes, comme le papier-parchemin, et dans lesquelles la generation des leucocytes se produisait cependant. * Si Ton voulait l'aire beneficier la theorie du blasteme des coups portes a la theorie de la proliferation, on pourrait rap- peler que la foi d'un certain nombre des disciples les plus ardents de Virchow, a perdu de sa ferveur primitive. Billroth, apres avoir cru, a voulu voir si reellement les cellules se divi- saient, prolit'eraient comme l'enseigne la doctrine, et il n'a rien vu. Cohnheim a prouveque toute neoformation pathologique ne reconnaissait pas pour cause une proliferation sur place , en etablissant que les globules du pus ne se forment pas in situ, mais ne sont que les globules blancs du sang collige, en un QTJATPJEME SECTION. — NUTRITION. 317 point, par suite de leur migration et de leur sortie des vaisseaux sanguins. Hayem et Vulpian (1870) ont repete les experiences de Cohnheim et ont constate comme lui que les globules du pus proviennent du sang dont ils representent les leucocytes ; pour eux, la theorie de Cohnheim « est la seule qui ait en sa faveur des faits nets, precis, bien verifies. » II s'agit de la sup- puration. * Ad hue sub judice lis est. *Voyezdans Text Book of physiology by John Hughes Ben- nett 1'expose des theories de Goodsir (noyaux, centres de nu- trition ou de germination), de Huxley (plasma homogene, va- cuoles, periplaste, endoplaste), de Beale, etc. * Voici la theorie emise par Bennett en 1855. « Les parties ultimes de l'organisme ne sont ni des cellules ni des noyaux ; mais ce sont les fines molecules dont ces elements sont formes. Elles ont des proprietes vitales et physiques particulieres qui les rendent aptes a s'unir et a se grouper de facon a produire des formations superieures, des noyaux, des cellules, des fi- bres et des membranes. Le developpement et 1'accroissement des tissus organiques sont dus a la formation successive de mo- lecules histogenitiques et hislolytiques. La destruction ou la solution d'une substance est souvent la condition necessaire de la formation de l'autre; de telle sorte que les molecules histo- lytiques ou desintegratives d'une periode deviennent les mo- lecules histogenitiques ou formatives d'une autre. » * Bennett peut done etre range parmi les partisans dela doc- trine de Robin. * Augmentation de la masse et expulsion des cellules. — La multiplication des cellules a pour conse- quence, ou bien une augmentation de la masse de l'organe, ou bien leur elimination hors de l'organe. — Sont ex- pulsees : les cellules de la glande mammaire ; pendant la digestion, les cellules gastriques; pendant la fecondation, les cellules seminales ; puis l'epiderme, les cellules epithe- liales des muqueuses, etc. Liquide d'impregnation. — On n'a pas le droit de supposer que I'augmentation dc la masse des organes re- 18. 518 PHYSIOLOGIE IIUMAINE. pose absolument sur la croissance et la multiplication des cellules, car elle repose aussi egalement sur l'augmentation dii liquide d" impregnation, c'est-a-dire du liquide toujours existant entre les cellules. II filtre constamment hors du sang im liquide dans lequel baignent les cellules et leurs produits et qui leur fournit les raateriaux necessaires au deploiement de leurs forces. Fluidiflcation des substances solides. — De leur cote aussi, les elements solides se fluidifient. On a decou- vert dans les extraits aqueux de viande un produit ressem- blant a la pepsine, an point de vue de son action (Briicke), Quand des tumeurs osseuses se dissipent, il faut supposer la fluidiflcation non-seulement des substances terreuses, mais encore des substances organiques ; le deperissement des organes par lo jeune parle dans le meme sens, § VI. — AFFINITE ET POUVOIR FERMENTATIF DES CELLULE© AfAnite des cellules pour certaines sub- stances. — Si Ton reflechit que maintes substances in- troduites dans le corps sont facilement absorbees et eli- minees par un organe secreteur, difficilement par un autre, on conclura a l'affinite de certaines cellules pour des sub- stances chimiques detenninees. Ainsi , par exemple, l'iodc s'elimine plus facilement par les glandes salivaires que par les reins. On pourrait egalement rappeler ici Taction des agents specifiques pour certains organes clans les cas pathologiqucs. Cela vient a l'appui de l'hypothese des cellules specifiques. Action fermentative des cellules. — Nous en- tendons ici par action fermentative 1'influence que les cel- lules ont par leur contact sur la decomposition des elements du sang. Cette conception hypothetique facilite tout au moins l'intelligence d'une foule de secretions. Ainsi, par exemple, on pourra sc figurcr que l'albuminc du sang, en QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 519 se mettant en contact avec les cellules hepatiques, su- bisse par le fait de ces dernieres une decomposition en vertu de laquelle seforment les acides biliaires. 100 parties contiennent : Albuminc 53,5 C, 7,0 H, 15,5 As, 22,4 0, 1,6 S Acide taurocholique.. 60,5 C, 8,73 H, 2,81 Az, 20,74 0, 6,21 S — 7,0(1,-1,73 H, -»- 12,69 Az, ■+■ 1,66 0,-4,61 S. Les acides taurocholique et glycocholique, pauvres en azote, se separent, dans le foie, de l'albumine, riche en azote. On doit aussi regarder comme resultant d'une action fermentative la separation de mucine, substance egalement pauvre en albumirie, qui se fait aux depens de Falbumine, dans les cellules epitheliales des membranes muqueuses. Mucine = 48,94C, 6,8111, 8,50 Az, 35,750, Alburaine. . . = 55,50 G, 74,00 H, 15,50 Az, 22, 40, 1,6 S + 4,56C, + 0,19 H, 4- 7,00 Az, — 13,35 0, -+-1.6S. MOUVEMENTS CELLULAIRES On distingue : 1 . Mouvements amiboides et granulaires ; 2. Mouvements vibratiles ; 3. Mouvements musculaires ; 4. Mouvements moleculaires des nerfs ; II sera question des deux derniers dans la Section sui- vanle, § VII. — MOUVEMENTS AMIBOIDES ET GRANULAIRES Mouvements amiboi'des. — Les amibes sont des organismes inferieurs de la classe des rhizopodes, dont les corps simples se composent uniqucment de substance protoplasmatique. Le corpusculc rond pent changer com- 520 PHYSIOLOGIE HUMAINE. pletement de forme en emettant des prolongements qui lui donnent un aspect radie, expansions a l'aide desquelles il peut se mouvoir de place, en quelque sorte en glissant d'arriere en avant ; ses prolongements peuvent recevoir dans leur sein un corps etranger et se nourrir de la sorte. Les amibes sont comparables a des cellules depourvues d'enveloppe. On a observe de ces mouvements amiboides dans les corpuscules incolores du sang, les corpuscules du pus et du mucus, dans les cellules hepatiques, les cellules pigmentaires, dans celles du tissu connect if, etc... On a meme vu des migrations de cellules de la cornee, de cel- lules dupus, des acceptions de corps etrangers par ces cel- lules. On doit croire que pour toutes ces cellules il s'agit d'un protoplasma depourvu d'enveloppe. II a deja ete demontre plus haut que, dans toutes les formations protoplasmatiques, il y a un antagonisme entre la peripherie et le centre ; une tendance a la concentration des molecules vers lc milieu ou le noyau s'est forme, puis une separation d'enveloppe et de substances intercellulaire a la peripherie. Ces forces convergentes et divergentes peuvent presider aux mouve- ments dont il a ete question precedemment. Quand l'enveloppe est epaissie, on remarque des mou- vements granulaires dans le protoplasma, comme cela est facile a constater sur les corpuscules de la salive (Briicke). § VIII. — MOUVEMENTS VIBRATILES Certaines cellules emettent a leur base des prolonge- ments capilliformes qui presentent un mouvement vibra- tile. A celte categorie appartiennent les epitheliums vibra- tiles, pourvus generalement, de plusieurs fdaments, et les cellules seminales, quin'en ont qu'un seul. (Voy. fig. 0.) On rencontre le mouvement vibratile, chez l'bomme, a la surface : QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 521 1. De toute la muqueuse respiratoire, c'est-a-dire de la muqueuse nasale, a l'exception de la region dite olfactive, la muqueuse du sac lacrymal et du conduit lacrymal, des capites accessoires du nez, de la trompe d'Eustache, de la caisse du tympan, de la portion respiratoire du pharynx, la muqueuse du larynx, a l'exception des parties qui re- vetent la region vocale (les cordes vocales), la muqueuse de la trachee-artere, des branches, tant que celles-ci con- servent encore une couche musculaire. 2. De la muqueuse des organes genitaux internes de la femme, de ceux ou l'oeuf chemine et se developpe, c'esl- a-dire les trompes, 1' uterus, jusqu'au milieu du col ; 3. De la muqueuse des organes qui offrent les restes du corps de Wolf : ce sont, chez l'homme, les vaisseaux ef- ferents du testicule, les cones vasculaires l et l'epididyme jusqu'en son milieu ; chez la femme, les canaux de l'epio- vaire (2) (Becker) ; 4. Du canal central de la moelle epiniere, du sinus rhom- hoklal (3), de l'aqueduc de Sylvius, des ventricules late- raux. Les cils d'oii partent les mouvements oscillent de dedans en dehors dans les organes respiratoires et genitaux. Leur role n'est pas encore completement eclairci (Voy. p. 65). II n'est pas vraisemblable que le mouvement parte de l'in- terieur des cellules, mais bien qu'il procede des filaments eux-memes. On ne sait pas si ces derniers contiennent du protoplasma. Tandis que chaque cellule epitheliale vibratile est, du moins habituellement, pourvue de plusieurs filaments (jus- f1 C'est cc que nous appclons tele de l'epididyme.] [2 C'est ce que uous appelons organe de Rosenmilller .] [3 Partie posterieure du qualrieme ventricule ou ventriculc cero- belleux; il est forme par J'elargisscnieut du canal central de la moelle epiniere.] 522 PHYSIOLOGIE HUMAINE. qu'a 50), on no trouve dans le semen que des cellules ou plutot des noyaux ayant un seul filament vibratile. CHAPITRE II QUELQUES PHENOMENES DE NUTRITION EN PARTICULIER § IX. — RESORPTION Voie de la resorption. — L'absorption de matieres par le sang, se nomme resorption. — La voie par laquelle cet evenement se produit, est, ou directe par endosmose, au- travers de la paroi des capillaires sanguins et des veines, ou indirecte par les capillaires lymphatiques. A l'occasion, la substance connective qui se trouve entre les cellules formant la paroi des capillaires, peut aussi etre traversee et, par la meme, des matieres solides, menues, peuvent s'introduire. Toutefois, celle theorie n'est pas confirmee (voy. page 240). Matieres resorbees. — Les matieres qui penetrent par endosmose dans les vaisseaux capillaires sont : 1° Gaz. — Ainsi 0 venant par les poumons et la pcau, CO2 venant des tissus, le gaz se formant dans les canaux tapisses d'une muqueuse, l'intestin, par exemple ; 2° Liquides. — a. Matieres albumin oides dissoutes ( Peptone-Solutions gelatineuses ) et autrcs matieres du canal intestinal; b. Substances dissoutes dans le liquide d'imprcgnation de tousles organes. Les tuniques des veines sont aussi pe- netrables pour les liquides. On peut cmpoisonner des ani- maux avec une solution de strychnine, deposec sur une veine cntierement isolec (Magendie). QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 523 Les vaisseaux lymphatiques absorbent : a. Graissc neutre, surtout par les villosites, liquides aqueux ; b. Probablement aussi des corps etrangers divises tres-menu. On a observe que du charbon pulverise, Ires- fin, se retrouvait dans le sang, lorsqu'on l'avait place sur lalangue (CEsterlcn). Quant a la resorption par la peau, voir plus loin la Secretion cutanee. Les corps resorbent, a l'etat sain corarae a l'etat patho- logique, les matieres solides, lorsqu'elles ont ete dis- sorites auparavant ou qu'ellcs se sont changees en graissc. Ainsi se resorbent dans la vieillesse les alveoles de la ma- choire, apres la naissance, la glande thymus; ainsi les tu- mours pathologiques, etc. La quantite de matiere resorbee depend des resistances plus ou moins grandes, qui s'opposent a leur penetration. Ce sont : 1° La pression du sang. — Avec Taugmentation de laquelle la resorption est plus faible. L'accumulation du sang dans un organe, — ainsi qu'elle pcut se produire, a la suite, par exemplc, de la dilatation des vaisseaux sous rinfluence nerveuse, — cmpeche la resorption, 2° V alteration du sang. — Le sang est-il pauvre en eau$ le courant de diffusion qui s'etablit de son cote sera plus fort que dans le cas inverse. — II va de soi qu'il peut y avoir des circonstances, dans lesquelles la resorp- tion d'eau ne peut en couvrir Tissue, commc, par exemple^ dans le cholera. — Si vous mettez de la graissc dans la ration d'un animal, l'absorption de cette matiere atteindra bientot scs limites : villosites, vaisseaux lymphatiques et sang n'en peuvent admettre qu'unc quantite determinee (Boussingatilt). — Le sang peut, apres un copieux repas, regorger d'albuminoides, etc., et par suite, la sensation de la faim s'eteindre. — Mais, en loutes circonstances. 324 PHYSIOLOGIE HUMAINE. l'absorption demeure dans un rapport exact avec Fexos- mose du sang. 5° La cloison, — Qui existe entre les vaisseaux capil- laires et le liquidc a resorber. Ce sont ici les teguments superficiels qui semblent offrir en maint endroit unc resistance considerable. II ne penetre, au travers du tegu- ment externe, a ce qu'il parait, que des gaz et des ma- tures volatiles. L'epithalium dela muqueuse stomacale, de la vesicule biliaire et de la vessie interdit la penetration de ces organes par leur contenu, en majeure partie du moins. On n'a pas encore decide si cette propriete appar- tient uniquement a l'epithelium vivant (comme Fa pretendu Susini pour la vessie). La muqueuse stomacale resorbe tres-difficijement le curare et l'emulsine. Quand on porte de Femnlsine dans l'estomac et qu'on injecte de Famyg- daline dans le sang d'un animal, celui-ci reste sain. Quand, au contraire, on fait avaler, un autre jour, a ce meme animal de l'amigdaline et qu'on lui injecte de l'emulsine, il meurt tres-rapidement, parce que les deux substances se rencontrent, et que leur combinaison donne naissancc a de l'acide prussique (Bernard). § X. — ASSIMILATION On entend par assimilation l'aptitude des organes a se reconstituer aux depens du sang, puisqu'ils s'usent et se de- composent continuellement. L'assimilation n'est pas autre cbose en petit que la reproduction d'un organisme enfier. Comme pour celle-ci, il faut pour la reproduction cellu- laire trois facleurs : 1° Excitation (e'est-a-dire fecondation) ; 2° Substance germinative ; 5° Fond de culture. Nous avons pour cela : 1° Les nerfs; QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. > 525 12° Les cellules ; 3° Le liquide d'hnpregnation et le sang. § XI. — REGENERATION Toute l'economie du corps demande inconteslablement aux cellules reproductrices, que la restauration puisse s'ef- fectuer dans toutes les parties qui out subi une perte de substance. Elle n'a cependant pas ete reellement constatee part out, et dans certains organes, elle s'effectue plus faci- lement que dans d'autres. On a observe la regeneration : a. Dans les produits epiclermoidaux : epiderme, epi- thelium, ongle, poils, tant que la matrice, le dense, 4e lit ongueal, les bulbes pileux sont demeures intacts ; b. Dans le cristallin, tant que la capsule cristalline a persiste ; c. Dans les os. Leur regeneration depend essentielle- ment du perioste (Duhamel), a la face interne duquel se forment de nouvelles cellules dont naissent les cellules os- seuses. II se produit de Tos meme sur un morceau de pe- rioste qui a ete detache et porte sur un autre point du corps (Oilier); d. Dans les nerfs. lis se reunissent rapidement, lorsque leur separation a ete produite par un instrument bien affile. Les contusions ou les blessures avec perte de substance ont, au contraire, la consequence suivante. La portion de nerf qui n'est plus en rapport avec les organes cenlraux subit la degenerescence graisseuse, tandis que sa portion centrale se maintient dans son integrite. Dans la section des racines nerveuses posterieures, sur les grenouilles, le bout qui n'est plus en connexion avec le ganglion spinal degenere. ?.'ais si la section est pratiquce de telle maniere que le ganglion spinal reste au nerf, aucunc des fibres de ce dernier ne degenerera, tandis que Taulre bout qui commu- nique avec la moelle epinierc, il est vrai, mais non avecle J. LLDGE. 19 326 PHYSIOLOGIE HUMAINE. ganglion, subitla regression (Waller). On a dependant ob- serve dernieremenfc que les nerfs separes des parties centra- les subissent, il est vrai, la metamorphose graisseuse, mais que, plus tarcl, il se developpe en eux des fibres nerveuses normales, sans qu'il se soit retabli de communication avec les centres (Vulpian, Philippeaux). On a aussi vu quelque- fois des ganglions se regenerer (-Valentin), et le cerveau meme semble pouvoir se reformer partiellement (Yoit). e. La cornee peut aussi se regenerer partiellement. f. Dans le lissu conjonctif. De toutes les parties du corps, le tissu conjonctif qui communique partout avec lui-meme, se regenere avec le plus de facilite. II comble toutes les lacunes et prolifere la ou d'autres parties peris- sent ou souffrent dans leur developpement. g. Dans le tissu musculaire. Dans des blessures faites a dessein, les muscles stries se sont regeneres complete- ment au bout de quatre semaines (0. Weber). II en est de meme cbez les grenouilles au printemps, tandis que, pendant le sommeil hivcrnal, beaucoup ont subi la dege- nerescence graisseuse (de Wittich) . — II se forme des fi- bres musculaires lisses dans l'uterus gravide. Dans les points, ou il ne se fait pas de restauration, comme c'est la regie pour la peau et les glandes jusqu'a present, les lacunes sont comblces par le tissu conjonctif. § XII. — RETENTION Un corps bien nourri emmagasine une certaine provi- sion de materiaux alimentaires qui fournit a des besoins plus considerables, anormaux. Cette retenue de matieres, ce capital de reserve, en quelque sorte, pour des depenses extraordinaircs, peut etre designe du nom de retention. Oil observe done des depots de graisse dans un corps, qui recoit par ralimentation plus de carbone qu'il n'en brule, par exemple, a la suite d'un grand repos musculaire, ou QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 327 d'inaclivite dans la vie nerveuse, si ce repos, cette inacti- vity sont accompagnes en merae temps d'un regime co- pieux. — A l'etat de repos, pendant le sommeil, on ab- sorbe, la plupart du temps, beaucoup plus d'oxygene que pendant le jour, pour le consommer le lendemain. L'albumine aussi s'amasse dans le corps et s'use , quand l'apport du dehors diminue. Un animal recoit-il, par exemple, une nourriture albuminifere abondante et vient-on a lui supprimer tout aliment, la quantite d'uree evacuee, le premier jour d'inanition, sera plus conside- rable chez lui que chez un animal mal nourri. Ainsi la quantite en a ete : LE PREMIER JOUR DE : APRES INGESTION DE : 60,1 2,500 grammes de viande 29.7 1,500 — — 19.8 800 — — 200 dc graisse. (VOIT.) Si Ton nourrit un chien avecune quantite croissantede viande, et que la consommation soit plus que couverte, il reste de l'albumine dans le corps. Un chien : Recevait 1,500 gr. de viande par jour; il eliminait 106 gr. d'uree. 2,000 — — 144 — 2,660 — — 181 — 1,500 gr. de viande — 51 A.z 106 denree — 49,04 azote. 2,000 - = 68 — 144 - = 67,10 — 2,660 — =90,4- 181 — =84,54 — (VOIT.) D'ou il peut arriver que si une influence debililante s'exerce sur le corps, les suites ne s'en feront pas habi- tuellement sentir immediatement, chez l'homme qui a des reserves, mais seulement quelques jours apres. Le corps vit, en attendant, sur ses provisions. § XIII. — DISPOSITIONS VICARIANTES Bien que chaquc partie du corps ait sa fonction speciale, 328 PIIYSIOLOGIE HUMAINE. il peut y avoir cependant plus ou moins de suppleances, en cas de perte, et de cette facon, la vie et la sante peu- vent rester intaetes, meme quand des organes tres-im- portants ne fonctiorment plus. Ainsi, on a extirpe, sans in- convenient, toutes les glandes salivaires de la bouche (Budge), le pancreas meme, tres-souvent la rate ; de gros vaisseaux (aorte abdominale, veine porte) peuvent devenir impermeable?, sans grand dommage, parce que la circu- lation se retablit par les anastomoses. Les differentes espe- ces de salive et meme le mucus, le chyme, le sue intesti- nal, presentent la propriete diastatique ; la bile et le sue pancrt'atique ont le pouvoir emulsif; le sue gastrique, la salive abdominale, le sue intestinal meme jouissent de la propriete de former la peptone. La rate peut etre rem- plaeee paries glandes lymphatiques. Les muscles qui ont une fonction semblable recoivent frequemment leurs nerfs de cotes differents. — Cela revient a dire que le corps s'accommodetres-bien des materiaux dont ilpeut disposer. Ses operations peuvent se reduire a ce qu'il y a de plus presse pour le maintien de l'indispensable (circulation et respiration). § XIV. — INANITION On appelle inanition l'elat dans lequel se trouve le corps auquel toute espece de nourrilure est rctranchee. Les phenomenes en ont ete observes sur des animaux (Chossat, Bidder et Schmidt, Bischoff, Voit). La suppres- sion des aliments tue le corps, mais pas aussi vite que la souslraction d'oxygene, parce que, dans le premier cas, le corps, les muscles meme et la graisse, s'epuisent pour suppleer la nourriture qui devait venir du de!:ors. Tous les phenomenes vitaux sont concentres dans les mouve- mcnls respiratoires et cardiaques. Leur entretien depend avant tout de l'excitabilite de certaines parties nerveuses, QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 529 laquelle a besoin d'oxygene et de sang. Mais c'est egale- ment a ces deux memes travaux musculaires qu'appartien- nent l'oxygene et le sang, et dans le sang une substance azotee et une substance non azotee, l'albumine et la graisse, l'agent plastique et l'agent respiratoire. Ainsi les nerfs, les muscles cardio-respiratoires et le sang constituent les trois conditions solidaires de leur mutuelle integrite. — Pour remplir ces conditions, il faut : 1° Une temperature constante, c'est-a-dire une forma- tion, proportionnelle au poids du corps, de CO2, laquelle constitue le moment le plus essentiel de la production de la chaleur. — Le carbone de CO2 provient de la graisse existant dans le corps, en majeure partie ; — de l'albu- mine, pour une plus faible part (voy. plus haut § 5). Plus il s'use de graisse, plus il se consomme d'albumine. Dela vient que « pendant la premiere moitie de la duree de 1'inanition une unite poids d'animal expire quotidien- nement un quantum egal de carbone, pendant la seconde moitie un quantum quotidien croissant » (Bidder et Schmidt). La plupart des parties du corps, devenant plus petites, a la suite de leur depense en graisse et en albu- mine, regoivent aussi moins de sang, et par suite d'O, parce que le diametre total des vaisseaux diminue forcement quand l'organe entier se rapetisse. Avec la depense moin- dre d'O, le besoin d'O qu'eprouvent les cellules ganglion- naires de la moelle allongee diminue parallelement (voy. p. 85 et seq.). La frequence de la respiration et du pouls sont en rapport avec le poids du corps. 2° La decomposition des albuminoides, et finalement une formation d'uree. — Sans ces processus chimiques, il ne peut y avoir de combustion de C, ni meme s'engen- drer la minime, mais indispensable cependant, force mo- trice dont la vie a besoin. — Les premiers jours d'inani- tion, la quantite d'uree excretee est plus grande, ensuite elle se maintient en rapport avec le poids du corps (Bidder 550 PHYSIOLOGIE HUMAINE. et Schmidt). Plus 1'animal a mange avant l'inanition, plus ses « provisions d'albumine » etaient considerables, plus grande aussi est la quantite d'uree eliminee les premiers jours (Voit). L'animal auquel on supprime la nourriture ne peut as- souvir sa faim avec son propre corps, parce que la fluidi- fication des parties ne se fait que lentement. Les albumi- no'ides ne sont pas soumis a Faction du sue gastrique, etc... Voila pourquoi la sensation penible de la faim persiste et pourquoi ii s'excrete deja, le premier jour, beaucoup moins d'uree qu'avec une alimentation copieuse. Ainsi, par exem- ple, un homme de peine bien nourri excrete 37 grammes d'uree avec un regime mixte et le repos, 28 grammes s'il jeune et se repose. 3° Chaque jour les mouvements du cceur, chaque jour les mouvements respiratoires deviennent plus faibles; en- fin, les materiaux ne sont plus suffisants pour entretenir 1'excitabilite nerveuse, l'impulsion generale s'arrete. La mort clot la scene. Dans les derniers jours de l'inanition, la formation de CO2, la chaleur, la frequence de la respi- ration et du pouls, F excretion de Puree, baissent dispro- portionnellement. II est digne de remarque « qu'au commencement de la duree de Pinanition, une faible par tie seulement de la bile secretee est expulsee avec les feces ; ce n'est qu'a partir du dixieme jour que la bile est completement evacuee. » (Bidder et Schmidt.) D'apres les recherches de Voit, l'inanition fait perdre 100a: Grais.?e 79,0 Rate 66,7 Foie 53,7 Tcsticulc. . . . 40,0 Muscles. .... 50,5 Sang 27,0 Reins 25,9 Peau et poils 20,6 Intcstiuvide 18,0 Poumons '17,7 Pancreas 17,0 Os 15,9 Cerveau et moellc epin. 5,2 Cceur 2,6 QUATRIEME SECTION. - NUTRITION. 531 § XV. — ECHANGE DE MATERIAUX (STOFFWECHSEL) Le stoffivechsel comprend : 1. Metamorphose des substances nutritives et de Fair en sang ; 2. Du sang en tissus et en liquide d'impregnation ; 3. Decomposition de ces derniers ; 4. Balance entre les recettes etles depenses. UN ADULTE SAIN, PAR JOUR ET EN GRAMMES Ingere, environ. Elimine par l'urine. . . . Elimine par la peau et les poumons 3.000 1.500 1.500 150 nree 54-57 acide carbonique 800 H O 400 CHAPITRE III ELEGTRICITE II y a dans le corps des courants electnques qui se manifestent d'une maniere evidente dans les muscles, dans les nerfs et dans la peau de la grenouille. — lis ont vraisemblablemcnt une part imporlante dans le develop- 532 PHYSIOLOGIE HUMAINE. pement des forces actives du travail musculaire. nerveux et glandulaire. § XVI. — MOYENS DE RECONNAITRE LES COURANTS ELECTRIQUES On reconnait l'existence de l'electricite a l'aide du mul- tiplicateur et a l'aide de la cuisse de grenouille galvano- scopique. Multiplicateur. — Le multiplicateur se compose es- sentiellement de : 1 ) Deux aiguilles magnetiques paralleles placees l'une au-dessus de l'autre, et reliees entre elles par une baguette verticale. Le pole nord de l'une et le pole sud de l'autre sont diriges du meme cote, disposition qui diminue l'influence du magnetisme terrestre. (Astasie des aiguilles aimantees.) 2) D'un fil d'archa! enroule un tres-grand nombre de fois, une des aiguilles etant suspendue entre les tours du fil metallique, l'autre se trouvant au-dessus. Quand un courant electrique passe dans les aiguilles ai- mantees, celles-ci l'accusent par une deviation. Cette de- viation est differente suivant 1' entree de l'electricite, de telle sorte que, si, par exemple, l'electricite positive entre par le pole nord et sort par le pole sud, Faiguille magne- tique tournera d'un autre cote que si l'electricite positive entrait par le pole sud et sortait par le pole nord. L'in- struction bien connue d' Ampere sert a reconnaitre la di- rection du courant par le sens de la deviation. (V. fig. 28.) Le multiplicateur est, tant par son astasie que par ses nombreux tours de fils metalliques , extraordinairement sensible, meme pour des courants electriques faibles, et, grace a lui, on peut non-seulement les reconnaitre en ge- neral, mais' encore savoir la direction des courants qui existent dans le corps ; et en meme temps le multiplicateur peut, dans des conditions speciales, servir a mesurer la force du courant, ce que, du reste, d'autres appareils, QUATRIEME SECTION. — NUTRIIION. 553 partieulierement la boussole tangente, indiquent aussi. Dans l'emploi du multiplicateur, il importe essentielle- ment qu'il n'y ait pas d'autros sources d'electricite qui agissent sur lui, ct que les courants developpes dans les par- ties animales puissent seuls etre reconnus. Comme, lors- qu'on plonge des fils de cuivre dans de l'eau, il se forme des courants qu'un multiplicateur sensible accuse par un trebuchement de F aiguille, l'hydrogene se rendant au pole negatif, l'oxygene au pole positif (courant de polarisation), les vases et les liquides avec lesquels les parties animales sont en contact doivent etre de ceux dont on sait par expe- Flg. 28. — Dessm schematique pour fairc comprendrc lc courant musculaire ; b, vases de zinc ; c, coussinets; a, coupe transversale artificielle du muscle r, qui repose par l'equateur de sa section longitudinale sur un des coussinets, tandis que la section transver- sale a appuie sur l'autre coussinet ; d multiplicateur. rience qu'ils ne souffrent aucune decomposition. D'apres ce principe, on emploie des vases de zinc amalgame, en ayant la precaution d'impregner d'une solution prcsque concentree de sulfate de zinc les coussinets de papier sur lesquels sontplacees les parties animales (Dubois-Reymond). 19. 534 PHSSIOLOGIE HUMAINE. Guisses de grenouilles galvaiioscopiques. — Les nerfs des grenouilles ont sur le multiplicateur 1'avan- tage de deceler beaucoup plus vite la tension de Telec- tricite par les contractions des muscles qui sont en rap- port avec eux ; toutefois, Us ne sont pas auss' sensibles que cet instrument, § XVII. — COURANT MUSCULAIRE Section longitudinale. Section iJransv er sale. •Equateur don muscie. — On appelle la surface externe d'un muscle, compose de fibres paralleles, sa sec- tion longitudinale naturelle ; les tendons auxquels s'atta- chent ces fibres musculaires sa section transversale natu- relle ; la section pratiquee dans le sens de l'epaisseur du muscle, sa section transversale artificielle . La ligne geo- metrique qui partage en deux moities l'axe longitudinal du muscle, s'appelle son equateur. Si Ton place un muscle compose de fibres paralleles, par exemple le couturier d'une grenouille, sur les coussinets (fig. 28, c), de telle sorte que sa section transversale a touche 1'un d'eux et que sa section longitudinale repose exactement par l'equaleur sur l'autre, l'aiguille aimantee deviera, comme si le pole positif avait ete mis en rapport avec a, le pole negatif avec c, c'est-a-dire que le courant electrique du muscle va de la section longitudinale a la section transversale dans le multiplicateur et dans le mus- cle lui-meme de la section transversale a la section longi- tudinale, comme l'indiquent les fleches de la figure 28. — A cette ordonnance forte succedera l'ordonnance faible, si Ton met en communication deux points seulement de la section longitudinale ou deux points de la section transver- sale. Le trebucbement de l'aiguille sera, dans ce cas, d'au- lant plus faible que les points en experience seront plus egalement eloignes de l'equateur ou du point milieu de la QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 555 section transversale (Decouverte de Dubois - Reymond ). . Si, a la place d'un muscle a fibres paralleled, on en prend un qui soit construit comme le gastrocnemien ; si, par exemple, on prend sur la grenouille justement ce gastro- cnemien, le tibial anterieur, le peronier, on peut faire naitre tous ces phenomenes, si Ton experimente la moitie qui regarde les orteils, c'est-a-dire, pour les gastrocne- miens, l'extremite qui s'attache au tendon d'Achille; il n'en est pas de meme a l'extremite superieure, pour la- quelle le trebuchement, qui indique un courant dans le sens de la section longitudinale a la section transversale, se montre toujours beaucoup plus faible et souvent en sens inverse (Budge). Le courant des muscles dans lesquels on reproduit arti- ficiellement Te schema naturel des muscles que nous ve- nons de decrire, en pratiquant une coupe transversale oblique (rhombe musculaire), Dubois-Reymond l'appelle courant d'inclinaison, et il cherche a demontrer qu'on doit le rattacher aux lois sur lesquelles reposent les cou- ranls dans les muscles paralleles. II doit, en effet, s'asso- cier au courant ordinaire un autre coUrant encore allant de Tangle aigu a Tangle oblus du rhombe musculaire. D'apres mon opinion, cette difference, dans les muscles en question, repose sur ce qu'au courant habituel s'en joint un second qui se rend de l'extremite inferieure a l'extremite superieure, et, par suite, renforce le courant dans la moitie inferieure et Taffaiblit dans la moitie su- perieure. Dubois suppose les fibres musculaires constitutes par des molecules en forme de cylindrc presentant de Telec- tricite negative a leurs bases, de la positive a leur surface de hauteur, et etant entourees d'un liquide indifferent. II en resulte done un courant qui, dans le conducteur elec- trique, va de la surface de hauteur positive (section longi- tudinale) a la base negative (section transversale). Parce 336 PHYSIOLOGIE HUMAINE. que frequemment Textremite tendineuse (section transver- sale naturelle) ne presente pas la negativite, Dubois sup- pose pres du tendon eucore une couche propre qui aurait de Telectricite positive et qu'il nomme couche pareleclrono- mique. D'apres les premieres observations de cet experi- mentateur, cette couche prenait une epaisseur enorme ; d'apres de plus recentes, elle peut s'elendre tres-loin dans le muscle. ( Voy. encore Section V.) § XVIII. — COURANT NERVEUX II s'etablit un courant entre deux sections longitudinales des nerfs, lorsque les deux points sont inegalement dis- tants de l'equateur des fragments de nerf en experience. De meme, il n'y a qu'un effet faible, lorsque' les deux sec- tions transversales sont adossees. Le courant le plus fort se manifeste enlre une section longitudinale et une section transversale, et il a corarae dans les muscles une direc- tion allant, a travers le fil du multiplicateur, de la section longitudinale a la section transversale. •— Mais le courant des nerfs demeure bien en arriere du courant des mus- cles. XIX. — COURANT DE LA PEAU DES GRENOUILLES Faites un petit rouleau avec un morceau de peau de grenouille dont la face externe est tournee en dehors; vous verrez naitre en meme temps des courants forts et des courants faibles. Les courants faibles proviennent de deux points de la surface externe ou de deux points de la section transversale. lis augmentent dans la mesure ou l'un des deux points est plus rapproche de la sec- tion transversale. Les courants forts se montrent, quand la surface externe et la section transversale sont en rap- port avec le multiplicateur. Leur direction est inverse de QUATR1EME SECTION. — NUTRITION. 537 'celle des muscles et des nerfs, c'est-a-dire que, dans le fil du mulliplicateur, ils vont de la section transversale a la section longitudinale. (Budge.) II existe aussi un courant au travers de l'epaisseur de la peau. (Dubois.) CHAPITRE IV CHALEUR § XX. — GENERAUTES Ce n'est que dans les limites d'une certaine tempera- ture que les parties du corps conservent leurs proprietes chimiques, physiques et organiques. Si elles sont exposees a un degre plus eleve ou plus bas, elles perdent rapidement la faculte de fonctionner. C'est pourquoi ily a dans Torga- nisme des dispositions qui ont pour effet de maintenir dans une marge determinee cette Constance de tempe- rature. Degre de la temperature propre. — Chez tous les animaux a sang chaud, la temperature du corps de- meure a peu pres a la meme hauteur et n'est sujette a des oscillations que dans de faibles limites. Chez 1'homme, dans la cavite buccale, d;ins le creux axillaire, dans le crcux du genou, et dans toutes les parties qui ne sont pas comme les teguments exterieurs soumis a un refroidisse- ment continuel, elle s'eleve a 55°-37°,5 C, 28°-50° R., 95°-99°F. La temperature de l'air ambiant a une certaine influence, mais une influence tres-faible. Pendant l'ete, la chaleur propre est un peu plus elevee qu'en hiver. Dans les climats brulants, la temperature est pour le meme in- dividu plus elevee d'environ 1/2° C. que dans les climats 558 PHYSIOLOGIE HUMAINE. chauds. Les hommes peuvent supporter pendant quel- ques instants une atmosphere artificiellement chauffee a 99*44 C. (Blagden.) Les animaux exposes a une tempe- rature de 44° C. meurent au Lout de quelques heures (Obernier, Ackermann) ; ils perissent egalement lorsquils sont refroidis jusqu'a 18° C. (Bernard, Walther). Chez les animaux qui vivent pres des poles, chez le renardpolaire, par exemple , la temperature du corps a ete trouvee + 40°C. , la temperature de Fair etant — 25 jusqu'a — 50° C. Chez des lapins sounds a une chaleur de 50 a 90° C, la temperature n'est montee que de quelques de- gres (Delaroche et Berger). § XXI. — DETERMINATION DE LA TEMPERATURE DU CORPS Sensihilite. Thermometre. Therniomultipli- eateur. — Le degre de temperature peut etre determine par les nerfs de sentiment, mais seulement d'une facon approximative ; avec le thermometre et le thermomultipli- cateur on exprime en chiffres la temperature. Le dernier appareil ne sert qu'a comparer Fun avec l'autre deux points du corps d'inegale temperature. Quand deux batoiinets metalliques, composes chacun de deux melaux soudes en- semble, sont reunis par un arc ferme,* et qu'un point de soudure est plus chauffe que l'autre, il se forme du metal plus chaud au metal moins chaud un courant qu'accuse l'aiguille aimantee d'un thermomuitiplicateur intercale dans la chaine1, s'il est forme de quelques tours seule- ment d'un fil d'archal epais. Pour entreprendre des ex- periences de ce genre sur une partie animale, on fait construire deux aiguilles composees toules les deux de fer et de cuivre, ou mieux de fer et de maillechort, et on les 1 Courant ferine, le thermomuitiplicateur est intercale ontre les deux electrodes, qui ferment le courant galvanique. QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 559 met en rapport avec le multiplicateur. II suffit de toucher du doigt le point de soudure d'une aiguille pour faire de- vier I1 aiguille aimantee. Si Ton plante. une aiguille dans une partie du corps et l'autre dans une autre, il se pro- duit une deviation, quand le point de soudure est plus chauffe que l'autre, par suite de la difference de tempe- rature existante. Onpeut encore de cette maniere s'assurer, par exemple, si peut-etre le muscle atteint un degre de chaleur plus eleve pendant le mouvement. § XXII. — PRODUCTION DE LA CHALEUR CORPORELLE Formation de chaleur par CO2 et H20. — La cha- leur est un mouvement de Tether. D'apres la loi de la Constance de la force, elle nait des resistances que ren- contre une force motrice, et, comme d'ailleurs a chaque mouvement sont liees des resistances, elle accompagne chaque mouvement dans les proportions de la grandeur des resistances. Dans les mouvements musculaires, suivant l'excitation directe des muscles (Becquerel), ou des nerfs (Helmholtz), dans le travail glandulaire, par exemple, la secretion de la salive (Ludwig), pendant la digestion, — la temperature s'eleve. La comhinaison de TO avec le C et l'fl constitue la source essentielle de la chaleur du corps ; et les elements nutritifs non azotes qui se decomposent dans le corps'et livrent leur C et H aux combinaisons de TO, semblent avant tout y etre consacres. On a cherche a se rendre compte, par des experiences sur les animaux, si, par la combustion de l'H et du C introduit dans le corps par la nourriture et de l'O inspire, il s'engendrait assez de chaleur pour maintenir une temperature constante de 37° C. On a trouve de cette maniere que cette combustion deve- loppait de 90-92 p. 100 de la chaleur du corps. Les differences qu'on a particulierement observees dans le sang de certains vaisseaux viennent en partie de ce que oil PIHSIOLOGIE IJDMAINE. les vaisseaux sont situes plus ou moins superficiellement, et que, par consequent, leur contenu peut etre plus ou moins facilement.refroidi, en partie de ee que le sang coule a travers des organes dans lesquels l'assimilation se fait avec plus ou moins de rapidite. Le s^ng de la veine porte et de la veine hepatique est plus chaud que le sang de l'aorte, parce qu'il se passe plus de combinaisons chi- miques dans l'intestin et dans le foie. Le sang de la veine cave inferieure est plus chaud que celui de la veine cave superieure (CI. Bernard); les muscles, a cause de leurs echanges de matieres plus nombreux, sont plus chaud s que le tissu conjonctif. Le sang du coeur droit est, d'apres Liebig et Bernard, plus chaud que celui du gauche, ce qu'on attribue au refroidissement occasionne par Fair des poumons sur le sang de ce dernier. Toutefois ce resultat a ete mis en doute recemment (Jacobson et Bernhard). La temperature du corps baisse un peu dans la privation de nourriture, dans le manque d'O, par consequent, dans Inspiration rare, dans le repos, dans le sommeil. On a observe une chute de la temperature pendant la duree d'un bain froid (Yirchow). Cependant il se produit assez de chaleur pour que la perte soit insensible (Lieber- meister). § XXIII. ~ TRANSMISSION DE LA CHALEUR Au fond, le point originaire de la chaleur est partout ou du C et de l'O se rencontrent, dans le sang et a la peri- pheric des \aisseaux. Le sang porte la chaleur a toutes les parties du corps. La chaleur depend done, en grande partie, de la quantite de sang qu'il contient, par suite, du calibre plus ou moins grand des vaisseaux. Le retrecissement des arteres amene du refroidissement, leur dilatation une augmentation de chaleur. L'irritation des arteres ou des nerfs vaso-moteurs retrecit les arteres, et la paralysie des nerfs vaso-moteurs les dilate. QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 341 § XXIV. — PERTE ET RECUPERATION DE LA CHALEUR Le corps, dans son ensemble, etant a une temperature egale, il faut que les pertes de chaleur se reparent con- stamment. La majeure partie se perd par le rayonnement et l'evaporation a la surface exterieure du corps ; on evalue cette perte a 77,5 p. 100 de la chaleur engendree dans Teconomie (Helmholtz). Outre cela, l'air inspire etla nour- riture froide ingeree prennent du calorique, les matieres excrementitielles emportent egalement de la chaleur, et, enfin, si a chaque travail, il est vrai, de la chaleur s'en- gendre, il est probable qu'il s'en perd encore plus par la peau. Les mouvements, ou, si Ton veut, la multiplication des obstacles, sert essentiellement a la recuperation de la cha- leur perdue; dans ce travail, la part principale revient, il est vrai, aux mouvements musculaires, mais l'augmenta- tion de l'apport d'O *y a bien sa part aussi. Les nerfs sensitifs sont aptes a un haut degre, surtout ceux de la tete et des poumons, a percevoir la chaleur propre du corps. L'abaissement de la temperature exerce, par l'intermediaire de ces nerfs, une influence sur la moelle allongee, et, par suite, sur la respiration. L'augmentation de l'O inspire amene une augmentation de formation de chaleur. L'organe central de la sensibilite et de la respira- tion se trouve dans la moelle allongee. La temperature exterieure vient-elle a monter, la peau se dilate, et il sort au travers des pores une plus grande quantite de liquide. L'evaporation augmente, et, par la meme, la chaleur baisse. — Ouand le corps est place quelque temps sous une tem- perature froide, la respiration et le mouvement cardiaquc reclament une force musculaire plus considerable, Tacti- vite nerveuse souffre, et il se declare une exagcration d'irritabilite. Pour ramener les choses a l'etat normal, on 342 PHYSIOLOGIE HUMAINE. a pratique la respiration artificielle longtemps prolongee et meme dans une atmosphere plus froide que la tempe- rature de l'animal engourdi (Walther). § XXV. — QUANTITE DE CHALEUR fnite de ehaleur. Calorie. — Si l'on veut chauffer 1 gramme d'eau a 1°C, on a hesoin, suivant les diffe- rentes substances, d'une quantite differente de ehaleur; ainsi, par exemple, 1 gramme d'eau a 0° et 1 gramme de mercure a 15° forment un melange de 1/2° C. Quand on briile 1 gramme C avec 2,666 0 pour former CO2, il se degage assez de ehaleur pour porter 8,080 grammes d'eau a lr C; la combustion de 1 gramme d'H en degage assez pour elever 54,462 grammes d'eau a la meme tempera- ture. On appelle la quantite de ehaleur qui est necessaire pour elever la temperature de l'unite de poids eau a 1°C, unite de ehaleur ou calorie. Elle est pour C = 8080, pour Hr= 54462. Si un homme elimine parl'expiration, sous forme de CO2, 2,000 grammes de C, par exemple, qui sont brules, par consequent, il s'engendre assez de ehaleur pour elever 2000x8080 = 16160000 grammes d'eau de 0°a 1°C. — On peut, d'apres cela, calculer, en se basant sur la quantite CO2 et H20 produits par Toxydation dans un corps, les unites de ehaleur que ce corps depense. Ce calcul a ete fait, il y a quelque temps, par Helmholtz, recemment par J. Ranke ; il en resulte que chaque jour un homme sain depense environ 2200000 unites de ehaleur, plus avec un regime azote qu'avec un regime non azote. Cette eha- leur peut elever 22 kilogrammes d'eau de 0°a 100°C. QUATR1EME SECTION. — NUTRITION. 545 CHAPITRE V SECRETION § XXVI. — GENERAUTES Ce qu'il fa ut pour nne secretion. — On entend par secretion le processus en vertu duquel, au moyen de cellules, des liquides, ou ces cellules elles-memes, se sepa- rent des organes. Ces organes se nomment organes de se- cretion, et glandes, lorsqu'ils ont une structure compli- quee. Les organes de secretion et toutes les glandes aussi, par consequent, possedent deux elements essentiels ; une membrane fondamentale (basement membrane) et des cellules secretantes (ou des glandes). Le sang et les nerfs font necessairement partie de leur appareil fonctionnel, les lymphatiques aussi, et quelquefois des fibres muscu- laires. (Voy. p. 157 et seq.). Les cellules secretantes, par suite Perithelium des glandes, ont tres-peu de substance intercellulaire ; elles ne se continuent pas en filaments : par exception seulement, elles sont munies de prolongements, et habituellement elles sont entourees de riches plexus nerveux et surtout de nombreux vaisseaux. Elles sont vraisemblablement speciales pour chaquc organe de secretion. Cependant il y a encore la-dcssus beaucoup de tenebres. Division des secretions. — On peut diviser en deux categories les secretions, mais sans pretendre toute- fois les enfermer dans une classification trop rigoureuse : 1) Ceiles qui consistent surtout en cellules, et 2) Ceiles qui consistent surtout en elements du sang ct en leurs derives. 344 PHYSIOLOGIE HUMAINE. Tres-frequemment les deux produits sont melanges. Ad. 1) Les cellules qui se decollent pour constituer une secretion peuvent a) Se former sur les surfaces unies des membranes ; la couche la plus superficielle se detache, et, dans la couche profonde il nait continuellement de nouvelles cellules. Ce sont les teguments superficiels, Fepiderme sur la peau, l'epithelium sur les muqueuses et les membranes sereuses. On regardait autrefois les teguments superficiels comme provenant du derme cutane ou du derme muqueux, etc... Mais ils ne se regenerent pas dans le derme meme ; car ils ont leur matrice sur lui dans une couche qu'on connait dans l'hisloire du developpement, sous le nom de feuillet corne. Les teguments superficiels n'ont pas de nerfs; il servent, d'une part, Tepiderme surtout, de moyens protecteurs pour les parties sous-jacentes, tres-riches en nerfs ; d'autre part, ils separent un liquide, et, en cela, ils appartiennent a notre deuxieme classe. La desquamation est tres-differente, suivant le siege et suivant les indhidus. Dans le canal alimentaire, depuis la langue jusqu'a l'anus, elle est tres- abondante, beaucoup moindre dans ses glandes accessoires, comme aussi dans le canal genito-urinaire, dans les arti- culations. L'epiderme desquame facilement a la tete, dans l'oreille (ou il constitue de beaucoup la majeure partie du cerumen), aux pieds, surtout chez certains individus. La desquamation est tres-faible sur les membranes sereuses. b) Les cellules s'eliminent par des organes compactes, les glandes dites conglomerees, la rate, les ganglions lym- pbatiques, etc... L'elimination periodique de cellules ger- minatives (ovulum) par l'ovaire appartient aussi a cette categorie; de meme, les cellules seminales et leurs fila- ments (v. plus bas). Ad. *i) Les cellules servant a la separation d'un liquide presentent des nuances tres-manifestes, qui se distinguent QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 345 par leurmaniere differentede se comporter aTegard du sang. a) Beaucoup ne laissent passer qu'une quantite extreme- ment faible d'albuminoides, et le liquide qu'elles secretent est essentiellement de l'eau, dans laquelle sont dissous les sels du sang. Ces derniers ne le cedent pas beaucoup, pour la quantite, a ceuxdu liquide dusang (0,8—0,9 p. 100). Ainsi : sur 1000 parties : Liquide cerebrospinal. Eaux de l'amnios. . . Humeur aqueuse. . . Larmes en ea a _; o 5 z w s n •j < 987.49 1.62 991.40 0.82 986.87 1.22 98? 00 5.00 10.52 (avee des mat. ext. (Hoppe.) 7.10 (Scherer.) 7.69 (Lohmeyer.) 12.02 (Lercii.) Ces liquides servent tous a lubrifier les parties. b) II fauty joindre les cellules epitheliales, qui filtrent une plus grande quantite d'albumine, ce qu'on nomrae les transsudats de la plupart des cavites closes. Sur 1000 parties : 3 a 955.15 956.00 934.00 in w _B 'o < SELS. Liquide du pericarde. — de la plevre . . — de l'hydrocele. 25.49 55.40 51.70 7.10 (Gorup-Besanez.) 7.40 (C. Schmidt.) 9.20 (W. Miller.) 346 PHYSIOLOGIE HUMAINE. Quant a la maniere dont se comporte Perithelium dans la secretion urinaire, voy. plus has, § 27, et secretion cuta- nee, § 29. c) Les epitheliums qui preparent de la mucine sur les membranes muqueuses (voy. sect. 4). Les cellules de la conjonctive oculaire forment la transition de a) et b) a c), au point de vue physiologique. Au point -de vue anatomi- que, il faut les ranger ici. d) Cellules, qui separent dansle foie les acides biliaires et la matiere glyeogene. e) Ferments formant des cellules dans les glandes sali- vaires, dans l'estomac, dans rintestin. f) Cellules dans lesquelles l'albumine est employee a former de la graisse, particulierement dans les glandes mammaires, les glandes de Meibomius, les glandes seba- eees, cerumineuses. g) Enfin, il faut encore aj outer les cellules adipeuses, sur la situation physiologique desquelles on ne peut encore rien dire de positif. Secreta. — Excreta. — On appelle suivant Pancien usage secretum une secretion qui est encore employee a d'autres fins physiologiques, par exemple, la salive, le sperme ; Yexcretum est une secretion qui ne peut plus etrc utilisee dans reconomie, Purine, par exemple. Pendant Pacte de la secretion, les vaisseaux se dilatent et le sang est moins sombre dans' les veines. g XXVII. — SECRETION URINAIRE Uree dans le sang. — La substance essentieile qui se trouve dans Purine de Phomme et des animaux carni- vores, c'est Puree. On la rencontre en tres-faible quantite dans le sang sain ; mais elle y augmente considerablement, lorsque chez des animaux, on a extirpe les deux reins, ou lorsque ceux-ci ont ete detruits par une maladie. D'ou il QtJATRIEME SECTION. - NUTRITION. 34? m. faut cone-lure que l'uree est deja formee dans le sang et Fig. 29. — Coupe d'uu rein dc mouton chez lequel une injection dc colle et de carmin faite par l'artere renale avaitbicn reussi. Une branche artericlle passe au milieu; a, d'ellc se detachent : />, les vaisseaux afferents; c, les vaisscaux efferents ; d, glomo- rule, e, capsule; f, canaliculc flexueusc ; g, reseau capillaire. — Grossissement de 67 fois. 54} PHYSIOLOGIE HUM AIM. quelle n'est, et toujours, que simplement eliminee par les reins. (Prevost et Dumas.) Structure des reins. — La structure des reins s'ap- proprie mieux que celle d'aucune autre glande du corps a la transsudation des liquides du sang. II y a dans la substance corticale des reins un tres-grand nombre de canalicules flexueux, larges de 1/60 — l/40v' (tubuli uriniferi eontorti, fig. 29) qui sont recouverts de cellules a l'interieur. Leur ori- gine est constituee parune ampoule (la capsule), de telle sorte que de chaque capsule part un canalicule urinaire. Chaque capsule est traversee par un petit tronc vasculaire entrant et sortant, b et c". Le vas aff evens est un rameau d'une branche arterielle, et le vas effcrens se perd dans le rc- seau capillaire. Entre le vaisseau affe- rent et le vaisseau efferent, se trouve une pelote ronde d de rameaux vas- culaires enchevetres. On appelle cette pelotte un glomerule (glomerulus). 11 est entoure de la capsule du canalicule urinaire. Capsule et glomerule portent le nom de corps de Malpighi (corpus malpighianum) . Lcs nombreux cor- puscuks de Malpighi apparaissent a Tceil nu comme des points rouges dans la substance corlicale ties reins. Dans la substance medullaire, les canalicules courent en droite ligne (tubuli uriniferi recti) et souvent se reunissent deux ensemble pour n'en former qu'un. Apres s'etre dirige un certain espace vers la substance medullaire, le canalicule flexueux se contourne en anse ( decouverte de llcnle), voy. fig. 50, e, puis se rend, apres plusieurs flexions, dans un tube dit tube collecleur /", dans lequcl de diffe- Fig. 30. — Represen- tation schematique des canalicules uri- naires; d, glomeru- les; e, anscs; f, tube collcctcur. QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 549 rents cotes viennent deboucher des canalicules uriniferes flexueux. D'autres tubes collecteurs se reunissent a celui-ci et tous se terminent dans les papilles, Pression et rapidite du sang dans 1c rein. — La pression du sang a l'interieur des corpuscules de Mal- pighi est, a cause de l'accroissement en diametre, conside- rablement augmented, et la rapidite du courant sanguin diminuee ; d'ou il suit que la transsudation du liquide du sang peut etre tres-grande. Le liquide sortant est aussitot recueilli par la capsule. II est digne de remarque que, dans les rapports norraaux, malgre la pression conside- rable, il ne se trouve cependant pas d'albumine dans l'urine. Si la raison de ce fait reside en ce que les parois vasculaires ne permettent pas le passage, ou en ce que les cellules absorbent Valbumine, cela nest pas tranche. Proprietes de l'urine. — L'urine saine presente essentiellement, par son contenu en sels acides, phospha- tiques (de Liebig), une reaction acide; suivant la quantite d'eau et de matiere colorante, elle est plus oumoinsjaune; elle a, la plupart du temps, un poids specifique de 1,03-1,05. Son odeur aromatique vient peut-etre de l'acide pbenique, a cote duquel on a egalement trouve, dans de l'urine de vache, les acides taurylique, damalu- rique, damalique (Stcedler). La reaction de l'urine de- vientalcaline par 1' usage de sels alcalins vegelaux. Si l'urine fraiche demeure exposee a l'air, elle devient nuageuse (epithelium, corpuscules muqueux, masse granuleuse con- fuse), et aussitot survient la fermentation dite acide, dans laquelle la matiere colorante de l'urine, probablement sous l'influence du mucus vesiculaire jouant le role de cham- pignon fermentatif, se transforme en acide lactique, qui decompose les urates. Les cristaux rhomboides de l'acide urique et les oc-aedres de l'oxalate de chaux apparaissent dans le sediment de l'urine. La fermentation acide est suivie tot ou tard de la fermentation alcaline, liec pareilr 20 550 PHYSIOLOGIE HUMA1NE. lenient a une formation de champignon (torula). L'uree se decompose en carbonate d'ammoniaque. Composition de l'urine. — L'urine contient envi- ron 95 p. 100 d'eau et 7 p. 100 de substances solides. Les substances solides sont l'uree, l'acide urique, des traces d'acide hippurique, de la creatinine, de la xanthine, une matiere colorante jaune et Yindican. Parmi les substances non azotees, signalons : une petite quantite de glycose et d'acide lactique ; en outre, du ehlorure de sodium, du chlorure de potassium, des phosphates de terre de chaux et de talc, une tres-faible quantite d'oxyde de fer et de silice; d'apres Schoenbein, des azotales de potasse et de l'hyperoxyde d'hydrogene aussi ; enfm, des gaz, O, Az et CO2. § XXVIII. — PARTIES CONST1TUANTES DE L'UREE, EXPULSION DE L'URINE Uree . — Elle est legerement soluble dans l'alcool et l'eau; elle cristallise en aiguilles incolores, se forme arti- ficiellement par une combinaison d'acide cyanique et d'am- moniaque, de meme dans la decomposition de l'acide urique par l'acide nitrique . Preparation. — On la tire de Purine* en concentrant celle-ci jusqu'a consistance sirupeuse et en ajoutant poids egal d'eau et d'acide nitrique. Les cristaux d'azotate d'uree qui se formeront seront dissous, puis l'uree sera separee par du carbonate de baryum . Methode titree. — Pour la determination de la quantite d'uree, on emploie une solution titree d'azotate de mercure. Ce dernier se combine avec Puree pour for- mer un sel triple insoluble. La solution est tilree, de telle sorte qu'ou a besoin pour 0,1 gramme d'uree juste de 40 c.c. de cette solution (de Liebig). Des que. par conse- quent, il no se forme plus de precipite, on est sur qu'il QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 351 n'existe plus aucune trace d'uree dans le liquide a exa- miner. Quand ce moment est arrive, l'adjonction de car- bonate double de sodium determine une coloration brune, Fiff. 31. — Oistaux d'uree. l'acide azotique se combinant avec le sodium et le mer- cure etant mis en liberte. Avant de proceder a la deter- mination de Puree dans l'urine, il faut tout d'abord chasser les chlorures alcalins par une solution d'azotate d'argcnt, les sulfates et les phosphates par de l'eau de baryte et une solution d'azotate de baryum. Uree, agent le plus important de 1 elimina- tion de l'azote. — L'uree est parmi les produits ter- minaux qui resultent de la destruction des substances azotees introduites dans le corps par la nourriture ; c'est- a-dire des albuminoides, — l'uree est de beaucoup le plus important et le plus essenticl. Sa quantite depend essen- tiellement de la quantite des aliments azotes. 552 PHYSIOLOGIE HUMAINE. Quantity d'urde. — Pendant que, par exemple, avec une nourriture purement animate 55 grammes d'uree sont elimines en 24 heures, la quantite de celle-ci ne se monte avec une alimentation mixte qu'a 52 grammes; avec une alimentation vegetale, a 22, avec une alimentation non azotee, a 15 grammes. Si ie corps ne recoit aucune nourri- ture, la secretion urinaire ne cesse pas cependant , ni meme dans 1 'inanition complete ; elle ne fait que diminuer considerablement(Lassaigne). L'addition dune plus grande quantite de sel de cuisine a la nourriture eleve la quanlite d'uree, et, par suite, la depense d'azote. Chez les enfants, il y a environ 0,81 grammes d'uree, chez les adultes seulement 0,42 par kilogramme poids du corps. On excrete pendant la nuit pres de 1/5 en moins d'uree que pendant le jour. Si Ton prend uniquement des substances azotees, on excretera plus d'uree que si, avec la meme quantite d'aliments azotes, on absorbe en meme temps du sucre et de la graisse. Cela provient de ce que, dans ce dernier cas, plus d'acide carbonique peut se for- mer et que la formation de CO2 favorise la reparation des tissus. L'exercice musculaire n'influence pas directement l'augmentation de l'uree. Sil'urine sejourne longtemps dans la vessie, la quantite d'uree est diminuee par decomposi- tion (voy. page 298). Vraisemblablement l'uree ne se forme pas seulement aux depens des tissus deja organises, mais aussi du liquide d'impregnation. Cela resulte de ce que peu d'heures apres l'absorption de substances azotees, l'uree augmente visible- merit, tandis que d'autres experiences demontrent que la formation des diverses parties du corps n'a lieu que len- tement. La secretion urinaire varie aux divers moments de la journee, soit qu'on premie de la nourriture, soit qu'on n'en premie pas. En general, elle monte du matin jus- qu'apres midi, ensuite elle baisse. Acide urique. — On obtient l'acide urique en ver- QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 555 sant goutte a goutte dans l'urine de l'acide chlorhydrique, qui le precipite. II faut pour dissoudre l'acide urique 10,000 parties d'eau froide et 1,800 d'eau chaude. Sa solubilite est considerablement augmentee par du phos- phate de sodium. Ce sel se trouve constamment dans l'urine. En moyenne, les adultes excretent en 24 heures de 0,5 — 1,18 grammes d'acide urique, avec une alimentation ordi- naire. La quantite en augmente avec une alimentation ani- mate, et baisse avec un regime vegetal. Fig. 52. — Cristaux d'acide urique. L'acide urique cristallise en prismes rhomboidaux et en tablettesrectangulaires. Quand on le trouve cristallise dans 1'urine, il apparait en partie sous forme de losanges, en partie sous forme de petits barillets, et colore en jaune par la matiere colorante de l'urine. Un tel precipite se dissout completement dans une lessive chaude de soude. Frequemment les urates forment un precipite dans l'u- rine, surtout apres des indigestions, apres des exercices violents, clans la fievre. Ce sediment a generalement une coloration jaune ou brune ; il est dissous par l'eau chaude, et parait amorphe au microscope. II consiste generale- ment en urate de soude. L'acide urique et les urates se laissent aisement reconnaitre, si Ton chauffe lentement dans une ecueile de porcelaine cetle poudre avec quelques gouttes d'acide azotique, et y adjoint une faible quantite d'ammoniaque. II en resulte une tache rouge purpurin, du murexide (purpurate acide d'ammoniaque); par la po- tasse il devient bleu. 20. 554 PHYSIOLOGIE HUMAINE. Acide hippurique. — L'acide hippurique existe, la plupart du temps, en faible quantite dans l'urine des adultes, en plus grande dans celle des enfants. On l'obtient en broyant avec de la poudre de baryle le reliquat de l'lirine evaporee et en melant et evaporant, au bain-marie, l'extrait alcoolique avec de l'acide oxalique en exces. II en resulte de l'ether melange de 1/6 d'esprit-de-vin, d'acide oxalique et d'acide hippurique. Si maintenant on fait bouillir la solution concentree avec du lait de chaux, l'oxalate de chaux se precipitera et Ton tirera du liquide filtre l'acide hippurique, a l'aide du chlorure de sodium. Sucre. — II n'y a habituellement dans l'urine normale qu'une faible quantite de sucre de raisin. On traite l'urine par du sucre de plomb i et du vinaigre de plomb a et preci- pite le liltratum avec de l'ammoniaque. Tout le sucre existant est enferme dans le precipite. Beaucoup de rap- ports encore inconnus font que maintes fois, tantot la quantite de sucre est extremement petite dans l'urine, tantot clairement demontrable (Brucke). Substance colorante, rouge, bleue, brune. — On distingue une substance colorante ferrugineuse rouge qui, provient vraisemblablement des globules rouges du sang, et une substance colorante brune, qui procede vraisemblablement de la substance colorante de la bile. On a decouvert a plusieurs reprises dans l'urine une sub- stance jndigogenere (indican), qui peut etre decomposed par les acides en sucre et en indigo. Son origine est in- connue. Chlore. — La proportion de chlore dans l'urine aug- mente suivant la quantite de chlore contenue dans la nour- riture. Quand on ecarte le plus possible tout le chlore, l'urine se montre neanmoins encore chloree. II ne s'en 1 Acetate de plomb monobasique = P^O, C4H305 -+- riHO. 2 Acetate de plomb Iribasique =5P^0C4H505. QUATRIEML SECTION. — NUTRITION. 355 degage que peu a peu. En general, il se regie, les rap- ports restant les memes, sur la quantite d'urine excretee. 11 compose a pea press 1/2-5/4 p. 100 de Purine. On eva- lue la quantite de chlore, qui se montre principalement sous forme de chlorure de sodium, au moyen d'une solu- tion titree d'azotate d'argent. Aelde sulfurique. — L'acicle sulfurique est com- bine dans Purine avec le potassium et le sodium, et en constitue environ 1/5 p. 100. Phosphates terreux et alcaiins. — Des phos- phates terreux et alcaiins, savoir du phosphate de chaux, du phosphate de magnesium, de potassium, de sodium, se presentent dans Purine. Les derniers varient a peu pres dans le meme rapport que Puree ; ils diminueraient pendant le sommeil, alors que, dans le meme temps, les phosphates terreux augmentent (Rocker). Une addition d'ammoniaque a Purine rend celle-ci trouble; le phosphate de chaux dissous devient basique et, par la meme, inso- luble ; le phosphate de magnesie se combine avec Pam- moniaque pour former le sel triple insoluble : le phos- phate ammoniaco-magncsien qui cristallise en prismes. L'acide phosphorique que Pon prend dans la nourriture, est en grande partie (12/15) elimine par Purine (E. Bis- choff). — Environ deux grammes d'acide phosphorique sont excretes par Purine et les feces. La determination s'en fait au mieux avec une solution titree de nitrate d'u- ranium (Neubauer). Quantite d'eaa dans 1'urine. — La quantite d'eau dans Purine depend : 1) De la quantite d'eau absorbee ; 2) De Pabondance des autres secretions, avec lesquelles elle se trouve en rapport inverse. Avec une alimentation azotee la quantite d'urine parait en rapport avec le poids des corps et, par suite, la quan- tite d'eau semble etre plus grande qu'avec une alimenta- 355 PI1YSI0L0GIE HUMA1NE. tion vegetale. Avec 1'alimentation ordinaire, 2 a 31ivres d'eau environ sont eliminees chaque jour par les urines. Collection et expulsion cle 1'urine. — Pendant que dans les canalicules urinaires (fig. 50), la pression du liquide incessamment secrete chasse 1'urine jusqu'aux papilles, une force musculaire commence a agir dans celles-ci. Les calices renaux qui embrassent etroitement les papilles forment autour d'ellcs un sphincter (Henle), et, a partir de la, des faisceaux de fibres circulates et longi- tudinales vont composer calices, bassinet, uretere et ves- sie. Ces canaux musculaires se trouvent pendant toute la vie animes d'un mouvement faible, il est vrai, mais con- tinued mouvement dans lequel ils oscillent entre une constriction et une dilatation, un raccourcissement et un allongement. C'est ainsi que le liquide sortant des papilles est, comme par un mouvement de pompe, conduit par les ureteres dans la vessie. Sur des hommes mal con- formes auxquels manque la paroi anterieure de la vessie, on remarque un suintement presque continuel de Purine par les orifices beants des ureteres, quelquefois aussi un ecoulement par petit jet. L'urine se rassemble dans la vessie. Tant que le fond dans lequel debouchent les ureteres est seul plein, une depression se creuse entre le fond et le col, cavite dont le contenu presse sur Porigine de l'urethre. Mais la raison cssentielle pour laquelle l'urine ne s'ecoule pas de la ves- sie est double : raison mecanique, raison organique. Que la premiere existe, cela est demontre par le fait que la vessie morte peut encore contenir une grande quantite d'urine sans que celle-ci s'echappe. Dans toute l'eten- due du canal de l'urethre , depuis le col de la vessie jusqu'a la portion cutanee du canal existe une grande quantite de tissu elastique qui oppose a la coupe une resistance considerable. Les parois du canal se tou- chent mutuellement, et lorsqu'elles ont ete eloignees Pune QUATR1EME SECTION. — NUTRITION. 557 de I'autre, elles reviennent sur elles-memes. Cette grande e.lasticite empeche l'ecoulement. — Pendant la vie, les sphincters qui entourent le commencement du canal de furethre agissent, aussi bien dans la portion glandulaire de la prostate que dans la portion membraneuse. L'in- stinct (action retlexe) et la volonte les contractcnt et l'u- rine peut etre ainsi retenue. (Voy. Physiologie des nerfs.) — L'expulsion de l'urine se fait par Taction des muscles de la vessie et a h verite par Faction combinee des fibres longues (detrusor) et des fibres circulaires agissant simul- tanement avec le muscle dit sphincter de la vessie. L'opi- nion d'apres laquelle le sphincter de la vessie retient l'urine dans la vessie est erronee. Les dernieres gouttes d'urine sont expulsees par la contraction du muscle bulbo-ca- verneux. § XXIX. — SECRETION DE LA PEAU Quatre produits sont secretes par la peau : 1) Epiderme, 2) Sebum cutane, 3) Sueur, 4) Gaz. Epiderme. — La composition chimique de l'epiderme comme des ongles et des cheveux est a peu pres celle-ci : 50 a 51 0/0 de carbone, 6 a 7 0/0 d'hydrogene,. 17 a 171/2 0/0 d'azote. 20 a 25 0/0 d'oxygene, et du soufre, qui est contenu en grande quantite (5 p. 100) dans les poils. La matrice de l'epiderme est conslituee par la couche des cellules de la surface du derme, qu'on nomme corps papillaire : les follicules sont la matrice des poils ; le lit ongueal cello des ongles. L'ongle croit aussi 358 PHYSIOLOGIE HUMAINE. bien par son extremite posterieure que par toute sa sur- face, en couches d'arriere en avant et de bas en haut. Les functions des elements epidermiques sont tres-evidentes. L'enlevement de l'epiderme en un point de la peau montre la grande sensibilite des nerfs sensitifs simple- ment au contact de l'air; de meme leur sensibilite a la pression s'accuse lorsque l'ongle est coupe trop ras. Outre Tabri qu'ils pretent aux nerfs, les produits epidermiques ont un role important dans la resorption cutanee. (Voy. plus loin.) Glandes ■ seoaeees. — Les organes secreteurs du sebum cutane sont constitues par des glandes longues, grappi formes, adipeuses qui se montrent, en general, tres-pres des cheveux et entretiennent ceux-ci gras. Structure de la peau. — Le stroma de la peau forme un reseau epais de tissu connectif et de fibres elastiques. Dans ces mailles sont disposes par couches : 4) Des fibres musculaires lisses, 2) De nombreux vaisseaux, 5) Des nerfs en abondance, 4) Au fond, en parti e dans le tissu cellulaire sous-cu- tane, les glandes sudoripares, 5) Les glandes sebacees, dont il a ete question plus haut. La couche superieure de la peau est pourvue de nom- breuses vermes, papillce, qui ont, a vrai dire, la meme structure que la peau et servent en grande partie a Texer- cice de sa sensibilite tactile. (V. chap. VII.) § XXX. SECRETION DE LA SUEUR Glandes sudoripares. — Que les glandes sudori- pares, dont le nombre sur la surface cutanee s'eleve, d'a- pres un calcul approximatif, a plus de deux millions, et qui se montrent surtout en abondance sur la face palmaire QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 359 de la main et plantaire du pied, secretent reellement de la sueur, ce n'est pas encore defmitivement prouve. Elles sont entortillees en pelotes de 1/6-1'" de diametre pour- vues d'un conduit excreteur en foime de tire-bouchon qui, s'elargissant a son embouchure, renferme une masse graisseuse et granuleuse. En tout cas, la secretion de la peau, qu'on evalue en moyenne a deux livres, n'est pas tout entiere secretee par ces organes. Bien plus, le li- quide de la perspiration cutanee traverse 1'enveloppe cutanee a la faveur de la diffusion, et la pression san- guine peut y avoir une part essentielle. Le liquide transsude s'evapore a la surface et n'y demeure fluide que si la quantite en est fort considerable ou si l'evaporation en est empechee. Fig-, 55. — Glaiide sudoriparc clu crcux dc l'aisselle d'un homme , grossie 180 fois. Conditions qui font warier la secretion et l'evaporation de la sueur. — L'exhalation cutanee augmente, lorsque la quantite de sang, c'est-a-dire, par consequent, le liquide diffusible qui se rend a la peau, 560 PHYSIOLOGIE HUMAINE. augmente, et lorsque les pores de la peau sont elargis, par suite, lorsque la peau se dilate. La dilatation de la peau depend en par tie de sa temperature, en partie de ses tibres musculaires. Si ces dernieres sont relachees, la pe- netration est plus facile; si elles se contractent, ce qui peut avoir lieu sous l'influence de l'excitation nerveuse, alors la secretion cutanee est geuee. I/evaporation se produit facilement, quand l'air contient peu d'humidite et inversement. Elle est empechee par des substances impermeables, par exemple, un vetement de caoutchouc. Composition de la sueur. — Independamment de F epithelium, qui sx mele mecaniquement, la sueur ne contient, en moyenne, pas tout a fait 2 p. 100 de residus solides et contient plus de 98 p. 100 d'eau. Ses elements organiques sont : de l'acide formique, une faible quantite d'uree, des matieres extractives ; ses elements inorgani- ques : du chlorure de sodium, du chlorure de potassium, du sulfate de potasse, de phosphate de soude, des phos- phates terreux (Favre). Gaz de la peau. — Une respiration a lieu a la sur- face de la peau. De l'acide carbonique est mis en liberie et deFoxygene estabsorbe. On compteque sur 1,000 gram- mes de CO- attribues a 1' exhalation pulmonaire, il y en a 9 qui sont degages par la peau. Yernis etendu sur la peau. — Si Ton recouvre la peau d'un animal d'une epaisse couche de vernis, les phenomenes suivants se produisent : diminution de la respiration ; 1' exhalation d'acide carbonique peut diminuer jusqua 1/10 de la normale, mais elle remontera, si l'ani- mal est soumis a une temperature elevee ; moins d'oxygene sera aussi absorbe. Le nombre des mouvements respira- toires (meme chez les grenouilles) devient de plus en plus faible, la temperature normale tombe. De Fabattement, de Faneslhesie, de la stupeur meme, de Fagitation et de la QUATRIEME SECTION. — NUTRITION. 301 trepidation se manifestent ; le pouls s'accelere, l'appetit faiblit, Purine devient souvent albumineuse , la mort sur- vient toujours, tantot plutot (chez les lapins), tantot plus tard (chez les chiens). Les animaux supportent plus long- temps que l'homme une atmosphere chaude. On trouve, a l'autopsie, de l'hyperemie des muscles, des poumons aussi, du sang coagule dans le coeur et dans les vaisseaux, des infiltrations du tissu cellulaire sous-cutane, et dans ce liquide des corpuscules lymphatiques, du phosphate tri- ple; on trouve un epanchement sereux dans les capites, du sang noir dans les arteres, le foie, la rate, le cerveau ; la muqueuse intestinale est gorgee de sang. La correlation des phenomenes n'est pas encore bien claire, parce qu'on ne sait quelle part y prend l'evaporation empechee, quelle part les nerfs cutanes. Resorption par la peau. — La surface du derme resorbe tres-facilement, lofsque l'epiderme a ete enleve. L'epiderme, au contraire, ne se laisse que tres-difficile- ment penetrer par les substances. On suppose que la va- peur d'eau, comme les substances fluides, sont aspirees, sucees. Les observations sont tres-divergentes pour ce qui regarde la resorption des liquides n'attaquant pas Tepi- derme. S. LUDGK. k21 CINQU1EME SECTION MOUVEMENTS MUSCULAIRES g I. — CONSIDERATIONS ANATOMIQUES Description des fibres musculaircs. — Toutes les fibres (c'est-a-dire, ces corps elementaires dont la di- mension en longueur depasse remarquablement la dimen- sion en largeur) qui ont la faculte de se raccourcir sous l'influence d'une excitation, appartiennent au genre des fibres musculaires. Celles-ci, couchees les unes a cote des autres en petits faisceaux, forment les muscles, et elles sont impregnees duliquide appele liquide des chairs. Les muscles se laissent decomposer en fibres par des agents chimiques, savoir par l'acicle nitrique (1 : 1 eau) joint au chlorate de potasse, et par une solution de potosse (52 p. 100) ; on peut.aussi reconnaitre au microscope les fibres d'un muscle sur des coupes longitudinales et transvcr- sales. On distingue deux sortes de muscles : des stries en tia- vers el des lisses. 1) Muscles stries transvCrsalement. — Toule fibre con- sisle en une multitude innombrable de corpuseules pris- CINQUIEME SECTION. — MQUVEM. MUSCULAIRES. 365 matiques Ires-petits appeles particules de chair (sarcous ele- ments, Bowmann), qui sont ranges en series lineaires et for- ment les fibrilles des muscles. On recommit tres-facilement ccs dernieres, avec un grossissement convenable, dans les muscles qui ont sejourne un certain temps dans de Tacide cbromique etendu, et, sans plus de reactifs, sur les muscles tels quels des crustaces. Entre les particules de chair, il y a une substance fluide, limpide, en sorte que Ton distin- gue des endroits sombres et des endroits clairs (Voy. fig. 34) ; ceux-la sont anisotropes, c'est-a-dire qu'ils re- fractent deux fois la lumiere ; ceux-ci sont isotropes, c'est- a-dire qu'ils ne la refract cut qu'une fois (Briicke), ce dont on se persuade en faisant l'examen microscopique d'un muscle sous une lumiere polarisee. Cbaque particule de chair est entouree d'une substance claire, fluide; et par- ticule et substance se trouvent en quelque sorte comme renfermees dans une cassette ouverte en haut, qui est fermee par la cassette musculaire contigue qui s'y adapte (Krause). Les rangees transversales des cassettes sont la cause de l'aspect strie des fibres muculaires. Ces fibres, mises dans le sue gastrique ou dans Tacide cblorhvdrique etendu, se de- , ■ i i < ■ Pig. 54. — Fibres composent, au niveau de la strie, en ° , . ... i- it l> musculaircs stnees. elements appeles disques. (V. fig. o4.) La fibre musculaire doit sa grande elasticite a une en- enveloppe mince, tres-elastique etmembraneuse, le savco- lemme. Les fibres musculaires striees se trouvent dans tous les muscles de la tete, du tronc, des extremites, dans ceux du bulbe oculaire (a l'exccption du muscle orbitaire decrit par H. Midler et des muscles palpebraux) et de la caisse du tyrapan, de la langue, du voile du palais, du larynx, du pharynx, d'unc partie de l'oesophage, de l'intestin, dans le muscle cremaster, dans une portion des ligaments >G4 1M1YSI0L0GIE HUMALNE. Fig. 55 bre laire — Fi- muscu- lisse. ronds de 1' uterus, dans le coeur et les ori- fices des veines. Ces muscles sont abon- damment pourvus de nerfs et de vaisseaux. On rencontre entre leurs fibre 3 beaucoup de tissu conjonctif et de graisse. 2) Muscles lisses. — lis se presentent dans la couche musculaire de tout le c mduit intestinal, depuis le tiers inferieur du pha- rynx jusqu'au sphincter interne de l'anus, dans la couche musculaire de la muqueuse intestinale, dans les yillosites, la vesicule biliaire, le canal choledoque, la rate, les calices du rein, les bassinets du rein, les ureteres, la vessie, l'urethre, la tuniquc dartos, entre la tunique vaginale commune etlapropre, dans l'epididyme, le canal de- ferent, les vesicules seminales, les corps caverneux du penis, les glandes de Cooper, la prostate, Futerus, les trompes, dans une portion des ligaments ronds de Futerus, dans le canal de Wharton, la peau, les bulbcs pileux, la trachee, les bronches, les glandes lymphatiques,lestuniques arterielles et vei- neuses, l'iris, dans le tenseur dela choroide, le muscle orbitaire, les muscles palpebraux. Dans les fibres du tissu musculaire lisse (fibres-cellules contractors , Kolliker) , on distingue, comme dans les fibrilles des mus- cles stries en travers, des endroits sombrcs (semblables aux particules de chair) el des endroits clairs, mais cependantles cassettes qui sont ainsi coinposees sont beaucoup plus longues (W. Krause) ; chaque fibre prescnle mi noyau, et elle est doublement refrin- gente (Valentin). (V. fig. 55.) CINQUIEME SECTION. - MOUVEM. MUSCUHIRES. 565 § II. — COMPOSITION CHIMIQUE a) Elements azotes. — Les memes albumino'ides qui sont clans le sang se retrouvent, avec quelques modifica- tions, dans les muscles frais. La my o sine du muscle vivant repond a la substance fibrinogene. Apres la mort et sous Taction des acides, elle se Iransforme en syntonine en se coagulant (voy. § 4). A cote de la myosine se trouvent en- core, dans le liquide des muscles, de la caseine ou de I'al buminate de potassium et de Falbumine ordinaire. Le muscle conlient, en outre, de la creatine, de la xanthine, de l'hypoxanthiue (sarcine), et, d 'apres Briicke, de la pep- sine aussi ; enfin, une matiere colorante (hemoglobine, — Kiilme) . b) Elements non azotes : Glycogene (Bernard), dextrine (Limpricbt), — toutes les deux chez les jeunes animaux, — sucre de raisin (Meissner), inosite, acide inosique et lac- tale de chair. 11 est possible que la dextrine et le sucre, comme l'acide lactique, se forment aux depens du gly- cogene. c) Substances inorganiques : Eau, 74-80 p. 100 ; les sels de potasse predominent ; il y a environ six fois autant de potasse que de soude dans les muscles. Pendant la vie, les muscles en repos ont une reaction neutre ou alcaline (Dubois-Reymond) ; le mouvement et la mort la rendent acide. § III. — COMPAP.AISON DES MUSCLES ET DU SANG Si Ton oublie que les fibres musculaires etant solidement agencees les unes contre les autres, ne peuvent par consi'1- quent pas abandonner leur place, et qu'elles n'execulent pas mi mouvement de translation, mais un mouvemenl d'ondulation (vow p. 1), alors on decouvre do nombreuses 566 PHYSIOLOGIE HUMAINE. analogies entre les muscles et le sang. Les muscles respi- rent comme le sang, quoique dans une mesure inegale ; ils se coagulent apres la mort (voy. § 4); ils se coniposent de corpuscules solides, les particules de chair, analogues aux corpuscules du sang, — et d'un liquide, le plasma des muscles (Kiihne); ils sonttres-elastiques. § IV. — RIGIDITE CADAVERIQUE (RIGOR MORTIS) Elle commence an plus tot dix minutes, au plus tard sept heures apres la mort, ou pour mieux dire, des que le muscle a cesse d'etre excitable et qu'il passe a la putrefac- tion. Elle rend tous les muscles du corps roides et immo- biles ; elle marche, en general, des parties superieures aux parties inferieures du corps. Plus tot un muscle perd son excitabilite, plus tot arrive la rigidite cadaverique. C'estpour- quoi elle vient plus tot chez les oiseaux que chez les amphi- bies, plus tot aux extremites qu'au coeur. line partie mus- culaire qui a ete fortement serree avant la mort, perd plus tot son excitabilite et devient plus vite rigide que dans le cas contraire. Les fibres lisses sont, tout comme les fibres striees, soumises a la rigidite cadaverique. Celle-ci repose sur la coagulation de la myosine, et pendant qu'elle a lieu, il se produit un degagement de chaleur ; d'ou vient que, meme apres la mort, la temperature peut encore monter. De meme, il y a degagement d'acide carbonique, et le muscle commence a donner une reaction acide, par suite, vraisemblablement, de la formation de lactate de chair. La coagulation de la myosine se produit dans les muscles : \ .) Quand le cours du sang est interrompu; d'ou la rigi- dite generale qui suit la cessation du battement cardiaque, ou la rigidite locale qui suit la ligature des arteres d'un membre (Stenson); Quand la myosine n'est pas encore completement coa- gulee, la rigidite peut etre combattue par I'injech'on de CINQUIEME SECTION. — MOUVEM. MUSCULAIRES. 567 sang sain (Brown-Sequard) , plus tard, ce n'est plus pos- sible (Kuhne), ou seulement a la condition qu'on dissipe la coagulation avec une injection d'une solution de sel ma- rin au 10 p. 100 (Preyer) ; 2.) Par une temperature elevee de 48 — 50°C, pour les animaux a sang chaud (rigidite de la chaleur) ; 5.) Par Taction des acides, meme de l'acide carbonique ; 4.) Par Faction d'une grande quantite d'eau distillee. La coagulation est, an contraire, arretee quand les muscles sont plonges dans de l'eau bouillante ; ils ne se roidissent plus ensuite. § V. — FONCTIONS DES MUSCLES Fonctions des muscles. — On doit compter comme formant les activites essentielles du muscle : 1.) Sa contractilite, qui repose sur le rapprochement des particules de chair ; 2.) Son elasticite, qui, du moins pour les muscles stries, revient en majeure partie a l'enveloppe des fibres musculaires, au sarcolemme. Quant au courant electrique des muscles, voy. S. IV, § 17. Trois facteurs influent sur la production d'une contrac- tion musculaire : 1.) L'irritation, 2.) L'etat du muscle, 7).) L'abord du sang. § VI. — EXCITATION MUSCULAIRE. IRRITABILITE Dans la vie normale, il n'ya que les nerfs se rendant aux muscles qui determinent des contractions. Lorsque, ;iu contraire , les nerfs sont entierement paralyses , comme cela est possible, par exemple, quand on porte du poison des fleches indiennes, du curare, dans le torrent de la circulation, on peut faire naitre des contractions, a 568 PilYSIOLOGlE HUMAINE. l'aide d'un autre excitant, a l'aide du courant electrique, des alcalis, des acides, de la plupart des sels, de la cha- leur au-dessus de 40° et du froid, a l'aide d'agents meca- niques. On appelle la faculte qu'a le muscle de se contrac- ter irritabilite musculaire. On pensait, autrefois, qu'elle se manifestait uniquement par l'intermediaire des nerfs. Lors done que, par l'effet d'un excitant quelconque, il se produisait une contraction, le nerf seul appartenant au muscle avait ete touche par l'excitant, et le muscle n'avait ete anime que par ce nerf, mais le muscle lui-meme n'avait pas ete directement excite. Si les troncs nerveux, jusqu'a leur entree dans les muscles, ne reagissaient absolu- ment a aucune espece d'excitation, ces derniers etant trouves encore tres-bien excitables, alors on supposait que ce phenomene avait son point de depart dans les dernieres extremites nerveuses au sein des muscles. Une pareille supposition a toutefois peu de vraisemblance, non-seulement a cause des observations faites avec le curare, mais aussi parce que dans les parties musculaires dans lesquelles ne se distribuent pas de nerfs, par exemple, a l'extremite du muscle couturier de la grenouille (Kuhne), ou bien encore dans certaines parties du cceur (Budge), l'excitation elec- trique peut neanmoins provoquer des contractions. 11 y a aussi une difference entre la contraction muscu- laire qui est provoquee par l'intermediaire de l'excitation nerveuse et celle qui est determinee par l'excitation directe du muscle (chez les animaux curarises). Lorsque, en effet, le nerf d'un muscle est excite par un courant constant, il ne se produit de contraction que si la chaine * est ouverte puis fermee. Lorsque, au contraire, le muscle lui-meme est excite, il demeure contracte en permanence, tant rnie la chaine demeure fermee (Wundt) . * ' Chaine synonym o de courant forme par la reunion des elec trades positive et negative. * CINQUIEME SECTION. — MOUVBH. MUSCULAIRES. 369 § VII. — L'ETAT DES MUSCLES Les muscles sont sujets a des modifications essentielles pendant la vie. — Celles-ci dependent principalement : 1.) De Ydge. Chez les enfants, le diametre des fibres musculaires est ordinairement plus etroit de quatre a six fois que chez les adultes ; dans la vieillesse, un tres-grand nombre succombent a la degenerescence graisseuse, si bien que si Ton fouille'un muscle dans son entier, on en trouve quelques parties en cet etat de degenerescence adi- peuse, 2.) Du travail. Sous l'influenee d'un bon regime et d'une vie exempte d'ef forts, la graisse se depose facile- ment dans l'interstice des fibres musculaires ; elles s'en- graissent encore a la faveur du manque absolu d'exercice ; avec un travail penible, les muscles les plus actifs aug- mentent considerablement de volume. g VIII. — ABORD DU SANG Une provision d'oxygene au sein des muscles semble indispensable pour le mouvement musculaire. Dans les derniers stades de l'asphyxie, le muscle ne reagit plus aux courants d'induction les plus energiques (A. Schmidt). Combien l'abord du sang, et, par suite, de foxygene, est necessaire pour l'activite des muscles, cela ressort avec evi- dence du rapport de l'exhalation de CO2 avec le travail mus- culaire (Voy. S. I, § 43). — Apres la ligature des vaisseaux, les muscles dumembre interesse perdentleur contractilite. Toutefois, TO existant encore dans les muscles et combine (chimiquement, c'est probable) avec les particules de chair parait etrc en etat de maintenir la contractilite, memo dans les membres aniputes. Le copur continue a battre un 570 PHYSIOLOGIE HUMAJNE. certain temps sous la cloche d'une machine pneumatique. L'irritabilite musculaire ne diminuc que lentement dans les gaz libres d'azote (Humhold). Sous le vide de TorriceUi, le muscle ne degage pas d'O, mais bien de CO- en grande quantite (Hermann) . § IX. — PHENOMENES DE LA CONTRACTION MUSCULAIRE Un muscle, mis en activite par une excitation, se rac- courcit quand ses fibres ont une direction plus ou moins rectiligne ; et, quand il a la forme des anneaux musculaires (par exemple, le sphincter de la pupille, les fibres circu- laires des canaux musculeux), son excitation determine une diminution de diametre. Les muscles minces transpa- rents, par exemple, les muscles abdominaux ou le muscle couturier chez la grenouille, permettent de suhre au microscope tous les details du phenomene. Les fibres se plissent, prennent la forme de zigzags, puis s'allongent completement. — Les rangees de stries des particules musculaires (disques) doivent alors se rapprocher les unes des autres sur les muscles stries. Contractions simples ; lenr trois stades. Con- traction idiomusculaire. — Les contractions sont simples ou multiples. Les premieres sont causees par une excitation unique de tres-courte duree, comme, par exem- ple, celle qui est determinee par l'ouverture d'une chaine constante; les secondes sont causees par des excitations repetees et se succedant rapidement. Nous parlerons tout d'abord des contractions simples. Quand un muscle est excite de cette maniere, la contraction ne se produit pas au moment meme de l'excitation, mais il y a un certain intervalle entre les deux. Cet intervalle se constate, sans plus de forme, sur les muscles lisses, par exemple, sur l'intestin; il faut, au contraire, des appareils speciaux CINQUIEME SECTION, — MOUVEM. MUSCULAIRES. 571 (myographion) pour le mettre en evidence sur les muscles stries (Helmholtz). II dure environ 1/60 de seconde. Apres cette excitation, dite latente, la contraction atteint (au Lout d'environ 1/6 de seconde) sa culmination et passe progres- sivement, au bout d'un temps a peu pres egal, a l'etat de repos (Helmholtz). Dans beaucoup de muscles stries, on voit, au moment ou ils commencent a mourir, quelque chose de semblable a l'ceil nu, par exemple, sur le muscle crico-thyroidien des grands mammiferes (Budge). L'exci- tation mecanique, agissant lentement, determine, surtout sur les muscles mourants, une contraction locale qui de- tourne le sens de l'excitation. Si Ton passe le dos d'un couteau sur un muscle strie en travers, on voit s'elever, dans le sens de la raie, une crete qui ne disparait que len- tement (contraction idiomusculaire, M. Schiff). Les fibres lisses continuent leur mouvement encore longtemps apres que l'excitation a cesse ; c'est ce que Ton remarque surtout sur la vessie. La difference fonctionnslle entre les fibres striees et les fibres lisses consiste done en ce que les premieres se contractent, sous une excitation, beaucoup plus vite, beaucoup plus energiquement, et que leur con- traction cesse, apres la disparition de l'excitant, beaucoup plus tot (meme instantanement a l'ceil nu), que cela n'a lieu pour les fibres musculaires lisses. Tous les mouve- ments qui reclament de la celerite emanent des muscles stries, et inversement. Les animaux qui se meuvent lente- ment, par exemple, les vers et les mollusques, ont des muscles compatibles aux muscles lisses ; les insectes en ont de stries. Chez ces derniers, et chez les vertebres, la volonte s'exerce, c'est la regie, par des muscles a stries tran sversales. On pourrait done se representer la contraction muscu- laire de la facon suivante. Du point ou l'etat de repos des plus minimes particules a ete trouble, — ce qui se passe ordinairement au lieu d'entreedes nerfs, — les molecules de 372 PHYSIOLOGIE HUMALNE. chair s'elevent et s'abaissent perpendiculairemeni le long de l'axe longitudinal, puis ce mouvement ondulatoire s'e- tend avec la plus grande rapidite des deux cotes du mus- cle. Contraction multiple. — Une contraction multiple suppose, une prolongation de 1' excitation. Si la contraction suivante se produit quand la precedente a deja depasse son point de culmination, alors on a ce soulevement et cet affaissement continuels qu'on appelle tremblement ou con- vulsion; lorsqu'au contraire, une contraction suit l'autre assez rapidement pour que la derniere n'ait pas encore atteint ou vienne juste d'atteindre son point culminant, alors il y a crampe rigide ou tetanos, ce qui se produit, a l'etat normal, par exemple, sous rinfluence de l'excitant- volonte. Le raccourcissement le plus considerable d'un muscle peut aller des 3/4 aux 5/6 de sa longueur. Un muscle peut se raccourcir en contractant tous les disques de ses fibres dans une egale mesure, comme cela a lieu, par exemple, pour les muscles annulaires, ou bien quand l'extremite d'un muscle est fixee de telle sorte que l'autre extremite se rapproche de la premiere, comme c'est la regie pour tous les muscles du tronc. Determination de la force contractile. — On a divers moyens pour mesurer la force contractile. 1) La force contractile etant directement proportionnelle au courant musculaire (Dubois), on peut calculer la pre- miere en determinant l'intensite du second. 2) Si Ton sectionne un muscle encore excitable et place, a cote de lui , une echelle graduee, on peut, en prenant les dispositions convenables, y lire le degre de raccour- cissement que subit le muscle excite (Weber). 5) En attachant a un muscle une plume a ecrire qui trace des courbes, pendant la contraction, sur un plateau passant devant elle avec un mouvement uniforme (Yolkman) , C1NQUIEME SECTION. — MOUVEM. MUSCULAIRES. 375 A) En y suspendant une charge. La force contractile d'un muscle s'obtient en faisant le produit de la hauteur a laquelle la charge est elevee (hauteur d'elevation) par le poids de la charge et par le temps pendant lequel la charge soulevee est demeuree a la meme hauteur. La hau- teur a laquelle un muscle peut elever un poids est propor- tionnelle a la longueur de ses fibres. Le poids qu'il peut soulever est proportionnel, aux nombre des fibres, c'est-a- dire au diametre du muscle. Modifications du muscle pendant sa contrac- tion. — Pendant qu'un muscle se contracte, il se passe en lui d'autres phenomenes encore. Cc sont : 1) Des modifications chimiques. Sa reaction est acide (Dubois) ; il degage de l'acide carbonique et depense plus cToxygene. Quand un muscle ampute est excite, il degage une quantite d'acide carbonique infiniment plus conside- rable qua Tetat de repos (Matteucci, Valentin). Le sang veineux qui s'epanche d'un muscle actif est plus pauvre en oxygene et beaucoup plus riche en acide carbonique (Lud- wig et Sczelkow). II est digne de remarque que, pendant la rigidite cadaverique, ces modifications chimiques ont egalement lieu, et comme la rigidite cadaverique procede essentiellement du liquide place entre les particules de chair, on est en droit de penser que les modifications chimiques ont aussi leur siege dans ce liquide pendant la contraction. 2) Des modifications electriques. Quand un muscle mis en rapport avec le multiplicateur est tetanise, l'aiguille aimantee, device pendant le repos, rebrousse vers le point nul, peut l'atteindre et meme reculer dans l'autre cadran. On appelle cela YosciUation negative du courant. 5) Des modifications dans Velasticite. Plus un muscle peut se distendre, plus faible est son elasticite. Le muscle en repos se laissant moins distendre que le muscle con- tracte, il en resulte que, pendant la contraction, Eelasticite 574 PHYSIOLOGIE HUMAINE. diminue. La meme chose se presente dans la rigidite cada- verique envabissante. 4) Dans la formation de chaleur. Par la methode thermo-electrique, on a trouve que les muscles interesses dans la contraction possedent une temperature plus elevee qu'a l'etat de repos, aussi bien chez l'homme vivant que chez les animaux vivants (Beclard, Helmholtz, Heidenhain). 5) Bruit micsculaire. — L'oreille etant fermee, si Ton contracte fortement les muscles de la machoire, on en- tend un bruit ou un son musculaire. Chez les animaux, on peut facilement le percevoir, a l'aide du stethoscope, que Ton place sur un muscle pendant qu'on provoque le teta- nos en galvanisant la moelle. Le nombre des vibrations du son musculaire , dans les contractions volontaires , s'eleve a 19 1/2 par seconde (Helmholtz). On peut conclure de la que le tetanos n'est pas une contraction simple, mais qu'il se compose de beaucoup de contractions successives. Vitesse de propagation de la contraction. — Si Ton excite un muscle sur le corps vivant, ou un muscle extirpe immediatement apres la mort, la contraction se pro page tres-vite (environ 1 metre par seconde, (Eby) du point d'excitation an muscle entier. Quand l'excitabilite musculaire s'evanouit, la vitesse de propagation diminue et a la fin se circonscrit au lieu excite. Lorsqu' apres la mort d'un animal, particulierement chez les mammiferes, on promene transversalement sur un muscle un instrument mousse, il se forme un gonfle- ment sur le, trajet de la raie. On designe ce phenomene, nous l'avons deja dit plus haut, par le nom de contraction idiomusculaire (Schiff) . § X. — EFFETS DE LA CONTRACTION MUSCULAIRE Quantite de mouvement. — La quantite de mou- vement qu'engendre un muscle en se contractant ( XI I . — STATION DEBOUT Conditions de la station debout. — Deux condi- tions sont requises pour la station debout : 1) 11 faut quele corps, tres-sujet a s'affaisser par suite de ses nombreuses articulations, soit rendu plus oumoins stable. 2) 11 faut que le centre de gravite du corps, qui se trouve dans le voisinage de la seconde vertebre sacree passe par le plan, situe entre les pieds. Plus ce plan, plus celte surface est large, et plus la station debout est assuree. Les pieds reposent sur trois points : la tuberosity du calca- neum, l'os sesamo'ide du gros orteil, la tuberosite du cin- quieme metatarsien. — Divers moyens, en partie meca- niques, en partie conslitues par des mouvemenls muscu- laires, contribuent a maintenir sur cette base une extre- mite articulaire solidement fixee aux parties qui lui sont sous-jacentes (articulation tibio-tarsienne et pied). Les muscles pourraient ii eux seuls maintenir completement l'equilibre, toute perturbation qui le rompt etant aussitot sentie et aussitot combattue par un mouvement conve- nable, grace auquel la ligne de gravite, c'est-a-dire, la lighe verticale qu'on imagine tiree par le centre de gra- 580 PHYSIOLOGIC HUMAINE. vite, coupe le trapeze qui est dessine par les pieds. Si un homme sentait, par exemple, qu'il va tomber a gauche, il etendrait le bras droit. En un mot, tous les membres seraient constamment balances, equilibres par Taction de leurs muscles. Un effort important est lie a ce phenomene, effort determine en partie par l'attention, en partie etsur- tout, par les mouvements unilateraux. Mais les dispositions mecaniques sont la source d'allege- ments considerables pour Faction musculaire. Le centre de gravite de la portion superieure du corps se trouve sur le plan horizontal passant par la dixieme vertebre dorsale (freres Weber, Horner). La ligne de gravite tombe en arriere des lignes qui reunissent les articulations iliaques. La portion superieure du corps qui repose sur le femur, ne peut cependant tom- ber en arriere, parce qu'un fort ligament, le ligament ileo-femoral l , qui s'etend de Tepine antero-inferieure au fascia de la cuisse, tire le bassin en avant. Ce liga- ment est aide par la contraction du muscle droit femoral2 qui s'insere au meme endroit. — Pour que la station de- bout soit commode, il faut que les pieds soient tournes en dehors. Cela se fait par un mouvement de rotation des muscles de la cuisse qui s'inserent autour de ct dans la fossette trochanterienne 3. Le muscle grand fessier qui s'insere au feuillet externe du fascia lata, se contracle aussi. En vertu de ces faibles mouvements musculaires, ce fascia et le ligament rond se tendent et la chute, soit a gauche, soit a droite, est prevenue. — I/extension dans ['articulation du genou est executee, en partie deja, par la tension du fascia lata, mais c'est le muscle quadriceps femoral qui est son agent cssentiel. Dans cette extension. '* Tcnseur du fascia lata. * * - Droit anterieur de la cuisse, faisant partie du triceps ou qua- driceps femoral. (Voy. Cruveimiier.)* *3Petits muscles pelvi-trochanteriens (Winslow), — cavity digitale.* CINQUIEME SECTION. — MOUVE . MUSCULAIRES. 381 le muscle gastrocnemien presse mecaniquement les con- dyles du femur tres-larges par eux-memes contre les sur- faces arliculaires egalement larges du tibia. Enfin, I'exteri- sion est favorisee et la chute laterale empechee par les li- gaments croises, lateraux etpoplites. — Des que le genou s'etend, le tibia pivote autour du perone, sur le menisque articulaire interne, et la malleole interne est, par suite, pressee contre la poulie du talon ', qui etant ainsi comme pincee entre les deux malleoles, previent la chute en avant. Les muscles qui tirent la plante du pied vers le tibia - con- tribuent en meme temps a assurer cette position solide, cette fixite. § XIII. — MARCHE 11 faut, dans la marche, que le tronc soit porte en avant par les jambes, avec la depense de force musculaire la plus faible possible. Pendant que Ton fait un pas, il y a un moment 011 Tune des jambes, celle que nous appclle- rons passive (P), ne repose pas sur le sol et flotte en Fair, le genou etant flechi. Elle n'est point porlee par le corps, ma is retenue dans la cavite cotyloide par la pression de l'air atinospheiique. La tete du femur s'emboite done exacte- ment dans la cavite cotyloide. Elle ne rabandonne pas, alors meme que, sur le cadavre, tous les muscles qui meuventla cuisse sont coupes ; inais elle s'en echappe des qu'on a pratique un trou penetrant par 1' excavation dans la cavile cotyloide. Si, par ce trou, Ton aspire, a l'aide dune pompe pneumatique, l'air de la cavite articulable, la tete fe- moralesetixe de nouveau dans la cavite cotyloide, e'est-a- dire qu'elle y est poussee et maintenue elroitement par la pression de l'air. — Cette jambe (P) oscille comme un pendule d'arriere en avant sans toucher le sol. Elle ne " ' Astragale. * ' "Les oxtenseurs du pied sur la jambe (Jumeaux, Soleaiue, etc.). t 382 PHYS10L0G1E HUMAINE. l'atteint que iorsque Pautre jambe, que nous appellei oris active (A), a termine les mouvements qu'elie doit operer. Tandis que P oscille dans Fair, la jambe A supporte le poids da corps sur lc pied qui, tout d'abord, repose sur le sol par toute la plante du pied, puis n'y appuie que par les orteils et les metatarsiens. Pendant le premier de ces deux actes dont la succession est rapide, le centre de gra- vite tombe tout entier du cote de la jambe A, qui se trouve perpendiculairement au-dessous de lui, et le corps est penche du meme cote. Pendant le second acte,le talon se releve (mm. gastrocnemiens, soleaire), et le pied appuie sur le sol par les orteils, ce qui rompt Fequilibre en faveur de la partie superieure du corps qui est jetee en avant et du cote de la jambe P, laquelle se trouve ainsi forcee de prendre point d'appui, de tomber sur le sol. Cette jambe soutient alors le poids du corps, c'est-a-dire quelle prend le role que la jambe A vient d'executer. Dans la marche, surtout dans la marche rapide, le tronc incline en avant pour faire contre-poids a la resistance de Pair. C'est pour la meme raison que les bras se balancent ; leur oscillation se fait en sens inverse de celle des membres inferieurs. (Frercs Weber.) § XIV. — VOIX ET PAROLE Ferile vocale (glotte). — Dans le canal du larynx, unc fente triangulaire (la fente vocale) limitee par les deux cordes vocales (ligaments thyro-arytenoidiens poste- rieurs), remarquables par leur grande elasticite, s'etend d'avant en arriere. Si, a Paide d'appareils speciaux, ces cordes sont mises dans un certain etat de tension sur un larynx extirpe d'un cadavre frais, et rapprochees de telle sorte, que la fente vocale soit presque fermee; si, en Outre, un courant d'air est pousse d'en bas conlre ces cordes, soit avec un souftlet, soil avec la bouche, alors les CINQUIEME SECTION. — 3IOUVEM. MUSCULAIRES. 585 rubans vocaux entrent visiblement en vibration et il y a production cle son. — Au moyen du laryngoscope (Gar- cia, Tiirck, Czermak), on pent faire les observations sui- vantes. Les rubans vocaux se tendent, lorsque le cartilage thyro'ide, auquel s'attache leur extremite anterieure, est abaisse par les muscles crico-thyro'idiens sur le cartilage crico'ide; ils sont rapproches Tun de 1' autre par la rotation en dedans des cartilages arytenoides sous Taction des muscles crico-arytenoidiens lateraux et, a leur partie posterieure, par la contraction des muscles aryteno'idiens, dont Teffet est de retrecir la fente vocale. — On se convainc, de la maniere la plus parfaite, de Taction des musc'es laryngiens en experimentant sur des larynx enle- ves a de grands animaux fraichement abattus. — Le cou- rant d'air arrive normalement, pendant Texpiration, des poumons (porte-vent) sur les rubans (Harless) avec une pression plus forte que la pression de 'Texpiration habi- tuelle. Les excursions des vibrations se font a loisir, parce que, au-dessus des rubans vocaux, le canal laryngien pre- sente une excavation (ventricules de Morgagni). Les vibrations pouvant etre produites periodiquement, en mesure, on en obtient des sons, comme avec un de ces instruments de musique dits a anche, genre d'instrument dans lequel il faut compter le larynx. Son. — Tout son peut etre considere comme resultant dune serie cle tons differents. L'oreille a la propriete d'en- tendre avec le ton principal, qui est donne par le plus fai- ble nombre de vibrations des corps sonores et qui est, par consequent, le plus bas, d'entendre en meme temps d'au- tres tons dits tons eleves ; ou, ce qui est la meme chose, die a la propriete de decomposer le son en notes isolecs, parmi Icsquelles les notes elevces out un nombre de vibra- tions qui depassc du double, du triple, etc., celui du ton fond amen taL Proprictcs du s»on : Intensite, hauteur, tint- 384 1'IIYSIOLOGIE HUMAINE. bre. — Dans chaque son et, par suite , dans celui que rend le larynx, on distingue trois proprietes, savoir : Yin- tensite du son, la hauteur du son, le timbre du son. Les modifications de ces proprietes sont produites, en partie, par l'insufflation, en d'autres termes, par la pression expi- ratoire, — en partie par le changement d'etat qu'eprouvent les rubans elastiques, en d'autres termes par les muscles la- rvngiens ; enfin, en troisieme lieu, par rembouchure du tuyau aerien, les cavites pharyngiennes, buccales et nasa- les. En outre, la resonnance influence le son. Vintensite depend de l'amplitude des vibrations, la- quelle depend essentiellement de Tintensite de 1' expiration, par suite, de la force de constriction des muscles expira- teurs, c'est-a-dire des muscles abdominaux. La hauteur du son depend du nombre des vibrations qui sont executees en un certain temps. Plus le ton est eleve, plus le corps resonnant fournit de vibrations dans Tunite de temps, par exemple, pendant la secondc. — La hauteur duton s'eleve en raison de la tension, de la brie- vete, de l'etroitesse des rubans vocaux et en raison de l'in- tensite du souffle qui augmente la tension l . Pour les tons eleves, la pression laterale dans la trachee est plus consi- derable que pour les tons bas, par exemple, dans un cas, = 200 mill. : 160 millim. d'une colonne d'eau (Cagniard- Latour) . Les rubans vocaux etant plus courts chez les en- fants et les femmes que chez les adultes et les hommes, les premiers peuvent, en general, produire des sons plus eleves que les derniers. Le larynx monte avec les tons ! Les muscles laryngicus pcuvout sc partager en deux groupes, qui s'entr'aident mutuellemeut. — Les uus servent cssentiellcmenl a la respiration forcee : pour l'inspiration, les muscles crico- arytenokliens posterieurs soul dilatateurs de la glotte ; pour l'expi- ration, les muscles arytenoidiens sont constricteurs. Les autres servent essentiellement a la formation des sons, tension des cordes vocalcs : muscles crico-thyroidiens ; raccourcissement : mm. thyro- arytenoidiens; rapprochement : mm. crico-arylenoidiens lateraux. CINQUIEME SECTION. — MOUVEM. MUSCULAIRES. 385 eleves, coinme cela se passe, du reste, dans toute expira- tion forte. La note la plus basse de la voix hmnaiiie a environ 80 vibrations par seconde .; la pins elevee en a 1000 environ. L'etendue complete de la voix, en envisageant anssi bien le larynx masculin que le larynx feminin, comprend quatre octaves de E a %. Les bonnes voix de tenor embrassent de 2 a 2 octaves 1/2; les grandes cantatrices parcourent jusqu'a 5 octaves et meme 5 1/2. Coinme timbres differents du larynx humain, on peut considerer la voix de fausset et la voix de ventre *. On ne connait pas encore precisement le mode de production de ces deux voix. L'individualite du timbre dans la parole des differents hommes provient principalement de la re- sonnance. Voyelles. — Les voyelles sont des sons qui se produi- sent dans le larynx, mais dont les notes partielles sont modifiecs par les differentes formes que prend la bouche et par sa resonnance. En effet, la cavite buccale , ou forme un canal egalement large, ou elargit sou segment anterieur en retrecissant le posterieur. La premiere cbose a lieu pour A, 0, U; la derniere pour CE, E, J. La cavite buccale prend son maximum d'ouverture pour A, son maxi- mum d'angustie pour U. — En outre, pour toutes les voyelles, les orifices des cavites nasales sont fermees par relcvation du voile dupalais, sans quoi des sons nasillards se produisent. Chuchutement. Parler si hante voix. — L air peut traverser la cavite buccale sans qu'un son naissc dans le larynx, comme cela a lieu pendant Texpiration ha- bituelle. On appelle cela chuchotement, par opposition au parler a haute voir. Par les differentes dispositions de la cavite buccale, pen- 1 \oix ile poi trine. 386 PHYSIOLOGIE HUMAINE. dant I'expression ties voyelles, Fair y est mesure pour pro- duire des sons differents. On peut les apprecier a l'aide de diapasons de differente hauteur, en placant ces derniers devant la bouche, apres les avoir frappes. (Willis, Don- ders, Helmholtz). Mieux on entend la note du diapason, mieux cette note repond au son propre de l'air vibrant dans la cavite buccale. (Helmholtz.) Consonnes. — Les consonnes sont des chocs d'air expire qui entre en vibration sur son trajet, parce qu'il est chasse dans des passages retrecis. Au contraire, un sim- ple bruit d' expiration, renforce par la bouche, produit h; par le nez, ra, n. Pour la plupart des consonnes, le lieu de passage de Fair est d'abord ferme, puis ouvert tout a coup, et comme suit : Les levres pour b et p, La langue pour d et t, Le palais pour g et k. Un simple retrecisseinent a lieu : Aux levres pour f el w, A la langue pour s et /, Au palais pour ch i et r i Tse-hii, consonue alleiUande, qui so pronoilcc dune l'acon tonic partieuliere, comme on sait. SIXIEME SECTION PHYSIOLOGIE DES NERFS CHAPITRE PREMIER PROPRIETES GENERALES DU SYSTEME NERVEUX § I. — FONCTIONS EN GENERAL Fonctions eri general. — Au systeme nerveux ap- partiennent, 1) comme phenomenes propres, la sensibilize et la sensa- tion * . II est de plus 2) en etat de porter a leur manifestation les forces glan- dulaires, musculaires et psychiques. 3) Les forces designees sous 2) reagissent a leur tour sur la sensibility et la sensation par l'intermediaire du sys- teme nerveux, et M Sensation est prisdans l'acception limitee des impressions par- ticulieres que le sensorium eprouve par l'entrcmise des organcs des sens speeiaux; sensibility dans l'acception de sensibilite gene- rale. " \ 588 PHYSIOLOGIE HUMAINE. 4) enfin, toutes les forces (sensibilite, sensation, force molrice, force psychique) que nous venons d'indiquer sont mises en rapport les unes avec les autres par I'in- termediaire du systeme nerveux, § II. — CONSIDERATIONS ANATOM IQUES Elements histologiques du systeme nerveux. — Le svsteme nerveux renfernie deux elements anatoini- j ques essentiels : les cellules nerveuses (cellules ganglion- Fig. 36. — Cellules ganglionnaires munies de plusieurs prolong©- ments, plusieurs libres sans moelle, une avec de la moelle. naires) et les fibres nerveuses. Outre cela, il y a encore, ;i cote des cellules ganglionnaires, une grande quantite de substance servant de point d'appui1 (tissu eonjonctif ) , melee de cellules lymphatiques; on y rencontre enfin des Stroma. SIXIEME SECTION. PHYSIOL. DES NERFS. 589 vaisseaux sanguins et lymphatiques en tres-grand riombre. Fibres nerveuses. — Les fibres nerveuses sont toutes reliees a des cellules ganglionnaires (voy. fig. 56). On peut meme dire qu'il faut les envisager comme leurs prolongements. On distingue sur une fibre nerveuse : 1) Une extremite qui est unie a la cellule ganglionnaire, puis une autre qui touche aux differents organes. Cette derniere est habituellement, peut-etre toujours, pourvue d'un renflement, tel que, par exemple : les corpus- cules de Pacini(xo y . fig . 57 ) , a la paurne de la main et a la plante du pied; — les corpuscules du tact( Wagner et Meissner), a la face tac- tile des doigts (voy. tig. 58), et a la langue ; — les masses lemiinales(Kidi\ise) , lespla- teaux terminaux, a 1' extre- mite des nerfs musculai- res (voy. fig. 59). Lesextre- mites peripheriques d'autres fibres se rendent directe- ment aux cellules epithe- FiS- ;39- ~ Corpuscules de Pacini !• i j i i pris sui^ le mesocolon d'un chat, hales de la muqueuse du Grossis m fois nez (M. Schultze), des glan- des salivaires (Pfliiger), de la peau du gland (Tomsa), etc. 2) Un til grele, cijlindre d"axe, qui s'etend entre les cellules ganglionnaires et Tcxlremite peripherique du nerf. (Voy. fig. 40.) Les fibres nerveuses, avant de se terminer, se parlagent fi'i-quemmeut a lour bout peripherique en plusieurs bran- 22, 390 PHYSIOLOGIE IKiMADiE. dies ; de telle sorte done, qu'une seule et meine fibre du centre, par suite, un seul et merae cylindre d'axe, peut representor plusieurs points d'un seul et meine organe, si- tues les uns pres des autres. 5) Venveloppe , formee vraisemblablement de sub- Fig. 58. — Corpuscules flu tact. Fig. 59. — Fibre musculaire striee; a, son noyau muscu- laire ; b, fibre nerveuse; c, plateau terminal. stance elastique. Elle n'existe pas toujours ; elle manque, en general, aux deux bouts du nerf, de meme que dans ■beaucoup de fibres nerveuses du cerveau et de la moelle epiniere, dans le nerf optique et Jo nerf olfactif. 4) Vne masse semi-liquide, oleagineuse, entre l'en- veloppe et le cylindre d'axe. Elle manque aussi dans plu- sieurs nerfs, ou, du moins, elle n'y est pas coagulable ; ainsi, par exemple, dans les fibres qui courent dans le nerf sympathique, dans les fibres dites sans moelle (ganglion- naires) (voy. fig. 55 et 46). On l'observe cependant dans SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 594 la plupart des nerfs sous la forme d'un liquide huileux, transparent, coagulant vite apres la mort : la moelle des nerfs. La coagulation donne a ces nerfs une apparence gru- meleuse, variqueuse, et dissimule le cylindre d'axe. II faut Fig-. 40. — Fibres ncrveuscs du nerf ischiatique (Tun lapin. En certains points le cylindre d'axe est completement abandonne par la gaine medullaire ; la moelle grumeleusc s'echappe de l'extre- mite snperieure des fibres. done, pour reconnaitre celui-ci distinctement, mettre en usage des agents fortement oxydants, qui dissolvent la moelle en laissant le cylindre d'axe plus longtemps intact. On trouve ici, en premiere ligne, la solution d'acide nitri- que jointe au chlorate de potasse (Budge), les solutions 392 PIIYSIOLOGIE II MAINE. etendues d'acide chromique (Kcilliker); le collodium (Pflii- ger), le chloroforme, L'ether et l'alcool peuvent encore etre recommandes dans ce but. * Recherches de M. L. Ranvier sur lliistologie et la physiologie des nerfs (Archives de physiologie normale et pathologigue publiees par MM. Brown - Sequard , Charcot, Vulpian, t. IV, 1871-1872). * M. Ranvier a decouvert que les tubes nerveux ne sont pas rectilignes, qu'ils presentent a 1 millimetre, en moyenne, de distance les uns des autres des etranglements annulaires, qui divisent les nerfs en segments interannulaires. Les fibres de Remak ou fibres sans-myeline n'ont pas d'etran- glements annulaires, mais tous les tubes a moelie en pos- sedent quel que soit leur diametre. Sur les tubes larges ils sont moins rapproches que sur les tubes minces. (V. fig. 1, p. 152, t. IV des Archives.) * Avec une bonne lentille a immersion et un grossisse- ment de 600 a 800 diametres,|il est permis de reconnaitre que les etranglements sont formes par un anneau ou une sorte de bourrelet compris dans l'epaisseur de la mem- brane de Schwann ; cet anneau est probablement consti- tue par un disque a travers lequel passe le cylindre axe. * « II n'y a qu'un seul noyau pour un segment de tube nerveux compris entre deux etranglements ; le noyau d'un segment est situe a peu pres a egale distance des etran- glements qui limitent ce segment. » Les noyaux ont une forme lenticulaire et se confondent par leur face interne avec la membrane de Schwann ; par leur face interne ils se logent dans la myeline comme dans un nid. (Fig. 5, p. 157, t. IV des Annates.) * « II sont entoures d'une couche de nature albumino'ide, ne se colorant pas avec l'osmine. Celte couche de proto- plasma se continue au-dessous de la membrane de Schwann et lui forme ainsi comme un revetement interne qui la separe de la myeline. >■> II resulte de ces faits, dit SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 593 Ranvier, que le segment interannulaire des tubes nerveux represents une cellule. Celle-ci est comparable a la cellule adipeuse, telle queje l'ai comprise dans une recente com- munication1. La membrane de Schwann correspond a la membrane de la cellule adipeuse ; ce noyau et le proto- plasma du segment interannulaire sont semblables au noyau et au protoplasma qui doublent la membrane de la cellule adipeuse ; enfin, la myeline est Fanalogue de la graisse. * « II est bien evident que, dans cette comparaison, je neglige le cylindre-axe, dont la signification morpholo- gique ne peut etre comprise dans l'etat actuel de nos con- naissances, et les hypotheses que je pourrais faire a ce sujet sont en ce moment beaucoup moins fondees que les pre- cedentes. » * Les preparations avec Facide osmique ont permis de constater que le fourreau de myeline des tubes nerveux est completement interrompu par l'anneau de l'etrangle- ment. (V. fig. 5, art. cite.) * Frommon et Grandry avaient bien vu que, sous l'in- fluence du nitrate d'argent, le cylindre-axe possede des stries alternatives noires et brunes (fig. 6, t. IV des Annates, art. cite). * Ranvier, employant les memes preparations, a decou- vert de plus que les cylindres-axe presentent des epaissis- sements circonscrits ayant la forme de deux troncs de cone appliques Fun contre Fautre par leur base. Ces epaississe- ments du cylindre axile se rencontrant presque toujours au niveau des etranglements de la membrane Schwann, il a ete conduit a penser qu'ils competent Focclusion entre chaque segment, qu'ils sont les disques dont il a etc question precedemment. * * ' Dos U'sions du lissu ronjnnclif Hans l'cedeme. In Compte rendu, 1871. 394 PHYSIOLOGIE IIUMAINE. Siege des fibres nerveuses et des cellules ganglionnaires. — Dans le cerveau et dans la moelle, la substance blanche no renferme absolumont que des fibres nerveuses; tandis que dans la substance grise, il y a aussi des fibres nerveuses, il est vrai, mais les cellules ganglionnaires avec le tissu conjonctif et les cellules lymphatiques y predominent. A la peri- pheric , les cellules gan- glionnaires sepresentent en beaucoup d'endroits, soit accumulees en forme de tumeurs ( ganglions peripheriques ) et elles sont alors visibles a l'oeil nu, soit plus ou moins perceptibles au microscope seule- ment, sur le trajet des ramifications nerveuses : ainsi, par exemple, sur les racines posterieures de la moelle epiniere (ce sont les ganglions spinaux), sur la plupart des nerfs craniens, sur le trajet du nerf sympathique, dans les plexus ganglionnaires, au sein de presque tous les organes non soumis a la Fie. 41. Cellules ganglionnaires du eerveau. Fig-. 42. — Cellules gan- glionnaires du gan- glion de Gasser d'un VOlonte lapin ; elles semblent apolaires, elles sont pourvues d'uue gaine. Les fibres nerveuses primitives, dont se composent les nerfs, ne com- muniquent pas les unes avec les au- tres sur leur trajet ;. c'est-a-dire, que le canal nerveux ne se partage pas et que son contenu ne pent passer dans un canal voisin ; il n'y a de division qu'aux exfremites peripheri- S1XIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 395 ques. il est vraisemblablc qu'il y a pour chaque fibre une cellule ganglionnaire ; toutefois I:i question , n'est pas encore tranchee. Mais on sait tres-bien qu'il y a, surtout dans le nerf sympathique, des cellules d'ou partent deux fibres : et dans le cerveau et la moelle epiniere presque tous les ganglions sont pourvus de plus d'un prolonge- ment (v. fig. 41). On suppose qu'un seul des prolonge- ments devient fibre nerveuse proprement dite ; les autres, qu'on nomme prolongemerits protoplasmatiques, out un autre role, savoir, celui de reunir les cellules ganglion- naires entre elles. II semble aussi qu'il y ait des cellules ganglionnaires qui n'ont pas de prolongements (apolaires) . (V. fig. 42.) § III. — PRINCIPES CHIMIQUES DE LA SUBSTANCE NERVEUSE Protagon. — On peut extraire du cerveau et de hi moelle epiniere un corps cristallisable appele protagon, qui est caracterise surtout par sa proportion de phosphore. Traite par la baryte, il se decompose en un corps libre de phosphore et en un corps phosphore ; le premier est la neurine, le dernier le phosphate de glycerine ; le residu est riche surtout en acides gras. — Le cerveau contient, en outre, parmi les principes organiques : albumine (albu- minate de potasse), cholesterine, inosite, acide lactique, t'aible quantite de creatine, xanthine, hypoxanthine et leu- cine ; dans la cendre, on trouve des phosphates de potas- sium (55 p. 100), sodium, magnesium, calcium et fer, puis de 1'acide phosphorique libre (9,15 p. 100), du chlo- rure de sodium , sulfate de potasse , acide silicique (Breed), La substance blanche est plus riche en albumine que la grise; mais celle-la ne contient que 70 p. J 00 d'cau environ, cellc-ci en renferme au contraire 80 p. 100. Kelativcinent auxcourauts galvaniques qui existent dans les nerfs en repos. (V. plus haut S. Y. § 18.) 596 P11YSI0L0G1E 11 U MAINE. IV. — ROLE DES GANGLIONS ET DES FIBRES NERVEUSES EN GENERAL Role des cellules ganglionnaires. — Partout ou une force nerveuse se developpe ou se transforme en une autre force, on rencontre des cellules ganglionnaires. On doit en trouver, par consequent la ou, par exemple, lin sentiment se transforme en force excitatrice du mouve- ment, la ou l'mstinct (force psychique) influe sur les ncrfs, etc. Bien que le siege special des ganglions ne soit pas encore determine pour chaque fonction du systeme nerveux, il faut cependant croire, en considerant ce que l'experience a deja demontre, que pour chaque fonction en particulier, il y a aussi des ganglions speciaux, tandis que l'activite des nerfs semble ne dependre que des cel- lules ganglionnaires avec lesquelles ils sont en connexion, de telle sorte qu'un nerf peut remplacer un autre nerf (v. S. VI, ch. ii, §6). On ne doit pas conclure cependant de ce que nous venons de dire que les fonctions des cellules ganglion- naires sont toutes enumerees avec cela. Leur role, du reste, est loin d'etre demontre pour tout lc monde. Que, par exemple, quelques-unes puissent elte envisagees comme une matrice et qu'elles influent sur la nutrition, cela ressort de ce que les racines nerveuses posterieures s'engraissent, lorsqu'elles ne sont plus en rapport avec les ganglions spinaux (Waller), de ce que les anterieures s'en- graissent aussi, quand elles sont separees de la moelle epiniere. Forces propres des fibres ncrvenscs. — Quoi- que les cellules ganglionnaires soient les organes dans lesquels les forces nerveuses s'engendrent et se trans- mettent, les nerfs ont cependant des actions particuliercs. Ainsi, par exemple, un nerf qui se rend a un muscle, lors SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 597 meme qu'il est separe cle son origine, peut, lorsqu'il est excite, determiner des mouvements musculaires. Mais le role des cellules ganglionnaires s'accuse nettement dans cette experience meme ; car immediatement apres la sepa- ration du nerf d'avec elles, Taction du nerf diminue, et ce qui est surtout digne de remarque, les elements mor- phologiques des nerfs se transforment, c'est-a-dire qu'ils se metamorphosent en graisse (degenerescence adipeuse). Merfs centrifuges et nerfs centripetes. — Lors- qu'im nerf est affecte par un impulsus (excitant) quelcon- que, il se produit dans ses petites particules des mouve- ments moleculaires dont la nature n'a pas ete elucidee jusqu'a present. lis se propagent dans tous les sens, c'est- a-dire, aussi bien du cote des cellules ganglionnaires que du cote de la peripheric Leurs effets se manifestent soit a la peripheric, soit au centre; dans le premier cas on les nomine nerfs centrifuges , dans le second , nerfs cen- tripetes. Aux premiers appartiennent, par exemple, ceux qui determinent des mouvements dans les muscles; aux derniers, les nerfs de sensibilite, parce que la sensibilite ne s i mauifeste au dehors que lorsque ces nerfs sont en connexion avec certaines cellules ganglionnaires. (V. S. VI, ch. ii, § 6.) Centres nerieux. — Chaquc nerf a son centre dans les cellules ganglionnaires dont il depend, et les centres des mouvements composes, c'est-a-dire leurs cellules gan- glionnaires respectives, se trouvent habituellement tres- voisines les unes des autres. Non loin de l'endroit do la moelle epiniere ou de la moellc allongec d'ou emergent les nerfs se trouvent les centres de ces derniers. Ainsi, par exemple, les nerfs qui constituent le plexus brachial ont leur centre dans le segment de moellc epiniere qui s'etend de la premiere vertebre dorsale a la quatrieme vertebre cervicale, et meme un peu plus haut. Mais ces centres se relient a d'autres parties du systeme ncrveux central, j. bltge. 23 598 PHYSIOLOGIE HUMAINE. et Ton s'explique ainsi que les mouvements de certaines parties puissent etre excitees, non-seulement dans lcs en- droits ou se trouvent les cellules ganglionnaires de leurs nerfs respectifs, mais encore en d'autres points. Ainsi, Ton peut, par exemple, mett.re en contraction les muscles des membres inferieurs, non-seulement en excitant la moelle lombaire, mais encore en excitant la moelle allon- gee, bien que la plus fine anatomie ait appris que les fibres nerveuses pour les muscles du membre inferieur, se ter- minent, non loin de leur point d'emergence de la moelle lombaire, dans les cellules ganglionnaires du cordon an- terieur de la moelle epiniere. II taut en consequence distinguer des centres primaries et des centres secondaries. Trajet des fibres nerveuses. — Le trajet d'une foule de nerfs du point ou ils abandonnent la moelle epi- niere ou la moelle allongee jusqu'a l'endroit ou ils se terminent a la peripheric, est souvent difficile a distinguer, parce que tous ne se dirigent pas de haut en bas ; mais que beaucoup aussi se dirigent de bas en haut. Le nerf sympathique en fournit un exemple interessant ; chez beaucoup d'animaux, le sympathique cervical est etroitement uni au nerf vague et tous les deux semblent ne former qu'un seul nerf. Neamnoins la plupart des fibres du sympathique se dirigent en haut et toutes les fibres centrifuges du vague en bas. Pour distinguer le trajet d'un nerf, on a deux methodes differentes ; 1) V excitation. — Suivant qu'une partie musculaire, — a laquelle se rend un nerf determine, — se trouve au- dessus ou au-dessous du point du nerf excite et annonce cela par sa contraction , on peut preciser le trajet du nerf. 2) La section du nerf. — Lorsqu'on la pratique sur un animal, le bout qui demeure en rapport avec la moelle epiniere, c'est~a-dire, le bout central, reste intact, fautrc, SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 599 au contraire, subit la dcgenerescence adipeuse (Waller). Si done, par exemple, le vago-sympathique est sectionne aucou, etqu'on laisse l'animal vivre environ 14 jours, on trouve que les fibres primitives du vague situees derriere la tete sont demeurees normales, que celles du sympa- thique ont degenere en graisse : l'inverse se passe a l'autre bout. (Waller et Budge.) Bapports de la statique ties ceaitres nerveux . — Des forces nerveuses differentes peuvent se limiter et s'annuler mutuellement, et le repos qui s'etablit dans un nerf vivant peut proceder aussi bien d'un manque d'exci- tation qu'il peut etre une manifestation de cet equilibre slatique. Lorsque, par exemple, un corps etranger s'approche de l'ceil, et que celui-ci ne se ferme point, mais demeure tranquille, l'equilibre s'etablit dans ce cas entre la force dite reflexe et la force de la volonte. Done, pendant que, d'un cote, il y a dans le systeme nerveux des organes suspensifs, pour d'autres pheuomenes nerveux ; il y a, d'un autre cote, des forces nerveuses differentes, lesquelles forces nerveuses peuvent s'entr'aider en differents lieux et prendre part reciproquement a leurs affections. Ce sont : 4) Des sympathies ou irradiations, lesquelles se mani- fested surtout dans les etats pathologiques. Ainsi, par exemple, le nerf du m&me nom souffre sur l'autre moitie du corps, quand une cause douloureuse a agi sur la partic homologue. 2) Mouvements simultanes. — Ainsi, par exemple, les muscles d'un globe oculaire suivent les mouvements de l'autre en haut, en bas et en dedans. Les mouvements simultanes sont, dans la plupart des cas, dans tons peut- etre, lies au but qui doit etre atteint par le mouvement primaire; et ne peuvent vraisemblablement jamais, du moins tres-rarement, (3tre considcres comme tels, ceux 400 PHYSIOLOGIE HUMAINE. qui se produisent fatalement dans l'economie par effet mecanique pur. Ainsi, un ceil s'eleve quand l'autre s'eleve, parce que 1' image qui doit se peindre sur la retine est simple et plus nette que si, au meme moment, l'autre oeil se tournait un peu en bas, ce qui du reste est im- possible. La volonte et l'idee, aulant d'une maniere con- sciente que d'une maniere inconsciente, commandent les mouvements simultanes. 5) Memoire. Les impressions demeurent longtemps emmagasinees dans les appareils centripetes et elles pro- voquent , engendrent , dans certaines circonstances , les memes manifestations qui avaient eu lieu auparavant. 4) Mouvements reflexes. Voyez plus loin. Quand deux forces inegales agissent sur le meme point d'application, l'effet de la plus faible ne parait pas ; inais sa tension augmente, et quand la force superieure dispa- rait, il se produit une reaction. On a, par exemple, ce qu'on nomme Yanalectrotonus, les couleurs complemen- taires et les couleurs par conlraste, rantagonisme. Voyez plus loin. Uncaractere important des nerfs, c'est qu'ils se fatiguent et peuvent se remettre. La fatigue peut suivre toute cause d'excitation persistante, mais il y en a quelques-unes qui produisent tres-facilement cet etat, par exemple, CO-, l'acide paralactique. Voyez plus haut, S. V, § 10. § V. — ESPECES DE NERFS Division des nerfs. — On distingue : 1) Nerfs ceistrii'ETes, qui recoivcnt l'excitation a la pe- ripheric, mais dont Taction est produite dans les ganglions, par consequent au centre, et a) avec participation de la sensibilite, de la sensation, SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 401 en d'autres termes, avec perception : sensible et sen- snelle ' . b) sans participation des activites sus-indiquees, les- quelles sont appelees : excito-motrices. (On ne peut pas dire pour cela, et c'est meme tres-in- vraisemblable, que la derniere espece de nerfs renferme necessairement des fibres originairement differentes, mais on peut dire seulement que dans la premiere il intervient encore des forces particulieres qui manquent dans la der- niere). 2) Nerfs centrifuges. lis regoivent l'excitation dans les cellules ganglionnaires ou sur un point de leur trajet. vers la peripheric et se divisent en : a) Moteurs, destines aux muscles. b) Nerfs des glandes, destines a l'epithelium des glan- des. c) Sympathiques, destines principalement aux muscles des vaisseaux, mais egalement a quelqnes autres fibres musculaires (par exemple, le dilatateur de la pupille). d) Ganglionnaires, c'est-a-dire, ceux qui emanent de ganglions peripheriques. lis sont sous l'empire d'autres nerfs. 11 y a chez les grands vertebres, parmi les fibres nerveuses ganglionnaires, des fibres dites de Remak, distinguees par la multitude des noyaux dont elles sont cou- vertes. (V. fig. 43.) e) Des nerfs de suspension, dont Texcitation arrete ou diminue momentanement un mouvement continu dans la vie normale, comme, par exemple, celui du coeur. 3) Nerfs centraux, c'est-a-dire, ceux qui reunissent entre elles les differentes cellules ganglionnaires. Les diverses especes de fibres nerveuses primitives ne * ' Sensuelle, c'est-a-dire, fournie par los organes des sens spe eiaux (vue, ouie, odorat), toute manifestation sensible autre que celles du taet ou de la sensibilite* sjenerale. " 402 PHYSIOLOGIE HUMAINE. sont pas tellement cantonnees que, dans un seul et meme nerf, il n'y ait que la meme espece de fibres; mais, au contraire, dans la plupart des nerfs, on voit reunies des fibres nerveuses primitives d'esp*ece tres-differente ; ainsi, par exemple, on trouve, alafois, dans le vague des fibres centrifuges, centripetes et suspensives. Loi de Bell et Magendie. — Ch. Bell et Magendie ont decouvert que Faction des racines posterieures et des racines anterieures de la moelle epiniere etait differente. On resume sous -le nom de loi de Bell les phenomenes suivants : Racines posterieures. — a) Si Ton sectionne une racine posterieure de la moelle epiniere, de telle facon qu'une partie reste encore attachee a la moelle, l'animal executera, pendant la section, des mouvements qui don- neront clairement a connahre qu'ils procedent d'une dou- leur eprouvee. b) bi Ton excite le bout peripherique de la racine cou- pee, il n'en resulte aucun effet, c) Si Ton excite le bout central qui est encore en com- munication avec la moelle, les phenomenes de douleur re- paraitront. d) Toutes les parties auxquelles se distribuent les fibres appartenant a la racine posterieure sectionnee, sont en- tierement insensibles. Racines anterieures. — e) Si Ton sectionne une racine anterieure, il se produit, pendant la section, des contractions qui sont exactement limitees aux parties dans lesquelles se distribue le nerf sectionne. f) Si Ton excite le bout central, on ne voit absolument aucun effet. g) Si Ton excite le bout peripherique, on determine des contractions comme dans e. h) Tous les muscles auxquels des fibres des racines an- terieures coupees se rendent ne sont plus mus par l'ani- SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 405 mal, lorsqu'il essaye de mettre en mouvement le reste de son corps . i) Apres la section des racines posterieures, le mouve- ment persiste ; apres la section des racines anterieures, la sensibilite reste intacte dans les parties interessees. Quand, par exemple, cbez line grenouille, on sectionne les racines posterieures des 7, 8 et 9 nerfs, 1'extremite posterieure devient completement insensible ; elle peut bien cependant executer des mouvements, mais ces mouvements ne s'har- monisent pas parfaitement avec ceux du.membre sain, a cause du manque d'equilibre. Si, au contraire, on coupe les racines anterieures des nerfs precedents, la grenouille traine la jambe sans la mouvoir le moins du monde ; mais toute excitation portee sur la peau du membre provoque de la douleur. Itferfs mixtes en leur trajet. — k) Dans la plupart des nerfs du corps les fibres motrices et sensibles courent ensemble parallelement : il en resulte que leur section determine l'effet sensible au bout central et Teffet moteur au bout peripherique. l\Terfs craniens. — I) La division en racines ante- rieures et posterieures n'est possible dans les nerfs cra- niens que pour le trijumeau. La grosse portion est la partie sensible du nerf, la petite portion sa partie motrice. Dans le reste des nerfs craniens, il n'existe pas de eemblable se- paration ; loin de la, il y a des nerfs craniens qui n'ont qu'une seule fonction, pendant que d'autres, deja a leur sortie du cerveau, contiennent des fibres d'une et d'autro espece. Nerfs sensuels. — ?/i) Les trois nerfs craniens : nerfs •olfactif, optique et auditif, qui sont destines a la sensation de l'odeur, de la vision et du son, se montrent coihplete- ment insensibles aux excitations mecaniques, chimiques, elcctriques. L'excitation du bout p6ripherique faite apres la section ne determine pins aucnn mouvement ; on les 404 PHYSIOLOGIE HUMAINE. distingue done comme une espece jparticuliere de nerfs sensitifs, sous le nom de nerfs sensiiels. Fi/2. 43. — Fibres de Remak prises sur le plexus coeliaque, recon naissables a leur noyau ; il y a en outre des globules ganglion- naircs et des fibres nerveuscs etroites. n) Parini les nerfs craniens, sont purement moteurs : SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES KERFS. 40 j nerf oculo-moteur -1 , trochleateur2, abducteur 5, vraisem- hlablement aussi le facial, l'aceessoire de Willis4. Le nerf vague estmixte a son origine. Sous ce rapport, la lumiere n'est pas encore entitlement faite pour le nerf glosso-pha- ryngien ; le nerf sensuel des sensations gustatives s est peut-etre a la fois et sensible et moteur. II est probable que le nerf hypoglosse est uniquement moteur ; mais peut-etre est-il aussi sensible deja a son origine. CHAPITRE II IRRITABIUTE ET IRRITANTS DES FIBRES NERVEUSES ET DES GANGLIONS § VI. — • GENERALITES Irritability des nerfs. — Le caractere des particules nerveuses, de pouvoir etre derangees, deplacees de leur etat de repos par certaines influences, a recu le nomd'im- tabilite ou dCexcitabilite, irritabilitas nervorum, et les in- fluences celui d" irritants. L'equilibre dans le systeme ner- veux est aboli, soit lorsque quelque chose appartenant aux conditions de sa vie est soustrait, par exemple, l'eau, Toxygene, etc., soit lorsque, en un point, une force exterieure influe sur les cellules ganglionnaires, les appa- reils terminaux peripheriques ou les nerfs eux-memes et que les particules nerveuses sont mises en mouvement. Si 1 Nerf moteur oculaire commun. - Nerf grand oblique ou nerf pathetiquc. ' Nerf moteur oculaire externe. 4 Nerf spinal. & Nerf lingual uni a la corde du tympan, branche du facial. 23. 406 PHYSIOLOGIE HUMAINE. ce mouvement se prqpage sur les nerfs moteurs jusqu'aux muscles ou aux glandes, alors les muscles se contractent et les cellules cles glandes secretent ; s'il s'etend sur les nerfs sensitifs de la peripheric jusqu'a certaines cellules ganglionnaires, alors apparaissent des sentiments, des sen- sib ilites ou des phenomenes dits reflexes. Les particules nerveuses mises en mouvement ont (en vertu de leur elasticity ?) de la tendance a revenir a leur etat de repos, tendance qui est d'autant plus marquee que le mouvement a ete plus fort. Quand les excitations sont trop energiques, les particules nerveuses peuvent perdre leur irritabilite pour un temps ou meme completement ; apres que la limite d ' excitdbilite a ete franchie, le repos se retablit naturellement. II y a des excitants qui amenent tres-rapidement ce repos, comme, par exemple, une foule de poisons, les sels de potasse, etc., etd'autres encore qui par une sorte d'interference portent au repos les particules nerveuses saisies en plein mouvement. Ainsi, par exemple, le stimulus produit par le pole positif d'une chain e galva- nique. Lorsqu'un nerf moteur est sectionne, par conse- quent, est separe de son ganglion central, son irritabilite augmente, ilest vrai, immediatement apres, mais elle baisse ensuite et s'eteint graduellement. JNTous disons qu'un nerf est entier ement jmralyse, quand ses particules ne peuvent plus etre mises en mouvement par aucune excitation. II pourrait n'etre pas excitable pour un stimulus et Fetre neanmoins pour un autre. Lorsque les limites de 1'irritabilite ont ete franchies sur un point quel- conque d'un nerf moteur, alors le stimulus place entre le, muscle et ce point en question continue d'agir, tandis que, au contraire, il n'agit plus de l'autre cote du point devenu insensible aux excitants. Ponvoir condnctenr double. — Les particules nerveuses se meuvent en deux sens. En effet : 1) Lorsque le nerf hypoglosse et le nerf lingual sont SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES SERFS. 407 sectionnes au merae endroit et que le bout central du lin- gual est suture avec le bout peripherique de l'hypoglosse, ou inversement, on peut faire naitre, en excitant le nerf ainsi compose, du mouvement dans le lingual et de la douleur dans l'hypoglosse (Vulpian et Philippaux). 2) Lorsqu'un nerf disseque est excite, il se produit ce qu'on nomme l'oscillation negative du courant (voyez plus bas). L'oscillation negative du courant se produit aussi bien avec les nerfs centripetes (sensitifs) qu'avec les nerfs cen- trifuges (moteurs), quoique chez ceux-la la propagation de l'activite nerveuse ait une autre direction (vers la moelle allongee) que chez ceux-ci (vers les muscles). Si la niobi- lite des particules nerveuses ne se manifestait que dans un sens, ce resultat serait impossible. 5) La contraction paradoxale (voyez plus loin) . On attribue aux nerfs une specificite ou une energie specifique, parce que Inexperience a appris que des in- fluences egales agissant sur deux nerfs peuvent engendrer des effets differents et que les phenomenes qui apparais- sent dans un seul et meme nerf, en depit de la difference des excitants, restent neanmoins semblables. Ainsi les nerfs de sensibilite paraissent specifiques, parce que tout stimulus, qu'il soit mecanique, chimique, electrique, etc., provoque toujours de la sensibilite et rien autre, tandis que sous le meme excitant le nerf moteur provoquera des mou- vements. Ainsi les memes vibrations de 1' ether determi- nent la sensation de lumiere dans l'oeil, la sensation de chaleur sur la peau. Ainsi la retine sent la lumiere, ou qu'elle en soit reellement frappee, ou qu'elle subisse une pression, ou qu'elle soit electrisee, ou qu'elle soit irritee par des stases sanguines, ou qu'elle soit irritee par une action cerebrate. On se tromperait cependant si Ton allait, sans plus ample informe, supposer que l'energie specifique a son siege unique ou principal dans les fibres nerveuses. On est 408 PHYSIOLOGTE HUMAINE. en droit, il est vrai, de croire, vu la diversite que les fi- bres a moelle, sans moelle, variqueuses, de Remak presen- ted dans leur aspect, qu'elles ont un role different, mais toutefois on manque encore la-dessus de recherches exactes, et il semble qu'il y ait entre elles des nuances multiples. Les fibres a moelle qui existent en grand nom- bre dans le corps et qui constituent essentiellement les nerfs de sensibilite et de mouvement (ces derniers sont destines aux muscles stries) s'eloignent beaucoup les unes des autres sous le rapport de leurs fonctions, mais non point sous celui de leur structure anatomique. On a en effet observe qu'apres avoir mis bout a bout des nerfs moteurs et sensitifs, on peut provoquer du mouvement en excitant le nerf sensitif, du sentiment en excitant le bout moteur. C'est une preuve que dans les troncs ner- veux, du moins, dans ceux que nous avons cites tout a l'heure, le mouvement moleculaire qui y prend naissance, peu importe ou, s'y propage de point en point, de couche en couche, suivant la longueur, comnie les vibrations so- nores s'etendent dans tous les sens; c'est une preuve que les nerfs ne sont que des organes conducteurs, et que les proprietes auxquelles ils doivent leur energie specifique doivent proceder essentiellement des organes terminaux de la peripheric ou des centres. ' Les organes terminaux peripheriques des nerfs sensitifs sont extraordinairement plus sensibles aux impressions que les nerfs eux-memes. Les ondulations de Tether agissent sur la couche des cones et des batonnets de la re- tine, qui doit e!re regardee comme l'appareil terminal peripherique du nerf optique ; mais elles n'agissent pas sur le nerf optique lui-meme. La lumiere solaire la plus intense qu'on fait tomber sur ce nerf ne determine pas le plus faible retrecisseinent de la pupille. — Une pression mecanique exercee sur le nerf optique ou son excitation electrique ont pour effet de provoquer une sen- SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 409 sation lumineuse. — Lorsqu'on excite le nerf ischiatique de la grenouille avec de Facide acetique, on a besoin gene- ralement d'un acide dix fois plus concentre que si Fon irrite un morceau de la peau, a laquelle se distribuent les organes terminaux du meme nerf. Bien qu'on ne puisse demontrer rigoureusement que la qualite de la sensation depend des organes terminaux peri- pheriques ou centraux, il semble cependant que ces der- niers ont Finfluence principale, puisque, en effet, les sen- sations de lumiere, de son, etc., de douleur meme, peuvent, sans excitation exterieure, proceder des organes centraux. § VII. — LES DIVERS EXCITANTS Stimulus ganglion naires. — II faut diviser les excitants en ceux qui agissent sur les cellules ganglion- naires et en ceux qui agissent sur les fibres nerveuses. Les cellules ne peuvent pas etre affectees du dehors, leur situation etant trop profonde. Leur excitation est deter- mined : 1.) Par des substances introduites dans le sang; 2.) Par Fintermediaire des nerfs sensuels et par des impressions psychiques ; 5.) Par la transmission de cellules en cellules ganglion- naires, et enfin, 4.) Par Firritation des nerfs centripetes. Irritants des nerfs. — Les irritants des nerfs sont mecaniques, chimiqnes, thermiques et electriques ; il y a encore ceux qui agissent sur les nerfs des sens, comme les ondos de Fether et du son. Irritants chimiques. — Parmi les irritants chi- miques, les acides affectent plus les nerfs sensitifs que les nerfs moteurs, — les alcalis affectent plus ces derniers que les premiers ; mais c'est CO- qui parait affecter sur- 410 PHYSIOLOGIE HTMAINE. tout les nerfs sensitifs. Presque tous les sels, comme, du reste, les acides biliaires et la bile, en outre l'alcool, Furee. la creosote, etc., excitent aussi bien les nerfs que les muscles. II y a cependant quelques substances qui excitent fortement les muscles et peu les nerfs, par exemple, l'ammoniaqiie (Kiihne), la liqueur de chlorate d'antimoine (Budge) . Irritants thermiques. — L'elevation et l'abaisse- ment de la temperature provoquent egalement des con- tractions dans les nerfs moteurs. Les fibres musculaires de la peau se contractent chez beaucoup d'hommes, deja a quelques degres au-dessous de zero, et forment la peau dite peau d'oie ». Le grand froid augmente, puis supprime l'irritabilite. Avec une elevation de temperatnre de 35-50°, l'excitabilite s'eleve, chez les grenouilles ; au dela de cette limite, elle tombe rapidement; et, a 70-75, elle s'abolit brusquement (Rosenthal). Opium. — Certains agents, portes sur les nerfs, elevent leur excitabilite, puis les paralysent ensuite rapidement. V opium tient ici le premier rang. Mais cet agent n'est pas un stimulus des nerfs settlement, il Test aussi des ganglions. Si Ton injecte de la teinture d 'opium dans les veines d'un animal, on voit tout d'abord de l'agitation se montrer dans le corps entier, puis 1' animal s'endort et reagit peu ou meme pas dulout aux impressions doulou- reuses. — La teinture d'opium, injectee dans le cceur d'une grenouille, le met en etat de repos persistant. Curare. — Le curare paralyse, en allant de la peri- pheric vers le centre, les nerfs moteurs stries, a l'excep- tion du coaur. Les nerfs sensitifs demeurent beaucoup plus longtemps intacts. Les nerfs qui se distribuent aux muscles lisses n'en sont point affectes, pas plus que les nerfs car- diaques. Vingt-quatre heures apres, on peut, chez les gre- Synonyme de la locution franchise : chair de poule. SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 411 nouilles empoisonnees avec du curare, observer encore la circulation du sang. Strychnine. — La strychnine excite les ganglions mo- teurs de la moelle allongee et de la moelle epiniere, et agit sur ces parties comme si elles etaient galvanisees. Pour les. autres poisons, consulter les traites speciaux de. toxicologic et des antidotes. § VIII. — PHENOMENES DES NERFS EXCITES Nerf actif. Oscillation negative du courant. — Lorsque les particules nerveuses entrent en mouvement, a la suite d'une excitation, le courant electrique, — qui, a l'etat de repos, pendant la vie, circule constamment, — diminue. Si, en effet, on detourne le courant nerveux par deux points d'un nerf fraichement isole, et au mieux par sa coupe longitudinale et sa coupe transversale, et si Ton excite, en meme temps, le nerf sur un autre endroit, a Faide de Firritant qu'on voudra, par exemple, le courant d'induction, des agents chimiques, etc., — Faiguille du multiplicateur deviera vers mil, ou dans les autres cadrans, puis elle reprendra immediatement sa place (Dubois-Rey- mond). Cette oscillation negative du courant dure environ 0,002 de seconde (Bernstein). Reaction. — Le nerf actif a une reaction acide (Funke), tandis que le nerf en repos a une reaction alcaline ou neutre. Mais la chaleur n'augmente pas pendant que le nerf est en activite (Helmholtz). § IX. — RAPIDITE DE LA TRANSMISSION DANS LES NERFS ' itapidite de Taction nerveuse. — On a observe qu'une foule d'organes musculeux ne se contractent pas a Finstant meme ou les nerfs qui s'y rendent sont excites : qu'au contraire, un certain temps s'ecoule entre l'exci- 412 PIIYSIOLOGIE HUMAISE. tation et l'apparition de la contraction. La cause pent en etre placee dans les muscles et dans les nerfs egalement. Les uns et les autres en sont la cause reelle. En general, il faut un intervalle remarquablement plus long pour qu'un organe compose de fibres musculaires lisses, comme l'in- testin, l'uterus, lavessie, se conlracte, apres l'excitation de leurs nerfs respectifs, que pour un organe forme de fibres musculaires striees. Mais ilest, en outre, permis de presu- mer que la contraction est plus lente a se produire apres l'irritation du nerf sympathique qu' apres l'irritation des nerfs cerebro-spinaux. Ainsi, par exemple, l'iris, chez les mammiferes, est constitue par des fibres musculaires lisses ; eh bien, la contraction du sphincter de la pupille se mani- festera plus rapidement apres l'irritation du nerf moteur oculaire commun, que celle du dilatateur de la pupille apres l'irritation du nerf sympathique. Dans les muscles stries en travers, on ne peut generale- ment pas distinguer, a l'oeil nu, d'intervalle entre l'irri- tation et le mouvement. A Faide d'appareils ingenieux avec lesquels on arrive a distinguer une fraction de seconde, on a cependant constate experimentalement qu'il faut un cer- tain temps a l'excitation pour se propager a travers le nerf (Helmholtz). Si, en effet, a l'instanl ou l'excitation d'un nerf a lieu, et par la meme ou s'etablit le courant qui excite le nerf, il se produit une deviation de l'aiguille aimantee, et si, au moment de I'entree en contraction, la chaine galvanique est de nouveau ouverte, on peut conclure des degres de la deviation de l'aiguille aimantee au temps qui s'ecoule entre l'excitation et la contraction du muscle. On a aussi pra- tique des recherches de ce genre a l'aide du myographion. On a trouve, de celte maniere, que l'excitation nerveuse se transmet a raison de 24,6 a 58,4 metres par seconde (Helmholtz), et cela, il est vrai, sur les nerfs disseques d'une grenouille. On presume que, dans les nerfs humains. SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES SERFS. 445 P excitation se propage avec une rapidite de 61,5 metres par seconde (Helmboltz). D'apres d'autres observateurs (Schelske, Hirsch, de Jaager), elle n'est que de 50 metres environ. § X. — MODIFICATIONS DE L.' EXCITABILITE PAR LE COURANT ELECTRIQUE Lorsquun courant electrique traverse un nerf moteur, il ne se produit, en general, de contraction qua l'instant meme ou il commence a circuler et qu'au moment meme ou il cesse. La contraction manque ordinairement dans l'entre-tcmps, oil elle ne parait que chez les animaux tres-irritables et avec des courants tres-forts. L'irruption brusque et Finterruption brusque du courant, ou plutot le changement de densite de 1' excitant, a done une influence capitale stir son action. C'est pourquoi, lorsque ce change- ment a lieu tres-rapidement, comme, par exemple, cela est possible avec un appareil d'induction ou meme avec l'electricite par frottement, des courants meme faibles peu- vent avoir une action considerable. Toutefois cela n'a lieu que lorsque l'excitabilite n'est pas encore sensiblement tombee ; en pareil cas, l'oscillation rapide du courant pro- duit des effets surprenants, fulgurants. Yoila pourquoi l'on observe dans benucoup de paralysies que le courant induit, qui produit des effets energiques sur les hommes sains, n'engendre aucune contraction musculaire, tandis qu'un courant constant en determine. Contraction de fermeture et d'ouverture. -- On distingue une contraction de fermeture, une pause et une contraction d'ouverture (F, P, 0). Quelquefois, apres une excitation de longue duree, la contraction persiste, bien que la chaine soit ouverte *. On appelle cette contrac- tion tetanos d'ouverture de Ritter. * ' Ouvrir la chaine sii,rnific interrompre le courant, en suppri- 414 PHYSIOLOGIE hTMAINE. Pendant que pour les nerfs moteurs une'pause s'inter- cale entre F et 0, c'est de la douleur qui se montre dans les nerfs sensitifs irrites, tout le temps que dure 1' excita- tion ; cette douleur est seulement plus forte au commence- ment et a la fin. Le courant electriqiie a une action faible ou nulle lorsqu'il parcourt transversalement un nerf. Courant constant. — On emploie pour les excita- tons electriques le courant constant ou le courant induit. On se sert le plus generalement des trois especes de bat- teries constantes que voici : 1 ) La pile de Becquerel ou celle de Daniell eonstruite avec zinc et cuivre : le cylindre de zinc plonge dans un vase d'argile plein d'acide sulfurique etendu (1 : 12), la plaque de cuivre plonge dans une solution concentree d'oxyde de cuivre; 2) La pile de Grove, zinc et platine : la plaque de pla- tine plonge dans un vase d'argile renfermant de l'acide azotique concentre; la zinc est en contact avec de l'acide sulfurique etendu; 5) La pile de Bunsen, zinc et charbon : avec les memes liquides que dans la pile de Grove. Direction du courant. — II faut, en ce qui touehe la direction du courant, remarquer les choses suivantes : Dans chaque element le courant va du metal positif, le zinc, au metal negatif (cuivre, platine, charbon), en traver- sal les liquides; dans le rheophore qui ferme le courant, il va, au contraire, du cuivre au zinc. La lame emer- gente du cuivre forme done le pole positif, celle du zinc le pole negatif. Les lames polaires, ordinairement du fil d'archal, sont appelees electrodes ; et l'electrode positive recoitlenom cYanode, la negative, celui de katode. Si Ton applique les deux electrodes d'une batterie sur un nerf, qui mant lo contact direct ou indirect des deux electrodes qui ferment le courant. * SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 415 se trouve ainsi intercale dans l'axe de fermeture du cou- rant, et si lc courant circule a travers ie nerf dans le sens despieds a la tete, on appelle le courant ascendant; des- cendant, lorsque c'est l'inverse. — Dans la figure 44, le courant indique par a b est descendant (a est plus pres du bout vertebral du nerf ischiatique que b), le courant indi- que par d c est ascendant. £9 Fig. 44. Conrant de polarisation. — Lorsqu'un courant traverse de l'eau ou des solutions salines, etc., ces liquides sont decomposes : l'hydrogene se rend au pole negatif, l'oxygene au pole positif. Pour les solutions salines, la base se rend au pole negatif, l'acide au pole po- sitif. II s'engendre de cette maniere dans tout liquide un courant propre, appele courant de polarisation, qui est oppose au courant originel, et par suite Faffai- blit. Dans les piles mentionnees plus haut, par exemple dans celle de Daniell, l'oxygene se rend au zinc et 1'oxyde; l'hydrogene se deposerait comme gaz sur la plaque de cuivre et affaiblirait ainsi la puissance electro- motrice, si le cuivre n'etait pas immerge dans une solution de vitriol de cuivre. Le sulfate de cuivre est decompose, l'oxygene se rend a la plaque positive et le metal cuivre se depose sur la plaque de cuivre, qui garde ainsi constam- mont tout son eclat. C'est de cette maniere que le cou- rant demeure constant. On connait des metaux et des liquides chez lesquels la polarisation est restreinte au mi- 416 PHYSIOLOGIE HUMAINE. nimum. Parmi ceux-la le zinc amalgame a le premier rang ; parmi eeux-ci, c'est une solution de sulfate d'oxvde de zinc. Conrant induit. — Le courant induit nait lorsque, dans certaines circonstances, Lelectricite engendree par le courant primaire agita distance ; ce resultat s'obtient prin- cipalement avec l'aide d'un rouleau de fil metallique. Quand le courant primaire est ferme, il s'etablit dans la bobine d'induction un courant qui est inverse du courant primaire et dont il affaibHt, par consequent, la force. Lors de la fer- meture de la chaine, le courant n'agit done que faiblement sur les nerfs sensitifs et moteurs ; a Linstant meme, au contraire, ou la chaine primaire est ouverte, il seproduit, dans la bobine d'induction, un courant qui est de meme direction que le courant primaire, et l'effet de celui-ci est, par consequent, augmente. Done, regie commune, il iT'y a de coniraction, il n'y a de douleur (ni d'etincelle non plus) que lorsque la chaine d'induction est ouverte, et il faut des courants tres-forts pour provoquer le phenomene au mo- ment de la fermeture de la chaine. Le courant induit a aussi la propriete de permeltre a Lelectricite d'arriver a une tres -haute tension, tout comme dans Lelectricite par frottement, et de pouvoir par la meme s'etendre facilement aux parties voisines. L'isolement le plus minutieux, le plus exact est done absolument requis dans Lemploi de Lelec- tricite par induction. Contraction d'induction unipolaire. — C'est a la grande tension de Lelectricite qu'il faut rapporter Leffet produit meme avec un seul fil, lorsqu'on a un courant d'une certaine importance. II est digne de remarque que, dans ce cas, il y ait plus de douleur sur la peau seche que sur la peau humide, et plus de douleur quand les extre- mites des electrodes sont pointues que lorsqu'elles sont mousses. On appelle ces phenomenes, phenomenes d'in- duction nnipolaires. On peut enfin, en troisieme lieu, em- SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NEltFS. 417 ployer comme excitants les couranls eiectriques qui exis- tent dans les muscles et clans les nerfs eux-memes. § XI. — LOI DES SECOUSSES Cela fait une difference que le courant constant traverse un nerf en montant ou en descendant. On appelle la norme suivant laquelle cette difference se produit : Loi des se- cousses. Les phenomenes les plus importants sont les sui- vants : 1) Quand les nerfs sont frais on tiennent encore a des animaux vivants, il n'y a, avec un courant faible, que des secousses de fermeture, aussi bien dans le sens ascendant que dans le sens descendant (Valentin). 2) Lorsqu'un nerf est excite longtemps et qu'il perd ainsi de son activite vitale, — ou lorsqu'il est separe du corps pour mourir peu a peu, — 1' excitation etant faible, apres ce premier stade vient le deuxieme, qui se fait re- connaitre par une secousse d'ouverture et de fermeture dans les deux sens du courant; dans le troisieme stade enfin, il n'y a, avec les courants descendants, que des se- cousses de fermeture, avec les courants ascendants que des secousses d'ouverture, puis toute reaction disparait (Hitter). 3) II arrive dans un seul et meme nerf que sur divers points de son trajet deux stades differents se produi?ent simulta- nement avec la meme excitation. Cela provient de ce que les diverses parlies du nerf ne meurent pas toutes en meme temps. En effct, la portion du nerf ischiatique situee plus pres de la colonne vertebrale meurt plus tot que celle qui vient ensuite, celle-ci plus tot que celle qui est plus voisine dela jambe. Ilpeut arriver ainsi que la portion superieure du nerf soit au troisieme stade, la moyennc au second et 1'inferieure au premier. En pareil cas, si Ton appliquait le courant descendant, on trouverait dans le tiers supericur 418 PHYSIOLOGIE HUMAINE. une secousse de fermeture, dans le second Fl et G-, dans le troisieme F, ct avec un courant ascendant F, FO5, 0. Relativement a certaines correlations qui se presentent ici, consultez, § 14, in fin., Lieux d 'election. 4) Les effets qu'on observe successivement sur un nerf, a la suite de la decroissance de l'activite vitale, en em- ployant des irritants foibles, on peut les provoquer aussi sur un nerf parfaitement frais, en faisant agir des courants de force variee. Voici ce que l'experience enseigne la- dessus : Avec un courant faible, par exemple, avec un seul element de Daniell, on obtient les phenomenes qui sont le propre du premier stade, simplement F ; — avec 2-6 on 7 elements de Daniell, on obtient les effets du deuxieme slade ; avec 6-10 elements de Grove, les effets du troi- sieme stade (Pfluger). Si Ton emploie un courant plus fort encore, par exemple 16-20 elements de Grove, on voit naitre F et 0 dans les deux sens (Budge) . 5) Bien qu'on n'ait distingue que trois stades seule- ment, ces stades ne sont pas rigoureusement tranches et il y a des transitions, de telle sorte que, par exemple, avant que 0 disparaisse, elle (la contraction d'ouverture) diminue graduellement; c'est pourquoi on distingue souvent plus de trois stades. Mais les erreurs sont nombreuses. La loi des secousses ne peut s'appliquer entierement aux ra- cines des nerfs. § XII. — ELECTROTONUS Pendant qu'une partie d'un nerf est traversee par un courant electrique constant, son excitabilite est modifiee dans le voisinage de cctte partie, et cette modification, qui est determinee dans un nerf par un courant electrique * ' F, contraction de fermeture;. — 20, contraction d'ouverture. — z FO, contraction de fermeture et d'ouverture. SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 419 constant (appele anssi polarisant), a recu le eom d'electro- tonus (Dubois-Reyraond, Ekhard, Pfltiger). II est do regie, en general, que la partie de nerf qui se trouve au voisinage du pole positif (anode), soit abaissee dans son excitabilite, qu'au contraire, la partie de nerf frais qui se trouve au voisinage du pole negatif (katode) soit elevee dans son excitabilite, tant que, bien entendu, le courant constant parcourt le nerf. On appelle la diminu- tion d'excitabilite provoquee de cette maniere au pole po- sitif anelectrotonus, et l'augmentation d'excitabilite au pole negatif katelectrotonus (Pfltiger). Pour apprendre a connaitre ces phenomenes, il faut, en dehors du courant constant qui parcourt un nerf, porter en meme temps sur ce nerf un deuxieme irritant' (qu'il soit encore de nature electrique, ou qu'il soit de nature chi- mique). Get irritant, du sel de cuisine, par exemple, est-ii place aa pole positif, les contractions provoquees par le sel di- minueront, si le courant constant est ferme, et elles se nianifesteront dans une plus forte mesure, lorsque le cou- rant sera reouvert. Au contraire, les contractions qui out ete provoquees par l'excitant sel augmenteront, quand l'ex- citation aura ete portee au voisinage du pole negatif; et plus elle s'appliquera pres du courant constant, plus l'effet sera prononce (Pfltiger) . Quoique, en general, les indications precedentes soient exactes, cependant une observation plus approfondie ap- prend que la contraction peut augmenter et meme aug- menter constamment, lorsque le pole positif est situe pres de Firritant. C'est ce qui arrive lorsqu'on porte Firritant sur le nerf iscbiatique, entre la colonne vertebrale et la chaine con- stante, et que le courant circule dans cette derniere en direction descendante. Cet accroissement de la contraction ne dure pas longtemps ; elle va bientot en diminuant pro- 420 PHYSIOLOGIE HUMAINE. gressivement (Budge). L'excitabilite augmente entre les electrodes d'un courant polarisant (espace intrapolaire) au voisinage du pole negatif (Pfluger). Pour le courant nerveux dans l'ctat electrotonique, voy. p. suiv. XIII. — EXCITATION A L'AIDE DU COURANT ELECTRIQUE NERVEUX ET DU COURANT ELECTRIQUE MUSCULAIRE Contraction sans metal. — Quand la section longi- tudinal e l et la section transversale du nerf ischiatique touchent en meme temps les muscles de la cuisse, auxquels il se rend, de telle sorte qu'un point d'un muscle soit en contact avec la section longitudinale et un autre point avec la section transversale, le muscle se contracte chez les gre- nouilles exci tables. II suffit meme, avec de semblables preparations, d'appliquer simplement la section transver- sale du nerf sur une portion musculaire, ou meme seule- ment sur un autre point du nerf, pour determiner des con- tractions chez les animaux sensibles. Contraction secondaire. — Si Ton fait deux preparations de grenouilles 2 et que Ton place le nerf d'une preparation a sur les muscles femoraux de Pautre preparation b, puis si Ton galvanise le nerf de la preparation b, il se manifeste, chez les grenouilles sensibles, des contractions aussi dans la jambe a qui n'est pas excitee directement. (Test ce qui a lieu particulierement lorsque le nerf est en contact avec les muscles par une section transversale et une section longi- tudinale. Pendant que le nerf de b est excite, ler courant musculaire baisse dans b, et comme cetlc oscillation dans * ' L'auteur designc par section longitudinale la surface d'un nerf ou d"un muscle, nous l'avons vu plus haut.* * 2 On entend par preparation de grcnouille, la dissection qui con- sistc a mettre a nu les muscles d'une cuisse detachec du tronc, a en couper l'extremite superieure en menageant le nerf sciatique.* SIXIEME SECTION. PHYSIOL. DES NftRFS. 421 la densite de l'eiectricite est liee a une excitation (voy. § 8), les muscles de la preparation a se contracteront necessai- rement (Dubois-Reyraond). Contraction paradoxals, — II est de regie que l'excitation d'un nerf moteur determine la contraction seu- lement des muscles auxquels les branches de ce nerf se distribuent, mais non des muscles auxquels se rendent des branches d'autres nerfs non excites. Quelquefois cette derniere chose se presente. Ainsi le nerf sciatique se di- vise * en nerf tibial (t) et en nerf peronier (p). (V. fig. 45.) Eh bien, on yoit de temps en temps l'excitation du nerf tibial faire contracter les muscles (B), bien qu'ils soient fournis par le nerf peronier qui ne se rend pas a eux, et inversement. On appelle cela contraction, secousse para- doxale. — L'explication en repose sur le nieme principe que celle de la contraction secondaire et prouve en meme temps le double pouvoir conducteur des nerfs. (Voy. §6.) Lorsqu'on excite par un courant constant un nerf disse- quc, en s'y prenant de telle sorte que la direction du cou- rant constant soit la meme que celle du courant nerveux, le courant nerveux originel sera fortifie. On appelle cela la phase positive de I 'Mat electrotonique. Placez pour le demontrer, les deux coussinets a l'extremite du nerf scia- tique disseque, en ayant soin que l'un des coussinets soit en contact avec la section transversale de ce nerf, l'autre avec un point de sa section longitudinale ; puis mettez une chaine constante en rapport avec une portion du reste de ce * ' La division du sciatique on nerf tibial ct peronier repond a noire division en sciatique poplite interne ct sciatique poplite externe.* 24 422 PHYSIOLOGIE HUMAINE. nerf. Dans le nerf, le courant va de la section transversa^ a la section longitudinale. Si maintenant le courant con- stant qui traverse une autre portion de la section longitu- dinale, est dirige dans le meme sens, la contraction, a la fermeture de la chaine, sera plus forte. Sous le nom de phase negative de Vetat electrotonique, on comprend la decroissance du courant nerveux originel, qui se prp- duit, lorsqu'un courant constant circule dans une direc- tion inverse a travers une partie de la section longitudi- nale du nerf. § XIV. — MODIFICATIONS DE L' EXC1TABI LITE 11 y a pour la vie normale un degre . moyen d'excita- bilite; c'est d'elle que depend cette mesure de mouve- mentSj de sentiments et de sensations, qui est necessaire et suffisante a l'entretien de la vie. Mais l'irritabilite peut s'elever ou s'abaisser. Augmentation de l'irritabilite. — Dans l'aug- mentation d'irritabilite, il n'y a pas seulement des pheno- menes multiplies quantitativement, mais aussi des pheno- menes divers qualitativement. La multiplication quantita- tive se constate au mieux sur les nerfs moteurs. Mais ici comme pour les nerfs sensitifs, la multiplication des phe- nomenes coincide souvent avec leur modification qualita- tive. Un mouvement est multiplie lorsque, — en vertu de l'excitant qui n'engendre habituellement aucun mouve- ment, ou n'en engendre que de faibles dans les muscles, — il se produit, dans l'unite de temps, une convulsion ou tetanos, ou lorsque l'amplitude de la contraction est plus forte. On peut le determiner en fixant a un muscle par des moycns appropries une plume devant laquelle on fait pas- ser une bande de papier. Le nombr'e et la grandeur des courbes que le muscle decrit permet de conclure a l'espece des mouvcmenis. Parmi les excmples d'elevation d'irrita- SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 425 bilite dans les nerfs centripetes, se placent la douleur, le bourdonnement d'oreille, la vue des phosphenes, etc. Le tetanos est un etat de la vie normale, lorsqu'il est provoque par 1'influx de la volonte et peut etre supprime volontairement.C'est un etat pathologique, lorsqu'il recoil- nait pour cause un autre excitant. Vexageration de V irritabilite des nerfs se presente avant que leur capacite vitale commence a diminuer. On la constate sur les nerfs moteurs, quand un stimulus, qui, d'experience, ne cause aucune ou simplement une faiblc contraction, a pour resultat des effets beaucoup plus ener- giques ; sur les nerfs sensitifs, lorsqu'une excitation, d'ailleurs indifferente, determine de la douleur ou bien qu'une lumiere moderee est sensible pour l'ceil, un faible bruit pour l'oreille, etc. L'abaissement de Factivite nerveuse, qui s'annonce par une elevation d'irritabilite, peut proveriir de causes di- verses : 1} Excitation trop forte ou trop persistants — : Le mouvement moleculairc dans les nerfs determine : senti- ment, sensations, contraction musculaire, etc. C'est par lui aussi que la force, nerveuse sedepense. Tout nerf excite pendant un certain temps, se fatigue et produit fmalement les memes phenomenes ques'il etait sectionne. Ainsi, par exemple,la moitie du diaphragme cesse, apres une excitation prolongee de son nerf phrenique, de se contracter dans l'acte respiratoire; si le nerf sympathique cervical est excite avec persistance, on trouve, le lendemain, un resserrement de la pupille, tout comme si le nerf avait ete sectionne. Au commencement de toute excitation de nerfs moteurs, la contraction musculaire est done plus forte que pendant la continuation de cette excitation, ou elle va toujours en di- minuant. II s'ecoule toujours ensuite un certain temps avant que le nerf puisse se remettre apres une excitation. Mais si sur le corps vivant, on a laisse passer un temps 424 PHYSIOLOGIE HUMAINE. suffisant pour que le nerf ait pu regagner son irritability perdue, puis qu'on reitere P excitation une seeonde, une troisieme fois, etc., avec les intervalles necessaires pour le retablissement, on peut, de cette maniere, en exalter considerablement l'irritabilite. Lorsque l'exaltation d'irri- tabilite est produite par des excitants trop energiques, on appelle cela surexcitation du nerf. 2) Manque de nutrition. — Une des causes les plus frequentes de douleur et d'exageration d'irritabilite, e'est le manque de nourriture suffisante, — perte de sues, tels que : sang, mucus, salive, sperme; — affections morales deprimantes. Ces causes empecbent la nutrition du systeme nerveux. 5) Certaines substances sont parliculierement propres a emousser l'irritabilite, apres F avoir exaltee pendant un court espace de temps. Plus grande est la quantile em- ployee de ces substances, plus prompte est Farrivee de la paralysie, plus vite disparait le premier stadc. Ce sont : opium, cafeine, mercure, sels de potasse. Si, d'une part, les irritants depensent la force nerveuse et, par suite, emoussent son activite, ils sont, d'un autre cote, une cause d'augmentation de la force nerveuse. Tant que depenses et recettes se maintiennent en equilibre, l'exercice produit une action salutaire. Un manque d'exci- tation doit amoindrir l'excitabilite , parce que l'abord du sang, dans cbaque organe, par suite aussi dans le systeme nerveux, est en rapport directe avec son activite. II resulte de ce qui precede que l'excitabilite pent etre amoindrie par deux causes essentiellement dif- ferentes : 1) Par des irritants trop forts et trop prolonges, conse- quemment par une exageration artificielle de l'irrita- bilite ; 2) Par manque d'excitants, par consequent d'exercice. II suit done que la diminution d'excitabilite peut etre com- SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 425 battue par l'eloignement et par l'application des excitants, dans des circonstances differentes. Points remarquables. — On a observe que sur un seul et meme nerf, il y a certains lieux doues d'une plus grande excitabilite que d'autres, sans qu'on ait decou- vert, jusqu'a present, la cause positive de ce singulier phe- nomene. Les nerfs seraient, dans beaucoup de cas, plus sensibles au point ou ils emergent des canaux osseux que sur le reste de leur trajet. (Walleix). Si l'on isole le nerf sciatique de la grenouille, en ayant soin qu'il n'y reste suspendu que la jatnbe et le pied ecorches (preparation gal- vanique), on trouve d'abord que l'endroit ou sort le rameau femoral est considerablement plus irritable que les autres points du nerf et qu'il faut, par suite, un courant elec- trique beaucoup plus faible pour engendrer des contrac- tions dans le premier point que dans les autres (Budge) . En outre, sur une de ces preparations galvaniques, lors- qu'elle est tres-fraiche, la portion de nerf qui est la plus eloignee du muscle est plus excitable que l'extremite oppo- see voisine du muscle; mais plus tard le phenomene se retourne completement (Budge). Cela permet d'expliquer comment un nerf est plus irritable au point ou l'on a pra- tique une section transversale que dans les autres ; com- ment il y meurt aussi plus tot. Done, pendant qu'au com- mencement l'irritabilite est la plus forte au voisinage du bout superieur, et decline en allant de la vers le muscle, Tinverse se produit au moment de l'invasion de la mort. § XV. — MORT DES NERFS Apres l'invasion de la mort generate, les nerfs moteurs sont encore excitables un certain temps. Ils meurent peu a peu et dans l'ordre suivant : les nerfs craniens avant les nerfs spinaux, ceux de rextremite superieure plus tot que ceux de l'extremite inferieure ; les nerfs spinaux propres 24. 426 PHYSIOLOGIE HUMAINE. avant le nerf sympathique ; enfin, la portion des nerfs qui est plus rapprochee de leur origine avant celles qui se trouvent plus pres des muscles. On appelle cet ordre hoi de Ritter-Valli. Le nerf meurt aussi lorsqu'il est separe de son origine centrale ; son excitabilite subsiste encore uncertain temps apres, mais pour s'eteindre peu a peu. Les muscles et les os dont les nerfs ont ete sectionnes deviennent exsangues et s'atrophient, parce qu'ils ne peuvent plus accomplir leurs fonctions. Les nerfs peuvent enfin mourir, a la suite d'excitation trop violente. Quand on galvanise fortement un nerf mo- teur encore excitable sur un membre ampute, les cou- rants plus faibles qu'on applique ensuite sont sans effet. CHAPITRE III PHENOMENES CENTRIPETES § XVI. — GENERALITES Sensibilite et sensation. — La sensibilite et la sensation sont les phenomenes centripetes les plus remar- quables. On peut discerner par la pensee ce qui est sub- jectifen eux et ne s'annonce par aucun signe exlerieur, le discerner des mouvements (par exemple, pleurs, cris, etc., dans la douleur) qui lui sont lies et qui en sont la partie objective. 11 y a en realite des phenomenes centripetes de deux sortes : nous appellerons les uns excitation reflexe, les autres excitation sensitive. La premiere n'est recon- naissable que par les mouvements auxquels elle donne naissance et sera, par consequent, mieux placee, pour SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 427 etre traitee en detail, dans le chapitre des mouvements reflexes, puisque dans ce chapitre-ci il n'est question que de la sensibilite proprement dite. Sous le nom de sensibilite, on entend la faculte qira le sujet de discerner les impressions de son propre corps. Ainsi, par exemple, dans la sensibilite-douleur, le rapport qui existe entre la cause douloureuse et le sujet sentant n'est pas exprime ; l'objet n'y figure pas du tout en ligne de compte. Nous apprenons par la sensation a distinguer l'ob- jet qui n'appartient pas a notrc propre corps. C'est ce qui se passe dans toutes les sensations fournies par les sens, dans la vue, par exemple, etc. La sensibilite et les sensations provoquent des affections psychiques : perceptions, idees, instincts, par lesquelles ces manifestations originelles du systeme nerveux recoi- vent leur couleur propre. II y a des organes qui servent a etablir les rapports entre ces phenomenes nerveux et l'ame, savoir : les hemispheres du cerveau. De meme que les sensibilites et les sensations eveillent des perceptions et des instincts, de meme ces derniers peuvent, a leur tour, de- terminer 1 'apparition des premieres. L'etude des sensations de sens sera faite dans une section a part ; nous ne parlons ici que des sensibilites. Les prin- cipes generaux s'appliquent aux deux. Qualites de la sensibilite. — Nous distinguons plusieurs caracteres dans la sensibilite : 1) Son intensite, qui depend de la force de l'excitant et du degre d'irritabilite de l'organe et de l'individu. 2) La couleur propre, qu'ont les sensibilites, suivant la diversite de l'cxcitation et suivant le lieu de son origine. Ainsi, nous porlons, par exemple, de douleur brulante, dechirante, opprimante ; nous appelons la douleur des muscles fatigue, des articulations, lassitude, une cer- laine espece de mabiise dans les nerfs de la peau et les nerfs optiques, vertige, etc. 428 PI1YSI0L0GIE HUMAINE. 5) La localisation. Nous attribuons a chaque sentiment un point determine de notre corps. Le simple contenu d'un sentiment n'acquiert de certitude que lorsqu'un certain point de notre corps lui est affecte. 4) La perception et le jugement se melent plus ou moins a nos sentiments. Nous leurs associons des idees, nous mesurons leur intensite, nous comparons, etc. Notions fournies par la sensibilite. — Les no- tions que la sensibilite fournit, soit directement, soit avec l'aide du jugement, ne se laissent deduire, d'apres nos connaissances actuelles en physiologie, que tres-imparfai- tement. Voici celles qui semblent probables : 1) L'integrite des nerfs eux-memes, celle de leurs or- ganes terminaux inclusivement; 2) Le poids du corps entier et de quelques-unes de ses parties ; 5) La mobilite des parties et par la indirectement leur elasticity ; 4) Leur cohesion. Caracteres du sentiment. — On peut distinguer dans tout sentiment un certain point indifferent que l'atten- tion peut seule decouvrir. Des qu'il est franchi par certai- nes excitations, un sentiment distinct apparait aussitot, et c'est alors seulement qu'on arrive a la conception de l'etat de repos anterieur. C'est par la douleur qu'on a conscience du bien-etre, par le vertige du sentiment de l'equilibre, par la fatigue du sentiment de Tenergie musculaire. Comme le sentiment du deplaisir, le sentiment du plaisir passe par un point indifferent pour arriver progressivement a son expression entiere. Centres de la sensibilite. — Tout sentiment doit avoir deux centres ; d'une part, au point oil les nerfs sen- sitifs se terminent dans leurs cellules ganglionnaires res- pectives; d'autre part, au point d'excitation. Le centre des nerfs sensitifs du tronc est, en premier lieu, dans la sub- SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES KERFS. 429 stance grise des cordons posterieurs, et en second lieu dans la moelle allongee. Toute partie du corps qui n'est plus en communication par ses nerfs avec la moelle allongee, est insensible ; dememe aussi que toute partie clont les nerfs ne sont pas en connexion avec la substance grise des cor- dons posterieurs. Les centres pour la faim et la soif se trou- vent probablement ensemble dans la moelle allongee; le centre principal du sentiment de l'equilibre siege dans le cervelet ; mais onne sait au juste jusqu'a present oil il faut chercher le centre de la sensibilite musculaire. § XVII. — ESPECES DE SENSIBILITES Les sentiments se produisent, d'une part, lorsque Finte- grite des nerfs est essentiellement compromise, d'ou nait la douleur, et d'autre part, lorsque les extremites periphe- riques des nerfs sont irriteesparleur entourage. Nous nous occuperons specialement des sensibilites suivantes : 1) Sentiment musculaire. Quand les muscles se contrac- ted, on sent par les nerfs sensitifs qui s'y distribuent deux cboses, savoir : la direction et la rapidite du mouvement. Tous les muscles sont pourvus de filets sensitifs et il y en a peuauxquels, indcpendamment des nerfs moteurs, ne se rendent pas encore des branches de nerfs sensitifs. Ainsi, par exemple, le muscle occipital et les muscles auriculaires recoivent' leurs filets moteurs du nerf facial et leurs filets sensibles du nerf grand auriculaire ! ; des branches de la portion sensible du trijumeau vont aux muscles de l'oeil; des branches du nerf lingual s'anastomosent avec le nerf moteur de la langue, le nerf hypoglosse ; des branches du plexus cervical s'unissent a l'accessoire de Willis2 qui * ' Ce nerf fait partie du plexus cervical, 2" Ep. ant: du 5* N. C* * • Nerf spinal, onzieme paire de la classification de Soemmering." 450 PHYSIOLOGIE HUMAINE. anime le muscle cucullaire *, etc. Tres-frequemment les nerfs moteurs recoivent des filets sensibles, des leur sortie de la moelle epiniere, puisque des filets se rendent des racines posterieures aux racines anterieures* Le sens musculaire vient souvent en aide au jugement. Nous evaluons, par exemple, la lourdeur d'un poids en le soulevant ; nous sentons, en effet, la rapidile avec laquelle les contractions doivent se suivre pour maintenir le muscle dans un tetanos constant. La resistance apportee par le poids. doit etre vaincue par une contraction persistante. Nous apprenons par le mouvement des muscles de l'ceil en haut, en bas, etc., que les objets vus sont au-dessus, a.u- dessous, etc., de nos yeux, etc. La dilaceration d'un muscle s'accompagne d'une vive douleur, la fatigue suit une contraction de longue duree. ■ 2) Le sentiment de la faim est cause par le manque de principes solides dans le sang et localise dans i'estomac. II y a aussi un faux sentiment de faim, qui est trompeuse- ment reflechi par les nerfs stomacaux. En effet, comme le sentiment de la faim reveille l'instinct de manger, un sen- timent de faim apparent peut aussi naitre par le fait que les instincts qui out leur siege dans le cerveau augmentent et que ceux-ci sont en rapport avec les nerfs stomacaux. 5) La soif, causee par le manque de principes liquides est localisee clans la region pharyngienne. Lorsqu'on eli- mine beaucoup d'eau par la peau, les reins, etc.; ou bien lorsqu"une trop grande quantite de liquide passe du sang dans les tissus, ainsi que cela peut arriver, a la suite d'une exageration de la diffusion (usage d'aliments sales), ou a la suite d'une accumulation de corpuscules sanguins dans les capillaires et par la meme forcement une augmentation de * i Du latin cucullus, cornet do papier, capuchon, coucoule des moines. C'est le muscle trapeze, qui a, si Ton veut, la forme d'un capuchon.* SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES SERFS. 4">i pression (frequemment dans les etats cle debilite) , alors la soif apparait. Mais, tout comme la faim, la soif pent etre faussc et pro- coder des nerfs pharyngiens on do cerveau. ■4) Sentiment cle Vequilibre, vertige. A l'etat normal, l'homme a toujours, meme sans en avoir nettenient con- science, le sentiment que le centre de gravite est appuye, ou qu'il est egare. Ce sentiment fait que, dans la marche ou la station debout, etc., on execute les mouvements con- venables pour empecher le corps de tomber. Lorsque le sentiment de l'equilibre est trouble dans son integrite, il se produit un sentiment maladif ressem- blant a la douleur dans les nerfs sensitifs , le vertige. II peut, a l'exemple de la faim et de la soif, proceder de la peripherie et meme, comme c'est le plus frequent, des nerfs de la peau et du nerf optique, ou meme du cerveau. 5) Sentiment du manque cf excitation. Les nerfs ne sentent pas seulement, s'ils sont irrites par un corps etran- ger etpar suite arraches a leur etat de repos ; mais encore, si leur tension est accrue : il se produit alors en eux un besoin d'excitation. II est ainsi, par exemple, pour les nerfs optiques dans l'obscurite, pour les muscles dans le grand repos, pour la moelle allongee dans le manque d'oxy- gene, etc. 6) Sensibilite- douleur . Celle-ci se traduisant egale- ment chez les animaux par des mouvements concomi- tants connus, on sait experimentalement les parties du systeme nerveux qui produisent de la douleur, ou plutot, dont l'excitation est suivie de mouvements de cette espece. II faut mentionner ici les points oil les nerfs penetrent dans la moitie posterieure de la moelle cpiniere (de Been), mais non la substance grise des cordons posterieurs, ni la sub- stance blanche situce entre les nerfs entrants. La moelle allongee se comporte, en general, de la me* me fagon. Si le 432 PHYSI0L0G1E HUMAINE. pont !, les pedoncules cerebrauxjusqu'a leur dispersion dans les couches optiques sont excites, des mouvements se pro- duisent, qui decelent peut-etre de la douleur, que, peut- etre, il faut considerer simplement comme un effet reflexe (voy. ch. X). lis raanquent, au contraire, quand on excite les hemispheres du cerveau et du cervelet, quand on excite superficiellement les corps stries et les couches- optiques ; il n'y a rien d'etabli encore, pour ce qui regarde les tuber- cules quadrijumeaux. II est digne de remarque, que les cellules ganglionnaires n'aient pas de sensibilite propre, et qu?au contraire, les nerfs qui sont en connexion avec elles ne sentent qu'autant que la communication persiste. Toute lesion de l'integrite des filets sensitifs determine de la dou- leur, et celle-ci peut avoir son origine aussi bien au cen- tre qu'a la peripheric Mais il faut, en toutes circonstances, croire que le lieu effectif est au centre et que le senti- ment n'est que transports a la peripheric On appelle cela des phenomenes excenlriques. Lorsque, par exemple, le nerf ulnaire2 suhit une pression sous le coude, on eprouve de la douleur au bout des doigts, parce que le sentiment a ete transports du centre au point, d'ou il part habituelle- ment. L'excitation de la moelle est tres ordinairement sui- vie de douleur a la peripheric Grace a la sensibilite, nous apprenons petit a petit a con- naitre l'etendue et la forme des diverses parties de notre corps. "Le sentiment des mouvements joue ici le role essen- tiel. G'cst par les mouvements que les parties voisines se mettent en contact ; et en appreciant la grandeur des mou- vements, on apprend a juger les distances qui separent les diverses parties, et ainsi se forme peuapeu dans le senso- rium l'image du corps entier. Sensibilite chcz les amputes. — Chez les ampu- les, Texcitation du moignon est ressentic, tout comme si *' Pont de Varole ou protuberance annulaire.* *- De ulnus, uTvevvj, olecrane, coude; e'est notre nerf cubital* SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 433 la partie perdue existait encore. Un ampute de la cuisse croit posseder encore son pied et eprouve de la douleur dans les orteils ; il tombe souvent dans les premiers temps qui suivent 1' operation, parce qu'il ne pense pas a la perte de son extremite inferieure. Sensihilite dans un nez plastique. — Dans la rhinoplastie , l'opere , lorsqu'on irrite le nez neoplasti- que, ne croit pas y sentir la douleur, mais, au contraire, dans l'endroit ou la peau a ete empruntee pour composer son nez nouveau. | SensiMlite clans les doigts entre-croises. — Si Ton entre-croise le doigt medius avec le doigtindicateur, de telle sorte que la face interne du premier touche la face externe de l'index, et si Ton fait rouler une Lille aux points de contact, on a l'impression directe que feraient deux Lilies, parce que, en effet, deux images sensitives sont produites par les moities de Lille, dont les faces con- vexes sont dirigees en sens contraire, et l'esprit se repre- sent deux Lilies reelles. Engourdissement des membres, anaesthesia dolorosa. — La sensiLilite a la douleur causee par les impressions exterieures, comme une piqure ou une cou- pure, peut se perdre dans une partie de i'organisme, et cette partie etre cependant douloureuse. Cela se voit dans l'engourdissement des doigts, a la suite de la compression du nerf ulnaire. Les doigts en question eprouvent une sen- sation tres-desagreaLle, et, neanmoins, on peut les piquer, les pincer, sans qu'ils ressentent de la douleur. Le pouvoir conducteur est suspendu par la compression du nerf ul- naire, mais, en meme temps, il s'est opere, a la suite de la compression, une modification dans le nerf, jusqu'a son emergence de la moelle epiniere, d'ou il resulte que de la douleur se produit; et celle-ci est rapportee a la periplie- rie. On appelle ce pLenomene, quand il est provoque par des maladies, Anesthesie douloureuse, aruesthesia dolorosa . J. budge. 25 454 PHYSIOLQGIE HUMAINE. * Sensibilite suppleee. (E. Letievant). — Waller, Vulpian et Philipeaux out demontre que, suivant l'age des animaux, il faut, pour qu'un nerf divise seregenere, 3, 4, Gmois el plus encore. II s'est produit dans la science certains fails qui semblaient plaid er en faveur d'une restauration moinslente.Le professeur Laugier, ayantreuni, chez un ma- lade, les bouts du nerf median, sectionne dans un accident, trouva, le lendemain de la suture, que la sensibilite et la motilite etaient revenues sur tout le territoire de ce nerf. Paget a publie deux observations « dans lesquelles les bouts des nerfs cubital et median, abandonnes au sein d'une plaie dechiree, trouvaient encore, sans avoir ete rapproches, le moyen de se reconnaitre, de s'atteindre, de se souder et de se reconstituer : le tout en treize jours ! » Victor von Bruns avait observe certains cas plus curieux encore, dans lesquels la sensibilite etait revenue apres quelques heures, bien qu'on n'eut pas fait la reunion des nerfs divises. — Surpris par ces faits etranges, et incapa- bles d'en fournir l'explication, les uns nierent leur authen- ticity (Verneuil, Vulpian) ; d'autres admirent tine regene- ration nerveuse plus rapide que ne l'avaient enseigne Vulpian et Philipeaux, et meme une regeneration imme^ diate. « La these de Magnien (1866), dit M. Letievant, vint ajouter a l'energie des convictions. Aux faits qu'il recherchasur l'homme, il joignit les resultats de ses 25 sec- tions pratiquees sur des chevaux ; il avait note deux fois une regeneration nerveuse tres-rapide. » *I1 appartenait aM.E. Letievant, chirurgien en chefde- signe de l'Holel-Dieu de Lyon, de livrer la clef de l'enigme, de donner l'explication du re tour stibit de la sensibilite et de la motilite apres la section des nerfs. « Cette motilite et cette sensibilite, dit-il, ne sont pas le resultat de la re- generation des nerfs. Les mouvements sont le produit de contractions diversement combinees des muscles voisins appai'tenant au nerf divise ; — la sensibilite resulte : 1° de SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 435 la presence, dans le departement paralyse, de fibres ner- veuses qui y sont constamment et proviennent d'anasto- moses plus ou moins connues •, 2° de la perception de cer- taines impressions par ies papilles nerveuses voisines de la region paralysee et qui appartiennent a des nerfs sains. » *M. E. Letievant etablit sa doctrine des suppleances sensitivo-motrices sur 5 faits personnels de section du median et sur 21 fails empruntes aux auteurs : sur 5 obser- vations personnelles de section du cubital et sur 7 faits des auteurs ; sur 2 faits personnels de section du radial ; sur 2 faits personnels de section simultanee du radial et du cubital, et sur 2 faits des auteurs; sur 2 faits per- sonnels de section du grand nerf sciatique, et sur 7 faits des auteurs ; sur 1 fait personnel de section du facial, et 2 faits des auteurs ; enfin, sur 1 fait personnel de section des nerfs sous-orbitaire, buccal et dentaire inferieur et sur 25 sections de diverses branches du trijumeau, em- pruntees aux auteurs. *D'apres M. Letievant, la regeneration des nerfs n'est complete qu'au bout de 12 a 15 mois, chez l'homme. Souvent cette regeneration n'a pas lieu, et la periode de motilile et de sensibilile suppteees se prolonge indefini- ment et devient un etat permanent. * (Vov. Traitedes sections neriieuses , parE. Letievant, 1875, Bailliere.)* § XVIII. -- PH^NOMfeNES PSYCHIQUES Le contonu, le principc des sentiments et des sensations est employe a servir comme de materiel pour une tout autre serie de phenomenes tout differents, savoir : les phe- nomenes psychiques. Mais Fame ne peut pas s'emparer directement de ces materiaux, elle ne le peut que par l'inlermediaire de certains organes, c'est-a-dire de cer- ' tains complexus ganglionnaires, inconnus sous le rapport 436 PHYSIOLOGIE HUMAINE. de leur structure speciale. La physiologie ne considere pas les phenomenes psychiques comme des fonctions du cer- veau, ainsi qu'on regarde la secretion comme la fonction d'une glande , mais comme le resultat de forces indepen- dences, et elle cherche a trouver les organes dependant du corps, dont il faut concevoir la presence comme la con- dition necessaire pour que ces forces aient la puissance de se manifesler. L'anaiyse de ces dernieres, leurs com- binaisons, surLoutles lois sous lesquelles elles sont placees et se developpent, sont du domaine de la psychologic II est vraisemblable que des districts determines du sys- teme nerveux repondent a toutes les forces psychiques elementaires. Parmi les caracteres de l'ame qui incombent en parti- culier aux etudes physiologiques, nous remarquerons : le desir ou les instincts, l'idee et le choix. Les instincts s'a- dressent a quelque chose de futur, d'avenir ; les idees a quelque chose de passe ; le choix de l'ame se rapporte au present. Si, entre deux mouvements qui peuvent etre executes, Tame en choisit un, ou si l'ame se represente quelque chose, elle a toujours besoin, pour cela, de la me- moire. Aussi une idee simple n'est-elle, a proprement parler, rien autre qu'une sensation reproduite par la me- moire. — L'instinct, au conlraire, peut se manifester sans cooperation de la memoire. GHAPITRE IV PHENOMENES CENTRIFUGES § XIX. — GENERALITIES On appelle centrifuges les activites du systeme nerveux, dont les effets consistent a porter les muscles a se contrac- SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 437 ter et les glandes a secreter. Elles commencent dans les centres nerveux, les cellules ganglionnaires, pour se pro- pager de la aux organes sus-mentionnes. Les conditions sous lesquelles ces activities s'exercent sonttres-differentes. Les plus simples sont celles dans les- quelles un complexus ganglionnaire n*a besoin d'autre chose que d'un terrain matriciel qui lui fournisse de la nourriture et de l'oxygene, pour determiner, pendant toute la -vie, des mouvements dans les muscles, auxquels se distribuent les nerfs emanant de ce plexus. On appelle ces mouvements automat iqnes. lis sont done earacterises en ce qu'ils persistent, sans que les nerfs qui les gouvernent aient besoin d'un impulsus particulier. Mais il n'est pas dit avec cela qu'ils ne pourr aient pas etre influences par d'autres nerfs ; il est, au contraire, positif qu'ils le sont. Les autres phenomenes centrifuges s'en distinguent en ce qu'ils ne se produisent jamais sans que chaque fois un impulsus ait precede. On peut les appeler, par opposi- tion aux mouvements automatiques, mruvements incites. Ces mouvements incites sont provoques, il est vrai, par les complexus ganglionnaires appartenant a un groupe de muscles; mais ces complexus doivent etre excites, tout d'abord, par d'autres appareils nerveux; sinon, ils restent en repos. Les nerfs excitateurs ne peuvent influer que de deux cotes. — Ou bien, ce sont les nerfs sensitifs ou les nerfs de sens qui sont affectes par les impressions exte- rieures et qui transmettent leur excitation aux cellules ganglionnaires. De ces dernieres l'excitation se rend en- suite aux nerfs moteurs, et, enfin, nait le mouvement musculaire. On peut appeler ce mouvement un mouvement incite de premier ordre; a cettc categorie appartiennent les mouvements reflexes les plus simples. — Ou bien, les cellules ganglionnaires centrifuges sont affectees non-seu- lement par les cellules centripetes les plus rapprochees d'elles; mais encore par des cellules ganglionnaires encore 438 PHYSIOLOGIE HUMAINE. plus eloignees appartenant a d'autres departements ner- veux. Si, par exemple, surune grenouille, tous les centres des nerfs, jusqu'a la cinquieme vertebre, tous les intestins, les extremites anterieures sont enleves, et, d'une facon generate, si Ton a soin que la jambe et le pied ecorches ne tiennent d'un cote A a la moelle epiniere que par le nerf sciatique, et que de l'autre cote B, il ne reste en communi- cation avec la moelle epiniere rien autre chose que ce nerf, l'excitation du nerf sciatique B fera naitre une contraction dans les muscles de A. — II faut ici que Taction se trans- mette de la peripheric des filets nerveux B aux cellules ffanglionnaires de la moelle et de celles-ci aux filets nerveux moteurs de A. Mais si le tronc d'une grenouille faisait, apres l'excitation de la peau d'une cuisse, des mouvements pour se soustraire a ce stimulus, alors la transmission ne serait pas aussi simple. Pour ce mouvement combine, inten- tionnel, d'autres complexus ganglionnaires seraient encore requis, et ils determineraient un mouvement incite de second ordre. C'est ce qui a lieu mieux encore dans les mouvements volontaires. Une foule d'observations semblent conclure a ce que les centres sont, pour les mouvements automatiques et pour les mouvements incites, dans une cer- taine opposition les uns vis-a-vis des autres. Quand, apres l'invasion de la mort, les fonctions du cerveau et de la moelle epiniere s'eteignent, on remarque, dans les mou- vements automatiques des intestins, de la vessie, du coeur, non-seulement la persistance, mais encore l'augmentation du mouvement. Les excitations des nerfs qui emergent de la moelle epiniere et de la moelle allongee limitent souvent les mouvements automatiques. C'est le cas, par exemple, pour les nerfs vagues et splanchniques. L'influcnce des affections morales sur les mouvements du coeur et de l'in- testin pourraient egalement etre rappelee ici. SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 459 § XX. — MOUVEMENTS AUTOM ATIQUES Us se divisent en trois categories : mouvements auto- matiques, dans le sens strict du mot; mouvements toni- ques et mouvements antagonistes. Mouvements automatiques dans le sens strict du mot. — La caracteristique des mouvements automatiques dans le sens strict du mot, consiste en ceci : 1) Que ces mouvements persistent encore apres la destruction du cerveau et de la moelle epiniere ; 2) Que dans tous les organes ou ils se presentent, on rencontre des cellules ganglionnaires (habituellement mi- croscopiques) dans lesquelles on cherche le point de de- part de 1' excitation ; 5) Qu'ils sont intermittents et non continuels ; il y a des pauses entre les diverses fractions de mouvement. Dans beaucoup de ces mouvements, on peut constater un type regulier qui manque dans les autres. On observe des mouvements automatiques : 1) Dans le cceur. — Les ganglions ici en cause siegent de preference clans la cloison et le sillon transversal. On reussit, chez les grenouilles, en sectionnant le foyer prin- cipal de ces ganglions, a porter le mouvement du cceur au silence. Si Ton pratique, sur un coeur de grenouille, une incision bilaterale sur les frontieres qui separent les oreillettes des ventricules, en ayant soin de laisser intacte, entre les deux incisions, la portion mediane , — le cceur continue a battre comme auparavant. Si on laisse, an contraire, les parties laterales intactes et incise par le mi- lieu, le cceur reste silencieux (Budge, de Wittich). 2) Estomac et intestins. — Les ganglions qui leur appartiennent sont situes dans la couche musculeuse (plexus myentericus, Auerbach), et dans la couche mu- 440 PHYSIOLOGIE HUMINE. queuse. Quoique le mouvement stomacal puisse etre pro- voque par l'excitalion du nerf vague (Bischoff), il ne cesse pas cependant, lorsque, chez un animal vivant, tous les nerfs siomacaux ont ete sectionnes et que l'animal est reste en vie ; et meme, les aliments sent encore transporters do l'estomac dans l'intestin (Budge). L'estomac et les in* testins extirpes se meuvent encore, comme le cceur, un certain temps apres. 5) La vessie. — Elle fait presque continuellement de tres-petites contractions, meme lorsque tous les nerfs se pendant a elle sont sectionnes; de meme, 4) L'iris, 5) Les cceur s lymphatiques, 6) Les ureleres, 7) Les arteres. — Ainsi, on observe sur l'oreille des lapins une repletion et une depletion alternatives et regu- lieres des arteres (Schiff). 8) L 'ecoulement de la salive dite paralytique (C. Ber- nard). 9) U ecoulement de la bile, apres la destruction de tous les nerfs (Pfluger). ffloHvcmcnis toniques. — On appelle tonus une contraction musculaire d'un faible degre placee sous la dependance des nerfs et persistant pendant toute la vie. On supposait jadis que tous les muscles du corps se trou- vaient dans un pareil etat, tant que la moelle epiniere demeurait intacte, On en trouvait une preuve dans ce que, apres sa destruction, le muscle sphincter externe de l'anus ne se contracte plus et que les muscles du tronc se rela- chent. J'ai demontre, de^a depuis longtemps, que le sphincter de l'anus, a 1'etat normal, n'est pas du toutcon- stamment contracte. La fermete du muscle provient, en effet, de la repletion sanguine. De nos jours, on ne reconrait plus de tonus qu'aux vaisseaux et peut-etre a la vessie : quand les nerfs des SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 441 vaisseaux viennent a etre coupes, les vaisseaux se dilatent (C. Bernard). Apres la section de ses nerfs, la vessie n'est plus en e(at de garder une aussi grande quantite de li- quide qu'avant (Heidenhain, Gianuzzi). Mais ces deux faits ne demontrent pas le tonus. Si pen- dant la systole du coeur, les vaisseaux se dilatent, c'est que les nerfs des vaisseaux sont excites par elle, et quand la systole a cesse, uu retrecissement lui succede, dans les conditions normales, comme il s'en produit dans les grosses arteres, surtout en vertu de l'elasticite. Apres la paralysie des nerfs, les petites arteres pauvres en tissu elastique demeurent dilutees. — II en est de meme dans la vessie. L'un et l'autre sont des mouvements reflexes. (V. §21.) Les mouvements loniques ri existent probablement en aucune facon. Mouvemenfs antagonistes. — Les mouvements antagonisles sont ceux qui se montrent sans excitation en apparence, apres qu'un mouvement execule en sens oppose dans une partie a cesse momentanement ou definitive- ment dans cetle meme partie. Ainsi la pupille se retrecit, quand les nerfs qui president a sa dilatation sont para- lyses et reciproquement. On remarque souvent que si l'extension tetanique a etc provoquee par l'extension de certains nerfs dans un membre, l'extension finie, une forte flexion se produit, etc. dependant on n'a pas encore demontre si une nouvelle excitation n'a pas lieu dans tous les mouvements dits antagonistes ; en tout cas, la theorie de l'antagonisme n'est point exempte d'in- certitude. Dans les mouvements automatiques, les muscles parais- sent etre au?si intercsses directement en eux-memes, sans qu'ils soient excites par des nerfs. On determine, par l'excitation du muscle cardiaque, un mouvement plus fre- quent que cela n'est possible par l'excitation d'un nerf 25. 442 PHYSIOLOGIE HUMAINE. quelconque. II faut cependant noter que si les oreillettes d'une grenouille sont morcelees, il ne se presente de mou- vement independant que dans Jes morceaux qui contien- nent des nerfs (Budge). Sur l'uretere aussi, un mouve- ment musculaire independant semble avoir lieu (En- gelman). . § XXI . — MOUVEMENTS INCITES EN GENERAL. — MOUVEMENTS PAR EXCITATION Les mouvements incites se partagent en deux groupes, savoir : ceux qui sont provoques par des excitations por- tees sur les nerfs moteurs eux-memes : on les appelle mouvements par excitation; et ceux qui naissent indirec- tement par l'intermediaire des sentiments, des sensations, des idees. Les mouvements par excitation seraient, par exemple, des contractions des muscles de la face qu'une excitation morbide quelconque du nerf facial determine ; il faut en- core rapporter ici, comme exemple, l'augmentation des battements cardiaques, a la suite d'une elevation de la pression du sang dans le coeur merae ; ou une diminution du mouvement intestinal, quand des gaz distendent con- siderablement Tintestin ; ou les contractions d'un membre, dont les muscles, par suite les nerfs, sont fortement distendus, etc. § XXII. — MOUVEMENTS REFLEXES Definition,, — Les mouvements qui se produisent a la suite d'une excitation des nerfs centri petes dans les muscles et les epitheliums des glandes (secretions) s'ap- pellent mouvements reflexes (decouverte de M. Hall et S. Mtiller). Conditions. — II faut, pour qu'ils naissent : SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 443 1) Un stimulus, 2) Des nerfs centripetes, 3) Un organe nerveux central, 4) Des nerfs centrifuges, 5) Des muscles ou des glandes. Le stimulus peut etre applique : 1) Sur les organes terminaux peripheriques des nerfs. Ce sont en effet, surtout les teguments externes et la mu- queuse qui sont excitables de cette facon, mais l'excitation a un mouvement reflexe peut aussi proceder du coeur, du testicule, du foie, etc. 2) Sur le nerf dans son trajet. — On observe qu'ici l'excitation n'a pas pour resultat des mouvements reflexes aussi etendus ni aussi reguliers ou combines pour un but. 3) Sur un centre. — Les influences cerebrales, telles qu'elles naissent des idees dans les affections morales, peuvent facilement determiner des mouvements reflexes ; ainsi, par exemple, du tremblement dans la peur, des vomissements dans les impressions oculaires. II est vrai- semblable que, dans ces cas, les extremites centrales des nerfs sensibles sont excitees par des irritants internes. Un organe nerveux central est absolument requis pour la transmission des mouvements moleculaires entre les nerfs centripetes et les nerfs centrifuges. Lorsque les deux racines des nerfs qui appartiennent a un membre sont separees de la moelle epiniere ou quand la moelle epiniere est detruite, aucune espece d'excitation portee sur lapeau du membre (par consequentsur ses nerfs centripetes) ne provoque de mouvements. Quant a savoir si un mouve- ment reflexe peut aussi emaner des ganglions peripheriques, il est besoin pour le dire de recherches ulterieures. CI. Bernard le croit pour le ganglion sous-maxillaire. (Voy. p. 140.) Mensuration des mouvements reflexes. — Pour mesurer les mouvements reflexes, on se sert d'acide 444 PHYSTOLOGIE HUMAINE. sulfuriqae etendu, en determinant le temps qui s'ecoule entre le contact de la peau avec l'acide et l'arrivee du mouvement reflexe (Setschnow). La production d'un mouvement reflexe presuppose toujours le transfert d'une excitation des cordons posterieurs aux cordons anterieurs de la moelle. Les racines posterieures penetrent tout d'a- bord dans les cordons posterieurs et ceux-ci sont les repre- sentants des phenomenes centripetes dans la moelle epi- niere. Ce n'est que tant qu'ils existent qu'un mouvement reflexe peut avoir lieu. II semble que l'excitation de cha- que point des cordons anterieurs et par la meme aussi des racines anterieures puisse etre causee par chaque point des cordons et racines posterieurs. — Si, par exemple, sur une grenouille, la moitie superieure de la portion ante- rieure de la moelle epiniere ! est sectionnee, toutes les parties cerebrales et la moelle allongeo ayant ete extirpees auparavant, alors des mouvements peuvent se produire dans les muscles des exlremites inferieures a la suite de la section. — Si, en outre, a la hauteur de la douzieme vertebre dorsale, sur un lapin, on sectionne toute la moi- tie posterieure de la moelle et a la hauteur de la qua- trieme vertebre dorsale, sur le memo animal, toute la moitie anterieure de la moelle, on voit, a la suite d'im- pressions portees sur les parties du corps situees en ar - riere de la coupe posterieure, se manifester neanmoins des reactions dans les parties anterieures, par exemple, a la tete (H. Sanders). On est done en droit de penser quo la transmission de l'excitation des cordons posterieurs aux cordons anterieurs de la moelle est operee par un reseau tres-etendu de filets anastomotiques; et que tous les points de ce reseau peuvent determiner le mouvement reflexe. 11 n'est pas necessaire que la moelle entiere soit en rap- * * Chez les quadrupedes, la portion anlerieure de la moelle epi- niere correspond a la portion superieure de cet organe chez l'homme; la moitie superieure a la moitie posterieure.* SIXIEME SECTION. — PHYSIOL, DES NERFS. 445 port avec Tencephale, ni telle de ses parties en communi- cation avec les centres nerveux situes au-dessus. 11 y a la cliffe rents degres. Le mouvement reflexe le plus simple se produit dans le fragment de moelle epiniere auquel sont restees unies simplement une seule ou deux racines ante- rieures et posterieures d'un cote et les extremites cor- respondant a ce cote. — Nous ne trouvons ici qu'une transmission simple. — Mais lorsqu'une portion de moelle plus considerable reste intacte ; par exemple, si la moelle allongee a ete seule extirpee, on voit arriver encore un phenomene important qui repose sur un principe dont le domain e s'etend a tout corps vivant sans exception, mais non encore scientifiquement demontre, le principe de la conservation et de la defense contre l'attaque. Combinaison des mouvements reflexes. — Les mouvements reflexes peuvent etre combines pour un but, et ils le sont, en general, chez les animaux recemment decapites. Un certain temps apres, cependant, la combi- naison des mouvements disparait; mais quand l'interrup- tion de la moelle epiniere avec la moelle allongee et le cerveau s'accomplit lentement, comme cela a lieu habituel- lement chez l'homme, a la suite de lesions traumatiques on patbologiques de la moelle, alors la combinaison des mouvements manque presque toujours. Si, sur une gre- nouille dont on a coupe la tete, on pince Forteil avec une pincette, elle retire sa patte habituellement jusque sous le ventre ; si on la touche avec de Tammoniaque caustique ou de l'acide acetiquc, elle retire bien encore la jambe, il est vrai, mais elle fait en meme temps des mouvements avec les autres extremites, mouvements qui semblent donner a croire que l'animal chercbe a eviter le liquide, car il se tourne du cote de l'excitation de maniere a se servir de son tronc comme d'un ecran. De memo, si les oreillettes du coeur sont excitees, ou l'estomac, ou l'intestin grele, il se produit des mouvements defensifs des extremites, toute- 446 PHY5I0L0GIE HUMAINE. fois seulement tant que la moelle reste encore indemne (Pikford). Exemples de mouvements reflexes. — Les retre- cissements de la pupille, a la suite de l'excitation du nerf optique ou de la retine par la lumiefe sont aussi des exemples de mouvements reflexes, qui ne se produisent qu'autant que les tubercules quadrijumeaux sont intacts. En outre, les mouvements de la toux par irritation de la muqueuse des cordes vocales, l'occlusion des paupieres par irritation de la conjonctive, la contraction des muscles du pied par chatouillement de la plante du pied, le tremble- ment apres les brulures, etc., sont des exemples de mou- vements reflexes. Influence du cerveaa. — Immediatement apres 1' ablation de Fencephale, les mouvements reflexes sont plus faibles. Car les tubercules quadrijumeaux et la moelle allongee n'exercant plus leur action moderatrice sur les mouvements reflexes , ceux-ci ne tardent pas a augmenter. Chez les paralytiques, les mouvements reflexes se mani- festent avec plus de facilite apres de faibles excitations portees sur le cote paralyse qu'apres des excitations portees sur le cote sain. Dans les lesions medullaires, chez rhomme, on observe quune irritation de la peau des extremites inferieures determinee par pincement ou pi- qure, n'est pas du tout sentie par les malades, mais quelle est cependant suivie d'une flexion ou d une exten- sion de l'extremite. Strychnine. — Les mouvements reflexes' sont aug- mented par les narcotiques ; et la strychnine se signals specialement sous ce rapport. La strychnine agit directe- ment sur la moelle allongee, et, provoque, comme si celle-ci etait electrisee, des crampes tetaniques. Ces cram- pes se produisent, quand, chez les grenouilles, le cceur est extirpe et que la strychnine est portee sur la moelle epi- niere mise a nu. Si Ton sectionne sur un membre tous les SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 447 nerfs en menageant les vaisseaux et porte sous la peau une goutte d'une solution de strychnine, le tetanos apparait, quelques minutes apres, sur le corps tout entier, a l'excep- tion du membre paralyse. Quand on ligature le coeur et porte de la strychnine sur un nerf ou sur une autre partie quelconque du corps, a l'exception de la moelle epiniere et de la moelle allongee, il n'y a jamais d'empoisonnement. Les racines posterieures ont-elles ete sectionnees, l'effet du poison alors se produira plus tard et avec moins d'inten- site. Si I'on sectionne en travers la moelle epiniere et porte de la strychnine dans la bouche ou sous la peau, la moitie anterieure du corps d'abord, et plus tard la moitie posterieure sont prises de crampes, si bien qu'on peut sup- poser que les cellules ganglionnaires de la moelle allongee sont plus affectables par la strychnine que les corps gan- glionnaires du reste de la moelle. IV erf s excitomoteurs et reflectomoteurs. — Les nerfs centripetes, en tant qu'ils donnent lieu a des mou- vements reflexes, ont recu le nom de nerfs excitomoteurs ; et les nerfs moteurs qui excitent dans cet acte la contrac- tion des muscles, celui de nerfs reflectomoteurs. § XXIII. — MOUVEMENTS VOLONTAIRES Conditions de la production des mouvements volontaires. — Pour que des mouvements volontaires se realisent, il est encore requis, independamment des or- ganes executeurs du mouvement (muscles* os, articula- tions), un complexus d'actions psychiques et nerveuses, dont les dernieres ont leur siege dans differentes parties du systeme nerveux central. Des qu'une de ces actions est empechee, le mouvement volontaire souffre. Pour que la volonte se traduise par un mouvement, sont necessaires : 1) Un desir ou un instinct poussant a ce mouvement; 2) L'idee de la possibilite du mouvement. 4 i8 PHYSIOLOGIE HUMAINE. Pour ces deux phenomenes que nous venous de designer, il faut en chercher le principal siege corporel dans les he- mispheres du cerveau. 5) La memoire. Ainsi, par exemple, il n'est pas possible de produire tous les mouvements necessaires pour expri- mer un mot, si rimpression, qui a ete faite anterieurement par l'organe du sens de l'ouie, ne peut etre reproduite. Mais c'est precisement dans la reproduction des impres- sions fournies par les sens que consiste \i memoire. On ne sait pas encore au juste en quel point des organes centraux se trouve le siege corporel de la memoire. D'apres de re- centes experiences (Bouillaud, Broca), il est demontre que dans certaines1 maladies du tiers posterieur de la circonvo- lution frontale du lobe gauche du cerveau, il se produit tres-frequemment ce qu'on nomme de Yaphasie, c'est-a- dire, l'affection dans laquelle le malade, avec une pleine conscience, ne peut ni exprimer m ecrire les motspropres, bien qu'il en ait l'idee. 11 est simplement incapable de se rappeler, a un moment donne, les mots qui, autrefois, lui etaient familiers, courants. 4) Pour 1' execution du mouvement volontaire, il faut, d'une part, le sentiment de Vequilibre, qui, ainsi qu'on l'a vu, semble avoir son siege dans le cervelet, et d'autre part, X execution des mouveme?its qui sont necessaires pour maintenir l'equilibre. D'apres diverses observations, il est vraisemblable que la perturbation de l'equilibre est sentie du cote meme on elle existe et qu'au contraire les mouve- ments necessaires pour la neulraliser sont executes par l'autre cote du corps ; de la ressort la necessite d'un entre- croisement de fdDres : qui, en realite, consiste en fibres allant d'un cote a l'autre dans les corps stries, les couches optiques, les tubercules quadrijumeaux. Sitot que le corps strie et la couche optique du cote droit sont comprimes, il en resulte ou il apparait une paralysie du cote gauche. La volonte qui est representee par les hemispheres du cerveau SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 4*9 ne peut plus ensuite agir sur les parties indiquees ci-des- sus. Les lesions de certaines parties du cerveau donnent lieu a des mouvements appeles mouvemenls de force. Si le cervelet d'un cote, par exemple, du cote droit, est lese, de telle sorte, que la lesion demeure confinee dans le territoire des pedonculi cerebelli ad medullam oblongatam*, l'ani- mal tombe plus ou moins du cote de la lesion, vraisembla- blement parce que le centre de gravite est deplace par elle de cecote. En meme temps, il fait des mouvements pour conserver l'equilibre , surtout avec la tete et le con, de 1' autre cote. D'ou la faculte de faire des mouvements n'est pas supprimee ; au contraire, l'instinct a faire des mouve- ments semble augmente. Un tel animal execute souvent des mouvements de rotation vers le cote lese, lesquels se produisent, parce que, en s'efforcant d'aller en avant, cet animal s'incline tou jours du cote lese, ou le centre de gra- vite est deplace. Lorsque le voisinage du pedunculns cere- belli ad pontem- est sectionne d'un cote, l'animal ne pouvant plus se tenir de ce cote, tombe et son instinct a faire des mouvements etant accru, il roule toujours du cote lese. Quand le cervelet est sectionne la ou les pedunculi cerebelli ad corpora quadrigemina (et ad pedancuhim) 5 sont situes, on penetre alors dans le domaine de l'entre- croisement des filets moteurs, et les memes phenomenes qui eclatent lorsque le corps strie ou le thalamus4 d'un cote ont ete profondement leses, se manifestent. Puis des mouvements de rotation ou des mouvements de roulement vers le cote oppose du corps se produisent. L'execution d'un mouvement volontaire s'accomplit done a peu pres de la maniere suivante : * 4 Pedonculos cerebolleuK inferieurs. *2 Pedoncule cerehcllcux moyen, forme par lo pont do Varole ou protuLorance annulaire. *3 P^dpncules cerebelleux supi'Tieurs. qui vont sereunir aux po- doncules cerebraux (V. Cruveiltiier). ** Couche optique. 450 PHYSIOLOGIE HUMAINE. 1) Vimpidsus psychique de la volontc a produire un mouvement determine agit sur les cellules ganglionnaires des hemispheres cerebraux, et de la maniere suivante. Si un mouvement doit etre execute du cote droit, l'hemi- sphere gauche est excite, et si un mouvement doit etre execute par le cote gauche, c'est l'hemisphere droit. On n'a pas encore prouve entitlement que, dans les hemis- pheres, un lieu determine reponde a chaque mouvement, comme c'est probable. On n'est pas en etat de remplacer le stimulus-volonte par un autre stimulus, l'electrique, par exemple. On nepeut, en effet, par une excitation quelconque des hemispheres du cerveau, engendrer un mouvement du corps; au contraire, toute lesion d'un hemisphere abolit 1' influence de la volonte sur lui. 2) Les filets moteurs sont, par l'intermediaire du corps strie et du thalamus, excites du meme cote par leur he- misphere respectif, et cette excitation s'etend de la jus- cm' aux nerfs qui doivent porter a manifestation le mouve- ment voulu et qui appartiennent a la partie du corps opposee. 5) En meme temps, le sentiment de Vequilibre trouble nait dans les muscles du meme cote et par la les mouve-- ments qui doivent retablir l'equilibre sont determines du cote oppose. § XXIV. — MOUVEMENTS VOLONTAIRES QUI NE SONT PAS DETERMINES PAR DES INFLUENCES PSYCHIQUES. Pendant que les mouvements volontaires exigent des dees aussi bien que des instincts pour venir au jour, iL y a des mouvements sur lesquels influent des idees, maispas d'instincts ; et d'autres sur lesquels influent des instincts, mais pas d'idees. Les exemples du premier genre sont le baillement, Tissue de la salive a l'idee d'un repas, etc. Les exemples du second genre sont les mouvements instinctifs, ■ SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES KERFS. 451 tels que ceux des animaux nouveau-nes qui cherchent la mamelle, etc. Les mouvements qui se produisent a la suite des affec- tions morales appartiennent aussi, dans certains cas, a la premiere classe. § XXV. — PHENOMENES D'ARRET Pour qu'un mouvement soit arrete par un autre, il faut que le stimulus qui les provoque chacun soit inegalement fort, ou que les mouvements aient une direction opposee. Ainsi, les mouvements reflexes sont arretes par la volonte, et Ton pense meme, par certaines parties du cerveau, sa- voir : les couches optiques et les tubercules quadrijumeaux, qui sont regardes comme etant essentiellement les organ es d' arret pour les mouvements reflexes (Setschnow). 11 est de fait qu'apres les lesions des corps stries et des couches optiques, un animal devient extraordinairement excitable. Si, par exemple, les corps stries sont enleves, l'irritation la plus faible de la peau est alors suffisante pour que l'ani- mal se mette subitement a courir en avant. En outre, dans les lesions du cervelet, comme dans celles des couches optiques et des corps stries, l'jnstinct a faire des mouve~ ments parait considerablement augmente. Quand la moelle epiniere est detruite, il s'etablit promptement un mouve- ment peristaltique fort ; quand tous les nerfs cerebro-spi- naux de la glande sublinguale sont sectionnes, la salive dite paralytique coule abondamment. Apres 1' excitation du nerf vague, le cosur se tient immobile. Apres l'excitation du nerf splanchnique, les mouvements des intestins sont ralentis. On pense que Tactivite de ces nerfs consiste a arreter un mouvement existant, et c'est surtout pour cela qu'on les a nommes des nerfs cVarret. 452 PHYSIOLOGIE HUMAINE. CHAPITRE Y FONGTIONS DES ORGANES NERVEUX EN PARTIGULIER § XXVI. — HEMISPHERES CEREBRAUX. Fonctions des hemispheres du gros cerveau. — 1) Us ne renferment ni fibres sensitives ni fibres mo- trices : nulle excitation portee sur eux ne provoque de douleur ni de convulsions, ni de tetanosjnusculaire. 2) lis sont excites : a) Par les impressions sensuelles, qui s'y transfor- ment en phenomenes psychiques de perception ; b) Par les idees qui se transforment en sensations ; c) Par la volont^ . 5) lis excitent a leur tour : Jes gros ganglions ceiebraux (corps stries et couches optiques) et le cervelet. 4) lis ont une action suspensive sur la production des monvements reflexes, qui se montrent plus facilement que jamais, a la suite de Pinterruption, ayant pour cause soit un etourdissement, soit le sommeil, soit des paralysies procedant de Finterieur du cerveau, a la suite de Finter- ruption, disons-nous, des connexions qui existent entre le cerveau et la moelle epiniere. tit at des animauK apres 1'ahlation du cer- veau. — Les animaux auxquels on a enleve les hemi- spheres cerehraux ne font spontanement aucun mouvement ; il restent a la place ou on les met ; ils ne rnangent pas, lors meme qu'on introduit la nourriture dans leur gueule ; il semble qu'ils dorment. Mais que des influences este- rieures viennent a agir sur eux, ils sauront opter pour les mouvements les plus propres a s'en garantir et les^executer S1XIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 455 aussi bien qu'un animal sain (decouverte de Flourens). lis reagissent egalement contre les impressions lumi- neuses et vibratoires ; ils se tournent, en effet, de temps en temps vers la lumiere; ils tremblent, quand un son violent retentit. (Longet.) Jetez en Fair un oiseau prive de cerveau, il volera tres-bien ; mais cependant il est si peu attentif, qn'il se heurte contre les objets qu'il ren- contre et s'abafc. Ses sensations ne se changent pas en per- ception, le jugement lui manque. Si Ton comprime d'un seul cote et de haut en bas le cerveau d'un lapin, la res- piration sera d'abord ralentie, puis, momentanement, elle s'arretera dune facon complete (Budge). § XXVII. — CORPS STRIES ET COUCHES OPTIQUES Fonctions des corps stries et des couches optiques. — 1) Ils ne sont sensibles que dans leur par- tie centrale ; 2) Ils sont excites : a) Par les hemispheres cerebraux ; b) Far l'extremite peripherique des nerfs preposes aux sens de Fodorat, de la vue et du toucher. Toutefois, celte proposition n'est pas encore completement demontree ; elle n'est encore qu'au rang des probabilites. 5) Ils incitent les fibres motrices ; 4) Ils out une action suspensive encore plus conside- rable que celle des Hemispheres cerebraux sur les mouve- ments reflexes. Consequences des lesions des corps stries et des couches optiques. — La pression exercee sur les corps stries ou les couches optiques d'un seul cote amene chez Fhomme cette consequence, que la volonte n'est plus en etat d'agir sur les fibres motrices des parties du corps situees du cote oppose. Une hemorrhagic dans le corps strie droit paralyse la moitie gauche du corps. Etles mou- 454 PHYSIOLOGIE HUMAINE. vements reflexes se produisent avec une tres-grande foci- lite du cote paralyse. Chez lcs mammiferes (lapins), la lesion des corps stries ou des couches optiques determine invariablement de la faiblesse dans le cote oppose : les anitnaux peuvent toujours marcher, il est vrai, mais ils se tournent toujours en decrivant un cercle vers le cote sain (plus faible, ou mieux, plus lourd en apparence). II en re- sulte un mouvement de manege. La sensibilite de ce meme cote augmente. Chez les grenouilles, cette torsion late- rale est tres-visible. EJles s'inflechissent dans l'eau vers le cote sain. § XXVIII. — TUBERCULES QUADRIJUMEAUX Les fonctions des tubercules quadrijumeaux anterieurs sont seules connues, encore n'est-ce qu'imparfaitement. 11 n'est pas bien prouve qu'ils soient sensibles. Ils ne le sont probablement qua leur face inferieure. Ils agissent sur les mouvements de l'iris. Leur ablation complete suspend Tac- tion reflexe entre le nerf optique et le nerf moteur oculaire commun de l'ceil du cote oppose. Une simple lesion aug- mente souvent la sensibilite a l'excitation lumineuse. On a dernierement revoque en doute l'influence des tu- bercules quadrijumeaux sur l'iris. § XXIX. — CERVELET Ablation clu cervelet chez les oiseaux et chez les Biianimiferes. — Si Ton enleve le cervelet a des oiseaux, on voit habituellement ceux-ci, incapables de se tenir debout ni de voler, etendre les ailes et souvent s'e- tayer de leur train de derricre ; ils tombent tantot d'un cote, tantot del'autre, marchent a reculons. Chez les mam- miferes, ces mouvements nc sont pas aussi marques, a cause de la grande perte de sang et de la prostration qui SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 455 aecompagnent l'operation, mais, chez eux aussi, l'operation a pour effet de les priver du pouvoir d'executer des mou- vements combines, coordonnes (Flourens). A la suite des lesions d'une moitie du cervelet, il se produit chez les mammiferes , les oiseaux., les grenouilles , des mouve- ments giratoires vers le cote lese, mouvements auxquels les yeux prennent aussi part. La face superieure du cer- velet est denuee de sensibilite ; on n'en rencontre que dans le voisinage de ses pedoncules superieurs. On peut considerer le cervelet comme l'organe central de l'equilibration des mouvements et tenir pour vraisem- blable qu'il a des rapports reflexes avec les gros ganglions cerebraux (corps stries et couches optiques). § XXX. — PEDONCULES CEREBRAUX ET MOELLE ALLONGEE Pedoncules cerebraux. — Les pedoncules cere- braux se continuent avec les couches optiques et les corps stries. Ce n'est que sur leur trajet qu'on peut par des ex- citations determiner des phenomenes de mouvement et de sentiment. Les pedoncules cerebraux constituent la grande voie par laquelle L'influx procedant des cellules ganglion- naires du cerveau excitees parvient jusqu'aux nerfs mo- te urs de la peripheric II est positif que l'excitation des pedoncules cerebraux determine des contractions dans la vessie et dans les vais- seaux sanguins (Budge). IMoelle allongee. — La moelle allongee est : 1) Le centre nerveux de deux importantes fonctions du corps, qui ont entre elles des rapports tres-intimes : la respiration et la sensibilite a la douleur ; 2) Le foyer d'origine de tous les nerfs cranicns, a l'ex- ception du nerf olfactif et du nerf optique. On distingue trois parties dans la moelle allongee 450 PHYSIOLOGIE IIUMAINE. (Deiters) : une partie later ale, de laquelle proeedent les nerfs : accessoire1, vague2, glosso-pharyngien, facial, et la petite portion du trijumeau ; une portion posierieure pour la grosse racine du trijumeau ; enfm, une portion anterieure pour les nerfs : hypoglosse, abducteur3 trochlea- teur4, moteur oculaire commun. Les nerfs accessoire et facial, peut-etre aussi l'abducteur, recoivent encore des fibres de la moelle cervicale, surtout le premier. L'excitation de la moelle allongee fait observer lesmemes phenomenes qui se produisent, a la suite de l'excitation des nerfs en particulier. Ainsi, entre autres, l'arret du co3ur (E.-H. Weber, Budge), le retrecissement de la pupille, chez les lapins, etc.; 5) G'est par la moelle allongee qu'evidemment passent les fibres de communication entre la moelle epiniere et l'encephale. Sous le nom de corps restiformes ou de pedon- cules cerebelleux inferieurs, crura cerebelli admedullam oblong atam, on voit un peu au-dessous de la limit e infe- rieure du buibe se bifurquer les trousseaux de fibres ap- partenant principalement aux cordons posterieurs, qui vraisemblablement renferment les fibres sensitives desti- nees amaintenir Tequilibre des mouvements. (Voy. § 25.) En outre, toutes les autres connexions entre la moelle et les gros ganglions cerebraux ont leur siege dans le bulbe. Bien qu'il soit inconteste que l'excitation de la moelle allongee peut provoquer des mouvements dans les extre- mites et le tronc ; cependant il ne s'ensuit pas pour cela que les fibres qui ont ete excitees dans la moelle allongee soit en connexion immediate avec les fibres motrices et qu'elles en representent simplement les prolongements. La fine anatomie de la moelle epiniere a appris, au * l Spinal. *2 Pueumogastrique. * 3 Moteur oculaire externe. i Pathetique.* SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 457 contraire, que les racines motrices se terminent dans les cellules ganglionnaires des cordons anterieurs. (Stilling.) Et, du reste, quelques physiologistes soutiennent aussi que les fibres qui, dans la moelle allongee, determinent des mouvements dans le tronc et les extremites, ne trans- mettent qu'une impulsion motrice. Si done les cordons- posterieurs de la parlie superieure de la moelle epiniere etaient detaches sur un animal, F excitation des cordons an- terieurs ne devrait provoquer aucun mouvement dans les muscles du tronc, dont les nerfs moteurs n'auraient pas ete directement interesses. Ce fait a toutefois ete revoque en doute, et avec raison. Mais les impulsions motrices pro- venant d'en haut n'atteignent pas seulement les nerfs qui sont destines aux muscles du tronc et des extremites, mais encore le nerf grand syinpathique; elles ne procedent vrai- semblablement pas de la moelle allongee, mais de l'extre- mite posterieure des pedoncules cerebraux, (Voy. § 32.) § XXXI. — MOELLE EPINIERE Les fibres qui cheminent dans la moelle epiniere servent essentiellement a la transmission des forces qui s'engen- drent, soit dans la moelle elle-meme, soit dans les or- ganes situes au-dessus de la moelle. La substance grise de la moelle rend les fibres capables de remplir leur role de conductrices. II est Traisemblable que la plupart des nerfs atteignent leur fin an niveau de leur point d'aboutissement et d'emergence, en s'inserant aux cellules ganglionnaires. Les cellules ganglionnaires servent comme de moyen de mediation a l'accomplissement des diverses fonctions des nerfs, en leur envoyant des fibres en plusieurs sens. On pcut resumcr les fonctions de la moelle sous les rubriques suivantes : 1) Les fibres nerveuses sensitives cheminent dans la moelle jusqu'a la substance grise des cordons posterieurs. 2G 458 PHYSIOLOGIE HUMA1NE. Sur tout leur trajet la sensibilite existe ; par consequent, elle existe aussi dans les cordons Wanes posterieurs et lalu- raux (V. plus bas). 2) De la substance grise des cordons anterieurs les fibres nerveuses matrices se rendent a leur point d'emergence ; les cordons anterieurs sont charges de la transmission des mouvements. 5) Les cordons gris posterieurs rendent les racines pos- terieures capables de sentiment, sans etre eux-memes sus- ceptibles de sentir. 4) Les cordons gris anterieurs rendent les racines an- terieures capables de pouvoir conserver leur texture propre (separees d'eux, les fibres motrices subissent la degene- rescence graisseuse), et par suite, d'etre en etat de porter les muscles en contraction. 5) La substance grise posterieure recoit les fibres de l'organe central du sentiment, e'est-a-dire de la moelie allongee et forme, par consequent, le pont principal, essentiel entre l'organe qui engendre le sentiment et les fibres sensitives elles-memes. 6) La substance grise anterieure recoit les fibres qui cheminent a travers l'organe de la volonte jusqu'a la moelie epiniere ; son ablation doit necessairement entrainer l'abo- lition des mouvements volontaires* 7) La plus grande partie des /fibres sensitives du cote droit se dirigent du cote gauche, apres leur entree dans la moelie, et reciproquement. Le cote gauche sensible du corps est done represente par la moelie allongee droite. Qu'une moitie de la moelie epiniere soit sectionneej non- seulement la sensibilite du corps ne sera pas abolie de ce cote ; mais elle paraitra merae augmentee : de Fautre cote, au contraire, du cote ou la moelie epiniere n'a pas ete sec- tionnee, la sensibilite sera considerablcincnt amoindrie. Les mouvements reflexes sont aussi plus facilement prOvo- ques du cote lese que de l'autre. SIXIEME SECTION. — i'HYSIOL. DES NERFS. 459 8) Ce phenomene se manifeste lorsqii'on sectionne simplemfent ies cordons posterieurs et meme lorsqii'on se borne a sectionner la substance blanche (Schiff, Brown- Sequard) . 9) La moitie posterieure cle la moelle epiniere jouit seule de la sensibilite ; l'anterieure ne la possede pas. On pent soutnettre cette derniere a tous les agents d'excitation qu'on voudra, sans determiner des phenomenes de douleur notables. On a bien, il est vrai, constate le sentiment dans les cordons anterieurs, mais a un tres-faible degre seule- ment ; il a sa source dans les faisceaux de fibres des cor- dons posterieurs ; en outre, des fibres retrogrades venant des racines posterieures accompagnent les racines ante- rieures et leur communiquent ces traces de sentiment. 10) II y a une communication entre la substance grise posterieure et la substance grise anterieure, et cette com- munication s'accuse par les mouvements reflexes. (Voy, § 22.) II y a aussi des rapports entre tous les elements de la substance grise. 11) Tous les plexus nerveux destines au tronc et aux extremites ont leur centre dans la moelle epiniere, dans la substance grise, bien entendu. 12) Pour les nerfs des visceres, en ne considerant que les rameaux nerveux non fournis par le vague, il y a aussi des centres inferieurs particuliers dans la moelle epiniere : ainsi le centre vesico-spinal, le centre cilio-spinal. (Voy. lo chapitre suivant.) 13) Quelques observations sur les grenouilles (Pfliiger) semblent demontrer que la faculte de cboisir entre deux mouvements possibles le mouvement convenable peut ega- lement proceder de la moelle epiniere, chez ces animaux. PHYSIOLOGIE HUMAINE. § XXXII. — NERF GRAND SYMPATHIQUE Le cordon limitrophe ou le tronc du grand sympathiqne est le nerf qui se trouve de chaque cote sur la face ante- rieure des apophyses _transvers.es de la colonne vertebrale etpresente 5 renflements cervicaux, 12 thoraciques, 4 lom- haires, 4 sabres et 1 coxygien. Par tous ces renflements ganglionnaires, le cordon limitrophe communique avec les nerfs rachidiens (rami communicantes) d'une part, et, d'autre part, avec les nerfs qui accompagnent les vaisseaux, savoir les arteres, et qui forment les nombreux plexus que Ton voit prendre une grande extension, dans la cavite pelvienne surtout. II y a, en outre, sur le trajet du cordon limitrophe, de petits ganglions microscopiques implantes sur lui et dans lui, et desquels partent des nerfs speciaux, les nerfs gan- glionnaires. On trouve aussi dans les plexus de plus gros ganglions visibles a l'ceil nu et de plus petits en grande quantite. Ce qui parait a l'ceil nu un simple nerf est done constitue par des fibres qui emanent des cellules ganglion- naires et d'autres fibres qui cheminent avec elles, et ces autres fibres, que nous appellerons sympathiques, sont en- core, au point de vue de leurs fonctions, de deux especes : les unes sensibles, par suite centripetes, — les autres mo- trices. Les fibres sensibles se presentent tres-differemment, suivantles diverses regions du nerf sympathique ; elles sont, par exemple, en grande quantite dans le nerf splanchnique, qui est extraordinairement impressionnable. On demontre aussi qu'il y a des fibres excito-motriccs dans le sympathi- que (V. plus has). Les fibres sympathiques ne se rencon- trent pas seulement dans le cordon limitrophe, mais en- core dans les plexus. C'est le contraire qui a lieu pour les fibres ganglionnaires. II est probable que les fibres dites S1XIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. -461 cerebro-spinales, dontles connexions avec le cordon limi- trophe n'ont pas pu etre demontrees, renferment pareille- ment des fibres sympathiques ; et l'opinion de Volkmann et Bidder que toules les fibres etroites sont des fibres sym- pathiques, a beaucoup de vraisemblance pour elle. Quant aux fonctions du nerf sympathique, c'est-a-dire des fibres sympathiques , deux propositions surtout en donnent la clef. 1) Le nerf sympathique est an nerf mevvllmve (decou- verte de Budge). 2) Le nerf sijmpatliique est le nerf vaso-moteur (decou- verte de CI. Bernard). Parmi les muscles sur lesquels il agit, on connait le di- latateur de la pupille (Petit, Biffi), quelques muscles orbi- taires et les muscles de l'intestin grele. Son influence sur les glandes salivaires a ete exposee p. 135 et suivantes. Influence de l'excitation directe du sympathi- que sur les muscles des vaisseaux. — On peut re- connaitre l'influence du nerf sympathique sur les mouve- ments des vaisseaux, aussi bien par l'excitation des fibres motrices qu'il renferme que par celle de ses fibres centri- petes, c'est-a-dire, par voie directe comme par voie indi— recte. On peut egalement la reconnaitre par la section du nerf. L'excitation. nous montre une double influence. Elle est, en effet, suivie d'un retrecissement ou d'une dilatation des vaisseaux. L'explication de ce dernier phenomene n'a pas encore ete donnee. Quelques-uns le regardent comme un phenomene d'arret, et en disant cela ils n'ont pas dit grand'chose ; d'autres croient que le nerf sympathique ren- ferme des fibres motrices qui, les unes, sont chargees de diminuer le calibre des vaisseaux, qui, les autres, pourraient avoir pour fonction de les raccourcir et de les dilater ; d'autres auteurs tiennent ce phenomene pour un pheno- mene de paralysie Nous nous contenterons d'avoir signale le fait en passant. 20 462 PHVSIOLOGIE HUMAINE. Independamment du changement de diametre des vais- seaux, ou mieux independamment de la plus grande ou moindre repletion sanguine despetits vaisseaux, il faut, dans les experiences sur la fonetion en question, observer aussi la temperature de la partie ou le nerf sympathique a ete soit excite, soit sectionne. L'afflux du sang fera monter la temperature, et inversement. En troisieme lieu, il faut noter la pression du sang et enfin remarquer la couleur du sang veineux. Herf sympathique cervical. — Si Ton galvanise ce nerf au cou, les arteres de l'oreille du meme cote se contractent , palissent , deviennent meme completement invisibles (CI. Bernard) ; la temperature baisse de 0,4° cen- tigrade environ (Waller) ; d'une veine ouverte s'ecoule un sang peu abondant et noir (CI. Bernard) ; la pression sanguine s'eleve clans la carotide (de Bezold, Boever); la ra- pidite du courant sanguin diminue (Dogiel). Si Ton sectionne le nerf en question, les vaisseaux de l'oreille se dilatent, la temperature monte le plus souvent de 2 — 6° centigrades environ, le sang de la veine jugu- laire, celui des veines de la glande sous-maxillaire, etc., est plus clair. Nerf splanchnique. — Le nerf splanchnique a une influence tres-importante sur la pression sanguine generale, qui s'eleve lorsque ce nerf est excite, et Misse quand il est sectionne. ]\erfs erecteurs. — L'excifation du plexus hypogas- trique determine une turgescence du bulbe de 1'urethre et du gland cbez le chien. Unjetde sang plus puissant jaillit du corps caverneux sectionne. Les deux nerfs qui sont ici en cause proviennent du plexus sacre, dont l'excitation a egalement pour effet l'erection. On appelle ces nerfs nerfs erecteurs (decouverte de d'Eckhard). Mouvements reflexes produUs par le nerf synipalhiqtie. — Nous n'avons expose jusqu'ici que SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 463 l'excitation directe des nerfs sympathiques, il faut parler maintenant des nerfs centripetes, dont l'excitation deter- mine par voie reflexe des mouvements dans les muscles des vaisseaux : a ces nerfs appartiennent le nerf auriculaire, le nerf dorsal du pied, le nerf depresseur. L'excitation du nerf auriculaire provoque tout d'abord une contraction, puis bientot apres une dilatation des vais- seaux de l'oreille chez les lapins (Snellen, Loven). L'exci- tation dunerf dorsal du pied agit de meme sur l'artere sa- phene1 (Loven, qui regarde la dilatation comrae un pro- cessus actif et non comme la suite d'une lassitude). Les consequences de l'excitation du nerf depresseur sont ex- cessivement remarquables (decouverte de CyonetLudwig). Ce nerf est situe au cou, a cote du nerf sympathique; c'est une branche du nerf vague ou du nerf larynge superieur. S'il est electrise, la pression sanguine baisse considera- blement dans tout le corps. Le nerf sympathique est un nerf medullaire. ■— La demonstration que le nerf sympathique est un nerf medullaire a ete fournie par moi de la maniere suivante. Si Ton excite, sur un mammifere ou sur une grenouille, le segment de la moelle qui se trouve au voisinage du point d'emergence des nerfs du plexus brachial ; si Ton excite ce segment d'un seul cote, la pupille de ce cote se dilate ; si onle sectionne, elle se contracte. Si ce segment est excite des deux cotes, les deux pupilles se dilatent. Si le nerf sym- pathique cervical a ete ligature auparavant d'un seul cote, alors il n'y a que la pupille du cote oppose qui se dilate. Si Ton coupe a une grenouille les racines posterieures des troisieme et quatrieme paires nerveuses, la pupille se con- tractera passagerement ; si les racines anterieures de ces memes nerfs sont sectionnecs, la pupille se contracte et per- siste en cet etat. Schiff, Goltz, Ludwig et Thiry ont prouve 1 Polilo nrtere qui nconmpopno la vp.ine saphene. 46 i PHYSIOLOGIE HUMAINE. qu'il fallait chereher dans la moellc allongee la principals source de tons les nerfs vasculaires D'apres mes observa- tions, c'est lepedoricule cerebral qui est l'origine premier de 1'innervation dn sympathique. § XXXIII. — FONCTIONS DES NERFS CRANIENS Nerf olfactif . — Le nerf olfactif est insensible aux irritations exterieures, mecaniques et autres ; il ne deter- mine, pour ce que nous en savons, ni mouvements directs, quand son bout peripherique est excite, ni mouvements re- flexes, quand son extremite centrale est irritee (peut-etre des mouvements dans les muscles constricteurs du nez ?) Lorsqu'il est sectionne, ou qu'il est lese par une compres- sion, ou qu'il manque tout a fait, l'odorat semble egale- ment aboli. Pe fortes odeurs peuvent determiner des sen- sations de douleur, mais on ne sait pas exactement si ce sentiment de douleur reside dans le nerf olfactif meme, ou s'il ne provient pas du nerf trijumeau par voie reflexe. L'ol- factif peut etre excite par des idees, en d'autres termes, par le cerveau. Nerf optique. — Le nerf oplique contient des fibres sensitives et des fibres excito-motrices, mais aucune fibre molrice. Sa section ou ses compressions sont suivies de l'abolition de la vue. Ses proprietes sensitives sont plus etendues que celles du nerf olfactif, en ce sens que toutes les irritations provoquent par voie reflexe des contractions du sphincter de la pupille. Quand il est sectionne, on voit ces effets se produire encore par l'excitation de son bout central; mais, par contre, aucune excitation por- tee sur le nerf optique ne determine de douleur, pas meme lorsqu'une lumiere intense le frappe directement. Mais si, au contraire, la membrane retinienne est exposee a one vive lumiere, la douleur se fait sentir. — Irritants : SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 465 Lumiere , excitations meeaniques , electriques ; idees. ]\"erf oculo-moteur. — Le nerf moteur oculaire commun n'a vraisemblablement pas de fibres sensibles a son origine, mais uniquement des fibres motrices. Sa sen- sibilite provient des fibres anastomotiques qu'il recoit dn nerf trijumeau. Par son rameau superieur, il preside aux mouvements des muscles releveur de la paupiere superieure et droit superieur ; par son rameau inferieur, il preside aux mouvements du droit interne, du droit inferieur, de P oblique inferieur ; et par les courtes racines du ganglion ciliaire qui emanent de la branche du muscle oblique in- ferieur, il preside aux mouvements du sphincter de la pu- pille. II est constricteur de la pupille. La section du moteur oculaire commun amene la cessation des mouvements dans les muscles mentionnes; Fceil par voie d'antagonisme (nerf abducteur) est tourne en dehors ; la pupille se dilate, (nerf sympathique cervical) ; l'ceil est alors accommode pour la vue des objets eloignes. I\erf trochlea tern*. — On sait seulement des fonc- tions du nerf irochleateur, qu'il anime le muscle oblique superieur. Nerf trijumeau. — II faut y distinguerla grosse por- tion et la petite portion. De la grosse portion emanent la premiere branche1, la deuxieme branche2 et la partie sen- sible de la troisieine branche3 ; elle presente un renflement qui constitue le ganglion de Gasser, et sa fonction est es- sentiellement centripete. (Pour l'influence du nerf trijumeau sur l'iris, voy. § 54.) De la petite portion emane le rameau de la troisieme branche appele crotaphitico-buccinateur, qui se divise en : nerf pterygoidien interne, nerfs temporaux, pterygoidien '' Branche ophthalmique do Willis. * 2 Branche raaxillairc superieure. * 3 Branclie maxillaire infi'rieure.* 460 PHYSIOLOGIE HUMAINE. externe, buccinateur et masseterin. Ces rameaux fournis- sent aux muscles du merne nom; de plus le nerf pterygoi- dien interne fournit an muscle tenseur du voile du palais. Enfm, de cette raeme portion partent encore des fibres qui se rendent au muscle interne du marteau et au muscle ten- seur du voile du palais , apres avoir traverse le ganglion otique. La petite portion est la portion motrice. Bien que la grosse portion soit essentiellement sensitive, plusieurs ramuscules en emanent cependant pour se rendre a des muscles, savoir : le nerf mylo-hyo'idien, rameau du nerf mandibulaire 1, lequel s'etale dans le muscle mylo-hyo'idien et dans le ventre anterieur du digastrique. L'irritation de la premiere branche du nerf trijumeau determine chez les lapins, et, ace qu'ilparait, chez l'homme aussi, un resser- rement de la pupille. Le nerf trijumeau est un des nerfs les plus sensibles de l'economie. Premiere branche. — De la premiere branche de- pend : la sensibilite du front, celle du nez en partie (par les rameaux ethmoidiens), celle de la paupiere superieure et del'iris. »^ Deuxieme branche. — De la deuxieme branche de- pend : la sensibilite de la moitie inferieure de l'oeil, de toutes les dents de la machoire superieure, des gencives, du palais et du voile du palais, du nez. Troisieme branche. — De la troisieme branche de- pend : la sensibilite des dents de la machoire inferieure, des gencives correspondantes, de la peau du menton, de la peau de l'oreille, de la langue, de l'oreille moyenne et de l'oreille interne. JTIouvements reflexes par le trijnmean. — Un grand nombre de mouvements reflexes se produisent par l'intermediaire du nerf trijumeau, par exemple, entre la * ' Dfntaire inferieur.* SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 467 cornee et l'orbiculaire des paupieres (facial), entre la rau- queuse nasale et les mouvements respiratoires, entre la muqueuse buccale et la secretion salivaire. L'irritation du bout central du nerf lingual active la secretion de la glande sous-maxillaire ; l'irritation du nerf auriculo-temporal aug- mente la secretion salivaire dans la parotide. La corde du tympan, venant du facial, semble presider a la secretion dans la sous-maxillaire ; les rameaux que le facial laisse a la glande parotide en la traversant, semblent presider a sa secretion. Anastomoses avec le nerf facial. — C'est du tri- jumeau surtout que le facial recoit des rameaux sensitifs, savoir : par le grand et le petit nerfs petreux superficiels et par presque toutes les branches du trijumeau, qui se distribuent a la face. Apre.s la section du trijumeau dans la boite craniennc, la cornee devient trouble, s'ulcere, et peu a peu le globe entier se detruit. Elle est suivie d'ulceration dans la eavite buccale. Les rameaux lingual et pterygo-palatins, qui se distribuent au voile du palais1, president a la sensibilite gustative. > Xerf afoducteur, — On ne connait de lui que son action motrice sur le muscle droit externe. Nerf facial. — Le nerf facial est, vraisemblablement, purement moteur au point ou il sort de la moelle allon- gee. Ses racines paraissent - s'etendre jusqu'au voisinage de la moelle epiniere, jusqu'au niveau de la quatrieme vertebre cervicale. II influe sur les mouvements du voile du palais, puisque des fibres motrices venant du facial s'y rendent par le grand nerf superficiel du nerf vidien2 et * J Lingual, rameau sensible de la brauche maxillaire inferieure. — Les ptery^o-pnlatins sont les brandies rjfti sous le no'm de pala tins et de splieno-palatins partent du ganglion de Meckel. * 2 Se composant, d'apres Cruveilbier, d'un rameau du sympatbique et de ce grand nerf superficiel eraanant du facial. 468 PHYSIOLOGIE HUMAINE. de la, par le ganglion spheno-palatin et les nerfs palatins. Chorda tympani. — La corde du tympan influe sur la secretion salivaire de la glande sous-maxillaire et proba- blement sur les papilles de la langue (gout) K. Le facial pre- side aux mouvements du muscle stapedius, du muscle stylo-hyo'idien, du ventre posterieur du digastrique, aux mouvements de tous les muscles de la face, a l'exception des muscles masticateurs, mais y compris le fronceur du sourcil2, le frontal, Toccipital et les muscles externes de Foreille. Paralysie da nerf facial. — La section ou la pa- ralysie d'un seul nerf facial determinent, chez 1'homme, la distorsion de la moitie opposee du visage ; il se produit, chez les animaux, des deviations laterales de la face et meme des mouvements de rotation. La section de la moelle cervicale paralyse le mouvement des poils de la barbe. fterf auditif. — La situation cachee, profonde du nerf acoustique, le rend peu propre a des experiences ; il n'a probablement ni de sensibilite pour les impressions dou- loureuses, ni de propriete motrice, et il est purement un nerf de sensation pour le sens de 1'ouie. ftlerff glosso-pharyngien. — Le nerf glos^o-pha^ ryngien doit elre sensitif, toutefois a un faible degre. II possede des fibres motrices pour les muscles glosso-pala- tins, stylo-pharyngiens et constricteurs moyens du pharynx; mais, neanmoins, la deglutition n'est pas entravee, apres sa section. Cest le nerf le plus essentiel du gout; son excitation provoque aussi une augmentation de la secretion salivaire. Kerf vague. — Le nerf vague possede, a son origine, des fibres sensitives et des fibres motrices. Les fibres * ' Muscle de 1'etrier. * 8 Muscle souralier. * SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 4C9 sensitives provoquent des phenomenes reflexes manifestes. Son action surle coeur est toute particuliere. 1) Proprietes molrices. Quand on isole et excite le nerf vague chez un animal, immediatement apres la mort, au point ou il emerge de la moelle allongee, ou, chez un ani- mal vivant, au cou ou a l'estomac, on voit naitre des mou- vements : a) Dans le voile du palais, b) Daus le pharynx, c) Dans l'oesophage, d) Dans l'estomac, e) Dans les intestins. Les jeunes animaux sont particulierement propres a ces experiences ; le mouvement stomacal ne se produit pas tou- jours, et le mouvement des intestins fait encore plus sou- vent defaut. Mais on voit toujours les cordes vocales se fer- mer, apres l'excitation du nerf vague au cou, et, sommaire- ment, des mouvements se produire dans les muscles du larynx. Le rameau externe du nerf larynge superieur est le nerf moteur du muscle crico-thyroidien ; le larynge infe- rieur, le nerf moteur de tous les autres muscles du larynx. Comme le nerf vague, apres sa sortie du trou jugulaire *, s'anastomose avec le rameau interne de l'accessoire de Willis, il faut croire que les mouvements du larynx sont commandes par ce dernier. L'excitation de la racine du nerf vague n'agit pas sur les mouvements susdits. 2) Effets sensitifs. Parmi les branches du nerf vague, le larynge superieur est la plus sensible de toules. La sen- sibilite du tronc du nerf vague est tantot forte, tantot insi- gnifiante, suivant les differents animaux et les differents sujets. 5) Phenomenes reflexes. Si, le nerf vague etant sec- tionne d'un cote, on excite son bout central, des mouve- * ' Trou dechire posterieur.* J. budge. 27 470 PHYSIOLOGIE HUMAINE. ments reflexes peuvent se produire chez les animaux qui ont line aptitude particuliere a vomir et a tousser, comme les chiens et les chats. Le vomissement est un mouvement combine du dia- phragine et des muscles abdominaux (voy. p. 181); la toux est un mouvement d'expiration (voy. p. 70). La respiration cesse momentanement apres une excita- tion forte (voy. § 55). L'excitation du lannge superieur ralentit les inspirations et conduit la respiration au repos absolu ( Rosenthal ) . L'irritation du nerf clepresseur , branche du larynge superieur, abaisse la pression du sang dans toutes les arteres (Cyon et Ludwig). 4) Phenomenes d' arret. L'excitation du nerf vague d'un cote ralentit les mouvements du coeur ; et ceux-ci s'arretent lorsque l'excitation est trop violente. L'excitation longtemps prolongee emousse le point qu'on attaque sur le nerf; en* suite le coeur recommence a battre* Quand le cceur s'arreHe, il demeure en diastole. Lorsque ses contractions recom- mencent, elles sont ordinairement plus frequentes (Freres Weber et Budge). L'arret du cceur qui est determine par l'irritation du vague ne depend pas du vague meme, mais du rameau interne du glosso-pharyngien qui s'anasiomose avec lui; 5) Apres la section des deux vagues, les mouvements respiratoires deviennent plus rares, plus laborieux, les battements cardiaques plus frequents. La mort en est la suite constante. Kerf accessoire de Willis. — Le nerf accessoire1 cle Willis est vraisemblablement uniquement moteur, et son rameau interne est destine aux muscles du larynx et au cceur seulement ; son rameau externe au muscle sterno- cleido-mastoidien et au muscle cucullaire. l\erf hypoglosse. — II n'est pas sur que le nerf hy- poglosse soit sensible a son originc ; il i'est dans son tra- jet, ce qui toutefois ne provient probablement que de ses SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 471 anastomoses avec d'autres nerfs. Ses proprietes mo trices (abstraction faite du rameau descendant) se rapportent a tous les muscles de la langue et aux muscles thyro et genio- hvo'idiens. La section de ce nerf des deux cotes empeche la mastication, et les animaux meurent par defaut de nu- trition. GHAPITRE VI INNERVATION DE QUELQUES ORGANES EN PARTICULIER § XXXIV. — INNERVATION OE L'IRIS Nerf oculo-moteur et nerf sympathique cer^ vical. — Les mouvements de l'iris peuvent operer ou un retrecissement ou une dilatation de l'anneau pupillaire. Le premier est determine par le muscle annulaire, sphincter pupil Ice ; le second par le dilatateur de la pupille. Le sphincter est innerve par le nerf moteur oculaire commun ; c'est-a-dire par la Courte ratine du ganglion ciliaire ; le dilatateur par le nerf sympathique cervical, soit par la racine moyenne du ganglion ciliaire. Les deux muscles peuvent etre mis en mduvcment par le trOnc des neiTs sus- dits. Tubercules quadrijumeaux anterieurs. C'eu tres cilio-spinal supt*rieur et cilio-spiaial infe- rieur. — Le centre du moteur oculaire commun, pour ce qui apparticnt au sphincter, setrouvedans les tubevcules quadrijumeaux anterieurs, ce qui cependant a ete remis recemment en question; le centre pour le nerf sympa- thique cervical se trouve dans la portion cervicale do la mdelle epiniere, au niveau des sixieme et septieme cervi- 472 PHYSIOLOGIE HUMAINE. cales, et des premieres et deuxiemes dorsales (centre cilio- spinal inferieur), et dans la moelle allongee (centre cilio- spinal superieur) (Budge). L' excitation du moteur oculaire commun est produite, par voie reflexe, par celle du nerf optique. Suivant l'inten- site de la lumiere, la pupille devient plus ou moins res- serree. L'excitabilite du nerf sympathique cervical augmente, quand celle du moteur oculaire commun diminue ; d'ou vient que dans la penombre, de merne que dans la para- lysie du nerf moteur oculaire commun, la pupille est plus large qu a l'ordinaire. Reciproquement la pupille se retrecit apres la section du nerf sympathique. Le sympathique est excite par voie reflexe, vraisembla- blement par les fibres sensitives de la muqueuse intestinale Les irritations dunerf trijumeau determinent chez beau- coup d'animaux, par exemple chez le lapin, probable- ment aussi chez les homines, un retrecisscment longtemps persistant de la pupille. La sensibilite de l'iris depend du nerf trijumeau (nerf naso-ciliaire, racine longue du ganglion ciliaire). § XXXV. — MOUVEMENTS H£SPIRATOIRES lis consistent en ceux d'inspiration et en ceux d'expira- tion. L'excitation a l'inspiration procede du sentiment du manque d'O dans la moelle allongee (voy. p. 82 etseq.); l'excitation a Texpiration, en tant qu'elle n'est pas passive, est vraisemblablement operee par l'influence de CO2 sur les extremites terminales du nerf vague dans la moelle allongee. La destruction de la moelle allongee supprime subitement, la section du nerf vague progressivement, la respiration. Les mouvements respiratoires sont arretes momentane- ment par leur centre, quand TO existe en exces ; d'ou SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS. 475 Yapnee dans l'insufflation prolonged d'air dans les pou- mons (Rosenthal), ou a la suite d'une compression exercee sur le cerveau chez les animaux (Budge), par hemorrhagie au voisinage de la moelle allongee (Schiff). Us sont, en outre, arretes par l'excitation du bout central du nerf vague sectionne. Le silence, l'arret de la respiration occasionne de cette maniere doit, d'apres quelques-uns (Traube, Ro- senthal), consister dans line contraction exageree du dia- phragme ; d'apres d'autres(Aubert), des excitations faibles ont pour resultat un arret, une suspension de la respi- ration en inspiration, de fortes en expiration. La derniere opinion est l'exacte ; toutefois son explica- tion n'est pas encore definitive. Je regarde le nerf vague comme un nerf qui renferme des fibres centripetes provo- quant, par voie reflexe les mouvements actifs de 1' expira- tion. Cela se conclut de ce qu'a la suite de" l'excitation du bout central du nerf vague sectionne, les narines, comme les cordes vocales, se contractent ; de ceque, chez des hommes, la toux se produit aussi tres-habituellement, apres l'excitation du vague, et qu'en general lous les mou- vements d'expiration s'accomplissent. II n'est pas etonnant qu'une faible excitation du nerf vague augmente Inspira- tion, alors que tout impulsus a l'expiration doit tout d'a- bord determiner l'inspiration. § XXXVI. — INNERVATION DU CCEUR Le mouvement automatique du coeur procede des gan- glions cardiaques, qui ont leur siege principal dans le septum. Ges ganglions sont paralyses et le battement du coeur est arrete par une foule de matieres qu'on met directement en contact avecla face interne du coeur. Ainsi, par exemple, par l'opium, la strychnine, etc. L'abord de l'oxygene est la condition essenlielle du maintien de son activite vitale. Le battement du coeur est entretenu par 474 PHYSIOLOGIE HUMAINE. insufflation d'air frais dans les poumons, a l'aide d\m soufflet. On peut done, chez les animaux dont la moelle allongee a ete coupee et qu'on a empoisonnes avec du cu- rare, etqui, par consequent, ne respirent plus, entretenir les battements du cceur. — Une respiration acceleree a la- quelle un acces plus considerable d'O dans le sang est lie, a pour suite, on le sait, des battements cardiaques plus frequents. Plus de CO"2 etant forme dans tout mouvement plus fort des muscles, et par suite plus d'O etant exige, on s'explique par la meme une augmentation dans les con- tractions du cceur. Cette augmentation a encore lieu quand la circulation est acceleree dans les vaisseaux par la con- traction de leurs fibres musculaires, et que, par suite, plus de sang est apporte au cceur. Toutefois, cela n'a lieu que iorsque les resistances ne sont pas simultanement augmentees. Si, par exemple, une irritation du nerf vague existe, alors 1' augmentation du pouls doit faire defaut. — Les battements du cceur dans les affections morales et dans la fievre procedent vraisemblablement des nerfs vas- culaires. Quand l'activite respiratoire diminue, les battements car- diaques diminuent egalement. On explique cela (Traube) en disant que, le CO- augmentant, les nerfs vagues sont par suite excites. Si, pendant cette diminution des contractions cardiaques, les nerfs viennent a etre coupes, alors elles se reprennent a augmenter (Landois). La sensibilite du cceur provient des branches cardiaques du nerf vague, dont l'irritation peut provoquer de la dou- leur et des mouvements reflexes (crampes). Pour l'innervation des vaisseaux, voy. plus haut, § 32. § XXXVII. — INNERVATION DE I_'eSTOMAC ET DES INTESTINS On ne peut juger exactement de l'influence des nerfs sur ces organes, que lorsqu'on part de ce fait, a savoir : SIX1EME SECTION. — PHYSIOL. DES NERFS, 475 qu'ils ne presentent que de faibles mouvements, a l'etat normal, et meme pendant leur activite normale ; et que ces mouvements augmentent etdeviennent impetueux dans un etat de grande debilite, au moment de la mort, dans l'occlusion de l'aorte abdominale, dans les troubles de la circulation et de la respiration, et par consequent aussi tres-frequemment, en vertu d'une excitation du nerf vague au cou. L'estomac et les intestins extirpes presentent ega- lement ces mouvements energiques. II est done vraisemblable que l'impulsus moteur, quand il ne part pas des muscles, se trouve dans les ganglions de ces organes. Si cela est exact, il faut que l'influence d'une force affaiblisse cette activite ganglionnaire ; ce qui, ce me semble, est opere par un approvisionnement de sang suffi- sant a ce domaine. Mais cet approvisionnement depend des nerfs vasculaires. D'ou il pent arriver qu'une excitation "des nerfs splanchniques sur le vivant arrete le mouvement intestinal existant. Toutefois il faut, jusqu'a present, con- siderer cette opinion simplement comme une hypothese qui demande pour se justifier beaucoup d'observations encore, L'excitation du vague au cou provoque des mouvements de l'estomac et des intestins, non-seulement parce que le nerf excite trouble la respiration, mais encore parce qu'il contient des fibres motrices pour l'estomac et les intestins. On observe des mouvements dans ces organes, lorsqu'on excite le nerf lateral de l'extremile inferieure de l'ceso- phage. La sensibilite de l'estomac depend vraisemblablement du nerf vague avant tout, celle de l'intestin grele du nerf splanchnique. 476 PHYSIOLOGIE HUMAINE. § XXXVIII. — INNERVATION DE LA VESSIE La vessie est mise en mouvement aussi bien par voie reflexe que par des idees et par la volonte. Les fibres cen- tripetes siegent principalement dans le plexus hypogas- trique. Les nerfs moteurs de la vessie peuvent, en outre, etre excites par d'autres nerfs centripetes. Centrum vesico-spinale inferius. Centrum vesico-spinale superius. — Dans la partie inferieure de la moelle lombaire se trouve le centre designe par moi sous le nom de genito-spinal ou vesico-spi?ial inferieur. Quand cette partie de la moelle est irritee, il se produit des mouvements dans les parties indiquees. Quand les nerfs sont sectionnes d'un seul cote, le canal deferent et l'uretere de ce cote seul se meuvent. L'irritabilite dure considerablement plus longtemps que celle du centre supe- rieur que nous allons decrire. Celui-ci a son extremite su- perieure dans les pedoncules cerebraux, par lesquels s'eta- blit son union, a travers toute la moelle epiniere, avec la moelle lombaire. Si done le pedoncule lui-meme ou la moelle allongee viennent a etre excites, il se produit, sans exception, une contraction de la vessie. Coupe-t-on ensuite la moelle epiniere dans la partie superieure de la poitrine, on n'obtient pas trace de mouvement, si l'excitation est portee au-dessus; mais on en voit apparaitre si elle est portee au-dessous de la section (Budge). § XXXIX. — INNERVATION DES CELLULES Nous y comprenons l'innervation de la glande sous- maxillaire (voy. S. II, §5), qui repond parfaitement a celle des organes musculeux. Outre cette influence nerveuse exactement exploree, il y a encore d'autres phenomenes qui temoignent que les nerfs influent sur les cellules, mais SIXIEME SECTION. — PHYSIOL. DES SERFS. 477 toutefois la marche des nerfs qui les innervent est encore inconnue. Si le voisinage du plancher du quatrieme ventricule est lese, le sang et Purine deviennent sucres. On appelle V ope- ration piqure (decouverte de CI. Bernard). On a vu aussi le diabete se produire quelquefois apres la section du nerf splanchnique (De Graefe). Les affections morales modifient la secretion du lait, de la salive, etc. 27, SEPTIEME SECTION SENSATIONS PROCURERS PAR LES SENS (ORGANES DES SENS) CHAPITRE Ier SENS DE LA VUE § I. — CONDITIONS D'UNE VUE DIST1NCTE 1) Image nette projetee sur la retine; 2) Sensation du changement apporte par elle sur la retine ; 3) Mouvements du globe oculaire ; 4) Perception et jugement de la chose vue. § II. — PROJECTION DE L'IMAGE De chaque point eclaire ou eclairant d'une surface par- tent, dans tous les sens, d'innombrables rayons. Ceux qui tombent sur la cornee de l'oeil, y forment la base d'un cone lumineux dont le sommet est le point dont nous par- Ions. Mais il est requis pour la vue distincte, que chaque SEPTIEME SECTION. — ORGANES DES SENS. 479 point d'un objet n'apparaisse sur la retine que comrae un point (point-image) l. Quant a la place d'un seul point- image, on en a beaucoup qui repondent au meme point- objet, il en resulte un cercle appele cercle de diffusion, et, par suite^ la nettete de l'image est detruite. La ligne imaginaire tiree entre le point-objet et le point- image (entre les points de convergence dits conjugues) 2, s'appelle ligne directrice ou rayon directeur, rayon mo- yen aussi 5. . Absolurnent comme dans une chambre noire, Vintage est renversee et plus petite sur la retine. Ce qui dans l'objei est a droite et en haut, se trouve a gauche et en bas dans l'image, etc. On peut s'en convaincre en en- levant la sclerotique et la choroide a un ceil frais d'ani- mal, et en placant un objet devant cet ceil a une distance convenable, que Ton cherche. On verra alors une image tres-nette de l'objet. Cette observation se fait de la ma- niere la plus exacte sur la retine d'un animal vivant, a l'aide de l'ophthalmoscope invents par Helmholtz. Le renversement de l'image provient de ce que les rayons directeurs, qui appartiennent au cote droit de l'ob- jet se croisent, pour atteindre le cote gauche de l'image, avec ceux qui, du cote gauche, se rendent au droit, etc. Cet entre-croisement a lieu dans l'interieur de l'ceil. On appelle le point ou se fait V entre-croisement , le point de croisement ou le point nodal4 (Fig. 46 k.). 11 se trouve a environ 1/5 — 2/5 de mm, en avant de la face poste- rieure du cristallin. II resulte de l'entre-croisement des rayons directeurs 5un angle qu'on nomine Y angle visuel. lie sa grandeur depend la grandeur de l'image sur la re- ' Point focal. * * 2 Foyers conjugues. * * 3 C'est ce que nous appelons : axe, soit principal, soil secondaire.* ** Centre optique.* * 5 A\es optiques secondaires. ' 480 PH\SI0L0GIE HUMAINE. tine, comme cela ressort de la figure 46. — Done, toute grandeur visible est determinee par Tangle visuel. La convergence des rayons peripheriques avec le rayon central ou principal est pos- sible, parce que les rayons lumineux, en passant d'un milieu dans un autre, sont devies (refractes) de leur di- rection rectiligne, et que si, comme e'est le cas dans l'ceil, ils parviennent d'un milieu moins dense dans un milieu plus dense, ils se rappro- chent delanormale. L'angle de refraction est plus petit que Tangle d'incidence. La refraction la plus forte a lieu sur la cornee. Toutefois les rayons lumineux ne se reuni- raient que derriere la mem- brane retinienne (a environ 10 millimetres), si le pou- voir refringent du cristallin n'etait pas plus grand que — Quand la refraction cor- Fig. 46. — K, angle optique ; /"p, ea, c-(, d$, rayons directeurs. celui de la cornee. Milieux refringents. ncenne a eu lieu, il s'en produit d'autres encore au travers de Thumeur aqueuse, de la paroi anterieure1 de la cap- sule cristalline, des differentes couches du cristallin meme, de la paroi posterieure de la capsule cristallinienne, enfin, du corps vilre. Mais quoiqu'il existe plusieurs milieux re- fringents dans l'ceil, le pouvoir refringent de quelques-uns *d Cristallo'ide anterieure SEPTIEME SECTION. — ORGANES DES SENS. 481 d'entre eux differe si peu qu'il est permis, sans erreur no- table, de ne compter que trots milieux refringents : 1) Cornee avec humeur aqueuse, 2) Capsule cristallinienne et cristallin, 5) Corps vitre ; et, par consequent, trois surfaces de separation refringentes : 1) Cornee; 2) Paroi anterieure, 3) Paroi posterieure du cristallin. Les surfaces refringentes sont de forme spherique ; elles ont un axe commun. On designe un schema aussi simplifie de l'oeil par le nom d'cez7 redidt (Listing), dans lequel les surfaces refrin- gentes sont regardees comrae des surfaces spheriques. Le rayon de courbure De la face anterieure de la cornee est d'environ 9 millimet. — anterieure du cristallin — 10 — — posterieure — — 6 — La distance de la cornee a la face anterieure du cris- tallin == 4 millimetres environ ; de celle-ci a la face posterieure = 4 millimetres ; de celle-ci a la retine = 13 millimetres. Rapport de refrangibilite (indice de re- fraction) : De l'air a l'eau distillee, —1:4,335 — humeur aqueuse = 1:1,536 — cristallin =1:1,418 — corps vitre.. . .=1:1,338 Foyer — Le point ou les rayons refractes se reunis- sent au rayon central, quand celui-ci vient d'une distance infinie et se trouve dans l'axe de la surface refringente, s'appelle le foijer, et le plan perpendiculaire a l'axe sur lequel se reunissent les rayons venant d'une distance in- finie qui ne se trouvent pas dans l'axe, le plan focal. La 482 PHYSIOLOGIE HUMAINE. vue n'est distincte que si le point focal et, par consequent, le plan focal tombent sur la retine. Le foyer se trouve dans l'oeil reduit a 14,647 millimetres en arriere de la face posterieure du cristallin. Si des rayons partaient de ce foyer, ils traverseraient l'oeil comme des rayons paralleles et viendraient converger a 12mm,85 en avant de la cor- nee, au ^om£ focal anterieur (Listing). II est important de determiner le lieu du point-image qui repond a un point objet, en d'autres termes, la situa- tion du rayon directeur. Des qu'on connait Findice de re- fraction de chacun des milieux refringents de l'oeil, les rayons des trois surfaces de separation, la position de leur centre sur l'axe optique et la position du rayon qui ren- contre la cornee, on est en etat de calculer la position de certains lieux dans l'oeil (les points cardinaux), dont la connaissance facilite la solution du probleme que nous avons aborde tout a l'heure. Ces points cardinaux sont, dans l'oeil reduit : 1) Le point capital, a 2mm,54 en arriere de la face ante- rieure de la cornee ; 2) Le point nodal, a 0mm,476, en avant de la face poste- rieure du cristallin ; 3) Le point focal sur la retine. Le point focal est a l'endroit ou les rayons emanant d'un point-objet convergent avec le rayon central. Le rayon cen- tral traverse, sans etre devie, le point nodal. Le point capital est le point vertical dans l'axe d'une surface sphe- rique refringente. Dans la figure 47, HH represente le plan capital, c'est-a-dire, le plan passant par le point capital et tombant perpendiculairement sur l'axe AA. ab est le rayon incident et f le point focal anterieur. Si Ton tire une ligne droite f'n parallele a ab, puis nr parallele a l'axe jusqu'au deuxieme plan focal Y"¥'", br sera le rayon re- fracte. Pour trouver le point focal, on tire (fig. 48) la ligne droite an du point-objet au plan capital HH. Cette SEPTIEME SECTION. — ORGANES DES SENS. 485 ligne passe par le point focal anterieur f et coupe en n le plan capital ; de n on tire nr parallele a l'axe AA et a Fig. 47. l'endroit ou une droite tiree de a par le point nodal k vers r coupe la ligne nr, et par consequent en r , se trouve le point-image cherche. Quand la convergence des rayons lateraux a lieu en avant ou en arriere de la retine, il se produit sur elle un petit cone de rayons, un cercle cle diffusion. Ces cercles recon- naissent trois causes principales : 1) Les rayons emergeant d'objets eloignes se reunis- sent plus tot que ceux qui viennent d'objets plus proches ; 2) Les rayons plus rapproches du Lord du cristallin convergent plus tot que ceux qui tombent sur l'axe ou dans son voisinage ; 484 PHYSIOLOGIE HUMAINE. 5) Dans la lumiere blanche, sont contenus des rayons diversement refrangibles, parmi lesquels, les uns conver- gent pins tot, les autres plus tard ; a ces derniers appar- tiennent les rayons violets, aux premiers les rayons rouges (voy. §5). Les inconvenients qui naissent des trois obstacles que nous venons de signaler sont paralyses par : 1) L'accommodation, 2) Les mouvements de l'iris, 5) L'achromatisme. § III. — ACCOMMODATION Sur la retine d'un ceil arrache de l'orbite, les images des objets qu'on lui presente n'y apparaissent nettes et distinctes qu'a une distance bien determinee. Quand on rapproche ou eloigne trop les objets, leurs images se brouillent, a cause des cercles de diffusion. L'ceil vivant se comporte d'une autre facon. Quand on presente un ob- jet a l'ceil, il faut qu'il en soit eloigne d'une certaine dis- tance, avant qu'il soit vu clairement : on appelle cette limite point-limite de proximite ( pour les yeux qui voient bien, a 10-13 centimetres; chez ceux qui ont la vue courte, a environ 8 centimetres de l'ceil). Si Ton eloigne de plus en plus l'objet, l'image devient de plus en plus petite, finalement indistincte : ce point se nomine point-limite cV eloignement . L'intervalle entre le point- limite de proximite et le point-limite d'eloignement s'ap- pelle l'etendue de la vue distincte. Chez les hommes a vue courte (myopes), le point focal est en avant de la retine ; chez les hommes a vue lointaine (presbytes et hyperme- tropes), en arriere. Chez les uns et les autres, l'etendue de la vue est notablement moindre . Dans l'etendue de la vue distincte, des objets peuvent etre vus clairement plus proches ou plus eloignes, a l'aide de certains mouvements SEPTIEME SECTION.— ORGANES DES SENS. 485 internes des yeux, sous l'influx de la volonte. On peut y dresser les yeux. Augmentation de la convexite de la face anterieure da cristallin. — Le cristallin peut de- venir plus bombe a sa partie anterieure, et les rayons ve- nant de la peripheric etant par la meme plus divergents, peuvent etre plus fortement devies et'se reunir plus tot, de telle sorte qu'il ne se forme pas de cercle de diffusion sur la retine (Cramer, Helmholtz). On reconnait, a Paide des experiences suivantes, que le cristallin se bombe dans la vision de pres. — Une lu- miere etant placee dans une chambre completement obscure, de cote et en avant de l'axe optique prolonge d'arriere en avant, l'observateur qui regarde d'un autre cote dans l'ceil, voit l'image de trois flammes : la plus dis- tincte et la plus grosse est engendree par la cornee ; la se- conde, nebuleuse, est engendree par la face anterieure du cristallin ; la troisieme, renversee, est engendree par la face posterieure du cristallin (Purkinje, Sanson). — Dans la vision de pres, la seconde image, qui est droit e, se rap- proche de la cornee, ce qui permet de conclure a une aug- mentation de la convexite du cristallin. Cette augmentation de convexite s'effectue par la contraction du muscle ten- seur de la choroide (ligament ciliaire)1, qui est compose de fibres circulaires etde fibres rayonnees. Dans la vision de pres, la pupille se retrecit en meme temps que les axes optiques convergent. On appelle ce mouvement V accommodation ou Yadap- tation pour la proximite ; il est lie a une sensation dis- tincte d'effort. A ce mouvement succede souvent une sen- sation lumineuse subjective : le phosphene d'accommo- * 1 On 1' appelle encore muscle ciliaire, muscle de Briicke. On se sert du terme muscle, mais c'est par une sorte d'anticipation , car la nature de cet organe n'est pas encore irrevocablement definie pour tous les histologistes. * 486 PHYSIOLOGIE HUMAINE. elation. L'oeil est essentiellement construit de telle sorte que les rayons qui viennent d'une distance infinie se reu- nissent sur la retine. II a besoin cependant de faire un effort pour voir dans le lointain, d'une accommodation pour le lointain ou d'une accommodation negative, dont les conditions ne sont toutefois pas encore connues. V experience de Scheiner est un exemple d'accommo- dation. Si Ton perce dans line feuille de carton deux ou- vertures qui soient plus rapprochees l'une de l'autre que n'est grand le diametre de la pupille, et si Ton regarde a travers ces ouvertures deux epingles placees l'une derriere l'autre, celle que l'on fixe et pour laquelle l'oeil est accom- mode parait simple ; l'autre au contraire, qui n'est pas fixee parle regard, parait double, parce qu'elle forme des cercles de diffusion. Comme exemples des consequences d'une accommoda- tion imparfaite, il y a quelques phenomenes qui meiitent d'etre mentionnes. 1) Aberrations monochromatiques. On entend par ces mots des cercles de diffusion qui ne se trouvent pas syme- triquement autour du meme axe. Si Ton regarde le ciel limpide par une etroite ouverture pratiquee clans un papier noirci, on apercoit un cercle clair entoure de dentelures ou de cercles. 2) Astigmatisme. Si l'on a devant soi deux lignes se croisant a angle droit, on remarque qu'il faut, pour voir nettement la ligne horizontale, porter la feuille plus pres de l'oeil que pour voir la ligne verticale. — Cela provient d'une asymetrie de l'oeil (Fick, Donders). 3) Phenomenes entoptiques. On nomme ainsi les per- ceptions ayant pour cause les ombres de petits corps opa- ques qui se trouvent dans les milieux refringents de l'oeil et qui projettent des ombres sur la retine, — ou se pro- duisent, lorsque, d'une autre facon, quelques parties de retine viennent a etre ombragees. Ces perceptions font la SEPTIEME SECTION. — ORGANES DES SENS. 487 meme impression que si elles provenaient d'objets exte- rieurs, II y a dans le corps vitre de tous les yeux de ces corpuscules opaques qui se meuvent d'ici, dela avec l'osil ; tant que l'oeil reste sain et que l'attention n'est pas particu- lierement dirigee de ce cote, ils demeurent inobserves; mais ensuile ils donnent lieu aux phenomenes importuns appeles mouches volantes. On voit facilement des pheno- menes entoptiques, quand, sous un eclairage brillant, on regarde dans un microscope, sans qu'il soit charge d'un objet, ou mieux, quand on examine, les yeux tres-rap- proches, par l'ouverture etroite d'un ecran noir l'image d'une flamme projetee au foyer d'une lentille convergente. On remarque alors le bord pupillaire de l'iris, le cours des liquides qui se trouvent sur la cornee, les secteurs du cristallin, etc. La perception des vaisseaux de la mem- brane retinienne appartient aussi aux phenomenes ent- optiques. On voit ce reseau vasculaire, si, apres avoir fait eclairer fortement la sclerotique, on tourne ensuite l'oeil vers un champ visuel obscur (Purkinje). 4) Irradiation. (V. plus loin, §13.) § IV. — MOUVEMENTS DE L'IRIS Role de Tiris. — L'iris a pour fin d'ecarter les rayons peripheriques, et quand la lumiere est suffisamment forte, de ne laisser entrer par la pupille retrecie que les rayons axillaires et d'empecher le plus possible les cercles de diffusion. Quand la lumiere diminue, la pupille s'elargit pour livrer passage a un grand nombre de rayons. Pour les nerfs de l'iris (voy. S. VI, § 54). Aberration de sphericite. — Les rayons periphe- riques etant plus fortement refractes sur une lentille a sur- face spherique que les rayons axillaires, ils convergent plus tot et forment sur la retine des cercles de diffusion, aber- ration de sphe'ricite . Pour obtenir une image nette, l'iris 488 PHYSIOLOGIE HUMAINE. represente done un diaphragme, ou mieux, a cause de sa mobilite, plusieurs diaphragmes. La pupille, en dehors d'une affection nerveuse directe, peut etre dilatee par V atropine et contracted par la feve de calabar, la nico- tine, etc. Les deux especes d'agents agissent vraisembla- blement sur les deux muscles differents de l'iris ou sur les terminaisons ultimes de leurs nerfs. § V. — ACHROMATISME La lumiere blanche est decomposed par la refraction en les memes rayons colores qui la composent. Soit la retine en cd (fig. 49); de pelits cercles de diffusion sont formes par les rayons v violets, qui sont le plus refrangibles ; de plus grands par les rayons jaunes j ; les plus grands sont Fiff. 49. formes par les rayons rouges r. Si l'oeil est accommode de telle facon que le point-image tombe en v, les autres rayons- j et r, voisins du point de convergence, s'y reuni- ront, et par consequent l'impression du blanc prevaudra. Les rayons qui ne sont pas encore arrives au point de SEPT1EME SECTION. — ORGANES DES SENS. 489 convergence se cachant en meme temps sur les bords, l'im- pression du blanc reste predominante. Quand roeil est bien accommode, il voit la lumiere blanche sans lisieres colorees ; celles-ci n'apparaissent qu'avec une accommodation insuffisante. On voit facilement des lisieres colorees en couvrant a demi les pupilles. La cause de l'achromatisme de Foeil n'est pas encore pleine- ment connue. § VI. — SENSIBILITE DE LA RETINE Fixation des objets. Fossette centrale. — Le pouvoir sensitif de la retine reside dans les cellules gan- glionnaires centrales du nerf optique, lesquelles vraisem- blablement se trouvent dans les couches optiques et les corps genouilles. On sait que la plus grande par tie des fibres du nerf optique se croisent de telle sorte que la cou- che optique droite represente essentiellement la retine gauche el vice versa. Nous appelons sensation de la lu- miere, l'effet de la force engendree dans les cellules gan- glionnaires en question. Elle constitue l'energie propre du nerf optique et peut etre provoquee par des causes variees. Elle se produit lorsque le globe oculaire est comprime, lorsqu'un courant electrique le traverse ; elle a ete res- sentie par des hommes dont le bulbe oculaire etait extirpe, au moment de la section du nerf optique. Les troubles de la circulation cerebrale et oculaire, les idees seules meme, peuvent aussi faire naitre la sensation lumineuse. Dans tous ces cas, i'excitation est directe, elle porte sur le nerf optique meme. II en est autrement avec l'irritant le plus habituel, la lumiere objective. Celle-ci, en effet, n'affectc pas les nerfs immedialement, mais seulement par l'entre- znise de l'organe terminal special qui se trouve dans la re- tine, et qui est principalement forme par des batonnets et des cones. Ces derniers constituent presquc entierement 490 PHYSIOLOGIE HUMAINE. la tache jaune, ou les fibres nerveuses manquent totale- ment. C'est aussi dans ce point que la yue est le plus nette. Plus 1'image s'en eloigne, plus elle devient confuse. En consequence, on distingue une vue directe et une vue indirecte. Pour celle-la, il est necessaire que nous fixions l'objet a travers l'ceil, c'est-a-dire que nous mou"vions le bulbe de telle sorte que les lignes directrices rencontrent la fossette centrale. Tache aveugle. Experience de Mariotte. — A l'endroit ou le nerf optique penetre dans la retine, endroit dont le centre est eloigne d'environ 5 4/2 — 4 milli- metres du centre de la tache jaune, existe une cecite com- plete. Quand done, a une distance determined, on regarde avec l'oeil droit, le gauche etant ferine, trois points situes les uns a cote des autres, quand on les regarde de telle facon que le point-milieu soit seul fixe, on voit en meme temps le point qui se trouve a gauche, tandis que le point situe a droite est completement eclipse. ISi Ton ferme l'ceil droit, on ne voit plus dans les memes rapports le point gauche (experience de Mariotte). Les points invisibles tombent precisement sur le colliculus l du nerf optique (dit la tache aveugle), qui ne renferme que des fibres ner- veuses, ni batonnets ni cones. II suit de la que les fibres nerveuses n'ont elles-memes aucune sensation des ondes luinineuses. On s'est egalement convaincu par l'ophthal- moscope qu'une personne n'eprouvait pas de sensation de la lumiere d'une flamme dont 1'image tombait sur l'oeil, quand cette image rencontrait le colliculus, mais que tout autre point de la retine lui donnait cette sensation (Donders). Tache jaune. — Dans la tache jaune, le point ou la vue est le plus distincte , les fibres nerveuses man- quent absolument, et Ton n'y rencontre que des cones, * * » Papilld. * SEPTIEME SECTION.— ORGANES DES SENS. 491 des cellules ganglionnaires et des couches granuleuses. Sensation des coulenrs. — La retine recoit des ondes lumineuses deux especes d'impressions, savoir : en premier lieu, celle de leur intensite (amplitude) ; et en se- cond lieu, celle de leur difference de grandeur qu'indi- quent les composantes de la lumiere solaire blanche. Si, par une fente etroite, on fait penelrer de la lumiere blan- che dans un espace obscur, et si Ton regarde a travers un prisme a l'endroit de la fente, on voit alors deux choses, savoir : une image coloree, le spectre solaire, qui renferme les couleurs de l'arc-cn-ciel : rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo, violet; ensui'e ces couleurs dejetees du cote du hord refringent. Les rayons violets sont les plus refran- gibles ; les rouges sont les moins refrangibles. Les oscilla- tions de ces derniers sont, dans un certain laps de temps, en plus petit nombre que celles des premiers (481 billions contre 764 billions par seconde). On peut done dire que la retine a la sensation du rouge, quand elle est atteinte par des vibrations se snecedant lentement, et qu'au fur et a mesure que la duree des vibrations et la longueur des ondes deviennent cleplus en plus courtes, les sensations de l'orange, etc., jusqu'au violet se developpent. Aux deux points extremes du spectre, ou Ton ne reconnait plus de couleurs, il y a neanmoins des rayons, mais qui n'affectent pas la retine. Sur les limites des rayons rouges se trouvent les rayons caloriques, qui agissent sur le thermometre ; a la limite des violets, sont les rayons chimiques, qui affec- tent les sels d'arge'nt, le sulfate de quinine, la teinture de gaiac. Ces derniers, avec une intensite de lumiere ordi- naire , n'excitent pas la retine m le thermometre non plus. Avec une lumiere tres-intense, a l'aide de substances diminuant la refrangibilite, du sulfate de quinine, par exemplc, et si les autres parties du spectre sont effacees, — les rayons les plus refrangibles qui se trouvent au dela du violet , les ultra-violets , deviennent : an contraire ; 492 PHYSIOLOGIE HUMAINE. visibles et avec une coloration bleu cendre (Helmholtz). A Taide de divers procedes que nous ne pouvons expli- quer ici en detail, on est en etat de reunir les differentes couleurs du spectre, et par ce mo yen de faire agir en meme temps sur les memes points de la re tine differentes cou- leurs simples. On obtient le meme resultat en faisant tour- ner rapidement une toupie, sur laquelle on a peint des dis- ques de diverses couleurs. II n'enresultera pas la sensation de chaque couleur en particulier, mais celle de couleurs complexes : du pourpre, par exemple, si les deux couleurs qui se trouvent aux extremites du spectre rouge et violet, se couvrent. Le blanc resulte du melange de differents couples de couleurs spectrales, par exemple : jaune et bleu indigo, — orange et bleu cyanique. Les couleurs qui produisent ensemble le blanc sont appelees comple- mentaires. Le meilleur moyen d'obtenir le blanc, toutefois avec un cercle rouge autour, sur la toupie coloree, c'est de combiner le vert, le violet et le rouge, si ces couleurs sont dans des rapports determines. Si Ton veut enduire trois segments d'un disque egalement grands avec les couleurs designees, voici quelles en sont les proportions convena- bles : 0s, 1 fuchsine, — 40cc eau, — 10 gouttes d'acide acetique ; enmelanger 25 gouttes avec 10 gouttes eau; — 0s, 1 de rouge d'aniline, — 15cc alcool ; en melanger 5 gouttes avec 5 gouttes alcool et 2CC eau ; 2 grammes vert de Schweinfurt, — 10cc eau, — -45 gouttes solution gommeuse. Si Ton place en meme temps devant les yeux deux li- quides colores, en versant, par exemple, une solution d'oxyde de cuivre ammoniacal dans une cornue et une so- lution d'acide picrique dans une autre et en tenant les deux vases obliquement Fun devant l'autre, on voit la couleur composee : le vert. Lorsqu'on examine le liquide bleu au travers d'un prisme, on voit apparaitre un spectre auquel manque le rouge, l'orange, le jaune ; il n'y reste plus que SEPTIEME SECTION. — ORGANES DES SENS. 493 le vert et le bleu et un peu de violet qui n'ont pas ete ab- sorbed, mais qui se sont reflechis et qui, par ce fait, sont devenus visibles. Regarde-t-on le liquide jaune au travels d'un prisme : le rouge, le bleu et le violet manquent ; on n'apercoit dans le spectre que l'orange, le jaune et le vert. Les deux liquides colores absorbent done toutes les couleurs spectrales, a l'exception du vert, qui est reflechi, et vu, par consequent. C'est en vertu des memes principes que le violet procede du rouge et du bleu, l'orange du rouge et du jaune. Les regies subissent toutefois de nombreuses modifications, suivant les couleurs choisies. Pour expliquer un grand nombre de phenomenes rele- vant de la question presente, par exemple, les couleurs complementaires, on a emis (Th. Young, Helmholtz) l'hy- pothese que les elements de la retine, relativement a sa sensibilite aux oscillations de Tether lumineux, ctaient de differente nature; que, parmi eux, il y en avait qui etaient affectes les uns par des oscillations ondulaires tres-grandes, d'autres par de petites : bref, de meme qu'il y a differentes couleurs objectives, de meme il y a des elements retiniens correspondants, soit cones, soit fibres. Des elements spe- ciaux seraient done affectes par une seule couleur, et ne seraientpas excitables pour les autres. Des fibres nerveuses de differente espece repondraient dans la retine aux trois couleurs fondamentales qui sont : le rouge, le bleu, le jaune ; ou, comme on le pretend, d'apres de recentes ex- periences, le rouge, le vert, le violet. Quand done les fi- bres correspondantes sont fatiguees par l'excitation persis- tante produite par uue couleur, des excitations de fibres, non encore affecteesjusque-la, se manifestent aisement. II .y a des homines qui ne distinguent pas la couleur rouge et qui voient du noir a la place de cette couleur. On suppose chez ces individus une conformation imparfaite des elements retiniens qui sont affectes par les vibrations etherees les plus lentes. Le rouge n'est pas non plus facilement send 28 494 PHYSI0L0G1E HUMAINE. sur les parties peripheriques de la retine, ni quand on re- garde des objets tres-petits (Aubert). Pour ] 'appreciation de l'intensite des sensations de la retine, voir plus bas. § VII. — CAUSES D'EXCITATION DE LA RETINE. Les ondes lumineuses constituent le principal agent d'excitation. Pour queleur effet s'accomplisse, il faut : a) Un certain degre d'eclairage, b) De V attention, c) Une image distincte, sans cercles de diffusion, d) Une certaine dimension de Vobjet, par consequent une certaine grandeur de Tangle visuel. On peut voir encore cependant d'une maniere distincte des objets d'une dimension extraordinaireraent faible, par exemple, des lignes de Qmm,005 de large (Vollkmann), si 1' image tombe sur la fossetle centrale. Deux lignes paralleles dont les images ne sont distantes quede 0">,00119 — 0"',G0i48, sont percues cependant et elles produisent sur la retine des impressions separecs (F. H.Weber, Vollkmann). e) Uncertain laps de temps, qui ne peut e'tre qu'extre- mement petit^ puisqu'il est possible de recevoir l'impres- sion visuelle d'une etincelle electriquei Outre la lumiere, des influences mecaniques, par exem- ple la pression, le choc, l'electricite aussi, de meme les idees peuvent egalement affecter la retine et provoquer des sensations de lumiere; Pour ce qui regarde le stimulus electrique par un cOu- rant constant, on a observe que si les electrodes sont pbsees sur le front et la nuque, l'electrode positive en avant, la negative en arriere, tout le champ visuel, a l'exception de l'endroit correspondaiit au colliculus optique est eclaire, En changeant la direction du courant, on rend ce point SEPTIEME SECTION.— ORGANES DES SENS. 495 clair et le reste du champ visuel obseur. Ces phenomenes peuvent etre rapportes aux effets du courant positif et ne- gatif dans l'electrotonus (Helmholtz). Voy. S. VII, § 12. Une pression exercee sur une partie de l'oeil, par exem- ple, sur le bord externe, provoque une sensation de lu- miere, au cote oppose du champ visuel, par consequent ; dans l'exemple precedent, au cote interne. Cela provient de ce que les impressions ordinaires que recoit la retine sont des images d'objets exterieurs et que ces objets sont renverses, et que Fame se represente neanmoins les objets dans la position droite. C'est pourquoi les impressions ex- traordinaires, comme les figures-pression, sont aussi ren- versees par les idees. § VIII. — EFFETS CONSECUTIFS A L'EXGITATION Images consecutives positives. — Quand la retine a ete excitee et que Texcitation a cesse, l'impression per- siste encore un certain temps apres, que les yeux soient fermes ou qu'ils soient detournes de l'objet visuel. On ap- pelle cela des images consecutives positives. Quand, par exemple, on regarde un carreau de vitre et qu'ensuite on ferme les yeux, on continue a le voir un certain temps apres. De meme, un point eclairant apparait comme un cercle eclairant, quand on agite ce point en decrivant un cercle. Images consecutives negatives. — Quand les images consecutives positives cessent, les images consecu- tives negatives se montrent : les objets clairs apparaissent sombres, les objets colores avec des couleurs complemen- taires ; par exemple, les rouges paraissent vertes. Les ima- ges consecutives negatives ont pour cause une fatigue des parties anterieurement affectees. Si, apres avoir regarde longtemps une surface rouge, Tceil se tourne vers nne sur- face blanche, la retine verra tous les ravons colores conte- 496 PHYSIOLOGIE HUMAINE. nus dans les rayons blancs, al'exception des rouges, pour lesquels sa sensibilite est emoussee ; mais tous les autres ensemble provoqueront la sensation du vert ou du bleu verdatre. De meme, la sensation du noir se developpe comme image consecutive negative du blanc. Toutefois, avant que cette impression se manifeste, d'autres couleurs apparaissent encore separement, habituellement dans l'ordre suivant : blanc, bleu, violet, rouge, noir. Contraste des couleurs. — Quand un objet colore a ete longtemps regarde, ses bords et les parties voisines paraissent colores de couleurs complementaires. On appelle cela contraste des couleurs. § IX. — MOUVEMENTS DU BULBE CCULAIRE Quoique le bulbe soit mobile et par consequent suscep- tible de deplacement, ce deplacement n'a vraisemblable- ment pas lieu dans la vie normale. Le mouvement essentiel du bulbe consiste en une rotation autour d'un point fixe appele point de rotation, qui est situeun peu en arriere du milieu del'axe optique, a environ 13mm,5 derrierele vertex de la cornee et 1 0 millimetres en avant de la face posterieure de la sclerotique ( Donders ) . L'axe oculaire, c'est-a-dire la ligne tiree du milieu de la face anterieure au milieu de la face posterieure de la sclerotique, a une longueur de 23 — 25 millimetres. Get axe ne coincide pas avec la ligne visuelle tiree du milieu de la fossette centrale ; car cette derniere est situee en dehors et en bas de la premiere (Helmholtz). Le plus grand cercle que coupe un plan vertical mene par le point de rotation, le milieu dela cornee et le centre de la retine, a recu le nom de meridien vertical et son axe celui (Yaxe de haHiteur. Le meridien horizontal passe par le point de rotation et par la ligne qui partage le bulbe en une moitie anterieure et une moitie posterieure ; son SEPTIEME SECTION.— ORGANES DES SENS. 497 axe est Yaxe transversal, qui traverse l'ceil en se diri- gearit de gauche a droite. L'equateur coupe le globe oculaire en formant le plus grand cercle perpendiculaire aux meridiens : son axe est Vaxe optique. Que Ton imagine une coupe conduite par ces trois plans, voici ce que Ton obtiendra : L'ceil est partage par la coupe sagittale passant par le meridien vertical, en une moitie droite et une moitie gauche ; par la coupe frontale pas- sant par le meridien horizontal, en une moitie anterieure et une moitie posterieure ; par une coupe transversale passant par l'equateur, en une moitie superieure et une moitie inferieure. Nous nous representerons maintenant la tete et les yeux dans une position parfaitement determined qu'on regarde comme l'etat de repos et que pour cela, eu egard a l'ceil, on designe du nom de situation primitive. Dans cet etat, les lignes visuelles des deux yeux, qu'a ce point de vue on appelle aussi lignes du regard, sont dirigees d'arriere en avant vers Fhorizon; la tete etant dans 1' attitude verticale. Le plan visuel est le plan conduit par les deux lignes visuelles. Sortant de cette situation primitive que nous venons de decrire, l'ceil peut, il est vrai, se tourner dans toutes les directions ; mais l'expe- rience a appris que toutes ses rotations ne s'operent qu'au- tour des axes qui sont dans le plan de l'equateur (loi de Listing). Parmi ces axes, il faut remarquer qu'il y en a deux principaux, savoir : Yaxe transversal et Yaxe de hauteur. Quand l'ceil, abandonnant sa position primitive, pivote autour de son axe vertical, il tourne soit eu dedans, soit en dehors ; pivote-t-il autour de son axe transversal, il tourne soit en haut, soit en has, c'est-a-dire que le re- gard s'eleve ou s'abaisse. Les rotations de l'ceil autour de la ligne du regard sont appelees les rotations en roue de l'ceil, parce que l'iris tourne comme une roue, quand elles s'accomplissent. 28. 4«8 PHYSIOLOGIE HUMAINE. Que Ton imagine une ligne droite tiree du milieu de rorigine d'un muscle au milieu de son insertion, et qu'on mene un plan par cette ligne et le point de rotation, ce plan s'appellera leplan du muscle. Une ligne qui, dans ce plan, tombe perpendiculairement sur le point de rotation, prend le nom d'axe de rotation du muscle. On peut, avec une certitude assez grande, admettre pour les muscles de l'oeil trois plans musculaires et trois axes de rotation. Le droit interne et le droit externe tournent autour de l'axe vertical : le premier tire la cornee en dedans, le dernier en dehors. Le droit superieur, en tournant autour de l'axe horizontal de rotation, tire la cornee en dedans et en haut, le droit superieur en dedans et en bas. Les plans mus- culaires des muscles obliques sont situes autour de l'axe de profondeur. Le muscle oblique superieur tourne la face posterieure et superieure de la sclerotique en dedans et en avant, par suite la cornee et la pupille en bas et en dehors. L'oblique inferieur tourne la cornee et la pupille en haut et en dehors. Toutefois les plans musculaires ne coincident en aucune facon avec les axes optiques, tout au plus, le muscle interne et le muscle externe coincident-ils avec l'axe vertical, iinsi done les muscles superieur et inferieur ne tournent pas le bulbe tres-exactement en haut et en bas, mais en general plusieurs muscles concourent a la production de ces mouvements. Voiciles angles que forme l'axe de rotation du muscle : avec l'axe visuel — l'axe vertical — l'axe transversal. Droit superieur. . 111°21' '10So22' I5I°10' Droit inferieur. . 65°57' 114<"28' 57°49' Droit externe. . . 9f>°lo' 9°15' 95°27' Droit interue. . . 8o°l' 175°15' 94°28' Oblique superieur 15016' 90°0' 60°16' Oblique inferieur 29°14' 90°0' 119044' Pendant le sommeil, les yeux sont tournes en dedans et en haut ou en dedans et en bas. SEPTIEME SECTION. — ORGANES DES SENS. 499 Cerele visuel. — L'espace dans lequel les objets peu- vent etrevus s'appelle le cerele visuel. Le cerele visuel le plus simple et le plus petit est Tespace dans lequel des objets peuvent etre vus par l'oeil immobile ; le cerele vi- suel le plus etendu est celui qui est decrit par les mouve- ments des yeux, aussi bien dans le sens horizontal que dans le sens vertical. § X. — LE REDRESSEMENT DES OBJETS Projection des objets au point oil les lignes directrices se coupent. — Nous transportons les objets dont les images se peignent sur la retine dans l'es- pace et a line distance determinee. C'est un phenomene commun aux sensations que l'impression faite ou plutot le changement apporte par elle (l'image de l'impression) soit refoule et reporte a un autre endroit (voy. S. VI, § 16). En ce qui touche les impressions visuelles, un tres-grand nombre d'experiences, faites depuis l'age le plus tendre, font conclure a l'existence d'un espace en dehors de nous et a l'existence d'objets dans cet espace. Le sens du toucher aide particulierement a ces experiences. Dans la vision avec les deux yeux, nous transportons les objets a Fendroit ou les lignes directrices, qu'on imagine tirees d'un point de l'objet aux deux yeux, se coupent. Distance. — Dans l'appreciation des distances, nous appelons a notre aide la grandeur connue des choses, les objets qui se trouvent interposes entre l'oeil et les objets a voir. Deslors qu'avec 1'eloignement Tangle optique diminue, les objets eloignes nous apparaissent plus petits. Redressement des images renversees de la reiine. — Bien que sur la retine les images se peignent renversees par rapport aux objets, nous les placons cepen- dant immediatement, dans la position droite, en verm do 500 PHYSIOLOGIE HUMAfflE. l'experience acquise, soit par le sens du toucher, soit par la sensation musculaire (voy. S. VI, § 16). § XI. — VISION SIMPLE AVEC LES DEUX YEUX Vision simple an centre de la retine. — Toutes les images qui, venant du meme objet, tombent en meme temps sur le milieu de la retine et par consequent sont vues de la maniere la plus distincte, paraissent simples ; celles, au contraire, qui tombent sur les autres parties de la retine apparaissent doubles dans de certaines condi- tions. Quand on considere avec les deux yeux deux objets par- faitementsemblables, deux pains a cacheter, par exemple, de dimension et de couleur parfaitement semblables, quand on les regarde a la fois, de telle facon que chaque ceil ne fixe qu'un seul objet, ce qui se fait de la maniere la plus facile a l'aide du stereoscope, les images des deux pains a cacheter se fondent en une seule qu'on croit voir au mi- lieu du champ visuel. Horopter. — Dans la vision indirecte, tous les points n' apparaissent pas doubles ; car ceux qui tombent sur les points identiques ou harmaniques de la retine sont vus simples. Si Ton se represente chaque retine comme une bille sur laquelle, de meme que sur un globe, seraient tra- ces des cercles meridiens et des cercles paralleles, les points identiques sont les points quise trouvent auxmemes degres ; les points-objets, dont les points-images rencontre- ront les points identiques, seront vus simples, les autres doubles. On appelle lignes horopteriques celles qui, dans une position determined de Fceil, relient dans l'espace les points qui sont vus simples avec les deux yeux, par con- sequent qui tombent sur des points identiques de la retine. On admet un horopter transversal et un horopter ver- SEPTIEME SECTION.— ORGANES DES SENS. 501 tical.Le transversal est une ligne circulaire sur laquelle tombenttous les points qui sont vus simples avec le point fixe, quand on les regarde dans le plan visuel (c'est-a-dire leplan qui est parallele au plan horizontal conduit par l'axe optique). L'horopter vertical est perpendiculaire au plan visuel. Dans la figure ci-apres, e et f apparaissent doubles lors- qu'on fixe le point d en tenant cette figure horizontale- ment devant les yeux. lis tombent sur des points qui ne sont pas identiques. Fig. 50. Pour obtenir de la maniere la plus facile des images dou- bles, il faut prendre un papier rigide sur lequel, comme dans la figure 50, ne sont marques. que trois points /", d, e. sans lignes, toutefois un peu plus eloignes les uns des au- tres ; il faut en suite le tenir borizontalement a la hauteur 502 PHYSIOLOGIE HUMAINE. de Yapertura pyriformis1 et fixer f\ on voit alors d et e doubles. Les images doubles de e sont plus eloignees l'une de 1'autre que celles de d ; et quand, au lieu de trois points, on en fait quatre ou cinq, les points doubles les plus rap- proches de l'oeil fonnent les images doubles qui sont le moins distantes les unes des autres, et les points les plus eloignes celles qui ont entre elles les intervalles les plus grands. Vient-oa a fermer subitement l'oeil droit, le point droit semble disparaitre ; ferme-t-on l'oeil gauche, c'est le point gauche qui disparait. La vision simple avec les deux yeux est vraisemblablement un acte psychique dans lequel Fame conclut de Timpression egale qu'elle regoit en meme temps de chaque oeil a l'exis- tence d'un seul objet. La vision d'images doubles se presente rarement, sur- tout parce que les objets fixes n'apparaissent pas doubles et que la fixation accompagne toujours la vision. Mais lorsque, a cote de 1'objet fixe, apparaissent des images doubles, le sensorium les reunit ensemble. Aussi, dans l'habitude de la vie, la fixation d'un point determine n'est-elle que de courte duree, plus courte du moins que n'est le temps qu'il faut aux personnes inexperimentees pour apercevoir des images doubles d'objets non fixes et ne se trouvant pas sur les points identiques. § XII. — VISION DES CORPS Les images de la retine n'indiquent que les dimensions en largeur et en hauteur, mais elles n'indiquent pas la di- mension en profondeur. Cette derniere est deduite par voie de raisonnement, mais n'est pas sentie de prime abord. Nous concluons a cette dimension, en partie par l'apprecia- tion de la distance, ce qui est plus profond etant aussi plus * * Orifice anterieiu' du nez.* SEPTIEME SECTION. — ORGANES DES SENS. 503 eloigne, en partie par les mouvements que le bulbe a exe- cutes pour reconnaitre la dimension en profondeur. Enfin les deux yeux y contribuent essentiellement : avec l'oeil droit on voit un objet autrement qu'avec l'oeil gauche, le cote droit paraissant completement dans le premier cas, tandis que le cote gauche ne s'apercoit qu'en partie ; et, dans le second cas, le cote gauche paraissant pendant que lecote droit ne se voit qu'en partie. Si done on leve le plan du cote droit et du cote gauche d'un meme corps et qu'on regarde chaque image en meme temps avec un seul oeil, l'ame se representee l'image d'un seul corps, comnie cela se passe dans le stereoscope. § XIII. — IRRADIATION Les objets clairs semblent generalementplus grands que les objets sombres de memes dimensions. Un cercle noir sur un fond blanc parait considerablement plus petit qu'un cercle blanc sur un fond noir ; on appelle cela Irradiation. Ce phenomene se presente d'autant moins que l'oeil est plus exactement accommode ; toutefois il n'est pas absent, meme dans l'accommodation parfaite, et depend essentiellement d'une impression qui a ete faite sur Fame et qui est pre- ponderante. Dans certaines circonstances, un objet sombre peut done aussi paraitre plus large qu'un objet clair : e'est ce qu'on nomme V irradiation negative. § XIV. — APPRECIATION DE LA GRANDEUR L'appreciation de la grandeur d'un objet depend avant tout du nombre des elements percevants de la retinc. Plus grand est l'espace que prend son image sur la membrane rctinienne, plus grand, par suite, est son angle visucl, pour d'autant plus grand tenons-nous l'objet ; mais, en meme temps, le pouvoir accomraodateur de l'oeil exerce 504 PHYSIOLOGIE HUMAINE. une grande influence sur l'appreciation des grandeurs. Quand nous accommodons l'ceil pour la vision de pres, nous tenons les objets a voir pour plus petits que lorsque nous accommodons l'ceil pour la vision de loin. § XV. — LARMES. GLANDES DE MEIBOMIUS La cornee est entretenue humide par les larmes, chose essentielle pour sa transparence . Le clignement des yeux les conduit vers Tangle interne de l'ceil. De la elles parvien- nent dans le sac lacrymal qu'un muscle comprime. La pression atmospherique exterieure, augmentee pendant {'inspiration, contribue a la progression des larmes. La secretion adipeuse des glandes de Meibomius empeche les larmes de s'epancher par-dessus les paupieres. CHAPiTKE 11 SENS DE L'oUiE Dans certaines conditions, les ebranlements des corps elastiques provoquent dans l'oreille une sensation qu'on nomme sensation sonore. Aucun organe, aucun nerf du corps n'est excite d'une maniere semblable par ces memes ebranlements. § XVI. — SON Son. Bruit. — Les ebranlements sont, ou reguliers se repetant periodiquement a des intervalles egaux et se nomment alors des vibrations, ou ils sont irreguliers el lion periodiques. Les premiers delerminent le son, les se- conds le bruit. En tout cas, ils doiventse repeter avec une SEPTIEME SECTION. — ORGANES DES SENS. 505 cerlaine rapidite ; quand il se produit moins de 1 6 mouve- nients par seconde, l'oreille n'en est pas affectee. Les vibrations qui sont engendrees dans les cordes, les plaques metaliiques ou dans quel que autre corps que ce soit, l'oreille les recoit, regie generale, par 1'intermediaire de I'air dans lequel elles se propagent. Les particules d'air qui confinent le plus pres aux corps vibrants, font des mou- vements ondulatoires en oscillant ca et la, sans que cettc couclie d'air s'eloigne davantage des corps vibrants. Dumou- vement engendre en elle un autre mouvement ondulatoire se produit aussitotdans la couchesuivante, mouvement qui est toutefois de plus faible intensite, puis celui-ci se pro- page a line troisieme, puis a une quatrieme couche, etc., jusqu'a ce qu'enfm les ondes deviennent lout a fait petites et sedissipent. Si l'oreille se trouve au milieu deces cou- ches d'air et que les ondes soient encore assez intenses, on entend. On distingue dans un son sa hauteur, sa force et son timbre. La force depend de la grandeur des excursions on- dulatoires ; la hauteur depend du nombre des vibrations qui ont lieu dans l'unite de temps, par exemple, dans la seconde. Le timbre par lequel l'oreille dislingue les divers instruments de musique, par exemple, une note egalement haute et forte clonnee par un violon ou par une flute, doit proceder de la forme differente des vibrations. Le plus faible nombre de vibrations a la seconde dont l'oreille soit affectee s'eleve a environ 16, et le plus eleve a 58,000. Mais on n'utilise dans la musique que des sons de 40—4,000 vibrations. § XVII. — CE QUML PAUT POUR L'EXEfiCICE DE l'ouIE 1) Des vibrations sonores doivent etre conduites jusqu'a l'eau du labyrinthe qui baigne les organes auditifs internes. C'est ce que font l'oreille externe et l'oreille moyeims. Les 505 PHYS10LOGIE HUMAliNE. os de la tele peuvent egalement exercer ce role de condue- leurs des sons. 2) Ueau du labyrinthe deplacee par les vibrations affecte les expansions des nerfs auditifs par l'intermediaire de certains organes propres a cela (cils auditifs du vesti- bule, organes de Corti du limacon), toutcomme les vibra- tions de Tether dans l'ceil n'affectent pas directement la retine, mais indirectement par les batonnets et les cones. 5) La conduction est favorisee par des mouvemenls qui s'accoraplissent dans l'oreille externe et dans ToreiHe moyenne. ■4) Perceptions, idees et jugernents. § XVIII. — PROPAGATION DU SON Les ondes sonores sont rassemblees par la conque de Foreille et le conduit auditif externe, dans un espace plus petit, reflechies et par suite renforcees. Dans la caisse du tympan, les ondes sonores se propagent en partie par des corps solides, les osselets de l'oreille, en partie par Fair. Le tvmpan a le role : 1) De transmettre les vibrations de l'air aux osselets de l'oreille. Les vibrations sonores, en effet, sc propagenl difficilement de Fair aux corps solides; facilement, quand une membrane elastique leur est interposee. II faut consi- derer les osselets de l'oreille, a cause de leur petitesse, aussi bien que 1'eau incompressible du labyrinthe enfermee dans une cavite etroite, comme des corps solides dans les- quels les vibrations sonores ne font pas d'ondes de conden- sation et de dilatation. Toutes ces parties sont, au contraire saisies dans la meme phase vibratoire. (E. Weber.) — - Le marteau et renclume sont unis Fun a l'autre par une dis- position speciale, telle que si le marteau se meut en de- dans, renclume soil maiutenue lixe par une espece de SEPT1EME SECTION. — URGANES DES SENS. 507 crochet d'enrayure et yisnne eii irieme temps pressor contre la petite tete de l'etrier. Mais si le marteau se meal en dehors, la tete peut s'ecarter im pen de Fenclume, a cause de la laxite de la capsule articulaire. L'enclume reste attachee a l'etrier. (Helmhollz.) 2) De maintenir Vequilibre entre L'air de la cavite tyni- panique et l'air exterieur. L'air parvient par la trompe d'Eustache dans la caisse du tympan, et s'il s'y accumule, s'y condense, le tympan peut ceder. Quand l'air se rarefie dans l'inspiration , le diaphragme tympanique pousse en dedans sous la pression de l'air exterieur. 5) Le muscle tenseur du tympan ! tend le diaphragme en se contractant. En efiet, le manche du marteau se trou- vantpris entre les feuillets du tympan, ce manche, lorsqu'il est tire par le muscle susdit, — et la longue apophyse de renclunie qui lui est unie, tendent le tympan. Mais le son ne s'etend pas aussi vite dans les membranes tendues que dans les membranes laches. Le tympan sert done a affai- blir les sons violents, en se tendant. Les mouvements du tenseur du tympan dependent du nerf trijumeau (ganglion olique). D'apres les lois de l'acoustique, le tympan, qui n'a qu'uu petit diametre, ne devrait covibrer que lorsque des sons hauts le frappent et non point avec des sons bas ; cepen- dant il n'en est pas ainsi experimentalement. La tension de la membrane du trou ovale est accrue par le pied de l'etrier et le muscle stapedius*. Quand l'etrier penetre profondement dans la ienetre ovale, il en resullc une pression sur l'eau du labyrinthe. Comme l'eau n'est pas compressible, la fenetre ronde est poussee et proemine plus en dehors, d'oii s'explique la necessite de l'ouverture ronde. (E. Weber.) * ' Muscle interne du marteau. * * '- De stapeda, stapes, stapio (stat pes) ruler. * 508 P1IYSIOLOGIE HUMAINE. § XIX. — SENSIBILITE AUDITIVE Les fibres des nerfs auditifs se distribuent, partie aux saccules et ampoules 1 du vestibule, partie a la lame spirale du limacon. Autaut qu'on sait, il ue se distribue pas de nerfs aux canaux demi-circulaires. Les nerfs du vestibule comme des limacons ont des appareils terminaux parti cu- liers dont il faut etudier la disposition dans les traites cV histologic. — Tandis que dans l'ceil differentes impres- sions de couleur qui atteignent la raeme place de la retine se reduisent a une simple impression (couleur mixte), l'oreille distingue dans chaque son les tons partiels qui lc composent ; elle decompose par consequent les systemes d'ondes combinees en oscillations pendulaires simples (Helmholtz), phenomena qu'on fait deriver des proprietes de l'organe de Corti qui est situe dans le limacon. CHAPITRE III SENS DE L'ODORAT § XX. — CE QU'IL FAUT 1) Les matieres odorantes doivent etre apportees par l'air a la region olfactive du nez. 2) L'impression faite doit etre sentie. 5) Certains mouvements sont necessaires. ■4) Activites psychiques. § XXI. — MUQUEUSE OLPACTIVE La portion superieure seule de la cloison et la paroi late- rale repondant aux deux cornets superieurs sont destinees 1 Utricules. SEPTIEME SECTION. — ORGANES DES SENS. 509 a l'olfaction. On ne rencontre pas d'epithelium vibratile clans cette region, mais un epithelium en couche simple forme de grosses cellules semblables aux cellules epithe- liales cylindriques, dont les prolongements s'etendent jus- qu'a la surface de la muqueuse ; entre ces cellules se trou- vent les cellules dites olfactives, qui emettent des prolon- gements filiformes. Les nerfs de cette region se repandent en filets variqneux tres-fins qui s'anastomosent avec les cel- lules olfaciives. (M. Schultze.) Le reste de la muqueuse possede de Perithelium vibra- tile, aussi bien clans la cavite nasale que dans les cavites annexes. (Voy. p. 4G4.) § XXII. — MATIERES ODORANTES Elles sont extraordinairement divisibles, a tel point que, par exemple, au0Q()U0 de milligramme d'extrait alcoolique de muse peut encore etre senti. Les matieres odorantes ne se transmettent a l'organe olfactif que par l'air. Les cavites accessoires servent vraisemblablement a meler d'air ces matieres odorantes. CHAPITRE IV SENS DU GOUT § XXIII. — CE QU'IL FAUT 1) Le contact materiel de l'objet a gouter avec l'organe du gout. 2) Sensation des nerfs du gout. 3) Attention et jugement. 510 PHYSIOLOGIE 11UMAINE. Des mouvements de la langue sont encore requis pour distinguer nettement les saveurs. § XXIV. — MATIERES SAP1DES On distingue quaire especes de gout : amer, doux, sale, acide, Les matieres sapides doivent etre dissoutes pour etre senties. C'est pourquoi Taction de la salive et du mucus est necessaire pour les matieres solides. (Voy. p. 409.) 5ENSIBILITE GUSTATIVE La racine de la langue et la racine du voile du palais out la sensibilite gustativela plus delicate (J. Miiller); la pointe de la langue jouit aussi du gout (Schirmer). Les nerfs qui president an gout sont done : Le nerf glosso-pharyngien pour la racine de la langue ; Les rameaux pterygo-palatins du .trijnmeau pour le voile du palais ; Le nerf lingual pour la pointe de la langue. Les papilles de Ja langue sont les organes gustatifs essen- tiels de la langue. Suivant de recentes recherches, les nerfs qui s'y rendent semblent etre pourvus d'organes termi- nauxperipheriques propres. (Loven, Engelmann, Schwalbe.) . Probablement la corde du tympan, et par suite le nerf facial, dont les filets arrivent a la langue avec le nerf lin- gual, agit sur le mouvement des papilles. Dans un acte de gustation delicate, les papilles semblent se relever. (Voy. p. 468.) SEPTIEME SECTION. — OttGANES DES SENS. 511 CHAPITRE V SENS DU TOUGHER § XXVI. Par le sens du toucher nous possedons la faculte : 1) D'etre affectes par les vibrations de 1' ether qu'on sent sous la forme de la chaleur. On appelle encore cette faculte sens de la temperature. 2) De percevoir la grandeur de la pression que fait un corps etranger sur la surface tactile, par exemple, done : son poids ou la densite de ses particules materielles. Cette propriete est appelee sens de la pression. — Le sens mus- culaire (voy. p. -429) agit en connnun avec le sens du toucher par les muscles sous-jacents a la surface tactile, tout comme les muscles de l'ajil agissent en commun avec le sens de la vue. Par la comhinaison de ces deux activites nous acquerons line idee de la grandeur etde la forme des corps. § XXVII. — SENS DE LA TEMPERATURE C'est par lui qu'on est en mesure de decouvrir une diffe- rence entre deux substances de temperature inegale oscil- lant entre + 10*et-f- 47° C. Avec une grande attention, on arrive a distinguer une difference de 1/5 — 1/6° C. II faut ici prendre en consideration la temperature de la surface tactile elle-meme, laquelle habiluellement s'eleve sur le tegument externe a environ 18°, 4' C, et en outre les organes tactiles. La sensibilite tactile la plus delicate appartien.t a la pointe de la langue, puis aux paupieres, aux joues ; le fcronc est moins sensible, les parties rapprochees 512 PHYSIOLOGIE HUMAINE. de la ligne mediane moins que celles qui en sont eloignees ; la muqueuse du canal digestif n'est presque pas sensible, celle de l'estomac l'est seule a un faible degre. Les corps qui conduisent facilement la chaleur semblent, cela se comprend, doues d'une plus haute temperature que lcs au- tres. La repletion sanguine de la peau la rend moins, la de- pletion sanguine plus sensible a la perception de la tempe- rature. (Voy. encore p. 54-1.) § XXVIII. — SENS DE LA PRESSION II est egal dans la plupart des points du corps, mais il semble particulierement fortifie la ou des os se trouvent sous la peau : ainsi, par exemple, au front. Par le sens de la pression, on distingue la lourdeur de deux poids inegaux , — ou sans le secours du sens musculaire , quand, par exemple, la main appuie sur quelque chose, — ou avec lui, lorsqu'on souleve des poids. Les corps fro ids. paraissent plus lourds que les chauds de meme poids, § XXIX. — SENS DU LIEU A toute affection du sens du toucher est lie un effort de Fame pour transporter a un lieu determine la cause de l'affection. Plus faible est la pression exercee sur la surface tactile, plus laborieuse est la perception et plus difficile aussi est la localisation. La pression est pour le sens du toucher ce que Teclai- rage est pour l'ceil. Avec un contact leger, il est difficile de determiner les limites d'un objet. De meme, quand deux points doivent etre localises en meme temps, les images tactiles se recouvrent en quelque sorte et se fu- sionnent, si bien que la perception se produit comme si un seul point avail ete touche. La faculte de discerner deux points rapproches d'une surface tactile, qui ont ete affectes en meme temps, sans pression marqupe, en tanl SEPTIEME SECTION. — ORGANES DES SENS. que deux points, a recu le nom de sens du lieu. Pour l'experimenter , on touche en meme temps avec deux pointes de compas emoussees deux points de la peau ou d'une muqueuse et suivant que l'ecarternent des pointes a besoin d'etre plus ou moins grand, jusqu'a ce qu'elles soient distinguees comme deux , on estime grande ou faible ]a delicatesse du sens du lieu. II faut tenir compte ici de trois circonstances : 1) La surface sensible, 2) L'attention et l'exercice, 5) L'integrite des centres. Ad. 1). On a observe que les pointes du compas n'ont besoin d'etre ecartees que d'une demi-ligne pour etre dis- tinguees comme deux, a la pointe de la langue ou a la pulpe des doigts, tandis que, sur la joue, un ecartement de 4 lignes 1/2 — 6, — au milieu du dos, de 24 lignes est necessaire pour que la distinction soit faite. II est vrai- semblable que les papilles qui existent aussi bien a la langue qu'a la pointe des doigts, de meme que les corpus- cules du tact qu'on trouve en elles (voy. fig. 51), sont les organespar lesquels la fine distinction est possible, a l'inslar de la tache jaune de la retine pour la vue. Les troncs nerveux eux-memes ne sont capables d'aucune sensation tac- tile. Ad. 2). Par l'attention et l'exercice l'ecarternent des pointes du compas peut etre diminue , comme aussi par un exercice trop prolonge la fatigue peut survenir. Ad. 5). Bien que la faculte dela sen- sation depende de la structure, de la constitution des organes, les centres du Fig.51.— Corpuseule systeme nerveux y sont cependant chaque du tact fois es.«entiellement interesses. D'ou Ton observe souvent 29. 514 PHYSIOLOGIE HUMAINE. dans les etats paralvtiques un amoindrissement du sens dn toucher. (Voy. 558, 389, 511.) § XXX. — LOI PSYCHO-PHYSIQUE On ne peut mesurer les sensations tactiles, comme du reste, en* general, toute sensation, et par suite determiner leur intensite relative, que si Ton est en etat de les com- parer avec une sensation egale qualitativement, mais dif- ferente quantitativement. Pour determiner la temperature avec le sens du toucher, nous avons besoin de deux corps inegalement chauds, et c'est ainsi que Ton ne peut esti- mer l'intensite de la lumiere et du son que par la compa- rison des sensations de deux sources de lumiere et de deux sources de son. Ces determinations reposent sur un acte psychique. Apres qu'une perception a ete produite par la sensation, Fame rapproche l'une de l'autre deux perceptions ou idees et les compare. Leur difference depend des differentes excitations nerveuses, en d'autres termes, des mouvements moleculaires produits par les deux in- fluences. Nous avons done deux influences ou deux excitants et deux sensations ou idees. On se demande maintenant s'il y a un rapport entre les deux series, entre les deux pro- positions. Si, par exemple, on estime une sensation, que nous appellerons a', une fois aussi forte que la sensa- tion a, F excitant b' sera une fois aussi fort que l'exei- tant b. L'expericnce a appris qu'il y a reellement un rap- port dans de certaines limites. II a ete tout d'abord fixe par F. H. Weber, puis appele Lot jJsychopJnjsique , par Fechner. Elle peut s'enoncer de la maniere suivante : L'intensite de la sensation est directement proportion- nelle a Vaccroissement de V excitant et inversement pro- portionnelle a la grandeur totale de Vexcitant. Si done un excitant,, par exemple, un poids place sur hi main, une SEPTIEME SECTION. — ORGANES DES SENS. 515 force lumineuse, etc., etait estimee egale a 10 et une autre = 50 ; et si nous appelions a la sensation produite par 10 et a' celle produite par 50, — nous evaluerions a' trois fois aussi grand que a. Le rapport reste aussi 1 : 5, quand, au lieu des excitants donnes 10 et 50, on apris 20 et 60. Si nous pouvons evaluer la longueur de deux lignes qui d'fferent entre elles de 1/10 de millimetre, — que ees lignes aient 15 millimetres Tune et 15,1 l'autre — ou qu'elles aient 50 millimetres Fune, et l'autre 50,1, nous reconnaitrons et estimerons toujours par notre sensation une difference de 0 millimetre 1 — . (V. p. 558.) HUITIEME SECTION GENERATION ET DEV E LOPPEM ENT CHAPITRE Ier DE LA GENERATION1 § I. — CE QU'IL FAUT Fecondation. — II est requis pour la generation que les filaments seminaux parviennent jusque dans l'ovule. Cet acte est appele Fecondation. Sous l'influence de la fe- condation l'embryon se developpe dans Tovule. § II. — LE SEMEN DE l'hOMME Composition du sperme. — Le sperme de l'homme, semen virile, est un liquide blanc, epais, a odeur propre. La substance fluide dont provient cette odeur est appelee aura seminalis. Le sperme contient environ 90 pour 100 eau et 10 pour 100 substances solides, parmi lesquelles * ' Toute substance organisee qui se nourrit et so developpe, de- termine dans son voisinage la genese, molecule a molecule, d'une matiere analogue ou semblable a elle, et peut merae se reproduire directement quand elle est Gguree. Get acte recoit le nom de genese HUITIEME SECTION. — GENERAL ET DEVELOP. 517 une matiere extractive, la spermatine, et des sels, princi- palement des phosphates de chaux. On voit au microscope un Ires-grand norabre de filaments seminaux dans le L- quide spermatique. Le filament seminal, spermatozoaire (1/50'"), consiste en une petite tete allongee d'environ 1/500"' de longueur et en un filament qui se termine en pointe aigue. Frais, les filaments se meuvent en ondulant ca et la sans qu'on puisse rien saisir de volontaire dans ces mouvemenls. Les mouvements se maintiennent aumieux clans les liquides moderement alcalins, tandis que des so- lutions acides et des solutions tres-etendues de sucre ou d'albumine ou de glycerine, de l'eau pure meme, les sus- pended bientot. Apres la mort, on a trouve des mouve- ments dans les filaments seminaux, 12 heures et meme 24 heures apres la mort, et chez des femelles vivantes de mammiferes on en a constate dans 1'uterus et les trompes, meme une semaine apres la fecondation. — Quand ils ont cesse , on peut les ranimer, pour un court espace de temps, avec des caustiques alcalins ; une temperature tres- basse ou tres-elevee, l'alcool, 1' ether, le chloroforme, les acides les arretent. Quand du sperme a ete desseche, on peut, en le diluant, meme des mois apres, y reconnaitre encore les filaments spermatiques ; il est bon d'observer que dans une goulte, il y a un grand nombre de filaments seminaux et qu'il faut en imputer le poids a leur nom- breuse presence. Si les letes qui se detachent facilement ne s'y trouvent plus, on ne peut pas diagnostiquer la pre- sence des filaments seminaux. Les filaments spermatiques ou de naissance, lorsqu'il est considere en lui-meme, et ceux de generation et de production, lorsqu'on envisage ;i la fois son re- sultat et la maniere dont il s'est opere ; enfin il prend le nora de reproduction, lorsquc la substance d'un clement anatomique figure, ou meme quelquc organisme complexe se prolonge ou se diviso directement en un corps nouveau semblahle a celui dont il derive, et avec lequel il a aussi une liaison genealogique directe des plus evjdentes. (Robin) (Voy. p. 012)*. 518 P1IYSI0L0GIE HU MAINE. naissent des cellules seminales. Les noyaux d'ime cellule seminale se multiplient et, dans leur developpement ulte- rieur, chaque noyau s'effile en un filament, de telle sorte qu'il y a autant de filaments seminaux que la cellule con- tient de noyaux. Les cellules eclatent et les filaments se- minaux deviennent libres. Ce developpement a lieu dans le testicule. — Le testicule consiste essentiellement en un groupement de canalicules dits seminaux ; 1-5 canalicules semi ni feres component un lobule spermatique, et les lobules spermatiques constituent la plus grande masse du testi- cule. — Les filaments seminaux ne sont pas encore de- veloppes a Forigine d'un canal semiriifere. On ne les voit distinctement qu'a 1'extFemite du canal seminifere pene- trant dans le corps d'Higmore. On les trouve libres dans les epididymes et les canaux deferents. Ce n'est qu'a Tepoque de la puberte que commence la formation des filaments seminaux; elle persiste jusqu'a un age tres- avance. Expulsion du spernie. — Le sperme est amene dans le canal de l'urethre par les canaux efferents et ejacu- lateurs ; et de la les mouvements du canal de l'urethre le ehassent au dehors. Les mouvements des canaux deferents sont produits par des fibres musculaires lisses qui, sous l'excitation des nerfs sacres inferieurs, se contractent. L'excitation des nerfs sacres moteurs a lieu, par voie re- flexe, soit sous l'influence de la moelle epiniere, soit sous eelle du cerveau. On pent demontrerpar des experiences que l'irritation du nerf sympathique lombaire, celle des rapines sensibles des nerfs sacres et des racines motrices des troisieme et quatrieme nerfs sacres, comme aussi l'irritation de la moelle entiere depuis la moelle allongee ont pour consequence des mouvements du canal deferent. Toutes causes qui peuvent augmenter l'irritabilite des nerfs contribuent aussi a rendre plus faciles les mouvemonls du canal deferent. HUITIEME SECTION, — GENERAL ET DEVELOP. 519 Causes de l'expulsion du sperme, — D'apres cela, on peut done rapporter la progression du sperme, a partir du testicule jusqu'a l'urethre par la voie du canal de- ferent, aux causes suivantes : 1) Irritation de ce canal, lorsqu'il est distendu par une grande quantite de sperme, par consequent, lorsqu'il y a augmentation de secretion spermatique, 2) Irritation par voie reflexe, 5) Irritation provenant du cerveau, 4) Exageration de l'irritabilite du systeme nerveux, re- connaissant diverses causes debilitantes. La muqueuse du canal deferent et de l'epididyme, comme celle des cones vasculaires1, possede un epithelium vibra- tile ; le mouvement de ce dernier a lieu dans la direction de l'urethre, et il est possible que ce mouvement favorise la progression du sperme. Les memes muscles qui sont destines a remission de 1'urine, savoir : le m. bulbo-caverneux et le m. ure- thral, servent a l'expulsion du sperme hors du canal de l'urethre. Erection. — Dans la copulation il y a erection. Elle resulte d'une stase passagere du sang dans le membre viril. Cette stagnation peut provenir ou d'un afflux de sang plus grand par les arteres, le reflux par les veines restant egal, ou simplement d'un arret de la circulation veineuse. II est probable que les deux causes existent simultanement. La structure du penis favorise la stase ; les corps ca- verneux presentent, en effet, un lit enormement large au snng qui s'y rama^se. Les trabecules qui partenl de la paroi interne de la tunique propre forment un reseau dont les inailles s'etendent a travers les corps caverneux, et a l'interieur duquel on voit un grand nombre d'espaces veineux ; les parois des veines se confondent avec les pa- r i feie de l'epididyme. ' 520 PHYSIOLOGIE HUMAINE. rois des trabecules ; et, dans les trabecules, il y a des fi- bres musculaires dont les contractions peuvent exercer une pression sur les espaces veineux et retenir le sang veineux. La veine profonde du penis perforant le muscle transverse du perinee, la contraction de ce muscle peut en meme temps contribuer aussi a favoriser la stagnation. Outre cela, le flux sanguin est tres-fortement augmente a la suite d'une irritation nerveuse produite par Fexcitation des nerfs erecteurs (Voy. p. 462) (Eckbard). Le bulbe se tumefie considerablement et reste en etat d'erection tant que dure Fexcitation, et si les corps caverneux viennent a etre sectionnes pendant Firritation, il jaillit du corps caverneux et de Purethre un jet puissant de sang. (Eckhard.) Malgre cela, la pression sanguine ne monte pas dans les vaisseaux du penis (Loven), et c'est pourquoi l'on penche a regarder les nerfs erecteurs comme des nerfs d'arret qui determinent une dilatation des arteres. Les arteres des corps caverneux ont un trajet flexueux. se retrecissent subitement a leurs points de torsion, d'ou vient qu'elles presentent le meme aspect que si elles se terminaient en culs-de-sac : on les appelle pour cela ar- teres helicines. L'erection est ordinairement le resultat d'une action re- flexe entre les nerfs de la verge et les nerfs erecteurs. § III. — (ZUF DE LA FEMME Developpement de 1'oeuf de la feiume. — Dans Fovaire de la femme, comme dans les "canalicules semini- feres, se forment des cellules a noyaux et nucleoles, egale- ment dans des tubes (Valentin, Pfluger) qui se separent plus tard les unes des autres. On trouve done, dans un ovaire developpe, chaque ceuf entoure d'une enveloppe, si bien que .Fovaire montre a la coupe un certain nombre de HUITIEME SECTION. — GENERAL ET DEVELOP. 521 vesicules qu'on appelle folliculi Graafian!, vesicules de Graaf. (Voy.p. 81 ) Vesicules de Graaf. — On distingue dans line vesi- cule de Graaf : 1) L'enveloppe fibreuse externe, theca; 2) La couche epitheliale, membrana granulosa, situee a la face interne de celle-ci, et se transformant habituel- lement en une masse granuleuse ; 5) La cellule, ovulnm humanum, avec un noyau, vesi- cula germinativa, vesicule germinative, et un nucleole, tache germinative, macula germinativa; ■4) Enfin, le contenu de la cellule ou jaune, vitellus. (Voy.p. 515,528.) Outre ces parties, la vesicule de Graaf contient encore un liquide clair, liquor folliculi. Ovule. — L'ovule est entoure d'une membrane amor-' pbe, zona ou zona pellucida ou chorion. On voit encore autour de cette zona une masse granuleuse plus epaisse, discus proligerus, disque proligere. On a trouve sur l'o3uf de beaucoup d'animaux un orifice perce dans I'enveloppe de l'ceuf, micropijle, qui est destine a laisser entrer les filaments seminaux dans facte de In fecondation. (Voy. p. 525.) § IV. — MENSTRUATION Menstruation, Rut. — La fecondation ne pent avoir lieu dans Pespece humaine et chez les animaux qu'a une certaine epoque, a l'epoque ou l'ovaire expulse un ou plusieurs ceufs. On appelle cette epoque Menstruation dans fespece humaine ; Rut, chez L' animal. Phenomenes de la menstruation. — La men- struation est caracterisee : 1) Par Pissue d'un ovule hors de la vesicule de Graaf; 2) Par une turgescence dans les organes genitaux in- ternes, par de Phyperemie, par des ruptures de petits 5'22 PHYSIOLOGIE UUMAINE. vaisseaux dans l'uterus et un ecoulement de sang par les parties genitales ; 5) Par des phenomenes concomitants dans tout le reste du corps. L'ovule expulse peut arriver dans les trompes et dans l'uterus : le follicule de Graaf, d'oii il est sorti, est le siege dune hemorrhagic et son contenu subit la dege- nerescence graisseuse. La vesicuie ainsi transformee a recu le nom de corpus luteum, corps jaune. II presente une cicatrice, une petite depression au point de sortie de 1' ovule, et a la coupe, un noyau rouge forme de sang ; petit a petit, il prend une coloration jaune ou brune, de- vient toujours plus petit et enfin se reduit a rien. §ang men«itrnel. — Le sang qui est evacue dans la menstruation ne differe du sang normal ni par son etat microscopique ni par son etat chimique ; il a seulement perdu souvent sa coagulabilite, ce qui vient probablement de la nature alcaline de la muqueuse de l'uterus et du vagin. Tres-frequemment cependant le sang menstruel se coagule. II est ordinairement plus clair et melange d'une plus grande quantite de mucus le premier jour ; il en est de meme, quand le flux sanguin cesse. — II dure, en ge- neral, 5-4 jours; maintes fois plus longtemps, rarement moins. Son emission s'accompagne souvent de douleurs dans les regions sacrees et uterines. Parmi les phenomenes generaux, il faut noter l'exagera^ tion de l'irritabilite nerveuse, le gonflement des veines, Tinappetence, rabattement. La menstruation s'etablit habituellement chez la femme, dans les climats temperes, vers 16 ans *, et elle dure jus- qu'a 50. Elle revient, en general, apres 27 a 28 jours, cesse pendant la grossesse comme aussi dans la plupart des maladies de l'ovaire. * * A'ous avons trouve 15 ans 1/2, comme moyennc de 132 observa- tions que nous avons prises a l'hospice du Perron (pres Lyon), se- mestre d'ete de 1S75, MaterniU iemporaire. * HUITIEME SECTION. -*- GENERAL ET DEVELOP. 525 FECONDATION Transport 0. — Leur fonc- tion, 244. —Des animaux, 248. — Stroma, 250, 251. — Coagu- lation , 251. — Vie, 252. — Denombrement, 275. Corpuscules du tact (Meissner, Wagner), 589, 590. Corpuscules du tissu conjbnctif (proiongement des), 256. Corps jaunes, 522. Corps stries, 452, 446, 448, 451, 455, 489. . Corti (organes de), 506,508. Cotes (action des), 47. Couleurs (contrasle des), 400, 490. — Fondamenlales, 495. — (Sen- sation des), 491. Couches opliques, 452, 446, 448, 451, 455, 489, 556. Courant ascendant, 415. —Con- 552 TABLE ALPHABETIZE. stant, 414. — Descendant, 415. — E'ectrique musculaire, 554, 375, 420. — Nerveux, 536, 420. — De la peau des grenouilles, 556. — lnduit, 416. — Polari- sant, 420. — De polarisation, 415. Couiant sanguin arlei'iel (rapi- dite du), 284. Cceur pendant l'inspiration et pendant l'expiration (volume du), 71. Cceur sur les poumons (influence du), 70. Cceur (mouvements automaliques et ganglions du), 459. Coeur (innervation du), 459,451, 456, 470, 475. Cceur (structure du), 275. Cceur (bruits du), 279. Cceur ( force et frequence d^s contractions du), 195, 257,279. Cceur (force du), 281. Crampe rigide, 572. (Voy. Tetanos) Cravate suisse, 180. Cremaster, 542. Cristallio, 556. — ( bombement du), 485. Cristalloides (substances), 295. Cristaux du sang,- 265. Croute phlogistique, 246. Cryptoeoccus cerevisiae, 148. Cuisses galvanoscopiques de gre- nouilles, 554. Curare, 567, 410. Cylindre-axe, 589, 595. Cyon (nerf de), 465, 470, Cytogene (substance), 2:6. Defecation, 218. Deglutition (mouvement de la), 154. — Ses trois temps, 156. — Reflexe, 160. Dents, 150, 540. Diabete, 198, 477. Diaphragme (action du), 50. Diastase salivaire, animale, 126. Diastase vegetale, 125. Diffusion de CO2, 87. Diffusion interepitheliale, 288. Diffusion en general, 295. Diffusion (cercle de), 479. Digestion, 118 a 219.— Objet 118. Dans la cavile buccale, 119. — D:recte, 214. Distances (vue des), 452, 499. Uisque proligere, 521 . Doigts entre-croises ( sensibilite des), 455. Dyspeplone, 168. Eau de Fair respire, 114. Eau de l'urine, 555. Eaux de l'amnios, 554. — (com- position), 545. Echange de materiaux, 7, 551. Effort, 219. Elasticite des muscles, 577. Elasticite des poumons, 60. — Sa mensuration, 62. Electricite, 551. Electiiques (moyens de recon- naitre les courants),. 552. Electrodes, 414. Electrotonique (phase negative r del'etat), 422. Electrotonique (phase positive de i'etat), 421. Electrotonus, 400, 418, 495. Elements anatomiques (Robin), 16. — Constiluants, 17. — Pro- duits, 18. TABLE ALPHABETIQUE 555 Elements cellulaires (lew role dans la salivation), 141. Embryon (son developpement), 5,509, 527. Embryon (ses trois feuillets), 530, 534. Embryoplastiques (noyaus), 515. Emulsion, 190. Endosmose, 297, 298. Eudosmotiques (equivalents), 297. Enduit buccal, 148. Engourdissement des membres, 453. Engraissement, 27. Entoptiques (phenomenes), 486. Enveloppe de ia cellule, 507. Epiderme (composition), 357 Epididyme, 521, 519, 542. Epiglotte (role del'), 158. Epiovaire (organe de Miiller), __ 542. Epiploon (grand). 511. Epiploons ( arriere-cavile des), 541. Epithelium, 15, 14, 535. — Pulmo- naire, 58. — Vibratile de la muqueuserespiraloire,66, 520. — lies glandes salivaires, 144. — De la salive, 147. Equilibre (sentiment del'), 427. Erection, 428, 429, 448, 450,456, 462, 519. Espace intrapolaire, 420. Espace de Poiseuil, 290. Espaces perivasculaires, 238. . Estomac : Ses fonction-, 162. — Son developpement, 163, 541. — Son absorption, 176. — ^es ulceres ronds, 176. — Ses gaz, 178. — Ses mouvements, 180, 181, 459, 469. — Ses muscles, 179. — Sa force, 180. — Son innervation, 174, 179. 474, Eternuement, 69. Etrier, 507. Eustachi (trompe),507, 557. Exantheines, 272. Excitabilite nerveuse (ses modi- fications), 413, 422. Excitation aux mouvements res- piratoires, 81,455,472. Exosmose, 297. Expectoration, 69. Expirateurs (muscles), 62. Expiration, 62. Expiration complexe, 6". Excrements, 217. Excretine. 217. Excretion, 546. Facial (nerf), 157, 405, 467, 510. Facial (salive du), 155. Faim, 25, 450. Fatigue. 575,400,427, 428,450. Foetus (respiration du), 92, 527, 552. Fecondation, 516, 523. Fente vocale (glotte), 582. Ferites branchiales, .-38. Fer clans le sang, 262. Ferments solubles, insolubles, 125. Fermentation, 125. Fermentation digestive, 166. Feuillets de l'embryon, 550, 534. Feuillet sensoriel, animal, supe rieur, 535. Feuillel moyen, sereux, germi- nalivo-moteur, 555. Feuillet inferieur, vegetatif, mu- queux , des glandes intesti- nales, 555. Feuillet corne, 555. Fibres musculaires, 362. Fibres nerveuses, 589. — Leur force propre, 596. — Leur tra- oo4 TABLE ALPHABETIC UE. jet, 598. — Leur irritabilite et leurs irritants, 405. Fibres de Remak, 401, 404. Fibres ganglionnaires, 401, 404. Fibrine, 245, 258 — Ses proprie- tes, 261. — Fibrine concrete, 261. — Dissoute, 261. Fibrinogene (substance), 245. Fibrino-plastique (substance), 245. Fievres, fievre puerperale', 272. Filtration ( sang , cristalloi'des , colloides, cellules epitheliales), 296. Fissure choroidale, 557. Fluide buccal, 119. Foie : 140 — Developpement, 165. Fonctions, 184 — Structure, 184. — Sa substance rouge et sa substance jaune, 185. — Sa degenereseence graisseuse, 187. — L'unite de ses proprietes, 188. — Ses produits, 189. — Considere an point de vue de l'hematopoiese, 255. Follk-ules hematopoietiques, 15, 255. Force, 1. — Sa Constance, 2. — Les resistances qu'elle ren- contre, 2. Force de tension et force- \ive, 6, 95. Force contractile (sa determina- tion), 572. Force musculaire (grandeur de la), 575. Forces efficientes, 5. Forces organiques et cellulaires, 507. Forces usees et transformers (re- paration des), 5. Fosses nasales (role des), 66. Fossette centrale (ceil), 489. Foyer (neil), 481. Fromage (composition), 504. Froment (composition), 28. Fuliginosites, 148. Ganglion sous-maxillaire (centre nerveux), 140, 445. Gaines lymplnUiques, 258. Gaz (absorption des), 87. Gaz de l'estomac, 178. — De 1'intestin, 178. Gaz du sang, 90. Gaz (respiration dans les diffe- rents), 114. Ge'atine de Wbarton, 554. Generation, 516. Genese (tbeorie de la), 512, 516. Genito-spinal inferieur (centre), 476. Genito-spinal superieur (centre), 476. Genito-urinuires (developpement des organes), 541. Glande salivaire ventrale, 205. Glandes, 14, 15. — Claudes rau- queuses (larynx, trachee, bron- ches, 67, — Salivaires (struc- ture, 151 — Muqueuse de Ja bouche et du pbarynx, 146. — Intestinaies ( developpement ) , 162, 540. Peptogastriques, 171. — A mucus gastrique, 171. — Lympbatiques et organes simi- laiies, 1251, — Sebacees, 558. '— Sous-maxillaires, 154, 140, 476. — Uteri nes, 524. Glisson (capsule de), 185. Globe oculaire. ( VoyezButfic ocu- laire). Globules sanguins, 91, 244. — Agents qui les modifient, 91. Globules blancs, 226, 242. Globules rouges a noyau de la moelle des os, 255. Globuline, 246. TABU] ALPHABETIQUE. 555 Glomerule de Malpighi, 548. Glosso-pharyngien (nerf), 1-40, 405, 468, 470, 510. Glotle, 159, 382. Glvcemie, 198, 272. Glycocholate de soude, 191. Glycogene (organe), 184. — (sub- tance), 194, 305. Glycogenic hepatique, 195. Glycosurie, 198. Gmelin (epreuve de), 192. Gontlement, 295. Goodsir (theorie hislogenique de), 517. Gout (sens du), 509. Goutte, 272. Graisse : Du foie, 199. — Son ab- sorption dans l'intestin, 211. — Sa formation des albumi- noides, 189, 505, 505. — Son union avec des substances azo- tees, 505. — Causes de son aug- mentation et de ^a diminution, 214, 306. — Son role, 27, 41, 95, 299, 501, 507, 528. Grandeur des objets (apprecia- tion visuelie de la), 452, 505. Granules elementaires du sang, 254. Grehant (methode de), 78. Grenouilles (preparations de), 420, 425. Grossesse : — Dur£e, 525. — Modi- fications qu'elle entraine, 524. Gubernaculum testis, Hunteri, 542. Gustative (sensibilile), 468, 510. Haptogene (membrane), 222. Hematine, 264. Hemotacliometrede Yierordt,284. Hematoidine, 191, 264. Hemine, 264. Hemispheres cerebraux, 432, 446, 448, 452, 556. Hemodromometre de Volkmann, 284. Hemoglobine, 250, 262. — Se> cristaux, 265. — Son dedou- blement, 264. Henle (canalicules de), 548. Hepatiques — (facteurs des pro- duits), — (cellule*), — (ilots), — (lobules), 202. Hippurique (acide), 554. Hoquet, 69. Horopter, lignes horopteriques (identiques), 500. Humeur aqueuse (composition), 545 Humeurs constituantes ou de constitution, 7. — Produites ou secretees, 8. — Excremen- titielles, 9. — Epoque de leur apparition, 551. Huxley (theorie histogeniquede), 517. Hydrogene, 116. Hydropisie cardiaque, 272. Hyperinose, 260. Hypogiosse (nerf), 154, 405, 470. Image (projection de l'image sur la retine), 478. Images consecutives, negatives, positives, 495. imbibition et gonflement, 295. Inanition, 528. Induction unipolaire (courant), 416. Inflammation, i60, 272. bo(S TABLE ALPHABETIQUE. Inspirateurs (action des muscles), 49. Inspiration, 46. — Ses agents, 58. — Ses muscles auxiliai- res, 58. Inspiratoires (resistance aux for- ces), 59. Intercellulaire (substance), 507. Intestin grele, 165, 208, 2 1 5, 540. Intestin gros, 165, 217, 540. Intestins : Gaz, 178. — Mouve- menls automatiques , 459. — .Innervation, 451, 469, 474. Intestinal (sue), 209, Intestinales (fistules), 2)9. lntime (tunique), 285. Introduction, 1 a 50. Inuline (de Schiff), 196. Iris : — Innervation, 401, 412, 454, 456, 471. — Mouvements, 481, 440. Irradiation, 5^9, 505. Irritabilite, 512, 516. Irritabilite des muscles, 567. Irritabilite des nerfs, 405. Irritants des nerfs, 409. Isotropes (points), 565. Isthme naso-pharyngien, 157. Jaune de l'neuf (composition), 28. K Katelectrotonus, 419. Katode, 414, 419. Kymographion de Vierordt et Ludwig, 41, 286. Labyrinthe, 506, 557. Lactee (secretion), (voy. lait). Lactees (glandes) , 16, 28, 505, 5 10. 517, 545. Lacunes du tissu conjonctif, 256. Lait, 9, 28, 50, 505, 510, 517, 546, 477, 545. Langue (mouvements do la), 154. 471. Larmes, 545, 504. Laryngc superieur, inferieur ,469. Larynx, 582. — (Muscles du), 584, 469. Lassitude, 427. Leptoihrix buccalis, 149. Leucocvthes ( V. Globules du sang), 226, 251. Leucoeythemie, 272. Ligne primitive, 555. Limaeon, 506, 508. Lingual (nerf), 155, 465. — Effot de sa section sur la salivation, 158. Lipemie, 272. Liquide d'impregnation, 295, 518. Liquide cerebro-spinal, 545. Liquide de l'hydrocele, 545. — du pericarde, 545. — de la plevre, 545. — des chairs, 562. Lithiase urique, 272. — oxalique, 272. Localisation, 428. Lochies, 545. Loi de Bell et Magendie, 402. Loi psycho-physique, 558, 514. Loide. Ritter Walli, 426. Loi des secousses, 417. Loi de Waller, 5J0, 593. Lymphe: Definition, 221.--- Siege, 221. — Ses elements ligures, 222. — Sa composition chimi- que, 225. — Comparee avec le chyle, 224, 225. — Sa circu- lation, 258. — Son absorption, 258. — Sa separation du sang, Conbeim, 240. TABLE ALPrlABETIQUE. 557 Lymphatiques (cellules), 226. — (gaines), 238. — (origine des), 234. — (coeurs), 440. M Macboires, 150. Mai de montagnes, 101. Malpighi (corpuscules), 229. Marche, 381. Mariotle (experience de), 4-90. Marteau, 507, 538. Masses terminales des nerfs, 389, 390. Mastication : — Ses agents, 150. — Influence nerveuse, 154. Maxillaire inferieur : Axe de rota- tion, 153. — Branche mon- tante, 151. — Condyles, 151. Mouvements, 152. — Forma- tion, 558. Meibomius (glandes de), 504. Membrane granuleuse, 521. — pupillaire, 557. Membranes caduques. (Voy. Ga- duque). Memoire, 400, 456, 448. Menstruation, 521. Menstruel (sang), 52 !. Metapeptone, 168. Micropyle, 521. Microzymas, 259. Migration des cellules (Conbeim), 316. Milieux refringents, 480. Milieux respirables, 114. Moelle alloniiee, 431,455. Moelle epiniere, 444, 445, 457. Moteur oculaire commun (nerf), 405, 46 i, 471. Moteur oculaiie externe (nerf), 405, 467. Molus peristaltici, 209. Moucher, 69. Moucbes volantes, 487. Mouvement cursif et mouvement ondulaloire ou pulsatile du sang arteriel, 287. Mouvement de manege, 454. — musculaire, J62. Mouvements amiboi'des, cellu- laires, granulaires, 519. Mouvements antagonizes, 441. Mouvements automatiques, 457, 439. Mouvements incites, 437, 442. Mouvements moleculaires des li- quides, 293, Mouvements peristaltiques et an- tiperistaltiques, 215. Mouvements reflexes, 400, 442. — Leurs combinaisons, 445. — Exemples, 446, 454.— Influence du cerveau sur eux, 446, 454. — Leur mensuration, 443. — In- fluence de la strychnine, 446. Mouvements respiratoires (in- fluence des nerfs), 455, 455, 470, 472. — Ce qui les excite, 81. Mouvements simultan^s, 599. Mouvements toniques, 440. vibratiles, 320. — volontaires, 447. — volontaires et sans influence psycbique, 450. Moyens de jouissance (alcaloides), 26. Mucosine, 147. Mucus gastrique, 164. — intestinal, 209. — salivaire, 147. Miiller (canaux de), 542. Multiplicaleur, 552. Muqueuse olt'active, 508. — respiratoire, 66. — sus-glottique, 160 Muqueuses (glandes), 67. 558 TABLE ALPHABETIQUE. Muscle : Son equateur, sa sec- tion longiludinale naturelle, sa section transviTsalc natu- relle, sa section longitudinale artificielle. 554. — Ses modiii- cations pendant la contraction, 575. Muscles : Composition cliirnique, 565. — Compares avecle sang, 565. — Eldsticite , 577. — Etals divers, 569. — Fonctions, 567, — Irritabilite, 567. — Respiration, 95, 566, 569, 573, 576. — Vitesse de pi-opagation, 574, 412. Muscles laryngiens, 584, 469. — Lisses, 564, 571. — De l'ceil, 498. — Papillaires 278. — Stries en travers, 562, 571. Musculaire : (Bruit, 574.— (Elas- ticite), 577. — ^Force), 575. — (Irritabilite), 567. Musculaires : (Cassette?), 565. — (Fibres), 562. Myeline (Moelle des uerfs), 590. Mvosiue, 565, 566. N Nerf actif, 411. Nerf depresseur de Cyon et Lud- wig,465, 470. Nerf nauseeux (glosso-pharvn- gien), 161, 182. Nerfs des muscles respiratoires, 82. Nerfs secreteurs de Pfliiger (sa- live), 145. Nerfs (physiologie des), 587. Nerfs centrifuges, 597, 401. Nerfs centripetes, 597, 400. Nerfs (especes de) , 400. Nerfs moteurs, 401. Nerfs dos glandes, nerfs sympa- thiques, nerfs ganglionnaiies, nerfs de suspension, nerfs cen- tra ux, 401, 4U0 Nerfs mixtes en leur trajet, 405. Nerfs craniens, 405, 455,464. Nerfs craniens sensuels, 405. Nerfs craniens moleurs, 405. Nerfs, (irritabilite, iiTilants des), 405, 409, 411. Nerfs (pouvoir conducteur dou- ble), 406. Nerfs (rapidite de la transmis- sion dans les), 411. Nerfs (mortdes), 417,425. Nerfs excitomoteurs, refiectomo- teurs, 447. Nerfs erecteurs, 462, 520. Nerfs (developpement), 556. Nerveuse (composition chimique de la substance), 595. Nerveux (bislologie du systeine), 588. Nez plastique (sensibilite du), 455. Nicotine, 85. Noyau (cellule), 507. Nceud vital (Flourens), 81. Nucleole (cellule), 508 Nutrition, 292. — (Ses processus cliimiques), 2tf8. Oculo-motcur (nerf), 405, 471. Odorantes (malieres), 509, Odorat (sens de 1'), 508. (Eil reduil, 4S1. CEsophage (mouvements de 1'), 155, 162, 469. (Euf de la femme, 520. Oidium albicans (muguet), 148. Olfactif (nerf), 590,405,455,464. Olfactive (muqueuse), 508. TABLE ALPHABETIQUE. 559 Oligopyrenhemie, 272. Omphalo-mesara'ique (canal), 529. Ongles, 557. Opium, 410, 424. Optique (nerf),390, 405, 408, 423, 455,464, 489, 556. Oreillettes, 275. Organe glvcogene, biliaire, 184, 185. Organes des sens, 478. Os: Regeneration, 525. (Oilier). — Developpement, 539. Oscillation negative du courant, 575, 411. Osmose, 297. Osselets de Foreille, 506. Osteomalacic, 272. Ouie (sens de 1'), 504, 537. Ouraque, 532, 541, 542. Ovaire, 9, 16, 521. Ovule, 521. Oxyde de carbone (milieu respi- rable), 116. Oxygene, 114. — Sa consumma- tion par jour, par heure, 81, 115. — Son action sur les centres nerveux de la respi- ration, 8.'. — Comme milieu respirable, 98, 114. Oxybemoglobine, 265. Ozone, 266. Ozoniferes (substances), 267. Pain (composition), 50. Pancreas: structure, secretion, 205.205, 206. Pancreatine, 208. Pancreatogenes, 207. Pancreatogenie, 207. Papille (ceil), 490. Papilles dentnires, 540. Paraglobulinej 246. Parapeptone, 168. Parelectronomique (coucbe), 5o0. Parenchymes, 15. Parole, 58-'. Particules de chair; 563. Parturition, 545. Peau : — Ses gaz, 560. — Son ab- sorption, 561. — Sa secretion, J57. — Sa structure, 558. Pedoncules cerebraux, 455. Penis, 519. Pepsine gastrique, 170. Pepsine pancreatique, 205. Peptogastriques (glandes), 171. Peptogene (substance), 174, 175, Peptogenie, 175. Peptones ou albuminoses, 168. Peptones intermediaires A, B, 169. Peristaltique, 215. Pettenkoffer (experience de), 191. Pharynx : — Mouvements , pars di^estiva, pars respiratoria , 155, 469. Phenomenes : — Leur but, leur identite avec le mouvemen!, 1. — Phenomenes centrifuges , 456. — Centiipetes, 426. — D'arret, 401, 451, 452.— Psyche ques, 435. Phosphates ferreux et alcalins de Purine, 555. Phosphenes, 495. Pile de Becquerel et de Darnell. — pile de Bunsen. — Pile de Grove, 414. Placenta, 16, 92, 526, 552. Placenta seucoagulum, seu cras- samentum sanguinis, 244. Plaques des verlebres primor- diales, 555. Plaques libreuses de rintcstin (feuillet des), 540. Plaques lateralcs, 553. Plasma des muscles, 565. 560 TABLE ALPHABETIQUE. Plasma sanguinis, 244. Plasmine, 223, 260. Plateau d'axe, 555. Plateaux terminaux, 389, 390. Plethore, 272. Plevres (role des), 63. Plexus solaire, 216. Pneumogastrique (nerf), 85, 216. 468. Pneumographe de Marey, 45. Point capital, 482. — Point image (focal), 459. — Point limite d'eloignement, 484. — Point limite de proximite, 484. — Point nodal, 4N2. — Point- objet, 479. — Points identiques ouharmoniques, 501. — Points remarquables de Valleix, 418, 425. Pois (composition), 28. Poiseuil (espace de), 2C0. Poisons animaux, mineranx, ve- getaux, 272. Polypyrenhemie, 272. Poninie de terre (composition), 28. Pouls aiteriel, 286. Pouls cardiaque, 2"6. Pouls dicrote, 286. Poumons : — Developpement, 40, 540. Reseau capillaire, 86. — Structure, 16, 51. — Elasti- city, 60. Presse abdominale, 75. Pression arterielle, 284. Pression atmospherique, 70. Pression de l'inspiralion et de l'expiration, 80. Presure, 166. Principes azotes, 24. — Elemen- taires du corps humain, 22.— Immedials, 19. — Inoraaniques, 25. — Non azotes, 24. — Nu- tritifs, 24. Produits mediats liquides ou de- mi-liquides, H'. Proliferation (theorie de la), 511. Prolongements des corpusculos du tissu conjonctif, 256. Protagon, 506, 593. Protoplasms, 507. Proloxyde d'azote (milieu respi- rable), 115. Psychiques (phenomenes), 435. Psycho-physique (loi), 538, 514. Ptyaline, 119, 120, 125, 128.' Pulpa lienis, 227. Purpura hoemorrhagica, 272. Pyemie, 252. Pylore, 180. Racbitisme, 272. Racines anterieures, 402, 457. Racines poslerieures, 402. Rate: Structure, 227. — Extirpa- tion, 229. — Composition chi- mique, 250. Rayon directeur, 479. Rayon moyen (axe), 479. Redresiement des objels (vue), 499. Rel'roidissement du sang dans le poumon, 95, 540. Refiexe secreteur (salive), 157, 146. — be la deglutition, 100. Regeneration (tissus epidermi- ques, cristallin, os, nerfs, cor- nee, tissu conjonctif, muscles), 323. Reins (structure), 16, 548.— Pres- sion du sang, 549. Reisseisen ( fibres musculaires Jisses de), 55, 56. Remplacement, 7. Resorption, 522. Respirables (milieux), 114. Respiration, 4, 51. — Objet, 41, TABLE ALPHABETIQUE. 561 43, 44. — Interieure et exte- rieure, 43. — Pulmonaire, 44. — Ses temps, 45. — Son gra- phique, 45. — Sa grandeur, 75- — Sa frequence, 80. — Respiration du sang, 86. Respiration du foetus, 92 527, 531. Respiration des tissus, 93, 306, 569, 575. Respiration pulmonaire dans les differents gaz, 114. Respiratoires (tension desparois), 59. (Voy. mouvements.) Retablissement, 576. Retention, 526. Retine: — Sensibilite; 489. — Sa fossette centrale, 489. — Son excitation, 464.— Sa formation, 556. Rhombo'idal (sinus), 521, 408. Rhumalisme, 272. Rigidite cadaverique, 566, 574. Rire, 70. Ritter-Valli (loi de), 426. Ronilement, 69. Rut, 521. Sac du jaune, 529. Sac epiploique, 541. Saccule dentaire, 540. Salivaires (glandes), 128, 151. Salive al)dominale(suc pancreati- que) : 205. — Composition, 205. — Proprietes, 205. — Obten- tion, 205. Salive buccale (composition), 120, 150, 131. Salive de la corde du tympan, 155, 136. Salive du sympathique, 135, 156. Salive mixte: Rolecbimique, 120 — Role meeanique, 120. Son action dans l'estomac, 129. Salive parotidienne, 152, 155 Salive sous-maxillaire, 152, 155, 184. Salive sublinguale, 155, 157. Salives (distinction des), 131. Sang : — Ses albuminoides, 256. Son analyse spectrale, 265. — Arteriel, 267, 282, 284. — Cir- culation, 275. — Coagulation, 244. — Composition chimique, 254, 258. — Couleur, 268. — Cristaux, 265. — Elements mi- ne raux, 257. — Elements mor- phologiques, 247. — Sa forma- tion, 551. — Ses gaz, 87, 90. — Ses maladies, 272. — Ses proprietes generates, 245. — Quantite et diverses methodes de l'evaluer, 269. — Sa respi- ration, 86. — Son refroidisse- ment dans les poumons, 95. — Son role dans la respiration, 92. — Veineux, 267.— Vivant, mort, 244. Sanglot, 70. Sapides (madereb), 409, 510. Sarcode, 508. Sarcolemme, 565, 567. Sarcous elements de Rowmann, 365. Sebeinu' (experience de), 486. Schwann (membrane de), 590. 592 Fcorbut, 272. Scrofule, 272. . Secousse paradoxale, 421. Secousses (loi des), 417. Secretion en general, 15, 157, 545, 546. Secretion de la peau, 557. Secretion urinaire, 346. Segmentation (cellules), 5,509, 528. 562 TABLE ALPHABETIQUE. Seigle (composition), 28. Semen de l'homme, 516. Sens du gout, 509. — Du lieu 512. — Musculaire, 429, 511. — be l'odorat, 508. — De la pression, 512. — De la temperature, 511. — Du touclier, 511. Sensation, 426, 427, 478. — des couleurs, 491. Sensibilite : 426. — Auditive, 508. — Sss centres, 428. — Chez les amputes , 452. — Dans les doigts entre-croises, 455. — Dans le nez plastique, 453. — A la douleur, 427, 455, 458. — Especes, 429. — Gusta live, 510. — Notions qu'elle fournit, 428. — Ses qua ites, 427. — Sup- pleee (Letievanl), 434. Sentiments : — Caracteres, 428. — De l'equilibre, 579, 581,451. — De la faim, 25, 429, 450. — Du manque d'ext itabilite,451. — Musculaire, 429, 511. — De la soif, 25, 420, 450. Serine, 260. Serum sangu'n, 2i4. Soif, 23, 450. Son, 504. Soupir, 69. Spanhemie, 272. Spermatine, 516. Spermatiques (filaments.) , 517, 521, 523. Spermatozoaires, 16, 517. Sperme, 9, 516. Sphygmograplie deMarey, 286. Spinal (nerf), 4(!5, 470. Spironietre dc baudin, de Hut- chinson, de Scbnepf, de Bonnet. 75, 76. Splenique (bouillie), 227. Spore trycopbytonoide de la sa- live, 149. Station debout, 579. Stercorine, 517. Stereoscope, 501, 505. Sternum (action du), 48. Stimulus ganglionnaires, 409. Slofl'wechsel (echange de mate- l'iaux), 7, 551. Stokes (bandes de reduction dc), 265. ' Stomatites, 149. Strychnine, 411, 446. Substances (usure des), 5. Substances solides (leur Huidifi- calion), 518. Succus enlericus, 209. Sue gastrique, 164. — Sa com- position, 167. — Son acide, 169. Sue intestinal, 209. Sue lacte (chyle), 222. Sucre de plomb. 354. Sucre (dc l'urine), 554. Sudoripares (glandes), 5E8. Sueur (composition), 560. Sulfocya.nure de potassium, 121. Sulfurique (acide) de Turinc, 355. Suppleances sensitivo - motrices (Letievant), 454. Suspensifs (organes), 5P9. Sympalhique (nerf grand), 155, 156, 157, 138, 142, 412, 455, 456, 458, 400, 462, 465. Sympalhique cervical, 46*2, 471. — splanchniquc, 216, 451, 460, 474. Sympathies ou irradiations, 399. Syncope, 72. Systole, 276. Tache aveugie (relinc), 490. Tache germinative, 521 . Tache jaune (retine), 490. Tartre dentaire, 149. Taurine, 194. TABLE ALPHA BETIQUE. 563 Taui'ocholale de soude, 191. Temperature (sens de la), 511. Tension du sam', 75. Testicules, 9, 16, 518, 542. Tetanos, 512,413,422, 425,440. Theoreme de Bernouilli et Ham- berger, 49. Theorie catalylique, 91. Tissu conjonctif (lacunes du), 236. Tissu lamineux, 13. Tissus, produitsconstituants, etc. (Ch. Robin), 12. —Classifica- tion, 12, 21 S. — Leur respira- tion, 95. Toux, 69, 470. Trachee et des Bronches (muscles de. la), 66. Travaux du corps (glandulaires, musculaires, nerveux), 4. Trijumeau, 157, 405, 465» Trochleateur (nerf), 465. Trommer (experience de), 124. Trcu ovale, 555. Tube digestif, 162, 555, 540. Tubes bronchiques (terminai- son), 55. Tubes plasmatiques, 236. Tubes nerveux, 5S9, 592. Tubercules quadrijuineaux, 452, 416, 448, 471, 556. Tubuli urineferi contorti, recti, 548. Tumeurs morbides, 272. Tympan, 506, 559. Types respiratoires : — Abdomi- nal, costo-inferienr, costo-su- perieui-, 48, 50, 59. Unite de chaleur (calorie), 312. Uree : — Rapport avec les albu- mino'ides ingeres, 502. — Ou elle se forme, 502. — Sa pre- sence dans le sang, 546. — Ses proprietes, 550. — Son elimi- nation quotidienne, 552. Uremie, 272. Ureteres, 440, 442. Urine: — Proprietes, 349. — Composition, 350. — Matieres colorantes, 554. — Collection et emission, 556. Urinaire (secretion), 546. L'rique (acide), 552. Uterus pendant la grossesse, 524. Utricule prostatique, 542. ( V Vaginale commune, propre, 542. Vague (nerf), Voy. Pneumo-gas- trique. Vaisseaux (innervation), 401, 460. Valvules auriculo-ventriculaires, 278. Valvules semi-lunaires, 279. \epetaux (respiration des), 95. Veine porte. 202, 274. Veine ombilicale, 552. Veines : — Circulation dan- lcs vcines, leur structure, 289. Vena terminalis, 550. Vermiculaire (mouvement), 215. Verlige, 427, 428, 429, 451, 448, 430, 456. Vesicule germinalive, 521, 52S. Vesicule ombilicale, 16, 528, 551. Vcsicules pulmonaires, 86. Vesicules de Graaf, 521. Vesico-spinal superieur, infericur (centre), 476. Vessie, 555, 571, 440, 155. — In- nervation, 476. — Developpe- ment, 541. Viande (composition), 50. 564 TABLE ALPIIABET1QUE. Vicariantes (dispositions) 527. Villosites intestinales, 165, 210. Villosites du chorion, 526. Vinaigre de plomb, 554. Vision simple, avec les deux yeux, 500. Vision des corps, 502. Vitello-intestinal (canal), 529. Vitellus, 515, 521, 528. Voies aeriennes, 64, 65. Voix et parole, 582. Vomissement, vornitifs, 181,182, 470. Voyelles, 585. Vue, — Sens, vue distincte, 478. — Directe, indirecle, 490. w Waller (loi de), 596, 599. Winslow (hyatus de), 541. Wolf (corps'de), 528, 541. Yeux, 478, 556. Zoainiline de Rouget, 196. Zona pellucida (chorion), 521. TABLE DES MATIERES Introduction I * Humeurs et tissus; elements anatomiques et prin- cipes immediats (Ch. Robin) 7 Principes elementaires du corps humain 22 Composes bioaires (inorganiques) qui se Irouvent dans 1' eco- nomic 22 Principes nutritifs 24 Aliments 25 * Boissons 27 PREMIERE SECTION RESPIRATION § 1. Objet de la respiration 41 A. Respiration pulmonaire 44 § 2. Inspiration 46 * Action des. cotes, du sternum, de la clavicule 47 § o. Elasticity des poumons GO § 4. Expiration 62 S 5. Des voies parcourucs par Pair dans Ja respiration.. . . 04 § 6. Bruits que fait naitre la respiration OS S 7. Action de la respiration sur le cccur et du couur sur la respiration 70 52 566 TABLE DES MATIERES. § 8. Presse abrlominale '5 § 9. Grandeur et frequence de la respiration 75 § 10. Excitation aux mouvements respiratoires 81 §11. B. Respiration du sang 86 § 12. C. Respiration des tissvs 93 § 15. Air d'inspiration et d'expiration 95 § 14. Determination de 1'acide carbonique de TO, de l'Az, de l'eau contenus dans l'air expire 109 § 15. Respiration dans les differents gaz . . 11-4 DEUXIEME SECTION DIGESTION § !. Objet. . . . .„. . . 118 CHAPITRE PREMIER Digestion dans la cavite buccale § 2. Fluidc buccal 119 * Role mecanique de la salive dans la mastication et la deglutition 120 * Role cbimique de la salive mixte ou buccale 120 § 5. Glandes salivaires et salive buccale. * . ■ 151 I. Salive parolidienne 154 II. Salive sous-maxillaire 151 III. Salive sublingual 157 * Role des nerfs, (centripetes, centres nerveux, centri- fuges),—de la circulation et des globulus epitheliaux dans la secretion salivairc • • . 157 § 4. Mucus, epithelium, et corpuscules salivaires du liquide buccal , 140 CHAPITRE II Mouvements de mastication et de deglutition § 5. Mastication = • • • 150 § 6. Mouvements de la langue. 154 § 7. Mouvements de la deglutition 154 § 8. Mouvements du pharynx etde 1'cesoplngc 155 TABLE DES MATIERES. 5157 CHAP1TRE III Fonctions de l'estomac § 9. Chyme. . 162 § 10. Sue et mucus gastriques. . . 164 Acide du sue gastrique. — Peptone. 168 §11. Gaz de l'estomac et de l'inlestin., 178 § 12. Mouvements de l'estomac 179 CHAPITRE IV Fonctions du foie § 13. Vue d'ensemble 184 § 14. Bile 189 § 15. Substance glycogene 194 § 16. Graisse. . . 199 § 17. Facleurs des produits hepatiques 201 CHAPITRE V Fonctions de la glande salivaire ventrale § 18. Structure du pancreas et obtention de la salive abdomi- nale 203 §19. Proprietes et fonctions de la salive abdominalc 204 §20. Principes chimiques de la salive abdominale 205 § 21. Secretion 206 CHAPITRE VI Fonctions de l'intestin grele § 22. Vue d'ensemble 208 § 23. Sue intestinal 209 § 24. Absorption paries villosites et les capillaires de la mu- queuse intestinale 210 § 25. Mouvements de l'intestin grele 215 CHAPITRE VII Fonctions du gros intestin § 26. Excrements 217 § 27. Defecation 218 568 TABLE RES MATIERES. TR01SIEME SECTION LYMPHE ET SANG CHAPITRE PREMIER Lymphe § 1. Generality 221 § 2. Chyle 222 § 5. Cellules lynrphatiques 226 § 4. Fonctions de la rate 227 § 5. Glandes lymphatiques et orgones similaires 251 § 6. Circulation de la lymphe 258 CHAPITRE II Sang § 1. Proprieties generates et principes du sang, composition du sang, poids specifiquc 245 § 2. Coagulation du sang 244 § 5. Elements morphologiques du sang 247 § 4. Composition chimique du sang 254 § 5. Quantite des principes les plus important:* 258 § 6. Fibrine 258 § 7. Hemoglohine 262 § 8, Sang arteriel et sang veineux 267 § 9. Couleur dusang. 268 § 10. Quantite du sang.' 269 CHAPITRE III Circulation du sang § 11. Description de la circulation 275 § 12. But de la circulation 274 § 15. Conditions du mainlien de la circulation 274 § 14. Fonctions du cceur • 275 § 15. Mouvement du sang a 1'interieur des arlei'es 282 § 16. Fonction des capillaires 288 § 17. Circulation dans les veines 289 TABLE DES MATIERES. 569 QUATRIEME SECTION NUTRITION CHAPITRE PREMIER Phenomenes generaux § J. Objet , .-.'... 592 § 2. A. Mouvements moleculaires des 'liquides 293 B. Processus chimiques 298 § 5. Metamorphoses des albuminoides 299 g 4. Metamorphoses des substances non azotees 504 C. Forces organiques et cellulaires 507 Phenomenes des cellules 508 § 5. Accroissernent, mulliplicalion des cellules et leurs con- sequences 508 * Origine des cellules. — Proliferation et blasteme.. . 511 § 6. Afilnite et pouvoir fermentatif des cellules 518 Mouvements cellulaires 519 § 7. Mouvements amiboides et granulaires 519 i? 8. Mouvements vibra tiles 520 CHAPITRE II Quelques phenomenes de nutrition en particulier § 9. Resorption 522 § 10. Assimilation 524 >5 11. Regeneration. . 525 § 12. Retention 526 § 15. Dispositions vicariantes 527 § 14. Inanition 528 § 15. Eehange de maleriaux (StotTwechsel) 551 CHAPITRE III Electricite § 16. Moyens de reconnaitre les courants eleetriques 552 § 17, Couiant musculaire 554 § 18. Courant nerveux 55f> § 19. Courant do la poau des grenouilles 536 52. 470 TABLE! DES MATIERES. CHAPITRE IV Gbaleur s 20. Generalites 337 § "21. Determination de la temperature du corps 558 § 22. Production de la chaleur corporelle 559 § 25. Transmission de la chaleur 540 § 24. Perte et recuperation de la chaleur 541 § 25. Quanlite de chaleur 542 CHAPITRE V Secretion § 26. Generalites 345 § 27. Secretion urinaire 346 § 28. Parties constituantes de Purine, expulsion de Purine. . . 550 § 29. Secretion de la peau 557 § 50. Secretion de la sueur '. , . , 558 CINQUIEME SECTION MOUVEMENTS MUSCULAIRES § 1. Considerations anatomiques 362 § 2. Composition chimique 565 § 3. Comparaisou. des muscles et du sang 565 § 4. Rigidite cadaverique (Rigor mortis) 566 § 5. Fonctions des muscles 367 § 6. Excitation musculaire, irritabilite 567 § 7. L'etat des muscles 569 § 8. Ahord du sang 569 § 9. Phi'momenes de la contraction musculaire 570 § 10. Effets de la contraction musculaire 574 §11. Auxiiiaires du la contraction musculaire 578 § 12. Station debout 579 § 15. Marche 581 § 14. Voix et parole 582 TABLE DES MATTER ES. 571 SIX1EME SECTION PHYSIOLOGIE DES KERFS CHAPITRE PREMIER - Proprieties generates du systeme nerveux § 1. Fonctions en general 587 § 2. Considerations anatomiques 388 § 3. Principes chimiques de la substance nerveuse 595 § 4. Role des ganglions et des iibres nerveuses en general. . 596 § 5. Especes de nerfs ....'. 400 CHAPITRE II Irritabilite et irritants des fibres nerveuses et des ganglions § 6. Gineralites 405 § 7. Les divers excitants 409 § 8. Phenomenes des nerfs excites.. 411 § 9. Rapidite de la transmission dans les nerfs 411 § 10. Modifications de 1'exc.itabilite par le courant electrique. 415 § 11. Loi des secousses. . 417 § 12. Electrotonus 418 § 15. Excitation a l'aide du courant electrique nerveux el du courant electrique musculaire 420 § 14. Modilications de l'excitabilite 422 § 15. Mort des nerfs 425 CHAPITRE III Phenomenes centripetes § 16. Generality 426 § 17. Especes de herisibilite* 429 § 18. Pbenomenes psyebiques 455 CHAPITRE IV Pbenomenes centrifuges § 19. Generality 456 g 20. Mouvements auloinatiques 459 572 TABLE DES MTIERES. § 21. Mouvements incites en general. — Mouvemenls par exci- tation 442 § 22. Mouvements reflexes 442 § 25. Mouvements volontaires 447 § 24. Mouvements volontaires qui ne sont pas determines par des influences psychiques 450 § 25. Phenomenes d'arret 451 CHAPITRE V Fonctions des organes nerveux en particulier § 26. Hemispheres cerebraux 452 § 27. Corps stries et couches optiques 455 § 28. Tuberculcs quadrijumeaux 454 § 29. Gervelet 454 § 50. Pedoncules cerebraux et moelle allongee 455 § 31. Moelle epiniere 457 § 32. Nerf grand sympathique 460 § 35. Fonctions des nerfs craniens 464 CHAPITRE VI Innervation de quelques organes en particulier § 54. Innervation de l'iris 471 § 55. Mouvements respiratoifes 472 § 56. InnervaMon du coeur. 475 § 57. Innervation de l'estomac et des intestiris. .-..<.'..'. 474 § 58. Innervation de la vessie 476 § 39. Innervation des cellules 476 SEPTIEME SECTION SENSATIONS PROCUREES PAR LES SENS (OKGANES DES SENS) CHAPITRE PREMIER Sens de la vue § 1. Conditions d'une vue distincie 47£ § 2. Projection de "image . . 47* § 3. Accommodation 4& TABLE DES MATIERES. 573 § 4. Mouvements de l'iris 487 § 5. Achromatisme 488 § 6. Sensibilite de la retine 489 § 7. Causes d'excitalion de la retine 494 § 8. Effets consecutil's a l'excitation. 495 § 9. Mouvements du bulbe'oculaire 496 § 10. Le redressements des objets 499 § 11. Vision simple 'avec les deux yeux 500 § 12. Vision des corps 502 § 13. Irradiation , 505 § 14. Appreciation de la grandeur 505 § 15. Lasmes, glandes de Meibomius 504 CHAPITRE II Sens de l'oui'e § 16. Son 504 § 17. Ce qu'il faut pour l'exercice de l'ou'ie 505 § 18. Propagation du son 506 § 19. Sensibilite auditive 508 CHAPITRE III Sens de l'odorat § 20. Ce qu'il faut 508 § 21. Muqueuse olfaclive 508 § 22. Matieres odoranles 509 CHAPITRE IV Sens du gout § 23. Ce qu'il faut 509 § 24. Matieres sapiles 510 § 25. Sensibilite gustativc 510 CHAPITRE V Sens du toucher § 26 511 § 27. Sens de la temperature 511 § 28. Sens de la pres^on .' 512 574 TABLE DES MATIERES. § 29. Sens du lieu 511 § 50, Loj psycho-physique. . . . , 514 HUITIEME SECTION GENERATION ET DEVELOPPEMENT CHAPITRE PREMIER De la generation § 1. Ce qu'il faut 516 § 2. Le semen de l'homme 516 § 5. (Euf de la femme 520 § 4. Menstruation 521 § 5. Fecondation 523 § 6. Grossesse. 525 § 7. Placenta ' . . . 526 GHAPITRE II Developpement de l'embryon aux depens de l'oeuf § 8. Comment l'embryon se forme de l'ceuf 528 § 9. Des parties qui enveloppent l'embryon 550 § 10. Les loges de l'embryon 550 § 11. Les couches de l'embryon . 550 § 12. Circulation du sang dans la vesicule ombilicale etl'allan- to'ide 551 §13. Amnios 535 § 14. Cordon ombilical. . ■ 534 § 15. Feuillets du tegument germinatif (blastoderme) 554 § 16. Systeme nerveux . . . • 556 § 17. Yeux 556 § 18. Otgane de l'ou'i'e • 557 § 19. Arcs branchiaux et fentes branchiales 558 § 20. Systeme osseux 559 § 21. Canal intestinal 540 § 22. Organes genito-urinaires 541 § 23. Parturition et suites des couches 545 ERRATA Page 14, Jigne J 2 d'en haut, lisez : excremento-recremeii- titiels au lieu d'excremehtitiels. — 75 — 4 — ^j au lieu do 1 yL — » — 6 — ^j au lieu de 25 f^. — » — 28 — expiration au lieu d'inspiration. — 99 — Id — plongeurs au lieu de prolon- geurs. — 120 — 1 de la note, lisez : air au lieu de eau. — 180 — 25 d'en haut, contractions au lieu de con- tradictions. - — 255 — 28 — blancs au lieu de rouges. — 527 — 24 — d'uree au lieu de denree. — 550 — 15 — urine au lieu de uree. — 592 — 27 — externe au lieu de interne. — 422 — 2 d'en bas, permettent au lieu de permet. — 440 — 16 d'en haut, mais au lieu de car.. -*- 460 — 6 — coccvgien au lieu de coxysrien. PARIS. -- IMP. SIMON IUCON ET COMI'., liUIi I) EP.FUI! 1 I!